CEDH : Coup d’Etat Durablement Hostile (à la démocratie)

Nous avons dénoncé sur ce blog à de nombreuses reprises le « gouvernement des juges » et le coup d’État permanent des cours suprêmes qui veulent supplanter et les prérogatives de l’exécutif et celles du législatif. Symétriquement en France et le législatif et l’exécutif ont décidé non seulement de laisser faire mais de développer des lois dont l’interprétation permet d’aller encore plus loin dans la tutelle des juges. Les lois sur la « haine » permettent de soumettre n’importe quelle question aux juges avec des peines souvent exorbitantes. L’ampleur de l’emprise idéologique des ONG ou prétendues telles dans l’Union Européenne a encore tendu la question, des ordonnances votées dans l’exaltation à Bruxelles, loin des électorats, allant de plus en plus loin dans des réglementations de détails complexes et souvent contradictoires, avec l’installation d’administrations tatillonnes de contrôle qui détruisent le droit de propriété ou la libre expression, le tout mis totalement sous tutelle. Juges, ONG, associations, politiques et administration s’imposent de façon intrusive dans la vie quotidienne de tout le monde.

La CEDH qui a été créée par l’UEO pour éviter qu’on ne revoie ce que les Soviétiques, les nationaux socialistes et les fascistes italiens ont imposé à des parties de leur population, s’est détournée de cette fonction depuis longtemps, refusant d’intervenir sévèrement sur les questions fondamentales de droits de l’homme et s’acharnant à entrer dans le processus législatif de détail des pays libres. C’est tout de même plus facile. L’Ukraine, la Géorgie, le Karabakh, prudence. Par contre, la Suisse !

Constitué de représentants de tout petits pays, le plaisir du nain de jouer un rôle de géant est incontrôlable au sein de la CDDH. La direction de la Grande commission qui a condamné la Suisse est éclairante :

Síofra O’Leary, Irlande, Présidente

Georges Ravarani, Luxembourg, Vice-Président

Marko Bošnjak, Slovénie, Vice-Président

Gabriele Kucsko-Stadlmayer, Autriche,Président de section

Pere Pastor Vilanova Andorre,Président de section

Arnfinn Bårdsen, Norvège,Président de section

Irlande, Luxembourg, Slovénie, Autriche, Andorre et Norvège sont des pays tout à fait estimables mais qui ne comptent pratiquement pas dans le concert des nations. Les juges qu’ils envoient à la CEDH, outre de remarquables et inespérées rémunérations, peuvent tout à coup intervenir dans la vie de centaines de millions de personnes. Pourquoi se priver ? Inventer un droit climatique qui n’existe pas en s’appuyant sur un article qui vise à protéger l’intimité de la vie civile contre les abus totalitaires, est pire qu’une simple imposture. C’est se moquer explicitement de la lettre des textes et de l’intention des signataires de la convention fondatrice.

La CEDH permet désormais à des associations de faire condamner des Etats qui « compromettent le bien vivre chez soi », au nom de la science. Il suffit qu’une instance internationale décide que la science a tranché sur un sujet quelconque pour que cette décision s’impose aux Etats. C’est à rapprocher des tentatives de rendre les décisions des agences de l’ONU impossibles à critiquer. On développe ainsi un concept de science officielle dont toute l’histoire des sciences démontre la sottise et même l’ignominie.

 

L’arrêt dit explicitement que la responsabilité humaine dans les évènements climatiques est prouvée que le risque pour les habitants qui en résulte est acquis et que le fait de le contester et de ne pas agir en conséquence pour des instances démocratiques est une atteinte aux droits de l’homme ouvrant droit à sanctions. Le lien entre carbone anthropique et température, qui est contesté par des milliers de chercheurs et de scientifiques, est considéré comme Vérité divine porteuse de droits, par 16 juges sans aucune connaissance scientifique. En n’ayant pas calculé sa production de carbone anthropique, la Suisse est coupable d’attaque contre l’intimité civile de sa population ! Mais les décisions de l’Union Européenne, n’ont, elles, fait l’objet d’aucune étude d’impact notamment sur l’inconfort qui résultera de la baisse de bien être des particuliers ruinés. Va-t-on poursuivre Mme Van der Leyen ?  

Il faudrait évidemment attaquer chacun des juges qui ont collaboré à ce coup d’État pour abus de pouvoir et détournement des fonctions qui leur ont été dévolues. Pas de chance c’est impossible. La seule solution, c’est de refuser toute jurisprudence basée sur ce coup d’État et de le faire savoir.

Emmanuel Macron a fait sa révérence à la CEDH dès son élection à la Présidence de la République. Il saluera donc l’arrêt bouffon contre la Suisse ou se réfugiera dans le silence.

Pour une Cour de Justice se mettre dans les pas de l’écologie anticapitaliste ne laisse rien présager de bon. Il suffit de constater les interventions entendus  durant les journées « écologiques » de Libération :

« Je suis pour qu’on demande beaucoup plus d’efforts à ceux qui polluent le plus et a fortiori, ce sont les plus riches » (Mélody Tonolli, adjointe écologiste à la Mairie de Paris) ».

« Il n’y a aucune différence entre la justice sociale et la justice climatique : les causes de ces problèmes sont les mêmes » (Feris Barka, cofondateur de Banlieues Climat) ».

« Il est indispensable de créer une « Sécurité sociale de l’alimentation » (Bertrand Caltagirone, porte-parole de Riposte alimentaire »).

« Il faut « une nouvelle diversité des voix dans le mouvement climat. (…) Il n’y a pas de femmes racisées (sic) » (Souba Brunel, « activiste pour le climat ».

« Réaliser la transition écologique doit passer par une remise à plat de la question des tâches domestiques » (Sandrine Rousseau, députée écologiste). »

« On vit dans un temps de gavage gigantesque, avec les classes supérieures qui polluent le plus » (François Ruffin, député LFI). »

Au nom du climat le CEDH va-t-elle condamner des Etats qui n’auraient pas fait assez contre « les riches », les hommes, les Blancs ?

Rappelons que le salaire d’un juge à la CEDH est mensuellement de 17 890 euros totalement défiscalisés, soit 214 680 euros annuels sans compter différents avantages et de la retraite. Tout dans tout, c’est l’équivalent d’un revenu privé de 1 million d’euros par an.

Rappelons que le juge français est un Enarque qui continue à pouvoir faire valoir ses droits statutaires. Ah ! La belle retraite à venir. Ses connaissances scientifiques ? inexistantes.

Faudrait-il attaquer la CEDH pour incitation à des dépenses défiscalisées qui altèrent le climat car les juges exonérés d’impôts empêchent de financer l’action climatique et du coup « se gavent de façon gigantesque » en polluant plus que la moyenne ?

On marche bien sur la tête ! Et les Albanais d’Azerbaïdjan viennent de faire l’objet d’une déportation massive avec l’approbation de la CEDH qui a statué qu’un Arménien déporté de son lieu de vie millénaire n’avait pas le droit de revenir à son foyer au nom du même article sur la défense de la vie privée utilisé pour l’arrêt contre la Suisse, parce que le Haut Karabakh appartenait à l’Azerbaïdjan ! Vive le droit à perdre son foyer dans une guerre ethnique et religieuse et vive le droit au nettoyage ethnique cautionné par la CEDH !  

Et on dépense plus de 100 millions d’euros chaque année (budget plus frais immobiliers et divers) pour ce bazar. Cela en fait des éoliennes !

Les droits de l’homme sont fondamentaux. Parmi les droits de l’homme, il y a la démocratie. Dans les états démocratiques, c’est par le travail parlementaire qu’il faut donner de la substance à ces droits qui, dans les préambules, sont des intentions et des objectifs. Les instances internationales, comme la CEDH, ont d’abord à s’attaquer aux pertes massives de droits des individus, soit du fait qu’un état prive de droits des catégories de population soit qu’ils commettent des violences inacceptables soit qu’ils ne permettant pas une défense honnête de personnes poursuivies., ce qui est de règle dans un très grand nombre de pays rattachés à la CEDH.  

Des juristes, souvent rattachés à des castes (les énarques en France), ou à des groupes de pensée, se sont mis d’accord pour fixer une somme de règles concrètes, hors d’accès aux élus, qui doivent s’appliquer perinde ad cadaver, et une méthode d’extension unilatérale de leurs interventions dans tous les domaines. En donnant accès illimité à des associations de fait à leurs jugements, on a fait entrer la passion et l’hystérie dans les cours. A quand un « mur des cons » à la CEDH ? Et vidé de contenu l’action des gouvernements et des parlements.  

L’Occident, l’Europe, la France se suicident en abandonnant la démocratie au profit du gouvernement des juges.

Petites observations témoignant de grandes transformations économiques

L’économie est tout entière une question d’observation et de mesures. Sans statistiques, pas d’économie réfléchie et informée. Sans compréhension de la statistique, pas de compréhension de l’économie. Sans accès aux données et à la méthode de collecte, on ne sait finalement rien.

La Chine en donne une preuve parfaite. Les grands systèmes publics étant aux mains de l’État, l’observation indépendante est très difficile s’il ne garantit pas la fiabilité de la collecte, la stabilité des méthodes d’analyse et la publication des résultats.

De plus, l’information étant fournie d’abord sous forme d’estimations qui seront perfectionnées et validées, ou non, bien plus tard, la presse se fait fort de donner des certitudes exclusivement sur les premières estimations et ne corrige jamais le tir lorsqu’on connaît les vrais chiffres. Les différences sont parfois très nettes.

Comme la diffusion des constats est effectuée en la noyant d’éléments de langage le plus souvent trompeurs, exagérant des résultats positifs insignifiants ou gommant les résultats désastreux, le grand public ne comprend en général rien à ce qui se passe. Il flotte dans l’océan de la com’ comme un bouchon ou ne tient compte que des effluves de slogans. Le cynisme des dirigeants leur offre des justifications bidonnées qui s’effondrent quand on les creuse. Emmanuel Macron est le roi du verbiage exonérateur de ce type. Ce n’est « jamais de sa faute ». "Il a tout fait bien". Et c’est néanmoins la catastrophe.

L’affaire est aggravée par l’idée que l’opinion, par son pessimisme, peut avoir un effet économique négatif. Certains jugent légitime de manipuler l’opinion pour améliorer les résultats économiques effectivement très liés à la confiance. l’INED ou l’INSEE ou les experts officiels sont donc sommés de farder la réalité pour la bonne cause. Et la Cour des comptes se flatte de fournir ces constats après les discussions au Parlement !

Il est devenu très difficile de conduire une réflexion économique indépendante et très facile de créer des structures de manipulation des esprits comme l’OFCE qui profitent du brouillard pour défendre des postures. Structure socialiste intégrée à la haute administration étatiste via Sciences Po, ses thèses sont constantes : l’impôt et la dette c’est bien. Vive la création de postes de fonctionnaires. Vive la dépense publique. Non au capitalisme et au libéralisme.

Pendant des années notre Cercle a eu accès à une source de données tout à fait extraordinaire ; la proportion d’entreprises du secteur de la mécanique ayant des commandes en hausse et de celles ayant des commandes en baisse. La corrélation avec l’indice de la production industrielle est parfaite avec deux mois d’avance sur la réalité de l’activité et deux à quatre mois avant que les autres méthodes donnent une vision approchée de la réalité. Cet indicateur nous a permis d’annoncer très à l’avance l’arrivée et surtout la gravité des récessions de 1992-1993, du début du siècle et de 2008.

L’Insee obtient presque la même chose avec des enquêtes d’opinion auprès les services d’achat, mais la corrélation est plus floue. Il est désormais difficile d’obtenir la statistique la plus simple sur la valeur ajoutée des entreprises du secteur commercial. Vous n’obtenez sur le Net que les résultats de 2021 Trois ans de retard ! Alors qu’on dispose déjà des résultats des deux derniers trimestres 2023. Ce qui permettrait de trancher la question de la récession en cours.

Nous commençons en France à être dans la situation de la… Chine, où on ne peut comprendre ce qui se passe qu’en croisant des bouts de statistiques dont on ne connaît ni les sources ni les méthodes et qui contredisent souvent les affirmations officielles. En 202 la valeur ajoutée des entrerpises de plus de deux personnes était de 991 milliards d'euro. En 2023 la dépenses publique a été de 1607 milliards. La valeur ajoutée n'ayant pas cru de 60% en 2022 et 2023, on voit que l'Etat dépense plus que ce l'entreprise crée de valeur. Sans doute 25 à 40% de plus. Ne permettons plus de connaitre les chiffres officiels en temp réel. Sinon quels hurlements !

Paradoxalement, des observations anecdotiques permettent parfois d’alimenter des raisonnements économiques approfondis.

Dans les années soixante on a trouvé la conjonction suivante :

-         Le dollar valait 35 dollars l’once

-         Le journal le Figaro coûtait 35 cts (le Monde 50 cts)

-         La glace une boule à l’entrée du jardin du Luxembourg valait 35 cts (deux boules 50 cts)

-         Les chaisières dans le même jardin collectaient 35 cts pour une chaise (50 cts pour un fauteuil)

Quelle est la situation 60 ans plus tard et quelles conclusions en tirer ?

L’once d’or est passée de 35 dollars à 2 200 dollars

Le Figaro est passé de 35 cts de franc à l’équivalent de 2 500 cts de francs, à égalité avec le Monde (qui est rentré dans le rang)

Il n’y a plus de vendeurs de glace ni de chaisières au jardin du Luxembourg.

1 dollar vaut 1/2 201 d’once d’or. Le Franc 1/2 500 de Figaro. Les monnaies n’ont pas simplement perdu de la valeur, elles ont perdu toute valeur. Car perdre progressivement plus de 99 % de sa valeur veut dire un évanouissement, pas simplement une dévaluation.

Nous vivons, nous dit-on, dans un système de monnaies flottantes. Pas du tout ! Nous sommes dans un système de monnaies fondantes. Et cela vaut aussi bien pour la monnaie du monde que pour la nôtre et celle de l’Europe. En vérité toutes les monnaies du monde fondent à leur rythme et s’évanouissent.

La disparition des chaisières et des marchands ambulants de glaces s’explique en France par la « smicarisation » des rémunérations et des coups de pouces au SMIC. Une mesure prétendument sociale a interdit tout emploi qui n’atteint pas une certaine productivité. On a supprimé dans la courbe qui lie emploi et coût du travail, tous les postes à gauche du trait correspondant au salaire minimum chargé. Et récolté un chômage structurel ingérable de plusieurs millions de personnes, surtout en stimulant l’arrivée de millions d’immigrants dont l’espoir d’emploi, à leur niveau de productivité, est « à gauche de la césure de la courbe ».

D’où l’explication du paradoxe apparent d‘un manque de salariés disponibles (à la productivité voulue) et d’une masse de chômeurs qui se compte en millions. Et la stupidité du commentaire macronien sur « l’emploi qu’on trouve en traversant la rue ». Et le crétinisme de ceux qui répètent que la France est formidable car elle a un taux de productivité élevé. La France a l’emploi (et le chômage) que lui impose un coût du travail administré et imposé. On comprend mieux le travail au noir et l’explosion des petits métiers à la limite de la légalité (ce qu’on appelle l’ubérisation) qui permettent d’employer des gens qui ne peuvent pas fournir la productivité imposée. Du coup on cherche à régler la question en « déchargeant et détaxant » les bas salaires. En vérité on ne fait que transférer les charges sur d’autres en aggravant la pression fiscale globale avec les mêmes effets sur l’emploi via la réduction de la consommation et de l’investissement. Nous sommes en pleine imbécillité. Et cela se voit comme le nez au milieu de la figure à partir de constats minuscules. Si, pour être encore plus stupide, vous mettez votre industrie en compétition avec les pays à très bas salaires vous aggravez la situation en faisant disparaître votre industrie. Comme c’est malin ! On comprend aussi l’escroquerie macronienne qui prétend avoir résolu l’affaire et permis des taux d’emploi formidables, alors qu’aucune des causes du chômage structurel n’a été réellement éliminée.

On comprend mieux aussi, en partant de ces toutes petites observations, pourquoi le Bitcoin est si bien valorisé en dollar. C’est l’espoir qu’indépendant des États, ce soit une valeur moins fondante bien que capricieuse.

On comprend mieux aussi la fausse flambée du logement. Le logement n’a pas vu sa valeur fondre aussi vite que la monnaie. C’est tout. Et on entend des sots qui crient « la baisse du logement, enfin ! ».

Comme nous l’avons décrit dans un article précédent, si on les évalue en « valeur permanente de référence », les différentes courbes économiques prennent un tout autre aspect et induisent des raisonnements radicalement différents.

Un autre point important : les monnaies ayant la mauvaise idée de fondre, la mesure de l’inflation devient un élément critique. On a choisi en France un indice qui tente de limiter au maximum le constat de l’érosion monétaire, notamment en virant l’impact de la hausse des coûts du logement. La différence est très marquée par exemple avec l’indice allemand, qui, lui, en tient compte : pratiquement 1 %. La conséquence est qu’on dit que l’Allemagne est en récession alors que la France est stable à zéro %. Avec l’indice allemand elle connaîtrait exactement la même récession !

Une des grandes tares de notre période est certainement la perte d’honnêteté et de crédibilité de l’information économique publiée, remplacée par des injonctions vertueuses et les manipulations de la communication politique. La Chine vient d’annoncer que les économistes ne seront laissés libres que s’ils ne critiquent rien et qu’ils se montrent optimistes et louangeurs. La France s’en inspire.  Du coup, la connaissance économique étant quasi nulle dans la population (la formation économique dans le cycle scolaire est un simple épisode de propagande anticapitaliste !) et même au sein des élites, le champ de la bêtise a pris une extension phénoménale.

On le voit tous les jours pendant cette campagne pour les Européennes. On peut appeler cela démagogie, incompétence, cynisme ou idéologie, le constat est le même. Il est consternant. Et le déclassement économique et social de la France se poursuit.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Les dégâts sociaux des peurs et des idolâtries manipulées.

La scène se passe au Rostand peu avant les présidentielles de 1988 qui vont opposer MM. Chirac et Mitterrand. Le Rostand est un grand bistrot du quartier latin à Paris connu pour sa fréquentation estudiantine « de gauche », mélangée aux amateurs du jardin du Luxembourg. À une table, en vis-à-vis, un jeune couple. Lui, 22 ans environ le visage un peu niais. Elle, elle est du même âge. Le visage est fermé et regarde vers son intérieur. Pas un regard pour son compagnon. Elle parle mécaniquement. « Il va falloir quitter la France si Facho-Chirac gagne ». « Tu te rends compte : un Pinochet en France ! Quelle honte ! Pour la première fois la Shoah a été justement dénoncée à sa juste valeur et cette terrible leçon ne porte pas. Les fascistes sont à nos portes ! »

Après le succès mondial de la série Holocaust, nous sommes en plein dans l’expansion maximale de l’émotion autour des crimes nazis contre les juifs et aussi la dénonciation de la France et de ses institutions comme complices du génocide. La culpabilisation des Français comme entité raciste et antisémite va bon train.

La jeune femme continue ; « on ne va pas collaborer à un nouveau génocide, tout de même. Il faut partir ». Le jeune homme est gêné. Il tente de ramener les choses à plus de mesure. « Jacques Chirac n’a pas de volonté génocidaire ». La jeune femme se fâche ; « Cela va être Malek Oussékine tous les jours. On ne peut pas être en France pendant que le massacre s’installera ». Comme elle parle fort, toute une partie du café entend la diatribe. Des regards de commisération avec des gestes non équivoques, genre doigt tourné sur la tempe, encouragent dans le dos de la femme le garçon à résister. Il le fait mollement. La fille s’énerve et soudain se lève et quitte le bistrot en coup de vent, laissant le nigaud assis à sa chaise pour payer les consommations. Des rires et des lazzis se font entendre. « Quelle dingue ! ». Le jeune homme sort, confus, du café.

La charge mentale des campagnes de culpabilisation a un coût social : les esprits faibles qui ne parviennent pas à se maintenir à distance de la folie dénonciatrice le plus souvent grotesque d’idéologies fumeuses et destructrices.

On le voit aujourd’hui dans la foulée de la construction médiatique autour de la théorie du genre ou de l’écologie anticapitaliste. On commence à lire des articles inquiets sur le mouvement qui conduit certaines femmes à ligaturer leurs trompes de Fallope pour ne plus jamais risquer d’enfanter. Ou on s’offusque de voir les dégâts terribles provoqués par la campagne menée dès la petite enfance pour faire douter les enfants de leur sexe biologique. Ou le développement chez des gamines d’un végétalisme totalement hystérique qu’il se termine parfois par une anorexie dangereuse.

On l’a vu pendant le Covid avec la campagne folle menée contre les contestataires de la vaccination forcée et du confinement sévère. Celui qui ne se vaccinait pas était un tueur, un « platiste » qui nie la science. Résultats avérés un peu plus tard : le vaccin et l’enfermement. n’ont pas empêché la propagation du virus.  Le mensonge a été absolu et garanti par le gouvernement. M. Macron a cru même pouvoir exploiter la haine avec son souhait « d’emmerder les non vaccinés ». Aujourd’hui on en est à traiter toutes les conséquences mentales de ces politiques déraisonnables.

On n’a pas encore collectivement pris la mesure de la folie pseudoscientifique qui s’est invitée dans la question climatique et qui conduit à une véritable offuscation de la raison à la fois sur l’inculpation du CO2 et sur la déification de dame nature. La répétition quotidienne des mêmes affirmations oiseuses, et l’ampleur de la répression sociale des propos critiques, même parfaitement fondés, conduit à une véritable explosion de l’exigence de vertu par des gens qui n’en ont aucune. On ruine le pays et on met la société à genoux pour des slogans le plus souvent débiles et par la diffusion constante de nouvelles alarmistes même fausses.

La boucle se ferme quand on constate qu’une inconnue déclarée humoriste vient expliquer qu’il faudra une réplique armée et la guerre civile si jamais le RN remporte les élections présidentielles. Retour à la folle du Rostand !  Les dames intoxiquées par les idéologies crypto communistes et anticapitalistes ne pensent plus à fuir mais à allumer une guerre civile ! Le même jour, la télé passait un film à la gloire d’un certain Goldman qui était passé à l’action directe politique et crapuleuse au début des années soixante-dix, avec meurtres et vols et qui deviendra un héros de la gauche militante, dont le culte bizarre persiste grâce aux efforts d’une petite camarilla ultra minoritaire, avant de « se faire buter » dans des circonstances jamais éclaircies. Qu’on pense éduquer la conscience des jeunes générations avec ce sinistre exemple en 2024 marque bien l’incrustation idéologique débilitante d’une partie du « monde culturel ».

Action directe au nom de la diversité ; action directe au nom de la nature ; action directe au nom du climat ; culpabilisation générale. Création de lois liberticides. Interdictions de penser avec contrôle par des juges. Glorification de délinquants excusables si « de gauche » ou si le crime a été commis par des « victimisés » ou des « racisés ». Comme tout cela est raisonnable !

Les idéologies délétères ne sont pas seulement des curiosités intellectuelles, déclarées sans gravité si elles sont « de gauche ». Elles provoquent des drames sociaux autant qu’économiques et politiques qui touchent aux éléments fragiles de la société et les fracturent en profondeur.

Dans vingt ou trente ans quand les yeux seront dessillés, la question angoissante se posera : comment ces folies ont-elles été possibles ? En attendant règne en France la tyrannie oiseuse « des mutins et des matons de Panurge », comme disait si justement le regretté Philippe Muray qui avait tout compris avant tout le monde.

Quel vote utile pour les Européennes ?

Les élections européennes sont depuis l’origine une curiosité. Le système démocratique européen est un sujet de consternation depuis toujours, sauvé par son « originalité », et par la passion européiste née des conséquences deux guerres mondiales.

Le traité de Maastricht et surtout le traité de Lisbonne ont radicalement changé l’esprit et le rôle des institutions.

Jusque-là, la Communauté était une coalition d’états mettant des ressources en commun pour gérer des espaces communautarisés. La Commission étudiait les dossiers. Les États contrôlaient les membres de la commission et sa présidence, ainsi que le contenu des ordonnances. Un parlement pipeau était là pour donner une coloration démocratique à l’ensemble. Composé de délégations d’états, si les chefs d’État s’étaient mis d’accord, le Parlement suivait sans faire d’histoires.

Le système marchait à peu près bien. L’idée était de supprimer les barrières purement nationalistes et de développer un espace économique commun, tout en affirmant que tout membre d’un pays de l’union serait traité dans un autre pays de l’union avec exactement les mêmes droits que les nationaux sauf pour les élections régionales et nationales. L’énorme progrès, inespéré, était que chaque citoyen d’un pays membres disait aux autres citoyens européens « je ne te crains pas, soit chez nous avec les mêmes droits et devoirs que nous ». Droits de séjour automatique, droits de déplacement sans limite, droits de contracter civilement et commercialement, étaient garantis quitte à respecter le droit des pays. Ces nouveaux droits étaient automatiques. Pas besoin de procédures ou de visas.

En revanche, chaque Etat était libre de ses lois et le but n’était pas d’unifier la totalité des politiques possibles. Tout n’était pas parfait. La Commission avait toujours tendance à aller au-delà de son champ d’action selon le principe que tout est dans tout. Un commissaire pouvait s’opposer à un projet mené par plusieurs états au nom de l’exclusivité qui était concédé à son pouvoir ans un domaine précis. La tentation de mettre en place une bureaucratie pléthorique avec des doublons majestueux vis-à-vis des institutions nationales, et de relancer sans cesse la machine à faire des normes de plus en plus strictes n’a pas réellement été contrée.

Le seul domaine où la politique des états a été centralisée a été l’agriculture et depuis le début, cela grince et cela coince.

Les pouvoirs nationaux restaient forts et le système démocratique de chaque nation permettait d’orienter les politiques et l’organisation de la société nationale, conférant aux élus un rôle nécessaire et aux débats une efficacité.

Le prurit européiste des forces qui veulent les États-Unis d’Europe sur une base totalement fédérale l’a finalement emporté, Giscard accordant des élections européennes au suffrage universel tenues le même jour dans toute l’Europe. Mitterrand accélérera vers le fédéralisme en abattant les frontières et en créant la monnaie unique. Puis vint le déni de démocratie du traité « constitutionnel » mené par Giscard et rejeté par le pays mais rétablit par le traité de Lisbonne.

Depuis, la confusion est structurelle et tout le monde a perdu la main.

La Commission comme le Parlement peuvent se saisir de n’importe quelle question, et s’asseoir sur les traités, si les chefs de gouvernements sont d’accord. Tout l’espace politique devient partagé et les élus nationaux perdent leur pouvoir. Les électeurs s’en détournent. Pourquoi élire des impuissants ?

Des mouvances majeures venues de l’étranger se sont installées en passant largement  par l’Europe :

-            La tentation de l’ONU via le GIEC de créer les conditions d’une dictature écologique démente et destructive des acquis de la civilisation

-            Le mouvement Woke et la « cancel culture » visant à abaisser les pays occidentaux et l’homme blanc hétérosexuel au profit de catégories prétendument victimisées.

-            L’immigrationnisme forcené notamment en faveur de l’immigration musulmane.

-            L’américanisme financier et la vente à la découpe du patrimoine industriel européen

-            Le démantèlement du secteur de l’énergie

-            Le démantèlement des politiques étrangères nationales

-            L’élargissement sans limite du nombre des pays membres

-            Le contournement du droit social avec l’emploi massif éventuellement aux conditions du pays d’origine de millions de personnes venues des pays de l’est.

-            La mise sous tutelle des gouvernements nationaux par la voie juridique et le chantage aux fonds structuraux.

-            L’entrisme fou des ONG dans les structures institutionnelles de l’UNION.

Surtout, face à la crise sanitaire du Covid puis l’agression russe contre l’Ukraine, la présidente de la Commission, voulue par M. Macron, s’est comportée en chef d’Etat fédéral  en dehors de tout cadre et sans respecter quelques règles que ce soit.

Ces évolutions franchement délétères et parfois allant au-delà de l’odieux (désigner le foulard islamique comme une preuve de liberté au moment où l’Iran tuait les femmes qui refusaient le voile, interdire à M. Orban d’éviter la propagande homosexuelle dans les écoles primaires, condamner la France à des pénalités pour retard dans l’implantation d’éoliennes avec le plus haut taux d’énergie décarbonée du monde) ont largement tué la bonne  volonté européenne des électeurs des pays membres. Elles changent radicalement le rôle des parlementaires européens.

Pendant longtemps les représentations nationales confortaient l’action de leur nation telle que menée par le pouvoir exécutif (président et chef de gouvernement), malgré le fait que la proportionnelle intégrale laisse une grande place aux « sensibilités ». Mais aucune sensibilité n’étant plus que minoritaire dans la minorité nationale et dans les regroupements libres et artificiels, mis en place pour se partager les postes institutionnels du parlement, rien de cela n’avait d’importance.

Tout système proportionnel est entre les mains des chefs de partis. Ils ont tous considéré que ces élections n’avaient aucun contenu programmatique et qu’il leur fallait régler des questions internes : constituer une tirelire (FN et Modem), éloigner des concurrents, aider quelques éclopés du suffrage universel à traverser le désert et anticiper un niveau de retraite inespérée. Globalement la proportionnelle permettait de compter la force respective des partis, sans que cela ait la moindre conséquence sur les élections postérieures.

Dans le cadre européen post-traité de Lisbonne, beaucoup de choses changent. Les personnalités choisies ont des postures très différentes vis-à-vis des mouvances venues de l’étranger, même au sein des partis, les conséquences nationales des décisions prises au parlement couvrent tous les domaines de la vie quotidienne et des politiques possibles. Le vote devient compromettant ! Le choix au sein de certaines listes de personnes militantes qui rejoignent des plans étrangers contre l’intérêt de leur pays et la ligne de leur parti devient critique. On a vu Pascal Canfin tenter de tuer l’agriculture française au sein du n’importe quoi macroniste. Choisir des présidents d’ONG qui ont par ailleurs table ouverte à Bruxelles comme parlementaire dépasse le cadre national habituel. C’est vrai dans tous les domaines qu’il s’agisse d’écologie, de Wokisme, d’immigration etc.

L’électeur est devant divers paradoxes. Il faut qu’il vote parce que le parlement a un rôle à jouer et décide de questions très concrètes. Ne pas voter revient à laisser le champ libre aux mouvements idéologiques transnationaux. Mais voter ne veut rien dire sauf pour les partis partisans du Wokisme et de l’écologie anticapitaliste qui voteront tous les textes mis au vote par une Commission largement perméable à ces mouvances.

Les partis sont tous plus ou moins embêtés par cette élection bizarre.

Le RN n’a aucun programme propre à éclairer ses votes au Parlement européen. Il veut se compter comme force de réaction antisystème en France comme en Europe. Parti de la collecte protestataire confirmé voire éternel, , il n’a même plus besoin de le dire.

Les socialistes veulent prouver qu’ils sont désormais plus forts électoralement que LFI. L’ambition est purement politicienne et nationale.

Le parti Zemmourien attend quelques ressources pour ses cadres faute de députés et de sénateurs. Il lui suffit de placer sa perspective contre le Wokisme, l’immigrationisme et l’européisme « délirant » dans une optique de défense des intérêts vitaux de la France. La cible : LR et les abstentionnistes. L’ennui est de s’être laissé envahir par d’anciens du FN et d’avoir mis deux personnalités ex-lepénistes en tête de gondole dont une fille le Pen. Zemmour se retrouve avec des dissensions internes et un positionnement à droite de Le Pen, ce qui nuit gravement à son entreprise. Parti avec 7 % des voix selon les sondages, il navigue un peu trop près des 5 % et l’absence d’élus pour ne pas s’inquiéter.

Emmanuel Macron par principe n’a pas de doctrine critique vis-à-vis de l’européisme ni d’aucune des forces importées. Sa liste a constamment voté avec les socialistes et été moteur dans les causes Wokistes et écologistes. Il a cautionné toutes les décisions énergétiques ou autres qui ont fait beaucoup de mal au pays qu’il dirige. Il milite pour l’extension sans limites du nombre de pays membres et il a fait voter par ses troupes le vœu du passage à des traités désormais fédéralistes sans minorité de blocage pour les gouvernements. Il a ainsi nourri son dossier de liquidateur de la France au service de l’Europe, en vue d’une ambition postprésidentielle éventuelle en Europe. En même temps il a voulu casser le vote RN en changeant de discours : ne plus parler de la collaboration et des Nazis au profit de la trahison en faveur de Moscou ! Reste à savoir qui trahit le mieux et le plus radicalement les intérêts français.

Pour LR les élections européennes sont un terrible casse-tête. LR n’est plus dans le trio de tête des partis politiques, systématiquement devancé par les Macronistes, le RN, la Nupes et même souvent les socialistes ou les centristes seuls. Sa liste part de bas et n’a aucune dynamique de victoire. LR est classé par l’opinion dans les « also run » comme disent les Anglo-Saxons spécialisés dans les « lame ducks » !

Son candidat, Xavier François Bellamy, vu comme un problème lors des précédentes élections est considéré cette fois-ci comme une chance. Il s’est démené comme un beau diable sur des sujets importants : il a fait dérailler la campagne ignoble en faveur du foulard islamique ; il a permis de requalifier l’énergie atomique comme source décarbonée digne d’être financée, il a dénoncé nombre de détournements des débats loin des traités. Personne jusqu’ici n’avait autant travaillé à Bruxelles. Sa parole est claire et éduquée. Il est rarement surpris à dire des bêtises. C’est beaucoup et peu à la fois. Son problème, c’est Mme Van der Leyen et le PPE, un parti où LR compte peu On ne saurait se risquer à compter les votes du PPE en faveur de mesures douloureuses pour la France et contraires aux espérances de M. Bellamy. Curieusement il ne veut pas enfourcher la question du vœu (voté par le PPE aussi) pour un changement des traités dans un sens fédéral. Son projet d’états associés de préférence à une entrée dans l’Union n’a aucune chance d’aboutir. Ce mélange nuancé de « je suis pour » et de « je suis contre » est totalement incompréhensible pour l’électeur. L’ami Bellamy est donc obligé de développer un langage complexe qui n’est pas de nature à peser facilement sur le vote. Il le fait avec ténacité, qualité et « bravitude ». On verra ce qu’il en sort. Jusqu’ici il reste à 6-7 % ce qui est insuffisant.

Éric Ciotti avait très justement expliqué lors de son triomphe à la tête de LR que son parti était la seule hypothèse d’alternance utile en 2027 car c’était le seul parti de gouvernement réellement alternatif, ce que devaient démontrer des conférences thématiques au plus près des militants sur les grands sujets nationaux. Toute cette bonne volonté s’est enlisée. LR n’a de doctrine sur rien et se trouve embarrassé par un combat parlementaire biscornu qui l’use autant que son adversaire principal ; Il n’a rien de lourd ni de sérieux à proposer. Le parti a continué à se faire dépecer.

Cela n’offre aucune aide à M. Bellamy. Sa seule chance de décoller dépendra du rejet de la candidature Van der Leyen, mais aussi de sa prise en compte des grands problèmes de l’Union avec une vision forte. C’est loin d’être gagné.

Pour les Français, la vraie nécessité est de contrer l’emprise récessionniste liée à l’écologie anticapitaliste, de contrer le courant wokiste et immigrationniste porté notamment par Macron, et d’éviter le passage au fédéralisme intégral. Il faut donc réduire voire éliminer les Verts et les macronistes. Sinon gare aux conséquences !

À ce titre, l’élection de cette année a en-effet une importance particulière.

Quelle est l'orientation du Cercle des économistes e-toile dans le chaos actuel ?

L'interview de son président

Admin : Un certain nombre de lecteurs se sont interrogés sur l’orientation de ce blog du fait que les grandes questions économiques sont passées au second plan et que les analyses de l’opinion et des forces sociales ont pris l’avantage.

Didier Dufau : Votre question est importante. Lors d’une conférence en été 2022 j’ai constaté qu’il n’était plus possible de parler d’économie aussi librement qu’avant. Des comportements quasiment religieux se sont développés dans la mouvance écologique avec des indignations étranges. Un économiste est désormais un « salaud » au sens sartrien du terme ou un inconscient qu’il s’agit de faire taire et d’exclure du débat parce qu’il parle des conditions de la croissance alors que le débat est la survie du vivant. Ajouter le même phénomène avec les catéchumènes du Wokisme, notamment dans l’Université. Compléter avec l’islamisme et les assassinats à répétition. L’émotion manipulée est partout, la rationalité nulle part.

Admin : vous pensez que le débat économique serein n’est plus possible ?

DD : c’est un constat. Certaines pensées économiques ont depuis toujours été rendues suspectes.  Se présenter comme libéral vous a valu en France des accusations multiples de tout temps. Le socialisme a toujours été en conflit avec le capitalisme au moins dans les mots. Nous avons créé ce blog pour faire valoir des idées qu’on ne retrouvait pas dans les médias où la « vérité » est « construite » de tout temps. Mais entre le silence et l’injure permanente, il faut constater non pas seulement un changement d’intensité de la querelle mais un début d’interdiction du débat.

Admin : pouvez-vous donner des exemples ?

DD : Lors de cette conférence, évoquer des faits vérifiables instantanément sur son téléphone s’accompagnait aussitôt de cris de « mensonges » en fond de salle. Je présentais mon livre sur la conciliation entre économie et écologie. Expliquer qu’indépendamment des questions écologiques, des erreurs économiques pouvaient être corrigées et qu’il ne fallait pas lâcher le diagnostic économique, a entraîné aussitôt des mouvements d’indignation : c’est de la mort de la vie sur terre qu’il fallait parler. Pas de croissance ni de niveau de vie, ce faux problème, alors que la frugalité s’impose.

Admin : vous considérez la « conversation économique » en danger ?

DD : Très clairement. A partir du moment où la réflexion économique reste mobilisée sur la question de la croissance et de la hausse des ressources individuelles et collectives, l’injonction est immédiate : « vous allez tuer la terre, taisez-vous ». La crise de 2008 et celle de l’Euroland de 2011 ont déconsidéré les économistes qui ont quasi disparu dans les débats de la TNT. Ils ont été remplacés par des « experts » militaires ou écologiques et une pléthore de philosophes qui n’ont exactement aucune connaissance économique, mais des certitudes et des citations.

Admin : La situation ne s’est-elle pas rétablie depuis la grande crise de 2008 ?

DD : Non ! On n’a jamais voulu donner la vraie explication de la crise de 2008. On a considéré qu’imposer un carcan bureaucratique dément sur les banques suffirait. On a vu qu’avec la hausse volontaire des taux de la BCE, des banques et pas les moindres, tombaient toujours et ce n’était pas du fait de leurs excès ! Les causes spécifiques de la crise de 2011 de la zone euro forment toujours un champ en jachère. La gestion délirante de la crise du Covid a tout balayé.

Admin : quelles sont les réflexions critiques qui ont été mises de côté ?

DD : principalement la compréhension des causes de l’asphyxie des classes moyennes qui se traduit partout par la montée de mouvements de rejets des élites et de la politique. La protestation irrationnelle l’a emporté sur la recherche de solutions.

Admin : comment expliquer cette carence ?

DD : Les « élites », en France la haute fonction publique qui s'est emparée du politique, ne veulent pas remettre en cause les institutions ancrées dans des rapports de force et considèrent que la démagogie permettra de passer les caps électoraux sans trop de dommages. On « enjambe » les élections ! Et on s’en vante ! Pour ces gens Il faut présenter une information « pédagogique », construite et purifiée. L’Union Européenne devient une valeur sacrée. L’ouverture au monde et l’abaissement des frontières est sacralisée. L’altérité suppose la « cancel culture ». Au moins partiellement. Le GIEC remplace le Vatican. En remettre en cause la prédication est pire qu’une grossièreté, un crime majeur valant expulsion immédiatement des médias. Le débat public est devenu non seulement insipide mais faux jeton. Car il faut à chaque échec donner une explication sans remettre en cause les dogmes et les mensonges récurrents. Des constructions publicitaires monstrueuses de sottise sont alors proposées aux masses ignorantes qui doivent s’en contenter. Ils répètent depuis près de trente ans :  on marche sur la tête. Et ils ne vont plus voter ou ils votent « protestataire ».Les élites pensent comme Muyzenberg le théoricien communiste de l'agit-prop, que la vérité et le mensonge étant à égalité dans les médias face à des masses ignorantes, il ne faut pas se priver.

Admin : pourriez-nous donner des exemples ?

DD : Faire un inventaire de la sottise économique qui s’étale dans les médias serait amusant mais sans fin. Pour l’exemple :

-            Les 35 Heures ont créé de l’emploi

-            L’union européenne nous protège.

-            La conversion énergétique va créer de l’emploi en France

-            Le wokisme est un fantasme

-            Le capitalisme est la cause de la dénatalité

-            Les éoliennes sont une solution évidente

-            La SNCF fait des bénéfices

-            La frugalité n’est pas un transfert de la responsabilité des élites vers le populo. Elle ne peut être assimilée à une politique de décroissance.

-            Il faut être heureux de la crise immobilière, car la hausse a été « scandaleuse ».

-            La dette démente, c’est bien.

-            Le retour à la retraite à 60 ans est possible et souhaitable. La semaine de 32 heures est la solution

-            La dette française ne pouvant plus exploser au même rythme, il faut que l’Union européenne prenne le relais et finance les transitions militaires, numériques, écologiques par d’immenses emprunts.

-            Un système de retraite par répartition est compatible avec le vieillissement de la population et la disparition de la jeunesse.

-            Le féminisme politique n’a rien à voir dans la baisse des naissances.

-            Cela ne coûte rien c’est l’Etat qui paie.

-            L’immigration est heureuse.

-            Le classement Pisa ne donne pas une vraie indication des progrès de l’éducation nationale.

-            La notation de la dette de la France n’a pas d’importance.

-            On a supprimé la taxe d’habitation et donc réduit les impôts (alors qu’on n’a fait que transférer le    financement sur d’autres et la dette).

-            Macron nous protège.

-            Certes nous baissons régulièrement pour le rang dans le monde pour le rapport PIB par tête. Mais l’indice est mauvais. En matière de bonheur par tête nous sommes bien placés.

-            La prison conduit à la récidive. Les récidivistes ne doivent donc pas aller en prison !

-            On peut contrôler le trafic de drogues sans s’attaquer aux consommateurs de drogue

-            On ne peut pas lutter contre la prostitution sans s’attaquer à la clientèle masculine. .

-            Les ARS ont amélioré la gestion de la santé.

-            Le calendrier prévu par l’Union Européenne pour décarboner totalement son économie est tenable.

-            La politique écologique n’a pas besoin d’étude d’impact. Les conclusions du GIEC suffisent.

-            Installer des champs d’éoliennes ou de plaques photovoltaïques n’est pas une artificialisation des sols

-             …

Admin : Faire la chasse à toutes ces sottises vous paraît-il un travail surhumain ?

DD : Surtout inutile. La puérilité de toutes ces affirmations défie tout débat. Pour libérer le débat économique il faut surtout bien isoler les forces qui se coalisent et les dénoncer vertement. Savonarole et Lénine sont en train de faire leur alliance délétère dans l’insouciance générale, alors qu’en France le "macronisme" s’effondre dans le ridicule. Si on n’analyse pas ces évolutions délétères, on se condamne au silence.

Admin : Ces analyses sont donc pour vous un préalable à une réflexion économique renouvelée ?

DD : Non ! L’article « Une autre manière d'analyser la situation économique mondiale » nous parait une contribution importante. Nous allons essayer de l’approfondir car elle remet en cause certaines politiques annoncées comme la hausse structurelle des prix des produits agricoles et la réindustrialisation. De même cette méthode permet de comprendre bien plus clairement la hausse relative de l’immobilier par rapport au revenu. Les bruits de bottes et la position saugrenue de notre président sur l’Ukraine forment également un fond politique et diplomatique dont il faut tenir compte. La géopolitique n’est pas particulièrement favorable à la croissance organisée et rend toute prévision encore plus aléatoire. Ce qui impose une rigueur d'analyse plus grande mais n'en supprime pas la nécessité.

Mais si vous ne sapez pas l’influence destructive des mouvements quasi religieux qui interdisent le débat, vous ne pourrez pas faire entendre un message utile. Le grand public commence à comprendre et sort un peu de son hébétement. Mais les organisateurs de conférences réduisent considérablement les sujets économiques. Parce qu’ils craignent pour la réputation de leur établissement. Une manif, un écho défavorable dans la presse, une nervosité dans les instances dirigeantes de l’institution, Oh là ! là ! Impossible !

Admin : Pour vous la réflexion économique est-elle en panne ?

DD : Elle est détournée de son rôle. Les grandes questions du temps ne sont pas traitées. Pourquoi les grandes récessions ont-elles été si nombreuses et si graves, ruinant la croissance globale et entraînant des conséquences désastreuses ? Pourquoi l’Europe a-t-elle vu sa croissance très affaiblie par rapport à celle des États-Unis et du reste du monde ? Comment la France est-elle tombée si bas dans tant de domaines ? Qu’elle est l’explication de la stagnation connue par les classes moyennes des pays développés ? Comment s’explique la perte massive et potentiellement catastrophique de la natalité ? Quelles sont les conséquences économiques, sociales et fiscales d’un vieillissement massif ? La régionalisation a-t-elle entraîné des conséquences économiques et si oui lesquelles ? Le modèle médical français de gratuité totale contrôlé par la bureaucratie est-il tenable ? La « réindustrialisation » est-elle possible en France ? Quel est l’impact économique des calendriers de décarbonation prévus par Timmermans ?

Les sujets ne manquent pas. Et, à la place, on trouve de merveilleuses analyses strictement sans intérêt mais portées par la mode par exemple sur le rôle de femmes inconnues dans la pensée économique au XVIIIe siècle, ou sur la merveilleuse capacité des fonds gérés par des femmes de sortir de plus gros bénéfices, ou encore sur la manière de contraindre les entreprises à prouver qu’elles multiplient les actes de vertu sous menaces terribles. On doit se contenter d’ « études »  qui veulent prouver qu’on n’aurait très bien pu de pas connaître l’essor de la voiture, cette invention du diable et qu’on peut donc l’abandonner sans difficulté. Ces études du type « si ma tante en avait » se sont multipliées. Jamais on n’a autant parlé du bien commun ou de la beauté de moins consommer. On explique que la dette c’est formidable et qu’on peut y aller encore et encore. Que des fonds de dettes européennes doivent tout financer est l’idée du moment des « économistes de plateau » qui sont à peu près aussi bons que les médecins de plateau pendant la crise du Covid. Comment rembourse -t-on ? Personne ne sait mais ce n’est pas grave.

Des prétendus économistes viennent amuser la galerie avec des commentaires toujours politiquement corrects. L’Europe c’est formidable ! La dépense publique c’est formidable ! La gratuité de la vie de la naissance à la mort c’est formidable ! L’immigration de masse c’est formidable ! L’absence de naissances n’est pas un problème ! La dette c’est formidable ! Les propriétaires sont des salauds et on peut encore taper dessus ! La crise immobilière c’est formidable ! "Enfin"  s’est écrié un de nos grands journalistes "les prix immobiliers baissent"! Que nous soyons le pays le plus fiscalisé au monde, n’a aucune importance ! Il faut savoir la société que nous voulons, etc.

Admin : vous dénoncez le détournement  de la réflexion économique au profit de l’accompagnement politicien ?

DD : Politicien ou idéologique. Pendant ces quatre années où,  en pleine Guerre de Quarante des travaux menés par les meilleurs économistes ont essayé de dégager ce que seraient les institutions permettant de ne pas revenir aux crises de l’avant-guerre, la réflexion économique a été très intense et centrée sur l’essentiel. Cela a donné les accords de Bretton Woods et les Trente Glorieuses. Aujourd’hui on est plutôt dans la « cancel economy », avec apologie des marchés administratifs subventionnés par la dette et la défense de la vertu des impôts symboliques sur les riches, ou l'exaltation  de la beauté des chèques déversées en période électorale. Si vous être un jeune chercheur économique vous n’aurez aucune subvention des instances internationales, nationales et surtout européennes si vous n’incluez pas dans le projet le maximum de préoccupations woke et écologistes. Si vous déposez un projet d’étude présenté ainsi : « comment les femmes ont sauvé l’économie françaises pendant les trente glorieuses », vous pouvez demander 250.000 euros à l’Union Européenne. Vous peuplerez ensuite tous les plateaux en France en Europe et dans le monde. La gloire !

Admin : La France a eu longtemps de formidables économistes des Physiocrates à Maurice Allais. Vous pensez la race éteinte ?

DD : Que ce soit Alfred Sauvy ou Maurice Allais, les deux derniers grands, ils étaient décidés à alerter sur les conséquences graves des erreurs économiques parfois contre leur camp politique. Sauvy s’est battu des décennies contre la volonté idiote de la gauche de réduire constamment la durée de travail. On a eu après sa mort,  les 35 heures et le dévissage économique immédiat de la France. Jospin était plus préoccupé d’égaler Jaurès et Blum et de supplanter Mitterrand dans la démagogie pour entrer dans le Panthéon socialiste que d’évaluer les conséquences. Maurice Allais a tout dit sur le risque de l’entrée de la Chine dans l’OMC et la mauvaise organisation autour des changes flottants et de l’Euro. Ils ont été tous les deux marginalisés et tenus à distance.

Ce destin n’a pas été encourageant pour les générations suivantes. Elles ont préféré faire leurs études aux Etats-Unis et épouser le Wokisme. On a essayé de monter au pinacle tel ou telle. On voit aujourd’hui que leur contribution réelle à l’observation des faits, à leur compréhension correcte et à la formulation de mesures économiques utiles a été nulle.

Admin : La réalité est en train de prendre sa revanche avec le constat d’un taux de déficit public de 5,5% du PIB très au-delà des annonces du budget formalisé il y a à peine trois mois.  Ne pensez-vous pas que cela permettra de revenir à plus de vérité ?

DD : On ne peut plus croire à la pédagogie de la réalité. Dans le cadre totalement fictif du discours politique constant, alors que les médias ne font plus véritablement leur travail et acceptent de participer à la construction d’un habillage totalement insincère de la réalité, les accidents impossibles à gommer sont des occasions d'inculper des méchants dont l’attitude a tout gâché. Le résultat : on voit sur une chaine publique Ségolène Royal et Alain Duhamel s’accorder sur la nécessité de « taxer les riches » pour donner de la consistance au symbole de l’égalitarisme français, fondamental ! Aucune des causes réelles du dérapage n’est discutée. Il faut simplement se raccrocher aux éléments de langage fondamentaux. On va augmenter les impôts tout en disant qu’on ne les augmente pas. Et tout le monde politique est en vérité complice. L’insincérité n’est pas propre à la procédure budgétaire. Elle est partagée et générale, et tout le monde sait à quoi s’en tenir. Et depuis longtemps. On va parler demain de la réduction des transports en taxis gratuits pour raison médicale. C’était l’objet du premier article de ce blog en juin 2008 ! Plus cela change plus c’est la même chose.

Admin : quels objectifs donnez-vous au Cercle des économistes e-toile dans un tel contexte ?

DD : Il n’a pas changé depuis le début de ce siècle. Observer la réalité sans fards et surtout celle qui est gommée dans les médias publics. Pensez au drame démographique qui n’est parvenu dans les médias qu’il y a deux ans, alors que tout était visible depuis des lustres. Nous voulons proposer des analyses utiles même si elles sont à contre-courant de ce que les médias « main stream » veulent bien écrire. S’il faut pour cela dénoncer des courants d’opinions délétères, ne pas hésiter ! Aujourd’hui l’économie est en danger. L’économie française a été tellement saccagée qu’on commence à craindre un effondrement irrattrapable. C’est assez grave pour justifier un ton un peu plus ferme et des échappées sur des affirmations idéologiques et les manières violentes qui leur sont attachées. Et sur la trahison des institutions économiques qui doivent informer les Français. Regardez comment l’INSEE présente l’évolution du PIB en 2023 : « Le PIB reste stable au quatrième trimestre 2023. En moyenne en 2023, il augmente de 0,9 % ».

Le Français ignorant croira que la France est en croissance, certes faible mais stable. Ce n’est pas terrible mais ce n’est pas catastrophique. Le titre du communiqué est un « élément de langage » En vérité la croissance en mode chiffrage officiel est nulle depuis juillet 2023. 0 %. Si on tenait compte de l’inflation selon le mode de calcul allemand nous aurions deux trimestres de baisse du PIB et nous serions donc en récession. Si on s’en tient au PIB marchand là nous avons une récession, mais peersonne n'en parlera. Le PIB contient la dépense publique des fonctionnaires, en hausse, ce que personne ne rappelle. Les salaires publics ont été fortement augmentés. Les effectifs publics aussi. Le PIB en a été augmenté, sans aucune offre de biens et de services de plus. L’Insee devrait le rappeler. Si on ne tient pas compte de ces mesures administratives et démagogiques qui n'ont créé aucun bien ou service supplémentaire, nous sommes bien récession et le premier trimestre va être encore extrêmement mauvais. Le point conjoncturel de l’INSEE en début février expliquait que le reflux de l’inflation permettrait une croissance plus soutenue : « la désinflation se confirme en effet (+3,1 % en janvier ; +2,6 % attendus en juin), ce qui soutiendrait le pouvoir d’achat des ménages. Leur confiance s’améliore progressivement et la consommation serait le principal moteur de l’activité au premier semestre 2024. La croissance du PIB serait toutefois modérée (+0,2 % par trimestre) ».

Pas un mot sur l’effondrement du secteur du logement, du drame agricole, de l’obligation de calmer la dette etc. La confiance des entreprises, elle, s’effondre, Comment relire ce communiqué aujourd’hui après l’annonce aujourd’hui d’un plan d’austérité ? Il date du 7 février, à peine plus d’un mois. Oui l’INSEE trahit sa mission et tout le monde s’en moque. Comme l’INED, comme l’Université…

Le travail de vérité reste absolument crucial en France, en Europe et en Occident. Nous continuerons à nous placer dans cette perspective. Quitte à bousculer de temps à autres les idéologies délétères qui se sont emparées de l’opinion publique.

La semaine de la honte - A conserver pour ceux qui feront un jour l'histoire de la période

La semaine du 7 au 14 mars restera comme un des moments les plus significatifs de l’état catastrophique de notre vie politique. Comme un vol de corbeaux sur la morne plaine, on a vu les anges de la mort sortir de leur grotte putride pour croasser leur envie de destruction généralisée de la société humaniste construite en Europe pendant des décennies.

Récapitulons :

1. Des trafiquants de drogue se sont affrontés à la kalachnikov pendant plus d’une heure dans une ville moyenne de France. On parle de « mexicanisation » de la France soumise désormais aux cartels. La kalachnikov était annoncée partout dans les banlieues islamisées. Elle est là associée au trafic de drogue qui est désormais en place partout et s’avère de moins en moins contrôlable.

Peu de temps avant, les officiels de l’interdiction de condamner ont enterré leur chef, M. Badinter qui a mené la lutte sous Mitterrand pour l’interdiction de condamner les délinquants sérieusement. Dès les premières mesures de ce ministre de l’absence de justice, car l’insécurité est le premier déni de la justice due aux citoyens, on a appelé les criminels récidivistes des « Badinter ». Depuis les premières lois cherchant à limiter de la répression pénale, il y a cinquante ans, plus de 50 000 personnes ont été assassinées en France. Dans les dix années qui viennent de se passer plus de 500 000 personnes ont été agressés au couteau ! L’impunité de facto de bien des délits et des crimes est acquise Quelques jours avant l’écriture de ces lignes une seconde dame âgée s’est vue dépouillée de ces colliers par un grand noir immigré clandestin et prétendument mineur isolé entraîné à ce genre de lâcheté, dans un recoin de l’immeuble de l’auteur de ces lignes. On a interdit d’interdire l’entrée frauduleuse sur notre sol et la condamnation sévère des faux enfants. Rien n’est plus pressé que d’enterrer Badinter en grande pompe au Panthéon. On prétend que la justice est saturée, mais par quoi l’est-elle ? On a permis l’appel pour les cours d’assises. Deux procès au lieu d’un. Il suffit de revenir à la règle ancienne et aussitôt on double la capacité à traiter les dossiers les plus graves. Aucun bilan positif n’a été tiré du doublement du procès d’assises qui n’est souhaité que par les avocats pénalistes pour des raisons de pognon La procédure pénale a été constamment alourdie. Les procédures de contrôles ont été constamment compliquées laissant aux délinquants une paix que n’ont pas connue leurs victimes. Non à la répression cela veut dire concrètement oui au crime.

La diablerie est de constater la catastrophe sécuritaire et d’en honorer les causes.

2. Pendant des années les enseignants politisés ou syndicalisés ont refusé les locaux d’enseignement « caserne », et ont déclaré ne pas vouloir jouer le rôle de flics. Ils se sont battus pour avoir des enfants d’interdits de séjour dans leur classe. Vive l’immigration heureuse, était leur slogan. Un second enseignant a été massacré par les fausses victimes que les syndicats de l’Éducation nationale ne cessent de défendre. Et voilà que dans la semaine sort un sondage qui démontre que « les enseignants ont majoritairement peur » et se taisent devant l’islamisme. Les matamores de la non- répression se taisent et tremblent. Au passage la grande presse oublie de signaler que la corporation des enseignants s’est fortement féminisée et qu’elle se trouve totalement dépassée par la violence de certains élèves noirs de 1.90 et de 18 ans en 3e et qui ne savent rien d’autre que de mettre le bazar dans les cours, pas plus qu’elles ne peuvent maîtriser l’entrisme islamique de filles arabes sûres d’elles-mêmes qui veulent faire plier l’institution.

La diablerie ici est toujours de la même espèce : se plaindre des conséquences des propres conceptions défendues par les syndicats qui cogèrent malheureusement l’Éducation nationale. La gauche triomphante dans l’Éducation nationale sombre dans l’islamo gauchisme et le wokisme, comme substitut du socialisme révolutionnaire et massacre l’institution. L’affaire de Sciences-po où l’antisémitisme est devenu la base de l’action des militants étudiants avec la complicité du corps enseignant montre l’ampleur de la putréfaction de la situation. Le plus démoniaque dans l’affaire est de voir la confluence du wokisme importé de l’Amérique vilipendée naguère et de la sottise anticapitaliste primaire des milieux universitaires.

3. On vient de vivre une grande liesse féministe avec fête de l’avortement, et glorification de la constitutionnalisation du droit de la seule femme sur son corps. Emmanuel Macron en avait déjà rajouté en permettant l’avortement sans condition jusqu’à 14 mois et même jusqu’au dernier mois si besoin était. L’ennui est que plus aucun médecin ne trouve agréable d’être obligé à écraser la tête formée d’un fœtus. Une petite boule de cellules d’accord mais un corps quasi constitué, là c’est dur. Si on appliquait le ratio naissances/population de 1970 à la population d’aujourd’hui on verrait qu’il nous manque 500 000 naissances. 220 000 avortements par an viennent consolider le travail des agences publiques pour empêcher les naissances. L’enfantement est diabolisé par les mouvements féministes et wokistes.

L’ennui est que tout le système social mis en place à la Libération, appuyé sur le baby-Boom, est détruit par l’absence de naissance et le vieillissement de la population.

Les mêmes qui veulent travailler moins et vivre plus longtemps des versements « des autres » se retrouvent sans moyen pour le faire. La diablerie est une fois plus dans le fait qu’une partie délirante et braillarde de la population défends en même temps la cause dont elle dénonce les conséquences.

4. Et voilà que sur fond de suicide démographique, M. Macron cède à des associations désireuses d’obtenir que la volonté de suicide soit encouragée et assistée par le corps médical. Le serment d’Hippocrate ? Oublié. Le médecin doit être l’auxiliaire de la volonté individuelle de vivre ou de mourir. La mort remboursée par la sécurité sociale devient une vertu qu’il faut défendre avec détermination, sauf à être rétrograde.

5. La même semaine une humoriste réalise un dessein qui ridiculise les islamistes sur fond de ramadan et de catastrophe humanitaire à Gaza. Aussitôt une Fatwa est lancée avec demande de mort. Revoici Charlie Hebdo. Réaction politique : aucune. Qu’elle meurt mais en silence. On fera une journée blanche pour honorer son cadavre.

6. Il fallait évidemment ajouter un peu de dislocation de l’unité française pour rendre cette semaine pleinement représentative de l’esprit des dirigeants actuels du pays et de ses soutiens. La Corse va sortir du cadre de la république et aura un statut à part avec la possibilité de voter des lois spécifiques. Terminée, l’unité républicaine ! Aussitôt la Bretagne a exigé le même statut. Tous les autres régionalismes violents vont enchaîner. Les vautours sinistres qui tournent autour de la France dépecée, quasiment tous des mafieux qui veulent capter la rente immobilière, ont gagné.

7. La France a été longtemps la championne de la liberté de penser, d’écrire, de s’exprimer. Pour cela elle a fait taire l’Eglise catholique et a mis fin à la royauté. Et voilà qu’après avoir lourdement entravé la liberté de parole avec le concept de haine dans le discours public qui permet à tout juge un peu rouge sur les bords de condamner toute critique de l’islam ou de l’immigration, on veut imposer la pénalisation des « discours de haine » dans le domaine privé. Ce dispositif exige que la délation devienne le ferment de la vertu !

8. On savait que le Parlement européen avait voté un vœu visant à l’extension générale de l’accès à l’union Européenne à tous les pays de la zone balkanique qui ne le sont pas encore, y compris la Géorgie et l’Ukraine, mais aussi le passage à un régime de fédéralisme absolu ou pratiquement tout devient ou une prérogative unique ou une prérogative partagée de la Commission devenue gouvernement de l’Europe de facto sinon dans les termes. Les nations anciennes deviennent de simples espaces territoriaux, éclatés en régions, chargés d’appliquer des ordonnances toutes votées à la majorité. Fini, l’influence des dirigeants s nationaux. C’est simplement la mort de la France historique. Un détail de l’histoire !

9. On sait que l’anomie est une des dimensions de la personnalité du président actuel de la République française. Emmanuel Macron ne considère pas qu’il doit se soumettre à quelques règles que ce soit. Il est lui seul la mesure de ce qu’il doit penser et faire. Depuis le début de sa carrière politique il a voulu créer une scène politique à sa main avec d’un côté une Marine Le Pen diabolisée et lui, Jupiter empêtré, mais sauvant la France du fascisme. Mais Oradour sur Glane et la Shoah ne suffisent apparemment plus, surtout depuis qu’il a refusé de marcher contre l’antisémitisme. Alors il a décidé d’utiliser la guerre d’Ukraine pour faire de son partenaire de jeu le vilain absolu : le complice de Poutine. L’instrumentalisation de la guerre à des fins partisanes a changé de méthode mais aussi de nature. Voilà la France qui annonce que s’il le faut ses troupes interviendront au sol ! Une dinguerie qui l’entraîne dans un parcours interne nauséeux et une aventure diplomatique oiseuse. Mettre la France en danger militaire pour un calcul politicien, qui l’eut cru possible ?

Guerre, avortement, suicide, démantèlement national interne, démantèlement national européiste, destruction de l’école, islamisation, emprise de la drogue et des bandes armées…

Quelle belle semaine !

Inutile d’ajouter que la faillite financière de l’état, l’effondrement de la construction et du logement, la remontée du chômage dans une perspective de récession, les déficits intérieurs et extérieurs abyssaux, la dette phénoménale, la volonté de trouver encore et encore par tout moyen des recettes nouvelles alors que la France est le pays le plus pressuré du monde viennent créer une ambiance délicieuse.

De toutes ces horreurs, M. Macron est le pivot, heureux de paraître important. Tenir, enjamber une fois de plus des élections, gouverner sans majorité par la manigance. Et tant pis pour le pays.

Oui nous venons bien de vivre une nouvelle « semaine de la honte ». Quand certains se pencheront sur la période, ils auront la nausée et ne comprendront pas. Comment la France a-t-elle accepté de tomber si bas ? Comment ne se sont-ils pas opposés au suicide de la France avec l’assistance insistante de ce Monsieur Macron ?

Quand les Français se réveilleront-ils et quand décideront-ils enfin de liquider cette triplette enlacée Le Pen – Macron - Mélenchon qui représente plus de 52 % de l’électorat et qui est le malheur du pays ?

 

Démographie : le carnaval des hypocrites

Sur ce blog, nous n’avons jamais eu aucune réticence à honorer nos maîtres à penser. En matière de démographie, le maître c’est Alfred Sauvy, complètement oublié aujourd’hui. Homme de gauche, il avait entrepris d’alerter les gouvernements d’avant-guerre, notamment celui de Blum, contre des idées fausses et des erreurs. Parmi celles-ci, l’abandon des idées natalistes. Mai 1968 a vu le commencement de la fin de son aura politique. Il sera totalement marginalisé sous Giscard et quasiment rejeté sous Mitterrand.

La pilule, la facilitation du divorce, l’avortement et l’assistance par le planning familial à la non-fertilité, le pacs, puis le mariage homosexuel, la réduction des allocations familiales, et enfin la constitutionnalisation de l’avortement comme manifestation de la grandeur de la République avec moult fêtes sont les étapes du chemin de croix démographique de la France.

Pratiquement de 1981 à 2023 la question démographique a disparu des radars. Nous-mêmes avons repris le flambeau de Sauvy dès 1997 sur le forum du Monde puis sur ce blog. Nous avons été les seuls à avertir que le drame démographique ne couvait pas mais se développait. Nous avons envoyé de multiples propositions d’articles sur ce thème à de nombreux journaux ou revues. Silence !

La baisse de population au Japon et en Chine n’a jamais été vraiment commentée. La querelle migratoire a certes été basée sur le constat d’un « grand remplacement ». Mais c’était surtout pour condamner une immigration musulmane de masse. On constatait que partout en Europe, notamment en Russie, en Hongrie, en Italie, la dénatalité était flagrante. Mais sans cesse on ajoutait : en France cela va. En fait cela n’allait que parce que les populations immigrées ont conservé un temps leurs traditions de naissance abondante.

Dès les années soixante-dix l’INED a décidé de trahir sa mission en accompagnant la réclamation féministe de voir « le ventre de la femme dégagé de toute responsabilité collective ». Le mantra : tout va bien. Michel Debré était affublé d’un entonnoir sur la tête dès qu’il parlait de natalité. L’idée même pour un homme politique de parler de natalité est devenue « ringarde » et moquée, avec évacuation immédiate des médias et perte rapide d’influence dans son parti avant marginalisation.

Et voilà que la réalité nous rattrape. Les morts sont presque aussi nombreux que les naissances. Le spectre de la baisse de population rôde. En fait la population proprement française baisse depuis le début du siècle. Si 50 % des naissances sont d’origine immigrée et 95 % des décès d’origine traditionnelle française, on voit bien que la baisse de la population proprement française est de plus de 250 000 personnes chaque année. Et ne parlons pas du vieillissement.

La réponse a été l’immigration de masse. À l’ENA l’idée obligatoire était qu’il fallait une population en hausse et donc une forte immigration. Si on appliquait le taux de naissances de 1970 aujourd’hui, on aurait 500 000 naissances de plus. Donc il faut 500 000 immigrés de plus chaque année.

Dès les années 2000 il était impossible de recruter des personnes blanches à Paris pour tous les emplois n’exigeant pas de diplômes de haut niveau. Il était parfaitement inutile de promouvoir la diversité, elle était obligatoire. En fait il s’est agi simplement de la rendre acceptable.

La Chine et le Japon qui avaient choisi la dénatalité ont découvert progressivement l’horreur de la situation. Au début tout va bien : le capital par tête augmente sans effort. Mais bientôt, c’est la catastrophe. Quand vous perdez 1 puis 2 puis 5 millions de personnes, que faire du parc d’immeubles correspondant à la population d’avant ? Vous ne pouvez plus l’entretenir. Vous ne pouvez pas le détruire. Alors ? L’industrie avait besoin de bras qui ne sont plus là. Elle est partie s’installer ailleurs. L’Etat s’est retrouvé à cours de ressources. Alors l’emprunt a commencé à grimper au point de devenir une charge insupportable. Reviennent à la surface tous les avertissements d’Alfred Sauvy : la dénatalité fait des ravages. Finie la retraite par répartition avec départ à 60 ans ! Finie l’armée de conscription. Fini le dynamisme agricole et industriel. Finie la croissance. Finie aussi la gratuité médicale et plus généralement la gratuité de la vie. Il n’y a plus assez d’actifs pour financer.

On dira : l’immigration est la solution. Sauf s’il s’agit d’une immigration de peuplement et d’assistanat surtout intéressée par la gratuité de la vie assurée par l’Etat. Si le seul fait de mettre le pied sur le sol français signifie le droit gratuit au logement, à l’école, à la santé, à la retraite sans cotisation par regroupement familial, les allocations diverses et le droit d’être payé indéfiniment à ne rien faire, l’immigration devient plus un nouveau poids qu’une solution. Le changement de population a d’autres inconvénients sur lesquels nous ne reviendrons pas en détail ici mais qui forme l’essentiel de l’actualité (destruction de l’école, embolisation de tous les circuits sociaux, délinquances).

Aujourd’hui les inconvénients de la dénatalité commencent à être actés. Le fait n’est plus tabou. Mais on s’emploie à ce que le phénomène ne soit pas compris ni ses causes objectivées.

La dénatalité serait le fruit non désiré de la croissance. Sortir de la pauvreté implique la dénatalité. L’évolution de la richesse moyenne du pays dirige la courbe des naissances. Un bien serait la cause du mal. Doit-on en conclure qu’une baisse de revenu projetterait le taux de natalité vers le haut ? Heu ! Heu !

La dénatalité serait le fait du vieillissement. Comme on est obligé de financer des masses de petits vieux inactifs qui coûtent un pognon de dingue, on ne peut pas payer pour les enfants !

La dénatalité serait le fruit de la hausse immobilière. Comme on ne peut plus se loger, on ne fait plus d’enfants ! C’est la banque centrale et la spéculation qu’il faut incriminer.

Emmanuel Macron, toujours le premier lorsqu’il s’agit de dire des sottises de détail, a expliqué que le spermatozoïde national avait tendance à perdre de son dynamisme et qu’il allait arranger cela. Évidemment, plus on retarde l’âge d’avoir des enfants plus il est difficile d’en avoir. On attend toujours les actions d’accélération du spermatozoïde. Le Guignol est parti sur autre chose : la guerre à la Russie ! La Russie a quelque mal à trouver des troupes pour doter son armée et son industrie de guerre, du fait d’une dénatalité massive. Elle sacrifie sa jeunesse par centaines de milliers en Ukraine. La suite sera problématique.

La vérité est toute simple : le féminisme a incriminé la fonction de l’enfantement. La femme est un homme comme les autres et n’a pas à s’occuper d’enfanter et de régner sur le gynécée, une activité débilitante. Mme Badinter a souligné très tôt dans les années soixante-dix que le sentiment maternel était une fiction construite par la société des mâles dominants. La naissance n’était plus une fonction sociale mais un acte individuel que la femme sans l’avis du géniteur peut interrompre à sa guise, au frais de la collectivité bien sûr. Individualisme forcené de la décision, mais collectivisme du financement.

La volonté de mettre fin à la société bourgeoise encadrée par l’Eglise, qui avait fait de la Vierge Marie et de l’enfant Jésus le cœur de son message, a tout balayé. Plus de mariage pour la vie, plus de responsabilité ! On baise et on avorte ! 220 000 avortements par an en France. Une ville comme Paris anéantie tous les dix ans. Formidable !

L’Insee en 2013 osait annoncer une baisse drastique de la nuptialité. Pour la première fois le nombre des mariages baissait alors que la population était en hausse. Il y avait eu 231 000 mariages seulement. Aujourd’hui avec plusieurs millions d’habitants de plus par l’immigration, le nombre de mariage est de 221 000, dont beaucoup de remariages après divorce. En net, moins de 150 000 mariages ! L’institution du mariage a été désacralisée puis tuée à petit feu. Elle était protectrice du foyer. On a abaissé la protection familiale, baissé les allocations, réduit le quotient familial. On a dit à la femme, tu veux être un homme comme les autres, alors on ne protège plus ta fonction reproductrice !

Aujourd’hui le féminisme s’attache à attaquer l’homme, agresseur permanent et violeur, et l’enfantement, une « dictature » selon les termes d’un livre récent. L’écologisme foldingue invite les femmes à ne plus faire d’enfants, car ils seront pollueurs et tueurs de la terre. On veut faciliter le suicide payé par la collectivité.

Lorsqu’on met en cause ces doctrines suicidaires en débat, les « femmes raisonnables » indiquent qu’elles voudraient bien faire des enfants mais que c’est trop cher, que le gynécée écarte du bureau, etc. La richesse était la cause de la dénatalité et voilà que l’absence de richesse en est aussi la cause !

La vérité est plus simple : la sacralisation de l’avortement et la désacralisation du mariage ont été voulues par les mouvements féministes et elles ont trouvé une clientèle. La femme au foyer a été ridiculisée dès les années 70. Les réseaux de femmes au foyer qui tissaient la vie sociale du pays et permettait l’unité des générations et la vie ensemble des hommes et des femmes a été détruite. Infidélité et pornographie sont devenues le fondement de la (dé)civilisation.

La dénatalité a certainement un fondement économique partiel mais c’est l’idéologie dominante féministe qui est la cause principale. Le ministère de la femme et l’idéologie des droits spécifiques et individualistes de la femme ont tué la natalité.

Ce matin France Info ne parlait que de féminicides, de Tarik ramadan et la réduction du nombre de ses viols punissables, des discours de dénonciation des réalisateurs et des acteurs mâles du cinéma français. C’est la journée de la femme. Puiss-t-elle se souvenir qu’avant d’être femme elle a été enfant et oui : elle est née.

La lutte féministe est relancée par la constitutionnalisation du droit à avorter quand on veut et si on veut, aux frais de la collectivité.

En même temps on soulignait qu’on allait indemniser les victimes de la répression homosexuelle de 1941 ! Pour les élections municipales parisiennes, il n’y aura pas moins de six candidats homosexuels. Le noyau dur du nouveau gouvernement Macron est également homosexuel. Il est sûr que la question de l’enfantement est au cœur battant de leur réflexion.

C’est sûr : la chute des naissances, c’est le capitalisme ! Rien à voir avec quelque idéologie que ce soit…

 

La « société durable » : le nouveau masque de l’anticapitalisme primaire

Depuis mai 1968 on sait qu’il y a une composante « révolution culturelle » dans la gauche internationale. On la croyait disparue depuis que l’horreur des crimes des Khmers Rouges a été jugée génocidaire, comme, enfin, les atrocités commises par Lénine, Trotski et Staline, notamment en Ukraine. La reconnaissance désormais générale des massacres ahurissants qui ont accompagné le règne de Mao a laissé le maoïsme en lambeaux. Bien sûr certains se flattaient, encore récemment, fume cigarette à la main, d’avoir fourni des petites occidentales blondes au Grand Timonier. Et de glousser ! Mais l’effondrement plus général du communisme avec la fin de l’URSS n’a pas arrangé les choses. La pulsion de destruction de la société existante pour une utopie motivante pour les assassins de masse ne trouvait plus trop à s’employer.

On l’a vu un peu renaître avec le culte de l’ignoble Prachandra ou les horreurs des Farc, un temps sacralisés par le journal le Monde. Mais même ces rigoles de crimes abjects ont fini par lasser à l’extrême gauche et dans les milieux germanopratins. L’Europe de l’élimination du « bourgeois » est encalminée, trouvant un bien faible refuge dans la culture subventionnée.

Aux États-Unis, la radicalité a toujours été plus forte qu’en Europe. Depuis le maccarthysme, il n’y a plus eu de parti Communiste. En Europe, il fixait la limite à ne pas trop dépasser. On savait quand on entrait dans l’ignoble et dans le crime. On faisait semblant de croire que la parole mensongère de Jean-Paul Sartre, entre deux masturbations au premier rang du cinéma porno de la rue Delambre, avait une valeur quelconque et lui-même faisait semblant de croire que l’URSS était un bienfait. Un temps étrange.

Rien de tel aux États-Unis. L’inspiration n’est pas socialiste. Les militants poursuivent le Bien de façon presque religieuse. La coercition sociale est un moyen habituel comme l’éjection de la société, ce qui n’était pas du tout le cas en Europe où le souvenir des guerres de religion a très longtemps laïcisé et étatisé la contestation. Le bannisement était banni.

La lutte pour la reconnaissance de la responsabilité occidentale de la Shoah y a été un énorme succès. La série télévisée Holocaust a déclenché un véritable tsunami d’émotions. La tragédie des exterminations juives voulues par Hitler, qui dans l’immédiat après-guerre ne pouvait pas être distinguée des massacres et exactions commises sur l’ensemble de la population française, chaque Français ayant une claire conscience des pertes et des souffrances infligées par l’occupant nazi, a été singularisée sous le nom de Shoah. On cessa de parler de « système concentrationnaire » appliqué par les Nazis, le Japon, l’URSS et la Chine à quantités de segments de population. Accompagnée par la production de nombreux films et livres, la Shoah devint le fait le plus important de la seconde guerre mondiale et la responsabilité des populations non juives fut lourdement stigmatisée. Un livre comme celui de Paxton a développé l’idée que l’ensemble des Français, sauf quelques justes, et tous les gouvernements du Maréchal Pétain, s’étaient en quelque sorte lavé les mains du génocide, et que la responsabilité collective était la cause de "l’énormité" des massacres. La communauté juive devenait non pas la victime d’Hitler mais celles des mauvaises pensées antisémites occidentales. L’aspect pénitentiel coIlectif après une telle "complicité" est devenu envahissant. Le devoir de mémoire et de pénitence s’est imposé dans les médias et l’édition, où la Shoah est devenue un compartiment de la production littéraire. Politiquement, en ont résulté des conséquences juridiques dont on voit aujourd’hui qu’elles sont fâcheuses : on a aggravé les peines lorsqu’il s’agissait d’une victime juive ; la « provocation à la haine » est devenue un délit l La contestation de certains faits historiques a été interdite. Ces trois mesures étaient totalement contraires aux principes Républicains d’égalité. Tous les citoyens sont égaux en droit et personne ne l’est un peu plus que les autres. La liberté de parole est considérée comme fondamentale. Le délit de provocation à la haine est contestable. Généralisé il revient à réduire la population au silence. Culpabiliser toute la population française jusqu’à la fin des temps était plus que contestable. La demande d’indemnisation des victimes non plus directes mais de la Communauté juive comme telle plusieurs décennies après la guerre est également totalement exorbitante des règles usuelles. De plus l’enseignement public a été chargé de perpétuer la lutte contre l’antisémitisme en exaltant l’émotion autour de la Shoah. Elle est devenue si dominante dans l’enseignement de l’histoire qu’on verra certains livres scolaires d’histoire consacrer 50 pages à l’extermination des Juifs d’Europe centrale et deux lignes à l’extermination des Koulaks, en insistant qu’ils avaient été la victime d’eux-mêmes, alors que ce dernier massacre a tué près de 10 millions de personnes. Une guerre mémorielle inégale s’est mise en place tournant au combat idéologique, ce qui ne pouvait que nuire à la cause juive à long terme, comme l’a très bien vu Éric Zemmour.

La conséquence la plus nécessaire a été la prise de conscience de la singularité du génocide juif et de l’obligation d’en finir avec un antisémitisme latent notamment dans les milieux catholiques peu favorables au peuple qui avait tué Jésus !

La conséquence la plus problématique a été la création d’un statut de victime officielle avec des protections juridiques    particulières exorbitantes du droit commun et une propagande scolaire envahissante.

Le Wokisme américain, sans limite, va généraliser l’optique victimaire. La conséquence on la voit très clairement :

-          Généralisation des catégories de victimes

-          Réclamation du même statut victimaire que les Juifs : loi contre la haine, recherche active des vilains et exclusion sociale, peines supérieures lorsqu’on s’attaque aux victimes concernées, endoctrinement scolaire et dans les médias publics et actions répétées "politiquement correctes"  en vue de faire tomber les préjugés, indemnisation des « communautés ».

Comme il n’y avait plus d’Hitler, il a fallu culpabiliser quelqu’un : ce sera l’homme blanc hétérosexuel, devenu la cause de tous les malheurs ayant accablé nos nouvelles « victimes ».

Au nom de la lutte contre l’oppression, il fallait opprimer les oppresseurs, et dans l’optique puritaine et plus généralement protestante propre aux Anglo-Saxons surtout aux États-Unis et au Canada, ne pas hésiter à les bannir de tout espoir de survie dans la « communauté des bons et des bienveillants ». Le bannissement social et la ruine ont remplacé le génocide comme instrument de promotion d’une société purifiée. Plus question du slogan « il est interdit d’interdire ». Ceux qui ne veulent pas répéter les vérités sacrées doivent être chassés. On a vu revenir les piloris maoïstes mais sans arrachage des yeux. Les déchaînements ad hominem veulent la mort sociale du dissident lynché. Au malheureux de savoir si cette mort sociale doit se traduire par un suicide. Cette forme d’action politique était largement inconcevable pour une certaine gauche française qui voulait bien la révolution mais sans les Sorcières de Salem. Faute de grives on prend des merles. Et faute de Marx et Lénine, il lui a bien fallu se satisfaire de Savonarole.

Curieusement, la réclamation écologique, basée sur la déification d’une nouvelle victime, la nature sacralisée, dont l’homme prédateur est exclu, est venue s’ajouter à la liste des combats contre les vilains.

Là aussi on retrouve une culpabilisation larvée de tout le monde, dont on ne peut se laver qu’en devenant un adepte sectaire luttant contre le capitalisme prédateur. L’homme est coupable au tribunal des oiseaux, des insectes, des gros mammifères, des poissons. Honte à lui qui signe en plus son suicide en tuant le vivant !

Apparaît aujourd’hui un nouveau concept qui permet d’unir toutes les réclamations anticapitalistes mais sans les massacres. Une forme de stalino-mao-centrisme ! Il permet de crier à nouveau : « tous, tous, tous ensemble contre le capitalisme » et pour une nouvelle société mythique : la société durable.

Ah ! ce merveilleux concept de « société durable » qui fait tomber toutes les oppositions et ouvre à nouveau de belles perspectives soviétiques ! Le capitalisme étant infect et destructeur, il ne peut pas durer. Donc il faut le remplacer. C.Q.F.D. ! La destruction du capitalisme devient à nouveau le moyen de construire la cité radieuse, car seule la cité radieuse peut durer. Et comme tout le monde se mobilise pour le durable afin de sauver l’espèce et le monde vivant, les petits oiseaux et les éoliennes deviennent le moyen d’adhésion de masse aux moyens les plus brutaux de chirurgie sociale, sans même avoir à invoquer Marx, Lénine, Mme Ceaucescu, Che Gevara ou quiconque. Seulement l’abbé Pierre,Coluche et Angela Davis.

Pour ne pas reprendre la terminologie un peu usée du gauchisme, un nouveau vocabulaire s’élabore, autour du terme de transition, remplaçant celui de révolution. La révolution c’est violent. La transition c’est gentil. Gentil mais indispensable. La nouvelle doctrine propose un nombre presque infini de transitions, au nom desquelles on peut tout détruire progressivement par la brutalité étouffante des lois et par le « shaming » et le « naming ». Adieu les libertés et la propriété au nom d’un bien supérieur ! Tellement supérieur ! Et en prime, il n’est plus nécessaire d’essayer de justifier des massacres effarants. Le must ! Voici donc le révolutionnarisme qui s’empare :

-          De La transition énergétique. Adieu logement et voiture.

-          De la transition démographique : adieu bébés et vive la submersion des immigrés

-          De la transition naturaliste : vive les animaux et au pilori l’homme satanique

-          De la transition multiculturelle : la culture de l’altérité exige qu’on sacrifie la sienne propre

-          De la transition de genre : la question clé devient l’avenir glorieux du transgenre

-          De la transition visant la fin du privilège occidental qui a causé l’esclavage et la colonisation. Ceux-là, c’est-à-dire, nous, cela suffit !

-          De la transition visant l’égalité absolue sans laquelle rien n’est durable : la révolte contre la plus grande richesse de l’autre est légitime car elle compromet l’avenir apaisé de la société.

-          De la transition visant la fin des esprits libres et le respect absolu du « logos transitionnel ». À quoi sert la liberté de penser si elle n’est pas asservie au bien commun et compromet la durabilité de la société magique ? Une antique question posée depuis le début des religions.

-          De la transition visant la fin de la propriété qui aliène le bien commun. Il faut en finir avec la passion d’avoir. Avoir c’est se saisir d’une partie de la nature et du bien commun pour de viles satisfactions individuelles.

-          De la transition visant la fin des nations et le nationalisme qui aliène les peuples, du moins en Occident. Ailleurs, on s’en fout ! Même si des dictatures nous menacent.

 Toutes ces transitions sont l’occasion de remettre au goût du jour des recettes bien connues du bloc soviétique, le tout aligoté avec des pratiques bureaucratiques bien de chez nous. Surtout elles permettent de faire croire à tout sympathisant de l’une ou l’autre de ces transitions qu’il faut voter pour une coalition mêlant toutes les formes actuelles de luttes LGBT, wokiste, avec en prime le reliquat du socialisme et des trompes de l'action violente pour la nature.

On retrouve toutes les dimensions du slogan « du passé faisons table rase », mais par une transition, pas par une révolution. On retombe dans une société de la religiosité et du catéchisme. Les grenouilles de bénitiers médiatiques sont devenues harceleuses de réseaux sociaux. La théologie de révolution cède la place à une théologie de la transition.

La transition vers le meilleur des mondes se drape dans les oripeaux idéologiques de la marche vers la « société durable » !

En vérité, c’est un pur suicide mais assisté par les bons sentiments et dans la joie et la bienveillance active. Le Dieu Baal n’a qu’à bien se tenir.

La décroissance n’a pas de fin heureuse, la dépopulation n’a pas de fin heureuse, la jachère agricole ne porte aucun espoir, l’égalitarisme dans la pauvreté,  on a vu le résultat dans le bloc soviétique, la démoralisation des hommes et leur avilissement ne mènent pas aux lendemains qui chantent, la baisse de l’influence occidentale ne mène pas à la paix, la perte du droit de propriété permet de tuer la liberté, et les génuflexions devant l’islamisme ne sauraient en changer la nature. La coercition sociale est une horreur et le retour des tribunaux de la pensée n’ouvre pas sur un avenir radieux.

La « société durable », telle qu’elle sert de devanture aux mouvements anti bourgeois et anti capitaliste, est l’exemple d’oxymore le plus pur. La « société durable » c’est le nouvel « habit neuf des héritiers du président Mao ».

L’aspect auto régressif de ce système de pensée est prouvé par le retour de bâton qui touche la Shoah. L’invraisemblable crime contre l’humanité commis par le Hamas le 7 octobre 2023 a été classé en acte de résistance par les militants Woke des universités américaines comme par la Nupes mélenchonienne. Un nouvel antisémitisme massif est sorti du Wokisme exigeant qu’on libère un nouveau peuple martyr de substitution, le peuple palestinien. L’islam est violent et le statut de dhimmi n’est peut-être pas le plus joyeux ? Qu’importe ! L’Oumma veut soumettre l’ensemble du monde ? Qu’importe ! Le mouvement victimaire se retourne contre lui-même et glorifie le bourreau à la tronçonneuse qui découpe des enfants et envoie la vidéo à ses parents pour passer un moment festif exceptionnel !"Bravo mon fils, comme tu découpes bien" !

Plus d’enfants, plus d’amour, plus de prospérité, plus de croissance, plus de culture, plus d’histoire, plus de futur… La « cancel culture » a mis tous les vautours noirs ou rouges d’accord. Sur la table rase, ne construisons plus rien. Le meilleur des mondes, la société durable, c’est la mort de l’humanité ravageuse, cette singularité anti naturelle et maudite depuis toujours. Cette idéologie suicidaire entend dépasser les gouvernements et s’imposer par l’intermédiaire d’organisations internationales occidentales ; ONU, Union Européenne, l’OMS, le GIEC doivent l’emporter sur les États, survivance du passé honteux de l’humanité.

Pour les esprits libres et les défenseurs de la trajectoire majestueuse de l’humanité, le temps de la bataille pour les libertés, pour les progrès dans tous les domaines et pour la prospérité, individuelle et collective, revient. Elle passe par une remise en cause du détournement du concept de « transition » pour contraindre et détruire. La grande urgence est là. La pulsion de destruction de la société existante pour une utopie motivante a retrouvé de l’élan.

La société du râble à qui on fait le coup du lapin n’est pas durable.

Il faut mobiliser contre cette nouvelle pieuvre attentatoire à tout ce qui a fait l’intérêt de la pensée française et de son apport à la civilisation et qui nous mène au néant.

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.

Pompes fiscales cachées et fausseté du taux de prélèvement

La France dirigée par « l’énarchie compassionnelle et bienveillante » est la championne du monde des prélèvements. Le haut fonctionnaire qui a pris la main sur le politique se croit investi des mêmes pouvoirs que l’ancienne royauté : arbitrer la société entre les seigneurs et les gueux. Bien sûr, il souhaite pour lui-même dépasser sa condition et cumuler les avantages de sécurité de la fonction publique, les possibilités de notoriété et d’honneur du pouvoir politique et l’argent des parcours aux marges du politique et de l’économique. Avoir épousé une riche héritière est le summum. Sinon, le népotisme suffit à mener une carrière confortable et assurer au ménage des revenus plus que confortables.

Quand on est aussi bien installé dans l’État, l’arbitrage de la société devient une distribution d’argent à tout va et l’art du prélèvement correspondant une seconde nature. Le toujours plus règne et atteint rapidement des sommets car l’endettement permet de dépasser toutes limites. La passion pour l’Euro des hauts fonctionnaires, tient à cette merveille : les excès de dépenses sont découplés de la valeur de la monnaie. C’est ainsi que de Giscard en Chirac, de Balladur en Jospin, de Hollande en Macron, les prélèvements comptés comme tels sont équivalents à 100 % de la valeur ajoutée des entreprises et l’endettement à plus de 3 000 milliards d’euros., soit à peu près deux fois cette même valeur ajoutée des entreprises.

Le plus intéressant dans cette affaire de détournement massif d’argent privé tient à ceci : la somme comptabilisée dans les prélèvements est minorée. Sans que personne n’en fasse état. N’oublions pas que l’Enarchie tient la presse ! On l’a encore vu récemment quand le Conseil d’Etat à fait de la chaîne BFM, 100 % macroniste, la référence de la télévision objective ! Au contraire le pouvoir passe son temps à expliquer qu’il baisse les impôts, alors que les recettes prélevées ne cessent d’enfler.

Donnons un exemple d’imposition cachée qui n’est pas comptabilisée dans les prélèvements publics et atteint des sommes colossales. La construction d’un bâtiment est désormais un exercice fiscal : vous construisez bien pour la cible commerciale que vous visez mais on vous impose de fournir un contingent massif de logements sociaux à prix cassé, si vous voulez avoir le permis de construire. Le promoteur récupère sa marge sur le prix du m2 du marché libre. Ce surcoût est un prélèvement opéré au moment de l’achat, mais il n’est pas prix en compte dans le calcul des prélèvements. Tout investissement un peu important dans une commune est l’occasion d’exiger la prise en compte d’un certain nombre d’aménagements publics.

On demandera le financement de trottoirs, de pistes cyclables, de routes, d’équipements publics etc. Tous ces surcoûts sont des prélèvements. Aucun n’entre dans le chiffre INSEE des prélèvements. Pas plus que nombre de « dépenses contraintes » qui servent uniquement à faire payer par le particulier tel ou tel bout de la dépense publique. Lorsqu’on construit une éolienne, en général inutile et sans rentabilité globale pour le pays, mais pour satisfaire des exigences idéologiques de l’État, ou de l’Union Européenne, la perte de valeur pour les immeubles avoisinants est très forte. Dans bien des cas, le bien ne devient plus vendable. Cette variation de valeur du stock immobilier est un prélèvement qui n’est pas compté dans les statistiques. La perte de valeur des immobilisations industrielles du fait de la délocalisation forcée ou fortement encouragée par les contraintes fiscales et administratives n’est pas plus comptée dans la valeur des prélèvements. La variation de la valeur du capital est une dépense. On apprend cela en première année de comptabilité.

Lorsque par une hystérie bureaucratique vous excluez des centaines de milliers de logements de la location, vous diminuez drastiquement leur valeur. Cette perte en capital est un prélèvement.

Même l’IFRAP qui mène un juste combat pour faire reconnaître des chiffres de dépenses publiques généralement cachés n’a pas encore entrepris d’évaluer l’ampleur de ces prélèvements-là. Il est vrai que la variation de valeur des actifs est plus difficile à comptabiliser que les flux fiscaux monétarisés.

Ces mécanismes s’ajoutent aux effets de la croissance et de l’inflation dans le cadre d’un système de prélèvement globalement progressif. Mécaniquement les flux d’imposition croissent plus vite que le revenu et aggravent la pression fiscale. En toute candeur, ces plus-values devraient être restituées aux contribuables puisqu’elles ne correspondent à aucune logique explicite. Pourquoi la croissance devrait-elle faire croître les recettes de l’état plus vite que le revenu ? Une décision statique de justice fiscale se transforme en vol systémique de la richesse privée par l’État ! Dans le silence quasi général.

Un autre mécanisme de prélèvement particulièrement hypocrite est l’annonce de « suppression d’impôts » qui ne sont en fait que des transferts.

La « suppression de la taxe d’habitation », sommet de démagogie irresponsable, dont se vante M. Macron et qui devrait lui valoir la Haute Cour, revient à faire financer des dépenses qui elles ne sont pas réduites par d’autres que les bénéficiaires des services municipaux. On découple la dépense et son financement, ce qui est évidemment la source de tous les abus. Qui paie ? Évidemment ceux qui paient le plus d’impôts et qui se retrouvent avec une charge supplémentaire. Du socialisme à bas bruit, au nom d’une démagogie de la pire espèce. On a basculé un impôt sur le flux de dépenses municipales en impôts sur le stock, modifiant la valeur du stock. Là encore ce prélèvement n’est pas compté dans la dépense publique.

Une autre pratique énarchique qui consiste à « défiscaliser » et à « décharger » telle ou telle catégorie de revenu, est un simple transfert de charges sur la fiscalité générale. C

Ces derniers temps, le transfert se fait sur la dette. Mais elle n’est qu’un impôt différé. Si ce transfert était constaté en impôts immédiats les sommes apparaîtraient pour ce qu’elles sont : un prélèvement public massif. Il est vrai que cette mesure est devenue obligatoire tant était grotesque le mécanisme d’augmentation forcée du SMIC. Il favorisait plus les collecteurs de cotisations et d’impôts que le salarié lui-même et poussait les coûts du travail si haut, que le résultat était un chômage structurel massif. La transformation du Smig en Smic et la politique démagogique des « coups de pouce » démagogiques, ont tué l’emploi en France. Depuis l’entrée dans l’Euro et l’ouverture à la concurrence mondiale, cette démagogie n’est plus soutenable.

La dépense n’étant pas réduite, on a opéré qu’un transfert de financement et nous avons toujours un chômage structurel massif quoiqu’en disent les thuriféraires du pouvoir énarchique. Le sous-emploi de masses immigrées qui ne peuvent pas trouver à s’employer au coût actuel de l’heure de travail provoque un développement massif de la pauvreté, l’effondrement de notre balance commerciale, l’hystérisation de la dette…

On a pris l’habitude en France de chiffres bidonnés et stérilisés par la caste des hauts fonctionnaires qui ont pris le pouvoir politique et veulent toujours rester le plus longtemps possible masqués. Le grand mensonge démographique commence à s’effilocher : la France avait la plus belle fécondité en Europe. En fait la dénatalité est la même que partout ailleurs à l’effet migratoire près. Le grand mensonge fiscal est de même taille. Le taux de prélèvement en France n’est pas de 47-48 %. Il est très supérieur à 50 % du PIB. Et comme on sait que les coûts de la fonction publique et autres intervenants payés par la dépense publique entrent dans le PIB, à hauteur de 25 %, et plus si on tient compte des marchés purement administratifs, qui correspondent à une dépense forcée, on voit que le ratio par rapport à la richesse effectivement créée par l’économie privée est colossalement supérieur.

Comme nous l’écrivons depuis au moins 1997, si on rapprochait la dépense publique, complétée des parties cachées, de la valeur ajoutée des seules entreprises commerciales françaises, hors finance et entreprises individuelles, on dépasserait largement les 100 %. Ce qui veut dire que l’apparence de revenu est liée totalement à l’endettement massif. Dans un tel système si l’endettement n’est plus possible, le pays meurt d’asphyxie.

Le système imposé par l’Enarchie compassionnelle et bienveillante n’est pas « durable ». Les risques sont très supérieurs à ceux du réchauffement. La tentation actuelle est de piller la valeur patrimoniale accumulée pour survivre encore une minute. C’est un suicide programmé.

La règle d’or des finances publiques devrait être : la dépense publique et les impôts doivent suivre rigoureusement le rythme de la croissance. Pas un sou de plus.

La règle d’or de l’organisation publique devrait être : séparation absolue du monde politique et de la haute fonction publique. Les hauts fonctionnaires sont au service de la politique et ne peuvent capter la politique.

En ces temps où on parle de réforme de la Constitution, voici deux règles constitutionnelles qui mériteraient d’être instituées d’urgence.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Dignité et indignation

Comprendre comment les harceleurs ont fini par dégrader la démocratie reste la grande question du moment.

On se souvient du livre de Stéphane Hessel « indignez-vous », qui a été un succès mondial. Depuis les indignés sont partout et exigent, exigent, exigent… Ils réclament des lois, des restrictions, des fers. Sur tous sujets. L’indigné considère que l’action directe est la preuve de son engagement pour le bien. Alors il attaque, en général sans le moindre danger pour lui-même. Il détruit. Il casse. Il ruine. Il boycotte. Il injurie inlassablement. Sa haine d’indigné éructant est son âme de militant, ce qui le tient vivant, ce qui lui fait croire qu’il a une importance quelconque. Pas de nuances. Pas de raison. L’émotion pure et la violence de l’expression. L’éjection radicale de l’ennemi de la sphère du qualifiable. Le bannissement.

Au nom de la souffrance, réelle ou fantasmée, l’indignation jaillit, mais seulement si elle est sans danger. Car s’il y a un risque alors le silence s’installe. L’indignation est la compagne rituelle de la lâcheté. La femme est une victime, mais pas en terre musulmane. Là, silence ! L’animal est une victime, mais pas l’égorgement festif dans une baignoire d’appartement d’un pauvre mouton lors de l'Aïd-el-Kébir.

IL est intéressant de noter que Hessel est le père de l’islamogauchiste et du soutien au Hamas revendiqué par le trotskiste  Mélenchon (un "milliardaire selon la terminologie hyperbolique deLFI pour ceux qui paient l'IFI) , dont on voit ici et maintenant les belles conséquences, en particulièrement l’inversion totale du concept de résistance aux fins de légitimation des pogroms. Gilles Williams Goldnadel, écrira dans son essai vengeur (Le vieil homme m’indigne !) : "Stéphane Hessel, c'est l'Abbé Pierre, moins la soutane." Hessel voulait relancer l’engagement Sartrien, qui faisait que de jeunes abrutis soutenaient le grand mensonge soviétique et pardonnaient les 100 millions de morts génocidaires du communisme. Ce crétinisme passionnel vaudra à un jeune exalté de tomber ans la tombe ouverte du prophète le jour de l’enterrement provoquant la plus franche rigolade de cimetière vue depuis longtemps.

L’indignation est toujours sélective. Il faut hurler avec les loups, mais seulement dans les bonnes meutes. Le goût du pénal et de l’exclusion sociale accompagne l’indignation. La liberté d’analyse, et d’expression doit se soumettre. Il n’y a plus de vie publique, seulement un rituel de l’indignation sectaire, de droit à l’émotion vengeresse supérieur à toute loi. Le débat disparaît pour la haine affichée qui se suffit à elle-même et ne mène à aucune action concrète autre que la destruction d’une altérité fantasmée.

L’inconvénient de l’indignation est qu’elle ne peut se combattre que par l’indignation ! Elle appelle contre elle les mêmes méfaits qu’elle impose à ses cibles. La bataille des indignités remplace le débat politique et ne mène évidemment à rien. La culpabilité est partout et la morale nulle part. Plus les réseaux sociaux s’embrasent de bons sentiments armés d’insultes, plus la rue devient odieuse et cruelle. L’indignation est la fin de la politique et le règne d’abord marginal puis général des Savonarole violents et débiles.

Quand l'indignation triomphe la notion de dignité, paradoxalement, disparaît de l’espace public. La dignité, c’est ce qui détache l’idée et l’action du seul intérêt d’un individu ou d’un clan pour viser un état supérieur de la conscience du bien commun. Il est indigne d’user de pouvoirs concédés contre ce qui justifie cette concession. La dignité est la compagne nécessaire du pouvoir. Si vous confiez la garde d’un pont à une force et que cette dernière en profite pour racketter les passants, ceux qui se complaisent dans cet exercice facile commettent une indignité. Voyez ce qui se passe à la SNCF ! Mais il ne s’agit pas de s’en indigner. Seulement d’imposer un pouvoir plus grand encore à ceux qui se laissent aller. Si vous confiez un adolescent débile à une famille, ce n’est pas pour qu’elle en profite pour le violer. Etc. Chaque concession de pouvoir suppose une règle de dignité, avec laquelle on ne peut pas transiger sans faute vis-à-vis de la collectivité des humains.

La dignité, c’est ce qu’on attend de toute personne ayant un pouvoir et les défaillances doivent se heurter à un pouvoir concret supérieur. Que se passe-t-il quand il n’y a pas de pouvoir supérieur ? Seule l’idée de sa propre dignité peut être le garde-fou. La dignité c’est l’antidote de l’abus de pouvoir et de l’irrespect pour ce pouvoir.

Un président de la République Française se doit de respecter la dignité de la fonction et du pays, parce qu’il détient un grand pouvoir et qu’il n'est pas accordé à des fins égotistes. Pratiquement tous les présidents depuis Giscard ont manqué de dignité. Avec les trois derniers, c’est même devenu caricatural. Sarkozy finira sinon en prison du moins avec un collier électronique. Hollande était tellement ridicule qu’il n’a même pas osé se représenter. Macron ne suit qu’un narratif égotiste et considère qu’il n’y a rien à respecter d’autre que lui-même. L’achat de vote a pris de telles proportions et coûte tellement cher qu’on ne voit pas comment on peut aller plus loin dans la démagogie électoraliste et le détournement de l’argent public à des fins aussi étroitement individuelles. À force d’indignité, Sarkozy a tué le RPR et Hollande le PS. Macron sape la France, comme nation et comme histoire.

Aujourd’hui les indignés sont partout et pèsent sur les médias d’une façon tentaculaire. On s’indigne tous les jours de tout et de rien, d’une affaire récente, comme d’un évènement du passé, proche, lointain, très lointain, ou du futur que l’on prévoit à court, moyen ou long terme. Que les faits ne confirment rien n’a pas d’importance. Si ce n’est pas toi c’est donc ton frère. Si ce n’est pas maintenant ce sera plus tard. Alors le mensonge sectaire fleurit. On sait depuis Muyzenberg que la vérité et le mensonge sont à égalité devant des gens qui ne savent rien et qu’il vaut mieux attaquer l’adversaire sur sa personne plutôt que sur ces idées.

L’indignation mène directement à l’inculpation et à la violence. Ayant perdu les notions de dignité, de décence, de raison, de respect, l’indigné est prêt à tout : accuser une personne connue d’un crime possible mais improuvable, accuser un groupe de tous les maux, saccager des musées, attaquer des biens, exalter la rage contre un contradicteur, contre une activité honnie, contre tout et rien.

L’indigné veut faire taire. Influencer le législateur et la justice pour qu’ils fassent taire les propos qui les indignent, qu’ils interdisent les actes qui les indignent, qu’ils détruisent les objets qui les indignent, voilà toute l’affaire. Du pilori médiatique au pilori réglementaire et au pilori judiciaire, le chemin est court.

L’indigné prétend défendre la cause de victimes : hommes, animaux, verdure, astres, pauvres, femmes, homosexuels, islamistes, juifs, climat, ouvriers, enfants, handicapés… Pour un indigné toutes ces victimes le sont à cause de méchants qu’il faut dénoncer et réduire. La violence est le seul moyen. Qu’elle soit verbale, légale, physique, tout est bon.

Vilipender n’est pas construire, encore moins réparer. Vitupération n’est pas raison. Quand l’exaltation des actes irréparables retombe, l’indigné se découvre en salaud. Le maoïste qui a crevé en public les yeux de son père « mandarin », le jeune militant des villes qui est parti assassiner des Koulaks dans les campagnes soviétiques, le musulman exalté qui a découpé les enfants juifs à la tronçonneuse, la petite conne qui a à moitié détruit une œuvre d’art, un beau jour, chacun s’arrête un jour et se voit dans la glace ! Le maoïste est monté à son tour sur le pilori et il a réclamé et sa mère et son père. Le tueur de koulak est passé plus tard pour contre-révolutionnaire avec quelques conséquences. Le tueur sadique d’enfants juifs n’a plus retrouvé ni sa maison ni sa famille.

Enfin, seulement si la justice immanente a frappé. Ou la colère des victimes. L’ignoble Savonarole a fini comme il le méritait. Dans les flammes.

Pour les autres, l’ignominie sera vécue jusqu’au trépas, et s’ils sont trop nombreux, c’est l’histoire de tout le pays qui en sera à jamais avilie. La bêtise sectaire a un coût. Et l’indignité collective peut devenir ineffaçable.

Le journal Suisse dans l’édition de ce jour, constate avec résignation l’empuantissement du système d’information obstrué par les haines de l’émotion sélective. La charge mentale imposée aux citoyens est épuisante. Bien faire et laisser braire ? Cesser de s’informer et penser à autre chose ? impossible ! A chaque moment de sa vie quotidienne le brave citoyen se trouve gêné ou avili ou appauvri ou contraint ou empêché ou condamné par quelques conséquences de l’hystérie organisée et de la peur constamment réchauffée, traduite en réglementations et en lois, sous le harcèlement des indignés.

Mieux vaudrait aimer, chercher la beauté, enrichir son savoir, observer, réfléchir, comprendre, partager, débattre et agir avec raison, patience et ouverture d’esprit. Tel est le temps de la dignité. Le temps des piloris montés sur l’indignation est toujours un moment sinistre. La vie politique et médiatique française, en ce début d’année 2024 est en état d’abjection. Mais c’est tout l’Occident qui s’est laissé tomber dans cet égout. Quiconque parle à un Américain, un Canadien, un Anglais, un Suisse, un Suédois le vérifiera immédiatement.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

L'économie française en proie aux harceleurs de médias

Une déviance peu compréhensible en France

La révolte des paysans en Europe et aussi en France a marqué qu’une catégorie de la population vilipendée en permanence par des associations de plus en plus influentes et violentes, n’en pouvait plus et réclamait à tout le moins une pose. Tous les mouvements de détestation de l’homme et de déification de la nature s’unissent autour des mêmes réclamations : la décroissance ; les interdictions ; le flicage.

Comment vivre dans un tel réseau d’insultes, de contrôles et de contraintes diverses sur fond de réduction d’activité, de subventions rationnées et conditionnées, et finalement d’appauvrissement ?

Devant les risques essentiellement pour lui-même, le pouvoir a aussitôt reculé et ce qui était impossible une minute avant l’est devenu une seconde après. Soit ! C’est comme cela qu’un pays qui avait dit ans de retard prend dix ans d’avance, à moins que ce soit l’inverse.

Le calme est revenu dans les campagnes.

Le lendemain que constatons-nous ? Le retour du harcèlement sur les médias, intense polymorphe, sans contradicteurs. Les grenouilles de bénitier coassent partout avec violence contre les vilains sans aucune opposition. C’est qu’il faut reprendre la main. Pas question que les paysans viennent remettre en cause une emprise d’autant plus totale qu’elle est odieuse et irrationnelle. On voit pousser à nouveau le sermon culpabilisant, comme la mauvaise herbe.

Les « scientifiques engagés » ont aussitôt expliqué que les pesticides et autres produits tuaient la terre. Et qu’on avait délivré un permis de tuer aux paysans. Tous ces braves gens vivent de l’argent prélevé sur les autres et n’ont jamais rien produit. Ils mangent les produits de l’agriculture comme tout le monde. Mais il faut qu’ils bavent.

Les traqueurs de routes et d’autoroutes, se sont rassemblés autour de leur idole Greta Thunberg pour dire combien l’artificialisation des sols était honteuse. Ceux qui ne sont pas venus en avion étaient là avec leur voiture. La source d’artificialisation des sols et du plateau littoral est la construction d’éoliennes et de plaques photovoltaïques. Mais là, pas de problème. Artificialisons pour la bonne cause ! Qu’on déforeste pour installer des champs de plaques solaires ne les gêne pas du tout. Que ces plaques viennent de Chine, avec travail des enfants, électricité au charbon, dictature et une absence remarquable de droits sociaux ne gênent personne chez les harceleurs. Les trajets sur des milliers de kilomètres avec des navires qui polluent individuellement plus que la pollution annuelle de la nouvelle autoroute, aucun problème.

M. Badinter vient à décéder, très âgé. C’est plus qu’un concert d’hommages. Une prosternation universelle avec des propos tellement outranciers qu’on en a mal pour lui. On peut penser ce qu’on veut de la peine de mort. Juger que Fourniret après le meurtre immonde de tant d’enfants martyrisés dut survivre, en coûtant près d’un million d’euros par an aux citoyens honnêtes, est une option qui peut tout de même se discuter. Se flatter que l’état ne tue pas ceux qui tuent sans excuse est un choix. Le vrai problème est ailleurs : dans l’explosion de délinquances devenue incontrôlables et la croissance concomitante du nombre de victimes. Ceux qu’on appelait les « badinters », les truands multirécidivistes qui n’hésitaient plus à tirer sur les flics, sont devenus non plus l’exception mais une véritable populace. Les caïds de la drogue commencent à l’emporter sur les forces de l’ordre comme en Amérique latine et dans certains pays d’Europe. Mais vite, il faut panthéoniser notre héros et présenter une réserve, un désaccord, autre chose qu’une approbation soumise vous classe dans le camp des Nazis récidivistes. L’école de la magistrature de Bordeaux, siège de tant de déviations et perversions de la justice a honoré le héros en grande pompe. Sous sa tutelle morale, elle va pouvoir continuer son travail de sape en faveur de tout ce qui ruine la société « bourgeoise » et justifier qu’on sanctionne la « bourgeoisie pourrie » de préférence aux truands.

Et il a la question de la baisse de la natalité. Le Bras et ses amis ont fait carrière dans la dénonciation du « natalisme » et n’ont jamais varié. L’effondrement démographique n’existait pas. Nous faisions mieux que tout le monde. Au pire les femmes faisaient-elles leurs enfants plus tard. Pas de quoi s’inquiéter. Et voilà que les chiffres ne peuvent plus être maquillés ou habillés des ritournelles tranquillisantes. On se souvient que chez Michel Polac en 1978 on affichait comme le faisait depuis longtemps le Canard Enchaîné, Michel Debré avec un entonnoir sur la tête : un fou, puisqu’il voulait une natalité normale. Si on enlève les naissances et les décès de familles maghrébines et plus généralement africaines, la population française baisse. Oui baisse. Et baisse vite. Très vite. Par centaine de milliers de personnes, pas par milliers ou dizaines de milliers.

La natalité, c’est un combat mené par Alfred Sauvy que nous avons repris dans ces colonnes depuis 2008. Ce matin sur LCI on parlait d’Elon Musk et la question cruciale venait d’être posée : est-il un fasciste ? Aussitôt une jeune chroniqueuse prend la parole : « bien sûr qu’il est un fasciste, il est nataliste ». La natalité est contre le droit des femmes. Inutile de citer les tombereaux de déclarations du même type dans tous les médias et dans l’édition. Il s’agit de lutter contre la « dictature de l’enfantement ». La « reductio ad uterum » est du nazisme pur et une attaque en règle contre l’émancipation de la femme. La constitutionnalisation du droit de tuer les fœtus pratiquement désormais à quelques stades de leur développement que ce soit, est la seule chose qui compte. Un enfant ? Pour une femme ? Beurk ! Vous voulez la réduire à un organe ?

Il y aurait désormais des hommes enceints ! À eux de jouer ? la révolte des femmes contre leur fonction familiale de mère et collective de survie de l‘humanité est la première cause de la dénatalité. Les arguties sur les difficultés d’avoir un enfant qui coûte trop cher sont ridicules. On avait des enfants alors qu’on gagnait dix fois moins ! L’excuse ne tient pas. La dénatalité est le fruit pourri du féminisme outrancier que plus personne n’ose accuser pour échapper à l’accusation de non-respect de la femme et de nazisme larvé. L’enfantement est la marque sinistre du corps violé de la femme. Point stop ! Ne pas répéter cette ignominie vous classe à la droite de l’ultradroite qui est à la droite de l’extrême-droite.

Emmanuel Macron, confronté à la mort programmée de la population native de la France se croit obligé de prendre le sujet par le tout petit bout de la lorgnette. C’est le manque de fertilité qui est la cause, pas les femmes. Il va s’occuper de la question du spermatozoïde paresseux. C’est de son niveau. Un simple défi médical. Surtout ne pas engager la responsabilité des associations féministes ni de l’avortement massif. Et les associations en rajoutent : si le spermatozoïde est paresseux, c’est à cause du capitalisme et de l’agriculture « croissantiste » ! Plus de contrôles des agriculteurs moins d’engrais et de pesticides, et cela va flamber, les naissances !

Non ! réplique une autre association : regarder les immigrés, ils font encore des enfants malgré les néonicotinoïdes. Le problème c’est que le gosse occidental émet plus de CO2. Il faut donc cesser de faire des enfants en Occident pour sauver la terre. Et ce genre de sottise a fini par percer dans la population.

Le harcèlement par les adeptes triomphant de la disparition de l’homme immonde est inlassable. La machine à créer de la culpabilité et à harceler les consciences ne s’arrête jamais.

Le résultat, on le voit : déclassement, vieillissement, autodestruction. La joie qu’ils expriment à l’idée des tourments qu’ils causent n’a d’égale que la passivité des autres qui les laissent faire.

Le même jour où une femme âgée s’est fait agresser et arracher ses bijoux de cou par un mineur isolé africain, 12 policiers municipaux interceptaient à 50 mètres de là les automobilistes dépassant 30 km/h. Mme Hidalgo avait averti : la police municipale ne serait pas armée et ferait respecter les règles d’étouffement de la circulation automobile. Encore un harcèlement sans fin, puisqu’il y a deux à trois millions de délinquants de ce type chaque jour.

Et juste une semaine plus tôt, Mme Van der Leyen, la présidente de la Commission avait montré les dents. L’élimination du CO2, ce sera pour 2040, pas 2 050.

Et aujourd’hui même les gazettes bruissaient de l’audace des trois belles âmes qui avaient « empotagé » une nouvelle œuvre d’art dans un musée.

La hauteur des consciences de média n’a jamais été plus proche du niveau médian des fosses à purin.

Après les débordements de moraline débile, la bêtise suicidaire a un bel avenir devant elle.

La France de Voltaire s’est éteinte, comme celle de Boileau, comme celle de Bossuet. Donner à réfléchir en élevant, a cédé aux faux prêtres donneurs de leçons qui abaissent, flétrissent et ruinent.

L’indigné professionnel est toujours un Jocrisse cherchant à trouver le pouvoir d’un Savonarole.

Qu’au moins on se souvienne du destin de Savonarole.

En attendant les Harceleurs sont une des causes potentielles les plus graves de destruction de l’économie en France  et en Europe.

Une vision vécue de l’histoire récente de l’agriculture

Qu’on me permette de parler d’agriculture à partir d’une expérience vécue. De 1945 à 1961 j’ai bien connu une ferme située à un peu plus de cinquante kilomètres de Paris.

Trois champs d’un hectare environ. Un pré humide avec une grande mare à grenouilles. Dix vaches. Deux bœufs, pour le tombereau qui transportait les pommes, les betteraves et les épis de maïs. Deux chevaux, Black et Papillon, pour tirer différents instruments agraires, la charrette à foin et un cabriolet permettant d’aller à la ville. Des poules en pagaille et quelques canards. L’eau est au puits. Il n’y a pas d’électricité mais des lampes à pétrole. Un ouvrier agricole en permanent, George, et deux journaliers pour l’été, La Loupe, un noble tombé dans l’alcool à la suite d’une déception amoureuse, qui conservait des photos du château familial, façon Guermantes, et Le Méchant, un costaud râblé qui ne tenait pas l’alcool et devenait violent. Une seule chambre non chauffée. Les ouvriers agricoles dormaient dans le foin dans les granges et se lavaient au puits. Une cuisine avec une cuisinière à charbon. Deux coffres importants entre les granges pour stocker la pomme de terre au noir, et un autre pour le charbon.

Les instruments quotidiens sont le broc, les sabots, les ligatures de bottes, qui servent à tout et notamment de ceintures, le fouet et le papier tue-mouches. Les toilettes sont un cabanon en haut du clos qui sur un demi-hectare reçoit le fumier (non enfoui, d’où les mouches) et permet de cultiver un jardin potager d’importance. Des hirondelles et des moineaux partout.

Les recettes quotidiennes sont fournies par le ramassage du lait et des œufs. Une vache produit entre 2,000 kg et 2,500 kg de lait par an, soit soixante à quatre-vingts litres à traire tous les jours à la ferme. On retrouve une trentaine d’œufs tous les jours. De temps à autre un veau arrive après l’intervention d’un taureau qu’on a fait venir à cet effet. Il ne sera pas vendu et on récupérera sa viande le plus souvent, après l’avoir emmené chez l’équarrisseur du village (qui bientôt disparaîtra). Lorsqu’il s’agit d’une génisse, elle est envoyée à l’engraissement et revient en du temps pour remplacer une vache vieillissante. On achète peu de choses : le pain, le vin, les rouleaux de papier tue mouches, des produits de toilettes, du fil et des aiguilles. Parfois du tissu. Le fromage est fait maison. Mais les fruits, même les pommes, sont achetés au marché. Les pommes à cidre sont récoltées et le pressoir est loué une ou deux journées pour en faire du cidre (et un peu de gnôle sous l’œil vigilant du fisc).

On ne vit pas mal à la ferme, compte tenu de l’autoconsommation, mais le revenu monétaire ne dépasse pas l’équivalent de 200 euros par mois et par personne. Il n’y a pas de retraite. Pas de vacances. Pas de droits sociaux. De toute façon tout le monde meurt avant 60 ans. Dans la plaine riche des alentours, trois ou quatre exploitations dépassent à peine les quarante hectares.

Des exploitations de ce type il y en a des dizaines de mille en France

Il va se passer bien des choses :

La myxomatose qui va décimer les lapins qui ne reviendront jamais à leur volume précédent.

Le tracteur, qui va changer les conditions d’exploitation et l’engrais qui l’accompagne, car seule la productivité améliorée permet de le financer.

Le vélomoteur Motobécane qui va faire découvrir la ville aux filles qui vont alors déserter les campagnes.

En 20 ans toutes les petites exploitations vont fermer et les petites surfaces incommodes mises en jachère, En trente ans les surfaces correctes vont être cédées pour faire des lotissements. Les grandes fermes elles s’étendent et commencent à dépasser 80 hectares puis cent hectares, avec une forte mécanisation et beaucoup d’engrais. Les tracteurs deviennent des engins étonnants qui peuvent traiter 5 hectares par jour puis dix, en tractant des engins de plus en plus larges. Ils travaillent la nuit. Les rendements explosent.

Les élevages laitiers se spécialisent avec les meilleures espèces, la stabulation et les trayeuses, avec des productions de lait de plus 6 tonnes annuellement par vache avec trayeuses automatiques. La fée électricité et les adductions d’eau ont fait leur chemin. Le nombre d’exploitation est divisé par deux puis par quatre puis par dix. Le revenu monétaire des paysans devient plus important et la finance fait son entrée à la ferme.

L’exode rural vide littéralement les campagnes où la population vieillit et où on manque de femmes. On va les chercher à l’étranger, de plus en plus loin. On crée une retraite sans aucune cotisation, ce qui créera par solidarité un détournement de rentes très important qui pèsera sur la retraite des autres, qui cotisent, eux.

Tout le monde a compris que rester à la campagne, c’est accepter la paupérisation relative. Le revenu de ceux qui restent monte du fait de la productivité mais surtout par l’élargissement et la spécialisation des exploitations.

Comme disait mon ami Léon Chaix, spécialiste agricole s’il en fut : la vraie misère est agricole. La preuve est qu’on part pour la ville. Ceux qui idéalisent la petite exploitation agricole des années 1 880 et qui persistait encore en 1950, n’y vivraient pas.

De là : le changement d’ampleur et de ton du syndicalisme agricole et les grandes manifestations bretonnes parfois violentes menées par Alexis Gourvennec en 1961 et l’arrivée de Pisani et Chirac dans le décor pour mettre en place de nouvelles structures coopératives et des filières de ventes à l’étranger, allant jusqu’à creuser un port pour attaquer le marché britannique !

Pour l’état, très interventionniste dans le monde agricole depuis des siècles, la « politique agricole » devient un problème. Les systèmes de garantie de prix, genre ONIC, pour le blé, commencent à flancher : tous les silos sont pleins et les marchés extérieurs commencent à être également saturés. Ils ne permettent plus de se débarrasser des excédents à bon prix. En les bradant on fait grandir l’écart de prix entre le marché français et le marché mondial. Les producteurs étrangers se rebellent ! De Gaulle impose que l’agriculture ne soit pas laissée hors du marché commun et qu’on y mette les mêmes garanties de prix qu’en France.

Le plan Mansholt marque une première certitude : le revenu paysan ne rattrapera son retard que si on crée des exploitations optimales donc bien plus grandes. On veut créer des fermes à plusieurs pour atteindre des tailles critiques. Les petites exploitations sont condamnées. En même temps on suggère qu’il faut ramener les prix européens plus près des prix mondiaux et on cherche à augmentation la pression de concurrence en important plus, en particulier de la viande. C’est un choc culturel tant l’attachement à la petite ferme traditionnelle est grand.

Mais l’opération réussit, pas toujours par fusion des terrains et des fermes. Des cas d’associations entre deux familles se multiplient notamment dans le Sud-Ouest où l’enfant unique a déjà fait des ravages au XIXe siècle Cela ira assez loin, compte tenu des aides sociales qui se multiplient. Je connais un cas où deux exploitations familiales de 80 hectares sont mises en commun en attendant le mariage des deux enfants des paysans. On ne se marie pas tout de suite pour toucher la subvention de femme isolée, en plus pour chacun des enfants, du RMI de l’époque. Les enfants travaillent au noir en hiver comme moniteurs de ski pour des groupes anglais dans les Alpes et travaillent au noir en été au bord de la mer. Quand les parents cesseront leur activité il sera bien temps de se marier et de reprendre l’exploitation. Des scouts parcourent les campagnes pour les informer de leurs droits et protections.

Mai 1968 crée les conditions des évènements du Larzac qui fait apparaître les premiers contre-modèles gauchistes et anti productivistes violents.

En 1992 se produit le grand choc. L’Europe ne veut plus subventionner les produits mais les paysans. On passe de l’aide au prix à l’aide à la personne. Déjà des préoccupations environnementales pointent leur nez. Le paysan devient un assisté dont l’activité ne cessera plus d’être sous la surveillance des fonctionnaires et de Bruxelles, où la PAC est le premier budget. Sa production est limitée. Des obligations réglementaires commencent à pleuvoir avec le flicage qui va avec. La grogne ne cesse de monter. Mais le paysan n’a aucune chance d’échapper : son revenu ne dépend plus de lui.

En 2013, le cadre est affiné pour faire des économies avec plus de sélectivité dans les aides à la personne. Puis les écolos fascistes prennent le pouvoir en France et à Bruxelles. On impose de plus en plus de contraintes aux exploitants jusqu’à réduire leurs surfaces, en exigeant plus de jachères tout en ouvrant en grand la concurrence à des produits qui n’ont pas les mêmes règles restrictives de production. Les prix de ventes ne permettent plus de couvrir les coûts et la concurrence internationale emporte jusqu’à 50 % de la consommation, beaucoup via les hypermarchés, dont les centrales sont à l’étranger.

Le cumul de l’idéologie de la concurrence, de la volonté de réduire le coût de la PAC, de l’idéologie des écologistes punitifs et malthusiens, des défenseurs de la nature sacrée contre l’homme épouvantable et prédateur, et de la bureaucratie a fait exploser le système.

On demande de surcroît à la ruralité de déboiser pour mettre des panneaux voltaïques et de supporter l’implantation d’éoliennes géantes, tout en exigeant avec la loi ZAN que les bourgs cessent de s’étendre. Des sauvages protestent violemment et détruisent les semences modernes et les bassines de retenues d’eau après avoir interdit les OGM.

L’arrivée de populations délinquantes de l’est et du sud voit se développer le vol dans les champs et les attaques de fermes isolées.

Les campagnes deviennent folles. comment ne pas le comprendre ?

Sur les 53 milliards de la PAC, environ 10 milliards sont donnés à un monde paysan de 350 000 personnes, soit en moyenne 30 000 euros par exploitation. Il est difficile d’aller beaucoup plus loin.

La situation est inextricable. Au nom de la « restauration » de la nature et de la lutte contre le « dérèglement » climatique on veut tuer l’élevage et réduire la productivité, tout en important en masse des produits agricoles internationaux (sans préoccupations pour la nature et le climat), tout en paralysant tout le milieu rural par une supervision bureaucratique digne de l’URSS. Affirmer qu’en faisant cela, on lutte contre le « libéralisme » excessif des paysans est tout de même un peu gros.

L’avenir de toute façon est à des exploitations de types capitalistes avec des salariés agricoles travaillant avec les mêmes normes que dans tous les autres métiers, qui seront soit des permanents soit des saisonniers, capables de financer les rétentions d’eau et les matériels actuellement nécessaires dans un métier qui devient de plus en plus numérique et capital intensif.

La revendication de hippies alternatifs qui veulent faire du bio sur des petites surfaces prêtées sans frais avec des subventions intégrales européennes ou nationales est parfaitement ridicule.

En revanche la question de la fertilité des sols soumis à des intrants chimiques importants et potentiellement dévastateur est un vrai problème. C’est là que la recherche doit progresser et sur le diagnostic et sur les solutions, loin des paniques artificielles organisées par des ONG.

Pour l’agriculture française la solution existe. Elle a été mise en œuvre par la Nouvelle-Zélande confrontée à une poussée extravagante des subventions associées à des résultats désastreux pour les paysans soumis à d’infinies tracasseries. En quelques années les paysans sont redevenus riches et les subventions d’Etat ont été divisées par quatre. Qu’est-ce qui s’est passé ? On leur a dit : débrouillez-vous et faites ce que vous voulez mais sans l’aide de l’État !

Le plus simple aujourd’hui est de tenir le même langage au monde paysan. Supprimons la PAC, la loi Zan, la loi Egalim etc. Démantelons les obstacles à la vente des terrains agricoles et le malthusianisme du statut de paysans. Et demerden-sie sich ! Que les meilleurs gagnent. Et unifions toutes les normes de qualité des produits à l’entrée sur les marchés qu’ils soient alimentés de l’intérieur ou de l’extérieur de l’Union.

Rendez-vous dans 5 ans.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Bienvenue au Paradis des Anges

Tous ceux qui ont eu la patience d’écouter les dernières prestations théâtrales d’Emmanuel Macron, témoignent de prestations tellement loin de la réalité qu’elles s’apparentent à un cheminement follement narcissique dans les jardins d’Éden, et à une balade imaginaire, sautillante de satisfaction au milieu des nymphes les plus suaves et décomplexées. Tout était beau. Tout était réussi. Le projet de l’ange messianique tombé dans les jardins de l’Élysée se déroulait à merveilles et fécondait non seulement le pauvre territoire des anciens Français mais toute l’Europe et le monde entier, frappé d’admiration devant cet envoyé béni entre tous.

Ah ! Pour l’auditeur, quelle incursion au Paradis des Anges ! Pourquoi penser petit : c’est un Archange qui a été donné à la France, à l’Europe et au Monde. Réjouissons-nous !

Rappelons que les Archanges « connaissent notre passé, notre présent et notre avenir. Ils peuvent nous orienter et nous prodiguer des conseils lorsque nous les invoquons. En effet, ils répandent la lumière divine et peuvent nous éclairer dans les moments de doute et de désespoir ». Ce treizième archange, devenu président de la petite République française, est donc une jolie surprise, tout simplement inespérée pour les Français, que tous devraient mesurer à sa juste valeur onirique.

Nous laisserons les admirateurs entendre ou réentendre ces conférences magiques. Nous n’en extrairons que deux miraculeuses paroles.

« Quand j’ai été élu en 2017 la France avait dix ans de retard, et quand je quitterai en 2027, elle aura dix ans d’avance ». L’Archange en dix ans a fait gagner vingt ans au pays. Épatant !

Devant le monde global réuni à Davos, dans un manteau de neige fondant mais étincelant, la révélation fut faite que l’Archange était venu annoncer dès 2017 ce qu’il ferait et qu’il a tenu parole. Tout ce qu’il avait prévu a bien été réalisé sans délai ni faute. Il est vrai que c’est plus facile pour un Archange qui connaît l’avenir. Aussitôt, une annonce nouvelle a été faite devant ce parterre choisi : un « nouveau contrat mondial », rien que cela, et de nouveaux succès majestueux à prévoir bien que « le modèle capitaliste marié à l'économie de marché ouverte ne puisse plus fonctionner dans cet environnement ».

On aurait pu évoquer aussi l’époustouflant discours en allemand de l’Archange pour la cérémonie d’enterrement de Wolfgang Shäuble. Il a été distillé dans la presse que son professeur d’Allemand témoignait qu’il avait appris l’allemand en quelques heures. Extra-humain !

L’accueil international a été un peu terne. Le New York Times a signalé l’évolution du vocabulaire, passé de la révolution à la refondation, puis à la renaissance, puis au réarmement civique. Ce journal semble penser que cet effort verbal n’a guère d’intérêt. Le Financial Times a été plus lucide indiquant « qu’on n’aurait tort de ne voir dans ce discours qu’un discours ampoulé typiquement français ». La demande d’un énorme accroissement des financements a touché une corde sensible sur la place financière britannique qui ne se sent pas particulièrement intéressé par le renforcement de la « souveraineté » européenne mais aimerait bien garder son rôle financier en Europe continentale.

 

Ce qui frappe aussi, c’est la totale déconnexion entre ces discours et la manière dominante de voir des Français. La cohérence du narratif de leur Président ne leur saute pas aux yeux, dans la mesure où sur à peu près tous les sujets, le « en même temps » lui a permis de faire tout et le contraire de tout, et réciproquement, tout en se réinventant et en réinventant la réinvention.

Pauvres Français qui se laissent abuser par des réalités saumâtres sans comprendre qu’il existe une méta réalité, une indispensable partie immergée et immaculée de l’iceberg !

Aux annonces triomphantes de « baisse de la pression fiscale » grâce à des « suppressions d’impôts », ils répondent : les impôts n’ont pas été supprimés mais transférés. Globalement la pression fiscale a clairement augmenté, du fait d’une explosion indécente des dépenses publiques et de la progressivité fiscale intense en cas d’inflation.

Aux annonces ébouriffantes de reprise en main de l’addiction à la dette, ils opposent la hausse tout aussi ébouriffante constatée. Trois mille milliards d’euros et plus ! Tout de même ! Deux fois la valeur ajoutée des entreprises commerciales françaises de plus de 2 salariés !

Aux formidables déclarations du début du premier quinquennat marquant la décision de faire disparaître l’essentiel du parc nucléaire au profit de moulins à vent et de plaques photovoltaïques, ils notent que la filière nucléaire a été à moitié détruite, que les retards sur les Enr ont provoqué des amendes indécentes imposées par la Commission européenne au pays qui a, au monde, le meilleur rapport CO2/Énergie ! Les conséquences de la décision stupide de fermer les deux réacteurs de Fessenheim brûlent encore le revenu des Français.

La promesse de révolution dans le monde agricole se traduit par une des politiques malthusiennes les pires de l’histoire, accompagnée par le pire de ce que sait faire la bureaucratie, avec une dictature des normes étouffantes qui tuent les exploitations, des concurrences totalement déséquilibrées par des produits étrangers ne supportant pas les mêmes tares, la réduction du paysan au statut d’assisté détesté, des différences ahurissantes entre la croissance des coûts et celles de prix de ventes des produits agricoles. Deux suicides par jour de paysans et des agressions constantes de la part d’une mouvance écolo gauchistes pratiquant la violence extrême, surtout depuis la lâcheté montrée à Notre-Dame des Landes, avec une poussée non contrôlée du pillage des exploitations par des bandes venues de l’est de l’Europe ! Vol d’essence, de matériels, de récoltes, tout y passe. La révolte s’installe et s’étend ! Surprise, surprise !

L’engagement jamais démenti en faveur d’une immigration de masse qui a saturé tous les systèmes médicaux et sociaux a du mal à être accepté lorsque les Français voient le rapport évident avec les 55 000 coups de couteau dont trop sont mortels portés chaque année par une certaine jeunesse tentée par la violence en bandes et les trafics, notamment de drogue.

Quant à la natalité, la part des Français de souche dans les décès annuels excèdent la même part dans les naissances. Ici et maintenant la population traditionnelle française est en forte régression. Les perspectives ne sont pas absolument enchanteresses.

Les Français restent attachés à une certaine dignité française dans le traitement des politiques dites régaliennes. Ils voient que l’armée française a été virée d’Afrique dans des conditions humiliantes, que la formation des ambassadeurs a été sacrifiée, que le français est sorti du champ de la diplomatie mondiale, que la culture française est bureaucratisée et sans relief, que l’école est effondrée, que la justice est en état de mort cérébrale et que le système sanitaire est en dépression profonde.

La promesse de mettre fin au danger antirépublicain en France grâce à la « révolution » promise a également montré quelques défaillances. À eux deux, le RN et la NUPES représentent plus de 50 % des votes exprimés dans les récentes élections nationales. L’abstention électorale n’a jamais été aussi haute avec le développement d’une coupure systémique entre le pays réel et la classe politique dominante qui a vu la fusion entre la haute administration et les hauts postes politiques et financiers. Les projections électorales portent le RN en tête aux élections européennes et aux prochaines Présidentielles. Caramba, encore raté !

La France entre en récession, avec des pertes d’emplois, des déficits partout, et une plongée du bâtiment dans la récession, ouvrant sur une crise du logement particulièrement aiguë. Les faillites d’entreprises comparées à 2017 sont en hausse de plus de moitié et parfois doublent dans certains secteurs.

Tout cela marque une régression formidable plutôt qu’un progrès accéléré avec une avance phénoménale de « 20 ans » !

De même beaucoup de Français se demandent pourquoi leur Président a cru nécessaire de faire en 2017 des promesses au World Economic Forum et d’en faire le rapport cinq ans plus tard. Du coup, il faut s’interroger sur les nouvelles promesses et sur le contenu du nouveau contrat mondial, basé sur la souveraineté renforcée de l’Union Européenne, qui exige de trouver des ressources phénoménales pour des investissements en rapport.

On sait que ce Président a fait voter un vœu au Parlement européen pour une extension massive du nombre de membres de l’UE, pour la transformation des traités en vue de créer une Europe fédérale de plein exercice, et qu’il demande que le FMI et la World Bank créent des montagnes de monnaie administrative, prolongeant à l’échelon mondial l’énorme triomphe obtenu dans la dépense publique française. L’intention est de créer des marchés administratifs calibrés pour la finance internationale, tout en empêchant les pensées dissonantes, thème du forum de Davos 2 024.

Certains voient dans ce charivari des folies narcissiques déconnectées ou un capitalisme financier débridé. Une « oligarchie internationale » serait à la recherche de marchés de connivence immenses, comme on n’en a jamais vu, le tout payé par des citoyens appauvris, surfiscalisés, surréglementés et réduits au silence, comme le sont déjà nos paysans.

Certains observent que cela gronde dans les profondeurs contre ces dingueries déplaisantes et ces pompes branchées directement sur le portefeuille de la population.

Triste complotisme !

Au Paradis des Anges, a-t-on jamais vu quelqu’un se plaindre et hurler ?

La campagne électorale européenne signera-t-elle la mort de LR ?

L’interview de F-X. Bellamy sur France Info est un bel exemple des méthodes des chaînes publiques contre LR, point qu’il ne faut jamais négliger dans la définition des options politiques que ce parti doit élaborer.

Toujours, indéfiniment, les militants qui peuplent les chaînes publiques depuis le passage de F. Mitterrand n’ont qu’une idée en tête : comment casser et saloper l’image de « l’ennemi odieux » qui ose croire qu’il a le droit de s’adresser au pays. La méthode est toujours la même : choix de la période et de l’heure où il pourra faire le moins de dégâts possible ; attitude choquée qui consent avec peine à cet exercice malheureusement imposé par les règles de démocratie ; questions posées avec dégoût en marquant qu’on sait d’avance ce que sera l’ignominie de la réponse ; choix d’un sujet que l’on croit destructeur d’image ; refus de la réponse et on repose plusieurs fois la même question pour bien racler tout le pouvoir que l’on croit maléfique du sujet ; citations répétées de propos tenus par des adversaires politiques qui peuvent être ignobles puisqu’il s’agit de citation. « Que répondez vous à ceux qui, nombreux et depuis longtemps dénoncent votre… ».

La durée utile de l’interview est réduite de plus de 50 % par ces fausses questions tiroirs qui se veulent révélatrices de l’ignominie présumée de l’interviewé. Avec un client du « bon » camp idéologique, on fera l’inverse : multiplier les éloges et les citations de personnes énamourées par ses positions. Si vous vous rebellez contre cette différence de traitement vous diminuez encore votre temps de parole. Ce traitement, longtemps réservé au FN qui avait été « créé médiatiquement » par F. Mitterrand pour disposer d’un pôle de division exécrée contre les gaullistes, est généralisé à toutes les nuances de la droite, de Dupont Aignan, à Philippot, d’Asselineau au RN, de Zemmour à LR. La montée aux extrêmes aussi bien à droite qu’à gauche, provoquée par les postures macroniennes calculées, rend la situation encore plus difficile pour LR.

La division mortelle organisée par Nicolas Sarkozy entre collaborationnistes et résistants aux séductions diverses du pouvoir présidentiel en place, aggravée par la concurrence parfois haineuse entre les écuries présidentielles qui ont un pied dedans et un pied dehors de LR, sur fond de désastres électoraux successifs aux présidentielles, complique encore les choses.

Quelles sont les conclusions à tirer de ce constat ?

La première est qu’il faut armer tous les membres LR en position de parler dans les médias d’un corpus idéologique complet et fort, sur les sujets fondamentaux pour la nation, et surtout que ce programme soit voté par l’ensemble des adhérents LR. Le « redressement par le programme », aussi difficile que soit l’opération, n’est pas une option. Être conforté sur tous les sujets les plus graves par un discours fort et étalonné ne peut être qu’un gain pour toute personne interviewée par des forces hostiles. Sinon il est perpétuellement sur la défensive et en train d’expliquer sur tel ou tel reproche que ce sont les socialistes ou les féministes, ou les écologistes qui pensent comme lui et soutiennent la même chose.

Éric Ciotti a eu parfaitement raison de sortir LR de son silence poussif depuis l’échec de 2012 et de lancer en novembre 2022 après son élection l’idée d’un redressement de la France et de LR par des conférences thématiques articulées, devant aboutir au premier semestre 2023. L’ennui c’est que depuis, ce projet n’a fait l’objet d’aucune organisation sérieuse, a été constamment repoussé et que les dernières mesures d’organisation annoncées sont dérisoires par rapport à ce qu’il faudrait mettre en place.

Du coup voici l’ami Bellamy aux prises avec le « service public de la désinformation », sur une question européenne laissée totalement en jachère par LR. Il est vrai que les médias ne parlent absolument jamais d’Europe et la seule chaîne de télévision spécialisée, Euronews, est servie uniquement par des fédéralistes européistes ne faisant que de la propagande et jamais d’information.

Si vous voulez savoir ce qui se passe à Bruxelles, il faut y aller tout seul via internet et… en anglais. On se rappelle qu’aux dernières Européennes, le seul argument des sortants LR avait été de vanter leur participation à l’unification des prises de rechargement des téléphones. Une fois de plus LR va à une élection sans avoir construit une position forte, avec son lot normal de dénonciations et de suggestions, à imprimer dans l’opinion publique par une parole collective.

Les Européennes ont toujours été jusqu’ici l’occasion :

-           De crier qu’on était « pour l’Europe » en nommant une tête de liste la plus européiste possible.

-           De recaser des ténors en difficultés : on reste étonné du nombre d’éclopés à qui on a assuré une bonne base de rémunération sans aucun travail en attendant que sa situation s’éclaircisse en France (exemple : Rachida Dati, qui a considéré néanmoins que la brioche tendue par Macron était encore meilleure).

Il faut dire que les élections européennes sont structurellement un exercice parfaitement anti démocratique et insignifiant :

- Personne ne sait sur quoi les votes donneront à choisir. Même si on a donné un « nonosse » à ronger au PE sur quelques sujets de son choix, les débats sérieux portent principalement sur les projets de la Commission en vue d’avaliser des ordonnances qui s’imposeront aux gouvernements nationaux et qui ne sont pas connus à l’avance. Le vote ne permet pas aux électeurs de trancher des questions préalablement mises à la discussion publique.

- Le choix de la proportionnelle permet de fractionner les votes nationaux en petits bouts, alors que chaque pays est structurellement minoritaire. Le vote « français » qui représente à peine plus de 10 % des parlementaires, se retrouve découpé en petites fractions qui vont se recomposer dans des ligues plus vastes aux contours inconnus des Français.

- Depuis les dernières fantaisies constitutionnelles imposées par Nicolas Sarkozy, le Parlement européen est encombré de débats sur tout et n’importe quoi, en totale franchise des sujets consacrés par les traités. Un leader français aura une minute, parfois deux, pour prendre position publique sur le sujet en question. Personne en France ne saura qui a voté quoi. C’est comme cela que le Parlement européen a voté avec l’aide d’Emmanuel Macron, dans le silence général des médias, un vœu pour transformer les traités à nouveau en « vraie constitution fédéraliste ». Silence général dans les médias français alors qu’il s’agit en fait de la fin programmée de l’indépendance française et un étouffement quasi-total de la souveraineté nationale.

- Le nouveau projet d’extension du nombre des membres de l’Union, avec intégration, à la demande américaine, de l’Ukraine, de la Géorgie, de l’avorton d’état qu’est le Kosovo (une base américaine entourée d’instances criminelles pourries jusqu’à l’os et totalement islamisées), de l’Albanie, etc. est l’occasion à nouveau de pousser vers un fédéralisme tronqué et manipulé.

- Le rôle des ONG faux nez d’États et d’intérêts privés à Bruxelles est totalement abusif et les Américains spécialistes des « révolutions Orange » ont réussi à imposer leur rôle par les cours de justice qui ont fait un véritable coup d’État en instrumentalisant à leur guise le préambule de la déclaration européenne des droits de l’homme qui à ma connaissance n’a toujours pas été votée par la France. La loi française est maintenant tenue en respect par une cascade d’institutions emboîtées dépendant de quelques juges cooptés pour leur européisme, leur atlantisme et leur américanisme.

On n’a même pas dit une fois pour toutes à la Turquie, (comme au Liban ou Israël), qu’elle ne pouvait pas prétendre entrer dans l’Europe institutionnelle comme Califat de l’Oumma !

L’entrée de l’Ukraine signifie, entre autres, la mort de la politique agricole commune déjà en déshérence et la fin de l’agriculture française.

La part de la France sera réduite à un peu plus de 5 % dans l’effectif parlementaire « européen ».

Le décor ne serait pas complet sans les sorties récentes de commissaires européens faisant la promotion de l’immigration islamique et du Wokisme sans aucune réserve.

Autant dire que la situation de François-Xavier Bellamy est plus que complexe…

Il s’en est sorti plutôt bien dans l’interview considérée. Naturellement il a été entrepris presque uniquement sur ses réserves vis-à-vis du mariage pour tous, l’avortement, la PMA etc. Il est sûr que l’intégration dans la constitution française d’un droit fondamental à l’avortement est un vrai sujet européen ! Et que LR n’a pas osé promouvoir une position sur ce sujet, laissant chacun se débrouiller comme il peut.

Il a pu, un peu, dénoncer le projet d’extension de l’Union Européenne, mais en inventant un statut d’association pour les nouveaux venus qui n’a jamais été discuté au sein de LR et dont les contours sont indéfinis.

Il a pu dénoncer la politique agricole voulue par l’Europe qui tue l’agriculture française et martyrise celle de nombreux pays, en l’accablant de réglementations extrémistes et tatillonnes encore aggravées par l’influence des Verts infiltrés partout qui en rajoutent en France dans la réglementation de détail. Mais là encore, il est obligé d’improviser et rester dans la généralité, faute de support programmatique de la part de LR.

Il a pu montrer que la dénatalité qui frappe maintenant de façon évidente et gravissime la France et tout le continent européen est un vrai problème qui ne suppose pas nécessairement qu’on revienne sur l’émancipation de la femme qui se développe depuis plus d’un siècle, malgré les affirmations de certains mouvements féministes nihilistes. Mais cette question cruciale n’a fait l’objet d’aucune position de LR par crainte de passer pour réactionnaire et ringard. Acceptation de la tutelle du gauchisme et silence craintif ne peuvent pas stimuler l’adhésion d’un corps électoral !

Il s’égosille à montrer qu’il a été utile à Bruxelles et que les autres ne le seront pas, car tous sont complices des désastres qui se préparent. Et c’est vrai ! Il est réellement le premier à avoir pris l’affaire au sérieux et il n’a pas hésité à développer (en une minute ou deux, règle du Parlement européen) des propos forts contre le chef du gouvernement allemand ou récemment contre le projet de modification des traités. Il a, en effet, fait stopper la campagne abjecte qui faisait du voile islamique un exemple d’affranchissement de la femme au moment de la pire répression des libertés vestimentaires féminines en Iran, avec meurtres à la clé.

Pendant ce temps-là, le RN s’obstine à faire de la politique interne en utilisant le vote à la proportionnelle européenne pour montrer sa force. « Si vous êtes contre Macron, votez pour nous ». Pas un mot sur les questions européennes bien sûr. Juste un épisode du nouveau concours de beauté entre les jeunes Bardella et Attal.

Zemmour veut symboliser la lutte contre l’islamisme qui a ses entrées totalement ouvertes à Bruxelles.

Le groupe Liot va présenter une liste au nom de la défense des territoires et de l’agriculture française. Faute d’avoir préempté le sujet, LR se fait piquer un thème capital.

Les Verts, le PS, le PC et l’extrême gauche vont y aller dans le désordre pour profiter de la proportionnelle et juger de l’état des forces respectives. Sans parler des listes farfelues qui sortent de terre comme les vers à la pleine lune (en général 20 à 30 listes). La représentation française va être pulvérisée, un peu plus, en dépit du score minimum requis pour avoir des députés et être remboursés en partie de ses frais de campagne.

Emmanuel Macron va développer « son projet pour dans trois ans ». On sait qu’il veut être président de l’Europe élu au suffrage universel par tous les pays membres d’une Europe élargie au maximum. C’est la bataille qui s’engage pour lui après avoir affaibli LR au maximum par le débauchage de tout ce qu’il a pu trouver dans les poubelles morales de l’ex UMP.

On voit combien il est regrettable que le projet de « redressement par le programme » annoncé par Éric Ciotti ait pris autant de retard et qu’il soit mené dans une telle désorganisation et sur un mode si mineur.

Disons-le clairement : si LR continue comme cela, c’est la fin programmée dans une indifférence générale vaguement méprisante. Il ne peut survivre qu’en essayant d’incarner le salut public et d’abord vis-à-vis des développements engagés en vue de créer les États-Unis d’Europe.

Il faut que LR définisse le projet pro européen qu’il soutient comme une association d’États souverains qui s’unissent sur des projets communs, où l’association est nécessaire, la Commission n’étant que le secrétariat général de la structure de projet mis en place.

LR doit réaffirmer que la souveraineté française este entière et ne peut être globalement étouffée par des institutions étrangères, tout en précisant les domaines limités où elle accepte soit des responsabilités partagées soit une délégation de souveraineté éventuellement révocable si les résultats ne sont pas là.

LR doit s’opposer à l’extension sans limite du champ des pays membres, notamment à des pays en guerre, ou rattaché à des puissances étrangères, notamment islamistes. Si un statut d’association économique doit être élaboré, d’accord ! Que LR le définisse au lieu de laisser des élus l’évoquer dans la solitude.

LR doit proposer que les grands projets d’ordonnance européenne, soient examinés par le Parlement français préalablement au vote au PE afin d’informer complètement l’opinion sur ce qui se passe à Bruxelles. Rien de ce qui s’y décide n’est réellement couvert par les médias en France. On attend que le débat vienne en France au moment où on ne peut plus rien faire. Il permettra au Président et au gouvernement de savoir jusqu’où ils peuvent aller trop loin dans la soumission aux oukases européistes et donnera à réfléchir aux membres de la Commission.

LR doit imposer l’idée qu’aucune ordonnance en Europe ne puisse être votée sans être accompagnée d’une étude d’impact sérieuse dans tous les pays membres et en particulier en France.

LR doit être catégorique sur l’indépendance des travaux européens vis-à-vis de l’entrisme des ONG qui doivent se déclarer comme les autres lobbies et avec les mêmes contraintes.

LR doit faire valoir de façon tonitruante qu’il ne faut aucun président européen élu au suffrage universel dans tous les pays d’Europe en même temps et que le projet personnel de M. Macron est totalement contraire à la souveraineté française et peut s’assimiler à une forfaiture.

LR, sur la question nucléaire, la question agricole, la question industrielle, la question climatique, la question migratoire, la dérive wokiste et la question institutionnelle européenne, doit fixer en toute clarté quelles sont les lignes rouges infranchissables sans remise en cause de la participation de la France à un projet européen dévoyé.

Il faut demander la démission immédiate de Mme Van der Leyen et des commissaires asservis à des mouvements évidemment contraires à l’intérêt français.

Évidemment, cela tranche avec l’inexistence de toute parole collective audible et percutante qui est la marque de fabrique de LR depuis que le RPR est devenu la trop centriste UMP et surtout l’échec sarkozyste de 2012.

Bien sûr on peut se contenter d’une petite guérilla parlementaire et de l’action solitaire de M. Bellamy pour espérer finir à plus de 5 % (pour avoir au moins un député et ne pas rembourser les frais de campagne) lors d’un vote européen jugé, au fond et comme d’habitude, sans importance, puis magouiller pour les élections municipales avec les fragments épars du mouvement, puis s’arranger, au départ de Macron, pour relancer la bataille des écuries.

Comme tout cela est intéressant et enthousiasmant ! Comme on disait autrefois, le mal, on doit le combattre mais, d’abord, il faut éviter de décourager du bien !

La vérité nue : ces élections sont cruciales pour l’avenir de LR. Terminer à la cinquième place derrière le RN, la liste de Macron, la liste de Zemmour et celle des Verts, et peut-être sixième derrière la liste Liot, avec 6 % ou moins des votes exprimés, marquera un point de non-retour. Il sera impossible d’aller aux Municipales avec la moindre dynamique ce qui poussera à des arrangements qu’on préfère ne pas imaginer. Quant aux Présidentielles ! Quinze ans loin du pouvoir et encore au minimum cinq de plus ?

Alors espérons que LR va comprendre qu’il lui faut mobiliser très vite sur un Programme de Salut Public pour que la France ne sorte pas de l’histoire et LR de la vie politique par la petite porte.

Qu’aurait été l’année 2023 sans Emmanuel Macron ?

La Ve République a donné au Président de la République des pouvoirs très considérables qui lui permettent de peser sur la réalité vécue par chaque Français. Il est légitime d’analyser comment ces pouvoirs ont impacté la situation française en 2023, l’année qui vient de s’achever, alors que le président actuel, lors de vœux psychédéliques, scénarisés en montrant un homme solaire sur fond crépusculaire, vient d’affirmer que la France avait 7 ans de retard quand il a été élu pour la première fois et qu’elle aura 7 ans d’avance quand il partira. Est-ce que l’année 2 023 brille comme la preuve de ce rattrapage puis de cette avancée inouïe ?

La campagne électorale de 2022 ensemencée par près de 80 milliards d’euros d’annonces et de saupoudrage de cadeaux au peuple plus démagogiques les uns que les autres, ayant été escamotée (on dit enjambée, pour bien souligner que notre président a des bottes de sept lieux, et sept années) et débouché sur un succès personnel à la présidence mais un échec rare à l’Assemblée, on savait dès fin 2022 que la situation de 2023 serait assez délicate et politiquement et économiquement avec, en prime,  les conséquences de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine. Contexte international difficile et incertitude du contexte particulier du Président de la République formaient un cocktail peu savoureux.

Étant sorti du premier quinquennat sans bilan et désormais sans majorité au Parlement, Emmanuel Macron a compris qu’il fallait bâtir son avenir et sa communication sur l’action. Il avait osé toucher au tabou de l’ISF, à celui du statut des Cheminots, de la réforme du RSA, la réforme. L’action restait le sésame de son futur rêvé.

Alors il choisit de conclure sur la réforme des retraites. L’ennui et qu’il avait choisi une formule prétentieuse et impraticable. Ce projet s’est effondré en cinq ans. Le génie macronien n’a pas fonctionné. Il lui fallait donc revenir au projet de base : reculer l’âge de la retraite, une formule qu’il avait jugé stupide auparavant et digne des pires ringards. Pendant six mois l’opération tourna au cauchemar avec des grèves partout, des manifestations violentes et pour finir des casserolades à chaque sortie. Avoir utilisé le 49.3 pour imposer aux Français de travailler deux années de plus n’a pas été vécu comme un triomphe démocratique. L’énormité du désordre engendré par son action n’a pas du tout gêné Emmanuel Macron : il valorisait sa détermination à réformer coûte que coûte. Le narcissisme du président s’en trouvait fortement valorisé, c’est tout ce qui comptait.

Du coup, il a fallu payer pour calmer les corporations en révolte. La valse des milliards recommença, avec au bout du chemin plus de 3 000 milliards de dettes et une pression des prélèvements jamais vue, alors que la France était déjà championne du monde dans le domaine. Le fait d’avoir perdu cinq ans sur une idée fausse, n’a pas permis de rattraper nos sept ans de retard sur cette réforme. Cela faisait seulement 30 ans qu’on aurait dû la faire, sur un principe simple : pas de mesure d’âge traumatisante mais l’obligation d’une durée de cotisation avant de toucher une retraite à taux plein et réforme des régimes spéciaux abusifs. L’action forcenée menée sans concertation juste pour prouver que le cadavre macronien bougeait encore a ravagé le pays pendant six mois avec d’immenses dégâts.

La violence, on l’a retrouvée avec les écoterroristes, notamment à Sainte Saulve mais aussi un peu partout. L’écologie n’avait pas été la priorité du président jusque-là. L’Europe lui avait infligé une amende de près d’un milliard par an pour non-respect des engagements pris dans le cadre de l’Union Européenne. Ces amendes n’ont pas fait l’objet de beaucoup de publicité dans les médias. Voire le chantre de la souveraineté européenne se faire sanctionner par l’objet de son idolâtrie était certes comique mais honteux. Depuis sa lâcheté assumée à ND des Landes, les écoterroristes savaient qu’ils n’avaient rien à craindre. Ils s’en sont donné à cœur joie, avec des centaines de « black block » étrangers venant se mêler à la fête sauvage, comme pour les manifs contre la réforme des retraites.

Cet abaissement de l’Etat a été aggravé par les troubles liés à la hausse effarante du coût de l’énergie provoquée par la politique antinucléaire assumée par E. Macron dès son arrivée au pouvoir et son désir d’attendre la fin du système de prix de l’énergie mis en place par l’Union Européenne qui se révélait catastrophique. La France en 2023 sur ces sujets a été plus durement frappée que nécessaire à cause des inepties présidentielles.

Des mesures écolos prises presque en douce dans les années précédentes ont montré toute leur perversité en 2023. Le plan en faveur des champs d’éoliennes a conduit à une totale gabegie soulignée par un rapport sanglant de la cour des comptes. L’ennui c’est que le président Macron a encore voulu accélérer dans ce mécanisme délétère où on ruinait des paysages et la vie de centaines de milliers de gens pour créer des fortunes sans aucun mérite. Des dépenses énormes sans aucun effet positif, et gavant des initiés !  On pouvait envisager d’arrêter cette horreur. Eh bien non ! Merci qui ?

Les lois Wargon, totalement déraisonnables et malthusiennes puisqu’elles interdisent quasiment de construire quoi que ce soit dans les territoires, ont commencé à montrer leurs effets délétères. La réindustrialisation devenait impossible : c’est le triste constat que dût faire Edouard Philippe, le Premier ministre ayant fait passer ses lois, quand redevenu maire du Havre, il voulut créer de nouvelles usines ! Les maires commencèrent donc à se révolter. La dame Wargon ayant été ridiculisée par ses propos à la Marie Chantal sur l’abandon par les « prolbacks » de leur rêve de maison « Sam suffit » on la recasa vite fait dans une sinécure sur un sujet où elle n’avait aucune compétence mais où elle gagnerait des fortunes. La Macronie est un business et une corne d’abondance sur argent public. Demandez à M. Pap Ndiaye !

Les paysans eux, maltraités par les écolos et asphyxiés par les ordonnances européennes commencèrent à ruer sérieusement dans les brancards, pour le gros de la troupe, et à se suicider pour la partie la plus fragile. Emmanuel Macron refuse depuis 6 ans de les défendre. Merci pour eux. La France agricole excédentaire depuis toujours est, grâce à lui, devenue déficitaire. On vit même en 2023 un crétin dans une des dizaines d’agences créées par l’Énarchie compassionnelle et bienveillante pour permettre à des Enarques biens en Cour d’obtenir des rémunérations non encadrées par les règles de la fonction publique, interdire l’emploi d’une molécule qui permettait à la France d’exporter son blé. Pas de molécule, plus d’exportation. Alors que le monde entier l’utilise à cette fin sans conséquences déplorables. L’incapable fut sermonné par son ministre incapable et en trois secondes la mesure fut annulée. Ouf ! Rien d’autre ne changea.

Emmanuel Macron ayant, par démagogie, transféré la taxe d’habitation sur d’autres impositions, pour se glorifier d’avoir « supprimé » le seul impôt qui touchait, très justement, tous les ménages, les municipalités étranglées ont dû réduire leurs dépenses sociales (se souvenir des Gilets jaunes), mais sommés de prendre en charge sans financement associé de multiples contraintes, elles se sont vengées par des hausses fiscales extravagantes sur la taxe foncière, Mme Hidalgo allant jusqu’à une hausse de 62 %. Presque rien ! Des règlements ont interdit aux propriétaires de maisons de vacances de les  louer de façon temporaire tout en les assommant par une taxe d’habitation maintenue et aggravé. Salauds de riches ! En même temps les loyers restaient bloqués et on imposait aux propriétaires des études et des travaux d’isolation d’ampleur délirante. Associées à la hausse des taux bancaires, ces mesures ont fait que le secteur du bâtiment s’est effondré. Moins 25 % sur les demandes de permis alors qu’on permet à 500 000 immigrés de s’installer ! Grandiose. Vive Macron et la cohérence et la continuité de sa haine des propriétaires immobiliers. Mais se loger devient impossible pour le vulgum pecus.

Plus d’industrie, plus d’agriculture, plus d’énergie, plus de logements, ! On rattrape, on rattrape !

Après son immense victoire sur la réforme de la retraite, il fallait à notre héros, retrouver une image. On le vit voyager partout y compris dans des lieux lointains saugrenus, et le service de presse diffusa les scènes de liesse provoquées un peu partout dans le monde étrange qu’il avait choisi de visiter. De retour en France on organisa des scènes de liesse dans des endroits restreints et protégés où on vit un Président adulé caressant la tête d’enfants énamourés près de leur mère enchantée.

Évidemment sur le front diplomatique, géopolitique et militaire, où son rôle de Président est crucial, ce ne fut qu’une longue expérience d’échecs, de rebuffades, de marginalisation. Les Brics lui claquèrent la porte aux nez. Une interview au Monde montra que le penseur cosmoplanétaire voulait réformer la Bird et le FMI pour leur permettre d’y prendre le pouvoir. Nuire à la France et à l’Occident semble toujours son urgence prioritaire.

On fut viré d’Afrique ignominieusement. Poutine le traita en garçon de bain. L’Amérique et la Chine le traitèrent en gamin immature. Les Ukrainiens créèrent un vocable, « macroniser », pour exprimer leur dégoût des feintes narcissiques du Sieur. Les Israéliens découvrirent un Président français principalement soucieux de sa « rue arabe » et obligé peu après d’organiser à l’Élysée une cérémonie religieuse juive pour corriger son image abîmée par son refus de participer à une marche contre l’antisémitisme. C’est cela le plus curieux avec ce président : il doit corriger quelque chose à tout bout de champ. Il appelle cela se réinventer. Il a même réinventé la réinvention.

En attendant, les Français écrasés d’impôts, de contraintes bureaucratiques, d’inflation, de désordres, eurent la joie de voir la « rue arabe et africaine » s’en donner à cœur joie en juin 2023 avec à la clef des centaines de policiers blessés, plus d’un milliard d’euros de dégâts, des bâtiments par centaines, abîmés ou incendiés, des pillages et des exactions partout. Ensuite on comptera plus de 50 000 personnes blessées à coups de coûteux dans l’année et une « ratonnade anti française » dans un bal de village. Un meurtre à nouveau d’enseignant. Des milliers de viols et de tournantes. L’installation d’un narco-état, avec des centaines de morts et des points de deals contrôlés par des « check-points Mohamed ». Silence de M. Macron. Tout lien entre immigration et insécurité ne peut être que la marque de l’ultra droite (mot substitué soudain au terme d’extrême droite dont il a juré de nous débarrasser. La promesse porte-elle aussi sur l’ultra droite ?).

Depuis l’affaire de l’Ocean Viking et de la disparition dans la nature grâce aux juges et aux législations européennes de tous les « réfugiés », dans les dix jours suivant l’arrivée du facilitateur de traversée, Emmanuel Macron, songeait à une loi minuscule sur l’immigration clandestine, censée contrer le mécontentement populaire. Au passage une loi sur le sujet permettrait de piéger LR au Parlement. Les émeutes musulmanes de juin rendaient l’affaire importante. Le gros malin voulut faire un texte exemplaire du en même temps macronien : des mesurettes pour réduire le temps des recours et une énorme ouverture d’un droit opposable au séjour pour tout clandestin trouvant du travail (même si ce n’était qu’une simple figuration aux Chiffonniers d’Emmaüs déjà devenus une filière de régularisation).

Le manœuvre échoua lamentablement et ce fut le projet LR qui s’imposa ! Échec complet en rase campagne ? Mais non ! Le parlement a voté quelque chose donc je suis encore un président qui compte. Ce n’est pas mon projet ? Je m’en fiche :  j’ai les juges avec moi qui vont « détricoter » le texte de tout ce que je ne veux pas. Créer un jouet à casser par le Conseil Constitutionnel : cela, c’est de la grande politique digne d’un grand président. Et voici que des juges, des présidents d’université, des maires, prétendent ne pas appliquer la loi ! L’anarchie, il n’y a que cela de vrai. L’important c’est de prouver que malgré mon absence de majorité je préside encore un peu.

Cela finira par une interview de deux heures dans une émission lèche-cul symbolique de l’anti-France, sur une chaîne publique, lors de laquelle les Français subjugués apprendront qu’il a tout fait bien et qu’ils vivent au paradis des anges, préambules à son allocution télévisée de vœux totalement lunaire.

On voit ce qu’aurait pu être une année sans Macron.

-          Le rétablissement de la sécurité publique et de la République

-          Une énergie nucléaire suffisante et peu chère

-          Une réforme profonde de l’immigration de masse

-          Une action en Europe pour éviter des mesures démentes

-          Moins de bureaucratie

-          Moins d’antisémitisme

-          Moins de violence

-          Moins de drogue

-          Moins d’atteintes à la langue française

-          Moins de pertes en tout genre

-          Moins d’atteintes aux institutions

-          Moins de stagnation et moins d’inflation

-          Moins d’impôts et de dettes.

-          Moins de démagogie.

-          Moins…

Oui, cela aurait pu être bien mieux sans E. Macron. Attendons l’année 2024. Il nous a annoncé de grandes réformes menées avec détermination et son projet phare : l’installation de la souveraineté européenne, pleine entière et définitive.

La fin d’une histoire française millénaire est présentée comme une « année française ». Et on parle de la fin du « en même temps » !

Pour beaucoup de Français qui croient encore à la France, Il est temps de se débarrasser de cette nuisance. Il a gâché l’année 2023, après tant d’autres. Mais là, cela devient beaucoup plus grave. Mettre fin à la souveraineté française alors que le président est le  garant de la Constitution, c’est une forfaiture digne que de la Haute Cour.

Europe 100 % fédérale : E. Macron la prépare ; le danger se rapproche

On ne le sait pas nécessairement, le Parlement européen a voté un vœu en faveur d’une renégociation des traités accélérant de façon décisive l’organisation des institutions dans un sens fédéral, les nations devenant des territoires privés de souveraineté. Ce vote n’a fait l’objet d’aucune publicité en France, alors qu’il marque la fin de jure et de facto de la souveraineté française. La seule réaction vite étouffée a été celle du RN expliquant que le vœu était entré dans la législation en vigueur, ce qui est naturellement faux.

Ce vœu est extrêmement important du fait des circonstances de son vote. Il a suivi des rencontres entre le chancelier allemand et le président français. Il se combine avec les discussions sur l’extension à 35 du nombre de membres de l’Union. Le méta accord franco-allemand prévoit que tous les États non-membres inscrits dans le périmètre de l’Europe physique entreront. Albanie, Serbie, Kosovo, mais aussi Géorgie et Ukraine. Cette intégration sera présentée comme ultra-souhaitable et exigeant une modification des traités. On reprendra l’antienne qui a si bien réussi : extension = fédéralisation.

Que veut dire fédéralisation : un gouvernement européen, prenant des décisions en liaison avec le Parlement européen, en toute souveraineté. Tout le champ des lois possibles est ouvert, en augmentant les prérogatives exclusives et en généralisant les cas partagés. Les décisions se prennent à la majorité. Les États ne peuvent plus s’opposer aux décisions de l’exécutif Européen. Des ressources fiscales affectées à l’Europe fédérale sont mises en place.

La question qui a été esquivée à ce stade est de savoir s’il y aura un président de l’Union élu au suffrage universel direct par tous les  peuples de l’Union, ou si c’est le président de la commission qui le sera. Les rumeurs les plus insistantes évoquent le fait que Macron après ces habituelles hésitations, toujours fort longues, aurait opté pour une élection du Président de l’Union au suffrage universel, nommant un président de l’exécutif, chargé de faire adouber ses membres auprès du Parlement européen. Il viserait le poste de président de l’Union et non celui de chef de l’exécutif, un poste qui permet de pérorer sans mettre les mains dans la farine.

L’exercice narcissique et verbal des vœux a permis à Emmanuel Macron de jouer une nouvelle fois sur les mots et de tout dire sans rien dire vraiment.

Tout le monde a compris ce que signifie la scénarisation de la cérémonie des vœux. Dans le fond, au loin, une floraison de drapeaux tout sur le même plan, très éloignés du locuteur. Coquetterie trompeuse, le drapeau français, de même taille que les autres est en tête de gondole, suivi par le drapeau européen et la ribambelle des autres. Bientôt la permutation aura lieu. L’Europe d’abord et la ribambelle des «  länder » derrière au loin. Avec Macron en majesté au premier plan comme futur Conducator de ce magma de nains. Devant les réactions, on fera dire qu'il s'agit seulement de symboliser l'année olympique. Pauvre Olympisme : réduit à des petits drapaux au fond d'un jardin crépusculaire...

« L’année 2024 sera décisive » pour la construction européenne. 2 024 sera le moment du "stop ou encore". » Ou « on bloque l’Europe ou on progresse ». Saint Delors avec nous ! « Il faut augmenter la souveraineté européenne ».

Comme en 2022 Emmanuel Macron veut conjurer son impuissance. L’année 2023 a été marquée par l’épreuve lamentable de la réforme des retraites. Il lui fallait une réforme à tout prix, dont celui de mettre en œuvre une réforme qu’il avait lui-même dénoncée comme mauvaise et ridicule pendant cinq ans. Il fallait tout accepter du Sénat pour faire croire qu’on agissait sur l’immigration et qu’il n’était pas impuissant ennd épit d'une majorité relative à l'Assemblée nationale. Faire croire ! La religion du macronisme. Et faire comme si.

Rappelons-le inlassablement. Il ne peut pas y avoir deux souverainetés en même temps. Si on veut la souveraineté européenne, ce ne peut être qu’en abandonnant la souveraineté nationale française.

Alors il faut évidemment stigmatiser l’indécence des oxymores accumulés par ce discours odieux.

-        Tous les secteurs régaliens sont effondrés après six ans de macronisme tatillon.

-        Les profs d’école continuent de se faire tuer, notre place dans le classement Pisa s’effondre dans les profondeurs.

-        L’insécurité n’a jamais été aussi importante.

-        Le « séparatisme » de la « rue arabe » n’a jamais été aussi marqué avec des émeutes urbaines et des ratonnades anti françaises.

-        La justice est effondrée avec des juges en dissidence vis-à-vis des lois.

-        L’armée est dans un état navrant, à côté de la plaque côté équipements, virée d’Afrique, en sous-effectif radical en cas de guerre classique.

-        Notre écologie à la française si aimée de tous nous fait accumuler des amendes d’un milliard d’euros tous les ans.

-        Après avoir tenté de détruire l’industrie nucléaire avec les conséquences dramatiques que l’on sait, le voilà en tête de la « start-up nation » dans le nucléaire et l’Intelligence artificielle.

-        Voilà qu’alors qu’il a laissé entrer près de 2 500 000 immigrés majoritairement africains et musulmans dans le pays, il clame son succès dans la régulation de l’immigration et le formidable appui de l’Europe qui lui impose de prendre des allocations d’immigrés arrivés dans d’autres pays, sous peine d’amende.

-        Alors que le chômage n’a jamais réussi à descendre en dessous de 7 % dans les phases hautes de conjoncture et que la récession qui arrive détériore à nouveau la situation, il fait semblant d’avoir eu des résultats triomphants.

-        Parler de défense de la langue française alors qu’il bloque l’interdiction de l’écriture genrée dite inclusive est une farce sinistre. Surtout qu'il multiplie les allocutions en anglais de cuisine chaque fois qu'il le peut.

Oui, rarement on a vu un tel esprit de fausseté à la tête de l’Etat et un tel mépris pour les Français considérés comme assez nuls pour gober ce discours fantasmagorique sans réagir. Affirmer que la France avait dix ans de retard à son arrivée en 2017 et qu'elle aura dix ans d'avance en 2027 à son départ est ahurissant, presque dément.

Mais ce sale état d’esprit n’est rien à côté des risques pour la France de la politique menée par Emmanuel Macron pour préparer son « job d’après ». Il va forcer le pays à ingurgiter de l’européisme à gros bouillon et à forcer la main au pays en dû temps, en jouant à mort la carte fédérale en Europe. C’est-à-dire l’extinction de 1 500 ans d’histoire française.

Curieusement François Xavier Bellamy refuse d’enfourcher la dénonciation de ce projet. Sa dernière intervention est de petite politique, stigmatisant la vacuité des députés européens RN et le suivisme bétassin des députés macronistes. Ciotti se tait également.

Sans doute se préparent-ils à la bataille et ne veulent-ils pas gâcher leur munition avant l’heure décisive.

Il aurait été préférable de dénoncer tout de suite une évolution mortifère pour la France historique et annoncer à Emmanuel Macron que LR votera la censure à répétition s’il se lance dans cette œuvre de démolition.

Des voeux problématiques pour 2024

Fin 2022, nous avons décidé de ne pas souhaiter de bons vœux sur ce site car nous anticipions une année 2023 désastreuse. La pitoyable attitude d’Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle, où tous les problèmes chauds du pays ont été évacués, puis son incapacité à réfléchir à sa situation de président sans majorité au Parlement, son obsession de lui-même et de son narratif, sa certitude narcissique que rien ne pourrait l’engager à composer avec rien ni personne, en multipliant les cartes forcées et les manœuvres, tout montrait que l’année 2023 serait marquée par des désastres majeurs.

Comment simplement tolérer le stupéfiant déni de réalité d’un Président du genre « tout va bien ; Madame la marquise », refusant absolument de prendre la mesure des maux accablant le pays, des lourdes difficultés connues par des nombreux segments de la population, de l’impuissance publique caractérisée liée aux abandons de souveraineté à l’Europe et à l’Otan, à l’extérieur, au gouvernement des juges à l’intérieur. On savait qu’il ne ferait rien face au refus de la loi un peu partout, alors que des doctrines importées infectent la réflexion publique et détruisent le fonds culturel français. Eh oui : Il laisserait faire le recul et l’abâtardissement de la langue française, comme il l’avait fait pendant son premier mandat.

Comment simplement tolérer le recul de l’influence diplomatique et géopolitique de la France, de la honte militaire associée au renvoi ignominieux de nos armées des pays africains traditionnellement amis de la France, à la honte pire encore qu’a été l’absence de toute réaction armée à l’enlèvement, le viol et le meurtre de nombreux Français par le Hamas

Comment simplement tolérer l’incapacité à agir vite pour rétablir une offre énergétique ample et peu coûteuse, alors que l’énergie nucléaire a été démolie lors du premier quinquennat macroniste ?

Comment simplement tolérer que les gouvernements voulus par E. Macron aient continué à accroître fiscalité et prélèvements alors que nous étions déjà champions du monde toute catégorie, tout en déclarant que leur action faisait baisser les impôts ?

Comment simplement tolérer qu’on ne veuille pas constater l’effondrement démographique et le vieillissement navrant de notre population, par ailleurs noyée par une immigration de peuplement massive, hostile à sa culture et embolisant à la fois les services sociaux et l’ensemble du système policier et judiciaire, avec des progrès stupéfiant des narcotrafics ?

Comment simplement tolérer une stagnation de la croissance tout en criant victoire sur le front de l’emploi, alors que dès le milieu de 2022 on voyait bien que les faillites étaient en forte hausse et que le marché du travail était totalement dysfonctionnel ?

Comment simplement tolérer une vacuité narcissique tellement outrée qu’elle aggrave pratiquement tous les drames nationaux, avec des opérations image débiles ?

Jamais la coupure entre le pays réel et une poignée d’Énarques gérant d’abord les intérêts de leur caste, quitte à promouvoir tout et le contraire de tout par opportunisme cynique, n’avait été approfondie avec une telle violence, morgue et mépris.

Comment sur de telles bases espérer une année 2023 un minimum digne d’espoir ? C’était impossible.

La réalité a été impitoyable.

2 023 a été l’année où la dépense publique a grimpé à plus de 58 % d’un PIB incluant la dépense publique, avec un record extravagant pour les prélèvements. Depuis l’arrivée d’Emmanuel macron, la hausse en valeurs courantes est de près de 500 milliards d’euros ! Quant à la dette, elle atteint 3 200 milliards alors qu’elle était fin 2017 à 2 000 milliards, soit 1 000 milliards d’euros d’augmentation ! Seulement ! L’INSEE a renoncé à publier les chiffres estimés de la valeur ajoutée des entreprises. Elle ne donne fin 2023 que des chiffres antiques et qui n’ont plus de signification. Si elle le faisait on verrait que la dépense publique est quasiment égale à la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand ! Heureusement pour les Français qu’on s’endette. Est-ce soutenable ?

2 023 sera l’année la pire en matière démographique, avec des naissances historiquement basses et égalant à peine le nombre des décès. En même temps on a battu tous les records d’immigration, alors que des quartiers entiers, par centaines, sont maintenant hors de la République et sous une loi musulmane de fait. Dans ces quartiers les naissances musulmanes représentent souvent plus de 90 % des naissances totales, alors que pour la France entière, les naissances musulmanes atteignent déjà 40 % du total. Aucune politique n’a été définie et appliquée pour contrer ce phénomène qui n’annonce rien de bon.

2 023 aura été l’année où les conséquences d’une immigration massive et incontrôlée auront été les pires. Des bandes de gamins sont la source de violences de rue inacceptables avec près de 45 000 coups de couteau infligés à des personnes se trouvant sur le territoire français. Les narcotrafiquants à Kalachnikov se sont désormais emparés de milliers de points de deal provoquant des dizaines d’assassinats et des situations honteuses. Naturellement les émeutes urbaines de juin 2023 marqueront un tournant tragique avec des milliers de destructions de biens publics y compris des écoles, des pillages partout, des violences dans les plus petites villes. Pas la moindre leçon n’a été tirée de ces évènements.

2 023 a été une année de stagnation économique finissant en récession.

Quand on analyse les réalités constatées dans tous les secteurs, c’est la Bérézina.

2 023 aura vu l’épanouissement d’un désastre majeur dans le logement et la construction. les effets délétères cumulés de la hausse des taux d’intérêt, des mesures d’étouffement bureaucratique de la construction, de hausse générale des taxations patrimoniales, notamment à Paris (62 % seulement !), des contraintes réglementaires écologiques, des lois malthusiennes comme la loi Wargon promouvant (dans le silence général) le Zéro Artificialisation nette, une stupidité que nous avons été ici, au Cercle, les seuls à fustiger lorsqu’elle est passée, ont fini par causer l’effondrement des projets, des mises en chantiers et des commercialisations. Dans la mentalité malade de notre président, l’immobilier est une horreur et les propriétaires des gens à saquer indéfiniment. Quand on pense à tous les petits riches qui ont chanté des années durant : Macron nous protège, on ne peut que rire (jaune) aux larmes.

2 023 aura vu la pire tentative de destruction de l’agriculture française. La fin d’année voit une campagne généralisée d’inversion de tous les panneaux de signalisation dans les territoires pour stigmatiser des politiques « qui marchent sur la tête ». Depuis sa lâcheté devant les exactions de la gauche fascisante mobilisée contre l’extension de l’aéroport de Nantes, les nervis de l’extrême gauche Savonarole ont renoué avec une violence inouïe à Sainte Saulve, près du chantier d’autoroute nouvelle dans le Sud-Ouest, près du chantier de transport ferroviaire vers l’Italie, en même temps que se multipliaient sans sanction les actes dits de « désobéissance civile » qui marquent la fin de l’autorité publique. L’anarchie règne en France.

2 023 aura vu la pire extension du refus de certaines institutions de s’inscrire dans le cadre légal et républicain, l’autonomisation de fonctionnaires militants devenant une sorte de règle « normale », sans jamais aucune sanction. Que ce soit au sein de la télévision publique, au sein de la justice, au sein des universités, au sein de certaines municipalités, le refus d’appliquer la loi est devenu commun. L’indécence du syndicat de la magistrature, de la réunion des présidents d’université, de la mairie de Paris, a atteint des sommets indépassables sans aucune réaction du président de la République et du premier ministre. Par soumission larvaire au gauchisme, on laisse l’effondrement des attitudes républicaines se multiplier.

2 023 aura vu l’explosion d’un antisémitisme forcené, alimenté par le virage islamogauchiste des partis socialistes et révolutionnaires coalisés avec « l’escrologie verte ». La « rue arabe » remplace l’occupant nazi pour accepter des philippiques et des comportements antisémites qui avaient disparu. Voir les chaînes publiques se mettre au service du Hamas et de l’antisémitisme le plus primaire lève le cœur. Évidemment le Président et le premier Ministre ont laissé faire, le premier refusant même de participer à une manifestation unitaire nationale de dénonciation de l’antisémitisme. Au passage, les Français ont pu constater que le Wokisme américain était devenu antisémite et avait gagné les grandes écoles et l’université française après les campus américains.

2 023 aura vu un recul aggravé dans le classement Pisa qui tente d’étalonner les systèmes d’enseignement. Le pédagogisme, le Wokisme, la dictature des syndicats socialistes, le laxisme macronien, auront vu la situation perdurer et s’aggraver. Alors on a brutalement changé de casting, un homosexuel jeune et de belle apparence, se substituant à la « cancel culture » noire à la tête du ministère de la Destruction de l’éducation nationale. Il a interdit les Abaya. La France est en extase. Il peut maintenant se mêler à la grande compétition entre homosexuels pour la mairie de Paris : Belliard, Beaune, Bournazel, Brossat, le club des B risque désormais de se faire coiffer par Attal. Il est vrai que la confraternité « gay » à Paris est confrontée à quelques tourments. La plaque d’hommage municipal posée en mémoire de l’homosexuel promoteur inlassable de la pédophilie, Guy Hocquenghem, s’est retournée contre Madame Hidalgo, toujours dans l’outrance ignorante des conséquences, qui a dû l’enlever honteusement et en catimini. Comme tout cela est inspirant comme disent les Wokistes !

2 023 aura vu une soumission aux oukases délétères de l’Union Européenne et des transgressions européistes des grandes juridictions internationales. Les délires de Mme Van der Leyen, se croyant président d’une Fédération Européenne par anticipation et multipliant les prises de position délétères dans des domaines non prévus par les traités, n’ont pas été contrariés par M. Macron. Des ordonnances dans tous les domaines ont été acceptées qui mettent la France en grande difficulté. Comble des combles, M. Macron a exigé que ses troupes au Parlement européen votent un vœu pour la transformation totale des institutions européennes en États-Unis d’Europe, avec extension à 35 des pays membres. Pas un mot naturellement dans les médias français. Les débiles franchouillards n’ont pas à savoir. On leur imposera la potion au moment favorable. La destruction ultime de la France millénaire est carrément « en marche » dans l’indifférence générale.

2 023 aura vu naturellement la volonté d’Emmanuel Macron mal réélu de sa seule faute, essayer de prouver qu’il était réellement aux manettes. En dehors des singeries de communicants comme la CNR, les conventions citoyennes et les réunions de Seine Saint Denis, sans parler des clowneries à Marseille, deux terrains de bataille ont été choisis, où tout ce petit monde croyait pouvoir piéger la droite et triompher certes sans gloire mais suffisamment pour faire semblant d’exercer le pouvoir encore quelque temps. La réforme de la retraite est devenue un effroyable gâchis avec des manifestations monstres et hystérisées, à cause d’une réforme bâclée, injuste, parfois ignoble qu’il va falloir reprendre rapidement. Voler les réserves des retraites privées est une infamie impardonnable. Le secteur public et l’administration conservent l’essentiel de leurs privilèges absurdes et inéquitables. L’Enarchie compassionnelle ne lâchera rien de l’emprise injuste et délétère de l’Administration ; résultat, on verra un président ne pouvant aller nulle part sans casserolades, multiplier les opérations images dans des cadres préservés des foules, le montrant caressant la tête d’enfants joyeux au milieu de mères de famille énamourées et de vieux messieurs respectueux, avec brigade d’applaudissement partisane en prime. La politique de communication de Staline et de Ceaucescu ! On en est là ?

2 023 aura aussi vu le président entravé vouloir piéger la droite avec une loi minuscule de contrôle de l’immigration illégale, prétendument chargée de prouver que le Président se soucie des Français, désireux à plus de 70 %, de mettre fin à l’envahissement africain et nord-africain. Évidemment il ne s’agissait que de com’ et de jeu politicien. L’ennui est que l’affaire de l’âge de départ à la retraite avait été un minimum analysé par l’opposition. « Bis repetita ne placent pas toujours ». Le Président, la première ministre et le ministre de l’Intérieur se sont trouvés eux-mêmes piégés par le Parlement et obligés de voter un compromis dicté par les sénateurs LR. Les voilà aussitôt en marche pour ruiner cet accord en attendant des juges qu’ils fassent capoter les ajouts républicains. Jamais la crédibilité des institutions n’avait été foulée pareillement aux pieds. Naturellement rien ne changera dans les flux migratoires. Emmanuel Macron s’est félicité du pack immigration voté à Bruxelles qui lui impose d’accepter un quota d’immigrés arrivés illégalement en Europe. Et lui-même impose désormais la ventilation des immigrés africains et musulmans dans les villages. Le fait que des immigrés arabes aient organisé une « ratonnade anti française », avec meurtre, lors d’une fête de village ne l’a pas troublé.

2023, dans les ultimes semaines, aura vu les communicants de l’Élysée essayer de sauver une ultime fois avant les vœux de fin d’année la réputation et l’image du Président (l’opération est à recommencer tous les deux mois). Une interview psychédélique dans l’émission la plus médiocrement gauchiste et flagorneuse de la télévision publique lui a permis de jouer un épisode de « la vie rêvée des anges ». Il a tout fait bien. Tout va bien ! Il va pouvoir pérorer sur l’unité de la nation et les annonces fulgurantes qu’il va faire en janvier. Comme on est avide de les entendre !

Qu’attendre de 2024 en France ? Le recyclage des reliefs des repas pour faire du compost et fabriquer du méthane ? Si on pouvait en faire autant avec un certain fumier politicien qui s’accumule, on pourrait cesser d’importer du pétrole !

Quelle descente aux enfers, tout de même !

Avec d’un côté une nouvelle crise économique et de l’autre une crise démocratique majeure, sans parler de la crise environnementale et démographique et sociale et sociétale, et financière et économique, et agricole, et scolaire, et sécuritaire, et culturelle, et sanitaire et énergétique etc., 2 024 s’annonce très bien.

Si Emmanuel Macron parvient à imposer le projet d’Union Fédérale à 35 « länders », la France aura disparu sous nos yeux ! Dès 2024, possiblement, et avant 2027 de toute façon.

Difficile de formuler à nouveau de bons vœux pour les Français pour l’année qui vient. Alors souhaitons tout de même le meilleur pour la France, qui, consolons-nous comme on peut, a été coutumière des miracles de dernière seconde.

Utinam !

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes e-toile.

Les ONG maîtresses absolues des institutions européennes : un colloque révélateur et inquiétant

À l’invitation du Laboratoire d’analyse des idéologies contemporaines, s’est tenu à la Maison de l’Amérique Latine un colloque sur la perméabilité des institutions européennes à l’islamisme et aux théories Woke. Inscrite dans le monde universitaire, cette petite organisation tranche nettement avec le reste du milieu qui se vautre sans vergogne dans les ravages de l’autodestruction de la civilisation européenne, le masochisme anti occidental, et les théories du genre et de l’intersectionnalité. L’invité d’honneur était Xavier François Bellamy, leader des LR au Parlement européen.

L’idée directrice : oser voir ce qu’on voit, le décrire, le juger. Le résultat est effarant. Les institutions européennes sont gangrenées en profondeur par les idéologies les plus hostiles et sont capables de soumission absolue et vibrante aux institutions qui les portent. La vingtaine d’exemples donnés fait frémir. Il est vrai que le même jour la commissaire Dalli et la commissaire Johansson s’étaient fait remarquer l’une et l’autre pour leur soumission à l’idéologie « diversitaire et intersectionnelle » et leur volonté d’ouverture totale à l’immigration musulmane.

Un des aspects importants est la différence de traitement entre les lobbies et les ONG. Les premiers, innombrables, sont réglementés. Ils doivent être déclarés et les interactions entre les instances européennes et leur représentant doivent être publiques. La défense d’intérêts généraux ou particuliers est légitime mais doit être transparente. Néanmoins que Bruxelles loge la masse de lobbyistes la plus grande du monde (près de 16 000) interroge tout de même un peu. En revanche les ONG sont absolument libres de toutes contraintes et règnent à tous les étages de la machinerie bruxelloise, alors que la majorité d’entre elles sont des faux nez défendant des intérêts particuliers. C’est du lobbyisme pur mais avec l’apparence de l’idéal. On aboutit à une telle interpénétration que certains textes européens sont directement écrits par des ONG et mis en œuvre sans retouche. Rien de cette infection n’est connu dans les Etats membres, où la couverture politique et médiatique de ce qui se passe à Bruxelles est inexistante. Cette occultation est encore aggravée par les techniques mises en place par certaines ONG qui au nom de la lutte contre la « haine » rend impossible d’évoquer le scandale et l’indécence de certaines conséquences. Qui veut parler est systématiquement renvoyé devant les tribunaux.

Le colloque s’est particulièrement penché sur l’état de la recherche scientifique. Pendant longtemps les politiques français se sont attachés à disposer d’une force de recherche scientifique, basée essentiellement sur le CNRS, le CEA et l’INSERM, avec, pour la recherche universitaire, une instance de validation des compétences par des pairs, le CNU. L’auditeur aura été consterné d’apprendre que CNRS et Inserm sont à l’abandon et que les budgets viennent de l’Europe et qu’ils sont tellement gras que tout chercheur pour vivre ou survivre doit aller y pomper ses ressources. La surprise est grande de lire quels sont les critères exigés, qui traduisent intégralement les pires exigences de certaines ONG diversitaires. Les textes fixent le vocabulaire et précisent sans vergogne les résultats que la recherche doit atteindre en matière d’idéologie. Seront privilégiées les recherches portant sur la théorie du genre, l’intersectionnalité et l’inclusion ! Si vous voulez dégueuler sur l’Occident et l’homme blanc dominateur et indécrottable, à vous les 150 000 euros d’un beau contrat antiscientifique et partisan. 40 % des projets financés appartiennent à cette catégorie de projets et n’ont aucun caractère scientifique. Les Etats financent de la pure propagande. La conjonction de l’abandon de la politique nationale de recherche en France et du détournement infâme qui se produit à Bruxelles aboutit à un véritable abandon de compétences scientifiques. Le fait que tout se passe désormais en anglais a découragé beaucoup de scientifiques français d’intervenir dans les institutions européennes.

La partie faible du colloque a été évidente au moment de répondre à la question clé : quoi faire pour corriger ces déviances ? Quand un corps est à peu près totalement gangrené et depuis longtemps, et que personne n’a le moindre pouvoir, de Paris, pour lutter contre des ONG gavées de ressources, notamment les ONG islamistes financées par le Qatar et d’autres pays musulmans, qui n’hésitent pas à corrompre les élus et la bureaucratie, la situation est insoluble. La seule proposition concrète est de créer un CNU européenne. L’Europe ne marche pas ; faisons plus d’Europe ! Hum ! Hum ! Cette CNU fera l’objet de pressions majeures comme les comités et les agences actuelles.

François-Xavier Bellamy s’est signalé par une analyse qu’on peut juger bizarre et contre-productive. Sa mandature a été marquée par un changement important dans le comportement de la délégation LR qui jusque-là était composée soit d’européistes à tous crins soit de recalés du suffrage universel à qui il fallait trouver une planque juteuse en attendant mieux, ce qui se traduisait par une absence totale d’intervention significative. Il a agi et parlé avec détermination et effectivement décrit ce qu’il voyait sans fard ni artifice. On comprend mal ce qui l’a conduit à considérer que le politique ne pouvait rien et que la bataille culturelle était la seule voie possible.

Dans le système européen actuel, une seule personne peut changer les choses : le président de la République. Lorsque la Commission et le Parlement européen ont voulu aligner la définition du viol pour toute l’Europe, ce qui est totalement hors des pouvoirs accordés par les traités, Emmanuel Macron a dit non. On en est resté là. On se souvient aussi de la politique de la chaise vide du Général de Gaulle sur la question agricole. Donc les politiques peuvent quelques choses et il importe d’inscrire ces questions dans l’action politique.

Un des intervenants a rappelé que la commission « constitutionnelle » du Parlement européen (une curiosité : il n’y a pas d’autres parlements avec une commission constitutionnelle dans le monde) a voté en octobre pour un projet d’Etat fédéral de plein exercice, et que ce mardi l’Assemblée plénière a voté à la majorité ce projet, avec le soutien du président Macron. Les institutions européennes et une partie des Etats Membres, dont la France, vont pousser à un « Maastricht 2, le retour », toujours au même prétexte : l’élargissement de l’Union impose un approfondissement de son régime fédéral. Tout le premier trimestre va être ainsi consacré à des questions européennes : renouvellement du parlement ; passage à 35 membres ; nouvelle « constitution ». Compte tenu du noyautage des ONG, notamment islamique, cette évolution est évidemment folle : plus personne ne pourra intervenir, même pas les chefs d’Etat.

François-Xavier Bellamy a cru devoir répliquer que ce n’était pas grave, qu’il ne fallait pas s’énerver et que la réaction contre certains excès ne devait pas conduire à d’autres excès ! Le projet était une simple déclaration d’intention et que tout cela resterait dans les limbes européens sans concrétisation.

Son intervention a paru lunaire compte tenu de toutes les horreurs qui avaient été décrites pendant le colloque. Après coup, il est apparu qu’il avait en tête les interventions du RN sur les réseaux sociaux menant campagne en affirmant que les décisions de referendum européen et de suppression du droit de veto avaient été prises et étaient devenues opérationnelles. Il est vrai qu’il ne s’agit jusqu’ici que d’un projet. Mais ce n’est pas qu’un vœu pieux. Une procédure politique est en route avec un calendrier qui apparaîtra sous peu. Éviter de voir sa parole parasitée par les manipulations du RN est une chose. Une autre est de ne pas voir que les politiques ont une capacité d’intervention actuellement même si Macron ne l’exerce pas contre les interférences islamistes et Woke (le wokisme est l’américanisme des imbéciles). Et que le projet fédéral qui progresse du Parlement européen la supprimera.

Cette mollesse insigne vis-à-vis d’un projet fou, qui signifie la mort de la France comme patrie, comme histoire et comme acteur mondial significatif, jette un voile (si on ose dire) sur l’action européenne de LR.

L’Europe est devenu un grave problème plus qu’une solution. Les traités de Maastricht et de Lisbonne ont été des erreurs majeures qui ont détruit l’originalité et la force du projet européen. Loin des électeurs et dans le silence des médias la foire aux ONG qu’est devenue Bruxelles est une horreur. La France et les Français y perdent lourdement.

Il faut encourager les efforts universitaires pour que l’on regarde les réalités et qu’on publie ce qu’on voit. Le combat culturel est indispensable. Mais la grande bataille est politique ! Là il va falloir des combattants pas seulement des élus commentateurs menant des combats d’arrière-garde, quel qu’en soit le mérite.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Les « États-Unis d’Europe » programmés à Bruxelles. Silence à Paris.

Si l’on avait besoin d’une preuve supplémentaire de l’absence radicale de correspondance entre les débats politiques en France et les débats dans le cadre des institutions européennes, la séquence actuelle visant à réviser les traités en fournirait le plus magnifique exemple.

Il n’y a pas un jour en France, où tel ou tel parti ou tel ou tel leader, n’explique qu’il faut rétablir la pleine souveraineté française sur les questions régaliennes et notamment sur la question de l’immigration sauvage qui voit des millions d’Africains envahir l’Europe avec quelques conséquences. « Il faut un référendum permettant de contrer les normes juridiques européennes qui empêchent toute réaction contre l’invasion. » Il faut que le peuple français puisse intervenir et exercer sa souveraineté, captée par la Cour de Justice Européenne et la CEDG. À partir de là et à partir de là seulement, on pourra agir. Actuellement les gouvernements sont paralysés. Tel est coeur du débat en France.

Cette question très actuelle prend le relais d’un « marronnier » qui fleurit à chaque élection européenne. Des listes annoncent qu’elles sont pleinement favorables à l’Europe mais qu’elles visent à modifier les traités pour rendre l’Europe plus sociale, plus sécuritaire, plus blablabla. En fait il est impossible de lancer « de l’extérieur » des réformes dans une Europe à 27 et qui cherche encore à élargir le nombre de ses membres.

Le député européen français est un impuissant structurel. La délégation française est cassée en petits morceaux par la proportionnelle et ventilée dans des regroupements dont les Français ne savent rien et où ils sont ultra-minoritaires. Ils ne savent même pas au moment de la campagne électorale ce sur quoi la Commission va les faire voter. Depuis le traité de Lisbonne, ce peut être sur tout et n’importe quoi. Personne ne demande des comptes sur les votes des députés français. Il y a tant de votes sur tant de questions diverses que l’effort serait surhumain et sans substance.

Pendant qu’en France on spécule sur des transformations impossibles ou du droit européen ou des traités, les européistes agissent sans que les Français n’en aient le moindre soupçon car les médias dominants ne couvrent pas les travaux de l’Union Européenne. Ils seront confrontés à des décisions déjà prises qu’on leur demandera de ratifier au nom de l’Europe fédérale magique dans lequel l’avenir français doit se dissoudre.

Nous avons donc une situation complètement schizophrénique où deux discours contradictoires jusqu’à l’incompatible absolu sont tenus en même temps, sans aucune prise de conscience publique de cette contradiction délirante.

Que se passe-t-il donc à Bruxelles ? Dans un précédent article nous avons donné la référence de l’ordre du jour détaillé du Parlement européen. Avec ce petit détail : discussion et vote sur le projet de modification des traités européens. Ainsi donc des projets de réformes constitutionnelles de l’Union étaient en route et nous n’en savions rien ! Et la Président de la République ne nous en dit rien ? Et le premier Ministre ne nous en dit rien ? Et les grands partis français ne nous en disent rien ? Et les grands médias français « d’information » ne nous en disent rien.

On imagine qu’en démocratie le choc des conceptions contradictoires portant sur des questions aussi majeures que la souveraineté nationale, la place de la France en Europe et dans le monde, provoquerait un grand nombre de débats passionnés !

Pas du tout ! C’est le grand néant. On dira : le projet doit être si insignifiant et si technique que cela ne doit pas être ni fondamental ni très excitant.

Regardons donc le projet sur lequel la commission constitutionnelle de l’Assemblée (si, si, cela existe) s’est mise d’accord et qui sera mis au vote de l’Assemblée dans les brumes propices des vacances de Noël.

 

// Le rapport comprenant les projets de réforme des traités a été approuvé par les députés mercredi par 19 voix pour, 6 contre et une abstention. La résolution qui l’accompagne a été adoptée par 20 voix pour, 6 voix contre et aucune abstention. Les députés réitèrent leur appel à modifier les traités de l’UE et demandent au Conseil de soumettre "immédiatement et sans délibération les propositions [...] au Conseil européen", afin qu’une Convention puisse être mise en place.

Les députés appellent à un système plus bicaméral qui renforcerait le rôle du Parlement et modifierait les mécanismes de vote au sein du Conseil. L’Union serait mieux préparée à agir en augmentant considérablement le nombre de décisions prises par un vote à la majorité qualifiée (VMQ) et au moyen de la procédure législative ordinaire (PLO), tandis que le Parlement obtiendrait un droit d’initiative législative à part entière et deviendrait un colégislateur du budget à long terme de l’Union.

Les députés demandent également le renversement des rôles actuels du Conseil et du Parlement dans l’élection du Président de la Commission (qui serait rebaptisée "exécutif européen"), le Parlement proposerait à l’avenir le Président de la Commission et le Conseil européen l’approuverait. Ils proposent également de permettre au Président de la Commission de choisir ses membres en fonction des préférences politiques, tout en assurant un équilibre géographique et démographique.

Le projet de rapport demande la mise en place d’un mécanisme pour des référendums à l’échelle européenne sur des questions pertinentes pour les actions et les politiques de l’Union (y compris l’approbation des propositions de réforme du traité examinées) et le renforcement des mécanismes participatifs existants.

Les députés souhaitent établir une compétence exclusive de l’Union en matière d’environnement et de biodiversité et des compétences partagées en matière de santé publique, de protection civile, d’industrie et d’éducation. Ils proposent de faire progresser les compétences partagées de l’Union dans les domaines de l’énergie, des affaires étrangères, de la sécurité et de la défense extérieures, de la politique des frontières extérieures dans l’espace de libre-circulation, de sécurité et de justice et d’infrastructures transfrontalières.

Le projet de rapport contient également des propositions concernant :

- la politique étrangère, de sécurité et de défense (sanctions et décisions au vote à la majorité qualifiée sur les étapes du processus d’élargissement, ainsi qu’une union de la défense dotée de capacités militaires) ;

- le marché unique, l’économie et le budget (lutte contre les paradis fiscaux, vote à la majorité qualifiée pour les décisions fiscales, périodes de cinq ans pour le budget à long terme) ;

- un protocole sur les avancées sociales ;

- l’éducation ;

- le commerce et l’investissement ;

- la non-discrimination (élargissement de la liste des groupes vulnérables protégés, référence à l’égalité des genres dans l’ensemble des traités) ; N.B. : la notion de sexe est remplacée par celle de genre, génuflexion appuyée vis-à-vis du Wokisme et de la théorie du genre. Le transgenre rentre dans la constitution européenne !

- le climat et l’environnement (diminution du réchauffement climatique et sauvegarde de la biodiversité comme objectifs de l’Union, protection des sources naturelles de vie et des écosystèmes des animaux, conformément à l’approche "Une seule santé") ;

- la politique énergétique (Union européenne intégrée de l’énergie)

- l’espace de liberté, de justice et de sécurité (compétences supplémentaires pour Europol, violence fondée sur le genre et crimes environnementaux poursuivis en vertu du droit de l’Union)

- migration (normes minimales communes de citoyenneté et de visa, renforcement des mesures de sécurité aux frontières, stabilité économique et sociale et disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée).

Le rapport devrait être mis aux voix lors de la session plénière du 20 au 23 novembre, avant le vote dans une convention puis la ratification des pays membres.//

En un mot, il s’agit de dépasser les traités de Maastricht et de Lisbonne pour aboputir à un système intégralement fédéral, où les États membres n’ont pratiquement plus leur mot à dire. Ils perdent toutes leurs fonctions régaliennes, qui sont transférées soit en mode exclusif à « l’exécutif européen », soit deviennent partagées (donc qui ne peuvent être l’objet de décision qu’avec l’accord des institutions européennes).

La commission devient un « exécutif » européen, dernière concession sémantique avant le terme de "gouvernement européen". Son président est choisi par l’assemblée, et non plus par les États membres. Il choisit ses ministres et se présente devant le parlement. L’Union devient donc un état de plein exercice, avec son parlement et son gouvernement, sans que les États membres n’aient plus rien à dire.

Pratiquement il peut se saisir de toutes les questions sociétales, sociales, économiques, industrielles, énergétiques, commerciales et fiscales, avec un droit supérieur à celui des nations. Les nations n’ont plus rien à dire sur les migrations et le régime applicable aux immigrés. "L’Europe favorisera la recherche d’une main d’œuvre immigrée conforme aux besoins économiques de l’Union."

Le climat devient une compétence quasiment exclusive de l’Union associée avec la compétence exclusive en matière d’environnement et d’énergie.

Même l’éducation et la santé échappent désormais à une vision nationale.

Vous vous posez la question : que reste-t-il comme compétence souveraine pour le Président et le gouvernement français ?

La réponse est claire : rien ! Absolument rien ! Surtout si on délègue une partie de ce qu’il reste aux Régions (voulues par les fédéralistes européens pour casser un pêu plus le pouvoir des Etats) !

Un sujet qui mériterait d’être un peu débattu tout de suite, non ?

Non ! On verra plus tard, lorsqu’on en sera au vote de ratification où on essaiera de culpabiliser les ringards qui veulent dire non, sans doute des gens de l'ultra droite nationaliste et sordidement identitaire aux senteurs nauséabondes rappelant les moments les plus honteux de l'histoire. La nazification des opposants reste depuis la fin des années 1920, presqu'un siècle, la méthode habituelle pour faire taire les récalcitrants aux mensonges dominants. 

Emmanuel Macron a déjà fait réaliser ses tracts pour les élections européennes. On le voit en beau jeune homme photoshopé, chemise blanche ouverte à la BHL et sourire ravageur, soutien inconditionnel de l’Europe merveilleuse et avenir de la France. En plus ce sera la zone dégenrée dernier cri et un modèle de liberté pour les LGBTQI+++ dont il rêve. Lui sera celui qui aura assuré la création « enfin » d’un vrai État fédéral européen, où il cherchera à trouver son emploi futur de 2028, en cédant sur toutes les questions « vertes » et Woke ! Son fauteuil dans l’histoire comme père des États Unis d’Europe est à portée de fessier.

Pendant ce temps-là « des ratonnades antifrançaises » continuent de tuer à la ville et commencent à tuer dans les campagnes, pendant que la « rue musulmane » se met à jouer du couteau en bande organisée ou sur initiative individuelle. Un rapport officiel cite qu’il a eu 653 000 victimes sur une période de 5 ans, "parmi lesquelles 18 % déclarent avoir été violentées avec au moins une arme". Et sur "ces victimes de violences armées, 37 % évoquent une arme blanche". On serait aujourd’hui entre 45-50 000 victimes par an !

Presque rien… De simples faits divers. Comme le pillage avec destruction généralisée de bâtiments publics de juin 2023. Un simple épiphénomène qui ne mérite pas qu’on s’y attarde.

Et la récession arrive !

Il est sûr que dès qu'on aura créé un nouvel Etat fédéraliste européen, toutes ces questions disparaîtront comme par enchantement. On expliquera, comme au Canada , que la population indigène traditionnelle blanche dominante empêche l'épanouissement des minorités et que le virilisme tue la planète. Les Etats-Unis d'Europe, petite soeur des Etats-Unis d'Amérique auront bientôt accueilli tous les territoires non encore intégrés, le merveilleux moignon nécrosé d'Etat qu'est le Kosovo, cette erreur et cette horreur, la délicieuse Albanie, plus un reliquat d'Ukraine et de Géorgie. Résistera-t-on à la tentation d'y intégrer le Grand Califat turque ? Si les Etats-Unis insistent un peu, probablement pas.

L'Europe ainsi construite sera en paix intérieure et extérieure. C'est certain !

Avec un peu de chance, la croissance économique aura été totalement détruite par les politiques visant à sauver la terre, la nature et le monde animal. La dénatalité de toute façon aura fait ses ravages. Selon nos propres calculs la population native française (clle dont les aieux étaient présents en 1890, pour fixer les choses) a commencé à baisser quelque part entre 2000 et 2010. En 2050 la France aura donc connu un demi-siècle de baisse. La question est brulante. Elle est laissée totalement hors du champ de la réflexion politique. On notera que dans le projet de création d'une Europe fédérale, il n'y a pas un mot sur la natalité ! 

Enfin l'énorme problème des transgenres, une urgence transcendantale, sera au cœur de l'action politique et des préoccupations des porteurs du bien humain. Comme celui des liminaires.

La France de 2050 qu'on laisse les Bisounours nihilistes nous construire, sera bougrement intéressante.

Est-ce qu'on en gardera le nom ? Pas sûr. La référence aux Francs, ces sauvages portés sur la domination masculine, la beuverie, le barbeuc géant, et la guerre, est douteuse et contreproductive. France et rance, cela rime trop bien. La New Neustrie, ce serait mieux. Cela rime avec neurasthénie. Pas mal trouvé pour un EHPAD géant.

Gouverner, c'est prévoir. Par quel effet de fascination les élites françaises se laissent-elles entraîner dans un pareil avenir ? Et comment admettre que l'on débatte en France de tout sauf de ce qui est réellement important et grave, sachant que les projets mortifères pour notre Patrie progressent à Bruxelles dans le silence tonitruant des politiques français.

La France a-t-elle vraiment comme vocation d'être l'équivalent en Europe du Québec au Canada : une population noyée et dissoute, émasculée et neutralisée, dont la vocation est de se faire oublier ?

Un pays où des dirigeants aussi totalement ineptes et toxiques que Macron et Hidalgo ont été réélus, et où une famille, les Le Pen, servent de repoussoir perpétuel (un demi-siècle déjà) commode, mérite-t-il mieux que le destin qu'on lui prépare ?

Une chose est claire : c'est maintenant que tout se joue.

Il ne faudra pas prétendre qu'on ne le savait pas et que tout est venu par surprise sans qu'on puisse l'anticiper ni l'empêcher. 

L'Union Européenne : une bureaucratie sans limite et dominée par les ONG

Alors que les élections européennes se profilent, l’évolution de l’activité de la Commission et du Parlement européen ne laisse pas d’inquiéter.

Rappelons d’abord que les élections européennes ne sont pas démocratiques.

Une élection démocratique permet aux électeurs d’orienter de façon décisive la politique menée. Les électeurs français ne pèsent quasiment rien dans l’assemblée et la proportionnelle divise les élus en fragments totalement impuissants à faire bouger une question quelconque. De toute façon le programme parlementaire est inconnu au moment du vote des députés européens. Il est quasi totalement entre les mains de la Commission. Les électeurs votent pour des fantômes avec étiquettes. Ils n’entendront plus parler de rien jusqu’aux prochaines élections.

Rappelons aussi que la presse française ne couvre pas ce qui se passe au sein des instances européennes. Les ordonnances sont votées sans que le pays ne soit mis au courant des enjeux. On verra plus tard lors de la transcription. On constate alors le désastre pour la France mais on vous explique que c’est voté depuis longtemps et qu’il est impossible de revenir en arrière.

C’est pourquoi notre cercle demande que les projets d’ordonnance soient discutés, préalablement au vote du Parlement européen, par le Parlement français. Le but est de permettre à la classe politique française de se positionner explicitement sur les questions posées et d’en informer les électeurs français, pas d’entraver le mécanisme européen.

Rappelons ensuite que la notion de subsidiarité, qui a toujours été un attrape-nigaud, a totalement disparu et que les instances européennes se saisissent de tout sujet même très en dehors des champs définis par les traités. Consulter les ordres du jour de l’Assemblée européenne fait dresser les cheveux sur la tête. On y débat de tout et n’importe quoi sans que l’électorat français n’en ait la moindre connaissance. Comme tout est dans tout (et réciproquement) la Commission et le Parlement peuvent aller dans toutes les directions et toujours avec une vision bureaucratique de réglementation.

Rappelons enfin que dans ce magma infâme le rôle des ONG est hyperbolique. ONG et institutions européennes vivent en symbiose, sous la domination des instances de l’ONU et des ONG américaines. Toute l’action de ces lobbies vise à faire rendre gorge à tel ou tel ou à faire « avancer l’agenda » des grandes ONG internationales.

Le Wokisme, l’islamo-gauchisme, l’écolofascisme, s’étalent sans vergogne et finissent par inciter à voter des ordonnances totalement iréniques dans leurs motivations et étouffantes dans la vie courante, dans le cadre d’une idéologie dont les électeurs français n’ont pas à savoir. La communication qui émerge est toujours favorable aux décisions européennes. Les opposants sont des ringards résiduels qui doivent être  évincés par les bons européens conscientisés.

L’Europe est devenue une sacristie ou des curés de papier autoproclamés font de la morale frelatée retranscrite dans des règlements abscons, coûteux et le plus souvent parfaitement inutiles. Que l’Europe soit la zone du monde à la traîne dans tous les secteurs économiques ou autres, ne gêne personne. Le puceau mystique et le Savonarole se donnent la main pour tout étouffer, tout couvrir de moraline, tout empêcher, tout taxer, tout compliquer et pour créer des piloris.

Tout ce petit monde parle anglais, ce qui fait que personne en France ne comprend ce qui se passe au moment où cela se passe.

L’Europe institutionnelle a deux ennemis : les nations et l’entreprise. Tout est donc fait pour les empêcher de nuire… aux institutions européennes.

Voici donc la présidente de la Commission, la navrante imbécile abusive qu’est Mme Van der Leyen qui se croit présidente des États-Unis d’Europe et se permet de saturer les circuits diplomatiques de ses initiatives et propos délirants, sans jamais en référer à qui que ce soit.

Voici donc les Commissaires en folie cherchant à doter les institutions d’une fiscalité qui soit propre à l’Europe et indépendantes des États constituants. La démagogie suinte de toute part. Il suffit de savoir qu’un abruti stipendié propose un impôt de 2 % sur les milliardaires pour bien cerner la qualité de la réflexion. Ne vous inquiétez pas :  l’Europe sera payée par les riches, pas par vous !

Voici donc les Commissaires poussant à l’intégration massive de nouveaux membres : l’Albanie, tellement démocratique, le Kosovo cette rognure de pays arrachée à la Serbie par les Américains en contrepartie d’une base militaire, etc. Et naturellement, il faut intégrer l’Ukraine et la Géorgie et la Moldavie, sans décourager la Turquie, dont le chef prétend diriger l’Oumma contre l’Occident mécréant !

Voici surtout les réglementations de détail contre les entreprises et les particuliers au nom de l’écologie, du féminisme outrancier, de la haine de l’Occident voué à la pénitence, etc.

Si on veut juste avoir une idée des résultats auxquels on aboutît, il suffit de lire les publications européennes sur le Net puisque la presse n’en parlera pas. Prenons l’exemple du CSRD.

Vous ne savez pas ce qu’est le CSRD ? Normal. C’est fait pour !

Plongeons dans cette littérature extravagante :

« Qu’est-ce que la CSRD ?

« La CSRD représente une expansion significative du reporting obligatoire en matière de développement durable pour les entreprises. Jusqu’à présent, l’actuelle directive sur les publications d’informations non-financières (Non Financial Reporting Directive ou NFRD) concernait 12 000 entreprises. Dès son entrée en application à partir de 2024, la CSRD impactera progressivement 40 000 sociétés européennes et 10 000 non-européennes. La directive étendra le périmètre de la taxonomie européenne et obligera les entreprises à communiquer sur de nombreux indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Les objectifs de la CSRD

Pilier essentiel de la stratégie de finance durable de l’UE, la CSRD vise à orienter les flux d’investissements vers les entreprises durables, afin de garantir la réalisation des objectifs du Pacte vert européen (Green Deal), c’est-à-dire :

  • Atteindre la neutralité climatique d’ici 2 050 (objectif zéro émission nette),
  • Protéger et restaurer les écosystèmes,
  • Passer d’une économie linéaire à une économie circulaire
  • Parvenir à zéro pollution au sein de l’UE.

Le niveau d’investissement durable requis pour atteindre cet objectif ne peut être atteint que si les gestionnaires d’actifs et les banques disposent de plus d’informations sur les performances en matière de développement durable des entreprises dans lesquelles ils sont susceptibles d’investir. C’est sur ce point que la CSRD entre en jeu, en créant un socle de reporting complet, transparent et uniforme au niveau de l’UE pour les entreprises. Ce cadre contraignant s’appuie sur des référentiels internationaux, tels que la TCFD, le CDP et la taxonomie de l’UE, trois sujets sur lesquels EcoAct possède une expertise approfondie. »

Le prototype d’un monstre bureaucratique, bourré d’acronymes, aux intentions presque divines et impossibles à mettre en œuvre sans frais délirants dans les entreprises, obligés de passer par des sociétés d’audit aux tarifs extrêmement élevés et faisant partie des lobbies en place à Bruxelles.

Coût pour une PME : au minimum 60 000 euros ! Naming et shaming pour celles qui résistent. Pour les institutions financières, prison si on finance des projets non admis par les écologistes professionnels et leurs ONG. Et évidemment des amendes gigantesques collectées au profit des institutions européennes.

Qui a voté pour ce magma sordide d’intérêts privés croisés avec ceux des ONG et des fonctionnaires européens ? Qui a voté pour ce climat de haine et de surveillance ? Qui a voté pour cet étouffement ?

L’Europe vous protège ! Elle laisse des militants et des fonctionnaires étouffer les nations et leur économie dans une totale impunité. Il n’y a jamais de vote populaire pour empêcher ces délires.

À la télévision vous ne verrez sur les chaînes publiques qu’un défilé de zozos acquis à la cause qui expliqueront leur émerveillement devant les contraintes imposées aux entreprises. Ils n’y ont en général jamais travaillé. Les femmes représentent plus de 80 % des invités, allant de la starlette propagandiste du bien révélé et de sa petite personne, à la vieille militante usée sous le harnois des revendications perpétuelles contre les méchants patrons. S’il doit y avoir débat, ce sera la vieille règle socialiste : trois pour et un seul anti marginalisé. Voir dimanche dernier sur Euronews : trois femmes pour un pauvre type réduit à la portion congrue et châtié par la meute. Évidemment l’organisatrice du débat pousse du bon côté contre le vilain. Tout cela avec nos impôts naturellement. Et en anglais.

Le plus drôle, c’est qu’après avoir sévi à la Commission, certains commissaires tirent leur révérence pour candidater dans leur pays avec l’aura de l’Europe. Timmermans a asservi son poste de commissaire à l’obligation qu’il se faisait d’amadouer les Verts néerlandais pour devenir président du conseil ! Le voici en campagne ! Et allez tous vous faire voir chez Plumeau. Moi d’abord !

On a donc tout : l’absence de démocratie ; la soumission aux États-Unis et aux ONG ; la haine de la démocratie et du débat au profit d’un faux bien intégré dans une bureaucratie inlassable et féroce, plus le délire de la personnalité comme avec Mme Van der Leyen, plus les petits calculs politiciens.

Tableau !

L’électeur français dans tout cela ? Essayez de demander à un député européen ce pour quoi il a voté ! La plupart du temps il n’en sait même rien. La place est chiante mais financièrement fantastique. Alors vite à la soupe !  Quelles rémunérations ! Partiellement détaxées qui plus est. Quelle retraite !) on va crier au miracle européen pour être réélu (pardon : pour être renommé via la direction de son parti, chargée du nantissement des privilégiés de l’équipe dirigeante).

L’Europe  est dirigée de facto par des militants dont les querelles sont transformées en bureaucratie par une armature de fonctionnaires européens et une « coupole » de hauts fonctionnaires français ayant pris le pouvoir en famille, toujours au détriment de la France qui travaille et qui se voit assommer de règles contradictoires et d’obligations de preuves de soumissions aux oukases de Savonarole, et aussi de frais colossaux, de menaces diverses etc.

On ne calcule jamais les conséquences en termes d’emplois et de rémunérations et de fiscalité, et de dynamisme etc.

Des obligations cadencées sans aucune étude d’impact : voilà la méthode. Et des obligations déclaratives associées à des sanctions ubuesques.

Le bourgeois et l’entreprise sont essentialisés comme mauvais par nature et devant être enchaînés au bien commun par l’impôt, les réglementations et les dépenses contraintes, sous menaces de piloris, de sanctions financières et de répressions plus brutales comme la prison.

Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron qui, seul, a le pouvoir de s’opposer ou de faire évoluer les élucubrations européistes, soit directement soit par l’action gouvernementale, se tait sur tous les sujets concernés et laisse faire quand il ne va pas faire des génuflexions appuyées devant la Cour de Justice ou la CEDH.

Il fait distribuer actuellement  sur les marchés un tract sur lequel on le voit en jeune homme souriant adulé par les foules avec comme titre : l’Europe qu’on aime ! Celle qui s’occupe des femmes, de la nature et de la santé et qui protège les frontières.

Ahurissant comme la vérité ou la réalité n’existent pas pour ce garçon. On se cale dans une image et c’est tout. Et on explique que c’est une image sainte. Oser dire que l’Europe lutte contre l’immigration et qu’elle protège nos frontières, qu’elle garantit notre sécurité en Ukraine, que 40 % du plan de relance est financé par l’Europe (La France va payer ces 40 % plus une cinquantaine de pourcents supplémentaire au profit des autres), tout en se flattant ouvertement qu’elle promeut une zone LGBT, certainement cruciale pour la réputation de la France. L’ennui des postures c’est qu’elles interdisent les actions nécessaires. Macron cède donc sur tout en Europe comme il ne cesse de ménager la chèvre et le chou en France.

Du coup le slogan « Une France plus unie dans une Europe plus forte » est un véritable oxymore. Jouer les têtes à claques avec cette constance est tout à fait remarquable !

On voit tous les jours les tranchées béantes de la division intérieure, aussi bien avec les horreurs de juin 2023 qu’avec la poussée antisémite actuelle, contre laquelle E. Macron n’a pas voulu manifester.

Quant à l’Europe, elle est devenue le continent malade et à la traîne, avec en son sein, une France démolie qui n’est championne que des prélèvements obligatoires et des contraintes ahurissantes. Dans une ambiance de retour aux guerres de religion. Quel bilan !

Et tout ce petit monde va droit à la récession en chantant et en expliquant que ceux qui klaxonnent sont des vilains et des méchants.

On s’étonnera sans doute que l’abstention soit record lors des prochaines élections européennes. On ne s’étonnera pas que l’élection n’ait servi qu’à préparer la bataille entre RN et LREM, avec une victoire valorisante pour le RN, qu’on devait remiser dans les poubelles de l’histoire.

Pourquoi nier que tout cela est misérable et honteux ?

Quo non descendam ? Le projet macronien résumé en une phrase.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

PS : Pour les curieux, nous donnons ci-dessous l’adresse web de l’ordre du jour de l’Assemblée européenne pour cette semaine.

Rappelons que l’objet principal de la création du marché commun était de créer une zone de coprospérité permettant de performer par rapport aux autres continents.

https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/OJ-9-2023-11-20-SYN_FR.html

On notera en particulier qu’on va discuter de la modification des traités telle que l’envisage la Commission.  Pas un mot en France, pas un débat alors que l’affaire est critique. La seule chose qu’ont retenu les médias dominants : le rejet de l’interdiction du glyphosate, rendu obligatoire par la réaction ferme des états agricoles en particulier la Hollande, mais évidemment sans aucune action de la France. Macron et Borne sont silencieux. Les partis politiques français regardent ailleurs.

Le dernier livre d’Henri Guaino : forces et limites

« À la septième fois les murailles tombèrent ! » Le titre du dernier livre d’Henri Guaino (aux Editions du Rocher) est excellent. Il correspond au contenu du livre et crée une inquiétude de départ propice à mettre le lecteur dans une attente fébrile. On aurait pu également choisir : au bord du gouffre ; il est moins une ; dernière station avant l’apocalypse, Les derniers mètres du Titanic…

Le livre décrit et dénonce l’effondrement permanent du pays depuis des lustres et veut avertir que si on continue sur cette lancée, la disparition de la France comme nation, comme grande puissance et comme vecteur universel de civilisation va disparaître à très court terme.

Conjurer l’effondrement définitif, voilà l’ambition.

Après avoir lu le livre nous avons relu le commentaire que nous avions fait d’un grand article du même Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, en plein dans les suites de la crise de 2008 et de son surgeon proprement européen de 2011. Formidable : rien n’a changé. Même discours et mêmes critiques.

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2011/9/9/Larticle-dHenri-Guaino-dans-le-Monde-du-9-septembre-2011

Henri Guaino a cette caractéristique d’être un Gaulliste non pas de gauche mais qui refuse de solidifier l’aventure dans une affirmation uniquement droitière. Il considère que la création de la Cinquième République, privée de ses dépendances extérieures et rattachée au projet global Européen, est une pensée civilisationnelle où le rôle de la France aurait pu et dû être magnifié. Il constate 65 ans après que le pays est devenu une collection de territoires, qu’il n’y a plus de nation, que le recul économique est évident, que l’Europe s’est écartée du schéma français et a écarté la France de son schéma, que la mondialisation est devenue une tiers-mondialisation de la France, que partout le pays perd pied et que l’ambiance est mortifère.

Il suggère que la cause principale est l’esprit de table rase complété par une approche comptable des questions étatiques. Au lieu de bâtir sur les acquis, on veut tout détruire pour faire autrement. La longue litanie des « tables rases » engagées est la meilleure partie du livre. Ce n’est pas une approche « conservatrice » mais un rappel précieux à concilier le passé et la modernité.

Pourquoi les élites françaises ont-elles cédé aux sirènes de la table rase, partiellement prônée par le « cercle de raison » portant les idées médiatiques dominantes ? C’est là que l’analyse reste faible.

Le rôle délétère des crises économiques et financières, dont le mécanisme n’est pas réellement expliqué, n’est pas compris par Henri Guaino. L’organisation foireuse qui les provoque n’est pas de caractère idéologique mais tient entièrement à la domination américaine. Elle ne ressortit pas de la philosophie mais des relations de force géopolitiques. Si on ne comprend pas que les déséquilibres majeurs de balances de paiements, avec des déficits et des excédents ahurissants, conduisent automatiquement à une financiarisation désastreuse qui travaille pour elle-même sans orienter l’épargne vers l’investissement productif, que les bulles financières artificielles ont vocation à exploser, et que le sous-investissement implique la déchéance des services publics, le déclassement de la classe moyenne, et des poussées de dettes extravagantes, on ne sait rien proposer pour en sortir.

Henri Guaino recentre alors ses critiques sur « l’approche comptable » qui veut que l’on déshabille l’état et qu’on réduise son rôle social. Il reprend la critique du néolibéralisme qui a triomphé avec Reagan et Thatcher et a dominé le monde. Mais il ne veut pas trop se mettre du côté des économistes atterrés et des socialistes antilibéraux. Alors on parle d’approche comptable et on dénonce l’obsession de la droite à vouloir réduire le rôle de l’État. On retrouve le discours que veut incarner Aurélien Pradié : ne pas oublier le social et ne pas se présenter seulement sous la forme d’un rabot antisocial.

Henri Guaino refuse de voir que la fusion des hauts fonctionnaires d’état et de l’élite politique en une caste homogène préoccupée, de plus en plus en famille,  à consolider et étendre ses privilèges, a entraîné à la fois une hausse terrifiante de la dépense publique et la déréliction des services, au profit d’attributions d’avantages divers sans cesse plus généreux à des clientèles sans cesse plus nombreuses. Quand on ne veut pas voir cette réalité, presque tout le reste vous échappe. Il suffit d’écouter un Macron pour voir qu’à chaque sortie il annonce une nouvelle dépense, un nouveau cadeau au peuple, une nouvelle promesse qui ne sera pas tenue de baisse des impôts. La bureaucratie a tout envahi depuis que le couple Giscard-Chirac a pris le pouvoir et l’Enarchie compassionnelle avec eux.

Le poste de premier Ministre est un poste administratif. On y est nommé après une direction de société d’autobus et avant de trouver une autre sinécure. On a ainsi swappé le poste de premier ministre et celui de président de la RATP entre Borne et Castex, sous la houlette de l’énarque Macron et de son conseiller énarque.

La justice n’est plus « républicaine » et s’est autonomisée. Mais Henri Guaino ne comprend pas et ne nomme pas le mal. Le justicialisme est une doctrine et une pratique qui devrait être criminalisée et extirpée. Ici, pas de solutions ni d’analyses. Simplement des constats.

Le livre de Guaino est comme un torrent au milieu des rochers, et on le descend en canoë en évitant avec la pagaïe de se noyer. Mais il n’a pas d’introduction, de développement et de conclusion. On est dans le commentaire, pas dans l’action. Bien sûr on peut espérer que les commentaires déclencheront une réflexion salutaire, mais sans points d’appui programmatiques, on voit mal comment.

La vraie bataille, pour le camp politique dans lequel Henri Guaino bataille, est programmatique. Qu’est-ce qu’on doit faire ? Quelles forces contraires doit-on vaincre et comment ? Quelles sont les grandes actions pilotes capables de bloquer la descente aux enfers ?

N’espérez pas trouver dans le livre des éclaircissements précis sur ces questions vitales.

On retrouve les lacunes de l’article de 2012 alors que l’auteur conseillait Nicolas Sarkozy.

Sans programme précis et sans porter le fer sur des tares bien identifiées, il ne se passe rien.

Compilation n'est pas raison et encore moins action.

Le livre d’Henri Guaino participera peut-être à une meilleure prise de conscience qu’on se laisse entraîner au gouffre par passivité intellectuelle et refus de réagir. Mais il n’aide pas vraiment à reformuler un projet concret pour redresser la France.

Dommage !

 

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile.

 

Soliloquer sans comprendre

Moraliser sans apprendre,

Est une oeuvre de curé

élégamment désespérée.

Prophétiser mais sans agir

Anesthésier sans  ouvrir

N'est pas oeuvre de médecin

et laisse aller le destin.

 

Comment on empoisonne la vie des Français et on souille la République

Sans vergogne

Alors que partout dans l’édition et les médias le constat de la déchéance de la France se généralise, après avoir banni toute exposition publique de propos d’alerte sur le sujet pendant des décennies, nous voyons tous les mécanismes de cet effondrement en pleine action autour de nous. Contentons-nous des messages diffusés aujourd’hui 7 novembre dans les médias français.

Message 1 : le Parlement européen discute de la pénalisation des hommes surpris à coucher avec une prostituée. La putain est une victime qu’il faut laisser tranquille (si elle déclare bien ses passes). L’homme ? Un délinquant sexuel qui viole la prostituée en lui imposant par la force de l’argent l’occasion de sa déchéance.

Avons-nous créé l’Union européenne pour traiter de ce sujet et élaborer des traités en ce sens ? Nullement. Le débat n’aura pas lieu en France. Selon les circonstances et le poids des lobbies féministes en Europe une décision sera prise à Bruxelles que les Français devront appliquer. Mme Van der Leyen est féministe anti mâle blanc hétérosexuel, et considère que son rôle est de pousser ses préjugés personnels.

On voit le mécanisme : circuit court entre lobby et eurocrates ; législation coercitive ; les tribunaux chargés de sanctionner ; les associations ont le droit de poursuivre. Manif, propagande, entrisme dans les organismes extra-nationaux, poursuites judiciaires inlassables, récupération d’argent par des pseudos dommages et intérêt, nouvelle loi, nouvelle couverture médiatique etc.

Message 2 : À partir du 6 novembre, les femmes travaillent gratuitement !

Tout est faux dans ce message. Il ne s’agit que de communication mensongère, partisane et polémique mise ne place pour son efficacité, une fois de plus par un groupe féministe agressif. Le mécanisme : faire de la femme une victime et de l’homme un salaud. Cette présentation est totalement mensongère. Il n’y aurait scandale que si à travail égal les femmes gagnaient moins que les hommes et ce n’est pas le cas. Quand on note une différence de salaire, le travail est en général différent et quand il ne l’est pas, il n’est pas effectué de la même façon.

Au temps des grandes salles d’ordinateur les meilleurs salaires étaient versés aux pupitreurs qui acceptaient de travailler de nuit le samedi et le dimanche. Les pupitreurs étaient les salariés les plus riches de parfois de trois à quatre trois fois, par rapport à une perfo-vérif. qui ne travaillait que six heures par jour compte-tenu des poses. Mais ils gagnaient aussi deux fois plus que les programmeurs de base. Que penserait-on d’une association de programmeurs mâles expliquant qu’ils travaillent gratis depuis le premier juillet, au prétexte d’un rapport d’un à deux avec les rémunérations moyennes des pupitreurs ? Le groupe passerait pour une bande d’imbéciles. Le sexe ne change pas le qualificatif.

Colporter inlassablement des moyens de propagande basés sur des mensonges ne gêne absolument personne dans la presse et les partis politiques en France.

Message 3 : Écart de rémunérations entre les vieux retraités et les jeunes. Une brochette d’abrutis que l’on ose qualifier d’économistes, décide de faire du Picketty et de la sociologie du revenu et propose au nom de la lutte contre les inégalités qu’on laisse l’inflation baisser les retraites des plus vieux. Ils proposent d’abandonner un groupe de Français au profit d’un autre sur la base d’une différence qui ne peut s’apprécier que si on en connaît les ressorts. Évidemment on se contente de donner les faits bruts : il y a différence. Mais si vous prenez les deux footballeurs professionnels les mieux payés, ils gagnent plus que les deux meilleurs espoirs amateurs cadets du club. S’appeler économiste et déclarer la bouche en cœur qu’il faut transférer 10 % du salaire des uns aux autres, cela vous ferait traiter de dingues dans tous les clubs de supporters. Et pourtant un groupe de nigauds osent et leur parole abjecte et absurde prend son envol dans tous les médias.

Message 4 : La construction du mensonge. Une chaîne publique entend montrer les terribles méthodes des fabricants de mensonges mondialisés. L’émission est le parfait exemple d’une construction de mensonge doublé d’une recherche de complotisme imaginaire. Pas une fois la parole est laissée aux décriés « climatosceptiques » une race honteuse d’hommes dévoyés et aux mauvaises intentions affichées. Y a-t-il des interrogations légitimes sur telle ou telle partie de la doxa imposée par le GIEC avec le relais d’associations et de lobbies. Aucune. Tous les vrais scientifiques sont d’accord à près de 100 %. Sur quoi ? On ne sait pas. Les non convaincus sont d’ignobles individus, des vendus, des sots, des marginaux sordides. Les procès de Moscou sont revisités, les jolies illustrations en plus.

On ne pouvait qu’admirer l’ignominie satisfaite de toute l’équipe qui s’est fourvoyée dans le sordide avec délectation.

Message 5 : Un article du Figaro signale que le gouvernement et la haute administration sont extrêmement contents de mettre en œuvre le « name and shame » proposé par les excités américains. Rappelons que le nom français est pilori. Choisir de faire monter sur un pilori ceux qui ne suivent pas vos consignes est typique du maoïsme le plus débridé. Retour à la « révocu » chinoise et ses horreurs. Et tout le monde semble content. L’abjection triomphe. On l’avait déjà montré dans notre article sur le « décret tertiaire. »

Message 6 : l’expérience menée par le gouvernement destiné à utiliser les compteurs Linky pour s’introduire dans la vie des familles et réduire subrepticement leur consommation électrique est présentée comme une technique heureuse et bienfaisante alors qu’il s’agit de facto d’une violation de domicile !

Voici comment on tue la souveraineté, la démocratie, l’intelligence, l’économie, le respect de la sphère intime et qu’on effondre une nation autrefois libre et souveraine.

Tous les jours. Matin, midi et soir.

Ainsi va la France, de mal en pis.

Il y a des trous dans les mémoires politiques de Franz Olivier Giesbert

Disons-le franchement : jamais nous n’aurions créé le Cercle des Économistes e-toile si nous n’avions pas tous le sentiment en 1997-1998 que nous allions sombrer pour de bon si la politique française ne changeait pas de cap immédiatement. Clarifier les causes de l’effondrement qui s’est accéléré dans les 25 ans suivants a été le fil rouge de ce site. Aujourd’hui, plus personne ne conteste l’effondrement. Il est vrai qu’il touche tous les domaines.

Un des obstacles qui ont empêché la prise de conscience nécessaire a été la grande presse, dont FOG a été un des acteurs les plus notables, mais qui a participé au désastre presque malgré lui. On ne peut pas faire une grande carrière sur fond de catastrophe, sans en avoir été au moins un peu le complice.

Aujourd’hui il se fait le chroniqueur de l’effondrement, du fait de la place d’observateur privilégié qui a été la sienne. Sans s’en rendre compte, il finit par cautionner les causes des conséquences qu’il fustige.

Le cœur de l’affaire, est sa volonté de ne pas remettre en cause le système de caste qui s’est mis en place, l’énarchie compassionnelle et bienveillante, comme nous la baptisons ici, qui est un des trois causes majeures de notre glissade délirante, avec la tiers-mondisation heureuse et les désordres monétaires internationaux, sur fond de crise démographique nationale et d’abandon de notre identité, autonomie et originalité au sein de l’Euroland.

La capture de longue durée du pouvoir politique par la caste des hauts fonctionnaires, une spécificité exclusivement française (elle est interdite partout ailleurs) n’a pas été la cause unique de la déchéance mais un de ses facteurs nécessaires. Le haut fonctionnaire, étatiste (on dit keynésien) et socialiste (ont dit : arbitre neutre de la société) ne sait que réglementer, subventionner et imposer. Il cultive la dépense publique et la dette. Que nous soyons noyés par la bureaucratie et leader mondial de la fiscalité et de la dette 50 ans après que le couple Giscard-Chirac a inauguré le cycle de domination totale de la vile politique par l’énarchie n’est pas surprenant.

FOG a été le complice de cette prise de pouvoir. Son interview dans le FIGMAG du 27 octobre le prouve à chaque ligne ou presque.

« Pour Rocard et pour Juppé, j’ai beaucoup de considération. C’étaient des hommes d’Etat ». Justement non ! C’étaient des petits mecs qui se sont vus plus grand qu’ils n’étaient et qui ont fait beaucoup de tort au pays. Juppé crée le numerus clausus médical qui explique largement la situation actuelle de la médecine. Rocard a soutenu toutes les sottises et a profité de la haute conjoncture lorsqu’il était ministre pour accabler le pays de dépenses et d’impôts, dans l’imprévision la plus totale des conséquences qui ont été tragiques lors de la crise de 92-93.

« Lionel Jospin avait beaucoup de qualités à commencer par une réelle intégrité ». En gros s’il a été tragiquement destructeur c’est à cause d’Aubry. Tout cela est complètement faux. Lionel Jospin était un terrible aigri dans sa jeunesse, du fait de la collaboration de son père au régime de Vichy et son serment à Pétain. Il vomissait à 20 ans le bourgeois et l’héritier. Il ne jurait que par Henri Krasucky. Et il militait en secret dans la mouvance trotskiste, preuve d’une malhonnêteté de fond : il lui fallait se cacher pour devenir haut fonctionnaire. Rocard s’est lui vanté d’avoir porté les valises du FLN sous le nom de Servet. Pour la réelle intégrité on repassera !

La seule chose qui motivait le jeune Jospin était la revanche sociale et la preuve de sa prédestination. Les 35 heures avaient pour but d’en faire au moins le Blum des temps moderne. Là où Blum symbolisait les congés payés, Mitterrand la retraite à 60 ans, il y aurait Jospin et les 35 heures. Les 35 heures ce n’est pas Martine Aubry, mais Jospin, en recherche d’un acte symbolique fort pour se présenter aux Présidentielles. Il n’a pas compris son échec. Et il remâche sa déception en mangeant du homard au restaurant du Dôme, en jouissant de son appartement de luxe dans un hôtel particulier de la rive gauche et en allant dans sa maison à l’île de Ré. Bourgeois : « regarder mon mérite ! Je suis comme vous mais pas par héritage. Mais tout l’argent avec lequel je vis est celui de vos impôts et le pactole est sérieux vu tout ce que je cumule ».

Décidément pour l’intégrité on repassera.

Mitterrand est le prototype du pourrisseur. Il a tout pourri autour de lui et en particulier le socialisme. C’est son plus haut fait d’armes. Le programme commun de gouvernement était une horreur autant qu’une erreur. Exemple achevé du séducteur catastrophique pour qui se laisse piéger, il piégera FOG qui ne s’en est toujours pas remis. Il n’y a rien à sauver du Mitterrandisme. Le seul bénéfice que lui trouve la gauche est qu’il a peuplé tout l‘appareil d’état de socialistes qui le tiennent encore aujourd’hui, souvent en famille.

« Comment ne pas aimer Chirac ? » affirme FOG. On est passé de Facho-chirac au Grand Méchant Mou sans transition autre que l’ambition électoraliste. Il a fait élire Mitterrand, ce qui n’est pas particulièrement réjouissant et une fois au pouvoir à Paris, il s’est comporté en satrape inactif. À l’Élysée, il a renoncé à toute action corrective, choisissant des premiers ministres sans intérêt : Juppé qui l’enverra dans le décor avec la dissolution et les grandes grèves de la SNCF, Raffarin qui ne fera rien (Raffarien) et Villepin qui fera un discours à l’ONU sur demande de Chirac et mettra tout le monde dans la rue avec un Smic-jeune, bureaucratique et inconscient. On retrouvera cela avec Philippe et les Gilets jaunes.

FOG veut « réévaluer » Sarkozy et Hollande. Bon courage !

Sarkozy, alerté par nos soins de l’imminence d’une énorme crise économique à venir, a préféré crier que la croissance avec lui aller retrouver des nombres à deux chiffres ! Crétinos ! Il a fait venir Kouchner aux affaires étrangères, pour quêter un peu de soutien socialiste et pomper un peu de sa popularité médiatique frelatée. Zut, c’était le prototype de l’antigaullisme. On verra dans une affaire sordide qu’il était d’un métal plutôt répugnant.

Quant à Hollande ! Il s’est cru malin et il n’a été que ridicule.

Dans les deux cas il n’y a rien à réévaluer.

Quant à l’Europe : « Je ne me reconnais pas dans l’Europe de Charles Michel et d’Ursula van der Leyen. Elle est devenue un oxymore : une passoire dirigiste ».

Mais la faute à qui, cher FOG, sinon à la brochette de vos déplorables amis, dont Emmanuel Macron symbolise à lui seul tous les défauts cumulés et la marche vers l’effacement français définitif ?

« Il me semble qu’il n’y a jamais eu autant d’ectoplasmes et de zombies dans le paysage que sous Macron ». C’est vrai mais vous ne dénoncez pas l’essentiel : le triomphe de la caste des intouchables hauts fonctionnaires qui bloquent désormais toute entrée civile dans le monde politique exécutif.

Le plus drôle est que ce numéro du FIGMAG donne une parfaite illustration des méthodes de la caste énarchique. On y trouve un panégyrique saugrenu de Mme Pannier Runacher qui a été dépassée dans toutes les fonctions qu’on lui a confiées et s’en ait sorti en flottant comme un bouchon sur les vagues successives. Fille de haut fonctionnaire bientôt énarque comme il se doit, elle fait une carrière immédiate dans les cabinets ministériels. Tout d’un coup un article élogieux dans le Point attire l’attention du microcosme sur la prochaine élévation de la gamine. Et la voici secrétaire d’État puis bientôt ministre. L’article du Figaro annonce de nouvelles promotions.

L’exemple témoigne de l’intimité entre média et la classe politique. FOG, sans s’en rendre compte, pousse la démonstration à des sommets amusants.

Le moment est au triomphe des « filles-de », issues de la classe dirigeante socialiste et si possible énarchique : Aubry, Wargon, Runacher, Touraine, Parly 2, après la grande période des épouses et des maîtresses. (Hidalgo, Ségolène,…), Toutes ces demoiselles ont eu très tôt des rémunérations exceptionnelles de 300 000 à 1 million d’euros par an. Le cumul des statuts divers garantit des retraites pharamineuses.

Allez : Papa et Maman sont contents !

Pendant ce temps-là, la France s’effondre.

Oui, il y a des trous dans les mémoires de Franz Olivier Giesbert, témoin privilégié de la tutelle exercée par le pouvoir sur les grandes carrières journalistiques (qui ne sont possibles que si elles ont commencé à gauche).

 

 

Après le serpent monétaire, le serpent énergétique. Il est venimeux

En bourse, des contrats pour différence (CFD, pour « contract for difference » en anglais) sont des instruments spéculatifs à très court terme, utilisables avec des taux de levier réglementés. Ils sont très dangereux et interdits de publicité vers le grand public.

Ayant soudain découvert que fonder les prix de l’énergie et en particulier de l’électricité sur le cours volatile du gaz n’était qu’une totale folie lorsque tout le gaz est importé et dépends de la situation géopolitique, provoquant en France et en Europe à l’occasion le chaos dans l’industrie et les finances des ménages, la Commission vient d’organiser une concertation avec les Etats membre pour mettre en place une solution pérenne qui corrige les défauts du système. Il faudra avoir attendu trois ans de destruction industrielle et d’inflation énergétique avant que la solution entre en application en 2024.

L’Union européenne c’est lourd et c’est lent. Tant pis pour les dégâts ! À une époque qui ne jure que par l’agilité, cela fait un petit peu dérisoire. Mais bon !

Le cœur de la solution est également des CFD mais radicalement différents des CFD précédents. Il s’agit d’un « serpent énergétique » qui canalise les prix à long terme tout en laissant le marché fonctionner dans le tunnel de prix définis.

On est passé d’un système fondé sur le gaz à une usine à gaz bureaucratique.

Elle a pour but de conserver à la Commission un rôle de surveillant général plus puissant que les Etats, aux Allemands de contrôler le prix de l’énergie français, aux Français de sauver leur parc nucléaire et les prix bas à long terme qu’il peut favoriser. Surtout le lobby des Enr (énergie renouvelable) voulait conserver son système de subvention publique qui est sine qua non pour son existence. Autant dire qu’on s’est lancé dans une entreprise d’une grande complexité dont personne ne sait si elle sera favorable à la France, même si l’Exécutif crie à la victoire éclatante. Le Parlement européen où l’Allemagne et les lobbies des Enr dominent, peut encore changer la donne.

Quelle est la réalité française ?

Depuis le gouvernement Jospin l’industrie nucléaire a été saccagée et sa production réduite drastiquement par différents procédés. Ces 25 ans perdus sont désormais irrattrapables avant la fin prévue des centrales nucléaires existantes qui toutes risquent d’être à l’arrêt avant 2 050. La France est donc dans la situation de 1973 : construire une cinquantaine de centrales d’ici à 2 050 pour retrouver la capacité de produire au moins 500 Twh d’électricité. À l’époque la France était encore autonome et pouvait exercer sa souveraineté en faisant financer par l’Etat et les marchés financiers cet énorme investissement. Aujourd’hui elle est sous tutelle de la Commission qui le lui interdit. Que l’Etat paie pour les centrales nucléaires est considéré comme une distorsion de concurrence ! L’Allemagne ne veut plus que la France tire bénéfice de son investissement nucléaire. Les écolo-politiques et les lobbies veulent que tout l’argent public aille aux Enr.

Comme tout le monde le sait aujourd’hui, les Enr sont des énergies intermittentes et désynchronisées structurellement avec la demande. On ne produit pas nécessairement quand les besoins sont au maximum et on produit éventuellement beaucoup quand la demande n’est pas là. Le prix spot de l’énergie produite par les Enr peut être négatif car il faut payer pour s’en débarrasser ou flamber lors d’un pic de consommation. Et cela heure par heure et presque minute par minute.

Faire coexister une énergie de long terme, pilotable assez lourdement tout de même (les centrales nucléaires sont moins pilotables que les centrales à gaz), qui peut satisfaire tous les besoins dans le cadre d’une politique de prix stable à long terme, avec des Enr dispersés fournissant de l’énergie de façon anarchique et découplée des besoins, dont la valeur peut devenir négative, est, disons, un défi.

Les investisseurs ne veulent y aller, dans les Enr, que si la rentabilité est garantie par l’état. En France certains groupes ont fait fortune sur ces marchés administratifs totalement déconnectés des marchés et des besoins. On produit moins d’électricité que de pognon pour les investisseurs autorisés à être dans la boucle.

En l’état, la France sera incapable de satisfaire ses besoins énergétiques en 2 050 et tout le monde s’accorde à dire qu’il lui faudra mettre en œuvre comme en Allemagne des centrales à gaz pendant deux ou trois décennies pour faire la soudure ! On s’est moqué de l’imprévision allemande mais de facto nous sommes dans la même situation. Du coup, la question de la recherche et de l’exploitation de gaz de schiste en France devient un enjeu. Chut !!!!

La France aurait pu comme l’Espagne et le Portugal sortir du système de prix européen dès les difficultés si E. Macron n’avait pas fermé Fessenheim. On aurait alors appliqué un prix fixe pour 80 % de notre approvisionnement et un prix de marché encadré pour 20 %. Et on n’aurait investi à notre guise pour remplacer rapidement notre parc nucléaire afin d’être près en 2 050.

Au lieu de cela Emmanuel Macron a voulu jouer à fond la carte européenne, contre l’intérêt des Français et après avoir détourné des ressources rares dans le plan de relance européen qui est bien parti pour coûter des dizaines de milliards au pays, il se met sous tutelle pour relancer le parc des centrales nucléaires. Tout en accélérant dans la construction d’éoliennes de plus en plus problématiques et attentatoires à la vie des fronts de mer et des campagnes.

La conséquence est et sera un appel continuel à la sobriété des Français dont on exigera par tout moyen qu’ils limitent leur consommation d’énergie. Pendant au moins un quart de siècle !

Le malthusianisme violent et moralisateur va croître embellir. Il portera atteinte aux entreprises comme aux particuliers et sèmera les faillites et la régression des acquis civilisationnels de la croissance, tout en limitant un peu plus l’exercice autonome de la souveraineté française, les libertés et la propriété.

Pas de quoi battre des mains et se réjouir. Tout cela est catastrophique.

Climat : la fabrique de l'hystérie

Un exemple caractéristique

Pour ceux qui veulent se faire l’idée la plus précise possible de l’état de la science, la vraie science, celle qui explique, qui mesure, qui reproduit ses résultats, sur la question de la responsabilité du CO2 dans les mouvements climatiques qui se produisent actuellement, il est intéressant de se confronter aux explications qu’on trouve sur la toile et qui prétendent représenter l’état de la science sur la question.

On s’aperçoit alors que la forme de ces articles est à peu près toujours la même : citation de sources scientifiques en apparence très sérieuses ; description d’un danger imminent qui va devenir inéluctable si… ; emploi d’un vocabulaire terrifiant : points de bascule ; situation mortelle définitive. On ne donne aucune démonstration mais on abuse des arguments d’autorité. On précise aussi assez souvent le besoin pressant de mettre plus d’argent au pot pour bien comprendre car plus on sait, mieux on constate… qu’on doit être inquiet.

Le lecteur sort de l’aventure soit scandalisé par cette forme de propagande idiote, soit terrifié. Mais l’affaire n’a pas avancé d’un pas.

Prenons par exemple le site Futura-sciences et l'article "réchauffement climatique : ces 27 boucles de rétroaction nous rapprochent du point de non-retour".

Le titre est paniquant : nous nous rapprochons du point où tout sera foutu. Aie ! Aie ! Aie !

Le mot introductif marque bien l’enjeu :

« Les experts s'accordent à le dire. Sauf à réussir à diviser nos émissions de gaz à effet de serre de moitié d'ici 2 030 et à atteindre le zéro émission nette en 2050, nous n'aurons que 50 % de chance d'atteindre l'objectif fixé en 2015 par l'Accord de Paris sur le climat de limiter le réchauffement climatique anthropique à +1,5 °C au-dessus des températures préindustrielles. »

Arguments d’autorité : « les experts s’accordent à dire ».

Argument moral : on n’aura pas tenu nos engagements.

On confirme aussitôt :

« Si l'on sait qu'une réduction des émissions de gaz à effet de serre est urgente, pour le moment aucune décision ne s'oriente dans ce sens. Les alertes sur les dangers du réchauffement climatique continuent cependant. »

Les émotions clés que l’on veut susciter :

Sentiment d’urgence

Insouciance du danger

La science confirme.

Nous sommes donc des fous inconscients devant un danger mortel imminent. Alors qu’on n’a encore rien lu !

L’article continue : des chercheurs ont publié dans One Earth (?!) une étude où « Ils ont compté 27 phénomènes qui tendent à aggraver le climat, et pourraient nous rapprocher plus vite que prévu des points de non-retour. »

Pas un phénomène, ni deux. Pas moins de 27 : tous aux abris !

Car la suite, c’est « le non-retour ». La mort, quoi !

Mais ce n’est pas tout : beaucoup d’entre ces boucles sont des points de « basculement ». La mort, oui mais encore plus vite que vous ne le croyez !

« Des points de basculement, devrait-on sans doute plutôt dire. Selon le Giec, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, ils correspondent à des « seuils critiques au-delà desquels un système se réorganise, souvent brutalement et/ou de manière irréversible ». Comprenez que, lorsqu'ils sont franchis, ces seuils déclenchent des bouleversements à grande échelle et potentiellement irréversibles pour une région particulière du système terrestre. L'analogie proposée par Carbon Brief est intéressante. Un point de basculement, c'est un peu comme lorsque vous finissez par retirer la mauvaise brique d'une tour au Jenga. Tout s'effondre ! »

Le lecteur est un débile inconscient et il faut bien lui expliquer les choses : basculement cela veut dire effondrement. Revoilà bien la mort inéluctable. Si vous ne saviez pas ce qu’est une tour de Jenga vous êtes encore plus débile que vous ne le pensez.

« Tim Lenton, chercheur à l'université d'Exeter (Royaume-Uni), avait été le premier à évaluer ces points de basculement. Il fait aujourd'hui partie de l'équipe qui propose une mise à jour de cette évaluation. Une mise à jour basée sur une revue de centaines de travaux scientifiques ». Le constat est sans appel. « La liste des points de basculement s'est allongée et notre évaluation du risque qu'ils posent a considérablement augmenté », confie le chercheur au Guardian. »

Attention : plus la connaissance avance plus les points de basculement sont nombreux. Le risque vital, déjà classé comme imminent en 2008, s’aggrave quinze ans après. Brrr !

Tim vous le dit et il fait maintenant partie d’une équipe. D’accord il n’a pas fait de recherche mais il a compilé des revues. Des centaines ! C’est une preuve çà et Exeter une belle ville avec une belle université et une belle cathédrale ! Là-dessus il y a désormais 16 points de bascule contre 7 dans l’étude initiale. En 2035, on constatera sûrement un nouveau doublement, et encore plus de basculements imminents, tant la science progresse ! On peut envisager 40 points de bascule imminente avec une recension de plusieurs milliers d’articles en élargissant la « team ».

Puisqu’on vous dit qu’on va vers l’inéluctable !

Là-dessus, on liste les 16 bascules en développant à chaque fois la même rengaine : si on n’agit pas, tout de suite et fortement, c’est la mort.

Conclusion : pas de discussion, il faut tenir les objectifs de la conférence de Paris, car sinon c’est la mort certaine !

Dans cette liste de rétroactions aucune ne concerne l’explication du réchauffement par le CO2, dont nous avons vu dans un article précédent que la démonstration indiscutable de son influence directe sur le climat manque et qu’on essaie de sauver en évoquant des rétroactions plus ou moins convaincantes et non démontrées scientifiquement de façon rigoureuse. En un mot : on ne sait pas l’expliquer de façon formelle et scientifique mais, c’est sûr, c’est le CO2 car cela ne peut être que lui, le consensus l’affirme. Et si vous dites le contraire, vous n’aurez pas d’argent pour votre laboratoire et vous serez marginalisé par la « pression sociale » !

On voit donc le rôle du mot rétroaction : il est incompréhensible pour le profane et quand on n’a plus d’argument, alors on sort la rétroaction, et quand on veut faire vraiment peur on ajoute des rétroactions aux rétroactions, avec un poil d’imminence supplémentaire.

Avant, les amateurs de science-fiction faisaient le pari qu’une comète pourrait, en passant mal à propos dans le système solaire, soit faire exploser la terre et y provoquer l’extinction du vivant, soit l’expulser du système solaire et l’envoyer dans le Cosmos avec quelques conséquences sur l’homme. On a même calculé scientifiquement la vitesse, la masse et la trajectoire de cette comète expulsive. De vrais et bons calculs basés sur la vraie science. C’est une menace. Faible mais réelle. Comme l’est le réveil en cours de l’activité sismique sur le second volcan proche du Vésuve, celui qu’on n’attendait pas. La nature est une marâtre.

Mais non ! On vous le dit : la nature est sacrée et c’est l’homme qui est une calamité pour la nature. Dès qu’il respire et agit, il tue la terre. Inconscient, il est en train de monter sur la rampe à bascule qu’il a créée. Encore un pas et le couperet tombe. Heureusement, il y a eu la conférence de Paris qui ne savait pas tout mais qui a tout compris et tout dit. Bien qu’elle ne connût pas les 16 boucles de rétroaction.

Les conséquences sont en train d’être tirées en France. On interdit de loger les pauvres dans des passoires thermiques. On est presque sauvé ! Encore un effort : en détruisant l’économie française radicalement, son énergie nucléaire, son agriculture « intensive », ses reliquats industriels, son épargne, ses riches, sa prospérité, tout en couvrant le plateau littoral et les campagnes d’éoliennes et de champs de plaques photovoltaïques, nous allons éviter les rétroactions et la mort.

Et permettre au lobby des énergies dites renouvelables, de faire fortune, et de recruter les politiques qui auront mis en place ce succès en agitant les peurs, lors de leur passage au pouvoir. Une affirmation de climatosceptique malhonnête ? Il suffit de regarder. Le conseiller qui a mis en place le « décret tertiaire », une véritable ignominie, vient de monter une société pour aider les entreprises à faire face aux obligations qu’il leur a imposées. Vite les contrats juteux avec les grandes entreprises avides de greenwashing et de bonne entente avec le pouvoir !

Pourquoi se gêner puisque les instances « éthiques » n’ont pas vu de conflits d’intérêts ? Et puis, on les connaît, les crétins qui imaginent des conspirations sinistres pour faire peur et qui croient la terre plate. Rions-en ensemble mes bien chers frères et sœurs et transgenres (restons conscientisés) énarques !

Il faut dire que notre grand partenaire de couple franco-allemand, M. Schröder, après avoir liquidé le nucléaire allemand s’est reconverti auprès des sociétés russes fournissant le gaz nécessaire pour compenser les faiblesses des Enr. Tout cela a fini par faire mauvais genre.

Encore un méfait des complotistes.

Disons-le clairement : l’hystérisation complotiste est une plaie. Mais l’hystérisation de la question climatique autour du rôle du CO2, comme les échanges honteux de bons procédés entre politiciens et lobby des Enr, sont également une plaie et bien plus coûteuse et encore plus purulente.

Il faut se débarrasser des deux.

La faiblesse actuelle de l'édition économique : un exemple.

Les leçons d'un live très décevant : "Quelle économie politique pour la France ?"

Les économistes n’ont pas la cote. L’affaire des subprimes, la récession de 2008 puis la crise de l’Eurozone de 2011, leur ont fait un peu de tort. La gauche les considère comme des libéraux irresponsables, sauf s’ils réclament des hausses majeures d’impôts sur les riches et des dépenses publiques majestueuses. Les verts considèrent qu’ils vont tuer la terre et l’humanité avec leur croissance idiote. Les droites RN et zemmourienne considèrent qu’ils sont favorables à l’immigration, ce fléau. Quant aux droites centristes, on ne sait pas trop, sinon qu’ils seraient plutôt pour une société de liberté et de propriété ne faisant pas fi de l’augmentation de la production et de la diminution des impôts. Les économistes de cette mouvance se mettent aussitôt à dos et la gauche et la droite de la droite.

On comprend que les économistes passent un sale moment. Il était d’autant plus intéressant de s’intéresser à un livre prétendant définir ce que devrait être la politique économique de la France. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés face au livre de MM. Yves Perrier et François Ewald, préface de d’Hubert Védrine, « Quelle économie politique pour la France » aux éditions de l’Observatoire.

Il aurait fallu être un peu plus méfiant. Dès la page de couverture, on pouvait détecter quelques indices que l’affaire était mal engagée. D’abord les deux auteurs ne sont pas des économistes, encore moins des économistes chevronnés habitués à se colleter avec le chaos économique qui règne depuis quelques décennies. L’un a créé une entreprise financière Almundi, l’autre est un philosophe, un peu particulier, puisqu’il s’agit de philosophie politique. Le préfacier est un ministre de Mitterrand qui a mis l’économie française par terre qui est un grand habitué des phrases creuses et des postures d’autant plus avantageuses qu’elles ne s’appuient sur rien. Le titre enfin est un peu bizarre. Non, il ne s’agit pas du choix d’une politique économique mais d’une économie politique. Les auteurs pensent que cette inversion est d’une formidable audace. En vérité le titre aurait dû être : notre proposition d’une autre philosophie d’organisation pour notre système économique.

L’idée est énoncée sur la première page de couverture : pour un nouveau pacte « état-entreprise-citoyen ».

On pourrait résumer l’ambition en ces termes : « Nous allons vous montrer, en rappelant une longue histoire économique que si l’état, la nation et les entrepreneurs tirent dans la même direction c’est formidable et la France retrouvera sa prospérité ».

Tout le monde constate que l’État en France est obèse et incapable, ruiné et ruineux, pire encore devenu impuissant par différents mécanismes, dont l’Union Européenne, la régionalisation, la captation du pouvoir par les juges, la formation d’une énarchie compassionnelle assurant le contrôle et de l’état et de l’économie et de la politique. Le résultat se voit dans le déclassement économique de la France.

Tout le monde constate que la nation est en train de voler en éclat sous le coup des migrations excessives et qu’elle est éclatée en chapelles qui s‘ignorent.

Tout le monde constate que les entreprises en France sont en difficulté et seules celles qui ont réussi à prendre des parts de marché mondiales survivent ou celles qui vivent en symbiose avec l’état. Notre capitalisme sans capitaux grevé d’impôts et taxes et sur réglementé ne fonctionne pas. Surtout quand on demande à des entreprises surchargées de combattre contre des pays émergents immenses et dont le coût de la main-d’œuvre est très bas.

Dès le départ on sent bien que l’union des mutilés ne risque pas d’aller très loin, si on n’a pas une vision très précise de la causalité et des responsables de ces mutilations.

Les auteurs se sont donc lancés dans une grande fresque d’histoire économique contemporaine.

Surprise, leur choix est de cumuler des banalités en citant à l’occasion un livre plus significatif que les autres. Aucune force analytique, aucune analyse des causes en profondeur, aucune étude des forces en présence. Les systèmes économiques se heurtent ou s’enchaînent sans qu’on sache trop pourquoi. La compilation est totalement descriptive. On a l’impression que les chapitres ont été écrits par différents auteurs ce qui entraîne l’apparition de nombreuses contradictions. Cette compilation sans étude des mécanismes, cette accumulation de faits non expliqués en profondeur, ce magma de situations dont on ne comprend pas pourquoi elles surviennent, offrent une description parfaitement creuse.

On a l’impression que tous ces chapitres ont été écrits en lâchant la bride à ChatGPT dont la particularité est de rester largement neutre sur les causalités, et dans le politiquement correct de surface.

Bien sûr on va privilégier les moments fastes qui servent la thèse des auteurs. Ah le beau modèle rhénan qu’il nous faut importer d’urgence ! Mais l’Allemagne était considérée comme l’homme malade de l’Europe à la fin des années quatre-vingt et est aujourd’hui une puissance qui fait déraper toute l’Europe. Une organisation n’est pas bonne en soi. Tout dépend de la politique qu’elle mène dans un champ mouvant de circonstances. La politique mercantiliste de l’Allemagne menée à l’instar du Japon a été très problématique. Des échanges aussi fortement déséquilibrés ont provoqué des conséquences détestables.

Il vaut mieux que tout le monde soit content de pousser dans le même sens et qu’il y ait une confiance et une unité de vue entre les politiques représentants les citoyens, les entreprises et l’état. C’est d’une rare banalité de le penser. Mais tout dépend du moyen pour y arriver. Hitler avec le national-socialisme avait parfaitement réussi cette unanimité joyeuse du citoyen, des entreprises et de l’état. L’Union soviétique se vantait des mêmes résultats prodigieux.

En France aujourd’hui l’Enarchie règne en famille sur l’État et la représentation politique, tout en assurant sa tutelle, en liaison forte avec les syndicats, sur les entreprises. Les citoyens sont intégrés de force dans le schéma par l’impôt et la réglementation et la fabrication de la bonne opinion par les médias. Le citoyen n’a plus qu’un rôle formel. Aucun budget n’a été voté à l’équilibre depuis 49 ans. Et la CFDT vient de lâcher le gouvernement énarchique sur les retraites. Les pactes socialos bureaucratiques ont tous explosé du fait des résultats épouvantables.

Et les initiatives bouffonnes qui essaient de restaurer le dialogue avec les citoyens ne marchent pas.

On laisse le livre avec beaucoup de frustration. Sa faiblesse analytique et son préjugé pour le modèle allemand nous laissent face à des vœux pieux sans consistance et… aucune politique économique.

Les vrais enjeux ne sont pas traités par un livre qui, finalement, n’apporte rien.

Malheureusement, il n’est que trop représentatif du vide actuel de l’édition en matière économique.

Hystérie écologique : le retour de bâton est en cours

Le livre très intéressant de Jacques Lecompte : Rien n’est joué. Editeur Les Arènes

Depuis maintenant des années, s’est installée une communication catastrophiste autour du climat ; nourrie par des opérations de communications massives de la part d’ONG relayées par des organisations internationales, ONU ou Union Européenne par exemple mais pas seulement, et confortée par des développements météorologiques qui par leur durée laissent penser à un changement climatique peu avenant. La peur, stimulée par des chiffres horribles et des prévisions épouvantables, comme la charge mentale imposée par une surcommunication sur l’urgence, ont entraîné des phénomènes de psychose et des attitudes totalement intolérantes. Une pression sociale intense a été organisée pour que tous ceux qui formulaient des réserves soient exclus du champ médiatique et politique.

L’ennui est que l’essentiel des articles de presse et des communications dans les médias dominants ont fait une place quasi exclusive à ces éléments de langage exagérés, faux, de mauvaise foi, et en tout cas très loin des résultats réels des études un minimum scientifique. On est entrée dans une ère de mensonges qui ne gênaient pas puisqu’ils étaient bien intentionnés. « C’est bidon et inutilement horrible mais cela fait bouger les consciences dans le bon sens ». La perspective de l’enfer permet de conserver le troupeau dans la soumission et celui des dévots dans la chasse aux sorcières. La manipulation n’est pas à proprement parler nouvelle ! Du coup les politiques se sont crus obligés de prendre des mesures juridiques de valeur incertaine et certains juges ont considéré comme de leur rôle d’aller au-delà des lois pour ne pas sanctionner ou de façon légère des comportements d’action directe inadmissibles.

On a lancé des politiques malthusiennes d’un coût délirant, avec des contraintes extravagantes qui entraînent mécaniquement la réaction des victimes. Accepter des mensonges qui ne vous concernent pas est une chose, subir les conséquences des mensonges dans sa vie quotidienne en est une autre.

Pour les adeptes du GIEC, les conséquences sont fâcheuses : tout le message climatique est noyé dans le mensonge et devient inaudible. Pour eux, il devient indispensable de séparer le bon grain de l’ivraie. Le GIEC oui, mais pas les Aurélien Barrau, les Jancovici, les Fred Vargas et tous les petits escrocs qui, pour un instant de gloriole, ou pour établir un business rentable, prospèrent sur un océan de mensonges et la stimulation de la peur, de la honte ou de toute autre passion triste.

Le gros travail de Jacques Lecomte, qui nourrit tout le livre de façon copieuse, est de dessiner le contour de l’énorme catégorie de fumistes opportunistes du climat qui nuisent à la cause. C’est un travail colossal ! Pour lutter contre l’ennemi, il faut le nommer. L’auteur choisit le terme d’effondriste. Dans la réflexion sur le climat il y a deux groupes antagonistes, les Effondristes qui nous mènent au gouffre ou à rien, et les climato-positifs, arrimés sur la science et qui veulent régler les problèmes.

Suivent 340 pages de preuves que les dits Effondristes ont totalement noyé la question de climat dans un océan de mensonges et d’exagération suggérant l’imminence d’une apocalypse imaginaire. À leur terme, il ne reste à peu près rien des éléments de langage dominants dans les médias qui trouvent que le catastrophisme fait vendre ou qu’il est de leur devoir d’accélérer la mutation des consciences par tous moyens même frelatés.

Il faut une énorme patience pour aller jusqu’au bout de la litanie des campagnes de désinformation caractérisées et d’exploitation des angoisses jusqu’à la bouffonnerie dont l’auteur récapitule les méfaits, aussi bien dans le domaine du climat que dans celui de la biodiversité. Les mensonges et les inventions ne sont pas de petite taille. Souvent on travestit un gain en perte, une prolifération en extinction, une erreur manifeste en vérité absolue et interdite de contestation. Cette soupe grossière est finalement imbuvable.

L’ennui, c’est qu’on ruine des gens et des pays sur ces bases frelatées. On passe du mensonge sur une tragédie à venir alléguée, à la tragédie réelle ici et maintenant provoquée par ces mensonges.

Alors oui, débarrasser la sphère médiatique, politique, administrative et judiciaire de cette ciguë invasive et de cette plaie ouverte est indispensable !

L’ennui, c’est que la frontière entre la sphère des bons et des mauvais est plus que ténue. Le mariage mixte plus que l’apartheid règne. Le GIEC a cautionné de nombreux mensonges et a lui aussi beaucoup pratiqué les méthodes reprochées au camp des « effondristes ».

Toutes les considérations sur le rôle fondamental du CO2 reposent sur une base scientifique plus que ténue et plus que contestée. Nous avons essayé d’illustrer cette fragilité dans plusieurs articles de ce blog. La crédibilité des conclusions du GIEC est contestée parce que le GIEC et ses représentants n’ont pas hésité à utiliser massivement les méthodes privilégiées par les affreux « effondristes » ce qui les a largement déconsidérés.

La conclusion du livre est qu’il faut se concentrer sur l’écologie positive, celle des résultats, celle des initiatives, celle qui se concentre sur les vraies questions, sans remettre en question par idéologie l’homme lui-même et les qualités possibles de sa réaction aux difficultés rencontrées. La proposition est une nouvelle trouvaille verbale : le convivialisme. Permettrait-il de sortir des suggestions politiques violentes de mettre fin au capitalisme et même à la république, ou à la dictature du mal blanc ou au privilège blanc qui tue et pollue etc. Rien n’est moins sûr.

Le convivialisme peut être considéré comme une solution pour tout et pour rien. On a vu que pour régler le harcèlement scolaire, certains proposent des cours de convivialité. On exige des cours de convivialité au bureau. On soutient que la convivialité aide à vivre longtemps. On est en train de passer du « vivre ensemble » au « vivre convivialement ensemble ». Les exhortations au bien et à la vertu sont la marque du moment.

En fait le livre s’adresse aux médias, pour lui demander de faire le tri entre les nouvelles et les personnes qu’ils affichent. En matière de climat et de biodiversité, il y a les bons : attentifs à la science, ils sont raisonnables et ils agissent. Il y a les mauvais : les effondristes et les climatosceptiques. « Donnez la parole aux bons et limitez votre relais offert à des thèses absurdes et dangereuses ! » Voilà la consigne.

L’ennui, c’est qu’il y a une troisième catégorie : celle qui réclame plus de preuves scientifiques que ce que le GIEC a produit, et diffusé avec des méthodes contestables. Le cas du CO2 est emblématique : jusqu’ici l’explication climatique par le CO2 n’est pas réellement justifiée par un corpus scientifique clair et incontestable. L’effet de serre a d’abord été présenté d’une façon caricaturale qui était insoutenable. Aujourd’hui on parle de boucle de rétroaction dont le cheminement n’est pas documenté. C’est cet aspect scientifique qu’il faut approfondir et en corollaire la notion d’urgence. Lorsqu’on entend le président de l’ONU affirmer que le climat a explosé, il utilise des méthodes d’effondristes alors que le GIEC dépend de lui !

D’autre-part, l’étude d’impact des mesures proposées doit être faite de façon exhaustive. Combien ça coûte et quelles sont les conséquences économiques et sociales de toute nature ? Ce n’est ni étudié ni publié. Et les esquisses montrent des conséquences absolument tragiques et insoutenables. L’impact climatique n’est pas plus exploré. Les essais de calculs montrent un effet imperceptible même avec l’application des modèles du Giec.

De cela, le livre ne parle pas. Or c’est bien là le cœur de l’affaire.

Il restera une contribution majeure s’il permet effectivement à la presse de se débarrasser de son tropisme en faveur des « effondristes ». Mais la route est encore longue. C’est une condition nécessaire mais insuffisante, si le but est la restauration d’un débat fécond garantissant une action politique positive.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Comment comprendre la sanctification de Jacques Julliard par la presse classée à droite

Le Figaro, Le Point, Marianne etc;

Ce n’est pas faire injure à Jacques Julliard de remarquer qu’il a toujours été une personnalité journalistique et politique plutôt de second plan. Il est vrai que l’effondrement assez général du niveau journalistique ces derniers temps fait automatiquement remonter la qualité relative des journalistes d’avant. Posez la question autour de vous : on peut le regretter mais personne ne le connait en dehors des milieux étroitement parisiens.

Comme une partie des journalistes très engagés à gauche dans les années 70, à l'exemple de François Olivier Giesbert, a évolué vers la presse « bourgeoise » et a pris ses marques dans des journaux dits « de droite », on pourrait dire qu’ils saluent une dernière fois leur copain de jeunesse. Et passer à autre chose !  

Non : le dithyrambe est tel qu’on doit s’interroger un peu plus, surtout quand on observe que les hommes politiques qui actuellement sentent un peu la sacristie à droite suscitent des réserves marquées, qu’il s’agisse de Bruno Retailleau, de FX Bellamy ou même de Philippe de Villers. Le bénitier n’est apprécié que lorsqu’il est « de gauche ». Il suffit de voir E. Macron se précipiter à Marseille pour se faire voir avec le Pape, un jésuite dont certains disent qu’il reste proche de la théologie de la libération dont on se souvient qu’elle voulait voir en Jésus un Lénine en mieux.

Pour comprendre ce mystère,  rappelons ce que J. Julliard écrivait il y a peu dans le Figaro et que nous avions commenté sur ce site ( http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2021/8/17/Lpouvantable-article-de-Jacques-Julliard-dans-le-Figaro)

Il n’y a de bonnes manifestations de masse que de gauche. Une manifestation qui ne l’est pas est préfasciste ou fasciste

Il y a un bon et un mauvais peuple. L’infaillibilité du peuple n’a pas de fondement rationnel. Il n’est souverain que lorsqu’il est éclairé. Sinon ce n’est qu’une populace.

Les gilets jaunes sont une horreur incompréhensible, mélange d'anticapitalistes pré marxistes (l'erreur absolue) et de populistes ravagés. Il s’agit d’un ramassis d’imbéciles (belle citation de Bernanos, penseur Chrétien qui sert à l’occasion, qui déclare que « l’expérience accumulée par les imbéciles pèse d’un poids immense sur le monde »).

Quand on se drape dans le drapeau français, on lui donne « des couleurs louches, sectaires et comme factieuses »

La laïcité, la République et la nation sont passées à droite pour leur plus grand malheur. (La droite salit ce qu’elle touche. Mais le chèque des employeurs de la presse de droite est immaculé. NDLR).

« Il y a pire que l’anarchisme prolétarien de l’extrême gauche, c’est l’anarchisme petit-bourgeois, un libéralisme d’enfants gâtés ».

Face à ces sornettes idéologiques teintées de gâtisme,  lisons ce qu’écrit Oliver Giesbert dans le Point daté du 14 septembre 2023 sur le « merveilleux J. Julliard » :

« Que sera notre vie sans J. Julliard » ? Il a été « l’honneur des intellectuels français ». Il a su rester « socialiste-conservateur-libéral » et a juste un peu dérivé vers le « révolutionnarisme-réformiste-conservateur ». En ce sens il est « l’Incarnation de l’esprit français », et son socialisme « pourrait enfin renouveler et prolonger dans l’humanité l’esprit du Christ ».

Rien que cela ! Jésus n’était juste qu’une esquisse avant l’arrivée de Saint Julliard !  Que ceux qui ne croient pas à ces sornettes n’imaginent pas que les Giesbert et autres thuriféraires leur laisseront le terrain libre. Ils réagiront. « Qu’ils se le tiennent pour dit » !

Brrr, on a peur ! Et on ne savait pas qu’on était passé à côté « d’un homme de gauche » devenu un « géant » en persistant à l’être, et dont la jeunesse attendrait frénétiquement la parole comme celle du Messie. On lisait dans son œil « le chagrin de celui qui n’a plus de famille (le socialisme et la gauche - NDLR) en dehors du refuge que lui accordait la droite républicaine ».  Diable, la crèche socialiste a été sauvée par le bourgeois et le beauf !

Le Monde ne s’est pas fait prier pour le dire : « Aux funérailles, les absences sont au moins aussi remarquables que les présences. Il n’y avait presque personne pour dire les années de rêve et de conquête, celles de la fureur des années 1970 et 1980, celles de la deuxième gauche de Michel Rocard, de la révolution sociale et non marxiste, de l’autogestion, du réformisme réel. […]. Pas un seul compagnon de route de la Rocardie. »

Nous avons écrit un article sur l’affaire LIP pour justement expliquer cette disparition. Tout était bidon dans la mouvance socialiste tendance protestante (Rocard, Jospin) et catholique (façon Mgr Gaillot, Maurice Clavel et Julliard). L’autogestion était une perruque qui s’est envolée au grand vent de l’histoire, comme la notion de « patron-mais ». Rocard a déçu comme Premier Ministre, alors qu’il a bénéficié d’une conjoncture très favorable, et ruiné le pays en se lançant dans des dépenses folles tout en ouvrant grand la fiscalité confiscatoire. Delors s’est révélé d’une grande médiocrité sous Mitterrand et a finalement fui le pouvoir en France en sachant qu’il n’avait rien à proposer. L’européisme lui offrait de bien meilleures perspectives. Sa fille, avec Jospin, a contribué à tuer la compétitivité française de façon honteuse. Le déclassement de la France est largement le résultat de cette mouvance malsaine qui avait toujours un arrière-goût de moralisme abusif et de confessionnal.

Tout ce petit monde a cassé le pays assis sur un petit fond de vertu chrétienne et les deux pieds dans la méga bassine socialiste. Politiques désastreux mais curés autant que possible ! Du soft Wokisme avant l’heure !

Alors pourquoi ces révérences délirantes, cette glorification enflée, cette exhortation incongrue à idolâtrer un second couteau tombé dans l’errance ?

Après l’effondrement militaire de mai 1940 et la Collaboration pétainiste avec Hitler, il fallait pour les enfants ambitieux de la bourgeoisie, à l’époque encore très catholique, être de gauche et anti-bourgeois. Mais pas communiste, sauf pour ceux qui s’étaient réellement compromis dans le nazisme et qui voulaient le faire oublier.  A partir de 1947 et la répression par Jules Moch des grèves organisées par les Communistes, le PC marquait la limite à ne pas dépasser à gauche. Mais la SFIO de Guy Mollet s’est retrouvée embourbée dans la guerre d’Algérie. On a donc vu se dessiner dans la bourgeoisie cultivée de gauche le goût de la transgression à gauche du PS mais loin du PC. Jospin dont le père avait été pris dans le pétainisme ambiant par pacifisme est devenu trotskiste caché. Rocard déclare avoir porté les valises du FLN, une trahison, mais qui avait surtout un impact d’image : de gauche mais pas mollettiste. Dans la mouvance catholique aussi, certains ont vu une ouverture : socialiste mais non communiste et non Molletiste, à la recherche des dépassements permettant de créer un « socialisme réel ». Beaucoup étaient fonctionnaires et certains hauts fonctionnaires. Mai 1968 accélère le mouvement et promeut ceux qui avait 20 à 25 ans en 1960. A l’ENA les noms de promotion témoignent de la gauchisation du corps : Saint Just, Robespierre, Jaurès, Blum, Guernica…

Se crée alors un politiquement correct de gauche. Être de droite, c’est être un fasciste qui ne veut pas se l’avouer. Mitterrand, un spécialiste des coups pourris, promeut Le Pen comme repoussoir. La droite est sommée de ne pas sombrer dans les extrêmes.

Cela va marcher pour des décennies au fur et à mesure que cette génération triomphe.

La seconde gauche soutient les nationalisations ringardes en grinçant que 51% du capital au lieu de 100% aurait suffi. On n’est pas des cocos tout de même ! Ils accepteront les dénationalisations (à 100%) qui suivent peu après et qui créent des Oligarques.

Elle pousse aux élévations massives de taxes et d’impôts tout en règlementant tout.

Elle s’engouffre dans l’Union Européenne et son obsession pour les libertés économiques absolues de mouvements de capitaux d’hommes, de services et de marchandises.

Elle accepte l’entrée de la Chine dans l’OMC.

Les entrepreneurs se retrouvent avec des boulets aux pieds en concurrence avec le monde entier.

La France perd sa monnaie, son industrie, son emploi et sa classe moyenne déclassée et smicardisée.

Alors la classe ouvrière quitte la gauche pour le vote protestataire. Et les révoltes commencent qui sont incompréhensibles pour cette caste qui croit avoir tout fait bien pour les « petits pauvres ». Le PS s’effondre avec Hollande et se coupe en deux : le gros de troupes passe au Wokisme, aux luttes LGBT et à l’islamo-gauchisme. Le monde d’un Julliard s’effondre. Il ne peut pas se retrouver dans les « sottises infectes et dangereuses » de la NUPES.

Rocard est mort. Jospin profite du homard au restaurant du Dôme, de son appartement dans un hôtel particulier du 7ième ou dans sa villa de l’île de ré. Plus bourgeois, tu meurs ! Et il ne comprend pas que plus personne ne l’écoute. La sociale démocratie révolutionnaire conservatrice des enfants du bon Dieu est morte et enterrée sous ses mauvais résultats.

Emmanuel Macron a tout fait pour accélérer la chute. Le pays est désormais totalement déclassé, surendetté, surfiscalisé, explosé façon puzzle, en perte de vitesse dans tous les domaines. Les dirigeants sont devenus impuissants du fait du gouvernement des juges1, des dissidences sur le terrain, des mécanismes de l’Union Européenne. Tout ce que soutenait Jacques Julliard, sans le soutenir tout en le soutenant a montré son caractère délétère..

Une nouvelle génération d’éveillés veut sauver la terre en s’attaquant à l’humanité et à la culture dominante, favorable à la croissance.  

Le protestantisme français comme le catholicisme se sont effondrées. Il n’y a plus de communisme pour borner la sottise et l’intolérable à gauche.

La droite qui avait accepté de pactiser avec la gauche et s’était installée dans la révérence du politiquement correct de gauche pour sauver les meubles, est embarquée dans le naufrage. Elle tente, en sanctifiant Saint Julliard, de créer un poteau un peu solide pour se raccrocher et continuer dans sa sujétion tout en s’attaquant à l’extrême gauche mélenchonienne et woke.  

Mais le poteau est planté dans la vase.

L’étatisme social-démocrate implicite de la haute fonction publique, teinté de charité payée par les autres, commence à trembler.  Les jacqueries on ne sait pas vraiment comment faire. Il va bien falloir un jour rétablir les libertés de penser, de posséder, de réussir, et la responsabilité de chacun dans ce qui lui arrive plutôt que justifier l’acharnement à faire payer par les autres ce qui est de la responsabilité de chacun.

Au moment où les nuages s’accumulent sur la France, on ne peut pas oublier que la mouvance incarnée ces vingt dernières années par Jacques Julliard a contribué lourdement à cette descente aux enfers et a regroupé trop « d’idiots utiles » complices de l’effondrement français. Au passage le catholicisme s’est effondré, et l’islamogauchisme a considéré qu’il n’avait même plus besoin d’idiots-tes utiles plus ou moins rallié-es. Ils avaient tout ce qu’il fallait dans leur rang.

Il ne faut pas non plus oublier que l’idéologie de la déconstruction des « dominations » s’est mariée avec le puritanisme anglo-saxon pour donner le Wokisme, la cancel culture, et la coercition sociale.

Le mariage entre religion et politique a toujours été source de fanatisme au nom de la vertu.  Julliard n’était pas un Savonarole hystérique en dépit de ses aphorismes radicaux et de sa participation au bain de boue infligé au père LIP. Les nouveaux sont de vrais dresseurs de piloris.

Il faut leur faire barrage.

Qu’ils se le tiennent pour dit !

 

Didier Dufau

1. La Cour de Cassation vient de "faire la loi", en décidant de la question des droits à la retraite pendant les congés maladie. Une question qui aurait dû dans une démocratie normale être tranchée au parlement par des élus.

Le double enterrement d'une illusion et d'une idée fausse

Voler n'est pas jouer

Curiosité de l’histoire, deux personnalités anciennement liées autour du PSU et très représentatives de la « seconde gauche » rocardienne, Claude Neuschwander et Jacques Julliard, sont mortes quasiment le même jour.

Ils étaient sortis de leur néant militant à l’occasion de l’affaire LIP, une ignominie transformée en épopée prémonitoire encore enseignée comme telle dans les écoles publiques.

Jacques Julliard était un militant catholique qui voulait épouser l’esprit du temps de mai 1968, changer radicalement la doctrine sociale de l’église, façon CFDT plus que CFTC, être un catholique socialiste et ouvriériste, au côté du peuple etc. La droite et le bourgeois étaient pour lui l’horreur absolue. Il admet le fond intellectuel du structuralisme et du poststructuralisme, qui conduiront aux modes de déstructurations Wokistes en passant par les États Unis. Il s’oppose « aux superstructures objectivantes et normatives que sont l’état et les partis ». Un zeste de mao-spontex qui fait de l’ouvrier autonomisé et glorifié la base de l’entreprise, mais loin de l’emprise communiste violente et destructrice. L’autogestion et le compromis, voilà les clés de l’avenir.

Claude Neuschwander est un centralien « de gauche » ami de Rocard et Riboud. Il a fait sa carrière dans la publicité et croit pouvoir être un « patron mais » et redresser LIP grâce au design de nouvelles collections de montres. Il va être lancé par les Rocardiens à la tête de la boîte en faillite au milieu d’une saga médiatique inouïe.

Julliard fait partie de l’immense cohorte gauchiste qui va transformer la société LIP en plateforme idéologique exemplaire pour montrer qu’une autre forme de gestion est possible et que l’ancien capitaliste peut disparaître sans inconvénient ! Saint Piaget, le leader de l’occupation des locaux, est élevé sur un piédestal qui le dépasse un peu.

La vérité sur ka faillite de LIP est toute simple : la conjoncture économique dégradée qui mènera à la récession mondiale de 1973 met la société LIP en difficulté. Des montres japonaises à quartz très légères entièrement électroniques envahissent le marché à des prix cassés mettant partout en Europe l’industrie horlogère en difficulté.

Depuis le début des années 70, la gauche maoïste a commencé à dresser ses piloris où sont exposés et vilipendées les vilains bourgeois. L’ignoble affaire du notaire de Bruay a eu lieu peu avant. On présente le « Père LIP » comme un ignoble individu vicieux et incapable, un véritable lynchage d’une ignominie sans nom. On retrouve ce bel amour du pilori régénérateur dans les actions féministes actuelles où on traîne dans la boue des personnalités sans vergogne, sans mesure et le plus souvent sans raison.

Pour la gauche « christo-coco » comme on disait à l’époque, aucun problème. Les bûchers, elle connaît. L‘important c’est de mettre le feu sous les pieds des bonnes victimes expiatoires.

L’ennui pour tout ce petit monde, c’est que le bon Piaget a volé le stock de montres. Il l’a écoulé dans l’illégalité totale, en bradant les prix et ruiné les distributeurs de LIP qui voient leur propre stock devenu totalement invendable. La perte est immense. Les distributeurs ? Des salauds de bourgeois qui ne vont tout de même pas gâcher l’expérience la plus prometteuse de la seconde gauche, la vraie, celle qui  n’est pas communiste et qui est proche de l’ouvrier et se moque des lois économiques de base. La tension devient insupportable entre Piaget qui ne pense qu’à faire reprendre la totalité du personnel ancien, et Neuneusch, le patron de plus en plus mais, qui voudrait bien retrouver la confiance de l’ancien réseau de distribution. Ses montres LIP super design séduisent les publicitaires germanopratins et les bobos-gogos mais pas la clientèle qui préfère toujours les petites montres pas chères et dans le goût populaire, alors que la conjoncture s »effondre. Une montre pour designer élitiste sans réseau de distribution, cela s’appelle des stocks à financer et des pertes au bout du chemin. Riboud prend peur. L’aventure est un fiasco. Rocard le courageux se débine à toutes jambes pour ne pas être pris dans la déroute.

Piaget le catholique affilié au PSU, un temps présenté comme candidable aux présidentielles de 73, passe à la trappe.

Lip disparaît sauf dans certains manuels d’économie gauchistes pour édification des masses.

Claude Neuschwander retombera dans l’obscurité. Julliard triomphera au Figaro cinquante ans plus tard !

Il n’y a pas d’avenir pour des snobs autogestionnaires dans l’industrie. Les récessions mondiales et les sauts technologiques demandent une gestion autrement serrée. Julliard n’a pas ces contraintes  Il accompagnera le désastre économique mitterrandien et le programme commun de la gauche, puis l’autoproclamée « dream-team » de Jospin, ces deux moments dramatiques qui vont lancer la France dans le déclassement. Il n’a manqué que le triomphe d’un autre grand abusif, Strauss-Kahn, pour que l’effondrement soit complet, au milieu de scènes d’adulation des milieux de la finance. Et l’extase mystique de Saint Jacques Julliard.

L’effondrement de l’URSS et du communisme a paradoxalement encouragé le mélange entre finance, publicité, sous-religion, gauchisme et maoïsme de pilori. La religion de la Vertu s’accompagne d’une nouvelle chasse aux sorcières, soutenue par des campagnes de publicité et des séries télévisées qui énoncent et illustrent le bien. L’ouvriérisme a disparu au profit de la glorification des « minorités victimisées ». La contrainte sociale appuyée sur des législations liberticides, relayée par la haute fonction publique qui retrouve un rôle à sa mesure dans une mondialisation qui la dépasse, s’est emparée de l’opinion médiatico-politique dominante en France. Gare au dissident ! Le pilori l’attend.

Et la ruine.

Il n’y a pas de « patron mais » ni de « seconde gauche ».

Amen !



Une autre manière d'analyser la situation économique mondiale

Un des drames de la réflexion économique est qu’elle manipule des valeurs consolidées en monnaie courante corrigées de l’inflation. Ce choix assez naturel masque la plupart des problèmes et provoque des incompréhensions majeures.

En géométrie, on aime bien les « transformées ». Aussitôt une figure en apparence très compliquée se simplifie et des démonstrations limpides peuvent être conduites. En économie aussi, il importe de se libérer des habitudes et de revoir les évolutions des grands agrégats en des unités de valeur différentes.

Appelons « valeur de référence » un panier d’objets qui représentent depuis toujours le bien patrimonial « qui ne ment pas », parce qu’il est rare. Mettons-y l’or, et éventuellement un autre métal rare, une matière première de nécessité absolue, disons le pétrole, et le m2 dans une ville monde (Paris, Londres, Tokyo, New York…). Le panachage est toujours arbitraire, mais on est surpris que les résultats ne dépendent pas tellement du choix des ingrédients de notre indice et de leur proportion quand on déflate les séries économiques sur une assez longue période, par exemple le demi-siècle.

Le graphique ci-dessous, fait à main levée, est une approximation grossière du résultat ( Nous suggérons aux nouveaux doctorants en économie de faire ls calculs exacts en imaginant quelques paniers de valeurs de référence).  Le graphique présenté commence en 1973 et se termine en 1922.

La ligne rouge fixe la valeur de référence par construction constante.

On voit que les prix courants s’effondrent sur une longue période calculée en valeur de référence.  Depuis 1971 et la fin du système de Bretton Woods, on est entré dans un système de monnaie fondante alimentée par les émissions massives de monnaies banques centrales et aussi par l’ouverture totale à la concurrence des pays très pauvres à forte population, et/ou à ceux des pays maintenus dans la déroute économique par le communisme pendant des décennies.

On voit également qu’en valeur de référence le PIB baisse, avec des accélérations dans la baisse à chaque crise décennale, 1973, 1992, 2001, 2 008… Les objets de luxe ont toujours l’air de fuir devant le revenu. Mais depuis 1973, la chute est devenue réellement importante. Une sacoche Hermès à deux soufflets est passée de 10.000 francs à 16.000 euros ce qui en francs fait plus de 100.000 Francs. Il ne reste plus que 10% de la valeur de la monnaie française par rapport à 1970. Le titre Hermès se porte très bien !

Comme les prix se sont effondrés plus encore, le pouvoir d’achat, qui a aussi baissé en valeur de référence, n’a pas baissé en valeur courante. Pour simplifier, il a augmenté en proportion de la baisse des prix liée aux importations chinoises.

En revanche, la hausse de l’immobilier est presque entièrement gommée dans notre graphique.  L’immobilier a conservé sa valeur intrinsèque.

Ce qui se passe à partir de 2020 c’est le blocage de la production et la désarticulation des flux de la mondialisation. On libère des sommes gigantesques de monnaies banque centrale sans production. La courbe des prix vient à croiser celle du PIB et efface toute hausse de pouvoir d’achat et au-delà. C’est ce qui explique l’irruption des mouvements violents, Gilets Jaunes, refus de la réforme des retraites etc.

Tant qu’on ne comprend pas la machinerie qui s’est mise en place à partir de l’instauration des changes flottants et de la suppression de l’obligation de contrôler les grands déficits et les grands excédents, on ne peut dire que des sottises majestueuses à partir d’apparences bizarres qui flottent allégrement dans une caverne platonicienne légèrement déjantée.

L’acceptation des grands déficits américains, pour fournir la monnaie internationale d’usage, entraîne automatiquement la création d’excédents équivalents. Le pays qui les accumule ne sait pas quoi en faire, puisqu’il est déjà hypercompétitif et en excédent. Le pays déficitaire voit ses entreprises chavirer et en manque de liquidité ne peut pas investir. Le système se retrouve en sous-investissement productif permanent. Les liquidités excédentaires cherchent des emplois qui ne se trouvent que dans des opérations financières et boursières, en un mot dans la spéculation, et dans des stratégies de défense patrimoniale comme l’immobilier.

Bien sûr, le transfert de la production vers les pays pauvres entraîne une hausse formidable du niveau de vie dans ces pays (au moins 400 000 000 de personnes sorties de la grande pauvreté depuis 50 ans) tout en enrichissant parfois de façon extravgante la petite élite qui s’est placée dans les circuits de la mondialisation et du recyclage des masses financières.

Les classes moyennes occidentales sont les premières victimes : la croissance s’arrête et le pouvoir d’achat ne dépend plus que des produits importés à bas prix.Cela ne suffit pas vraiment.  Il faut développer le crédit et les subventions pour maintenir une forme de croissance et une apparence de continuité dans la société d’abondance. La dette et les impôts deviennent critiques. Lorsque, comme en France, le système fiscal est globalement progressif on aboutit à cette situation intenable où il faut 1.9 % d’augmentation de la dette pour obtenir 1 % de hausse du PIB qui provoque une hausse de 1.7 % de hausse des impôts et prélèvements !

Jusqu’en 2020, une crise décennale venait purger les bulles financières provoquées par les excédents de balances de paiement. Les banques centrales rechargeaient la machine sans inflation grâce aux importations à bas coûts en provenance de la Chine et des pays à salaires extrêmement bas. On avait une inflation monétaire sans inflation des prix à la consommation, mais une hausse de la valeur de l'immobilier et de la bourse. La classe moyenne s’en sortait en allant chez Liedl puis Aldi, et en s’endettant sur des dizaines d’années !

La crise sanitaire puis la guerre en Ukraine ont détruit cette machinerie faussement vertueuse. Utiliser les banques centrales pour compenser le revenu perdu par la disparition de la production, alors que la perturbation des circuits logistiques de la mondialisation devenait critique, ne pouvait qu’entraîner une forte inflation non compensée par les importations à très bas prix. Le choc de la guerre sur les coûts énergétiques et la disponibilité de biens agricoles, a aggravé une situation déjà intenable. La poussée massive des prix commence trois-quatre mois avant le début de l’invasion Russe en Ukraine.

L’inflation excessive  a aussitôt obligé les banques centrales à freiner des quatre fers provoquant aussitôt des perturbations supplémentaires en mettant en défaut les entreprises trop endettées, les banques ayant prêté pour des opérations spéculatives et les pays qui avaient choisi la dette à outrance comme la France.

Pour corser la situation, une peur millénariste a été insufflée à partir de mouvements idéologiques américains relayant des passions anti capitalistes en déshérence depuis l’effondrement de l’Union soviétique et une religiosité également en jachère depuis l’effondrement du christianisme. Elle a diabolisé l’humanité et sacralisé la nature et l’animal. L’homme prométhéen avait volé le feu de l’Olympe et mit le feu à la terre. Il massacrait la faune sauvage sans vergogne et vidait les sous-sols de tout ce qu’il jugeait utile. Le CO2, qui touche absolument toutes les activités humaines, est devenu le vecteur de condamnation de la race humaine outrecuidante et folle. Démarrée aux Etats-Unis, l’idée saugrenue et scientifiquement fausse d’une influence radicale du CO2 sur le climat, au point de cuire la terre et de la faire se noyer sous l’élévation massive du niveau de la mer, s’est imposée dans les mouvements radicaux américains puis, peu après la conférence de Rio qui voulait dénoncer le rôle de l’homme sur l’avenir de la nature, dans les mouvances internationales et dans la tête des élites dirigeantes de nombreux pays. La propagande a été si forte, si générale, portée pendant si longtemps qu’une peur panique s’est emparé des esprits au pont de créer un état de sidération individuelle et d’hystérie collective. On se rappelle qu’à Carthage, lorsque le climat faisait des siennes, notamment avec des sécheresses calamiteuses, les élites offraient leurs filles vierges et pubères en sacrifice au Dieu Baal. Le spectacle de ces pauvres enfants drogués avant le supplice et brûlant allègrement dans des brasiers terrifiant était censé émouvoir les Dieux, une idée fréquente dans les sacrifices religieux, depuis l’origine de l’humanité, tout en calmant la révolte des administrés vis-à-vis des familles dirigeantes.  Aujourd’hui, sous l’influence des ONG, les instances internationales se sont mis en tête de réussir en quelques années une conversion totale des activités en supprimant toutes celles émettant du CO2. Ils ont eu surtout de l’écho en Europe où les gouvernements multiplient les règlements malthusiens et les dépenses contraintes infinançables. Et cela au moment même où le coût de l’argent pénalise les états ultra-dépensiers. C’est évidemment une totale folie irrationnelle, qui apparaîtra comme telle quand soudain les yeux se décilleront et que le sortilège s’évanouira, ce qui est le destin des peurs millénaristes. Mais que de dégâts sont à craindre ! 

On stigmatise allègrement les propriétaires « qui ont profité de la hausse phénoménale de l’immobilier ». Et on croit qu’ils pourront payer pour toutes les folies en cours. En termes d’unités de valeur de référence, les prix sont restés stables. Il est tout de même simple à comprendre que le propriétaire qui a acheté un appartement disons entre 1970 et 1990 a toujours le même appartement en 2023 et n’a pas augmenté ses possessions. En revanche il a perdu beaucoup de revenus avec tous les prélèvements accumulés sur l’immobilier : IFI, taxe foncière, frais de « notaire »,... , et l’accumulation des frais liés à des contraintes réglementaires effroyablement coûteuses. En revanche les étrangers, qui ne paient pas les mêmes taxes et qui se sont enrichis avec la mondialisation ont racheté une bonne part de l’immobilier le plus luxueux. Et l’État leur a consenti dans certains cas des dégrèvements fiscaux pour se faire. Bravo !

Les entreprises françaises qui n’ont pas fait faillite ont été rachetées par les entreprises des pays accumulant des excédents. Les Allemands ont racheté une part colossale du patrimoine d’entreprises Français. Sous-investissement, délocalisation, transfert de la propriété vers l’étranger ont été de règle depuis quarante ans !

Le secteur public a lui-même été ravagé par le sous-investissement. Certes on peut trouver des tee-shirts à quelques euros dans les surfaces commerciales qui cassent les prix, mais l’hôpital a souffert, la recherche s’est étiolée, les armées vivent de bouts de ficelles, les prisons nécessaires n’ont jamais été construites, les ponts ne sont plus maintenus sur les routes secondaires, la SNCF ne fonctionne plus, les aérogares sont devenues non fonctionnelles, l’université n’a plus que des locaux quasiment insalubres, les postes diplomatiques ont fondu, et plus rien ne marche.

On voit en observant ls courbes du graphique tout le risque qui pèse sur la « réindustrialisation ». Les prix nationaux de production en l’état des législations, sont de 2 à 10 fois ceux des produits importés. Sauf dans des cas très spéciaux, la relocation ne peut pas marcher sans d’énormes changements fiscaux et réglementaires. Au moment où les flux d’articles à bas prix se tariront, la courbe des prix recroisera celle du PIB et éliminera le pouvoir d’achat !

La seule solution pour l’Occident, qui globalement souffre des mêmes maux, avec moins d’acuité dans les pays où les dépenses et la dette ont été maîtrisées depuis 1990, est de revoir le mode d’organisation du système monétaire international et de l’Euroland. Il faut éviter les excédents systémiques et les déficits endémiques. En éliminant les déséquilibres, on retrouvera une logique de la production et de l’emploi plus maîtrisable. Notamment il redeviendra possible de parler en termes d’investissement productif et plus seulement en termes d’augmentation de la valeur des titres.

C’est le message fondamental que suggère le « graphique de Dufau », comme disait mes élèves. Je regrette d’en avoir réservé le commentaire à mes conférences. Il mériterait d’être recalculé avec plus de soin et utilisé à plus grande échelle pour sa vertu d’explication limpide de la situation mondiale . Quand la folie déclenchée par les gourous de la décarbonation totale à réaliser de toute urgence sera retombée, et en espérant que le champ de ruines ainsi créées ne soit pas trop étendu, il sera temps de penser à retrouver un peu de raison et de reconstruire un système mondial des échanges plus rationnel fondé sur l’équilibre des flux, plus que sur des rapports de force destructeurs même pour les pays qui croient posséder des capacités de domination.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Le retour de l'inquisition : exemple pratique , le "décret tertiaire".

Pour ceux qui ne savent à quelles extrêmités réglementaires la folie écologique a entraîné nos élites énarchiques, voici un exemple de courrier reçu par un propriétaire loueur de bureau.
 
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Messieurs, 

Le décret n°2019-771 du 23 juillet 2019 dit « Décret tertiaire » est entré en vigueur le 1er octobre 2019.

Son objectif est de réduire le niveau de consommation d’énergie du bâtiment d’au moins 40% d’ici 2030, 50% d’ici 2040 et 60% d’ici 2050, par rapport à une année de référence qui doit être choisie par le Propriétaire. 

Les immeubles concernés doivent répondre à deux conditions cumulatives d’usage et surface, à savoir : 

-           le bâtiment hébergeant exclusivement des activités tertiaires sur une surface cumulée supérieure ou égale à 1.000 m² (les surfaces accessoires aux activités tertiaires étant prises en compte sur la base de la définition de l’entité fonctionnelle fixée à l’article 2 de l’arrêté « Méthode ») ;

-           le bâtiment à usage mixte hébergeant des activités tertiaires sur une surface de plancher cumulée supérieure ou égale à 1.000 m² ;

-           le bâtiment faisant partie d’un ensemble de bâtiments situés sur une même unité foncière ou sur un même site hébergeant des activités tertiaires sur une surface de plancher supérieure ou égale à 1.000 m².

Pour le suivi de cet objectif, l’ensemble des données de consommation énergétique annuelle des bâtiments concernés devront être déclaré sur une plateforme numérique spécialement créé à cet effet, appelé OPERAT. 

Ces obligations de déclaration et réduction des consommations d’énergies concernent autant les propriétaires que les preneurs à bail des bâtiments ou parties de bâtiment assujettis

Et chacun pourrait être visé par les sanctions fixées en cas de non-déclaration / inaction face aux objectifs fixés, notamment via une amende administrative (1 500 € par personnes physiques, et jusqu’à 7 500 € par personnes morales et par site), ainsi qu’un système de « name and shame » qui impliquera la mise en ligne publique des mauvais élèves, tant pour les propriétaires que les locataires). 

Pour mémoire, une société filiale du Groupe EMERIA occupe les locaux sis 98 avenue Saint Mandé à PARIS. 

En votre qualité de bailleur, nous vous saurions gré de bien vouloir nous indiquer si les locaux loués entrent dans le périmètre d’une des trois catégories. En effet, les clauses du bail ne nous permettent pas d’identifier ce point. Si vous ne disposez pas de ses informations il vous est possible de vous rapprocher de vos interlocuteurs privilégiés immobiliers (syndic représentant le conseil des propriétaires, Président du conseil syndical, ASL, AFUL, gestionnaire, property Manager/gestionnaire technique, etc.) lesquels disposent des données exactes ou plus précises sur le bâtiment dont fait partie le local. Pour conclure, nous vous remercions de nous donner les informations suivantes, à l’adresse mail indiquée en tête des présentes :

-       Si l’immeuble entre dans le champ d’application du Décret tertiaire ;

-       Dans l’affirmative, merci de nous confirmer qu’une démarche globale est menée par vous-même, votre gestionnaire, ou par le syndic, relative à :

(i)            La déclaration de l’immeuble sur la plateforme OPERAT pour renseignement des données relatives à l’immeuble (activités tertiaires exercées, surfaces etc.). En nous notifiant une fois ces démarches effectuées pour parfait suivi.

(ii)           L’année de référence que vous aurez choisie, en fonction des critères posés par le décret tertiaire, et nous préciser votre choix ;  

(iii)          La communication des consommations de référence (pour répondre aux objectifs de réduction énergétique) et des consommations annuelles, par type d’énergie. Et s’il s’agira de l’ensemble des consommations de l’immeuble, tant privatives que communes, ou uniquement de celles relatives aux parties communes de l’immeuble.  

 En effet, il est impératif que nous puissions obtenir ces informations rapidement, afin de nous organiser suffisamment tôt pour respecter les exigences du décret dans le délai qui nous incombe (soit pour rappel avant le 30 septembre).


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On notera que le propriétaire doit choisir une année de référence : sur quels critères ? La perplexité est de mise.

Il lui faut réduire le niveau de consommation d’énergie du bâtiment d’au moins 40% d’ici 2030, 50% d’ici 2040 et 60% d’ici 2050, par rapport à cette année de référence.

On ne dit pas que la norme au m2 est ceci ou cela. On dit que même si la consommation esst parfaitement optimisée depuis la création de l'immeuble, il faudra qu'il fasse des gains effectif de consommation de 60%.  Comment ? On ne sait pas ! La part du propriétaire, du syndicat de l'immeuble et du locataire ? On ne sait pas !

Les sanctions sont terrifiantes et concernent toutes les parties prenantes. En cas de non-déclaration / inaction face aux objectifs fixés, notamment: une amende administrative (1 500 € par personnes physiques, et jusqu’à 7 500 € par personnes morales et par site).

On appréviera le système de « name and shame » qui impliquera la mise en ligne publique des mauvais élèves, tant pour les propriétaires que les locataires).

Il faut s'affilier à la base de données OPERAT. Chouette !

Et tout cela avant le 30 septembfe 2023. Formidable !

Que chacun se regarde deux secondes et se dise je vais réduire ma consommation en la déclarant à l'administration de 60% en quelques années sous peine d'exposition déshonorante en place publique (on n'a pas pensé à raser le crâne des femmes propriétaires) et d'amendes prédatrices ! 

S'il ne se dit pas : nous sommes en Iran sous le régime du Parti de la Vertu, c'est grave. 

Nous sommes en France en Aout 2023 ! L'inquisition est revenue ! 

Quelle honte !

Rôle du CO2 dans le réchauffement climatique (2). Liste des principaux scientifiques critiques

Alors qu'une véritable chasse aux sorcières a été organisés contre les scientifiques qui ne voulaient pas simplement colporter une "vérité "venue des associations travaillant avec les organismes internationaux parce qu'ils ne voyaient pas de preuves convaincantes de la véracité des thèses avancées, il faut noter le nombre et la qualité des scientifiques concernés.

Je donne ici une courte liste des plus connus d’entre eux sachant qu'il y en a des centaines d'autres.

Patrice, professeur émérite des Universités, pour le Cercle des économistes e-toile.



Elliott D. Bloom, physicien, professeur à la Stanford University, membre de l'équipe du Stanford Linear Accelerator Laboratory , prix Nobel de physique, Senior Scientist Award de la fondation Alexander von Humboldt, insiste sur l'inadéquation des modèles invoqués par le GIEC.


Reid Bryson, professeur émérite de météorologie à l'université du Wisconsin, un des pères fondateurs de la climatologie moderne considère que les variations climatiques ont toujours existé et que le réchauffement climatique depuis le XIXe siècle est dû à la sortie du Petit Âge Glaciaire.


John Christy, professeur de sciences de l'atmosphère et directeur du centre des sciences de la terre à l'université de l'Alabama, ancien rédacteur des rapports du GIEC (leading author), médaille d’or de la NOAA : « Il n’y a aucune preuve évidente que l'activité humaine doive être mise en cause dans le réchauffement que l'on peut observer ; la coïncidence entre augmentation de la concentration en CO2 et réchauffement qui fonctionne de moins en moins avec le temps ». Son bureau à l'université a été visé par sept coups de feu en avril 2017, à l'occasion du "Jour de la Terre".


John Clauser, physicien quantique, prix Nobel de physique 2022. Ses déclarations figurent en incipit de cette petite synthèse. Après ses déclarations la conférence qu’il devait donner au FMI a été annulée !


Richard Courtney, relecteur expert du GIEC, consultant en science du climat et de l'atmosphère, admet qu'aucune preuve convaincante d'un réchauffement climatique causé par l'homme n'a été découverte.


Judith Curry, professeur à l'école des sciences de la terre et de l'atmosphère au Georgia Tech d'Atlanta. Décorée par l'American Meteorological Society, l'American Geophysical Union, la NASA, la NOAA et la Fondation Nationale des sciences. Elle affirme que « presque la moitié du réchauffement constaté au XXe siècle s'est produite lors de sa première moitié, avant le
développement mondial ». Pour elle, « la climatologie est devenue un parti politique de tendance totalitaire » et « une science douteuse au profit d'un projet politique ». En 2017, elle démissionne de son poste de professeur d'université, en soulignant qu'un scientifique est obligé d'adhérer à l'idéologie du GIEC pour obtenir des crédits et avancer dans sa carrière : soit on renonce à l'intégrité scientifique, soit on peut faire une croix sur sa carrière.


Richard Dronskowski, professeur de chimie et de physique à l'Université d'Aix la Chapelle, Allemagne, au Département de Chimie des Solides et Chimie Quantique. Lauréat du Prix Otto Hahn de l'Institut Max Planck, membre du Collegium de la Deutsche Forschung et de l'American Chemical Society. Il a déclaré que "la courbe en crosse de hockey est une falsification grossière destinée à répandre la peur", "qu'il n'y a absolument aucun consensus, zéro consensus [au sujet du réchauffement climatique]" et qu'il connaît "des collègues qui financent des instituts entiers grâce au climat. Ils n'ont aucun moyen de faire machine-arrière car leurs instituts seraient ruinés".


David Evans, mathématicien, qui a mis au point des modèles du cycle du carbone destiné au mécanisme de réduction de CO2 dans le cadre du protocole de Kyoto (1999-2005). Sur la base de nouvelles données, il a déclaré ne plus croire à l’influence du CO2 dans le réchauffement climatique.


Georges Geusken, chimiste quantique, professeur émérite à ULB. Il a montré que les modèles d’émission d’une back-radiation par le CO2 de la troposphère ne fonctionnait pas.

 

Ivar Glaever prix Nobel et principal signataire de la Déclaration sur le climat mondial affirme qu’il n’y a pas d’urgence climatique, précisant que les modèles climatiques « n’ont pas la moindre crédibilité en tant qu’outils de politique mondiale ».


Stanley Goldenberg, météorologue à la division de recherche sur les ouragans de la NOAA, ex-directeur au National Hurricane Center. Selon lui, « c’est un mensonge éhonté colporté par les médias que de faire croire qu’il n’y aurait qu’une frange marginale de scientifiques sceptiques sur l’origine humaine du réchauffement climatique ».


Howard Hayden, professeur émérite de physique à l'Université du Connecticut. Il a écrit une lettre ouverte au Département d'État américain pour exprimer son scepticisme, en déclarant que "les activistes du réchauffement climatique, comme des fourmis qui considèrent que le monde est fait de
rochers de 1 mm de diamètre, regardent les 3 derniers millionièmes de 1% de l'histoire de la Terre et font des conclusions extravagantes sur le climat et en particulier sur leur compréhension du climat".


Steven E. Koonin, physicien, spécialiste des modèles prévisionnels en physique, ancien directeur du Californian Institute of Technology (Caltech), ancien conseiller scientifique du président Barack Obama. Il considère que les modèles utilisés par le GIEC sont plus fragiles les uns que les autres.


Christopher Landsea, météorologue à la NOAA, spécialiste des ouragans, Ancien rédacteur du rapport du GIEC, il l'a quitté en en dénonçant l'instrumentalisation : « je ne peux pas continuer, en conscience, à contribuer à un processus que je considère être et conduit par des objectifs préconçus et
scientifiquement non valables ».


Robert Laughlin, prix Nobel 1998, déclare que « nous n’avons pas le pouvoir de maîtriser le climat ; l’humanité ne peut et ne doit rien faire pour réagir au changement climatique ».


Harold Lewis, professeur émérite de physique (1923 - 2011), ancien directeur du département de physique à l'Université de Californie, Santa Barbara. Il a déclaré que "l'arnaque du réchauffement climatique est la fraude pseudo-scientifique la plus grande et la plus réussie jamais vue de toute ma
carrière de physicien" et il dénonce le « torrent d'argent » issu des subventions gouvernementales qui « corrompt » l'American Physical Society.


Richard Lindzen, professeur à Harvard, un des plus grands noms de la climatologie, directeur au MIT, est sceptique sur la réalité d'un réchauffement exceptionnel et écrit : « Les générations futures se demanderont avec une stupéfaction amusée pourquoi, au début du 21e siècle, le monde développé s'est plongé dans une panique hystérique à propos d'une augmentation globale moyenne de température de quelques dixièmes de degré, et, sur la base d'exagérations grossières, de projections informatiques hautement incertaines, combinées en déductions improbables, il s'est trouvé en face d'un recul de l'âge industriel » .


Stephen McIntyre mathématicien à l'université de Toronto : avec Ross McKitrick, il a fait reculer le GIEC sur l'utilisation de la courbe en crosse de hockey de Michael E. Mann, qui s'est révélée être une manipulation totale.


Horst Malberg, professeur en météorologie et climatologie, ancien directeur de l'Institut de Météorologie de l'Université de Berlin. Il a été co-signataire d'une lettre ouverte de plus de 100 scientifiques allemands à la Chancelière allemande en juillet 2009 qui dénonce la croyance du réchauffement anthropique comme une pseudo-science.


Istvan Markó, président de l'European Chemical Society, affirme en 2011 : « Nous ne savons que peu de choses du climat terrestre, et les déclarations du GIEC sont utilisées dans un but politique. (...) De plus, affirmer que le taux de CO2 augmente la température du globe est erroné. La hausse de température précède l’augmentation du taux de CO2 (...).


Kary Mullis, Prix Nobel de chimie. Il est sceptique sur l'alarmisme actuel, pointant en particulier du doigt l'erreur de croire que l'on peut prévoir le climat à dix ou trente ans, alors que notre connaissance du climat est très parcellaire. Il affirme que "la climatologie actuelle est une plaisanterie".

 

Etc.


 

Rôle du CO2 dans le réchauffement :pourquoi de nombreux scientifiques résistent

Comme nous l'avons démontré dans de multiples articles, sous l'influence d'une théorie qui explique le réchauffement par la création anthropique de CO2, des politiques économiques suicidaires sont en train d'être mises en place notamment en Europe et particulièrement en France.

Cette théorie est considérée sous l'influence du GIEC comme la seule vraie, toute dissidence étant vue soit comme un complotisme ou une sottise navrante ou une action déplorable des lobbies de la croissance. Les opposants sont donc des primates antiscientifiques dont la bêtise risque de tuer la terre ou des pauvres types influencés par le patronat. En fait des salauds au sens sartrien du terme  !

Il était intéressant de faire un point exhaustif des aspects purement scientificques de la question. Notre ami Patrice, grand scientifique et professeur émérite de l'université, a passé de longs mois à tenter cette synthèse. Son approche est totalement libre de préjugés et ne cherche pas à prouver une thèse a priori quelconque. Elle est simplement technique et d'une neutralité absolue.  Quels sont les mécanismes en cause ? Permettent-ils d'aboutir à des conclusions ?  Qu'en disent les grands scientifiques ?  Impossible de trancher sans aller au plus près des équations et des calculs.

Le résultat est une surprise par rapport au catéchisme imposé par les instances internationales. On ne parvient pas à justifier le scénario proposé en partant des acquis de la science. Au contraire, tout le long du chemin apparaissent des impossibilités absolues. Alors brusquement, on constate que les promoteurs du scénario CO2 quittent la science pour se livrer à des conjectures dont beaucoup de scientifiques mesurent l'invraisemblance. Et dont nous, au Cercle des économistes e-toile, ressentons très vivement le danger. Peut-on ruiner l'économie pour un jeu d'hypothèses que beaucoup de grands scientifiques tiennent pour douteuses  ?

Nous livrons ce rapport pour que chacun puisse avoir les informations qui sont au coeur du réacteur. Merci Patrice !

 

Etude de synthèse sur le rôle allégué du CO2 sur le réchauffement de la planète.

Première question : le CO2 absorbe-t-il bien la radiation infra-rouge troposphérique ascendante ?
La réponse est oui. Dans le spectre infra-rouge du CO2 (celui qui nous intéresse, puisque la radiation atmosphérique est dans l’infra-rouge) il existe bien une bande d’absorption qui est détectée à 15μm. L’absorption de cette longueur d’onde à 15μm va transférer au CO2 une énergie donnée par la formule de Boltzman Ev= hc/lambda, lambda étant la longueur d’onde, h la constante de Planck et c, la vitesse de la lumière.  Il est clair que les capacités d’absorption du CO2 sont discrètes et ne jouent que pour certaines longueurs d’onde. Il s’agit d’un phénomène quantique et le gain d’énergie du CO2 est par définition quantifié. Ce n’est pas le cas des autres molécules gazeuses, on le verra plus bas.

Seconde question : cette absorption et l’énergie correspondante emmagasinée vont-t-elles bien exciter la molécule de CO2 ?
La réponse est oui. Le CO2 est une molécule tri-atomique 0=C=0 ; en emmagasinant l’énergie Ev, elle peut vibrer de trois façons :
par étirement symétrique ν1, à 7,5 μm,
par déformation angulaire ν2, à 15 μm,
par étirement asymétrique ν3, à 4,3 μm
Les deux derniers sont actifs dans l’infrarouge mais seul ν2 (déformation angulaire) se situe dans le domaine du rayonnement infra-rouge de la Terre (de 5 à 40 μm).
La bande 15μM correspond bien à la seule bande de radiation infrarouge terrestre ascendante qui peut-être captée par le CO2 Cet élément est absolument capital car il constituera une des limitations majeures (et même quasi intégrale) du rôle qui pourrait être attribuée au CO2 dans le réchauffement terrestre.

Troisième question : lorsque la molécule de CO2 se désactive (perte de l’excitation) renvoie-t-elle de la chaleur ? La réponse théorique en laboratoire serait oui. La réponse « réelle » au niveau de la troposphère est non, ou à un niveau très faible, selon les auteurs.

C’est le point crucial de l’ensemble du « scénario CO2 ». Théoriquement, et en laboratoire, une molécule de CO2 excitée par l’absorption à 15μm d’une radiation infra-rouge se désactive (se « dés-excite ») et rend son énergie en émettant une bande de fluorescence (en se désactivant elle est supposée réchauffer le milieu). Mais dans la troposphère ce n’est pas le cas, ou bien c’est un phénomène mineur. Pour quelle raison ? Simplement parce que le CO2 n’est pas seul. Le CO2 de la troposphère ne se désactive pas, ou à la marge, en émettant un rayonnement thermique (désactivation radiative) mais se désactive avant tout par collision et transfert d’énergie d’excitation en énergie cinétique (qui ne génère pas de chaleur).


Le CO2 de la troposphère se désactive avant tout par collision et transfert d’énergie et non par émission d’un rayonnement thermique.


Dans la basse atmosphère 78 % des molécules sont des molécules d’azote (N2), 21 % sont des molécules d’oxygène (O2) et 1 % sont des molécules d’argon Ar. Le CO2 ne représente que 0,04 % des gaz de la basse atmosphère. A la température de 15°C ces molécules sont animées de vitesses de translation de l’ordre de 500m par seconde. A la pression d’une atmosphère, chacune d’entre elles subit plusieurs milliards de collisions par seconde. Ces collisions sont en majorité élastiques et il n’y a pas d’interaction (c’est à dire pas de transfert d’énergie). On peut facilement calculer l’énergie cinétique moyenne des molécules de N2 et O2 par la formule de Bolzman Em = 5/2 kT ou k est la constante de Boltzman et T la température en Kelvin. L’énergie et la vitesse des molécules va donc augmenter avec la température et partant le nombre de collisions également Il s’agit bien chaque fois d’énergie de translation, qui est une énergie continue, augmentant avec la température et non d’énergie de vibration, comme celle du CO2, qui est, elle, quantique et indépendante de la température. Le CO2 subit, on l’a vu une déformation angulaire et vibre lorsqu’il est excité. Ainsi l’absorption dans la bande de 15μm d’un rayonnement infra-rouge est un des mécanismes d’excitation de la molécule avec accumulation d’une énergie de vibration (et non pas de translation comme les molécules de O2 et N2). Si le CO2 était seul il perdrait cette énergie de vibration par l’émission d’un rayonnement de fluorescence. Mais il n’est pas seul ! Il se trouve dans un milieu où plusieurs milliards de chocs par seconde sont liés aux molécules de CO2 et de N2.  La désactivation par collision précède la désactivation radiative


La question pertinente est alors : le CO2 va-t-il avoir le temps de se désactiver en émettant un rayonnement thermique avant de subir le choc permanent des autres molécules ?


La réponse est non. Il a été calculé que la durée de vie du plus bas état excité de CO2 était de 0,64s. Or la désactivation par collision concerne des états excités de très courte durée de vie (10-9s à 10-7s). Des millions de collision interviendront donc avant qu’une désactivation radiative du CO2 par émission de fluorescence puisse avoir lieu. Par ailleurs à 15°C, 40 % des molécules de N2 et O2 ont une énergie cinétique Ec supérieure à l’énergie de vibration Ev du CO2. Lors de collisions inélastiques (autrement il n’y a pas d’échange d’énergie) elles vont donc transférer au CO2 une énergie de vibration correspondante. En retour le CO2 restituera aux molécules de N2 et O2 cette énergie sous forme d’énergie cinétique lors de collisions suivantes. Cet équilibre ne dépend que de la température et de la pression. A la température de 15°C le pourcentage de molécules de CO2 en vibration est donc constant ; l’ajout de molécules éventuellement excitées par radiation ne modifiera pas cet équilibre et comme on l’a vu une désactivation radiative n’aura pas le temps d’avoir lieu avant de nouvelles collisions.

La question se pose également de savoir si la conversion après choc de l’énergie de vibration du CO2 en énergie cinétique de translation des molécules de N2 et O2 peut avoir un effet sur la température des basses couches atmosphériques ? Pour estimer l’importance d’un tel effet il faudrait connaître le volume d’air dans lequel cette énergie sera dissipée. En utilisant la relation de Beer-Lambert avec Io = intensité incidente et I = intensité transmise :log Io/I = A.C.L A et C étant les coefficients d’absorption molaire du CO2 et L l’épaisseur atmosphérique correspondant au volume occupé par le gaz (volume qui a tendance à augmenter actuellement).  En introduisant des valeur A = 20,2 m2/mol pour le coefficient d’absorption molaire du CO2 et C = 1,78 10-2 mol m-3 (pour 0,04 % de CO2 en volume) on trouve que log Io/I vaut 3 (99,9 % d’absorption) pour une épaisseur atmosphérique L = 8 m. Connaissant le nombre de molécules dans une colonne d’air de 8 m de hauteur et de 8 m3 de volume dans lequel seront dissipés 1,3 ou 7 W (selon les auteurs) on trouve que l’énergie cinétique moyenne Em des molécules N2 et O2, n’augmenterait en une seconde que d’environ 0,0001 %. Le gradient de température existant déjà dans les basses couches atmosphériques ne sera donc pas affecté par la présence de CO2.

La conversion en énergie cinétique n’a pas d’effet sur la température des basses couches de l’atmosphère.

Toutes ces données sont valables dans la troposphère à une température de 15°C. A de plus hautes altitudes le nombre de collisions dues aux molécules de N2 et de O2 est infiniment plus faible, de l’ordre de quelques milliers par seconde, puisque la température est plus basse. Entre 80 et 100 kms d’altitude les molécules de CO2 vont pouvoir se désactiver en émettant un rayonnement fluorescent. Mais étant donné l’altitude, cette radiation de désactivation n’aura aucun effet thermique sur la terre. (Remarque : les molécules de N2 et d’O2 peuvent également avoir des capacités de vibration, mais il faut alors les soumettre à des énergies considérables, ce qui n’est pas le cas de ce qui est observé dans la troposphère).


Une conclusion provisoire ?


Au strict plan de la transformation possible d’une énergie quantique, le CO2 n’émet pas de back-radiation thermique dans la troposphère, et l’effet de serre du CO2 à ce niveau ne peut pas être établi.


Il est évident que les climatologues payés pour aller dans le sens du GIEC contestent absolument ce raisonnement en arguant que tous les satellites ont capté une émission infra-rouge de l’atmosphère avec une bande de fréquence qui correspond exactement à la fenêtre de capture du CO2. Ce fait est interprété comme une ré-émission de radiation infrarouge vers la terre car les satellites sont orientés vers le haut.


De nombreuses questions se posent néanmoins. Une émission infra-rouge importante dans l’atmosphère est évidemment l’émission solaire entrante où toute la bande infra-rouge est représentée. L’hypothèse que les satellites captent la ré-émission infra-rouge CO2 est basée sur la « signature » de la bande d’absorption du CO2. Mais il peut s’agir simplement de la capture par le CO2 de la portion infra-rouge du rayonnement solaire à une altitude élevée (celle des satellites), avec ré-émission vers la terre sans conséquences thermiques. En effet l’élément le plus important à prendre en considération est l’altitude du satellite, en général supérieure à 200 kms. Même si le CO2 capte à cette altitude une partie de la radiation infra-rouge ascendante, la « back-radiation » vers la terre est sans conséquence thermique. La conversion thermique d’une éventuelle ré-émission intervenant dans la stratosphère est juste une hypothèse sans preuve.

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Il semble maintenant admis, même par certains scientifiques sélectionnés par le GIEC que le rayonnement infra-rouge émis dans l’atmosphère dans la bande d’absorption du CO2 est quasi entièrement absorbé par le CO2 déjà présent dans l’atmosphère. Mais ils considèrent que l’essentiel du réchauffement résulte de la modification de l’altitude à partir de laquelle le rayonnement thermique s’échappe vers l’espace, altitude qui augmente avec la concentration de CO2 en raison de l’épaississement de la couche opaque au sein de laquelle toute émission dans le spectre infrarouge du CO2 est réabsorbée ou diffusée. En clair le rayonnement thermique ne peut s’échapper qu’en « allant de plus en plus haut » étant donné l’épaississement de la couche de CO2. La température diminuant avec l’altitude, l’émission directe est diminuée, ce qui renforce le forçage radiatif de l’atmosphère.

En fait, l’impact sur la température de surface de la planète serait faible, de l’ordre de 0.2 – 0.3 °C depuis 1970. Qui plus est, le fait que le réchauffement d’une région infiniment plus froide que la terre puisse réchauffer la terre contredit absolument toutes les lois de la thermodynamique.

Mais il y aurait des boucles de rétroaction positives qui amplifierait le processus de réchauffement. Celles-ci n’ont jamais été mises en évidence. Et le calcul de l’augmentation de la température (même faible, 0,4°C par siècle dans le futur étant 6 fois inférieur aux prévisions du GIEC) liée au blocage de la radiation thermique reste assez obscur. Différentes versions de cette hypothèse existent. Elles ont en commun de supposer que les concentrations de CO2 augmentant dans la haute atmosphère, beaucoup plus froide, la rétroaction qui en résulte entraîne une augmentation de la densité du nuage de CO2, ce qui augmente le forçage radiatif et la température des couches basses. Or, même avec cet effet, l’augmentation des températures de la troposphère serait très inférieure à celle observée et surtout ce transfert de température serait opposé avec ce que l’on sait des lois de la radiation thermique d’un corps noir.

Nous avons gardé pour la fin une des preuves les plus irréfutables du rôle limité de l’augmentation des taux de CO2 dans le réchauffement climatique. On l’a vu le domaine d’absorption du CO2 pour les radiations infra-rouges se situe entre 14 et 16μm. La question est alors très simple : quel pourcentage du rayonnement thermique ascendant est émis dans cette longueur d’onde ?

En intégrant l’équation de Planck de 14 à 16 μm on s’aperçoit que 9,3 % de la radiation infra-rouge ascendante terre-atmosphère est émis dans cet intervalle de longueurs d’ondes. Ce qui signifie que quel que soit son coefficient d’absorption (et quelle qu’en soit les conséquences) le CO2 ne peut absorber au maximum que 9,3 % du rayonnement thermique ascendant. Or les quantités de CO2 actuellement présentes dans l’atmosphère absorbent déjà entièrement ces 9,3 % de rayonnement thermique dans une couche de 8m de la troposphère ! Le rayonnement thermique terrestre correspond selon la NASA à 21 % de l’énergie totale reçue du soleil au sommet de l’atmosphère (légèrement inférieur au 15 % de 51 % =29 % attendus) , et au niveau de la terre à  4 % de l’énergie totale reçue du soleil. Le CO2 au mieux absorberait donc 10 % (9,3%) de ces 4 % d’énergie solaire, soit 0,4 % de 342W/m² = 1,37 W/m². Ce rayonnement est déjà entièrement absorbé par les quantités de CO2 présentes dans la troposphère (quel que soit ce qui se passe « après absorption »). On dit que l’absorption est « saturée ». « Rajouter » du CO2 ne peut qu’avoir un effet à la marge (vibration aux extrémités angulaires).

Deux données physiques fondamentales rendent donc très improbable l’attribution du réchauffement climatique à un effet de serre lié au CO2 :

L’absorption par le CO2 de la radiation infra-rouge de la troposphère obéit à une loi quantique et ne se fait que dans un spectre de longueur d’ondes de 14 à 16 μm. 9,3 % seulement de la radiation infra-rouge terrestre ascendante sont émis dans ce spectre. La quantité de CO2 présente dans l’atmosphère est déjà suffisante pour absorber ces 9,3 % de radiations. On dit que l’effet est saturé. Rajouter du CO2 ne produit qu’un effet à la marge.

Qui plus est, dans la troposphère, le CO2, après absorption de la radiation infra-rouge précédemment décrite se désactive avant tout par collisions et non par émission d’un rayonnement thermique. Le CO2 ne se désactive avec émission d’un rayonnement qu’à une altitude de 80 à 100 kms, ce qui est sans effet sur la température terrestre.


Ces deux éléments fondamentaux (caractère quantique de l’absorption, présence dans la troposphère de millions de collision/seconde avec des molécules de N2 et de O2) ne sont bien sûr pas ignorés des climatologues qui justifient pour le GIEC le rôle majeur du CO2 mais ils ne sont délibérément pas pris en compte au prétexte que les « satellites renvoient bien une radiation infra-rouge CO2 », ce qui prouve l’émission d’une radiation thermique du CO2 vers la terre. Et ces mêmes climatologues d’ajouter « si les faits ont raison contre la théorie, ce sont les faits qui comptent ».

Mais justement ce sont les faits qui en l’occurrence posent problème. L’émission infra-rouge captée par les satellites à plus de 200 kms ne prouvent nullement que cette émission corresponde au renvoi vers la terre d’une radiation thermique due au CO2 (cf supra). Dans la troposphère le CO2 ne peut pas connaître de désactivation radiative thermique ou alors il faut changer les lois de la physique.

Pour quelle raison le GIEC maintient-il alors sa position ? La raison est simple : le GIEC a été créé pour étudier le rôle de l’activité humaine sur le réchauffement climatique. Or le témoin le plus évident de l’activité humaine est la combustion d’énergies fossiles et l’émission de CO2.  L’augmentation des températures étant en apparence corrélée à celle des concentrations de CO2, le CO2 devenait le principal responsable du réchauffement dû à l’homme. L’hypothèse était peut-être séduisante, mais elle ne résiste pas à l’analyse physico-chimique des processus d’absorption.


Les tentatives de court-circuiter l’analyse du processus d’absorption en invoquant des boucles de rétro-action liées à l’augmentation des concentrations de CO2 dans la stratosphère et la haute atmosphère sont totalement floues et de toute façon ne peuvent pas rendre compte des augmentations de température constatées.

Bien d’autres éléments apparaissent contradictoires lorsque l’on analyse l’hypothèse de l’effet de serre du CO2. Si le CO2 se mélange d’une façon homogène au bout de 2 ans aux autres gaz atmosphériques, pourquoi l’augmentation des températures n’est-elle pas homogène sur la surface du globe (elle est au contraire totalement hétérogène) ? Entre 1998 et 2012 les taux de CO2 ont continué de croître très rapidement. Pourquoi la température a-t-elle été stable à la même période ? L’évolution des températures mensuelles, non lissées, montre deux hausses de 0,6°C chacune sur une période similaire de 30 ans : l’une de 1915 à 1945, l’autre de 1975 à 2005. Comment attribuer ces deux hausses parallèles exclusivement au CO2 alors que sa concentration était 6 à 10 fois inférieure de 1915 à 945 à ce qu’elle était en 2005 ?  L’effet de serre lui-même est une énigme pour les thermodynamiciens et les physiciens car d’une part il n’a rien à voir avec l’effet de serre radiatif d’une serre botanique et d’autre part il contredit toutes les lois du rayonnement d’un corps noir.

Restent bien sûr à expliquer les deux grandes données initiales : réchauffement et parallélisme de l’augmentation des concentrations du CO2, ce qui n’est pas l’objet de la présente synthèse.

Une des explications du « parallélisme » actuel (et non de la corrélation évidemment) pourrait être que les augmentations des concentrations du CO2 suivent immédiatement les épisodes de réchauffement. Le CO2 atmosphérique proviendrait alors du réchauffement des océans et serait lié à l’augmentation de l’évaporation (figures 4 et 5 ci-dessous), ce qui amène à se poser des questions sur les caractéristiques actuelles du réchauffement des océans.  La question majeure restant bien sûr : quel phénomène est à l’origine du réchauffement observé ces dernières décennies ? Les modèles abondent, proposés par les plus grand scientifiques (modification du nombre de tâches solaires, des vents solaires c’est-à-dire de l’activité corpusculaire solaire, de l’inclinaison terrestre, de la périhélie, de la précession et rétrocession (paramètres de Milankovitch), modification de la circulations des courants chauds, du gradient tropique/pôles, effet cumulatif d’ El Nino, etc.) mais comme ils ne sont pas « anthropocentrés » ils sont systématiquement censurés.

Par exemple :

Pascal Richet dans History of Geo- and Space Sciences, 12, 97-110 (2021) a exploité l’Enregistrement de Vostock : les pics d’émission de CO2 suivent les pics de température et pourraient être dus à une évaporation par réchauffement des océans.

Un graphique essentiel cité par Humlum et al. (2013) Global and Planetary Change 100:51–69, montre qu’entre les années 1998 et 2012 la « température moyenne du globe  n’a pas augmenté.  Par contre les pics de concentration atmosphérique de CO2 ont continué de suivre les pics de température ».

Note de l’éditeur :

Aucun scientifique n’a été capable de fournir une preuve scientifique convaincante de l’influence du CO2 sur le réchauffement. Les mécanismes physiques de base prouvent en revanche le contraire. Pour s’en sortir, les partisans de cette explication font un pari pascalien : « Je n’en sais rien mais puisqu’il y a réchauffement il doit se passer quelque chose que nous ne sommes pas capables d’expliquer mais qui se passe quand même. En attendant j’exclue par principe toutes les autres explications que celle basée sur le rôle du CO2 ».

Il faut se rappeler que la conférence de Rio qui est à l’origine du GIEC avait pour but, sous l’influence de prêcheurs diabolisant l’homme et son action sur la nature, de rechercher les effets de la malfaisance des activités humaine sur la nature.  Cette approche quasi religieuse, de purge du mal qui est en nous, a trouvé dans le CO2 le moyen de criminaliser toutes les activités humaines, puisqu’elles ont toutes une interaction avec le CO2, au point qu’une partie notable des jeunes occidentaux ne veulent même plus avoir d’enfants pour ne pas tuer la terre. Cette intoxication de la jeunesse s’accompagne d’une chasse aux sorcières impitoyable contre tous ceux qui ne plient pas l’échine devant les nouveaux Savonarole.  Elle se produit tous les jours dans les milieux de la science, prétendue unanime, alors qu’elle ne l’est pas du tout. Le rôle du CO2 dans le réchauffement que nous constatons est une pomme de discorde d’autant plus âpre que l’approche scientifique s’oppose clairement à une démarche à caractère religieux, même s’il s’agit de purger le mal qui est dans l’homme. Le retour de la notion d’hérétique est dramatique.

Cette action de changement de l’homme est en marche avec les mêmes méthodes dans tous les champs LGBT+++. Il faut « déconstruire » et l’homme et les activités humaines. Pour ce faire la violence et le mensonge sont des moyens acceptables. Alors apparaîtra l’homme nouveau, purifié et salvateur qui aura sauvé le monde par la Vertu pendant que les sorciers auront été brûlés en place publique.   

Impuissance des électeurs. La question des fuites démocratiques

De nombreuses évolutions problématiques ont aggravé la distance entre dirigeants et électeurs. On peut les appeler des « fuites démocratiques ».  Elles ont des conséquences très fâcheuses. Elles doivent être rebouchées.

 

La première fuite démocratique est le développement de l’Europe institutionnelle qui, à partir du traité de Maastricht, a capté une part croissante du domaine de la loi, la représentation nationale se devant d’inscrire les ordonnances dans la législation nationale sans les altérer. Un parti national n’aaucune influence sur le contenu des ordonnances qui seront proposées à sa guise par la Commission et votées par le Parlement européen, où les groupes partisans nationaux sont totalement noyés dans la masse, pourquoi se préoccuper de savoir si le programme convient au pays. Il ne sait même pas ce qui se passe à Bruxelles.

La seconde fuite démocratique est la capture du domaine journalistique et culturel, politique, économique et financier par la haute administration, déviation antidémocratique que l’on appelle ici l’Enarchie Compassionnelle et Bienveillante. Il en est résulté un blocage fondamental de la représentativité et l’impossibilité pour l’électeur de peser sur les choix fondamentaux. Une forme de caste a fini par s’emparer des partis de gouvernements, désormais en famille. Elle bloque toute carrière politique d’intrus venant du terrain en monopolisant les grands postes.

La tentation de la régionalisation a entraîné également un dessaisissement partiel du gouvernement. Son absence d’objet important stérilise le vote. La gestion matérielle des écoles ne mobilisent pas les foules.

Le droit a connu une double évolution également préjudicielle à la vie démocratique par les élections.  Les cours constitutionnelles ont pris le pouvoir législatif en interprétant les préambules consacrés aux droits de l’homme. En s’appuyant les unes sur les autres, CEDH, cours de justice Européenne, Conseil d’État, cour de Cassation, ont retiré aux parlementaires le monopole de l’effort nécessaire pour traduire concrètement t les espoirs portés par le concept de droit de l’homme et s’arrogent la mission de juger toutes les lois à l’aune des droits de l’homme, préférant toujours l’individu au groupe et empêchant souvent de régler efficacement diverses difficultés. Ces aspects sont désormais assez bien nommés et connus. Le suivant, pas du tout !  Une déviance judiciaire, au plus près des justiciables, la doctrine « justicialiste », s’est largement imposée dans le monde des juges. Elle prétend s’autonomiser par rapport à la loi par l’action syndicale, des tentatives jurisprudentielles ou des jugements politiquement orientés, et promeut une action discriminatoire en fonction de personnes mises en cause. Il devient difficile de savoir comment seront mises en œuvre les règles votées par le Parlement et même si elles le seront. On se souvient du refus général d’appliquer les peines planchers mises en place par la majorité qui soutenait Nicolas Sarkozy.

Devenir ministre est certes une belle promotion politique. Mais l’heureux promu constate vite une impuissance presque totale. Au dernier remaniement, les chefs de cabinets ont été choisis avant les ministres ! Du coup l’Enarchie triomphante ne considère pas anormal de choisir comme Premier ministre une fonctionnaire dirigeant une société d’autobus publique, et de la remplacer ce poste par le précédent premier ministre, également fonctionnaire. Personne ne relève cette stupéfiante situation. On ravale la nation à la RATP ! Et personne ne moufte ! La politique ne peut pas se réduire à un jeu de chaises musicales entre les différents postes politiques et administratifs.

Du fait de l’emprise quasi absolue aujourd’hui de la haute administration sur les choix politiques et leur mise en œuvre, la fiscalité, la dette et la réglementation détaillée et pointilleuse sont devenues le moyen d’expression préféré voire exclusif du gouvernement. Tout devient délit de façon tellement envahissante et contraignante que partout les amendes pleuvent et les décisions administratives contraignent. À tel point que tout le monde devient plus ou moins délinquant. On compte à Paris plusieurs millions de trajets automobiles tous les jours, qu’il s’agisse d’habitants intra-muros, de banlieusards ou de touristes. Qui peut dire qu’à chaque trajet le respect des 30 km/h a été effectif ? Voilà aussitôt des millions de délinquants routiers ! Ne parlons pas des cyclistes… l’incivilité qui pédale.

Tout est devenu pénal : les relations entre les différents moyens de transport, entre salariés et patrons, entre homme et femme, entre adultes et enfants, entre salariés et patron.

Des associations outrancières et maximalistes s’appuient sur des lois indéfiniment contraignantes pour faire régner une « pression sociale » illégitime et injuste, amplifiée par les réseaux sociaux et le vide politique.

La liberté et la fraternité se sont fracassées sur cette pression bureaucratique et idéologique délirante.

La démagogie ouverte des cadeaux catégoriels a tué l’idée d’une égalité des droits et des devoirs.

Des droits acquisitifs excessifs distribués sans contrepartie, accompagnés par l’abandon de toute répression des violences de masses venues des banlieues envahies par des millions d’immigrés Africains, près de 400 000 arrivées par an, ont conduit à la perte de contrôle de nos finances, de la délinquance et des services publics.

La dépense publique atteint l’équivalent de 56 % de la richesse produite, avec un financement qui repose majoritairement sur un tiers de la population assommée de prélèvements divers, et il faut trois mois pour avoir un passeport ou un rendez-vous avec un ophtalmo, et des mois voire des années pour obtenir un jugement, ou une réponse administrative sur des sujets qu’on a indéfiniment compliqués.

Le président Macron et Mme Borne, habitués des résidences publiques, ont décidé de faire passer sans crier gare une loi présentée ainsi : « Nous ne devons plus laisser la seule loi de l'offre et de la demande, conjuguée à la cupidité humaine traditionnelle, créer une bulle d'enrichissement de quelques-uns. Il faut un changement fondamental de paradigme sur le droit de propriété ».

Et hop : Foin d’un des droits de l’homme sacralisés par la Constitution

La nervosité a fini par gagner toute la population agacée dans tous les actes de la vie par des contraintes et des exactions excessives. La violence a fait des progrès spectaculaires dans la société. La révolte des « gilets jaunes » est venue d’une taxe et d’une interdiction de trop.

On comprend que s’est créé un énorme vide entre la population souveraine et une sphère politique tenue par une caste qui la gère désormais en famille.

La presse ne joue plus son rôle d’information et de médiation. Elle est tenue par huit milliardaires qui tous dépendent de l’État. L’énorme secteur public de l’information a été totalement colonisé par la gauche depuis la prise de pouvoir par F. Mitterrand. Tous les « déviants » ont été virés. Les équipes « de gauche » se sont installées en force d’une façon indéracinable et exclusive. Du coup la presse est devenue la caisse de résonance des opérations image de la petite caste dirigeante étatiste et socialisante, et de la propagande gauchiste. Elle a désormais décidé de purger le pays des esprits critiques. La liberté de penser et de s’exprimer connaît un recul inouï. L’affaire des vaccins contre le Covid a été très démonstrative.

Toutes ces évolutions posent de graves difficultés aux partis politiques de gouvernement. Ils doivent faire face à la triple accusation d’impuissance, de démagogie et de d’illégitimité démocratique. Comme il n’y a plus de carrière politique intéressante possible, sauf rare exploit, pour des non-fonctionnaires, dans les partis de gouvernement, les amateurs sont partis dans les partis « antisystème » qui eux ont ouvert la porte au peuple de base. On trouve peu d’Énarques au RN ou à LFI.

L’exceptionnelle réussite de la manipulation tentée par Emmanuel Macron qui a choisi d’unifier la Caste sous sa houlette et de lui permettre de prospérer en famille, est à souligner. Il est vrai que les nuances entre Chirac et Jospin, Fabius et Juppé, Rocard et Villepin, Hollande et Copé, etc. sont impossibles à définir. Ce sont des nuances de postures et de narratifs mais personne ne sait quelles différences programmatiques les séparent. S’il existe un expert capable de démêler ce qui distingue Mme Pécresse de Madame Borne, ou M. Wauquiez de Monsieur Philippe, cela prouverait qu’on a progressé dans le domaine de la microscopie de l’infiniment petit.

En réunissant tous les Énarques opportunistes et carriéristes, Emmanuel Macron a vidé de l’intérieur et le PS et LR.

Comment s’étonner que le triomphe pendant 50 ans de l’étatisme socialisant sans limite, qui est la religion commune des hauts fonctionnaires, ait produit une bureaucratie hors normes dans tous les domaines, une première place pour la fiscalité et les taxes, un excès de dettes colossal, le tout paradoxalement accompagné de la faillite des services publics et de tous les domaines régaliens sous la pression d’une immigration incontrôlée ?

Suturer les fuites démocratiques qui découragent l’électeur et l’empêche d’influencer les politiques conduites est une des urgences nationales critiques.

 

Qui est responsable des dérives de l’Union Européenne et que faire ?

J’appartiens à la génération des Français nés pendant la guerre de 40 et pour qui la construction d’un ensemble européen pacifique avait un sens. Dans le petit ensemble des six pays fondateurs, dont un morceau d’Allemagne, pouvoir annoncer à tout membre de ces nations : « je ne te crains pas et tout membre d’une nation membre sera traité exactement comme un national sans aucune discrimination » était un acte fort et digne d’être soutenu voire fêté. De même, choisir de supprimer toutes les mesures sciemment discriminatoires dans les échanges de biens, de services, de capitaux et de personnes, dans l’ensemble ainsi constitué, était un bienfait.

En revanche, il n’était pas question d’abandonner les identités nationales, ni de fondre les législations, en privant chaque état de la possibilité de mener une politique nationale ou diplomatique spécifique. Organiser une coexistence pacifique, marquée par des projets communs et l’élimination de procédés anticoncurrentiels douteux, ne signifiait pas que les législations dussent être unifiées dans tous les domaines et qu’elles soient transférées à une instance « fédérale ».

Bien entendu, le projet européen de Monnet était entièrement soutenu et financé par les Etats-Unis dont l’objectif, après-guerre, était comme depuis des décennies, d’en finir avec les empires européens et d’assurer leur domination économique, monétaire, diplomatique et militaire. Mais réduire l’ambition des membres de la communauté économique européenne à la seule ambition de devenir une colonie américaine serait caricatural. Le Général de Gaulle, dont les difficultés avec les Etats-Unis sont connues, prendra de nombreuses mesures de correction de la trajectoire européenne, avec l’introduction au forceps de l’agriculture dans le schéma communautaire et, en France, il imposera la sortie du commandement intégré de l’OTAN. Mais il acceptera le traité de Rome et le marché commun qu’il créait.

On dira : il s’est trompé : Les autres pays étaient purement et simplement atlantistes et n’avaient nulle envie de contester leur vassalité. Le Bundestag videra de leurs substances les accords passés entre Adenauer et De Gaulle. Dès que le Général s’est attaqué au dollar, il s’est retrouvé avec une « révolution étudiante » à domicile, le premier exemple d’une « révolution de couleur » comme on dit maintenant. La volonté américaine d’imposer sa loi rejoignait la nécessité pour l’Allemagne de faire profil bas après les exactions sans nom de la période hitlérienne alors que le pays était coupé en deux.

Il reste que la volonté d’en finir avec des querelles tournant régulièrement au massacre depuis des décennies, et de mépriser les exaltations nationalistes du type Hitlérien et Mussolinien, basées sur la violence et les exactions guerrières, était profonde et partagée dans le cadre des six pays fondateurs.

En 1967, le mélange d’atlantisme et d’européisme fédéraliste qui régnait en Belgique ou en Italie, sur fond de lutte contre l’expansionnisme de l’URSS et du « socialisme réalisé » existait sous forme d’une faction « centriste », symbolisée un temps par Lecanuet. Directement soutenue par les Etats-Unis partout dans la CEE, cette mouvance était active. Mais elle n’était pas dominante.

L’Europe restait le champ d’initiatives de mises en commun, sans perte d’une vie politique nationale, et sans volonté de nivellement. L’idée de « construction » de l’Europe ne signifiait pas « création des Etats-Unis d’Europe inféodée aux Etats-Unis ». Mais l’approfondissement de règles et d’associations utiles et la volonté, là où c’était nécessaire de laisser plus de libertés concrètes aux membres des pays unis

Permettre à un « étranger » de contracter librement dans tous les domaines ne va pas de soi. Aboutir à ce qu’il puisse s’installer partout en Europe, s’y loger, y créer des entreprises, s’y marier, y trouver un emploi, y ouvrir un compte en banque, payer ses impôts, léguer, exporter, importer, de façon libre et transparente sans procédures bureaucratiques éternelles, ce n’est pas simple. Réussir ce pari demandait du temps donc « une construction ». Bien sûr, il était possible d’obtenir des visas d’installation et d’arriver au même résultat sans structure multinationale.

La création d’un « espace de bonne volonté », concernant un ensemble de pays appliquant rigoureusement les mêmes règles aux étrangers communautaires qu’à ses nationaux, hors l’élection, et promouvant les relations faciles entre eux, ne pouvait nuire.

On voit bien après le Brexit, que le retour des visas, des pièges réglementaires, des barrières diverses, a détruit une bonne partie de ces bénéfices concrets de liberté et de facilité.

Mais il y a eu le Brexit et il ne s’est pas produit sans raison.

Les traités de Schengen et de Maastricht ont cassé l’optique communautaire, associant des pays restant libres de leurs options politiques et sociales internes, pour une unification législative, monétaire, économique et sociale envahissante. Plus de frontières, plus de monnaie, une langue anglaise comme base linguistique unifiée, plus de droit, les instances juridiques de l’Union décidant d’interpréter les principes de la déclaration des droits de l’homme, et l’obligation de transcrire dans la loi nationale toutes les règles régies par des ordonnances européennes courant par grignotage la totalité du spectre de l’action législative, cela signifie-t-il qu’il n’y a plus ni Etat autonome ni Nation ? Non, mais il faut pour résister à la pression une force politique à la tête de l’exécutif français particulièrement puissante. Si cette force ne s’applique pas alors oui, l’indépendance nationale et la vie nationale s’étiole et peut disparaître.

Giscard et Mitterrand ont voulu que la France entre intégralement dans un schéma européen contraignant. Chirac a cédé en faveur du traité de Maastricht. Et aucun n’a voulu montrer une quelconque résistance aux dynamiques ainsi créées.  La vie politique française s’est effondrée aussitôt. Le sinistre Macron n’en fait pas mystère : la France, son drapeau et autres oripeaux de l’ancien temps, il n’en veut pas. Avoir commencé son quinquennat en allant faire sa révérence aux instances juridiques collectives, annonçait la suite : le drapeau européen seul à l’Arc de Triomphe ou sur la tour Eiffel, puis l’obligation des mairies d’afficher le drapeau européen ; l’affirmation d’une « citoyenneté » européenne ; les discours en « pidgin english » à tout propos ; l’abandon du Français en Europe et de plus en plus dans le champ de l’université, de la pub, des actes légaux etc. Tout le monde sait qu’il fait tout pour lui donner accès à son rêve d’après : devenir président élu de toute l’Europe.  C’est pour cela qu’il s’est opposé à son arrivée au pouvoir au projet d’élection du président de la Commission au suffrage universel.  Remplacer la présidente tournante par une présidente permanente, cela seul serait digne de son ego. Personne ne sait qu’il a profité de la présidence tournante de la France pour organiser partout des consultations de la jeunesse qui ont fait valoir qu’il fallait « un président élu pour l’Europe ». Cette ambition explique l’incroyable abandon des intérêts français au profit d’autres pays de l’Union et le refus de s’opposer à quoi que ce soit dans le processus des ordonnances européennes.

Avant lui, la forfaiture démocratique de Nicolas Sarkozy faisant voter à l’Assemblée les mesures que le non au traité « constitutionnel » européen avait rejetées ne cesse de produire ses effets délétères. Tout est désormais de guingois et les forces délétères qui ont prévalu jusqu’à la guerre de quarante reprennent du service.

Le symbole de l’impuissance des institutions se trouve d’abord dans l’élection au Parlement européen. La campagne électorale n’a en général aucun sens. Et d’abord que veut-on dire lorsqu’on parle de « sens » dans une élection ? Précisons-le : une élection a un sens si elle permet de dire à la majorité ce dont elle ne veut pas ! Ce qui veut dire que les enjeux doivent être connus et qu’une majorité peut apparaître, qui conditionnera l’action de l’exécutif. Rien de tout cela n’est possible au Parlement européen. Les enjeux ne sont pas connus puisque les textes qui seront débattus seront proposés principalement pour ne pas dire exclusivement par la Commission qui a entière liberté dans ce domaine. Les élus, découpés en petits groupes par la proportionnelle, et souvent choisi sans critère politique clair par les partis, ont une place ridicule dans le parlement. Que peuvent faire 40 personnes dans un hémicycle de plus de 700 membres ? Comme ce ne sont pas des partis globaux avec des programmes globaux qui se présentent aux votes, aucun choix d’option n’est effectué par l’électeur. Il ne sera pas informé de ce qui est discuté à Bruxelles. Il ne saura même pas ce qu’a voté la liste qu’il a retenue ni même si elle a voté de façon commune. Il ne réalisera les conséquences de l’action de la Commission que lorsqu’il faudra retranscrire dans le droit national. Et on lui dira que la décision étant prise il est trop tard pour se réveiller et dire non.

Dans le processus, seul le Président de la République peut bloquer puisque tout projet finit par l’accord des exécutifs. Si, comme le président actuel, il a décidé de dire oui à tout sans baragouiner, l’électeur français voit l’Europe diriger sa vie sans même pouvoir s’exprimer. Même s’il le voulait, il aurait beaucoup de mal à bloquer une mesure qui a été avalisée d’abord par la Commission puis par le Parlement, en général sous l’influence des grandes associations et de la diplomatie américaine.

Comme l’Europe institutionnelle s’est affranchie des traités pour intervenir dans tous les domaines et avec un luxe de détail invraisemblable, la gouvernance française passe pour totalement impuissante même et y compris pour des décisions de la vie quotidienne la plus élémentaire et pire encore pour les décisions nationales critiques.

On voit que les instances européennes viennent de régenter dans un sens catastrophique l’activité agricole française, de supprimer les voitures thermiques à court terme, de manifester sa mauvaise humeur contre l’énergie nucléaire, de promouvoir le voile islamique comme preuve de liberté, en même temps que le droit européen interdit toute maîtrise des flux migratoires et des règles du commerce extérieur. L’Allemagne devenu le mastodonte de l’Europe reprend son rôle abusif en Europe centrale et ses excédents déments faussent totalement la gestion de l’Euro (les flux allemands représentent près de 80 % des flux de la BCE !). Sa représentante à la tête de la Commission se croit présidente des Etats-Unis d‘Europe et s’agite sans mandat sur des questions qui ne sont pas de sa compétence comme la guerre en Ukraine. En même temps l’Union Européenne finance les mouvements wokistes en France y compris à l’université et dans les régions et municipalités !

The Economist nous apprend qu’Emmanuel Macron a décidé en catimini de changer radicalement les options traditionnelles de la diplomatie française en Europe très réticente à de nouveaux élargissements. L’intégration de l’Albanie, du Kosovo, de la macédoine du nord, de la Serbie, si elle le souhaite, ne saurait plus un problème. Aucun des médias français n’en parle alors que toutes les chancelleries ne bruissent que de ce revirement complet.

En fait Emmanuel Macron persiste dans la préparation de son job d’après : être le président élu de l’Europe entière. L’appoint de ces micro-états sera nécessaire ! L’intérêt de la France dans toute cette évolution majeure : nulle ! Même l’Ukraine est désormais acceptable comme membre à terme de l’Union. La question turque reste sous le boisseau. Son intégration demeure possible.

Ces évolutions délétères imposent une révision de la vision européenne de la France et cet exercice s’impose aux partis en France notamment à LR qui a décidé de refonder les axes programmatiques fondamentaux de son action politique.

Si par principe, les dérives de l’Europe sont considérées comme des acquis et leur dénonciation comme un populisme de beaufs à béret et baguette, l’effondrement démocratique français est au bout du chemin. François Asselineau explique avec constance qu’on ne peut pas « changer l’Europe ni changer d’Europe », fruit d’un arbitrage complexe indestructible, et que le Frexit est la seule solution, comme les Britanniques l’ont bien compris. Ses arguments ne sont pas nuls. Il se moque avec raisons de toutes ces volontés affichées lors des élections européennes de proposer une « autre Europe » plus ou moins fantasmagorique : plus verte, plus sociale, plus féministe, plus modeste, moins américaine, etc. ad libitum. Quand une élection n’a pas d’enjeux, autant s’agiter dans l’affichage d’autant plus grandiose que le silence retombera dans la seconde qui suivra la promulgation des résultats.

Xavier Bellamy, une des rares pensées politiques en Europe, explique que les instances européennes dépassent en permanence les compétences que leur donnent les traités.  Il cite le fait que le Parlement a voté 51% de résolutions hors du cadre des traités. Il donne de nombreux exemples significatifs où la Commission est parti dans des réglementations drastiques à partir de filaments de raisonnement hyper fins les rattachant très indirectement aux traités. Dans le même discours, il exonère les instances européennes en affirmant que ce sont les Etats qui le demandent. C’est donc la gouvernance nationale qui est coupable et lorsqu’elle s’exonère elle s’accuse.

Comment empêcher institutionnellement que l’Europe puisse ainsi grignoter les compétences nationales lorsqu’un hurluberlu européiste accède à la présidence française et laisse faire ou incite à de dessaisir de la souveraineté nationale ?

Existe-t-il réellement un chemin qui permette de redonner de l’indépendance au projet politique français quoi qu’il arrive sans pour cela sortir de l’Euro et de l’Europe ? Doit-on accepter qu’une clique de hauts fonctionnaires s’approprie tous les pouvoirs résiduels, en associant des inconnus interchangeables aux postes subalternes, tout en concédant tout à l’Union Européenne et ses instances, avec des élections qui ne décident jamais de rien sinon le « ranking des clans » comme on dit à Bruxelles.

Il n’y a plus de vie intellectuelle et artistique en France, dans un climat d’hyperfiscalité débilitante qui nous prive de liberté et de capacités économiques et sociales. La chanson française qui était la plus active dans le monde en 1960 n’existe pratiquement plus. Alors que dans les années cinquante la France comptait une pléiade d’écrivains de renom international, il n’y a plus que le malheureux Houellebecq. L’université française est quasi morte. L’étranger européen n’y vient plus, préférant le Royaume Uni, le Canada et même l’Espagne, quand les Etats-Unis ne sont pas accessibles financièrement, pour former ses élites. La vie politique se résume aux éléments de langage des médias conformes et aux pitreries grotesques et dangereuses d’un Mélenchon. On ne trouve plus un journal français dès qu’on sort de l’hexagone et l’étude du français est en train de sombrer partout.

Le constat est terrible : il n’y a plus de vie politique, devenue impossible, puisque la haute fonction publique ne veut rien lâcher de son emprise désormais totale et teintée de népotisme caractérisé et finalement accepte de se délester sur l’Europe de pratiquement toutes les questions importantes. Rien ne gêne plus un haut fonctionnaire que d’être responsable !

On voit bien que la renaissance française passe d’abord par la destruction du monopole politique construit par la haute fonction publique qui paralyse la démocratie et le retour à une pratique européenne qui réduit le champ des délégations au seul contenu explicite des traités, quitte à prendre les initiatives juridique et organisationnelles qui rendront cette orientation pérenne et indépendante du choix du président. On n’échappera pas à des réformes institutionnelles nationales visant clairement les modalités d’interaction avec l’Europe. Nul n’est besoin de changer les traités européens ni d’enclencher un Frexit. La bataille est en France et sera la bataille de la France.

On voit moins bien quelle force politique dans le pays parviendra à imposer cette action. Ce devrait être un devoir pour un parti comme LR héritier du gaullisme. En ayant choisi Valérie Pécresse comme candidate aux dernières élections présidentielles et en annonçant Laurent Wauquiez pour la prochaine, après que Chirac a accepté Maastricht et que Sarkozy a trahi le non au referendum « constitutionnel » européen, LR montre que la perspective n’est pas évidente.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 

Obsession du « Leader Maximo » et néant programmatique national : la nouvelle normalité ?

La France est entrée dans une zone de turbulences à l’évidence gravissimes. La question de l’avenir du pays est devenue brûlante. La recherche de solutions salvatrices est plus qu’urgente. Que voit-on ? Les seuls débats portent sur des questions de personnes.

La politique est vue comme une course de petits chevaux ou un concours de Misses. Qui a le bon numéro ? Qui coche les bonnes cases ? Voilà tout le fond des discussions. L’élection fondamentale est celle de Président de la République. Pour les hommes politiques ambitieux, il faut parvenir à être candidat. Pour les équipes qui font carrière au sein des partis, il ne faut pas se tromper de chef et prendre la bonne vague. Pour l’électeur, juger du talent des individus en compétition serait le seul intérêt de la politique. On ne leur offre donc que des mots et des postures afin de stimuler les meilleurs sentiments et obtenir le meilleur accueil électoral. Le programme ? On s’en fout du programme ! De toute façon on sait qu’on ne le suivra pas, soit parce qu’il ne souligne qu’une posture, soit parce que les circonstances auront changé. On ne mettra en œuvre que les cadeaux les plus symboliques, ceux qui font le plus de mal au pays mais qui valent signature.

Va pour un catalogue de « cadeaux au peuple » qui engagent le budget et de belles paroles qui n’engagent à rien. Aucun rapport avec les solutions salvatrices plus qu’urgentes ? Et alors ? Qui s’en soucie ? Le chevalier qui a gagné le tournoi offrira les places attendues et chacun se préoccupera de conserver la sienne, voire de monter d’un ou plusieurs crans vers les sommets. Sinon ce sera pour la prochaine fois. La bataille individuelle pour « l’image dans l’opinion » est permanente. Chaque bataille électorale n’est qu’un exercice dérangeant qu’il s’agit « d’enjamber » sans débat lorsqu’on est aux manettes ou une occasion de s’imposer à un sortant disparu ou carbonisé si on est dans l’opposition. Le programme dans l’affaire ? Quel programme ?

Lors de la dernière élection présidentielle, « l’enjambement » par Emmanuel Macron a été parfait. Il n’y a pas eu de débats. Personne n’a eu la moindre idée de la politique qui serait suivie. Ce n’est pas en se recueillant à Oradour sur Glane qu’on indique ce que sera l’action du futur exécutif, surtout si on ajoute 80 milliards de cadeaux électoraux pour bien ameublir le terrain et qu’on s’annonce être prêt à tout et l’inverse de tout, en même temps. La technique qui consiste, pour un président sortant, à interpeller chaque clientèle en affirmant qu’il est le seul à avoir fait autant pour elle, est redoutable pour les finances publiques et pleines d’annonces contraintes pour la fiscalité à venir. Dans un pays où l’information est tenue par dix milliardaires dont la vie dépend de l’État, il y a peu de chances que l’on parle des solutions salvatrices face aux « turbulences gravissimes ». Mieux vaut mettre en valeur le « narratif » présidentiel.

Si on s’en tient aux propos de dîner en ville, on retrouve toujours les mêmes interrogations.

« Je vote Macron. Il nous défend et il n’y a que lui, vous êtes d’accord ? »

« Marine Le Pen, elle est redoutable. Elle ne dit rien et parle de ses chats. Les dégâts sont tels qu’elle pourrait facilement gagner, n’est-ce pas ».

« Ce jeune Bardella, il tient remarquablement son rôle. Vous pensez qu’il peut embarrasser Marine le Pen ? ».

« Et Marion Maréchal, elle est dans le trou. Le culot ne suffit pas. Bardella la coiffera dans l’électorat qui vote à l’extrême droite, dès que Marine s’écartera ! ».

« Édouard Philippe est remarquable. Vous pensez que son alo… quelque chose, sa maladie qui blanchit, alopécie c’est ça, va l’écarter de la victoire. C’est vrai qu’on ne le reconnaît plus ».

« Wauquiez est détesté. Il ne pourra pas revenir. Trop tête d’œuf, trop insincère, c’est évident, vous êtes bien d’accord ?

« Sarkozy, celui-là, il est tenace. Il faudrait peut-être lui dire qu’il est mort politiquement, avec son bracelet électronique de délinquant privilégié ! ».

« LR ? Ils sont foutus. Il n’y a plus personne. Je déteste Retailleau avec sa tête de cureton, pas vous ? Et Ciotti, ? On le verrait plus avec un cerceau en culottes courtes. Il ne fait pas le poids. Larcher, lui, il a le charisme d’une moule frite trop grasse. Ah ! Ah ! Ah ! »

« Comme le PS. Quelle dégringolade ! Vous avez vu Hollande. Il ne leur reste qu’à rouler pour l’infect Mélenchon. Vous savez qu’il est très riche celui-là ? »

Essayer de dire : « Je me moque de tous ces gens. J’aimerais surtout savoir quelles mesures doivent être prises pour sortir de la situation cruelle où est le pays ». En général vous obtiendrez la réponse standard suivante : « vous savez, on exagère. Cela ne va pas si mal. La France on y est bien. Regardez, nous tous autour de la table, cela va bien, non ? Depuis le temps que c’est le drame annoncé. Allons ! Macron nous protège ! Il n’a pas de chance, mais il résiste bien. Il est détraqué, mais ils le sont tous ».

Fin du débat politique.

Pendant ce temps-là, culmine les délires d’une Mme Van der Leyen qui se croit Présidente de l’Europe, et d’une Commission qui se croit un gouvernement légitime capable de régenter au millimètre toute la vie des Européens, y compris en recrutant des Américaines pour tenir des postes cruciaux pour l’indépendance de l’Europe vis-à-vis des États-Unis. Partout monte une violence politique exceptionnelle, de la Hollande au fin fond des villages français. Partout les professeurs d’une vertu Woke particulièrement déplaisante tiennent le haut du pavé médiatique. Les dames d’œuvre de l’ancien temps, et les grenouilles de bénitiers paraissent bien timides aujourd’hui, par rapport à la brutalité et la violence des injonctions, le plus souvent contradictoires, que chacun peut constater à tous les détours de ses activités. La chaleur monte et au lieu de penser à climatiser et produire l’énergie nécessaire on pense à réduire nos activités « mortelles pour la terre » quitte à se lancer dans des investissements déments pour réduire notre besoin d’énergie fossile « d’un quantum permettant de sauver l’existence terrestre ». Aux dernières nouvelles la France devrait dépenser 5 ou 6 mille milliards d’Euros pour obtenir un refroidissement de 0.0018° Celsius. Comme c’est raisonnable !

Fin du débat français et européen ?

Mais non ! La presse nous fait savoir qu’Emmanuel Macron, le Président sauveur des « quartiers » de Marseille, parlera un de ces quatre matins et qu’en attendant il a maintenu Mme le premier Ministre à son poste. Le remaniement aura bien lieu quand il le voudra. Ses ministres plongés dans l’incertitude sont « appelés à dédramatiser ». Et voilà que celui qui s’autoproclame Jupiter un jour et Napoléon apaisant la France en cent cinq jours, le lendemain, élimine les « silhouettes » dont il avait peuplé les ministères au temps du premier gouvernement Borne. Adieu l’urgentiste appliqué, le communiste bâtisseur devenu socialo compatible, le noir wokiste, la foldingue qui posait dans Playboy « parce qu’elle le vaut bien ». Des noms inconnus remplacent des noms inconnus.

Mais ils sont toujours issus de la même caste. Comme le remarque justement un journaliste observateur du Figaro, c’est le premier gouvernement où les « chefs de cabinets sont nommés avant les ministres », quand ils ne deviennent pas ministres. Plus aucune personnalité disposant d’une identité politique quelconque ne figure au gouvernement, aucune nomination valant annonce d’une politique quelconque. Philippe de Villiers voit dans le remplacement de M. nD’aye par le joli et délié chouchou du Président, M. Attal, le passage du Woke au LGBT+. Il est incendié par les amateurs de commentaires indignés pour ces propos qui soulignent avec exactitude qu’un noir indigéniste assumé est remplacé par un homosexuel tout aussi assumé, ce qui laisse penser que l’Éducation nationale continuera sa mue. Faut-il rappeler que très longtemps les homosexuels étaient interdits au Ministère de « l’éducation nationale », que la tolérance était de règle (j’ai eu comme professeur excellent en tout point Jean-Louis Bory) pourvu qu’ils ne s’en vantent ni n’en fassent du prosélytisme. Les activistes veulent qu’ils puissent s’en vanter et faire du prosélytisme, alors où est le problème ? Pour ceux qui sont choqué de voir le népotisme régner dans l’énarchie triomphante, le cas du ministre de la Santé, dont la femme dirige par ailleurs la sécurité sociale est tout à fait exemplaire. La haute fonction publique se gère elle-même en famille, loin des considérations du bas peuple. L’annonce que M. Castex, obscur énarque devenu premier ministre puis dirigeant d’une société d’autobus publique  pourrait être candidat aux prochaines présidentielles donne un idée assez nette de la manière dont la démocratie française a évolué et de son soucis programmatique au plus proche des électeurs.

En Europe, ce n’est guère mieux.

La perspective des élections européennes provoque une vague de départs à la Commission et une valse de remplacements. Dans une démocratie classique, le résultat des élections conduit au changement des dirigeants. Dans le cas de la Commission, c’est la perspective des élections qui provoque préalablement les changements de personnes. Tous ces démissionnaires recherchent des postes très bien rémunérés ou des places de haut pouvoir dans leur pays. Bienvenue dans la néo-démocratie.

Tous ces braves gens ont travaillé des années en vue des grandes promotions qui s’annoncent. Le batave Timmermans a conduit une politique écologique maximaliste jusqu’au délirant avec un chef de cabinet venu de Green Peace Allemagne. C’était pour devenir le chef d’une coalition socialiste et écologique. Ah ! devenir Président du Conseil à La Haye ! C’était cela la vraie raison. Telle autre veut être présidente de la BEI, jolie rémunération en millions d’euros et quelle retraite ! Et ainsi de suite.

Le premier semestre consternant de 2023 se termine en Europe comme en France par une foire aux places pour irresponsables. Pour eux, en effet, les places sont tout, l’américano wokisme, une simple contrainte à accepter, la soumission aux ONG une pratique valorisante, et l’indifférence aux réalités vécues par les électeurs, une solide habitude.

Quel électeur ne se sent pas empli de joie profonde à ces deux spectacles de marionnettes qui se déroulent loin au-dessus de son vote et dans l’indifférence totale à ses aspirations, sur fond de recul généralisé de l’Europe dans le monde et de la France en Europe ?

Bémol : il paraît que M. Macron ne pourrait plus diriger le pays à chéquier ouvert et que Mme Van der Leyen pourrait être remplacée par un Breton bien français, si elle continue à se croire seule au monde et libre comme l’air pour affirmer n’importe quoi sans l’avis des membres de l’Union.

Le concert des nations ou celui des marchés auraient donc de l’influence si l’électeur n’en a plus du tout ?  Alors pourquoi s’inquiéter ?

Pour le carriériste politique l’ambition basée sur l’image et le narratif suffit. Nul besoin d’une pensée construite et d’une volonté assumée, branchée sur les difficultés du moment. La mésaventure Macron a prouvé qu’on pouvait vaincre sans autre ambition que soi-même et accessoirement la défense de la cohérence formelle de son narratif. L’action : faire tout et l’inverse de tout n’est pas un problème. Le résultat : quel résultat ? Les désastres, c’est toujours la « faute à Jules » ou à cause d’erreurs « profondément ancrées dans le passé ».

Alors pourquoi poser des questions de fond et chercher des solutions solides ? Elles ne peuvent que troubler le narratif et gâcher l’image !  Le concon-concours de Miss France a montré qu’il fallait avoir la bonne silhouette et prétendre servir l’humanité toute-entière avec un air stupide mais avec ferveur. Alors va pour un concon-concours politique des Enarques énamourés d’eux-mêmes, et leur discours d’Ara au plumage et au narratif bien calibré.

« À propos qui sera le meilleur candidat pour 2027 ? Vous croyez aux chances de Casteix face à  Wauquiez ou  Philippe ? Ce sera naturellement Macron, s’il est bloqué en Europe, et parvient à faire sauter la règle constitutionnelle des deux mandats ». « Vous êtes bien d’accord n’est-ce pas ? » « De toute façon L’Amérique, l’Europe, l’OTAN et l’Euro nous protègent ».

« A propos qu’est-ce que vous pensez de Breton ? Brillant non ? Il serait un président de la Commission presqu’aussi bon que Delors. C’est bien votre avis, non ? »

Non !

Les élites françaises ont-elles détruit la France ?

Plus personne n’a de doute aujourd’hui. La France n’a plus de véritable existence en tant que nation et en tant que projet identifiable.

C’est devenu un territoire d’où la population originelle s’efface par la dénatalité, où l’agriculture et l’industrie s’évaporent, où l’enseignement de la langue et de la culture se meurt lentement, où le niveau de vie est en état de baisse relative, où la sécurité intérieure n’est plus assurée.

Près de vingt millions d’habitants sont venus d’Afrique ou sont nés en France des familles immigrées correspondantes, sans trop de désir d’intégration avec pour une part notable et croissante d’entre eux, la haine au ventre contre les Français et le désir de se servir sur la bête par tout moyen.

En même temps la haute fonction publique a capté entièrement le pouvoir politique, économique, financier et médiatique, et entend continuer à se partager le pouvoir résiduel en famille. Cette caste a haussé la pression fiscale et les charges sociales au premier rang mondial tout en créant une bureaucratie effarante.

La venue au pouvoir présidentiel du lamentable Macron a été concomitante de la généralisation de chienlits multiformes et incontrôlables.

La gestion de Paris est une chienlit. Elle est actuellement organisée par une Espagnole qui a percé dans les alcôves de la direction du PS, épousé un énarque et demeure protégée par le clan. Emmanuel Macron lui a permis d’être réélue lorsque son candidat s’est autodétruit. Cette chienlit dure depuis 23 ans ! Et il n’y a aucun signe d’un quelconque ralentissement. Rendre irréversible les billevesées qui permettent de solidifier une pseudo-majorité, qui n’est qu’un regroupement de passions morbides et intéressées, voilà toute l’affaire. Et crève la ville lumière ! Cette chienlit se retrouve à Lyon, à Lille, à Bordeaux, à Grenoble, à Marseille, à Rennes, à Nantes. L’armature urbaine du pays est en voie de liquéfaction. Il n’y a strictement rien de positif à espérer de ses évolutions.

La gestion de la couronne de ces grandes villes est pire encore. Au prix de dizaines de milliards de subventions et d’allocations jetées par les fenêtres, on a cru possible d’y installer des immigrés africains, maghrébins d’abord, puis d’Afrique centrale, par millions. La délinquance et les trafics y sont la règle en même temps que l’islamisme y a pris un pouvoir désormais indéracinable. Les masses sont telles qu’elles sont devenues incontrôlables et y font ce qu’elles veulent quand elles veulent, désormais soutenues par une gauche opportuniste qui voit son salut dans l’exploitation de ce fumier, quelles qu’en soient l’odeur et l’absolue contradiction avec des « valeurs de gauche » brandies d’autant plus haut qu’elles sont en bas, totalement à l’abandon. L’État exalte son action à Marseille, action qui est liquidée en une nuit d’émeutes.

La gestion des campagnes est désormais soumise à la pression de bandes de voyous bien décidées à créer une chienlit totale. Le « zadisme « est-il autre chose qu’une forme de chienlit ? Un simplet, dans une « agence nationale », interdit un produit et risque de bloquer l’exportation de millions de tonnes de blé. Petite émotion et on contourne le problème sans le résoudre en attendant la prochaine initiative débilitante ! L’Europe qui en a « marre de payer pour l’agriculture française » annonce une réduction de l’activité agricole en France ! Pas de réaction de l’État français.

La gestion des transports est tout aussi calamiteuse. On a vu que l’activité portuaire a augmenté de 100 % depuis 1990 en Europe et de 1 % en France. L’industrie automobile est aux abois. Le transport ferroviaire est une catastrophe financière et technique. Les autoroutes sont une vache à lait sous-traitée aux copains. La France n’est même plus capable de tenir ses engagements sur l’aménagement des relations ferroviaires avec l’Italie. Des petits groupes de débiles bloquent des rues, des périphériques, des autoroutes, dans une chienlit manifeste. Pas de réaction de l’État français.

La gestion de la production d’énergie a été laissée à des incapables qui n’ont cessé de la massacrer et d’y créer le désordre et la confusion. La source nucléaire dont la production potentielle était de 500 TWh chaque année a été bridée pour ne représenter qu’à peine la moitié, alors qu’on dépense des sommes obscènes à accumuler des éoliennes et des panneaux solaires qui produisent de l’énergie à des moments où on n’en a pas besoin et n’en produisent pas toujours quand il en faut, déséquilibrant et la gestion des réseaux et les exportations rentables d’énergie et la gestion courante de l’équilibre des besoins. Avoir poussé au 100 % électrique en coupant par deux la production d’électricité est le genre d’exploit que l’énarchie compassionnelle et bienveillante est capable de réaliser, sans même anticiper la chienlit résultante. Le défilé des « c’est-pas-moi-c’est-l’autre » de ce politiciens idéologues ou issus de la bureaucratie la plus lâche, à la Commission d’enquête sénatoriale, est un documentaire sur l’irresponsabilité misérable des « élites » concernées.

Inutile de trop creuser la question des fonctions régaliennes de l’État. La chienlit y est partout.

L’armée française tient tout entière dans le Stade de France et serait incapable de tenir plus de quatre jours face à une agression un peu intense. La première action du nigaud qui préside le pays a été de virer le général qui signalait qu’on était à l’os dans les casernes. Il a aussitôt appelé la copine de caste, Parly II pour diriger l’armée avec le résultat que l’on sait : on s’est fait virer à coups de pied dans le derrière du… Mali, par… Prigogine ! Le taux de disponibilité des appareils de toute nature qui équipent nos forces est proche de zéro dans à peu près toutes les disciplines militaires. Le renseignement est par terre. Les Allemands se moquent ouvertement de la France qui s’abaisse à essayer de lui refiler ses perles résiduelles. La racaille dévalise les armureries. La gendarmerie est partout dépassée sauf pour les amendes de circulation sauf dans les zones de franchise abandonnées aux tribus. Comme le dit un observateur un doigt caustique : « on n’a plus d’état-major mais un état majorette surtout impliqué dans l’intégration confortable des femmes, des homosexuels et des transgenres dans les dortoirs ».

La santé publique : on a vu. Bureaucratie et syndicalisme ont conduit à la chienlit généralisée et à une violence d’Etat étonnante durant la période « Covid » avec abandon de tous les grands principes. Comment croire que la politique voulue face au Covid ait été : « restez chez vous et prenez du Doliprane » ! Le système est totalement ruiné par une gratuité intenable. Les pertes sont abyssales. La régression médicale commence à se voir très sérieusement. Partout c’est la chienlit, notamment aux urgences.

L’école et l’université ? N’insistons pas. L’université est pratiquement morte tuée par le wokisme. On y enseigne plus qu’une moraline frelatée et la soumission. Vols à répétition, occupations, etc. La chienlit est partout. Quant aux écoles maternelles ou aux études secondaires, mieux vaut ne pas en parler. La féminisation Neu-Neu, socialisante et Wokiste, règne sans limite, en symbiose avec les associations homosexuelles et les groupes de pression d’extrême-gauche, voire islamo-gauchiste. M. Macron a voulu montrer qu’il pérennisera cet égout en nommant un noir indigéniste à la tête du ministère. Son seul objectif est de créer la même chienlit dans l’enseignement privé que dans l’enseignement public…

La justice ? Le « mur des cons » n’a pas été détruit. Il n’y a plus de justice organisée en France. Le multirécidiviste triomphant est le héros d’un monde qui marche sur la tête. Ne pas réprimer ; ne pas mettre en prison ; s’attaquer d’abord aux cols blancs : salauds de bourgeois blancs. La délinquance généralisée, les pillages, les trafics en tout genre, les émeutes accompagnant une absence permanente de respect des lois, le crime à un niveau délirant, qu’est-ce que cela sinon une chienlit organisée ? Jouir sans entraves ! CRS-SS ! Non à la répression ! C’est gagné et on voit le résultat.

L’administration civile : incapable de fournir un passeport ou une pièce d’identité dans un délai raisonnable. Ne parlons du reste !

Les corps préfectoral et diplomatique sont liquidés par un président démiurge qui s’enivre de son propre pouvoir de destruction de la République française et de ses institutions.

Il est vrai que son objectif avoué est la dissolution de la France dans l’Europe, objet de son ambition suprême. Français ! Vous n’existez pas : vous êtes des individus indifférenciés dans la masse des populations qui grenouillent sur le sol européen. On panthéonise Monnet, un agent américain, une charmante danseuse américaine noire, un étranger militant communiste tué par les Allemands. L’idée qu’il puisse y avoir un « grand homme français » est passée dans l’idée des dirigeants français, obsédés par l’altérité heureuse. En revanche l’histoire française cesse d’être valorisée et devient un pot de chambre dont le contenu doit être déversé sur la tête de la jeunesse pour que jamais plus, elle ne pense à son surmoi historique français.

On a créé des régions parfaitement inutiles pour complaire à l’exigence européiste de destruction de l’État national. Ces nouvelles bureaucraties sont d’abord des planques publiques qui permettent de faire de l’argent sans responsabilité, en exaltant la démagogie. Jamais autant de Français vivent au crochet de l’État à ne rien faire d’utile que depuis l’instauration des régions ! La région, c’est une chienlit institutionnelle et structurelle. Cela ne rapporte rien et cela coûte très cher.

La citoyenneté abandonnée a laissé la place à un électoralisme sans objet sinon de fournir des places et de l’argent à des gens qui n’en valent pas la peine et entendent être élus par la démagogie la plus basse. Personne ne veut plus voter pour des vandales heureux de se faire un peu d’argent et de gloriole dans la chienlit générale.

Les dirigeants vivent au-dessus de ces chienlits multiples dans un état d’impuissance désormais visible et risible. Des médias dominants sous influence tentent de rendre invisible cette réalité d’une chienlit maîtresse de tous les lieux et construisent un mensonge dominant favorable à la caste dirigeante. Ils annoncent en permanence que le président Macron protège la France et les Français, et que s’il tripote régulièrement avec extase des noirs torse nu et siffle des bouteilles de bière dans les vestiaires, c’est la preuve de sa classe éclatante au service de tous les Français. Certains esprits régressifs et insensibles à cette épatante grandeur, considèrent qu’une chienlit narcissique verbeuse et irresponsable règne à l’Élysée.

Au moins y a-t-il une forme d’unité et de congruence dans ce qui reste de la France : la chienlit partout, du plus bas au plus haut, à tous les étages.

Giscard avant Mitterrand l’avait bien compris : exploiter personnellement et laisser courir ! Chirac l’a théorisé : le pays étant fragile, il était important de ne rien faire. Sarkozy a sombré en recrutant Kouchner et en voulant s’inscrire dans le bon sentiment général. Il a fini avec un bracelet électronique au pied, prisonnier à la maison. Hollande a voulu n’être rien et y a parfaitement réussi. L’ambition des places (et surtout de la place suprême) est devenue le cœur de la politique. Qu’importe si c’est pour présider à un désastre. La France, on s’en fout !

La conjonction de l’unique passion pour le poste de président, et des idéologies transnationales dominantes (écologisme, wokisme, européisme, mondialisme) ou nationales (étatisme, clientélisme, argent facile, fiscalisme, bureaucratie), conduit à la destruction de l’identité nationale, de la démocratie et de la prospérité.

Nous pouvons répondre à notre question initiale :

Oui la France a bien pourri par la tête et le triomphe de l’énarchie a été un facteur aggravant majeur, en empêchant les réactions du corps de la nation par la voie électorale. Née au lendemain de la déroute de mai quarante, la volonté de la classe des hauts fonctionnaires de mettre la main sur le pouvoir politique pour conduire « une vraie politique nationale de qualité », l’Enarchie a fini par être le levier principal  de la déroute actuelle.

Ce n’est pas le moindre paradoxe de la situation.

Ce blog a 15 ans jour pour jour. Opération spéciale anniversaire.

Nous fêtons les quinze ans d'existence de ce blog. Il a en effet démarré avec un premier article le 26 juin 2008.

Il a permis de fédérer tous les textes des membres du Cercle des économistes e-toile qui est devenu plus formel à partir de cette date. Jusque-là ils s'exprimaient principalement dans des forums ou des blogs dispersés.

Le rassemblement des textes a permis de développer dans le détail tous les thèmes que nos membres voulaient défendre et qu'ils trouvaient mal couverts par la presse classique.

Le corps de la doctrine du Cercle s'articule à ses débuts autour de trois thèmes globaux et trois thèmes nationaux.

Ont été constamment dénoncés preuves à l’appui :

Dans l'économie globale :

- le système des changes flottants, source de crises à répétition

- le système de l'Euroland, source de conflits économiques et de stagnation, avec les règles qui ont présidé à son établissement

- L'abandon à la Chine de l'industrie des pays développés, qui mènera automatiquement à la liquidation des classes moyennes dans les pays développés.

Dans l'économie nationale :

 - l'abandon de la natalité,

- l'énarchie compassionnelle qui ne pouvait qu'aboutir à une crise démocratique et à un gonflement irresponsable des dépenses publiques, des impôts et taxes, de la règlementation et de la dette. 

- la condamnation du principe de la « gratuité de la vie » débouchant sur un système impossible à financer.

Nous avons constamment rappelé les analyses de grands économistes français qui ont été marginalisés comme Alfred Sauvy et Maurice Allais. 

 

Sur tous ces sujets, les grands mensonges qui ont justifié les grandes erreurs se sont progressivement étiolés.

Les politiques menées par Sarkozy, Hollande et Macron n'ont à aucun moment tenté de corriger ces erreurs qui, au contraire, ont provoqué des crises amplifiées et fini par désespérer les Français.

Aujourd'hui, il est devenu clair pour presque tout le monde qu'on ne peut plus continuer à dévaler ce toboggan.

Les mille messages écrits sur ce blog représentent des milliers de pages au format livre. Ils ont fait l'objet de plus de 3.8 millions de "lectures". Certains ont influencer les écrits d'excellents journalistes Aujourd'hui, sur beaucoup des thèses défendues par le Cercle, l'accord est général alors que beaucoup de ces analyses étaient bannies des grands médias il y a 25 ans.

Afin qu'il reste une trace écrite de cet engagement de longue durée, Didier Dufau, le Président du Cercle a entrepris d'écrire plusieurs livres reprenant l'essentiel des positions du Cercle en tenant compte des évènements les plus récents.

Le Cercle a décidé pour fêter cet anniversaire, qui, au départ, était inimaginable, de lancer une opération spéciale :

Permette à tout lecteur intéressé d'acheter pour 10 euros, sans frais de poste, chacun des trois livres de Didier Dufau, reprenant les thèmes favoris du Cercle avec une dédicace personnalisée de l'auteur. Cette opération exceptionnelle se fera naturellement à concurrence des livres encore disponibles. Il suffit d'envoyer votre demande à l'adresse de notre distributeur, précisant vos nom et prénom et votre adresse, accompagnée du chèque correspondant au nombre de titres souhaités :

Cercle des économistes E-toile

15e anniversaire

Attention Mme Sophie Defyn

c/o La Maillière

4, Av. Jules Janin

75016 Paris.



Petit résumé de l'état de la France

Au même moment où se déchaîne la communication du Président Emmanuel Macron, en pleine exaltation du « en même temps » sur à peu près tous les sujets qui se présentent, sans jamais dire après l’énoncé des objectifs contradictoires, comment on fait, il est intéressant de sortir du bol de Com’ pour regarder froidement dans les yeux la situation économique française. L’étalage délirant des « je veux » est tellement ridicule qu’il vaut mieux se concentrer sur les aspects critiques du statut économique français.

Pour 1 Euro de PIB nouveau en France il faut 1.8 euros d’emprunt.

Pour 1 euro de PIB en plus, le fisc ramasse 1.6 Euros de prélèvements. C’est le FIPECO cité par Jean Pierre Robin dans le Figaro qui le dit.

Tout est dit. Sauf le pourquoi !

Vous pouvez compléter avec la baisse du revenu par tête depuis 1981, relativement à la moyenne des autres pays développés, la montagne bureaucratique et règlementaire qui est montée jusqu’au ciel, les dépossession des propriétaires, l’effondrement des services publics, et tous les autres chiffres résultats.

Un pays qui se prélasse comme champion des prélèvements et de la dette tout en tuant ses productions, ne peut pas avoir d’autres résultats.

L’impôt est globalement progressif en France, comme nous l’avons démontré cent fois sur ce blog et l’élasticité du PIB à la dette pharamineux. Tant que ces mécanismes n’auront pas été réparés, la France s’enfoncera. Tant que la haute fonction publique aura également capté la politique, la presse, l’économie, la banque etc., et l’administration, et dirigera tout dans notre pays, rien ne changera.

C.Q.F.D.

Rien n’est compliqué dans cette affaire.

Une belle panne qui devrait inciter à réfléchir

Hier soir s’est produit une des plus belles pannes de métro de l'histoire de la RATP, avec des heures d’arrêt de trafic aussi bien sur une ligne automatisée que sur une ligne pilotée manuellement, avec des passagers enfermés des heures par 35°, d’autres sur les voies.  

Rappelons que la RATP a été dirigée par l’actuelle premier ministre Mme Borne et qu’elle est dirigée par l’ancien premier ministre, M. Castex, avec la supervision de Mme Pécresse, candidate aux présidentielles, tous d’éminents techniciens polyvalents du moins pour les deux énarques, sachant que la polytechnicienne Borne après avoir rejoint le corps des ponts et chaussée a choisi la carrière politique, est devenue chef de cabinet, préfète etc.

On retrouve la même situation à EDF et à la SNCF, comme on l’avait à Air-France, avant la fusion avec Air-France KLM.

Les grandes entreprises nationales techniques ne sont plus que des points de carrière avec gros salaires et belles retraites complémentaires pour hauts fonctionnaires politiques.

L’Etat des trois sociétés citées dit assez combien cette dérive est heureuse.

Que les premiers ministres du moment fassent la navette avec la direction de la RATP ne semble émouvoir personne, alors que la situation est franchement grotesque. Si au moins ils savaient conduire un bus !

Rappelons peut-être la philosophie du Général de Gaulle lors des nominations de l’immédiat après-guerre à la direction des grandes entreprises : « Pour le Général, ces questions n’occupent pas le premier rang des affaires gouvernementales.  Pour de telles fonctions, il privilégie les « compétences », et s’en remet plus volontiers à des techniciens ». Ils feront de longues carrières comme George Ricroh, sans autres ambitions de réussir leur projet technique quitte à se faire virer par les purs politiques, comme Marcel Flouret qui a poussé à l’électrification à la SNCF contre l’avis du gouvernement et qui deviendra longtemps… responsable d’EDF. Pensons également à Louis Armand, Marcel Boiteux …

La prise en charge de la politique par des hauts fonctionnaires entraîne des dérives spectaculaires. Les grands corps sont protégés par l’échelon politique au lieu d’être dirigé par des représentants de la nation. Les grandes entreprises d’état sont des moments de carrières pour des administratifs.

Il faut mettre fin à ces dérives qui asphyxient la sphère politique et détruisent la sphère technique.

Le retour des grandes lubies économiques

Un symptome post crise !

Le langage magique a encore de grands jours devant lui. La capacité de certaines officines au service soit de pouvoirs extérieurs soit d’idéologies délirantes, à propager des idées fausses gagées sur de fausses autorités ou celle d’officiels soucieux de leur carrière est tout à fait remarquable et par leur durée, parfois des décennies et par leur impossibilité à accepter tout débat. Cette propension invincible a ceci de désagréable que ces sottises interdisent d’établir les bons diagnostiques et les mesures salutaires.

Une des raisons pour laquelle notre petit club d’économistes s’est formé à la fin des années 1990 était de lutter contre le projet de taxe Tobin. Non pas que Tobin fût, pour nous, une personnalité problématique. Bien au contraire, c’était un analyste monétaire très fin, dont les analyses ont été évacuées et trahies pour ne garder que l’idée de la taxe. Il l’a lui-même affirmé !

Nous avons commencé à expliquer dès la fin du siècle dernier la réalité de la réflexion de Tobin : les changes flottants sont une catastrophe. Pour éviter le pire, si on ne revient pas sur cette organisation désastreuse, il faut domestiquer les flux financiers à court terme par une taxe terrible qui les étouffe.

À chaque crise financière, on a vu ressortir la taxe Tobin des placards.

En 2009 après que les méfaits du système des changes flottants eurent créé une nouvelle « crise pire que celle de 1929 », Sarkozy avait fait le malin, déjà avec Stiglitz comme conseiller, en parlant de taxe Tobin. On a vu la suite… Rien !

Nous avions alors précisé la position unanime de notre cercle :

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/12/19/Taxe-Tobin--la-position-du-Cercle-des-conomistes-etoile

Cela fait 26 ans qu’en dépit de toutes les preuves, de toutes les conséquences connues des erreurs systémiques imposées par les Américains et les Allemands en 1971, les économistes dans la mouvance des Américains et des cercles associatifs autour de l’ONU refusent de débattre du vrai problème pour promouvoir des expédients détournés du rôle qui leur était assigné par leur promoteur. Il est vrai que doter des organismes mondialisés de ressources indépendantes des nations, sinon pour la collecte des fonds, on comprend que cela aiguise les appétits. On constate le même phénomène à l’échelon des instances communautaires européennes. Obtenir des ressources propres distribuées à des associations avec lesquelles on a des relations très étroites, avec des jeux de chaises musicales entre dirigeants d’ONG et postes politiques, c’est le pied !

On notera dans les Échos du 6 juin 2023 l’article : « Le capitalisme de papier va-t-il partir en fumée ? » rédigé par un des éditorialistes du journal. Très justement, il fait droit à ce constat élémentaire : les émissions de monnaies banques centrales et de monnaies bancaires ont fait grimper les valeurs nominales des actifs (immobiliers et financiers) plus vite que le PIB. Il explique que ce mouvement s’est beaucoup accéléré dans les 20 dernières années. Parfait ! Mais pour la cause exacte, vous repasserez un jour quand on aura le temps d’y réfléchir. Les trois crises financières de 1997 à 2003 et les deux crises financières mondiales de 2008 et européennes de 2011 ont conduit à la fois à des récessions sévères et à des inondations de monnaie prodigieuses. Elles s’ajoutaient à la crise de 73, puis celle du début des années quatre-vingt puis celles de 92-93, toujours noyées sous la création de monnaies banques centrale. La même cinématique s’est répétée pendant 50 ans, sans qu’on y touche. Pourquoi ces inondations n’ont-elles pas créé d’inflation après la purge américaine du début des années 1980 ? L’arrivée de la Chine et l’ouverture mondiale à la concurrence ont évité toute inflation dans les biens de consommation courante. Pas d’inflation possible pour les prix à la consommation. L’argent est donc parti dans la survalorisation des actifs et évidemment de façon accélérée du fait de la montée de la Chine dans les échanges et de la gravité des dernières récessions.

La vérité est encore pire que cela : si au lieu de valoriser les actifs en utilisant les monnaies, on prenait un indice de valeurs de références (un panier de valeurs comportant des matériaux rares, l’immobilier de luxe et le pétrole, par exemple), il deviendrait évident que les salaires ont stagné voire baissé, mais pas le pouvoir d’achat du fait de la baisse des prix (en valeur de référence) encore plus rapide. En revanche les biens réels se sont réévalués mais, en valeurs de référence, très peu.

Le système a étrillé la classe moyenne dans les pays occidentaux sans véritablement enrichir les propriétaires (ils ont toujours le même bien).

Lorsqu’on inverse la grille de référence au lieu de se concentrer sur le bas de l’échelle, bien qu’elle se manifeste de façon tonitruante dans la rue, on fait une fixette sur la valeur patrimoniale et on dit des sottises. « Un logement qui doublé de prix n’engendre pas une production deux fois plus grande » ; Une entreprise deux fois plus chère en bourse n’est pas deux fois plus efficace ». Et alors ? N’importe quel bien qui coûte deux fois plus cher du fait de l’inflation n’apporte pas deux fois plus de satisfaction ! Ces truismes n’ont pas de sens. Nous n’avons pas un « patrimoine de papier », formule simpliste et trompeuse. Nous avons eu une inflation concentrée sur les biens durables, les prix à la consommation étant tenus en respect par le transfert de l’industrie mondiale à la Chine et aux pays pauvres. Du jour où, du fait du Covid, l’inflation des moyens de paiement a porté sur le maintien du revenu sans production en contrepartie, alors que les réseaux de transport étaient partiellement arrêtés, une inflation générale s’est produite, avec une baisse immédiate et visible du niveau de vie.

Les « experts » du McKinsey Global Institute, cités dans l’article des Échos, n’ont absolument jamais voulu se pencher sur les méfaits des changes flottants et ont constamment promu la mondialisation et le transfert à la Chine de l’industrie (des autres pays et partiellement des États-Unis), tout en acceptant que l’on abuse du dollar roi. Les solutions proposées excluent toujours de réformer les changes flottants. Résultat : des scénarios qui n’ont pas de sens et qui s’apparentent à du verbiage, un peu façon ChatGPT.

L’amusant est que l’article mitoyen titre : « Pas de transition climatique sans capital ». Alors : il faut plus de capitalisme de papier ? Tout cela est profondément affligeant.

Le pire reste l’éditorial de David Barroux : « Immobilier, vive la crise » bien que la construction neuve s’effondre (dans l’immobilier une baisse de 10 % est un retournement, de 20 % et une récession, de 30 % un effondrement). Pendant ce temps-là Mme Hidalgo propose un PLU basé sur l’arrêt de la construction et la conversion des bureaux en logements, la hausse de la taxe foncière, le blocage des loyers, la hausse des « frais de notaire », et la préemption systématique des logements mis en vente. Et la législation « climatique » conduit à envisager des dépenses démentes (parfois près de 10 fois les dépenses courantes). Rappelons que les logements ont été maintenus dans l’ISF et que les loyers sont intégrés plein pot dans le revenu imposable. L’occasion de rappeler que l’État s’est gavé sur la hausse de l’immobilier et que le pouvoir d’achat des propriétaires a baissé à proportion de la hausse des impôts et des taxes. Quant à celui des locataires, on verra quand ils pourront se loger.

On voit que ce n’est pas la mondialisation financière qui pose un problème aujourd’hui mais la gourmandise et le goût bureaucratique de l’état et des autorités locales. Cela s’appelle ruiner les locataires et les bailleurs ! Les Vivats sont de trop.

Quant aux taux d’intérêt, leur hausse soudaine à contretemps provoquant l’arrêt des prêts immobiliers et de gros s ressacs bancaires, ils sont la preuve de l’impasse où sont les banques centrales qui dans un système de changes flottants étaient censées réguler les marchés financiers. Elles ne peuvent pas à la fois gérer la guerre en Ukraine, la crise climatique, les récessions liées aux changes flottants et les conséquences d’une gestion folle du Covid.

L’économie mondiale ne peut fonctionner correctement si les échanges sont totalement déséquilibrés avec des excédents et des déficits monstrueux. La première conséquence est la disparition de l’investissement au profit de la spéculation : les pays en excédent sont compétitifs ils n’ont pas besoin d’investir dans la production. Les pays en déficits empruntent pour financer leurs déficits et n’investissent pas puisqu’ils sont en manque de compétitivité. Le sous-investissement devient permanent. L’argent va dans les bourses et l’immobilier et pas dans les prix puisqu’ils sont capés par les bas coûts de la Chine. On parle de sous productivité, au lieu de sous-investissement, éludant la cause pour faire le constat de l’effet. Au bout de quelques années une récession vient nettoyer les positions intenables. On appelle les banques centrales qui assument la perte pour les autres et on recommence. Ce système ne marche pas et ne peut pas marcher correctement.

La demande globale est d’abord de la responsabilité des États ainsi que l’évitement et la correction des récessions. Il n’y a eu aucune récession de 1948 à 1972. Seulement des ralentissements. Avec le plein-emploi et un enrichissement permanent des populations.

Nous avions dit qu’on entrait à partir de 2018-2019 dans le risque d’une récession de moyenne importance. L’arrosage inouï fait pour lutter contre le Covid a supprimé ce risque, ce qui nous a fait écrire qu’il n’y aurait pas de récession en France en 2022 contre l’avis quasi général. Je ne crois pas qu’il y aura un collapsus à court terme, sauf évènements imprévisibles sur le front Ukrainien. Tout le monde est gorgé de liquidité et les exportations chinoises ont repris et pèsent à nouveau sur les prix.

En revanche des circonstances locales peuvent provoquer des incertitudes graves et des situations de blocage avec des retournements conjoncturels. Les banques finançant à tombeau ouvert les sociétés numériques ont pris un coup de chaud. La méfiance des actionnaires et déposants du Golfe a eu la peau de Crédit Suisse. Les banques centrales ont déstabilisé l’industrie bancaire et le crédit, au risque de créer une récession ici ou là après avoir financé pendant deux ans des salariés qui ne produisaient pas !

Il n’y a plus de logique économique et aucune raison de se réjouir : la sottise est à la fois du côté d’Attac et des Échos. En même temps ! On peut tout de même s’inquiéter un peu !

Quand on lit que les écologistes femmes expliquent qu’il ne faut pas faire d’enfants pour sauver la terre, que des journaux économiques « informés » se réjouissent de la crise immobilière, que des bavards de TNT expliquent que ChatGPT va interdire tout emploi et qu’il faut passer aux 32 heures et peut-être 28, pour partager le travail qui restera, que les politiques indiquent qu’on va pouvoir « réindustrialiser » en créant du pouvoir d’achat, alors que l’effet sur les prix sera certains, et que les éoliennes sont la solution pour fournir de l’électricité sans dire ce qu’on fait pendant les phases d’intermittence, on reste interloqué. Il faut avaler que pour éliminer toute empreinte carbone en 2050, il suffira d’aligner 60 milliards d’euros par an soit au total 1 400 milliards, alors que changer totalement le parc automobile coûtera automatiquement plus de 2 mille milliards et qu’il faudra financer le reste, oui, quand on lit tout cela on peut dire que les lubies monstrueuses de bêtise satisfaite sont en pleine forme et qu’on ne risque pas de les voir disparaître à court terme.

Revenons à la taxe Tobin et notons qu’elle revient à chaque crise du système : 1 973-4, 1 993-4, 2 003-4, 2 013-4, 2 023-4. Surtout ne pas revenir sur les changes flottants ! La taxe reste un cache-misère intellectuel façon string qui laisse voir des zones intellectuelles franchement peu appétissantes au milieu des tatouages idéologiques.

Quand on voit les éditorialistes des Échos boire la même eau que Attac, il faut s’inquiéter des effets durables du marasme de la réflexion économique de base, sous la pression de ceux qui croient y avoir intérêt.

Amis économistes, posez-vous cinq minutes, oubliez votre carrière cinq secondes, respirez un bon coup et observer sans œillères la réalité. Et arrêter de cautionner n’importe quoi ! C’est ici et maintenant qu’il faut réformer le système monétaire international, sans attendre que cela tourne au pire à nouveau.

 

Didier Dufau

Pour le cercle des économistes e-toile.

La nouvelle Saint-Barthélemy des propriétaires qui s’annonce

En France on adore jouer les Sans-Culottes et chanter « ça ira, ça ira, les Aristos à la lanterne », et s’endormir en rêvant que l’on tient par les cheveux la tête séparée du corps de Marie-Antoinette, tout en suivant avec enthousiasmes les cérémonies royales britanniques. Mais on n’aime pas non plus être bourgeois, alors que l’essentiel de la population vit dans des villes. Plus récemment on a mis les paysans sur la sellette et les gens de l’Administration et des ONG leur infligent une mort lente à la chinoise, jusqu’à détruire des points d’eau en pleine sécheresse.

Le prurit révolutionnaire qui charrie tous les bas instincts, avec un contentement de soi incontrôlable et le sentiment réconfortant de baigner dans une unanimité rafraîchissante et exonératoire, celle qui unit aussi bien le Vert LGBT++++, le socialiste conscientisé à fond, le Communiste le moins primaire, l’extrême-Centriste le plus mou, le Zadiste le moins illuminé, le Normalien le plus frais émoulu et l’Énarque le plus compassionnel et bienveillant, l’Européiste le plus radicalement ouvert aux mondes, même à aux dépens de ses concitoyens et naturellement tous les types de Macronistes (preuve que l’ectoplasmie s’incarne), reste naturellement centré sur la haine méprisante sur propriétaire : « salauds de riches ! ».

Le riche n’est pas celui qui vit comme un prince nourri, logé, transporté par l’argent des autres, et qui ne crée rien sinon des contraintes pour les autres, tout en jouissant d’un bon réseau qui lui permet de passer par des postes bien rémunérés dans le privé pour quelques années (700 000 euros par an, ce n’est pas à négliger) puis revient comme Ministre, puis se replace dans des agences (à nouveau à plusieurs centaines de milliers d’euros), avant de gagner pour les plus astucieux, des postes où on cumule un pognon de dingue à l’âge où tout le monde est à la retraite, avec de surcroît des avantages en nature le plus souvent engrangés sans publicité excessive. Les têtes de MM. Jospin, Fabius, Juppé, ou de Mmes Parly, Wargon, Oudéa-Castera, ne sont jamais offertes au billot. Macron a bien compris la leçon et plus vite que Chirac qui a fini hébergé par un milliardaire libanais mais qui avait commis l’erreur du Château de Bity. Lui ne présente aucun patrimoine. Les milliards du passage chez Rothschild ? Évaporé !

Le riche n’est pas non plus l’artiste de cinéma, le peintre, le joueur de football, ou nulle autre vedette des médias. Les plus immenses fortunes leur sont pardonnées. Ils peuvent jouir à droite en bourgeois arrivés s’ils parlent à gauche avec conviction et frénésie. Il suffit de contempler le spectacle donné par les récipiendaires de palmes à Cannes et de Césars où on voudra. Tous vomissent aussitôt sur la richesse, la droite, et se mettent sous la protection de la défense des petits pauvres et des exigences mêmes les plus outrées des gauches malfaisantes. Comme l’avait un jour énoncé Jack Lang, peu après avoir emménagé place des Vosges, un lieu où il est assez difficile de loger sans moyens ; Reprocher à un socialiste d’être riche est absurde : il a double mérite, d’avoir réussi et aussi de rester socialiste. M. Mélenchon est bien d’accord. Être révolutionnaire bolivariste en signant son IFI est une satisfaction, certes un peu masochiste, mais jubilatoire tout de même.

Le riche impardonnable, c’est le propriétaire, surtout s’il a hérité. Lire depuis une vingtaine d’années les écrits de nos économistes français bien en cour et adulés dans les médias est très parlant. Il n’y a pas que Picketty ou Pisany-Ferry. Le vilain, c’est le propriétaire structurel du discours dominant en France depuis des lustres. Ne parlons pas des ONG, qui, quelle que soit la cause, considèrent que l’argent n’est pas un problème, puisqu’il n’y a qu’à le prendre là où il est sur le patrimoine des propriétaires.

On sait l’importance de l’emprise marxiste et communiste en France. On sait moins l’histoire du communisme soviétique, même si la vérité commence à percer par bribes. Les paysans ont été souvent les principaux soutiens de la révolution bolchevique. Avec au bout du chemin la perspective d’arracher un bout de terres aux latifondistes et aux boyards. La faucille avec nous. Ils sont devenus propriétaires et donc des koulaks. Lorsque Staline a voulu leur reprendre le bien volé à la révolution pour payer l’industrialisation à marche forcée, autant que par idéologie, ils n’ont pas vraiment compris. Staline en a exterminé 10 millions ! La faucille est restée au drapeau avec quelques gouttes de sang subliminales. La Chine semble avoir fait mieux. Quand la femme de Mao avait des règles douloureuses ou quand elle était folle de rage de voir son mari s’envoyer en l’air avec les blanches fournies opportunément par Philippe Solers qui vient de disparaître sous les compliments les plus mirifiques (on peut s’interroger sur les commentaires s’il avait fourni des femmes noires à Hitler !), elle allait monter les tentes d’un tribunal populaire et tuait un petit lot de paysans. Ça calme les nerfs Lucien a tout écrit sur ces scènes. Et les massacres de paysans n’ont jamais manqué à chaque nouvelle révolution en Afrique ou en Amérique du Sud.

En France les Zadistes et des Animalistes, ont repris à leur compte l’action violente contre les salauds de paysans propriétaires qui tue le climat et la biodiversité. Ils peuvent bien crever la bouche ouverte ! C’est une fois de plus pour la bonne cause.

Aujourd’hui, c’est tous les propriétaires immobiliers qui sont ciblés. Non seulement ils sont infects avec les locataires mais ils polluent la terre de leur émission de CO2. Il va falloir qu’ils crachent au bassinet. Quoi qu’ils leur en coûtent ! La loi ZAN interdit de construire en province (pardon dans les territoires !), Merci Mme Wargon ! Les loyers sont bloqués (on dit « régulés »), à Paris et dans les zones en tension. Les propriétaires doivent effectuer l’expertise de leur « passoire thermique » et on donne des notes. S’ils ont une mauvaise note ils ne peuvent plus augmenter les loyers quelle que soit l’inflation ! Les copropriétés doivent elles-mêmes faire réaliser des audits énergétiques globaux, sachant que les travaux, dont ils n’auront pas la décision, seront à faire de façon cadencée obligatoire. La commission européenne et le Parlement européen ont été encore plus loin. Si vous vendez votre bien et qu’il n’ait pas la note maximale A, le vendeur devra déduire de la valeur de la transaction la valeur des travaux nécessaires. Il ne reste pratiquement rien du droit de propriété, en ville comme à la campagne !

Emmanuel ne s’y est pas trompé : il est arrivé en détaxant la fortune mobilière et en s’acharnant sur la fortune immobilière et les retraités qui la possèdent. Possession vaut rente ! On se souvient qu’un économiste atterrant français proposait d’ajouter au revenu imposable les loyers que le propriétaire n’avait pas à payer ! Payer de l’impôt sur de l’argent qu’on n’a pas perçu, cela n’a pas fait vraiment frémir. Pas plus que les taxes sur les taxes, comme sur le pétrole. La haine justifie la déraison. Et réciproquement.

Aujourd’hui, une nouvelle fasse de destruction du capital immobilier est en cours au nom de la survie de la terre. C’est mieux encore que le triomphe de la révolution. Il ne s’agit pas de financer le paradis mais d’éviter l’enfer ! Qui osera protester. Les dégâts provoqués par les premières mesures sont désormais visibles. Les propriétaires loueurs vendent ou renoncent à louer ou passe à des formules de location type AIRBNB ou touristique qui leur évite les tracas. On ne trouve plus de logements à louer. Comme on ne trouve plus non plus de crédit pour acheter, les marchés sombrent. Le marché de la construction neuve de maisons individuelles est en chute libre. L’investissement dans l’immobilier locatif de logement s’effondre également. Des locataires de plus en plus nombreux voient leur contrat interrompu. La crise du logement devient voyante. On entre dans un cycle de destruction de la valeur du parc immobilier.

Ce n’est pas le premier. Il faut lire absolument le livre fondamental de J. Marseille, l’argent des Français chez Perrin. Certes il est écrit en 2009, mais pour une histoire qui couvre près de 200 ans, cela n’a guère d’importance. Ce qu’il étale devant les yeux ébahis du lecteur c’est l’incroyable maltraitance des propriétaires immobiliers depuis 1880, jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix qui a vu la valeur des logements s’envoler, jusqu’au recul de 2022. Pas question de résumer ici tous les faits accablants passés en revue.

Fixons quelques seulement repères. La valeur des successions était de 33 860 euros en 1902, 11 655 en 25 et 5 760 en 1949. En un demi-siècle la valeur patrimoniale au décès a été divisée par six. En 1954 les immeubles bâtis avant 1 870 représentaient 37 % du parc global et près de 40 % à Paris. De 1914 à 1935, celui qui aurait mis sa fortune dans la pierre aurait perdu 50 % du rendement de son investissement ! En 1939 le nombre de logements vétustes a dépassé le nombre de 2 800 000 contre 150 000 en 1911. Les charges fiscales portant sur la propriété bâtie s’élevaient à 14,1 % du revenu net imposable en 1914, 44 % en 1937. L’Abbé Pierre est le descendant direct des mesures prises contre les propriétaires « comme si la punition infligée aux détenteurs de patrimoine se retournait contre l’ensemble de la population », écrit l’auteur. L’énorme effort de construction d’après-guerre et les « Trente glorieuses » n’ont produit qu’une correction mineure du déclassement immobilier. « En 1975 la fortune privée moyenne par habitant, 41 495 euros, ne représentait que trois années de revenu national contre 9 années en 1900 ». On sait que Giscard a aussitôt créé un impôt sur les plus-values et envisageait, en cas de réélection, un impôt sur la fortune, qui sera mis en place par Mitterrand.

Néanmoins, la valeur du parc de logement a connu un formidable rattrapage dans les quarante dernières années. Jacques Marseille a calculé qu’en 2009, la valeur immobilière était au niveau de ce qu’elle aurait été si depuis 19 100 elle avait suivi la progression des revenus. On est en fait revenu à la normale, là où les Picketty de service voient une prédation énorme et abjecte des spéculateurs éhontés !

Il serait néanmoins un peu juste de ne voir dans la hausse des valeurs immobilières que l’effet d’un rattrapage « normal ». L’arrivée des changes flottants a entraîné une poussée gigantesque des inondations financières, produisant des crises à répétition. À partir des années quatre-vingt, ces inondations n’ont pas eu d’effets inflationnistes sur les prix à la consommation du fait de la mondialisation et de l’ouverture du commerce aux pays sous-développés. Le transfert partiel et parfois presque totale de l’industrie des pays développés vers ces pays a permis d’importer à bas prix et de faire pression sur les salaires. L’épidémie de Covid a montré que dès que ce flux pas cher était enrayé les prix explosaient surtout si on payait les gens à ne rien faire comme s’ils avaient travaillés !

L’argent ne s’investissant plus en Occident dans la production, il s’est dirigé vers les bourses et l’immobilier dont les prix se sont envolés, d’autant plus que le coût du crédit était devenu extrêmement faible. C’est la principale explication du mouvement de rattrapage qui n’a aucune cause interne. Au contraire, en taxant les plus-values et la valeur des immeubles, l’état a augmenté de façon prodigieuse ses recettes fiscales au détriment des propriétaires soumis par ailleurs à des dépenses forcées de plus en plus onéreuses. Ce qui fait qu’investir dans le logement n’a pas de rentabilité en France. Avec à Paris, avec la hausse annoncée de 62 % de la taxe foncière et les lois climatiques, elle est devenue potentiellement nulle et menace de devenir négative !

Au lieu de s’acharner à vomir sur les possesseurs de logements, les politiques devraient comprendre que ce qui se prépare c’est une nouvelle Saint-Barthélemy économique des propriétaires de même ampleur de celle qu’on a connue au vingtième siècle qui s’annonce, et une nouvelle crise massive et de longue durée du logement.

Grand Mensonge Écologique et bureaucratie délirante

Nous avons évoqué dans une série d’articles comment l’information française était fabriquée et comment des mensonges parfois délirants avaient été imposés aux malheureux citoyens français. Ils sont considérés comme des veaux sans intérêt destinés à baisser la tête sans protester. Ils doivent absorber de grosses doses de mensonges dès le plus jeune âge et se contenteront plus tard de répéter des slogans de communicants, nervis modernes de l’étatisme et du sociétalisme gauchard.

Nous avons été également le seul groupe de réflexion qui a, continûment et sans concession, critiqué le triomphe délétère de « l’énarchie compassionnelle et bienveillante », qui a vu se constituer une caste népotique tenant à la fois le domaine de l’administration, ce qui est normal, et celui de l’ordre politique, ce qui ne l’est pas. Le résultat a été une dérive bureaucratique insensée et une montée continuelle de la dépense publique, des impôts, et de la dette. Le triomphe de l’Enarchie a été symbolisé par l’arrivée de Giscard à la Présidence et de Chirac au poste de premier ministre. Depuis, plus aucun budget n’a été en équilibre. La dette atteint 3 000 milliards d’euros, cinquante ans plus tard. Tous les services publics sont effondrés. L’Etat a perdu tout pouvoir, écartelé qu’il est entre l’Union Européenne et les collectivités locales, tout en ne respectant aucun des engagements pris avec chacun de ces pouvoirs de plus en plus gourmands.

La crise sanitaire a été l’occasion, pour le plus grand nombre, de prendre conscience des effets terrifiants de cette déchéance bureaucratique que, nous-mêmes critiquons depuis 1997…

Le mensonge a été permanent mais surtout, il s’est amplifié de façon délirante alors même que l’épidémie s’éteignait. Emmanuel Macron a osé déclarer qu’il voulait « emmerder » ceux qui résistaient au mensonge et virer les membres du corps médical qui n’obtempérait pas à ses oukases. Rappelons qu’il affirmait que le vaccin empêchait la diffusion du virus alors que toutes les études scientifiques déclaraient déjà le contraire. On n’a pas entendu d’excuses quand la vérité a fini par s’imposer à tous. On vient juste de réintégrer les membres du corps médical empêchés d’exercer !

Les Français ont eu tout le loisir de découvrir comment toute la médecine avait été surbureaucratisée, avec près de 35 % de ses effectifs employés exclusivement à des tâches administratives alors que le nombre de médecins s’évaporait, ceux qui étaient encore là étant accablés de sujétions et de tâches déclaratives avec un tarif de consultation au dixième du tarif d’intervention d’un plombier. En même temps les déserts médicaux s’étendaient à toute la France. En même temps il devenait presque impossible d’obtenir une consultation dans quelques domaines que ce soit à moins de trois mois. En même temps des spécialités médicamenteuses se trouvaient brusquement indisponibles. D’abord quelques cas, puis des dizaines en 2016, puis des centaines en 2022.

Du coup la CSG-RDS qui était censée financer ce désastre majestueux grimpait à des hauteurs pharamineuses et devenait un peu trop voyante. Comme cela ne suffisait pas on a été cherché des recettes alternatives partout. Les dépenses de sécurité sociale au sens large dépassent maintenant les 600 milliards d’euros, soit un doublement en 20 ans !

La démagogie régnante a voulu qu’on baisse de la part des cotisations des salariés dans le financement du régime général, passée de 23,9 % en 1980 à 12,8 % en 2000 et 8,9 % en
2 021. Parallèlement, la CSG représente 25,6 % des recettes du régime général en 2022 sur les revenus de remplacement (8 % en 2019, contre 4 % en 2000 et 5 % en 2009).

Les bureaucrates ont voulu que les cotisations salariales sur le travail baissent voire disparaissent sur les bas salaires, en transférant les sommes fortement accrues sur les retraités, la consommation et surtout, sur la consommation (14 % en 2019 contre 4 % en 1985), sur les revenus du capital (4 % en 2019, contre 0,8 % en 1985).

Comme le dit un rapport officiel :

« Fixés à un taux global de 17,2 % depuis le 1er janvier 2018, les prélèvements sociaux sont :
– la 
contribution sociale généralisée (CSG) de 9,9 %
– la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) de 0,5 %
– le prélèvement social au taux de 4,5 %
– la contribution additionnelle au prélèvement social de 0,3 %
– le prélèvement de solidarité de 2 %. »

Pour atteindre ce niveau global, les prélèvements sociaux ont vu progressivement chacune des contributions qui les composent augmenter. C’est en particulier le cas de la CSG, créée par la loi de finances pour 1991 à un taux originel de 1,1 %. Son niveau a par la suite été relevé à 2,4 % en 1993, 3,4 % en 1997, 7,5 % en 1998, 8,2 % en 2005 et 9,9 % compte tenu de la hausse de 1,7 point de CSG voulue par Emmanuel Macron ».

La grosse ficelle : une hausse de 1.7 %, des taux, de 20 %, des recettes.

En fait une grosse partie des taxes, impôts et cotisations affectées a été transférée d’un prélèvement explicite (taxe d’habitation, cotisations sociales) à des impôts diffus payés le plus souvent par une minorité de Français ou sur la consommation payée par tous.

La caste des hauts fonctionnaires étatistes et pour beaucoup socialistes, a donc à la fois réduit les prestations et augmenté les recettes, tout en augmentant massivement le nombre de bureaucrates et en créant des agences qui permettent de bien vivre aux frais de la princesse : les limites de rémunération des hauts fonctionnaires n’y existent pas permettant de gagner « un pognon de dingues », pourvu qu’on ne déplaise pas « au-dessus » ! Une idée assez étrange de la démocratie sociale.

Cet exemple caricatural d’une politique de hauts fonctionnaires cupides, portée pendant des décennies avec un collapsus presque total au bout du chemin, sert de modèle depuis quelques années à une autre folie bureaucratique totale : la maîtrise des troubles climatiques.

Nous avons été pratiquement les seuls à décortiquer en temps réel et au moment où les décisions étaient prises, les mesures délirantes prises dans le secret des rapports entre tutelle et professionnels. Les conférences que nous avons pu faire sur le sujet nous ont montré une incroyable imprégnation du caractère religieux pris par ces questions. Le bourrage de crânes a été si fort et si prolongé, avec une action en France dès la maternelle, qu’il n’y a plus de citoyen : le veau est devenu un taurillon sectaire. Celui qui questionne les objectifs et les moyens de l’action climatique sont clairement ou des hérétiques à faire brûler sur des échafauds ou des malfaisants adeptes des « fakes news » qui veulent assassiner la terre.

En vérité, contrôler le chantage exercé par les pays pétroliers, réunis en cartel pour exiger une rançon exorbitante aux pays non producteurs, impose depuis 1973, une action continue pour réduire la consommation de pétrole. Cette action a été menée avec constance. Les domaines les plus difficiles, l’immobilier et la voiture, ont connu de nombreuses initiatives, qui sont essentiellement passées par des normes pour les constructions neuves, des interdictions de circuler pour des véhicules très polluants, et des incitations à faire mieux dans le bâtiment.

La situation a totalement dérapé avec l’arrivée de l’énarque Macron et de ses premiers ministres tous hauts fonctionnaires non techniques. Emmanuel Macron a toujours été obsédé de gouverner avec une poignée d’énarques travaillant en secret dans son immédiate proximité, tout en accordant des ministères à des personnalités d’affichage, comme Nicolas Hulot ou Barbara Pompili. Ils ont fini par se faire condamner pour inaction climatique.

Un vrai virage a été pris avec la nomination d’une Enarque, fille d’une Enarque travaillant avec Mme Hidalgo, une référence, et d’un polytechnicien, M. Stoleru, politicien à toute main et résistant fort bien aux changements politiques. Ce parfait produit de la caste est Mme Wargon.

Nous avons commenté en dû temps les extravagances de la dame, comme le montre cette longue liste.

La hiérarchie des causes de l’effondrement français (16 avril 2023 13:20)

(Désolés, pas de Bons Voeux possibles pour 2023 avec ceux qui nous dirigent vers le précipice. (6 janvier 2023 13:20)

Écologie délirante : entre boy scoutisme et bureaucratie (6 septembre 2022 15:23)

Et voici l’écologie pénitentielle coercitive. Elle ne s’arrêtera plus (26 août 2022 13:36)

Régime d’assemblée et Ve République - Il faut réformer d'urgence (5 août 2022 20:25)

Christian Gerondeau : l'indispensable trilogie sur la religion écologique (24 juillet 2022 11 h 55)

Oh ce joli Week-End de mai ! (2 juin 2022 00 h 27)

Passe-CO2 : le délire commence à se voir un peu trop ! (25 mai 2022 16:15)

Et voilà le passe-CO2 ! Merci qui ? (6 mai 2022 10:13)

Comprendre la destruction bureaucratique de la France (10 février 2022 19 h 05)

Sonnez Buccins,résonnez Trompettes : un nouveau service public est créé en date du 1er janvier 2022 (25 octobre 2021 11:25)

 Quand l’indécence bureaucratique et énarchique s’étale sans vergogne (17 octobre 2021 14:11)

"Super Pinel" , Hyper Bureaucratie, Népotisme énarchique (1 septembre 2021 11:54)

De quelques tares de l’époque et de l’analyse du Pr Maffesoli (27 juin 2021 10:02)

La fausse réforme de l’ENA (10 avril 2021 12:20)

Nous avons même écrit le livre Réconcilier Économie et Écologie, deux trains lancés l’un contre l’autre sur la même voie, dont la parution a été malheureusement compromise par la crise sanitaire, pour avertir les Français des folies qui se tramaient dans leur dos. En France comme au sein de l’Union Européenne gangrenée par les pires agents de Greenpeace.

 

Livre disponible sur la librairie en ligne de notre cercle : https://librairie-e-toile.fr

Aujourd’hui tout éclate. La loi ZAN, une folie qui a étendu la loi littorale à la France entière est remise en cause, car elle interdit toute relocalisation industrielle, ce qu’a pu vérifier M. Édouard Philippe qui a voulu cette loi. Cet ex-premier ministre a été le premier a mis la France à feu et à sang avec une série de mesures bureaucratiques prises sans concertation et gâchant la vie des Français.

Mme Borne, wokiste, féministe et écologiste affichée, se devait d’accélérer dans la sottise et la folie. Elle a confié à France stratégie, un ramassis de socialistes caricaturaux obsédés par les inégalités et le développement de la fiscalité et des dépenses publiques, le soin de demander à M. Pisani Ferry, un macroniste dont les rapports hystériques sont généralement sollicités pendant les périodes électorales et mis aussitôt au panier (un sort qu’il accepte parce qu’il se connaît), un rapport sur l’incidence économique de l’action pour le climat. Ce gugusse indique qu’il faut « taxer les riches » pour financer les centaines de milliards qui doivent être dépensés. Naturellement sans dire un seul mot sur l’impact sur la température moyenne du globe qui sera, selon tous les calculs sérieux, nuls au mieux !

Rappelons simplement l’ampleur de la coercition qui s’exerce déjà sur les propriétaires immobiliers et les perspectives folles déjà inscrites dans la loi.

-          Les propriétaires loueurs doivent faire établir une note écologique pour leur appartement et ne peuvent pas augmenter les loyers si la note est inférieure à E. Plus tard la note exigible sera plus forte.

-          Les copropriétés doivent selon un échelonnement arbitraire, faire exécuter un diagnostic thermique et énergétique qui va définir les travaux à faire pour être conforme aux normes les plus strictes. Il est prévu une exécution forcée selon un calendrier cadencé. Il s’agit naturellement de montants disproportionnés.

-          M. Amèrement et son directeur de cabinet, ancien directeur de Greenpeace Allemagne et foldingue de décroissance heureuse, ont fait voter au Parlement européen une directive encore plus folle : les propriétaires qui n’auront pas exécuté les travaux requis se verront privés en cas de vente de la contre-valeur des travaux restant à faire.

Vive le droit de la propriété !

Rappelons qu’en France, nous avons l’IFI, l’ISF immobilier, et des taxes foncières formidables. À Paris, la taxe foncière augmente de 62 %. Les revenus fonciers n’ont pas été plafonnés comme les revenus financiers avec une « flat tax » de 30 %. On arrive vite à 40 % d’IR et plus. Quand on déduit l’impôt sur le revenu, les charges de l’immeuble, l’IFI, les impôts et taxes locales, le rendement finit par être négatif. À Paris, les loyers sont en plus plafonnés. La contrainte est totale. Les lois du marché ont été totalement bannies.

Rappelons que l’immobilier appartient le plus souvent à des veuves ou tout le moins des retraités. Macron a opportunément augmenté leur CSG de près de 20 % en arrivant à la tête de l’État. Pourquoi se gêner ?

Évidemment quand on est logé à vie par l’État, cela paraît moins lourd !

Il fallait tout de même oser demander un rapport proposant d’aggraver la fiscalité sur l’immobilier !

Rappelons que les hauts fonctionnaires se sont fait une spécialité d’exiger des travaux monstrueux aux propriétaires :

-          Un ascenseur détruit par les habitants d’un HLM provoque un drame : tous les ascenseurs doivent être changés partout en France à grands frais !

-          Un enfant se noie dans une piscine : toutes les piscines doivent être mises aux nouvelles normes quoiqu’il en coûte.

-          Une nappe phréatique est polluée par un propriétaire indélicat : toute la législation change et impose des investissements massifs même quand tout marche très bien. Pire : la loi « littoral » et la loi sur l’eau se contredisent : il est impossible de savoir ce qu’il faut faire. Allons-y pour envoyer le vilain bloqué en correctionnelle ! Les lois contradictoires ne gênent jamais les fonctionnaires. Surtout quand on a créé un corps d’inspecteur que les propriétaires doivent payer. On voit l’ambition et la dignité de ce poste de petit flic. Les amendes sont évidemment supersoniques !

-          Des dispositifs de chauffage sont interdits.

-          Maintenir ceux qui existent devient un casse-tête.

-          Là encore les contradictions s’accumulent : il faut mettre en œuvre des pompes à chaleur subventionnées. Chouette ! Zut, elles sont interdites en zone « littoral ».

On sait par ailleurs que le calfeutrement du bâti n’a exactement aucune efficacité. Tous les rapports le montrent et surtout l’expérience allemande qui a dépensé plus de 1 000 milliards d’euros pour calfeutrer 40 % environ de son parc immobilier, pour une baisse de moins d’1 % de la consommation d’énergie (produite largement par des centrales à charbon, après la pénurie de gaz russe). Le bilan carbone est nul pour une dépense délirante.

Et il faut que la France y passe ? L’Allemagne l’exige.

Nous sommes dans la folie totale. On annonce des dépenses vertigineuses qu’on minore pour ne pas affoler :

-          Le calfeutrement général du bâti pour obtenir des notes B ou A coûterait au minimum 2 000 milliards d’euros selon notre propre chiffrage ! Il est souvent préféré d’annoncer des dépenses annuelles, en général fortement minorées. On dira par exemple que cela ne coûtera que 60 milliards par an ! Ce qui fait tout de même 600 milliards sur dix ans.

-          Tout le monde a bien compris que changer les 41 millions de voitures thermiques, dont le prix moyen a été calculé récemment à 55 000 euros pièce, cela fait 2 200 milliards d’euros.

Nous-mêmes estimons entre 8 et 12 mille milliards le coût de la décarbonation totale en France, à emploi égal.

En face de cette dépense inouïe qui représente les deux tiers de tout le capital accumulé en France depuis les Gaulois et environ 10 années de valeur ajoutée des entreprises, on n’indique aucun objectif de baisse des températures.

Ceux qui ont fait le calcul en utilisant les modèles du Giec aboutissent à un effet sur la température globale absolument ridicule. Les voitures interdites vont se retrouver en Afrique à qui l’industrie va continuer de vendre des voitures thermiques neuves ! Effet nul sur la température. Pour le bâtiment, l’effet direct est de moins d’un pourcent sur l’énergie mise en œuvre selon les résultats constatés en Allemagne. L’impact sur la température globale sera inexistant comme il l’a été en Allemagne de façon prouvée.

Mais on affole le monde avec le chiffre d’une hausse possible de « 4 degrés » sans dire par rapport à quoi et à quand, et sans faire un lien analytique entre les mesures décidées et un éventuel impact sérieux. On se contente d’un raisonnement primaire : tonnes de CO2 évitées, gains automatiques en termes de chaleur mondiale, avec des modèles mathématiques dont on sait qu’ils ne donnent pas de résultats fiables : pour une quantité de supplément de CO2, l’impact sur la température varie de 1 à 7 selon les modèles !

Comme on ne constate aucun gain lié au schéma théorique, on invente un chiffre sur la hausse qui aurait été évitée ! La preuve que cela marche c’est que cela aurait pu être pire !

 

out cela est de la folie pure ! Surtout dans un pays endetté jusqu’au cou et bientôt en faillite et ruiné.

Avec une colère sourde partout dans le pays qu’Emmanuel Macron hystérise par son comportement.

Est-ce que tout cela peut vraiment durer ?

La première victime est évidemment le marché locatif, suivi par la construction neuve, devenue d’un coût astronomique. Plus personne n’arrive à se loger en ville, dans les capitales régionales et dans la Capitale, où An Brossat a annoncé de sa tendre voix 40 % de logements sociaux, soit l’équivalent de 8 arrondissements sur 20, la plupart récupérés sur le logement « bourgeois » existant. Na ! Le PLU égrène des centaines d’adresses où les ventes seront préemptées pour virer les natifs et accueillir les migrants. D’une façon générale tout ce qui touche au logement social a été concédé au Parti Communiste avec un nombre considérable d’intervenants en provenance des banlieues communistes. Prendre au bourgeois la corde qui va les pendre, on en est resté là chez Mme Hidalgo…

À Paris, on fait fuir la population en s’attaquant de façon délirante à la voiture et à la propriété. D’ores et déjà ! Ce sont des dizaines de milliers d’habitants qui partent vidant les jardins d’enfants et les écoles

La coalition de fait entre l’Union Européenne, la classe des hauts fonctionnaires en France, et la coalition communiste, socialiste et Verts va totalement détruire l’immobilier français des grandes villes.

Encore bravo à tous ! La période restera dans l’histoire comme celle d’une destruction urbaine comme on en a rarement vu dans l’histoire depuis Néron, sauf pendant la grande peste et les grands incendies urbains du Moyen Âge.

Et tout le monde aura honte et se demandera comment on a pu en arriver là !

 

 

Sortons-nous du Grand Mensonge ?

Si on pense au XXe siècle, on est automatiquement saisi par l’ampleur de la croissance et de sa généralisation. Du point de vue économique, c’est un peu le siècle du miracle. Quand on se place du côté géopolitique, c’est d’abord celui des immenses massacres et de l’industrialisation de la destruction humaine, accompagné de vraies tentatives réussies de faire respecter les droits de l’homme :  fin de l’apartheid en Afrique du Nord, succès de la campagne des droits civiques aux États-Unis, émancipation des femmes en Occident, décolonisation et effondrement de l’Union soviétique. Du point de vue de la science, le bilan est plus mitigé qu’on ne croit, le XIXe siècle ayant été particulièrement fécond, mais jamais on n’avait été aussi loin dans la technique.

Jusque-là tout va (presque) bien.

Du point de vue intellectuel, l’information de masse devait diffuser la connaissance. Depuis Gutenberg, la technique de diffusion de l’information est censée briser les obstacles à la réflexion libre et à la remise en cause des oukases irrationnels d’où qu’ils viennent. La radio, le cinéma, la télévision et internet étaient censés exalter cette course à la vérité.

Hélas, le vingtième siècle a été celui du Grand Mensonge médiatique !

Pratiquement dans tous les domaines l’information a été « construite » en fonction d’intérêts idéologiques ou politiques servant des puissances dont les bonnes intentions étaient affichées et les désastres associés occultés ou minimisés. Il est intéressant de noter que la France a partiellement participé au concours de mensonges. Mais, en général, elle a été particulièrement maltraitée par des mensonges venus d’ailleurs sans faire beaucoup d’effort pour rétablir la vérité.

Le mensonge du XXe siècle est grand parce que composé d’une masse de gros mensonges, les pires d’entre eux étant gigantesques, et qu’ils ont été accompagnés d’une pluie de mensonges de moindre ambition. Ils donnent par leur accumulation l’impression d’un tapis de mensonges sur lesquels les opinions publiques ont généralement glissé comme des pets sur une toile cirée, mais qui ont fini par casser la crédibilité du système médiatique et de la classe dirigeante

Beaucoup des mensonges du siècle passé sont en train de se déchirer et de s’étioler du fait de leur propre nécrose ou des critiques enfin reconnues de quelques contempteurs tenaces. Certains mensonges sont orphelins des puissances qui en avaient besoin. On les ramasse comme des feuilles mortes.

Doit-on penser que cette obsolescence est le début d’un recul des grands mensonges ? Rien n’est moins sûr. La suite est si inquiétante  qu’il est bon de s’arrêter un instant sur cette question rarement posée mais dont la réponse éclaire l’actualité et les perspectives économiques.

Le seigneur des mensonges est évidemment celui qui postule la fécondité de la violence révolutionnaire permettant en tuant une partie de la population de créer un homme nouveau et d’instaurer le paradis sur terre. Culte de Robespierre et de Saint Just, et occultation du génocide en Vendée et des massacres invraisemblables commis à Paris ; culte de l’horreur absolue qu’a été la Commune ; culte de la révolution soviétique avec l’acceptation d’une vision entièrement mensongère de ses réalisations et occultation de tous les génocides socialistes. Suppression des libertés au nom d’une « liberté réelle » abrogeant toutes les relations de domination, sauf pendant la « transition » vers le paradis où il faut massacrer les récalcitrants qui empêchent sa survenue  par bêtise ou ignorance et renâclent à l’expression des bienfaits mensongers de l’accouchement révolutionnaire.

Nous avons signalé sur ce blog l’éclatement de certains des mensonges annexes : une histoire totalement truquée de la guerre d’Espagne, avec le cas majestueux de Guernica où toute l’histoire officielle est inventée ; le refus jusqu’il y a quelques jours de considérer Holodomor comme un génocide, qui plus est, générique, en ce sens qu’il a été pris pour modèle pour de nombreuses répétitions.

Personne n’a voulu ni ne veut s’attarder sur l’ampleur de l’horreur ainsi couverte par le mensonge organisé : 100 à 150 millions de morts ; des milliards de vies mutilées et gâchées. Une ignominie sans nom. L’abomination des abominations.

Le culte infâme porté par une intelligentsia déshonorée à Alain Badiou, thuriféraire des pires massacres ou la considération déplacée portée aux travaux tout aussi innommables de la dénommée Annie Lacroix-Riz montrent qu’il demeure un plaisir énamouré à défendre certains propagandistes du crime de masse qui se sont sanctuarisés dans les plus hautes instances de l’université. Il suffit de lire les deux fiches  Wikipedia qui les concernent. Toutes deux sont des hymnes abjects à leur gloire, qui permettent de se rendre compte de l’intense influence délétère de ceux qui veulent encore enchanter la gloire de mensonges criminels.

Pour ceux qui veulent aller plus loin sur ce thème qu’ils lisent cet article de 2010 :

http://lcx.e-toile.fr/index.cfm/2010/2/8/Philosopher-sur-un-tas-de-cadavres-et-dans-une-mare-de-sang

« Alain Badiou est aussi un homme de constance et de fidélité. Parmi les figures intellectuelles du maoïsme français des années 1970, il est un des rares à n’avoir pas jeté aux orties ses convictions d’alors ». Un nazi impénitent serait chassé de l’idée même d’une expression publique. Un maoïste impénitent qui a justifié et glorifié des millions d’assassinats est considéré comme un exemple formidable de fidélité.

On voit que le Grand Mensonge de la violence révolutionnaire féconde n’est pas vraiment en train de se dissiper. L’université française et l’ENS se sont déshonorés si longtemps que maintenant il ne reste presque plus rien de leur dignité. L’institution est pratiquement morte et se veut un conservatoire du marxisme-léninisme le plus honteux, fière que ses pires maîtres influencent encore des sots attirés par l’odeur du sang un peu partout dans le monde.

Une partie notable de ce grand mensonge est de ne pas voir que le national-socialisme est une partie de l’histoire socialiste. Même violence ; même méthode ; mêmes crimes ; souvent les mêmes mots et les mêmes hommes. Que ce soit la Russie ou la Chine, il s’agit toujours d’un nationalisme d’abord avec la violence socialiste en prime et en cache-misère. Mao, Staline, Poutine, Xi Jin Pin, Ho Chi Minh, Prachandra, Pol Pot, Han Sen, Hitler, Mussolini, Mengiststu, Maduro, Kagame, mêmes combats. Certes l’URSS est tombée. Mais les thuriféraires de ses méthodes et ambitions n’ont pas désarmé.

À côté de cette immense voile de mensonges et de crimes, le Mensonge américain paraît véniel. Il n’empêche qu’il existe.

Les États-Unis sont devenus une puissance dominante dès 1914, avec une férocité implacable et curieusement armée par la religion. Cette société de protestants qui ont réussi sait être violente tout en exaltant le bien pour lequel elle est censée se battre. Le prédicateur coexiste avec le prédateur.

L’influence américaine baigne dans un tissu de mensonges particulièrement tenaces.

Tout commence avec Woodrow Wilson qui affirme en se lançant enfin du côté de la France lors de la guerre de 14 : « Pourquoi Jésus-Christ n’a-t-il pas persuadé le monde jusqu’à présent de suivre ses enseignements ? C’est parce qu’il a enseigné l’idéal sans songer aux moyens de le mettre en œuvre. Voilà pourquoi je propose les moyens pratiques pour enfin les réaliser ». Elémentaire, non ? Les États-Unis comme bras armé de Dieu, il fallait oser le dire ! Et on a vu la suite.

Le contingent américain n’a eu en 1918 aucune influence autre que symbolique sur l’issue des combats militaires. Il était trop peu nombreux, peu armé et malade. Certes il a fait comprendre aux chefs de l’armée allemande que la guerre d’attrition était perdue d’avance. Affamée par le blocus, la population commençait à se révolter et les offensives de la dernière chance avaient totalement saigné l’infanterie. En Europe centrale leur front s’effondrait. Grâce à la naïveté angélique de Wilson, les dirigeants Allemands ont gagné lors des négociations de paix et leur victoire diplomatique a créé les conditions de la guerre de quarante. Le grand mensonge anglo-saxon, repris intégralement par l’Amérique, a été d’affirmer que le traité de Versailles était une horreur française, et de refuser de le ratifier. Curieusement c’est l’économiste Keynes qui a été le levier de cette opération en prétendant que les réparations s françaises étaient intolérables, en même temps qu’on empêchait de verrouiller la frontière à l’ouest du Rhin pour se prémunir contre de nouvelles aventures tudesques.

Du fait des Américains, la France s’est retrouvée seule pendant tout l’entre-deux-guerres et a dû subir une occupation radicale en 1940. Il faudra de nombreuses années avant que les Américains n’entrent en guerre du côté des Britanniques, avec la volonté farouche de s’emparer de surcroît de tous les éléments extérieurs de l’Empire français et d’obtenir l’accès à tous les marchés de l’Empire britannique.

Lors de l’opération Overlord, un nom révélateur, comme le dit Onfray, Roosevelt considérait les Français comme les Italiens ou les Autrichiens. Une monnaie d’occupation, l’AMGOT, devait être imposée au pays.

Les Accords de Bretton-Woods étaient une excellente chose avec un défaut structurel : c’était un étalon de change dollar qui exigeait que les États-Unis maintiennent la valeur du dollar en or.

Le Plan Marshall était une nécessité mais on oublie toujours de dire qu’il s’agissait de prêts qu’il a fallu rembourser et que les prêts étaient liés : il fallait acheter américain.

En 1971, les États-Unis libèrent unilatéralement le dollar de ses obligations et provoquent la crise du pétrole et le retour des crises financières à répétition, dont ils entendent faire financer la réparation par les autres.

La guerre d’Irak est menée sur la base d’un mensonge tellement gigantesque qu’on en rit encore dans les chancelleries.

L’Union européenne est conçue dès l’origine comme un moyen de détruire les anciennes puissances européennes. Tout le monde sait que jean Monnet était payé par la CIA. On voit bien que la Commission Européenne est totalement dans la mouvance américaine et de l’OTAN.

Il n’est pas question de comparer l’enveloppement américain à l’horreur sans-limite du socialisme révolutionnaire. Certes la Normandie a été ravagée par le débarquement, et les Américains ne sont pas venus pour nos beaux yeux, mails la Libération a eu lieu. L’élan des Trente Glorieuses est largement dû à l’action américaine. Mais tout a commencé à partir en vrille à partir de 1971. L’Union soviétique a été contenue et a fini par s’écrouler, mais par gourmandise les Américains se sont mis entre les mains de la Chine qui les a roulés dans la farine. Le cartel pétrolier n’a pas été brisé parce que les Américains considéraient qu’ils avaient les moyens de faire face, eux. La diplomatie des « révolutions de couleur » a remobilisé l’Ours Russe, pendant que l’Islamisme devenait terroriste et conquérant avec Khomeini, après que le Shah d’Iran a été abandonné par les Américains.

Tous ces ratés ont été enveloppés dans un nuage de mensonges intéressés dans lequel nous flottons encore. C’est qu’en face il y avait le grand mensonge socialiste. Alors va pour le petit mensonge américain, maladroit mais si bien intentionné. « L’antiaméricanisme est le socialisme des imbéciles ». Tout force non socialiste se devait de révérer les États-Unis.

La France pour sa part n’a eu qu’une construction bien modeste de mensonges officiels éhontée. L’instauration du colonialisme par la gauche française à partir de 1 890 a provoqué un halo de mystique sur la vocation civilisatrice de la France dans son Empire.   Il s’est déchiré en moins de 15 ans après la Libération, pour être remplacé par un grand mensonge « décolonial » bien plus tenace.

Aujourd’hui la France vacille parce qu’à la fois les anciens mensonges tardent à s’effacer et que de nouveaux apparaissent auxquels elle ne veut pas résister.

Le grand mensonge WOKE est une nouvelle gale. Les États-Unis exportent désormais une hérésie qui est une dictature de terrain pour des Savonarole infâmes et une plaie intellectuelle inguérissable. On impose à chaque individu de faire une révérence à des concepts tarés sous menace de mort sociale, et on demande aux institutions de s’autodétruire. C’est le retour du cléricalisme sous ses formes les plus abjectes.

On reboucle sur la déclaration de Wilson : nous sommes le bras de Dieu ! Mais les sorcières ne sont plus à Salem !

Le grand mensonge écologique est lui aussi d’essence religieuse. L’homme est mauvais. C’est un imposteur et un malfrat qui tue sa mère, la nature. Il s’agit de le punir de son outrecuidance. Le CO2 anthropique conduit à un réchauffement calamiteux qui ne sera arrêté qu’en stoppant les usines, le transport, la consommation. Là encore, les « conscientisés » tentent d’imposer aux « beaufs de la croissance » leurs ordres délétères, en faisant feu de tout bois et en mentant effrontément.

Le grand mensonge actuel est celui de la bonté de la pulsion de mort qui s’est emparée des nations occidentales, qui glorifient l’effondrement de leur natalité et se suicident allégrement, tout en acceptant de battre leur coulpe par l’aveu pitoyable de prétendus vices indurés qui leur imposent de disparaître dans la joie et l’exaltation.

La « cancel culture » sociologique et la « cancel culture » écologique sont des pulsions de mort à vocation sacrificielle.

Le sectarisme pénitentiel manipulé par des Gourous a toujours existé. L’automutilation aussi. La particularité du moment c’est son triomphe en Amérique du Nord et auprès des instances européennes, universitaires et journalistiques. La pénétration du monde de l’entreprise est très avancée. On en vient à nommer des surveillantes des bonnes pensées. La ligue de vertu est remboursée par la sécurité sociale ! Le contrôle de la vertu devient un poste de travail. La génuflexion devant des oukases moraux devient une nécessité de survie professionnelle. Tout cela pour créer un homme nouveau encore plus utopique que les modèles précédents, en supprimant radicalement la liberté. Pas de liberté pour les ennemis de la vertu telle qu’on la professe. « On » ? Un salmigondis de tarés réunis en groupes de pression qui promettent aux veufs du communisme et aux veuves de la religion chrétienne une rédemption facile et un réemploi de leur sotte soumission. Lutter contre des dominations par de nouvelles dominations avec ses servitudes nécessaires, tel est le grand mensonge qui s’installe. Il sera dur à éradiquer, car il ne pourra l’être qu’en retournant contre lui les armes dont il abuse et dont les âmes éprises de liberté et de sagesse détestent l’emploi. Faudra-t-il organiser La mort sociale des adeptes de la coercition sociale radicale ?

On assiste à une extension délirante du sectarisme millénariste au sein même de la société organisée, comme un cancer qui ronge des organes fondamentaux jusqu’à leur défaillance. Rien de plus difficile à éradiquer que le mensonge sectaire.

« Le tournant du siècle a réveillé les peurs millénaristes d'un certain nombre de croyants du monde entier. Si la croyance en une fin du monde prochaine n'est pas dangereuse en soi, des tragédies ont mis en évidence que certains groupes tels que Heaven's Gate, en Californie, L'Ordre du Temple Solaire en Suisse, en France et au Québec, ou, en mars 2000, Le Mouvement pour la Restauration des Dix Commandements de Dieu, en Ouganda, ont développé une doctrine apocalyptique avec la mort au bout du chemin ».

Le croyant sectaire animaliste qui assure urbi et orbi que l’ours réintroduit dans nos forêts peut bien « tuer des hommes, ce n’est pas bien grave » (sic), car d’autres bestioles tuent plus encore, ne rencontre que l’air énamouré de la personne qui l’interview. Il est le pendant de cette nouvelle race d’écervelés qu’on appelle désormais les « égo-cocos » qui prétendent que tout ce qu’ils ont est à eux et intouchable, et toutes les allocations qu’ils touchent un dû, mais que tout le reste est un « bien commun » auquel ils ont aussi droit. Indignés, mais intéressés. La croyante féministe sectaire qui laisse entendre que les 600 000 à 700 000 femmes qui ont été violées par la soldatesque au Congo et alentours ces dernières années ne sont pas plus à plaindre que les femmes mariées qui sont routinièrement contraintes à céder au désir de l’homme infect non encore déconstruit, rejoint l’imbécile sectaire qui détruit le marché immobilier et la possibilité de se loger au nom des passoires thermiques. Tous ces sectarismes ont le même ressort : emmerd… quelqu’un et le faire avec violence. En général pour créer une situation invivable et finalement mortelle pour tous sans jamais tenir compte des réalités.

Le grand mensonge Européiste affirme : l’Union Européenne et l’abaissement des nations correspondant, c’est la paix ! Et explique « en même temps » : « la seule urgence européenne est de réarmer ! »  L’Europe ce serait donc la guerre et non la paix ?

Une société éclatée qui ne pense plus qu’à s’auto détruire et à brûler des sorcières est le contraire exact de l’esprit français depuis la Renaissance. Une nouvelle résistance commence. La mise à bas des grands mensonges qui nous ont emprisonnés depuis un siècle est le début du combat : l’hydre du mensonge a beaucoup de bras.

Pour survivre à ce qui se prépare, le délitement général par l’action des ligues de fausse vertu, il va falloir que la France trouve en son sein des ressources critiques dont on peut malheureusement penser qu’elles s’épuisent.

Le terrain politique ravagé que tous les Français peuvent constater quelque soit leurs convictions est la marque de la tension et des mélanges entre le Grand mensonge du siècle passé et celui des nouvelles ligues de vertu. Le Front national et la Nupes en sont réduit à des en même temps électoraux idéologiquement contradictoires. Le centrisme égotiste signé Emmanuel Macron se veut un « en même temps » totalement vérolé par le mensonge et des contradictions insurmontables qui étaient déjà amorcées par Nicolas Sarkozy, et qui continuent de dissoudre le LR.

Le résultat est naturellement le rejet d’un champ politique aussi frelaté, réduit aux injonctions contradictoires et à l’impuissance. On ne peut pas se moquer de la jeunesse avec ce genre de facéties : « dis-moi pour qui tu mens, je te dirais qui tu es !».

L’avenir n’est pas aux « black blocks » ni à la désobéissance civile, mais à l’union de ceux qui veulent observer avec justesse le monde qui s’offre et en maîtriser avec réalisme les contradictions, au profit du plus grand nombre, sans se faire piéger par la sottise sectaire et l’attrait des Grands Mensonges sous la lune.

Un très grand livre :" Une contre histoire de la colonisation française" de Driss Ghali

La liberté et l’intelligence courent le monde. Sauf dans les universités où coulent surtout la pensée unique socialiste et ses slogans. Cela a toujours été vrai de la Sorbonne et pratiquement de toutes les universités occidentales depuis 1945. On y préfère généralement un prêt à penser commode même faux à toute réflexion véritable. Parfois l’intérêt prime la vérité ou la passion ou même les deux.

Plusieurs études historiques universitaires ont été des puits de mensonges sur des sujets sensibles : la guerre d’Espagne ; les génocides socialistes comme Holodomor en Ukraine ou l’extermination des paysans chinois ; la colonisation…

Ce sont toujours des particuliers indignés qui prennent en main le travail nécessaire à rétablir un peu de vérité, d’ouverture, de respiration, sur ces sujets maudits. On leur reproche toujours les mêmes défauts : ils ne sont pas historiens professionnels ; ils sont tendancieux ; ils sont à la solde de je ne sais qui. Bref, ils sont à jeter dans les poubelles de l’histoire.

Jusqu’à ce que le vent change et que la vérité soit reconnue : ce qu’ils disaient était exact, censé, précis, descriptif et analytique.

Sur tous les sujets sensibles on trouve des auteurs qui ont été rejetés, mais qui ont réussi à percer un petit trou dans la muraille.

Kravchenko avait définitivement réglé son compte au stalinisme avant même Soljenitsyne.

Simon Leyss avait définitivement mis fin au culte de l’horrible criminel de masse, Mao Tsé Tong.

Pio Moa a définitivement coupé le cou à l’hydre colossale qui accumulait des mensonges éhontés sur l’histoire de la guerre d’Espagne.

Impossible de revenir en arrière. Le mensonge n’est qu’un mensonge. Il vit jusqu’à ce qu’on n’accepte plus de le tolérer. Et on trouve toujours une âme pure pour cette exécution. Lorsque l’œil est dessillé, il voit toujours la même réalité objective. Quel que soit l’observateur. Quelle que soit la violence perverse du tricheur qui croit encore devoir propager des slogans frelatés et intéressés.

Ce qui frappe, c’est le changement radical de l’opinion publique. Pour avoir, moi-même, écrit le seul livre français seulement consacré à Holodomor, refusé par tous les éditeurs sans exception, qui y voyaient comme une corruption du slogan socialiste dominant et « une forme d’auxiliariat des nazis petliouristes » (sic), j’ai vécu la dureté du combat contre ceux qui ne voulaient pas de la qualification de génocide. Mon ami Léon Chaix s’est fait virer de Wikipédia pour avoir porté cette idée On a vu le Parlement européen refuser la qualification de génocide en concédant le crime contre l’humanité. Sarkozy et Kouchner n’ont pas voulu entendre parler de génocide. Crime contre l’humanité d’accord. Mais pas génocide. La guerre en Ukraine a tout balayé. Tout le monde est d’accord pour qualifier Holodomor de génocide. L’affaire est close. C’était bien un génocide. On ne discute plus et on ne discutera plus. Tous savaient qu’ils mentaient. Mentir n’a plus d’objet.

Le livre de Driss Ghali est de la même veine. Il casse des mensonges indurés qu’on est censé ressasser comme des vérités absolues. Sa contre histoire de la Colonisation française est ce qui a été écrit de mieux sur le sujet depuis cinquante ans. Son livre est naturellement vomi au sein de l’université française et de l’Éducation nationale, alors qu’il devrait y être une bible.

Je ne connais pas l’éditeur, Jean-Cyrille Godefroy, mais grâce lui soit rendue d’avoir édité Driss Ghali.

Quelle est la force du livre de Driss Ghali ? Un rappel exact des faits et une analyse lumineuse des évolutions.

Qu’on me pardonne un souvenir personnel. En 1958, l’arrivée du Général de Gaulle s’est accompagnée dans les premiers temps d’une floraison d’images de fraternisation et de glorification de l’Algérie française. Parti dans un collège anglais à Tunbridge Wells, pour fortifier mon anglais, notre prof occasionnel était un de ces produits d’Oxford qu’on ne peut qu’admirer. De discussions passionnées sur la colonisation en discussions passionnées sur la décolonisation, j’en vins à son argument : la fraternisation n’était pas bidon, beaucoup d’Algériens étant à juste titre attachés à la France, mais l’indépendance était inévitable et viendrait vite.

Je retrouve dans le livre de Ghali toute la finesse de ces discussions impromptues et qui toutes pointaient que la colonisation s’est toujours imposée pour de mauvaises raisons et n’a jamais touché le cœur de la civilisation des peuples ou peuplades occupées. Les grandes puissances européennes se devaient d’avoir des colonies et un Empire parce que c’était facile et parce que sinon un autre le ferait.

La France battue par les Allemands en 1 870 et privée de l’Alsace et la Lorraine se devait de retrouver un moral et des vertus militaires. La gauche de l’époque a considéré la colonisation comme le moyen le plus simple. Paradoxe déjà relevé par Éric Zemmour, la colonisation, c’est la gauche ! Pour l’essentiel la colonisation française a eu lieu entre 1 880 et 1 914.

Cet aventurisme coûtait peu s’il s’agissait de briser les pouvoirs en place dans des sociétés souvent atroces, miséreuses et profondément injustes. En cassant des dominations et des pratiques odieuses, elles libéraient certains tout en ravalant d’autres. La France a toujours trouvé des alliés sur place justement chez ceux des peuples ou des groupes humains qui étaient maltraités depuis des lustres.

Mais il ne fallait pas prétendre apporter la civilisation. La France n’avait pas les ressources pour s’occuper du terrain et des gens. Les colonies françaises étaient à peu près vides de richesses. Le peuplement colonial a toujours été ralenti par l’inappétence des candidats, devant le peu de perspectives à espérer et le nombre des dangers à endurer notamment médicaux.

Les politiques coloniales ont toujours été des pratiques de comptoirs où seules comptaient les populations européennes, personne n’ayant le moindre moyen d’aller en profondeur dans les territoires, sauf quelques saints saisis d’évangélisme ou de recherche scientifique.

Lorsqu’après-guerre, sous la double pression des Américains et du communisme, les colonies devinrent l’objet de véritables politiques de développement, on comprit rapidement que la France n’en avait pas les moyens et que les dégâts de la défaite en Asie et en Europe avaient déconsidéré définitivement le colonisateur.

La décolonisation a donc été presque partout extrêmement facile, avec partout des élites plutôt bienveillantes pour l’ancien colonisateur. Bien sûr il ne fallait réclamer son éviction par la force. La Tunisie comme le Maroc ont payé le prix de répressions ponctuelles mais violentes. Mais en dehors de l’Algérie et du Vietnam, la fin de la colonisation s’est faite facilement.

En Asie l’affaire était devenue difficile du fait de l’humiliation de la France par les Japonais. L’action des communismes n’arrangeait pas les choses. La guerre s’est produite entre puissances étrangères qui ne représentaient pas et de loin la majorité des populations autochtones (ou indigènes comme on voudra). La France gagnera la guerre en Algérie à un prix démesuré pour les deux camps. L’indépendance sera octroyée dans les formes à des forces vaincues qui ne l’ont jamais digéré et se mirent aussitôt à multiplier les pires crimes. La France perdra pied en Indochine, bientôt remplacée par les Américains « décolonisateurs » pris à leur propre piège et bientôt écartés.

Pour la France, la colonisation a finalement été une mauvaise affaire globale mais avec des bénéfices qui ne sont pas ceux qu’on croit.

La colonisation a été une bénédiction lors des deux guerres mondiales en mobilisant des ressources humaines coloniales dont l’absence n’aurait pas permis de participer autant à la victoire. Pour le reste cela n’a été qu’une suite de désillusions et de coûts.

Pour les colonies elles-mêmes, le bilan est à la fois plus profond et moins circonstanciel, mais tout aussi ambigu. La France n’avait pas les moyens d’aller très loin dans la modernisation de la vie des populations sous protectorat. Elle manquait déjà de bras en métropole et elle a dû faire face à trois guerres terribles entre 1 870 et 1 940. Son implication n’a jamais pu aller très loin en faveur du gros de la population locale qui a été largement laissée à ses coutumes et modes habituels de fonctionnement. En revanche elle a réussi à créer par exemple en Afrique noire des élites favorables à la présence française et qui ont un temps regretté le désengagement trop rapide de leur mentor. Ils ont organisé une « décolonisation tranquille ».

L’auteur ajoute à l’histoire de la décolonisation, celle d’après qui voit les ex-populations colonisées coloniser à leur tour leur ancien tuteur en créant des diasporas qui vivent plus intensément que leurs aînés dans des comportements hostiles au pouvoir mais hors de chez eux. Les occupants, ce sont eux. Ils ne veulent pas s’assimiler et provoquent des difficultés chaque jour plus graves. Beaucoup se comportent contre les Français de souche sur leur territoire national, comme s’ils menaient un combat décolonial chez eux… D’autres défendent farouchement une France qui leur permet d’échapper au désastre qu’aura été la gestion des états anciennement décolonisés ravagés par les mafias, l’armée, le vol et l’extorsion, les guerres, l’Islam armé, avec une corruption massive et débilitante.

L’auteur montre avec juste raison que plus la gestion souveraine a été nulle après la décolonisation dans les pays « libérés » plus on souffle la haine du colonisateur. C’est frappant en Algérie où l’armée a tout pris, captant à la fois la rente pétrolière, et les meilleures terres de la Mitidja et se maintient, après une guerre civile atroce avec les islamistes, par la violence et la corruption tout en dénonçant inlassablement les Français. Rappelons que le Maghreb est indépendant depuis près de deux générations. Les combattants des années 55 à 60 sont tous morts ou presque et seuls quelques parents très âgés peuvent encore parler des années cinquante. Encore dix ans, et il ne restera plus personne qui peut se dire témoin de l’ancienne histoire coloniale qui devient une mémoire détournée, fantasmatique et intéressée.

Les repentances hémiplégiques ne servent aucune bonne cause pense l’auteur qui écrit : « au lieu de cracher sur des cadavres bien froids, hissons-nous à la hauteur des monstres qui dégradent l’humanité ici et maintenant ». « À la repentance il faut répondre par la transparence : tout dire, tout mettre sur la table, le meilleur comme le pire. La vérité est l’antidote au venin de la repentance ». « La vérité ou la guerre civile, telle est l’équation du moment » « L’histoire n’a pas commencé avec la colonisation et ne s’est pas terminée avec la décolonisation. Le mythe de la virginité rompue est une foutaise comme la thèse de la persistance d’un traumatisme colonial après les indépendances ».

Pour finir, dit l’auteur, la colonisation est une mauvaise idée qui a eu des effets inespérés. L’urgence actuelle est de régler les difficultés actuelles pas de ressasser des slogans avec cynisme et mauvaise foi. Ces difficultés sont urgentes et graves et peuvent unir tous les camps assoiffés de vérité et de progrès.

« Un livre épatant qu’éclabousse l’esprit dans ces temps de misère où la bassesse est reine » aurait dit Luther.

Didier Dufau

La hiérarchie des causes de l’effondrement français

Tout le monde est désormais bien conscient que la France dégringole. Le dernier livre de l’IFRAP dénonce le scandale d’une pression fiscale encore aggravée et d’exactions inouïes contre les propriétaires  qui s’accompagne de l’effondrement de toute la sphère publique (éducation, justice, sécurité, santé, etc.) alors que nous avons perdu notre industrie, condamné nos activités portuaires à la stagnation, saigné notre agriculture, prolétarisé la classe moyenne, et laissé se créer un cancer de l’immigration dévastateur pour toute notre politique sociale et pour l’identité nationale. Il faut savoir que cette condamnation n’est pas récente. Le septennat de Giscard sera fiscal de bout en bout. La France était à genoux après le double septennat de Mitterrand. Dès le milieu des années quatre-vingt-dix tous les maux actuels étaient clairement identifiés et la suite annoncée. Et nous avons continué à sombrer au point que les Français sont désormais dans la crise de nerfs permanente. La République livrée aux casseurs et aux incendiaires est désormais en danger.

Pour ceux qui suivent la vie économique et publique depuis plusieurs décennies, cette constance dans la destruction est un sujet récurrent depuis la récession de 1973. La dégringolade n’a jamais été empêchée et n’a fait que s’amplifier, aboutissant au discrédit des partis dits de gouvernement et à la montée de l’ensauvagement de la vie sociale et politique.

Quelles sont les causes profondes de cette inversion dramatique de la trajectoire française considérée comme miraculeuse jusqu’à la crise de 1973 et pourquoi n’ont-elles pas été jugulées ? Quiconque s’avise d’avoir une ambition politique se devrait d’avoir une idée claire sur ces questions. On voit bien que ce n’est pas le cas.

La cause première et fondamentale est la destruction des accords de Bretton Woods et l’instauration des changes flottants. C’est celle qui n’est jamais citée. Cette erreur monstrueuse d’organisation internationale est la cause première de tous les malheurs du temps. Les raisons en sont simplissimes. Ce système permet la création de déficits et d’excédents symétriques totalement effarants. Les excédents sont replacés dans les pays en déficits et la boucle ne cesse de s’amplifier jusqu’à ce qu’une crise financière se produise. 1 973 est la première crise mondiale depuis 1929. Ensuite se sont enchaîné les crises du même type, une crise moyenne succédant à une crise grave pour aboutir à la grande dépression de 2008. La France ne s’est jamais remise de la crise de 1973 ni de celle 1993. Celle de 2008 a signé notre dégringolade définitive.

Personne ne veut ni ne peut changer ce système international frelaté et qui n’a jamais fonctionné qu’au prix de récessions provoquant un ralentissement de la croissance économique. La raison : les Etats-Unis qui croient encore que l’avantage du dollar mérite les difficultés que tout le monde connaît y compris aux Etats-Unis. La domination des Etats-Unis est telle que personne ne fera carrière en économie sans soumission aux changes flottants et au rôle primordial du dollar. La contestation larvée vient des grandes dictatures de l’ancien monde communiste, la Chine et la Russie, avec les conséquences géopolitiques que l’on voit.

Certains diront : c’est la mondialisation qui est en cause et l’ouverture totale à la concurrence libre et non entravée des mouvements d’hommes, de capitaux, de services et de marchandises. Elle a permis de transférer toute l’industrie à l’Asie et aux pays les plus pauvres, avec des entreprises et des capitaux profitant honteusement de l’écart entre les salaires des pays développés et ceux des émergents. La classe moyenne a été sacrifiée. La pression migratoire sur les salaires s’est ajoutée. Le World Economic Forum est le symbole de cette mondialisation faite au détriment des pauvres en Occident.

Oui, l’entrée de la Chine dans l’OMC a été dénoncée notamment par notre petit groupe d’économistes dès les discussions de 1997.

Mais le fond de l’affaire est à chercher non pas dans la mondialisation mais dans la mondialisation non équilibrée. Si le système permet à certains d’accumuler des excédents prodigieux, cela veut dire que les produits ne s’échangent pas contre des produits et que le travail ne s’échange pas contre du travail. Donc les pays déficitaires voient leur classe moyenne s’effondrer. Seuls les pays ayant la capacité de mener des politiques mercantilistes peuvent résister, ou encore le pays qui fournit sa monnaie nationale au monde.

Pour les pays peu productifs et ayant succombé aux formes diverses du socialisme, le système devient extrêmement pénalisant. Ce qui a entraîné des révisions déchirantes en Suède, en Australie et en Nouvelle Zélande, au Canada, au Royaume uni etc. La compétitivité nationale devenait critique, sinon plus de classe moyenne !

La France a choisi de se lancer dans le programme Commun socialo-communiste totalement à contretemps, puis à bloquer toute réforme avant de retomber dans le socialisme jospinien, puis le délire du PS sous Hollande, tué par la dissidence des radicalisés qui triomphera ensuite avec la Nupes.

On voit où cela nous a mené.

La deuxième cause fondamentale de nos difficultés provient de l’extorsion de fonds pratiqués par les pays producteurs du pétrole coalisés pour mettre en coupe réglée les pays dépourvus de pétrole. Il est toujours amusant de constater qu’on a décrit une situation mondiale « libérale » alors qu’elle est soumise à un monopole cartellisé pour le cœur de ses ressources énergétiques.

Pour la France, la prédation pétrolière est devenue dès novembre 1973 un drame fondamental. Nous sommes rançonnés depuis 50 ans, et le poids de cette rançon est colossal. Pour la payer il fallait être plus productifs que jamais et essayer de se libérer le plus possible du pétrole.

Pompidou a compris que la seule solution était de développer le nucléaire et de réduire autant que possible la consommation de pétrole. Giscard a continué cette politique que même Mitterrand n’interrompra pas. Malheureusement cette politique a été gâchée à partir du gouvernement Jospin Voynet. Le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur le pourrissement désastreux de la politique nucléaire peut être lu par qui veut. C’est une véritable tragédie dont les conséquences dramatiques sont désormais visibles.

On peut faire l’histoire française de la tentative de se libérer de la rançon pétrolière sans prendre en compte une seconde la question écologique. Paradoxalement les options prises pour le nucléaire étaient les meilleures sur ce terrain-là mais de façon involontaire. Il restait deux domaines non maîtrisés : l’automobile et le chauffage des bâtiments. Ce sont les deux éléments fondamentaux du capital des Français, ceux qui demandent des années de travail et des dettes lourdes pour le constituer. Il était nécessaire de rester prudent et progressif. On a désormais sombré dans la folie sur ce sujet avec les lois Wargon et les ordonnances européennes inspirées par le GIEC. Rançon plus folie, un vrai triomphe !

La prédation des pays pétroliers, malgré tous les efforts, a pesé radicalement sur la prospérité du monde et celle de la France. On voit que celle des fournisseurs de gaz est tout aussi problématique, sachant que nous avons refusé de tirer profit de nos gisements de gaz de schiste…

La troisième cause du désastre français est interne : le triomphe de « l’énarchie compassionnelle et bienveillante ». À la suite d’un travail commencé sous Pétain, accéléré par les mêmes à la Libération, continué sous la Quatrième et triomphant sous la cinquième, la caste des hauts fonctionnaires a fini par s’arroger la totalité du pouvoir administratif, politique, économique et financier en France. Une caste népotique s’est constituée qui verrouille tout et dirige tout. Cette anomalie est uniquement française. Partout dans le monde occidental libre, on a réussi à cloisonner le monde de l’administration et la politique. Nous renvoyons à nos nombreux articles sur la question pour comprendre l’ampleur du mouvement et de ses conséquences. Le couple Giscard-Chirac est la marque d’un premier triomphe qui ne cessera plus, jusqu’à la caricature macronienne avec ses premiers ministres énarques de seconde zone, Philippe, Castex et Borne. Que personne dans la PQN n’ait souligné le caractère minable jusqu’à l’incroyable d’un système qui veut qu’on choisisse comme premier ministre un ancien président de la RATP et qu’on choisisse comme président de la RATP un ancien premier ministre est la preuve d’un effondrement mental caractérisé. On gère la République comme le métro parisien et réciproquement ? Le népotisme a-t-il besoin d’être prouvé quand on voit la carrière des maîtresses ou des filles de notables hauts fonctionnaires. Exemplaire est La carrière météoritique et catastrophique pour le pays de la fille de Lionel Stoleru, politicien à toutes mains, et d’une énarque haut fonctionnaire chez Hidalgo. Elle n’a jamais travaillé réellement et a connu les rémunérations les plus folles très tôt. Après avoir été Ministre, elle est présidente très bien rémunérée d’une juteuse agence. Le cas de Florence Parly, dite Parly 2, est pire encore. « Fille de » richissime à force de missions surpayées de courte durée (et ratées) dans des boîtes sous influence politique comme Air France et la SNCF, elle devient Ministre des Armées, un beau mandat réussi puisque les forces armées françaises se sont fait jeter du Mali à coups de pied dans le derrière et aux termes duquel tout le monde admet qu’on ne serait pas capable de mener une guerre de haute intensité pendant plus de quatre jours. Elle vient d’être recasée « dignement » avec un beau sac d’or après avoir raté la présidence d’Air France KLM. Les Hollandais sont moins fascinés par l’énarchie que les Français. Il faudra attendre une édition du Canard Enchaîné pour le savoir : « La reine des pantoufleuses : après s'être déjà recasée chez Air France, la SNCF, Altran, Ingenico ou encore Zodiac, l’ancienne ministre des armées, Florence Parly pantoufle, cette fois, chez Ipsos et à la Caisse des dépôts. » Avec les rémunérations ad hoc.

On comprend pourquoi les hauts fonctionnaires sont motivés à conserver leurs privilèges et figurent en nombre parmi les Français membres du 0.1 % les plus riches.

Voir récemment M. Jospin se goinfrer au restaurant du Dôme, lui qui cumule des avantages financiers gigantesques et une retraite somptueuse, après avoir tué l’économie du pays avec les 35 heures pour égaler Mitterrand dans les cadeaux définitifs au peuple, lève un peu le cœur. Il vit dans un hôtel particulier rive gauche, rue du Regard et dispose d’une maison à l’île de ré, ce qui est déjà bien pour un contempteur du bourgeois mais qui prend tout sel quand on sait qu’en 1961 ce trotskiste caché, obligé à faire attention à cause de la collaboration vichyste de son père, ne cessait de dégoiser contre les riches, les enfants de riches, les bourgeois répugnants etc. À l’époque Krasuki était son exemple. Il faut dire que par rapport à lui c’est un héros : immigré juif d’une famille communiste polonaise, il a été résistant et a connu la déportation dans des conditions très dures dont il survivra grâce à l’organisation communiste des camps, avant de revenir comme ouvrier, syndicaliste et de monter dans la hiérarchie de la CGT. En 61 il est directeur de Voix Ouvrière. Le trotskiste caché fait commerce de son admiration pour le futur leader gréviculteur de la CGT. Cela le distancie heureusement de la collaboration. Mais en fait son slogan intime était : « Pousse-toi de là que je m’y mette ».

Emmanuel Macron n’est qu’une pustule sur une plaque cancéreuse très large. Il a fait croire aux Enarques de gauche qu’ils auraient un meilleur avenir avec lui Président et aux Enarques de droite que se rallier à son panache trouble leur vaudrait des avantages. Les Français, lassés des guerres imbéciles et loin de leurs préoccupations, entre Chirac et Giscard, Chirac et Balladur, Jospin et Fabius, Copé et qui voudra, Pécresse et Wauquiez, se sont dit qu’un vent nouveau soufflait chez En Marche. En vérité, c’était un vent encore plus nocif. En multipliant les enjambements et les astuces, et en noyant le pays sous une pluie désastreuse de chèques politiciens, Macron a éludé tout vrai dialogue avec le pays sur les grands problèmes nationaux. Ce Narcisse problématique n’a d’objectifs que pour lui-même et se moque du pays et de ses habitants. Dès qu’il prend une mesure négative, le pays s’insurge.

Un gouvernement aujourd’hui est un noyau d’Enarques intouchables entouré de fusibles ou de guignols ou d’utilité. Ces gens ne connaissent que l’impôt et les taxes, la réglementation, les subventions, et surtout pas de vagues. Le courage est mauvais pour la carrière d’un haut fonctionnaire qui n’agit qu’avec le consensus de ses pairs et leur réassurance.

Aujourd’hui l’ensemble des services publics sont en déshérence avec des coûts et des effectifs administratifs stupéfiants pour des résultats déplorables. Alors qu’il s’agit de la tâche première des hauts fonctionnaires. Ils ont tué la Santé sous les réglementations et l’asphyxie des postes administratifs. L’enseignement public est également détruit, alors que le budget par élève et le nombre de profs par élève est supérieur à ce qui se fait partout en Europe. La Justice n’est plus là. L’armée est en difficulté avec des matériels de plus en plus en retard. Ne parlons pas de la diplomatie et de la francophonie, quasiment abandonnée !

Tous ces abusifs paradent ailleurs que dans des postes administratifs et ils y font n’importe quoi, sans être contrôlés ni sanctionnés. Avoir réussi à générer une croissance de 1 % dans nos ports quand le monde a connu partout une croissance de 100 % ne gêne personne. Un crétin décide d’empêcher 11 millions de tonnes d’exportation de blé. Il reste en place. L’impunité dans l’incapacité est la base de l’énarchie compassionnelle. J’étais dans le restaurant le soir où Fabius fêtait dignement sa nomination comme premier Ministre alors que la veille, ministre de l’Industrie il pleurait sur la disparition des industries lorraines et la fermeture des mines de fer ! Pleurs et champagne. Le « en même temps » déjà. Tout le monde dans la salle frappait son verre avec une petite cuillère pour marquer son mépris pour le Jocrisse. Quarante ans plus tard il est Président du Conseil Constitutionnel avec des enfants embringués dans des affaires que certains jugent douteuses. Rien à f… de l’opinion publique. Les places et l’argent, plus les honneurs même si les résultats sont catastrophiques.

La caste a fini par détruire la classe moyenne et rendre la fiscalité totalement intolérable. Et cela continue sans vergogne. « Vive la Nupes et Mme Le Pen qui nous permettent de rester au pouvoir ! », voilà tout le programme !

Reste le dernier élément du quarteron du désastre : l’Union Européenne. Tant que la « construction » européenne était la mise en commun de politiques de six pays, dans les domaines où elle était souhaitable, elle ne rencontrait guère de critiques. Avec le passage à l’Union Européenne fédéraliste, élargie à 27 membres et conquérant la quasi-totalité du spectre de l’action gouvernementale directement ou indirectement, y compris les préambules constitutionnels, la monnaie, le budget, la gestion diplomatique, l’écologie, les relations économiques internationales, les normes environnementales, on est passé à autre chose où les quelques défauts d’une optique communautaire sont devenus les gros désastres de l’abandon de souveraineté.

Nous l’avons souligné sur ce blog des dizaines de fois. Toute la production des ordonnances et des normes se fait hors de France sans aucune discussion en France. La presse se moque de ce qui se passe à Bruxelles. Les élections européennes n’ont aucun sens, puisque personne ne sait ce qui sera débattu dans l’enceinte de l’Assemblée, qui sera proposé par la Commission, qui, une fois nommée, fait absolument tout ce qu’elle veut. Aucun groupe politique français ne peut influer réellement sur le sens d’un vote. Seul le président de la République peut à la rigueur bloquer un texte jugé nuisible. Aucune étude d’impact n’est faite sur aucune ordonnance. Si l’ordonnance n’est pas transposée, ce sont des sanctions. Si on ajoute le poids des lobbies notamment des ONG internationales, la dépendance totale aux désirs américains dans moult domaines et le gouvernement des Juges européens qui peuvent se mêler de tout en interprétant la déclaration européenne des droits de l’homme, on voit que l’exécutif français n’a pratiquement plus d’autonomie. La politique de liberté totale des mouvements d’hommes de capitaux et marchandises au sein de l’Europe élargie et en signant sans discontinuer des traités de libre-échange avec le monde entier, a laminé la classe moyenne. L’Euro est un système qui autorise les excédents monstrueux de l’Allemagne et se montre intransigeant pour les pays pauvres et déficitaires. Aggravation des distorsions intracommunautaire, rôle délirant de la BCE, avec des émissions de liquidité stupéfiantes, tout est anormal au sein de la zone Euro. L’Allemagne réunifiée y jour le rôle principal sans tenir compte de ses voisins. La récession spéciale en Europe en 2011, c’est elle. Le traitement délirant contre la Grèce, c’est encore elle qui avait déversé ses excédents sans prudence dans tous les pays du « Club Med ». Les difficultés de négociations avec la Chine, c’est encore l’Allemagne qui seule en Europe a une balance excédentaire avec ce pays. La crise énergétique actuelle : c’est la faillite de la politique allemande d’énergie intermittente qui la rend dépendante d’une énergie pilotable importée russe puis américaine.

Tous ceux qui ont un œil sur la classe ouvrière et la classe moyenne savent qu’elles ont été laminées après Maastricht.

Tous ceux qui ont un œil sur l’immigration, savent que le corset juridique mis en place par l’UE empêche d’agir.

Désormais l’Union entrave plus qu’elle n’aide. Elle a eu un effet politique délétère. Plus personne n’ayant le pouvoir d’agir réellement de façon indépendante sur aucun sujet, le Président devient un grotesque impuissant qui ne fait plus que de la Com’. Les partis de gouvernement ne servent plus à rien. Ils ne peuvent même plus construire et assumer sans rire un programme quelconque : ce n’est pas eux qui décideront.

Alors les intérêts français sont en déshérence. La croissance est morte remplacée par une longue stagnation. Les masses populaires ne voient plus de progrès dans leur vie mais une suite de remise en cause des démagogies passées, sans se rendre compte que seule une volonté farouche de productivité, de travail et de qualité leur permettrait de sortir du gouffre.

Les quatre forces que nous dénonçons, toutes abusives, auront mis la France dans la violence, la colère et le dégoût d’elle-même. Emmanuel Macron aura été, du fait de ses travers psychologiques et son absolu mépris pour la France et les Français, le catalyseur de l’effroi national devant le naufrage.

Une fois le diagnostic fait, les solutions sont délicates à mettre en œuvre.

Il est quasi impossible d’imposer un retour aux changes fixes avec une monnaie de référence distincte de celle d’un état, alors que la mondialisation ne peut perdurer qu’avec un retour aux règles de Bretton Woods modernisées et intégrant la Chine, la Russie et tous les grands pays commerciaux du monde. Mais on peut tout de même engager le débat et pousser à la solution. L’Europe peut corriger les déséquilibres internes en pénalisant les grands excédents.

Il faut inlassablement continuer la politique de réduction de la rançon pétrolière, qu’on croit à la crise climatique ou pas. Cela passe en France par le rétablissement de la filière nucléaire et une politique plus sage et plus progressive que celle que la cléricature écologique nous impose en matière de décarbonation.

Il faut créer une séparation franche entre la haute administration et les autres secteurs de la vie politique et économique. « Nul ne peut être élu dans une institution qui détermine ses conditions professionnelles ». « Les doubles rémunérations sont interdites ». Et il faut introduire un contrôle des résultats des politiques conduites par les hauts fonctionnaires, tout en brisant le népotisme. C’est le plus facile

Il faut enfin retrouver tout ou partie de la décision souveraine sur les questions vitales pour le pays. Certaines mesures peuvent être prises sans changer les traités. D’autres non. Dans les deux cas, il faut dire lesquelles et se mettre en position de gagner.

Si un Président se fait élire sans avoir une réflexion publique sur ces quatre causes de notre dégringolade, il ne sert qu’à activer le ressentiment et les colères. La crise politique actuelle est explicable totalement par ce constat : sur aucune des quatre causes, Emmanuel Macron n’a d’analyse publique ni de politique. Le pays s’attend donc légitimement à des effondrements ultérieurs et cela laisse du champ à tous les trublions et desperados du gauchisme révolutionnaire.

Il faut agir.

Ce n’est pas en disant : « je vous protège de Mme Le Pen ».

Ce n’est pas en réprimant à outrance.

Ce n’est pas en prenant des postures.

Ce n’est pas par la Com’.

Ce n’est pas en faisant des chèques ciblés.

Ce n’est pas en détruisant l’enseignement privé ni en permettant le suicide assisté, pour détourner l’attention.

C’est en s’attaquant bravement et sagement aux quatre sources de la déchéance française.

Qui aura ce courage tranquille ?

Une victoire tardive mais fort instructive

L’Assemblée nationale a fini par reconnaître que le massacre effroyable commis par l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques en Ukraine entre 1932 et 1934, était bien un génocide.

Avec mon ami Léon Chaix nous avons mené ce combat sur le WEB depuis 1997.

Léon était un haut fonctionnaire international spécialiste de l’agriculture. Il a toujours voulu écrire sous pseudo et nous respectons ce choix.  Toute son expérience lui avait appris des leçons très précises qui tranchaient avec celles en cours dans les milieux dirigeants et ses aphorismes étaient très clairs dès le départ.

-        La vraie misère est paysanne. La preuve, c’est que les campagnes se vident pour la ville.

-        Le socialisme a toujours considéré que les paysans étaient des ennemis impossibles à rallier et les plus grands crimes commis en son nom ont toujours frappé en priorité les paysans.

-        La faucille est incompatible avec le marteau.

-        L’intelligentsia a toujours considéré les paysans comme des primitifs attardés.

-        Les activistes de l’écologie vomissent les paysans

-        Les femmes en découvrant les facilités de la vie en ville ont précipité l’exode rural.

-        La gauche n’a toléré les paysans en Amérique du Sud que pour les enfants-soldats et la culture des drogues dures.

-        Le socialisme est la source principale de l’appauvrissement des pays qui se sont dégagés de la colonisation et leur absence de décollage.

-        Le socialisme a promu la violence et les violents partout où il a triomphé et créé aussitôt une économie de prédation irréformable sans convulsion.

Les 25 ans qui ont suivi n’ont fait que confirmer la solidité de son analyse.

Le massacre des paysans en URSS notamment en Ukraine a été un modèle de génocide qui a resservi partout où les révolutions socialistes ont eu lieu, avec un nombre de victimes hommes femmes et enfants vertigineux, plus de cent millions d’âmes.

Lorsque nous nous sommes rencontrés, Léon et moi, les préoccupations portaient principalement sur la crise des pays développés, avec la terrible récession de 1992-1993 et la politique d’abandon de l’industrie en France. L’agriculture, tout le monde s’en foutait en France. L’affaire avait été concédée à la CEE et les hauts fonctionnaires qui dirigeaient le pays considéraient en majorité que l’Europe en réduisant les dépenses pour l’agriculture rendait service à tout le monde.

Pour le Cercle que nous avons formé à son initiative, Léon apportait une vision qui nous manquait et l’expérience d’un acteur de toutes les actions mondiales menées en faveur de l’agriculture, leurs succès et leurs échecs.

Il avait créé une petite association qui menait des actions en Ukraine exclusivement en milieu rural. En 2 000, une paysanne y disposait d’un revenu disponible de 50 euros par mois environ ! La médecine et notamment la dentisterie étaient totalement absentes.

Au départ il avait un camion avec un cabinet de dentiste et des livres, des crayons et des cahiers pour les écoles. Ensuite il avait aménagé un cabinet médical et deux postes de dentisterie. Les queues dans les villages ukrainiens se formaient aussitôt et bientôt plusieurs centaines de gens attendaient. Son aventure s’est arrêtée lors d’un glissement de terrain provoqué par des pluies diluviennes qui l’a emporté et son camion avec lui.

Ensemble nous avions entamé une longue lutte pour la reconnaissance d’Holodomor en agissant sur les forums et sur Wikipédia. Personne ne voudra se souvenir des réactions haineuses que le fait d’associer simplement le mot génocide avec socialisme ou communisme pouvait susciter.

Léon avait défini la séquence défensive du génocidaire : occulter tant qu’on peut, nier quand on ne peut plus occulter, minimiser quand on ne peut plus nier, s’exonérer quand l’ampleur du phénomène atroce s’établit. Elle n’est pas propre aux génocides socialistes. On retrouve la séquence en Turquie sur l’affaire arménienne ou au Japon sur les exactions en Corée et en Chine. .

On ne s’imagine l’ampleur de la désinformation. Dans le livre d’histoire de mon fils, à Henri IV vers 2006 des dizaines de pages sur la Shoah, deux lignes sur le massacre des paysans ukrainiens en expliquant qu’ils étaient les premiers responsables de la famine qui les a décimés. Les victimes l’étaient d’abord d’elles-mêmes.

Léon sera viré de Wikipédia comme un malpropre. Le quarteron de censeurs communistes qui sévissaient pour empêcher tout article noircissant l’URSS a obtenu sa peau parce qu’il avait donné toutes les informations nécessaires sur Holodomor. Même le nom déplaisait à ces messieurs. Déjà dire la vérité ne pouvait être que l’œuvre de trolls au service de la mouvance ukrainienne nazie qui avait liquidé les juifs et commis tant de crimes en Ukraine. Crime contre l’humanité d’accord. Mais génocide : non !

Lorsque l’Ukraine libérée du joug russe a voulu faire reconnaître Holodomor comme un génocide, elle s’est heurtée à la Russie et ses affidés mais aussi à Israël qui, longtemps, a considéré qu’il n’y avait pas d’autres génocides que la Shoah. Il a fallu le massacre des Hutus par les Tutsis pour que soit admise l’idée que d’autres pouvaient avoir été victimes de génocides.

Sur le forum du Monde, en 1998, de nombreux intervenants pensaient encore que Katyn avaient été commis par les Allemands et vilipendaient quiconque bravait cet interdit. Alors évoquer Holodomor, un génocide ! Pas question. Lorsque les Polonais ont découvert à Bykivnia dans la banlieue de Kiev, les restes de nombreuses victimes de Katyn, le pape est venu sur place bénir les lieux. Pratiquement pas un mot dans les médias français. L’énorme charnier caché de la Guépéou avait reçu plusieurs centaines de milliers de cadavres, hommes femmes et enfants, tués après les millions de morts de la famine artificielle, par les services secrets staliniens. Ils ont tué environ 700 000 personnes jusqu’à l’entrée en guerre, en 1942 !

Dans le guide vert sur l’Ukraine et Kiev, un long texte sur le ravin de Babi Yar, où la population du  Shetl juif de Kiev a été massacré, et pas un mot sur Bikivnia. Nous avons écrit à l’éditeur pour signaler cette anomalie. 15 ans après, elle n’est toujours pas corrigée. S’il vient à tomber sur ce texte, qu’il médite que le temps est sans doute arrivé.

Une des graves erreurs de Nicolas Sarkozy et de l’étrange ministre des Affaires étrangères, le regrettable Kouchner, qu’il avait choisi, est d’avoir refusé absolument de reconnaître le génocide qu’est l’Holodomor. Cela avait la couleur du génocide, le goût du génocide mais ce n’était pas un génocide. Vive le génocide Canada Dry ! Honte à eux !

C’est à ce moment que je suis parti à Kiev pour rassembler toute la documentation sur Holodomor et écrire la seule monographie française sur le sujet, au format Que sais-je. Elle sera refusée par tous les éditeurs sollicités.

Les Français dans leur ensemble considéraient que les Ukrainiens étaient des Russes comme les autres. Ceux qui se piquaient d’en savoir un peu plus que les autres étaient amenés à conclure que depuis la révolution russe et les exactions des nationalistes ukrainiens notamment envers les Polonais et les Juifs, l’Ukraine était un pays bizarre avec des tendances nazies caractérisées. « Les victimes sont aussi des bourreaux, alors cela va bien comme cela ». Poutine a repris la chanson pour justifier par la chasse aux Nazis l’invasion brutale de son voisin rétif qui savait à quoi s’en tenir sur les bonnes intentions du nouveau Tsar biberonné à la mode du KGB.

Finalement le Parlement européen, en deux fois, puis les Allemands ont reconnu le génocide qu’était Holodomor. La France vient de s’aligner sur l’Allemagne, via un vote de l’Assemblée nationale. L’article de Wikipédia a été partiellement mis à jour mais reste toujours aussi cauteleux, la majorité du texte ayant pour but d’instiller le doute sur la qualification. Il y a quelques semaines Patrick Martin-Genier, expliquait sur LCI où il intervient très souvent comme « expert », que Holodomor n’était pas un génocide… On a les experts qu’on peut.

Désormais l’affaire est acquise pour tout le monde. C’est bien un génocide. Le Canard Enchaîné a donné son onction dans son dernier numéro. Encore une dizaine d’années et Le Monde fera un quatre- page sur le génocide indignement ignoré ! Après tout Simon Leys n’a attendu que 45 ans.

Il n’y a eu aucune réaction à la reconnaissance par l’Assemblée nationale. Seuls deux députés communistes ont voté non ! Stalinien un jour, stalinien toujours. Être hop ! Ce qu’il ne fallait pas dire était devenu la nouvelle vérité en une nuit !

Il aura fallu l’énorme émotion provoquée par l’invasion russe pour que se taisent tous ceux qui bloquaient les évidences. L’opinion a basculé définitivement.

Ce n’est pas la première fois. On se souvient qu’encore en 1960 la très grande majorité des Français était pour l’Algérie Française. Aujourd’hui non seulement plus personne ne l’est mais pire encore croit que la majorité était contre à l’époque…

La vérité est un combat et les méthodes de construction de l’opinion restent une question d’actualité. Il reste encore très difficile de faire valoir des réalités essentielles face à une opinion dite dominante mais en vérité construite par quelques-uns.

Aujourd’hui Léon Chaix aurait savouré la victoire de la vérité sur Holodomor, mais la manière dont sont traités, en France, les paysans et l’agriculture serait pour lui un sujet de rage. Jamais il n’aurait pu imaginer qu’on se tue pour une retenue d’eau et que des petits roquets urbains prétendument écologiques et en fait socialistes et gauchistes, puissent s’en prendre avec une telle violence à la paysannerie. On lui aurait dit que la France avait désormais une balance agricole négative, il ne l’aurait pas cru.

Quand le communisme a disparu en Russie et en Ukraine, ces deux pays sont devenus le grenier à blé du monde comme ils l’étaient avant la révolution russe. C’est bien la preuve que le « système socialiste réalisé » était le premier responsable de la catastrophe agricole. L’ennui est que l’on retrouve la même haine du koulak et la volonté de détruire la paysannerie dans les mouvements prétendument écologiques mais qui sont tous du rouge le plus vif et s’inscrivent dans l’idée d’un nouveau système agricole régressif qu’ils veulent accélérer, toujours au nom du salut de l’humanité.  Un nouveau combat commence contre ces nouveaux ignobles qui trompent à nouveau des naïfs, mentent comme ils respirent, détruisent l’économie et asphyxient la démocratie. Le bolchevique a troqué ses tenus rouges pour le vert intense de Savonarole (il fut un temps, jardinier à Bologne avant de se lancer dans la « cancel culture » avec le fameux Bûcher des vanités). La différence est cosmétique. Le résultat tout aussi déplorable.  La « cancel agriculture » n’est pas un avenir plein de promesses.

Il faut que d’autres Léon Chaix se lèvent et crèvent ce nouvel abcès. La vérité est un combat. La sottise violente est une hydre qui repousse toujours. Les « soft lies » de la Commission européenne et des ONG soi-disant écolos sont moins tragiques que les crimes commis au nom de la réalisation ici et maintenant du socialisme mais tout aussi délétères.

 

Didier Dufau

Président du Cercle des économistes e-toile.

Deux articles très détonnants dans le Figaro du 3 avril 2023

On connaît Nicolas Baverez : diagnostic dur, style serré, pensée précise. On ne peut pas dire qu’il n’a pas vu les terribles dérives qui ont mené à la désagrégation du pays. Il en reprend la litanie cette fois à l’échelon européen en fonction des derniers rebonds de l’actualité. Face aux initiatives russes, américaines, chinoises, l’Europe a montré sa vulnérabilité et ses faiblesses. L’union européenne a concédé sa recherche scientifique et sa sécurité aux États-Unis, sa production à la Chine (18 % de ses importations contre 6 % naguère), son énergie largement à la Russie. C’est bien une terre franche ouverte à la mondialisation. « Au total l’Europe est en passe de devenir une zone de décroissance démographique et de stagnation économique ». Surtout depuis qu’elle s’est mis en tête d’abandonner à toute vitesse les énergies carbonées, seule au monde à cette vitesse et intensité, (c’est-à-dire, au passage, sans le moindre espoir d’obtenir un résultat climatique quelconque).

Ce sont bien les instances européennes qui ont conduit ce mouvement forçant de gré ou de force tous les pays de l’Union à s’inscrire dans ce mouvement régressif et soumis aux intérêts des autres. Ce sont elles qui ont imposé l’Euro sans créer les conditions d’un fonctionnement correct, notamment en laissant l’Allemagne accumuler des excédents déplorables. Ce sont elles qui importent le Wokisme et autres folies venues des États-Unis. Ce sont elles qui ont milité pour l’entrée de la Chine dans l’OMC.

Lors que Nicolas Baverez dit « est en passe », il faut remarquer que cette « passe » dure depuis vingt ans et plus. En matière démographique cela fait plus de 50 ans que la décroissance est engagée pour arriver à l’indigence des naissances actuelles compensées par l’immigration principalement africaine massive et non contrôlée. Sans que la question soit mise sur le devant de la scène par les médias tétanisés. L’Union Européenne n’a jamais formulé une exigence nataliste. Au contraire elle promeut les doctrines LGBT etc. avec une frénésie démentielle.

Là où le raisonnement dérape, c’est quand, après avoir souligné que le statu quo était problématique, et que le processus de décision était lourd et lent, l’auteur préconise de passer à l’Europe fédérale à l’américaine. Sous-entendu : il faut supprimer la souveraineté des anciennes instances nationales, dont le devenir est d’être une collection de territoires indépendants de l’état central national et dialoguant avec le pouvoir fédéral. Même l’impôt devra devenir fédéral

Les États-Unis d’Europe devront reconfigurer le grand marché, mener une politique industrielle ambitieuse dans le numérique et le climatique, affirmer le droit européen, exporter l’euro, et créer un pilier européen de l’Otan. C’est-à-dire, dans le cadre de l’OMC, du système de changes flottants et de liberté des mouvements d’hommes et de capitaux, continuer exactement comme maintenant en empêchant toute politique nationale. Et la France devra se réformer et démanteler sa forteresse sociale pour permettre l’opération.

On retombe dans : l’Europe fédérale ne marche pas il faut plus d’Europe fédérale inféodée aux États-Unis et à l’Otan. Voici le Figaro devenu un organe du fédéralisme européen.

Cette orientation 100 % centriste est accentuée par un second article de l’inévitable Jacques Julliard qui vient nous parler sur une page entière de sa nostalgie pou la social-démocratie. Il y a toujours une passion dans la gauche chrétienne pour Rocard, Delors, Strauss Kahn, la « dream team » de Jospin, et même le « plateau Mitterrandien ».

Tout est dans ce vocabulaire. Mitterrand était un pourrisseur qui pour prendre le pouvoir a détruit la croissance pour de longues années et l’indépendance de la France probablement pour toujours avec le traité de Maastricht. On vit encore sous les soubresauts de cette politique égocentrique et destructrice. La réforme de la retraite en est une preuve factuelle. Grâce à Mitterrand, Jospin et Hollande, la France est par terre dans tous les domaines. Mais il faudrait glorifier la social-démocratie ! Autre phrase type : le socialisme reste socialement utile après la chute des régimes autoritaires qui s’en réclamaient « de façon frauduleuse ». Il y aurait donc un « vrai socialisme » détourné par des vilains qui avaient l’inconvénient de brider l’initiative individuelle. Rappeler qu’ils ont massacré plus de 100 millions de personnes et qu’ils continuent à asservir pas loin de 2 milliards d’humains serait malvenu. Va pour le bridage des initiatives. C’est doux et faux comme un discours de Macron qui « pense juste et agit en sens contraire ». Car il ne fait pas assez droit à « l’aspiration sous-jacente de tous les mouvements sociaux actuels ». En route vers les 32 heures et la retraite à 59 ans, seul chemin du progrès social ? « Nous n’avons fait que savourer les douceurs du déclin ». Heureusement avec le retour de la planification et de la social-démocratie nous serons sauvés.

Le lectorat du Figaro a dû changer subrepticement pendant ces trois dernières années pour que la ligne du journal soit devenue socialiste (le vrai socialisme bien sûr) et européiste (le vrai fédéralisme bien sûr).

On croit rêver. Les idées qui ont tué la France et projeté dans le déclin deviennent l’apanage du seul journal de droite français. « Tu quoque » !

Bientôt il faudra mettre Lecanuet au Panthéon à côté de Monnet ! Et s’affirmer gaulliste !

Le livre d’Alexandra Henrion Caude

Albin Michel a eu l’heureuse initiative de donner le moyen de s’exprimer longtemps et en détail à une généticienne qui n’a guère été vue dans les médias principaux mais qui s’est exprimée assez souvent sur les plateformes du net, sans jamais pouvoir le faire suffisamment, dans une matière parfaitement inconnue du grand public : la biologie moléculaire. À un moment où l’ensemble des autorités médicales et internationales chantaient la gloire des « vaccins à ARN messager », cette généticienne apportait un commentaire inquiet qui, dans l’ambiance de peur panique liée au Sars-Cov-2 passait pour une dissidence et même pire une complaisance complotiste motivée par la recherche d’une gloriole indue. En gênant la protection de l’humanité des conséquences d’une pandémie hautement mortelle, c’était en fait une tueuse inconsciente méritant l’excommunication et la mise à l’écart des « médias généralement considérés comme sérieux », un concept qui a perdu pas mal de sa pertinence ces derniers temps.

Comme souvent les scientifiques de laboratoires, la belle Alexandra n’avait pas un sens de la communication très évident. On comprenait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Mais quoi ? Elle s’est d’abord fait connaître en soutenant que le virus pouvait avoir été « construit » de la main de l’homme. On avait déjà compris qu’à Wu Han un laboratoire s’essayer à construire des virus à efficacité renforcée. Ajouter ce qu’on apprendra comme s’appelant « spike » à n’importe quel virus lui donnait une capacité à pénétrer l’organisme fortement accrue. « Si on avait voulu créer un virus performant on aurait construit un virus ressemblât beaucoup au Sars-Cov-2 ». L’hypothèse de la fuite accidentelle de ce laboratoire prenait de l’ampleur.

Ensuite le discours contestataire s’est porté sur le produit à ARN-messager créé dans des conditions d’abaissement de toutes les règles de précaution pour faire face à l’urgence., qu’on a présenté comme un vaccin moderne, très représentatif des progrès de la biologie moléculaires et représentant « une chance phénoménale » pour l’humanité menacée. Le génie humain sauvait l’humanité d’une méchanceté de la nature. Spécialiste de la question, la généticienne a voulu alerter sur les risques de cette technologie dont elle avait connu les limites depuis longtemps. L’humanité ne se sauvait pas mais prenait un risque peut être majeur et définitif en tentant de prévenir la maladie par l’injection ce produit à des centaines de millions de gens voire l’humanité toute entière. Elle relevait de temps à autre les méfaits constatés et l’inefficacité du produit, en alertant notamment aux risques de la vaccination des femmes enceintes et des enfants. En l’absence de connaissance du domaine, le grand public était incapable de comprendre ce message qui paraissait une fois de plus dissident dans le flot massif des soutiens à la vaccination de masse, toujours centré sur le même discours ; si c’était dangereux on le saurait. Circulez, il n’y a rien à voir.

Malgré les efforts des chaînes du NET comme Sud Radio, le format ne permettait pas de comprendre la querelle de spécialistes. Le format du livre le permet.

Bien sûr ce n’est pas un manuel de vulgarisation de la biologie moléculaire et le lecteur ne sortira pas expert à la fin de sa lecture, mais l’auteur donne les éléments qui permettent de comprendre son inquiétude devant l’usage massif d’un produit potentiellement dangereux et surtout inefficace présenté comme une panacée.

L’ennui pour la pensée dominante qui a lancé ce projet gigantesque, c’est que toutes les affirmations qui le justifiaient se sont révélées fausses et, pire encore, mensongères, car très vite les erreurs ont été constatées et mises sous le tapis.

Aujourd’hui la majorité des affirmations contestées se sont révélées exactes et ne sont plus niées par personne. Tout le monde a vu que ce produit ne permettait pas d’éviter la transmission, n’empêchait pas d’être infecté à répétition, donc n’éradiquait pas la maladie. Pire encore, il créait de nombreuses complications, allant jusqu’à tuer des jeunes qui n’avaient rien à craindre de la Covid et provoquant de nombreux drames pour les femmes enceintes et les enfants. En un mot le « médicament à ARN messager » n’était pas un vaccin et aggravait plutôt la situation, les pays les plus vaccinés étant ceux qui ont été les plus infectés avec le plus grand nombre de morts.

Le livre accumule les démonstrations pour prouver de façon très convaincante qu’on a sciemment professé des mensonges éhontés pour convaincre la population de se faire injecter. Le livre sort au moment où on rétablit les médecins et auxiliaires médicaux dans les droits dont on les avait privés au nom de mensonges désormais totalement avérés, sans tenir compte de craintes qui elles aussi sont devenues des réalités.

Les lecteurs découvriront la longue liste de ces mensonges et nous ne la reprendrons pas ici. Une des réalités qui a été cachée au grand public et que l’auteur de ces lignes a découverte avec une certaine stupéfaction, est l’absence d’efficacité de toutes les tentatives antérieures de soigner avec des injections de capsules à ARN messager. Les 12 tentatives ont été un échec radical. On a essayé contre des cancers et contre des virus : à chaque fois le bide ! Difficile de ne pas comprendre la crainte des conséquences d’une spécialiste du domaine. Un autre aspect a été, pour tous ces essais et très vite pour le « vaccin », la floraison de complications qu’on ne connaissait pas à ce taux-là avec les vaccins traditionnels. Introduire des molécules dont on ne sait pas ce qu’elles vont réellement faire en touchant au « coffre-fort de la vie », l’ADN, ne peut pas se faire sans de terribles précautions. On les a toutes abandonnées tout en distribuant des éléments de langage totalement faux : L’ARN injecté restait dans le muscle où l’injection avait été faite : faux. Il ne survivait que quelques instants : faux. Il ne se disséminait pas : faux encore, on en a retrouvé partout y compris dans des endroits dangereux comme le cerveau, le foie et toutes les glandes. C’est cette diffusion incontrôlée qui explique l’ampleur et la variété jamais vue des complications. Cycle menstruel des femmes déréglé, lait devenant vert chez les femmes allaitantes, péricardite, accidents cérébraux comme les AVC, troubles du foie. Beaucoup de ces complications ont été mortelles. Plus de 40 000 morts ont été déclarés, ce qui est peu par rapport au nombre d’injections mais qui est terrifiant quand on sait que beaucoup de ces gens ne seraient pas morts de la Covid.

Mme Henrion Caude montre bien que le virus peut altérer l’ADN et que toutes les preuves sont désormais là, lorsque le pire mensonge des laboratoires qui le savaient a été d’empêcher que cela se sache. En agissant sur l’ADN on modifie pour des siècles le moteur interne de l’humanité et pas pour son bien. Et on n’a rien pour le remettre en l’état ex ante.

Pour l’auteur les laboratoires ont pour de l’argent, énormément d’argent, en fait pour créer une poignée de nouveaux milliardaires en dollars, on a joué aux apprentis sorciers et tout reste à découvrir des conséquences. En jouant à la roulette avec l’humanité, les dirigeants politiques ont failli gravement. Ils ont été influencés d‘en haut par des instances internationales et des lobbies, et ils ont exercé une incroyable violence contre la population pour qu’elle se fasse injecter, tout en construisant une information totalement faussée à une échelle inédite.

Une question reste non documentée et avec une réponse indécise : les injections ont-elles permis d’éviter les formes mortelles, comme les perroquets le répètent à l’infini ?

Aujourd’hui plus personnes ne veut se faire injecter. La presse ne met plus en première page le nombre d’infections ni de décès. Le Covid est censé être une affaire réglée. L’information ne passant plus, l’opinion ne pense plus à rien. 7,1 % seulement des 80 ans et plus ont reçu une dose de vaccin depuis moins de 3 mois alors que l’épidémie est repartie avec plus de 2000 hospitalisations pour Covid par semaine et que ce segment représente la majeure partie des 135 morts constatés par semaine, soit 1 % environ de la mortalité globale ordinaire.

Un des aspects imprévus du livre c’est qu’il donne un exemple d’hystérie qu’on retrouve dans d’autres domaines comme en particulier celui du réchauffement climatique où on fait absolument n’importe quoi en dehors de tout contrôle des citoyens, à partir du jeu des lobbies infectant tout le processus de décisions d’instances internationales.

L’hystérie et l’extravagance de solutions irrationnelles sont bien la maladie du moment. La démocratie devrait être le vaccin. Le jeu des instances internationales, des lobbies et des juges la rend inopérante. La aussi on a touché au cœur battant de la France.

L’économie française devient ainsi l’enjeu d’erreurs majeures de politique sanitaire ou écologique qui la ruinent radicalement. Dans le moment très particulier que traverse le pays, marqué par une irritation particulièrement aigüe d’une partie notable de la population, la responsabilité de la dépossession subie par la nation depuis 1992 est majeure. L'exécutif français dépossédé ne craint pous d'instrumentaliser sans vergogne des peurs moyennageuses. L'ensemble suscte des radicalités boursouflées misés au service d’utopies mortifères ou de sottises invraisemblables.

Ordonnance sur l'énergie : la Commission Européenne devient complètement folle

Enfin, les « contrats d'écart compensatoire bidirectionnels » vont arriver !

Un feu de poubelle à  la  Commission Européenne

 

Pendant que le zadisme et ses violences embrasent la France, les vraies décisions sont prises ailleurs comme si de rien n’était.

Quel est le vrai problème français du moment ? Le coût extravagant de l’énergie qui étrangle l’économie, ruine les entreprises et asphyxie le pouvoir d’achat.

L’énergie est le cœur du réacteur nucléaire de la vie d’un pays. Ce noyau dur est le point d’application critique d’une politique gouvernemental. Si les entreprises ferment et si le revenu s’évapore et ne se maintient qu’au prix de subventions publiques multiples, on entre dans une phase de mal gouvernance manifeste et dangereuse.

On sait que le parc nucléaire français, aurait-il été soutenu correctement, il n’aurait pas perdu un quart de se capacités. Il permettait de fournir tous les besoins électriques à un prix très compétitifs, en dépit des conséquences de la malheureuse guerre en Ukraine. La commission d’enquête parlementaire a bien montré que depuis la « nightmare team » de Lionel Jospin, tout l’effort des gouvernements successifs a été d’affaiblir la filière nucléaire.

On sait aussi que les énergies intermittentes qui fournissent de l’énergie quand on n’en a pas besoin et qui n’en fournissent pas toujours quand on en a besoin, imposent de disposer de la capacité de produire de façon pilotable de quoi assurer toutes les pointes de consommation. Les compagnons de l’intermittence sont le charbon et le gaz, deux dispositifs techniques très polluants. Depuis la guerre en Ukraine, l’Allemagne des éoliennes marche au charbon.

On sait enfin que depuis le quinquennat raté de Nicolas Sarkozy, début d’une liste qui commence à s’allonger, toute notre politique énergétique a été abandonnée à l’Union Européenne, dont les processus de décision sont extrêmement longs et les ordonnances souvent calamiteuses et contraires aux intérêts français. Le Parlement européen fantoche, sert de caution démocratique à des processus que les électeurs ne peuvent pas influencer et qu’ils vont subir sans avoir rien d’autre à dire que leur rage et à faire qu’allumer des feux de poubelles.

Les médias français considérant comme indigne de leur qualité de traiter des questions européennes, ce qui soulignerait au passage que leurs éditoriaux n’ont strictement aucune importance puisqu’ils n’ont aucune influence internationale, la nation est quasiment privée d’information sur les questions qui les touchent au plus profond. Les politiques français les rejoignent dans leur profonde indifférence à ce qui a été sous-traité et surtout ne veulent pas que les débats soulignent leur impuissance à faire bouger Bruxelles.

Comme Emmanuel Macron a décidé de sacraliser sa relation avec l’union Européenne pour laisser une chance à son « job d’après », la France est entièrement abandonnée à la volonté de quidams que ses citoyens ne connaissent pas et dont l’intérêt pour la France est exactement égal à zéro.

Voici donc que ces institutions européennes ont pris à bras-le-corps la réforme de la tarification de l’énergie, sans qu’aucun politique français, en tout cas pas le Président, ne tienne le moindre discours public sur les demandes de la France. Si l’Europe ne suit pas, on ne veut pas prouver bêtement son impuissance.

Nous apprenons donc par les sites de propagande de l’Union Européenne, que « la Commission propose de réformer le marché européen de l'électricité afin de répondre à plusieurs objectifs, dont l'accélération du déploiement des énergies renouvelables, et la protection des consommateurs contre la volatilité des prix ».

Volatilité ? Quelle pudeur dans les mots !  On parle ici d’une multiplication par dix du prix de l’électricité dont les règles européennes ne nous a pas protégé, prouvant la nocivité du système qu’elle a mis en place.  On sait que les énergies intermittentes qui fournissent trop d’électricité quand on n’en a pas besoin et souvent pas assez quand on en a besoin, doivent être doublée par un outil de production pilotable capable de satisfaire la demande à tout moment. La hausse colossale des prix a été provoquée par l’effondrement de la filière pilotable basée sur le gaz. La question posée était donc : quel autre système pilotable doit-on favoriser ?  

Pour ne pas aborder la question avec toute la clarté nécessaire, la Commission emploie des « éléments de langage » qu’il faut apprécier à sa juste valeur.

« Depuis plus de vingt ans, l'UE dispose d'un marché de l'électricité efficace et bien intégré, qui permet aux consommateurs de profiter des avantages économiques d'un marché unique de l'énergie, en assurant la sécurité de l'approvisionnement et en stimulant le processus de décarbonation. La crise énergétique provoquée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie a mis en lumière la nécessité d'adapter rapidement le marché de l'électricité afin de mieux soutenir la transition écologique et d'offrir aux consommateurs d'énergie, qu'il s'agisse des ménages ou des entreprises, un accès généralisé et à un prix abordable à l'électricité produite à partir de sources renouvelables et non fossiles »

On croit rêver : le marché était parfait ! Il a été seulement troublé par la guerre des Russes contre l’Ukraine. La conclusion qui s’impose alors : il faut arrêter la guerre en Ukraine mais pourquoi toucher à ce qui était parfait ? Des mesures temporaires peut-être ? Oh non, il faut soutenir la transition écologique, donc consolider l’intermittence sans parler du système pilotable jumeau qu’elle impose. Vous ne comprenez pas le rapport entre la guerre en Ukraine et la « transition écologique », ni pourquoi un marché parfait devrait voir ses règles changer pour des raisons écologiques ? Qui vous demande de comprendre quand il ne s’agit que d’adhérer à des slogans. C’est qu’il faut favoriser un accès généralisé à un prix abordable… à de l’électricité propre, que « seul le renouvelable peut apporter ».

Ces éléments de langage sont directement repris des discours de Timmermans à l’ONU. L’intermittent d’abord et exclusivement ! Tel est le dogme. Une bataille a été menée contre le nucléaire qui n’est toujours pas terminée, chaque repli tactique étant suivi par une reprise des combats peu après.

Si quelqu’un comprend pourquoi la guerre en Ukraine doit favoriser les sources d’énergies intermittentes qu’il lève le doigt ! C’est un génie. Et que se signale celui qui comprend comment un dispositif qui a fait exploser le coût marginal de l’électricité et qui continue à ruiner tout le monde va permettre des prix abordables grâce à l’intermittence : il entrera directement dans le Guinness des records !

En vérité, la seule solution est de casser le marché unique de l’énergie pour permettre aux nations de revenir à une tarification qui rapproche des coûts de production de leur système de production d’énergie. Mais il ne faut pas le dire. Donc on réaffirme les grands principes : « Ces mesures permettront de réduire l'incidence des combustibles fossiles sur les factures d'électricité des consommateurs et de garantir que ces factures répercutent la baisse du coût des énergies renouvelables ». En remplaçant les énergies fossiles par des énergies intermittentes, on va baisser les prix ! Mais tout le monde sait qu’à côté de l’intermittence, il faut une énergie pilotable. Chut !!! « Radio-Bruxelles ment, Radio-Bruxelles est Allemand ».

Le cri d’amour pour l’intermittence se répète dans tout le document :

« La mise en place d'un système énergétique fondé sur les énergies renouvelables sera essentielle non seulement pour réduire les factures des consommateurs, mais aussi pour garantir un approvisionnement énergétique durable et indépendant de l'UE, conformément au pacte vert pour l'EuropeFR••• et au plan REPowerEUFR•••. Cette réforme, qui fait également partie du plan industriel du pacte vertFR•••, permettra en outre à l'industrie européenne d'avoir accès à un approvisionnement en énergie renouvelable, non fossile et abordable, qui est un moteur essentiel de la décarbonation et de la transition écologique. Pour atteindre nos objectifs en matière d'énergie et de climat, le déploiement des énergies renouvelables devra tripler d'ici la fin de cette décennie ».

C’est bien cela : la guerre en Ukraine nous impose de tripler les moyens de production d’énergie intermittente non pilotable ! Vive Poutine, le rouge bien vert !

Il est curieux qu’Emmanuel Macron l’Européiste n’ait pas crié aussitôt aux foules françaises énamourées une annonce aussi rationnelle et appropriée, pour ne pas dire proprement géniale. On peut être sûr que dans l’instant tous les feux de poubelles auraient été éteints.

Entrons dans le détail :

« Dans le cadre de la proposition, les règles relatives au partage des énergies renouvelables sont également révisées. Les consommateurs pourront investir dans des parcs éoliens ou solaires et vendre l'excédent d'électricité solaire produite sur toiture à leurs voisins, et pas seulement à leur fournisseur. Par exemple, les locataires pourront partager l'excédent d'énergie solaire produite sur une toiture avec un voisin ».

Ah que l’idée elle est bonne. Tu as créé une plateforme de production qui excède tes besoins (un gâchis en passant) : fait du troc avec ton voisin ! On est sauvé !

Ce n’est pas tout :

« La Commission propose de faciliter le déploiement de contrats à long terme plus stables, tels que des accords d'achat d'électricité , dans le cadre desquels les entreprises organisent leur propre approvisionnement direct en énergie et peuvent ainsi bénéficier de prix plus stables pour l'énergie produite à partir de sources renouvelables et non fossiles. »

Des accords à long terme de fourniture d’électricité intermittente : mais bien sûr, là est la solution ! Surtout quand il n’en a pas assez parce qu’il fait nuit, qu’il y a des nuages et que le vent est faible sur toute l’Europe ! Pas grave : la réforme oblige les États membres à assurer la disponibilité de garanties fondées sur le marché. Formidable ! Comment ? Chut !!!!!!!

La Commission ne pouvait s’arrêter en si bon chemin :

« Afin d'assurer la stabilité des revenus des producteurs d'électricité et de protéger l'industrie de la volatilité des prix, toute aide publique en faveur de nouveaux investissements dans la production inframarginale et en continu d'électricité à partir de sources renouvelables et non fossiles devra prendre la forme de contrats d'écart compensatoire bidirectionnels et les États membres devront diriger les recettes excédentaires vers les consommateurs. »

Gare à vous si vous ne tombez pas en extase devant les contrats « d’Écart Compensatoire Bidirectionnels ». Il n’y a pas de langage technocratique abscons à Bruxelles ! Après la BCE qui nous protège, l’ECB qui nous sauve !

Vous avez bien compris : la réforme vise à tripler les énergies intermittentes en imposant aux États de nouvelles obligations. Quid des énergies pilotables qui sont le problème ? Pas un mot !

Comme le dit notre bien-aimé ministre de l’Économie et des finances : « que voici une bonne base de discussion ! »

Vous vous dites : ils sont totalement cinglés ! Le vrai problème est de disposer d’une énergie pilotable pas chère et de production stable, et que les pays qui peuvent le faire ait la liberté de proposer des contrats nationaux en ce sens. Pour la France où l’énergie pilotable nucléaire suffirait à couvrir tous les besoins prévisibles, il suffit pour sortir de la crise qu’EDF puisse proposer des contrats à 80 ou 100 euros le MWh. Du jour au lendemain plus de crise !

Les pseudos informés affirment en catimini : « on va pouvoir le faire, il faut savoir lire entre les lignes. Mais ils ne pouvaient pas se dédire ». « Ces nouveaux contrats à long terme on en fera ce qu’on voudra. Certes EDF est démantelée et ruinée. Mais on va nationaliser les restes ».

On nous parle également d’une réforme permettant de faire face rapidement aux difficultés urgentes actuelles. On connaît la procédure : passage au Parlement européen puis discussion au conseil des États, renégociations etc. Intégration dans les législations nationales par les Parlements des États membres. En tout, entre 8 et 18 mois. Au mieux.

Ouf ! En 2024 on pourra troquer l’énergie solaire de son toit avec le voisin d’à côté ! On est heureux et même extatique !

Vive la permanence

Par voie d’intermittence

Voulue par Timmermans.

 

Cela rime même si cela ne rime à rien !

En attendant, les Français peuvent toujours s’amuser à faire flamber les poubelles. Ce n’est pas bon pour la planète mais cela occupe les intermittents de la grève et des permanents des manifestations violentes.

Nous sommes dans une période où les Français se disent qu’ils n’ont plus la maîtrise de rien, qu’ils subissent sans avoir de moyens d’action, que les élections ne servent plus à rien, que les politiciens français sont des guignols, et l’Europe en profite pour concocter un projet hors sol idéologique jusqu’au caricatural qui montre une sottise réellement démente qui, elle, n’est pas du tout intermittente, celle-là !

Régler les difficultés de l’intermittence par un triplement de l’intermittence : On croit rêver. Mais non. Ils l’ont fait ! Et tout ce débat va être une fois de plus occulté en France ? Être soumis à ce genre de cinglés irresponsables est la mort programmée de la France et de l’Europe.

Nos suggestions : une politique de chaise vide en Europe en attendant la démission de

Mme Kadri Simson, la transparente commissaire lettonne à l’énergie

M. Timmermans, l’incapable commissaire hollandais à l’environnement et son directeur de cabinet ex-président de Greenpeace Allemagne et prêtre puritain.

Mme Van der Leyen, la foldingue qui se croit présidente des États unis d’Europe.

 

Le livre d’Éric Zemmour : suite ou fin ?

Le système médiatique, comme d’habitude, dès la disponibilité des bonnes pages du dernier livre d’Éric Zemmour (Je n’ai pas dit mon dernier mot – Rubempré), s’est illustré dans l’exercice de construction et de propagation des éléments de langage désobligeants appropriés pour nuire à sa diffusion. Après quelques hésitations, ils ont tranché : ce n’est qu’un livre de « règlements de compte » ; passez votre chemin. Google donne 492?000 réponses à la requête : Zemmour règlement de compte. Il est facile de lister tous les journaux ou télévisions qui ont titré en ce sens. Pratiquement tous.

Ils confirment le chapitre du livre qui les concerne : oui, ils ont voulu étouffer la campagne par des moyens dévalorisants. En transformant des points négligeables en fautes impardonnables, à chaque fois sans la moindre justification, ils n’ont pas permis au plus grand nombre de connaître et de comprendre le message du candidat et ils lui ont associé avec violence et répétition une image salie et diabolisée. En meute ! En un mot, ils ont réussi à recommencer ce qu’ils avaient fait avec Fillon lors de la campagne présidentielle précédente : fausser la campagne et tronquer les résultats.

La sortie du dernier livre d’Éric Zemmour est en quelque sorte la fin de la campagne électorale de l’auteur, avec la confirmation des coups bas médiatiques mais aussi d’une certaine impossibilité pour le journaliste converti à la politique d’entrer totalement dans le costume présidentiel.

Le livre est plutôt rare : l’analyse immédiate d’une campagne électorale de l’intérieur du cerveau de celui des candidats qui a été certainement le plus sincère, le plus incisif, le plus réfléchi et le moins manipulateur. Presque tous les chapitres prouvent la difficulté de l’aventure dans laquelle il s’est lancé, dans l’esprit qui était et reste le sien. Une campagne présidentielle est toujours un marathon parsemé d’obstacles. Pour Zemmour elle a commencé dans l’euphorie pour finir la boule au ventre. Il pense qu’il a fait une excellente campagne seulement gâchée par la presse de gauche. Sans cette presse de chiens de garde, il aurait été au second tour et là…

Bien sûr il fait de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, après ses déclarations exagérément pro russes et plus que légèrement déplacées en faveur de Poutine, l’explication principale de son échec. Avoir refusé d’accueillir les réfugiés ukrainiens, par peur de se dédire sur l’immigration, et ouvrir la porte à une accusation de racisme spécifiquement antimusulman, n’a pas aidé. C’est le moins qu’on puisse dire.

Le problème est plus grave que cela et il est strictement national. Volens nolens, il s’est retrouvé non pas entre LR et le RN mais à droite du RN. Il n’y a pas d’électeurs à droite du RN. Les ralliements à Reconquête sont venus du RN. Aucun LR n’est venu, à part Peltier… qui venait du FN ! La prestation catastrophique de Mme Pécresse a finalement affaibli son côté RPR à l’ancienne et forcé tous ses soutiens dans ce parti à tenter de sauver les meubles en lui tapant dessus comme des sourds. Il n’a jamais su comment se replacer au centre de la droite, ce qui marque un manque de planification de sa campagne. Son échec est aussi l’effet d’une erreur de stratégie politique.

Tous les chapitres du livre sont intéressants et apportent des informations utiles et parfois touchantes. Oui, il a eu souvent une pensée plus riche et plus large que ce que les Français en ont retenu ; oui, sur beaucoup de points il peut prouver qu’il était dans la justesse. Mais il n’a su ni le faire suffisamment savoir ni eu la densité pour le faire comprendre.

Sur l’économie où il prétend avoir construit un gros programme harmonisant une approche colbertiste et un fond libéral, il ne convainc pas plus dans le livre que dans la campagne. La raison : il n’explique pas de façon précise et convaincante les causes du déclin relatif de la prospérité Française ni en quoi les mesures proposées peuvent changer quoi que ce soit. Faites le test ! Posez la question dans votre entourage : quelles étaient les mesures économiques et sociales décisives proposées par E. Zemmour ? Bien apprécier le silence assourdissant qui suit… Et là, ce n’est pas seulement la faute des médias. Il a manqué un poids lourd économique auprès de lui.

Quel avenir pour lui et Reconquête ? Il voit le futur de la politique comme un affrontement entre une union des gauches socialistes, communistes, LGBT, musulmanes, vertes, et une union des droites à laquelle il veut contribuer et même prendre une place déterminante entre LR et RN. Il pense avoir eu raison trop tôt, mais qu’il deviendra incontournable et congruent avec les nécessités nationales et la conjoncture électorale, au fur et à mesure qu’une gauche révolutionnaire et allogène étend son ombre sur la vie publique.

Il faudrait pour cela qu’il ait réussi à construire une équation personnelle présidentielle : il n’a pas convaincu qu’il avait l’autorité et l’empathie et la force nécessaires au poste de président de la République.

Politiquement, rétablir une équidistance de Reconquête entre LR et RN ne sera pas facile. Et il lui restera à acquérir une crédibilité dans l’analyse de la déchéance économique et sociale de la classe moyenne et dans l’adoption de solutions efficaces permettant de la stopper. Une partie de ce programme dépend de lui. Mais la géographie des partis lui échappe. Si LR disparaît et devient une simple fraction de la coalition centriste qui se prépare à remplacer Macron, Reconquête n’a plus de sens. Il sera à nouveau un simple appendice du parti attrape-tout de la famille Le Pen.

Le livre se conclut sur une longue série d’anaphores à la Hollande : le jour où le peuple comprendra alors il se souviendra de ceux qui…

La dernière est ciselée : il se souviendra de ceux qui n’ont pas courbé la tête et qui ont crié : « Et surtout vive la France ».

Ce qui semble dire que dans longtemps on exhumera un souvenir lointain et que ceux que la défaite de Zemmour a laissés dans le brouillard et la froidure, connaîtront alors leur heure de gloire. Espérons qu’elle ne se sera pas posthume.

Comme instrument de mobilisation, ce livre est à contre-emploi. Comme livre d’analyse d’une campagne il est intéressant et souvent touchant.

France 2023 : Rire ou Pleurer ?

Pour celui qui cherche à déterminer les voies et moyens d’une meilleure compréhension des phénomènes mondiaux, nationaux ou locaux, et veut proposer des objectifs et donc des solutions pour les atteindre, les deux mois qui viennent de s’écouler ont été tellement navrants et odieux, alors qu’il était tellement facile de faire autrement, que l plume en tombe.

La détermination des gens aux commandes à prendre des décisions absurdes ou même simplement contraires à leur intérêt ou à leurs objectifs est phénoménale. Nous venons de traverser la période la plus intensément ridicule de ces 30 dernières années avec un brio qui laisse perplexe sur la capacité de descendre plus bas dans le genre. Comme disait le père de San Antonio, « les imbéciles ne déçoivent jamais ». Ou Audiard : « les cons osent tout, c’est à cela qu’on les reconnaît ».

On a donc vu le gamin pervers et narcissique qui fait semblant de présider la République française lancer plusieurs projets successifs censés compenser son absence presque caricaturale de bilan à la fin de son premier quinquennat. La guerre en Ukraine lui a permis « d’enjamber l’élection présidentielle », sans aucun débat de fond sur aucun sujet, mais l’a laissé sans majorité au Parlement. Il a fait travailler son cabinet noir pour fixer la tactique de la première année. L’ordre de service : piéger et casser LR tout en se présentant comme le grand réformateur tous azimuts, celui qui ne craint aucun dossier, aussi bien dans les domaines économiques, régaliens ou sociétalistes. Tout était grossier et cousu de fil blanc. Pour ces gens, les Français sont des proies faciles à manipuler. La presse aux ordres accompagna l’opération, comme toujours. C’était tellement visible que cela en devenait du comique troupier.

Les dirigeants de LR après la catastrophe de Mme Pécresse et la déroute des Législatives, n’avaient plus guère le choix. Il leur fallait entreprendre ce qu’ils ne voulaient pas faire depuis l’échec de Sarkozy : revenir à l’essentiel en définissant le programme, le projet, l’identité, en un mot les raisons pour lesquelles ils devaient non seulement survivre mais prospérer. LR devait avoir quelque chose à dire et le dire d’une seule voie après avoir construit un projet adapté aux enjeux fondamentaux du pays et aux attentes impérieuses des électeurs. Au lieu de cela ce parti entreprit d’élire un président. Éric Ciotti gagna après avoir fait le choix de Wauquiez comme futur candidat à la présidence. Quelques élus de plus quittèrent le parti. Les candidats battus restèrent et continuèrent à se lancer dans des opérations personnelles. Le discours LR resta vide. C’était tellement risible que cela en devenait du comique goguenard.

Les dirigeants de la « gauche », réunis dans un foutoir nommé NUPES commencèrent à se battre comme des hyènes, femmes contre hommes, socialistes contre Verts LGBT+++, petits chefs contre Grand Chef et à dénaturer tous les débats du parlement. La haine et la médiocrité extrême, baignées dans une outrance fabriquée et enfantine, offrirent un spectacle tellement hideux qu’on ne pouvait s’empêcher d’en rire la résurrection du comique de clochards à la Bunuel.

Mme Van der Leyen donna la mesure de ce qu’elle était : une folle d’elle-même enfiévrée n’hésitant jamais devant une sottise à prononcer ou une outrecuidance à assumer. La voilà pérorant sur toutes les scènes en chef militaire des États-Unis d’Europe et en leader maxima sur tous les sujets hors de la compétence de la Commission. C’était tellement outré qu’on aurait pu s’attendre à quelques recadrages notamment venant du Président français. Rien ne vint et la pantine continu à s’agiter prouvant une fois de plus que le ridicule ne tue pas.

 

Ne parlons pas de la Ville de Paris et de la bande de foldingues amassés par Mme Hidalgo dans une sorte de cages aux folles, qui a fait du rat et de la leptospirose, associés à deux slogans sommaires, dégentrification et dictature du vélo, la base d’une gestion ruineuse, malveillante et malfaisante. L’accumulation de milliers de tonnes d’ordures commence à inquiéter les organisateurs des Jeux Olympiques de Paris. Avoir cru qu’on pouvait confier les jeux olympiques à une ville dirigée par cette équipe de pitres navrants est le genre de déni de la réalité qui peut tuer un évènement même mondial et de l’importance des Jeux. Certains imbéciles se jugent importants à proportion des dégâts qu’ils créent. Ils commencent à devenir tels que plus personne ne rit.

Plus on descend les étages du pouvoir, plus les occasions de rire ou de pleurer s’accumulent. La décision délirante des instances incontrôlables de l’Union Européenne, la Commission et le Parlement, d’interdire la vente de voitures à moteurs thermiques d’ici à 2035 sans aucune étude d’impact et sans objectif chiffré en matière de température moyenne du globe, paraissait devoir passer comme une lettre de bons sentiments à la poste des bisounours. Mais voilà que les Allemands regimbent. Depuis que les deux Allemagne se sont réunifiées, le nouveau moloch teutonique n’a plus besoin de personne pour se refaire une réputation, en tout cas pas de la France qui croit encore aux beautés du couple. Ses excédents commerciaux faussent toute l’économie financière de la zone Euro, sa politique chinoise multiplie les blocages, sa volonté antinucléaire fait tout dépendre du gaz russe. Bref, on retrouve l’Allemagne de toujours qui met la paix, la prospérité, l’identité européenne en difficulté en se moquant totalement des autres pays. Et voilà qu’on veut toucher à son noyau dur : ses firmes automobiles, ses centaines de milliers de salariés, ses exportations, Nein ! Nein ! Nein !

La Commission européenne envoie dans les médias français son commissaire français, Thierry Breton, le plus beau brushing de Bruxelles, déminer le terrain médiatique. Nous avons alors droit à cette époustouflante déclaration : les voitures d’occasion finiront en Afrique qui ne passera évidemment pas à l’électrique et les entreprises automobiles allemandes pourront continuer à y exporter des voitures thermiques. Comme l’Afrique aura bientôt une population de 2 milliards de consommateurs, les marchés seront là pour le « thermique » et tout le monde sera bien content. Ouf, il l’a dit : l’objectif de réduction du réchauffement climatique tout le monde s’en fout à Bruxelles. « Cette histoire de CO2, c’est juste un levier pour créer les États-Unis d’Europe et montrer qu’on possède désormais tous les pouvoirs. On le fait au nom du bien et en associant Greenpeace à notre projet européiste. On est malin, non ? ». La tête consternée d’Apolline de Malherbes qui joue les questionneuses-roquets sur on ne sait plus quelle chaîne et au bout d’on ne sait plus quelle laisse, est des plus rigolotes. Dire des conneries d’accord, favoriser des projets foireux d’accord, mais s’associer à un pareil cynisme c’est pousser la soumission un peu loin. Le profil du larbin éructant contre les méchants mais obligé de cautionner un mensonge aussi énorme, cela peut donner le vertige même à une journaliste bien installée dans le système. Un peu le même mécanisme mental que celui du truand d’honneur qui devient un simple donneur ! Merci à ces deux-là, de ce moment de vérité à se rouler par terre de rire. Bifurquons, bifurquons comme la lune !

Passons au summum de ce grand moment d’intelligence française : la réforme des retraites du privé sans toucher aux privilèges des retraites du secteur public. Cinq ans après avoir choisi une option totalement irréaliste qui n’a évidemment débouché sur rien, le Président annonce une nouvelle réforme pour se rétablir comme l’homme nécessaire qui agit et pour démantibuler LR, sommé de se rallier à un projet « qui est le sien ». LR aurait pu et dû réagir en prenant une position claire : le vote de cette loi est nécessaire, mais après cinq ans d’atermoiements, elle n’a pas d’urgence absolue, alors qu’il y a la guerre en Ukraine et le feu sur le marché de l’énergie et une inflation incontrôlée. « Nous exigeons que plusieurs initiatives urgentes soient prises par le gouvernement : la première est la facturation de l’électricité au coût de notre production et la fin du cauchemar des indexations européennes qui ont multiplié les prix par dix ! C’est la première urgence. Elle est cruciale pour tout le monde. Il faut agir immédiatement. La seconde est la reconnaissance par le parlement et le gouvernement français du caractère génocidaire d’Holodomor et la création au Trocadéro d’un mémorial des génocides socialistes et national- socialistes. La troisième urgence et de voter une loi de défense de la langue française qui entre autres mesures interdira l’emploi de l’écriture genrée ou inclusive, ainsi que l’interdiction de la propagande homosexuelle et trans à l’école et dans les sphères publiques ». On n’imagine qui que ce soit avoir le courage tranquille de prononcer ces paroles ? Le courage tranquille : voilà un bon slogan pour les prochaines Présidentielles.

Cette position aurait eu l’avantage de porter le trouble chez tous les adversaires de LR et de remettre le parti en ligne avec l’opinion.

Le prix de l’énergie est bien l’urgence absolue. En se concentrant sur le sujet, le support du pays était acquis. Et il était facile pour le LR de charger la barque sur la destruction du nucléaire organisée par les verts, le PS et Macron. Cela frappait et la NUPES et les Macronistes.

L’Allemagne et le Parlement européen ont reconnu le caractère génocidaire d’Holodomor. La même reconnaissance est bloquée en France par les Socialistes et les Communistes depuis des lustres. Il fallait saisir l’occasion de la guerre en Ukraine et ses atrocités pour sortir du déni et commencer à focaliser l’opinion et notamment celle de la jeunesse sur les génocides socialistes. Cela permettait de porter des coups à la NUPES et à l’influence communiste dans les médias et le monde de la culture, tout en démontrant la mollesse dans ce domaine de Macron dont les grands principes s’arrêtent aux frontières du « qu’en-dira-t-on » de gauche. Quant à la sauvegarde de la langue française elle permettait, outre de faire voter une loi indispensable, de mettre en difficulté le Wokisme de la Nupes et des équipes Macron, avec des retombées sur la mairie de Paris « féministe et gay friendly ».

On ne voit pas trop pourquoi LR s’est privé d’une stratégie gagnante et a refusé de reprendre la main sur le calendrier et les sujets législatifs. Si E. Macron passait outre, on le laissait faire sans participer à ce combat que les moyens constitutionnels lui permettaient de gagner. La blanche colombe aurait voleté au-dessus de ce nœud de serpents, lovés dans les tas d’ordures accumulées.

Au lieu de cela LR s’est associé au bras de fer mis en place par l’orgueilleux et immature Macron avec l’Assemblée et les syndicats. Le pompier incendiaire a voulu encore s’exalter. Croire qu’arracher des correctifs démagogiques ferait du bien aux LR était une folie pure. Elle a permis aux vaincus de l’élection à la tête de LR de faire leur numéro. Voir l’ex parti gaulliste défendre les carrières longues, des mesures spéciales pour femmes, la pénibilité, l’index senior, qui ne sont que des fausses solutions à dimension électoraliste de bas étage, a quelque chose de tragicomique. Aucune de ses mesures n’est autre chose qu’une démagogie en faveur d’une catégorie. Et voici que le 49.3 balaie cette compromission et prouve que toute cette collaboration était suicidaire. Et tous les porte-voix du Président s’acharnent sur LR en affirmant que c’est la faute de LR s’il a fallu recourir au 49.3.

Faut-il en rire ? La rue flambe et fait flamber les ordures. Poutine se tient les côtes.

Faut-il en pleurer ? Il faudra plus que des « rencontres citoyennes bidon » pour sortir de la situation qui commence à ressembler à une guerre civile larvée.

Yves Thréard parle de « goût de l’échec, où le ridicule le dispute à la vulgarité ». Tiens, Macron ne nous protège plus…

« Cette réforme n’était pas la mer à boire », écrit-il. Mais elle était l’amer à boire à un moment où l’urgence était ailleurs. C’est cette amertume qui plaisait à un Macron qui se flatte de vouloir « emmerder » des catégories de Français.

Voilà notre pays qui dérive un peu plus à vau l’eau et menace de sombrer au son de l’orchestre rouge.

Non, décidément ! Pas quoi rire !

Les non-dits fondamentaux de la réforme des retraites

Certains journaux ont fini par se rendre compte que pour éviter de braquer les manifestants contre la réforme des retraites, ils avaient cessé de dire la vérité et mis sous le tapis nombre de constats essentiels qui délégitimaient les arguments avancés frénétiquement par les opposants à la réforme.

Très timidement, ils ont tenté au moins de revenir à un minimum de vérité sur certaines affirmations incendiaires mais fausses de façon tellement outrancière qu’elles devenaient contre-productives pour les tenants du maintien du système actuel.

Pour un esprit dégagé de tout engagement partisan sur la question, il serait juste d’affirmer que tout est faux dans la réclamation exigeant le statu quo ou le retour au départ à soixante ans. Tout !

Première erreur majeure : le but du système de retraite n’est pas un droit au farniente mais un système permettant aux personnes ne pouvant plus travailler du fait de leur âge de conserver des ressources. La retraite est un système de sécurité sociale, au même titre que le secours en cas de maladie ou d’invalidité ou de chômage. Quand on ne peut plus travailler et que l’âge vous prive de ressources, il faut le relais d’un système de prévoyance. Pas quand on ne veut plus !

Seconde erreur majeure : le financement n’est pas la question principale. Augmenter le temps où une personne est capable d’être actif et peut s’occuper elle-même de son revenu et celui de sa famille est un objectif politique central, afin de réduire la période d’assistance et son coût. Le premier indicateur critique pour un système d’assistance au handicap économique de l’âge est le temps passé en bonne santé à pouvoir travailler et donc à ne pas avoir besoin de secours. En un mot, les actes premiers qui conditionnent un système de retraite sont ceux de la santé publique, du chômage, de la sécurité au travail, de l’alcoolisme et des drogues, etc.

On comprend immédiatement cette question lorsqu’on regarde les accidents de la route. On était sur une croissance de la mortalité sur les routes terrifiantes. On avait passé les 10 000 morts, puis les 12. On pensait bientôt atteindre les 20 000. Cela impliquait des budgets hospitaliers faramineux et un essor des coûts d’assurances totalement impossible à financer.

On aurait pu, comme on le fait pour les retraites, engager des polémiques sur le financement juste, évidemment juste, de cette hausse des coûts, en exigeant que ce soit les riches qui paient, que les petits ne supportent pas de hausse, que plus la voiture était grosse plus les frais d’assurance devaient être sur majorés, que les femmes et les trans devaient avoir des avantages, que les fonctionnaires devaient disposer de privilèges etc. Ce genre de débat ne débouche que sur des sottises démagogiques et des injustices criantes.

On a préféré mener une politique de diminution des accidents en changeant la structure des voitures pour que l’énergie du choc se dissipe ailleurs que dans le corps des passagers, pour qu’elles soient plus sûres en tenue de route, tout en réduisant la vitesse et en améliorant le réseau routier, avec d’abord une extension des autoroutes, beaucoup plus sûres que les routes nationales et départementales. On a agi sur l’alcool au volant puis sur les différentes addictions, avec les lacunes qu’une affaire récente a bien soulignées. Bref, on a augmenté le temps disponible en bonne santé. Au passage on a réduit le besoin d’aide au moment des retraites.

C’est évidemment la bonne solution : réduire le besoin d’abord, penser au financement après. Et nous avons fait dans la prévention des décès et des usures physiques prématurés des progrès fondamentaux. Au lieu de dire : j’ai fait un travail qui m’a dézingué donc je dois partir tôt, il faut plutôt affirmer : supprimons les travaux qui vous dézinguent. Ce qui a été largement été fait dans la durée avec des résultats considérables.

Les ouvriers agricoles mouraient extrêmement tôt, encore dans les années cinquante. Pour avoir connu la vie à la ferme dans les environs de Paris entre 47 et 57, l’affaire est vite dite. Les ouvriers agricoles couchaient dans les granges et se lavaient au puit. Ils n’avaient guère plus que leur pantalon, leur chemise, leurs sabots et leur casquette en dehors d’une valise en carton pour les habits du dimanche. L’alcool était omniprésent. Peu atteignaient 60 ans. Le fermier lui-même est mort à soixante-trois ans. À cinquante ans tout ce petit monde en paraissait, aux normes d’aujourd’hui, plus de 70. Tout cela a quasiment disparu sauf dans des endroits hyperattardés devenus extrêmement rares. D’abord l’agriculture a vu ses effectifs fondre et ensuite la mécanisation, l’éducation, une meilleure hygiène a fait progresser et le niveau de vie et la durée de vie. La typhoïde, la tuberculose et les infections alimentaires qui dévastaient ont baissé dans des proportions inouïes.

Il s’est passé exactement la même chose dans tous les métiers industriels La politique de prévention des accidents du travail a été drastique. Toutes les tâches pénibles ont été facilitées et leur mode d’organisation changé afin qu’elles n’altèrent pas la santé des ouvriers. Horaires, pauses, cadencement, substitution de la machine et robotisation, ont eu un effet radical. Dès les années soixante-dix, on trouvait à Sochaux, des ouvriers lisant assis dans des pneus le vendredi parce qu’ils avaient déjà fini la tâche assignée. Et les générations qui ont commencé à travailler dans ces années-là n’ont pas connu de mortalité précoce.

Le secteur du bâtiment a connu exactement les mêmes évolutions et les mêmes résultats.

Quant aux postes tertiaires, ils n’ont jamais présenté que le risque de la sédentarité.

Une population rajeunie et plus riche, s’organisant mieux, a réussi des prodiges qui ont autorisé des vies plus longues en bonne santé, réduisant le besoin de secours précoce pour compenser l’impossibilité de travailler dues au vieillissement, et, en prime, les pensions ont été revalorisées.

Évidemment, c’est ce qu’il faut s’acharner à améliorer encore.

Face à ces évolutions très bénéfiques, la démagogie du Programme commun, chef-d’œuvre de démagogie infâme pour faire élire M. Mitterrand, a été totalement absurde et contre-productive. La retraite à 65 devenait de plus en plus facile à atteindre et avec des pensions améliorées. Il fallait continuer dans ce sens en attendant que de nouveaux progrès permettent de passer à 66 ou 67 ans avec satisfaction.

Au lieu de cela, au nom d’un socialisme ravalé à un électoralisme démagogique et pervers, on a détruit la croissance et la natalité, poussé à mort les dépenses et la fiscalité, abandonné notre indépendance, au moment où la fin des accords de Bretton Woods rétablissait les crises financières à répétition, que l’Euro poussait à la stagnation et où l’OMC ouverte aux Chinois détruisait notre classe moyenne ! Les grèves de 96 ont déjà été le témoin des effets du cocktail tragique « crises mondiales à répétition », « mesures socialistes démagogiques ». Celles du jour en sont la suite évidente

Pire encore, un certain nombre de changements dans l’organisation du travail a remis en cause les acquis de l’après-guerre, en matière de santé. Les jeunes noirs souvent drogués qui livrent des plats le soir à vélos pour satisfaire des bobos qui ne peuvent plus sortir de chez eux à cause des blocages de Mme Hidalgo ne se préparent pas une retraite heureuse !

 

Du coup les débats deviennent forcément mensongers.

La pénibilité n’a pas à être prise en compte dans l’âge de la retraite. Elle n’a été prise en compte dans le débat uniquement pour permettre de garantir à certains salariés du secteur public qu’ils pourraient garder leur privilège d’un autre temps. Depuis plus d’un demi-siècle on ne met plus de charbon à la main dans la chaudière des locomotives, et les durées et conditions de travail des cheminots ont été extrêmement « adaptées ». On voit des conducteurs de plus de 60 ans sur toutes les lignes qui ne sont plus exclusivement gérées par la SNCF, sans que cela ne scandalise personne. C’est plutôt la marque d’un progrès formidable dans les conditions de travail ferroviaire qui devrait être célébré comme tel.

De même il est parfaitement scandaleux de considérer qu’un jeune qui ne veut ou ne peut pas faire d’études et qui commence à travailler tôt doit avoir un avantage par rapport à un jeune qui a la capacité de faire des études longues et qui va contribuer plus à la croissance économique, sociale, médicale, au prix d’un sacrifice de revenu. 63 ans de cotisation entraînent pour la plupart de diplômés un départ à 67 et plus sans que cela ne trouble personne. Les intervenants qui pleurent sur les carrières longues au prétexte que, eux, travaillent au sec dans des bureaux font de la démagogie à trois balles. Ils ne savent même pas les conditions qui prévalent désormais dans les usines (qui ont presque disparu) ou sur les chantiers.

Les incroyables avantages de la fonction publique ne sont pas liés à une justice quelconque, mais au fait que la haute fonction publique n’a pas voulu s’accrocher au régime général de la sécurité sociale après-guerre.

De même l’ouverture de droits à un financement de leur inactivité de grand âge aux parents d’immigrés venus par le regroupement familial est une mesure démagogique pure qui ne s’inscrit dans aucune doctrine rationnelle de la retraite.

Quant aux carrières hachées, dans la pratique, elles sont mises en avant surtout pour les femmes qui doivent en effet porter des enfants et s’absenter à ce titre. Avoir tué l’institution du mariage et les pensions de réversion a créé un problème insoluble qui aggrave la tentation de ne plus faire d’enfants. Ce n’est pas par les mécanismes de financement de la retraite qu’on résoudra cette question. Mais par une politique familiale.

Mener une vraie politique de gestion de la retraite, c’est mettre fin aux crises périodiques, rétablir l’équilibre des échanges avec les pays à bas salaires, augmenter la durée de travail en bonne santé, éviter de distribuer des subsides au monde entier, réduire le trop-plein de dépenses sociales, éviter la mort programme de l’économie par les éco-irresponsables, sortir du socialisme, rétablir la natalité et s’enchanter de voir que l’amélioration des conditions de travail permet de travailler plus longtemps.

Si des particuliers souhaitent à titre personnel cesser de travailler tôt, soit. Qu’ils s’organisent pour cela ! Si des groupes veulent cesser de travailler tôt : d’accord mais qu’ils en assument eux-mêmes les frais. Si collectivement, les citoyens souhaitent passer de longues périodes sans travailler en fin de vie, qu’ils vérifient d’abord que cette ambition est financée par leurs cotisations sans affaiblir les entreprises. Après tout si les cheminots veulent payer 75 % de leurs salaires en cotisation retraite pour partir à 50 ans, pourquoi pas. L’important reste que les bénéficiaires soient les payeurs.

Il est clair qu’on ne verra jamais un Macron, ou n’importe quel leader, tenir ce même langage.

À force de se crisper sur les moyens de faire cracher le voisin pour son propre avantage, le Français né malin, en prend plein la poire et va se retrouver dans des tourments qu’il n’imagine même pas.

Quant aux grands médias à force de pleurnicher avec les abusifs, ils ne grandissent pas le débat et font tout pour obscurcir l’avenir des Français, qui depuis 1981 est entré dans une phase d’appauvrissement relatif et de reculs économiques, le pire cadre pour gérer bien la période où l’âge ne vous permet plus de satisfaire par le travail vos besoins.

Il n’y a pas de tiers-mondisation heureuse.

Réconcilier Union Européenne et démocratie

À un moment de l’histoire européenne où les nations commencent à s’interroger sur l’opportunité de maintenir une immigration de masse incontrôlable notamment en provenance de pays musulmans rétifs à l’assimilation dans un pays jusqu’ici à dominante chrétienne et mettant parfois les désirs destructeurs de l’Oumma fanatisée par des prêcheurs fous avant la reconnaissance d’être accueillis dans des pays généreux, une majorité de pays européens exigent une nouvelle prise en charge de cette question par l’Union Européenne et donc par la Commission.

Il est vrai que la guerre en Ukraine a des conséquences sémantiques importantes. Les frontières de l’Ukraine sont sacralisées avec le fanatisme et le manque de réserve qu’on connaît de la part de la présidente de la Commission, la dramatique Van der Leyen, alors que le discours reste le même pour l’Union Européenne : il n’y a pas de définition de la zone géographique européenne qui pourrait donc s’étendre indéfiniment à l’est, jusqu’à la Russie et au sud, jusqu’à Israël en passant par la Turquie et le Liban. Les « frontières » ne représentent qu’un moment de l’expansion européiste, ne doivent pas être défendues et quiconque parvient à se trouver sur le sol de l’Euroland doit y rester à perpétuité s’il le veut.

Ce contraste entre la volonté majoritaire des pays et le blocage absolu de la Commission illustre une réalité que tous les ministres nationaux ont expérimentée à un moment ou un autre dans leur chair. Une fois nommés, les Commissaires ont, dans le domaine qui leur a été concédé, une autonomie totale. Le commissaire est sommé de se couper de ses attaches nationales et de ne viser que l’intérêt européen. Il peut donc faire ou ne pas faire à sa guise.

Si la totalité, disons, des ministres de l’intérieur des pays de l’Union, on parle bien d’une unanimité, mettaient au point un plan de gestion de la sécurité des frontières, ils se heurteraient à la Commission qui pourrait les envoyer balader sans frémir. Les commissaires ont la liberté incontrôlée de « ne pas faire », même contre la volonté de la totalité des nations membres. Ils sont inamovibles et sans aucun contrôle. Ce droit de ne pas faire a son symétrique dans le droit de faire à sa guise notamment dans toutes les actions exécutives qui n’exigent pas d’ordonnance. La Commission est à la fois un exécutif et un législatif, contrairement à tous les principes démocratiques. Ce qui fait que l’Union peut signer autant de conventions commerciales qu’elle veut avec n’importe qui, à répétition, alors que les classes moyennes se paupérisent à proportion, sans que quiconque ne puisse dire stop !

Le poste de ministre des Questions européennes est un des pires qui soit. À Bruxelles, il est accueilli ou comme un soutien inconditionnel béni-oui-oui qui doit crier au miracle européiste, ou comme un opposant sans pouvoir à marginaliser en lui faisant bien comprendre son impuissance. Les autres ministres de la République Française se heurtent tous au même mur. Pratiquement tout ayant un rapport avec les politiques déléguées sans retour à la Commission, ils ne peuvent en général rien faire sans son accord.

Ne parlons pas des députés européens (les dépités européens) qui se retrouvent dans des groupes nationaux divisés de taille ridicule et coincés dans des groupes globaux gigantesques et qui, ou s’ennuient ou s’emploient à arrondir leurs fins de mois en liaison avec les lobbies ou en recherchant des postes bien rémunérés et exonérés partiellement d’impôts. L’impuissance du député européen est un spectacle tragique. C’est comme cela qu’on voit Madame Morano justifier son poste européen et les rémunérations associées par la normalisation des chargeurs de téléphones portables !

Il n’y a pas d’Europe puissance. Seulement des nations rendues impuissantes, même lorsque leurs intérêts vitaux sont en jeu. Par des « coups d’États » successifs, les institutions européennes se sont attribué le droit d’à peu près tout régenter, l’impuissance des nations est désormais presque totale.

Bien sûr, il faut réagir.

Il est indispensable que la Commission soit considérée simplement comme le secrétariat de l’Union, sans aucune décision propre dans aucun domaine. C’est le concert des nations membres qui doit donner le tempo des actions à mener, et à étudier par la Commission et décider de leur modalité. La Commission doit perdre le pouvoir de bloquer. La présidence de la Commission doit être clairement privée du droit de se prétendre le dirigeant de l’Europe.

Un autre aspect des institutions européennes est le poids des ONG et des lobbies. Les ONG sont considérées désormais comme des églises formulant la table des lois qui s’impose d’en haut, et fournissant le clergé de Tartuffe et de Savonarole chargé de déconsidérer tout opposant aux doctrines et aux causes qui les fondent. À ces organisations privées, on concède le droit à formuler le politiquement correct du moment et la coercition sociale associée. Toutes les organisations internationales sont désormais sous la coupe de ces groupes de haine. Le président de la Banque Mondiale a démissionné un an avant la fin de son mandat à la suite d’une campagne de haine déclenchée par les ONG parce qu’un de ses propos a été jugé « climatosceptique ». Il a expliqué que n’étant pas scientifique il ne prendrait pas position sur les sources du réchauffement que le monde connaît. Le climat et les thèses wokistes sont aujourd’hui le terrain de jeu de fanatiques et les instances internationales ont accepté de se mettre dans leur dépendance.

C’est vrai à l’ONU, à la banque Mondiale, au FMI, et évidemment au sein des institutions européennes. Cela explique les campagnes « inclusives » montrant des femmes voilées exemplaires au moment où l’Iran tue tous les jours les femmes qui ne veulent pas de la dictature vestimentaire débile des Mollahs. Cela explique que Mme Van der Leyen soit montée au créneau pour faire démissionner le président du CIO japonais pour avoir osé dire que la présence de femmes allongeait considérablement la durée des réunions. Cela explique que le directeur de cabinet du Commissaire chargé de l’énergie soit un ancien patron de Greenpeace Allemagne totalement antinucléaire. Cela explique un discours toujours identique et déconnecté des réalités du terrain sur l’immigration de masse « chance pour l’Europe ».

Les nations, dans un tel système, n’ont plus le moindre moyen de se faire entendre sauf à bloquer, bloquer encore et bloquer toujours ce qui est une attitude intenable. La démocratie nationale est débranchée. Un changement de majorité dans un sens ou un autre n’aura aucun effet sur les politiques suivies toutes désormais dépendantes de la Commission à qui on a concédé trois armes de destruction massive : l’indépendance absolue de la commission, la Cour de Justice qui juge TOUJOURS en faveur des thèses européistes et qui, en s’attribuant par un coup de force le droit qui n’est pas le sien d’interpréter la charte européenne des droits de l’homme, peut intervenir sur tout sujet, et finalement les énormes budgets de propagande attribués à la Commission, qui permettent d’exalter non seulement l’européisme mais aussi les thèses des ONG jusqu’au plus profond des nations, notamment l’école et l’université, sans parler des médias. Qui sait que l’Europe finance l’entrisme LGBT dans l’Université française à coups de millions ?

Justement, parlons des médias français. Leur doctrine : ne jamais parler de ce qui se passe à Bruxelles, sauf au moment où les ordonnances arrivent pour transcription dans le droit français par le Parlement national châtré. Pas question de montrer l’impuissance du gouvernement et contrer l’offensive des ONG qui profitent en général du moment pour présenter des propositions maximalistes. Alors la PQN comme la presse régionale en remet sur les bonnes causes et on se retrouve sur tous sujets avec des législations aggravées par rapport aux directives européennes. Le gouvernement dit : « c’est l’Europe ». Les associations disent : « c’est le bien commun ». Et on se retrouve sans moutarde et en ayant perdu la moitié de nos betteraves sucrières, face à des ministres sans pouvoir qui se contentent de soigner ou leur popularité ou leur carrière en faisant de la surenchère verbale, quand ils ne s’enfouissent pas au fond du trou en se bouchant les oreilles et en attendant que cela se tasse.

Certains ministres font des allers et retours avec la direction d’ONG. On n’est jamais mieux servi que par soi-même et à partir du moment où les gouvernements sont impuissants, quelle importance ?

Un autre aspect de l’affaire européenne, c’est que certains garde-fous mis en place pour éviter des législations outrancières ou comportements douteux à l’échelon national n’existent pas ou sont impuissants à l’échelon européen.

Les abus de pouvoir individuels ou comportements douteux des Commissaires et d’une façon générale des institutions, ne sont pas réellement contrôlés. Une étude récente a montré que les personnes chargées du contrôle, en théorie, n’allaient même pas dans leur bureau et restaient à leur domicile dans leurs pays respectifs sauf pour les cérémonies protocolaires, tout en touchant des rémunérations monstrueuses. En revanche le député européen est très surveillé. Il a des avantages grotesques mais il faut les mériter par un européisme de bon aloi, même si on s’ennuie et qu’on a collé là que des recalés du suffrage national !  

Il faut que ce soit le New York Times qui monte une action pour imposer que Mme Van Leyen fasse connaître ses relations épistolaires avec Pfizer sachant que son mari est dans la boucle médicale internationale par ailleurs, avec des risques grossiers de conflits d’intérêts.

De même, les législations nationales sont généralement soumises à un devoir d’études d’impact préalables afin d’éviter des mesures qui se retournent gravement contre les intérêts généraux du pays ou même saccagent trop d’intérêts particuliers. Cela marche plus ou moins bien, ces études d’impact n’étant jamais relayées dans la PQN et restant dans l’entre-soi de la « tutelle » et des lobbies. En Europe on peut prendre des décisions accablantes ayant des effets terrifiants mais très différents d’un pays à l’autre, sans jamais à avoir à justifier des conséquences par une étude d’impact. On l’a vu récemment avec la décision monstrueuse de violence d’interdire la vente de véhicule à moteur thermique dès 2 035 sans aucune étude des conséquences sur tous les grands sujets pays par pays. Le coût ? Inconnu ? Le bilan carbone de la reconversion ? inconnu. L’impact sur la balance des paiements ? inconnu. L’impact sur le budget de l’État ? inconnu. L’impact sur le chômage ? inconnu. L’impact sur la réduction de la température moyenne ? Non estimé bien que tout le monde sache qu’il sera absolument nul.

Pour avoir téléphoné à six reprises aux différents cabinets de commissaires européens concernés, la seule réponse obtenue, en anglais, aura été qu’une étude d’impact n’était pas utile puisque la décision a été prise en tenant compte des conclusions du GIEC et des engagements pris avec les institutions de l’ONU ! Personne n’a pu savoir ce que Timmermans a pu concocter avec l’ONU, le GIEC, l’AIE en lisant la presse française. Il faut lire l’anglais et aller sur le site de l’Union Européenne qui ne publie que ce qu’elle veut bien publier en toute indépendance et sans contrôle. Un petit roitelet décide en liaison avec les ONG de l’ONU que l’Europe sera la championne de la décarbonation et prend des oukases sanglants pour les pays membres. Pas un mot !

Bien entendu, les pouvoirs nationaux ont tout de même un pouvoir. Ils peuvent déjà parler et dénoncer. Ils peuvent bloquer. Quand on a élu un Macron qui est allé faire sa révérence dès son arrivée aux juges européens tout en expliquant qu’il serait un européiste militant et suractif, collant le drapeau européen sur tous les édifices publics nationaux sans même une référence au drapeau tricolore, on voit tout de suite les conséquences. On renonce à notre seul pouvoir !

Le gouvernement français indépendamment même du fait qu’il n’a pas de majorité au parlement, n’a aucune marge de manœuvre. Il est au sens propre du terme impuissant. La réforme de la retraite était un must pour pouvoir obtenir l’accord de l’Union Européenne dans le cadre des GOPE ou de leur substitut sémantique. La seule question pour Emmanuel Macron était de faire de cette obligation irréfragable une arme politicienne de guerre contre LR. Il l’a fait en mettant la réforme en tête de calendrier. Avec les résultats que l’on voit.

La présidence de la République française étant réduite à un poste politicien pour médiocre égotiste ne pensant qu’à ses petits intérêts personnels et se coltinant avec ses problèmes psychologiques prégnants, qui se maintient en distribuant des chèques et en creusant les déficits, les élections étant facilement « enjambées » en refusant tout débat sur quoi que ce soit, la démocratie est empêchée.

Celui qui ne comprend pas que l’ampleur des cortèges actuels contre la réforme des retraites est indexée sur l’impuissance et la négligence de l’exécutif national, et n’a qu’un rapport très indirect avec l’âge de la retraite, devrait se réveiller.

Monnet avait très bien compris qu’en donnant à un groupe international le soin de régler entre ses membres, à l’abri des Etats, un problème particulier, il était facile de se détacher complètement des risques inhérents à la démocratie nationale. Cela n’avait pas que des inconvénients. Sur des sujets ad hoc et circonstanciels, cela pouvait même être bénéfique. Par exemple pour l’achat d’armes pendant les deux guerres, mieux valait sans doute passer par des « machins » collectifs multinationaux dans le cadre des alliances. Mais si toute la politique générale est gérée ainsi, il n’y a plus ni de démocratie ni de consensus. Seulement des groupes de pression, éventuellement hystériques, et des peuples en colère, avec flottant sur la marmite bouillante, des pseudos gouvernants marqués au fer rouge de l’impuissance et du narcissisme stérile. Quand s’ajoute en France une captation du pouvoir résiduel par une caste désormais népotique de hauts fonctionnaires, il n’est pas très difficile de comprendre pourquoi la proportion des votants qui expriment un vote constructif par rapport à la population en âge de voter est aujourd’hui en France autour de 25 %.

Les Européistes ont voulu forcer le passage vers un fédéralisme copié sur le système américain et ont récolté un NON ferme lors de la réforme constitutionnelle. Il est clair que l’impuissance désastreuse qui est en train d’emporter la démocratie française, impose de déclarer fermement que l’objectif de la « construction » européenne n’est pas de créer les Etats-Unis d’Europe en détruisant les Etats nationaux.

Le premier acte structurel dans la bonne direction serait de supprimer le monopole d’initiative à la Commission. Le second de mettre fin à l’élection hors-sol et sans aucune signification de députés européens. Le Parlement européen doit se réunir lorsque nécessaire, avec des délégations ad hoc des parlements nationaux, chaque ordonnance devant faire l’objet d’un examen devant le Parlement français avant d’être discutée par le Parlement européen.

Ces mesures permettront seules de reconnecter les mesures prises et l’influence du corps électoral. Il ne s’agit pas de s’opposer à la coopération active au sein de l’Europe, mais de restaurer la démocratie.  Il faut et la démocratie et la coopération active en Europe. Sinon, où va-t-on ?

Succès et chute du « néolibéralisme » ? Le type même d’une histoire falsifiée.

On pourrait sans doute évacuer la question du néolibéralisme en considérant qu’il s’agit d’un vocable de mépris inventé par la gauche socialiste ecclésiastique qui sait y faire pour dévaluer les idées qui la contrarient en créant des mots repoussoir. Libéralisme, c’était punissable de tous les péchés, mais le mot liberté y affleurait, et il fallait faire attention. Bien sûr, la liberté aussi pouvait être déplorée : « la liberté du renard dans le poulailler » a beaucoup servi. La puissance médiatique de la gauche est telle depuis 1945, que même les plus libéraux sont obligés à des contours, des prudences, des « je suis bien d’accord avec vous, c’est mal, mais tout de même ». Lorsqu’on a demandé à un membre de Renaissance si la politique du gouvernement était libérale, sa réponse a été très clairement obscurcie par le politiquement correct de gauche : « je n’aime pas ce mot qui est trop connoté ». Marion maréchal a dit à peu près la même chose il y a peu lors d’une longue interview. Libéralisme ? Attention, champ de mines ! Un peu comme « grand remplacement » est devenu une expression symbole d’un dérèglement de l’attitude tournant au fascisme invétéré, nourri par la xénophobie fanatique, le racisme induré et la glorification des années immondes qu’on croyait disparues.

Néolibéralisme est bien le type de vocable super connoté par la gauche vomitive et utilisable uniquement dans une phrase de dénonciation. Un peu comme un technocrate est un fonctionnaire vu par un poujadiste, un néolibéral est un prosélyte des libertés vu par ATTAC.

Il serait dommage d’en rester là. Les pensées dominantes sont en train de changer et il est important de mesurer la réalité et l’ampleur des glissements. Les historiens et les sociologues adorent prendre des bouts épars et en faire une parfaite construction, presque une volonté, appuyée sur un complot s’il s’agit d’un mouvement jusqu’ici marginal qui s’impose dans des circonstances mal comprises.

Alors aujourd’hui la mode est de s’interroger sur l’étonnante percée des idées libérales dans les cinquante dernières années et leur reflux soudain. Comme c’est aujourd’hui la règle, c’est dans le monde anglo-saxon qu’il faut chercher les initiateurs de cette réflexion. En France on ne pense qu’après et en réaction. Il eût été préférable qu’on s’y colle avant. Mais bon, on n’a plus d’universitaires de qualité. Ils se réservent pour les combats du Wokisme tels qu’ils étaient menés aux États-Unis il y a trente ans. Au moins cela les change de la glorification de la Commune.

Depuis « Rise and fall of the roman empire », la mode est aux « rise and fall » de tout et n’importe quoi. Gary Gerstle est un peu devenu le spécialiste du genre en histoire économique américaine. Après « Rise and Fall of the New Deal Order » il a écrit « Rise and Fall of Neoliberal Order ».

Il fallait s’attendre à un livre du même genre en France. David Cayla, présenté généralement comme « économiste hétérodoxe » (comme s’il y avait une économie alternative…), a sorti fin 2022 « Déclin et chute du Néolibéralisme » chez De Boeck Supérieur.

Impossible de savoir ce qui différencie vraiment un hétérodoxe d’un non orthodoxe, et un non orthodoxe anti libéral d’un socialiste bon teint. Il est vrai que les économistes étant désormais considérés comme des pestiférés, il faut prendre quelques précautions pour continuer à être entendu.

Notons au passage la difficulté d’être et de dire !

Serge Audier, un brillant normalien naturellement anti productiviste (du moment que son traitement public à la Sorbonne tombe régulièrement) avait ouvert la voie avec une série d’ouvrages sur le néolibéralisme. Une vraie obsession :

· Le Colloque Lippmann : aux origines du néo-libéralisme, Lormont,

- Néo-libéralisme(s) : une archéologie intellectuelle, Paris, Grasset,

- Penser le néolibéralisme : le moment néolibéral, Foucault et la crise du socialisme, Lormont, Le Bord de l'eau,

La difficulté est évidemment, dans le foisonnement des idées qui ont contesté le triomphe du New deal puis du Keynésianisme, avec des mouvements de pensée très hétérogènes, de trouver une unité puissante capable de créer la matrice d’une nouvelle domination intellectuelle embrassant et embrasant le monde y compris les socialistes de la New left aux États-Unis, ceux de la Deuxième gauche en France et ceux du blairisme au Royaume Uni.

Pour la gauche marxiste caricaturale, le sort du néolibéralisme est vite scellé : un complotisme financé par le grand capital et qui a réussi à pénétrer les arcanes du pouvoir élitiste, par dol, en imposant une doctrine de pouvoir obligatoire et généralisée via le lobbyisme et l’entrisme dans les lieux de pouvoirs. En gros, le néolibéralisme est un sale virus, échappé d’un laboratoire sordide, inoculé par ruse par des complotistes et dont il est difficile de se débarrasser mais heureusement, il est en train de mourir de sa propre vilenie. Si on n'obtient pas un prix de civisme après un tel travail de « démystification », voire de « démythification » et de nettoyage d’une poussée de pourriture, c’est évidemment à désespérer de tout et marquerait la force résiduelle du virus !

La droite n’en parle pas. Comme d’habitude. Prendre le risque d’une idée ! Vous n’y pensez pas !

Du coup, le domaine est plein de faux débats et d’erreurs terrifiantes.

La « généalogie » ou « l’archéologie » de n’importe quel système de pensée est devenue un exercice à la mode. À gauche, on mêle allègrement tout et n’importe quoi pour prouver des racines qui expliqueront l’arbre. Au prix de contorsions subtiles :

-        Sur le tronc du libéralisme, le néolibéralisme est-il un surgeon ou une totale mutation conduisant, par glissements successifs, du bien possible au mal exemplaire ?

-        Le néolibéralisme a-t-il réussi du fait de l’effondrement communiste, entraînant la chute de l’URSS et au capitalisme d’état en Chine ? Vu de gauche, le mal ne peut provenir de la chute de la bien-aimée URSS. Donc la généralisation de solutions moins collectivistes ne peut être que le fruit d’une intrigue complotiste. C.Q.F.D. !

Pour avoir participé pendant cinquante-cinq ans aux débats récurrents sur la science économique, il va de soi que cet esprit de système visant un complot machiavélique mondialisé ne correspond à rien de ce que j’ai pu connaître en France, en Europe et aux États-Unis. Il suffit de dépasser l’âge de 70 ans pour se rendre compte qu’on parle, dans les médias, des périodes que vous avez vécues dans votre jeunesse et que vous avez cru vivre passionnément, selon un « narratif » qui n’a que peu de rapport avec votre expérience. Aussi bien dans les généralisations que dans les épisodes montés en neige, vous ne reconnaissez pas cette histoire alléguée et reconstruite. Les mentalités collectives ont du mal à se transmettre et à être conservées. Le schématique l’emporte sur le réel.

Quiconque a lu avec attention « la théorie générale » de Keynes, sait que cela branle un peu partout dans le manche et qu’il était parfaitement normal que des auteurs le remarquent et en fassent la critique. Moi-même dès la première année de fac, je mettais en difficulté sans le vouloir le chargé de TD qui croyait expliquer les crises périodiques selon la doctrine keynésienne par la course-poursuite de l’épargne et de l’investissement, en faisant remarquer qu’épargne et investissement étaient égaux par construction, il était difficile de concevoir qu’ils puissent se courir après. Une bêtise assez populaire à cette époque-là et qui n'a plus cours aujourd’hui.

De même affirmer que les changes flottants étaient une doctrine à la mode au moment où elle a été mise en œuvre, est une énorme contrevérité. À part Milton Friedmann qui en avait fait une vague apologie dans un livre lointain, personne ne défendait vraiment les changes flottants. C’était une bizarrerie qui pouvait s’expliquer momentanément par des circonstances particulières, mais sinon, ce ne pouvait être qu’une erreur funeste. Pour s’en convaincre, prendre aux États-Unis le bréviaire des élèves d’économie qu’était le Samuelson ou en France le cours de Raymond Barre, et voir que les changes flottants y sont traités par prétérition ou en un quart de page… sur mille et quelques.

Ce n’est pas parce que « de vilains complotistes néolibéraux, intoxiqués par l’effroyable ami de Pinochet, le sinistre Milton Friedmann» que les changes flottants ont été instaurés mais parce que les États-Unis ne voulaient plus des contraintes de Bretton Woods et entendaient n’en faire qu’à leur tête. Qui se rappelle que ce sont les Allemands qui ont promu le flottement et que pendant longtemps la solution n’a été présentée que comme transitoire ? Friedmann a alors servi de caution intellectuelle et les banques centrales ont même cru devoir tenir compte de ses suggestions. Elles sont vite revenues en arrière. Aucun des avantages avancés par Milton ne s’est réalisé. Au contraire. Les changes flottants sont un abus de pouvoir des États-Unis et une erreur économique internationale. Pas un complot.

Alors on pourrait singer nos sociologues de pacotille et affirmer : « le néolibéralisme n’est pas le libéralisme habituel mais une doctrine prescriptive qui cherche à détruire toutes les institutions collectives visant le bien commun par l’application de l’idéologie des marchés libres et sans entraves. La destruction des changes par les complotistes américains vendus au néolibéralisme a permis les folies bancaires et rendu impuissant les états dont les élites n’avaient plus le choix que de s’adapter aux règles du néolibéralisme, la nouvelle gauche plongeant avec délices dans les méandres de la finance internationale garantie par les banques centrales au mépris des peuples ». Une belle carrière d’économiste à Libération et dans les chaînes publiques de télévision serait ouverte ! Mais quel rapport avec la réalité historique ?

Si l’Union soviétique s’est effondrée ce n’est pas à cause d’un complot néolibéral, mais sous le poids de ses tares intrinsèques. Et elle a bien fait ! Il suffit de regarder l’agriculture ! 75 ans de pénuries puis, après l’effondrement, la Russie et l’Ukraine en moins de 30 ans, sont devenus le grenier du monde ! Satanés complotistes néolibéraux !

Si l’Union Européenne a choisi, en créant un marché intérieur libre, de s’appuyer sur la liberté de circulation sans entraves des mouvements d’hommes, de capitaux et de produits ou services, c’est parce que telle est la règle à l’intérieur de chaque état et on a souhaité la généraliser dans la communauté. On ne peut pas intellectuellement concevoir un marché unique couvert de barricades.

Si Margaret Thatcher a voulu sortir le Royaume-Uni du socialisme, c’est d’abord parce que le pays ne pouvait pas supporter d’une part le poids de la hausse massive des coûts du pétrole et aussi le poids d’une économie administrée végétative et en pleine anarchie syndicale. Si Tony Blair a continué dans la même direction, c’est tout simplement parce que le RU rattrapait son retard.

Si la Chine s’est organisée autour d’un capitalisme débridé et sans entraves dans le cadre d’une dictature politique, c’est, ici encore, à cause du décrochage dramatique qui a suivi l’époque maoïste et la hausse des coûts du pétrole. Pas besoin de la main invisible du complotisme néolibéral. Quand le géant Chinois s’est aperçu qu’il était dépassé par la seule Corée du Sud, et bientôt par tous les tigres de la région, il a compris que son destin était scellé si un changement radical n’était pas opéré.

Si les Américains ont décidé de laisser la Chine entrer dans l’OMC, c’est par cupidité : ils pensaient que les entreprises qui tiendraient le haut de pavé dans le monde seraient celles qui domineraient le gigantesque marché chinois soudain ouvert. L’erreur, que nous avons dénoncée sur ce blog sans relâche, c’est que, sans correctif monétaire, des déficits et des excédents gigantesques en résulteraient qui ruineraient les classes moyennes des pays développés. Maurice Allais a écrit, à cent ans, un livre pour avertir le monde. On l’a traité de tous les noms ! Et c’était le Monde qui s’y collait avec tout le soutien de la « dream team » de Jospin. Pas de fantasmatiques néolibéraux !

Si après avoir nationalisé à 100 % tout et n’importe quoi, Mitterrand et ses socialistes ont commencé à tout dénationaliser y compris les vielles entreprises nationalisées depuis ou l’avant-guerre ou l’immédiat après-guerre, c’est simplement parce que sinon le traité de Maastricht n’aurait eu aucun sens. L’européisme imposait qu’on ne retrouve pas des molochs nationaux face à face, armés par des États. Pour le meilleur et pour le pire !

En France le néolibéralisme n’a jamais eu le moindre pouvoir. On voit que Sciences Po est un conservatoire du bureaucratisme et du keynésianisme, son surgeon économique, l’OFCE étant le défenseur permanent et absolu des impôts, de la dette et de la dépense publique. Ce sont les associations pro Wokistes qui y ont gagné, pas de dangereux complotistes néolibéraux.

La liberté d’immigration en Europe des Africains est dans tous les programmes de gauche alors que l’Europe se devait de défendre ses frontières contre l’immigration illégale. L’individualisme « marchandisé » est plutôt à rechercher du côté du Wokisme que de la réflexion économique libérale.

Il serait sage de se concentrer sur l’économie avec des yeux libres de préjugés, plutôt que se gargariser de mots autour du faux concept de néolibéralisme, qui n’est bien qu’une arme verbale de propagande d’inspiration un tantinet stalinienne dans son usage courant actuel.

Pour des raisons d’argent et de puissance, certains grands pays ont choisi des cartes biseautées qui les avantageaient, pensaient-ils. Au bout du jeu les résultats ne sont pas là. La panique conduit à des tentatives de retour en arrière. Ce n’est pas la fin d’une doctrine, ni d’une pratique, mais le constat d’un échec qu’il va bien falloir surmonter. L’illusion d’un financement de déficits perpétuels par la dette monétisée auprès des banques centrales est désormais intégrée par les élites, même si les grandes masses ne l’ont pas encore tout à fait admis. L’illusion qu’en prélevant dans le revenu d’autrui, on pourra indéfiniment financer son train de vie, n’existe pas réellement. « Les riches paieront » est le genre de simplismes qu’on aime bien répéter dans les manifs pour se défouler. Mais tout le monde sait que cela n’a jamais marché nulle part. En revanche c’est une adresse à ceux qui ont réussi à faire face : « ne nous laissez pas tomber, on a le pouvoir de vous nuire ! »

Faut-il leur répondre ?

Oui !

Mais, malheureusement, il n’y a plus de partis de gouvernement pour tenter de créer les évolutions nécessaires. On sait ce qu’il faut faire, mais les leviers manquent pour faire bouger les choses. Macron donne le sentiment de mépriser la base et de ne servir que lui-même et ceux qu’on imagine être ses amis financiers. Le PS et mort. La deuxième gauche est enterrée. LR préfère la lutte entre énarques pour la présidentielle et surtout se taire sur tout pour ne rien compromettre. Le néant d’abord, la réflexion plus tard ! Succès garanti…

Il ne reste que l’exécration en bas et des demi-sel de la sociologie caricaturale dans les allées du pouvoir et des médias, de l’écologie pervertie et de l’étatisme keynésien. La pensée  socialiste, qui est restée dominante en France tout en gagnant les États-Unis, mais qui a perdu beaucoup de sa séduction, cherche nerveusement à retrouver un peu de légitimité. Que cette gauche puisse croire qu’en terrassant par les mots un diable artificiel monté en marionnette, le néolibéralisme, construit à la va-comme-je-te-pousse comme l’auteur de tous les maux, indique assez l’ampleur de la déroute morale et intellectuelle dans laquelle elle se complaît.

Sa domination résiduelle dans tous les lieux où se construit l’opinion laisse peu d’espoir que la France cesse sa dégringolade dans le sous-développement et la soumission. Son succès aux États-Unis et par ricochet dans les institutions européennes sous forme d’un écolo-wokisme destructeur et outrancier couplé à une volonté de puissance, laisse le monde occidental dans un état étrange qui remet en cause la stabilité et la prospérité du monde.

Là est le vrai risque à dénoncer.

Et de vrais risques de marginalisation pour ceux qui le feront.

Un peu de courage intellectuel et de vérité, s’il vous plaît !

Un article formidablement révélateur du Financial Times

L’actualité est sympathique pour ce blog. Elle nous permet d’aborder des thèmes fondamentaux qui ont été à l’origine de la formation du Cercle des économistes e-toile. Après le drame de la démographie française et les méfaits de l’énarchie compassionnelle, il est temps de commenter une réalité jamais traitée : la quasi-identité de destin économique déplorable de la France et du Royaume Uni qui souligne l’évidence d’une cause commune. Malgré les différences apparentes très fortes entre un pilier du néolibéralisme fortement anti syndical et rétif à l’assistanat et un pilier de la bureaucratie socialisante, entre un pays qui a choisi le Brexit et un pays aplati devant Bruxelles, entre un pays aligné sur Washington et un pays qui fait semblant de goûter les effluves résiduels du gaullisme diplomatique, l’évolution globale depuis 1971 est globalement la même. Les mouvements profonds l’emportent sur les apparences idéologiques ou les traditions nationales.

Vérifions que l’évolution économique et sociale a bien été la même. Le Financial Times nous apporte tous les éléments de réponse grâce à l’excellent article de Tim Harford, dans d’édition du 22 janvier 2023. Son titre dit déjà beaucoup : « Est-ce que la vie au Royaume-Uni est réellement aussi mauvaise que les chiffres le suggèrent ! Oui, absolument ! ».

Tim Harford a écrit trois livres absolument formidables, « The Undercover Economist » en 2007, « Freakonomics « en 2009, et « Why Nations fails », son chef-d’œuvre de connaissances et de réflexion en 2013.

Son approche est exactement celle qui nous a motivés à créer le Cercle des économistes e-toile : couvrir des domaines abandonnés, en montrant qu’on y trouve beaucoup de faits majeurs dont l’explication est indispensable et que les clés de l’avenir y sont présentes dans l’indifférence générale. La différence est qu’il le fait dans la presse et plus encore dans une presse anglo-saxonne où beaucoup de ses réflexions défient la pensée dominante.

Il a un peu dérivé vers le « spectacle » ces derniers temps avec :

Fifty Things That Made the Modern Economy (2 017). Little, Brown. ISBN 978-1408709115

The Next Fifty Things that Made the Modern Economy (2 020). The Bridge Street Press. ISBN 978-1408712665

How to Make the World Add Up : Ten Rules for Thinking Differently About Numbers (2 020). Little, Brown. ISBN 978-1408712245

Ces livres sont en fait des compilations de « podcasts » télévisés de 9 minutes sur une variété d’objets qui ont révolutionné notre vie courante et dont on n’imagine pas la puissance. C’est amusant et curieux, et correspond à l’humour anglais, un peu dans le style du patron qui candidate dans sa propre entreprise.

Le côté « Entertainment » n’est pas à négliger mais manque un peu de fond, ce qui n’est pas le cas de l’article dont nous parlons.

Après avoir cité une étude qui donne des prévisions peu amènes (la perte récente de 7 % du revenu moyen ne sera pas corrigée avant cinq ans), il démontre que ce qui devrait réellement nous épouvanter est moins le désordre circonstanciel actuel mais la longue descente aux enfers des dernières quinze années qui n’ont pas vu de croissance mais une longue stagnation qui contraste avec le quasi-doublement de 1978 à 2008 suivant le triplement entre 1948 et 1978. Au lieu de voir son revenu augmenter le travailleur britannique constate que depuis 15 ans il ne bouge plus, alors qu’il croissait de 40 % en moyenne tous les trente ans depuis l’après-guerre. En un mot : "Amis britanniques vous êtes entrés dans une phase longue de stagnation structurelle dont vous ne parlez pas alors que vous vous inquiétez pour des difficultés certes agaçantes mais momentanées".

Il souligne avec gourmandise qu’un bon gouvernement est celui qui propose d’excellents services publics, une pression fiscale basse et un endettement faible. Comme en France,  il est bien obligé de constater que c’est exactement l’inverse qui se passe depuis de longues années et qu’il est strictement impossible même de l’espérer. L’hôpital est par terre en France, comme l'est le NHS, le service national de santé. Le reste est à l’avenant. Là où on connaît une vraie différente, elle n’est pas de nature mais de proportion. Notre auteur signale que la dépense publique est plus haute de 4 points de PIB par rapport à la moyenne des périodes précédentes, mais le taux n’est que de 37 %. En France il est de 47 % ! On se souvient que le Général de Gaulle voulait dans les années soixante qu’il reste autour de 32 % et que ni Pompidou ni Giscard (surtout ce dernier), n’ont voulu respecter ce vœu. Et la situation est la même au Royaume Uni et en France pour l’école et les services sociaux.

Ne parlons pas de la dette. La situation est catastrophique dans les deux pays avec une dette qui monte inexorablement, des intérêts dont le service n’a jamais été aussi haut dans l’histoire et des déficits majeurs partout et jamais comblés.

Le résultat est le développement de la pauvreté à la base avec une partie croissante de la population qui a du mal à finir le mois. Une étude a montré qu’un quart de la population ne parvenait plus à mettre 10 livres de côté chaque mois, alors que la proportion était de 3 à 8 % il y a quelques années. Près de 10 % de la population déclare avoir eu faim à un moment ou un autre dans les trente jours précédant l’étude.

L’auteur remarque que des pays comme la Suisse, la Norvège et les États-Unis ont désormais un revenu très supérieur à celui des Britanniques qui a chuté de façon relative sinon en valeur absolue. Comme en France où la situation aux frontières est devenue caricaturale, comme nous l’avons prouvé ici dans de nombreux articles. Pour marquer l’opinion il montre que le revenu des dix pour cent les moins riches est plus bas qu’en... Slovénie !

Le paradoxe affirme Tim Harford est que nous ne sommes pas en récession que l’emploi est au plus haut et qu’il ne faut rien attendre d’un retournement conjoncturel formidable. L’affaire est bien structurelle et non conjoncturelle. Et le devoir des politiques est de l’acter et de la comprendre pour commencer à prendre les mesures structurelles qui s’imposent.

Tout le monde voit bien que c’est exactement la même situation en France alors que les dosages idéologiques médiatiques sont extrêmement différents dans les deux pays.

L’auteur n’ose pas aller jusqu’au diagnostic et aux suggestions de redressement. Mais un autre article dans le même journal quelques pages plus loin, fournit une clé d’interprétation.

Un premier graphique montre la baisse tendancielle du PIB depuis la crise de 2008, par rapport à la tendance 1990-2007 qui était déjà en baisse. Le Japon et l’Allemagne ont bien résisté avec une baisse inférieure à 15 %, la France est à 20 % de baisse et le Royaume Uni à 30 % comme l’Italie. La baisse de la productivité a été très forte en France dans les dix premières années du siècle, mais dans les dix suivantes, l’effondrement a surtout eu lieu aux États Unis, en Italie et au Royaume-Uni.

Regardons les choses avec un peu plus de hauteur :

La crise commence au tournant des années 1970 avec une forte baisse de la croissance qui s’accélère à partir des années quatre-vingt-dix qui s’effondre depuis 2008. La productivité devient structurellement problématique à partir du début du siècle. En fait cette réalité est vraie pour tout le monde avec des différences de situation mais autour d’un même mouvement général dans les pays développés.

La raison principale est l’introduction des changes flottants qui permet les énormes déficits et les excédents de même ampleur. Il s’est ensuivi une suite de récessions périodiques de plus en plus graves (73-74, 92-93, 2 008 2 009) avec des crises intercalaires moins sérieuses mais qui ont eu leurs conséquences. La crise de 2008 a particulièrement ravagé les pays les plus engagés dans la folie financière, les États-Unis et le Royaume-Uni, alors que l’introduction de l’Euro provoquait des crises structurelles dans les « pays du Club Med ». L’ouverture totale du commerce mondial à la concurrence de pays à très bas de revenu, sans obligation d’équilibre des balances extérieures, a détruit les classes moyennes dans les pays développés. Les pays sages et compétitifs ou jouant le rôle de havre fiscal, comme le Luxembourg, ont mieux résisté. Ceux qui ont joué à fond la carte démagogique de l'état providence, sont les plus atteints.

Nous retrouvons là le triptyque que nous dénonçons depuis 25 ans et dont l’évocation était strictement interdite dans les pays anglo-saxons. Il est bon que le Financial Times grâce à un de ses meilleurs journalistes fasse déjà le constat du désastre. Il ne reste qu’à donner les explications de fond. Quand le fait est acté il n’a pas rare que l’explication suive. Et on parvient généralement à écarter les explications creuses (Covid, riches qui ont fait sécession et autres tue l’esprit).

Rappelons que tout cela a été déjà été écrit dans notre livre l’Étrange Désastre, il y a maintenant huit ans !

Tout le système de « welfare » mis en place après-guerre n’est possible qu’à deux conditions : une bonne natalité et une croissance continue. Les forces qui à l’heure actuelle tuent à la fois la natalité et jusqu’à l’espoir d’une croissance militent en fait pour la destruction de l’État Providence. Ce qui se vérifie dans l’actualité française avec la question des retraites, dont le système de répartition est directement indexé sur la croissance et sur la pyramide des âges. Sans croissance et sans enfants, il saute et gare aux tâches !

Désastre démographique : ils en parlent enfin !

On critique beaucoup la presse. Souvent à juste raison. Est bien naïf celui qui n’a pas compris que le contenu de la PQN est soigneusement construit, avec cascade vers la presse régionale, et qu’il y a des formes de domination intéressée dans les images véhiculées dans les médias télévisés. Mais, à un moment ou un autre, une vérité longtemps tabou perce et aussitôt l’esprit est amené à s’interroger doublement ! Pourquoi tant de silence et pourquoi aujourd’hui le dévoilement ? Quand on a eu la chance de suivre pendant des années ce jeu étrange entre la réalité et sa perception collective, trahie par la presse aux deux sens du mot trahir, empêcher sciemment et révéler sans s’en rendre compte, ce qui a été mon cas depuis ma nomination comme maître de conférences à Science-po au début des années 1970 et depuis 1977 dans les médias du net, en particulier sur ce blog, deux réalités surgissent ;

-        Tout finit par arriver dans la presse nationale

-        Mais il faut beaucoup de temps.

Nous dénonçons publiquement depuis 1997 la manière dont est traitée la démographie. La défaillance de l’INED a été radicale. Il ne fallait pas contrarier le mouvement féministe : « mon corps est à moi ; mon enfant est mon affaire ; mon droit d’avorter est fondamental (on dit aujourd’hui constitutionnel). Je n’ai rien à faire d’être une poule pondeuse pour le pays ou l’humanité ». La politique nataliste qui était relancée après chaque guerre (1870, 1914-1918) était dominante dans les années cinquante et symbolisait la vitalité du pays. Elle a commencé à être ridiculisée à partir de l’arrivée de la pilule, avant même mai 1968, et ce slogan  est devenu le cheval de bataille du MLF et des mouvements féministes du même genre. Tous ceux qui alertaient sur les conséquences étaient brocardés. Il suffit de retrouver les caricatures de Michel Debré dans le Canard Enchaîné, où il est toujours représenté avec un entonnoir sur la tête, symbole du toqué irrémédiable ! On sait également que le fait d’avoir des familles nombreuses est représenté par la gauche depuis plus de quarante ans comme la marque indélébile d’une bourgeoisie « versaillaise », avec des femmes soumises aux oukases du Pape sur la contraception !

La conséquence a été l’effondrement de la natalité en France, comme nous le constatons depuis des décennies. La réponse politiquement correcte nourrie par l’INED était toujours la même : ce n’est pas vrai ! Les naissances sont seulement différées et la France est la championne de la natalité. On connaît la chanson ! Cela fait 45 ans que les démographes officiels la chantent !

Nous disions : les femmes françaises, hors immigration africaine, suivent le même chemin que partout ailleurs en Europe et dans le monde développé. Le taux de fécondité n’est pas à 2 ou 1.8, mais est descendu comme pour l’Italie ou la Hongrie, autour de 1.4. C’est-à-dire que la population descendante des lignées, disons, présentes en 1 890 pour faire simple et non polémique, a commencé à voir son solde décès naissance se réduire jusqu’au basculement, probablement début 2000, avec un début de régression en valeur absolue. La démolition de la politique familiale, commencée par Giscard dès son arrivée au pouvoir en 1974 n’a jamais cessé, jusqu’aux dernières mesures de Hollande et Macron.

Tout le monde parmi les « élites » sait qu’il n’y a, pour une nation, de richesses que d’hommes, mais l’immigration y pourvoirait. Elle était « une chance pour la France ». Naissance sur le sol français valant nationalité, l’attractivité de la France en matière de poules pondeuses étrangères suffisait et les bonnes françaises de souche pouvaient devenir des hommes comme les autres et défendre toutes les théories féministes qu’elles voulaient, cela n’avait au fond aucune importance nationale. Au contraire, le double salaire pousserait la croissance, et l’immigration ralentirait la pression sur les salaires tout en fournissant du personnel de maison pour accompagner les enfants au jardin ! Parfait !

Cette thèse a été défendue à l’ENA de façon latente et sous-jacente, pendant près de 50 ans !

Comme nous l’avons écrit à plusieurs reprises, notamment sur ce blog, le gouffre des naissances sautait aux yeux, mais ils étaient conditionnés  à regarder obstinément ailleurs. Près de 500 000 enfants manquent chaque année par rapport aux taux de 1970 (l’exercice est facile : vous prenez le ratio entre naissances et population en 70 et vous l’appliquez aux 69 millions de Français, chiffre de la population au 1er janvier 2023). Le nombre de femmes capables de porter un enfant baisse. La spirale d’autodestruction d’un peuple commence à montrer ses effets catastrophiques. La spirale mortifère est enclenchée.

La première prise de conscience est venue, dès le début des années 1980, des conséquences de l’immigration de masse sur le terrain identitaire, culturel et sécuritaire, avec en prime la question de l’islamiste militant et conquérant, sans frein en matière de violence.

Mais tous les perroquets ânonnaient les mêmes mots d’ordre. La France est une exception nataliste. Il n’y a pas de problème ! Et crac : les derniers chiffres de l’Insee montrent que la régression de la natalité est telle que pour la première fois les chiffres sont les plus bas de l’histoire récente. On commence à se rendre compte que la Chine perd sa population en masse, comme le Japon et la Russie. Il devient clair pour tout le monde que l’humanité dans son ensemble risque d’être en régression dès 2 100 malgré la croissance délirante de la natalité dans cinq ou six pays. La régression de la natalité touche rapidement les populations immigrées en France qui elles aussi passent sous le seuil de renouvellement.

Le tout aboutit à ce gigantesque chaos :

-        La dimension démographique d’un système de retraite par répartition devient très claire pour tous. Pas d’enfants,  pas de retraite. Une chose que l’humanité sait depuis des millénaires. Si la durée de la vie augmente, alors le phénomène s’aggrave. Ah zut ! Et Mitterrand, le grand pourrisseur que rien ne rebutait, a fait passer en France, seul exemple au monde, l’âge de départ à 60 ans, ajoutant une bombe politique à la bombe démographique qui est aussi une bombe économique. Et nous avons les crispations extrêmes autour de l’âge légal de la retraite qui ne peut être que retardé si l’on veut que le niveau des retraites ne descende pas. Un système par répartition est indexé sur la pyramide des âges.

-        La gauche est totalement perdue et explosée façon puzzle. Le mouvement LGBT + veut déstructurer l’homme blanc hétérosexuel, empêcher que la pression sexuelle des hommes n’ait d’effet sur les femmes et mettre fin au « patriarcat ». La composante écologique explique de son côté  que la pullulation de l’homme tue la planète et que les enfants dans les pays développés ont un bilan CO2 trop mauvais pour qu’on continue à en fabriquer. La condamnation à mort de l’humanité coupable de tous les crimes contre les bestioles et la nature en général, n’est même pas cachée. Que l’humanité meure, pourvu que la terre demeure ! Mais il reste quelques voix à gauche, y compris dans la frange traditionnelle du féminisme, ou dans les vieux méandres de l’écologie politique, qui ne peuvent pas entendre de telles sornettes sans flamber de rage !

-        L’instinct de mort est relayé par l’évolution des mouvements anticapitalistes qui passent à la violence. « Au tournant des années 2000, la réflexion sur la contestation anticapitaliste aboutit au constat de l’échec de la non-violence. L’écologie, partagée depuis sa naissance entre réformisme et action révolutionnaire, n’échappe pas à la règle ». Voici l’écoterrorisme ! Entre ceux qui veulent tuer, dans les mots, l’humanité, le capitalisme, la bourgeoisie, l’homme blanc, et ceux qui veulent passer à l’acte, la différence s’évanouit peu à peu !

-        Emmanuel Macron commence son second quinquennat en imposant la gratuité du préservatif pour les jeunes gens tout en glorifiant l’immigration et en aggravant la pompe aspirante (les clandestins pourront être régularisés s’ils trouvent du travail alors qu’il est interdit de les faire travailler !). Et « en même temps » il lance une réforme paramétrique du système des retraites qu’il a dénoncé avec force en 2017, non seulement sans traiter le sous-jacent démographique, mais en l’aggravant ! Il y a une dimension de démence chez ce président et de génie pour se faire réélire si facilement malgré cela.

-        Quant aux partis dits de droite, ils se taisent. Ils craignent toujours qu’au moindre « dérapage » (description d’une réalité, énonciation d’une vérité) on les traite de fascistes, de Versaillais, de suppôts de la « manif pour tous », de conservateurs éhontés, de papistes et d’irresponsables sociaux, voire de machisme invétéré. Quand certains disent que le gauchisme n’est plus dominant en France…

Ne soyons pas dupe. Si la démographie a fait une telle percée dans les médias, c’est surtout pour essayer de faire passer la réforme des retraites. Mme Bachelot, dans l’exercice a dépassé le potentiel d’outrance de tous les autres avec cette gourmandise qui en fait le bon client que l’on sait pour les médias qui n’ont rien à dire, sauf des sottises plus ou moins marrantes.  La voilà qui annonce de tels progrès de la médecine que d’ici 2100 on gagnera à tout à coup au moins quinze ans de vie en bonne santé supplémentaires. Pourquoi pas vingt ou trente voire cinquante ? Alors reculer de six mois en moyenne le départ à la retraite ? Une bricole ! Mais ne croyez pas qu’on pourra faire remonter la natalité. Là, c’est foutu ! « On ne fait des enfants avec de l’argent ! ». Demandez à Mayotte ! Elle aurait pu ajouter : « D’ailleurs on n’en a pas. On est obligé de quêter l’argent européen et ils nous imposent une réforme des retraites. »  Il y a donc une part de simagrées politiques dans cette soudaine passion pour la démographie.

La petite flamme de la vérité qui a enfin percé dans la presse révèle un territoire intellectuel et politique complètement ravagé. Mais, au moins, elle brûle. À tous les sens du terme. Du fait à l’interprétation dominante et réaliste du fait, jusqu’à la construction d’une politique correctrice, il faudra encore du temps. Espérons moins de 50 ans ! On est en France, mais tout de même !  Constater qu’on est mort après la signature de l’acte de décès n’aurait pas de vrais avantages.

Ce que veut dire « énarchie » sur un exemple concret

Une des caractéristiques de la France depuis maintenant une cinquantaine d’années est la prise du pouvoir politique et économique par les détenteurs statutaires du pouvoir administratif : les hauts fonctionnaires.

Rappelons que les hauts fonctionnaires sont sélectionnés par un concours redoutable, tempéré par une certaine faveur pour les enfants de hauts fonctionnaires ou promus par le système politique avec des nominations aux grands corps de l’état « au tour extérieur ». Dans un régime normal, les hauts fonctionnaires servent l’état, les décisions étant prises par les politiques. Leur formation doit les amener à la capacité de peupler utilement les directions régaliennes ; sécurité ; diplomatie etc.

La formation des hauts fonctionnaires est essentiellement rhétorique au bon sens du terme et juridico-administrative, avec une forte dimension de culture générale politique, économique et, un peu, sociologique. Les grands ministères régaliens entendent s’attacher de jeunes talents et les former à leurs disciplines. Bercy, le Quai et Beauvau ont des cultures différentes. On a, à la Libération, voulu un concours unique avec choix du corps en fonction du classement, au lieu des concours par filière, pour éviter les effets de connivence. Du coup on a créé une caste polyvalente et envahissante que les dernières mesures de Macron ont dissimulée et agrandie. Le corps diplomatique et préfectoral a été fondu dans la masse des formations publiques. Ce qui permet au pouvoir de tenir tout ce petit monde sans avoir à se heurter à des féodalités armées par une compétence indéniable.

La caste énarchique est désormais « liquide » et forme un conglomérat d’ambitions qui n’est plus astreint à une spécialisation régalienne ou une compétence quelconque.

À l’occasion de la disparition d’un énarque particulièrement brillant et remarquable, François Roussely, il est intéressant de constater la réalité de cette prise de pouvoir. Ce n’est évidemment pas la personne qui nous intéresse mais le parcours.

Nous répétons souvent que les hauts fonctionnaires sont majoritairement socialistes ou « de gauche » ou « étatistes » comme on voudra. Sortie de la promotion Mendès-France (ce sont les élèves qui choisissent le nom de la promotion), le jeune énarque se déclare socialiste et proche du PS. Il entre rapidement dans la politique via les cabinets de Gaston Defferre, la gauche à l’ancienne puis du très sectaire Pierre  Joxe. Il se retrouve directeur général de la police nationale, sans avoir exercé la moindre fonction de terrain et sans y avoir montré la moindre efficacité opérationnelle. Il est parachuté pour des raisons politiques : avoir un affidé socialiste à la tête d’un secteur rétif en général à la gauche.

Il devient peu après secrétaire général du ministère de la Défense. Là aussi, pas besoin d’avoir vécu aucune expérience dans le secteur militaire. Mais là aussi on veut un bon haut fonctionnaire socialiste dans un secteur peu tenté par la gauche.

Il s’agit clairement de postes politiques et il lui faut revenir à la Cour des comptes lorsque la majorité change. Il s’y ennuie ferme et est nommé à la direction de la SNCF. Il n’a évidemment aucune expérience du secteur où il n’a eu aucune fonction territoriale ou opérationnelle. L’avantage est d’acquérir une image « industrielle » et quelques bénéfices en termes de rémunérations et de retraites. On est bien mieux payé qu’à la Cour des comptes, sans compter divers avantages en nature qu’on ne peut pas totalement négliger.

Mais la couleur politique change à la tête du gouvernement et le voilà Directeur de Cabinet du ministre de la Défense. La carrière devient solide. Elle est largement politique.

Il est alors missionné comme P.-D.G. d’EDF. Ici encore aucune expérience opérationnelle ni aucune compétence industrielle (sinon la coloration factice du passage à la SNCF). Il ne connaît rien aux questions énergétiques. Mais l’Énarque socialo trotskiste Jospin veut démanteler la filière nucléaire et se coucher devant les demandes de l’Union Européenne qui veut démanteler les monopoles publics. Le nouveau directeur s’y emploie et cherche à diversifier EDF sur les marchés mondiaux tout en bloquant tout ce qu’il faut dans le nucléaire. À cette occasion le socialiste confirmé se lance dans la privatisation et l’ouverture du capital. Il perd son poste à la suite d’un changement de majorité et son incomparable compétence financière nouvelle le voit propulsé à la tête d’une filiale du Crédit Suisse qui aura beaucoup d’ennui après la crise de 2008.

Oublions la personne pour ne se préoccuper que du parcours :

-        Un énarque se doit de jouer un rôle politique ce qui est totalement contraire à l’obligation de neutralité de la haute fonction publique

-        Un énarque peut échapper à tout passage par un poste opérationnel, près du terrain, avec jugement des résultats, dans des fonctions qui devraient être l’apanage des futurs hauts fonctionnaires.

-        On peut faire des allers et retours entre des poses politiques et son corps d’origine.

-        On peut être nommé dans des sociétés dépendant de l’état comme la SNCF et EDF sans avoir aucune connaissance du domaine.

-        On peut diriger une boîte technique de plusieurs dizaines de milliers de personnes comme EDF sans aucune compétence d’ingénieur dans le domaine.

À aucun moment on ne vous demande autre chose que d’être soumis à la caste et de bien s’entendre avec ses piliers, d’avoir les bonnes connexions politiques. Les résultats n’ont pas réellement d’importance. Vous êtes là pour faire le lien entre les grands dirigeants et des structures sous tutelle. Vous y gagnerez des fortunes improbables sans le moindre risque et des décorations. Et on saluera votre parcours à votre décès comme « grand serviteur de l’état ».

Tout cela n’est possible que parce que la politique est désormais dominée par d’autre Énarques.

Il serait cruel de remarquer :

-        Qu’à partir de Joxe l’armée part en sucettes. Nos armées, sous la férule de l’énarque Parly 2, seront chassées ignominieusement du Mali (où on ne compte aucun mort sorti de l’ENA). La guerre en Ukraine montre que toutes les décisions stratégiques ont été foireuses (voir par exemple la question des drones) et qu’on est incapable de mener une guerre de haute intensité plus de 4 jours.

-        La police est dans un désarroi total.

-        La Sncf ne marche plus

-        Les choix anti nucléaires ont été catastrophiques est EDF est en faillite.

-        Le Crédit Suisse a été lourdement condamné pour son comportement pendant la crise de 2008.

Le système qui consiste à envoyer des hauts fonctionnaires voleter de droite ou de gauche dans des postes certes valorisants et rémunérateurs mais sans aucune compétence avérée des différents secteurs ne conduit qu’à des catastrophes. On notera que Parly 2, socialiste, est aussi passée par la SNCF et voulait prendre la tête d’Air France KLM après son échec au ministère de la Défense. Ne parlons pas de Mme Borne qui n’a cessé de voguer d’un poste politique à des directions d’entreprises publiques avant de devenir premier Ministre, sous un président énarque.

Que l’on compare avec le parcours d’un Raoul Dautry, ingénieur polytechnicien démarrant sa carrière dans les chemins de fer et démontrant des qualités insignes sur le terrain avant de prendre de grandes responsabilités.

Que l’on compare avec les parcours d’un marcel Boiteux, normalien et économiste, qui a fait ses preuves sur le terrain pendant longtemps avant de se voir confier les rênes d’EDF et de livrer toutes les tranches nucléaires requises (qui lui vaudront un attentat terrible réalisé par des antinucléaires jamais démasqués – l’écoterrorisme ne date pas d’hier).

Personne ne s’est jamais préoccupé de savoir les convictions politiques de l’un comme de l’autre.

Tous les deux ont fait leurs preuves opérationnelles avant de se voir confié des postes de direction.

Aucun d’entre eux n’a navigué entre postes politiques, postes administratifs et gestion industrielle.

L’un et l’autre ont eu des résultats majeurs et importants pour le pays. Aucun d’entre eux n’a gagné les fortunes de ceux qui maintenant virevoltent sans compétence à la tête d’anciennes sociétés nationalisées faussement privatisées tout en gardant la possibilité de se ressourcer dans la haute administration ou les hauts postes politiques.

Et ne flottaient pas à l’époque les parfums de népotisme qui marquent le développement de la caste.

Encore une fois, il ne s’agit pas de s’attaquer à un haut fonctionnaire en particulier mais de juger un système qui est intolérable par la trahison qu’il implique des principes républicains, en particulier la neutralité des hauts fonctionnaires et l’égalité des candidats dans le jeu électoral et s’avère désastreux dans ses résultats.

C’est pourquoi nous défendons depuis 25 ans les mêmes solutions :

-        Nul fonctionnaire ne peut être élu à une assemblée qui fixe ses conditions d’emploi.

-        Un haut fonctionnaire qui veut faire une carrière politique doit démissionner de la fonction publique

-        Tout haut fonctionnaire doit faire ses preuves sur le terrain au moins dix ans avant de pouvoir exercer des fonctions dans des cabinets ministériels et prendre des postes de direction. Dans les armées on ne fait l’école de guerre qu’après avoir prouvé quelque chose sur le terrain. Cela doit être la même chose dans l’administration générale.

-        Un fonctionnaire qui prend un poste de direction dans une société privée doit quitter son statut de fonctionnaire.

-        Nul ne peut cumuler deux rémunérations de l’État et une rémunération de l’état et une rémunération publique.

-        Il faut réduire l’interventionnisme de l’État qui donne trop de pouvoirs coercitifs à des hauts fonctionnaires irresponsables statutairement.

-        Tout haut fonctionnaire doit être tenu à la neutralité politique.

L’important est d’être efficace et responsable. Deux mots qui n’existent pas dans la caste énarchique actuelle.

Pourquoi et comment le RPR et le PS ont-ils sombré ?

Une des grandes curiosités du temps a été l’effondrement concomitant des deux grands partis de gouvernement français, le PS, dominant dans les années cinquante, hégémonique dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, puis à partir de 2012, le RPR, sous divers acronymes, l’étant dans les années soixante et soixante-dix, puis dans les années 2000. On peut dire que tous les gouvernements de 1956 à 2017 ont été dominés par l’un de ces deux partis, soit près d’un demi-siècle. L’explosion radicale se produit en une seule élection, les deux partis laissant la place à cette variante du néant qu’on appelle momentanément et par politesse le « macronisme ».

Les politologues aiment bien expliquer les grandes ruptures par des effets circonstanciels venant aggraver des difficultés de fond, offrant des possibilités de promotion à des acteurs sortis du néant et qui s’en saisissent soudain. Les partis de droite ont tendance comme les partis de gauche à se madériser au pouvoir et ils finissent par être tournés par les extrêmes. Le parti radical a été remplacé par le PS, qui aujourd’hui est tourné sur sa gauche par le mélenchonisme. L‘UNR à fini, de mutation en mutation, en parti centriste tourné sur sa droite par le RN. Rien de nouveau sous le soleil ! Circulez il n’y aurait rien à voir ! Une analyse sans doute un peu courte !

La rupture de la Quatrième République par le gaullisme a été favorisée par la crise algérienne devant laquelle les gouvernants semblaient impuissants. La rupture socialiste de 1981 a été favorisée par la récession majeure de 1973-1974 et la répétition des chocs pétroliers. Le premier effondrement socialiste se produit avec la récession mondiale de 1992-1993. La crise de 2008-2009 ,accompagnée de son surgeon européen en 2011, liquide Sarkozy et Hollande en léger différé.

On notera le rôle des crises périodiques dans les alternances. Mais alternance n’est pas effondrement et élimination. Les catastrophes venues d’ailleurs peuvent conforter des gouvernements et des majorités. Alors que s’est-il passé ?

On est obligé d’envisager le rôle de facteurs de décomposition internes. La pomme pourrit par le ver qui s’y est introduit. PS et LR auraient -ils été pourris par le même ver ?

Quand on cherche, on trouve. Le triomphe de « l’énarchie compassionnelle », a provoqué la même autodestruction à l’intérieur des deux partis.

La tentation de ne pas laisser le pouvoir à des politiciens militants élus généralement grâce à la pire des démagogies et qui ne connaissent rien à l’ensemble des disciplines nécessaires à une bonne gestion de la nation, qu'il s'agisse de la diplomatie, de la sécurité publique, de la politique industrielle, de la macroéconomie, de l’aménagement du territoire, est ancienne. Elle s’est activée dans le camp des hauts fonctionnaires entre les deux guerres. Pour simplifier disons qu’elle s’active de façon intense à la suite de la déroute en quinze jours des armées françaises en mai juin quarante. Les mêmes hauts fonctionnaires qui conseillaient le front populaire se sont retrouvés dans le premier gouvernement Pétain puis au conseil national de la résistance pour organiser la grande prise en main de la République par leur caste. Blum, Pétain, de Gaulle, ce n’était pas important. Il fallait réorganiser la haute administration de la France et prendre le pouvoir politique. La sécurité sociale et le keynésianisme deviennent le credo unitaire de la haute fonction publique non technique. La création de grands monopoles publics s’affirme dans la banque, la gestion portuaire, le chemin de fer et l’énergie, l’aviation et la construction aéronautique civile et militaire, l’information etc. L’organisation de l’économie en « fascios », toutes les professions étant rattachées à « la Tutelle », commencée sous Pétain, n’a pas cessé de s’approfondir ensuite, la distribution d’argent supposant automatiquement le contrôle des hauts fonctionnaires. La partie proprement régalienne qui aurait dû être l’apanage de la haute fonction publique, deviendra marginale dans l’encadrement total de la société dès la fin des guerres coloniales.

L’assaut pour la domination politique commence avec Mendes France puis Bourgès-Maunoury et Félix Gaillard. Il se renforce avec Giscard qui devient envahissant dès le début des années 1960. Pompidou promeut une garde de jeunes hauts fonctionnaires, Chirac, Toubon, Charbonnel, Guéna, avant les Juppé, Séguin, Balladur, Villepin, Copé etc. D’autres rejoindront la gauche, souvent après quelques hésitations (Fabius, Hollande, Jospin, Rocard, Ségolène Royal, Aubry, Guigou, Bianco…). Le triomphe absolu arrive en 74 avec le couple Giscard Chirac. Il ne cessera plus. Il devient caricatural avec Macron et ses premiers ministres Philippe, Castex ou Borne. Les cinquante dernières années ont été pilotées presqu’intégralement par des hauts fonctionnaires, même quand le président ne l’était pas (exemple de Sarkozy).

Ce phénomène impose de comprendre comment ce microcosme fonctionne.

La haute fonction publique se considère comme une société de secours mutuel et de réassurance. L’important est de ne pas se faire prendre à découvert par une erreur magistrale, une action stérile, une opération qui a mal tourné. Il faut éviter tout écrit qui pourrait compromettre, toute phrase qui pourrait vous dénoncer, toute circonstance qui pourrait vous mettre en difficulté. La règle : pas d’idée ; pas d’expression qui ne soit pas ambiguë, à double sens et en fait totalement neutre, inodore et sans saveur. Parler pour ne rien dire. Ne rien dire pour ne pas se compromettre. Mais le faire avec art et toujours après avoir pris soin de ménager ses arrières, d’avoir eu le viatique des piliers de la caste, de savoir qu’en cas d’ennui on sera rapidement sauvé.

Les hauts fonctionnaires ne connaissent que peu de moyens d’action : la taxation et les impôts ; la dépense et la règlementation ; la bureaucratie régulatrice.

Ils détiennent un privilège phénoménal : celui d’être prémuni de tout risque électoral et de tout risque économique. On peut donc faire carrière dans la politique et au moindre ennui revenir doucement dans la haute fonction publique.

L’autre avantage extrême est de ne jamais être sanctionné pour un échec. Chacun étant alternativement acteur et contrôleur, il faut réserver l’avenir et de soi-même et de la caste. Paul Antoine Martin dans un ouvrage récent rappelle par exemple que l’activité des ports français a crû de 0.25 % quand le commerce international a explosé avec une croissance de 100 % ! Un échec et un drame national ! Aucune importance pour la carrière des hauts fonctionnaires concernés. Il faudrait avoir, en plus, tué père et mère pour être lâché par la secte pour résultats catastrophiques.

La subversion du PS et du RPR par les Énarques a été rapide et totale. Des querelles de chefs sont arrivées très vite en leur sein entre anciens élèves de l’ENA. On se souvient de la guerre entre Jospin et Fabius, entre Chirac et Giscard, puis Balladur. Le RPR comme le PS sont devenus des nids d’équipes présidentielles énarchiques en lutte les unes contre les autres ou contre les intrus. Le militantisme s’est bloqué net, chacun sachant qu’il n’avait aucune chance de monter vers les sommets politiques s’il n’était pas haut fonctionnaire, sauf quelques cautions d’apparence, en général jetables. Les hauts fonctionnaires se sont mis en tête de tout conquérir, de la mairie la plus humble à la région la plus ample, sans par des institutions européennes. Avec des réticences : c’est loin du centre vital, Bruxelles. L'affaire Loiseau a bien montré que la morgue du haut fonctionnaire à la française, adorée en France dans le microcosme,  plaisait moins ailleurs.

Même si l’idéologie et les préférences doctrinales existent entre membres de la classe des hauts fonctionnaires, la tradition est de les gommer au service de l’État, où une certaine forme de neutralité est requise. Dans la pratique tout le monde partage des convictions communes : rôle intense de l’État et keynésianisme, interventionnisme, bureaucratie, fiscalité et taxation sans limite, Europe, soumission à l’étranger puissant, exclusion des questions difficiles, immigration, absence de prises de risques et conformisme etc.

Trouver des différences entre Mme Guigou et M. Copé, entre MM. Juppé et Macron, entre M. Castex et Mme Borne relèverait de l’entomologie au microscope électronique de dernière génération.

Les partis de gouvernement sont devenus des lieux de chasse pour écuries énarchiques présidentielles, faisant, d’équipes en équipes, à peu près la même politique. Jusqu’à ce que les circonstances, en l’occurrence une prestation présidentielle de F. Hollande minable, permettent à un Macron de proposer l’Union des Énarques Politiques derrière lui. Aussitôt on a vu, de droite comme de gauche, le ralliement des écuries soucieuses de ne pas passer cinq ans voire dix dans l’opposition. Les partis de gouvernement se sont comme vidés de toute substance, non pas cannibalisés par quelques tribus aux dents longues, mais par simple émigration massive des hauts fonctionnaires désirant se regrouper avec la caste dans un mouvement unitaire ad hoc.

La pensée de M. Macron est l’incarnation presque parfaite de la mentalité de la caste : aucune conviction sur rien ; « en même temps salvateur » ; parler pour ne rien dire ; tergiverser indéfiniment dans l’ambiguïté, pas d’objectifs pour le pays mais, pour lui-même, une intrigue permanente ; réassurance européenne ; bureaucratisation cynique ; impôts et taxes accrus en disant le contraire ; plan com’ prioritaire ; satisfaction des besoins du clan, avec de fausses mesures en sens contraire pour donner le change.

L’effondrement français qui s’est produit à partir de 1974, lorsque l’Enarchie a pris le pouvoir au sein des partis de gouvernement est considéré comme une « fake news » par la caste et la doctrine officielle dans le milieu interdit toute remise en cause. Toute idée contraire ne peut être émise que par de vilains populistes d’extrême droite ou d’extrême gauche.

Il est vrai que Marine Le Pen, après avoir cru bénéficier de l’apport de l’énarque Philippot l’a expulsé du mouvement et lui a évité d’être évidé à terme comme les partis de gouvernement. Le mouvement Vert s’est appuyé sur des associations certes de gauche voire d’extrême gauche mais avec des militants étranges, généralement homosexuels et/ou tarés, appuyés sur des financements venant de l’étranger. Les Enarques n’y ont pas trouvé leur place. Non pas qu’il n’y ait pas d’homosexuels dans la caste, on l’a bien vu avec l’évolution de Sciences-po. Et ne parlait-on pas du "conseil des tatas "! Chez les Verts, la pression LGBT a fait du tort aux carrières de mâles blancs hétérosexuels, jusqu’au caricatural comme à Paris. Ce n’était pas admissible au sein de la caste.

Un des aspects peu agréables de l’évolution de l’énarchie compassionnelle (et désormais bienveillante) est à trouver dans une double évolution récente :

-        Le népotisme incroyablement accéléré par la parité, avec création de carrières improbables pour des enfants ou des maîtresses.

-        La montée de l’esprit de lucre, avec la création d’agences nationales qui permettent de dépasser toutes les limites de salaires des services publiques, les parcours juteux pendant quelques années dans des fausses sociétés privées,(comme Air France ou la SNCF), des banques, ou des sociétés d’assurances. Un autre symptôme est le développement du lobbying  (Cf. Édouard Philippe) ou des postes dans des cabinets de conseils ou d’avocats ancrés dans le carnet mondain des collègues hauts fonctionnaires.

Aujourd’hui LR vit toujours une bataille entre Enarques, Laurent Wauquiez étant redevenu le « candidat annoncé » d’un parti dirigé par Éric Ciotti, qui se refuse absolument d’avoir la moindre idée et le moindre programme pour ne pas lui créer d’obstacles futurs dans sa lutte annoncée av ec Edouard Philippe.  Le PS, lui, n’est quasiment plus rien. Ses dirigeants, noyés dans la NUPES n’ont plus aucun discours audible. Le triomphe de l’Enarchie a tué et LR et le PS. La folle Hidalgo produit typique de l’énarchie copulatoire, et la petite bande de débiles profonds qu’elle a réunie autour d’elle pour assassiner la Capitale, symbolise la déchéance du PS. La querelle non soldée Wauquiez – Pécresse symbolise la déchéance de LR et l’impossibilité qui est la sienne de se reconstruire réellement.

On est en train de vivre la fin de l’illusion des Inspecteurs des finances de 1938-1940. La prise de pouvoir par la haute fonction publique accompagne la déchéance du pays en l’accélérant, alors qu’elle était censée l’empêcher.

Les désordres dans la filière de formation des hauts fonctionnaires annoncent que la nouvelle génération sera encore moins capable de faire face aux nécessités nationales.

Un des défis français sera de relever le gant, puisque cette voie autrefois prometteuse s’avère une impasse.

La mesure constitutionnelle à prendre est toute simple : interdire d’abord qu’un fonctionnaire puisse être élu dans une assemblée qui fixe ses conditions d’emplois et ensuite les doubles rémunérations publiques, l’une administrative l’autre politique. C’est une règle qui existe à peu près partout dans les pays occidentaux. La situation française est totalement dérogatoire aux règles habituelles concernant la haute fonction publique.

Reste à trouver le moyen de rassembler des forces suffisantes pour faire passer la mesure et construire au moins un parti à idées et à ambition programmatique, cherchant l’arrêt de la chute et le redressement, avec un minimum de courage et de crédibilité.

Ceux qui ont pu penser un temps que LR pourrait devenir ce vecteur politique en sont pour leurs frais. Ciotti se charge de conserver un minimum de cohérence et de durée pour mettre Wauquiez en situation. Plus question de programme, d’idées, de rénovation en profondeur. Vivoter au parlement et ne rien faire qui pourrait accélérer la casse, en verrouillant tout ! Et c’est tout !

Entre la Nupes, Renaissance, le RN, Reconquête dont Zemmour a commis l'erreur de faire le croupion du RN, et un parti LR tellement attentiste et anémié qu’il en devient larvaire, la France semble tout de même assez mal partie.

Difficile de l’accepter. Alexandre Jardin après une excellente description de la chute en cours croit au printemps des magiciens, après mise à l’écart de la « paléo-bureaucratie qui ne pense qu’à alourdir les codes, empiler les normes, ciseler des masses de décrets, multiplier les injonctions contradictoires » pour finir par un grand ratage catastrophique. Il espère que les maires « qui conservent un lien réel avec le fleuve puissant du peuple sorti de son lit » seront la solution.

Michel Onfray appelle également une révolution des saints démarrant par le bas, au plus près de la démocratie locale, après dissolution de l’Europe de Maastricht.

Les deux pensent également que si cela pète ce sera « le crépuscule des technos et du centralisme », même si Front Populaire attache plus de poids à un souverainisme précis, celui de la constitution gaulliste non modifiée, qui permet de « sculpter le peuple ». Pour ce mouvement le risque létal serait le démantèlement européiste, une forme de tilt.

D’autres imaginent que la contrainte écologique et les innovations numériques vont mener tout droit à une variété de dictatures partielles et une régulation étatique ou sociale fanatique permettant de limiter la casse climatique.

Autant dire qu’après l’échec énarchique, la promotion des sculpteurs de peuple, des adeptes des magiciens et des Savonarole climatiques, l’avenir français s’annonce étrange.

Pulsion d'autodestruction au LR

L'économie française en deshérence face aux calculs politiciens

Une opération de bourrage crânes de grande ampleur est lancée dans les médias qui consistent à convaincre LR de voter la loi sur les retraites. Pas un seul média écrit ou parlé qui n’encense un parti cohérent qui votera une loi nécessaire en toute responsabilité et qui marque l’intelligence de dirigeants certes soumis mais pour la bonne cause.  Le Figaro, l’Opinion, les Echos par exemple en remettent tous les jours sur ce thème grandiose.

La réforme des retraites est nécessaire, sans conteste possible et il est tout à fait clair qu’elle ne passera pas sans le vote LR. L’affaire n’est pas close pour autant. A court terme, elle est surtout nécessaire à Emmanuel Macron qui sait que s’il ne fait pas quelques réformes symboliques, du même bois que la réduction du champ de l’ISF, un tabou que les LR n’ont pas osé transgresser avec Sarkozy, il sera tout nu face à son absence de majorité au Parlement.

La mise en première urgence de la loi sur les retraites et la sécurité est le piège imaginé par l’équipe Macron pour tuer LR. En les enfermant dans l’alternative « collaboration ou irresponsabilité », ils savent qu’ils jouent sur du velours.

La vraie tactique était, pour LR, de mettre une condition préalable à sa collaboration : le retour à un marché national de l’énergie ne dépendant plus du système totalement artificiel et désastreux pour la France mis en place à Bruxelles. Exiger à une loi sur l’énergie permettant de revenir à un coût national autour de 100 euros le MWh, sachant qu’on le produit à moins de 50 euros, est la seule urgence absolue, toute la vie économique et sociale en dépendant étroitement.  Cette urgence est comprise par tous en France et il n’y a plus une seule voix pour défendre le démantèlement du système français opéré par l’Union Européenne sous influence allemande et par idéologie néolibérale impulsée de l’extérieur, par les lobbies de la mondialisation heureuse confortant les intérêts américains, et par la logique propre de la construction européiste d’abaissement des systèmes nationaux.  

Même si, encore une fois, c’est le malheureux Sarkozy, père des nombreuses erreurs qui ont découragé durablement les électeurs traditionnels du RPR, qui a accepté ce système débile, il n’est plus un seul commentateur pour le soutenir. L’horreur absolue des conséquences et l’absence à peu près totale de justifications rationnelles ont fini par cristalliser l’opinion. Même le grand Jocrisse qui fait le Guignolo à la tête de l’Etat a été obligé d’annoncer lors de ses vœux qu’il changerait le système.  

Il suffisait de le prendre au mot et de rétablir la bonne échelle des urgences. LR ne peut se redresser qu’en proposant une alternative fondamentale à l’absence de décence globale et d’efficacité de la politique voulue par M. Macron depuis des années.  Exister en politique cela veut dire pour un parti, penser, agir et savoir manœuvrer pour contrer les initiatives des forces politiques hostiles.

Après 5 ans d’atermoiements, la loi sur les retraites peut encore attendre six mois. Quant à celle sur la sécurité elle est pourrie par des dragées au poivre qui la rende problématique.

Il était extrêmement facile de mettre en place le contrefeu indispensable :  une conférence de presse avec Ciotti, Marleix et Retailleau à la même table, annonçant à la fois qu’ils chercheront à améliorer des lois nécessaires sur la retraite et la sécurité en dû temps  mais qu’ils exigeaient que l’urgence de la réforme de l’énergie soit prise en compte préalablement et sans attendre.

Tous les Français savent que la vraie urgence est le prix de l’énergie qui liquide le pouvoir d’achat et nourrit l’inflation. Les dirigeants LR auraient suivi sans difficulté. La posture sociale des LR aurait été conforté ainsi que son poids auprès des PME du quotidien, tout en ayant le soutien des grandes entreprises. Mme Borne aurait été prise à contrepied et obligé d’expliquer pourquoi des mesures indéfiniment retardé devraient passer avant l’urgence absolue du moment. Dur, Dur. Macron serait passé pour ce qu’il est, pris au piège de son pseudo engagement européen et de ses propres annonces.

Tout le débat actuel serait centré sur une question vitale qui exige simplement du courage.

Au lieu de cela, LR passe pour des mollusques, collabos dans l’âme et qui prendront leur part des révoltes populaires contre les lois-piège mises en avant par E. Macron.

LR associe sa réputation au chaos social qui s’annonce et s’enfonce dans la même stratégie qu’Edouard Philippe.  Le ralliement à Macron était responsable et je me prépare pour la suite. Sauf que Philippe n’a pas de troupe au Parlement.

C’est la mort politique assurée à termes maintenant assez courts.

Curieux pour un Gaulliste de voir la pulsion de mort s’imposer sur tous sujets en France. L’esprit général privilégie l’euthanasie, l’assistance au suicide, l’avortement, le divorce, la glorification des transgenres stériles, la destruction des hommes blancs hétérosexuels en préalable à celle de la race humaine, coupable de tout. Voici venu le temps de la contestation de la démocratie au profit de l’action directe, des actions factieuses, de la soumission au pire, de l’élimination des vieux devenus inutiles (Attali), de la création d’un purgatoire sur terre avec sociétés de vertu et compliance obligatoire et organisée. On crée des postes de surveillantes de vertu dans les entreprises avec licenciement immédiat des insoumis. Un cléricalisme presque pire que celui des Mollahs, si possible, se met en place pour tuer à la racine et dans les branches tous les comportements et les pensées déviantes. La vérité permise est contrôlée par des magnats possédant des réseaux sociaux.

Au lieu de s’emparer de la nécessaire pulsion de vie et de résistance, LR se dissout dans l’insignifiance des querelles de personnes et de postures, sans idée, sans programmes, sans leaders, et dans la collaboration suicidaire avec  un régime aux abois.

Plusieurs voix se sont élevées pour affirmer que LR se suicidait en direct. On peut le craindre en effet.

En tout cas voici LR empêtré dans la tourmente pour six mois au moins et sans aucune perspective de reconstruction.

Refabriquer un programme complet et solide et montrer des capacités manœuvrières politiques étaient la seule voie raisonnable de redressement.

Désolé de constater que la pulsion de mort a encore frappé.

Désolés, pas de Bons Voeux possibles pour 2023 avec ceux qui nous dirigent vers le précipice.

L'année 2022 a démontré toutes les difficultés que les Français ont bien voulu laisser s'accumuler sur leur tête. Avec Anne Hidalgo et Emmanuel Macron, les dirigeants qu'ils se sont laissés imposer ont été à leur maximum d'indifférence morbide, de nullité triomphante, de perversité infecte. Le résultat : la situation des Parisiens et des Français  n'a jamais été plus abîmée et fragile  avec des risques effarants pour 2023 entièrement provoquées par les erreurs de dirigeants indignes. A PARIS règne une vraie folle qui ose tout et finira par tout détruire.  A l'Elysée règne un vrai guignol qui croit que gouverner c'est plastronner et manipuler l'opinion, en laissant faire toutes les politiques anti françaises. Il finira de ruiner tout le monde.

Quand on pense que la première mesure annoncée par M. Macron en 2023 a été la gratuité des préservatifs pour les adolescents et que la plus forte suggestion de Mme Hidalgo é été d'ouvrir des pistes à vélos à Kiev, comme ne pas considérer que la petite caste énarchique est devenue  folle ?

Nous disons depuis 1979 au Cercle des économistes e-toile que la France était désormais mal partie.  La destruction du pays depuis cette date n'a pas cessé. 25 années de descente aux enfers. Tout ce que nous écrivions, angoissés, sur le forum du Monde à cette date, se retrouve en pire aujourd'hui. Tout sans exception ! 

Les Français, peuple vieilli qui ne fait plus d'enfants, se divise désormais entre les paniqués et les colériques. Plus de compétitivité, plus d'énergie, plus d'industrie, plus d'agriculture, plus de santé, plus de justice, plus d'école, plus d'armée, plus de police, plus de sécurité, des dettes délirantes, des impôts et des règlementations terrifiants,  et voici les voeux de notre président soliveau ! Une honte parfaite !

En guise de voeux pour 2023, nous donnons une traduction du langage codé de cette allocution honteuse à faire vomir les moins démocrates et patriotes  des Français. En faisant le voeu que plus jamais on entende un apeuré dire : "il nous protège"  ou un désespéré affirmer : "mais qui d'autre".

S'il reste encore un seul Français qui pense, après l'année 2022, que l'Enarchie est une chance, que l'Europe nous protège, que le couple franco-allemand fonctionne, que les américains pensent à autre chose qu'à leurs intérêts, que l'écologie militante est une solution, que le vélo est l'avenir du Parisien, et que la France s'en sortira en élisant des minables comme ce Macron et cette Hidalgo, alors ce pays est foutu.

Qu'on ce réveille enfin. Ces déchets politiques doivent être renvoyés à leur néant. La france ne peut pas finir comme celà ! Il ne peut pas y avoir de bons voeux personnels dans un tel égoût. Nous n'avons plus vingt ans devant nous. C'est aujourd'hui qu'il faut réagir.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

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Traduction des voeux du Présient Macron en bon français.

« Mes chers compatriotes »

Traduction : Idiots de Français

« Les cérémonies de vœux obligent à parler d’un futur qu’on ne connaît pas, dont nous savons pourtant avec certitude que nous devrons l’affronter ».

Traduction : Parlez pour ne rien dire, c’est mon exercice préféré. Je n’ai jamais su où j’allais.

« Je ne perds jamais de vue cet impératif d’unité de la nation que nous formons »

Traduction : « Je sais, mes bêtises divisent le pays. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas vous rallier à mon absence de panache ».

« Si nous cédions à l’esprit de division qui nous presse de toute part, nous n’aurions à peu près aucune chance de nous en sortir »

Traduction : je sais que je suis strictement incapable de montrer un chemin hors des difficultés. Alors c’est à vous de le trouver.

« Alors je nous souhaite donc de vivre 2023, autant que possible, en pays uni et solidaire, reconnaissant la place de chacun et respectueux de tous »

Traduction : ne me critiquez pas et respectez-moi, même si 2 023 sera, de ma faute, particulièrement pénible à vivre en France.

Nous venons de « sortir avec beaucoup de difficultés d’une épidémie planétaire,

T : « J’ai exploité à mort le Covid pour éviter tout débat sur mon bilan, créant à l’assemblée des débats stériles et insultants pour les récalcitrants en début d’année. Ne me parlez pas de mon bilan sanitaire puisque c’était un choc « planétaire ». Ne me parlez pas non plus de ma gestion de l’hôpital. Je n’ai fait aucune réforme et promu dans mon nouveau gouvernement l’incapable qui en savait trop sur nos défaillances pour le laisser vaticiner ».

« Nous aurons à affronter en quelques semaines d’inimaginables défis : la guerre revenue sur le sol européen après l’agression russe jetant son dévolu sur l’Ukraine et sa démocratie

T : La guerre en Ukraine m’a permis une réélection facile et sans débat. Chouette ! Quelle chance ! De toute façon je n’avais rien prévu. Je n’ai aucune politique étrangère depuis que je suis arrivé au pouvoir. Ni d’ailleurs de ministre des Affaires étrangères sérieux. Je crie Europe, Europe, Europe et cela me suffit. Pour le reste, je parade avec les grands d’une façon plus ou moins digne et tout le monde me trouve ridicule. Pour les Français c’est bien suffisant.

« Nous aurons à affronter une effroyable crise énergétique »

T : J’ai détruit la filière nucléaire et laisser faire par facilité toutes les destructions commencées sous Jospin et continuées sous Hollande. J’ai même réussi à faire du mécano financier contre les intérêts français, cédé Alstom dans des conditions douteuses, détruit EDF pour satisfaire Bruxelles. Fric, et myopie, sans m’occuper de l’intérêt de la France et des Français. J’ai effectivement mis les Français et les industriels français dans une merde noire. Mais puisqu’on vous dit que c’est la guerre en Ukraine ! Ouf ! Je suis nul mais je peux encore cacher ma nullité en la renvoyant sur la responsabilité des autres ! Chouette ! Et en plus il n’y a eu aucun débat sur la politique énergétique ni pour la Présidentielle ni pour les législatives ! La France n’a plus la moindre indépendance et ne peut plus influer sur le cours des choses. Chouette ! Si ces crétins pensent que je vais revenir sur le système européen ridicule qui nous fait acheter de l’énergie à 600 E quand on la produit à 27 E ils se trompent. Mon projet personnel en Europe d’abord.

 « Nous aurons à affronter une crise alimentaire menaçante »,

T : Pour satisfaire l’Europe et les écolos j’ai systématiquement détruit la filière agricole, après l’industrie. Premier pays producteur historique en Europe nous sommes maintenant déficitaires. J’aime détruire s’il est nécessaire de satisfaire des intérêts qui peuvent me nuire. Les Français de toute façon, je m’en fous. Ma survie politique d’abord.

« Qui aurait pu prédire la vague d’inflation »

T ; Tous les économistes sérieux. Quand on dépense des centaines de milliards généralement empruntés, sans rien produire, on récolte de l’inflation. J’ai endetté le pays pour deux générations au moins. Mais j’ai été réélu. Alors ? Que me reproche-t-on ? La guerre me sert de paravent. Formidable !

« Qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? »

T : Cela fait simplement plus de trente  ans que Chirac a déclaré que la terre brûle et qu’on s’en moque. En tout cas moi je m’en moque. J’ai collé la Wargon pour prendre des mesures de dingues dont les gens n’ont pas senti l’importance. J’ai tout fait pour casser le marché immobilier pour rien. Je déteste les propriétaires immobiliers. Pour le reste j’ai laissé l’Europe empoisonner toutes les perspectives de croissance avec un plan de dingue pour 2 035 et 2 050. C’est une folie. Je m’en fous. C’est l’Europe ! Mon seul rôle est de faire du greenwashing au max. Le reste ce n’est pas mon affaire.

« Pourtant, au fil de ces saisons de dangers, ce qui est demeuré constant, une fois encore cette année, est notre capacité collective à relever ensemble ces défis »

T : J’ai tout laissé filer, mais ce « nous » fera très bien pour rejeter mes échecs sur le pays. C’est « nous » qui aurons échoué. Ah ! Ah ! Ah ! Bande de neuneus !

« Durant cette année, la France a porté avec l’Europe la voix du droit et de la liberté pour soutenir l’Ukraine ; des milliers d’entre vous ont fait œuvre de solidarité en accueillant, dans nos villes et nos villages, des réfugiés fuyant l’invasion russe ».

T : Je n’avais aucune politique claire sur le glacis russe. J’ai laissé faire les États-Unis et leur toutou européen. J’ai totalement abandonné les positions diplomatiques gaullistes que je hais. Tout le monde me trouve ridicule. Je fais n’importe quoi, comme divulguer des conversations privées qui ont fait de moi un paria diplomatique. Mais je m’en fous. Quelques photos dans Gala et hop !

« La solidarité nationale, financée par les contribuables français, a permis d’atténuer la hausse des prix de l’énergie pour chacun, de sauvegarder nos entreprises, de protéger particulièrement les revenus des plus modestes d’entre nous ».

T ; J’ai emprunté à mort et augmenté tous les impôts sans que vous puissiez vous en rendre compte facilement puisque j’ai réduit l’ISF en IFI et supprimé pour la majorité des Français la taxe d’habitation. La réalité c’est que nous sommes toujours le pays le plus fiscalisé du monde, et mes sottises énergétiques font que les industriels français vont payer leur énergie trois fois plus que leurs concurrents ! J’ai honte de parler de « solidarité nationale » pour justifier ces folies. J’ai choisi la démagogie, la facilité, la dette et les impôts pour sauver ma peau électorale et la suite de mes ambitions. J’ai été solidaire avec mes ambitions. Pas plus. Et je vous emmerde tous, les Franchouillards que j’insulte à chaque fois que je m’exprime à l’étranger.

« Grâce à notre action collective, nous avons soutenu la croissance, contenu l’inflation à des niveaux inférieurs à ceux que connaissent nos voisins, et porté le chômage à son plus bas depuis quinze ans ».

T : Comme dans tous les pays le rebond de croissance a été rapide à un moment où tous les circuits étaient encore désorganisés. La comparaison avec les autres ne nous est pas favorable sauf sur l’inflation que nous avons contenue en poussant à mort nos capacités d’emprunt et de redistribution. L’ennui c’est que nous sommes au bout de ce chemin de dette astronomique. J’emploie le « nous » pour vous associer à cette faillite. Ce ne sera pas moi le responsable mais nous donc vous. Comme je suis malin !

« À chaque épreuve, l’Europe nous a permis d’agir plus vite et plus fort ».

T ; Je travaille à mon job d’après, président élu par tous les pays de l’Union devenue totalement fédérale. Toutes les politiques européennes mettent la France à genoux. Mais ne comptez pas sur moi pour m’y opposer. Je suis le pire cabri qu’on puisse trouver. Mais la France, je m’en fous totalement.

« Ainsi, pendant les six premiers mois de cette année, alors que la France présidait le Conseil de l’Union européenne, nous avons pris les décisions pour réduire de plus de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, nous avons acté une taxe carbone à nos frontières pour protéger nos industries et notre planète, nous avons ensemble décidé de créer un impôt minimal sur les grandes multinationales pour lutter contre l’évasion fiscale, et nous avons ensemble commencé à mieux encadrer les grandes plateformes du numérique. »

T : Celui croit que c’est moi qui ait fait tout cela pendant ma « présidence » au conseil européen est un débile mental. Je n’aurai pas été là, rien n’aurait été changé. Les décisions prises sont catastrophiques pour la France où aucune étude d’impact n’a été présentée. Si les pauvres couillons de Français savaient ce qui les attend !

« Et malgré toutes ces crises, tous ces défis, 2 022 fut aussi, pour nous tous, une année démocratique intense au cours de laquelle vous avez renouvelé notre Assemblée nationale et où vous avez, lors de l’élection présidentielle de ce printemps, décidé de me confier un nouveau mandat de cinq ans à la tête de notre nation, ce qui m’honore et m’oblige »

T : Bien que je n’aie rien anticipé, rien fait de bien, multiplié les démagogies pitoyables, laissé aller tout à vau l’eau, en me contentant de faire de la com’, j’ai réussi à éviter tout débat et à être réélu sur la peur. Et je n’ai plus de majorité au parlement. La France est en morceaux. L’abstention a été catastrophique et plus personne n’a confiance dans les hommes politiques. La seule chose intense, c’est le rejet des élites qui dirigent. Mon seul rôle maintenant c’est de durer en essayant de manœuvrer pour ne pas me retrouver dans une impasse totale. Alors n’oubliez pas Français que c’est vous qui m’avez mis sur le pavois. Alors aidez-moi à y rester !

« 2 022 fut aussi une fois encore une année de rayonnement artistique, culturel, sportif de notre pays, avec deux Prix Nobel, et tant de grands moments de création et de sport. De tout cela, de tout ce que nous avons ensemble accompli »

T : Les papouilles à Mbappé n’ont pas suffi pour que je récupère les retombées des mérites des autres. Encore un effort !

« Je crois que cette année 2023 est d’abord celle de questions que je sais inquiétantes, et de crises une fois encore à affronter. »

T : Vous avez vu que j’affronte les crises merveilleusement. Je vous protège. Si vous croyez ces conneries alors je suis sauvé !

« Aura-t-on des coupures d’électricité ? Continuons à économiser l’énergie, comme nous le faisons depuis quelques mois, c’est entre nos mains ».

T : Je vous ai foutu dans la merde mais « nous », c’est-à-dire vous, vous êtes seuls responsables si cela foire un peu plus, espèces de ringards pétochards.

« Aura-t-on des augmentations du prix de l’énergie ? Dès demain, vous aurez des aides adaptées, en plus du bouclier tarifaire déjà mis en place, de telle sorte que la pérennité de votre activité, de nos emplois et de notre compétitivité puisse être assurée. Et, à chaque fois qu’il le faudra, le gouvernement adaptera ses réponses comme il l’a fait à chaque instant. »

T : Je marche au chéquier mais la dette est astronomique. Alors j’annonce de nouvelles folies de dépenses ciblées. Je viens d’offrir la gratuité des préservatifs, alors vous voyez comme je pense à tout et à tous dans le détail. Je suis le pire démagogue mais c’est vous qui paierez les pots cassés. Alors de quoi vous plaignez-vous ? La facture arrivera un peu plus tard. Mais j’aurai gagné trois minutes de pouvoir en plus. C’est tout ce qui compte.

« Surtout, nous accélérerons les solutions pour sortir de nos dépendances et avoir un prix de l’électricité qui correspond à son coût de production. »

T : Je ne vais pas vous dire qu’elles existent ces solutions depuis que je suis au pouvoir et que je n’ai rien fait. Comment je vais faire ? Je n’en sais rien puisque les Allemands ne veulent pas. Mais autant parler d’intention même si les moyens sont absents. Oui je suis un Jocrisse. Et alors ? Cela marche avec les Français.

« Covid, là aussi nous pourrons faire face. D’abord, grâce à l’usage raisonnable et adapté des gestes barrières contre le virus, que nous avons appris. Ensuite, grâce à la vaccination qui a montré son efficacité ; et j’incite ce soir tous nos compatriotes de plus de 70 ans en particulier à faire leur rappel ou à se faire vacciner, si ce n’est pas déjà fait. Enfin, en testant, en séquençant, en établissant les contrôles aux frontières. »

T : Lavez-vous les mains et moi je m’en lave les mains. Mais je mets un contrôle aux aéroports pour ne pas recommencer les sottises de 2020 ! La com’ d’abord.

« Devra-t-on travailler plus longtemps en 2023 ? Il nous faut travailler davantage. L’objectif est de consolider nos régimes de retraite par répartition, qui, sans cela, serait menacés, car nous continuons de financer à crédit ».

T : J’ai raté la réforme des retraites pendant 5 ans et j’ai aggravé diaboliquement la dette. Là je n’ai pas de majorité au Parlement donc je dois piéger LR. Si cela passe ce sera ma réforme. Sinon c’est la faute de LR. Le piège est fameux. Notez que moi qui n’ai plus aucun souci de retraite et qui pourrait finir mes jours dans l’opulence sur argent public, j’emploie le « nous » à nouveau. Comme si je devais travailler plus ! Bande de gogos !

« Dans la longue histoire de notre nation, il y eut des générations pour résister, d’autres pour reconstruire, d’autres encore pour étendre la prospérité conquise. En ce qui nous concerne, il nous revient d’affronter ce nouveau chapitre d’une rude époque, et au-delà des urgences de cette année, que je viens pour partie de mentionner, d’avoir la charge de refonder nombre des piliers de notre nation, qu’il s’agisse de notre école, de notre santé, de nos transports, de l’aménagement de notre territoire, de nos industries, et j’en passe. »

T ; Évidemment j’ai tout laissé s’effondrer depuis que je suis aux manettes en mettant des incapables aux postes régaliens. Il n’y a plus d’hôpital, d’école, de justice, de sécurité. C’est sûr qu’avec Pap NDiaye l’école va renaître ! J’ai tout de même réussi à ne pas dire : on va se réinventer ! Je m’améliore. Jouer les Résistants, c’est un peu culotté. Mais s’il y a des gens qui y croient ! Franchement, ces Français, on les manipule trop facilement !

« Je nous souhaite pour 2023 par notre travail et notre engagement d’œuvrer à refonder une France plus forte, plus juste, pour la transmettre à nos enfants ».

T : Des enfants ? Quels enfants. Je sais bien que nous avons abandonné 500 000 naissances chaque année. De toute façon je n’aurai jamais d’enfants. Je ne compte que sur l’immigration africaine. Nous n’avons jamais été plus faibles, moins justes, et j’y contribue fortement. Notez ce « nous ». Je suis vous et vous êtes moi. Sauvez-vous, sauvez-moi !

« Restons fidèles à nos valeurs, toujours. Intégrons mieux par la langue et le travail, protégeons les combattantes et les combattants de la liberté, comme celles et ceux qui viennent d’Iran ou d’ailleurs, mais gardons le contrôle de nos frontières, de l’unité de la nation ».

T : Le contrôle de nos frontières on l’a vu avec l’OCEAN VIKING. Quel baratin cynique ! Je le sais ! je sais aussi ce que vous voulez entendre et que vous attendrez longtemps, très longtemps la moindre esquisse de début de commencement d’une solution.

« Nous bâtirons aussi une nation productive et écologique « à l’échelle industrielle ». Et après la loi visant à accélérer le déploiement des énergies renouvelables, la loi sur le nucléaire marquera le lancement de la construction de nouvelles centrales sur notre territoire ».

T ; Quel baratin ! Je fais tout et le contraire de tout, en même temps. Espérons que cela marchera encore le temps qu’il faut avant qu’on ne me vire à coups de pied au derrière.

« Être aux côtés de celles et ceux qui sont en situation de handicap ».

T : Ouf ! J’ai failli les oublier ceux-là.

« Nous avons aussi commencé de raviver la confiance dans notre Éducation nationale, notre santé en nous appuyant sur l’énergie et le dévouement de nos enseignants et de nos soignants. Nous poursuivrons avec ardeur durant l’année qui s’ouvre, par des choix clairs, forts, et un travail au plus près du terrain ».

T ; Tout s’effondre et il faut que je caresse les agents de l’État qui sombrent dans la déprime. Une petite caresse et on pensera à autre chose. Prendre les Français pour des idiots débiles et consternants, cela m’amuse trop !

« Une société plus juste, elle l’est aussi sur le plan social. Pas par plus d’impôt, non. Ni en léguant plus de dettes aux générations suivantes. »

T : l’union des contraires en même temps. En cinq ans j’ai tout ravagé. Mais j’ai été réélu. Alors ? Cela marche. Continuons notre baratin. Sans jamais chercher un résultat quelconque. Je n’ai pas d’objectifs pour le pays. Mon seul objectif, c’est moi !

« Protéger nos enfants, protéger notre information libre et indépendante, l’ordre libre et juste qui permet aux citoyens d’être heureux : voilà quelques-uns des combats de notre époque. Nous sommes tenus de nous en saisir. »

T ; J’adore ce « nous » qui veut dire « vous ». L’ordre juste : je fais du Ségolène. J’ose tout. Je fais même du Hollande en utilisant la même figure de rhétorique, l’anaphore : « c’est bien par notre travail et notre engagement » répétée inlassablement. Mettre mes pieds dans les pas de ces deux abrutis que j’ai dézingués sans pitié, quelle jouissance !

« En somme, en 2023, nous aurons à consolider pas à pas notre indépendance énergétique, économique, sociale, industrielle, financière, stratégique et à renforcer notre force d’âme, si je puis dire ».

T : « nous » c’est-à-dire « vous » vous aurez à vous taper le boulot que je n’ai pas fait pendant cinq ans et que je ne ferai pas plus dans les cinq ans à venir. J’ai dit tout ce que les gens voulaient entendre d’après mes communicants. Cela devrait suffire. Les Français sont des veaux disait de Gaulle. Je me sens très gaulliste dans les mots et très macronien dans les maux.

« Depuis 2017, nous menons ce combat pour que notre Europe rassemble ses forces. Pour qu’à 27, nous soyons plus forts ».

T ; Ici, nous voulons dire « moi ». Je travaille à mon job d’après. La France ce n’est plus rien et je n’en ai strictement rien à faire. Mais l’Europe me tend les bras et mon job d’après. J’y arriverai. Même s’il faut dire autant d’âneries pour débiles que dans ce discours de communicants pour crétins rédhibitoires. Je vous méprise tous. Vive moi !

PS : Ah mes photos dans l’avion en James Dean de sous-préfecture. Quel pied ! D’accord quelques psychiatres perspicaces ont détecté que j’étais un malade mental plus grave que ce qu’ils croyaient et ne s’améliorant pas. Mais si je ne prends pas mon pied, à quoi sert ce cirque ? le cynisme ne me suffit pas. Comme pour Hollande rue du cirque. Sauf que pour moi, le miroir suffit et la photo de moi-même. C’est drôle ces Français qui se croient protégés par Narcisse ! Ce sont eux qui se suicident, pas moi. Narcisse vaincra !

L’effroyable passivité française face aux urgences énergétiques

Nous savons tous que les Verts nous ont conduits dans le mur en imposant la quasi-destruction de la filière de l’énergie atomique. Ils ont fichu en l’air le présent et le futur, notamment en supprimant les efforts lancés sur la piste du surgénérateur. Aussi bien Phoenix que les projets plus récents comme Astrid ont été purement et simplement abandonnés. Les savants et ingénieurs qui portaient le savoir français ont été priés d’aller se faire voir ailleurs. Les hauts fonctionnaires, qu’ils s’agissent de Jospin, de Hollande ou de Macron, ont préféré à l’intérêt général des manœuvres politiciennes misérables pour quêter des voix prétendument écologiques. Ah ! Les belles carrières inespérées pour des dérisoires : Mamère, Voynet, Hulot, Duflot, Pompili, De Rugy, ont eu des postes trop grands pour eux pour eux et leurs bêtises s'avèrent désespérantes pour le pays. Les conséquences ont été destructrices et calamiteuses.

L’Union Européenne par sa propre dynamique de destruction des Etats et des nations et son hubris fédéraliste a contribué de deux façons à aggraver la situation : elle s’est fait le relais de l’ONU et des ONG, sans le moindre filtre et le minimum de réflexion nécessaire. Lorsqu’on voit que la décision de supprimer le moteur thermique s’est faite sans aucune étude d’impact, on croit rêver ! Dominée par l’Allemagne réunifiée qui s’est lancée également dans des coalitions avec les Verts, et totalement asphyxiée mentalement par les pouvoirs accordés au nom de la liberté de circulation des biens, des capitaux et des personnes, elle a poussé l’idéologie de la concurrence à l’extrême en voulant créer un marché libre de l’énergie dans des conditions totalement artificielles. C’est comme cela que l’Union Européenne sous menace d’amendes terrifiantes a imposé le démantèlement d’EDF et la création d’un système de prix basé sur le coût marginal du gaz ! Une invraisemblable sottise dictée par la volonté de puissance de l’Allemagne autant que par l’idéologie européiste, un coktail tragique.

Aujourd’hui les masques sont tombés. Les Verts sont des contempteurs du capitalisme et du patriarcat, rien d’autre. Le marché libre de l’énergie est une farce. L’Allemagne a fait des choix totalement déments, en associant éoliennes et gaz russes. Ils sont obligés de pousser les centrales à charbon et lignite, les plus polluantes.

La France où l’énarchie compassionnelle a liquidé les industries, sacrifié la compétitivité, creusé les déficits et  la dette, créé une fiscalité délirante, se retrouve avec une énergie trois fois plus chères que tous ses concurrents et au risque de perdre des centaines de milliers d’entreprises et des millions d’emplois !

Rappelons que la France qui produit de l’énergie à 50 euros le MWh va être obligée de payer plus de 325 euros le MWh, parfois jusqu’à 500 euros pour ce même MWh. Sans aucune autre raison que l’idéologie et la mauvaise foi de l’Union Européenne et de l’Allemagne.

C’est un suicide industriel national annoncé. On devrait voir le gouvernement arc-bouté à la recherche de solutions et prêt à prendre les décisions éventuellement très en rupture avec la bienopensance européiste.  Mais rien, asolument rien ne se passe. Le président s’amuse à voleter en avion d’un point à un autre et à essayer par des papouilles à récupérer la popularité de certains footballeurs ou soldats valeureux. Mme Borne attend la voix de son maître et les éléments de langage fabriqués dans l’officine présidentielle ad hoc. On annonce que l’Europe va sans doute, un jour peut-être, modifier quelques parties avariées du monstre qu’elle a créé, non sans avoir d’abord imposé une baisse drastique des émissions carbone. De toute façon on pourra se défausser sur l'Europe du mécontentement populaire.

Donc rien ne se passe. Borne dort sur le dossier en attendant Godot. M. Macron  accumule les opérations image. La catastrophe, elle, arrive, comme une avalanche qui vient juste de décrocher du manteau neigeux.

Le RN caresse ses chats. Les membres de la Nupes s’entre-dévorent. LR sans aucun programme commun persiste dans ses querelles de personnes. M. Retailleau, battu aux élections à la présidence de LR écrit dans le Figaro un article incendiaire et personnel sur la question des retraites (sur laquelle il a des principes, alors que le parti n’a pas de programme collectif), sans se rendre compte que l’urgence n’est pas là.

Il faudrait bien qu’un parti d’opposition responsable exige deux lois fondamentales immédiates :

  1. Le retour à une stratégie nationale de l’énergie permettant d’obtenir une énergie à 100 euros maximum le MWh dès janvier, avec remise en service immédiate des réacteurs bloqués par une précaution excessive sur une corrosion sans importance à court terme sur un circuit secondaire (fait sans le dire et partiellement par peur des cris sur les risques pris en termes de sécurité)). S’il faut une attitude de la chaise vide à Bruxelles, c’est le moment de le faire. Le masochisme a ses limites et les menaces d’amende gigantesque doivent être repoussées du pied avec mépris.
  2. La réforme du droit de grève selon les critères généralement admis dans le monde libéral occidental, qui ne permet pas la grève dans des entreprises à caractère de monopole et dont l’activité est fondamentale pour le pays. Permettre à la CGT de faire grève de la maintenance dans les usines atomiques et de bloquer la production et la diffusion de l’électricité ne peut pas être autorisé. Ce sont de pures trahisons de la sécurité nationale.

Ensuite, et ensuite seulement, on pourra passer à la question des modalités du système des retraites.

Mettre les urgences dans la bonne séquence et forcer le gouvernement à agir rapidement sur la question vitale posée actuellement au pays serait le rôle crucial d’un mouvement gaulliste cherchant prioritairement le salut national.

Sans cette pression, Emmanuel Macron, prisonnier de son ambition européiste personnelle, et indifférent aux pays, ne fera rien d'autre que de manipuler grossièrement la population. La séquence "peur panique des coupures et des délestages" , campagne civique, puis on rassure tout le monde, est sans doute un nouverau chef d'oeuvre de communication de crise. On a tenu trois mois. Et on a reculé le temps du mépris absolu.

Si on se contente de cette attitude vicieuse et déplacée, on passera vite de la passivité incompréhensible à la passivité criminelle, digne de la haute cour ! La France n'acceptera pas cinq années comme 2022 ! En pire.

 

Cercle des économistes e-toile

Les trois sources scientifiques de la climatologie perturbées par l'obsession politique du CO2

Pendant des siècles la seule source d’analyse de la température a été le soleil. Il faut dire que c’est avec l’énergie venant du sol, la source principale. Le jour et la nuit sont une composante cosmique avec des variations de températures importantes. Les saisons sont une composante cosmique, avec des variations encore plus importantes. La distance de la terre au soleil est un facteur important. Les variations d’inclinaison de l’axe de la terre influent. L’activité solaire a un rôle. Tous ces facteurs impliquent une forme cyclique des évènements avec des conjonctions et des disjonctions. La corrélation est avérée entre ces cycles et la température telle qu’on peut la reconstituer sur de très longues périodes. Des disruptions peuvent se produire comme des écrasements d’astéroïdes, ou des mouvements sur la croûte de la terre provoquant des phénomènes volcaniques intenses. Évidemment la température dépend du lieu d’exposition. Les pôles sont plus froids que les pays situés sur l’équateur. Nous disposons d’une base scientifique des plus solides pour expliquer la plupart des variations de température, quotidienne, saisonnière, ou historique. On l’appelle généralement le forçage astronomique ou forçage géophysique. Il devrait être forcé d’en tenir compte.

La seconde source, qui n’est pas jeune non plus, est l’approche géographique qu’il s’agisse de géographie physique ou géographie humaine. Elle s’attache à expliquer pourquoi des territoires soumis au même forçage n’ont pas le même climat. Pourquoi le Canada est-il plus froid que l’Europe aux mêmes latitudes ? Pourquoi fait-il plus chaud près des mers et plus froid dans les montagnes. Qu’est-ce qui, à un endroit donné et un moment donné différencie la température de deux endroits qui subit les mêmes influences astronomiques ? Gestion de l’eau, de l’agriculture, des forêts, développement des villes et de l’industrie deviennent des facteurs de différenciation. Les géographes adorent les microclimats et les stations climatiques et Emmanuel Le Roy Ladurie a bien montré les effets historiques des périodes hivernales.

La troisième source est l’approche météorologique qui s’applique à connaître la situation de température, de vent, de pluie pour les prochains jours. Ses observations sont essentiellement orientées vers les mouvements de l’atmosphère et les courants marins, avec concentration sur des phénomènes potentiellement catastrophiques. Le régime des vents et la formation des nuages, les albédos résultants sont des phénomènes critiques, mais évoluant rapidement et se déplaçant parfois très vite. Le météorologue dispose à la fois d’une modélisation des flux, basée sur la division de l’atmosphère en cubes dont on suit les composantes, ce qui demande beaucoup de capteurs et de grosses capacités de traitement, et de la connaissance de séquences types, ou de mécanismes locaux bien analysées qui ont un caractère prédictif un peu plus affirmé (ce qui fait qu’un paysan qui reconnaît un « pattern » est souvent plus rapide et plus juste dans sa prévision quotidienne). Malgré tous les efforts il est rare que la prévision météorologique dépasse quelques jours avec un intervalle de confiance suffisant. L’étude physique de l’atmosphère n’a pas été trop importante pour les météorologistes, jusqu’au moment où, venant de l’ONU des préoccupations se sont fait jour sur les composantes de l’atmosphère, le trou dans la couche d’Ozone et l’accroissement du CO2.

Il faudrait ajouter les laboratoires qui s’attaquent à tel ou tel problème particulier : par exemple le mécanisme de la glaciation et de la fonte des glaces, ou la dynamique des cyclones etc.

Jouent aussi un rôle les perceptions populaires manipulées par des associations. Au sortir de la guerre de Quarante, la bombe atomique détraquait le climat ! Dans le sens du refroidissement ! De même la création d’institutions multinationales mondiales ou locales a fait pousser une bureaucratie intéressée par des décisions qui touchent le monde entier et valorisent leur action. La préoccupation récurrente pour la santé est venue corser les questions climatiques avec les pollutions diverses, les hivers trop froids et les canicules. Et aujourd’hui les pandémies.

Il est évident que la solidité des prévisions que l’on peut obtenir dans ces différents cénacles est très variable et varie selon l’horizon. Celui du climat est par convention de trente ans, c’est-à-dire bien plus court que les cycles astronomiques, et bien plus grands que l’horizon de la météo, qui normalement est incompétente dans le domaine du climat. Les géographes ne sont pas des scientifiques au sens dur du terme.

On a réellement commencé à s’inquiéter du contenu de la couche gazeuse qui forme une pellicule très mince autour de la terre, avec une énorme concentration dans les premiers kilomètres d’altitudes, avec la découverte d’un « trou de l’ozone » au-dessus de l’antarctique. Une panique a été créée par l’ONU qui a abouti à l’interdiction des CFC dont l’action sur l’ozone avait été démontrée en laboratoire. C’est l’apparition du premier cycle : information scientifique, relais des associations (organisations non gouvernementales) auprès d’institutions internationales, panique médiatique, législation mondiale. En 2022 malgré toutes les restrictions depuis 20 ans et la forte diminution des gaz ayant un pouvoir sur l’ozone, jamais l’extension du trou n’a été plus grande. Sans le moindre écho ni à l’ONU ni dans les ONG, ni dans les grands médias. Quelques scientifiques vivant de la surveillance de la couche d’Ozone ont bien voulu annoncer que la quantité de gaz destructeurs avait bien diminué et que c’est le reliquat qui, du fait d’un tourbillon de vent, avait creusé le nouveau trou et qu’il ne fallait surtout pas s’inquiéter. En revanche quelques nouveaux produits toxiques pour l’ozone sont apparus ce qui justifie… de nouvelles recherches et travaux. L’échec ne doit pas compromettre les budgets !

Il était tentant pour l’ONU et ses groupies sous forme d’ONG, de recommencer l’opération à une échelle encore plus grande. L’analyse de l’atmosphère montrant une montée du volume de CO2, gaz ayant une capacité d’effet de serre, on allait donc cuire si on ne réduisait pas la quantité de CO2 créé par l’homme. Il fallait désormais jouer la survie de la planète et de l’humanité, contre un effort de décarbonation totale…

Le surgissement du CO2 a beaucoup troublé les différents compartiments de la réflexion climatique. Les tenants de la géophysique et des sciences dures ont été les plus réticents. Les géographes étaient contents d’un rôle plus valorisant : « l’entropie, nous connaissons alors venez nous voir ». Les météorologues disposaient des moyens les plus lourds de collecte d’information et de traitement. Il était tentant d’allonger l’échelle des prévisions.

La machine s’est emballée par les mêmes mécanismes que pour le trou de l’ozone.

L’ennui c’est que la coercition voulue par certaines des ONG et la capacité d’entraînement des institutions internationales sur des chefs d’État en demande toujours d’un rôle valorisant, ont créé un vortex peu propice à la science et à la réflexion d’un côté et de l’autre une volonté de ne pas savoir ce que seraient les conséquences de la décarbonation à grande vitesse, alors que tout montre que les coûts et les conséquences économiques sont vertigineux.

Des calendriers de mesures drastiques ont été mis au point, très différents d’un endroit à l’autre de la planète, l’Union Européenne se signalant par sa volonté d’aller plus vite et plus loin que quiconque. Devant ces déchaînements et l’effet des premières restrictions brutales aux libertés et à la propriété, des réactions se manifestent de partout.

La première réaction est scientifique : la modélisation qui permet de faire de la météo à 5 jours ne permet pas de prévoir le climat à 100 ans ! les modèles basés uniquement sur le CO2 n’expliquent rien. Les océans conduisent l’atmosphère et pas l’inverse. Les courbes de température moyenne ont dû être corrigées, certains modèles étant faux. La propagande des générateurs de panique climatique se fait avec des mensonges caractérisés (comme le film d’Al Gore). Ne ruinons pas les hommes pour des approximations intéressées. La mer est montée de 20 cm aux XIXe siècle. Il est prévu qu’elle monte de trente centimètres au XXIe siècle. Pas de panique. La température est actuellement sur un plateau. La science progresse grâce aux satellites et avec elle une meilleure analyse du rôle des nuages et des différentes rétroactions. Dans dix ou quinze ans on aura plus de certitudes. En attendant faisons attention à ne pas tuer les libertés et la prospérité !

La seconde réaction est celle des victimes des politiques extravagantes mises en place pour lutter contre le carbone et produire de l’énergie « propre ». Les Allemands découvrent que le cocktail « éoliennes + gaz russe » est un suicide. Les Européens découvrent les conséquences d’avoir fixé le coût unifié de l’énergie sur le coût marginal du gaz. Les Français découvrent qu’on aurait mieux fait de ne pas détruire notre filière nucléaire et que les ONG les ont conduits dans le mur. Les producteurs de voitures et les entreprises du bâtiment découvrent des contraintes terrifiantes qui risquent de détruire leurs entreprises. Les propriétaires sont soumis à une explosion des contraintes et de frais non corrélés à l’évolution de leurs revenus. La France se trouve confrontée à l’inflation, à la crise du bâtiment, aux déficits extérieurs, à l’endettement massif et n’a aucun moyen de réagir, étant déjà le leader mondial de la fiscalité.

Le contraste entre théories scientifiques sur le climat encore très incertaines et discutables, ponctuées de controverses et des coûts ravageurs dès aujourd’hui qui risquent de devenir à court terme insupportables et à long terme mortel, force à réfléchir à une pause dans l’emballement.

La première mesure à prendre est d’organiser rapidement en France une conférence sur l’état de la science et une autre sur l’impact des mesures envisagées. On ne voit pas ce qui peut être contestable dans cette approche. On ne peut pas s’engager à fond de train et en chantant « youpi yop la boum ! » dans un processus menant à la disparition définitive de la prospérité alors que les bases scientifiques de l’efficacité de la décarbonation sont aussi incertaines.

Cercle des Economistes e-toile

Après le vote pour la présidence de LR quelle stratégie ?

Comme il se doit après la prise de pouvoir d’un clan dans un parti, les autres clans se mettent en position défensive pour éviter de perdre des places et de l’influence. Les militants habitués à soutenir un chef local s’interrogent sur ce qu’ils doivent penser ou dire, tant que la situation n’aura pas été clarifiée. Les sympathisants se demandent sur quelles positions nationales le parti vers lequel ils inclinent va se retrouver.

Ce qui change de l’ordinaire, c’est la situation désastreuse du pays et le risque de disparition du parti. Paradoxalement, elle donne plus de chances de bien rebondir.

La question Macron est désormais tranchée : il ne s’occupe que de lui, ne pense que tactique et communication à cet effet, et est prêt littéralement à tout, pour arriver à ses fins, y compris à faire le malheur des Français, d’une part en ne se considérant pas le président de la France mais d’un territoire situé en Europe, d’autre part en se moquant radicalement de l’inefficacité des quarts de mesures (on n’en est plus aux demi-mesures) qui précipitent la France dans le gouffre.

La seule perspective qui reste est justement de savoir quelles sont les voies nationales qui restent ouvertes et ce que les LR peuvent faire pour arrêter le désastre et redresser le pays. Toute la question politique pour le parti fondateur de la cinquième République est le programme et le programme seulement. Que faut-il penser ? Que faut-il faire ? Alors que le pays sombre radicalement et qu’on lui propose un peu partout  des options politiques qui ne peuvent qu’accélérer la chute et la rendre définitive.

On voit qu’un choix de personnes sympathiques mais de second plan à la tête du parti ne provoque aucun enthousiasme et stimule les craintes. La victoire de l’ami Ciotti est vue par les médias comme un glissement tellurique à la droite de la droite dans lequel beaucoup de militants et de cadres ne se reconnaissent pas. De la même façon que la victoire de l’ami Retailleau aurait été analysée comme le triomphe d’un catholicisme désuet en politique, et une réaction vendéenne aux révolutions du temps.

Le seul moyen de sortir du piège est de prouver par la construction d’une identité, d’une ligne et d’un projet que l’option LR est la seule disponible pour sortir de l’effondrement actuel. Pour un parti qui n’a plus de parole publique collective depuis la querelle Balladur Chirac, ce qui ne nous rajeunit pas, et qui a déçu militants et sympathisants depuis la même période, de la catastrophique dissolution en interne à la catastrophique démission maastrichienne à l’extérieur, le défi est colossal. Mais exaltant.

C’est d’autant plus vrai qu’on sait tout.

LR n’a rien à gagner à s’appeler Les Républicains, copie imbécile et naïve de l’Amérique. Il faut un nom qui s’accorde avec l’histoire du mouvement et l’espoir porté pour le futur. Nous avons toujours été un mouvement, un rassemblement, pour un but élevé. Ce but est évident : éviter l’effondrement définitif d’un grand pays. La seule identité du mouvement c’est la France en mouvement sous l’impulsion gaulliste. Sa seule ligne est le salut national et la protection intransigeante mais pragmatique et dynamique des Français. Le seul projet digne, c’est de dire ce qui ne va pas et définir correctement et puissamment comment on va faire pour sortir du trou où de mauvais guides ont fourré le pays.

Le gouvernement n’ayant pas de majorité au Parlement, la crise politique peut surgir à tout moment, ce qui inquiète les Français. Cela met LR en difficulté tant que le parti n’a pas de programme fort ni formé un contre gouvernement. Une chose est de collaborer à la petite semaine une autre de proposer une équipe prête à prendre les commandes avec des personnalités unies qui savent ce qu’elles vont faire. Sans programme public, assumé, unitaire et puissant cette approche est impossible.

On en revient toujours à la même chose. Sans programme pas de solution. Plus précisément, sans avoir localisé les dix ou huit problèmes fondamentaux qui entraînent la France à l’abîme, ni avoir dégagé les solutions possibles. Rien à faire, sans plan réfléchi, on ne peut rien espérer.

Il faut donc afficher les questions les plus graves du moment et dire comment on va agir. La démarche est difficile, car les pulsions dans le pays sont contradictoires, les idées vagabondes faute de penseurs incontestables, et les habitudes sont souvent enkystées. Et le mouvement a tout fait pour perdre sa crédibilité en renonçant largement au pouvoir à faire ce qu’il annonçait même de façon imprécise.

Oui c’est difficile. Très difficile. La procrastination et le flou sont tellement plus agréables. Il faut grimper un col dans la tourmente et avec des éléphants, comme Hannibal sans commettre des fautes à l’arrivée qui nous coûtent la victoire ! Oui c’est compliqué, très compliqué. Et même douloureux, car il va falloir trancher des nœuds gordiens, un exercice faussement facile.

Quelles sont les difficultés cruciales que la France doit affronter ?

La France n’a plus de natalité et sa population s’archipélise : 500 000 enfants de moins chaque année par rapport à notre fécondité de 1970. 400 000 à 500 000 entrées d’étrangers dont l’essentiel de mœurs et de cultures opposées aux traditions françaises.

La France n’a plus de compétitivité : déficits, désindustrialisation, dépendance de l’extérieur, fuite des capitaux,

La France est ruinée et se paupérise. La redistribution n’est plus tenable au niveau atteint.

La France perd sa langue, sa culture, sa créativité et son image mondiale.

La France a perdu des pans entiers de souveraineté.

La France est confrontée à une conversion énergétique aventurée qui peut tuer définitivement son économie.

L’Etat en France est obèse et a perdu toute autorité, sauf contre la partie stable et travailleuse de la population et s’avère impuissant dans tous les domaines régaliens qui sont partis à la dérive (sécurité, santé, justice, diplomatie, police, enseignement…).

La démocratie est en danger, comme la liberté et la propriété. On ne peut plus rien dire et l’esprit de milice exalte la contrainte sociale.

Voilà huit sujets vitaux pour le pays. Les Français, atterrés et craintifs, attendent des réponses fortes et efficaces et sont même prêts à changer certaines routines de pensée pour obtenir des résultats.

Il est facile de voir qu’E. Macron est largement responsable des difficultés dans ces domaines, que les Le Pen n’ont rien à proposer et que la Nupes effondrerait ce qui reste encore debout tout en souhaitant recréer les conditions de la guerre d’Espagne !

Les Français attendent que le mouvement s’installe sur ces crêtes abandonnées et tiennent bon jusqu’aux offensives décisives.

Les militants et les sympathisants attendent que le processus démarre et personnellement, je ne doute pas de leur volonté de peser dans les choix.

Une seule chose compte aujourd’hui : forcer la nouvelle direction à avancer en précisant sa méthode et son calendrier. Il y a urgence. Et aider à la manœuvre par tout moyen.

Tout le reste est insignifiant.

Pourquoi les économistes doivent s'investir massivement sur la question écologique

Nous sommes parfois interrogés sur le nombre des articles concernant l’écologie sur ce blog, en général orientés contre certaines des idées dominantes auxquelles se soumettent les politiques.

La raison est simple : l’enjeu des erreurs d’appréciation éventuelles est absolument fondamental presque vital pour le futur de l’économie française. Compte tenu des coûts phénoménaux, de toutes natures,  des mesures engagées ou envisagées, elles  peuvent tuer l’économie du pays et le renvoyer au statut peu enviable de pays en voie de sous-développement.  

Pendant longtemps les affirmations du GIEC, couplées avec des évènements météorologiques de grande ampleur, associées à une pratique de communication basée sur la peur et l’urgence panique venue d’en haut, et relayées par les institutions internationales, ont été acceptées sans difficulté par les gouvernements et les opinions publiques.

Puis on est passé à une phase de panique quasi religieuse avec bannissement des athées écologiques traités en voyous et en criminels.

Depuis deux trois ans la résistance s’organise et constate les biais invraisemblables qui défont la crédibilité de la cause écologique telle qu’elle s’exprime majoritairement dans les médias.

Le biais politique est apparu lorsque les Verts qui s’étaient identifiés à la cause se sont révélé exclusivement intéressés par l’anticapitalisme, le Wokisme  et la disparition du patriarcat.

Le biais énergétique est devenu flagrant lorsque la détestation religieuse de l’énergie atomique, la moins carbonée, a laissé la France en risque de délestages répétés en hiver et avec un coût du MWh effarant et intolérable pour l’industrie comme pour les consommateurs.

Le biais national a alors surgi, toutes les décisions échappant au peuple français, apparemment privé définitivement sur le sujet de toute souveraineté.

Le biais économique  s’est fixé sur deux constats: le mensonge éhonté selon lequel la perte de productivité liée à la conversion énergétique créerait de l’emploi ; l’impossibilité financière de faire face raisonnablement aux interdictions et proscriptions annoncées à échéances courtes. 

Mais le pire biais révélé ces dernières années a été le biais scientifique. La science a été instrumentalisée dans des conditions de malhonnêteté détestables et les auteurs réservés sur certaines conclusions ont été maltraités de façon indigne. Le devoir des scientifiques était de chanter la chanson du GIEC, sinon, pour eux le destin était d’être marginalisé par la coercition sociale, l’injure, le placardage, la mise en pièces par des meutes dans la presse d’influence, et lynchés sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, les deux thèmes critiques sont :

Les décisions ruineuses qui commencent à nuire radicalement à certaines catégories d’agents économiques.

La remise en cause scientifique du rôle du CO2 dans le réchauffement et la mécanique de ce réchauffement.

On voit désormais en France l’Académie des Sciences s’interroger sur la qualité scientifique des développements qui sous-tendent les mesures de décarbonation de l’économie.

Il ya trois ans, nous avons demandé que la France utilise ses institutions scientifiques spécialisées pour donner un avis motivé sur les annonces du GIEC.  Nous disposons de l’Institut Géographique du Globe qui examine la terre sous toutes ses coutures depuis des décennies. Pourquoi ne pas l'entendre ?

Au lieu dde faire cette démarche élémentaire nous devions constater que Allègre, longtemps  son Président avant de se lancer dans la politique,  avait été mis sur la touche dans des conditions ignominieuses avant d’être frappé d’un AVC qui n’est sans doute pas sans lien avec la séquence de vilipendage qu’il a subie.  Son adjoint Vincent Courtillot avait suivi sur le pilori.

Aujourd’hui ces attaques ignobles ne résistent pas aux travaux que l’IGG a persisté à mener en liaison avec d’autres organismes d’étude de la terre.

Quel était le travail de l’IGG ?  Comprendre les influences qui agissaient sur les différents constituants de la terre : le noyau était sa spécialité. Mais les mers, l’atmosphère, les conditions climatiques terrestres dans différents endroits du monde, restait le corps des études où la question de la température était critique et centrale avec une théorie dominante basée sur l’activité solaire et les conditions astrophysiques des déformations du système solaire (éloignements et rapprochements de la terre du soleil, changements dans l’axe de la terre, …). Toute l'histoire climatique de la terre était fondée sur le soleil. Partout !

La théorie du réchauffement par le CO2 est venue de nulle part télescoper des théories stables et partagées. Le soleil était bien l’acteur principal des évolutions climatiques et notamment des phases de réchauffement et de refroidissement. Alors pourquoi faire intervenir un intru dont l’influence est apparemment mineure ? Un tableau, basé sur l’analyse des cercles sur les coupes de troncs d’arbres a été mis en avant  qui montrait une rupture totale du cycle des températures avec une formidable accélération dans les cent dernières années. Greenpeace s’est précipité. L’économie créait du CO2 et le CO2 tuait la terre et l’urgence était là si on ne voulait pas cuire.

L’ennui, c’est que l’analyse par les cernes sur les sections de troncs a été revue et corrigée. Elle était faussée par deux erreurs majeures : les arbres s’adaptent aux changements climatiques et la corrélation avec la température se perd. Le choix des arbres est fondamental et les résultats changent de façon significative en fonction de la sélection faite. La densité du bois sur une sélection correcte d’arbres donnait des résultats bien meilleurs. Une fois cette correction faite, l’évolution de la température dans l’histoire et la période moderne redevenait congruente avec ce que donnait les autres modèles et ne montrait aucune accélération jamais vue ni même historiquement exceptionnelle. Du coup on n’avait plus besoin du CO2 pour expliquer l’évolution du climat. Toutes les études sérieuses ont montré que la quantité de CO2 était une fonction décalée du changement de la température de la mer. C’est la mer qui agit sur le CO2 dans l’atmosphère et pas l’inverse. Le CO2 joue un rôle mais très mineur dans les évolutions climatiques ! L’activité humaine joue un rôle dans le gonflement du CO2. L’influence est réelle sur le climat mais infinitésimale.

Pire encore, les moyens de connaissances des paramètres terrestres ont évolué de façon fantastique depuis que les satellites font des mesures. Malheureusement les séries sont encore trop courtes. Il faudra encore une dizaine d’années et des investissements solides pour comprendre parfaitement les interactions entre toutes les forces en causes. Mais dès maintenant les données accumulées montrent une décroissance lente mais continue de la température mondiale. Adieu l’urgence absolue !

En tout état de cause les modèles mathématiques basés exclusivement sur le CO2 sans aucune prise en compte des causes majeures connues depuis des lustres, sont des fantaisies qui donnent des résultats constamment sans valeur. Donnons un exemple : La science dit que l’activité de l’estomac est directement fonction de ce qu’on ingurgite. Et des études innombrables ont décrits et expliqué des tas de conséquences de ce qui est ingurgité. Imaginons qu’une force externe s’exerce tout d’un coup pour expliquer que l’activité de l’estomac est liée au CO2, qui joue sur la température et l’appétit. Et que quiconque s’oppose à cette nouvelle théorie est un ignoble individu arcbouté sur des théories obsolètes.  Il est tout à fait certain qu’on ne mange pas la même chose en été qu’en hiver. Le CO2 ayant une influence infinitésimale sur la chaleur et la chaleur une influence infinitésimale sur l’appétit, l’effet sur l’estomac sera probablement indétectable mais réel. De là à arrêter la médecine et les études précédentes sur l’estomac au nom de cette certitude ! Et à tuer le malade !

Du coup, toutes les autorités scientifiques sérieuses recommencent à prendre en compte la climatologie d’avant Greenpeace et le CO2.  Il n’est plus jugé farfelu de penser que d’ici dix ou vingt ans, on pourra trancher définitivement la nature du cycle de température actuel et les phénomènes majeurs qui l’alimentent.

Se ruiner pour des théories qui sont désormais considérées par la science comme peu significatives et même vulgairement trompeuses, sans pouvoir espérer aucun résultats autres que négligeables, devient une folie économique majeure.

Oui, les économistes doivent s’investir massivement contre la politique absurde de décarbonation urgente et quoi qu’il en coûte.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes "e-toile".

Jours de travail perdus à la SNCF

Les vrais chiffres

Le Figaro a fait paraître un intéressant article comptant le nombre de journées de travail perdues par la SNCF du fait d'une emprise excessive des syndicats gréviculteurs, encouragés par leur position stratégique pour la vie des Français.

Il s'agirait de 30 millions de jours perdus. C'est beaucoup ! C'est lamentable ? C'est inique d'accord !

Mais une fois de plus c'est regarder le problème par le petit bout de la lunette. Le vrai chiffre important est ailleurs et bien pire : la SNCF a traîné depuis 1947 un sureffectif perpétuel, dépassant pendant des décennies 300.000 salariés. Un drame national en même temps qu'une calamité pour l'entreprise.  Là le nombre de jours perdus pour l'économie française est de l'ordre de 3.000 millions, soit cent fois plus que les jours perdus par les grèves.

Le 1% était scandaleux. Mais les 99% ont été une longue honte qui a été nourrie par la totalité des gouvernements depuis 1947.

La Sncf a toujours fait l'objet d'un traitement de faveur qui continue. On risque de manquer d'électricité. Une manière d'éviter le pire serait de ralentir les TGV. Pas question ! Un TGV à 300 km/h, c'est 20 KWh par kilomètre. On évoque le chiffre de 10 millions de Km parcourus chaque année par les TGV. Il est assez facile de calculer la consommation d'énergie électrique. Sachant que revenir temporairement à 150 km/h diviserait la facture par 4, on vérifiera que l'économie est tout de même solide.

On pourrait aussi demander aux voitures électriques de rester au garage.

C'est curieux, on pense surtout à limiter la vitesse sur autoroute pour tous ceux qui ne roulent pas à l'électrique.

Les débats en France, sont toujours, un poil, biaisés. 99% de fantaisies bien construites imposées par les médias. 1% de vérité !

Bravo !

Deux chiffres à conserver en mémoire

La dernière réunion du GIEC a vu apparaître des estimations globales du coût de l'élimination mondiale des sources de CO2. Les chiffres sont variables mais convergent autour de 120.000.000.000.000 de dollars (cent vingt mille milliards), en imaginant une croissane zéro depuis 2023.

Nous mêmes avions calculé pour la France une dépense entre 4.000 et 6.000 milliards d'euros  pour les objectifs de 2035 et 12 à 14 mille milliards pour les objectifs de 2050. Là aussi avec stagnation du PIB.

Les pays non occidentaux expliquent que c'est l'Occident qui a créé le problème et doit payer pour la réparation des dommages. Les Européens n'ont été que trop heureux d'annoncer qu'ils paieraient.

La seule difficulté est dans cette réalité pénible : nous sommes absolument incapables de payer des sommes pareilles et l'effondrement économique provoqué serait tel qu'il est probable que nos régimes démocratiques n'y résisteraient pas. Douces perspectives !

Rappelons que la valeur ajoutée des entreprises françaises est d'environ 1.400 milliards d'euros par an  et la valeur de son capital tout compris d'environ 17.000 milliards d'euros.

Pour financer ces folies, rien que pour la France, sans parler de notre quote-part de financement des continents créanciers, la France devrait renoncer à 10 ans de production et de consommation en 35 ans, et quasiment y consacrer la totalité de son épargne accumulée.

En sachant que le maintien de la production de 1.4 mille milliards d'euros serait rapidement impossible, avec la réduction autoritaire des consommations et que notre balance commerciale et financière serait tellement déficitaire que personne ne voit comment faire face à de tels déficits.

Que celui qui croit ce scénario simplement possible lève le doigt.

Et  coupe les neufs autres en signe d'acceptation des sacrifices demandés aux autres  et de bonne volonté pour l'écologie religieuse.

Steven Koonin : « La part d’incertitude ». L’artilleur.

Ayant écrit constamment sur les questions écologiques et la « reductio ad stupidum » qui est désormais la caractéristique majeure du discours des médias dominants dans ce domaine, le livre de Steven Koonin m’a toujours apparu depuis sa parution en anglais comme une véritable bible, Lu après l’écriture de Réconcilier Écologie et Économie, j’étais à la fois soucieux des erreurs éventuellement commises et gourmands des analyses proposées sur des données non connues à l’époque de la rédaction. Tout ce que j’ai écrit est confirmé, ce qui est rafraîchissant.

Il ne faut pas se tromper sur la nature du livre de Steven Koonin. Ce n’est pas un livre polémique, ni de dénonciation, ni de prescription, indiquant le bien pensé et les actions efficaces à mettre en œuvre. C’est un livre qui vise à préciser sans parti pris l’état des connaissances scientifiques en climatologie, ce qui est sûr, ce qui faux, ce qui est à confirmer, ce qui est incertain, et tout le champ de ce qui reste à découvrir si on veut améliorer les moyens de cette science.

Alors disons-le : ce n’est pas un œuvre littéraire qui se lit de façon fluide et sans effort. La science peut être ardue et toutes les démonstrations ne sont pas immédiatement démonstratives. Il faut s’arrêter souvent, relire, réfléchir, et recommencer. Bien sûr c’est un travail de vulgarisation où toutes complexités ont été majoritairement contournées pour permettre l’accès au plus grand nombre. Mais cela reste un exercice ! La science, ce n’est pas simple.

Beaucoup seront tentés de sauter vite aux conclusions. Et elles bouleversent un peu le champ des idées infligées aux auditeurs des médias grand public. Résumons la thèse principale : les apocalypses, ni aujourd’hui ni plus tard. La hausse du niveau de la mer est si lente que les submersions catastrophiques souvent modélisées et illustrés de façon terrifiante par les émissions de télévision, ne sont pas un sujet, ni à court terme ni à moyen terme. Inondations et feux de forêts sont dans la norme et ont même tendance à décroître. La hausse de la chaleur est très difficile à mesurer et à prévoir, et les modèles utilisés sont souvent réglés artificiellement ou fragiles, soit par l’absence de données historique suffisante, soit par incertitude de connaissances, soit par construction.

Ayant rédigé une thèse de doctorat sur l’impossibilité de la prévision à long terme dans le domaine de l’économie, qui m’a valu des tas d’ennuis, je sais les limites de l’économétrie (souvent affublée du vocable de « déconométrie ») et des difficultés intrinsèques à tout modèle, dès lors qu’il est plurifactoriel avec des parts de rétroactions. Un ami a fait il y a bien longtemps un modèle à 70 variables avec un programme d’intelligence artificielle chargé de trouver les paramètres des constantes pour que la courbe résultat suive exactement la courbe historique. On aboutissait à des chiffres absurdes sur certains paramètres.

Le réchauffement a bien lieu. L’activité humaine y contribue, mais pour une part faible et de toute façon, les effets d’une réduction drastique des activités n’auraient pas d’impact important à court et moyen terme. Comme nous l’avons, nous-même, écrit, la conversion de l’économie à des pratiques moins polluantes est une affaire de long terme. Nous disions un marathon, pas un sprint. L’auteur emploie une autre formule : orthodontie et pas arrachage de dents.

Le livre n’est pas prescriptif. Il ne vise pas à définir un programme mais à fixer l’état des lieux des connaissances scientifiques en climatologie et éliminer les informations « bidon » cautionnées hélas parfois par des scientifiques « bien intentionnés ». « C’est faux mais cela va dans le bon sens ». Un travail nécessaire qui laisse aux hommes politiques le soin de construire une réponse sensée. On en est loin.

Pour tous les journalistes et les cadres politiques, comme pour les citoyens curieux de vérité, une lecture indispensable.

Didier Dufau pour le Cercle des « économistes e-toile ».

Bécassine et la méga bassine.

Sottise et contextualisation

Lorsqu’on examine les réclamations violentes portées par les mouvements autoproclamés de sauvegarde de la terre contre les méchants inconscients qui veulent la tuer et avec elle toutes les beautés animales de la création, on trouve toujours des prémisses acceptables, presque raisonnables. Mais dès qu’on creuse un peu, on entre dans le monde fantasmagorique de la bêtise délirante aux conséquences navrantes voire abominables.

Prenons le discours hostile aux « méga bassines », ces retenues d’eau destinées à l’agriculture. « Pourquoi devrait-on accepter que l’on crée à grands frais des retenues d’eau pour 12 agriculteurs qui n’en paieront rien, au mépris des zones naturelles qui seront gâchées et perdront une partie de leur diversité, 12 exploitants qui iront chercher l’eau dans les nappes phréatiques, qui est un bien commun qui devient rare, au détriment du reste de la population et tout cela pour fabriquer du maïs qui sert à l’élevage de vaches qui pètent et qui rotent, et produisent du méthane, le pire gaz à effets de serre, aggravant la crise climatique provoquée par l’homme en stimulant une surconsommation dommageable aux individus comme à la planète ».

Tout cela paraît plutôt raisonnable. La grande presse, toujours mobilisée pour servir le bien de l’humanité, a repris ce discours avec une bienveillance totale et répétitive, sans aucune discussion ni réserve.

Créer un écosystème fondé sur la subvention et pas sur la rentabilité est discutable.

Détruire des biens communs mal renouvelables, comme l’eau des nappes phréatiques pour des intérêts particuliers est discutable.

Investir tant d’argent public pour 12 personnes, c’est discutable.

Manger trop de viande est bien mauvais pour la santé, c’est indiscutable.

Il serait impossible de fournir de la viande à l’ensemble de la population mondiale si elle monte à 10 ou 12 milliards d’individus, c’est indiscutable.

On pourrait en rester là, empêcher de construire la bassine et partir se coucher, heureux et le cœur léger d’être aussi bon et conscientisé, dans un nid douillet en centre-ville !

Un détail reste à régler : pourquoi toutes les autorités de régulation ont-elles choisi après moult discussions et arbitrages de se lancer dans l’opération récemment contestée violemment et pourquoi s’apprêtent-elles à multiplier ces équipements ?

Là intervient le gros mot qui fait peur : contextualisation. Toute action s’inscrit dans un contexte. Ignorer le contexte interdit de comprendre (cum prehendere) la situation et des évidences peuvent alors devenir des sottises éhontées, source de comportements ignominieux.

Considération n° 1 : L’Union européenne est la première puissance agricole mondiale. En 2019, la production agricole du continent représente environ 418 milliards d’euros, selon un rapport de la Commission européenne. L’État y contribuant le plus est la France (18 % du total de l’UE), suivie de l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, la Pologne et la Roumanie. Ensemble, ces sept États membres représentent plus des trois quarts de la production agricole totale de l’UE.

L’agriculture est donc un secteur stratégique pour l’Europe et pour la France. Attention !

Considération 2 : Céréales, produits laitiers, bovins vivants, sucre, les grands postes d'exportation ont régressé face à une production étrangère qui progresse en qualité et volume. Pour la première fois depuis la guerre, le solde des échanges agroalimentaires de la France avec le reste de l’Union européenne est devenu négatif, selon l’Inra. Avec 38,1 milliards d’euros d’exportation (21,7 milliards hors UE) en 2018, l’hexagone est parvenu à un plateau (+2 % depuis 2011) alors que les importations en provenance des pays voisins ont progressé de 24 % (38,4 milliards d’euros).

La France perd des parts de marché agricole et sa compétitivité internationale baisse. Attention !

Considération 3 : Depuis 1950, la surface agricole utilisée (SAU) de la France recule (- 17 %). Le nombre de paysans est passé de 1 400 000 à 400.0000 entre 1960 et aujourd’hui. Dans les 20 dernières années le recul de la population vivant de l’agriculture a été de 50 %. La désertification de régions entières est devenue préoccupante. Pour conserver un revenu comparable à celui des urbains, les agriculteurs sont obligés à un double mouvement : étendre la taille des exploitations et devenir plus productifs. Les femmes ont largement déserté les campagnes et l’âge moyen des exploitants est de 50 ans. À chaque décès, la propriété se concentre. À horizon court, près de la moitié des exploitants va disparaître et le remplacement n’est pas acquis.

Les 12 agriculteurs seront 6 en 2040, 3 en 2060, 2 en 2 080 et 1 en 2100, horizon bien connu des écologistes du Giec. Ou zéro à court terme si on ne laisse pas un chemin d’augmentation de revenu aux exploitants. En vérité, l’évolution est plus compliquée que cela : l’exploitation familiale est remplacée par des entreprises qui embauchent des salariés permanents ou saisonniers. Le nombre des salariés agricoles baisse beaucoup moins que celui des exploitants familiaux. Le culte du paysan familial, petit exploitant sacré et protégé par les juges et le régime quasi communiste mis en place à la Libération est une foutaise. La ferme où l’auteur de ses lignes allait dans les années cinquante possédait trois hectares dans des zones difficiles, 2 chevaux de trait et 10 vaches. Les trois champs sont en jachère, les vaches et les chevaux ont disparu et la ferme est devenue une part de lotissement. En 10 ans la taille d’une exploitation moyenne est passée 55 à 69 hectares. En 2050, on sera sans doute à 100 hectares gérés par une entreprise ou un ou groupement quelconque. En 2100, l’exploitation de moins de 200 hectares sera l’exception.

Considération 4 : 450 milliards de m3 d’eau pleuvent sur la France en un an dont 10 % environ sont prélevés. Une retenue d’eau comme celle qui est contestée à Sainte Soline contient 627 868 m3. On peut penser qu’environ 200 retenues d’eau de ce genre seront mises en place en France dans les 5 années à venir, qui concerneraient 140 millions de m3 soit 0,3 % de la ressource pluviométrique annuelle. C’est minuscule. Si les retenues n’existaient pas il faudrait prendre tout dans la nappe phréatique ! Ou arrêter l’exploitation.

Considération 5 : la construction de retenues d’eau est acceptée en contrepartie de nombreuses conditions portant à la fois sur les aménagements complémentaires et les conditions de l’exploitation, afin d’obtenir des produits plus sains en abîmant moins le territoire agricole et les environs.

Résumons-nous : l’agriculture est un des gros actifs européens et français. Ce trésor s’érode et en France il est menacé par une mauvaise compétitivité, l’exode rural, et la prolétarisation de l’exploitation familiale traditionnelle. Dans ce contexte, il devient nécessaire d’organiser une gestion de la propriété et de l’utilisation des ressources différente du modèle historique, avec des entreprises agricoles de grandes tailles garantissant le revenu des acteurs, des moyens productifs et une meilleure récupération des eaux pluviales. Sinon, c’est l’effondrement d’une activité nationale stratégique et la généralisation de zones agricoles prolétarisés et désertées. Une meilleure capture de l’eau de pluie est indispensable en temps de réchauffement climatique, en même temps qu’une amélioration des pratiques.

Une politique de retenue d’eau est donc raisonnable et ses inconvénients pratiquement nuls. Ne pas le faire serait une catastrophe qui ruinerait un peu plus le pays sans raison valable. Toutes les filières agricoles ont leur intérêt et doivent être renforcées le plus possible.

La contextualisation permet de recentrer les débats sur les questions fondamentales. Ce qui, à vue de nez était de l’ordre de la réflexion légitime, avec une vision plus large, devient une option désastreuse à éviter absolument. Quand, de surcroît, ces sottises sont exprimées avec des violences inacceptables et provoquent des blessés et des dégâts, on entre dans le monde de l’ignominie anti démocratique et la haine des Savonarole, exploitée par des mouvances anticapitalistes d’extrême-gauche, hostiles à la liberté et à la prospérité, qui reprennent à leur compte l’action des troïkas lancées par Staline contre le monde paysan. Rappelons qu’entre 1929 et 1934, ces salopards ont tué environ 10 millions de paysans et ruiné l’agriculture de l’Ukraine et de la Russie pour 75 ans. Le régime communiste est tombé : l’agriculture est redevenue triomphante.

On part d’un meilleur régime alimentaire avec moins de protéines animales et le respect des grenouilles et des vers de terre, et on en revient à l’histoire du pire génocide du XXe siècle !

C’est tout le problème écolo : on passe de Greenpeace et la prétendue défense globale du bien de l’humanité à EELV et l’extrême gauche anti capitaliste, révolutionnaire et violente, en trompant Bécassine qui ne sait pas trop reconnaître des mégas fascistes de la plus belle eau !

Reprenons en chœur : « Bécassine c’est ma copine. Elle en veut, des mégas bassines ! »

Monnaie : une erreur qui devient agaçante !

Les professeurs universitaires d’économie ont toujours eu du mal avec la monnaie. Jusqu’à l’écœurement, ils répètent depuis des lustres qu’avant la monnaie, il y avait le troc et ses incroyables limitations. Et soudain la monnaie parut et Aristote la codifia ! On est alors entré dans le monde merveilleux de l’économie triomphante.

Tout cela est totalement faux. L’organisation économique et sociale antérieure à l’apparition de la monnaie est basée non pas sur le troc mais l’affectation autoritaire des rôles et la compensation. Pas sur le troc, même s’il y a du troc. L’énergie : l’esclavage. La paysannerie : le servage. La religion et les armées dirigent. Les sociétés primitives sont basées essentiellement sur une répartition des rôles autoritaires et la force des religions. La mortinatalité serait considérée aujourd’hui comme un fléau intolérable, ce qui pousse à organiser la reproduction de façon intensive et à protéger le gynécée. La durée de vie moyenne hors mortinatalité est de 30 à 40 ans selon les régions. On ne fait pas de vieux os et la mort est omniprésente, donc les Dieux qu’il s’agit d’amadouer et le clergé qu’il s’agit de faire vivre. La liberté dans toutes les sociétés ou primitives ou antiques est une notion peu opérationnelle. On est ce qu’on naît, sauf accident brutal de la vie et il y a beaucoup d’accidents.

Le troc est tout à fait minime dans ces sociétés. Les soldats se rémunèrent sur les rapines et les razzias ou carrément sur les pillages. Il faut donc des guerres fréquentes. Ce sont les guerres qui changent les rapports de force. Les biens sont rares. Il est facile de définir des abaques, c’est-à-dire des ratios d’échange. Elles n’ont pas nécessairement un rôle économique : elles servent à régler les questions religieuses et de justice d’abord. Tout se payant en nature, il faut étalonner la valeur avec des échelles d’équivalence. Un canard vaut deux poulets depuis des temps immémoriaux. Le bœuf est une référence étalon. La sanction judiciaire et l’offrande sont codifiées. On sacrifiera un bœuf ou un mouton ou n’importe quel animal, mais pas n’importe comment. La religion pousse à l’abaque, comme la justice qui est basée sur la compensation : on se libère en donnant des biens dont la hiérarchie de valeur doit être établie. Ce n’est pas simple et cela concerne tout ce qu’on a sous la main. On peut payer en esclave et en jeune fille pubère. Ce qui s’échange sur des marchés, ce sont les surplus des réquisitions obligatoires et des nécessités de la vie quotidienne. Les rapports de valeur sont largement fixés par les autorités ou la coutume, et généralement, ils bougent très peu, sauf en cas de guerre et d’épidémie.

La seule disruption dans ces routines vient de ce qu’on pourrait appeler les échanges internationaux. Mais tous les peuples qui ont dominé ces activités liées en général au transport et ses investissements très lourds, n’ont pas eu besoin de la monnaie pour travailler pendant des siècles. Le nombre de produits concernés était très faible et il fallait des sécurités que seul le prince pouvait fournir. Les peuples soumis doivent payer tribut et se libérer de leurs dettes, comme les autres, en nature. L’artisanat et le développement d’une bourgeoisie urbaine étaient une autre source de sortie des mécanismes ancestraux. Mais là encore, la richesse étant terrienne, et entre les mains du clergé et des princes tout était codifié et relativement stable.

On comprendra que dans ces conditions il était peu probable que l’innovation monétaire se fasse à la base, sur les marchés. Et tel n’a pas été le cas. La monnaie est née au confluent de la ritualité funéraire et des besoins de la rémunération des soldats. Elle a ensuite révolutionné la justice. On est dans le 100 % régalien et aucunement dans le commercial ! Elle se répandra par la soldatesque et les prostituées autour… des temples. Elle va provoquer des conséquences d’abord sur les sacrifices. Il devient inutile de tuer des bêtes ou de sacrifier des humains, en général des jeunes femmes vierges. Elle ne pourra véritablement jouer un rôle économique que lorsque la liberté prendra son effort. D’où les deux expressions : l’or est le sang des dieux, marquant le caractère religieux des symboles et le sommet dans la valeur ; la monnaie est de la liberté frappée, marquant que sans liberté elle n’a pas de rôle indispensable.

Lors d’une longue conversation avec un des conservateurs du musée numismatique de Berlin, il y a bien des années, la question qui nous agitait concernait les petites billes d’or qui servaient à une multitude de cérémonies sacrées, en Égypte et dans tout l’est de la Méditerranée. Par exemple, on mettait en Égypte dans le tombeau des princesses des tenues avec de nombreuses billes d’or. La tradition de la petite billette d’or dans la bouche des défunts était également généralisée notamment dans l’environnement dominé par les Grecs. L’observation montre que ces billettes étaient relativement codifiées. Leur poids évolue dans des limites assez strictes

L’or comme l’argent ne circulent pas dans la vie courante. Leur valeur est beaucoup trop grande par rapport au revenu moyen. Seuls les princes en possèdent et momentanément les artisans qui les transforment. Ils ne servent que dans les grandes occasions.

Lorsqu’en Lycie, lieu de la rivière aurifère Pactole au temps de Crésus, tous noms devenus des symboles encore utilisés aujourd’hui, on s’avise de prendre ces petites billettes d’or et de les presser en leur donnant une valeur constante et officielle par le grammage d’or, ce n’est pas pour améliorer le commerce et dynamiser les marchés. D’abord on a l’habitude de créer ces billettes quasi normalisées qui sont expédiées un peu partout dans le monde méditerranéen. Les sceaux on connaît. Presser la billette et y mettre un sceau n’est pas un saut technique phénoménal, même si le résultat le sera. La monnaie ne naît pas sur une place de marché mais dans une contrée riche en or et diffusant ce métal dans un but religieux en général sous forme de perle d’or relativement standardisée.

Le but est de rassembler des troupes pour battre le voisin du nord est qui est de plus en plus embarrassant. Donner une pièce d’or peut attirer les mercenaires. La pièce en électrum, un alliage permettant de durcir l’or, ne va pas rester thésaurisée par les soldats, on s’en doute, avec les conséquences qu’on a signalées sur le type et les lieux de la dépense principale.

Le royaume de Lycie perdra sa guerre et sera dissous. La pièce restera, d’abord comme moyen des états, si ce vocable s’applique bien aux pouvoirs de l’époque et surtout deviendra fondamentales dans deux domaines fondamentaux : la justice et la religion. Désormais on peut éteindre ses dettes avec de la monnaie, ce qui est beaucoup plus commode qu’en cédant des biens ou des enfants, ou en sacrifiant du bétail. C’est une révolution qui permet de réécrire tous les codes.

Et le commerce dans tout cela ? Il va se saisir de l’innovation en fonction de la place de la liberté dans la société. Il faudra plusieurs siècles avant que l’usage ne devienne général. À Athènes il faut deux cents ans pour que l’affaire se consolide. Mais à Sparte on se moque de « ces pédés d’Athéniens et leur monnaie ». On y considère la finance, les gains sur la spéculation permis par la monnaie, comme une licence. Une des activités qui résistera le plus longtemps est le commerce international. Les Phéniciens mettront quatre cents ans avant d’utiliser la monnaie.

Une fois le mouvement installé, il emportera tout et permettra l’émergence du capitalisme, tout en faussant les perspectives. La monnaie, toujours principalement régalienne, sera confondue avec la richesse. Il faudra les physiocrates et les premiers économistes classiques pour bien faire comprendre que la richesse est d’abord la production qui permet la consommation.

On voit aujourd’hui qu’un pays comme la France a fini par payer presque tout le monde pendant la crise du Cvoid avec de la monnaie administrative sans quasiment aucune production. La monnaie est restée régalienne et permet en apparence toutes les folies bureaucratiques. Et la promotion sur une base quasi religieuse de l’« écologie » a fait perdre de vue que la richesse réelle était l’énergie et la production.

On revient tranquillement à une forme de société basée sur la contrainte et la répartition, avec restriction des libertés. Bienvenue dans la nouvelle protohistoire, où le sacrifice aux Dieux était la base de la vie intellectuelle et la rémunération du clergé sous la protection de l’armée la forme la plus achevée de l’organisation sociale. On y aura plus besoin de monnaie, seulement des tickets de rationnement.

À Carthage, lors des sécheresses, les élites offraient leur fille adolescente et vierge naturellement au sacrifice rituel. Il fallait amadouer le Dieu Baal. Cela ne changeait pas grand-chose à la pluviométrie mais cela permettait de calmer la volonté de vengeance sur les élites de la populace affamée.

Là on offre en holocauste au Dieu climat la prospérité générale, sans aucun sacrifice des élites politiques qui elles se gobergent sans limite. On a gardé l’idée sacrificielle des Carthaginois mais sans que les élites ne paient le prix. La distribution de monnaies à toutes les clientèles semble être suffisante. Les libertés fondent avec la valeur de la monnaie et les passes-énergétiques.

Une fois de plus l’histoire nous administre la preuve que la monnaie légale est une affaire plus régalienne que marchande. Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’appréciation du phénomène et la manière d’appréhender son avenir, surtout avec les perspectives ouvertes par la numérisation et la déconnexion totale de la création de monnaie du processus de production et l’ampleur de la thésaurisation associée.

 

Didier Dufau pour le cercle des « économistes e-toile »

Couple franco-allemand et dysfonctionnement de l’Euro

L’Allemagne vaincue, déshonorée, ruinée et coupée en deux de 1945 n’est plus depuis longtemps. Sous l’influence de Keynes, l’habitude qui était de se servir sur le dos du vaincu pour se rembourser des dommages commis par l’ennemi ne s’est pas appliquée. Les dettes allemandes ont été réduites et étalées pour ne pas faire de mal à la reconstruction du pays. Les Allemands de l’Ouest ont joué, comme les vaincus japonais, la carte du commerce et de la production, en s’appuyant massivement sur les Américains. Ne plus avoir de frais militaires, qui sont un fardeau économique lourd, était un avantage crucial. La stratégie a été mercantiliste dès les premiers gouvernements allemands d’après-guerre. Sans en faire une théorie publique.

Les dirigeants allemands ont accepté la perspective que lui offrait la « construction de l’Europe », parce qu’elle lui permettait de sortir de l’indignité qu’avait été le régime nazi génocidaire. Tout a marché parfaitement bien tant qu’on n’était en régime de changes fixes et ajustables. On réévaluait le Mark de temps à autre tout en conservant une forte productivité associée à un accord tacite entre classe ouvrière et patronat.

Deux ruptures à caractère géopolitique, la fin du régime de Bretton Woods et l’effondrement de l’Union Soviétique allaient changer radicalement la donne.

Sa politique mercantiliste sous changes fixes lui permettait d’accumuler des capitaux, de disposer de taux d’intérêt bas, et un change élevé réduisait le coût des importations. C’était bon pour le plein-emploi et pour une croissance solide et pérenne. Certes l’obligation de maintenir l’équilibre des changes lui imposait des revalorisations monétaires, mais contrôlées et assez faciles à absorber, compte tenu du laxisme de la gestion de ses concurrents. Le passage aux changes flottants allait avoir deux conséquences fâcheuses pour l’Allemagne. La première c’est l’effondrement du cours de change du dollar, alors qu’elle accumulait prioritairement des dollars. Ses réserves sont durement dévaluées et son système bancaire, très fragile, souffre. Personne ne se souvient que l’Allemagne au tournant des années quatre-vingt est « l’homme malade » de l’économie européenne.

Le coût du pétrole s’est envolé. L’énergie devient chère alors qu’elle est absolument nécessaire pour faire tourner l’industrie allemande. C’est à partir de cette date que l’Allemagne commence à regarder vers l’est et à entretenir des relations suivies avec l’URSS, commerciales mais aussi financières, à un moment où le modèle soviétique vacille et a besoin de cash. Gorbatchev arrive et il sera l’objet de tous les soins de l’Allemagne qui gagne le gros lot de la réunification allemande. L’Allemagne redevient la puissance dominante en Europe, simplement pour des effets de taille, sous tutelle américaine pour tout sauf pour le commerce et l’énergie.

On aime raconter en France que F. Mitterrand, inquiet de la réunification allemande, l’a accepté en contrepartie du sacrifice par l’Allemagne de sa monnaie. La monnaie unique était déjà l’obsession française dès 1982-1983. Et dès le traité de Lahaye, signé par G. Pompidou en 1969, l’idée d’une monnaie européenne était annoncée et les plans en ce sens se sont succédé. L’Allemagne a toujours été non seulement d’accord mais active en ce sens. Pourquoi ? La monnaie unique serait nécessairement moins forte que le Mark et permettrait donc d’avoir un avantage compétitif dans le commerce mondial. Mais il enchérirait l’énergie. Il fallait donc trouver des accords avec des fournisseurs pas trop exigeants. Et il était nécessaire de changer le système social pour éviter une croissance des coûts internes. Ce sera le plan Schroeder. Surtout depuis qu’on avait accepté que la Chine entre à l’OMS. L’Allemagne pourrait vendre dans l’immense territoire chinois mais son industrie mécanique devait rester hypercompétitive.

En dépit des coûts de la réunification, l’Allemagne devient alors le poumon économique hégémonique de l’Europe, accumulant les excédents, finançant tout et n’importe quoi en Europe, notamment en Grèce et en Espagne, exploitant les ex-pays de l’est pour leur main-d’œuvre, qui compense leur effondrement démographique. La BCE est une machine allemande où 80 % du trafic financier et monétaire concerne l’Allemagne. L’union européenne agira comme un agent de recouvrement pour l’Allemagne quand la crise de 2008 mettra par terre les économies espagnole et grecque. Sans pitié.

Sur le plan diplomatique elle retrouve son influence. C’est elle qui fait pencher la balance en faveur de la Croatie quasi-protectorat de toujours et fait frapper la Serbie, un ennemi de toujours.

Lorsqu’après Fukushima elle abandonne l’énergie nucléaire, ce n’est pas seulement pour répondre à la pression des Grünen. Le gaz russe est là et il n’est pas cher. La Russie a d’énormes réserves d’à peu près tout ce dont l’Allemagne a besoin pour maintenir sa domination industrielle et commerciale. Alors youpee ! Schroeder entre au Board de la plus grosse société de domaine de l’énergie russe. Un symbole.

Elle a besoin de main-d’œuvre. Elle ouvre les vannes de l’immigration intra-européenne, mais aussi extra-européenne, turque, syrienne et africaine et laisse le Wokisme pénétrer par toutes les ouvertures.

Ainsi calée, l’Allemagne a pu surmonter la crise de 2008.

Le modèle allait devenir en porte à faux avec la guerre en Ukraine, la privation du gaz russe, et la prudence revenue vis-à-vis du commerce avec des dictatures, sapant les bases du mercantilisme allemand.

Dans tout cela que représentait le « couple franco-allemand ». Pratiquement rien. L’Allemagne a mené sa politique sans avoir réellement besoin de la France jusqu’à la réunification et en s’en moquant ouvertement après la réunification.

Tant que l’ignominie nazie pesait sur son image, il lui a fallu faire des génuflexions. Mais pas trop prononcées tout de même. Le général de Gaulle lui-même allait connaître une forte désillusion Sa politique de réconciliation était très bénéfique pour l’Allemagne, Le Général en contrepartie voulait que la France soit le cavalier et l’Allemagne le bourrin. Il n’y arrivera pas. Giscard né en Allemagne voulait quasiment l’effacement de la France dans une Europe fédérale dominée économiquement par l’Allemagne et où la France aurait le primat diplomatique. Ces billevesées seront anéanties avec le sourire par l’Allemagne. On a vu que Kohl acceptera une photo symbolique à Verdun main dans la main avec Mitterrand. Le petit mec avec le grand costaud. Un symbole. Tous les puceaux mystiques français se sont exaltés. Les Allemands ont eux obtenu leur réunification peu après.

Le couple franco-allemand est une idée européiste et française pas allemande. Les Allemands considèrent qu’ils n’ont pas besoin de la France, désormais même pas sur un plan symbolique.

L’idéologie fédérale européenne a besoin du couple franco-allemand. Si la France et l’Allemagne ne parviennent pas à s’entendre alors toute l’opération perd son sens. Les trois guerres franco-allemandes suffisent à justifier que « l’Europe c’est la paix » mais à condition que l’entente franco-allemande soit étroite. L’idée des comités pour l’Europe fédérale a été d’abord de mettre en commun des éléments de discorde possible, avec la CECA, puis Euratom puis le marché commun. Tout cela valait pour l’Europe des six avec une Allemagne coupée en deux dont une seule partie participait. Avec une Allemagne réunifiée la chose prenait mauvaise figure, alors on a intégré tous les pays possibles afin de noyer un peu la puissance allemande. Mais une décision cruciale a été prise : accepter que la taille respective des pays serve de jauge pour les postes à l’Assemblée européenne. L’ennui, c’est qu’il y a 84 millions d’habitants en Allemagne contre 67 en France. L’égalité du couple a été brisée. La voix de la France est devenue faible dans les institutions européennes, avec abandon de facto du français comme langue d’usage.

Pendant que les européistes français criaient « Europe, Europe, Europe », comme un cabri, tout en glorifiant le couple franco-Allemand, les Allemands laissaient dire, prenaient le pouvoir économique et dominaient l’Europe centrale, tout en maintenant leur politique mercantiliste, en en continuant à accumuler des réserves qui lui ont permis de racheter à peu près toutes les entreprises intéressantes en Europe et en particulier en France. Sans que jamais personne ne puisse faire passer un message dénonçant cette folie.

Dire que nous avons eu le rôle du cocu dans cette affaire, est peu dire !

Dès la prise du pouvoir par l’Enarchie, à partir du couple Giscard-Chirac, avec une litanie de dirigeants fonctionnaires de gauche, Fabius, Rocard, Jospin, Villepin, Hollande, Macron, Castex, Borne, l’option choisie au sein de cette petite élite sera l’immigration pour tenter de rattraper les effectifs allemands, la fiscalité démentielle qui fera de la France le premier pays au monde pour les impôts et les prélèvements, la disparition de l’industrie remplacée par la bureaucratie, un secteur social pléthorique, et les mesures de réduction du travail outrancières (35 heures et retraite précoce). Avec des déficits colossaux, un endettement massif et l’américanisation quasi-totale de la société, le Français étant laissé à l’abandon.

Macron est évidemment le symbole de cette folie. Nous avons les déficits commerciaux les pires de notre histoire et une dette abyssale avec un chômage structurel plus haut qu’ailleurs et une industrie lessivée !

Inutile de dire que cette situation pèse plus que les discours grotesques à la Sorbonne ou sur la Pnyka. Pour les Allemands la France est devenue un nain vaniteux et un gestionnaire méprisable, avec son président qui gazouille et qui papouille en se mettant à dos et les Italiens, et les Belges, et les Hollandais, et les Autrichiens, et les Polonais, et les Tchèques, et les Danois, etc. Cause toujours mon lapinou gaulois et laisse les gens sérieux faire ce qu’ils ont à faire. La mal gouvernance française est symbolisée par la présidence de Macron et par la direction catastrophique des capitales régionales par des monstres d’imbécillité qui tuent l’image de la France, et la marginalise dans le camp des pays en décrépitude rapide.

Les Britanniques ont rapidement compris qu’il n’avait rien à gagner dans une Europe allemande, cassant définitivement la dynamique européiste.

Il n’y a pas, il n’y a jamais eu de couple franco-allemand, mais une politique allemande profitant du côté « puceau mystique » de certains dirigeants français.

Aujourd’hui la situation est limpide. Le modèle allemand est pris au piège. Sa politique énergétique entièrement basée sur les éoliennes et le gaz russe, un couple tragique, s’effondre avec un risque terrible de voir rapidement son industrie asphyxiée par les prix du MWh et l’absence d’énergie disponible, notamment de gaz. Situation insupportable qui impose une politique très forte.

Que faire ? C’est tout simple : utiliser les énormes excédents monétaires accumulés par mercantilisme systématique, avec rançonnement financier des pays d’Europe, tous en déficit vis-à-vis de l’Allemagne, pour protéger l’industrie allemande et elle seule. Faire cavalier seul, c’est l’habitude de l’Allemagne en toute impudence et en toutes circonstances depuis la réunification.

Le choc des 200 milliards mis sur la table par l’Allemagne pour elle-même, sans une seconde de considération pour ses partenaires européens, est un énorme pavé dans la mare des illusions européistes et de la doctrine du couple franco-allemand base du fonctionnement de l’UE.

Ce choc est aggravé d’une part par l’annonce que l’Allemagne entend recréer l’armée la plus puissante d’Europe en se fournissant uniquement chez les Américains et après avoir tenté de mettre la main sur tout le complexe militaro-industriel français, répétant la manœuvre faite avec Airbus.

La France pour l’Allemagne est dirigée par un freluquet dérisoire, d’une naïveté confondante, et qui n’aime que parler dans le vide, sans action concrète dans quelque domaine que ce soit. Cela lui a permis d’obtenir la destruction d’EDF et la mise en danger de l’industrie nucléaire française qui donnait un avantage compétitif à la France, avec ce marché européen fou de l’énergie basé sur le coût marginal du gaz allemand. L’Allemagne ne veut pas du nucléaire français peu cher à côté de ses frais énergétiques devenus terrifiants depuis le blocage des approvisionnements russes. Les discussions sur la « taxonomie » des énergies « vertes » ont été un combat pour la sauvegarde du modèle français menacé de destruction par l’Allemagne et l’Europe. Il n’est pas terminé.

Le projet d’Emmanuel Macron d’abandonner la politique étrangère à la majorité des pays européens, totalement atlantiste et entre les mains des Américains, d’y ajouter le siège de la France aux Etats-Unis, la privant de son droit de véto, et de passer à l’élection au suffrage universel de tous les pays de l’Union marque une volonté de faire disparaître à peu près totalement la France du concert international.

Les Européistes affirment : en créant un vrai fédéralisme en Europe, la puissance allemande sera intégrée et maîtrisée dans les mécanismes fédéraux. C’est le moment de faire le grand saut.

On retrouve toute la force d’illusion qui mène le projet européen depuis le début. Notons au passage que le dysfonctionnement radical de l’Euro qui consiste à laisser l’Allemagne et deux autres pays à accumuler des stocks de devises, n’a jamais été dénoncé sinon par nous-mêmes, au Cercle des économistes e-toile. Il nous offre une démonstration formidable de sa nocivité avec ce plan de remploi des excédents par l’Allemagne pour son seul intérêt. Tout le monde a accepté une situation anormale sans rien dire et voit aujourd’hui que l’anomalie est sérieuse. Nous avions proposé de taxer les excédents avec une échelle progressive. L’aurions-nous fait que l’Allemagne serait aujourd’hui dans la nécessité de jouer collectif. Les mauvaises institutions sont toujours à la source de catastrophes.

Reste à savoir ce qui peut être fait aujourd’hui pour éviter que l’Allemagne ne devienne un problème européen encore plus grave. Seul un redressement forcené de la France semble pouvoir donner un début de solution. On n’en prend pas le chemin.

PS : Renaud Girard est un des journalistes de la PQN les plus favorables au « couple franco-allemand ». Il est intéressant de lire son article du jour (25 octobre 2022). Il constate que l’Allemagne a désormais changé de logiciel et choisi de devenir un géant politique en accord avec sa place de « puissance dominante en Europe », label donné par Washington, avec une première technologique militaire, le projet Européen sky shield décidé sans informer la France, comme bien d’autres initiatives. Après avoir souligné les liens privilégiés entre Giscard et Schmid, Mitterrand et Kohl, Chirac et Shrôder, il voit que les Allemands n’arrivent pas, depuis Merkel, à prendre les dirigeants français au sérieux. Il pense que c’est à cause des Français. Pour nous, La réunification est la vraie raison et cela dure depuis plus de trente ans maintenant ! Sa conclusion : que la France soit belle et elle pourra aller au bal avec le cousin germanique. On peut penser que c’est un peu juste. On a quitté le monde de la séduction, il y a bien longtemps. L’Allemagne avait besoin de la France pour se dédouaner des crimes hitlériens commis avec le soutien général du peuple allemand. Tout cela est de l’histoire ancienne. On revient aux constantes géopolitiques : L’Allemagne assure désormais sa tutelle sur toute la Mittel Europa. En ménageant la Russie.

La France ?

« verdammt französisch »

Didier Dufau pour le cercle des « économistes e-toile ».

L’option problématique du tout électrique

En matière d’énergie, toute l’histoire de l’humanité est marquée par l’exploitation simultanée de nouvelles formes d’énergie. La croissance économique est entièrement corrélée à la disposition d’énergie et à son coût. Énergie abondante et peu coûteuse ? Croissance. Énergie rare et coûteuse ? Décroissance. Cette réalité est indiscutable. C’est une loi fondamentale de notre condition humaine.

Lorsque la production de pétrole a été cartellisée et que son prix est devenu le fruit d’un racket, l’économie mondiale est entrée dans une ère de croissance ralentie. Pour les pays qui comme la France n’ont pas de pétrole et peu de gaz, la situation est devenue critique. Le réflexe a été de construire une industrie nucléaire importante. En fait trop importante. Il fallait caler la ressource sur la pointe de consommation, ce qui veut dire de longues plages de surcapacités inutilisées. Alors, principalement sous Giscard, on a poussé à une certaine surconsommation électrique dans les transports et dans le bâtiment. Bien sûr le but était de limiter le recours aux énergies importées, en réduisant le chauffage au fuel d'un côté et les coûts en kérosène du transport aérien en poussant le transport rapides alternatif, le TGV.

Le chauffage par le sol et la très haute vitesse des trains, après la disparition des locomotives utilisant charbon et diesel, ont été des sources d’utilisation massive d’énergie électrique, tournant au gaspillage. Mais cela créait un fond de consommation constant de jour comme de nuit, favorable à l’amortissement des centrales nucléaires. L’excès de production offrait également des possibilités d’exportation des excédents. Moins d’importations, plus d’exportations, une indépendance nationale renforcée et une énergie pas chère, le pari n’était pas pascalien. On pouvait annoncer qu’il serait gagnant et il l’a été. Si la désindustrialisation a eu lieu, l’énergie n’est pas en cause mais les politiques menées en France, (dont le Cercle des Économistes e-toile a dénoncé dès sa création les effets délétères).

La France s’est retrouvée au début des années quatre-vingt avec une industrie nucléaire légèrement surdimensionnée avec des secteurs poussés à une haute consommation. Mais on savait que le développement de l’informatique comme on disait alors, du numérique, comme on dit maintenant, ainsi que la généralisation de l’équipement de maison, allait exiger de plus en plus d’électricité. La surcapacité n’était que temporaire et offrait un prix compétitif qui serait de toute façon favorable à la croissance.

Il serait faux de penser que les considérations écologiques n’aient pas eu d’influence dans les années soixante-dix. C’est à ce moment qu’on crée le premier ministère de l’environnement. Les normes de construction neuves sont toutes revues pour obtenir une meilleure isolation. Les industries sont chassées de la capitale par la Datar et envoyées en province. Ce qui impliquait plus de transports… mais la polluion urbaine pouvait baisser drastiquement.

Lorsque le « programme commun » est mis en place qui va ruiner le pays, la situation énergétique de la France est presque excellente. Quelles sont les réserves ?

Le coût du TGV, en termes d’infrastructures, est colossal et impossible à amortir, sauf sur un minuscule tronçon entre Paris et Lyon. Le transport de marchandises par la SNCF est progressivement abandonné. La mentalité, les statuts et les sureffectifs sont tels que les énormes déficits s’enchaînent depuis la création de la SNCF. Mais le TGV n’arrange rien. Une ligne TGV comme Paris Strasbourg est structurellement déficitaire et la recette comptée nette est négative et ne permet même pas d’envisager d’amortir les frais colossaux de la création et de l’entretien de la ligne qui, après l’effondrement des industries lorraines, traverse un quasi désert économique.

Dans l’immobilier le chauffage par le sol est rapidement arrêté, mais on oublie de mettre en œuvre une politique d’isolation des immeubles anciens. On pense qu’une énergie électrique abondante et économique suffit. On recommencera plus tard avec les subventions aux pompes à chaleur. Installer ces systèmes sans isoler en même temps de bâtiment concerné est un piège. En cas de pic de chaleur ou de froid, la consommation devient gigantesque en général au moment où on approche des pics de consommation. Le reste du temps la baisse de la facture permet des écarts dans la frugalité.

Un des trous dans la raquette est le transport routier qui consomme une bonne partie de l’énergie fossile importée. La France complète à grands frais sa couverture autoroutière et passe au diesel, en même temps que la vitesse est limitée et les normes de consommation et de pollution des voitures mises en place. Pas de développement sans autoroutes ! On ne voit pas deux inconvénients : le coût d’investissement est très important ; l’utilisation moyenne hors des périodes vacancières est faible ; elle est le fait des camions ; les voies françaises servent beaucoup à un transit international nord sud, vers l’Espagne et l’Italie et sud nord. La logistique par les canaux est quasi abandonnée.

La situation énergétique est donc satisfaisante mais marquée par les contradictions et fragiles. Ses deux faiblesses principales sont le manque de fiabilité de la SNCF dirigée de fait par la CGT et qui prend en otage les clients, ce qui est la source principale de l’abandon du transport de marchandises ferroviaire qui entraîne le développement massif du transport par camion, et le manque de volonté de progresser dans l’isolation du bâti ancien.

Le second choc pétrolier n’a pas eu du tout les mêmes conséquences que le premier. La France est à l’abri d’un choc énergétique pour de longues années et peut envisager l’avenir avec confiance.

Elle va commettre plusieurs erreurs majeures : le programme commun socialo communiste, l’abandon de la souveraineté monétaire, l’abandon de la souveraineté dans les échanges internationaux, l’abandon de sa souveraineté énergétique. Ouverte à tout vent sans moyen de réagir, elle va perdre sa compétitivité et son industrie, s’engouffrer dans le piège d’une dette incontrôlable, associée à ses déficits internes et externes qui explosent.

La conséquence va être un manque tragique de capacités d’investissement, l’accumulation des politiques contradictoires et le démantèlement de sa filière nucléaire, en même temps qu’une folie écologiste, initiée par Greenpeace à l’ONU submerge toutes les instances internationales sur le thème de l’urgence climatique et la mort de la terre à cause des méfaits de l’homme omnipotent et de la course à la consommation.

Dans la pratique, on veut que tout le transport devienne électrique et l’UE interdit le moteur thermique pour la production de voiture neuve dès 2 035 tout en envisageant la conversion totale du parc pour 2 050. La France ne peut rien faire. Elle a délégué totalement la politique énergétique et son président ne veut pas contredire l’Europe pour des raisons que nous avons explorées ailleurs sur ce blog.

Le tout électrique avec abandon de toutes les autres énergies est une folie furieuse si l’on exclut l’énergie nucléaire, abandon exigée par les mouvements qui sont à la source de la panique mondiale sur le réchauffement anthropique. Tous les calculs montrent que nous aurons à peine la capacité d’augmenter de 20 % notre capacité de production électrique d’ici 2035 et à peine plus en 2 050. Impossible d’alimenter ce qui existe et une croissance quelconque !

Aujourd’hui toute la mythologie sur les éoliennes et les panneaux solaires s’effondre, simplement parce que tout le monde voit qu’il faut l’accompagner d’une énergie pilotable que seul le nucléaire peut fournir si on veut garder un minimum de souveraineté énergétique.

Pour les promoteurs de la guerre contre l'économie, le gaz serait la solution. Éolienne plus gaz était le cocktail magique que les Grunen allemands avaient mis en place en Allemagne, mais au prix d’une dépendance totale vis-à-vis de la dictature russe.

La guerre en Ukraine a fait sauter tout cela. Plus de gaz, plus d’énergie en Allemagne et des coûts électriques qui s’envolent d’autant plus qu’une organisation absurde a été mise en place en Europe.

À 287 €/MWh, cours spot de ce jour, avec un marché à terme pour 2023 à 400 euros, l’ensemble des utilisateurs d’électricité sont KO. Rappelons quel était le coût du MWh il y a une dizaine d’années. « D'après la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE), les prix moyens de l'électricité sur les marchés de gros ont connu une hausse de 10,4 % en 2010 par rapport à 2009, pour atteindre 47,5€/MWh ». Rappelons également qu’au plus gros de la panique, le cours spot a atteint 1 100 euros, vingt fois plus que dix ans plus tôt !

Créer une économie dépendante à cent pour cent de l’électricité dont le cours au moindre accident géopolitique peut être multiplié par 10  ou même 20 n’est pas sérieux, même si la diversification des sources de fabrication de l’énergie électrique minimise partiellement la difficulté.

De même appliquer une idéologie de marché « concurrentiel » sur un tel marché, basé sur des réseaux unifiés et d’anciens monopoles d’Etat, comme l’a voulu l’Union Européenne, avec création de mesures totalement artificielles et en liant le prix de l’énergie d’une filière dans un pays avec celle d’une autre énergie ailleurs était une absurdité. Ce n’est pas être ultragauchiste de l’affirmer. La France est obligée de payer son énergie au prix du gaz en Allemagne qui n’en pas ! Et l’Allemagne l’empêche la France de sortir du piège pour maintenir sa domination commerciale.

Le pire, c’est l’attitude de l’abominable Maire de Paris, Mme Hidalgo qui veut augmenter massivement le prix de la vapeur produite et distribuée par le CPCU à Paris qui n’a strictement aucun rapport avec les prix spot du gaz allemand ! Il est vrai qu’avoir ruiné Paris la pousse à rechercher à tout va des hausses de recettes. Bien entendu la hausse ne sera vraisemblablement applicable qu’aux « bourgeois » !

Globalement, quelles que soient les erreurs collatérales, la destruction de notre industrie nucléaire par des fous furieux nous ruine littéralement.

La course accélérée à l’éolien ne mène qu’à une dépendance encore plus grande au pilotable qui n’est plus disponible à bas coûts à courts termes.

Le plus comique ou tragique, comme on voudra, serait l’obligation d’exiger que les vélos et les voitures électriques restent au garage, qu’on ralentisse les TGV à 100 km/h, et que l’état pilote directement via les compteurs Linky le chauffage et l’éclairage dans les logements.

On voit que le tout électrique exige aussi l’interdiction des grèves dans le secteur de la production électrique. Qui peut admettre que trois grévistes puissent couper la totalité de la production ou de la distribution d’électricité ?

La SNCF est obligée d’augmenter massivement ses tarifs qui vont rapidement devenir prohibitifs. Entre janvier et avril de cette année, l'Insee calcule une hausse de 15,3 %, en même temps que les déficits de l’entreprise deviennent abyssaux.

Le plus délirant est l’invective des Grünen allemands qui expliquent que si l’Allemagne souffre, c’est parce que la production nucléaire française est insuffisante ! « Scheisse mensch, erinnere dich an Fessenheim“.Ceux qui annoncent qu’il faut une petite voiture électrique pour les usages courants à la campagne et des vélos électriques dans les grandes villes, le TGV étant la solution pour les vacances, et ils sont très nombreux ces dernières heures,sont particulièrement pertinents !

Au prix de la voiture électrique et de l’électricité, il est sûr que le populo va se précipiter.

Les convaincus disent : c’est temporaire, c’est la guerre en Ukraine. Après notre vérité sera la vérité mondiale et éternelle.

La vérité immanente est différente : il faut un mix énergétique et permettre non une réduction de la production d’énergie mais une hausse. Il faut donner du temps au temps mais lancer d’urgence les études d’impacts que l’Union européenne n’a pas voulu faire. Si le gain en température de la politique actuellement suivie est nul, ce que tout laisse envisager, il est inutile de se ruiner pour rien.

Si on veut accélérer sur les éoliennes, alors il faut se mettre à exploiter le gaz de schiste ! Et cesser d’enrichir de façon grotesque les entreprises qui ont capté ce marché purement administratif.

Si on veut mettre le paquet sur l’isolation des logements, alors il faut mettre fin aux pertes délirantes de la SNCF, et augmenter la productivité globale du pays pour trouver les ressources nécessaires, en commençant à réduire drastiquement la bureaucratie, en augmentant le temps de travail et en réduisant les transferts sociaux délirants en France. Il faut spécifiquement abaisser la fiscalité sur le bâti pour permettre aux propriétaires de financer l’isolation et non faire exactement le contraire avec l’IFI et la hausse des taxes foncières, tout en réduisant le gain locatif par le blocage des loyers. Oui, il faut fFaire l’exact contraire et ce constat donne une idée de l’effondrement de la réflexion politique en France et la nullité qui règne dans les milieux politiques.

Si on veut limiter la circulation des camions dont on sait qu’ils ne rouleront jamais à l’électricité et que le seul substitut est l’hydrogène avec des coûts déments et des risques d’accidents graves gigantesques, il faut mettre une taxe carbone aux frontières et sortir le transport ferroviaire de marchandise des mains de la CGT.

On voit que nous sommes passés d’une situation relativement bonne et cohérente en 1980, en dépit des crises financières liées aux changes flottants et du laxisme post-soixante-huitard, à un champ de mines où les contradictions se multiplient, les gaspillages sur des marchés purement administratifs explosent, la dépendance à l’extérieur devient calamiteuse, et où les conséquences sociales s’aggravent de façon inquiétante.

Avec un exécutif totalement prisonnier de ses propres contradictions, suffisances et insuffisances, l’avenir est sombre.

Le tout électrique est mort en Ukraine ! Il faut une indépendance énergétique nationale avec un mix énergétique varié qui permet une certaine autonomie des citoyens. Certaines des tares françaises doivent être enfin corrigées. Se donner uniquement des objectifs de moyens sans tenir compte des résultats et des dégâts collatéraux est absurde. Le faire dans des délais intenables est une folie. Nous devons faire très attention au tempo, alors que nous sommes un des pays qui présente le bilan carbone le meilleur.

La France a gâché ses chances à cause de passions politiques malsaines et aujourd’hui obscènes. Il aurait suffi de maintenir l’effort nucléaire pour passer le cap actuel sans graves difficultés. La tentation du tout électrique reste néanmoins une idée fausse car irréalisable et même, par certains de ses aspects, peu souhaitable. Le citoyen doit garder des possibilités de choix pour ne pas être mis totalement sous tutelle.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Comment analyser les grèves actuelles ?

La possibilité pour des salariés de faire grève, c’est-à-dire de cesser le travail sans licenciement, pour faire pression sur la direction d’une entreprise, en contrepartie de l’absence de rémunération, est une soupape indispensable notamment pour les grands rassemblements de salariés de la révolution industrielle. Ce « droit de », donc cette liberté, a été acquis finalement assez vite et il est devenu constitutionnel à juste titre. Revenir sur cette liberté exigerait une révision de la constitution tout à fait inutile.

Comme toutes les libertés, elle s’exerce dans le cadre des lois qui l’organisent. Ces lois ne sont pas arbitraires. Une liberté ne peut pas bloquer d’autres libertés. Elle ne permet pas de créer des dommages collatéraux excessifs. Il n’y a pas de liberté sans limites. On retrouve pratiquement toujours les mêmes dans la majorité des pays démocratiques. Sauf en France, on va le voir et essayer de comprendre pourquoi.

Premier principe : la grève ne peut concerner que les revendications propres aux salariés d’une entreprise.

            Corollaire 1 : une grève ne peut pas concerner des revendications extérieures à l’entreprise.

Corollaire 2 : nul salarié d’une entreprise ne peut compromettre l’image de son entreprise dans des grèves et des manifestations qui ne la concerne pas.

Corollaire 3 : les grèves de solidarité sont interdites.

Corollaire 4 : l’appel à des grèves générales est interdit.

Second principe : une grève ne peut pas avoir un coût supérieur à l’avantage réclamé. En un mot, on ne peut pas ruiner une boîte ou la nation par des grèves ou trop longues, ou trop fréquentes ou ayant trop de conséquences négatives pour les tiers. Certaines techniques de grèves qui limitent à l’extrême le coût pour les grévistes tout en ruinant radicalement l’entreprise ne sont pas tolérables. Un exemple : recourir massivement aux arrêts maladie et abuser du droit de retrait pour bloquer la production tout en étant indemnisé par l’entreprise. Au passage, les médecins complices et les juges complices doivent voir leur responsabilité recherchée.

Troisième principe : les services publics ne peuvent pas être interrompus par des grèves, quel qu’en soit le motif. De même les services dépendant principalement d’argent public ne peuvent faire grève que dans des conditions précises et restreintes. Il y a bien longtemps qu’on a compris qu’on ne peut pas mettre des gens pour garder un pont et les laisser rançonner ceux qui veulent le traverser.

Quatrième principe : les fonctionnaires, dont l’emploi est garanti, dans aucune partie de la fonction publique ou des services associés, n’ont le droit de grève. On ne peut pas bloquer l’État.

Cinquième principe : les exactions syndicales contre les biens et les personnes doivent être empêchées et sanctionnées, avec un pouvoir de décision laissé aux préfets et non aux juges pour stopper immédiatement les actions illicites. Les juges ne seront appelés que pour contrôler éventuellement l’action des préfets.

Sixième principe : aucune occupation d’usine, vols de matériel, blocages des entrées n’est acceptable, ni même aucune menace de le faire.

Septième principe : seuls des adultes peuvent faire grève. Des syndicats de mineurs scolaires sont totalement exclus.

Huitième principe : l’indemnisation des jours de grève est illicite, car sinon, il n’y a plus de symétrie dans les dommages.

Les lois correspondantes n’ont pas empêché l’exercice du droit de grève au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux États-Unis. Elles ont permis de les pacifier et de concentrer la négociation sur des points précis et, un minimum, raisonnables. Elles prévalent depuis des lustres dans les pays les plus démocratiques du monde.

Mais pas en France.

Si un piquet de grève de 25 personnes bloquait l’accès d’un dépôt de carburant aux États-Unis, ce serait l’emprisonnement immédiat avec licenciement et indemnité colossale pour chacun d’entre eux et l’inculpation avant dissolution du syndicat qui jouerait ce jeu-là.

Appeler à une grève générale est un acte de sédition politique qui découle d’une doctrine politique antidémocratique qui veut qu’en dehors du vote et donc d’une volonté exprimée, des voies de fait puissent être commises contre la nation et la démocratie. Ces appels devraient être sanctionnés durement par une Cour de sûreté de l’État.

Le paradoxe juridique français est que tous les principes rappelés figurent peu ou prou dans les textes qui traitent du droit de grève. Mais que depuis 1968, on fait comme s’ils ne s’appliquaient pas, au moins un temps. Comme si la bonne grève devait légitimement violer la loi et d’autres libertés constitutionnelles, mais seulement pour un moment. Ce politiquement correct juridiquement parfaitement incorrect est à la base de la construction médiatique de la couverture des grèves. Des micros-trottoirs sont mobilisés d’une part pour faire valoir qu’une grève qui gêne le grand public le gêne effectivement, satisfaisant la concession que le pouvoir de nuisance s’exerce bien, mais aussitôt dix interviews d’otages expliquent que « c’est dur mais il faut bien qu’ils se défendent ». Cela s’appelle « construire l’information » dans le sens d’une déformation des textes de lois. Mais en contrepartie de cette construction propitiatoire, on veut croire que cela ne va pas durer. Si cela dure alors on construit l’indignation. Cette comédie est en place dans les médias depuis près de 50 ans maintenant.

Dans un monde économique où la concurrente libre et totale a été organisée en Europe, les PME françaises accablées de charges que les autres pays n’imposent pas à leurs producteurs, ont du mal à ne pas couler ou à ne pas partir. Déclencher des grèves signifie la disparition de l’entreprise. Les grèves qui restent concernent les sociétés en faillite que l’on dépouille impunément de ces dernières ressources. Donc il n’y a pas de grèves dans la quasi-totalité du secteur industriel et commercial privé, malmené et en difficulté en France. Les grèves concernent essentiellement des grandes entreprises liées à l’état. Contrôleurs aériens, EDF, SNCF, RATP, Air France, Musées, hôpitaux, ports, écoles etc. Hier c’était dans le charbon et l’acier, les banques et les assurances nationalisées.

Le démantèlement des grands réseaux dans le cadre de l’Union européenne en fausses entreprises indépendantes, avec privatisation d’EDF ou de la SNCF, laisse croire que les grèves rentrent dans le cadre classique de la grève en entreprise dont l’État n’a pas à se préoccuper. Cette sottise a été répétée comme élément de langage par le gouvernement après que le président lui-même a prétendu que ce n’était pas son affaire… jusqu’au moment où c’est redevenu son affaire, avec réquisition etc.

La fourniture d’électricité est un devoir national qui ne peut être laissé entre les mains des salariés qui travaillent dans les entreprises de production ou de distribution. La mobilité est une liberté constitutionnelle. On ne peut pas prendre en otage des populations ou l’État démocratique.

Les hauts fonctionnaires détestent les conflits sociaux et cèdent facilement : ce n’est pas leur argent et ils essaieront de rattraper le coup plus tard. Un président de la SNCF ou d’EDF sera jugé sur le fait que la « paix sociale » est acquise quitte à ruiner l’entreprise ou les Français. Il faut dépasser ce simple constat. C’est un véritable système qui s’est mis en place.

L’Enarchie compassionnelle qui est dominante depuis le couple Giscard-Chirac à la tête de la nation a considéré que les syndicats devaient bénéficier d’un rôle législatif. Le but : permettre des « avancées » par la loi là où la grève n’était pas possible ou souhaitable. On a vu des syndicalistes venir se former à Sciences-po et les lois passent au tamis des syndicats « constructifs » non révolutionnaires. Pour permettre néanmoins le jeu de la symbolique de la grève, comme soupape d’évacuation des tensions, on laisse faire les grèves des grands réseaux, mais cela doit rester dans une certaine limite.

L’activité des entreprises a fait l’objet de textes de plus en plus détaillés de plus en plus « politiquement corrects », de plus en plus tyranniques, avec une administration sévère pour les faire appliquer, l’Inspection du travail.

Le sommet de cette déviance est l’instauration des 35 heures par les Énarques Jospin et Aubry sans aucune vraie négociation. Cette mesure qui a détruit la compétitivité des entreprises françaises au moment où on ouvrait totalement les marchés à la concurrence mondiale, n’a pas été qu’une folie économique globale. Cela a marqué que l’énarchie considérait qu’elle avait la main sur tout le champ de la négociation sociale, le dialogue social devant aboutir à des objectifs qu’elle fixait sinon la loi le remplacerait.

C’est comme cela que la haute administration s’est emparée aussi bien du champ politique que du champ social et se croit autorisée, en tant que corps, naturellement étatiste et « arbitral », à se substituer aux acteurs normaux de la discussion sociale.

Les syndicats ne s’attachant pas trop à la défense des minorités, la haute administration a fait entrer dans ce mécanisme exorbitant, niant toute réelle démocratie, le droit des femmes, des handicapés, des immigrés, etc.

La négociation sociale a perdu de ce fait l’essentiel de son intérêt, tout étant géré par les Énarques qui ont mis la main sur la politique. Notamment toutes les discussions qui avaient lieu dans les « branches » via des conventions collectives ont cessé d’être utiles. Le Smic a remplacé les minima de branche qui traînent loin derrière. Les tribunaux ont pris dans le processus des pouvoirs exorbitants. Les syndicats ont largement été dépassés par les associations, et notamment par les associations internationales.

De même que les néo-féministes veulent un homme déconstruit, la haute administration veut une entreprise également déconstruite, vertueuse, propre sur elle, inclusive, citoyenne, etc.

Les partis politiques sont totalement shuntés. Ce n’est plus là que cela se passe. Les grands partis traditionnels « de gouvernement » ont été subvertis par l’énarchie, et ont fait exactement la même politique. Au bout du chemin, on a vu arriver l’unification des Énarques de tous les bords par Macron et la gestion du pays par une poignée d’entre eux, s’appuyant sur la maîtrise quasi-totale des médias chargés de construire l’information utile à leurs projets.

Les grandes grèves ne sont plus que des moments symboliques pour faire croire aux travailleurs-travailleuses qu’ils ont encore leur mot à dire. L’énarchie et l’européisme contrôlent tous les processus et les textes.

La vérité est qu’il appartiendrait à la classe politique d’agir en revenant sur les déviances post-soixante-huitardes et elle pourrait adopter une version doctrinalement exacte du droit de grève. Les grands réseaux devraient être traités comme tels et non comme des fausses entreprises privées du monde concurrentiel. Et les tribunaux ne pourraient pas continuer à servir d’auxiliaires de la Révolution en affichant des têtes de patrons sur les « murs des cons » des syndicats de juges politisés. Phagocytée par l’Enarchie, elle ne le peut pas et les programmes politiques se sont progressivement vidés en même temps qu’ils devenaient quasiment les mêmes.

On le voit bien au LR, où on se bat sur les postes, mais où toute réflexion programmatique est bannie. On le constate au PS vidé de substance, une fois que les « bons » Énarques ont rejoint Macron. La politique est devenue un théâtre d’ombres.

Le résultat, on l’a vu : la disparition de l’industrie en France. La fuite des grandes fortunes. La fuite des cerveaux. L’hyper fiscalité. L’hyper bureaucratie.

Du coup revenir à une législation normale du droit de grève, au dialogue de branche et à la négociation au sein de l’entreprise n’est pas considéré comme utile. La tutelle étroite de l’État a remplacé tout cela qui est devenu une sorte de décor. L’immigration et l’Europe, avec la mise en compétition avec le monde entier, sont les compléments naturels de la capture de l’ensemble de la politique par l’Enarchie. Le droit de grève est frelaté en France mais cela n’a plus d’importance. Les grèves nationales purgeront l’atmosphère. Et tant pis pour les dégâts. La dette n’est pas faite pour les chiens. Les Français peuvent subir.

Emmanuel Macron est le parfait représentant de cette vision totalement déviante de la démocratie et du dialogue social.

On tire le fil de la déviance du droit de grève et on aboutit comme toujours aux méfaits de l’énarchie « compassionnelle et bienveillante ».

Revenons à la situation du moment. Le principal bénéficiaire de l’inflation est l’État. Il engrange des recettes sur la hausse de l’énergie et bénéficie de la progressivité globale du système fiscal. Et c’est l’impéritie gouvernementale qui est la principale cause des difficultés.

On voit très bien ce que serait une gouvernance convenable du pays :

-        Ne pas laisser la politique de l’énergie entre les mains de l’Europe sans aucun contrôle des impacts nationaux.

-        Remettre de l’ordre dans le droit de grève pour le rendre conforme aux règles habituelles dans toutes les démocraties

-        Fixer les marges d’interprétation du système judiciaire

-        Appliquer la loi.

-        Anticiper les conséquences de ses inconséquences.

Les erreurs accumulées, aussi bien dans la politique énergétique antinucléaire, que dans les taxations abusives des entreprises, les exactions judiciaires contre les entrepreneurs, l’abus de prélèvements, la destruction des services publics, les lois pro-grévistes, la réglementation étouffante et la domination de la politique et de l’État par une classe de hauts fonctionnaires, se paient très cher aujourd’hui. Emmanuel Macron est l’exact symbole et organisateur de cette politique contraire aux intérêts de la nation française, et le principal responsable de la situation détestable à laquelle les Français sont confrontés.

Une autre politique aurait pu être efficace. Rien de ce qui nous arrive n’était inévitable. Les Français lors des dernières élections ont préféré cautionner la déviation antidémocratique du système politico économique français.

Les Français sont-ils irresponsables et la démocratie impuissante ? Ou l’Enarchie triomphante a-t-elle contraint les votes par la manipulation des organes médiatiques qui créent le cadre du bien et du mal dans lequel les Français sont censés débattre et se débattre ?

C’est à cette question que devraient s’attacher les analystes politiques.

Macron : une chance pour lui-même, pas pour la France

Alors que la France s’enfonce un peu plus dans les différences déchéances qui l’accablent, on ne peut échapper à la question de la mal gouvernance qui s’y est installée depuis tant d’années et qui prend, avec Emmanuel Macron, réélu facilement pour un second mandat, une ampleur nouvelle.

Ce résultat est paradoxal, tant le premier mandat a été négatif pour le pays. L’étonnante absence de résultats pourrait être considérée comme décevante mais circonstancielle. Ce serait charitable mais éluderait le fond du problème. Des échecs constants à peu près dans tous les domaines sont présentés comme des exploits mirifiques voire quasiment inespérés dont la contestation ne peut provenir que d’un esprit incompétent ou chagrin. Non seulement l’échec n’est jamais admis mais il est transformé en succès certes partiel mais obtenu face à l’adversité du moment ou aux conséquences d’un passé qui se vengerait dans le présent. 

Comment ne pas voir qu’on est très au-delà des dérobades habituelles. La politique annoncée cherche seulement à obtenir un effet médiatique ou électoral à court terme, en s’inscrivant dans la préoccupation du moment. Les résultats n’ont pas d’importance en eux-mêmes. Il est inutile d’analyser les échecs pour corriger le tir vers une cible de circonstance. Il n’y a jamais d’échec, puisqu’il n’y a pas de volonté d’obtenir un résultat quelconque, mais une posture utile à un moment donné. La blanche colombe virevolte au-dessus du marécage, en évitant les coups de fusils. Le but est de survivre jusqu’au lendemain et personne ne doit s’interroger sur la direction imprimée à chaque cabriole.

A part la transgression fondamentale qu’ont été la conversion de l’ISF, rétrécie en IFI, et la suppression de l’imposition forfaitaire des produits de l’épargne financière, l’annonce réformatrice macronienne a disparu dans les méandres du n’importe quoi et de l’insignifiance, alors que la jactance et les caprices devenaient les ressorts fondamentaux de l’inaction présidentielle surmédiatisée.

Rappelons sans se lasser l’incroyable liste des échecs régaliens et l’aggravation des risques pour notre pays qui commence à trembler sur ses bases.

-        Corruption : Le nouveau président s’est drapé dans l’idée qu’il fallait mettre fin à la corruption. Dans la pratique l’ennui a commencé dès le premier jour avec son allié centriste prisonnier d’un scandale dans l’utilisation détournée de l’argent européen. La campagne de type « mani pulite » s’achève sur l’inculpation du Ministre de la Justice, une première dans l’histoire de la Vème République et celle du principal conseiller et porte-parole du Président, celui qu’on appelle son second cerveau. L’interdiction du cumul députation et mairie a décharné la vie politique, les députés devenant des inconnus hors sol et largement dépourvus de rôle réel, et les Maires s’accrochant à leurs pouvoirs excessifs et les renforçant. Echec total. 

-        Militaire : Nous sommes virés par un « roi nègre » putschiste qui introduit des mercenaires russes pour remplacer la France. Notre armée vit avec des bouts de chandelles. Nous serions incapables de faire face à un envahissement russe. Nous sommes désormais totalement vassalisés. Notre industrie militaire est saccagée et le risque de soumission à des tiers prend corps. Echec total.

-        Diplomatie : Pas un succès. Le français et la France culturelle reculent partout. On ferme en masse les institutions françaises qui faisaient notre influence. La formation des diplomates est cassée. La France ne  joue aucun rôle utile en Ukraine et se fait tancée par tout le monde tout en laissant à Mme Van der Leyen un pouvoir qu’elle n’a pas statutairement. Echec total.

-        Finances publiques : la démagogie a entraîné une hausse gigantesque des dettes dont on doit payer les intérêts démesurés aujourd’hui. Et nous restons le premier pays du monde pour les prélèvements. Echec total.

-        Santé : l’hôpital est effondré et tout le système médical est à bout de souffle. Le virus n’a fait que mettre en lumière le phénomène. Aucune réforme de fond. La situation s ‘aggrave. On meurt sur des civières faute de traitement aux urgences. Echec total.

-        Education nationale : nous nous effondrons dans tous les classements de la maternelle à l’université. Le Wokisme envahit tout et la science disparait au profit de propagandes partisanes idéologiques importées. Macron n’a même pas osé interdire l’écriture genrée. Il a cédé sur tout ce qui concerne les transgenres. La drogue, la pornographie et les jeux addictifs gangrènent la jeunesse. Et on nomme un indigéniste américanophile noir comme ministre. Echec total.

-        Energie : tout l’effort construit depuis un demi-siècle a été ruiné. Echec total.

-        Climat : la France est condamnée pour inaction et la souveraineté française a disparu. On se lance sous l’influence de l’ONU et de la Commission européenne, dans une « transition » dont personne n’a évalué les conséquences pour la France. Aucune étude d’impact et « on accélère », avec la destruction programmée d’industries entières.  Echec total.

-        Agriculture : la France était le grenier agricole de l’Europe. Elle est désormais en déshérence et perd son rang chaque année un peu plus. La France est devenue importateur net de denrées agricoles ! Echec total.

-        Sécurité : échec total.

-        …

Les perspectives ne sont guère réjouissantes. On ne voit pas ce qui pourrait aller mieux dans les trois années à venir sans quelques changements radicaux. Mais on voit s’esquisser ce pourrait aller plus mal.

Les manigances présidentielles s’ajoutent aux inquiétantes menaces de Poutine, au lieu d’armer la résistance aux chocs multiples qui s’accumulent. 

Si, comme il se confirme tous les jours, l’ambition unique d’Emmanuel Macron est d’être le premier président élu d’une union européenne fédérale, et que la politique étrangère de l’Europe, à sa demande, est définie par la majorité atlantiste, la France en tant qu’état souverain qui compte par son passé et ses traditions gaullistes disparaîtra. Il s’agit bien d’une politique létale pour une certaine idée de la France.

La France risque de disparaître en tant qu’Etat souverain, désossée en tant que puissance industrielle et agricole, détruite financièrement et économiquement, épuisée socialement, territorialisée bêtement, avec des tentations séparatistes, colonisée par une immigration incontrôlée, socialement à bout, culturellement bouffée par les outrances américaines et politiquement livrée aux extrêmes.

Penser qu’une telle constance dans l’échec, avec des conséquences d’une telle amplitude, est indépendante de la psychologie problématique de celui qui a réussi à se placer sur le pavois est tout de même un peu aventuré. L’élévation de Macron se fait sur l’abaissement de la France. Certains diront : ce n’est que concomitant. D’autres qu’il y a un lien de cause à effet.

On peut craindre que ces derniers aient raison. Non, Emmanuel Macron ne nous protège pas : Il mène une quête psychologique personnelle qui le rend indifférent au pays et propice aux échecs majeurs sur la quasi-totalité des questions nationales. Ses failles lui font envisager sans frémir la fin de la France comme nation libre et souveraine. Il la laissera au milieu du chaos sans frémir.  

Bâtir une alternative est l’urgence du moment. En espérant que la nation ne disjoncte pas avant qu’elle ne soit prête.

Octobre 2022 : le pic extatique des maîtres chanteurs

Ou comment on ruine l'économie

On voit avec le sieur Poutine, assassin sans vergogne, balançant des bombes tous les jours contre les populations civiles, rasant des villes, massacrant des villages, l’extase du maître chanteur formé au KGB qui ne pense qu’en termes de crimes, de volonté d’écrasement, de terreur, menaçant le monde de famine, l’Europe d’attaques multiples contre des infrastructures, agitant la bombe atomique comme s’il s’agissait d’un pistolet à eau, et créant dans tout le monde un choc énergétique et inflationniste totalement artificiel. Le geste habituel de ce malade mental est de serrer le poing en mimant l’écrasement d’une noix. Écraser, voilà toute la philosophie de ce taré. « Si vous ne me laissez pas écraser à ma guise, gare aux dégâts que je peux vous infliger ». On approche doucement des 100 000 morts et 200 000 à 300 000 blessés. Victime collatérale : l’ONU, la mondialisation heureuse, l’esprit de renonciation à la violence et de résolution des conflits par la négociation.

En France la CGT en profite pour essayer de mettre à genoux le pays. Ce syndicat inféodé au parti communiste et à l’URSS pendant 75 ans a gardé ses bons réflexes. Bloquer illégalement à quelques-uns (il suffit d’une centaine de fanatiques) un pays ravagé par ailleurs par les pénuries, c’est-à-dire créer de la pénurie supplémentaire et gêner des centaines de milliers d’activités et de vies. Et comme d’habitude les hauts fonctionnaires laissent faire pendant des semaines et attendent que le drame soit bien visible pour prendre des mesures qu’un gouvernement normal aurait empêchées en faisant passer les lois nécessaires (nulle corporation ne peut créer des dommages aux pays qui dépassent le gain qu’ils peuvent attendre de la grève) et en appliquant celles qui existent (le blocage des accès à une raffinerie est illégal). Aux États-Unis (comme dans presque tous les pays libres) celui qui s’y risquerait se retrouverait illico en prison avec en plus des dommages et intérêts gigantesques. Le propre de l’énarchie compassionnelle est de céder d’abord et de tenter de rattraper les conséquences après. Alors les syndicats des musées les ferment au moment des pointes de tourisme, les syndicats de l’aéronautique et des trains verrouillent au moment des départs en vacances, les employés des piscines débraient lorsque la canicule s’installe etc.

Les islamistes qui tiennent les trafics de drogue dans les territoires qu’ils ont colonisés en France, font du chantage à l’émeute urbaine dès qu’on cherche à freiner leurs ventes. La peur d’une guerre civile que les forces de l’ordre françaises perdraient bloque toute velléité d’agir. Il ne manquerait plus que quelques attentats terroristes pour bien corser la situation. Et la gauche s’est ralliée pour des raisons purement électoraliste à un mouvement islamo-gauchisme.

Tous les mouvements de minorité agissante se cachent désormais derrière les lois liberticides que des gouvernements de lâches leur ont concédées pour poursuivre en justice toutes paroles qui gênent leur propagande ou pour faire virer de leur poste ceux ou celles qui résistent à leur emprise. Au nom d’une « haine » fantasmé, on crée une situation de chantage permanent.

La Commission européenne et en premier Mme Van Leyen font du chantage à la chasse au post-fascisme après les résultats des élections libres en Italie tout en lançant une campagne assimilant liberté inclusive pour les minorités et voile islamique, le Parlement refusant de mettre fin à ce scandale au moment même où les femmes iraniennes se font tuer en réclamant la fin des obligations moyenâgeuses dictatoriales imposées par les Mollah.

Puisqu’on est dans le monde musulman si démocratiquement rafraîchissant, voici le tueur qui dirige l’Arabie saoudite qui décide de jouer le jeu de Poutine en faisant grimper le prix cartellisé du pétrole.

Nous vivons une période d’apothéose des maîtres chanteurs.

Pas un jour sans qu’ils ne bloquent un site informatique en demandant une rançon, qu’il s’agisse d’un hôpital, d’une entreprise ou d’une administration. Et on tolère le Bitcoin qui permet le versement de rançons sans danger.

Les Français ont élu le tragique Macron en croyant qu’il les protégeait alors qu’il n’a de considération et de préoccupation que pour lui-même et se moque radicalement du reste, que cela plaise ou non.

Son intervention après des mois de silence expliquant que, lui, avait tout bon, que jamais il ne faisait jamais d’erreurs, et que ce n’était pas à lui de régler les problèmes sociaux même quand ils ruinaient le pays sauf que, quand même, si le pays était à genoux, peut-être… Fa Tutto !

Cet indécent personnage, façon péronnelle irresponsable, a ruiné la filière atomique civile pour rien, mettant le pays dans une situation dramatique et facilement évitable, caqueté sur tous les sujets en faisant exactement l’inverse, multiplier des échecs humiliants dans le régalien de sa compétence, en se consacrant au seul sujet qui l’intéresse, lui-même, sans même prendre en considération les intérêts majeurs du pays.

Son ambition active est de devenir le premier président élu de l’Union européenne, après avoir tué les dernières capacités régaliennes autonomes de la France, devenue une collection de territoires, dont beaucoup colonisés par des vagues d’immigration incontrôlée, et de se rassurer ainsi sur ce qu’il croit être. Pour durer il n’hésite pas créer des risques phénoménaux pour le pays en poussant notamment les extrêmes pour paraître le sauveur, l’homme qui protège alors qu’il sait qu’il nuit au pays. Avoir pris le pays en otage de cette ambition malsaine est le summum du genre.

Nous vivons l’automne de la prise d’otage, des ambitions basses, des incapacités brutales, des dirigeants ineptes. Le pic extatique des maîtres chanteurs.

La bulle de sottise écologiste commence-t-elle enfin à percer ?

L’histoire de l’hystérie générée par Greenpeace et d’autres associations du même tabac, encadrées par quelques milliardaires en mal d’un rôle en rapport avec leur fortune délirante, sera un jour contée dans les écoles pour montrer aux enfants comment le monde peut devenir fou non pas pour de mauvais sentiments mais pour de bons. Cette vaccination sera aussi utile et peut-être plus que celle contre le Covid ou n’importe laquelle de ses variantes.

Comme toujours c’est un drame qui permet soudain aux yeux de se dessiller et au voile rose sur les consciences de se déchirer. Comme toujours l’opération est délicate. La femme envoûtée un temps par le gourou et qui se retrouve un soir, violée et ruinée au bord du chemin, sait ce qu’est un grand moment de solitude. Pour les peuples ce n’est guère plus réjouissant. La guerre classique d’envahissement imposé par un tyranneau nourri à l’impérialisme soviétique et au nationalisme slave, provoque la prise de conscience d’une évidence : sans énergie pas de prospérité ! Et en fait, rien que d’incommensurables ennuis !

Emmanuel Macron, dans la lignée du PS, associé aux Verts pour des raisons électoralistes est entièrement responsable de la destruction du potentiel énergétique de la France. Le gouvernement allemand, pour les mêmes raisons d’association électoraliste avec les Grünen, a décidé de supprimer l’électricité nucléaire et de faire le pari de l’éolienne associé au gaz russe. On voit aujourd’hui la pertinence de ce choix.

Tous les gouvernements européens occidentaux, pour masquer leur aveuglement et leurs inconséquences, ont décidé de jouer la carte écologique pour se dédouaner des conséquences d’une crise énergétique sévère qui provoque inflation démesurée et pénuries. « C’est au nom de la survie de la terre qu’il va falloir vous priver ! Et attendez : ce n’est qu’un début, parce qu’il va falloir que vous soyez extrêmement frugaux pour échapper à pire et pendant longtemps ».

Le calcul politicien rejoint l’hystérie mensongère venue de l’ONU, amplifiée par des organes internationaux irresponsables comme la Commission Européenne de la va-t-en-guerre Van der Leyen qui se croit présidente d’une union européenne qui ne cherche qu’à multiplier ses pouvoirs. Pendant longtemps, ce délire de faux bons sentiments n’a fait que ricaner. Communier dans une fausse religion, quand cela ne vous coûte rien, n’a qu’une importance secondaire. Le rôle des grandes fortunes du net a été et reste délirant. Ces milliardaires, qui ne savent même plus quoi faire de leurs dizaines de milliards de dollars, veulent prouver qu’ils ne sont pas totalement illégitimes. Alors ils matraquent la bonne parole.

Quand on constate que Microsoft, producteur de jeux addictifs, inflige aux centaines de millions de personnes qui jouent au Solitaire 20 second de morale bidon mais agressive dispensée par des membres de minorités LGBT + sans qu’il soit possible de passer outre, c’est pire que le Muezzin hurlant du haut de son minaret.  

Pas une banque qui ne prêche la vertu verte de son activité. Pas un vendeur de voitures qui ne mette en scène une jolie blonde séduite par un noir au volant d’un engin polluant mais vertueux. La vertu, dans sa version occidentale du moment, est désormais servie par des milliards déversés partout.  Et pas question qu’une parole contraire s’exprime sur les médias « main stream » !

Le seul problème : les opinions ne suivent plus autant et commencent à se cabrer, malgré le matraquage général.

Supprimer les baignoires, pisser sous la douche, supprimer la lumière dans les lieux publics, geler dans un appartement mal chauffé, est une chose : perdre son emploi, sa voiture, son logement, ses moyens d’existence, ses possibilités de consommer, de voyager, de produire, en est une autre. Vivre sous la férule d’une propagande qui s’insinue dans tous les replis de votre vie personnelle et de vos choix les plus élémentaires et sous la menace de sanctions de plus en plus injustifiables et perverses, l’affaire est saumâtre et inacceptable, même dans un pays de « veaux », comme la France à certains moments de son histoire.

Alors la bulle menace d’éclater. Simplement parce que personne n’a envie d’être ruiné pour rien !

Il y a un an, lorsque d’une conférence sur l’état du pays, j’ai pu constater que le seul fait de présenter quelques calculs éclairant la difficulté écologique, des multiplications du niveau de l’examen de sixième, engendrait des réactions totalement extravagantes de rejet, de dégoût, de mépris, comme si vous aviez émis les pires insanités. Pour être clair rappelons les deux calculs (légèrement modifiés pour tenir compte des dernières informations connues) qui avaient provoqué cette fureur assez générale et totalement outrancière :

-         41 millions de véhicules circulent en France. Le prix moyen d’une voiture électrique pour une puissance comparable au parc actuel est de 50 000 euros. Le remplacement du parc coûte donc plus 2 000 milliards. Ce qui est impossible à financer.

-         La quantité d’essence consommée en France par l’automobile actuellement chaque année est de 60 millions de m3. Sachant qu’un litre d’essence permet d’obtenir de 11 à 12 kWh, il est assez facile de calculer la quantité d’énergie à produire pour basculer vers le tout électrique. C’est plus que ce que nous produisons actuellement d’électricité. Or on sait qu’il est impossible de doubler la production électrique et de la distribuer au point de charge sans investissements colossaux, déclarés comme impossibles par RTE qui annonce que la production électrique en 2035 sera à peine supérieure à celle d’aujourd’hui.

Depuis, le chiffrage de l’effet sur les températures de la suppression des voitures à moteur thermique a été révélé par Christian Gérondeau et jamais contesté. Baisser d’un dix millième du stock actuel les rejets de CO2 n’aura strictement aucun effet sur la température moyenne du globe. Aucun !

Le bon Français, ahuri, voit aujourd’hui se préparer des dépenses colossales qui, si on les chiffrait correctement, dépasseraient certainement pour la France les quatre mille milliards d’Euros, des chiffres qui rendent l’affaire impossible, pour des gains en température nuls.

En même temps les mesures coercitives commencent à tomber, comme l’obligation de diagnostics thermiques incertains dans leur calcul mais odieux dans leurs conséquences, comme l’interdiction d’appliquer le contrat signé avec un locataire immobilier éventuel. Des voitures sont désormais interdites d’accès dans certaines villes et cela va se généraliser. On doit changer de chaudière, de voiture, de mode de vie, et tout cela pour… rien ou pour compenser les décisions destructrices prises par quelques dirigeants félons aux intérêts de la nation.

Face à ces réalités, l’attention aux discours moralisateurs se dilue et la colère monte. La bulle de soumission aux âneries écologistes s’effrite et va se déchirer au fur à mesure que les « passes-co2 » et la coercition vont monter avec les coûts, les dépenses forcées, et les pénuries.

Les injonctions contradictoires c’est bien, mais attention au retour de bâton. La bonne volonté des gens a ses limites.

Dire qu’il ne faut aller vers un emploi quasi exclusif de l’électricité et ne plus avoir d’électricité ou à des prix extravagants, cela pose tout de même question. Faudra-t-il arrêter en 2023 les voitures électriques, bloquer les vélos électriques, suspendre le service des bus électriques, ralentir les TGV à 120 km/h, demander aux malheureux qui ont été séduits par le chauffage électrique de ne pas se chauffer entre 18 et 22 heures ?

On a démontré ces derniers jours que les microparticules donnent le cancer. Mais où sont les microparticules en densité dangereuse : dans le métro et les transports en commun, sacralisés et désormais dysfonctionnels la plupart du temps, à peu près partout. Que ceux qui en doute se penche sur la desserte du plateau de Saclay !

On demande d’arrêter toute construction dans les zones dites naturelles par la loi dite de « zéro artificialisation nette », mais on fait venir par millions des immigrés qui ne peuvent que s’entasser dans ou sur le bâti existant. Sauf si on les envoie à la campagne ce qu’a demandé le génie de la mesure extravagante, Emmanuel Macron. On se souvient que l’Abbé Grouas, dit Pierre, avait exigé que l’on construise sur un terrain lui appartenant sa future cité radieuse. Le terrain était insalubre et en pente.  Il n’y avait pas de transports publics. Personne n’a voulu venir, ce qui n'a pas été trop ébruité, compte tenu de l’émotion extraordinaire qu’il avait su provoquer. Les gens s’implantent là où le bassin d’emploi est actif, c’est-à-dire actuellement dans les grandes villes qui cumulent les emplois nouveaux. Le travail en « distantiel », c’est bien mais restera réservé aux employés riches. Comme dans le même temps, on force les classes moyennes à s’exiler du centre des grandes villes, bloquées par la politique absurde des Verts et de leurs alliés, la densification à mort des périphéries sera la vraie norme des temps nouveaux où construire à la campagne une route, une voie de chemin de fer, un lotissement, un centre commercial, un centre de loisirs, sera strictement interdit

Nous sommes le pays le plus fiscalisé, et il n’y a pas un jour sans qu’un abruti réclame encore plus d’impôts sur les autres que lui naturellement.

Et tous les jours on condamne une possession, un achat, une consommation, un service, une activité ludique, comme productrice de CO2 en traitant les impétrants de tueurs de la terre.

Naturellement un pays qui n’a pratiquement plus de services publics depuis près de trente ans, avec un effondrement de la justice, de l’enseignement public, de la santé, de l’armée et de la police, trouvera toutes les ressources voulues pour payer les milliers de milliards nécessaires pour la prétendue transition énergétique, en fait une régression énergétique et économique définitive !

Les discours publics deviennent totalement oniriques et mêmes cinglés. Le « bullshit » règne partout à des niveaux d’intensité extrêmes. « Nous allons accélérer », tel est le slogan du gouvernement français totalement enlisé dans sa démagogie et les pénuries qu’il a lui-même créées ! Pour prouver qu’il n’est pas seulement le destructeur de Fessenheim, Emmanuel Macron va inaugurer une monstrueuse installation d’éoliennes(toutes  importées de l’étranger)  qui saccagent sur des kilomètres carrés le plateau continental, artificialisé, comme ils disent, c’est-à-dire nuisant aussi bien à la vie naturelle qu’aux activités humaines. Personne n’a rappelé ce que ce monstre a coûté aux contribuables français, quel déficit de la balance des paiements français cela suppose, quelle contribution minime à la réduction de production de CO2 cela représente, sachant que l’énergie produite se substitue à une énergie nucléaire qui ne produit pas de Co2. Et on veut multiplier ces monstres marins tout en accélérant la construction d’éoliennes terrestres.  Tout cela pour permettre au triste sire qui préside aux destinées du pays d’avoir un discours vis-à-vis de l’Allemagne nécessaire à ses ambitions futures.

Les banques centrales sont paralysées par des injonctions également contradictoires. Comment lutter contre l’inflation, l’objet de l’institution, et lâcher des milliers de milliards en monnaie banque centrale sans contrepartie de production pour financer les déficits publics abyssaux, en partie générés par les questions énergétiques et la fumeuse « transition « ?

L’Union Européenne s’approprie des domaines entiers d’activité qui ne sont pas dans les traités et prétend régenter les bonnes pensées et les bonnes pratiques dans tous les États même sur des sujets où elle n’a aucune autorité pour se faire. L’Édition se révolte car la Commission a décidé de régenter le fonctionnement même de leurs entreprises, répartissant le pouvoir au gré de leur humeur en faisant fi de tous les arrangements nationaux difficilement mis en place. Emmanuel Macron qui base sa stratégie personnelle sur un projet européiste de présidence européenne élue au suffrage universel, pour se reclasser après son dernier quinquennat « local », laisse faire ou favorise.

Les Français qui ne constatent pas qu’on marche sur la tête sont une espèce en voie de disparition. La bulle de sottise écolo est en train de percer. Jusqu’ici, des trous d’épingles laissaient fuir un minimum du stock d’imbécillité. Maintenant les canifs sont entrés en action. Les sabres sont sortis des fourreaux. Les canons viendront.

Le processus est enclenché en France. Les Français sont sans doute des veaux, mais les politiques devraient commencer à se méfier du brutal coup de pied en vache programmé, beaucoup plus cuisant qu’une simple giflette spontanée.

Le cauchemar du Dr Choronchon

Quand la stupidité de l'époque tourne au drame

J’ai fait un cauchemar.

Une association antivax et naturopathe, nommée Greypiss avait  pris le contrôle de l'ONU et expliquait que la médecine tuait en fait l'humanité, et à court terme, que ce sont les médicaments et la fausse science médicale allopathique qui entraînaient les épidémies à répétition, que si on continuait, il y aurait un basculement irréversible, que l'urgence était absolue et qu'il fallait que le monde entier se mette en marche pour éliminer la médecine pseudo scientifique au profit des médecines naturelles douces,  faute de quoi l'humanité disparaîtrait dès 2123, le 12 mars, à 5h23, heure de Cotonou.

Une certaine Beretta Grunberg pressait les jeunes et les enfants en bas âge à cesser de soigner leurs grands-parents, qui ont mis en marche la mort de l'homme avec la médecine allopathique et qui sont responsables et irresponsables. Honte à eux. Les officines de pharmacie ont alors commencé à être démolies par des jeunes conscientisés bien décidés à sauver l'humanité. Les élèves de l’école de pharmacie ont, lors de la réception de leur diplôme refusé de le recevoir, indiquant qu'ils préféraient soigner l'humanité en s’abstenant d’utiliser leurs connaissances plutôt que de prétendument sauver un homme particulier qui se prétend malade alors qu'il subit simplement les conséquences naturelles de ses excès, surtout les malades masculins blancs hétérosexuels, qui avec leur bidoche, leur barbeuc, leur pinard et leurs blagues de garçons de bain ont commencé à ruiner le potentiel naturel humain.  

Les médecins conscientisés avaient formé une association pour lutter non plus contre le diabète mais contre les diabétiques, rappelant que le Dr Mangerle avait beaucoup avancé dans la connaissance de l'élimination astucieuse des hostiles. Les études médicales ont été profondément réformées pour atteindre l’objectif d'une quasi-disparition de l'homme blanc hétérosexuel en 2050, la moitié devant être éliminée d'ici 2035. Mme Van der Layette, a lancé une grande campagne pour l'élimination des hommes enceintes dont elle avait pourtant fait la publicité naguère, preuve d'une nouvelle prise de conscience au sein des institutions européennes. Greypiss, l'association favorite à l'ONU qui a lancé le mouvement, a réussi à placer son directeur allemand auprès du Commissaire Européen à la sauvegarde de l'humanité.

« Débarrassés de la fausse science allopathique, les perspectives les plus heureuses sont à portée de la main, si la lèpre nous laisse tranquille », a déclaré Mme Ruinachier, une jeune énarque qui avait déclaré le contraire quatre jours avant, ce qui prouve les progrès fulgurants de la conscientisation. L'ENA a toutefois obtenu d'être exemptée de tout sacrifice.  Parce qu'il faut bien que quelqu'un mette en musique la nouvelle politique. McKinsey sera aussi épargné pour la même raison.  

M. Mélenconcumlaluna, du parti de la Nouvelle Peste Brun-Rouge, dite Nupeste dans les médias conscientisés qui ont de la mémoire, a expliqué qu'il fallait éliminer d'abord la bourgeoisie comme il en avait vu la technique lors d'une visite (non médicale) au Venezuela ami. 

En même temps, Mme Lepénécu, spécialiste du fonds monétaire de l'Océan de la Bêtise Crasse, qui recouvre une partie de la France, déclarait que le massage des pieds comme alternative médicale cassait les pieds du populo méprisé, surtout si on utilisait des personnels arabo-musulmans pour le faire, et un certain Zemmourdemonprochain exigeait qu’on commence les éliminations au sein de l'Oumma.

Le président Francmacron aurait annoncé que la France, en liaison étroite avec l'Allemagne, dont les expériences dans le domaine de l’élimination, déjà anciennes, n’étaient pas de vains maux, allait de son côté réinventer la réinvention, à moins que cela soit le contraire, mais en même temps (vous avez quatre heures !), et qu'il avait exigé le démantèlement de 18 facultés de médecine et de pharmacie, en commençant par celles situées en bordure de l'Allemagne.

Les Verts ont voté de s’appeler désormais les Vers, un sigle qui marque leur future contribution à l’élimination des hostiles sans vie et qu’ils comptent ne pas seulement amuser la galerie mais aussi la percer, tout en ayant le droit à la paresse si cela devenait trop contraignant, selon la très sotte  Sandrine Roussotte.

Les LR, ont choisi un fantôme pour annoncer qu’ils collaboreraient ponctuellement à une politique qu’ils ne veulent pas bloquer (débloquer n’est pas débloquer a affirmé un de ses penseurs) mais aussitôt Mme Datée a annoncé vigoureusement qu’il fallait lui donner un rôle central. Elle a ajouté : « On les Zhora !  On les Zohra ! Aux chiottes Ciotti et que Retailleau se taille ».

M.  Polpoutine, le « leader minimo » russo-tchéchène, a montré soudainement son retour dans le giron de l’ONU en affirmant qu’il avait commencé le travail en Ukraine, en détruisant moult hôpitaux, maternités et écoles, et qu’il fallait l’aider plutôt que contrarier la marche du progrès et du sauvetage de l’humanité. « Les Nazis ukrainiens sont clairement des malades allopathiques » a-t-il déclaré avec son fameux sourire de Gorgone. « Je suis en pleine santé » a-t-il ajouté, « grâce à la longueur de ma table de travail, les menuisiers étant préférables aux médecins ». L’ONG Wagner a été encouragé par Greypiss à accélérer ses entreprises humanitaires ciblées en Afrique.

Les Français dont on exploitait sans vergogne le caractère craintif, se sont déclarés complètement rassurés et ont remercié leur Président d’avoir fini, à force de virevoltes et de discours insensés, par inventer puis réinventer la bonne posture et la formule juste, soulignant pleinement combien les propos odieux et les politiques destructrices avaient leur adhésion et leur amour. Ils s’apprêtent à geler cet hiver, avec un sourire béat. Partout s’élève des cantiques : « il nous protège, il nous protège ! Alléluia, Alléluia, par Allala ! ».  

M. Jancovicieux, pour sa part, a déclaré qu’il avait tout vu avant tout le monde, que les économistes une fois de plus s’étaient trompés, une fois de plus grossièrement, sur la question médicale, et qu’il convertissait le Shift Project en Borniol Project pour accroître son profit et ses effectifs. Plusieurs conférences payantes seront organisées pour expliquer à ces imbéciles de politiciens tardivement conscientisés les modalités de cette action essentielle à la survie de l’humanité.

Ouf ! Le monde va mieux et sera sauvé, le ras-le-bol laissant la place au bol de râles.

A la fin de ce terrible cauchemar je me suis réveillé en sueur. Mais je me suis vite calmé, après avoir ouvert la radio et entendu une interview du sensible M. Véran où il fait une opération à cœur ouvert sans scalpel, une intervention pleine de bon sens et d’anecdotes gustatives de Mme Sandrine Rousseau, juste après un discours marqué par les bons sentiments de Mme Van der Leyen et une fine analyse de plus de Mme Panier-Runacher, plus une sortie créative de M. Mélenchon, offrant aux amateurs, et avec style,  une nouvelle page de vomi  à la sud-américaine, sa spécialité. Pour finir avec une pique rigolote de Poutine.

Ouf ! On sent bien qu’on va vers le meilleur des mondes.

Dr Chroronchon

Écologie délirante : entre boy scoutisme et bureaucratie

Le néo komsomolisme contre les néo koulaks

Beaucoup d’auteurs se rendent compte qu’on est en train de revenir à la situation d’avant-guerre.

Ne parlons pas ici de la guerre en Ukraine et de la montée vers une nouvelle guerre mondiale qui en est la manifestation la plus douloureuse. Non ! Nous voulons évoquer une situation la plus sournoise, celle qui pourrit réellement tout. Le ver qui s’attaque aux poutres d’une maison est moins visible que le feu ou l’eau qui peuvent ravager à l’occasion, mais son travail de sape est constant et dure des années. Le résultat est pire, car c’est tout un parc d’immeubles qui succombe.

Entre les deux guerres, la mode était à la mobilisation de la jeunesse. L’URSS ayant créé les Komsomols chargés de chanter dans la joie et l’allégresse les victoires du socialisme réalisé, l’Occident avait créé toute une gamme d’institutions équivalentes, allant du boy scoutisme de Baden Powell au Chantiers de la jeunesse.

Nous marchons en chantant vers un temps de bonheur

Nous chantons en marchant vers les plus grands malheurs

Car évidemment, l’exaltation bénie-oui-oui de la jeunesse encadrée était parallèle au Goulag. Mais ces parallèles pouvaient se rencontrer à l’occasion, comme l’envoi des Komsomols dans les campagnes pour corriger les paysans. Ces troïkas n’ont cessé de commettre les crimes les plus abjects et ont fini par tuer 10 millions de personnes. En chantant !

Les boy-scouts étaient censés ne faire de mal à personne, et ce sont plutôt eux qui ont subi les attaques de prêtres lubriques, avant que l’enrichissement général ne pousse la jeunesse vers d’autres activités moins collectives et moins religieuses.

La nouvelle religion écologique qui remplace l’utopie socialiste et le christianisme effondré, veut revenir aux jolis temps des extases du bon sentiment encadré. C’est qu’il faut sauver le monde des vilains capitalistes qui la détruisent pour le plus vil profit. Les nouveaux Koulaks sont les propriétaires et les riches. Alors on vilipende autant qu’on prêche.

Comme toujours ce genre d’exaltation cache une réalité plus saumâtre. En France on ne tue pas les Koulaks. On les ruine seulement en les couvrant de charges et d’opprobres administratifs, avec à l’occasion quelques sanctions pénales bienvenues. La bureaucratie la plus délirante accompagne le néo komsomolisme vert.

Prenons ce titre d’un média du bâtiment : « DIAGNOSTIC DE PERFORMANCE ENERGETIQUE. La nouvelle méthode de calcul du DPE a fait bondir le nombre de logements classés F et G, d'après les derniers chiffres de l'Observatoire national de la rénovation énergétique. La France compte 5,2 millions de passoires énergétiques sur 30 millions de résidences principales, plus que lors de la précédente estimation en 2018 ».

On sait que M. Macron a chargé Mme Wargon de faire passer une loi infecte qui interdit d’augmenter les loyers et bientôt qui interdira de louer tout court des logements disqualifiés sous le nom de « passoires thermiques ». Quand on veut tuer son chien on dit qu’il est galeux. Des passoires thermiques ? Beurk ! Frappons-les et forts. En vérité une passoire thermique est un bâtiment construit selon les normes de l’époque d’avant ! Mais il faut disqualifier, avilir, détruire l’image, pour mobiliser en faveur des actions brutales. On provoque de la haine, ce qui normalement est condamnable. Là pas de problème. On se rappelle le coup des « marchands de sommeil » qui a accompagné l’impossibilité de louer de petits espaces. Des salauds bien sûrs !

Évidemment les fameux DPE, diagnostics de performance énergétique, sont devenus obligatoires et là, horreur ! Vous le faites faire par deux « experts » certifiés et vous avez deux résultats différents. Grands Dieux ! Alors on a encore complexifié la chose, bien sûr avec des exigences bureaucratiques encore plus serrées. On ne s’occupe plus seulement de la consommation d’énergie mais aussi de la production de CO2. D’où la hausse du nombre de bâtiments traités en pollueur au CO2 autant qu’en passoire thermique, alors que les bâtiments chauffés à l’électricité sont incapables de dire d’où vient l’électricité (centrales, nucléaires ou reproductibles). Un appartement parfaitement isolé mais chauffé au fuel deviendra impossible à louer et bientôt à vendre. Et la hausse du coût du DPE s’envole car il faut s’occuper de plein de critères, et avec un logiciel agréé, svp ! Personne n’a fixé de tarifs. Bon ! D’accord ! L’administration est un peu lente pour les agréments. On manque donc de spécialistes conformes. Vous n’allez tout de même pas demander à l’administration d’être rapide.

Ensuite vous avez créé une activité commerciale encadrée totalement artificielle qui ne fonctionne que par la force de la loi. Et une pléthore de rigolos ont décidé de mettre ce marché en coupe réglée.

Du coup il a fallu contrôler. Bonjour la DGCxxxx et ses contrôleurs motivés.

« La proportion d'établissements [parmi les sociétés contrôlées] dont les pratiques commerciales contreviennent à la réglementation demeure importante à 52 %, quoiqu’en légère baisse par rapport à 2020 (53,5 %). À ce stade, les résultats font état de 135 avertissements, 118 injonctions administratives, 36 procès-verbaux administratifs et 94 procès-verbaux pénaux."

On a créé un marché de voyous qui profitent de l’obligation pour faire n’importe quoi et plumer les propriétaires loueurs qui doivent tous faire un DPE avant de faire jouer les clauses d’indexation. Les délais explosent. Les coûts explosent. Les résultats sont vaseux. Les propriétaires vendent. Salauds de koulaks. L’appartement ou la maison est repris par un futur propriétaire habitant. Le marché de la location s’évapore. On s’en fout : yaka confisquer les locaux vides ! On vous aura salopards de riches propriétaires.

Le Komsomol des temps modernes n’a plus qu’à faire chauffer la colle contre le vilain et exalter les passions des pauvres hères qui ne parviennent plus à se loger.

Ah oui, mais voilà ! Le Koulak n’était pas qu’un riche propriétaire de latifundia. Les propriétaires de « passoire thermique » sont le plus souvent des gens de la classe moyenne inférieure. Attention au syndrome Gilets jaunes !

Alors on a créé une administration nouvelle chargée de distribuer les subventions avec des noms ridicules comme Maprim ‘renov, non racoleur débile typique de la nouvelle administration conscientisée et communicante.

Allons-y dans de nouvelles complications : à qui, quand, comment, combien distribuer la manne ? Un champ entier d’exaltation bureaucratique est ouvert en grand… au grand dam de la cour des Comptes qui y voit un gouffre financier sans fond. Et qui multiplie les investigations contre le nouveau Moloch.

Evidemment, personne ne chiffre les résultats attendus d’une telle politique. C’est bien connu les petits ruisseaux font les grandes rivières. Alors ne mesurons pas la taille du ru.

L’effet sur le réchauffement climatique ? Nul, au mieux ! L’impact social, fiscal, économique ? Pas évalué. Si les troïkas qui ont détruit les Koulaks avaient dû s’embarrasser des conséquences…

Allons-y gaiment et égosillons-nous à hurler le chant des partisans écologiques !

« Nous marchons en chantant vers un temps de bonheur.

   Nous chantons en marchant vers les plus grands malheurs ».

Quand le journal le Point divague avec des économistes socialistes

Le Point vient de faire paraître une intervention d’Olivier Blanchard et de Jean Tirole, « pour en finir avec les bobards ». Il est utile de faire quelques remarques pour en finir avec les jobards, qui dans la presse, croient qu’ils sont des économistes de référence.

Olivier Blanchard le dit clairement : il est plus à gauche que Macron qui suit une stricte politique à la Hollande gaucharde mais pas trop qui explique les 3 000 000 milliards de dettes, l’effondrement des services publics, des déficits extérieurs jamais vus, 85 milliards d’achats de votes pour la réélection etc. Jean Tirole n’ose pas l’avouer aussi directement  mais il est tout aussi socialiste, comme en témoigne ses suggestions.

En fait ces deux-là n’ont eu de carrière que par leur révérence aux idées dominantes. Ils ont dit oui à toutes les erreurs qui ont été faites et justifient qu’on en commette d’autres.

Écoutons ces augures :

-        Il ne faut pas mettre fin à la mondialisation, sinon on va perdre un facteur de croissance. Toutes les voies de réapprovisionnement sont en difficulté et la vulnérabilité vis-à-vis de partenaires dictatoriaux est devenue patente. Les classes moyennes occidentales sont au bout du rouleau. Mais chut ! On ne change pas un système qui perd.

-        Le dollar va être menacé dans son hégémonie. OK mais on aimerait des précisions sur les conséquences.

-        « Il est important de souligner que l’Europe importe une grosse partie de son énergie » ; Il fallait au moins un O. Blanchard pour nous prévenir. Et en effet, il faut savoir qui va payer. Les truismes les plus énormes sont les plus beaux. Il va falloir réduire notre consommation assez vite. De combien et pour quel résultat ? Pas un mot. Yaquafaukon.

-        Il faut augmenter les impôts des plus riches. Ben voyons !

-        Il faut laisser les prix jouer leur rôle de répulsifs de la consommation. OK. C’est le choix de la Suisse.

-        Il faut créer une taxe carbone pour accroître le répulsif mais pas à la frontière parce que cela va être compliqué ! Les entreprises françaises seraient donc seules à la payer en concurrence avec le monde

-        Il ne faut pas indexer les salaires sur les prix. OK on sait où cela mène. Mais attention aux retraites.

-        Il ne faut pas bloquer les prix. OK. Tout le monde le sait sauf les démagogues.

-        Pas de taxe additionnelle sur les profits sauf pour Total-énergies. Pourquoi elle seulement ?

-        Le problème n’est pas qu’on dépense trop mais mal (rappel : nous sommes les champions du monde de la fiscalité et des charges et tous nos services publics sont effondrés).

-        La cote d’alerte pour notre dette n’est pas atteinte. On peut investir avec de nouvelles dettes. Et allons-y ! Jusqu’où ?

-        La dette italienne ne posait pas de problème avec Draghi et en posera avec tout autre. Vade retro Meloni l

-        Les banques centrales devront se poser la question : réduire l’inflation ou non. Belle analyse originale…

-        La réforme de l’ISF a été une erreur. Pardi ! Les riches doivent payer.

-        Mais vaut mieux taxer les multinationales ! Au boulot ! Elles peuvent partir, elles.

-        Il faut inciter les Français à travailler plus longtemps en réduisant les maladies chroniques et en augmentant la formation. Les fonctionnaires tremblent déjà ! Les éboueurs et les employés de piscine de la mairie de Paris aussi.

-        Il faut mettre en œuvre la réforme des retraites par point. Après cinq ans d’atermoiements et de crispations, qui ont montré la quasi-impossibilité politique de mettre en œuvre une réforme aussi globale, ils en sont encore là !

-        Il faut des incitations financières pour travailler plus longtemps. Ah oui ! Mais lesquelles ? Mais surtout pas de pression pour retourner plus vite au boulot.

-        Où sont passés les travailleurs de l’hôtellerie-restauration ? Une fois qu’on saura,  on pourra trouver des réformes. En attendant ne touchons pas à l’indemnisation du chômage. Le fait de conserver 5 millions de chômeurs alors que les entreprises ne trouvent personne quand elles recrutent ne pousse ces gens à aucune réflexion. Un petit budget de recherche est toujours bon à prendre. Vive la dépense efficace…

-        Il faut faire correspondre les formations aux besoins de l’entreprise. Super ! Quels experts !

-        Vive la taxe carbone réservée aux Français. Bis repetita.

-        Il faut des interdictions pour lutter contre le réchauffement. Voici qui est clair. On peut avoir la liste ?

-        Croire que la transition n’affectera pas la croissance est espérer le beurre et l’argent du beurre. D’accord. Mais quelle perte de croissance et de prospérité ? Chut ! Et pour quels résultats sur la température ?

-        La « carte carbone » signée Piketty est impraticable. La taxe carbone donnera à l’état de l’argent à redistribuer. Taxer, taxer, taxer… mais plus simplement.

-        Taxons les riches mais avec des moyens simples. Ben voyons, il n’y a pas d’impôts en France.

-        Il faut augmenter l’impôt sur l’héritage et la transmission. Il faut redistribuer le capital financier pour répartir le capital culturel. Encore et toujours. Salauds de riches. Importons des millions d’immigrés et le capital des riches permettra de les mettre à niveau. Chouette !

-        Le programme de la Nupes conduit à la sortie de l’Europe. Donc c’est mal. Socialiste d’accord mais pas contre l’Union Européenne. Ce serait le seul problème ?

 

Les résultats économiques de la France sont désastreux. L’indigence de nos économistes officiels socialistes n’y est pas pour rien. Nous présenter ce tissu de banalités et de pétitions de principe en faveur de la mondialisation, de l’Union européenne, des taxes, et des impôts sur les riches comme un livre de référence écrit par des économistes de classe mondiale est le plus grand bobard du Point.

Et voici l’écologie pénitentielle coercitive. Elle ne s’arrêtera plus

Le chaos de la décroissance est au bout du chemin

Ça y est ! Les lois anti-propriétaires commencent à s’appliquer. Les propriétaires qui louent un bien immobilier sont tenus à prouver leur vertu et c’est à eux de faire les frais de la transition énergétique. Bien sûr l’enflure mortifère des actions mises en œuvre par des filles de famille issues de l’énarchie et de la nomenklatura d’Etat a été à la hauteur de leur irresponsabilité. Bien calées dans les rémunérations étatiques et ses avantages, capables par leur réseau de virevolter dans des organisations sous dépendances, elles pouvaient y aller franco. Sauver la terre pour ces fillettes privilégiées et garanties de fortes rémunérations et avantages de leur adolescence jusqu’à la fin de leur vie, méritait tous les sacrifices des autres. La bureaucratie a trouvé dans l’écologie le moyen de carrière avantageuse et de domination sans égale de la société.

Mmes NKM puis Wargon ont été avec quelques autres les promotrices de cette action coercitive. Mme Panier-Runacher, énarque et épouse d’énarque, est chargée de la transition énergétique, donc de l’application de toutes les règles coercitives déjà engagées et sans pouvoir de conception puisque toute la politique énergétique est dirigée de Bruxelles. Les ministres français sont là pour faire avaliser les directives européennes et ne mettent leur grain de sel qu’en compliquant et aggravant les choses par des décrets ineptes et ravageurs.

Voici donc les appartements désormais labellisés comme poubelles thermiques de plus ou moins bonne qualité et les coercitions commencent : interdiction de maintenir la valeur locative en fonction de l’inflation ; bientôt interdiction de louer. Pourquoi le locataire bénéficie-t-il d’un avantage de revenu au nom de l’écologie ? Personne ne l’a jamais expliqué. Pourquoi priver d’argent celui qui doit faire les investissements d’isolation ? Silence ! La logique imbécile de gribouilles administratifs torturés par ses années à l’ENA ?

Naturellement les modalités sont totalement folles. Tout étant irrationnel et injuste dans cette affaire, les décrets ont tout aggravé. Il faut faire étalonner son bien. L’ennui, lorsque vous le faites faire par deux « experts » différents, vous avez deux appréciations différentes et pas qu’un peu. En fait tout est arbitraire dans la procédure et totalement éloignés des réalités de terrain. Il faut des cohortes délirantes de testeurs de les « former » à une discipline vaseuse à l’extrême conçue par des imbéciles stipendiées à cet effet et qui en ont remis dans la sottise et la complexité. In fine vous laissez à un technicien à la formation et à la compétence approximatives le soin de décider si le locataire gagnera de l’argent et si le propriétaire sera lésé. Avec une inflation de 10 % par an on voit les dégâts. Rappelons que les périodes d’hyperinflation ne sont pas toujours courtes : pensons aux années soixante-dix. Imaginons la situation au bout de trois ans. Le locataire se retrouve avec une ristourne de 30 % sur son loyer. Le loueur a perdu un tiers de la valeur locative. Sur un dire de vérificateur en général incapable structurellement d’appliquer utilement les décrets. Où est la justice ? Où est le sérieux ?

« Il n’a qu’à faire les travaux d’isolation, ce connard de propriétaire abusif qui jouit d’une poubelle ! » Cette jolie phrase trouvée sur les réseaux sociaux trahit la pensée profonde de beaucoup Français. Rien à cirer des gens qui ont un patrimoine, ne serait-ce qu’une poubelle thermique ! Qu’ils paient ou qu’ils vendent !

Mais là les affaires se compliquent joliment. Vous pouvez transformer votre appartement en bunker thermique, et même en producteur net d’électricité, vous n’aurez pas votre beau certificat d’honneur de propriétaire citoyen conscientisé et labellisé, digne de recevoir une rémunération décente de votre investissement. La dépense thermique prise en référence est celle de l’immeuble. Si vous êtes seul à faire les rénovations nécessaires, aucun moyen d’avoir une bonne lettre. Les copropriétaires occupants n’ont aucun intérêt à faire des travaux gigantesques non rentables. Cela revient à interdire la location dans les immeubles collectifs où ils sont majoritaires.

Ne vous inquiétez pas, les textes seront aggravés pour faire sauter ce bouchon un jour ou l’autre. En attendant, les propriétaires vendent après avoir mis fin aux locations. Il devient de plus en plus dur de trouver une habitation en location. Pour acheter, les conditions de crédit deviennent très restrictives. Les prix du neuf eux sont aggravés de plus de 10 %, hors inflation, par les contraintes nouvelles imposées aux constructeurs. Les prix déjà inaccessibles grimpent encore un peu plus. Allons, en route en chantant vers une crise du logement !

Mais non disent nos Énarques étatistes (ils le sont tous peu ou prou par vocation ou intérêt). On va faire des logements sociaux. Ceux-là ont tous les budgets nécessaires pour se mettre aux normes écolos. Ce sont les bourgeois qui paieront. Ces salauds de propriétaires auront la triple peine, perdre de la valeur locative, perte sur le prix de vente et impôts aggravés sur le revenu. Parfait ! Une belle société qui fait face avec astuce à ses besoins sociaux et écolos ! Quand verra-t-on l’ENA adhérer à la Nupes ?

L’ennui c’est que le parc de « poubelles thermiques » appartient généralement à la classe moyenne moyenne et inférieure. Souvent le bien leur est revenu par un petit héritage et ils ont payé des droits. Parfois ils se sont endettés pour des années pour avoir un revenu de complément pour leur retraite. Mais avec les emprunts ils sont à la limite. ILS SONT PARFAITEMENT INCAPABLES DE PAYER ET LE CERTIFICAT ET LES TRAVAUX D’ISOLATION. Si les revenus locatifs baissent, ils sont coincés et doivent vendre. Adieu le petit patrimoine, et le revenu de complément ! Quand on connaît les perspectives de la France en matière de retraite, personne ne rit. L’Énarque s’en fout. Il aura lui une très belle retraite publique agrémentée de tous les ajouts faits à l’occasion de pantouflages ou d’allers et retours au gouvernement et au parlement.

Ils ont une réponse toute faite : « on a créé sur le modèle de la sécurité sociale une administration nouvelle tout entière dévouée à fournir des ressources aux propriétaires nécessiteux : Ma prim’renov ».

Indépendamment du nom racoleur et grotesque pour publiciste déjantée, constatons qu’une nouvelle branche administrative a poussé sur le dos des Français et de leurs revenus. Des cohortes de fonctionnaires vont aider les pauvres propriétaires, façon gilets jaunes, à passer le cap. Les budgets prévus sont tellement lourds et les résultats tellement incertains que la Cour des Comptes frémit d’horreur. Elle exige des évaluations régulières ! Personne n’a chiffré de façon convaincante les gains en Co2 des efforts demandés aux loueurs de logement. Encore moins en température. Rassurons tout le monde, il est exactement nul.

Des dizaines de milliards d’euros et de nombreuses vies gâchées vont joncher le parcours anti propriétaires de nos énarques adorés, bienveillants et indispensables. Ce n’est pas la triplette Macron (qui ne possède rien et n’a pas employé les fortunes qu’il a gagnées chez Rothschild pour créer du logement locatif), Borne et Panier-Runacher, qui peuvent simplement imaginer qu’il y a un problème.

Pertes de valeur, rancunes et haine, impôts, bureaucratie violente, régression pour aucun résultat. Ce n’est pas pour demain. C’est ici et maintenant ! Et les veaux broutent ce qu’il leur reste d’herbe en courbant l’échine. Et ils seront tout surpris quand ils seront frappés, eux qui se croyaient à l’abri. Quoi ? Cela ne concerne pas que les autres. Ils iront alors à la Nupes ou au FN.

La transition énergétique bidon nous enferme dans la triplette : parti bureaucratique, partis contestataires. Il n’y a rien de positif à attendre de cette horreur.

Ce premier acte de l’écologie coercitive et dommageable sera suivi de bien d’autres de plus en plus punitifs et de plus en plus ruineux, au fur et à mesure que l’inefficacité sur la réduction des difficultés climatiques sera de plus en plus avérée et que la ruine guettera le système. Nous venons de mettre le pied dans la machine à broyer définitivement le pays.

C’est aujourd’hui qu’il faut réagir.

Premier acte de santé écologique : mettre fin à l’énarchie compassionnelle bienveillante, écologique et népotique, en interdisant aux hauts fonctionnaires l’accès aux fonctions politiques. Écarter les Borne, les Macron, les Panier Runachier, les Wargon de l’espérance du pouvoir est le seul moyen que les questions qui touchent aussi radicalement le corps social soient correctement traitées.

S’ils avaient travaillé toute leur vie au service de l’économie, donc de la collectivité, pour disposer d’un petit logement et éventuellement d’un studio en location, encore en cours remboursement des crédits, pour améliorer leur faible retraite, ils sauraient ce qu’on pense quand on voit se construire en face de chez soi des logements sociaux bien isolés et quasi gratuits pour immigrés au chômage statutaire, que son quartier est devenu la proie des vols et des provocations islamiques, avec des tirs de bombes d’artifice, et qu’on doit payer pour isoler son propre appartement et perdre la location bienvenue qui mettait un peu de beure sur les épinards, alors qu’on est évidemment exclu des subventions qui ne couvrent qu’une fraction infime des coûts, quand il est possible de faire les travaux.

Après avoir dépensé pour 85 milliards de cadeaux électoraux, Emmanuel Macron est descendu de son jet ski et prend la pose du tragédien pour dire aux Français que la fête est finie et qu’il va falloir qu’ils travaillent, eux, pour payer les différentes factures accumulées par sa gestion et qu’ils auront, eux, à subir les efforts de la transition énergétique, et la guerre en Ukraine.

Le manque de scrupule, la morgue et le mépris de ce président problématique dépassent l’entendement. Les Français, nés malins, applaudissent leur sauveur ! On les a fait voter en stimulant leur peur. On va les faire payer en stimulant leurs craintes. Tableau !

Français, n’ayez pas peur. Il faut stopper le mécanisme infernal qui se met en place et qui ruinera définitivement la France et ce qu’on appelle de plus en plus inexactement les Français.

Santé : Petite histoire d’une décadence programmée

Impuissance et démagogie des ministres de la santé

Un journal du soir a eu la très bonne idée de questionner une brochette de ministres de la santé qui ont accompagné ces quarante dernières années l’effondrement de l’hôpital français et plus généralement du système de santé. On est épaté, à chaque ligne, par l’impuissance benoîte qu’exsudent ces propos glaçants de bonne conscience. Le numerus clausus ? Le diable initial mais qu’on n’a jamais voulu vraiment annuler. La tarification à l’acte à l’hôpital ? Quelle horreur ! Mais on l’a gardée. L’Europe qui nous impose la « fin du trou de la sécu » ! Mais on a gardé ! Le secteur privé : la source de bien des maux, fin des gardes, corporatisme. Mais attention à la puissance électorale des médecins. Le secteur public : une guerre infâme des mandarins, alors il a fallu que Sarkozy s’en mêle et impose le directeur fonctionnaire et tout puissant au risque d’une bureaucratisation qui « nous a fait prendre dix ans de retard ». Mais on n’a rien fait pour changer quoi que ce soit dans les dix ans suivants. Les revendications salariales avec la cogestion avec les syndicats revendicateurs ? Justes et excellentes mais Bercy ne voulait rien entendre. Alors on n’a rien fait sinon accepter les 35 heures et la retraite précoce pour la fonction publique hospitalière et tardive pour les grands chefs, avec beaux reclassements dans des sinécures publiques pour les médecins collaborant sans réticences avec l’Enarchie.

Nous avions des ministres formidables et bien intentionnés, mais que faire contre Bercy, Bruxelles, le vilain secteur privé, les affreux mandarins, les présidents touche à tout, la volonté de transformer l’hôpital en entreprise de marché… Alors inutile de faire valoir des réalités dommageables : une masse de médecins et de lits d’hôpital unique au monde mais un taux d’activité constamment déséquilibré bien que fort ; la bureaucratisation excessive avec des taux d’administratifs dans le système de santé de 10 points supérieurs au reste des pays comparables ; les méfaits de la gratuité généralisée ; et l’ouverture des soins gratuits et même des prothèses au monde entier ; un coût extravagant.

De 1974 à 2022, les équipes politiques ont toutes fait la même politique. C’est donc que quelques forces telluriques sous-jacentes ont influencé durablement les pouvoirs de façon coercitive.

La première est naturellement le changement radical du rythme de la croissance à partir de 1971. L’accroissement très rapide de la richesse pendant les Trente Glorieuses dans un système d’impôt progressif a noyé de ressources les gouvernements, notamment à partir de 1958. L’argent a coulé à flots et permis de créer un nombre colossal d’hôpitaux eux-mêmes colossaux (« les cathédrales des temps modernes ») et de multiplier les effectifs, les recherches et les équipements dans le secteur médical.

Simultanément la démagogie s’est emparée du dossier car elle était facilement financée dans un moment où les découvertes scientifiques permettaient à la médecine de traiter efficacement de plus en plus de maladies, de mieux en mieux identifiées et comprises. Le nombre des médecins a littéralement explosé. Nous sommes toujours aujourd’hui le pays ayant le plus de médecins pour 100 000 habitants (plus de 6 contre une moyenne de 5 en Europe et 3 dans les pays un peu développés) et celui avec les plus larges capacités hospitalières (même si les cathédrales sont amiantées…) et une dépense de soins par habitant supérieure à quasi-tout le monde. « En France, la dépense de santé au sens international (DCSi) – qui recouvre la CSBM mais également les dépenses de soins de longue durée, de prévention et celles liées à la gouvernance du système de santé – s’établit à 11,3 % du PIB en 2018 [1], soit 1,4 point de plus que la moyenne de l’UE 28 ». La France dispose malgré toutes les mesures prises depuis 50 ans de deux fois plus de lits disponibles que les États-Unis et le Royaume uni.

Cette énorme machine construite pendant les Trente Glorieuses va être remise en cause par la stagnation économique qui suit la destruction des Accords de Bretton Woods, qui provoque la crise de 1973 qui ravage le monde et provoque la crise du pétrole qui elle-même change radicalement le cours de la croissance.

La France qui n’a pas de pétrole, est prise à la gorge. L’inertie fantastique du système de dépenses publiques empêche d’arrêter le train en quelques mois. La récession frappe et tous les comptes tournent au rouge. On découvre avec horreur qu’en système de changes flottants les relances keynésiennes ne marchent pas. Plus jamais le secteur médical ne retrouvera le flot d’argent qui l’a inondée pendant trente ans. C’est cette transformation-là qui est le cœur des difficultés subséquentes. C’est naturellement l’explication fondamentale et elle n’est pas donnée.

Deux autres forces systémiques se mettent en place qui vont aggraver les conséquences du changement de contexte économique.

La première est l’arrivée à maturité et au pouvoir de « l’Enarchie Compassionnelle ». La haute fonction publique a enfin réussi à capter la politique en plus de l’État. Le symbole de ce triomphe est le couple Giscard, Chirac. L’ENA gouverne et tient absolument tout. Elle ne sait que céder, arroser de subventions, fiscaliser et réglementer et éventuellement bloquer. Cela ne cessera plus jamais.

La seconde est la généralisation de la gratuité. La santé doit être totalement gratuite et tous doivent avoir exactement les mêmes accès aux soins, sans tenir compte de rien d’autre. On dirait aujourd’hui : quoi qu’il en coûte. Or on sait quelle est la tare inséparable de la gratuité : le gaspillage, les comportements irresponsables, l’envol des coûts, la répression de producteurs, la répression des malades, la ruine générale du système. La bataille de la gratuité a eu lieu pendant la Quatrième République autour de celle du « petit risque ». Elle n’a jamais cessé d’être menée, aboutissant à la prise en charge gratuite de la santé des étrangers venant à se trouver en France et mille autres générosités coûteuses.

La dénatalité, qui se marque dès le milieu des années soixante-dix et le vieillissement de la population, vont également jouer le rôle d’un tsunami lent, entraînant à la fois une hausse de besoins médicaux de tout en réduisant la part des actifs dans la société, donc les moyens de payer.

Si on se place en 1976, la France est au bord du gouffre sanitaire. On ne peut plus payer ! Personne n’a rien anticipé, analysé, prévu, préparé. On va donc détricoter le système de santé à la petite semaine, dans le silence le plus complet des hommes politiques et des médias qui vont devoir illustrer un mensonge de plus en plus flagrant : « nous avons l’hôpital et le système de santé le plus performant du monde ».

Lorsqu’en 1971, un premier numerus clausus est institué en fin de première année d'études médicales, il s’agit de canaliser les entrées qui explosent avec l’arrivée des classes nombreuses. Les autorités médicales prétendent que la masse va empêcher la qualité de l’enseignement. L’objectif reste la qualité de l’enseignement et des soins.

Avec le plan Barre, l’esprit change. Le fait que nous soyons le pays disposant du nombre de médecins par habitant le plus élevé du monde est jugé anormal avec un nombre de lits colossal et le plus souvent mal géré par des collectivités locales parfois irresponsables. Les syndicats médicaux n’aiment pas la concurrence, ce qui crée une connivence. Et le trou de la sécu devenait béant. « Claude Got, conseiller technique des décrets d'application de la loi de 1979 sur la réforme des études médicales, publiés en mai 1980, et instaurant véritablement l'application du numerus clausus dans l'admission aux études de santé françaises ». Il faut réduire la course à la dépense dans le secteur médical et on pense qu’en réduisant l’offre, et en encadrant les rémunérations, on réduira la demande. Une erreur courante dans un système de gratuité. La répression de la dépense va être un chantier continu jusqu’à nos jours. Pour donner une idée de l’encadrement des rémunérations, on peut prendre l’exemple de la lettre-clef K opératoire, celle des chirurgiens, dont le tarif depuis que la convention médicale a vu le jour dans les années soixante, n’a pas du tout suivi le coût de la vie au point qu’il faudrait le multiplier par quatre pour revenir au niveau de 1965. Les médecins sont une corporation très disparate qui, en vérité, s’est très mal défendue, contrairement aux dentistes, profession homogène, qui ont réussi à rester hors des pattes de la sécurité sociale. Dans la durée, la profession s’est féminisée, les femmes acceptant des salaires plus faibles, mais en refusant les horaires qui ne permettent pas de maintenir une vie familiale. Adieu les gardes et les sujétions d’antan. On retrouve la même situation que dans l’Éducation nationale ou la Justice. Certaines branches de la médecine très contraignantes ne trouvent plus assez de candidats. Le ministère de la santé et les ARS vont développer une bureaucratie à 80 % féminine mais au plus haut de la hiérarchie des salaires publics (quasiment tout le monde en catégorie A), dont on sait qu’ils n’ont pas été divisés par quatre !

Le trou de la sécu et la surmédicalisation française ne reculant pas, rien ne changera pendant les 40 années suivantes, jusqu’à l’effondrement récent provoqué par l’épidémie de Sars-cov-2 et la panique qui s’est ensuivie.

Avant cela, l’arrivée, avec l’élection de F. Mitterrand, de la coalition socialiste communiste va stopper tous les efforts macroéconomiques jusqu’au « tournant de la rigueur », mais personne n’osera toucher au numerus clausus dont le problème est qu’il ne réduit pas l’effectif au travail pendant toute une génération qui vieillit jusqu’au jour où elle part à la retraite. Alors il n’y a plus personne. C’est la situation actuelle.

En revanche on s’attaque au mandarinat ! Les chefs de service sont déclarés divas capricieux et « fascisants ». Heureusement tous les projets les plus dramatiques des excités du PS seront mis progressivement à la poubelle : tous les chefs de service étaient socialistes ou presque ! En revanche la cogestion avec les syndicats est quasiment instituée comme dans l’Éducation Nationale. C’est avec Juppé que la bureaucratie commence à s’implanter. Mais c’est avec Jospin que les 35 heures viennent mettre part terre l’hôpital. Il est intéressant de noter qu’aucun des ministres conviés par le journal Le Monde n’a osé parler de la durée du travail alors qu’une bonne partie des difficultés vient de là. Les chefs de service sont mis sous tutelle avec des services aux horaires devenus rigides avec des réglementations et des normes coercitives. On verra à Saint Malo un chirurgien recoudre un malade en cours d’opération, avant de faire les actes importants, parce qu’une infirmière a décidé de partir à la fin de son horaire légal ! On arrête un service complet parce qu’il manque un médecin ou une infirmière. En même temps on ferme les services qui n’ont pas « assez d’activité » et on veut créer un grand service public du transport médical pour aller vers les nouvelles usines à traiter. Une pure folie de type Gosplan ! Il faudra la révolte des taxis pour mettre fin à cette tentative d’esprit soviétique.

Le gros des pleurnicheries dans l’article porte sur la tarification à l’acte. C’est le prototype du faux problème. Dans un système administré, et marqué par la gratuité des soins aux malades, les prix ne jouent pas leur rôle de régulateur. Ce sont de simples conventions pour redistribuer les budgets. Parler de rentabilité des hôpitaux publics est aussi stupide que parler de bénéfices à la SNCF !

Si vous rémunérez une équipe sans se préoccuper des actes qu’elle fait, le risque est le farniente qu’il faut compenser par des régulations délicates. Si vous le faites à l’acte, sans se préoccuper de rien d’autre, vous voyez les actes se multiplier et les mieux rémunérés plus vite que les autres. Il faut là aussi contrer ces dérives par des régulations nécessaires.

La dualité entre secteur public et secteur privé aggrave les choses. Le secteur privé est toujours rémunéré à l’acte ou au traitement qui est une série d’actes. Qu’il s’agisse de médecins de ville ou de cliniciens. La concurrence se fait sur la qualité, les prix étant uniformisés. La vraie responsabilité de la clinique, c’est d’obtenir des intervenants de grande réputation qui assurent l’activité et l’image de l’institution. Mais il aura nécessairement spécialisation, multiplication des actes et concentration sur les actes les mieux rémunérés. Il faut donc chiffrer la valeur des actes. Il n’y a pas de choix, puisqu’ils sont remboursés intégralement.

Dans le secteur public qui ne peut pas refuser de patients et qui doit couvrir tout le spectre des affections possibles, la situation est différente mais aucune doctrine n’est franchement meilleure qu’une autre. La meilleure est sans doute d’affecter un budget à un service, associé à un contrôleur de gestion indépendant et mettre en œuvre une politique de comparaison des résultats (benchmarking) avec les services comparables.

Mais la facturation à l’acte reste indispensable pour les services utilisant des matériels et les journées d’hospitalisation, la question étant ce qu’on facture, le lit et son assistance ou le lit et le traitement dans le cadre d’un forfait.

Le pire système est de fixer des canevas de traitement fixes contrôlés du début à la fin par ordinateur avec un contrôle bureaucratique permanent, en laissant la bureaucratie parasiter la totalité du système en créant des arrêts pour décision bureaucratique dans tous les processus.

Ce qui frappe dans l’article, c’est l’impuissance des Ministres. On ne comprend pas le contexte et les causes. On réagit dans la panique à chaque récession qui ruine les recettes. On comprime et on bureaucratise, sans jamais s’attaquer aux causes. Et on est toujours dépassé. La bureaucratie réagit en fixant des normes encore plus sévères et en réduisant les lits sous différents prétextes, tout en cherchant des solutions absurdes d’étatisme comme le service public des transports à l’hôpital. On crée des émeutes. Alors on lâche un peu, on cède et on reprend. Rien n’avance. Et on finit par un monde hospitalier où chacun ne cherche plus qu’à se garer des accidents tout en gagnant le plus possible ou en travaillant le moins possible, et en se localisant dans les endroits les plus valorisants.

Du coup les politiques ont accepté leur impuissance et ont choisi de l’accompagner par de la démagogie en étendant les droits-à, tout en réduisant l’offre par des contingentements, des regroupements, des durées de travail réduite, des effectifs contraints etc. On aboutit à cette situation ubuesque où nous avons un service de santé pléthorique, ruineux et surdimensionné mais qui fonctionne mal, maltraite les professionnels et les malades et donne une impression de manque à tous les étages.

En cela le secteur médical rejoint la totalité des services publics, hypertrophiés, ruineux, bureaucratisés, noyés et inefficaces, travaillant peu d’heures, et qui ponctionnent une part grotesquement élevée des ressources nationales. On ne peut pas avoir des services publics qui marchent lorsque les prélèvements, à l’échelon national, représentent quasiment la valeur ajoutée globale des entreprises.

Si vous voulez un bon service de santé, il faut d’abord de la croissance et de l’argent, avec un maximum de responsabilisation de tous les acteurs et une forte concurrence des institutions. Si tout est gratuit et qu’il n’y a plus de croissance, avec une emprise bureaucratique et normative envahissante, vous n’avez plus de système de santé mais un machin déréglé qui ne fonctionne que parce qu’il y a quelques saints à quelques carrefours.

Notons que la prétendue « transition écologique » va créer un nouvel âge de restrictions avec une probable décroissance, qui aura encore plus de conséquences terribles sur le secteur médical. Ce troisième âge de la médecine depuis la guerre de Quarante s’annonce comme une terrible régression ! Le Dr Raoult dénonçait inlassablement qu’en matière de recherche médicale la France était devenue un pays du tiers-monde. Ce n’est que le début ! Les Français tiennent incroyablement à leur santé. F. Fillon a commencé à faiblir dans les sondages lorsqu’il a dévoilé qu’il voulait réduire drastiquement le mammouth médical. On a vu la facilité d’E. Macron à attiser et exploiter électoralement la haine des non vaccinés par des foules inquiètes d’être contaminées.

Les Français veulent sauver l’environnement et la terre avec ferveur. Ils adorent les causes de leurs futurs malheurs en glorifiant les restrictions écologistes Ils ne se rendent absolument pas compte de ce que cela signifie comme réductions… des dépenses de santé !

Trente glorieuses ! Cinquante piteuses ! Cent calamiteuses ? Avec une classe politique et médiatique dominante totalement dépassée et impuissante, forcée au mensonge systématique (le plus souvent par omission) et qui a concédé sa souveraineté à des instances internationales incontrôlables, le chemin de la décadence médicale est fort bien balisé.

L'écologie politique empêche de lutter contre les conséquences du réchauffement

Le réchauffement climatique est majeur depuis le milieu des années 80, après la phase froide d’après- guerre, qui laissait craindre une « glaciation » au début des années 70, jusqu’à la sécheresse de 1976.  Au lieu de faire face aux conséquences, sous l’influence des gourous de Greenpeace, les gouvernements ont choisi d’agir sur la cause supposée : l’accroissement du CO2 dans l’atmosphère, En freinant la production de CO2, jusqu’à sa suppression, on atteindrait une masse de CO2 qui éviterait de dépasser des seuils de températures intolérables. L’ennui, c’est que la conversion envisagée est gigantesque, ruineuse, et de long terme, alors que les conséquences sont immédiates. Pendant qu’on lance des plans pour le milieu du siècle, on oublie d’anticiper le présent et de cadrer des mesures à court terme. Pire encore, rien ne dit que le flux des réductions envisagées qui représentent 1/10.000 par an du stock de CO2auront la moindre conséquence. Jusqu’ici toutes les réductions obtenues à coups de centaines de milliards n’ont eu aucun effet.

Une conversion totale à la neutralité carbone est une utopie dans les délais extrêmement brefs proposés et selon les modalités idéologiques choisies.  Les prétendus écologistes, en vérité dans sa variante politique, des ultra gauchistes anti capitalistes et anti-patriarcat, ont souhaité créer des mesures coercitives symboliques contre la circulation, la production et la consommation.

Ils ont condamné par habitude l’énergie nucléaire. Seule la réduction des voies de circulation au profit des vélos et les éoliennes ont eu leur imprimatur. Pour le reste il ne fallait plus rien faire et bloquer toute initiative, notamment pour préparer les forêts à l’élévation des températures et les cultures au risque de sécheresse. Leurs actions ont pris un caractère violent et anti républicain avec des destructions de réserves d’eau en pleine sécheresse, comme encore dernièrement à Nalliers et Pouillé en Vendée.  Les écolos nouvelle façon sont de petits fascistes qui enfreignent la loi et attaquent des citoyens pacifiques comme on l’a vu avec les bouchers., tout en détruisant des biens collectifs. Quand ils accèdent au moindre pouvoir, ils détruisent et ruinent et se moquent des populations qui subissent.

Naturellement, leur nihilisme empêche toute formulation d’une politique sensée d’adaptation. Dès qu’une action est entreprise, elle est aussitôt contestée par un clan ou par un autre de la mouvance.

C’est donc à la population française de subir, avec des hommes politiques qui exigent d’eux qu’ils fassent tous les efforts. Le plus drôle, c’est qu’en cas de rupture de fourniture électrique cette hiver ou en 2023, il faudra mettre au garage les voitures et vélos électriques ou alors geler et cesser de cuisiner.

Régime d’assemblée et Ve République - Il faut réformer d'urgence

L’Assemblée nationale est entrée en crise avec d’une part l’élection du Président de la République au suffrage universel, privant les grands électeurs de leur rôle, d’autre part l’organisation des élections législatives dans la foulée des présidentielles et enfin et surtout le transfert vers l’Union européenne d’une grosse part de la législation.

En vérité, le triomphe de " l’Enarchie compassionnelle et politiquement correcte " a joué un rôle essentiel. Si les hauts fonctionnaires tiennent à la fois le politique et l’administratif, il n’y a plus de division du pouvoir. Le politique devient un concours d’écuries pour savoir quel clan d’énarques va diriger.

Le népotisme et la facilité règnent alors en maîtres. On vit en famille de glorieux allers et retours entre ministères, postes lucratifs dans des agences, passages par le privé comme lobbyiste, avant de rejoindre le corps des élus puis en cas d’échec de nouvelles promotions dans des lieux de pouvoirs et d’argent, comme la Cour des comptes ou le Conseil d’État au tour extérieur.

Mme Wargon, fille d’une énarque et d'un homme politique à toute main ayant fait l’X, entre dans les arcanes du pouvoir à la mairie de Paris, puis dans les postes d’assistants politiques avant de rejoindre le gouvernement, comme secrétaire d’État puis ministre et avant de se planter dans une élection législative. Dès qu’il le faut la voilà reclassée à la tête d’une agence avant de recommencer un cycle à un niveau plus haut. Beaucoup d’argent très jeune et du pouvoir et de la visibilité. Parfait. L’ennui c’est que toutes les mesures bureaucratiques prises par Mme Wargon, qui n’a jamais travaillé et ne sait même pas ce que la vie économique veut dire, ont lamentablement foiré et doivent être détricotées. Les sénateurs veulent revoir de Zéro Artificialisation Nette, d’autres repousser le diagnostic obligatoire des appartements, d’autres… Comment voulez-vous qu’avec un tel profil la bureaucratie ne soit pas envahissante ?

Mme Parly, dite Parly II, a une trajectoire encore plus caricaturale avec des rémunérations extravagantes. Elle a fait des passages rémunérateurs dans des sociétés liées à l’État, et veut accéder après son passage au ministère des armées, à la tête d’Air-France KLM. Toutes ses nominations n’ont conduit qu’à des désastres. Comme ministre des Armées, elle a conduit les armées françaises à être vidées comme un malpropre du Mali. On voit avec la guerre en Ukraine combien nous sommes mal équipés et en retard de conception et de stratégie sur tout. Ses deux mamelles nourricières précédentes ont connu les pires résultats. la SNCF n’a pas cessé de crouler sous les dettes et Air France sous les mauvais résultats lorsqu’elle y était. Ce n’est pas polémique : juste objectif. Elle s'est recyclé dans les conseils d'adminsitrtion tenus par l'Etat qui donne des rémunérations fabuleuses. Merci pour elle !

Comme Wargon, ce sont des « filles-de », qui ont profité de la parité pour faire des carrières étincelantes au milieu des désastres qu’elles ont créés et en gagnant, du moins pour Parly, des sommes absolument folles, jamais liées à des résultats quelconques. En 20 ans on parle de dizaines de millions d’euros pas de dizaines ni de centaines de milliers.

On pourrait continuer avec Mme Panier Runacher qui avait réussi à se ménager une petite vie à 500 000 euros par an sans mérite particulier, tout en faisant du saute-mouton entre privé, public, législatif et exécutif. Elle fait carrière ès qualités d’énarque-HEC, de femme bénéficiant de la parité, mais jamais pour ses résultats étincelants. Elle multiplie les casseroles et a même fini par être élue Casserole d'or de l'association de lutte contre la corruption, Anticor. Cela ne l’empêche pas de parader sous les ors de la République comme « responsable » de la transition écologique en remplacement d’une autre abusive, sèchement recalée par le suffrage universel, comme d’ailleurs Nicolas Bays avec lequel elle vit et qui multiplie les situations douteuses.

L’Assemblée Nationale n’est vue par ces gens-là, que comme une source d’argent et d’élévation dans la hiérarchie politique. On n’y fera rien, de toute façon. Les décisions sont prises ailleurs. Mais on cumulera les rémunérations avec les activités privées, les conseils d’administrations, les postes dans de grandes ONG, etc.

Avec Macron, le système a été poussé à l’incandescence, le Président prenant toutes les décisions avec son secrétaire général, et laissant faire l’Europe sans vraie résistance. Le Parlement français n’existe plus que comme un élément routinier et formel dans la décision.

Jusqu’à ce que ses palinodies finissent par irriter tellement de Français qu’ils ont envoyé au Parlement deux partis extrémistes qui lui ont fait perdre sa majorité. Beaucoup de Français sont heureux de cette situation. Ils ont tort. Le retour à l’esprit de la IVe République n’annonce rien de bon. La preuve : le parlement est redevenu une machine à distribuer des bonbons démagogiques à la place du président ou en concurrence avec lui.

Si on veut donner à l’Assemblée nationale son vrai rôle, c’est d’autres pistes qu’il faut suivre.

D’abord assurer la séparation entre la haute administration et la politique. Nul ne peut être élu dans une assemblée qui détermine ses conditions de vie. Pas de fonctionnaire au parlement, sauf s’il a démissionné de son statut.

Ensuite introduire un débat au Parlement français sur toutes les grandes directives européennes avant le vote au Parlement européen. Tout ce qui se passe à Bruxelles échappe au débat en France alors que c’est le rôle du parlement de vérifier la position de l’exécutif et de donner des orientations sur ce que veulent les Français aux députés européens.

Enfin doter les parlementaires d’une fonction impératives de contrôle des dépenses, avec une administration en conséquence, afin de réduire la dépense publique (faux paradoxe), en donnant mission constitutionnelle de ne jamais dépasser 35 % du PIB en prélèvement et 100 % en dettes publiques. Ils ne pourront jamais voter une dépense si la dépense publique dépasse 35 % du PIB, sauf une majorité qualifiée de 75 % des élus dans les deux assemblées.

Permettre au député à nouveau d’être député-maire, mais lui  interdire de l’être dans les 12 plus grandes villes de France et dans les assemblées et exécutifs régionaux. Faire en sorte que les régions et les villes en déficit excessif soient mises sous surveillance du Parlement national, avec l’obligation d’un accord préalable du parlement selon des majorités fortes pour des dépenses hors normes et dans le cadre d’un budget d’exception borné dans le temps.

Il faut évidemment mettre fin aux abus jupitériens qui mutualisent les cabinets et qui font tout dépendre du président. Il faut une pratique présidentielle qui abandonne les excès installés par Macron. Tout en laissant au président le soin de mener la politique générale du pays sans entraver le cours normal des institutions par des crises ministérielles.

Évidemment, faire passer de telles évolutions dans des organisations politiques qui ont multiplié les nominations d’énarques à tous les carrefours de leurs institutions et qui mènent tous des écuries présidentielles, c’est quasiment impossible. Mais c’est ce qu’il faut faire.

La France n’est plus en démocratie véritable mais sous tutelle d’une mafia invasive qui se moque de l’indépendance nationale et de la qualité des politiques menées. Des places, de l’argent, des décorations, du pouvoir. Le reste ? Quel reste ?

On dira : vous discutez institutions, pas économie. Faux. C’est l’Assemblée nationale qui a la clé pour éviter qu’on maintienne une dépense publique hors norme qui tue notre économie. Réviser son mode de fonctionnement fait partie du cœur d’un projet de grand redressement.

 

Didier Dufau

La Nupes et Israël - L'indispensable antidote de Michel Onfray

Il était inévitable qu’un intellectuel de gauche, dont la vocation est de ne se sentir prisonnier de rien d’autre que la vérité, finisse par s’élever contre les nouveaux conformismes imposés par la gauche, depuis la Libération, qui sont tous fondés sur une armée de mensonges particulièrement grossiers.

Inévitable mais difficile tant la répression médiatique des contrevenants a été et reste forte. C’est Michel Onfray qui s’y est collé. Grâce lui soit éternellement rendue !

La délectation à lire sa destruction radicale de la psychanalyse, une escroquerie intellectuelle et médicale, ne peut être surpassée que par sa destruction de l’image d’un Mitterrand socialiste, réduit à sa réalité saumâtre de collabo malin reconverti assez vite dans une résistance giraudiste sans signification autre que d’opportunité. Avoir fait un Dieu de ce qui restera dans l’histoire comme un pourrisseur sans états d’âme , était une imposture tout de même assez énorme. Tout cela a fini, côté thuriféraire, par une édition de luxe payée par le contribuable de ses lettres d’amour ampoulées à la mémère de la RTF, Catherine Langeais. Tableau !

De coups de griffes en coups de canon, Michel Onfray effiloche « la toile d’araignée gramciste » qui a emberlificoté l’opinion publique et les médias depuis la guerre de Quarante. Il détruit les slogans malhonnêtes et mensongers qui ont permis à l’extrême gauche, communistes et trotskistes et socialistes façon Nupes, de se présenter comme le camp du bien contre une droite infâme, hitlérienne dans l’âme et pourvoyeuse de génocides.

La commémoration de l’immonde rafle du Vel-d’Hiv a été une fois de plus l’occasion de répéter les mantras antibourgeois assimilant les droites à Hitler, mais a conduit Mélenchon à tenter une action contre Israël considérée notamment par les communistes comme un pouvoir racial basé sur l’apartheid et faisant subir aux Palestiniens le traitement que Pétain a fait subir aux Juifs.

L’affaire est évidemment politicienne. Depuis que l’extrême gauche et les socialistes ont considéré qu’il fallait abandonner l’ingrate classe ouvrière au profit de l’immigration musulmane, il fallait activer les feux dans la condamnation d’Israël et se réapproprier toute la sémantique islamique vis-à-vis des Palestiniens martyrs. Du coup la gauche reprenait à son compte l’antisémitisme de l’Oumma, le seul qui tue encore des juifs dans le monde, avec en prime la menace d’extermination des juifs d’Israël par une bombe atomique iranienne !

Depuis que les restes démembrés du PS ont rejoint la NUPES, la notion de gauche « morale » devenait encore plus problématique. Exploiter la Shoah contre la droite et les Juifs, cela devient un peu trop fortiche à avaler pour être honnête, même pour un socialiste.

Michel Onfray a donc écrit un articulet vengeur dans le Journal du Dimanche qui fait place nette.

Comment ne pas rappeler que le premier parti collabo des Nazis a été le parti communiste. Il l’a été dès le pacte Molotov Ribbentrop, l’alliance entre Hitler et Staline, et a organisé le sabotage des armements français lors de la montée vers la guerre. Le PC a été un parti de traîtres qui a fait tuer des Français, avant même que leurs amis nazis occupent la France. Ils ont alors enchanté la presse nazie de leurs déclarations d’amour pour les soldats allemands. Onfray n’y va pas par quatre chemins. Il cite le vibrant hommage écrit par le PC dans la presse de collaboration au soldat allemand tellement bien accueilli par les Français ! Une ignominie à la Duclos, un fameux spécialiste. Moi-même, j’avais publié sur le forum du monde les propos d’Aragon demandant qu’une Guépéou à la française nettoie le monde des infects bourgeois, ce qui, quand on connaît la suite, c’est-à-dire probablement plus de 100 millions de morts assassinés, a fait mauvais genre.

On disait à l’époque : PC, Parti Collabo !

De même tout le monde sait qu’il y a eu de nombreux liens entre communisme, fascisme et nazisme, contraction de national-socialisme. Hitler a commencé comme spartakiste. Mussolini était socialiste, comme les piliers de la collaboration qu’étaient Déat et Doriot. Une grande partie de la gauche pacifiste a tourné maréchaliste après la débâcle.

À un moment où une presse énamourée fait de Fabien Roussel un formidable candidat parce qu’il a défendu la bonne bouffe contre les puritains de l’écologie maladive, elle n’avait pas vu qu’il allait devenir le premier signataire d’une motion raciste contre Israël ! Eh oui, un communiste est un communiste et restera un communiste. Qu’il aime le fromage ou pas !

Onfray a raison de déclarer qu’on vient d’entrer dans un nouvel âge de l’antisémitisme qui est basé sur l’intégrisme génocidaire islamiste vis-à-vis d’Israël, même si sa catégorisation des âges précédents n’est pas totalement juste. Il y eut un antisémitisme catholique et un antisémitisme marxiste. C’est vrai. Surtout, il y a eu un antisémitisme national et souverainiste qui n’admettait pas qu’une aussi petite minorité ait réussi à se tailler des parts dominantes dans la presse, la finance, la politique. C’est cet antisémitisme qui régnait à Vichy, qui voulait interdire cet entrisme à succès. Onfray a tort de ne pas le signaler. Cet antisémitisme-là demeure vivace et se retrouve par exemple dans la condamnation de l’emprise des hommes de Goldman Sachs sur l’Union Européenne et plusieurs des pays européens. La crainte d’une emprise occulte est toujours là et nourrit toujours une forme d’antisémitisme.

Staline avait créé une république pour les Juifs et n’a jamais admis que les juifs russes préfèrent aller en Israël. La répression antisémite de sa fin de règne vient principalement de cette rancœur. Il justifie moins que le PC continue 75 ans plus tard à porter l’hystérie anti israélienne stalinienne.

Il est clair que le nouvel âge de l’antisémitisme est d’abord islamiste et les initiatives de la Nupes ne se comprennent que par la volonté d’utiliser électoralement le réservoir musulman en reprenant toutes ses querelles, du Burkini à la destruction de l’État d’Israël.

Il est parfaitement clair qu’on pouvait très bien être contre la création d’un état israélien en Palestine, sans être antisémite. Moi-même me désole de l’Alya des juifs français. On pouvait comme de Gaulle légitimement prévenir Mme Golda Meir contre l’idée d’une guerre préventive. On peut même critiquer la volonté d’extension du territoire israélien au-delà des frontières actuelles, par grignotage ou par annexion.

Mais, désormais Israël est un fait acquis et les demandes de destruction du pays sont du ressort de l’antisémitisme le plus absolu. Ce qui sidère dans le projet de la NUPES, c’est le racialisme qui en suinte, et la volonté expressément exprimée de mettre fin à l’État d’Israël, organisation structurellement assimilée à un état apartheid, ce qui est objectivement faux.

La soumission des reliquats de forces socialistes en France aux Oukases de Mélenchon et la volonté de se refaire la cerise en pliant devant les exigences islamistes, font éclater de toute part la fameuse toile d’araignée gramscienne qui enveloppe l’opinion publique en France et a au moins cet avantage de renvoyer aux poubelles de l’histoire la fantaisie d’une extrême-gauche morale et parangon exemplaire du bien public.

Le double ralliement de Mélenchon à la dictature criminelle du Venezuela et à l’antisémitisme radical et exterminateur islamiste est une réplique de l’ignoble et criminelle collaboration du PC avec Hitler.

La Nupes est une saleté politique immonde à nettoyer d’urgence et le savon employé par M. Onfray est parfaitement propre à cet usage.

 

Un sujet fondamental : pourquoi 87 à 90% des juifs français n'ont pas été dépôrtés et ont survécu.

Paxton et Zemmour renvoyés dos à dos. Le livre fondamental de Jacques Semelin

Nous terminerons ce mois de juillet consacré aux livres importants qui remettent en cause soit des mensonges, soit des tabous, soit des erreurs d’appréciation dommageables, par le livre de Jacques Semelin « une énigme française » chez Albin Michel. Le fait que l’édition s’attaque à des sujets aussi difficiles est la preuve d’une réelle vitalité qu’il faut souligner. Bien sûr les trois auteurs que nous avons mis sur le pavois ne sont pas véritablement dans des filières officielles. Mais il est normal que la liberté interpelle d’abord en dehors des cadres trop enfermés par une doxa contrôlée de près par des groupes intéressés.

Après la Guerre d’Espagne, qui disparaît progressivement des esprits, et la transition énergétique, qui l’envahit, deux sujets où le mensonge règne en maître, il était intéressant de se pencher sur le sujet polémique suprême : la Shoah. On dira : après 50 ans de matraquage sur cet épisode terrible de la seconde guerre mondiale, reste-t-il encore quelque chose à dire de nouveau ?

Mais oui et l’aspect oublié que Jacques Semelin ajoute au débat national et international n’est pas mineur : pourquoi les trois-quarts des juifs en France n’ont pas été déportés, et, à l’intérieur de cette catégorie, pourquoi 87 à 90 % des juifs français ont-ils pu échapper à l’ambition exterminatrice de l’occupant ? L’historiographie s’est consacrée d’abord aux victimes déportées ou assassinées, ce qui est normal. Mais, le plan nazi étant d’exterminer le plus grand nombre de juifs, et l’antisémitisme de Pétain et de son gouvernement étant aggravé par sa collaboration active, comment se fait-il que la très grande majorité de la population juive présente en France soit restée indemne ?

La question est sensible. Mettre en avant ce fait peut passer pour exonératoire pour le régime de Vichy et déclencher des réactions mémorielles outragées. S’attaquer à un tel sujet prouve la force de caractère de J. Semelin mais aussi son esprit précautionneux. Il fallait déminer, déminer encore, et le mieux était encore de raconter l’histoire détaillée de sa réflexion historique pour éviter que la démarche ne soit immédiatement disqualifiée et considérée comme « nauséabonde ».

Le sujet a également un côté actuel à la suite de la campagne électorale de Zemmour. Ses propos contre l’approche de Paxton, considérée par lui comme un « french bashing » anglo-saxon particulièrement immonde, sont revenus à la surface pour le déconsidérer comme pétainiste pronazi d’extrême-droite.

Le livre permet à la fois de déterminer pourquoi Paxton est outrancier tout en condamnant la manière dont Zemmour a développé son argumentation, ici aussi, outrancière.

L’important dans la démarche historique de Semelin, c’est toute la partie recherche. Combien de juifs français en France en 1939, combien de survivants en 1945. Quelles ont été les stratégies d’évitement de la déportation ? Quelle a été l’attitude de la majorité des Français ? Qu’ont fait les autorités françaises ? Où, quand comment les Juifs ont-ils été capturés pour la déportation, par qui et comment ?

Ceux qui liront le livre apprendront des choses sidérantes : il y avait encore 40 000 juifs à Paris et se déplaçant avec leur étoile jaune en 1944 ! Sur les 320 000 israélites de 1939, les trois-quart ont survécu, quasiment le plus fort taux européen, égal à celui de l’Italie, qui ne recelait qu’une très petite population juive (40 000) et qui n’était pas sous la domination hitlérienne. Les enfants juifs étaient interdits d’école en Italie pas en France.

Ceux des Juifs qui ont réussi à échapper la volonté d’extermination d’Hitler ne le doivent pas à Pétain ni aux gouvernements de collaboration, bien qu’ils aient été plus que réticents à livrer des Français, et qu’ils aient commencé à partir de 1942 à résister aux demandes allemandes de déportations massives d’enfants, après l’occupation totale du pays, à cause des réactions de plus en plus critiques notamment des autorités religieuses françaises, qui ont longtemps accompagné le Maréchal. Il est clair que Zemmour s’est trompé en donnant l’impression qu’il voulait réhabiliter Pétain, alors qu’il souhaitait parer l’injure de Paxton contre la France et l’entièreté de la population française déclarée complice.

Alors, si la France est le pays qui proportionnellement a subi le moins de pertes, alors qu’il a été dirigé par des autorités collaborationnistes et occupés partiellement puis totalement par les nazis, c’est que des forces au sein même du pays ont puissamment œuvré à limiter la déportation des juifs.

La tentative de Paxton d’essentialiser la population française comme antisémite et pro Shoah est grotesque. Une chose est de rappeler des vérités qu’on avait tendance à laisser dans le silence, dans l’historiographie officielle française, une autre de porter des accusations collectives incandescentes et calomniatrices.

Le livre permet d’aboutir au consensus sur d’autres questions importantes. Non, ce ne sont pas les 4 000 « justes » qui ont pu sauver quasiment 300 000 juifs ! Non, le discours de Chirac reconnaissant la responsabilité de la France tout entière, n’était pas juste ! Ce fut une erreur manifeste. Il fallait incriminer d’abord la faute des autorités de l’époque, c’est-à-dire le gouvernement de Vichy et son parti de collaboration, pas la France ni les Français.

Les juifs survivants ont bénéficié :

- Un moment, du fait qu’il restait un gouvernement national et une zone non occupée par les Allemands. La zone Nono a permis à des dizaines de milliers de juifs de s’éloigner des soldats allemands jusqu’en 1942.

- De la solidarité active de la très grande majorité des Français avec les Français déplacés, ruinés ou poursuivis, sans distinction. La solidarité et la bienveillance vis-à-vis des populations françaises atteintes par la guerre ont été générales et le plus souvent anonymes. La xénophobie des Français s’est exercée contre des populations étrangères qui se sont accumulées en France à la suite du pacte germano-soviétique et de la guerre d’Espagne. La solidarité a dominé entre Français et il n’y avait aucun antisémitisme notamment dans les campagnes, sauf quelques manifestations sans conséquences graves d’une partie du clergé catholique contre les « tueurs de Jésus ». Le nombre de lettres de dénonciations de juifs est ridicule dans le flot des dénonciations reçues par les Allemands.

- De l’intelligence des familles juives qui se sont organisées pour fuir la destruction et ont trouvé courageusement et intelligemment mille moyens pour se mettre à l’abri le plus souvent au vu et su de tout le monde et sans craindre l’attitude des populations locales. Les enfants ont été scolarisés sans difficultés. Même l’Église catholique, généralement vilipendée pour son attitude pendant cette période, a créé de nombreuses initiatives pour les familles juives. La solidarité avec les réfugiés français n’a jamais été sélective.

La vérité mémorielle sur l’ensemble de cette période est que les Français n’ont pas à rougir de la manière dont ils ont affronté les conséquences de leur échec à contenir les troupes nazies. La France et les Français ne se sont pas déshonorés sur la question juive, même si les gouvernements de Pétain ont mené des politiques injustifiables et criminelles justement dénoncées.

La gauche se considère comme la seule force morale, malgré ses fautes immenses, notamment celle des communistes qui ont endossé le pacte germano-soviétique et ont été les premiers à se lancer dans la collaboration avec Hitler, avant même l’occupation, jusqu’à l’invasion de l’URSS en 1942. Elle exploite la Shoah sans vergogne pour asséner de façon obsessionnelle des assimilations honteuses : droite = Pétain = nazisme = Shoah, avec des raccourcis curieux comme Papon = Nazisme, de Gaulle = Papon, de Gaulle égale nazisme. Tout cela parce que chacun sait depuis plusieurs publications, qu’une part essentielle de la collaboration était le fait de beaucoup d’anciens communistes (Déat, Doriot) et socialistes, souvent teintés de pacifisme (comme le père de Jospin).

Encore il y a deux jours, Clémentine Autain, passionaria communiste sans frein, devenue une égérie vieillissante à la Nupes et d’autant plus nerveuse, répétait Droite = Shoah = culpabilité = infamie !

Le livre de J. Semelin donne également beaucoup d’exemples d’amplifications politiques de la détestation de la droite au nom de la Shoah instrumentalisée par les journalistes, les hommes de lettres, et les gens de cinéma. C’est trop utile à tous ces gens dont un grand nombre a été complice de Staline et de Mao pour laver leur réputation.

Il y a donc fort à parier que la diffusion du livre de J. Semelin et de ses thèses restera marginale.

Un exemple de plus de l’emprise de la gauche sous tutelle communiste depuis la Libération pour perpétuer d’immondes mensonges et encadrer l’opinion publique, notamment à l’école et à l’université.

Raison de plus pour souligner ici qu’il a parfaitement raison et qu’il est l’honneur de l’historiographie de la seconde guerre mondiale.

La France doit redevenir une terre d’amour de la vérité.

Christian Gerondeau : l'indispensable trilogie sur la religion écologique

La fin de l'intox du GIEC

Lors que le 4 août 2021 j’ai abordé dans une conférence la question écologique, avec des interrogations fortes sur les idées dominantes défendues par le GIEC, les réactions ont été surprenantes ou terriblement pédagogiques comme on voudra. Il était facile de démontrer avec des opérations élémentaires dignes d’un élève de 7e et sur la base de chiffres qu’il suffisait de vérifier sur internet en trois secondes, que la politique proposée était strictement inutile d’un côté et impossible à mener de l’autre. Des réactions violentes se sont produites dans l’assistance, un phénomène jamais rencontrées depuis des années que je fais des conférences. Des jeunes filles indignées se sont levées et ont quitté la salle. Des adultes que je connaissais pour raisonnables ont durci leur visage en marque de réprobation. On entendait des « il ment », des « c’est faux », des « c’est scandaleux » etc. J’aurais expliqué à une assemblée de musulmans fanatiques que Mahomet était un farceur, la réaction n’aurait pas été plus vive ! Une partie de la salle ne voulait pas entendre ! Le dogme était sacré. L’écologie était clairement devenue une religion qui ne pouvait tolérer les sceptiques. À l’époque, le premier livre iconoclaste de Christian Gerondeau n’était pas encore paru (La religion écologique - L’Artilleur). La revue Causeur avait refusé de prendre un petit article sur le coût de la suppression du moteur thermique. Cette conférence a été un déclic. Les calculs les plus simples et les moins contestables étaient considérés comme faux et de mauvaise foi. « Je ne veux pas le savoir ». Vingt-cinq ans de propagande incessante avaient suggestionné et décérébré une partie très importante de la population qui ne voulait plus revenir sur son engagement, même au prix de la sottise la plus crasse.

J’ai donc entrepris d’écrire un livre explicitement centré sur les risques économiques de l’écologie prônée par le GIEC (Réconcilier Économie et Écologie – Deux trains lancés l’un vers l’autre sur la même voie, aux éditions du cercle des économistes e-toile). Malheureusement l’hystérie autour d’une nième vague de Covid et la volonté de Macron « d’emmerder les Français » rétifs à la nième vaccination n’a pas permis d’organiser quoi que ce soit et le sujet a été évacué totalement des élections présidentielles, puis législatives, entièrement préempté par l’Union européenne qui a imposé sans aucune étude d’impact la suppression du moteur thermique en 2 035.

Le temps était revenu d’aborder la question écologique. Malheureusement la guerre en Ukraine a, à nouveau, faussé toute la donne. Néanmoins, nous avons décidé de relancer le livre, encouragé par la parution de deux nouveaux livres de Christian Gerondeau, qui a complété son premier livre par « Les 12 mensonges du GIEC » et surtout l’indispensable « La voiture électrique et autres folies » que nous conseillons à tous les lecteurs de ce blog tant les chiffres donnés sont importants.

« Comment briser le mur de mensonge érigé par les tenants de la doxa aujourd’hui régnante qui les cache aux yeux du monde car ceux-ci ont tout fait, jusqu’à présent avec succès, pour empêcher toute confrontation avec ceux qui les contestent, parfois présentés comme des « adeptes de la terre plate » alors qu’ils portent la voix du bon sens »

J’aurais pu écrire la même phrase. Ce blog depuis presque 15 ans pose inlassablement la question de la défaite de la vérité sur un grand nombre de sujets économiques, monétaires, sociaux, historiques et écologiques. L’opinion se forme dans une toile d’araignée de mensonges ahurissants qu’il est interdit de balayer.

Nous avons vu dans un précédent article l’ampleur titanesque et forcenée du tissu de mensonges qu’est la présentation de la guerre d’Espagne en France. Un tel niveau de désinformation est presque égalé sur la question écologique. La France et l’Europe de l’Ouest sont devenus les nouveaux « pays du mensonge déconcertant » ! Comme c’est glorieux !

La force de Christian Gerondeau est qu’il prend les faits et présente des graphiques exacts. Ensuite il compare avec les affirmations du GIEC. Et on constate des présentations volontairement tronquées, disons même truquées, des changements d’unités qui ne permettent plus de comparer, des affirmations sans preuve, des attitudes de Savonarole énervé, des injonctions contradictoires, de la littérature de pure propagande, des mesures outrancières et débiles, la démoralisation des jeunes, la génération de comportements délirants chez des esprits fragiles.

Chaque jour démontre l’effet démoralisant des sottises intéressées du GIEC. Un homme annonçait hier encore devant les télévisions énamourées qu’il allait se faire stériliser pour ne pas encombrer la planète d’enfants gâtés qui provoqueraient le réchauffement climatique ! Lorsque la folie devient la règle, il est temps de quitter la nef des fous. Malheureusement il n’y a pas de véhicule de secours. Il faut donc bien attaquer de front les sottises mensongères du GIEC et s’attaquer aux abrutis qui ont cru bon par grégarisme inculte de mettre en application leur plan de régression mortelle de l’économie mondiale.

Les Français ne le savent pas encore, mais le temps est venu de faire sauter le carcan de l’inepte concept de la transition écologique avant la ruine définitive du pays et l’instauration d’une quasi-dictature climatique quand la situation sera devenue ingérable.

Il faut savoir que l’intoxication des consciences est telle que ce sera un travail politique colossal et il est compréhensible qu’aucune force politique ne veuille prendre le risque de s’approprier, même si c’est une nécessité nationale cruciale. L’opinion veut du greenwashing et on lui en sert des tonnes. Les entreprises ont décidé de ne pas résister et vomissent leur torrent d’inepties vertes ou LGBT pour soigner leur image et éviter d’être vilipendées par des dizaines d’associations militantes inondées d’argent.

Il va falloir braver toutes les forces « du bien » qui, dans les médias, les arcanes du pouvoir, à l’ONU, au sein de l’UE, et dans l’administration française qui cogère le pays avec des associations de fanatiques, accablent l’opinion de mensonges et de menaces intenses et diversifiées.

C’est beaucoup plus simple de se couler dans le politiquement correct pour gagner des places, du pouvoir et de l’argent. Aux États-Unis et dans de grands groupes mondialisés en Europe, on fait déjà signer des déclarations par lesquelles on se déclare parfaitement au courant des difficultés de genre ou climatiques, et qu’on adhère totalement à la nécessité d’être inclusif et de sauver la planète. Pas question de montrer de la tiédeur et de ne pas hurler avec les loups quand il faut éliminer un récalcitrant. En URSS, il fallait prouver sa parfaite connaissance du marxisme-léninisme pour postuler à quoi que ce soit. S’il fallait signer des formules comme Allah est le seul Dieu, tout le monde crierait à la dictature. Dans le domaine LGBT et écologiste, cela parait une simple bonne idée.

Le GIEC est désormais une institution non scientifique déconsidérée par quiconque s’intéresse au sujet. Christian Gerondeau n’a pas de difficulté à montrer les tricheries utilisées par cette machine à travestir.

Calculer la masse de CO2 autour de la planète en « ppm », unité incompréhensible du grand public et les flux de création de CO2 en tonnes ne permet aucune comparaison. C’est fait exprès. Car dès qu’on parle en tonnes on voit que le stock de CO2 est tel que la suppression des flux de CO2 liés à la voiture en France n’en représente que le 10.000ième ce qui interdit tout espoir d’un effet quelconque sur le climat, même en utilisant les modèles les plus extravagants du GIEC.

De même trafiquer la courbe sinusoïdale de l’évolution de la température terrestre, qui oscille avec une périodicité d’environ 60 ans depuis des lustres, en droite quasiment verticale est un exploit dans la malhonnêteté tout à fait remarquable. Là aussi la tricherie est volontaire. La préméditation est impossible à cacher.

Comme nous l’avons fait également, avec une autre approche, Christian Gerondeau apporte la preuve que la disparition du moteur thermique en Europe ne se fera pas parce qu’il est tout simplement impossible. Nouveauté, Il prouve en s’appuyant sur l’aveu d’Elan Musk, que la voiture électrique est incompatible avec un réseau d’autoroutes et la volonté d’aller en famille en vacances… Désormais les Californiens riches prennent leur quatre-quatre pour aller en vacances un peu lointaines !

Comme nous le faisons sur ce site en critiquant ouvertement toutes les mesures prises par Mme Wargon, Christian Gerondeau n’a pas de difficulté à prouver que la conversion du parc de bâtiments en blockhaus thermiques est un gâchis infernal et strictement inutile.

La partie le plus intéressante et originale est celle qui démontre qu’en réalisant une maintenance finalement peu coûteuse du parc de centrales atomiques existantes, il est parfaitement inutile d’en construire d’autres. Nous avions nous-mêmes rappelé que Giscard avait lancé le TGV et le chauffage électrique des nouveaux immeubles parce qu’il anticipait que les centrales nucléaires produiraient un excès d’électricité. Et il est vrai que nous avons exporté de l’énergie pendant des décennies jusqu’à ce que le programme nucléaire sous la pression des Verts tourne de l’œil. Gerondeau rappelle que depuis 2000 la consommation d’électricité baisse en France, ce que personne ne sait car personne ne le dit dans les médias. Les capacités nucléaires étaient donc de plus en plus excédentaires. Construire la Hague n’avait en fait aucun intérêt. Cette baisse de la consommation électrique est due à un simple phénomène de saturation des marchés maintenant que tout le monde est équipé en réfrigérateur, lave-linge, lave-vaisselle, télévision et autres applications électroniques. Elle est là pour durer.

Le programme ruineux de construction d’éoliennes a créé quelques super fortunes opportunistes avec de l’argent public c’est-à-dire les impôts payés par les autres, mais en forçant à utiliser en priorité l’énergie éolienne, on a freiné les centrales qui ont fini par fonctionner de façon bancale. On n’avait aucunement besoin de cette nouvelle source d’énergie.

De même le pays se ruine avec ses politiques ferroviaires à l’échelon régional et local autant que national. L’investissement est colossal, la recette comptée ridicule. Le tout ne fonctionne qu’à perte. Et on affirme, encore un mensonge, que la SNCF peut faire des bénéfices, alors qu’elle entraîne chaque année au minimum 14 milliards de pertes et qu’elle est responsable d’une grosse partie de la dette colossale du pays. Là aussi, nous avons écrit sur ce sujet dans tous nos livres et plusieurs articles sur ce blog. Notons que ce n’est pas Mme Borne qui va changer le cours des choses. Elle est entièrement mouillée dans la politique folle des transports que nous avons connue.

On voit que dès qu’on part des réalités, les vues convergent. Les constats sont les constats.

La nécessité aujourd’hui est de contrer la religion d’état qu’est devenue la religion écologiste qui s’est imposée d’en haut, à partir des quelques fanatiques Verts allemands, d’abord à l’ONU puis dans les instances européennes puis partout dans les médias. Il faut gagner une bataille de faits et d’opinion.

Et bien sûr il faudra ensuite bâtir une stratégie alternative, car des difficultés écologiques, il y en a, principalement des risques de pénuries, et il faut les anticiper. Construire une croissance plus équilibrée, moins intensive en destruction de ressources non renouvelables est un bon objectif. Il est nécessaire de réserver les ressources rares qu’il nous reste à des investissements bien choisis et optimisés, de même que les obligations réglementaires doivent être soigneusement pesées. Le gaspillage éperdu et intenable actuel, sans aucune efficacité, doit être totalement arrêté. Nous risquons un collapsus économique irrattrapable créant de surcroît un chaos politique difficile à maîtriser.

Le risque des politiques écologistes irrationnelles menées à la suite des gourous allemands de la décroissance heureuse est d’une part de succomber aux mesures folles de transition qu’on veut imposer sans raison au pays mais aussi de décourager de faire les réformes économiques et sociales nécessaires pour retrouver la prospérité, stagnante depuis 1981.

On voit que LR pourrait tenir là une opportunité de retrouver un rôle fondamental dans la défense et l’illustration de la Ve République. Les trois autres mouvements sont trop engagés dans la dégringolade actuelle pour pouvoir freiner et plus encore moins imaginer un demi-tour.

Mais qui osera en son sein se dresser avec le drapeau de la révolte et engager une bataille de fond pour informer le grand public, faire apparaître l’imbécillité honteuse de la voie qu’on impose à la France, et la nécessité de faire autrement ?

Gageons que le projet inique de l’union Européenne de faire payer aux Français les erreurs allemandes au nom de la solidarité en bridant leur consommation et leur consommation d’énergie, sera un puissant levier. La politique allemande menée depuis que les Grünen se sont imposées au pouvoir en Allemagne est une absurdité dommageable que les Allemands doivent assumer seuls. Personne ne les a forcés à organiser une dépendance organique de la Russie et du gaz, tout en poussant une politique démente de création d’éoliennes intermittentes. Que les auteurs de cette sottise l’assument et ne cherchent pas à mouiller les autres à leur place.

Jusqu’ici, il paraissait seulement important d’attirer l’attention sur tel ou tel aspect problématique de la politique écologique imposée par le GIEC. Mais au vu des conséquences de plus en plus dramatiques et de la folie qui règne désormais, il faut aller plus loin.

Un grand plan de redressement national passe OBLIGATOIREMENT par un changement de cap radical en matière d’action écologique. C’est l’urgence nationale des cinq prochaines années.

 

Didier Dufau

Enfin un livre de vérité sur la guerre d'espagne - Pio Moa- les mythes de la guerre d'espagne

Toute l’histoire officielle de l’entre-deux guerres à laquelle les Communistes ont été mêlés n’a été longtemps qu’un tissu de mensonges parfaitement éhontés. Non seulement une histoire entièrement inventée a été bâtie par les thuriféraires du communisme, mais la gauche en général a considéré qu’il fallait sinon totalement adhérer au mensonge du moins empêcher « les forces réactionnaires et bourgeoises » de profiter de l’indignation que le seul récit exact des atrocités commises ne pouvait qu’exacerber. En un mot, il fallait pousser inlassablement les feux sur les braises des crimes « fascistes », sous-entendu, de la bourgeoisie fasciste (en France, on ajoute pétainiste) et détourner les esprits d’une réflexion sur les atrocités ignobles commises par des mouvements qualifiés « de gauche » en fait socialistes et anarchistes. Pour avoir écrit la seule monographie de langue française sur Holodomor, le terrifiant génocide des populations ukrainiennes organisé par Staline, j’ai pu me confronter au « mur de la honte » qui se dresse aussitôt pour empêcher toute diffusion, toute discussion, toute émergence de la vérité. Individuellement, tout le monde est accueillant. L’ouvrage est neutre, bien documenté, uniquement basé sur des faits vrais mille fois vérifiés. Tous vous l’accorde dans la relation bilatérale. Mais n’allez pas plus loin. N’essayez pas d’implanter la moindre vérité dans le domaine public qu’il s’agisse de l’édition, de la presse, de l’université, des conférences, de Wikipédia.

Là s’applique la « loi de Chaix », énoncée dès 1999 par mon regretté ami Léon Chaix : « confrontée à une ignominie intolérable la gauche tente toujours la même séquence de propagande : occulter le plus longtemps possible. Nier quand on ne peut plus occulter. Minimiser quand on ne peut plus nier. Exonérer la cause lorsqu’on ne plus minimiser. L’important est que le « vrai socialisme » sorte indemne de la mésaventure et puisse se présenter comme la seule force vraiment morale du champ politique. « C’est que nous sommes le camp du bien Monsieur et que nous entendons le rester ».  A chaque stade les moyens employés sont abjects : attaques ad hominem ; tombereau d’injures ; ouvrages bidon rédigés d’un peu partout et présentés comme universitaires alors qu’il ne s’agit que de brûlots. Que celui qui cherche à briser l’omerta, nécessairement un salaud, soit lui-même brisé et sorti du champ des audibles et ostracisé. Pas de carrière envisageable à l’université ou dans l’école. Pas d’écho y compris dans la presse de droite, terrorisée à l’idée de se faire traîner dans la boue par les gardiens de l’idéologie socialiste.

On aboutit, dans le cas du génocide Ukrainien de 32-34 à ce chef d’œuvre de désinformation construite à l’intention des lycéens français  : 40 pages dans leur manuel d’histoire de seconde pour les 6 millions d’assassinés de la Shoah, une ligne (oui : une) pour les assassinés d’Holodomor, 6 millions aussi, et encore en précisant bien qu’ils sont morts de leur propre fait. En fait les victimes étaient les auteurs de leur propre malheur...

Le système d’information français est, sur certains sujets,  entièrement bâti sur des séries de  mensonges éhontés qu’il est interdit de braver et de briser, sauf, quand, après trente ou quarante ans de combats menées par des minoritaires obsédés par la vérité et ayant accepté d’être vilipendés, les organes qui tiennent l’information autoproclamée « de gauche », à peine 20 personnes, trouvent qu’il est temps de dire la vérité et tout soudain s’enorgueillissent de la dire alors qu’ils ont menti, exorcisé, ostracisé, pendant des décennies, sans la moindre vergogne.

L’idéologie Woke a marié cette attitude marxiste-léniniste de combat mise en place avec virtuosité par Willy Münzenberg avec le besoin cagot de la religion protestante dominante aux Etats-unis pour inventer ce concept moderne d’ostracisme social qui veut que quiconque ne chante pas la bonne chanson soit confronté à la mort sociale sans passer par la phase de dictature institutionnelle.

Nous sommes donc au cœur de la vie démocratique en Occident, atrophiée depuis des lustres par le mensonge « de gauche ».  Et voici que sort enfin un livre fondamental pour les amoureux de la vérité historique sans fard, « Pio Moa - Les mythes de la guerre d’Espagne 1936-1939 ». Chez L’artilleur.

Moi-même j’avais constaté depuis longtemps que tout ce qui était écrit en France sur la Guerre d’Espagne était faux. Pas un peu faux. Pas un peu abîmé par le mensonge. Non Intégralement faux. J’avais eu l’occasion en 1961 de connaître les massacres abominables et lâches commis à Ibiza par le Frente popular et constaté comment tout l’épisode était sorti du débat par les historiens français. Depuis, il ne m’avait pas été difficile de démonter l’ensemble de la machinerie de reconstruction d’une histoire de la guerre d’Espagne dénonciatrice et fausse enseignée sans aucune opposition.

J’invite le lecteur français à lire et relire l’introduction du livre, écrite par Arnaud Imatz, qui fait l‘histoire détaillée de la désinformation en France sur la guerre d’Espagne. Il démontre tous les moyens employés pour mettre la vérité au banc et chasser de la communauté des bien-pensants les auteurs tentés par l’histoire vraie. La loi de Chaix en mondovision, sans qu’il ne manque la moindre saloperie !

Prévenons le lecteur : il va avoir un choc. Biberonné au mensonge depuis toujours, il ne peut même pas imaginer que la réalité soit différente de ce qu’on lui a fourré dans la tête. Pire encore, c’est un terrible vertige pour lui de constater que tout est absolument faux dans ce qu’on lui a raconté. Il n’y a pas une once de vérité dans l’historiographie de gauche concernant la guerre d’Espagne ! Pas un mot de vrai du début jusqu’à la fin de tout ce qu’il a pu lire ou entendre. Il subit le choc du croyant qui s’aperçoit que les dogmes de sa foi sont peut-être une peu trop éloignés de la vérité mais qui ne veut pas quitter le monde des croyants.

Alors oui, répétons-le : l’histoire officielle, en France, de la guerre d’Espagne, est intégralement controuvée. C’est là le côté effarant. Même pas une poussière de vérité : un simple manuel de propagande sans scrupule, visant à glorifier la révolution, le parti communiste et la « gauche », tout en accablant l’autre camp.

Alors oui prévenons le lecteur : il va voir s’écrouler une pyramide immense de mensonges, chacune des quasi 700 pages du livre en abattant à foison.  

L’Espagne a été l’objet d’une tentative sauvage d’instauration criminelle d’une dictature communiste, sur le modèle soviétique, par la violence la plus intense, et un déferlement d’assassinats et de meurtres abjects. Elle n’a survécu à cette tentative que par une guerre civile provoquée par les forces révolutionnaires de gauche, qui a pu être finalement gagnée par les opposants à la révolution sociétique.  L’échec de l’URSS a été un bienfait pour l’Europe et notamment pour la France qui sinon se serait retrouvé encadré par le pacte germano-soviétique en 1939 qui aurait empêché toute possibilité d’armistice et de créer la zone non occupée. Une Espagne sous forme de démocratie populaire de type soviétique aurait interdit toute construction européenne.

L’extrême gauche mélenchoniste après avoir longtemps prospéré sur une histoire fantasmée de la Commune essaie d’utiliser les méthodes de débordement des institutions républicaines du Frente Popular pour créer les conditions d’une révolution, en prenant modèle sur la guerre d’Espagne et les exactions et méthodes de ce mouvement.  Les différents reliquats de partis socialistes l’ont rejoint pour sauver les meubles électoraux et sont maintenant entraînés dans le maelström délétère des exactions jusqu’ici verbale de la NUPES. Mais on ne doit pas s’y tromper. Il s’agit bien comme en 34 et surtout en 36 d’instaurer par la ruse et la force un nouveau régime en France qui mette à bas " les restes hideux de la république bourgeoise ".

Le livre de Pio Moa a, pour les Français, un second intérêt : bien comprendre les méthodes de prise de pouvoir aimées par les « socialistes révolutionnaires" de toujours et les "mélenchono-bolivariens » d'aujourd'hui. Il ne faut pas oublier que le Frente Popular a surtout eu des enfants en Amérique du Sud et on voit aujourd’hui le succès de ces entreprises qui ont, comme en Espagne, ruiné radicalement les pays qui se sont laissé avoir par ces idéologies toxiques, tout en faisant disparaître les libertés républicaines au profit de dictatures violentes, bavardes et nulles, provoquant la fuite éperdue des populations dépouillées et affamées.

Après la lecture du livre, le lecteur pourra constater le barrage mis en place en France pour empêcher la diffusion et même seulement la connaissance du livre. Il ne trouvera que des articles prophylactiques (à commencer par la fiche sur Wikipedia concernant l’auteur du livre) pour expliquer que l’auteur n’est pas un historien, que le monde entier réfute ses thèses et que le croire serait tomber dans la fiente fasciste, la collusion avec le grand capital, la haine vis-à-vis des martyrs de la révolution, le soutien des grands propriétaires et du clergé le plus réactionnaire du monde, etc.

On trouve là l’étalage parfait des méthodes de désinformation de masse utilisée en France par la gauche socialisante. Tant qu’on n’aura pas créé un mémorial des génocides socialistes et national-socialistes, destiné à faire comprendre à la jeunesse l’ensemble des crimes commis par les révolutionnaires socialistes et les méthodes employées pour les cacher, cette désinformation ne cessera jamais.  

C'est vrai, il ne fautjamais dire jamais.

Le mécanisme de restauration de la vérité sur la guerre d’Espagne démarre. Il lui faudra des années mais dans dix ans, dans trente ans, la vérité redeviendra la règle.  Et Moa fera l’objet de la même restauration d’image et sanctification que Simon Leys vilipendé pour avoir dénoncé le maoïsme qui a exalté la gauche extrême française de 1965 à 1985 en dépit de ses dizaines de millions d’assassinats ciblés contre la population. Un peu de patience.  Pour Simon Leys l’article du Monde signalant sa réhabilitation pleine et entière n’a attendu que 45 ans ! 

Gardons à l’esprit que sur le forum du Monde en 2000, il était encore impossible d’écrire que le massacre de Katyn avait été commis par les Soviétiques et non par les Allemands, alors que le crime avait été reconnu par les Russes dès 1992 et que les preuves étaient désormais impossibles à nier après la découverte de corps polonais tués à Katyn dans différents charniers secrets ukrainiens du NKVD (Vinnitsia et Bykovnia).

Pour les lecteurs pressés, recommandons la seule lecture de l’histoire du bombardement de Guernica. Ils constateront que tout, absolument tout ce qui a été écrit et qui continue de l’être sur cet évènement est faux. Pas un peu faux. Totalement et irrémédiablement faux. Un triomphe du mensonge intéressé.  Petit florilège :

Guernica aurait été décidé entre Hitler et Franco pour terroriser les masses. Un raid sans objectifs militaires aurait été lancé contre un bourg qui aurait été rasé avec 9.000 morts à la clé. La disproportion entre les forces aériennes du Frente popular et de Franco n’aurait pas permis d’empêcher ce crime contre l’humanité, le premier du genre, qui, de surcroît voulait atteindre des symboles basques.

Revenons aux faits : Il n’y a pas eu de dialogue entre Franco et Hitler. Franco était totalement opposé à cette action qui pour lui n’avait plus de sens militaire compte tenu de l’évolution de ses plans militaires.

Von Ritchhofen qui dirigeait l’aviation allemande, la légion Condor, trouvait le temps long pour ses troupes pas assez occupées. C’est lui qui a pris, seul, l’initiative du raid avec comme objectif de faire sauter le pont qui permettait aux troupes du Frente Popular de se masser sur le flanc des troupes franquistes, pas pour terroriser la population. Malgré trois passages les avions n’ont pas réussi à détruire le pont mais ont mis le feu à un village très resserré composé de maisons de bois. Le feu n’a pas été combattu par les pompiers qui devaient venir et tout le village a lentement brûlé. Les décomptes sérieux montrent que le raid a fait entre 100 et 120 morts. Les forces aériennes socialistes et communistes grâce à l’appui soviétique étaient très supérieures aux forces aériennes de Franco, même avec l’appui allemand. De très nombreux raids de l’aviation du Frente Popular ont fait des centaines de victimes dans la population civile.

Dans toute guerre, la désinformation est une des armes lourdes.  Le bombardement de Guernica a été utilisé par les journalistes anglais et par Churchill à Londres pour alerter massivement la population anglaise contre les risques que lui faisaient courir les Nazis, ce qui était prémonitoire. Le Blitz est l’enfant naturel de Guernica. « Bomber Harris » aussi, qui allait ravager les villes allemandes en faisant des centaines de milliers de morts. Il y aura Dresde puis Hiroshima.  Guernica est plus que le symbole frelaté de la nature intrinsèquement mauvaise du franquisme. Le bombardement marque que les populations sont devenues les premières victimes dans les guerres modernes qui sont « totales ». Ici et maintenant, le développement de l’emploi des fusées en Ukraine et des tapis de bombes contre les villes par les Russes provoquent beaucoup plus de victimes civiles que les opérations militaires ne tuent de soldats.

La légende de Guernica est un tissu serré de mensonges hallucinants mais son symbole porte une vérité qui concerne l’ensemble de l’humanité. Ce n’est pas la seule leçon prémonitoire qu’offre la guerre d’Espagne. La liquidation de plus de 9000 membres du clergé catholique sans procès et parfois avec une horreur sans nom, marque que désormais on peut liquider des groupes entiers de civils pour des considérations religieuses. Ce massacre entrerait aujourd’hui dans le cadre de la définition du génocide. Il fait le pont symbolique entre Holodomor et la Shoah, même si les aspects quantitatifs sont sans rapport.  

La guerre d’Espagne est une horreur extrêmement lourde de leçons et son histoire vraie se doit d’être connue et bien analysée. Naturellement, il appartenait d’abord aux Espagnols de dépasser les rancœurs nées de ce drame vécu il y a maintenant  près de 90 ans. Tous les acteurs sont morts. Pour la France, sortir d’une historiographie purement politicienne et propagandaire est une simple question de dignité. Le but de l’histoire est de savoir et de comprendre pour prévenir.

La guerre d’Espagne est une scène de crimes, un cold case, comme on dit maintenant. L’affaire a été tellement ignoble, des deux côtés, que la vérité doit être privilégiée. Le but est de connaitre et d’interpréter correctement les évènements pas de refaire la guerre de propagande de l’époque, comme dans un jeu de rôle.   Le livre de Moa nous invite à cet effort. Qu’il en soit félicité et que les historiens français sortent enfin définitivement du bureau des légendes.  

 

Didier Dufau

Quelle statégie pour LR ? suite

L’effondrement de LR est un cas d’école pour la science politique, comme l’est de déclassement français. Plus d’hôpitaux, plus de justice, plus de police, plus d’école, plus d‘université. À peine d’armée. La bourse s’effondre. Les marchés immobiliers et autres se bloquent. La construction automobile est arrêtée. On sait déjà que la France ne sera pas chauffée l’hiver prochaine. L’inflation flambe. La dette flambe. Plus personne ne dirige rien. L’Allemagne privée d’énergie par l’effet de l’imprévoyance des Grünen est en grand risque d’un collapsus économique brutal. L’Euro s’effondre. Mme Hidalgo n’en finit pas de ruiner la capitale. Tout va très bien Madame la Marquise.

On peut penser que réfléchir au sauvetage de LR fait partie de ces distractions qui signalent l’esprit curieux mais un peu décalé. Après tout, ce qui peur arriver à un parti qui s’est condamné tout seul et qui se retrouve à l’état de carcasse vide est anecdotique. D’autres forces se sont implantées. Malheur aux vaincus !

Après avoir rappelé les méthodes employées pour sombrer examinons s’il reste des possibilités de revenir dans le grand jeu, c’est-à-dire de retrouver une majorité nationale.

Il faut tenir compte de l’adversaire. Emmanuel Macron n’a jamais eu l’intention de diriger le pays. Il a merveilleusement manœuvré pour conquérir le pouvoir mais il a été entravé pendant deux par les conditions mêmes de sa réussite présidentielle. Début 2020, il est sans bilan et mortifié. Il est sauvé par la crise du Covid. Mais les deux années sont occupées exclusivement à distribuer des cadeaux aux électeurs pour se faire réélire. Plus de 85 milliards de cadeaux au peuple. Du jamais vu ! Une fois élu, aucun programme, aucune idée de gouvernement ! Rien, comme d’habitude de la com’, des postures et des mensonges éhontés. Et des habiletés d’évitement : maintenant que je suis élu, ne comptez plus sur l’argent magique. Il va falloir que VOUS SOYEZ ÉCONOMES ET SOBRES. Plus cynique, on ne peut pas ! On mélange allègement les contraires lors de l’interview du 14 juillet : nous relançons le charbon, mais personne n’a fait plus que moi pour l’écologie et on va accélérer. Enfin surtout vous parce que moi je n’ai plus rien à donner. Bien sûr qu’il faut du pouvoir d’achat : au pays d’aller le chercher en travaillant plus. Maintenant il va falloir que tout le monde soit responsable sauf moi. Moi je règne sans diriger. Blablabla ! »

« Et je vais continuer à crâner et à en faire qu’à ma tête : le parlement devra avaler mon initiative de créer une chambre de la reconstruction « associant les forces vives ». Que le Parlement se débrouille. Et j’organiserai des référendums sur les sujets qui m’amuseront et qui embêteront mes adversaires. »

L’important pour Emmanuel a toujours été la posture : « Je suis en charge, institutionnellement, de l’avenir d’un grand pays qui a de grands atouts et qui y arrivera. Je donnerai des leçons à tous et à tout moment. Sauf grosse catastrophe, mais j’ai averti qu’elle arrivait, donc je ne crains rien. Ce seront les Français et l’opposition qui seront responsables ».

La tactique de Mme Le Pen, dédiabolisation et caresses à ses chats, tout en offrant ses services pour sortir du blocage institutionnel à la « chambre », ressuscitée, a ceci de cruel que toute personne qui prétend avoir une idée passe aussitôt pour être un foldingue à la droite de la droite. Le RN en grand modérateur, on aura tout vu. Mais c’est la garantie du gain de la future présidentielle pour madame le Pen. Macron ne protégeant rien ni personne, le vote utile sera pour quelques dizaines de millions d’électeurs de se mobiliser contre le néocommunisme mélenchonien en ralliant la famille de Montretout. À chaque fois que Macron voudra prendre la main au parlement, « elle dira mais oui je vote à deux mains » laissant aux autres « l’irresponsabilité » supposée.

Un tel contexte tactique à l’Assemblée nationale est très difficile pour LR.

La minuscule phalange des LR de l’Assemblée est piégée. Elle n’a que deux solutions ; accepter le piège ; ne pas entrer dans le piège.

Accepter le piège est évidemment de jouer le rôle de parti charnière décidant projet par projet, ce que sera la politique, en cogestion avec le pouvoir. LR assumera aussitôt la responsabilité de la situation exécrable que tous constateront à la fin de l’année et pire encore pendant l’hiver. Irresponsables et coupables !

M. Luc Ferry et d’autres militent en ce sens. Faites un pacte de gouvernement, même simili ! Exigez quelques têtes et quelques mesures farouches ! Prenez des places ! Et adieu va ! Si Emmanuel Macron veut faire le malin il sera facile de le renvoyer dans les cordes. Une fois. Deux fois. Mais à la longue c’est lui qui tient le revolver. LR va s’user sans gloire à faire passer les mesures les plus difficiles qui ont été différées pendant 5 ans.

Faute d’avoir voulu bâtir un vrai projet, LR n’a rien à négocier sinon des questions de personnes qui n’intéressent qu’elles seules.

Compte tenu des circonstances, entrer dans le piège est beaucoup trop risqué et ne peut apporter que des mécomptes.

Mais comment échapper au piège sans perdre sa réputation dans les difficultés du moment et en l’absence de majorité parlementaire pour le gouvernement ?

La seule solution, c’est de sonner le tocsin et de montrer que la gestion erronée et démagogique de M. Macron va conduire à une situation dramatique dès l’hiver prochain. Oui, On va vers le drame. Le rôle de LR est de montrer qu’Il appartient au gouvernement de prendre conscience de la situation et de présenter un véritable plan pour surmonter les erreurs qu’il a commises pendant les deux dernières années et qui s’aggravent.

LR doit indiquer que le parti n’a aucune responsabilité dans cette situation dramatique qui est la conséquence directe de la gestion cynique et démagogique de M. Macron et de son impéritie. Il lui appartient désormais de présenter au Parlement un plan de sauvetage et d’en assumer la violence. Il dispose de tous les pouvoirs constitutionnels nécessaires pour assumer son devoir. Si après 5 ans d’inaction il considère que les Français doivent partir à la retraite à 66 ans et travailler 40 heures par semaine, qu’il lance un referendum. S’il faut désormais imposer une frugalité terrible après tant de chèques et de gratuités, il dispose du 49.3.

Que M. Macron et son étrange gouvernement assument leurs responsabilités et affrontent l’hiver économique qu’ils nous ont préparé sans demander de supplétifs. Une autre politique aurait été souhaitable. Maintenant que les dégâts sont là, que les responsables les réparent !

De leur côté les LR doivent entrer en loge pour redéfinir et leur identité et leur projet et leur nom et leurs structures et leur programme de redressement national, tout en valorisant les équipes solides qui auront à prendre le relais. Il lui faudra à peu près 18 mois à compter de septembre 2022.

Dès 2023, LR sera capable de proposer un plan alternatif de redressement, ajustable en fonction des résultats de l’évolution de la situation. Et se présentera comme étant prêt à faire face à toutes éventualités. Si la dissolution est devenue inéluctable, LR sera là. Si le gouvernement est exsangue et qu’il faut un gouvernement d’union nationale ; LR sera là et en demandera la direction.

Mais il va falloir travailler et sortir du néant identitaire et programmatique.

Selon quelles grandes directions ?

  1. LR est d’abord une union pour la Ve République et la défense des institutions est son domaine privilégié. Les partis centristes et socialistes ont voulu abîmer cette constitution, en même temps que le souci de renforcer l’idée fédérale en Europe l’a partiellement privée d’efficacité.

La solidité française et la force de son avenir passent par une défense et un renforcement des institutions, permettant une gestion responsable dans la durée, tout en assurant que la souveraineté nationale peut s’exercer.

Les institutions de la Ve République sont un bien commun et elles doivent être protégées et restaurées. Qu’on cesse de les détruire ou de les dénaturer soit par des réformes dangereuses soit par des comportements dangereux.

  1. LR est le parti des grandes questions régaliennes d’abord. La France n’est pas rien et n’entend plus laisser des irresponsables la plonger dans la poussière du déclin systémique.

Restaurer une armature régalienne forte est la vocation spécifique de LR contre des partis qui veulent continuer leur travail délétère de destruction de la justice, de l’enseignement, de l’armée, de la police, de la paix civile, de la souveraineté.

  1. La seconde orientation est complémentaire de la précédente. LR doit convaincre que lui ,et lui seul, porte un espoir de redressement national. Ce qui veut dire que sur toutes les grandes questions nationales, le parti doit avoir un diagnostic clair et des propositions dont l’efficacité ne peut pas être contestée. Ayant enfin un propos fort à tenir, il faut des porte-voix convaincus et qui savent argumenter sans faiblesse. La chanson précède le chanteur. Mais quand elle est là elle doit être chantée haut et fort et par tous.
  2. Lorsque les conséquences des inconséquences seront patentes, c’est-à-dire cet hiver, on verra que la situation est grave et que la question nationale ne dépend plus de mesurettes et de démagogies diverses. On est sur un chemin de guerre civile et d’effondrement. La question de savoir s’il faut être modéré ou non ne se posera plus parce que la situation ne sera pas modérée et les apaisements verbaux ne fonctionneront plus.
  3. Il faut dès aujourd’hui acter que le socialisme à la Hollande ou à la Macron, comme le centrisme délétère et l’européisme fanatique ont conduit à une impasse nationale tragique qui engage les auteurs de ces politiques et au premier chef Emmanuel Macron, LREM, et les pitoyables ralliés LR qui ont cru devoir s’associer au désastre par ambitions personnelles. Il faut inlassablement marteler « la responsabilité des irresponsables » qui nous gouvernent depuis plus de dix ans. Ils ont réussi à tromper les Français mais maintenant la réalité est là.
  4. Il faut également marteler que si des erreurs gravissimes nous ont conduit dans le trou, les corriger nous permettra d’en sortir. Les erreurs doivent être dénoncées sans faiblesse. Et la démonstration doit être faite qu’en les arrêtant la situation s’améliorera.
  5. LR ne pourra pas faire l’économie de mesures fortes et symboliques qui fixeront solidement dans l’opinion l’armature de son identité et de son ambition. Les LR ne doivent pas avoir peur du « qu’en-dira-t-on ? » de gauche et assumer de grands choix critiques parce que justement ils sont critiques et qu’on ne peut passer outre sans se priver des seuls moyens nécessaires au redressement.

Sur tous les grands sujets, il faut qu’un congrès passe en revue toutes les options et tranche explicitement après des débats approfondis, prenant le temps nécessaire. Il n’est pas question d’établir un catalogue a priori mais de poser le problème, de lister les solutions, de déterminer celles qui seront les plus efficaces et de décider ce qu’on accepte de faire ou de ne pas faire en fonction du niveau de pourrissement constaté.

Donnons trois exemples.

Acquisition de la nationalité : compte tenu de l’importance nouvelle prise par les migrations et les mouvements de population, est-il justifié de conserver les procédures basées sur le droit du sol ?  Pourquoi ne pas édicter qu’on ne devient français automatiquement que par filiation, c’est-à-dire lorsqu’on est enfant d’au moins un parent Français ? Naturellement on peut toujours devenir français par naturalisation. Alors où est le changement ? Seulement la suppression de l’automatisme de l’acquisition de la nationalité française par des enfants nés en France de parents étrangers  même si le droit de la nationalité de leurs parents leur donne automatiquement une nationalité étrangère.

Ces formules de droit du sol (issues de l’ancien régime et bannies à la révolution) ont été ajoutées en France pour faire face aux pertes liées aux guerres napoléoniennes puis au déficit démographique du XIXe siècle. Rien que de très circonstanciel.  Ensuite, dans ce pays de conscription, il était anormal que les enfants d’étrangers ayant toujours vécu en France ne fassent pas leur service militaire. Mais il n’y a plus de service militaire en France ! Les difficultés d’intégration des enfants d’immigrés notamment musulmans, réduisent l’intérêt d’une démographie importée automatique. Les régimes sociaux qui permettent « la gratuité de la vie », de la naissance à la mort, ne peuvent survivre que s’ils ne s’adressent qu’à des nationaux. La suppression des frontières, de jure à l’intérieur de l’Europe, de facto à l’extérieur, et l’extension des flux démographiques temporaires, pour le plaisir ou pour le travail, se conjuguent pour alimenter un maelström démographique déstabilisant. Une procédure de naturalisation après vérification d’intégration paraît une bien meilleure solution qu’un quasi-automatisme de principe.

Une autre raison à l’ajustement de la législation sur l’acquisition de la nationalité tient à « transition énergétique » qui conduit à des politiques extrêmement restrictives et coûteuses, notamment en matière d’occupation des sols (le « zéro artificialisation nette ») qui interdisent la couverture de milliers d’hectares de constructions neuves dans les campagnes autour des villes. Il va falloir construire les villes nouvelles sur les villes anciennes, ce qui est incompatible avec une immigration de masse et la distribution de « droits-à » au monde entier.

Dernière dimension : le vieillissement et la dénatalité des nationaux. Le développement des avortements et du soutien à une contraception active a provoqué une évaporation de nouveaux français : une perte de près de 500 000 par an. Le chiffre est facile à calculer : vous prenez le nombre des naissances rapporté à la taille de la population en 1970 et vous l’appliquez à la population actuelle. C’est un déficit tragique. Nous avons une obligation de restaurer une meilleure natalité nationale, ce qui implique de soutenir la natalité nationale de façon différenciée de la natalité étrangère, avec des aides massives à la naissance du troisième enfant.

On voit que dès qu’on laisse de côté la langue de bois et qu’on s’attaque aux difficultés concrètes, sans se préoccuper d’autre chose que de l’intérêt national, aussitôt des cohérences s’imposent, des justifications se mettent en place et un discours cohérent et défendable peut être tenu aux Français. L’unité du parti ne se fait plus autour de slogans mais d’une politique concrète qu’il s’agit de défendre et de valoriser auprès de l’opinion. Lorsqu’on a commencé à tirer le fil, vient la corde, puis le câble, puis la chaîne puis tout le croiseur lourd armé pour mener une politique de redressement national.

Deuxième exemple : la France a laissé filer la délinquance et, débordée, ne parvient plus à assurer la sécurité des biens et des personnes. Cela date des années soixante dix et du succès du slogan : il est interdit d’interdire. On a retiré le couvercle qui était mis sur la délinquance et on a désarmé la justice sur la délinquance de rue pour la concentrer sur la « délinquance bourgeoise », celle des hommes, des puissants, des notables. Nous avons désormais une justice de classe et de genre qui a abandonné la petite délinquance, refusé de lutter durement contre les exactions violentes contre les biens et les personnes, proscrit l’emprisonnement, laisser les récidivistes récidiver à l’infini. La doctrine justicialiste règne un peu partout dans le pays et dans les instances judiciaires. La rue est redevenue dangereuse, avec des dizaines de milliers d’actes de « dépouille » en réunion, le sommet du genre ayant été le couloir de la honte à la sortie du Stade de France lors d’une finale européenne de football, avec des centaines de voyous délestant violemment les spectateurs sur le chemin du métro, en toute impunité. Le trafic de drogue n’est plus contrôlé. On circule à moto avec des Kalachnikov à Grenoble, avec la bénédiction de l’extrême-gauche qui a gagné la mairie.

LR s’est interdit toute action autre que verbale (le Karcher sarkozien) à l’instar du centrisme mou façon LREM.  Emmanuel Macron ne cesse d’annoncer des places de prison jamais construites. On a laissé tout le discours sécuritaire au petit parti de la famille Le Pen qui en a fait son fonds de commerce sur le mode protestataire et outrancier.

C’est d’autant plus choquant que la Vème République s’est construite autour de la volonté de sortir de la guerre civile et de mettre fin aux exactions des factions algériennes et de l’OAS. L’ordre public est un pilier de l’action gaulliste. Dans une période où une partie des musulmans revendiquent leur droit d’imposer le Coran et la charia au monde entier, si nécessaire par la violence et l’assassinat, et tuent des Français sans vergogne, le retour à l’ordre n’est pas une option pour LR. Nécessité fait loi et n’avoir dans ce domaine qu’un étalage de postures sans aucun discours construit est une honte.

Si LR doit être le parti de la Ve République et du redressement national, il faut revenir aux fondamentaux et tenir un discours fort, argumenté et justifié. Le premier acte fort est de proposer le retour à la Cour de sureté de l’Etat. Les atteintes graves à la sécurité de l’état doivent faire l’objet d’un traitement fort et sans pitié. Sans simagrées. C’est la cour de sureté de l’état qui a permis de vaincre et l’OAS et les factions algériennes en conflit sur notre territoire. C’est à cet instrument d’éradiquer la violence systémique et les acteurs de la guerre civile portée par les islamistes. La Cour de sureté de l’état est un gage de sécurité publique et non le symbole d’une absence de droit. Les grands délinquants savent à quoi s’en tenir comme les blackblocs et autres mouvements trotskistes de destruction de l’état afin de préparer la révolution.

La gauche a détruit les instruments permettant de maintenir l’ordre public et rendu la société vulnérable à ses ennemis et à la délinquance violente de masse. Il n’y a aucune raison que le parti de la Vème République n’en fasse pas le constat et ne propose pas de revenir aux institutions mises en place par le Général de gaulle. Ce n’est ni Macron, ni Le Pen ni la Nupes qui viendront sur ce terrain. LR a donc une spécificité à défendre qui correspond aux nécessités impérieuses du moment.

Restaurer la Cour de sécurité permet de reconstruire totalement la politique judiciaire et de répression de la délinquance. Le but est de construire une politique complète, dont presque tous les éléments sont connus mais que la crainte du qu’en dira-t-on de gauche fait mettre de côté pour ne pas être « extrêmisé ». L’important est de revenir à une sécurité intérieure manifeste et assurée. Le reste, ce ne sont que des criailleries gauchardes.

Troisième exemple : la législation européenne et la question de la perte de souveraineté française sur des sujets vitaux.

Nous venons de vivre une séquence absolument ahurissante. Quelle est la décision récente la plus impliquante pour l’avenir français, celle qui aura le plus de conséquences éventuellement tragiques pour la vie quotidienne des citoyens et les plus grave pour l’avenir commun ? C’est évidemment la décision d’abandonner radicalement à court terme le moteur thermique. Ce projet a-t-il fait l’objet d’une discussion pendant la campagne présidentielle ? Pas un mot. La discussion at-elle eu lieu pendant la campagne législative ? Pas un mot non plus. Le parlement européen a validé le plan de la Commission mais les électeurs, lors des élections européennes ne savaient rien des projets que ses délégués auraient à discuter. 71% des Français, selon un sondage Harris, s’oppose à la disparition des voitures thermiques !

Ce qui frappe, c’est l’absence totale d’étude d’impact. Quel le coût de cette mesure pour la France ? Quelles sont les conséquences sur la balance des paiements ? Quelles sont les impacts sur l’emploi ? Les finances publiques en sortent dans quel état ? Où vont le PIB et l’inflation ? Quel résultat réal sur la température et le dérèglement climatique ? La France n’a-t ‘elle pas des spécificités à faire valoir ? Pas un mot !  Silence !

L’Union Européenne pour toutes les parties de la législation qu’elle s’est octroyée, et par grignotage, c’est devenu quasiment tout, est un gigantesque trou noir qui absorbe tous les débats et les sort du débat public en France. La presse ne couvre rien de la procédure européenne. Les politiques sont contents de ne pas avoir à prendre parti sur des questions difficiles. L’abandon de souveraineté est caricatural. L’électeur n’a plus aucun pouvoir d’orientation des politiques suivies. On ne crie plus Europe ! Europe ! Europe ! comme un cabri. On se tait comme un ver de terre content de son enfouissement en sous-sol.

Si LR croit que cette attitude de vermine terrifiée lui donne une aura quelconque, l’avenir de ce parti est glauque. Nous avons-nous même essayé de chiffrer avec les moyens du bord le coût de cette politique démentielle : près de 6 mille milliards au minimum, soit 5 ans de valeur ajoutée du secteur marchand français, à financer sur 13 ans. Une absolue impossibilité !

Impact sur le réchauffement climatique : nul au mieux et probablement une aggravation tant le bilan carbone des solutions à mettre en place est mauvais.

Bilan : perte de souveraineté ; ruine ; bilan carbone exécrable. Entendons-nous bien : personne ici ne nie le réchauffement climatique ni la nécessité d’y faire face par une multitude de moyens. Mais quel effroyable bilan ! Et il n’y aurait rien à dire ni rien à faire ?

LR comme héritier du parti qui a créé la Vème république devrait à l’origine et à la tête d’un mouvement massif de contestation de cette horreur majeure qui porte atteinte à l’avenir français. Mais non. Une fois de plus c’est le silence de plomb. Rien à dire. Rien à proposer. Aucune alternative à faire valoir. Rien ! Comme si le néant était une solution d’avenir pour ce parti. Pire encore, à Paris, les instances de LR vont dépenser 45.000 euros pour écouter comme des moutons bien tondus la bonne parole écologiste. Se mettre à la remorque ; baisser la tête ; voilà ce qu’on propose aux cadres de LR à Paris. Exaltant de sottise.

Quelle aurait dû être la position de LR et quel devrait être sa position politique ?

D’abord constater que la perte de souveraineté est excessive, fausse le jeu démocratique et détourne du vote des citoyens rendus impuissants. Il n’est pas possible que des législations aussi contraignantes n’aient pas fait l’objet du moindre débat approfondi en France et qu’une position française n’ait pas été élaborée et défendue. A un moment où la défiance du peuple vis-à-vis des élites et l’abstention spectaculaire, ne rien faire est accepter que les partis ne servent à rien.

Alors, on peut crier à l’abandon de l’Europe de Maastricht comme Michel Onfray, cet abstentionniste structurel. Mais cela n’a pas de sens. La France peut prendre une mesure simple comme bonjour qui ne demande aucune renégociation de traités européens, qui ne présente aucune difficulté constitutionnelle ou autre et qui peut être mise en œuvre extrêmement rapidement : l’obligation d’un débat préalable parlementaire sur les grandes propositions présentées au vote au parlement européen.

C’est le seul moyen d’obtenir une couverture médiatique en France. C’est le seul moyen de provoquer un débat approfondi préalable au vote du Parlement Européen. Cela oblige l’exécutif à présenter sa position et ses justifications. Cela permet d’imposer une étude d’impact national préalable. Cela force les partis à déterminer leur position vis-à-vis de mesures concrètes. Cela force le gouvernement à dialoguer avec la représentation nationale. On ne voit guère les inconvénients.

Imaginons simplement que LR ait choisi de porter simplement ces trois défis devant la nation. Aussitôt l’oreille de la nation se dresserait. Quoi ? Il y aurait encore une pensée et une volonté dans ce parti moribond et avec des idées directrices fortes qui sont dans son ADN de pilier de la 5e République et qu’il est seul à défendre bec et ongles avec des arguments sensés et forts qui partent de la réalité et entendent la corriger.

Les effets pervers de l’impôt progressif

Il est des vérités que vous pouvez ressasser indéfiniment. Elles glisseront sur l’opinion comme la pluie sur une aile de canard. Personne n’en tiendra jamais compte, alors que l’effet sur « la vie quotidienne des Français » et « le pouvoir d’achat » est absolument fondamental.

Si on peut pardonner de citer quelques expériences personnelles, la première fois que j’ai été confronté aux effets pervers de l’impôt progressif ne date pas d’hier. Lorsqu’en 1969 je travaillais ma thèse sur la prévision à long terme, j’étais un peu déconfit de constater qu’elle était à peu près impossible, sauf partiellement, dans le domaine démographique. En revanche il était facilement prévisible que la progressivité fiscale entraînerait mécaniquement une hausse de la part des impôts dans le PIB.

En fait il s’agit d’une loi d’airain ; un pilier ; une réalité impossible à masquer.

Si vous mettez en place une fiscalité non proportionnelle au PIB, c’est-à-dire avec alourdissement plus que proportionnel en fonction du revenu, en cas de croissance économique la part de l’impôt augmente que vous le vouliez ou non si vous ne créez pas de mesures de correction.

Ce mécanisme est aggravé par l’inflation, la progressivité s’appliquant à la hausse fictive du revenu.

Il l’est aussi par un mécanisme un peu plus subtil mais à peine : la croissance est toujours une succession de phases d’accélération et de récession. Après l’arrêt des politiques de stabilité mise en place par les accords de Bretton Woods, le cycle récessions, emballements est revenu, au départ avec une inflation forte. Les phases d’emballement ont entraîné des croissances très fortes des recettes fiscales, justifiant des dépenses insensées : c’est le mécanisme de la « cagnotte ». Les mauvais dirigeants en ont toujours profité pour dépenser à tout va. Mais la récession suivante mettait tous les comptes à découvert : la progressivité joue aussi à l’envers. Du coup il fallait emprunter et éventuellement aggraver la fiscalité. Lors de la reprise suivante la double progressivité jouait : celle de base plus celle des nouveaux impôts avec une aggravation immédiate du taux de prélèvements.

Le Général de Gaulle a demandé à George Pompidou de conserver le taux de prélèvement autour de 32 % et il a commencé à s’énerver lorsqu’il a atteint 35 %. Il est vrai que la croissance était de 3.5 à 4 %, ce qui entraînait une croissance de la recette fiscale de près de 7.5 %. Giscard était du côté de la fiscalité aggravée. Mai 1968 allait mettre l’exigence de Gaulle à la poubelle. Le Septennat Giscard sera entièrement un septennat fiscal avec l’effet de l’inflation (à 15 %, soit 20 % de recettes fiscales en plus), du reliquat des trente glorieuses et un accablement permanent d’impôts nouveaux. Arrive alors le programme Commun d’aveuglement et de fiscalité. La pression fiscale dépasse les 40 puis atteint 45 % du PIB.

Le tournant reste le gouvernement Chirac Balladur de première cohabitation. Pour la première fois, le gouvernement supprime des impôts et cherche à réduire la dépense publique devenue folle. Catastrophe, Mitterrand et réélu. Nous aurons bientôt Rocard, l’imbécile le plus surestimé de l’histoire récente, qui va profiter de la reprise forte de la croissance pour non seulement encaisser les surplus fiscaux de la progressivité revenue à sa pleine production mais créer des impôts supplémentaires lourds et débrider totalement les dépenses. Un total inconscient révéré par quelques idiots pour des raisons obscures. C’est le pire gouvernement de la cinquième république. Tout est aggravé. Lorsque la récession arrive en 93, tout explose. Balladur est obligé de laisser filer la dette. Chirac se trompe sur tout et avec Juppé ne voient pas arriver la reprise de 97. Ils dissolvent l’assemblée à contretemps. Jospin gâche les dernières chances du pays de revenir à la normale. Il encaisse tous les fruits de la haute conjoncture en matière fiscale tout en réduisant le temps de travail et en aggravant les relations du travail. La cagnotte fait son entrée dans le langage commun. Tous les énarques socialistes se vautrent dans la dépense à tout va.

Le taux de prélèvement finira par culminer à 47.5 % du PIB en 2020. L’INSEE en reste à 45 % mais son calcul est biaisé. Celui d’Eurostat est plus complet et donc meilleur.

Il faudra la terrible récession de 2020 à 2022 pour faire revenir le taux autour de 44 % avant de remonter malgré les rodomontades d’Emmanuel Macron qui met en avant ses baisses d’impôts en trompe-l’œil et en attrape gogo. La reprise rapide de la croissance par simple rebond, accrue par une poussée jamais vue de l’endettement et de la dépense publique, provoque une croissance massive des rentrées fiscales, 20 % plus rapide en 21 comme en 22 que la croissance du PIB.

Le « fiscaliste caché » a encore frappé. La pression fiscale est à nouveau sur le chemin des 45 % (INSEE), 48 % (Eurostat) en attendant mieux.

Cela fait désormais un demi-siècle qu’à titre personnel je cherche à convaincre

-        Qu’un système progressif doit être accompagné par des stabilisateurs automatiques de la pression fiscale

-        Qu’un retour à l’organisation mise en place à Bretton Woods pour éviter le stop and go et la succession de croissances trop rapides et de récessions est souhaitable.

-        Qu’il faut mettre un terme à l’anomalie française de « l’énarchie compassionnelle », les hauts fonctionnaires tenant à garder perpétuellement le mécanisme qui aggrave la pression fiscale.

Ces trois mesures vont ensemble. Elles forment l’armature de la démarche de notre cercle.

Rappelons que les trente glorieuses sont basées sur un taux de prélèvement de 20 à 25 % qui était déjà considéré comme excessif. Un Etat fort n’a pas besoin de plus de 20 % du PIB pour faire face à ses besoins régaliens en régime de paix. 47 % c’est de la démence pure. On ne cherche plus à produire mais à arracher des parts du gâteau fiscal. Tout le monde attend le Godot de la cagnotte. Un peuple de feignasses qui attend tout de l’argent des autres en créant les conditions du déclassement économique et social du pays donne une image de lui-même proche de l’abjection.

D’autant qu’il est assez facile d’imaginer des solutions.

Le retour à la proportionnalité, seule réellement constitutionnelle, est une première solution. Un impôt unique de 20 % est un choix radical mais efficace.

Si on tient à conserver la progressivité, il suffit de mettre en place des mécanismes compensateurs :

-        La surcroissance des recettes peut être donnée à un fonds souverain, qui restituera tout ou partie de l’argent à l’état en cas de récession et d’inversion du mécanisme fiscal. Ce fonds ne devra pas dépasser une certaine importance et l’argent de l’excédent doit être restitué. L’ennui de la solution est qu’il stérilise une partie des revenus de la croissance et fausse l’équilibre économique.

-        Tous les seuils peuvent être automatiquement corrigés du taux de croissance. La progressivité demeure mais au profit de l’État.

-        Etc. Il y a des milliers de formules.

Ce n’est pas ce que le débat public fait apparaître. La course au faux pouvoir d’achat distribué par l’État reste l’obsession psychiatrique de la société française alimentée par l’information construite voulue par l’Enarchie.

Personne ne veut voir que l’effondrement de la Santé, de la Justice, et de l’Enseignement accompagne non pas une volonté de rigueur, mais la conséquence même du taux de 47 % de prélèvement. Quand on prélève pour des dépenses improductives la moitié du PIB, et qu’on ajoute 3 000 milliards de dettes, il est impossible que quoi que ce soit ne fonctionne. Impossible !

La question posée par les mécanismes délétères associés dans la durée de la progressivité n’est pas dans le débat public et n’y viendra pas.

50 ans de censure des débats sur ce sujet ont prouvé que la haute administration ne lâchera jamais.

Suicide français ?

Oui !

Le Français né malin…

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Quelle stratégie pour LR ?

Le parti LR est considéré comme moribond et à classer, comme bien d’autres avant lui qui eurent aussi leur moment de gloire, dans la catégorie des survivances. 320 députés en 2007, 112 en 2017, dix ans plus tard. 61 aujourd’hui. 8 % des voix aux Européennes, 4 % aux Présidentielles. Une telle dégringolade est considérée par beaucoup d’analystes politiques comme irrattrapable.

Les causes perdues sont rarement les plus belles. Mais existe-t-il une voie pour rétablir le parti fondateur de la Ve république dans la capacité de gouverner à nouveau ?

Les élections récentes ont fait apparaître un parti triomphant : les non-inscrits sur les listes électorales, près de 10 millions, et les abstentionnistes, la moitié du corps électoral, près de 25 millions, soit au total 35 millions de personnes qui n’ont pas souhaité participer au jeu démocratique.

Surnageant sur ces ruines, on trouve un homme seul et sans doctrine, élu sur la peur et une désinformation médiatique bien construite. Il a enjambé l’élection et prétend régner sans gouverner. Il n’a pas d’autre objectif que lui-même. Son premier mandat montre un bilan où l’actif est pauvre et le passif impressionnant.

Deux chiens courants mordillent ses mollets. Une gauche devenue la caricature d’elle-même depuis la chute du « socialisme réalisé », a été rameutée par un vieux mitterrandiste déjanté et malin qui veut allier Marx et Bolivar en s’appuyant sur le vote islamique. Un programme de grand foutoir pour esthète trotskiste, maintenant que le grand soir n’est plus d’actualité. À l’autre bord de la banquise de la démagogie, règne une famille étrange, rodée à l’exécration politique depuis le poujadisme des années cinquante, qui s’agite sans autre boussole que l’exploitation électorale des rancœurs des uns et des autres. Les rancœurs montent. La famille prospère. Mme Le Pen avec ses chats serait devenue la personne politique la plus aimée des Français.

Qui peut espérer que cette troïka hétéroclite et tiraillée par des préoccupations assez éloignées du bon sens et de l’intérêt général puisse imaginer et conduire la moindre politique utile au pays et à ses citoyens, alors que partout les marques d’un déclassement significatif de la France émergent progressivement et indignent ceux qui gardent un reste d’ambition pour un pays qui jusqu’ici, n’avait jamais été insignifiant ?

Qui ne comprend qu’il n’y a pas d’avenir du côté des trois forces actuellement dominantes dans un champ électoral dépeuplé ? L’avenir n’est pas non plus ouvert à des aventures individuelles basées sur des clans plus ou moins influents sur fond de désordre et de mépris.

La situation dans les cinq années qui viennent va se compliquer des conséquences parlementaires du résultat des législatives, des décisions écologiques prises par l’Union européenne et des multiples crises qui agitent les relations internationales.

La France a besoin que s’étoffe un parti chargé du redressement national, et qui élève son message d’une façon assez claire et profonde pour que tous, y compris les abstentionnistes et les non-inscrits, comprennent sans hésitation qu’il propose une ambition nationale positive, efficace et forte. La jeunesse doit être mobilisée autour d’un projet créatif et de qualité qui l’éloigne du renoncement morose et de l’exaltation du n’importe quoi et du nihilisme.

Seul LR peut aujourd’hui être le levier de cette ambition. Son ancêtre, l’UNR, est né en 1958 de la même nécessité. Et tout le monde se souvient que sa représentation parlementaire, depuis la torpille électorale des apparentements, était un croupion tenté de jouer les partis charnières, en se noyant dans la décrépitude de la quatrième République. Mais qu’un combat inlassable était mené par ses principaux militants, notamment Michel Debré, pour créer les conditions d’un retour à la grande politique.

Il est légitime d’espérer de LR reprenne ce type de flambeau, et que des voix puissantes issues de ses rangs se mettent au travail en ce sens. Tous les militants gardent en eux la même foi dans l’avenir et dans le rôle crucial que peut jouer LR. Ils veulent être mobilisés.

Naturellement, il faut d’abord comprendre les erreurs qui ont mis le parti d’origine gaulliste au fond du trou. Il est facile de tomber, plus difficile de se relever. Alors, oui, il faut le dire, il y a mille moyens de trahir les espoirs des sympathisants et de déclencher la méfiance des électeurs. LR s’est piégé à de multiples reprises et pendant longtemps. Il faut désormais s’interdire les attitudes et les choix mortifères qui ont rétréci à ce point son rôle dans la vie démocratique de la nation.

La première erreur insigne est de n’avoir d’idée précise sur rien. « On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens ». On connaît la formule du Cardinal de Retz, reprise ad nauseam depuis les mandatures Mitterrand. « Il n'est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout ». Cette maxime attentiste de Queuille en fait le pendant. Ne rien dire pour ne rien faire serait la clef des grands succès politiques. Une doctrine de roi fainéant !

Il suffirait d’une bonne image, nourrie par la communication, associée à une démagogie bien ciblée vers des clientèles diversifiées. Cette absence de discours devrait s’accompagner de l’éviction de toute idée polémique, sinon pour vilipender des ennemis abstraits ou convenus.

Pour les tenants de cette tactique, toute idée précise et de nature à changer la réalité existante est un boulet. Il faut s’embêter à l’élaborer et à la défendre. Elle crée naturellement des oppositions. Pourquoi s’embarrasser ? L’électorat ne comprend pas grand-chose à la technicité et à la complexité des affaires politiques, diplomatiques, économiques et sociales. Porter un programme est vain. De toute façon l’électeur vote au dernier moment sur la bonne mine des candidats et en fonction d’incidents de campagne plus ou moins délétères. L’image finale est ce qui compte. Le communicant et le petit malin l’emportent sur les porteurs de projets raisonnables surtout s’ils sont difficiles et supposent du courage. On a vu le résultat de ces subtiles analyses « réalistes » lors des dernières élections. Elles n’étaient que paresseuses.

La seconde erreur est de dire qu’on a réalisé un travail programmatique formidable, alors qu’on a fui tout effort en ce sens et réalisé des catalogues obscurs de mesurettes sans importance qu’on n’a même pas pris soin de porter vers le public. Une élection se construit dans la durée. Ne rien faire et ne rien dire dans l’opposition jusqu’à ce que s’ouvre la campagne électorale est absurde. Le travail dans l’opposition assure la solidité du môle et la notoriété des candidats.

La troisième erreur est de considérer qu’on ne peut atteindre la majorité qu’avec un discours attrape-tout. Lorsque le candidat LR à la députation à Paris explique dans une réunion publique que l’exemple à suivre est l’union des contraires pratiquée par Nicolas Sarkozy, qui a rassemblé de M. Kouchner à Mme Boutin, on voit que cette erreur est encore bien présente chez certains cadres de LR. La moindre réflexion montre que les choix de Sarkozy lui ont coûté sa réélection et ont éloigné durablement une partie des électeurs UMP. Le candidat dont on parle a perdu dans une circonscription imperdable. Surprise ! Surprise !

La quatrième erreur est d’affirmer : « on est d’accord sur tout, l’important est de trouver le bon chef ». Les questions de personnes avec toutes les haines qui l’accompagnent deviennent centrale et cruciales. Les vaincus du processus se vengent en créant des structures concurrentes ou en détruisant le parti. Les chapelles se multiplient avec des clans minuscules mais prêts à toutes les manœuvres. Toutes les primaires ont été des « concours de miss » désunissant le parti et dispersant les sympathisants. L’heureux sélectionné déboule dans le champ politique nimbé d’hostilité et sans programme. La campagne finit dans les simplismes et le blabla sur soi-même. Mon ramage et mon plumage ne sont-ils pas les garants d’une victoire facile ? Et on termine à 4 %. Non, les militants et surtout les cadres de LR ne sont pas d’accord sur tout !  Il faut donc clarifier la ligne politique pour savoir la profondeur des divisions sur des points très précis et fondamentaux pour l’avenir du pays, sans craindre l’éclatement. Le stoïcisme est la vertu du militant ! Quand une ligne intelligente, sincère et efficace apparaît, ceux qui en différent dans l’immédiat peuvent en percevoir la valeur plus tard. Ils ne se sentent pas obligés de partir sur un coup de tête. Le général de Gaulle est passé du « je vous ai compris » à l’indépendance de l’Algérie sans que l’UNR perde ni ses cadres ni ses militants, alors que beaucoup d’entre eux étaient favorables à l’Algérie française. Mais nécessité fait loi. Un parti sans militants tourmentés est un parti mort.

La cinquième erreur est d’accepter d’aller au combat enfermé dans le vocabulaire de l’adversaire. Il est amusant mais inquiétant d’entendre des analyses du type : « La division droite gauche n’a aucun sens. C’est une vision polémique de gauche ». Une idée très juste, aucun des grands sujets actuels ne pouvant s’apprécier à l’aune de ce critère polémique. Mais pourquoi continuer en affirmant : « Je suis pour une droite « décomplexée », « forte », « assumée » ». Se coller spontanément l’étiquette « de droite » voulue par l’adversaire est une attitude étrange. Rappelons-le : Les difficultés ne sont ni de droite ni de gauche ; Les actions à mener ne sont ni de droite ni de gauche. S’étiqueter de droite ou de gauche ne donne aucune indication sur le programme à mettre en œuvre pour faire face aux défis du moment ou construire un meilleur avenir. Se qualifier de droite est le pire cache-misère pour un parti sans identité. S’adresser au pays comme un parti « de droite » génère aussitôt l’hostilité des ceux qui se pensent « de gauche » mais avec mille nuances. L’espace politique est empli de partis vides de programme, qui se disent de droite. L’étiquette n’apporte que de l’ambiguïté et une réduction des adhésions possibles. Une sottise presque parfaite !

La sixième erreur est de concentrer son discours sur d’évanescentes et improbables « valeurs ». La politique n’est pas la morale. Un parti n’est pas un clergé. L’action efficace exige parfois de forcer les lignes du politiquement correct. On ne milite pas avec une simili bible à la main. Si l’obtention ou la défense de places prennent naturellement une importance certaine, un parti devrait agir d’abord  pour obtenir des résultats souhaités ou pour empêcher des politiques que le groupe  trouve nocives. L’action politique est d’obtenir l’assentiment général des électeurs alors que les autres forces politiques travaillent à vous en empêcher. Si on n’a rien d’autre à afficher que des valeurs pour convaincre, on reste sur la touche. Surtout quand nombre de hauts dirigeants du parti ont été condamnés lourdement, et que des cadres importants ont trahi leurs électeurs en ralliant l’adversaire pour des objectifs personnels. Valeurs, écornifleurs, voleurs, … 

La septième erreur est de croire qu’on va pouvoir parler à chacun dans une société fractionnée et dominée par des préoccupations purement individuelles et des particularismes religieux, raciaux, nationaux, sexuels ou sociaux. Une cuillère de potion politique pour les musulmans, les juifs, les catholiques, les riches les pauvres, les femmes, les hommes, les noirs, les jaunes, les blancs, les handicapés, les malades, les paysans,  les salariés, les travailleurs-travailleuses, les immigrés… Le marketing et la communication adorent les segmentations. La politique cherche l’intérêt commun. Cette contradiction est insurmontable. Il faut donc parler à tous, mais en n’oubliant personne. On n’est pas obligé d’être idiot.

La huitième erreur est d’attendre le tout dernier moment pour se réveiller et proposer en urgence un candidat qui ne peut s’appuyer sur aucun travail porté dans la durée et sans le support d’un mouvement d’opinion global. Quelle que soit la qualité du candidat, sans rien de collectif pour s’appuyer, il aura du mal à convaincre. L’enracinement local ne suffit pas. « Donnez-moi un levier et je soulèverai le monde ». Bâtir le levier est le rôle d’un parti ayant une couverture nationale et envisageant de diriger le pays.

La neuvième erreur est de toujours rester sur un acquis ancien sans prendre en compte les grands mouvements d’opinion ou les innovations techniques ou les nouvelles tendances. Le discours devient daté, réactionnaire, décalé des réalités, stérile. Les réalités changent. Il faut les observer et les juger. Et définir un cadre d’analyse qui permet de séparer le bon grain de l’ivraie.

La dixième erreur est de cumuler les neuf premières erreurs et de refuser d’acter celles qui vous ont fait perdre le pouvoir, la dernière fois où vous l’avez exercé. Le devoir d’inventaire s’impose en cas de défaite. Certes il faut éviter la délectation morose mais, tout le monde le sait, sans diagnostic, pas de cure.

Chacun en fonction de son expérience vécue, peut comprendre avec cette grille de lecture comment on passe du statut de parti dominant à celui de mauvais quatrième.

Certains diront : « le succès de nos adversaires a été obtenu sans tenir compte de vos règles. Emmanuel Macron n’a pas cessé de faire du clientélisme, avec de l’achat de vote segmenté, afin de pouvoir affirmer à chaque groupe : personne n’a fait plus que moi pour vous. Son projet global est inconnu. Sa posture attrape tout, basé sur la triangulation, a fait merveille. Il a été réélu avec 58 % des voix ».

Ce n’est pas faux, mais cela ne vaut que pour la réélection et il n’a pas réussi à avoir, pour la première fois dans l’histoire de la Cinquième, une majorité parlementaire dans la foulée de sa reconduction présidentielle.

Rappelons qu’il a surgi dans la vie politique française en s’appuyant sur l’expression d’une idée de la nécessité nationale. : arrêter les fausses alternances de partis faisant la même politique et obligés de céder, malgré tout, dans un sens puis dans l’autre, à la surenchère des extrémistes de leur parti. Il l’a accompagné d’une mesure radicale sur un sujet tabou : la suppression de l’ISF et de la taxation des revenus de l’épargne à l’impôt progressif. Il vit encore politiquement sur cette seule bravade qui lui a apporté la droite sans lui faire perdre la gauche. Il appartenait à Nicolas Sarkozy de le faire. L’UMP a fini par être considérée comme incapable de briser les tabous socialistes. Bien sûr le reste était un potage attrape-tout politiquement correct, et de la posture. Mais il a tenu bon et cela reste son seul actif. En politique il est toujours mauvais de faire semblant. Dans le cas d’espèce, il est sorti de l’ambiguïté à son avantage.

En revanche, homme seul, manœuvrier mais manquant de fond, il a fini par se dévoiler en pompier pyromane exclusivement motivé par lui-même et son destin électoral. Le pays n’a pas voulu lui signer de blanc-seing. La parenthèse Macron se referme.

La Nupes pourrait servir aussi de contre-exemple à nos analyses. Le chef charismatique y est (presque) tout. Le programme est inexistant. Le clientélisme est forcené, avec un appel non voilé aux masses immigrées. La tactique électorale est oiseuse sur le fond et mélange les pommes de terre mangées par les doryphores et les navets les moins appétissants. Le résultat aux élections présidentielles a été mauvais et celui des élections législatives excellent mais insuffisant. La gauche, en voix n’a pas progressé et reste éloignée du pouvoir, sans grand espoir de changement. Cette opposition-là va être tonitruante mais va vite fatiguer le pays.

Dans le cas de Zemmour, le chef était clair, la pensée aussi avec un programme réduit mais affirmé. La campagne a été superbe. Mais les erreurs ont été trop nombreuses. La première a été de vouloir faire l’union des droites, un concept qui n’a pas de sens. La seconde est de s’être positionné à droite de Madame le Pen. Il n’y a pas d’électeurs à droite de Mme le Pen. Et on ne sauve pas la France en cherchant à être député à Saint Tropez.

En revanche il a fait progresser la prise en compte de réalités mises sous le tapis et effectué des démonstrations qui gardent leur valeur et peuvent éclairer le programme de LR sur certains de ses aspects.

Marine Le Pen capitalise les ressentiments sociaux et les récriminations de tout genre mais n’a aucun programme de gouvernement. Mitterrand a utilisé son père pour se faire réélire. Le pays vient de l’utiliser pour faire perdre sa majorité au président réélu. C’est un parti auxiliaire qui n’a aucun projet réel qui lui soit propre, sinon de faire vivre la boutique familiale. Excellente animatrice de karaoké (elle connaît le répertoire des chansons des quarante dernières années), plutôt sympathique, assez fine politique, aimant les chats, Marine Le Pen  sait qu’elle n’est là que comme thermomètre des colères tout en attirant des couches populaires qui admirent sa résilience.

Espérons que le lecteur de cette adresse est désormais convaincu que la seule chance de LR est de se comporter réellement comme un grand parti de gouvernement dont la vocation est de déterminer et de conduire les politiques correspondant à la nécessité nationale.

LR doit construire cette capacité, et d’abord définir les nécessités nationales à courts et longs termes puis élaborer les mesures cadres propres à aller dans le sens nécessaire au grand redressement d’un pays qui actuellement s’étiole quand il ne dégringole pas.

Elle ne l’a pas fait alors que s’ouvre au Parlement une période difficile pour LR du fait de l’absence de majorité présidentielle. Le Président qui n’a défini aucun projet national et ne gère que sa propre image rend toute perspective d’accord politique de gouvernement impossible. Élu en avril en activant les peurs on ne sait toujours pas un trimestre plus tard ce qu’il veut faire. Le Président est absent et prend la pose en suggérant que s’il est empêché c’est la faute aux autres. De la com’, de la com’, de la com’. Com’ d’habitude !

Les premiers textes proposés sont démagogiques jusqu’à l’outrance.

Ce piège doit être éventé. La meilleure solution est de dénoncer l’absence totale de projet concret de la part d’un président qui prétend qu’il en a un, et clair, alors que l’obscurité règne partout. Qu’il annonce d’abord ses lignes directrices et ses options sur les grands sujets. Que son propos concerne la France plutôt que de se contenter de manœuvres d’image.

Lorsque ce projet sera connu, il sera temps pour LR de définir sa contribution éventuelle à ce projet en fixant clairement ce qu’elle récuse et qui entraînera immédiatement la fin de toute collaboration et ce qu’elle exige au minimum et dont la prise en compte peut seule justifier un accord.  On voit l’inconvénient de n’avoir aucun programme sur les questions fondamentales.

Devenir la béquille du Président Macron à la petite semaine pour faire avancer quelques textes difficiles n’a strictement aucun sens pour LR. Cette leçon a été très bien comprise et exposée par MM. Retailleau et Marleix, les présidents de groupe au Sénat et à l’Assemblée nationale. Ils doivent désormais exiger que M. Macron sorte du bois. Quelles sont les dix mesures critiques qu’il compte faire passer dans les deux ans ? Quelles sont les mesures qu’il récuse absolument ?

À lui de prendre ses responsabilités.

Cette conjoncture particulière impose au LR d’activer dès septembre un processus de sortie du néant programmatique où se trouve le parti. LR n’a pas voulu l’organiser avant la Présidentielle. L’élection a été perdue. Ne recommençons pas les mêmes erreurs.

Il faut prendre acte de la responsabilité d’Emmanuel Macron dans la situation actuelle et ne pas participer aux palinodies et aux délires démagogiques qu’elle engendre. La démagogie électoraliste est la seule action concrète du président réélu depuis le renvoi d’Édouard Philippe. La stratégie LR est de se mettre en position de gouverner en sachant que la question peut se poser à court terme en cas de dissolution et que la situation sera mauvaise. La préparation de cette alternance est son principal sujet, car elle et la seule force d’alternance raisonnable. Sa responsabilité propre est de réussir cette alternance.

En un mot, il ne faut pas préparer la collaboration mais l’alternance. Ce sera extrêmement difficile. Mme Le Pen a réussi à dédiaboliser le Rassemblement national et à obtenir des adhésions fortes dans le pays et elles ne sont pas seulement populistes. « Le seul parti qu’on n’a pas encore essayé » est plus dangereux pour les LR que la Nupes qui est un conglomérat fragile de doctrines et de personnes déconsidérées. Le centrisme coalisé avec des îlots de dissidents de LR et des débris du PS ne représente rien. Édouard Philippe est populaire parce qu’il a été viré comme un malpropre. Il sera pris dans la tourmente de l’effondrement de Macron, barbe blanche ou pas. Les crises vont être si sévères que les postures ne résisteront pas.

Plus rien ne tient et les crises vont désormais se cumuler. Le logement pique du nez. L’agriculture pique du nez. L’industrie ne repart pas et sans énergie elle est asphyxiée. Les services publics s’effondrent et ce ne sont pas les hausses délirantes de salaires qui vont améliorer les choses. La fiscalité est débilitante et tenter de l’accroître sera très risqué. La dette explose et son coût avec elle. La natalité s’effondre. L’insécurité est devenue structurelle et à des niveaux jamais vus. L’hiver 2022-2023 sera difficile et l’hiver 23-24 encore plus. La correction des marchés boursiers va continuer. Partout émergent des mesures coercitives d’urgence qui compromettent l’avenir. La prétendue transition énergétique va accroître les contraintes à un niveau insupportable reléguant le passe-sanitaire au rayon des petites blagues. Déjà chaque Français est sommé de tout changer, son logement, sa voiture, son emploi, ses habitudes, ses plaisirs. Et même son genre !

Ce qui nous attend est tellement grave, que s’associer en force d’appoint à un gouvernement indigent et impuissant n’a aucun sens sinon celui de la sortie du et de la disparition pure et dure.

Se donner comme mission de faire face aux défis qui vont nous accabler est prométhéen. C’est vrai ! Qui peut nier qu’elle est nécessaire ? Qui peut contester que LR doit se mettre en position de tenir un rôle central dans le processus ?

C’est la seule perspective digne pour LR, un parti dont il serait heureux de changer le nom creux dont Sarkozy l’a affublé. Être républicain, cela n’identifie aucun projet quand la République est installée depuis des lustres. Les mots évanescents à la mode ne servent à rien. Le sigle doit porter la cible et s’adresser à tous. Par exemple : Union Populaire pour la Prospérité et la Sécurité. Les spécialistes trouveront mieux. Mais l’important est dans les termes :

-        Union : marque la volonté d’association et d’ouverture

-        Populaire : ne laisse pas les masses au PC ou à Le Pen. Marque la différence avec le macronisme. Peuple signifie aussi nation, donc des réserves sur l’effondrement de la souveraineté dans l’Europe et dans la mondialisation.

-        Prospérité : une autre manière plus intelligente et moins racoleuse de parler du pouvoir d’achat. Le terme marque bien  qu’on veillera à ne pas entraîner le pays dans la décroissance et la perte de revenu. Permet de rappeler les résultats du socialisme sur la prospérité notamment dans les pays « bolivariens ».

-        Sécurité : la France est menacée de l’intérieur et de l’extérieur.

Sur ces cinq thèmes Macron es

La dénatalité en Occident : la vraie solution pour sauver la planète ?

Nous venons de rencontrer M. Antoine Bueno dans la revue Front populaire (voir notre précédent article). Nous le retrouvons dans le Figaro magazine. Lorsqu’un inconnu perce ainsi dans les médias, on sait qu’on en a pour des lustres. Pensons à BHL, Minc ou Miller. Ce Monsieur est donc un penseur multicibles qui a un avis sur presque tout et naturellement l’exercice n’a de sens que s’il est provocateur et confus, la confusion permettant de laisser un peu de mystère dans l’ombre de l’irrationalité publicitaire du petit malin.

La thèse qu’il exprime est, pour simplifier, qu’un couple occidental qui a deux enfants est un tragique salaud qui tue la planète alors qu’un Africain qui en a douze ne peut rien se voir reprocher. S’il faut faire baisser les températures et empêcher la dégradation du climat, il faut cesser de faire des enfants dans les pays riches.

Une crise démographique aggravée dans les pays développés permettra de chasser la crise climatique. C.Q.F.D. ! C’est le pendant à l’international de l’aphorisme qui veut que les riches en Occident doivent réduire leur pollution de 80 % pendant que les pauvres peuvent se contenter de perdre 4 % de leur pouvoir d’achat. On précise seulement que le pauvre occidental doit en plus cesser d’avoir des enfants !

Après le péril jaune, voici le péril blanc. Le malthusianisme renaît sous des auspices pâlichons. Le vieillissement est vu comme une formidable opportunité : « la silver économie » serait un âge d’or ! Pas besoin de croissance. On se partage le gâteau à moins : c’est tout bénef ! Et puis on peut importer des hommes, augmenter le taux d’emploi, partager le travail, mécaniser les tâches. Rien que du bonheur ! Rien que des sottises dénoncées sur tous les tons depuis plus de soixante-dix ans par ceux qui traquent l’erreur économique des philosophes moralisateurs aux idées courtes et adeptes de simplismes terrifiants de sottise.

Alfred Sauvy doit faire des sauts de cabri dans sa tombe. Pour lui, tout ce qu’affirme notre jeune (Kinder ?) Bueno, philosophe, est criminellement faux.

Le vieillissement et la décroissance démographique n’apportent de satisfactions qu’à très court terme. La citation de Bodin qui déclare qu’il n’y a de richesse que d’hommes est certes galvaudée. Mais elle est exacte. Tout dynamisme, toute tension créatrice, dépendent d’une jeunesse bouillonnante et disponible. La vieillesse est un naufrage personnel, le vieillissement un naufrage national.

La dénatalité est un fait dans les pays développés. Les femmes ne font plus assez d’enfants pour atteindre le remplacement de la population. Sans apports extérieurs, la démographie s’effondre. On le voit au Japon où désormais la baisse de la population se compte en millions d’âmes mais aussi presque partout en Europe. Elle baisse aussi dans les pays émergents. Certains démographes imaginent que même les pays actuellement très prolifiques, principalement du fait de la réduction massive de la mortinatalité, rejoindront le mouvement assez vite après un temps d’adaptation. On va donc naturellement vers un pic de la population mondiale qui diminuera ensuite. Peut-être dès 2 100.

Nous avons montré sur ce blog que la population des personnes en provenance de familles portant un nom existant en 1 880 a commencé à baisser. Les lignées historiques françaises sont en régression après avoir vu leur effectif se redresser faiblement à la fin du 19e et de plus en plus vite jusqu’en 70. Globalement la France aurait 500 000 enfants de plus chaque année si on avait gardé la natalité de 1970. On subventionne la destruction de plus de 200 000 fœtus chaque année, une pratique que M. Macron qui n’aura jamais d’enfants, veut constitutionnaliser. M. Bueno doit être satisfait, lui qui a réussi à passer entre les arcanes serrés du planning familial.

Cela n’empêche pas la France d’avoir une croissance minable, de n’être plus compétitive, de présenter des services publics sinistrés, de connaître un chômage structurel massif et supérieur à tout le monde, et d’avoir un Etat Moloch qui ne survit que par l’impôt et la dette, sur un mode délirant. À un moment où en Occident les pénuries de main-d’œuvre et de personnels bien formés sont patentes avec un effondrement des capacités de faire, culpabiliser la natalité et organiser la dénatalité, particulièrement en France, forment les deux pendants d’une erreur tragique. Nous la poursuivons avec ténacité depuis les années soixante-dix. Alfred Sauvy avait prévu les conséquences et n'en avait rien caché. On l’a fait taire. Le résultat est devant nos yeux stupéfaits.

Nous suivons les conseils de M. Bueno depuis près de 50 ans. Mais avec mauvaise conscience. Le seul apport de ce monsieur est de le faire avec bonne conscience et d’aimer les conséquences hideuses que nous constatons tous les jours, tout en nous flagellant.

Quand les presses de gauche et de droite ouvrent leur colonne simultanément à des auxiliaires du suicide national, on mesure où est tombée la réflexion en France. Les intellectuels ont quasiment disparu. Voici que les adeptes du Borniol Circus tiennent les rênes de la vie culturelle française !

Dire aux Africains qui partout dévastent leurs territoires, anéantissant ce qu’il reste de nature et provoquant des pandémies soudaines, croissez et multipliez car en restant pauvres vous ne tuerez pas la planète est totalement irresponsable. Dire aux Français et aux Occidentaux, décroissez et crevez parce que votre bilan carbone par personne est infect, est immonde.

Suggérons à Front Populaire et au Figaro magazine d’envoyer ce M. Bueno vivre une vie d’anachorète au Sahara avec un pagne en alignant son propre bilan carbone sur celui du plus modeste des Africains. Et ouvrez-lui vos colonnes dans une vingtaine d’années.

Son témoignage sera sans doute plus intéressant.

En attendant, le seul langage utile et digne est de dire aux Français : redressez votre natalité, car vous êtes en train de disparaître et ce suicide national a assez duré. Et aux pays à la démographie encore galopante : freinez et ne comptez pas sur les pays développés pour vous sauver.

Faire le malin et jouer les provocateurs sur des sujets aussi graves est indigne. Donner de la présence à cette infamie dans la presse une curiosité morbide.

 

Didier Dufau

Pour le Cercle des économistes e-toile.

Les effets imprévus et dommageables du concept erroné de « transition »

Le monde est pris à la gorge par une série d’affirmations impérieuses mille fois répétées comme un mantra selon lesquelles : le réchauffement climatique est une catastrophe. Cette catastrophe est provoquée par l’homme qui produit trop de co2. Le mécanisme s’emballe et va devenir irréversible, condamnant l’humanité et plus généralement la terre. Nous avons le devoir absolu de réduire puis de cesser toute émission de co2. Il faut le faire si possible dès 2 035 et au plus tard en 2 050. Pour cela il faut organiser une transition à marche forcée vers un monde décarboné aux termes de laquelle le monde sera sauvé.

Transition : tel est le mot-clé de toute l’affaire. Le vocable de transition a une grande force de séduction parce qu’il décrit le passage d’un état malheureux à un autre considéré comme salutaire. Il a déjà été largement utilisé dans l’histoire.

Les religions du livre sont les premières à l’avoir exploité. Elles sont toutes fondées sur l’idée que l’humanité est grevée par le péché originel et que la terre est un espace de déchéance. À l’homme de construire une vie de rédemption dans cet océan de larmes, permettant éventuellement, après un jugement impitoyable, de transiter vers le pays des anges. Sinon c’est l’enfer. La recherche du bien par la menace de l’au-delà, avec son cortège de prêtres, de dévots et de sorcières, d’appels à l’intercession du Seigneur, et d’appels aux saigneurs pour accélérer le processus, a marqué les siècles et provoqué bien des massacres. Il a fallu la Renaissance, âge d’un humanisme scientifique et paisible entendant engranger les bénéfices de la raison et de la sagesse, pour que le caractère sacré de la transition post mortem faiblisse et n’entraîne plus d’excès dans le monde chrétien. Le succès a été moins net dans le monde musulman.

La seconde grande transition proposée avec un certain succès dans les temps modernes cette fois-là, a été le marxisme-léninisme et la transition vers la société sans classe, Paradis sur terre garanti. Le marxisme se voulait scientifique. La violence était assumée pour chasser les vilains. 100 à 150 millions de morts plus tard, il ne reste rien de la doctrine et seulement des superstructures de coercition, en Amérique Latine, en Chine, en Corée du Nord et en Russie et certains de ses satellites. Il est vrai que le paradis socialiste était tellement hideux qu’il n’a pas séduit les foules asservies plus de 75 ans, sauf quelques intellectuels occidentaux restés fascinés par les perspectives abîmées mais sublimes de la transition sociale.

Nous découvrons depuis une trentaine d’années, le troisième projet de grande transition. Il veut nous faire transiter vers un monde décarboné, considéré comme salvateur. Cette transition aussi est fondée sur la science et sur la peur. Le GIEC et les ONG bienfaisantes de l’ONU catalysent la bonne science, celle qui va toujours dans le sens de la catastrophe climatique imminente et bientôt incontrôlable sans des mesures urgentes. On ne sauvera l’humanité qu’au prix de coercitions sociales, politiques et économiques majeures. Mais cela ne durera pas. Après la transition, le bonheur ! Un petit effort et après, énorme, éternel, paradisiaque, le monde, sauvé in extremis, deviendra éblouissant. Cela ou la mort ! Comment hésiter ?

Il n’y a pas de Paradis sans enfers et il faut trouver des diables contre qui lutter. Si la terre est en train de mourir, c’est bien que des vilains, cachés derrière des idées trompeuses, mises en avant de façon hypocrite et faussée, ont ruiné la prospérité, le progrès, la liberté, la justice. Ils ont assis leur domination ravageuse sur la terre mais surtout sur des groupes humains devenus leurs victimes : les colonisés et les noirs et les femmes, et les handicapés, et les minorités religieuses, et les transsexuels, et les vieux, et les enfants, et les animaux. Il est temps qu’un nouveau peuple d’élus se lève et débarrasse le monde des nuisibles, notamment les blancs occidentaux hétérosexuels qui doivent être cantonnés, soumis, éliminés ou déconstruits afin que l’humanité accède au nouveau Nirvana.

La transition énergétique ne peut que s’accompagner d’une mutation de l’humanité, d’une révolution dans les pouvoirs, d’une mutation dans les comportements. Comme les deux précédentes transitions !

Cette nouvelle « lutte centrale » de l’humanité, totalement articulée sur le concept de transition, est une force politique structurante qui n’est pas toujours perçue comme telle. Avant d’examiner cet aspect imprévu, il est important d’examiner si la notion même de transition énergétique a un sens pratique quelconque ou s’il elle n’est qu’un vecteur de propagande, certes extrêmement efficace, puisque tout argument contraire devient un blasphème, mais permettant de justifier des mesures irrationnelles qui méritent la contestation.

Nous disposons de nombreux éléments de réponse :

-        L’activité est directement corrélée à l’énergie. Pas d’énergie, pas de prospérité. Tout élément de croissance suppose donc une nouvelle création d’énergie. Croire qu’il y aura toujours la disposition d’une énergie propre pour alimenter un âge de croissance nouvelle, dès qu’on aura fini la transition, disons dès 2051, est une affirmation obscène de bêtise. Le combat devra se poursuivre éternellement, sauf découvertes spectaculaires.

-        Croire également que le CO2 produit par l’homme baissera suffisamment pour ralentir significativement le réchauffement est encore largement une hypothèse. L’arrêt de l’économie mondiale pendant plus d’un an, avec des baisses d’activités supérieures à 10 %, n’a eu aucun effet significatif sur la température parce que la quantité de CO2 dans l’atmosphère n’a pas diminuée. Tout le monde sait que cette concentration ne variera pas facilement pendant des décennies et probablement des siècles.

-        Dans l’hypothèse où la conversion totale des dispositifs utilisant des énergies fossiles vers le renouvelable soit simplement possible, ce qui est loin d’être prouvé, le coût en CO2 de la fabrication des nouveaux outils de production et engins d’utilisation et de leur maintien en ordre de marche sera tellement énorme qu’il faut craindre une aggravation même temporaire de la couche de CO2 dans l’atmosphère. Personne n’a cherché à calculer le bilan carbone de la fumeuse transition ni à partir de quelle date un équilibre entre économie et surcroît de CO2 serait atteint. Tout laisse penser que ce sera assez tardif dans le siècle en cours. L’installation triomphale d’un état irénique en 2 050 est un espoir ridicule.

-        Certains rapports scientifique laissent entendre de façon plus u moins démontrée qu’une réduction de la température n’est possible que si la production baisse d’environ 50 % pour les modèles optimistes et de 60 % pour les pessimistes. Il ne s’agirait donc plus d’une transition mais d’une dégringolade. On n’atteint pas un nouveau plateau mais on descend au sous-sol.

-        Le risque le plus proche pur l’humanité, est la pénurie de ressources nécessaires simplement à bien vivre. Ces pénuries seront soit le fait des politiques écologiques soit la conséquence d’une mauvaise gestion de la croissance, soit des conséquences possibles du réchauffement, soit de la conjonction des trois. Régler la question du CO2 qui est de très long terme sans s’attaquer aux urgences réelles que sont les pénuries est aussi problématique que suggérer de courir un marathon comme un cent-mètres. Il a suffi d’une rupture des circuits d’approvisionnement d’abord par la pandémie ensuite par la guerre en Ukraine pour que tout le monde réalise les effets dramatiques d’une pénurie, même occasionnelle. L’absence de toute réflexion commune sur le risque de pénuries structurelles définitives, le CO2 mobilisant toute l’attention dans la quête écologique, peut engendrer des conséquences imprévues et désastreuses.

-        Dès aujourd’hui des pénuries apparaissent qui sont dues aux politiques écologiques. Les rayons des supermarchés ne proposent plus de moutarde. Le produit a disparu sans avertissement.  L’interdiction des insecticides, les contraintes européennes, et la mondialisation ont fait passer la production de graines de moutarde en France de 25-30 000 tonnes dans les années soixante à quasiment rien aujourd’hui. Un coup de chaud au Canada, et voilà les approvisionnements arrêtés. Le cas du Sri Lanka est pire : la politique engagée pour une agriculture vertueuse a fait tomber la production à un niveau tellement bas qu’on meurt de faim. Ce n’est plus une transition mais une mise au tombeau. Tout cela ne se passe pas en 2050, mais ici et maintenant.

 

On voit que le mot de transition n’est intéressant que comme vecteur de propagande et qu’il devient contre-productif dès qu’on cherche des solutions réelles. 2 051 ne sera pas l’année initiale d’une nouvelle ère paradisiaque sur terre.

En revanche, ce que les analystes ont sous-estimé, c’est la force terrible du concept comme agent de restructuration radicale des forces politiques.

Si la réalité du combat politique devient l’exaltation d’un nouveau peuple, émergeant de la ruine des anciennes classes sociales traditionnelles, et l’exaltation d’une baisse drastique de la production et de la consommation, sur fond d’effondrement des naissances, les anciennes divisions politiques ne peuvent que s’évanouir au profit d’un nouveau système :

D’abord, les victimes. La social-démocratie, qui prétendait contribuer par la redistribution des fruits de la croissance au progrès et à la paix sociale, se retrouve fort démunie s’il n’y a plus de croissance et une régression sévère des productions. Le conservatisme libéral se trouve également privé de son principal argument : le progrès économique qui permet à chacun de vivre mieux. Le conservatisme du communiste ouvriériste est aussi marginalisé. L’ouvrier veut gagner plus !

Ensuite, viennent les vainqueurs :

-        D’un côté, on trouve l’appétit des « organisateurs », bureaucrates et technocrates, de se saisir de la fumeuse « transition » pour des mesures d’encadrement et de coercition fiscale et réglementaire. Les hauts fonctionnaires et les grands dirigeants d’ONG sont toujours certains d’être les seuls à penser à l’intérêt général (on dit « les communs » quand on est branché) et se jugent seuls capables de faire le nécessaire, en contenant les passions populaires funestes. Le mouvement technocratique et moralisateur, appuyé sur des forces extranationales pour barrer la route aux extrêmes, est la force qui gouverne en France. Elle traduit assez bien cette tendance.

-        D’un autre côté renaît l’espérance trotskiste transformée en néocommuniste. Il retrouve une opportunité d’action violente avec la répartition des pénuries et l’exaltation d’un nouveau peuple. Ne plus avoir à se justifier de son appétence pour la pauvreté radicale, devenue nécessaire frugalité, c’est imprévu mais politiquement utile. Dénoncer les riches qui doivent réduire leur consommation de 82 % alors que les pauvres ne le devraient que de 4 % est tout à fait dans leur corde. Ce sera même une joie, quitte à perdre en route les ouvriers qui eux veulent salaires et emploi. Qui pourrait se trouver mieux du Wokisme et l’écologie régressive qu’un néocommuniste habitué manier la haine et à la violence pour atteindre un nouvel âge de l’humanité ? C’est l’opinion de Mélenchon et les résultats lui donnent assez raison.

L’ennui, c’est qu’il reste des gens qui ne peuvent pas se trouver heureux d’une technocratie asphyxiante, appuyée sur des organisations internationales qui promeuvent et organisent la décroissance. Que la décroissance soit le fait de gauchistes islamo-gauchistes ne les rassurent pas trop. Du coup se dessine la tentation violente de s’opposer et à la nomenklatura et à l’appel néocommuniste, en dénonçant les conséquences dramatiques de la fichue « transition » dans toutes ses dimensions, sociétales, identitaires et économiques. Un populisme d’extrême-droite, de réaction, est une conséquence presque automatique de la percée de la transition énergétique.

Tant qu’on restera dans la construction d’une peur panique du réchauffement et l’affirmation de l’impérieux devoir d’une régression énergétique urgente et définitive, menée d’en haut par des technostructures et des ONG, la politique ne semble pas pouvoir échapper au triptyque tragique : violence de la bureaucratie, violence néocommuniste, violence réactionnaire.

On constatera que les résultats des élections présidentielles françaises ont eu un caractère structurel assez net.

Quelles en seront les suites ?

La crise sanitaire a montré le scénario : peur panique relayée par les organisations internationales et exaltant la bureaucratie impérieuse. Mesures démesurées et inefficaces. Mise au rebut des instances normales créées pour faire face à ce type de situation. Résultats désastreux.

En France, entre les mains de l’énarchie et des familles de hauts fonctionnaires politisées, l’hystérie a été démente. L’IHU, chargé de la réponse aux épisodes d’épidémies infectieuses a été marginalisé. La coercition a été constante. Jusqu’à la volonté « d’emmerder les Français » par un président démagogue qui l’a exaltée pour des raisons électoralistes. La France sort de ce scénario ruinée, endettée, sans compétitivité et politiquement assommée. Le système de santé, bureaucratisé à mort, s’effondre faute de toute réforme acceptable pour la technostructure et compatible avec ce qui nous reste de ressources, compte tenu du tabou de la gratuité.

On voit qu’aussitôt réélu, le président technocrate qui gère le pays avec une poignée d’autres énarques, parle aussitôt de l’urgence de la transition énergétique, de la planification écologique, d’accélération de la lutte contre l’effet de serre, etc. L’exploitation bureaucratique de la peur avec le soutien des mouvements européistes et mondialistes recommence. On tient à distance les institutions nationales chargées des questions de physique du globe, qui, comme dans le domaine de la santé, ne sont pas nécessairement totalement emballées par les conclusions du GIEC, et sont sommées de s’aligner sur l’attitude de l’INED : mentir comme des arracheurs de dents pour voir leurs statuts confirmés. L’institut de physique du globe devrait être notre référence nationale en matière de réchauffement climatique. «-j’m'en-foutisme et ignorance (sic) , est l'interprétation de loin la plus charitable que l'on puisse apporter à cet ensemble » a affirmé un « comité scientifique » (resic) dès qu’un directeur de l’INPG, Vincent Courtillot, a modérément mis en cause l’origine anthropique du réchauffement. La même histoire que celle du Dr Raoult qui avait déplu par ses analyses déviantes du discours faux mais officiel. Qui ne va pas dans le sens voulu est vilipendé et exclu. Tous les scientifiques n’ont pas la résilience et le bagout de Didier Raoult !

La France est donc bien partie dans l’option bureaucratique coercitive et mensongère, appuyée sur le politiquement correct international, qu’il s’agisse de celui de Davos ou de l’ONU et du Giec. Les oppositions qui survivent sont l’optique néo communiste, « bolivarienne et créolisée » de M. Mélenchon et la violence réactionnaire de Mme Le Pen. Sur le seul plan des idées, il n’y a pas tant de différence entre le discours d’E. Macron et celui de Mélenchon. L’un parle de « révolutions » et l’autre de « révolution ».

La vie politique française s’inscrit totalement dans la logique que le concept problématique de transition écologique impose. Ce cycle politique-là sera désastreux pour la démocratie et la prospérité. À terme, on voit se profiler la disparition de la France comme entité pensante et agissante, lieu de culture universelle originale et de prospérité.

La crise sanitaire s’est terminée toute seule, par épuisement de la nocivité de la souche virale mutante qui l’avait provoquée. Le prétendu vaccin n’a pas eu de rôle pour l’enrayer. Les mesures politiques prises ont été disproportionnées et ont fini par être démantelées. Les mensonges énormes qui avaient justifié les pertes de liberté et de prospérité ont été mis sous la table.

Avec la crise écologique, l’hypothèse d’une solution naturelle à court terme est assez peu probable. Le changement climatique ne s’arrêtera pas de son propre mouvement, sauf mécanismes encore inconnus qui viendraient au secours de la fragile humanité. La décroissance forcée n’est pas une solution acceptable, en dépit de tous les avis contraires qui polluent la presse et la littérature subventionnée des associations. Berner les gens avec des concepts aussi vaseux que l’optimisation du bonheur par la sobriété et l’épanouissement de la notion de bonheur national brut ou d’utilité nationale brute, remplaçant le PIB, n’est pas digne. Quel gourou intéressé sera le juge du bonheur et de l’utilité ?

Il faut abandonner le concept connoté et trompeur de « transition » énergétique comme solution finale. La question écologique elle, reste posée.

Comme d’habitude, il faut s’appliquer à faire face aux dangers de la nature et aux effets pervers du comportement humain par une action constante et résolue, problème par problème, qui n’implique nullement l’exploitation massive des terreurs, de la mortification, ni des tensions sociales. La question de l’efficacité et du coût des politiques menées doit être centrale. Ne jamais tenter l’impossible, car l’impossible se venge. À l’impossible nul n'est tenu. Il faut recréer les conditions de la rationalité et de l’espérance. La sottise et la ruine, chevauchées par le cynisme et le mensonge organisé de la bureaucratie ou des excroissances gauchistes, gonflées des reliques électoralistes du PS, ne peuvent pas servir à diriger heureusement des pays encore libres. En tout cas pas la France.

La pseudo-transition d’ici 2 035 ou 2 050 est un mythe dangereux qui, associé au mythe de la réforme définitive de l’homme mauvais par le wokisme, conduirait à une forme ou l’autre de dictature. Il faut sortir de la religiosité et éviter le retour au monde des sorcières à brûler en place de grève. L’affirmer n’est pas un blasphème mais une parole d’espoir et de dignité de la politique.

Maîtriser les défauts d’une croissance nécessaire et continuellement menacée, est une œuvre autrement exaltante qu’organiser la décroissance violente des Savonarole. En définir les moyens est un travail politique essentiel. Ce travail est aujourd’hui en jachère, lessivée par la terreur et la propagande délirante organisée autour du concept de « transition »

Là est l’avenir. Là est la démarche. MM. Mélenchon et Macron sont les sous-produits politiques néfastes d’une erreur conceptuelle transformée en religion séculaire. Le Pen n’est rien.

La disparition programmée des moteurs thermiques en treize ans est l’exemple même d’une « transition » problématique car personne n’a osé annoncer le coût global, l’ampleur les conséquences antiécologiques de la construction des batteries du fait de la quantité de terres rares concernées, l’effet sur la balance commerciale des importations nécessaires, l’ampleur des régressions de circulation et les pertes de libertés que cela implique, la quasi impossibilité de disposer d’une énergie électrique suffisante pour alimenter une circulation significative, etc. Naturellement, l’impact sur les températures n’est ni calculé ni affiché, ce qui vaut mieux, car le non retrait de la circulation mondiale des voitures d’occasion implique un maintien au niveau précédent de la pollution au CO2…

La conversion énergétique des logements, lancés en parallèle avec des calendriers tout aussi irréalistes, vient ajouter une demande d’électricité massive tout aussi incompatible avec les moyens de production prévus.

L’annonce de l’interdiction de construire quoi que ce soit sur les territoires non encore construits et une folie de même nature. On a étendu la loi Littoral à l’ensemble du territoire dans le pays le moins densément peuplé d’Europe.

Toutes ces folies irréalistes et intenables sont justifiées par le concept de transition.

Les résultats sont déjà prévisibles : une diminution drastique de l’activité. Des millions de Français perdront leur voiture et ne pourront plus circuler à leur guise. Le rapport RTE parle d’une réduction de 40 % des voyages. Le parc va vieillir avec une aggravation de la pollution. Les finances et les balances de paiements seront effondrées. La Chine polluera comme jamais pour fournir les ingrédients. La location d’un logement va devenir de plus en plus difficile et coûteuse. La pression sur les propriétaires déjà très forte va devenir intenable. L’emploi va être durement atteint.

Il faut construire une réponse positive aux différentes difficultés endogènes ou exogènes qui nous assaillent et qui nous demandent de la résistance, de l’intelligence, de la lucidité, de la créativité et du courage, sans outrance et sans panique, avec des calendriers raisonnables et des résultats significatifs. La France est-elle capable de cet énorme effort ? Le prix Nobel d'économie qui sévit au New York Times, tellement à la mode en France, Paul Krugman, n’idéalise certes pas la France, « qui a ses propres mouvements extrémistes et nationalistes blancs ». On suppose que pour lui comme pour Mélenchon, le Zimbabwe ou le Venezuela sont bien mieux placés. Mais malgré ces tares « manifestes, » il n’est pas totalement absurde de penser que la tradition des lumières pourrait nous aider à surmonter les difficultés et nous suggérer un autre chemin, plus rationnel et plus heureux que l’autodestruction de nos valeurs et de notre prospérité inscrite dans le Wokisme et au cœur l’idéologie à caractère quasi religieux de l’Assomption écologiste.

Didier Dufau

Président du Cercle des économistes e-toile

Analyse sémantique de la posture écologiste

L’analyse sémantique du verbiage écologiste est un exercice fascinant. Voici un exemple parmi mille du genre. C’est un extrait d’un rapport d’un institut de haute réputation :  La transition s’annonce, il s’agit de faire face :

« Au vu des modifications profondes du système énergétique qu’elle implique, la neutralité carbone est un défi qui s’annonce colossal. Relever ce défi cependant souhaitable pour chacun de nous, car la transition énergétique est un chantier ayant des retombées économiques concrètes en termes d’emploi et va permettre d’orienter à la baisse notre facture énergétique sur le long terme. Bien sûr, parvenir à ces retombées de long terme nécessitera de passer par une période de transition marquée par des investissements importants. L’accompagnement des ménages et des entreprises les plus fragiles sera un facteur clé pour que ceux-ci puissent eux aussi réussir leur transition en dépit de leur capacité d’investissement limitée. Sur les plans du logement et de la mobilité, il s’agit d’enjeux clés qui sont difficiles à négocier pour les ménages les plus modestes. Les dispositifs d’accompagnement actuels doivent encore être renforcés sur le papier, mais aussi et surtout dans leur réalisation concrète. Des stratégies d’ampleur doivent aussi être définies, d’une part, pour l’industrie lourde, qui est fortement émettrice de gaz à effet de serre de par la nature même de ses procédés, et, d’autre part, pour l’agriculture. Ce défi  a également des conséquences positives tangibles, par exemple en réduisant la pollution de l’air. Enfin, atteindre la neutralité carbone est surtout nécessaire pour concrétiser les objectifs climatiques que nous nous sommes fixés au niveau international. »

D’abord les avantages :

-        On va respirer mieux. Chouette. Qui ? Quand ? Pourquoi ? Par quel cheminement ? Avec quel résultat concret ? Chut !

-        Les retombées économiques vont être superbes sur l’emploi. Combien de postes créés ? Financés comment ? Combien de postes détruits ? Quel niveau de vie si on finance les colossaux investissements par l’impôt ? Chut ! Quelle perte d’emplois si on baisse le niveau de vie ? Chut ! Chut !

Ensuite les contraintes : lesquelles ? On n’en parle pas, s’il s’agit de questions techniques ou économiques. L’intendance suivra. Tous les techniciens s’échinent dans des petits comités (la grande information leur est fermée) à montrer qu’il est « strictement impossible de transférer sur la production électrique l’énergie actuellement fournie par des dispositifs à moteur thermique ». Il faudrait environ 1 000 térawattheures. Personne ne sait faire. Actuellement on ne produit que 500 térawattheures environ. Le goulot est double : dans la production et dans la distribution. Mais Chut ! Chut ! Chut !

C’est que nous avons des devoirs !

Le premier : respecter les objectifs climatiques (non chiffrés ni en termes de gain de température ni en coûts) que nous nous sommes fixés au niveau international sans aucune étude d’impact. Alors les contraintes, on s’en fiche. On ne va pas se dédire tout de même !

Qui nous ? Les décisions ont été prises par l’Union Européenne, commission et parlement, sous la pression des ONG et du GIEC. Nous n’avons qu’un poste à la Commission, proposé par le président élu sans que le pays n’ait le moindre mot à dire. La décision finale est prise par le Parlement, où une cinquantaine des 77 députés français ont dit oui, alors que personne ne savait ce qu’ils allaient faire quand ils allaient être élus, puisqu’ils n’avaient aucun programme à proposer lors de leur élection. Il est fixé à sa guise par la Commission. Elle a été avalisée une seconde fois par le Président de la République qui au conseil européen peut dire non. Comme il s’est fait réélire sans aucune discussion sur la transition climatique et ses modalités, mais qu’il a hurlé sur tous les tons son attachement pour l’Europe, il a cédé avant même d’avoir à réfléchir. Pas question de mobiliser les écolos contre soi la veille d’un second tour législatif. L’électoralisme a pris le pas sur la réflexion stratégique. Les électeurs français n’ont jamais eu à se prononcer sur des orientations concrètes. Tout leur tombe dessus d’en haut.

Le devoir de santé est tout aussi impérieux. En général les écolos ajoutent une estimation (que beaucoup soupçonnent d’être bidon depuis que les statisticiens médicaux se sont ridiculisés avec le covid) sur les morts à cause de la pollution urbaine. Ils savent que la santé est sacrée. L’avantage de l’argument, c’est que si vous êtes contre, c’est que vous êtes un tueur. Aucun mot sur les effets des méthodes employées depuis des lustres pour faire baisser la pollution des moteurs thermiques, ni sur le fait que toutes les politiques violentes n’ont fait que déplacer la pollution sans la réduire, avec une hausse des morts à Paris du fait des travaux et de l’anarchie qui règne désormais dans les rues et sur les trottoirs.

Le troisième devoir est d’aider les petits pauvres. Il faut une transition juste. En interne les riches doivent payer pour les pauvres. Être le pays leader mondial dans la redistribution sociale et l’imposition ne suffit pas. En externe les pays riches doivent payer pour les pays pauvres. Avoir lâché notre industrie aux pays en voie de développement ne suffit pas.

Dans la pratique, les politiques menées se traduisent par des contraintes extrêmes : changer de voitures, changer le système de chauffage et l’isolation de son domicile. Logement et voiture, les deux composantes majeures du capital des particuliers,  les plus difficiles à acquérir. Et il faut changer d’habitudes de vie, ne plus faire ceci ou ne plus faire cela. C’est donc un chemin de contraintes administratives qui exigent du citoyen de faire tout l’effort sous peine de terribles conséquences.

En revanche on ne parle jamais de l’expérience de vie de ceux qui ont « transitionné » par vertu ou par contrainte.

Un ingénieur canadien a choisi un hybride et fait ses calculs. Il a comparé le prix du km avec son ancienne voiture : 0,74 dollar par mile parcouru pour sa voiture hybride, 0.10 pour sa voiture thermique. Sa voiture thermique lui avait coûté 25 000 $ et son hybride 46 000 $. Il lui faut donc amortir un investissement double et payer sept fois plus cher son énergie pour faire des trajets qui prennent en général trois fois le temps, la durée de conduite devant être accrue de la durée de recherche d’un point de rechargement et de celle du temps de rechargement.

D’accord, il s’agit d’une voiture hybride. Mais le bilan n’est pas meilleur avec une voiture 100 % électrique. Beaucoup de journalistes ont décrit leur périple pour faire des trajets un peu longs, par exemple aller de Paris à Cannes ou d’Amiens à Vintimille, ou de Bruxelles à Biarritz, avec des véhicules de moyenne gamme tout électrique. Ils sont tous devenus des spécialistes de l’enfer. « Qui n’a pas rêvé de s’offrir une de ces autos propres ? Silence, émissions de CO2 nulles, sur le papier, la promesse est alléchante. Les pionniers de cette révolution sont de plus en plus nombreux et méritent, on ne le dit pas assez, notre plus profond respect. Car, contrairement aux jolis discours du gouvernement, des écolos et des publicitaires, la mobilité en électrique est loin d’être une sinécure pour ceux qui osent le voyage au long cours plutôt que le cabotage ». Extrait de l’excellent récit de voyage concret signé Jacques-Olivier Martin dans le Figaro.

L’expérience client est tragique mais ne doit jamais être discutée dans un rapport sur le climat et la transition.

Exactement la même chose pour les malheureux qui ont acquis des pompes à chaleur dans les lotissements et qui se retrouvent avec un bruit phénoménal de jour comme de nuit : quarante machines à touche-touche empêcherait de dormir un sourd profond.

Exactement la même chose pour ceux qui ont acquis des maisons aux nouvelles normes et qui manquent d’air et de lumière, et passent leur temps fenêtres ouvertes en poussant à bloc le chauffage et en laissant toutes les lumières allumées, même quand il fait froid pour mieux respirer et mieux voir. L’ambiance blockhaus n’est pas terrible. 

De même, on sait qu’il a des trous dans la raquette électrique. Par exemple beaucoup d’immeubles de grandes hauteurs ont des systèmes de génération électrique pour faire face en cas de panne de distribution électrique générale. Tous les générateurs marchent au pétrole ! On fait quoi ? Dépendre de l’électricité pour faire face à des pannes d’alimentation électrique est une farce amusante. Mais chut ! C’est marginal. Désagréable constat : c’est vrai pour un nombre très élevé de dispositifs où l’électricité est impraticable, comme les engins de terrassement, les chars d’assauts, etc. S’il vous plaît n’en parlez pas ! Pensez à vos poumons et à vos devoirs moraux vis-à-vis de la terre et de multiples catégories qui y vivent !

À quoi rime d’écrire un rapport dans de telles conditions, sachant qu’il sera mensonger ou puéril ? On pourrait au moins se taire, s’il est interdit de critiquer. Mais non !  Il y a d’abord le plaisir de l’admonestation. On ne fait pas assez ; on a raté des échéances. On peut décrire sans fin les nombreux exemples de méfaits nouveaux du climat qui change. Que va devenir le Vanuatu ou Venise, voire les belles maisons du Cap Ferret ? On peut aussi montrer le succès embryonnaire de certaines innovations. D’accord on ne peut pas faire marcher les flottes de gros camions à l’électricité pour des raisons multiples, mais on peut en faire marcher un pour voir. On peut montrer qu’en ralentissant le débit des douches on sauvera rapidement la terre, même si les humains veulent rester propres. Etc. La littérature positive sur des expériences en cours est bien garnie. On peut même faire avancer des porte-conteneurs à voile ! Le but de cette littérature n’est généralement pas de montrer des solutions réalistes et à l’échelle nécessaire. Les auteurs « font de l’argent » soit en stimulant la peur du lecteur, soit en le faisant rêver. Le but est à peu près le même que le Cinéma mais n’exige pas autant de talent.

Surtout l’expert devenu curé d’une nouvelle messe verra son crédit public enfler à des hauteurs magiques et les revenus associés peuvent être intéressants. Toutes les religions ont eu leurs vendeurs de bondieuseries.

L’analyse du discours écologique mène toujours à la même conclusion. Nous sommes dans le sermon, pas dans la recherche de solutions. Mais les Bossuet manquent et les Savonarole grouillent.

Nous pensons ici qu’il faut sortir de cette attitude : voir : chiffrer ; analyser ; comprendre ; imaginez ; construire.  Psalmodier des mantras ne suffit pas sinon ce vœu :  que vienne le temps des ingénieurs et des politiques intelligents.

 

Didier Dufau

La fin de la souveraineté française

Le Parlement Européen vient d’entériner le plan de la commission d’arrêter toute vente de voitures utilisant un tant soit peu des énergies « thermiques ».  Associé à d’autres mesures concernant la construction et l’utilisation des espaces libres, tout aussi radicales, ce plan conditionne de façon colossale tout l’avenir des Français. Toutes les politiques nationales vont être fracassées par les aléas de ce plan de conversion absolue. .

Une élection présidentielle vient d’avoir lieu en France. Le sujet n’a pas été abordé. L’électeur ne savait même pas ce qui se tramait à Bruxelles. Les grands médias n’ont parlé de rien, comme il est d’usage pour les questions européennes.

Une élection législative est en cours. La question de la transition énergétique et de ses conséquences ne sera pas abordée. C’est tranché. Il ne s’agira que de retranscrire ce que le vote, démocratique, du Parlement Européen aura décidé.

Résumons-nous : la politique la plus problématique pour la vie des Français, avec des risques terrifiants échappe à tout débat national ou présidentiel ou législatif. L’évacuation de toute discussion est jugée normale, puisqu’il faut être européen.

On nous avait dit : la présidence française va tout changer. L’immense Macron va prendre en main l’avenir de l’Europe dans ses petites mains fébriles. Il n’a pas dit un mot, pendant toute sa présidence qui se termine à la fin du mois de ce projet pharaonique. Mais même Mme Morano, cette grande figure de la politique française profonde et enracinée, a expliqué que l’Europe, c’était formidable : le chargement des téléphones mobiles sera désormais alimenté par les mêmes câbles standard. Un acquis formidable pour la fameuse « vie quotidienne » des Français, un des objectifs phénoménaux de la présidence française de l’Union Européenne.

Aucune étude d’impact de l’interdiction des moteurs thermiques et des solutions hybrides n’a été proposée ni d’ailleurs faite.

Pourtant la question des estimations est facile à cadrer. Si on conserve, sans chercher de croissance, le niveau d'activité et de déplacement actuel les chiffres sont astronomiques  :

-        Industrie automobile française : 4 mille milliards d’euros

-        Utilisateurs de voitures : 2.2 mille milliards d’euros

-        Production de 500 térawattheures d’électricité : dépend du mix entre nucléaire et éoliennes. Coût minimum 2 mille milliards d’euros.

-        Réseau de transport de l’électricité : doit être doublé. Coût impossible à évaluer en l’état car il dépend du mix de production dont on ne connait rien. Plusieurs centaines de milliards d'euros au minimum (et la loi exige désormais que les cables soient enterrés !).

-        Bornes de recharge : il en faudra des … millions.  Coût : plusieurs dizaines de milliards.

-        Impact sur la balance des paiements ? Tragique. Rien de qui est nécessaire aux batteries n’est produit en France.

-        Bilan carbone des actions de conversion : terrifiant. Pour le lithium nécessaire, il va falloir creuser l’équivalent d’un trou de cent kilomètres de diamètre sur 200 mètres de profondeur. Avec des engins au fuel… Un bon début

-        Impact sur l’émission de CO2 de la transition : énorme mais non évalué.

-        Baisse de la température anthropique : nulle à un horizon de 50 à 100 ans

-        Les voitures d’occasion thermiques n’étant pas détruites, le parc continuera de tourner quelque part dans le monde. Effet sur le CO2. : nul.

Rappelons que la valeur ajoutée annuelle des entreprises françaises est d’environ 1.400 milliards d’euros.  D’ici 2035, compte tenu des circonstances actuelles, guerre en Ukraine, pandémie en Chine, hyper inflation, on espère obtenir 15.000 milliards de valeur ajoutée cumulée, et ce serait déjà un exploit. Et entre 50%  et 60% de cette somme serait à consacrer à la conversion décidée ?  C’est évidemment impossible sans ruiner les Français.

Il y a un loup.

La vérité est simple : on va vers une réduction massive du nombre d’automobiles et un contingentement massif des transports, avec une hausse ravageuse des impôts, l’argent magique commençant à manquer.

Le niveau de vie et les libertés d’aller et venir vont être drastiquement réduits. Une horreur programmée qu’on s’interdit de dévoiler.

C’est pourquoi le plus grand silence politique accompagne ces décisions européennes en France. Discuter de la transition serait un blasphème ; Faire apparaître les conséquences, un risque politique trop grand, ne serait-ce qu’en démontrant que la démocratie française est strictement inutile au processus puisque tout est décidé ailleurs.  Alors silence ! Tabou européiste et tabou écologiste se donnent la main pour que les débats soient évacués, en dépit du caractère terrifiant du projet.

Où est passé la souveraineté nationale ?

Emmanuel Macron continue sa politique d’achat de votes en alignant, aujourd’hui encore et après l’avoir fait continument depuis janvier 2021, les promesses catégorielles délirantes. Mais les directives économiques européennes à respecter viennent d’être signées. Elles annoncent une politique d’austérité renforcée, avec un désendettement obligatoire et l’obligation d’avoir une croissance des dépenses publiques moins fortes que celles des impôts ! Rappelons qu'en 2021 les impôts ont cru beaucoup plus vite que le PIB ! Sans aucun commentaire sinon l'article passé sur notre blog.

Pas un mot dans la presse.

Il sera bien temps d’affirmer au moment des décisions douloureuses que tout cela date d’il y a longtemps, que tout le monde était d’accord et qu’il faut respecter l’Europe notre protection contre la guerre et notre petitesse dans ce monde de brutes.

La presse chantera la chanson avec empressement.

Est-ce que c’est bien démocratique ? Ben oui puisque c’est voté par le Parlement après des élections libres. L’argument semble imparable. Il ne l’est pas, pour une raison simple : l’élection européenne ne se fait jamais sur un programme, donc ne laisse aucune occasion aux électeurs de choisir entre des des options. Le programme c’est la commission et la commission seule qui en décidera. Elle en a le monopole absolu. On votera donc sur ce qu’ellevoudra bien présenter. Le député européen fraîchement élu ne sait absolument pas de quoi il aura à juger. Il a été choisi par son parti et les Français ont voté sur des étiquettes partisanes. Le parti n'a pas pu formaliser une réponse ou une analyse et il est impossible de vérifier auprès de l’électorat si son point de vue est admis. La France ne représente qu’une part ridicule des députés et ne peut pas y faite valoir ses singularités éventuelles. De toute fa çon la minuscule phalange française est divisée par le vote à la proportionnelle en chapelles nombreuses et incompatibles, alors que les partis, on devrait dire les « étiquettes », ont fait le choix de présenter soit des politique victimes du suffrage universel soit d’européistes convaincus.  L’électeur dans un tel système ne peut orienter et encore moins décider d’aucune politique.  Du coup la presse n’a pas à se saisir du moindre sujet. De toute façon le choix profond de l’électorat ne compte pas. Pas la peine de le démontrer au quotidien.

La solution était évidente pour éviter ce déni démocratique : envoyer 77 députés élus au Parlement français voter au Parlement européen, après que les directives ont été discutées au Parlement français, assurant à la fois la connexion avec le peuple et la vérification que la France n’y perd pas, avec une bonne couverture de la presse. Que se passerait-il si le vote européen était défavorable au choix français. On verrait aussitôt que l’Europe n’est pas la bénédiction assurée. La crise serait immédiate entre l’intérêt français décidé démocratiquement et l’intérêt dit européen décidés par d’autres.  Alors on a fait de ces élections européennes frelatées un prétexte démocratique et une fête européiste. Et après le silence tombe.

Ces mois de débat électoraux ont montré de façon caricaturale, d’abord que le gouvernement français était impuissant, ligoté par le gouvernement des juges et  dominé par les instances européennes supranationales. Aucune mesure de sauvegarde nationale n’est possible. Le pouvoir français a été capturé par des camarillas familiales de hauts fonctionnaires qui servent leur intérêt de carrière et d’argent. Les partis sont des attrape-tout qui ne servent qu’à accorder des places sans débattre de rien. Aucune politique dans aucun domaine n’est réellement discutée nulle part.

Les observateurs remarquent la désagrégation nationale. Comment en serait-il autrement. Il n’y a plus de pouvoir régalien et l’économie est laissée à des instances supranationales.

On va vers une abstention de plus de 50% au premier tour et de 60% au second tour, aux élections législatives. A quoi sert de voter pour des guignols impuissants sinon en matière fiscale ?

Les Français ne peuvent orienter quoi que ce soit par leur vote. La démocratie ce n'est pas voter. C'est pouvoir orienter la politique par son vote.  Méprisés par des démagogues cyniques qui au pouvoir les achètent avec des promesses minables (chèque menstrues pour les étudiantes, chèque mangas pour les adolescents, chèque, chèque, chèque…) et dans l’opposition font de la surenchère minable contre des victimes expiatoires en annonçant de nouveaux chèques encore plus gros. Les Français ont à la fois honte de l’image qu’on leur renvoie d’eux-mêmes et des propositions qu’on leur fait. Ils se détournent du vote. Quoi de plus normal ?

C’est comme cela qu’un grand peuple meurt. Le plan de « transition » voté par le Parlement européen accélérera la mise au tombeau.  

RIP.

 

Didier Dufau

 

La France, future Sri Lanka ?

Quand la moutarde decend des rayons pour monter au nez.

Sri Lanka est un pays gouverné par un clan, avec un népotisme fort. La France est gouvernée par un clan, l’énarchie, de plus en plus népotique.

Sri Lanka est un pays gouverné par des mesures à court terme basées sur l’inondation monétaire et la dette qui à force de s’accumuler ont fini par ruiner le pays. La France est un pays gouverné par des mesures à court terme, basées sur l’inondation monétaire, qui ont fait exploser la dette et sont en train de couler le pays.

Sri Lanka a tué son agriculture en prétendant mener une politique ancrée dans la recherche du salut écologique et de la biodiversité. L’interdiction, entrée en vigueur le 26 avril 2021, de tous les engrais chimiques, pesticides, herbicides et fongicides a entraîné des baisses de production gigantesques. En seulement six mois, la production nationale de riz a chuté de 20 % et celle de thé de 40 %. Désormais on meurt de faim dans le pays. La permaculture dans les cimetières ne semble pas la solution.

La France tue son agriculture depuis longtemps. Le pays agricole par excellence qu’était la France n’est plus en tête en Europe et s’effondre dans les classements. Le symbole : la disparition de la moutarde des rayons des supermarchés. Le lundi 6 juin à Pont-l’Évêque, plus aucun pot de moutarde n’était accessible. Le débarquement des graines canadiennes pouvait être fêté comme un évènement passé…

Pourquoi étions-nous obligés d’importer nos graines de moutarde ? Une fois de plus parce qu’on avait décidé de supprimer les insecticides permettant d’éviter le ravage de cette culture fragile sans évidemment proposer le moindre produit de substitution même moins efficace.

« La France ne peut pas répondre à ses besoins en moutarde. En 2016, alors que le pays produit 12 000 tonnes par an de graines de moutardes (bien loin des 32 000 nécessaires pour le pays), une loi vient mettre à mal sa production sans proposer d'alternative. Les insecticides sont désormais interdits, une décision toujours contestée de nos jours et qui a des conséquences importantes sur les champs de graines de moutarde. L'Altise, un insecte sauteur de l'ordre du coléoptère, fait des ravages en France puisque la production de graines a été divisée par quatre en cinq ans. » Reportage de France 3.

La France essaie de produire 3 000 tonnes de graines pour un besoin national de 32 000, alors qu’elle a été longtemps auto suffisante. Naturellement, quand les mesures ont été prises, tout le monde a chanté religieusement les cantiques écologistes sans nuances et sans même permettre que des voix s’élèvent pour avertir des conséquences.

Comme toujours quand les belles idées se fracassent sur des résultats saumâtres, on cherche des paravents faciles. La guerre en Ukraine et le dôme de chaleur au Canada nous privent des ressources d’importation. D’accord, mais pourquoi sommes-nous totalement dépendants des importations ? Des initiatives pleines d’espoir sont prises, comme en Alsace. Une vague excuse et une vague promesse suffisent à faire passer cette information stupéfiante : le pays de la moutarde ne livre plus un pot de moutarde.

À l’exact moment où cette situation ubuesque s’impose dans les médias après le vide soit apparu dans les rayons, l’Europe signe une directive pour interdire les moteurs thermiques en 2 035. On a failli imposer 2032, car « dix ans c’est assez » tout le monde sait ça. Aucune mesure des conséquences ! Ni sur les coûts, ni sur l’emploi, ni sur les balances de paiements, ni même sur le réchauffement économisé. Comme pour les insecticides. On verra bien. Hurrah, Hurrah, Hurrah ! Un suicide religieux du type de celui qu’on faisait au dieu Baal. Les dirigeants carthaginois en cas de sécheresse immolaient quelques-unes de leurs filles pour faire revenir la pluie. Le Dieu écologiste exige que l’on fasse des sacrifices économiques outranciers et irrationnels. Et personne ne proteste. Ce serait un salaud à faire taire, une sorcière de Salem.

Dans les travaux publics « la trajectoire des marchés conclus s'est diamétralement inversée en avril 2022. Ils sont même retombés à leur plus bas niveau depuis le confinement de 2020 : -11,7 % par rapport au mois précédent, -18 % en volume sur un an ! ». Et les prix sont en hausse de 10 % sur l’année.

Dans la construction neuve, c’est pareil.

La France craint avec M. Zemmour et quelques raisons un destin à la libanaise. Voilà qu’il nous faut craindre un destin à la ceylanaise.

Le suicide français commence à prendre forme. Le Français, né malin…

La moutarde commence à lui monter au nez. « De lamentables grognons » a dit Bruno Lemaire et qui ne voient pas combien nous gérons bien et que nous sommes les meilleurs !

Fa Tutto !

Didier Dufau

Oh ce joli Week-End de mai !

A conserver pour l'histoire

L’usage, sur ce blog, est de ne pas commenter ce que toute la presse commente. Pour une fois, nous allons déroger à cette règle tant le WE du 27 au 28 mai a été significatif de ce qu’est devenue la France. Il est intéressant d’en conserver le souvenir pour le relire plus tard, à froid, avec la connaissance de la suite.

Six évènements se sont cumulés pour faire de ces deux jours une leçon de chose particulièrement signifiante.

-        Le Stade de France

Emmanuel Macron avait été heureux de se faire mousser en proposant Paris pour la finale de la coupe d’Europe de Football, le plus grand évènement mondial du football en dehors des championnats du monde et d’Europe.

Pour saluer l’évènement des hordes de racailles, se sont invitées, par centaines, pour « dépouiller » les touristes, bloqués par ailleurs par les troubles sociaux dans le métro et l’inorganisation totale de l’évènement. 5 à 600 voyous ont bordé le chemin de la station de métro sur près de 500 mètres, attaquant violemment tout ce qui passait à portée.

Naturellement ceux qui ont été arrêtés ont été immédiatement libérés, sauf trois Péruviens et un Palestinien.

M. le ministre de l’Intérieur a aussitôt accusé… les victimes des agressions, ce qui a fait le meilleur effet. Il a « essentialisé » les Britanniques comme nation délinquante dans le football, et considéré comme nauséabond et même « très » nauséabond, d’essentialiser les voyous africains et nord-africains assemblés par centaines pour piller des touristes souvent en famille.

Toute la presse de gauche et gouvernementale s’est empressée d’occulter la réalité d’une attaque massive contre le public. Interrogé, en campagne législative, Emmanuel Macron a refusé de répondre avec une moue dédaigneuse : pas de son niveau. N’avait-il pas clos le sujet en déclarant que la Seine Saint-Denis était la Californie sans la mer ! Saint Déni ! Et n’est-il pas le triomphateur de la délinquance à Marseille, la cité multiculturelle en plein retour au vivre ensemble ?

Personne n’a fait remarquer que les sorties de stade, y compris au Parc des Princes, étaient régulièrement attaquées par les mêmes bandes, comme les défilés syndicaux, comme les manifs des gilets jaunes. La France et les Français nous appartiennent et on peut, en groupe, marquer notre nouvelle souveraineté contre les Kouffars. Dépouiller c’est affirmer sa souveraineté.

La France est humiliée et son image dégradée comme jamais. Son journalisme d’Etat est ridiculisé. La gauche est enfouie profond sous ses mensonges. M. Mélenchon le premier ministre auto-nommé du mouvement des créolisés et des déconstruits, à base d’islamogauchistes, accuse la police !

Une vraie photo de l’état de la France.

-        La CGT

Les syndicats de la RATP ont fait la démonstration bruyante et sans scrupule de leur grande joie devant l’aggravation des violences contre les biens et les personnes provoquée par leur grève opportunément organisée le jour d’un grand évènement international.

Avoir permis aux voyous de s’en donner à cœur joie a renforcé leur rapport de force avec le patronat honni, ici le gouvernement sorti des urnes. On sait qu’en bien des pays faibles, les syndicats ont profité des grands événements pour faire du chantage, bloquant ou retardant les travaux, empêchant les communications, aggravant les coûts etc.

Rarement avait-on vu une organisation syndicale se réjouir d’avoir stimulé la délinquance. Il y a des syndicats voyous. Voici le syndicalisme pro voyous. Rappelons que Madame Borne, nouveau premier Ministre, n’avait rien fait pour limiter leur influence à la RATP lorsqu’elle la dirigeait. Énarques et polytechniciens ont toujours prôné la collaboration avec les syndicats pour nourrir la « paix sociale ». On a vu la nature de cette paix au Stade de France.

-        Les urgences hospitalières

Puisqu’on parle des bienfaits de l’énarchie compassionnelle et bienveillante, l’annonce a été faite par les hospitaliers que les services d’urgences étaient obligés de fermer par dizaines faute de personnel et qu’il fallait s’attendre à ce qu’ils ferment par centaines cet été, en l’absence de tout Covid.

On savait depuis le Covid que notre système de santé n’était pas le meilleur du monde. De là à penser que son cœur d’activité était pourri à ce point ! Mais si ! Mais si !

Notre système d’information préconstruite a aussitôt montré Emmanuel Macron réélu avec 58 % des voix, après 10 ans de pouvoir dont cinq présidentiels, en train de discuter avec des infirmières, notant avec surprise ce qu’il entendait, comme à Marseille dans les quartiers nord. Celui qui voulait « emmerder » les soignants récalcitrants et désormais un peu emmerdé par la situation. L’important est que le bon peuple le voit à l’écoute. Régner sans agir grâce à une presse collabo, voilà le grand pied du politicien nul et cynique.

-        Le tennis

Pour des raisons obscures la rencontre attendue entre Djokovic et Nadal se jouait en quart de finale et non en finale, comme il aurait été logique. La rencontre a été planifiée de nuit pour booster au maximum les recettes de la diffusion aux États-Unis. Les droits de télévision avaient été attribués à un géant américain. La principale épreuve de tennis française, de dimension mondiale, n’a pas pu être vue en direct par les Français. Les gougnafiers qui dirigent Roland Garros et le tennis français ont bradé l’épreuve aux Américains pour u, gros chèque et pour plusieurs années. Pourtant, l’État Français n’a pas été avare. Il a permis de densifier comme jamais le stade Roland Garros, au mépris de toutes les règles. Une citation en anglais adorne le nouveau court principal. L’anglais domine tout.

Naturellement, un des cadres de cette organisation devenue américaine de facto a été nommé ministre des Sports au milieu d’un concert de louanges. On a vu sa classe lors de l’affaire du Stade de France. Macron ne veut être entouré que de Français américanisés, cupides et sans scrupules. Comme lui. Et comme elle.

-        L’attractivité de l’industrie

On a eu le droit à une information totalement « construite » pour nourrir la chanson de geste macroniste : la France deviendrait le pays le plus attractif pour les investissements étrangers. D’accord, ils ne créent pas autant de postes de travail qu’ailleurs, mais cocorico quand même !

Commenter une statistique dont on ne connaît pas les règles de confection conduit à toutes les manipulations. On pourrait penser qu’un investissement étranger est une entreprise qui ouvre une filiale ou un établissement en France et de ce fait contribue à augmenter les effectifs au travail.

Mais non. Une entreprise étrangère qui rachète une entreprise française et supprime la moitié des effectifs pour piquer ses brevets et autres avoirs immatériels, voire pour faire une juteuse opération immobilière, est « un investissement étranger ». Comme il y a eu de nombreuses captures d’entreprises françaises, les opérations d’investissement de ce type ont été nombreuses. De même si vous ajoutez un appentis ou réparez les toilettes de votre filiale française, cela gonfle l’inventaire des « investissements étrangers » sans gonfler les statistiques de l’emploi.

Se vanter que tout cela correspond à un formidable redressement de l’attractivité est une farce et un mensonge.

Un mensonge de plus, de plus, de plus, de plus…L’attirance de M. Macron pour le mensonge médiatique systématique a quelque chose de formidablement répugnant.

-        L’enquête de 60 millions de consommateurs

Il est apparu deans cette enquête que la nouvelle administration mise en place pour corseter toute la construction à des fins  écologiques était un bordel insensé, une escroquerie dommageable, une maltraitance ubuesque des propriétaires, et une folie bureaucratique incontrôlable. Tous les tests obligatoires sont « bidons », donnent des résultats aléatoires et pourtant doivent être exécutés à la lettre sous peine de prison ! Nous l’avions signalé sur ce blog. Voilà que c’est officiel.

Violence pénale, bureaucratie délirante, législation incompréhensible et tatillonne, coûts incontrôlés, résultats nuls, toute la folie du ministre Wargon explose en plein green-washing. L’écologie passée sous le tapis lors de la campagne présidentielle refait surface en mode emphatique, alors que tout ce qui est fait en son nom confine au grand n’importe-quoi, tragiquement violent et anti démocratique.

L’écologie telle qu’elle est envisagée par l’énarchie compassionnelle et bienveillante est fondé sur la doctrine mise en œuvre par Macron dans le domaine médical : emmerder les Français sans vergogne, à mort, et sans aucun souci d’efficacité. Mme Borne, premier ministre ayant été ministre de l’Écologie a promis d’aller deux fois plus vite dans la décarbonation. Avec ces méthodes-là, cela promet.

En un week-end, on a pu constater ce qu’était devenue la France. Un pays dont la langue, l’identité, la spécificité, l’efficacité économique, les services publics, la sécurité, le sens critique disparaissent radicalement, avec la menace de plus de destructions et d’imbécillités encore.

Les Parisiens ont d’abord réélu Mme Hidalgo, qui détruit la capitale sans vergogne, avec le soutien actif de Macron, et dont le dernier scrutin Français montre qu’elle est méprisée par 98 % des électeurs Français. Puis les Français, nés malins, ont réélu à 58 % un type qui n’a que mépris pour la France déclarée franchouillarde et qui la détruit consciencieusement.

Il y a des jours comme cela, où les yeux s’ouvrent grands sur la réalité désenchantée de la France. Mais il est rare de trouver tant d’exemples significatifs aussi concentrés sur... deux jours.

La tristesse et la colère envahissent l’observateur. La honte s’installe, massive, profonde, incontrôlable.

Qui aurait simplement cru cela imaginable il y a seulement vingt ans ? Dix ans ? Cinq ans ? Un an ? Même un mois ?

 

Didier Dufau

Le dernier objet de mobilisation indignée : sauvez les Liminaires !

Sans mourir de rire. Ou de morsure.

Nous vivons une période rigolote. En cherchant à savoir ce qu’avait bien pu faire Mme Maud Gatel pendant son mandat de député, à Paris 14ème, j’ai découvert que, dans le néant à peu près total qui caractérise son action politique, émergeait un soupçon d’engagement pour la défense des « liminaires ».

Une des dimensions du Wokisme caricatural concerne « naturellement » les bêtes. On sait que certains considèrent que les animaux sont, comme les colonisés, supérieurs à leur colonisateur et que l’homme est un prédateur immonde qu’il faut déconstruire dans son attitude vis-à-vis des animaux qui se voient désormais dotés d’une personnalité juridique et d’une « citoyenneté » supérieure à celle de l’homme blanc hétérosexuel occidental.  Bien assises sur une indignation structurelle au nom des bons sentiments, les associations de défense des droits des animaux créent le vocabulaire ad-hoc repris par les médias et font passer des législations « protectrices » qui stimulent les juges. L’humanité doit être comme Gulliver ligotée de toute part pour l’empêcher de nuire.

Toute réserve par rapport à cette vérité transcendante doit valoir le pilori à son auteur et son éviction sociale. Crier avec la meute est la seule attitude digne. Même quand on excrète des sottises et qu’on exacerbe les haines. La fin justifie les moyens et quelle plus belle attitude que l’émerveillement pour la nature et ses créatures, sauf l’homme.

Moins un politique n’a à proposer sur les sujets sérieux plus il doit montrer son adhésion et son adhérence aux wokisme le plus caricatural. Il n’était donc pas totalement surprenant que Mme Gatel cherche la divine onction du naturalisme politique le plus outrancier. Mise en examen pour la sale affaire de détournement de fonds publics, comme l’essentiel de l’effectif élu du Modem, elle méritait de passer de l’amour des pépètes à celui des bébêtes.

J’ai fait l’expérience : demander dans les diners en ville ce qu’est un « liminaire » laisse sans voix l’auditoire. Il faut dire que le concept est aussi récent que ténébreux (il a suffi d’un livre de 2011 si je ne me trompe). Un « liminaire » est une bête sauvage qui vit dans les lieux urbanisés, sa sauvagerie étant définie par sa volonté de ne pas se soumettre à l’homme (blanc hétérosexuel). Ce n’est pas un collabo ! Et comme tous les citoyens libres mais sous domination, il a le droit à l’indépendance et au respect, avec mise au pas des puissants dominateurs qui se moquent de leur dignité profonde. Le Front de Libération des Liminaires n’ayant pas de moyen propre il importe aux humains déconstruits et conscientisés de prendre les choses en main, comme pour les femmes dominées, les migrants, les décolonisés, les islamogauchistes, les burkinistes etc.

En gros les liminaires sont ce qu’on appelait jusqu’ici les nuisibles, ce qui nuisait surtout à leur dignité de néo citoyens. Il fallait d’urgence changer le nom usuel. « Sauver les liminaires », personne ne comprend, mais « sauver les nuisibles » ferait un peu mauvais genre. La santé, c’est sacré !

Ah, si les bêtes votaient ! Mélenchon serait pour le grand soir et la prise de pouvoir des « liminaires ».  Pour le moment, dans le 14e arrondissement de Paris, seule Mme Maud Gatel éclaire l’élection par un engagement préliminaire en faveur des liminaires.

Il est vrai que nous allons être dotés d’une forêt urbaine primale et interdite aux humains (et même aux humaines) pour développer une faune sauvage. On va sans doute donner à la future ex- place de Catalogne un nouveau nom : place des Liminaires serait bien trouvée et toujours mieux que place des Rats ou place des Nuisibles.

Peut-être est-il utile à ce stade de lister les liminaires les plus communs : le rat, la souris, le pigeon tiennent la corde. On aimerait y ajouter le lapin, comme sur l’esplanade des invalides, mais là, les cyclistes ne sont pas d’accord : les lapins lorsqu’ils prolifèrent font tomber les cyclistes ce qui serait dommage dans un lieu symbolique de la priorité aux modes de transport « doux ». On ne sait pas trop si c’est la mort probable du lapin dans ces rencontres ou celle du cycliste qui fait le plus réfléchir.

Un petit ennui provient aussi des autorités de la santé : le rat est vecteur de graves maladies comme le pigeon, sans parler des souris. On sait qu’avec le réchauffement ces maladies sont favorisées. La législation actuelle insiste pour éliminer et les rats et les pigeons lorsqu’ils prolifèrent. Les animalistes insistent sur la grossière exagération de ces aspects médicaux : les animaux ont plus de droits que nous et si nous devons mourir c’est normal. En revanche pas question de se salir les mains à tuer en masse des espèces naturelles sacrées : le gazage des pigeons nous met au niveau d’Hitler et de ses passions tristes. La Shoah des rats et des pigeons nous fait revenir à des périodes nauséabondes. La reductio ad hitlerum fonctionne aussi pour les souris, les rats et les pigeons etc.

Notons que pour l’instant les insectes ne font pas partie des espèces à protéger d’urgences. Punaises de lit, blattes, moustiques et mouches n’ont pas encore atteint leur statut naturel de citoyenneté. Il faut bien que les oiseaux aient quelque chose à se mettre sous la dent.

Il est réconfortant de savoir que Mme Gatel est une députée active de la république des Liminaires, faute de l’être de la république Française.

En acceptant de créer un jardin pédagogique sur la dalle Mouchotte, les propriétaires de la dalle ont signé un protocole qui réserve à la Ville de Paris et à elle seule la gestion des conséquences des morsures de rats et le contrôle des nuisibles. Il faut savoir que le jardin de l’Atlantique est un élevage de rats particulièrement efficace dont une partie de la population se retrouve via les passerelles un peu partout dans les environs, en particulier dans les espaces jardiniers. La destruction de la fontine a chassé des milliers de rats qui se logeaient dans les canalisations. Avant même l’exemplaire forêt urbaine destinée aux bêtes sauvages et aux « liminaires » le quartier est totalement envahi par les rats.  Ne parlons pas des pigeons dont les fientes adornent toutes les chaussées surplombées par un arbre ou une passerelle, voir un muret. Notamment devant la nouvelle bibliothèque de la rue Mouchotte.

Avec la nouvelle forêt on attend désormais les boas constrictrices, les varanes et autres espèces sauvages adulées, peut être des tigresses et des crocodiles, qui sauront réduire la pullulation des lapines et gober les œufs des pigeonnes sans que les blanches mains des humains déconstruits et conscientisés n’aient à se salir dans des tâches meurtrières.

Ce qui ne gâte rien, c’est la candidature Gatel, glorieuse actrice de la bataille du rat, et de la rate, qui prend les électeurs pour des pigeons en considérant qu’on leur fait un grand honneur. On disait que les effectifs du Modem tenaient dans une cabine téléphonique. On n’avait pas tenu compte des liminaires. Ni de la disparition des cabines téléphoniques.

Gageons que le prochain congrès du Modem se tiendra dans la forêt urbaine de la nouvelle Place des Liminaires.

Rappelons les dix maladies véhiculées principalement par les rats :

  1. La leptospirose (parfois appelée “maladie du rat”)
  2. La salmonellose
  3. La fièvre d’Haverhill (fièvre par morsure de rat)
  4. La tularémie
  5. La méningite
  6. Des ténias (dits “vers solitaires”)
  7. La jaunisse infectieuse (ou ictère infectieux)
  8. La peste bubonique
  9. Des hantavirus

Les pigeons porteurs de maladies sont à l'origine de nombreuses pathologies. Les plus courantes sont la chlamydiose aviaire, la salmonellose, la cryptococcose et la maladie de Newcastle. Aussi appelée psittacose, la chlamydiose aviaire est une maladie contagieuse provoquée par la Chlamydophila psittaci.

La loi Elan indique très précisément qu'un propriétaire ne peut louer un bien immobilier que s'il est exempt de tout nuisible. Mais une maire et une députée peuvent favoriser les nuisibles dans un quartier.

La planification écologique de M. Macron passe par la planification de la pullulation des rats des souris et des pigeons et sera aidée sur place par Mme Gatel, dont le nouveau surnom est « Macrospirose », ce qui ne gâte rien et met exactement en valeur le travail assoupi de la députée sortante qui sait trop bien ce qu’est un fromage et qui est poursuivi en justice pour cette gourmandise.   C’est trop bête.

Didier Dufau

Le drame de la désindustrialisation en France

Jean-Pierre Robin, un des derniers journalistes ayant de véritables compétences économiques, pose parfaitement la question dans le Figaro daté du trente mai 2022 : « les déboires industriels de la France se comparent à la défaite de quarante ». Il cite l’ouvrage de Nicolas Dufourq qui note qu’en vingt ans la France a perdu la moitié de ses usines. Depuis 2008, 936 usines de plus de 50 salariés ont fermé.

On pourrait en effet envisager un tribunal pénal pour ce crime contre l’humanité productive. Il est agréable pour notre cercle de voir que ses diagnostics sont totalement confirmés. Ceux qui nous lisent régulièrement savent que nous défendons la thèse que trois causes externes et trois causes internes expliquent la dégringolade annoncée, ré-annoncée, ré-ré-annoncée pendant 25 ans sans aucun écho, tant l’élite dirigeante était imperméable à toute observation et analyse utiles.

Nous disions (avec Maurice Allais) :

-        Que les changes flottants permettaient l’accumulation de déséquilibres provoquant régulièrement des récessions sévères et de plus en plus sévères. Il a fallu la récession de 2008, attribuée bêtement aux subprimes, pour qu’on commence à réfléchir un peu. On n’a pas voulu toucher à la racine du problème alors on a complètement bureaucratisé et enfermé l’activité des banques.

-        Que l’Euro a un caractère structurellement récessif, ce qu’on a vu en 2011, avec la crise spécifique de la zone Euro et qu’il fallait ajouter un mécanisme permettant d’éviter les macro excédents comme les macrodéficits. On n’a rien fait de structurel. On a simplement violé toutes les règles initiales pour permettre à la BCE de créer des flots délirants de monnaie sans contrepartie de production.

-        Que l’entrée de la Chine dans l’OMC et une politique d’ouverture totale à la concurrence des pays à bas salaire allaient liquider l’industrie et déclasser la classe moyenne des pays développés, dans le cadre des systèmes monétaires défaillants. L’affaire est désormais évidente pour tout le monde.

Mais si le monde occidental s’est mis à croître moins vite que le reste du monde, que l’Europe a commencé à aller moins vite que le reste du monde occidental, il y avait aussi cette composante française qui nous mettait à la traîne dans l’union européenne.

C’était la preuve qu’il y avait une composante proprement française de la décrépitude économique.

Nous avons alors insisté sur les trois causes fondamentales du déclin spécifiquement français, qu’on pourrait reformuler ainsi :

-        L’énarchie compassionnelle, c’est-à-dire le développement d’une classe dirigeante de plus en plus népotique, incapable de comprendre les questions de productions, tournée vers les solutions bureaucratiques et l’encadrement millimétriques des activités, et obsédée par la fiscalité intensive.

-        Le socialisme, marqué par le pouvoir donné totalement aux syndicats, la chasse aux patrons et au capital, et la distribution de « droits acquisitifs », ces fameux droits-là opposables qui impliquent de plus en plus de gratuités infinançables. La « gratuité de la vie » et la machine à distribuer les « cadeaux au peuple » à crédit a rendu la redistribution sociale française unique au monde par son ampleur, comme la dette, étant entendu qu’on y incluait le monde entier.

-        Le féminisme outrancier qui entraînait la disparition des enfants dans la population native et créait une crise démographique telle qu’il devenait indispensable d’importer des millions d’immigrés.

Ces trois causes se cumulent facilement. L’étatisme adore le socialisme, le féminisme et toutes les incitations à augmenter son rôle.

On constate qu’avec Macron, l’énarchie népotique, compassionnelle et bienveillante a complètement détruit la démocratie. Il a dépensé 40 milliards en 2021 et quarante milliards en 2022 pour se faire réélire sans faire campagne. Pendant cinq ans il a gouverné avec une poignée de condisciples. Toutes les conséquences ont été aggravées. Aucune vraie réforme n’a été entreprise. Le pays a sombré dans l’abstention ou le vote vomitif. La déchéance est totale.

La démagogie des gratuités et des droits-à a tout emporté avec un syndicalisme de blocage et de destruction. Encore hier une grève de la RATP, exprès lors d’un grand moment festif a aggravé la destruction de la finale de la coupe d’Europe de football. Tout le monde s’en fout. On attend les jeux olympiques d’un pied syndical ferme ! Thatcher avait compris, elle, qu’il fallait remettre les syndicats à leur place de façon ferme et définitive. Le désordre atteint désormais toutes les couches de la société.

Le féminisme a tourné au Wokisme et au fascisme ordinaire, avec le développement de la coercition sociale qui exclut tout opposant à une forme ou une autre de politiquement correct. La presse, la loi, les juges veillent à ce que tous les angélismes destructeurs produisent tous leurs effets. Le gauchisme a emporté toutes les digues d’un socialisme un doigt raisonnable. Il n’y a

plus d’ordre public mais un lacis d’ignominies quotidiennes, sur fond d’écologisme primaires anti économique, de disparition de la natalité, de sans frontiérisme absolu, d’amour de la mort de tout ce qui est un petit peu discipliné et actif.

Ce qu’omet, provisoirement j’espère, l’ami Jean Pierre-Robin, c’est que la conjonction des six causes foncières avec le triomphe de l’écologie religieuse, mortifère, intouchable et sacrée, ne va pas faire renaître l’industrie mais tuer l’ensemble de l’économie. Nous sommes à la veille d’une régression phénoménale que personne ne veut voir, comme on ne voulait pas voir la mort imminente de l’industrie, comme on ne voulait pas voir la mort de la filière nucléaire, abandonnée et déclarée nuisible depuis des lustres.

Les grands prêtres de l’écologie sacrée vont annoncer demain avec une pompe à faire frémir les mânes de l’Église romaine catholique, que le moteur thermique aura disparu en 2035, soit moins de treize ans. Aucun chiffrage des coûts, aucune idée sur les financements, aucune estimation du gain de température globale.

Les calculs que nous avons faits montrent qu’il faut doubler la création d’électricité pour alimenter un parc identique de voitures faisant la même quantité de kilomètres. Le budget global est d’environ de 6 milliards d’euros pour la France soit 5 ans environ de valeur ajoutée des entreprises. L’impact sur la pollution est nul puisque, si les voitures thermiques sont interdites de circuler, elles ne sont pas détruites et vont partir vers l’Afrique où elles produiront la même pollution.

Nous allons donc fêter des objectifs intenables et sans résultats sur le réchauffement avec une outrance de « green washing » et de bonnes intentions affichées. Ah que nous nous voyons beaux dans notre miroir aux alouettes !

La Datar dans les années soixante-dix a viré toutes les industries de Paris intra-muros. La planification à la française les a envoyées en province où elles ont toutes disparu. Paris a perdu 200 000 habitants, ouvriers et salariés de l’industrie avec leur famille. La tarée Hidalgo continue sur la lancée et va encore vider un peu plus la capitale avec des projets qui atteignent le sommet des contradictions et de la folie verte atrabilaire.

Alors, un tribunal pénal pour sanctionner la mort économique de la France ? Une idée à creuser, comme on creuse la tombe de notre prospérité depuis 50 ans.

 

Didier Dufau

Passe-CO2 : le délire commence à se voir un peu trop !

Dans le quasi-silence des grands médias, et sans qu’un seul mot n’en soit dit pendant la campagne présidentielle, le premier grand Passe-CO2 a été mis en place à compter du premier janvier 2022 et les premières protestations s’élèvent.

Une écologie basée sur la tyrannie et la pénurie s’est mise en place en douce, les grands partis politiques refusant de se saisir de la question devant l’opinion tant le Green Washing et la peur qui a été instillée dans les cerveaux par les campagnes délirantes organisées, ont rendu la question politiquement correcte et indiscutable. Toute objection vaut à son auteur la mort sociale. Un dirigeant de grande entreprise américaine vient d’être viré comme un malpropre pour avoir émis des doutes sur certains aspects de la propagande en faveur de la réduction de la prospérité pour cause climatique. Pas de prêts, pas de postes, pas de locations, pas de ventes, pour qui ne chante pas la bonne chanson. Acceptez tout ou disparaissez ! On en revient aux bûchers des sorcières.

« La réforme du DPE n'a pas fini de faire parler d'elle. Devenu obligatoire et opposable depuis le 1er janvier, le diagnostic de performance énergétique a vu son mode de calcul totalement refondu, dans le but de le rendre uniforme et plus fiable. Dans le cadre de la montée en puissance progressive de l'interdiction de louer des passoires et la mise en place d'un audit énergétique au moment de la vente des biens peu performants, le DPE devient un élément fondamental de la valeur des logements et la "valeur verte" des biens est en plus en plus prise en compte lors des transactions. C'est dans ce contexte que le magazine 60 millions de consommateurs publie, dans son numéro de juin, une nouvelle enquête sur la fiabilité des diagnostics réalisés sur le terrain. L'association a fait réaliser, sur quatre maisons dans différents… » (source Batiactu)

 

Et là le drame : on est dans l’arbitraire le plus total. Autant d’estimation que d’estimateur. Cette folie administrative qui fait supporter au propriétaire toute la charge de la prétendue transition énergétique, alors que la France est un des pays qui chargent le plus d’impôts et de taxes la possession d’un appartement, réduisant à presque rien la rentabilité, qui répriment le moins le squat, qui a mis des pouvoirs exorbitants aux locataires qui ne paient pas et détruisent le bien loué, est en marche dans l’arbitraire absolu.

 

Il est vrai que la valeur des biens immobiliers a été poussée au plus haut par les politiques monétaires suivies depuis des années. Les crises financières à répétition ont poussé au plus haut les comportements de défense et de protection. La liberté absolue des mouvements de capitaux a permis à l’épargne des gagnants de la mondialisation de s’investir dans tous les plus beaux biens immobiliers français, qui sont passés largement notamment à Paris dans des mains étrangères qui ne subissent pas la pression fiscale française. Les désordres se cumulent. On a même organisé des exemptions fiscales pour de riches arabes, russes et chinois afin qu’ils investissent dans le marché immobilier français. Leurs sociétés ne paient pas l’IFI. À Paris et dans le Sud méditerranéen, ils détiennent désormais une part colossale des meilleurs biens. Mais on les retrouve partout, y compris en Bretagne. C’est dire !

Pour le propriétaire d’un bien de qualité, ce qu’il doit payer pour garder son bien a doublé en dix ans, alors que le bien lui-même est toujours le même.

Et voilà la schlague écologique qui se met en place, armée par la haine provoquée par la stagnation du pouvoir d’achat et attisée par les conséquences de la gestion démente de l’épidémie de Covid et de la guerre en Ukraine.

Une première version du Passe-CO2 immobilier avait provoqué le blocage des locations en été 2021 y compris dans le secteur des HLM ! La Marie-Chantal de l’écologie dans le logement, Mme Wargon, magnifique exemple de népotisme énarchique, et de reproduction en famille des élites, a créé une petite crise médiatique pour avoir indiqué que « le pavillon, c’est fini », alors qu’elle vit dans un pavillon de luxe. Cela lui a valu de ne pas figurer dans le nouveau gouvernement en attendant un joli reclassement. Mais personne n'avait contesté, sauf nous sur ce blog, la méthode.

Voici que désormais, en partant du bas, c’est-à-dire du consommateur, que la révolte s’installe. L’arbitraire de mesures destinées d’abord à « emmerder les Français », en les ruinant, devient tellement criant que cela ne peut plus être caché. « Mais il faut sauver la terre » crient à nouveau les bien-pensants. « C’est urgent. Les propriétaires on s’en fout ! Ce sont des vieux privilégiés enrichis par la spéculation ». Tous les Savonarole et les grenouilles de la sacristie verte hurlent à la mort sociale et économique des propriétaires !

Mais la majorité de ce qui est appelé par mépris intéressé des « passoires thermiques » (qui ne sont que des bâtiments respectant les normes des années de leur construction) appartient à des familles qui sont loin d’être riches. Plus les biens sont modestes plus ce sont des passoires thermiques. Alors on prétend aider les plus pauvres. Mais un propriétaire est-il un pauvre ? Les aides ne concernent que les familles ne disposant que de 2000 euros de revenus par mois. Et elles sont soumises à un tel pilonnage de sociétés d’escrocs qui mettent en avant des gratuités pour faire un business juteux sans rien respecter que cela commence à inquiéter la Justice qui est débordée par les contentieux !

Le résultat de ces folies, ce sera évidemment la fin des maisons et des appartements à louer et une difficulté croissante pour se loger. L’extrême gauche a déjà sa solution : la réquisition ! En route vers de pires exactions !

Comme il va falloir « planifier » (cela promet), la transition énergétique, on commence à parler de chiffrage du coût dans les différents domaines. Des chiffres bidon sont publiés de façon anecdotique par des comités Théodule et repris par des politiciens sans scrupule, comme Monsieur Macron. La vérité est qu’il s’agit de milliers de milliards d’euros, pas de centaines de milliards. Nous-mêmes avons estimé, en ne s’intéressant qu’aux grosses masses, qu’il faudrait consacrer 40 % de la valeur ajoutée des entreprises françaises jusqu’en 2 050 pour obtenir une réduction significative des émissions de CO2, qui n’aurait, de toute façon, aucun impact sur le réchauffement global du fait que la Chine et les principaux pollueurs ont annoncé qu’ils ne feraient rien de significatif avant cette date. On va se ruiner pour permettre à nos concurrents de nous avaler !

La France a la grande chance d’avoir une tradition religieuse tragique, avec guerres de religion, outrance, bûchers, cagots énervés, etc. Avec une tradition révolutionnaire antibourgeoise, irresponsable, criminelle, outrancière, etc. Avec une tradition bureaucratique phénoménale, désormais népotique, hors de contrôle et follement coûteuse. Avec un tropisme européiste qui lui a fait accepter sa totale dépossession démocratique au profit de pseudo-élite faisant carrière sur le politiquement correct hystérique. Avec une soumission à l’américanisme qui l’a fait accueillir en chantant tous les excès du Wokisme. Avec une mauvaise conscience de gauche qui lui fait tolérer tous les excès de l’altérité fantasmée et se soumettre sans résistance à l’islamisme. Avec une habitude de soumission à toutes les démagogies qui passent et ceux qui les exploitent sans vergogne, comme ce monsieur Macron qui vient de déchaîner l’achat de vote et les cadeaux au peuple comme jamais aucun de ses prédécesseurs n’avait osé le faire : quarante milliards en 2021 et quarante nouveaux milliards en 2022, records battus !

Toutes ces traditions tragiques se concentrent sur la question écologique pour pourrir l’affaire et la rendre tragique, alors que le vote présidentiel a montré que la France était divisée comme jamais entre pétochards et hystériques.

Qui peut accepter que les Français se montrent ainsi sous leur jour le plus honteux, en taurillon immature manié à la cape rouge et se tuant tout seul, sans même avoir besoin d’un matador ?

Le premier grand Passe-CO2 est en train de montrer sa perversité intrinsèque. Le second Passe-CO2, le ZAN, zéro artificialisation nette, en langue administrative délirante, qui promet de bloquer totalement toute construction dans tout l’espace non encore construit en France, sauf pour les éoliennes bien sûr, reste encore hors du débat et de l’intérêt en France. Cela doit être bien puisque c’est écolo, et de toute façon nous sommes en train de multiplier à toute vitesse l’urbanisation des bords de mer jusqu’à cinq kilomètres à l’intérieur des terres ! Alors profitons maintenant en nous taisant ! On verra plus tard. Cela ne tiendra pas…

 On a tué le système sanitaire français par des mesures malthusiennes et une bureaucratie sans nom. Il ne fallait pas le dire. Maintenant le drame est quasiment insoluble et personne ne veut en assumer la responsabilité. On a tué l’industrie. Il ne fallait pas le dire. Maintenant la situation est quasiment jouée définitivement. Il ne fallait pas le dire. Les coalitions roses-verts-rouges sont en train de détruire les grandes villes françaises de façon irréversible. Il ne faut pas le dénoncer puisqu’ils font des pistes de vélos et créent des jardins pourris à base de salades cuites, en attendant les forêts urbaines et ils permettent de mettre des tchadors de baignade et autorisent les seins nus dans les piscines publiques. C’est bien non ? On a tué la natalité française, et il fallait surtout ne rien dire. Les démographes carriéristes ont menti comme jamais un universitaire marxiste n’aurait osé mentir sauf Madame Riz Lacroix. La situation est désormais irrattrapable et implique une immigration de masse avec ses conséquences désormais bien connues. Il ne fallait surtout rien dire et même la grande voix d’Alfred Sauvy a été mise sous l’éteignoir. On a tué la Justice en France entraînant une montée historique de la délinquance violente. Il ne fallait rien dire et chanter la chanson de la lutte contre la délinquance en col blanc et les féminicides, toute en luttant contre la récidive en ne réprimant plus. On est en train de tuer le logement, et il ne faudrait même pas le montrer. D’ailleurs il n’y a même plus de ministre du logement dans l’équipe qui vient d’être annoncé. Emmanuel Macron ne possède rien. Il n’a pas d’enfant. Alors, où est le problème ?

 La crise énergétique est déjà là. Nous sommes à la limite de la rupture de production électrique alors que nous poussons à mort le chauffage électrique, la propulsion électrique et les applications électriques avec la numérisation forcenée de tout ce qui peut l’être. Avoir mis au gouvernement des écologistes de pacotille pendant des décennies, tous antinucléaires, et avoir cédé à tous les antitout, crée un déséquilibre énergétique immédiat que nous ne savons pas compenser. Il n’est même pas sûr que nous puissions nous chauffer l’année prochaine. Alors la tentation de la violence va être chauffée à blanc (mais cela ne produit pas de CO2). La gauche est devenue une extrême gauche dès aujourd’hui. L’anticapitalisme et la haine du bourgeois ont des beaux jours devant eux. L’extrême-droite au crâne rasé et aux idées courtes, voulue comme adversaire privilégié par Macron, car en fait un simple repoussoir, n’a jamais été aussi haut dans les votes. Et on accuse les « boomers » de tous les mots pour créer une guerre des générations, en prime.

Dormez tranquille ! Tout va bien. L’Enarchie compassionnelle appuyée sur les associations gorgées d’argent public, international, européen et national, promouvant le politiquement correct, et soumise totalement aux oukases de ses mandataires, va faire ce qu’il faut.

Vous avez aimé le passe sanitaire puis vaccinal et soutenu le désir présidentiel « d’emmerder les non vaccinés ». Vous adorez aujourd’hui de ne plus avoir aucun service d’urgence en service normal cet été ! Vous allez adorer les Passe-CO2 et l’exaltation réglementaire et fiscale de la passion antibourgeoise qui domine en France depuis toujours.

 

La ruine définitive, nous voilà ! Même pas besoin d’attendre les mesures « bolivariennes » de M. Mélenchon. Et tous les médias sont concentrés sur les capacités de viol d’un handicapé désarticulé qui fait carrière politique sur l’affichage de son handicap et qui a trahi son camp politique pour un ministère inespéré ! On n’est jamais trop pressé quand on a aucun autre argument à faire valoir qu’un affichage symbolique : être une femme ; être un noir ; être une arabe ; être un handicapé ; appartenir à une minorité quelconque à valoriser.

Le Français, né malin, aime les Fa-Tutto qui mènent le pays à son autodestruction…

Jusqu’à quand ?

Didier Dufau

 

Annexe : Une alerte professionnelle très instructive.

« Fédération lancée en décembre dernier, le Syndicat Interprofessionnel du Diagnostic Immobilier, de l’Analyse et de la Numérisation de l’Existant (SIDIANE), auquel appartient Diagamter, a demandé le report au 1er janvier 2023 de la réforme de l’audit énergétique, qui sera obligatoire pour les biens ayant obtenu l’étiquette « F » ou « G » pour un DPE.

Les données observées par les membres de SIDIANE, qui rassemble les majors du diagnostic immobilier, montrent clairement qu'il existe aujourd'hui, en mai 2022 une part plus importante de biens « F » ou « G » qu'avant la réforme de juillet 2021, et ce en dépit des corrections apportées en octobre 2021. C’est particulièrement vrai pour les maisons (55 % du parc de logements) et les appartements de petite surface (1 à 2 pièces). »

Cette alerte confirme qu’on a créé un corps de vérificateurs qui sera incapable de faire face à la demande et que le gros du travail concernera des maisons individuelles provinciales ou banlieusardes et de petits appartements, pas les appartements de luxe des très riches !

Il faut noter que si ce syndicat est contre un démarrage brutal alors que personne n’est prêt, il n’est pas contre la création d’une nouvelle administration de vérificateurs et un marché protégé à caractère administratif entièrement fondé sur la contrainte (et la subvention) dont ses membres veulent profiter. Ce capitalisme étatisé de connivence ne gêne nullement les syndicats professionnels. Ce n’est que la partie « contrôle » et ses conséquences pénales qui les intéressent. Et ils sont comme les autres secteurs : en panne de candidats pour les postes qu’ils proposent. L’enquête de 60 millions de consommateurs ne fait que confirmer  qu’ils emploient les quelques incapables qui font n’importe quoi qu’ils ont trouvés ! Alors ils veulent qu’on calme un peu le jeu pour éviter que, par révolte, on abandonne tout ce fatras dément qui va leur rapporter gros. Nos nouveaux milliardaires français, soutenus par Macron, sont tous des gens qui se sont imposés sur des marchés de ce type, fondés sur la contrainte et un cadre subventionné par l’État. Il suffit de voir l’éolien ! Mais pas seulement. On a vu ce qui s’est passé dans le médicament, les tests, et la lutte contre le Covid, où l’inefficacité s’est conjuguée avec des fortunes colossales faites par quelques-uns. La corruption désormais règne dans l’État français

L’article de Jean Peyrelevade sur la « renaissance de la social-démocratie ».

  1. L’article constate la perte de cohérence de la gauche et son incapacité à revenir au pouvoir. Mais n’en donne aucune explication. La société est déclarée fracturée mais le rôle des politiques socialistes en faveur de cette fracturation n’est pas évalué. Idem pour le déclin de l’économie, idem pour les déficits des finances publics. Comme si « Touche pas à mon pote », le programme commun, puis la poussée de dépenses publiques du gouvernement Rocard puis la folie des 35 heures, puis la débauche de mesures prises par les gouvernements du quinquennat Hollande, n’avaient pas joué leur rôle. Du coup on affirme que la social-démocratie est la solution sans apporter la moindre preuve. C’est une pure pétition de principe.
  2. L’article souligne que le pouvoir est capté par une « minorité réduite ». Mais il n’y a pas d’analyse de cette minorité réduite : il s’agit essentiellement de la génération socialiste promue par Mitterrand et qui prospère en famille, en s’appuyant considérablement sur l’énarchie compassionnelle et les équipes rassemblées par Delanoë. Il s’agit d’une caste socialiste-compatible, étatiste, bureaucratique, fiscaliste, européiste, partiellement genrée. L’homogénéité est dans l’illibéralisme et la préférence social-démocrate pour la fonction publique. La fusion récente de la haute fonction publique qui tient l’état, et les équipes qui tiennent la politique, est la cause des maux soulignés. Ce qui n’est pas diagnostiqué.
  3. Macron est un social-démocrate qui a tout centralisé entre ses mains en violant l’esprit et la lettre de la constitution. On peut dénoncer la pratique sans demander le retour au septennat et la déconnexion des élections présidentielles et législatives.
  4. La décentralisation est un sujet compliqué. Dire qu’il faut simplifier et généraliser la décentralisation n’a pas de sens global. Il faut regarder dans le détail. C’est aussi sot que d’affirmer qu’il faut faire tout remonter à Bruxelles. La vérité est que l’État est désormais largement impuissant, écartelé par le haut et par le bas ; cette impuissance est une des causes principales de la crise démocratique. Ne pas évoquer les moyens de retrouver de la puissance souveraine sur les grands sujets et au contraire toujours favoriser ce qui aggrave la difficulté n’est pas une approche sérieuse.
  5. Il faut passer d’un capitalisme actionnarial à un capitalisme de codécision écrit M. Peyrelevade. En route pour les fadaises Woke. Les entreprises agissent dans un véritable réseau de contraintes judiciaires et administratives. Leur donner une responsabilité politique pour éviter les fractures sociales est indécent : il appartient aux politiques de gérer l’unité du pays, pas aux agents économiques qui peuvent agir à leur guise dans le cadre des lois. En leur demandant d’assumer le travail de l’État, on prouve seulement que le socialisme et la social-démocratie sont impuissants sur cette question. Ajouter qu’on les prive de leur capacité de décision au profit de comités sociaux va encore plus loin dans l’impossibilité de tenir les objectifs de réindustrialisation, de retour à la compétitivité, etc. qu’on déclare indispensables par ailleurs.
  6. Le rapport suggère d’améliorer la formation des Français. Mais rien n’est dit des causes de l’effondrement de l’Éducation nationale qui sont très liées au travail de sape des socialistes qui ont cautionné les lubies « déconstructives » des gauchistes excités et de leur association.
  7. Il faut en revenir à la planification centrale pour tenir compte des tâches exorbitantes de l’époque : réindustrialisation, transition énergétique, recréation de services publics fonctionnels. On contredit les propos précédents sur la décentralisation.
  8. La crise climatique exige de baisser le niveau de consommation des Français y compris les plus pauvres qui vont souffrir. « Il ne faut pas faire rêver les Français sur des hausses utopiques de niveaux de vie ». Mais il faut néanmoins les protéger et avec eux les travailleurs indépendants. Comment ? En augmentant les impôts par une réforme fiscale « structurelle » ! L’adjectif n’a pas de sens et propose une manière édulcorée d’affirmer que les riches doivent payer. C’est une idée tellement éculée qu’il faut changer le vocabulaire. Alors que les petits riches sont les plus taxés du monde ! Mais le symbolique évitera la révolution. Alors le grand retour de l’ISF est nécessaire, structurellement ! Naturellement. Le sauvetage de notre patrimoine commun exige la taxation du patrimoine ! Ça, c’est de la pensée sociale-démocrate moderne. Alors que les propriétaires vont être soumis à des contraintes extrêmement coûteuses, il faut en plus les taxer à mort et les priver des ressources nécessaires à la tâche de conversion énergétique des immeubles ! Très rocardien, comme objectif !
  9. Naturellement il faut renforcer l’Union Européenne, aller vers un fédéralisme plus profond, et élargir ses ressources et ses responsabilités. Cela va en effet renforcer la crédibilité des élites et l’information des Français. Tout sujet transféré à l’UE, et ses exécutifs non élus, quitte la presse et sort du débat national. Cela va certainement renforcer la démocratie.

Conclusion

Il est facile de constater que M. Peyrelevade est prisonnier des conceptions qui depuis Giscard et Mitterrand, ont détruit la prospérité française et conduit aux désastres polymorphes actuels. On peut noter le peu de différences avec le programme Macron, aux seules postures électoralistes et de triangulation près. Cette tentation social-démocrate et européiste habite totalement Macron et explique ses très médiocres résultats sur la majorité des grandes difficultés nationales.

Notons que le rapport est incapable de parler des 35 heures et de la retraite, deux mesures « techniques » mais qui sont tout de même importantes, non ? Tout est noyé dans le verbiage.

Au total ? Au total, rien. Du blabla et du néant. Du vrai rocardisme suranné et pitoyable.

Un livre indispensable et à lire absolument : Laurent Toubiana Covid

Convaincant et prémonitaire

Les éditions l'Artilleur viennent de faire paraître le livre de Laurent Toubiana : « Covid 19, une autre vision de l'épidémie». C’est indiscutablement le livre le plus nécessaire pour comprendre et juger les politiques sanitaires qui ont été menées depuis mars 2020.

Le livre de Michaël Peyromaure, chez Albin Michel, « Hôpital, ce qu’on ne vous avait jamais dit », fait, lui, autorité sur les difficultés de l’hôpital et des politiques publiques suivies depuis 50 ans.

Tous deux sont des spécialistes, mas de commentateurs ou des trublions. Tous deux se sont colletés professionnellement aux difficultés dont ils parlent. Ce ne sont pas des amateurs. Aucun des deux ne cherche une gloriole quelconque à tenir des propos hétérodoxes. Ils n’ont pas de position politique connue ou d’hostilité de clans ou de personnes contre quiconque. Ils témoignent ; ils partagent leur réflexion. Ils permettent de vraiment comprendre comment le système sanitaire s’est détérioré au point de sombrer dans le n’importe quoi face au virus du Covid.

Ces deux livres sont présentés comme marquant une volonté de rupture par rapport aux idées dominantes alors qu’aucun des deux auteurs ne l’a réellement eu cette volonté. La crise sanitaire a révélé à la fois combien les non-dits et les conflits de clans, très forts dans le domaine médical, empêchaient le grand public d’être correctement informé, et le caractère choquant des méthodes d’encadrement médiatique des paroles libres mais préoccupées du bien public.

Ce parasitage de l’information et de la réflexion par des pouvoirs et par le pouvoir qui tient l’information et les médias, n’est pas propre au secteur médical. Pratiquement, il règne dans toutes les disciplines sensibles. Le rôle du politiquement correct produit par ses règles propres et construit par les médias joue également son rôle. Sur trop de sujets, faire apparaître la réalité et lui donner du sens devient un parcours du combattant où l’on risque sa réputation, ses amis, sa place…

Nous sommes sensibles à cette question puisque notre petit groupe des économistes e-toile s’est constitué justement pour faire apparaître sur ce qu’on appelle aujourd’hui les réseaux sociaux, en fait les forums puis notre blog, des réflexions qui étaient non seulement évacuées de la grande presse et des médias audio visuels, mais dont les rares porteurs faisaient l’objet de campagnes infamantes. Personne ne se souvient de l’élimination d’Alfred Sauvy, d’immense réputation, lorsqu’il a tenu un discours démographique qui ne correspondait plus à certaines attentes, mais aujourd’hui encore la dictature d’une forme de politiquement correct orienté pèse, dans le domaine, sur la liberté de voir, de comprendre et d’informer, comme le livre de Mme Tribalat le prouve. Personne ne se souvient plus non plus du traitement auquel a été soumis Maurice Allais lorsqu’il a prévenu que l’entrée de la Chine dans l’OMC et la liberté absolue des échanges entraînerait la stagnation et la désespérance dans les classes moyennes de l’Occident, et que les changes flottants provoquaient des crises financières à répétition. Ces oukases persistent pendant des décennies, et entraînent des conséquences fâcheuses dans l’enseignement et dans la presse, avec une vie politique totalement désarticulée par l’ignorance et les querelles insultantes. L’aventure d’un Zemmour décidé à briser l’omerta sur quelques grands sujets a montré l’énormité des efforts qu’il faut faire pour qu’un peu d’air intellectuel et de vérité circule dans les branchies de la démocratie française.

Désormais tout auteur qui veut faire valoir des faits et des analyses que ses études ou sa réflexion font apparaître de bonne foi ou de bonne science doit s’armer contre les forces d’éviction musclées qui travaillent l’édition, la presse et les milieux politiques, si cela heurte la pensée dominante.

Ce que dit Michaël Peyromaure est élémentaire : on a cassé le pouvoir médical au profit de la bureaucratie au point de rendre les métiers médicaux sans intérêts et sans efficacité, avec un effondrement de la politique sanitaire dans les hôpitaux publics. Cela n’a rien de révolutionnaire ni de controuvé. Le but est de faire mieux. Sa réflexion fait droit aussi aux critiques contre les hospitaliers eux-mêmes et souligne les complexités du sujet. Rien que de très utile et de très sage. On a vu avec ses collègues Raoult et Péronne, les dangers que cette volonté de parler vrai stimulait.

Ce que dit Mme Tribalat est élémentaire et ne mérite aucune forme de réaction malsaine ou de mise à l’écart.

Ce qu’écrit M. Toubiana est tout aussi factuel et élémentaire. Bien sûr les conclusions sont d’une extrême sévérité pour la politique qui a été conduite et donc pour toute une série d’institutions ou de personnes. Il prouve de façon formelle que les confinements ont été totalement inutiles et que les erreurs de la première année ont entraîné des conséquences désastreuses. Il témoigne que l’information a été totalement orientée et biaisée, avec l’emploi de méthodes de gouvernement qui sont objectivement problématiques et pour certaines d’entre elles abjectes. Mais c’est bien le cas. Il montre bien que la majorité des discours tenus étaient simplement faux et c’était le cas, de façon parfaitement objective. Non le « médicament » Pfizer, appelé vaccin, était incapable d’empêcher la propagation de l’épidémie et de réduire les hospitalisations. Non, il ne fallait pas interdire de soigner, en attendant que la maladie devienne gravissime. Non, on ne savait pas rien au début de l’épidémie. Non on n’a rien appris pendant la pandémie qu’on ne savait déjà. Non les urgences n’ont pas été saturées. Au contraire l’hôpital a été largement démobilisé et n’a jamais traité moins ! Non, cette épidémie n’était pas d’une gravité majeure. Non les non vaccinés ne méritaient pas les sanctions qu’on leur a imposées. S’il y a eu beaucoup de morts au départ, c’est parce qu’on n’a pas traité. Dès que les protocoles ont été enfin rectifiés, c’est le seul cas où il y a eu un apprentissage, le taux de mortalité est descendu très bas et n’a plus concerné que des personnes très fragiles traitées trop tard ou incapables de faire face à quelques infections que ce soit. Il n’y a pas eu d’effet majeur sur la mortalité et encore moins sur l’espérance de vie. On n’aurait pu faire en sorte qu’il y en ait beaucoup moins. La France s’est ruinée avec des politiques erronées, a provoqué des dégâts plus importants avec les politiques suivies que ceux que l’épidémie aurait causés spontanément si elle avait été mieux gérée et nous avons encore à connaître des effets à moyens et longs termes des confinements et de l’emploi d’une méthode de stimulation des défenses par ARN. Les dégâts collatéraux pour la jeunesse, les étudiants, les artistes, les personnes isolées, les malades dont le traitement a été reporté, la psychologie collective, l’économie et les finances publiques, ont été gigantesques et exerceront une influence durable sur la vie des Français.

Si certains points font débat, débattons ! Mais voir comment ce livre est mis à l’index par presque toutes les grandes chaînes d’information est une honte renouvelée. Il ne se trouve spontanément dans aucune librairie. Il faut faire l’effort de le trouver. Seul le bouche-à-oreille assurera sa diffusion. Quand on daigne en parler, la présentation est souvent celle d’une souillure complotiste et même Cnews s’entoure de précautions pour éviter les ennuis. Il est vrai que la complaisance des médias à diffuser des sottises a été telle que c’est difficile pour les journalistes de faire leur mea culpa. Mais pourquoi s’abaisser un peu plus ? On a le droit de se tromper. Quand tout devient clair, on le dit sans repentance. Au moins le plus grand nombre sait à quoi s’en tenir.

Un des aspects importants du livre (qui n’était pas du tout dans le propos de l’auteur), est qu’il nous avertit que l’énormité de la machine à mentir et à nuire qui s’est mise en place pour gérer la crise sanitaire s’installe désormais pour traiter de la crise climatique.

Empêcher de voir et de savoir, faire peur, déformer la réalité, mentir, violenter, décrédibiliser, exclure, Une multiplicité de passe-Co2 est en train de s’installer dans nos vies, prenant le relais des passes sanitaires ou vaccinaux. La pression moralisatrice contre les déviants s’exacerbe. Combien de temps faudra-t-il avant qu’on ne cherche à « les emmerder » en s’appuyant sur la trouille des grenouilles de bénitiers qui ont sombré dans des attitudes religieuses et quasi sulpiciennes en matière climatique, encouragées par une propagande gigantesque ?

D’ores et déjà il est interdit de voir et de dire ce que l’on voit. Des sottises éhontées ne peuvent pas être dénoncées sans passer pour un aventurier aux objectifs nébuleux, un déviant incontrôlable ou un complotiste à éliminer d’urgence de l’accès à l’information. Même les médias les plus contestataires n’osent pas aller sur le terrain de l’écologie ; on ne va pas se faire les complices de gens qui veulent la mort de la vie sur terre, tout de même !

Ce qui est en train de se mettre en place est une atteinte aux libertés encore plus forte que lors de la crise sanitaire avec des conséquences encore plus graves pour la prospérité, la propriété, l’espoir d’une meilleure vie. Là où il faudrait être informé, intelligent et efficace, on préfère le sermon, le bourrage de crâne, la peur et la sottise politiquement correcte qui arment des mesures insensées et sans efficacité qui iront à l’inverse du but recherché.

Tout est écrit d’avance, si on ne se reprend pas tout de suite. Dans dix ans, avec ce qui se prépare, la France sera dans un état désespéré.

Les dix sujets nationaux critiques

"Quels sont selon vous les dix grands sujets nationaux critiques ?"

Cette redoutable question exige quelques clarifications préalables.

Pour les tenants convaincus d’une idéologie forte, la mise en œuvre de ses commandements est toujours prioritaire, mais ne parle qu’aux tenants de cette idéologie.

Pour les tenants d’une forte nostalgie, le retour aux moments bénis même fantasmés est prioritaire, mais ne parle qu’aux nostalgiques. Si on en appelle d’un grand déclassement, ou d’un grand effondrement, la bonne situation antérieure devient automatiquement un objectif en soi et appelle des tactiques réactionnaires ou de restauration.

Dans les urgences nationales, certaines sont circonstancielles et n’ont pas vocation à perdurer, même si elles concernent des faits gravissimes. La pandémie, ou la guerre de réannexion des pays libérés de l’emprise soviétique menée par la Russie sont des phénomènes graves dont il importe évidemment de peser les conséquences et les stratégies d’évitement.

Quiconque a participé au débat politique sait que la première question est toujours : d’où parles-tu et dans quelle intention ? L’analyse d’une erreur, l’observation critique d’un phénomène et de ses conséquences ou l’explication raisonnée d’un échec ne sont pas considérées, et généralement, au mieux, ramenées à l’expression de remarques techniques de spécialistes.

L’évacuation des grandes questions nationales du débat présidentiel est très significative. Les grands partis ne veulent traiter que de ce qui leur amène des votes et ne veulent froisser que leurs concurrents les plus dangereux. Alors ils ne parlent de rien et se contentent d’une compétition de personnalités autour de quelques lieux communs bien connotés.

Nous-mêmes sur ce blog avons considéré que nous devions observer les réalités, les comprendre et en tirer des conclusions, à charge pour chacun, en fonction de ses propres convictions d’en faire ce qu’il croit bon.

Par conséquent, pour nous, la question s’entend ainsi : quelles sont les grandes évolutions qui ont, pour le pays et pour les Français, un pouvoir de nuisance par rapport à des objectifs généralement acceptés. Quand ces évolutions sont, ou ignorées ou mises sous le tapis, ou incomprises, il nous paraît utile, dans la limite de nos propres capacités d’analyse, d’en faire l’exposé.

Voici donc dix grandes évolutions ou absences de d’évolution que nous trouvons fâcheuses et qui, selon nous, devraient commander, de la part des politiques, un constat, une réflexion, une politique.

-          L’effondrement démographique national

La dénatalité et le vieillissement de la population sont des poisons terribles. Après la défaite de 1 870 et celles de 1914, les autorités de droite comme de gauche, ont mené des politiques proactives pour redonner un dynamisme démographique au pays. Cette ambition a progressivement été abandonnée au profit d’approche individualiste et de préoccupation de genre. Les femmes proprement françaises (disons dont la lignée était là en 1 890) ne font guère plus de 1.4 enfants en moyenne et la population, non seulement, vieillit mais disparaît progressivement. Toutes les actions de promotion de la natalité, considérée par les féministes comme des actions sexistes qui ravalent les femmes à leur statut indigne de poule pondeuse, qu’elles récusent, ont été progressivement réduites au profit de la promotion de l’avortement et du planning familial. Peu de Français savent que par rapport à 1970 nous perdons environ 500 000 naissances potentielles par an. Elles sont compensées par l’immigration et la surnatalité des populations en provenance des pays à forte natalité. Mais cette solution, indolore et même bénéfique au départ, finit par poser de nombreux problèmes. Compter sur des étrangers qui parfois ont une culture incompatible avec la nôtre ou difficilement miscible, pour résoudre une difficulté nationale, est tout de même une lâcheté. Le vieillissement est extrêmement coûteux et crée des situations dommageables : on l’a vu avec le Covid qui a frappé fort en France principalement du fait du nombre de personnes de plus de 60 ans. Il s’accélère, laissant entrevoir de très graves difficultés dans beaucoup de domaines.

-          Les crises financières à répétition.

Depuis 1971, la France a subi des récessions sévères à répétition -73-74, 81-83, 92-93, début des années 2000, 2008-2009 avec un complément en 2011, toutes provoquées par des explosions financières. La manière dont a été gérée la crise du Covid a provoqué une récession provoquée, d’une autre nature. Ces crises ont eu un coût démentiel pour le pays et l’ont profondément atteint. Comprendre le mécanisme de ces crises et empêcher le retour des récessions devrait être une sorte d’urgence nationale provoquant des réflexions nombreuses et approfondies. Après tout le chômage et la pauvreté ne sont pas considérés, par personne, comme des avantages. On voit que tout cela est laissé hors du débat politique et que l’action gouvernementale ne s’attaque pas aux causes. On réduit les symptômes. Pour nous, c’est une honte. Nous avons bien ici deux difficultés majeures : les méfaits du système monétaire international et ceux du système de monnaie unique non régulé.

-          La crise démocratique et ses composantes.

Les deux campagnes dernières campagnes présidentielles ont été tellement minables et leurs résultats ont été si lamentables que plus personne ne nie la crise démocratique. Elle a plusieurs composantes principales :

- L’énarchie compassionnelle : la confiscation, désormais en famille, de la politique par une caste de hauts fonctionnaires ne permet plus de s’écarter des idées dominantes au sein de cette caste : étatisme, surfiscalité, normes contraignantes, bureaucratie, déficits, dépenses publiques outrées

- L’évacuation du débat français des questions désormais transférées à l’Europe.

- Le gouvernement des juges

- Le poids excessif des ONG et des institutions internationales qui développent leur propre idéologie sans frein.

- L’appauvrissement du débat, le vide de la presse sur certains sujets, les outrances judiciaires, le fanatisme, la méfiance contre les élites, le constat de l’impuissance des représentants du peuple et des gouvernements, la sur représentation des altérités et des préoccupations étrangères, en sont la résultante. La colère, le dégoût ou l’indifférence deviennent des éléments dominants et permanents du jeu politique et interdisent le jeu sain et normal de la démocratie. On finit avec plus de votes extrémistes que de votes raisonnables et les votants centristes sont animés par la peur. Lamentable !

-          La crise climatique

Nous ne sommes pas de ceux qui nient qu’il y ait une évolution climatique préoccupante, même si le caractère religieux qu’a pris la question est particulièrement perturbant. Nous avons donc à produire une action qui concilie à la fois, la nécessité d’une réduction décisive des différentes pollutions, défensive contre les différents risques de pénuries, et respectueuse des nécessités de la croissance.

Concilier économie et écologie est le grand défi du temps. On n’en prend pas le chemin.

La question pose des difficultés techniques, des problèmes de gouvernance, et une exigence de rythme. On ne discute de rien. On risque de terribles mécomptes.

-          La crise de la mondialisation

On a voulu ignorer les alertes tonitruantes de Maurice Allais sur les conséquences d’une ouverture totale des industries occidentales, européennes et naturellement françaises, à une compétition sans frein avec les pays émergents à très bas salaires. Conformément aux avertissements, la France a perdu son industrie et le revenu des classes populaires a stagné. La réaction populiste a été trop ample et trop générale pour que le moindre doute puisse subsister. Nous-mêmes sur ce site avons inlassablement alerté sur les dangers d’ouvrir l’OMC à la Chine et de laisser les frontières économiques totalement ouvertes. Nous avons totalement négligé le risque du retour de la Russie aux méthodes de l’URSS. Commercer et devenir dépendant de dictatures infâmes n’est pas sans inconvénients

-          L’effondrement des politiques publiques

Cet effondrement est désormais parfaitement reconnu alors que pendant longtemps il a été caché, nié et minimisé. Il est la résultante des autres crises et de la tentative imbécile de créer le socialisme en France, avec le programme commun puis les inepties de Jospin puis la catastrophe du quinquennat Hollande. Il touche aussi bien les fonctions régaliennes de sécurité intérieure et extérieure et de justice, que la santé, comme on l’a vu, l’enseignement public et les universités. Pour juguler cet effondrement, il faut agir sur tous les autres problèmes évoqués, qui ont tous une résultante sur les politiques publiques, et sortir du socialisme et de la démagogie de « droits-à ».

Telle est la vision que nous avons développée au sein de notre Cercle des sujets nationaux critiques

Il va de soi que les dernières évolutions radicales comme le Covid ou la guerre en Ukraine, sur un terreau aussi problématique, distendent un peu plus les parties qui brinquebalent depuis longtemps, l’inflation et la récession risquant à très court terme d’avoir des conséquences très graves, qu’on imputera naturellement à ces deux accidents mais qui sont surtout graves en France du fait des erreurs que nous accumulons sans réaction depuis des lustres. Les cinquante ans qui viennent de s’écouler n’ont pas été la période la plus glorieuse de la politique française.

Quelles leçons de l'échec d'Eric Zemmour ?

Que penser de l’aventure Zemmour ? Et où va-t-elle ?

Éric Zemmour a monté une opération politique à la hussarde qui a été très bien menée avec des résultats spectaculaires : montée initiale très haute dans les sondages démontrant un intérêt indiscutable des Français, création d’un parti sérieux en quelques semaines, avec des dizaines de milliers d’adhérents, souvent jeunes, campagne à l’ancienne de très belle qualité avec ancrage dans de belles images symboliques, quatrième place finale dans la course présidentielle, coiffée par trois démagogues bien installés dans le décor politique depuis des années. En passant il a démonté en partie le politiquement correct qui interdisait tout débat sur l’immigration, la construction européenne, les gaspillages de la politique de la ville, le gouvernement des juges, le Wokisme,  donnant de l’ampleur à son travail idéologique permanent depuis des lustres.

Beaucoup se contenteraient d’un tel bilan. Philippot, Asselineau, Dupont-Aignan, Lassalle et quelques autres auraient été ravis de faire aussi bien.

Néanmoins tout le monde analyse les résultats comme un échec cinglant et quasiment définitif. Il est vrai que les élections à venir desservent un parti naissant lorsqu’il a échoué à tenir la présidence de la République. Depuis l’élection du Président au suffrage universel, c’est la présidence ou rien. Reconquête s’apprête à une longue marche dans le désert car toutes les élections à venir sont structurellement défavorables à un parti naissant. Aux législatives, en l’absence d’alliances permettant d’aller à 50 % dans de nombreuses circonscriptions, c’est la mort assurée. Les municipales et régionales offrent une prime aux sortants importante. Les Européennes sont biaisées par leur caractère de messe européiste qui ne permet pas d’exprimer une position nationale.

La justification de l’échec est usuellement le déclenchement de la guerre en Ukraine, phénomène conjoncturel qui aurait cassé la belle mécanique. Cette interprétation est un peu courte et on peut percevoir des causes structurelles fortes dans les résultats du scrutin par départements.

La base des élections est toujours sociologique. Ce sont bien des individus autonomes et pensants par eux-mêmes qui votent, mais ils se regroupent généralement en cohortes sociologiques assez marquées. Le scrutin a découpé la France en trois zones. La zone des grandes villes qui a voté en masse Macron. La zone des départements en difficulté parce que frappés par la désindustrialisation qui a voté le Pen. La France des banlieues et des implantations musulmanes qui a voté Mélenchon. Chaque ensemble avait un chef indiscuté, et des thèmes adaptés. La congruence de l’ensemble a fait le vote. Trois blocs massifs, à côté d’un autre bloc, celui de ceux qui ne veulent pas manger de ce pain-là, avec ces gens-là, compte tenu de la médiocrité de leur inspiration et du caractère catastrophique de leur gestion ou de leur projet.

On voit que le projet d’Éric Zemmour ne s’inscrit dans aucun des trois blocs. Son ambition est transversale. Sauver la France, c’est censé en appeler à la conscience de tous. Sauver la France en virant les Musulmans, c’est toutefois gravement réduire la portée de ce « tous ».

Pouvait-il trouver une stratégie gagnante face à ceux qui vont désormais dominer le champ politique pour plusieurs années : populisme électoraliste et narcissique appuyé sur le n’importe quoi énarco-atlantico-européo-centriste, populisme national et socialiste d’extrême-droite, et populisme islamo-gauchiste-woke ?

Les prochaines années seront très difficiles, à cause des conséquences de la guerre en Ukraine, de la montée des dictatures, de la remise en cause des échanges internationaux, du coût délirant de la prétendue transition énergétique, des dangers pour les libertés de l'écolo-fascisme et des passes-CO2 (voir la folie du ZAN et des décrets liberticides du jour !), des risques d’effondrement économique. Tout cela va certes créer des ouvertures pour les opposants aux élites en place. Mais le caractère radical et stupide des mouvements stimulés par ces difficultés va rameuter les affolés autour du pouvoir. Bienvenue dans la nef des fous de rage et des fous de trouille.

Dans un tel contexte, pouvait-on imposer un projet transversal, c’est-à-dire traversant toutes les strates sociologiques ? Sauver la France, c’est censé en appeler à la conscience de tous, sans distinction de classes, de religions et de races. Sauver la France en virant les Musulmans, c’est toutefois gravement réduire la portée de ce « tous ». Une première contradiction. Et les Français ont choisi de se concentrer sur la fin de mois plutôt que sur la fin du monde ou sur celle d’une France traditionnelle.

Zemmour s’est heurtée à cette réalité fondamentale, qui a été rendue encore plus présente et solide par les menaces sur le pouvoir d’achat en provenance de l’Est. Il a également commis des erreurs : il ne faut suivre qu’un seul objectif. Si c’est sauver la France, ce n’est pas unir les trois droites du moment mais rassembler tous les Français ! De Gaulle l’avait bien compris. L’UNR visait l’union autour de la nouvelle République après la faillite de la quatrième. Si c’est sauver la France, le programme ne peut pas être seulement identitaire. Le grand déclassement suppose une ampleur dans les réformes qui ne s’est pas manifestée. Il faut en particulier sortir du socialisme, de l’étatisme et limiter certaines conséquences délétères de l’Union Européenne et de l’organisation monétaire et commerciale mondiale.

Si c’est sauver la France, on ne peut pas rigoler à tout propos et multiplier les gloussements. Une certaine gravité s’impose. Une paire de lunettes ne suffit pas !

Et pourtant, Zemmour avait vu juste : l’idéal serait bien qu’un mouvement se lève pour « sauver la France ». Tout le monde a compris que ni Le Pen, ni Mélenchon, ni Macron, ne peuvent ni ne veulent sauver la France du grand remplacement et du grand déclassement. La question était de savoir si les Français le veulent. Si on en croit ce scrutin, c’est loin d’être certain. De plus en plus de commentateurs constatent qu’ils acceptent leur sort. Féminisme outrancier, promotion des transgenres, inégalité positive, écologie délirante avec destruction des activités dans les grandes villes, surimposition, dettes à gogos, durée de travail faible, retraites abusives, dépenses de santé incontrôlées, quoi qu’il en coûte, bureaucratie étouffante, « cela ne coûte pas cher, c’est l’état qui paie », européisme et perte d'indépendance, décroissance, envahissement africain, rien de tout cela ne les gêne vraiment. Du moment que cela ne touche pas trop le pouvoir d’achat et le confort de vie.

Il faudrait que cela pète vraiment pour que soudainement les masses électorales s’avisent qu’il faut reconstruire le pays d’urgence en refusant les évolutions délétères et les demi-mesures.

En attendant Macron ne fera jamais croire à son mouvement de « renaissance ». Il est amusant de théoriser qu'après cinq ans de mandat macroniste, il lui faille faire « renaître » le pays. On nous a tués et on ne nous en a rien dit ? La famille le Pen est sans importance et Mélenchon n’est un danger que si la France s’effondre radicalement. Donc il n’y a pas de solution pour la France dans les trois mouvances qui ont dominé l’élection présidentielle ! Il va bien falloir sortir de cette impasse un jour ou l’autre ?

Zemmour a eu le grand mérite de casser des blocages majeurs du politiquement correct. Ses idées ont frappé les esprits mais pas encore  le paysage électoral. Réussir à créer un parti qui devienne majoritaire électoralement sur les bases de départ de Reconquête seul paraît utopique mais aurait sa logique si l’approche initiale était corrigée et densifiée.

Le seul conseil que l’on peut donner à Zemmour est de chercher une alliance avec ceux qui dans LR cherchent à bâtir une alternative au néant « attrape-tout » et « règle-rien » du macronisme et pas seulement des places. Du côté de Le Pen, il ne trouvera que du chardon et un effondrement d’image définitif comme idiot utile du lepénisme.

La suite va certainement montrer la nécessité que se lève un mouvement qui ait enfin sur les dix grands sujets nationaux critiques une position forte et comprise du grand public. Bâtir cette adhésion avec d’autres est la seule raison de survivre de son aventure politique. Mais le préalable est d’oublier le Pen et d’essayer d’unir le maximum de Français. Entouré comme il l’est uniquement de transfuges du RN, on peut douter qu’il en prenne le risque.  

Dommage.

Et voilà le passe-CO2 ! Merci qui ?

"RÉGLEMENTATION. Les textes encadrant l'obligation d'un audit énergétique pour les logements énergivores à vendre sont parus au Journal officiel, ce 5 mai 2022. Les logements en mono propriété classés F et G sont concernés dès le 1er septembre prochain.

Deux textes, un décret et un arrêté, sont parus au Journal officiel du 5 mai 2022. Très attendus, ils complètent la série de textes ayant réformé le diagnostic de performance énergétique (DPE), désormais harmonisé, obligatoire et opposable, et sont issus de la loi Climat et résilience, qui pose également l'interdiction progressive de louer les passoires énergétiques.

L'audit énergétique s'ajoute au DPE, lorsque celui-ci fait apparaître de piètres performances, exprimées dans le classement de A à G. Il s'applique, au moment de la vente, aux maisons individuelles et aux appartements situés en mono propriété, à l'exclusion, donc des logements situés dans une copropriété. Il vise à aller plus loin que le DPE dans l'analyse précise des caractéristiques énergétiques, et à proposer des travaux d'améliorations des performances."

Contraintes sur contraintes ; coûts s'ajoutant aux coûts ; avec une inflation majeure sur les matériaux à utiliser. On crée des cohortes à financer d'experts de tout poil et de toutes compétences dont le coût s'ajoutera à celui de la construction.

Avec la loi ZAN on étend progressivement la loi « littoral » jusqu'aux frontières du nord et de l'est. Avec l'interdiction progressive d'utiliser du béton, de l'acier, ou ce qu’on voudra, au profit de matériaux "biosourcés" en pénurie totale. On ruine des pans entiers de l'industrie tout en augmentant drastiquement les coûts et les délais.

En rendant invendables ou à prix bradés des logements qui ont satisfait des générations de français, on organise une pénurie artificielle, déjà amorçée avec le blocage des locations complété aujourd'hui par celui des ventes. 

On est en train d'organiser dans les transports, le logement et l'industrie un système de bureaucratie asphyxiante tuant toute rentabilité, ruinant les activités et empoisonnant la vie des habitants, tout en laissant filer les subventions démentes et les déficits.

Et pas une discussion dans les médias, pas un débat public, rien. Seulement des messes anti co2 qui ont pour but de faire peur et de donner bonne mine aux politiciens au pouvoir.

Au premier tour de la présidentielle pas un mot sur l'écologie. Pas un. On n'a parlé que de pouvoir d'achat. Avec le passe-co2 le pouvoir d'achat va en prendre un coup phénoménal. Pas un mot.

Une fois l'élection passée, nouvelle intervention du GIEC, proposition d'une planification écologique et publication d'une volée de règlements coercitifs.

En même temps on accueille tous les réfugiés et migrants du moment. On les met où ? À Marseille des Nigérians attaquent à la machette les résidents d'HLM et les expulsent pour squatter leurs appartements. Pas une réaction des "autorités". Le sujet serait « complexe ».

Vertu coercitive et laxisme régalien reportent sur le populo les conséquences de l'inconséquence dans des proportions jamais vues en temps de paix. On voudrait organiser la guerre entre les logés et les non logés, les locataires et les propriétaires, les habitant des villes et ceux des campagnes, on ne s'y prendrait pas autrement.

L'énarchie compassionnelle et bienveillante, a le visage de plus en plus terrifiant d'Emmanuel Macron dont le regard trahit une évolution mentale de plus en plus problématique (il n'y a pas que Poutine pour présenter des signes de délire) et les folies bureaucratiques de Mme Wargon, l'équivalent en jupon du terrifiant M. Véran.

Lorsque les Français vont réaliser à quel point la liberté a été corsetée et leur vie entravée, ils réagiront, mais trop tard. On leur dira que c'est pour leur bien et celui de la terre. Qu'ils sont des mauvais citoyens et des Gaulois ingouvernables. Peut-être déclarera-t-on à nouveau qu'on a envie de les emmerder.

Toute cette enflure bureaucratique stérilisante vient de la Commission et des députés à l'assemblée européenne directement inspirés par l'ONU et les ONG. Tout ce qui descend de ce ciel-là n'est plus discuté. Les médias chantent la belle chanson de la nécessité et oublient de discuter des moyens.

Le processus de décision bruxellois se fait intégralement en dehors de toute discussion en France. On vient de le voir avec la réglementation des cryptomonnaies. Tout a été fait dans le dos des Français qui ne sont mis au courant, trois secondes, que du résultat. L'Union européenne a contribué à assécher quasi totalement le débat politique national. On n'entend pas parler des sujets qui s’y traitent et on demande de mettre en œuvre ce qui a été entériné dans le silence des médias.

On dira : les médias n'ont qu'à se saisir des débats européens, à la Commission comme au Parlement européen. Ils ne le font pas pour deux raisons techniques et une raison politique. Première raison technique : la procédure bruxelloise est longue, largement faussée par le jeu des lobbies et assommante. On ne saurait quoi dire qui intéresse les lecteurs sur ces procédures qui durent des années. Seconde raison technique : il faudrait s'intéresser aux positions en vogue dans les autres pays et les Français s'en foutent royalement. Que pensent les Autrichiens de la preuve de travail de l'Ethereum ? Rien à f…

La pire raison est purement politique. Si la couverture politique des journaux se mettait à couvrir les débats européens sur les questions vitales ou annexes alors plus personne ne comprendrait à quoi peuvent bien servir le président, les députés et les sénateurs. L'appareil démocratique devenu une chambre d'enregistrement qui attend le verdict européen paraîtrait sans objet.

Cela se termine avec un Michel Onfray qui refuse de voter dans une France Maastrichienne, 56 % des votes qui se portent sur des partis extrémistes, et un président élu par moins de 40 % des inscrits et probablement 33 % des Français en possibilité de voter, le tout sans rien dire de son programme puisqu'il est honnête de ne pas en avoir : l'Europe y pourvoit.

L'important politiquement est de chanter des cantiques :

Bienvenue dans le monde du bien, sa désolation démocratique, sa bureaucratie irradiante, sa sottise débilitante !

Et regardez bien l'image associée à ce texte : la grandeur architecturale de la France est en train de s'exalter !



Banques centrales, vertu et inflation !

Dans un système d’information aussi « construit » que le nôtre, le flux de la communication a pour but principal de protéger l’échafaudage politique et social dominant, ce qui est parfaitement normal. Les sociétés peuvent être convulsives mais pas suicidaires. Le bureau des légendes est bien en place sans qu’on sache très bien séparer ce qui est de la propagande pure, de l’erreur ou de la simple facilité. Une difficulté plus récente provient de la multiplicité des bureaux des légendes : entre ce qui provient de l’ONU et des ONG rattachées, financées par une multitude de sources, ce qui est émis par les institutions européennes en général en proximité avec les précédents, et la chanson proprement nationale qui elle-même a tendance à rejoindre les précédentes.

Nous avons déjà traité mille fois sur ce site de la question de la surcharge du rôle des banques centrales dans la gestion de l’économie d’abord puis de la société. Depuis l’abandon des disciplines de Bretton Woods, à l’initiative des États-Unis qui souhaitaient pouvoir profiter à fond du privilège du dollar roi, ancre du système monétaire mondial, les états ont cessé d’être les régulateurs des flux financiers et commerciaux au profit des banques centrales indépendantes. Précédemment les échanges devaient être équilibrés et les grands déficits et excédents étaient bannis. C’était le rôle des États nationaux avec un censeur et un assistant, le FMI. Nous avons montré notamment dans notre premier livre l’étrange désastre que les énormes déficits et excédents qui en ont résulté ont provoqué des crises à répétition (1973, 1992, 2 008 pour les plus graves). À chaque récession les banques centrales ont lâché la création monétaire pour maintenir la valeur des actifs, provoquant les conditions d’une crise plus grave un peu plus tard. La mondialisation de la production permettant de baisser les prix de fabrication, l’effet sur l’inflation était jugulé au prix d’une stagnation du revenu salarial des classes moyennes dans les pays riches, partiellement compensée par les prix bas des produits désormais importés, et d’un écart de plus en plus grand avec les possesseurs d’actifs dont la valeur était gonflée artificiellement par la création monétaire des instituts d’émission.

On notera que tout le monde s’acharne sur les effets : écarts entre riches possédants et pauvres travailleurs, stagnation du pouvoir d’achat et chômage important dans les pays développés, montée des populismes, mais refuse obstinément de voir la cause principale : les changes flottants et la disparition des contraintes internationales en faveur de l’équilibre des balances commerciales et de paiements.

Le point d’orgue de cette organisation tragique a été évidemment la crise de 2008 doublée par la crise Trichet de la zone Euro de 2011. On a noyé la faillite du système financier par des créations monétaires fabuleuses qui n’ont pas eu d’effet sur l’inflation d’abord à cause de la crise économique provoquée par la panique financière et aussi du fait de la relance du commerce extérieur par des accords de libre-échange nombreux. Mais l’absence d’inflation est principalement dû à ce fait tout simple que la banque centrale a simplement sauvé les banques par un jeu d’écritures tout en demandant aux gouvernements de cadenasser l’activité des banques pour éviter de nouvelles dérives. Les banques sont devenues des institutions contrôlées à vocation vertueuse. Les banques centrales devenaient des mères la vertu.

Du coup on a cru que les banques centrales pouvaient noyer de monnaies nouvelles toutes les grandes questions sociales et sociétales et pas seulement les crises boursières et financières à répétition.

En provenance des États-Unis et des grandes Organisations Non Gouvernementales, s’est créé un mouvement très fort présentant la nécessité de lutter farouchement contre le réchauffement climatique, de donner le pouvoir aux femmes, d’exalter les minorités et d’abaisser les puissants historiques, en fait le mal blanc hétérosexuel. Comme tous les mouvements idéologiques jusqu’à la religiosité, on a vu apparaître d’insupportables Savonarole éructant des outrances diverses, mais surtout la création par les instances internationales et cascadant sur les nations, d’un courant d’injonctions qu’il était interdit de discuter et qui imposait à tous le devoir de chanter la bonne chanson et d’agir en conséquence.

On a donc nommé des femmes à la FED et à la BCE, les deux banques centrales les plus puissantes. Mme Lagarde a parfaitement compris le message : la voilà qui déblatère sur sa mission « principale » pour laquelle « elle se mobilisera totalement » qui est l’émancipation de la femme partout et notamment en Afrique et au Moyen Orient ! « Marraine de FinanciElles, qui regroupe treize réseaux de femmes de la finance, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) a réaffirmé ses convictions lors la journée de débats organisée le 16 novembre pour les 10 ans de l’association ». C’est que la banque centrale peut conditionner ses prêts aux banques en fonction du sexe de leur président, de l’inclusivité inscrite dans leur politique de prêt et dans leur pratique managériale, de la qualité écologique de ce qu’elles financent. Une véritable dictature de la vertu sans autre loi que la pression sociale et sa soumission aux courants dominants venant des ONG.

Pour faire bonne mesure elle invite Greta Thunberg et s’engage dans le mouvement qui veut contraindre la finance à être verte pour être vertueuse. « Pire, du point de vue de l'orthodoxie allemande, la nouvelle présidente de la BCE a aussi proposé début septembre devant le Parlement européen, ce qui serait une disruption majeure : que la BCE intègre le changement climatique dans les objectifs de sa politique monétaire. Elle s'est évidemment attirée en réponse une volée de bois, vert évidemment, de la part du président de la Bundesbank pour qui une telle orientation, qui permettrait pourtant de doper le marché naissant des « obligations vertes », serait "contraire aux traités européens ».

On pourrait dire : voilà une femme politique consciente des nécessités à plus long terme de sa carrière politique pas une vraie banquière centrale ! Ou mieux encore : voilà une femme conscientisée qui a compris que tout devait être mis en œuvre pour mettre fin à la domination du mâle blanc hétérosexuel et sauver la terre du réchauffement. Ou plus vicieusement : c’est la condition pour devenir premier ministre de Macron. Le ralliement à Macron de Muselier, dont le couple fréquente avec celui de Lagarde l’île Maurice avec délectation, d’où le bronzage permanent des deux, laisse penser qu’elle aura besoin d’un ministre sympa.

Malheureusement, l’évolution vers la vertu en toc dépasse le cas des individus qui gèrent ces institutions. On va le voir avec la crise exogène provoquée par le virus Sars Cov 2. Pris à revers par une crise sanitaire totalement non anticipée malgré les épisodes à répétition des décennies précédentes, sida, vache folle, H1N1, Ebola…, avec une gestion initiale menée en dépit du bon sens après avoir été trop influencée par la manière dont la Chine avait traité l’infestation, les gouvernements occidentaux ont arrêté la production en confinant les activités économiques de façon exagérée. Ils ont demandé à nouveau aux banques centrales de financer la perte de revenu correspondant. L’hélicoptère à monnaie a décollé. L’ennui, c’est qu’il ne s’agissait plus d’un jeu d’écritures entre banques centrales et banques d’affaires, sous la houlette de l’Etat bienfaiteur, mais d’une vraie perte de richesse produite. Créer des signes monétaires en masse, sans produire en contrepartie, a une conséquence automatique : l’inflation. Elle ne s’est pas vue tout de suite dans les prix du quotidien du fait de la récession des marchés alors que la valeur des biens immobiliers et des actifs financiers s’envolait. Mais dès le retour à une situation plus normale, l’inflation s’est installée comme nous l’avions anticipé. Oh Surprise !

Le graphique que nous joignons à ce billet est tout à fait explicite. L’inflation démarre fort à partir de juin-juillet 2021, pas avril 2022, neuf mois avant tout de même ! Les propos lénifiants sur une inflation frictionnelle temporaire dans l’attente du retour à la normale en quelques mois se sont heurtés à la réalité irréfragable. Les prix s’envolaient du fait de l’écart entre production et distribution de monnaie à gogo ! Une loi économique que tous les économistes apprennent en première année d’université.

Là-dessus, voici le nouveau président Biden qui demande au Congrès de lancer un plan de reprise démentiel sur fond d’inondation monétaire préalable ! Et l’inénarrable président Macron déchaîne l’achat de votes et suscite une épidémie de mesures de distribution de prébendes pour être réélu, à des niveaux jamais vus, tout en essayant d’éteindre le feu inflationniste par des mesures de blocage des prix artificiels et des expédients. Un feu roulant d’artifices et de faux-semblants. Tout en expliquant qu’il avait créé une croissance jamais vue et réduit le chômage comme un fortiche. Ce village Potemkine économique ne pouvait que voler en éclat. En ajoutant qu’il allait mettre son prochain quinquennat sous le signe de la planification de la transition énergétique dont le coût est prodigieux et l’impact sur la production récessive, il se livrait à la monstration exemplaire des clous du cercueil économique qu’il allait construire, tout en faisant suinter son féminisme essentiel et son goût pour la promotion des minorités. Mme Lagarde et la BCE avec nous !

Pour une France endettée quasi à trois mille milliards d’euros et non compétitive, avec des comptes publics effondrés dans les déficits, entrant en inflation intense, la question était déjà en septembre 2021 : qui va financer toute cette débauche de destruction de richesses et de dépenses improductives ?

La conséquence de l’opération russe en Ukraine a été l’explosion des prix de l’énergie, la création de pénuries massives, la désorganisation de presque tout. Puis l’arrêt brutal de la croissance. Un premier trimestre à zéro de croissance alors qu’on chantait le miracle d’une croissance à un taux de 8 % jamais vue depuis la guerre grâce à la politique subtile d’Emmanuel Macron !

Voici les banques centrales sollicitées de financer le réarmement de l’Occident, le financement de la crise énergétique et la conversion de l’économie pour sauver la terre, la promotion de la femme et des minorités, la couverture sociale et la sauvegarde de l’Etat providence, alors que l’inflation explose. Contradictions ? Non : Impasse totale. La seule mission statutaire de la BCE est de conserver l’inflation dans les limites de 2 % !

La crise en Ukraine donne la mesure des conséquences des politiques de réduction de l’offre énergétique. Coût démesuré, financement impossible, inflation aggravée, pertes de revenus, pénuries massives, etc.

Certains délires récents dans la presse font désormais franchement rire. On se rappelle cet article du Monde où un penseur cosmo planétaire suggérait que la BCE fournisse des milliards (sans jamais espérer un remboursement) à Airbus pour que l’entreprise cesse toute activité aérienne et se recentre sur des productions écologiques ! Alors que les seules forces économiques françaises sont le luxe, le tourisme, l’aviation et plus généralement les transports.

Cette France qui a voulu jouer en 1981, seule dans le monde occidental, la grande tragédie du socialisme réalisé au même moment où le monde entier abandonnait cette sottise, est désormais, en politique intérieure, encerclée par les extrêmes, et à l’extérieur dans une situation humiliante avec une menace sur sa survie même comme grande puissance.

Qui fait confiance à la petite camarilla qui détient le pouvoir pour sortir le pays de l’ornière où il est enlisé ? Prêt à rien et capable de tout, prêt à tout et capable de rien, Macron réélu triomphalement sans vrai combat, est pris au dépourvu.

Même si la guerre en Ukraine ne dérape pas et s’arrête assez vite, ce qui n'est pas la projection commune, on ne voit pas trop comment la sortie de crise peut être indolore, sauf à revenir aux quarante heures, à réduire les congés payés, à instituer la retraite à 67 ans pour tous, tout en étalant dans le temps la conversion énergétique et en réduisant drastiquement l’emprise bureaucratique des administrations et l’ampleur des redistributions. Peut-on remettre vraiment la France au travail et espérer qu’elle fasse des réformes critiques qu’elle refuse obstinément depuis 50 ans, avant qu’une récession sévère ne se produise, alors qu'aucune des questions critiques n’a été traitée pendant la campagne électorale et qu’on a laissé croire que le faire pousser le pouvoir d’achat était le rôle central du Président de la République ?

The Economist constate soudain que les banques centrales sont saturées de missions politiques et sociétales qui ne sont pas de leur rôle statutaire et exige qu’on en revienne à l’économie et seulement à l’économie. C’est le bon sens. Mais il lui reste à faire le pas décisif : on ne peut pas confier la régulation de la mondialisation à des banques centrales. Ce sont les États qui doivent être à la manœuvre et dans des cadres mutualisés contraignants.

La plus grande vertu est de ne pas faire des banques centrales une forme nouvelle de sacristie. La plus grande sagesse est de laisser à la loi et au débat le soin de fixer le champ des libertés, et non de détourner les fonctions des institutions techniques pour qu’elles conditionnent la vie des gens selon les canons du politiquement correct selon le bon vouloir de leur gouvernance, choisie sur les mêmes critères du politiquement correct.

La banque centrale « woke », face à Poutine, au désordre mondial, et surtout à l’accélération de l’inflation, c’est fini.



Bilan sinistre de la présidentielle 2022

Alors que les Français ont été conduits à un second tour dont ils ne voulaient pas, par un président qu’ils ne respectent pas et que beaucoup haïssent, mais qui est un manœuvrier expert et sans scrupule, jamais les risques n’ont été plus grands pour la France de se dissoudre dans la déconsidération et l’impuissance alors que les risques politiques, économiques, diplomatiques et sociaux deviennent majeurs.

L’élection présidentielle n’a pas été « volée », mais une fois de plus elle a été dépouillée de toute signification afin d’assurer le contrôle du pays par la petite équipe en place. La manœuvre a réussi : le président sortant se retrouve face à la famille le Pen et toutes les bouches médiatiques crient à l’unisson au risque de fascisme en cas de victoire de l’extrême-droite. On voit même des dirigeants étrangers crier au loup dans une bergerie étrangère ! « Tous ensemble, tous ensemble contre l’émule de Hitler et de Poutine réunis qui nous mène au chaos ». Ce qui est d’ailleurs exact, pour ce qui est du chaos. Ce qui fait que le scrutin de dimanche, organisé astucieusement un jour de départ en vacances, ne présente aucun suspense. Autant le dire avant de connaître les résultats !

Il faudrait une énorme surprise pour que Madame Le Pen qui perd 0.5 % dans les sondages tous les jours depuis une semaine l’emporte. Il est vrai que les 1.7 % du PS et les 4.7 % de LR ont été d’énormes surprises. Il est vrai aussi qu’à force d’imposer une force centriste démesurée, incohérente et impuissante, on fait monter mécaniquement les extrêmes, contrairement à la promesse initiale de Macron mais conformément à tous les avertissements donnés il y a 5 ans. On dégoûte aussi ceux qui pourraient avoir des réserves sur l’absence de résultats d’une action « bouillie pour les chats » asservie aux besoins psychologiques et électoraux de M. Macron. L’absence d’alternative empêche toute alternance, donc pousse aussi à l’abstention. Au total on assiste à une déconstruction de la démocratie avec asservissement à des clans, dans un climat de propagande et de malhonnêteté intellectuelle totale.

Il est faux qu’Emmanuel Macron ait été une victime innocente de crises à répétition. Les difficultés des trois premières années de son règne sont intégralement dues aux promesses électorales démagogiques utilisées lors de son élection et aux erreurs qu’il a commises. Il est sorti de ces trois années sans bilan et il a été sauvé par la crise du Covid.

Il est faux qu’Emmanuel Macron ait bien géré la crise du Covid. La récession a été inutilement profonde avec une reprise trop lente pour regagner tout le terrain perdu. D’autres ont fait beaucoup mieux avec une dépression réduite et vite rattrapée. L’indemnisation de l’inactivité, quoi qu’il en coûte, a été certes « généreuse » mais au prix d’un endettement vertigineux. Beaucoup de pays ont réussi à indemniser sérieusement et à revenir à une situation normale rapidement, sans aggravation massive de la dette. Quant à l’aspect médical nous avons déjà montré ici que le nombre de décès nous classe dans les tout premiers rangs, avec une dépendance à l’Europe qui a été pris la main dans le sac de connivence avec « big pharma » et un achat de 1 milliard d’euros de produits connus comme inefficaces et dangereux.

En revanche Emmanuel Macron candidat a utilisé les deux dernières années pour tout lâcher démagogiquement à des catégories ciblées, pour pouvoir dire à chacun : n’oublie pas le chèque que j’ai fait pour toi ! Ce qui est, à ce niveau-là, parfaitement écœurant et au-delà de tout ce qu’on a pu faire jusqu’ici en matière de démagogie électorale.

Il fallait absolument éviter tout débat de fond. La réussite a été remarquable. Tout a été escamoté. Le nouveau quinquennat s’ouvre sous des auspices dramatiques et rien n’a été clarifié, discuté, étudié, réfléchi. Ni la situation qui se construit et qui nous attend, ni les stratégies et tactiques possibles pour y faire face.

La responsabilité est évidemment partagée par toutes les forces politiques qui se sont engagées dans l’élection.

Les LR n’ont plus de leader(s) depuis longtemps et le parti est gangrené par les défections. Sa direction actuelle est surtout soucieuse de ne rien dire ou faire qui puisse le déstabiliser plus. Sa candidate a été au combat sans vrai projet ni raison d’être là suffisamment forte. Une campagne pusillanime a compromis définitivement les chances du parti. Le score réalisé est grotesque.

Le PS, pour les mêmes raisons, a fait pire, l’extrêmement mauvaise candidate choisie méritant amplement de ne pas atteindre 2 % des votes exprimés.

Éric Zemmour a commencé brillamment sa campagne en portant un vrai projet et en organisant une campagne à l’ancienne mais puissante. Son embarcation s’est fracassée en partie sur le cordon sanitaire organisé pour le diaboliser, en partie sur des rochers imprévisibles, comme la guerre en Ukraine, en partie sur ses propres insuffisances. Il n’a réussi qu’à rameuter des gens passés par le FN ou le RN, se collant lui-même une étiquette d’extrême-droite, renforcée par l’arrivée de Marion Maréchal et l’impossibilité de sortir d’un projet exclusivement identitaire et négatif. Ses propos légers sur Poutine et odieux sur les réfugiés ukrainiens l’ont fait passer à la trappe. L’union des droites sans exclusives n’est pas un projet présidentiel. Et la préoccupation anti-musulmane n’est pas la seule à peser sur le destin français. À 7 %, il fait un score honorable pour un marginal s’essayant à l'exercice pour la première fois. Mais il n’a pu empêcher que le vote protestataire populiste de droite se fixe sur Madame Le Pen qui accroît son score. Finalement, il a surtout nui à LR et à la « droite de gouvernement », dont il compromet durablement le redressement.

Les Verts ont eu des résultats éliminatoires du fait de leur absence d’unité et de l'ambiguïté de leur programme. Il n’y a pratiquement pas d’écologie dans leur projet anticapitaliste et anti-patriarcal, où le wokisme violent s’est installé. Cela s’est vu. La destruction d’un pays n’est pas un programme électoral présidentiel, même si on l’appelle déconstruction. .

Dans ces conditions, les partis populistes d’extrême-droite et d’extrême-gauche, c’est-à-dire portant une parole radicale de contestation et ne cherchant qu’à faire turbuler le système en s’appuyant sur les rancœurs, étaient les seuls à donner du sens à un vote contre l’équipe sortante et son président approximatif et dangereux. Les deux étaient conduits par des chefs incontestés et rompus à l’exercice. Mélenchon a accru ses voix sans pouvoir rattraper Mme Le Pen. Et l’addition de toutes les voix de contestation radicale dépasse notablement les 50 %.

Marine Le Pen qui n’était parvenu à rassembler que 32 % des voix au second tour de 2017 va monter entre 43 et 45 %. Macron a donc gagné son pari au prix d’une montée radicale des extrêmes et d’un effondrement des alternatives, alors qu’il ne pourra pas se représenter dans 5 ans.

LREM ayant prouvé sa nullité comme parti et étant réduit à un simple agrégat d’opportunistes et de représentants de lobbies ne peut rien apporter de positif dans les 5 ans à venir, même si le parti seul ou allié gagne les élections législatives.

Le tableau électoral, éclaté façon puzzle, qui suivra ces élections, sera pitoyable, avec aucun programme de gouvernement sérieux.

Le même petit groupe d’énarques politisés gouvernera, à la godille, dans un champ de mines de plus en plus étendu. Tous les grands dangers extérieurs vont être aggravés et là, le président élu va se trouver confronté à des réalités extérieures vraiment saumâtres. Un effondrement boursier et une récession sont possibles, comme l’éclatement des relations financières et commerciales déséquilibrées, l'impuissance des banques centrales et le manque d’énergie.

La politique de décarbonation totale en mode accéléré est ruineuse et porte en elle la mort de bien des libertés. La disparition des naissances compensées partiellement par une immigration qui restera massive, dans des conditions économiques récessives, avec un vieillissement accéléré de la population, est synonyme de tragédies à venir. L’aggravation de la dissolution des institutions françaises dans le cadre européen devenu substitutif marquera la territorialisation définitive du pays et la fin d’une grande nation. Le gouvernement des juges va être aggravé rendant impuissante l’action publique.

L’impuissance militaire de la France va être soulignée, la récession-inflation à venir privant de toute ressource le sursaut des investissements militaires que tout le monde considère désormais comme critique.

On va donc vers une situation à cinq ans qui sera déplorable, sans aucune possibilité de voir une alternance bienfaisante prendre le relais pendant le quinquennat. Les extrémismes vont pouvoir s’exprimer avec force tout le temps, face à un président qui visera l’étape d’après pour lui qu’il est le seul à connaître et qui peut le conduire à prendre des décisions contraires à l’intérêt du pays pour favoriser ses entreprises.

En dépouillant une fois de plus l’élection présidentielle de son rôle de construction de l’avenir politique par une majorité de projet au profit d’un clan astucieux et manœuvrier, Macron, une fois de plus, nuit à l’intérêt national en imposant des cartes forcées.

Cela a coûté très cher aux Français pendant le premier quinquennat. La facture du prochain sera encore plus salée.

Affaire McKinsey : vrai et faux scandale

Depuis quelques semaines la Presse monte en neige un de ces scandales fugaces qui viennent percer le mur de l’indifférence habituelle des médias pour les vrais débats : il serait honteux que l’Etat utilise des sociétés de conseils privées. Sinon à quoi serviraient les hauts fonctionnaires ?

Toute ma carrière, je l’ai faite dans des sociétés de conseils, d’ingénieur principal comme on disait à la fin des années soixante à président depuis 1977 jusqu’en 2010. Quarante ans dont trente-cinq à chercher le chiffre d’affaires et donc à dialoguer avec l’ensemble des organismes privés et publics.

Je témoigne que le secteur public a toujours représenté entre 20 et 25 % de notre chiffre d’affaires, à proportion de la place du secteur dans l’économie. Aucune des opérations que j’ai pu y mener n’a posé le moindre problème éthique ou autre. À chaque fois, les résultats ont été probants, ce qui explique le nombre des collaborations et leur répétition sur des décennies.

Le fait pour une société de conseils d’avoir l’Etat et ses différentes émanations comme client est NORMAL. Le fait pour l’Etat de recourir à des sociétés de conseils est NORMAL.

Peut-être faut-il donner quelques exemples pour bien faire comprendre de quoi il s’agit vraiment et pourquoi cette pratique est légitime.

On se moque souvent de la Cour des Comptes et de ses innombrables rapports qui, en effet, ne sont pas « contraignants ». Le contrôleur ne peut pas se substituer à la représentation nationale pour prendre les décisions. Et les situations sont souvent si complexes qu’il ne s'agit pas d’agir toujours avec des envies de Savonarole excité ou un goût exagéré pour le pénal. La Cour décrit des situations anormales qui doivent changer et elles finissent toujours par changer même si les délais peuvent être longs. Il n’y a rien qu’un haut fonctionnaire ne craigne plus qu’une mention dans le Canard Enchaîné et une mise en cause par la Cour des Comptes. Du coup, les rapports de la Cour des Comptes ressemblent parfois à des articles du Canard…

Exemple : après le choc pétrolier de 1974 et l’échec de la relance Giscard-Chirac, qui avait asséché les ressources de l’état, la Cour des Comptes a décidé de faire la chasse à toutes les institutions d’état qui n’avaient pas de comptabilité analytique, c’est-à-dire pratiquement toutes. Nous avions développé dans le domaine des références extrêmement importantes. Nous avons été sollicités de mettre en œuvre des systèmes de gestion analytique extrêmement pointus dans des domaines complexes où les progiciels habituels étaient sans efficacité. Parmi une flopée d’interventions, j’en extrais trois qui ont été toutes très exigeantes, plutôt complexes, et où la collaboration avec les équipes de fonctionnaires a été exceptionnellement efficace et féconde.

Avec les PTT, beaucoup de monnaies différentes et des montants astronomiques, avec des contraintes de sécurité et de système d'accueil sévères, rendaient caduques les logiciels existants. Il a fallu tout concevoir et créer. L’Administration n’avait aucun moyen de faire seul ce travail. Le résultat a été excellent.

Avec la filiale maritime de la SNCF, la difficulté était la même. La gestion d’un ferry n’a strictement rien à voir avec celle d’un train. C’est à la fois un moyen de transport, un restaurant, des bars, des libres-services, des boutiques, etc. Et parfois même un casino. La périodicité des séquences de gestion, appelée une « marée », est très particulière. Certaines marées sont de nuit d’autres de jour. Il faut tenir compte des lignes desservies, des navires concernées. Les tarifs sont complexes, changeant. Le régime fiscal n’est pas le même en vue des côtes et en pleine mer. Toute la gestion était manuelle. On connaissait les résultats, toujours lourdement déficitaires, huit mois après la fin de l’exercice. Personne ne pouvait dire quelle ligne, quel horaire, quel bateau était déficitaire ni encore moins pourquoi. La SNCF n’avait aucun moyen de concevoir, réaliser et mettre en œuvre une application de ce type. Recourir à une société de conseils était la seule option compte tenu de l’inexistence de progiciels embarqués à l’époque pour ce genre d’applications à objet multiples. La collaboration avec les cadres de la SNCF a été parfaite. Les résultats furent spectaculaires : dès qu’un bateau était équipé, il devenait rentable !

La troisième opération concernait une institution qui avait les moyens de faire comme elle l’entendait, avec des moyens sans limite : la Banque des France. Mais il s'agissait de la fabrication des billets, une activité pas exactement bancaire et la méconnaissance de la comptabilité analytique industrielle était complète. Comment faire sans aide extérieure ? Le plus intéressant s’est produit avant la réalisation informatique, au stade de l’étude détaillée des besoins et des caractéristiques spécifiques. La collaboration entre cadres de la banque et fonctionnaires des administrations de contrôle a été parfaite, avec comme résultat un système qui a vécu des décennies.

Il est parfaitement normal que les entités administratives et les dépendances de l’Etat fassent appel à des assistances extérieures. Et cela se passe en général bien et quand ce n’est pas le cas, c'est très rarement la faute des cabinets consultés mais plutôt le fait de carences de formation dans les cadres dirigeants de l’administration, qui pendant longtemps n’ont eu, par exemple, aucune formation de fond sur la manière d’organiser des transitions numériques, ou aborder les grandes questions techniques qui assaillent les États. Il faut aussi incriminer des mentalités ou des particularités historiques ou des effets de silos. La Préfecture de Paris est un bloc très spécial et très fermé. ADP est pas mal non plus comme bloc autocentré. L’éducation nationale, la santé, la justice et les affaires étrangères se sont longtemps avérées à peu près incapables de mettre en place des méthodes appropriées pour se moderniser. Tout le monde le voit aujourd’hui. Le dossier médical est toujours en projet. Les cartes vitales sont une gabegie. L’organisation hospitalière est lamentable dans les grands hôpitaux. La justice est dans un état pire. Espérons que personne ne fera jamais l’histoire des projets gérés par le ministère des Affaires Étrangères. Les énormes échecs dans la gestion de la paie des armées sont aussi dans tous les esprits.

Lorsque le donneur d'ordre est mauvais, la suite est rarement bonne. C’est presque toujours dans la définition de l’objet de la mission que les difficultés trouvent leur source et dans la mise en œuvre qu’elles s’amplifient

 

. La gauche daube souvent sur la « dérive gestionnaire » et naturellement « libérale » qui voudrait qu’on applique des solutions mercantiles du privé à des domaines où elles n’ont rien à y faire. On cite par exemple la rémunération à l’acte dans les hôpitaux et différentes initiatives du même genre. Quand on regarde dans le détail on voit que cela n’a pas de sens. À l’hôpital, il n’y a jamais eu la moindre logique libérale. Au contraire on a créé une bureaucratie écrasante et un encadrement des actes et des acteurs totalement débilitants tout en développant des normes artificielles qui paralysent la gestion. Une infirmière vous manque et vous fermez un service ! Néolibéralisme quand tu nous tiens !

S’il y a scandale dans le cas de McKinsey, ce n’est pas dans le fait que l’administration ait recours à des cabinets de conseils. Heureusement qu’ils sont là !

Ce qui est triste, c’est qu’on est passé chez McKinsey d’une logique de recherche de solutions à des contrats qui sont en fait du benchmarking. Est-ce que vous êtes dans la norme d’efficacité ou non ? Il n’y a plus beaucoup de créativité dans la recherche de solutions plutôt de la description et un effet de normalisation par comparaison internationale. Au lieu d’être créatif, le conseil devient normatif. Et finit par pousser à plus de bureaucratie pour atteindre la norme !

Compte tenu du nombre d’espaces où règne l’administration, faire du benchmarking généralisé ce sont d’énormes contrats chers et peu créatifs. Il est clair que seule une institution ayant une information transnationale peut faire du benchmarking. Dire que les fonctionnaires pourraient le faire eux-mêmes est ridicule.

Ce qui est condamnable dans la relation entre McKinsey et Macron, c’est le pacte de fait sur lequel ils se sont accordés : « je t’aide à être élu et tu me passes des contrats », avec en effet un accroissement anormal des volumes de contrat. Que la justice passe !

On en revient toujours à la même chose :

Il faut mettre fin à l’énarchie compassionnelle, à la domination presque totale de la politique par les hauts fonctionnaires politisés fonctionnant en clans, aux allers et retour des énarques entre postes étatiques, postes politiques et postes dans des sociétés privées, y compris les entreprises de conseils. Ce système de caste a pris avec Macron une dimension totalement folle et contraire à l’esprit de la République. Les conflits d’intérêts règnent comme ils ne l’ont jamais fait en France.

Il est clair que le premier pas pour mettre fin à ce système de caste et à ces conflits d’intérêts perpétuels et déplorables est de ne pas réélire Emmanuel Macron. Mais il en faudra d’autres !

En revanche l’Etat français est confronté à une obligation de numérisation et d’efficacité technique, notamment énergétique, alors que l’innovation court vite dans un cadre de moins en moins national. La part de l’intervention de conseillers extérieurs à la fonction publique non seulement peut légitimement augmenter mais le doit ! En revanche le pilotage doit être politique et dégagé des corruptions individuelles, aussi bien dans les détours du labyrinthe étatique, qui ne manque pas de grottes obscures, qu’au plus haut niveau de l’Etat. Songer à améliorer les capacités de pilotage des élites administratives est une urgence. Bien plus que changer le nom de l’ENA et ouvrir le recrutement à « la diversité ». Mettre en place des outils démocratiques de contrôle est tout à fait nécessaire.

Quand on pose mal les problèmes, il est rare qu’on trouve de bonnes solutions.

Le débat médiatique actuel est à côté de la plaque.

Didier Dufau

Premier chèque pour la Croix-Rouge sur le compte d'aide aux réfugiés Ukrainiens

Premier chèque pour la croix Rouge

Nous avons lancé une petite initiative pour aider les réfugiés ukrainiens en France, sous la forme originale de la mise en ligne sans droits d’auteur du livre historique de Didier Dufau sur le génocide commis par l’URSS en Ukraine dans les années trente.

Cette initiative avait le double intérêt de faire connaître des évènements qui ont été longuement tus, niés et minimisés en France, sous la pression de la gauche socialiste, peu intéressée à reconnaître que son camp avait pu commettre un génocide, alors qu’elle associait sans trop de scrupules la droite à la Shoah, et de fournir quelques ressources à la Croix-Rouge française, sur le compte de l’aide aux femmes et aux enfants ukrainiens réfugiés en France.

Nous faisons ce jour un don de 200 euros à cette institution, grâce aux contributions de :

Marie-Claire Carrère Gée

Eliane Elie-Lefèvre

Charlotte Tourmente

Sophie Defyn

Françoise Moulonguet

Marie-Nicole Cromback

Gérard Goy

Eric Frachon

Dominique Molin

Dominique Guillemet

Auxquelles le président du Cercle des économistes e-toile a choisi d’ajouter un don d’une somme équivalente.

Que tous soient vivement remerciés ici.

Il va de soi que l’opération continue et que nous invitons nos lecteurs à participer à cette opération et à la faire connaître autour d’eux.

Le livre peut être acheté pour 10 euros, sous forme de pdf, en mode électronique donc, sur le site de la librairie du cercle :

 https://librairie-e-toile.fr/

Les prélèvements ont cru 20% plus vite que le PIB en 2021 !

alors qu'on prétend avoir baissé les impôts...

« Si les comptes publics ont un peu meilleure mine en 2021, cela s'explique essentiellement par le fort rebond de 7% l'économie française après la récession historique de 8% subie par la France en 2020 à cause de la crise sanitaire. Cette reprise a notamment permis aux recettes de l'État et des administrations de rebondir « vigoureusement » de 8,4%, souligne l'Insee, soit 101,8 milliards d'euros. »

L’Insee vient de produire une première révision de l’état économique de la France pour 2021. Il y en aura d’autres. Il faut attendre en général deux à trois ans pour savoir exactement ce qui s’est passé réellement dans le pays, une réalité qui surprend toujours les étudiants quand on met le doigt concrètement sur cette réalité. Des croissances deviennent des décroissances ; des défaillances étaient en fait des rétablissements. Le temps long de l’économie est une des affaires les plus compliquées à expliquer au profane à qui les journaux servent une bouillie toute chaude, souvent corsée de propagande intéressée, mais hautement provisoire, en évitant soigneusement de revenir sur le plat quand il a tiédi et que son vrai goût apparaît.

Le commentaire purement conjoncturel cité révèle un élément structurel de l’économie française :  les recettes fiscales vont plus vite que la croissance du PIB ! Notre système fiscal est globalement progressif. Et pas qu’un peu ! Toute croissance du PIB se traduit par une augmentation de la pression fiscale, donc des dépenses publiques, dans la mentalité d’assisté qui caractérise le français moyen, donc déficits accrus dès qu’il y a freinage et descente aux enfers dès qu’il y a récession. La réaction de notre Etat géré par la haute fonction publique politisée est alors d'accroître les impôts. Les cycles économiques en France conduisent automatiquement à un sur-accroissement fiscal. Cette mécanique funeste a fait de la France le premier pays mondial pour la fiscalité et les taxes et naturellement un des plus endettés. Elle a pesé sur la croissance jusqu’à la stagnation de longue durée.

En cas de chocs exogènes, la situation devient aussitôt catastrophique. On va encore le voir avec les conséquences de la guerre en Ukraine.

La progressivité fiscale peut se discuter dans son principe mais même si on adhère à sa justification morale, sociale ou politique, personne n’a jamais théorisé qu’elle devait servir à accroître indéfiniment la part du revenu captée par l’Etat. Il faut donc rendre régulièrement le trop-perçu global de la progressivité fiscale aux Français.

Faut-il s’extasier sur le fait qu’après une récession de 8%, l’économie ne rebondisse que de 7% alors que les prélèvements, eux, ont cru de 8,4%, soit 20% plus fort que la base fiscale. Selon quelles justifications ?

N’attendons pas des nuances de l’énarchie « compassionnelle et bienveillante », en vérité socialiste et étatiste, regroupées presque totalement autour d’Emmanuel Macron, qu’elles remettent en cause ce mécanisme pervers qui leur assure un pouvoir constamment accru. La presse inféodée n’en dira mot. Les quelques milliardaires qui tiennent la presse ont obtenu les moyens d’une dé-progressivité de fait et font leurs bénéfices majoritairement hors de France ! Mme Pécresse, énarque, n’en dira mot. M. Dupont Aignan est énarque. Mme Le Pen se voit en populiste socialisante. Toutes les candidatures de gauche sont pour l’accroissement sans limite de la pression fiscale. Quant à Eric Zemmour qui pourrait être intéressé par ce thème, il est trop pressé par les médias de s’excuser de tout et de rien pour avoir le temps d’évoquer cette question critique.

C’est comme cela qu’on finit par décourager les Français de voter.

Dignité et indignation

On se souvient du livre de Stéphane Hessel « indignez-vous § », qui a été un succès mondial. Depuis les indignés sont partout et exigent, exigent, exigent… Ils réclament des lois, des restrictions, des fers. Sur tous sujets.  L’indigné considère que l’action directe est la preuve de son engagement pour le bien. Alors il attaque, en général sans le moindre danger pour lui-même. Il détruit. Il casse. Il ruine. Il boycotte. Il injurie inlassablement. Sa haine d’indigné éructant est son âme de militant, ce qui le tient vivant et ce qui lui fait croire qu’il a une importance quelconque. Pas de nuances. Pas de raison. L’émotion pure et la violence de l’expression. L’éjection radicale de l’ennemi de la sphère du débat. Le bannissement.

Au nom de la souffrance, l’indignation jaillit, mais seulement si elle est sans danger. Car s’il y a un risque alors le silence s’installe. L’indignation est la compagne rituelle de la lâcheté. La femme est une victime, mais pas en terre musulmane. Là, silence ! L’animal est une victime, mais pas l’égorgement dans une baignoire d’un pauvre mouton. L’indignation est toujours sélective. Il faut hurler avec les loups, mais seulement dans les bonnes meutes.  L’indignation a besoin de la proscription pour se sentir efficace. Le goût du pénal et de l’exclusion sociale accompagne l’indignation. La liberté de parole, d’analyse, d’expression doit se soumettre. Il n’y a plus de vie publique, seulement une ritualité de l’indignation sectaire. Le débat disparaît au profit d’une haine affichée qui se suffit à elle-même et ne mène à aucune action concrète autre que destructive verbale d’une altérité fantasmée, en attendant la sanction du fautif.

L’inconvénient de l’indignation est qu’elle ne peut se combattre que par l’indignation ! Elle appelle contre elle les mêmes méfaits qu’elle impose à ces cibles. La bataille des indignités remplace le débat politique et ne mène évidemment à rien. La culpabilité est partout et la morale nulle part. Plus les réseaux sociaux s’embrasent de bons sentiments armés d’insultes, plus la rue devient odieuse et cruelle. L’indignation est la fin de la politique et le règne des Savonarole violents et débiles.

Alors que l'indignation triomphe la notion de dignité disparaît de l’espace publique.  La dignité, c’est ce qui détache l’idée et l’action du seul intérêt d’un individu ou d’un clan pour viser un état supérieur de la conscience.  Il est indigne d’user de pouvoirs contre ce qui justifie ces pouvoirs, justement parce que ce pouvoir existe.  Si vous confiez la garde d’un pont à une force et que cette dernière en profite pour racketter les passants, ceux qui se complaisent à cet exercice facile commettent une indignité. Mais il ne s’agit pas de s’en indigner. Seulement d’imposer un pouvoir plus grand encore à ceux qui se laissent aller. Si vous confiez un adolescent malade à une famille, ce n’est pas pour qu’elle en profite pour le violer. Etc.

La dignité, c’est qu’on attend de toute personne ayant un pouvoir et les défaillances doivent se heurter à un pouvoir concret supérieur.  Que se passe-t-il quand il n’y a pas de pouvoir supérieur ? Seule l’idée de sa propre dignité peut être le garde-fou. La dignité c’est l’antidote de l’abus de pouvoir et de l’irrespect pour ce pouvoir.

Un président de la République Française se doit de respecter la dignité de la fonction et du pays, parce qu’il détient un grand pouvoir et qu’il n'est pas accordé à des fins égotistes. Pratiquement tous les présidents depuis Giscard ont manqué de dignité.  Avec les trois derniers, c’est devenu caricatural. Sarkozy finira sinon en prison du moins avec un collier électronique. Hollande était tellement ridicule qu’il n’a même pas osé se représenter. Macron ne suit qu’un narratif égotiste et considère qu’il n’y a rien à respecter d’autre que lui-même. L’achat de vote a pris de telles proportions et coûte tellement cher qu’on ne voit pas comment on peut aller plus loin dans la démagogie électoraliste et le détournement de l’argent public à des fins aussi étroitement individuelles.  A force d’indignité Sarkozy a tué le RPR, Hollande le PS et Macron abîme la France, comme nation et comme histoire.

Pour la seconde fois, les élections présidentielles françaises sont vidées de tout sens. En tuant l’idée particulière de la France et la joie d’être français, Emmanuel Macron commet l’indignité suprême sans que ceux qui tiennent l’information ne le dénoncent, actant leur complicité. S’en indigner serait ridicule.  Voter contre serait mieux.

Une des leçons répétées de cette élection ratée présidentielle est une règle éternelle : valoriser la dignité est important. Exploiter l’indignation est dérisoire.

Emmanuel Macron : une démagogie sans limite et extrêmement dangereuse

Lorsque les générations futures s’interrogeront sur le surprenant parcours de M. Emmanuel Macron, président sortant bientôt réélu sans campagne du fait des circonstances, par une forme de tacite reconduction, il y a fort à parier que l’interrogation portera sur l'efficacité de la démagogie et l’incroyable perméabilité de l’électorat français à ses formes les plus caricaturales.

En 1981, l’électorat français, au contraire de tous les autres pays, avait choisi l’option socialiste. Quarante plus tard, le pays est ruiné, les politiques publiques françaises sont toutes encalminées, le PIB par tête est effondré par rapport à nos voisins, l’influence internationale française est réduite.

L’échec du nullissime Hollande, incapable de se représenter tant il avait été peu convaincant, devait marquer la fin de cette erreur gigantesque et permettre de passer à autre chose.

La haute fonction publique, qui dirige désormais le pays en famille, a choisi de mettre en selle un certain Macron, lorsque le vieux Juppé s’est révélé un peu trop terne pour redorer l’image de cette secte factieuse qui tient directement l’administration, l’état, la politique, la finance, l'euro,  les grands groupes industriels qui nous restent et indirectement les médias.

Elle n’a pas vu que son héros, sorti vainqueur de la bataille des prétendants au sein de l’énarchie, n’avait non seulement aucune morale, se considérait très au-dessus des convenances démocratiques généralement admises, mais aussi n’avait aucune considération pour son pays, considéré comme désuet, au point d’aller, avec une fréquence redoutable, jusqu’à la francophobie la plus méprisante. Le vrai échelon était l’Europe, et rien ne saurait l’empêcher de viser un vrai destin : laisser la France à sa géhenne et à sa médiocrité devenue territoriale et tenter plus à l’échelon de l’Europe.

Aller si loin dans une démagogie effrénée ne peut s’expliquer justement que par un mépris marqué pour l'électorat français mais aussi pour les Français eux-mêmes.

Lorsqu’un président, candidat à sa réélection, affirme sans rire dans un pseudo-meeting : je suis celui qui a fait le plus pour baisser les impôts ! Il aurait dû dire : comme vous êtes des cons et des jobards, j’ai levé 700 milliards de dettes, pour pouvoir vous en refiler 45 et vous dire que je suis très généreux avec vous afin d’être réélu. Comme je suis nul, le commerce extérieur présente un déficit de 100 milliards dès 2022 et le déficit du budget sera à peu près du même montant. Mais ne regardez pas ces chiffres que vous ne comprenez pas. Voyez mes actions ciblées. N’ai-je offert la gratuité pour les menstrues des étudiantes ? Céder pour le revenu jeune sans vraie contrepartie ? Porter l’avortement pour convenance personnelle à 9 mois de grossesse ? Cédé, concédé, quelque chose à toutes et à tous ? Depuis que j’ai viré Édouard Philippe, j'ai repris la main et ne m’occupe que de ma réélection. Le plan, c’est 121 mesures ciblées depuis le début 2021 ! Je les accumule et je les distribue inlassablement, quoi qu’il en coûte.

 

Le clou, c’était dans la décision, à l’annonce de ma candidature, de lâcher le point d’indice de la fonction publique et le Smic ; et hop !

Alors bien sûr, il y a cette affaire calamiteuse de l'étranglement du tueur Corse Colonna par un djihadiste. Comment Macron a-t-il réagi ? S’est-il rendu immédiatement en Corse après avoir demandé la démission du ministre de la Justice ? Pas question. On l’a rejoué comme avec les Gilets Jaunes : deux à trois semaines de silence, et après, quand tout est bien envenimé, on lâche l’autonomie aux Corses. Et dans le même temps, on continue le programme d’humiliation devant l’Algérie criminelle, qui a liquidé des dizaines de milliers de Harkis et de pieds noirs sans respecter les accords d’Évian.

Pour montrer la bassesse où en est réduit le pays, il ne manquait plus que l’invasion de l’Ukraine par Poutine, alors qu’on venait de se faire virer du Mali, où nous avions la supériorité numérique, par 500 soldats de Poutine, sous le nom de Wagner, associés avec une clique militaire née d’un coup d’État commis en notre présence !

Et voilà le président francophobe réduit à faire semblant qu’il parle utilement au dictateur une fois par jour toujours en vain mais simplement pour faire semblant d’être un président utile et qui explique que l'Europe a changé et vient à ses thèses. C’est un fait : Biden a cassé le marché entre l’Australie et la France et vend ses F.35, exécrables, à l’Allemagne et aux autres pays européens…

La guerre change toutes les perspectives à court terme. On voit que la lâcheté qui l’a conduit à laisser tomber Fessenheim était criminelle d’imprévoyance, que l’exploitation de gaz en France ne demande qu’une autorisation et qu’on aurait pu être totalement s’épargner des difficultés énergétiques. On voit que la lâcheté qui avait conduit à mettre en jachère toute l’agriculture française, naguère première d’Europe et désormais en pleine décrépitude était intenable. On voit que l’incapacité de redresser notre commerce extérieur nous met dans une situation détestable quand nos principaux exportateurs sont gravement entravés. On voit que notre armée fonctionne avec des bouts de ficelles comme l’avait souligné le chef d’état-major limogé en début de mandat. L’insécurité est partout avec des zones de non droit qui s’étalent et étendent leur autonomie anti-française.

Est-ce qu’on peut imaginer pire bilan, pire imprévoyance, pire gaspillage, pire démagogie, pire incapacité à gouverner ? Sans compter que l’on vient d’annoncer la fin prochaine de toute construction sur le territoire sinon dans les villes, dans un silence assourdissant !

On va vers une réclamation autonomiste en Corse, en Bretagne, en Savoie, au Pays basque, en Alsace, au Languedoc et pourquoi pas en Auvergne et au Comtat-Venaissin !

Ruinée, écartelée, déclassée, remplacée, surendettée, désindustrialisée, démoralisée, sans jeunesse, une France de vieillards pétochards et d’intérêts catégoriels va confirmer le pire président qu’elle n’a jamais élu et qui n’a suivi que la boussole de son intérêt électoral et personnel, sans considérer qu’il ne devait rien s’interdire.

Que restera-t-il de la France après son passage après cinq nouvelles années sur ce mode ?

Ce qu’il reste de Paris après dix ans de socialisme Woke à la Hidalgo ?

Les Français sont nés malins. Mais ils voient bien, déconfis, qu’ils ne sont plus que des naufragés indignes du pays dont ils ont la nationalité !

Un Macron, comme un Mitterrand et une Hidalgo, cela ne se réélit pas !

Opération Solidarité avec les réfugiés ukrainiens

Notre cercle a décidé d'aider les réfugiés ukrainiens en diffusant sans droit d'auteur ni frais le Livre de Didier Dufau sur Holodomor, la première monographie en langue française sur le grand génocide qu'a subi l'Ukraine au début des années 30 et qui a été occulté, nié, minimisé pendant des décennies par l'intelligenstia française.

 

Le livre est mis en diffusion en mode pdf pour 10 euros  sur notre librairie en ligne :

 

librairie-e-toile.fr
 
 
La recette sera entièrement reversée aux associations s'occupant des réfugiés en France.
 
Nous comptons sur votre générosité et la diffusion de cette initiative qui aura également le mérite de faire connaître au plus grand nombre,  en détail, un massacre inouï qui explique aujourd'hui la résistance acharnée des Ukrainiens .
 
Merci d'avance à tout. 



Connaissez vous le ZAN ?

Quand la bureaucratie devient folle

La campagne électorale a fait émerger un thème récurrent : l’excès de bureaucratie et de normes en France. « Cesser d’emmerder les Français » est redevenu une idée forte. Les Français ont bien été obligés de constater que leur système de santé avait été ravagé par une bureaucratie envahissante et pléthorique qui met sous tutelle les médecins, et qu’il était dirigé par des camarillas sans mérite, installées là par l’intrigue et s’y maintenant avec des comportements de castes.

Comme en 2012, comme en 2017, les projets de débureaucratisation se débondent dans la campagne électorale.

Et il y a la réalité. Pendant que les nigauds s’amusent, les choses sérieuses continuent. À cinq semaines du premier tour, voici ce que fait par exemple l’ex-ministère de l’environnement dit aujourd’hui « de la transition ». Le verbiage débile, il n’y a que cela de vrai.

Le ministère de la Transition écologique a mis en consultation, jusqu'au 25 mars, les trois projets de décrets relatifs à l'artificialisation des sols prévus par la loi Climat et résilience, votée l'année dernière. Ceux-ci doivent permettre d'appliquer l'article L101-2-1 du code l'urbanisme, qui introduit cette notion d'artificialisation, ainsi que celles de désartificialisation et d'artificialisation nette, qui viendra remplacée (sic NDLR) la notion aujourd'hui utilisée de "consommation d'espaces agricoles, naturels ou forestiers" (Enaf). La loi Climat et résilience fixe ainsi comme objectifs la réduction par deux, sur les dix prochaines années, du rythme de consommation d'Enaf, puis l'atteinte, à horizon 2050, du principe de Zéro artificialisation nette (Zan).

 

Cette notion sera donc, à compter de 2031, centrale pour les projets de territoires, en déterminant quels espaces pourront être construits sans besoin de compenser par de la désartificialisation. La loi définie comme "artificialisée une surface dont les sols sont soit imperméabilisés en raison du bâti ou d'un revêtement, soit stabilisés et compactés, soit constitués de matériaux composites". Mais elle renvoie à un décret le soin de fixer ses conditions d'application, et notamment d'établir "une nomenclature des sols artificialisés ainsi que l'échelle à laquelle l'artificialisation des sols doit être appréciée dans les documents de planification et d'urbanisme".

C’est Batiactu, une sorte de Canard Enchaîné involontaire de la bureaucratie dans le bâtiment, qui publie cet article.

Désormais il sera interdit de construire en France, sauf sur des surfaces déjà construites ou en rendant des surfaces construites à la vie naturelle. C’est une atteinte prodigieuse aux droits des Français. Une interdiction aussi radicale devrait faire l’objet d’un formidable débat, surtout en pleine campagne électorale. Pas un mot.

On fait venir 2 millions d’étrangers par quinquennat en France (4 millions d’ici 2 032 et la pleine application de la loi) et on crée de ce fait une énorme pression pour construire mais on annonce : il faudra densifier les villes et les villages. Pas une parcelle de verdure pour ces gens-là ni pour ceux qui fuient leur futur voisinage ! Tous dans le béton ! Ah non, le béton est aussi interdit. Zut alors, on fait quoi ?

Le même ministère est chargé de construire 20 à 30 mille éoliennes de plus dans les « territoires », ce qui n’est évidemment pas « artificialiser » les campagnes et le plateau continental ! Il est vrai que l’emprise au sol d’un mât de plus de 100 mètres de haut est minime. Mais le champ de nuisance d’une éolienne de 2 MW est de cinq hectares au minimum, sans compter les effets sur la vue et les paysages. Il ne faut pas « consommer des Enaf » (sic) mais pourrir des centaines de milliers d’hectares de campagne est souhaitable !

On attend avec impatience la " nomenclature des sols artificialisés ainsi que l'échelle à laquelle l'artificialisation des sols doit être appréciée ». Cela s’annonce génial. Pensons à l’Énarque qui rédigera ce pensum dans l’hyper espace bureaucratique.

Ce qui est sûr c’est qu’il ne sera plus possible :

-          De construire des voies de chemin de fer

-          De construire des routes et des autoroutes

-          De construire des logements

-          De construire des usines

-          De construire de nouvelles centrales atomiques, sauf à les empiler les unes sur les autres.

-          De construire quoi que ce soit.

L’échelle, voilà la clé. L’échelle enfin ! Nous serons sauvés ! L’énarque Dugenou, à qui sera confié le rapport, aura paralysé toute la construction en France. On lui donnera sûrement une médaille. Pensez : il aura rédigé une « échelle d’appréciation ».

Vous avez bien lu : au moment même où se tient la campagne électorale présidentielle, un cabinet d’une ministre typique de l’emprise familiale de l’énarchie passe des décrets interdisant de construire, dans le pays le moins dense d'Europe, sans doute pour sauver la planète. On parle de réindustrialisations mais sans implantation d’usines ! On parle de tourisme, mais sans moyens de transport.

Pendant que les grandes villes deviennent invivables partout où les Verts ont pris le pouvoir, on exige que toute initiative nouvelle soit faite en ville par densification mais sans densifier les villes parce que les maires ne veulent pas (sauf pour avoir l’argent des promoteurs pour faire des pistes de vélos)

Dans le même temps, on veut fortement réduire les circulations et assigner les gens dans leur quartier sans bouger au-delà d’un transport d’un quart d’heure !

Les passe-co2 se multiplient dans les transports et dans la construction.

Ici et maintenant.

Sous nos yeux émerveillés.

Sans complexe.

Sans la moindre hésitation.

Dans le mépris absolu de l’opinion des Français qui découvriront bien plus tard qu’ils sont prisonniers de réglementations obscènes et attentatoires aux libertés et à la propriété.

Le ZAN aura vaincu ! Vive le ZAN ! Le ZAN : Chef-d’œuvre bureautique absolu.

Qui a dit qu’on nous prenait pour ce que nous sommes ?

Français, né malin, votez bien et dormez bien. Votre président vous protège.

Impuissance de la vérité ?

Notre cercle a été construit autour de quelques vérités à défendre et qui ne l’étaient pas.

Nous nous sommes reconnus dans le même combat contre des erreurs tragiques et manifestes.

-        Les changes flottants sont une mauvaise solution qui provoque des déséquilibres insurmontables et entraînent des crises financières à répétition. On a cru qu’on pourrait régler les difficultés avec les banques centrales et en encadrant de façon routinière l’activité des banques. On constate que jamais les dettes des banques centrales n’ont été plus élevées, que jamais l’inflation n’a été plus menaçante et que les banques centrales sont paralysées dans le dilemme hausser les taux et provoquer une récession majeure, laisser courir avec une inflation majeure. Accessoirement, institutions non élues, il leur appartient de diriger la vie de chaque citoyen sans aucun débat public. La vérité toute nue qu’il fallait ne pas continuer à s'enfoncer dans cette erreur n’a jamais pu émerger dans le débat public, bloquée non pas par une doxa dominante, personne ne soutient vraiment les changes flottants, mais par l’influence des États-Unis et la soumission des élites françaises. Ceux qui comme nous comptaient sur la pédagogie des crises à répétition en ont été pour leurs frais. La crise de 73 a été attribuée au cartel pétrolier, alors que la réaction du cartel provient de la crise ! Une inversion commode. La stagflation qui en a résulté a été cassée par une récession au début des années quatre-vingt pour déboucher sur la crise de 92-93, gravissime, attribuée cette fois-là à la guerre en Irak… La crise du dollar de 98 a été attribuée aux pays émergents jusqu’à ce qu’elle touche les marchés financiers spéculatifs américains, ruinant quelques épargnants au passage. La solution trouvée a provoqué une hystérie financière qui s’est terminée par l’énorme crise de 2008. Et on voit où on en est aujourd’hui. Et pas un mot nulle part, pour essayer de comprendre la dynamique des évènements et tenter de remettre en place un système cohérent.

-        L’Eurosystème est un système récessioniste. Tout le monde le sait et la crise de 2011 en particulier en Grèce est venue opportunément le démontrer. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucun mécanisme qui permet d’assurer la maîtrise des déficits et des excédents de balances commerciales et de capitaux. Les exportations allemandes sont devenues égales à la valeur ajoutée des entreprises françaises et leurs excédents sont colossaux sans aucune réaction des autres. Les seules mesures contraignantes concernent les pays en déficit. Mais déficits et excédents vont ensemble. Les pays en déficit disposent d’une monnaie unique trop élevée pour rétablir leurs exportations, et les autres d’une monnaie trop faible. Cela fait maintenant 22 ans que tout le monde le sait et s'accommode d’une dépendance aux excédents allemands totalement contre-productive. Le résultat : tous les pays en difficulté ne survivent que par la dette. Jusqu’au jour où… Et il n’est plus loin. Il n’y a rien à faire. Les élites ne veulent rien savoir, rien dire, rien faire. Chut ! Fuyons en avant et on verra bien !

-        Un libre-échange déséquilibré avec la Chine que l’Occident laisse devenir l’usine du monde était une folie dénoncée dès 1997-1998. Il ne pouvait en résulter que l’écrasement des classes laborieuses des pays développés. Maurice Allais l’a prouvé de façon éclatante sans jamais être contredit. On a simplement marginalisé sa parole. Tout le monde voit le résultat.

Ces trois vérités fondamentales forment-elles le socle d’une réflexion profonde, d’une mobilisation féconde, d’une demande de réorganisation globale permettant de sortir de l’enchaînement permanent des conséquences dramatiques ? Pas du tout ! Silence dans les rangs. Surtout ne rien faire, ne rien dire, ne rien penser ! L’impuissance de la vérité est absolue.

De notre part, 25 ans de combat pour rien ! Sinon le témoignage que ces vérités ont été vivantes dans les marges du système. Quelles perspectives s’offrent à elles ?

La France est désormais dirigée par un bouffon narcissique ridicule, syndic d’une caste énarchienne qui a capté le pouvoir en famille et qui compte bien le garder, qui se satisfait d’une gestion égotiste et électoraliste de son narratif, sans aucun effet autre que dérisoire sur les grandes questions du monde. L’alignement sur l’Allemagne et sur l’union européenne interdit tout discours sérieux et toute remise en cause efficace des tares de l’Eurosystème. L’alignement sur les États-Unis ne permet pas de remettre en cause l’organisation monétaire mondiale ni la désindustrialisation provoquée par la Chine. Cela conduit à une impuissance verbeuse et obscure, du genre « se réinventer » ou « inventer des politiques singulières ». Depuis 5 ans, on a dû déjà se réinventer une centaine de fois. Mais le verbe renaît comme le chiendent. Il est si commode. Mais il ne peut rien sur les réalités, comme toutes les poudres de perlimpinpin médiatiques.

Si la vérité est impuissante, force est de constater que postures et impostures offrent sans doute des bénéfices électoraux mais accusent l’impuissance de l’État qui a accepté de les bénir, aggravent les risques et rendent de plus en plus difficile la recherche de solutions !

Invasion de l’Ukraine : la fin de la récréation en France.

La Russie a désormais montré son vrai visage : une infecte dictature qui se moque de tous les efforts faits pour bannir la guerre comme moyen de régler des litiges internationaux. La Chine est une dictature tout aussi infecte qui montre tous les jours ce qu’elle est à Hong Kong et bientôt à Taïwan. Ces deux pays impériaux et impérieux sont sortis du communisme économique pour tenter d’exploiter les démocraties développées. Ils ne sont décidés qu’à des rapports de force.

Par cupidité, l’Occident s’est précipité pour faire de la Chine l’usine du monde, tout en prenant la posture du bien pour limiter ses propres productions non écologiques. La croissance délirante de la Chine correspond exactement au renforcement de la dérive climatique, car elle est fondée d’abord sur le charbon.

Par bêtise de gauche, les Occidentaux et particulièrement la France, ont refusé de juger les génocides commis par l’URSS, et en fait principalement par la Russie. Lorsque les Ukrainiens ont demandé que l’on reconnaisse le génocide à répétition commis par Moscou, on les a envoyés balader. Et pourtant : trois famines provoquées, en 1917, entre 1932 et 1934 et en 1947. Un bilan qui comme toujours est difficile à établir mais dont les chiffres les plus faibles sont 2 500 000 morts pour les deux premières et 700 000 pour la troisième. Il faut ajouter les 700 000 exécutions qui ont eu lieu entre 1935 et 40 et qui ont peuplé les charniers, avant l’élimination des juifs d’Ukraine par Hitler et ses séides. On aboutit à près de 6 millions de morts sur une population de 25 millions de paysans. Les chiffrages les plus élevés parlent de 10 millions de pertes démographiques. Pour que les méthodes employées soient claires, rappelons qu’entre 32 et 34, des villages entiers ont été vidés de leurs réserves alimentaires puis encerclés et toute la population, hommes femmes et enfants y est morte de faim dans des conditions atroces. Des centaines de villages ! Il était du devoir de l’Occident de reconnaître Holodomor comme un des plus grands génocides du siècle. Mais voilà : Sarkozy avait nommé Kouchner quand la question s’est posée. Il ne l’a pas fait parce que les socialistes et les communistes ne veulent pas de la tâche génocidaire sur leur doctrine. Mais il s'agit bien d’un génocide. Ne pas l’avoir qualifié ainsi laisse à Poutine le loisir d’accuser l’Ukraine martyre de commettre un génocide contre les Russes ! Dégoût !

Par bêtise écologique les Allemands ont choisi de liquider leur énergie nucléaire et de créer des éoliennes intermittentes qui les font dépendre à quasiment 100 % du gaz russe et mettent toute l’Europe dans une situation de faiblesse face à la Russie.

Par bêtise socialiste, les Français ont choisi une option étatique-socialiste depuis 1980 qui l’a tellement affaibli qu’elle n’a plus aucune indépendance dans aucun domaine et qu’elle ne peut plus agir faute d’argent à l’intérieur comme à l’extérieur. Quand on veut être la reine de la dette et des impôts, on se retrouve dans la position des clochards de Bunuel qui souillent des robes de mariés avec des grognements obscènes : on déchire ce qu’il reste de tenue dans le pays et on laisse tout le champ à la démagogie et à l’abjection.

Par bêtise nationaliste, les Américains ont imposé un système mondial de changes flottants qui revient à faire du dollar la monnaie du monde au prix de déséquilibres incontrôlables créant des crises à répétition et finissant, avec l’entrée de la Chine dans l’OMC, par affaiblir les Etats-Unis.

Par bêtise démographique, l’Europe et en particulier la France en Europe, a laissé faire un effondrement radical des naissances natives tout en acceptant une véritable invasion en provenance d’Afrique, notamment des pays musulmans et tous se retrouvent partout confrontés à des dissidences internes et à une guerre larvée.

Par bêtise diplomatique les Américains et derrière eux tous les pays occidentaux ont laissé faire Poutine au Moyen Orient et en Afrique. Ils ont laissé Poutine dézinguer Daesh et encouragé la Russie à envoyer des Wagner qui sont là pour chasser notamment les contingents français. La nullité lâche de Macron au Mali qui se laisse virer par des putschistes aidés par 500 Wagner est calamiteuse et miteuse, alors qu’il a la supériorité militaire.

Par bêtise européiste, on a organisé une Europe dépressionnaire qui fait pire que le reste du monde en termes de croissance depuis les années quatre-vingt, préparatoires à l’Euro, tout en supprimant toutes les frontières, et en se désarmant massivement. Il faut noter que l’explosion des nations en régions voulue par les européistes anti nationaux interdit tout effort militaire et force à se cacher derrière les Etats-Unis.

Par bêtise pure, les Français ont élu un président qui n’a aucune autre vision que lui-même et a gâché les chances de la France par indécision et virevoltes pendant 5 ans. Il n’a dirigé que son « narratif » électoraliste, et jonglé avec des « en même temps » dérisoires et démobilisateurs sauf pour les groupes de pression islamique et LGBT. Par atavisme énarchique, il a multiplié l’hystérie bureaucratique.

L’histoire se venge toujours. Les voyous s’emparent toujours de la faiblesse des Etats, qu’il s’agisse de la direction d’états voyous comme la Turquie, la Chine et la Russie, ou des délinquants en interne.

La France de Macron se découvre soudain d’une faiblesse et d’une impuissance déshonorante, si on tient compte d’où nous venons, avec des préoccupations internes dérisoires, et externes entravées. Elle crie au respect de la frontière ukrainienne en ayant abandonné ses propres frontières. Elle veut être un leader en matière de lutte contre le réchauffement climatique, alors qu’on voit bien que les chars, les hélicoptères et les fusées russes ne marchent pas à l’électricité. Macron a relancé l’énergie éolienne qui dépend à 100 % de la Chine et du gaz russe, tout en revenant cinq ans trop tard sur sa politique antinucléaire folle qui lui a fait fermer Fessenheim et nous fait brûler du charbon en masse et subir une hausse démente des prix de l’énergie.

Depuis mai 1968, les Français sont dans le rêve. Et ils se retrouvent un demi-siècle plus tard dans un cauchemar. Qu’au moins le nouveau martyre des Ukrainiens les fasse sortir de leur narcolepsie, de leur myopie et de leur paresse. Et, s’il vous plaît, plus jamais de Macron, de Mélenchon, de Le Pen ni de féministes en goguette. Un grand redressement est nécessaire qui ne passe pas par la mollesse et la démagogie. L’Union Européenne de Madame Ursula von der Leyen sait éditer des affiches de promotion de la femme voilée mais n'a pas vocation par les traités d'agir fermement  devant Poutine, la Chine ni même la Turquie.

La sinistre réalité est que l’Europe occidentale doit avoir 150 000 hommes à ses frontières à l’est avec les meilleurs chars et des défenses aériennes solides, avec une couverture atomique, et des plans opérationnels d’attaque si nécessaire avec drones et éléments de guerre électronique. La priorité des nations européennes est de créer cette masse militaire en association avec les Etats-Unis, mais avec une part majeure de souveraineté, toutes les décisions n'étnt pas laissées à Washington. Le parapluie américain n’existe pas. Ce n’est pas en donnant à l’Allemagne tous nos brevets dans le domaine de l’aviation et des armements que la France aura la meilleure contribution à l’effort général, ni en acceptant que l’appartenance à l’Otan signifie d’être entièrement dépendante de l’industrie d’armement américaine.

La part exigible de la France dans cet effort massif suppose l’arrêt des politiques d’effondrement économique et le retour immédiat aux quarante heures et à la retraite à 65 ans. Tout le monde il n’est pas beau et il n’est pas gentil. Quand on apprend que la même nuit, une attaque a eu lieu en banlieue française contre un tournage de film avec tirs d’engins d’artifice et mobilisation de masse de voyous avec 300 000 euros de matériels volés, et que les hélicoptères et les chars russes attaquent le centre-ville de Kiev, on voit que ce n’est pas M. Dupont-Moretti, applaudi à son arrivée au ministère par les truands incarcérés, ni Madame Parly, ministre par la grâce du népotisme énarchien, sous la direction d’un président qui n’a même pas fait de service militaire et qui les a nommés par clanisme et calculs, et qui ne raisonnent que par rapport aux pulsions de sa petite personne et à ses objectifs électoraux,  que la France pourra être à la hauteur des défis du temps.

C’est sans doute très apprécié d’annoncer la gratuité des serviettes hygiéniques pour les étudiantes, et la prise en charge des pensions alimentaires des femmes immigrées esseulées parce que Monsieur est reparti au bled, parmi 121 autres cadeaux au peuple électoraux du même genre, mais il aurait été mieux d’agir contre les Wagner en Afrique et d’éviter de se retrouver avec 3 000 milliards de dettes aux mains essentiellement de l’étranger, tout en nous privant d’une énergie abordable.

Nous n’avons pas besoin d’un président à narratif, hésitant entre le capricieux et l’inepte, francophobe à l’occasion, multipliant les gaffes diplomatiques déplorables, avec son ego comme seule boussole. Nous n’avons pas besoin de Wokisme. Nous n’avons pas besoin de socialisme et encore moins de « bolivarisme ».

Poutine, Xi Jin Pin et jusqu’à Erdogan ont sifflé la fin de la récréation.

Les Français qui s'opposent à Emmanuel Macron sont-ils vraiment des malades mentaux ?

Une curieuse offensive est en cours dans les médias visant à faire passer Emma               nuel Macron pour une victime. Il y aurait une haine anti-Macron malsaine et antidémocratique. La haine est devenue un thème judiciaire avec une répression réelle. Critiquer Emmanuel Macron devient ainsi l’acte haineux d’un type dérangé qui pourrait être poursuivi puisque l’incitation à la haine est désormais un délit pénal.

Certains diront : vous exagérez. Ce comportement victimaire et insultant pour leurs opposants est typique des indigénistes, des homosexuelles militantes, des fanatiques islamistes, pas d’Emmanuel Macron, tout de même.

Alors lisons l’article d’un auteur se déclarant haut fonctionnaire, un certain Louis-Alexandre Bombet, dans la page « mise au point » du dernier Marianne. Le titre est remarquable : « La Macron-Phobie : une névrose bien française ».

L’emploi du mot phobie est typique : la phobie est une maladie. Les propos des phobiques sont des propos de malades. Critiquer Macron est une phobie, donc un acte de malade. Les islamistes utilisent la même méthode avec l’islamophobie. Critiquer l’islam est intolérable : c’est de la haine phobique qu’il faut condamner avant de la réduire. Idem pour Macron.

Mais comme ce Monsieur Bombet semble trouver l’anathème un peu usé, il en rajoute dans la psychiatrisation de ceux qui critiquent son idole. Ils sont névrosés. On ne discute pas avec un névrosé, on l'envoie se soigner dans des lieux spécialisés.

Les hauts fonctionnaires qui se sont regroupés autour de Macron et qui l’avait déjà imposé dans les conditions que l’on sait, un pronunciamiento caractérisé, en 2017, ne veulent pas qu’il soit même décent de ne pas confirmer leur « leader maximo ». Ces pauvres gens qui ne le veulent pas seraient tous des névrosés phobiques ! Voilà de l’argumentation politique solide et articulée contre tous les observateurs qui ne chantent pas les louanges de Jupiterino.

C’est qu’il a été parfait notre Macron pour les tenants de l’énarchie compassionnelle et bienveillante. Il a géré la crise sanitaire en champion et la stratégie du passe sanitaire et vaccinal était épatante. Ah ! Affirmer que les réticents étaient des irresponsables indignes d’être citoyens et qu’il fallait prendre plaisir à les emmerder, quelle hauteur de vue et quelle belle manière démocratique ne manifestant aucune haine, attisée par les moyens d’état, contre une partie de la population. Pour finir, espérons-le, avec plus de 134 000 morts du Covid, un des scores les pires en Europe et pas d’un peu (voir notre article précédent qui montre que c’est proportionnellement quatre fois pire qu’en Finlande).

Tout le monde a compris que Macron était mortifié du retard invraisemblable de la vaccination lorsque les vaccins ont été disponibles. Il a voulu prendre une revanche statistique en utilisant tous les moyens pour faire mieux que les meilleurs. Cette course revancharde n’a eu aucun effet sur les résultats médicaux mais lui a fait du bien. « J’ai envie de les emmerder encore plus », a-t-il éructé en tentant de monter le bon peuple contre les rétifs. Qui est le malade ?

Pratiquement tous les pays ont abandonné le passe vaccinal, sauf la France qui a converti le passe sanitaire en passe vaccinal juste au moment où l’évolution du virus le rendait incontrôlable et beaucoup moins dangereux. Pire : on s’est aperçu que la troisième dose facilitait l’infection par Omicron ! On vient de supprimer leur passe à des centaines de milliers de personnes qui ne veulent pas de troisième dose pour ne pas avoir le Covid, variante Omicron ! Là encore, qui est le manipulateur et le malade ?

En vérité Emmanuel Macron n’avait pas supporté la place prise par son Premier Ministre lors du premier confinement qui l’avait laissé suspendu dans le vide et nageant entre deux discours creux. Il a viré son premier ministre comme un malpropre et son comportement de l’été à l’automne a été marqué par une forme de délire. Qu’on pense à l’affaire libanaise et l’hystérie qui l’a saisi en pays étranger contre le journaliste Malbrunot qui, très justement, s’inquiétait d’une dérive délirante qui le faisait négocier avec le… Hesbollah, mouvement terroriste iranien. Qui était le dingue dans cette affaire ?

Lorsque le variant anglais a frappé, Macron a exclu le retour à des formes de confinements plus stricts. Son laxisme a coûté entre 10 et 20 mille morts évitables selon beaucoup d’épidémiologistes. D’où la frénésie tardive de vaccination pour passer pour le sauveur de la santé publique. Là encore, si une analyse psychiatrique doit être faite, elle concerne plutôt Emmanuel Macron que les Français rétifs.

Sur le plan économique, ce monsieur Bombet voit une situation absolument remarquable et florissante. Si la dette, la balance commerciale et les déficits sont devenus abyssaux, « c’est que qu’il fallait faire » ! La vérité ne semble pas étouffer ce Monsieur Bombet. L’essentiel des 700 milliards de dettes supplémentaires était acquis avant la pandémie… comme les déficits de la balance commerciale et comme les déficits publics. Sur ces trois sujets, le désastre est continu et complet depuis le premier jour du mandat macronien. Ce n’est certainement pas ce qu’il avait annoncé ni ce qu'il fallait faire. Il serait étonnant que pour le second mandat il annonce 700 milliards de nouvelles dettes et un déficit à 150 milliards d’euros de la balance commerciale ou à 300 milliards du budget.

Comme d’habitude on pavoise quand la situation mondiale s’améliore sans reconnaître que le résultat national est faible, voire très faible, par rapport à la situation des autres pays. Nous avons connu une récession de 8 % quand la plupart des autres pays sont restés entre 4 et 6 % de baisse. Nous nous vantons d’une hausse de 7 %, quand les affreux brexiters anglais sont à 8.5 %, Nous n’avons pas encore retrouvé le niveau de PIB de 2019, alors que par exemple les Suisses l’ont fait dès l’été 2021. Nous avons explosé les comptes et la dette, alors que les Suisses n’ont eu que des hausses minimes et que le Danemark est déjà revenu sur tous les grands agrégats à la situation d’avant crise. Bref, nous sommes à la traîne. L’ampleur de nos déficits est tragique et va nous plomber pendant des décennies. Non ! Ce n’est pas ce qu’il fallait faire !

Ce Monsieur Bombet voit en Macron, le grand réformateur promis. La suppression de la taxe d’habitation était une démagogie qui a déstabilisé le pays pour des raisons politiciennes (achat de vote pur et simple : c’est la mesure qui permettait de dire à tous qu’il avait fait quelque chose pour eux). La hausse de 26 % de la CSG a créé un climat épouvantable quand les gens ont réalisé le mensonge qui consistait à parler d’une hausse d’un peu plus de 1 %. On retrouvera le mécontentement dans l’affaire des Gilets Jaunes. Le choix de la retraite par point était absurde et a provoqué à la fois des troubles sérieux et un abandon de la réforme alors qu’il suffisait d'augmenter l’âge de la retraite et d'aligner les conditions du secteur public sur celles du privé. Le courage a manqué. On devait supprimer 120 000 fonctionnaires. On a créé 120 000 postes de plus. Bien sûr il y a eu la transformation de l’ISF en IFI, et la taxation forfaitaire des revenus du capital. C’était la condition de la réélection. Le reste des réformes est ou faible ou contestable. Macron a fini sans bilan. D’où l’activisme fou des derniers mois dans la distribution de cadeaux au peuple aux frais du contribuable.

Les libertés individuelles ont été respectées affirme notre thuriféraire. Les passes sanitaires et passe CO2 sont des atteintes à la liberté et à la propriété. La baisse autoritaire de la vitesse sur les routes n’est pas la marque d’un grand souci de la liberté. Macron a acté l’idée qu’on pouvait insulter et faire du tort à ceux qui résistent à des mesures coercitives et le réchauffement climatique va se substituer au Covid comme source de déclaration de mauvais citoyens à « emmerder ». Le Wokisme est un recul phénoménal des libertés et plusieurs ministres ont œuvré dans ce sens même si d’autres ont renâclé. Macron n’a rien tranché. Comme d’habitude. Courage fuyons !

« Nous n’aimons pas le juste milieu » et nous avons besoin « de cris et de fureur » pour nous sentir vivre, déclare notre pertinent haut fonctionnaire. Les opposants ne sont pas seulement phobiques et névrosés. Ils appartiennent à une nation tarée qui « aime les penseurs radicaux ». Il est vrai que Macron s’est présenté comme un penseur radical et disruptif qui allait faire la « révolution ». Mais cela, c’était avant. Maintenant c’est un centriste pépère adepte du juste milieu sympathique. Il ne s’agit plus que de grands effets lyriques viennent exciter notre névrose (encore !). Il est vrai que Macron s’égosillant dans un meeting, ce n’était pas terrible comme spectacle et on avait le sentiment que le névrosé, c’était le candidat.

Notre haut fonctionnaire conclut en espérant que notre névrose pourra être « tenue en sourdine ».

La vérité est simple. Les hauts fonctionnaires qui ont pris le pouvoir ne veulent pas le lâcher et quiconque s’y oppose est un malade mental, alors que si on se place sur le plan psychiatrique, Emmanuel Macron, leur candidat, a donné mille marques d’une difficulté réelle. Il ne raisonne que par rapport à lui et considère la démagogie poussée à l’extrême comme un outil légitime. Une gestion purement narcissique, théâtrale, verbale et politicienne ne conduit à aucun résultat sérieux. Et cela se voit. Il suffit de constater que dans son rôle diplomatique, qui est le propre de la fonction, il s’est fait humilier par Poutine, avec les résultats qu’on voit aujourd’hui avec l’attaque de grand style contre l’Ukraine, mais aussi par Biden, par les Maliens, par l’Algérie, par les Centrafricains, par…

Tenter en permanence de sauvegarder un narratif qui lui donne une certaine idée de lui-même n’est pas gouverner. La France a continué à reculer sur presque tous les fronts (économiques, sociaux, sécuritaires, diplomatiques, militaires), et les Français s’en inquiètent. Cette inquiétude n’est pas une névrose. Et la réserve devant tant de démagogie et de désinvolture de la part d’Emmanuel Macron n’est pas de la phobie.

On s’attend à un déferlement démagogique massif préparé depuis des lustres, pour le jour où Macron sera à nouveau candidat. Aucun programme pour les cinq années prochaines n’a été esquissé. On a seulement distribué des prébendes (131 aux derniers décomptes) ciblés. Alors il va être asséné à grands coups de Com', à peine 30 jours avant le vote pour réduire à rien les débats. Toutes les nouvelles promesses seront politiquement correctes et annonceront des lendemains qui chantent. On va retrouver un Jupiter triomphant.

Pour permettre à cette comédie grotesque d’être efficace il faut stigmatiser les névrosés et les phobiques et psychiatriser les Français, avec le relais des médias complices. Que va donc faire Marianne dans cette galère ?

On trouvera toujours un haut fonctionnaire de service pour insulter le pays et sa population. À quand le serment d’allégeance au grand Conducator ?

Et tout cela est organisé par l’Élysée. Espérons que M. Bombet tiendra sa récompense si le sortant est réélu. Injurier la France et les Français, au pays de l’énarchie triomphante dévoyée par la politique et le goût des prébendes, n’a même pas l’excuse d’une phobie et d’une névrose. L’ignominie et la courtisanerie intéressées suffisent.

La Suisse et la crise sanitaire. Petite comparaison avec la France.

Rappelons pour commencer que toutes les mesures de restrictions sanitaires sont levées en Suisse. Le masque est requis dans les seuls transports. À ce stade la crise sanitaire est considérée comme terminée et le bilan peut en être fait :

PIB : À la fin du troisième trimestre 2021 le pays avait déjà retrouvé son niveau d’avant crise et le PIB a gagné 1 % depuis, en dépit de la vague Omicron. La France devrait retourner son niveau d’avant crise en fin de premier semestre 2022. Une petite année de retard.

Exportations : Elles atteignent un niveau record (260 milliards) en croissance de 15.6 %. France, balance commerciale : 85 milliards de déficit, record historique. La France étant à peu près huit fois plus peuplée que la Suisse, elle devrait avoir un niveau d’export de 8 x 260 = 2 080 milliards de Francs suisses d’exports. Elle n’a que 500 millions d’euros, soit 490 millions de francs suisses environ. On n’est pas légèrement moins bon mais quatre fois moins bon.

Chômage : à 2.3 % avant la crise il est de 2.6. (8.1 % en France).

Inflation : 1.5 % en 2021 contre 5 % dans la zone euro.

Capacité de dépenses des Suisses : identiques à l’avant-crise avec des réserves importantes de croissance.

Dettes : depuis le début du siècle la dette a été progressivement réduite de façon intelligente permettant d’agir pendant la crise sans risque de dérapage. La dette brute de la Confédération s'élevait à quelque 109 milliards de francs à la fin de l'année 2021, ce qui correspond à une augmentation de 5 milliards par rapport à l'année précédente. NB : la dette de la France a elle augmenté de 700 milliards d’euros depuis l’arrive d’E. Macron. Pour atteindre quasiment 3 000 milliards d’euros.

La Suisse est, avec le Danemark et la Finlande, le pays qui a le mieux étalé la crise sanitaire et ses conséquences économiques.

Rappelons que « la Finlande est discrètement parvenue à maintenir des niveaux d'infection cinq fois inférieurs à la moyenne de l'Union européenne, et un taux de décès parmi les plus faibles du continent ». 2?329 morts contre 134 000 en France pour une population de 5.5 millions, contre 67 millions en France. Avec le taux des Finlandais nous n’aurions eu que 30 000 morts environ.

On voit l’exploit réalisé par Emmanuel Macron et dans la gestion sanitaire de la crise et dans sa gestion économique.

Du même tonneau que ses exploits diplomatiques au Liban, au Mali, en Australie et en Ukraine.

Et on nous demande de nous extasier ! Faute de quoi nous serions des esprits chagrins et négatifs.

Banque mondiale : PIB par tête en 2020

France : 39 030,40 $

Suisse : 87 097,00 $

 

Voir un problème dans ces chiffres serait, en effet, malvenu

Bureaucratie française malfaisante : une exemple pédagogique pour les incrédules

Pour ceux que la gestion bureaucratique amuse par l’extrême diversité de sa perversité, nous offrons ces deux articles parus dans Batiactu, un journal honnête qui donne toujours des informations instructives.

Premier article

EMPLOI. Le mouvement Symbiote estime à 13.000 le nombre de suppressions d'emploi du fait de la disparition progressive, depuis juillet 2021, du coup de pouce isolation financé par les certificats d'économie d'énergie (CEE).

CRISE. Les professionnels de l'isolation par ouate de cellulose en appellent à un geste du gouvernement dans les "trois à quatre semaines" à venir, pour éviter la mise à mal de toute une filière.

Second article

Batiactu : Depuis quand la gendarmerie nationale travaille-t-elle sur les réseaux d'éco-délinquance dans le secteur de la rénovation énergétique ? Comment a-t-elle été amenée à s'y pencher ?

 Analyste M.D. : La gendarmerie nationale dispose d'un service central de renseignement criminel qui est chargé, entre autres, de comprendre les phénomènes criminels et d'y apporter des solutions. Nous réalisons à ce titre des analyses sur les fraudes dans le secteur de la rénovation énergétique depuis 2019.

 Nous nous sommes intéressés à cette thématique depuis la mise en place du dispositif gouvernemental d'isolation à 1 euro qui a engendré de nombreuses plaintes. Pour notre service, l'élément d'alerte a été l'importance des signalements par les victimes des sollicitations téléphoniques, fruit de l'activité intense de centres d'appels ("call centers"). Elle a été confirmée par la présence de nombreux groupes de travailleurs étrangers en lien avec des chantiers d'isolation à 1 euro sur l'ensemble du territoire. Ces ouvriers travaillaient bien souvent en fausse sous-traitance. Ils n'étaient parfois pas déclarés, disposaient de conditions d'hébergement indignes, ne disposaient pas d'équipements de protection individuelle ni de carte BTP… Dans certains cas, cela peut même caractériser une situation de traite des êtres humains. Nous avons donc multiplié les contrôles et avons commencé à nous intéresser de plus près à ces structures. L'isolation à 1 euro a donné lieu à une véritable ruée vers l'or pour de nombreux escrocs, car cette période correspond au moment où les aides de l'État ont été les plus conséquentes.

Résumons-nous :

L’Enarchie bienveillante et compassionnelle qui veille sur nous a créé de toute pièce un marché artificiel et subventionné de rénovation énergétique, qui a provoqué une ruée des malfrats et des escrocs, au point que l’importance des fraudes et des vols a fini par émouvoir la gendarmerie. La délinquance massive comme conséquence des politiques administratives débiles, on ne peut rêver plus bel exemple.

Manquant de sous, elle a brusquement changé d’avis et détruit la filière, saine, créée pour alimenter le plan national de calfeutrement. Des milliers de chômeurs sont désormais à la recherche d’un boulot et les entreprises de fabrication de ouate de cellulose au bord de la faillite.

Tableau.

Rappelons que nous sommes à la veille de grands plans de réduction du CO2 en France à l’aide de passes contraignants pour vendre et louer.

Et vive la grande administration française que le monde entier nous envie.

La France en mode « avatar ».

La France a perdu l’essentiel de sa souveraineté en abandonnant trop de secteurs à la Commission européenne. Son choix d’opérer un saut dans le socialisme en 1981 l’a perdu sans espoir en matière économique et sociale avec un recul déprimant dans tous les classements mondiaux. Ses concessions aux idéologies qui ont prospéré après mai 1968 ont tué l’école publique. Ses concessions au féminisme depuis Giscard ont tué la natalité de sa population historique. Son enclavement dans l’américanisme et dans l’OTAN en a fait un pays vassalisé. Sa perméabilité à la confession séculière sectaire originaire des États-Unis, le Wokisme, en fait un pays totalement renégat à son ambition intellectuelle passée et tourne le dos aux beautés de la Renaissance et à la nécessité des lumières. La destruction fiscale de la haute société européenne a conduit à sa dispersion puis à sa disparition dans un mondialisme essentiellement construit autour du culte du fric et des fortunes opportunistes démentielles de plusieurs milliards de dollars. La mondialisation a permis à des mastodontes privés de peser plus que des nations moyennes comme l’est devenue la France. La soumission volontaire à une immigration de masse en période de perte de vitalité démographique a cassé pratiquement tous les mécanismes d’intégration et de facilitations sociales sans régler la question de la main-d’œuvre qualifiée. L’absence de l’université française comme source de progrès dans les différents domaines de la science a livré tous les secteurs de l’innovation stratégique à d’autres dont nous devenons des sous-traitants ou des consommateurs à crédit.

Tout cela est désormais bien compris même si personne ne veut vraiment s'attaquer à l’ensemble de ces questions. Le système médiatique glisse, avec des avancées et des reculs, de l’occultation au déni, du déni à la minimisation, de la minimisation à l’exonération. En revanche la substitution dès le plus jeune âge dans le système éducatif d’un politiquement correct de gauche et d’une attitude qui privilégie les bonnes pensées à l'enseignement et la soumission à la bonne parole aux bons résultats scolaires, a créé une jeunesse propice à toutes les manipulations et ayant peur d’être du côté des mauvais, selon la définition d’une certaine gauche anticapitaliste, auto dévalorisante pour l’Occident, constamment à la chasse à un néonazisme fantasmée, et à la remorque des modes sociétalistes. L’individualisme forcené est renforcé par le besoin de ne prendre aucun risque dans le champ de la pensée collective.

Les conséquences électorales sont patentes. L’élection d’un président totalement creux et nul devient possible, car finalement il n’a aucun pouvoir et peut se contenter des frais d’un simple « narratif » électoral. Faire semblant dans un théâtre d’ombres est devenu une tentation raisonnable, si tenter d’incarner des politiques fortes ne peut plus déboucher sur une action réelle, sauf à être traité aussitôt de nouveau Hitler. La virtualisation du Président révèle le symptôme. Un avatar omniprésent dans le narratif bien-pensant suffit.

On le voit bien avec Emmanuel Macron : virtuelle était son annonce d’une « révolution » ; virtuelle était son annonce de l’arrivée d’un nouveau Jupiter ; virtuel était son narratif dans quasiment tous les domaines. Du coup l’important n’était pas d’agir mais de sauvegarder par la com’ le narratif électoraliste, puis d’utiliser l’argent public pour sauver la réélection. Virtuelle est la campagne électorale. L’avatar médiatique du président est plus important que l’homme Macron.

On n’aurait tort de croire que la virtualisation ne concerne que le président sortant. Elle se caractérise par l’ampleur des non-dits. La dette ? Évacuée par tous les candidats. L’aggravation des déficits extérieurs ? Regrettée par tous les candidats sans aucune politique correctrice avancée. La pression écologique contre l’économie ? Évacuée par tous les candidats. La diplomatie française et son champ d’application réel ? Évacuée par la quasi-totalité des candidats, Éric Zemmour faisant exception. La baisse catastrophique de la natalité proprement française ? Écartée du débat pour ne pas indisposer l’électorat féminin qui y verrait une accusation. La mesure d'aide à la natalité dans les campagnes, pour ne pas aider les naissances de banlieue, proposée par Zemmour, est plutôt farce.

Le journal Le Temps vient de commettre un article d’une page sur la vacuité de la diplomatie d’E. Macron. Il a, en effet, beaucoup raté. La politique africaine est un échec cinglant avec une injonction de quitter dans l’heure le Mali. La politique au Moyen Orient est marquée par le bide honteux du raid grotesque qu’a été l’opération libanaise qui renseigne plus sur les problèmes psychologiques du président français que sur autre chose. L’humiliation infligée par les États-Unis dans l'affaire australienne est devenue un incident calmé par une main passée dans le dos de Biden trois jours plus tard ! La séquence Russe a été une longue humiliation : pas de préparation avant une visite difficile. Personne pour attendre Macron à l’arrivée à l’aéroport, reçu comme un touriste. L’entrée par une petite porte annexe par le concierge du Kremlin. La rencontre à 8 mètres de distance. L’absence totale de résultat. Une honte ! Mais quelle importance puisqu’il s’agissait de faire le guignol le plus longtemps possible sur le théâtre électoral purement français et retarder son annonce de candidature du fait de son rôle pour sauver le monde. On en est à la facilitation d’une rencontre Biden-Poutine ! S’entremettre en laissant les Grands discuter est une position de chambellan. Ajoutons une prestation européenne pitoyable en surjouant « sa présidence de l’Europe », alors que la présidence tournante n’a exactement aucun intérêt pratique dans la conduite des actions de la Commission.

Une de fois de plus le narratif est tout, le sérieux rien. L’avatar gambade dans les médias et sur les ondes.

Mais la réalité reprend toujours la main.

La quête de pouvoir d'achat, la pénurie d’énergie, l'explosion des délinquances et des comportements violents, la persistance de la fuite des élites nationales, l’inflation « provisoire et frictionnelle dans la temporalité courte » qui s’installe dans la durée, l’absence de maîtrise dans presque tous les domaines critiques, tous ces éléments réels détruisent le narratif présidentiel et s’étalent aux yeux de tous.

Mais les oppositions sont également encagées dans l’imposture des postures.

Marine Le Pen n’a jamais eu de programme sinon sauvegarder la petite affaire familiale.

Pécresse est la partie émergée d’un parti qui n’a jamais voulu parler ouvertement d’aucun des problèmes graves posés à la nation depuis des lustres et qui s'est contenté d’être une cour de bagarre d'écuries présidentielles et d’ambitions personnelles. Ne rien dire. Ne prendre aucun risque. Chut ! Mais se battre comme des gorets pour les places. Dix ans après la chute de Nicolas Sarkozy qui avait largement dévoyé l’héritage gaulliste, il n’y a pas d’analyse de la situation française ni de programme centré sur l’essentiel. La candidate se retrouve dans une atmosphère raréfiée où seule compte l’image et où le choix des mots et des idées est un supplice !

Le socialisme dit « de gouvernement » est aux abois. Après Hamon et Hidalgo, il devrait éviter les H en tête de nom pour ne pas solliciter la hache électorale. Les caciques et les Sabras avaient choisi le douteux Mitterrand pour avoir des places. Ses troupes ont envahi toute la sphère publique et s’y trouvent encore, parfois avec les enfants des satrapes de 81. Ils ont gaiement ruiné l’État et aggravé tous les problèmes de la nation en s’enrichissant au-delà de tout espoir initial. Si Marisole Touraine et Élisabeth Guigou rejoignent Macron, c’est parce que les places ne viennent plus par le PS après l’effondrement de Hollande. Avec Olivier Véran et Clément Beaune, ils forment un fameux quadrille de fossoyeurs de la politique sanitaire et européiste, tout à fait en ligne avec le macronisme.

La gauche fascisante est toujours là. La théâtralité mélenchonnienne, tendance grotesque, avec des guenilles marxisantes et bolivariennes, exige un vrai professionnalisme dans l’avatar, une technique que le maître des cérémonies maîtrise très bien dans certains de ses meetings !

Éric Zemmour a cassé le mur de verre de la bienséance dans le domaine de l’immigration musulmane. Sur le reste ? Mystère. Premier acte de théâtre vivant, alors que d’autres peuvent suivre ? Le feuilleton est en marche contre En Marche.

L’état de la France aurait sans doute justifié un autre moment national diront les esprits chagrins qui peuvent parfois penser que les narratifs artificiels ne suffisent pas. N’écoutons pas ces oiseaux de malheur et rassurons-nous : l’idée que la France doive redevenir une nation concrète et décisive, pas seulement un avatar virtuel et impuissant, est encore embryonnaire et depuis qu’on peut avorter à neuf mois dans le territoire dit français fractionné façon puzzle où sévit un Macron, elle a peu de chance de survivre.

Une facilité condamnable : décharger et défiscaliser des revenus sans toucher à la dépense.

Transférer n'est pas réduire !

Que la France soit devenue le leader mondial de la fiscalité et qu’il faille ambitionner de régresser dans ce classement mondial là, pas de doute ! De même, faire payer à l’entreprise l’essentiel du secteur social en ouvrant le pays à la concurrence mondiale, où pratiquement aucun pays ne pratique cet exercice, est une folie. Baissons donc les impôts sur les particuliers et les charges sur les entreprises !

La vérité est que personne ne prétend les baisser et tous proposent seulement de les transférer. C’est la grande mode depuis maintenant des décennies avec un résultat globalement tragique sur ka dette, le sous-investissement, l’emploi, le revenu et… les impôts.

Si on veut des résultats, il faut baisser le besoin de financement d’abord et ensuite, et ensuite seulement, organiser la collecte des financements le plus intelligemment possible.

Nous avons un état moloch, avec des effectifs pléthoriques et aucune des administrations ne fonctionne bien. C’est un premier paradoxe. Tout le monde peut comprendre qu’il faut d’abord savoir pourquoi, dans chaque secteur de la politique publique, on aboutit à une situation aussi déplorable.

Dans le secteur de la justice on a levé le couvercle répressif qui était mis sur la délinquance par une justice très sévère jusqu’en 1968. En plus on a judiciarisé des pans entiers de la vie sociale, économique et politique qui ne l’étaient pas. La délinquance a flambé et le besoin de jugements aussi. On a alourdi toutes les procédures et on a permis de rejuger la chose jugée aux assises (coût jamais évoqué). L’immigration de masse a conduit également à une augmentation de la délinquance. La justice est noyée alors que la délinquance est au plus haut. Pour réduire la pression, il faut agir sur la répression et le champ de la délinquance. Tout en revenant à des jugements définitifs en première instance aux assises sauf vice de ceci ou de cela. Et il faut réussir l’informatisation du système. Comme on fait tout l’inverse, le secteur est noyé, inefficace et gangrenée par la politique et l'idéologie.

Dans le secteur de la médecine on a développé une pression bureaucratique délirante tout en freinant l’expansion des personnels médicaux, en réduisant les lieux de soins, en modifiant la médecine de ville, tout en généralisant la gratuité et l’achat de produits au rabais dans des pays à bas salaires. Il faut à l’évidence réduire le personnel administratif, réduire les actes inutiles par une franchise médicale sur le petit risque, et augmenter le nombre des soignants. Il faut aussi changer la collecte des fonds correspondants. Le système suisse est le meilleur : les particuliers paient directement leurs cotisations maladie à des caisses agréées et concurrentes. Ce n’est pas le rôle des entreprises. Pas de monopole public ; une pression des assurances pour contrôler les frais médicaux ; les particuliers font attention à ne pas réclamer n’importe quoi car l’effet est immédiat sur leur facture. C’est entre 400 et 500 euros par mois et par personne, avec des tarifs bas pour les enfants (une centaine d’euros). Les cas d’exonérations ou de réduction sont étroitement restreints temporairement aux cas douloureusement problématiques. Le grand âge et l’absence d’enfants créent des difficultés comme partout mais le moindre citoyen comprend les problématiques.

Dans le secteur de l’enseignement, on a voulu toute une génération au bac et pourquoi pas à la maîtrise, rendre toutes les classes mixtes, caserner les collèges et les lycées, tout en acceptant de faire venir dans les classes des cohortes massives d’immigrés en provenance de dizaines de pays étrangers et en refusant la sélection. On a assigné à l’école le soin d’inculquer des thèmes sociétalistes et moralisateur, biaisés par la gauche, au détriment de l’enseignement lui-même et des disciplines. Le système est par terre. Il faut faire baisser la pression migratoire, éliminer la pression sociétaliste et rétablir la sélection. Il faut également réduire le côté non-enseignant de l’école : voyages, sorties, périscolaires. Et concentrer les disciplines au lieu d’en ajouter constamment. On a fait tout le contraire. Avec des résultats dramatiques.

Sans action d’abord sur les politiques suivies, impossible de réduire le besoin de financement.

Pour la retraite, la réduction de la durée hebdomadaire de travail et les retraites prises avant 65 ans se sont cumulées avec l’augmentation de la durée de vie pour rendre la situation ingérable. Si on travaille moins longtemps on perd des recettes. Si la dépense, elle, augmente massivement on se ruine, car le résultat ce sont des cotisations en hausse et de la dette si on n’ose pas les augmenter. Inutiles de transférer les cotisations si on n’étend pas la durée du travail et si on ne retarde pas l’âge de départ en retraite.

Affirmer : « je ne fais rien parce que les Français ne veulent pas mais je supprime les cotisations et la fiscalité sur tel ou tel revenu » revient à transférer des cotisations ou des dépenses individualisées sur l’impôt général. Comme on ne veut pas toucher à la TVA (parce que les Français ne veulent pas) alors c’est l’impôt sur le revenu qui trinque qui n’est payé que par 47 % des Français. Comme pour la taxe d’habitation. L’IR ou la dette récupèrent le bébé et l’eau du bain. Ce débat fondamental est escamoté.

On a déjà basculé sur la fiscalité générale toutes les cotisations sur les bas salaires, ce qui est totalement injuste ET inefficace. On veut étendre à l’infini des transferts de ce genre par démagogie. C’est totalement absurde ET inique. Pas un candidat qui ne se livre à ce petit exercice ! Pas un mot de contestation dans la presse et dans les médias. Et on ne réduit aucune dépense par une rectification des politiques menées.

On nage dans la démagogie pure et on déshonore la politique.

Revenir à la semaine de 40 heures et passer à la retraite à 67 ans pour tous, voilà la première action à mener.

Redonner la responsabilité de la politique médicale aux médecins à l’hôpital dans le cadre d’un simple contrôle de gestion, chaque service gérant son budget, est obligatoire, comme l’est le démantèlement de tout le contrôle tatillon et exhaustif préalable et a posteriori des actes, avec un retour de la responsabilité médicale.

Rétablir une responsabilité des assurés sur leurs dépenses avec la hausse du reste à charge pour le petit risque est tout aussi nécessaire pour éviter les visites gratuites de pur confort, et l’utilisation abusive de la carte de sécurité sociale.

Rétablir le couvercle sur la délinquance comme avant 1970 et réduire le champ pénal tout en sanctionnant le justicialisme et en simplifiant la procédure pénale, est une nécessité absolue. Quand quelqu’un se noie, on le sort de l’eau d’abord et on ne songe pas à augmenter la taille de ses poumons.

Etc. Etc.

Ce n’est pas si difficile de construire un programme de sortie du déclassement.

Si on veut optimiser les modes de collecte des fonds nécessaires, il faut transférer la CSG en partie sur les particuliers comme en Suisse et en partie sur la TVA pour les exonérations sociales ciblées, ce qui permet de faire assumer une partie des frais par les produits importés. Idem pour certains impôts de production qui ne sont directement associés à une production effective. De même il faut supprimer les impôts qui coûtent plus cher que ce qu’ils ne rapportent. IFI et impôts sur les successions sont symboliques et peuvent être totalement supprimés provoquant un choc de confiance et une envie d’investir en France et de créer du capital et de la production. Ils représentent 1.6 % des prélèvements ! Moins que la perte de valeur de la monnaie chaque année.

Une telle politique n’est possible que si le monde politique n’est pas dirigé par une cohorte de hauts fonctionnaires étatistes et socialisants travaillant en famille sur plusieurs générations. Un minimum de profondeur démocratique suppose que ce sont des citoyens ne dépendant pas des subsides de l’état pour leur carrière qui doivent proposer ou voter les lois. Les fonctionnaires doivent montrer leur compétence en trouvant les voies et les moyens d’influencer les dirigeants politiques et de mettre en œuvre correctement les décisions prises. Nul ne peut donc être élu dans une instance qui fixe sa rémunération et les moyens de son activité. Et nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’État.

Cela fait maintenant depuis plus de 20 ans que tout ceci est ressassé et devrait être mis en œuvre. Pendant 10 ans la droite ne l’a pas fait et pendant 10 autres la gauche ne l’a pas fait.

Et en privé tous disent : il n’y a pas de doute c’est ce qu’il faut faire. Sinon on continuera à sombrer.

Oui : tous. Mais…

L’énarchie préfère conserver ses privilèges. On a le grand combat entre Macron et Pécresse, énarque l’un et l’autre, avec l’exutoire commode Le Pen. La haute finance compte sur l’Europe pour contrôler ce qui doit l’être. La dette permet de faire taire les pires démagogues. L’émigration est plus facile à organiser que de susciter un renouveau des naissances indigènes.

Eric Zemmour joue à son tour le jeu des exonérations et des défiscalisations sans toucher aux besoins de financement. L’audace sur l’immigration dans la continuité démagogique sur le reste…

Comment corriger un débat présidentiel si débilitant ?  D’où peut venir le salut français et la fin d’une autodestruction débilitante ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comprendre la destruction bureaucratique de la France

Une des banalités de l’époque est de constater que les Français pensaient disposer du meilleur système hospitalier du monde et qu’en fait il était en pleine déliquescence, avec des médecins plutôt désespérés et des personnels en voie d’évaporation, un recul technique rampant, la désertification des lieux de soins et un accès aux compétences de plus en plus long et complexe.

Le paradoxe est l’incroyable obsession de santé des Français dopés par la féminisation de l’espace public qui a eu des traductions politiques très concrètes. Toucher un tant soit peu à la Sécu tourne rapidement à l’émeute. On l’a vu lors de la candidature Fillon qui a perdu beaucoup dans les sondages entre décembre et janvier 1997 après avoir évoqué quelque rigueur. On l’a revu lorsque Macron a monté une campagne de haine contre les non vaccinés accusés d’empêcher des soins pour les autres. Cette saloperie a été cautionnée par une majorité de Français. « Ma santé ma santé », comme un avare pouvait dire naguère « ma cassette ma cassette ».

Les Français tiennent à leurs 35 heures, parfois 32 et même 28 et le départ à la retraite à 60 ans parfois moins. Cela a ruiné leur PIB par tête, le budget, la balance commerciale, l’emploi. Ils tiennent à leur Sécu qui est ravagée, largement à cause de la gratuité des soins et l’état des finances du pays. Mais ils ne voient pas le rapport.

Bossuet avait raison qui plaignait les gens qui déplorent les effets des causes qu’ils chérissent.

Personne ne se rend compte qu’on connaît le même processus de folie destructrice dans le logement. Le passe Co2 est en train de s’installer dans le silence et avec l’approbation des Français qui comme d’habitude refusent absolument de voir plus loin que leur bout du nez et sont prêts à nouveau à quelques mouvements de haine contre les autres qui pourraient à nouveau être attisés par un politique infect et sans scrupule.

Commençons par le plus comique. Posez la question autour de vous. Connaissez-vous le DPE, ce que cela veut dire et ce qu’il y a derrière comme contraintes ? Disons que 0.1 % de la population sait aujourd’hui de quoi il s’agit. Cela n’empêche pas Opinion Ways de délivrer un sondage qui annonce que les Français y sont extrêmement favorables. Il y a des contraintes pénales : formidable. On va bloquer la location de logements mal isolés. Oui ! Encore ! En fait il faut interpréter ce sondage comme la réponse à cette question : voulez-vous que les autres fassent des efforts à leurs frais pour sauver la planète et qu’ils soient durement sanctionnés pénalement et économiquement : Oui ! C’est que le Co2, c’est ma santé qui est en cause et on en revient aux premiers paragraphes.

Si on tient absolument à voir ce qu’est la folie bureaucratique, il faut suivre pas à pas l’action de Mme Wargon (on ne dit plus jargonner mais « wargoniser »), en sachant que c’était déjà pas mal avec NKM. Enarque ou polytechnicienne les enfants de hauts fonctionnaires ont très jeunes appris qu’on pouvait faire n’importe quoi avec les règlements, les subventions, les pénalités et les interdictions. Alors on est passé de RT12 au RE2022 sans que la presse générale n’entre trop dans les détails. Pour ceux que l’expérience tente, lire Bati-actu pendant une semaine est la solution. Pas un article sans que les cheveux ne se dressent sur la tête.

Prenez par exemple le désamiantage. Les normes sont épatantes. Il faut déclarer avant, pendant et après ses opérations sur une base de données. Et attention : si vous décalez votre planning d’un jour, il faut bien le signaler. Cela ne vous rappelle rien ? Mais, l’hôpital, ou les mêmes hauts fonctionnaires exigent des médecins qu’ils indiquent les actes qu’ils vont faire, avant, pendant et après, avec parfois des autorisations à obtenir avant et des réponses à apporter après. Du coup il faut que les artisans se dotent d’instruments informatiques pour enlever une cloison amiantée et y passent quelques heures pour faire un chantier qui du coup va voir ses coûts exploser. Formidable. Et beaucoup d’opérations se font au noir !

Autre exemple amusant : pour effectuer un DPE, c’est si complexe qu’il faut se doter d’un logiciel. Pas n’importe lequel. Un logiciel agréé et qui posera toutes les bonnes questions sous peine de ne pas fonctionner. Des questions dont on n’a en général pas la réponse bien sûr sauf travail considérable et un tas de connaissance inhabituelle dans le secteur. Alors il faut aussi des formations. Et des gens pour faire les essais et s’il n’y en a pas assez ? Alors on bloque le marché. Et si vous passez outre : prison ! Et le résultat est-il fiable ? Euh euh ! Comme pour tous les passes, la fraude guette.

Un dernier exemple pour la route. On fait un essai de maison à énergie positive. Le bilan est médiocre. Le tout électrique quand on ne peut pas stocker l’électricité est un leurre. Les gens étouffent un peu et ouvrent tout à tout va. Donc la consommation d’électricité augmente. Et dans la maison les applications exigeant de l’électricité se multiplient. On consomme bientôt plus d’électricité que pour le chauffage et la climatisation. Certains considèrent que l’énergie économisée permet de chauffer à 22°. L’habitabilité est mauvaise, les maisons mochouilles, les prix élevés, sauf pour des gourbis. Et tout l’habitat doit être à énergie positive en 2 050 (2 035 pour le neuf).

On pourrait continuer à l’infini. Tout se passe entre le ministère et les entreprises et quelques associations. Les particuliers apprendront à leurs frais qu’ils sont les dindons de la farce, mais plus tard. En attendant on interdit à la location des logements, on impose au propriétaire de faire des travaux sans hausse du loyer, on menace, on crée des tensions et des haines entre locataires et bailleur. La construction se tasse. Celle pour louer s’arrête. L’iFI, la taxe foncière et toutes les réglementations plus les passes co2, c’est trop surtout si les taux d’emprunt se tendent. Bonjour les dégâts !

Nul doute qu’un sondage viendra confirmer que les locataires exigent tout des propriétaires et que s’ils ne font rien ils doivent aller en prison !

Le Français est né malin. On ne peut déjà plus se loger dans bien des endroits en France. Comme on ne peut plus se soigner dans de nombreux endroits. Gageons que cela ne va pas s’arranger. Pour les automobiles on a annoncé en douce que 20 millions de propriétaires perdront leur voiture et que ceux qui la garderont devront réduire de 40 % leurs déplacements. Une paille. Mais dans le logement, personne n’ose dire qu’il faudra que 20 millions de logés perdent leurs logis ou que 20 millions de bailleurs perdent le fruit de leur investissement.

Alors de la haine il va y en avoir. De la belle, de la grandiose, celle qu’Emmanuel Macron aime attiser.

Tous les candidats crient Halte à la bureaucratie ! et la haute bureaucratie continue imperturbablement.

Tristes (futures) tropiques !

Avons-nous doublé le PIB français entre 1980 et 2021 ?

Particularité amusante, le PIB français en euros de 2021 est à peu près le même que celui de l’année 1980 en francs. Autour de 2.400 milliards. Cela pose un intéressant problème de comparaison. De combien a été notre croissance en quarante ans.

Pour s’en tenir aux chiffres officiels l’affaire est facile : compte tenu de la dérive des prix à la consommation, le PIB actuel est le double du PIB de 1980. Nous serions deux fois plus productifs qu’à l’époque.

Certes, cela ne représente, sur 40 ans qu’une croissance annuelle minuscule, de 1.74% en moyenne.

Ces chiffres emplissent de malaise. Comment se fait-il que Marianne ait pu calculer une paupérisation absolue en quarante ans d’une partie des effectifs de l’administration ? Comment se fait-il que les pauvres se sentent plus pauvre que les pauvres de l’époque ? Comment se fait-il qu’avec deux fois plus de richesses, nos services publics ne fonctionnent plus correctement, le chômage soit si haut, notre compétitivité si nulle, notre endettement si fort, nos impôts si élevés ? Pourquoi le PIB par tête suisse est-il désormais deux fois celui de la France alors que les deux pays étaient en gros à parité en 1980 ?

On sent qu’il y a quelque chose qui cloche. Mais quoi ?

Pour établir la valeur absolue d’une monnaie, nous avions l’habitude au Cercle des économistes e-toile d’utiliser un indice de référence composite, tenant compte du cours de l’or, du pétrole, des terres rares, du m2 vendus en centre-ville dans plusieurs grandes capitales du monde, du Franc suisse et du Deutschemark puis de l’euro.   Sans refaire avec toute la précision voulue l’actualisation de cet indice (arrêté en 2012 après la crise de l’Euro), nous arrivons à un glissement d'environ 8 fois de la valeur de l’indice, au lieu des 3.2 fois de l’indice de l’Insee.

Comme le rapport entre euro et franc est de 6,55957, si la croissance de l’indice de référence est supérieure le PIB a baissé, s’il est inférieur, le PIB a cru.

En unité de valeur constante, le PIB français a donc sensiblement baissé, ce qui est plus compatible avec les nombreuses défaillances que l’on a constatées pendant ces derniers quarante ans.

Le PIB par tête doit tenir compte d’une hausse de la population de 55 à 67 millions.

Comme l’a écrit récemment l’excellent Robin dans le Figaro, l’indice de l’Insee est très peu pondéré par l’immobilier, les actifs boursiers etc.  Celui de l’Allemagne est nettement plus inclusif. Si on prend l’indice allemand le taux de croissance baisse sensiblement. On perd quasiment 1 point de croissance qui tombe à 0.8% par an.  Et on ne double plus l Compte tenu de la croissance de 20% de la population, le PIB par tête n’a plus cru que très faiblement, presque de façon imperceptible. 

L’indice de prix est politiquement construit pour connaitre l’évolution du pouvoir d’achat à court terme, avec des effets juridiques, économiques et sociaux importants pas pour déterminer la valeur de la monnaie. Au-delà de quelques années la distorsion de l’offre de produits rend l’indice peu significatif. Pratiquement la moitié des produits consommés aujourd’hui n’existaient pas il y a quarante ans ou n’avait pas les mêmes caractéristiques. On n’est pas riche de la même chose à quarante ans d’intervalle. Pas de TGV, pas de PC, pas de téléphone portable, pas d’internet, pas de voitures électriques, pas de domotiques, pas du tout la même gamme de traitements et de produits médicaux, pas de tourisme massif à très bas coût, etc. Les services à la personne étaient beaucoup moins coûteux. La fiscalité et les dépenses contraintes étaient plus faibles que maintenant.  On compare sur des périodes de quarante ans des consommations sans rapport.

Un poste de travail informatique coûtait 10.000 F en 1880, en télétraitement. Un petit portable 1000 fois plus puissant ne coûte que quelques centaines d’euros.  Mais beaucoup de produits agricoles coûtent désormais plus de 10 fois leur prix d’alors. Comment arbitrer cela dans un indice ? C’est possible sur quatre cinq ans, pas sur quarante ans.

La force productive du pays doit s’apprécier en tenant compte du chômage, des déficits extérieurs et de la dette.  Il n’y avait pratiquement pas de dettes ni de chômage en 1980, même si cela commençait à déraper. Nous avons 3.000 milliards d’euros de dettes et le chômage oscille en permanence entre 8 et 11%. Notre balance commerciale comme le budget de l’état sont en déficit permanent, de façon abyssale. Notre industrie est passée de 24% du PIB à 12.

Nous croyons légitime dans ses conditions de considérer que la puissance économique de la France est pratiquement la même qu’en 1980 et non pas le double.  Nous avons connu une formidable stagnation.  La seule force qui a favorisé la production est le taux d’emploi des femmes qui a fortement augmenté, celui des hommes, lui, baissant légèrement. Le pouvoir d’achat a pu être maintenu par des importations à bas prix en provenance de Chine et des pays émergents. Mais les citoyens des pays qui n’ont pas voulu d’une expérience socialiste et bureaucratique ont vu leur rémunération décoller par rapport à celles des Français, jusqu’à doubler en Suisse et presque tripler au Luxembourg.

Décidemment non, nous ne pouvons pas affirmer que nous avons doubler notre PIB en quarante ans. La vérité c’est que nous avons connu un déclassement et une paupérisation, relative le plus souvent, mais aussi absolue dans bien des cas.

Nous n’avons pas non plus cherché comprendre les grandes crises mondiales et à s’en protéger. Ceux qui ont fait carrière entre 19770 et 2000 ont connu deux crises mondiales fortes (73-74 et 92-93). Ceux qui ont commencé en 80 également : 92-93 et 2008-2009.  Ceux qui ont démarré en, 1990 en ont connu trois, avec celle du Covid. Les « millénials » en sont à deux, comme ceux qui ont commencé en 2010, qui risquent eux d’en connaître probablement quatre.

La leçon que nous devons en tirer est qu’il ne fait pas bon être tenté par le socialisme à l’intérieur. C’est la recette de la paupérisation. Mais, et c’est celle qui n’est jamais tirée, il faut aussi réformer le système monétaire international qui permet des crises mondiales périodiques qui avaient disparu après-guerre avec une système coopératif de changes fixes mais ajustables par accord général.

On notera que la campagne électorale n’aborde ni la question de sortie du socialisme ni celle d’une diplomatie de la prospérité. Et tous appellent une politique verte qui risque de massacrer la croissance et le pouvoir d’achat, alors que l’énormité de la dette accumulée par E. Macron ne nous permet plus d'emprunter suffisamment pour financer la conversion énergétique.

Le Français, né malin… 

L'aspect essentiel de la crise des services publics français

On sait que la France a développé des services publics pléthoriques, de véritables Moloch, absorbant une part des richesses créées très au-dessus de nos voisins comparables et qu’ils sont dans un état déplorable. La justice est effondrée depuis des lustres. L’Éducation nationale s’effondre dans tous les classements avec des résultats déplorables. La santé est dans l’état que l’on voit. L’armée a des états d’âme, lassée de travailler avec des bouts de ficelles. La police n’y arrive plus.

Ce qui frappe en lisant les meilleurs livres écrits par des professionnels ou en discutant directement avec eux, c’est la constance de leur discours. Tous ces métiers sont « vocationnels ».

Le rapport entre les efforts nécessaires pour atteindre des postes intéressants et la rémunération est extravagant. Devenir Professeur de médecine demande beaucoup de temps et de qualité pour un poste public en hôpital dont la rémunération est faible par rapport au privé. Devenir agrégé d’une matière quelconque et l’enseigner au lycée montre aussi un rapport effort/rémunération très faible. Pour les juges, le parcours n’est pas plus facile et la rémunération peu attrayante. Les carrières policières demandent également beaucoup de qualités pour une rémunération faible. Ne parlons pas de l’armée.

Ce n’est pas tellement l’argent qui leur pose un problème, même si les syndicats ne cessent de bassiner le pays avec des demandes de reconnaissances et des désirs d’augmentation. C’est leur rôle. Certes, toute augmentation est bonne à prendre. En embrassant ces carrières, on sait qu’on ne va pas s’enrichir. Mais on a le sentiment d'être un pilier de la nation et que son rôle est majeur.

Bien sûr tous les métiers de ce type sont difficiles et les crises de vocation apparaissent un jour ou l’autre. Mais ce sont des métiers difficiles à quitter. Les crises sont généralement surmontées. L’armée sait que le moral des troupes est critique et doit être une préoccupation fondamentale. Il en va de même pour les agents et les cadres des différentes branches du service public.

Or qu’est-ce qui ressort aussitôt lorsqu’on écoute les meilleurs : ces métiers sont devenus sans intérêts.

Les juges sont dans leur très grande majorité des gens bien qui n’entrent pas dans les catégories détestables (juges bouffés par l’idéologie, juges nuls, etc.). Que disent-ils en privé ? Notre métier a cessé d’être méritoire et on n’a plus l’impression d’être vraiment utile. Le Code pénal est idéologique et la délinquance est devenue telle et tellement peu condamnable qu’on ne fait plus ce qu’on croit qu’on devrait faire. Il faut aller dans les tribunaux pour voir ces juges accablés par des milliers d’affaires en retards, toujours à la course, devant des délinquants étrangers qui ne parlent pas français et qu’il faut interroger avec des traducteurs, qui ne comprennent rien et dont on ne peut rien faire, tant les lois sont complexes et changeantes et tant les circuits d’internements sont bouchés. On a supprimé le couvercle qui limitait la délinquance dans les années soixante-dix. La noyade a suivi. Les juges ont en plus été mis sous tutelle du qu’en-dira-t-on gauchiste avec des pressions internes et externes fortes. Le tout crée une situation odieuse, oiseuse et inefficace qui dégoûte les professionnels qui ne peuvent plus travailler normalement.

La situation est exactement la même pour les médecins. Le pouvoir est passé aux mains de la bureaucratie qui gère en s’appuyant sur des « méthodologistes » qui n’ont jamais vu un malade, avec des conflits d’intérêts dramatiques avec Big Pharma. Le pouvoir médical n’est plus aux mains des praticiens au chevet du lit des malades. Ils doivent faire ce qu’on leur dit de faire et remplir avant, pendant et après, les dossiers qui permettent à la bureaucratie de tout surveiller. Pour toutes les maladies il y a des règles précises à appliquer sans réfléchir. L’enseignement est devenu navrant à base de QCM dont petites les réponses sont à connaître de tête. L’autonomie des médecins devient nulle et les structures de pouvoir peuvent les faire dérailler à tout moment ? Le métier n’a plus aucun intérêt et même peut devenir dangereux pour les malades. S’insurger ? On l’a vu : la répression arrive vite et est en général totalement inique. Un médecin devient un conformiste qui laisse filer mais qui finalement en vient à s’en foutre ou à chercher dans le privé les moyens de gagner un peu de sous.

La situation est exactement la même dans l’enseignement. Comment faire classe à des élèves de 20 ans, généralement des noirs baraqués, qui, en seconde, ne savent ni lire ni écrire, avec une emprise idéologique plus ou moins « woke » venant de l’administration et des syndicats qui servira éventuellement à vous juger et vous sanctionner si vous râlez un peu fort. Certaines classes de CM1 ou CM2 à Paris intra-muros accueillent dix nationalités avec des jeunes qui à 50 % ne parlent pas un mot de français et ne savent ni lire écrire. On fait quoi, sinon de la garderie ? On voit bien qu’à Trappes, l’enseignement du programme au lycée est impossible. Pas difficile, impossible. Là encore tout est fait pour interdire la rébellion. Alors on fait son métier comme on peut mais on ressent qu’il n’a strictement aucun intérêt : pourquoi professer si vous êtes certains de n’obtenir aucun résultat et que de toute façon tout le monde s’en fout tant que vous ne vous manifestez pas ?

Cette situation se retrouve partout dans les services publics qui sont de plus en plus désertés, notamment par les hommes, qui ne se retrouvent pas dans un exercice sans autonomie, où les décisions sont prises ailleurs et vous sont interdites, où rechercher des résultats est impossible, où tout est englué dans un politiquement correct qui pose des interdits, où exercer vraiment son métier est une source de répression.

La gravité de la situation des services publics français n’est pas tant leur misère financière que dans la perte de moral qui s’est installée puis généralisée partout.

Pour juger de l’effondrement des services publics français il faut d’abord s’intéresser à l’effondrement du moral des meilleurs. Faire le mal est une chose. Décourager du bien en est une autre, bien plus grave.                                                                                                                                                                                      

Catherine Nay : un livre indispensable

"Tu le sais bien, le temps passe" souvenirs souvenirs 2

De toutes les journalistes qui, dans la foulée de Françoise Giroud, « bouchon » pour les intimes, se sont lancées à l’assaut des hommes politiques, Catherine Nay est la plus remarquable. Elle n’a pas choisi comme d’autres de s’attaquer comme maîtresses à des hommes aussi douteux que Mitterrand simplement dans l’espoir d’avoir de hauts postes pour elles-mêmes. Ce côté promotion-canapé a toujours été considéré comme efficace mais vulgaire mais là il prenait une tournure odieuse du fait de l’hypocrisie de dames qui une fois placées se comportaient en dames d'œuvre du socialisme et comme armature d’un camp du bien aussi cupide que parfaitement fantasmagorique. Il est vrai que les hommes politiques sont en général généreux et offrent à leurs maîtresses des cadeaux qui ne leur coûtent rien. De conseiller municipal à maire, voire de député à sénateur, de places diverses dans le privé à de hauts titres dans la fonction publique, ils ont un large choix.  

La belle et distinguée Catherine n’a pas voulu manger de ce pain là et a conservé son métier qu’elle a exercé avec subtilité et finesse dans la durée, tout en créant un foyer sûr et propice à une vie familiale de qualité. Albin Chalandon était au cœur du système sans chercher à en être le chef.  Il était soigné de sa personne et attentif à sa forme. Les deux formèrent un beau ménage et un ménage beau.  

Le journalisme mène à tout à condition d’en sortir, tout le monde sait cela. En choisissant de persister dans sa passion, le chemin de Catherine Nay l’a conduit à des livres qu’on aurait tort de considérer comme légers ou anecdotiques.

J’ai rencontré Catherine Nay une seule fois, dans un avion aujourd’hui disparu mais qui portait la marque du génie français, la Caravelle, sur un trajet Paris-Clermont-Ferrand. La particularité de l’avion est qu’il disposait de six sièges en vis-à-vis, comme dans le train, en première. Nous étions l’un en face de l’autre, ce qui pour moi était l’occasion d’un voyage plus gracieux que d’habitude. En ces temps là il y avait peu de femmes en avion, en semaine, ce qui était plutôt triste mais pas de mioches pleurnichards non plus, ce qui ménageait les nerfs.  Elle venait d’écrire Le Rouge et le Noir, sans doute un des meilleurs livres sur François Mitterrand et à un moment où on n’osait pas tout dire. Avec celui de Péan et l’analyse au vitriol d’Onfray, dans sa comparaison avec De Gaulle, il forme une trilogie qui ne laisse rien de caché de ce qu’est un « pourrisseur de première », selon l’expression d’Alexandre Sanguinetti.  Peu avant l'atterrissage, je lui glissais un petit mot : « Toutes vos observations très négatives sur le personnage sont justes, mais vous n’oserez jamais dire qu’il écrit comme un cochon !».  Le comité des thuriféraires de Mitterrand a fait publier sur fonds publics les lettres amoureuses du sieur à Catherine Langeais, la bobonne du petit écran des années RTF. Ceux qui y jetteront un œil comprendront ce que je veux dire. Juste avant de descendre l’avion, la délicieuse ouvrit le billet. Un froissement de la joue, pour une esquisse de sourire, et une œillade millimétrique signèrent la fin de la lecture, avant de disparaître. Du grand art. Une Française de classe comme on n’en trouve de moins en moins.

Il faut absolument lire « Tu le sais bien, le temps passe. Souvenirs, souvenirs » dont le tome 2 vient de sortir. D’abord pour la photo. Yeux baissés, figure hiératique, attitude perdue dans le passé. Une fois de plus du grand art.

Mais surtout pour le contenu. Catherine Nay a tout vu et a tout entendu. Et a tout jugé. Et comme il le fallait.  Pour ceux que le destin de la France intéresse, les années 1990 restent le moment du grand tournant. C’est l’époque où même pour le plus humble des observateurs la France va sombrer dans le déclin irrémédiable. La crise mondiale de 72-73, la plus sévère à l'époque depuis celle de 1929 signe définitivement et explicitement le caractère détestable des changes flottants. La question de l’Europe devient critique avec un choix mortel proposé à la France d’entrer dans la financiarisation excessive, les échanges déséquilibrées, les contraintes mortelles de Maastricht. Il devient possible de sortir du socialisme ruineux accepté par inconscience par les Français. L’élection de Jacques Chirac aurait dû être le moment du grand redressement et du rétablissement d’une France conforme à l’espoir gaulliste. Ce sera tout l’inverse. La France sombrera et nous vivons encore sous l’eau depuis cette descente aux enfers.

L’énarchie compassionnelle, à l'extérieur et ruinée par les conflits de personnes, à l’intérieur, est au pouvoir. On va voir ce qu’on va voir. Les hommes clés de la période sont tous énarques : Chirac, Juppé, Seguin, Rocard, Jospin, avec un froufroutement de jeunes énarques dans les alentours. La génération des gaullistes historiques a totalement disparue. Le communisme s’est effondré. Que vont-ils faire ? Effondrer le pays pour des lustres.

Le livre de Catherine Nay est fondamental parce qu’il montre les ressorts humains de cette déchéance. Ce panier d’énarques est un panier de crabes et il n’a pas mis le destin français en tête de ses préoccupations.  Il est frappant de constater que toutes les personnes citées sont des hommes mal finis. On retrouvera cette caractéristique avec Hollande et Macron. Chirac ne s’aime pas et ne sait pas trop où il est. Juppé est structurellement aigri et ne parvient pas à un équilibre rayonnant, alors qu’il avait tout pour réussir aussi son développement personnel. Ne parlons pas de Seguin, le prototype de l’homme émotif et intelligent, pathétiquement en manque d’affection et qui doute de lui. Rocard n’a jamais réussi à tuer le père. Il reste le « fils de », protégé, qui fait semblant d’être un vrai révolutionnaire et qui en bafouille. Jospin ne s’est jamais remis de la collaboration de son père, au nom d’un pacifisme déplacé. Je l’ai connu au début des années soixante, avec ses deux copains Allègre et le mari communiste braillard d’une de mes amis d’enfance. Il vomissait le bourgeois à gros bouillon et croyait en Krasucki tout en étant trotskiste caché. Plus personne ne sait qui est Krasucki.Jospin voudra laisser son nom à gauche avec les 35 heures. Il signera le déclassement définitif de la classe ouvrière française et finira avec un bel appartement, rive gauche, rue du Regard et une maison sur l’île de ré. Plus bourgeois et plus antisocial tu meurs !

Le grand mérite du livre de Catherine Nay est de montrer ce petit milieu en action et comment il va tout gâcher.  Il y a eu trois moments énarchiques de destruction du pays : le couple Chirac-Giscard, la période dont on parle et la période Macron.  Ce continuum de la déroute française est entièrement contenu dans le vase clos des conflits d’énarques hautains et incertains, au sommet dans la carrière et au plus bas du problématique dans la personnalité. Il est aussi important de comprendre les ressorts psychologiques en action que décrit le belle Catherine, que d’en faire une analyse technique, économique ou politique.

Nous-mêmes, avec ceux qui deviendront les piliers du Cercle des économistes e-toile, avant d’etre gagnés par l’âge, nous nous sommes mobilisés dès 1997 pour combattre l’effet des erreurs de ce groupe funeste sur l’avenir français. Nous avons voulu attirer l’attention sur les méfaits des changes flottants et la certitude d’une crise majeure, que nous avons prévu pour 2008 et qui a bien eu lieu, sur l’erreur d’organisation de l’Euroland qui lui donnait un caractère récessioniste et nous eurent la sur-crise de 2011- 2012. Nous avons prévenu que l’entrée de la Chine dans l’OMC viderait la France de son industrie, ce que personne ne nie plus. En interne nous dénoncions un état obèse qui déjà fin 90 ne marchait plus. L’école était déjà par terre, la justice effondrée, les services extérieurs en lambeaux, l’armée réduite aux bouts de ficelles, la natalité par terre. Il y a 25 ans ! Rien de nouveau. Dette et impôts, associés à la bureaucratie et aux transferts sociaux démesurés et autres cadeaux, comme la retraite à 60 ans et la durée de travail à 35 heures, désarmaient la compétitivité française.

Le livre qui va sortir incessamment d’Agnès Verdier-Molinié, Le vrai État de la France, fait un tableau ravageur de la situation ravagée de l’économie et de l’état français. Ce n’est que la suite d’un tableau qui pouvait déjà être fait à la fin de la décennie 90.

La clef de cette déchéance est finalement la prise de pouvoir en France par une caste énarchique, étatiste et socialisante, de Giscard à Macron, qui a tué le pays en cinquante ans. Ne pas comprendre que la première mesure institutionnelle à mettre en œuvre est de créer un mur solide entre la haute administration et la politique, est se condamner à ne rien comprendre aux causes de la déchéance française.

Lettre persanne

 

Très chère Amie

Tu te rappelles sans doute l'analyse psychologique faite d'Emmanuel Macron, il y a maintenant très longtemps. Elle montrait un pervers perturbé absolument insensible aux autres, se considérant comme la mesure de tout et n'ayant aucune règle au-dessus de lui, croyant à sa supériorité tout en ayant de gros doutes, cherchant constamment à se rassurer, n'acceptant pas l'opposition ni l'autonomie des décisions des autres, capables de "cacas nerveux" incontrôlés et impossibles à arrêter. Un psychologue que nous connaissons bien avait ajouté que le tableau psychiatrique était significatif et qu'il n'y avait pas de traitement. L'important, face à ces profils-là, est de s'écarter ou de l'écarter le plus vite possible.

Certains se demandaient si cette difficulté psychologique avait vraiment une importance, les hauts dirigeants ayant toujours leurs faiblesses. N'a-t-il pas supprimé une partie de l'ISF et imposé le forfait fiscal pour les revenus de l'épargne, ce que personne n'aurait osé faire à droite ? Le reste ne serait-il pas que du détail ? Un fou utile est d'abord utile ! C'est toujours mieux qu'un dingue de fiscalité comme Giscard, un pourrisseur comme Mitterrand, un mou comme Chirac, un Foutriquet comme Sarkozy qui a détruit le RPR en faisant venir Kouchner et sa bande, un Bidochon comme Hollande, commentateur de sa propre nullité ? Après tout un président jeune, qui ose un peu, qui a les yeux bleus, et qui s'active, pourquoi serait-ce plus mal, si ses défauts psychologiques restent du domaine de l’anecdotique ?

Cinq ans après, on a la réponse. Sa campagne de 2017 avait été basée sur un pronunciamiento d’énarques et de juges. Elle s’appuyait sur l’achat de vote caractérisé. Il a commencé par supprimer la taxe d'habitation, le seul impôt juste et auquel il ne fallait naturellement pas toucher. "Moi j'ose". Ce projet démagogique va le conduire à augmenter de 24 % la CSG des vieux, à des conflits avec les maires, qui du coup se revancheront sur les autres impôts à portée de main mais seront obligés à des restrictions qui toucheront directement les moins aisés. Il a certes supprimé également l'ISF, mais en créant l'IFI et en augmentant mille taux, assiettes, etc. Le résultat est que le gain est essentiellement pour les grands propriétaires de fortunes mobilières. Pompier pyromane aimant "em…er", il provoque l'affaire des Gilets jaunes qu'il éteindra dans la tchatche et la violence, en lâchant des dizaines de milliards. Déjà : "Ma survie politique quoi qu'il en coûte". Déjà la peur commence à être instrumentalisée. La réforme des retraites, dont il a choisi la formule la plus complexe en affirmant : moi j'ose attaquer tous les régimes en même temps, quitte à mettre la France à feu et à sang, pour finalement l’abandonner platement après quatre ans de faux débats. L'annonce qu'il allait réformer les effectifs de la fonction publique, 130 000 suppressions de postes, s'est évanoui au bout de huit jour : quand je triangule mes adversaires, je ne suis pas obligé de tenir leurs promesses ». Et de rire !

La honte descend sur la fonction de président avec l'affaire Benalla, puis l’invitation de drag-queens à l'Élysée, puis les pitreries sensuelles avec des noirs délinquants, qui en annoncent d'autres. J'ose tout, donc je suis. Et que c’était bon. Vous n’avez pas vu mon air extatique ?

La crise sanitaire, qui sera finalement sa chance, le prend totalement au dépourvu. Le pouvoir passe à Édouard Philippe. On constate l'effondrement de l'hôpital public, la gabegie, la folie administrative et réglementaire qui règnent au ministère de la santé depuis des lustres. Notre foldingue se sent coincé. Son narratif, qui est son seul souci, est totalement décalé et il le sait. Relire ses discours de l'époque est à hurler de rire. Il patine et enrage. Reprendre la main, reprendre la main vite et fort. Redevenir Jupiter. Au passage il fait réélire Mme Hidalgo à Paris qui a fait de la place à des Verts qui ont éloigné de leur liste les hommes blancs hétérosexuels et ne pensent qu'à détruire le Patriarcat  et à surfer sur les ailes du Wokisme le plus destructeur ! La gestion de la ville devient sordide. Le gros malin voit en la reconduction d'Hidalgo la création d'une candidate présidentielle détestée et sans risque pour lui. Tant pis pour la Capitale et ses habitants.

On passe alors au plan de "réinvention" : Édouard Philippe est viré comme un chien. Toutes les initiatives suivantes sont la démonstration d'un délire qui culmine avec l'affaire libanaise. Dans la foulée, on oublie le sanitaire pour des actions grotesques sur à peu près tous les sujets. Le changement de gouvernement a tout bloqué pendant trois mois. La rentrée est tragique avec une reprise de la pandémie et l'envolée des morts. Mais il ne faut pas perdre la main à nouveau. Alors le quatrième trimestre est une catastrophe, avec les drames que l'on sait.

Pour Macron s'annonce 2021, l'année préélectorale. Cela fait des mois qu'il y travaille. Il a même chopé le virus lors d’une réunion préparatoire tenue en violation du couvre-feu ! Il sait qu'il va pratiquer un achat de vote massif. Pas une catégorie qui n'aura son sussucre. Les spécialistes ont noté 151 cadeaux au peuple, jusqu'à la gratuité des tampons hygiéniques pour les étudiantes. Il ose tout et c'est à cela qu'on le reconnaît. Aucun des problèmes de fond de la société n'est traité. On noie dans l'emprunt et la dépense tout ce qui pourrait gêner la réélection. On prend à l'été 2021 une mesure pesante : le passe-sanitaire dont on avait indiqué peu de semaines avant que son instauration était rigoureusement exclu est mis en place. Affirmer en même temps tout et l’inverse de tout permet de changer de présentation à 180° sans dommage. Comme on a laissé faire le virus en début d'année, parce que Monsieur ne voulait pas revivre son cauchemar de l'année précédente, les morts se sont accumulés par dizaines de mille. Il ne faut pas qu'on le lui reproche. La solution : imposer le passe-sanitaire pour forcer la vaccination. Les non vaccinés deviennent une cible. Les victimes deviennent les bourreaux. On est dans l'abjection, une notion qu'il ne perçoit pas, car il se considère la mesure de tout et l'anomie est sa caractéristique. « Est légitime ce qui me sert ! » Au-delà il n'y a rien. En tout cas pas de convenances ni de règles.

Mais depuis deux ans, c'est le début de l'année 2022 et la réélection qui est le seul objet de son activisme et de ses nuits brunes. On va voir un véritable festival ! Il a tout prévu, tout précisé, tout monté. C'est lui qui va reprendre la main et qui ne la lâchera plus, forçant tout le monde à mettre les pieds dans ses pièges. Les fêtes de fin d'année seront le pivot. On pourra utiliser tous les moyens du pouvoir. Les vœux. Les interviews sans fin sur TF1. Les actions au Parlement. La complaisance massive des médias dont on tient les propriétaires. Il faut contrer l'absence à peu près totale de bilan. Jamais la pression fiscale n'a été aussi lourde, l'inflation est revenue qui ruine un peu plus les retraités, la dette atteint les 3 000 milliards, près de trois ans de valeurs ajoutée des entreprises, la récession a été pire qu'ailleurs et la reprise plus tardive. La perte de compétitivité du pays est grotesque qui se voit dans une augmentation tragique des déficits extérieurs. Bien sûr les flots de dizaines de milliards ont créé de l'euphorie financière et on sait que cela se paiera très cher plus tard. Trop tard : l'élection sera gagnée. Meurt le pays si cela doit me servir ! Un Macron n'a aucun scrupule. Aucun.

Et soudain une double honte s'abat sur la France. Pour se grandir en "Président de l'Europe", alors que la France devient à l'occasion d'une tournante président du comité des petits fours européens, sans aucun pouvoir, sauf de communication, Macron substitue le drapeau européen au drapeau français sur le monument symbolique de la patrie française, l'Arc de Triomphe ! Il n'a même pas vu l'ignominie. Il est francophobe depuis longtemps et insulte la France depuis 5 ans sans vergogne. Il l'a déclaré sans culture propre, sans peuple propre, condamnable pour crime contre l'humanité. Il envoie ses ministres s'incliner devant les ennemis que le pays a vaincus. Il a laissé la Commission ordonner que les cartes d’identité portent un titre en deux langues de l’Union. Aucun traité n’a jamais confié à l’Europe la définition des papiers d’identités nationaux. Quel sens de « mettre une seconde langue de l’Union ». Qui va choisir le Letton ? L’ordonnance est hypocrite et c’est l’anglais qu’on sert. C’est un abus que Macron avalise et aggrave en exigeant que toutes les mentions de la carte soient rédigées en anglais, ce que personne ne lui demande et alors que le Royaume-Uni a quitté le navire. L’Académie Française s’étrangle. Macron n’en a cure. Mais ce coup-ci, avec l’affaire du drapeau, il voit que cela dérape. Il fait piteusement détacher le drapeau bleu dans la nuit, comme un voleur.

Il faut reprendre la direction de la campagne par un exploit médiatique. Les heures passées sur TF1n'ont pas percuté suffisamment. Il faut frapper plus fort. Alors on publie un article immonde dans le Parisien. Les non vaccinés sont des abrutis qu’il faut « emmerder » au maximum, car ils ne sont même plus des citoyens. La vaccination n’a pas empêché la contamination et seulement réduit le nombre des victimes, ce qui est beaucoup, mais 125.000 morts ont été comptés tout de même. Et cela continue, également chez les vaccinés. Surtout Macron, comme on l’a vu, a fait un pari à 30 ou 40.000 morts que certains considèrent comme évitables en début d’année 2021. Il faut qu’il passe pour un défenseur intransigeant de la santé pour éviter que la campagne ne soit hantée par tous ces spectres. D’où le « passe » et l’article du 5 janvier. Il lui faut des boucs émissaires. Il les a. C’est minable mais les cyniques pensent que c’est bien joué compte tenu de la peur panique des Français pour leur santé. La manœuvre est indigne et hideuse. Elle marque le mépris pour les Français, déjà relevé à plusieurs reprises de la part de cette personnalité en souffrance, et le voici marqué d’une double francophobie, contre la France et contre les Français.

Luther écrivait à son épouse : "Es regnet Dreck" ["Il pleut de la boue", lettre de 1541].

Aujourd’hui Emmanuel Macron fait pleuvoir de la boue. Et veut transformer cette boue en élection. Comme le théâtre latin le mettait dans la bouche des sales types qui ne se sentaient plus : « Volo descendere ad inferos crescere procerior ».

Ibi manere!

Utinam…

 

Crois-bien à l'expression etc.

Petit voyage au coeur de la grande désinformation

Nous vivons dans un cadre d’information très construit et filtré afin que nous n’ayons pas de mauvaises pensées. « L’opinion publique » n’est pas le fruit d’une réflexion publique ouverte mais le fond de panier purifié de ce que des forces dominantes imposent là où se dispensent la formation et l’information : les médias, l’édition, l’école, l’état, la justice, les associations, les superstructures internationales. La réalité est celle que désigne le doigt des médias. Le reste est caché ou ne peut être cité qu’associé à une prophylaxie particulièrement sévère.

Cette situation peu conforme avec notre volonté d’être le pays de la liberté de pensée est une invitation à prendre un bout de fil de l’information sensible et de le tirer doucement pour voir où il nous mène.

Au détour d’un livre, je lis :

« Quand en février 2008, l’archevêque chaldéen Paulos Faraj Rahho interrompit le payement de la rançon (jizya) en échange de la sécurité de sa communauté, il fut enlevé et son chauffeur tué. Deux semaines plus tard son corps fut retrouvé près de Ninive. On sut alors que tous les Chrétiens irakiens devaient obligatoirement payer pour leur sécurité conformément à la loi coranique (Cor.9.29). [] Son exécution fut un simple fait divers de la dhimmitude ».

Les pays musulmans, y compris l’IRAK de Hussein qui était considéré comme partiellement laïc, ont continué à pratiquer toutes les atteintes possibles aux droits de l’homme en conformité à la doctrine de Mahomet, sans aucun frein ni aucune condamnation des milieux où « les droits humains » sont censés prévaloir. Droits humains : quelle expression hideuse, copiée de l’américain ! Il y a des restes humains mais pas de droits éponymes, ou alors il s’agit de reliefs.

Lorsque vous lisez cette simple information, qui n’a été ni relayée en son temps par l’Agence France Presse, ni commentée dans les médias, vous réalisez qu’aujourd’hui encore le statut de dhimmi est imposé aux juifs et chrétiens d’Orient, information que personne au grand jamais n'osera commenter dans les médias français. Vous vous interrogez : imaginons que nous imposions le statut de « dhimmi » (le droit de vivre sans conversion contre rançon) à tous les musulmans en France ! Et que nous parlions de notre extraordinaire obligeance vis-à-vis des tenants de cette religion, aussi aimablement protégés, sous peine de mort et après paiement libératoire, comme le fait l’OCI, l’organisation de la conférence islamique qui représente plus de 50 pays musulmans dans le « dialogue des cultures » qui évoque l’existence en prime d’une charte des droits de l’homme conforme au Coran et qui contient donc la dhimmitude !

Qui sait, en France, qu’aujourd’hui, au Moyen Orient, l’ignominie de la dhimmitude existe encore, au milieu des meurtres, des viols, des affronts divers et des actes répétés de destruction culturelle ? Il est vrai que, pour l’OCI, l’islam ne peut pas être oppresseur puisqu’il tient directement sa loi de la parole de Dieu. Mettriez-vous en doute la sagesse du Dieu tout puissant ? Les droits de Dieu sont nécessairement ceux de l’homme puisque c’est lui qui les a créés ! CQFD !. Les participants au fameux dialogue des cultures se suffisent de ce sophisme.

En revanche, si quelqu’un s’avisait de créer en Europe une servitude particulière pour les musulmans, que d’horreur affichée, que de débordements à prévoir ! Oh, l’infamie ! On avait le socialisme hémiplégique, voici l’islam hémiplégique. Bon sang de gauche ne saurait mentir.

Quiconque a jeté l’œil sur ses contrées asservies par l’islam ne se heurte que trop vite à la destruction continue des populations non-musulmanes et de leur culture qui s’est poursuivie pendant des siècles et perdure aujourd’hui au prix de crimes atroces, continus et massifs. « Dhimmitude markt frei » nous disent subliminalement les musulmans. Nous participons au « dialogue des cultures » avec des organisations internationales musulmanes tout en acceptant que les cultures non musulmanes soient totalement détruites en terre d’Islam pendant les discussions et en constatant le refus absolu d’y appliquer le moindre droit de l’homme. La Charia d’abord. Le bêtise occidentale, on s’en occupe !

Pourquoi évoquer cette histoire ? Elle court partout dans l’actualité, de façon sous-jacente mais avec des émergences. Il suffit de se pencher.

L’institut du monde Arabe a monté une exposition sur le destin des Chrétiens et des juifs dans le monde arabe. Après que le monde musulman se soit indigné à grand tumultede l’islamophobie d’une telle agression anti-islamique, on se rassure chez les organisateurs de pouvoir citer une voix qui a bien dit qu’en effet, les Juifs et les Chrétiens n’avaient peut-être pas été traités de façons si gentilles que cela. Ouf ! L’honneur de Jack Lang est sauf. Les candidats Zemmour et Pécresse ont fait tous les deux un tour en Arménie qui vient de se voir arracher une partie de son sol historique, le haut Karabakh, au prix de milliers de morts. Le statut de dhimmi est revenu dans cette contrées chrétiennes historiques. 

Plusieurs livres de femmes qui proviennent d’Orient et pensent avoir des choses précises à dire sur le rapport entre Occident et Islam, viennent de sortir dans des conditions difficiles en France, sans publicité ni écho. « L’Europe et le spectre du Califat » de Bat Ye’or, aux Provinciales, en est un. L’autre est « Soumise » de Sonya Zadig à L’Harmattan.

Ce dernier livre montre la véritable glue qu’est le narratif de l’islam qui a fait de la contrainte sociale violente et facilement mortelle la base de son mode d’action, avec une inversion presque totale du sens des mots européens : l’asservissement est la liberté ; l’islam est la vérité même quand le mensonge est patent. Exemple : pour les penseurs musulmans l’islam préexistait à la judéité et tout effort d’archéologie qui prouve le contraire est une entreprise criminelle ; toutes les terres appartiennent au Dieu de l’Islam et si elles sont dans des mains impures c’est à la suite d’une colonisation. En colonisant l’Occident le monde musulman rentre chez lui et les mécréants doivent être chassés comme des colonisateurs.

Décoloniser c’est donc permettre la (re)colonisation musulmane de l’Europe, les Européens n’y étant pas chez eux. Tout reconquête d'un pays contre l'envahissement musulman est une réaction colonialiste : « une fois revenu chez lui » le musulman ne doit pas en être chassé, au prétexte que les mécréants seraient « chez eux ». La violence contre l’Occident est donc tout à fait légitime. L’assassin de Samuel Paty sera honoré partout dans les pays d’islam. Aucun ne fait la distinction entre islamique et islamiste, une nuance qui n’a pas de véritable sens dans le monde musulman. La ruse est possible si on n’a pas le rapport de force avec soi. Il n’y a pas de « territoires perdus de la république », seulement des musulmans chez eux, enfin de retour et qui tiennent en respect les infidèles et les mécréants après avoir installé la charia et ses règles si nécessaires, par la violence du quotidien. On ne peut pas déradicaliser les jeunes musulmans. Cela n’a pas de sens. Sonya Zadig se demande même si on peut un jour se purger entièrement du narratif musulman tellement il est collant et impose une soumission de tous les instants. Le lourd crétin qu'était Harlem Désir prévoyait que l’Education Nationale extirperait l’islam moyenâgeux des petites têtes pas blondes. L’islam a détruit partiellement l’école publique. On comprend mieux pourquoi en lisant Sonya Zadig.

Le livre de Bat Ye’or est pire encore. Il cherche à montrer que la politique de l’Union Européenne vis-à-vis de l’OCI (organisation de la conférence islamique) est une capitulation en rase campagne, une illusion qui la fait collaborer au projet des Frères Musulmans et que cette attitude collaborationniste unilatérale  est la source de malheurs publics qui ne s’arrêteront plus.

Là, une petite sonnette retentit : un commissaire européen, n’a-t-il pas proposé qu’on ne parle plus de Noël « pour ne pas blesser les musulmans ». « Le 26 octobre dernier, Helena Dali, commissaire chargée de l'Égalité, pose avec une brochure à la main. En légende, l'ancienne députée travailliste élue à Malte se dit "fière" de présenter ce document, un ensemble de "lignes directrices" proposées par la Commission européenne pour une "communication inclusive".

Parlez en termes chrétiens en Europe serait attentatoire à la dignité des musulmans et pour éviter de faire traiter d’islamophobe, il faudrait bannir ce vocabulaire. L’islamo-dépendance, appelée islamo gauchisme n’est pas une spécificité française. On voit au passage le bénéfice du terme phobie pour l’OCI. C’est au nom de la lutte contre l'islamophobie et le respect des minorités que cette organisation exige un programme d’ouverture totale des frontières européennes aux musulmans, de fourniture de leur logement, de leur soutien financier ad perpetuam, de la construction de mosquées immenses, de la levée des contraintes sur les minarets, de l’obligation de ne pas réprimer la juste revendication de la charia etc. On découvre alors que l’Union Européenne est le cheval de Troie de l’invasion musulmane en Europe, en association avec l’ONU où l’Occident et minoritaire ! La même méthode « top down » que pour l’écologie mensongère et violente, ou le transfert en Chine de l’industrie occidentale.

Alors vous recherchez Bat Ye’or sur Wikipedia et là aussitôt une alerte est donnée : attention personnage dangereux à prendre avec des pincettes. La « reductio ad hitlerum » et aux pensées nauséabondes apparaît dès la fin de la présentation initiale : « Ses thèses académiques sur l'islamisation de l'Europe, connaissent un écho dans l'extrême droite ». Ailleurs on la présente comme porteuse d’une vision « néo-lacrymale » de l’expulsion et des massacres de juifs au Moyen orient. Imaginons que quelqu’un parle d’une vision néo-lacrymale de la Shoah ! On n’a pas le droit avec les massacres nazis, mais les massacres au nom de l’islam ne méritent pas la même considération.

Crime des crimes, Bat Ye’or elle ne considère pas le statut de dhimmi comme une glorieuse tradition musulmane qui prouve l’extrême générosité du prophète. C’est que la classe des spécialistes du monde musulman à l’Université et jusqu’à ses ruisseaux de province les plus médiocres, comme à Rennes, considèrent cette civilisation comme purement et simplement merveilleuse et quiconque dit le contraire doit être viré de la « communauté académique ».

Toc-toc : souvenir ! Cette bande de Savonarole immondes s’était déjà manifestée en masse lors de l’affaire d’Aristote au Mont St Michel. Une coalition des abjects s’en était pris à Sylvain Gouguenheim qui avait osé remettre en cause un dogme sacré : la culture grecque nous avait été transmise par les musulmans. Traîné de pilori en pilori sous les demandes de renvoi de tous ses postes officiels, déclarés infréquentable et impubliable, le malheureux a fini par être détruit par ce qu’il faut bien appeler une bande de salopards. Il faudra le livre de Michel Onfray, Autodafés, les Presses de la Cité, pour rappeler l’ignominie de cette chasse à l’homme en meute.

Il n’y a pas si longtemps Mme Duval, Ministre, avait lancé une étude sur l’islamo-gauchisme à l’université, après un incident survenu une fois de plus dans une succursale de Sciences-Po, transformée en poubelle islamogauchiste et Woke (on dira « islamogaichiste » pour faire court, comme chez les Verts parisiens, dont beaucoup cumulent l’homosexualité, l’islamisme et le gauchisme) après la gestion folle de l’effarant Monsieur Descoings. La bande excitée des directeurs d’université se fendra d’un communiqué ordurier. Le CNRS refusera de réaliser l’étude commandée. Macron s’écrasera comme une crêpe. Et le professeur mis sur pilori sera destitué car il avait osé répondre aux questions que lui posait la Presse. Il parait que nous avons un président de la République et un gouvernement.

Il est vrai que ce francophobe véritable et enraciné dans une haine aussi tenace qu’extrême, devenu président d’un pays qu’il juge avec mépris et qu’il condamne en permanence en l’humiliant de l’étranger devant des pouvoirs criminels coupables d’immenses massacres récents contre leurs propres populations, a donné les ordres pour laisser filer. De repentances en affirmations dévalorisantes, de divulgations historiques prématurées destinées à servir notre humiliation en commémoration de nos ennemis, sans autre contrepartie que se propre satisfaction psychologique maladive, cette homme prétend assurer sa réélection sur les masses musulmanes intégrées superficiellement à la nation, ces Français de papier qui se considèrent toujours membres de leur nation de d'origine et n’ont que mépris pour les "Kouffars" et les traîtres musulmans qui collaborent avec lui. .

Voilà comment en tirant sur un petit fil au nom imprononçable, le dhimmi, on finit par nager dans la bassine française de l’ignominie institutionnalisée. La pensée dominante est abjecte, ici et maintenant.

Alors, j’ai lu avec avidité le livre de Bat Ye’or. Je l’ai fait avec pas mal de mérite car l’auteur n’est pas Chateaubriand. Elle est d’abord une militante de l’état d’Israël et une fervente antigaulliste. Elle ne comprend pas comment De Gaulle a pu recommander à Golda Meir de ne pas s’engager dans une guerre préventive d’annexion et d'élargissement du son espace vital « qui durera cent ans ». Israël a fini par obtenir des accords avec de nombreux pays arabes et une normalisation des relations diplomatiques grâce à une politique de force constante. L’annexion de toute la Palestine et du Golan continue sans aucun frein. Jérusalem est devenue sa capitale. Les Palestiniens ne sont plus guère qu’une force d’agression subventionnée par l’Iran. Mais l’Iran commence à être contestée de l’intérieur par son peuple sacrifié à une quête religieuse de conquête et par l’Arabie Saoudite et les autres forces qui veulent l’empêcher de devenir dominante.

Bat Ye’or ne comprend pas que l’Union Européenne ne soit pas l’alliée naturelle d’Israël dans cette affaire ni pourquoi depuis les attentats de Munich, certains pays ont passé honteusement des accords permettant aux terroristes musulmans de séjourner chez eu, par exemple en Italie, sans poursuite. Ce serait mentir que d’affirmer qu’on puisse partager sans réserve tout ce qui est écrit.

Mais sa lucidité nous éclaire. Dialogue des cultures oui. Soumission et illusion non. Elle donne trop d’exemples de soumissions pures et simples pour que nous ne soyons pas alertés.

Lorsqu’un pays s’effondre, et la France ne s’effondre pas seulement dans le domaine économique, médical, énergtique et culturel, on trouve toujours des auxiliaires de la chute. Les Communistes disaient que le capitalisme financerait la corde qui le pendrait. Ils se sont effondrés avant. Parler de paradis sur terre en y créant l’enfer n’est pas durable. Parler du paradis dans les cieux en créant l’enfer sur terre est bien plus astucieux. Et nous avons les mêmes « collabos » qui sont au cœur même du réacteur de la pensée dominante dispensée en France dans les médias et à l’école.

En tirant le petit fil de la dhimmitude, une ignominie encore en place devant nos yeux et que nous refusons de regarder en face, nous avons vu arriver la cordelette, puis la corde, puis le filin, puis la chaîne et enfin l’énorme paquebot de nos renoncements à la liberté et à notre rôle. Comme pour l’économie déséquilibrée, l’écologie autodestructrice et le Wokisme des piloris et des discriminations, les organisations internationales et les ONG sont à la manœuvre, en particulier autour de l’ONU et au sein de la Commission Européenne, pour pousser à une domination musulmane contraire à nos principes. Mme Dali a voulu montrer que sa montre était bien molle et dégoulinante à l’heure de la pression musulmane. Mais Mme Van der Leyen avait pris la parole es qualité de président de la Commission, sans aucun mandat du conseil, pour se joindre à la meute qui exigeait la démission du vieux président du COJO japonais. Il avait dit « que dans les réunions, les femmes étaient bavardes et en allongeaient la durée ». Un crime infect naturellement contre le genre humain et les droits de même qualificatif. J.K. Rowlings a connu des déchaînements du même type lorsqu’elle n’a vu dans l’humanité que des hommes et des femmes.

Il faut hélas rappeler que les pays musulmans les plus fanatiques regorgent de ressources grâce à la manne pétrolière et gazière. L’argent sert la propagande musulmane en achetant beaucoup de consciences y compris les moins chères, qu’on trouve dans les ONG, les partis, et beaucoup d’échelons de l’université. C’est bien par exemple que V. Pécresse soit passée quelques heures en Arménie, mais qui, dans son parti, reçoit des chèques colossaux de ses liens avec l’Azerbaïdjan ? Le lobbyisme intéressé se porte un peu trop bien en France, ce qui n’améliore pas la qualité et la liberté de l’information.  

On est en train de voter au Parlement européen et bientôt au sein de la Commission, un texte qui vise à imposer aux entreprises, non seulement le respect de la loi, ce qui est le minimum, mais l’obligation de rechercher activement partout dans le monde chez tous les clients, les fournisseurs, au sein de toutes les filiales et succursales, si tous se sont bien montrés « inclusifs » avec les minorités, et ont eu le bon comportement Woke sous toutes les latitudes et longitudes. Le tout, sous la férule des juges européens. Gageons que toutes les exigences des musulmans fanatiques, déguisés en droit-de-l’hommistes version coranique, seront prises en compte : port du voile ; horaire aménagé pour les prières, possibilité de ne pas serrer les mains aux femmes blanches, avantage dans les promotions, non présence de symboles des autres religion, langage inclusif épuré des références culturelles européennes… Ils pourront se retourner contre l’entreprise si on les empêche de faire leur Jihad et de répondre à l’appel de tous les préceptes du Coran. Les entreprises qui viennent de pays qui pratiquent la dhimmitude et l’esclavage seront, elles, laissées tranquilles.

Aucune résistance n’est à attendre du francophobe Emmanuel Macron qui sert platement toutes ces folies et dont l'affirmation selon laquelle la Seine-Saint-Denis serait « la Californie sans la mer » a bien montré la rare pertinence.

Voilà ce qui apparaît lorsqu’on tire une petite ficelle d’information troublante, le meurtre sordide d’un dirigeant religieux non islamique en Irak, sous tutelle américaine, et qu’on fait venir toute la pelote tenue sous le boisseau.

Le rôle de la France est d’abord de défendre les droits de l’homme, les vrais, chez elles, et de faire en sorte que l’Union Européenne et l’ONU en soient le porte-voix. Tous doivent s’adresser au monde musulman en exigeant qu’il applique les règles minimales, dont le dhimmi ne fait pas partie.  S’il ne le veut pas et fait de la discrimination et du crime contre les non musulmans la base de sa pratique, alors il doit être contenu et éventuellement contrebattu. Il ne s’agit pas de réciprocité dans les abandons. Mais Cela veut dire que l’Occident se débarrasse de l’idéologie WOKE qui exige qu’elle se dépouille d’elle-même et ouvre grand la porte, au nom de la défense des minorités, aux manigances coraniques et notamment à ses conséquences démographiques majeures. Le plus difficile pour notre civilisation c’est qu’elle doit lutter dans son sein. Elle a éliminé le communisme. Elle doit se purger en moins de 75 ans du Wokisme. Si elle met autant de temps, en pratiquant la politique du mol édredon,  elle sera devenue musulmane avant la fin du processus, par submersion démographique et absence de défenses nationales, idéologiques et morales.

Pourquoi ne pas réformer le droit de grève

et mettre fin à une exception française délétère ?

La France est à nouveau l’otage des syndicats extrémistes, notamment et pas seulement, l’otage de la CGT. La ville de Marseille est envahie d’ordures. Les conducteurs de trains ont menacé de faire grève pendant les vacances. Les électeurs craignent que le programme Pécresse soit l’occasion de mouvements violents des syndicats de fonctionnaires, parce qu’elle a proposé de trancher dans les effectifs sous contrat public.  Les syndicats pèsent d’un poids excessif sur la politique française.

Madame Thatcher avait osé dire : « je ferais sortir le Royaume-Uni du socialisme ». Parmi les toute-premières mesures bienfaisantes qu’elle a prises, et qui ne sont plus remises en cause, figurent celles qui concernent le droit de grève. Le droit de grève est constitutionnel et depuis longtemps, partout en Occident, mais toutes les grèves ne sont pas licites et acceptables. Une assez grande diversité existe dans le cadrage, mais le cadrage lui-même existe et il est assez ferme.  Sauf au RU d'avant Thatcher et en France, encore aujourd’hui. Nul pays n’avait été aussi loin dans le laxisme que le RU de Wilson, puisque le syndicalisme était la base du mouvement travailliste. Les limitations imposées par Thatcher sont parfaitement démocratiques et justifiées. C’est pour cela qu’elles durent. On les retrouve à peu près partout dans le monde. Sauf en France, le pays de la gréviculture hystérique.

Premier principe : la grève ne peut pas poursuivre d’objectifs politiques.

            Corollaire 1 : une grève ne peut concerner que des revendications propres à l’entreprise.

Corollaire 2 : nul salarié d’une entreprise ne peut compromettre l’image de son entreprise dans des grèves et des manifestations qui ne la concerne pas.

Corollaire 3 : les grèves de solidarité sont interdites.

Corollaire 4 : l’appel à des grèves générales est interdit.

Second principe : une grève ne peut pas avoir un coût supérieur à l’avantage réclamé. En un mot, on ne peut pas ruiner une entreprise ou la nation par des grèves trop longues ou trop fréquentes ou ayant trop de conséquences négatives pour les tiers. Certaines techniques de grève qui limitent à l’extrême le coût pour les grévistes tout en ruinant radicalement l’entreprise ne sont pas tolérables. Un exemple : recourir massivement aux arrêts maladie et abuser du droit de retrait pour bloquer la production tout en étant indemnisé par l’entreprise. Au passage, les médecins et les juges complices doivent voir leur responsabilité recherchée.

Troisième principe : les services publics ne peuvent pas être interrompus par des grèves, quel qu’en soit le motif. De même, les services dépendant principalement d’argent public ne peuvent faire grève que dans des conditions précises et restreintes. Il y a bien longtemps qu’on a compris qu’on ne peut pas mettre des gens à garder un pont et les laisser rançonner ceux qui veulent le traverser.

Quatrième principe : les fonctionnaires, dont l’emploi est garanti, n’ont le droit de grève dans aucune partie de la fonction publique ou des services associés.

Cinquième principe : les exactions syndicales contre les biens et les personnes doivent être empêchées et sanctionnées, avec un pouvoir de décision laissé aux préfets et non aux juges pour stopper immédiatement les actions illicites. Aucune occupation d’usine, aucun vol de matériel ou blocage des entrées n’est acceptable, ni même aucune menace de le faire. L’action préfectorale doit être immédiate pour prévenir et faire cesser ces délits, sans attendre une décision judiciaire. Les sanctions doivent être immédiates et effectives. Les juges ne seront appelés que pour contrôler éventuellement l’action des préfets.

Les lois nouvelles n’ont pas empêché l’exercice du droit de grève au Royaume-Uni et elles ont permis de les pacifier et de concentrer la négociation sur des points précis et, un minimum, raisonnables. On notera que ces règles prévalent depuis des lustres aux États-Unis, en Allemagne, et dans les pays les plus démocratiques du monde.

Alors pourquoi pas en France ?

Pourquoi les politiques considèrent-ils ce sujet fondamental comme tabou ? Ce n’est même pas une question de gauche ou de droite. Les pays socialistes interdisaient toute grève, comme les pays fascistes, dirigés par d’anciens socialistes. Avoir un droit de grève qui s’exerce dans un cadre légal normal n’a rien de choquant. L’anormal c’est de voir qu’à la télévision et dans les radios d’état on présente la mutinerie qui a eu lieu lors d’un voyage du paquebot de France, avec emprisonnement des passagers et détournement du bateau pendant plusieurs jours, comme un haut fait sympathique, qui n’a donné lieu à aucune répression.  L’enseignement gauchiste dispensé dans le parcours scolaire milite dans le même sens. Tout le monde en est venu à considérer comme normal qu’il faille demander en justice l'expulsion des grévistes qui occupent un lieu de travail ou qui bloque un entrepôt.  Aux Etats-Unis, une occupation d’usine provoquerait aussitôt une action de force avec l'expulsion des occupants avec la violence nécessaire et de rudes condamnations… des grévistes.

La France doit revenir à une législation normale de la grève.  Aucun candidat n’a mis cette mesure élémentaire à son programme. Cela mesure la terreur dans les partis de droite d'affronter les dogmes illégitimes du socialisme anti démocratique.

Les services publics à la française, Moloch impuissant et ruineux. Pourquoi ?

La discussion sur la nécessaire compression des effectifs des services publics à la française ne date pas d’hier. Dès la fin des années soixante, certaines voix se lèvent pour constater que les générations d’énarques doivent trouver du boulot et qu’on ouvre chaque année de nouvelles « politiques publiques » exigeant du personnel et des responsables d’unités administratives. C’est le moment par exemple où commence vraiment la colonisation du domaine de la culture par l’état, bien avant que J. Lang n’ouvre les vannes en grand, et que le désir de diriger des entreprises devient très fort. De même l’écologie passe d’une administration purement parisienne à la couverture de tout le territoire. C’est l’époque où des régiments d’énarques montent à l’assaut des partis, à droite puis à gauche, alors que l’entrisme à la tête de conseils municipaux était déjà fort. La santé, l’agriculture, le tourisme, le commerce, les assurances viennent prendre le relais des postes perdus de l’empire français disparu.

La première raison de la création des molochs administratifs en France est l’expansion de l’énarchie, rapidement devenue une « énarchie compassionnelle et bienveillante » qui, « seule désintéressée », se devait de coloniser à peu près tout avec de bonnes intentions. La première mesure pour dégonfler le Moloch, c’est de mettre un frein à la production excessive d’énarques colonisant le politique, l’économique, les bancaires et évidemment une administration de plus en plus pléthorique. Ils ont inventé le numerus clausus pour les médecins. Il faut un numerus clausus pour les énarques.

Tant qu’il était financé par la croissance rapide, ce gonflement ne paraissait pas avoir de conséquences budgétaires graves. Tout va changer avec la crise de 1973-1974. Pour la première fois une crise extérieure très sévère, liée aux changes flottants et une dépendance nouvelle et de longues durées à une énergie chère, provoque la prise de conscience qu’il ne faut pas aller trop loin dans la bureaucratie triomphante. Mais la crise est payée exclusivement par le privé. Les salaires publics rattrapent et doublent les salaires privés massacrés par la récession. Une partie croissante de la population cherche le salut dans la fonction publique et les postes protégés par l’état, notamment en province, où l’industrie faiblit un peu partout, dans les charbonnages, le textile, l’habillement, les chaussures, les jouets et l’électronique. Lip, Boussac, Charbonnage de France, la sidérurgie lorraine, s’effondrent dans les années soixante-dix. On s’attaque au revenu aux chirurgiens et aux architectes, et d’une façon générale aux grands sachants. On crée un numerus clausus pour les médecins. La haute administration triomphe. Elle, elle ne souffre pas, et ses réseaux enflent.

L’instauration d’un régime socialiste par Mitterrand, à l’envers de tous les autres pays, aboutit à une extension généreuse de toutes les politiques publiques avec la promotion d’hommes qui deviendront de véritables satrapes. Surtout Mitterrand promeut une vague d’énarques qui vont faire sauter tous les verrous. Aussitôt la croissance s’évanouit et on est au début du processus de grande stagnation qui fera qu’en 2020 le PIB par tête sera quasiment le même qu’en 1980. La décentralisation provoque un gonflement totalement inconsidéré des effectifs dans les collectivités locales. La dépense publique rejoint puis dépasse la valeur ajoutée du secteur privé.

La crise très dure de 93-94 en France (elle a commencé en 91 aux États Unis et éclaté en 92 au RU) ravage les comptes publics et impose qu’on remette de l’ordre. Mais comment demander aux Énarques qui ont gonflé le Moloch, ne serait-ce que pour avoir des places, de revenir en arrière ? L’énarchie décide qu’il faut priver encore plus « les sachants » de leur pouvoir au profit des managers publics, c’est-à-dire eux. Les médecins perdent le contrôle des hôpitaux, les architectes et les urbanismes le contrôle de l’urbanisme et de la construction. Seule la justice et l’enseignement résistent. Pas trop d’énarques mais des restrictions de moyens drastiques. La litanie des plans Juppé, x ou y, gagne la République, aussitôt contrés par les manifestations et les blocages de la CGT. Pas touche à notre vivier de fonctionnaires et d’agents publics ! En même temps la couverture réglementaire s'accroît partout, chaque secteur économique devant d’abord s’incliner devant sa « tutelle ». Les expressions « qu’en pense la tutelle » ou « que veut la tutelle », se retrouvent partout, de l’urbanisme commercial aux transports, de la construction de logements aux grands travaux, en fait partout. Le jeu c’est : réglementations, taxes et subventions. Même l'artisanat, via les Capeb, se voit chapeauté par l’énarchie et passe sous tutelle. Même la production artistique des peintres et des sculpteurs, désormais dépendante des FRAC, passe sous tutelle, après le théâtre, les maisons de la culture, le cinéma et l’art lyrique.

La crise de 1998 puis celle du début du XXIe siècle vont conforter toutes les tendances. On n’a plus de ressources. Les salaires reculent par rapport à l'étranger ; La France se paupérise. Les énarques commencent à chercher des carrières d’argent hors ou aux confins des emprises de l’état. Ceux qui restent passent leur temps à tenter des réformes pour contrôler l’envol des dépenses. Mais on ne peut pas confier à un énarque, qui a besoin de troupes, des politiques de contrôle en volume des effectifs, sans toucher aux missions. Les énarques ne sont pas des techniciens. Ils contrôleront les techniciens qui seront mis partout en situation difficile. La justice est effondrée dès la fin des années quatre-vingt-dix, comme l’enseignement qui est déjà à genoux, comme la médecine. L’armée fonctionne avec des bouts de ficelles.

Au terme de cette évolution, les énarques ne veulent pas qu’un tiers prenne les commandes présidentielles et cassent leur empire administratif et politique. Ils font un véritable pronunciamiento et portent au pouvoir l’énarque Macron qui gérera la France seule, avec dix copains énarques, 10 milliardaires et quelques beaux jeunes gens à yeux bleus, en ne s’occupant que de son narratif et en se garde bien de faire la moindre réforme touchant l’administration et ses effectifs qui continue à gonfler.

20 ans après les débats du forum du Monde qui portaient, dès 1998, largement sur la déchéance des services publics, tout s’est dégradé. Les comptes publics sont ravagés. La dette est effarante. La fiscalité est hystérique. Les réglementations sont extravagantes. La politique de santé publique est ce qu’on constate. L’enseignement est totalement déclassé (la suppression des mathématiques et la priorité donnée aux minorités agissantes, privent même les grandes écoles de …candidats). Le supérieur est devenu une foire d’empoigne Woke de très mauvaise qualité, pratiquement un mauvais lieu. Les arts sont en perdition. Le cinéma est minable. Le théâtre grotesque. La peinture et la sculpture ont disparu du décor. La place de Paris n’est plus tendance.

Jamais les politiques de dégonflement du Moloch administratif n’ont voulu contenir la demande de services publics. L’inondation de l’immigration pauvre a saturé tous les services concernés. Mais personne n’a réellement bloqué les flux entrants. On a cessé de poursuivre la « petite délinquance », elle a très normalement explosé en nombre. Si tout le monde est noyé c’est largement à cause de ce laxisme. En revanche on a criminalisé beaucoup d’aspects de la vie civile qui ne l’étaient pas, multipliant les besoins judiciaires. La haute administration a vu dans les associations des partenaires actifs et intéressés pour faire gonfler le champ et l’intensité des politiques publiques. Elles se sont énormément développées, souvent en liaison avec un champ réglementaire qui a élargi leurs pouvoirs.

Il va de soi que la réduction du temps de travail et de l’âge de départ à la retraite n’a rien arrangé. Il fallait plus de monde pour faire le même travail… dans le désordre.

On charge souvent l’Europe du crime d’avoir essayé de contenir les déséquilibres globaux en France et finalement d’avoir étouffé les services publics. Disons-le clairement : le Moloch administratif français est une création bien française et ne peut être réduit que par la diminution de la demande d’administration et une adaptation sévère des moyens (ce n’est pas en cachant les services derrière des barrières informatiques qu’on améliore quoi que ce soit).

Ajoutons que l’option socialiste qui a conduit au déclassement économique du pays a fait baisser drastiquement le niveau dans bien des secteurs, les meilleurs quittant la France pour l’étranger.

La spirale du déclin dans l’enseignement est bien connue : si le niveau baisse alors la prochaine génération d’enseignants aura un niveau en baisse etc. La fuite des excellents scientifiques et des bons techniciens est documentée. La grande médecine se fait désormais de plus en plus ailleurs qu’en France.

Conclusion :

Si on veut contrôler les molochs administratifs français, il faut :

-        Sortir du socialisme et chercher le grand redressement

-        Sortir de la maîtrise du politique par la haute administration, en créant une cloison étanche entre politique et haute administration.

-        Sortir de l’élargissement sans fin du champ des politiques publiques

-        Redonner le pouvoir aux sachants tout en créant un contrôle de gestion sérieux et pas nécessairement public.

-        Supprimer le statut de fonctionnaire pour la majorité des postes d’exécution comme ils l’ont fait en Suisse. On ne peut pas réformer un monde d'employés qu’on ne peut pas virer.

-        Casser la folie réglementaire et restreindre l’emprise des associations.

-        Réduire les doublonnages entre mairies, départements, régions, état, Europe.

-        Chercher d’abord à réduire les besoins de politique publique avant de s’attaquer aux moyens.

-        Donner au parlement les moyens d’un contrôle efficace des politiques publiques comme aux États-Unis.

-        Réduire drastiquement les « droits à » surtout constitutionnalisés.

-        Réduire d’abord les impôts et adapter l'appareil bureaucratique au niveau fiscal nécessaire.

-        Créer un plafond d’endettement comme aux États-Unis, qui ne peut être levé que par un vote des deux chambres.

Il est simpliste de se contenter de dire que l’administration a trop de gras et pas assez de muscle. Elle est bien trop musclée sur bien trop de sujets. Et trop paresseuse structurellement également en bien trop d’endroits. C’est pour cela qu’elle étouffe et ruine le pays. Hier les juges lillois proposaient de ne travailler que six heures par jour en dépit des milliers de dossiers en souffrance ! Avec un taux d’absentéisme de 20 % ? S’il y a trop de travail, on ne peut pas travailler c’est bien connu. Quand a-t-on entendu les syndicats de juges exiger qu’on limite la pénalisation de la vie sociale de façon outrancière ? Qu’on limite l’explosion de la demande pénale ? Qu’on simplifie la procédure pénale ? Qu’on sanctionne plus et plus vite les délinquants d’habitude ? Rions ensemble mes bien chers frères en bureaucratie militante !

Dans mon livre Sortir du désastre j’ai donné un exemple vécu du laxisme des procureurs lorsqu’il s’agissait de sanctionner des escrocs d’habitude. Au lieu de bloquer un délinquant dès le départ on le laisse multiplier les escroqueries indéfiniment et après on s’étonne d’être envahi par les dossiers !

Toute la dérive des 50 dernières années se trouve résumée dans la lettre que l’énarque Chirac a envoyée à l’énarque Giscard, pour se partager le pouvoir, dont on ne trouve plus nulle part le texte, longtemps sur internet, et qui est pourtant si révélateur. Il lui proposait de s’entendre entre énarques pour dominer perpétuellement la politique. De mémoire, une des propositions était de se moquer des demandes de réduction du nombre de fonctionnaires et de continuer à renforcer le Moloch !

Hier soir l’énarque Macron, l’hyper narcissique qui ne pense maladivement qu’à son narratif et au destin de sa petite personne, a confirmé qu’il ne fallait surtout rien faire qui touche l'administration et ses effectifs. Giscard, Chirac, Fabius, Rocard, Jospin, Aubry, Villepin, Hollande, Philippe, Castex, Macron… Le Moloch vous salue bien !

LR - Zemmour. Pour qui sonne le glas ?

Depuis que le mouvement gaulliste a été récupéré par la haute fonction publique, il sombre progressivement et finira sur le côté des grandes avenues politiques. Ce qui est arrivé au parti socialiste, lui aussi capté par l’énarchie triomphante, ne laisse pas de doute sur le résultat. Aubry, Fabius, Guigoux, Rocard, Jospin, Hollande ont signé la mort du mouvement social et ont fini par sombrer dans le socialisme de sous-préfecture. Giscard, Chirac, Balladur, Juppé, Seguin, Villepin, Copé ont fini dans un étatisme envahissant et sans connexion avec le pays. Macron a provoqué un pronunciamiento pour éviter la prise de l’Élysée par un non-énarque et en réunissant à faire venir des énarques de droite comme Le Maire, Philippe et Castex, il a fini de détruire la gauche dite de gouvernement et bien entamé la droite auto proclamée « républicaine ». LR se choisit comme candidate une énarque, seconde du concours d’entrée, qui s’était écartée quand l’énarque Wauquiez, premier du concours d’entrée, avait pris le pouvoir. Bertrand avait cru dissiper l’hostilité des énarques en proposant le poste de premier ministre à Wauquiez. Peine perdue. La proximité programmatique entre l’énarque Macron et l’énarque Pécresse, confortée par la démarche proche de l’énarque Philippe, rend illisible la candidature Pécresse. « Je suis une femme un tiers Thatcher et deux tiers Merkel » est un slogan perdant s’il n’est pas appuyé sur un programme fort. À partir du moment où elle ne reprend pas le slogan Thatchérien « je vais extirper le socialisme de mon pays » et où elle ne comprend pas que Merkel avait à régler le retour de l’Allemagne de l’Est dans le giron de l’ouest, et à assurer la domination économique du géant reconstitué, objectif partagé par tous les Allemands qui y voyaient une réhabilitation historique, son slogan est totalement creux.

Le PS a cru que choisir une femme fonctionnaire épouse d’énarque sauverait le parti. Elle se traîne à 2% dans les sondages. LR avec sa femme énarque fera mieux mais n’a aucune dynamique.

Valérie Pécresse qui est une vraie pointure avec un parcours assez extraordinaire (et pas seulement scolaire, ses aventures russes et japonaises sont très intéressantes) a deux faiblesses qui sont très attachées à sa personne : elle a accepté de rejoindre en 2002 les Young Leaders de la French-American Foundation ; Américanisme et européisme de bon aloi atlantiste ne sont pas très en phase avec les nécessités du moment. Son mari, Jérôme Pécresse, polytechnicien, renforce cette image atlantiste à la fois par son parcours au Crédit Suisse First Boston, avant de faire carrière chez Alstom dont la cession à General Electric reste un des scandales récents. Un joli couple mais pas exactement exemplaire de la souveraineté et de l’indépendance française dans une ambiance de mondialisation et d'européisation malheureuses.

Le coup de vent sur les espoirs de LR est venu de Villepinte, dès le lendemain de l’intronisation. Eric Zemmour se replace exactement dans les traces du RPR de 1976, avant la grande « trahison » chiraquienne et annonce une reconquête. La différence d’ambiance entre les 10 000 à 12 000 participants à la fête, et les bisous échangés chez LR après l’annonce du choix de leur candidate, signait la fin de l’euphorie mineure de la fête interne de LR. Tous les thèmes dont aurait dû s’emparer la nouvelle élue ont été récupérés par Zemmour, la laissant sans discours, sinon un narratif centré sur sa personne, dont tout le monde se moque.

Désormais, l’énarchie revient à son comportement de groupe : il faut faire éliminer Zemmour par les médias et la justice. Après on verra à choisir entre l’énarque Macron et l’énarque Pécresse.

Tout va se jouer dans les deux mois. Si Pécresse reste à 12-16 %, c’est fichu pour LR. Et si Zemmour repasse devant Le Pen, c’est fichu pour le RN. Ne resteront que les exactions des nervis d'extrême gauche, le matraquage des médias et les juges pour refaire l’opération Fillon d'expulsion d’un candidat en position de gagner. Mais que restera-t-il de la démocratie en France après deux opérations de ce genre ?

Ce sera à nouveau une bataille d'image d'où les éléments programmatique seront bannis. Macron l'a parfaitement compris qui a aussitôt commanditée une émission de 2 heures sur TF1 pour soigner son image, sans jamais parler d'autre chose que de lui-même. Pendant ce temps là on a le droit à la vie épatante de Valérie de la naissance à nos jours. "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Mais je le suis un peu plus que tout le monde". A pleurer !

La vraie question sur l'avenir de la France

Le meilleur thermomètre pour mesurer les évolutions économiques de long terme est la production intérieure par tête (PIB). La comparaison est un peu délicate car il y a eu un changement de monnaie et une érosion continue de la valeur de chacune des deux monnaies successives. Les spécialistes arrivent facilement à surmonter ce genre de difficulté et les résultats sont sans appel : le PIB par tête est quasiment le même fin 2020 que celui de 1980. Quarante années de stagnation !

Il ne faudrait pas croire qu’il s’agisse d’un constat récent ou établi par des commentateurs approximatifs, marginaux ou contestataires. Par exemple DG Trésor, qui dépends du ministère des Finances publie le 13 juin 2014 une note qui fait le point sur l’évolution des quarante dernières années et qui précise froidement : « la position de la France située en 1975 au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE, est maintenant en-deçà de la plupart des grands pays développés ». Au plus haut sommet de l’Etat on sait parfaitement que la France est en déclassement de longue durée sans que cet état de fait ne provoque la moindre émotion. Personne n’en tire la conclusion qu’une urgence politique s’impose pour mettre fin à cet effondrement relatif. Sans surprise, la situation depuis n’a fait que se dégrader. La France s’enfonce.

L’hebdomadaire Marianne a effectué les calculs pour certaines catégories d’enseignants et est parvenu à des résultats pires encore : leur revenu a baissé ! Stagnation générale, recul par rapport aux autres nations et paupérisations absolues catégorielles forment l’histoire économique récente. Toutes les catégories professionnelles, et pas seulement les infirmières et les enseignants, constatent que la rémunération en France est moindre qu’en Allemagne, qu’en Suisse, qu’aux États-Unis, qu’en Grande Bretagne… Les Français ont voulu connaître une expérience socialiste à rebours du monde entier. Le coût de cette lubie a été démesuré. Pendant ces quarante années les économies ont continué à croître dans les pays correctement gérés. Nous sommes désormais au 29e rang mondial pour le PIB par habitant à 43 551 dollars, selon le classement du FMI. La Suisse est passée de 20 000 dollars en 1980 à 86 000 dollars aujourd’hui, soit plus de 400 % de hausse, et un résultat final exactement le double de la France ! Ne parlons pas du Luxembourg qui a atteint 109 192 dollars. Nous sommes dépassés par presque tout le monde en Europe : l’Allemagne, la Grande Bretagne, la Suède, la Finlande, les Pays bas, l’Irlande, la Belgique… L’expérience socialiste prolongée nous a conduits à un terrible déclassement qu’il est impossible désormais d’occulter, de nier, de minimiser et dont il est impossible de s’exonérer.

 L’année 1980, base de notre comparaison, était particulièrement difficile. Toute la décennie précédente avait été marquée par les conséquences du désordre monétaire international provoqué par la politique américaine et notamment sa conséquence sur les coûts pétroliers. Un second choc pétrolier avait été subi deux ans avant. La situation s’était tellement dégradée que Raymond barre avait été appelé pour faire face à un déficit du budget de 15 milliards de francs, un déficit du commerce extérieur de 10 milliards et un besoin d’endettement de 15 milliards. En se comparant à l’année 1980, on prend un point bas de l’histoire économique récente. Qu’on soit resté aussi bas est consternant.

Comme Pierre Antoine Delhommais en fait la remarque malicieuse dans le Point du 18 novembre 2021, le déficit du budget actuel de la France est de 197 milliards d’euros, celui de la balance commerciale de 90, et le besoin de financement par la dette de plus de 200 milliards. Ceux qui veulent vraiment se rendre compte de la dérive, peuvent convertir en francs les déficits actuels (il suffit de multiplier par 6,55957) et les comparer à la situation que voulait corriger Raymond Barre. Attention au vertige !

On considérait la situation critique alors que le déficit était à 1.8 % du PIB, contre 8.4 % aujourd’hui, la dette à 16 % du PIB contre 110 %, le chômage à 3.8 % contre 8 %. Et M. Macron aurait le droit de se présenter en triomphateur qui a remis la France sur pied ? Alors qu’on est au fond du trou ?

Oui les quarante années qui ont suivi la mise en place du programme commun de gouvernement qui a assuré le destin électoral de François Mitterrand, constamment aggravé ultérieurement par les gouvernements Mauroy, Rocard, Jospin, Ayrault, Valls, Philippe et Castex, ont été un véritable désastre. Les gouvernements de droite, arrivés au pouvoir en général dans la foulée d’une récession mondiale, comme Balladur, Juppé et Raffarin, n’ont eu ni la latitude ni souvent le courage de lancer une politique difficile de grand redressement, alors que le corps social était ballotté par les crises successives et rétif. Le gouvernement de cohabitation dirigé par Jacques Chirac de 1986 à 1988 est le seul à avoir tenté d’enrayer la chute. Mitterrand sera réélu. L’opportunisme électoral voudra, au sein des dirigeants de tous bords, qu’on ne se batte plus contre une opinion publique dirigée par une idéologie néfaste mais dominante et que l’on cherche à l’étranger, par la construction européenne renforcée, le moyen d’éviter les conséquences les plus délétères pour les grandes entreprises. On ajoutera la perte de souveraineté et de la fierté nationale au déclin économique et social.

Le déclassement économique est indiscutablement une composante majeure du malheur français tel que l’a examiné brillamment Marcel Gauchet d’une façon plus globale et auquel il a consacré deux ouvrages qui font l’unanimité aujourd’hui parmi les élites et s’impose comme la caractéristique nationale principale.

Triste réalité : ce malheur français a été voulu avec un certain acharnement par les Français eux-mêmes.

Les Français montrent désormais par des signes nombreux qu’ils ont compris le déclassement économique que la France a subi depuis la victoire de l’Union de la gauche en 1981. Les ouvriers ont déserté aussi bien le parti communiste que le parti socialiste. Ce dernier le lui a bien rendu en ne s’intéressant plus qu’aux fonctionnaires, aux populations immigrées et aux folies de nouvelles radicalités totalitaires, violentes, masochistes et autodestructrices. Les jacqueries des Bonnets rouges puis des Gilets jaunes ont montré qu’il ne fallait pas aller trop loin dans les contraintes à imposer à des populations paupérisées.

La France, aujourd’hui, veut que la descente aux enfers s’arrête et se cabre devant une idéologie dominante dans les médias qui reste figée dans les dogmes du socialisme de 1980. Mais, au-delà de la crispation déclarée « populiste » par les élites médiatiques, comment faire alors qu’un alarmisme écologique extrême pousse à des amputations drastiques des moyens de la croissance ? Comment éviter un malheur économique sans fin ?

Telle est la vraie question posée aux électeurs pour cette nouvelle élection présidentielle.

Architecture, énarchite et bureaucratie délirante

À l’heure où la ville de Paris détruit la seule place construite à Paris depuis 40 ans, avec la volonté de construire une vraie place, ce qui devrait mobiliser la rage de tous les architectes et du ministère de la Culture devant un vandalisme caricatural de Verts minables (les fameux Verts de terre) et de leurs auxiliaires socialistes et communistes qui détruisent la capitale, que font donc ensemble l’ordre des architectes et le ministère ?

Notons que l’ordre a été créé par Pétain pour que l’administration dispose d’un « fascio » et encadre la profession, comme il a été fait pour toutes les professions autrefois dites libérales. L’ordre des médecins et ses petits politiciens professionnels se signalent en ce moment même par des actions grotesques et hideuses contre le professeur Raoult. Le ministre de la Justice lui poursuit de sa hargne le conseiller Prats qui a écrit deux livres pour dénoncer le gaspillage et le pillage de la sécurité sociale, au nom du devoir de réserve. Il s’agit toujours de la même préoccupation pétainiste : encadrer tout le monde pour sanctionner toute attitude contraire au narratif gouvernemental.

Ne soyons donc pas surpris que le conseil national de l’ordre des architectes crie au triomphe pour avoir créé, avec la caution de Mme Bachelot, vieux cachalot de la politique spectacle pas drôle, un nouvel observatoire. Cela fait des lustres que la création d’observatoires à tire-larigot est dénoncée comme la marque d’une bureaucratisation gaspilleuse et inutile. Il y en a des centaines dont beaucoup ont cessé leurs « activités ».

Nous voici donc avec un observatoire. Pour quoi faire ?

« l'Observatoire de l'économie de l'architecture, lancé le 16 novembre aura notamment pour mission d'éclairer les zones d'ombre de la profession, en particulier concernant les architectes qui ne sont pas inscrits à l'Ordre mais qui exercent l'architecture ou des métiers "connexes". Les pouvoirs publics et la profession veulent en savoir plus sur le métier d'architecte et l'économie de la filière "pour mieux la soutenir et la valoriser". C'est le sens de la création de l'Observatoire de l'économie de l'architecture, lancé officiellement le 16 novembre à la Cité de l'architecture et du patrimoine, à Paris. Agences, administrations, entreprises de la construction, professions libérales, salariés, étudiants, inscrits à l'Ordre et non-inscrits, professions connexes… L'idée est de mieux connaître la profession dans sa diversité, des activités aux modes de travail ».

Les mots sont choisis : zones d’ombre ! Attention les gars, il y a des aliens parmi nous qu’il va falloir chasser. On sera tellement mieux quand on aura saisi la diversité des activités pour la réduire. C’est que l’ordre ne connaît que les inscrits à l’ordre, dont la seule vocation est de tenir le Tableau des « vrais » architectes présentant toutes les garanties d'éligibilité à la fonction, c’est-à-dire en clair, de savoir s’ils sont diplômés et assurés. A-t-on raisonnablement besoin d’un ordre pour savoir qu’un architecte est diplômé et dispose d’une assurance ? Il suffit que le maître d’ouvrage demande les certificats nécessaires comme dans toutes les autres professions. En vérité l’ordre ne sert qu’à donner des postes rémunérés à des architectes sans talent qui trouvent dans la politique le moyen d’obtenir un peu d’argent et pouvoirs. Pour obtenir des moyens, ils pillent la profession et ouvrent des services qui seraient assurés mille fois mieux par d’autres. Ce qu’ils ne peuvent même pas empêcher. Du coup, l’ordre est marginalisé et cela l’embête. Alors il se retourne vers l’État pour obtenir des moyens de contrôle. En avant dans l’imbécillité coûteuse d’un observatoire public qui a pour unique but, non pas de valoriser la filière, mais d’obtenir des réglementations corporatistes de la « tutelle ».

Ladite tutelle cède parce que cela justifie son rôle et que cela calme des architectes à qui on a fait tout subir pour qu’on se passe d’eux, au prétexte de faire des économies. Giscard a été le roi de la bureaucratisation, ruine, exclusion de la profession d'architectes. L’ouverture à l’Europe a achevé le travail. Du maître d'œuvre au concepteur et à l’entreprise, l’ouverture aux autres a tout balayé, reléguant les doctrines pétainistes et leurs institutions dans la virtualité.

La démagogie qui a régné après mai 1968 fait que le « partage de la commande » est devenu l’objectif démagogique des politiciens de la profession. Du coup la profession se ruine en concours pour tout et rien. L’obligation de concours renchérissant les coûts, les hauts fonctionnaires ont décidé de contourner l’affaire. Ils ont inventé pour cela le MAPA, un dispositif qui permet de contourner les règles du marché public. Pour ceux qui veulent apprécier la splendeur bureaucratique de la « procédure adaptée », qu’ils consultent les sites suivants :

http://www.marche-public.fr/Marches-publics/Definitions/Entrees/procedure-adaptee.htm

MAPA - Marchés passés selon la procédure adaptée ! Lien pour télécharger : le CMP, le CCP 2021, les 6 CCAG, le CCTG, les DC1, DC2, ATTRI1 (Ex DC3), ATTRI2, DC4,...

C’est tellement fou que cela devient drôle.

Le résultat : virer l’architecte en passant directement le marché à une entreprise qui verra bien s’il en faut un et pour quoi faire. En général elle s’en passe et utilise ses propres bureaux, sauf quand il faut une signature pour des plans et une négociation de permis compliquée. Et pour cela elle a ses architectes salariés…

L’architecte libéral français comme le « mandarin » médical ont été l’objet, dans la foulée de mai 1968, d’une destruction fiscale et administrative dont on voit les résultats et dans le secteur de la médecine, dont la bureaucratisation et l’étiolement sont désormais bien connus (sans que rien ne soit fait par les énarques qui nous gouvernent pour revenir un tant soit peu en arrière) et dans le mépris quotidien pour la création architecturale. La destruction de la place de Catalogne dans le silence général en est le plus parfait exemple. Un bon architecte aujourd’hui est un laquais grotesque qui met des feuillages sur ces façades et des jardins sur la terrasse faîtière avec une activité pseudo-agricole mais collective. Pour le reste on fait appel à des agences internationales non françaises par snobisme.

Ajoutons que le localisme débile des collectivités locales les a conduits à privilégier les nullités sauf dans les grosses affaires en général génératrices de grosses filouteries et prévarications.

Alors la vie architecturale n’a pu se développer dans ce milieu hostile qu’en prenant mille formes diverses permettant tout de même de faire quelque chose grâce surtout à l’international avec quelques belles carrières pour des architectes de qualité et nationale pour des architectes faisant en général n’importe quoi pour complaire et ne contrôlant pas une exécution souvent lamentable.

L’ordre pétainiste ne comprend pas ce foisonnement qui blesse sa volonté d’encadrement pour rien. Nous voici donc avec un observatoire. C’est toute la profession foisonnante qui va s’ingénier à sauter les grilles de cet observatoire-là !

Il faut supprimer les ordres pétainistes. Et supprimer la tutelle des hauts fonctionnaires en général parfaitement incultes en matière architecturale et en urbanisme. Quant au ministère de l’inculture crasse politisée et « wokisée », il suffit de voir qui a tenu le poste ces dernières décennies et la disparition de la place de Paris comme centre du monde artistique, pour savoir qu’on peut le transformer en sous-secrétariat aux Beaux-Arts avec bénéfice.

Sélection LR : les aspects regrettables du débat sur BFM

On savait qu’un débat sur BFM balancerait entre l’insipide et l’odieux. La direction de cette chaîne impose un soutien indéfectible à Emmanuel Macron, pour les raisons de gros sous de la maison mère, avec des faux journalistes aboyeurs comme la dénommée Malherbe, qui a fait de son agressivité sélective la forme ultime de son travail de propagande active pour le politiquement correct, sur le modèle France-Inter.

On voyait bien, qu’une fois de plus la seule préoccupation des organisateurs, était de tenter d’amalgamer LR et Zemmour ou Le Pen pour pouvoir classer tout ce petit monde dans l’extrême droite fascisante qui nous ramène aux heures sombres etc. Tout le temps passé à essayer de décoller le sparadrap Zemmour sera autant de gagné pour éviter d’aborder les vrais problèmes.

LR est tout aussi responsable de la situation. Lorsqu’on écoute les concurrents, on voit bien qu’il n’y a que des différences artificielles de « sensibilité » sur les grands problèmes de l’heure et qu’ils sont obligés de forcer le trait pour se distinguer. En revanche « valeurs » et « sensibilité » empêchent de présenter des choix clairs au pays. On croyait en écoutant Christian Jacob qu’un travail de fond excellent et radical avait été fait au sein du parti LR et que le programme LR était là et bien là. Personne n’a vu le début de ce programme commun approfondi dans les débats. Du coup rien de fondamental n’est tranché et sur tous les sujets on a vu que les candidats disant presque pareil mais différemment et que les grandes options qui fâchent étaient prudemment laissées de côté.

Il fallait évidemment que sur les sept ou huit questions fondamentales où les nœuds gordiens sont tellement serrés qu’ils empêchent toute politique sérieuse, LR fasse des conventions thématiques publiques tonitruantes avec, sur chaque sujet une politique tranchée susceptible d’être promue et défendue par tous les candidats potentiels. À raison de 15 jours par grandes questions nationales, les Français auraient pu voir de quel métal était composée l’offre LR et quel avenir ses candidats proposaient aux Français.

Au lieu de cela on voit un concours de beauté, où aucune ligne directrice politique ferme ne se dégage et où aucune des grandes causes du déclassement français n’est abordée à la hauteur nécessaire.

La stagnation de 40 ans imposée à la France par le choix du programme commun et les options internationales que nous subissons n’a fait l'objet d’aucune analyse. Il fallait acter que certains choix gouvernementaux de droite s'accommodant finalement des dérives socialistes, européistes et mondialistes étaient délétères et qu’il fallait désormais revenir à une politique sévère de correction.

Croire que les classes populaires n’ont pas compris que le socialisme conduit à la misère, que l’européisme qui prône l’ouverture aux salariés pauvres des pays de l’est et du sud et à une immigration massive les mettait en difficulté et que le mondialisme qui les expose directement à la concurrence des travailleurs pauvres chinois leur nuisait, est pour le moins un aveuglement.

En ne s’attaquant pas de front à ces trois défis, on se coupe automatiquement des masses populaires et on laisse leur vote à d’autres. Les sondages parlent d’un taux de soutien de 2 à 5 % de LR dans les classes populaires. Dans le monde des fonctionnaires et des associations, le soutien est à peu près du même ordre. Chez les jeunes à qui on n’offre aucune perspective, c’est à peine mieux. Il reste qui ?

LR ne s’en sortira qu’en donnant des preuves qu’il a compris et qu’il a le diagnostic, le pronostic et le traitement.

On n’a entraperçu chez l’un ou chez l’autre des éléments du diagnostic, du pronostic et du traitement, mais si peu et de façon si timide que personne ne sait la politique qui sera suivie avec la force du soutien des militants.

Nous avons un pays dirigé exclusivement par des hauts fonctionnaires qui ont capté la politique, mis sous tutelle tous les « sachants » ayant une compétence professionnelle, en médecine, dans l’enseignement, dans toutes les fonctions régaliennes et créé une bureaucratie effarante et disproportionnée, unique au monde, qui étouffe tout le monde. Jamais des présidents énarques entourés par une bande d’énarques ne toucheront à ce monopole mortifère. La preuve en a été administrée pendant dix ans d’abord par Hollande puis par Macron. Alors on ne propose plus de hauts fonctionnaires comme candidats. Et on explique comment on va redonner du sens aux politiques publiques et du pouvoir aux vrais professionnels disposant d’une capacité technique.

Au lieu de se laisser piéger par un discours inquiétant pour les fonctionnaires en poste, plein de menaces et d’imprécation, il n’est pas trop difficile d’affirmer que les fonctions régaliennes de l’état sont effondrées et qu’elles doivent être restaurées, redonnant du sens à ceux qui choisissent les fonctions d’état, et libérant les autres de tutelles infernales.

Que faut-il à la France dans le domaine sanitaire : réduire à 15 000 au lieu de 18 000 les fonctionnaires catégorie A, à 3 000 euros nets par mois, et fournir du travail à 5 000 infirmières de plus à 2000 euros nets par mois, ou proposer l’inverse ou même maintenir le statu quo ? L’arbitrage est entre les fonctions purement administratives et les fonctions opérationnelles. C’est vrai aussi pour la police, pour la justice, pour l’école, pour l'université, pour l’armée…

Il n’est tout de même pas bien sorcier de réconcilier l’appel urgent de Juvin à sauver l’hôpital public et les services publics en général et le besoin de dégraisser le mammouth, en réduisant la pression fiscale et réglementaire sur le pays.

Le débat sur le pouvoir d'achat a été lamentable avec un concours Lépine de mesures de transfert de charges pour faire apparaître une générosité sociale illusoire. En fait tout le monde est d’accord pour renvoyer les charges sociales sur la CSG, la TVA et l’impôt sur le revenu. Ce qui veut dire qu’on transfère sur ceux qui paient le plus d’impôts la gratuité des soins, les retraites trop longues, les transports indéfiniment allongés, l’habitat social gonflé à mort, et les mille actions financées actuellement par les cotisations patronales et salariales. Du coup la hausse de la pression fiscale devient obligatoire et massive, alors qu’on laisse entendre qu’on va la limiter. Quelle différence avec la politique socialiste de transfert sur les plus actifs et l’impôt de la satisfaction électoraliste de tous les besoins des gens qui espèrent ne pas  gagner leur pain à la sueur de leur front ? Nous sommes bien le dernier pays authentiquement marxiste-léniniste du monde, avec une droite qui se coule dans les raisonnements et pratiques de cette idéologie mortifère !

Aucun auditeur de la séance de sélection d’hier soir ne sortira de là en ayant compris que la France s’est tuée depuis 1981 avec un programme marxiste-léniniste débilitant, une captation de la démocratie par la haute fonction publique et l’envahissement de la bureaucratie.

Aucun électeur n’aura compris ce que LR propose pour en sortir. Emmanuel Macron est exactement sur la même ligne !

Cela vide l’exercice de toute valeur.

Une fois de plus on pourra regretter que LR n’ait pas mis la priorité sur le programme et laisse un simple concours de beauté montrer son insignifiance.

Pour sortir du piège, il faudra que le candidat retenu, quel qu’il soit, reprenne à son compte la question du programme national, soutenu par tous, y compris les alliés de LR, qu’il faut au pays, en acceptant que ses propres conceptions ne soient pas nécessairement prioritaires et en voulant arriver à un consensus sur une politique énergique de grand redressement dans son camp avant de la proposer au pays. Cela peut se faire en trois mois laissant tout le temps nécessaire à un rush électoral final convainquant.

Utinam…

Un commentaire sur le livre "Sortir du Désastre"

Cher Monsieur

Je suis de ceux qui ont commandé votre livre « Sortir du Désastre » lorsque vous avez mis en vente une édition de lancement pour les lecteurs WEB. J’aimerais vous faire part de mes impressions de lecture, près de six mois plus tard, alors que la campagne électorale a commencé et pris les allures que l’on connaît.

Ce qui m’avait surpris à l’époque c’est le mélange entre deux approches. Un aspect personnel fort et très prescriptif, et un aspect étude objective du type : voici le problème ; voilà les solutions possibles ; faites vos choix.

J’avais été assez choqué que livre s’ouvre sur un verbatim de l’action d’Emmanuel Macron qui se terminait par un quasi-diagnostic médical : ce monsieur est à la limite de la dinguerie caractérisée. Vous démontrez qu’elle l’a conduit à ne résoudre aucun problème de fond et à être un pompier pyromane. Tous les grands drames précédant la crise sanitaire ont été, selon vous, une conséquence directe de ses choix malencontreux. La crise sanitaire aura été finalement une chance pour lui. Vous annonciez une suite démagogique majeure en vue des élections, seul objet de son attention. Vous concluiez qu’il était déraisonnable de penser qu’aucun vrai problème ne serait jamais réglé ni avant ni après les élections et que la France sortirait abaissée définitivement d’un nouveau mandat comme Paris sortira détruit du second mandat Hidalgo. Surtout ne pas le renouveler !

Aujourd’hui, je pense que vous avez raison. Tous les livres qui sortent sur Emmanuel Macron décrivent une personnalité maladive sans affect, qui se croit supérieure à tout le monde, qui méprise les Français, qui souhaite dissoudre la France dans la « souveraineté européenne », et qui est uniquement préoccupé de lui-même et de son narratif, suffisant et insuffisant, et finalement sans autre projet que son élévation et sa gloire. Sans doctrine, sans vision, il cherche simplement à durer avant d’atteindre un niveau encore supérieur, probablement la présidence élue de l’Union Européenne qui marquerait le sommet de sa trajectoire. Le livre de Davet et Lhomme, le traître et le Néant, confirme totalement votre diagnostic en partant de centaines d’interviews de politiques. Ce que vous éclairiez uniquement en commentant des décisions et des attitudes effectives de sa courte histoire était confirmé par la quasi-entièreté du milieu politique lui-même.

Je suis désormais d’accord qu’Emmanuel. Macron ne peut ni ne veut nous sortir du désastre. Donc votre chapitre préalable était fondamental et juste. Si Emmanuel Macron avait été efficace et positif, il ne serait pas utile de penser à d’autres options.

Sur chacune des sept grandes politiques qui sont le support fondamental de l’avenir de la nation et de la France, vous avez certes pris soin de faire un état des lieux objectif avant de proposer les solutions possibles. Mais la radicalité des propositions faisait frémir. À chaque fois, vous touchiez un nœud gordien presque impossible à trancher.

Mettre fin à la bureaucratisation suppose de mettre fin à capture du politique par la haute administration travaillant désormais en famille (Exemples Wargon et Parly) et de rendre inéligible les énarques qui peuplent tous les partis. Une mesure raisonnable mais qui suppose que les énarques se fassent Hara-Kiri, ce qui est peu probable.

Vous montrez que le plus grand problème démographique français est la très faible natalité des femmes « d’origine indo-européenne », avec une perte de 400 000 à 500 000 enfants à naître du fait de l’avortement et des méthodes généralisées du planning familial, intégrées dès l’école dans l’esprit des filles. Mais comment dire désormais aux femmes qu’elles doivent prendre en compte dans leur vie personnelle une exigence collective de natalité ?

Vous revenez sur vos analyses habituelles de la déchéance économique industrielle et sociale de la France. Mais le résultat serait un retour à la croissance incompatible avec les obligations serinées sur la réduction des gaz à effet de serre.

Sur l’écologie vous montrez que l’on cache les budgets effarants qu’il faudrait prévoir pour concrétiser les décisions prises et leur caractère irréaliste, sauf à faire de la France un pays totalitaire violentant sa population et le tout pour un résultat climatique insignifiant. Mais l’hystérie écolo a gagné des parties entières de la population et a des effets électoraux certains. Comment agir sans passer aussitôt pour un climatosceptique et en subir l’immédiate proscription ? La peur du « qu’en-dira-t-on » paralyse la pensée et l’action.

Pour la sécurité vous montrez que si on ne change pas de paradigme, en laissant l’administration régler les actes illégaux dès leur commission, la justice n’intervenant qu’en second rideau, l’impuissance est automatique. Cela m’avait paru très dangereux. Là-dessus on applique ce principe pour le squat ! Donc c’est juste une question de généralisation… Il n’y a pas de question de principe.

Pour la justice vous êtes plus original encore en évoquant le mouvement « justicialiste » que vous voulez éradiquer car pour vous c’est la prolongation « du mur des cons » et la fin de la justice. Là vous êtes assez seul. Ce concept de justicialisme n’est pas dans le débat. J’avais également considéré vos développements sur le WOKE comme étranges, car je ne savais rien de ce mouvement qui s’est développé de façon largement occulte. Vous avez été totalement rejoint par les débats en cours et le Wokisme est au centre de féroces diatribes, à juste raison. Le danger est à nos portes et je n’en avais aucunement conscience.

Pour l’Europe vous souhaitez un changement d’orientation, en restant résolument dans une logique de l’Europe des nations et en refusant que ces institutions internationales soient le vecteur des courants actuels de destruction de la culture traditionnelle comme la « cancel culture ». On vient de voir avec l’affaire de la promotion des femmes portant le voile islamique par une institution internationale européenne, le conseil de l’Europe, que ce n’était pas un fantasme.

Votre livre prenait une tonalité « réactionnaire » ou réactionnelle plutôt intense qui me gênait et dont je me disais qu’elle ne serait pas acceptée par la population. Même si ces solutions étaient indispensables pour « sortir du désastre », il ne serait même pas toléré qu’on en parle.

Là-dessus la campagne électorale commence et pratiquement tous les sujets de votre livre font l’objet d’une actualité aussi soudaine que forte, largement à l’initiative d’Éric Zemmour, mais pas seulement. Les Français veulent cette fois-ci un vrai débat présidentiel et ne souhaitent plus que des mesures qui ont été pratiquées en France pendant des décennies soient diabolisées et sorties du débat public.

J’ai donc relu votre livre avec l’éclairage de ce qui s’est passé ces derniers mois et je suis bien obligé de constater que vous avez bien anticipé le besoin de radicalité qui enfle devant l’impuissance des autorités, et l’énervement devant le délire démagogique et électoraliste d’Emmanuel Macron qui littéralement achète le vote des Français à crédit. Je constate la banalisation des projets de durcissement des législations et des mesures sécuritaires, les réserves sur la volonté de l’Europe de dissoudre les nations, une nouvelle volonté de défense de l’Europe contre les entreprises islamistes et multiculturalistes, l’unanimité qui émerge sur la faiblesse des réformes économiques entreprises, la montée irrépressible de la contestation des éoliennes et le retour en grâce du nucléaire, le renouveau des exigences sur la préférence française pour les aides à la natalité et la solidarité nationale. Tout ce qui avait été banni des débats y est revenu ou est en train de le faire.

Votre livre montre une belle anticipation des débats actuels et n’est finalement pas transgressif. On revient en fait à une normalité qui a longtemps prévalu en France et qui ne sent prisonnier d’aucun tabou dès lors que bien des mesures ont été de règles pendant longtemps et que les nouveautés proposées concernent des domaines où le contexte est très différent d’hier, qu’il s’agisse du numérique ou de la perte de sens d’institution comme le droit des réfugiés. Je ne saurais trop conseiller aux candidats à la candidature de LR d’en tenir compte, s’ils veulent répondre aux interrogations actuelles de l’opinion française majoritaire.

Ce que l’on peut constater aujourd’hui, c’est une remontée du refoulé et une libération de la parole, avec des Français qui veulent que les discours publics deviennent à nouveau jointifs avec leur propre expérience vécue et débouchent sur de vraies solutions. Je suppose que le mélange de synthèse générale et de témoignages vécus avait ce rôle dans votre livre. Les Français sont totalement découragés et écœurés. Partout on ne parle que de partir et beaucoup l’ont déjà fait. Vous vouliez redonner la force d’agir et d’influencer, tout en aidant les partis à « oser la vérité » au lieu d’avoir peur de tout et surtout de passer pour des extrémistes de droite. Je suis avec vous dans cet effort.

La période électorale n’a pas encore développé sa vérité. Ce qui est sûr, c’est que toutes les problématiques fondamentales et les choix à faire sont dans votre livre.

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François Lemercier

Le très révélateur rapport écolo de RTE

La question du coût de la conversion énergétique au tout électrique de l’automobile n’est pas très complexe.

Nous en connaissons presque tous les paramètres.

Le parc : 55 000 000 millions de voitures. Prix moyen d’une voiture électrique de puissance moyenne répliquant la structure du parc actuel : 40 000 euros. Coût de la conversion : 2 200 milliards d’euros

La consommation de carburant : 50 millions de m3 ; 50 milliards de litres. Énergie d’un litre : 10 kWh.

Énergie électrique à produire pour le même usage de la voiture : 500 milliards de kwh.

Pertes en ligne entre éoliennes et lieu d’utilisation : 5 %

Production primaire d’électricité à prévoir : 500 milliards de kwh

Capacité d’énergie pilotable pour compenser l’intermittence des éoliennes : 500 Twh.

Nombre de points de recharge :

Privés : 34 millions

Publics : 16 millions

Prix d’un point de recharge : 9 000 euros si pas puissants 40 000 si puissants. Coût : 800 milliards d’euros.

Réseau de transport : doit se connecter à toutes les éoliennes en allongeant démesurement le cablage vu la dispersion et doubler la quantité d’énergie transportée par rapport au réseau actuel. Coût 1 000 milliards euros (chiffres RTE).

Triplement de la capacité de production électrique : nucléaire ou renouvelable. Les chiffres ont été donnés par la cour des comptes :

Les montants calculés avec précision concernent les coûts passés et actuels de la filière électronucléaire. Environ 188 milliards d'euros ont été dépensés entre 1945 et 2010 :

La mise en place et la contruction de la filière nucléaire française   (58 réacteurs pour une puissance totale de 62,510 MW) a nécessité un investissement de 121 milliards d'euros ;

La recherche a quant à elle bénéficié de 55 milliards d'euros (1 milliard en moyenne par an), auquel s'ajoutent 12 milliards pour la construction, le fonctionnement et l'arrêt de Superphénix.

Le nouvel EPR de Flamanville coûtera sans doute autour de 12 milliards d’euros à son achèvement.

C’est un réacteur à eau pressurisée de 3e génération dont la puissance nette atteint près de 1 660 MW, avec une durée de production annuelle d’environ 200 jours.

Le parc actuel d’éoliennes a une puissance de 2 Watt. Les plus grosses qui coûtent près de 350 000 euros pièces, sont à 2 MW. Mille fois plus tout de même.

Selon vos goûts, répartissez les constructions entre éoliennes et EPR , sachant que les petites centrales atomiques ne seront pas disponibles avant 2 035.

Maintenant tous à vos calculettes en faisant attention entre les Méga et les Tera, entre les watts et les watt heures.

Et tentez d’expliquer pourquoi le rapport n’envisage que 1 000 milliards d’euros pour la conversion du parc automobile alors que les estimations minimales aboutissent à 5 fois plus (vous pouvez vérifier par vous-mêmes).

Il est vrai que le rapport ne tient compte que de 35 millions de voitures et d’une utilisation diminuée de 40 %. Le genre d’information qui usuellement ne fait pas l’objet d’une grande diffusion, vu les conséquences sociales et la limitation extrême imposée aux populations. Il ne reste que 38 % de l’énergie à fournir. C’est tout de même plus simple. Mais, même comme cela, on ne trouve pas mille milliards d’euros mais bien plus.

Comme les résultats de production d’électricité propre annoncés paraissent très difficiles à atteindre même avec une cible fortement limitée, il faut donc conclure que la transition dans les délais prévus est impossible sauf mesures draconiennes contre la population.

Les Français vont donc connaître à la fois de terribles restrictions et des pertes de revenus terrifiantes. Le rapport RTE n’a pas chiffré le résultat en température en considérant que suivre la trajectoire du Giec suffisait à notre bonheur. En fait tout le monde sait qu’il sera nul.

Le Point publie ce jour une interview de Jancovici, dont les efforts en économie n’ont pas encore atteint le niveau souhaitable, mais qui sait faire des additions et qui écrit : « même en s’appuyant sur les avancées techniques sur lesquelles on peut compter, dont le développement du nucléaire et de l’électrification, la vitesse où il faudrait aller pour conserver tout ce que nous avons aujourd’hui tout en nous débarrassant totalement des combustibles fossiles est trop grande pour qu’on puisse espérer l’atteindre ».

Exactement ce que j’ai pu écrire dans mon livre « Sortir du désastre » et dire lors de conférences en suscitant une indignation épouvantée d’une partie de la salle. « Ce n’est pas vrai » ; « il ment ! » « les chiffres sont faux » ; « c’est un climatosceptique ». Nous sommes dans la religion avec des grenouilles de bénitiers très sensibles.

Christian Saint-Etienne ce jour explique dans le Figaro que les Verts-Rouge-Woke, français culpabilisent les Français pour leur faire avaler une décroissance massive. Il signale lui aussi que le rapport de RTE prévoit une baisse colossale de la production et de la consommation dans tous ses scénarios. Tout cela pour rien puisque l’enjeu climatique est ailleurs et notamment en Chine et aux Etats-Unis. Se ruiner pour ne contribuer qu’à 0.2 % de la production de CO2, un chiffre insignifiant, est absurde.

La bataille qui s’ouvre est celle qui voit s’affronter d’un côté les tenants d’une décroissance forte menée par des néofascistes puritains à coups de taxes et d’interdiction, pour aucuns résultats autres que politiques et idéologiques et  sans aucun effet réel sur le climat et le réchauffement,  et une attitude réaliste qui parie sur un maintien de la prospérité en agissant de façon moins radicale et plus étalée dans le temps.

Se mettre en position de perdre un combat impossible à gagner n’est pas une politique digne. Mentir et dissimuler en permanence pour faire semblant que c’est possible est une politique peu honorable. La France a tout à perdre dans ce tunnel de bêtise malveillante et les Français risquent d’y laisser leurs libertés et leur prospérité.

Il faut arrêter cela. L’urgence est là !

Sonnez Buccins,résonnez Trompettes : un nouveau service public est créé en date du 1er janvier 2022

Ca manquait aux Français.

La campagne présidentielle est bien commencée et un des thèmes principaux est de contenir l'extrême création d’emplois dans le Service Public. L’échec dramatique du système médical français, incapable de sortir un vaccin, incapable de fournir des masques, des respirateurs, des produits de première nécessité médicale, a été justement imputé à l’incroyable poussée de la bureaucratie créée par l’Énarchie compassionnelle et bienveillante, avec ses 35 % de bureaucrates là où tout le monde se contente de 20 à 25 % dans les pays développés. Les Français ont tout d’un coup réalisé qu’ils nourrissaient grassement un troupeau de 18 000 fonctionnaires catégorie A au ministère de la Santé et dans les ARS, incapables du moindre reste médical et que l’on avait empêché de former des médecins français par le numerus clausus ce qui faisait qu’on allait les chercher en Algérie ou en Roumanie. Les médecins ont expliqué qu’ils étaient obligés de remplir des papiers, avant, pendant et après tout geste médical, ce qui ralentissait leur travail devenu à la fois assommant et burlesque. On a vu avec Mme Buzin et M. Véran, s’étaler le clanisme familial et politique, associé à une morgue et une incompétence parfaite jusqu’au caricaturale, qui produit les dirigeants de ce foutoir politico-administratif de pétochards à la fois fourbes, lâches, violents et cupides.

C’était tellement gênant que l’énarque Macron, entouré par une garde extrêmement réduite de copains énarques, et bien décidé à transformer la fonction présidentielle en investissement résidentiel, par une pestilentielle démagogie, a décidé de supprimer le nom de l’ENA pour une école de service public qui empêche de nommer facilement le viol de la démocratie par l’entriste cumulatif des hauts fonctionnaires, sans changer rien à cet abus.

Tout le monde constate, ahuri, le niveau totalement hystérique de l’achat de votes pratiqué par l’équipe de hauts fonctionnaires hors sol au pouvoir. Mais personne ne souligne ce qui se passe au ras du sol. Là, le rêve, c'est de créer des nouveaux services publics avec des noms bucoliques de plus en plus « com’ débile » et « novlangue ». Ah ! créer des machins nationaux capables de devenir des verrues administratives de type cancérigène, il n’y a que cela de vrai. On se souvient que Chirac étant président et Jospin premier ministre, Mme Aubry ministre, tous énarques, et M. Kouchner, illustration de la bienveillance médiatisée et clanique à toutes mains, mais en manque de retraite solide, secrétaire d’État à la santé, ce petit monde avait essayé de créer un « grand service public du transport médicalisé ». Ils étaient tombés sur une réaction sauvage des chauffeurs de taxi, dont l’activité médicalisée représentait jusqu'à 40 % du chiffre d’affaires en province, et avaient été obligés de reculer. L’Énarque recule toujours devant les jacqueries quitte à revenir à la charge plus tard.

Là nous voyons l’énarque Macron, avec son premier ministre (paraît-il) l’énarque Castex, mettre en place avec l’énarque Wargon, qui se signale beaucoup ces derniers temps en Marie-Chantal de caricature (fille de polytechnicien ministre de gauche et de droite et inversement et d’une mère énarque fonctionnant sous Hidalgo, preuve d’une docilité remarquable et d’un manque de souci de l’intérêt public assez remarquable) décider de créer quoi ? Vous ne voyez pas ? Allons ! Allons ! Que peut créer une troïka de hauts fonctionnaires énarques en folie ? Mais si, ils ont osé : oui, ils ont créé un « nouveau service public », à la française et comme on ne parle plus le français chez ces gens-là, on l’a appelé « France’renov ». Maprim’Renov mais cela faisait petit bras.

Cette nouvelle fonction publique va conduire le changement climatique en France, c’est-à-dire jouer les scouts de la distribution des fonds immenses que l’on compte mettre à la disposition des Français, fonds qu’on a pris dans leur poche, ou à la BCE, à charge de remboursement, pour qu’ils respectent les différents « passes CO2 » qu’on commence à leur imposer. « France rénov' aura pour but d'informer, conseiller et accompagner les ménages dans leurs travaux de rénovation". Ces débiles n’auraient rien pu faire sans la douce intervention d’un nouveau service publique.

Pour les amateurs de sottise administrative sotte et invasive, nous laissons goûter ce passage de cette littérature de compétition :

« Un numéro de téléphone et une plateforme web uniques seront créés, de manière à ce que l'utilisateur ait accès facilement à des informations sur les aides, un simulateur, l'adresse de l'espace conseil le plus proche, ainsi que la liste des artisans labellisés Reconnu Garant de l'Environnement (RGE). Le dispositif s'appuiera sur les réseaux Faire et les points rénovation info service de l'Anah, soit 450 guichets sur le territoire ; ceux-ci deviendront des "espaces France rénov'". "Ce réseau continuera de grandir pour couvrir tous le territoire, cofinancé par les CEE via le programme Sare et les collectivités locales", ajoute le ministère. "Cela constitue une simplification pour les ménages, puisqu'il existait auparavant deux réseaux s'adressant à des publics différents."

Si vous saviez qu’il y avait deux réseaux existants, vous êtes très au-dessus du lot. Si vous savez ce que sont les financements CEE (non ce n’est pas l’Europe) vous atteignez les sommets.

En revanche si vous ne sentez pas la fierté qui va habiter les artisans dotés du label RGE et ne comprenez pas l’immense avantage de tout cela pour les ménages vous êtes un fieffé imbécile, réactionnaire et climatosceptique.

La phrase clé : « Ce réseau continuera de grandir ». Un foyer parkinsonien de croissance administrative vient d’être créé pour les mille ans à venir. Le CO2 n’a qu’à bien se tenir.

Les architectes et autres professionnels n'avaient donc pas la capacité de jouer ce rôle ? Distribuer l’argent des autres ne présente en général pas grandes difficultés. Pas question on ne craint pas leur réaction.

Nous voici avec un nouveau service public, s’appuyant sur des législations kilométriques, mettant sous tutelle tous les acteurs qui savent faire, et qui devront comme les médecins obéir à des sous-fifres incultes et incapables au moins dans les disciplines du bâtiment, et distribuant un « pognon de dingue ». M. l’énarque Macron avait promis 120 000 fonctionnaires de moins. Certains ne s’étaient pas écroulés de rire en entendant ces fadaises pour électeurs débiles. On finira l’année 2022 avec 65 000 postes de plus (on en est déjà à 45 000). Dans cinq ans la Cour des Comptes, pour faire la nique aux conseillers d’état qui dominent actuellement, pondra un rapport sanglant sur les mécomptes et les gaspillages de France Renov’. Il ne se passera rien. Mais tout le monde aura « fonctionné », c’est-à-dire brasser du vent et l’argent des contribuables actuels ou futurs.

Et le dindon de la farce sera toujours le même : le crétin de base qui doit travailler avec compétence pour vivre. Il doit faire face à la concurrence des entrepreneurs opportunistes qui rassemblent des Africains et des Moldo-valaques sur tous les marchés artificiels subventionnés, et se faufiler entre les « passes » (un mot évocateur bien choisi) divers et les diverses conséquences d’un réchauffement climatique qui ne va pas s’atténuer le moins du monde.

Si un fonctionnaire savait faire baisser la température, on vivrait en France dans des igloos depuis longtemps. Sans subvention.

L'ère du totalitarisme de l'imbécillité

Pendant longtemps le principal danger dans notre pays était le socialisme, destructeur de prospérité et de liberté au nom de l’égalité. Il a fallu l’effondrement du communisme pour que ce danger cesse d’être grave et constant.

Aujourd’hui les principaux dangers immédiats sont :

-         L’obscurantisme tyrannique des partisans sectaires de l’asservissement des destins particuliers à des objectifs de transhumanisme. La coercition sociale, allant jusqu’à la mort sociale est le moyen privilégié de ces nouveaux Savonarole. Elle est associée à des lois liberticides et à un conditionnement de l’information jamais obtenu par les religions les plus sectaires.

-         La dictature des policiers du comportement qui, au nom de crainte du grand réchauffement détruisent villes et paysage, entravent gravement l’économie, interdisent des possessions, bloquent des entreprises, empêchent des consommations, avec une outrance d’autant plus agressive que les résultats visés ne sont pas atteignables.

-         L’envahissement du pays par des peuples africains principalement musulmans qui ne veulent pas s’assimiler et développent un mépris violent et tyrannique pour leur pays d’accueil.

-         La dépossession de tout pouvoir national d’agir au profit d’une « coupole » supranationale irresponsable devant les peuples qu’ils maltraitent, et qui soutiennent les trois causes de malheur précédentes.

-         Le reliquat de socialisme sous forme d’assistanat généralisé, d’impôts et de taxes grotesques, de bureaucratie effarante, et de dettes astronomiques, de démagogie politique sans limites, continue son œuvre délétère.

Pour un pays comme la France, qui était le pays de la bonne vie, des paysages radieux, de la prospérité tranquille, de la pensée libre, de la curiosité, du culot, de l’audace, de l’inventivité, de la culture, de la qualité, de l’élégance, baignant avant tout dans la liberté, ces quatre dangers sont mortels. L’effondrement n’est pas à venir mais en cours.

Le pire est dans la dictature de l'imbécillité qui s’installe, avec tentative permanente d’empêcher qu’on la dénonce et destruction des lanceurs d’alerte et des lucides qui préviennent les peuples de ce qui leur pend au nez.

Nous avons commencé à illustrer ces dangers en prenant des exemples choisis parmi les imbécillités des élites internationales, dans le stock des imbécillités gouvernementales françaises et dans le flot continu des imbécillités de la maire de Paris.

La conversion à l’électrique de tout le stock de voitures en 15 ans est une sottise majuscule. Il y a en Europe près de 260 millions de voitures, en France 55 millions. La consommation de carburant est entre 42 et 50 millions de m3. Son remplacement suppose la création de deux fois la capacité de production et de transport d’électricité actuelle. Éoliennes ou nucléaire ? Personne ne sait car les deux hypothèses sont également critiquées. Le coût ? Au minimum 4 000 000 milliards d’Euros. Le taux de remplacement naturel du parc est en temps normal de 2 000 000 de voitures en France. Il faut théoriquement 25 ans pour remplacer un parc existant. Dans les faits il reste encore 20 % de voitures de plus de 25 ans, car les classes aisées ne gardent pas plus de quatre à cinq ans la même voiture. Déjà l’État français a pris l’habitude d’interdire la circulation des voitures « trop » anciennes mais en fait capables de rouler. Des maires fascistes se croient obligés d’interdire la circulation de voiture sur des critères de nature, d’âge, etc. L’objectif de passage au tout électrique est donc impossible à atteindre sauf à multiplier les interdictions de circuler et l’empêchement de circulation. Comme les voitures d’occasion libérées par la conversion à l’électrique roulent encore en France ou à l’étranger l’impact sur la pollution au CO2 est inexistant. En revanche la réduction de moitié de la période de remplacement naturelle, impose la création de modes de production qui supposent d’énormes productions de CO2. On va donc concentrer sur les dix ans à venir, présentés comme critiques, une production de CO2 gigantesque, sans aucun résultat sur le réchauffement des investissements faits, tout en multipliant les mesures de contraintes fascistoïdes pour les particuliers, en ruinant le trésor public (en perte de TIPP et en subvention), en créant des masses de liquidités sans contrepartie, générant de l’inflation et aggravant les questions sociales.

C’est de l'imbécillité super plus, plus. Ruine, coercition, vie gâchée seront le prix à payer par la population.

Pour l’imbécillité gouvernementale ne revenons sur l’affaire remarquable du Diagnostic de performance énergétique, ce « passe CO2 » pour propriétaires immobiliers et les philippiques lancées contre la maison individuelle. Bureaucratie portée à l’incandescence, volonté de frapper y compris au pénal, malfaisances des règles édictées, contraintes partout, indifférence aux résultats, tout y passe.

C’est de l'imbécillité super plus, plus, plus. Ruine, coercition, vie gâchée seront le prix à payer par la population.

Prenons parmi quelques dizaines de milliers d’initiatives aussi sottes un exemple dans les initiatives de la ville de paris. La caractéristique spéciale de Paris est le caractère méprisant qui règne et le nombre des malades mentaux, de débiles, de ratés irrémédiables et de purs saligauds fanatisés qui y sévissent, une caractéristique des sectes qui cumulent toujours idioties majeures et petits malins ignobles. Mme Hidalgo est la championne du monde toute catégorie de la pollution au CO2 à cause de sa politique de densification immobilière et commerciale fanatique. Il faudrait raser une surface double de celle de parus et y laisser la nature reprendre ses droits pendant 1 000 ans pour compenser la création de Co2 de cette dame.

Cela a inspiré les plus tarés de sa bande de malades qui veulent créer des « forêts urbaines » pour rafraîchir d’urgence l’atmosphère. Qu’est-ce qu’une forêt urbaine ? Un espace interdit à l’homme, planté façon sauvage, où on laissera la nature faire pendant des siècles en fonction de sa propre dynamique. On va créer en pleine ville une forêt de quelques ares qui n’a rien à y faire alors que le Brésil et Sumatra détruisent chaque année des millions d’hectares de forêts natives. Ils ont choisi naturellement le quatorzième, conservatoire de l’imbécillité municipale hidalgienne, pour commettre leur premier forfait forestier. La place de Catalogne est une des très rares places qui ont été construites à Paris ces dernières années. C’est une place circulaire, large, bordée d’immeubles néoclassiques, mal construit par Boffil, bien construit, par Novarina qui a bien amélioré le site, anciennement siège de l'îlot le plus insalubre de France. Le roi des imbéciles municipaux parisiens, un Roumain autiste importé inassimilé chargé du vélo à Paris, a commencé par bloquer tous les accès à la place et l’a totalement gâchée par des bites jaunes et des lignes tracées à la hâte pour créer des embouteillages massifs. Il faut désormais 8 minutes le soir pour travers les 200 m du pont des Cinq Martyrs. Les rues Jean Zay et Alain sont désormais saturées et leurs aménagements terriblement dangereux pour les piétons qui s’y blessent à répétition dans le mépris indifférent de la municipalité. La pollution visuelle, gazeuse, et sonore a été décuplée. La vie des riverains est gâchée. Ils sont de plus en plus enfermés. Les projets d’interdiction de circuler rue du départ et rue de la Gaîté promettent beaucoup. Le quartier est totalement sacrifié et devient invivable et dangereux.

Mais la place de catalogne a une caractéristique unique à Paris : on peut creuser tant qu’on veut. Alors on a oublié qu’il s’agissait d’une création urbaine pensée, dotée d’une fontaine rafraîchissante immense et remarquable qui en occupe tout le centre, un symbole architectural qui a sa valeur. Tout ça est réduit par ce vandale et ses copains, à un espace où on peut creuser. Alors on va sacrifier la moitié de la surface de la place pour construire cette fameuse forêt urbaine interdite aux hommes. La circulation sera cette fois-ci totalement saccagée alors que la place était un nœud de circulation très important pour l’accès aux périphériques à partir du 7e, 6e, 5e et 15e arrondissements, ainsi que pour la gare Montparnasse. La fontaine sera détruite.

L’argumentaire fait valoir des gains de fraîcheur en cas de canicule. La fontaine était, compte tenu de sa surface, cent fois plus efficace que l’amoncellement végétal qu’on nous promet. L’esthétique de la place est totalement anéantie. L’espace libre sera à moitié bouché. La saturation des circulations deviendra totalement intolérable alors que la même municipalité a autorisé la création d’un centre commercial décuplé, la construction e trois hôtels, la multiplication des bureaux nouveaux et fait de la gare Montparnasse un centre commercial majeur qu’il faut bien approvisionner. La Maire du 14e a même trouvé génial de créer une autoroute à camions entre les rues Mouchotte et Vercingétorix. Comment rendre compatibles un accroissement vertigineux du besoin de livraison et un blocage de circulation ? À ce niveau d'incohérence on n’est même plus dans l’imbécillité mais dans la folie sauvage, à enfermer dans un local capitonné.

Résumons, on gâche la vie des riverains, on empêche la ville de circuler, on ravage esthétiquement une place qui a été créée à grands frais il y a peu, et on enlève une énorme fontaine rafraîchissante qu’on n'entretient plus depuis que les socialistes sont arrivés à la mairie de Paris, et on aggrave le problème de pullulation des rats qui est en train de véritablement exploser. L’ensoleillement va disparaître de la terrasse de plusieurs restaurants et les vitrines des commerçants seront confinées et assombries.

L’imbécillité majuscule a encore frappé avec ses caractéristiques habituelles : coûts effarants ; objectifs annoncés inversés dans la réalité ; atteintes aux libertés ; vies gâchées ; valeur des biens riverains largement détruite. La totale.

Il s’agit bien d’une imbécillité super super super super plus, de la tera-imbécillité de compétition, avec des champions absolument imbattables et en général qui associent à cette caractéristique une abjection et un mépris des gens d’un naturel plus qu’inquiétant.

Oui nous sommes bien entrés, à tous les étages de la vie publique, dans l’ère du totalitarisme de l’imbécillité.

Quand l’indécence bureaucratique et énarchique s’étale sans vergogne

La crise sanitaire a eu au moins comme avantage de faire prendre conscience aux Français que la bureaucratie l’avait emporté sur la médecine dans presque tous les domaines de la santé. Nous ne savons plus faire un vaccin, mais nous avons des structures bureaucratiques aussi étoffées qu’étouffantes. Elles représentent plus d’un tiers des effectifs médicaux en France, là où la moyenne est à 25% et les meilleurs à 20. Nous avons 18 000 femmes fonctionnaires de catégorie A, la plus haute, au ministère de la santé et dans les ARS, là où on aimerait trouver 2 500 médecins et 5 000 infirmières de plus. À la tête de tout ce bazar se trouvent des hauts fonctionnaires arrogants organisés en clans qui décrètent, injurient, prennent en tenaille, compliquent, obscurcissent, gâchent, réduisent, paradent, le plus souvent en famille.

On aurait tort de croire que le domaine de la santé soit le seul touché par le phénomène de l’arrogance suprême de petits-maîtres en haut et de la bureaucratie en bas. Le bâtiment est une terre encore plus fertile. Tout y est géré par la « tutelle », avec des textes kilométriques imposant des règlements délirants, par leur taille, leurs contradictions, leurs changements perpétuels. Bien entendu la partie politique, le Ministre, pour faire simple, est désormais entre les mains d’un haut fonctionnaire, choisi si possible dans le panier des rejetons de hauts fonctionnaires. Choisir un politique qui a grimpé tous les échelons d’un parti ? Vous n’y pensez pas ! On a tout ce qu’il faut dans le clan.

Nous avons déjà évoqué le cas de Mme Wargon, fille de Lionel Stoleru, (qui a fait sa carrière en traversant tout l’horizon politique passant brillamment de la droite à la gauche sans le moindre état d’âme). Elle est aussi charmante que brillante. Il était normal qu’elle se retrouve ministre d’un gouvernement et gauche et droite, basé sur les réseaux de hauts fonctionnaires, alors qu’elle n’avait strictement aucune compétence particulière pour les affaires de construction ni aucune expérience politique.

Le problème dans ce genre de situation est la difficulté de ne pas se comporter en insupportable péronnelle. Écoutons-la ! Les propos sont rapportés par Batiactu un excellent journal spécialisé.

« Le modèle du "pavillon avec jardin" n'est "plus soutenable en France" : ce sont les propos sans équivoque de la ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon, lors de la réunion conclusive de la série de conférences qu'elle avait instaurée depuis la rentrée sous le nom "Habiter la France de demain". Une série d'échanges qui aboutissent à plusieurs annonces et au lancement de plusieurs axes de réflexion, détaillés lors d'une intervention à la Cité de l'architecture et du patrimoine, à Paris, ce 14 octobre 2021. Les critiques effectuées à l'encontre du modèle du pavillon sont multiples : dépendance à la voiture, rôle dans l'artificialisation des sols, notamment. Le Gouvernement souhaite ainsi accompagner le secteur dans une reconfiguration générale, en privilégiant la densification, la construction de la ville sur la ville, et l'édification de logements collectifs de qualité. Une "guerre culturelle" s'ouvre pour ainsi aller vers "une ville intense, qui ne transige pas avec la qualité et qui tient sa promesse en matière de services", selon l'expression de la ministre. »

Mme Wargon, du haut de sa divinité familiale sans doute, vient de condamner les Français à ne plus construire de maisons individuelles ni y vivre. Hugh ! J’ai dit ! Mais qui est-elle et que se croit-elle pour se sentir à ce point en droit de décréter ce que les Français doivent faire ou ne pas faire en matière de logement ?

Tout est à peu près faux dans ce qui est dit.

Il n’y a pas de modèle pavillonnaire en France. Cela fait désormais près d’un siècle que les urbanistes et les architectes condamnent les banlieues pavillonnaires et font face à une résistance phénoménale des Français qui aiment l’indépendance d’une maisonnette avec jardinet.

C’est dans les années 1950-1965 que le refus du pavillon au profit de grands ensembles a été le plus fort, avec la création d’un univers de barres et de tours totalement rejetés aujourd’hui. On rit aujourd’hui d’un Le Corbusier qui voulait raser le Marais pour y faire pousser quelques grandes tours hygiéniques. Parler de modèle pavillonnaire est grotesque. À Paris intra-muros tous les espaces pavillonnaires, en général les hôpitaux que l’AP-HP a fermés, ont été démolis par Mme Hidalgo pour bourrer les lieux de logements sociaux hideux. Mme Hidalgo, dans le 14e arrondissement de Paris qui connaissait beaucoup de maisons individuelles et de jardinet, les rasent et bourre à la place des logements sociaux hideux.

La décentralisation a conduit à donner la responsabilité de l’urbanisme et de l’architecture aux maires. Une erreur catastrophique. Les maires veulent des électeurs. En province, les électeurs veulent des maisons individuelles. Les maires ont laissé proliférer les maisons individuelles, donc les centres commerciaux hideux en entrée de ville, avec l’obligation d’utiliser la voiture. Ce n’est pas un « modèle pavillonnaire » mais une erreur d’organisation politique. La circulation et l’urbanisme ne sont pas décentralisables à ce point sans que cela ne tourne pas à la catastrophe. Il fut un temps où lorsqu’une ville commençait à craquer aux coutures, on créait une « ville neuve ». Dire à un maire qu’on va créer une nouvelle ville dont il ne sera pas le maire alors qu’il peut faire gonfler la sienne ? Impossible ! C’est pourtant le seul moyen d’éviter le mitage pavillonnaire. Mais là, les prudents hauts fonctionnaires n’oseront pas évoquer une question aussi éminemment politique.

Autre question taboue : le vieillissement de la population, avec une vie à la retraite en France beaucoup trop longue. Si vous restez vingt ou trente ans à la retraite, voire quarante ans pour les fonctionnaires femmes du ministère de Mme Wargon, la volonté de trouver une maisonnette sympa dans un endroit agréable devient irrésistible, surtout si des imbéciles ruinent la vie dans les grandes villes par idéologie. Aujourd’hui médecins, juges, enseignants, postiers, intriguent pour être nommés en bord de mer. Cela permet d’acheter la maison de sa retraite plus tôt et de vivre mieux tout de suite !

Naturellement, la crise sanitaire a accusé l’envie de mettre fin au « métro boulot dodo » qui est un objectif de la génération 68 depuis longtemps. Rappelons que l’affiche électorale d’un Mitterrand était un petit village et que le Lubéron est le symbole du socialisme élitiste moderne.

L’évolution du travail, qui peut se faire de façon moderne en « distanciel » accélère encore le phénomène.

On le voit dans l’extension massive des constructions en bord de mer, alors que le mouvement avait commencé dès les années cinquante sur la côte d’azur. Il a été largement contré par la protection du littoral qui date rappelons-le des années cinquante. Alors le mitage se fait plus vers l’intérieur des terres.

Autre élément à prendre en compte : les retraités et les entreprises ne veulent plus rester non seulement dans les grandes villes mais en France. L’exode vers Venise ou la Suisse, le Portugal, le Maroc, la mer Noire, etc. est en marche depuis longtemps et concerne désormais des centaines de milliers de personnes. Les Français votent aussi avec leurs pieds et leur portefeuille.

Dernier aspect très actuel : les cités immigrées islamisées et transformées en temples de la drogue, protégés par des checkpoint-Mohamed qui font fuir à grandes enjambées tout le populaire national vers des cieux plus cléments.

La France se doit effectivement de créer une ville comme Paris tous les quatre à cinq ans et cette densification, évidente à Paris, crée une pollution du CO2 colossale.

Parler répartition des activités au sein du territoire national et mode de logement pour mener un politique écologique implique d’avoir une réflexion sur le travail et son évolution, sur l’immigration, sur la dénatalité, sur l’organisation du territoire, sur la retraite… Entendre une péronnelle prétendre mener une guerre culturelle contre les Français et annoncer du haut de sa suffisance et de son impudence compassionnelle "une ville intense, qui ne transige pas avec la qualité et qui tient sa promesse en matière de services" est littéralement ahurissant.

Les Parisiens connaissent la réalité : une ville intensément enlaidie, intensément accidentogène, intensément bloquée, intensément invivable, où il est intensément devenu impossible de diriger des entreprises, d’où la population a intensément l’envie de fuir. La promesse de services ? Trois-quarts des hôpitaux ont fermé. La plupart des boutiques sont fermées ou en menace de l’être. Il reste les livreurs à vélomoteur et les livraisons Amazon. Partout des clochards, des drogués et des attaques contre les biens et les personnes. Elle est belle la « promesse de service ». Et n’essayez pas d’avoir rapidement un passeport ou une pièce administrative. Tout l’administration parisienne, de la préfecture aux services municipaux, s’est cachée derrière des procédures internet. Impossible de téléphoner ou de visiter facilement. Tout est lent et pâteux.

Et voici qu’on nous annonce une nouvelle coercition. Il ne faudra plus seulement changer de voiture, de chaudières, de murs et de fenêtres. Les propriétaires ne seront plus seulement soumis à la dictature du DPE (le diagnostic de déperdition d’énergie). Les Français devront renoncer à leur villa Sam’Suffit comme on disait dans les années cinquante. Et ne parlons pas des nains de jardins et des belles décorations de Noël !

Toutes les jolies villes de bords de mer sont d’ores et déjà en train de changer radicalement de visage. On y fait pousser des tours. « Et en bois, Mme Michu ! ». On les peuple d’immigrés récents (pas de raison que les « racisés » soient loin de la mer affirme le DAL depuis que la rue du Dragon est saturée).

Avec Mme Wargon, on voit comment fonctionne la gouvernance française. De petits maîtres ou maîtresses appartenant au sérail se voient confier rapidement d’énormes responsabilités sans jamais avoir travaillé et sans rien connaître du terrain (on leur trouvera une circonscription plus tard). Ils fuient les vrais problèmes difficiles (c’est le propre du haut fonctionnaire de fuir le risque) et lancent des oukases qui peuvent gâcher la vie des « vraies gens », dont ils et elles ne connaissent rien, en toute arrogance, impudence et hubris. Cette native de Neuilly, devenue haut fonctionnaire en 97, est à peine trois ans après au cabinet de Bernard Kouchner puis directrice de cabinet d’Etienne Hirsh, deux incapables notoires. La couleur politique ? On s’en fout ? Le parti au pouvoir ? On s’en fout. Jospin, Sarkozy ou Macron quelle importance ? C’est comme cela qu’on peut affirmer avec toute l’impudence et le mépris possible que « La maison individuelle est un non-sens ». Alors que c’est cette carrière politique qui doit tout à la naissance et rien à la volonté des Français qui est un non-sens. Cette intéressante dame a voulu travailler à la Cour des comptes. Qu’elle y retourne. Elle ne fera peut-être pas de bien mais au moins elle évitera que les Français ouvrent la boîte à gifles.

La vérité est qu’elle n’a pas postulé pour un poste mais à un statut privilégié et à un réseau. La bonne santé démocratique serait qu’ayant voulu être fonctionnaire elle occupe un poste de haut fonctionnaire et évite de jouer les Marie-Chantal de caricature, assurée d’une carrière à vie payée par de l’argent public, annonçant au bon peuple le comportement politiquement correct qu’on attend d’eux, du haut de ses privilèges claniques, tout en se disant, en se maquillant, qu’elle pourrait bien viser dans dix ans le poste de première présidente de la République Française. Ce serait légitime si elle démissionnait de son statut et aller se faire élire en prenant les risques de tout un chacun et en exposant ses idées devant les électeurs.   

Quelles idées ? Elle vient de répondre aux questions d'Ersin Leibowitch : "Je ne suis pas du tout opposée à la maison individuelle".  On l’aurait caricaturée. Elle partagerait « le rêve des Français » en habitant elle-même une « maison de ville groupée, mitoyenne ».  Vite, vite, sauvons notre belle image de femme modeste habitant un « pavillon mitoyen » ! Quel courage, quelle habileté ! C’est à mourir de rire. Ou de rage comme on voudra. Car dans le même temps elle installe des « passe CO2 » particulièrement contraignants. Elle devrait d’ailleurs publier le DPE de son logement Sam’suffit mitoyen et le budget co2 de ses oscillations quotidiennes entre son logement et son bureau pour justifier son passe-droit gouvernemental.      

Notons que les villas de banlieue en mode partagé, quatre appartements sur jardinet accolés les uns aux autres est la solution adoptée en masse par les Anglais qui ont créé ainsi des banlieues toutes identiques en brique rouge et interminables sans absolument aucun charme tout autour de Londres que les urbanistes français allaient admirer en groupe au début des années 50.

La première initiative à prendre en matière de logement écolo, comme dans tous les domaines gouvernementaux, c’est d’empêcher les hauts fonctionnaires de capter en famille le domaine du politique en se moquant totalement des électeurs et de leurs aspirations.

NB : Nous n’avons évidemment rien contre les personnes citées ni même l’idée que l’univers pavillonnaire soit plus que légèrement problématique.  Mais on ne peut pas faire de la politique comme cela.

Plus les chiffres sont gros, mieux ça passe !

La dette au sens du traité de Maastricht était de 2 650 Md€, soit 115,1 % du PIB, fin 2020 (contre 2 380 Md€ et 97,6 % du PIB fin 2019).

La dette publique nette au sens de l’Insee s’élevait à 2 363 Md€, soit 102,6 % du PIB fin 2020 (2 168 Md€ et 88,9 % du PIB fin 2019).

La dette brute au sens des comptes nationaux s’élevait à 3 341 Md, soit 137,0 % du PIB, à fin 2019

La dette nette au sens d’Eurostat et de l’OCDE s’élevait à 1 886 Md€, soit 77,7 % du PIB.

Les engagements « hors bilan » cumulés de l’Etat représentaient environ 4 100 Md€ en 2016.

Dettes brutes plus engagements hors bilan représenteront à fin 2021 probablement 8 000 milliards d’euros.

Rappelons que la valeur ajoutée de ce qu’on appelle généralement les entreprises est de 1 250 Md€, et que c’est sur une fraction de cette valeur ajoutée que l’on doit payer les intérêts de cette dette et rembourser le capital amortir le principal.

Le coût de la décarbonation totale de la circulation automobile est autour de 4 000 Md€, financement à trouver d’ici 2 035. Le coût d’une décarbonation totale de toutes les activités en France est probablement autour de 20 000 Md€,

Certains pensent que cela pourrait être financé par la banque centrale ce qui nous conduirait à terme autour de 35 000 Md€ de dettes, un montant égal à trente ans de valeur ajoutée des entreprises.

Ce qui est amusant c’est qu’on manipule des chiffres dont personne ne comprend le mode de fabrication et qui varient dans des proportions étranges : 1.8 ce n’est tout de même la même chose que 3.3. Personne n’en comprend non plus les enjeux : mille milliards d’euros qu’est-ce que c’est ?

Et on prend des engagements d’état qui portent sur des chiffres extravagants sans même qu’on y fasse attention car entre 1 000 et 1 000 milliards quelle différence en fait pour l’électeur ? Juste un émoi de techno. Si encore il comprend d’où sortent les chiffres.

Elections : Le retour des énormités dans l’argumentation économique

Pour un observateur qui a suivi la vie nationale depuis cinquante ans, soit comme Professeur ou comme économiste, le retour des mêmes erreurs, avec les mêmes arguments, la même nullité d’analyse et la même mauvaise foi est spectaculaire et légèrement décourageante.

On pourrait en faire un catalogue, une taxonomie, avec brevet de démagogie imbécile à la clé. Savoir que ces sottises peuvent jouer un rôle dans une élection majeure sans que leur indécence antidémocratique ne soit jamais relevée du fait de l’ignorance économique crasse de beaucoup de journalistes, est plus une souffrance qu’un amusement. Alfred Sauvy avait fait l’essentiel du travail avec son livre « Mythologie de notre temps » – Persée – 1967. Mais cela repousse comme le chiendent.

Les journalistes appellent marronniers ces articles qui reviennent chaque année à la même période et qu’on reprend sans scrupule en modifiant trois mots. Il y a des marronniers électoraux qui refleurissent à chaque élection majeure et là, on ne change même pas trois mots. On se vautre sans vergogne dans la joie de dire n’importe quoi.

L’une des plus belles sottises est de faire valoir que la France a une formidable productivité, presque la meilleure du monde et que du coup on pourrait augmenter les salaires sans difficultés pour récompenser ce triomphe du salarié français.  Il est vrai que les statistiques indiquent une forte productivité moyenne. Mais pourquoi ?  L’emploi et les salaires dépendent de la productivité. A chaque niveau de productivité correspond un niveau d’emploi. Les charges sur le travail sont telles en France, que les emplois correspondant à des travaux de faibles productivités ne sont pas possibles, sauf au noir. C’est pour cela que nous avons 5 à 6 millions de chômeurs, un chômage structurel qui ne baisse jamais au-dessous de 6.5% dans les phases de haute conjoncture, alors que des pays qui ont une politique différente arrivent à 3-4%.  Il va de soi que si vous supprimez la tranche d’emplois à faible productivité, la moyenne de l’emploi qui reste est d’une valeur supérieure à celle de ceux qui ne l’on pas fait.  Si vous enlevez les petits dans le calcul de la moyenne de taille d’une population, elle sera plus haute que dans celle d’une population qui ne fait pas cette soustraction !

La France a peu d’emplois car elle ne permet que les emplois productifs, mais cela ne veut pas dire qu’elle est compétitive.  Les autres pays ont ces mêmes emplois productifs plus tous les autres et ces derniers leur offrent une compétitivité accrue. Vérification est faite en regardant les chiffres de nos déficits extérieurs qui sont constants et majeurs.  Les gouvernements, faute de vouloir remettre en cause les charges inouïes qui pèsent sur le travail et les entreprises, ont essayé des mesures artificielles comme la « suppression » des charges sur les salaires au SMIC. En fait on a repoussé le paiement des sommes concernées sur d’autres. Une politique de type sapeur camembert où on creuse un trou pour en complet un autre.  Avec des résultats indigents.

La forte productivité moyenne apparente du travail moyen en France est un indicateur sinistre parce qu’il marque la mutilation d’une partie très importante de l’emploi possible.

Comme souvent en économie, c’est contre intuitif. Mais se vautrer dans des explications fausses jusqu’au débile qui ne peuvent qu’aggraver le chômage structurel et les déficits de compétitivité a quelque chose de fascinant. Lorsqu’un débat s’engage sur les multiples scènes de la TNT, la question qui se pose est toujours : qui va dégainer une sottise économique majeure le premier. On peut faire des paris. Quand le rouquin de LFI est là, Adrien Quattenens si je ne me trompe, on est sûr qu’il va gagner. Il débite les marrons électoraux les plus frais avec la violence la plus extrême. La bêtise devient rougeoyante sur les grands écrans plasma.  Le front est tellement bas qu’on se demande s’il s’agit de simple bêtise ou d’un cynisme rare. S’il était le seul ! Malheureusement les erreurs majuscules dans le domaine économique deviennent des éléments de langage répétés inlassablement par des perroquets.

On pourrait dire qu’entendre des sottises de la part d’un dirigeant du seul parti trotsko-bolivarien d’Europe, n’est pas bien grave et que le retrouver dans la bouche d’Emmanuel Macron est tout de même plus grave. En expliquant que la formidable productivité du travailleur français associée à son plan de 30 milliards d’euros d’investissement sur dix ans, on va pouvoir réindustrialiser le pays, il nous sort un narratif trompeur d’une extrême qualité démagogique. C’est justement parce que le travail à faible productivité a été banni en France, alors que l’économie était ouverte au monde entier, qu’on n’a plus d’industries !

Oui, constater qu’une erreur aussi grave et fondamentale est faite depuis les ors de l’Elysée jusqu’aux fondrières les plus profondes du communisme trotskiste, a quelque chose de fascinants. Il parait qu’il y a un conseil d’analyse économique auprès du Premier Ministre.

Les nouveaux eldorados français sur argent public

Lorsqu’un pays voit les dépenses publiques dépasser 55 % du PIB, il est quasi certain que beaucoup d’entreprises ne cherchent pas majoritairement à répondre à des besoins privés mais à servir des faux marchés entièrement construits par la puissance publique. Identifier ces marchés, être au plus près des circuits de décision, savoir être le premier en liaison avec une multitude d’institutions publiques, devient critique. Les politiques deviennent des lobbyistes, surtout les Enarques que l’on retrouve partout et qui servent des entreprises et des milliardaires bien introduits. Edouard Philippe a d’abord été un lobbyiste avant de devenir maire et premier ministre. L’expansion du nombre d’avocats parmi les hommes politiques s’explique justement par ces activités.

L’écologie est une des sources premières de marchés juteux exploités par des « connaisseurs ». Le cas des éoliennes est typique. Il a fait apparaître de nouveaux milliardaires, ayant désormais pignon sur rue dans le 7e arrondissement de Paris ; Le rendement des investissements est garanti sur 15 ans. Ce serait dommage de ne pas en profiter. Et c’est pour la bonne cause. Il y a 9 000 éoliennes en France et on projette d’en construire à court terme près de 50 000 tout en sachant que pour obtenir une bonne couverture d’électricité verte, il en faudrait 5 fois de plus et de 2 MW si possible. Cela existe avec des mâts de 100 mètres, des pales de quarante mètres, un poids de 300 tonnes et un coût de 2.6 millions d’euros pièce.

Imaginons que vous investissiez 1 million d’euros et empruntiez 1,60 € pour couvrir l’investissement correspondant. La quantité d’électricité produite chaque année sera en moyenne de 4 000 Mégawatt/h, soit 4 millions de kWh à 0,08 € le kWh soit 320 000 euros de gains garantis chaque année pendant 15 ans soit 4.8 millions d’euros sur le cycle. L’emprunt est remboursé en 5 ans. Il vous a coûté 5 % de 1,60 €, soit 80 000 euros. Finalement : recette 4 800-2 680 = 2 120 ME pour 1 E investi. Du 112 % sur 15 ans. Du 8 % à 9 % quand le rendement moyen est actuellement à 2 %. Si vous ne mettez que 500 000 euros d’apport, le rendement s’envole. Et pourquoi ne pas mettre que 100 000 ou même 10 000 euros seulement de sa poche ? Alors là bingo. Alors vous vous organisez pour en monter 100 et bientôt 1 000. Au début on ne voit pas votre fortune grandir. Mais après dix ans, après 20 ans. Les millions d’euros, les dizaines de millions d’euros tombent dans un froissement de beaux billets. Après, vous laisserez les éoliennes à leur sort, en mettant votre société en faillite. À l’Etat de se débrouiller avec les parcs d’éoliennes obsolètes, abîmées et en panne. Que du bonheur !

Si vous êtes un gagne-petit, vous avez des marchés bien plus simples. La loi permet de calfeutrer gratuitement les canalisations d’eaux chaudes dans les immeubles, dans les parties non chauffées. L’argent est pris sur le malus des entreprises qui ne parviennent à leurs objectifs de réduction de consommation d’énergie. Il y a 90 000 immeubles en France : un joli marché. 40 % sont chauffés en système collectif, donc avec canalisations. 36 000 opérations à faire !

Une opération importante dure une semaine avec trois salariés et rapporte entre 15 et 18 mille euros. Une entreprise de 12 personnes bien organisée, avec 9 techniciens deux commerciaux et un directeur peut envisager de réaliser avec trois équipes, 120 semaines de travaux à, disons, 16 000 euros de CA par semaine soit près de 2 millions d’euros de CA, une belle petite PME. Maintenant si vous montez à 120 personnes, l’affaire devient belle. D’autant plus qu’elle est absolument sans risque et n’exige pas des salariés de très grande technicité. La taille du marché est telle que vous pouvez espérer créer une boîte plus grosse encore. Et en fin d’investissement, gagner des sommes confortables sans risque. Avis aux amateurs ! L’ennui c’est la foire d’empoigne, comme toujours quand on découvre un filon.

Voici un capitalisme qui vend de la subvention publique sans risque et à gros rendement sous la houlette de l’énarchie bienveillante et compassionnelle avec une flopée de lobbyistes au travail.

Tout le monde a compris que les éoliennes étaient un pari perdu d’avance les conséquences étant pires que les problèmes que l’on veut résoudre. Le calorifugeage des tuyaux permet un gain de 8 % environ. Ce n’est pas rien. Mais globalement ce n’est pas grand-chose sur le CO2 économisé et rien du tout sur le réchauffement climatique.

C’est la France bureaucratisée de 2021 !

On peut regretter ou profiter.

Bernard Tapie et une exemplaire élite

Bernard Tapie fut plus un personnage qu’une personnalité. Alors que son décès fait la une des médias, il n'est pas anormal après quelques jours de délais de décence, de porter témoignage d’une particularité de son parcours.

Un beau jour la société que je présidais a été sollicitée par un grand constructeur informatique de répondre à l’appel d’offre de la société Look, qui avait été rachetée quelques années auparavant par M. Bernard Tapie et qui avait participé à son succès dans le vélo. Mais à cette époque cela commençait à tourner mal dans le vélo et le football paraissait beaucoup plus intéressant.

Une de nos solutions logicielles couvrait quasiment la totalité des besoins exprimés. Elle avait de très bonnes références. Elle positionnait l’offre de ce constructeur très favorablement.

Nous sommes donc partis en train à Nevers, avec quelques autres fournisseurs, pour présenter la solution. La séance se passe parfaitement. Aucune objection, aucune question fouillée sur tel ou tel aspect.  C’était si rare qu’à déjeuner, je me souviens de dire au représentant du constructeur : « c’est trop beau. Je ne comprends pas ce marché ».  La réunion de l’après-midi portait sur les conditions financières. Aucune discussion sur les prix, et, presqu’aussitôt, la clause impossible : pas d’acompte. Tout est payé à la recette du chantier.

Pour nous cela supposait l’avance non seulement du logiciel mais aussi des quelques modifications exigées, le financement de la formation et de la reprise des données de l’ancien système, puis de la recette qualité. Impossible. Qu’on garde une réserve de garantie, soit. Mais pas 100%.

Au retour, dans le train, nous notifions au constructeur que notre réponse ne peut être positive, sauf si eux nous financent les acomptes habituels, ce qu’il refuse. Il trouvera un de nos confrères qui acceptera les conditions anormales exigées et nous oublions Look et ce Monsieur Tapie.

Pourquoi cette règle imposée de la recette en fin de travaux ? C’est semble-t-il M. Borloo, avocat astucieux et conseil de M. Tapie pour les reprises et les reventes de canards boiteux, qui avait compris la méthode : pas de facture, pas d’entrée en comptabilité, donc pas de présence dans les comptes. Même pas de besoin de provision. Les travaux en cours sont chez le fournisseur.  C’est tangent mais cela se plaide. M. Tapie voulait vendre. Il a donc entrepris de faire moderniser la boite par des travaux extérieurs non comptabilisés. Quand les premiers acheteurs (japonais dans mon souvenir) se sont présentés, ils ont vu une entreprise rutilante, rénovée et ultramoderne. Pour s’apercevoir un peu plus tard, d’après la presse de l’époque, qu’aucun des fournisseurs de la rénovation n’étaient payés (parce qu’on avait mis en avant des déficiences justifiant la non-recette et le non-enregistrement des factures).  Il leur aurait fallu racheter une deuxième fois l’usine !  

Ayant échappé de peu à la galère, je n’ai connu la suite que par le dire du constructeur qui m’avait sollicité et celui de mon confrère. Tous les fournisseurs ayant répondu à l’appel d’offres qu’ils connaissaient furent récusés pour une raison ou une autre.  Mon malheureux confrère y laissa son entreprise. Le constructeur passa une lourde perte dans ses comptes.

 Look fut repris peu après par le groupe Ebel pour 260 millions d’euros, alors qu’elle avait été payée le franc symbolique (0.66 cts pour « Nanard »). Le Canard enchaîné chiffre à plus de 700 millions d’euros le coût de la trajectoire « d’entrepreneur » du triste sire dont on parle. Il oublie les victimes collatérales de méthodes « à la limite » acceptées dans des conditions discutables par les commissaires aux comptes. Tous n’ont pas été poursuivis.   

Les deux astucieux finirent l’un et l’autre ministre. François Mitterrand, le grand pourrisseur, décide en avril 1992de remplacer son Premier Ministre, l'épatante Madame Cresson ,  par Pierre Bérégovoy et il impose à ce dernier la présence de Bernard Tapie au sein du gouvernement. Le 18 mai 2007, Jean-Louis Borloo est nommé ministre de l'Économie, des Finances et de l'Emploi, au sein du premier gouvernement Fillon I, sous Sarkozy. Bérégovoy finira comme on le sait. Fillon et Sarkozy finiront condamnés comme on le sait. Bernard Tapie fera un temps en prison et utilisera ses avocats pour résister à ses faillites et condamnations. Borloo sortira indemne et enrichi. Il mettra son carnet d’adresse en surchauffe au profit de Huawei, une société légèrement compromise et douteuse.  Il se fera humilier par Macron après un ralliement express pour des raisons inconnues.

La France a totalement dégringolé en une génération. Elle a eu les élites qu’elle mérite.

La dépossession totale de la France de sa politique énergétique

En dehors des tares traditionnelles de l’économie mondiale, les changes flottants, la gouvernance de l’euro et la Chine dans l’OMC, tares qui ont rythmé les récessions décennales, la sur récession de 2011 et l’évaporation de l’industrie dans les pays occidentaux, le risque externe le plus important pour l'économie française est le risque de pénurie de matières premières et les conséquences mondiales des déchets. Il est clair qu’une trajectoire de croissance des revenus n’est possible que si la production peut suivre et ne provoque pas de catastrophes naturelles désastreuses.

Pour la France la situation est particulière parce qu’il s’agit d’un risque externe (elle ne représente que 2.8 à 3 % de la production mondiale et seulement 1 % des pollutions au CO2) mais qu’elle entend mettre en interne des politiques volontaires de restriction., qui mal calibrées, peut la ruiner plus radicalement encore que le climat lui-même.

La question de la stratégie française en matière de contrôle des pénuries et des pollutions globales est donc critique. Tout le monde peut voir qu’elle n’est pas traitée dans la campagne présidentielle telle qu’elle se déroule en ce moment. Les Verts ne s’intéressent pratiquement pas à la question en dépit de leur assimilation d’image avec la défense de la vie saine et heureuse, notamment dans la jeunesse. Le débat interne a porté uniquement sur la question Woke. Devait-elle être dominante et affichée quitte à perdre les élections ? Devait-elle être caché et permettre de tromper les électeurs afin de permettre de gagner, d’abord en devançant grandement la candidate du PS, Mme Hidalgo, dans les sondages afin d’obtenir un ralliement de dernière minute pour former un bloc écologique et social dans le dernier round avant le vote. L’idée qui a gagné est qu’il fallait continuer la stratégie gagnante des municipales : se cacher derrière la verdure et une fois au pouvoir s’occuper de la révolution culturelle néomaoïste qui seule les intéresse.

Les autres partis n’ont aucun discours sur la manière de gérer intelligemment et sans trop graves contradictions les différentes questions portant sur la croissance et les questions environnementales. Le rejet des éoliennes est le seul thème un peu net qui se dégage.

On pourrait se scandaliser de cette étonnante défection, à un moment où on se rengorge sur la nécessité d’un débat permettant d’éclairer les réalités d’aujourd’hui et les risques futurs. Mais il est juste de constater qu’elle est absolument normale. Toute la question a été prise en main par la Commission européenne non élue qui mène sa propre diplomatie et sa propre politique totalement en dehors des peuples et de leur opinion publique. Aucun média ne rend compte réellement de ce qui se passe dans les sphères transnationales. Là, dans une atmosphère purgée des miasmes de la démocratie et du populisme, s’élabore ce que les élites immarcescibles pensent devoir imposer aux différents territoires sur lesquels s’agitent de façon rigolote quelques débiles à la chasse aux places dont le sort n’a strictement aucune importance. Leur état a été rendu importent. Il faudra qu’il applique les directives. Le vocabulaire ne ment pas. La direction est balisée et les Etats devront filer doux.

Protestation exagérée ? Lisons le communiqué de presse du 24 septembre 2021 émis par la Commission à Bruxelles. « Transition énergétique : la Commission annonce trois pactes énergétiques lors du dialogue de haut niveau des Nations unies à New York ». Saviez-vous que trois pactes étaient en préparation et leurs contenus envisagés ? La presse a-t-elle couvert cette formidable avancée idéologique, technique, économique et politique ? C’est qu’il ne s’agit pas d’un seul pacte. Trois d’un coup. Formidable. Et la France dans tout cela ? La France rien du tout, car dès qu’ils sont élus les membres de la commission n’ont de compte à rendre à personne. Ils font absolument ce qu’ils veulent dans leur domaine de compétence. On l’a bien vu avec la suite ininterrompue d’accords de libre-échange négociés par l’UE sans aucun frein en dépit des éclats politiques dans les pays membres.

Donc voilà. La France est tenue de respecter trois pactes dont personne n’a parlé en France dans les milieux politiques et encore moins dans la presse. Ce n’est pas caché. Il n’y a pas de complot. Nous avons abandonné la décision. Donc on s’en fout. On subira plus tard. Pas la peine de s’embarrasser d’un débat maintenant sachant qu’en l’état des institutions, on ne saurait rien faire d’une volonté de contredit. Puisque je suis sans pouvoir, n’en parlons pas. À quoi cela servirait-il ?

C’est dommage parce que les décisions qui sont prises sont majeures.

« Lors du dialogue de haut niveau sur l'énergie organisée cette semaine par les Nations unies à New York, Frans Timmermans, vice-président exécutif chargé du pacte vert pour l'Europe, et Kadri Simson, commissaire à l'énergie, ont présenté trois pactes énergétiques, en partenariat avec l'Agence internationale de l'énergie et l'Agence internationale pour les énergies renouvelables. Jouant respectivement le rôle de champion de l'accès à l'énergie et de championne de la transition juste dans le cadre de ce processus des Nations unies, le vice-président exécutif et la commissaire ont souligné la volonté de l'UE d'être à la pointe des efforts mondiaux déployés pour parvenir à un accès universel à l'énergie d'ici 2 030 et accélérer la transition vers une énergie propre, et ils ont montré le rôle concret joué sur la scène mondiale par le pacte vert pour l'Europe. »

Ce texte est fort intéressant.

D’abord par les personnes concernées : Franciscus Cornelis Gerardus Maria Timmermans est le prototype du Hollandais disposant d’une forte assise politique dans son pays et entièrement tourné vers l’Europe et la Commission qu’il pratique depuis des lustres. Il paraît que de Gaulle voulait que l’Europe soit le cheval et la France le cavalier. La Hollande a réussi ce tour de force. Pays microbique, son rôle européen est disproportionné. Le bon Frans possède à la fois la faconde du bon politicien et les manières de la diplomatie. Sa boussole : la Hollande. Son maître : les Etats-Unis et son coadjuteur allemand. ? C’est sympa la France mais c’est comme l’Italie, cela ne compte pas

Kadri Simson est une charmante quadragénaire estonienne, (l’Estonie est avec la Hollande un des pays les plus petits d’Europe et dont l’importance industrielle et économique est absolument négligeable) qui comme ministre de l’Énergie de ce pays a utilisé le gaz de schiste et le charbon pour obtenir l’indépendance énergétique du pays. Elle était donc parfaitement qualifiée pour gérer le pacte vert et signer des pactes internationaux colossaux ! La France ? « Ne connais pas ! J’ai fait mes études à Londres ». Tous les pays Baltes penchent vers Londres et l’Otan.

« Le débat a été de haut niveau ».. On ne va pas se commettre dans des débats de bas niveaux. Ça, c’est pour les « territoires », lors de leurs minables élections locales où on cause entre crétins. L’Europe est présentée comme une championne. À quand la sélection pour les jeux olympiques ?

Ensuite quel vocabulaire : « transition juste ». On croirait du Ségolène ! « Accès universel à l’énergie ». C’est qu’ils sont gentils en plus. Sans eux pas d’accès à l’énergie. La propreté est leur nouveau dogme. Tout cela pue les éléments de langage en pleine contradiction avec la réalité du jour. Les éoliennes dont on a poussé la construction à grands frais et au mépris des paysages et de la vie locale ne tournent plus faute de vent. Le gaz est devenu rare. Les prix de l’énergie s’envolent. En France, 60 % en un an. Une paille ! Et on a fermé Fessenheim, ce qui fait qu’on est totalement dépourvu. Le résultat est une perte en France de l’accès « juste » à l’énergie et celle qu’on obtient est moins propre que ce qu’elle était !

Que peut faire la France : rien ! Ce n'est pas là que cela se passe. Alors Macron l’Européen fou balance les chèques de 100 euros ou 200 euros. Un cautère sur une jambe de bois. Et une préfiguration de ce qui va se passer dans les années à venir : une politique décidée ailleurs que l’on va subir sans tenir aucun compte de nos réalités.

La mauvaise odeur d’éléments de langage s’amplifie avec les fameux pactes.

« Premièrement, un nouveau projet avec l'Agence internationale de l'énergie (AIE) établira, pour les pays dépendants du charbon, des feuilles de route pour une énergie à émissions nulles.
Ces feuilles de route proposeront des trajectoires inclusives de décarbonation du système énergétique, assurant une transition juste et socialement équitable ».

Il va donc y avoir des feuilles de route. Les politiques français devront prendre la route sans regimber. Mais puisque cela va être juste, inclusif et équitable, il le fera dans le bonheur total. Les yeux encore plus brillants que les pèlerins sur le chemin de Compostelle !

Notons-le bien : c’est l’AIE et la Commission qui décident.

« Deuxièmement, nous coopérerons avec l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) afin d'élaborer des perspectives régionales en matière de transition énergétique (Energy Transition Outlooks) pour l'Afrique, l'Amérique latine, les Caraïbes et l'Europe. Elles contiendront des recommandations politiques concrètes pour atteindre l'objectif de développement durable (ODD) en matière d'énergie, dans l'optique de la limite de 1,5 degré fixée par l'accord de Paris. »

Là encore, la France n’est rien dans le processus.

Troisièmement, nous travaillerons avec le Danemark, l'Allemagne, l'IRENA et d'autres partenaires sur un catalogue d'engagements dans le cadre du pacte pour l'hydrogène vert. Là encore la France n’est pas là. Le plus drôle est qu’une étude vient de montrer que l’hydrogène vert est un mythe et en vérité une solution pire que le mal. C’est un « enfumage » de pays qui veulent garder des industries sous-jacentes très polluantes. La France est très peu concernée.

Lors de leurs deux interventions, nos deux compères : « ont souligné l'ambition du pacte vert pour l'Europe de faire de l'Europe le premier continent neutre sur le plan climatique d'ici à 2 050 et de parvenir à une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre dans l'UE d'ici à 2030, présentée dans un ensemble ambitieux de propositions législatives le 14 juillet 2021. »

Le règlement sur la répartition de l'effort assigne à chaque État membre des objectifs renforcés de réduction des gaz

le règlement sur l'utilisation des terres, la foresterie et l'agriculture établit, pour l'Union, un objectif global d'absorption de carbone par les puits naturels équivalant à 310 millions de tonnes d'émissions de CO2 d'ici à 2030. Les objectifs nationaux imposeront aux États membres de préserver et développer leurs puits de carbone

La directive sur les énergies renouvelables relèvera l'objectif de production de telle sorte que la part de l'énergie produite à partir de sources renouvelables atteigne 40 % d'ici à 2030. la directive sur l'efficacité énergétique fixera, au niveau de l'Union, un objectif annuel contraignant plus ambitieux en matière de réduction de la consommation d'énergie.

Des normes plus strictes en matière d'émissions de CO2 pour les voitures et les camionnettes accéléreront la transition vers la mobilité à émissions nulles en imposant une réduction des émissions moyennes des voitures neuves de 55 % à partir de 2030 et de 100 % à partir de 2 035.

Une révision de la directive sur la taxation de l'énergie propose d'aligner la taxation des produits énergétiques sur les politiques de l'Union en matière d'énergie et de climat, en promouvant des technologies propres.

À noter que pour l’Europe du Nord, d’où viennent nos deux clowns, le nucléaire n’est pas propre.

Arrêtons là. Toute la politique énergétique est dictée d’en haut par l’ONU et la Commission. Rien n’est décidé en France qui comme d’habitude sera saisie à la fin du processus avec un choix impossible : où céder ou tout casser, ce qui est quasiment impossible, d’autant plus que l’assemblée européenne fantoche aura dit oui.

On peut se demander sur cette question qui est absolument cruciale, à quoi sert notre élection présidentielle. On a voulu être des nains. Nous voilà en tutelle.

Nous n’aurons strictement aucun poids pour définir la politique qui nous fait courir le plus de risques économiques et sociaux dans les 30 ans à venir.

Bravo !

Le duel Minc-Zemmour symbole de la tourmente française

Minc ou le refus de la complexité zemmourienne

Alain Minc était tout-puissant et régnait dans la proximité des princes du pouvoir économique et financier, tout en occupant une place sinon de faiseur de rois du moins de conseil des politiques, quel que soit leur bord. Surgissant soudain (propulsé par qui ?) sous les caméras des télévisions publiques au milieu des années soixante-dix, il reste cinquante ans plus tard, la conscience d’un mouvement mondialiste qui se défait plus ou moins brutalement et qui rend son magistère plus difficile, bien que ses idées soient au pouvoir avec Emmanuel Macron. Juif venu du monde polonais, où l’antisémitisme était féroce, son parcours universitaire remarquable l’a conduit au statut d’énarque au moment où l’énarchie devenait triomphante. Socialiste dans la tradition de sa communauté d’origine, il est symbolique de l’enrichissement capitaliste d’une partie de la gauche après la prise de pouvoir de François Mitterrand, alors que le PS abandonnait la classe ouvrière et, ses dirigeants, l’industrie française, pour se concentrer sur la finance et les sociétés gravitant dans la proximité des états et des collectivités locales. Quant à la gauche, elle était prise d’une frénésie de destruction de tout ce qui faisait la France au profit de multiples altérités déifiées, de l’Europe et du mondialisme indifférencié.

Éric Zemmour, lui, a surgi dans le décor politique, avec le triomphe du « Suicide Français » qui remettait en cause tout le corpus idéologique soutenu et illustré par Alain Minc. Juif d’Afrique du Nord, ayant raté l’ENA, son parcours journalistique, longtemps besogneux, dans des journaux de droite, a été lent mais remarquable. Paradoxe, cet homme de l’écrit fait son entrée dans le grand monde intellectuel via « On n’est pas couché », une émission télévisée tardive sur une chaîne publique. Il s’y fait connaître en fustigeant un ridicule : le conformisme de gauche et le politiquement correct des vedettes venant faire leur promotion. L’appel d’air a été tel, dans un monde médiatique étouffé par l’emprise idéologique dominante, sorte de purée mentale associant le mitterrandisme le plus opportuniste, le socialisme le plus capitaliste et l’autodestruction française par la double soumission américaine et européiste, qu’Éric Zemmour est devenu un analyste écouté, au point d’avoir une émission en doublette avec Éric Naulleau. Finalement, Cnews crée pour lui une émission qui draine les téléspectateurs massivement et remet en cause le monopole de la parole publique de l’idéologie dominante. Il devient un analyste féroce du déclin français avec une focalisation sur la nécessité de retrouver la grandeur protéiforme de la France, sur l’envahissement arabe et islamique et sur la critique de la féminisation de sa société.

Zemmour le besogneux de droite, sorti de son bled algérien et recalé à l’ENA est devenu riche et influent, en dénonçant tout ce qu’Alain Minc le grand bourgeois de gauche, de dix ans plus âgés, avait encensé pendant des lustres.

Deux histoires nées hors de France, qui, l’une et l’autre, illustrent la capacité française de créer des élites en à peine deux générations d’immigration, alors que les berceaux familiaux étaient nourris par deux préoccupations initiales radicalement différentes : la peur de l’antisémitisme nationaliste et des mouvements nationaux socialistes génocidaires d’un côté ; la peur du totalitarisme musulman de l’autre.

Évidemment la candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle prochaine ne pouvait qu’interpeller un faiseur de présidents comme Alain Minc. Son intervention dans le Figaro magazine du 11 septembre est intéressante. Le grand bourgeois juge le petit valet ; l’Énarque juge le journaliste ; le mondialiste juge le nationaliste ; le maître des diplômes les plus exigeants juge l'étudiant limité.

Dès le titre, le ton est donné : « Zemmour ou le refus de la complexité française ». Lorsqu’on emploie le mot complexité dans un débat, c’est toujours pour montrer que l’adversaire est dans le simplisme et que seule une grande capacité intellectuelle, la sienne propre bien sûr, est capable de se guider sûrement dans le dédale infâme de la réalité. D’entrée de jeu on dévalorise et on discrédite. En un mot on fait place nette en annonçant que tout l’article est la concession d’un grand esprit qui va se compromettre, pour aider les esprits embrumés, à nettoyer une saleté médiatique. Merci, Merci, blanche colombe de risquer ainsi la blancheur immaculée de tes ailes d’albatros !

En « refusant la complexité », le pauvre Zemmour prouve ce qu’il est : un minus habens qui se vautre dans le simplisme. Cela commence bien.

Bien sûr, juif assimilé comme lui, Zemmour aurait pu être quelqu’un de bien, … en étant gaulliste. Mais ce simplet qui ne comprend pas la complexité a voulu être maurrassien et trahir sa judéité pour épater l’extrême droite !

Le gaullisme qui aurait fait d’Éric Zemmour un homme fréquentable est un peu particulier, puisqu’il l’aurait fait adhérer sans réserve à « l’Europe, levier d’Archimède de la France ». De Gaulle a tenté de mettre l’Allemagne au service des intérêts français et s’y est cassé les dents. Depuis cet échec, la politique allemande heurte directement, et de plus en plus, les intérêts français. Comme le rappelle opportunément le dernier livre de Zemmour, « La France n’a pas dit son dernier mot », les deux soixante-huitards, Cohn-Bendit et son coadjuteur Romain Goupil sont d’accord sur une chose : « La France, c’est fini ». Pour le levier d’Archimède, on repassera.

Alain Minc critique alors ce dernier livre dont Éric Zemmour commence la promotion à grande échelle. Il s’agit « un livre étrange » marqué par le « narcissisme » d’un auteur dont « les outrances, les faussetés auront pour seul effet d’hystériser les débats ». On pourrait aussi bien écrire que la critique de Minc est « étrange et marquée par un narcissisme énervé, qui provoque, par ses outrances et faussetés, une hystérisation du sujet ». On est dans le mépris, avec ces procédés, pas dans le débat.

Le neuneu, traître à sa race, narcissique, menteur, et outrancier, est le « paladin de l’inévitable et de l’irréversible », du fait de son goût maladif de l’extrapolation et son engrenage qui refuse la nuance. Une espèce de robot qui ne sait que cracher maladivement des simplismes. Il ne peut pas analyser l’époque. Ça, c’est le rôle de Minc expert sain en réduction nuancée de toute complexité et qui sait, lui, marier les contraires complexes avec grâce et subtilité.

Bien sûr que le grand Alain-la-complexité refuse la culture Woke, le féminisme abject, les zones de non droit, la charia, l’abandon de la force nucléaire français. D’accord il n’a jamais à chercher à en montrer les ravages ni en expliquer les causes, ce qui l’aurait entraîné trop loin du politiquement correct indispensable. Dans le silence de ses soliloques, il pensait du mal de tout ce que dénonce Zemmour au milieu des crachats, dont le bel Alain s’est prémuni par un silence constant. Quand c’est complexe il faut être prudent.

Mais pas question de courir comme un dératé, derrière une France blanche, judéo-chrétienne, phare du monde qui est une « chimère ». C’est tout le problème : le révisionnisme antinational qui déstructure le discours et les institutions qui fabriquent du surmoi national est légitime pour Minc, qui, en revanche, n’admet pas qu’au vu des conséquences que l’on constate, l’on déconstruise tout ou partie du discours européiste et mondialiste, façon Davos, dont il est le thuriféraire. « La décadence de la France est un artefact », et les déclinistes des rigolos mais en pas drôles. Tout va bien ! Il n’y a rien à changer dans le modèle qu’Alain Minc défend depuis des lustres et qui lui a valu argent et honneurs. La France est incapable d’avoir à temps des masques, des lits, des infirmières, des médecins, du curare, du Doliprane, des seringues et des vaccins, mais tout baigne. Les Français de souche ne font plus d’enfants, ce qui est formidable mais il est heureux que l’immigration bouche les trous et au-delà. Il y a donc un grand remplacement. Ben oui, mais on ne va tout de même pas vous concéder cette réalité qui elle n’est pas complexe à observer ! Pas de taxes aux frontières, surtout pas, même si la France accumule tous les déficits depuis vingt ans et les bonnes mesures de Jospin : blocage des relations du travail et 35 heures après la retraite à soixante ans. Les déséquilibres n’ont aucune importance pour quiconque les regarde avec à l’esprit la nécessaire complexité des choses. L’Euro ? Aucun inconvénient, que des avantages, avec les mêmes lunettes de celui qui sait penser la complexité du monde. Les Grecs s’en sont aperçus et sans lunette.

De toute façon, la France de Saint Macron et de son groupe d’Énarques bien-pensants, car pensant comme Alain Minc le souhaite, a été épatante dans la gestion de la crise sanitaire ce que ne peut sans doute pas comprendre un minable qui n’a pas réussi le concours d’entrée à cette école.

Finalement Éric Zemmour est travaillé par l’ambition politique, (pas comme Minc, lui-même ni ses différents poulains), ce qui érode la qualité de son intelligence, stimule sa démagogie, altère son honnêteté.

Voilà toute l’affaire : Le neuneu, traître à sa race, narcissique, menteur, et outrancier, sinistre « paladin de l’inévitable et de l’irréversible » n’est au fond qu’un démagogue malhonnête détruit par le prurit politicien.

Cher Alain Minc, mieux aurait valu une analyse des causes du mouvement qui porte Zemmour vers son engagement politique « disruptif » que ce torrent d’injures qui trahit votre désarroi devant la chute d’une certaine forme de pensée dominante aujourd’hui largement remise en cause et souvent pour de bonnes raisons.

Dans son dernier livre récemment publié, Autodafés, Michel Onfray dénonce une idéologie dominante qui "ne débat pas . Elle insulte. Elle ne dialogue pas, elle méprise, elle n'échange pas, elle anathémise. Elle ne respecte pas, elle salit. Elle ne discute pas ; elle condamne".

Tout est dit.

"Super Pinel" , Hyper Bureaucratie, Népotisme énarchique

La bureaucratie française est désormais souvent constatée et critiquée. La crise sanitaire est passée par là et tout le monde a vu que les professionnels de la santé avaient été totalement subordonnés à une folie administrative effarante et unique au monde.

En vérité rien ne change et le bulldozer bureaucratique continue de tout écraser en bonne conscience et sans aucune critique dans les médias principaux. L’énarchie triomphe dans les formes les plus perverses, celle en particulier d’un népotisme qui ne trouble personne.

L’actualité nous en fournit la preuve avec la politique du logement et les annonces gouvernementales correspondantes. Le logement est depuis la guerre une passion politique et elle a été totalement phagocytée par l’énarchie qui y trouve tous les moyens de s’y déployer dans la béatitude en multipliant les réglementations phénoménales par leur détail, leur ampleur, leur mépris total de ce que pe nse les Français.

Voici donc que le Madame le Ministre en charge du logement, Mme Wargon, énarque en charge d’une discipline dont elle ignore évidemment absolument tout, veut construire 500 000 logements, ce qui est juste le nombre d’immigrés et d’enfants d’immigrés qu’il nous faut loger chaque année. Le Ministre est accueillant à la diversité, surtout islamique, puisqu’environ 80 % de ces nouveaux logés sont Maghrébins ou issus de l’Afrique musulmane.

Le moyen ? Un « super Pinel », une nième loi, où faute d’avoir voulu faire jouer les lois du marché et les règles de la propriété, on va proposer aux riches des dégrèvements fiscaux pour pouvoir créer des logements pour loger les petits-bourgeois qui libéreront de la place pour les immigrés. Avec le logement social, le Super Pinel, est la base de la construction en France. Une approche 100 % étatique, avec une association Etat et grands groupes immobiliers qui est le parfait exemple d’un « fascio » pétainiste de grande facture. Beaucoup de choses dans la construction date de Pétain, notamment l’Ordre des Architectes. Étatisme et pétainisme ont toujours fait bon ménage dans le domaine. .

Emmanuelle Wargon, « en marge » d'un débat portant sur la politique du logement, vient d'en dire plus sur le super Pinel. Pour bénéficier du dispositif à taux plein, le projet devra répondre à la fois à des exigences environnementales, mais également respecter certains standards en matière de qualité d'usage. Sur ce dernier point, le gouvernement s'appuiera sur le projet de "référentiel de qualité logement" qu'il a commandé à l'architecte urbaniste François Leclercq et au directeur général d'Epamarne, Laurent Girometti. Il sera présenté le 8 septembre prochain, à l'occasion d'un nouveau débat public organisé au ministère sur la politique du logement. Le décret organisant la future entrée en vigueur de ce dispositif baptisé, pour l'instant, "super-Pinel", sera ensuite mis en concertation auprès des acteurs de la construction. "Je souhaite que les critères de ce super-Pinel ne soient pas seulement environnementaux [par exemple, en lien avec le futur label RE2020, N.D.L.R.], mais aussi de qualité d'usage", a précisé la ministre devant les journalistes. "Nous devons réinjecter de la qualité d'usage, qui constitue l'impensé de la période qui est derrière nous, depuis un certain nombre de mandatures. Il n'est pas raisonnable de laisser l'ajustement se faire par une baisse de la hauteur sous plafond des biens, une diminution de leur superficie, l'absence de logements traversant…"

On voudrait donner une illustration de l’Énarchie Compassionnelle qu’on ne pourrait pas trouver mieux. Cette charmante jeune femme est pleine de compassion : les plafonds baissent et on ne propose plus d'appartement traversant ! Zut alors ! On moquait une reine de France qui voulait proposer des croissants au peuple affamé. Une petite reine de l’énarchie peut avoir une compassion très bourgeoise sans que cela n’affole personne. Il faut voir quelle réglementation effarante est la contrepartie d’un dégrèvement fiscal. Il faudra d’abord respecter un PassCO2, le futur label RE2020 ! Mais cela ne suffira pas. On va aller encore plus loin avec un règlement de la qualité d’usage, telle qu’une Marie Chantal va la définir avec un copain architecte. Ensuite, que de concertations. Toutes bidons. Il s’agit simplement de se mettre d’accord avec les grands groupes de construction. Le Parlement ? Quel parlement. Une fois les accords faits, la loi passera comme une lettre à la poste avec quelques concessions à quelques excitées vertes ou LREM, pour faire semblant.

L’avis des Français ? Connais pas ! Il suffit qu’une « fille-de » pense l’impensé du haut de sa filiation heureuse, pour que la France s’ajuste dans ses tréfonds. Mme Wargon  est la fille de Lionel Stoleru, qui n’avait pas été particulièrement épatant dans les gouvernements Giscard, où polytechnicien, il avait été astucieusement mis en charge du travail manuel… D’échec en échec électoral à droite, il avait fini par rejoindre les socialistes et finir chez Rocard, pour revenir chez Sarkozy après une autre série de cauchemars électoraux. Si on voulait symboliser « l’étroitesse des élites à toutes mains » qui dirigent la France depuis 1974, sans vraie conviction et sans résultat mais avec une belle stabilité financière et une belle certitude familiale, les Stoleru, avec les Parly, seraient en tête d’affiche. La remarquable Emmanuelle est non seulement la fille d’un polytechnicien mais d’une énarque, Francine Wolff, administratrice de la ville de Paris jusqu’à son décès en 2009. C’est dire qu’elle avait une vocation presque naturelle à rejoindre Emmanuel Macron au titre du contingent de femmes obligatoire. Parvenir à se rendre indispensable dans tous les bords politiques, d’Hidalgo à Macron en passant par Sarkozy, Hollande ou tout ce qu’on voudra, voilà un bel exemple de la création d’une élite indéboulonnable multicartes inscrit dans les rouages de l’Énarchie Compassionnelle dans la durée et sans parti pris, sinon celui de durer dans les hautes sphères de l’État.

Pendant ce temps-là on s'étonne que les pauvres qui se retrouvent avec une maison déclarée passoire thermique et qui tentent de se débrouiller avec 1 200 euros par mois, sur fond de stagnation économique depuis 40 ans, merci papa Stoleru, se retrouvent dans la rue pour ne pas être ruinés par des réglementations si extrêmes qu’elles deviennent intolérables !

Cet exemple terrifiant devrait amener les Français à quelques conclusions

-        Conclusion 1 : l’énarchie compassionnelle en famille, cela doit s’arrêter. Une muraille sera dressée entre la haute fonction publique et la politique. L’éviction de Macron est le premier acte de cette politique. Ensuite il faudra prendre trois mesures : interdire tout poste éligible à un haut fonctionnaire qui n’aura pas démissionné de son statut au préalable ; interdire les doubles rémunérations pour les hauts fonctionnaires ; mettre en place une législation contre les conflits d’intérêts et notamment le risque de népotisme.

-        Conclusion n° 2 : le logement est un des endroits où il faut débureaucratiser à mort.

-        Conclusion N° 3 : LR ne dira jamais rien sur la question ni personne d’ailleurs parmi les candidats connus de ce parti ni d’ailleurs d’aucun candidat. La gestion soviétique du secteur du logement fait partie des « impensés » de la politique actuelle.

-        Conclusion n° 4 : il n’y a pas de différence entre la gestion du logement français d’aujourd’hui et la gestion soviétique de l’agriculture d’hier. Il y avait toujours un grand prêtre du Politburo prêt à annoncer des tas d’idées sympas sur ce que devraient être les kolkhozes. Sans tolérer la moindre évolution structurelle. Et les Soviétiques n’ont jamais mangé à leur faim sans les importations étrangères.

-        Conclusion n° 5 : on aura reconnu le système qui fonctionne au ministère de la santé avec les remarquables résultats qu’on connaît.

Il va de soi que cet article n’a rien de personnel contre Emmanuelle Wargon qui est femme de qualité tout à fait remarquable, super diplômée, avec un bel esprit et synthèse et des qualités d’expression. Un modèle de jeune femme actuelle. Mais aussi un modèle d’apparatchik et de reproduction des élites, incapable d’une quelconque rupture avec la bureaucratie envahissante et s’y coulant avec un rare talent !

Toute l’affaire symbolise le népotisme énarchique, la continuité dans le temps des abus de la haute administration, et la bureaucratisation infernale perpétuelle de secteurs entiers de la vie économique. On n’a pas besoin de Pinel, de super Pinel ou d’hyper Pinel, voire de cosmo Pinel, mais d’une réduction de la pression fiscale globale. Mettre en place une fiscalité spoliatrice et ensuite restituer une partie de l’argent en fonction d’oukases administratifs ou de lubies personnelles de la ministre, est tout ce qu’il faut supprimer, surtout si c’est géré par des familles embusquées dans l’Etat qui se passent le relais de parents à enfants avec une indifférence totale pour la couleur politique du gouvernement du moment.

En lisant Marianne…

Il est toujours intéressant de lire les revues qui se veulent iconoclastes. Bien sûr, de tout temps, et surtout avec J.F. Kahn, la ligne principale était : « Vous vous rendez compte Mme Michu », ce qui ne nous emmenait pas très loin dans la contestation et plutôt loin dans la rengaine des râleurs et des grognons sans importance. Mais bon ! Natacha Polony se vit en grande penseur du monde moderne et ne dit pas que des sottises, entre exploitation diverses de poncifs et vraies informations longtemps mises sous le boisseau.

Revoilà Jacques Julliard qui n’en démord pas. Vive la gauche qui doit redevenir la gauche en cessant de « considérer l’électeur de gauche comme un pur animal économique ». Elle doit donc parler de l’immigration, mais en prônant les sommets et les plus grandes exigences, en évitant la juxtaposition des groupes ethniques et en intégrant. Il n’y a plus qu’à 

 « Ah si la gauche écoutait ses électeurs », ajoute-t-il. L’ennui c’est que la gauche a d’abord été absorbée par le socialisme et s’est calé sur le marxisme tout en acceptant toutes les dérives révolutionnaires. Plus de 100 millions de morts assassinés plus tard et quelques milliards de vies gâchées plus tard, avec en prime l’effondrement de l’URSS et la conversion au capitalisme d’Etat de la Chine, le socialisme est mort comme idéologie positive.

L’ennui est que les socialistes ont eu le culot d’abandonner les questions sociales et les ouvriers au profit des différentes altérités. Les électeurs censés être défendus par les partis de gauche se sont donc échappés vers l’abstention ou Mme Le Pen.

Cet abandon est largement du à des politiques soutenues par… Julliard, notamment dans le domaine européen et dans celui de l’accueil indéfectible des immigrés.

Ce n’est pas seulement le PS qu’il faut fustiger, M. Julliard, mais vous-même et JF Kahn avec vous !

Une excellente étude sur la baisse de revenu d’une partie des fonctionnaires.

Le tableau publié en page 11 devrait servir de bible à tous ceux qui veulent comprendre un peu la situation du pays. Oui, il est parfaitement vrai que de nombreux fonctionnaires ont perdu du pouvoir d’achat dans les quarante dernières années, et que c’est dans la masse centrale que les pertes ont été les plus grandes, la haute fonction publique se gobergeant, de plus en plus en famille, avec de nombreuses rémunérations annexes et des allers et retour dans le secteur nationalisé ou dans les entreprises en grande dépendance de l’État, et la partie basse ayant été assez généreusement revalorisée.

Les faits étant établis il aurait été bon de ne pas se tromper dans leur interprétation.

Premier constat : les fonctionnaires ne sont pas les seuls à avoir perdu du pouvoir d’achat. Nous n’avons cessé de répéter que le PIB par tête était exactement au même niveau en France entre décembre 1980 et décembre 2020. Quarante ans de stagnation ! On ne voit pas pourquoi la fonction publique aurait échappé à la tendance générale.

Second constat : c’est la politique démagogique mise en place par Mitterrand et son programme commun qui a ruiné la croissance française. Nous avons d’abord cessé de rattraper le niveau de vie américain, puis, grâce aux trente-cinq heures et autres transferts sociaux et étouffements bureaucratiques, nous avons commencé à décrocher tout seul comme des grands.

Troisième constat : les effectifs des différentes fonctions publiques et des emplois directement liés à l’état, comme dans les associations subventionnées ont explosé. La régionalisation a été le vecteur principal mais aussi le déplacement des fonctions régaliennes vers les associations. Quand on multiplie les effectifs à production constante, on baisse la rémunération moyenne. C’est mathématique.

Quatrième constat : le développement effarant de l’immigration et des obligations qu’elle implique a provoqué un déploiement permanent de ressources qui ont manqué pour le reste. S’il faut construite une ville comme Paris tous les cinq ans pour accueillir le monde entier, et des populations qui ne veulent pas s’assimiler et entrent en dissidence économiques et politiques, comment faire pour dégager des ressources pour l'administration de base ?

Cinquième constat : si on met nos entreprises en compétition avec le monde entier avec les charges les plus hautes du monde et les contraintes réglementaires et sociales les plus féroces, l’activité économique fiche le camp et prive le pays des moyens de revaloriser les fonctions d’appui.

Sixième constat : l’administration, quelque qu’en soit l’objet, suit les lois de Parkinson avec délectation. Si l’administration de la santé a fini par disposer de près de 18 000 femmes fonctionnaires de catégories A, la plus élevée, alors qu’il aurait peut-être mieux valu avoir 3 000 docteurs 6 000 infirmières de plus, ce n’est pas par hasard. La bureaucratie est devenue pléthorique du fait du triomphe de « l’énarchie compassionnelle et bienveillante ».

Septième constat : ce sont les GOPE européens, définis pour sauver l’Euro, qui imposent les restrictions en matière d’administration. Vive l'Euro d’accord, mais au moins qu’on en cite les effets, au lieu de les renvoyer sur d’autres.

Marianne occulte chacune de ces causes, pour ne pas gâcher le message subliminal : « le néolibéralisme né de Thatcher et Reagan » est la source de tous nos maux.

L’Administration n’a pas été victime d’un quelconque néolibéralisme français (des noms ! des noms !) mais largement des dérives de la Haute administration largement socialiste, immigrationniste, européiste, réglementariste, fiscaliste et bureaucratique

Pour finir : Que de merveilleuses trouvailles dans les dessins d'humour publiés en masse dans le journal, en particulier les deux de la page 61 que je laisse au lecteur le plaisir de découvrir.

La montée de l'intolérance

Alors que le cycle des conférences autour de mon livre Sortir du Désastre est enclenché, avec la volonté d’insister d’abord sur la nécessité de sortir des débats de personnes pour entrer dans le dur d’un programme de gouvernement puissant et de nature à changer les choses, plusieurs réactions qu’il faut bien qualifier de sectaires se font jour chez des personnes dont on n’attend pas vraiment cette attitude. Sur certains sujets, une partie de l’auditoire ne veux rien entendre et s’énerve vite lorsqu’elle considère que l’orateur fait une incursion incorrecte dans ce qu’il faut bien appeler « une exigence de foi ». Jusqu’à encore très récemment les génocides socialistes étaient l’exemple type des sujets impossibles à traiter objectivement sans conflit aigu avec un auditoire de gauche qui ne pouvait admettre que son idéologie soit frappée d’infâmie. C’était très cadré presqu’automatique et ne portait pas sur des aspects de la vie quotidienne et aujourd’hui tout le monde admet ou presque qu’au nom de cette doctrine cent à cent cinquante millions de personnes ont perdu la vie. La question est presque réglée. La nouvelle intolérance porte essentiellement sur deux sujets : le féminisme façon WOKE et l’écologie politique et touche beaucoup de personnes qui ne sont ni marquées a priori par une idéologie ni par une sociologie particulière. Cela traverse toutes les classes sociales, surtout sur des critères d’âge ou de genre.

Beaucoup de femmes, jeunes et moins jeunes, ne tolèrent plus aucune discussion sur les sujets féministes, par réaction à ce qu’elles jugent avoir été une maltraitance durable et structurelle des hommes qui doit disparaître.  Il n’y a plus ni débat ni limite. Toute réserve est vue comme une infamie méritant exclusion.

Un exemple :  Impossible de dire que la parité, dans un monde politique français dominé par l’Enarchie, a provoqué une poussée de nominations féminines dans des proximités problématiques, confinant au népotisme caractérisé, avec des carrières en couple particulièrement bien rémunérées, le poste de l’un servant à assurer le poste de l’autre. Il suffit de voir le nombre de « filles de » ou d’ex-maîtresses dans les instances politiques et administratives actuelles pour relever que la question est très actuelle. Alerter sur les risques d’une situation nouvelle, et l’obligation de prévoir des garde-fous contre les conflits d’intérêts, n’est pas remettre en cause les carrières féminines. Les règles de conflits d'intérêts valent pour les deux sexes. Mais rien à faire : il ne faut pas en parler ! L’obligation féministe ne souffre pas de commentaire et l’emporte sur la nécessité démocratique.  On a vu que Mme Hidalgo flattait cette attitude en se félicitant d’avoir violé la loi sur la parité de genre dans les postes de chef de service de la ville de Paris, sans pratiquement de réaction.

L’écologie est une autre terre de désespoir démocratique. Ne pas hurler avec les loups sur l’urgence de la transition vers une économie sans CO2 vous fait traiter de menteur, d'inconscient, de « connard » et autres gracieusetés. Aucun chiffre, même le plus facile à vérifier, ne sera accepté comme élément de discussion. Même si, dans vos analyses, vous ne relativisez jamais la réalité des difficultés liées au réchauffement que l’actualité rappelle inlassablement, et cherchez simplement à bien cadrer la politique écologique à mener, en équilibrant coût et effet sur la température, vous passez rapidement pour un malhonnête homme en plein révisionnisme voire pire. Ne s’agit-il pas de sauver la terre ? Vous êtes donc dans l’écocide !  Salaud, va !

L’industrie automobile annonce qu’il faudra 14.000 milliards d’euros pour convertir les usines européennes à la fabrication de voitures électriques, avec près de 3.500 milliards d’euros environ pour la seule industrie française. Personne ne réalise ce que veulent dire ces chiffres démesurés. Vous prenez le parc de voitures françaises, 55 millions d’automobiles, et vous calculez le coût du remplacement sachant qu’une voiture électrique coûte environ 30.000 euros en moyenne. Certains disent 20.000 d’autre 40.000. Là n’est pas l’important. Le budget à prévoir est colossal : entre 1.500 et 2.000 milliards d’euros. Nous en sommes alors à 5.000 milliards d’euros minimum. Mais maintenant voilà qu’il faut fournir avec des éoliennes l’énergie obtenue jusqu’ici par 50 milliards de litres d’essence consommés chaque année.  Sachant qu’un litre d’essence fournit l’équivalent de 10 kw/h et que l’éolien perd la moitié de l’électricité produite entre l’éolienne et le moteur, Il faut libérer l’équivalent de 5O x2 x10 milliards de kw/h éolien par an, soit 1000 milliards de KW/h. Sachant qu’une éolienne de 1 KW fournit en moyenne chaque année 2000 Kw/h, on obtient facilement la puissance en KW d’éoliennes à installer : 1 000 000 000 / 2000 = 500.000 KW. Sachant que la majorité des éoliennes installées proposent entre 1 et 3 KW, disons en moyenne 2 KW, il faudrait 250.000 éoliennes en France (contre 9 000 actuellement). Rappelons que le coût d’une éolienne est entre 1,4 et 1,6 million d'euros le MW. Il faut ajouter le coût du raccordement au réseau, les moyens de stockage de l'électricité produite, son transport sur le lieu de consommation et les points de rechargement. Un poste de recharge rapide coûte actuellement près de 40.000 euros. Il en faudrait des millions pour que les 55 millions de véhicules puissent avoir toujours l’énergie nécessaire partout où nécessaire. 

Vous voyez se dessiner des budgets colossaux, de l’ordre de cinq à six mille milliards d’euros pour la France, soit cinq ans de valeur ajoutée des entreprises françaises, à dépenser en 13 ans (d’ici à 2035 !).

Si vous généralisez à l’Europe, vous aboutissez à des chiffres supérieurs à 24 000 milliards d’euros, en plus de la conversion du parc industriel, et 2.500.000 éoliennes !  En imposant des limitations drastiques de circulation et en espérant des gains de productivité important, on aboutit à un minimum de 12.000 milliards d’euros, en plus des 14 milliards de la conversion des usines automobiles !   

Ces chiffres marquent une impossibilité. Si quelqu’un croit que les Français vont sacrifier la moitié de leur consommation ou de leur revenu pour convertir l’automobile à l’énergie éolienne, il va vers quelques déboires. 

Comme les transports représentent 6% de la pollution du CO2, espérons que le coût de la disparition totale de l’énergie thermique d’ici à 2050, soit trente ans, ne soit pas l’équivalent de 16 fois celui des voitures thermiques ! Car sinon bonjour le délire.

Bien sûr ces estimations faites sur un coin de table peuvent être contestées.  Ce que les citoyens doivent exiger de leur gouvernement, et de la Commission européenne, c’est le budget correspondant à l’objectif annoncé d’abord de la suppression des véhicules thermiques d’ici à 2035 et ensuite de la décarbonation totale de l’économie en 2050.  Jusqu’ici aucun chiffre sérieux n’a été produit. Annoncer des politiques sans les chiffrer est une imposture. Si les ordres de grandeurs que nous citons venaient à être confirmés, soyons clairs, cette politique est une folie et elle ne sera jamais menée à bout. Une seconde exigence est d’annoncer les résultats de cette politique en terme réduction de l’élévation de la température globale de la planète. Christian Gérondeau l’a fait dans son livre La religion écologiste, p 128. La décarbonation totale de l’économie française d’ici 2050 permettrait une réduction de température moyenne de 0.0014° et celle de toute l'Europe un gain de 0.004°. Les chiffres d’ici à 2100 seront sans doute meilleurs mais tout aussi dérisoires.

Pour un observateur dépassionné, les coûts extravagants et les résultats dérisoires de la politique de zéro CO2 d’ici 2050 condamne cette politique. Que ceux qui la proposent fournissent leurs propres estimations et la méthode choisie pour y aboutir ! C’est le minimum.

On le voit bien avec le COVID. Quand la politique suivie est abracadabrantesque,  cela finit par des dettes pharamineuses, des dépenses ahurissantes et des atteintes continuelles aux libertés, pour des résultats contraires aux annonces. A quand un « passeCO2 » et une application « stopCO2 » pour portable qui consignera toutes vos dépenses en CO2 ?

Liberté et prospérité sont en danger. Les religions surtout si elles sont politiciennes, mettent toujours la prospérité et les libertés en danger.

En attendant, les dévots de la religion écolo ne sont pas prêts à entendre.  La réponse, murmurée, est toujours : les chiffres sont faux ; ce n’est pas vrai ; quel inconscient ; un « salaud au sens sartrien du terme » ; il n’a pas vu les feux ? Révisionniste et négationniste mais surtout aveugle !

Alors que l'élection présidentielle se rapproche la tentation de capitaliser sur le féminisme et l’écologie s’amplifie. Mélenchon, Hidalgo et les Verts ont démarré l'exercice. Mme Pécresse met en avant sa « sensibilité » féminine et écolo.

Pour Krugman, l’éditorialiste du New York Times, il n’y a pas à sortir de là : la droite est pour le CO2 et que la terre soit cuite, tout en cultivant un machisme débilitant et antiféministe. Tous Trumpiste à droite !

Pour la droite de redressement national, c’est un défi. Un programme de sortie de désastre ne peut ignorer les grands thèmes de la démocratie et de la prospérité et doit donc être très précis en matière de culture WOKE et d’écologie utile. Tout en sachant qu’il existe un noyau fanatique à peu près totalement inconscient des vrais enjeux et qui ne compte pas aller au-delà des approximations vaseuses et des images pieuses. E. Macron s’est déjà calé dans la démagogie pour séduire cette tranche de l’électorat en jouant à la fois sur le féminisme en mettant constamment en exergue les féminicides et en manipulant les exaltées du gouvernement comme Mmes Schiappa et Moreno, tout en prétendant « à la fois » à une écologie « gouvernementale » calée sur l’Europe et avoir cédé à beaucoup de réclamations écologistes (Fessenheim, ND des landes, Convention citoyenne, …). L’extrême droite a, elle, choisi la lutte contre les éoliennes. C’est simple et cela évite de proposer une autre politique.

Les Républicains n’ont rien à gagner à faire du macronisme et du gauchisme au petit pied ni dans le féminisme ni dans l’écologie. Leur seul espoir est de se mettre au-dessus de cette mêlée de nains.nes en refusant les politiques antidémocratiques basées sur les exaltations de genre, de race et de religion et en forçant le pouvoir qui a défini des échéances à sortir de l’ambiguïté en précisant les coûts et les résultats attendus de la politique écolo suivie.

Un candidat solitaire, parti pour un concours de beauté, n’y arrivera pas. La parole doit être élaborée par un collège important de personnalités fortes et portée collectivement, donc par plusieurs porte-parole. 

Bien sûr, il faut tenir compte des sensibilités et des mentalités mais ce que les Français veulent, c’est comprendre quel sera l’effort à faire pour sortir du trou où la France s’est fourrée. Pour cela il faut travailler, travailler, travailler. Et venir avec une stratégie forte et incontestable. Il faut lutter contre l’intolérance et regarder la réalité à la lumière de la raison, assumer la pratique du pragmatisme, défendre la réflexion commune, stimuler le débat intelligent et informé.

Devoir l’affirmer aurait paru étrange il y a encore peu de temps. Il y a bien un affaissement démocratique et intellectuel regrettable en cours.

Devoir le faire en est doublement indispensable.

Didier Dufau  

L'épouvantable article de Jacques Julliard dans le Figaro

Quand le Père Julliard fait le Jacques après avoir joué tant de cartes tronquées depuis 1981

Une des curiosités d’un moment où toutes les frontières s’effondrent en même temps que les idéologies, est le succès de Jacques Julliard dans les journaux de droite, comme en témoigne la page entière consacrée par le Figaro du 16 août à un article de sa plume dénonçant les manifestations « populistes », sous le titre « Au pays de Descartes et du Père Ubu ».

Jacques Julliard est significatif d’un mouvement d’après-guerre qui a vu certains intellectuels catholiques décider que le catholicisme ne devait plus appuyer « les régimes bourgeois » et au contraire se ranger derrière les idéologies marxistes. Le « christo-coco » et la « théologie de la libération » sont les deux enfants informes nés de cette ambition. Pour eux, Jésus serait en fait un précurseur de Lénine, le plus révolutionnaire des deux pouvant se discuter. La JOC, le prêtre en usine « partageant la terrible condition ouvrière », la fin de la ritualité historique chrétienne avec Vatican II, la dénonciation du capitalisme, le soutien des révolutions en Amérique du Sud, la repentance perpétuelle des nations occidentales, ont formé le cadre de la quasi-disparition de la religion chrétienne en France, déconsidérée et marginalisée en moins de 70 ans. Le soutien massif à Mitterrand et au programme commun de gouvernement, la fusion avec les protestants de gauche, de Rocard à Jospin, la critique perpétuelle de la droite infâme, ont fait de cette mouvance, le complice absolu de toutes les erreurs qui ont mis la France là où elle est : en voie d’être ruinée et définitivement déclassée.

Au lieu de faire pénitence, les intellectuels de gauche catholiques croient toujours pouvoir faire la leçon aux autres et notamment aux victimes des politiques socialistes.

Article de foi numéro 1 : il n’y a de bonnes manifestations de masse que de gauche. Une manifestation qui ne l’est pas est préfasciste ou fasciste (sic). Quand la CGT casse, occupe, empêche, fraude, agresse, c’est bien ! Même quand c’est totalement illégal ! C’est pour la bonne cause. Même quand cela empêche de réformer intelligemment des institutions en difficulté mais noyautées depuis longtemps. La SNCF a été ruinée par l’impossibilité de réduire pendant 40 ans un excédent de 300 000 salariés lié à l’électrification, accumulant milliard après milliard de pertes. Idem pour Air France, ruinée radicalement par ses pilotes syndicalisés. Le statut de la fonction publique, les 35 heures et la retraite à soixante ans étaient des erreurs funestes qui ont détruit la compétitivité française et entraîné le pays dans la surfiscalisation et la dette intolérable. Aucun problème !

Article de foi numéro 2 : il y a un bon et un mauvais peuple. L’infaillibilité du peuple n’a pas de fondement rationnel (re sic). Il n’est souverain que lorsqu’il est éclairé. Sinon ce n’est qu’une populace. Qui l’éclaire ? Évidemment ceux qui prêchent le bien et seuls le socialisme et le christianisme de gauche prêchent le bien. Il suffit de voir où nous mène la « cancel culture » folle du post-gauchisme américain pour s’en convaincre… Haines multiples et piloris des chevaliers du bien, on connaît cela chez les catholiques depuis Savonarole. Mais cela ne trouble pas la gauche chrétienne format Julliard.

Article de foi n° 3 : Les gilets jaunes sont une horreur incompréhensible, mélange d'anticapitaliste pré marxistes (l'erreur absolue) et de populistes ravagés. Il s’agit d’un ramassis d’imbéciles (re re sic) (belle citation de Bernanos, penseur Chrétien qui sert à l’occasion, qui déclare que « l’expérience accumulée par les imbéciles pèse d’un poids immense sur le monde »). Nous voilà bien avancés. Que des gens qui subissent depuis quarante la stagnation de leur revenu du fait des politiques socialistes voulues et soutenues par M. Julliard se rebellent contre la perspective d’une pauvreté dramatique est inacceptable pour M. Julliard. S’ils ont été ruinés ou menacés de l’être, c’est pour leur bien.

Article de foi n° 4 : Si les manifestants sont fascistes, ils ne le savent pas. Heureusement M. Julliard est là pour les informer de leur état navrant, de leur magma intellectuel, de leur irrationalité narcissique et consumériste. Imaginez un peu : ils haïssent M. Macron qui les prend pour ce qu’ils sont. C’est une preuve cela !

Article de foi numéro 5 : quand on se drape dans le drapeau français, on lui donne « des couleurs louches, sectaires et comme factieuses » (re  re sic). Quand on se drapait dans les couleurs du drapeau rouge soviétique rien n’était louche, sectaire ou factieux. C’est bien connu. Pauvres imbéciles de Dupont-Lajoie à béret et baguette de pain, intériorisez votre ignominie et vos penchants pour la régression dans les eaux boueuses du nazisme, de l’antisémitisme, de l’anti scientifisme, de l’anti tout nauséabond ! Alors que vouloir le paradis sur terre avec 150 millions de massacrés à la clef était évidemment  compréhensible car bien intentionné.

Article de foi numéro 6 : la cause de nos malheurs vient des idées des « pédagogos » qui ont détruit la sainte école de la République et laissé la place aux « Pères UBU ». Comme si cette destruction n’avait pas été menée au nom de la destruction de la « bourgeoisie ignoble » et auto reproductrice et de la « vraie et réelle émancipation » par des intellectuels de gauche ! C’est qu’il fallait casser déjà les plafonds de verre, une activité qui laisse pas mal de scories blessantes sur le sol. Ajouter les guerres de genre, promues à l’école par la gauche néomaccarthyste américaine, avec écriture et cours d’école genrées, et nous voilà en pleine gloire de gauche. Il est bien temps de pleurer les conséquences de ce que l’on a adoré, M. Julliard !

Article de foi n° 7 : La laïcité, la République et la nation sont passées à droite pour leur plus grand malheur. La droite salit ce qu’elle touche. Y compris la sainte Raison, que la droite utilise « comme une poule qui aurait trouvé un couteau »(re re re sic). C’est que les Saints ontologiques que sont les Chrétiens de gauche ont perdu leur monopole nécessaire du fait des errements gauchistes. Du coup le bien repris par la droite est le mal, à coup sûr !

Article de foi n° 8 : la pensée politique se résume en France au mariage baroque de « l’abstraction sociologique et de l’anecdote médiatique, sous le contrôle des animateurs télévisuels ». C’est vrai que le potage est peu goûteux. Mais qui a peuplé l’université et les médias de cette gauche bizarre, sinon les socialistes avec Mitterrand, puis Jospin, puis Hollande ? La pensée dominante à l'université, à l’école, et dans les médias est clairement socialiste, de façon écrasante. La droite n’y est pour exactement rien. Elle a seulement réussi à faire un trou minuscule dans le monopole de gauche avec Cnews et Zemmour.

Article de foi n° 9 : « Il y a en France deux urgences, la lutte contre le réchauffement climatique et la lutte contre la glaciation intellectuelle ». Le gauchisme écologique est l’exemple même d’une folie marquée par la glaciation intellectuelle. Mais Julliard n’en a cure. Dommage car Il faut lutter contre la gauche politique pour sortir à la fois de l’ignominie intellectuelle de l’ultra gauchisme néomaccarthyste des Verts et de l’autodestruction économique qu’ils promeuvent. La gauche socialiste ne pense qu’à s’y allier ou s’y rallier.

Article de foi n° 10 : « Il y a pire que l’anarchisme prolétarien de l’extrême gauche, c’est l’anarchisme petit-bourgeois, un libéralisme d’enfants gâtés ». C’est que ces imbéciles de manifestants à gilets jaunes ou non, sont des enfants gâtés malséants. Observez bien les femmes retraitées en pension de réversion à 500 euros par mois qui manifestaient sur les ronds-points ! Des gâtées pourries si on les compare aux petits pauvres des tiers-mondes ! Des abruties « tombées dans les guets-apens du spontanéisme » (re re re re sic).

Quelle conclusion tirer de cette protestation énervée contre les conséquences de ce que Jacques Julliard a toujours soutenu et qui en marque la faillite définitive ? On aurait préféré une confession du genre : « Cela fait maintenant 60 ans que je me trompe et que je trompe ceux qui me lisent. Voilà mes erreurs. Voici ma repentance. Seigneur, pardonnez une si longue offense ! Je n’ai rien compris. Et ne me laissez pas abandonné au milieu de mes ruines ». Au lieu de cela, il cherche la « voix » qui saura parler au peuple pour affirmer les vérités qu’il a toujours soutenues et le convaincre enfin, puisque lui et ses amis chrétiens socialistes en ont été incapables, car il en est sûr, elles résonnent en chacun de nous avec une force surnaturelle. Pour lui « their is no alternative » : La renaissance française passe par les idées et les alliances qui ont flanqué le pays par terre pourvu qu’elles soient fécondées par la charité chrétienne et un socialisme renouvelé !

Et il faut continuer à ne parler d’aucune des réalités qui fâchent : l’immigration débridée, les musulmans irrédentistes et éventuellement terroristes, l’effondrement de la natalité proprement française, la stagnation économique initiée par le programme commun de gouvernement, la folie de la fiscalité spoliatrice et de l’endettement incontrolable, le chômage de masse et la perte de compétitivité internationale, la perte de démocratie par la confiscation du pouvoir familialement par la haute fonction publique en lien avec le syndicalisme d’état, la création d’une énorme bureaucratie protégée et constamment alimentée, l’insécurité généralisée et les risques de guerre civile, l’affaiblissement de l’état par le déshabillage régalien voulu par l’Union Européenne et assurée par le débridage du gouvernement des juges, et finalement la soumission aux États-Unis qui nous exporte ses conceptions si largement anti françaises, si remarquablement efficaces en Afghanistan, et si proches du Klux Klux Klan avec ses théories « woke ».

La gestion exécrable d’un jeune président à la psychologie problématique, incapable de sentir la nation, inapte à toute compassion réelle, uniquement préoccupée par son narratif narcissique et électoraliste, incapable de rien faire de sérieux sinon servir à chacun ce qu’il veut entendre pour pouvoir asséner « j’ai fait tout bien et personne n’a fait plus pour vous » à toutes les catégories électoralement utiles, quitte à assommer la nation, est une dimension essentielle des manifestations actuelles. Il est probable qu’elles dureront tant qu’il sera au pouvoir. Il faut qu’il parte.

Le désastre de l'alliance entre PS et Verts évident partout où cette alliance a réussi à s’implanter en France et notamment à Paris où Hidalgo commet la destruction implacable de la Ville Lumière et signe un assassinat urbain unique dans l’histoire  depuis Néron et probablement irréparable, exclut toute nouvelle alliance entre chrétiens tentés par la gauche  et un socialisme qui de toute façon ne s’intéresse plus aux classes populaires et a perdu leur soutien. Unir Dieu avec le vide ? Mauriac revient, Julliard est devenu fou !

La droite RN est incapable de gouverner et les petites excroissances politiques qui sont nées sur le fumier socialiste et macroniste ne présentent aucune solution.

Si l’esprit sain doit souffler, qui reprend l’idée d‘un progrès en tout domaine au profit de la patrie, de la nation, de son autorité, de sa puissance, de sa prospérité, de ses libertés, il ne peut venir que d’une coalition massive de centre droit, qui libère la France de tout ce qui l’a déclassée depuis Giscard et Mitterrand, avec la complicité agissante des centristes, des chrétiens ralliés au socialisme, de la cupidité des familles qui ont profité du mitterrandisme pour s’infiltrer partout et tenir tout ce qui compte, comme on le voit dans le domaine sanitaire depuis l’affaire du Covid.

La menace aujourd’hui portent sur deux valeurs capitales : la prospérité, seule moyen du progrès social, et la liberté, seule particularité indissolublement française. La gauche unie à l’extrémisme gauchiste et au socialo centrisme européiste, a réduit les libertés et anéanti la prospérité. Elle est disqualifiée à jamais et il n’y a rien à en espérer sinon pire. Une droite purement conservatrice et se tournant vers des mouvements à dimension « ratichonne », tout en courant derrière toutes les catégories mécontentes, n’a rien à dire de concret. L’échec aux Européennes a été très démonstratif.

Ce qui s’annonce est obligatoirement un mouvement de salut public, ancré dans la passion nationale française, dans la forme républicaine et dans l’esprit démocratique, décidé à la survie de la nation et capable de sortir de l’impuissance, mais sans rupture avec les grandes idées qui éclairent sa course depuis la renaissance, sans remettre en cause la coopération diplomatique européenne et mondiale mais en veillant à brider les forces qui tentent de détruire ou d’affaiblir la nation.

De durs combats sont à prévoir contre l’esprit de conquête musulman, incompatible avec ce qui fait la France, contre l’envahissement du pays par des hordes d’immigrés non souhaités et qui ne respectent pas nos lois et coutumes, contre les dérives qui se généralisent de la « cancel culture », contre une écologie radicale, inefficace et ruineuse, contre diverses déviations judiciaristes qui ont déshabillé la chaîne pénale et rendu inopérante le respect des lois et de la paix civile, contre l’européisme substitutif de la souveraineté française, contre le mondialisme déséquilibré des échanges et les systèmes monétaires dysfonctionnels, contre les forces qui tuent la productivité française, contre une haute fonction publique qui a confisqué la démocratie et entraîné l’Etat dans une bureaucratie inefficace et coûteuse,

Ce ne peut pas être un combat populiste parce qu’à chaque fois ce sont des valeurs supérieures qui doivent être restaurées. Ce ne peut être un combat de petits clans car il faut définir une politique souhaitée par la majorité des Français. Le succès suppose une très large adhésion et doit restaurer la confiance dans un succès possible. L’espérance n’est jamais rance. Mais elle doit être éclairée par le débat inlassable et la volonté de convaincre. Et pour cela il faut non pas un concours de beauté entre des candidats saisis par l’ambition individuelle du « destin national », mais un groupement des forces vives de la nation et la formulation d’un programme dense et décisif de salut public.

Un Jacques Julliard régénéré par la reconnaissance de ses erreurs et une contrition sincère pourrait contribuer positivement à cet effort. Les voies du seigneur ne sont pas toujours aussi impénétrables qu’on pourrait le croire !

Les limites du discours d’Éric Zemmour et les risques d’une candidature présidentielle

Dans le climat totalement fermé et délétère des médias officiels, notamment radiodiffusés et télévisés, qui touchent l’essentiel de la population, serinant à longueur de temps des éléments de langage et des appréciations stéréotypées, nourris par le « politiquement correct » dominant du moment, la parole d’un dissident aussi combatif, construit et instruit qu’Éric Zemmour était indispensable pour mieux respirer l’air de la liberté de parole en France.

Il s’est fait connaître d’un plus grand public dans une émission du samedi soir pilotée par Laurent Ruquier, en taclant régulièrement le langage politiquement correct assez baveux des vedettes du showbiz venant faire leur promo et s’agenouillant devant les icônes de la pensée conforme de gauche ou d’extrême gauche tout en marquant leur dégoût, voire en vomissant carrément, ceux qui ne l’étaient pas assez à leurs yeux, sous les applaudissements d’un public formaté. Du coup les vedettes étaient déstabilisées et ne savaient trop quelle attitude prendre : s’engager dans une polémique n’est pas bon pour l’image, sauf pour quelques forcenés qui tenaient à associer leur image à un fort engagement militant extrémiste à gauche. Comme beaucoup de ces vedettes étaient devenues très riches grâce à leur succès, le contraste entre leur position et leur propos leur donnait une image d’hypocrites de belle dimension.

Les spectateurs ont ainsi découvert une manière de pensée l’actualité qui leur était masquée depuis des lustres, ou travestie par la « réductio ad hitlérum » bien connue, et cela a donné Zemmour et Naulleau, puis l’heure Zemmour sur Cnews qui a permis au journaliste de développer des analyses sur l’actualité qui challengeait sérieusement et en profondeur la pensée dominante charriée par les médias officiels, envahis par les journalistes de gauche après la prise de pouvoir de Mitterrand, et les médias de gauche, papier ou télévisés. Le succès de Cnews a montré que ce courant d’air frais intellectuel était apprécié par une partie notable des Français et nécessaire pour prendre la mesure des phénomènes contemporains.

Éric Zemmour a développé de nombreuses contre-attaques contre des idées dominantes branlantes en fustigeant tel ou tel aspect de :

-        La décentralisation, contraire à l’esprit et à l’histoire française et inutilement coûteuse

-        Du clientélisme phénoménal des collectivités locales

-        De l’obsession féministe

-        Des conséquences négatives de la perte de souveraineté française

-        Des dérives de l’immigration

-        Du danger musulman menant mondialement depuis Khomenei une guerre ouverte contre l’Occident

-        De l’européisme délirant rendant impuissant les institutions françaises

-        Du néolibéralisme ambiant et du libre-échange devenu religion tuant le prolétariat français.

-        Du gouvernement des juges

-        De la trahison de la droite devenue totalement adepte d’un centrisme mou avec Chirac et Juppé.

-        L’abandon de la culture française

Si on synthétise : la France est une exception magnifique, façonnée par les rois et la République, dont la culture exceptionnelle s'est magnifiée par une langue superbe sur des bases chrétiennes et gréco-romaines, qui vaut par son Etat, qui tient ensemble un peuple disparate, rassemblé par l’énergie centralisatrice des meilleurs dirigeants, et sa civilisation, son art, son influence et son esprit. L’Angleterre a réussi constamment à l’amoindrir, d’abord avec le drame de Waterloo, puis en jouant la France contre l’Allemagne et réciproquement. De Gaulle a été un dernier effort de consolider la civilisation française mais tout a été abandonné par la suite. Si elle ne fait pas un énorme effort de sursaut, la France disparaîtra noyée sous l’immigration, l’impuissance, la colonisation culturelle, militaire et économique des Américains, le transfert de ses productions vers les pays à bas salaires, le triomphe LGBT, la perte de la langue et la disparition du pays devenu une somme de territoires sans culture propre, ambition possible ou rôle utile.

Pour Éric Zemmour, la France est en crise démocratique, en crise de souveraineté, en crise d’identité, en crise démographique, en crise sociale, en crise culturelle, en crise économique et finalement en crise sanitaire les mains vides. Le peuple n’a plus son mot à dire, se détourne d’élites qui ont trahi la France, s’irrite contre le grand remplacement, ne supporte plus la délinquance et les crimes en expansion constante et se détourne d’une politique tenue par les femmes et les mouvances LGBT dans lesquelles il ne se reconnaît pas.

Emmanuel Macron représente l’union des bourgeoisies contre le peuple, et assure la protection du veau d’or, l'important pour cette bourgeoisie étant comme d’habitude de sauver le capital au mépris de tous les autres, en empêchant l’état de jouer son rôle d’arbitre, de même que les Rois jouaient le peuple contre l’aristocratie et les juges. Il cautionne la transition vers un pays zombie où seules les révoltes sont possibles, apaisées par les injections de monnaie par la banque centrale européenne.

Dans cette pensée très construite, la partie qui est criminalisée est la dénonciation de l’irrédentisme religieux et social des musulmans, basée sur une analyse du Coran comme religion totalitaire et violente touchant non seulement l’intime mais aussi la vie sociale et incapable de s’insérer dans la civilisation française. Lorsque les musulmans deviennent quantitativement majoritaires ils asservissent tout ce qui n’est pas musulman, et les guerres religieuses entre factions religieuses fondamentalistes ne peuvent être contrôlées que par une extrême violence. Il n’y a donc pas de différence entre islam et islamisme. L’islam est un islamisme qui demande à ses adeptes d’exercer quand ils le peuvent une violence, éventuellement exterminatrice contre les incroyants. En laissant l’immigration musulmane détenir une part croissante de la population, la France signe son arrêt de mort. En « essentialisant » ainsi les Musulmans, Éric Zemmour tomberait sous le coup de la loi, car il provoquerait une incitation à la haine religieuse et raciste. Ce à quoi il réplique : les lois structurellement liberticides ont en plus l’inconvénient d’interdire l’avertissement sur les risques pris par la nation. En refusant que la population française traditionnelle soit submergée par une population importée devenue majoritaire et sommée d’importer son modèle social et religieux par des minorités agissantes extrêmement violentes, il montrerait un racisme intolérable qui devrait lui valoir l’exil ou la geôle. Tuons l’oie du Capitole ! Parce qu’il brocarde, et combat avec beaucoup de talent, et l’immigration africaine massive et le féminisme ambiant, et les discriminations positives et la moraline approximative qui coule à grand bouillon dans les veines de la presse politiquement correcte, le voilà habillé en multiphobique réactionnaire, émule d’Hitler, poussant à la guerre des races et des sexes alors que tout va bien Madame la Marquise.

Le comble du paradoxe est que Zemmour par amour de la France, respect pour son passé et espoir pour son avenir, est amené à prendre ses distances avec la « jurisprudence de la Shoah », qui a conduit à vider toute l'histoire de la seconde guerre mondiale pour n’en faire qu’un discours sur l'extermination des juifs, qui a criminalisé les autorités françaises de Pétain et l’histoire française de façon injuste et « diabolisante », et produit toutes les lois et les habitudes de pensée qui ont été récupérées par les minorités agissantes et notamment l’islamo gauchisme. Il s’inscrit dans le mouvement de rupture entre les mouvements et intellectuels juifs avec le socialisme et le gauchisme. La rupture est dans le constat que la gauche extrême et ce qui reste de socialistes considèrent désormais les Musulmans comme les Juifs du moment, qu’Israël est un état fasciste comme les autres et doit être condamné ou même détruit, qu’elle refuse de voir que l’antisémitisme en France est d’abord le fait de l’immigration musulmane massive qui les déloge et les tue en France, au détail en attendant mieux. Sur ces sujets, il n’y a pas une feuille de cigarette entre les positions d’Éric Zemmour et celles de Gilles-William Goldnadel, Elisabeth Levy ou Alain Finkielkraut. Tout le monde juif est parfaitement conscient qu’il a un double effet de retour de bâton après les excès qui ont entouré la Shoah, que d’autres minorités voudraient bien reprendre à leur compte, et de perte de sécurité en France du fait de l’immigration musulmane massive et sa haine massive contre Israël.

Le Zemmourisme a atteint, avec le moyen qu’on lui a donné de commenter l'actualité longuement sur Cnews tous les jours, le plus haut de sa trajectoire en juin 2021. Le mouvement depuis décline un peu. Il n’y a plus de surprise et beaucoup de rabâchage. La tentation présidentielle qui s’est saisie du chroniqueur marque à la fois la dilatation extrême et le plus grand risque d’une trajectoire qui risque de devenir problématique.

Pourquoi ? Parce qu’Éric Zemmour fait une erreur gigantesque dans le domaine économique et social qui ne lui est pas familier. Sa théorie l’union des bourgeoisies contre le peuple ne mène à aucune politique sérieuse car elle est fausse.

Éric Zemmour n’a pas de théorie explicative des crises à répétition qui secouent le monde depuis 1971. C’est la domination des Américains, et pas les bourgeoisies françaises, qui a imposé les changes flottants, puis l’entrée de la Chine dans l’OMC. Ce sont les européistes façon Giscard et d’abord Mitterrand qui ont imposé l’Euro, et qui ont laissé l’Europe garantir le libre accès du monde entier dans l’espace de l’Union. Ce sont les hauts fonctionnaires français qui ont ajouté le pouvoir politique à leur pouvoir administratif et judiciaire, qui ont géré la dessaisie de la souveraineté de la France.

C’est Mitterrand qui a cassé la croissance française avec le programme commun de la gauche, pas « l’union des bourgeoisies » si un tel zombie existe. C’est Jospin avec les 35 heures qui a provoqué le désarroi économique de la France alors que l’Allemagne faisait la politique inverse et rendu l’Euro détestable pour les Français.

Il est parfaitement exact qu’une toute petite minorité de riches bourgeois, ou de nouveaux riches, comme on voudra, s’est liguée avec l’énarchie triomphante pour former un noyau bien décidé à défendre leur bout de gras. Il y a une frange de boursicoteurs et d’entrepreneurs vivant en couple avec l’État, qui tient à conserver leurs petites manies enrichissantes et qui veulent l’Europe, la BCE et la FED pour gonfler le monde de liquidités propices aux gains rapides de spéculation. Mais cela ne fait pas 1 000 personnes.

En unifiant et en « essentialisant » une mythique union des bourgeoisies aux basques de l’opportuniste Macron, Éric Zemmour se détourne des vrais sujets et se met en position d’aborder la course électorale présidentielle sans politique économique sérieuse et en mettant une bonne partie de la droite contre lui. Du coup, il ne devient plus utile puisqu’il sera mécaniquement battu. Il ne lui reste qu’un tout petit espace entre Marine Le Pen qui tient un discours socialisant pour conserver son électorat ouvrier, et le candidat de droite quel qu’il soit. Il fera simplement réélire Macron, en privant une partie de la droite de voix au premier tour.

Ce forfait réalisé, il ne lui restera plus que la retraite qu’on lui souhaite heureuse, et riche de lecture napoléonienne, car il n’aura plus aucun intérêt pour personne. Éric, sauve-toi et, nous avec, en t’abstenant de la mésaventure de trop ! Il voudrait mieux aider la droite à consolider son programme là où ton travail est indiscutable et où les dirigeants de droite sont d’une timidité de rosière.

Les paniques émotionnelles provoquées, fléau d’une civilisation sur-désinformée.

L’avantage de ne pas être un perdreau de l’année, c’est qu’on a vécu des tas d'évènements qui ne sont pas des ouï-dire. Cela permet de relativiser des évolutions contemporaines qui sont vécus par les jeunes comme des nouveautés alors qu’elles ne sont que la répétition de mécanismes mentaux collectifs récurrents à travers l’histoire.

Qui se souvient que de 1947 à 1975, la crainte panique était celle d’une nouvelle glaciation ?

« 15 décembre 1946-10 mars 1947 : hiver très rigoureux96. Il désorganise l’appareil productif au Royaume-Uni (2,3 millions de personnes en chômage technique en février) et fragilise l’économie ».

Si on pardonne cette remarque personnelle, c’est en 1947 que mon père achète un phénoménal meuble chauffant à huile qui permettait de maintenir la température dans la chambre des enfants que nous étions pour que nous ne gelions pas ! Les Allemands ayant volé le charbon et détruit les mines, on manquait de moyen de chauffage.

« Le terrible hiver est le nom donné à une période de trois mois de l'hiver 1950-1951 durant laquelle une série de 649 avalanches a provoqué la mort de plus de 265 personnes dans les Alpes, en Autriche, en Suisse et en Italie ». Wikipédia. L’article de Wikipedia en anglais parle de l’hiver de terreur. https://en.wikipedia.org/wiki/Winter_of_Terror?oldid=609658876

1956 est à nouveau un terrible hiver. « Février 1956, ou le mois le plus froid du XXe siècle, avec un déficit thermique de plus de 10 °C. Deux ans après l'hiver 1954, déjà très dur et marqué par l'appel de l'Abbé Pierre. Entre le 31 janvier et le 28 février 1956, une vague de froid (et de neige) s’abat sur la France et l’Europe, vitrifiant la Côte d’Azur jusqu’à l’Italie et recouvrant la côte Atlantique d’un manteau neigeux ». Bordeaux est paralysé sous la neige et la glace, avec des voitures abandonnées dans les champs de neige que sont devenues les rues. https://www.sudouest.fr/2016/02/19/retour-sur-le-terrible-hiver-1956-dans-le-sud-ouest-2274388-706.php?nic On comptera 147 morts en France. Du 1er au 27 février, les températures descendent largement sous le zéro, atteignant durablement -20 °C à Paris et jusqu’à -35 °C en Corrèze. La neige atteint 1,20 m en Normandie et 50 cm dans le Var. La moitié des cultures sont détruites.

1 954 est marquée par un hiver très froid et l’appel de l’Abbé Groués, dit abbé Pierre. "Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée… []Chaque nuit, ils sont plus de deux mille recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d'un presque nu. []La météo annonce un mois de gelées terribles ». Le gel a été la principale explication de l’extraordinaire élan de solidarité qui s’est mis en marche, premier exemple d’un tsunami émotionnel qui fait bouger des millions de personnes qu’on retrouvera avec l’incendie de Notre-Dame de Paris, ou lors du tsunami bien réel qui a terrorisé les touristes potentiels que nous sommes devenus tous devant le contraste terrifiant entre une vague monstrueuse qui allait tout emporter en Thaïlande et l’inconscience de baigneurs qui sourient à la caméra.

Mon père ayant été chargé par le ministère de la Construction de piloter la construction d’une cité d’urgence au Plessis Trevise pour répondre au grand mouvement de solidarité initié par l’abbé Grouès, qui malheureusement avait exigé qu’elle soit construite sur un terrain marneux, en pente et loin de tout transport public mais lui appartenant, j’ai bien connu la suite : pas de candidats pour venir s’installer là ! Un accord pris avec la communauté Rom. La grève des bénévoles lorsque les ROMs sont venus leur demander de se dépêcher et ont refusé d’aider… L’abandon progressif des lieux etc. Lors d’un dîner de dons chez mes parents, le téléphone a soudain sonné vers 10 heures J’ai eu l’honneur de décrocher le téléphone qui était dans la cuisine (à cette époque on ne mettait pas de téléphone dans les salons). C’était Martine Carole, une starlette de l'époque qui exigeait qu’on lui passe « le Saint » qui avait laissé ce numéro pour l'appeler. Le départ brusqué du solide et sensuel abbé pour rejoindre « le sein » a fait rire un peu jaune sur le coup les riches donateurs présents.

Comme lors du tsunami thaïlandais, les sommes reçues dépassaient les besoins et on ne savait pas trop quoi en faire. Le mythe créé par l’Abbé Pierre est encore aujourd’hui enseigné à l’école et on vote des lois sur le droit au logement en se cachant sous le béret de l’abbé. L’émotion de 54 est encore exploitée aujourd’hui !

En 1958 SOS météores, une BD de Black et Mortiner, s’ouvre sur une série de manchette de journaux annonçant les pires catastrophes climatiques avec une glaciation dramatique, « des inondations en Allemagne », un héros qui espère que la neige ne l'empêchera pas de faire les dix kilomètres qui le séparent de son rendez-vous !

En 1961 il gelait en septembre à Beaune en Bourgogne. Les journaux locaux craignaient pour l’avenir des vignes.

« Les grands froids de l'hiver 1962 – 1963, eux, sont les plus longs depuis la fin du XIXe siècle en Europe et les plus rigoureux après ceux de 56 ».

Et cela continue jusqu’en 1973 où Time magazine sur sa couverture du 3 décembre annonce The Big Freeze. La grande glaciation !

Cela veut dire que les trente glorieuses ont été vécues comme une période de refroidissement terrible alors que les émissions de CO2 n’ont jamais été aussi massives. Sur ce blog un correspondant nous reprochait de parler de croissance car « les Trente Glorieuses avaient tué le climat et probablement la vie sur terre ». Ce jeune homme, probablement un « millenial » ne savait rien de l'opinion dominante de cette époque où l’on croyait que la bombe atomique avait déréglé le climat. À l’époque les « scientifiques » parlaient de grandes glaciations à venir ! Giscard en imposant les centrales atomiques à grande échelle voulait que les appartements soient chauffés à l’électricité pour faire face au froid en toutes circonstances !

Tout cela va durer jusqu’en 1976 où l’Europe entière jaunit sous la sécheresse. Là un certain tournant est pris dans les ONG antinucléaires. Elles veulent contrer cette idée diabolique que le nucléaire pouvait régler le problème du froid. La sécheresse leur offre le moyen de dénoncer « un argument spécieux ».

Pas de chance. Lors de l’hiver 1978-1979 « une vague de froid arrive brutalement fin décembre. La France connaît la plus grande panne d’électricité de son histoire. La nuit de la Saint Sylvestre transforme la région parisienne en patinoire et la neige atteint 30 cm à Auxerre ». Cela ne s’arrêtera pas là. « 1985 : Coup de froid très sévère entre le 3 et le 17 janvier. Il fait -15 °C en moyenne, -41 °C dans le Jura. Le 20 janvier, on compte 150 morts ».

Récemment SUD Ouest écrivait : « comme le martèlent notamment les experts du Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat), la tendance est bien au réchauffement depuis 1 850. Et cela s'accélère depuis 1950 ». De 50 à 79, les scientifiques disaient exactement le contraire et soulignaient qu’on avait connu cinq pics de froids hivernaux. Notons au passage que le Giec n’est composé d’aucun scientifique mais de diplomates auprès de l’ONU. On n’y trouve pas plus d’experts que de beurre en branche. Le nom anglais est : Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC). La traduction française est une escroquerie volontaire : Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Sauf qu’il n’y a pas d’experts. Il y avait tellement d’évidence du refroidissement qu’il aurait été vain d’essayer de convaincre les gens que le climat était détraqué dans le sens du réchauffement et nom de la glaciation. Il faudra du temps pour obtenir la grande conversion de l’opinion publique.

Certains commencent à écrire l’histoire de ce grand revirement, qui part de la panique climatique d’une grande glaciation et se termine par la panique du réchauffement incontrôlable tuant à court terme toute vie sur terre. Le rôle de l’ONU et des grandes ONG comme Greenpeace est évident. Le sur-développement des médias joue également un rôle. La canicule de 2003 sera un évènement très fort, du fait du nombre des morts, sur la modification de l’opinion. Des campagnes comme celle qui a créé une panique sur le trou de l’Ozone et l’obligation de supprimer l’émission de gaz détruisant l’ozone, ont créé les conditions d’une adhésion quasi automatique des États devant des oukases venant de l’ONU et des ONG. Plus personne ne parle du trou de l’ozone ! On a supprimé le fréon et autres gaz de ce type, et le trou de l’ozone est toujours là qui s’ouvre et se referme avec une grande constance. Il n'est plus dans l’actualité. On laisse croire que le problème est réglé alors que la réalité ne montre pas une éradication du problème allégué. « Le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique, a battu un record en 2020 ». Mais tout le monde s’en fout. La grande trouille du CO2 s’est substituée à celle du trou de l’ozone. Les mouches médiatiques ont changé d’âne.

Personne ne tente d’expliquer pourquoi la période des Trente glorieuses a été froide, alors que depuis que le taux de croissance mondial s’est ralenti depuis 2008 la période est chaude. La pensée est congelée par deux graphiques : l’un qui montre une hausse rapide et en rupture historique de la température moyenne globale terrestre, si ce concept a un sens, et un autre qui tente de démontrer les corrélations entre CO2 et température. Ensuite mille graphiques tentent de montrer que la hausse de la température moyenne provoquera des conséquences rendant impossible la vie sur terre.

Le tout conclut logiquement à l'obligation de tuer l’économie pour sauver la terre. Mais comme c’est un message impossible à faire passer, on explique qu’une transition est possible vers un nouvel état neutre en carbone, et effaçant les perspectives sinistres, en investissant massivement dans les énergies renouvelables. La moindre estimation montre que le remplacement de toutes les machines utilisant de l’énergie « renouvelable » est politiquement, techniquement et financièrement impossible à l’échelle de la planète. Et que même en cas de succès l’influence climatique serait, au mieux, insignifiante.

La France, pays leader en matière de frugalité en production de CO2, se ruine pour obtenir des résultats qui ne représentent pas le centième des augmentations de production de C02 constatées ailleurs.

Stop ou encore ?

Ce qu’on appelle la transition écologique est en France la pire menace sur la prospérité et la paix sociale. Les paniques émotionnelles intentionnelles, sont bien le fléau d’une civilisation « sur-désinformée ». Gageons que la question ne sera même pas posée lors des prochaines Présidentielles.

Un anniversaire bâclé : la destruction des Accords de Bretton Woods.

Dans un mois exactement, le 15 août, le monde fêtera l’anniversaire de la décision économique la plus néfaste de la seconde partie du XIXe siècle : l’abandon de facto des accords de Bretton Woods qui avaient été conclus 27 ans auparavant. À part Jacques Rueff, personne n’avait perçu la gravité d’une manœuvre qui allait signifier rien de moins que la fin des Trente Glorieuses et pour la France un basculement qui finira par le grand déclassement que la crise sanitaire en cours a rendu évident au plus grand nombre.

Pour ceux que cela intéresse, nous avons traité de cette tragédie dans deux livres, d’abord l’Étrange Désastre* qui retrace la déchéance économique provoquée par l’abandon des disciplines de Bretton Woods, puis dans La Monnaie du Diable* qui fait l’histoire géopolitique de la monnaie de 1919 à 2019. Il nous était apparu lors de conférences que personne ne comprenait la question monétaire et ne se souvenait plus de Bretton Woods. Il faut dire que le seul livre paru en Français sur cette question, écrit par un des participants français, datait des années cinquante. Il ne restait plus dans l’esprit général que quelques simplismes. Au mieux.

Rappelons ici quelques éléments marquants.

Au moment où l’issue d’une guerre mondiale terrifiante paraissait désormais inéluctable, l’effondrement des forces de l’Axe étant manifeste partout, une négociation s’est conclue qui avait commencé… en juin 1940 entre Britanniques et Américains. Tout le monde a oublié qu'après l’effondrement militaire de mai quarante, l’Allemagne a proposé ses conditions de paix et d’organisation monétaire de l’Europe, Hitler cherchant à terminer la guerre à l’ouest par un accord honorable avec le Royaume-Uni. Le plan Funk, avec ses variantes dues à Goering et quelques autres pouvoirs dissidents (le régime nazi était loin d’être monolithique et les factions en guerre intestine presque tout le temps), mettait en place deux organisations parallèles : l’Europe, selon des schémas qui ressemblent beaucoup à ce qui sera mis en place plus tard, et un système monétaire européen basé sur une monnaie pivot, évidemment le Reichsmark et un système de compensation très proche du système actuel.

J.-M. Keynes, sollicité de trouver des arguments pour contrer la propagande autour du plan Funk, surprendra ses commanditaires en expliquant que les principes du plan allemand (la compensation) étaient formidables, même si les modalités étaient malhonnêtes (les nazis ayant la volonté de ne jamais solder ses positions déficitaires) et qu’il fallait qu’il soit pris en compte par les bientôt alliés ! Churchill impose, de peu, la poursuite d’une guerre totale « jusqu’à la victoire », même en cas d’envahissement du territoire anglais, mais doit rapidement obtenir des fonds car il n’a pas les ressources pour poursuivre la guerre seule. Pendant quatre ans, les questions financières cruciales immédiates mais aussi l’organisation future du système monétaire feront l’objet de débats et de discussions plus ou moins houleuses. Les pays alliés et la France combattante y seront associés. Après le débarquement réussi en Normandie à l'ouest, l’effondrement allemand face à l’opération Bagration à l’est, les reculs définitifs du Japon en Extrême-Orient, Roosevelt, qui lance sa dernière campagne électorale, sent le besoin d’un grand succès diplomatique et organise la conférence dit de Bretton Woods, un grand hôtel dans la fraîcheur des montagnes proches de New York. L’endroit a été choisi pour permettre à J. M. Keynes de participer (il souffre de problèmes péri cardiaques aujourd’hui bénins grâce aux antibiotiques mais insolubles à l’époque).

La conférence cherche à résoudre deux difficultés : ne pas recommencer les erreurs commises à la fin de la guerre de 14-18 qui conduiront d’un côté aux troubles allemands (la grande inflation, l’arrivée des nazis) et Japonais (l’étranglement pétrolier) et aux deux guerres de revanche, et de l’autre à la crise de 1929 et ses suites. Première idée, développée par Keynes dans les années vingt, est qu’il ne fallait pas ruiner et maltraiter les pays vaincus, en dépit des immenses pertes qu’ils avaient infligés aux pays vaincus, mais au contraire leur permettre de revenir le plus vite possible dans l’effort productif global. C’était une idée neuve et qui aura les conséquences les plus heureuses pour les deux pays vaincus qui deviendront des mastodontes économiques en contrepartie d’être longtemps des nains diplomatiques.

La seconde idée, toujours fournie par Keynes était la nécessité d’une organisation multilatérale permettant de gérer la coordination des politiques monétaires afin qu’une crise dans un pays ne soit pas amplifiée au point de déboucher sur une crise globale. Des changes fixes mais ajustables raisonnablement, par négociation, l’aide aux pays en difficulté de balance de paiement par des prêts mutualisés, la création de liquidité internationale en cas de crise grave, un organisme de contrôle et d’animation, le Fonds monétaire International, tel était l’idée de manœuvre.

La troisième idée était celle du financement de la reconstruction et des aides financières, avec la création de la banque Mondiale et l’élaboration d’une stratégie d’aides mutualisées pour accélérer le développement.

Tout cela était extrêmement nouveau et a passionné tous les participants qui ont joué le jeu de bonne foi.

La conférence a dérivé assez loin des idées de Keynes lorsqu’il s’est agi de fixer la référence de la base monétaire commune. Le retour à l’étalon or pur était impossible pour une raison élémentaire : tout l’or était aux États-Unis qui n'entendaient pas le voir quitter Fort Knox et qui produisaient à peu près la moitié de la richesse mondiale. On a donc établi un étalon de change-or, où le dollar était l’étalon et l’or l’ancre de l’étalon. Cela voulait dire que les États-Unis assumaient une responsabilité particulière : garantir par sa politique économique globale (interne et externe) le respect de la parité dollar-or. C’était une gageure, car le système donnait aux États-Unis le pouvoir de régler tous ses déficits éventuels de façon indolore dans sa monnaie, et la fourniture de dollars au monde supposait de créer un déficit structurel de la balance des paiements.

Les États-Unis développaient également une autre politique purement personnelle : la disparition des colonies et leur régime protégé, pour obtenir de nouveaux débouchés. Il faudra la décision de Churchill de refuser d'aller à Bretton Woods dans un tel cadre pour que le président des États-Unis renonce à imposer immédiatement la disparition de la préférence impériale britannique.

Les Accords étaient imparfaits. L’aide à la reconstruction s’avérera totalement insuffisante, les monnaies françaises et anglaises s’effondrant radicalement. Du coup, il faudra inventer en urgence le plan Marshall et la Bird se concentrera sur les ex-colonies des pays européens sommés de décoloniser, l’assistance au développement passant des pays colonisateurs aux institutions mondiales. Ce qu’ils feront tous dans les 20 ans suivants la conférence. Surtout, après dix années de redémarrage brillant, le besoin de dollars était moins net, le Japon et l’Allemagne ayant tendance à accumuler les dollars émis généreusement puis de façon irresponsable par les États-Unis. Irresponsable du point de vue de la structure des accords de Bretton Woods qui imposaient de respecter la valeur or du dollar.

Les plans grandioses de réformes intérieures américaines et d’actions extérieures (espace, guerres du Vietnam, « containment » de l’URSS) ont induit une telle cavalerie monétaire que rapidement l’avenir de l'étalon de change-or s’est révélé précaire. On se souvient de la conférence du général de Gaulle, restée célèbre, exigeant le retour à l’étalon or. En fait J. Rueff ne voulait pas le retour aux mécanismes de ce système qui implique que des récessions permettent le retour aux équilibres perdus. Le slogan de Bretton Woods : « non aux récessionnistes » était un mantra généralement partagé, même chez les tenants de l’orthodoxie monétaire passée. Ce qui était demandé, c’est que la référence du système ne soit plus le dollar mais l’or, les États-Unis étant remis sur un pied d’égalité avec les autres nations. Tous les autres principes de Bretton Woods notamment l’existence de règles et l’obligation de les respecter, et, surtout, les mécanismes de compensation et d’aides mutualisées pour éviter les récessions à répétition.

Les Américains ont alors élaboré une réponse nationaliste absurde qui ne pouvait aboutir qu’à des mécomptes : « mes déficits sont de VOTRE responsabilité ». « Moi je fais ce que je veux et c’est à vous de faire les efforts nécessaires pour réduire mes déficits », ce qui est strictement impossible, si la première puissance du monde, détentrice de la monnaie de transaction du monde, lâche les dépenses sans limite. La première page de Time magazine, donnée ci-dessous, traduit assez bien les éléments de langage américain : « vous êtres des vicieux qui cherchaient à me ruiner et à me dépecer comme des rats à casque nazi ». Les Européens tenteront de manipuler le marché de l’or pour que la dévaluation du dollar n’apparaisse pas trop. Mais toutes les béquilles finiront par casser et ce sont les Allemands, las d’importer de l’inflation américaine, qui mettront fin à la mascarade en proposant les changes flottants et en refusant d’appliquer les règles de compensation prévues dans les Accords. La réponse le Nixon sera le refus d’appliquer les engagements que les États Unis avaient pris de repayer en or les dollars accumulés par les autres pays. Tous les créanciers ont été floués. Ils croyaient détenir une créance or, ils se sont retrouvés avec du papier.

Lorsque le Wall Street Journal évoque, dans son numéro du 5 juillet, la fête des « 50 ans de la révolution du système monétaire », il précise qu’elle a été rendue nécessaire « par la concurrence féroce des produits manufacturés du Japon et de l’Allemagne ». Féroce veut dire déloyal naturellement. On ne doute pas que la « révolution » a été bénéfique même si on admet que la flottaison rend les choses un peu instables, complexes et imprévisibles tout en provoquant l’apparition d’une économie baudruche basée sur des gains de casino et les crises bancaires fréquentes, alors qu’elles avaient disparu. C’est que les changes flottants ont permis « de s’adapter rapidement » par exemple aux variations des prix du pétrole ! Prix qui ont explosé après l’introduction des changes flottants et la chute vertigineuse du dollar ! De qui se moque-t-on ? Ils auraient permis de créer de « l’interdépendance » alors qu’on a brisé l’interdépendance structurelle du système de changes précédent, et éviter des guerres (lesquelles ?). Donc Nixon a pris des décisions judicieuses… mais qui montreraient tout de même leurs limites cinquante ans après, parce que tout le monde en a marre du terrorisme monétaire, financier et légal américain. La solution judicieuse serait désormais périmée.

Ce qu’il fallait faire entre 1973 et 1976, c’est une réforme des accords de Bretton Woods qui sauve l’essentiel : les règles de non-déficits et de non-excédents majeurs, la coopération interétatique pour éviter les récessions, la surveillance. Une occasion majeure formidable de créer un système sain et durable a été perdue à cause de l’attitude américaine. L’inconvertibilité temporaire s’est muée en Accords de la Jamaïque, à Kingston, au bord d’une piscine, où le fat Giscard s’est rengorgé en faisant des effets de maillots de bain, un non-système basé sur le chacun pour soi et les changes flottants sous pression américaine, dont les conséquences vont être tout simplement dramatiques.

Dès 1973, le monde connaît une première récession mondiale, « la pire depuis 1929 », et une chute du dollar qui conduit les pays producteurs de pétrole aux actions de cartel que l’on connaît. Mais la crise de 1973 n’a pas été une crise pétrolière. Celle-ci a été une conséquence aggravante. Les énormes déficits et excédents entraînent la création d’une économie financière déconnectée de l’économie générale. La spéculation s’impose partout. Les prêts aventurés massifs finissent toujours par s’effondrer. Les crises financières ne vont plus cesser, avec un épisode sanglant en 1992-1993 une nouvelle fois « la pire depuis 1929 », jusqu’à la grande crise de 2008, qui flanque par terre l’économie occidentale et dont les conséquences se font encore sentir.

Les États-Unis mettre en œuvre quatre politiques :

-        Le TFTEA : C’est une loi Obama qui sera appliquée sans faiblesse par Trump et qui est toujours de bras armé de Biden. Son principe : mes déficits sont nécessairement la faute des pays en excédents et pas de la mienne. Ce sont des ennemis déloyaux qui s’en prennent à la substantifique moelle des États-Unis et qui doivent être châtiés. On en revient à la caricature de Time magazine sur les cloportes qui se nourrissent abusivement sur le dos des Américains.

-        L’encadrement dingue des activités de banques, la suppression d’une partie des paradis fiscaux, les sanctions démesurées imposées par l’extériorisation des lois américaines. L’activité des banques de dépôts et la liberté des déposants se retrouvent totalement ligotées. Mais pas celle des fonds de pension et autres « funds » américains !

-        La remise en cause des principes multilatéraux sur lesquels le monde fonctionnait depuis 1945.

-        L’obligation pour les banques centrales de créer des milliers de milliards de dollars pour compenser les pertes accumulées par le système des changes flottant, avec des taux d’intérêt qui finiront par être négatifs.

C’est dans ce contexte totalement artificiel, injuste, déséquilibré jusqu’à l’absurde et précarisé, que va se produire la crise sanitaire, avec une perte de production surcompensée par la création monétaire des banques centrales, le gonflement dément de l’encours de dettes globales et des conflits latents entre tous les pays et tous les blocs.

Pour aggraver le tout, les Fédéralistes européens, au lieu de créer un pôle de stabilité monétaire basé sur une unité de compte commune et un système de type Bretton Woods, imposent la monnaie unique qui ne permet aucun ajustement sauf à pratiquer des récessions plus ou moins contrôlées, et en dépouillant les nations de toute souveraineté.

Le monde vit donc avec deux systèmes monétaires dysfonctionnels qui imposent des récessions périodiques, tout ce que voulaient éviter les membres de la conférence de Bretton Woods. Les « récessionnistes » sont à la manœuvre, assistés par des explosions de création monétaire des banques centrales. Et le monde n’est plus qu’un champ de combats douteux sur fond de ruine générale du monde occidental.

Ne parlons pas de la France devenue un territoire pour dirigeants lamentables et antinationaux, qui se font filmer avec l’air triomphant parce que Mme Van der Leyen a dit oui à un de leur plan et font semblant de diriger un pays éventré et en pleine déliquescence.

Après la crise financière et la crise sanitaire se présente le délire d’une politique écologique aussi ruineuse que sans effet sur le climat, qui peut achever de mettre le pays à genoux et a le potentiel de créer dans un horizon assez proche une situation à la libanaise.

Face à ces perspectives sinistres, les seules personnes habilitées à parler économie sont Picketty, l’obsédé fiscal maladif, Blanchard, le soumis qui n’a jamais été capable au FMI de faire valoir les méfaits des changes flottants, et Tirole, un prix « Nobel » d’économie qui pense que l’impôt aggravé sur les successions est la solution pour un pays déjà leader mondial des impositions.

Rencontré fortuitement lors de l’enterrement de Gabriel Milesi, Jean Hervé Lorenzi était très content : tout allait bien ! Ce qui sera la tonalité des journées d’Aix en Provence. La BCE crache au bassinet ; l’argent coule à flots pour la haute finance ; l’État peut se goberger dans des dépenses extravagantes ; M. Macron peut faire face à toute contestation en arrosant les clientèles à gros bouillon. La reprise va être majestueuse ! Tout va bien Madame la Marquise. Les propositions faites au terme de ce Davos du pauvre sont d’une indigence rare. Aucune discussion sur les structures dysfonctionnelles de la monnaie et du commerce international. Il faut former la petite enfance, généraliser la garantie jeune (permettant de boucler la gratuité de la vie de la naissance à la mort), alléger les contraintes européennes, coopérer pour la cybersécurité, baisser les impôts sur la production, garantir les placements privés dans l’industrie, augmenter les annuités de cotisation à la retraite mais en étant généreux avec des catégories sensibles, et augmenter les bas salaires. C’est gentil, totalement insignifiant, ruineux pour l’État (pas grave, il y a la BCE, on peut y aller). Et surtout aller franchement vers la neutralité carbone en 2050, sans avoir chiffré le moins du monde ni les coûts de la décarbonation (ce qui devrait être son rôle prioritaire), ni l’efficacité sur la moyenne des températures mondiales. Du politiquement correct total et du politiquement économique insignifiant comme d’habitude. L’important c’est qu’il ait du monde à Aix et que tout le monde reste béat d’optimisme.

Vive la crise en chantant. Avec la destruction de Bretton Woods c’est aussi à la destruction des grands économistes à la française (Jacques Rueff, Maurice Allais, Alfred Sauvy) qu’on a procédé. Tout le monde s’amuse dans les médias à souligner l’extraordinaire baisse du niveau intellectuel des dirigeants français. Pour les économistes officiels français, ce n’est plus une baisse mais un anéantissement.

À moment où la campagne présidentielle s’ouvre, on peut craindre qu’elle soit totalement détournée de sa fonction naturelle : permettre aux électeurs de bien apprécier la situation et d'arbitrer entre les solutions.

C’est dommage. L’anniversaire de la destruction des accords de Bretton Woods offrait pourtant une excellente occasion de faire comprendre au pays pourquoi le PIB par tête se traîne en France fin 2020 au même niveau qu’en 1980 et de lui présenter les axes d’une politique de grand redressement. .

Didier Dufau

 

*Ces deux livres sont disponibles à la librairie en ligne du Cercle « e-toile « à l’adresse https://editions-e-toile.fr/



Emmanuel Macron, la communication, la science et les Français

On connaît à peu près tout désormais de la personnalité d’Emmanuel Macron et du caractère problématique de son état psychique qui présente malheureusement un tableau redouté des psychiatres, car il n’y a aucun traitement. Ils savent que la seule option est de s'écarter du chemin de ce genre de personnages et de les empêcher coûte que coûte de prendre du pouvoir sur la vie des autres. Autant dire que les Français n’auraient pas dû élire M. Macron et ne doivent en aucun cas le réélire.

On a vu pendant cinq ans l’incapacité du personnage à attaquer vraiment les problèmes de fond et, au contraire, sa surcapacité de se comporter en pompier pyromane. Pour lui, la politique c’est exclusivement d’éviter d’être coincé politiquement et de pouvoir répondre à toutes les strates de la société qu’on a fait quelque chose pour elle, et plus que tout autre. Le but est de durer, de se faire réélire en évitant tous les obstacles et en employant toutes les ficelles politiciennes, tout en visant plus haut, pour se rassurer définitivement sur son caractère exceptionnel. On sait maintenant que l’objectif final est de devenir le premier président élu par l’ensemble de l’Europe, quel qu’en soit le prix à payer par la France.

Mais à chaque fois les démons de sa psychologie le conduisent à des choix contre-productifs et à des initiatives oiseuses qui finissent par créer de redoutables réactions et des incendies qu’il faut éteindre.

Constater qu’aucun problème n’est réellement résolu et subir ces inflammations à répétition, telle est la calamité politique imposée au pays. Tout cela a un coût en morts, en dettes, en chômage, en pertes, en folies diverses. Dans son dernier discours, totalement politicien au sens le plus bas du terme, il a employé l’expression : « il faut en finir durablement ! ». Les mots n’ont pas de sens. L’impression seule compte. L’abus du mot « il faut » aura marqué tout le quinquennat. Qui est le « il » ? En général c’est de vous qu’il s’agit ! Vous qui avez le devoir de vous « réinventer » et de commencer une « transition » vers on ne sait quoi. Pas le locuteur qui, lui, est confortablement installé dans l’admonestation. Et chaque discours contredit l’autre ; et chaque action contredit la précédente. Et chaque discours bave dans le flou en permettant toutes les pirouettes. Jamais un regret ; jamais un mea culpa ; jamais un mot de considération sincère. Pas d’affect, pas de scrupules, pas de limites !

On savait dès la parution du livre programme Révolution, si on peut appeler programme cette synthèse bricolée de la démagogie attrape tout, qu’Emmanuel Macron papillonnerait autour de tout en cédant à tout et en ne cherchant que son intérêt personnel. Il ne sent prisonnier d’aucune conviction parce qu’il n’en a aucune. C’est comme cela qu’on se retrouve avec la possibilité d’avorter à neuf mois de grossesse pour convenance personnelle, alors que des milliers de couples sont candidats pour adopter tout enfant à naître que la maman ne se sent pas la force de garder. C’est comme cela qu’il a accumulés pendant deux ans les réunions obsessionnelles pour savoir comment se prémunir contre le bide probable des élections municipales et régionales, qu’il a attrapé le Covid lors de l’une d’entre elle, organisée après le couvre-feu qu’il venait d’instituer pour les autres. Détruire la démocratie, affaiblir la France, ruiner l’Etat, paralyser la production pendant des mois du fait de la révolte du terrain, pour un Emmanuel Macron qui gouverne seul entouré d’un quarteron de hauts fonctionnaires ambitieux et sans plus de scrupules que lui, ce n’est pas un problème. Seule la sauvegarde du narratif et des chances de réélection compte.

Cette geste politique sinistre va devenir particulièrement obscène quand elle s’appliquera aux deux grands malheurs qui impliquent la science : le réchauffement climatique et le Sars-Cov-2. Dans les deux cas les conséquences sont particulièrement fâcheuses et problématiques, pas tant du fait des réalités constatées mais des politiques mises en œuvre, en instrumentalisant « la science » de façon telle que le crédit des scientifiques s’en est trouvé fort compromis, et les libertés publiques atrophiées dans des proportions jusque-là inimaginables.

La médecine a toujours été terre de discussions et de controverses. Son organisation publique a été variable et souvent difficile. Depuis les antibiotiques et la cortisone, elle a enfin connu une efficacité remarquable et aidée par les techniques d’observation et d’analyses, elle a permis, pendant la phase d’accroissement massif des ressources qu’ont été les Trente Glorieuses, des progrès fulgurants et mieux appliqués. Depuis 1980, la stagnation économique, la bureaucratisation et la mainmise de clans mitterrandistes, souvent familiaux, se sont conjuguées en France pour freiner les avancées. L’argent des grands laboratoires a commencé à faire des ravages avec l’affaire du SIDA puis de la panique du H1N1. La pandémie de Sars-Cov-2, créée en Chine, a mis tout le système occidental sous pression, le spectacle médiatique des confinements spectaculaires de la Chine se cumulant avec la difficulté technique de faire face à l’infection, alors qu’on ne croyait plus possible ces phénomènes. Ajoutons, en France, le précédent du sang contaminé et l’incrimination des politiques, qui a créé un climat de crainte de poursuites judiciaires qui a pesé sur les personnalités politiques chargées de faire face à l’épidémie, à l’exception du Président dont l’immunité est garantie par les textes.

La phase 1 de l'épidémie a été marquée par la panique, l’imitation de la solution chinoise et le jeu de Gilead, qui influence de façon systémique une part notable de l'INSERM, de l’AP-HP et des médecins depuis l’affaire du sida. On réunit un Comité scientifique de composition contestable qui sera constamment instrumentalisé. Son biais en faveur de Gilead et du Remdevisir a été caricatural, à l’instar de tous les professionnels anglo-saxons et donc des spécialistes de la Commission de Bruxelles, au point d’interdire la mise en place de solutions de traitement alternatives et finalement d’acheter à l’échelon européen des millions de doses pour près de 2 milliards d’euros. Le traitement au Remdevisir était déjà considéré comme totalement inefficace et dangereux dès mars 2020 et l'achat a eu lieu dans le creux de l’été quelques jours avant que l’OMS le déconseille officiellement. En même temps on paniquait la population par des déclarations quotidiennes du nombre d’hospitalisations et de morts. Pas de vraie science donc mais de grossières manipulations de l’opinion accompagnées par un enfermement moyenâgeux alimenté par la peur.

Curieusement la main passe au premier ministre et élimine Macron du jeu. Il essaie de survivre par une communication oiseuse qui finira par indisposer et se retourner contre lui. Faire des phrases creuses en temps de panique nuit gravement à sa réputation et réactive ses doutes sur l’idée qu’il se fait de son hypothétique supériorité. Il ne voudra plus jamais connaître cette mésaventure traumatique. Il vire donc Edouard Philippe qui a fait le sale boulot avec une inefficacité qui confine à l’exploit mais qui montera dans les sondages au fur et à mesure que les bruits de son éviction s’amplifieront. Son remplaçant est choisi pour son absence totale de charisme. Il ne fera plus d’ombre. Et il se débarrasse du couple compromettant Buzyn-Lévy, au profit d’un jeune incapable mitterrandiste, grande gueule, ambitieux, docile et prêt à tout.

Les six mois suivants porteront la marque d’une hubris macronienne totalement délirante, culminant avec l’affaire libanaise, la décapitation de l’enseignant Paty, le plan de relance européen où la France s'auto piège, et la reprise de la pandémie avec le second variant qui impose de reprendre la politique de contrainte mais sans enfermement et seulement des couvre-feux. On passera en peu de mois des 32 000 morts de la première phase à 70 000. Mais il y a longtemps qu’on n’annonce plus les chiffres tous les jours à la télé. Plus personne ne tient compte de ce que peut dire le comité scientifique.

L’arrivée du variant anglais pose un problème de stratégie grave. Macron tranche : plus jamais revivre le calvaire de la phase 1 ! Pour garder la main, Il fait un pari insensé sur la vie des Français à risque. Il s’appuie sur le ras-le-bol de nombreux Français, relayé sur la TNT. Il fait le calcul que la montée des contaminations obligera à reporter l’élection régionale en mai, date de la décision. Combien de morts pour ce pari politicien ? Luc Ferry a parlé de 10 000 à 15 000 morts de trop. Presque rien…  Plus de 110 000 morts à la fin juin, ce qui, rapporté à la population, nous met dans le peloton de tête des pays les plus touchés par milliers d’habitants. Mais le pari est gagné dans l’opinion qui avalise qu’on n’ait pas confiné à nouveau. Du coup les élections doivent se tenir. Macron les reporte tout de même fin juin en même temps que Roland Garros, l’Euro de Football et le tour de France, avec un second tour un jour de départ en vacances comme pour les municipales. La propagande électorale n’a pas été correctement envoyée. On a essayé de troubler le jeu électoral par tout moyen, dans le Sud et dans le Nord, et en captant l’attention avec une tournée de propagande en Province. Avec le résultat cherché de 67.5 % d’abstention ! Et malgré tout un bide sanglant pour LREM, les candidats ministres et le président lui-même, qui s’est permis de jeter une larme sur une abstention qu'il avait voulue et obtenue. L’hypocrisie a vu toutes ses limites exploser ! Le seul résultat pour Macron aura été de prendre une claque et d’envoyer un pauvre type exaspéré en prison pour trois mois.

Une fois de plus le voilà tenté de « reprendre la main » en vue de l’élection présidentielle. Tout a été médité, travaillé, préparé depuis des mois avec des scénarios constamment testés par sondages, des peaufinages incessants. La science, désormais, tout le monde s’en fout. La démagogie politicienne est portée à son incandescence ! Depuis des mois on arrose toutes les catégories électorales possibles. Des menstrues de nos étudiantes, au « pass culturel » de la jeunesse, de la prise en charge des rentes d’après divorce des femmes isolées à l’augmentation des fonctionnaires catégories C, on lâche. On lâche tellement que les dépenses prises en charge par l’État français dépassent notablement le trou de PIB provoqué par les confinements et couvre-feux ! On endette la France au-delà de toute limite en profitant du laxisme obligé de la BCE.

Mais voilà, on n’a pas de bilan !

Alors il faut faire quelque chose. Le discours de Macron du 12 juillet, longuement préparé et calé, lance la manœuvre qui sera suivie par un nombre invraisemblable d’initiatives comme on l’a vu pendant l’été 2020.

Le premier problème est la reprise de l’épidémie avec le variant dit delta ou indien, très virulent mais finalement peu dangereux.

Que constatent les scientifiques ? Ils touchent également les vaccinés et les non vaccinés et tue très peu, et de la même façon les vaccinés et les non vaccinés. Certains proposent de le laisser filer car il crée les conditions d’une immunité de groupe sans poser un réel problème humanitaire et hospitalier. Les Britanniques, après un moment de panique, laissent tomber toutes les restrictions. En Israël, le variant indien s’impose et touche à égalité les vaccinés et les non vaccinés mais sans aucune augmentation des hospitalisations et des décès qui restent inférieurs à 2 par jour. Naturellement cette hausse nouvelle des contaminations pose un problème de communication aux gouvernants qui ont provoqué la panique depuis deux ans en insistant sur la gravité de la contamination pour imposer des mesures draconiennes. Mais pas un réel problème médical.

La « science » va être mise hors-jeu par Macron qui décide un fois de plus d’exploiter l’affaire du virus à son seul profit d’image et de préparation électorale.

La première partie de son discours du 12 juillet est consacrée à l’obligation du « pass » vaccinal pour à peu près tout faire. C’est imposer l’obligation vaccinale qu’il avait exclue quelque temps auparavant mais en rusant ! Du double langage à l’état natif ! On la rend effectivement obligatoire sous peine de sanctions pour les soignants et « les personnes ayant accès aux autres de façon professionnelle » même hors du secteur médical. Il ne sera plus possible de vivre sans être vacciné. Au moment même où cela ne sert plus à rien puisque les vaccinés sont autant touchés que les non vaccinés par le variant Delta du moment, et sans conséquences médicales fatales. Macron fait coup double : il prévient l’accusation de laxisme qui commençait à monter du fait du nombre de morts en 2021 et conforte son jeu européiste, le « pass » sanitaire étant la politique mise en place à Bruxelles. Voici les Français après le confinement moyenâgeux et les couvre-feux de type occupation nazie, obligés d'obtenir un « laissez-passer » pour vivre. Vive la liberté, comme on le chantera sur les Champs le 14 juillet. A noter ce scénario qui se répète inlassablement : des initiatives sont prises hors de France. On déclare qu’il s’agit de fantasmes ou de projets non aboutis qu’on n’acceptera jamais. Et soudain tout est avalisé ! Colossale finesse.

Son image de virilité ainsi confortée, il peut passer à la propagande électorale en vue des présidentielles. La seconde partie du discours est purement électoraliste : « J’ai fait tout bien ». « J’ai les meilleurs résultats du monde ». « Je vais réformer à mort parce que c’est mon ADN », mais plus tard quand la reprise sera là et le virus parti… Je, Je, Je ! Cette bouillie communicante pour « imbéciles-à-laissez-passer » fait vomir. Mais bon, qui a élu M. Macron et s’apprête à le réélire ? Toute la singerie des six mois à venir est déjà prête, travaillée pendant deux années frénétiques. Une cuillère de démagogie à droite ; une cuillère de démagogie à gauche, sans arrêt jusqu’au vote.

Le plus grave est évidemment l’activisme européen en faveur du laissez-passer vaccinal. Ayant réussi à capter la politique vaccinale qui n’est pas dans ses attributions, avec les succès que l'on ait, il faut désormais assurer le triomphe de la Commission en vaccinant tout le monde de force, même quand cela n’a plus trop d'intérêt, les personnes à risque l'ayant été. Tous les pays touristiques veulent mettre en place un système de contrôle pour continuer à recevoir des touristes en prouvant qu’ils sont très sérieux avec la maladie. Du coup on va mettre en place les mesures qui auraient été souhaitables en février 2020 : traçage obligatoire et isolement forcé ! Être isolé pendant 15 jours en Grèce dans un hôtel minable, voilà la perspective aimable du vacancier qui veut y passer 15 jours en été, si par malheur il se fait tester positif dans un aéroport ou un port ! Et on va rendre payant le test PCR dès septembre en France alors qu’il est nécessaire désormais avant tout voyage !

La Commission est le propagateur de deux autres contraintes diaboliques venant du monde anglo-saxon avec des prétentions scientifiques. Ne parlons pas ici du WOKE soutenue par Mme Van der Leyen et Mme Lagarde, avec le support de Macron qui a fait venir une Morano et la Schiappa au gouvernement pour draguer électoralement ce qui peut l’être.

La Commission s’est fait le champion de la décarbonation totale des activités humaines et relaie les incantations du Giec avec une passion impossible à assouvir. Elle prépare l’interdiction des voitures thermiques, et mille autres ordonnances plus coûteuses et contraignantes les unes que les autres. Au prétexte de la science. Or le Giec n’est pas une instance scientifique mais politique et n’est pas dirigé par des scientifiques mais par des militants écologistes de longue date. Aucun rapport scientifique n’est parvenu à corroborer de façon scientifique l’a priori de Greenpeace comme quoi l’homme devait être condamné pour ce qu’il fait subir à la nature, que le réchauffement était anthropique, que le blocage de l’émission du Carbone, s’il était possible et accepté par les continents pauvres, ce qu’ils nient avec vigueur, exercerait une influence quelconque sur l’évolution du climat. Ils crient avec le Giec que c’est possible alors que les rapports rassemblés par le Giec lui-même prouvent majoritairement le contraire. Aucun effort n’a été fait pour savoir combien coûterait la suppression totale des énergies non renouvelables, alors que même en première approximation, il est tel que personne ne peut le financer. La Commission force donc la France et l’Europe à aller dans une direction dangereuse sans la moindre justification scientifique. Emmanuel Macron a géré cela à sa façon habituelle en recrutant MM. Hulot et  Rugy puis Mme Pompili. Le mouvement des Gilets Jaunes a aussitôt entraîné un repli tactique et il s’est fait condamner par le Conseil d’Etat pour inaction climatique (?!), malgré la farce sinistre de la commission citoyenne pour le climat. M. Macron, qui avait montré sa faiblesse à ND des landes et dans l’affaire de Fessenheim, fermée sans raison, a alors accéléré le déploiement des éoliennes qui intrinsèquement ont un bilan CO2 négatif, ruinent les finances publiques, ravagent les paysages et bientôt le littoral (alors qu’il ne faut pas artificialiser les sols !) en rendant les recours difficiles. Chaque jour on annonce des limitations tragiques dans le bâtiment, l’agriculture, le transport etc. De même on investit des milliards « fléchés » dans le plan de relance vers les énergies dites renouvelables mais intermittentes qui s’avéreront bien incapables de remplacer les énergies thermiques.

Une fois de plus la science est instrumentalisée pour justifier des mesures ruineuses pour le pays et pour restreindre les libertés publiques, alors qu’aucun scientifique sérieux ne peut cautionner que la suppression de toutes émissions humaines de CO2 soit de nature à agir de façon sensible sur la température. Tout le monde sait que les continents pauvres ne se lanceront pas dans l’aventure. On se ruine, exactement pour rien, en laissant croire que tous les scientifiques sont d’accord. Et la psychologie d’E. Macron est telle qu’il préfère se laisser entraîner par le courant. Le tweet écolo fanatique et odieux posté dans la nuit contre Trump, « let our planet great again », montre qu’il n’a pas les freins moraux et psychologiques nécessaires et que sa psychologie l’entraîne dans le n’importe quoi par bravade.  On ne demande pas à un Président de la République de faire le malin.

Le 27 novembre 2018, il avait déjà joué à fond sur les peurs en affirmant à propos de la pollution qu’elle provoquait une « hécatombe » : « Cette hécatombe, c’est 48 000 décès par an, c’est plus que tous les accidents de la route, tous les suicides, tous les meurtres, toutes les noyades, tous les accidents domestiques réunis ». N’attendez pas qu’une vraie étude scientifique, contrôlée et soumise à la critique, prouve ce chiffre ni qu’elle vous indique de combien la mortalité a baissé depuis le discours de Macron. Le but était simplement d'augmenter drastiquement les impôts sur le carburant.  Aussitôt le mouvement des Gilets Jaunes est apparu. L’intimidation oiseuse et la négation des choses les plus simples, une faculté très développée chez les narcissiques maladifs, a mis la France dans la rue.

Il est navrant que la science soit à nouveau et systématiquement instrumentalisée contre la santé publique, contre la prospérité, contre les libertés, simplement par démagogie et clientélisme électoral. Le risque est, après la perte totale de la crédibilité politique, que s’installe le dédain du scientifique, et une forme de dégoût de tout. Au moment où les pertes de liberté et de prospérité deviendront évidentes, on peut craindre que la déprime organisée ne fasse naître à nouveaux quelques fâcheuses évolutions.

Avoir rendu le vaccin de facto obligatoire pour tous, sauf privation de toute liberté, y compris pour les adolescents qui ne risquent rien et peuvent être contaminés malgré un vaccin qui lui n’est pas sans risque, après s’être engagé à ne pas le faire, est la preuve non seulement que la politique d’E. Macron est « en même temps » calculatrice et irrationnelle, verbeuse et inconsciente, méprisante et chaotique, narcissique et antifrançaise, un cocktail grotesque et toxique qui représente un danger catastrophique pour la France et les Français. Il y a trop d’enjeux et trop gros, pour que la France continue d’être dirigée de cette manière.

Le quinquennat raté qui s’achève doit être le dernier. Cela suffit !

Le détestable "système Hidalgo"

Mme Hidalgo a fait campagne pour les régionales d'île de France, en poussant la candidature de Mme Audrey Pulvar qu’elle a fait venir au conseil de Paris dans cet objectif et se prépare à une candidature à l'élection présidentielle de 2022. Mme Pulvar s’est rangée derrière un Khmer Vert et a été pulvérisée.

La voilà en route vers les Présidentielles en assurant que lorsque c’est elle qui dirige, la coalition entre Rose arc-en-ciel et Khmers verts triomphe. Il est intéressant de regarder de plus près le « système hidalgo ».

À Paris, les sondages étaient formels : 80 % des Parisiens ne voulaient plus entendre parler d’Anne Hidalgo. Elle sera réélue avec moins de 20 % des inscrits. Ce qui reste cohérent : elle a conservé ses 80 % d'adversaires résolus ! La victoire, miraculeuse compte tenu de l’ampleur du désaveu, n’a été possible que par le maintien des listes LREM, voulu par Emmanuel Macron pour détruire la droite de gouvernement, l’abstention massive associée au Covid, le choix d’organiser le second tour un jour de départ en vacances, et la petite poussée écologique qui a séduit des jeunes qui n’ont pas compris que les Verts de Paris sont avant tout motivés par « la destruction du patriarcat et du capitalisme », et non par la défense des petits oiseaux ou la résorption de la crise climatique. Du coup les Parisiens ont retrouvé, en pire, toutes les horreurs du « système Hidalgo ».

Il est construit sur des piliers solides mais discutables. Comme elle ne peut gagner électoralement qu’en s’appuyant sur une coalition avec les Verts et les Communistes, Anne Hidalgo cale son action sur des actes symboliques outranciers propres à prouver son engagement social et écologique.

Voici donc la voie sur berge transformée en bouchon permanent pour installer une double piste cyclable, mesure qui n’a pas eu d’autres effets que de déplacer la pollution comme une étude récente l’a encore rappelé. Voici la rue de Rivoli interdite à la circulation générale et tous les commerces riverains quasi en faillite. Voici donc les locaux à 25 000 euros le m2 transformés en immeubles sociaux pour immigrés subsahariens qui n’en demandaient pas tant. Et voici maintenant la restriction de la vitesse à 30 km/h sur les 102 km2 de la ville, paralysant toute mobilité et pénalisant toutes les activités économiques. Plus c’est gros mieux cela passe.

Comme toute cette coalition est LGBT, Hidalgo en remet dans la symbolique néoféministe et homosexuelle, avec l’érection d’un « plug anal » place Vendôme, d’un clitoris géant sur le parvis du Trocadéro, la généralisation de l’écriture « genrée », les cours de récréation « dégenrées ». Plus grave, elle laisse s’organiser des visites municipales « genrées », c-a-d interdites aux hommes et s’approprie toute la panoplie de l’odieux néomaccarthysme politiquement correct américain

Il faut trouver l’argent de toute cette folie. Les ressources fiscales et l’endettement ayant été poussés à leur extrémité, restaient les amendes, la densification immobilière et la « marchandisation ». C’est ainsi que la ville de Paris est devenue un gigantesque chantier. D’ici à la fin des deux mandats d’Hidalgo, près de 12 millions de m2 auront été construits et 2 à 3 millions rénovés si aucun infléchissement n’est apporté à la politique suivie, ce qui est peu probable dans la mesure où les plus grandes opérations sont déjà lancées. Cette frénésie immobilière effarante permet de faire financer les pistes à vélos, les trottoirs « verts », les crèches et des logements sociaux par les promoteurs, dans le cadre des PUP (projets urbains partenariaux). Elle offre des postes bien rémunérés aux alliés communistes dans les milles et une entreprises associées aux projets sociaux (des études préalables, à la gestion) et de s’assurer la reconnaissance de quelques milliardaires qui possèdent la Presse, en offrant à l’un une dérogation de construction au bois de Boulogne, à un autre la Bourse du travail pour l’accrochage de ses collections, à un troisième l’enflure de ses centres commerciaux, à un quatrième une part formidable dans la rénovation du quartier de la tour Montparnasse, et finalement, à tous ceux qui peuvent être intéressés des gains spéculatifs sympathiques.

Une fraction majoritaire de la Presse lui devient indéfectiblement favorable, et ajoute sa bienveillance à celle de la télévision d’état, sous tutelle socialiste depuis longtemps. Membre éminent du PS par le soutien de M. Hollande, et de l’Énarchie par son mariage, fonctionnaire elle-même, elle n’a rien à craindre ni de son parti ni de « l’État profond ». Elle ose donc tout, en se sachant parfaitement tranquille.

La population est une donnée virtuelle pour Anne Hidalgo qui ne se soucie que des slogans et des actes symboliques, la vie quotidienne étant entièrement laissée à ses équipes qui se concentrent sur un clientélisme intensif et refusent de s'attaquer aux graves questions qui taraudent les Parisiens. Certains maires de sa coalition s’attachent à transformer leur arrondissement, jusqu’ici tranquille, en quartier de banlieue à problème comme dans le 14e. Pas de réaction de sa part ! D’invraisemblables militants créent des places dont on ne peut pas sortir ! Bof ! Tous les contrats de la mairie périclitent lamentablement comme pour les Vélibs et leurs remplaçants, ou comme à Beaubourg ? Silence. En revanche on viole la loi sur la parité au profit de fonctionnaires femmes et on s’en vante. Aucuns des grands problèmes des habitants ne sont pris en compte : saleté, insécurité, impossibilité de circuler, magasins et cafés en déshérence, prix des logements inabordables, enlaidissement, pollution permanente par les chantiers, mobiliers urbains hideux, rats, équipements publics non entretenus. Paris devient repoussant et les Parisiens commencent à fuir. Mme Hidalgo s’en moque. Elle est tellement inconsciente des conséquences, qu’elle ne connaît pas et dont elle ne veut rien voir ni entendre, qu’elle osera affirmer que Paris n’a jamais été aussi « belle et radieuse » ! Alors que tous les observateurs de bonne foi, y compris à l’étranger, s'étranglent de dégoût.

Assurée et garantie de partout, uniquement préoccupée de sa coalition politique, bien calée dans l’opinion par des slogans sonores et des actions provocantes, sûres de l’efficacité de son clientélisme démesurée, protégée des réactions de la presse, réélue grâce à Emmanuel Macron, Anne Hidalgo peut s’émanciper totalement des conséquences de sa politique, et en ignorer avec un mépris souverain les conséquences les plus dramatiques. Le désastre le plus grave, et totalement occultée jusqu’ici, est écologique. Les millions de m2 construits ou rénové ont un coût en CO2 connu qu’il est facile de calculer. Les résultats présentent un bilan carbone ahurissant.

Un immeuble en 50 ans de vie moyenne, est l’occasion d’une émission d’environ 4 tonnes de CO2 par m2. Les 12 millions de m2 construits et les 3 millions de m2 rénovés par Mme Hidalgo auront émis, dans les cinquante ans qui viennent, critiques pour la maîtrise du réchauffement de la planète, autour de 60 milliards de tonnes de CO2. Sachant qu’un arbre absorbe 30 kg de CO2 par an, il faudrait pour compenser cette pollution, également sur cinquante ans, créer une forêt de 20 000 hectares, soit le double de la surface de Paris. On voit le caractère risible des revendications écologiques de Mme Hidalgo qui est sans doute la personne en Europe qui a le pire bilan carbone. Une vraie championne !

Ce mur de CO2 est un mur de la honte, compte tenu de l’affichage prétendument écologique de la Ville. Les Français devraient méditer ce bilan. Elle est déjà engluée dans des polémiques LGBT ridicules et déplaisantes, avec une dérive vers un « racialisme » parfaitement dangereux dans les conditions du moment. S'ajouteront, comme à Paris, les dégâts LGBT comme l’écriture genrée imposée à tous, la transformation genrée des locaux d’enseignements, le soutien des causes islamo-gauchistes, le blocage des circulations et l'étouffement de l’économie. Sa campagne reprend les caractéristiques de la méthode Hidalgo basée sur les slogans. Va-t-on bientôt entendre que les automobilistes qui utilisent leur voiture « ont du souci à se faire » comme l’affirme à tout bout de champ Mme Hidalgo ? Et qui pourrait se féliciter de revoir la politique d'achat de vote et de clientélisme sans frein bien en place à Paris se généraliser à la France entière.

Il faut prévenir les Français et notamment les plus jeunes électeurs, que la situation du pays est d’une si exceptionnelle gravité que l’opportunisme politicien le plus cynique et le plus outré, que symbolise la méthode de coalition politique d’Anne Hidalgo à Paris, peut conduire aux conséquences nationales les plus fâcheuses et à des dérives « écolofascistes » terrifiantes.

Il faut faire comprendre à une jeunesse férue de qualité de vie et de sauvetage de la planète qu'il est grotesque de voter pour la championne européenne de production de CO2 !

LR : comment empêcher le retour de la « machine à perdre » ?

Le président des LR, M. Christian Jacob exulte : LR a gagné successivement les élections municipales, les départementales et les régionales. Tout va donc très bien Madame la Marquise. Une décision a été prise sur un calendrier de départage entre candidats du parti avec une incertitude sur le mode de désignation finale en novembre. M. Xavier Bertrand prétend être candidat quoi qu’il arrive et ne participera pas. Mme Pécresse est hors parti, mais est prête à participer. M. Wauquiez est là mais où exactement, on ne sait pas, et a accumulé des rancunes féroces au sein des LR. M. Barouin se cache derrière une attitude taiseuse mais en mode tonitruant. M. Retailleau ne se satisfait pas d’un processus qui empêcherait de réellement parler des choses. C’est que lui travaille. Le Président Larcher contemple la « morne plaine » d’un futur Waterloo présidentiel avec gourmandise en se disant qu’il faudra bien tôt ou tard un arrangeur. L’ex LR juppéiste, Édouard Philippe, monte dans les sondages après s’être compromis dans un macronisme sans intérêt national et une gestion de la crise sanitaire apocalyptique, marquée par la peur, l’impuissance et une litanies de mensonges. L’ex LR Darmanin, offre sa caution à la politique pseudo-sécuritaire d’Emmanuel Macron et fait sa cour à Xavier Bertrand, rejoint par l’ex-numéro 2 des LR. L’ex LR, Bruno Le Maire offre sa caution bourgeoise à la politique économique follement démagogique du même Emmanuel Macron et son clientélisme illimité et sans vergogne. D’autres lorgnent vers marine le Pen qui n’est pas avare de promotion d’anciens UMP.

Plus personne ne sait à quelle politique correspondrait l’affiliation à LR et quelle solidité de conviction habite ses élites actuelles ou passées. Un programme inexistant avec des hommes incertains et se divisant facilement en camps irréconciliables ne fait pas un parti attrayant. L’aventure était arrivée au parti Radical, dominant sous la Troisième, incertain sous la Quatrième, cinquième roue du carrosse sous la Cinquième, disparu depuis l’an 2000, mais qui prétend toujours être un grand parti du fait de son implantation locale qui reste notable et à base de notables.

Plus généralement, personne ne sait plus à quelle politique conduirait la prise de pouvoir par n’importe lequel des partis en lice. Tout le monde a compris que Le Pen, LCI, les Verts et le PS détruiraient à peu près totalement le pays si par malheur ils arrivaient à la tête de l’État. On sait que l’expérience Macron est un ratage total qui ne mène à rien d’autre que de panser les plaies psychologiques du Sieur, qui se guérit en nourrissant son « narratif » stupide, tout en accumulant les postures et les embrouilles politiciennes, sans aucun souci de l’avenir d’un pays « sans culture » et voué à se diluer dans l’ensemble européen où il vise la place de premier président élu par tous les Européens. Une place formidable où il serait possible de pérorer en se rassurant sur la réalité de son « jupitérisme » maladif sans être responsable de rien. L’ennui, c’est qu’attendant il n’attaque aucun des problèmes cruciaux du pays et ajoute ses incendies de pompier pyromane à tout propos. Bien sûr la crise sanitaire brouille les cartes et empêche de bien cerner le bilan catastrophique de l’OVNI politique Macron, mais surtout elle lui permet de se cacher derrière les largesses de la BCE pour arroser à mort toutes les clientèles tout en laissant filer les déficits publics monstrueux. Pas un jour sans une gâterie aux uns ou aux autres. Après le souci des menstrues difficiles des étudiantes voilà la prime aux fonctionnaires de catégorie C. Cela fait deux ans qu’il peaufine cette dernière année et le sac à malices est plein.

Le résultat est le mépris du pays pour ses élites politiques et l’abstention massive.

Pour les LR, la situation est en vérité tragique. Deux candidats et c’est la mort assurée. Considérer que les Présidentielles sont un simple match entre des personnes, sous la forme d’un concours de beauté, est suicidaire.

Les primaires ouvertes ont montré leur nocivité. Certes il y a une créativité programmatique améliorée. Mais chacun s'applique à détruire le programme de l’autre et les vaincus refusent de s’aligner derrière le vainqueur. Comment le feraient-ils, puisque le programme du vainqueur a été jugé inepte pendant tout le temps des primaires ? Les primaires sont une machine à faire exploser un parti. L’expérience récente de LR et du PS est tout de même assez claire.

À un moment où le seul rôle utile des Présidentielles est de faire apparaître aux yeux du pays les moyens de sortir du déclassement déplorable où il se trouve, la seule stratégie utile et gagnante des LR repose sur trois piliers :

-        La formulation d’un programme efficace portant sur les 7 ou 8 questions fondamentales qui conditionnent le futur du pays, l’efficacité pouvant appeler à des remises en cause très importantes des habitudes imposées par la pensée dominante.

-        La manifestation d’un soutien soudé de l’ensemble des ténors du parti, sans acceptation de dissidence et affirmation de leur volonté exclusive de soutenir ce seul programme.

-        La nomination du candidat est secondaire, puisque la majorité qui se dégagera des urnes aux législatives imposera qu’on ne s’écarte pas du programme retenu, le président étant appelé à jouer le rôle prévu par la Constitution : apprécier les nouvelles circonstances qui pourraient survenir, tenir compte du pays réel, assurer la position diplomatique du pays.

On peut évidemment compter sur le rejet des autres candidats et sur sa propre bonne mine ou son culot pour être élu. Totorin-ne 1er-1ère est élu-e d’une courte tête pour son brushing ou son ultime manœuvre, dans une atmosphère vide de toute idée concrète sauf quelques cadeaux au peuple ou quelques gadgets publicitaires. Imaginez qu’il en sortira quoi que ce soit d’utile est idiot.

La destruction de la France comme nation, de l’économie comme source de richesse, de la liberté comme source de la légitimité et de la grandeur française, de la sécurité comme base du lien social, voilà de quoi il s’agit lors de ses prochaines élections présidentielles.

La France comme nation est menacée dans ses fondements démographiques, culturels, juridiques et diplomatiques. Il s’agit bien d’une probable disparition par dilution et domination extérieure.

La France comme puissance économique et sociale est menacée par les désordres monétaires internationaux, ses politiques internes délétères, l'accroissement démesuré de ses dépenses publiques et de ses dettes, et surtout par les risques tragiques d’une application bornée de l’oukase foldingue de décarbonation totale. Nous avons réussi à revenir au niveau du PIB par tête de 1980. On continue ? On vise quoi ? Le PIB par tête de 1930 ou celui de 1 890 ?

Comme au rugby, la cohésion et la force du pack sont prépondérantes dans la victoire politique. Même les trois quarts doivent être une muraille avant d’être des perceurs de coffres-forts.

Tant que LR ne sortira pas du silence, et se contentera d'essayer de ne pas faire de faute de communication tout en organisant un concours de beauté grotesque pour sélectionner son candidat, ses efforts seront inutiles à la France et probablement couronnés par une défaite qui précipitera son éclatement et sa disparition comme réelle option nationale, son fond se diluant dans les conseils locaux ou régionaux comme l’ex-parti radical.

La clé de la Présidentielle pour LR est dans la formulation d’un programme fondamental de grand redressement et nulle part ailleurs.

Et dans le soutien collectif sans faille de tout le parti au moment de son élaboration et de la phase de présentation au pays. Il faut aller vers une conquête et ne pas s’enfermer dans la défense d’un pré-carré envahi et défoncé de toute part.

Cela ne veut pas dire, comme s’acharne à le répéter les commentateurs de TNT, que les candidats LR déclarés ou potentiels soient des nains politiques, des nuls, des demi-portions, etc. On prétend naniser les hommes politiques actuels en les comparant à ceux du passé. C’est idiot. Valérie Pécresse vaut bien Roger Duchet, Bruno Retailleau le Chanoine Kir, Laurent Wauquiez Laniel, Xavier Bertrand Guy Mollet, François Barouin René Coty.

Le problème du moment, c’est le grand redressement, son analyse, sa formulation, son endossement. Pas de grand projet dans ce domaine fondamental, pas de politique, pas de soutien populaire, pas d’efficacité à prévoir et, au bout, la poursuite du grand déclassement.

Le climat : un danger pour l’économie ? Moins que l’idée d’une économie totalement décarbonée !

Une « fuite » relatif à un brouillon de rapport de final du Giec a permis au monde ébahi de savoir qu’un avenir climatique « apocalyptique » était le futur proche de l’humanité. En vérité le GIEC n’est pas une instance scientifique mais politique, émanation directe d’une organisation de l’ONU. De l’argent en masse est distribué à des centaines de centres de recherche qui ont produit des études dans une multitude de domaines, ce qui donne les 4 000 pages du rapport final. Il n’y a strictement aucune unité entre ces études. Chacun fait ce qu’il veut et dit ce qu’il croit, sans savoir ce que les autres ont produit. Aucun des travaux présentés n’est vérifié par une quelconque instance de contrôle scientifique.

Une autre approche aurait été de donner à un ou deux instituts de recherche qualifiés dans le domaine climatique, l’étude de questions particulièrement épineuses et de fournir des réponses scientifiques, avec révision et relecture des résultats dans la communauté scientifique, investissement dans les moyens de recherche les plus appropriés et production d’un certain nombre de résultats vérifiés.

Vous ne pouvez pas faire un tel travail scientifique avec des centaines de contributeurs qui font ce qu’ils veulent quand ils le veulent, avec l’argent de l’ONU et l’idée qu’il faut prouver les intuitions imposées par le donneur d’ordre pour avoir des financements très généreux. Les politiques qui gèrent l’affaire pour le compte de l’ONU, se chargent d’extraire dans les rapports ce qui les arrange idéologiquement et en fond un résumé à l’attention des dirigeants. Le résumé pour décideur est une escroquerie. Il n’a rien de scientifique. Il est impossible d’extraire de centaines de rapports divers et souvent divergents une « vérité pour décideurs » qui ne soit pas, en fait, l’expression politique biaiseuse des donneurs d’ordre qui sont à l’ONU presque toujours des politiciens sans compétences scientifiques (un président du Giec était sorti de l’école à 14 ans, une vraie formation d’ingénieur) et souvent des membres ou ex-membres dirigeants d’associations mondiales pour l’écologie comme Greenpeace.

On affirme, pour emballer la manœuvre, que la conclusion a été validée par des centaines de scientifiques unanimes. On ajoute que Mlle Thunberg est contente. Tout cela n’est que de la manipulation conduite d’en haut par les représentants des grandes ONG qui gèrent toute l’affaire avec des financements monstrueux. Rappelons que Greenpeace est né de la lutte contre les essais nucléaires et reste mobilisé contre le nucléaire civil qui ne produit pas de gaz à effet de serre. Son mode d’action est la manipulation des médias et des politiques par des opérations coup de poing surmédiatisées et par l’entrisme dans les instances internationales et la connivence médiatique.

Ce que tout quidam un peu curieux peut faire, c’est lire les quatre mille pages et constater que les chiffres qu’on y trouve, sur la valeur desquelles il est impossible de se prononcer (il n’y a aucune critique scientifique de quoi que ce soit), donnent les moyens de se forger une idée assez précise sur les questions évoquées et qu’elle contrevient directement avec les « conclusions du comité Lissenko » produites de mauvaise foi par quelques allumés des ONG.

Nous ne donnerons ici que quelques chiffres que tout le monde peut vérifier.

La masse de CO2 existante est de 200 U, la création de CO2 « anthropique » annuelle de 1.5 U. La part du stock de CO2 en provenance de la production humaine est considérée entre 3.5 à 4 %, (peut-être). C’est une estimation au doigt mouillé dans l’hypothèse la pire. L’influence des activités humaines sur le CO2 est ridiculement faible et  les réduire de moitié ou totalement n’aurait pratiquement aucune influence sur le réchauffement climatique.

D’autres études essaient de savoir si cet apport de 1 % pourrait à la longue faire augmenter la température moyenne terrestre et de combien la suppression de l’apport anthropique ferait baisser la température. Ne jugeons pas de la démarche scientifique mais des résultats annoncés : en stoppant totalement la production de CO2, la température baisserait de 0.8°. La contribution française serait de 0.014° !

Un des aspects amusants de la situation, c’est que le Giec qui avait annoncé une hausse de près de 4% des températures, a bien compris que des économies de 0.8° en ruinant tout le monde n’auraient aucune séduction pour les peuples et leur gouvernement.  Pourquoi se ruiner pour rien ?  L’urgence était plutôt de prévoir des climatiseurs en masse ! Alors finie la hausse anthropique de 3.8°. On insiste désormais sur les conséquences terrifiantes et désespérées d’une hausse de 1.5°.  Là une baisse de 0.8°aurait un impact sensible !

Personne n’étant subventionné pour étudier la faisabilité et le coût d’un abandon total de production anthropique de CO2, on évite de dire que la France sortirait totalement gâchée, ruinée et aux abois de l’aventure. Nos propres estimations montrent que le coût serait entre 25 et 50 mille milliards d’euros pour la France, par dépenses ou pertes de recettes ou manque-à- gagner. À comparer aux 1,25 mille milliards de la production marchande française annuelle. Cette politique ne sera jamais menée à son terme et pour aboutir à 0.014° de baisse de température, elle est absurde.

On sait aussi deux autres choses fort importantes :

-        La France produit 3 % de la production mondiale et commet 1 % des émissions de CO2. Nous sommes donc trois fois plus vertueux que le reste des pays du monde qui, s’ils obtenaient la performance française, réduiraient à presque rien la question du CO2.

-        La France a baissé ces 15 dernières années sa production de CO2, alors que le reste du monde l’a augmenté dans une proportion de plusieurs centaines de fois l’économie faite en France.

Tout ce que nous avons fait a été très coûteux et pénalisant, et n’a servi à rien à l’échelle de la planète. Tout ce que nous prétendons devoir faire encore pour arriver à une mythique « neutralité carbone » nous tuerait économiquement et il n’y aurait plus ni emplois ni revenus en France !

D’autres chiffres incontestables sont encore plus troublants.

Les glaciologues ont montré qu’au temps des dinosaures (le jurassique comme chacun le sait maintenant grâce au cinéma) la masse de CO2 était de 4 à 5 fois supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui provoquant l’extraordinaire exubérance de la flore et de la faune de cette époque. Personne ne parvient expliquer pourquoi une hausse de quelques pour cent de la masse de CO2 tuerait la planète, alors que 5 fois plus dense, le CO2 n’a eu que des conséquences favorables (le CO2 est un fertilisant très efficace et propice à la vie).

Plus proche de nous la politique de densification immobilière de Mme Hidalgo qui au terme de son second mandat aura probablement dépassé les 12 millions de m2 construits ou rénovés a provoqué la création d’un dôme de CO2 anthropique qui ne pourrait être compensé que par la construction sur deux fois la surface de la ville, d’une forêt extrêmement dense. Mme Hidalgo et ses amis Verts sont les principaux créateurs de CO2 de France et sans doute d’Europe ! Leurs bidouilleries pseudos vertes ne compenseront pas le millième du CO2 que leur politique produit !

Les islamogauchistes Verts, si favorables à l’immigration de masse, ne nous ont jamais expliqué pourquoi la construction de l’équivalent d’une ville comme Paris tous les 5 ans pour accueillir les nouveaux immigrés et leurs enfants était favorable à la réduction des gaz à effet de serre ! Ce coût en CO2 est tragique si on utilise les critères du GIEC ! Mais chutttt !

Répétons-le : nous ne sommes pas ici des climatosceptiques ni des agents du lobby nucléaire. La projection d’injures disqualifiantes est inutile. Au contraire nous sommes très en faveur des multiples solutions qui permettent de continuer de réduire notre trace sur l’environnement et nos consommations de ressources non renouvelables. Il n’y a aucun doute, l’humanité, pour son bien, détruit des ressources lors de l’acte de production et de consommation et rejette des déchets. Si le quantum de destruction et de déchets devient disproportionné avec la taille de la terre, il est inéluctable que de grosses difficultés se présentent.

La solution ne peut provenir que d’une certaine stabilisation de la population du globe entre 4 et 6 milliards d’humains, de hausses de productivité massives réduisant et la proportion des matières premières détruites et les rejets, et une réorientation douce du PIB vers les consommations les moins négatives pour la croissance future.

Nous défendons l’idée qu’il faut agir, au nom de l’écologie, auprès des 10 pays qui correspondent à 80 % de la hausse de la population pour qu’ils sachent que nous ne sommes pas là pour absorber leurs excédents démographiques et qu’ils doivent agir de leur propre fait pour se sortir du piège où ils se sont mis, en sachant que c’est très difficile. La hausse de la population est due au triomphe de la médecine contre la mortinatalité, plus qu'à une frénésie de copulations. Il faut obtenir une baisse des habitudes ancestrales qui poussaient à être souvent enceintes pour avoir des enfants survivants. Cette baisse existe. Certains pensent que d’ici quelques décennies toutes les parties du monde seront en baisse des naissances. Dans les pays développés le phénomène est devenu inverse : on ne maintient plus la population native qui s’efface progressivement. La vérité est qu’il faut soutenir la natalité défaillante dans les pays riches et accompagner la baisse de la natalité dans les pays en explosion démographique, pour arriver à terme à une population relativement stationnaire et capable de se nourrir et de vivre sans créer de risques structuraux.

Nous croyons également que le risque le plus proche n’est pas l’effet produit par l'émission de gaz à effets de serre mais des pénuries de matières premières bloquant en totalité une filière de production. Ces pénuries peuvent être artificielles, liées à des blocages diplomatiques, ou réelles par saturation de l’exploitation. On en parle peu parce que la solution passe par la microéconomie et les échanges. Ce sont les entreprises qui trouveront la solution et il est indispensable d’avoir un réseau d’entreprises prospères et dynamiques pour faire émerger les techniques et les produits évitant les blocages. Les Vert qui veulent « la destruction du capitalisme », lorsqu'ils ne détruisent pas le "patriarcat", ne se sentent pas très à l'aise sur ce sujet, ni les ONG, ni même les gouvernements, surtout s’ils ont sombré dans l’accablement réglementaire et fiscal de leurs entreprises. On voit que la France désindustrialisée par sa faute est très mal placée pour prendre la tête du mouvement.

Oui nous avons des défis écologiques à relever, mais qui ne sont pas exactement ceux qu’on dit. On doit éviter les intoxications des grandes ONG mondialisées qui tiennent l’ONU et désormais mettent sous tension toutes les dirigeantes des grandes institutions multinationales (BCE, FMI, Commission Européenne, etc.), arrivées à leurs postes poussées par la vague LGBT et qui désormais chantent la messe sans réticence pour s’y maintenir. Mme Lagarde, présidente de la BCE, recevant ès qualités Mlle Thunberg, chantant les vertus du contrôle vert des financements et se montrant favorable à l’interdiction de celui des produits énergétiques diabolisés, est-elle dans son rôle de gouvernance de la création monétaire ? Mme Van der Leyen se mêlant à une chasse à l’homme contre le président du COJO japonais qui a osé dire que la présence de femmes ralentissait les réunions des conseils d'administration, exerçait-elle vraiment son rôle de Président de la Commission ?

L’écologie oui, mais pas celle qu’on nous impose par des procédés malhonnêtes, pour de mauvaises raisons, et en s’engageant dans des pratiques liberticides et en se trompant d’urgence.

La plus grande menace sur la prospérité de la France dans la décennie à venir provient non pas du climat mais des politiques écologiques hystériques que des prêtres autoproclamés et délirants veulent nous imposer. Les scientifiques dans cette affaire sont des otages ! Les prochaines élections présidentielles françaises seront cruciales sur le sujet. Imaginons l’arrivée d’une coalition entre Anne Hidalgo et les Verts ! On a vu le résultat à Paris : un saccage effarant et un désastre écologique. On imagine les conséquences si ces gens obtenaient un pouvoir national.



Sortir du désastre présentation Video

Une première présentation de notre nouveau livre

 

"Sortir du Désastre

Le programme que veulent les Français"

est disponible sous You Tube (chercher "Didier Dufau")  ou à l'adresse suivante.

https://www.youtube.com/watch?v=c_YwJB9eE2g

 

L'interview a porté à la fois sur notre livre précédent qui n'a pu sortir correctement à cause des mesures de confinement liéee au Covid.

Les questions ont peu portées sur le contenu des solutions,  et notamment sur les sept domaines fondamentaux où il faut agir.

Nous essaierrons de compléter l'information des personnes intéressées lors de prochaines conférences ou interviews.

La première conférence que nous avons faite a montré l'agacement du pays devant l'absence de débat de fond sur les questions critiuqes et le desintérêt presque total pour les courses vides de sens d'écuriées politiques personnelles ayant toutes décidé de ne rien proposer du tout sinon les élements de com' nécessaires à construire leur image. Les Français veulent du concret et qu'on sorte de l'impuissance. Ils attendent un plan de grand redressement dont on sait qu'il ne viendra ni de Le Pen ni de Macron. Les positionnements individuels de personnes terrorisés à l'idée de trop en dire et qui croient que l'alternance vient toute seule si on a construit le bon profil médiatique n'intéressent pas le pays.

Les Français n'attendent pas un sauveur mais un plan solide et cohérent de sortie de la spirale désespérante dans laquelle la France  est emportée , avec, derrière le candidat, un parti solide incarnant un minimum du fait de son passé, avec toutes ses personnalités  unanimes dans la défense de ce plan et bien décidées à le mettre en oeuvre sans faiblir. Le programme l'emporte sur le président dans l'esprit des gens dans les circonstances du moment.

Tout le monde a vu que LREM était un amoncellement d'amateurs ou de militants d'associations souvent toxiques, sans aucune identité, capable de tout céder à toutes les demandes les plus extravagantes et incapables de réellement soutenir une politique ferme orientée vers le salut du pays, qu'on ne leur propose pas. On va pouvoir avorter à 9 mois quasiment pour convenance personnelle (où était-ce écrit dans le programme Macron)  mais pas un mot sur l'immigration, la capture de l'Europe financière par l'Allemagne, les dérives WOKE de la présidente de la Commission et de la BCE, le contrôle de la délinquance qui s'en donne à copeur joie, la dépendance américaine, la desindustrialisation par des lois et des prélèvements insensés qui n'ont pas changés. L'imposition s'est accrue pendant le quinquennat sans que personne ne veuille l'assumer. On a papilloné autour des thèmes qui commençaient à agacer les Français en ne faisant rien de décisif. Après cinq ans de pouvoir la question des retraites n'est toujours pas réglée. Le chômage est au plus haut. La crise sanitaire a bon dos.

Cette nécessité d'un programme collectif fort est vécue comme contre nature par les carrièristes politiques. Surtout ne pas prendre de risque. Se maintenir à tout prix. Ils ne se rendent pas compte du dédain des électeurs. "Ils sont impuissants parcequ'ils ont organisé leur impuissance". "Ils subissent et ne peuvent rien  car c'est plus confortable que d'assumer la vérité et des actions de rupture contre les liens qui atrophient leurs pouvoirs"." Entre une oligarchie qui se partage les postes en famille et le terrain, ce n'est pas un gouffre. Mais un océan de mépris tellement profond qu'on ne sait plus comment l'assécher"."Entre Macron qui bavasse et développe un narratif hors sol et les autres qui se taisent de façon tonitruante sur les questions majeures, sous les déjections de l'égoût des réseaux sociaux, aucun diagnostic se dégage et encore moins un plan de sortie de crise". "On retrouve la fin de la Quatrième République dominée par la peur et qui n'osait plus rien alors que la situation se dégradait à toute vitesse ; il fallut affronter l'armée, l'OAS, le FLN, les politiciens au rencart en mal de retour, les Etats-Unis et les partis qu'ils financaient en France, l'Europe européiste de Monnet, les communistes ; Et de 60 à 80 on a doublé le PIB par tête de Français". "Les Français valsent toujours sur la musique mortifère du couple Mitterrand Le Pen" qui paralyse le pays depuis trente ans".

Les politiques ne restaureront  leur crédit que lorsqu'ils assumeront de regarder le réel, de s'affranchir des idéologies mortifères à la mode, de chercher de vraies solutions et de faire éclater tout ce qui empêche de les mettre en oeuvre. On en est loin.

De quelques tares de l’époque et de l’analyse du Pr Maffesoli

Il est amusant de lire et d’écouter le Pr. Maffesoli expliquer que nous sommes dans une période qui marque la fin d’une époque, au sens grec des deux mots. La modernité perdrait définitivement ses oripeaux :

L’individuel laisserait la place au « nous », et, en un mot, on passerait des « droits de » de l’individu, aux « droits à » de groupes.

La rationalité serait délaissée au profit de l’émotionnel. L’image et l’exaltation utopique l’emporterait sur les faits bruts et leur raffinage par la pensée.

Le progressisme et l’idée de l’homme puissant allant collectivement constamment vers une société meilleure par la démocratie, alimentée par le débat, serait caduque et remplacée par on ne sait trop quoi entre vitalisme et constantes de l’humanité animale.

Notre professeur déclare observer et ne pas juger cette destruction du « modernisme », de noter l’émergence « obligée » de soulèvements (mais sans les encourager) du type de celui des gilets jaunes, qui aurait été provoqué par la contradiction entre des élites bloquées dans le modernisme et l’instinct vital des différentes « tribus » qui se seraient reformés. Ces élites seraient en fait mortes et ne le sauraient pas.

Cette analyse est apparemment  corroborée par de nombreux « faits massifs », comme le record d’abstention aux dernières élections départementales et régionales. 2/3 d’abstention sur des listes incomplètes du fait du record de non-inscription de personnes pouvant voter, phénomène jamais dénoncé, et dans des lieux où une grande quantité de population n’a pas le droit de vote, cela veut dire des élites politiques élues par une fraction dérisoire des populations vivant sur un territoire. La perte de sens démocratique est délirante.

Pour avoir voulu être assesseur lors du dernier vote, les observations qu’on peut tirer de l’expérience sont étonnantes. Le bureau de vote est dans une école où 95% des élèves sont d’origine étrangère, principalement africaine et principalement noire. Une seule personne noire s’est présentée dans l’isoloir. Pas deux : une.  Ce n’est plus un contraste. C’est un abîme.  Le personnel politique du bureau de vote ne se différencie pas par les idées. Ils sont jeunes, ambitieux, sympathiques et ne savent rien. Absolument rien. Ils répètent des mantras, censés être représentatifs de leurs « valeurs ». La discussion de la jeune femme socialiste (?) tenant le bureau, cadre dans une instance sociale, et d’un jeune homme, en voie d’être cadre dans un machin se voulant dans le coup, et se retrouvant à LREM, a porté sur le salaire net d’un conseiller de Paris et d’un conseiller régional. Ajouter à son salaire (médiocre) deux rémunérations publiques électives vous fait doubler votre rémunération totale, sans grand travail supplémentaire, même s’il faut participer à quelques corvées. Aucun des deux ne formulent aucune critique de rien. L’important est de faire carrière et de ne pas être éjectée. Donc surtout pas d’idées. Pas de risque.

Dans tous les partis, la peur d’exprimer quoi que ce soit tenaille. Surtout ne rien dire. Laisser les affiliations « naturelles » jouer sans rien dire, mais en accumulant les postures. Jouer les valeurs et les signes, en se calant sur l’émotion, sur le nous, sur la société que « nous » voulons. Le fait que l’on aille vers l’abîme ne gêne personne : c’est comme cela ! On ne va pas entrer dans ce trou noir et proposer quoi que ce soit.

En revanche les élites dirigeantes resteraient bloquées dans le rationalisme, et autres attributs du modernisme décadent et provoqueraient des « soulèvements » successifs de la part de telle ou telle tribue.  

Ils seraient donc vains d’essayer de mettre un peu de raison et de respect des électeurs dans la politique, et absurde de penser l’avenir pour qu’il soit « positif ». L’homme est un animal inconscient et plutôt mauvais en soi qui courre à sa perte dans la festivité en étant sensible au marketing de la marginalité et du non essentiel.

L’avenir serait donc à une bestialité, neu-neu, au sein d’archipels bestialisés, soudés par des appartenances, et mus par les passions de mini foule et non par la raison, se soulevant de temps à autres contre une cléricature enfermée dans la rationalité, la promotion de l'individualisme et le progressisme.

L’écologie telle qu’elle est transcrite dans la politique est une assez belle illustration de ces hauts concepts professoraux.

Tout est faux ou controuvé lorsqu’on entre dans le détail de cette querelle politique qu’est l’écologie délirante. Le livre essentiel de Christian Gérondeau (La religion écologique) le prouve facilement. Il est inattaquable. Première imbécillité : le CO2 mortifère à court terme de la planète. Nous avons un stock de CO2 dans l'atmosphère qui est extrêmement bas, quasiment le plus bas de l’histoire vivante de la planète. Au temps des dinosaures et de la luxuriance de la végétation, le stock était 250 fois plus gros.  Là où il était à mille nous sommes à quatre et on nous explique qu’en passant à 6 ou 8, la terre serait morte…  Deuxième imbécillité : l’homme est responsable de l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère et donc de la mort de la planète. En vérité les activités humaines n'ajoutent qu’un pour cent par an à la masse de CO2 existante. Par conséquent, réduire de moitié notre production n’aura aucun effet significatif sur le stock. Et le stock doublerait-il, il serait toujours 125 fois plus petit que ce que la terre a connu pour le plus grand bonheur de la vie. Car le CO2 est notre meilleur fertilisant. Troisième imbécillité : la corrélation CO2, température, pertes d’espèces vivantes, serait prouvée. Elle ne l’a jamais été. C’est la hausse explosive des populations dans certaines parties du monde, comme le Nigeria et les pays musulmans, qui pose problème, et les pratiques désastreuses mises en œuvre par ces populations pour survivre, alors qu’elles sont mal pourvues en énergie. Mais là, c’est le silence.  Quatrième imbécillité :  nous pouvons atteindre la « neutralité carbone ». En fait c’est totalement impossible et cela n’arrivera pas. D’abord parce que seule l’Europe se sent obligée de tenter ce pari stupide, et notamment l’Allemagne qui s’est enfoncée dans une impasse dramatique qui ne peut que provoquer un « backlash », un effet retour imposé par les nécessités. Cinquième imbécillité : les énergies renouvelables peuvent représenter la totalité des productions énergétiques. Tout examen un peu rationnel prouve que c’est strictement impossible. Elles peuvent atteindre mondialement au maximum 15 à 20 pour cent de l’énergie électrique qui elle-même est une fraction minoritaire du besoin énergétique global. Sixième imbécillité : convertir tout le parc automobile et tout le chauffage à l’électricité mène directement à une pollution en CO2 pire que l’ancienne et à des frais tellement énormes qu’ils ne seront jamais supportables économiquement. Septième imbécillité : la perte de productivité crée de l’emploi. Huitième imbécillité : les Français qui sont en avance mondiale sur la question du CO2 doivent faire plus que les autres et tuer leurs paysages, artificialiser leur plateau continental, et détruire la beauté construite par des générations, pour atteindre des objectifs sans intérêts et ruineux, tout en perdant tout emploi et toute liberté.

Nous sommes face à une escroquerie et contrairement à ce que dit le Pr Maffesoli, cela provient des élites, pas du terrain. Dans cette affaire, elle a totalement renoncé au progrès, à la rationalité et à l’individualisme, qui sont selon lui les dimensions du modernisme. L’escroquerie écologique a été montée à l’ONU, désormais tenue par les ONG et par Greenpeace, s’est amplifiée par la transmission des instances internationales, puis par les états. En Europe la BCE, la Commission Européenne, les grandes agences internationales sont les fers de lance de l’offensive pour « la transition vers le zéro carbone ». Cette folie vient d’en haut et elle est amplifiée par des élites dirigeant par la peur.

Il en est de même du Wokisme et de la Cancel culture, créés aux Etats-Unis et relayés par toutes les instances internationales comme LA VERITE qu’il faut imposer au monde, via leurs dirigeants et une masse médiatique contrôlée qui aboie aux ordres.

En France, le pays et la majorité de sa population a des aspirations différentes et on cherche à leur imposer des vues qui ne sont pas les leurs. Le slogan, au ras de l’électeur, c’est « liberté et prospérité ». La perte des libertés est colossale et celle de la prospérité suit.

Les crises des bonnets rouges et des gilets jaunes ne sont pas liées au conflit entre modernisme finissant et nouveau monde. Dans un pays où le PIB par tête est quasi le même qu’en 1980, 40 ans de stagnation, la perspective d’une perte massive de revenu, de liberté, de vie et d’autonomie a été ravageuse. La bureaucratie qui dirige la France n’a rien vu parce qu’elle ne peut rien voir. Si toute la politique se résume à 100 personnes issues de la haute administration, cannibalisant une classe politique devenue népotique du fait de la « parité », qui a permis aux enfants de l’énarchie de prendre le pouvoir sans effort (pensons à Marisole Touraine, Parly II, Wargon, etc), on retrouve en pire les cent familles, car passer un examen administratif c’est moins méritant que de créer une industrie et des millions d’emplois.

Les nécessités du moment sont la rationalité, pour contrer les erreurs gigantesques de l’écologie, la nation, pour éviter le naufrage de l’éclatement tribal et la perte du sentiment national, la restauration de la liberté  formelle, en empêchant les dresseurs de piloris et le Klux Klan Woke, mais aussi de la liberté réelle fondée sur la prospérité, en cassant toutes les forces qui ont conduit à la stagnation, avant de s'engager directement dans l’effondrement volontaire, ce qui demande de réfléchir un peu et de faire de la politique.

M. Maffesoli, la France aujourd’hui a besoin de Descartes et de ce que vous appelez le modernisme. Le premier acte est de virer Macron qui symbolise l’effondrement et le déclassement du pays et la ridiculisation de la France, et le second de forger des politiques fondamentales sur les grandes questions clés, en refusant oukases irrationnels et les politiques autodestructrices et malthusiennes, et folies pures et simples, tout en développant une diplomatie de la prospérité.

L’urgence n’est pas de théoriser un changement d’époque vers un magma autodestructeur qui s’imposerait « volens nolens », alimentée par des peurs irrationnelles créées par une oligarchie minuscule venant d’en haut et vivant à l’écart de la démocratie. Nous n’avons pas à avoir peur de la démocratie. Les Français savent très bien ce qu’ils veulent et ils attendent qu'on les respecte et qu’on leur tienne un langage de vérité. C’est aux partis de gouvernement de le vouloir au lieu de s’affoler à l’idée d’avoir seulement une idée.  On a vu que l’aventurisme narcissique d’Emmanuel Macron ne débouchait sur rien sinon le pire. Il faut rebâtir une aventure collective. Et sortir du trou. On ne saurait trop conseiller au professeur Maffesoli de contribuer à ce mouvement de sauvetage plutôt que de commenter le naufrage.  

Un nouvel âge de déraison ?

Il est impossible pour un observateur de ce qui se passe dans le monde et notamment dans les domaines économiques, politiques et sociaux, de ne pas constater que nous entrons dans un âge de folie.

Pour qui fait des conférences dans les lycées, la constatation est immédiate. On n’enseigne plus grand-chose aux élèves mais on soigne leur beauté morale. On sait que le corps enseignant est désormais quasiment totalement féminin (85%), donc la tentation maternisante y est très forte. Les élèves ne sont pas capables de répondre à la moindre question mais ils savent tous vous dire où est le bien et le mal. Le catéchisme a été appris par cœur et totalement absorbé ! On leur a parlé de génération morale qui pouvait sauver sinon le monde, du moins la terre, et mettre fin à toutes les dominations abusives. Alors ils sont très motivés ! Comme on disait lors des évènements de mai 1968, « les faits sont fascistes », donc on n’en tient pas compte et on injurie ceux qui vous les mettent sous le nez. On se cache derrière la science : mais il n’y a pas de science sans faits ! On se retrouve avec une sorte de religion laïque folle, parfois jusqu’à un grotesque de compétition, qu’il est interdit de contredire sous peine d’excommunication. On se retrouve devant des publics qui ne veulent pas savoir, pas comprendre, pas agir, comme les adeptes des sectes les mieux organisées.

Ce serait presque drôle si cela n’avait pas de conséquences pratiques dramatiques dans la vie des gens. Mais elles sont gravissimes et aggravées sans raison par tout l’étage des institutions internationales et nationales. Elles promettent des années terribles aux jeunes générations.

-          L’ONU est désormais dominé par les pays non Occidentaux et les ONG dont les anciens dirigeants ont désormais un rôle crucial dans le fonctionnement des différentes agences. Ce sont souvent des anciens de Greenpeace qui tiennent les rênes. Du coup, au nom des grands principes et des petits intérêts, toute l’action de l’ONU est dévoyée dans des directions faussées et dramatiques pour les pays développés. Son action finit par contaminer toutes les instances internationales comme le FMI, la BCE, les institutions européennes, l’OCDE, la BIRD, la BERD etc.

-          L’écologie, les réclamations LGBT, le tiers-mondisme et les « décoloniaux », l'anticapitaliste, l’anti-patriarcat, et d’une façon générale le néo-maccarthysme Woke d’origine américaine et ses effluves de cancel culture, se sont engouffrés dans toutes ces instances et gagnent l’entreprise, après les médias et la politique, dans des formes ou sournoises ou violentes.

Gare à qui se met en travers de la route. Plus de carrière possible dans aucun domaine. Il y a les bons et les méchants. Pas question d’être dans le mauvais camp. Ce qui frappe, c’est le contact en bas de l’échelle avec les militants de ces mouvements. Lors que vous leur prouvez, en mettant toutes les justifications sous les yeux, que certains faits allégués sont grossièrement faux ou que certains comportements sont totalement inacceptables, la réaction appartient toujours à deux catégories :

-          Le rejet pur et simple. C’est nécessairement faux sinon le mouvement n’aurait pas cette force. Le camp du bien comprend trop d’hommes connus pour ne pas pouvoir être fondé sur le mensonge. L’isolement sectaire, qui correspond à la mise en branle de certains ressorts bien connus de l’âme humaine, en particulièrement la valorisation de soi même par l’appartenance au camp du bien, fonctionna merveille. Devenir apostat ? Jamais ! Ce serait renoncer au bien. Ecouter un discours contraire à la bonne parole ? Une faute.

-          La concession sans conséquence : Mais oui, votre exemple est bien le témoignage d’un énorme mensonge. D’accord votre autre exemple est un dérapage ennuyeux. Mais oui, tout ou presque de ce que nous disons est un tissu de calembredaines ! Et alors ? Tout cela va dans le bon sens. Et quelle politique inverse et avec qui ?

Ces adeptes demeurent dans le champ de ruines de la vérité soit par bêtise, soit par calcul, soit par confort intellectuel. Et on détruit la société.

Nous sommes bien placés, sur ce site, pour savoir ce que veut dire une opinion publique « construite » et l’impossibilité d’aller contre, du fait du verrouillage de l’information des grands médias ficelés par une poignée de grands intérêts. Dénoncer le rôle des dysfonctionnements lourds du système des changes flottants ou de l’Euro irrite tellement de grands intérêts structurants nos médias qu’il est quasi impossible de forcer la porte des grands médias. Dénoncer l'Énarchie compassionnelle vous met aussitôt dans l'impossibilité d’agir au sein de très nombreuses institutions politiques ou intellectuelles de France. Dénoncer le néo-maccathysme des piloris et les émanations délétères du Klux Klux Klan Lgbt+, entraîne des dénonciations phénoménales.

Internet a été l’occasion de nouveautés abominables quant au respect des libertés. L’exclusion de Donald Trump de Facebook et Twitter est évidemment le symbole le plus fort de la pratique de « l'effacement des mauvais » de l’univers visible. Mais d’autres pratiques sous des formes diverses contribuent aux mêmes conséquences. C’est en mode mineur le cas des notations qui entraînent une forme de boycott larvé organisé par des inconnus. On peut ruiner un médecin, un restaurant ou un hôtel ou quoi que ce soit qui est noté, par ces procédés.  Le comble est la note de citoyenneté des Chinois qui fait dépendre votre vie de la notation des quelques apparatchiks cinglés.

Un autre phénomène incroyablement délétère est la création par des intérêts douteux de véritables sociétés de dénigrement qui se chargent de « tuer » ou de menacer de tuer, par le boycott, les procès, les campagnes de presse, des personnes ou des institutions qui leur déplaît pour une raison ou une autre. La prétendue « Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) » s’en est ainsi prise au Dr Raoult pour le disqualifier et le faire taire par des actions intolérables, en même temps que l’ensemble de l’UHM était soumis à un harcèlement incessant. Né aux Etats-Unis pour prétendument « contrer les fakes news de la droite radicale », le réseau d'activistes Sleeping Giants cible désormais les médias avec des méthodes de gangsters allant de la pression sur les annonceurs pour renoncer à passer leur pub dans certains médias « ennemis », l’instrumentation de boycott, les campagnes de haine, la menace, le harcèlement… Aux Etats-Unis des officines de ce genre se créent tous les jours, et se font les chiens ou les chiennes de garde des mille et une causes LGBT.

De mêmes qu’Edwy Plenel, spécialiste de ce type de guerre comme trotskiste militant depuis des lustres, après avoir ruiné de réputation le journal Le Monde, devenu un pitoyable pilori, entraîne son site-égout, Mediapart, à des actions ciblées contre des entreprises (Mac do récemment), avec la plus parfaite mauvaise foi, les équivalents américains WOKE harcèlent les grandes entreprises pour servir la messe LGBT. Et obtiennent ce qu’ils veulent par la menace. Parité non seulement dans les conseils d’administration mais dans les postes de direction, « égalité » salariale, promotion massive de minorités, toilettes transgenres, … sont imposées sous peine de discrédit sur les réseaux sociaux, boycott etc.

Ces minorités agissantes obtiennent du législateur des textes ambigus ou explicites qui permettent de mettre en œuvre des menaces judiciaires.

Tous les dirigeants américains chantent donc la chanson WOKE pour éviter les ennuis au détriment de la promotion des jeunes hommes blancs hétérosexuels ou des minorités non incluses dans le camp des bons (aux Etats-Unis les : « jaunes » qui se débrouillent très bien tout seuls).

Ces mœurs fascistes de voyous maîtreèchanteurs, basées sur le pilori, les groupes de la haine et l’huile de ricin médiatique, arrivent en France où elles se généralisent.

On voit Mme Lagarde, président de la BCE parce que femme, bien qu’incapable en matière financière et monétaire, recevoir Greta Thunberg, prendre parti pour les financements verts et l'exclusion des financements des industries consommant du CO2, tenant des propos WOKE en toutes circonstances. Sa réélection est à ce prix. On voit Mme Van Leyen, une étonnante incapable dont les Allemands se sont débarrassés en en faisant la présidente de la Commission Européenne, prendre part à une chasse à l’homme contre un vénérable président du COJO Japonais qui avait osé dire que les femmes intervenaient de façon très longue et parfois inarrêtable dans les conseils. Il devra se retirer et sera remplacé… par une femme.

Tous les mouvements de gauche, de LREM à la gauche insoumise, sont désormais dans l’emballement WOKE, sans vergogne. Les pires sont évidemment les extrêmes gauches universitaires, comme on l’a vu à Grenoble et les Verts qui se moquent de l’écologie et veulent « détruire le capitalisme et détruire le Patriarcat ».

A Paris sous Hidalgo comme en île de France si la liste Bayou passe, ce sera toujours les subventions massives aux associations « bien pensantes », des dizaines de millions, la destruction de l’orthographe (fasciste) par l’écriture « genrée », les visites et ateliers « genrées », c’est-à-dire interdits aux hommes blancs hétéros sexuels, la destruction des mobilités, la transformation des cours d’écoles, dégenrées (sic) et mille autre mesures vexatoires et destructrices. Le saccage de Paris est désormais constaté par tous. Imaginons l’île de France dirigée par cette engeance !

Ce jour même, plusieurs évènements soulèvent le cœur :

-          Les homosexuels allemands ont exigé qu’un stade de « l’Euro de Football » (on ne sait plus dire championnat d'Europe) soit coloré aux couleurs du mouvement des lesbiennes et homos. Refus de la Fédération Européenne ! La Chasse à l’homme est engagée avec procès en déviation politique et phobie anti-homosexuelle. Dire non est un acte de haine fascisant.

-          « Dans une décision rendue ce mardi 22 juin, la plus haute juridiction administrative a en effet suspendu l'entrée en vigueur, prévue le 1er juillet 2021, des nouvelles règles de calcul du montant de l'allocation-chômage. Faisant suite à la saisine de plusieurs organisations syndicales, le Conseil d'État justifie cette décision en arguant que « les incertitudes sur la situation économique ne permettent pas de mettre en place, à cette date, ces nouvelles règles qui sont censées favoriser la stabilité de l'emploi en rendant moins favorable l'indemnisation du chômage des salariés ayant alterné contrats courts et inactivité. » Les législateurs et l’exécutif n’ont qu’à aller se faire voir chez Plumeau. Quelques énarques nommés en ont ainsi décidé. Où est la démocratie ?

-          On retend rouvrir le procès d’Omar Haddad parce que le jugement le condamnant est marqué par un racisme anti-arabe. Une femme ayant tué son mari fait l’objet d’une campagne en sa faveur en prétendant qu’elle ne doit pas être condamnée car victime de la prédation violente de son mari ! Selon l’identité raciale ou sexuelle du « mis en cause », la justice ne doit pas condamner ou revenir sur ses condamnations.

-          Le GIEC sort un rapport selon lequel on est tous foutus, sauf actions délirantes dans les 5 ans. On invite les lecteurs à lire deux livres fondamentaux : « Le Mensonge écologique » et « la Religion écologique » respectivement de Kersvadoué et Gérondeau. Ils apprécieront ce qu’est le Giec et le sérieux scientifique de ses analyses. Gérer par la peur, un grand axe de la modernité.

-          Un taré tue un chat. Six mois fermes ! Trois braqueurs masqués, armés, attaquent un bar et s’empare de la recette. Reconnus, récidivistes, ils écopent de trois mois avec sursis !

 

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Élections régionales : l’effondrement dans le ridicule et la honte !

La démocratie fonctionne lorsque les élections permettent au pays de débattre de questions cruciales, sur la base d’une information honnête, approfondie et complète, et de choisir des options claires dont il pense qu’elles seront bénéfiques.

Deux élections ne correspondent en rien à cette obligation.

La première est l’élection européenne. Personne ne peut savoir pour quoi on vote puisqu’il n’y a pas de programme. Celui-ci est défini principalement par la Commission et accessoirement par les États après coup. La campagne électorale est un concours de beauté entre partis où on ne parle que de questions qui sont hors de portée du Parlement européen. La proportionnelle permet de fragmenter l’offre politique. Quelques élus dispersés dans un magma de plus de 700 membres de l’Assemblée européenne n’ont strictement aucun pouvoir et ne sont généralement là que pour « prendre l'argent et se casser ».

La seconde est l’élection régionale. La décentralisation a été un des échecs les plus navrants de la Mitterrandie et la création de conseils régionaux à géométrie variable et à fonctions changeantes et sans signification a conduit à une inflation de fonctionnaires territoriaux et de rémunérations d’élus ainsi qu’à un gaspillage de budgets totalement ahurissant. On a commencé par construire des régions très petites qui auraient eu un sens si on avait supprimé les départements et des fonctions spécifiques. On s’en est bien gardé. Il en est résulté des dépenses somptuaires dans des palais régionaux et des recrutements massifs. Puis on s’est avisé que tout cela coûtait vraiment trop cher. Alors François Hollande, entre deux balades à scooter et trois visites de journalistes, a crayonné une nouvelle division, absolument arbitraire tout en faisant voter une restriction massive des attributions de ces parlements d’anciens régimes sans ancienneté et sans régime.

Rappelons que pour l’essentiel les Régions s’occupent de la maintenance des lycées et collèges et de l’entretien des routes, et, un peu, des soutiens à l’économie. Mais il n’impulse aucune vraie politique et ne peut donc produire aucun résultat. Comme pour les Européennes, le vote ne débouche sur rien d’utile et de sérieux. Comme pour les Européennes les pauvres débats qui n'intéressent personne portent sur des questions qui ne sont pas du pouvoir de ces assemblées. Sécurité ? Eoliennes ? Actions économiques ? Gestion des transports ? Immobilier ? Tout est entre les mains des préfets et des maires ou des intercommunalités.

Les débats, dès qu’on se concentre sur les mesures concrètes, portent sur des questions ancillaires minables ou sur des distributions de pognon, les contribuables français ayant des poches profondes et la pompe régionale un appétit sans limite. Les régions sont des machines à subventions plus ou moins douteuses, plus ou moins démagogiques, doublonnant à qui mieux mieux avec les autres étages administratifs, y compris l’Europe.

À ces difficultés structurelles s’ajoutent des délires circonstanciels.

Le premier est la volonté farouche d’Emmanuel Macron de tuer ces élections qui vont démontrer son absence quasi-totale d’enracinement dans le pays et la marginalité de LREM. Depuis trois ans, il organise la destruction de l’élection avec une constance politicienne et une passion anti démocratique parfaitement honteuse. Comment tuer cette élection ! rappelons qu’il a attrapé le COVID lors d’une réunion après couvre-feu qui avait comme seul sujet la destruction des élections régionales ! Il lance une campagne pour les reporters en 2022 après les présidentielles en essayant de faire endosser la décision par l’opposition. C’est un flop. Elles seront déplacées en juin. Il réagit aussitôt en déplaçant les dimanches prévus pour le vote de deux semaines. Cela permet de faire couvrir la campagne par le championnat d'Europe de football, et le second tour par le Tour de France, sans parler de Roland Garros ! En plein pendant la campagne on enlève les masques et les couvre-feux : partez, partez et profitez de la route, de la mer et de la campagne. Le second tour aura lieu le jour du grand départ en vacances ! Formidable ! Si avec cela on ne parvient pas, comme aux municipales de tuer la droite et à déconsidérer les résultats de l’élection, avec un taux d’abstention historique, c’est à vous décourager de fausser la démocratie.

Mais cela ne suffit pas. Il faut encore organiser une tournée publicitaire dans toute la France pour la bobine du Président soit partout présente dans les médias pendant que les candidats aux régionales font campagne dans le désert médiatique et l'égout des réseaux sociaux. Naturellement cette initiative est complétée par une pluie de cadeaux électoralistes bien préparée : ah cette subvention de 300 euros pour les jeunes « pour la culture » ! Quelle astuce en ce moment où les organisations culturelles sont effondrées ! C’est encore mieux que la cantine à 1 euro et les serviettes hygiéniques périodiques gratuites pour les étudiants. Et tout est prévu pour l’après élection. Le Président « reprendra la main » comme il dit. Tout est préparé. En septembre il ne restera rien de l’échec cinglant qu’il anticipe. Les farces et attrapes seront distribuées avec le soutien des médias complices pendant tout l’été.

Pour bien faire on a évidemment essayé de troubler le jeu politicien, en Paca et dans le Nord, avec les ficelles les plus grosses. Il s’agit de faire perdre la droite pour se présenter comme le seul rempart contre marine Le Pen. Une ambition nationale des plus médiocres et un calcul électoral des plus éculés. Les problèmes du pays ? Quels problèmes ? Surtout pas de programme ! Simplement des mesurettes pour dire qu’on a fait quelque chose. L’efficacité ? On s’en fout.

Un tel mépris pour l’électeur, à un tel niveau de pauvreté politique, sur fond de grand déclassement et de grands effondrements, restera une curiosité du temps.

Les partis politiques sont tous à la ramasse.

-        Les Verts tentent de faire croire qu’ils s’intéressent à l’écologie. Il faut lire leur programme interne notamment celui qui est expliqué aux jeunes qui intègrent la mouvance : « nous sommes là pour détruire le capitalisme et le patriarcat ». Les petits oiseaux ? Quels petits oiseaux. On appelle cela l’escroclogie. On n’a pas tort. On sait que s’ils parviennent au pouvoir un flot de mesures islamo gauchistes, LGBT+ et « cancel culture » va envahir les dépenses régionales. Écriture genrée pour commencer, cours de récréations dégénérées pour continuer, blocage des circulations dans l’hystérie la plus totale. Ce qu’on a vu à Paris mais en grand. L’horreur et le pourrissement partout. Aucun effet sur le CO2 et sur quoi que ce soit. Et une pluie de subventions aux copains après avoir augmenté la rémunération des élus.

-        Le PS est à la remorque des Verts et on sait leur cupidité et leur mépris pour l’électeur. À part les effets de coiffure de Mme Pulvar, le programme est vide.

-        La droite a tellement peur d’avoir un programme qu’elle n’a d’autre ambition que d’être un rempart contre les sottises de gauches et les ambitions de l’extrême droite tout en essayant de séduire et la droite droitière et le centre gauche. De la dentelle si peu fine qu’à la fin on ne voit que les trous.

D’après les sondages, l’abstention pourrait dépasser 60 %. On n’ose pas le publier, mais on constate que plus de la moitié des électeurs ne savent même pas qu’un scrutin arrive dimanche prochain. On jugera que ce sont les Français qui ont décroché de la démocratie. Quelle ignominie.

Lorsqu’on crée des institutions sans signification et que l’on fait tout pour les escamoter, vraiment tout, on récolte ce qu’on a semé. Les Français n’y sont pour rien.

Soit on régionalise des politiques et il faut dire lesquelles et prouver qu’elles seront mieux gérées à un échelon régional. Soit on supprime les régions. Telle est la vérité profonde qui ressort de ces élections ratées. Il est vrai que l’abaissement des nations par la division régionale est dans le programme des fédéralistes européens. Il faudra donc lever cette hypothèque. Est-ce que la France doit devenir une somme insignifiante de territoires ouverts à tout vent et gérée principalement par les directives européennes ?

Le mieux serait sans doute de supprimer les régions et de n’envoyer au Parlement européen qu’une délégation des députés, au prorata des groupes, en refusant de jouer le jeu des élections européennes.

On commence à savoir que l’ambition ultime d’Emmanuel Macron est de devenir un président de l’Union Européenne, élu au suffrage direct par l’ensemble des peuples européens. Sa réélection et ses innombrables simagrées européistes, son alignement antinational sur les intérêts allemands, son atlantisme sans nuance, toute cette gymnastique honteuse pour un précisent de la république française, n’ont d’autres objets que cette sublime ambition : devenir un Jupiter Européen, échappant à toutes les contraintes et à toutes obligations de faire pour être enfin rassuré sur ce qu’il est. Un projet antinational fou ? Le projet d’un fou ?

Les Français feraient bien de commencer à s’intéresser à l’essentiel : le grand redressement. L’inconscience nationale à ses limites.

 

Retour de l’inflation et assèchement administratif des liquidités

L’avantage de la pandémie de Sars-Cov-2 est qu’elle nous force à pénétrer dans des territoires inconnus qui mettent nos réflexes mentaux et nos habitudes de pensée à l’épreuve. Avec les océans de monnaie créés par les banques centrales occidentales, qui se comptent en milliards de milliards de dollars ou d’euros ou de tout ce qu’on veut, nous sommes techniquement en inflation et même en inflation délirante.

Lors de la crise des changes flottants de 2008 et lors de la crise sanitaire, les États ont réagi à une perte de valeur en 2008 et 2009, et à une perte de production et de revenu en 2020 et 2021 par la création de monnaie. La première inflation monétaire n’a pas eu d’effets sur les prix à la consommation, du fait de la profondeur de la récession et de l’ampleur de la mondialisation mais a fait jaillir les prix de la bourse et de l’immobilier. Régler des questions de valeurs monétaires des actifs par des émissions de monnaie, on peut dire qu’on restait dans la logique financière.

Compenser des pertes de production et de revenu avec de la monnaie, là, le pari était plus osé. Plus de monnaie et moins de production, il n’y a pas de théories économiques qui n’expliquent  qu’on aboutit tôt ou tard à une hausse du prix des produits et une baisse de pouvoir d’achat de l’unité monétaire. Certes, l’absence de marché, du fait des confinements et autres couvre-feux, expliquait que l’argent créé reste sur les comptes en banque. Mais la réouverture des marchés et le redémarrage des affaires se devaient de lancer la hausse des prix.

Un point qui n’a pas été vu est la dislocation des « chaînes de valeur » et l'explosion du maillage logistique mondial. On n’en a pas bien mesuré la survenue faute d’expérience, même si certains événements avaient alerté sur les conséquences graves de pénuries imprévues parce que liées à des accidents, genre Fukushima. L’extension et le fractionnement de la chaîne de production, avec une politique de « just in time », fragilisent l’économie en cas de difficulté même ponctuelle et bien plus en cas d’explosion générale, et encore plus quand ces disruptions ne touchent pas tout le monde en même temps.

Ce qu’on voit aujourd'hui, ce sont d’immenses ruptures de stocks et des pénuries graves d’objets et de force de travail. À chaque redémarrage dans un pays ou dans un métier, l’entreprise se trouve confrontée à la difficulté de recruter et de trouver les intrants nécessaires à son activité. Les caisses sont pleines de liquidité, par exemple en France, et le crédit ne manque pas, mais on ne dispose plus de ce qu’il faut pour travailler.

L’affaire du muguet du 1er mai est très intéressante. En France, l’affolement avait conduit à ne pas accepter la vente de muguet en 2020. La production s’est effondrée et en 2021, on n’a pas eu assez de muguet pour faire face à la demande et les prix ont fini par flamber (jusqu’à 40 % de hausse en certains endroits), dès que la pénurie a été patente, et il n’a fallu que quelques heures pour la constater. Tous les fleuristes qui ont rouvert sont bien décidés à rattraper le temps perdu en augmentant les prix, mais tous ont eu la fâcheuse surprise de conter que les prix en Hollande, plaque tournante du marché, avaient augmenté massivement. Il sera instructif de suivre le cours des fleurs et le comparer à 2019.

Dans le bâtiment, c’est bien pire. Les artisans sont couverts de boulot, car l’argent est là et les propriétaires anciens ou nouveaux de maisons secondaires profitent des circonstances pour leur donner un coup de jeune, et les rendre plus confortables s’ils doivent y séjourner plus souvent du fait des rebonds de la pandémie. Et là, catastrophe. Les produits manquent. Tous. Du sable au bois, en passant par le cuivre, l’acier et le zinc. Les hausses sont dans la fourchette de 40 à 50 % ! Et les artisans ne trouvent plus de compagnons du fait que beaucoup ont quitté le métier ou préfèrent encore rester dans le cocon de l’assistanat. Du coup les contrats anciens ont perdu leur équilibre, les prix fixés n’ayant plus de sème, les délais s’accroissent, certains chiffres d’affaires sont arrêtés par les pénuries et poussent les trésoreries vers le bas. Dès qu’un projet a réussi à rassembler tous les facteurs de production, la facture pour le client est très élevée. On manque encore de chiffres, mais un rapide examen de quelques dossiers montre une hausse de près de 20 % sur les dossiers nouveaux.

Dans de nombreux domaines de l’industrie, les entreprises doivent faire face à des pénuries, notamment de matières premières et de puces. Là, la répercussion sur les prix est plus difficile compte tenu de la compétition mondiale. Mais dans un secteur en pénurie parce que la Chine, par exemple est le principal fournisseur de matières premières, comme les métaux rares, et réserve ces produits à ses propres industries, les fournisseurs américains et européens ne peuvent pas vendre et les produits chinois sont beaucoup plus chers car seuls disponibles.

Dans l’hôtellerie-restauration, trouver du personnel est devenu difficile et les chaînes d'approvisionnement, durement et longuement atteintes par la fermeture du secteur, ne peuvent pas fournir. Les hausses de prix en terrasse sont inévitables dès le mois de mai même si l’hôtellerie est, elle, obligée de rétablir sa clientèle et ne peut pas le faire en haussant ses prix. En Europe le prix de revient d’une canette de Coca Zéro, sortie d’usine, était entre 20 et 30 Cts d’euro, avec des prix de ventes entre 80 cts et 120 cts. En 2021, ces valeurs ont augmenté de près 50 % !

La disponibilité d’immenses réserves financières du fait de l’inflation des moyens de paiement permet à toutes les hausses de prix de trouver leur contrepartie. Donc, oui, il y a bien une inflation des prix et pas seulement des actifs de placement.

On dira : il s’agit d’une inflation frictionnelle liée à la crise et elle se résorbera avec un retour à la normale des chemins logistiques. De toute façon la mondialisation maintient l’obligation, notamment en France de ne pas augmenter les salaires, sauf à perdre encore des parts sur le marché mondial. Pas d’inflation des salaires, pas d’inflation des prix à la consommation durable.

Sans doute. Pas plus qu’il n’y a de doute qu’une partie des ressources créées ex nihilo par les banques centrales vont être utilisées à payer plus cher des prestations et des produits. Cela devrait conduire les autorités à être prudentes dans leur politique de reprise des revenus qu’elles ont lâchées au cœur de la crise. On ne saurait trop les inviter à ne rien faire de tel pendant les deux prochaines années. Un certain ajustement inflationniste est nécessaire pour sortir des conséquences de-là pandémie et d’une certaine façon est déjà acquis même s’il n’est pas encore manifeste. Donner un coup de faux administratif sur les liquidités alors que l’inflation latente se révèle peut conduire à une situation économique et sociale inacceptable.

L'excellent livre du professeur Peyromaure

pourquoi les soins sont-ils partis en déshérence en france ?

Disons le d’emblée, s’il n’y avait qu’un livre à lire sur la crise de l’hôpital ce serait celui, exceptionnel, du Pr Michaël Peyromaure. Pourquoi est-il exceptionnel ? Parce qu’il décrit la réalité et ne s'embarrasse pas des prudences habituelles ni surtout des allégeances faciles. Qu’on me permette d’ajouter qu’il rejoint des analyses que nous avons faites ici depuis de début de ce blog, le premier article concernant le traitement ridicule des ALD, affection de longue durée, prises en charge à 100 % sans raison majeure, d’autres articles ayant dénoncé le service universel de transport vers l’hôpital et retour, scandaleux gaspillages pourris de fraudes diverses, d’autres encore le développement vertigineux de la bureaucratie, et la soviétisation du système de soins, particulièrement à l’époque de Mme Bachelot, mais en fait depuis Alain Juppé avec un point culminant avec Marisol Touraine, sotte prodigieuse et témoin des dérives disons familiales de la classe dirigeante, notamment socialiste, pour ne pas parler de consécration d’un népotisme crapoteux.

Pour avoir, à deux reprises, été appelé à intervenir dans des difficultés d’organisation hospitalière, j’ai une petite expérience des particularités du milieu et il faut le dire, ces difficultés viennent de partout, et en particulier du corps médical lui-même. Ce que j’admire chez le Pr Peyromaure, c’est justement sa capacité à ne pas rejeter uniquement sur « les autres » toutes les fautes et à prendre sa part de critiques. Il n’y a aucune idéologie et aucun esprit de clan dans son livre. Il admet les défauts du système purement mandarinal ; il reconnaît la nécessité du contrôle de gestion ; Il sait la complexité des questions et quels équilibres fragiles sont en cause.

Pour être d’une génération précédant la sienne, j’ai mieux connu la période précédant son arrivée à l’hôpital et pourrais compléter sa connaissance sur les bizarreries qu’il fallait affronter encore au milieu des années soixante-dix. Il n’imagine sûrement pas qu’à l’AP-HP, la tenue des comptes devait être effectuée en couleur, tous les soldes débiteurs étant inscrits sur les registres en rouge. Les imprimantes de l’époque étant monocolores, cela interdisait l’informatisation de la comptabilité ! Pour changer ce petit problème, il fallait une loi ! Cette sottise durera près de sept ans avant d’être levée. Juste au moment où les imprimantes devenaient multicolores !

Dans les années quatre-vingt une nouvelle difficulté s’est révélée avec l’arrivée des micro-ordinateurs. Certains médecins se sont mis en tête de réaliser soit avec des L4G du marché soit des tableurs, et sur les systèmes qu’ils considéraient les meilleurs, des programmes informatiques plus ou moins intéressants et toujours totalement incompatibles avec quoi que ce soit, qu’ils jugeaient naturellement sublimes. Il est vrai que l'administration s’entêtait à concevoir des usines à gaz vieillottes et consternantes parfois sous-traitées à des sociétés intermédiaires « familiales », chut, et qui n’avaient strictement aucun intérêt pour les services hospitaliers sinon de bien nourrir quelques intermédiaires disons amis.

Aujourd’hui, l’informatisation des actes de l’hôpital est « fascisante » : vous ne pouvez rien faire qui ne soit pas conforme à une norme, et il faut demander à la machine le droit de pouvoir agir et consigner à la machine le résultat de vos actes. Le médecin comme l’infirmière sont totalement déresponsabilisés au nom d’une meilleure médecine, comme il y a un meilleur des mondes et surtout du principe de précaution qui pousse surtout à éviter toute responsabilité. Alors on utilise l’informatique non pas pour soigner le malade mais pour protéger le système.

Certains aspects de la réalité échappent partiellement à la sagacité de notre auteur. Il n’est pas économiste même s’il s’intéresse à la discipline et en suit bien des aspects. Il ne peut pas voir que la grosse différence entre les années soixante-quatre vingt et maintenant, c’est que le PIB par tête a doublé dans la première période et est restée stagnant dans la seconde. Le développement médical et notamment hospitalier a été foudroyant dans la première, extrêmement compliqué dans la seconde.

Il faut comprendre quelle a été la macroéconomie des décisions prises par le système politique dans un contexte de stagnation pour comprendre la situation médicale actuelle.

Première décision : limiter l’offre de soins.

Seconde décision : privilégier l’administration et la bureaucratie

Troisième décision : opter pour la démagogie électoraliste des gratuités généralisées à tout et à tous.

Ces « décisions » n‘ont jamais été assumées, de même que jamais le système n’a cherché à comprendre les causes de la stagnation économique. C’est la raison profonde de la création de notre petit cercle qui a dès le départ voulu donné une explication globale des crises à répétition, des causes particulières de l’effondrement français, et des aggravations dues aux politiques européistes. Il a par ailleurs privilégié la compréhension du phénomène de capture bureaucratique (l’énarchie compassionnelle) et les effets délétères des gratuités électoralistes, dans de nombreux domaines, dont celui de la santé.

Le Dr Peyromaure a parfaitement raison de signaler la responsabilité des Français eux-mêmes. On leur a servi la politique qu’ils voulaient et qui était suicidaire. L’échec de François Fillon a commencé lorsque les Français ont compris qu’il y aurait sans doute un peu moins de gaspillage et de gratuité dans la santé. « Ma santé, c’est sacré ». Gare au politique qui ne tient pas compte de cette constante notamment dans le corps électoral féminin. L’obsession de la santé est bien connue des éditeurs et du monde des médias. Disparition du ticket modérateur, CMU, gratuité tous azimuts, couverture médicale des étrangers venus spécialement pour cela ou immigrés clandestins, extension des gratuités, etc. Les politiques ont accepté de jouer le jeu de consacrer une partie du budget qui allait à la médecine aux aides à la population. Dans une ambiance de stagnation du PIB par tête, cela veut dire que la quantité d’argent mis sur les soins, par tête, a BAISSE. Comme la médecine a fait d’énormes progrès, de plus en plus ailleurs qu’en France, faute d’argent, et qu’elle coûte de plus en plus cher, la restriction de la part donnée au soin et à des soins plus chers, a eu un effet constrictif considérable porté pendant quatre décennies. Comme une partie du budget médical est partie vers la bureaucratie, la constriction est devenue encore plus violente.

Du coup tous ceux qui cherchent à faire progresser la médecine, comme connaissance et comme pratique de soins, considèrent la France comme un pays sous-développé. Quarante d’erreur, c’est long ! L’échec de la recherche médicale française dans les vaccins anti Covid a achevé de rendre cette réalité « incontournable ». L’effondrement est désormais palpable dans le domaine médical comme dans beaucoup d’autres.

Le livre de notre professeur, « Hôpital, ce qu’on ne vous a jamais dit », (Albin Michel, 2020, Isbn 978-2-226-44785-2) est plein de suggestions de réformes intéressantes.

Qui peut nier qu’il faut casser la bureaucratie, ce qui implique de mettre fin au scandale de « l’énarchie compassionnelle » et qu’il faut restaurer le pouvoir des chefs de service en centrant l’hôpital autour de l’amélioration des soins et la politique sanitaire autour de la médecine et non de la gratuité de l’accès à la médecine.

L’horreur de la situation est que la politique médicale ne peut progresser que si la partie soin reprend de l’ampleur, ce qui implique automatiquement de la croissance, et une restriction considérable dans le domaine des gratuités tous azimuts. Entre le pouvoir de l’Énarchie, triomphant avec Macron, la montée de l’écologie restrictive qui bloque toute croissance au nom de la survie de la terre, la résistance des équipes socialistes qui ont tout noyauté, partout mais notamment dans le domaine médical, l’exaltation du « tout pour ma gueule de l’électeur consommateur désireux que tout soit gratuit », la crise du Covid et les dégâts financiers économiques de la politique irresponsable qui a été menée, les folies européistes, la chance que le budget proprement consacré l’amélioration de la dispense de soins meilleurs, par tête, augmente, est nul.

Aucune mesure n’a été prise pour réduire les 16 000 femmes fonctionnaires de catégorie A dont personne ne sait ce qu’elles peuvent bien faire au sein du Ministère de la santé et des ARS. Aucune mesure n’a été prise pour réduit les 20 % de médecins qui a l’hôpital ne font aucun soin. Aucune mesure n’a été prise pour réduire les 35 % de temps pris par les actes bureaucratiques dans l’emploi du temps des personnels (médecins et infirmières) effectuant des soins. Aucune mesure n’a été prise pour augmenter l’offre de soins d’urgence malgré la certitude de la relance de-là pandémie.

Cette carence fondamentale n’a pas été secouée le moins du monde par l’urgence de la pandémie. Autant dire que rien ne la fera reculer. Les Français ont-ils cédé aux sirènes de l'abandon et de l'effondrement et conditionné les médias et les politiques à leur servir ce qu’ils aiment quelles que soient les conséquences ?

M. Véran se vante d’avoir limité le nombre des morts de plus de 80 ans en les vaccinant quitte à sacrifier la jeunesse. Et on vient de dépasser les 100.000 morts (en fait les vrais chiffres seront plus près de 100.000. Le ministère de-là santé annonçait 50.000 en fin d’année alors que les chiffres de l’INSEE sont à 75.000 au 31 décembre 2020 ! ).

M. Macron veut la gratuité des lunettes et des pareils dentaires. Il offre des garnitures menstruelles gratuites aux jeunes filles. Il pense à son tour à créer un quatrième risque, finançable, pour couvrir les frais de fin de vie.

Mme Hidalgo fait campagne en proposant plus de gratuités, dans tous les domaines.

D’innombrables imbéciles se déchaînent pour demander plus d’Europe dans la gestion de la santé, garantie d’encore plus de bureaucratie, de coûts, d'éloignement des décisions et d’infirmité dans les soins.

L’Union Européenne est incapable de proposer un plan de relance adaptée. Mais elle exige que des missi dominici européens suivent pas à pas les politiques qu’elle impose à la France dans sa politique de démantèlement de ce qui marche encore un peu.

D’autres déments hurlent à la mort pour obtenir une aggravation des impôts, la réduction des horaires de travail, l'extension des subventions à tous les stades de la vie,  l’extension du contrôle social de la population.

On notera qu’Emmanuel Macron cède à toutes ces demandes de démagogie et ne s’occupe que de sauver son narratif et son élection, tout en soignant les aspects psychiatriques de sa psychologie.

Faire bouger l’opinion et les forces politiques semble impossible, alors que le pire est au bout du chemin.

Merci au Professeur Peyromaure, d’avoir éclairé un peu plus la réalité. Au moins lui le fait d’abord pour améliorer le traitement des malades et des maladies.

La fausse réforme de l’ENA

Ainsi l’ENA va-t-elle « être remplacée par quelque chose qui marche ». Tel est la volonté d’Emmanuel Macron. On retrouve la morgue de l’ancien élève qui s’est élevé au-dessus du lot et qui se permet de faire sentir au « vulgus énarchus » sa supériorité.

Nous sommes une fois de plus dans la psychiatrie : « le syndrome du gamin qui a sauté la maîtresse » et qui en tire des idées aventurées sur sa supériorité vis-à-vis des autres. Une réforme n’a de sens que si on fixe un diagnostic et qu’on affiche une volonté positive de curer les difficultés. Comme toujours, faute d’analyses de fond, on s’amuse. Le nom est donc changé. L’ENA devient l’ISP, l’institut de service public. L’avantage est qu’on ne pourra plus condamner l’Énarchie et les Énarques. Instituteurs du service public, c’est moins parlant et moins classe. On reviendra au terme de Haut Fonctionnaire, ou au titre : inspecteur des finances, conseillers d’Etat etc. En dehors du changement de nom, on présente deux évolutions : la fusion de plusieurs écoles de fonctionnaires, et l’ouverture de filière spéciales pour la « diversité ». « On noie le poisson et on le fait changer de couleur » a plaisanté un haut fonctionnaire. Les filières spéciales pour la « diversité » sont le contraire de l’esprit méritocratique des institutions républicaines. Quant à multiplier les troncs communs, c’est aussi une grande mode depuis longtemps aux étages inférieurs de l’administration, qui a pour but de contrebalancer l’ouverture de filières dans des domaines ministériels nouveaux. Un ministère qui n’a pas son école spécialisée n’est pas un ministère. 39 écoles sont membres du réseau des écoles de service public, ce sont des établissements publics :

– Centre d’enseignement supérieur de la Marine CESM

– Centre national de la fonction publique territoriale - CNFPT

– École nationale des douanes

– École d’administration militaire

– École des commissaires de l’air

– École des hautes études en santé publique

– École des officiers de la gendarmerie nationale

– École des officiers du commissariat de la Marine

– École nationale d’administration

– École nationale d’administration pénitentiaire

– École nationale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes

– École nationale de la magistrature

– École nationale de protection judiciaire de la jeunesse

– École nationale des finances publiques

– École nationale des greffes

– École nationale des services vétérinaires

– École nationale des travaux publics de l’État

– École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg

– École nationale supérieure de la police

– École nationale supérieure de la sécurité sociale

– École nationale supérieure des officiers de police

– École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers

– École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques

– École supérieure de l’éducation nationale

– Groupe écoles - Centre de formation et de documentation des affaires maritimes

– Institut de formation de l’environnement

– Institut de la gestion publique et du développement économique

– Institut national des études territoriales

– Institut national du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle

– Institut national spécialisé d’études territoriales d’Angers

– Institut national spécialisé d’études territoriales de Dunkerque

– Institut national spécialisé d’études territoriales de Montpellier

– Institut national spécialisé d’études territoriales de Nancy

– Institut régional d’administration de Bastia

– Institut régional d’administration de Lille

– Institut régional d’administration de Lyon

– Institut régional d’administration de Metz

– Institut régional d’administration de Nantes

Qu’il n’y ait pas quelques réformes à faire dans ce fatras, surtout dans toute la partie régionale et territoriale, c’est certain. Vouloir en revanche mélanger la formation aux petits postes et l’accès aux hautes fonctions de l’Administration n’a pas grand sens. Les mélanges de niveaux ne donnent jamais de bons résultats. L’effondrement du niveau scolaire conduit par ailleurs à une dévalorisation naturelle des candidats. Tout niveler aboutit à une descente plutôt désespérante.

Il est évident que donner à 24 ans un titre d’inspecteur des finances ou de conseillers d’état est étrange. Le système des militaires qui ne permettent l’accès au plus haut grade qu’après une expérience prouvée sur le terrain est excellent.

Pour les Ministères les plus importants la préoccupation est de mettre la main sur les meilleurs élèves tôt et de maintenir la qualité de l’effectif. Tout le débat pour eux est de savoir comment détecter et recruter les meilleurs. Ils savent très bien qu’ils n’émergeront pas des écoles destinées aux fonctionnaires secondaires. Avant l’ENA, ils avaient des concours spécifiques et chacun veillait à son cheptel chéri. On retrouve ce système pour les deux assemblées qui recrutent des fonctionnaires spécifiques qui sont devenus des armées mexicaines cloisonnées. Un système détestable.

La sortie « dans la botte » de l’ENA permettait l’accès aux grands corps, le reste se diffusant dans le reste des administrations. On a assez dit que les mauvais élèves de l’ENA se retrouvaient au ministère de la Santé ! Si on supprime les classements et si on met en œuvre d’énormes troncs communs, reste à définir comment les grands ministères recruteront l’élite des élèves et si l’élite des élèves aura envie d’aller vers l'administration.

Et on sera alors revenu au problème véritable qui est la base de la critique du système énarchique : l’envahissement du politique par la haute administration ! Les hauts fonctionnaires ont un domaine : la haute administration. Mais ils ont colonisé la politique. Président de la République, premier Ministre, ministre et secrétaire d’État, maire de grande ville, conseillers municipaux, chefs de partis, ils tiennent tout de leur main de fer. Édouard Philippe est adoubé par Alain Juppé, il dirige en partie le RPR à sa création avant de devenir maire du Havre, il devient premier Ministre. Il est présidentiable s’il ne se « rocardise » pas ! Juppé cesse d’être maire de Bordeaux, après avoir été dirigeant à la ville de Paris puis Premier Ministre, et file au conseil constitutionnel. À gauche c’est pareil. Aubry est maire de Lille. Hollande est premier secrétaire du PS puis Président de la République. Ne parlons pas de fables, de Copé, de Wauquiez…

Ce qui s’est passé dans les années quatre-vingt-dix a largement été ignoré. Quatre mouvements clef se produisent :

-        La généralisation de la féminisation

-        La chute de l’URSS

-        L’Union européenne

-        La mondialisation et la financiarisation de l’économie.

Le petit monde de la haute fonction publique sent la nécessité de se rapprocher. Les distinctions droites gauches sont quasi totalement effacées. La question est de ne pas se faire marginaliser par l'Europe qui arrache des pans entiers de la souveraineté, ni par les colosses financiers et économiques transnationaux qui se créent, ni par la réduction des postes dans les entreprises nationales, presque toutes privatisées. Désormais, tout se fait en famille, car les Énarques se marient entre eux. La parité permet des promotions expresses d'épouses ou de maîtresses ou de « filles de ».

La pourriture mitterrandienne a permis à des familles aimées ou affidées de s'incruster en profondeur dans les rouages de l’État. Le copinage a pris des proportions excessives. On l’a vu à l’occasion de l’affaire Duhamel-Kouchner, des excès Buzyn Lévy, du scandale du quarteron des petits-maîtres amis de l’épouvantable nullité qu’aura été Marisol Touraine à La Santé : on retrouve Attal, Griveaux, le directeur actuel de la santé, et quelques autres. La victoire de Macron, assise sur un pronunciamiento de hauts fonctionnaires félons marque la fusion sans scrupule des deux parties de l’énarchie, avec concentration de tout entre les mains de 20 énarques amis. Tous les cabinets sont fusionnés pour réduire encore le champ des personnes concernées. On recrute comme secrétaire d’État et ministre des « filles de » et/ou des épouses. Mmes Parly, Hidalgo, Wargon, parmi une dizaine d’autres, sont typiques de ces évolutions. On a même vu se former au sein de l’énarchie, des sous-groupes fondés sur l’inclinaison sexuelle. L’homosexualité est désormais une filière qui compte.

L’asphyxie de la démocratie est totale.

D’autant que la caste des grands corps a ses propres objectifs majoritaires et qu’elle les impose au pays : socialisme, immigration de masse, fédéralisme européen, américanisation, mondialisation, financiarisation, fiscalisation, La plupart des grandes tares qui ont fait sombrer le pays dans ces dernières années forment le fond de sauce qui unit tout le milieu. Bien sûr, même l’opposition radicale à ces doctrines est formée d’Énarques : Asselineau, Dupont-Aignan, Philippot. C’est la cerise sur le gâteau. Hors de l’énarchie pas de salut !

C’est parce que la corruption et l’annexion de la République par l’énarchie sont devenues asphyxiantes que Macron, qui l’a sacralisée et amplifiée, doit se lancer dans des gesticulations.

Depuis 22 ans, date à laquelle nous avons énoncé ces mesures sur le forum du Monde, nous défendons cette idée qu’il faut :

-        Séparer le politique de l’administratif. Ou on est fonctionnaire ; ou on veut faire de la politique, être élu et tenir les grands postes élus. Il faut choisir. Tout haut fonctionnaire tenté par la politique doit démissionner de la haute fonction publique.

-        Interdire tout cumul de rémunération publique. Si on veut cumuler, on choisit la rémunération principale qu’on veut garder. Mais il n’y en aura qu’une.

-        Veiller au néonépotisme lié à l’extension des possibilités de favoriser les carrières des amants, maîtresses, époux et des enfants.

Cela ne veut pas dire que les personnes issues de la société civile qui seront élues seront meilleures. Les Énarques sont souvent très capables et le sont plus que la moyenne des élus de terrains. La troisième et la quatrième république ont montré la nullité d’un grand nombre d’élus. Il suffit de voir la qualité des personnels politiques élus de EELV pour prendre en pleine figure un parfum de nullité et de bêtise particulièrement déplaisant. Là n’est pas le problème. Une démocratie représentative doit être représentative.

L’important est que la décision politique redevienne l’apanage des représentants élus du peuple, que les partis cessent d’être des écuries pour Énarques en mal de carrière politique, et que cesse la coupure tragique entre base et sommet.

Un préalable est évidemment de ne pas réélire Emmanuel Macron et ses fausses réformes qui visent à « tout changer pour que rien ne change ».

La fin d'une certaine idée de la France suite

L’union Européenne considère que les concepts véhiculés par le mouvement de Cancel Culture qui veut réduire au silence toute voix dissidente par l’étouffement et l’exclusion sociale, font partie de valeurs de l’Europe intégrée dans les traités. La CJUE a fait droit à ce détournement.  La conjonction d’une vague médiatique, d’une vague judiciaire, d’une vague politique, chacune renforçant l’autre, transforme radicalement la possibilité d’agir en Europe et en France.

L’entreprise est désormais frappée. Il lui faut mener par sommation législative et réglementaire des politiques genrées ou racisées sous peine de boycott, de campagne de presse, ou de sanctions de différentes natures. La féminisation des directions et des conseils d’administration est vue comme une manière de mettre fin aux divers harcèlements qui nuisent aux salariés. La « non-discrimination » conduit à faire de la discrimination positive. Les entreprises du trotskiste Edwy Plenel, ancien de Rouge et de la LCR, menées avec sa plateforme de combat, enfourchent toutes ces injonctions pour fomenter des troubles un peu partout. Ce qui s’est passé avec MacDonald en France, avec une affaire de harcèlement montée de toute pièce est typique des nouvelles manipulations de l’extrême-gauche. La finance est désormais priée non seulement de se plier aux oukases mais d’agir positivement en faveur des discriminations genrées. Elle doit justifier son engagement pour sauver la planète et faire droit à toutes les réclamations « Woke ». Les instances comme le FMI ou la BCE, qui ont toutes deux des dirigeants femmes sans réelles compétences techniques par la pression des réclamations féministes, ont été sommées de participer au mouvement et se sont soumises. L’université désormais, notamment pour disposer de fonds « européens », de l’argent français remis aux autorités, non élues, de la Commission Européenne, et redistribué en fonction de l’idéologie de la sphère européiste américanisée, est entièrement gangrénée. Les études de genre et leur mantra antipatriarcale sont désormais installées non seulement dans les départements de sciences humaines, traditionnellement ouverts à toutes les extravagances doctrinales, mais aussi les grandes écoles qui doivent faire assaut de discrimination positive basée sur le genre, la race, la religion ou la classe sociale.

La notation et le classement sont devenus une contrainte à laquelle plus personne ne peut s’échapper. L’Insead a grimpé dans le classement des meilleurs Business School parce qu’elle a décidé d’adhérer entièrement à l’idéologie WOKE et de le faire savoir. Sans un seul changement technique dans son enseignement. Personne n’est plus compétent en en sortant. Mais il est labellisé « politiquement correct ». Les notations financières sont désormais biaisées en fonction de la « compliance » aux oukases d’une mouvance d’opinion.  La loi, on s’en fout ! Ces mouvements sont internationaux et supra nationaux. La sanction se fait par les réseaux sociaux, les piloris médiatiques, la pression psychologique, l’interdiction des projets et des financements, l’élimination des postes, et la menace de mort sociale.

Le dirigeant d’une entreprise multinationale se doit de répéter inlassablement les mantras du politiquement correct Woke. Il ne s’agit plus seulement de parité dans les conseils d’administration. Les femmes gèrent mieux, c’est acquis. Donc les directions doivent être réparties en leur faveur. Diriger c’est organiser des discriminations positives avec des marques officielles publiques : propos répétés en faveur des idées en question, mise en place de quota, multiplication des actes de soumission et de repentance, manifestation à tout propos que l’entreprise travaille pour le bien et toutes les valeurs féminisées et racisées, démonstration dans les publicités qu’on fait la place à la diversité. Au bilan social s’ajoute désormais le bilan écologique et le bilan sociétaliste : place faite aux femmes, aux homosexuels, aux musulmans et aux noirs. En Europe chaque nation et obligée de faire sa soumission et de montrer qu’elle est une bonne élève. Sous peine de sanction. Elle n’aura de financement que si elle le prouve. Le vote populaire et la démocratie ne comptent plus.

La France est tenue d’oublier sa devise :

-        L’égalité ? Impensable puisque la discrimination positive est sacralisée.

-        La fraternité ? Impossible puisque chaque classe, chaque race, chaque genre, chaque religion courent dans leur couloir et qu’on fait intervenir des supériorités et des infériorités essentialisées sur ces critères.

-        Le Liberté ? Pas question. Les ennemis doivent être réduits au silence et les piloris sociaux sont là pour cela.

De toute façon, il n’y a plus de démocratie puisque toute vient d’en haut de façon transnationale décidé par des ONG milliardaires et des instances non élues.

Observée à partir d’une visite genrée dans le XIVème arrondissement de Paris, la danse macabre des forces entièrement contraires aux idéaux multiséculaires français et qui vont tout détruire en France, sa prospérité, sa société, son dynamisme, sa large égalité et son progrès, s’emballe dans l’indifférence générale. L’Egypte avait connu sept fléaux. La France a également à faire face à sept nouveaux fléaux :

-        Le socialisme, qui a abandonné les classes populaires n’est plus qu’un fiscalisme antisocial

-        L’écologisme, qui a abandonné totalement le souci de l’environnement pour une sociétalisme incendiaire et abject.

-        L’islamisme, qui perd sa légitimité de religion dans un fondamentalisme criminel fondée sur le ventre de ses femmes, le gonflement de ses effectifs et la terreur.  

-        Le féminisme, qui s’est retourné contre la natalité et l’harmonie de la société, pour favoriser, tous les abus discriminatoires, la fin de la démocratie, le vieillissement des nations et l’autodestruction des peuples.

-        L’inflammation LGBT, qui ne génère que des outrances

-        L’Européisme, qui n’est plus qu’une déconstruction des nations et le relais de forces internationales venues des Etats-Unis

-        L’immigrationnisme, qui pousse en Europe à la substitution de population et aux changement radical de l’esprit des nations, tout en généralisant la délinquance et l’instabilité.

La France joue désormais son destin sans que la victoire soit l’hypothèse la plus probable dans l’indifférence remarquable de sa population et de surtout de sa jeunesse. Grand remplacement, grand déclassement, grand effondrement se conjuguent avec la crise sanitaire dans une forme de halo dépressionnaire, qui détruit toutes les défenses immunitaires du peuple français. Quiconque s’élève contre cette déchéance, car il s’agit bien d’une déchéance, est susceptible de subir une chasse à l’homme infernale. La France va donc perdre et se perdre dans la joie mauvaise de l’autodestruction et de la bêtise satisfaite ? 

La seule voie restant à l’humaniste républicain est-elle d’aller crier dans le désert en attendant la pluie de grenouilles, une opération dont le charme est connu depuis plusieurs millénaires ?

Laisser faire, laisser aller ? Considérer que l’essentiel, c’est surtout de ne pas participer ?

Il y a un an, nous écrivions le message « il pleut de la boue », traduction du fameux mot de Luther : « Es regnet drecks ». C’était avant la crise sanitaire. Les torrents de boue sont en train de tout emporter.  Y compris une certaine idée de la France.

La fin programmée d'une certaine idée de la france ?

C’est dans les petites choses que se révèlent les grandes. Voici un petit accident politique municipal parisien qui révèle une réalité nationale très déplaisante.

 Le dénommé Guillaume Durand, chanteur lyrique sans carrière s’est reconverti dans la politique auprès de M. Belliard, homosexuel Vert, leader de cette chapelle à Paris. Il est devenu conseiller d’arrondissement dans le 14e et organise, à l’occasion d’un projet de modernisation d’une placette, la place Brancusi, des marches genrées. Traduction : les visites chargées de définir les souhaits des riverains excluent les hommes. Car évidemment les deux marches prévues ne concernent que les femmes pour l’une que les femmes avec enfants pour l’autre.

 Un Vert, exalté à la vue du fruit antidémocratique défendu. Il pense sans doute que ses initiatives ségrégationnistes anti hétérosexuels blancs resteront dans les annales.

 « Pour lutter contre des discriminations insupportables, nous porterons l’exigence d’un quartier féministe », déclare le nouveau conseiller d’arrondissement.

Imaginons un abruti qui aurait déclamé : « pour lutter contre les comportements souvent épouvantables et hystériques des femmes nous mènerons une politique exclusivement en faveur des hommes et ne tolérerons plus de voir des femmes à nos réunions et lors de nos études ! » Il serait sans doute poursuivi pour misogynie haineuse et mis en prison.  

Dès 2008, l’Académie Française, chargée de réfléchir à « l’écriture genrée », avait constaté que ce qualificatif barbare de « genré » voulait dire en fait « féminin » ou « pour femmes ». Il s’agissait d’un vocabulaire de combat destiné à assurer une discrimination positive pour les femmes alors qu’il se présentait comme une neutralisation du langage vis-à-vis du sexe du locuteur. Visite genrée veut bien dire, 13 ans plus tard : réservée exclusivement aux femmes. Ce qui ne serait pas une discrimination et encore moins insupportable…

Quelques associations de militantes féministes soutenues par d’énormes subventions internationales et nationales via les municipalités socialistes puis Vertes, développent aux frais du contribuables, des politiques d’asservissement des politiques locales à la pensée genrée, c’est à dire à la domination des féministes outrancières, qui y trouvent une visibilité, de l’argent et du pouvoir.  Le discours est toujours le même ! Il faut « dégenrer » tout ce qui marquerait une domination masculine et « genrer » tout ce qui doit marquer une domination féminine

Dégenrer une cour de récréation, genrer le dialogue avec la population, c’est-à-dire le réserver aux femmes. Dans l’esprit du moment, exhorté par la nouvelle gauche à la haine de l’homme blanc hétérosexuel, marche genrée signifie : interdit aux chiens et aux hommes. Ce qui est un pléonasme dans leur esprit. Du coup un homme homosexuel « pas dangereux » accompagnera les femmes pour définir l’avenir de la placette. Il est vrai que les rodéos de motos organisés par des bandes de voyous sur la place Brancusi ne concernent que des hommes noirs ou maghrébins. Permettre aux femmes blanches d’amener leur moto sans risque de viol pour participer à la fête est certainement ce que veut dire « empêcher des discriminations insupportables ».

Introduire une forme d’apartheid dans une activité publique est une atteinte fondamentale aux principes de la République. Mais comme on prétend libérer la femme d’une spécialisation dégradante imposée par les hommes, on assure que cet apartheid est libérateur !

Dans tous les cas, l’homme blanc hétéro sexuel est considéré comme un suspect ou un coupable. Il est nécessairement dangereux pour les femmes soit comme harceleur, violeur ou tueur et obligatoirement réticent à perdre le pouvoir. Donc il doit être exclu du jeu de la décision publique, et l’information des médias doit être constamment recentrée sur les crimes masculins contre les femmes. Seuls les hommes sont pédophiles ; les femmes sont constamment battues ; le féminicide doit être reconnu comme un crime spécifique plus grave que l’homicide. Cela donne Schiappa au gouvernement et la transformation de l’hôtel de ville de Paris en résidence pour femmes battues…

Le confinement est constamment dénoncé dans les médias comme multipliant les violences faites aux femmes. Les meurtres de femmes par leur conjoint sont passées de 146 à 90 entre 2019 et 2020, soit une baisse de 40%, alors que les chiffres divergent sur les hommes tués qui sont ou 16 ou 27 selon les sources et semblent en hausse, mais là les statistiques immédiatement disponibles ne sont pas claires. Dans le silence des médias les infanticides eux ont grimpé. Les stats trouvées sur internet sont floues. On tournerait quelque part entre 100 et 200. Ils sont le fait quasiment exclusivement de femmes qui, pourtant ont encore demandé autour de 240.000 IVG remboursés par la sécurité sociale, et la loi en cours de vote leur donnerait le droit de la faire jusqu’à 9 mois de grossesses, ce qui s’apparenterait tout de même assez nettement à un infanticide. La logique de ces mouvements est qu’une femme doit toujours être absoute de tout crime, même quand elle tue dans le dos leur mari alors qu’un amant traîne dans le fond du décor, comme une affaire récente l’a montré.

Au moment où une certaine Alice Coffin dénonce « pedoland » à la mairie de Paris et que s’étale la sordide affaire Duhamel-Kouchner, Marie-Claire fait un constat :

"Une explosion de la pédophilie féminine"

« Cindy, Gloria, Jennifer, Karla… Il suffit de cliquer sur les sites Internet-américains où sont fichés les délinquants sexuels pour tomber sur des centaines de noms de femmes condamnées pour viols sur mineur et attouchements sur leurs propres enfants. En Grande-Bretagne, les portraits patibulaires de Vanessa George continuent d’occuper la une des tabloïds. Puéricultrice à la Little Ted Nursery de Plymouth, Vanessa George a été jugée coupable d’agressions sexuelles répétées sur des enfants de 2 à 5 ans, de fabrication et d’échange d’images pédo-pornographiques par l’intermédiaire de Facebook. Depuis cette affaire, le service d’assistance téléphonique ChildLine a enregistré une augmentation de 132 % des plaintes pour agression sexuelle féminine et la presse anglaise s’est largement fait l’écho d’une « explosion de la pédophilie féminine » ».

En même temps un homosexuel marié communiste adjoint de madame Carine Petit dans le 14e arrondissement de Paris (encore lui) est accusé de viol contre mineur avec son conjoint.

Une vidéo scandaleuse est présentée à la télévision le 3 janvier 2021 montrant deux filles Roms persécutant et molestant une adolescente blanche pendant plus d’une heure dans une rue.

Zut alors, la délinquance sexuelle ou violente ne serait pas seulement une affaire d’homme blanc hétérosexuel ? Le message féministe+ et LGBTI serait-il un mensonge au moins par omission ?

Non ! Les mouvements féministes castrateurs nourris par leur source américaine réussissent progressivement dans l’indifférence générale à noyauter les réseaux sociaux, les médias, l’enseignement supérieur, la justice, la politique et les institutions internationales. Prenons l’incident tellement significatif du patron des JO japonais qui a plaisanté sur le fait que les femmes parlent trop pendant les réunions et que les « conseils d’administration où il y a trop de femmes prennent trop de temps, car elles ont du mal à finir ». Il n’a pas demandé des conseils d’administration genrés au sens de « sans femmes ». Il a simplement constaté en blaguant un état de fait assez général dont, dans une copropriété, tout président de conseil syndical doit tenir compte s’il veut tenir son ordre du jour. Il aurait pu ajouter que désormais avec certains hommes c’était devenu pareil. Quand Agatha Christie disait : « je travaille mieux avec les hommes, car, avec eux, cela va beaucoup plus vite » elle le disait sans intention humoristique. Juste un constat. Pas plus sexiste que de constater qu’on attend plus dans les toilettes femmes que dans les toilettes hommes, dans les stations essence de bord d’autoroute. Fait incontestable qui ne semble avoir jamais été pris en compte par les architectes trop soucieux de parité du m2 dans ces lieux naturellement genrées.

Voici notre président japonais couronné de la « médaille d’or du sexisme » par Human Right Watch, qui n’a rien à dire sur le traitement des Ouighours par la Chine mais s’est mobilisé dans la seconde devant cette épouvantable déclaration de haine genrée de nature à freiner la campagne pour la parité homme femme dans les conseils d’administration ! Une pétition riche de 127 000 signatures a exigé des « sanctions » devant des propos qui violent les principes de l’olympisme (bien que toutes les épreuves soient homogènes en matière de genre, avec les difficultés que l’on sait pour les épreuves féminines où les transgenres ont eu parfois des avantages indus, ce qui implique un test de féminité… dénoncé par les associations LGBT comme discriminatoire pour les transgenres). La Commission Européenne qui semble-t-il n’a rien d’autre de plus grave à traiter, au moment où ses performances vaccinales montrent tout de même quelques faiblesses, a aussitôt fait savoir son indignation sur twitter. Les appels à la démission (la mort sociale, rien de moins) pour le criminel, se multiplient de toute part. Un sondage a aussitôt été commandé pour vérifier les réactions des Japonais.  59.9% veulent la démission. Le propos a été aussitôt essentialisé comme représentatif d’une domination genrée au Japon dont la jeunesse ne veut plus (les jeunes au Japon sont une espèce en voie de disparition, les naissances s’étant effondrées, et la population baisse).  La femme est devenue une vache sacrée dont on ne peut pas sourire même gentiment d’un quelconque défaut sauf mort sociale immédiate.

Les mouvements féministes, après avoir obtenu des parités obligatoires, souvent injustes, se flattent de faire sauter la parité pour imposer des majorités de femmes extravagantes. Le balancier ne s’est pas arrêté et est parti dans l’autre sens.

Anne Hidalgo se flatte d’avoir violé la parité à Paris : « Anne Hidalgo a confié avoir ressenti de la “joie”, en apprenant “la semaine dernière que la Ville de Paris devait payer une amende de 90.000 euros sur décision du ministère de la Fonction publique (...) pour avoir nommé trop de femmes aux postes de directions”. Au total, “69% des nominations, 11 femmes et seulement 5 hommes”, a-t-elle indiqué.  Vous lisez bien : elle exprime sa joie de violer la loi et assume une délinquance genrée en tant que détentrice d’un poste officiel et public. Elle n’a pas fait une blague sexiste sans conséquences, non elle a violé la loi sciemment en causant des torts aux hommes privés de leur carrière normale. Là, pas un mot des ONG, ni de la Commission Européenne. Pas de pétition enflammée. Pas de sondage immédiat. Deux poids deux mesures.

 « Les mouvements féministes ont d’abord cherché la mixité, qu’elles ont obtenu dès les années 70 dans l’enseignement. Ensuite ils se sont battus pour la parité dans tous les domaines. Aujourd’hui elles ne cherchent pas la parité mais le pouvoir absolu. La parité n’est qu’une étape, un moment du droit, c’est-à-dire du rapport de force », écrit un commentateur.

Les mouvements féministes se sont associés aux mouvements homosexuels et « transgenres », LGBT, noirs décoloniaux et intersectionnels, pour gagner. Toutes n’étaient-ils-elles pas des victimes asservies en mal d’émancipation des mâles blancs hétérosexuels, ces « prédateurs esclavagistes, violents et sans pitié qui ont ravagé le monde et maltraité les femmes depuis si longtemps ? »  L’exclusion ne concerne pour l’instant que les hommes hétérosexuels blancs. L’homosexualité masculine était déjà très forte dans les mouvements politiques, de gauche ou de droite, pour une raison simple : il faut beaucoup de disponibilité pour faire de la politique et avoir une famille est une difficulté. Depuis le mouvement Act-Up qui a fait du chantage à « l’outing », cette sur-représentation qui ne posait aucun problème au préalable, est devenue officielle et revendiquée. L’homosexualité féminine était marginale et pratiquement totalement tue. Heureusement Alice Coffin, Zorra, la grande Zorra, est arrivée en se pressant.  

Avec la municipalité de gauche à Paris, on a vu l’homosexualité s’afficher comme un critère positif à révérer. Anne Hidalgo s’est présentée comme « gay friendly », avec auprès d’elle un grand nombre d’homosexuels dont beaucoup mariés, appartenant à tous les groupes composants de sa majorité, au PS, avec Julliard et Girard, au parti communiste avec Ian Brossat, chez les Verts, avec Belliard. On a vu des peintures arc en ciel orner des passages piétons du quartier du Marais en même temps qu’on promouvait la gay pride, etc. Être communiste et homosexuel vous donne une protection magique contre toute critique : un contradicteur ne peut être qu’un anticommuniste primaire ne comprenant pas la beauté de l’étoile rouge (100 à 150 millions de morts tout de même) et un homophobe secondaire partisan de l’étoile rose.

Anne Hidalgo a donc fait le choix de s’appuyer massivement sur le mouvement LGBTi. C’est sa stratégie : toujours aller à l’extrême dans les actions symboliques, pour que personne d’autres ne puissent associer sa candidature sur les thèmes qu’elle juge nécessaires à sa réélection. Elle est extrémiste sur la question des vélos et dans la haine des mobilités motorisées. Elle est extrémiste sur le logement social. Elle est extrémiste dans le support aux associations féministes. Elle est extrémiste dans le support des mouvements gays et lesbiens. Tout cet extrémisme se retrouve dans les arrondissements et on voit apparaître partout une nouvelle génération d’extrémistes homosexuels, du genre Alice Coffin ou de ce Guillaume Durand qui organise ces visites genrées, discriminatoires, et qui expulsent l’homme blanc hétérosexuel de tout dire sur la politique menée concrètement dans la ville.

Ayant enquêté trois secondes sur ce Guillaume Durand, les résultats ne sont pas tristes :

-        A la suite de l’affaire Baupin, un Vert du type harceleur sexuel, il a mené, à la demande de Belliard, l’homosexuel qui dirige les Verts à Paris, une action de purification des candidats aux municipales en réservant plus de 60 % des postes à des femmes, et en limitant le nombre de « mâles blancs hétérosexuels » à quasiment rien, compte tenu de leur « dangerosité ».

-        A la suite des attentats au hachoir devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, il a légitimé les tentatives d’assassinats en expliquant que c’était la faute des Français qui les avaient « mal logés ».  Ce Monsieur fait partie de la mouvance islamo gauchiste. La presse n’a jamais donné de nouvelles des deux femmes qui avaient eu le crâne ouvert à cette occasion.

-        A la suite du squat des locaux d’un des cafetiers dont la terrasse avait été balayée à la kalachnikov, tuant de nombreux clients, il a légitimé l’opération et le squat en général pour arrêter la « gentrification » d’un quartier. Monsieur est contre le logement de la classe moyenne à Paris. Aucune indécence ne le freine.

-        On n’a jamais entendu un mot sur l’écologie dans sa bouche.  

On aurait tort d’être surpris.  Ce chanteur d’Opéra a assimilé rapidement le texte fondateur publié par le mouvement des jeunes écologistes. Toute personne qui s’engage en politique devrait lire ce document tellement révélateur. De même que tout le monde aurait dû lire Mein Kampf à temps.

« Nous militons pour des communes radicalement féministes, qui questionnent et déconstruisent   les   structures   patriarcales ». Là est le combat : la destruction radicale du patriarcat. Le gros du texte veut expliquer pourquoi on ne peut plus se contenter de poursuivre les actes criminels contre les femmes. L’homme est mauvais en soi et cette malfaisance s’essentialise partout dans un système d’oppression généralisée organisée contre les femmes. Il faut donc une élimination systémique de la domination du mâle blanc hétérosexuel, le mâle blanc homosexuel ne pouvant manifestement pas faire le moindre mal (il suffit de suivre les actualités récentes pour s’en convaincre…). Cette élimination ne peut tenir compte ni de la qualité des hommes qui s’offrent à faire de la politique ni de leur comportement. Ils sont nocifs « per se », même quand ils se disent féministes. La criminalisation de l’homme est là pour la consommation des siècles. L’apartheid genré est le seul moyen de supprimer le patriarcat honteux qui, en plus, a parti lié avec le capitalisme le plus destructeur et de la vie des femmes et de celle des espèces animales et de toute vie sur terre tout en asservissant les femmes noires immigrées pour leur faire faire les tâches les plus honteuses dans les pires conditions. Cette condamnation de l’homme (hétérosexuel blanc), infâme en soi, dictateur invétéré et colonialiste même quand il n’y a plus de colonies, incapable de ne pas détruire la planète, est le pendant des religions qui ont été fondées sur le caractère tentateur de la femme dangereuse et qui trouve avec l’islam actuel des partisans fanatisés. Ce qui n’empêche pas les Verts d’être islamogauchistes et de considérer que la substitution de populations africaines aux anciens blancs qui les avaient colonisés et maltraités est non seulement légitime mais formidable, l’humiliation et l’asservissement des anciens dictateurs étant le seul moyen de restaurer la confiance en eux des peuples meurtris. Les noirs et les arabes qui entrent dans la police et qui s’attaquent aux bandes qui créent le désordre en banlieue et s’adonnent à différents trafics sont donc « des collabos ».  Les noirs et les arabes qui s’engagent dans l’armée et ne la trahissent pas lors des interventions contre des forces islamistes sont des « pourritures dégénérées dont l’apostasie de fait doit être sanctionnée par la mort » comme disent les salafistes dont on sait la passion pour les féministes. Cela n’empêche pas un groupe de juses de refuser de condamner un violeur immigré « parceque c’est autorisé dans son pays et que ne parlant pas le français il n’a pas su qu’ici cela ne se faisait pas ». Merci pour la victime !

L’innovation des Ballades Genrées est un marqueur important, en dépit de son apparente futilité. Il prouve l’ampleur de l’emprise des mouvements LGBT, féministes, intersectionnels et Woke dans la municipalité parisienne.  Elle marque l’essor des politiques d’exclusion des hommes blancs hétérosexuels et des débats et des études préparatoires et de la discussion de l’exécution.

Dans la minuscule affaire du réaménagement de la place Brancusi, Il s’agit bien d’un apartheid officiel organisé par une collectivité publique. Normal ?

Tout réaction contre cet apartheid officiel vaut à son auteur d’être vilipendé. Il est sexiste, prisonnier des préjugés d’un autre temps, homophobe, misogyne, adepte d’Hitler, propagandiste d’idées nauséabondes, veut remettre en route les chambres à gaz etc. Tout ce qu’on connait bien lorsqu’on, a été une seconde sur les réseaux sociaux.  La reductio ad hitlerum, cela marche toujours.

Bien sûr personne n’est autorisé à examiner et juger des conséquences des hyper-féminisations dans le domaine public.

-        L’éducation nationale fonctionne avec plus de 70% de femmes. La France s’est effondrée dans les classements Pisa. Il est vrai qu’on y fait plus de morale que d’enseignement des savoirs et que tout ce petit monde penche à gauche.

-        Le Ministère de la santé est un bunker où travaillent 85% de femmes fonctionnaires de cat A. On a vu l’incapacité française à faire face à la pandémie et les ARS sont vilipendées tous les jours pour leur bureaucratie et leur blocage.  Tout ce petit monde penche à gauche.

-        Au Ministère de la Justice « les femmes sont majoritaires a? ce jour dans tous les métiers du ministère, souligne le rapport (La Féminisation des métiers du Ministère de la Justice) ». « Si la tendance se poursuit, les femmes représenteront 75 % des magistrats en 2037 ». Le Ministère est déjà effondré. On ne voit pas ce qui va soudain tout changer avec une majorité de 75% de femmes. Il faut noter que le dernier rapport sur la féminisation du ministère notait que le ministère n’en faisait pas assez pour les femmes (il y a même un label pour noter les bons élèves de la féminisation). On ne dit pas combien il faudrait de juges noires ou arabes ou transgenres. Sûrement un moment d’absence. A quand un label qui contrôlera le quota de femmes transgenres ex-hommes et d’hommes transgenres ex-femmes avec des toilettes ad hoc dans les tribunaux ?

L’hyper féminisation de la municipalité parisienne, illégale de surcroît, ne semble pas plus porteuse d’une amélioration évidente de sa gestion. L’administration de la ville est totalement effondrée, la saleté et le mauvais goût ont triomphé et les finances s’enfoncent dans la dette à une vitesse ahurissante.

Tous les principes républicains sont violés pour le pire. Il serait peut-être bon que les politiques commencent à se rendre compte de la nature de la candidature d’Anne Hidalgo à la présidence de la République. Il est vrai que Macron l’a précédé :  la place du soutien aux mouvements féministes et LGBT, avec promotion massive des femmes et des homosexuels, est déjà occupée par son mouvement.  On ne voit pas qu’Hidalgo puisse faire valoir une particularité quelconque, sinon une alliance avec les Verts. C’est ce qui explique la frénésie de Macron vis-à-vis de l’écologie depuis le départ de Hulot et la déroute de Rugy.  Sa propre ambiguïté de genre, la commission citoyenne, Pompili et Schiappa ne lui paraissent pas une défense immunitaire suffisante contre le virus Hidalgo.

La France Insoumise s’est intégralement muée en soutien absolu des mouvements LGBTI. (https://lafranceinsoumise.fr/2020/05/15/rapport-ilga-situation-lgbti-degradee-depuis-macron/)

Mme Le Pen fait bien attention à toujours garder un « homosexuel de service » dans son équipe de direction, même après le départ de Philippot.

M. Philippot, son prédécesseur envahissant, s’est lui reconverti en chef de parti.

M. Asselineau, à l’UPI, est lui entendu pour acte de harcèlement et de viol homosexuel.

LR est sommé de clarifier sa politique en faveur du mouvement LGBT et du féminisme. La pression pour présenter une femme est importante.

L’apparition de Christian Jacob, le président de LR dans l’émission de Zemmour et Naulleau, a montré que ce parti travaillerait sur 150 thèmes de réflexion, sans aucun écho dans l’opinion. Alors qu’il aurait fallu se concentrer sur les six à huit thèmes d’extrême urgence.Parmi ces thèmes d’urgence nationale, la défense de la liberté et de l’esprit républicain CONTRE les exactions LGBTI est une priorité. Le développement du fascisme et de l’apartheid « intersectionnel » et « Woke » n’est plus une vague menace. Les développements anti républicains sont en cours. La politique est contaminée, après l’université. Tous ces mouvements, quasiment sans exception identifient patriarcat, capitalisme, viol de la nature et destruction des services publics. On va constater lors de la prochaine campagne que ce fascisme va être une des dimensions importantes des Présidentielles. Il est soutenu par toute la gauche de Macron à Mélenchon, en passant par les Verts, qui ne s’occupent plus du tout d’écologie dès qu’ils ont pris un pouvoir et le PS qui lui ne s’occupe plus de l’électorat populaire.

Les balades genrées du 14e arrondissement de Paris, qui paraissent un incident insignifiant, marque que ce fascisme anti républicain est déjà dans la place et qu’il risque de devenir dominant à partir de 2022

Une des caractéristiques de la vague antidémocratique et fascisante (l’intersectionnalité est un « fascio ») qui détruit la France est son caractère international porté par des institutions multinationales pénétrés par les ONG. L’ONU, actuellement, n’est plus qu’un lieu d’action monopolisées par des ONG financés par des milliardaires américains alors que l’institution est passée aux mains du tiers monde. L’union Européenne considère que les concepts véhiculés par le mouvement de Cancel Culture qui veut réduire au silence toute voix dissidente par l’étouffement et l’exclusion sociale, font partie de valeurs de l’E

Quelques paradoxes de l'époque

Vaccin

Les détracteurs du vaccin sont considérés comme des piqués.

Les amateurs du vaccin ne parviennent pas à être piqués.

Mort

Il n’y a plus de mort mais une perte d’espérance de vie.

Ce n’est plus une lourde perte mais un simple manque à gagner.

Cause de décès

Un vieillard avec comorbidités qui décède à 90 ans avec le covid est mort du covid.

Un vieillard avec comorbidités qui décède à 90 ans le lendemain de sa vaccination est mort de ses comorbidités.

Justice

Macron prétend avoir à faire à 66 millions de procureurs qui ne détectent pas son immense efficacité.

Il se trompe. Il a affaire à 66 millions de juges qui condamnent son absence d’efficacité.  

Pédophilie 1

Un socialiste pédophile est une victime de l’esprit du temps et de son trop plein de douces attentions qui ne remettent pas en cause ses qualités profondes.

Un non socialiste pédophile est un bourreau éternellement marqué  par ses hideuses intentions qui mettent en lumière son absence de qualités profondes.  

Pédophilie 2

Un évêque catholique qui n’a pas dénoncé assez vite des faits de pédophilie commis dans son diocèse doit s’attendre à des plaintes pénales comme s’il en était l’auteur

Un French Doctor socialiste qui n’a pas dénoncé assez vite des faits de pédophilie commis dans son entourage et qu’il connaissait, doit s’attendre à être plaint comme s’il en était la victime.

Mutations

Le Sars-cov-2 mutent radicalement et souvent. Le Ministre de la santé s’inquiéte.

Les certitudes du Ministre de la Santé mutent radicalement et souvent.  Le virus s’en moque.  

La politique est un métier

Monsieur Castex, premier ministre, annonce en octobre avoir sécurisé l’achat de 200 millions de doses via l’Europe et 90 millions de doses supplémentaire en direct, et que la France doit être fière d’une si parfaite négociation. Il doit même désamorcer une querelle sur l’excès de ses achats, compte tenu qu’il n’y a que 67 millions de français.

Monsieur Castex, premier ministre d’un pays qui est 45ième sur 46 pour l’ampleur de ses vaccinations annonce, en Janvier, disposer de la capacité de livrer rapidement seulement 3 millions de doses soit 1% de ses commandes.  Il doit désamorcer une querelle sur la faiblesse de ses achats.

Amateurisme

Un amateur en sport est un talent qui gagne sans toucher d’argent.

Un amateur en politique est une nullité qui perd et touche beaucoup d’argent.

Pour ne pas l'oublier : petite histoire d'une semaine épatante (11 au 18 janvier 2021)

Ceux qui suivent ce blog savent que nous nous intéressons vivement à l'activité des 16 000 fonctionnaires catégorie A qui officient au ministère de santé et dans les agences régionales de santé. On suppose que ces femmes n’étant pas médecins, et ayant les rémunérations les plus hautes de la fonction publique, sont là pour assister les personnes qui soignent notamment en cas d’épidémie ou de difficulté exceptionnelle. Pour assurer les soins courants, on peut espérer qu’on n’a pas besoin, en plus des administratifs des hôpitaux et autres centres de soins, d’une pareille phalange.

Dès septembre les bruits courts que les vaccins à ARN seront prêts au pire au mois de décembre et que les vaccinations pourront commencer dans la dernière semaine de l’année. Trump le confirme dès la campagne électorale américaine. Les tableurs ont dû chauffer dans les ordinateurs de ces dames pour planifier l’opération : calendrier des achats (vaccins, aiguilles, moyens de stockage), calendrier des livraisons, moyens logistiques à mettre en œuvre, désignation des points de vaccination, organisation des rendez-vous, allocation des médecins et soignants dans les centres, système de surveillance des effets pervers, statistiques de vaccination effective, fichier des vaccinés, méthode de rémunération, budgets et coûts, financement, mode opératoire des centres de vaccination.

Pas de problème : la communication gouvernementale de la mi-décembre, embellie par les médias perroquets, fait valoir que la France a commandé 200 millions de doses, d’une part sous forme de quota réservé sur l’achat groupé européen et d’autre part en commandant en solo 90 000 000 de doses. C’est tellement grandiose que certains se demandent si ce n’est pas un peu trop pour un pays de 67 millions d’habitants dont on n’envisage de vacciner qu’un peu plus de la moitié. La réponse fuse : on n’a pas mégoté. On a tout anticipé même des pertes en prenant de larges précautions.

11 janvier, catastrophe, tout le monde se rend compte que la France a été incapable de démarrer sérieusement la vaccination et a pris un retard honteux. Le président de la République et le gouvernement français sont ridiculisés.

La réaction s’organise. Les médias sont chargés de construire la fiction selon laquelle l’énergique président aurait pris les choses en main après avoir secoué tout le monde. Devant une telle et si spontanée colère, si bien mise en scène, il est sûr que nos 16.000 fonctionnaires catégorie A se sont mobilisées comme jamais.

Le gouvernement annonce alors que tous les Français âgés volontaires de plus de 75 ans et les personnes plus jeunes mais à risque, pourront se faire vacciner dès le lundi 18 janvier dans un des innombrables centres soudainement prévus pour enfin se mettre au niveau des autres et que les vaccins sont là et vont continuer d’arriver chaque semaine. Les Français n’auront qu’à téléphoner ou prendre rendez-vous sur Internet à partir du jeudi 14 janvier, et hop, la demi-douzaine de millions de personnes concernées sera vaccinée aussitôt. La seconde tranche, les 10 millions de plus de soixante-cinq ans, se déclenchera dès le 28 janvier où les personnes concernées pourront à leur tour prendre rendez-vous. À fin juin, la quasi-totalité de la population serait vaccinée, ce qui serait un bel exploit. Applaudissez, SVP ! Compte tenu de la nécessité de deux injections, ce plan suppose la disponibilité de 50 000 000 de doses d’ici fin mars, pour tenir compte de la perte, toujours importante de produits aussi sensibles.

Il est intéressant de rendre compte, pour la postérité, du déroulé de la semaine du 11 au 18 janvier, tellement critique, en faisant la synthèse d’informations connues.

Il faut séparer Paris et la province.

À Paris les personnes autorisées se précipitent pour savoir où et quand se faire vacciner. On leur apprend qu’ils peuvent prendre rendez-vous sur Internet via le site santé.fr ou de trois sociétés privées organisées depuis longtemps pour prendre des RV médicaux, ou par téléphone.

Le jeudi 14, même pas de liste des lieux de vaccination. Le numéro est saturé et ne peut pas être joint. Le vendredi 15 la liste apparaît enfin mais il est impossible ni de joindre le numéro de téléphone associé au site ni la procédure internet. De même le samedi et le dimanche. En revanche, le dispositif marche pour les sites non parisiens et les dates proposées dès le 15 sont, au plus tôt, le 12 février (sur cinq sites testés). Donc il sera impossible de se faire vacciner à Paris en janvier et ceux qui sont prêts à se déplacer en province pourront lorsqu’ils ont eu de la chance, le faire en février pour la première injection et en mars pour la seconde. Si les vaccins sont là.

Mais on apprend le dimanche 17 janvier que le producteur va fermer ses usines une semaine pour reconfigurer son centre de production et que la France ne disposera en fait, d'ici la fin du mois de janvier, que de 2,7 millions de doses (sur les 290 millions annoncés triomphalement trois mois plus tôt), dont il faut retirer les 250 000 vaccinations prétendument faites dans les hôpitaux (tout le personnel médical), les Ephad et les quelques privilégiées qui ont su y faire pour passer dans la semaine.

Personne ne sait à ce jour quand le système de prise de rendez-vous marchera à Paris et quand seront les premiers rendez-vous possibles. On parle de mi-février !

Un triomphe.

En province il est intéressant de suivre ce qui s’est passé dans une mairie candidate pour fournir un lieu de vaccination.

Lundi 11 : Coup de téléphone au maire : « Toujours candidat pour devenir un centre ? » « Mais, oui » ; « OK ; on vous rappelle ».

Mardi 12 : « Vous allez vacciner mais il faut que vous vous débrouilliez pour trouver les soignants qui vont opérer » ; « On a prévu 200 doses par jour. Organisez-vous pour vacciner 200 personnes ». « Ok. Des consignes particulières pour l’organisation du centre ? ». « Non, débrouillez-vous ! ».

Mercredi 13 : « On a oublié de vous dire. Vous devrez aussi trouver des seringues adaptées » ; « Pour lundi c’est bref. Mais d’accord ».

Jeudi 14 : « À propos c’est à vous de vous organiser pour prendre les rendez-vous » ; « Mais comment ? » ; « Débrouillez-vous ! ».

Vendredi 15 : « À propos nous ne livrons pas les vaccins. Il faudra aller chercher au centre de distribution le plus proche avec vos moyens » ; « Mais on commence lundi ». « Ce sera fermé tout le dimanche, alors allez-y samedi, mais prévoyez un stockage à moins 80° ». « Mais je n’en ai pas ». « Alors venez tôt lundi ». « Mais c’est à quarante kilomètres ». « Débrouillez-vous ! »

Samedi 16 : « Nous avons un problème pour les vaccins. Vous n’aurez que 50 doses au lieu de 200 ». « Mais qu'est-ce que je fais de mes rendez-vous et des gens convoqués ? ». « Débrouillez-vous ! »

Dimanche 17 : Un commentateur fait le calcul. Au rythme actuel, la vaccination pourrait prendre 6 ans. Si on a les doses. Israël, un pays petit, avec ses dix millions d’habitants, a acheté les doses nécessaires pour vacciner toute sa population. Au soir du 17, près de 30 % de la population est déjà vaccinée, avec un objectif de près de 60 % pour fin janvier, ce qui suffit pour espérer une immunité collective. Comme dit Macron : « l’Union Européenne fait notre force ! » Mais on sait depuis longtemps que David écrase Goliath. Confirmation encore au Moyen Orient ! « Bis repetita placent ».

Dimanche 17, suite : il apparaît que le vaccin n’offre, après la seconde injection que 7 mois de protection et aucune contre le mutant sud-africain. Dans tous les cas, il faudra sans doute refaire toute l’opération en novembre 2021, et sans doute avec un vaccin mutant…

Lundi 18 : tout le système est bloqué. Véran triomphe à la télévision : tout marche au mieux, on est formidable. Nos 16.000 factionnaires femme catégorie A se sont dinstinguées : le questionnaire à remplir par les vieux de plus de 75 ans, distribué dans la France entière en millions d'exemplaires, exige de savoir si celui qui va de faire vacciner n'est pas enceinte et de combien de mois !

Rappelons la pyramide de pouvoir qui a montré de si belle qualité :

-          Le chef de guerre, inspecteur des finances, qui se bat matin et soir contre l’épidémie, quand il ne débat pas de sa stratégie électorale pour 2021, c’est-à-dire jamais : Emmanuel Macron, le colérique.

-          Le chef du gouvernement, énarque et Cour des comptes, assisté du Cabinet Mc Kinsey pour plusieurs centaines de milliers d’euros : Monsieur de Pourceaugnac. Oh pardon : M. Jean Castex, connu sous le sobriquet : « l’imprimante qui n’imprime pas ».

-          Le Ministre de la santé : M. Olivier Véran, socialiste mitterrandien, ses 25 structures de conseils, et son équipe de 16 000 femmes fonctionnaires de catégorie A.

On annonce ce jour des découvertes fantastiques dans la pyramide de Saqqara en Egypte. Dans notre pyramide administrative à nous, c’est plus simple. On ne trouve rien, absolument rien d’autre que des impôts qui sont gaspillés.

La France face au drame Macron

Quelle est  la part de la psychologie problématique d’Emmanuel Macron dans l’effondrement gouvernemental  devenu évident avec l’affaire des vaccins ?

La grande presse fait semblant de croire que Macron gouverne. C’est une  erreur de paralaxe politique et psychologique. Il est certes à la tête d’une énorme machinerie admonistrative et politique mais, paradoxalement, tout démontre qu’il ne cherche  pas à l’employer utilement pour résoudre les grands problèmes de la France. Pour lui, ces grands problèmes semblent être des dragons cracheurs de feu dont il lui faut d’abord se protéger. Eluder, ruser, contourner sont les grands axes de la la pratique présidentielle vis-à-vis des tourments majeurs du pays.

Curieusement, l’important, pour lui ,n’est pas de tenter d’obtenir des résultats d’importance nationale qui permettraient à l’observateur de dire : il a compris ; il a mobilisé ; il a réussi.

Macron s’échine prioritairement  à sauver un narratif qui parait lui donner des satisfactions d’égo personnelles intenses. Comme s’il souffrait d’un déficit qu’il faut lui constamment combler. Il a l’air de croire qu’il y a une romance en cours entre le pays et lui, une magnifique aventure personnelle et que son seul rôle est de la faire prospérer. Comme ces starlettes qui sont soudain lancée par un film à succès, et dont toute la vie devient asphyxiée par la seule envie que cela recommence,   Macron esst étranglé par l’idée que sa romance doit absolument persister jusqu’à une facile réélection  en 2022 avant que, devenu « président mythique », il ne s’attaque à d’autres ambitions, comme être le premier président élu des Etats-unis d’Europe, voire le champion mondial des démocraties. Quo non ascendam ?

Pris dans ce vertige de midinette, Emmanuel Macron ne se préoccupe plus du terrain ni des difficultés mais veille activement à ne jamais laisser aller « son narratif » ni à perdre sa pose avantageuse. L’observation la plus bienveillante oblige à constater qu’il en a fini par perdre le sens des réalités.

Relisons son discours de voeux de f(n d’année. .   

« Je suis sincèrement convaincu que nous avons fait les bons choix aux bons moments …[ce ] qui nous permet aujourd’hui de tenir mieux que beaucoup face à l’épidémie ».

Dès le début de son allocution le satisfecit absolutombe de la parole jupitérienne. Vis-à-vis de la pandémie, la France a connu échecs cinglants sur échecs saignants. Nous sommes la risée du monde. Le pays de Pasteur après avoir raté les masques, les appareils respiratoires, l’organisation sanitaire, le déconfinement, la défense contre la reprise de l’épidémie, le traçage et l’isolement des malades, les tests, n’a pas su sortir un vaccin, et est derrière la Bulgarie pour l’ampleur de la vaccination de ces citoyens. Les résultats économiques sont les pires de tout le monde occidental à mille lieux de ce qui se passe en Extrême-Orient. Ca, ce sont les réalités. Mais Macron ose affirmer qu’il est le meilleur et a mené la plus grandiose politique. Le décalage esst ubuesque.

Certains commentateurs de la TNT disent : il ment ; comme Radio Paris sous l’Occupation, il ment tout le temps et, en plus,  il se ment. Mais non, il ne ment pas. Pour lmui, cette réalité n’existe pas. Car elle fausse l’idée qu’il se fait de sa propre nécessité, et dérègle son dialogue fondamental entre les électeurs en vue des prochaines présidentielles.  Non ! Pour un Macron, la réalité n’a pas à se mettre sur son chemin. C’est l’équivalent du brouillard sur la route  quand on court voir sa Dulcinée. Un vague contretemps qui n’empêchera pas d’arriver au bonheur, si on fait ce qu’il faut et si on a le temps de donner le coup de peigne final avant la rencontre.

« Nous en sortons plus unis », éructe Jupiterino. Où a-t-il vu cela ? Jamais la France n’a été plus divisée, façon puzzle. Le mot nie à nouveau la réalité.Elle n’existe pas puisqu’il a décidé qu’elle n’existait pas.  Allons , on ne va y revenir sans cesse !

« En 2021, quoi qu’il arrive, parce que nous nous y sommes préparés ». ..

Tout le monde a vu, qu’en début d’année 2020, l’arrivée de la pandémie était niée et que rien n’était préparé. Mme Buzyn a sans doute de gros défauts, mais elle ne peut pas avoir affirmé que le coronavirus n’arriverait pas en France sans ordre. Macron qui a tout resserré dans sa main, jusqu’à obliger le Premier Ministre à partager ses propres conseillers, pendant les deux premiers mois de l’année 2020 ne pense qu’à triompher des Gilets Jaunes et reprendre la main sur l’écologie, parcequ’il a eu peur des premiers, qu’il croit les avoir neutralisé et qu’il lui reste à porter le coup fatal, et parce qu’il a besoin d’une bonne image écologique pour être réélu. Après l’affaire Griveaux,  Il saborde ses ambitions électorales municipales et tente de faire tomber la droite, permettant notamment à Hidalgo d’être réélue à Paris (qui désormais le concurrence ; bravo pour le sens politique !) avec une extrême minorité des voix des inscrits. La pandémie : connais pas ! 

Edouard Philippe sera seul à mener le combat. Le Président, lui, ronge son frein et fait des discours délirants en attendant de « reprendre la main ». C’est le destin de Macron : il perd constamment la main qu’il est obligé de reprendre à répétition. Un petit comptage personnel dans la PQN en 2020 : plus de 260 titres sur le thème « Macron reprend la main », ou « tente de reprendre la main ». L’entrée « Macron reprend la main » obtient, avec Google, 5?140 résultats. Un humoriste pourrait faire l’inventaire à la prévert de toutes les situations où la reprise en main a été nécessaire.

En Mai 2020, Macron, bien décidé à reprendre la main, décide de virer son Premier Ministre et crée une période de quatre mois où il n’y a plus de gouvernement opérationnel. Jupiter est de retour ! Pas un jour sans un coup d’éclat, sans une distribution d’argent, sans un cadeau au peuple, sans un embellissement de son narratif. Résultat : rien n’est préparé pour la reprise de la pandémie. Rien n’est étudiée en profondeur pour l’arrivée des vaccins. Le nouveau premier ministre est là pour ne pas faire d’ombre à l’ombrageux Jupiterino qui sombre dans le délire complet. L’affaire du Liban est bien un délire. Qui ne débouche sur rien, sinon un tombereau d’injures sur la France. L’affaire des 750 milliards européens est un délire qui coûte cher à la France. Mais on s’en fout de la France. C’est le projet de Présidence européenne qui compte. Il veut être,un champion des Etats-unis d’europe pour ambitionner d’être  son premier président élu par toute l’Europe. Si cela coûte 80 milliards à la Fance, c’est rien !

Et voilà que la France sombre à nouveau dans les couvre-feux et les confinements partiels sans pouvoir redémarrer son économie.

Que dit Macron : « Malgré la pandémie, nous n’avons jamais renoncé à poursuivre notre ambition de progrès pour chacun en baissant les impôts, en ouvrant de nouveaux droits comme le congé pour les aidants, l’allongement du congé paternité, en soutenant, par des primes, la conversion de notre parc automobile, en ouvrant sur tout le territoire des maisons France services, en investissant dans notre souveraineté et notre recherche de manière historique, en agissant pour produire davantage en France, en Europe.  Ce « quoi qu’il en coûte », je l’assume. »

En un mot : « rien à foutre de la pandémie, ce qui compte c’est mon narratif. Puisque je vous ai promis des cadeaux, ne croyez pas que je vais renoncer ». 

« Nous saurons aussi relever les défis à venir :

- la transition écologique et la protection de la biodiversité, avec la mise en œuvre des propositions de la convention citoyenne, et d’autres réformes.

- la lutte pour la République et pour nos valeurs, la laïcité, la fraternité, pour plus de sécurité. - la poursuite de notre engagement pour le mérite, le travail, l’égalité des chances et la lutte contre toutes les inégalités et les discriminations.

Là aussi il faut traduire : 

« Je recommence en janvier 2021 comme en janvier 2020 où je m’occupais de la « convention citoyenne », un truc à moi, qui illustre mon narratif, qui doit me permettre de me représenter en parant la menace écolo, sans compter « d’autres réformes ». Attendez-vous à d’autres inititatives du même tonneau ».

Quant aux « valeurs républicaines », Jupiter s’aperçoit que son discours pro immigrés, et « décolonial » des présidentielles de 2017, après les récentes décapitations de Français, devient inopportunément contre électoral. Alors on ajuste les mots du narratif sans prendre la moindre mesure concrète sérieuse, une nouvelle loi sécurité étant laissé à LREM qui s’y enlise et s’y ridiculise.

Il faut aussi ajuster le « narratif » européen après le Brexit et la preuve consternante que l’Europe ralentit tout et ne sert à rien de positif, à une période où l’économie s’effondre sous les assauts de la Pandémie et sous l’effet des défauts systèmiques de la Zone Euro et du système monétaire international.

La conclusion s’impose : « Préparons dès aujourd’hui ce printemps 2021 qui sera le début d’un nouveau matin français, d’une renaissance européenne. Cette relance déjà frémit en France plus qu’ailleurs, parce que nous avons su conduire les transformations nécessaires et renforcer notre crédibilité ».

C’était cinq jours avant que le fiasco des vaccins viennent ravager l’opinion et que la perspective d’un hiver confiné ne s’impose à nouveau du fait de l’impéritie des pouvoirs publics. Tous les journaux étrangers se mettent au « french bashing » devant les résultats lamentables et l’outrance du propos présidentiel. Le ridicule s’ajoute au honteux.

« Les épreuves que nous avons affrontées auraient pu émousser notre enthousiasme, désaltérer l’espoir. Il n’en n’est rien », avait dit le bavard, le premier janvier. C’est à une nouvelle poussée de colère qu’il est obligé de faire face.

« C’est la France de 2030 que nous bâtirons. Tel est notre cap. »   Il n’a pas dit qu’il allait réinventer la France. C’est déjà cela. Mais que les minus qui ne s’occupent que de 2021 le sachent : lui en est déjà à penser son destin en 2030, alors que  beaucoup de Français commencent à se demander ce qui restera d’une France déclassée dès 2022.

« Macron est toute honte bue » dit la rumeur de la TNT. Mais il n’a aucune honte. Pourquoi aurait-il la moindre honte ?  Macron a théorisé sa supériorité et le caractère irresistible de son charme depuis son adolescence et la séduction de sa maîtresse d’école.  C’est un monstre froid sans aucun affect et  totalement anomique,  travaillé par la crainte de ne pas être ce qu’il croit être et toujours en quête de confirmation. C’est en cela qu’il est extrêmement dangereux, car soudain, en quelques instants, tout peut  tourner au délire. La moindre contrariété et le caca nerveux s’enclenche toujours plus violent, toujours plus surjoué, comme dans l’affaire de la « colère suprême » dans l’affaire des vaccins. L’affaire libanaise et la folle colère contre Malbrunot, avait déjà montré la faille et il renoue avec la mêmle folie délirante en prenant la parole à deux heures du matin pour se  présenter en sauveur des Etats-Unis devant un drapeau américain. Il finit son discours grotesque dans un anglais de scolaire  sous-doué. C’est que Jupiter est désormais un phare mondial : ce n’est plus la seule France qui bénéficie de son génie, même augmenté du Liban, c’est toute l’Europe et tout l’Occident, Etats-unis compris.

La Chine, elle, continue de supprimer la démocratie à Hong-Kong. Pas question de se réveiller à deux heures du matin pour protester devant un drapeau chinois !

L’évidence est que Macron ne s’occupe en rien de la gestion gouvernementale. Il ne s’occupe que de son « narratif » et de sa quête personnelle. Jamais les Ministres n’ont eu autant la paix. Bruno Lemaire fait absolument tout ce qu’il veut. Véran et sa clique malsaine de petits maîtres socialistes cupides aussi.

Les seules initiatives qui intéressent le Président qui ne préside rien, tout en asservissant tous les pouvoirs et en monopolisant la communication, sont celles qui permettent de nourrir son « narratif ».  Alors que l’inquiétude sur la vitesse de la vaccination empoisone l’athmosphère, il va inaugurer  en province, dans une Caisse d’allocations familiales, une mesure démagogique de plus correspondant à sa parole jupitérienne : les femmes divorcées verront les CAF leur verser leur pension alimentaire. Et s’occuperont des vilains hommes qui ne veulent ou ne peuvent plus la payer, les « salauds ».  Des mesures comme celles-là,  signées « Macron »  et seulement Macron, dont le coût n’est jamais précisé et le principe parfaitement constestable, vont pleuvoir comme à gravelotte. Malgrè la crise économique, malgrè la crise sanitaire. L’important est de construire le cadre de la campagne présidentielle de 2021 avec une liste de meures démagogiques ciblées à mettre soigneusement en avant face à toutes les critiques possibles. Le reste, Macron s’en fout jupitèrement.

Le quinquennat n’aura vu de progrès définitifs sur aucun des grands fronts où se joue l’avenir du pays, mais aura du subir une suite d’incendies mis à feu par un pompier pyromane, éteints à grands frais par des gouvernements sucessifs, dépassés et hagards.

Il serait temps que la France se décide à ne plus jouer ce jeu là. Du déclassement à l’effondrement, il n’y a pas loin. Et la France, elle, n’a pas vocation à devenir le radeau de la méduse ni le tremplin d’un délire de la personnalité qui voit un grand malade  ambitionner des postes plus grands que lui pour se rassurer sur ce qu’il est.

Il faut éliminer le plus rapidement possible ce parasitisme dangereux pour l’avenir français. La question n’est pas de « désaltérer l’espoir » mais de cesser d’altérer l’avenir français.

Les dures leçons de l’année 2020

A noter : Ce blog dépasse les trois millions de lectures

2020 a apporté une véritable nouveauté : l’arrivée d’une pandémie grave. On ne le croyait plus possible et le Président Macron a géré l’affaire au plus mal. La crise sanitaire créé un nouveau monde mais a aussi été l’occasion d’une confirmation d’évolutions anciennes consternantes qui contribuent au sentiment de déclassement de la France et de déréliction des Français. L’ensemble forme un tableau plutôt sinistre.

 Tout est désormais si clair, que la grande question qui se pose est terriblement simple : stop ou encore ? La perspective d’un effondrement devient envisageable. Elle ne peut plus être occultée, niée ou minimisée.  Une sorte de paralysie frappe le pays qui est partagé entre passivité craintive et hystérie délirante. Cette conjonction crée une situation hypnotique comme souvent la peur en provoque. Le cerveau voit bien le danger maisles membres sont paralysés. Si on ne bougeait plus, peut-être la bête sauvage nous épargnerait-elle …

Cette attitude est absurde. L’espoir existe et ne peut disparaître. On peut agir dans la durée pour remédier à nos maux. Au moins, commençons à regarder les choses en face et accordons-nous sur les constats les plus graves.

Macron est une erreur de casting. Il n’attaque aucun des problèmes graves et il en crée qui lui sont spécifiques. Malheureusement, il présente des éléments de détresse psychologique qui ne lui permettent pas de changer. Son délire lui fait suivre obstinément un « narratif » qui a plus pour objet de limiter sa souffrance intime que de gouverner utilement le pays. Voulant se rassurer sur une supériorité qu’il professe mais qui n’existe pas, il multiplie les propos de séduction et accumule les contradictions, tout en aggravant les difficultés du pays qui lui sont indifférentes mais que les victimes ne lui pardonnent pas.  Le coronavirus a été un impitoyable révélateur de ses carences lourdes. Il commence par ne pas vouloir entendre parler d’une pandémie qui menace clairement le pays mais qui entrave son « narratif » et les opérations politiques qu’ils jugent à même de permettre sa réélection, son unique préoccupation. Alors que les yeux sont fixés sur la ville de Wuhan puis se tournent vers l’Italie, il ne pense qu’à clore l’affaire des Gilets Jaunes, à prendre la pose sur les questions écologiques et à préparer les élections municipales. A cause de cette mentalité, la France perdra trois mois cruciaux pour faire face à la pandémie. Il refuse de fermer les frontières mais pas de prendre la pose alors qu’il perd la main. Il trépigne de rage en son palais pendant que son premier ministre gère la crise sanitaire. Macron, en Jupiter entravé, fulmine.  Il tente d’exister par des discours déplacés et ridicules. Aussitôt le confinement levé, Il manœuvre pour virer Edouard Philippe et fait perdre quatre mois au gouvernement. De mai à septembre, la seule préoccupation autour du « maître des horloges » est celle des places à défendre ou à prendre. La France rate la phase de déconfinement et ne se prépare pas à la relance de la pandémie qui flambe sans que rien n’ait été anticipé pour y faire face. Il rate la phase vaccinale dans des proportions qui tournent à la farce tragique, tout en multipliant les actions préparatoires à son narratif présidentiel de campagne. Il finit par être contaminé lors d’une réunion qui viole le couvre-feu qu’il a imposé, et qui n’est consacrée qu’à la manière de tuer l’opposition en 2021 et à préparer le ring pour un combat gagné d’avance face à Marine Le Pen en 2022. Alors que l’épidémie continue de tuer en masse, le nombre des morts s’orientant vers les 70.000, il pense à lui et à lui seul. 2020 aura été tragique pour Macron, par la prise de conscience qui s’impose de sa profonde inadaptation au poste qu’il occupe. Il gère ses difficultés psychologiques, mais pas la France. Il n’a aucun affect. Il est incapable de faire face aux évènements. Il faut éliminer cet accident de l’histoire, le plus vite étant le mieux.

L’énormité et l’impuissance du Moloch bureaucratique français a été la révélation majeure de 2020 pour le grand public, alors que les connaisseurs savaient. L’idée que le système sanitaire français était le meilleur du monde s’est effondrée. La prise du pouvoir par les hauts-fonctionnaires et une bureaucratie phénoménale, dirigée par une cohorte de nomenklaturistes socialistes, travaillant souvent en famille, (cf Agnès Buzin et  Yves lévy), et cherchant plus à régler des comptes de clans et à « faire de l’argent », a montré son caractère délétère. On a limité le nombre des médecins et tenté de les prolétariser, pendant que des malins s’enrichissaient notamment avec Big Pharma. Des guéguerres ridicules entre privé et public se sont ravivées. Les luttes de personnes sont devenues infectes. Les « scientifiques » ont été ridiculisés, comme des Purgons de Molière se battant sur tout et n’agissant sur rien. Une honte. Et cela se termine par une légion d’honneur à un médecin payé par Gilead pour défendre le Remdezivir, une drogue dure et coûteuse, sans aucun effet sauf négatif sur la maladie Covid !  Une honte totale.

La Presse a été la victime collatérale de la crise sanitaire. Les Français, même les moins avertis, ont été consternés de voir s’étaler en pleine lumière un phénomène qu’ils subodoraient mais dont ils ne voulaient pas se convaincre, tant il est odieux. La Presse aux mains de l’Etat et d’une poignée de milliardaires dont la fortune dépends largement de l’Etat, ne se considérait plus comme un moyen d’information et de débats, mais comme un outil de création de l’opinion dans le sens d’une bien-pensance politiquement correcte, et propice à des intérêts particuliers. Pourris par l’illustration continue et malhonnête des éléments de langage imposés, affaiblis par l’effondrement de la qualité du recrutement journalistique, lié à la baisse de ses ressources désormais fournies trop largement par l’impôt, les médias installés se sont ridiculisés et ne peuvent plus être lus sans irritation. C’est une effarante reculade démocratique qui a laissé le champ libre au n’importe quoi souvent méphitique des réseaux sociaux. Chacun cherche désormais sa vérité dans un champ de mines.

L’Union Européenne a montré une de fois de plus qu’elle n’était qu’une grosse méduse, travaillée par le départ de la Grande Bretagne, par les particularités des pays de l’Est, par les tensions régionalistes stimulées par l’abaissement des Etats, par son alignement inconditionnel sur les Etats-Unis qui l’ont brutalisée sans réaction, par une incapacité à agir à l’extérieur. 2020 a prouvé que l’UE était une coûteuse coquille vide uniquement intéressée par elle-même et son combat contre les nations européennes, sans aucun résultat probant dans aucun domaine. Les institutions de Bruxelles et de Francfort censément chargées de doper la croissance en Europe a conduit cet espace à sous performer depuis près de 30 ans et à se traîner économiquement loin derrière toutes les autres parties du monde. Un bilan navrant !

L’Alliance atlantique et le multilatéralisme centrée sur l’Occident se sont effondrés. Cela est due principalement aux vaticinations nationalistes des Etats-Unis, qui ont mis en place un racket contre leurs propres alliés, tout en délaissant leurs responsabilités globales. Mais l’effondrement de l’Europe comme puissance a également sa part. Sans parler de l’effacement français, avec un pays ruiné par sa bureaucratie et le socialisme à la Mitterrand,  aggravé par Jospin et Hollande, le tout sans vraie réaction des Présidents dits de droite.

En France toutes les tares connues ont continué à embellir. La justice s’est encore effondrée un peu plus, la réponse pénale contre les truands disparaissant, au profit de procès tonitruants et infamants avec des sanctions délirantes contre les dirigeants de droite.  L’insécurité a brusquement accéléré au point de voir des délinquants immigrés noirs arracher des colliers au cou des femmes âges françaises un peu partout dans Paris, sans aucune réaction. L’enseignement s’est effondré un peu plus, une partie du corps enseignant se défilant de façon honteuse face au risque du virus. L’université est désormais largement pourrie par les mouvements « intersectionnels » venus des Etats-Unis qui en font désormais un lieu de propagation du racisme le plus violent et de promotion de l’homosexualité et des mouvements LGBT. Leur terrorisme règne désormais en maître à Sciences-Po comme à la Sorbonne et dans plusieurs établissements provinciaux. La police est vilipendée, assommée de fatigue et d’insultes, à deux doigts d’entrer en dissidence. L’armée est enlisée dans une opération Barkhane menée sans les moyens nécessaires. Toutes les grandes administrations publiques sont par terre. La natalité proprement française s’est effondrée un peu plus et se transforme en une baisse des effectifs au profits de populations étrangères qui n’ont aucune honte à tenir le terrain avec leurs propres règles dans le mépris des « gaulois ». L’invasion islamique et ses débordements criminels persiste et s’aggrave sans vraies réaction sauf des faux semblants cosmétiques et verbaux.

Quant à l’économie, affaiblie depuis quarante-cinq ans par la surfiscalité française, les lois trop favorables aux mauvais salariés et aux syndicats politisés,  les charges trop lourdes sur l’appareil productif, la concurrence abusive des pays à très bas salaires, et la puissance industrielle dévastatrice de l’Allemagne, de la Chine etc., elle a été démantelée par la crise sanitaire et les moyens mis à la combattre. L’économie française est plus que jamais entravée par la bureaucratie et la pression de l’Etat, la faiblesse résultante de sa compétitivité, ses déficits intérieurs et extérieur, avec un chômage structurel et une dette intenable. Pire encore, sous la pression écologiste, elle est sommée de démanteler toutes les forces qui lui restent : la construction automobile, le nucléaire, l’aviation et la construction aérienne et plus généralement l’espace, …  La perspective d’une France totalement désindustrialisée et sans aucun ressort économique est clairement affichée.

Décidément, 2020 aura été le miroir grossissant de toutes les difficultés françaises, sans faire avancer d’un centimètre la perspective d’un changement de cap.

Il faudrait que les Français commencent à trouver en eux-mêmes les moyens de mettre fin à cette descente aux enfers.  S’ils ne commencent pas en 2021, la France comme nation, comme histoire, comme exception, est morte. Il n’en restera rien dès 2050. Pas même une nostalgie.

 

Bonnes années à tous dans cette ambiancce étrange.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

 

PS : Ce blog a désormais dépassé les 3 millions de""lectures"

 

 

Le livre de Michel Hau et Félix Torrès, « Le Virage Manqué », entre décapages et dérapages

La société des Belles Lettres a eu la bonne idée d’éditer l’ouvrage de deux membres éminents de notre université qui ont l’avantage d’être d’une génération proche de celle des membres de notre petit groupe et qui ont donc tout connu de l’époque qu’ils décrivent : 1974- 1984 (ce qui laisse la place pour une suite). Ils cherchent dans cette histoire une clef qui permette de comprendre nos difficultés actuelles.  Pour avoir commis une livre, « l’Etrange désastre » qui traitait en partie de cette période, je trouve excellent que l’on revienne inlassablement sur les causes du naufrage économique français et il est vrai que les années soixante-dix ont été un moment critique.

Les auteurs ont connu tous les événements dont ils parlent. En plus de leurs études, ils ont nécessairement une impression existentielle du sujet. Les auteurs de notre génération tiennent pour acquis des connaissances et des faits qui se sont totalement en fait évaporés dans les limbes de l’oubli collectif et qui demandent aux jeunes générations un effort de connaissance alors que beaucoup laisse aller leur imagination et pensent selon les préjugés de l’époque actuelle.  Les aider à une connaissance fondée est essentiel surtout quand on le fait honnêtement et à des fins explicatives.

Le livre est construit de manière simple et efficace : Il développe une thèse centrale, véritable fil rouge sur lequel va s’accrocher un inventaire d’une particulière exhaustivité de toutes les attitudes et de toutes les politiques qui en justifient la justesse et l’importance.

La thèse est connue et déjà généralement acceptée. Beaucoup trouvent opportun de la laisser sous le tapis ou de ne pas trop insister, « pour ne pas décourager ce qu’il reste de Billancourt » ? C’est-à-dire rien. Qu’affirme le livre : en voulant faire concourir les entreprises françaises dans une compétition mondiale totale avec des boulets aux pieds, les dirigeants français ont ruiné l’industrie du pays. L’avantage de ne servir qu’une seule idée dans un livre est que le clou finit par être bien enfoncé dans la tête du lecteur. Le risque est évidemment de vouloir trop prouver et d’ignorer des facteurs tout aussi importants pour la compréhension de la période couverte.

Pour les auteurs, le décrochage s’explique par l’accumulation de charges sur l’entreprise, qui l’ont empêché d’être compétitive à l’extérieur. Le keynésianisme des élites politiques françaises plus la démagogie socialiste sont les causes de cette évolution mortifère. Seul Raymond Barre, dont les auteurs sont visiblement énamourés, aurait pu remettre les choses en place avant qu’il ne soit trop tard. Mais l’élection de Mitterrand a tué la seule chance de changer de cap. Le grand virage se place dans les années 1974 -1975, où Giscard et Chirac se lancent dans une relance keynésienne folle sans se rendre compte qu’un monde nouveau était en train de s’installer et qu’il fallait se mettre en situation de s’adapter intelligemment, ce que beaucoup de pays ont fait mais pas la France qui au contraire, a pris le chemin contraire et l’a payé de sa prospérité.

L’ouvrage vaut pour la compilation qu’il propose des propos et des mesures qui ont conduit certains à ne pas prendre le bon virage et d’autres à le faire. C’est une bibliothèque de référence à lui tout seul. Pour celui qui s’intéresse à l’histoire des idées et des pratiques économiques dominantes en France depuis 1974, c’est un travail monumental et formidable. Bravo !

Sur le fond, il n’y a strictement aucun doute que la France a voulu un système de concurrence mondiale tout en empêchant ses entreprises d’y gagner. Ce qui est une politique schizophrène manifeste, de longue durée, partagée par tous les grands dirigeants successifs et impardonnable, nul doute là-dessus. La compétitivité d’une économie est largement liée à la manière dont elle est gouvernée. Tout a été fait pour que l’entreprise française lutte avec des handicaps insurmontables.

Ce diagnostic est en fait partagé par presque tout le monde et depuis longtemps. Il faut dire que les résultats sont particulièrement navrants depuis également très longtemps. Nous sommes le pays en tête de classement mondial pour les dépenses de redistribution et la fiscalité, mais notre revenu moyen a stagné en valeur absolue et s’est étiolée par rapport à presque tous les autres pays. Nous avons un moloch étatique phénoménal et plus aucune fonction régalienne ne fonctionne. La Justice, la police, l’enseignement national, la santé, tout est à plat. L’armée fonctionne avec des bouts de ficelle et dans la dépendance.  L’entreprise doit vivre avec les charges les plus lourdes du monde, des salariés qui travaillent souvent peu, qui sont souvent absents et qui partent tôt à la retraite. Les soldes extérieurs sont catastrophiques. Nous n’investissons quasiment plus. Le chômage devenu structurel est à des hauteurs extrêmes. Les Français méprisent désormais leurs élites politiques. Oui la France a décroché et elle est même tombée. La crise sanitaire n’a rien arrangé. A-t-elle point que l’avenir est désormais très incertain avec des risques de collapsus importants.  

L’originalité du livre est d’avoir très justement réparti la responsabilité aussi bien sur la droite que sur la gauche. L’effondrement des deux partis de gouvernement dominants jusqu’en 2017 a assez prouvé que les électeurs français s’étaient approprié le constat.

Le livre vient donc au secours d’un constat désormais largement partagé dans l’opinion publique, en donnant au citoyen qui le voudra, le moyen de mieux comprendre « comment on en est arrivé là ». On sait malheureusement qu’il y aura toujours en France une fraction de la population pour penser qu’étatisme et socialisme sont les mamelles nécessaires de la politique française et que la démagogie empêchant de s’attaquer trop directement à l’électeur, c’est toujours sur le créateur de richesses que l’on s’abat. L’expérience de l’action des gouvernements depuis 2001, période non couverte par le livre, montre que tous ont été conscients qu’il fallait décharger l’entreprise, tous, mais qu’ils n’ont jamais pu aller très loin dans cette direction, tant le pays est peu disposé à en accepter les conséquences. La France est dans une impasse. Et ce n’est pas la crise sanitaire qui a entraîné une poussée invraisemblable des aides publiques tout en prouvant la nécessité de réinvestir dans la santé et les politiques régaliennes, qui offrira de sitôt un terreau favorable à des réformes fondamentales.

Le risque est donc grand que le livre passe aux oubliettes, écarté avec une belle unanimité par des factions politiques qui toutes considèrent que la conquête du pouvoir passer par des cadeaux sociaux au peuple.

Comme nous l’avons dit d’entrée de jeu, le livre, centré sur une explication unique, occulte certains faits ou néglige certaines situations, ce qui poussent les auteurs à des commentaires un peu trop à l’emporte-pièce ou à ne pas comprendre certaines dynamiques fondamentales.

Les auteurs expliquent que les Trente Glorieuses ne le sont pas tant que cela et que beaucoup d’erreurs y trouvent naissance. La dynamique politique de l’Etat providence, dite keynésienne, qui a poussé à des dépenses sociales publiques excessives, ne s’explique que par la crise de 1929 et les effets de la guerre. On a soldé l’avant-guerre dans l’immédiate après-guerre. La pression soviétique qui menaçait les démocraties européennes de l’intérieur et de l’extérieur imposait également une action sociale qui évite le succès du communisme. Comme la guerre avait liquidé les fortunes, l’argent ne pouvait être trouvé que sur la valeur ajoutée là où elle apparaissait : dans l’entreprise.

Il aurait été intéressant que les auteurs analysent un peu plus pourquoi cela n’a pas empêché une croissance d’une rapidité historique. Une réponse est timidement tentée : les Trente Glorieuses seraient le fruit d’une circonstance particulière : l’exode rural qui a donné des bras par millions aux forces nouvelles de l’économie. Cela nous change des affirmations surjouées qui font soit de la reconstruction, soit de la quasi-gratuité du pétrole, soit du développement de la « bagnole, soit du Plan Marshall, la raison également fortuite et de court terme de la croissance rapide d’après-guerre. Cela reste un simplisme. 

Les auteurs ont choisi de laisser totalement de côté, comme on le faisait chez les économistes dominants des années 1960, la notion de cycle et le rôle de l’organisation monétaire. Tout à leur démonstration que ce sont les contraintes réelles, au sein de marchés réels, qui ont provoqué la bascule de 74-75, ils ne voient pas l’extraordinaire importance d’une part des accords de Bretton Woods dans la croissance internationale d’après-guerre, ni réciproquement le rôle de leur destruction dans la crise du début des années 70. Si la relance de Giscard Chirac a échoué, c’est parce qu’en régime de changes flottants, toute relance finit par un chaos monétaire et doit être arrêtée d’urgence. De même, tout à sa mono explication par les charges publiques sur les entreprises, des malheurs du temps, les auteurs minimisent le poids sur la croissance de la hausse drastique du prix du pétrole. Du coup toute leur analyse des années 75-76 manquent de poids, car si ce qui est montré n’est pas faux, la démonstration est largement décalée des vrais mécanismes à l’œuvre.

De même il est impossible de comprendre la période sans tenir compte de mai 68 et de la poussée d’une influence socialiste qui menace de tout emporter. Les vents contraires politiques ont joué un rôle et il était évident que tout gouvernement se devait d’en tenir compte.  Les poussées ultérieures de dépenses publiques seront d’abord conditionnées par les crises mondiales décennales à répétition, alors que les auteurs décrient les analyses relatives aux crises périodiques. Ces crises touchent gravement, plus que la France, l’Allemagne, début 80, le Japon, début 90, les économies émergentes début 2000 et tout le monde en 2008.  Mais la France en subi à chaque fois les conséquences politiques après les affres économiques.

Ces lacunes affaiblissent partiellement le propos du livre. L’option prise de monter en épingle un seul phénomène considéré comme central a cet inconvénient.

On aurait aimé que soit analysée plus profondément la terrible difficulté de revenir en arrière. Décharger l’entreprise c’est d’abord charger les particuliers sauf à réduire drastiquement les dépenses publiques. On a vu avec les APL ce que provoquait le transfert de quatre euros ! Tous les gouvernements, quelle que soit leur orientation politique, savent très bien depuis Maastricht qu’ils doivent restreindre les déficits publics. Ils ne le font pas parce que la caste qui a pris le pouvoir, l’Enarchie Compassionnelle, ne veut pas le faire au détriment des fonctionnaires et de leur propre pouvoir.  Ils respectent les GOPE, les ordres budgétaires de la Commission Européenne, mais sans jamais toucher aux effectifs proprement administratifs. On l’a vu dans le domaine de la santé où on a réduit l’offre de soins mais jamais l’effectif pléthorique de 16.000 femmes fonctionnaires de catégorie A du ministère de la santé, qui, elles, ne soignent pas. Les différentes crises périodiques ont été supportées uniquement par le secteur privé, jamais par le secteur public. De même les hauts fonctionnaires qui nous dirigent ont laisser supporter à la SNCF un sureffectif de plus de 350.000 personnes pendant des décennies et ont baissé les bras à la première longue grève, lorsqu’ils ont souhaité recadrer, un peu,  cette machine à faire des pertes et à trahir les usagers.

Le livre de Hau et Torrès est indispensable par sa belle compilation des mentalités qui rendent aveugles et des erreurs politiques qui ont été commises.  Envoyer  au casse-pipes nos entreprises dans la compétition mondiale en les chargeant à mort est bien une dimension de la folie française qui a conduit la France là où elle est.  La démonstration reste trop partielle pour bien cerner les mécanismes qui conduiront à la forme de chaos économique actuel.

Aujourd’hui il faut aller plus loin. Hollande avec le CICE et la loi El Khomry, Macron avec ses propres lois et ses promesses électorales, ont tout deux essayé, bien que socialistes, de faire baisser les charges sur les entreprises et de leur rendre la compétition moins déloyale. Le premier a vu la dissidence d’une partie de ses troupes. Le second a connu les Gilets Jaunes et les black blocks. La France est depuis gouvernée par les GOPE européens qui fixent ce qu’on attend d’elle comme réformes. Les Français ont le sentiment qu’une politique de rigueur permanente imposée par l’Union Européenne brise leur système de santé et de protection sociale. Les électeurs donnent la prime aux extrêmes ou à l’abstention.  Ils méprisent désormais des élites qui ne les protègent plus. L’opposition se voit sommée par quelques jeunes loups d’entrer dans le grand jeu de la démagogie et des promesses inconsidérées, façon hausses imassives du Smic et « restauration du pouvoir d’achat ». Pourquoi ne pas proposer « l’abaissement de l’âge de la retraite des travailleurs manuels, la recréation de l’autorisation administrative de licenciement, le retour de la garantie à 90% pour deux ans des allocations chômage, l’élargissement du champ de la Sécurité sociale à n’importe qui, le relèvement du minimum vieillesse. Face à la crise qui s’installe, au chômage qui progresse, l’Etat Providence ne doit-il pas renforcer sa protection ? »  C’était le programme travailliste à la française de Chirac en 1975 ! Il reste des nostalgiques. Quant à Macron il a repris à son compte le plan vanté par Giscard : "la planification, qui doit rester l'outil essentiel de notre développement économique à moyen terme, doit connaître une profonde adaptation dans ses méthodes et ses objectifs… Le Plan devra assurer à la fois la modernisation de notre appareil productif, le développement des équipements collectifs, une meilleure utilisation des ressources publiques et une accentuation de nos efforts en vue d'une meilleure répartition des richesses… La finalité profonde du Plan devra être de rendre les Français plus heureux." Il suffirait d’ajouter la réduction du réchauffement climatique pour que le propos soit totalement actuel.

Les mentalités qui ont provoqué les défaillances de 74-75 sont encore bien vivaces. Ne parlons ni de Mélenchon ni de Le Pen ! 

Trouver la martingale politique qui permettra de sortir de cette impasse, au-delà du diagnostic, est la vraie énigme du moment.

Il y a 11 ans : le H1N1

qu'est-ce qui a vraiement changé ?

La santé publique entre laisser faire et Gosplan : les leçons du H1N1.

L'économie de la santé est une partie de l'économie générale.  La question est de savoir si elle doit être organisée de la même façon que le reste de l'économie ou faire l'objet d'un traitement particulier.

Le virus H1N 1 a au moins l'avantage de mettre à nu les mentalités qui fertilisent les politiques actuelles dans ce domaine.

En Italie, le gouvernement a décidé qu'il fallait laisser la grippe se développer.  On ne ferme aucune école . Les médecins ne se déplacent même pas en cas de déclenchement de la grippe. Rien n'est remboursé à personne.  Tout le nord de la péninsule a été infecté en quelques semaines à partir du début novembre 2009. 

Il n'y a eu  aucune information sur les victimes éventuelles, comme il est d'usage pour la grippe saisonnière.  L'économie ne s'est pas arrêtée. Pour la quasi totalité  des victimes trois jours de fortes fièvres puis quelques semaines de toux.  On peut parler d'une véritable politique de laisser faire et laisser passer.  Et à Dieu va !

Le résultat a été le déclenchement rapide de la grippe en Suisse qui a été contaminée à partir du nord de l'Italie et une exportation en France. qui est désormais soumis à la contamination exponentielle et incontrôlable.

En France la santé est un secteur qui répond en partie au canon de l'économie administrée façon Gosplan.

On a donc fait face à l'épidémie façon Gosplan.  Le Ministère a pris les choses en main avec les méthodes d'un ministère.

Premier objectif : protéger le ministre.  Pas question de se retrouver devant un tribunal comme pour le sang contaminé dès que l'épidémie aura fait quelques victimes.   Donc on a  fait des stocks de Tamiflu, rapidement devenu introuvable en pharmacie et on a commandé des millions de doses de vaccin.

Second objectif : éviter les procès d'intention  sur les inégalités devant le traitement.  On met donc en place un système de rationnement avec des règles de priorités.  Façon 1940 !

Troisième objectif : éviter de payer trop cher malgré tout.  Si le milliard d'euros payé pour les vaccins et les études doit se doubler d'un enrichissement des médecins libéraux  remboursés par la Sécurité sociale, cela ne saurait être accepté.

Les modalités  du plan d'action vont se dégager par la vertu propre des décisions administratives de ce type.
Les vaccins seront disponibles en emballage pour dix doses. 

C'est moins cher.

La vaccination aura lieu dans des gymnases ou des centres de vaccination.

La population sera convoquée et devra se rendre  avec cette convocation au centre indiqué.

Des vagues successives de strates de la population seront traitées au fur et à mesure.

On peut être sûr que dans les bureaux se merveilleux plan  a empli de fierté tous ceux qui l'ont conçu.  En Union soviétique les plans agricoles étaient toujours merveilleusement calculés  et faisaient l'objet des déclarations les plus tonitruantes.  Des experts dans les bureaux faisaient les plus subtils calculs, prévoyant tout dans le plus petit détail. Pas un unité de tracteur, de pneu, d'engrais ne manquaient sur le papier, et les matrices faisaient apparaître des flots de blé et d'avoine.

Et tout le monde, en bas,  a toujours crevé de faim dans le paradis socialiste réalisé.

Le plan Bachelot suit la même logique fatale. Rien ne se passe jamais comme prévu.

Les centres de vaccination sont d'abord restés vides.  Les informations contradictoires sur les dangers respectifs de la grippe et du vaccin avaient troublé les pauvres citoyens.  Il n'y avait même pas sur le net une liste par ville des centres de vaccination.  A Paris, le 23 novembre, le seul centre documenté sur internet, par une association, pas par le gouvernement, était le centre du 14ième arrondissement.

Puis les centres  furent brusquement saturés.  On s'aperçut qu'il fallait faire la queue des heures et qu'aucune chaise n'avait été prévue.  Les femmes enceintes  convoquées prioritairement se retrouvèrent donc debout dans le froid à attendre l'éventuel vaccin.    Le Gosplan décida qu'il fallait "cadrer le dispositif" : un plan central "chaises" fut aussitôt  concocté !  Mais comment disposer de chaises sur les trottoirs ?  Heureusement le temps était plutôt doux. On échappa à un plan "poêles et braseros".

En même temps ceux qui n'avaient pas reçu le sésame administratif commencèrent à s'inquiéter.  Pourquoi pas moi ?  Les médecins généralistes ne tardèrent pas  à être accablés de coups de téléphone de clients inquiets se sachant gros, en difficulté respiratoire, diabétique, etc.  Comment les bureaux ont ils fait pour déterminer les  personnes prioritaires ?  Qui les a informé ? Comment faire rectifier les erreurs  éventuelles ?  Chut !!!!!!!!!!!!!

Les médecins qui venaient en général de recevoir leurs bons de vaccination  avec convocation dans les gymnases (à la queue comme tout le monde)  répondirent qu'ils n'étaient pas concernés par la vaccination et qu'il fallait regarder le journal télévisé et attendre son petit papier.  Ils confirmèrent que les papiers reçus étaient bourrés d'erreurs.  Noms écorchés, prénoms fantaisistes, âges flottants, sexe pas toujours très conforme, adresse incertaine.

Personne n'eut le culot d'expliquer à la population comment on avait fait pour déterminer dans les fichiers de la SS les prioritaires et les autres.  Les gens commencèrent à téléphoner en masse pour savoir pourquoi ils n'étaient pas encore convoqués alors que leur médecin leur avait déclaré qu'ils étaient en effet plutôt à risque. 

Ils se demandaient pourquoi ceux qui sont chargés de les suivre au jour le jour,  et étaient les seuls aptes à un jugement éclairé,  avaient été éliminés du circuit.  On leur répondit, avec la bonne conscience du nomenklaturiste  habitué à répondre aussitôt à toute demande : "y-a-ka aller dans votre centre d'allocation familial, on vous répondra" !  Evidemment personne ne fréquente cet endroit là de façon générale et faire les recherches  pour savoir où aller était au dessus de la force de la majorité des intéressés.   Nul doute que ceux qui se sont risqués à cette aventure auraient des choses intéressantes à raconter.

Pendant ce temps là des centaines d'écoles étaient fermées pour une semaine pour ralentir le développement de l'épidémie. En vain naturellement.  Et à la grande joie des personnels syndicalisés qui aussitôt décidèrent d'une grève.

Certaines voix s'étant élevées pour s'étonner de l'absence des médecins généralistes dans le système, en même temps que les files d'attente se développaient,   le Gosplan sut réagir avec célérité.  Pas questions de vacciner en cabinet. Mais si certains généralistes voulaient bien se présenter aux gymnases, on trouverait bien à leur donner quelques compensations financières.

On s'aperçut alors que le Gosplan avait planifié de longue date la réduction du nombre des médecins et que le numérus clausus avait parfaitement fonctionné : le malthusianisme est la seule chose que le Gosplan sait gérer.  Depuis longtemps les délais s'allongent pour les spécialistes et depuis quelque temps pour les généralistes. La plupart essaient de ne plus se déplacer, de prendre leurs week-end et leurs vacances,  d'éviter les gardes de nuit.  Aucun n'était prêt à abandonner leur cabinet et leurs patients habituels  pour aller faire le vaccineur public occasionnel  de gymnase.

Le ministre, Mme Bachelot, connue pour ses tailleurs aux couleurs explosives et  ses réparties sympathiquement décalée,  se répandit dans les medias.  Les vaccins étaient sans danger. Il y avait un pilote dans l'avion.  La logistique était parfaitement sous contrôle.  La France et son gouvernement, une de fois de plus était exemplaire et pouvait en remontrer au monde entier.
Heureusement, la grippe était virulente mais assez bénigne. 
Le laisser faire total des Italiens et l'inefficacité totale du gosplan français étaient l'un et l'autre sans réelle importance.

Tant mieux.

Personne ne saura ce qu'aurait été la maîtrise de l'épidémie si on avait laissé les médecins  traiter leurs patients.  Si les doses avaient été individuelles.  Si les pharmacies avaient eu le contrôle de leurs stocks.  Si le rôle de l'état avait été incitatif et non pas logistique.

Mais quel coup de projecteur sur la mentalité française !

Et quelle cacophonie en Europe !

Les exactions monétaires américaines continuent

Depuis disons la guerre de 40, la monnaie est un levier de puissance diplomatique pour les Etats-Unis et utilisé sur le mode massue. La taille de la massue n’a cessé de grandir et le matraquage est devenu délirant. L’Union Européenne, au lieu de « faire la force », est couchée et regarde son maître avec un regard de chien battu mais consentant. La France de Macron est totalement inexistante comme toujours. Tout à son narratif de malade mental, le président Français passe son temps à tomber et à s’extirper des pièges qu’il ne cesse de semer sous ses pieds, un spectacle de pompier pyromane qui laisse pantois ses malheureux concitoyens. Son obsession des présidentielles de 2022 le rend aveugle et sourd à tout ce qui est important et urgent.

Entre quarante et quarante-quatre, le Trésor américain prépare la conférence qui aura lieu à Bretton Woods de construction d’un nouvel ordre monétaire et économique mondial fondé sur un étalon de change dollar et l’interdiction de toute entrave à la puissance commerciale américaine. Churchill se cabre lorsqu’on veut faire payer l’aide américaine par la disparition de la préférence impériale. Il gagne en menaçant de ne pas paraître à Bretton Woods !

En faisant du dollar la clé du système, les accords de Bretton Woods signent un défaut majeur qui va finir par devenir destructeur. Rapidement, les Américains qui disposent d’un avantage « dissymétrique » comme on dit maintenant, en abuse et des tensions apparaissent dès 1958. La valeur entre or et dollar vacille. Les Etats-Unis exigent que ses partenaires gardent en vie artificiellement la parité du dollar ! Eux se lancent dans la frénésie de Kennedy : plan civil extrêmement coûteux, guerre au Vietnam, course à la lune. En 71, tout craque. Les Etats-Unis font défaut sur leur engagement à l’été 1971. Ils imposent les changes flottants, c’est-à-dire un étalon flottant dollar, qui se révéleront une catastrophe. Plus aucun engagement multilatéral ne contient les grands déficits et les grands excédents. Les Etats-Unis imposent une financiarisation débile de l’économie mondiale, avec domination des banques américaines. De crise en crise on aboutit à la catastrophe de 2008 !

Au lieu d’acter le caractère malsain et générateur de crises des changes flottants, les Etats-Unis, ivres de leur puissance empêtrée, décident que leur droit s’imposera au monde. Une de fois de plus leurs déficits extérieurs ne sont pas de leur fait. Les vilains ce sont les autres, les pays en excédent. En vérité il est impossible de fournir des dollars au monde entier sans mettre sa balance des paiements en déficit. Les excédents sont les contreparties du déficit ! Les deux vivent en symbiose.

Les Américains s’en moquent : ils se croient les plus forts et font du dollar la justification d’exactions contre ses propres alliés. Le droit américain est considéré comme le droit international avec des milliards de sanctions imposées un peu partout, les procureurs américains devenant des piliers de la guerre économique extérieure menée par les Etats-Unis. Ils créent avec le TFTEA une législation qui permet en permanence de condamner les partenaires excédentaires des Américains.

C’est comme cela que les Allemands et subsidiairement les Français, ont été condamnés à des sanctions économiques astronomiques, après la Chine.

Le Temps d’aujourd’hui précise que c'est désormais le tour de la Suisse : « La publication du rapport semestriel du Trésor américain était prévue cet automne. Il est tombé mercredi et n’a pas pris grand monde de court en annonçant que, cette fois-ci, la Suisse entrait bel et bien dans sa liste noire des pays manipulateurs de devises. Trop d’interventions sur le marché des changes, trop de déséquilibres dans les flux financiers et commerciaux entre les deux pays. Voilà ce qui a poussé Washington à sanctionner la Suisse, mais aussi le Vietnam. »

Nous avons été pratiquement les seuls à dénoncer la désastreuse loi TFTEA, votée sous Obama, dès 2015, cinq ans déjà, qui installaient cette machine à extorsion de fonds international.

La pure violence du rapport de force règne depuis sur les relations économiques internationales. En cinq ans, les médias dominants ont été pratiquement totalement silencieux sur le TFTEA. On sait désormais, qu’ils ne cherchent pas vraiment à informer la population mais à construire ou déconstruire ce que ses membres pourraient penser. La crise sanitaire et les campagnes de mensonges organisées, sont passées par là.

Si les Etats-Unis se comportaient mal, c’était la faute de Trump le populiste. Pas de chance, la loi TFTEA datait d’Obama et continue à s’appliquer le jour même où Biden est nommé président des Etats-Unis.

Le déni médiatique continue donc. Macron n’a jamais osé prendre position sur les sanctions américaines contre la France., ce qui l’aurait obligé à parler des défauts de l’Euro et de l’excédent global de la zone Euro, ce qui aurait troublé son « narratif » de débile. Le pseudo « couple franco-allemand », serait également sur la sellette du fait des excédents ahurissants de l’Allemagne au sein même de l’Euroland. « Crève la France plutôt que mon narratif » est donc le modus operandi de ce précisent qui ne préside rien d'autre qu’à sa réélection.

On a donc vu l’insignifiant ministre des affaires étrangères soigner une lettre oiseuse avec son homologue allemand pour faire leur soumission à Biden. Ces bourgeois de Calais vont la corde au cou demander qu’on les épargne. Une honte pure ! Le témoignage d’une Europe lavette avec une France lavette. Ils vont à Canossa comme d’autres allaient à Sigmaringen. Tout cela est à vomir.

Rappelons donc l’essentiel de notre article prémonitoire de 2017, en regrettant que le débat public n’ait pas flambé sur ce scandale absolu que sont la loi TFTEA et l’abjecte relation de force qu’impose le Big Stick américain.

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Personne en France ne connaît la Section 701 du Trade Facilitation and Trade Enforcement Act de 2015. Le TFTEA est sans toute la législation américaine la plus significative de l’effondrement du monde rooseveltien mis en place à la fin de la guerre de quarante. Il annonce Trump avant Trump. Si vous en parlez, sans préciser les dates, vous constaterez la même réaction : « Ce Trump quel sale type, il est en train de tout casser ». L’ennui est qu’il s’agit d’une loi Obama. La seule nouveauté est l’annonce par Trump qu’il va s’appuyer sur ses dispositions pour attaquer les pays avec qui les Etats-Unis ont un déficit afin de pouvoir les soumettre à des sanctions diverses.

Il est à noter qu’aucun organe de presse français, ni aucun des médias radiodiffusés ou télévisés n’ont jamais parlé de ce texte, en dépit de son caractère totalement abusif, nationaliste et hystérique. Seul Le Temps aura eu la bonne idée de soulever ce lièvre, parce que la Suisse se retrouve aujourd’hui dans le collimateur.

Que dit donc ce TFTEA ?

La loi prévoit des outils de reporting et de monitoring qui permettent de mesurer et de sanctionner les pays qui pratiquent une politique de change que les Etats-Unis considèrent comme nuisibles aux intérêts américains. En fait, compte tenu du caractère structurellement déficitaire des comptes extérieurs américains, la seule question qui est examinée est la sous-évaluation alléguée de certaines monnaies. Le but est de forcer le « partenaire » en excédent à prendre lui-même des mesures visant à brider son excédent vis-à-vis des Etats-Unis.

Les pays qui ne se soumettent pas peuvent faire l’objet plusieurs types de sanctions :

- Arrêt des financements américains

- Arrêt des achats dans le pays

- Action auprès du FMI

- Blocage des négociations commerciales tant que la question monétaire n’est pas réglée

Un conseil de neuf membres est chargé de faire des observations en fonction des statistiques et des faits relevés.

Ce texte a été voté définitivement le 24 février 2016 et donc a force de loi depuis un an exactement.

Ce texte en apparence peu problématique pose deux questions fondamentales :

- Il appartient normalement au FMI de surveiller les relations monétaires internationales. Pourquoi faut-il qu’un pays particulier double son action ?

- Les statuts du FMI condamnent et les gros déficits et les gros excédents. Pourquoi a-t-on toléré qu’ils enflent pendant quarante-cinq ans et pourquoi les Etats-Unis ne parlent-ils que des pays en excédent ?

Même si le texte fait sa génuflexion devant les règles du FMI, il montre que les Etats-Unis sont prêts à imposer leur propre interprétation et veulent pouvoir agir de leur propre chef en dehors de tout contexte multinational. C’est une violation totale de l’esprit du monde voulu par Roosevelt à la fin de la seconde guerre mondiale. Le multilatéralisme est remplacé par l’analyse et l’action unilatérales des Etats-Unis.

Les Etats-Unis ne retiennent des statuts du FMI qu’une seule face : les gros excédents vis-à-vis d’eux. Mais ils laissent de côtés les gros déficits. Or les gros excédents et les gros déficits vont ensemble et ils sont le fruit à la fois de décisions dans le pays excédentaire et dans les pays déficitaires. Une politique équilibrée est d’agir sur les deux côtés à la fois. La loi viole les statuts du FMI tout en faisant semblant de les appliquer. Plus hypocrite, on ne peut pas !

C’était au FMI d’agir. Il en a les moyens. Mais depuis l’abandon des accords de Bretton Woods, après la voie de fait commise par les Américains qui ont refusé d’honorer leur engagement de conversion en or des créances internationales en dollar, ce qui s’appelle un défaut, les changes flottants sont censés fixer le cours des devises. En vérité le marché des devises est totalement entre les mains d’un très petit nombre d’opérateurs comme quelques scandales récents l’ont montré, et la flottaison créée une instabilité artificielle.

Si les résultats ne sont pas conformes aux intérêts américains, c’est, pour les Etats-Unis, qu’un pays voyou trouble le libre jeu du marché. Tout cela est une fable puisque le dollar est la monnaie du monde et finance les transactions internationales. Il faut donc un déficit américain pour fournir la liquidité internationale. Ce défaut est structurel et non lié à l’action de vilains à sanctionner.

Les Américains se croient suffisamment forts pour avoir le beurre et l’argent du beurre : la monnaie internationale qui leur permet de financer leur déficit dans leur monnaie ; l’obligation pour les autres de corriger inlassablement la contrepartie de ce laxisme abusif. De même qu’ils se savaient assez forts pour imposer au monde le non-remboursement en or de leurs dettes. Au passage, si un pays quittant l’euro proposait de rembourser sa dette internationale dans sa monnaie nationale, ce serait faire exactement comme les Américains en 1971.

Conformément à la loi les autorités américaines viennent de produire leur première revue du comportement de leurs « partenaires ». On peut le lire à l’adresse ci-dessous.

https://www.treasury.gov/resource-center/international/exchange-rate-policies/Documents/2016-10-14%20%28Fall%202016%20FX%20Report%29%20FINAL.PDF

Plusieurs pays ont été ciblés dont la Suisse et l’Allemagne. On sait que Schaüble, le ministre des finances allemand, a déjà répondu au rapport en expliquant que le change de l’Euro lui échappait complètement. La BCE est indépendante, n’est-ce pas ? La Suisse, elle, déjà lourdement sanctionnée à plusieurs titres par le gouvernement américain, s’inquiète sérieusement.

Très clairement une guerre est en cours qui vise à imposer aux partenaires créditeurs des Etats-Unis d’accroître de facto leurs importations américaines.

Plus grave, les Américains se flattent d’avoir imposé leurs vues aussi bien au FMI, que dans les différents G, G7, G8, G20, ainsi que lors de la discussion de plusieurs traités comme le Traité Transatlantique.

Nous considérons cette soumission à la puissance américaine comme choquante et inacceptable.

La bonne réaction devrait être la suivante :

- Nulle monnaie nationale ne peut être la monnaie de facto du monde, car sinon les déficits deviennent automatiques

- Les changes flottants ne fonctionnent pas et ont permis d’énormes excédents et d’énormes déficits conjoints, en violation des statuts du FMI. L’idée que les marchés donnent une image pure et vraie des changes est totalement fausse et le sera toujours quand une banque centrale peut émettre un montant de monnaie supérieur au PIB d’un pays et que l’Etat collecte plus ou moins la moitié du PIB.

- L’effort doit venir également des pays en déficits et de ceux en excédents

- Il faut recréer un système monétaire basé sur les changes fixes et un mécanisme automatique de sanction des grands excédents et des grands déficits. Par exemple 15 % de l’excédent serait prélevé par le FMI et 10 % des déficits. Les sommes collectées serviraient à alimenter un fonds de stabilisation permettant de vaincre toute spéculation.

- Ce même mécanisme doit être instauré au sein de la zone Euro : avec une pénalisation un peu plus forte compte tenu de la difficulté des ajustements (on ne peut plus dévaluer). Des pénalités de 30 % pour les gros excédents et 15 % pour les pays avec de gros déficits seraient raisonnables.

En attendant, il faut cesser de passer tout accord commercial tant que l’objectif monétaire n’est pas atteint. C’est pour cela que l’affaire du CETA est grave. La France et l’Europe n’ont rien fait ni rien dit et cette soumission a empêché que la question monétaire soit posée.

Les Etats-Unis ne peuvent pas dire que l’Europe n’a pas le droit de lier monnaie et commerce : leur propre texte institue cette règle !

Il y a bien là une voie de sortie de la crise.

Personne dans les médias français n’en parlera. Je ne suis même pas sûr que, dans les allées des pouvoirs européens, il existe une seule personne sensibilisée à cette problématique. Ignorance et soumission sont les tétons de la France et les mamelles de l’Europe.

 

 

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Giscard et les aléas de la "modernité"

L’actualité des présidents de la 5ème République est plutôt chargée, ces derniers temps. Le livre de Michel Onfray comparant De Gaulle et Mitterrand, est venu s’ajouter aux mémoires de Sarkozy qui elles-mêmes suivaient un texte de Hollande. La gouvernance ridicule de Macron ne pouvait pas ne pas être commentée et voilà que Giscard décède, quarante ans après l’échec de sa tentative de réélection.  

Pour ceux qui ont connu la période de son septennat, ce qui est raconté dans les médias ne recoupe pas vraiment leur expérience. Il faut dire que les commentateurs n’étaient généralement pas nés ou à peine nés à cette époque. Ils expriment l’espèce de fond de sauce des on-dit et des images qui flottent à la surface de la mémoire collective, en général en rapport avec les préoccupations du moment, pas toujours avec les réalités d’hier.

L’enterrement est le seul moment où on ne s’appartient pas ! Comme dit la sagesse populaire, « il ne faut pas assister à ses obsèques, on a l’impression qu’on enterre quelqu’un d’autre ».

Un président disposant d’autant de pouvoirs que le Président français dans un pays encore souverain doit être jugé sur son impact sur le destin national. Bien sûr il est parfois très difficile de distinguer ce que l’époque a imposé et ce que l’action menée avait d’original, de même qu’on ne sait dire si Giscard est mort avec le covid ou du covid. La presse multipliant les commentaires sur les problèmes sociétaux, nous nous concentrerons sur les questions nationales graves.

1-     La démographie :

 

Après la pilule, mise en place dans les derniers moments de l’action du Général de Gaulle, la réclamation féministe portait sur l’avortement. Giscard cède et accepte qu’on finance à 100% une destruction d’embryons censée être réservée à quelques cas et qui devient rapidement, planning familial aidant, un moyen de contraception comme les autres. La politique nataliste est abandonnée. L’institution du mariage devient facile à défaire. La famille ne fait plus l’objet d’un discours politique. La femme au foyer est brocardée. Giscard, dans la foulée de Mai 68, lâche tout. L’individu est tout. L’homme peut tromper sa femme sans conséquences. La femme est libre de son corps. On fera les comptes à l’heure du laitier. Michel Debré éructe. Les démographes sous son septennat se mettent à mentir. Ils ne cesseront plus. La natalité de la population native s’effondre. Les résultats sont interdits à la collecte comme à la diffusion. Mais, les estimations qui restent possibles permettent de penser que le nombre des morts dépasse aujourd’hui celui des naissances dans ce segment. La population, disons issue des familles qui étaient en France en 1890, diminue désormais chaque année et la bascule a dû se produire au début de ce siècle. Rappelons à ceux qui en doutent que près de 800.000 enfants naissaient à l’époque où la population était de 44.000.000. Avec 66.000.000 nous devrions voir en voir naître 1.300.000. On compte moins de 450.000 naissances blanches. 230.000 avortements sont exécutés chaque année et 75% des mariages finissent dissous dans les grandes villes. La famille est largement détruite et le trou démographique autochtone désormais sans fond.

Là-dessus Giscard décide de créer le regroupement familial pour les étrangers travaillant en France ou venant à s’y trouver. Il transforme une immigration de travail, largement masculine et alternante, en immigration massive de peuplement, des centaines de milliers de familles africaines et nord-africaines s’installant en France et provoquant aussitôt de grosses difficultés. Le PS exploite la situation avec « touche pas à mon pote », la marche des beurs, le soutien aux réclamations islamistes,  dès la fin des années 70 ! Le mouvement a été si brutal que Barre tente de l’arrêter. Le Conseil d’Etat s’en mêle et interdit qu’on mette fin au regroupement familial. Il faut dire que c’est Giscard qui a institutionnalisé la glorification de l’individu par rapport à la collectivité.

Du coup nous vivons actuellement de facto le « grand remplacement » des populations indigènes par des populations venant d’Afrique, avec des zones de plus en plus nombreuses et de plus en plus larges où les populations d’origine indo-européenne ne représentent plus que 5 à 10% des effectifs d’écoliers. Giscard avait pour l’Afrique et ses différents gibiers une dilection qui ne s’est jamais démentie…

 

2-     La fiscalité.

 

La plupart des Français, y compris des commentateurs chevronnés, ne le savent pas, mais le Général de Gaulle a mené inlassablement une lutte contre le ministre des finances Giscard pour éviter le dérapage de la pression fiscale. De Gaulle voulait que la pression fiscale reste inférieure à 32% du PIB, alors qu’il la voyait dériver au-dessus de 35%. Il n’a reçu de la part de Pompidou qu’un soutien modeste. Les recettes montaient plus vite que la croissance qui était forte, compte tenu du caractère progressif global du système fiscal. Il aurait fallu rendre la plus-value artificielle. La facilité commandait de l’utiliser à toutes fins notamment électoralistes. C’était la théorie de Giscard qui considérait de plus que la « modernisation fiscale » devrait s’accompagner d’une aggravation fiscale.  Toute son action comme ministre des finances sera de créer ou d’aggraver des impôts. Son septennat sera un d’abord un septennat fiscal, avec la généralisation de la TVA, l’impôt sur les plus-values, mille mesures de détail aggravant la situation de nombreuses professions, notamment les grandes professions libérales comme les chirurgiens et les architectes. Il supprime les cadeaux d’entreprise qui était un des bonheurs des métiers du bâtiments. Comme disait Edgar Faure, « Giscard n’aime pas l’argent des autres ». Il était d’ailleurs connu pour envoyer les contrôleurs du fisc à ses ennemis et… à ses hôtes quand ils avaient stimulé son envie. On oublie de relever qu’en 1978, il travaillait sur un impôt sur la grande fortune…  

 

Aujourd’hui, nous sommes quasiment le premier pays au monde pour la dette, les dépenses publiques et la fiscalité. Sur ce sujet comme sur celui de la dénatalité, et de l’immigration submersive, nous sommes les enfants de Giscard.

 

3-      Le système monétaire international

 

Les abus américains dans les années soixante mettent en porte à faux le système monétaire international créé à leur demande à Bretton Woods en juillet 1944. L’arrivée de Kennedy et de son goût pour les dépenses intérieures et extérieures font vaciller le dollar qui est la base du système de changes fixes mais ajustables par consentement mutuel qui a accompagné les trente glorieuses et qui n’est pas pour rien dans ce succès historique. En 1971 les Etats-Unis imposent le cours forcé du dollar et un système de changes flottants. Il n’est censé être que temporaire. Dès 73, avec l’accord de Giscard, il commence à être pérennisé. C’est l’époque où on considère que les changes flottants ne sont pas graves s’il n’y a pas d’inflation et que pour cela, il suffit de rendre autonome les banques centrales et leur interdire de prêter directement aux Etats. L’Etat français au lieu d’être financé à taux zéro, commence à s’endetter et à voir la charge de la dette prendre une part notable dans la dépense publique. Tout à sa « modernité » affiché, Giscard croit être dans le coup du nouveau cours des choses. La crise de 73-74 le prend par surprise. Il n’a pas compris que les relances en régime de changes flottants ne fonctionnent pas. Celle qu’il impose en 75 s’effondre. Il faut d’urgence appeler Raymond Barre. On entre dans la politique de compression et d’étouffement budgétaire.  Il va, en 1976, à Kingston, signer les désastreux Accords de la Jamaïque qui instituent définitivement les changes flottants qui entraîneront une suite ininterrompue de récessions mondiales avec l’apothéoses de 2008. On le voit faire des effets de maillot de bains avantageux au bord de la piscine. Quelle modernité, en ligne avec le café aux éboueurs, les diners au peuple, le ski à Courch’, le fouteuballe à Chamalières et l’accordéon avec ou sans Yvette Horner ! On voit naître le mélange si typique de notre époque de décisions dramatiques pour le destin national et d’habillage par une com’ infantilisante et narcissique.

Nous en sommes encore là.

 

4-     La fin de la souveraineté française

 

Lorsque les historiens se pencheront sur les cinquante ans qui vont de 1974 à 2022, ils seront sans doute sidérés de constater que les présidents qui se sont succédé avec des pouvoirs immenses et un pays fort d’une histoire riche et parfois glorieuse, ont tous chercher à réduire structurellement la souveraineté du pays que la nation leur a confiée. Giscard croyait vraiment que la France, comme la nation, comme l’or, comme le Franc, comme de Gaulle, comme le natalisme, comme le mariage à vie, c’était « ringard ». La « modernité » devait faire fi de ces vieilleries et extirper ces oripeaux.  Ces écrits postérieurs puis son action en faveur d’un « constitution » européenne prouveront assez qu’il considérait que l’Europe devait purement et simplement se substituer aux Etats Nations, que le Franc devait disparaître, que la zone devait être dirigée par le « couple franco-allemand », que les institutions devaient être sur le modèle américain avec le même rôle pour les institutions juridiques, le même politiquement correct vis-à-vis des minorités, etc.

 

Il a fait élire les députés européens au suffrage universel, donnant au Parlement Européen supranational la primauté sur le parlement national, chargé de « transcrire les ordonnances européennes dans le droit national », une tâche exaltante. Ces élections n’ont strictement aucun sens. Personne ne sait pour quoi il vote et se contente de choisir des étiquettes. Demandez autour de vous : vous venez de voter pour le PE ; qu’est-ce qu’a fait votre merveilleux élu ? Heu, heu !  Ne répondez pas tous à la fois ! Il a tout fait pour préparer une monnaie européenne. Ne jamais oublier que Barre est celui qui a été chargé de définir la méthode pour aboutir à l’Union Monétaire Européenne. Mitterrand ne fera que reprendre le bâton européen là où il gisait au départ de Giscard.

 

5-     L’Enarchie compassionnelle

 

Avec le couple Giscard-Chirac s’installe « l’énarchie compassionnelle », c’est-à-dire une organisation politique où des hauts fonctionnaires d’idéologie très similaire prennent le pouvoir, tout le pouvoir. Giscard symbolise à lui tout seul l’usurpation de la démocratie par une certaine partie de « l’élite » qui cumule mariage d’argent, recherche plus ou moins pitoyable de noblesse et caution donnée par les grands corps. Il est le seul à être entré à Polytechnique et à l’Ena sans passer par les examens difficiles classiques mais par des petites portes très spéciales liées aux circonstances et connues d’un très petit nombre d’initiés.

 

Avec Giscard, l’Enarchie s’empare de presque tous les leviers de commande. L’administration et la bureaucratie explosent. C’est le début de l’effondrement du système médical français avec la destruction du pouvoir médical et la prolétarisation des « mandarins » qui ne cessera plus. Si nous en sommes à 16.000 fonctionnaires femmes de catégorie A au ministère de la santé et dans les ARS, c’est d’abord au mouvement créé par Giscard qu’on le doit.  Il ne s’arrêtera plus. Il importe de rappeler que le Premier ministre que Giscard aurait appelé s’il avait été réélu était … Rocard et la deuxième gauche et que la première mesure qui aurait été prise aurait été de créer un impôt sur les grandes fortunes. On assiste avec Macron et ses premiers ministres énarques de seconde zone au triomphe final de ces conceptions délétères. Macron c’est un Giscard en plus caricatural et en plus limité, sans souveraineté et asphyxié par le politiquement correct américain. Avec les mêmes résultats désastreux.

 

6-     La destruction de l’école

Giscard nomme René Haby à l’éducation nationale où il restera sept ans façonnant le ministère à sa volonté. Il a été responsable de la pédagogie au début des années soixante. C’est un homme du sérail qui lui a fait allégeance, ce qui est rare à « l’Edunat ». Il compte sur lui pour moderniser les structures très élitistes du système scolaire français et lui obtenir la neutralité politique des syndicats « d’enseignants », ce magma de plus en plus féminisé qui a pris le relais du monde des professeurs. A l’époque les Français se regroupent en deux classes très marquées : ceux qui ont au mieux le certif et les autres ; 85% d’une classe d’âge d’un côté et 15 de l’autre.  Ceux qui ont le certif savent compter lire et écrire. L’orthographe est là.  Impossible de faire carrière au lycée sans orthographe.  Mais le sursaut démographique a provoqué une démocratisation qui n’a pas été vue. Au moment où l’examen de sixième, terreur des parents bourgeois, est supprimé, déjà 55% d’une classe d’âge entre en sixième, le mouvement étant souvent freiné par l’inexistence de collèges et de lycées à proximité. La Cinquième République va investir à mort dans l’équipement scolaire et accompagner le mouvement. Mai 1968 et la révolte des étudiants seront très mal vécus, en fait comme une injustice, par tous ceux qui ont mis tellement d’effort national sur l’enseignement.  Le drame c’est qu’à partir de 1968, l’action quantitative, mais qui garde une certaine rigueur qualitative, sombre dans le laxisme et les idées fausses. La loi Haby met fin à la rigueur et au nom de la démocratisation, qui avait lieu en silence, on va engorger le système de gens qui n’avaient rien à y faire et finalement détruire le système. L’orthographe (fasciste et censé reproduire la domination bourgeoise) sombre à une vitesse incroyable. Dès 1978 la direction de Sciences-po demande aux Maîtres de conférences de ne plus tenir compte de l’orthographe dans la notation ! On sait où l’on est aujourd’hui. Plus personne ne nie l’effondrement.

Le but de cet article n’est pas de faire un bilan détaillé de l’action politique de Giscard. Dans sa volonté de « modernisation » il a pris de nombreuses mesures heureuses : la suppression de l’Ortf, la fin de la radiale Vercingétorix à Päris, les lois Scrivener de défense du consommateur, diverses libéralisations, la fin du contrôle des prix (inflationniste) etc. En sept ans on ne fait pas que des sottises.  Giscard n’avait pas de mauvaises intentions et se sentait idéologiquement libre, le « libéralisme avancé » ne prescrivant rien de précis. Ses successeurs ont largement mis leurs sabots dans la trace de ses escarpins.

Mais, au moment où l’hagiographie s’exalte, il n’est pas mauvais de rappeler que six des grandes tares qui ont mis la France par terre se sont développées sous Giscard et par la volonté de Giscard. Il a ouvert la porte à des mouvements funestes pour la nation  et au nihilisme où se vautre complaisamment quarante ans plus tard son arrière-petit-fils spirituel, Emmanuel Macron.  En 1974, on pouvait avoir des illusions sur ce qui se situait derrière la porte qui portait le panneau « modernité ». Aujourd’hui cet aveuglement est sans excuses.

Pour beaucoup la messe est dite. Il sera extrêmement difficile d’en sortir et les nœuds gordiens sont serrés à bloc. Il n’est pas du tout sûr que le pays trouve encore l’énergie de les trancher.  Ce d’autant plus que le quinquennat a beaucoup affaibli le rôle présidentiel, devenu celui d’un sous-secrétariat à la population. Chirac l’a accepté, Jospin l’a mis en place, mais c’est Giscard qui l’a voulu. Encore lui !

Et encore une erreur !

 

Les dures leçons de la crise sanitaire

Nous sommes à peu près à l’anniversaire du début de la pandémie de Sars-Cov-2, à Wuhan dans le Hubei, en Chine. Nous ne savons toujours pas l’origine du virus nouveau. Trois affirmations ont été lancées par des sources officielles. La première, par la Chine parle d’une contamination par les Américains lors de jeux militaires organisés à Wuhan. L’institut Pasteur associé au laboratoire biologique de Wuhan a déclaré détecter des éléments de virus issu de la chauve-souris et du pangolin dont la source possible aurait été un marché vendant ces animaux, hypothèse qui n’a pas été démontrée, une étude récente relevant que de nombreux cas initiaux ne fréquentaient pas cet endroit. Plusieurs journaux se sont fait l’écho d’un rumeur qui suspecte depuis l’origine une contamination involontaire provenant dudit laboratoire, dénoncé par un rapport américain récent comme mal géré et dangereux. Pire encore, le soupçon que la diffusion aurait pu être volontaire, ne peut pas être totalement écarté. La Chine a cantonné l’épidémie au Hubei et préparé aussitôt un vaccin. La campagne de vaccination a commencé dès l’été et plus d’un million de Chinois ont déjà été vaccinés, tout Chinois allant à l’étranger pour affaire devant l’être obligatoirement pour ne pas réimporter la maladie et se faisant tester et isoler au retour. L’activité économique est repartie en Chine à un rythme convenable.

On n’a pas avancé d’un pouce sur la question de l’origine du virus, la seule information nouvelle donnée par une spécialiste dont on ne sait pas si on peut la considérer comme une source sérieuse, est que si on avait voulu activer un virus en laboratoire pour être contagieux sur l’homme, on l’aurait fabriqué comme il l’est.  

Un an après, par contraste avec la Chine, le monde occidental est dans le chaos économique. Pas un seul des grands pays occidentaux n’a réussi à dominer l’épidémie qui reste active partout. Les finances publiques sont partout fortement altérées et des secteurs économiques entiers sont sinistrés.

En écho à l’énormité des gains potentiels, s’agissant d’une pandémie mondiale ouvrant des marchés  colossaux à Big Pharma, une  corruption correspondante s’est installée marquée d’abord  par le rôle de Gilead qui a réussi à payer suffisamment d’experts et de politiques pour se faire acheter pour plusieurs milliards de dollars le Remdesivir, une molécule coûteuse, tout en prenant des mesures peu recommandables pour retarder le plus possible le constat inéluctable de la parfaite inefficacité de la molécule contre le Sars-Cov-2 et en empêchant le constat de l’efficacité partielle de substances abondantes et peu coûteuses. Des coups de bourse à plusieurs milliards de dollars et des marchés d’achat douteux  ont permis aux soutiens de Gilead de gagner des fortunes.

Les fédéralistes Européens se signalent par leur éternelle volonté d’utiliser toutes les crises pour renforcer la captation des fonctions nationales. L’EMA, l’agence européenne des médicaments, donne son feu vert pour commercialiser l’antiviral de Gilead le 25 juin, alors que toutes les études depuis mars montrent que le médicament n’a aucun effet.  La corruption systémique qui règne dans ces milieux a eu la conséquence première que l’on sait : début Août, au moment même où l’inefficacité du Remdesivir de Gilead est enfin acté par la communauté scientifique, la Commission en achète 33.380 doses pour 63 millions d’euros.

Pire encore, en octobre 2020, alors qu’il n’y a vraiment plus aucun doute sur non seulement son inefficacité mais aussi sur sa nocivité, la Commission achète du Remdesivir pour plus d’un milliard d’euros.  « ! Errare humanum est ; Perseverare diabolicum ».

On croit rêver en lisant ce communiqué de l’Union Européenne. « Mme Stella Kyriakides, commissaire à la santé et à la sécurité alimentaire, a déclaré ce qui suit : « Aujourd’hui, nous sécurisons l’accès au Remdesivir pour traiter jusqu’à 500 000 patients dans le besoin. Nous déployons tous nos efforts pour garantir la disponibilité de traitements sûrs et efficaces contre la COVID-19. Grâce à nos achats conjoints dans l’UE, nous donnons aux pays de toute l’Europe les moyens d’unir leurs forces et d’avoir accès aux équipements et aux médicaments essentiels. Nous sommes toujours plus forts ensembles. Telle est la solidarité européenne dans la lutte contre la COVID-19 ».

Nous avons corrigé les fautes d’orthographe.  On notera les mots « Sécurisons », « traitements sûrs et efficaces », « médicaments essentiels », « union fait la force ». Tout est non seulement faux mais gravement contraire à l’intérêt des Européens. On les ruine pour un médicament dangereux et inutile, qui n’est essentiel que pour des corrompus. 

Il est intéressant de noter ces éléments de langage. Ils se retrouveront dans toute la presse pour saluer cette farce concussionnaire. Les Echos du 7 octobre : « Face à la pénurie, la Commission européenne commande plus de 500.000 doses de Remdesivir à Gilead. La Commission européenne tente de venir en aide aux pays européens qui éprouvent des difficultés à s'approvisionner en Remdesivir, un traitement expérimental contre le coronavirus. Les Etats-Unis ont raflé une grande partie du stock mondial de cet antiviral. » Tout est controuvé dans cette information ; on y va à fond sans scrupule. On laisse entendre que ce traitement est efficace alors qu’il est établi scientifiquement depuis longtemps (dès février 2020 !) qu’il ne l’est pas. Une fake news officielle de première grandeur !  L’Europe nous sauve alors que le vilain Trump voulait nous priver de la merveille. En vérité Gilead ne sait plus quoi faire de ses stocks depuis des mois et les brade, voire les donne. Les Etats auraient pu tous en avoir en quantité illimité. Affirmer que la Commission « vient au secours des Etats » est un mensonge grotesque. Pire encore, il apparaît que ce médicament a des conditions d’administration dangereuses puisqu’il faut installer pendant quinze jours une perfusion dans le bras du malade ce qui peut déclencher des complications graves. Les fédéralistes européens ont payé un médicament non seulement sans effet mais dangereux. Ils ont fait du tort à des milliers de malades.

L’Express écrit le 17 octobre : « La semaine dernière, alors que plusieurs pays faisaient face à des pénuries sur ce médicament la Commission européenne a annoncé avoir réservé 500 000 traitements de Veklury, le nom donné par le laboratoire américain Gilead au Remdesivir, et utilisé comme traitement contre le Covid-19 ». L’élément de langage « pénurie » réapparaît. Heureusement l’article souligne que l’efficacité du traitement est problématique et s’inquiéte de ce que va faire la France de ce « cadeau ».

Le Figaro reprend le communiqué de la Commission sans s’étendre trop sur les éléments de langage : « Tous les pays de l'UE, les pays membres de l'Espace Économique Européen, le Royaume-Uni et six pays candidats (Albanie, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie, Kosovo et Bosnie-Herzégovine) bénéficient de ces achats. «Le Veklury est, à ce stade, le seul médicament bénéficiant d'une autorisation de mise sur le marché conditionnelle dans l'UE pour le traitement de patients ayant besoin d'un apport en oxygène», précise la Commission européenne.

La Commission est aux ordres de Gilead et contrôle les achats de dizaines de pays sans aucun contrôle des peuples ni du Parlement européen dont Philippe de Villiers dira fin novembre que 200 députés sont carrément « achetés ». Il est vrai que le lendemain on pouvait lire dans la presse : « Vendredi 27 novembre au soir, la police a mis fin à un « gang bang », un genre de pratique orgiaque avec changement de partenaire, en plein cœur de Bruxelles. Parmi eux se trouvait un député européen ». La police bruxelloise n’a pas encore mis la main sur les commissaires européens faisant un « gang bang orgiaque » avec Gilead.

Quant à la France, la pandémie a révélé l’incroyable descente aux enfers du pays depuis qu’il a été livré globalement aux mains de l’énarchie et de la bureaucratie, que son monde médical a été détruit sans vergogne et que ses institutions sont dominées par des clans socialistes, ethniques et népotiques, et ayant abandonnés la médecine depuis longtemps pour la politique et l’accumulation des meilleures places dans le fromage sanitaire. On découvre que la corruption y règne de façon invraisemblable. L’affaire de la Chloroquine montre des haines ahurissantes et déplacées qui explosent à la figure du public quand le couple Buzyn-Lévy s’en prend au Docteur Raoult et fait interdire dans des conditions dont on espère qu’elles seront examinées par la justice, le traitement par la chloroquine, en classant ce produit comme poison puis en supprimer l’AMM, l’autorisation de mise sur le marché.  Le grand public voit, effaré, que l’ensemble de la recherche française est désormais affermée aux grands laboratoires étrangers (ils le sont désormais tous !) et que les conflits d’intérêts sont majeurs et non déclarés.

Le personnel des institutions médicales centrales qui s’est imposé dans la foulée de l’arrivée au pouvoir de Mitterrand est socialiste dans sa quasi-totalité. Il est toujours là. Il contrôle tout. Un moloch administratif de 16.000 femmes fonctionnaires catégorie A, le sommet des rémunérations publiques, a envahi le ministère de la santé à Paris et en province via les ARS. Ces chefs et ces masses ont étouffé l’hôpital, ôté le pouvoir médical aux médecins et prolétarisé les auxiliaires de santé. Des vedettes !

Les Français découvrent ébahis que leur système de santé, présenté comme le meilleur du monde est en ruine et incapable de faire face : pas de masques, pas de blouses, pas de respirateurs, pas de lits, pas d’infirmières, pas de curare, pas de tests, … A cette occasion ils s’aperçoivent que la presse traditionnelle, écrite ou radiodiffusée ou télévisée, ne cherche pas à les informer mais à construire ce qu’ils doivent penser, en multipliant sans vergogne tous les mensonges possibles et imaginables.

Un an plus tard la France est un des pays qui ont connu les pires résultats sanitaires et économiques. L’institut pasteur a été incapable de produire un vaccin et sera bon dernier dans cette course-là.  Notre plan de sortie du « second épisode » tourne à la farce. La honte !

La crise sanitaire a révélé le poison de l’énarchie tentaculaire qui a envahit le pays avec sa bureaucratie extravagante et paralysante, la corruption effarante des pseudos élites mises en place par le Mitterrandisme dont Emmanuel Macron est le protecteur, l’affaissement moral et patriotique associé à l’Europe supranationale née de Maastricht, le parti pris radical de la presse, aux mains de moins de dix personnes,  devenue une sorte « propaganda staffel » aux services d’intérêts privés et d’un politiquement correct importé.

Quel spectacle indigne ! Que de travail pour reconstruire !

Pendant ce temps-là, Xi Jinping ne se contente pas d’assoir son autorité sur les petites chinoises farceuses envoyées en internement psychiatrique pour s’être filmée en train de jeter de l’encre sur son portrait et commence à exploiter le pouvoir économique qu’on lui a concédé sottement pour avancer ses pions sur terre avec ses armes et ses dollars et dans les airs, avec la reconquête de la lune et la militarisation de l’espace.   

Délire américain, corruption européenne, naufrage français, tapis rouge déployé devant le dictateur d’un immense empire ! Au moins la crise sanitaire aura-t-elle permis un diagnostic sans échappatoire.

Onfray, de Gaulle et Mitterrand, bonheur de lecture

Michel Onfray est un essayiste méticuleux qui manie le scalpel avec un précision chirurgicale et n’hésite pas à commenter ce qu’il trouve avec une longue jubilation, même si le spectacle n’est pas très ragoutant et si le constat ne plait pas à la famille.

Il avait ainsi dépecé Freud, comme on enlève les pattes d’un virus tenace, et lui avait ôté ses moyens d’infester la terre entière. Il ne demeure plus que de rares variants. La souche est morte. C’était nécessaire. Merci M. Onfray ! 

En choisissant François Mitterrand comme cadavre exquis, Michel Onfray montre un goût un peu coprophile, le personnage n’ayant jamais cessé de provoquer des pincements de nez. Quinze jours après sa mort il n’en restait rien sinon un Institut Mitterrand dont l’étrange action sera de publier les lettres lourdingues du satrape éponyme à Mme Catherine Langeais, speakerine un peu mémère des années 60, en belle reliure pleine peau payée par le contribuable. Tous ceux qui ont observé, même deux minutes, M. Mitterrand, sans en espérer quelque chose, ont perçu aussitôt le pervers narcissique de compétition, champion modèle pour sa phénoménale capacité à pourrir tout ce qu’il touche, femmes, hommes, institutions, idéologies, sans discrimination.

La seule vertu du « beau François », est d’avoir déshonoré le socialisme français qui ne s’en est jamais remis depuis et dont les instances partisanes se trouvent désormais éparpillées façon puzzle. 

Michel Onfray ne pardonne pas à Mitterrand d’avoir ainsi infecté la cause. Il a donc ressorti le scalpel, accompagné d’un lance flammes pour carboniser jusqu’aux plus petits déchets. Curieusement il n’a pas pris appui sur les beautés du « vrai » socialisme pour démontrer la vilénie du personnage qu’il dissèque. Son révulsif, son miroir, son éclairage, ce sera le Général de Gaulle, ce qui au passage est bien la preuve que le socialisme, empêtré dans ses crimes et ses ruines, abandonnés par les états violents qui se réclamaient de lui, n’offre guère de visages engageants qui puissent, par contraste, prouver l’abjection de l’ancien président de la République qui s’en réclamait.

Le dépeçage de l’ancien secrétaire du PS, faux socialiste et vrai homme d’extrême droite, faux résistant et vrai pétainiste, n’apporte rien qu’on ne sache déjà. Il manque même quelques détails sulfureux sur la période de la IVème. En revanche le talent de l’auteur et sa précision font merveille et ordonnent le tableau des bassesses et des ignominies de son sujet d’observation, rangées avec la rigueur des meilleurs entomologistes. Les formules heureuses jaillissent des tripes éventrées comme un sang joyeux et régénérateur. Jamais un homme de droite n’aurait pu passer le kärcher de façon, aussi convaincante. Plus aucun jeune curieux de socialisme français ne pourra sortir de ce livre intact. Certes deux générations de hauts fonctionnaires socialistes se sont gobergés dans les palais de République, avec l’argent des contribuables, pendant presque cinquante ans, poussant femmes et enfants. Certes M. Macron a maintenu leurs sinécures. On a vu avec la crise sanitaire l’efficacité de ce petit monde. Princes et princesses du palais des vautours n’étaient que des incapables cyniques. Dis-moi qui t’as offert ta sinécure,  je dirai qui tu es !  

Michel Onfray tue une seconde fois Mitterrand mais épargne les Mitterrandistes. Il est vrai que le premier a bradé la souveraineté et la prospérité française, alors que les autres n’ont fait que se nourrir des vers grouillant sur ce grand cadavre à la renverse qu’est devenue la France post mitterrandienne. Jack Lang, Jacques Attali et Laurent Fabius jouissent encore des faveurs octroyées par un Mitterrand antisémite, antisémitisme qu’Onfray montre précoce et permanent jusqu’au dernier souffle.  Cela doit encore le délecter, le compagnon de route de la Cagoule.

Comparer de Gaulle à Mitterrand n’est pas flatteur pour le premier nommé. Il faut lire ce qu’Onfray écrit du Général en oubliant cet aspect déplaisant. On trouve alors un vrai texte de référence, documenté, original et puissant sur ce qu’a représenté De Gaulle dans l’histoire française récente. Il mérite d’être donné à lire à notre jeunesse, en lui conseillant de ne pas trop se préoccuper de la carcasse qui pourrit sur le bas-côté.  

Le vrai contraste est entre cette analyse brillante de l’action du Général de Gaulle et la réalité d’aujourd’hui. Les Centristes, les Socialistes et les Chiraquiens ont gaspillé puis liquidé l’héritage. La France n’est plus souveraine. Elle est percée de partout. Elle stagne et s’endette. Elle est dirigée à nouveau par un Président à la psychologie problématique qui engendre le chaos, alors que les circonstances ne sont tout de même pas si propices à multiplier les erreurs. 

Le livre d’Onfray laisse vierges les solutions de l’espoir.

Que pourrait-il sauver de l’histoire mitterrandienne qu’il raconte ? Les trois ans où, selon l’auteur, Mitterrand a été socialiste, ont été un désastre économique dont on ne s’est toujours pas totalement relevé. Onfray a du mal avec les résultats lamentables de cette gestion « vraiment socialiste » qu’il passe sous la table en trois lignes peu convaincantes. 

Penser l’avenir en se replongeant dans l’inspiration qu’offre la Geste du Général de Gaulle est un travail qui reste à faire. Les utopies socialistes antérieures au marxisme, proudhoniennes ou autres, girondines ou pas, ne sont pas mortes par hasard et sont de fausses solutions. Comment Michel Onfray ne l’aurait-il pas compris.  C’est sur d’autres bases qu’il faut sauver la France des maux radicaux qui la guettent.  

Naufrage français et mal-gouvernance

La France est déchirée par des évolutions délétères. Plusieurs sont liées à des évènements extérieurs : les systèmes monétaires international et européens sont viciés et provoquent des déséquilibres incontrôlables qui à leur tour génèrent des crises financières, la ruine de la prospérité, la stagnation du pouvoir d’achat dans tous les pays qui n’ont pas contrôlé strictement leur productivité. L’Europe s’avère être un capharnaüm où plus aucune décision n’est facile à prendre et toute législation inappropriée impossible à corriger. La pandémie originaire de Chine traumatise étrangement toute l’économie occidentale. La fureur islamiste, soutenue par la tradition de la violence criminelle et les pétrodollars, excitée un peu par la volonté d’Israël d’annexer la Palestine et accroître son Lebensraum et beaucoup par la concurrence entre factions chiites et sunnites, est devenue le nouveau fascisme criminel et la source d’un terrorisme généralisé largement tourné contre l’Occident en général et l’Europe en particulier. L’inconséquence américaine tourne au n’importe quoi et nuit à l’Europe et à l’ensemble du monde occidental. La hausse inconsidérée de la démographie dans les pays africains et son effondrement en Europe est une catastrophe. Partout les déséquilibres économiques et démographiques aggravent les difficultés climatiques et environnementales.

Dire que ce contexte est lourd et implique pour la France des conséquences extrêmement difficiles est peu dire.

Encore faudrait-il que la France se soit mise en position de force pour y faire face. Ce que nous constatons est une véritable tragédie. Le pays sombre et cela est dû largement à la mal-gouvernance qui y règne, au nihilisme qui règne dans certains esprits et au goût de destruction des institutions de certains mouvements d’extrême gauche.

L’élévation présidentielle d’Emmanuel Macron est comme l’éclosion d’une fleur vénéneuse sur le fumier idéologique et bureaucratique qui ruine la mentalité et la prospérité française.

Alors que l’ampleur des pressions extérieures devrait conduire l’exécutif à faire face au scalpel aux difficultés de fond de la société française, la personnalité problématique d’Emmanuel Macron, de plus en plus évidente et reconnue pour sa dangerosité, provoque des crises artificielles qui viennent aggraver les choses et mobiliser nos forces dans des chemins de traverse.

Pour s’en tenir à l’année 2020, on commence par voir un président longtemps indifférent à la crise sanitaire qui s’annonce, et qui n’est obsédé que par ses plans vaseux pour faire face à la crise des Gilets Jaunes qu’il a lui-même provoqué et la crise électorale des Municipales pour LREM.  Obligé de ronger son frein pendant quelques mois, il se ridiculise dans des homélies télévisées ridicules censées sauvées un « narratif », dont tout le monde se fiche et qui est totalement hors de propos. Il reprend la main en virant le Premier Ministre et nommant une personnalité faible, tout en faisant preuve d’un laxisme sanitaire total. « Jupiter » doit montrer à nouveau sa magnificence et étincelante expression. La France perd quatre mois à remettre en place un gouvernement à peu près opérationnel pendant que Macron enchaîne initiatives incertaines et caprices. Hystérie européiste, avec un plan de relance qui ne peut que s’avérer ruineux pour la France et provoquer une tension majeure avec les pays de l’Est ; épisode maladif dans l’affaire libanaise ; injures tout azimuts qui provoquent en retour des injures contre la France et son Président ; faiblesse insigne vis-à-vis de la Turquie qui ose « illuminer » un navire de guerre français sans réponse adéquate ; réponse alambiquée et contreproductive  aux attentats terroristes commis par des musulmans qui n’auraient jamais dû parvenir sur le sol français ;  incapacité de faire régner un minimum d’ordre et laissant la rue aux manifestants de toute obédience ; loi anti séparatiste fumeuse et mal centrée qui provoque des débats inutiles, lois sécuritaire, dont l’article 24 est inutile et mobilise ;  réponse incertaine aux provocations organisées par les migrants et leurs associations ; réduction à trente fidèles la fréquentation des messes dans les cathédrales ; stations de ski ouvertes mais sans remontées mécaniques …

La séquence de reprise en main du narratif présidentiel se termine dans le ridicule et les manifestions. Plus personne n’a plus confiance.  

Tout ce que représente le Président va à l’encontre des nécessités nationales.

-        La France souffre d’un détournement de pouvoir du fait d’une bureaucratie étouffante dont les élites se sont emparées du pays et le dirigent dans leur intérêt propre.  Ce moloch qui ruine les Français, en a fait le leader mondial de la dictature fiscale, et entraîne l’économie dans une stagnation telle que le revenu moyen est aujourd’hui le même qu’en 1980. Il a montré son incapacité devant la crise virale où la France présente les résultats sanitaires et économiques parmi les pires. Il fallait que le Président réduise l’Enarchie au lieu de la magnifier, décentralise le pouvoir et le canalise de pouvoir au lieu de tout concentrer dans 20 mains de hauts fonctionnaires et qu’il freine la gabegie et la sottise qui s’étalent dans certains villes comme le montre la situation municipale à Paris.

-        Il fallait montrer une volonté farouche d’empêcher tous les mouvements extrémistes de gauche qui ont décidé de mettre la France à feu et à sang en permanence. En baissant pavillon à Notre-Dame des Landes, Macron a signé son impuissance et tous les malfaisants ont compris qu’on pouvait y aller sans risque.

-        La volonté de mettre fin à l’invasion étrangère, fondée sur l’abus de toutes les procédures bienveillantes qui sont une tradition française et les concessions permanentes à des hors-la-loi, alors même qu’une exaltation criminelle traverse le monde musulman, s’est trouvée empêchée par le « narratif » présidentiel qui a d’abord glorifié les groupements étrangers abusifs installés sur le sol français, puis accusé la France de crimes contre l’humanité et appelé à la repentance. Il en est résulté à la fois une anarchie presque complète dans les zones tenues par les populations musulmanes qui y sont majoritaires, des attentats terroristes et la mise en cause de la France par tous les dictateurs des pays musulmans. En pleine crise économique et sanitaire la France a continué d’être envahie avec une accélération de l’immigration légale et illégale. Un climat pestilentiel de mauvaise conscience artificielle a été imposé alors que des Français étaient victimes de crimes musulmans atroces.  

-        Les déséquilibres européens qui entraînent à la fois le sur-chômage français, la captation de ses ressources, et sa ruine financière, du fait des excédents allemands, auraient dû conduire à une politique réaliste en Europe. Macron a voulu donner dans l’exaltation avec la multiplication des discours éthérés. Le résultat : la France se retrouve ruinée et isolée, sa souveraineté n’existe plus, et l’influence de la France n’a jamais été aussi basse. Au lieu de comprendre qu’il s’engageait dans une impasse, la folie européiste d’un président muré dans la défense de son narratif narcissique l’a conduit à un enfermement idéologique qui s’est révélé dramatiquement contreproductif.

-        La déliquescence économique et sociale de la France aurait dû être prise en compte avec un mélange de souci pour ceux qui sont en difficulté et de politique de désenchaînement des forces productives. Propos méprisant d’un côté et morgue bureaucratique de l’autre, ont conduit à la colère de beaucoup de Français et à un endettement absolument faramineux dont plus personne ne sait comment sortir. Emmanuel Macron n’a aucun affect, aucun souci de la vérité, aucune vraie conviction et ne raisonne qu’en fonction de ces calculs et de son fameux narratif.

-        Au lieu d’être menée avec une volonté farouche de sortir au mieux la France et les Français du gouffre où le socialisme mitterrandien les a mis, gouffre  aggravé par les Enarques socialistes inconscients qui se sont succédés au pouvoir, Chirac et Juppé faisant visiblement partie du lot, la France est dirigée par un homme malade d’un égotisme maladif qui s’appuie sur l’Enarchie et les fonctionnaires socialistes qui ont pris la main sur presque tous les leviers de la République depuis près de 40 ans, comme on le voit dans le domaine sanitaire, où tous les dirigeants administratifs ou médicaux sont socialistes, parfois en famille, l’exemple Buzin-Lévy étant caricatural.

On voit le résultat : tous les secteurs régaliens sont malades ; l’école et la santé sont en déshérence ; la justice est effondrée et dirigée par des juges partisans ; l’information publique est entièrement entre les mains des socialistes et des gauchistes les plus caricaturaux où ils font chauffer la colle contre la société ; l’économie est en crise catastrophique ; la diplomatie française est clochardisée et en déshérence.

Les Français ont cru qu’en balayant les partis traditionnels complétement carbonisés après 50 ans de déclin français, de perte de souveraineté et d’indigence économique et sociale, et en nommant un jeune Président en apparence moins lié par des conventions et des tabous délétères, et plein d’ouverture et de bonne volonté, il redonnerait de l’élan au destin français.

C’est l’inverse qui s’est produit, parce que, justement, tout le « narratif » macronien le fait aller contre les nécessités nationales et que sa psychologie particulière le prive d’affect et d’objectivité, et l’empêche de changer d’objectifs et de méthodes.

Alors que la France sombre dans le chaos sous les attaques de la pandémie, de l’islamiste terroriste, des délires politiquement corrects américains importés en France, de la crise économique,  de la crise européiste, de la crise démographique,  de la crise bureaucratique sur fond d’effondrement de l’Etat, de la crise générale de l’autorité, de la pression du gauchisme  nihiliste, de la crise de la dette, de la crise fiscale, la seule réelle préoccupation de Macron est la sauvegarde de son narratif pour gagner les élections présidentielles de 2022.  Toute sa réflexion pour 2021 est électoraliste et vise à faire tomber la droite aux élections régionales et départementales, et se présenter comme le dernier espoir d’empêcher l’arrivée au pouvoir de Mme Le Pen !

Ce quinquennat aura été un désastre. On ne peut pas continuer sur cette lancée-là. Jamais la France ne s’est trouvée aussi bas en période de paix. Jamais la jeunesse n’a été si mal traitée et si mal inspirée. Jamais l’espoir n’a été si empêché. Jamais il n’a été plus urgent de penser autrement l’avenir de la France et de redonner confiance aux Français. Jamais les forces politiques n’y ont été moins prêtes, pourries qu’elles sont par l’opportunisme et les ambitions personnelles délirantes (Mme Hidalgo se voit présidente !), comme si la France n’était plus rien et que n’importe quel médiocre démago pouvait prendre le pouvoir.

La seule bonne nouvelle est que l’opinion longtemps macroniste ou neutre bascule sous nos yeux et que les soutiens « inconditionnels » commencent à se poser des questions.  

Défausses et des fosses

Mai à octobre 2020 : bilan d’un semestre jupitérien

Alexis Brézet pose une bonne question dans le Figaro : qu’est-ce qui s’est passé au gouvernement pendant l’été ? Elargissons la question : qu’est-ce qui s’est passé depuis qu’Emmanuel Macron a décidé de « reprendre la main », dès mai 2020 ?

En mai, Emmanuel Macron explose d’irritation mal contenue. Il n’a plus la main et c’est Edouard Philippe qui fixe le tempo de la lutte contre la pandémie. Ses discours sont totalement décalés. Il choisit ses mots, fait des phrases, tente des postures, … et se ridiculise. Le Covid entrave son « narratif » . Il lui faut  éliminer cette contrainte et avec elle le Premier Ministre pour « reprendre la main », objectif ridicule, car la question du moment n’était pas de savoir si le Président a  la main ou non mais si le gouvernement affronte correctement les différentes crises.  Tel n’est pas la préoccupation du Président qui est d’éliminer d’abord l’obstacle électoral des Municipales : LREM s’étant ridiculisé à Paris, il fait élire Mme Hidalgo. Encore merci ! Il ne faut pas que « la droite » se remette sur pied en vue des présidentielles. Et déjà il songe à la faire perdre aux régionales ou à reporter ces élections. L’important, ce sont les Présidentielles et rien d’autre. Tout le « narratif » d’apparence puérile qui est construit patiemment par le verbe  est de mettre le candidat, comme la première fois, en situation d’avoir une presse chantant une geste glorieuse, avec ces dizaines de premières pages mettant en scène un héros. Cette démarche politicienne rationnelle se double d’une exigence pathologique à se voir lui-même en héros. Impossible pour lui psychologiquement comme politiquement d’accepter de voir Edouard Philippe tenir la vedette pendant qu’il s’enfonce dans les sondages.

Macron attend impatiemment de signer le déconfinement donc la fin, momentanée, de la crise du Covid et, définitive, de la parenthèse Philippe. Après avoir déclaré que tout était prêt pour une nouvelle flambée à l’automne (ce qui prouve au passage qu’elle était anticipée) et que les Français pouvaient retrouver toutes les joies d’une vie normale, il impose un sous-fifre qui ne lui fera pas d’ombre, M. Castex, énarque éteint, au poste Premier Ministre. Et le voici qu’il virevolte en jet-ski sous l’œil des caméras spécialement convoquées pour bien montrer que le temps était revenu du soleil, de la gaité et des belles vacances ! Une totale inconscience narcissique !

Le pays n’a strictement rien à faire de toutes ces simagrées qui ne correspondaient en rien aux nécessités nationales.

Mais voilà : « Il » avait repris la main. Le spectacle pouvait commencer. Pratiquement chaque jour le pays entendra une annonce sympathique : trois milliards pour machin ; cinq milliards pour trucmuche… Les cadeaux tombent comme à Gravelotte.  « Il » est au rendez-vous des récompenses et des prébendes.  Cet arrosage indécent précède le grand show.

« Mesdames et Messieurs, attention, tout va commencer ». Cela commence par le plan mirifique européen de 750 milliards d’euros, dont un enfant de trois ans peut constater qu’il coûtera à la France si tant est que les pays de l’Est le votent et acceptent des conditions insultantes pour leur démocratie.  Toute une presse européiste et énamourée chante la survenue du miracle : L’Union Européenne est enfin un Etat qui lève l’impôt ! Trois mois plus tard rien n’est toujours signé.

Ensuite on a droit au grand numéro libanais, où une explosion particulièrement terrifiante sert de décor à un exercice narcissique totalement délirant. Deux mois plus tard, le Liban est revenu à la situation initiale et s’est payé la tête du président français.

Et voilà le grand numéro du plan de relance à 100 milliards, affichage d’un « fléchage » parfaitement ridicule et politicien. Deux mois plus tard on en cause au Parlement mais c’est le reconfinement qui est là et qui balaie tout espoir de reprise par la relance.

Le « grand show » est plus qu’un échec, un bide dise les professionnels du spectacle, et qui va devenir sanglant après quelques épisodes grotesques.

Macron tente de reprendre son narratif pro vert et anti Gilets Jaunes, avec quelques mesures de sa convention citoyenne, cette fantaisie anti démocratique qui avait vu une centaine de volontaires charger la mule pour sauver la planète sans tenir le moindre compte des moindres réalités.  L’ennui c’est qu’il est impossible de mettre cette démagogie en œuvre. Alors Macron s’est fait tancer par les « conventionnels » et a dû assumer le ridicule de la situation. Après deux jours de débat, la question écologique est évacuée.  Ce n’est que le début des enterrements.

Un musulman Tchéchène, stimulé et guidé par une noria de musulmans déchaînés coupe la tête d’un malheureux professeur. Une monstruosité de plus ! Elle dévalorise tout le discours d’évitement tenu par Emmanuel Macron sur la sédition et la subversion musulmane, gonflée par une immigration qu‘il a laissé croître démesurément depuis qu’il est élu, tout en éludant  le harcèlement permanent des organisations musulmanes pour faire reconnaitre leurs mœurs et leur suprématie là où ils sont devenus majoritaires. Partout les institutions sont gangrenées, l’université d’abord et ensuite l’école, les hôpitaux, les entreprises. On voit des « élèves » désigner le prof condamné par une fatwa contre quelques centaines d’ euros, en même temps que des dizaines d’organisations mettent la pression sur le rectorat, une institution spécialiste de la lâcheté depuis des décennies, en appellent à la justice et aux droits de l’homme pour sanctionner le « coupable » et que des dizaines de milliers d’intervenants sur les réseaux sociaux harcèlent l’opinion et déversent des tonnes de haine religieuse et raciale.  

L’horreur stimule les finesses du langage macronien. Voici que le « narratif » compte un mot nouveau : séparatisme. Naturellement, pour la nouvelle propagande, il n’est le fait que d’une minorité « radicalisée » qu’il faut isoler et réduire.  Quand il a exalté les immigrés musulmans à Marseille, lors de la campagne présidentielle, ou quand il a expliqué que la France avait commis des crimes contre l’humanité vis-à-vis des peuples arabes, E. Macron n’a fait que conforter la haine de peuples bien décidés à prendre leur revanche sur la colonisation et l’échec historique musulman.  Accroitre l’irrédentisme musulman et le désir des noirs de seconde génération de ne sentir en rien concernés par la culture et les mœurs des « Gaulois » était une grave erreur nationale.

Cette tête d’enseignant roulant sur le sol, qu’a-t-il fait pour l’empêcher ? Rien. Ce n’était pas dans son narratif électoral. Quelques semaines avant, il avait nommé un Garde des sceaux critiquant le « sentiment d’insécurité » après que la sotte Belloubet eût fait sortir de prison pratiquement tous les prisonniers de droit commun, provoquant, à la rentrée, une hausse dramatique des agressions contre les biens et les personnes, l’impunité étant désormais garantie aux voyous. Pire encore elle avait accepté le retour de centaines de djihadistes, pendant que la Sécurité Sociale versait des pensions d’invalidité à ceux qui étaient rentré blessés. Il est vrai qu’elle n’avait pas cesser ses versements lorsqu’ils étaient au Moyen Orient à commettre les crimes les plus épouvantables. Le crime contre l’humanité subventionné par la Sécu, ça vous classe un pays et son président.

Bien sûr, Macron n’est pas le seul à être pris à revers par ces évènements tragiques. Tous les mouvements de professeurs de gauche qui ont milité contre les expulsions d’élèves venant de famille en situation d’expulsion, se retrouvent souillés par le sang d’un martyr qui doit beaucoup à leurs erreurs. En culpabilisant la prudence et l’éviction de familles venues en fraude et incapables de s’intégrer dignement et dans le respect des règles de la République Française, ils ont déculpabilisé le passage à l’acte des musulmans violents. Des affaires « Léonarda » il y en a eu des centaines depuis, le rite de bonne conscience devenant routinier dans l’Education Nationale. Juste un exemple pour illustrer ce constat : « Une centaine de personnes se sont mobilisées ce lundi 27 mai, vers 18h devant le collège des Provinces de Cherbourg (Manche).  Professeurs, personnel du collège, parents d'élèves, élus locaux ...  Tout un collectif pour soutenir une famille du quartier, originaire d'Albanie, menacée d'expulsion ». Il suffit de consulter internet pour trouver une véritable litanie d’exemples de ce type.

Parler de « séparatisme » permet d’éviter « d’essentialiser » la critique des attitudes musulmanes et de tomber sous le coup des lois dangereuses destinées à ruiner la liberté d’expression et la manifestation d’inquiétudes, en interdisant la « stigmatisation » à caractère racial ou religieux. Les musulmans restent des gentils qui sont « les premières victimes de l’islamisme ». Tout la presse qui n’osait plus évoquer quoi que ce soit sur les comportements collectifs des associations et des groupes musulmans, peuvent enfin se revancher sur les « séparatistes » et faire valoir un peu de la réalité dramatique qui s’est imposée partout sous la pression musulmane. Le mot bien sélectionné ne correspond à aucune réalité mais permet à Macron de ne pas nommer l’adversaire et de se défausser. A côté de la fosse où le corps supplicié sera enterré, avec naturellement force discours et pleurs !  Depuis rien n’a changé vraiment. Ce serait contraire au « narratif » macronien !  

Sur les différents fronts diplomatiques, Macron perd. L’Allemagne est devenue la seule force dominante en Europe. La Turquie n’en fait qu’à sa tête et l’insulte à loisirs. Il faut dire qu’il a manqué de courage lorsqu’un bâtiment français a été « illuminé » par une frégate turque.  C’est la France qu’on nargue et pas seulement le président qu’on insulte. Ne parlons plus du Liban.  Et toutes les nations musulmanes se mettent à conchier la France tout en encourageant leurs ressortissants en France à persévérer dans leur « séparatisme » et à perpétrer de justes représailles contre les attitudes impies des Frankaouis.

Et voilà que le Covid frappe à nouveau. On l’avait éliminé du décor et il refait surface. On était prêt ! Et tout sombre ! Qu’a-t-on fait depuis mai et le déconfinement pour se préparer ? Rien, puisqu’on était prêt. Macron a fait une scène inouïe en septembre à ses ministres pour qu’ils ne prennent pas de positions publiques parce que cela nuisait à son message génial et à l’expression de sa politique phénoménale de triomphateur cosmo planétaire.  Le Covid il ne voulait pas en entendre parler, comme en janvier et février.  Alors les ministres sont rentrés à la niche, laissant le terrain à Jupiterino-le-communiquant.

Tout le monde savait qu’il fallait se préparer intelligemment, régler la question des vaccins contre les autres virus, revoir les stratégies et agir vite en cas de reprise selon des plans préparés à l’avance. D’accord, mais on a eu le changement de gouvernement qui a occupé toutes les énergies jusqu’à la fin des vacances, et l’interdiction de se mettre en travers le la Geste Géniale Du Grand Macron. Les camarillas sanitaires ont continué à se tirer dans les pattes. Aucune politique de santé n’a été élaborée. Et les morts recommencent à s’accumuler et il n’y a plus rien à faire que de reconfiner.

A nouveau va falloir que le Président se défausse devant les fosses mortuaires. Macron a tenu compte des leçons médiatiques du premier épisode. Il ne faut pas laisser d’espace à son premier Ministre ou à ses ministres. Le maître de la parole c’est lui et lui seul. Son seul but est de « sauver son narratif et son image ». Sa psychologie problématique et son projet politique l’exigent. Le reste ne compte pas.

On assiste alors à une parodie ridicule. Depuis l’épisode lamentable des élections municipales, Macron veut faire endosser les décisions difficiles qui l’arrangent par les oppositions, de manière à les évacuer de son bilan. Mais pas question de dialogue véritable et de cogestion de la décision. Il s’agit uniquement d’apparences douteuses destinées au grand public via les médias consentants. Alors on convoque les partis d’opposition à une réunion où M. Castex, premier de cordée macroniste choisie pour sa faiblesse, en vient à indiquer que lui-même ne sait rien de ce que va dire le Président qui s’est réservé le beau rôle et l’entièreté de la communication. Malheureusement la droite classique s’est prêtée au jeu sans vraie réaction : il fallait partir et dénoncer. On reste et on geint. C’est peu. Bien trop peu. Toute l’action des médias est de faire converger les Français vers l’écoute de la déclaration jupitérienne. Elle va être intégralement pesée au trébuchet pour tenter d’exonérer Jupiter de tout reproche et de cibler des clientèles pour qu’elles soient anesthésiées et cessent de se révolter contre les résultats ineptes de la politique narcissique menée par le Président qui a abandonné pendant six mois les grandes nécessités nationales à la diligence incertaine de sous-fifres.

C’est que tout le pays se demande ce qui a bien pu être fait par le gouvernement pendant ces six mois pour parer à la recrudescence automnale des virus que tout le monde a annoncé. On sait que le virus, presque disparu à la fin du confinement précédent, est revenu par les étrangers. Une variante peu dangereuse s’est installée à Marseille avant de disparaître. Mais une variante dangereuse s’est réimplantée en provenance du nord de l’Europe. Aucune mesure n’a été prise pour éviter que les étrangers venant du nord et de l’est ne recontaminent les Français. Aucun contrôle n’a été organisé aux aéroports. Toutes les frontières sont restées béantes alors même que d’autres pays réduisaient l’accès à leur pays notamment en provenance de France.  Le retour de la pandémie ne pouvait être jugulé que par une politique stricte de détection ciblée, de traitement précoce et d’isolement des malades, en même temps qu’on réglait la question des vaccins anti grippaux et qu’on organisait mieux l’éventuelle remontée des hospitalisations.

Pratiquement rien ne sera fait, tout le monde étant mobilisé par le changement de gouvernement et la course aux places ou aux lots de consolation. On dispose de 16.000 femmes fonctionnaires de catégorie A au ministère de la santé, dont personne ne comprend ce qu’elles peuvent bien fricoter. On pouvait légitimement penser qu’elles seraient mobilisées pour éteindre les clusters en organisant la détection, les soins, les confinements et leur surveillance. Pas du tout ! « Et les vacances alors et ce n’est pas notre rôle. Nous sommes de la catégorie A, on ne va pas s’abaisser à identifier et surveiller les cas contacts et organiser les mises en quarantaine individuelles ».  Alors on a donné le rôle à la Caisse nationale de maladie, plus répartie sur le terrain mais sans effectif suffisant et plus habituée à distribuer sans limite même en fraude des droits qu’à exercer un contrôle quelconque. Et puis il y avait les vacances et les syndicats. Du coup, à part quelques réussites limitées, toute la politique de tester, soigner, isoler a été un effroyable échec, comme en Mars, et la pandémie a flambé.  Quant aux urgences, au nom desquelles on mesure toute la politique sanitaire (« elles ne doivent pas être saturées pour éviter les tris indignes de malades dans la confusion générale) » qu’a-t-on fait en six mois ? On a arrosé d’argent les « soignants » avec des inégalités choquantes entre les différentes catégories mais on n’a rien fait de sérieux pour élargir l’offre en cas de reprise de la pandémie.

Emmanuel Macron, lui qui avait annoncé que l’on ne confinerait jamais plus, lui qui avait affirmé qu’on était prêt dès juillet à faire face à toute reprise de la pandémie, lui qui avait tout chamboulé pour reprendre la main et redevenir le maître de la parole, est aux abois. Tout se retourne ! Il risque  à nouveau de perdre la main. Il a tergiversé des semaines durant avant de réagir. Jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de traîner.  

Cela a donné l’intervention télévisée du 28 octobre 2020, un chef d’œuvre de défausse et de communication politique trompeuse.

La crise sanitaire qui repart : ce n’est pas lui ! Lui il a été impeccable. Ce sont les Français qui en sont la cause. Quelle indiscipline ! De toutes façons c’est partout la même chose en Europe. Alors comment aurait-il pu, seul, échapper à l’aggravation automnale du virus ? Tout procès de ce qu’il a fait ou pas fait est indécent en cette période où il faut se serrer les coudes. L’opposition de droite est inutilement malveillante et ne propose rien.

Tel est le thème de com’ qui alimentera tous les éléments de langage : « je ne suis ni responsable ni coupable et il est interdit de me critiquer sans malséance ». Même si cela ne dupe que la moitié de la population c’est toujours cela de pris. « Ce pov’ Macron si dynamique, qui parle si bien avec ses beaux yeux bleus, que les temps sont durs avec lui ! ». La pleurnicherie gagne les médias et une partie du bon peuple.

Toute responsabilité étant évacuée, il faut éviter que les mesures prises ne nuisent au futur candidat. Le plan est tout simple : les circonstances lui imposent un confinement mais on va le faire mieux que les autres en évitant bien des tracas. Regardez comme il est gentil : il ne confinera pas les vieux. Merci Monsieur ! Il ne frappera pas l’économie : on continuera de travailler dans les administrations et les entreprises ! Merci Monsieur. Il ne frappera pas l’école : elles resteront ouvertes jusqu’au lycée.  Merci Monsieur. On ne frappera pas le bâtiment qui pourra continuer les travaux. Merci Monsieur. Donc on ne confinera que les vieux dont on vient de dire qu’ils ne seront pas ciblés ! Fa Tutto !  Tout le discours n’est qu’une suite d’oxymores où tout est dit et et son contraire,  « en même temps » comme c’est son habitude et ce qu’il croit être son habileté. 

Macron annonce que le virus ne sera pas jugulé et qu’il faudra vivre très longtemps avec lui. Il faut traduire : « Maintenant que j’ai parlé, ne venez plus m’embêtez avec cela jusqu’aux Présidentielles. Voyez avec les sous-fifres surtout si vous n’avez rien compris de ce qui va se passer concrètement après avoir entendu mon discours. Je sais que Castex est trop transparent pour me faire la même ombre que Philippe. Moi je retourne à mes casseroles et d’abord aux élections régionales qu’il importe de reporter puisque je n’ai aucun moyen de les gagner ».

Le jour même où il avait annoncé le « couvre-feu », toute sa journée avait été consacrée à la manière de traiter le cas des élections régionales. La manœuvre : faire assumer le report aux partis. Le lendemain même de sa martiale déclaration de confinement, il nomme Jean-Louis Debré pour obtenir ce résultat. Il n’y avait guère de doute sur son refus possible : il ne fait que moquer la droite depuis qu’il a été remplacé au poste de président du Conseil Constitutionnel.

Et voilà que des musulmans fanatiques frappent à nouveau en tuant trois personnes dans une basilique à Nice dont une vieille dame décapitée.  

Et voilà que les morts d’accumulent dans les hôpitaux, bientôt mille par jour.

La défausse tombe à plat devant les fosses qui s’ouvrent et se remplissent.  Ce semestre « jupitérien » n’a été qu’un épisode nullissime, loin des nécessités nationales et débouchant sur l’horreur.

Oui : le semestre de reprise en main jupitérienne aura été un désastre. Ce Président à la psychologie difficile qui vit inlassablement dans la quête de lui-même, entre affirmation de soi outrancière et esquives récurrentes, refuse absolument de se salir les mains en s’attaquant à fond à l’essentiel. Pour lui, ce serait « gâcher mon narratif et renoncer à un second mandat ». Ces six mois d’hyper narcisissme à côté de la plaque ont plombé la France un peu plus. Une totale perte de temps gouvernementale. On n’ose imaginer ce que vont être les six mois à venir.

Les Français doivent réclamer dès maintenant, et imposer dès que possible, un gouvernement d’unité nationale et de salut public qui mette en œuvre les solutions radicales qui s’imposent sans se préoccuper des problèmes d’ego d’un président à la psychologie dangereuse et encore moins de la cohérence de son insupportable « narratif ».

France : le drame s'installe

Nous avons connu le temps des incapables. Allons-nous connaître le temps des assassins ?  

Alors que la première phase de l’épidémie commençait, la ministre socialiste de la santé, Agnès Buzin, interdisait la prescription d’hydroxy chloroquine aux médecins généralistes avec interdiction aux pharmacies d’honorer les prescriptions utilisant ce produit. En même temps, sous la pression de la société américaine Gilead, exercée notamment par la rémunération d’un grand nombre d’experts un peu partout et particulièrement en France, elle autorisait des essais dits « randomisés », dont son mari, Yves Lévy devenu président de l’Inserm après avoir dirigé l’ANRS, était un grand promoteur, pour tenter d’imposer le médicament de cette firme milliardaire, le Remdesivir.

Le laboratoire Gilead a fixé le coût d’un traitement de 5 jours avec ce produit à 2.000 euros. On sait le résultat de ces soins : une certaine baisse de la prolifération du virus au sein du malade si la prise se fait aux premiers symptômes, avec aucune influence sur la létalité, le tout s’accompagnant de risques secondaires d’atteinte au foie imposant un protocole de traitement compliqué et restrictif. Gilead Sciences, c’est 22 milliards de chiffre d’affaires en 2019 et 94 milliards de dollars de capitalisation boursière, près de 5 fois son chiffre d’affaires.  Le cours de l’action, monté jusqu’à 112 dollars, en mai 2015, se situe autour de 60 et se traîne à ce niveau depuis des mois faute de résultats probants, alors que le cours avait connu à la fin de 2019 un fort rebond avec l’annonce en Chine d’une nouvelle pandémie prometteuse pour l’anti viral.

Alors que s’accélère une seconde phase de la pandémie, nous voici, en octobre 2020, avec un nouveau ministre de la santé, tout aussi socialiste que le précédent, qui interdit, purement et simplement, via l’agence du médicament, la fourniture de l’hydroxy chloroquine. L’IHU de Marseille qui applique et promeut un traitement basé sur cette molécule, avec des résultats manifestes, est désormais en risque de pénurie d’approvisionnement avec arrêt des soins concernés et donc un risque d’augmentation des décès alors que la contagion flambe.

Quels sont les résultats manifestes de l’hydroxy chloroquine ? L’antiviral, qui ne coûte rien et n’a pas de contre-indications graves (elles existent mais sont facilement prises en charge) prescrit tôt permet de diminuer la masse virale, raccourcit les temps où les personnes touchées sont contagieuses, réduit le temps d’hospitalisation, mais ne guérit pas la maladie une fois qu’elle est installée et frappe des sujets fragiles. Une politique de diagnostic précoce accompagnée d’un traitement précoce permet d’obtenir de meilleurs résultats qu’une absence totale de traitement.  Paris qui ne faisait pas de dépistages ni de traitements précoces a montré des résultats très inférieurs à ceux obtenus par Marseille.

Pour simplifier : l’application de la solution marseillaise aurait sans doute permis d’économiser des milliers de morts, sans ruiner la sécu pendant la première phase. Alors que les juges d’instruction perquisitionnent le bureau du ministre de la santé et le domicile de M. Véran, était-il intolérable de laisser un second constat identique s’imposer lors de la seconde phase ? Toujours est-il que quasiment le même jour où un confinement partiel était imposé sous forme de « couvre-feu », Gilead faisait savoir qu’à la suite des commandes du gouvernement français, le laboratoire pouvait fournir « gratuitement » un nombre illimité de doses de Remdevisir. Le même jour !

Le calcul est évident : « j’ai rendu le traitement « Raoult » impossible mais j’ai permis qu’on le continue avec une autre molécule que j’ai rendue gratuite aux hôpitaux » mais pas aux Français (la commande à Gilead en nombre de doses et en coût n’est pas connue). Les effets secondaires ? Cette fois-ci rien à battre !

En même temps on voyait, aux Etats-Unis, une offensive formidable en faveur de Gilead menée notamment par la Maison Blanche de façon tonitruante et par tous les médecins stipendiés par le laboratoire de façon plus secrète via les réseaux d’influence.

En France, ce qui est clair, c’est que la pandémie est à nouveau très active et recommence à tuer, avec plusieurs milliers de victimes à craindre dans les prochains mois (on parle de 50.000 victimes cumulées à la fin mars s’il n’y a pas de nouveau confinement total).  Et que pour la seconde fois, des mesures sont prises par la petite coterie qui tient le pouvoir en France depuis des années dans le domaine de la santé, pour favoriser à grands frais Gilead et exclure, cette fois-ci radicalement, les traitements alternatifs qui ont fait leur preuve.   

Ne parlons pas des conséquences sur l’économie de cette seconde phase non anticipée par un Président uniquement obsédé par son « narratif » et ses manœuvres électoralistes en vue des présidentielles et qui a fait perdre cinq mois au pays par un changement de gouvernement particulièrement mal venu à la fois dans  son « timing » et son « casting ».

Explosion de la délinquance avec choix d’un Garde des Sceaux qui reparle d’un sentiment d’insécurité alors que les délinquants arrachent le collier des vieilles dames jusque dans les couloirs de leurs appartement, assassinat de professeur par des musulmans intolérants , alors que depuis son élection Macron refuse de prendre la moindre de mesure pour juguler les conséquences pour la démocratie française et pour la patrie de la dissidence massive d’une population musulmane immigrée en forte croissance, pitreries au Moyen Orient qui se traduisent par des insultes répétées contre notre pays avec des risques aggravés d’implication dans des conflits armés, soutien à l’élection de Mme Hidalgo et des Verts à Paris dont on a vu qu’ils menaient une véritable politique de destruction de la ville et de son économie, la situation en France est devenue une catastrophe désormais gigantesque et probablement irrattrapable.

M. Macron qui avait été vu par trop de personnes à droite comme un bouclier contre l’emprise délétère des socialistes se révèle être un incapable pervers et  destructeur qui laissera l’économie du pays ruinée et endettée pour des décennies, la population sous la quadruple menace de la violence irrédentisme musulmane, des pandémies, du chômage et de la misère, la diplomatie et l’image de la France en lambeaux, sa capitale massacrée par des  sectaires incultes ivres d’une victoire tronquée,  et sa démocratie ruinée par l’emprise détestable de coteries de hauts fonctionnaires socialistes ou socialisants.

Mais oui ! Nous sommes les spectateurs atterrés de ce qu’il faut bien appeler l’assassinat d’une grande nation. L’attaque ne détruit pas seulement la santé, la sécurité et l’activité des habitants actuels mais aussi tout un patrimoine légué :  les villes, l’école, la culture, la souveraineté et jusqu’à l’histoire.

Quel amoureux de la France pardonnera-t-il jamais la séquence mortelle de socialisme exalté ou larvé qui s’ouvre avec l’élection de Mitterrand et qui se termine au fond du précipice avec Macron ?  

Paris : la Capitale déclassée dans l'indifférence générale

Qu’est donc devenue la rive droite « chic » de la Madeleine à la place Vendôme en passant par la rue de Rivoli et la rue du Faubourg Saint Honoré sous la double attaque des saccages de Mme Hidalgo et sa fine équipe et des effets de la crise sanitaire ?

Six des hôtels de luxe de l’endroit sont soit fermés soit en voie de l’être du fait d’une fréquentation qui se situe au mieux à 10 %. Le Saint James et Albany tourne avec moins de 3 % de chambres occupées à cause de l’étranglement de la rue de Rivoli par les aménagements de la mairie de Paris ! L’annonce du couvre-feu et de la flambée d’infection nouvelle a stoppé net le peu de tourisme qui restait.

La place Vendôme est totalement saccagée par les travaux mis en œuvre par la mairie qui semble avoir eu comme idée de porter son effort de destruction sur toutes les places de Paris. Elles sont toutes en travaux, non pas pour les embellir mais pour y ruiner la circulation générale. Une cabine de toilette mobile traîne au pied de la colonne Vendôme, porte ouverte. Après le plug anal, les chiottes… On sait le nombre d’homosexuels qui peuplent l’équipe municipale (les lesbiennes de la majorité municipales parlent de « pedoland », ce qui aurait amené un mâle blanc en correctionnelle mais a permis de la promotion de l’Eructatrice). Ce qui explique peut-être cette obsession anale caractérisée qui persiste dans la durée. On est heureux finalement qu’il n’y ait pas de touristes. Partout sur la place on a installé des blocs de béton colorés en blanc ou rouge qui canalisent on ne sait quoi. L’accès au parking se fait en concurrence avec le passage des piétons dont le passage est bloqué par les travaux. Pratiquement toutes les boutiques de luxe sont fermées et celles qui restent ouvertes sont vides de clients. Personne dans la rue de la Paix également ravagée par les travaux. Les rares cafés ouverts sont aux trois quarts vides à l’heure du déjeuner. Le bas de la perspective vers la rue de Rivoli est vide, les voitures ne pouvant plus y circuler. De l’avenue de l’Opéra aux Tuileries, c’est un total désastre urbain et une ambiance sinistre. Total ? Non ! Il y a pire. La rue des Pyramides n’existe plus comme ensemble urbain. Sous les arcades Est tout est fermé et des clochards dorment ou discutent en buvant. Il reste une ou deux boutiques ouvertes sans client sur la face ouest. Ce sont les seules âmes vivantes. Pas un piéton. Autour de la statue de Jeanne d’arc un café est resté ouvert avec une cliente qui pianote sur un portable (il est maintenant près d’une heure de l’après-midi et il fait un temps magnifique), à moins que ce ne soit la patronne qui en profite pour faire un tour sur internet.

La rue du Faubourg Saint Honoré est en travaux. Beaucoup de boutiques sont fermées. Celles d’Yves Saint Laurent et de Vuitton sont vides. Le personnel de quatre à cinq personnes dans chacun d’entre elles attend en vain un visiteur. L’ambiance est mortuaire.

Et la rue de Rivoli ? Là, c’est la fin du monde. Les boutiques sont presque toutes fermées comme les hôtels. Les changeurs ont déménagé. Les boutiques de souvenir sont un souvenir. Le reste périclite quand il n’a pas déjà fermé. Pas un passant. Pourquoi passerait-on par-là ?

La destruction de la rue de Rivoli se veut une grandiose réalisation des tordus qui règnent à l’Hôtel de Ville. La sottise et la méchanceté satisfaites, la hargne et la bassesse idéologiques, tous ces beaux sentiments qui animent cette équipe de malfaisants sont présents dans les décisions qui ont été prises. On n’a pas décidé de faire plus de place au vélo. On a supprimé tout stationnement et stérilisé une voie large au milieu de la chaussée. Le but de l’aménagement n’est pas de favoriser le cyclisme mais de supprimer la voiture le plus possible. Alors, sur le principal axe Est Ouest de la capitale, on n’a laissé qu’une voie pour la circulation et on y a interdit les voitures particulières et elles seules, sauf celles des riverains !

Le comptage des véhicules est intéressant.

Sur cette voie unique de circulation générale on compte 85 % de camionnettes, 8 % de taxis et Bus (les VTC sont interdits) et 7 % de voitures particulières qui violent l’interdiction volontairement ou se retrouvent là en errant dans le labyrinthe créé au nord de la rue de Rivoli.

Sur 100 cyclistes il y a 70 % de femmes, dont la majorité en groupe, qui visitent les lieux pour s’amuser, 10 % de livreurs et 20 % d’hommes plus ou moins pressés.

Le trafic en milieu de journée est très faible. L’essentiel est constitué par des deux-roues motorisés et des camionnettes (95 % des véhicules comptés, vélos inclus). La pollution est donc là et bien là. Mais tout le monde s’en fout, de la pollution. Ce n’est pas le problème. Il faut des actes symboliques contre la bagnole, c’est tout. Une obsession !

On constate beaucoup d’indiscipline. La voie stérilisée au milieu de la rue est utilisée par les gendarmes, la police, des vélos et des motos.

Inutile d’essayer de traverser, si vous êtes piéton. Vous êtes à peu près sûr d’être renversé.

Pas de stationnement possible. Quelle importance ? Tous les commerces sont pratiquement fermés.

On a achevé par la destruction de la circulation ce que le Covid avait commencé. La Ville peut être fière de sa politique.

Pour s’échapper de cette trappe à automobilistes, il n’y a qu’une solution, aller vers le nord et traverser à nouveau des places ravagées par les travaux de voiries et des rues parsemées de chantiers divers, avec des stationnements en double file partout de camions et de camionnettes.

La malveillance municipale est partout. Les pauvres gens qui essaient de s’en sortir font grise mine dans ce chaos. Ne parlons pas de l’Avenue de l’Opéra et des grands Boulevards, ni des Grands Magasins. Partout la grisaille de la crise économique, les affres de la crise sanitaire et les déjections de la politique municipale.

Jamais une municipalité n’a été aussi nocive pour la ville qu’elle gère. Jamais une capitale n’a été traitée ainsi par ce qu’il faut bien appeler une bande de voyous et d’iconoclastes. Jamais Paris n’avait été aussi abîmé volontairement depuis le Commune.

Honte et tristesse !

Comment les Parisiens ont-ils pu revoter pour cette bande de minables, odieux et incultes ? Il est vrai que l’élection a été biaisée et que l’équipe retenue n’a même pas convaincu 20 % des inscrits. Paris est violé mais aussi les règles élémentaires de la démocratie.

On peut déjà deviner le mépris de fer de ceux qui auront plus tard à écrire l’histoire de cette période affreuse, de ce saccage organisé, de ce véritable assassinat urbain mené de sang-froid et sans support populaire et démocratique vrai, par des minorités coalisées guidées par une Espagnole arrivée par l’alcôve et promue par quelques sommités reconnaissantes du Parti socialiste.

Au moins on sait que l’épidémie de Covid s’arrêtera dans les deux ans mais pas le saccage de Mme Hidalgo qui va encore continuer six longues années. Que restera-t-il alors du Paris que le monde entier aimait ?

On veille en ce jour de deuil national une victime de la violence horrible et conquérante des musulmans récemment immigrés massivement en France aux applaudissements des Islamogauchistes, des amateurs de « créolisation », et des tenants d’un politiquement correct à l’américaine.

On assassine aussi la Capitale. Et cette décapitation-là, celle de la capitale de la France, n’est même pas citée dans les médias et encore moins condamnée.

Les banques centrales tentées par la monnaie numérique.

Aujourd’hui, il existe deux types de monnaies : la monnaie créée par les banques centrales, dite monnaie banque centrale et la monnaie créée par les banques de crédits dite monnaie de banque. La monnaie banque centrale est détenue sous deux formes :

-        Des comptes ouverts à la banque centrale par les banques de crédit

-        Des espèces : billets et pièces.

La monnaie de banque est inscrite dans les registres des banques qui en garantissent l’existence et en assure la conversion en espèces sur simple demande ou le transfert à une autre banque, en compensation directe ou via leur compte à la banque centrale.

Les espèces sont anonymes et non traçables. Les banques ne les aiment pas, car elles les obligent à faire intervenir leur compte à la banque centrale, ce qui a un coût et représente une « fuite » dans leur écosystème. En cas de perte de confiance du public, elles peuvent être ruinées par un « bank run », une panique bancaire qui voit tous les clients retirer leur argent en compte pour les convertir en espèces. L’Etat ne les aime pas non plus car ils permettent évasions fiscales et transactions interdites. La suppression du billet de 500 euros en témoigne. Le rôle des monnaies en métaux précieux a été progressivement réduit et lor a disparu de la poche des particuliers depuis la guerre de 14-8, puis des transactions internationales entre banques centrales, de facto en 71, puis de jure en 1976. Nous sommes en régime de « Fiat Money », ou monnaie administrative,  assis sur le pouvoir libérateur général accordé par l’Etat à la seule monnaie officielle contrôlée par l’institut d’émission.

Pourquoi diable vouloir ajouter une « monnaie numérique » ?  Le terme n’est pas clair. A l’exception des billets et pièces, toutes les monnaies sont tenues dans des registres électroniques et manipulées majoritairement à partir de terminaux numériques. Ce sont donc des monnaies « numériques » par construction.  La nouveauté, radicale, serait qu’on en finisse avec les espèces, ce qui, associé à la disparition du chèque, créerait un système monétaire entièrement numérique.

. Quels en seraient les modalités et l’intérêt ?

Plusieurs banques centrales s’étant engagées dans des réflexions qui ne sont pas toutes les mêmes et que nous n’avons pas le loisir de détailler ici, disons que l’idée commune semble être de créer, à l’instar du Bitcoin, un système de comptes décentralisés (c’est-à-dire non stockés sur les ordinateurs de la banque centrale) fiabilisés par le cryptage, accessibles en mode « pair à pair », sans centralisation auprès d’un « intermédiaire de confiance » et totalement anonymes. Les moyens de paiement modernes pourraient se brancher sur ces comptes pour les achats de produits de consommation, l’investissement dans des actifs réels ou financiers, le financement de prêts ou de dons etc.

Quand on y regarde d’un peu plus près, les suggestions balancent entre deux conceptions :

-        Organiser un simple « porte-monnaie numérique » ne permettant que des mouvements de fonds limités

-        Se débarrasser des espèces et permettre un usage illimité de la monnaie numérique.

A notre avis, un système de simple porte-monnaie électronique n’a pas à être géré par les banques centrales mais par les banques commerciales. Elles ont montré avec les cartes bancaires qu’elles savaient mettre en place des systèmes de paiements novateurs.  Les banques centrales ont pris peur lorsqu’elles ont vu que Visa entrait dans le projet Libra qui lui, était basé sur un panier de monnaies et donc surpassait la monnaie officielle des Etats. Si le danger de Libra est reconnu, il suffit de l’interdire et de laisser les banques s’organiser selon les règles officielles et autour d’une monnaie officielle. Le changement sera cosmétique, comme l’a été le passage des paiements du chèque à la carte de crédit ou de la carte de crédit au téléphone portable.

Si, en revanche, on crée une monnaie numérique banque centrale que les utilisateurs peuvent utiliser sans limitation, l’affaire devient une révolution.  

Ce dispositif peut présenter, selon ses adeptes, plusieurs intérêts :

-        La suppression des billets et des pièces est source d’économie pour les banques centrales. En France on peut supprimer la fabrication du papier monnaie à Vic le Compte et des Billets à Chamalières, deux sites forts coûteux. Cela évite de gérer la qualité des billets, en les collectant, les comptant, les triant, avec remplacement des billets usagers. Le transfert de liquidité par des camions sécurisés disparaît. Les commerçants n’ont plus à verser leurs encaisses à la banque, pour alimenter leurs comptes bancaires ni à chercher périodiquement des espèces en fonction des besoins d’encaisse. L’activité des agences bancaires deviennent très restreintes. On peut supprimer tous les GAB. Les faussaires et les voleurs de liquidités devront changer de méthode. Les frais de transaction deviennent apparemment très faibles : le coût d’un mouvement électronique sous internet. Les frais de stockage de la monnaie numérique sont réels mais totalement distribués et marginaux.  Les monnaies numériques privées, par nature volatiles et instables, perdront de leur intérêt, puisqu’on pourra faire tout ce qu’on pouvait envisager de faire avec elles mais pour une valeur stable en monnaie de référence. On pourra étouffer gentiment dans l’œuf un projet aussi dangereux que celui de Libra.   

Ces avantages ne sont pas nuls, même si les coûts sociaux sont considérables et la syndicalisation du secteur étouffante, à la Banque de France par exemple. Mais les gains sont répartis sur toute l’Europe et cela finit par faire des sommes colossales quand on a autant de banques centrales concernées.

Pour les usagers de monnaies de poche, l’utilisation d’une monnaie numérique n’a pas beaucoup d’intérêt. Elle exige des outils numériques, des comptes ouverts sur Internet et des connexions téléphoniques. La disponibilité de petite monnaie est dépendante au bon fonctionnement du système global. On crée une fragilité systémique.

Pour ceux qui paient déjà par téléphone, le gain est nul.

Pour les banques de crédit, s’ouvre un gouffre dans leur modèle économique. Les déposants peuvent préférer garder leur liquidité loin des risques bancaires, couramment ou à l’occasion de crises du type de celle de 2008. S’ils le font, les crédits qu’elles distribuent  devront être couverts à 100% par de la monnaie banque centrale. Leur pouvoir de création de monnaie de façon presqu’indépendante devient nul. On peut même se demander à quoi servirait d’ouvrir un compte. Pendant des lustres, la majorité des transactions se sont faites loin des banques et la « bancarisation » est finalement très récente (en France, la généralisation du compte chèque date des années 60). Les banques dites de crédit veulent qu’on limite drastiquement le porte-monnaie en monnaie numérique directement émis par la banque centrale et qu’on leur en confie le chargement et la gestion. On les comprend. Mais le pouvoir de création de monnaie ex nihilo par les banques est condamné depuis longtemps par de nombreux économistes qui ont largement démontré  que la plupart des récessions récentes ont une origine dans la création intempestive de monnaie par le système bancaire.

Pour l’Etat lui-même, la question est un peu gênante : si les revenus sont versés dans des comptes numériques anonymes et si les paiements d’achat ou de placement sont faits de façon anonyme toutes les fonctions Tracfin confiées aux banques tombent. L’argent peut partir partout dans le monde et vivre sa vie loin des yeux du Trésor. Il est donc intéressé, lui aussi, à limiter l’emploi des liquidités en monnaie numérique au strict minimum.

Pour les entreprises, la question est de savoir comment elles se financeront dans un tel système. Pour les capitaux longs il faudra passez par les bourses comme d’habitude, mais pour le crédit à court terme, l’affaire est plus complexe. Il faudra obtenir des financements via Internet, ce qui ne posera pas de problème si l’intelligence artificielle permet de faire un screening efficace des risques, sinon ce sera le rôle des fonds de placements, ou de banques qui devront collecter l’épargne mais cette fois-ci en rémunérant les dépôts. On peut donc certainement s’attendre à une certaine hausse structurelle des taux d’intérêt, ce qui dans le climat actuel de dettes astronomiques ne sent pas très bon pour les pays et les sociétés trop endettés. Si on ne crée qu’une « porte-monnaie » en monnaie centrale numérique, rien ne change. 

Les effets macro-économiques dans chaque zone monétaire, sont plus difficiles à cerner. Le risque le plus important est celui de la thésaurisation. Lorsqu’un déposant bancaire décide de laisser ses liquidités inertes, cela n’empêche pas la banque de travailler. Si elle les laisse dormir dans un compte numérique décentralisé, ce capital est stérilisé de la même façon qu’un tas d’or caché dans le matelas.    

Pour la banque centrale, il devient impossible de collecter des taux d’intérêt négatifs sur la monnaie numérique, comme elle le fait sur les dépôts des banques de crédit, sauf si on renonce à l’anonymat.

Les effets sur le marché des changes sont difficiles à évaluer. Il y aura une moindre « intermédiation », probablement des coûts de transaction plus faibles. Il est clair que l’interconnexion des marchés monétaires mondiaux sera profondément changée.

Les conséquences écologiques peuvent être terrifiantes ou non. Cela dépendra de la technique retenue. On fera cuire la terre si on utilise la technique du minage liée à la blockchain pour valider les transactions, même si on noie les centres au fond des océans ou dans les glaces de l’Antarctique.

On peut s’amuser dans le climat actuel d’épidémie à estimer l’impact de la monnaie numérique sur la transmission du virus. Médicalement, la monnaie centrale numérique a un impact. Le coronavirus a accéléré le souci d’une monnaie qui ne puisse pas transporter la peste. Il est certain que pièces et billets sont des objets qui circulent et qui sont particulièrement sales. Surtout le billet de cinq euros qui reste dans les encaisses des commerçants et ne revient pas aussi souvent que les autres coupures à la banque d’émission pour échange avec des billets neufs et qui est un cluster à microbes et virus à lui tout seul !

Juridiquement il faudra des modalités adaptées pour d’une part assurer la preuve des transactions et des avoirs, avec un toilettage des textes.  

Si, pour réduire les inconvénients, on renonce à l’anonymat, le projet perd l’essentiel de son intérêt : cela revient à ouvrir des comptes courants à la banque centrale au lieu des banques de dépôts. On conserve au Bitcoin le monopole du secret. Les monnaies numériques privées indépendantes des autorités reprennent de leur intérêt.

En attendant les projets de Central Banks Digital Currency, CBDC pour les anglophiles, MNBC, Monnaie Numérique de Banque Centrale, pour les autres, se multiplient. Qui passera à l’acte le premier ?  Avec ou sans blockchain ? Avec ou sans anonymat ? Avec ou sans conservation des pièces et des billets ? Avec ou sans interdiction des systèmes analogues de monnaies privées ? Sous forme de simple porte-monnaie ou en autorisant des volumes d’épargne libres ? La question qui était encore largement confinée à quelques têtes pensantes il y a deux ans prend de l’ampleur même si le grand public est encore largement tenu à l’écart.

Le fond de l’affaire est de bien définir les objectifs et les moyens. Pour le moment, l’ambiguïté règne et aucune solution un minimum consensuelle et partagée par l’ensemble des banques centrales ne s’est imposée.

La Chine prétend émettre son crypto-yuan extrêmement rapidement pour faire la guerre au dollar. Rien que cela !  « Les premiers tests de cette monnaie numérique souveraine ont été annoncés officiellement le 8 juillet 2020 par le géant du VTC chinois Didi Chuxing et la Banque centrale du pays. Didi Chuxing va donc tester pour la première fois l’utilisation d’une monnaie virtuelle créée par le gouvernement chinois » indique un site spécialisé.

Les petites îles habituées aux mouvements bancaires peu surveillés annoncent des mises en place encore plus proches, mais, pour ce qu’on en connait, il s’agit plus de porte-monnaie électroniques, de monnaies faibles avec des montants limités.

« L’Europe est en retard » dit Mme Lagarde, au même moment ou le Président de la Banque de France s’active dans les médias sur le sujet.

Le Royaume-Uni a une curieuse position qui laisserait une chance au Libra comme monnaie concurrente de la sienne propre ce qui serait une erreur gigantesque. En revanche elle ne veut pas se faire dicter une technique.  L’esprit du brexit est toujours là !

L’année 2021 sera sans doute un tournant sur le sujet.

Notre position est plutôt flottante sur les aspects techniques mais claire sur les objectifs acceptables d’une monnaie numérique banque centrale.  

-        S’il s’agit de créer un simple porte-monnaie électronique avec un logiciel de paiement, les banques de crédit sont bien capables de s’en occuper, comme elles le font pour les cartes bancaires. L’intervention de la BCE dans le processus n’a aucun intérêt.

-        S’il s’agit de créer un actif anonyme, garantie par la BCE, alimentant des comptes numériques sans plafond de montant, permettant de conserver de façon sécurisée ses encaisses, et de les utiliser à toutes fins facilement, et d’un coût énergétique maîtrisé, pourquoi pas Mais les gains seront nuls si on conserve les billets et les pièces, ce qu’il faudra bien faire au moins pendant une longue période de transition.   

-        Il faut interdire absolument la Libra.

-        Il faut exiger des banques centrales et des ministres des finances que dans ce dossier ils parlent clair, aussi bien sur les objectifs que sur les moyens.

Affaire à suivre.

Covid : il n'y a plus de gouvernement ! Macron seul sur sa planète narcissique.

« Le Covid brouille les plans d’Emmanuel Macron », écrit en grand titre de première page le Figaro du lundi 3 octobre 2020.  En fait c’est l’exact contraire : « Les manœuvres politiques d’Emmanuel Macron brouille la lutte contre le Covid » et c’est la seconde fois.

 

En février 2020 Emmanuel Macron était à la manœuvre pour sortir du piège des Gilets Jaunes et se rendre sympathique aux Ecolos. Il voulait également mener le combat municipal.  Pour lui l’annonce des effets brutaux d’une pandémie nouvelle venant de Chine était un non-évènement tant il était désireux de reconstruire son image de super héros dont la brillance est un besoin psychologique lancinant pour sa psychologie problématique.  C’est qu’il en avait des nouveautés à faire valoir : la commission citoyenne sur le climat ; la liquidation de la révolte des Gilets jaunes après son exercice brillant de conférences régionalisées de plusieurs heures et un arrosage de milliards d’euros ; la « réconciliation » avec les maires méprisés dans son programme initial.

Comme les psychanalystes, Macron ne sait régler que les problèmes qu’il a lui-même créé », et en faisant payer cher le pays. Son « narratif » et les virevoltes contradictoires que lui donne une aventure égotiste et vide de sens national est pour lui la seule chose qui compte.

Mme Buzyn et son mari ont certainement bien des choses à se reprocher, mais on peut les croire lorsqu’ils affirment avoir alerté le sommet de l’état sur les difficultés considérables que poserait la pandémie. Et ils se sont certainement heurtés à un mur d’indifférence. Le Président avait d’autre affaire à penser. Le fait qu’il ait changé de Ministre de la Santé pour tenter de se sortir de la mauvaise affaire de son candidat à Paris, Griveaux, et envoyé Mme Buzyn candidater à sa place  en dit long sur le peu d’intérêt qu’il portait au Covid et l’échelle de ses priorités.  

La première phase du Covid sera totalement aberrante mélange d’impréparation, de rouerie de communicant, d’improvisation dantesque, de confusion et de retard accumulés.  Après la déroute électorale du premier tour aux Municipales, c’est le Premier Ministre qui a la main. Il reste la posture au Président. De mars à mai il va jouer la mouche du coche, laissant les ministres porter les mauvaises nouvelles, essayant de s’approprier les bonnes. Il essaie de se faire voir en chef de guerre puis en philosophe de l’espoir national. Ses discours dont totalement à côté de la plaque. Jupiter est ridicule. Les Français ne voit qu’un Narcisse dépassé et il sombre dans les sondages alors que son premier Ministre monte au firmament.

A partir de fin mai, il n’y tient plus. Il a un nouveau plan pour retrouver son rôle de super héros jupitérien et de se mettre en position favorable pour les Présidentielles. Il va changer le premier Ministre et se faire voir tous les jours à la télé pendant les vacances dans le cadre d’une communication frénétique. Pendant 4 mois il n’y a plus de gouvernement. Jusqu’à la nomination de Castex, toute le monde se préoccupe de son avenir. Après il y a les vacances et il faut se remettre en route. Macron a choisi un Premier Ministre remarquablement terne et sans charisme. Ce n’est qu’en septembre qu’on commence à se poser des questions sur l’éventualité d’une reprise massive de l’épidémie. Une fois de plus c’est le grand n’importe quoi. On n’a pas changé l’organisation médicale des urgences. Il n’y a pas de plan pour faire face à une nouvelle virulence. On a arrosé les personnels médicaux pour calmer le jeu et c’est tout. Les « il faut vraiment » et les « nous allons » se sont multiplié alors qu’on ne faisait rien. L’enjeu du « tracer, tester, isoler » est pris en compte dans les mots et c’est le grand n’importe quoi dans les faits. La politique de test est incohérente et coûteuse. Il attendre pour être testé, attendre pour avoir le résultat. Parfois jusqu’à deux semaines. Cela ne sert plus à rien. On ne sait pas traiter les clusters. L’isolement reste un slogan. Rien n’est prévu. Dans les aéroports italiens, on ne fait monter que des gens « tamponnés » et sans fièvre. On ne rentre dans le pays qu’après un nouveau test avec un résultat dans l’heure et une politique de confinement prévue et organisée. En France, on ne fait rien ou on agit dans la plus totale incohérence. De toute façon, par idéologie, Macron veut que la France soit ville ouverte pour tous les européens. Personne n’a synchronisé la politique d’accueil des écoles et universités, des entreprises, des transports. Plus personne ne sait plus qui fait quoi. Des demandes de décisions urgentes aux ARS et au ministre de la santé restent lettre morte pendant des semaines. L’indécision et la gabegie bureaucratique gangrènent tout. Castex ne pilote rien. Macron va faire le clown grotesque au Liban en même temps qu’il engage la France pour 40 ans dans un plan délirant européen à 750 milliards dont la France finira par être un payeur net et non un bénéficiaire net. Et la presse aux ordres crie au miracle. Quel génie, il sauve le monde ! L’Europe, le Moyen-Orient, il règle tout.

Un mois après c’est la panique. Les universités sont paralysées par la pandémie. On ne sait quoi faire dans les écoles, les collèges et les lycées. Les hôpitaux sont à nouveau congestionnés. Les morts remontent en flèche. Le journal Le Monde se moque de Bolsonaro qui ne fait rien au Brésil contre la pandémie alors que plus de 11000 cas d’infections nouvelles sont constatées chaque jour dns ce pays. Il ne se rend pas compte que la France en est à 16.000 à peine quelques jours plus tard ! Télétravail ou non ? Fermetures des bars des restaurants, des attroupements sportifs et culturels ? Ou non ?  Cela patine partout. Rien n’est clair. Pour se débarrasser du problème, Macron croit avoir la solution : on va confier la patate chaude aux maires et aux préfets, devenus de vrais copains.  Là-dessus le Ministre de la Santé, le médiocre Véran, petit médecin socialiste qui se pousse du col depuis des lustres auprès de Hollande et de la mitterandie, rate la marche : il prend sans concertation et sans passer par le préfets et les maires, des mesures unilatérales draconiennes à Marseille qui entraînent une majestueuse bronca. Tout part en quenouille dans la confusion. La population s’inquiète. On laisse des gens comme Hidalgo bloquer la circulation générale pour mener un combat idéologique et politicien contre la mobilité et la voiture. Alors qu’il fallait réduire au minimum l’usage des transports publics.

Les postures de l’été sombrent dans le ridicule : le plan de 750 milliards est bloqué par les pays à qui on veut faire la morale en contrepartie du pognon. Le plan de 100 milliards fait ricaner. Au Liban le Hesbollah fait sombrer toutes les velléités de compromis de Macron. La Geste Géopolitique Géniale tourne à la farce et au bide. Castex n’a pas le poids pour diriger la pétaudière ni, comme l’a fait Edouard Philippe après quelques années d’entraînement et contourner son patron, bien qu’il le sache uniquement préoccupé du « narratif » qui doit le reconduire à sa réélection et d’aucune aide pour la gestion des difficultés qui s’aggravent.

Comme en février et en mars, Macron se retrouve bloqué. Il voit tout lui filer dans les doigts et son plan de bataille pour 2021 est à remiser. Darmanin tente de jouer les Sarkozy à l’intérieur et écope d’un nouvel attentat islamiste et d’actes de guerres urbaines. LeMaire attrape le Covid. Le nouveau Ministre de la Justice essuie tempêtes sur tempêtes. La médiocre Pompili, crieuse d’écologie, doit accepter le retour des substances dangereuses dans les champs de betteraves. Il faudra abandonner une partie des merveilleuses sottises que l’inutile et dangereuse Commission citoyenne sur l’écologie a cru devoir mettre en avant. Alors que le Covid tue désormais par dizaines tous les jours, la question de la publicité perturbe le landerneau. Sans pub pour les voitures et les voyages, les journaux meurent ! Ah zut ! 

Alors oui, c’est bien la politique et l’attitude de Macron qui gênent l’action contre le Covid et pas l’inverse. Et c’est un nouveau scandale. Ce Président qui ne préside que son narratif et ne cherche qu’à régler ses difficultés psychologiques, est un danger public. Il n’y a plus de gouvernement.

Retour de l’inflation ? Une possibilité sérieuse, si…

 Après l’inflation générale à deux chiffres qui a suivi les hausses massives du prix du pétrole imposées par le cartel des pays producteurs, fin 1973, et la sévère récession aux Etats-Unis du début des années 80 provoquée par la volonté des Etats-Unis d’y mettre fin, il est généralement admis qu’il n’y a plus de risque d’inflation. La bourse, l’immobilier et les matières premières rares, ont vu leur prix s‘envoler mais ces biens n’entrent pas dans l’indice des prix à la consommation. En France, l’inflation ne dépasse pas les 2% depuis près de 30 ans.

La résolution de la crise bancaire, financière et monétaire de 2008 a imposé mondialement une inondation de monnaie banque centrale (près de 15 mille milliards de dollars dans le monde) à laquelle se sont ajoutées près de 50 mille milliards de dettes privées supplémentaires, sans inflation des prix à la consommation. Rappelons que la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand en France était avant l’épidémie de Covid d’un peu plus de mille deux cents milliards d’euros et que la dette avait grimpé jusqu’à près de 2.000 milliards d’euros.  En créant de la monnaie globalement à hauteur de plus de quarante fois la valeur de la production marchande française, le monde n’a pas connu d’inflation ! Un peu fort de café tout de même, surtout quand on relit toute la littérature économique sur l’inflation qui sert de base à l’enseignement de l’économie dans nos écoles et universités. Une pareille inflation de moyens de paiement aurait dû se retrouver dans les prix ! Cette bizarrerie ne fait pratiquement l’objet d’aucune étude sérieuse. Un nouveau credo s’est installé : la nouvelle économie ne connait pas l’inflation et le Covid ne changera rien à l’affaire, même si on essaie de compenser des pertes abyssales de production par des distributions de monnaies artificiellement créées.

Ce nouveau credo se doit d’être interrogé. Les sommes mises en jeu pour faire face à la crise sanitaire et sa durée sont tellement incertaines que nous risquons de graves surprises.

Un des premiers aspects qui saisit le regard est évidemment la survenue finalement assez fréquente ces dernières années de crises d’hyperinflation.  Le Liban en connait une en ce moment même. Mais l’Amérique du Sud et l’Afrique en ont porté un témoignage important. Maduro au Venezuela et Mugabe au Zimbabwe ont provoqué deux effondrements monétaires suivi d’une hyperinflation et de la réduction drastique de la production, avec ruine de la population et exode massif. L’Argentine n’est pas passé loin. Plus de 50 états ont une inflation fortement augmentée comparée à la situation d’il y a 6 ans. La hausse des prix n’est pas « à venir ». Elle est déjà parmi nous avec parfois des hausses considérables. Très peu de pays connaissent une baisse de l’inflation. En général ce sont des pays qui ont mis en place une politique stricte de désinflation comme l’Iran, dont l’inflation avait atteint plus de 40%.  Une vingtaine de pays vivent une inflation de plus de 10%.

Dès maintenant, l’inflation dans le monde est souvent forte et parfois désastreuse. Il est vrai qu’elle touche des pays habitués à une mauvaise gestion ou des pays accidentés par des tensions politiques ou militaires. Peut-on alors prétendre que l’inflation a été éradiquée pour les pays développés sérieux et ne demeure que dans les pays à problèmes de gouvernance récurrents ?

En France, l’inflation moyenne sur les 12 mois de l'année 2018 a été de 1.85%, en nette augmentation par rapport à 2017 (1%) et 2016 (0.2%). L’inflation est basse mais en hausse importante et continue jusqu’à la crise sanitaire. En Chine l’inflation en juillet 2020 est supérieure à 2.4% en dépit de la crise de Covid qui a asséché l’activité, alors que le taux de toute l’année 2017 était inférieur à 1.50%. 

Avant la crise sanitaire la pression sur les prix était réelle mais avec des résultats très faibles, la BCE ne parvenant même pas à obtenir l’objectif de 2% d’inflation pour l’ensemble de la zone Euro !

Il importe de comprendre pourquoi, si on veut apprécier, par contraste, la situation créée par la crise sanitaire.

La source de l’inflation monétaire depuis 1971 et l’abandon des changes fixes est bien connue : le système de changes flottants permet aux Etats-Unis d’accumuler des déficits phénoménaux, qu’équilibrent des excédents tout aussi importants au Japon et en Allemagne, puis en Chine et dans les autres Dragons asiatiques. Ces excédents sont recyclés dans les pays déficitaires et une double hélice de dettes se crée qui ne cesse de s’accélérer. A un moment elles deviennent problématiques et on a une crise financière et une récession associée. Ce mécanisme a été vérifié en 1973-74, 1981-1982, 1992-1993, 2002-2003, 2008-2009. La cause étant occultée ou niée, personne ne réforme quoi que ce soit et cela recommence.  A chaque fois des milliers de milliards de monnaies banque centrale sont émises que l’on retrouve dans la valeur des actifs mais pas dans les prix. Pourquoi ? Parce qu’on a ouvert l’économie mondiale aux exportations des pays à très bas salaires à partir des années 80, avec une formidable accélération à partir de la crise de 90. La différence de niveau de vie était telle et la main d’œuvre disponible tellement nombreuse que la Chine et les ex-pays socialistes ont pu capter une part majeure de la production mondiale dans la mesure où les énormes déficits extérieurs ne gênaient plus personne. Du coup les salaires ont été bridés dans les pays développés obligés de faire face à cette nouvelle compétition. Or l’inflation rampante s’accélère toujours par la hausse incontrôlée des salaires. Les récessions décennales provoquées par le système des changes flottants ont aussi pesé lourdement sur les salaires, le cumul d’un chômage de masse structurel et conjoncturel n’était pas vraiment propice à des accélérations salariales. 

Pour l’Europe la construction de l’Euro a imposé une politique financière rigoureuse (notamment depuis 1983 en France) et la stabilité de l’euro impose un contrôle des budgets par la Commission de Bruxelles. L’euro ne permet plus à la France de compenser sa sous-compétitivité accrue vis-à-vis de l’Allemagne par la dévaluation. Le rééquilibrage de la compétitivité passe obligatoirement par une dévaluation relative des salaires. En France les folies socialistes sur la durée de travail, l’âge de la retraite, la pénalisation des relations du travail et le délire de la dépense publique et donc de l’impôt, pèsent également très lourd sur les entreprises et le pouvoir d’achat.

Dans ces conditions les créations de monnaies se sont retrouvées dans les marchés financiers et dans l’immobilier. Les prix immobiliers ne sont pas pris en compte dans l’indice des prix. Donc pas d’inflation !

La crise de 2008 était pour l’essentiel une crise de surinvestissement boursier, bancaire et immobilier. La bulle a explosé créant un trou béant dans les comptes des banques. Les banques centrales ont créé 15 mille milliards de dollar de monnaie pour sauver le système bancaire. Un trou financier se trouvait ainsi compensé par une création financière. Il s’est agi en quelque sorte de jeux d’écritures assez virtuels. Evidemment la récession post éclatement de la bulle, elle, a créé du chômage et une pression à la baisse sur les salaires empêchant tout emballement inflationniste.

Les mécanismes décrits n’ayant pas été corrigés, la pression à la hausse sur les prix à la consommation est restée très faible. La petite hausse constatée dans les pays occidentaux a été provoquée par la reprise économique mondiale ou des circonstances de marché ou des tensions politiques. Jusqu’à l’arrivée de l’épidémie de Sars-Cov-2, le risque d’inflation était nul en France.

Les pays qui ont connu une hyperinflation sont pour l’essentiel passé par trois phases :

-        L’effondrement de la monnaie sur le marché des changes

-        L’effondrement conjoint de la production

-        La création de monnaie administrative en quantité astronomique.

Ce n’est jamais une inflation rampante qui s’est tout d’un coup emballée. Le Liban donne une parfaite image de ce mécanisme. L’effondrement monétaire à précédé l’hyperinflation.

Il faut garder en tête ce mécanisme. La mauvaise gouvernance et des taux de dettes astronomiques peuvent casser les changes dans un système de changes flottants non régulés et provoquer un effondrement économique. C’est un risque qui n’est pas négligeable pour la France.

Comment la crise sanitaire vient-elle s’insérer dans ce système inchangé ?

L’énorme différence tient à la nature de la crise. On a supprimé l’essentiel de la production pendant deux mois et des secteurs vont tourner avec un chiffre d’affaire fortement réduit pendant des mois. Les calculs les plus savants parlent d’une perte annuelle de production autour de 10%. En fait il ne faut pas oublier que le secteur public entre dans le calcul du PIB. S’il a réduit sa « production » (on parle de 17%, ce qui est énorme) il n’a en rien réduit ses rémunérations qui seules sont prises en compte par les statistiques de PIB.  La baisse globale de 10% sur le PIB global d’environ 2.500 milliards est à imputer sur la seule économie marchande dont la valeur ajoutée est de 1.250 milliards.  Les 250 milliards de pertes de production s’appliquent donc à ces 1.250 milliards. La perte est de 20%, pas de 10%.

Ces pertes ne sont pas toutes définitives, une partie des décisions d’achat ont été simplement différés et on fait l’objet d’un rattrapage pendant l’été. Mais une grande partie de la production perdue l’est définitivement. Le revenu correspondant à cette production n’est pas apparu. Il a été largement compensé par des versements d’état. Mais il est facile de comprendre que le circuit économique ne se boucle pas.  Une partie de l’argent versée va chercher ses produits à l’étranger, aggravant les déficits commerciaux français qui ont flambé depuis le confinement. D’autres achats se sont concentrés sur des secteurs en déficits de production et de stocks où ils ont déclenché une hausse des prix. Les autres secteurs, qui captaient une part importante du revenu, comme les voyages, l’hôtellerie, les sorties culturelles, ont été boudés par la clientèle par crainte du virus. La perte de recettes est massive. Les stratégies de prix ont été très variés : certains ont fait des offres attractives en baissant leur prix. D’autres ont eu une stratégie de réduction de leur offre en montant leur prix.  100 milliards d’épargne à court terme se sont immobilisés dans les comptes en banques et les bas de laine, à hauteur de la perte de confiance dans l’avenir. Si ces sommes venaient à se déverser sur les marchés, les tensions sur les prix seraient immédiates faute de production et de stock.   

Cette situation est susceptible de durer jusqu’à la fin 2020 et sans doute aussi en 2021. On commence à voir les prix déraper dans certains secteurs. Il n’est pas impossible qu’en continuant longtemps de compenser le revenu de production en l’absence de production, une certaine inflation se déclenche.  La hausse du chômage est censée jouer en sens inverse en pesant sur les salaires, ainsi que les importations. Si ce schéma est exact, les hausses seront donc plutôt ponctuelles et dépendant de la situation mondiale des marchés.  

Le consensus est qu’il y aura une certaine hausse de l’inflation mais relativement contenue et de nature à faire diminuer le coût des dettes  et à grignoter le surplus de pouvoir d’achat distribué sans production correspondante.  

Sauf en cas d’accident systémique ! L’énormité des dettes supportées par les Etats peuvent à tout moment provoquer une crise de confiance mondiale et des mouvements incontrôlables. La rupture des changes dans un pays parti à la dérive y apporterait dans la minute une énorme inflation. On dira qu’en France et en Europe l’Euro nous protège ! Mais si l’Italie et la France connaissent le même krach que la Grèce, l’Eurozone sautera.

A contrario il n’y a pas pour la France de relocalisation massive possible de production compte-tenu de la non-compétitivité du pays dans le cadre de l’Eurozone. Il faudrait pour cela une dévaluation et un contrôle des échanges, des instruments dont nous nous sommes volontairement privés. L’Euro s’apprécie vis-à-vis du dollar, ce qui est totalement incompatibles avec la relocalisation. On ne pourra relocaliser qu’à base de subvention en creusant les dettes et en créant des distorsions dans la compétition. Ou en prenant l’argent sur les pensions des retraités et en resurtaxant les « riches ». Tout cela n’a rien de durable. Les Enarques croient pouvoir jouer à ce jeu de bonneteau qu’ils pratiquent depuis 1983 avec les résultats que l’on sait. L’Europe fédérale, à ce jeu, ne protège plus que les pays excédentaires, et accable les pays qui se sont laissé aller à casser leur compétitivité comme la France.

Lorsqu’on voit la masse des difficultés anciennes et l’énormité des complications nouvelles, la persistance de systèmes inefficaces, dysfonctionnels et  chaotiques, l’inadaptation des politiques qui sont menées sur la base de réflexes d’un autre temps (comme la relance keynésienne en système changes flottants dont on sait qu’elle ne marche plus depuis celle de Chirac en 1975), l’irrationalité des contraintes que l’on accepte aux noms des petits oiseaux et du réchauffement climatique, le fait que partout on ne respecte plus aucun des principes avec lesquels on a justifié l’édification des nos institutions économiques, on ne peut qu’être troublé.

La prévision devient un exercice impossible. On en est réduit à constater des « surprises ». Aux Etats-Unis une de celles qui fait parler aujourd’hui c’est une hausse des prix soutenue et imprévue, largement liée à la hausse des produits importés du fait d’une dévaluation assez forte du dollar.   Même si le raisonnement permet de juger qu’en Europe une inflation sérieuse est difficile à imaginer, la complexité de la situation, l’inadéquation des politiques, la persistance des erreurs d’organisation, l’impossibilité de certaines réformes indispensables, tout laisse penser que quelque chose peu lâcher. Et cela pourrait bien être le niveau des prix avec une inflation beaucoup plus forte qu’anticipée.

Harcèlement contre la médecine libérale

Dans notre article précédent nous avons dénoncé le scandale d’une camarilla des hauts-fonctionnaires incapables qui, en dépit des résultats catastrophiques de la politique qu’ils ont menés face à la crise sanitaire se permettaient, en dehors de tout cadre démocratique, de détailler directement dans la presse les mesures qu’ils comptaient prendre pour faire du tort à la médecine libérale. Notre critique était plus institutionnelle que médicale.

Du coup nous avons été amenés à nous pencher un peu plus sur la politique menée ces derniers temps vis de la médecine libérale. Et qu’avons-nous découvert : un formidable harcèlement. Tous les maux de la médecine sont attribués aux médecins libéraux ! Leur nombre et leur formation : encadré s; leurs prescriptions : encadrées avec un système de surveillance policier et la possibilité donné à des fonctionnaires de ruiner leur carrière ; leur chiffre d’affaire : encadré ; leur revenu : encadré. Leur travail : rendu impossible par les tracasseries administratives.  Et maintenant voilà qu’on veut en faire les boucs émissaires. L’Enarque Macron a fait défiler les médecins publics sans inviter le moindre médecin libéral. Les mesures envisagées visent à créer des kholkhoz de médecins avec perte du choix du lieu d’installation. Les apparatchiks parlent aux koulaks ! Une ségrégation insultante s’est mise en place où les 16.000 femmes cat A qui peuplent le ministère de la santé sont intouchables, et où il est impossible de sanctionner les incapables qui nous ont mis face à la crise dans des conditions d’impréparation impardonnables, mais où les médecins libéraux qui ont été abandonnés en première ligne face à la crise sont marqués au fer rouge.

On a parlé pendant des mois uniquement des malades passés par les hôpitaux publics. On n’a applaudi que les personnels des hôpitaux publics. Mais la vérité commence à être claire pour tout le monde. On sait aujourd’hui que pour une personne passée par l’hôpital public, il y a eu 20 à 30 fois plus de passages en consultation libérale. Que les médecins et les personnels soignants libéraux ont été en première ligne sans aucune protection. Qu’ils ont été laissés sans aucune indication sur le mode de prise en charge. Qu’ils ont du improviser des traitements et qu’ils ont suivi en masse le professeur Raoult qui disait à raison que le traitement antiviral devait être administré le plus tôt possible. Alors que le Buzyn puis Véran s’acharnaient à dire aux malades symptomatiques de rester chez eux sans traitement où ils infectaient leur famille et voyaient la maladie s’aggraver, les médecins essayaient de faire ce qu’ils pouvaient. Les querelles imbéciles entre clans ont fini même par cette mesure scandaleuse :  interdire sous peine de sanction le seul traitement ayant un certain effet. Le résultat, nous le connaissons : des dizaines de médecins libéraux morts, des centaines d’assistants de vie ou d’infirmières libérales décédées du virus parce que laissés sans protection. Et une gestion des services d’urgence catastrophiques dont les résultats commencent à devenir public : 98% de décès pour les personnes de plus de 80 ans ; 50% de décès en moyenne. Le seul traitement a été au début la mise systématique des gens en réanimation et pour des durées trop courtes. Le seul rôle des infirmiers et médecins : retourner les malades intubés dans leur lit avant de les envoyer à Paris au frigo de Rungis.  A la fin, les ambulanciers ne venaient plus chercher les malades de plus de 80 ans. Les statistiques de décès n’ont pas pris en compte les Ephad pendant des semaines. Elles n’ont jamais pris en compte les décès à domicile.

Et au bout du processus de mensonges et d’inefficacité, radio-macron a laissé la parole à des fromagers pour qu’ils fassent porter le message que c’était la faute des médecins libéraux. Vous direz : qu’est que c’est que cette histoire de fromager ? Et bien oui, une chaîne de la TNT faisait venir un fromager considéré comme truculent qui avait comme seul message inlassable : les médecins libéraux sont des riches et des fainéants. La crise sanitaire, c’est de leur faute ; la situation des urgences c’est de leur faute etc. Une vraie abjection ! Jusqu’au jour où un médecin a décidé de réagir. Un certain Jérôme Marty a répondu au fromager.  Une claque magistrzle qui l'a fait taire. Puis il a écrit un livre « Le scandale des soignants contaminés » chez Flammarion qui justement montre que les médecins libéraux ont été gravement touchés par l’épidémie et pratiquement eux seuls dans le système médical. Les 16.000 fonctionnaires cat A des ARS et des services centraux du Ministère de la santé sont eux restés bien au chaud.  

Le système sanitaire français est une catastrophe. La gratuité totale des soins et une catastrophe. L’organisation soviétique de la santé est une catastrophe ; la bureaucratie fascisante qui règne en médecine est une catastrophe. Qu’on ne croit pas qu’il s’agisse seulement d’un aspect droite-gauche. Madame Bachelot voulait que la vaccination contre le H1N1 soit faite par tous sauf les médecins libéraux. L’abruti socialiste Véran interdit aujourd’hui que les tests de détection de la contamination soient faits par les médecins, les infirmières libérales et les pharmacies. Résultats : les laboratoires n’ont pas le personnel pour faire face à la demande et les queues s’allongent partout devant leur porte.  C’est exactement la même mentalité.  Mme Bachelot après un tour comme comique de télévision n’a pas hésité une seconde d’être recrutée comme potiche dans le gouvernement Macron2, après avoir proféré cette sordide idiotie : c’était aux médecins libéraux de se procurer des masques, alors que le gouvernement a interdit toute distribution et s’est réservé tous les masques existants ou commandés.

Lorsque les socialistes de l’Union des Républiques Socialistes ont massacré leurs paysans, la pénurie s’est installée pour des décennies. A chaque disette ou famine, on incriminait le paysan. La mentalité qui prévaut en France en matière de médecine ne vaut guère mieux. Elle contamine tous les milieux politiques avec un cluster massif : la haute fonction publique socialisante et les politiciens médiocres qu’ils acceptent de promouvoir, avec des relais minables dans la presse.   Nous avons en France les mêmes pénuries et les mêmes injustices, 30 ans après la chute de l’URSS.

Il faut radicalement changer le cours des choses.  De même que l’URSS a fini par disparaître, il faut faire disparaître le système taré actuel.

Première mesure : se débarrasser d’Emmanuel Macron, jeune cinglé, et de sa cour de hauts-fonctionnaires socialisants et/ou soviétisants.

Seconde mesure : interdire le mélange politique et haute administration en interdisant des carrières politiques à des hauts fonctionnaires, sauf s’ils démissionnent de leur statut.

Troisième mesure : sanctionner durement les autorités défaillantes responsables du désastre de la gestion de la crise sanitaire.

Quatrième mesure : renvoyer les 16.000 femmes fonctionnaires cat A du Ministère de la santé avec obligation de trouver du boulot dans le privé. Au moins elles seront ce qu’est un vrai travail.

Cinquième mesure : mettre fin à la gratuité absolue du petit risque.

Sixième mesure : rendre le pouvoir médical aux médecins, en démantelant les ARS et en changeant le système de pilotage de la médecine.  Redonner la liberté aux médecins d’engager les traitements qu’ils jugent bons., les erreurs et les abus étant seuls sanctionnés a postériori.

Septième mesure : s’appuyer massivement sur le secteur libéral pour lutter contre la crise en les engageant massivement dans les tests, et dans l’administration de tout traitement utile.

Huitième mesure : cesser de subventionner certaines chaînes de la TNT qui se sont montrées particulièrement lâches et toxiques pendant toute la crise sanitaire et virer les intervenants qui se sont mis vilement au service de la haute fonction publique socialiste pour faire leur carrière.  

Radical ? Un peu. Mais absolument nécessaire avant l’effondrement total de la médecine en France.

 

Un scandale honteux : quand la grande presse nationale baisse pavillon devant l'Enarchie

Mort du journalisme et de la démocratie

Un nouveau stade de l’Enarchie a été atteint.

On sait que nous défendons ici l’idée que la République a été à peu près totalement subvertie par l’Enarchie compassionnelle, qui règne sans partage sur une France rétrécie par sa dissolution dans un ensemble européen en perpétuelle « construction ». L’élection de Macron, dans le cadre de ce qu’il fait bien appeler un pronunciamiento de hauts-fonctionnaires, avec une direction du pays réduite aux élucubrations d’une dizaine d’Enarques bien en cours, et la folle concentration des pouvoirs entre les mains d’un président au psychisme problématique, ne pouvait qu’aggraver le phénomène.  La presse, en faillite et ne tenant que par les aides d’Etat, vient de prouver qu’on entrait dans un nouveau monde. Ce ne sont plus les ministres qui expliquent dans la presse ce qu’ils vont faire (la bande d’inconnus, choisis parce qu’ils ne sont rien, ne fait que chanter la geste présidentielle) mais les fonctionnaires eux-mêmes qui se sont totalement autonomisés.  

La crise sanitaire a montré la formidable indigence du système de santé français, entièrement phagocyté par une bureaucratie terrifiante et incapable qui empêche les vrais professionnels d’exercer leur métier, sous la direction de familles de fonctionnaires socialistes gavées depuis l’arrivée au pouvoir de Mitterrand. Le symbole de cette dérive est naturellement cette extraordinaire prolifération de postes de fonctionnaires féminins de catégorie A, le sommet salarial de la hiérarchie des fonctionnaires) : 16.000 femmes fonctionnaires du ministère de la santé sans aucune connaissance médicale à Paris et dans les régions, dont personne ne sait à quoi elles peuvent bien passer leur temps et qu’on préférerait voir remplacer par 6.000 spécialistes et 10.000 généralistes ! Après tout, eux soignent des malades. La crise a aussi montré l’hostilité de ces fonctionnaires aux médecins « libéraux », tenus à distance, au profit des structures publiques, toutes à la dérive.

Lisons le Figaro du 4 septembre 2020. Qui nous explique ce que va être la politique de la Sécurité Sociale ? Le Ministre de la santé ? Oh que non ! Il a trop à faire à chasser le Marseillais. M. Fatome (Thomas) présente l’action de la CNAM directement, loin de la « tutelle ». Qui est M. Fatome nouveau patron de la Sécurité Sociale ? Un énarque de la promotion Averroes qui a fait une longue carrière dans les cabinets ! Quelle surprise ! Que va faire ce Monsieur ? « Emmerder les médecins libéraux », aurait dit George Pompidou ! C’est bien l’urgence. On veut d’abord les forcer à entrer dans un machin, les CPTS, dont ils ne veulent pas. Que cache ce sigle bureaucratique en diable : les « communautés professionnelles territoriales de santé », une forme de kolkhoze médical. Ensuite on leur demande de rentrer dans la SAS, un service d’accès aux soins qui a pour but de faire absorber aux libéraux l’échec de l’hôpital public qui est totalement désorganisé par les 35h notamment aux urgences. Les malheureux qui travaillent 50 heures par semaine doivent prendre en charge ce que les fonctionnaires aux 35 heures ne veulent plus traiter. Dernière méchanceté : la CNAM en a assez de payer le prix fort pour des visites aux médecins. Ils pourraient se contenter de faire de la télémédecine à trois balles, ce qui réduirait les besoins de financement !  Après avoir tué l’hôpital et la médecine publique l’ENA , s’inquiéte de tuer la médecine libérale !

Qui osera dire que ce Monsieur Fatome devrait être renvoyé à coup de pied aux fesses et obligé à faire des ménages à l’hôpital public pendant 20 ans pour lui apprendre ce qu’est la vraie vie ?

On progresse ! Sur fond de désastre sanitaire, la bureaucratie est triomphante et sans remors.

Heureusement, nous avons Le Monde. Dans le numéro du même 4 septembre 2020, une date à immortaliser, est publié à la page 23, un article d’une page entière, sur quatre colonnes, censé expliquer comment la santé publique doit être rénovée pour bénéficier d’un nouveau souffle (sans respirateur allemand). Les malades intubés apprécieront.

Qui rédige l’article ? Madame Marie-Caroline Bonnet-Galzy. Eh oui : les femmes modernes sont désormais affligées en majorité de nom double, ce qui complique le travail des commentateurs. Qui est cette bonne dame d’œuvre sanitaire ? La présidente d’un organisme public : Santé publique France, l’ancienne Agence Nationale de la Santé publique. Là il a un truc : quand on parle de santé publique il faut comprendre Santé Publique France. L’organisme précède la fonction. Améliorer la santé publique, c’est renforcer lourdement l’organisme bureaucratique. C’est que notre Marie-Caroline n’est pas n’importe qui ! Comme Hollande, elle a fait HEC puis l’ENA. Elle est Conseiller d’Etat en service extraordinaire.  Elle a travaillé à Lille avec Mme Aubry. Elle est 100 % socialiste école mitterrandiste.

Que propose ce génie de la santé et de l’éthique qui avait pour mission d’avertir de la pandémie et de s’y préparer et qui n’a rien fait du tout, (vraiment rien du tout) avec les conséquences que l’on sait. L’échec l’encourage à écrire qu’il donne « une occasion unique de faire progresser les deux piliers de la santé publique », en un mot la prévention et le soin. Nous avons été nuls : donnez-nous des moyens supplémentaires. Mais surtout pas de règlement de compte. Nous n’en avons aucun à rendre. Suit un inventaire à la Prévert de tous les domaines de la prévention où il faudrait redoubler de postes et de dépenses. Tous les ministères devraient avoir une cellule santé publique prévention, avec évidemment toutes les déclinaisons locales souhaitables. Sur des dizaines de sujets de la pédo psychiatrie à la prévention des risques sanitaires des adolescents, il faut E-T-O-FF-ER les effectifs. En allant loin dans le régional et le local, bien sûr (tout service départementalisé voit ses effectifs multiplier par cent). Prévision et prévention doivent voir exploser les moyens humains et financiers. Toutes les filières (sciences humaines, dures, santé, politique, économie, sociologie et surtout les trois petits points de rigueur puisqu’on vous a dit TOUTES  …). Et attention : l’inégalité ! Il faut l’étrangler à la racine. Il faut : yaka ! Et « au plus profond des territoires » !

Naturellement l’organisation chargée de la prévention (on a vu) et de l’organisation des traitements (on a vu aussi) serait la principale bénéficiaire des nouveaux fonds et effectifs pléthoriques. Parkinson était un gamin. Pourquoi pas recruter 16.000 nouvelles femmes fonctionnaires cat A ?

Un gouvernement normal aurait licencié les incapables qui, à la tête des institutions de veille sanitaire, auraient autant failli. En particulier nos deux auteurs d’articles de journaux. Mais entre Enarques, cela ne se fait pas. Surtout entre énarques socialistes nommés par Marisol Touraine et adoubés par Mme Buzin.

Irresponsables et coupables ! Pourquoi se gêner ? Et ne pas en redemander ?

Le plus grave est l’état où en est réduitla PQN qui laisse désormais ses colonnes directement entre les mains des énarques fonctionnaires nommés. La politique ne se fait plus au parlement. Elle se décide entre condisciples sur le banc gauche de l’école nationale d’administration et s’expose sans frein dans des colonnes abandonnées par le journalisme pour devenir de simples vitrines pour fonctionnaires cupides et avides d’effectifs et de budget. Il n’y a ni commentaire ni avertissement.

Voir d’anciens grands journaux devenir des bulletins paroissiaux de l’ENA a quelque chose de répugnant. On comprend pourquoi plus personne ne vote. Ce qu’on voit disparaître en ce début d’été, c’est tout simplement la démocratie.

Il appartient aux partis de digérer les rapports des hauts fonctionnaires et de les transformer en politiques proposées au pays. Pour cela il faut que les fonctionnaires ne tiennent pas les partis et interdire l’élection des fonctionnaires dans les assemblées qui fixent leur rémunération. Il faut que les fonctionnaires incapables soient sanctionnés.  

L’encadrement mortifère de la médecine libérale est une politique qui doit se discuter au parlement, au minimum avec une couverture journalistique de qualité. Les organismes de veille sanitaire qui ont failli doivent être dissouts et leurs dirigeants renvoyés. Jamais des dirigeants fonctionnaires ne doivent s’adresser directement à la presse sauf pour répondre à des critiques ou des observations médiatisées par les politiques.

N’attendons évidemment pas cela ni de Macron ni de Castex. Mais qu’au moins la PQN fasse attention à ne pas sombrer aussi bas dans les bras de cette « énarchie compassionnelle » pantagruélique, qu’il faut détruire !

Oui il faut séparer le politique et la haute administration. La Nation n’a pas à être à ce point au service d’une secte qui a montré une incompétence et une avidité pharaoniques depuis 40 ans, avec ce merveilleux triomphe qu’aura été la prévention et la gestion de la crise sanitaire.  

La France est-elle en train de créer une magnifique industrie de l'éolienne ?

Une réponse à une question de M. G. Maleplate

Il y a deux manières de défier la pollution et en particulier celle qui aggrave le réchauffement climatique. La première est de considérer qu'il est possible, par la technique, de trouver des solutions moins consommatrices de ressources naturelles et moins productrices de rejets, ce qui se fait en Occident depuis des décennies, en accélérant le mouvement pour tenir compte des coûts externes éventuellement sous-estimés jusqu'ici.  La seconde est de tenir pour acquis que cela ne suffira jamais et qu'il faut restreindre la production et la consommation de façon drastique en accumulant les mesures extrêmes qui baissent le pouvoir d’achat tout en accumulant des dépenses terrifiantes financées par les déficits et la dette.

La seconde méthode n’a, en France, aucun intérêt, parce que les enjeux urgents voire cruciaux du climat n’y sont tout simplement pas présents de façon significative. L'envahissement par les plastiques se fait majoritairement en Asie et en Afrique. Le rattrapage de croissance, qui a créé plusieurs centaines de millions d'emplois dans ces deux zones, s’est traduit et continue de se traduire par une pollution et une consommation d'énergie non compatibles avec des objectifs climatiques raisonnables, quels qu’ils soient. Et toutes les associations mobilisées par la pauvreté internationale hurlent qu’il y a encore quelques centaines de millions à enrichir !  

Tant que la renverse de la natalité mondiale, prévue pour la fin du siècle par les plus optimistes, n'aura pas eu lieu, et tant que ces pays n'auront pas fait les efforts déjà réalisés par les meilleurs en Occident pour atteindre un niveau de vie correct, rien ne se passera sur le front des résultats concrets. Rappelons qu'il se créé dans le monde l’équivalent de 50 villes de la taille de Paris tous les six ans et qu'elles sont polluées à mort. On raserait Paris et les capitales régionales françaises, l'effet sur le réchauffement climatique global serait nul. L'urgence climatique en France n’existe pas. La France bénéficie d’un bilan carbone d’une qualité que la majorité des pays seront incapables d’atteindre dans le siècle qui vient, sauf surprise phénoménale. L’exemplarité a ses vertus mais pas au point de se ruiner pour rien.  

Lorsque les pays pétroliers, fin 1973, ont entrepris de nous rançonner, la réaction de l’Etat français a été d’imposer des économies drastiques d’énergie, de taxer sauvagement le carburant et de créer une industrie électronucléaire massive. Pleinement souveraine, la France pouvait prendre ce genre de décision sans l’avis de personne. De quelques centrales nucléaires, on est passé rapidement à 50. On a couvert ainsi 75% de nos besoins d’électricité et près du quart de nos besoins globaux d’énergie. Framatome a fini par développer une technique proprement française. L’ancien monde !

En même temps qu’était créée cette industrie, le gouvernement imposait le chauffage à l’électricité dans les immeubles collectifs neufs et créait le TGV pour concurrencer l’avion, trop pénalisant en pétrole. Il a donc fait apparaître deux industries, le nucléaires et le TGV à vocation interne mais aussi d’exportation. Quelques soient les erreurs de Giscard, Chirac et Barre, principalement sociétales et fiscales, la croissance s’est maintenue jusqu’en 1980 sans augmentation monstrueuse de la dette.  En réduisant la facture pétrolière, ils ont réduit de surcroit et considérablement l’empreinte carbone de la France qui depuis a toujours été meilleure que celle des autres.

Pourquoi ne pas, en-effet, imaginer que sous l’effet d’un volontarisme souverain la France se lance à nouveau dans une grande aventure industrielle dans les énergies « vertes », à commencer par les batteries, les voitures électriques, les éoliennes, les chaudières créant de la chaleur et du froid sans prélever de gaz ou de pétrole, les panneaux photovoltaïques, des moteurs d’avion non polluants etc. ? Et que nous puissions, grâce à ce mouvement magnifique, conquérir le monde et créer des millions d’emplois avec un bilan carbone positif (moins d’énergie fossile à effet de serre, non reproductible, consommée dans le processus de production que d’économies produites) !

Ce rêve se heurte malheureusement à la terrible réalité qui s’est imposée avec l’arrivée de Mitterrand et la destruction radicale de la compétitivité française par ses gouvernements socialistes et ceux qui se sont succédé depuis et notamment par ceux de Rocard et de Jospin qui ont, circonstance aggravante, détruit le pays en phase de haute conjoncture internationale. Encore bravo ! Les gouvernements de Hollande ont aggravé l’état d’un pays économiquement grabataire. Les errements du « narratif » du Président Macron, cette espèce de chanson de geste qu’il nous impose et qui n’a aucun rapport avec les réalités, ne font hélas rien pour améliorer réellement les choses, en éludant ou compliquant systématiquement les réformes radicales nécessaires. Ce garçon imaginatif et malade de théâtre (d’ombres), fait marcher la France à côté de ses pompes.

La France présente un formidable spectacle, aujourd’hui : des millions de chômeurs, bientôt trois mille milliards de dettes, des déficits monstrueux dans tous les domaines, une société étrillée et disjointe. La lourdeur fiscale en France est unique dans le monde développé.

Surtout, cette France massacrée n’est plus souveraine. A force de se voir comme un camaïeu de territoires destinés à se fondre définitivement dans une Union européenne mythifiée, la France est ligotée dans une réglementation et une procédure de gouvernance qui ne lui permettent plus d’investir de façon autonome dans des industries d’intérêt national en se protégeant du monde extérieur. A 26 membres, si on considère le Brexit comme fait et sans conséquences, aucune décision du type de celles prises au début des années 70 en France n’est plus possible. S’étant lancée, pour contrer le Covid, dans la gabegie infâme de 500 milliards de dépenses publiques à fonds perdus, elle n’a plus réellement de ressources pour investir seule dans quoi que ce soit.

La France n’est plus compétitive et ce qu’a montré l’affaire des masques, c’est que la production nationale triomphe jusqu’au moment où la production chinoise se remet en route. Quand on parle de production « nationale », il faut bien voir qu’étrillée dans le cadre de la zone Euro comme dans celui de la mondialisation financière effrénée et déséquilibrée, la France a été privée de ses anciens grands groupes devenus presqu’exclusivement des sociétés apatrides dont les plus françaises n’ont guère plus de 40% de capitaux détenus par des Français.

Ce qu’a montré l’histoire des trente dernières années, c’est l’abandon de l’industrie française, la montée d’une énarchie sans limite, avec un ensevelissement de toutes les activités dans des normes et réglementations absurdes, tentaculaires et « indémerdables », la destruction de la société dite « bourgeoise » et son dynamisme,  l’épanouissement d’un socialisme étouffant et bureaucratique qui pousse nombre de salariés à faire ce qui veulent et à peine plus, les déséquilibres monstrueux partout, l’accablement fiscal et la cession de nos prérogatives à l’Europe.  Dès lors on ne peut même plus rêver de conserver efficacité et compétitivité. Le secteur électronucléaire est en état de mort cérébrale. Nos constructeurs automobiles résistent par leurs usines extérieures. Le TGV est un échec commercial international quasiment complet et un gouffre en France. Airbus a été donné aux Allemands et se trouve dans une situation tragique. Notre aviation souffre comme jamais. Reste le luxe et le tourisme… si jamais le corona virus le veut bien.  

N’oublions pas que, de 1980 à 2020, le revenu moyen français a stagné. Il n’y a plus eu de croissance depuis 40 ans. Merci Mitterrand et ses continuateurs ! Merci les Enarques compassionnels qui se succèdent à la tête fusionnée de l’Etat et des instances politiques, tout en cédant leurs prérogatives en masse à des institutions étrangères et en acceptant une organisation économique et financière, notamment de change, totalement désastreuse. La baisse cette fois-ci de plus de 20% de l’activité sur un semestre au premier semestre 2020 n’a montré aucun impact sur le réchauffement et la pollution générale.  Tout le monde sait qu’on baisserait de 50% cela n’aurait toujours pas d’impact. Mais toutes les énergies se mobilisent pour tuer un peu plus l’économie et rendre la situation effarante, avec des sophismes déroutants de sottise et d’inculture économique, comme cette idée qu’il suffit que cela coûte plus cher pour que cela crée plus d’emplois.

Alors il faut le constater avec tristesse, il n’y a strictement aucune chance que, dans le cadre actuel, se développent des industries françaises majeures capables comme en 1974 de créer des productions correspondant aux exigences nouvelles de la situation.

De tous les produits concernés, les éoliennes sont certainement ceux qui auront le plus de difficultés à s’imposer comme grande industrie nationale. Le projet éolien en France est une catastrophe tous azimuts. Etant passé il y a quelques heures devant le parc éolien situé autour des Gouvets dans l’arrière-pays du Mont Saint Michel, il était facile de constater que la douzaine d’entre elles, visibles ,étaient à l’arrêt ! L’aspect esthétique est navrant. L’efficacité écologique est douteuse : plusieurs livres et études ont démontré que le bilan carbone du cycle de l’éolienne était négatif ! En gros plus on crée d’éoliennes, plus on aggrave le bilan carbone de la terre !  Le mécanisme financier mis en place est une ruine pour l’Etat français et pour le contribuable qui achète une énergie trop chère le plus souvent à un moment où il n’en a pas besoin, sans pouvoir rétroagir le moins du monde. Et les paysages sont dévastés.   

La seule voie raisonnable semble se trouver vers la construction d’énormes fermes éoliennes marines qui cumulent puissance et coûts tolérables. On parle désormais d’atteindre 50 Euros le Kwh, malheureusement sans préciser s’il s’agit d’un Kwh utile ou s’il est largement perdu faute de pouvoir l’utiliser au moment où il est produit ou de savoir le stocker. L’ensemble du cycle économique de l’énergie éolienne ne se retrouve pas dans le chiffre de 50 Euros par Kwh. Tous les coûts de distribution manquent. Et une bonne partie des coûts de fabrication, engagés à l’étranger.

Presque tous les parcs européens sont fournis par Siemens-Gamesa qui s’appuie sur des produits chinois.  Les Français dans cette affaire font surtout les travaux en béton en mer ou les différents appareillages pour tenir les éoliennes non implantées dans le sol. Et en partie le montage, quand il n’est pas sous-traité à des étrangers.  La pression sur les coûts et la contrainte de temps fixée arbitrairement imposent le recours massif à la Chine ! La France monte et assemble les produits des autres et la Commission Européenne interdirait à la France de contrer Siemens Gamesa s’il elle décidait de le faire. L’impact écologique des productions chinoises et du transport vers l’Europe est introuvable dans les rapports accessibles.  La valeur ajoutée sérieuse est en Chine avec une bonne partie de la technologie. 

Autre ennui, l’impact des énormes fermes en mer sur le milieu naturel est l’objet de nombreuses interrogations. Leur résistance, dans les conditions marines, à 20 ans, n’est pas claire. La coexistence des activités littorales sur la première bande côtière n’est pas vraiment maîtrisée. On est encore beaucoup dans la Com’.

La méthode qui consiste à se donner des objectifs quantitatifs dans un délai court est anti-économique et antifrançaise. Il faut garder de la souplesse pour faire face aux aléas techniques et économiques. Et cesser les financements publics. Cela fait maintenant de très nombreuses années que des fermes marines d’énergie sont installées. Il est temps qu’elles deviennent rentables.  Rien n’est totalement maîtrisé dès que l’on parle d’assurer les besoins réels des consommateurs, c’est-à-dire de fournir de l’électricité au moment où il en a besoin. Aucune des problématiques de stockage de masse n’est totalement intégrée dans le calcul économique ni ce qu’on devra faire lorsqu’on sera en déficit de production, après avoir détruit l’électronucléaire par idéologie. On nage dans l’approximatif.

Rappelons que le prix du Kwh électrique pour le consommateur français est 0.1506 € TTC, soit un peu moins du tiers du coût de production de l’éolien en mer et que ce dernier doit encore être distribué et couvrir de nouveaux coûts. Le fuel domestique fournit pour sa part du KWH à 0.101€. Mme Pompili vient d’interdire de s’en doter après 2020.  La facture énergétique des Français pour leur usage final va donc exploser. L’impact sur la baisse éventuelle du réchauffement climatique moyen ne sera pas appréciable en millièmes de degré.  Mme Pompili n’a même pas tenté de le faire calculer. On ruine les Français par vertu écolo et surtout carriérisme politicien en s’aveuglant volontairement.

La France mène en matière d’éolienne, une stratégie de dépense effarante sans aucune création de filière industrielle et sans aucun impact sur le réchauffement climatique. Il est malheureusement certain que dans le cadre actuel, et avec les mentalités nouvelles que les réseaux sociaux stimulent, il ne peut pas en être autrement. Comme pour les masques, les objectifs globaux, dans l’état d’impécuniosité du pays, consiste à importer, en creusant nos déficits, pendant que les excédents allemands et chinois, déjà totalement anormaux, enflent sans mesure. Cela ne trouble personne alors que des telles dérives sont censément interdites par des traités internationaux abandonnés de facto.

Il n’y a aucun bénéfice à attendre, quelque soit le point de vue auquel on s’attache, de cette politique de curetons cinglés de la pureté écolo, saisis par la débauche démagogique du politiquement correct outrancier, politique qui est reprise avec gourmandise par l’Enarchie Compassionnelle pour justifier la perpétuation de son emprise.   

La ruine des Français est au bout du chemin. Pas une belle industrie des éoliennes et encore moins la fin du réchauffement climatique.

La farce du "Ségur de la santé"

Combattre furieusement l'idée d'agences départementales de santé

Lorsqu’une réforme de l’Etat est rendue nécessaire par un constat affligeant de carence ou d’abus administratifs, on confie le travail à ceux-là mêmes qui ont créé la situation. Il devient certain que rien ne changera vraiment et que, pire, le résultat sera une aggravation bureaucratique. Il faut toujours chercher dans les plans proposés, dont malheureusement la presse n’est saisie que de la partie émergée, la mesure clé qui permettra le tour de passe-passe. Elle est en général noyée dans un flot de bonnes intentions et conforme à l’idée de manœuvre qui plaît sur le moment. Quelques années plus tard seulement on découvre que la réforme a aggravé sensiblement la bureaucratie.

Les ARH puis les ARS avaient témoigné de ce mécanisme. Comme on l’a vu le Ministère de la santé cumule désormais près de 10 000 fonctionnaires, à 80% femmes catégorie A, ET à l’échelon central ET à l’échelon régional. Les hauts fonctionnaires avec le plan Juppé avaient réussi à détruire définitivement le pouvoir médical, liquider les « Mandarins » au nom d’une bonne gestion des « soignants », et à créer des milliers de postes de fonctionnaires très bien rémunérés à s’agiter et contraindre, sans aucune capacité médicale.

La grande question du Ségur était de savoir si on allait s’attaquer réellement à ce détournement de pouvoir, d’argent, de temps, d’efficacité. Nous avons la réponse. Non seulement on ne touche à rien mais on pense à tripler le système en créant des ADS, des agences départementales de la santé, « plus proche des réalités et répondant à la demande de plus de décentralisation ». Tous les ministres des finances savent qu’il faut éviter absolument de départementaliser une administration, parce que le multiplicateur est effarant : il y a 101 départements. Il faut un chef, et des sous-chefs par secteurs, des locaux, des ordinateurs, des employés, etc. Un foyer parkinsonien effarant et incontrôlable, chaque budget complétant la dotation départementale.

Comme pour la décentralisation régionale, qui n’a pas vu de baisse significative des effectifs centraux, mais une simple stagnation, la décentralisation départementale ne fera en rien baisser les effectifs des ARS. Mais on va recruter 5.000, puis X.000 personnes de plus pour doter les départements ! Pour les évaluations, prendre l’exemple du ministère de l’environnement dont la départementalisation a conduit à la création de dizaines de milliers de postes de fonctionnaires locaux. Les effectifs totaux doivent aujourd’hui frôler les 57.000, partant de zéro, auxquels il faut ajouter ceux des dépendances directes des régions et des municipalités, des personnels de l’administration du littoral etc.

Dans 20 ans, à la prochaine crise, on se demandera comment on a pu laisser faire une pareille sottise. Mais ce sera trop tard : les fonctionnaires ne peuvent pas être licenciés. L’emploi à vie signifie l’erreur d’organisation administrative à vie.

Il faut donc s’élever furieusement contre les projets de d’agences départementales de la santé et exiger que l’on démantèle les ARS en supprimant les textes qui ont imposé de créer tellement de postes de bureaucrates, et en reclassant les fonctionnaires ailleurs ou en leur proposant une prime pour quitter la fonction publique.   

Comme la représentation nationale est peuplée de fonctionnaires et l’Etat dirigé par un Président et un Premier Ministre énarques que la presse dépend des subventions d’Etat, que les journalistes se veulent « de gauche » donc pro-fonctionnaire, que les partis d’opposition n’ont plus de têtes et encore moins d’opinions fermes, ce « combat furieux » n’aura pas lieu et le pays sera couillonné comme devant, dans le silence total des médias. Et son système de santé finira ruiné un peu plus. Et les finances nationales ruinées un peu plus. La santé n’a pas de prix mais les fonctionnaires inutiles en ont un. Inutile ? Mais oui. Il faut savoir qu’une ARS, comme la majorité des services de la fonction publique,  travaille largement pour elle-même, en cycle fermé. Si le lecteur veut s’en convaincre, qu’il lise le compte-rendu des réunions avec les syndicats. Il sera édifié. Il n’y a aucun « populisme » à ce constat. Juste un peu de lecture !

Lorsqu’un débat aura lieu et qu’une personne raisonnable pensera qu’il faut réduire la dépense publique de santé,  le pseudo journaliste perroquet chargé de l’interview dira : « Vous voulez encore vous en prendre aux infirmières. La leçon du Covid ne vous a pas éclairé ? ». Cette personne raisonnable ne saura rien répondre comme d’habitude parce qu’elle ne connait pas la réalité administrative qui est généralement sinon cachée du moins assez difficile à reconstituer. S’il vient à éructer : « mais nous avons autant de fonctionnaires au ministère de la santé, de fonctionnaires dans les ARS, de fonctionnaires dans le ADS que de médecins généralistes, ce n’est pas possible », le journaliste détournera le débat en protestant qu’il devient trop technique et que cette manie de mettre en cause les fonctionnaires est du pur populisme.

C’est comme cela que fonctionne la France, sous domination de la haute fonction publique depuis 1974 et le couple Giscard-Chirac. La première réforme du système de santé français à mettre en œuvre, c’est la séparation entre la haute fonction publique et la politique,  interdisant toute carrière politique à un Enarque sauf s’il a démissionné de son statut, et en ôtant les réformes organisationnelles des mains des bénéficiaires eux-mêmes de l’organisation fautive.  

La France peut-elle redémarrer ? Le poids des tares anciennes

Comme la France, devenue impuissante, se refuse à émettre officiellement un diagnostic officiel de ce qui entrave gravement sa prospérité, les meilleurs se contentant de présenter des synthèses plus ou moins complètes des résultats consternants qui découragent les Français et démonétise le pays, le débat sur les causes récurrentes de nos tourments est évacué et ne permet aucune action correctrice.  

Pour beaucoup, la crise sanitaire a créé une situation nouvelle qui rend caduque toutes les analyses anciennes des causes des difficultés. Inutile de faire revivre d’anciens débats : Projetons-nous radicalement dans la nouvelle situation. Cette posture est au mieux candide. Les forces qui ont fait sombrer le pays depuis 1971 sont connues et restent actives. Mieux vaut rappeler qu’elles sévissent toujours.

La première tare, la plus grave, est le caractère désastreux du système de changes flottants mis en place par les Accords de Kingston après l’abandon du système de Bretton Woods de facto en été 1971. Pourquoi est-il désastreux ? Parce qu’il a permis aux Etats-Unis de creuser leurs déficits et d’inonder à volonté le monde de dollars ne correspondant à rien et que réciproquement, il a autorisé d’autres pays à accumuler d’énormes excédents dont le recyclage a créé la double hélice de crédits donc de dettes que Jacques Rueff a si magnifiquement dénoncée. Il en est résulté des crises financières à répétition et un gonflement inédit des dettes alimentant une spéculation financière effrénée. En acceptant la Chine dans le jeu des échanges mondiaux, la situation a dévié dans des proportions irrattrapables. La création d’une monnaie unique en Europe, qui elle non plus ne permet plus l’ajustement des balances de paiements et creusent les déficits en les pérennisant, a encore aggravé les choses. Tout est désormais déséquilibré dans les échanges mondiaux.  La réforme des systèmes monétaires internationaux défectueux n’est sur aucun « agenda ».

Le Sars-cov-2 dans cette affaire n’a rien arrangé, même si les échanges réels ont spectaculairement baissé, les déséquilibres ont continué à se creuser avec les conséquences habituelles. Les montants atteignent maintenant des sommets improbables qui nous mènent dans des terres inexplorées.

A côté de cette cause externe, cruciale pour comprendre l’évolution de l’économie depuis 50 ans, il faut citer une cause propre à la France que nous appelons l’Enarchie Compassionnelle. La France est dirigée par une classe de hauts fonctionnaires interchangeables qui a développé sa propre idéologie et ses propres pratiques, qui lui assurent un pouvoir exclusif sur les rouages de la décision publique. Giscard, Chirac, Hollande, Macron, comme présidents, Chirac, Fabius, Rocard, Juppé, Jospin, Villepin, Philippe, Castex, comme premiers ministres, n’ont laissé que des miettes aux hommes politiques non issus d’un corps de haut-fonctionnaires.  On compte les non-fonctionnaires sur les doigts d’une main Cresson, Bérégovoy, Raffarin, Fillon, Valls, si on laisse de côté Caseneuve qui a fait un court intérim.  Ayrault comme Bérégovoy ou Barre étant des enseignants. Au total les périodes où il n’y a pas eu un énarque ou président ou premier ministre sont ridiculement courtes, la plus longue étant la période de Sarkozy-Fillon. La haute fonction publique ne l’a pas pardonnée et a lancé des attaques féroces via les juges pour que cela ne se reproduise plus. L’un et l’autre ont été disqualifiés par une course à l’inculpation judiciaire tout à fait remarquable. Bérégovoy est mort. Valls est parti en Espagne tenter sa chance. Cresson n’a fait qu’un tour de piste. Raffarin n’a pas imprimé, tellement il était encadré et sans pouvoir ni envie de l’exercer.  

Soyons clairs : la haute fonction publique tient à la fois l’administration et le politique, et il est impossible de vaincre ce mammouth qui tient seul la barre. Depuis que les décisions stratégiques ont été laissé à l’Europe, que l’alignement pro américain est quasi-total, et que le droit a été concédé à des instances juridiques nationales et surtout internationales, la politique de cette caste est d’arbitrer uniquement les questions étroitement nationales. Arbitrer pour elle, c’est arroser et réglementer et taxer. La France est sur administrée par une administration obèse qui a réussi à faire du pays le leader mondial des impôts et de la dépense publique, dans un cadre réglementaire totalement étouffant.

La crise sanitaire a révélé un système de santé dominé par une bureaucratie centrale et régionale écrasante, ayant ses objectifs propres et incapables de réagir rapidement et de façon ordonnée. Près de 10.000 fonctionnaires centraux, la même chose dans les Agences régionales de santé, à 80% femmes fonctionnaires de catégorie A, est-ce bien utile ? Une entreprise de 20.000 employés disposant des mêmes rémunérations devrait faire au moins 10 milliards de chiffres d’affaires hors taxe ! Avec 100.000 personnes moins bien payées Sanofi fait plus de 50 milliards de CA.

Tout le monde a pu vérifier que l’information était totalement aux ordres. Et on a glorifié les « soignants ».  Hou les vilains mandarins !  Désormais, il y a « la science », en fait les labos, et les fonctionnaires de la recherche médicale publique, et les syndicats, représentants des soignants. Les médecins ? Connais-pas !  

Cette caste ne sait pas porter une cause internationale forte, comme par exemple la réforme des systèmes monétaires. Elle est surtout soucieuse de n’avoir pas d’ennuis avec les fonctionnaires qui font à peu près ce qui veulent en s’appuyant sur des syndicats qui savent qu’ils gagnent tout ce qu’ils veulent.  L’énarchie a tué l’enseignement, la médecine, l’industrie, les arts et les lettres. Elle laisse faire sur toutes les questions de sociétés. L’immigration n’est pas pour elle un problème.

L’important, c’est de perdurer en cachant ce qu’il faut cacher de la réalité pour ne pas avoir trop de réactions.

Le système Macron est caricatural. Avoir engagé près de 650 milliards de dettes, pour une valeur ajoutée des entreprises privées non financière autour de 1100 milliards probable en 2020, est totalement déraisonnable.  On va vers 3.000 milliards d’euros de dettes à fin 2021, ce qui est ingérable.  

Nous l’avons répété à plusieurs reprises sur ce blog, il fallait mettre tous les Français hors activité à 60% de leur revenu normal pendant le confinement, fonctionnaires, chômeurs et retraités inclus. Il était totalement inutile de faire des prêts irrécouvrables aux pays d’Europe du sud en difficulté.   Et répéter indéfiniment que la seule solution était désormais de travailler, travailler, travailler, pour récupérer des ressources et couvrir les besoins qui ne pourront plus l’être en comptant sur les marchandises à bas prix de la Chine et de l’Inde. Il fallait immédiatement passer aux 40 heures, aux 5 semaines de congés, et à la retraite à 66 ans, tout en réduisant les frais généraux de la nation, notamment en encadrant fermement les dépenses des régions, voir en supprimant cet échelon parfaitement inutile.

Les vraies urgences consistent aujourd’hui en matière constitutionnelle à  remettre l’explicitation des droits de l’homme in fine entre les mains du peuple, en indiquant comme en Allemagne qu’il n’y a rien au-dessus du peuple et du Conseil Constitutionnel français, et en refusant le coup d’état des juges de la CEDH et de la Cour de Justice qui prétendent élaborer la loi en fonction de principes généraux.  De même il faut interdire à tout fonctionnaire la possibilité d’être élu dans une assemblée qui fixe son statut et ses conditions d’existence. Il faut interdire toute rémunération multiple d’argent public. Cumuler les salaires et indemnités publics est scandaleux.

Pour le reste il faut retrouver une diplomatie propre, permettant notamment de remettre en cause les systèmes monétaires dysfonctionnels. Ce qui suppose un peu de travail et de courage. Et repenser la politique démographique, loufoque et dangereuse en France.

Au lieu de cela, Emmanuel Macron s’est lancé dans une fuite en avant politicienne et électoraliste, basée sur une dette débridée et l’absence de toute décision courageuse. La France le paiera cher.

La France peut-elle redémarrer ? L’empêchement écologique.

Pendant longtemps le genre humain a été présenté comme une ruche industrieuse, où la multiplicité des rôles, des mouvements, des actions illustrait la caractéristique dominante. L’humanité se vit d’échanges, de travail, de mouvement. L’immobilité, c’est la mort. Comme pour les abeilles. Pendant longtemps l’homme a cru que son destin était d’organiser une société plus protégée, plus prospère et plus pimpante. On révérait la nature mais on pensait à l’embellir. Elle offrait des défis que l’on songeait à relever. L’humanité mettait en avant ses grands hommes, c’est-à-dire ceux qui par leur travail ou leur génie, l’avaient fait progresser. Pendant deux siècles, l’homme occidental a fait une percée étonnante et il est parvenu à vaincre bien des maladies, presque partout la misère, tout en créant des villes magnifiques et en portant au sommet bien des formes d’art. Il a même réussi à mettre à bas les régimes totalitaires que la massification, la technologie et la communication avaient rendus possibles et tentants.

Voilà que la volonté de beauté, d’industrie, de bien vivre s’efface au nom d’une prétention scientifique nommée écologie dont le mantra est qu’il faut gazer la ruche, pour sauver la terre.

L’effort millénaire pour rendre la vie humaine plus propre, plus saine, plus belle s’effondre au nom d’une prétention terrible à sauver la terre du réchauffement climatique, considéré comme le fruit de l’industrie et du mouvement, et porteur de catastrophes d’autant plus terrifiantes qu’elles sont réputées presque définitives.

Il faut non seulement calmer l’hubris de l’humanité mais entrer dans une pénitence phénoménale et d’efficacité incertaine. Il ne faut pas changer un peu mais totalement, radicalement. Il ne faut pas s’appauvrir un peu mais radicalement voire totalement.

Toute activité humaine demande de l’énergie. Si on interdit l’accès à l’énergie alors il n’y a plus d’entreprise possible. Toute activité humaine demande de la mobilité. Si on interdit la mobilité, alors il n’y a plus de vie améliorée possible.  Energie et mobilité sont les moteurs de l’humanité qui progresse et qui prospère.

L’alternative est entre deux philosophies de l’action publique.

La première réduit la pollution en améliorant la productivité. La productivité est la capacité de réduire les intrants et les déchets dans un processus de production et de distribution. La production est toujours une transformation. Elle n’est possible que si la matière première est disponible et elle produit toujours des déchets c’est-à-dire des rejets encombrants ou dangereux.  La matière qui devient rare devient cher et les rejets doivent être intégrés dans la chaîne de valeur à leur coût réel (c’est-à-dire au prix de ce qui permet de les rendre supportables dans la durée).  Les prix orientent la demande vers un optimum de satisfaction qui en assure la conformité aux désirs individuels et aux possibilités durables.

La seconde, plus que janséniste, considère que la consommation est un péché contre la nature et qu’il faut sanctionner le consommateur en l’entravant. Qu’importe que l’action entreprise n’a aucun effet mesurable sur le réchauffement climatique, elle est un devoir moral. Bien sûr la pauvreté devenant générale, il faut s’attaquer aux riches pour qu’ils paient tant qu’ils le peuvent. Après on verra. Le Vert est toujours rouge à l’intérieur. La décroissance rapide implique la solidarité dans la pauvreté et une forme de communisme frugal, dans le cadre de phalanstères à imaginer. En attendant il s’agit de donner toujours plus au pauvre qui ne pollue pas par principe et moins aux riches qui tuent la planète. Oublions la contradiction qui n’est qu’apparente : il faut bien prendre le pouvoir. Quand on l’aura, on gazera la ruche et on verra bien.

La difficulté est que la mode est à la seconde philosophie, la plus destructrice de prospérité et d’humanité. Et que l’élection amène de plus en plus de politiciens saisis par le démon du bien fantasmé.

Prenons Paris. Tout le monde l’a compris, pendant les six ans qui viennent, le monde comptera environ 300 villes de la taille de Paris de plus et dans des pays où l’effort écologique est quasi nul. On raserait Paris, pour en faire des herbages et des forêts, que l’effet sur le niveau du réchauffement de la planète serait exactement nul.  La coalition qui dirige la ville depuis 20 ans et pour six nouvelles années détruit la circulation automobile. Elle a converti une bonne partie des automobilistes aux deux- roues motorisés. L’effet sur la pollution a été nul. Elle a interdit des voies en laissant d’autres devenir saturées. Le report de pollution a été acté, pas sa suppression. Maintenant elle passe à la phase suivante : rendre réellement impossible la circulation automobile en tentant de mettre tout le monde à vélo. Aucun calcul n’a été présenté de l’effet sur le réchauffement climatique.

Heureusement, car ce serait une perte de temps. Il est absolument nul. On réduit donc la prospérité, l’activité et le travail de la population pour exactement aucun résultat sinon de rendre fou une bonne partie de la population. Les conséquences sont parfaitement claires : si la mairie arrive à tuer la mobilité automobile, alors l’essentiel de l’activité disparaîtra de Paris (un mouvement qui a commencé et qui s’accélère, la ville ayant déjà perdu près de 500.000 habitants depuis le pic de population et en perdant 30 à 50 mille chaque année. En 2026, après l’interdiction de certains modèles de voitures et les règles drastiques d’isolation des logements, ruineuses, on sera sans doute à moins de 1.800.000 habitants).

Ce qui est vrai pour Paris l’est pour la France entière. Depuis 1980, on constate que le niveau de vie moyen en France a stagné. Aucune croissance en quarante ans. Cette exemplarité devrait nous valoir des résultats formidables. Personne ne les a jamais vus. La stagnation ne suffit pas à faire apparaître quelques résultats que ce soit. Jusqu’à quelle décroissance faudrait-il se laisser aller pour voir poindre un effet mesurable ?

La crise sanitaire nous donne une bonne indication. Une baisse de près de 35% de la production sur six mois  a-t-elle provoqué la promotion de résultats mesurables, au-delà des belles photos de canards revenant sur la place San Marco, ou les photos nettes de bâtiments souvent voilés jusqu’ici par la pollution atmosphérique. La réponse est nette et sans bavures : l’effet a été nul. « Cela ne suffit pas » annonce un article scientifique récent solidement étayé. De même que la destruction de Paris ne suffirait pas, la disparition de toute l’activité française ne suffirait pas non plus à faire bouger les statistiques de réchauffement climatique. Il n’y a pas de niveau de décroissance capable de faire apparaître en France un effet mesurable sur le réchauffement climatique.

La France peut-elle redémarrer ? Nous avons maintenant la réponse. Le redémarrage est impossible si on s’enferme dans l’impasse proposée par les écologistes politiques. On ne mourra même pas guéri. Ne gazons pas la ruche en espérant avoir un miel durable et de meilleure qualité.

La France peut-elle redémarrer ? Une vue d'en-bas.

La France se découvre ruinée, avec une économie disloquée. Le Covid n’a fait qu’accuser les béances. Le nouveau gouvernement parle de relancer l’industrie et de faire passer le local avant l’international. Pour cela il faudrait être compétitif. Mais pourquoi diable ne le sommes-nous pas ? Pas de solutions sans une analyse des causes. Evidemment le débat est esquivé.

La petite histoire que nous allons raconter est une histoire vraie qui date d’un peu plus de deux ans. Elle témoigne mieux que toute analyse microéconomique savante des causes profondes, au plus près des PME, des difficultés françaises.

Cet entrepreneur est spécialisé dans la menuiserie métallique. Il possède deux entreprises. L’une en proche banlieue tient boutique et fournit les particuliers et les artisans. Elle gère un stock et salarie six personnes. L’autre est en banlieue plus lointaine et fabrique des profilés et des solutions clés en main. Elle alimente la boutique en fonction des demandes enregistrées.

Un jour la mairie, prise d’une frénésie verte, qui a beaucoup d’analogie avec la diarrhée de même couleur, change la voirie. A gauche une voie de bus et taxis et à droite une double voie de vélos. Plus de voiture ; plus de camionnettes. Impossible de livrer le magasin ou pour les clients de venir retirer leurs commandes. Naturellement la mairie n’a fait aucune étude d’impact. « Il faut en finir avec la dictature du moteur et sauver la planète » a hystérisé l’adjointe aux « modes de déplacements pacifiés ». « Comment est-ce que je livre mon magasin et mes clients » est venu demander l'entrepreneur. Réponse : « Les intérêts particuliers doivent céder devant l’intérêt général. Il faut savoir dans quelle société et dans quel monde nous voulons vivre ».

L’entrepreneur ne peut que quitter les lieux. Il propose à ses salariés de venir travailler au siège de sa seconde entreprise. Deux acceptent immédiatement. Les trois autres refusent et pour mettre la pression font venir l’inspection du travail. Il constate que le magasin n’a pas de toilettes pour hommes, pour femmes et pour handicapés. Les transgenres n'ont pas encore le droit à un trîone ad hoc ! Constat : si on respecte les normes, il ne reste pas 10 m2 dans le magasin pour travailler. Et les handicapés ne sont pas artisans en menuiserie métallique en général. Amende. L’un des salariés veut une indemnité de licenciement de 70.000 euros. Il avait été trois ans en arrêt maladie payé par l’entreprise et n’était revenu que depuis trois mois ! On sait que cette règle de paiement indéfini des absents pour longues maladie est une des filières d’escroquerie salariale les plus fréquentes et a causé bien des drames. Pour soutenir son combat, il se plaint à l’inspecteur du travail de n’avoir eu aucun de vêtements et chaussures exigés par les normes. Il faut à l’entrepreneur retrouver le reçu qui prouve qu’il a donné l’argent nécessaire au salarié qui en fait l’a encaissé et n’a jamais acheté lesdites affaires.  La secrétaire prétend qu’elle est employée comme réceptionniste et non comme secrétaire et exige une indemnité compensatrice. Voyant qu’elle n’arrive à rien elle se met en arrêt maladie.

L’entrepreneur dépose le bilan de l’entreprise engluée après avoir récupéré le stock et laisse dans la cour une camionnette âgée et  en panne qu’il aurait fallu mettre à la casse à grands frais. Un liquidateur est nommé. Finalement la faillite coutera plus de 300.000 euros à l’état. Les trois salariés se retrouvent au chômage. Ajoutez les coôts d'indemnités sur deux ans pour avoir la facture de l'Etat.  L’escroc qui ne payait pas son loyer a fini par être expulsé. En fin de droit il est à la rue. Les deux autres cherchent aussi du travail…deux ans plus tard.

Les deux salariés qui ont accepté de bouger se mettent sous statut d’entrepreneur individuel et reçoivent chacun une prime de plusieurs dizaines milliers d’euros de création d’entreprise. Ils font le même travail qu’avant avec leur ancien patron. Mais chacun a retrouvé de la souplesse. Et l’Etat s’est montré généreux.

L’ennui est que le dépôt, plus lointain est moins fréquenté. Pour intervenir à Paris, grâce à Mme Hidalgo, c’est plus long et plus cher. L’entrepreneur a ouvert un nouveau dépôt en périphérie d’un ville moyenne de province. Il espère que cela compensera sa perte de chiffre d’affaire.

Le magasin est tjours vide deux ans après. La mairie s'active pour obtenir des fonds de l'Etat eet de la région dans le cadre de la "reconquête des centres villes". Elle songe à racheter les lieux pour en faire un local  mis gratuitement à disposition des innombrables associations qui lui servent à nourrir des copains et des agents électoraux.

Au total, le coût pour l'Eat dépassera certainement les 500.000 Euros, alors que l'entreprise disparue faisait à peu près ce chiffre d'affaire et versait des sommes importantes en impôts et taxes de toute nature. Si on tient compte disons de 5 ans d'activité perdue et coûts d'entretien du local, la perte dépasse le million d'euros. Et hop ! Pour être complet il faudrait ajouter les tourments des autres magasins de la rue et le coût de réfection de la chaussée. Chômage, impôts, dettes, pour dix vélos à l'heure dans la rue concernée. "On  s'en fout on a été réélu", avec une abstention de 65% et 12.5% des inscrits !

Et le Covid est arrivé. L’entrepreneur a été réactif. Il s’est lancé dans toute la France dans la mise en place d’hygiaphones et des séparations. Il a fallu négocier près de trois semaines pour obtenir le droit de circuler partout en France. Certains salariés ont exigé d’être mis au chômage partiel à ne rien faire alors que l’entreprise croulait sous les demandes. Il a fallu passer contrat avec une entreprise d’ex-Yougoslaves pour avoir des ouvriers détachés spécialisés. 

L’entrepreneur a fini par licencier deux salariés « qui ne voulaient pas risquer leur vie pour le profit du patron ». Il continue avec ses travailleurs détachés. L’affaire est aux prud’hommes.

Mitterrand et les socialistes ont donné le pouvoir aux salariés de dire non à tout. Ils en abusent et ne se rendent pas compte qu’au bout du chemin ils sont perdants. Les lois ont rendu intolérablement complexe presque tout. Les mairies prises par le prurit verts tuent l’activité sans même s’en soucier.

Les relations entre citoyens, élus et fonctionnaires sont devenues également impossibles.

L’entrepreneur est pris dans des relations conflictuelles artificielles à tout moment en interne ou en externe. Pour survivre il est obligé à se mettre lui-même dans une situation de combat et de jouer les défauts des lois.  A la fin tout le monde tire sur la ficelle.

Les deux victimes : l’état, sollicité de toute part et l’emploi national. Des histoires comme celle qui vient d’être racontées, il y en a des milliers chaque année en France. Pas des dizaines, des milliers. Certaines tournent très mal. Avec des suicides de patrons et salariés (jamais de fonctionnaires ni d’élus locaux) et des violences inédites. Les nouvelles lois en faveur des minorités compliquent encore les choses. Dès le début d’un conflit, on parle viol ou racisme. Gérer une entreprise devient insupportable. Les juges prennent toujours le parti des salariés ou de l’état. Tout est devenu pénal.

Et dès que l’entreprise gagne un peu d’argent le fisc se radine et les syndicats se mettent en branle (si l’entreprise a plus de 20 salariés). 

Pendant longtemps, les mairies étaient plutôt favorables aux entreprises. L’arrivée des Verts et des hystériques de l’écologie a tout changé. A Paris les artisans ne peuvent plus travailler ! Les magasins et restaurants sont restreints à une zone de chalandise piétonnière et périclitent. On ne va au théâtre à vélo.

Avec le Covid, la société est sortie en état de léthargie. Plus personne ne veut travailler.

Naturellement, cet état des lieux ne sera jamais fait. La démagogie du droit de retrait et du « je fais ce que veux et pas ce que tu veux, infect patron !» est partout à l’œuvre. La vague de démagogues nouveaux ou la confirmation électorale des étouffeurs municipaux traditionnels comme à Paris annoncent encore plus de difficulté pour ceux qui veulent entreprendre et créer de la richesse.

Alors on parlera de relocalisation et bablabla. Mais rien ne sera fait pour reconstruire une base entrepreneuriale solide. Faisons confiance à nos Enarques, qui se veulent les arbitres des élégances sociales et qui ne cessent de créer des normes intolérables et ingérables, creuser les déficits et empêcher la prospérité.   

Le piano et le tabouret

Plus personne ne se souvient du grand clown Grock qui a dominé l’exercice entre 1914 et 1960. On l’appelait le clown du siècle. Il a plus composé d’airs de musique que le plus prolifique des créateurs de ritournelles et plus de sketchs que quiconque. C’était un athlète étonnant capable jusqu’à son grand âge de prouesses physiques saugrenues mais d’une difficulté et d’un danger effarants. C’est lui qui a inventé cette scène où pour ajuster le tabouret et le piano, il poussait …le piano. En ces temps bénis où la rationalité avait encore un peu cours, les gens riaient de cette déraison et réalisaient qu’en bien des domaines on pouvait tomber dans le piège. La fable avait sa morale : chercher les solutions simples et directes.

Aujourd’hui Grock ne ferait plus rire, parce que pratiquement sur tous sujets, on pousse le piano plutôt que le tabouret et on s’extasie sur l’intelligence inouïe de la solution. Le crétin qui se livre à l’exercice est toujours félicité pour la beauté de son âme et l’étincelante lumière dans laquelle baignent ses bons sentiments et ses mauvaises manières.  

Puisque nous baignons encore pour quelques heures dans le halo de la campagne électorale pour la municipalité de Paris, gagnée haut la main par la pire maire qu’il n’y eut jamais dans la ville, intéressons-nous au cœur de la campagne. Tout s’est joué sur le vélo. Scander « vélo, vélo, vélo », a suffi à emporter l’adhésion du reliquat de votants non découragés.

Quelles peuvent être les relations entre écologie et urbanisme dans une capitale jusqu’ici considéré comme faisant partie du nord froid du pays ?

Nous répétons souvent ce chiffre, parce qu’en matière d’écologie la démographie est tout : il se créé mondialement chaque année l’équivalent de 50 Paris. En une mandature, 300. On pourrait raser Paris et en faire une nouvelle Amazonie, l’impact sur le réchauffement global serait absolument nul car il resterait la création de 299 villes de Paris nouvelles et bien moins écologiques. N’importe quelle personne raisonnable ne peut que dire : les décisions parisiennes, quelles qu’elles soient, n’auront AUCUN effet sur le réchauffement climatique. Pour reprendre la métaphore du piano, ce n’est pas en essayant de faire bouger d’un millimètre mon piano, sachant qu’il va peser 300 fois plus lourd, que je me rapprocherais de mon siège.

Lorsque vicieusement vous glissez cette remarque dans la conversation, aussitôt gicle la réponse péremptoire : l’exemplarité. Notre jeunesse est merveilleuse ; elle veut être exemplaire et porter le cilice, pour expier nos fautes écologiques. L’important n’est pas que cela soit inutile, mais que ce soit moralement beau !  Nous sommes dans la communion et c’est Greta Thunberg qui fournit l’hostie.

Le cilice en l’occurrence, c’est le vélo. La pédale mène au ciel des bonnes intentions écologiques.

Le rationaliste dit : Ok ; Voyons ce qu’on peut faire avec le vélo. Toutes les études montrent qu’au maximum maximorum le vélo ne pourra jamais dépasser 20% des usages si la ville fonctionne normalement. Aujourd’hui on tourne entre 4 et 8% avec des pointes locales à 12% dans les circonstances et les endroits les plus favorables. Les 4/5ème des cyclistes nouveaux prenaient auparavant les transports en commun. Les 4/5ème du reste prenait un deux roues motorisées ou allait à pied et trouve plus sympa de pédaler. C’est-à-dire que la conversion au vélo des gens qui utilisaient une voiture particulière est totalement marginale. Depuis longtemps, ceux qui ont migrés sont passés au deux-roues motorisé. L’impact écologique est encore plus marginal puisque la circulation automobile qui reste est confinée sur des voies réduites et provoque une hausse de la pollution sur les couloirs irrespirables où les voitures bloquées attendent de pouvoir passer.

Tout le charivari sur les voies de circulation organisé par le Grand Débile Nadjovski, un garçon qui a manifestement de graves problèmes psychologiques, n’a donc aucun impact sur quoi que ce soit sinon les nerfs et les finances des Parisiens. Faire du Picasso sur les voies et carrefours en les barbouillant de peinture jaune et en plantant des bites en plastiques jaunasses est au mieux un exercice de vandalisme pour malade mental. Il suffit pour le constater de constater la dernière exaction de cet adjoint représentatif du système Hidalgo : le massacre de la Place de Catalogne dans le 14e arrondissement de Paris, commis DE NUIT, à trois jours des élections : ce n’est pas un communiqué normal mais l’éjaculation extatique d’un maniaque pervers, la bave aux lèvres et ailleurs, qui annonce cette agression.  En fait, le labyrinthe de cinglé organisé sur la place est très dangereux pour les cyclistes, crée un embouteillage avec peu de véhicules, génère une pollution esthétique, gazeuse et sonore (80 coups de klaxons par jour) grotesque. L’anarchie est totale, personne ne respectant les gribouillis peints sur la chaussée. Il va bientôt se produire des accidents graves. Dans l’indifférence générale : personne ne le saura. Top secret.

Le vrai problème est qu’il y a un réchauffement climatique, quelle qu’en soit la raison, et que les villes du nord, comme Paris, vont devoir s’adapter comme l’on fait, avec l’aide des siècles, les villes du sud. L’ennui, c’est qu’on n’a pas quelques siècles devant nous. Quels sont les inconvénients du réchauffement ? Pratiquement uniquement le fait qu’il y aura des épisodes de canicule plus fréquents, plus longs et plus intenses. Trois jours à 30 degrés, ce n’est pas la même chose que 10 jours à 40 avec des pointes à 45 ou même 50 comme certains le prédisent. On sait depuis 2003, que cela peut être mortel pour une partie des habitants, notamment âgés. Alors oui, c’est un grave problème.

Le vélo est-il la solution ? Allons à Marseille : on ne veut pas de pistes de vélos trop encombrantes car on sait que dès que la température dépasse 32 degrés le vélo est déconseillé voire interdit au-delà de 36 sous peine d’accident de santé presqu’automatique. A 40 degrés on ne circule pas, on meurt. A 50, on ne se pose pas la question, on est déjà mort. Le vélo est le premier des instruments inutilisables en cas de canicule ! Accorder la moitié des voies au vélo pour faire face au réchauffement sachant qu’elles seront inutiles en cas de canicule est un effort brillant qu’il faut savoir apprécier à sa juste valeur. Tous ceux qui ont visité la Grèce ou la Sicile le savent : il n’y a pas de cycliste à Athènes ni à Palerme.

Revenons à notre piano et à notre tabouret. Pour se protéger de la chaleur extrême, on a deux solutions : changer les bâtiments ou climatiser les immeubles. Installer une climatisation est peu couteux et peut être effectué en quelques heures. Changer la structure d’un immeuble pour lui permettre d’être fortement isolé coûte une fortune et ne permet pas de faire face à des canicules de plus de 40° degrés, tout en gardant une température inférieure à 25° à l’intérieur. La sagesse est de réserver les investissements de structure à la construction nouvelle et d’accepter la surcharge de consommation énergétique nécessaire pendant les périodes de fortes chaleurs, en climatisant. Evidemment la commission climat formée de quidams tirés au sort pilotés par des écolos fanatiques a proposé d’imposer obligatoirement, sous peine de sanctions terribles, de pousser le piano plutôt que le tabouret et de ruiner les propriétaires en investissements délirants et peu efficaces. Curieusement le locataire, majoritaire, est toujours volontaire pour imposer des contraintes au propriétaire, en espérant stupidement qu’il n’aura pas à en payer les conséquences. Oh surprise, cela se traduit toujours, soit par la raréfaction des logements soit par la hausse des loyers. Le locataire est né malin et sauve la planète, en se tirant quelques balles dans les pieds et les genoux. Il faudrait réfléchir un peu au lieu de jouer les Savonarole irresponsables du pseudo sauvetage du climat ? Impossible !

En 1960 aucune voiture de série ne proposait de clim’. Aujourd’hui toute en propose une, ce qui au passage, aggrave la consommation d’essence. On peut dire la même chose des hôtels de luxe à Paris qui ont dû s’adapter aux nécessités et proposent quasi tous aujourd’hui des chambres plus spacieuses et climatisées. Bientôt tous les immeubles nouveaux seront climatisés avec des systèmes réversibles (on chauffe ou on refroidit). Tous ! Parce qu’il n’y a pas le choix et qu’associée à une meilleure isolation structurelle, la solution est efficace. La solution sera praticable aussi pour les bâtiments de bureaux des années 60 et 70 qui sont des structures en béton avec des murs rideaux. On change la peau et on dispose d’un bâtiment climatisé et bien isolé. Ces opérations se multiplient à Paris. Elles n’ont pas besoin de subvention : la plus-value immobilière suffit à financer l’opération.  Pour tout le reste du bâti, c’est un autre problème.

Quand les démagogues insistent sur le fait de refaire tous les logements sociaux pour qu’ils soient bien isolés, cela fait rire. Il faudrait en détruire totalement la majorité en expulsant au moins temporairement les habitants. Et il faut voir la tronche des petits propriétaires sommés d’investir des sommes colossales pour « se mettre aux nouvelles normes » alors que « l’immigré nigérian polygame qui vient d’arriver avec des quatre épouses et 12 enfants dispose de tout gratuitement ». Les coûts sont extravagants. Les conséquences on les connait : 7 milliards d’emprunts nouveaux à Paris !  Mme Hidalgo a donc mis un système mafieux en place : on pousse les grands promoteurs à multiplier les opérations immobilières juteuses et on récupère une fraction pour disposer gratis de quelques appartements aidés. La densification immobilière entraine naturellement des pollutions aggravées, pendant la construction et ensuite quand il faut faire vivre tout le bazar. Mais là on ne compte plus les effets écologiques négatifs. On affiche les chiffres de logements sociaux et les quelques arbres plantés aux alentours, si tant est qu’on en plante et qu’ils survivent. On oublie les dettes, la difficulté des déplacements, les augmentations d’impôts, l’iniquité systématique, les vie abîmées.  Et les conséquences de la triple  congestion  des chantiers, de la densification du bâti et de la réduction des voies de circulation.

On sait quelles sont les conséquences de ces sottises à Paris : une ville répulsive, fuie par de plus en plus d’habitants et d’entreprises, dominée par quelques grands promoteurs vivant en symbiose avec  l’équipe municipale, et vouée au tourisme de masse, à la spéculation financière internationale et au logement d’immigrés qui finiront bien par voter bien lorsqu’ils en auront le droit.

Les transformations structurelles imposées par les nouvelles technologies jouent un rôle aggravant. Le télétravail rejettera beaucoup d’emplois hors les murs. C’est pour cela qu’on investit près des gares dans des locaux de bureaux temporaires et dans des hôtels capables de faire passer une nuit aux télé-salariés venant passer deux jours dans l’entreprise et bouffant des merdouillettes dans des « food-spaces » dégueulasses mais climatisés situés à proximité immédiate.  Rembobinons le film : départ à l’aube en voiture ; stationnement près de la gare ; train bondé jusqu’à Paris (avec grèves, pannes, suicides sur la voie etc.). Bureau. Sandwicherie en sous-sol. Bureau. Chambre d’hôtel. Idem et retour le lendemain. Une vie exaltante, malsaine et… énergétivore ! Et Madame qui s’ennuie dans sa maison de semi-campagne dans un village gâché par les constructions nouvelles, quand elle ne travaille pas également, parfois pas sur la bonne ligne ni la bonne gare. Quant à trouver une nounou à Trifouillis-les-trois-banlieues-campagne ! Quant à l’école pour les enfants ! Quant au collège et au lycée ! Un rêve d’écologiste trotskyste en rupture de léninisme !

Les Parisiens qui ne seront pas séduits par le télé-exode feront tout livrer après achat sur Amazon, ruinant ce qui reste de boutiques, et imposant un système de livraison totalement anti-écologique et même anti social, les livreurs étant en général mal payés et surmenés. Les bénefs eux seront détaxés en Irlande !

Inutiles de créer une entreprise à Paris et essayer d’y mener un projet. Tout peut se faire ailleurs à meilleur compte. Après tout Amazon livre partout et Internet se généralise !

La ville est donc condamnée à la décrépitude. Cela a déjà commencé à Paris. Cela se voit gros comme le nez au milieu de la figure du clown Grock.  D’autant plus que Mme Hidalgo a un terrible goût de « jabalí ». La laideur se vend mal dans le privé mais prospère, quand la capitale d’une ancienne grande nation est gérée par une immigrée de première génération, aussi inculte que sournoise, inspectrice du travail caractérielle, dont le sens des libertés publiques s’est formé au biberon sous Franco et arrivée là par la faveur de quelques énarques politiciens socialistes égrillards mais aimant jouer les Pygmalion. Elle s’accroche et Paris décroche.

Il n’y a plus que 40% de votants !  

Il est vrai qu’à Paris, l’affaire du piano et du tabouret a été vite résolue : il n’y a plus ni piano ni tabouret.

Quelques leçons de la plonge dans les restaurants parisiens

En cette période de contestation de la « mâle blanchitude », les questions les plus saugrenues prennent le pas sur des sujets plus graves. Le symbole de notre société raciste et dure aux immigrés serait le fait avéré, et que tout le monde pourra vérifier à nouveau quand les restaurants parisiens reprendront une activité normale, que la plonge est effectuée à Paris de façon fréquente par des personnel « de couleur ».

Du coup de savantes discussions télévisées cherchent à comprendre pourquoi mais rate presque toujours l’essentiel.  

Depuis toujours Paris est une zone d’immigration, le « parisien de souche » étant une espèce très rare. Les métiers du bas de l’échelle ont toujours été pourvus par de nouveaux arrivants.

La domesticité féminine a été longtemps fournie par l’exode rural français, à commencer par les populations des zones hercyniennes pauvres (Vosges, Massif central, Bretagne). Cela s’est pratiquement arrêté dans les années 60. Ensuite on a eu des pays de provenance successifs : Espagne, Portugal, filles au pair polonaises, un peu de Maghreb, Formose, et maintenant l’Afrique, majoritairement puis Extrême orient et Amérique du Sud.

Les restaurants ont connu la même évolution, cette fois côté masculin. Au départ le personnel venait du pays d’origine du propriétaire, qui lui-même venait de régions d’agriculture difficile. Après l’évolution a été la même. Le personnel des plonges sont des gens qui ont quitté dans des conditions difficiles leur pays d’origine : Tamouls expulsés après avoir perdu la guerre civile, africains…

La cause de la rareté de personnes « de souche » tient principalement à la démographie. On sait que les lignées locales historiques ont atteint leur pic vers l’an 2000, les femmes blanches ayant un taux de fécondité de 1.2 environ. La baisse de la natalité interdit de fournir des postes en nombre et le peu d’enfants qui reste s’oriente vers des activités un peu nobles, avec un empressement phénoménal pour les postes publics pas trop durs.  

Ce qu’il faut bien appeler la dénatalité proprement française a conduit à des évolutions géographiques sévères : la banlieue s’est peuplée d’immigrés et les entreprises parisiennes qui trouvent leurs salariés dans la banlieue proche ne trouvent plus qu’eux.  Dès 2000 on ne trouvait pratiquement plus de secrétaires « blanches » ou de programmeurs ou techniciens issus de familles françaises traditionnelles. Encore moins de plongeurs. Mais c’est la même chose pour le personnel de nettoyage, le personnel en salle, les vendeurs en magasin, le personnel de sécurité etc.

Dans une ville comme Paris, l’industrie et les activités polluantes ont été chassées dès les années 60 et surtout dans les années 70. Une partie du patrimoine immobilier s’est détourné de son rôle d’hébergement des Parisiens au profit des investisseurs dans le tourisme. Les étrangers riches ont remplacé les provinciaux riches dans l’achat d’appartement dans des quartiers valorisés.  Les activités de bureau se sont implantées massivement dans les appartements hausmanniens ! Résultat il ne restait plus de place pour les classes moyennes et populaires qui ne sont pas parties en banlieue mais en très grande banlieue et en partie en province accessible en TGV. Paris intra-muros a vu sa population décroître rapidement. Au pic on n’était pas loin de 3 millions. On va bientôt atteindre deux millions.

Le résultat : ceux qui font vivre la ville, comme acheteur ou comme salarié, ne réside pas dans la ville. La crise sanitaire le démontre tous les jours. Sans touristes français ou internationaux les taxis et VTC attendent. Si le télétravail bloque les arrivées quotidiennes de grands banlieusards à Paris, les restaurants et les boutiques sont vides.

La sociologie de Paris, toujours très changeante, s’altère profondément. Ecoles élitaires et Université, art et spectacles, politique et haute administration, presse papier, radiodiffusée ou télévisée, avocats, consultants de toute variété, publicitaire, grandes associations, sièges sociaux, banque et assurance, forment encore le fond de l’activité parisienne.  Mais depuis une trentaine d’année tout s’étiole. Les sièges sociaux partent pour la banlieue ou des pays étrangers. Les jeunes pousses vont s’installer dans les grandes villes de provinces. Les études de médecine sont perturbées par l’impossibilité de loger à Paris les internes et les externes. Leur rémunération étant nationale, ils ne peuvent plus louer et ils partent faire leur cursus en province ou à l’étranger. Les grands hôpitaux ferment les uns après les autres. Paris n’est plus ni la capitale des arts ni celle de la mode. Les administrations ont été largement déconcentrées en province. On l’a vu cruellement avec la crise sanitaire ; 10.000 fonctionnaires à Paris au ministère de la santé, 10.000 dans les ARS régionales. Et il y en a beaucoup trop !

Les grandes idées socialisantes et les verts gauchistes ont ajouté leurs propres conséquences. On construit des logements sociaux pour immigrés en les concentrant dans des ghettos, surdensifiés, en même temps qu’on laisse les réfugiés, les Roms et les clandestins de toute origine s’installer dans la rue et dans les bois.  

Le système Hidalgo est bien rodé et on voit qu’il est aussi solide que sordide :

-        L’ancien factotum d’un milliardaire condamné pour proxénétisme au temps des pornos shops triomphantes et du minitel rose, est chargé de densifier à mort en construisant des centaines de milliers de m2 de surfaces commerciales et de bureau. La presse étant possédée par la poignée de milliardaires dont on permet l’enrichissement, la presse est toujours favorable. Tous les projets, même délirants, sont donc présentés comme idylliques et l’opposition à Hidalgo ne passe pas par la presse. Notre industriel de la pornographie qui possédait quelques pornoshops dans la rue de la gaîté ou lieux du même genre, est désormais propriétaire d’une forte partie de la tour CIT et de la Tour Montparnasse. Et de la presse de gauche !  Merveilleux fumet ! C’est le triomphe de M. Missika.

-        L’argent de la plus-value immobilière sert à financer quelques logements sociaux et la destruction de la rue pour faire plaisir aux écolos, ce qui interdit les flux entre Paris, sa banlieue, sa grande banlieue, la province et le monde. L’antibagnolisme primaire est l’écologie des imbéciles. C’est le triomphe de M. Nadjovski.

-        La dette s’envole et les impôts pour des opérations d’achats de votes clientélistes et la fourniture de postes bien rémunérées à des équipes communistes venant de banlieue. C’est le triomphe de M. Brossat, heureux de la substitution de population. Les écoles parisiennes se vident et celles qui restent ne voient qu’une minorité d’enfants blancs.

-        Des quartiers entiers deviennent des banlieues comme les autres avec une flambée de la délinquance.

Tout cela conduit à la mort économique de Paris, qui devient un archipel de zones incompatibles et mortes s’il n’y a pas de tourisme. Les personnes âgées sont éjectées. Les classes moyennes sont éjectées. Les administrations pléthoriques ne peuvent plus loger leurs fonctionnaires. Le commerce disparait au profit des livreurs.  La ville devient répulsive et ses habitants réprimés.

Comme toujours avec les mesures « symboliques », on entre dans l’outrancier et le contreproductif. L’extrême gauche au pouvoir adore cela, les mesures symboliques qui vous font réélire sur fond de désastre.

La politique de chasse aux automobilistes n’a évidemment aucun impact sur la pollution et encore moins sur le réchauffement climatique global.  Comment le pourrait-elle ? Chaque année se crée dans le monde l’équivalent de 50 Paris. En 6 ans, durée d’une mandature, cela fait 300 nouveaux Paris. Wuhan dont personne n’avait entendu parler, c’est 12.000.000 d’habitants, six Paris ! Comme Séoul. Deux villes, 12 Paris. On supprimerait Paris pour en faire des marais humides, l’impact sur le réchauffement global serait exactement nul. Pire, la politique suivie d’énorme densification immobilière et de multiplication des centres commerciaux géants a un effet évidemment délétère sur la pollution. Et le vélo ne dépassera jamais 15% des besoins de déplacements quotidiens dans une période normale !  Tout cela est déraisonnable jusqu’au grotesque.

Paris est désormais une ville ruinée et répulsive, proie facile d’une politique municipale à la napolitaine, menée par des immigrés de première ou seconde génération, avides d’argent et d’honneur, quitte à faire n’importe quoi. L’arrivée des Jeux Olympiques finira de la ruiner. La multiplication à l’infini des débarquements de manifestants haineux et de casseurs n’arrange pas les choses. En réprimant la Commune, Thiers avait mis fin au pouvoir délétère des révoltes de corporations minoritaires mais tenant en respect l’Etat. 150 ans plus tard ce ne sont plus les parisiens qui sont à la manœuvre, mais les manœuvres ont toujours lieu à Paris.  L’insupportable finira par ne plus être supporté.

Et ce qui reste de restaurants aura toujours des personnels à la plonge issue de populations en difficulté récemment arrivées, quelle qu’en soit l’origine, et qui finalement seront bien contents d’avoir ce travail.

Dégringolade

Il y a des jours comme çà. Tout dérape. Tout part en quenouille. Les yeux se décillent. Les illusions s’évaporent. Les béquilles usuelles qui nous permettent de ne pas tomber, se cassent. Nos bouées morales se dégonflent. Un océan de sottises emporte tout en tsunami. Comme ces touristes surpris par la grosse vague terrifiante qui s’approche, et dont l’œil vire sous l’effet de la terreur, nous commençons à cavaler dans nos têtes de façon éperdue, en cherchant un coin de survie morale.

Quel beau jour que celui où notre presse bien aimée nous a gâté par l’affichage raffiné d’un bouquet de nouvelles épatantes :

-        La Turquie, notre « alliée », s’installe en Lybie, après avoir annexé une partie de la Syrie. Que la diplomatie française est belle et efficace !

-        Mme Hidalgo annonçe avec son air de fouine réjouie habituel que la vitesse à Paris serait réduite partout à 30Km/h et que toutes les voitures diesel seraient interdites avant la fin de son prochain mandat.

-        Le conseil des 150 imbéciles tirés au sort par Macron-le-petit-malin, publiait 150 mesures plus débiles les unes que les autres. A quand un conseil tiré au sort pour régler tous les problèmes qui nous accablent ?  Quand on demande à des inconnus ignorants de régler les problèmes du monde, ils choisissent les mesures les plus radicales sans mesurer les impacts. Passons à 300 membres : on est sûr qu’on aura 300 sottises.

-        Pendant quatre jours une guerre urbaine avec armes à feu a eu lieu entre musulmans tchéchènes et musulmans arabes. « Chef, nous sommes deux contre 150 et ils sont armés. Qu’est-ce qu’on fait, chef ? ». On passe le bac (dévalué) mais La BAC, elle, est dépassée.

-        La statue du Général de Gaulle était couverte de peinture rouge et des manifestations nombreuses demandaient de supprimer les statues des « grands hommes français ». Les minorités étrangères et raciales se sentent majoritaires. La pavane anti-française s’organise sans obstacle.

-        Le Ministre de l’intérieur, ancien traîne latte de salles de jeux et du demi-monde de la nuit, reconverti dans le socialisme méditerranéen, explique que l’émotion doit l’emporter sur la loi !  « Castaner+Idiotie » sous Google, cela fait 4.500 messages !

-        On pleure sur le sort d’une « infirmière héroïque applaudie à 20h » qui a balancé un pavé de 2 kilos sur les agents et qui s’est fait embarquée sans trop de ménagement. Elle soignait son asthme au gaz lacrymogène !

-        L’ancienne procureur qui a inculpé Fillon plus vite que son ombre, explique qu’elle a subi d’énormes pressions mais que non, finalement, on l’a mal comprise.

-        Toute la presse bruisse d’articles à la gloire de MM Kohler et Ribadeau-Dumas, les figures caricaturales du pays profond énarchien.

-        M. Macron pense remplacer l’énarque masculin Philippe par l’énarque féminin Parly 2 à la tête des ministres. Quelle audace ! Quel président !  Quelle réinvention ! Finalement il choisira un énarque sinistre à accent du territoire. Cela vaut bien une femme énarque.

-        On a dépassé les 300 femmes violées dans le 14e arrondissement de Paris et la 5000ième agression contre une femme, depuis la dernière élection municipale, du fait de la substitution de population et d’un urbanisme criminogène. Au même moment Mme Schiappa, candidate « féministe » dans l’arrondissement expliquait que les électeurs locaux étaient des buses et qu’il ne fallait pas tenir compte de leur bêtise.

-        Un commentateur particulièrement fringant, connu pour toutes les erreurs de prévisions qu’il accumule depuis au moins 20 ans, explique que l’Europe vient d’être sauvée par la Commission grâce à un emprunt conçu d’une façon telle que la France devra rembourser 100 milliards pour les autres pays de l’Union ! Dans la même phrase, il explique que cet emprunt était la « dernière chance de l’UE ». Cet emprunt sauve -t-il les Français ou le projet fédéraliste européen ?

-        M. Macron, « le penseur de l’impensable », impose que le Doliprane soit fabriqué en France ! Non mais ! Et tous les fabricants de masques français, applaudis et encouragés dans l’émotion, se retrouvent avec des stocks invendables du fait des importations massives en provenance de la Chine. Le monde appartient aux lève-tôt… en attendant que les autres arrivent. La production appartient aux Français en attendant que la Chine les livre.

-        M. Trump roule dans la farine M. Le Maire. On ne taxera pas les Gafa. L’OCDE, créée pour répartir les prêts du plan Marshall, se survit comme une énorme bureaucratie et ne sert rigoureusement à rien. Mais les places sont bien rémunérées. Ne touchons à rien.

-        Un policier noir français se fait insulter comme traître à sa race et collabo des blancs racistes.

-        …

Heureusement le Français est né malin. Il a la déconfiture pétocharde et heureuse. Il n’y a plus de nation, plus d’état, plus de diplomatie, plus d’économie, plus de police ni de justice, plus d’enseignement, plus d’artistes, plus de cinéma, plus de littérature, plus de goût, plus de santé. Il n’a plus d’homme d’état ni de journalistes de qualité.

Bientôt on organisera devant les grands bâtiments que le monde nous envie des espaces d’agenouillement et de contrition.  La Sorbonne deviendra un lieu d’expiation collective, retrouvant sa fonction de régulation religieuse historique. Mme Hidalgo triomphalement réélue a renoncé à un objectif « ambitieux » de 2 vaches sur chaque toit à Paris d’ici 2024, à cause des effets de serre de leur gaz. Une réduction de la vitesse des métros à 20 km/h, puisque ce sont eux qui polluent le plus a été également écartée, comme la fermeture du périphérique pour implanter 50.000 fermes collectives vouées à la permaculture. Mais on y reviendra. On cessera de recruter des policiers blancs et on réservera les logements sociaux et les aides aux minorités agissantes. L’impôt sur les riches passera à 90% de leur revenu et l’ISF rétabli sera porté à 4% sur leur patrimoine. Faut c’qui faut !

Heureusement, on peut aller au Louvre, quand les fonctionnaires n’exercent pas leur droit de retrait, c’est-à-dire rarement, pour contempler le radeau de la Méduse.

Et personne n’a honte ?

Le « système » français est-il structurellement « corrompu » ?

Nous vivons une époque, et un moment dans l’époque, qui stimulent les gourous fous et les sociologues de l’apocalypse, les moralistes à trois balles et les économistes foldingues, les journalistes qui se sentent prêtres mais d’une religion d’autant plus impérieuse et affirmative qu’elle est plus changeante, douteuse et en pleine contradiction avec la réalité.

On se souvient qu’en mai 1968, à l’Odéon, une période et un lieu tout à fait typiques de ce que nous vivons en ce moment, un imbécile heureux expliquait que le réel était fasciste et qu’il était vain d’essayer de le connaître, de le comprendre et de le maîtriser. L’important était de soutenir les révolutions quelles qu’elles soient, parce que la Révolution était la somme des révolutions qui détruisent la bourgeoisie pourrie. Aujourd’hui, la bourgeoisie pourrie a été remplacée comme victime désignée par l’homme blanc occidental pourri qui doit s’agenouiller sur ordre lorsqu’il rencontre un groupe « d’indigénistes » furieux. Les mécanismes sont les mêmes. Le masochisme d’une partie de la jeunesse récusant les succès économiques de leurs pères s’apparente au masochisme d’une partie de la jeunesse dorée occidentale qui sombre dans une repentance d’autant plus intense qu’elle est repue et peut se permettre de vivre bien sur la lancée du travail des autres.

Dans ce désordre politique économique et mental que le Sars-Cov-2 a aggravé dans de grande proportion, la désespérance s’installe qui induit découragement et passivité, renoncement économique et national, soumission à un politiquement correct importé. Il faut absolument redonner une énergie positive à la jeunesse qui ne sait plus trop où elle est et quel avenir à envisager.

Un des moyens est de lui donner de la résistance vis-à-vis des idéologies dangereuses et des mouvements destructeurs, en montrant les effets délétères qu’ils ont déjà eus en France depuis plusieurs décennies. Il faut qu’elle prenne conscience qu’il faut effectivement ne pas perpétuer plus longtemps les erreurs de la fraction d’une génération qui a cru au socialisme, façon 1 870 et qui se retrouve 40 ans après le triomphe de Mitterrand avec le même revenu moyen qu’elle avait à l’époque, alors que partout ailleurs, le revenu a augmenté parfois du double ou du triple.

De même, il est important de donner à nos futures élites, les outils pour bien comprendre ce qui n’a pas marché dans la mondialisation et pourquoi elle n’a pas eu les résultats ressassés pour les Français et plus généralement pour les sociétés occidentales. Observer et comprendre : rien n’est plus important et urgent. Les éléments d’une diplomatie de la prospérité doivent être construits et assemblées puis mis en œuvre.

La vocation de l’esprit français est d’observer et comprendre pour agir. Mais voilà : ce mécanisme national vital est à l’arrêt. On ne pense plus en France. Certains cherchent à comprendre cette anémie soudaine qui nous ressemble si peu. Certains s’interrogent : le « système » qui s’est peu à peu imposé en France a-t-il tué nos réflexes nationaux ? L’a-t-il corrompu au point de les stériliser ?

Creuser cette piste n’est pas facile parce que les concepts de « système » et de « corruption » ont pris tout l’espace dans la sphère complotiste qui prévaut à l’extrême gauche, à l’extrême droite et au sein de l’écologisme extrémiste.

Un « système » politique est l’ensemble des mécanismes qui permettent à un groupe de dominer le pouvoir. La « corruption » est l’ensemble des moyens déloyaux qui permettent de le conserver, illégitimement du point de vue de la démarche démocratique

Un système corrompu ne permet plus l’exercice normal de la réflexion collective et le travail collectif de construction de l’avenir. Il ne fait qu’assurer la survie du groupe qui s’est approprié les pouvoirs.

Lutter contre un système corrompu est compliqué parce qu’il s’agit de dénoncer plus qu’un mensonge éhonté. Ce n’est pas un combat ouvert entre forces politiques déclarées. Il s’agit de détecter, s’ils existent, des mécanismes qui empêchent le débat et permettent de couvrir durablement des emprises éventuellement intéressées. On ne parle plus de prévarications et d’actes délictueux qui devraient être poursuivis au pénal. Mais d’une situation de fait, en elle-même non délictueuse mais qui autorise de mener des politiques favorables à des intérêts sans que cette situation ne puisse être connue du grand public ou en neutralisant ses réactions.

Un « système » est au-dessus des partis, auxquels il s’impose. La corruption est larvée et ne passe pas par des valises de billets mais par une information trompeuse qui ne peut pas être corrigée, alors que des décisions sont prises qui favorisent des intérêts privés. Un « système corrompu », par nature, est là pour durer et s’offre les moyens de durer.

Certains auteurs posent clairement et ouvertement la question de l’existence d’un système corrompu en France. Il s’agit souvent d’observateurs qui ont été au contact de décisions favorisant des intérêts particuliers et présentées de façon trompeuse comme un formidable progrès pour la collectivité. Ils constatent que les hommes qui ont porté ses décisions sont des hommes liges de gros intérêts et qu’eux-mêmes n’ont aucun moyen de rendre public leur soudaine inquiétude. Certains font partie des élites potentielles et constatent qu’on leur demande d’entrer dans un « système » dont ils constatent très vite qu’il est verrouillé et qu’ils y joueront un rôle de complices ou qu’ils en seront expulsés.

L’exemple le plus typique de cette dernière approche est celle de Juan Branco, jeune homme bien sûr tout rapport, candidat parfait pour être intégré dans le système et le servir. Il joue le jeu et découvre soudain qu’on lui fait jouer un rôle de pantin et s’insurge. Au lieu de « jouer le jeu », il devient « incontrôlable », le mot-clé dans tout système corrompu, et cherche à faire savoir ce qu’il sait et ce qu’il pressent. Son livre Crépuscule ne trouve pas d’éditeurs connus et il fait soudain l’objet d’un opprobre organisé dans tous les médias. Son image publique est salie de façon systématique. Sa parole est stérilisée parce que l’homme est vilipendé de façon concertée par pratiquement tous les organes de presse écrite, radiodiffusée ou télévisée.

Sa mésaventure est surtout intéressante parce qu’elle révèle du fonctionnement de la presse française qui ne pratique plus l’information mais joue un rôle de maîtrise de ce qui est dit et non dit, avec des méthodes inavouées et scandaleuses de bannissement au service de certains intérêts. Un journaliste ne fait plus une interview : il encense ou il détruit l’image de l’interviewé, en fonction d’ordres reçus ou en surenchérissant spontanément pour complaire à son employeur. Le journalisme pilori a pour but de faire taire et de maintenir l’image du système. Tout le monde a constaté que la presse était aux mains de peu de personnes et en vérité contrôlée par une poignée de milliardaires vivant principalement des commandes de l’État ou de collectivités publiques.

Le « Groupe Les École Parisien appartient à LVMH, de Bernard Arnaud. Le Point appartient à la famille Pinaut. Les journaux dits « de gauche », quotidiens ou périodiques, appartiennent de fait ou de droit à Xavier Niel. Les chaînes d’informations privées dépendent soit de Bolloré, soit de Bouygues, soit de Drahi. Lagardère possède l’express Europe 1 et le JDD. L’histoire est connue. Lagardère, Pinault, Arnaud, Niel, Drahi, Bouygues, Dassault tiennent la TNT, la radio, la presse périodique et la presse quotidienne. Tous dépendent de la commande de l’état et sont donc directement intéressés à en contrôler les dirigeants comme ceux des échelons régionaux ou locaux qui ont une importance systémique comme Paris. En contrôlant la course à l’Élysée, ils acquièrent la « reconnaissance » des médias publics aux ordres du pouvoir qu’ils ont aidé à mettre en place.

L’essentiel de l’intérêt du livre Crépuscule est de montrer la jonction entre la capture du pouvoir politique par la haute administration, principalement socialiste depuis Mitterrand, ce que nous appelons l’Énarchie Compassionnelle, et ce monde des grandes fortunes financières qui a entièrement conquis le domaine médiatique en grave difficulté financière. Comme l’État tient la presse, par ses subventions et le contrôle des banques, le système médiatique est totalement verrouillé. Les grandes carrières politiques ne sont plus possibles sans l’acquiescement ou la soumission à ce groupe organisée et désormais largement fusionné.

Considérons maintenant un autre cas exemplaire : la gestion de la ville de Paris. Les énarques mitterrandistes ont imposé Mme Hidalgo, femme d’énarque et amie de l’énarque Hollande. Elle a mis en place son propre système qui est fondé sur la satisfaction de trois clientèles :

-          Les super riches et grands groupes financiers qui tiennent les médias. Ce sera le travail de l’adjoint Missika

-          Les communistes, pour n’avoir pas d’ennemi à gauche. Ce sera le rôle de Ian Brossat.

-          Les écologistes d’extrême gauche, pour ne pas avoir d’ennemi du côté des Verts. Ce sera la fonction du monomaniaque Nadjovski.

Le système a pour but de conserver le pouvoir indéfiniment en distribuant la manne des 7 milliards empruntés par la ville sans compter la hausse délirante des impôts (ils ont doublé !). Des masses d’argent colossales vont être déplacées des poches des Parisiens vers des portefeuilles amis. Tout ce trafic sera présenté de façon frelatée par la presse possédée par les mêmes intérêts privés et il sera totalement interdit de laisser passer la moindre information contestant les présentations outrées jusqu’au ridicule qui veulent faire passer la spéculation immobilière comme la création d’un bien commun.

M. Arnault pourra construire son musée au Bois de Boulogne ; M. Pinaut récupérera la rotonde de la bourse du travail ; Unibail accumulera les grands chantiers, du nouveau centre Gaîté et son cadeau de 13,000 m2 de bureaux, à la tour Triangle, en commençant par le scandale du forum des Halles et la catastrophe de la canopée. L’énorme opération Montparnasse va permettre de troquer une halle commerciale à bout de souffle en une opération immobilière majeure permettant de créer 1 milliard de valeurs pour une poignée de très grands investisseurs. Ne pas oublier que M. Missika était l’homme lige de M. Xavier Niel, condamné pour proxénétisme, et dont toute la fortune dépend désormais des licences concédées par l’État.

Toute la presse citée plus haut présente ces opérations comme de formidables opérations au service de la ville, en gommant tous les aspects problématiques, parfois scandaleux, qui les grèvent, comme l’annexion d’une partie du domaine public, la destruction des trottoirs par des autoroutes à camions, la densification extrême anti-écologique, les travaux malsains de longues durées. À Maine Montparnasse les travaux massifs ont commencé en 2017 et dureront jusqu’en 2030 au minimum : Ils vont gâcher la vie d’une ville de 30 000 habitants. N’espérez pas voir ces critiques apparaître dans la presse. Les périodiques comme les quotidiens trouvent ces opérations extraordinaires et étouffent toute critique.

Les communistes sont branchés sur des dizaines de chantiers divers où ils peuvent trouver des places à la tête de sociétés ad hoc, comme conseillers de ceci et de cela, comme enquêteurs, comme communiquant. L’opération Oasis est l’exemple même de ces opérations qui sont imposées sans aucune vraie concertation et implantées n’importe comment, même là où c’est radicalement impossible. On est frappé de voir le nombre d’organismes nouveaux qui sont domiciliés à Montreuil. Le slogan Hidalgo aux Communistes : enrichissez-vous !

Le prétexte de ces opérations est toujours la création de logements sociaux ou le financement de pistes à vélos, quitte à les créer n’importe comment et de générer des conflits locaux intenses du fait des conséquences désastreuses. L’important est d’avoir un prétexte et un affichage. Et que les mandants soient contents et soutiennent la réélection.

Le clan Macron a tenté de mettre la main sur le pactole Parisien, avec Griveaux, ancien agent d’influence d’UNIBAIL. Cet énorme organisme financier a aussi imposé un de ses directeurs sur la liste électorale LREM du 14e. On n’est jamais trop prudent. Pourquoi se gêner ? Le maintien de Buzyn, qui est déconsidérée et n’a plus aucune chance, a pour but de conforter le système parisien si favorable aux grands intérêts, puisqu’on ne peut pas s’emparer de la place. C’est la justification du maintien parfaitement inutile et disgracieux des listes Buzyn qui n’ont pour rôle que de faire perdre la liste des Républicains.

N’espérez pas trouver la moindre information dans votre presse nationale ou vos revues préférées. Le silence est total sur les difficultés et le dithyrambe pro hidalgo règne sur tout ce qui est publié.

Au total on voit qu’à l’échelon national comme à l’échelon local un système de pouvoir est en place qui corrompt le débat démocratique dans des proportions massives et empêche en fait une information honnête, qui est le carburant de la démocratie.

Alors oui, il faut admettre qu’en France un système est en place qui corrompt le processus démocratique. Il est indispensable de corriger ces déviances. Nous proposons depuis des lustres deux mesures cruciales :

-          Séparer le domaine du politique du domaine administratif en interdisant toute élection d’un fonctionnaire dans une assemblée qui vote ses conditions d’existence, tout en empêchant le cumul de rémunérations publiques, ou le cumul de rémunérations publiques et privées.

-          Interdire la possession d’organes de presse à des intérêts qui dépendent fondamentalement de la commande publique.

Si nous n’avons pas le courage d’imposer ces mesures, nous allons vers la perpétuation d’un système de corruption politique et économique avéré et indigne de la tradition républicaine française.

Les Enarques face à la contestation de la bureaucratie française

Depuis qu’ils ont imposé Macron au pouvoir, par les moyens, que l’on sait, contre un insolent qui prétendait réduire drastiquement le nombre des fonctionnaires et modifier leurs statuts et conditions de carrière, l’Enarchie a été secouée par les Gilets Jaunes et la montée des « populismes » qui n’acceptent plus la « dictature des élites », en fait des hauts fonctionnaires. La crise sanitaire explose et tout d’un coup la scène médiatique s’emplit du spectacle sinistre d’une France bureaucratique au dernier degré et plutôt inefficace, alors que la dépense publique est au plus haut mondial et dans des proportions éhontées.

Cela chauffe pour la réputation de l’Enarchie qui avait l’habitude d’imposer aux médias un discours permanent sur la « merveilleuse fonction publique que le monde nous envie », dont la déclinaison médicale, « le merveilleux système hospitalier que le monde nous envie », a explosé en plein vol sous l’effet du virus. Lorsqu’on a cassé l’abominable ORTF, le mensonge sur « les merveilleux techniciens que le monde nous envie » avait pareillement éclaté. L’Etat, depuis la défaite de mai-juin 40, sous Pétain puis à la Libération, a pris la main sur toute la société et imposé sa chanson mensongère sur les bienfaits illimités de la bureaucratie française.  

Chirac avait proposé à Giscard par une lettre dont le contenu n’est plus facile à trouver sur le net, de ne pas tenir compte des esprits chagrins qui trouvaient qu’on allait trop loin dans l’intervention de l’Etat. Il fallait ignorer ces réclamations et avec un peu de doigté l’énarchie était là pour mille ans. Mitterrand n’a fait que reprendre la chanson, en poussant l’aile gauche de l’Enarchie.

Depuis les années 1990, les deux pentes idéologiques se sont rejointes pour défendre leurs intérêts communs. Ces hauts fonctionnaires savent parfaitement que les différences entre eux sont minimes. Le « en même temps » de Macron traduit cette quasi-identité. Comme l’énarchie a capturé le pouvoir politique et détient, structurellement, le pouvoir administratif, il ne reste plus que la rue et Internet à ceux qui n’acceptent pas le régime résultant.

Le problème est que le résultat global, pour la France, de cette mainmise, est catastrophique. L’affaire devient fâcheuse, car cela se voit. D’éminents représentants de la caste interviennent dans la presse pour contrer des réactions qui pourraient devenir gravement dommageables pour son monopole.  Nous avons déjà commenté un premier effort, ridicule. En voici un second, pire encore.

Un certain Jean-Ludovic Silicani prend la plume dans le Figaro du jour pour recadrer le bien penser. L’angle d’attaque est une plainte contre la mauvaise information des Français. Ils ne se rendent pas compte, les vilains, de la belle réalité que l’on doit aux hauts fonctionnaires. Cet énarque, ancien commissaire à la réforme de l’Etat, avec les merveilleux résultats que l’on sait, trouve abominable qu’on puisse penser que la France et ses élites administratives… cherchent à imposer un système anglo-saxon fondé sur la rentabilité. Il ne faut pas confondre Thatcher et leur action, tout de même. La preuve : l’Etat français est le grand champion en matière d’impôts et de dépenses publiques, d’effectifs publics et d’aides publiques. C’est bien la preuve que l’énarchie est sympa non ? On pensait que c’était une difficulté. Mais non ! Le vrai problème, pour un haut fonctionnaire, c’est que l’extrême gauche parle de thatchérisme !  

Notre auteur veut que nous  gardions à l’esprit que notre leadership fiscal mondial n’est pas le fruit d’un étatisme de mauvais goût. L’état français, proprement dit, n’est pas plus lourd que partout ailleurs.  L’Etat est une arroseuse mais pas pour les fonctionnaires. En fait on a fait le choix d’en recruter beaucoup mais sans les payer bien. Les fonctionnaires travaillent pour le bien commun avec de petits salaires. Ils se dévouent pour les autres sans en trouver une grande satisfaction financière. Admirez leur vertu ! Si les dépenses sont hautes, c’est parce qu’on gave d’argent cash les Français. La dépense publique, c’est à 60 % des redistributions d’argent. Si vous voulez réduire, tapez dans ce paquet-là,  svp, nous suggère notre auteur ! En vous rappelant l’injustice des propos des Gilets jaunes sur l’abandon de la France périphérique : l’essentiel des redistributions concernent les pauvres et les régions. On est si gentil ! 32% du PIB et 5 points de mieux qu’en 2000, voilà la réalité du système redistributif français. Les gentils fonctionnaires sous-payés s’acharnent seulement à bien distribuer le tout.

La seule chose qu’un ancien commissaire à la réforme de l’Etat ait à dire tient dans le message suivant : « sabrer si vous le voulez dans les dépenses de redistribution mais pas dans celles de l’administration ». On comprend pourquoi le RGPP et toutes les initiatives de ce genre n’ont eu aucune efficacité.

Alors oui, par rapport à l’Allemagne toutes nos politiques sont plus coûteuses de plusieurs points de PIB. C’est bien la preuve qu’on n’a pas choisi la voie anglo-saxonne de la rentabilité, non ? Cesser de nous reprocher de ne pas faire ce qu’il faut. Nous, bons énarques, nous faisons tout pour vous satisfaire.

La solution de l’énarchie militante : conserver notre niveau élevé de dépenses publiques, certes sans l’augmenter trop. Car les Français aiment cela et c’est notre ADN national.  « Demande forte de la nation et ciment national », on ne peut pas toucher au sacré ! Surtout que dans presque tous les domaines, cela ne marche pas terrible, terrible. La santé, l’école, etc., on est mal. Le but est de faire mieux mais sans réduire quoi que ce soit naturellement. Pour cela « il faut moderniser en profondeur la formation, les missions, les parcours professionnels et les rémunérations » des agents publics. Et comme il y a une certaine incompréhension des administrés, il faut déconcentrer au plus près.

Résumons : « nous hauts fonctionnaires, nous sommes formidables. On n’est pas du tout animé par l’idée de profit et de résultats à l’anglo-saxonne. Nous sommes nombreux mais pas chers. On se sacrifie pour les autres. Si vous n’êtes pas contents, réduisez les redistributions mais ne touchez à rien chez nous. Et laissez-nous nous auto-organiser à notre guise pour vous servir ».  CQFD !

Aucune réflexion sur les motifs qui font que les grandes fonctions publiques sont à la dérive. L’excès de bureaucratie est présenté comme la preuve positive qu’elle n’est pas animée de prurit anglo saxon mais pas comme un problème ! L’excès de redistribution, d’impôts et de taxes qui ont conduit à la stagnation du salaire moyen pendant quarante ans, et au recul français dans presque toutes les industries ? Pas un mot.  Le temps de travail trop faible des agents, leur productivité insuffisante, leur tendance à paralyser la vie par des réglementations toujours plus nombreuses, enchevêtrées et complexes ? Pas un mot. Certes les infirmières sont les plus mal payées d’Europe, mais pourquoi le Ministère de la santé et les ARS concentrent-ils 20.000 fonctionnaires, alors qu’il n’y a que 30.000 médecins de ville généralistes de moins de 60 ans ? Que l’administration représente 35% des postes en France dans la santé contre 25% en Allemagne, avec des résultats qualitatifs en matière de soins défavorables à la France ?

Ce monsieur Silicani se garde bien de préciser quelles réductions il proposerait dans les redistributions d’argent en cash. 

La conclusion est évidente : il ne faut pas réduire le champ de l’administration, ni ses effectifs. Ne touchons pas aux exécutants sur le terrain. On doit simplement les aider à travailler plus et mieux.

On ne peut pas se moquer du monde plus gracieusement.

La première mesure fondamentale est de séparer le politique et l’administratif en France et casser l’énarchie compassionnelle dominante. La mentalité des trop nombreux Silicani en France interdit toute réforme utile. Ce n’est pas à eux qu’il faut confier la réforme de nos politiques publiques. Ils devront l’exécuter, sous la tutelle étroite du politique donc des citoyens. Et obéir. Les vertus qu’on attend d’eux est l’efficacité dans l’application des décisions politiques. Pas la défense et l’illustration des ravages qu’ils causent depuis qu’ils ont pris le pouvoir en 1974, avec le couple Giscard- Chirac, dommages qu’on voit si bien avec le couple Macron- Philippe, près de 45 ans plus tard, alors que le pays est à genoux. 

Revenu moyen des Français : le même qu'en 1980

40 ans de perdus

La France intellectuelle dominante est depuis des lustres un bouillon d’anticapitalisme fervent, tendance socialiste cassoulet avant-guerre puis marxiste-léniniste, ou franchement communiste dans l’immédiat après-guerre, avant de sombrer dans le trotskisme et le maoïsme, désormais un peu passés de mode et remplacés depuis peu par un écologauchisme, teinté d’indigénisme et de n’importe quoi du plus bel effet. Les virus varient comme chacun sait, et le bouillon de culture socialiste français, désormais ensemencé par le radicalisme des campus américain plus que par la révolution cubaine, est propice aux plus extrêmes mutations.

Les Français n’ont pas de chance avec leur idéologie progressiste (mais anti progrès )  dominante. Bercés par ses recommandations, Ils se croyaient super malins de danser au son de l’accordéon dans les usines au moment où Hitler réarmait et se proposait d’envahir le pays. Il le fera en 15 jours chrono. C’était exactement il y a 80 ans. Bravo ! Ils se proposaient en mai 68 de changer la vie et tuer la société de consommation, et ils eurent la crise de 1973-74 qui allait faire durablement dérailler la croissance. On leur a dit : c’est le moment de passer à autre chose et de devenir européens. Et l’Europe les a asphyxiés et ruinés en acceptant de jouer le jeu financier international qui mènera à la crise de 2008. Depuis quelques temps, toujours avec les mêmes guides, ils voulaient tuer l’économie au profit théorique de la nature et la nature leur a envoyé un virus qui a tué l’économie.

Cet art dans l’appel à la catastrophe est tout à fait remarquable. Le Français, né malin, aime le désastre et la flagellation. Il l’appelle de ses vœux avec insistance. Il suffit de décompter le nombre ahurissant d’abrutis qui profitent de la crise sanitaire pour se faire valoir en gourou cosmoplanétaire et empestent les médias officieux ou officiels de leurs invectives et imprécations pour faire avancer leur fortune.

Tous, naturellement, sont « anticapitalistes ».

A ceux qui croient que le socialisme extrémiste, dans l’ensemble de ses représentations, est un vrai bonheur national, il suffit de produire une seule statistique : celle du revenu moyen des français.

Les chiffres suivants proviennent tous de l’Insee.

En 1960 le revenu moyen d’un Français était de 9.900 Euros par an.

En 1980, malgré la crise de 73, malgré Giscard et l’accumulation de ses erreurs (autant de concessions aux intellectuels de gauche), il était passé à 19.300.

Soyons simple :

-        Le revenu moyen des Français a doublé en 20 ans.

En 1990, il était à 20.900. Stagnation complète. Mitterrand était passé par là. Ajoutez Jospin et Aubry, les 35 heures et autres sottises et, en 2004, il était à 22.900.

Nous en sommes, fin 2019, autour de 23.440 avant le coronavirus et nous allons perdre en gros 10% de cette somme dans l’année. On sera à la fin de l’année 2020 autour de 20.000, soit quasi exactement là nous nous en étions quand Mitterrand est arrivé.

Restons simple :

-        Quarante ans pour rien !

La France n’a plus rien, plus d’industrie, plus de système de santé, plus de diplomatie, plus d’action culturelle extérieure, plus de justice, plus de sécurité, plus d’enseignement, une armée qui marche avec des ficelles et qui n’ose plus frapper. Ne parlons pas de la créativité culturelle, devenue une révocul pour débiles mentaux et attardés de salles subventionnées et désormais de festivals annulés, jouée par des intermittents du spectacle qui sont des permanents de la mangeoire publique.  Mais attention : nous sommes parvenus à des sommets insurpassables en matière de bureaucratie, de dettes, d’impôts, de dépenses publiques, de chômage.  Là, nous sommes les champions du monde. Incapables, ruinés, asphyxiés, marginalisés, mais contents avec en plus une société en voie de destruction (on dit archipélisation dans les milieux bien élevés). Notre chômage incompressible est un des plus haut du monde et il va à nouveau exploser autour de 12 à 13%.

Mais nous sommes heureux : n’étions-nous pas près de 66% accrochés au budget de l’état au second mois de la crise sanitaire ! Formidable. Une acmé jamais espérée ! Et notre bienaimé Président l’a dit, l’Allemagne va nous prendre sur sa remorque ! En matière de dettes nous devenons de vrais Argentins avant de tenter le bolivarisme. Encore un effort et la seule dette publique représentera près de trois ans de production marchande !

Alors que nous rattrapions jusqu’en 1980 le revenu moyen par tête des Américains, le programme commun de la gauche et la démagogie inlassable de Mitterrand ont cassé le ressort. Nous revoici en dessous de 50% du revenu des Américains que nous plaignons tous les jours pour l’horreur de leur situation. Nous sommes semés par les Allemands qui ont cru de 15% de plus que nous en 20 ans, en partant de plus haut.  Nous disons stagnation mais la vérité est dans la comparaison internationale :  nous vivons une paupérisation relative depuis 39 ans et une paupérisation absolue cette année.  

Alors, tout soudain, un gouvernement constate que les infirmières françaises sont moins payées que la moyenne des infirmières européennes. Mais, Messieurs du Gouvernement, c’est toute la France qui est dans ce cas, sauf la caste des hauts fonctionnaires, qui a continué, le plus souvent en couple, à arrondir son pécule, en cannibalisant la politique et ce qui reste d’entreprises publiques. N’avez-vous pas entendu parler des Gilets jaunes ?

Il n’est pas très difficile de repérer un malfaisant dans nos médias dès la première phrase. « Il faut savoir la société que nous voulons ». Cela vous pose. C’est que vous voulez quelque chose et que vous savez quoi. Quelle force, quelle énergie et quelle bonté, car naturellement, ce que nous voulons, c’est empêcher ces épouvantables capitalistes, cupides, de ruiner les pauvres et la terre ! Le bonimenteur est toujours soit quelqu’un du monde médiatique qui a fait fortune sans trop se fatiguer et qui veut encore un moment de notoriété et de pouvoir, soit un prébendier sur fonds publics en mal de reconnaissance, d’argent et de pouvoir. Ces doctrinaires ou ces opportunistes ne parlent jamais de la stagnation totale du revenu par tête depuis 40 ans mais recommande avec frénésie les moyens d’y parvenir. Quand vous leur faites remarquer que depuis qu’on suit leurs recommandations, le pays ne progresse plus et que la misère gagne, hop ! la ritournelle ressort : « il faut savoir la société que nous voulons ». Comme si les pauvres voulaient rester pauvres au nom du socialisme et des petits oiseaux.

Le pire entendu dans les derniers 15 jours sur nos chaînes télévisées est le fait d’un immonde personnage doublé d’un illustre inconnu (une aubaine pour les chaînes d’information continue) , expliquant aux commentateurs énamourés qu’il fallait que la BCE donne (sic) trois ans de chiffre d’affaire à Airbus pour que l’avionneur se convertisse « à quelque chose d’utile » et qu’après ce serait formidable. Ce crétin (que dire d’autre ?) rayait de la carte tout transport aérien, tous les sous- traitants d’airbus, tout notre approvisionnement en devise, en inventant l’argent sans prix donné par les autres, sans une seule idée des produits à fabriquer, des coûts énergétiques et de la pollution correspondante. Il a péroré ainsi de longues minutes dans le silence des autres.  Un chef d’œuvre d’annihilation totale de la réflexion par la pensée magique. Et personne ne lui a botté les fesses.

Il faut dire que pour nos nouveaux gourous, tout ce qui reste de la force industrielle de la France doit disparaître : les avions et leurs moteurs, le spatial, le nucléaire, l’automobile, après la pharmacie, les télécommunications, la mécanique, les ordinateurs, les logiciels mondialisés … La crise sanitaire n’est pas un drame mais une opportunité ! Vive la peste ! Viva la muerte !

Un autre exemple effarant est celui de Mme Hidalgo qui à Paris, n’a jamais prononcé le mot « travail » depuis 20 ans. Il est vrai qu’elle était inspectrice du travail et que du travail il n’y en a plus guère à inspecter. Mieux vaut créer des pistes cyclables pour embêter les automobilistes, et arroser lourdement les associations pour être réélue. Travail, travail, travail, et quoi encore ! La dette est passée à Paris, en 20 ans, de rien à 8-9 milliards, en attendant mieux. Pourquoi se gêner ?

Dans 40 ans, à ce rythme-là, les Français de souche ne seront plus majoritaires chez eux et leur revenu aura baissé de moitié par rapport aux autres nations. La stagnation est une chose. La dégringolade et la disparition en sont une autre. Est-ce bien là « la société française que nous voulons » !

Qu’on ne dise pas : c’est impossible ! Les Français viennent de vivre 40 ans de stagnation de revenu moyen et de paupérisation relative sans même s’en rendre compte et sans que personne d’ailleurs ne le lui rappelle. Cet exploit de longue durée n’avait jamais été réalisé depuis 1789 ! Pas un seul journaliste n’a osé simplement le dire même furtivement. Pas un seul. Pas un seul homme politique. Pas un seul parti.

La crise sanitaire est un désastre et ceux qui en sont morts nous rappellent sa gravité. Sur un plan national ce n’est rien à côté du désastre mental, social, politique et économique qu’aura été le gauchisme socialiste post soixante-huitard, le triomphe de l’énarchie compassionnelle, la dissolution nationale dans un européisme soumis aux américains, l’acceptation de systèmes monétaires internationaux et européens dévoyés et finalement l’institution d’un système qui n’est plus vraiment démocratique, où souveraineté, libertés publiques et droits de propriété sont en voie de dissolution.

Français, comprenez ce qui vous arrive ! Reprenez-vous ! La course à l’abîme n’est pas votre vocation. Vous avez été autre chose tout de même. Un peu de courage, un peu de lucidité ! Rien de tout cela n’est obligatoire.   

Quelles leçons tirer de la crise pour les Agences régionales de santé ?

Bureaucratie contre médecine

 Critique de l’article publié le  14 mai 2020  sur Figarovox. Par Xavier Patier, énarque, haut fonctionnaire, écrivain et ancien directeur d’agence régionale d’hospitalisation (ARH).

Un des rares consensus français né à l’occasion de la crise du coronavirus a été la critique des agences régionales de santé : des élus, des directeurs d’hôpital, des médecins, des associations de patients, et même des préfets, ont mis en cause ces institutions. Cette unanimité sonne comme une revanche.

-Non la critique des ARS ne relève pas du revanchisme mais d’un constat de carence de longue durée.

D’où cela vient-il ? Regardons quelques années en arrière.

L’objectif assigné aux ARH par Alain Juppé était simple : restructurer pour faire des économies.

-        Oui réduire l’offre de soins dans la foulée de la crise de 92-93. C’est tout ce que savent faire les bureaucrates : réduire, empêcher, répartir la pénurie. C’est bien cela qui est la cause du malaise. Les énarques ne savent pas soigner. Mais ils peuvent entraver la médecine.

Au point de départ des agences régionales de santé (ARS), on trouve les agences régionales d’hospitalisation (ARH) créées en 1996 par le gouvernement Juppé.

-        Mais oui : l’énarchie n’a pas de frontière politique. On le verra avec Macron.

Les ARH avaient été mises en place avec l’objectif explicite d’écarter les préfets - et donc les élus locaux - de la gestion sanitaire afin de dépolitiser les arbitrages sur l’hôpital pour s’attaquer sans compromis à un système marqué par un déficit abyssal.

-        Il s’agit bien de créer un monopole de pouvoir de caractère soviétique : tout le pouvoir à la nomenklatura d’état en évitant l’intervention des autres.

À la tête des ARH, le gouvernement mit en selle des patrons nommés en conseil des ministres, dotés de pouvoirs étendus, chargés, selon les termes de l’ordonnance d’avril 1996 de «déterminer et mettre en œuvre la politique hospitalière dans la région». L’ordonnance reprenait, pour les directeurs d’ARH, la formule fameuse que l’article 20 de la Constitution appliquait au gouvernement. La presse ne s’y trompa pas: elle qualifia les directeurs d’ARH de «super-préfets sanitaires». Ce fut l’acte de déconcentration le plus radical que connut alors la réforme de l’État, un jacobinisme de proximité. L’objectif assigné aux agences par Alain Juppé était simple : restructurer pour faire des économies.

-        Parfaitement décrit : on a créé de petits gouvernements gérés comme tels et dont les effectifs vont gonfler avec le temps de façon totalement déraisonnable. Mais ces « gouvernements » pléthoriques ne savent pas soigner !

Notre hôpital a été désorganisé et démoralisé par une réforme visionnaire dégradée en impuissance technocratique.

-        Cela se comprend non ? Les effectifs administratifs se sont mis à gonfler pendant que les bureaucrates diminuaient l’offre de soins. Tout le monde sait désormais qu’il y a 40% de plus de bureaucrates dans le système de santé qu’en Allemagne. On voit ici une des raisons.

Mais en même temps qu’elle se technocratisait au niveau local, la santé se politisait au niveau national : la même ordonnance instituait une «loi de financement de la sécurité sociale» débattue chaque année par le Parlement, qui fixerait désormais le cadre dans lequel les ARH conduiraient leurs restructurations.

-        Voter le budget de la sécurité sociale n’a jamais soigné qui que ce soit. Cette mesure avait uniquement pour but de dédouaner l’Etat et ses dirigeants en faisant passer leur décision comme venant du peuple. Le débat parlementaire sur le budget de la santé est toujours ridicule, escamoté et totalement inutile.

Cette «nationalisation-déconcentration» inédite produisit des effets incontestablement positifs, au moins au début. Je me souviens de Midi-Pyrénées: en créant l’ARH, j’avais fait le pari de recruter une équipe limitée à une dizaine de collaborateurs proches du terrain, dont l’âge moyen ne dépassait pas trente-cinq ans, à profils complémentaires et techniques ( médecin , polytechnicien, juriste, gestionnaire,...) ayant tous la passion du service public et des choses à prouver. En peu de temps, le travail acharné de cette équipe commando avait permis d’économiser en base budgétaire 230 millions de francs (35 millions d’euros) de dépenses d’assurance maladie par rapport à la tendance, tout en améliorant les indicateurs sanitaires de la région, et aussi - malgré d’inévitables mouvements sociaux - sans mettre le feu aux institutions.

-        Il n’y a aucun doute qu’une bande de hauts fonctionnaires peuvent réduire la dépense…des autres. Mais le bilan médical n’est pas explicité.  On ne parle que des « réactions ».

L’arrivée de Martine Aubry au ministère de la Santé cassa l’élan.

-        Elle cassa l’élan de certains mais cet élan était déjà parfaitement marginal et largement imaginaire.

La nouvelle ministre ne concevait pas l’autonomie des agences.

-        Voilà la vraie critique lorsqu’on est un haut fonctionnaire. Elle concerne les jeux de pouvoirs mais pas la médecine.

Par des largesses nationales, elle fit redévaler la pente budgétaire difficilement gravie dans les régions. Elle convoqua des «états généraux de la santé» qui eurent pour sinon pour ambition, du moins pour résultat de rendre le pouvoir aux administrations parisiennes.

-        Le pouvoir administratif, dont tout le monde se fout car il n’apporte rien aux soins.

La mise en œuvre chaotique des 35 heures dans l’hôpital public ajouta au désordre. On subventionna les hôpitaux les plus mal gérés plutôt que les plus innovants. Tous les pères-fondateurs des ARH finirent par changer de métier. Plus tard, en instituant la tarification à l’activité ( T2A) le ministre Mattéi acheva la recentralisation de la politique budgétaire. La machine sanitaire française se dérégla pour de bon.

-        Là encore, il ne s’agit que de guerre de pouvoirs administratifs. Pour le reste la démagogue Aubry a tout aggravé y compris dans le domaine de la santé.

À la fin des années 1990 , la France des ARH avait obtenu, selon le classement de l’OMS, le titre de «meilleur système de santé du monde».

-        Les bureaucrates parlent aux bureaucrates.

Quelques années plus tard elle avait régressé au quinzième rang. L’hôpital, fleuron de notre système, était désorganisé et démoralisé. Bel exemple d’une réforme visionnaire dégradée en impuissance technocratique.

-        Ce n’était pas une réforme visionnaire. L’impuissance technocratique est structurelle.

Les ARH avaient maltraité la politique locale, la politique locale allait pouvoir se venger sur les ARS.

-        Toujours le thème de la revanche, là où il n’est question que de bureaucratisation excessive.

Telle est la base sur laquelle ont été instituées, en 2010, les agences régionales de santé. Lorsqu’on avait créé les ARH, la question s’est posée de savoir si on leur confiait la gestion du secteur médico-social, et notamment des maisons de retraite. La réponse avait été négative, car le secteur médico-social était très intriqué avec les dispositifs dépendants des conseils généraux et finalement sans grande synergie avec le sujet budgétairement le plus lourd, et de loin, qui était celui de l’hôpital public. Le choix avait été fait de l’agilité.

En 2010, on avait oublié les réflexions de 1996.

-        Non. La loi HPST du 21 juillet 2009 suit la récession de 2008-2009 et applique les mêmes principes que la loi Juppé avec le même souci de gérer tout de façon totalement bureaucratique, afin de réduire les coûts. Le motif avancé : « décloisonnement ». Pour décloisonner des silos en France on crée d’autres silos chargés de coordonner les silos préexistants sans vraiment y toucher.  

On confia la responsabilité des établissements médico-sociaux aux ARH , devenues «ARS», et on ajouta à ces dernières la gestion des services déconcentrés de l’État dans le domaine de la  santé et du social. L’administration de mission était devenue une administration de gestion. Les nouvelles ARS, empêtrées dans leurs procédures internes, devinrent des sortes d’administrations centrales régionales. On remit les préfets de région dans leur gouvernance : la boucle était bouclée. Les ARH avaient maltraité la politique locale, la politique locale allait pouvoir se venger sur les ARS. L’épidémie du coronavirus en donna l’occasion. Ce fut un haro sur les agences régionales de santé.

-        Toujours le thème de la vengeance. En vérité la médecine passe sous tutelle et les médecins sous l’œil de Moscou. La médecine s’effondre progressivement. On en a des milliers d’exemple. Les « mandarins » ont été dépossédés au profit de la bureaucratie, qui rappelons le, ne soigne pas.

Cependant la politique locale, pas plus que la technocratie parisienne, n’est infaillible. Les élus locaux et les experts, les médecins et les gestionnaires, ont intérêt à se connaître, et d’abord à se parler. Plutôt que de décrier les agences de santé qui n’ont nullement démérité dans la gestion, notamment logistique, du coronavirus, il convient de regarder ce qui pourrait leur rendre leur force initiale, tout en impliquant davantage les acteurs de proximité.

-        Toujours l’illusion technocratique. Les ARS ont démérité et gravement. L’absence de masques, de prévisions, de réflexes, de lits d’urgence, de « soignants », bref de tout ce qu’il aurait fallu, était de sa responsabilité totale.

Il n’est pas extravagant d’avoir l’ambition que la France retrouve le fameux « meilleur système de santé du monde ».

-        Espérons-le, mais pas avec une organisation de type soviétique.

Les enjeux à venir de notre système de santé s’appellent désertification médicale

-        Organisée par les ARS

, paupérisation hospitalière et retard des politiques de prévention.

-        Organisés par les ARS

 Pour y répondre, il convient de disposer d’un outil à la fois solide techniquement et légitime politiquement. Les agences régionales de santé ne doivent pas être supprimées, mais elles ont besoin d’être réformées pour embarquer dans leur gouvernance les collectivités élues.

-        Toujours la même illusion bureaucratique : donner un vernis démocratique et tout ira bien pour éviter les contestations. Mais il s’agit de créer une meilleure offre de soins. Pourquoi ne pas faire voter leur budget par les Régions pendant qu’on y est.

Un succès des lois de décentralisation a été le transfert des locaux des lycées aux régions, des collèges aux départements et des écoles aux communes. L’Éducation Nationale n’y a rien perdu, au contraire. L’immobilier de l’hôpital de la même façon pourrait être transféré aux départements, qui géreraient à ce titre une fraction de l’enveloppe de l’assurance maladie. On peut être assuré qu’ils le feront bien, car ils ont l’expérience de la proximité.

-        Et voilà : on y est. La gestion des techniciens de surface aux départements, cela changera tout.  Simplement un échelon bureaucratique de plus avec une découpe complexe des pouvoirs rendant la cohérence des décisions impossibles. Si l’ARS interdit à un hôpital de créer une nouvelle salle de radiologie avec des équipements modernes, le fait qu’elle ne soit pas construite ni entretenue par le département n’a strictement aucun intérêt.

En contrepartie de la maîtrise de l’investissement hospitalier, les présidents de conseils départementaux recevraient une place dans les commissions exécutives des agences régionales de santé. Si les différents acteurs se décident enfin à tirer dans le même sens, il n’est pas extravagant d’avoir l’ambition que la France retrouve le fameux « meilleur système de santé du monde» dont elle pouvait se flatter il n’y a pas si longtemps.

-        Monsieur l’Enarque aura peut-être réduit les récriminations politiques, et le « revanchisme » qui semble l’accabler, mais cela n’a exactement aucune incidence médicale, le pouvoir des chefs de service étant toujours entravé voire réduit à néant par la bureaucratie.

 -        Il ne faut JAMAIS confier à une énarque la réforme d’une sottise créée par d’autres énarques. L’échec de la défunte RGPP l’avait bien montré. La solution passe par la suppression radicale des ARS et le licenciement de tous les bureaucrates qui y travaillent. Qu’il faille des organes de coordination et d’appui, de contrôle de gestion et d’évaluation médicale, de prévision et de recherche, est une chose. Il ne faut certainement pas maintenir un système de petits dictateurs administratifs dictant à la médecine ce qu’elle doit faire.

La défaillance française de production médicale

Exiger sans comprendre : la recette de futurs désastres

Bossuet, dans la magnifique langue de son siècle, a fait un sort au ridicule qui consiste à chérir les causes des conséquences dont on se plaint. Les sondages portant sur « ce qui doit changer » nous alertent à nouveau sur la permanence de ce piège. « Il faut rapatrier la production de médicaments en France » est sans doute l’assertion qui se discute désormais le moins.

Tant mieux ! Nous-même la répétons depuis des lustres dans ces colonnes. Nous l’avons illustrée dans notre livre « L’Etrange Désastre » comme le symbole d’un effondrement français calamiteux.  Mais voilà : comme nous portons cette cause depuis longtemps nous savons bien quels sont les mécanismes qui ont provoqué ce qui est dénoncé, et l’extrême difficulté de les entraver et surtout de changer l’horlogerie des rouages qui les explique.

Cette expatriation dommageable de la quasi-totalité de la production des médicaments principaux paraît très simple à régler. « Messieurs des labos, à vous de jouer ! Relocalisez, bande de cupides qui avaient choisi d’importer pour vous faire des c… en or ».  L’injonction-dénonciation est facile. Les perroquets se sont engouffrés. En fait tous les labos savent produire les principes actifs. Ce sont les excipients et toute la chaîne de conditionnement, d’emballage, d’étiquetage, de logistique, qui ont été totalement sous-traités, sauf pour certaines spécialités où même le principe actif est abandonné, comme la pénicilline.

En vérité, l’expatriation des productions est liée en premier lieu à l’imposition bureaucratique des génériques, sans droits, avec des règles composition plus lâches et moins contrôlées, dans tous les pays à sécurité sociale et notamment en France, au moment même, seconde difficulté, où l’ouverture totale des frontières dans le cadre de l’OMC à la Chine et à l’Inde était imposée.

Si les médicaments sont « gratuits », c’est-à-dire payés collectivement et non par les usagers, la ruine du payeur et la gabegie de la consommation conduit automatiquement à des mesures extrêmes. Quand Fidel Castro a voulu instaurer la gratuité du pain, l’état cubain n’a bientôt plus pu financer cette folie. Alors il a fusillé quelques consommateurs abusifs qui nourrissaient leurs cochons avec du pain gratuit et quelques paysans « profiteurs et accapareurs ». Et il a tout abandonné devant le bain de sang qui se profilait.  Comme en France on ne peut plus décemment fusiller quiconque, on a préféré imposer les génériques et exigé des laboratoires qu’ils baissent leurs prix au plus bas de l’offre mondiale.

C’est donc la production nationale de médicaments qu’on a fusillée. En même temps, on a bien été obligé de constater qu’il y avait un abus consternant de prescriptions de médicaments et on a commencé à contraindre le consommateur. Campagne de pub sur le fait qu’on était le premier pays consommateur de médocs, restrictions sur la prescription d’antibiotiques, popularisation d’idées fausses comme l’inutilité de prendre des antibiotiques contre les maladies virales, interdictions ou limitations, imposées aux médecins, de prescrire et aux pharmacies de délivrer, autre chose que des génériques, déremboursement des médicaments de marque etc.

La pandémie de Sars-Cov-2 a souligné que l’accès à des fournitures extérieures majoritairement fabriquées en Chine et en Inde était aléatoire.  Mais les ruptures de livraison existent et se multiplient depuis des années, dans l’indifférence générale, avec exactement les mêmes raisons que ce qu’on a vu pour les masques : les surenchères diverses sur les prix et les conditions de paiement de tel ou tel pays privent les autres des produits commandés. Comme la France s’appauvrit relativement et que sa bureaucratie est incapable de flexibilité, les ruptures augmentent.  CQFD ! Ce qu’on appelle un cercle vicieux.  

Dans l’Etrange Désastre, nous dénoncions les deux sources de cette calamité :

-        Le choix d’une mondialisation fondée non plus sur le rattrapage des pays émergents mais sur la substitution de localisation des productions permettant de créer des oligopoles mondiaux en déplaçant toutes les productions vers la Chine, devenue, dangereusement, l’atelier du monde.  Cette optique, associée aux changes flottants qui permettent tous les déséquilibres, a été imposée par les Etats-Unis, qui se croyaient devoir être le vainqueur de cette conquête, et mis en musique par l’Union Européenne qui lui est bassement inféodée.

-        La gratuité du petit risque, qui crée une gabegie intenable et entraîne des comportements bureaucratiques répressifs sur l’offre et le demande.

Une telle dénonciation ne pouvait trouver d’éditeurs grands publics tant l’information est cadenassée en France. C’est donc les Editions du Cercle qui l’ont diffusée.  Le verrouillage de l’information en France a été cruellement illustré par la crise sanitaire. Tout le monde a désormais compris. On n’entend, en France, qu’une information préparée, anesthésiée, filtrée, épépinée, moraliste, conformatrice, sectatrice, castratrice. Elle n’a pour but que de rendre bien-pensant et docile le populo. L’affaire des masques inutiles tant qu’on n’en avait pas, obligatoires sous peine d’amende exorbitante dès qu’on en a eu un peu, est fulminante et infâmante. Tout est possible. Les bornes de l’information contrôlée étant dépassées depuis longtemps, il n’y a plus aucune limite.

Du coup, il est inutile d’espérer qu’on aborde les grandes questions posées par le rapatriement de la fabrication des médicaments en France.

  1. Accepte-t-on de supprimer la gratuité presque totale de la couverture du petit risque et à 100% de maladies au long cours ? (Pour l’anecdote c’était le thème de notre premier billet en juin 2008 sur ce site, 12 ans déjà !).
  2. Accepte-t-on de rétablir la liberté dans les prescriptions dans le cadre d’un tarif de responsabilité qui différencie les remboursements ?
  3. Accepte-t-on de mettre fin au ARS et au triomphe de la bureaucratie à la soviétique dans le domaine médical ?
  4. Accepte-t-on de renforcer le poids de la médecine et de ramener celui de la science à des proportions plus justes ?  On a vu qu’au nom de la science on ne recherchait plus que des molécules nouvelles hyper chères, avec cette dichotomie totalement ahurissante entre une élite médicale politisée (socialiste) cherchant fortune auprès des grands labos et une bureaucratie ruinant les grands labos.
  5. Accepte-t-on de sortir de la politique européenne d’ouverture totale des frontières et de concurrence absolue ?
  6. Accepte-t-on de sortir de la tutelle américaine ?
  7. Accepte-t-on de mettre fin aux changes flottants qui permettent tous les déséquilibres ?
  8. Accepte-t-on de multiplier par quatre le prix des médicaments en France ?

Pour l’amusement, il est facile de faire le constat des réponses des différents partis qui luttent politiquement en France.

  1. Non général ! Socialisme et féminisation de la société l’imposent.
  2. Non à gauche ! Heu à droite !
  3. Heu général !
  4. Heu général !
  5. Oui général sauf chez les européistes à tout crin !
  6. Oui général !
  7. Heu général !
  8. Non général !

Entre ignorance, réflexes pavloviens, idéologie, appétit de consommation médicamenteuse et soucis de sa petite santé, il n’y a aucune politique sérieuse, touchant aux causes, qu’il soit possible de mettre en œuvre en France.  Aucun des gourous dénonciateurs que la période a fait pulluler ne se saisira avec réalisme du problème. Bien trop complexe et dangereux.

Alors on va faire semblant, avec un lot de demi-mesures, le tout noyé dans une com’ orientée expliquant que le problème est réglé. L’Europe spécifiera des domaines stratégiques, avec les stocks afférents. On réouvrira quelques ateliers témoins. Les chaînes d’infos passeront des reportages édifiants où on verra quelques machines sortant à toute vibrure des milliers de pilules avec un commentaire chargé d’émotion et de reconnaissance. Peut-être même une bienveillante caméra accompagnera un Président, premier de cordée, pendant une visite en tenue médicale Gucci dans le dit laboratoire et qui fera ensuite une analyse de cinq heures des bienfaits de la relocalisation heureuse, avec bronzage intensif, œil bleu renforcé et zozotement gommé.

Et stop !  

Dormez tranquille !

Le gouffre

La mode, dans les organes de presse de gauche et les médias macronistes, est de juger que la manière française de gérer la crise sanitaire est certes peu engageante mais somme-toute du niveau de ce qui a été pratiqué ailleurs avec des résultats comparables.

La vérité est tout autre. La France a fait face avec les réflexes d’un pays qui a accepté depuis Giscard de se livrer à une bureaucratie unique au monde et a considéré, depuis Mitterrand, que la rémunération des personnes qui y résident devait non plus dépendre de son travail mais d'allocations arrachées à d’hypothétiques « autres », traqués et fiscalisés de façon hystérique.

Une bureaucratie politisée et idéologisée, déraisonnable par son ampleur et son coût, a pris le pouvoir dans tous les rouages de la société française. Tout le monde voit que la multiplication des échelons administratifs, leurs chevauchements, leur irresponsabilité, le tricotage d’un maillage réglementaire inextricable avec un degré de détail délirant, associé à une posture idéologique « anti-bourgeoise » (voir les promotion Robespierre ou Jean Jaurès à l’ENA), ont créé une inefficacité effarante, la restriction et presque l’évanouissement des compétences, qui deviennent résiduelles.  Qu’il s’agisse de la santé, des transports, de l’école, et d’une façon générale de toutes les fonctions civiles de l’Etat, les Enarques à l’écoute des ONG les plus actives et hystériques, ont verrouillé l’action des Français dynamiques et entravé voire chassé du pays les plus utiles, ceux qui montraient des qualités exceptionnelles et du mérite dans des conditions le plus souvent difficiles.  

On le voit aujourd’hui dans le domaine de la santé, devenu un bunker bureaucratique où les médecins sachants ont été mis sous tutelle, au profit d’un écheveau de structures politisées comme les ARS et d’une règlementation laissée à des clans socialistes ayant choisi la politique avant la médecine, façon Lévy-Buzin. Cet énorme Moloch a été totalement surpris par le virus Sars-Cov-2 et lorsqu’on fera le bilan, on verra se dessiner une véritable horreur, qu’il est impossible de décrire totalement aujourd’hui pour ne pas paniquer le pays.

L’esprit qui a présidé en 1981 à la prise de pouvoir des socialistes, coalisés avec les communistes staliniens ou trotskistes, sans compter les opportunistes prêts à pactiser pour de l’argent, et une partie des chrétiens démocrates saisis par des variantes de la théologie de la révolution-libérartion, est une autre dimension du drame français. D’un côté les méchants bourgeois, à nouveau, qu’il s’agissait de réduire à quia et de l’autre, les salariés, ces malheureuses victimes qu’il s’agissait de caliner, de protéger, d’aider, de satisfaire par tous les moyens de la loi et du fisc. Alors la machine à créer des « droits à » s’est emballée, en même temps qu’on limitait les « droits de », infâme relique du monde bourgeois honnis.  Il en est résulté un endettement colossal et une pression fiscale de champion du monde, avec des distributions d’allocations sociales, de soins, de logements, d’éducation (parait-il !) qui fait que nous survolons les pics de la générosité sociale à des hauteurs ici encore uniques au monde.

Le résultat :  les Français ont cessé de rattraper le niveau de vie américain dès 1982 et perdent du terrain par rapport aux meilleurs à un rythme accélérée depuis. On sait que depuis 2002, les Allemands ont gagné 15% de plus de revenu moyen que les Français. Et sur tout sujet on voit que l’Etat français ruiné est passé du côté des pays sous développé sur tous les financements internationaux. Il suffit de constater qu’un seul homme, Bill Gates, contribue plus que la France au budget de l’OMS !

Ces deux tendances maladives, bureaucratie triomphante et redistribution incontrôlable, correspondent désormais à une demande profonde de l’opinion publique, biberonnée dès l’école au lait frelaté de ces idéologies délétères, et abreuvée ensuite dans le même sens par les médias dominants. Beaucoup trop d’ayant-droit-à, français ou non, attendent désormais des autres l’essentiel de leur revenu et se considèrent comme « clients » de la politique, en fait de la bureaucratie répartitrice. 

Emmanuel Macron symbolise parfaitement ce double ancrage dans la bureaucratie dominante et dans la sociale démocratie infantilisante, appuyée sur les médias et la com’. Face à la crise sanitaire, sa réaction ne pouvait être que bureaucratique et « généreuse », au sens d’un « coût démesuré ».

La décadence du système de la santé français totalement bureaucratisé est maintenant parfaitement claire, analysée et actée. Elle est symbolisée d’une part par le scandale de l’absence de masques qui prouve que le « j’menfichisme » irresponsable règne sans partage et secondairement par l’interdiction de prescription de la chloroquine par les médecins de ville, qui démontre les guerres de clans assassines, dans l’indifférence des besoins réels. Le taux de décès dans les services d’urgence, quand on osera en parler, est tellement terrifiant qu’il faudra bien un jour ou l’autre l’affronter les yeux ouverts.  On n’applaudira pas toujours à 20 h le transfert à Rungis de près de la moitié des malades hospitalisés avec un syndrome respiratoire aigu dans la Région Parisienne !

C’est dans les résultats économiques que la folie de la tradition française d’hyper générosité sociale apparaît déjà dans toute sa perversité. Les travailleurs-travailleuses se sont précipités dans un système où ils recevaient 85% de leur salaire sans travailler. Ils ont « adoré » !  Les syndicats ont refusé toutes les solutions de travail résiduel possible. « Le grand capital veut nous faire mourir pour ses seuls profits ». Ce qui s’est passé aux PTT est absolument honteux.  Mais on a retrouvé la même mentalité presque partout.

Il fallait à l’évidence, en sachant et la durée et l’ampleur de la crise, assurer la matérielle des personnes privées de travail, en utilisant les congés payés, les RTT et des subventions bien moins élevées que les 85% des temps normaux. Si six des huit semaines de confinements avaient été payés par les congés et les RTT, le solde aurait plus raisonnable à financer. Et ce solde, avec une prestation réduite d’un tiers, aurait moins gravement détruit nos comptes publics. Bien sûr, il aurait été normal de baisser d’une même proportion les rémunérations des fonctionnaires ou assimilés qui ne travaillaient pas. Au lieu de cela on parle d’une prime pour ceux qui ont continué de travailler et partout on plaint les malheureux confinés qui ont besoin de vacances et on refuse le retour rapide des élèves dans les écoles et les universités (alors qu’ils ne risquent pratiquement rien).

Le résultat devient évident. La France est le pays dont le PIB a le plus diminué au premier trimestre : 5.8%. A peine le triple des pays les mieux gérés ! Rions ensemble mes biens chers frères ! Et il n’y avait que 15 jours de blocage de la production.  Le second trimestre va être délirant. On court à une perte de PIB sur l’année de plus de 300 milliards, compensée actuellement par la dette et la création monétaire. Comme nous l’avions estimé dès février, nous serons bien autour de 3.000 milliards de dettes publiques à fin 2021, pour 1.2 à1,5 milliards de valeur ajoutée des entreprises. Avec un taux de production moindre que celui des autres La France a accru son déficit commercial pendant la période. En chantant des louanges à la « relocalisation ». Le crétinisme économique a de beaux jours devant lui en France.

Reste à savoir comment se passera la suite. Le tourisme et les points forts de l’industrie française, sont touchés pour longtemps. Tout le culturel est anéanti. Sauf les professionnels dépendant de contrats publics permanents. Mais l’Etat est ruiné pour tellement longtemps qu’il serait étonnant qu’ils puissent continuer à payer tant de monde.

Si les Français ne se rendent pas compte, et vite, qu’il faut, pour sortir d’un trou de production, travailler plus, plus longtemps, avec moins de redistribution, moins de largesses, moins de récriminations, moins de « droit à » et plus « d’obligation de », on va vers 20 ans de tourments gravissimes. Rappelons qu’on ne s’est toujours pas remis de la crise de 1973-1974 (50 ans déjà) ni de l’arrivée au pouvoir du Programme Commun de la Gauche.

On ne prend visiblement pas le chemin de la prise de conscience. Une calino-thérapie pour débiles est à l’œuvre, avec, en bouquet, 50 euros pour réparer son vélo ! Quand le Medef a parlé de travailler un peu plus, son Président a été raillé et renvoyé aussitôt à ses fantasmes. « Indécent » voilà le mot qui a été répété à l’envi par absolument tout le monde dans les médias et les partis politiques. On verse 9 milliards à une entreprise, Air Grève qui en vaut 1.4 et qui est ruinée depuis longtemps par la rotation des hauts fonctionnaires dans ses instances de direction (cf Parly II), et des grèves à répétition des pilotes, tout lui interdisant les vols intérieurs. On annonce des milliards de subventions nouvelles pour la SNCF, structurellement ruinée depuis longtemps et qui annonce juste après que l’Etat a repris sa dette qu’elle vient de perdre 3 milliards en attendant mieux.  On confirme ou au promet de fantastiques augmentations de salaires pour les « soignants » et les « enseignants » (les mots médecins et professeurs ont disparu du langage depuis longtemps. La compétence, on vous le dit, n’est plus ce qui compte).

Bref la France veut, sous la houlette de l’Enarchie Compassionnelle, gérer la crise et l’après crise comme elle a géré la France précédemment.  Nous disons ici que cette démarche est suicidaire.  Le seul résultat sera une nouvelle perte de respectabilité et d’influence internationale, et, à l’intérieur, un nouvel effondrement de sa prospérité, de ses capacités et de son dynamisme, avec une formidable régression de l’espoir et des libertés.

Le Français, né malin, ferait bien de se réveiller rapidement. Il n’y a pas d’avenir au bout du chemin sur lequel il se laisse entraîner. Quand on est au bord du gouffre, il est dangereux de crier : « en avant comme avant ! »

Pensées et attitudes françaises à mi chemin du confinement

On entre dans les crises avec des idées bien fixées et on en sort avec les mêmes, à la grande surprise de ceux qui croient que tout a été tellement bouleversé et que l’on va découvrir un monde enchanté, jamais vu jusqu’ici, où toutes les vertus oubliées vont soudain s’exprimer allègrement.

M. Piketty était entré dans la crise sanitaire avec l’idée d’un énorme prélèvement fiscal sur les riches. Il la traverse avec l’idée d’un super énorme prélèvement fiscal sur les riches. Il en sortira avec l’idée d’un hystérique super prélèvement fiscal sur les riches.

Les collapsologues étaient entrés dans la crise avec l’idée que la nature était tellement malmenée par l’homme qu’elle ne pourrait bientôt plus fournir. Les voilà qui pensent que « la nature tellement malmenée » se venge cruellement sur l’homme des mauvais traitements qu’il lui a fait subir et qu’il faut désormais, et vite, se prosterner bien bas,  la figure repentante et méditer sur nos fautes, devant la déesse nature.

M. Jacques Julliard, dans la tradition socialo-chrétienne, mitterando-papale et très Ouest-France, pense que le capitalisme, « son productivisme et son économisme », est une infection « qui fait des vieux des rebuts avec comme seul horizon le cimetière ». En pleine crise sanitaire le voilà qui cite les bonnes appréciations d’un guide que le Parti Communiste de Chine avait mis à la disposition de son groupe de visiteurs,  expliquant que le Communisme était supérieur au capitalisme parce qu’il traitait merveilleusement ses vieux. Il sortira de la crise sanitaire, sans vouloir malgré tout passer ses derniers jours à Wuhan, ses urnes, ses fours crématoires derrière les hôpitaux, mais en crachant sur cette société infâme d’individus qui ne pensent qu’à consommer.

La nature a voulu que la vieillesse soit un naufrage. Nos efforts humains ont retardé d’une vingtaine d’années le moment de cette affreuse réalité. La collectivité finance près de 700.000 personnes en France pour s’occuper de nos dix millions de très vieux. Et il faudrait faire pénitence ? Ils seraient abandonnés par leurs enfants. Quels enfants ?  Des milliers de femmes très âgées n’ont pas de descendants. Leur mari est souvent mort depuis longtemps et elles n’ont eu qu’un enfant, qui a pu décéder avant soixante-dix ans, ou pas du tout d’enfant. Avec des parents qui décèdent maintenant routinièrement à plus de 92 ans, les héritages disparaissent. De toute façon, hériter à 70 ans, cela rime à quoi ? Doit-on vraiment culpabiliser les jeunes pour un prétendu « individualisme » forcené ?

Mme Natacha Polony est entrée dans la crise sanitaire en pensant que le système social et économique de ces dernières années était à bout de souffle. Au milieu du confinement elle explique que l’acte de décès a été signé par le Sars-Cov-2. « Il ne faut plus faire de nous des rouages de la machine économique mais nous réinstituer comme citoyen ».  Cela tombe bien la machine économique est grippée. Mais elle est délicate, Natacha :  il va falloir de l’exigence aux Français, pour ne pas tomber dans l’arnaque, « dans l’entourloupe des avant-hier qui déchantent ». Marianne, ce journal fondé sur le « vous vous rendez compte Madame Michu », fait bien de nous avertir. Il va sérieusement déchanter le citoyen, quand il n’aura plus d’économie(s) !

Le Conseil de la résistance, CNR, est à la mode. Quand il ne faut pas faire un « Grenelle du Covid 19 », ou un « Plan Marshall », il faut reprendre le merveilleux programme fondateur du Conseil National de La Résistance. Là encore, il faut ne pas regarder l’histoire de trop près pour s’enthousiasmer : pratiquement tout ce qui a été mis en place du plan du CNR sont les mesures qui avaient été décidées dès le début des années 40 sous le gouvernement de Vichy, autour d’Yves Bouthillier, Ministre des Finances, par une poignée de hauts fonctionnaires décidés à moderniser le pays. La Sécu, les Ordres professionnels, l’étatisme forcené, tout était là. La fonction publique et les boîtes nationalisées se sont accordé de formidables statuts protecteurs et pour les autres on a créé le sécurité sociale, régime général (traduire : sauf les fonctionnaires), sur les bases que Laroque avait défini sous Pétain. Décidemment on entre dans la crise comme on en sort.

Autant dire que les chances de voir les pouvoirs dominants, médiatiques ou politiques, en France sortir de leurs préconceptions et de leurs idées fixes sont nulles.

Les Islamistes expliquent que Dieu a envoyé le virus parce que les bons musulmans n’avaient pas tué assez de Chrétiens. Les Européistes considèrent que la crise aurait été tellement mieux gérées si l’Europe avait le monopole de la politique de santé publique. Bref, c’est partout pareil.

On a préféré, dans la plupart des pays, la faillite à la mort de quelques dizaines de milliers de personnes en général âgées.  C’est nouveau et généreux peut-être jusqu’au déraisonnable. Mais cela devrait tout de même nous éviter les dénonciations continuelles de « l’économisme » et l’indifférence aux vieillards. Leur mort n’aurait eu aucun impact économique grave, au contraire. La réalité est cruelle, mais pas la politique suivie. Elle n’est pas le fruit d’un calcul économétrique, mais du refus de tout calcul économique.  

Ceux qui demandent plus à l’impôt et moins au contribuable, et exigent plus de consommation pour une population en croissance exponentielle, tout en suggérant moins de production, donc de prédation sur les ressources naturelles (destruction, déchets, pollution), considèrent le Sars-Cov-2 comme un allié et une preuve de leur sagesse. « La ruine des hommes est un sursis pour la terre. Ouf ! C’est un bon début. On va pouvoir légitimer la frugalité nécessaire, la fin du tourisme de masse, la suppression des bagnoles, les rues de Paris converties en pistes cyclables, l’urgence de passer aux 32 et peut être aux 28 heures (payées 40 naturellement), la permaculture sur les toits, la dénatilité française, la fin de l’industrie, sauf pour les masques et les respirateurs), la disparition des inégalités grâce à une fiscalité ravageuse réservée aux riches. A chacun selon son absence de besoins ! »  

L’imbécillité crasse a donc quelques beaux jours devant elle et nous devons nous attendre à un cortège de grands prêtres du bien supérieur de l’homme, de la société, du monde et de la terre. Nous devons nous endurcir face  aux discours d’exaltés pleins de hargne et de repentance (pour les autres).  

Pourtant, ce n’est pas « l’économisme » qui a croisé les virus de pangolin et de chauve-souris ! Dame Nature est une marâtre comme chacun sait, qui vous envoie des virus tueurs assez régulièrement et nous accorde ses bienfaits avec parcimonie.

Ce qui force et forcera longtemps l’humanité à l’économie, à l’artisanat et à l’industrie.  Et donnera à notre jeunesse le champ nécessaire à son épanouissement. Rien de changé !

La crise sanitaire nous a surtout montré qu’il valait mieux avoir quelques réserves et une industrie puissante. Cette France post mitterrandienne incapable de fabriquer masques, respirateurs, médicaments et de maintenir un nombre de lits suffisants à l’hôpital, ces Français leaders mondiaux du non-travail, des impôts et de la dépense publique et cette Administration que tout le monde nous envie, reine absolue de la bureaucratisation stérile, n’ont exalté personne.  Surprise, surprise !

La France est entrée dans la crise avec ses problèmes et en sortira avec les mêmes en pire. C’est-à-dire avec l’urgence aggravée de revenir sur tout ce qui l’a mise par terre, avant et pendant. Au lieu de cela, les machines automatiques à se tirer des balles dans le pied sont toutes en train de se mettre en place avec des artilleurs qui salivent en chargeant les magasins.

Les rigolos s’amusent à compter les Français dans la dépendance directe de subventions d’état : les retraités et assimilés, près de 19 millions, les fonctionnaires et assimilés, près de 5 millions (certains disent sept), les personnels des entreprises publiques à statut protégé (Poste, SNCF, RATP, Dockers, Intermittents du spectacle , etc.) 1.5 millions, les chômeurs indemnisés de base (autour de 5 millions), les nouveaux travailleurs en « partiel », autour de 10 millions, les malades, invalides et assistés permanents ( 2 millions), soit environ 48 millions de personnes sur 66, moins les enfants de moins de 18 ans (11 millions) et les femmes au foyer qui ne travaillent pas (2 millions), mais reçoivent des allocations familiales, la gratuité de l’école et des soins, plus la cantine presque gratuite, etc.   Restent un peu moins d’une demi-douzaine de millions de braves personnes décidées à travailler et à vivre sur leur travail et non sur les versements publics, alimentés par les impôts et taxes les plus lourds du monde et un arrosage d’emprunts dont le montant va atteindre deux fois et demie la production marchande de 2020 dès la fin 2021 !

Déjà certains s’extasient : on peut le faire ! Pérennisons ! Vive le revenu universel ! Vive l’hélicoptère à monnaie ! Les syndicats montrent les dents. Les entreprises tendent la gamelle. L’émotion est partout avec des gens qui pensent que le « malheur » qu’ils viennent de vivre justifie moins de travail, des vacances, et des compensations directes. Et des gratifications supplémentaires pour ceux qui ont travaillé un peu. Que les autres paient ! Une calinothérapie avec défoulement fiscal sur les Riches, voilà la solution. Mais voilà : combien des entreprises qui ont mis les 10 millions de travailleurs-travailleuses au biberon étatique de secours survivront-elles ? Combien de projets auront avortés ? Combien d’investissements auront été perdus ?

La situation de la France n’est pas seulement ridicule et honteuse. Elle est catastrophique, avec des risques sérieux d’effondrement radical. A force d’essayer de courir avec des poignards dans le dos, et des hémorragies torrentielles, on finit par tomber !  

Tous les médias bruissent des mêmes interrogations : qu’est-ce qu’il faudrait changer ? Mais pratiquement tous indiquent le résultat espéré sans jamais regarder le moyen d’y arriver. Il faut retrouver nos industries stratégiques et reconstituer nos stocks de même nature. On fait comment lorsqu’on a grevé notre production de mille charges et qu’on l’a mise en compétition sans limite avec le monde entier ? On met fin aux 35 heures et à la retraite à 62 ans ? On réduit le pouvoir des syndicats ? On casse l’énarchie compassionnelle qui ligote tout et a mis la France sous tutelle ?

Il faut mettre fin à la disette et à l’inefficacité de nos services publics. Effectivement, ils sont tous à demi effondrés.  Mais on fait comment pour briser la bureaucratie infernale qui en grippe tous les rouages ? On casse les ARS et on restaure le pouvoir des « mandarins » ?  Préfère-t-on des grands « pontes » dans leur discipline à la tête de services en pointe dans le monde, ou des énarques directeur d’ARS qui comme celui du Grand Est, débordé par l’épidémie, gère son poste en édictant des règles absurdes et loin des patients, en télétravail de son appartement parisien ? On construit des prisons et on rétablit une chaîne pénale digne de ce nom ? On s’attaque aux phénomènes exogènes qui finissent par saturer tous nos systèmes pénaux, hospitaliers et sociaux ou on laisse faire?

On en revient sempiternellement aux tares qui précédaient la crise. Ce n’est pas par idéologie ou force de l’habitude, ou envie d’avoir toujours raison. On sait pourquoi les Français ont cessé définitivement de rattraper le niveau de vie américain, une fois mis en place le programme Commun de la Gauche. On sait comment les Britanniques ont mis fin à l’effondrement travailliste de la fin des années soixante-dix et ramené leur économie dans le peloton de tête. On sait pourquoi les Allemands ont vu leur revenu augmenter de 15% de plus que celui des Français depuis l’instauration de l’Euro. On sait parfaitement que le système monétaire international basé sur les changes flottants et un étalon dollar problématique ne fonctionne pas. Et même les Américains se rendent compte qu’il commence à leur causer du tort.

Les dirigeants français et leurs électeurs sont nés malin. Cela fait maintenant 40 ans que les élites socialistes et étatiques françaises s’essaient à la paupérisation relative de leur peuple, avec le soutien occasionnel et hagard d’un peuple désarticulé et déboussolé. Le ludion qui dirige actuellement le pays s’essaie à différentes formes de séduction sans jamais embrayer sur aucune réalité. Il s’est aperçu qu’il buvait la tasse quand il voulait noyer le poisson.  Alors il chante ce que les gens veulent entendre avec des paroles insincères tendues exclusivement vers son obsession : être réélu.  Lui « pense l’impensable » et sur le terrain, le gouvernement « dépense de façon impensable », et fait face comme sait le faire la bureaucratie, entre oukases, arrosages et impuissance.

Le paradoxe est qu’un pays où les politiques masquent avec ténacité toutes les tares accumulées depuis mai 68 et où la réalité présentée par les médias est totalement trafiquée et masquée, manque désespérément de masques.   

Emmanuel Macron : le vide et le Covid !

Le retour de supercandidat.

Le discours d’E. Macron a plus donné d’indication sur ce qu’il est, sa méthode et son ambition que sur la crise et les moyens de la surmonter. Ses discours sont comme ses lois : trop longs, trop vagues et trop confus. Ce qui est voilé est aussi important que ce qui est dit. Le clair-obscur, et les effets de lumière, façon studio Harcourt, sont là pour l’effet, jugé artistique. L’art est absent mais pas le flou.

Sur le fond, quand on le trouve, quelques mesures secondaires surnagent ; on concède et on cède à quelques revendications qui ont pris un peu d’ampleur. On tente de se protéger par quelques mots lâchés comme on débondait naguère au château, en gants blancs.

Cette préoccupation permanente de la protection personnelle et de la sauvegarde d’image, où chaque mot devient un petit paratonnerre, pour évacuer un risque ou une tension, cet excessive préoccupation de soi, empreinte de fausse compassion et d’outrancières visions idylliques pour le futur, est la marque d’une habileté, mais non d’une compétence, encore moins d’une sincérité.

Le jeune Emmanuel joue un jeu de rôle, pour épater encore et toujours sa prof admirative. Il ne dirige rien. Il chante « Marchons ! Marchons !» comme on le fait dans Don Carlo à l’Opéra-comique : on piétine sur la scène sans jamais avancer. Le but n’est pas de gagner la « guerre ». A la guère comme à la guère, on quémande assez d’applaudissements pour que la pièce continue.

Gamin dans un costume trop grand pour lui, Macron compte que son culot et ses beaux yeux bleus lui permettront de tenir une part suffisante de l’opinion pour lui permettre de jouer les boucliers face aux méchants de rigueur. L droite ? Elle a peur. Elle se couchera en demandant qu’on la sauve. Reste la gauche et les Verts !  C’est à ce camp là que l’Enarque compassionnel veut montrer la richesse de ses bons sentiments et sa souplesse idéologique.

Alors il a multiplié les révérences, appuyées et accompagnées de lourds clin-d ’œil. L’écornifleur échoue s’il ne renchérit pas indéfiniment sur ses courbettes et ses flatteries. Alors, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! Surtout si tout le monde est confiné. Pour le reste, en période de guerre, ce que l’on nie est ce qu’on avoue et ce qu’on avoue, ce que l’on veut minimiser.

« J’avais laissé mon premier ministre vous annoncer la fin temporaire de vos libertés de circuler. Mais c’est moi qui vous annonce votre libération ». Voix off :« tout en doublant votre temps de confinement et en avouant que je n’ai pas la moindre idée de la manière d’en sortir vraiment. J’ai doublé la durée de confinement pour que vous voyez le nombre quotidien de morts baisser. Ce sera ma victoire : j’ai sauvé des vies.  Ils vont me dire merci.  Mais pour beaucoup, ce ne sera qu’un sursis, car il n’y a pas de traitement réel, pas plus aujourd’hui qu’hier, et que je n’ai toujours pas les moyens de lutter qu’il faudrait. Ah, ma trouvaille des masques « grand public », c’est-à-dire des masques sans aucune efficacité autre que psychologique !  Dans un mois la France sera globalement dans la situation où sont déjà la moitié des départements. Alors pourquoi ne pas leur rendre la liberté de travailler ? C’est cela ma réponse ; je n’ai pas de masque grand public… »

« Je vous annonce la fin des festivals et du Tour de France ». Voix off : « Mais pas le report des élections municipales, toujours censé avoir lieu en juin ! Ah ! Ah ! Ah ! ça sera pour le Premier Ministre si personne n’a encore compris ».  

« J’ai fait fort en annonçant le retour de la liberté de circuler après le 1er mai et après les ponts ». Voix off : « Comme je suis malin ! Ce n’est pas maintenant que les gilets jaunes vont inventer le masque jaune petit public ! »

« Je vous annonce le retour des mômes dans les classes, parce que les garder à la maison est vraiment insupportable ». Voix off : «  Mais pourquoi ai-je fermé les classes dans les régions non contaminées, sachant que les enfants ne risquent rien, et leurs jeunes parents presque rien et qu’il faut qu’on atteigne un jour ou l’autre les 60% de contaminés ? Chut ! »  

« Je vous annonce des flots d’argent, des océans d’or pour tous, sans restriction ». Voix off : « et jamais je ne vous demanderai le moindre effort ni ne lutterai contre les feignasses et les abusifs tout heureux de ne rien faire à 85% de salaires ou à 100% pour les personnes à statut, comme à la poste où ils ont tous déserté saint Service Public sauf quelques honnêtes gens. Et j’ai obtenu du MEDEF qu’il la ferme sur une augmentation du temps de travail. Bien sûr qu’un trou de richesses ne peut être comblé qu’en travaillant d’arrache-pied pour compenser la perte. Vous me voyez annoncer des larmes et du sang ? Et du travail ! »

« Je vous annonce un monde radieux à la sortie et vous vous trouverez beaux comme jamais. » Voix off : « Je veux dire : vous me trouverez beau comme jamais ! Alors que franchement quelle incroyable incurie est apparue dans toute sa splendeur, là où la presse politiquement correcte ne cessait de parler des « merveilleux ceci ou cela que le monde nous envie » ».

Voix off : « Je me suis mis à la hauteur de notre ridicule national.  En ce jour anniversaire de la mort de Jean de la Fontaine, personne n’osera relire la fable Le Corbeau et le Renard. Heureusement.  Isatis, c’est moi ! Vous n’avez pas vu mes yeux ?  Dans le jardin de l’Elysée, je suis la seule Narcisse qui reste. J’en bronze de plaisir et je n’ai pas résisté à l’envie de montrer ce bronzage sous tous les angles favorables, même si la maquilleuse a un peu forcé sur le fond de teint.  Sinon à quoi a pu bien servir ce discours ridicule ? 

Un communiqué de quatre lignes du Premier Ministre aurait suffi :

« En accord avec le Président de la république, nous allons sortir du confinement progressivement à partir du 11 mai 2020, si la situation sanitaire le permet. Le Ministre de l’Education Nationale étudie les modalités du retour des élèves dans les écoles. Tous les ministères sont penchés sur les difficultés à surmonter pour réussir cette opération. Les modalités seront précisées dans les trois semaines à venir ».  

Il fallait lire l’interview au Financial Times pour comprendre. Le prurit pseudo-littéraire de notre Eliacin national, n’avait pas trouvé auditoire à sa mesure.  Il lui fallait le monde.  « Il est temps de penser l’impensable ». L’impensable, c’est le capitalisme qui doit être « transformé ». Avec le jeune Emmanuel, il n’y a plus de réforme seulement des transformations et ce transformisme est le guide vers l’impensable.  Être à la hauteur est d’abord de monter en Montgolfière à gaz chaud à des altitudes qui vous font toucher le sommet de la caverne de Platon !

Evidemment le journal s’amuse à lister les grands projets d’un Président qui n’a jamais cessé depuis son arrivée au sommet et aux sommets de solliciter les grands de ce monde pour des actions aussi nébuleuses qu’ambitieuses ? Le soufflé est toujours retombé, et il a bien fallu subir autant de soufflets. Contrairement aux autres dirigeants ricane FT, Macron ne cherche pas à rétablir la situation d’avant mais voit dans une crise sanitaire, qu’il n’a pas su gérer tant les pénuries de moyens sanitaires accablent la France et sa population, un évènement propice à changer la nature de la globalisation et la structure du capitalisme international. Rien que cela. Et avec « humility » bien sûr, puisqu’on ne sait pas où nous emmène le virus.

Toujours avec l’humilité qui le caractérise, il veut utiliser le cataclysme pour donner la priorité à l’homme, plutôt qu’à la croissance, à l’action contre les désastres écologiques, plutôt qu’à l’extension de la consommation, mais naturellement avec un œil acéré sur les inégalités. Comment réduire les inégalités en réduisant la richesse ? En tapant dans le stock et en réduisant les flux ? Les stocks ont été anéantis. On prend quoi et à qui ?

A l’Allemagne et à la Hollande, ces égoïstes qui ne veulent pas venir au secours de l’Italie et des pays du sud, et qui laissent donc tomber…la France. Tiens voilà la cigale française qui veut accaparer l’argent des fourmis voisines.  Et son humble président de taper sur la table à poings redoublés.

La France, pays leader en matière d’absence de travail, d’impôts, de dépenses publiques, qui a cessé depuis longtemps de faire croître son industrie, qui est à la remorque dans tous les domaines, qui a géré sa crise sanitaire dans des conditions dantesques faute de toute préparation et prévoyance, qui a effondré toutes ses fonctions régaliennes, qui a replié depuis longtemps tout son appareil diplomatique extérieur, qui finance bien moins que les autres les organisations multilatérales comme l’OMS, a-t-elle tant de leçons à donner au monde ?

Mais oui ! « Si nous avons su prendre des mesures impensables, comme interdire le droit de circuler pendant des mois, nous saurons sauver la planète ».

Rien que cela. Hallucinant !

A quoi rime tout ce cinéma se demande le journal, qui donne la solution : le Président français fait des clins d’œil à la gauche et aux Verts en vue des prochaines élections présidentielles. Alors les réformes sont au panier. Reste les postures, nécessaires pour faire oublier le passage chez Rothschild, le « président des riches », et le goût pour les « premiers de cordée ». La triangulation, l’art de reprendre à son compte les arguments des autres, quitte à faire radicalement l’inverse si cela a marché et qu’on se retrouve au pouvoir, est la baguette électorale magique de l’ambitieux sans autre projet qu’électoral.

Voici le Sars-cov-2 devenu agent électoral en vue des présidentielles qui approchent à grands pas.  Pas d’ennemi à gauche et en marche !

Ce n’est pas le déconfinement qu’a initié le discours du candidat perpétuel Macron, mais l’ouverture des Présidentielles, sur fond de désastre national de grande ampleur, désastre qu’on aggrave par électoralisme mais qu’il s’agit de balayer sous le tapis aux prix de contorsions qu’il n’est pas interdit de trouver totalement déplacées et parfaitement grotesques.   

L’Union Européenne et l’exploitation du virus Sars-cov-2

Un des côtés franchement odieux des européistes est l’opportunisme qui les animent à chaque fois qu’une crise touche le monde pour arracher aux Etats plus de pouvoirs et de moyens, alors que rien ne prouve jamais que les démembrements obtenus auraient eu un avantage quelconque. La crise de  2008 a vu une extension considérable du rôle de la BCE dans le contrôle des banques, sans réel bénéfice pour personne.              

Ce soir, l’interview de Thierry Breton est annoncée et on nous promet un discours en faveur d’une extension du rôle de l’UE dans la santé. L’Europe institutionnelle avait-elle un rôle à jouer face à l’épidémie de coronavirus et a-t-elle eu une attitude utile et efficace ?  Tout le monde a constaté que non, mais la réponse immédiate a été : « normal, ce n’est pas une compétence de l’Union Européenne ».

Ce qui est partiellement faux.

La Commission et le Parlement, depuis le catastrophique traité de Lisbonne, se sont vus attribués la possibilité d’agir à peu près dans tous les domaines, même et surtout dans tous ceux qui ne sont pas de la compétence exclusive de la Commission. Il faut se souvenir que le traité de Lisbonne accorde des compétences exclusives à la Commission mais a supprimé les politiques exclusives des états.

« Il existe des défis transnationaux, communs à tous les Européens, sur lesquels avoir une vision d’ensemble devient un atout. Dans ces cas, l’action de l’Union européenne vient compléter celle des Etats ». Comme il n’y a guère de sujets où de tels défis ne peuvent pas se trouver, tout est ouvert à des « politiques complémentaires » pou « d’appui » dont le développement pourra, à terme, créer les conditions d’un nouveau monopole d’initiative de la Commission. C’est la politique dite du rhizome, née à l’extrême-gauche, reprise par les Islamistes et idéale pour les européistes, tendance Jean Monnet et comité Delors : des racines souterraines se développent partout, se joignent et finissent par créer un tissu inexpugnable.

L’exemple de la politique de santé le démontre avec la plus grande clarté. Qui sait qu’il y a une politique de santé publique européenne ? Personne à part quelques initiés. La presse quotidienne nationale n’en parle pas. Les grands médias télévisés encore moins. Même les professionnels de la politique dans les partis n’en savent en général rien. Lors d’une récente l’émission Zemmour & Naulleau personne ne paraissait même le savoir, alors qu’il s’agit de journalistes plutôt bien informés.

Le traité sur le fonctionnement de l'UE (TFUE) lui donne pourtant, à l'article 168, une base pour intervenir dans les domaines (très larges) suivants :

    L'amélioration de la santé publique ;

    L'information et l'éducation en matière de santé ;

    La prévention des maladies et des causes de danger pour la santé physique et mentale ;

    La lutte contre les grands fléaux, en favorisant la recherche sur leurs causes, leur transmission et leur prévention ;

    La surveillance, l'alerte et la lutte contre les menaces transfrontières graves sur la santé ;

    La réduction des effets nocifs de la drogue sur la santé.

 

On voit que la « surveillance et l’alerte contre les menaces transfrontalières graves sur la santé » sont dans la liste et que le Sars-Cov-2 a dû être immédiatement ciblé par la cellule « d’appui » (sic) européen, comme menace grave transfrontalière. En vérité, il ne s’est rien passé du tout et les Etats ont pris leur responsabilité et fermé leurs frontières dès qu’ils ont compris la nature de la menace, sauf naturellement E. Macron pour qui l’idéologie européiste est un réflexe plus solide que la crainte des effets d’un virus sur la population du pays qu’il dirige. 

Certains diront : peut-être l’administration de cette fonction d’appui n’avait-elle pas pu être effectivement mise en œuvre. Pas d’effectif ; pas de budget ; pas d’action. Normal !

Faux une fois de plus. 

« L'UE agit dans le cadre d'une programmation pluriannuelle, mise en œuvre par l'Agence exécutive pour les consommateurs, la santé et l’alimentation (CHAFEA). Actuellement inscrit dans la stratégie globale Europe 2020, le Programme Santé pour la période 2014-2020 poursuit "quatre objectifs spécifiques dans 23 domaines prioritaires" :  

    "Prévenir les maladies et favoriser des modes de vie sains" ;

    "Protéger les citoyens des menaces transfrontières graves" ;

    "Contribuer à des systèmes de santé innovants, efficaces et viables" ;

    "Faciliter l’accès des citoyens à des soins de santé sûrs et de qualité".

Pour réaliser ces objectifs, des appels à propositions, appels d'offres et appels pour des actions conjointes sont lancés par la CHAFEA. Les financements sont attribués en fonction des priorités et des critères redéfinis chaque année avec les Etats membres dans un "plan de travail annuel". Le premier programme Santé (2003-2007) de l'UE bénéficiait d'une enveloppe de 353,77 millions d'euros, le deuxième (2008-2013) de 321,50 millions d'euros. Le programme actuel est quant à lui doté d'un budget de 449,4 millions d'euros. »

Donc, nous trouvons bien une administration, la CHAFEA, et d’un budget d’un demi-milliard d’euros, ce qui n’est pas rien, qui aurait été très utile pour acheter des masques, des tests et des respirateurs. 

Il existe deux autres instances :

- le Direction Générale de la Santé (DG Santé), qui dépend du commissaire européen à la santé

- la Direction Générale de la recherche (DG Recherche), qui dépend du commissaire européen à la recherche.

De ces instances, seule DG Recherche, gérant la contribution financière des états membres et finançant les projets clefs, a un réel pouvoir. DG santé n'est absolument pas habituée à intervenir en cas de crise et est d'ailleurs incapable de le faire, simplement par qu’elles sont privées de compétences médicales.

« Toutes ces directions sont truffées de bureaucrates qui ne connaissent qu'une chose : la novlangue bureaucratique ; ils ont une idée totalement floue de la réalité. Dans une période comme celle que nous vivons ils sont complètement perdus », dira en démissionnant le président du Centre Européen de Recherche.

Impact de ce budget, de ce plan d’action et de cette administration sur la politique contre le virus ? Nul. De l’argent fichu en l’air. Mais quelques prébendiers ont été et restent bien rémunérés et une racine a été plantée pour expliquer que l’Union aurait dû être à la tête de la lutte contre le virus, qu’il faut lui donner plus de moyens, qu’il faut une « vraie » politique de santé publique européenne, avec un budget réellement conséquent, d’au moins x% du PIB global etc. Telle est l’éternelle réclamation des européistes : l’Union européenne a été défaillante, il faut lui donner plus de pouvoirs et d’argent. 

Des exemples comme celui-ci, il y en a des dizaines, avec à chaque fois une enflure des programmes et des dépenses au fur et à mesure que le temps passe, dans le silence médiatique total, avec des résultats nuls, sinon celui de déresponsabiliser les Etats, confrontés à mille luttes analogues,  portés par des groupes de pression, des élus européens qui se croient titulaires de la politique à y mener, des associations militantes ou des clubs subventionnés par l’UE et qui militent inlassablement pour « toujours plus d’Europe ».

Comme l’écrit Giscard : « La seule démarche fédérative qui peut aboutir en Europe n’est pas la démarche imposée du haut vers le bas, de type napoléonien, vouée à l’échec, mais celle conduite avec réalisme du bas vers le haut, par le jeu du transfert de compétences ! » Surtout si ces transferts sont cachés à l’opinion.

En attendant la Commission, le 7 avril, entendait jouer la mouche du coche sur le déconfinement : « Demain (mercredi 8) la Commission va adopter des orientations, sa vision sur comment les États membres devraient de manière coordonnée mettre en œuvre, le moment venu, des mesures pour sortir de cette période de confinement et, de manière générale, des autres mesures prises dans ce contexte », a annoncé mardi son porte-parole Eric Mamer. « Nous pensons qu'il est important de sortir avec ces propositions maintenant puisque certains Etats membres commencent déjà à annoncer des premiers pas dans cette direction pour les semaines à venir, et il nous a semblé très important que cela puisse se faire de manière coordonnée », a-t-il précisé.

Pour ceux qui ne le savent pas, il existe un service des porte-parole, avec chef et chefs adjoints et 12 porte-parole, plus une flopée de secrétaires et administratifs, dans plusieurs centaines de m2, avec informatique, bureautique, etc. Personne ne tient compte de ce qu’ils peuvent bien dire. La PQN française ne rapporte JAMAIS les propos de ce service.

Les bureaucrates restent et Mauro Ferrari, le président du centre de recherche européen, a remis sa démission. Servir de caution à un « machin » au milieu d’une catastrophe sanitaire ne lui a pas paru digne. Bravo !

Il serait peut-être utile de tirer définitivement la leçon de cet échec cinglant.

Il vaut mieux ne pas créer d’institutions ni de budget s’ils ne servent qu’à faire semblant et à grignoter du pouvoir sur les Etats, et éviter de les peupler de bureaucrates incapables (mais super bien rémunérés et/ou en argent et/ou en honneurs). 

Les Européistes, eux, sont déjà en chasse. L’institut Jacques Delors l’affirme : « L’UE ne dispose que d’une compétence d’appui, qui prévoit pour l’essentiel des actions de coordination et de coopération. Une fois passée, la crise liée au Covid-19 devra être l’occasion de revoir les dispositifs existants et de réfléchir à la mise en place d’une véritable politique commune européenne de la santé, y compris sur le plan de la production industrielle. Plus que jamais, les citoyens demandent à l’Europe de les protéger, sur le plan sanitaire comme dans d’autres domaines ».

L’Europe protectrice ? Elle a tout cédé à la mondialisation version américaine, supprimé le tarif extérieur commun, accepté des traités commerciaux inégaux, toléré des sanctions américaines de D. Trump sans vraie réaction, imposé une croissance faible dans le cadre de budgets cadenassés, refusé de contrôler les mouvements de populations problématiques, interdit de créer des grandes entreprises européennes capables de résister aux molochs américains et Chinois, etc.

La seule chose quoi intéresse l’UE et les mouvements européistes, c’est d’arracher le plus de pouvoir et d’argent possible aux Etats nationaux, éclatés par la régionalisation, et devenus un ensemble de « territoires » sans force et sans âmes, afin, à terme, de créer une Europe fédérale de type américaine et sous domination américaine, parlant anglais et gérant pratiquement toutes les politiques au profit de grands intérêts étrangers, tout en faisant droit à mille lobbies et groupements militants.  

Une fois une fonction captée, impossible de revenir en arrière. Le fait que  les socialistes, de Mitterrand à Hollande aient détruit le système de santé français, avec l’appauvrissement des médecins et chirurgiens libéraux, l’installation d’une bureaucratie terrifiante, incapable et paralysante (35% d’administratifs en France contre 24% en Allemagne) ,  les 35 heures et la retraite à 60 ans, l’imposition d’une cogestion avec les syndicats,  la sous-traitance au moins disant mondial pour les médicaments et les équipement médicaux, l’envahissement des structures par des immigrés, légaux ou non, avec le triomphe de la sottise tous azimuts avec Marisol Touraine, incapable notoire,  imposée pendant 5 ans à des professionnels de santé catastrophés, ne justifie pas qu’on transfère la politique de santé à l’Union Européenne.

Non, il faut simplement l’arracher au socialisme et à l’énarchie, pour la rendre aux professionnels de santé.

Sauvy ! Reviens ! La réflexion démographique se meurt, comme la natalité française !

La démographie est aujourd’hui plus que jamais un terrain miné, ce qui n’aurait pas surpris Alfred Sauvy qui, le premier et dès l’entre-deux guerres, a été confronté à l’envie de non-dit et surtout à la propagation d’erreurs tragiques mais que certains souhaitaient entendre et diffuser.

Les statistiques démographiques sont aujourd’hui ou interdites ou torturées lorsqu’on évoque le vieillissement et le « grand remplacement », c’est-à-dire la substitution de la population indigène par des groupes venus massivement d’ailleurs et qui sont d’ores et déjà devenus majoritaires dans certaines parties de la France. Certains groupes, dès qu’ils sont majoritaires, écartent les mœurs locales et veulent imposer leurs propres conceptions dont certaines sont plutôt éloignés du modèle français de démocratie et de liberté.

La négation démographique pèse lourd dans les phénomènes politiques et économiques. Elle crée des contradictions insurmontables entre doctrines et effets de l’application des doctrines. Elle obère gravement la manière d’observer et d’interpréter la réalité. Certains démographes sont devenus d’incontournables « menteurs compulsifs » et imposent l’histoire rêvée que le politiquement correct du moment exige, qui est actuellement « de gauche ». Donc les faits sont « fascistes », comme on disait à l’Odéon en 1968, et ne doivent pas empêcher de penser bien. Vis à vis de telle réalité la gauche bien-pensante, à la remorque des socialistes révolutionnaires (Trotskistes et Communistes résiduels, Marxistes indécrottables, hyper-gauchistes, Verts anti-capitalistes, Anarchistes violents, technicien de la révolution pour la révolution,  ex-Maoïstes regrettant leur jeunesse où ils applaudissaient aux exécutions de masse en Chine de « mandarins » par leur propre enfant et la Révolution Culturelle…) a toujours appliqué la séquence popularisée par Léon Chaix : occultation, le plus longtemps possible, négation, quand on ne plus cacher, minimisation quand on ne peut plus nier et exonération quand les faits s’étalent dans leur splendeur. Cette manière de faire protège son magistère et sa domination de l’opinion.

Nous sommes de ceux qui ne comprennent pas vraiment pourquoi on devrait accepter une telle obfuscation de l’observation et de la réflexion sur des faits de sociétés majeurs.

Le plus gros mensonge est d’avoir fait croire pendant des décennies que la natalité « française », contrairement aux autres pays se maintenait fort correctement. L’Italie, le Japon, l’Allemagne et les pays de l’Est récemment libérés du joug communiste faisaient figure de cas maladifs, avec  des taux de fécondité très en dessous des seuils de renouvellement de la population, et des baisses effectives de la population globale dans certains pays, très visibles comme au Japon.

En vérité, le phénomène a été exactement le même en France pour les Français de souche. Comment le savoir puisque les statistiques de ce type sont interdites ? Rien de plus simple. Certains sites de généalogie présentent des statistiques totalement publiques sur les lignées proprement françaises, c’est-à-dire sur les noms de famille prévalents en France depuis 1890. En suivant la natalité de ces lignées, on obtient des évolutions frappantes par leur convergence.

On connait par exemple pour les dix noms les plus répandus actuellement en France et l’évolution des naissances par tranches de 25 ans (1890-1915, 1916-1940,1941-1965, 1966-1990). Malheureusement il manque la séquence 1990-2015, le site (philae)  ayant voulu montrer les résultats sur un siècle seulement.

Pour les confinés curieux qui ont du temps à utiliser intelligemment, il suffit de prendre soit les 10 premiers noms, soit les 100 premier, soit cent noms au hasard, et de faire les additions et les comparaisons.  Nous l’avons fait et il n’y a pratiquement pas de variations dans les résultats. Il est donc peu probable qu’en faisant une addition exhaustive ont trouve une variation significative.

Donnons ici les résultats sur les dix premiers noms puisque tout le monde peut faire la vérification en moins d’une demi-heure.

C’est une population d’environ 1.200.000 personnes que l’on peut suivre sur un siècle. L’étiage 1890-1915 est très bas, avec moins de 210.000 naissances en une génération. Le malthusianisme du XIXe siècle est bien connu. Il a été accusé par la grande stagnation de la fin du siècle, après la défaite de 1870 et la perte des réserves d’or de la France, qui a permis à l’Allemagne de fonder le Mark, mais assommé l’économie française.  Après la saignée de 14-18, la courbe des naissances se redressent de 25% avec autour de 262.000 naissances. Ce n’est pas un « boom » mais les mesures natalistes et les alertes démographiques commencent du fait des pertes de la guerre et du grand nombre de femmes qui ne peuvent pas trouver mari. « Sans doute, l'opinion française n'a-t-elle pas encore saisi la liaison étroite, directe, entre les difficultés aiguës que nous connaissons actuellement et le mal chronique, indolore à ses débuts, qui nous touche depuis plus d'un demi-siècle... » écrit Sauvy, sans distinguer entre la première et la seconde partie de ce demi-siècle. Le boom arrive entre 1941 et 1965, avec plus de 355.000 naissances soit une hausse de près de 40% sur le quart de siècle précédent et près de 70% par rapport à la fin du 19e siècle.

Rappelons qu’il s’agit de lignées proprement françaises, portant les noms les plus portés il y a plus de cent ans et probablement depuis plusieurs siècles. La lignée des Martin remonte aux Romains !  

Que se passe-t-il entre 1966 et 1990 ? Le chiffre baisse ! On ne constate plus que 321.000 naissances. La baisse est de 10%, ce qui peut paraître faible. Compte tenu de la diminution de la mortalité, il est probable que le nombre de membres des lignées concernés à continué de croître. Mais la chute a commencé, sous l’effet de mai 1968, de la légalisation de l’avortement, de la destruction du mariage, de la « pilule » qui permet la liberté sexuelle des femmes sans le risque d’enfantement et de l’action des mouvements féministes qui refusent que la femme soit considérée autrement que comme un homme comme les autres et exigent qu’elle s’éloigne des nécessités de l’enfantement et de la famille. Dès les années 70, on ridiculise le discours nataliste. Michel Debré est caricaturé avec un entonnoir sur la tête comme un foldingue du « natalisme » qui renverrait les femmes à leur rôle primaire de poule pondeuse et à leur fonction sociale de maîtresse du gynécée.  Les démographes qui dans la foulée de Sauvy, avaient souligné l’importance d’une natalité forte sont écartés au profit des servants du nouveau discours.  Il n’y a aucun problème démographique ! Pas d’inquiétude ! Certes les femmes ne font plus d’enfants aux âges habituels mais elles le feront plus tard. Ce discours tenu par exemple par Le Bras dès le début des années 80 s’est sublimé sur la côte Ouest des Etats-Unis où les post modernistes suggèrent que les femmes congèlent leurs ovules pour faire des enfants lorsqu’elles seront à la retraite !

La femme au foyer se retrouve bientôt seule, sans repères sociaux et ridiculisée par les journaux féminins qui jusque-là valorisaient ses tâches traditionnelles. Des journaux comme Marie-Claire migre vers les bons conseils érotiques et abandonnent les aiguilles à tricoter, comme les recettes de cuisine. Cosmopolitain, sous inspiration féministe américaine, est une revue entièrement tournée vers les exigences de la nouvelle femme qui se comporte comme un homme, trompe son mari sans vergogne, se réalise sur tous les plans, aspire à l’égalité des salaires plus qu’à créer une atmosphère aimante dans sa famille, etc. Le taux de divorce augmente rapidement et atteint près de 50% des ménages mariés à Paris dès les années 80 (on n’en est aujourd’hui à près de 75%) . Giscard est passé par là et Mitterrand accélère la cadence.

Ce changement de paradigme est l’explication majeure de la chute de la natalité, alors que la mortinatalité, encore forte au lendemain de la guerre, devient très faible.

Une baisse de la natalité de notre échantillon parait faible mais le taux de 10% est trompeur car le nombre des femmes en âge de procréer ayant augmenté de 40%, on aurait dû retrouver une hausse, même plus faible. . En fait le trou entre la valeur qu’aurait donné la prolongation de la tendance précédente et le chiffre réel se situe sans doute entre 40 à 50%. Il s’agit bien d’une rupture significative et d’une grande ampleur.

On ne connait pas les chiffres de l’échantillon pour la période 1990 à nos jours, mais on sait quel a été le désastre global. Selon l’Insee le « taux de natalité » qui était de 20.6 pour mille en 1950 et passé à 11.8, soit une baisse de moitié. L’indicateur de fécondité est descendu à 189 venant de 294, en tenant compte des naissances de mères immigrées, donc là encore il s’agit d’une baisse de près de 50% pour les autochtones. Tout s’est accéléré.  On sait les mesures antinatalistes assumées prises par Hollande et Macron. Désormais et depuis désormais plusieurs années, le nombre des naissances globales baisse, de plus en plus lourdement, alors que les chiffres tiennent compte de la surnatalité des familles immigrées venues par le regroupement familial, l’immigration légale et illégale.

La rupture constatée en 1990 est donc devenue « une descente aux enfers » et il est désormais certain que la population globale de notre échantillon a commencé sa baisse et pas seulement celui de ses naissances. Ajoutons que la surmortalité des personnes âgées due au Sars-Covid-2 va frapper principalement les populations enracinées qui ont plus subies le vieillissement que les nouveaux entrants.  

Si on tient à une bonne appréciation démographique, il faut donc admettre qu’on assiste aujourd’hui à la réduction progressive mais accélérée des lignées françaises anciennes, qui ont dû atteindre leur pic autour de l’an 2000, au profit des populations immigrées puisque la population globale continue à augmenter en France. La seule incertitude n’est pas de savoir si les populations natives deviendront minoritaires mais si elles le seront en 2060 ou en 2100.

Il reste à déterminer si la substitution de population dans une ancienne « patrie » devenue un « territoire » avec des archipels ethniques ou culturels en tension, est une bonne perspective ou non. Le politiquement correct du moment exige qu’on affirme que oui mais ne veut pas qu’on sache que l’affaire est en cours, sorte d’hommage du vice à la vertu. L’instinct patriotique stipule que non, mais est encouragé à se taire. Il y aurait quelque honte passéiste à s’en prévaloir. Un tel déchirement est pénible car ce débat n’a rien de vénéneux et porte sur des aspects réellement fondamentaux de ce qui fonde l’organisation sociale, la nation et le régime politique.

Il est clair qu’un pays qui se ferme et ne fait plus d’enfants va faire face à de graves inconvénients. Au Japon, les économistes ont déjà calculé que certaines villes ne pourront bientôt plus faire face à leur entretien. Comme les grands châteaux qui étaient fait des villes associées à un régime social sont tombés en désuétude puis en ruine, des villes entières subiront le même sort.  Au Japon la population a baissé d’environ 2.000.000 de personnes depuis son pic, soit une ville comme Paris. L’Allemagne a une population stagnante et même légèrement déclinante depuis longtemps. La population de la Turquie qui était à peu près le quart de celle de l’Allemagne il y a cinquante ans est désormais quasiment la même. En termes de pouvoir politique et de diplomatie, l’effondrement démographique a un impact violent, comme on le voit dans les discussions Merkel Erdogan.

 

Du point de vue des libertés individuelles, il n’y a guère débat. La possibilité offerte à chacun de ne se pas se heurter à des interdictions de séjour et de contrat est une extension des possibilités de se réaliser. C’était le fondement de la Communauté européenne : « Je ne te crains pas, voisin européen et je t’accorde chez moi, les « droits de » qu’exercent à mes propres citoyens ». Il y a juste un hic : « est-ce qu’il est légitime que je ne te craigne pas ? »  Le Royaume-Uni entrant que nation souveraine a jugé au vu de l’expérience qu’il y avait beaucoup à craindre.

Du simple point de vue économique, il n’y a pas plus de question non plus. L’économie ne distingue pas le genre, la nationalité, l’origine ethnique des acteurs, qu’ils produisent, consomment ou épargne. Dans un pays en épuisement démographique, l’apport quantitatif de l’immigration peut être très bénéfique, avec un vieillissement global retardé, l’élargissement du marché intérieur, la disposition de plus de salariés, une plus grande énergie, liée à la jeunesse. La baisse de la natalité comme au Japon, a des effets au début très favorables (le capital se retrouve dans moins de mains, avec un effet richesse), mais à terme, on tombe obligatoirement dans la régression économique.  Là aussi, il y a juste un hic : que le pays reste concurrentiel et conserve son plein emploi, sa croissance et ses réserves de précaution.

Du coup le débat se déplace sur le terrain du système politique et social. Faut-il des politiques publiques et si oui, comment résistent-elles à une extinction graduelle de la population soit à la substitution d’une population par une ou plusieurs autres ?  La question est d’autant plus forte si on a construit un état-providence, qui risque de devenir un open bar pour le monde entier.   

Si le système social pousse à l’intégration immédiate de l’immigration par le travail avec une volonté de minimiser les inconvénients d’une immigration de peuplement, dans une économie compétitive et florissante, réticentes à distribuer le fruit du travail des uns pour satisfaire le besoin de consommation des autres, mêmes inactifs, le doigt est constamment sur la jauge et sur les flux, l’immigration peut être un moyen de compenser les chutes de naissances. Mais faut-il abandonner tout objectif nataliste national de redressement de la fécondité et laisser aller les choses jusqu’au remplacement de population ?  

En choisissant l’offuscation au détriment de la réflexion, les politiques Français stérilisent un débat fondamental et certains peuvent penser que la France a perdu toute chance de convertir l’immigration en force complémentaire de son propre dynamisme au nom d’une forme de nihilisme individualiste porteur des pires maux.

Aujourd’hui le pays voit son « stock » dévitalisé, comme disent les éleveurs de chevaux, et remplacé progressivement par un stock extérieur qui n’a pas été mis en position d’être pleinement utile à la nation, alors qu’il subit de plein fouet les effets délétères de ses options socialistes ou social-démocrates, bureaucratiques et gauchistes, en matière de santé publique, d’éducation, de justice, d’activité économique, de fiscalité et d’endettement etc.

C’est sur cette base démographique hasardeuse que le pays, ruiné, affronte le drame humain vécu par la partie âgée et l’effondrement économique en cours, du fait du Sars-Cov-2, dans l’imprévoyance totale de ses dirigeants.

Il est regrettable que les préoccupations démographiques qui, sont une réalité profonde à larges effets et qui impacte la plupart des grandes questions nationales, soient à ce point mis sous le boisseau et écartées du débat public, alors qu’elles conditionnent largement la conception des politiques à conduire.

L’Etat Moloch français, impuissant et dépassé. Pourquoi ?

La France vit la crise provoquée par la pandémie de Sars-Cov-2 dans des conditions ubuesques d’improvisation et de gâchis humains et économiques. Bien sûr, ces réalités se constatent un peu partout. Le virus a pris le monde par surprise. La France possède une particularité remarquable : nous avons un Etat Moloch qui consomme l’essentiel des ressources de la nation au nom d’un service public mythifié. Et malheureusement les résultats sont pires qu’en Chine, à Taïwan, en Corée du sud ou à Singapour, des pays qui ont connu leur miracle économique il y a peu de temps.

Il nous semble que ce paradoxe est l’aboutissement d’un demi-siècle de dérives inexcusables.

La séquence « Mai 68, Giscard, Mitterrand » a affaibli la France dans des proportions terrifiantes. La mainmise d’une bureaucratie administrative, l’Enarchie Compassionnelle, sur l’Etat, sur la politique, jusqu’aux niveaux les plus bas de la démocratie locale, sur la haute finance et  sur les grandes entreprises, sa conversion à une forme de socialisme démarxisé mais gauchisant, son choix d’une décentralisation inutile et coûteuse à l’intérieur et du transfert  progressif de la souveraineté nationale  à l’Union Européenne, son abandon du champs international aux Etats-Unis, puis à la Russie et à la Chine,  et son obsession fiscale, toute cette sarabande absurde et évitable a ravagé un pays qui, il y a moins d’un siècle, dominait encore largement la scène internationale et pensait le monde.

Dès la fin du premier septennat Mitterrand, la France a cessé de rattraper le niveau de vie américain.  Elle est rapidement devenue le leader des prélèvements sociaux et fiscaux, alors que toutes les politiques nationales critiques sombraient. Nous sommes les rois des prélèvements mais la justice est moribonde, la santé est en lambeaux, l’armée fonctionne avec des bouts de ficelle, la diplomatie est exsangue, la culture française s’est effondrée dans le monde, l’Education nationale est devenue un champ de ruines nappées de moralisme, la recherche dans tous les domaines critiques est en retard ou absente. Des centaines de livres ont étayé ce constat.

La volonté de mettre fin à la « dictature bourgeoise » et de saquer les « possédants » en accordant des droits nouveaux, à foison, aux minorités agissantes, aux étrangers, aux salariés, aux locataires, aux féministes LGDP, aux syndicats, aux délinquants, etc. a imposé des politiques qui ont divisé gravement le pays, compliqué la gestion d’entreprise,  et finalement massacré fiscalement la classe moyenne supérieure et les petits riches, indispensables à la bonne marche du pays. En même temps on a ouvert à la concurrence des ex-pays socialistes l’industrie française et ses salariés, sans aucune prudence, tout en accordant des privilèges exorbitants aux banques et sociétés d’assurance. Du coup on a endetté les particuliers hors de toute limite, pour maintenir la consommation tout en créant une succession de bulles qui ont toutes fini par exploser.  

La France s’est retrouvée en grave difficulté lors de la crise 2008 et n’est pas réellement parvenu à en sortir avec, 12 ans après, une dette vertigineuse et un chômage structurel massif, alors qu’elle n’a pas trouvé le courage de revenir en arrière sur les mesures les plus folles, à l’exception de la demi-mesure de transformation de l’ISF en IFI et l’indispensable forfaitisation des impôts sur les produits de l’épargne. On a décidé de prélever les impôts à la source, dépossédant les citoyens de leurs droits de propriété sur leur revenu (ils n’ont droit qu’à ce que le gouvernement consent à leur laisser), ce qui a permis à l’état de refaire sa trésorerie au détriment de celle de ménages. On arrive, avec la crise médicale, à des situations ubuesques. Un particulier qui a acheté un bien immobilier à crédit et le loue, verra ses loyers suspendus mais pas ses échéances de remboursement d’emprunt et le revenu non touché fera l’objet d’un prélèvement à la source (sic) dès le 1er avril si les circonstances l’empêchent d’obtenir l’annulation. Les salariés au chômage partiel seront, eux, prélevés au taux de l’année dernière alors qu’ils ne touchent qu’une fraction de leur rémunération ! On se rappelle que les médias avaient rabâché à l’époque que tout le monde « adorait » le prélèvement à la source. Fa Tutto !

Approfondissons la question de l’organisation de la santé. On connait les méfaits de la gratuité. Les déficits explosent rapidement, deviennent infinançables, et on finit par réprimer et l’offre et la consommation.

Lorsque l’idée d’une médecine partiellement indépendante du revenu, mais malgré tout restée dans le cadre d’un système d’assurance avec cotisation, s’est généralisée, les idées dominantes étaient que le petit risque ne devait être que partiellement remboursé pour réserver l’essentiel des fonds au gros risque, couvert à 100 % dans sa partie médicale. Pour les plus pauvres, on jugeait qu’il fallait permettre une offre de soins de premier contact moins coûteuse, basée sur les dispensaires, plutôt que d’offrir systématiquement les solutions les plus coûteuses au prétexte que les minorités les plus fortunées y avaient accès. La santé étant largement financée par l’impôt et la solidarité nationale, la gratuité devait être réservée aux nationaux, les autres étant financés par des systèmes assuranciels ou renvoyés à leur Etat d’origine. De même le surcoût des comportements à risque devait être financé par des systèmes spécifiques. Pour beaucoup la sagesse voulait aussi que les cotisations maladie de base soient payées par les ménages et non par les entreprises, à l’exception des risques professionnels spécifiques. Le pilotage devait être laissé le plus possible au monde médical, en veillant simplement à éviter les comportements étroitement corporatistes : multiplication des actes, malthusianisme dans l’accès aux professions médicales, refus de la télémédecine pour conserver la présence dans les cabinets, hospitalisation trop longue pour occuper les lits, acceptation de « clients » sans droits pour maintenir de nombre d’actes etc. Certains pays comme la Suisse, ont longtemps fonctionné sur ces principes.

La disparition du caritarisme chrétien, qui assurait en partie la médecine de premier contact, et la poussée du gauchisme postsoixanthuitard en France ont fait dériver les conceptions au point qu’en matière de logement, de médecine et d’école, l’égalitarisme devait offrir aux plus pauvres mêmes étrangers et non contributeurs, l’accès aux plus belles prestations. Le logement social devait s’installer rue du Dragon, à 25.000 euros le m2. Les petits cours et les voyages à l’étranger devaient être offerts aux élèves venant des familles les plus pauvres. Les diplômes de base devaient être distribués à tout le monde pour ne pas traumatiser. L’accès aux instituts supérieurs devait être élargi aux élèves des quartiers, aux syndicalistes etc.

Sur pratiquement tous les sujets, on a effectivement séparé fortement le financement et la prestation, permettant à des millions de gens de croire qu’ils obtiendraient plus par la pression politique en faveur des politiciens égalitaristes que par le travail et la réussite professionnelle. L’important était de serrer les riches à la gorge et de ne jamais lâcher !  D’où l’ISF et les palinodies qui ont entouré ses création, suppression, mutations. « S’ils renoncent à ruiner les riches, on n’aura plus accès à ce que nos propres capacités nous empêchent d’avoir. Non ! Non ! Non ! Taxez-les encore et encore.  Vive l’impôt ! ». Si on peut vivre sans travailler presqu’aussi bien qu’en le faisant, le choix est vite fait ! Après quarante ans de ce régime, comment s’étonner que la très grande majorité des salariés dans des secteurs essentiels comme le transport préfèrent mettre en avant leur « droit de retrait », une absurdité dont on voit la malfaisance aujourd’hui, et toucher 85% de leur rémunération à ne rien faire. Dire aux Français devenus pour beaucoup totalement calculateurs et irresponsables : « Je supprime vos frais de location d’appartement et je vous donne 85% de votre rémunération. Restez chez votre propriétaire à ses frais », ce qui revient à augmenter leur pouvoir d’achat, était d’une démagogie absolument folle et dont les effets seront irrattrapables compte tenu de la durée probable de l’épidémie (au minimum un trimestre, sans doute pas loin d’un semestre avant le retour à une situation normale). En attendant, on ne trouve plus assez de monde pour assurer les tâches routinières mais indispensables !    

Ce changement massif des mentalités en faveur de l’assistance plutôt que du travail et des « droits à » plutôt qu’aux « devoirs de », a fait abandonner toutes les prudences et tous les pares-feux que la sagesse recommandait. Une fois les premières bornes franchies, il n’y a plus de limite, avec les conséquences qu’on constate aujourd’hui.

Reprenons le cours de notre histoire médicale.

Sur l’offre, comme sur la demande, les grandes erreurs ont commencé, comme toujours, avec Giscard. Le numérus clausus est évidemment la pire. Il a provoqué le phénomène des déserts médicaux déjà parfaitement documentés. Simultanément, l’instauration du regroupement familial va multiplier de façon massive la clientèle. Ce sont des centaines de milliers de familles étrangères qui s’installent avec femmes et enfants.  Avoir crée ce coup de ciseau sur notre système de soin est quasiment dément. Mais les médias nous expliquent depuis des lustres que M. Giscard est « très intelligent » !

Le mitterandisme aggrave tout, en réduisant le temps de travail et en accélérant les départs à la retraite. Il donne plus de place aux syndicats et entend installer à l’hôpital une cogestion comme à l’Education nationale. Il annonce son désir de lutter contre les « mandarins ». Aussitôt les infirmières se mettent en grève pour obtenir immédiatement plus et mieux, notamment des formes de statut très favorables comme le secteur public sait en créer. J’ai encore le souvenir d’un médecin, cancérologue bien connu, compagnon d’une jolie actrice d’origine russe et ministre éclair, la louche physiquement plantée au plus profond d’un service de caviar, expliquant à un parterre choisi combien il se sentait solidaire !  Belle image du mandarin socialiste repentant mais peu soucieux de pénitence !

La gestion hospitalière devient lourde et difficile, avec une montée de l’absentéisme, la fin de l’autorité, et un climat de clans … On commence à faire la guerre aux cliniques, et la médecine libérale doit supporter la stagnation du prix de la visite qui finira par tomber à une fraction du coût de celui d’un plombier parisien. Le ticket modérateur disparait en partie. La médecine de ville attaquée commence à se replier, refusant les visites et les gardes. SOS médecins, lancé en 1966, un service dont la qualité est très inégale, se généralise pour les visites notamment de nuit. Mais les frais sont plus élevés que les urgences. Celles-ci commencent à bouchonner. En même temps le pays commence à être envahis par une immigration légale et illégale importante qui est pris en charge par les lois de 1983 réorganisant l’aide médicale d’Etat (AME) et créant les aides régionales. Le RMI donne à Rocard l’occasion de généraliser les accès totalement gratuits aux soins pour tous. A raison de 100 à 400.000 mille entrées généralement africaines par an sur le territoire national, entre 1980 et aujourd’hui, on n’a pas besoin d’imaginer les dégâts : il suffit de les constater. On parle bien de millions de personnes en quarante ans.

La crise de 1993-1994, creuse les déficits en même temps que les comptes des hôpitaux commencent à dériver gravement. Les Enarques, Rocard, Balladur, Chirac, Juppé, Jospin, Aubry vont bureaucratiser totalement l’hôpital public. On crée des structures administratives de pilotage lointaines et ayant tout pouvoir qui, à la fois, fixent des normes envahissantes et supplantent le pouvoir des chefs de services et des médecins soumis désormais à des autorités extérieures qui régissent tout, même les traitements médicaux. Les contours de services deviennent bizarres. Au nom de la rationalisation et de la qualité des soins, le système va être totalement bureaucratisé avec des règles de plus en plus stupides et de plus en plus sauvages. L’informatisation des hôpitaux et de la santé en général est totalement ratée. Là où il fallait mettre à disposition des API pour gérer les objets communs normalisés (l’identité des patients et des acteurs médicaux, la référence des lieux de soins, la codification des actes, les statistiques essentielles), on s’est lancé dans la recherche de logiciels nationaux uniques qui ont presque tous lamentablement foirés, avec des créations « locales » partielles sur tableur ou L4g, faisant la fierté de leurs auteurs mais incapables de communiquer quoi que ce soit à qui que ce soit.

Le soin perd la priorité au profit d’objectifs plus prosaïques : conserver des lits ; ne pas perdre son poste ; être capable de travailler avec de plus en plus de médecins étrangers ; faire face à la féminisation massive qui change les attitudes vis-à-vis de pratiques anciennes ; s’organiser face à la pénurie organisée de médicaments, de lits, d’infirmières, de personnel de nettoyage, de personnel de restauration. Des centaines de petites unités sont fermées. Des dizaines de milliers de lits disparaissent. Des stocks s’évanouissent.

Comme on éloigne de plus en plus l’hôpital du malade on songe à créer un grand monopole national du transport médical ! Une régie autonome du transport médical, voilà la solution ! Une révolte des taxis mettra fin à ce rêve technocratique soviétisant. Il est vrai que le transport médical commençait à représenter une part majeure du trafic des taxis en province ! Les taxis massivement subventionnés par la SS ? Mais bien sûr !  

Après les 35h et la crise du début des années 2000 le système est devenu ingouvernable et l’hôpital approche de l’explosion. La récession de 2008-2009 va encore aggraver les choses. Les mesures de constriction des dépenses s’aggravent constamment. Les urgences se saturent définitivement. Dès 2010 on commence à mourir de négligence sur des brancards. L’institution se délite tout en ruinant les Français. Le nombre des administratifs et des non soignants augmentent. Celui des soignants baisse.  

L’immigration officielle ou illégale finit de saturer tous les services.

Et les médecins, eux, ont fini d’y croire. « Ce n’est plus possible. Ils ont tué la médecine française ». On entend cette phrase partout et tout le temps lorsqu’on rencontre des médecins et des chirurgiens depuis au moins dix ans.

Ne parlons pas des laboratoires médicaux considérés comme des officines de malfrats. Pour financer l’infinançable gratuité, on a accepté que la totalité des médicaments des produits soient produits « a minima » dans des pays à très bas prix, comme l’Inde ou la Chine avec des ruptures d’approvisionnement de plus en plus graves et de plus en plus fréquentes (phénomène déjà dénoncé dans mon livre « l’Etrange Désastre », il y a plusieurs années).

Quand on regarde l’état actuel du système de santé publique, on est frappé de voir une organisation quasiment soviétisée où personne n’est plus responsable de rien. Ce qui marche, comme dans tout système soviétique, est dû à l’action de quelques Saints, ces personnes qui, à tous les niveaux, compensent les lacunes et font le maximum, et parfois plus, en jouant avec les règles.

Comment ne pas comprendre qu’au bout du chemin on trouve le désastre actuel ?

On fait face à une pandémie dont le risque était envisageable et évoqué (nous l’avons même fait sur ce blog en commentant un rapport de la CIA, sans imaginer la situation actuelle), puis quasi certain dès les premières extensions hors de Chine, sans lits, sans respirateurs, sans kits de diagnostic, sans tenues de précaution, et sans masques. Qui était responsable de la veille sanitaire ? Qui a pris la mesure des choses dès décembre quand l’explosion du virus s’est produite en Chine ? Qui a vérifié la disponibilité en masques etc. ?  Qui a commencé à mettre en tension tout le système médical ? Qui a défini la politique en matière de test ? Tout était entre les mains de hauts fonctionnaires administratifs, pas entre les mains des médecins qui ont été écartés de toutes ces questions, à l’exception de comités dits scientifiques tenus par des affidés et servant de caution et de paratonnerre aux politiques. Rappelons tout de même que la réputation médicale de Mme Buzyn et de son mari, Yves Lévy, ancien directeur de l’Agence chargé du Sida (où il a accepté toutes les dérives exigées par les associations homosexuelles) avant de passer à la tête de l’Inserm, est plus liée à leur engagement politique socialiste qu’à des exploits médicaux stupéfiants d’audace et d’efficacité. Yves Lévy vient d’être fait conseiller d’Etat. Il s’agit en fait de l’équivalent d’un haut fonctionnaire politique, comme son épouse.

Les erreurs à répétition commises par l’énarque Macron assisté par l’énarque Philippe (un premier ministre qui, face à une crise gigantesque, va se présenter aux élections municipales au Havre !) n’ont strictement rien à voir avec les « scientifiques ». Les instances politiques étant tenues par la haute administration comme toute la coupole de direction du système de santé, elles ont réagi en fonctionnaires : tardivement ; inefficacement ; en cherchant à se planquer et à passer le mistigri à d’autres. Surtout qu’il n’y ait aucune remise en cause de la bureaucratie triomphante. L’expérience du professeur Raoult, un vrai médecin, qui a prouvé sa compétence dans de nombreuses études de virus et constaté que la Chloroquine, associée à un antibiotique avait des résultats immédiats et remarquables contre le COS-Sars-2, est racontée par Jean-Dominique Michel :

La solitude de la compétence extrême ?! Raoult explique comment Emmanuel Macron est venu le chercher après sa première annonce publique du 26 février et l’étrange expérience qui a été depuis la sienne dans le cercle d’experts qui conseille le martial président. À la question posée par un journaliste de Marianne : « Y êtes-vous entendu ? », il répond : « J'y dis ce que je pense, mais ce n'est pas traduit en acte. On appelle cela des conseils scientifiques, mais ils sont politiques. J'y suis comme un extra-terrestre. »

La sainte Europe a montré son inutilité et prétend que cela aurait été mieux si la santé devenait une discipline gérée par la Commission ; la régionalisation n’a fait qu’aggraver les choses mais les Présidents de région se sont agités alors qu’ils n’ont rien à faire dans le domaine ; les directeurs d’ARS se planquent. Ce n’est pas là que cela se passe.

Les médecins et les infirmières travaillent et trinquent. Certains d’entre eux ont même porté plainte contre le premier Ministre et l’ancienne ministre de la santé qui les ont laissés nus et désarmés face à une maladie très particulière : elle n’a une très faible gravité pour les personnes en bonne santé ; elle est mortelle à gros pourcentage pour les sujets à risques sans autre traitement que la ventilation. Le système hospitalier reçoit trop tard les sujets à risque qui y décèdent malheureusement massivement.

La prévention consiste à isoler totalement les sujets à risque, à dégager de l’environnement les sujets contaminés sans risque, et à traiter les personnes à risque le plus tôt possible avec les rares traitements que l’on sait un peu efficace pour éviter les décès et soulager les hôpitaux. La durée de contamination est considérablement raccourcie et le nombre d’intubation est  réduit. Pour les Ehpad il faut tester toutes les personnes qui entrent et envoyer le traitement efficace immédiatement après le premier constat d’une contamination. Il est inutile de ruiner l’économie en bloquant absolument tous les mouvements. Seules les personnes à risques doivent être confinées, mais avec un service très particulier pour éviter la contamination par les approvisionnements. Et une réactivité immédiate en cas de symptôme, avec des tests immédiats pour tout le monde concerné par la chaîne de contamination. Cela veut dire des équipes mobiles et entièrement protégées, des produits de décontamination avec leurs pulvérisateurs, des lieux d’attente pour les porteurs détectés et sans risques et même des lieux de détection accessibles en voiture pour multiplier les constats et agir en conséquence.  Naturellement tout le monde porte des masques et on ne manque ni de tests ni de lits pour les malades.

Rien de tout cela n’a été entrepris.

Les Français ont commencé à mourir.  Et à entendre que si la crise est si grave c’est leur faute. Depuis le début, la communication des médias est corrélée étroitement aux impuissances de l’Etat Moloch. Il n’y a pas de masques ? Donc ils sont inutiles ! Tous les Chinois portent des masques et l’épidémie est arrêtée.  En vérité ils sont indispensables pour limiter les risques. Les tests ? Inutiles. La gravité ? pendant longtemps elle était si faible que ce n’était pas la peine de s’inquiéter vraiment. Une grippette ! Le soucis permanent des médias a été d’éviter la panique en sachant qu’on n’était pas prêt pour l’épidémie. Les médias vus comme instrument du mensonge pieux et masque de toutes les impréparations !  Ils sont passés du politiquement correct gauchisant et son auto censure à la fausse information médicale avec une facilité déconcertante. Le plus drôle est de voir en boucle des avions militaires se mobilisant contre l’épidémie devant les caméras, alors que les malades auraient pu être envoyés en silence et sans frais dans les cliniques locales, délaissées jusqu’ici pour prouver le rôle du service public héroïque, seul chargé du premier choc, et renforcer l’image du « chef de guerre ».  Macron ne voit-il pas sa côte remonter à toute vitesse avec la crise ? Ah les sondages, seuls et uniques objets de la discussion politique de média ! Les faits eux, on s’en fout et on les traite en fonction de l’opportunité et des consignes.

Sans doute devant l’échec du plan de confinement et de l’impossibilité d’arrêter totalement l’économie, la nécessité entraînera un changement de politique. On disposera, espérons-le, de plus de tests et de masques, permettant des politiques d’isolement sélective.  Sans doute l’emploi de la chloroquine sera généralisé dans les traitements. Cela pourrait aller assez vite, sans doute moins de deux semaines pour avoir les moyens de reprendre la main sur le virus, et deux nouvelles semaines pour voir les effets positifs. Si cela ne se passe pas comme cela, on va vers un nombre de décès considérable et des dégâts économiques insensés.   

Parions que lorsque la crise virale sera passée, à l’été ou l’automne, et ses conséquences directes en partie maitrisées, on applaudira les héros et on versera des torrents de larmes sur les victimes, mais on ne reviendra ni sur les ARS et l’absurde bureaucratisation du système, ni sur les gratuités intenables, ni sur l’âge de la retraite et la durée du travail, ni sur l’AME, ni sur l’immigration clandestine, ni sur les excès syndicaux, ni sur le droit de retrait ridicule, ni sur la pénibilité, ni, ni, ni, ni… On ne revient pas sur des droits acquis surtout s’ils sont déplorables. Après le sacré virus, les vaches sacrées ! La routine politicienne reprendra, après une crise qui aura tué de nombreux Français vulnérables, ruiner l’épargne et fait plus de dégâts économiques et sociaux que celle de 2008. On expliquera que "c’est la faute au « libéralisme », aux règles de l’Euro et à la mondialisation". Et bien sûr, aux Riches non solidaires. Plus de réforme de la constitution ; Plus de réforme des retraites. « toutes les réformes ont été jetées à la rivière ». Espérons, sans trop d’espoir, que les rancunes sociales les ont accompagnées dans le Styx. Sinon gare au retour de bâton.

L’étonnante convergence des idées économiques et monétaires saugrenues

Profitons des derniers instants où l’on peut parler économie avant que le coronavirus emporte tous les esprits. Nous vivons une de ces périodes d’après récession, dont on sait qu’elles sont propices aux repentances, aux remises en cause, à l'aggravation des tensions de toute nature et à la libération des esprits excités. Ce qui était foldingue avant devient naturel après et réciproquement.

Faute d’avoir compris (ou voulu admettre) les causes de la crise de 2008, et de son intégration dans la séquence de crises à répétition depuis 1971, on a assisté à une fuite en avant dans les solutions officielles les plus aventurées, débouchant sur une stagnation tellement molle que le monde entrait en récession sans même s’en rendre compte. Quand on n’agit pas sur les causes, on est obligé à des mesures symptomatiques comme disent les médecins, ou non conventionnelles comme disent les banquiers centraux.

Les écoles de management se sont mises à la charité expressive et à dégouliner de bons sentiments, les banques ne s’occupent plus d’argent mais de causes gracieuses, baignant dans le politiquement correct le plus gras. On invite Mlle Tombèrent à Davos. Le vert est mis partout, en même temps que la cause féministe. Il faut sauver dans les larmes de la compassion la mondialisation, qui comme Sophie, connaît de bien grands malheurs, évidemment totalement imprévisibles.

Le coronavirus arrive juste à temps : c’est lui qui aura provoqué la récession et peut-être aidé à cacher cette vérité sournoise : quand on remplace une crise de conjoncture par une crise de structure, les résultats ne sont jamais à la hauteur des espérances.

Du coup les aventuriers de l'économie foldingue se sentent des ailes et on assiste à une formidable convergence des idées économiques radicalement disruptives avec un début d’intégration dans les réflexions officielles.

Quelles sont les lignes de pensées qui convergent :

-          Les jetons électroniques à prétention monétaire, basés sur le mode de gestion de fichiers décentralisés et dupliqués sur le WEB, dit de « chaîne de bloc », comme le Bitcoin, ont partiellement sombré dans la mauvaise réputation tant les vols, les escroqueries, et les manipulations de marchés ont été virulents. Mais voilà que les banques centrales se sentent l’envie de créer des monnaies électroniques officielles.

-          Les banques dont la frénésie de prêts spéculatifs a largement contribué à la gravité de la crise se voient à la fois confortées dans leur envie de supprimer le cash, qui est une « fuite » qui les gêne dans leur circuit monétaire et les rend dépendantes des banques centrales. En même temps leur pouvoir de création monétaire est menacé et leur rôle même est vu par certains comme inutile, puisque l’intelligence artificielle partagée sur le Net permettra de sélectionner les risques et donc les placements bien mieux que les comités de crédits bancaires dont on a vu les limites.

-          La taxation des flux financiers, et non plus des transactions économiques, autrefois appelées taxe Tobin, et reprise par tous les mouvements d’extrême gauche depuis au moins 20 ans, se conjugue avec la perte de recettes des flux d’achat passant par le Net, et l’endettement désespéré des Etats, pour renaître comme moyen magique de régler tous nos problèmes.

-          Le revenu universel de base, considérée au départ comme un moyen de résoudre la question immanente de l’inégalité dans une économie marquée par la globalisation des bénéfices et le nivellement des niveaux de vie entre Nord et Sud, s’étend comme solution générale à tous nos problèmes y compris écologiques et de santé publique.

-          Le bon Milton Friedman avait discuté naguère de la possibilité de faire voler un « hélicoptère à monnaie », image résumant une politique de distribution directe de monnaie par les banques centrales non plus aux banques (on a vu que cela ne marchait pas) ou à l’état (on a vu à quel niveau d’endettement on se retrouve) mais aux ménages.

Quel est le produit intellectuel de cette convergence ?

-          Le revenu universel ne serait plus versé par redistribution fiscale mais par la création de monnaie par les banques centrales. L’hélicoptère à monnaie financerait le revenu universel. En fonction de la conjoncture le versement serait plus ou moins généreux. Plus de dettes, puisque cela serait de la monnaie perpétuelle donc plus d’intérêts à payer par les Etats. On pourrait simplifier les politiques de redistribution devenues des monstres de complication. Certains disent même : le revenu universel remplace toutes les autres aides. Maintenant que vous avez l'essentiel et que vous pouvez vivre, débrouillez-vous pour l’accessoire. On assiste du coup à la rencontre saugrenue des pires socialistes et des libéraux absolus.

-          Les banques centrales supprimeraient le cash en imposant une monnaie électronique d’état. Chaque résident se verrait imposer un portefeuille électronique, substitut des comptes en banque, dotés par exemple dans la zone Euro d’EuroBits (si on ose dire, en ces temps de grivoiserie). Toutes les transactions deviendraient lisibles par l’état qui du coup pourrait supprimer tous les impôts pour les remplacer par une taxation progressive sur le niveau des mouvements de fonds. On sait que de tout temps les Etats ont essayé de se brancher sur une ressource universelle et facile à capter, impôt sur le sel, impôt sur l’énergie etc. Là nous aurions un impôt sur la monnaie. Tobin est enfoncé dans les profondeurs de sa naïveté : Moloch est arrivé, en se pressant et en pressurant. Plus de fraude possible ! L’impôt est versé dès que l’argent rentre (la philosophie actuelle) mais aussi dès qu’il sort. Fortiche !

-          Les banques offriraient non plus du crédit mais des instruments de placement en concurrence avec les produits de même nature disponibles par le Net. Les agences bancaires de toute façon sont vouées à disparaître.

-          Les flux avec les pays étrangers pourraient être surtaxés dès que les échanges deviendraient déséquilibrés. Il suffirait d’augmenter la taxe sur la monnaie en fonction de l’origine des produits : fastoche !

-          Le FMI pourrait même créer sa monnaie électronique transnationale basée sur un panier de valeurs de références et imposer aux banques centrales de faire leurs transactions réciproques et vis-à-vis de la BRI ou du FMI dans cette monnaie qui n’impose pas de gestionnaire commun. Tout cela serait géré sur la blockchain. C’est une idée que nous avons évoquée sur ce blog depuis longtemps, en l’associant avec un retour aux changes fixes et ajustables.

Cette nouvelle utopie commence à faire chauffer les esprits au sein des gouvernements, des banques centrales, des professeurs d’économie en mal de reconnaissance, des associations onusiennes en mal de fiscalité non conventionnelle, des socialistes de différentes nuances de rose et de rouge, de certains penseurs libéraux. En gros : est-ce réalisable et est-ce que les résultats seront à la hauteur des espérances sociales, écologiques, étatistes, écologiques de notre âge transhumaniste de dernière génération ?

Vous avez quatre heures ! La meilleure réponse aura le prix Nobel d’économie (ou ce qui fait fonction)  et un lot de masques anti-coronavirus.

Didier Dufau pour les cercle des Economistes E-toile

Supplique d'un Parisien

La mutilation de la Cathédrale Notre-Dame est le symbole de la situation actuelle de Paris. Les Parisiens, les Français, ceux qui dans le monde entier aiment Paris, ont ressenti dans leurs tripes qu’ils étaient dépossédés d’un élément immatériel indispensable à l’équilibre et au bonheur de leur vie. Ce sentiment de dépossession était déjà général à Paris. Il suffisait de parler aux Parisiens, à tous les Parisiens, pour le constater. Abattement, découragement, colère, toutes ces réactions se mêlent depuis longtemps au sein d’une ville où 67 % des habitants déclarent ne plus vouloir de leur maire. Un cas rarissime.

De fait, la ville se replie sur ses colères, se crispe sous les coups, s’anémie sous les contraintes et finalement se dépeuple. Les maternelles se vident. Les magasins ferment. La vie devient trop chère, le logement impossible. L’insécurité explose. La ville s’enlaidit. Beaucoup d’équipements publics sont à l’abandon. La saleté est installée. Les rats et les punaises pullulent. La clochardisation s’étale. Les bandes et les trafics s’incrustent. La paralysie gagne. Le commerce Indépendant meurt. Les difficultés autrefois réservées à quelques coins déshérités de banlieue s’installent à Paris dans des quartiers entiers, au nord de façon évidente, au sud de façon rampante. Les maladies disparues reviennent, alors que l’offre de soins se réduit et s’étiole. L’avenir s’assombrit. Les visages aussi.

Les Parisiens ressentent dans leur chair que Paris n’est plus tout à fait Paris et que la capitale n‘apporte plus ce surmoi créatif et dynamique qui a fait sa force pendant des siècles. Parce que c’est sa raison d’être, Paris doit être une force économique, technique, culturelle, qui apporte un supplément d’âme à la France en s’appuyant sur l’énergie et la qualité de tous ceux qui y vivent, y travaillent ou se trouvent bien d’être en contact avec elle. L’avoir bridée et dénaturée dans d’aussi fortes proportions alors que partout les forces vives ne demandent qu’à agir est plus qu’un incident politique local. C’est un dommage majeur pour la France entière.

L’équipe de Mme Hidalgo parle une « novlangue » qui n’a pas pour but de domestiquer la réalité, de la comprendre, de partager un diagnostic et d’élaborer une politique ensemble. Elle permet de tout transfigurer sans appel et de stigmatiser des « ennemis » fantasmés. Aucun dialogue n’est permis. « Tout ce qui fait que les gens se réunissent et créent, à partir d’un brassage consensuel » est rendu impossible. La vision d’extrême gauche, qui domine, « exclut toute possibilité de compromis ». L’analyse du regretté Roger Scruton s’applique ici parfaitement.

Alors l’impudence et l’irrespect sont partout. Où est le respect lorsqu’on double les impôts, lorsqu’on endette la ville à hauteur de sept milliards d’euros, lorsque la ville est sale et les chaussées percées de milliers nids-de-poule, quand des congestions artificielles et polluantes sont créées sur tous les axes, lorsqu’on détruit l’esthétique mondialement appréciée des grandes places publiques, lorsqu’on met en place un mobilier urbain affreux, quand on cesse d’entretenir les équipements publics indispensables ou les témoignages admirables d’un grand passé etc. Où est le respect quand les mesures sont planifiées dans le secret, exécutées de façon sournoise et violente et conçues pour être « irréversibles » ?

Ce que les Parisiens attendent des élections prochaines, c’est d’abord une municipalité redevenue respectueuse et ouverte sur ses habitants, sur ses usagers, sur ses visiteurs. Il faut arrêter immédiatement les destructions et cicatriser les plaies ouvertes dont certaines sont aujourd’hui béantes au nord, ce que chacun sait, mais aussi au sud, comme à Maine-Montparnasse où tout un quartier est sacrifié à une densification commerciale et immobilière délirante, associée à une telle disparition de voies de circulation que la congestion deviendra surréaliste.

Il se crée chaque année dans le monde l’équivalent de 10 villes de la taille de Paris ; En six ans, cela fait soixante. Pas besoin de médaille Field pour le calculer. Raserait-on Paris pour en faire une prairie, l’impact sur le réchauffement climatique global serait nul. Vingt ans de coalition socialistes et Verts n’ont pas empêché les Kangourous d’Australie d’être brûlés en masse. La noble intention écologique n’exige pas qu’on éteigne la Ville Lumière. Il faut raison garder.

Qu’on cesse enfin de saccager la ville et le travail optimiste et fécond des Parisiens, associé au bonheur de ceux qui l’aiment la réenchanteront en peu d’années.

« Le socialisme immobilier », plaie de Paris

Le « socialisme immobilier » a été très bien illustré dans Marianne « Comment Hidalgo a vendu Paris ». Jean-Louis Missika qui a été la cheville ouvrière de cette « vente » a piloté la construction de 2 500 000 m2 nouveaux, selon cet article. Cette densification a particulièrement favorisé le m2 de bureaux et le m2 commercial avec toujours les mêmes « amis » : Pinault, Niel, Unibail, Arnaud, etc.

Cette frénésie qui a multiplié de façon massive les besoins de circulation des personnes et des marchandises, a entraîné près de 25 milliards d’Euros de « création de valeur immobilière » pour une poignée d’investisseurs, alors que la ville se découvrait une dette en route vers les 7 milliards. Les projets en cours sont tout aussi gigantesques avec la Tour Triangle, l’aménagement Maine Montparnasse et quelques autres. J’ai avancé que le but à Montparnasse n’était pas de recréer un quartier d’un nouveau type et n’avait qu’une vocation de plus-value immobilière, pour un montant d’un milliard d’euros de création de valeur, en remplaçant une halle commerciale sans rentabilité par sept immeubles de rapport.

Dans le même quartier, rue du Ct René Mouchotte, l’opération Unibail de densification commerciale massive a permis de créer 13,000 m2 de Bureaux et de tripler les zones commerciales, des services de l’hôtel et ceux du centre de congrès. Merci qui ?

À chaque fois, la chaussée est mise à l’encan pour accélérer les travaux. Les riverains sont trompés et méprisés. « Vous n’avez qu’à aller en justice si vous n’êtes pas contents » a dit publiquement le cynique et violent Missika à une riveraine inquiète de perdre vue et soleil, lors d’une conférence publique destinée à lancer le projet Maine Montparnasse, dans les locaux de la MGEN, une des entreprises financières bénéficiaires du projet.

Les méthodes employées sont toujours les mêmes. On utilise toutes les ruses juridiques possibles pour ne pas faire d’appels d’offres et passer en force. La ville a multiplié les SEM transformées en SPL, un statut qui permet d’agir sans mise en concurrence et autres structures sous dépendance pour y caser nombre « d’amis » et mettre du beurre dans les épinards de certains élus, nommés à leur tête, dans les conseils d’administrations etc. Beaucoup d’heureux élus sont communistes et les entreprises sont en « banlieue rouge » comme REI, domiciliée à Montreuil ! Beaucoup d’autres dispositifs opportunistes ont été utilisés, et même ceux mis en place pour forcer les règles normales pour faciliter la tenue des Jeux Olympiques !

Cette politique a touché spécialement le XIVe.

On ne tient compte d’aucune des contraintes des lieux d’implantation. Le projet Oasis triple la surface du bâtiment Willerval qui contenait le musée de la Résistance. Cette société Oasis dirigée par un ancien maire communiste de banlieue (?!), utilise les services de ladite REI, de Montreuil donc, dirigée par un élu communiste, fait le lit d’une société « amie », déjà servie sur le Front de Seine, qui gérera une auberge « novatrice » de 600 lits dans un endroit où cette densification sera intolérable aux riverains. En effet, le lieu est un champ clos où le bruit est répercuté par la configuration des immeubles. Une rigolade à deux heures du matin empêchera de dormir 3 500 personnes ! Alors une auberge de jeunesse de centaines de lits !

Pour l’opération Maine-Montparnasse, on utilise une société anglaise mais associée à d’anciens des services d’urbanismes parisiens qui « pensent » bien. La société chargée de vendre la « co-construction » est une structure « amie » peuplée de socialistes. Et on ment à répétition. La fausse consultation pour « connaître les besoins des habitants » est un chef-d’œuvre de tromperie.

Pour faire passer la pilule on laisse le champ libre à l'adjoint au transport Nadjovski pour satisfaire sa monomanie des vélos et on donne à Ian Brossat quelques logements sociaux.

Pour les Riverains, c’est la triple peine. Autoroute à camions ; autoroutes à vélos avec blocage de la circulation générale dans des voies raréfiées, transformation du voisinage en ghetto.

Pour satisfaire sa politique d’affichage du chiffre en matière de logements sociaux, on n’hésite pas à créer un immeuble le long des voies de la gare Montparnasse. Le centre Julia Bartet est ce qu’on appelle en architecture une « merde » en béton « coloré », le pire du pire, installée à un endroit préservé pour réaliser la « coulée verte » le long des voies de chemin de fer. Les TGV y sont déjà en pleine accélération et font un bruit d’avion. Enclavée totalement entre rails, périph et double rue d’accès au périphérique, la vie dans cet immeuble ne peut être qu’épouvantable.

C’est une politique de mépris qui ne respecte rien ni personne. Transformer une coulée verte en coulée de béton, il fallait oser.  Les « bénéficiaires », rarement français de souche, souffrent.  On s’en fout ; « c’est toujours mieux qu’en Afrique ». On a fait du chiffre, et on a de quoi alimenter la propagande.  

Un électoralisme à vomir se conjugue avec la cupidité la plus extrême, un phénomène généralisé dans la génération socialiste dite « mitterrandiste » et ses héritiers, pour créer des situations totalement intolérables pour les habitants.

Installer un centre commercial avec le plus grand Centre Leclerc à côté d’une gare où 250 autres magasins seront bientôt en activité, supprimer la rue du Départ à la circulation générale, détourner la circulation des camions dans une rue où l’on supprime deux voies sur trois et qui sera en cul-de-sac… Comment croire que cela serait un jour simplement envisageable ? Ils le font, promettant l’enfer aux Riverains. Les personnes à mobilité réduite peuvent toujours essayer d’utiliser le trottoir et de traverser les 30 mètres transformés en voie d’accès et de sortie de voitures et de camions, à haute intensité, en haut d’une des rues sacrifiées.

Si on reste dans le XIVe, citons encore la transformation de la petite ceinture en zone à voyous, à trafiquants de drogue, à SDF, à migrants et à amateurs de barbecues nocturnes. Aucun des milliers de riverains ne se sent plus en sécurité et ne peut plus ouvrir ses fenêtres. On dort mal et peu au milieu des jeux et des bagarres nocturnes. Une « forêt urbaine », c’est aussi une aubaine pour certaines bêtes sauvages.

Mme Carine Petit qui a fait sa carrière professionnelle à la ville de Bagneux, d’obédience communiste depuis 1935, et aime se situer à l’extrême extrême gauche de Génération. s, comme Mme Hidalgo, a montré une indifférence absolument totale aux difficultés des habitants. La maire sortante du 14e a même exprimé sa « fierté » devant les preuves du désastre urbain qu’elle avait provoqué en toute connaissance de cause.

Socialisme immobilier délirant, copinages avec quelques très grandes fortunes, et grosses entreprises financières, descente des communistes de banlieue à Paris, vie gâchée de dizaines de milliers d’habitants, une ville qui se vide et perd ses enfants et ses écoles, où des déserts médicaux se forment, où le tourisme de masse et AIRBNB commencent à faire des ravages irréversibles, où l’on a banni le mot « travail », voilà le nouveau Paris. Les Parisiens les moins exposés n’en ont qu’une conscience indistincte. Ils savent que Paris n’est plus Paris mais ils n’ont pas encore pris la dimension de ce qui s’y est passé et pire encore, de ce qu’on leur prépare, à eux aussi.

Jamais le besoin de respect de la ville et respect des habitants n’a été plus fort ; Jamais une alternance n’a été plus nécessaire. Aux Urnes Parisiens !

La campagne municipale à Paris : vers une nouvelle redistribution des votes ?

La bataille municipale à Paris commence à peine. Comme toujours tout se décantera dans l’ultime semaine. Mais il est possible dès maintenant d’en dessiner certains contours.

La poussée écologique, que les sondages constatent et qui suit l’évolution démontrée par les élections européennes, a plusieurs dimensions.

Une première tranche de population, notamment des jeunes, ne comprend plus rien à l’offre politique et se réfugie dans un « vote utile » d’un nouveau genre : « Dans le vide, tant qu’à faire, votons pour la planète ! Vive les toilettes sèches, les forêts urbaines, la permaculture sur les toits et le remplacement des carrefours et des chaussées par des jardins urbains, et laissons partout pousser les herbes folles ».  Cette vision entre désespoir et bons sentiments exclut radicalement toute rationalité.

Vingt ans de gestion Delanoë avec Hidalgo puis d’Hidalgo seule ont abondamment démontré que l’impact sur le réchauffement climatique a été exactement nul et n’a pas empêché les kangourous australiens de brûler.  Ce qui se passe à Wuhan, une ville de près de 12 millions d’habitants (dix Paris), prouve bien que malgré l’arrêt total de la circulation automobile, l’impact écologique est nul. On mesurera plus tard l’impact de l’arrêt partiel de l’activité industrielle en Chine et des transports aériens liés au coronavirus. Mais on sait déjà qu’il sera très marginal et incapable de modifier la trajectoire de réchauffement en cours. On sait par ailleurs qu’il se crée chaque année dans le monde six villes grandes comme Paris intramuros et qu’elles le sont plutôt sur le modèle écologique de New Delhi. Le blocage de la circulation à Paris n’aura strictement aucun impact mesurable sur le réchauffement global.  Voter « écolo », tendance vert-vert ou vert-rouge n’a donc pas d’importance écologique globale.

La santé publique pour les grandes villes est plutôt la vraie question. Paris est une capitale médicale. Peu de gens savent que l’AP-HP reçoit près de 10 millions de malades chaque année, soit 20 millions de trajets qui ne peuvent pas se faire à vélo. Les urgences sont saturées. Paradoxalement le désert médical s’étend intramuros avec la disparition des cabinets de généralistes. Du côté de la demande, le vieillissement de la population impose sa loi. Les besoins d’intervention à domicile ont beaucoup augmenté. Le blocage de la circulation automobile et la fermeture d’hôpitaux, comme Léopold Bellan, rendent le besoin d’intervention à domicile plus grand alors qu’il devient difficile de le satisfaire. Les médecins cessent de se déplacer à Paris. Tout le monde a compris que le métro était plus pollué que la surface. La perte de priorité des transports en commun au profit des vélos ralentit fortement l’intérêt de l’utilisation des bus. Le mauvais entretien des rues, partie roulante et trottoirs, accentue les risques d’accidents pour tous les modes de transport. On ne compte plus les chutes de piétons à Paris du fait de l’état des trottoirs ni les deux-roues piégés par des nids de poules ou des obstacles liés aux milliers de chantiers. La baisse de l’éclairage le soir est accidentogène. 

Il est donc facile de constater que l’écologie n’a eu, n’aura aucun effet sur le climat ni la pollution, mais a eu et aura des effets pervers considérables sur le reste. L’amplification des simplismes autoritaires à conséquences désastreuses pour la vie concrète des gens et la généralisation d’une écologie punitive, seraient une catastrophe pour la capitale sans aucun effet sur la planète mais contreproductive pour la santé et presque tout le reste. Les politiques à vocation « symbolique » sont le plus souvent désastreuses.

La dimension « Village de Strumpfs » est aussi très présente. Un fantasme de retour aux vieux quartiers dont la population ne sortait jamais, au sein duquel les relations aimables et fraternelles, dans la mixité sociale intégrale, se rétabliraient comme par magie, règne sur certains programmes. C’est un fantasme.  Les quartiers clos et fermés à tout « transit » ont toujours été des catastrophes et pour avoir passé ma jeunesse rue Mouffetard, où une grande partie de la population vivait dans la misère des « troisièmes cours » et ne s’était jamais échappée à plus d’un kilomètre de là, je peux témoigner que le « pittoresque » était largement liée à la surpopulation et la misère. Le broc et le pot de chambre étaient les deux ustensiles domestiques les plus utilisés chaque jour (ce que tout le monde a oublié. Les jeunes ne savent même plus ce que c’est !). Assaillis par les bobos et les touristes, transformés radicalement par la spéculation immobilière, il ne reste rien du quartier primitif, devenu clean mais inhabitable et désormais sans intérêt. Vélo ou pas vélo.  La volonté de fabriquer des enclaves plus ou moins marquées (les passages piétons arc en ciel) se conjugue avec l’idée qu’on peut sacrifier des quartiers entiers, transformés en sous banlieues, comme le XIVe au sud et les quartiers nord, pour faire du « social ». La prolifération de logements sociaux et le changement de population entraînent tous les problèmes connus. Faire coexister des havres bobos et des Zones A Détruire où tout est possible, tout en lâchant la bride à la densification immobilière et la « marchandisation à outrance » pour trouver des ressources, a été un des aspects inacceptables de la gestion Hidalgo.  Les habitants de ces quartiers sont désormais des victimes conscientes du processus engagé et qui se révoltent devant des projets paranoiaques qui aggravent le phénomène.

A aucun moment n’ont été traité, depuis 20 ans, les questions fondamentales. D’abord le rôle d’une capitale ; « quel travail pour quels habitants » à Paris ou si l’on préfère « quelles entreprises pour quels emplois ».  Le mot travail a disparu du discours politique à Paris presque totalement depuis 2000. La question de la natalité et des enfants a été évacuée. Les écoles maternelles ferment les unes après les autres et ce qui reste se désertifie. Les jeunes Parisiens s’expatrient pour vivre ailleurs, à Nantes, Bordeaux, Annecy car les jeunes pousses vont s’installer hors d’un Paris cher et invivable. Nous constatons la seconde extinction économique à Paris : les années 60 et 70 ont vu le départ de l’industrie réputée polluante et censée vivre mieux à la campagne. Cette décentralisation a été désastreuse mais le silence a recouvert les ruines. Nous vivons la disparition des PME dynamiques.

La Capitale attirait ; voilà qu’elle repousse !

Dans cette ville qui se vide, règne une mairie iconoclaste et sans goût qui détruit sans vergogne les plus belles places et les plus belles avenues pour en faire des lieux immondes et laids. L’embellissement de la ville et son caractère pimpant a toujours été une ambition municipale fondamentale. C’est fini à Paris qui perd son charme et son attractivité, sauf pour un tourisme de masse, de plus en plus chinois et envahissant, qui se moque de tout pourvu qu’on ait vu la tour Eiffel et visité le Louvre. Sauf les Japonais frappés par le « choc de la saleté » quand ils découvrent ce qu’est vraiment Paris.

Quant à son rôle politique, on voit que la ville est devenue une « zone à casser » où chaque samedi on ruine les commerçants et où les manifestations s’enchaînent presque continûment. Quand on prend les gens pour des imbéciles, il le devienne.

Les commentateurs soulignent ingénument que le niveau baisse chez les candidats, et brocarde le caractère minable des listes électorales qui n’ont que des programmes étroitement locaux ou baignés de fantasmes moralisants, ce qui serait indigne de la grandeur du pays et de sa capitale. Ils ne voient pas ce qu’est désormais la préoccupation fondamentale de la majorité des habitants : survivre à des politiques qui assassinent leur vie courante. Près des deux tiers des Parisiens admettent être gravement gênés par la politique suivie depuis par 20 ans par la coalition socialo-communistes intégrant la part la plus psychologiquement atteinte des écolos. Ils craignent tout de la folie des grandeurs et l’autoritarisme de Mme Hidalgo et de l’hystérie verdoyante qui s’est emparée de l’opinion.

On voit donc la campagne s’organiser entre deux pôles : les Jusqu’au-boutistes de l’écologie punitive, et les Résistants. Ce sera une bataille de rues, de quartiers, d’arrondissements. Les divisions politiques classiques ne seront pas opérationnelles.

Le programme des Résistants s’articulera toujours plus ou moins autour de deux mots-clé :

-             Sur la politique de la municipalité sortante : Indignité

Qui se décline ainsi :

o            Indignité de la méthode : secret ; violence ; fausse concertation ; volonté de rendre irrémédiable les choix idéologiques ; double langage : on parle petits oiseaux et on densifie et « marchandise » de façon hystérique et affreuse. 

o            Indignité du résultat : laideur ; congestion ; pollution ; clochardisation ; saleté ; non entretien des équipements publics ; dangers nouveaux ; dégoût des habitants ; on ne peut plus travailler ; se soigner devient difficile.

o            Indignité des projets : révolte des habitants et des riverains devant des folies imposées sans aucune connaissance du terrain, baignant dans une novlangue trompeuse et odieuse et qui servent souvent à enrichir des copains et des requins.  Ils ont désormais compris.  

-             Sur la politique alternative proposée : Respect

Qui se décline ainsi :

o            Respect dans la méthode : équipe 100% locale ; personnalités connues pour leur engagement local au service des habitants ; Connaissance des réalités du quartier ; prise en compte de l’intérêt des riverains et soutien de leurs combats ; gestion responsable et serré des budgets.

o            Respect dans les projets : reconnaissance des nécessités du travail des salariés, des artisans et des commerçants ; reconnaissance des nécessaires mobilités ; souci de la sécurité et de la propreté ; respect de la beauté historique de nombreuses parties de Paris; respect des besoins de santé publique pour tous et des besoins de la jeunesse ; respect des ressources de chacun. 

o            Respect dans les résultats escomptés : une vie meilleure et plus facile pour tous, dans des quartiers redevenus agréables, éco-responsables certes mais prospères et dynamiques. 

La presse n’a pas encore compris ce changement de perspectives, raisonne toujours en bataille des têtes de liste et œuvre à la mise en image des chefs. Elle n’a pas compris la révolte existentielle qui couve dans les quartiers et qui dépasse totalement les frontières des partis. Ceux-ci sont totalement déchirés et les lambeaux ne savent même plus ce qu’ils doivent espérer. La panique pour le sauvetage des places acquises est spectaculaire. La parité forcée et le non-cumul des mandats ont chamboulé les jeux de pouvoirs.

L’entre deux tours va être surprenant et les divisions sont telles que le système à trois tours de l’élection du maire peut réserver son propre lot de manœuvres.

Espérons que le Respect gagne à Paris. On ne peut pas faire du poumon de la France un bouchon, et une fontaine à prébendes où une faune politisée de médiocres arrache au budget de la ville, via des sociétés sous contrôle, les moyens d’une fonction qui leur échapperait sur leur seul mérite, et via des entreprises amies, abondamment servies, des débouchés de carrière encore plus juteux.  

 

 

2019 : L’année du Grand Ressentiment ?

C’est la période des bilans. Commençons par ce blog. Le tableau des résultats est donné ci-dessous. L’article « Plus cela change plus c’est la même chose » a maintenu sa hausse verticale et dépasse désormais largement les 8 000 lectures. Un vrai symbole ! Le soutien que nous portons à la mémoire de Jacques Rueff et de Maurice Allais se retrouve dans la fréquentation des articles que nous leur avons consacrés (au total près de 25 000 lectures cumulées pour l’ensemble des articles). Nous sommes heureux que quelques milliers d’étudiants aient recherché des réflexions indépendantes sur des questions essentielles comme le rôle de la monnaie et des banques, les sources du chômage structurel ou l’histoire économique récente. Nous atteindrons le chiffre de 2 000 000 de lectures dans quelques semaines, ce qui est très encourageant pour un site sans publicité, ni photos, ni vidéo, sans parrainages politiques ou commerciaux, et sans autre motivation que d’explorer certaines réalités souvent mal traitées par la presse habituelle, gagnée de plus en plus par le vice de la « reconstruction orientée du réel » et l’abus de la réflexion étrangère au détriment de sources françaises.

Merci à tous ceux qui trouvent matière à réflexion dans les écrits des « Economistes e-toile » et nous soutiennent de leurs lectures et commentaires. Bonne année 2020 !

Plus généralement, comment qualifier l’année 2019 ? Qu’est-ce qu’elle nous annonce pour 2020 ?

Nous pensons que l’année 2019 fut, en France, celle du Grand Ressentiment. Elle est atypique par l’ampleur, la généralité et l’intensité de la défiance qui s’est exprimée de toute part contre le président Emmanuel Macron. Le mouvement initial des Gilets Jaunes a traduit d’une façon inédite une rancune de fond devant la baisse du pouvoir d’achat en termes réels, provoquée par la compétition directe avec 900 000 millions de travailleurs pauvres libérés du « socialisme réalisé », le caractère ruineux de la bureaucratie et de sa diarrhée réglementaire dans tous les domaines, et l’insolence méprisante d’un jeune président-Zorro, dont les scènes photographiées avec drag-queens à l’Elysées et voyous torse nu dans les îles, ont été trouvées déshonorantes par beaucoup. Traiter avec légèreté la misère du monde, comme il en avait pris l’habitude, n’a pas arrangé les choses.

D’autres catégories ont partagé ce ressentiment et en particulier les syndicats qui ont été vexés d’avoir été moins efficaces que les Gilets jaunes pour arracher des milliards à la collectivité et ont voulu montrer leurs muscles. Ils ont retenu, comme les Gilets Jaunes, les leçons de Notre Dame des Landes : le nouveau président cède lorsque les conflits s’éternisent et deviennent violents. L’impuissance d’E. Macron devant les taxations abusives de Trump, l’indifférence de la Commission Européenne à ses suggestions, ou l’éviction de la France des grandes questions diplomatiques du moment, ont gâché un peu plus son image. Un Président se doit d’avoir une présence régalienne. La colère a d’abord grossi par mille arroyos et quelques grosses rivières, puis elle s’est exaltée de sa réelle dynamique, pour finalement s’enliser dans la récupération partisane et les déviances inacceptables de son propre spectacle.

Roger Scruton dans son livre fondamental, l’Erreur et l’Orgueil (L’Artilleur) a parfaitement analysé la question politique posée par le ressentiment. « Quand les mouvements de gauche prennent le contrôle » [] « le ressentiment perd sa cible spécifique » et devient la proie de ceux « qui ne cherchent pas à négocier au sein des structures existantes mais à s’approprier les pleins pouvoirs dans le but d’éliminer les structures elles-mêmes », en s’opposant « à toute forme de médiation, de compromis et de débat ». Plus pertinent, on ne peut pas ! On en est là.

Tout le monde annonçait à grands cris et force livres et éditoriaux, une crise mondiale majeure qui n’a pas eu lieu. La relecture des articles de fin d’année 2018 est comme d’habitude extrêmement jouissive quand on aime se moquer des prévisions ratées. Et nous avons connu une année de relative prospérité économique (une croissance molle mais continue) accompagnée de hausses de salaires et des gains de pouvoir d’achat. Énorme paradoxe, les entreprises n’arrivent à recruter suffisamment malgré des millions de chômeurs. Ces bons résultats n’ont pas été perçus et ont été accompagnés paradoxalement par un redoublement de la rage nationale contre les « zélites mondialisées ». Une bulle immobilière s’est malgré tout gonflée à un point qui n’est plus justifiable économiquement que par l’effet de politiques extrêmes, comme les taux négatifs de la BCE. Aurait-on, par une politique monétaire « non conventionnelle », échangé le risque d’une crise conjoncturelle rapide contre celui d’une crise structurelle plus lointaine ?

C’est sur le front écologique que les mentalités ont été le plus chahutées. Le basculement d’une écologie politique, tendance fumiste ou léniniste, dans la « collapsologie urgentiste hystérique », accouche d’émotions profondes qui peuvent conduire les exécutifs, à tous les échelons, à mener des politiques de grande niaiserie, qui peuvent n’être que ridicules, mais qui peuvent aussi se révéler dramatiques pour le travail, le revenu et la vie personnelle d’une grande partie de la population et surtout celle qui est aux limites de la pauvreté.

Jean Baptiste Say disait : « La plus belle pensée, la plus neuve, la plus utile n'obtiendront jamais en public autant d'applaudissements qu'une niaiserie convenue ». Voir que la France est devenue le parangon extrémiste de la « niaiserie convenue » est difficilement supportable. Le mot « travail », obligatoirement associé à celui de mobilité et de consommation, donc de pression sur le bilan carbone, a disparu du langage politique, comme en témoigne la « campagne » actuelle pour la mairie de Paris, verte comme une prairie normande. On semble attendre dans les milieux politiques locaux, tendance médaille Field, que quelque « start-up » bien inspirée invente le sabot-pédale connecté à la 6G permettant au parisien cycliste et permaculteur de sauver son jardinet pédagogique d’intérieur et les kangourous australiens, tout en entretenant une santé éblouissante en renonçant au travail « aliénant » et à la surconsommation.

Au sein de notre cercle, nous préférons Philippe le Bel à Saint Louis et Say à Pisani-Ferry. Nous n’acceptons pas que la pensée générale, politique et économique, sombrent dans l’accessoire et l’inepte. Nous ne tolérons pas les effets de domination, donc de soumission, qui interdisent de dénoncer des erreurs, qui marginalisent l’expression des solutions nécessaires et qui en interdisent la mise en œuvre. Comme si des politiques irrationnelles et fondées uniquement sur des relations de force (ou des petits calculs) et qui finissent en catastrophe pour tout le monde devaient et pouvaient échapper à une réflexion critique ! Qui est entièrement convaincu que l’explication de la crise de 2008-2009 a été donnée de façon complète ? Qui est confiant que, sur la base de ce diagnostic, a été élaborée une politique efficace pour sortir de la crise et éviter de nouveaux épisodes dangereux ?

Que sera 2020 pour le monde ? La « mondialisation heureuse » finit de s’effilocher avec la crainte d’une épidémie virale mortifère en provenance de la dictature Chinoise, dont on sent bien qu’elle trahit les espoirs mis dans l’ouverture sur le monde occidental qu’on lui a offerte. L’incapacité de l’Europe à formuler une politique positive pour la France dans pratiquement tous les domaines où elle s’est attribué le monopole de la conception et de l’action devient un peu voyante, surtout avec l’éclairage du Brexit. L’approche exclusivement politicienne de Macron marquée par la seule volonté d’être réélu et de marquer l’histoire, finit de crisper le pays. De la même façon que la morgue d’Anne Hidalgo et l’étonnante médiocrité de ses équipes, ont empoisonné durablement la Capitale. Les incapables, en tout domaine, se cachent toujours derrière des projets plus grands qu’eux. Gageons que les grands projets délirants vont s’épanouir pendant la campagne électorale à Paris !

En France, il va bien falloir calmer le jeu. L’éviction de l’équipe Hidalgo et l’échec de LREM et des Verts à Paris seraient un bon début. Le pays réel peut démontrer que le temps n’est pas à l’exaltation écologiste ni aux manœuvres politiciennes les plus grossières, encore moins aux différents types de « révolutions ». Sinon on peut craindre une évolution du ressentiment symbolique vers une violence destructrice. La colère est mauvaise conseillère. Depuis toujours, nous disons : attention à la colère des peuples. Mais on ne peut avertir sans suggérer. Alors, malgré l’âge qui frappe nos membres fondateurs et en réduit trop rapidement le nombre et l’activité, nous continuerons en 2020 à nous battre, à notre place modeste, pour que les grands sujets restent dans le domaine de réflexion de ceux des Français qui n’ont pas renoncé à comprendre et à agir, même et surtout quand il faut se heurter durement à la pusillanimité ambiante.



Le mystère de Macron’s Island

On connait l’émission télévisée : le mystère d’Oak’s Island, où d’épisode en épisode, on attend la découverte d’un fabuleux trésor, en employant un déluge de moyens très coûteux et, à chaque fois, on ne trouve que des bouts de bois ou des bouts de fer sans aucun intérêt. Le feuilleton que nous offre Emmanuel Macron est du même ordre. Depuis sa candidature à l’élection présidentielle, la perplexité est de mise. « Attendons pour voir !». La preuve de l’utilité de tout ce cirque est constamment remise au lendemain.  D’énormes espoirs sont soulevés qui se terminent en mesures dérisoires ou inverses des objectifs affichés.

Jupiter allait moraliser la République. Il a choisi Bayrou pour le faire. Le dit est inculpé pour détournement de fonds publics avec toute son équipe politique. Elle tenait dans une cabine téléphonique, ce qui était préférable à une cellule à Fresne. Tout le chantier sur la moralisation de la vie publique s’est enfoncé dans le mépris avec l’affaire Benalla et depuis dans l’indifférence. Le choix d’un candidat également dans la tourmente judiciaire au poste de commissaire européen n’a fait qu’aggraver les choses.

Il a été ensuite classé « président des riches » pour avoir pris deux mesures partielles mais absolument indispensables : la réduction du champ de l’ISF et le forfait fiscal pour les rendements des produits de placement. Mais l’IFI, accompagné de la suppression des mesures d’atténuation des conséquences de l’ISF a vu son rendement grimper de plus de 2 milliards d’Euros, pendant que la réforme de la collecte d’impôts, organisée à la source, a offert à l’Etat 7 milliards de plus collectés principalement sur les riches.  On a réduit de 4.5 milliards « l’impôt des riches » pour en créer 9 milliards, exactement le double ! Faut-il en rire ?

Les élus locaux et régionaux, qui font flamber la dépense publique et la dette depuis les réformes de décentralisation de Deferre, l’homme qui faisait une grande fête à chaque fois que sa fortune grossissait d’un « milliard » (d’anciens francs, il n’était plus si jeune !) allaient voir ce qu’on allait voir. Les Gilets Jaunes ont mis fin à cette saga et voilà qu’on nous chante les louanges de ces élus locaux indispensables et découragés qui vont à nouveau faire flamber toutes les dépenses, les dettes, les impôts.

L’hyper bureaucratie qui gouverne la France a cru pouvoir décréter sans discussion la baisse de la vitesse sur route, avec une augmentation prévisible et gigantesques des amendes, la hausse des taxes sur le carburant en plus de la hausse du brut sur le marché international, l’obligation de remplacer ses chaudières et sa voiture. Un festival qui a motivé la haine de tout un pays provincial, surendetté, surfiscalisé, désindustrialisé, privé de services publics, vivant sur la corde raide et bien incapable de sortir 10 mille d’euros pour une chaudière et 10 mille d’euros pour une nouvelle voiture, tout cela à très court terme, alors qu’il manque 100 euros à chaque fin de mois. La saga des jaunes samedis a commencé et a duré. Le Président pour calmer l’incendie qu’il avait lui-même allumé a lâché 17 à 20 milliards d’Euros de dépenses publiques en plus et créé un comité de 150 tirés au sort chargés de faire monter « le peuple » dans le bateau. Il a promis à ce panel d’individus qui ne représentent qu’eux-mêmes d’imposer les solutions qu’ils auront élaboré ! Si c’est vrai, c’est la démocratie élective qui aura été violée. Si c’est faux, ce sont les 150 gogos sélectionnés qui auront été manipulés. Dans tous les cas, l’affaire est une singerie problématique de communiquant.

La SNCF allait voir ce qu’on allait voir. Le statut de cheminot ? Terminé, ratiboisé, aux poubelles de l’histoire ! Comme ce fut le cas avec Sarkozy, la réforme tourne à l’eau de boudin avec des coûts annexes terrifiants et une mise en œuvre tellement tardive qu’elle n’a plus de sens.

L’auteur de Révolution se lance alors dans une réforme gigantesque de l’ensemble des régimes de retraite, là où la nécessité se serait contentée d’une réforme des retraites statutaires pour les rendre proportionnelles au temps passé effectivement dans la fonction et d’un alignement à 66 ans de l’âge de départ à la retraite, avec des amodiations en fonction de contraintes et suggestions particulières.  Emmanuel Macron a voulu noyer le poisson dans une réforme générale qui transformait la réforme des régimes spéciaux en minuscule cas particulier d’une solution générale. Les syndicats remobilisés par le triomphe des Gilets jaunes en ont profité pour se lancer dans une série d’actions destructrices pour le pays afin d’obtenir au moins la même chose voire plus. Vanité exige ! La France aura perdu entre 3 et 5 milliards d’euros dans l’affaire. On ne parle que des pertes des commerçants qui sont fabuleuses. Mais tous les musées, tous les spectacles, toutes les opérations culturelles de toute nature, ont sombré dans l’indifférence générale. Naturellement, le gouvernement a été obligé de céder. On est passé des « régimes spéciaux » au « régimes particuliers », la réforme est reportée si loin dans le temps que personne ne la verra de son vivant, les mesures d’âge sont mises au placard, la pénibilité, cette sottise qui ne sert qu’à justifier et pérenniser les abus de la SNCF, de la RATP et d’EDF, ressort du placard. La grande réforme du siècle accouche d’une souris et d’un déficit nouveau à combler de 20 milliards d’euros. Bien joué !  

Les Français se sont montrés prêts à suivre Emmanuel Macron s’il mettait réellement fin à la dérive fiscale et aux folies socialistes qui se sont accumulées avec Mitterrand et surtout ses successeurs socialistes, l’alternance d’une droite bureaucratique et finalement gauchisante ne permettant pas d’y mettre fin ou si peu. Mal élu, au terme d’un second tour sans signification, avec une impressionnante abstention, fruit de la malhonnêteté de la cabale honteuse menée contre F. Fillon, et des rancunes socialistes après sa trahison de F. Hollande, le voilà doté d’un parlement introuvable composé d’un mélange improbable de militants à toute cause, d’excitées aux dents longues, de renégats fringants, et d’illustres inconnus tout surpris de se retrouver là. Clair sur sa tactique politicienne, mais sans aucune ligne directrice solide sur les grandes questions du temps, il s’est retrouvé seul devant le pays sans trop savoir où il voulait aller.

On allait voir ce qu’on allait voir avec un club de hauts fonctionnaires peu nombreux et décidés, dépassant un clivage droite-gauche sans signification depuis des décennies. L’Enarchie compassionnelle, menée de main de maître, allait, enfin sans entraves, montrer ce qu’elle savait faire.

Nous vivons la faillite de cette illusion.

Quoi qu’on pense d’Emmanuel Macron, en bien ou en mal, il est difficile de ne pas voir qu’il a créé lui-même et les conditions de son succès initial et les difficultés où il s’est fourré à répétition.  Il tente avec une noble énergie de surfer sur les vagues qu’il a provoquées, également tout seul, devant un parterre de citoyens qui se tapotent le menton en craignant le pire à l’arrivée.

Acteur solitaire d’un théâtre d’ombres qu’il a lui-même construit, il ne cesse d’entrer côté cour et de sortir côté jardin, entre trois tirades et deux acrobaties, en ignorant la perplexité de la foule tenue d’assister à ses spectacles. Le badaud oscille entre un étonnement goguenard devant les facéties espiègles de l’artiste amateur, et la volonté de jeter avec vigueur des œufs pourris sur le guignol improvisé qui commence franchement à agacer. Il n’en a que faire et poursuit ses virevoltes, avec la bonne conscience et l’impudence de l’amateur doué qui se croit meilleur que les professionnels. 

Comme à Oak’s Island, les espoirs de trésor caché enfin à portée de mains se transforment en feuilleton à épisodes ridicules, dont les promoteurs vivent bien mais dont les spectateurs grugés finissent par se lasser.

Le trésor de Macron’s Island n’existe pas.

Un bilan de l'entrée de la Chine dans l'OMC

L’année 2020 commence bien avec la lecture d’un ouvrage anglais gentiment offert par un ami : « China, Trade and Power », écrit par Stewart Paterson, un illustre inconnu, dans une maison d’édition à compte d’auteur !   Paterson fait partie de ces gens qui, comme les membres de notre petit groupe e-toile, ne se retrouvent pas dans l’économie officielle. Après une formation économique supérieure, il a eu des responsabilités à travers le monde et notamment en Asie. Il connait le terrain, « voit ce qu’il voit » et considère qu’il est important de le commenter. Les non-dits et les soumissions ont totalement anesthésié les articles d’économie dans les médias. Ce n’est pas vrai qu’en France.  Alors pourquoi se taire ?

Auteur sans marquage évident, il est impossible de se livrer à cet exercice dont les Français raffolent : d’où parle-t-il ? Est-il légitime ? Il faut uniquement se concentrer sur ce qui est écrit. Ce que tout le monde devrait faire et qu’on ne fait plus en France depuis longtemps, où le procès d’intention est de règle et où la parole n’est acceptée que si elle a été préalablement légitimée et son auteur jugé digne de s’exprimer, quelles que soient la précision et l’exactitude de son discours.

Le livre est une monographie sur un sujet tout simple : l’admission de la Chine au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce, le 11 décembre 2001, a-t-elle été une bonne chose, dont les résultats sont conformes aux espoirs qui avaient justifié cette admission ?

C’est un sujet que nous avons traité à plusieurs reprises dans ce blog (par exemple : Faut-il traiter la Chine en interlocuteur "normal" ? ( http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2018/11/23/Fautil-traiter-la-Chine-en-interlocuteur-normal-). Nous sommes donc très heureux de connaître la réaction d’un « anglo-saxon », même marginal et hors de la pensée économique officielle. On notera l’absence totale de couverture du sujet dans les médias et dans l’édition française.

Les premiers chapitres racontent le processus qui a conduit les Etats-Unis à promouvoir la Chine dans l’OMC.

Première remarque : la France est totalement absente et de la réflexion et de la décision. Pendant qu’un couple d’Enarques nocifs s’entendaient à ruiner le pays (Chirac et Jospin), la France n’avait pas droit au chapitre, l’affaire étant réservée à la seule Commission Européenne qui détient par traité le monopole absolu des discussions commerciales. L’affaire n’a eu aucun retentissement médiatique en France, la question ne concernant pas directement les politiques français. De tradition, les grands quotidiens français ne couvrent pas les affaires européennes. Un pays sans souveraineté ne s’occupe plus des grandes affaires du monde et n’a plus d’officiels qui s’en préoccupent, à l’exception de deux ou trois spécialistes délégués auprès de Bruxelles. La France, sur les grandes questions mondiales économiques et monétaires, a, au mieux désormais, l’influence du Luxembourg. Jean Monnet a gagné. L’Europe a châtré totalement les ex grands empires européens et les Américains règnent en maîtres absolus. La politique, la presse et l’université ne préparent plus à la maîtrise des grandes questions du monde. On s’occupe des inégalités hommes-femmes en basse Lozère, en pleurant avec Greta Thunberg sur les malheurs de Gée…

Seconde remarque : la cupidité des grandes entreprises américaines l’a emporté sur tout le reste. Être leader mondial supposait de tenir le marché Chinois et ses centaines de millions de consommateurs. La bave qui coulait aux commissures des managers de grands groupes mondialisés a tout emporté. Aucune autre considération ne devait être prise en compte.  C’est le gouvernement démocrate de Clinton qui une fois de plus allait tout céder au Big Business et aux cartels financiers. L’idée dominante : la Chine, une fois embarquée dans le commerce international et la croissance de la consommation, ne pourra plus être une dictature et se libéralisera. Un ordre libéral s’installera partout dans le monde. « Nous créerons par le commerce une nouvelle harmonie mondiale ». Et nos trusts seront encore plus forts. Donc les Américains plus riches. Les oppositions sont venues des ONG et des syndicats habitués à l’outrance perpétuelle. Du coup leurs réserves ont été noyées dans la masse de leurs « déchaînements habituels » et n’ont pas trouvé d’oreilles attentives. Le fait que la Chine soit une dictature infecte ne devait pas troubler. « En entrant dans l’OMC, elle devra respecter des règles. On mettra fin aux scandales justement dénoncés : dumping, vols des brevets, copies illicites, produits toxiques, fraudes à tout va ».  Comment traduit-on « wishful thinking » ?

En France une voix s’est élevée,  dont ne parle pas le livre (La France, c’est où ?) : celle de Maurice Allais qui a dénoncé une mesure dont on pouvait comprendre immédiatement qu’elle irait magistralement contre les intérêts des ouvriers français et qu’elle entraînerait un chômage massif. Bien avant notre auteur, il avait compris que faire entrer dans la compétition 750 millions de travailleurs potentiels payés le prix d’un bol de riz, sans que les entreprises n’aient à se préoccuper de quelques charges ou règlements que ce soit, ne pouvait pas avoir d’effets bénéfiques pour les salaires et l’emploi en Occident, et surtout en France où les salaires étaient grossis de charges uniques au monde qui en doublaient le coût pour les entreprises. On sait qu’il a été traité en vieux machin fasciste par la PQN française, notamment Le Monde. Les politiques l’ont totalement ignoré ou vomi. 20 ans après, tout le monde voit qui avait raison. Qu’on ne dise pas qu’en France, il n’y a pas eu d’alerte et « qu’on ne savait pas ». Le risque était gigantesque, les pares-feux inexistants. Les constructeurs de l’opinion publique française avaient décidé que les Français n’avaient pas à le savoir ou s’en inquiéter. De toute façon la décision était à Bruxelles.

L’ouvrage regarde ensuite les effets de la décision. Ils sont terribles pour l’Occident et son économie, et incroyablement favorable au Parti Communiste Chinois.

A partir du 11 décembre 2001, date de l’admission de la Chine à l’OMC, la fausse sécurité offerte par le traité entraîne un déversement hystérique de capitaux et de partenariats qui permettent à l’économie chinoise de devenir l’atelier du monde. Mais le Parti Communiste Chinois a bien étudié son affaire. La seule chose qui l’intéresse sont les investissements dans les produits d’exportation. Pas question de laisser le moindre accès à son marché intérieur qui est totalement bridé et sous contrôle. La banque, l’assurance, les marchés publics restent totalement entre les mains du Parti. Le message est : enrichissez-vous en créant les conditions d’une exportation massive. On garantit aux entreprises des conditions sociales inexistantes, des impôts et des taxes faibles, des règlementations laxistes et une population illimitée de travailleurs dénués de tout. L’auteur rappelle que dans certaines parties de la Chine en 2000, certaines familles de paysans n’avaient même pas de quoi vêtir toute la famille. Les vêtements étaient portés alternativement. Les enfants se noircissaient le corps au charbon pour faire semblant d’avoir un pantalon et une chemise ! Le genre d’information interdite de publication en France où le communisme, malgré ses crimes et ses conséquences sociales abominables, devait rester une option noble et possible, majorité plurielle oblige.

Le PCC a voulu une industrie exportatrice massive et rien d’autre. L’argent gagné sera utilisé à calmer le peuple et à conforter le régime tout en lui permettant de se réarmer lourdement et de retrouver une place géostratégique perdue depuis des siècles.

Le livre décrit très bien comment les Communistes s’y sont pris. Nous renvoyons le lecteur à cette partie du livre.

Les résultats ont été stupéfiants et totalement imprévus en Occident. Les chiffres laissent songeur. « Les exportations ont cru au rythme de 30% par an pendant les six années suivant l’adhésion. La part de la Chine dans la production industrielle du monde a été quadruplée. » En dix ans la Chine est devenue l’exportateur mondial numéro 1 devant les Etats-Unis. Les seules exportations dépassaient en 2010 le PIB de 2000. Elles sont passées de 300 millions de dollars à 2.500 milliards en 2014. Le PIB est passé de 1.700 milliards à 11.500 milliards de dollars. Rappelons que le PIB français est actuellement autour de 2.500 milliards de dollars. La Chine a créé quatre économies françaises en 20 ans !

Les Etats-Unis comptaient pour 6% de la population et 37% du PIB mondial en 1969. En 2016 sa part du PIB mondial était réduite à 25%. Elle s’est encore réduite depuis.

La Chine a réussi à capter 25% des bénéfices de la croissance mondiale de 2001 à 2008 et 50% dans les années suivantes jusqu’à aujourd’hui.

L’industrie occidentale a perdu près de 25% de sa production industrielle en 16 ans. En fait dans certains secteurs l’érosion a été encore plus forte. Les Etats-Unis qui pensaient que les exportations vers la Chine de produits américains permettraient de supprimer ses déficits extérieurs se sont retrouvés avec des déficits encore aggravés.

Le triomphe communiste chinois a été total. Le régime a réussi son pari de justifier sa terreur par ses bons résultats, alors que la gauche française  ne cesse d’expliquer que la seule justification du capitalisme « est ses bons résultats pour la classe ouvrière ». Il fallait simplement remplacer capitalisme par « communisme parasitaire accroché au capitalisme mondial » pour être dans le vrai. Du coup, aucune des évolutions attendues vers plus de liberté et plus de rapprochement avec le modèle occidental ne s’est produite. Au contraire, comme on pouvait s’y attendre, la Chine utilise sa nouvelle puissance pour s’imposer dans le concert mondial et faire plier ses voisins à ses vues.

Ajoutons au livre les développements les plus récents : Il y a quelques jours, la Chine participait à des manœuvres dans le golfe persique avec l’Iran et la Russie, au même moment où elle réduit les habitants de Hong Kong à quia.

Les yeux ne se sont décillés que tard et partiellement aux Etats-Unis. Les études américaines ont fini par faire droit à quelques idées évidentes : la Chine totalitaire n’a respecté aucune des règles de l’OMC et les Etats-Unis ont perdu leur influence dans le processus multilatéral de cette institution. Le vol des brevets a continué sans limite et l’obligation de sociétés mixtes a permis de récupérer toute la technologie occidentale qui passait par là. Les achats d’Etat faits avec les dollars accumulés ont tous été léonins : « on vous achète mais vous transférez la technologie ». L’économie de la Chine n’est toujours pas une « market economy » au sens de l’OMC. Le rôle de l’Etat et du parti est écrasant et la sécurité juridique est nulle. La finance locale est entièrement contrôlée par l’Etat et ne finance que des plateformes d’exportation. La consommation interne est négligée. On mobilise partout des paysans pour en faire des ouvriers à bas prix.  Les considérations raciales jouent comme le montre l’exemple récent du travail forcé des musulmans.

L’illusion aura été qu’une dictature meurtrière, ayant commis les pires massacres de la seconde partie du XXème siècle, dont l’atroce génocide des paysans lors du Grand Bond en Avant, les crimes de masse de la Révolution Culturelle et le massacres des étudiants de Pékin sur la place bien connue, jouerait selon les règles. Le marché intérieur a été largement fermé. Tout l’effort a porté sur une politique mercantiliste de captation de la richesse occidentale pour la mettre au service du Parti Communiste Chinois et servir des intérêts nationaux et socialistes. Face à une telle dictature, que compte l’OMC ?

Il est facile de comprendre que la déloyauté chinoise n’est pas accidentelle. On s’est illusionné par cupidité en croyant qu’un état de droit et une compétition honnête était possible en Chine. L’Etat Chinois a partout imposé un partage de technologie avec possibilité ultérieure de concurrencer le fournisseur. Il a maintenu une offre de travail artificiellement peu coûteuse et l’a spécialisée dans la capture de l’industrie mondiale.

Les effets macroéconomiques du mercantilisme chinois ont été tragiques. Il a entrainé une déflation continue en Occident, aggravée en Europe par la création de la zone Euro. Il a poussé à un gonflement sans limite de la création monétaire artificielle et sans autre objet que la spéculation faute d’opportunité d’investissement dans les pays déficitaires. L’apparente contradiction entre déflation salariale et inflation monétaire n’en est pas une. Si, par la disparition de près du quart de l’industrie occidentale, vous maintenez des salaires très bas et si votre compétitivité est constamment mauvaise, les prix des biens de consommation ne peuvent pas monter. Au contraire ils baissent. En valeur de référence (panier de biens rares), la baisse est très forte. Comme la monnaie perd toute valeur, les prix en valeurs faciales ne donnent pas l’impression de baisser mais les produits qui sont incorporés dans la valeur de référence montent prodigieusement. Voir l’or, les terres rares et l’immobilier de grandes villes.

Il est impossible de s’adapter à une telle pression. Détruire les systèmes sociaux issus de l’après-guerre de 40 n’est pas une solution acceptable.  Les conséquences politiques sont commentées aujourd’hui tous les jours. Les « élites » qui ont laissé faire ce massacre industriel sont perdues de réputation. Les grandes entreprises qui avaient cru triompher dans la mondialisation et qui sont désormais en difficulté face à leurs concurrents chinois, qui ne jouent pas avec les mêmes règles, en reviennent.

Dès le TFTEA du temps d’Obama, les Etats-Unis se préparent à une contre-attaque. C’est Trump qui la mène devant, à la fois les excédents démentiels chinois et la fermeture de facto de leur marché intérieur. Mais il réalise que les Chinois ont du répondant. Il est tard, peut-être trop tard. Les réserves chinoises en dollars se comptent en millier de milliards. Elles permettent d’acheter des bonnes volontés un peu partout.

Le projet de route de la soie est la confirmation que Pékin ne souhaite qu’une chose : maintenir sa domination dans les exportations, sans faire droit à sa demande intérieure. L’argent afflue hors de Chine dans des zones ciblées qui craquent facilement. Des pays ruinés par la concurrence chinoise accepte qu’on investisse sur leur sol sans se soucier de comprendre que cela va aggraver cette situation !

La situation devient intolérable sur tous les plans, moraux, sociaux, économiques et politiques. Même l’Allemagne est obligée de se fâcher quand elle constate que les Chinois utilisent leurs immenses réserves pour tenter d’acheter les perles de son Mittelstand.

En manipulant sa monnaie, la Chine peut contrer les taxes américaines qui n’ont aucun effet sinon de rendre les économies occidentales plus fragiles. Big business craint la récession. Les articles intéressés se multiplient, expliquant que contrer la Chine est un combat perdu d’avance, que taxer les exportations chinoises perturbe les exportations américaines, que les excédents sont un signe de noble compétitivité, etc.

Des personnages stipendiés jouent à fond la carte chinoise. On le voit avec Raffarin en France. Beaucoup font semblant de croire que les objectifs de l’entrée de la Chine dans l’OMC progressent. Mais non. Xi joue la même carte violente et truquée indéfiniment. Il craint d’être viré des marchés mondiaux. Alors il pratique la séduction adossée à ses réserves et montre ses dents militaires. Trump n’a pas de réponse. Il annonce en ce début d’année un accord réglant toutes les questions en suspens. Ce n’est qu’une nouvelle illusion, si ce n’est pas qu’un minuscule calcul électoral.

Sur tous les sujets Trump a facilité le diagnostic et compliqué la solution. L’Iran, la Russie, la Turquie, la Chine, la Corée du Nord s’amusent presque à montrer son indigence stratégique, tout en espérant que la force réelle des armes américaines ne se déclenchent pas vraiment. Et tout le monde se fiche du diagnostic. L’affaire Suleiman (l’assassinat ciblé d’un général des gardiens de la révolution iranienne par un drone américain) montre que les illusions sont partout et que la puissance américaine n’est pas un vain mot.

L’Europe est totalement absente. L’Allemagne qui pratique la même politique mercantiliste que la Chine ne peut pas la condamner. Elle lui vend machines et voitures. L’Europe n’existe plus dans la géopolitique mondiale. La France s’enfonce dans le bourbier des grèves politiques et des manifestions de « Gilets Jaunes ». Elle se débat entre déficits intérieurs et extérieurs, dettes et chômage. Elle est devenue l’exemple repoussoir d’un leader mondial de la fiscalité abusive avec un niveau de criailleries gauchistes qu’on ne trouve plus guère que dans certains pays d’Amérique du Sud travaillées par le castrisme et le révolutionnarisme bolivarien.

Toutes les monographies ont le même inconvénient. Au bout de l’effort, l’auteur finit par tenter de tout expliquer par son thème majeur.  Souvent en outrant les raisonnements. L’auteur n’a pas de vision globale des difficultés économiques depuis l’été 1971. Il n’a pas de théorie générale de la crise. L’affaire de l’intégration de la Chine dans l’OMC est un sous phénomène dans un phénomène plus large qui n’est pas analysé. C’est au moment de trouver des solutions que la carence apparaît nettement. Que faire ?

L’auteur considère qu’il suffirait d’imposer à la Chine de pratiquer les changes flottants pour que cela aille mieux.  Il ne comprend pas que le non-système monétaire international, imposé par les Etats-Unis et qui lui a permis de participer à la grande fête des fonds de placements, est basé sur l’idée que « tout le monde fait ce qui veut et que le meilleur gagne », sachant que l’alimentation en dollars du monde suppose des déficits américains et donc des excédents quelque part. Le mercantilisme chinois n’aurait pas été possible en régime de changes fixes et ajustables sous surveillance du FMI quand les grands déficits et les grands excédents étaient proscrits. Les Etats-Unis n’ont pas voulu accepter cette contrainte et ont fait sauter le système. Ils s’aperçoivent que les Allemands et les Chinois après les Japonais, les Coréens et quelques autres ont fini par leur tailler des croupières.  La fin des systèmes de « socialisme réalisé » a considérablement aggravé les choses en empêchant de réguler le rattrapage. 

Paterson ne comprend pas la dimension monétaire globale de la crise et sans réforme du système monétaire international, il n’a pas de solution autre que d’exclure la Chine au prix d’une récession mondiale forte.

Son livre est une lecture indispensable, puisque ce sujet n’a fait jusqu’ici, à notre connaissance, l’objet d’aucune enquête aussi fouillée. En révélant indirectement l’effondrement géopolitique de la France, et la mort de la réflexion globale des journalistes de la PQN et des élites universitaires, il rend spécialement service aux Français.  En montrant que l’Euro a aggravé les choses, il est également fort utile.

Malheureusement il démontre aussi que les meilleurs esprits anglo-saxons n’ont toujours pas compris les méfaits du système des changes flottants et qu’il n’y aura pas de solution aux effets tragiques justement soulignés des excédents chinois sans retour à un système organisé des changes et des relations commerciales. Monnaie et commerce sont les deux faces d’une même réalité. 

En laissant la monnaie aux banques centrales et le commerce à l’OMC, on a créé une fausse dichotomie ingérable. Il n’y a pas de bon commerce sans bonne monnaie. Et réciproquement.

Et il n’y a pas de bonne coopération économique possible avec une dictature socialiste génocidaire.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

  

 

 

 

 

 

 

La France et l'Argentine

"La dette argentine publique se monte à quelque 330 milliards de dollars, soit près de 90% du PIB"

La dette française vient de dépasser 100% du PIB  et 2.500 milliards d'Euros.

 

Comme dirait Fillon, l'Argentine joue petit bras.

Pour la France, ces éléments complémentaires

Investissement des entreprises, hors construction (en% ) :
 
2017 : 5,2,
2018 : 4,6
2019 : 3,0
 
Exportations (en%)
 
2017 : 4,5
2018 : 3,7
2019 : 3,6

En gros : la dette devient incontrôlable pendant que les investissements et les exportations baissent. La dépense publique, elle, continue d'augmenter.

En un mot : le post hollandisme est un hollandisme.

 

 

Un SCHEMA explicatif fondamental

Comprendre l'actualité économique et politique

Le graphique qui explique tout

 

Ce schéma n’est pas une statistique mais une approche de ce qui s'est passé depuis l’effondrement des accords de Bretton Woods en été 71. La référence, base 100 dans le graphique et ligne rouge, est la valeur d’un panel de biens dont la valeur est sinon stable du moins représentative d’une certaine permanence. À 50 %, on retrouve la valeur du m2 moyen dans cinq grandes villes du monde (New York, Tokyo, Londres, Paris et Shanghai). Les autres 50 % sont constitués d’or, de diamant, de terres rares et de pétrole. Les autres courbes sont bien connues. On a pris celles de la France depuis 1971. Après avoir été lissées par moyenne mobile sur dix ans, elles ont été réduites à une ligne droite et déflatée par l’indice de référence.

On voit apparaître l’évolution des courbes en « valeur stable de référence » (VSR) et non en monnaie. Les résultats sont spectaculaires et surtout expliquent bien des évènements actuels.

La monnaie : la valeur de la monnaie s’est effondrée. Le Franc (puis l’Euro) a perdu presque 97 % de sa valeur en VSR, comme le Dollar et pratiquement toutes les monnaies administratives.

Les prix : Les prix ont baissé plus vite que le revenu. Ce qui veut dire qu’il y a eu hausse du pouvoir d’achat apparent mais une baisse forte en VSR qui n’est pas perçue, les gens raisonnant en monnaie courante.

Les impôts : La fiscalité a cru plus vite que le revenu, ce qui a entraîné une régression fréquente du revenu net disponible. En s’accrochant au patrimoine des assujettis, l’impôt des personnes payant l’ISF a pu dépasser 100 % de leur revenu, ce qui était intenable à terme.

La dette : La dette en VSR a baissé compte tenu de l’effondrement de la valeur de la monnaie mais elle a cru plus vite que la fiscalité, et que le revenu. Les classes moyennes ont maintenu leurs dépenses par l’endettement, comme l’État.

Les gros patrimoines : étant investi largement en valeurs de référence, la valeur patrimoniale des très très riches n’a pas baissé en VSR.

Le luxe : le très grand luxe, comme toujours, a fui devant la fortune.

Les champions de la mondialisation, propriétaires d’entreprises mondialisées, ont vu leur patrimoine s'accroître, même en VSR

Quatre points spectaculaires : la baisse relative du niveau de revenu par rapport à l’immobilier ; la baisse du revenu moyen par rapport au patrimoine des « vainqueurs de la mondialisation » : le rôle phénoménal de la dette ; la hausse déraisonnable de l’impôt par rapport au revenu.

Une fois ce tableau en tête, on peut mieux analyser et les causes et les conséquences de ces évolutions.

La cause principale : La conjonction de l’effondrement du communisme et d’un système monétaire international déséquilibré.

Le système mis en place après 1971 (change flottant et liberté du commerce international) a permis à la Chine et aux autres pays sortis du communisme de rejoindre la mondialisation, sans aucune contrainte d’équilibre commercial. L’effet négatif sur le revenu a été massif dans les pays développés, alors que la mondialisation permettait aux gros salaires liés à la mondialisation de se maintenir. En faisant sauter l’obligation de maintenir des comptes équilibrés, les changes flottants ont permis à la Chine d’accumuler des excédents monstrueux alors que le système de Bretton-Woods aurait imposé une réévaluation. Le recyclage de ces excédents a provoqué une hausse phénoménale de l’endettement et l’effondrement de la valeur de la monnaie. Les crises à répétition liées également aux défauts des changes flottants, ont entraîné des dépenses d’état qui ont été payées par l’impôt et la dette.

Il faut ajouter l’effet de l’irrédentisme musulman et sa tentation terroriste, associée à sa longue maîtrise des puits de pétrole qui a naturellement eu un effet sur la croissance par la hausse induite du coût de l’énergie.

Les conséquences deviennent lisibles.

Lorsque, au moment des manifestations des Gilets Jaunes, on entend : « avant on était pauvres mais on s’en sortait maintenant c’est fini », cela tient à la hausse globale de pression fiscale (aggravée par la violence administrative et l’extension sans fin des mesures bureaucratiques coûteuses et dont l’effet n'est jamais évalué) et à la difficulté de se loger compte tenu du prix relatif de l’immobilier.

Les salariés ne parviennent plus à payer leur loyer sur leur revenu. Ils doivent donc emprunter à mort et les taux négatifs répondent à cette exigence.

En vendant leurs biens immobiliers pour des résidences plus modestes ou en région, les retraités disposant préalablement d’un patrimoine sont parvenus à s’en sortir. La chute de la natalité induit que les héritages sont relativement plus positifs s’ils sont en biens stables en VSR. Ils permettent aux héritiers une certaine aisance de consommation, compte tenu de la baisse des prix en VSR. Du coup les fiscalistes socialistes étatistes s'excitent à l’idée de leur piquer cet « avantage » dans la décrépitude générale.

L’extension du « populisme », c’est-à-dire du rejet des élites par la classe moyenne, tient au fait que la hausse relative du revenu par rapport au prix, une fois déduit les impôts et les frais incompressibles, est très faible pour les petits revenus. Savoir que les classes moyennes des pays ex-communistes se sont fortement enrichies les laisse parfaitement indifférent.

Ajouter à des perspectives de restriction à la croissance et à la mobilité, une politique de dépenses publiques nouvelles indéfinies avec des hausses fiscales associées gigantesques ne peut que provoquer que des réactions violentes de rejets. Tout le monde a compris que le bonneteau fiscal auquel s’amuse le gouvernement n’est pas une vraie baisse, la dépense publique augmentant plus que le revenu moyen. Une perspective de baisse massive des retraites ajoute nécessairement à la peur et à la colère. Plus personne n’a de perspectives positives.

La gauche fiscaliste, bureaucratique et antinationale, qui accepte des règles de mondialisation qui ne protègent pas, n’est plus admissible pour la classe ouvrière et les classes moyennes, notamment dans les zones en déclin structurel. Son adhésion à la dépression écologique aggrave les choses.

La droite mondialiste, celle qui n’a aucune explication des crises et aucune politique pour les prévenir, et qui laisse la concurrence ruiner le revenu des classes moyennes, tout en acceptant de céder la souveraineté à l’Europe en externe et à la bureaucratie énarchique à l’intérieur, n’est plus écoutée.

Le « macronisme » qui a été vu par une droite menacée et une gauche en désarroi comme une manière de protection contre le populisme de droite et de gauche n’a pas de solution. Il a provoqué une crise de confiance majeure en n’ayant aucune vision extérieure, et aucune prise en compte des causes fondamentales de la crise structurelle de la mondialisation démarrée en 1971 (au contraire, on se fait botter le c… par les États-Unis sans réagir) et en aggravant les mesures bureaucratiques violentes et coûteuses, tout en inquiétant l’ensemble des Français sur un projet de retraite d’inspiration bureaucratique et qui noie le poisson des vraies inégalités, dans un océan incertain et anxiogène de régression à long terme.

En raisonnant en VSR en non plus en monnaie courante, la situation s’éclaire avec une netteté frappante, aussi bien sur le terrain politique qu’économique et social.

 



Comment on a démoralisé les Français

Nous sommes sur le chemin d’un nouvel échec majeur d’un couple d’Enarques. Après Giscard-Chirac, après Chirac-Juppé, voici Macron-Philippe !

Intelligents, bien formés aux questions politiques et de management d’un Etat, bien intentionnés, propres sur eux et sans convictions politiques partisanes trop marquées, calés sur la recherche du bien commun bureaucratique, interchangeables dans toutes les configurations politiques dites « responsables », les Enarques qui ont choisi la carrière politique ne parviennent pas à comprendre pourquoi et comment ils se plantent lamentablement avec une si belle régularité, avec des conséquences si pénibles pour la nation.

 L’Enarque Minc l’a dit ce matin : Philippe, au sein d’un discours formidable, a fait une erreur inadmissible. Il a parlé « d’âge pivot » franchissant une « ligne rouge » syndicale qu’il fallait absolument respecter. La langue fourche et patatras. La CFDT non élue doit diriger le pays ? Non ! Mais il faut farder, ruser, faire de la sémantique etc.

Il nous semble que l’explication est tout de même un peu plus profonde que çà.

Premier repère : les trois échecs viennent après trois crises économiques graves. La récession de 73-74, celle de 92-93 et en fin celle gravissime de 2008 -2009 forment le décor des trois échecs. Malheur circonstanciel et fortuit ? Non : les crises étaient toutes les trois évitables. A-t-on entendu un mot des trois couples cités expliquant la cause des crises, désignant les responsables, et définissant les lignes d’une correction possible des erreurs fâcheuses qui les ont provoquées ? Jamais. Nous prétendons ici qu’il s’agit d’une faute impardonnable. Ces crises sont la cause première de tous les désordres qui frappent le pays. Ne pas tenir un discours crédible sur les causes des crises à répétition qui ont ravagé le pays et ne rien proposer de crédible pour y mettre fin signent le caractère illégitime et artificiel des équipes qui se déclarent dirigeantes et qui ne dirigent rien. Les « élites » politiques, qui se positionnent comme capables, offrent le constat qu’ils sont impuissants, donc incapables.  

Second repère : les trois échecs surgissent après trois séquences de trahison. Chirac trahit les siens et Giscard trahit son projet en humiliant Chirac. Chirac se présente comme le réducteur d’une fracture sociale et l’homme capable de mettre fin aux excès du socialisme destructeur, et il trahit toutes ses paroles. Avant lui Balladur avait aussi trahi sa parole en trahissant Chirac. Juppé lui trahit le gaullisme pour faire entrer le centrisme en force dans le mouvement. Macron trahit Hollande pendant que Philippe trahit son camp. Le pays profond constate les dégâts et s’emplit d’un mépris qu’on ne veut pas voir ni explorer, naturellement, mais qui devient himalayen.  Ces écuries d’opportunistes sont non seulement des incapables mais ils ne s’intéressent qu’au pouvoir présidentiel et aux postes et se permettent toutes les trahisons.  A la démoralisation économique s’ajoute la démoralisation politique.

Troisième repère : les trois échecs s’imposent après des hausses délirantes de la fiscalité. Le septennat de Giscard aura été un septennat purement fiscal. La TVA, les plus-values, la fin du forfait, la hausse de tous les taux et l’extension de toutes les assiettes forment le décor de l’échec giscardien. L’échec de Chirac-Juppé provient après une bordée de hausses fiscales impulsées par Rocard et que Juppé entend aggraver.  L’échec de Macron-Philippe suit les hausses imbéciles du quinquennat Hollande et le triomphe de l’énarchie qui a fini par faire de la France le premier pays du monde pour les impôts et les prélèvements. Macron propose un jeu de bonneteau démagogique plus qu’une véritable réduction. A la démoralisation économique et la démoralisation politique s’ajoute la démoralisation fiscale.

Quatrième repère : Les trois échecs viennent à la suite de concessions qui réduisent l’indépendance nationale gravement. Giscard va faire des effets de maillot de bain autour d’une piscine à Kingston en même temps qu’il cède tout aux américains qui imposent l’étalon dollar et la financiarisation excessive du monde, tout en annonçant que la France, moyenne puissance, doit s’effacer dans l’Europe. La suite montrera qu’il voulait une vraie disparition nationale de la France.  Chirac renonce à bloquer l’évolution vers l’Euro qui est un abandon national majeur qui interdira à la France toute autonomie économique, diplomatique et politique et qui la mettra dans la dépendance totale de l’Allemagne, elle-même dans la dépendance totale des Etats-Unis. Macron crie « Europe, Europe, Europe », comme un cabri, et annonce une forte augmentation de la fiscalité européenne au moment même où le Royaume-Uni cesse de contribuer… A la démoralisation économique et la démoralisation politique et la démoralisation fiscale s’ajoute la démoralisation nationale.

Cinquième repère : les trois échecs proviennent après que les dirigeants ont prouvé leur volonté de rester dans le cadre d’un socialisme burlesque, démagogique et à contre-courant. Pas d’ennemi à gauche ! Ce socialisme de fond s’accompagne d’un goût éhonté pour la bureaucratie qui envahit tout à des niveaux jamais vus. Giscard fausse toute l’économie du bâtiment par une efflorescence des règles totalement ahurissantes. Le droit du travail sous Chirac-Jospin devient un traquenard, Chirac faisant savoir que Jospin est son meilleur premier ministre. Les lois kilométriques de Macron et leur génuflexion devant toutes les exigences des comités Théodule empoisonnent le pays. La surgescence d’une contrainte écologique débilitante, à laquelle on cède aussitôt aggrave les choses. Il devient impossible d’agir et de réussir en France, pays où tout est interdit et où toute réussite est vilipendée à des niveaux qui n’ont été atteint qu’en Union Soviétique. A la démoralisation économique et la démoralisation politique et la démoralisation fiscale et la démoralisation nationale s’ajoute la démoralisation individuelle : je n’ai plus d’espoir de réaliser une vie pleine car le socialisme tue la « vie des autres » et aussi la mienne.    

En France, le moi et le surmoi sont atteints, corrodés jusqu’à la racine.

Les Gilets jaunes ont fait passer le message : « Macron tu es un guignol. Tes impôts, tes règlements, tes amendes tu peux t’asseoir dessus. » Jupiter est descendu de son rêve pour causer au peuple comme un Fidel Castro d’opérette. Les syndicats font passer le message : « Macron tu es un guignol. Tes réformes tu peux t’asseoir dessus ». Les très riches sont partis et n’ont pas l’intention de revenir. L’Europe lui a signifié : rien à faire de tes bouffonneries.  Les Etats-Unis frappent la France à coups redoublés.

La France était un pays à l’arrêt avant même que des voyous décident de le bloquer radicalement. Plus d’enfants, plus de qualité, plus de compétence, plus de services publics, plus de langue, plus de respect pour rien. Un effondrement pratiquement total qui nous voit rejoindre le niveau d’un pays du tiers monde dans l’ébahissement de nos amis étrangers qui voient l’exemple français disparaître dans un marécage méphitique.

Le Français, né malin…

En regardant les défilés qui passent

Ce qui frappe dans le désordre actuel, c'est la malfaisance de longue durée de mesures comme les 35 heures, la retraite à soixante ans, le pouvoir de blocage donné aux syndicats, l'abandon de la répression du crime, avec suppression de la Cour de sûreté de l'État et le laxisme généralisé devant la délinquance habituelle, le refus de la discipline et de l'effort dans les établissements scolaires, la surfiscalité, la renonciation à la nation, avec le double mouvement de décentralisation et d'intégration dans une zone européenne, la dévalorisation du travail et la surestimation de la fête et des loisirs, voire de la drogue, la dissolution de la France dans un ensemble où ses vertus n'ont plus de sens.

Le triomphe de ces lubies lors des deux septennats de Mitterrand a provoqué à la fois la démoralisation en profondeur du pays et sa déréliction économique de longue durée.

Sur un tel terreau, une caste s'est imposée, qui a compris qu'elle n'avait aucun intérêt à s'opposer à ce flot et qu'il suffisait, pour elle, "d'arbitrer la société" par la fiscalité et la réglementation. Sans se rendre véritablement compte des ruptures fondamentales que ces mesures de plus en plus invasives provoquaient dans la société.

Cet équipage branlant a été incapable de faire face aux trois évolutions internationales dangereuses qui ont été le délire de puissance américain, avec la destruction du système monétaire international et le retour des crises à répétition, l'effondrement communiste et l'arrivée massive sur le marché de centaine de millions de gens affamés de croissance, et la poussée islamiste, exaltée par la possession du plus gros des champs pétrolifères.

Sous-jacente à ces évolutions, la démographie s'est mise de la partie, avec un vieillissement majeur et une dénatalité suicidaire dans les pays développés, et une explosion démographique en Afrique et en Asie.

Tout aussi sous-jacente, l’emprise de la pollution et de la surconsommation de ressources non renouvelables, a fini par faire constater ses effets, entraînant une véritable hystérie.

La France qui avait réussi à tirer son épingle du jeu de façon remarquable, sombre désormais de la même façon remarquable. Le miterrandisme a été une porte ouverte sur le néant et ce pervers narcissique le savait pertinemment. Il savait qu’il faisait du tort au pays, mais cet habitué des cimetières y trouvait une sorte de satisfaction morbide. Les suicides de Grossouvre et Bérégovoy, tout autant que la manière dont il a traité sa femme, méprisée au point d’être chassée de sa tombe, donnent la tonalité de la mentalité qui animait ce politicien désastreux pour le pays : « qu’il meurt si je suis le dernier président de plein exercice ».

Depuis un quart de siècle, les dirigeants français essaient tant bien que mal de sortir du piège où Mitterrand a fourré le pays. Une retraite par répartition à 60 ans dans un pays qui vieillit et qui est confronté à des récessions périodiques, c’est injouable. Ce l’était déjà quand la mesure a été prise. Les 35 heures avec des charges massives sur l’emploi, en économie ouverte, c’était injouable. Ce l’était déjà quand la mesure a été prise. Les Français n’ont jamais voté pour devenir les champions de l’impôt, mais ils le sont devenus faute de pouvoir se décrocher de toute la démagogie post-soixante-huitarde, et pour avoir cédé le pouvoir à la bureaucratie. L’Euro était une option dangereuse, surtout si on cessait d’avoir une influence sur les erreurs d’organisation extérieures. La dissolution nationale dans un ensemble où l’Allemagne retrouvait son imposante intégrité était un risque majeur.

Les évènements en cours sont très révélateurs. On apprend qu’il y a à la SNCF une « social room » chargé de la com’ avec les réseaux sociaux. La « société nationale » parle anglais jusqu’au plus bas du trivial. Les Français ont pris leur RTT ! « Après tout qu’ils bloquent le pays pendant quelques jours, on s’en fout ! » Le commerce est en pleine catalepsie. C’est normalement le moment du chargement des stocks de Noël. Mais il y a Internet et les plateformes. Et les clients ne peuvent plus bouger. Entravées par les jaunes samedi, de nombreuses boutiques sont à deux doigts de la faillite. Tout le monde s’en fout : les vendeurs sont des immigrés et on peut acheter ailleurs. Les immigrés n’ont qu’à se faire livreurs. Ce qu’ils font. Une bande d'excités cassent des milliers de patinettes électriques en toute impunité. Leurs promoteurs, adeptes du « free floating disruptifs », avaient considéré que ces engins pouvaient squatter les trottoirs impunément. Les « circulations douces et apaisées » s'avèrent un champ de bataille où il n’y a plus de lois ni de civilité. Les syndicats eux, veulent prouver qu’ils sont plus puissants que les Gilets jaunes. Ces derniers ont obtenu 20 milliards. Nous, on en veut le double sans cela « gare » ! Enfin quand on dit « gare » ! C’est le moment de les visiter. Un sentiment étrange a envahi ces nefs vides.

Pendant ce temps-là, les taux d’intérêt sont négatifs, une curiosité légèrement anxiogène tout de même ; La crainte d’une chute économique imminente est partout. La peur du déclassement règne dans les profondeurs du pays. Le chômage structurel reste autour de 8 % de la population dite active. Tous les services publics, sauf le fisc, sont par terre. Le revenu de presque tous dépend d’un surendettement colossal.

Le président de la République qui a voulu se mettre en scène comme Jupiter passe pour un guignol impuissant, bavard et odieux. Il paie certes une situation largement héritée, mais aussi les erreurs majeures commises pour être élu. La hausse massive de la CSG, la suppression annoncée de la taxe d’habitation, la liquidation de la politique familiale, les projets de réforme qui se veulent habiles en noyant le poisson et qui ne sont que de lâches échappatoires bureaucratiques et politiciennes, c’est lui et lui seul. L'obsession de la réélection l’empêche de réellement gouverner.

Il fallait avoir le courage de dire : la retraite c’est 66 ans pour tous dans les cinq ans et la durée de travail légal hebdomadaire, c’est 40 heures tout de suite. Ceux qui veulent faire autrement le peuvent mais à leur compte et pas aux frais de la nation. Les régimes de retraites des fonctionnaires doivent s’aligner dans la mesure où les sujétions particulières le permettent, sur le régime général. La retraite des hauts fonctionnaires ne doit plus s être statutaires mais dépendre du prorata temporis de l’emploi dans la fonction. Cette bataille simple et directe aurait dû être menée en arrivant. Aujourd’hui on n’en parlerait plus. De même que la nécessaire réforme de l’indemnisation chômage vient de passer comme une lettre à la poste sans que personne ne s’en rende vraiment compte.

Le danger de la pensée macronienne est qu’elle est le fruit de quatre tendances, toutes dangereuses :

-          La mise en scène de lui-même devenu le deus ex machina universel, bien calé derrière un politiquement correct sans faille (Tout le monde il est beau, il est gentil) ;

-          L’énormité des affichages ;

-          Le dévergondage législatif avec des lois kilométriques ;

-          La préoccupation presque exclusive de la prise ou de la conservation du pouvoir.

Ce qui frappe, c’est la placidité et même l’indifférence des Français. Ils considèrent tout cela comme du théâtre. Du mauvais. C’est un pays de retraités, et de rentiers publics. On ne comprend pas qu’il n’y a plus guère que 10 millions de Français de souche qui travaillent effectivement dans le privé, contre 15 millions de retraités, 5 millions d'assistés divers et 5 millions d’employés du secteur étatique ou para-étatique.

Il est parfaitement normal que les deux tiers des Français soient d’accord avec la grève : c’est une pure conséquence de la sociologie. Mais ils ne veulent pas que cela aille trop loin, car si l’argent public vient à manquer, c’est la ruine, comme dans les pays socialistes.

L’analyse qui fait florès de « l’archipélisation » de la France, autour du livre de Fourquet, est trop fine par rapport aux noyaux durs de la réalité. La majorité des Français vit majoritairement à crédit et sur le dos des autres, dans un malthusianisme total. La spirale ne peut que finir mal, d’autant plus que le surmoi national a été détruit. Les « bénéficiaires » le sentent bien. Alors ils ont peur et en même temps ils sont blasés. Ils sont pleins de rancœurs, mais en même temps ils s’en foutent un peu. Ils en veulent à leurs dirigeants mais ils savent bien que qu’ils ont accepté tout ce gâchis.

Ils pensent majoritairement que le mol édredon du laxisme leur permettra d’absorber tous les chocs. Ils ne sont pas particulièrement inquiets de la grève en cours. Ils font des stocks. Ce sont les vraiment faibles qui paieront : le personnel de maison qui ne peut plus faire ses heures, alors que le revenu est au cordeau ; l’artisan ou le commerçant qui ne peut plus travailler. À terme ce sont les petits qui demanderont de l’ordre et qui voteront populiste.

Évidemment, il ne faudrait pas qu’une nouvelle récession s’enclenche. Là, les conséquences pourraient être sérieuses. Et dans tous les débats actuels, on ne trouvera rien, mais vraiment rien, sur le diagnostic des difficultés passées et sur les réformes collectives de la mondialisation, sinon des éructations.

Une nation fragile et vieillie dont les dirigeants ont perdu le contrôle dans pratiquement tous les domaines, peut casser.

« Il pleut de la boue »

On connaît la phrase de Luther : « Es regnet drecks », traduit généralement par : « il pleut de la boue ». Tout ce qui tombe du ciel n’est pas toujours sanctifié ! Pour ceux qui ont connu, en Europe centrale, la double ignominie du nazisme et du communisme, l’expression était d’une banalité quotidienne. La violence et la rancune, la haine et la bêtise, la bassesse et l’envie, sont les composantes de cette boue collective.

Ventilées par le vent mauvais d’une crise économique ouverte en 1973 et qui n’en finit pas, ces réactions méphitiques emportent l’ambiance en ce début de mois de décembre 2019. Il « pleut de la boue en France », plus que jamais.

Dîner, il y a quelques jours avec un préfet en fonction. L’état de la France est présenté comme catastrophique et aux limites de l'incontrôlable. L’effondrement de la Justice et de l’école, allié à la crise économique, entraîne la République dans les abysses.

Les « territoires perdus de la République » sont déjà passés à autre chose. Devant des crimes et des délits, la justice a choisi de ne plus sévir. Par idéologie, en partie. Par manque de moyens d’incarcération. En partie. Mais surtout désormais par peur. On ne veut plus réprimer de peur de l’embrasement et les voyous sont armés. Il y a des dizaines de milliers d’armes dans ces territoires dont beaucoup de Kalachnikov. Et la peur de la police a disparu. Le juge déclare routinièrement au prévenu : « Est-ce que vous savez que vous risquez 15 ans de prison pour vos actes ? Je vous condamne à 2 ans ». Et le condamné ne fera pas de prison. En revanche la profession se défoulera sur un Balkany qui sera condamné pour crime de fraude fiscale à 5 ans ferme et pour recel de fraude fiscale à également 5 ans ferme. 10 ans pour la même faute, découpé en deux. Alors la police a des ordres. Laissez faire les rodéos. Ne cassez pas les trafics. Ne réprimez pas les Barbus. Laissez la drogue financer le djihadisme. On déverse des subventions indécentes à de fausses associations qui sont de vrais nids de délinquants. La paix sociale, la paix sociale. Envoyez le mol édredon. Alors aujourd’hui que d’autres secteurs se sont mis en branle, on panique que les fameux territoires entrent en sécession violente. Car on n’a pas les moyens de faire face.

Les « Gilets jaunes » ? Personne n’a vraiment voulu vraiment en étudier la sociologie. Ce sont tous des petits patrons, des indépendants, des salariés du secteur public, des femmes isolées qui ne vivent que de subventions, des Rmistes professionnels. On a parlé de l’essence, des amendes, de la perte de services publics. On a oublié un détail : tout ce petit monde vit à crédit et ne se prive en fait de rien. La « télé gilet jaune » est un concept un peu particulier mais couvre une réalité que tout le monde connaît : on achète à crédit les plus gros modèles de télé. Parce qu’on le vaut bien. Et à crédit. La « voiture gilet jaune » est presque toujours un SUV. Qu’on regarde les modèles à succès de Peugeot. Parce qu’on le vaut bien et à crédit. Si vous touchez au prix de l’essence, à la vitesse, aux amendes, aux impôts, dans un monde à la limite du surendettement vous créer une réaction terrible. Avec des gens qui veulent vous faire la peau.

Les privilégiés des services publics ? Tous savent que leur situation est totalement anormale et qu’ils vivent en parasites sur le dos d’un pays ruiné par la crise et les années Giscard-Mitterrand. Ce parasitisme était toléré tant que le salaire moyen dans ces secteurs était fortement inférieur aux salaires du privé. Mais lorsque sous l’influence d’un côté, de la crise économique larvée de longues durées qui a frappé d’abord les salariés du privé, et de l’autre du socialisme mitterrandien et de l’ivresse de « l’énarchie compassionnelle », les rémunérations publiques ont commencé à dépasser puis à larguer les rémunérations privées. Alors que tous les services publics sombraient, la tolérance à l’abus a brusquement cessé. Le vieillissement a aggravé les choses. Tout le monde voit bien qu’un retraité de la RATP gagne trois à quatre fois plus qu’un retraité moyen du secteur privé, alors qu’il a cotisé beaucoup moins, avec une retraite beaucoup plus longue. L’injustice est radicale. Mais on a accepté de ne pas réprimer le détournement de pouvoir de syndicats qui utilisent les biens publics mis à leur disposition pour les retourner contre la nation. Comme on a tout cédé récemment aux Gilets Jaunes, les syndicats du secteur public veulent leur revanche et sont prêts à aller loin probablement jusqu’à l’insurrectionnel pour qu’on les prenne aux sérieux. Ils savent qu’il n’y aura pas de répression.

Il ne manque au tableau que l'insurrection des banlieues.

Si cela part sur les trois fronts, notre préfet est formel. On ne sait pas faire.

Alors il faut souhaiter qu’il ne pleuve que de la boue.

 

Un cycle infernal français : démagogie, dépenses publiques, dettes, communication niaiseuse,

reprise des dettes

Belle négociation à la SNCF, il y a quelques mois, qui se termine par… la reprise de la dette de la SNCF.

Belle négociation avec les hôpitaux publics français qui se termine par… la reprise de la dette des hôpitaux publics.

La SNCF se prépare à une grève désastreuse, début décembre, ce qui créera de la dette alors qu’on vient de reprendre la précédente.

Nul doute que le procédé sera le même dès que le gouvernement aura bien cédé sur tout aux syndicats de la santé publique.

Le caractère particulier de l’affaire hospitalière est qu’on avait dit aux dirigeants d’hôpitaux publics : « soyez responsables ! L’argent public n’est pas infini. Il importe que vous assuriez la cohérence entre besoin et ressources, sachant que le niveau de ressources que nous vous garantissons est parmi les plus élevés du monde ».

Dans ce cadre, certains hôpitaux ont été très bien gérés et d’autres ont laissé filer leurs dettes sans vergogne, considérant qu’ils n’avaient pas à se laisser impressionner par la peur du qu’en-dira-t-on des instances politiques, qui en France sont les mêmes que les instances administratives.

En reprenant les dettes des mauvais gestionnaires, Emmanuel Macron ridiculise les bons et signe la déresponsabilisation totale des dirigeants de la sphère médicale. Simultanément il se moque des contraintes globales qu’impose un trop haut taux de dettes nationales. Il s’abaisse ainsi au niveau d’une Hidalgo et des équipes qui ont porté la dette à Paris à 7 milliards d’euros en attendant mieux, tout en doublant la pression fiscale locale. Pourquoi se gêner ?

La France continue de se laisser aller à la pire démagogie tout en ne réglant aucun problème de fond, une stratégie qui lui a permis de devenir championne du monde des prélèvements tout en voyant la totalité de ses services publics sombrer dans la déréliction.

Les causes des difficultés du service public des hôpitaux sont faciles à comprendre et toute l’action de communication des pouvoirs et des médias consistent à éviter de les voir. Pourquoi ? Parce qu’elles impliquent des politiques dont on se sent incapables, soit parce qu’elles nous échappent, soit parce qu’on ne veut pas les mener.

Première vérité : les ressources du secteur de la santé dépendent directement de la prospérité du pays. Un pays qui va de crise en crise, qui n’est plus compétitif et qui n’a plus de poids pour provoquer les changements globaux qui sont nécessaires, qui est gangrené par des prédations massives a, nécessairement, dans un contexte de vieillissement et de technicité accrue des traitements, un drame à gérer.

Pour l’éviter, il faut avoir une politique macroéconomique de croissance c’est-à-dire d’abord exiger des réformes lourdes dans le système mondial et européen des monnaies et des échanges. Des crises telles que celle de 2008 et 2011 sont totalement destructrices. Pas de santé publique saine sans économie globale saine. Une des fautes de l’Enarchie Compassionnelle qui nous dirige depuis 50 ans est d’avoir baissé pavillon dans ce domaine macroéconomique. Les changes flottants et la monnaie unique sont des échecs sanglants, mais il ne faut JAMAIS en parler ni rien proposer. Si les besoins croissent de 2 à 4 % par an et les ressources globales de 1.2 à 1.5 %, vous aurez mécaniquement une difficulté gravissime à surmonter. On ne peut pas sortir de cette réalité : une médecine de plus en plus coûteuse suppose une croissance rapide des revenus globaux, afin de consacrer les sommes nécessaires la stabilisation et l’extension des progrès médicaux. Il n’y a pas de décroissance heureuse dans le domaine de la santé publique !

Seconde vérité : les causes internes de la crise des hôpitaux proviennent principalement de décisions politiques intenables qu’on ne souhaite pas remettre en cause.

-          Gratuité des soins et de plus en plus de la périphérie des soins (transport, hébergement, etc.).

-          Bureaucratie gigantesque et hypercentralisation provoquant des rigidités insurmontables

-          Réduction massive de la durée de travail des personnels médicaux

-          Omnipotence des syndicats et disparition d’une vision sacrificielle des métiers médicaux issue du temps où on soignait autant la détresse et la misère (morale, sociale, physique) que la maladie.

-          Envahissement par des « patients » étrangers

-          Absence de médecin du fait du numerus clausus

-          Disparition de la médecine de dispensaire

-          Réduction de la médecine de ville

Nous avons abordé souvent le thème de la destruction sociale par la gratuité. Les politiques publiques de gratuité, sauf dans des cas très précis et fort peu nombreux, aboutissent nécessairement à la répression de l’offre et de la demande, et au mécontentement général, car les ressources gratuites conduisent automatiquement à des gaspillages terrifiants et non finançables.

La bureaucratie française est sans limite. Nous avons, en matière de santé publique, un système soviétique, avec tous les défauts d’un système soviétique

La réduction, d’en haut, de la durée de travail hebdomadaire a tué l’hôpital français. Cela a été prouvé par mille études. Elle a été aggravée par le laxisme en matière d’absences et la féminisation massive du corps médical (arrêts maternité – Obligations maternelles – approche du métier différente) . La retraite trop précoce a fini le travail.

La syndicalisation a provoqué une forme de cogestion basée sur l’interdiction d’interdire et de diriger fermement. Elle permet les mobilisations massives et les luttes collectives pour arracher toujours plus d’avantages à un État dirigé par des fonctionnaires qui lâchent tout systématiquement.

L’envahissement de notre système par des prédateurs étrangers a trop fait débat pour insister ici, sauf pour dire que ceux qui savent, savent que c’est bien pire que tout ce qui a été avoué par les médias. Le système bureaucratique de la santé a un intérêt objectif à servir gratuitement n’importe qui pour obtenir plus de revenus et plus de moyens. L’envahissement se fait avec la complicité assez générale des médecins publics et des ARS.

Le numerus clausus est une des nombreuses sottises de Giscard. Cette décision est fondée sur un double calcul : pour les médecins, la réduction de l’offre permet de maintenir de hauts revenus ; pour la SS, cela permet de contenir les actes vus comme à la discrétion du médecin : une forme de répression du producteur par euthanasie ! Ce genre de mesures a toujours des conséquences désastreuses. Elles sont pleinement visibles.

La notion de dispensaire était très importante : elle permettait de « dispenser » une médecine aux catégories les moins fortunées, ou spéciales, dans des conditions de coût et d’exercice adaptées. Par idéologie on a voulu un accès généralisé à une médecine « bourgeoise » uniforme. Le résultat se voit aux Urgences.

La médecine de ville a été ruinée par différents dispositifs globaux ou spécifiques. Deux exemples auxquels on ne pense jamais : le blocage de la circulation à Paris, associé à une tarification indigne, a fait quasiment disparaître la médecine à domicile. La hausse prodigieuse des coûts immobiliers par rapport aux honoraires médicaux empêche l’installation de cabinets médicaux en ville. Paris est devenu un désert médical !

Comme on le constate, chacune de ces réalités a été construite par les politiques. Personne ne veut réellement corriger ces constructions désastreuses comme on l’a dit soit par impuissance soit par démagogie.

Ce naufrage ne nous permet pas d’aborder de façon raisonnable les deux évolutions très favorables que sont le vieillissement et le meilleur traitement des maladies et des malades. Atteindre 80 ans en bonne santé, cela aurait fait rire en 1950. Aujourd’hui, plusieurs milliers de personnes de plus de 90 ans conduisent encore leur voiture !

La technicité entraîne des coûts aggravés au fur et à mesure que de nombreuses maladies deviennent l’objet d’un traitement. Les traitements s’améliorent avec parfois des médicaments extrêmement chers. En sens inverse, la démographie baisse et la prévention réduit des risques qui étaient auparavant très présents. Mais de façon très inégale avec parfois des remontées brusques dans certaines pathologies. La chronicité pose un défi supplémentaire puisque certains traitements vont accompagner un « malade » pendant 20 ou 40 ans.

L’avenir est donc à la fois très prometteur (dans ses résultats) et très préoccupant (dans son mode de production et de financement).

Une bonne maîtrise de la santé publique suppose d’abord une bonne économie générale, un état non prédateur qui n’étouffe pas la croissance et une gestion quotidienne souple et correctement financée.

Si, dans le monde entier, et spécifiquement en Europe, de mauvais systèmes monétaires provoquent des crises à répétition, si, comme en France, les erreurs économiques s’accumulent et si l’organisation des soins est soviétisée, alors le système de soins se dégrade, accumule dettes et déficits, traite de moins en moins bien et s’effondre doucement mais sans fin.

On observera que la dégradation ne provient pas au premier chef du personnel hospitalier même si des mutations démographiques compliquent les choses.

Des évolutions, qui auraient été indolores à un rythme lent, deviennent des casse-tête à un rythme élevé. Comme le disait récemment un ami chirurgien, « la probabilité d’être traité par un noir, un Arabe, un étranger ou une femme devient très grande, pour la même raison que les curés sont désormais noirs dans l’Église catholique française ! Cela ne change pas nécessairement les traitements, mais sûrement le climat général et surtout la confiance des malades ». Une partie de la clientèle des hôpitaux publics fuit vers des cliniques privées, exactement comme une partie des Français privilégient les écoles privées. Alors qu’en vérité les difficultés de recrutement y sont exactement les mêmes, du fait du profil de la démographie française.

Il faut en finir avec la gratuité totale, c’est-à-dire le transfert sur la collectivité des dépenses individuelles. Le petit risque ne doit pas être couvert à 100 % si on veut que le gros risque reste accessible au plus grand nombre. Sauf cas rares, il appartient à chacun de gérer ses transports. Créer un service national de gratuité des transports hospitaliers est une folie furieuse. Mieux vaut financer un scanner que l’accès gratuit à l’hôpital par taxi pour tous ! Arrêtons le misérabilisme. Les maladies au long cours genre diabète 2 ne doivent pas être remboursées à 100 %. L’étranger doit faire financer par son pays l’accès au soin en France, sauf lorsqu’il cotise à un système français. La prévention doit être une priorité nationale. Il n’est pas choquant que les assureurs paient en totalité les soins associés aux accidents, et qu’il y ait un malus pour les intoxiqués (fumeurs de substances diverses, alcooliques, etc.).

Si on déclinait l’ensemble des mesures de ce genre on aboutirait à des économies comprises entre 50 et 80 milliards d’euros par an. Ce n’est pas rien.

Mais c’est surtout par une réorganisation du système que les gains les plus importants seraient faits.

Quelqu’un qui se présente aux urgences pour avoir un certificat médical ou une consultation doit être systématiquement éjecté des urgences hospitalières. Il faut séparer les urgences « maladie » et les urgences « blessures » ou « crise », où le patient ne tient pas debout, qui ne peuvent pas se gérer de la même façon.

En Suisse, dans une station de sport d’hiver, vous n’allez pas aux urgences pour une fracture simple, mais dans un cabinet. Il y en a toujours plusieurs et l’un fait la garde de nuit pour les fractures par glissages. À Paris une entorse ou une petite fracture est toujours gérée par les urgences. Alors qu’on pourrait les faire traiter routinièrement par des cabinets privés spécialisés. Plus généralement, il faut prévoir des structures par spécialité dans les grandes villes, avec un débouché ultérieur garanti sur des lits de traitement ou de convalescence hospitaliers. Ce système où tous les services d’urgence font tout avec réorientation après attente désespérée pendant des heures est absurde.

Les grippes et les malaises cardiaques doivent être également pris en compte dans des structures spécialisées. Il est absurde de faire venir en masse des grippés dans des services d’urgences où traînent des malades fragiles qui vont attraper la grippe et parfois en mourir.

Il y a beaucoup trop de rigidité entre les services. Un service qui marche au ralenti ne cédera jamais un lit ou une infirmière à un service momentanément saturé. Chacun dans son silo. Les normes sont de plus en plus kafkaïennes. On peut fermer un service entier parce qu’il manque une infirmière. Un service en sous-emploi peut gonfler l’occupation des lits en hospitalisant des personnes dans l’attente d’examens qui auraient pu être faits avant l’hospitalisation. Les litiges interpersonnels prenant une place souvent disproportionnée. Les syndicats jouent un rôle d’activateur de conflits et de rigidité. À la fin, tout le monde est découragé du bien.

Moins de normes, plus de souplesses, moins de bureaucratie, plus des responsabilités, moins de blocages syndicaux, moins d’ARS, moins de présence des politiques, moins de rigidités dans les définitions de poste et dans l’organisation quotidienne du travail, moins de vols, moins de gabegie, plus d’autorité, plus de cohérence dans les politiques suivies, tout cela est possible et indispensable. Si la pharmacie centrale n’a pas les médicaments qu’il faut au moment utile, si les instruments ne sont pas stérilisés au bon moment, si le savon manque pour se laver les mains, bref si l’intendance ne suit pas, les conséquences sont sévères et coûteuses. La logistique est critique dans un hôpital et bien trop souvent l’intendance ne suit pas. Une bonne part des maladies nosocomiales y trouve sa cause.

Les politiques ont renoncé à réellement intervenir pour remettre sur pied le système français.

Ils ont accepté le poids excessif des syndicats. Ils ont voté le numerus clausus. La bureaucratisation a été poussée d’abord par eux avec une vision d’énarque compassionnel. Ils ont réduit le temps de travail et poussé aux gratuités. Ils ont organisé la saturation des systèmes de soin.

Et ils cèdent sur tout après avoir fait un peu de cinéma. Macron a fait semblant de reprendre en main les abus massifs constatés dans le domaine des soins aux étrangers en situation irrégulière ou sans droit, tout cela pour préparer le terrain à la reprise des dettes hospitalières par l’état donc par l’impôt, tout en lâchant sur à peu près tous les sujets mis en avant par les syndicats.

Le résultat est à prévoir : plus d’impôts dans le pays leader mondial des prélèvements ; donc moins de prospérité et moins d’argent pour la santé ; et une constriction larvée des soins gratuits puisqu’on ne parvient pas à dégager les ressources suffisantes. Accompagnée d’une dette à nouveau croissante, jusqu’à la prochaine reprise par l’État.

Où est la nouveauté de la politique Macron ? On en revient au cycle énarchien de base : démagogie, fausse réforme, baisse rapide de culotte, n’importe quoi, bla bla bla, dette, impôts.

Hommage à Sylvie Kaufmann

Il est agréable de complimenter un journaliste, qui s’avère plus que sérieux, héroïque. On sait que le défaut, certains disent la tare, de certains journaux, est de vouloir formater l’opinion. Les évènements sont l’occasion non pas de réfléchir et de comprendre mais de fabriquer un miroir biaisé de la réalité et de gloser sur ces déformations intéressées, en espérant qu’on ne s’apercevra pas de la grossièreté du procédé ou qu’on l’approuvera dans l’idée que cela permettra de maintenir une fraction de l’opinion stupide ou pressée dans la dépendance de l’attitude qui vous sied. On est d’accord de tricher pour la bonne cause. Il sera toujours plus tard, beaucoup plus tard, d’adopter une attitude plus conforme à la réalité des faits. Ces journaux n’informent plus. Ils professent le bien penser. Ils indiquent les bons chemins de la bien-pensance.

Face à une opération de ce genre Sylvie Kaufmann, dont on connait le tempérament et les qualités, a réussi non seulement à dire une forme de  « stop aux âneries » mais à l’écrire dans l’édition du journal le Monde daté du 31 octobre 2019. Cela fait tellement de bien de lire de tels articles ! Ils sont si rares. Le plus souvent, les yeux montent au ciel : « Ah non, pas encore ! Pas ça ! Pas ça encore ! ».

Que dit Sylvie ? En ces temps de commémoration de la chute du mur de Berlin et plus généralement du « rideau de fer », il faut éviter deux erreurs : la première est de croire qu’il s’agit d’une seule affaire berlinoise ; le rideau a craqué partout au bout d’un long processus.  « Les coups de pioche avait commencé bien avant ». Tout le mur s’est effondré en commençant par la Hongrie, qui a permis aux Allemands de l’est de quitter la RDA en masse. Ensuite le château de cartes s’est esclaffé dans tous les autres pays de l’est, Roumanie, Bulgarie, Pays Baltes… L’effondrement du communisme n’est pas accidentel. Il est le fruit d’un processus de décomposition impossible à arrêter, même pour les Faucons de l’URSS.  

Seconde erreur, faire semblant de croire que la libération de la RDA a été une mauvaise affaire génératrice de nostalgie, et, qu’en fait, il serait justifié de penser à rétablir un système magnifique que les populations concernées préféreraient au néolibéralisme, tout bien pesé.

Sylvie Kaufmann pousse le bouchon assez loin. Elle part de la réalité et de la situation d’un village : Siedlce. Elle y montre ce que tout le monde sait : un formidable progrès qui a changé la vie des habitants. Elle aurait pu citer les statistiques qui prouvent que le niveau de vie a doublé en RDA. L’énormité du changement a évidemment laissé des amertumes et des frustrations. Mais la porte ouverte a été formidablement positive et personne ne songe à revenir en arrière.

On sait qu’une partie de la frange socialiste ne s’est jamais remise de l’effondrement de ce qu’elle voyait comme le débouché scientifique de la lutte des classes. Même les socialistes modérés de l’Est ont cru que leur temps était venu. Ils ont été balayés. Les populations voulaient la liberté, la consommation et le capital. Plus la garantie de l’OTAN. Pour, eux, pas de socialisme soft et surtout pas de retour de la Russie !

Alors on a vu partout ces derniers jours, dans la presse écrite, radiodiffusée et télévisée, sous domination socialiste, des reportages orientés, des commentaires partisans, chantant, tous, la même chanson : la chute de Berlin ? Un malheureux malentendu ; une réponse impromptue malheureuse d’un apparatchik dépassé ! La RDA : un malheureux pays phagocyté sans pitié par la RDA, immonde et impitoyable colonisateur.  Les Aussies : des malheureux qui réalisent combien c’était mieux avant ! Les partis en Allemagne ? Saisis par une dérive hitlérienne !

Ces sornettes, tout le monde les entend depuis quelques jours absolument partout. On a même vu Mélenchon qui ressemble de plus en plus à Déat avec le verbe de Doriot, inverser totalement la réalité pour expliquer que l’Ouest avait aliéné la liberté des gens de l’est. Et Vive la Stasi !

Des dizaines de journalistes-curés ont récité ce missel de façon plus ou moins habile plus ou moins sordide dans tous les médias sans exception.  C’est si facile de répéter les éléments de langage décidés par la petite coupole qui croit être l’arbitre des élégances à gauche. Même si cela vous force à expliquer que l’affranchissement est un asservissement, la prospérité un méfait, la liberté électorale un poison pour la vraie démocratie. Être socialiste aujourd’hui c’est être obligé d’avaler toute la suite de ce genre d’oxymores.

Pour ceux qui ont connu les années cinquante et soixante, des gens comme Pierre George, géographe dit actif et surtout pro communiste, expliquait déjà dans les colonnes du Monde que la RDA était « presque aussi efficace » que la RFA, alors qu’on a vu le désastre industriel et écologique ahurissant dès que le regard a été autorisé. Malgré l’effondrement du communisme, trente ans après, cela continue contre toute évidence. Les journalistes-prêtres « de gauche » ne renoncent jamais à leurs mensonges et manipulations.

Tous sauf Sylvie Kaufmann. Qu’elle reçoive ici la marque de notre hommage et de notre admiration ! Être capable de commenter, y compris dans un journal national « de gauche », un évènement important en s’appuyant sur une réalité qu’on a pris la peine de connaître et de mesurer est la propédeutique du bon journalisme dans un pays sans Stasi. Il était bon, de le rappeler.

Finalement cet article nous a paru plus nécessaire encore que la commémoration de la chute du mur.

Encore bravo !

 

 

 

Pourquoi il faut interdire la LIBRA

Nous n’aurions pas du donner comme titre «  la monnaie du diable » à notre dernier livre. Il aurait parfaitement fait l’affaire pour un livre sur la Libra. Le diable, c’est Mark Zuckerberg , considéré désormais universellement comme un « morveux délétère et dangereux » (dangerous and deleterious brat), mais assis sur un stock d’usagers qui se comptent en dizaine de millions, et diffuseur d’applications devenues d’immenses monopoles transnationaux, défiant toutes les règles démocratiques, aussi bien dans le domaine du droit de presse, du droit des gens, de la vie privée, de la politique politicienne et de la fiscalité.  La « montagne de sucre », traduction du nom du créateur des réseaux sociaux, s’est non seulement transformé en tas d’or mais en inquiétude universelle, quand le cynisme du personnage est devenu évident lors  du grossier détournement des données personnelles des utilisateurs de Facebook  à des fins politiques (l’affaire cambridge Analitica). L’aveu par un des créateurs de Facebook, Roger Mc Namee qu’insensiblement l’idéal initial, mettre les gens en contact, s’est transformé en  fourniture de drogue dure injectée de force pour faire du fric, a fini de ruiner la réputation du patron milliardaire (près de 80 milliards de dollars de fortune personnelle). « Facebook doit capter et accaparer l’attention de l’utilisateur, ce qu’il fait en usant de techniques de modification du comportement qui exploitent principalement le phénomène d’addiction, comme semble l’étayer un faisceau de preuves croissant. La modification du comportement et la dépendance allaient jouer un rôle primordial dans l’histoire de Facebook. » « Si t’es pas likée, t’es morte » dit une jeune femme interviewée  à la suite d’un suicide d’adolescente, rendue dépendante à l’émotion narcissique et sociale de Facebook.

Pilote d’un engin de mort individuelle et de massacre à la tronçonneuse de la démocratie, comme vecteur de chouannerie universelle, acheteur compulsif des systèmes concurrents pour obtenir un monopole mondial  hors de portée des concurrents et au dessus des gouvernements ,  le jeune Mark  pousse les feux pour « enfermer les internautes dans des « bulles de filtres », un concept théorisé par Eli Pariser, fondateur d’une association politique progressiste américaine. L’utilisateur se retrouve confortablement installé dans un univers qui lui est familier, sur un petit nuage de contenus en accord avec ses opinions et ses croyances. La contradiction n’a pas droit de cité. » Il n’est pas le seul. Google fait exactement la même chose, enfermant l’usager dans ce qu’il cherche ou a cherché.  Et les groupes d’activistes fermentent en circuit fermé dans leur bulle d’activisme de plus en plus délirant.

«  Les plateformes technologiques, y compris Facebook et Google, bénéficient de la confiance du public, qui est intrinsèquement liée à la réputation que les précédentes générations de sociétés technologiques se sont forgée en une cinquantaine d’années. Elles ont profité de notre confiance en usant de techniques sophistiquées pour exploiter les faiblesses de la psychologie humaine afin de collecter nos données personnelles et d’en tirer profit, mais aussi pour façonner des modèles commerciaux n’offrant aucune protection aux utilisateurs. »

C’est dans ce contexte qu’il faut aborder la question de la Libra, dernier projet d’une « montagne de sucre » bien décidé à aller au bout de son pouvoir et à caraméliser son portefeuille.

La Libra n’a rien à voir avec par exemple le Bitcoin et ce qu’on appelle à tort des cryptomonnaies.

Le Bitcoin est un jeton internet qu’un groupe de mafieux a décidé de transformer en machine à fric  en dupant des gogos.  Le marché est tenu par une douzaine de personnes qui détiennent plus de 60% du stock et manipulent les cours sans vergogne. Tous les essais de faire croire à un minimum de vertu et d’utilité du Bitcoin ont échoué.  Tout le monde a compris que comme monnaie privée, l’entreprise était impossible : il faudrait faire cuire la terre, ce qui n’est pas à la mode en ce moment.  Depuis que les interdictions et les contrôles des bourses de conversion en monnaies légales se sont multipliés, l’anonymat, le socle de valeur en fait du système,  est quasi mort. Les vols et les escroqueries ont fini par décourager même les plus forcenés des crédules.

Le Libra n’a rien d’un vecteur de spéculation. L’idée n’est pas de s’enrichir par la création de jetons substitutifs aux monnaies officielles  vendus à des gogos.  Bien au contraire toute l’approche est fondée sur l’idée que le cours serait stable par rapport à un panier de monnaies. Quel serait alors l’intérêt de l’opération présentée par tous moyens comme neutre et gentillette ?  L’idée est très simple : c’est de faire tomber l’interdiction absolue faite aux banques de connaître et de conserver la connaissance de l’utilisation que font les déposants de leur argent.  Une banque n’a pas le droit d’exploiter votre carte de crédit pour faire la liste de vos achats et vendre cette masse de données à des gens qui l’exploiteront.

Le détenteur des réseaux Facebook, Whatsapp, etc. sait exactement ce que vous aimez, ce que vous faites, que vous dites, dans tous les domaines sur lesquelles vous êtes amenés à vous exprimer. Mais il ne sait pas ce que vous consommez exactement.  Avec la Libra, Mark Zuckerberg sera capable de « faire sauter » la loi bancaire et obtenir de vous suivre au jour le jour dans chacun de vos actes d’achats, d’investissements, de ventes etc. Un totalitarisme parfait de la surveillance des comportements individuels.

Nous ne sommes plus dans le domaine monétaire, mais dans la « mass data » exploitée par l’intelligence artificielle pour exercer un contrôle total sur les comportements individuels et les influencer dans un sens favorable à la fortune des promoteurs. Il faut passer au niveau supérieur  dans l’enfermement des internautes dans une bulle de filtres encore plus manipulatrice.

Si on se place du point de vue de l’utilisateur de la Libra, la question est : pourra-t-il être séduit et le système peut-il être un immense succès ? La réponse est oui.  A partir du moment où l’utilisateur dispose d’une garantie de valeur de la monnaie  et d’un lieu de conversion simple et sécurisé, sachant que la blockchain a fait la preuve de sa solidité, utiliser la Libra peut être extrêmement avantageux et il est certain qu’une fraction notable des bientôt 100 millions d’utilisateurs des réseaux concernés pourraient l’utiliser effectivement.  D’un point de vue strictement économique, si la contrevaleur des jetons Libra en monnaies administratives est conservée dans des comptes destinées à assurer sa stabilité, cela ne peut pas perturber les politiques économiques et monétaires.  Sauf qu’il est peu probable que ces comptes ne soient pas gérés et ne rapportent pas aux promoteurs des gains  associés à un risque de placement. Le danger est plutôt dans les comportements de fuite devant la monnaie. La détention de Libras localisés nulle part et convertissable en ligne partout y compris dans des lieux non couverts par le droit,  peut avoir un effet économique majeur par transfert d’épargne hors d’un pays en difficulté, accentuant la difficulté. Les promoteurs affirment que ce serait un effet non désiré et qu’ils ne recherchent pas cela du tout. Et c’est vrai.

Le danger de la Libra est que cela peut parfaitement marcher et rendre des services à des dizaines de millions de gens et par effet boule de neige atteindre des nombres d’usagers terrifiants.  Et le réchauffement climatique alors ?   La création du Libra n’utilise pas la technique du minage qui est la raison de l’horreur climatique de la solution Bitcoin.  Cette critique là tombe. Le fait d’entraîner une augmentation massive des réseaux internet en revanche a bien un impact climatique.

Reste donc la question clé : peut-on accepter que les données d’achat de dizaines de millions d’utilisateurs passent dans les mains d’un type comme Zuckerberg et de ses séides ?  La réponse et évidemment non. Il faut interdire la Libra simplement par application de l’interdiction absolue de connaître, de conserver et d’exploiter les données privées des utilisateurs de la monnaie, sous quelque forme que ce soit.

La crainte de beaucoup, en voyant des réseaux de cartes de crédit rejoindre le projet Libra, était justement de savoir s’ils ne venaient que pour obtenir le droit d’exploiter les données individuelles qu’ils collectent. Certains se sont même demandé s’ils n’avaient pas commencé à le faire en fraude du droit bancaire, du fait des trous législatifs dans la sphère mondiale où ils offrent leurs services. 

Une première réponse a été donnée par le retrait de ces réseaux du projet Libra dès que le principe d’interdiction de collecter l’usage d’une monnaie a été réitérée par les autorités américaines. On se demandait bien  ce qu’ils allaient faire dans cette galère.

Le Libra est un projet dangereux parce qu’il peut réussir, si les législateurs acceptent de le laisser s’installer. Il a une finalité désastreuse par son mercantilisme totalitaire.  Il faut donc l’interdire et le faire le plus vite possible.

Mais il faut aussi réfléchir au fait qu’une monnaie de type Libra, entre des mains officielles et sans visées mercantiles désastreuses pour les libertés,  pourrait avoir des résultats magnifiques aussi bien en terme de facilité des échanges que de stabilisation monétaire.  Beaucoup de banques centrales pensent à créer des jetons internet.  S’il s’agit simplement de jetons d’état, comme celui de Maduro ou celui en projet en Chine,  le but n’est que de séduire les gogos et d’utiliser l’appétit de gains pour faire rentrer des devises. Ce sont des monnaies mercantilistes qui ne valent guère mieux que les monnaies privées mercantiles fondées sur l’idée d’intoxiquer l’utilisateur individuel.

En revanche, si autour du FMI, se recréait un système de changes fixes et ajustables par consensus, opération que nous réclamons depuis des lustres tant le système des changes flottants est désastreux, et qu’une émission de jetons FMI librement négociables sous internet soit organisée,  d’abord entre banques centrales puis généralisée au grand public avec un support officiel dans tous les pays membres, sous contrôle des autorités monétaires,  là les choses seraient totalement différentes. Nous demandons la création d’un Mondio depuis des lustres. Ajoutons lui une  vraie cryptomonnaie . Là nous aurions une réelle révolution et dont on peut penser qu’elle aurait un impact des plus bénéfiques. Comme disait Copernic (bien avant Gresham), la mauvaise monnaie chasse la bonne, et les monnaies nationales ne serviraient guère qu’à payer le fisc !  Nous aurions une monnaie mondiale stable et capable de faire pression sur les délires monétaires locaux.  Cette opération serait bénéfique mais pas suffisante. Il faudrait la compléter d’un contrôle des gros excédents et des gros déficits.

Le seul bénéfice du projet de Libra est de stimuler la réflexion sur une reforme intelligente du système monétaire international.

Pik(pock)etty – saison 2

Thomas Piketty publie une nouvelle somme "capital et idéologie". L’immense succès du précédent  livre publié sous sa direction impose le respect.  L’énormité des tirages et son extension à l’univers tout entier nimbent d’une autorité planétaire  son auteur principal. Piketty est sans doute le seul économiste au monde vraiment « bankable ». Bravo !

 Certains se contentent d’ironiser sur la fortune nouvelle de celui qui veut taxer les fortunes et renoncer à la propriété mais pas à ses droits d’auteur. Nous pensons de meilleure  méthodologie de se pencher sur le phénomène, sans trop s’attacher au côté « livre des records ».

Le livre précédent de l’équipe Piketty a rencontré une forte demande  pour deux raisons principales :

-          Beaucoup  y ont vu un atlas, fruit d’un travail universitaire important susceptible de leur apporter des informations jusqu’ici indisponibles.

-          Le thème des inégalités est très prégnant depuis la crise de 1992-93 qui avait été très profonde et avait suscité une littérature « anticapitaliste » intense (Rappelons-nous de l’Horreur Economique de Viviane Forrester, des grands jours du mouvement ATTAC contre le « néolibéralisme » etc.). La crise de 2008 a aggravé le phénomène. La cible a changé, passant  des grandes entreprises aux profiteurs du capitalisme, grands bourgeois enrichis par la mondialisation et faisant leur rupture avec leur patrie. La croissance des inégalités est devenue le leitmotiv à gauche, et surtout dans toutes les ONG internationales, comme dans la droite zemmourienne, sans parler de Marianne de Natacha Polony et son héritage d’extrême centre.

Disposer d’un travail universitaire de type encyclopédique sur les inégalités était « une attente du marché ».  C’est l’aspect atlas qui a séduit. En revanche la méthodologie a très vite été contestée et à juste titre.  L’ouvrage  n’était pas un véritable travail universitaire, rigoureux et scientifique, mais une sorte de machine de guerre idéologique.

Il nous avait  paru à l’époque étrange qu’un livre sur les inégalités ne traite pas prioritairement du véritable phénomène  de dimension historique  qu’a été  la sortie de la pauvreté presque totale de centaines de millions de personnes victimes des régimes communistes. La plus grande inégalité après la révolution russe, puis la colonisation soviétique de l’Europe de l’est, puis la révolution chinoise, aura été de naître dans des pays soumis au régime communiste.

Oui, en matière d’inégalité, les trente dernières années ont vu la chute du communisme et la plus extraordinaire des corrections d’inégalités. Les malheureux citoyens sous régime communiste accèdent enfin à la consommation et  à un niveau se rapprochant de celui des pays capitalistes développés.  Ce rattrapage s’est malheureusement fait aux frais des salariés dans les pays développés.

Sur le front des inégalités, le reste n’a pas vraiment d’importance. Que des très grandes fortunes se soient faites et d’autres défaites   ne concerne qu’une frange infime de la population et n’explique pas les énormes frustrations des classes moyennes des pays développés frappées par la crise et maintenues dans une stagnation de l’emploi et des salaires par la concurrence des ex-pays socialistes. Pour nous, tout le travail tendancieux de Piketty n’a pas réellement d’importance ni de pertinence. L’ouvrage  a  été beaucoup acheté et peu lu. Il n’est plus une référence, sauf pour les anticapitalistes impénitents.

Le livre qui vient de paraître accuse malheureusement les défauts du premier.  On est passé de l’atlas géographique à l’atlas historique, toujours proposé sur une base « universitaire », mais là, plus personne n’y croit.  Il s’agit d’un pamphlet orienté et non d’un travail « objectif » d’universitaires soucieux d’indépendance d’esprit et de vérité scientifique.

Les grands auteurs anticapitalistes ont souvent été tentés par les énormes essais historiques et géopolitiques pour prouver que le régime ensoleillé du socialisme réalisé était le fruit d’une intense nécessité.  Pensons plus à Eric Hobsbawm qu’à Karl Marx.  Sa trilogie est une œuvre remarquable, tendancieuse naturellement, controuvée à maints égards mais magnifiquement écrite et capable de stimuler l’intelligence des situations même si ce n’est pas dans le sens des préférences  du lecteur.

Piketty se voit en un nouvel Hobsbawm, mais qui aurait largué le communisme et sa violence.  Supériorité du King’s College sur l’Ecole Normale Supérieure, Piketty ne tient malheureusement pas la comparaison.

On aime Michel Onfray ou pas, on accepte ses idées ou non, mais c’est un esprit qui est capable de se porter au niveau des auteurs qu’il commente, encense ou démolit.  Dès lors qu’on se porte sur le terrain de l’idéologie, même s’il s’agit d’idéologie économique et surtout s’il s’agit d’idéologie économique, où les auteurs sont nombreux et parfois géniaux,  il faut avoir une densité de connaissance et de pensée, une qualité de formulation et de conception, une force intellectuelle, toutes de qualité supérieure.

On regrette d’avoir à le dire mais l’aspect « idéologie » du livre est extrêmement médiocre, on pourrait même dire bétassin. Il se trouve que notre  premier contact avec le livre s’est fait dans une librairie de gare par la lecture d’une page centrale sur laquelle le livre s’était spontanément ouvert.  Elle concernait les vues de M. Piketty sur le Venezuela de Maduro : un texte au-delà du médiocre, carrément ridicule.  C’est souvent l’impression que l’on a quand on lit les articles de Piketty dans le journal Le Monde : vide et parti pris. Eric Piketty est un auteur politique sans portée. Ce qui explique largement que même au parti socialiste, on ait refusé de mettre en programme ses propos.

Reste donc l’aspect encyclopédique, la dimension atlas universitaire. Elle est beaucoup moins nette cette fois-ci, même si l’inventaire qui est fait de nombreux systèmes économico-politiques peut être parfois intéressant. 

La jonction entre l’aspect atlas et l’aspect étude idéologique est fragile, du fait de la faiblesse  de ce domaine du livre.

Le propos est beaucoup moins en phase avec la situation actuelle du monde, contrairement au thème de l’inégalité, même si ce dernier  reste prédominant dans ce nouveau livre.

Du coup le lecteur se décourage vite.  Rien n’accroche.  Les démonstrations sollicitent trop les faits pour convaincre. Les slogans glissent comme un pet sur une toile cirée. 

 

Une fois de plus, l’auteur ne tient pas compte des leçons de l’échec du système socialiste.  On en apprend plus en lisant le journal de Sandor Marai, portant sur les années 1943 à 1948 que dans le fatras pikettien.

Cet auteur Hongrois était l’exemple même du bourgeois  en rupture de ban, typique des années trente, proche du socialisme, tenté par le communisme en dépit de tout, refusant d’assimiler le national-ocialisme et le communisme dans la même réprobation, obligatoire devant tant de crimes abjects, et qui voit tout sombrer autour de lui, la Hongrie, sa patrie, désossée par le Traité de Versailles,  sa population martyrisée en partie par les Nazis qui liquident les juifs et les communistes,  sa classe sociale vilipendée et ruinée par les communistes, sa réputation anéantie par le régime communiste dès lors qu’il ne s’y est pas rallié.  Il faut lire ces pages où la survie dépend des reliquats de capital qui ont pu être sauvés.  Un pays où tout dépends des tiers et des instances publiques s’avère invivable. Il n’y reste que « des salauds et des esclaves ».  Le capital, c’est capital. Parce que c’est la liberté des projets, la possibilité d’une vie meilleure et aussi  indépendante que possible.

Il faut aussi comprendre que le communisme culturel et la dépendance où il a tenu l’édition en France,  mais aussi dans l’ensemble de l’Europe, jusqu’à une libération partielle et récente, ont prolongé la misère de Marai, qui triomphe aujourd’hui, mais qui est mort suicidé.

Lire Marai est le meilleur antidote aux sottises de la gens qui trouvent en Piketty l’espoir de leur idéologie. On ne peut pas dire qu’il soit tendre pour l’argent.  « Quel est le péché originel français ? La cupidité ».  Il aurait aussi pu dire l’envie, qui est la forme la plus basse de la cupidité, celle qui espère s’alimenter de l’argent des autres, c'est-à-dire de « la vie des autres », titre d’un film qu’il faut avoir également avoir vu avant de lire Piketty.

Affirmer qu’on renie les conséquences du communisme sans en renier les causes, considérer que la kalachnikov fiscale est le moyen le plus doux de réaliser la mort du « propriétarisme », sans voir que c’est aussi la mort des libertés et de la possibilité d’une vie,  est une entreprise inexcusable, surtout après les leçons que l’histoire du XXème siècle nous a laissées.  Elle symbolise, par son succès même,  la mort de l’économie universitaire en France. Sur ce point, Alain Minc a parfaitement raison.

Espérons néanmoins un succès mondial  à son auteur qui permettrait de financer une petite part de nos déficits extérieurs, permanents depuis la mise en œuvre du Programme Commun de la gauche. Les droits d’auteur, le capital littéraire, seront alors une forme d’hommage du vice à la vertu.

 

Actualité saisissante d'un livre de 1934

Les leçons des grandes crises sont souvent les mêmes

L’avantage des grandes crises économiques, si on nous permet cette expression, est qu’elles ébranlent quelques certitudes et permettent des remises en cause qui sont souvent nécessaires, dans des domaines qui ne sont pas qu’économiques.

On le constate tous les jours en ce moment. L’interprétation des remises en cause est aidée lorsqu’on se penche sur ce qui s’est passé après la précédente grande crise mondiale, 1 929.

Un des livres les plus intéressants de la période et qui connaîtra un grand retentissement, ne serait-ce que par l’effet qu’il aura sur la pensée constitutionnelle du Général de Gaulle, est « L’heure de la décision », 1 934 – Flammarion, d’André Tardieu.

George Mandel et André Tardieu sont les deux personnalités remarquables des années trente par leur lucidité et leur courage. Tous deux ont parfaitement compris ce que signifiaient l’élection d’Hitler et le risque de désastre qui pouvait s’en suivre. Tous deux ont essayé, au pouvoir, avec les moyens limités qui étaient les leurs, d’agir avec fermeté. Tous deux étaient de droite et opposés à toutes les formes de socialisme violent, qu’il s’agisse du socialisme des ligues, du national-socialisme ou du communisme. Tous les deux ont considéré que le Front Populaire désarmait la France alors que l’Allemagne réarmait et que « le temps n’était pas à jouer de l’accordéon dans les cours d’usines mises à l’arrêt par des occupations illégales quand Hitler finissait de réarmer l’Allemagne et de créer une armée mécanique ».

Tardieu sera victime d’une attaque cérébrale et se retirera très diminué à Menton, où il n’aura plus d’influence avant de mourir en 1945. Mandel a été assassiné par la Milice peu avant la Libération.

Le fait d’être un opposant résolu au socialisme vaudra à Tardieu d’être totalement ostracisé. La reconnaissance de ses qualités est (très partiellement) en cours. Natacha Polony l'a fait alors que la gauche socialiste est quasiment hégémonique dans les médias, notamment publics. Bravo ! La lecture du Figaro du jour annonce un livre de Maxime Tandonnet, ce que nous ne savions pas lorsque nous avons écrit ce billet. Cet intérêt soudain se comprend. Relire Tardieu est plus qu’intéressant, par ce qu’il nous permet de comprendre de la situation actuelle.

1)      Crise économique et institution

André Tardieu réagit à la crise qui ravage le pays après avoir mis par terre l’économie mondiale, en exigeant une réponse institutionnelle. Le thème de l’impuissance des élites, comme aujourd’hui, est très prégnant dans l’opinion de l’époque. Ayant été trois fois Président du conseil et trois fois renversés après de trop courts mandats, il a tous les éléments en main pour comprendre que l’impuissance est d’abord institutionnelle.

Il demande cinq réformes :

-          La possibilité pour l’exécutif de dissoudre l’assemblée

-          L’abandon de l’initiative des dépenses des chambres

-          L’instauration du référendum

-          La séparation de la politique et de la haute administration

-          L’interdiction pour les fonctionnaires et aux juges de faire grève et d’avoir des positions politiques publiques.

Le Général de Gaulle mettra en œuvre les trois premières suggestions dans la Constitution de 58. Il ne s’attaquera pas aux deux dernières. En revanche il fera du président élu au suffrage universel le pilier de l’exécutif, une solution que Tardieu n’a pas envisagée.

La dissolution sauvera les institutions en 1968, sera détournée de son sens après l’élection de Mitterrand, pour synchroniser la majorité présidentielle et parlementaire. Elle sera appliquée par Chirac à mauvais escient en 1997.

Le referendum sera combattu par la gauche comme plébiscitaire, jusqu’à sa renaissance soudaine avec le mouvement des Gilets Jaunes. L’échec du referendum sur la prétendue « constitution européenne » a singulièrement refroidi les amateurs dans les partis de pouvoir, au prétexte que les électeurs votent contre le pouvoir en place mais pas pour la question posée (ce qui est un faux argument).

Sarkozy, avec la complicité de Copé, a malheureusement remis au goût du jour l’initiative des dépenses par l’Assemblée dans le cadre d’une « coproduction législative » dont on voit en ce moment même tous les dangers.

L’absorption de la politique par l’Enarchie est totale. Le quinquennat a fait de la dissolution un accompagnement automatique de l’élection présidentielle qui a pour but d’accorder la chambre et le président.

Le petit monde la politique politicienne a réussi à stériliser les réformes indispensables que seuls des évènements d’une extrême gravité avait réussi à faire accepter.

2)      Sur l’économie et les causes de la crise

« Les États-Unis s’habituaient à ne vivre que de crédit et de spéculation » « En bref les Etats Unis ont été les premiers responsables de la crise ». « Ils ont pratiqué l’inflation maxima du crédit, non pas même au service de la production mais pour des fins spéculatives ». Ils ont « exporté leurs dollars chez les emprunteurs les moins sûrs et stimulé les pays les plus disposés à abuser de l’emprunt ». « Ils ont livré le dollar aux hasards de change et rompu les amarres avec l’or ».

« On nous a dit « le redressement de l’équilibre budgétaire demande des mesures immédiates » Or qu’est-il arrivé ? Dix-huit mois ont passé à attendre l’immédiat ».

« L’excès du machinisme a provoqué l’abus de crédit, la surcapitalisation des entreprises, le dérèglement des rapports économiques. Le capital de spéculation, substitué au capital d'épargne, n’a plus voulu connaître les bornes du débouché ». « Choisir entre les vices du néocapitalisme et les vices du néocommunisme me répugne ». « Notre époque ne semble capable de supporter ni les maux ni les remèdes ».

« Les classes moyennes ont succombé. » La faute en revient aux « partis de gauche grandement servis par les fautes et maladresses des parties conservateurs ». « La fiscalité radicale-socialiste contre-pied de celle de la Révolution française a développé la fraude et la spéculation. Quant à l’économie dirigée, qui n’est autre chose que l’étatisme, elle a paralysé les initiatives individuelles et mis les budgets en déficit chronique ».

« On a fabriqué un Français moyen qui n’est pas le français normal mais un Français dont on a développé les défauts et amenuisé les vertus ». « La matière financière ne touche les masses que lorsque la chute du Franc trouble les relations entre créanciers et débiteurs ».

Pratiquement toutes ces phrases pourraient être reprises aujourd’hui, à une observation près. Dans la mentalité de l’époque les crises étaient d’abord une conséquence de la surproduction. Il est facile de comprendre que dans une économie agricole les surproductions ont un effet direct sur les prix et les revenus. On attendait de restrictions quantitatives le retour à un prix tolérable pour les paysans qui formaient la majorité de la population active. Ce raisonnement a longtemps survécu à la diminution croissante de la part de l’agriculture dans le PIB. D’où le raisonnement tenace: machinisme = performance = surproduction = crise. De nos jours on sait que la productivité n’est pas un vecteur de crises conjoncturelles.

En revanche Tardieu voit bien dans la finance américaine la cause du dérèglement de tous les mécanismes de financement. Elle est débridée depuis la guerre du fait de l’afflux d’or suivant la guerre de 14, qui a provoqué une grande création monétaire en interne. Les changes flottants qui ont suivi dans les années vingt, ont aussi poussé à des gains spéculatifs majestueux (dont Keynes profitera pour faire une petite fortune). Les changes flottants sont déjà vus comme un grave problème, mais sans doute plus par habitude de l’étalon-or, considéré en France par nos politiques de tous bords comme une valeur de référence absolue et le mode normal de fonctionnement d’un système monétaire international, que par l'analyse fine des conséquences des gros déficits et des gros excédents.

Un autre aspect, que l’on retrouve dans tous les écrits de l’époque, est le refus du machinisme et de la consommation considérés comme des excès qu’une vertu supérieure devrait condamner. La TSF joue le rôle des réseaux sociaux actuels, la production intensive paraît une sorte de délire qui gâche toute la beauté ancestrale du monde. Le modernisme en tout est vu comme une aberration d’enfant gâté etc. Un certain conservatisme moralisant renaît à l’occasion des grandes crises… Voir la situation actuelle !

Tardieu écrit : « Notre régime de tolérance illimitée, de non-résistance au mal, répond-il aux traditions de la force individualiste qui a dominé les révolutions intellectuelles et économiques d’où l’âge moderne est sorti ? » « Nous sommes les liquidateurs forcés des abus dont le libéralisme et le matérialisme ont marqué le dernier siècle ». On croirait lire la PQN française.

3)      Sur les abus politiques des fonctionnaires

On voit aujourd’hui de façon quotidienne et éclatante que les juges, les employés de services publics, notamment les enseignants, les « journalistes » radio et télé du secteur public, les syndicats de fonctionnaires, font de la politique à leur propre compte, sans vergogne, au mépris de toute règle et même de la loi, vue comme le reflet momentané d’un rapport de force qu’il s’agit de faire évoluer.

Nous écrivons cet article juste au moment où les cheminots et leurs syndicats ont détourné la loi stupide sur le droit de retrait pour créer une grève totalement illégale faite pour gêner le maximum d’usagers. La loi est stupide car jamais qui que ce soit qui cherche « à éviter un danger imminent et grave » en s’éloignant d’un lieu de travail n’a jamais connu le moindre ennui. Ce texte permet à des personnels mal embouchés et des syndicats voyous de menacer la prospérité de leur entreprise en toute impunité. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a été voté dans la foulée de l’élection de Mitterrand. « Il s’agit de contester la toute-puissance patronale en affermissant un contre-pouvoir des salariés » indique un défenseur des lois Auroux du 23 décembre 1982. Comme plus tard la prise en compte de la pénibilité pour les retraites, ou les abus liés au chômage des intermittents du spectacle, il s’agit de gages politiques, en vue d’une hypothétique « paix sociale », dont on sait que ce sont des absurdités et que la loi ne servira que des abus. Une fois entérinées ces lois sont impossibles à amender.

Relisons ce qu'écrit Tardieu, qui trouve un écho frappant aujourd’hui :

« Il y a pour les fonctionnaires un problème administratif et un problème politique. Le premier est posé par le refus des agents publics d’accepter dans leurs relations avec l’État, en contrepartie de droits spéciaux des devoirs spéciaux. Le second naît de leur prétention d’être des citoyens comme les autres et bien qu’échappant à la bataille des partis de se mêler à cette bataille sans mesure ni réserve ».

« Le droit à la propagande politique hors de la fonction et dans la fonction même y a été revendiqué et usurpé » par les syndicats qui ne respectent pas « les principes sur quoi sont fondées la patrie et la république ».

Les instituteurs affirment qu’ils « feront une grève générale même en cas de guerre défensive. Contre la Constitution on substitue aux pouvoirs publics nés de la loi la dictature d’une organisation anonyme de classe ». « Un jour c’est la fédération CGTU des fonctionnaires qui demandent l’instauration du régime soviétique, et un autre c’est la SFIO qui invite le corps enseignant à se dresser contre la défense nationale ». « Tout instituteur sait que c’est sur lui seul qu’il doit compter pour former une génération d’élèves qui pourront achever la désagrégation du capitalisme ».

« Les fonctionnaires chez qui le socialisme est entré par le syndicat vont devenir dans le sein de l’État avec l’autorité qu’ils empruntent à l’État les plus actifs propagandistes de cette doctrine ». « Certains fonctionnaires administrent contre l’État ».

« Pour 40 millions d’habitants on arriva vite à 1 million de fonctionnaires ».

Mise à jour : On est passé de 40 à 66 millions de Français, soit 55 % d’augmentation, et à plus de 5 millions de fonctionnaires et assimilés, sans compter les associations réalisant des politiques publiques. Soit une multiplication par 6. Une croissance dix à douze fois plus rapide que celle de la population.

« Le législatif, inventé par nos grands-pères pour contrôler et freiner la dépense, en est devenu l’accélérateur ». « Le mal est chronique, plus accentué seulement quand le pouvoir appartient aux gauches, où s'intègrent les plus puissantes des oligarchies dépensières ».

Mise à jour : la dépense publique dépasse aujourd’hui la valeur ajoutée des entreprises du secteur industriel et commercial (hors banques et entrepreneurs individuels).

« Dès avant son élection le candidat est sommé de se livrer aux oligarchies mendiantes ». Il ne s’agit plus que de « piller le budget au profit de quelqu’un ou de quelque chose ». Jules Ferry : « le budget est une immense gamelle où chacun vient puiser à son tour ». « On a oublié l’origine du mandat qui est de défendre le contribuable pour se mieux consacrer au renouvellement de ce même mandat qui veut la satisfaction de certains électeurs aux dépens de certains contribuables ». « Proposer les dépenses que ne les payant pas réclament les ordres mendiants apparaît à l’élu comme son outil de travail ».

La notion « d’ordre mendiant » mériterait de revenir à la mode, tant il est justifié par la situation contemporaine.

4. Sur la défense de la nation

« Une grande offensive est en cours contre notre civilisation et pour défendre cette civilisation la France a besoin d’être en bon état ».

« Il faut restaurer un minimum de dignité électorale, un minimum de moralité publique, un minimum d’ordre financier ».

« Jamais gouvernements et peuples n’ont été moins qu’aujourd’hui aptes à la compréhension mutuelle ».

« Si nous ne voulons nous trouver un jour devant l'un de ces faits accomplis [qui ruinent le pays N.D.L.R.] il faut affirmer notre volonté de vivre en État puissant et libre, disposé aux transactions mais rebelle aux soumissions ».

« Il est de règle en tout pays que les hommes de gauche arrivent au pouvoir par suite de difficultés financières et qu’ils les portent en quelques mois au point d’extrême acuité ».

« Il n’est pas d’exemple qu’un régime socialiste ait jamais réussi ».

Le drame socialiste « est d'oublier le péril extérieur ».

Inutile d’insister pour vérifier que toutes ces citations pourraient être reprises aujourd’hui quasiment dans les mêmes termes.

Tardieu affirme que l’on ne gagne rien à oublier que « la vie des peuples est réglée sur trois idées : « patrie, légalité, propriété » ».

La patrie est en danger, contestée par les européistes qui veulent la disparition des nations et un État fédéral européen (d’où le Brexit) et par le « grand remplacement » associé à l’islamogauchisme.

La légalité : Elle est foulée aux pieds tous les jours. L’affaire du droit de retrait précité suffisant à le prouver.

La propriété : elle est mise en pièces par tous les bouts (réglementation, fiscalité, voies de fait non poursuivies).

5. Quelques conclusions

L’aspect institutionnel reste brûlant. Les réformes du général de Gaulle ont été largement affadies. Ce qui n’avait pas été jugulé a pris une extension épouvantable. Ce qui était reproché aux députés est désormais généralisé :

-          L’Europe

-          Les régions et les municipalités

-          La présidence de la République,

sont toutes devenues des sources de démagogies budgétaires incontrôlables. Le cas du Brexit est typique : comment réagir à la disparition des ressources en provenance du Royaume Uni ? En révisant à proportion des dépenses ? Pas question : il faut des recettes nouvelles ! À Paris, la mairie a augmenté de 90 % la taxe foncière et porté à bientôt 7 milliards la dette de la ville. L’élection du Président au suffrage universel pour 5 ans crée une urgence de réélection qui pousse à la démagogie la plus totale, à l’affichage de fausses réformes dérisoires et transforme le Président en assistante sociale.

Il faut, comme nous en défendons le principe depuis longtemps, séparer la haute fonction publique et la politique. L’Enarchie doit être empêchée. Si on appartient à un corps de l’État, on ne peut pas être à la tête d’un exécutif. De même, la procédure budgétaire doit être entièrement revue aussi bien pour le Parlement que pour les collectivités locales. Les « gratuités » doivent être interdites. Les lois qui créent des obligations financières majeures pour des catégories de Français à l’exclusion des autres, doivent faire l’objet de procédures spéciales. Le referendum d’initiative populaire doit être imposé dans les communes, notamment en cas de hausse du budget supérieur à l’inflation. Les niveaux d’endettement doivent être contrôlés partout, tout dépassement de plafond devant faire l’objet d’un vote voire d’un referendum.

Le démantèlement de l’autorité de l’état par des fonctionnaires et des salariés d’établissements publics, ou d’entreprises en situation de monopole, qui se sont accordé le droit de saboter la vie sociale et économique du pays tout en dominant la presse, à 95 % socialisante, est désormais tel qu’il va falloir que la nation assure son indépendance et sa souveraineté par des mesures fortes. Le justicialisme des juges (j’utilise mon poste pour faire avancer la cause socialiste), la partisanerie des journalistes des entreprises publiques, les blocages continuels organisés par les syndicats des entreprises publiques, le détournement de pouvoir des « enseignants » qui se croient obligés non pas de transmettre des savoirs et des savoirs faire mais de former des Français socialisants jusqu’à l'anticapitaliste militant, avec en prime une pointe de politiquement correct à l’américaine, les excès des syndicats de fonctionnaires et des entreprises publics doivent être empêchés.

Les grandes crises provoquent des réflexes conditionnés pas toujours porteurs de grand sens mais elles stimulent aussi des prises de conscience et une pédagogie.

Ce que montrent le livre et l’expérience d’André Tardieu, c’est le caractère potentiellement désastreux à terme de l’inaction, qui est tentante. On le voit aujourd’hui avec les taxes sans réponse de Trump, les crimes sans réponse de l’Islam politique, l’incapacité d’agir au Moyen Orient, la dette qui enfle démesurément, les prélèvements qui croissent toujours et dont nous sommes devenus les champions du monde.

André Tardieu nous avertit des conséquences négatives du pillage continu de la nation par les « ordres mendiants institutionnels » et de la destruction des valeurs essentielles que sont le patriotisme, le goût de la propriété, les libertés et notamment la possibilité d’une volonté positive d’agir dans la qualité. Il rappelle le droit fondamental à ne pas être bombardé dès l’école (et constamment ensuite par les médias) par une propagande socialiste débilitante. Actualisons le propos en soulignant que nos vies n’ont pas à dépendre à ce point des Gafa, et d’un" Internet de la pourriture", avec un État qui se cache derrière Internet plus qu’il n’en use pour réduire ses coûts de fonctionnement.

Le retour vers le passé est aussi un retour vers un futur.

Pompidou, Chirac, Giscard et la naissance de l'Enarchie Compassionnelle (suite)

Eléments d'histoire 1967-1974

L’article précédent a mis en perspective la lettre que Chirac a écrite à Giscard au moment où il devient le premier ministre du nouveau président. Il faut bien comprendre le contexte de ce courrier qui, pour nous, marque la naissance de ce que nous appelons l’Enarchie Compassionnelle.

Peu avant, pour faire pièce aux Gaullistes un peu secoués par sa candidature à la présidentielle puis son élection, marquée par une forme de mépris pour le général de Gaulle, traité en Has Been, Pompidou a accéléré le recours à des jeunes Énarques qu’il poussait déjà lorsqu’il était Premier Ministre : Chirac, Guéna, Charbonnel se voient promus (les laissés pour compte iront chez Mitterrand). Chirac est d’abord secrétaire d’État de Giscard : formation du couple. Et premières envolées technocratiques. Un livre de 1972, signé Jean Larteguy, Lettre ouverte aux bonnes femmes, bien oublié depuis, en donne, en passant, une parfaite illustration. « Qu’on paie une redevance pour avoir une télévision sans publicité et qu’on autorise soudain cette publicité tout en augmentant la redevance, histoire de promouvoir l’audiovisuel contre la presse écrite, quitte à aider par la suite cette presse pour l’empêcher de crever ; rien que de très normal ». On en est toujours là. En pire.

On voit une bureaucratie sans limite qui fait tout et l’inverse tout en accumulant les dégâts et les correctifs mais toujours en aggravant le système. On comprend mieux les 90 mécanismes d’aide au cinéma évoqués dans les commentaires à l’article précédent. Et ses résultats, magnifiquement décrits par Eric Neuhoff dans son dernier livre : (Très) cher cinéma français. « Le cinéma français agonise sous nos yeux. Il est à peine l’ombre de lui-même ».

Tuer par des taxes et tenter de faire renaître par des subventions est la base de la bureaucratie. La taxe et la subvention sont les deux mamelles de l’action publique dévoyée par la bureaucratie et/ou la démagogie. Rajouter les réglementations excessives et changeantes, vous n’êtes plus en démocratie, mais dans « l’esclavagisme à visage démocratique ». La création de statuts intenables et injustifiables, comme le régime du chômage des intermittents du spectacle, complète le tableau. Il est naturellement irréformable alors qu’il s‘agit d’un pillage pur et simple de l’argent d’autrui, sans aucune justification sinon les menaces et les gesticulations d’une catégorie habituée aux postures théâtrales et qui sait faire… du cinéma.

Au début de la carrière de Jacques Chirac, l’hystérie soixante-huitarde conduit à une aggravation subite du phénomène.

Avec le gouvernement Chaban et l’arrivée de Delors qui se lance dans une « nouvelle société » qui n’est qu’une nouvelle bureaucratie, se produit une réaction au sein des Gaullistes qui commencent à dénoncer cette emprise bureaucratique. À la mort de Pompidou, lorsque Chirac trahit son parti pour rallier Giscard, en sabotant la candidature de Chaban, il est certes soutenu par Juillet et Garaud mais ces derniers font déjà le procès de l’européisme, du bureaucratisme et du fiscalisme de Giscard.

Chirac écrit sa lettre pour confirmer à Giscard qu’il n’est pas sur cette ligne-là et que la fiscalité comme la réglementation resteront foisonnantes et qu’il n’est pas dans son intention de réduire la dépense publique. Giscard s’était opposé frontalement à de Gaulle qui voulait que la dépense publique reste inférieure à 32 % du PIB (on en est à 54 %). Il avait laissé filer les dépenses sans le moindre scrupule et sans tenir compte des ordres. Pompidou n’a pas arbitré. Il considérait que les conceptions de De Gaulle et de son conseiller, Jacques Rueff, étaient réactionnaires et opposées aussi bien à la finance moderne qu’à l’Atlantisme. Rappelons que Pompidou était banquier.

Ensuite, mai 1968 et le déséquilibre massif des comptes ont rendu toute tentative de maîtrise des dépenses vaines. En 1971, Pompidou accepte l’évolution vers les changes flottants qui seront validés définitivement en 73 et surtout, sous Giscard, à la Jamaïque. On se souvient de sa performance médiatique au tout début janvier 2016 où il répondait aux questions sur le bord de la piscine de Kingston, validant, en caleçon et avec des grâces de starlette, la pire décision de politique économique internationale de son septennat. Il les accumulera, les erreurs. Pratiquement toutes les évolutions fâcheuses qui sont dénoncées pour leurs résultats catastrophiques dérivent de décisions giscardiennes, soutenues par Chirac qui ne démissionnera qu’en août 2016. Il est donc totalement associé à ces décisions. Les deux années de son premier gouvernement seront une véritable tragédie bureaucratique et fiscale, Giscard ne trouvant aucun contrepoids en face de lui mais un auxiliaire convaincu de son concept de « travaillisme à la française » (alors que le travailliste Wilson ruinait au même moment le Royaume-Uni et allait provoquer la réaction Thatchérienne).

Il est vrai que la crise mondiale a frappé en 1973 et que tout part en sucettes en 1974. Des actions extrêmement violentes sont conduites par des mouvements gauchistes couplés à des syndicats voyous se prétendant dépassés par la base et les coordinations : Mutinerie sur le paquebot France, capture du bateau, et séquestration des passagers retenus comme otages ; affaire LIP (une mise au pilori abjecte associée à un vol) ; viols et destructions par le feu en Lorraine. Le tout sans poursuites, cela va sans dire : « fi de l’ordre bourgeois, ma chère ; et en plus je vais en basket à l’Opéra. Na ! ». L’économie et le social en pleine crise poussent au laxisme.

Mais, depuis, la « crise » n’a pas cessé, pas plus que le laxisme. Giscard et Chirac sont bien les pères d’une extension maladive de l’énarchie, le prétexte de la crise lui prêtant une aura de bienfaisance et faisant apparaître le concept d’énarchie « compassionnelle », et une pratique qui sera amplifiée par Fabius, Rocard, Juppé, Jospin, Villepin, Hollande. Elle se trouve à son acmé avec le couple Macron-Philippe.

La France doit absolument se guérir de cette maladie. Elle a fait de nous le pays champion des prélèvements sans que jamais personne ne l’ait demandé. Elle a totalement étouffé les libertés et cassé le droit de propriété (qui est de la liberté construite). Elle amène la France au bord de la guerre civile. Elle est à évolution lente mais mortelle. Comme le tabac. Après 50 ans !

Jacques Chirac et l'Enarchie Compassionnelle

Jacques Chirac nous a quittés sous les larmes et les fleurs. La période des hommages a été suffisamment longue et fournie pour qu’on puisse désormais abandonner sans indécence une attitude de pure hagiographie.

Il a choisi la voie de la grande responsabilité politique. Il est normal que le jugement se porte sur ses réussites et ses échecs. L’analyse de sa personnalité n’a d’intérêt que dans la mesure où elle permet de les comprendre.

Jacques Chirac était un cavalier. Il fonçait sans trop s’occuper des équipages qui pouvaient être à ses côtés. Il avait peu de réels amis. Il préférait la compagnie des femmes à celles des hommes même si cet attrait ne le conduisait pas à être aussi expéditif qu’on le dit. On s’amusait bien dans la foulée de Jacques Chirac. Mais il ne fallait pas s’attendre au moindre attachement.

Très vite il a voulu réussir et, en prenant conscience de son abattage, il a pensé qu’il le pourrait en jouant sa carte à fond. Il a hésité un moment : fallait-il chercher les relations de la haute noblesse en mal de réhabilitation de la vieille Europe ou l’argent de l’Amérique ? Il choisira la première option et une femme qui plaçait en lui des ambitions et des espoirs. Les cavaliers aiment le rôle de cheval de jeu.

Son activité plus que son activisme, qui aurait supposé une volonté précise, inexistante dans son cas, lui a ouvert les portes de la politique au plus haut niveau, auprès d’un ami de son Père, George Pompidou, qui n’avait pas non plus de volonté précise. La mort de son mentor d'un côté et son dynamisme de l'autre,  l’ont mis très tôt (trop tôt ?) en position d'ambitionner une place de chef de parti. Il a choisi de trahir son camp pour le mettre au service de Giscard.

Le document le plus important et révélateur que Jacques Chirac ait jamais écrit est sa lettre à Giscard. Il lui propose une sorte de botte politique. « Si on s’entend on est là pour cent ans. Chercher des économies, réduire la dépense publique ? Foutaises que tout cela. Le bon peuple, au moindre incident, veut que l’État intervienne. La dépense publique est la provende qui permet la réélection ». On pourra trouver dans ce texte un bréviaire presque complet de l’Enarchie Compassionnelle.

Dès qu’il sera élu, Giscard se moquera des ambitions de « l’agité » qui l’aura fait roi. Ce garçon que beaucoup présente comme une superbe machinerie intellectuelle se comportera avec Chirac comme un paltoquet et un crétin, l’humiliant de mille façons dont deux au moins en public, comme la scène grotesque où il refuse de lui serrer la main en conseil des ministres et l'invitation à Brégançon avec son moniteur de ski. Il n’y a gagné qu’une haine inexpiable et la perte de sa réélection.

Il est tout de même malheureux que la principale réussite de Chirac soit d’avoir favorisé la victoire de Mitterrand, désastreuse pour le pays. Ce n’était pas exactement ce qu’on attendait de lui. Sa meilleure prestation politique sera la période de cohabitation où, grâce à Balladur, son gouvernement sera, malgré de multiples avanies internes et externes, plutôt une réussite.

Son échec à la présidentielle suivante et bientôt la concurrence de Balladur, le conduiront à une autre campagne plus vengeresse que constructive qui amènera certes son succès présidentiel mais très vite aussi l’effondrement de son septennat. Avec Jospin il trouve à nouveau l’occasion de la gestion du pays par un couple d’Énarques. Cela tournera au ratage à peu près complet. Cinq ans de gouvernement Jospin, qui ruineront le pays un peu plus avec les 35 heures et le blocage judiciaire des relations sociales, lui permettront de gagner le quinquennat qu’il avait voulu pour garder une chance d’être réélu (il savait qu’il n’avait aucune chance dans le cadre d’un nouveau septennat). Cette nouvelle aventure sera aussi décevante que la précédente, la maladie faisant rapidement son œuvre et confortant une envie de ne rien faire déjà bien ancrée et théorisée.

Jacques Chirac aura été une sorte de Murat de la politique. Actif, manœuvrier, capable et finalement s’élevant au plus haut. Mais sans réelles convictions ni direction établie. Et en acceptant d'affaiblir son camp si son intérêt le lui commandait, point où il se distingue de Murat.

Il n’a pas de bilan, juste une trajectoire.

En cela il est typique de l'Enarchie Compassionnelle, qui sert les intérêts d’une caste ou de certains de ces membres les plus actifs ou les plus astucieux, sans réellement servir la nation.

Le vrai successeur de Chirac est évidemment Macron. Le couple Macron-Philippe a repris le flambeau, avec les mêmes ambiguïtés et la même absence de résultats convaincants.

Octobre 2019. Quelques Instantanés (Suite)

1.       Hôpital de Saint Malo. Un patient arrive souffrant du ventre. On détecte un problème classique de vésicule biliaire. L’opération commence. Elle ne se terminera pas « faute de temps et de personnel ». On ne découpera qu’une partie de l’organe malade avec une opération à suivre pour le malade « quand on aura le temps et les moyens ». C’est que l’inspection du travail est puissante. Dépasser un horaire d’infirmière ou de brancardier, cela ne se passera pas comme cela. Et l’ARS du coin a créé des tonnes de normes. Pas question de continuer une opération si le taux de ceci et le pourcentage de cela ne sont pas respectés. Et que les urgences sont saturées et en grève. Leçon :

    Tout le monde se fout du patient

    Il n’y aura aucune sanction

    Deux opérations au lieu d’une seule coûte la peau des yeux

    Quand on tue la médecine de ville, on sature les urgences qui ne peuvent plus se concentrer… sur les urgences

    La médecine ne se gère pas avec des réglementations bureaucratiques

    Avoir voulu organiser la gratuité à 100% du petit risque ne permet pas de faire face aux gros risques.

    Les 35 heures à l’hôpital ont été une folie

    La réputation de l’hôpital de Saint Malo est foutue pour 20 ans.

    Ce scandale n’atteindra jamais les journaux télévisés qui informent les masses qui ne font droit en boucle qu’aux manifestants des syndicats hospitaliers

2)            Eric Zemmour s’est fait la spécialité d’expliquer qu’il n’y a pas de différence entre l’islam et l’islamisme, en affirmant qu’il s’agit uniquement d’une question de rapport de force, en particulier démographique. Dès que les Musulmans se trouvent en situation de force, ce n’est pas un gentil islam qui s’impose mais l'islamisme violent. Il en voit la preuve dans le fait que toutes les frontières de l’Islam brûlent. Il professe également que l’islam n’est pas seulement une religion mais une organisation sociale dont les préceptes sont contraires aux principes de la République française. Aussitôt des meutes se forment pour demander son exclusion de tous les journaux français où il peut travailler. Motif : il stigmatise les Musulmans. Pas de chance, un musulman égorge au même moment quatre fonctionnaires de police. Après avoir répété à l’envi qu’il s’agissait d’un fou, la presse bien-pensante finit par admettre qu’il s'agit d’un musulman fanatique. La réalité a rejoint la diatribe d’Eric Zemmour, énoncée d’une façon, il est vrai, un peu apocalyptique, voire messianique. Leçon :

        La liberté d’observer et de dire ce qu’on voit,et de le théoriser, est interdite en France, patrie supposée de la liberté d’expression.

        La réalité n’existe pas. Elle doit être transformée par les communicants pour la rendre politiquement correcte.

        Ce n’est que quand la coupole autorisée donnera le top départ qu’on pourra dire la vérité, les anciens lanceurs d’alerte restant diabolisés.

        Tout ce système a été mis en place par les Communistes dès la fin des années vingt et, longtemps contré en France, il a été repris par la presse dominante et prophylactique.

        Il fusionne aujourd’hui avec le goût du « shaming » en provenance des Etats-Unis. Faire honte en groupe et chasser le vilain par des huées et la proscription sociale ! Autrefois tout l’instinct français s’opposait à cette vision propre au puritanisme le plus étroit.

        Réentendre Khomenei : l’Islam doit être imposé par la violence à la terre entière car c’est la seule vérité et la demande de Dieu. Il est clair que depuis qu’il a réussi à impulser cette guerre, l’expansionnisme totalitaire musulman est une réalité qui doit être combattue comme telle.

        La grande faiblesse zémmourienne est de déchaîner de façon difficilement acceptable la suspicion sur toute la population musulmane et de mettre en cause radicalement les droits de l’homme qu’il propose de mettre entre parenthèses pour purger l’abcès musulman. Par quelles méthodes ? Heu ! Heu !

3)            Le projet de refonte des alentours de la tour Montparnasse est présenté par les Anglais qui ont gagné le concours d’urbanisme lancé par la Mairie de Paris. Le représentant du cabinet retenu montre surtout qu’il s’ait parler le sabir verdo-Hidalgien. Les coulées vertes, les transports doux, les ambiances apaisées, les forêts vierges seraient des exemples d’une approche « Hausmannienne » ! Le grotesque prend du relief avec l’accent anglais. En vérité le projet prévoit une formidable densification au profit des propriétaires actuels du centre commercial à détruire (en particulier la Macif). On casse la halle pour créer une rue bordée d’immeubles de huit étages (contre deux aujourd’hui). On a conservé l’immeuble carré, énorme, du CIT et ajouté 7 petits CIT avec une voie piétonnière au milieu. En fait on veut et on va créer un énorme bouchon sud-nord, en plein cœur de la rive gauche, en supprimant la rue du Départ et en transformant en cul-de-sac l’avenue Edgar Quinet, l’avenue du Maine et la rue du Commandant René Mouchotte. Les riverains sont sacrifiés à cette densification bouchon, dont l’intérêt est uniquement mercantile pour les promoteurs et électoraliste pour l’équipe Hidalgo. Une personne dans l’assemblée indique qu’elle n’aura désormais plus de soleil dans son appartement. Réponse du cynique affairiste Missika : vous n’aurez qu’à vous plaindre en justice. Leçon :

            L’équipe Hidalgo Missika n’aura pensé qu’à densifier et « marchandiser » la capitale tout en ruinant la ville par des dettes inconsidérées. Partout les projets sont soit des imbécillités festives soit des densifications dévastatrices qui commencent, en effet, à être condamnées par la justice.

            Le mépris total du riverain est la règle systématique.

            Les effets pervers l’emportent aussitôt et toutes les fausses bonnes intentions affichées se transforment en horreurs (voir la rue Mouchotte).

            Un urbaniste anglais qui croit faire de l’haussmannien en bloquant les circulations et en créant « une jungle » doit croire que le prochain Brexit lui donne les droits de dire et de faire n’importe quoi sur le continent.

            Des espaces immenses et non clos avec bosquets, zones vertes et recoins cachées, façon jungle, sont un appel formidable aux villages de tentes qui améliorent tant le nord de Paris.

            Tout l’accès gare par moyen motorisé se fera par le sud dans des conditions dantesques pour les riverains de la gare, dont les voies de circulation sont réduites des deux tiers.

            Un urbaniste qui croit, comme M. Nadjovski, qu’une famille avec valises part en vacances à vélo, doit être enfermé dans la même chambre à Sainte-Anne que le chef des cyclo-fascistes municipaux.

            La presse française et notamment parisienne est totalement silencieuse sur ce nouveau scandale, comme d’ailleurs tous les partis politiques parisiens. La Tour Montparnasse étant un objet de détestation, tout ce qui vise à faire autre chose est sacré. L’ennui, c’est qu’elle reste et qu’elle sera même plus haute pour payer les transformations qu’on lui impose !

 4)           Une énorme manifestation anti GPA et PMA, et d’une façon générale, opposée à une société « posthumaniste » où tout est possible, se déroule à Montparnasse. La couverture des chaînes de la TNT est d’une parfaite malhonnêteté. BFM en parle tardivement et pour quelques minutes seulement et accompagne des images partielles par des commentateurs opposés à la manifestation. Tous les éléments de langage visent à minimiser et condamner la manif. La journaliste qui couvre la manifestation sur LCI doit répondre à cette question : y-a-t-il un peu de monde... Depuis plusieurs jours cette chaîne annonce qu’il n’y aura personne. Pas de chance, il y a du monde, difficile de le nier. Alors la malheureuse explique qu’on n’aura pas les chiffres avant la Saint Glin-glin, donc pas de réponse alors qu’on voit des dizaines de milliers personnes qui défilent. La presse en France doit avoir un rôle prophylactique pour empêcher les Français de mal penser. Leçon :

                Dans les années cinquante on avait l’Observatore Romano, maintenant on a la presse française bien-pensante. Le progrès est modeste.

                Une chaîne qui, comme BFM, a suivi inlassablement le plus petit défilé de Gilets jaunes dans la moindre sous-préfecture montre dans l’affaire un aspect révélateur. Elle se concentre sur la question de la démission de Castaner, sans doute un sujet fort (la chasse à l’homme, depuis l’affaire Fillon, est la seule chose qui excite vraiment la presse décadente).

                Pauvres journalistes qui doivent prouver leur discipline dans la malhonnêteté dès les premiers pas dans le métier.

5)            L’Assemblée vient de voter une loi qui permet à toute femme se trouvant sur le territoire français de se faire financer une insémination artificielle pour avoir un enfant de père inconnu. En même temps, selon la formule de base du macronisme, une action est entreprise pour mettre frein aux « abus » de l’immigration et notamment pour tenter de limiter le gonflement des dépenses de l’AME, l’aide médicale aux étrangers en situation irrégulière, qui viennent de dépasser allègrement le milliard d’euros. Tous les hospitaliers savent que d’ores et déjà des milliers d’immigrées femmes exigent des traitements contre l’infertilité pour avoir au plus vite des enfants nés sur le sol français. Désormais elles demanderont une PMA remboursée. Eh oui : une si bonne idée doit être accessible à toutes donc gratuite. Leçon :

                    Le « en même temps » est une farce, car il permet toutes les contradictions

                    Un business nouveau et lucratif financé sur fonds public vient d’être créé.

                    Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites.

                    À noter que de plus en plus de Français font cloner leur animal de compagnie (un seul chat ou chien pour la vie, c’est cool !). À quand un être cher ?

                    La justification est toujours la même : cela se fait ailleurs alors pourquoi pas nous ? La loi française est dans la dépendance de la loi des autres du moment qu’ils ont cédé le plus vite à des groupes de pression.

 

 

 

Sur chacun de ces sujets chacun peut avoir les idées qu’il veut. Ce n’est pas notre sujet. Ce qui est révélateur dans toutes ces affaires, c’est l’emprise de la démagogie qui exige que l’on cède à toutes les demandes de minorités agissantes, que l'on étouffe toute contestation non souhaitée par la pensée dominante, en manipulant l’opinion plutôt qu'en l'éclairant, et que l’on gaspille l’argent public dans des gratuités intenables qui se retournent contre la population. Cet état de fait signe à la fois la ruine des Français et la restriction des libertés. Les dirigeants français, dont le pouvoir a été drastiquement réduit, ne savent plus gérer que des préoccupations de sous-secrétaire d’État à la population civile, en général en cédant sur tout et en ruinant la nation. Du coup la haine et l’intolérance sont partout. Les effets pervers règnent en Maître.

Dans les années cinquante et soixante, triomphaient André Gide et Roger Peyrefitte (parmi cent autres) en littérature, Chazot dans la danse, Brialy et Jean Marais dans le cinéma, Jean-Louis Bory dans le journalisme et l’éducation nationale, Sagan en littérature après Colette. L’homosexuel-lle ne se mariait pas mais marquait le paysage par son talent. À la satisfaction générale. C’est fini !

Dans les années cinquante et soixante, des chirurgiens dévoués et compétents, souvent servis par des religieuses à peine diplômées mais consciencieuses et intelligentes, opéraient de façon remarquable sans compter leur temps. À Dinard le Chirurgien Forget n’aurait jamais arrêté une opération de la vésicule biliaire « par manque de temps » et il n’aurait jamais fait face à un « problème de personnel » en arrêtant brusquement une opération. On a supprimé son unité pour non-conformité aux règles au profit de l’hôpital de St Malo. La compétence et la conscience professionnelle ne s'en sont pas trouvées améliorées.

Cela ne veut pas dire que c’était « mieux avant », mais qu’une dimension de la vie d’un pays est le goût du travail bien fait et le talent, une autre la liberté et la compétence. Sur tous ces fronts-là, on constate non pas un affaiblissement mais un effondrement. La bigoterie des sous-doués et des hystériques emporte le pays sous nos yeux ébahis. Il n’y a plus de compétences, d’effort, de résultats, seulement un moralisme de pacotille, enseigné dès l’école, indifférent à la réalité et contraire à la force passée du pays. Un « aquobonisme » devant la tâche de redressement nécessaire s’est installé qui signale une perte de volonté nationale particulièrement inquiétante parce qu’elle est radicale et qu’on peut craindre qu’elle ne soit définitive.

 

On dira : vous sombrez dans le « déclinisme ». Pas du tout, la grande affaire est de le conjurer. Et cela passe par des prises de conscience.

 

Vous avez dit conscience ? Alors là, vous êtes en plein déclinisme passéiste ! Silence. Ça suffit comme ça...


 

 

 

 

Octobre 2019 : quelques instantanés significatifs

1)      Examen de la vente d’un studio à Paris : l’acquéreur dispose d’un prêt (300.000 E) supérieur à ce que touche le vendeur en net (270.000 E). Il y a près de 30.000 euros de frais. Le dossier de vente fait près de 300 pages. Merci Mme Duflot et la loi Alur. Notaire, agents immobiliers, et syndics se sucrent sur l’abus de paperasserie. Leçon :

  1. La bulle immobilière à Paris ressemble à la bulle de 1992 où les banques prêtaient non seulement le prix d’achat à 100% mais les frais et une partie de la plus-value espérée. 
  2. L’amortissement d’un tel achat ne peut se faire sur la location compyr tenu  de la loi sur les loyers. Restent Airbnb et l’espoir d’une plus-value.
  3. Le blocage de la construction par Mme Hidalgo qui préempte tout alimente la spéculation
  4. Avec des taux d’emprunt à 1%, la tentation est grande pour un jeune cadre d’investir en empruntant sans capital sur 25 à 30 ans.  L’IFI qui devait prévenir le goût pour l’immobilier n’a eu aucune influence, sauf de doubler les recettes fiscales de l’ISF sur la partie immobilière.
  5. On était censé détricoter la loi Alur et ses folies bureaucratiques. Rien à faire en régime d’Enarchie Compassionnelle.

2)      Un juge rouge décide que l’état de nécessité justifie des actes illégaux qui visent à ridiculiser le président de la République. Leçon :

  1. Le justicialisme, cette doctrine de gauche qui veut qu’un juge doit utiliser les fonctions qu’il a réussi à obtenir dans l’Etat pour servir la cause et non pas le droit, est une des tares récurrentes du système judiciaire français et doit être réformé sans pitié. Il prive le législateur de toute légitimité et la victime de toute défense.
  2.  « Le gouvernement des juges » est une des causes du Brexit et alimente une rumeur de sortie de la Grande Bretagne du cadre juridique non seulement de l’Union Européenne mais aussi du conseil de l’Europe.  
  3. La renonciation au droit du sol en Italie part du même sentiment.
  4. Les peuples veulent retrouver une souveraineté juridique perdue de l’intérieur et de l’extérieur.

3)      Orange à qui l’installation d’une box sur fibre optique a été commandée, va commettre une suite ininterrompue d’erreurs plus ahurissantes les unes que les autres, concernant aussi bien la fourniture des matériels que leur installation.  Trois erreurs de livraison (dont une livraison en province pour une installation à Paris) puis trois erreurs de rendez-vous (avec un appel d’un installateur errant en Charente Maritime !). Au final l’installateur qui trouve enfin le bon endroit constate que c’est un câblage Free et que le nécessaire n’a pas été fait auprès de cette entreprise avant de venir installer. Installation retardée…d’un mois supplémentaire. Au total près de trois mois pour installer une box alors que tous les câblages sont faits !  Leçon :

  1. Orange a atteint le degré absolu de la désorganisation
  2. Le client est resté un usager à qui on peut tout faire subir.
  3. Le bourrage de raccordements sur les câbles entraîne des écarts immenses avec les performances théoriques des réseaux.
  4. Les programmes qui tournent sur la box n’ont d’intérêt que pour Orange et peuvent déranger gravement le client.  Si le Wifi est saturé les programmes ne marchent plus.  
  5. La dénationalisation des esprits prend plus de temps que celle du capital.

4)      La réduction de l’ISF aux seuls biens immobiliers, a fait l’objet d’une « évaluation ». Il appert que le coût de la mesure est moitié moindre que ce qu’on a annoncé, que la part de taxation de l’immobilier a un rendement doublé. En évitant le départ fiscal de centaines de « riches » qui sont restés dans le système fiscal français, la mesure n’a en fait pas eu de conséquences pour le budget.  Leçon :

  1. Le fisc reprend toujours ce qu’il a donné
  2. On exige une évaluation pour une baisse d’impôts sur les riches jamais pour une hausse même massive (par exemple plus de 40% sur l’IR en quelques années, ou un doublement de l’impôt foncier à Paris).
  3. La suppression de l’ISF n’a pas à être « justifiée » par des questions d’efficacité fiscales. Cet impôt était par nature innommable et honteux.   Supprimer une saloperie discriminatoire et spoliatrice pour une catégorie de la population se justifie en soi par respect des Français. C’est l’éthique démocratique qui est en cause.

5)      La réforme des retraites est justifiée, elle, pour des raisons éthiques alors que le problème fondamental est économique.  Un système unifié serait une opération de justice. En vérité il est très facile de savoir où sont les avantages les plus iniques. Les hauts fonctionnaires peuvent cumuler leur retraite statutaire et mille autres retraites acquises dans l’exercice d’une fonction élective, à la tête d’entreprises d’états, ou après un saut dans des entreprises privées.  Rendre la retraite statutaire prorata temporis serait un premier pas rapide à faire. Les fonctionnaires ont un système beaucoup plus généreux que les salariés du privé. Rendre les conditions identiques ne représente pas un énorme effort.  Pour le reste tout le monde sait qu’il faut revenir a minima à un départ à 65 ans et plus sérieusement à 67 ans. Leçon :

  1. L’Enarchie qui gouverne ne veut pas remettre en cause ses privilèges est espère un traitement de faveur pour encore très longtemps en se cachant derrière les autres catégories de personnel public.
  2. On complique pour noyer le poisson, alors que ces complications ne sont nullement nécessaires et encore moins souhaitées. C’est la méthode Macron avec ses lois kilométriques
  3.  Affirmer que la réforme a un but de justice alors que ce sont les déficits qui comptent et le coût démesuré d’une retraite à 60 ans est de la tactique politicienne débile.
  4. Une fois de plus les réserves de la retraite des cadres et des professions libérales seront volées malgré les dires contraires.
  5. Rappelons que les Cadres, s’ils avaient pu librement cotiser à un système de retraite par capitalisation, auraient aujourd’hui, pour les mêmes versements, près du double de pension avant impôt!

6)      On a donné au FMI une présidente bulgare et pour cela on a changé les règles d’ancienneté. L’institution sera toujours dirigée dans les faits par les Etats-Unis et par une femme, selon la grande règle des minorités agissantes : dès qu’on a eu un poste, on le conserve.  Leçon :

  1. Créé pour gérer les changes fixes et ajustables, le FMI n’a pas de rôle réel en régime de changes flottants.
  2. Le poste de directeur général est donc de pure représentation.
  3. Le FMI ne sert plus qu’à des bricolages diplomatiques et symboliques.

7)      La bourse frémit dans l’hystérie la plus totale. Elle atteint les plus hauts et dégringole aussitôt. Ce n’est plus de la « volatilité » mais de la peur panique. Si les robots des ETF déclenchent leurs triggers, on va vers une baisse très brutale.  Leçon :

  1. Les déversements massifs de liquidités banque centrale ont permis une spéculation boursière intense.
  2. La spéculation massive finit toujours assez mal.

8)      Greta Thunberg, six ans d’âge mental, poursuit la France en justice, en déformant de haine sa pauvre figure, alors qu’en matière de gaz a effets de serre elle a une des meilleures situations mondiales.  Leçon :

  1. La sagesse ancestrale veut qu’on ne confie pas à un enfant le soin de faire honte à des adultes et encore moins à des nations.
  2. C’est maintenant que Greta a du souci à se faire et pour elle-même. Apparemment elle a des parents indignes.

9)      Donald Trump taxe sans vergogne l’Europe en fonction de son bon plaisir après avoir rendu impossible tout jugement de l’OMC (en bloquant la nomination des juges).  Les dommages pour la France seront sérieux.  La guerre commerciale fondée sur un constat monétaire (l’existence d’excédents faramineux au profit de l’Europe), et la France est piégée dans l’affaire à cause des Allemands ! Leçon :

  1. Les excédents sont condamnables dans tous les traités d’après-guerre. Il aurait été bon Que l’Europe s’en avise en temps utile. Mais chut !
  2. La responsabilité allemande est écrasante. Mais chut !
  3. Le système des changes flottants est responsable. Mais chut !
  4. L’Eurosystème est responsable. Mais chut !

 De chut en chut jusqu’à la chute finale ?  

Monnaie : les analyses désespérantes des économistes appelés par les médias

Pour les économistes reconnus par les médias, la période est extrêmement difficile. Le tourbillon qui engloutit toute la phraséologie habituelle et les avis convenus les met dans l’obligation de rester dans le coup sans trop se contredire, ce qui ne va pas sans sévères contorsions. Quand on a cautionné pendant des lustres un système qui a périclité, en couvrant ce qu’il faut bien appeler des imbécillités d’un vernis scientifique,sans jamais se lasser, on sait que les journaux vous resteront ouverts (l’habitude), mais il faut tout de même un sens des transitions assez marqué pour se rétablir dans le nouveau monde incertain qui se met en place en matière de conception économique.

En rendant compte des débats du colloque du 23 au 24 septembre sur la monnaie, le Monde en donne à nouveau de beaux exemples.

Barry Eichengreen est américain et reconnu dans le domaine de la monnaie. La presse française adore les économistes américains, surtout de gauche comme Stiglitz qui tient la vedette en toutes circonstances et sur tous les sujets, aussi bien au Figaro qu’au Monde, mais n’importe quel technicien peut faire l’affaire pourvu qu’il ait une petite aura dans son pays.

L’excellent Barry commente la suggestion de Mark Carney, ancien gouverneur de la banque centrale du Canada et de la banque centrale britannique, une curiosité intéressante, de créer une « monnaie synthétique hégémonique » pour remplacer le dollar. On aurait aimé que la presse française informe les Français de cette suggestion. Mais non. Comme les Soviétiques apprenaient les nouvelles par leur réfutation dans la Pravda, on ne connaît les analyses vraiment intéressantes que par le commentaire postérieurs et autorisés des économistes en cour.

Carney a compris qu’un système monétaire mondial fondé sur une monnaie nationale est une hérésie. Cela ne marche pas. Cette hérésie a fait sauter les accords de Bretton Woods et est en train de dynamiter les changes flottants, avec dollar comme monnaie de réserve. Il a expliqué qu’un pays qui voit son poids fondre dans l’économie mondiale ne peut pas satisfaire les besoins monétaires d’une économie mondiale qui croit plus vite qu’elle. On a tellement entendu que l’or ne pouvait plus servir de base monétaire mondiale car les besoins de l’économie excédaient la croissance des extractions, que cet argument est imparable pour contrer les tenant des changes flottants autour du dollar.

Carney conclut qu’il faut une monnaie internationale représentative d’un panier de valeurs de référence. Il dit donc ce que nous cessons de répéter sur ce blog. Il faut un étalon monétaire stable, incontestable et représentatif de valeurs certaines. Les DTS en sont une approche. Mais avec les changes flottants, ils synthétisent des valeurs flottantes et ils ont été mis au frigo. Carney propose un saut technologique pour que cet étalon monétaire puisse devenir une vraie monnaie, utilisable principalement entre banques centrales et pourquoi pas plus si affinité.

Au lieu de discuter directement cette idée importante, Eichengreen la compare à la Libra, le projet de monnaie privée proposée par Facebook, qui lui aussi se base sur un panier de valeurs de références fortes pour asseoir sa crédibilité. Il a beau jeu de prouver qu’il n’y a aucun lien solide entre la création de Libras et la fourniture des liquidités internationales nécessaires. Le dollar restera le maître du jeu. Les dangers inacceptables extra-monétaires de la Libra rendent sa légalisation problématique. Alors faut-il compter sur des DTS mis à la mode numérique ? Eichengreen avance qu’une transaction en DTS numériques serait plus coûteuse qu’en dollars. Il n’explique pas pourquoi et s’égare dans des considérations sur la création de cryptomonnaies par les banques centrales qui rendrait moins coûteuse les transactions et atténuerait sans la supprimer l’hégémonie du dollar. Voilà donc la suggestion de Eichengreen : que les banques centrales créent des cryptomonnaies ! Et qu'on laisse le dollar régner en flottant !

Agnès Bénassy-Queré française est une économiste primée par le Monde en 2000. Elle explique que les droits de douane agissent plus sur les soldes commerciaux que la monnaie. D’après ses calculs il faudrait une dévaluation de 66 % du dollar pour rétablir l’équilibre avec la Chine. Ce qui revient à dire que le flottement des monnaies dans des marges contraintes ne sert à rien. Mais cette conclusion ne sera pas tirée. En revanche elle constate : « quel bonheur de réaliser des transactions internationales dans une seule monnaie qui resterait stable par rapport à un panier de monnaies souveraines ! »

Mais là on entre dans une contradiction immédiate : les dévaluations c’est inefficace mais c’est efficace. On le voit bien avec l’Euro qui ne permet pas d’ajuster les économies de l’euroland. Du coup on s’échappe en condamnant la Libra.

Pour se sauver, il reste à lire les réflexions d’un jeune économiste primé lui aussi mais en 2008. Il explique que l’hégémonie du dollar a d’importantes conséquences, du genre négatives surtout depuis que la place ses États-Unis dans le PIB mondial régresse. Mais pas de chance l’Euro ne peut pas jouer le rôle du dollar. Pas plus que le Libra. Alors ? Alors rien.

Essayons le dernier article d’un certain Lorenzoni de l’université Northwestern de Chicago. Un américain au nom européen, c’est cool. L’article est prudent. L’auteur ne prend rien à son compte. Il fait droit à des explications qui « tiendraient » (conditionnel) à des analyses que l’on va citer mais qu’on n’endosse pas. Il fait bien car la première est la sottise microéconomique habituelle qui veut que le taux de change ne soit que la résultante de comportements individuels cumulés. Partant de là on décrit des mécanismes théoriques peu convaincants qui conclut que quoiqu’on ne fasse rien ne se corrige de toute façon. Nous voilà bien avancés.

Quand on lit entre les lignes on voit apparaître surtout deux points importants :

-          Les changes flottants ne fonctionnent pas et les mesures qu’on peut prendre dans ce cadre sont inefficaces.

-          Le monde a besoin d’une monnaie mondiale non nationale (un rêve).

Mais bon, n’en tirons aucune conséquence !

Dans Marianne n° 1175, Christian Stoffaes, président d’un conseil d’analyse économique franco-allemand, ce qui n’est pas rien, en appelle à la convocation d’un nouveau Bretton Woods. L’ennui, c’est que plus personne ne sait ce qui s'est décidé à Bretton-Woods et pourquoi le système a explosé (une des raisons pour lesquelles nous avons écrit notre dernier livre : La Monnaie du Diable). Et on part finalement dans les quetsches en expliquant « qu’on ne rétablira pas les changes fixes ». Alors on fait quoi ? Heu ! Heu !

Tout ce petit monde constate avec la plus grande exactitude que les changes flottants ne marchent pas. Ils expliquent avec précision pourquoi. Et dès qu’il faut sauter le pas, c’est-à-dire convenir qu’il ne reste plus qu’une seule solution : revenir aux changes fixes et ajustables par consensus autour d’un étalon extra-national avec interdiction des grands déficits et des grands excédents, alors ils calent tous. Pas question de briser le tabou ultime.

Pauvre PQN et pauvres journaux français, réduits à cette extrémité de cautionner des tabous et incapables de trouver en eux la volonté de sortir de cette purée économique inconsistante et lâche. Au moins Alain Minc, lui, s’est fâché. On ne comprend pas que la PQN reste ainsi prisonnière d’une cage de verre qui se pulvérisera au premier choc. Dans les années trente, la stratégie militaire française était également prisonnière d’un tabou : parler d’offensive était offensant. On a perdu la bataille des Ardennes en 5 jours. Plus personne ne comprend le tabou qui empoignait les esprits.

Les effets délétères de la crise de 2008 continuent à ravager le faux consensus préalable, sans que les officiels n’osent franchir le pas. Il y a une heure, le niveau de l’inflation européen a été connu : la hausse des prix n’est que de 0.9%, en baisse en dépit des arrosages de la BCE. Quand cela ne marche pas, cela ne marche pas.

Il faut se débarrasser des tabous.

Nous, nous disons qu’il faut revenir à des changes fixes et ajustables par consensus avec un étalon extra national. C’est la seule solution.

 

Didier Dufau pour le Cercle des « économistes e-toile »

Le journal Le Monde face à l’éclatement des dogmes économiques

Une audace des plus timides

L’avantage des grandes crises est qu’elles finissent toujours par provoquer un séisme des idées. Il y faut une dizaine d’années. Nous sommes en plein dans le phénomène. Les diktats idéologiques qui étaient répétés comme des mantras par des perroquets bien dressés s’effondrent et un peu de lumière nouvelle entre dans les colonnes des journaux.

Prenons la page « idées » du journal Le monde du 15-16 septembre 2019. Elle est chapeautée par un titre prophylactique : Les Guerres de Trump. Cela permet au journal de ne pas s’engager trop dans le révisionnisme.

L’article « Washington se fâche contre les excédents excessifs », signé d’un « responsable de recherche dans une banque », est intéressant car il reprend les thèses que nous défendons avec une belle énergie longtemps mal récompensée.

-        Il rappelle que la position de Trump est en fait la continuité de celle d’Obama. La question des déséquilibres est arrivée au cerveau des dirigeants américains en 2010 après la crise et elle chemine depuis qu’il a fallu qu’AIG paie des centaines de milliards de dollars à des banques étrangères et s’est renforcée avec les difficultés sociales liées à une mondialisation qui a mis en difficulté la classe moyenne américaine.

-        Il déclare que les excédents allemands ont peu à voir avec la qualité industrielle allemande mais sont liés à des mesures d’organisation globale. On peut contester le détail de l’explication mais il est parfaitement établi que l’analyse en terme microéconomique des excédents (performance des entreprises, épargne des individus) est ridicule. C’est la politique globale de conduite de la vie économique et sociale allemande qui a créé les excédents, aggravée par l’Euro qui lui a permis d’exporter avec une monnaie dévaluée.

-        Il précise avec exactitude qu’en suivant globalement les politiques macroéconomiques de l’Allemagne, l’Europe est devenue également excédentaire.

-        Il souligne que le même mécanisme a été mis en place par la Chine, avec un taux d’épargne global passant à 50% du PIB et note que cette politique accroît le chômage chez ses partenaires commerciaux. Le blocage de l’accès au marché Chinois et son refus de respecter le droit de propriété aggrave les choses et l’arrivée au pouvoir de XI Jin Pin montre qu’il s’agit désormais d’une politique de puissance et pas seulement de rattrapage économique.

-        L’Europe est aussi victime de la politique chinoise mais ne peut le dénoncer parce que l’Allemagne, elle, fait pareil et en profite.  L’Allemagne a en effet beau jeu de refuser de jouer une politique de débridage de ses excédents si la Chine ne le fait pas.

-        Le couple Franco-Allemand est à la peine car les intérêts des deux pays sont totalement opposés.

Nous avons tellement souvent développé ces thèses que nous pouvons applaudir à deux mains qu’on les voit enfin apparaître dans un journal de la PQN, alors que tous ces sujets ont été verrouillés depuis 20 ans et les premières mises en cause par Maurice Allais. Tout en regrettant cet ostracisme intellectuel de longue durée. C’est l’ennui de la presse française, dominée par une coupole de dix personnes qui décident, en général de façon assez homogène, de ce qui peut être dit ou pas dit. Le non-dit et l’interdiction de dire est une constante de la presse française. Les pages idées, en fait, servent un dessein alors qu’il vaudrait mieux qu’elles fassent respirer la réflexion générale.  

L’effort de Goetzmann, l’auteur,  n’est pas totalement convaincant, d’abord parce qu’il laisse de côté des pans entiers du problème. Il n’y a d’excédents que parce qu’il y a des déficits. Les déficits américains sont structurels dans le système des changes flottants mis en place à Kingston. Tout n’est pas à la charge des pays excédentaires. Il faut revoir le système des changes flottants. Et là, grand silence ! La place du dollar comme monnaie mondiale de facto est aussi en cause. Encore grand silence. Quand on rentre dans le vraiment dur, le discours s’évanouit.  Quant à la conclusion, elle est parfaitement contestable : « il faut traiter les causes du mal en soutenant des politiques de croissance qui auront pour effet de corriger les excédents commerciaux sur les Etats-Unis ». Lesquelles ? Et pourquoi seulement ceux sur les Etats-Unis ?  Les pays de la zone Euro souffrent des excédents allemands qui sont démesurés vis-à-vis de l’Euroland. L’Eurosystème comme les changes flottants sont deux systèmes qui permettent les énormes déficits et les grandioses excédents. Il faut en changer ? Là pas un mot. On entre là où Le Monde ne veut pas qu’on aille. L’auteur voit bien que la relance dont il espère qu’elle sera conduite par la BCE et les Etats européens (toute la presse depuis deux mois pilonne sur le thème : la BCE doit se dégager de l’emprise allemande et comme elle ne peut pas tout les Etats doivent pendre le relais par une relance budgétaire) provoquera des déficits accrus vis-à-vis de la Chine. « L’Europe pourra utilement s’interroger sur la nature véritable des pratiques commerciales chinoises » termine l’auteur. Depuis le temps que nous écrivons que la complaisance vis-à-vis de la Chine est suicidaire, un thème développé à l’envi par Maurice Allais (rendons à César…) cet avertissement est bien venu.  Mais aucune politique réelle ne se dégage de l’article.  L’auteur ne distingue pas les aspects monétaires et les aspects commerciaux, ce qui tient au structurel et ce qui ressort du politique, ce qui est mondial et ce qui est purement européen.

Ne regrettons rien. Voir des idées majeures cachées sous le tapis médiatique pendant des lustres remonter à la surface est une bonne chose, même si c’est de façon beaucoup trop partielle et sans influence pratique.  Il faut continuer le combat. Messieurs (et Mesdames) du Monde, il faut accepter d’aller beaucoup plus loin dans les « idées ».

Les autres articles qui ont pour but de contrebalancer ce début d’aggiornamento sont totalement nuls. Une « chercheuse senior de l’institut Jacques Delors » débite les analyses convenues et parfaitement hypocrites de l’européisme militant. Plus de banalités on ne peut pas imaginer. « Il faut promouvoir l’Euro sur les marchés » et « bâtir des coalitions plurilatérales pour développer des règles commerciales internationales en matière de développement durable ». L’Euro va verdir la planète. Pourquoi et comment, cela on ne le dit pas.

Un « professeur émérite d’économie » se signale par un article indigent sur le « retour » du mercantilisme alors que les excédents majeurs, manifestation majeure du mercantilisme, se sont développés depuis 1971 !  Cinquante ans de retard. L’université française se porte presqu’aussi bien que le pense Alain Minc. En fait l’auteur fait du journalisme bétassin et n’apporte rien au débat. Quant au petit Mariolle qui « décrypte » la situation avec la théorie des jeux, pour conclure que « les deux camps semblent s’interroger sur les intentions véritables de l’autres », on sent qu’il a fait réellement progresser la question à pas de géant.

Au total : peut mieux faire ! Tout cela est bien timide.

Le grand tournis monétaire et l'hélicoptère à fumiste

Alors que la vulgate qui avait été bricolée pour justifier les changes flottants finit de sombrer à des profondeurs abyssales, le n’importe-quoi monétaire triomphe. La jeune génération d’économistes ne s’en rend pas compte, elle qui a vécu dans des faux-semblants depuis son accès à  l’enseignement. Pour avoir répété des sottises avec componction comme on récite des versets du Coran, sans jamais les remettre en cause,  Les journalistes ne savent plus à quels saints se vouer et rapportent la parole des maîtres avec l’inquiétude de ceux qui voient que la soupe qu’on leur fait servir n’est plus aussi claire que naguère. Etaler à travers les colonnes de leur journal ce qu’ils ressentent au fond d’eux même comme en contradiction fatale avec tout ce qu’on leur avait professé jusque là, leur reste un petit peu en travers du stylo.  Enfin, un peu.

Les trois symboles du désordre actuel  sont :

-          Les taux d’intérêt négatifs aggravés par la BCE

-          L’idée que la BCE  pourrait distribuer de l’argent à tout va pour relancer la consommation

-          Les discussions autour de  l’instauration du Libra.

Les intérêts négatifs sont la conséquence directe de l’énormité de la dette cumulée provoquée par les changes flottants et les crises à répétition qu’elles ont alimentées.  Les « éléments de langage » consistent à affirmer que le but est de créer  artificiellement une hausse des prix  d’au moins 2% par an. En vérité la masse de dettes rapportée au PIB est telle qu’elle est totalement insupportable. On a quasiment supprimé l’obligation de rembourser le principal. On ne veut même plus payer pour les intérêts. Imaginons un économiste des années 50 qui débarquerait aujourd’hui. Il suffoquerait.  Une banque d’escompte a pour but de permettre à une banque en difficulté de liquidité de faire face à une panique. Voilà la banque d’escompte national sommée de faire face à des crises de solvabilité. Le résultat est une forme d’extorsion de fonds permanente et un dérèglement total de l’allocation de ressources. Sans aucun effet sur le niveau des prix, naturellement.  La stagnation à laquelle le monde est confronté après la plus grave crise depuis 1929, associée à l’étranglement fiscal  et au poids des dettes, interdit toute hausse générale des salaires, dans une optique de mondialisation basée sur la compétition salariale. Tenter de justifier par la doctrine économique sérieuse la rapport entre une hausse des intérêts négatifs est une gageure. Alors ont produit des simplismes consternants sans même se préoccuper de savoir pourquoi la politique menée n’a donné aucun résultat jusqu’ici.

 Pourquoi ne pas se substituer à la croissance et à distribuer directement de l’argent à tout le monde ? L’hélicoptère de la banque centrale fertilisant le terrain avec des lâchers de monnaie est une vieille affaire.  L’argent serait dépensé et la machine repartirait. On aura amorcé la pompe été la croissance cherra. Le simplisme théorique est séduisant pour les espiègles. Les économistes un peu observateurs et qui tiennent compte des fait savent que la mesure ne vaut rien. Les pays en déficit accumuleront plus de déficit et devront donner rapidement des coups de frein. Les pays en excédent  aggraveront leur position, avec les effets qu’on connait.

Tous ces artifices ne sont que des artifices avec des raisonnements associés tout aussi artificieux et des résultats affichés totalement mythiques.  Le résultat est la panique des agents économiques qui ne comprennent plus rien et qui sont pris dans un lacis de signaux contradictoires.  Cette course au n’importe quoi est une course folle.

Du coup, d’autres artifices prennent des couleurs. L’affaire du Libra est extrêmement lourde de conséquences possibles. 

Créer un actif échangeable représentatif d’un panier de valeurs stables et pérennes est la vocation d’un système monétaire international officiel. Forcer les Etats à conserver leur monnaie le plus possible dans un rapport stable à cet étalon est le levier qui permet de créer un cadre stable et correct pour les échanges internationaux et la prospérité générale.

Laisser à une initiative privée le soin de mettre l’affaire en œuvre est de nature à créer des risques aggravés, d’abord parce qu’on ne corrige pas ce qui doit l’être et parce qu’on introduit un ver dans le fruit officiel. .

Toute la difficulté du Libra est dans les conditions de l’émission  des jetons et dans leur remboursement en quelque chose dont la valeur est garantie.  L’affaire du Bitcoin a prouvé qu’on pouvait créer un jeton international sans valeur intrinsèque capable de porter une anticipation spéculative contre les monnaies officielles. Le marché du Bitcoin est totalement malhonnête, manipulé et  « maquereauté » par une poignée de petits malins. Mais le Bitcoin vaut aujourd’hui 10.000 dollars ce qui est plus qu’une folie : un signe de la maladie monétaire mondiale. Si les promoteurs du Libra parviennent à garantir la stabilité de la valeur de leur jeton par rapport à un panier de valeurs et à définir des conditions d’émission et de remboursement qui la garantisse dans la durée, le succès sera énorme et mondial. Il ne peut y avoir le moindre doute la dessus.

Rappelons que le dollar, comme le Franc, la Livre britannique et toutes les grandes monnaies ont perdu plus de 95% de leur valeur depuis 1971, par rapport à un panier de valeur pérenne. Si le Libra garantissait le rapport avec ces valeurs pérennes, il est de nature à faire sauter le système des monnaies officielles.  On ne paiera plus guère que les impôts en monnaie officielle (sauf en Italie où on utilisera des mini-bots !).  Copernic a défini  il y a des siècles ce qu’on appelle la loi de Gresham.  La mauvaise monnaie chasse la bonne. Les monnaies officielles ne serviront plus de réserve de valeur.  Le cours forcé perdra de sa force.

On comprend qu’un Enarque comme notre Ministre des Finances, Bruno Lemaire, veuille conjurer ce spectre.

Quand on ne raisonne que par conservatisme et interdiction, c’est qu’on est totalement perdu. La bonne approche est de comprendre ce qu’il faudrait faire du système international des monnaies officielles pour qu’il évite les crises à répétition et la séduction du jeton transnational. 

Si comme nous le suggérons depuis 20 ans publiquement, on réformait le système monétaire international sur la base d’un étalon composite de valeur pérenne avec changes fixes  managés par les Etats et supervisés effectivement par un régulateur puissant, avec même la création d’un jeton officiel par le FMI, la séduction du Libra serait nulle. 

Non Monsieur Lemaire ! On ne règle pas les difficultés par des interdictions mais en créant les conditions d’une économie stable et croissante. Il est plus difficile de construire que d’interdire. Surtout dans le champ international. Mais c’est cela ou rien.

Rien, c’est ce qu’on a et un rien baigné d’élucubrations toujours plus grotesques et toujours plus décalées des réalités profondes.

 

PS : on notera la parole très forte de la très bronzée nouvelle présidente de la BCE sur le sujet sans parler de la pensée dynamique et  au goût bulgare de la nouvelle directrice du FMI.

L’appel d’Alain Minc à un sursaut de la réflexion économique

Pour nous qui contestons depuis plus de 20 ans, dans la foulée de Jacques Rueff et de Maurice Allais, le faux système qui s’est mis en place sur les ruines des accords de Bretton Woods, l’effondrement des justifications vaseuses qui s’étaient imposées, par soumission aux Américains et à la finance internationale, est un évènement plein de charme mais qui laisse parfois pantois, tant les retournements d’opinion peuvent être radicaux.

L’appel d’Alain Minc à un sursaut de la réflexion économique fait partie de ces évènements médiatiques qui révèlent la profondeur du malaise.

Il aura suffi que Donald Trump s’ébroue comme un éléphant hystérique dans un magasin de porcelaine et finisse par casser pas mal de belles pièces, pour que les promoteurs de la mondialisation heureuse découvrent soudain que la vision généralement admise ne correspond à aucune réalité.

Alain Minc écrit : « Nos certitudes sur l’économie s’effondrent et on cherche un Keynes ou un Friedman ».

Nous avons pour Keynes comme pour Friedman la plus grande admiration. Ils ont, l’un et l’autre, connu le plus grand malheur qui soit : la naissance d’une vulgate tirée de leurs idées qui a précipité le monde dans des affres pires que les situations qu’ils pensaient corriger.

Le keynésianisme est mort avec le gouvernement Wilson et l’effondrement économique du Royaume-Uni des années 70. Les keynésiens affichés aujourd’hui ne sont plus que des thuriféraires socialistes de la dépense publique à tout crin. Keynes est le masque mort derrière lequel se cache un socialisme qui n’ose même plus s’afficher sous son nom. L’incompatibilité de toute politique de relance par la dépense publique en régime de changes flottants était évidente dès la relance Giscard-Chirac de 1975. L’échec a été patent en quelques mois. Finalement on a appelé Raymond Barre. 

Milton Friedman a connu la même descente aux enfers. Dès la fin des années 70, la banque centrale américaine avait laissé tomber ses bons conseils. Tous les avantages théoriques des changes flottants qu’on avait été heureux de trouver pour justifier rétroactivement la décision américaine de mettre fin aux accords de Bretton Woods, se sont révélés controuvés. Malheur à qui y avait cru ! La crise dite faussement des « pays émergents », à la fin des années 90, qui était une crise endogène des changes flottants, avait marqué la fin des illusions pour qui voulait bien regarder objectivement les faits.

Le journal Le Monde où Alain Minc avait son rôle, a été très ambigu avec Maurice Allais, publié mais ravalé quasiment au rôle de vieux gâteux fascisant, alors que tout ce qu’il a écrit s’est révélé exact. A partir de ce moment-là, les économistes officiels, déjà travaillés par les conflits politiques, se sont contentés de servir une vulgate ou une autre sans jamais se préoccuper des réalités. Alain Minc parle de « l’incroyable segmentation de la réflexion économique en microsujets » qui « tue toute tentative de réflexion globale ». Si seuls les marchés et la microéconomie comptaient, alors la macroéconomie était suspecte. Certains sont allés jusqu’à dire « qu’elle n’existait pas ». La microéconomie est par nature une segmentation en microsujets.

L’article d’Alain Minc s’ajoute à tous ceux qui constatent enfin que les banques centrales n’ont pas d’action directe sur l’inflation et l’emploi. Nous avons, depuis 20 ans, expliqué publiquement leur impuissance structurelle et dénoncé la farce qui consiste à leur donner comme mission un niveau d’inflation et qui laisse croire qu’elles peuvent agir durablement contre les crises. « Les banques centrales sont comme les psychanalystes uniquement capables de guérir les maux qu’elles ont elles-mêmes créés. » Nous avons écrit cette phrase sur le forum du Monde en 1998 pou 99 ! Mais la vulgate américaine qui s’était imposé après 1971 prétendait le contraire et l’Eurosystème était fondé sur cette croyance. Alors chuttt !!!!!!!

Le lien entre création monétaire et inflation est cassé depuis longtemps. Toute la création monétaire va dans la spéculation et dans des bulles financières depuis la moitié des années 70 ! C’est bien que l’on commence à s’en apercevoir. Le système des changes flottants a permis des relations économiques totalement déséquilibrées notamment avec la Chine qui a pu s’approprier le travail occidental contre de la monnaie. La pression à la baisse sur les salaires a été gigantesque et le demeure. On a donc une énorme liquidité mais des salaires contraints. L’évidence est manifeste depuis au moins la moitié des années 80.

Le plein emploi dépend du cycle et n’est atteint qu’en phase finale comme en 1999 ou maintenant. Dans les pays occidentaux, il est surtout dû à la réduction de la croissance de la population active, insuffisamment compensée par à une immigration de faible capacité technique mais qui bloque la hausse des salaires des petits boulots. En France la surfiscalité a aussi ajouté ses méfaits. Les questions démographiques sont taboues en France et Alain Minc pourrait aussi appeler au débat dans ce domaine.  Le résultat : en France, les entreprises ont du mal à recruter comme si on avait atteint le plein emploi… quand il y a plusieurs millions de chômeurs ! Et le salaire moyen grimpe plus vite que ce qu’exigeraient nos déficits extérieurs.

Alain Minc évoque le mantra de la digitalisation qui interdit l’emploi. S’il n’y a pas de productivité, ce n’est pas à cause de la numérisation de l’économie qui perdure depuis soixante ans, c’est l’effet des crises successives, de la baisse du PIB provoquée par la dernière, et du détournement de l’épargne non pas vers l’investissement mais la spéculation ou la dépense publique. Rappelons que l’emploi public a une très faible productivité qu’il est difficile d’augmenter. L’avantage de la mise en cause de la « digitalisation » (autrefois : de l’informatisation) c’est qu’elle évite de se poser des questions sur la vraie cause du drame : l’introduction des changes flottants et les possibilités phénoménales de spéculation intenables qu’ils ont engendrées.

Alain Minc condamne les économistes officiels qui « ne pensent pas ». Clin d’œil : il s’est imposé à la télévision puis dans tous les médias en étant présenté comme « économiste ». Il a beau jeu de critiquer un monde d’économistes « segmentés » (nous disons pusillanimes). Oui, penser et surtout panser l’économie est une urgence. Elle l’est depuis près de 50 ans.  

Tout cela est évident pour quiconque se décide à regarder les faits sans passion autre que celle de la vérité. Dès la crise de 1992-93, la messe était dite.

La seule solution à court-terme est de faire le constat que le non-système mis en place à la Jamaïque en 1976 est mort et qu’il n’y a pas d’autres solutions que de revenir à un système de changes fixes, de la responsabilité des Etats, avec un contrôle effectif du FMI. Les grands déficits et les grands excédents doivent être bannis comme doivent l’être les politiques de relances irresponsables.

Un système mondial de compensation doit se substituer à l’étalon dollar. Les banques centrales doivent être réintégrées dans un jeu de pouvoir à l’ancienne où elles sont au service de la stabilité des changes et de la croissance. Il faut mettre évidemment fin à l’expérience des taux d’intérêt négatifs.

Rappelons qu’il n’y a pas eu de récessions graves pendant les Trente Glorieuses.  Et que nous en avons subi six depuis l’instauration des changes flottants (et, nouveau clin d’œil,  l’arrivée d’Alain Minc dans les médias). Au lieu d’attendre la prochaine comme on le fait depuis trois ans en la déclarant imminente, réformons le système monétaire international.

Les autres enjeux majeurs, écologiques, démocratiques, démographiques, pourront être traités alors dans de meilleures conditions.

L’urgence mondiale actuelle est une urgence monétaire.

« Le désert intellectuel est angoissant car sans précédent dans l’histoire » conclut Alain Minc qui appelle l’Etat à faire « ce qu’il faut pour stimuler le débat ».  En 1998, nous avions proposé que l’état français reprenne la pratique des grands prix honorant la réponse à une question fondamentale. Nous avons aussi, à la même date, proposé que le prix Nobel ne récompense plus une carrière plus ou moins notable, mais offre son prix à la meilleure réponse à une question économique clé. L’appel de Minc est un peu tardif mais bienvenu.

Ce ne sont jamais les économistes qui ont fait bouger les lignes. L’œuvre de Keynes n’a servi à rien dans les années trente et il a été largement désavoué à Bretton Woods. Ce sont les vainqueurs militaires qui ont fait bouger l’organisation mondiale. Le premier grand plan de refonte du système monétaire international date de juin 1940. Il était nazi. Le second est dû à la volonté américaine de Roosevelt qui instaure un nouvel ordre mondial après la victoire.  Les Américains s’en sont débarrassé dès qu’ils ont jugé que la contrainte qu’ils avaient accepté leur portait préjudice. Le recours à Milton Friedman est une post légitimation erronée. La vulgate nouvelle donnait une vague caution à un non-système indéfendable qui a montré ses effets délétères quasi immédiatement. La puissance américaine et celle de sa finance ont interdit toute remise en cause. La leçon des crises mondiales à répétition et en aggravation croissante n’a jamais été tirée. Par soumission.

Malheur à qui l’aurait fait ! Les journaux dont le Monde, où Alain Minc avait tout de même son rôle, ont éliminé tous les articles qui ne cautionnaient pas la vulgate dominante sur les changes flottants. La question des dysfonctionnements de l’Euro y est devenue taboue. Une sorte de politiquement correct économique et monétaire s’est installé, défendu avec acharnement, qui postulait, paradoxalement en même temps, et la modernité heureuse des changes flottants et la bonté de la monnaie unique.

Aujourd’hui ces « certitudes » volent en éclat. Mais les questions monétaires restent hors sujet. Alors qu’elles sont au cœur du sujet. L’article d’Alain Minc n’en dit pas un mot. Il est tellement plus simple de mettre en cause la digitalisation et l’intelligence artificielle. Là se trouve la pusillanimité. Cher Alain Minc, ce n’est pas la théorie économique qui précède l’action. Roosevelt a trouvé dans Keynes une justification tardive à sa politique volontaire mais hasardeuse. Les Etats-Unis ont trouvé dans Milton Friedman la caution d’une politique désastreuse qu’ils avaient mise en œuvre à partir de l’été 1971 sans se préoccuper de rien d’autre que leurs objectifs politiques et diplomatiques.

L’acceptation de l’urgence monétaire comme primat de la réflexion économique et donc aussi bien de la réforme du système monétaire international que de celle de la réforme de l’Eurosystème, est le vrai effort que doivent s’imposer les hommes d’influence.

Mais c’est dur et dangereux. Il est aujourd’hui interdit par le politiquement correct journalistique et politique de remettre en cause l’Euro tel qu’il est organisé. Alain Minc, y êtes-vous prêt ? Il est toujours interdit de mettre en cause les changes flottants. Alain Minc, y êtes-vous prêt ?

Il y a quelques temps, nous avons envoyé à l’excellente Marie Charrel qui est devenue, semble-t-il, la spécialiste des questions monétaires au Monde, le texte d’une libre opinion sur ce sujet, avec un exemplaire de notre livre. Nous avons fait de même avec J. P. Robin, au Figaro, qui est ce qui se fait de mieux actuellement comme journaliste économique avec Pierre-Antoine Delhommais, au Point.  Sans aucun effet, ni réaction. La presse française préfère répercuter les écrits des sommités économiques et financières américaines fussent-elles les plus impliquées dans les désastres successifs de l’économie mondiale comme Larry Summers. Parfois elle a même totalement sous-traité sa réflexion économique qui à FT, qui au NYT. Comme la chanson, à l’Eurovision, l’économie médiatique parle anglais.

Nous n’en sommes pas choqués. Le barrage intellectuel dure en France depuis que la gauche mitterrandienne s’est convertie à la spéculation financière. Mais tant que les grands médias et les hommes de pouvoir considèreront que seuls comptent les desiderata et les analyses viciées et autocentrées des économistes et commentateurs américains, il sera un peu ridicule de mettre en cause les économistes français.  

Cher Alain Minc, encore un effort !  Oui au débat. Oui à l’agitation des petites cellules grises. Mais un débat sans blocage, notamment dans le domaine monétaire.

L’urgence est monétaire.  Et il suffit d’avoir suivi les travaux du G7 de ce WE pour comprendre que rien n’a bougé sur ces questions fondamentales, sinon qu’on a pris acte que les banques centrales devenaient impuissantes…  Et qu’on ne savait plus trop où on allait. Quant à l’Eurosystème, M. Trichet dans le Journal du Dimanche du même WE, a rappelé qu’il était hors débat et adoré des foules !

La grande réflexion est bien partie.

 

Didier Dufau pour les Cercle des « économistes e-toile »

Greta Thunberg : l'interview fondamentale.

Nous rappelons ici l’interview fondamentale du Professeur Folleco par Greta Thunberg avant son équipée atlantique.

GT : Merci, Professeur Folleco, de bien vouloir répondre à toutes les questions que la jeunesse mondiale se pose, en dépit de votre emploi du temps très serré ces temps-ci. Peut-être pourriez-vous vous présenter à nos jeunes amis et nous dire le rôle du GIEC que vous présidez.  

PF : Merci de m’interroger. Je suis diplômé d’économie de l’université de Milan, de philosophie à la Sorbonne et Professeur Emérite à l’Université d’ethnographie rétro-active d’Adélaïde. Je précise que j’ai été aussi, un temps, premier couteau à l’hôtel de Paris, à Monaco dans l’équipe de Ducasse. La cuisine est le lieu où se fait la synthèse la plus aboutie de la philosophie, de l’économie et de l’ethnographie.  Le GIEC est le Groupement international d’études des contradictions auprès de l’ONU et il a pour but de conseiller les Nations-Unies afin qu’elles évitent de se piéger dans des contradictions insurmontables. Et nous sommes dans un temps de contradictions.

GT : Très intéressant. Pourriez-vous nous dire sur quelles contradictions vous travaillez en ce moment ?

DF : Surtout sur les contradictions entre économie et écologie qui se sont multipliées ces temps-ci.

GT : Par exemple ?

DF : Nous avons été alertés par le grand nombre de suicides de paysans en France. C’est un sujet qui a beaucoup fait pleurer sur les télévisions d’info permanente. En même temps on veut arrêter tout élevage pour des raisons déconologiques parce que les vaches pètent et multiplient le gaz à effet de serre, tout en créant une prédation forte sur les ressources naturelles.  Nous pouvons donc estimer qu’il y aura une flambée de nouveaux suicides de paysans-éleveurs.  Ceci met la terre sous tension, car, si on brûle les corps on accélère la production de gaz à effet de serre, et si on les enterre, on stérilise des terres qui devraient avoir un meilleur usage.

GT : Oh la vache !

DF : Comme vous dites. La contradiction est sérieuse.

GT : Et vous avez trouvé une solution ?

DF : La Sorbonne nous a d’abord confié un mémoire qui reprenant les thèses de 128 chercheurs philosophes associés qui ont déclaré au Monde que l’homme devait baisser la tête devant la nature, et que la terre méritait une autre humanité. De même un homme est d’abord un être social qui doit sa vie pour la communauté. La condamnation de l’individualisme entrepreneurial est obligatoire, même lorsqu’il s’agit d’exploitation agricole familiale.

GT : Ils acceptaient la mort des paysans ?  

DF : Oui. Et la recommandaient comme expiation. Nous avons été plus loin. L’Université de Milan a d’abord fait des recherches sur les Carthaginois qui, en cas de difficulté avec la nature, offraient au dieu Baal des sacrifices humains. Les nobles locaux offraient leur fille au brasier et en retiraient moult honneurs. Mais nous avons refusé la solution du feu qui produit des effets de serre.

GT : Vous avez pu trouver une autre solution ?

DF : Heureusement oui. Les experts d’Adélaïde sont particulièrement au courant des pratiques ancestrales des tribus des îles du Pacifique lorsque la démographie entrait en conflit avec la nature.  Comme vous le savez, nous condamnons aujourd’hui notre société contemporaine et glorifions à juste titre les sociétés que nous n’appelons plus archaïques mais probiotiques, car en faveur de la vie naturelle. C’est un étudiant japonais qui a trouvé la solution.

GT : C’est très encourageant.

DF : Oui. Ces sociétés avaient compris bien avant nous que la solution était l‘anthropophagie. On se faisait une petite guerre entre tribus et on mangeait les personnes en excédent. Cela réglait d’un seul coup le problème alimentaire des survivants tout en réduisant la pression démographique dans la durée.  Mon expérience chez Ducasse m’a fait retenir cette solution très ancrée dans le militantisme végan actuel.

GT : Donc les paysans français suicidés seraient mangés ?

PF : Oui. On règle le problème écologique de l’élimination de leurs corps, tout en évitant le suicide des bouchers et donnant des protéines animales aux maniaques, le temps qu’ils se désintoxiquent.

GT : Très astucieux. Mais a-t-on calculé l’impact sur la montée de la température ? L’autre giec est fort en calculs. Qu’est-ce qu’ils donnent ?

PF : Naturellement, ce giec a fait des calculs. On sait que toutes les mesures qu’ils proposent sont de nature à faire gagner à la terre 1 centième de degré d’ici 2050 (avec une marge d’erreur de 400%, comme d’habitude). Ce qui justifie bien de mettre l’économie mondiale par terre.  Celle que nous proposons permettrait de gagner un millionième de degré de plus, donc de moins. Enfin, Vous me suivez !

GT : Très bien ! Mais n’est-ce pas toujours aussi ridicule comme gain. Je milite pour de vraies mesures et ce n’est pas l’économie qui doit nous arrêter d’arrêter l’économie.

DF : Vous avez raison. Nous avons étudié une extension de notre solution qui aurait un réel effet.

GT : Vous me rassurez. Laquelle ?

DF :  La démographie est la clé. Malheureusement cinquante pays seulement sont en régression démographique et la natalité flambe ailleurs. C’est là qu’il faut agir. Si les 900 millions de citoyens des pays du G7, démographiquement déclinants, consommaient chacun un enfant africain par an, nous atteindrions des résultats bien plus convaincants.  On peut ajuster les paramètres :  prévoir une consommation de deux ou trois par an. Ouvrir toutes les femmes à la consommation, etc.

GT : Ce qui m’importe est de vraiment sauver la planète. Est-ce que les statisticiens du giec ont pu affiner vos calculs ?

DF : Oui. Maintenir cette politique pendant 5 ans nous permettrait d’agir presqu’immédiatement sur la température, à hauteur d’un degré, mais à condition de ne pas faire cuire la population mangée. Le professeur Levy-Chopin, dans son ouvrage culte, Tristessses Africaines, a prouvé que le cru devait l'emporter sur le cuit. Ethnographie et statistiques sont d’accord.

GT : Ne trouvez pas que la solution est un peu inégalitaire. Le nord devrait faire plus d’efforts, non ?

DF : Vous avez raison. Ces pays vieillissent trop et cette accumulation de vieillards devient insupportable. Les reportages sur les EHPAD en France sont très convaincants.

GT : Vous voulez qu’on mange nos vieux ? Ils ont fauté, c’est vrai, mais il n’y rien à manger de bon là-dedans !

DF : Encore une fois, chère Greta vous avez totalement raison. C’est pour cela que nous songeons à régler un autre problème écologique : celui de la recréation de la diversité. Nous proposons de déverser ces vieux dans les réserves africaines où ils permettront à la faune de se reconstituer facilement et en quelques années. La bio diversité d’après nos études reprendra à une vitesse surprenante.Et on  pourra ne plus compter sur l'ensemencement de la Méditerrannée par les naufrages de migrants.

GT : Très impressionnant ! Dites, j’ai moi-même un petit problème de contradiction : mon bateau pour les Amériques a une quille en uranium appauvri. Vous sauriez quoi faire ?

DF : Facile : nous avons une bonne centaine de tonnes d'archives sur les contradictions entre écologie et économie. Vous les mettrez sous le bateau et vous ne craindrez plus aucune vague.

GT : Merci le GIEC ! Vous avez réponse à tout.  Vous m’avez convaincu. J’allais à New York pour ranimeer la flame écologique et pour faire éteindre la flemme de la statue de la liberté qui contribue tellement à la hausse des effets de serre. A mon retour je propose qu’on me mange. Comme j’ai flingué mes études, mon avenir professionnel est médiocre.  Je ne me vois pas comme femme au foyer. Au foyer ! Vous vous rendez-compte ! Comme toujours, je vais donner de ma personne.  Mes amitiés à M. Ducasse. Je me suis habituée au meilleur en matière de communication !

DF : Je le saluerais et veillerais à ce qu’il soit à la découpe. Je salue votre abnégation avant de me régaler.  Pour une fois vous serez crue. Mangez-bien et sucré pendant la traversée !  

Un spectacle rare : l’explosion en plein vol d’une idée dominante trompeuse et abusive

Le martyre des inconditionnels de la politique américaine

Nous vivons une période intéressante. Pour les astronomes, l’explosion d’une supernova a toujours été une expérience excitante. Pour une économiste, l’explosion radicale d’une idée dominante, que l’on conteste est un spectacle à la fois réjouissant. Mais aussi  consternant : il était si clair que tout cela n’était pas durable.

Les « Trente Glorieuses » n’ont pas été le fruit du hasard. Elles ont été construites. Puis détruites. Cette destruction n’a pas été l’effet d’un mouvement de doctrine. Ce n’est pas une profonde réflexion économique partagée qui a conduit à changer la pensée et les pratiques, mais simplement un mouvement de mauvaise humeur des Américains qui avaient décidé d’utiliser leur monnaie et leur puissance à d’autres fins que la prospérité générale.

L’idéologie qui avait mené à l’organisation de Bretton Woods était le fruit d’une précédente révolution idéologique : l’étalon or et la passivité des états en cas de crise n’étaient simplement plus possibles après la guerre de 14 et la crise de 29.  La monnaie n’étant plus fondée sur un étalon en métal précieux, il fallait trouver un moyen de réguler les échanges avec des monnaies administratives nationales multipliable pratiquement à l’infini sans frais.

Une nouvelle idée dominante a été forgée à Bretton Woods en juillet 1944 qui voulait que les échanges internationaux fussent bénéfiques si et seulement si les échanges étaient équilibrés et tant que les Etats évitaient de se faire la guerre avec des dévaluation ou des restrictions artificielles (taxes, réglementations, contingentements) des échanges. Le rôle des Etats était pris en compte : ils devaient s’abstenir de pratiques contreproductives, mais on les imaginait capable de réguler globalement l’économie pour éviter ce déficits et excédents dommageables. Pour mettre tout le monde d’accord, on a créé le FMI, destiné à prévenir les attitudes à risques et à corriger les erreurs résultantes au mieux de l’intérêt de tous. Et nous eûmes les Trente Glorieuses. Bravo !

Lorsque les Etats-Unis en juillet 71 ont fait sauter les accords de Bretton Woods et plus encore lorsque les accords de la Jamaïque, à Kingston, ont été signés, il n’y avait pas d’idéologie sous-jacente, seulement la matraque du maître.  Comme personne ne se plait à jouer les valets de façon trop ouverte, on a bricolé une nouvelle vulgate, pour donner un semblant de rationalité à ce qui n’était qu’une voie de fait et un ensemble de soumissions.

L’idée dominante s’est construite doucement, en s’appuyant globalement sur les théories de l’école libérale autrichienne, qui par réaction au socialisme interventionniste qui avait dominé l’après-guerre, prônait la liberté des marchés et plus concrètement sur les théories de Milton Friedman, seul défenseur un peu élaboré des changes flottants à cette époque.  L’Etat était l’ennemi qui gâchait tout. Il fallait le museler. La finance serait le fait des marchés les plus libres et ouverts possibles et pour ce qui est des banques, ce sont les banques centrales, indépendantes qui réguleraient le marché. 

En soi, détruire la vulgate keynésienne, que Keynes aurait condamné, qui veut qu’on augmente en permanence la dépense publique tout en contraignant les forces productives par la réglementation, la justice et les syndicats, ne posait pas de problème. On a vu le Royaume-Uni s’effondrer littéralement sous Wilson, ce qui a entraîné la très nécessaire réaction thatchérienne qui a remis le pays dans le sens de la croissance.   Milton Friedman est un auteur prodigieusement intéressant et un de ceux qui connaissent vraiment bien les questions monétaires. Comme Keynes est un penseur économique de premier rang.  L’ennui est qu’ils ont donné des arguments à des margoulins politiques qui se sont attribués leur réflexion pour mener des politiques désastreuses.

Le Miltonisme s’est effondré pratiquement en même temps que le keynésianisme.  La FED, après avoir tenté de suivre les idées de Milton Friedman les a abandonnées radicalement. Dès la crise de 92-93, on savait que les avantages théoriques du système des changes flottants étaient illusoires. Les ajustements n’étaient pas progressifs mais très brutaux. Il fallait plus de réserve pour éponger les à -coups. Les soldes n’étaient jamais épongés et les déséquilibres croissants. Les changes flottants, ce ne marche pas. Plus graves, ils créent des crises endogènes.

Mais tous les messages et avertissements envoyés par les économistes clairvoyants comme Rueff ou Allais ont été mis sous le boisseau ou ridiculisés.  C’est la force d’une vulgate : elle élimine tout ce qui la contrarie. Ce qui fait que l’effondrement régulier de la croissance depuis 1971, la montée massive des dettes, la survenue de récessions de plus en plus graves n’ont pas joué leur rôle pédagogique.

On a fait semblant de croire à des tas de sottises et de faux semblants pendant des années. Jusqu’à l’énormité de la crise de 2008 et désormais le changement de stratégie des Etats-Unis. Ils ont balayé tout ce fatras qui apparait pour ce qu’il est : un sac à vent rempli d’approximations plus ou moins intéressées répétées ad libitum par des perroquets.

Sous les choc des tweets de Donald Trump, les suiveurs inconditionnels des Etats-Unis commencent à changer de musique, pendant que d’autres tiennent à conserver leur dignité en lâchant la vulgate qu’ils promouvaient inlassablement mais petits pas par petits pas. Tout dans tout, la dépouille de la vulgate commence à faire tâche sur le sol ensanglanté des guerres trumpiennes. La lecture des journaux, notamment FT et The Economist, les deux vecteurs principaux de la vulgate, devient assez cocasse.

Quels sont les vaticinations les plus significatives ?

Une première option est de faire semblant de croire que les accords de Bretton Woods sont encore opérationnels et menacés par Trump.  

Martin WolF s’est ainsi lancé dans une longue défense du système actuel, en le présentant comme une continuité positive de 1944 à nos jours. L’artifice est un peu gros : la période est coupée en deux : 27 ans de croissance exceptionnelle, sans crise et depuis 71 une baisse continue de la croissance avec des crises d’intensité croissante jusqu’à l’explosion de 2008. Du coup on gomme tout ce qui est à réformer. Et on ne comprend rien à la réaction électorale populiste. Et en final on concède qu’il faut trouver un nouveau modèle.

Une autre optique est de valoriser l’esprit de Bretton Woods mais de dénoncer les grandes organisations Banque mondiale, OMC, FMI, comme sclérosées et à réformer. La vérité est simple : une organisation comme le FMI était là pour gérer des changes fixes et modifiables, sachant qu’on présumait que les Etats étaient capables de réguler ses flux commerciaux et financiers extérieurs.  Si les Etats sont hors-jeu et les banques centrales les seuls acteurs publics tolérés, le FMI n’a plus de sens. Il a perduré dans son être mais par la force de la bureaucratie. Il ne devient pas trop difficile d’alimenter moult articles qui expliquent que ces institutions antiques doivent être profondément réformées voire disparaître. Gilian Tett, la journaliste de FT qui écrit comme un cochon et tire de son stylo une bêtise plus vite que son ombre perd son temps à expliquer qu’il faut les supprimer et les replacer par … du « networking ». Il est vrai qu’aux Etats-Unis la Chambre de Commerce pense que le FMI empêche le business et le dit ouvertement.  Alors pourquoi pas de réseautage.

Contradiction, les mêmes milieux économiques proches de Trump commencent à considérer que le libre-échange, cela commence à bien faire. « Ras de bol de faire du commerce avec des voyous et à notre détriment ». On dirait du Natacha Polony dans le texte évoquant le libre-échange. Inutile d’essayer d’expliquer que ce sont les échanges déséquilibrés qui posent problèmes pas le libre-échange lui-même. La coopération et le libre-échange, à la poubelle ! Sauvons nos classes moyennes martyrisées !

Les mêmes qui vous expliquaient que les Etats n’étaient plus à même de contrôler leurs changes et que cette activité était vaine car impossible, vous expliquent que la Chine manipule sa monnaie et depuis toujours. Donc, on peut ! Et longtemps !

Les mêmes qui vous expliquaient que les banques centrales pouvaient gérer l’inflation, vous expliquent maintenant qu’elles s’avèrent incapable de revenir vers l’objectif de 2%. On ressort les constats de l’économiste américain Lucas, il y a 60 ans, qui avait déjà constaté l’impuissance des seules banques centrales face à l’inflation.  

On demande à la FED de faire baisser le dollar alors qu’on cinq minutes avant on nous expliquait que les énormes masses financières en jeu rendaient l’opération impossible et que seuls les changes flottants permettaient les ajustements.

Et les Trésors Publics ? Ils ne peuvent rien les malheureux, ou tout, c’est selon. Evidemment la politique monétaire est partout gérée par l’Etat, sauf en Europe où les différents journalistes qui se sont penché sur la question ont des vues différentes.  C’est la BCE qui gère dit l’un. Mais de facto car c’est contre ses statuts, dit l’autre. Pas du tout, dit un troisième, elle gère l’inflation (inexistante). Aucun n’a l’air de savoir que c’est l’Eurogroupe, en tant que collectif qui doit mener au jour une politique monétaire en se réunissant tous les sixièmes jeudis du mois. En cas de guerre des monnaies, c’est peut-être un peu embêtant, non ? On fait quelque chose ? Ben, non. Il faudrait changer les traités. Et c’est long. La guerre aura déjà été perdue depuis longtemps.

Trump aura ainsi fait voler en éclats en quelques tweets une vulgate intellectuellement controuvée factuellement décalée et même, concrètement, désastreuse, qui avait été créée par les suivistes de la politique américaine pour justifier la destruction des accords de Bretton Woods. 

Les esprits espiègles ne peuvent que constater que si toute variation de change dommageable est le fruit d’une mauvaise action et non pas un heureux ajustement du marché, il vaut mieux retrouver un système de changes fixes et surveillés, avec consensus préalables pour les ajustements !

Les esprits s’échauffent aussi vite que la planète et pour le lecteur, les contradictions sont devenues telles dans le domaine économique qu’il en est réduit à penser qu’il n’y a pas de sciences économiques, seulement des guignols et des Etats irresponsables et en conflit ouvert.

Il serait plus simple que tout le monde comprenne que les changes flottants ont conduit d’abord à la contraction de la croissance puis à une crise sévère et à la stagnation générale, puis à l’exaspération des tensions, puis à la guerre commerciale et maintenant à la guerre des monnaies.

Entre le constat qu’on ne pourrait pas revenir à l’étalon or et la création d’une nouvelle organisation monétaire internationale, il a fallu deux guerres et 20 ans. Espérons que nous saurons aller plus vite.

Pour notre part, cela fait plus de 20 ans que nous expliquons avec une constance digne d’une meilleure écoute que ce que nous voyons aujourd’hui est le résultat obligé des concepts illusoires et des faux-semblants mis en place après le coup de force de 1971.

En vérité si le diagnostic se cristallise, tout peut aller très vite. On sait ce qu’il faut faire. J Notre association offre La Monnaie du Diable 1919-2019 à tout dirigeant en manque de solutions qui s’intéresserait à la question !

Didier Dufau, pour le cercle des « économistes e-toile ».

Désarroi et controverses sur le système monétaire

Les économistes officiels, les journalistes et les politiques aux abois

Plusieurs événements ont conduit à une réanimation soudaine des querelles autour des questions monétaires. Les postes de direction de la BCE et du FMI sont à pourvoir. La FED vient d’annoncer une politique encore plus accommodante et la BCE a aussitôt suivi le mouvement, évoquant de nouvelles libéralités en septembre. Pas question de laisser s’affaiblir le dollar, la guerre des monnaies suivant la guerre commerciale ! La menace de taxation du vin français, contrepartie de la taxation des GAFA, sur fond de condamnation des grands excédents, matérialise l’animosité qui s’est substitué à l’esprit de coopération.  Les vestales qui rallument chaque année à Washington la flamme de Bretton Woods ont été rejointes à l’occasion du 75ièmeanniversaire, par d’autres commémorations, dont celle, en anglais (!?!), organisée par la Banque de France. La tonalité est une nostalgie prononcée pour une époque où la coopération multilatérale et le souci collectif de la croissance avait porté ses fruits. Conscients de l’émergence de ce climat potentiellement contraire à ses intérêts, la finance débridée a lancé de nombreux contre-feu, notamment dans le FT, soulignant le caractère caduc des accords de Bretton Woods et des institutions associées. En même temps beaucoup s’inquiètent de l’incapacité des banques centrales à sortir le monde du marasme et du peu d’effets positifs des intérêts négatifs.

Les esprits se débrident un peu. Enfin ! En vérité, assez peu, comme nous allons le voir, l’accumulation des contradictions les plus étranges ne faisant pas peur à la majorité des intervenants officiels dans ce déballage.

Comme personne ne rappelle le contenu des accords, et d’ailleurs ne le connait réellement, le débat est obligatoirement assez fumeux. Rappel en deux mots :  

Bretton Woods se caractérise par deux mesures fondamentales et une erreur magistrale.

-        Première mesure fondamentale : les changes sont fixes et de la responsabilité des états qui doivent surveiller les flux de marchandises et de capitaux.

-        Les grands excédents et les grands déficits sont interdits. En cas de défaillance d’un pays, on l’aide pour éviter une récession générale des échanges. Un organisme,  le FMI, est là pour prévenir et guérir les dérapages.

L’erreur magistrale est d’avoir fait d’une monnaie nationale l’étalon mondial. Certes la conversion en or était de droit.  Mais le système ne pouvait durer que tant que le pays en question considérait la gestion de sa monnaie comme fondamentale pour le monde, sans aucune négligence.

Rien n’empêchait les Etats-Unis de considérer qu’ils avaient d’autres objectifs à atteindre.  Ce qu’ils firent, à trot ou à raison. L’explosion du système était au bout du chemin et elle s’est produite en été 1971, avec le refus des Etats-Unis d’honorer leur parole de rembourser en or toute présentation de créances en dollars, un peu comme si les Grecs refusaient de rembourser leurs dettes en euros autrement qu’en drachmes nationaux. 

Première conséquence : il est impossible de revenir aux accords dans la forme de 1944. Se contenter de dire : « revenons à Bretton Woods », est une marque d’ignorance et d’irréflexion.

 Seconde conséquence : le passage aux changes flottants marque la fin des Accords. Ceux qui laissent entendre qu’ils sont encore actifs témoignent d’un manque de connaissance flagrant.

Les changes flottants sont l’exact opposé de la formule de Bretton Woods. Les Etats sont censés ne plus être responsables de rien, au profit des acteurs financiers, sous la houlette des banques centrales.  Si les taux de changes se fixent selon les lois du marché, les banques centrales ne doivent pas interférer sur les cours.

Que se passe-t-il si les flux se déséquilibrent et que des déficits et des excédents majeurs se produisent ? C’est censé ne pas de produire. En tout cas les Etats n’ont pas à se soucier de la « vérité des marchés ». Si les flux sont déséquilibrés, soit. Et ils l’ont été en permanence depuis l’été 71.

En vérité, nous sommes en pleine fiction. Tout le monde sait que la monnaie est l’enfant adultérin du sabre et du goupillon, et cela dès sa création huit siècles avant JC. Le goupillon a faibli (pas partout, voir la finance islamique) mais pas le sabre.  C’est d’abord pour battre l’URSS que les Etats-Unis ont mis en l’air les accords de Bretton Woods. Aujourd’hui Trump constate que les changes flottants et la diplomatie du dollar ne permettent pas de protéger suffisamment les Etats-Unis. Ils se sont décidés pour des voies de fait commerciales.

Eh oui, monnaie et commerce vont ensemble ! Les disjoindre est une sottise. On se vautre dans cette erreur dans toutes les discussions sur le Mercosur et le CETA. Ce n’est pas le libre échange qui pose problème mais le fait que l’Europe n’utilise pas les négociations commerciales pour réformer le système monétaire.

La vraie décision américaine fâcheuse est le TFTEA, comme nous l’avons amplement souligné dans ces colonnes. Cette loi passée par Obama, pas par Trump, lie rigoureusement commerce et monnaie. Un excédent monétaire est vu par ce texte comme une attaque commerciale déloyale, vérité du marché ou pas vérité du marché des changes ! Les Américains qui ont imposé les changes flottants ne croient même pas aux discours théoriques qui ont accompagné cette voie de fait.

Trump facilite le diagnostic et complique la solution. Il a raison de souligner que les grands excédents sont interdits par les grands traités et notamment par les statuts du FMI, ce qui explique la gêne de l’institution et la faiblesse des réactions de Mme Lagarde devant les menaces américaines. Il a tort de croire qu’il peut continuer de faire du dollar la monnaie du monde, puisque ce rôle implique des déficits américains incontrôlables. Ou le dollar devient une monnaie de même rang que les autres ou les déficits sont structurels. Et il n’y pas de solution sur les bases du TFTEA qui devient une simple machine de guerre unilatérale.

C’est cette position qui devrait être celle de l’Europe. Son silence est tonitruant. Macron, ses Gilets Jaunes et ses déficits ne peut que rester muet, comme l’Allemagne qui accumule des excédents interdits et indécents.

Pour bien aborder ce débat, il faudrait, préalable indispensable, régler une question économique fondamentale. Qu’est-ce qu’on « bon » système monétaire international ? Cette question n’est strictement jamais abordée dans la presse et dans les études économiques officielles. Elle porte trop d’enjeux politiques.

Notre réponse est parfaitement claire : un bon système monétaire international est celui qui interdit les grands déficits et les grands excédents et qui prévient et corrige vite les dérapages dès leur constat.

Evidemment, pour comprendre cette assertion, il faut résoudre deux autres questions fondamentales :

-        Quels sont les inconvénients des grands excédents ?

-        Quels sont les inconvénients des grands déficits ?

Malheureusement, ces deux débats ne sont pas menés. Le silence est quasiment total. Et malgré nos efforts pour tenter de les faire vivre dans la PQN française, il est là pour durer. Personne ne veut prendre le risque de porter ces questions et en particulièrement pas les Etats qui sont en excédent ou en déficit. Critiquer les grands excédents est s’en prendre à l’allié allemand. Critiquer les grands déficits est s’en prendre à l’allié américain. Forfaiture ! Silence les inconscients ! Vous devez avoir « un calendrier caché » ou des « objectifs sournois » pour mettre ce serpent de mer sur la table d’opération.

« D’où parlez-vous ? Vous n’êtes rien. Qui vous paie ». Etc. Certains ont même fait valoir que le nom de notre cercle : économistes e-toile, était un plagiat volontaire pour nous faire passer pour Le Cercles des économistes ! On aurait su, on aurait choisi « club des économistes e-toile ».  Il aurait été certes courtois, pour le Cercle des économistes, de ne pas préempter le nom de tous les autres cercles possibles. Cercle des Economistes Officiels Français aurait très bien fait l’affaire. Il n’y a pas, à notre connaissance, un Cercle des Boulistes qui s’indignerait de l’existence du Cercle des Boulistes de la Ciotat ou de Romorantin !

Avoir appris, à l’occasion de la publication de notre livre, La Monnaie du Diable 1919-2019, que nous étions « suspects », est un des aspects les plus inattendus et saugrenus de cet effort éditorial.

En France ce ne sont pas les faits, les idées, les démonstrations, les études qui comptent mais le pedigree de ceux qui les publient et le clan auquel on peut rattacher leurs auteurs.

« Votre livre attaque la finance et le néo-libéralisme ! » « Votre livre attaque le keynésianisme ! » « Vous renvoyez tous les prophètes à leur crédo en essayant de donner des explications qui collent à la réalité ». « Mais qui êtes-vous donc pour prétendre avoir une réflexion disjointe de celles des clans officiels ? »

 L’économie est devenue une affaire quasi religieuse avec deux sectes opposées qui vivent en bonne inintelligence et font de la chaleur dans les médias et jamais la moindre lumière.

Désolé, la science économique sait parfaitement pourquoi les grands déséquilibres sont nocifs.

Si les échanges sont équilibrés, alors les produits s’échangent contre les produits et le travail contre le travail. Il ne peut pas y avoir de soupçon que l’échange nuit aux travailleurs d’un pays au profit de ceux de l’autre. On voit la pertinence de cet aspect  à un moment où le rattrapage des populations victimes du communisme se fait au détriment des classes moyennes et populaires des pays occidentaux.

S’ils ne le sont pas, cela veut dire que la vente s’est faite contre de l’argent qui s’accumule chez le vendeur. La boucle économique ne se referme pas. Il manque au pays déficitaire une partie de la contrepartie de sa production. Tant que le déséquilibre est temporaire, les mécanismes financiers peuvent jouer un rôle apaisant. Mais s’il dure, alors le pays qui accumule d’énormes excédents permanents assèche les ressources financières du pays déficitaire qui doit recourir à l’emprunt. Le pays en excédent n’ayant pas l’emploi de la monnaie administrative des autres pays est tenté de la replacer. Mais dans quoi ? Les pays déficitaires sont en difficulté de compétitivité. L’occasion d’investir dans la production est faible. La spéculation devient le réemploi presqu’obligatoire.

On a connu cela depuis l’instauration des changes flottants, et dans l’indifférence officielle, les grands excédents japonais, allemands, puis coréens et chinois. L’économie est devenue baudruche et a fini par exploser.  

Oui : il est légitime que les statuts du FMI et les grands traités internationaux postulent que les Etats doivent veiller à empêcher toute dérive vers les grands excédents et les grands excédents.

Les changes flottants sont un système déplorable parce que justement ils ne permettent pas l’ajustements des soldes commerciaux et financiers. Milton Friedman avait théorisé le contraire, mais cinquante ans de pratique et de constat, ont mis à bas son espérance.

La mère des batailles économiques serait aujourd’hui de renoncer aux changes flottants. On pourrait espérer que des milliers d’économistes à travers le monde soient courbés sur ce travail et la recherche de solutions. La question n’est même pas posée. Les changes flottants sont un totem et un tabou ! La raison en est simple : les Etats-Unis veulent ce système, et notamment ses banques mondialisées devenues non seulement dominantes mais exclusives. Même s’ils constatent les dégâts politiques dans leur propre pays. Le lien n’est toujours pas fait.  FMI, OCDE, banques centrales, tout le monde se couche. Sinon, fini les récompenses flatteuses et les avancements rémunérateurs.

Le drame se complique encore quand on constate que l’Eurosystème ne répond pas non plus à notre critère de qualité : il ne permet pas et ne permettra jamais de corriger les grands déficits et les grands excédents. Pour aggraver le tout, on a accepté ce que les accords de Bretton Woods avaient pour objectif principal d’empêcher : des politiques violentes d’ajustement par la déflation et la régression économique. Si les négociateurs de Bretton Woods revenaient parmi nous ils seraient consternés. Voir le triomphe de tout ce qu’ils avaient décidé d’empêcher serait trop pour eux. Il y a tout de même des limites !  

Notons qu’un système de changes imposés et non ajustables et un système de changes flottants sont totalement contradictoires. La simple logique suggère que si l’un est bon l’autre ne l’est pas. Ils ne peuvent pas être bons en même temps. En revanche ils peuvent être nocifs en même temps, ce que démontre largement l’histoire des 20 dernières années.   

Le constater est ajouter une strate d’ennemis jurés et impitoyables. Imaginer qu’on puisse analyser les faits pour œuvrer à la mise en place d’une solution homogène et positive est totalement inimaginable dans le climat hystérique qui prévaut.  

« Vous devez être « villiériste », au mieux, lepéniste, au pire, anti européen, anti-euro, anti-tout. En tout cas un vil populiste. Ou un esprit troublé. Un fou peut-être ? Vous n’avez pas compris que les peuples européens adorent l’Euro ! »

Fa Tutto !

Pour un observateur économique objectif et qui cherche la cause des difficultés et les remèdes, il n’y pas le choix aujourd’hui.

Il faut faire valoir l’urgence monétaire et l’obligation de réfléchir à un nouvel ordre commercial et financier qui nous sorte des contradictions insolubles, de la crise permanente, de la stagnation de longue durée, de l’effondrement du revenu des classes moyennes inférieurs, des tensions au sein de l’Europe, des crispations transatlantiques, et du danger Chinois.

Nous pensons qu’il n’y a pas plus d’urgence critique que d’élaborer une diplomatie de la prospérité qui réunisse dans une même bassine et les questions commerciales et les questions monétaires. Pas de bon commerce international sans bon système monétaire.

C’est sur ces bases que nous allons réfuter certains articles publiés dans FT et qui tendent à justifier le maintien des changes flottants malgré cinquante ans de pertes de croissances, de gonflement des dettes et de crises à répétition et de plus en plus graves.  

Didier Dufau pour Le Cercle des Economistes e-toile

Unibail sur Seine – Quand Paris n’est plus Paris

Non, décidément, Paris n’est plus Paris. Tous ceux qui suivent les affaires municipales le constatent : Hidalgo a livré Paris aux intérêts privés les plus bas, se mettant dans les pas de son prédécesseur Delanoë. Quand on évoque Topaze on se dit qu’il s’agit d’un roman et qu’il concerne quelques villages de province particulièrement mal embouchés.

Mais Paris ? Paris occupé ! Paris outragé par une municipalité sans foi ni loi qui s’est lancée de façon forcenée dans la marchandisation, dans la densification, dans l’immobilisation, dans la fiscalisation, dans l’envahissement par les immigrés, les clochards et les junkies et dans le pourrissement général de la vie du Parisien, avec une énergie malsaine dont la seule caractéristique est d’être unique au monde.

Les bobos crédules avaient cru élire une femme raisonnable, avec une équipe de braves gens, qui feraient une politique gentillette. Ils n’ont pas compris que l’équipe en question était un ramassis de représentants d’intérêts privés, de foldingues bouffés par l’idéologie, de sous-secrétaires du parti socialiste dans les tendances les plus saugrenues et de représentants emblématiques de minorités caricaturales. Ces gens sont tous des survivants de cellules d’extrême-gauche, habitués aux manipulations, aux coups tordus, aux conflits internes. Il faut les entendre : nous faisons de la politique ! Comprenez : on est capable de toutes les démagogies, de toutes les violences, de toutes les dépenses, de toutes les irrationalités. Notre but est d’être réélus en nous cachant derrière des causes plus grandes que nous et qui masqueront notre incompétence, notre indifférence aux effets pervers et notre absence totale de résultats. Notre discours est facile : morts aux bourgeois et aux bagnoles. Vive l’impôt, vive la dette, vive les contraintes insensées imposées à la population. Et comme ces c… d’électeurs peuvent tout de même nous virer à coups de pieds dans le train, créons mille faits accomplis pour que jamais on ne puisse revenir en arrière.

Une municipalité a quelques objectifs simples, usuellement.

La propreté par exemple. Mais pour ces excités, la propreté est « fasciste ». Elle traduit une préoccupation hygiéniste petite bourgeoise digne de Hitler. Alors vive les rats. Vive le retour des maladies qui avaient disparu du territoire. Vive les clochards qui se permettent désormais tout et à qui il est interdit d’interdire quoi que ce soit. Vive la mendicité agressive, éventuellement avec enfants. De toutes façons le bourgeois est sale. On a payé des copains installés en masse dans les services pléthoriques de communication de la mairie pour le lui dire. La campagne a été gratinée : si la ville est sale c’est parce que vous êtes sales. Nous, à l’extrême-gauche et dans l’écologie rouge-vert, nous n’avons pas à laver vos cochonneries. Cela salit l’eau !

L’embellissement est aussi une fonction généralement admise. Là, rien. Des immeubles immondes comme celui de la RIVP au coin de la rue Vercingétorix et du périphérique, ont été généralisés. Vous avez l’impression qu’il n’est pas fini, cet immeuble et qu’on va mettre une façade. Mais non. Il restera comme cela, une vraie tâche dans le décor. Juste un exemple en passant. La RIVP, la première administration à supprimer à Paris tellement elle est nulle.

Rendre la vie économique et sociale la plus fluide et dynamique possible ne saurait être un objectif pour cette équipe d'extrémistes. On va ruiner la ville avec des milliers de chantiers dont le but est d'empêcher toute circulation tout en laissant pourrir les chaussées. Les médecins, les pompiers, les ambulances, ne peuvent plus circuler. Notre-Dame a flambé parce que l’accès à l’île était entravé par les énormes travaux visant à créer les autoroutes à vélos qui enfermeront l’île. Les pompiers n’arrivent pas à vélos !

Finie la bagnole. Finis les artisans qui ne peuvent plus venir de banlieue et stationner. Finies aussi les possibilités de se transporter au gré des besoins. Les jeunes entreprises partent. Tout le monde est dégoûté de la vie à Paris. La ville comme capitale et comme centre national de production mourra mais guérie.

C’est qu’il faut tuer le propriétaire. Il est riche le propriétaire. On peut lui tomber dessus à volonté. Surtout qu’il n’essaie pas de louer à la classe moyenne. Tous les immeubles qui se libèrent sont préemptés pour construire du logement social à 15.000 euros le m2. A Bamako, on se frotte les mains. Ce qui n’empêchent nullement des bandes d’immigrés haineux de se former et de faire régner leurs lois. Des parties entières de Paris sont désormais des banlieues à l’ancienne. Alors on voit les quartiers historiques partir aux mains de l’étranger et le reste s’essayer à la location temporaire. Les loyers sont non seulement bloqués mais réduits parfois de 50%. Le mauvais payeur peut rester dans les lieux trois ans sans payer. Cinq ans en jonglant un peu. Le squatt n’est plus poursuivi. On voit des avocats spécialisés dans la négociation : tu paies et mon client part. C’est cela où la perte de ton bien, connard ! Le vol à la tire explose. Ce sont désormais des centaines de milliers d’affaires chaque année.

Exemple vécu : des Coréens viennent à un mariage mixte en France. Volés deux fois en deux jours ! Ils sont repérés dès l’aéroport.

Les demandes de papiers ont explosé à Paris. Tant de sacs sont arrachés ou leur contenu pillé…  

Le seul vainqueur est la location temporaire. Les habitations qui passent à Airbnb croissent en nombre plus vite que les logements sociaux ! Plus personne ne peut plus se loger à Paris.

Alors la ville se vide en pourrissant. Elle n’apparaît dans aucun classement sur les lieux où il est agréable de vivre. Les étrangers de qualité qui vivaient à Paris partent partout en Europe sauf en France.

Mais tout cela, ce n’est que de la broutille. Toute cette équipe aime le pognon et veut du pognon. L’arrivisme va bon train. Alors il s’agit d’être gentil avec quelques grands intérêts qui comptent.

Le cas le plus emblématique est Unibail-Rodamco. Cet immense monopole financier qui a réussi à racheter à peu près tout ce qui compte en matière de centres commerciaux dans la région parisienne, n’est même plus en terrain conquis. Ce mammouth fait ce qu’il veut quand il veut sans se préoccuper le moins du monde d’autre-chose que de son intérêt propre. Lorsqu’on fait la liste des opérations gigantesques que ses liens avec l’équipe municipale lui ont permis d’entreprendre, on reste sidéré. Tous les énormes chantiers sont pour Unibail. Les pauvres idiots qui veulent agir de leur côté sont constamment embêtés, contraints, réduits, taxés, certains ruinés. Mais là, on entre dans la magie. Tout, absolument tout, est possible. Comme dit l’un de ses représentants : vous n’allez tout de même pas nous reprocher d’avoir des amis et de vouloir gagner de l’argent !

Le forum des Halles : Unibail. Dans des conditions tellement détestables pour la Ville de Paris que le Canard Enchaîné, un bel été (tous les mauvais qu'opus d’Hidalgo se font l’été), dénonce le pot aux roses : « Le Canard enchaîné dénonce les conditions hallucinantes accordées à la société Unibail-Rodamco … tout cela sur le dos des Parisiens qui en paieront le prix pendant des dizaines d’années ! » écrit le Parisien. Il s’agit d’un actif de plusieurs milliards d’euros avec des coûts pour la ville qui dépasseront le milliard. Miam-miam et merci !

Ce n’était qu’un début.

Parmi les cadeaux faits à Unibail-Rodamco : la tour Triangle, dans des conditions invraisemblables.

- aucun appel d’offres pour un projet à 500 millions d’euros !!!

- une part fixe de loyer sous-estimée (2 M€ / an au lieu de 2,5 à 3,20 M€) soit un nouveau cadeau de 40 à 96 M€ !

- des loyers indexés sur la moitié de l’inflation, soit un cadeau de plusieurs dizaines de millions d’euros !

- aucun concours d’architecture.

 

Troisième cadeau : la gestion de la porte de Versailles. « Le Canard enchaîné dénonce une mécanique hallucinante qui a permis à Unibail-Rodamco de prolonger en toute simplicité sa concession de 40 ans !! tout en évinçant ses concurrents ! Selon Hervé Martin, Journaliste Le Canard Enchaîné que nous remercions pour son enquête d’investigation et sauf erreur d’interprétation de notre part :

- Acte 1 : malgré les conditions très avantageuses obtenues pour le Forum des Halles, Unibail aurait exercé dès 2008 un chantage si un effort n’était pas consenti côté Parc des Expositions

- Acte 2 : un audit aurait alors été réalisé sur mesure (!) pour conclure qu’il fallait rénover le parc et pour cela accorder une nouvelle concession !

- Acte 3 : pour éviter qu’un concurrent ne remporte la concession, Unibail et la Mairie de Paris auraient décidé qu’une indemnité de 263 M€ serait payée cash à Unibail ! Evidemment la seule société en mesure de les payer n’est autre que… Unibail-Rodamco qui remporte la nouvelle concession !

- A suivre : Unibail aurait maintenant pour objectif de remplacer le Parc des Expositions par un quartier de bureaux : opération très rentable qui permettrait de déplacer les salons actuels vers le Parc de Villepinte… géré également par Unibail !!! »

Ne parlons pas de la Porte Maillot, où Unibail entreprend également avec le soutien de la mairie une opération d’embellissement de son patrimoine tout à fait sympathique.

Pour l’avoir côtoyé pendant maintenant trois ans (et il y en a encore pour au moins deux ans) nous avons eu l’occasion de voir comment travaille une boîte comme Unibail. La règle : tout est permis puisqu’on a le soutien de la mairie. Le respect des riverains ? Ne connais pas ! Le mensonge par dissimulation : la seule méthode.

Phase un : les riverains se voient présentés avec moult égards un projet, certes inutilement lourd et dense, mais en apparence tolérable. On présente un beau dessin du futur, on esquisse des emprises légères sur la rue, on parle d’un gentil planning.

Phase 2 : Le projet est changé en douce en plein été avec un permis de construire où il est pratiquement impossible de comprendre, qu’avec l’aide de la mairie,  Unibail va construire une véritable autoroute à camions souterraine entre la rue Mouchotte et la rue Vercingétorix. Un chantier monstrueux. Des dizaines de milliers de tonnes de béton à casser et à recouler. Un enfer pendant les travaux et un enfer après. Car le sieur Missika, communiquant mis à l’urbanisme, un vrai choiix symbolique,  n’a pas souhaité connaître le nombre de camions qu’il faudra prévoir pour alimenter un centre commercial de plus de 120 boutiques dont le plus gros centre bio de France, signé Leclerc. Voilà les habitations entourées par une noria de camions à vie.

Phase 3 : le chantier prenant du retard, la ville accepte que le chantier occupe tous les trottoirs, puis une voie de circulation puis deux. On finit par en demander trois, sur quatre cents mètres de long en privant de trottoirs les habitants pendant deux ans ! Une dinguerie totale jamais vue à Paris. Oui mais c’est Unibail et les liens avec Hidalgo et Missika sont ce qu’ils sont.

On se dit : mais à quoi rime cette démence ? C’est tout simple : outre le décuplement de la zone commerciale, 13.000 m2 carrés de bureaux près de la gare. Un joli cadeau de plus, à près de 200 millions d’euros.

Là encore, à Montparnasse, le trust s’assure un actif de plusieurs milliards d’euros, avec des cadeaux qui se chiffrent en centaines de milliards. Comme dans tous les projets précédemment cités. Que les riverains se débrouillent avec cette gigantesque densification et marchandisation. A eux les cars, les camions, les voitures de locations, les VTC et les taxis ! Aucun chiffrage ne sera jamais fait. Aucune vraie étude d’impact. Pourquoi faire ? C’est Unibail.

Depuis des lustres la municipalité parisienne tentait de faire échapper le quartier Mouchotte au destin d’un quartier de gare. C’est redevenu un quartier de gare, quelque part entre Rungis, la Courneuve et les anneaux de Bicêtre.

La mairie décide de monter une réunion d’information des riverains. Unibail développe ses « slides ». Pour le côté qui nous intéresse, dit l’exposé, c’est terminé et le calme va revenir (aux camions près). Oui, mais l’exposé est mensonger. Dès le surlendemain un agencement non prévu est installé sur le parvis qui relit immeubles de logements et hôtel : une énorme centrale de ventilation et de réfrigération est installée sous les balcons des riverains et devant une cour d’école « pour un an » !

« On ne savait pas » dit le représentant d’Unibail. Comme si une installation de ce genre s’était faite à l’insu de son plein gré et ne demandait pas des mois de préparation, d’accords divers, d’autorisations. Ne serait-ce que pour modifier des façades publiques. Plus c’est gros plus c’est censé passer avec Unibail. Demandes à la mairie : avez-vous autorisé tout ce bazar et pourquoi acceptez-vous des exposés mensongers dans des réunions publiques ? Réponse : pas de réponse.

Lorsqu’on a été chef de sous-section trotskiste aux Parti Socialiste, la dissimulation est comme une seconde nature.

Notons qu’alors qu’il est pratiquement impossible d’obtenir un accord pour des transports lourds par hélicoptères à Paris, Unibail a pu utiliser ce genre d’engins sur son chantier Montparnasse, quitte à réveiller en WE tout le voisinage et en bloquant totalement les rues. Puisqu’on vous dit que la Ville de Paris n’a rien à refuser à Unibail.

Le plus drôle est que la municipalité a lancé un grand projet de réfection du pied de la tour Montparnasse, et y a joint, sans raison explicite, la rue Mouchotte. L’équipe gagnante vient d’être choisie. En plein été, quand tout le monde est en vacances. C’est la méthode Hidalgo. Elle a exigé qu’on y supprime les voies de circulation (il y en a six actuellement, pour faire face aux cycles de la gare, aux cycles du centre commercial de la gare et de celui d’Unibail, aux cycles des hôtels, avec leurs 1500 chambres au total, et à celui de la gare routière Air France). Un jour il peut y avoir 20 cars, un autre quatre transporteurs de voitures de locations qui déchargent, un autre des centaines de taxis en action de dépose sauvage. Et maintenant nous avons à envisager des dizaines de camions et de camionnettes de jour et de nuit. Le projet prévoit une voie descendante interdite à la circulation générale à partir de l’avenue du Maine (l’accès au centre de Paris sera interdit aux voitures particulières). Et une voie montante qui ne pourra être embouquée que par les cars et les bus. Comment les riverains sortent-ils de leur parking ? Mystère. Surtout comment sera alimentée en camions l’autoroute à camions ? Mystère. Comment les cars circuleront pour approvisionner en touristes l'hôtel de mille chambres ? Mystère également. Pour l’équipe d’architectes, il ne s’agissait que de gagner le concours. Alors on a mis du vert partout et supprimé les voies de circulation. Ce n’était pas dur. Ouf, on a gagné ! Il faut bien vivre.

Si le projet est réellement fait sur ces bases, c’est la mort pour… le centre commercial d’Unibail et un enfermement total des riverains. Mieux vaudra ne pas avoir à appeler une ambulance !

Alors les négociations de coulisses vont commencer avec une victime expiatoire probable : les riverains.

Notons tout de même que les intérêts d'Unibail Rodamco à Paris, c’est entre 5 et 7 milliards d’actifs et que la dette qui s’annonce pour Paris, c’est également 7 milliards, soit sept milliards d’impôts de plus à venir. Le bobo parisien est aussi un gogo. Il en redemandera.  

A noter que le Maître Jacques d'Unibail actuel, celui qui donne toutes les autorisations et qui permet tout, l’ineffable Missika, a rejoint Macron de façon très opportune (business first), sachant que le candidat de Macron et de LREM (Les requins en marche) est Benjamin Griveaux, l’ancien directeur lobbyiste et de la communication… d’Unibail Rodamco. Mettre un ancien salarié au poste de maire de Paris, ce serait la consécration.

Encore quelques milliards, mon bon Benjamin !

Qui a honte ?

PS : Pas un mot dans la presse et les grands médias télévisés. Chut. Chuttt !!!!!! Heureusement, le Canard a toujours ses plumes.

Le 75ème Anniversaire des Accords de Bretton Woods

Alors que nous fêtons de façon répétée l’anniversaire du débarquement de juin 1940, et que le soixante-quinzième a développé ses fastes, nous ne nous pressons jamais de réfléchir à l’anniversaire jumeau des accords de Bretton Woods. Cet évènement n’a fait l’objet que d’un seul livre en France et il date des années cinquante !

C’est bien dommage. Nous perdons du coup un moyen simple de juger les pratiques « récessionnistes » mises en place en Europe depuis 2000 et surtout 2 008. La conférence a entendu des semaines d’imprécations contre les abrutis qui pensaient devoir régler les situations économiques dégradées par la récession et la déflation. Si les mânes des centaines de participants pouvaient s’exprimer sur les politiques menées depuis des lustres d’abord pour créer l’Euro ensuite depuis 2008 pour juguler les conséquences de la crise mondiale la plus grave depuis 1929 (celle qu’ils avaient comme vocation de conjurer pour la nuit des temps), on ne s’entendrait plus.

Nous essayons à partir de notre livre, La Monnaie du Diable 1919-2019, de convaincre les journalistes des grands médias français d’au moins une fois dans l’été de faire un grand papier sur cet anniversaire, et de commenter à la fois l’énorme mouvement de croissance qui a suivi Bretton Woods et l’énorme catastrophe économique qui a suivi l’abandon de ses disciplines le 15 août 1971, avec son effondrement continu de la croissance pour aboutir à la stagnation inquiète et hargneuse actuelle.

Cela fait même cent ans que le système de monnaie métallique a disparu au profit de monnaies administratives nationales qui posent des difficultés insolubles. Nous ne savons toujours pas ni les gérer ni les échanger sans casse.

L’été pourrait être le bon moment pour que des esprits apaisés et un peu moins préemptés par la pub et les urgences politiques ou personnelles, s’emparent de cette grande question.

Le journal suisse Le Temps signale ce jour même que dans l’esprit d’attente de la crise qui domine, il faut se souvenir que les crises sont toujours le fruit d’un excédent d'épargne. Mais d’où vient cet excédent d’épargne ? Alors là pas un mot sinon des âneries sur les comportements individuels. Ce n’est pas le microscope qu’il faut prend mais le macroscope. Nous sommes typiquement en pleine Macroéconomie. Le recyclage des énormes excédents de pays comme l’Allemagne ou la Chine provoque mécaniquement un gonflement majeur de liquidité. Le masquage des pertes bancaires liées à la crise de 2008 et l’éclatement d’économie baudruche, implique également des flots continuels de création de monnaies administratives. L’analyse des causes de la crise de 2008 autant que celle de ses conséquences est tout à fait critique. Mais là, rien !

Le gentil marché contre les vilains états, la douce microéconomie contre la fumeuse macroéconomie, les gentils États-Unis contre les méchants pays qui lui veulent du mal, cette fantasmagorie emplie les journaux économiques soucieux d’être conformes. Comme on sait que c’est du « bull shit » de première qualité, on en fait des tonnes sur la croissance inclusive, les inégalités, les bons garçons et les formidables filles, les toilettes sèches et les w.-c. pour transgenre.

La cause frontale de tous les malheurs économiques du monde, c’est justement l’instauration des changes flottants de monnaies administratives, au détriment d’un système organisé où les monnaies d’État sont sous la responsabilité des Etats, en sachant qu’ils doivent se concerter de façon sérieuse et continue. On ne peut pas à la fois vouloir un système de monnaies administratives et ne pas accorder les administrations. Les banques centrales ne sont qu’un levier dans cette gestion de monnaies administratives et, comme nous le répétons inlassablement « elles sont comme les psychanalystes : elles ne savent guérir que les maux qu’elles ont infligés ».

Il y a une urgence monétaire dans le monde qui est presque plus urgente que l’urgence écologique !

Mais oui !

L’inconscience règne et il n’y aura pas de pucelles inspirées pour cesser les cours le lundi pour accélérer le mouvement des consciences.

Alors oui : une commémoration des 75 ans de Bretton Woods serait un bon début. Le lieu a été choisi pour sa fraîcheur et la santé de Lord Keynes, triomphateur moral et vaincu réel de Bretton Woods, mais non sans avoir planté la bonne graine dans le sol fertile de l’économie internationale.

M. Robin au Figaro, M. Delhommais au Point, Mme Polony à Marianne, vous savez que le moment est venu. Passer aux actes !

Malheureusement, sous l’influence de l’actionnaire principal, l’ex-star de Ulla et du téléphone rose, le Monde semble ne plus avoir de grands journalistes économiques, alors qu’il en avait à foison dans les années soixante et 70. Les consignes sont de parler de microéconomie et des entreprises, dit-on. Pour le reste on laisse des clans étaler leurs sottises contradictoires ou leur insignifiance selon le degré de parti pris des intervenants. C’est bien triste.

Depuis mai 1968, la France n’a plus de poids monétaire dans le monde, plus de parole, plus d’idée. Les dirigeants qui se sont succédé ont TOUS considéré qu’il fallait se laisser glisser au fil des eaux dominantes, qui était de s’abandonner qui aux Américains, comme Giscard, qui aux Allemands, comme Mitterrand, les autres s’écartant de la marmite du diable et laissant tout faire, tout en accumulant les dettes, faisant, à plat ventre, la synthèse entre les solutions de Nixon et de Goering.

Là où il faudrait une France debout, avec des intellectuels, des économistes, des politiques à la hauteur des phénomènes du temps, une gestion serrée et propre du pays, un taux d’emploi de vainqueurs, une diplomatie de la prospérité, nous voyons un pays suicidaire, qui tue sa capitale, qui s’épuise à valoriser les saloperies de média part, qui ruinent ses propriétaires, qui tuent son système scolaire, après que l’Université ait sombré par pan entier, qui ne pense qu’à disparaître dans sa langue, dans sa parole, dans sa volonté.

Amis journalistes comprenez qu’une autre voie est possible et qu’elle est disponible. Les Français, la presse française, les institutions françaises peuvent avoir quelque chose à dire, et pas à se couler médiocrement dans le pathos et la sottise intéressée de quelques pays dominants.

Il est triste de constater qu’un pays qui a donné tant de pouvoirs à son Président en reçoit si peu en retour. Virevoltes, bonneteau, surf acrobatique, sur fond de querelles grotesques et homarderies, traduisent un fond d’impuissance que l’on peut juger terrifiant.

Évidemment le redressement par la prise de conscience monétaire cela peut paraître drôle. Mais c’est essentiel.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

Ça pleurniche de partout.

Cela fait déjà longtemps que la présidence française est devenue un sous-secrétariat à la population civile et que sa vocation profonde, faute de moyens d’agir sur quoi que ce soit, est d’animer le bureau des pleurs. Pleurer avec les adeptes du politiquement correct, bien plus agressifs que les dames d’œuvres d’antan, est de toute façon la vocation nouvelle des médias, devenu des cathédrales du gauchisme larmoyant.

Un mouvement de « désobéissance civile » bloque une rue et viole la loi. On fait circuler les bloqueurs de carrefour avec du gaz lacrymogène. Pendant des heures les « journalistes » de France-Iinfo interviewent qui passe par là pour larmoyer sur le sort des « gazés ». C’est qu’on gaze en France comme à Auschwitz ! On a plus versé de larmes dans les médias que dans le groupe aspergé. Désormais dans toute manif illégale, il y a cinquante appareils de photos, des téléphones mais aussi de vrais matériels pros, pour attendre l’incident qui permettra d’allumer l’incendie des émotions.

Un cargo de transport de clandestins qui visent une entrée illégale en Europe, et qui ont payé des sommes conséquentes pour cela, (on parle de 5 à 10 mille euros tout de même) affrété par une ONG spécialiste de la provoc viole le droit maritime et pénètre de force dans l’espace italien. Pas un mot dans les médias pour dire qu’elle aurait pu aller à Hambourg débarquer ses ouailles, ou en Tunisie ou au Maroc, ou en Algérie, ou même en Albanie. Il fallait provoquer Salvini. Alors on pleure sur le sort de la malheureuse capitaine féminine qui a fait, elle, de la désobéissance civile internationale.

Pendant ce temps-là, les suites de la brillante campagne pour les élections européennes développent leurs efflorescences. On a voté pour des étiquettes sans programme. Obligatoirement, puisque le programme, c’est la Commission qui le fixe. Alors maintenant se pose la question des postes. La proportionnelle, c’est formidable, démocratique et tout,  mais cela débouche toujours sur une crise ministérielle d’un genre ou d’un autre, avant qu’une combinaison foireuse ne soit mise en place dont l’électeur n’aura jamais connaissance. Son vote ? Quel vote ? Et que feront le nouveau président et ses sbires ? Personne ne sait. Ça, c’est de la vraie démocratie participative !

En même temps, la Commission précédente annonce la conclusion  réussie d’un traité avec le Mercosur, dix ans après le  commencement de la négociation. Personne n’a eu connaissance du contenu des négociations et le texte final n’a jamais été publié nulle part. Mais on est censé s’extasier sur la capacité magnifique de la Commission et de ses fonctionnaires de signer à répétition des traités de libre-échange, alors que justement les élections dernières ont fait passer le message que le libre-échange à tout va, cela commençait à bien faire. On aurait voulu prouver que les institutions européennes avaient pour simple objet de ne pas tenir compte des gouvernements et des peuples, on n’aurait pas mieux fait. Naturellement, comme pour le CETA, tout le monde se récrit. Les écolos qui se croient triomphants, enragent : encore des transports qui tuent la planète et des produits malsains produit au détriment de la diversité ! Il fallait mettre un préalable écologique. Il y a vingt ans ? Le gouvernement français se dresse sur ces ergots. Vous allez voir ce que vous allez voir. On n’acceptera pas tout cela. Le bœuf aux hormones et les produits argentins qui poussent avec des produits phytosanitaires interdits, alors qu’il n’y a naturellement dans aucun des pays du Mercosur le moindre moyen de contrôler ce qui se passe dans les campagnes, pas pour nous. Il faudra confirmer l’accord de Paris ! Na !

La vérité du mécanisme européen est imparable. On ne va pas recommencer les négociations qui ont abouti après dix ans de palabres alors que les gouvernements ont été tenus informés du bout des lèvres : la Commission a le droit de tenir tout secret jusqu’au bout. Alors il n’y a plus que deux solutions : s’écraser ou rejeter. Jusqu’à maintenant c’est la jurisprudence Ceta qui s’impose. On s’écrase après quelques palinodies. Mais le Parlement européen peut dire non, puisqu’on a donné à cette chambre fantôme le pouvoir de le faire. Socialistes et droites européistes étaient jusqu’ici majoritaires. Ils faisaient un peu de cinéma et s’écrasaient mollement. Le parlement n’a pas le pouvoir de négocier. Le paquet est à prendre ou à laisser. Si la Parlement dit non, les institutions européennes sont paralysées. Plus aucune action sur un sujet quelconque ne peut être menée unilatéralement par la Commission. Mais on a envoyé au parlement dans tous les partis dits de gouvernement l’élite européiste. Alors ils veulent bien s’agiter et brasser de l’air mais pas bloquer. Au final le traité sera signé parce qu’il n’y a pas de débouché autre.

Macron n’a pas dit son dernier mot. La fessée va donc désormais être interdite en France. La « répression intrafamiliale » va être pénalisée. Il est interdit d’interdire et encore plus de sanctionner. Votre enfant de toute façon n’est pas le vôtre. C’est un citoyen avec droit. Comme les animaux d’ailleurs. Les droits de l’animal et du bébé, voilà la juste cause qui doit être portée par le gouvernement français. En même temps que la lutte contre la canicule. Quel combat herculéen ! Français, buvez de l’eau et humectez-vous le tarin et les joues ! Voilà nos ministres à leur affaire. Et n’oubliez pas de vous laver les mains avant de manger, surtout si vous sortez des toilettes. Les microbes sont là et qui vous veulent du mal. Pleurons ensemble sur la chaleur et faisons pieusement notre devoir de citoyen mais sans gâcher l’eau s’il vous plaît.

Alors que Trump agit en Corée et au Moyen Orient, en absence de toute présence et intervention européennes (l’union c’est la force surtout quand on n’en fait rien) et en remet sur les sanctions contre la France à cause de l’Allemagne, la presse n’a eu qu’une chose à commenter : la chaussure à 10 balles d’une footballeuse française qui a malheureusement craqué en plein match. Flot de larmes une fois encore sur le sort de ces femmes qui pratiquent dans la misère. Le gouvernement nounou va s’occuper de cela : à travail égal salaire égal. Que les footballeuses soient payées autant que les footballeurs ! D’accord mais qui paiera ? Heu ! Heu ! Le passionnel en France passe toujours par le financier mythique : l’ISF…

Pendant ce temps-là, on constate tout soudain que LREM a rétabli le blocage des loyers. Salauds de propriétaires nantis, tu vas voir à la récré. Le macronisme a deux jambes dont une jambe socialiste. Alors on a été hypocrite à souhait, selon les bons principes de Macron. On permet mais on n’impose pas. C’est la Mairie de Paris qui a pris la décision. Comme si elle allait se priver d’une mesure ultra-démagogique avant les élections ! Les démagogues gauchistes qui tiennent Paris ont concocté des « zones » pour moyenner les loyers qui sont parfaitement déplaisantes. Une partie de Montparnasse est appariée à la frontière de Vanves. 60 % de logements sociaux. Moyenne de location pour un studio, 435 euros par mois. Dans un immeuble de Montparnasse où se trouvent 99 studios, les loyers s’étagent entre 600 et 1 000 euros selon l’orientation, l’étage, et l’état du bien. Cela veut dire qu’il faudrait réduire de plus de moitié la moyenne des locations de l’immeuble. Ce n’est pas un blocage mais une diminution radicale. Naturellement compte tenu de l’ISF-Immobilier aggravé, des impôts fonciers doublés par la municipalité, des frais de copropriétés aggravés par les mille lois écolos et autres imposées aux immeubles, louer à 435 euros se fait à perte. Tous les studios sont donc en train de virer AirB&B. Aucun ne sera bientôt plus mis en location. Qui souffrira ? Merci Madame Hidalgo et M. Macron. Pendant les rodomontades gouvernementales, les mises en chantier s’effondrent et il est devenu impossible de se loger. Hidalgo et Macron la main dans la main dans le Chavisme éhonté ? Des flots de larmes commencent déjà à monter sur le sort des petits chassés de Paris. On pleure toujours beaucoup sur les effets dont on chérit la cause.

On pleure aussi beaucoup dans les provinces : on ne trouve plus personne pour travailler. Et oui mais on ne fait plus d’enfants. Ce n’est pas que les jeunes ne veulent plus travailler mais qu’il n’y a plus de jeunes. Rappelons que le nombre d’enfants de femmes blanches est de 1.2 enfants, très inférieur au seuil de remplacement. La France perd entre trois cent mille et six cent mille habitants blancs chaque année. Là où il n’y a pas d’immigrés, il n’y a plus personne pour faire le boulot. Le gouvernement a réduit à coups de couteau les subventions natalistes, parce que cela ne profitait qu’aux immigrés et que cela faisait un appel d’air immigrationniste. Du coup on est en train de descendre vers le 1 enfant par couple blanc en moyenne. Le nombre de femmes blanches en âge de procréer baisse désormais de façon accélérée. Là, c’est le silence complet. Les larmes sont pour plus tard.

La leçon à tirer de toutes ces jérémiades, c’est que le gouvernement et le Chef d’État sont en vérité en état d’impuissance. Ils peuvent pleurnicher, faire des beaux discours, agiter le menton, mais ils ne peuvent pas agir.

Derrière le rideau de larmes,  on ne trouve  qu’un théâtre d’ombres.

Chassez la monnaie, elle revient au galop !

Les menaces de Trump sont commerciales mais elles proviennent de déséquilibres monétaires dus à un système monétaire international défaillant. On accable Trump de sarcasmes et on oublie de parler de la cause des troubles sous-jacents. Et voilà que ce « voyou » de Zuckenberg, affreux jojo qui a révolutionné la vie des femmes connectées avec son programme Facebook, en vendant leurs émois connectés aux publicitaires, veut accroitre sa puissance en créant avec quelques associés de poids une monnaie internationale alternative : la Libra.

L’Euro a été radicalement chassé des débats européens. Trichet parade et exulte : tout le monde aime l’Euro ! Et voilà que l’Italie crée des « miniBots » qui vise à compenser l’assèchement monétaire imposé par les excédents allemands. Eh oui : l’Eurosystème est dysfonctionnel et exige des réformes profondes.

Cerise sur le gâteau, voilà qu’une partie des pays africains membres du franc CFA veulent créer une zone monétaire du type Euro, mais sans la garantie française (et sans aucune réflexion sur les défauts d’une zone de monnaie unique). L’ECU faisait trop européen, on a choisi ECO comme nom de la devise unique.

Jamais la créativité monétaire n’a été aussi grande, une marque traditionnelle de situation internationale trouble, ce qui laisse supposer que les monnaies actuelles ne jouent peut-être pas leur rôle de façon totalement satisfaisante.

Nous ne parlerons ici que des « minibots » italiens, réservant les autres initiatives à des commentaires ultérieurs.

Lorsque Varoufakis, en Grèce, a imaginé un moyen de contourner l’asséchement monétaire organisé pour faire fléchir son pays (pour servir d’avertissement aux autres, notamment à l’Italie et à la France) il a imaginé une solution complétement farfelue. Il aurait étudié le cas de l’Argentine, il aurait trouvé des solutions plus faciles. Le « currency board » argentin conditionnait la création de monnaie à un solde positif de la balance de paiement en dollar. Quand la hausse phénoménale du dollar s’est accompagnée de la dévaluation massive du real brésilien, son principal client, l’assèchement monétaire a été immédiat et radical. La seule solution pour l’Etat était de créer des reconnaissances de dettes pour payer salaires et fournisseurs et accepter le paiement des taxes et des impôts avec ces billets.  L’Etat argentin étant fédéral, cela a un peu compliqué les choses et on a vu de nombreuses « monnaies alternatives » voir le jour, dont la plus symbolique était l’« Argentino », même si les Patagones et équivalents représentaient des sommes bien supérieures. Les conséquences ont plus tard été fort fâcheuses avec ruine des créanciers internationaux, échec de la politique de sauvetage du FMI, abandon du « currency board », retour à un peso effondré.  Le cycle antérieur au currency board a repris et le Peso argentin est à nouveau sous sauvetage du FMI, après des années de gouvernement argentin pourri.  Le rapprochement de l’affaire argentine et du cas italien est aussi marqué par l’affaire du corralito. La BCE, via l’exemple fait en utilisant la Grèce comme cobaye, peut à tout moment contingenter les comptes des banques italiennes. Ce contingentement est exactement la même chose qu’un corralito sauf que dans le cas argentin, la mesure visait à revenir à un peso dévalué et flottant, alors qu’en Italie il ne s’agirait, pour les fonctionnaires européens, que de forcer le passage à une politique massivement déflationniste sans changement systémique de l’Eurosystème.  

L’idée d’imprimer des bons du trésor ressemblant comme un frère à un billet de banque est-elle une simple menace ou le début d’une politique de contournement des règles récessives de l’euro ? Le vote du parlement italien ressemble plus à une provocation qu’à un véritable changement de politique. Salvini met la pression mais sur qui ? La Commission ? La BCE ? Le conseil des chefs d’états ? Le conseil des ministres des finances ?

Tant que les Allemands ne seront pas amenés à cesser leur politique d’assèchement de la liquidité européenne, avec des excédents littéralement monstrueux par rapport aux comptes extérieurs des autres pays de l’Euro, l’Europe et la BCE n’auront aucune légitimité pour imposer la récession aux pays en difficultés. Selon nous, la menace italienne est légitime. La réaction italienne est entièrement le fruit d’une anomalie de construction de l’Eurosystème et les politiques récessionnistes sont illégitimes.  Bien sûr, ce fait évident est nié au nom de la conservation de l’Eurosystème « adoré » par les Européens, morts de trouille de voir leur épargne anéantie. Un système qui ne fonctionne que sur la peur et la menace est inviable à terme.

La vraie réponse à la mini provocation italienne serait un vrai projet de réforme de l’Eurosystème.

Si l’état italien met en circulation une reconnaissance de dettes pour payer les salaires, les subventions et les entreprises, tout en acceptant de les reprendre à leur valeur faciale pour payer les impôts, il créera effectivement une seconde monnaie légale en Italie. La mauvaise monnaie chassant la bonne, l’Euro ne servira bientôt plus que comme monnaie d’épargne. Il suffira au trésor d’accepter la conversion des minibots en argent liquide (pièces et monnaies) pour que rapidement l’ensemble de la circulation se fasse par les mini bots, les grandes transactions restant en euros. Cela ne veut pas dire que l’euro s’effondrera. Mais cela ne réglera pas la crise italienne pour autant : les exportations en valeurs euro resteront contraintes, l’emploi restera en difficulté. De même qu’en Argentine les monnaies internes n’ont pas résolu la question de la différence de change avec le real brésilien premier client du campo argentin. Les banques italiennes ne pourront pas accepter des dépôts en minibots. La BCE l’interdira formellement sous peine de bloquer le réescompte des banques italiennes. Alors ?

Toute cette affaire ne mène en vérité à rien, car aucun des dysfonctionnements de l’Eurosystème ne font l’objet de correction et on ne règle que la difficulté de trésorerie de l’état italien. Les minibots ne sont qu’un expédient. L’économie italienne restera étranglée par le cours trop élevé pour elle du change de l’Euro. La récession sera atténuée en libérant la trésorerie des entreprises. C’est tout. L’épreuve de force entre un état démocratique et des institutions non démocratiques serait un cauchemar avec le double risque d’une hystérie européiste baignant la politique menée contre l’Italie et une perte de confiance généralisée dans l’Euro.

Mieux vaudrait réformer l’Eurosystème de façon profonde, au lieu de de hurler à « l’amour » des Européens pour l’euro et au « néofascisme » italien. La monnaie est une question technique mais elle est au cœur « de la vie quotidienne » des Européens.  La cantonner dans les mains de spécialistes serait une erreur majeure, un peu comme livrer la médecine aux psychanalystes freudiens.

Monnaie, commerce, épargne, exportations, prospérité sont indissociables. Il faut en Europe une diplomatie de la prospérité qui embrasse aussi la question monétaire qui ne doit pas être laissée à la discrétion des banquiers centraux.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

 

Ps : de tête les excédents Target de l’Allemagne doivent actuellement avoir dépassé les 1.000 milliards d’euros, soit pratiquement un an de valeur ajoutée des entreprises du secteur industriel et commercial français !). L’Italie, toujours de tête, mais chacun pourra vérifier, doit avoir une dette Target autour de 600 milliards. Ces déséquilibres sont effroyables, à tous les sens du terme. Ce sont eux qui doivent faire l’objet d’une reforme de fond. On ne peut pas durer indéfiniment comme cela. L’explosion et l’implosion de l’Eurosystème sont au bout du chemin. Merkel peut trembler… car l’Allemagne y perdra ses retraites.  

 

 

 

Nouveau livre de Didier Dufau : La Monnaie du Diable 1919-2019. Opération spéciale en avant-première

En avant-première et pour les lecteurs du blog du Cercle des Economistes e-toile, les Editions du Cercle mettent en vente au prix exceptionnel de 25 euros le nouveau livre de Didier Dufau :

 

La Monnaie du Diable

1919-2019

La France piégée dans la guerre des monnaies

 

Pour commander le livre, il vous suffit d’envoyer un chèque de 25 euros au nom du : « Cercle des économistes e-toile (Didier Dufau) » à l’adresse de notre diffuseur :

 

Cercle des économistes E-toile

Attention Mme Sophie Defyn

c/o La Maillière

4, Av. Jules Janin

75016 Paris.

 

N’omettez-pas de donner vos coordonnées d’adresse pour l’envoi.

Pour l’étranger il faudra ajouter les frais de port et un paiement par virement est possible.

Si vous souhaitez une dédicace de l’auteur, indiquez-le dans votre courrier en précisant le prénom et nom de la personne à qui la dédicace est dédiée.

Si au contraire vous souhaitez rester anonyme, comme il est traditionnel sur le Web, notez bien que les noms ne sont pas transmis au Cercle des économistes e-toile et restent chez le diffuseur pour le temps de l’envoi.

Compte-tenu du petit nombre d’exemplaires réservés à cette opération, seules les premières demandes pourront être servies.

Vos commentaires de lecture sont bienvenus sur cette page.

 

ADMIN



Loi Elan : le grand bond (immobilier) en arrière

« CONJONCTURE. La chute des constructions de logements se poursuit inexorablement : entre février et avril 2019, les autorisations ont reculé de 2 % par rapport aux 3 mois précédents, et les mises en chantiers se sont rétractées de 6,6 %. De mai 2018 à avril 2019, 444 200 logements ont été autorisés, soit une baisse de 8,7 % en comparaison aux 12 mois précédents. »

On connaît la détermination sans faille d’Emmanuel Macron pour sanctionner les propriétaires immobiliers, victimes de choix avec les retraités (c’est souvent les mêmes) de la vindicte fiscale du « start-up président ».

Le régime fiscal, délirant, prend, en moyenne, quasiment tout le rendement de la location immobilière et, dans les hautes impositions au revenu, entraîne une perte. Quand vous êtes au plafond de l’ISF-Immobilier, et dans la tranche haute de l’impôt sur le revenu, si vous ajoutez les charges collectives de l’immeuble, la taxation foncière, éventuellement la taxe sur les bureaux et l’inflation, plus l’amortissement des inévitables rafraîchissements des locaux (pannes, vieillissement etc.) et qu’en plus vous tenez compte de l’inflation, vous perdez autour de 5 % par an sur votre capital. Alors bien sûr, comme toujours en Enarchie, on crée des régimes particuliers pour « favoriser l’investissement ». Ces régimes sont changeants, complexes, pervers dans bien de leurs mécanismes. On en vient à construire n'importe quoi à des endroits où nuls besoins n’existent. Les banquiers et les promoteurs captent la rente fiscale en trompant l'investisseur naïf. On gâche du bon argent.

À chaque fois, une voix s’élève pour dire : mais Messieurs, pourquoi ne pas créer un cas général bénéfique et supprimer les exemptions et les subventions. Impossible. Notre Enarchie Compassionnelle ne le comprendrait pas. La tutelle de la construction doit être tenue ferme, avec ses arrangements, ses combines et son désastre global. On se retrouve à l’époque soviétique en matière d’agriculture. Le système global était infect mais on permettait de petites exceptions pour ne pas crever de faim.

Le Français, né malin, est capable de ruiner son immobilier de la même façon, sans même le secours de Marx et de Lénine.

L’homme politique français est encore plus malin. La loi Elan le prouve. Il a décidé de remettre ses pas dans ceux de Mme Duflot, qui a laissé une trace indélébile comme symbole de la bêtise démagogique la plus folle. Les équipes LREM ne pouvaient pas laisser à cette pauvre fille le monopole de l'imbécillité crasse. Alors on a décidé de contrôler le prix des locations avec une sectorisation totalement arbitraire des zones permettant d’établir « les moyennes » qu’on imposera au loueur.

À Paris dans le XIVème, une des Zones à Détruire (ZAD) préférée de Mme Hidalgo et de quelques foldingues de sous-sections trotskistes de Générations (si, si, cela existe et ce n’est pas triste !), la sectorisation va de Montparnasse à la porte de Vanves ! On moyenne entre les logements insalubres du bord du périph et les immeubles bourgeois de Montparnasse. Résultat, une location à Montparnasse de 900 euros se retrouve plafonnée à 400 ! Ce n’est pas du social çà ? En revanche le polack qui louait sa misère à 200 euros dans un galetas se retrouve à 400 euros aussi. Ce n’est pas du très social çà ?

Dans un même immeuble, un studio infect de rez-de-chaussée côté cour est traité de la même façon qu’un studio magnifique en étage plein sud avec vue grandiose. Les juges sont naturellement mis du côté du locataire indélicat.

L’effet pervers de ces mesures n’est pas très difficile à comprendre. Les beaux biens sortent du marché locatif. L’offre d’appartement se réduit. On a aggravé le problème qu’on voulait réduire. Les propriétaires se lancent dans le Airbnb. Merci pour les touristes. Dommage pour les hôtels. Dans les immeubles le va-et-vient de touristes hagards gâche la vie des résidents.

Alors on taxe les appartements vides de façon confiscatoire, on préempte tout ce qui se vend. Contraintes et fiscalité deviennent délirantes. Un fils de trotskistes président de la LCR, homosexuel marié et inscrit au Parti Communiste (complice des plus grands génocides de l’histoire, 100 millions de morts tout de même), fait des mines et montre ses oreilles décollées, au milieu de ce désastre.

La bassesse, l’ignominie, l’abus, la bêtise crasse, l’inconséquence, deviennent les ferments d’une situation invivable.

Quelques péronnelles macronistes viennent chanter dans le poste les merveilles du retour aux lois Duflot, en même temps que quelques économistes dégénérés viennent expliquer que ce n’est qu’un début et qu’il faut taxer les propriétaires sur le loyer qu’ils n’ont pas à payer. Des excités prétendument insoumis viennent crier que ce n’est pas assez, continuons le combat. Des excités prétendument iconologistes, viennent réclamer la fin de la construction des parkings dans les nouveaux immeubles et l’hypertaxation de ceux qui existent, à reconvertir en champignonnières. La Ville de Paris réquisitionne pour loger des immigrés et des clochards, rendant la vie dans les immeubles frappés, disons différente. Avec un peu de chance, une salle de shoot viendra peut-être agrémenter les lieux.

Formidable Elan ! Penser que cette pauvre bête tire sans conséquences le chariot du Père Noël paraît un peu excessif. La Zone à Détruire de Paris s’effondre selon les plans. Encore dix ans comme cela et la ville est morte.

La poussée des partis écolo-gauchiste et du thème du « changement de système », alliée avec la démagogie opportuniste d’E. Macron, la ténacité des minables qui tenaient les rouages de la Ville de Paris, enrobé dans les voies de faits de l’Enarchie Compassionnelle, laissent même prévoir une accélération du phénomène.

Il n’y a pas que le toit de Notre-Dame qui a cramé !

Elections européennes -Synthèse des résultats

Oui à la libre circulation des mammifères, des oiseaux et des insectes.

Non à la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux.

Monnaie et commerce : quand l’ignorance effondre le débat public !

LCI a organisé un « débat » sur l’Europe. Très bien ! Au bout d’une heure d’invectives plus ou moins ridicules, les organisateurs, en saucissonnant les questions, ont fini par obtenir des consensus :

-          Le libre-échange c’est mal et cela doit être remis en cause, en particulier la directive Bolkenstein

-          L’Euro c’est intouchable, il faut juste créer de l’argent pour sauver autre chose que les banques.

L’ennui, c’est que la monnaie et les échanges sont les deux faces du même phénomène. Pas de bon commerce sans bon système monétaire.

Si des pays sont déficitaires, il leur faut trouver le moyen de payer leurs importations non couvertes par les exportations.

Si des pays sont excédentaires, ils accumulent des moyens de paiement dont ils n’ont pas l’usage commercial et qu’ils replacent dans la spéculation, provoquant des bulles et des récessions.

Les bons systèmes de paiements permettent de maintenir les échanges en contraignant les pays trop excédentaires à refréner leur surcompétitivité et les pays déficitaires à retrouver une compétitivité externe.

L’Eurosystème, cette combinaison de monnaies nationales de même nom et de même étalon, chapeautée par un fonds de compensation et associée aux trois libertés fondamentales de circulation des marchandises, des hommes et des capitaux, ne permet pas la convergence des économies et dans la pratique trois pays seulement représentent près de 70 % des flux monétaires, l’Allemagne en représentant à elle seule près de 60 %. Comme tel, le système monétaire permet des échanges totalement déséquilibrés et ne pousse à aucune correction. Il faut toucher à la fois l’organisation des échanges et l’organisation monétaire, si on veut régler le problème. Crier haro sur le libre-échange et OK pour l’Euro n’a exactement aucun sens.

Si on avait par exemple conservé un système de changes fixes et ajustables, la trop grande compétitivité globale des pays à bas salaires aurait été corrigée par le change, en tant que de besoin. Là, on est obligé de mettre au chômage des millions de gens et de faire pression à la baisse sur les salaires. Au lieu d’avoir un rattrapage homothétique, on a une croissance par substitution dans les pays de l’EST, et nous n’avons aucun moyen de faire face facilement à la situation.

L’Allemagne privée de sa montagne d’excédents n’aurait pas pu investir à mort dans les subprimes et dans l’immobilier espagnol, grec ou portugais. Ses banques ne seraient pas ruinées. Et elles n’auraient pas imposé qu’on ruine les pays du sud de l’Europe pour que les pays prêteurs puissent retrouver un peu de leurs fonds gaspillés dans des prêts grotesques.

La coexistence de l’Eurosystème et de la liberté intégrale de mouvements crée une situation incohérente et dangereuse.

En fait on ne parle plus de l’Euro parce que les gens ont peur pour leur avoir. C’est la peur qui clôt les bouches. Sur le commerce, les exécrations sont plus faciles. Mme Loiseau a expliqué qu’elle ne voulait pas que son poupon soit concurrencé dans son travail par des salariés de pays pauvres. Mais elle n’a pas expliqué comment on faisait avec l’Eurosystème et les trois libertés constitutionnelles de l’Europe. Tout le monde est contre la directive Bolkenstein, sans se rendre compte que les productions faites dans les pays de l’est ne supportent pas les mêmes charges sociales que celles de la France. Que l’Est exporte le travailleur ou le produit, cela revient presque au même. L’important est que les échanges soient équilibrés. Et cela, dans le système monétaire existant, rien ne le garantit.

De toute façon les excédents allemands ont eu des conséquences beaucoup plus graves pour la France que les travailleurs Bolkenstein.

Pour quiconque a un minimum de connaissances en économie monétaires, c’est évident. Mais l’ignorance des politiques sur les questions monétaires est tellement crasse et ils ont pris tellement l’habitude de sortir les questions monétaires de la diplomatie économique, qu’on peut craindre que rien ne bouge.

Rappelons qu’à Bretton Woods on parlait et des échanges et de la monnaie. Un demi-siècle plus tard, quelle régression !

Quand la pensée est paralysée, l’action devient des plus aléatoires.

Quand l’Allemagne dit non… à l’Euro !

Au moment du rush final pour les élections Européennes où l’Euro a été totalement évacué des discussions (le plantage de Mme le Pen lors du débat avec E. Macron a figé les esprits), il est intéressant de fêter l’anniversaire de la très surprenante réaction des « 154 économistes contre Macron », parue le 21 mai 2018, dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Une bonne idée n’a pas besoin du secours de la masse. Le nombre ne fait pas l’autorité. Les pétitions de groupements d’économistes, notamment en France, n’ont qu’une vocation politicienne et couvrent généralement d’éloges une mesure inadmissible à laquelle on veut accorder un vernis de rationalité (exemple : les 35 heures). Le but du billet allemand était d’encourager Mme Merkel à refuser les propositions du Président français, en donnant à ce véto l’onction de la science économique sinon en majesté du moins en nombre.

L’article contient deux phrases clé.

La première concerne la responsabilité des dettes : « Der Euro darf nicht in die Haftungsunion führen ! ». En clair : les dettes sont de la responsabilité de chaque pays de l’Union et pas de la collectivité. Que les mauvais gestionnaires se débrouillent ! L’Europe de la dette, c’est non ! Il est vrai, qu’après le drame grec, apparaissaient des tensions sérieuses sur les dettes de l’Italie avec l’arrivée au pouvoir de démagogues apparemment bien décidées à faire flamber la dépense publique. L’article vaut avertissement. L’Allemagne ne pourra pas être sollicitée pour un sauvetage.

Un an après, on voit bien que Salvini a réussi à faire cristalliser les droites « populistes » mais s’est bien gardé d’aller à une vraie confrontation avec les Allemands et la Commission européenne sur le budget. Le précédent grec n’a pas été oublié. Vive « l’autre Europe », mais restons sérieux !

La seconde phrase était la plus intéressante : « Die Target-Salden sind regelmäßig zu begleichen ». Les soldes créditeurs monstrueux de l’Allemagne au sein du fonds de compensation, les soldes Target, « doivent être remboursés au fur et à mesure ». Là nous sommes au sein le plus intime de l’Eurosystème. L’article lui envoyait une flèche en plein cœur. Une attitude plutôt inattendue.

Normalement si l’Europe avait mis en place une vraie monnaie unique, elle n’aurait pas eu besoin d’un fonds de compensation. Un fonds de compensation n’a de sens que pour des monnaies distinctes. Il n’y a pas de fonds de compensation entre le Limousin et l’Auvergne ! Target est d’ailleurs utilisé par les nations ayant gardé leur monnaie propre. Un vrai système de monnaie unique aurait vu la disparition des banques centrales nationales et une gestion centralisée des soldes de compensation des banques commerciales. Si on consolide les bilans des banques centrales et ceux du fonds de compensation Target, tous les soldes en euros se compensent et disparaissent. Rembourser les soldes Target perd tout sens.

Cette demande allemande a l’intérêt de souligner qu’on n’a pas créé en Europe une vraie monnaie unique. L’Eurosystème est un système de monnaies nationales de même nom, valorisées identiquement avec un étalon également de même nom. Du coup, les soldes dits Target, apparaissent mécaniquement, parce que les monnaies sont encore nationales, même si elles portent le même nom. Le système aurait fonctionné de la même façon avec des monnaies de noms différents. On ne l’a pas fait pour des raisons politiques, pas techniques. Du coup on se retrouve avec des soldes de balances de paiements et avec la question du moyen de leur règlement. C’est l’éternel problème de la liquidité entre deux structures ne disposant pas en fait de la même monnaie. Il faut s’arranger pour trouver un moyen de paiement acceptable par les deux parties, par exemple l’or, ou une monnaie internationalement plus forte comme le dollar, ou un marché des changes flottants où on s’approvisionne dans la monnaie de l’autre.

En exigeant que les soldes du système de compensation mis en place dans l’Eurosystème soient remboursés régulièrement, les 154 économistes affirmaient, avec le poids du nombre et d’anciens ténors de la Bundesbank, que l’Euro n'éteignait pas les dettes entre membres ! Un aveu vertigineux qui signifiait que l’Euro n’avait pas de pouvoir libératoire ultime. Les soldes, disaient-ils, doivent être payés autrement, par des « valeurs réelles ». Lesquelles ? Or, dollar, actions, ?

Une manière d’analyser l’affaire est de considérer que les Allemands voulaient voir les « collatéraux reçus » par les banques centrales débitrices remonter à la Bundesbank. Compte tenu des excédents déraisonnables de l’Allemagne, cela reviendrait à faire de la banque centrale allemande la vraie banque centrale européenne. Un vice, des excédents excessifs, deviendrait la justification d’un détournement institutionnel majeur.

Une autre analyse est que l’Allemagne craint désormais une sortie brutale d’un ou plusieurs pays de la zone Euro. Les difficultés italiennes rendaient cette hypothèse assez crédible au moment où l’article a été écrit. Les soldes Target deviendraient exigibles mais tout le monde comprend que jamais le pays qui quitterait en catastrophe l’Eurosystème ne sera disposé à les payer. On demande donc un remboursement régulier afin que les soldes ne perdurent pas. Logique, mais cela revient à affirmer ouvertement que l’Euro n’est pas une monnaie au sens plein du terme.

Mario Draghi a fait l’énorme erreur d’indiquer que les soldes Target seraient à rembourser par tout pays décidé à quitter la zone Euro. C’était une manière de conjurer cette initiative. Mais la Hollande a aussitôt posé la question qui fâche : si un pays excédentaire décidait de quitter, est-ce que les autres seraient obligés de liquider leurs soldes débiteurs vis-à-vis d’elle ? Du coup l’opération pourrait être tentante pour les trois pays en très grands excédents et qui ont cumulé des soldes énormes sur le Target. Drahi est resté silencieux. On le comprend.

Tout cela traduit la morgue des pays à grands excédents alors que ceux-ci sont une catastrophe économique en plus de contrevenir aux règles internationales (traités et statuts du FMI).

Ces pays n’ont fait qu’une bouchée de Macron et de ses prétentions à la direction morale et politique de l’Union Européenne. L’Allemagne veut et le poste de président de la Commission et celui de président du Parlement européen. Toutes les demandes de la France ont été tournées en dérision, diplomatiquement, et enterrées, en même temps qu’on lui demandait d’abandonner son siège au conseil de sécurité au profit d’on ne sait quoi et on ne sait qui, alors que jamais les politiques étrangères ont été moins accordées et que l’Europe est le tapis sur lesquelles la Chine, les États-Unis et quelques autres s’essuient les pieds.

Les élections européennes ont été transformées en concours de beauté entre le Front national, débaptisé en RN, et Macron, déguisé en tête de liste.

Mais dans les boyaux du monstre, cela fermente, alors que les excédents excessifs de l’Allemagne ont provoqué l’ire des États-Unis qui agitent perpétuellement des menaces et que le « couple franco-allemand » ne peut pas fonctionner, la France étant pénalisée du fait des écarts de conduite de son conjoint.

Le seul moyen, pour la France de sortir de ce piège est de mettre en œuvre une « diplomatie de la prospérité » qui passe non seulement par la condamnation des pays trop lourdement excédentaires et déficitaires, responsables entre autres de la crise de 2008-2009, mais par des propositions de réorganisation.

Il faudrait, pour être crédible, redresser enfin le pays, au lieu de tout lâcher à la démagogie, et cesser d’être l’homme malade de l’Europe. Et être capable de présenter des solutions techniques.

Sur ces deux sujets, on voit le travail qui resterait à faire si on voulait aller dans la bonne direction. Ici et maintenant, on chute sur la ligne de plus grande pente et de plus grande facilité, sans respecter les 80 km/h.

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile.

Que s'est-il passé en France de 2012 à 2019 ?

Le nécessaire et le réel

En 2012, le Cercle mettait dans la bouche d’un Sarkozy, à nouveau candidat, le programme suivant :

« Il appartient aux candidats à la présidence de la France de parler d'abord de la France et de son bien commun, de sa place dans l'Europe et dans le monde, de ses chances en tant qu'aventure collective.

Cela serait tout de même plus digne que d'essayer d'acheter des cohortes d'électeurs avec des promesses électorales monétisées, tout en permettant à l'électeur de se défouler sur des boucs émissaires et des minorités.

Un président n'est pas là pour faire des cadeaux à des catégories en prenant l'argent de tous, à des fins purement électoralistes. Il n'est pas là non plus pour vouer aux gémonies des catégories sélectionnées de la population.

Oui la France travaille trop peu ; dépense trop pour des corporations à privilèges et peu productives. Oui la pression fiscale est trop élevée. Oui la pression syndicale et les corporatismes étouffent la France. Oui la politique coûte trop cher. Oui il faut que les Français soient propriétaires de leur logement. Oui il faut qu'ils augmentent leur pouvoir d'achat par un surcroît de travail. Oui il faut que l'état réduise sa voilure. Oui il faut un pacte avec les plus fortunés pour qu'ils cessent de fuir la France et qu'ils retrouvent le chemin de la confiance et de l'investissement. Oui il faut pousser le plus possible d'indemnisés vers l'emploi.

J'ai fait des erreurs. J'aurais dû supprimer l'ISF et convertir euro pour euro cet impôt en une tranche supplémentaire de l'impôt sur le revenu. J'aurai dû créer immédiatement la TVA sociale. J'aurai dû aller plus loin dans la convergence entre les systèmes de retraites afin de mettre fin aux privilèges énormes et injustifiés qui lèsent les salariés du secteur privé et pénalisent la nation. J'aurai probablement dû aller plus loin dans l'élévation de l'âge légal du départ à la retraite, le passage à 65 et bientôt 67 ans étant pratiquement obligatoire.

Bien sûr j'ai payé trop cher des réformes nécessaires qui ne méritaient pas autant de douceurs distribuées aux privilégiés dont on changeait les habitudes. Jamais je n'aurai dû supprimer les charges sur les heures supplémentaires ni redonner aux fonctionnaires l'essentiel des gains liés aux suppressions de postes effectuées.

La zone Euro ne peut plus voir ses membres mener des politiques contradictoires qui creusent les écarts de croissance alors que la monnaie est unique. La convergence ne se fera pas toute seule. Alors il faut des institutions intergouvernementales fortes pour assurer que tout le monde marche d'un pas compatible avec une monnaie unique. Naturellement nous sommes ici dans l'inter-gouvernementalité et pas dans la supranationalité. Il n'appartient pas à la Commission, dont le rôle est de gérer des espaces mutualisés par la norme, de faire ce travail qui implique une forte responsabilité politique. La Banque Centrale Européenne ne doit pas non plus avoir comme seul objectif la stabilité des prix mais aussi la compétitivité de la zone et le plein-emploi. La déflation n'est pas une solution. Ce sont des changements majeurs qui impliquent fortement l'avenir. L'édifice européen a failli s'écrouler. Il faut agir et vite.

Nous ne pouvons pas non plus accepter un monde où les monnaies font le yoyo au détriment de l'épargne mondiale et des échanges. Chaque pays doit devenir responsable vis-à-vis des autres de la croissance harmonieuse des échanges. Il faut pour cela des changes fixes mais ajustables et un rôle accru du FMI comme chien de garde des grands équilibres. Le rattrapage de croissance des pays figés trop longtemps dans la misère est une chance aussi bien pour eux que pour le reste du monde. Il doit se faire de façon coordonnée sans déséquilibres permanents et guerres économiques et monétaires.

La France se battra sur ces deux fronts pour faire évoluer les mentalités, les pratiques et les organisations. L'urgence est d'aboutir à un diagnostic partagé, avant que des mécanismes structurels d'harmonisation soient mis en place.

En cas d'échec l'Europe devra prendre acte de l'impossibilité d'échanges loyaux et constructifs et cesser d'être le ventre mou du monde, qui prend tous les coups sans jamais en rendre un seul. L'Europe devra prendre des mesures conservatoires fortes tant en matière de droits de douane que de monnaie. »

Ce texte était, en creux, une critique de la gestion Sarkozy et une esquisse de ce qui pouvait se faire en 2012, avant que Hollande se mette à gérer le pays comme on le sait.

Il est intéressant de constater ce qui a bougé et ce qui est resté lettre morte dans les 7 années qui viennent de se passer.

Commençons par la fin du texte :

Tout le développement sur l’Europe et l’organisation mondiale des échanges et de la monnaie, peut être repris. Rien n’a bougé. Absolument rien. Une merveille d’inconscience collective. Le seul élément positif est que le diagnostic devient un en plus partagé. Merci Trump qui a permis la prise de conscience des conséquences inadmissibles des trop gros excédents. Mais il est tout de même rageant de constater que sur les aspects les plus fondamentaux d’une politique et d’une diplomatie de la prospérité, rien n’a frémi en France et en Europe.

Pour le reste, ne parlons plus de Hollande, mais remarquons que Macron a fait toutes les erreurs signalées.

« Il appartient aux candidats à la présidence de la France de parler d'abord de la France et de son bien commun, de sa place dans l'Europe et dans le monde, de ses chances en tant qu'aventure collective ». Il a totalement éludé ce thème et certains chroniqueurs ressassent désormais cette idée.

« Cela serait tout de même plus digne que d'essayer d'acheter des cohortes d'électeurs avec des promesses électorales monétisées, tout en permettant à l'électeur de se défouler sur des boucs émissaires et des minorités. »

Qu’a donc fait Macron sinon enchaîner les mesures d’achat de votes tout en expliquant que les retraités, les propriétaires immobiliers et les automobilistes devaient être durement frappés. Le tout sans jamais s’attaquer réellement aux problèmes de fond. Il ajoute maintenant des mesures Sarkozy parce qu’elles sont populaires comme le « déchargement des heures sup » et le « travailler plus pour gagner plus ».

Alors oui, il a fait un geste nécessaire en supprimant l’ISF et en plafonnant les revenus du Capital.

Tout le reste est cosmétique ou un simple jeu de bonneteau fiscal.

Certains disent : les Gilets Jaunes l’ont fait réfléchir. La suite sera moins bureaucratique ! Il est vrai que ce mouvement a prouvé que le revenu disponible était détruit par des réglementations excessives et fort coûteuses.

On est en train de concocter un contrôle technique qui va être deux fois plus coûteux que le précédent avec en plus des contrôles a posteriori !

On se rappelle naguère la loi démente sur le changement général de tous les ascenseurs parce qu’un enfant s’était tué dans un ascenseur d’HLM impossible à maintenir compte tenu du comportement des résidents qui pourrissaient l'immeuble. Des milliards !

Idem pour la loi sur les piscines privées, avec une coercition ridicule et inapplicable.

Le projet exigeant le changement de voiture et de chaudière a fait explorer la révolte des gilets jaunes. On verra la suite.

Un balcon s’est effondré faisant une victime. Voilà qu'on nous prépare une de ces lois extravagantes qui vont imposer des diagnostics effroyablement coûteux et des mises aux normes le plus souvent irréalisables, parce que trop globales et ne tenant pas assez compte des cas particuliers. Une loi qui ruinera les propriétaires malchanceux avec beaucoup de fenêtres. Nous revoici avec l’impôt de la Révolution sur les fenêtres.

Rien ne change. L’Énarchie Compassionnelle, arbitre, du pays impose inlassablement sa bureaucratie assise sur les lobbies et les bons sentiments. Les propriétaires paient.

En même temps on renonce aussitôt à toute baisse significative de la dépense publique et des effectifs.

Notre système est indécrottable.

D’un côté : Démagogies électoralistes, boucs émissaires, bureaucratie ruineuse par son ampleur et par le coût des mesures imposées, jeu de bonneteau fiscal, le tout caché derrière les grands principes.

De l’autre : Refus de s’attaquer aux vrais problèmes. Première place mondiale pour la fiscalité et dettes astronomiques.

Le résultat : l’hystérie.

Et cela dure depuis 1974 !

« Contre le Libéralisme » d’Alain de Benoist

Un livre déjanté typique de l'esprit du moment

Parmi les mouvements d’idées calamiteuses qui polluent le ciel des idées en cette période anarchique, on voit remonter des cavernes certains idéologues d’extrême droite qui trouvent une sorte de débouché profitable à leurs détestations.  

Les penseurs d’extrême droite ont toujours été anti-libéraux, surtout ceux qui ont considéré que le Moyen-âge était le summum de la civilisation et la période la plus conforme aux réalités de l’âme humaine.  Marginalisés, mais stimulés par le gauchisme et le socialisme dominants, ils ont fini par creuser un trou éditorial assez grand pour y piéger différents aspects de l’actualité. La crise et ses conséquences sociales, l’irrédentisme violent des Musulmans et ses effets criminels, l’effondrement de l’URSS, l’affaissement du radicalisme de gauche dans le politiquement correct anti blanc et anti mâle, avec ses effluves de plus en plus délétères, le développement du ZADisme et de la violence institutionnelle des mouvements anarchistes, l’écologisme délirant, avec ses zélateurs hystériques, tout cet effroyable gâchis les a fait remonter à la surface autour d’une idée simpliste : le libéralisme est responsable de tout !

La méthode employée par l’auteur de « Contre le libéralisme » pour développer et illustrer cette idée est simple. On donne une définition biaisée d’un bout de doctrine, qu’on monte sur un pilori. Et on bombarde de citations tirées de partout pour montrer que l’horreur qu’on a dessinée n’est pas une caricature mais ce que juge tout le monde qui pense. Chaque procès successifs donne lieu à des dizaines de citations puisées à toutes les sources mêmes les plus saugrenues.   

Le lecteur un peu informé voit l’esprit faux à chaque phrase, le détournement de sens à chaque paragraphe, l’accumulation des contradictions à chaque page. Un procès n’est jamais une réflexion. On veut sanctionner des coupables. La guillotine est au bout. Les idées sont décolletées, tirées vers l’abattoir sous les crachats, et amenées au billot dans l’allégresse un peu verbeuse du procureur content de lui.

Et à la fin, les deux pieds dans la flaque sanglante de l’idéologie saccagée, on se dit : mais il n’y a rien à garder de ce carnage ! On cherche. Il ne reste vraiment rien.

Une accumulation de citations hors contexte, découpées pour servir une détestation, ne fait pas une pensée mais une poubelle. L’auteur a dû se dire comme Mistinguett : l’ai-je bien descendue ? Le libéralisme fantasmé a bien été écartelé par un maximum de chevaux de traits (acérés). La bouillie n’est pas nourrissante. L’auteur se garde bien de proposer quoi que ce soit. Le lecteur sort de là en se disant : et alors ? Et alors, rien. Un petit exercice compilatoire de nihiliste content de son œuvre n’apporte rien, parce que le but est justement nul. Le gamin piétine son château de sable avant que la mer ne l’emporte. L’auteur piétine ses détestations avec la même frénésie enfantine. On ne peut même pas dire qu’à force de biaiser il finit par enfanter un monstre. Il n’enfante rien.

En creux s’esquisse une forme de paradis perdu non assumé qui se cache derrière des aphorismes faux mis en opposition avec des fantômes de débris historiques fantasmés. Le lecteur reste pantois. Aller jusqu’au bout du livre est une épreuve. Car on sait que cela ne sert à rien.

On veut un exemple ?  Ouvrons le livre au hasard. La page 328 se présente et en son centre cette phrase : « Ce n’est que dans le capitalisme que le travail a pour fonction d’obtenir des produits qui prennent la forme de marchandises ». Celui qui réfléchit juste une seconde s’aperçoit que la production depuis des millénaires qu’on produit, a pour but de créer des produits. Tautologie. Le Serf, dans la bienheureuse période chérie l’auteur, produisait bien des produits. Ah mais voilà. Ils n’étaient pas de la marchandise. C’est-à-dire qu’ils n’avaient pas vocation d’être vendus librement sur les marchés. Les reitres du seigneur venaient l’arracher au paysan à coups de pied dans le derrière. C’était beaucoup mieux. Que le paysan soit à son compte et vende le surplus de sa production pour acquérir des productions dont il a besoin, cela devient scandaleux.  Voilà une rupture fatale avec « toutes les autres formes de vie sociale ». Oui, en effet avec le servage, l’esclavage et le droit de cuissage. Et alors ?

Et alors, « Mort au Koulak » ! Staline avec nous !

Les extrêmes se touchent comme chacun sait. A chaque page, la contestation du libéralisme (beurk !) oblige à des alliances idéologiques et verbeuses avec les bons marxistes. Non : pas ceux qui ont créé l’URSS mais les adeptes des premières pages de Das Kapital !  « En réduisant le capitalisme à un système où les méchants propriétaires des moyens de production se borneraient à exploiter les travailleurs en leur extorquant une plus-value, le « marxisme traditionnel » est passé à côté de l’essentiel ». C’est, qu’à l’extrême droite, on sait juger de l’essentiel de l’extrême gauche ! Alain de Benoist sort alors la grosse artillerie, le summum de la pensée critique et de l’analyse fine : « Le capitalisme est un système où ce sont les marchandises qui règnent ». On est en plein animisme. Les objets ont des pouvoirs et prennent des décisions qu’ils dictent aux malheureux crétins qui ne comprennent pas leur aliénation. Le serf et l’esclave eux étaient aliénés par des hommes. C’était tout de même plus smart.  Notez bien que ce n’est pas le produit qui règne mais la marchandise, comme signalé plus haut.  Si le produit n’était pas vendu mais arraché aux mains du producteur par le seigneur et maître, il perdrait son caractère venimeux. L’auteur l’affirme sans ambages et sans rire : « La société féodale était tout entière ordonnée à la notion de bien commun ». Walter Scott avec nous ! Il faut dire que dans l’esprit un peu échauffé de l’auteur, le féodalisme est la seule solution qui permette « les solidarités organiques traditionnelles ». Qu’est-ce que c’est que çà, direz-vous ? Débrouillez-vous, l’auteur ne précisera pas ! De toutes façons, tout va mal depuis que les Capétiens, avec l’aide de la bourgeoisie (Beurk !), ont mis fin « aux rapports sociaux hérités de la féodalité » et au « déploiement » tellement heureux d’un « être social global ». Parle à mes sabots, ma tête est malade !

Relevons au passage que libéralisme est assimilé en permanence à une floppée de concepts sans aucun effort de différenciation. Libéralisme = capitalisme = socialisme marxiste dégénéré = démocratie = société marchande = bourgeoisie = bobo des villes = individualisme = indigéniste = n’importe quoi. Tous dans le même sac.

On aura compris. Des concepts brouillons et déjantés s’opposent artificiellement à des concepts détournés de leurs sens et réduits à une bouillie infâme, le tout saucissonné dans une farandole de citations tronquées.

Montjoie Saint Denis, crénom ! Que trépasse si je faiblis.

Trépasse ton chemin, Benoist

Haro sur le libre échange !

Dans la confusion générale qui marque l’année 2019 et qui s’aggrave de semaines en semaine, la TNT devient un robinet à vomissements permanents, les commentaires vaseux alternants avec les pires éructations, dans un concours permanent à qui serait le plus bas, le plus vil et le plus caricatural. La presse quotidienne s’enfle également d’articles dérisoires où chacun vaticine sans frein ni recherche de cohérence. A chacun de s’y retrouver. Comme si personne n’avait plus de colonne vertébrale et s’effondrait de façon ectoplasmique sous le poids de ses renoncements à réfléchir plus loin que le bout de ses passions tristes.

Dans ce bouillon informe fermentent des jugements à l’emporte-pièce, repris comme des versets du Coran, en secouant la tête comme devant le Mur des lamentations.  Les bouts d’ânerie s’enchaînent avec des points de suspension à chaque rebondissement médiatique, et finissent par faire une forme de banderole de certitudes populaires contre lesquelles il serait prudent de ne pas s’insurger.  

Cette unanimité d’apparence et de désespoir, restera un grand moment d’effondrement de l’esprit français. Un peu comme le toit de Notre-Dame de Paris, qui certes laisse passer désormais un peu de lumière mais a vu son plomb fondu couler dans tous les cœurs. 

Les simulacres de débats qui eurent lieu en 1968 à l’Odéon était de la même espèce. On pouvait dire n’importe quoi et chacun hochait la tête en ricanant devant tous les franchissements et dérapages de demi-intellectuels allumés, pendant que les Katangais mettaient les lieux à sac, comme à la Sorbonne. Aujourd’hui, le délire est médiatique, et les Black-blocs tiennent le rôle des Katangais.

Plus aucun dialogue, plus aucune réflexion partageable ne sont possibles. « Les faits sont fascistes » disaient les « penseurs cosmo planétaires » de l’Odéon. Aujourd’hui ce sont les voies-de-fait des Gilets Jaunes qui le sont et  qui ont pris le relais. Et on tend religieusement des micros complaisants pour recueillir la substantifique moelle de la divine coalition des mécontentements.

Voici les petites filles s’en mêlent. Et font la grève des cours pour pousser les gouvernements à agir pour la sauvegarde de la terre meurtrie définitivement par les ébats des adultes consentants. 

Parmi les victimes collatérales de ce déluge d’infantilisme et de démagogie, on trouve le corps, fumant et survivant à peine, de l’idée du libre-échange.

Plus personne ne défend le libre-échange, qu’il s’agisse des relations internes de l’Europe ou du commerce mondial.

L’extrême droite qui pense, façon Club de l’Horloge, accumule les livres et les programmes qui condamnent le libéralisme, et notamment les libertés marchandes, vues comme destructrices des solidarités et des identités « naturelles ».

Parmi les penseurs qui font la liaison entre extrême-droite et droite, on voit aussi bien M. Eric Zemmour que Mme Natacha Polony s’élever contre un libre-échange qui déstabilise la paie des braves travailleurs et la tire vers des niveaux si bas que les plus pauvres doivent être subventionnés par une prime dite d’activité.

La gauche, dans toutes ses variantes, est traditionnellement contre la « marchandisation » du monde et le commerce qui crée des inégalités en gavant des multinationales incontrôlables. Marx et ses apôtres n’ont jamais cessé de considérer que l’extension commerciale était un malheur nécessaire pour la survie du capitalisme.

S’ajoute maintenant tous les sauveurs de la planète qui considère qu’un produit qui vient de l’étranger effondre le bilan carbone et doit être prohibé au profit d’une production plus sobre et plus proche. Manger des kiwis et des bananes devient inciviques, de même que les escapades touristiques. Stop au « bougisme » ! Vive le localisme.

Naturellement, aucune des personnes remontées ainsi contre le libre-échange ne renonce en quoi que ce soit à l’achat et l’utilisation d’objets qui proviennent à 80% de l’étranger sans aucun espoir d’une production locale, ni à ses vacances lointaines. Les mêmes ont renoncé à compter les postes de travail concernés par les exportations, le tourisme faisant partie des exportations, qui seraient menacés par leurs doctrines. La question des coûts n’est jamais posée, ni celle de l’impact sur le revenu disponible. Une entreprise qui n’a aucune chance d’exporter dans le monde, n’a aucune chance de connaître un vrai succès. Le national-écologisme créerait une miraculeuse économie-verte, une forme d’oxymore d’autant plus créatrice d’emplois que la productivité serait plus basse ! Les villes n’auront même plus besoin des campagnes. Tout sera produit sur les toits et les balcons. Les relations verticales supplanteront les circulations horizontales (pas de mauvais esprit, SVP). Mais on maintiendra les services publics dans les villages vidés par la dénatalité et la concentration de la production au sein des villes-monde.

Que toutes les voix qui s’expriment, pratiquement sans exception, prêchent pour l’autarcie et la sobriété, voir la belle privation volontaire de l’anachorète, est tout de même un spectacle assez terrifiant. Et hypocrite.

On chérit la liberté en France en asphyxiant toutes les libertés concrètes.

Comme toujours les libertés s’organisent et les relations économiques internationales doivent s’exercer dans un cadre approprié et cohérent. Nous avons écrit un article précis sur cette question pour cerner justement les modalités problématiques et voir les solutions possibles ( voir http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2018/6/12/Monnaie-et-libre-change ).

Le climat délétère qui s’est instaurée en France et cette quasi-unanimité des philosophes, des sociologues, des médias, et des forces politiques contre une liberté fondamentale, celle de contracter librement dans le monde, ont quelque chose de terrifiant. La France qui se voyait comme le phare immense de la liberté dans le monde souffle énergiquement sur ce qui reste de son moignon de bougie libérale.

Osons dire que c’est lamentable, consternant, inacceptable, condamnable, ridicule, minable, indigne, sot, déraisonnable, …, et dangereux. Le commerce international n’est pas une maladie mais une bénédiction, pas une contrainte mais un droit et même un devoir.

Pierre Viansson-Ponté disait en 1967 : la France s’ennuie. On a vu le résultat. En 2019, elle disjoncte et sombre dans l’insignifiance et les gamineries, sur fond de violence.  

Il serait peut-être temps de réagir.

Enarchie Compassionnelle – Le faux projet de réforme

Nous sommes depuis plus de vingt ans les contempteurs vigilants de ce que nous avons appelé l’Enarchie Compassionnelle, une verrue antidémocratique greffée sur la démocratie française par la haute fonction publique, et qui a fini par dénaturer totalement la Cinquième République.

La démocratie est faussée par l’alternance des clans des classes d’Enarques, chaque banc rival arrivant successivement au pouvoir sans réels soucis des Français ni même de la France. L’important est d’atteindre le Saint Graal de la Présidence. Tout le reste est accessoire. 

L’effondrement démographique, industriel, économique et social d’une France vouée à devenir un territoire dont la population d’origine sera évincée dans les cinquante prochaines années, et dont le seul titre de gloire sera d’être le numéro un des prélèvements, au milieu des cris mille fois répétés de Vive l’Impôt, Vive l’impôt, stimulés par des entrepreneurs-acteurs de spectacles télévisés malhonnêtes ou débiles qui leur permettent de gagner des millions, alors que la culture française est abandonnée au profit des grands machins américains et que l’université sombre dans le politiquement correct le plus sectaire et le plus infect, en même temps que l’emprise islamiste s’étend au milieu de crimes plus ignobles les uns que les autres.

Il en est résulté une méfiance vis-à-vis des « élites » qui vire à la haine dans les profondeurs du pays. Chaque alternance montre que le clan vainqueur n’a aucune envie de faire quelques réformes que ce soit. Après Hollande et ses dizaines de milliards d’impôts supplémentaires dans les deux premières années de son mandat, voilà Macron avec encore plus de dizaines de milliards d’impôts supplémentaires dans les deux premières années de son mandat. Eliacin a succédé à Bidochon, mais rien n’a changé.

L’Enarchie Compassionnelle n’est pas un accident provisoire de l’histoire. C’est un système fondé sur une idéologie et une pratique.

L’idéologie prétend que seuls les Enarques, élites formées et sélectionnées, sont capables de diriger le pays, leur rôle étant d’arbitrer les conflits de la société. Patrons et salariés, actifs et inactifs, hommes et femmes, homosexuels et hétérosexuels, malades et bien portants, jeunes et vieux, producteurs et commerçants, terriens et iliens, pêcheurs et agriculteurs, hexagonaux et ultramarins, délinquants et honnêtes gens, piétons et automobilistes, immigrés et nationaux, rien ne doit échapper à l’Enarque bienveillant. Un Enarque est objectif et au-dessus du lot. Lui seul sait. Lui seul est légitime pour agir.

Agir, c’est tout noyer sous la réglementation et les subventions, donc sous les impôts.  Tout est devenu interdit ou contraint en France. Les libertés sont étouffées. Nous triomphons comme les champions du monde des prélèvements.

Commencée sous Pétain, notamment en juillet 1940, avec la création de la direction du Trésor qui va progressivement placer les siens dans tous les rouages de l’Etat, prolongée à la Libération, où la haute fonction publique impose au pays des systèmes de sécurité sociale dont ils se dispensent au profit de solutions beaucoup plus favorables à eux-mêmes, épanouie à la fin de la Quatrième où des Inspecteurs des finances accèdent enfin au poste de Président du Conseil, partiellement contenue par le Général de Gaulle qui néanmoins leur offre l’élection présidentielle et un but, l’Enarchie s’envole avec Pompidou mais surtout avec Giscard et Chirac, premier couple de hauts fonctionnaires disposant de toutes les manettes du pouvoir. Depuis Chirac, Balladur, Fabius, Rocard, Juppé, Jospin, Villepin ont tenu le rôle de premier ministre, Chirac et Hollande celui de Président.

L’Enarchie ne se contente pas d’annexer les postes politiques nationaux de premiers plans. La voilà qui s’étend partout, dans les assemblées, les régions, les grandes municipalités, et même les plus dérisoires mairies. Chirac tient la mairie de Paris, Juppé celle de bordeaux, Philippe celle du Havre, Aubry celle de Lille, Copé … celle de Meaux.

En même temps la haute administration commence ses allers et retours dans les grandes entreprises publiques, particulièrement les banques, mais aussi la SNCF, Air France, etc. Certains hauts postes européens sont aussi tentants. L’argent coule à flot.

L’affaire se complique avec la féminisation de la haute fonction publique. L’Enarchie se pratique en couples qui s’enrichissent à vue d’œil, en croisant les carrières administratives, politiques, et privées.  On l’a vu avec Hollande, Royale et ses autres maîtresses qu’il a voulu placer aux plus hautes responsabilités. Le cas de Florence Parly est le plus clair. Parly II, la fille de Parly I, se devait d’avoir une carrière fulgurante. On commence par un passage au gouvernement. Puis on tente l’élection législative. On se retrouve à la municipalité de Paris. Puis on part à Air-Fance et à la Sncf et on revient au gouvernement comme ministre. Et on a épousé un haut fonctionnaire qui fait lui une carrière au sein de l’Etat, un temps aux participations de l’Etat ce qui facilite la carrière de sa femme. Le couple se retrouve avec des rémunérations qui dépassent tout ce que le bon peuple peut imaginer, en dépit des révélations du Canard enchaîné. Certains parlent en privé de plus de 10 millions d’euros la meilleure année. Le couple Fillon peut aller se faire rhabiller chez Arnys. Hidalgo, fonctionnaire élevée par la  grâce d’une fréquentation assidue des litières énarchiques les plus élevées, avec son haut fonctionnaire de mari, se sont enrichis de façon extrême.    

Les systèmes particuliers que se sont concocté les hauts fonctionnaires, dans ce contexte, deviennent incroyablement choquants. C’est le cas des retraites.  On revient dans le statut du corps cinq jours avant la date limite et on touche non pas une retraite au prorata du temps passé mais au taux plein, même si on a travaillé moins d’un an à des fonctions administratives dans toute sa carrière.  On peut cumuler des retraites privées, des retraites européennes, des retraites de députés ou de sénateurs, des retraites municipales, ou de conseils généraux, des retraites présidentielles, des indemnisations ministérielles, etc. etc. Pour les grands seigneurs du milieu des planques permettent de toucher rémunérations et avantages annexes jusqu’à des âges très avancés (Jospin, Fabius et Juppé au Conseil constitutionnel sont les exemples les plus caricaturaux, mais Rocard et Ségolène au Pôle Nord, ce n’est pas triste non plus).

Ce réseau de prébendes totalement injustifiés, de couples d’abusifs incroyablement enrichis, d’avantages gigantesques et souvent secrets obtenus sans mérite excessif, ont fini par dégoûter le pays.  D’autant que ces privilégiés se sont tous plus ou moins réclamés du socialisme le plus rouge et n’ont que le mot égalité à la bouche.  Un Jean-Claude Trichet qui cumule les retraites statutaires, celle de la Banque de France et celle de la BCE a eu des responsabilités considérables, avec les rémunérations associées légitimement. Mais il a finalement nui au plus grand nombre, notamment en cautionnant une politique qui a poussé le chômage au plus haut. On peut comprendre qu’une personne qui, du fait de son chômage durable, a une retraite misérable, proche de 450 euros par mois, trouve que le train de vie de retraité de Trichet est légèrement abusif.

La vraie solution est connue. Il faut dissocier totalement le secteur administratif et le secteur politique.  Article constitutionnel N°1 : nul ne peut être élu dans une assemblée ou dans un exécutif qui fixe sa propre rémunération et ses conditions d’emploi. Article 2 : nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’Etat ni cumuler rémunération d’état et celle d’une organisation internationale.

La retraite des hauts fonctionnaires doit être versée prorata temporis du travail effectué et non pas en fonction du statut.

Si un haut fonctionnaire veut faire carrière hors du service public, soit il démissionne, soit il opte pour le système qu’il juge le meilleur, mais il ne cumule pas. Une législation plus ferme sur les conflits d’intérêts qui naissent du fait de la généralisation des couples de hauts fonctionnaires doit être mise en place.

Lorsqu’on prend la vraie dimension du problème anti démocratique que représente l’Enarchie Compassionnelle en tant que système, on comprend qu’Emmanuel Macron, qui en symbolise la quintessence, ne règle pas le problème. Le faux semblant est total, l’hypocrisie majuscule et éhontée.

Arrivé au pouvoir par un pronunciamento mis en œuvre par des hauts fonctionnaires félons à leurs devoirs, entouré d’une garde proche d’Enarques, conforté par une premier Ministre énarque, un Ministre des Finances énarque, un ministre de la défense énarque, gardé à Bruxelles par un commissaire énarque qui dialogue avec un ministre de l’Europe énarque et tête de liste aux européennes, jamais l’Enarchie n’a été poussée à un tel point.

Changer le nom de l’école pour qu’on ne puisse plus parler d’énarchie est une subtilité de communiquant.  Déplacer le problème en n’évoquant que la question de l’accès à la haute fonction publique, censé ne pas faire une place suffisante aux enfants non issus de la bourgeoisie socialiste, permet de cacher la réalité.

Il faut un bon recrutement, donc sélectif, pour la haute fonction publique et la meilleure formation, et un avancement qui permet seulement après avoir fait ses preuves d’intégrer les grands corps et d’accéder aux hautes responsabilités.

Mais il faut veiller à ce que ne se crée pas, par extension abusive, un Etat dans l’Etat.

L’Enarchie Compassionnelle doit être détruite en tant que système abusif. On n’en prend pas le chemin. Quand on présente un faux diagnostic on appliquera nécessairement des faux remèdes.

Le triomphe d’Emmanuel Macron, qui appelle aussitôt Edouard Philippe, qui l’un et l’autre ont décidé d’être renégats vis-à-vis des mouvements qui les ont mis en selle, a été l’acmé du système énarchique. Lorsque nous avons vu, après quelques mois, la machine bureaucratique et fiscale s’emballer, nous avons pris le soin de la signaler sur ce blog. Ils se croyaient tout permis. Et je limite les vitesses dans demander à personne. Et je dresse un plan vélo, un plan truc, un plan machin. Pas un aspect de la vie des gens qui puisse échapper à la folie bureaucratique en pleine surchauffe. Et j’augmente les impôts et les taxes à tout va. Jusqu’à dire aux Français que l’énergie serait taxée toujours plus, qu’il faudra qu’ils changent de voitures, de chaudières… Nous avons écrit : attention à la colère du peuple.

Plus rien n’était audible dans les bureaux de Matignon et de l’Elysée. Et on a fini par découvrir que le revenu disponible, ce n’était pas le brut moins les prélèvements moins les impôts et moins les taxes, mais ce solde diminué de toutes les dépenses contraintes par la bureaucratie et les réglementations ineptes et effroyablement coûteuses.

On eut les Gilets Jaunes et le blocage des ronds-points avec l’assentiment général de la population aux premières heures du mouvement.

Macron leur livre un changement de nom de l’ENA, comme on lance un nonosse au chienchien pour qu’il cesse d’aboyer. Sans toucher à l’essentiel. Il s’agit bien d’un faux projet de réforme.

L’Etat dans l’Etat se croit assez fort pour perdurer dans son être. Il est vrai que l’opposition est muselée : Wauquiez, Philippot, Dupont-Aignan, Asselineau sont des Enarques…  Restent les extrémistes de droite et de gauche. Macron leur demande de se lever comme des orages désirés. En faisant semblant de protéger la République contre les violents, on défend en fait l’Etat dans l’Etat qu’est l’Enarchie.

Tout cela est pitoyable et n’a rien à voir avec l’intérêt général.

La Monnaie du Diable : le sommaire

SOMMAIRE

 

Préface de l’auteur

 

Première Partie : Les Trente Glorieuses

 

L’hôtel du Mont Washington

Le « moment » particulier des mois de juin, juillet et août 1940 et l’efflorescence soudaine de solutions monétaires en Europe

Les effets psychologiques du choc militaire

Le plan allemand d’organisation de la « nouvelle union européenne »

Un accueil plutôt bienveillant en Europe

John Maynard Keynes entre en scène

Le rêve de Morgenthau et le projet de Harry White

Les tractations jusqu’à Atlantic City

La France à Bretton Woods

Des projets préparatoires à la conférence de Bretton Woods et à la création du FMI

Les Trente Glorieuses

Le vice caché et la fin des Accords de Bretton Woods

Les pressions de M. Roosa

Jacques Rueff et la révolte monétaire du Général de Gaulle

Nixon et la fin des Accords de Bretton Woods

Premières leçons des Accords de Bretton Woods

Conclusion : Mars met Hermès KO !

 

Deuxième Partie : la crise

 

Les trois clefs explicatives de la période 1971-2018

Qu’est-ce que « la crise » ?

Les causes fondamentales de la crise

Les changes flottants

Le dégel et la dissolution du bloc communiste

La décision aventurée de créer l’Euro

L’Euro, monnaie commerce, monnaie puissance ou monnaie « zombie » ?

2008, l’allumette des « subprimes » fait sauter l’économie mondiale devenue baudruche

Sauver le Titanic

Et Trump est arrivé

1971-2018 : le faux triomphe du dollar roi

 

 

 

 

Épilogue : se placer sous l’aile du dieu Hermès ?

 

La zone euro est-elle réformable ?

-          L’Eurosystème, une drôle d’organisation

-          Hypothèse 1 : une transition vers le système de Keynes

-          Hypothèse 2 : La sanction automatique des grands excédents

-          Hypothèse la plus probable : les renforcements fédéralistes

-          Conclusion sur l’Eurosystème

Peut-on se débarrasser des changes flottants ?

Et si on ne changeait rien ?

 

Conclusion

Les trois manières de voir l’Europe, dont deux sont actuellement caduques

Les débats sur l’Europe sont généralement niaiseux et biaisés. On est pour ou contre mais jamais aucune réflexion précise ne peut se développer au-delà d’un « je t’aime, moi non plus » parfaitement mièvre. L’Europe est donc une terre d’idéologie et toute entame de réflexion sur un aspect soit technique, soit historique, soit politique, tourne au pugilat sans gloire.  Que le débat soit impossible montre bien la nature de ce qu’on appelle la « construction européenne ». Les cartes n’ont jamais été jouées sur table à aucun moment de l’histoire de l’Europe. Il fallait être pour. Ne pas l’être était la marque d’une forme d’ignominie dévalorisante. Point final !

Cette manière de faire a empêché que ne développent en se confrontant les différentes visions de l’Europe. S’il s’agit d’unir l’Europe par des liens qui empêchent le retour des conflits nationaux, on compte au moins trois principales orientations, symbolisées chacune par un préfixe : 

-          L’optique supra nationale

-          L’optique a nationale :

-          L’optique co nationale.

L’optique supranationale est la plus connue : l’objectif est de créer au-dessus des nations un Etat Fédéral sur le modèle des Etats-Unis. Un président, un hymne, un drapeau, un parlement, un conseil constitutionnel, une monnaie, une banque centrale, un chef de gouvernement et un gouvernement qui pilotent un budget, une diplomatie, une police et une armée.  Les anciennes nations perdent leurs fonctions régaliennes transférées à la Fédération et sont transformées en « länders » chargés d’on ne sait quoi. Ils peuvent se fractionner en régions plus ou moins autonomes, puisque le régalien n’est plus national.

Cette optique est souvent considérée comme le « projet initial des pères de l’Europe » et le débouché normal de la « construction » européenne.  L’organisation actuelle présente des facettes de fédéralisme mais les différences sont majeures. Le Conseil des chefs d’Etat est le vrai organe de décision, ce qui est incompatible avec une vraie fédération. La commission n’est pas un gouvernement. Le Parlement ne décide pas de la politique générale, des domaines entiers restant hors de son domaine d’action. Ne parlons pas du poste européen de ministre des affaires étrangères ni des efforts vers plus d’unité militaire.  Il est tout de même curieux qu'en plus de 60 ans, on soit si loin du modèle fédéral si c’était vraiment le but à atteindre. Jamais ce modèle n’a été autant récusé par pratiquement toutes les nations constituantes (peuples et gouvernements) et le Brexit a prouvé le peu d’attractivité d’une construction de ce type. Les purs fédéralistes disent : supprimons les conseils des Etats et faisons de la Commission un vrai gouvernement exécutif, dépendant du Parlement, qui serait divisé entre Chambre des députés à Bruxelles et Sénat à Strasbourg.  Même ainsi l’Etat fédéral serait incomplet puisqu’il n’y aurait pas de président. Cela suppose que les chefs d’Etats se fassent Hara Kiri et qu’il existe une nation européenne.  Cette hypothèse n’a aucune réalité. Les pays de l’Est qui viennent de recouvrer leur indépendance n’en veulent pas. L’Allemagne réunifiée n’en veut surtout pas. Les peuples disent non quand on les sollicite. Pour qu’un état fédéral se constitue, il faut un ennemi commun. La guerre d’indépendance contre les Anglais a, seule, permis la constitution des Etats-Unis. C’est un exemple unique. Sinon c’est un centre dominant qui fédère des conquêtes, comme l’URSS, modèle répulsif s’il en est. Construire un état fédéral par grignotement, sans dire que le mot « construction » signifie destruction des Etats nationaux souverains et création d’un gouvernement fédéral, dans un système d’assemblée à peu près totalement incontrôlable, est une opération saugrenue. Surtout quand on sait qu’une partie des membres possibles a opté pour un localisme puissant doublé de l’acceptabilité d’une suzeraineté américaine pour la défense et la diplomatie.

Ceci pousse à regarder avec un peu de détail la seconde approche : l’Europe apatride, a-nationale. Le ‘a ‘ privatif est la lettre importante.  Il ne s’agit pas de créer une nouvelle structure à potentiel de puissance.  L’idée est de faire de l’Europe un espace apatride, sans définition précise, ni espace fixé, ni ambition particulière. Le but est d’édenter suffisamment les nations anciennes, presque toutes des anciens empires, pour neutraliser leurs ferments d’influence internationale et leurs conflits nationaux. Les lions ayant tendance à se déchirer de façon un peu excessive et répétée, il faut leur arracher les dents et en faire sinon des veaux du moins des mâles châtrés. L’Europe a-nationale est composée d’apatrides, sans racines ni particularismes.  Elle est également a-démocratique. Le peuple est soigneusement laissé à l’écart, par des institutions d’apparence qui vide les nations de leur souveraineté mais ne sont constitutives d’aucune souveraineté de remplacement.  Cette Europe n’a pas d’armées, pas de diplomatie, pas de puissance au service d’une volonté. Elle est dirigée par une toute petite coterie cooptée qui anime des réseaux d’influence et qui contrôlent la puissance oligarchique exécutive, et tient l’information dans les grands médias.   Dans cette optique, les Parlements nationaux sont court-circuités et deviennent des chambres d'enregistrement. On cherche à diviser les nations en régions qui pourront dialoguer entre elles et avec le pouvoir central européen. Les gouvernements nationaux n’ont plus de pouvoirs, transférés soit à l’étage du dessus soit à celui du dessous. Les dirigeants nationaux sont démonétisés et impuissants. Cette Europe apatride est sous suzeraineté américaine qui veille à ce que le marché européen reste ouvert à ses entreprises et son capital à disposition de leurs fonds spéculatifs.  L’Europe ne peut plus avoir de diplomatie autonome, sous réserve de sanction. L’Europe apatride de type zombie et sous suzeraineté américaine est l’Europe de certains européens dans la main des Etats-Unis. La coulisse est tenue par des représentants sélectionnés du monde de l’entreprise et du journalisme, organisés dans des clubs ad hoc, anciennement financés par les Etats-Unis et maintenant par l’Europe et les grandes entreprises concernées. L’idéologie est mondialiste et orientée vers la spéculation. L’indifférence à la situation des classes moyennes mises en concurrence en Occident avec les masses chinoises et indiennes est totale. L’Euro est une monnaie zombie qui a surtout pour but de mettre sous tutelle toutes les banques et les déposants, et indirectement les Etats. Le symbole de cette Europe apatride et sans passé est l’absence de tout monument européen réel ou portrait d’hommes européens illustres sur les billets en Euros. L’Europe n’est pas non plus considérée par une unité géographique ou culturelle. Le flou géographique comme celui de la civilisation est totale. Elle est ouverte à tous les vents du commerce, de la finance et des mouvements de population. Cette Europe apatride et quasi totalement américanisée est celle de Jean Monnet qui se considérait lui-même comme apatride et abhorrait les nations et le mot même de patrie.  Le fait de l’avoir panthéonisé sous la bannière « la patrie reconnaissante » est tout à fait caractéristique de l’esprit de Mitterrand qui aimait corrompre. Cette Europe apatride et zombie sous tutelle américaine est celle qui fait l’objet des plus nombreux rejets, mais qui est effective.  Elle stimule à l’heure actuelle des flots de contestation, de Régis Debré et de l’extrême gauche aux populistes, des Brexiters au pays de l’alliance de Visegrad. Le côté « on a détruit et remplacé par rien » devient dominant. L’Europe est un dissolvant et ne crée plus, parce qu’elle n’est plus. Elle n’est plus une race, elle n’est plus une religion, elle n’est plus une culture, elle n’est plus une civilisation, et même plus une place libre et forte du débat social. Elle possède une langue de substitution, l’anglais, qui ne lui est pas propre.  Comme le disait récemment un grand patron d’une banque américaine : « Europe is an also run territory. Europe is no more relevant ».  Il voit l’Europe, au mieux, comme une place de consommation pour les produits des entreprises mondialisées. La vraie question pour lui est la Chine ! pendant ce temps au sein des nations, à droite comme à gauche, les cris s’élèvent contre un « système » devenu zombie, impuissant, sans passé et cultivé hors sol dans une ambiance purement individualiste et consumériste.

 

Au moment des débats fondamentaux de Maastricht, nous avions nous-mêmes défendu, dans un profond désert, une approche différente, totalement marginale mais qui correspondait au minimum garanti d’adhésion des peuples européens.  Nous pensons toujours que cette Europe putative, mais latente et partiellement mise en œuvre, est celle à laquelle les peuples ont adhéré. Ainsi s’explique à la fois le nombre d’anti Brexit au Royaume Uni et le fond d’attachement à la construction d’une Europe unie qui reste vif sur le continent. Le retour pur et simple aux nations autonomes et poussant leur avantage au détriment des autres n’est pas l’idée dominante en Europe.  

Cette troisième conception de l’Europe est l’Europe de la co-citoyenneté, des co-opérations, des co-mmunautés.  L’idée fondamentale est que les nations européennes cessent de considérer comme un étranger les membres des nations qui entrent en communauté. Un européen est partout traité comme le national du pays où il a choisi résidence. Aucune discrimination n’est autorisée entre nationaux et résidents européens non nationaux qui disposent des mêmes droits civils de contracter.  « Je ne te crains pas, donc tu es mon égal chez moi avec tous mes droits ». Chaque nation de la communauté fait en sorte d’éliminer les mesures discriminatoires qui avaient pour but de nuire à ses voisins.  Cette optique est à la fois profonde (il y a un pacte de confiance sous-jacent très fort) et légère. On n’a pas besoin d'unifier tout, dans tous les domaines. La création de régions n’a pas de nécessité particulière, pas plus que celle d’un parlement. On ne détruit pas les Etats. Mais ils ont une promesse à tenir : celle de ne pas se nuire, de ne pas discriminer leurs habitants, et de chercher partout la résolution pacifique des conflits. La co citoyenneté peut déboucher sur la co prospérité qui elle demande plus de travail d’unification ou d’harmonisation, donc un processus institutionnel plus charpenté, pour élaborer les normes communes. Les Etats restent les seuls organes habilités à les mettre en œuvre et à les contrôler.  

On trouve dans l’organisation actuelle de l’Europe des éléments des trois conceptions. Elle forme un hybride assez curieux. Certains diraient une chimère.   

Le vrai poison est la formule Monnet d’une Europe apatride et zombie. A la limite, la création d’une Europe Fédérale, puissante et indépendante peut être un objectif défendable, à condition qu’on en précise correctement les contours géographiques, l’unité culturelle et civilisationnelle, et la vocation. Aujourd’hui c’est une utopie. Mais c’est une utopie défendable, si on admet qu’elle suppose la fin de la suzeraineté américaine et une vraie indépendance, avec une armée respectable et respectée, une diplomatie et une politique économique qui part des besoins des européens et défend toutes les classes sociales.

La perte de ce que nous venons de définir comme co-citoyenneté est ce qui navre les Britanniques. Ils y tenaient à cette possibilité de circuler, de s’installer, de contracter, d’acheter, de produire, totalement librement partout en Europe.  En revanche ils ne voulaient ni de l’Europe zombie avec monnaie du même acabit, ni de l’Europe fédérale supranationale.

L’Europe de la co-citoyenneté a été malmenée par l’octroi de la libre circulation à des populations problématiques comme les ROMS, par la politique d’importation de plus d’un million de musulmans par Mme Merkel et par la tolérance de l’immigration africaine de masse, avec une prédominance des populations islamisées. Du coup, vous ne pouvez plus dire en Europe : « je ne te crains pas ».  Ces immigrations ont conduit à une « dé civilisation » et des conflits communautaires, sectaires et racistes détestables jusqu’au meurtrier.

L’Europe de la co-prospérité a été également bousculée par la suppression du tarif extérieur commun et l’acceptation d’importations étrangères de masse, non soumises aux mêmes règles coûteuses et contraignantes de production, qui ont détruit en partie l’emploi et la stabilité des classes moyennes européennes dans la partie développée. Résultat : le fanatisme libre échangiste des instances européennes est plus vu comme la soumission à des intérêts particuliers qu’à la volonté du bien commun.

Du coup le pilier le plus fort, l’Europe de la co-citoyenneté et de la co-prospérité, est fortement entamée, au moment même où l’Europe apatride et antinationale non seulement ne fait plus recette mais répugne et que l’optique Fédérale à l’américaine n’a plus de crédibilité du fait de la soumission à un Trump maniant la schlague d’une bonne partie des pays européens.

La liberté des échanges sans harmonisation des coûts de production était possible si la dévaluation des monnaies nationales permettait de rectifier des différences radicales de compétitivité. L’Euro a supprimé cette soupape de sécurité et entraîné des déséquilibres internes monstrueux, l’Allemagne pompant quasiment toute la liquidité européenne.

Dans ces conditions l’Europe est devenue plus que problématique. Ses institutions posent question ; sa monnaie est dysfonctionnelle ; son inspiration est ambiguë ; son extension est incertaine ; sa souveraineté est inexistante ; sa capacité d’action et surtout de réaction est quasi nulle. Tout changement de cap ou décision rapide lui est interdit. Elle n’a aucune capacité exécutive, sauf dans des domaines totalement délégués où elle est frénétique et agit dans le détachement total des volontés des peuples, en général en liaison avec des lobbies. Elle sait empêcher mais elle ne sait pas faire, sinon mal, lentement et à des coûts extravagants.

Comment sortir d’un tel marasme, pour ne pas dire d’un tel effondrement ?

Seules deux voies sont possibles :

-          La construction modeste mais fondé sur un fort sentiment positif des peuples de l’Europe de la co-citoyenneté et de la co-prospérité

-          La construction d’une Europe fédérale.

Dans l’optique de la co citoyenneté et de la co prospérité, il faut détruire, reconstruire et corriger.

La régionalisation forcée n’a strictement aucun intérêt européen. Il appartient aux Etats, pas à l’Europe, de définir comment chaque territoire national doit être administré. Le lien avec l’Europe se fait par les Etats et les financements directs régions à régions et Europe à régions sont bannis. 

La Commission doit être totalement redéfinie. Il faut créer un Secrétariat européen qui aurait uniquement pour but d’instruire les questions qui conditionnent la co-citoyenneté et la coprospérité. Ce secrétariat perdrait son monopole d’initiative mais pas son droit d’initiative.

Le Parlement européen disparaît au profit d’un Conseil européen des normes communes, dont la vocation est d’instruire avec le secrétariat européen, toutes les initiatives visant à rendre concret la co-citoyenneté et la co-prospérité.

Lors que des politiques communes ont été définies, elles sont gérées par des instances ad hoc, détachées de la Commission et des Etats, mais dont la gouvernance est nommée et contrôlé par les Etats.  

La zone Euro est par exemple gérée par un Chancelier de la zone Euro appuyé sur une mini assemblée consultative et un conseil exécutif. Elle n’a pas vocation à être rejointe par tous les pays de l’union.

La politique agricole peut faire l’objet d’une organisation similaire.

Etc.

Parmi les législations urgentes que ces institutions diversifiées auront à définir, trois sont fondamentales :

-          La réforme de la zone euro afin d’empêcher les énormes excédents et les déficits associés. Nous avons formulé plusieurs solutions sur ce sujet dans des articles précédents sur ce blog. L’idée est d’empêcher d’accumuler d’énormes excédents. Et de mener des politiques déflationnistes sans fini dans les pays déficitaires pour corriger les déséquilibres.

-          La redéfinition de la notion d’étranger et la mise en commun des règles de naturalisation et les politiques migratoires, avec une clarification des migrations internes de pauvreté et les règles d’expulsion des indésirables (délinquants condamnés asociaux etc.).

-          La redéfinition des politiques de concurrence et de commerce, avec la reconstruction d’un tarif extérieur commun, probablement justifié par des considérations écologiques plus que directement commerciales, et sur des règles communes en matière de définition et de taxation des bénéfices des entreprises.

Le Conseil des Nations de l’Union Européenne a essentiellement un rôle d’impulsion et de vigilance pour veiller au bon fonctionnement de ces entreprises communautaires et réfléchir aux extensions éventuelles.  

Il faut noter que la notion de fonctionnaire européen disparaît, et avec lui son statut. Les agences emploieront soit des fonctionnaires détachés soit des contractuels.

Ceux qui pensent qu’une optique fédérale doit être immédiatement consolidée, avec une politique militaire commune, avec une commission devenant gouvernement fédéral, avec une diplomatie commune et  avec un énorme budget commun n’ont rien compris à l’état de l'opinion en Europe sur fond de Brexit, de création d’un groupe de Visegrad et d'effondrement du couple franco-allemand, alors que l’Italie traite directement avec la Chine,  que la Grèce est KO, que la Hollande se révèle un pays de tricheurs phénoménaux, etc.

La posture fédéraliste du président Macron est intenable comme projet européen, même si elle peut l’être comme projet politique personnel. Elle suppose d’évacuer toutes les réalités qui fâchent du débat, pour le réduire à une lutte entre le bien et le mal. Ce qui extrêmement dangereux, en termes de politique interne français.

La politique de Trump qui pratique la suzeraineté américaine avec le big stick rend impraticable et intolérable l’Europe apatride et zombie de Jean Monnet.

Reste donc et c’est la carte unique de la France : le renforcement de l’esprit co européen avec des institutions communes allégées et éclatées, et des politiques corrigées des tares les plus visibles. Il n’est même pas exclu, dans une telle perspective, que la Grande Bretagne soit amenée à reconsidérer le Brexit.   Le sentiment de co-citoyenneté est très fort au Royaume Uni : aucun anglais ne veut se retrouver étranger sur le continent. La nécessité de la co-prospérité est évidente. Le Brexit est le fruit des effets pervers de l’Europe zombie de Jean Monnet et des tares non corrigées dans le domaine des flux migratoires, des flux commerciaux et des flux financiers dans le cadre de la monnaie unique.

Il fallait d’abord mettre fin aux désordres moraux, civilisationnels, commerciaux, financiers et migratoires, avant de crier comme un cabri « Europe, Europe, Europe !». On n’a fait que les nier et on les a amplifiés avec les conséquences que l’on sait. Quand on ne s'adresse plus à l’esprit public et qu’on laisse pourrir les difficultés, dont certaines ont été créées de toute pièce en vue de créer une dynamique anti nationale, on n’obtient que la décomposition générale et un sentiment de répulsion.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Une campagne pour les Européennes totalement décalée des enjeux

Comme d'habitude

Ce qu’on appelle le Parlement européen a été créé pour donner une apparence démocratique aux ordonnances étudiées par la Commission et fixer dans l’imaginaire collectif l’esquisse d’une organisation fédérale. C’est, depuis le début, une institution bizarre dont le rôle, autre que symbolique, est quasi nul. À chaque traité européen nouveau on lui donne des pouvoirs nouveaux. À chaque extension de l’Union le nombre de députés enfle. On en est aujourd’hui à 751 ! Depuis le traité de Lisbonne entré en vigueur le 1er décembre 2009, la PLO (procédure législative ordinaire) place le Parlement et le Conseil de l’UE sur un pied d’égalité comme co-législateurs, pour débattre de proposition dans de vastes domaines : la gouvernance économique, la liberté, la sécurité et la justice, l’énergie, les transports, l’environnement, la protection des consommateurs, la politique agricole commune (PAC), etc. Tout étant dans tout, cette gigantesque extension permet de toucher pratiquement à tout sauf à des questions explicitement exclues du champ communautaire. La « construction » européenne consiste à la « destruction » progressive de ces barrières pour permettre la toute-puissance des instances communautaires, selon la doctrine bien connue des « petits pas ».

Ce massif parlement est un théâtre d’ombres du fait de plusieurs dispositions critiques :

-          La Commission a, et elle seule, le pouvoir d’initiative. Si un commissaire « ne veut pas », rien ne se passe. S’il veut, alors un processus se met en place. Toute étude est faite par la Commission, souvent pendant des années. Ce sont des centaines de textes de différentes ancienneté et dans tous les domaines permis qui doivent être avalisés par le Parlement. Le Parlement avalise quasiment à l'unanimité des grands regroupements les textes présentés. Le petit parlementaire noyé dans la masse ne peut, au mieux, qu’essayer de faire valoir une idée fixe et c’est tout. La procédure de vote est quasi mécanique, à la Chaplin. Il faut y avoir assisté pour le croire. Un défilé d’interventions hypercourtes suivies d’un vote et on passe à autre chose.

-          Le parlement peut étudier des questions de son propre chef, mais sans pouvoir autre que délibératif. Mais comment influencer une assemblée de 751 personnes qui ne parlent pas la même langue et qui ne représentent pas les mêmes intérêts ? Là aussi c’est une infime coterie de personnes « autorisées et labellisées » par le politiquement correct européen qui régente.

-          La codécision (une reprise de la Constitution rejetée par referendum) a eu pour but d’empêcher les Etats de jouer leur rôle. Ils ne peuvent pas empêcher la Commission de travailler sur n’importe quel sujet de son choix avec les modalités qu’elle souhaite. Une fois l’accord de la majorité fédéraliste du parlement obtenu, l’État ne peut plus rien faire sinon bloquer, façon chaise vide. Ce qu’il ne peut pas faire sur tout et indéfiniment. Il est totalement contourné. L’obligation faite aux parlements nationaux d’intégrer dans la loi nationale les ordonnances, sous le contrôle de la Cour de Justice européenne, fait que ceux-ci sont de fait totalement privés de pouvoir dans le champ de la PLO dont on a vu l’extension quasi infinie. Comme on l’a vu avec la question de l’immigration « sauvage », le blocage du projet par les pays de Visegrad leur a valu une série d’attaques ad hominem extrêmement violentes contre leurs dirigeants dévalorisés en chefs populiste. Quand on ne veut pas des législations bruxelloises, vous êtes un voyou et devez de plus supporter les vaticinations de certains chefs de gouvernements européens.

Toute la mécanique institutionnelle a donc pour objet de réduire le champ démocratique aux actions de quelques commissaires, qui ne peuvent intégrer la « coupole » que s’ils ont fait la preuve de leur conformité aux vœux du suzerain américain et des groupes apatrides qui se considèrent au-dessus des peuples. C’était devenu tellement évident et anti démocratique, qu’on a donné au Parlement le pouvoir de récuser les membres de la Commission au moment de leur nomination (par imitation du système américain) et même de la faire tomber, imitant les crises ministérielles. La caricature de démocratie est totale. On est dans la singerie. Le parlement par une sorte de coup d’État a voulu que la majorité élue au parlement donne le nom du président de la Commission. Mais ce sont les Etats qui tranchent. Ils sont simplement dans une situation encore plus difficile pour exercer leur pouvoir. De toute façon, les nommés seront « politiquement corrects et proeuropéens ». Il est à noter que dans son domaine propre, la Commission ne partage rien avec le Parlement et prend ses décisions en toute souveraineté, tout comme la BCE. Une oligarchie règne sans partage après avoir organisé un simulacre de contrôle démocratique.

Quelle campagne électorale peuvent mener les partis nationaux dans une telle pétaudière ?

La seule optique honnête serait de dire : nous ne savons pas de quoi nous allons débattre puisque les projets qui nous seront proposés sont à ce jour inconnus et que les partis nationaux n’ont exactement aucun rôle à jouer dans leur élaboration qui se fait à Bruxelles, au sein de la Commission, en fonction d’injonctions dont personne ne connaît la source (ouvrant la voie au soupçon de complotisme) ; nous n’aurons aucune influence sur le résultat des débats, puisqu’au mieux, nous serons une vingtaine de députés de notre parti, représentant 2 à 3 % des droits de votes au parlement, et encore si nous sommes tous d’accord dans notre groupe. Nous entrerons dans des groupements dont vous, électeurs, ne connaissez pas les contours et dont vous ne savez rien de leurs grandes options et qui, de toute façon, rechercheront l’unanimité dans la décision parce qu’ils sont quasiment exclusivement dirigés par des européistes convaincus. Les Français n’ont qu’un rôle dérisoire dans ces grands regroupements actuellement dominés par les Allemands, l’effectif le plus nombreux et dont la langue de travail est l’anglais. Aucun parti français ne peut détailler « son » bilan européen. D’ailleurs on ne discute jamais de ce qui a été fait et des ordonnances votées qui ne sont pas suivies par la presse nationale et qui ne viennent devant le grand public que lorsque leur mise en œuvre s’avère catastrophique. Alors les bons samaritains européistes montent au créneau pour dire que la décision a été prise il y a 10 ans à l’unanimité et que cela ne pose de problème à personne d’autre qu’un groupe national lamentable (chasseurs, producteurs de camembert, etc.) qui n’a rien compris à la beauté du processus constructif européen.

Au lieu de cela, comme on l’a vu lors de la première séance de débats télévisés, les 12 chefs de liste se sont positionnés comme s’ils étaient maîtres de l’ordre du jour et pouvaient proposer la politique exécutive de l’Europe. Ils n’en ont pas le moindre pouvoir. Les traités, ce sont les Etats, et pas le Parlement européen. La PLO, c’est la Commission. Affirmer ce que l’on veut et ce qu’on ne veut pas pour l’Europe dans ce cadre électoral-là n’a exactement aucun sens et n’aura aucune suite.

Les 25 candidats éligibles de la liste Macron ne peuvent en aucun cas « reprendre en main le destin de l’Europe » ni créer une « renaissance », ni faire une « Europe puissance industrielle ». Cela c’est l’affaire des traités et des chefs de gouvernements, si la Commission y consent.   C’est l’affaire de Macron lui-même et on a vu que ses initiatives sont pratiquement toutes tombées à l’eau. Les parlementaires eux ne peuvent avoir aucune initiative.  

On aura entendu les neuf candidats pros européens détailler leur idée de « l’autre Europe », celle qui serait belle, et les trois autres affirmer qu’il faut sortir de ce traquenard qui ne rime à rien. Une litanie de critiques, le plus souvent exactes et aucune solution praticable puisque ce n’est pas la mission du Parlement européen que de faire autre chose que d’avaliser des centaines de règlements européens plus abscons et souvent plus marginaux les uns que les autres. Entre la couleur de l’horodateur « européen » et la définition de la courge acceptable à la commercialisation, l’examen en commission ne réserve pas généralement de quoi s’exalter, surtout quand on sait qu’il n’y aura qu’un seul représentant du principal parti élu dans chacune des innombrables commissions du PE.

Il faut se mettre à la place du malheureux qui entre dans sa commission du parlement, tout seul comme un grand, pour examiner 200 textes par an, en anglais car on a supprimé le français, sur des sujets sur lesquels il n’a pas la moindre connaissance et alors que les décisions ont été prises à la tête des regroupements du PE en liaison avec la Commission Européenne. En plus il doit faire acte de présence pour avoir droit à son chèque.

Cette « mascarade démocratique » s’abaisse à un combat purement national et politicien pour avoir une photographie instantanée du rapport de force des partis au sein de la nation. Les chefs de partis envoient des sous-fifres dont tout le monde se moque. M. Macron attend une confirmation de son score des élections présidentielles avec un minimum de pertes (22 %, ce serait admirable) en poussant son slogan du second tour : moi ou les Le Pen (slogan admirablement porteur d'un avenir explicitement bon) ! Mme Le Pen a envoyé un gamin immense et tonitruant pour jouer son rôle de gueulard anti-Macron (20 %, ce serait admirable). Depuis que la droite a voulu s’appeler la droite, la voilà à 12 %. La gauche est pulvérisée.

Le « résultat » des Européennes, ce sera l'ordre d'arrivée des petits chevaux et lui seul. Ce qui se passera au PE sera ignoré pendant 5 ans et prestement sorti du débat national (et médiatique). Quelques heureux se seront ennuyés pendant 5 ans mais la rémunération est consistante. Comme tout le monde a bien le droit de toucher, on aura organisé une rotation pour que cela ne soit pas toujours les mêmes. Les évincés de la planque protesteront de leur travail invraisemblable à Bruxelles et Strasbourg, qui n’est pas reconnu à sa juste valeur. S’ils ne sont pas fonctionnaires, les voilà sur le sable à espérer quelques places municipales.  Leurs cinq ans de sacrifice leur vaudront 1.320 Euros de retraite mensuelle, en plus de leurs autres droits, avec un régime fiscal de faveur.

L’abstention sera à 60 % ou pas loin, en dépit de tous ceux qui crieront que ces élections-ci sont « absolument critiques ».

Rien de tout cela n’a de sens. Les institutions sont hybrides et fonctionnent mal avec des résultats qui confinent au désastre. Il faut tout redéfinir, plutôt que de faire semblant comme actuellement. Ces élections sont un décor factice où se joue une mauvaise pièce.

Annonce du prochain livre de Didier Dufau : La monnaie du Diable

Le vice caché de la mondialisation

La Monnaie du Diable

Deux vices cachés de la mondialisation

Par

Didier Dufau

Dossier de présentation

L’auteur

Didier Dufau est Diplômé d’Etudes Supérieures de sciences économiques (Panthéon), de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de l’Institut européen des affaires (Insead Fontainebleau). Sa carrière s’est partagée entre l’enseignement et le conseil stratégique. Il a été le conseiller de très grandes entreprises françaises (UAP, Monoprix, Galeries Lafayette, CGE, Banque de France, Sncf, La poste…).  Il a notamment été Maître de conférences pendant près de 20 ans à l’IEP Paris, et dirigé la société de conseils SOFIA pendant près de trente ans. Il est actuellement à la tête de la petite cellule de réflexion économique « e-toile » qui publie un blog (1 630 000 lectures depuis sa création). Il est l’auteur de L’Étrange Désastre, le saccage de la prospérité, un essai sur les causes profondes de la crise de 2008 et du marasme contemporain, paru en octobre 2015 (ISBN 979-10-95148-00-5).

Le Livre

Origine : lors des nombreuses conférences organisées à la suite de la parution de l’Étrange Désastre, l’auteur a constaté à quel point les audiences étaient ignorantes de l’histoire économique du siècle passé, et avides de connaissances. Tout le monde connaît le nom de la Conférence de Bretton Woods et en ignore presque totalement l’histoire et le contenu. Il est vrai qu’il n’y eut qu’un seul livre publié sur cette séquence diplomatique mythique en français et c’était dans les années cinquante ! Progressivement le contenu de ces conférences s’est orienté vers la comparaison entre les modalités des Accords et les systèmes actuels. Et la question suivante est devenue rituelle : pourquoi avons-nous abandonné les Trente Glorieuses ? Peut-on revenir aux principes qui avaient si bien réussi ? À force de répondre à ces questions, un livre s’est esquissé puis imposé. Après trois ans de recherches, il est écrit.

Le thème : L’étalon or a été la victime collatérale de la guerre de 14-18. On a essayé de le rétablir mais en vain. Après 20 ans de désordres économiques et monétaires plusieurs tentatives ont été faites de créer un nouvel ordre, compatible avec le triomphe des monnaies administratives multipliables facilement à l’infini. Mais la monnaie est un diable qui ne se laisse pas facilement domestiquée. Après la tentative avortée des vainqueurs allemands en juin juillet 1940, la solution américaine à Bretton Woods a apporté une solution remarquable, mais qui contenait un vice de construction dramatique. L’explosion aura lieu en 1971, date à laquelle les États-Unis ont imposé les changes flottants. Pourquoi ? Et en quoi ce nouveau système a-t-il été à la source d’une répétition de crises graves jusqu’à la grande récession de 2008 ? L’Europe a créé une solution de monnaie unique qui ne convainc pas et qui ressemble étrangement à la tentative d’organisation monétaire mise en place par les Nazis en juin juillet 1940. Pourquoi ce choix bizarre et en quoi le système a-t-il aggravé la crise en Europe ? Quelles réformes permettraient-elles de mettre fin aux deux dysfonctionnements conjoints du système monétaire international et du système monétaire de l’Eurozone ? Une grande conférence du type de Bretton Woods est indiscutablement souhaitable, mais qu’elles pourraient être les solutions sur la table ? Le diable qui fait capoter toutes les tentatives monétaires peut-il être tenu à distance ?

Actualité du thème :

-          Les désordres actuels font dire aux commentateurs que seules des décisions radicales portant sur les structures même de la mondialisation permettraient de sortir des réactions populistes qui ont profondément altéré le cours de la démocratie en Occident. Jamais ils ne disent lesquelles. Ce livre est une forme de réponse. Il dit où il faut agir, comment et pourquoi il est si difficile de le faire.

-          Donald Trump s’est engagé dans un combat pénible pour ses alliés, autour d’une idée forte : les excédents massifs de certains pays sont illégaux et nuisent aux États-Unis. En vérité ils nuisent au monde entier. Mais ils sont la contrepartie des déficits abyssaux américains, ce que le Président américain ne veut pas voir. En ce sens Trump facilite le diagnostic et complique la solution. Il est important, aujourd’hui même, de comprendre pourquoi et de mettre les concepts en ordre.

-          Alors que l’organisation multilatérale mise en place après-guerre finit de s’effilocher, il est intéressant de juxtaposer ce qu’on pensait à cette époque et ce qui se dit et se fait aujourd’hui. La comparaison est suffocante !

Nature du livre : Le livre explique le passage d’une croissance forte et rapide à un ralentissement ponctué de crises pour finir par une récession majeure et une stagnation douloureuse. Il fait remonter des faits oubliés ou méconnus pour mieux comprendre le présent. Il donne des clefs d’interprétation à tous ceux qui cherchent à comprendre les troubles de l’époque et qui s’intéressent aux réformes possibles. Le livre reste grand public à la fois dans sa conception et son écriture. Il éclaire nombre de débats en cours sur l’Europe, les projets d’E. Macron, la mondialisation.

Écriture : L’auteur écrit d’une plume alerte. La technicité est gommée et lorsqu’elle est nécessaire, elle est expliquée sans jargon. Des décennies d’enseignement ont permis à l’auteur de développer des qualités de clarté qui permettent à tout « honnête homme » de se saisir des questions évoquées.

Réactions du comité de lecture

-          « Passionnant » (unanimité).

-          « Au cœur profond des grandes questions du moment »

-          « Des surprises, dans presque tous les chapitres ».

-          « Certains rapprochements avec le passé sont stupéfiants ».

-          « Une bouée de sauvetage pour comprendre des questions qui ne sont pas traitées aussi précisément dans la littérature économique actuelle ».

-          « J’ai changé ma vision de certains évènements que je croyais comprendre ».

-          « Stupéfait par la culture économique de l’auteur et sa maîtrise de sujets que la plupart des économistes fuient avec énergie ».

-          « L’auteur invente un nouveau genre littéraire : le polar économique ».

-          « Le livre met les mots précis sur ce que nous ressentons tous de façon diffuse.  Et tout devient clair. »

-          « Un livre courageux qui mettra en fureur les marxistes et les ultra-libéraux. Partir des faits et non des écoles en compétition est la marque des vrais économistes ».

-          « On sort différent de la lecture de ce livre rare et ravageur pour la sottise ambiante »

Quelques leçons du phénomène des Gilets Jaunes

L’affaire des Gilets Jaunes est bien un phénomène particulier, et d’abord sur la méthode de contestation.

Se parer d’un gilet, conçu pour être voyant et que tout le monde est censé avoir dans sa voiture, est la nouveauté technique. Les Bonnets Rouges n’avaient pas la même généralité et plongeaient dans l'histoire régionale. Le gilet n’est pas connoté. Il l’est tellement peu que tout le monde peut le mettre. Le porteur a changé au cours du temps sans que les médias puissent mettre un nom sur les glissements successifs. On a commencé avec des infirmières libérales, des retraités, des chômeurs de longue durée et des petits patrons sur le fil du rasoir, on termine avec les militantes âgées d’Attac, des éléments du service d’ordre de la CGT et des Blackblocs jaunissants à bandes réfléchissantes, au milieu de petites frappes d’extrême droite. Le plumage unique des contestataires permet de faire l'union des lutteurs « anti-système » subrepticement, avec une intéressante substitution des acteurs.

On avait connu, à Maïdan comme lors des Printemps Arabes, la méthode des manifestations de masse violentes à répétition et de longues durées. L’idée de la « fièvre du samedi soir », millésimée, est un pas technique de plus dans la contestation radicale organisée. Certains ont-ils vraiment cru qu’ils verraient Macron fuir l’Elysée dans un hélicoptère militaire, peut-être pour un nouveau Baden-Baden ? Il manquait simplement une vraie cause. Les semis débiles mentaux que les médias d’information continue ont fait éructer depuis des semaines sur leurs chaînes, à l’instar de penseurs cosmo-planétaires, ont fait comprendre combien le système scolaire français avait dérivé vers le bas et pas grand-chose d’autre. Heureusement Zorro est arrivé pour dire ce qu’il fallait dire avec sagesse et componction : Mélenchon, qui appelait en vain à l’émeute de masse, a fini par s’imposer en tête d’un cortège étique après quatre mois d’effort, entre Blackblock et excités d’extrême droite. La bande blanche n’était plus la seule chose qui réfléchissait dans le gilet jaune. Il y avait désormais l’espoir du filet rouge sang. « Seigneur, fasse qu’il y ait quelques morts, comme en 1871, alors on sera en terrain connu ! ».

Du coup les commentateurs ne savent plus à quel saint en gilet jaune se vouer. Les infirmières libérales soignent. Les retraités s’occupent. Les petits patrons en ont marre mais petitpatronnent. Les isolés (ées) amateurs (trices) de relations émouvantes (et plus si affinités) sur les ronds-points, cherchent des permanences moins polluées. Les petits commandos autoroutiers commencent à être sanctionnés trop durement pour que cela ne gâche pas le plaisir.

Un mouvement sociologique intéressant est tombé dans la routine violente de l’extrême gauche révolutionnaire dans une France divisée mais non révolutionnaire. Cela tourne aux simagrées. La TNT veut son programme pas cher qui attire du monde et de la pub bien payée. Suivre pendant 7 heures une manif de 1 500 personnes dans l’espoir d’un incident, et en sachant que celui qui veut sortir le samedi consulte la manif comme d’autres la météo, cela peut rapporter gros. Mais aussi un mépris de même dimension. Dès qu’ils voient un gugusse (trouvé comment ?) affublé d’un gilet jaune assis à une ronde table, les spectateurs zappent instantanément. La téléréalité est toujours un spectacle falsifié, mais il faut rester dans certaines limites. La fin du mouvement va faire mal à BFM-TV. Encore un instant Monsieur le Bourreau !

La première vérité du mouvement est celle du premier mouvement. La perspective d’une hausse inconsidérée des frais de circulation et de chauffage, après le choc d’une énième baisse de la vitesse, productrice de pertes massive de points, avec l’annonce que cela serait encore pire plus tard, a provoqué un coup de colère majeur. Le saccage de la retraite des jeunes vieux avec en prime la désindexation, au moment même où la BCE cherchait à tout prix à relancer l’inflation avec un certain succès, n’a pas arrangé les choses. La photo de Jupiter « s’éclatant » avec deux petites frappes dénudées dans les Dom Tom, suivant les ricanements de l'affaire des « drag queens » à l’Elysées et le statut spécial du beau Benalla, avait créé un mépris de fond et totalement dévalorisé le jeune Président. Il avait renouvelé les interrogations sur le couple étrange qu’il forme avec une femme qui pourrait être sa mère. La colère s’est accompagnée dès le premier jour d’une demande de démission « à coups de pied dans le train » du « président-guignol ».

Derrière la colère se dessinait le portrait d’une France provinciale première victime du lent décrochage de la croissance depuis 1971, et de la perte de pouvoir d’achat évidente depuis 2008 et qui n’en pouvait plus de la hausse des impôts et des contraintes. L’évidence de la déréliction des services publics et de la contrainte de plus en plus insupportable des milles agressions administratives s’est enfin imposée. Les impôts au plus haut alors que plus rien ne marche, cela finit par fâcher.

Le mouvement a été soutenu par les Français d’abord en fonction de ce constat. Une Énarchie en pleine folie fiscale, sûre d’elle-même, manipulatrice, et dominatrice, reprenait son train-train, sur fond de déréliction générale, sans comprendre que, sur le terrain, cela ne pouvait plus durer.

Le président a imaginé un grand débat cadré et encadré pour arrêter les marcheurs-casseurs du samedi. Les doléances du peuple vont être dépouillées, avant qu’une partie du peuple ne le soit un peu plus, pour calmer la colère des frustrés. Comme aucune des vraies questions n’a été posée crûment, il ne peut y avoir que des fausses réponses. La France des 35 heures et de la retraite à 62 ans, avec des entreprises nationales à l'agonie, ses administrations pléthoriques mais inefficaces, ses impôts confiscatoires et payés par une tranche très étroite de la population, où le pouvoir a perdu son pouvoir « au profit de Bruxelles et du Comité Bildenberg », comme dirait Zemmour, où les banques rackettent les assujettis, où l’emploi bien rémunéré est devenu rare, et où le débat public se résume à subir les vomissements militants de toutes les causes minoritaires ou écologiques, où la démographie indigène s’effondre et le remplacement par l’immigration africaine s'accélère, où la mondialisation forcée met l’industrie au chômage et les perles nationales à l’encan, cette France-là est devenue à peu près ingouvernable. Surtout quand « le gouvernement des juges extérieurs », Cour de Justice, CEDH, Commissions de l’ONU, l’emporte sur son propre droit.

Un pays qui a perdu son autonomie juridique, budgétaire et monétaire, qui ne peut plus décider de sa diplomatie économique, qui voit son industrie et son agriculture agoniser, alors que le plus gros du capital de ses grandes entreprises est en des mains étrangères, est nécessairement ingouvernable. Il ne reste aux politiques ambitieux que le faux-semblant, les « cadeaux au peuple », les politiques bien-pensantes, les impôts et les dettes. Et les joies de la Com’.

Macron et Philippe ont cru qu’ils pouvaient reprendre les affaires courantes et le petit jeu de l’Énarchie Compassionnelle imbue d’elle-même et indifférente au sort des Français, cédant à tous les groupes de pression et augmentant sans limite les coûts administratifs, sur fond de déréliction générale. Le réveil a été saumâtre. Sera-t-il salutaire ? La phase haute du cycle est en train de s’arrêter. La vaguelette a été significativement très faible. Elle aidera sans doute à passer le cap.

La suite est plus qu’incertaine.

Quand on ne s’occupe pas des questions de fond, on finit par toucher le fond. Et il est vaseux. Le rebond n’est pas garanti.

Psychodrame autour de Jean Monnet et des "pères" de "l'Europe des Etats-Unis"

Philippe de Villiers vient de commettre un livre dont le succès tourne entièrement autour de la dénonciation de Jean Monnet, de Schumann et de Hallstein, une brochette de « pères de l’Europe unie », comme agents rémunérés d’une « Europe des États-Unis » et non comme les pères d’une Europe unie. Comme il en apporte des preuves incontestables, permettant de fonder les impressions préexistantes sur du solide, cela crée comme un malaise moral du côté européiste.

À chaque passage dans des émissions de télé, on voit donc des intervieweuses se muer en harpies partisanes décidées à mettre en charpie leur interlocuteur et à l’empêcher de développer des arguments ou de tirer des conclusions. Sonia Mabrouk sur Cnews Anne Sophie Lapix dans l’émission C à vous, Léa Salamé sur la 2 se sont récemment illustrées dans l’exercice. Aucune ne s’est livrée à un travail de journaliste mais plutôt de garant énervé de la pureté des oreilles des téléspectateurs.

Le but de toutes ces manipulations : empêcher Villers de démontrer que les pères de l’Europe et en particulier Jean Monnet et Robert Schuman étaient d’abord au service des Etats-Unis et que leur vision fédérale bien connue était celle d’une Europe docile, sous suzeraineté américaine permanente, et ouverte aux produits américains.

On retrouve toutes les méthodes médiatiques employées depuis des lustres pour éviter que les plus grands crimes communistes ne soient exploités contre la Cause. Léon Chaix avait démontré que face à des accusations fondées, les partisans n’avaient que la séquence suivante à disposition :

-          Occultation tant qu’on peut

-          Négation quand on ne peut plus occulter

-          Minimisation quand on ne peut plus nier

-          Exonération quand on ne peut plus minimiser.

Jean Monnet est depuis la guerre de 1914 idéologiquement opposé aux nations européennes (fauteuses de guerres) et organiquement et financièrement dans la mouvance américaine au service de laquelle il s’est engagé, après avoir servi le Royaume Uni. On le retrouve à Alger, tentant de contrer le Général de Gaulle au profit de Giraud, à Bretton Woods ou il sert les idées de White, lors du plan Marshall où il sert les intérêts des grandes entreprises américaines, notamment dans la diffusion de films. On le voit derrière l’affaire de la CECA puis à la naissance d’Euratom où il suit la politique américaine qui ne veut pas d’une filière atomique française et européenne indépendante. Etc. Etc. Villiers donne les preuves d’un financement continu par la CIA et de traités rédigés à grands frais par des cabinets américains selon les ordres reçus du gouvernement américain, souvent opposé aux desseins du gouvernement français.

Tout cela est bien connu depuis longtemps mais il est vrai que les preuves prises aux meilleures sources n’avaient pas été étalées. Elles démontrent ce que l’action même de Jean Monnet suggérait : il a été un agent d’influence financé tout le long de sa vie d’abord par le Royaume Uni et ensuite par les Etats-Unis. Les gens pudiques parlent de « Missi Dominici » (sans rappeler le sens de cette institution) ou mieux de « go between » en novlangue, à l’influence bienfaisante.

Nos trois intervieweuses, nourries aux mêmes sources et avec les mêmes consignes, ont toutes eu la même attitude, déclinant la séquence de Léon Chaix sans en manquer une étape.

On suggère que l'auteur est un complotiste. Seul un homme malhonnête peut briser le tabou de l’occultation. Mais les preuves sont là !

La négation suit, en laissant toujours entendre que tout cela c’est du pipeau outrancier destiné à « faire de l’argent », alors que les documents sont étalés et qu’on refuse de les faire voir et même simplement de les commenter en couvrant systématiquement la voix de l’invité.

La minimisation et l’exonération s’enchaînent : tout cela n’est pas grave « tout le monde » allait chercher des subsides aux États-Unis. Monnet n’est pas le seul. Alors pourquoi lui chercher des poux dans la tête ? On ne nie plus rien mais on réduit l’acte de financement à une habitude européenne ancrée qui ne lui est pas propre et si c’était pour le bien commun, quelle importance ?

L’interviewé est donc un salaud mal intentionné qui veut faire de l’argent, qui vole des informations déjà publiées et les copies sans vergogne, qui cherche à stimuler la haine contre des hommes magnifiques et à nuire à la merveilleuse cause européenne supranationale. Il est donc normal qu’on l’empêche de s’exprimer et qu’on essaie par tout moyen de décrédibiliser ses propos. Mais il faut qu’il soit là pour faire le buzz et de l’audience, donc « de l’argent ».

Le comique de la situation provient du fait que cette attitude de « chienne de garde à nonosse » est désormais dénoncée comme un des travers de la presse notamment par le livre de Mme Rocrieux. On en donne une illustration caricaturale au plus fort des critiques contre le « politiquement correct » agressif de la « gauche affairiste » dominante dans les médias.

Il est vrai que l’une est l’épouse du candidat PS aux élections européennes, l’autre épouse du dirigeant de Publicis, très proche de Macron et la troisième fille d’un haut dignitaire du régime de Bourguiba. Moix s’indigne qu’elles puissent être jugées sur leur mari. Ne sont-elles pas hautement indépendantes ? Elles doivent s’affirmer en femmes certes mariées mais totalement libres d’esprit, comme l’étaient sans doute naguère l’épouse de Kouchner ou celle de DSK… Si elles tiennent les mêmes propos jettent les mêmes anathèmes et utilisent les mêmes méthodes, c’est juste qu’elles pensent les mêmes choses heureusement politiquement correctes. Elles évitent au menu peuple d’être « trompé » par la vérité, déplaisante et attentatoire à l’image des Saints de l’Europe supranationale tout en faisant de l’audience et de l’argent. Comment leur en vouloir ? Notons au passage que la promotion des femmes dans la sphère politique et médiatique a surtout permis la promotion de couples devenus puissants, riches et influents.

Ce qui étonne dans cette affaire, c’est l’importance démesurée donnée au fait, réel, que Jean Monnet ait servi d’abord ses convictions et les États-Unis plutôt que son pays. Les Communistes faisaient de même avec l’argent de Moscou, sans que cela ait gêné grand monde.

La nature de l’engagement de Jean Monnet est assez accessoire. La vraie question est de savoir si la méthode de construction d’une union européenne et ses modalités sont satisfaisantes ou non, notamment en matière politique, culturelle, juridique, sociale, économique et monétaire. La question n’est pas de savoir d’où parlait Monnet mais d'apprécier la qualité des résultats de son action. Et, quelle que soit la part de responsabilité qui est la sienne, redresser les erreurs que l’on pense devoir être corrigées. En voulant dévaloriser la personne de Monnet, Villiers tente d’entraîner la dévalorisation de l’idée européenne supra nationale. On s’attaque aux personnes plus qu’aux idées. Il se met au niveau des trois militantes intervieweuses.

Toutes les décisions ont été prises en Europe par des gouvernements. La responsabilité des défauts de ce qui a été construit revient aux décideurs, pas aux influenceurs ni aux lobbyistes ni aux représentations diplomatiques officielles ou officieuses. Le vrai travail n’est pas de mener des guerres d’image, même si celle de Monnet en train de faire brûler son passeport français a quelque chose de terrifiant. Mais l’essentiel est de partir des faits pour voir et les défauts et les aménagements possibles, quitte à les faire valoir sans censure ni occultation partisane.

L’Eurosystème pose un problème. Il faut dire où cela blesse et ce qu’il faut faire pour réparer.

L’Europe supranationale de type fédérale s’oppose toujours à un système d'Europe des nations et des projets. Peut-on trancher la question et avec quelles conséquences ?

Emmanuel Macron pense qu’il faut éviter que ces questions ne soient posées et veut une bataille d’images, comme lors du second tour de l’élection présidentielle : le bon contre les méchants. Les marchands de sondage commencent à « vendre » ce combat gagné d’avance en ne laissant s’affronter que LREM et le RN. Faire de la chaleur et aucune lumière ! Gagnez du temps et de l’espace politique !

Gageons que le résultat sera une abstention record. On parle d’un chiffre situé entre 60 et 70 % qui serait absolument désastreux.

Rappelons que Jean Monnet est décédé depuis près de quarante ans. On peut sans doute critiquer que Mitterrand ait fait entrer au Panthéon, où la patrie est chargée d’être reconnaissante avec ses Grands Hommes, un homme qui se jugeait lui-même apatride et préférait travailler pour un gouvernement étranger contre les intérêts du gouvernement légitime de son pays. Mitterrand se flattait d’être le dernier président français de plein exercice. Ayant gâché les chances économiques de la France avec un bilan calamiteux, il pensait se faire une postérité comme constructeur fondamental d’une Europe supranationale où la France n’aurait plus de réelles indépendances. L’enterrement de Monnet en haut de la colline Sainte Geneviève sera le début de sa campagne européiste. Panthéoniser un apatride anti français, agent stipendié de l'étranger, c’est du Mitterrand tout craché. Un homme qui a réussi à se faire révérer par la Gauche après avoir reçu la Francisque des mains du Maréchal Pétain était à même de savourer la situation faite à Monnet. Les autres ne sont pas obligés de s’extasier. Cet amateur de cimetières et de cadavres était un pourrisseur et il trouvait à l’exercice sa joie profonde qui explique le nombre de suicides ou de meurtrissures dans son entourage. Lui aussi pourrit déjà depuis plus de 20 ans dans la tombe de laquelle il a chassé son épouse, sommée d’aller passer l’éternité ailleurs.

Les questions du moment, en matière européenne, sont assez éloignées des fariboles européistes passées et des manigances mitterrandiennes.

L’histoire est intéressante surtout si elle permet d'agir en toute connaissance de cause. La cause européenne a été défendue par mille courants qui n’ont rien à voir avec les États-Unis et pour de bonnes raisons. La question première qui se pose est de juger l’organisation actuelle et les politiques menées, qui donnent des résultats discutables voire désastreux et la seconde de définir vers quoi on va. Monnet ne voulait pas d’un gouvernement européen solide et concurrent des Etats Unis. Aujourd’hui Trump exerce une suzeraineté violente sur les pays européens. On fait quoi ? Mais les Etats Unis ne voulaient pas de concurrents pour le dollar et Monnet a poussé comme un malade en faveur d’une Monnaie Unique. Un traître aux intérêts américains ? Ou quelqu’un qui avait jugé que la dépossession monétaire vidait définitivement la souveraineté des nations européennes et que la gestion par des fonctionnaires nommés dans la coulisse ne serait jamais hostile aux États-Unis, la coulisse étant sous contrôle américain ?

Ces débats sont sérieux et méritent de se s'épanouir sans les entraves d’épouses de petits-maîtres de la Macronie ou de la gauche caviar.

Le Grand Débat : Un exemple au cœur de la « démocratie de l’informe ».

Il faut toujours témoigner aussitôt d’un moment historique, même s’il s’agit de la petite histoire. On oublie vite et surtout on perd le climat psychologique qui se dissipe très vite.

Le débat est organisé dans une ville industrieuse de bord de mer mondialement connue qui mélange gastronomie, tourisme, repli des retraités en quête d’une vie éloignée des grandes villes. Le maire a bien fait les choses. Quelques petits fours. Quatre zones destinées aux débats sur chacun des grands thèmes choisis par M. Macron. Quatre ordinateurs, avec rétroprojecteur et grand écran, pour inscrire les suggestions. Après des consignes de convivialité, les débats commencent. Environ cinquante personnes se trouvent dans la salle, dont une dizaine de personnes travaillant pour la mairie ou membre du conseil municipal. Les participants se dirigent principalement vers le pôle impôts et le pôle écologie. Le pôle « politique publique » reçoit une dizaine de personnes. Le pôle citoyenneté est boudé, avec 5 participants dont un Irlandais résidant en France et y passant sa retraite : « on mange mieux qu’en Irlande ! » précise-t-il.

L’assistance est principalement constituée de retraités. Deux jeunes de moins de trente ans. Quelques quadragénaires.

Nous décidons de gonfler les effectifs du pôle citoyenneté.

Le débat va porter sur une question imprévue. Deux représentantes d’associations veulent qu’on témoigne une reconnaissance financière aux bénévoles. Elles précisent : nous avons de plus en plus de délégations de service public et nos bénévoles sont amenés à faire de longues et fréquentes formations. Ils sont devenus de vrais fonctionnaires et ne sont plus des bénévoles à l’ancienne. Mais ils ne gagnent rien. C’est choquant moralement puisqu’ils donnent beaucoup à la collectivité et remplacent en fait des fonctionnaires. Si cela continue ainsi, nous n’aurons plus de volontaires et la suppression des emplois aidés nous a assommés. Avec la baisse des subventions municipales, et la complexité et le nombre des contraintes réglementaires, nous ne pourrons bientôt plus travailler. Il faut un statut du bénévole, comme il faut aussi un statut des élus, dont le plus grand nombre est bénévole. L’ennui, c’est qu’un bénévole qui n’est plus bénévole n’est plus un bénévole. La discussion s’enlise.

Ce que les participants ne savent pas c’est que l’emploi dans les associations a gonflé de 1 250 000 depuis Mitterrand. L’État Moloch qui a gagné également plus de 1 million d’emplois publics ne sait plus comment faire avec les 35 heures, la retraite à 60 ans, l’absentéisme majeur, et l’extension infinie de ses attributions. Alors il sous-traite à tout va. Et le système explose. Il fonctionne à base de retraités et de jeunes soutenus artificiellement. Et surtout de bénévoles. Mais quand c’est trop c’est trop. La vraie solution c’est de renoncer à la retraite à 60 ans pour une retraite à 67 ans et de revenir aux quarante heures, tout en transférant vers le privé les mille captations faites par l’État de façon abusive dans tous les domaines. Il faut également réduire les règles tatillonnes qui interdisent tout ou obligent à des dépenses folles et sans rapport avec leur objet. Sans le savoir, nos deux animatrices d’associations ont mis le doigt sur une tare française que Mitterrand, ses sbires et ses successeurs ont définitivement aggravé. Ces femmes de bien ne peuvent évidemment pas concevoir que la solution de leur malheur n’est pas dans plus de subventions mais dans plus de travail et moins d’interventions de l’État. L’argent public c’est le bien. L’État c’est le bien. Moins travailler, c’est bien. Partir tôt à la retraite c’est normal. Mais au bout du chemin, c’est la faillite, y compris pour les associations. Les deux à trois millions d’emplois directs et indirects créés dans les associations et les différentes fonctions publiques sont à très faibles productivités. Du coup la France n’est plus compétitive. Mais ces questions-là passent au-dessus de la tête du débat et la phrase affreuse vient naturellement : « les pauvres gens, qu’est-ce qui va se passer quand on fermera ! ».

Le vote obligatoire fait l’objet d’une analyse intéressante de notre Irlandais. L’abstention provient des jeunes, de moins en moins nombreux et des immigrés, de plus en plus nombreux. Le seul moyen de les faire venir est de rendre le vote obligatoire. Cela a été fait en Australie dans le cadre de l’action en faveur des indigènes et cela eut « des résultats intéressants ». Le seul « jeune » qui avait soudain pointé son nez proteste : « les élus sont tous des pourris et ne se font élire que pour l’argent et les avantages. Dès qu’ils sont élus, ils abusent. Ce n’est pas la peine de voter Tous pourris. Action directe ». « Voyez-vous un élu pourri dans cette salle ? » questionne un participant. Le jeune part en maugréant.

Personne ne s’intéresse au RIC, ni à l’élection par tirage au sort. La proportionnelle d’accord mais il faut qu’il y ait une majorité. Faut-il comptabiliser les votes blancs ? Oui dit la jeune en contrat aidé qui est censée enregistrer les débats et qui, depuis le début, montre qu’elle ne comprend rien, ne sait pas écrire une phrase et fait une erreur d’orthographe par mot. Ce serait juste car ces gens se sont déplacés. D’accord mais quelles conséquences ? Grand silence. Lorsqu’il est expliqué que cette prise en compte a uniquement pour but de rendre impossible l’élection et que partout où la solution est essayée, des dispositifs contrariant cet effet pervers ont été mis en place, le silence se fait.

Quelle morale tirée de cette partie du débat ? D’abord l’effondrement de l’enseignement de base. Ces deux jeunes ne savent rien et en particulier ni écrire ni parler. Ils tentent de retarder indéfiniment leur engagement, en matière économique comme en matière politique. Tout en éructant. Des Tanguy, comme on dit maintenant ou des enfants perturbés par la disparition du foyer parental.

Pour le reste, d’une façon générale on ne considère pas que les changements institutionnels soient indispensables. Nous mettons à la discussion trois thèmes qui nous sont chers : interdire d’être élus dans une assemblée qui décide de votre statut et de votre rémunération. Interdire de cumuler deux rémunérations publiques et plus. Retraite statutaire modifiée pour tenir compte du temps effectif passé dans les fonctions administratives, hors détachement. Tout le monde est d’accord. « Cela tombe sous le sens ». Mais cela ne viendra pas dans les conclusions du Grand Débat. On parie ?

Tout le monde se quitte bons amis.

Tourner manège. Nous allons vers la zone action publique, les impôts et l’écologie faisant à nouveau le plein des présents. Nous sommes quatre. L’animatrice liste les « suggestions » faites lors de la session précédente.

Surprise encore. L’essentiel du débat a porté autour d’Internet et de la généralisation forcée des « process » basés sur l’emploi de cette technique. EDF, Orange et les différentes administrations (permis de conduire, carte d'identité, carte grise, passeport, subventions diverses). C’est intolérable. Cela ne marche pas. On perd un temps fou. Il y a des bugs et après on ne peut plus s’en sortir. Internet est dangereux avec des chantages et des vols de données. La couverture 4G est pleine de trous et on ne peut pas utiliser internet partout. L’administration se cache derrière Internet. Les procédures de rendez-vous sont une catastrophe. Et il n’y a pas eu une seule réduction d’effectif dans la fonction publique inamovible. On se fout de nous. Ras le bol de ce pseudo-modernisme. Et cela conduit à plus de dépense parce que les mairies doivent maintenant mettre en place des maisons citoyennes avec des aides et des machines. Et il faut y aller en voiture !

Comme il s’agit d’une petite ville de province la discussion a également inlassablement porté sur les modalités de regroupement des communes qui font perdre leur pouvoir aux maires des petites communes au profit des plus gros bourgs tout en multipliant les postes. Au lieu de consolider en les étendant les structures, il aurait mieux valu continuer avec des mises en commun des actions du genre Sirvom. Chaque besoin aurait fait l’objet d’un organisme communautaire ad hoc (ordures ménagères, transports scolaires, salle de spectacle, patinoire ou piscine, terrains de sport, entretien es jardins…) à chaque fois que des économies auraient été certaines. La complexité du système de subventions est mise en avant. Il y en a trop et personne ne comprend le qui, quand, comment. Peu de gens en bénéficient, « sauf les secrétaires de mairie qui savent tout ». L’étouffement administratif, caché sous la prétention moderniste d’internet, et l’arrosage électoraliste avec trop de mesures sélectives dont les modalités sont incompréhensibles, sont les deux mamelles de la dépense publique locale avec les oukases administratifs dont certains sont totalement ruineux pour les communes. Ce n’est pas en rendant impossible le dialogue direct avec l’administration qu’on rendra les choses plus faciles, ni en cumulant les structures, ni en multipliant les contraintes administratives.

Peu de participants mais beaucoup de bon sens.

Tourner manège. Nous voici dans la zone de discussion Impôts.

Un seul cri : trop c’est trop ! L’État nous ruine. La hausse des impôts a été terrifiante. Surtout pour les classes moyennes. Comme le revenu n’a pas beaucoup augmenté, cela fait mal. En fait il a baissé (le PIB par tête baisse depuis 2008). Non seulement la hausse des impôts, mais aussi les coûts directs et indirects des contraintes administratives, ruinent les plus modestes. Limitation de vitesse, c’est aussi plus d’amendes et plus de frais pour retrouver des points. Changer de voiture et de chaudières, réduire les pertes énergétiques de son appartement ou de sa masure, c’est extravagant car sans rapport avec le revenu disponible.

Du coup, il n’y a pas d’amateur pour plus d’impôts quel qu’en soit le genre. Personne ne demande le retour de l’ISF. Une hausse du Smic ? De combien la souhaitez-vous ? 5 % ! Alors travailler 38 heures et vous aurez votre augmentation. Personne n’a tellement envie de jouer au mécano fiscal. Une voix s’élève : il faut que tout élu, à chacun des étages politiques, proposant ou votant une gratuité soit mis en prison pour 5 ans et inéligible à vie. Car il n’y a pas de gratuité. Simplement du gâchis et de la répression. En fait tout le monde est d’accord que la gratuité est purement démagogique et coûte trop cher. Des suggestions fusent : il faut qu’en cas de remboursement de la sécurité sociale, soit marqué le niveau de la dépense prise en charge, surtout pour les hospitalisations. En fin d’année tout citoyen devrait savoir ce qu’il a payé et ce qu’il a reçu. Un bilan fiscal comme on a le bilan carbone…

Comme tout le monde est bon, on s’interroge sur la TVA zéro sur les biens de première nécessité. Mais voilà, comment la définit-on ? La voiture n’est-elle pas, pour les infirmières qui vont à l’hôpital à 40 km, un engin de première nécessité ? Taxer plus le luxe ? Oui mais nos artisans sont les champions du luxe. Alors non.

Une de fois de plus la majorité des présents fait l’erreur classique : la TVA est payée par le consommateur, les charges patronales par le patron. En fait toutes les deux entrent dans les prix aux consommateurs. L’avantage de la TVA, c’est que l’impôt n’est payé que dès qu’on est sûr d’une recette ; pas les charges patronales qui ne sont pas payées par les concurrents étrangers et qui le sont en France dès la fabrication. Une absurdité, en système ouvert.

Une voix raconte pourquoi il y a deux fois de plus de fonctionnaires en France qu’en Allemagne par citoyen. L’hécatombe de jeunes allemands a conduit à envoyer travailler en usine les survivants. Mais les millions de jeunes français enfermés dans les stalags ont perdu 5 ans et leur employabilité. On en a fait des fonctionnaires. Sourires gênés dans l’assistance. « Maintenant ils sont morts » Cela clôt le débat.

Un autre pousse à l’extension des dégrèvements sur les heures supplémentaires. Et si on dégrevait d’abord les premières heures plutôt que les heures supplémentaires. Pour disposer d’aides publiques il faudrait au minimum fournir ces heures défiscalisées et dégrevées de charges sociales. Là on aiderait l’emploi. Ahurissement silencieux sur toutes les chaises. L’animateur reste sans voix.

Le manège s’arrête. Il n’y aura pas de nouvelle rotation. Il faut regarder sur l’écran les suggestions en matière d’écologie. Que du classique ! On est « pour », mais commençons par les vrais pollueurs (avions, bateaux) et mettons des taxes sur ce qui vient de très loin. Les hypertaxes au prétexte d’écologie, cela suffit. Peu d’accord sur les éoliennes qui devraient être écartées loin sur la mer pour qu’on ne les voit pas. Et encore uniquement si c’est rentable. Si on diminuait les importations chinoises, on réduirait la pollution. Un capitaine de la marine marchande en retraite précise que les efforts faits dans le domaine maritime payent et qu’au KG, le transport maritime ne pollue pratiquement pas, contrairement à l’avion. Le vélo, tout le monde commence à en avoir ras le bol, comme les impôts. Suffit les Cyclofascistes ! Les voies cyclistes protégées sont pour les touristes, un mois par an et coûtent cher aux locaux sans rien leur rapporter. Il faudrait des péages. Bref, l’écologie oui, mais changer radicalement et à grands frais de mode de vie, non !

Fin du Grand débat local. Au troisième tour il ne restait plus qu’une vingtaine de personnes.

Qu’en retenir ?

Convivialité, gentillesse de fond et bonne volonté. Mais « ils ont été trop loin » avec les impôts et les contraintes, contre les seniors et contre les maires. Ce qui reste pour vivre est trop faible au bas de l’échelle. Pour le reste l’ignorance des chiffres qui éclairent les grands enjeux est abyssale. Quand on signale que la dépense publique est égale à la valeur ajoutée des entreprises, c’est l’ahurissement. On ne veut pas entendre parler de la hausse de l’âge de départ à la retraite ni des trente-cinq heures. « Après tout ici cela ne va trop mal ! »

Tout le monde a constaté l’absence de gilets jaunes ou de jeunes voire de travailleurs-travailleuses. Pas un immigré. Mais ici il n’y en a pas. À part quelques Normands…

« Tout ce blabla cela ne sert à rien », entend-on, alors que tout le monde rejoint sa voiture. On veut plus de croissance, moins d’emmerdements administratifs, des services publics qui marchent et des impôts qui baissent. Ce sont les élites qui doivent être efficaces et obtenir des résultats, pas nous qui n’avons rien entre les mains pour savoir, comprendre et décider. La Crise, ce n’est pas nous.

Que remontera-t-il de ce débat qui pourrait être pris en compte dans une compilation ? Rien. Rien, en tout cas, qu’on ne savait déjà. Il n’y aura pas que l’intelligence qui sera artificielle dans le dépouillement des cahiers de doléances. « L’arbre de la connaissance [qui ressortira du dépouillement] veut saisir toute la subtilité de la pensée des Français » dit la société chargée du travail. Ceux qui ont lu Escarpit se souviendront du Litteratron, cette machine à analyser les pensées des électeurs et qui avaient accouché de phrases types sympathiques : « Plus cela change plus c’est la même chose. Si on fraudait moins il n’y aurait pas de déficit. C’est toujours les mêmes qui paient. Etc. »

Comme le dit Le Goff, « la politique n’est pas seulement affaire de bonnes intentions et de débat perpétuel ». « La crise ne provient pas du manque de débats mais de l’impuissance des politiques ». Le risque est la dissolution de ce qui reste dans une « démocratie de l’informe ».

Difficile, en sortant de ce genre de réunion, de lui donner tort.

L'affligeant spectacle médiatique de certains économistes universitaires français

Pour un grand nombre de Français, les économistes sont une sous-catégorie de clowns blancs qui ne font pas rire, de guignols pleins de morgue alors qu’ils véhiculent un faux savoir, d’abusifs qui passent leur temps à se chamailler, d’incapables qui au nom d’une fausse science ont entraîné le pays dans la déréliction. « L’économisme » est une tare et les économistes des pelés et des galeux qu’il faut reléguer dans les poubelles de l’histoire.

La situation est presque normale puisque depuis 50 ans déjà le monde a basculé dans la baisse continuelle de la croissance, dans la hausse de la dette et, dans le cas français, dans le délire de la dépense publique et des impôts. Le titre de champion du monde des prélèvements finalement n’emplit de joie exubérante ni les stipendiés ni les pressurisés. Pendant dix ans le PIB par tête a baissé dans une France qui a perdu l’essentiel de sa souveraineté, à l’extérieur en la transmettant à la Commission de bruxelles, à l’intérieur en cédant tous les pouvoirs du peuple à une camarilla d’Énarques prédateurs.

On s’attendrait à voir les économistes professionnels, le plus souvent stipendiés par l’État et ses dépendances nationales et internationales, et notamment les économistes universitaires, s’attaquer le plus savamment et le plus honnêtement possible à ces graves problèmes. Pas du tout. Ils campent dans des camps idéologiques qui s’affrontent de façon généralement grotesque et loin des réalités. Ou alors ils servent leur maître, l’État, dans l’attente des postes et des honneurs qu’ils espèrent.

Les médias se croient obligés d’ouvrir leurs colonnes ou leurs tribunes à ces perroquets débiles qui assoient leur notoriété en répétant des mantras.

Prenons deux professeurs qui prennent bien soin d’annoncer qu’ils sont « émérites » ou « honoraires », et qu’ils ont été rattachés à des universités françaises ou des instituts qu’ils pensent de renom. Oublions leur nom qui n’a pas d'importance dans cette réflexion. Des économistes officiels de cet acabit, on en trouve des dizaines, presque tous sur le même format. Honneur et Mérite ne sont malheureusement pas au rendez-vous.

L’un se croit intelligent de livrer un article, consternant de banalité et de soumission, qui affirme : « les dépenses publiques sont une richesse pas une charge pour l’économie ».

On sait que la France dépense l’équivalent de la valeur ajoutée de ses entreprises industrielles et commerciales : environ 1 300 milliards d’euros en 2018. Cette réalité n’est pas une chance mais un terrible défi pour la nation, qu’il s’agisse de ses entreprises, ou de ses assujettis fiscaux. On sait qu’une partie importante des charges est portée par les entreprises qui, confrontées à un marché ouvert, ne peuvent plus être suffisamment compétitives. Les déficits extérieurs témoignent de ce manque de compétitivité. Ils se sont encore aggravés en 2018. Les Français accablés de charges et d’impôts soit fuient, soit cessent d’investir (à quoi bon, si tout est repris ?). N’oublions pas que sous Hollande, près de 10 000 Français ont payé plus de 100 % d’impôts. La dette française est maintenant à 100 % du PIB. La dette globale est à 400 %. À Paris la fonctionnaire espagnole, femme d’énarque, qui dirige la mairie pousse l’endettement vers les 9 milliards d’Euros après que les impôts ont été quasiment quadruplés depuis l’arrivée des socialistes-verts-rouges et arc-en-ciel. Un adjoint du maire précise qu’il y a encore de la marge pour les impôts. Allons-y gaiement !

Dans ces conditions, le vrai devoir des économistes est de tenter de comprendre comment on peut se sortir de ce piège. Pour notre auteur ce n’est pas un piège mais un bonheur incoercible. Toutes les esquives convenues pour ne pas traiter du fond s'accumulent dans l’article. La dépense d'état finance l’offre « non-marchande » qui est un bienfait en soi et n’a donc pas à faire l’objet d’une approche comptable. Elle n’est pas marchande donc elle n’a pas de prix. On peut foncer. Elle paie aussi les transferts sociaux, par nature bénéfique, et, dans ce domaine, on ne fait jamais trop. Gavés de produits non marchands et d’allocations, les Français ne peuvent être qu’épanouis et heureux. Qu’ils ne le comprennent pas est incroyable et il faut leur faire comprendre de force leur bonheur. Les « théoriciens libéraux », une sous-race honteuse de la classe des tenants de « l’économisme », voient dans l’importance des prélèvements et de la dette une cause du chômage de masse français. Mon Dieu, quels abrutis ! Ces taux extravagants n’ont pas d’importance. Ils signalent simplement que la France, heureusement, a socialisé plus que les autres des tas de dépenses. Et c’est bien, très bien, la socialisation massive. Cela permet de contenir les inégalités et la pauvreté. Enfin en principe. Car avec l’affaire des Gilets jaunes, les faits et les principaux concernés n’ont pas l’air de s’accorder avec ce constat socialo-bisounours. L’enfer s’annonce pour ceux qui ne voudraient pas le comprendre. Le secteur public a besoin d’être bien payé pour être efficace (et j’en fais partie dit l’auteur qui ne semble juger sa contribution qu’à l'aune de son salaire public). Comme si l’énorme extension des emplois publics (deux fois plus par tête qu’en Allemagne) n’avait pas été déjà prolétarisé (voir le cas de l’enseignement, de la justice ou de la police). Comme si l’enseignement supérieur public n’était pas une vaste poubelle en même temps qu’un puits sans fond. Si on réduit le moins du monde les allocations il en résultera une « explosion » des inégalités. Comme si le chômage de masse n’était pas déjà une explosion des inégalités. La solution : transférer sur l’impôt progressif la TVA, la CSG etc. Les classes supérieures aisées, comme on dit maintenant, doivent tout payer. Et la dette. Aucune importance la dette. Il ne faut pas accélérer le remboursement. Comme si l’éminent professeur n’avait pas remarqué qu’on se contente de refinancer la même dette perpétuellement depuis au moins 50 ans tout en l’aggravant et sans jamais rien rembourser. Bien sûr il faudrait faire des économies (dont on ne précise rien) mais pour accélérer la transition écologique. On l’attendait celle-là.

Comment commettre un article si décalé des réalités ? Au lieu de faire face aux difficultés qui s’accumulent et que tout le monde voit, il suffit d’aller encore plus loin dans la transition fiscale de dimension digne du communisme, ce paradis où toute la production était non marchande et « l’égalité réelle » garantie, comme on l’a vu après la chute du socialisme réalisé. Il fallait au moins être émérite pour écrire de telles fadaises. Comment éviter que le mépris n’entoure la profession d’économiste, si c’est pour entendre ce genre de léchecuteries pour énarque socialiste (pléonasme fiscal) en difficulté devant la rébellion populaire.

L’endettement n’est pas un problème : nous le verrons quand les taux remonteront. Actuellement ils sont négatifs !

La surfiscalisation n’est pas un problème et il suffit d’aggraver les prélèvements sur les riches ? La fuite des victimes s’aggravera interdisant tout investissement privé en France, déjà quasiment effondré.

Comment fait-on vivre bien une énorme partie de la population sur des transferts si le nombre de gens productifs diminue ? Heu ! heu !

Nous ne sommes déjà plus compétitifs. On le sera encore moins. Mais ce n’est pas grave.

Face aux « logiques comptables » (il y avait longtemps qu’on n’en avait pas entendu parler), nécessairement « à court terme », il faudra « réhabiliter cette idée pourtant simple selon laquelle les dépenses publiques sont une richesse économique et non un coût ». C’est sûr : dans le pays numéro un dans le monde pour la dépense publique, il faut certainement la réhabiliter ! Urgence absolue ! Encore, encore, encore ! Vive l’impôt, Vive l’impôt, vive l’impôt. Vive la dette ! Vive la dette, Vive la dette ! Mort aux riches et aux théoriciens libéraux qui nous ont fait tant de mal !

Le discours serait exactement le même avec 25 % de taux de prélèvements ou 95 %, ou même 150 %. On a vu en Grèce, qui a financé par la dette généreusement octroyée la création de postes de fonctionnaires et la production épatante de « biens collectifs », les résultats mirifiques de cette création magique. 50 Milliards de PIB en 1981 ; 365 milliards de dettes en 2019.  On pourrait aussi demander aux ex-habitants des pays soviétisés ce qu’ils pensent des merveilleux biens collectifs prodigués avec tant de profusions pendant 75 ans ! Surtout aux paysans.

La question n’est évidemment pas de savoir si par la dépense publique peut être utile. Mais de déterminer à quel niveau on doit la fixer, avec quel contenu et quel type de financement. Quand les dépenses publiques sont égales à la valeur ajoutée des entreprises industrielles et commerciales, que la dette publique représente deux fois cette valeur ajoutée et la dette totale huit fois, on peut se poser une seconde et réfléchir.

Pas quand on est un professeur agrégé émérite. On pourrait utilement fermer les universités qui ont conduit à la promotion de personnel aussi désastreux. Elles produisent des « biens non-marchands » frelatés.

S’il n’y avait qu’un seul exemplaire de ce genre d’économistes sous-marxistes débilitants, éperdus de répéter inlassablement les mantras de son milieu ! Quasiment le même jour (19 février et 21 février), le Temps, un ancien journal suisse de qualité, qui sombre depuis sa dernière réorganisation (les bons sont partis ou ont été licenciés) publie un autre article tout aussi convenu, en associant « gilets jaunes » et « dogme néolibéral ».

S’y exprime un vrai dogme, socialiste celui-là, calibré et répétitif, comme dans l’article que nous venons de commenter. Le moulin à prières bien huilées, à cent lieues des réalités, ne se lasse pas de dévider ses lamentations.

Lisons les propos de ce « Professeur honoraire et directeur de l’EHESS » (Ecole des hautes études socialistes sectaires).

Ce que cette crème de l’intelligence conteste, c’est la phrase du Président Macron qui dans sa lettre aux Français a osé écrire : « L’impôt, quand il est trop élevé, prive notre économie des ressources qui pourraient s’investir utilement dans les entreprises ». « On aura reconnu l’énoncé de l’un des dogmes [ ] animé par le néolibéralisme ». Il faut bien être directeur de l’EHESS pour voir le diable habillé en néolibéral et pas seulement en Prada. Rien que cette phrase nous annonce toute la suite. Pas besoin de lire. Comme précédemment la litanie va se développer sans aucune originalité. La disqualification est totale. Beurk, Macron est un néolibéral !

« Le CICE n’a créé que moins de 100 000 emplois ». « Les inégalités n’ont fait que progresser ». Lesquelles à part celles liées au chômage qui lui a baissé ? On ne précise pas. Pas besoin. C’est un verset de la Bible socialiste. La preuve n’est pas nécessaire. Seulement la foi militante aigrie des catéchumènes.

On a pratiqué « la dévalorisation du principe de l’impôt », en devenant les champions du monde des prélèvements ! On retrouve la brillante intelligence et le sens de la réalité de notre précédent professeur émérite. Ce Monsieur Macron est certainement un véritable salaud au sens sartrien du terme : il s’attaque lâchement aux merveilleux « services publics » et aux précaires. Tous les services publics français sont à la ramasse depuis Mitterrand et la précarité n’a cessé de croître depuis le programme commun de gouvernement, mais on ne va pas s’abaisser à comprendre pourquoi. Toute personne qui ose dire qu’il faut repenser la manière dont sont gérés les services publics et remettre quelque forme que ce soit des transferts sociaux est un ignoble individu. Cela ne se discute pas. Un grand Beurk remplace toute discussion, tout débat. Alors que les solutions sont si faciles : les 56 milliards de profits du CAC représentent une proportion massive du déficit de 79 milliards. Qu’on pique tout et ce sera formidable. Ce n’est pas dit comme cela mais fortement suggéré. Les déficits, la dette, tout cela ce sont des faux problèmes. On retrouve une fois encore notre précédent professeur émérite. L’originalité est dans ce reproche fait au président français : les sans-papiers n’auront pas accès aux RIC ce referendum d'initiative populaire tellement indispensable. Pour le coup ça c'est bien vrai : tout entrant illégal a bien le droit de voter, non ? Là, on voit qu’on tient un grand penseur. La conclusion s’impose : « pouvait-on attendre davantage du jeune associé gérant dans la banque d’affaires Rothschild » ! Un peu d’antisémitisme pour finir c’est tout ce qu’il faut. Et il n’a même pas un gros nez et la lippe tombante, ce Macron et ne fume pas un gros cigare. Quelle tromperie honteuse !

Nous avons tiré ces extraits, avec gants et pincettes, tant ils sont consternants. Vous avez le droit d’écrire dans la PQN franco-suisse n’importe quoi si vous cautionnez un clan. La prétention de certains journalistes à ne voir que dans les « réseaux sociaux » un déferlement de pourriture et de propos débiles et injurieux, est un plaidoyer pro domo. Depuis des lustres on lit de pareilles sottises tous les jours dans la presse qui se dit exemplaire et « sérieuse ». On voit également le caractère lamentable de l’économie universitaire française, pratiquement totalement dominée par des partisans débiles. Ils sont inutiles à la science économique. L’explication des vrais problèmes du monde, de l’Europe et de la France est totalement absente, remplacée par un prêchi-prêcha marxiste effronté et sans limite, qu’on retrouve perpétuellement par exemple sur les chaînes de la TNT.

Si Macron avait un minimum de cran, il supprimerait l’EHESS, à titre prophylactique, et demanderait à son directeur de gagner sa vie en travaillant humblement et jusqu’à son dernier souffle, à vider les latrines publiques, comme on faisait dans la Chine de Mao, pour réduire l’hubris des communistes trop arrogants. Voilà une fourniture de « bien collectif » indiscutable. Mao, c’était bien, non ? Demandez à Sollers !

Disons-le clairement : on n’a pas besoin d’un clergé subventionné de ce type dans l'éducation nationale supérieure française.

La responsabilité des économistes universitaires n’est pas de rentrer dans des coteries idéologiques mais de s’attaquer le plus objectivement possible à l’explication des difficultés économiques. C’est difficile. C’est incertain. On peut se tromper. Cela demande de la ténacité, des qualités dont le courage. Réciter des mantras marxisants est un exercice qui doit se faire en dehors de toute subvention ou rémunération publique. Les honneurs accordés à ces deux idéologues donnent la mesure de l’effondrement de l’enseignement et de la recherche économique en France.

Pour ne pas accabler le lecteur on ne commentera pas l’article du principal conseiller économique d’E. Macron, sur une page entière dans un titre éminent de la PQN française. « Vive l’impôt ; Vive la dette ; Vive la dépense publique ; Mort aux riches ; sus au CAC ; taxons lourdement les successions » ! C’est le même qui avait proposé d’intégrer dans le revenu soumis à l’IR la valeur locative des appartements occupés par leur propriétaire.  

Voilà où on en est arrivé en France. Voilà aussi pourquoi nos économistes universitaires sont devenus collectivement la risée du monde.

Les prochaines élections européennes en dix questions

Seriez-vous un bon européen ?

1. Citez dix mesures adoptées par le Parlement Européen lors de la dernière législature.

Si vous avez réussi à en citer

                -Aucune :                            Vous marquez zéro

                - Une :                                Vous marquez cinq

                - Deux :                               Vous marquez dix

                - Trois :                                Vous marquez trente

                - Plus de trois :                     Vous marquez cinquante.

 2. Citez dix mesures qui seront en discussion lors de la prochaine législature

Si vous avez réussi à en citer

                -Aucune :                             Vous marquez zéro

                - Une :                                 Vous marquez cinq

                - Deux  :                              Vous marquez dix

                - Trois :                                Vous marquez trente

                - Plus de trois  :                    Vous marquez cinquante.

 

3. Quelles différences programmatiques avez-vous remarquées entre MM. Schulz et Juncker ?

Si vous avez réussi à en citer

                -Aucune :                              Vous marquez zéro

                - Une :                                  Vous marquez cinq

                - Deux :                                Vous marquez dix

                - Trois :                                 Vous marquez trente

                - Plus de trois :                      Vous marquez cinquante.

 4. Quelles ont été les actions du député Européen pour lequel vous aviez voté lors des élections précédentes

Si vous avez réussi à en citer

                -Aucune :                              Vous marquez zéro

                - Une :                                  Vous marquez cinq

                - Deux :                                Vous marquez dix

                - Trois  :                                Vous marquez trente

                - Plus de trois   :                    Vous marquez cinquante.

 5. Quelles sont les mesures que s'apprêtent à voter le candidat que vous avez choisi pour les présentes élections européennes ?

Si vous avez réussi à en citer

                -Aucune :                            Vous marquez zéro

                - Une :                                 Vous marquez cinq

                - Deux :                               Vous marquez dix

                - Trois :                                Vous marquez trente

                - Plus de trois :                     Vous marquez cinquante.

 6. Une décision a été prise d'interdire l'arrestation des immigrés clandestins.

A-t-elle été prise :

- Par le Parlement Européen

- Par la Cour de justice Européenne

- Par la commission des droits de l'homme de l'ONU

- Par la CEDH.

 

Si vous êtes absolument sûr de vous, marquez 50.

Si vous imaginez savoir, marquez 20

Si vous n'en avez aucune idée, marquez zéro.

 

7. Le Parlement Européen a décidé de refuser la qualification de génocide au massacre de plusieurs millions d'Ukrainiens au début des années trente au nom du "socialisme réalisé", ce qui n'est pas sans conséquences sur le crédit européen en Ukraine.

- Si vous avez entendu parler de cette décision, marquez 10

- Si vous savez quand elle a été prise, marquez 20

- Si vous savez ce qu'a voté le candidat que vous avez choisi, marquez 50.

- Sinon marquez zéro.

 8. Le Brexit va amputer le budget européen de plusieurs milliards d’euros

- Si vous avez entendu parler d’un plan de réduction des dépenses à proportion de la baisse, vous marquez 50

- Si vous savez ce que votre candidat en pense vous marquez 20

- Sinon marquez zéro

 

9. Soucieuse de respecter l'idée de subsidiarité promue lors du traité de Lisbonne, La Commission Européenne a élaboré un modèle d'horodateur pour voiture, normalisé pour toute l'Europe.

- Si vous savez quand le débat est passé au Parlement Européen vous marquez 50.

- Sinon vous marquez zéro.

 10. Le Parlement s'est saisi des inquiétantes dérives bureaucratiques européennes et notamment du doublon entre établissements nationaux et institutions européennes ayant exactement le même rôle, provoquant l'apparition d'un mille feuilles administratif européen peu souhaitable.

- Si vous savez quand le Parlement Européen a voté une motion demandant plus de sérieux vous marquez 50.

- Si vous ne savez pas, vous marquez zéro.

 Résultats du quiz :

 - Si vous avez zéro, vous êtes un européen normal

 - Si vous avez 500 vous êtes un menteur compulsif

 - Si vous avez entre zéro et 500 vous avez bien du mérite.

 

A noter : l’abstention était de 57% aux Européennes de 2014

L’opportune confession d’un haut fonctionnaire macroniste

«Les Gilets Jaunes protestent parce que leur revenu disponible est devenu minime et que la violence réglementaire a entamé durement ce qui reste.  Il faut comprendre que pour l’Etat français, c’est-à-dire pour nous, hauts fonctionnaires, la définition du revenu disponible est simple : tout revenu est une « dépense fiscale », c’est-à-dire une niche concédée à ceux qui créent de la valeur ajoutée pour la société. Selon notre doxa, ils ne le font que  « grâce à la société » et ils n’ont rien à dire. La négation de l’individu, chez nous, est totale. Un assujetti n’est pas l’enfant de ses parents et de ses œuvres mais un produit de la société qui doit se fondre dans la masse dès que l'intérêt de la société l’exige. Tout patrimoine et tout revenu sont des concessions.

Il s’agit d’un totalitarisme, avouons le, puisque nous voyons le citoyen comme totalement sous domination. La violence n’est pas révolutionnaire mais civile, basée d’abord sur la fiscalité et justifiée par un alibi égalitariste. « Tu n’es rien sans l’Etat à qui tu dois tout et qui ne te doit rien. Ton revenu est n’est pas le droit du créateur de valeur mais une redistribution selon les critères de l’Etat et des hauts fonctionnaires qui prétendent le régenter. Comme groupe, nous les Hauts Fonctionnaires, nous pensons que nous avons le droit d’en faire ce que nous voulons. Pour flatter notre égo, nous disons même parfois : le devoir».

Nous avons réussi à faire que la dépense publique soit  à peu près égale à 100% de la valeur ajoutée produite par les entreprises du secteur marchand industriel et commercial. Bientôt, grâce à Internet nous tiendrons la totalité du comportement des citoyens.

L’impôt des « riches » est donc, pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas fuir, entre 80 et 120% de leur revenu brut.  Ceux qui fuient cette merveille sont des « salauds », au sens de Bercy ! « On les aura » !

Mais tout de même, il faut faire attention. Car qui va payer nos rémunérations phénoménales et imméritées ?  C’est que nous, hauts fonctionnaires influents, nous avons réussi, sans aucune création de richesses, à capter entre 400 à 800.000 Euros par an de rémunérations. Elles sont nettes puisque le plus souvent nous avons trouvé un poste qui assure les frais de la vie courante. Nous cumulons tout sans vergogne avec des systèmes différents de ceux du vulgaire.  En pouvoir d’achat, nous arrivons même à obtenir des trains de vie correspondant à un revenu privé avant impôts de 4 à 5 millions d’euros. Epouser une « haute fonctionnaire » que l’on a placée, grâce à la parité, dans la politique et les entreprises sous dépendance d’Etat est la solution la plus simple pour s'enrichir vite. L’Enarchie aime les couples d’Enarques !  

Mais il ne faudrait tout de même pas tuer le veau d’or.

Merci Emmanuel, d’avoir réussi le magnifique pronunciamiento qu’a été l’élection présidentielle. On n’allait pas laisser un butor, tenté absivement d’être aussi riche que les meilleurs d’entre nous, mettre à bas l’Enarchie Compassionnelle, cette dictature nécessaire qui s’appuie sur le Trésor, les banques aux ordres, et la presse dans l’attente de nos subventions. La crise de 2008 a merveilleusement favorisé nos plans. Voici le citoyen littéralement ratiboisé par le fisc et taxé à mort par les banques. Il est asphyxié par les sottises déversées à gros bouillon par les chaînes de la TNT, selon nos désirs. La totale. Oui, il s’agit bien d’un totalitarisme.

Tout allait bien. Nous avions trompé le petit peuple avec des promesses de transfert fiscal, pendant qu’on esquivait les débats en les déviant vers la lutte contre le retour de « Herr Hitler et des pensées nauséabondes ».  C’est que nous, les Hauts Fonctionnaires, on est fortiche : on sait jouer au bonneteau fiscal. Vous voulez du pouvoir d'achat : en voilà ! On va le prendre à d’autres, c’est tout.

Notre problème, à nous qui sommes tentés par le pouvoir absolu et les grandes rémunérations injustifiées, ce sont les deux bouts de la chaîne. Il faut que ces c… d’entrepreneurs croient qu’ils vont pouvoir faire quelque chose et créent de quoi payer nos rentes. Il faut que le bas peuple ne se révolte pas.  Pour cela, on lui a collé Cyril Hanouna et des redistributions massives. Du pain et des jeux, c’est une formule un peu ancienne, mais elle a du bon.

Alors Emmanuel et Edouard, nos deux proconsuls du moment, sous le regard énamouré de Jospin, mis à la tête du Conseil Constitutionnel où il cumule toutes les retraites possibles et les grasses rémunérations du poste, et de Juppé, maire de Bordeaux où il cumule toutes les retraites possibles avec les gras avantages du poste, ont cru que c’était arrivé. Le royaume de l’Enarchie Compassionnelle Millénaire était en marche. Ah, ce Jospin, qui dans les années 60 crachait sur le bourgeois honni et qui finit sur la rive gauche de Paris à 25.000 euros le m2,  avec un appartement rue du Regard,  et une villa sur l’île de Ré ! Otes-toi de là que je m’y mette ! Grand slogan trotskiste de toutes les générations !  Et ce Juppé qui n’a jamais craché sur les petits à côté de la République et qui a été condamné pour cela mais qui n’en a jamais fini de cracher sur le bourgeois franchouillard de base, le « beauf » comme on aime à dire entre nous, avant de finir à la tête de la ville la plus bourgeoise de l’hexagone !

Emmanuel et Edouard, ils pouvaient être contents. Après une année de réformettes tranquilles et sans aucune importance réelle, ils pouvaient reprendre les affaires comme avant. En route, le rouleau compresseur à « emmerder les Français » ! Bonjour les « plans vélos », les « plans construction », les plans… Enfin, des plans quoi, dans tous les domaines avec des contraintes délirantes pour les malheureux assujettis, d’accord, mais nous, on s’en fout.  Avec des impôts et des taxes.  La violence administrative n’est jamais dénoncée.  Mais à force de céder à tous les groupes de pression qui exigent de « vraies solutions » avec de « vrais » moyens, c'est-à-dire des impôts colossaux en PLUS, on a créé un système ahurissant de contraintes administratives et fiscales.  

Au fond, la violence administrative, on aime ça. Cela fait sentir notre pouvoir. Les libertés ont été tuées ou marginalisées. La liberté n’est pas notre truc, du moment qu’on conserve la nôtre.

En revanche, l’entreprise privée, nous n’aimons pas, sauf quand elle nous fait des ponts d’or pour avoir du poids auprès des hauts-fonctionnaires tyranneaux. Tyranniser, tyranniser, il en restera toujours quelques beaux postes « d’influenceurs » et de « facilitateurs », mots doux pour celui un peu moins flatteur de « racketteur »,  avec belles rémunérations et une retraite qui s’ajoutera à notre retraite statutaire.    

Pas une mesure en faveur de la productivité. Alors évidemment les déficits extérieurs ont fâcheusement dérivé. On y arrive, aux 100 milliards d’euros de déficits annuels dans nos échanges et à 100% de dettes par rapport au PIB. La dépense publique ? Elle s’est accrue, bien sûr, puisqu’on n’a réduit aucune dépense. Et qu’il a bien fallu charger la barque pour répondre aux clientèles administratives (le social, la justice, l'armée, la police, l’enseignement, la culture, tout, quoi !).

Les mille administrations ont sorti leurs vieux dossiers et la valse des dépenses et des contraintes a repris de plus belle.  Des lois bavardes et kilométriques les ont mis en musique. Et tournez manèges !

Le problème avec les hauts fonctionnaires hégémoniques et dictatoriaux, c’est qu’ils ont la vue basse.  Je le sais. J’en suis.

Ils n’ont pas compris ce qu’est réellement le revenu disponible. Ce n’est pas la rémunération brute. Ce n’est pas non plus ce qui reste après avoir enlevé les impôts et les taxes. C’est le moignon d’argent qui reste après avoir payé aussi les dépenses incompressibles, qui sont souvent des dépenses impulsées par l’Etat et ses réglementations.  Les frais de logement et de transports forment l’essentiel de ces dépenses. Bien sûr on peut les compresser, mais en changeant de vie, ce qui n’est jamais facile surtout si le train de vie  roule vers le bas.  Ces dépenses ruinent votre vie si elles deviennent top lourdes aussi sûrement que les impôts.

Nos administrations ont toujours refusé de voir cette évidence et elles ont chargé la barque sans vergogne.

L’automobile a été lourdement taxée. L’essence a été matraquée. Les points enlevés sont une menace quotidienne et imposent des frais énormes pour les petits revenus net net. Il faut repasser son permis ou aller regagner des points dans des séances nullissimes et inutiles qui nourrissent quelques parasites. Le contrôle technique devient hors de prix. Le coût d’une carte grise est extravagant (jusqu’à 11.000 Euros, le prix d’une voiture). Et voilà que ce Monsieur Philippe décide autoritairement et sans concertation, en vertu de sa haute conscience de lui-même, de réduire de 11% la vitesse sur route. Il sait que cela va augmenter de 40 à 50% les amendes automatiques, supprimer quelques dizaines de milliers de permis, emmerder des millions d'utilisateurs obligés. Qu’à cela ne tienne !

Et comme ce Monsieur Philippe a une âme écolo, et qu’il faut bien compenser le départ en vacances de longue durée de M. Hulot, il décide de frapper d’obsolescence programmée et les véhicules et les chaudières. Voici des millions de Français confrontés à des budgets de 10 à 20.000 euros à dépenser à très court terme.

Et comme ce Monsieur Philippe a une âme sérieuse et européiste, il décide d’un trait de plume de faire baisser les retraites en jouant avec l’inflation chaque année (2.2 à 2.4 % en 2018 selon les chiffres provisoires), inflation que la BCE s’efforce de faire remonter par des injections de monnaies démentielles depuis 2011.

Le programme démagogique du candidat Macron avait ciblé les retraités et les propriétaires. A eux l’augmentation absurde de la CSG et le maintien de l’IFI dans des conditions pires que l’ancien ISF. Le revenu disponible des retraités a rétréci comme une peau de chagrin. On avait promis à une partie d’entre eux de leur faire grâce de la taxe d’habitation. Mais la promesse avait été saucissonnée dans le temps. Alors bonjour la baisse radicale du revenu disponible. Et la colère des maires.

Dans l’euphorie du triomphe de l’Enarchie Compassionnelle, baignée d’écologisme intéressé, nos deux compères ont même été plus loin. Ils ont affirmé, la main sur le cœur : ce n’est qu’un début. Continuons le combat écolo ! Ces taxes, nous allons les augmenter indéfiniment et très fort. Qui c’est-y qui va sauver le monde sinon l’Enarque français ! Hein !

Et nous eûmes les Gilets Jaunes. Ils avaient fait leur calcul de revenu disponible. La coupe était sèche et menaçait de s’aggraver constamment.  "Le patrimoine était devenu si étique, si souffreteux, si chétif, si diaphane qu'on voyait la misère au travers (Eugène Sue - Atar-Gull 1831). La litanie des jaunes samedis commença.

Emmanuel annonça : il faut qu’on cause. Alors il cause. De tout et de rien, avec qui veut bien. Après avoir suspendu les mesures de taxation à prétention écolo. Une vraie diarrhée verbale.

Les Gilets jaunes disent : « aboule le fric et plus vite que ça. Y a qu’à le prendre aux riches ! Sinon casses toi pauvre c… et les jaunes samedi deviendront une institution nationale comme le Tour de France, mais à périodicité hebdomadaire ».   Les chaines d’info (?!) continue se frottent les babines. Suivre un numéro de cirque de Macron pendant sept heures ou un cortège étique de gilets jaunes pendant la même durée, ce n’est pas cher et cela rapporte gros.  La téléréalité, il n’y a que cela de vrai.

La panique conduit les Hauts Fonctionnaires à envisager de donner des satisfactions aux révoltés. On ne peut rien leur donner de plus que les 10 milliards déjà distribués. Alors on va leur servir de la haine en boite. On va augmenter les impôts des riches ! Ah ça que l’idée, elle est nouvelle et quelle est bonne ! Hollande sort de ce corps on t’a reconnu.

Les Français aisés sont comme les autres Français. Ils ont été étrillés par la crise de 2008 et ont perdu beaucoup. Tous les retraités un peu fortunés (c’est-à-dire ayant un appartement à Paris et une maison de campagne), savent bien qu’ils ont dû taper dans les réserves pendant dix ans pour payer les impôts démentiels qu’on leur a mis à charge. Leur revenu disponible a suivi celui des autres. Il a fondu vertigineusement. 100% de hausses d’impôt à Paris depuis Delanoë. Des lois démentes leur imposant des opérations hyper coûteuses dans leurs logements. Les contraintes continuelles dans tous les domaines. La perte constante de libertés. Les vols.  On masque cette réalité dominante par un discours abject selon lequel les « triomphateurs de la mondialisation » se seraient « gorgés de fric » de façon indécente et refuseraient désormais les solidarités les plus élémentaires.   Il y a certes, heureusement, quelques milliers de Français qui ont gagné beaucoup d’argent, en général pour avoir réussi à s’intégrer dans des entreprises mondialisées. S’ils ne sont pas partis de France, ils ont payé beaucoup d’impôts.  Et pratiquement tous peuvent partir dès demain sans grand dommage. Vouloir saquer ces quelques milliers de gens est sans intérêt. Ratatiner à nouveau les 10 millions de foyers aisés (pour un haut fonctionnaire on est aisé à partir de 2000 euros par mois) ne mènera à rien.

La haute fonction publique croit, comme la royauté sous l’ancien régime, qu’elle pourra survivre en jouant le haut de panier et les classes populaires les uns contre les autres. En Urss et en Chine, on a très bien compris que le régime socialiste ruinant le pays, les seules satisfactions qu’on pouvait donner au peuple, pour le calmer, était de mettre en prison voire de fusiller quelques abusifs.  Xi Jin Pin connaît le truc parfaitement. Il fonctionne tous les jours sur ce mode délicieux. Hollande avait cru qu’il suffirait d'injurier quelques riches pour calmer les masses. Grosse erreur !

Alors tous les ralliés « ni de gauche ni de droite » de LREM  font leur Xi Jin Pin de pacotille. Sortir de la crise des Gilets Jaunes, c’est si simple : on va taxer les riches, car les « cadeaux » qu’on leur a faits étaient conditionnels. La condition c’est que nous soyons réélus. Leur argent est notre argent. Il suffit de prélever un peu plus à la source : il leur restera ce que nous voulons bien. Et nous voulons bien prendre le maximum, mais il faut qu’ils rentrent à la niche, sans les niches».

L’ennui, c’est que ce qui reste du revenu net, net, net (après avoir enlevé les impôts, les charges, et les conséquences des milles mesures de contraintes prises à l’encontre de tout ce qui bouge et de tous ceux qui font), ce n’est presque rien.

L’Enarchie Compassionnelle veut se sauver par des mesures « symboliques » qui achèveront le pays.

Pendant ce temps-là, aucun des graves dangers extérieurs qui contribuent à affaiblir l’économie française n’est discuté.

La France a disparu comme entité identifiable et respectable, dissoute de l’intérieur et de l’extérieur. Même un médiocre absolu comme l’italien Di Maio, une sorte de Benalla trouvé dans une poubelle de la banlieue napolitaine, croit pouvoir l’écraser comme une crotte de pigeon sur la place Saint Marc.

Alors, je l’avoue, j’ai honte ».

Pcc  A. K.

La leçon de Thiberville

Thiberville est une charmante petite ville de Normandie, connue pour l’intégrisme de son clergé, l’ampleur de son monument aux morts et l’existence de 127 cavités souterraines. Elle est en train de revoir son Plan Local d’Urbanisme et nous permet d’obtenir une statistique locale, qui, en ces temps de Gilets Jaunes, nous offre une leçon particulièrement pertinente.

Le nombre d’habitants par foyer est en moyenne de 2.4 ; le nombre de voitures par foyer de 2.9 !

Ces chiffres résument tout de la situation française.

En moyenne un foyer n’a que 0.4 enfants. Certes il faut tenir compte des grands parents qui restent hébergés par leurs enfants et des foyers de célibataires. Mais la vérité est là : on ne renouvelle pas les générations. On sait que la moyenne est 1.2 à 1.3 enfants par femme en âge de procréer de race blanche. Dans les bourgs de province, c’est bien plus bas. Le vieillissement local est d’ores et déjà terrifiant, et il est aggravé par l’arrivée de retraités qui fuient les grandes villes trop chères, rendues invivables par les contraintes et les abandons, et envahies par les immigrés.

Le second aspect est qu’il y a plus de voitures que d’enfants dans les maisonnées du bourg.  Tous les membres de la famille ont une voiture, comment faire autrement ? Qu’il s’agisse d’un couple avec un enfant de plus de 18 ans, ou d’un autre hébergeant un grand parent, chacun a sa voiture.

A part quelques commerces, il n’y a pas d’emplois à Thiberville et de toute façon pas de jeunes gens à qui les proposer. On y trouve nombre de retraités, quelques femmes isolées avec enfants, des couples de fonctionnaires travaillant  en local, au Collège, à la mairie ou au Gymnase ou, dans une autre ville du coin. Le RSA n’est pas rare. Bien sûr, il y a des commerces qui craignent les centres commerciaux qui pullulent à proximité, en particulièrement un Carrefour City à moins de 5 km. N’oublions pas Amazon. Surtout garder la poste ouverte !  

Ne pas croire, surtout,  qu’il n’y a pas d’emplois dans le pays d’Auge ! Il y en a trente qui attendent que quelqu’un se décide à traverser la rue (Vous vous rendez compte Mme Michu : trente pour tout le pays d’Auge !). Pour les deux tiers ce sont des postes d’aide familiale. Le reste se partage entre des petits métiers artisanaux (couvreur débutant, pâtissier/tourier, commis de cuisine, aide menuisier, cariste) et des postes de serveurs. A noter la fascinante perspective de devenir un « animateur senior ».  Si la préférence pour l’animation des ronds-points vient à disparaître…

Tous ces postes sont au SMIC quand ce sont des CDI. Les autres sont payés à l’heure ou à l’acte. Les quelques jeunes disponibles ont envie de tout sauf de se lancer dans ces métiers exaltants.  Alors ils vivotent avec des aides comme la prime d’activité, ou ils partent chercher fortune ailleurs.

L’essentiel de la population vit de la redistribution (retraites, allocations, RSA)  et de postes publics ou subventionnés. Mais les habitants possèdent le plus souvent leur maison. Ah ! Satané héritage. Et les taux d’emprunt sont si bas ! La population vieillissante s’inquiète surtout pour sa santé et la baisse de l’argent qui reste, une fois payées les dépenses contraintes.  L’administration est absente et tout doit se faire par ordinateur, ou ailleurs où il faut aller en voiture. On peut aussi aller ailleurs après avoir pris rendez-vous par ordinateur, dans trois mois,  et toujours en voiture!  Alors le budget essence est essentiel, comme celui du chauffage et du complexe téléphone-TV-internet. Pour le reste l’accès aux gratuités et aux aides est important. Il y en a tant ! Notamment la pharmacie et les soins. C’est qu’on n’a plus vingt ans ! Pour l’hôpital c’est Bernay qui n’est pas fameux ou Lisieux qui est sinistre. 20 Km,  aller et retour.  Il y a deux pharmacies dans la ville, une pour 900 habitants ! Alors qu’on ne peut ouvrir normalement une pharmacie que dans les bourgs de plus de 2500 habitants (ces satanées normes constamment violées).  

Bien sûr il y a les mille et unes règles qui accablent tous ceux qui veulent faire quelques chose. De l’hôtel qui ne parvient pas à se mettre aux normes « handicapé-es », à l’épicier qui n’a pas respecté une des 1257 règles nouvelles qui concernent à peu près tout dans son magasin, au promoteur qui a baissé les bras devant les contraintes nouvelles de construction et qui se demandent  si en les violant un peu, beaucoup, passionnément, il arriverait à gagner un peu d’argent magnifiquement taxé et débouchant sur une hausse de l’impôt sur les successions, au paysan qui médite sur le meilleur moyen de se suicider,  les entrepreneurs accablés se demandent pourquoi  et surtout pour qui ils continuent. 

La conception du nouveau PLU a été confiée à une société d’études. Son représentant s’appelle Boursier. Un bon présage.  L’avenir est assuré. On va mettre un parking devant le gymnase et le collège. Cela va attirer du monde. On va empêcher la construction le long des routes qui relient la ville aux hameaux avoisinants et devenir « économe en espace » en préservant les « espaces agricoles ».  Ah « l’espace » ! C’est mieux qu’un champ ou un pré, non ?   Et c’est riche « d’un potentiel de valeur ajoutée ».  Ce Monsieur Boursier est venu de la ville avec le langage codé des aménageurs d’espaces : « la mixité fonctionnelle et sociale » sera renforcée, en diminuant naturellement « les gaz à effet de serre » (surtout sur le nouveau parking…).  On va densifier le centre ville en « encadrant le bâti » (traduire : en refusant le permis de construire) ailleurs. Les deux pharmacies seront renforcées par l’implantation d’une maison médicale (on paie les murs mais pour le reste c’est la sécu qui paie et on trouvera peut-être un médecin, sur un malentendu). On va créer un musée du Landau. Evidemment il n’y a plus d’enfants alors les landaus sont disponibles.   Le «tourisme vert-gîtes » sera « promu ». Les clients viendront en voiture naturellement. Comment faire autrement ? Mais ils disposeront sur place de chemins de randonnées. Le bol d’air et le bol de calva. Il n’y a que cela de vrai. En attendant on devra faire en sorte qu’il n’y ait plus que deux habitants par logement ! Ca c’est chic. Avec trois places de parkings ?

Qu’il était dynamique M. Boursier, de la société Auddicé, moderne Ulysse apportant l’avenir radieux à une ville de « Bouzeux » en souffrance. « Le flux touristique conduira à un développement économique certain » dit la presse locale qui fait état de sa conférence d’information suivie tout de même par 50 personnes, tout requinquées par « une présentation dynamique ».  On a échappé au musée de la tétine, du biberon et de la couche-culotte, avec arrêt de cars de Chinois et de Japonais, mais de peu.

C’est en se penchant sur le cas de ces petites villes qu’on se rend compte de l’inanité du discours macronien et des colères qu’il peut faire naître.

Limitation de vitesse à 80km/h avec son lot de points en moins et d’amendes en plus. Hausse perpétuelle du coût de l’essence avec interdiction du diesel à terme. Obligation de changer de chaudière. Hausse des assurances. Augmentation de la CSG et désindexation des retraites. Alors oui, il y a la suppression de la taxe d’habitation. Mais beaucoup sont propriétaires. Et nombre de maisons sont des résidences secondaires qui resteront taxées. La pression pour vendre est forte. La demande de rachat faible. Surtout si la maison n’est pas isolée et si elle chauffée au fioul.  Alors les habitants regardent la rémunération nette, une fois payée les dépenses incompressibles qui incluent la voiture, les amendes, la téléphonie, les frais d’entretien, l’eau, l’électricité, … Elle baisse depuis 10 ans et elle va encore plus baisser avec les mesures Macron telles qu’elles étaient portées avant la révolte des Gilets Jaunes. Elles ne laissaient plus aucun espoir, puisque les hausses vertigineuses étaient annoncées comme devant s’accélérer avec le temps, pour la continuation des siècles.

La lettre aux Français a du passionner les habitants de Thiberville, surtout ceux qui font la fête sur les ronds-points près de Lisieux (on y mange, on y boit, on y cause, et même plus si affinité. Meetic peut aller se rhabiller).  Ils ont appris qu’ils étaient « fiers » et « impatients » et que bientôt ils n’auront plus besoin de « réseauter » pour trouver du boulot en traversant le rond-point. Fini le piston et les aides de toute nature que pourraient apporter les relations de la famille.  Et la consultation permettra de dégager des « idées claires ». Comme ils sont contents !

En fait, à Thiberville, on a déjà les idées claires. Les retraités ne veulent plus de la hausse de la CSG et de la désindexation des retraites. Les paysans veulent une augmentation des aides, comme les femmes isolées et les personnes « aux minima sociaux ». Le maire veut  plus de pognon. Les profs et employés publics veulent plus de pognon. Tous veulent la suppression promise de la taxe d’habitation et une hausse équivalente des subventions venant de l’Etat à condition que les impôts spient p^ris sur "les autres". Tous veulent encore plus de soins gratuits et la prise en charge totale des transports AR à l’hôpital. Surtout ils ne veulent plus d’amendes et de pertes de points et qu’on leur laisse le libre usage de leurs bagnoles et de leur chaudière. Le prix de l’énergie devrait baisser : suffit d’enlever les taxes grotesques qui en grèvent le coût naturel.  Quand aux accès Internet, ils sont saturés et cela ne marche pas. Qu’on force les opérateurs Telecom à offrir un minimum d’efficacité. Car sinon, toutes les administrations étant désormais cachées derrière Internet, comment on va faire pour la carte grise !

Un habitant n’avait plus internet. Il est passé par la procédure automatique du fournisseur d’accès. On lui a dit qu’il y avait panne sur sa ligne et un rendez-vous a été pris. Le jour dit, l’intervenant appelle : il est à la Roche sur Yon !  Les automates c’est bien mais quand tout le monde se cache derrière des « process » imbéciles, on aboutit au n’importe quoi généralisé. Et il faudra 10 appels et une visite à la boutique Orange, à 20 Km, pour dénouer le sac de nœuds avec un différent qui va encore prendre du temps pour savoir qui va payer les 69 Euros.

Alors, oui, ces ringards de Thiberurbains campagnards savent assez bien ce qu’ils veulent : « pas touche à notre Poste et à notre Collège ». Quant aux radars on sait bien que celui de Heudreville, pas si loin,  a flashé 17 000 fois en 2016 et 25  000 fois en 2017. Avec les 80 Km/h on s’attend à 35.000 fois en 2018. Pour 1.200 Euros, un mois de la retraite moyenne touchée par les séniors de la ville, on pourra suivre un stage qui vous en redonnera six.  Comme on est content, surtout quand tous les points perdus correspondent à un dépassement de moins de 10 km/h, à l’occasion d’un changement de panneau de vitesse autorisée (parfois cinq changements en moins de 5 km).    

Alors suivez notre regard : il est très clair, très, très clair sur nos intentions ! « Fatiguer la maréchaussée nous a permis de détruire la moitié des radars du coin. On peut faire mieux. En attendant aboulez le pognon  et cessez de nous emm…! » .

2018 : l’explosion des contradictions !

Sur beaucoup de sujets, l’année 2017 s’était terminée de façon plus qu'interrogative. Trop de contradictions, sur trop de sujets, laissaient supposer qu’à un moment ou à un autre, les voiles se déchireraient, laissant apparaître l’incohérence de trop de situations. Les fils à nu ont provoqué de nombreux courts-circuits.

À l’international, tous les foyers de tension se sont enflammés éclairant un nombre étonnant de faux-semblants.

La Chine de Xi Jin Pin est bien une dictature agressive à vocation impérialiste. Toute l’année 2018 a vu le leader assurer son emprise sur l’appareil et opérer une conversion brutale de l’orientation du pays, bien décidé à faire valoir immédiatement sa nouvelle puissance économique. Sa dernière phrase de 2018 a été de menacer Taïwan d’une colonisation militaire ! L’idée saugrenue que la Chine était rentrée de bonne foi dans le jeu gentillet de la mondialisation est désormais caduque.

Les États-Unis se sont comportés comme des cow-boys et Donald Trump se trouve bloqué dans quasiment toutes ses initiatives, ou ses « tweeteries », comme on voudra. Le monde d’après-guerre qui se déglinguait depuis 1971 sans qu’on ose le dire trop franchement est désormais enterré.

La Russie s’est beaucoup agitée, stabilisant la Syrie et déstabilisant l’est européen. Il fallait bien viriliser le Satrape pour détourner le pays de ces immenses difficultés.

L’Arabie Saoudite est apparue pour ce qu’elle était. Une dictature moyenâgeuse, foyer d’un intégrisme du même acabit. Les objectifs tyranniques de l’Iran sont devenus évidents, foyer d’un intégrisme tout aussi rétrograde mais mortellement opposés au précédent. Israël et sa politique de force et d’annexion se trouvent affaiblis. Les Kurdes sont menacés par la Turquie. Et les États-Unis sont rentrés chez eux. La Turquie était, paraît-il, un allié avec, paraît-il, un régime politique islamo-démocrate sur le modèle chrétien-démocrate. Tout cela fait rire aujourd’hui.

L’Europe a montré son inexistence politique, diplomatique et militaire.

L’Amérique du Sud a fini de crever de l’influence révolutionnaire imposée par l’URSS et Cuba pendant des décennies. Les prises de pouvoirs des socialistes non violents ont sombré dans la corruption et la mauvaise gestion de l’économie. Les socialismes violents ont trouvé avec Maduro et son régime « chaviste » leur parc d’attractions : misère, fuite de la population par millions, disparition des soins,  hyperinflation… Et le  soutien des « forces socialistes de progrès » françaises ! L’article de Wikipédia sur le Venezuela, décalque de la propagande chaviste, est une merveille de propagande, typique d’une belle aventure qui sombre pour avoir été noyautée.

L’ONU ? Quelle ONU ? Le multilatéralisme a continué de s’évanouir.

L’économie mondiale était présentée à la fin de 2017 comme en pleine forme et devant retrouver toute sa vigueur d’antan, la crise de 2007-2017 étant désormais surmontée. Ravagée par les déséquilibres majeurs, et soutenue par des mesures d’inondations monétaires, l’économie mondiale a brinquebalé. La question était de savoir si l’étouffement des banques avait mis fin au cycle du crédit ou si la période d’euphorie, de type 97-99, avait été simplement retardée par la profondeur de la crise et pourrait commencer à se déliter en 2018. On peut penser que l’effondrement boursier de fin d’année donne un début de réponse. Nous aurons sans doute en 2019 une perte de croissance de moyenne importance.

L’année 2017 s’était terminée sur le triomphe des prétendues « cryptomonnaies ». L’année 2018 se termine sur l’avilissement de ce marché qui a perdu 85 % de sa valeur et probablement le reste de sa crédibilité. Les jetons internet cryptés sont des jetons internet cryptés ! On chantait l’ubérisation de la société. On ne parle plus de l’ubérisation de la société. On préfère entonner de nouvelles chansons comme le triomphe de l’intelligence artificielle. Il est vrai qu’on ne parle plus de programmation mais de codage, plus d’informatique mais de numérisation. Les vieilles Lunes de la fin des années soixante-dix tournent toujours autour de la sottise 3.0.

En France, le charme mystérieux de la victoire d’Emmanuel Macron s’est évaporé. Trois bêtises insondables ont fait rouler plus bas que terre la réputation du président : les drag-queens à l’Élysée, pour la fête de la musique, la présence douteuse du beau et viril Benalla au cœur de l’Élysée, la photo extatique aux bras de deux petites frappes au doigt d’honneur dressé. Pire que la photo grotesque de Hollande sur son scooter ! La politique étrangère du Président, mélange de discours creux et de mises en cause violentes, se retrouve bloquée partout. La déception à l'étranger est immense tant l’attente d’un président digne était forte et l’espoir mis en Macron intense. Sa politique intérieure a été mise à bas par les conséquences mêmes de son programme électoral, totalement démagogique et intenable. Chef de la Caste, il a cru pouvoir établir une république énarchique basée une augmentation massive de la pression fiscale, les finasseries du « story telling », et l’exaltation des mesures de contraintes sociales par la bureaucratie. Son premier ministre, copié-collé d’Alain Juppé, n’a pas arrangé les choses. Les grandes réformes menées au pas de charge n’ont été que symboliques et ont évité les grands choix décisifs. Détricotées par Bercy, qui a étalé dans le temps les mesures d’achat de vote à l’exception de la réforme de la fiscalité du capital et de l’épargne, il est vrai absolument capitale, la politique électoraliste dite de « pouvoir d’achat », a sombré dans les virevoltes peu convaincantes. La taxe d’habitation est le seul impôt qui s’impose à tous. Vouloir en exonérer 80 % de la population était ouvrir une boîte à chagrin. Demander aux retraités de financer la hausse des salaires de salariés au travail était habile électoralement, débile dès qu’il s’agit de gouverner. Sur fond de crise européenne et après 10 ans de baisse du PIB par tête, cette politique a engendré les Gilets Jaunes. On découvre que les Marcheurs sont une scolopendre. Et que la France est à feu et à sang. L’Énarchie manœuvre. Et rien ne répond.

Un des aspects idéologiques les plus frappants est la remise en question radicale de la pratique  par les médias d’une bien-pensance débilitante. La reconstruction permanente de la réalité par un discours médiatique de gauche stérilisant, ignorant et malhonnête ne passe plus, d’autant qu’il a été largement phagocyté par le « politiquement correct » américain, qui est totalement contraire à la tradition française. L’hystérisation par les réseaux sociaux et les télévisions d’information (! ?!) continue, qui avait été révélée par la campagne présidentielle, s’est encore développée et aboutit à la sorte de prise de conscience qui précède les remises en cause. La presse est ruinée et déconsidérée. Le mouvement, commencé par l’effondrement du journal Le Monde perdu de réputation par Edwy Plenel, touche désormais tout le monde. Or la démocratie a besoin pour s’exercer que les grandes questions soient traitées honnêtement et largement, dans un souci de vérité. Nous avons là un débat qui concerne aussi la « blogosphère ».

L’évidence des difficultés provoquées par la surexploitation des ressources naturelles et l’importance des rejets de l’activité humaine s’est imposée en 2018. On est passé du scepticisme volontairement ignorant, à une véritable religion de la Planète Terre, avec la frénésie de catéchumènes toujours prêts à faire brûler quelques nouvelles sorcières. L’écologisme politique qui a toujours été grotesque et bouffi en France a vu ses sectateurs s’armer de l’idée que leurs « ennemis » étaient en fait des tueurs de l’humanité qu’il fallait traiter comme tel. L’agression des bouchers par les « Véganes » est un de hauts faits de 2018. Il suggère que la raison n’aura guère de place dans les débats futurs. La voie fiscale et réglementaire (ruineuse) s’est révélée être une impasse sociale.

Les contradictions ont agi et interagi si fortement en 2018, que les scènes mondiale, européenne, française, sur tous les plans politiques, idéologiques, économiques, diplomatiques et sociaux, se retrouvent bouleversées avec peu de perspectives claires et heureuses.

Inquiétudes et incertitudes sont la marque de ce début d’année 2019.

 

Bonne Année à tous nos lecteurs et commentateurs. Merci de votre fidélité.

 

PS : Le nombre de lectures (ou hits) cumulées a atteint 1 600 000, avec un rythme annuel d’environ 300 000.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Craquements

Quelques livres qui mettent le doigt là où il faut

Il est frappant de voir à quel point les essais produits ces derniers mois se concentrent sur trois sujets interconnectés : La captation du pouvoir en France par la haute administration, le blocage presque absolu du débat par la presse, notamment la TNT et les chaînes publiques, l’asphyxie de la pensée par le « politiquement correct ».

La France étouffe dans un corset de fer. Les vraies questions ne sont jamais débattues. Toute question qui n’entre pas dans la construction morale médiatique provoque aussitôt une hystérisation délétère. Des pans entiers de la réalité n’existent pas, puisque le "devoir" est de ne pas les montrer et d'éviter de les commenter sinon pour dénoncer ceux qui les montrent. Ne pas stigmatiser, sauf les mauvais pensants ! Le "mur des cons" est affiché tous les jours dans les medias. La papa qui dénonce les criminels qui ont tué son enfant et réclamme la peine de mort ezst un "con", un empêcheur du vivre ensemble, surtout si le tueurs est africain.

Depuis le temps que nous dénonçons l’Énarchie Compassionnelle, ses manœuvres, ses œuvres et ses résultats catastrophiques, nous ne pouvons que nous féliciter d’une prise de conscience plus générale. Après tout ce blog a été créé pour faire valoir des informations et commenter des réalités qui étaient systématiquement passées sous silence dans la presse, ou qui y étaient condamnées a priori,  malgré leur justesse.

Nous avons notamment commencé à entrer dans le débat public lors du massacre par la presse du dernier livre prémonitoire de Maurice Allais qui annonçait que « ce qui doit arriver arrive » et qu’une grande crise de type 1 929 était sur le point d’advenir. Il mettait en avant trois réalités fondamentales : le système monétaire international provoquait des gonflements spéculatifs intenables qui finiraient par exploser. La dérégulation de la création bancaire ex nihilo attiserait les feux. Mettre en concurrence directe les travailleurs français et ceux des pays émergents, comme la Chine, provoquerait une régression des salaires réels. Il s’était heurté aux moqueries de la presse, « parce qu’il faisait le jeu du Front national », parce qu’il critiquait l’Union Européenne, parce que la question des changes flottants était un tabou dont il ne fallait pas parler (on n’allait tout de même pas revenir à l’étalon or, tout de même !).

Vingt ans après les déséquilibres liés aux changes flottants sont l’occasion sont la base des querelles menées par Donald Trump, la crise sociale liée à la stagnation des salaires ouvriers met dehors les Gilets Jaunes, et la crise a été d’une gravité si exceptionnelle que malgré des mesures jamais vues on ne parvient pas à en sortir. Bravo Monsieur Allais ! Et on nous dit que tout était imprévisible et que des cygnes noirs se baladaient dans le firmament. Bêtise quand tu nous tiens !

Un des journalistes qui, alors, au Monde, avait contribué à étouffer le message d’Allais était Laurent Mauduit. Un article conforme à la ligne du journal et au packaging de l’information imposé se payait la tête de Maurice Allais et de moqueries en moqueries se terminait par un « nous voilà prévenu » qu’on imagine de circonstances dans un centre d’aliénés où un pensionnaire évoque l’apocalypse.

Paradoxalement le voilà qui écrit « La Caste » (Éditions de la Découverte) qui décrit et démonte la prise de pouvoir totale de la classe des hauts fonctionnaires sur tous les rouages de la nation. Nous avons nous-même tellement écrit sur la question, qu’on ne saurait trop recommander cette lecture qui donne une large partie de ce qu’il faut savoir sur la question. On passe un peu vite sur la création du Trésor en juillet 1940, vrai départ de l’Énarchie, même si l’ENA est créée, par les mêmes, immédiatement après la Libération. On s’étend beaucoup sur la période des dénationalisations qui démantèle les sottises du programme Commun. Mauduit est « de gauche » et entend colorer sa quête de son engagement socialiste. Alors il insiste plus sur les petits copains de Balladur que sur certaines icônes de gauche, petites ou grandes, qui ont servi ou pratiqué lacannibalisation du pouvoir par la haute fonction publique.

L’important est que ressorte un tableau complet de la prise de pouvoir des hauts fonctionnaires, non seulement sur l’État, mais surtout sur la politique, sur l'intégralité du système bancaire et plus généralement sur la finance, sur tout le parc des entreprises nationalisées, par contagion sur le CAC 40, sur la télévision, sur la presse, sur la culture… Il démontre très bien la malfaisance des pantouflages et surtout des rétros pantouflages qui tissent indéfiniment les liens entre ces secteurs et l’État, tout en permettant un enrichissement majeur et inespéré des plus intrigants. Le gouvernement Philippe est à cet égard tellement démonstratif qu’on regrette que certains noms ne soient pas cités. Le scandale de la rémunération de Mme Jouanno qui fait l’actualité du jour n’est rien quand on le compare à la trajectoire par exemple de Mme Parly, dite Parly 2, symbole de népotisme et d’enrichissement, baignant dans les honneurs. Entre autres !

L’auteur est faible sur la captation de la sphère politique par la haute fonction publique. Permettre aux fonctionnaires de décider de leur propre statut et de mener avec l’argent des citoyens leur propre politique conforme aux besoins de la fonction publique a conduit la France au poste de numéro 1 de la dépense publique et des impôts. Le détournement de la citoyenneté politique est descendu très bas, couvrant les régions, les grandes villes, les départements et même les mairies. L’Énarchie régente tout. Il suffit de voir la gestion Juppé à Bordeaux, où on a fait valser les dépenses sans la moindre vergogne. De même l’auteur omet tout un chapitre : la concession du pouvoir faite aux femmes d’énarques au nom de la parité. Le cas d’Hidalgo à Paris est tout de même plus que significatif. Si elle n’avait pas été la maîtresse de Hollande et l'épouse d’un énarque influent, est-ce qu’elle serait où elle est ? Il y a de nombreux autres cas du même genre. Jacques Chirac n’a pas été le dernier à essayer de promouvoir ses maîtresses.

La partie très faible du livre et peu convaincante concerne la prétendue idéologie néolibérale qui aurait saisi l’Énarchie, celle de droite comme celle de gauche, et qui expliquerait tout le désordre social actuel.

Ah ! Si on en était resté au Programme Commun ! Quand l’auteur explique sans rire que les énarques veulent réduire la dette et baisser les impôts, alors que leur gestion nous a conduits au sommet de la fiscalisation et de l’endettement, il fait passer son idéologie propre avant la réalité. On retrouve toutes les âneries des Insoumis à peine filtrées. Comme si l’Énarchie n’était coupable que parce qu’elle n’avait pas suivi un programme « vraiment socialiste ». Quand on nous explique que la dette s’est accumulée à cause des « baisses d’impôts » alors qu’on est au plus haut mondial, on atteint tout de même le sommet de la sottise idéologique intéressée. L’auteur s'inscrit dans une perspective anticapitaliste. L’auteur l’avoue dans la conclusion. L’Énarchie serait donc l’enfant du néocapitalisme ? Rappelons que la Nomenklatura est la fille du Socialisme réalisé. Si l’Énarchie a conquis ainsi tous les leviers de pouvoir administratif, politique, financier, économique, culturel, c’est au nom du droit des hauts fonctionnaires « compétents » d’arbitrer la société, tout arbitrage demandant la rémunération de l’arbitre et un déchaînement de dépenses, donc d’impôts.

Conservons de cet essai la partie descriptive des mœurs nouvelles de la haute fonction publique française. Une caste a bien phagocyté la nation et se trouve confrontée à la rébellion de ses sujets ! L’encagement de l’information provoque également une jacquerie, en passant par les réseaux sociaux.

La France a besoin d’air et de liberté. Elle crie « A mort l’arbitre » qui prétendait nous sauver et qui ne fait que paralyser nos vies par des taxes, des règles bureaucratiques et des contraintes, tout en gaspillant l’argent public en même temps qu’il restreint les services publics.

Si en plus l’Énarque en chef déshonore la fonction par des compromissions avec des drag-queens et des petites frappes, tout en arrosant de grosses rémunérations les amis et les amies, alors on obtient des « A mort Macron » qui nous ramènent au temps où les faveurs indues de la Régente à des petits malins provoquaient les mêmes réactions violentes de la population.

Pour compléter la lecture du livre de Laurent Mauduit, on ne peut que suggérer celle de « l’Âme Désarmée » de Allan Bloom (Les Belles Lettres), du « peuple contre la démocratie », de Yascha Mounk (L’observatoire) ou d’Ingrid Rocrieux « Les Marchands de nouvelles ».

Quand on met ensemble les dysfonctionnements du système de relations économiques internationales, les dysfonctionnements de la zone Euro, le détournement de démocratie par l’Énarchie, l’épuisement de l'âme par le politiquement correct, le blocage du débat par une presse qui vend une idée du monde faussée et interdit de voir les réalités, on a une bonne idée des difficultés où nous sommes plongés et une explication des craquements que l’on constate.

Grâce au Ciel la vie intellectuelle n’est pas tout à fait morte. Ces livres le prouvent.

Gilets jaunes, urbanistes, géographes et sornettes

La géographie économique et l’urbanisme en France sont depuis très longtemps une terre de mission pour l’esprit un peu rationnel qui connait un doigt d’économie et un soupçon de démographie.

Le phénomène totalement imprévu des Gilets Jaunes a déchaîné un prurit d’analyses plus ou moins sérieuses de la part de géographes, de sociologues et d’urbanistes, qui tentent  de se faire un nom, en profitant de la faim des medias pour n’importe quel « décryptage »  pourvu qu’il nourrisse les tranches horaires.  

Comme ils ont besoin de montrer un minimum de connaissances, ces déchiffreurs autoproclamés abusent de références derrière lesquelles ils croient pouvoir cacher la fragilité de leurs analyses. Deux d’entre elles reviennent constamment : JF Gravier  et son « Paris et le désert Français » et Henri Lefèvre et son « Droit à la ville ». Ces deux livres sont le plus souvent cités pour leur titre, car personne ne les a vraiment lus.  Il faut dire que dès qu’on décortique le contenu, c’est rapidement la consternation. Surtout celui de Gravier, qui a été considéré comme un véritable jalon, comme un phare, comme une péninsule de la pensée, alors qu’il mérite de filer directement à la corbeille, là où aurait dû rester.

Cela mérite une petite explication de texte notamment pour ceux qui sont confrontés inlassablement à des citations tronquées de ces ouvrages sans savoir de quoi il s’agit et surtout pour comprendre pourquoi ils sont impropres à analyser l’affaire des gilets jaunes.

Le livre de Gravier a été écrit pour l’essentiel pendant la guerre et terminé à la Libération pour une parution en 1947. Sa thèse principale : seule Paris a résisté un tant soit peu économiquement et il l’a fait au détriment de la Province. Il faut donc châtier Paris et rééquilibrer la politique au profit de cette dernière. Tout le livre est marqué par l’animisme et le complotisme (qu’on peut encore reprocher aujourd’hui à beaucoup d’écrits sociologiques ou sociopolitiques). Le mouvement des choses a une intention cachée qui est le fait de classes qu’on dénonce et parce qu’elles sont déplorables. On trouve le livre  des perles rares pour qui voudrait illustrer le racisme social ou le racisme tout court. La Côte d’Azur qui se développe à tout va est un nid d’entrepreneurs nordistes parasites qui sont là pour glander. Il ne faut pas faire venir de travailleurs arabes parce qu’ils sont voleurs et fainéants : contentons-nous des blonds nordiques, esthétiques et travailleurs. La grande ville est une infection. La campagne est plus saine, alors pourquoi concentrer la population dans les villes ? On se le demande un peu ! Les habitants des villes sont stériles (au sens propre). Les bourgeois (au sens littéral) sont des salauds (au sens sartrien du terme). Au total, un mélange consternant de pétainisme, de peur du monde moderne, d’esprit réactionnaire et socialiste,  baigne le livre de Gravier, lourd comme un pavé en béton. Une horreur ! Ou une fantaisie risible, comme on voudra. Du coup le « géographe descripteur statique » devait se trouver un rôle actif, doctrine de la géographie active qui sera adorée par les socialistes et les communistes et notamment Pierre George, reprenant la critique anti bourgeoise du livre et cette idée que la répartition des hommes et des moyens de production sur le territoire était une responsabilité d’état.

Tout ce fatras émotionnel et idéologique trouvera son acmé lors de la prise de pouvoir par l’Enarchie Compassionnelle, à la fin des années 60 et au début des années 70. Il fallait créer des villes nouvelles, décentraliser les usines, faire de l’aménagement du territoire. Vive la Datar !  Le livre futile de Gravier devient une sorte de bible, toujours citée et jamais lue, dont les condamnations permettaient de faire taire les opposants à la prise de pouvoir des hauts fonctionnaires sur l’urbanisme. C’est la période où les hauts fonctionnaires ont prétendu qu’ils devaient tout gérer : la télévision et la radio, les arts, le cinéma, la culture en général, la santé, le tourisme, la construction et l’urbanisme, l’entreprise et la micro économie. En un mot, le Club Jean Moulin, qui aurait pu s’appeler le club des joyeux pétainistes, car presque tout a commencé avec la création de la direction du Trésor en juillet 1940, à peine deux mois après l’effondrement militaire radical, immédiat et surprise.  

Votre serviteur commit donc à cette période un article que le Monde publia après l’avoir sérieusement remanié, pour s’opposer à cette nouvelle idée dominante, article accepté sans doute faute de meilleure plume, tant l’unanimité régnait dans les hautes sphères sur la bonté d’un étatisme militant en matière de géographie.

 Il est clair qu’après la défaite de 1870 et la ponction de 1400 tonnes d’or par le vainqueur, la grande dépression qui a suivi, et qui a duré près de 25 ans, la guerre de 14-18, les difficultés de l’entre deux guerres et les  quatre ans d’occupation, la France n’était pas dans un état rutilant. Sa population avait baissé.  Trois classes d’âge avaient été stérilisées comme KG en Allemagne. Son agriculture était en loques. Ses usines avaient été détruites ou vidées de leurs machines. Le parc immobilier était ancien et mal entretenu.  Son épargne avait disparu. La disparition trop rapide du rationnement avait conduit à de grandes difficultés de ravitaillement. Seul Paris paraissait avoir conservé tous ses atouts.

Dans le même temps, la France qui était encore un pays majoritairement agricole avait connu une mutation rapide qui promettait de s’accélérer encore. Le dépeuplement des campagnes avait déjà commencé. Un monde basculait. Ce qui ne va pas sans nostalgie ni sans récriminations.  Le livre de Gravier offrait un bouc émissaire : Paris. Les provinciaux ont adorés. La haute fonction publique, qui régnait de Paris, aussi : cherchez l’erreur ! Ce genre de dénonciations rageuses où l’on mélange tout n’a en fait aucun caractère explicatif. C’est du défoulement pur.  Un constat-dénonciation sans réelle explication où le poids idéologique et émotionnel est beaucoup trop fort. Il a été récupéré par la classe montante des hauts fonctionnaires.  

Evidemment quand on dit n’importe quoi, rien ne se passe comme prévu. Paris s’est considérablement développé, mais pas au détriment des « régions » (la production parisienne par tête est supérieure à celle de régions et la redistribution se fait dans le sens Paris vers province et non l’inverse). Les grandes villes ont prospéré. Les mêmes causes ayant les mêmes conséquences, on s’est mis à chanter qu’il « ne fallait pas refaire Paris en province ». On s’est alors mis à critiquer Lyon, Marseille, Lille, Nantes, Toulouse, qui « volaient » la prospérité environnante. « Que fait la Datar » !

Les villes nouvelles créées et dirigées par la haute administration ont toutes été des échecs coûteux et lamentables. On a vidé Paris de ses usines et de ses activités polluantes. Elles sont parties péricliter (à 95%) dans des villes de province improbables où elles n’ont pas retrouvé leur éco-système.

Tout cela pour finir par constater que la Datar n’a jamais servi qu’à permettre à des petits maîtres de reprendre des entreprises à leur nom, sans jamais réussir à influer sur le cours des choses.

Le mouvement des Gilets Jaunes fait apparaître soudain un grouillement d’habitants de province paupérisés et privés d’équipements publics. Et du coup la machine à sornettes s’est remise en branle qui charrie à gros glaçons des élucubrations qui toutes, vont dans le sens de la dénonciation et aucune dans celui de l’explication.

Un certain Lecler chante dans le Monde, sans correctif cette fois-ci, que « les difficultés sont pour une grande part les conséquences de la politique d’urbanisme mise en œuvre depuis cinquante ans ».  Allez hop ! Allons-y dans la dénonciation et le procès d’intention. Mais surtout ne cherchons que de nouveaux boucs émissaires. Le « géographe actif » et « l’urbaniste éructant » s’imposent dans les médias.

L’ennemi, c’est le centre commercial et la voiture. Ah les salauds ! Mais pourquoi les gens vont-ils dans les centres commerciaux et aiment-ils leur voiture ? « Ce n’est pas de leur faute. On les a obligés ». Pauvres victimes menées par le bout du nez par le syndicat des constructeurs automobile et celui du commerce de gros ! Tout le monde se souvient des campagnes des années 70 contre la grande distribution. Le développement des hypermarchés a été comprimé par tous les moyens possibles, ouvrant la porte à la corruption. Il a fini par triompher. Des raisons légitimes ? Pour nos décrypteur : non aucune. Uniquement ces crétins qui nous dirigent qui ont tout fait pour faciliter les choses. Vilains comploteurs, va !

Quant à la voiture, on lui a fait un pont d’or en stérilisant des investissements qui auraient été préférables dans la SNCF et le vélo. C’est sûr, les congés payés à vélo c’était bien mieux. Mais pourquoi les Français ont-ils préféré la voiture ?  Et la SNCF ne s’est-elle pas tuer toute seule par des sureffectifs délirants et un statut délétère, alors que le TGV, exigé par la SNCF allait à contrecourant de la hausse du pétrole et supposait l’abandon des lignes les plus utilisées et les moins utilisées ? Si la SNCF n’avait pas investi, pourquoi aurait-elle des pertes aussi massives ?  Près de 100 milliards d’investissements dans le TGV qui doit avoir une recette comptée de moins de 8 milliards, et un bénéfice net, sans compter l’amortissement des voies, de moins d’un milliard. Avec au final une dette insupportable. Sans compter toutes les activités qui ont été interdites ou bridées par éviter de faire concurrence au chemin fer (interdiction faite à Panhard de construire des camions ; restriction massive au transport en autocar…).  Quant on ne veut pas regarder, on ne voit rien.

On peut critiquer les lotissements de maisons individuelles. Ce sont en effet des erreurs et des horreurs. Mais ce n’est pas l’Etat qui les a favorisés. Les Français aiment avoir une maison Sam Suffit et une bagnole. Les maires ont fait des lotissements de maisons Sam Suffit. Ce que montre le mouvement des Gilets Jaunes est qu’ils y tiennent. « Touche pas à mes voitures, mon permis et ma chaudière ». Tous les promoteurs savent que c’est très difficile de leur dire : vient donc dans mes petits appartements en centre ville.  On ne peut pas, en même temps, critiquer les banlieues sinistres, avec leurs grands ensembles et les lotissements et centres commerciaux qui ont défiguré les villes de province pour nourrir les lotissements. Bien sûr ce modèle d’habitat est à revoir. Mais il faut acter qu’il est extrêmement populaire.

Quand on a épuisé le gravier,  on en vient toujours à Henri Lefèvre et son « Droit à la ville ». C’était  un communiste qui croit à l’urbanisme marxiste et qui critique les conséquences sociales des formes nouvelles de l’urbanisation. Le plus drôle : c’est en fait l’anti-Gravier par excellence. Citer les deux auteurs en même temps est la marque de la confusion générale des esprits. On veut critiquer. On va chercher des critiques. On ne cherche même pas à savoir si elles ne s’annulent pas. Ce que dit Lefèvre est du gros rouge sans nuance. Là encore on retrouve de la dénonciation sans preuve. La bourgeoisie (beurk) a renvoyé en banlieue les classes laborieuses pour les paupériser, les cantonner et les humilier.  On critique les grands ensembles, sans âmes, nécessairement sans âmes. Mais on reprochera à Aillaud, concepteur de Grigny, d’avoir mis des éléments de décoration dans la ville : cela humiliait encore plus les pauvres d’être mis dans du beau ! Mai 1968 s’extasiera sur ce genre d’analyses imbéciles. Si on soigne l’habitat des pauvres, c’est pour éviter la révolution. Cette grossière manœuvre anti-révolutionnaire doit être dénoncée.  Jamais on aura plus investi en banlieue que dans les quarante dernières années. Ce que n’a pas vu Lefèvre, c’est que les Français de souche sont chassés de la banlieue par l’immigration de masse.  Guilluy prendra le relais, montrant que les Français, notamment dans les classes populaires, ne veulent pas se mélanger avec les immigrés africains.  Là encore, on considère que les évolutions sont liées à des intentions voire des complots alors qu’elles sont le fruit de millions de décisions individuelles et de préférences.

Appuyé sur Gravier et Lefèvre, il est facile de déceler dans le rond-point la rédemption des pauvres, abrutis par la télévision et la visite hebdomadaire au centre commercial, alors que les centres villes s’étiolent. Alors qu’il s’agit de l’investissement le plus stérile qui soit et qui marque le triomphe des ex DDE aujourd’hui disparues mais remplacées à l’identique sous d’autres vocables. 40% des ronds points construits dans le monde le sont en France !

Quant à Internet et Amazon, n’ont-ils pas de conséquence sur les boutiques et la distribution en c entre ville ?  

Mais si. Ils réapparaissent dès qu’on cherche une solution. Il faut les taxer ainsi que les parkings des supermarchés. Cela donnera les fonds pour subventionner des activités de centre ville. Et il faut subventionner en masse les transports actifs  (comprenez : le vélo) entre territoires, et améliorer les transports en commun (généralement vides et impossibles à amortir dans bien des régions : voir le cas de Dieppe).

En gros, on empêche et on interdit, on taxe et on subventionne. Fantastique nouveauté du programme ! Avec des Français qui se moquent royalement de  ce qu’on leur recommande et qui veulent faire ce qu’ils aiment.

Mais puisqu’on vous dit qu’ils doivent jouir pleinement du « droit à la ville » quand ils ne pensent qu’à jouir de leur bagnole et de leur vie douillette dans leur maison Sam Suffit en profitant des suppressions d’impôts (ils n’en paient presque plus) et des subventions et allocations diverses. Certaines petites villes de province n’ont pas hésité à créer des villages de femmes seules subventionnées pour maintenir leur école. Ces femmes ne travaillent pas ou peu. Elles ont d’innombrables « droits à ». Les bourgs en question, situés généralement en bord de mer, voient leur pharmacie, leur cabinet médical et leur entreprise d’ambulances prospérer. Un coup de frein sur les allocations et les subventions et tout s’effondre.

Dans la floraison d’articles du type de celui du Monde (littéralement des dizaines, sans compter les délires sur les télévisions et les radios) tous nos nouveaux Diafoirus omettent sept éléments de réflexion cruciaux :

-          Le vieillissement de la population  et la diminution du nombre de femmes en possibilité de procréer  et ayant envie de le faire  dans les régions, donc une dénatalité croissante. Il manque 150.000 français de souche chaque année, à 80% en province.

-          Le sous-emploi français : c’est entre 5 et 10 millions d’emplois qui manquent en France comme nous l’avons souligné si souvent sur ce blog. Ils manquent dans les régions aussi et surtout.

-          L’importance des transferts qui permettent de maintenir des situations irrationnelles et anti économiques et notamment paient nombre de Gilets Jaunes. 

-          La question de la productivité : si on veut accroître le niveau de vie, il faut de la rentabilité. La subventionnite à des activités et des situations sans productivité est une impasse.

-          La diminution depuis 2008 du PIB par tête. 10 ans de régression n’aurait donc créé aucune difficulté ?

-          Le poids des impôts et de la technostructure, délirant en France du fait du triomphe de l’Enarchie. Pensons au Frac ou aux ARS  ou mille autres équivalents un peu partout, qui suivent leur propre chemin sans se préoccuper de rien ni personne. Voir la folie des remboursements de transports vers des hôpitaux gigantesques et éloignés de la population !  

-          L’importance des choix individuels. Les Français ont choisi en 2018 de renoncer aux berlines basses, 4 à 5 litres de diesel au cent km, pour des berlines hautes façon 4x4, qui consomment le double. Et cela en dépit du surcoût de la voiture et des taxes écologiques. Ils préfèrent les villas aux appartements. Ils préfèrent même aller à la retraite au Portugal, plutôt que de subir le racket fiscal français…

Nous prétendons que ces sept facteurs sont plus importants que les mânes de Gravier ou Lefebvre. En s’attaquant à ces sept thèmes, on résoudra la question des Gilets Jaunes.

Géographes et urbanistes militants ou approximatifs s’abstenir.

Merci !

Trois Vœux dans l’esprit du temps

Laurent Wauquiez

Françaises, Français,

Je suis conscient de mes devoirs vis-à-vis du mouvement qui m’a élu à sa tête, dans un moment de tristesse et de déroute. Je suis  soucieux des exceptionnelles  difficultés qui accablent le pays.

Elles viennent largement de la gestion inepte du pays par une équipe présidentielle qui a sombré dans un méli-mélo d’étatisme tatillon, de folie fiscale et réglementaire et d’opérations de communication perverses. Le résultat est contraire aux libertés et ruineux. Les défaillances répétées de comportement de celui qui est à sa tête,  humiliant et compromettant la première figure de la République avec la lie de la société, a tout aggravé. 

Je vois bien les risques nouveaux que font courir l’éclatement de l’Union européenne en clans,  comme le montre la dissidence des pays de l’accord de Visegrad et les troubles électoraux qui accablent tant de nos voisins. Je constate avec colère  que les instances européennes persistent dans une politique européiste autiste et indifférente à l’opinion des peuples et se félicitent des échecs mêmes dont témoignent la gestion de la zone euro, vouée aux déséquilibres internes et externes massifs, et à une stagnation  mortifère quasiment structurelle, en dépit d’une émission monétaire déraisonnable et d’une inondation de dettes.  Je prends acte avec consternation des dérives d’un pouvoir américain qui, après avoir détruit la prospérité d’après guerre en laissant flotter le dollar et en créant une situation économique internationale constamment plus mauvaise,  prétend désormais trouver son salut en attaquant ses alliés. Je vois même se dessiner à nouveau le visage hideux d’une nouvelle crise économique et financière,  entièrement liée aux désordres d’un système monétaire international délétère.

Est-ce que mon profil politique personnel est le meilleur, alors que s’amoncellent les difficultés et que l’impatience de la rue et le rejet des élites politiques viennent  saper les fondements de la République ?  Je suis assez lucide pour répondre non à cette question et jamais l’idée m’est venue que mon ascension politique pouvait se faire sur l’abaissement du pays, comme un vulgaire Mitterrand.  Le temps n’est pas non plus à l’ambition de quelque Enarque en mal de reconnaissance politique.  Tous, nous voyons bien, avec le désastre où nous a conduit le dernier  et l’avant dernier présidents énarques, que ce n’est pas la voie que recherche le pays.

Après avis des instances du parti que je dirige, j’ai pris la décision de démissionner de  mes fonctions de Président des Républicains.  J’assumerai, à la tête de la région qui m’a élu, les responsabilités cruciales de cette fonction.

J’ai demandé à Monsieur le président du Sénat, Gérard Larcher, de bien vouloir présenter sa candidature au poste de Président des Républicains. Second personnage de l’Etat, il saura, en cas de démission probable car souhaitée par les Français de l’inconsistant  et décrié Président de la République actuel, prendre toutes les mesures nécessaires à la sauvegarde de la République.

Il a bien voulu accepter ces très lourdes responsabilités. Je vous demande, Françaises et Français, et vous tous  mes amis Républicains,  de vous rassembler derrière lui pour affronter les dangers immédiats et graves qui menacent la République.

Vive la République, vive la France.

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Emmanuel Macron

Françaises, Français, l’heure est grave.

Il n’y a pas de carrière politique qui vaille, si elle doit compromettre le destin national.

La politique que j’ai présentée au pays n’a pas été comprise. Je le déplore même si j’admets mon entière responsabilité dans cet échec. Je prends acte que je ne dispose plus de l’appui du pays pour faire face aux graves menaces intérieures et extérieures qui s’accumulent.  

Je présente, en même temps que mes vœux sincères pour la nouvelle année à chacun d’entre vous, ma démission du Président de la République Française. Cette décision prendra effet  ce soir même à 20h30.

Vive la république.  Vive la France.  

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Gérard  Larcher

Françaises, Français

L’année 2018 s’achève sur  la démission de Monsieur Emmanuel Macron, qui, à cette heure, n’est plus président de la République.  Responsable de par les pouvoirs constitutionnels  qui me sont concédés, de l’intérim de la Présidence de la République, j’ai pris dès la première seconde mes fonctions.

J’ai demandé au gouvernement d’assurer les affaires courantes.  De nouvelles élections présidentielles et législatives auront lieu dans les délais légaux.

Je suis conscient du trouble et des divisions dans lesquels se trouve le pays. J’appelle toutes et tous à la réserve et à la responsabilité. Le temps n’est plus aux manifestations ni aux troubles.

J’ai engagé le processus qui doit conduire la France à s’unir à nouveau  et à faire front aux difficultés qui l’assaillent. J’ai reçu les plus hautes autorités civiles et militaires. Elles m’ont assuré de leur totale loyauté  à la République. Elles sont prêtes à faire face à toute menace et à tout désordre. La France surmontera cette difficulté.

Mon parti, les Républicains, m’a demandé de les conduire à la prochaine élection présidentielle. Je le ferai en m’efforçant de rassembler le maximum de Français de bonne volonté, loin des surenchères et des activismes dévoyés.  La France a besoin de réfléchir à son destin dans la paix et la sérénité. 

Tout ce qui a fait le socle de la politique française est aujourd’hui menacé.  La population française de souche se rétracte, au point que certains peuvent craindre de devenir minoritaires dans leurs pays à brève échéance. La prospérité française a été compromise par un étatisme excessif et un socialisme fiscal débridé. Les Français qui devraient attendre tout d’eux-mêmes, de leur dynamisme, de leurs capacités, en sont venir à croire qu’ils vivraient mieux en prenant aux autres ce qu’ils sont devenus incapables de produire.  Jouer sur cette illusion à conduit le président précédent à la démission et son prédécesseur à un retrait honteux du jeu politique. L’Union Européenne est en crise, du fait des dysfonctionnements de la zone euro et des graves divisions que son extension sans prudence et sans limite ont produite.  Le temps n’est plus de crier, Europe, Europe, Europe, comme un cabri, alors que les instances européennes suivent leur propre cours sans se soucier de l’intérêt des nations et des peuples au service desquels elles devraient être.  L’Alliance atlantique est fortement dégradée par le comportement inadmissible du président américain. Les relations commerciales et financières internationales sont troublées par le système inepte qui régit ses monnaies et le non respect de règles fondamentales inscrites dans tous les traités, comme celle de ne pas laisser s’accumuler des excédents monstrueux et des déficits structurels inconsidérés.  Le monde musulman est travaillé par des tensions internes terrifiantes, et  par un prurit religieux fondamentaliste inacceptable pour les non musulmans. Certains groupes islamistes  ignobles et lâches mais habiles à endoctriner les voyous récidivistes  sans avenir et les simples d’esprit,  n’hésitent pas à tuer et à terroriser, en s’attaquant aux civils pacifiques, innocents et sans défense, musulmans compris.   

 Il nous faut aussi réparer les fausses oppositions entre campagne et ville, retraités et actifs, investisseurs mobiliers et propriétaires immobiliers, fonctionnaires centraux et fonctionnaires locaux, classe moyenne et classe moyenne supérieure, hommes et femmes,  entrepreneurs et salariés, qui ont été la curieuse méthode du président démissionnaire.

Sous la pression de mouvements venus de l’Amérique pudibonde et politiquement correcte,  ou des quelques restes pourris jusqu’à l’os qui surnagent sur la mare de sang communiste qui a assombri la lumière du siècle passé, on voit mille mouvements chercher à asservir les médias et l’opinion par d’hystériques revendications qui toutes abaissent la France au prétexte de sauver quelques minorités ou quelques fractions de la population ou pour promouvoir quelques causes jugées par  ces groupes comme prioritaires pour une raison ou pour une autre, en général présentée de façon outrancière.

Nous Français, enfants d’une longue histoire, savons que rien ne peut sortir de bon d’un combat de Gorgone, têtes contre pieds, ventres contre bras, jambes contre mains. Un corps national qui se déchire n’est bientôt plus rien qu’un déchet ouvert à tous les mauvais coups de l’étranger.

Alors oui, je combattrai avec tous ceux d’entre vous qui veulent de bonne foi l’avenir de la nation.

Françaises, Français, vous pouvez compter sur moi.

Vive la République.

Vive la France

Gilets Jaunes Supplique N°2

« C’est vrai. Mai 1968 a transformé la France en pays de Cons. Mitterrand a transformé les Français en assistés agressifs. Chirac a éteint et culpabilisé la nation.  Macron, tu as considéré que les cons, les assistés, les repentants étaient devenus à ce point jobards, qu’on pouvait les prendre pour ce qu’ils étaient.   Et nous, les gilets jaunes, nous sommes allés sur les ronds-points pour te dire : nous sommes les cons, les assistés, les agressifs, les repentants.  Regardes-nous bien !  Et écoutes :

« C’est vrai, la nation ne nous doit pas grand-chose. Dans le gilet jaune, seules les bandes blanches réfléchissent. C’est vrai, nous ne sommes arrivés à rien en partant de pas grand-chose.  C’est vrai que le troupeau de femmes esseulées sans argent et avec tant d’obligations qui peuplent nos abris de fortune, le sont parce qu’elles ont voulu être des hommes comme les autres  et acquérir le droit de ne plus être protégées par la famille. Elles l’ont obtenu. Beaucoup d’entre nous sont des enfants de divorcés qui sont sortis de l’enfance comme ils  ont  pu. Presque tous, on a un peu trop bu, un peu trop fumé, un peu trop fait n’importe quoi. Nos retraites ont été amputées par le chômage car nous avons cru qu’en ruinant les patrons ce serait épatant. Nous ne devons qu’à nous-mêmes d’être ce que nous sommes devenus, car nous avons voté pour être juste cela. Des assistés et des pensionnés, vivant sur la jante du fait de nos propres inconséquences et de nos mauvaises passions.  Bien sûr qu’en cessant de faire des enfants nous avons dépeuplé les campagnes qui ne peuvent plus garder ni poste, ni école, ni hôpital. Que de fautes n’avons –nous pas accumulées !

« Mais tu ne dois ta fortune politique qu’à nous.  Donc tu es le roi des cons, des assistés, des culpabilisés  et des jobards. Donc tu n’es rien.  Comme nous. Mais nous, on a un pouvoir que tu n’as pas. Celui de te renvoyer à ta banque, avec ta vioque, tes taxes, tes discours chiants, tes marcheurs débiles, tes énarques abusifs, tes contraintes perverses dans tous les domaines, tes fausses réformes microbiques et kilométriques. Tu nous as fait tourner en bourrique. Mais comme disait Audiard, si les cons volaient, toi aussi  tu n’arrêterais pas de tourner. Nous on tourne autour des ronds-points. Tout le monde a mal tourné. Et la France, qui, pour toi, est un vague reliquat sans culture, comme nous, et coupable de tout, comme nous, peut très mal tourner.

« Car il nous reste une chose que tu essaies de nous voler. Nos dernières libertés. Nos derniers plaisirs. Notre dernier sentiment de dignité. Cons nous le sommes. Assistés nous le sommes aussi. Notre sentiment national nous a été volé.  Mais indépendants et déterminés à sauver ce qui nous reste, nous le sommes et ce dernier pré carré sera défendu sans faiblesse. Il vous appartenait, à vous, les élites que le monde entier nous envie, de nous empêcher de sombrer, de résister à nos sottises, de contrarier nos faiblesses et de nous conserver notre surmoi national.

« Aujourd’hui , il vous appartient de nous faire rentrer à la niche à coup de lattes dans le train.

« Mais vous ne le ferez pas sans parler de la France, sans affirmer ses exigences, sans cesser de nous faire croire que le rattrapage économique des ex pays communistes doit se faire sur notre dos,  sans crier Europe, Europe, Europe comme un cabri,  alors que nous vivons depuis bientôt 30 ans dans une ambiance dépressionnaire pour en assurer la naissance puis la survie, sans cesser de glorifier une union franco allemande  quand ce dernier pays aspire toutes nos réserves d’épargne et nous pousse à un endettement constamment aggravé, qui enfle constamment et que nous devons réduire éternellement, comme Sisyphe. Nous souffrons, alors qu’on voit la générosité française s’exercer pour des gens qui ne sont même pas français et qui parfois trouvent normal de tuer des Français.

« Vous ne le ferez pas  si vous laissez des hauts fonctionnaires en folie, sous la pression de mille lobbies plus ou moins bien intentionnés, exiger de nous toujours plus de soumission à des règles illisibles et impraticables et à des mœurs répugnantes.  Vous ne le ferez pas en nous imposant des sanctions dont l’ampleur devient disproportionnée avec le but à atteindre, à nous emmerder de mille façons  avec toujours à la clef des amendes ou des coûts terrifiants par leur répétition. 

« Vous nous dites : la crise ce n’est pas moi. Et depuis 2008 nous voyons le revenu par tête baisser en France. Quel est votre diagnostic ? Quels sont vos remèdes ? Jamais vous ne nous parlez des vraies causes, des vrais drames. Si la crise revient, pleurerez- vous encore sur notre triste sort et sur les vilains étrangers ? Vous nous dites : on va réduire notre système social, ou ce qu’il en reste, pour nous conformer  aux nouveaux temps. Et quand arrive une crise liée aux nouveaux temps vous nous dites : « c’est pas moi, c’est eux. Encore un effort d’adaptation». 

« Aussi sots et limités que nous soyons, nous exigeons que vous ayez une idée sur les causes des grandes crises qui écharpent le pays et que vous ayez une diplomatie en conséquence. Si l’Europe est mal foutue dites ce qui ne va pas et ce que vous savez faire, seul ou à plusieurs. Si l’Europe ne fonctionne pas, et ne veut pas se réformer, sortez-en ! Le Pnyx, on s’en fout ! Si les systèmes d’échanges internationaux fonctionnent dans l’intérêt des autres et produisent des crises qui nous démolissent, faites changer les règles et battez-vous !

« Ce n’est pas en interdisant nos voitures, en réduisant notre vitesse sur route, en nous accablant d’amendes automatiques et contraires aux droits des gens, en mettant nos chaudières à la benne, en nous imposant de changer de fenêtres, en aggravant les taxes sur l’essence indéfiniment et en nous ruinant à petit feu tout en gâchant nos vies que vous éliminerez les causes de la crise de 2008, empêcherez les énormes excédents chinois et allemands et japonais, coréens et rétablirez la compétitivité du pays. 

« Alors cessez de faire le guignol et élevez-vous à la hauteur de vos fonctions qui ne sont ni du théâtre, ni de la com’, ni un moulin à faux semblants, ni un jardin d’enfants pour Enarques en mal de rôle, d’influence, d’honneur et d’argent.

« Sinon partez !

« Sinon nous vous ferons partir.

« A coups de lattes dans le train.

L'Eurosystème : 20 ans (et pas toutes ses dents).

L’Eurosystème est un truc assez bizarre dont peu de gens connaissent bien la construction. Il faut parler de monnaie de nom unique. La France a appelé sa monnaie Euro, comme chaque membre du système. Mais en fait il s’agit à chaque fois de monnaie nationale. Les banques centrales nationales demeurent. Par convention, le passage à ce nouveau nom a coïncidé à un changement de parité avec la monnaie d’ancien nom national. Par traité chaque membre du système a décidé d'accepter sans limitation toute monnaie portant le nom d’euro pour sa valeur faciale et le système s’est vu doté d’une chambre de compensation appelée Banque centrale Européenne. Par extension on a chargé cet organisme de la politique d’émission commune puis de la surveillance des banques systémique.

Pour éviter que les tensions internes ne viennent faire exploser le système on a décrété des règles macroprudentielles relatives aux déficits budgétaires et au taux d’endettement. Et on a confirmé les règles de 1973 : la BCE ne peut pas financer directement les États. Les États sont en concurrence avec les entreprises pour se financer et devront payer ce qu’il faut. Le seigneuriage a été donné aux banques. Pour que la pâte devienne homogène, le principe de la liberté de circulation des marchandises, des hommes et des capitaux a été érigé en dogme.

Ce système est très proche de celui du Dr Schlotterer, présenté en juillet 1940 au bénéfice de l’Allemagne nazie. Il prévoyait que toutes les monnaies européennes seraient compensées dans une instance ad hoc. Les changes seraient fixes. La zone n’aurait pas de droit de douane. Un économiste français a même proposé que dans ce cadre on crée une monnaie de même nom : l’Europ. Cela ne s’invente pas. Par rapport à l’Eurosystème, il n’y a que deux vraies différences : les états pouvaient réajuster leurs changes en cas de dérapage et les soldes de compensation devraient se régler. En bon nazi, Schlotterer pensait que l’Allemagne avait les moyens de jamais rembourser ses déficits de compensation…

Lors le gouvernement britannique a eu connaissance de ce plan, il a demandé à l’illustre économiste Keynes d’en faire la critique immédiate. La réponse fut un peu shocking. Keynes trouvait toutes les vertus au système Schlotterer et proposa d’en écrire une version honnête. Dans la pratique, tout le monde devait liquidait ses positions à un moment ou à un autre, mais on aidait les pays en déficits à faire l’effort de retour dans les clous sans trop de douleur, tout en pénalisant les pays trop excédentaires. Keynes avait trop bien vu, comme Rueff les dégâts provoqués par les trop gros excédents pour ne pas les condamner. Sinon les changes étaient fixes ; l’étalon n’était pas national ou métallique mais nominal : le Bancor.

À Bretton Woods, le plan White d’étalon de change or, avec une monnaie pivot nationale l’emporta. Pour exploser en 1971.

L’Eurosystème est donc très proche du projet Schlotterer et du projet Keynes.

Avec deux énormes défauts :

-          Aucun membre n’est requis de solder ses positions qui s'appelant en volapük européen Target 2.

-          Il n’est pas possible de dévaluer ou de réévaluer.

L’encadrement du système ne prévoit que des mesures budgétaires ou des ratios de dettes. Mais les flux internes dépendent de bien d’autres facteurs, comme les politiques salariales ou la durée du travail. Lorsque Jospin a décidé une politique malthusienne en France quand Schroeder et Harz mettaient en œuvre la politique inverse, euro ou pas, budget ou pas, endettement ou pas, les déséquilibres sont rapidement devenus monstrueux.

Le drame s’est noué quand il a fallu les réduire. L’impossibilité de dévaluer a imposé des politiques de déflation massive et de grandes rigueurs.

Au moins devions nous être tranquilles en cas d’attaques spéculatives : le risque sur la monnaie était nul. En fait les spéculateurs oints attaqués les taux de refinancement des États.

Lorsque l’explosion de l’économie baudruche, alimentée par le système des changes flottants et l’abandon des disciplines de Bretton Woods, les banques européennes se sont retrouvées en faillite et il a fallu que la BCE fasse tout ce qu’elle avait dit qu’elle ne ferait jamais. Plusieurs milliers de milliards d’euros de création monétaire en plus ont permis de donner du temps au temps. Dix ans après, cette politique dite de Quantitative Easing s’achève, mais les banques sont loin d’avoir apuré leurs portefeuilles de crédits « non performants ». On a soigné une crise de solvabilité par une réponse de liquidité. Et on a prêté beaucoup aux États, les taux d’intérêt finissant par devenir négatifs, du jamais vu.

Pour dresser les pays qui auraient pu faire sauter la confiance, on n’a pas hésité sur les moyens : la BCE arguant de ses craintes sur le système bancaire grec a cessé de refinancer ces dernières en ne laissant au déposant qu’un filet de liquidité à retirer chaque jour. La leçon visait aussi et peut-être surtout la France. Du coup la peur règne sur l'épargne européenne.

Le grand perdant dans l'opération sera le contribuable et le client des banques assujettis de mille manières et volés au coin d’un bois par des frais grotesques et sans justification.

Certes l’Eurosystème a duré puis survécu. Qu’on se souvienne des philippiques contre les « contractionnistes » à Bretton Woods et le refus « définitif » de politique de déflation monétaire et budgétaire violente ! Et qu’on les compare à ce qui a été fait en Europe entre 2010 et aujourd’hui.

L’impossibilité de dévaluer et de réévaluer a montré toute sa nocivité.

Pire encore, aucune convergence ne s’est produite entre les économies et certains pays ont accumulé d’énormes excédents dans Target 2 et principalement l’Allemagne en dépit des interdictions diplomatiques. Cette politique mercantiliste a pompé toutes les liquidités des pays en déficits. Elles ont été placées dans des actifs spéculatifs et perdues. Ou elles ont servi à racheter des entreprises notamment en France alors que l’Allemagne rechigne à voir la Chine, qui a mené la même politique mercantiliste, lui chiper son Mittelstand.

Le fait qu’on ne puisse pas ajuster les soldes de Target 2 est un énorme défaut.

Tout le monde savait au même de Maastricht que l’Europe mettait la charrue monétaire avant les bœufs économiques. On se disait qu’on réajusterait un peu plus à chaque crise dans le sens fédéraliste. Ce qui a été fait en partie, notamment en centralisant le contrôle bancaire.

L’enfant mal né est devenu bancal en grandissant. Tout le monde a bien compris qu’on ne pouvait pas en rester au système actuel.

Pour nous la solution est simple :

-          Créer une instance de COORDINATION de toutes les politiques influant sur les échanges internes et externes. Un chancelier de la zone Euro, doit conseiller l’Europe dans ces choix et définir la politique monétaire et de change.

-          Stériliser de façon automatique et progressive les très gros excédents et obliger les pays déficitaires, tout en les aidant, à revenir dans les clous.

Une autre solution qui a les faveurs des européistes dogmatiques est de créer un immense impôt européen pour mener des politiques de convergences centralisées. Macron a défendu cette idée.

Dans le climat anti impôt du moment, et alors que l’Europe est privée de ressource par le Brexit, cette démarche est impossible à faire passer. Il est plus simple de créer une instance de coordination et un automate de stérilisation des excédents de Target 2.

Si cela ne marche pas, soit pour des raisons de révoltes politiques devant la stagnation, soit pour des raisons purement monétaires et économiques, il sera bien temps de passer la marche arrière, qui n’est pas si compliquée.

Il suffira que chaque nation redonne un nom propre à sa monnaie, tout en la déclarant échangeable à taux fixe et qu’on mette en place un vrai système de compensation avec règlement des soldes. Après quelque temps, quatre à cinq années, afin d’apurer en douceur les en-cours en Euro, on admettra des dévaluations ou des réévaluations concertées, encadrées pourrez éviter les dérapages.

Dans tous les cas, l’Europe devrait militer pour une diplomatie de la prospérité qui imposerait le retour à des changes fixes et ajustables dans le monde, avec un étalon mondial extra-national. Vive le Mondio !

Il faudra bien en finir un jour avec les désordres provoqués par l’abandon des monnaies métalliques et le triomphe des monnaies administratives reproductibles à l’infini. Une solution stable, après 100 ans d’expériences partielles et remises en cause par leur maître d’œuvre, ne doit plus se faire attendre plus longtemps. Les changes flottants et la spéculation à tout va, cela suffit !

Rien n’est plus urgent que mettre fin au dysfonctionnement du système de change global et à celui de l’Eurosystème.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

 

La faute première d’Emmanuel Macron

Pour ceux qui, comme nous, cherchent à alerter sur les effets délétères de certains dysfonctionnements globaux de l’organisation économique et sur les travers de la mal gouvernance, il n’y a aucune joie à constater que « ce qui doit arriver arrive ». Au contraire, il est parfaitement évident que les récessions les plus graves provoquent des troubles durables et activent des mouvements réactionnaires ou réactionnels comme on voudra qui mettent en cause les institutions politiques.

Nous avons écrit il y a bien longtemps que les « printemps arabes » étaient fils de la crise. Les réactions électoralistes partout dans le monde vers ce qu’on appelle « le populisme », et le durcissement des régimes peu démocratiques pour y faire face, sont des formes du même phénomène.

Si tous ces mouvements « facilitent le diagnostic », ils « compliquent la solution ». Dans le gilet jaune seules les bandes blanches réfléchissent. Aucune solution réellement positive ne peut sortir des petites têtes et des gros bras qu’on exhibe à la télévision au milieu des excités politiques d’extrême gauche et d’extrême droite, et à qui on cherche à faire éructer un programme et qui n’ont rien d’autre à dire que « crachons sur les riches » et « écoutez-nous ou on casse tout ».

Les émeutiers, c’est une longue tradition, n’entendent rien, ne comprennent rien et ne savent causer que des dégâts. La révolution française, ce sont des massacres et des génocides où on tuait des gens pour ce qu’ils étaient et non pas pour ce qu’ils avaient fait. On est passé directement de Robespierre à Bonaparte. La Commune, c’est une ignominie qui s’est terminée dans le sang. Le Front populaire s’est terminé par l’Occupation et la collaboration où se sont retrouvés pratiquement tous les excités du socialisme violent. Mai 1968 a débouché sur un déclin irrattrapable du pays qui n’a plus compté dans le monde depuis. Le mitterrandisme s’est terminé dans le fiscalisme délétère, le chômage de masse permanent, et l’abandon de la souveraineté française dissoute dans une union Européenne qui se montre assez peu décidée à payer les frasques politiciennes françaises.

Seulement voilà :

-          Si les instances internationales spécialisées, comme le FMI et l’OCDE, refusent d’alerter sur les dysfonctionnements manifestes du système global, si un pays, les États-Unis, refuse d’écouter par passion pour son intérêt national propre, si personne ne veut voir ni expliquer que la croissance baisse régulièrement depuis 1971 et que les crises s’aggravent chaque fois plus, alors cela finit par la crise de 2008, totalement prévisible malgré les dénégations de ceux qui se sont bouché les yeux et les oreilles pour faire carrière ou parce qu’ils sont des économistes politiciens.

-          Si l’Europe se construit sous forme d’un monstre administratif où le pouvoir est abstrait, piloté par des inconnus apatrides non élus, autour d’une monnaie unique dont personne, au pouvoir, n’a voulu voir les défauts majeurs et dont personne ne peut plus prévoir un avenir radieux, avec comme mode de fonctionnement la menace de la BCE sur les comptes bancaires des particuliers et des entreprises, tout en ouvrant les frontières à tout va,

Alors aucune « solution » n’est possible.

L’Union Européenne s’est vue comme un bouclier contre la crise et a dû subir une crise financière spécifique en lieu et place qui a aggravé la crise initiale. Les Élections Européennes n’ont jamais eu le moindre sens, puisqu’il n’y a ni programme ni responsabilité à la clé. C’est la Commission non élue qui choisit le programme d’action qui sera proposée (elle seule a le droit d’initiative). Personne ne sait à l’avance ce qu’il sera. Les parlementaires avalisent massivement parce qu’ils ont été candidats pour la plupart parce qu’ils étaient « proeuropéens » et que les majorités dans cette assemblée n’ont aucune armature. Les autres institutions n’ont pour but que d’imposer un gouvernement des juges qui empêchent les initiatives nationales qui vont contre l’idéologie globale de liberté absolue des mouvements de personnes, de capitaux et de marchandises, à l’intérieur comme vis-à-vis de l’extérieur.

On voit bien que les prochaines élections européennes n’auront aucun sens pour quiconque en France. Le projet macronien qui est de se présenter comme le parangon de la vertu européenne contre les vilains, s’est effiloché sur les ronds-points et dans les diatribes avec l’Italie et quelques autres ! Comment dit-on « french bashing » en italien ? On n’a jamais vu cela depuis l’avant-guerre de 1940. Les salves de Salvini sont reprises et amplifiées par tous les journaux du pays.

L’énarchie qui règne en France, baignée dans un reliquat de vomissements soixante-huitard (qu’on pense au « Mur des cons » que la justice fait semblant de juger ces jours-ci), et incapable de revenir sur les formes diverses du gâchis mitterrandien, repris et amplifié par Jospin et Hollande, a fait de la France « l’homme malade de l’Europe ». De Giscard-Chirac à Macron-Philippe, l’énarchie s’est complu dans l’augmentation de la dépense publique. Elle s’enorgueillit d’avoir fait de la France le champion du monde des prélèvements, tout en effondrant les services publics. La France est devenue une forme de repoussoir à l’étranger. L’incapacité du pouvoir français à faire respecter la loi fait craindre le pire en Europe. La crédibilité du pays est devenue à peu près nulle.

Les Énarques ont cru qu’ils pourraient garder le pouvoir en appuyant la geste macronienne. Dès la parution du livre Révolution, il était certain que l’aventure finirait mal.

Certains avaient des doutes dès le départ sur Emmanuel Macron, pour des raisons tenant plus de l’analyse psychologique que de l’étude du programme. Ce beau gosse, marié à sa prof deux fois plus âgée que lui, à l’époque, et suspecté d’homosexualité, leur faisait anticiper le pire.

Pour ceux qui résistaient à l’emprise d’un psychologisme que la singularité du cas pouvait en effet enflammer, certains signes étaient encourageants : il piétinait les icônes socialistes, n’hésitait pas à avoir un diagnostic ferme sur certaines des tares nationales et proposait un style direct qui ne manquait pas de panache. Il n’était fermé sur rien, contrairement à la plupart des socialistes du gouvernement et paraissait devoir un tant soit peu accélérer les mises à jour nécessaires.

Le livre programme de Macron, Révolution, sera un choc. Malgré le chic guévariste du titre, c’était déjà du pur « storytelling ». C’est un livre attrape-tout marqué par l’électoralisme et un affichage diffus de mesures contradictoires, où on affirme un « en même temps » qui deviendra célèbre, mais qui masque plus qu’il ne révèle. « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! » On connaissait. Nous avons cessé, le jour même de cette lecture, d’espérer du macronisme.

Nous venions d’écrire sur ce blog, alors que la campagne présidentielle allait commencer : « on ne peut que regretter l'inertie mise à sortir de la crise économique provoquée par des institutions internationales et européennes dysfonctionnelles. Il faut se méfier de la colère du peuple d'abord et avant tout parce qu'elle donne du grain à moudre aux activistes des "avant-gardes" menant des combats d'arrière-garde, en pariant sur le pourrissement judiciaire, culturel, national, politique, économique et social du pays ».

Le 19 novembre 2016 nous écrivions un article encore plus explicite : « attention à la colère des peuples ». Il y était écrit : « Depuis huit ans déjà nous supplions les grands dirigeants occidentaux de faire" attention à la colère des peuples". Le "bénign neglect" n'est pas seulement dans l'attitude américaine vis-à-vis du dollar. Il l'est aussi dans l'attitude des "élites gouvernementales" et leur support dans les médias vis-à-vis des classes populaires et des nouveaux entrants sur le marché du travail, pas seulement en Occident. Le retard colossal de niveau de vie accumulé par les pays ex-socialistes a créé une telle différence de coût avec l'Occident capitaliste et libéral, qu'il était tentant de l'exploiter. Mais cela ne pouvait pas se faire au détriment des masses dans les pays industrialisés. Il fallait que le rattrapage nécessaire se fasse par imitation, non par substitution. »

Un peu plus tard nous mettions en garde contre la réaction énarchienne menée par l’équipe de hauts fonctionnaires entourant E. Macron : « La novation tout à fait extraordinaire que révèle l'affaire Fillon, est la cristallisation de l'inquiétude de l'Énarchie devant la défiance populaire et sa volonté de maintenir son pouvoir coûte que coûte au mépris de tout respect démocratique. L'Énarchie montre, soudain et explicitement, un caractère factieux. »

Avant le vote nous reprochions amèrement au candidat Macron deux mesures folles :

« L’idée d’Emmanuel Macron d’exonérer 80 % de la population de la taxe d’habitation est de l’achat de vote pur et simple. Affirmer que seul 20 % de la population doit la payer est indigne. Créer une république censitaire à l’envers est la certitude d’aller vers le chaos ».

« La suggestion, par le même Macron, que la hausse des rémunérations des salariés ne sera pas obtenue par un progrès de la production mais par la taxation des retraités est également de l’achat de vote. La spoliation fiscale ciblée n’a pas pour but de concourir aux charges de la nation mais de donner de l’argent à des masses électorales ».

 

Cela ne pouvait que tourner mal. D’abord parce qu’il y avait des victimes expiatoires et qu’on leur cachait l’énormité de la hausse. Ensuite parce qu’on suggérait qu’on pouvait enrichir une catégorie de la population en lui transférant le revenu d’une autre. « Y a ka prendre à Pierre pour habiller Paul ».

Après la nomination d’E. Philippe, nous confirmions :

« Puisqu’on entre dans le concret de la nouvelle gestion publique, il devient néanmoins nécessaire de revenir sur la malfaisance et la mauvaise inspiration de certaines mesures. Il ne s’agit pas de combat électoral mais de simples réflexions économiques et « citoyenne » comme on dit aujourd’hui. Parmi les mesures honteusement démagogiques développées pendant cette campagne, deux ont été portées par le nouveau Président énarque et son Premier Ministre énarque vient d’indiquer qu’il allait les mettre en œuvre bien qu’il les ait combattues lorsqu’il n’était pas en marche vers une jolie promotion. La première est une vraie honte : pour avoir une sucette à proposer aux salariés, donc aux personnes en emploi, une forme de privilégiés en ces temps de chômage de masse, la démagogie électorale sans scrupule a conduit à proposer de transférer les cotisations salariales maladie et chômage sur… les retraités. La seconde mesure électoraliste honteuse est l'exonération de taxe d’habitation pour 80 % des assujettis. Il s’agit du même registre électoraliste : il faut donner du cash aux classes nombreuses pour répondre à la question clé de l’électeur consumériste : « que ferez-vous pour mon pouvoir d'achat » ? Que la majorité des Français ne paient en apparence aucun impôt direct, voilà l’idée ! On récupère tout sur la CSG et la TVA, impôts invisibles. Tel est le rêve des Inspecteurs du Trésor depuis des lustres. On taxe à mort les riches, qui ne peuvent pas fuir, en épargnant les très-très riches, plus mobiles, et on libère, en apparence, « les masses » de tout effort fiscal. »

Le 7 juin : « L’affaire de l’exonération de charges sociales salariales et de l’exonération de l’impôt local n’a aucun intérêt national et n’aura que des effets négatifs à court, moyen et long terme. »

La révolte sera armée psychologiquement lorsqu’il s’agira de désindexer les retraites, avec cumul avec hausse de la CSG, alors que Edouard Philippe avait, dès son arrivée, essayé de renvoyer en fin de quinquennat l’exonération de taxe d’habitation. Finalement elle sera phasée sur l’ensemble du quinquennat.

La révolte sera chauffée dans les provinces par la disparition programmée de la taxe d’habitation qui a entraîné une fronde des maires et « du terrain ». Le tout aggravé par Edouard Philippe qui a cru bon, par décret divin jamais discuté, de diminuer la vitesse à 80 km/h, gênant des millions de provinciaux parfaitement conscients que cela ferait s’envoler les amendes automatiques. Qui en effet explosèrent.

La mise en œuvre d’une fiscalité prohibitive sur le carburant avec annonce de l’interdiction de certains modèles de voitures ou de chaudières,  et la promesse que cela allait encore augmenter massivement pendant des années, ont déclenché la révolte.

La gestion de la première année du couple Macron Philippe, aura été un record absolu d’augmentation d’impôts, aucune économie, des contraintes administratives multipliées, 45 000 fonctionnaires en plus, et une dépense supplémentaire annoncée chaque jour.

La baisse du pouvoir d’achat pour tous, c’est maintenant ! Alors que la baisse de l’ISF et de la fiscalité sur l’épargne c’était aussi tout de suite.

Merci pour l’émeute !

Les solutions mises en avant pour calmer les émeutiers sont du pur jus énarchique : des exonérations de charges ou d’impôts ciblés, avec des versements cash. Mais in fine qui paiera ?

Les récupérateurs d’extrême gauche ont vite trouvé le slogan : ISF !

Puisqu’on peut augmenter le niveau de vie des uns en prenant aux autres, allons-y !

Tout le « storytelling » de Macron se retourne contre lui. Obligé de reconnaître que son système ne tient pas et s’en excusant platement, il donne raison à tous ceux qui, comme nous, pensaient qu’il était délétère et dangereux. Aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, son approche en trompe-l’œil (et trompe couillons) s’effondre.

La difficulté est maintenant d’en finir avec les Gilets Jaunes, les émeutiers, les pillards, alors qu’en plus le terrorisme s’exerce.

Le vice de l’élection présidentielle tous les 5 ans c’est de pousser au clientélisme électoral répétitif. Il faut avoir une réponse sur le pouvoir d’achat indépendamment des résultats de la production effective. La tentation du cadeau au peuple est très grande chauffée par les médias où on met le candidat devant un panel de Français qui disent : regarder comme je suis malheureux, qu’allez-vous faire pour moi ?

Cela se termine par plus de dépenses publiques, plus d’impôts, et une grogne fiscale générale.

La Saga Macron dans sa variante électorale initiale est terminée. Il lui faudra sans doute sacrifier Edouard Philippe qui a beaucoup fait pour casser le « storytelling » de son chef par une attitude juppéiste d’étatisme mécanique et sans pitié absolument consternant. Il a été choisi comme fusible pour reporter sur la droite les tourments prévisibles du pouvoir. Abandonné par des poids « lourds (?) » de son gouvernement et sans réserve de personnalités politiques de poids, le Président n’a personne sous la main pour le remplacer, même si Bayrou pense le contraire, lui qui se voit en sauveur du sauveur.

Il faudra bien que le cliquet politique s’enclenche pour éviter que la rue reste à l’émeute. Un couple d’Énarques, dont l’un des membres virevolte et satisfait son goût du théâtre, et l’autre décline, à tous les temps, un programme purement étatique étalé dans toutes les directions, cela n’a pas marché et ne marchera pas.

Admettons tout de même que tout cela était révisible et presque automatique. Donc évitable.

Qu’on ne parle pas de surprise, même si le moment et la forme étaient imprévisibles.

Ce qui doit arriver arrive

Retour sur l'article "Plus cela change, plus c'est la même chose"

Alors que la France s'enfonce dans la révolte, il est intéressant de republier ce que nous écrivions il y a exactement un an. L'article : "plus cela change plus c'est la même chose" a été lu plus de 4.100 fois. Difficile de ne pas relier le diagnostic qu'il faisait de la réalité d'aujourd'hui.

- Il montrait que la pauverté s'étendait et que la hausse de la fiscalité et l'extension des mesures coercitives prises à la volée par les hauts fonctionnaires qui ont capté le poouvoir politique créait une situation inacceptable.

- Il insistait sur la question de la voiture et du logement, à la quelle les classes populaires et moyennes étaient attachées  étaient matraquées.

- Il dénonçait l'hystérie médiatique irresponsable qui avait été manifeste avec l'affaire Fillon et que l'on a retrouvé avec l'affaire Benalla puis la couverture inflammatoire des exactions depuis le début de l'affaire des Gilets Jaunes.

- Il notait que la vindicte contre "les riches" était la seule réponse aux interrogations qui remontaient du terrain.

- Il regrettait que les élections étaient vidées de tout sens.

Le train bureaucratique a continué sa route : 80khm/h, contraintes partout, privations de liberté caractérisée, hausse record des prélèvements, nouvelles privations de revenu pour les retraités, bavardages, échecs diploimatiques, la diplomatie étant réduite à un bavardage...

Ce qu'on pouvait craindre est arrivée, selon des modalités et à une date imprévue. La révolte des Gilets Jaunes, comme Trump, "facilite le diagnostic et complique la solution". Faire rentrer le dentifrice dans le tube n'est jamais facile. Croire qu'on va s'en sortir en hystérisant la révolte contrfe les riches est ridicule.  Evidemment, les révoltés n'ont pas de solutions, ni diagnostic de la situation. "Des sous Manu et qu'on arrête de nous emmerder". Tous les socialistes révolutionnaires sont à la manoeuvre pour exploiter "la révolte du peuple". Nos Lénine de sous- préfecture se voiuent aux portes du pouvoir. Ils n'(ont qu'un seul pouvoir : aggraver la situation.

Hélàs, comme disait maurice Allais, que personne n'a voulu entendre, "ce qui doit arriver arrive". La France, elle, sombre. Suicide d'un nation dominée par une classe énarchique  qui n'a rien vouolu entendre et qui a mis par terre sa prospérité, son identité, son rayonnement  et ses institutions démocratiques. Qu'on ne dise pas qu'on ne savait pas.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

 

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PLUS CELA CHANGE, PLUS C'EST LA MEME CHOSE !

A un moment où une sorte d’extase s’empare des médias français, il est intéressant de se poser quelques questions sur l’état réel du pays.

On connaît le livre de Robert Escarpit, le Littératron,  Flammarion, 1964, chef d’œuvre méconnu de la littérature politique dont l’actualité ne saurait être trop soulignée.

Un ordinateur est gorgé des phrases que les Français adorent entendre. On choisit un individu à peu près débile et on le présente à une élection. Il se contente de débiter les phrases creuses recombinées par l’ordinateur. Il est élu haut la main.

Toute ressemblance avec la campagne d’Emmanuel Macron et le vote massif pour les inconnus de LREM ne saurait être qu'accidentelle.

L’ère des bons sentiments intéressés, la bienveillance obligatoire, le politiquement correct, le ressassement médiatique des mêmes slogans jusqu’à l’indigestion par des journalistes-perroquets, le resserrement de la richesse autour des obligés du pouvoir, la confiscation du dit-pouvoir par la noblesse étatique, ont pris une extension telle qu’il est presqu’interdit aujourd’hui de ne pas chanter les louanges du jeune Dieu qu’un destin heureux a mis à la tête de la France en le nimbant d’une vertu essentielle, la Baraka. En deux coups de serre cuillère et en un coup de Trump, il a restauré l’image de la France, enchanté l’Europe, réglé la question du Liban et recréé une dynamique économique basée sur l’optimisme et la confiance, en dépit des croassements des Insoumis déprimés par l’effondrement des mobilisations syndicales abusives et de quelques retraités grognons échaudés par la hausse massive de la CSG.  

Quelle est réalité de la situation, telle qu’on peut la voir quand on s’affranchit de considérations politiques, des transports psychologiques et des manipulations médiatiques ?

Elle est d’abord dans le ralliement presque total au « macronisme » de toute la communauté politique fermée des hauts fonctionnaires. Celui d’Alain Juppé, après celui de son protégé, Philippe, clôt la série. Symétriquement, la diabolisation de l’Enarque Wauquier, qui a le mauvais goût de ne pas se rallier, va bon train. La France vit l’acmé de l’Enarchie Compassionnelle.

Cela veut dire des impôts. En masse. 26% d’augmentation de la CSG, ce n’est pas un grignotement. Mais un coup de massue. Une hausse minimisée comme d’habitude en ne parlant que de la hausse des taux sans parler des montants globaux concernés. Regarder ma main droite : 1.7%. Ne regarder pas ma main gauche, encore des dizaines de milliards de prélèvements de plus.  Et dans les municipalités, privées des recettes de la taxe d’habitation du plus grand nombre ? Hausse de 2% dans beaucoup d’entre elles « pour compenser ». 2% ? Non, bien sûr ! Cela c’est l’augmentation du taux. Mais quel est le taux qui s'accroît ainsi : ah il était à 14% ? 2/14 = 14,28% d’augmentation. Pour ceux qui conserveront l’impôt. Merci pour eux. Pas un mot de protestation. Les retraités concernés n’ont droit qu’au silence. Ils ne sont pas représentés. « Ce sont des privilégiés qui se sont gavés tout en tuant la planète et en endettant leur progéniture», énoncera doctement sur les antennes une jeune sotte de LREM particulièrement inspirée.  Qu’ils ne se plaignent pas !

Cela veut dire du chômage. En masse. L’Insee a donné les chiffres. Ils sont malheureusement sans complaisance. Depuis l’élection de Mitterrand, la France a perdu 2.8 millions d’emplois dans le secteur marchand, principalement dans l’industrie. Et a recruté 2.7 millions de fonctionnaires sans productivité. Les hauts fonctionnaires qui dirigent la France ont fait face aux crises internationales et aux mesures prises par les socialistes élus par réaction à ces crises, les deux tares majeures de l’époque pour la France, en recrutant des fonctionnaires et en taxant. Dans la pratique les faits sont plus graves que cela. Compte tenu de l’augmentation de la population, le manque à gagner en termes d’emplois privés se situe quelque part entre 5 et 10 millions. Comment s’étonner que nous ayons 7 millions de pauvres et 5 millions de chômeurs ? Les chiffres publiés sur le chômage du troisième trimestre montrent …une augmentation. Quant aux prélèvements, ils atteindront un record en 2017 et égaleront le niveau de la valeur ajoutée du secteur marchand non financier. 100% de prélèvements ! Et ne parlons pas de la dette qui a encore augmenté massivement.

Pour faire passer la pilule on recourt aux mêmes astuces qu’en 2012 : l’injure et la mise en accusations des « riches ». Pas un instant de répit sur tous les médias. Il faut détacher l’infâme étiquette que la gauche tente de coller sur le dos du Président-gourou : Président des riches ! Vous vous rendez compte !  Macron fait du Hollande sans vergogne.  Mais sans injurier nominalement tel ou tel. Sacré progrès ! Alors qu’une des causes du Brexit est l’indignation du gouvernement anglais devant la prétention des instances judiciaires européennes de l’empêcher de supprimer les droits civiques aux condamnés aux plus lourdes peines, on voit des députés LREM, sortis tout droit du Littératron, variante 2017, proposer de supprimer les droits civiques des fraudeurs fiscaux.  C’est qu’il ne s’agit pas de voleurs de pommes, M’sieurs-dames, mais des plus grands délinquants de l’époque.  Qu’on se le dise et qu’on lise les Panama’s papers !  

De tous les bords, lors de la campagne, les candidats, tous les candidats,  y compris Emmanuel Macron, ont répété qu’ils avaient compris que les Français étaient accablés de normes, de règles, d’obligations ruineuses ou étouffantes. A peine élus, le discours change. L’isolation des appartements ne sera plus seulement encouragée mais imposée, car « les propriétaires n’ont pas à faire subir des frais de chauffage exorbitants aux locataires », comme l’affirme sur tous les antennes une ancienne socialiste ralliée à LREM et bien décidée à améliorer l’image sociale du chef.  Satané propriétaire, « tu vas voir ta gueule à la récrée ». Quant à la bagnole, ce symbole infect du beauf petit bourgeois, nécessairement petit bourgeois, acharné à défendre son surmoi mécanique, fini le diesel. « N’espère pas revendre la voiture que tu as mis tant de temps à t’acheter ».  Retour au prolback à vélo, gapette et pinces de pantalon incluses, pendant que les bobos qui le peuvent rouleront en voiture électrique coûteuse. « Les jeunes ne sont pas attachés à la propriété mais à l’usage ». Fini l’esprit de propriété bourgeoise. On va pouvoir fêter dignement les 50 ans de mai 68 ! Mais quelqu’un possède bien ce dont on fait usage et il n’entend pas y perdre…

Le nouveau mal français, aux Editions de l’observatoire, par Sophie Coignard et  Romain Gubert, fait le même constat.  Entre les observations de Peyrefitte d’il y a près de 50 ans, et la réalité d’aujourd’hui, il n’y a eu ni prise de conscience ni changement. Les exemples s’accumulent chapitre après chapitres.  Des livres déprimants de ce type, les divers éditeurs en ont produit des milliers depuis Giscard. Pour rien. Ils ne servent à rien. Les élus, une fois en place, veulent avoir la paix avec leurs subordonnés. Alors ils lâchent tout et n’importe quoi. Ne pas compromettre la réélection ! Incapables d’agir sur quoi que ce soit, ils multiplient les petits avantages.  Le Point de cette semaine faisait le recensement des avantages grotesques accordés par des municipalités à leurs salariés. On y travaille peu et pas souvent, tout en bénéficiant de mille petits avantages et de quelques gros privilèges.

La seule solution envisageable, pour un politicien français, c’est d’arracher aux propriétaires et aux riches les conditions de sa réélection. Vive l’impôt ! Si on essaie de revenir à la normale : on prend aux pauvres. Il faut dire qu’ils n’ont jamais été aussi nombreux. Pour le reste, rien ne compte. Plus rien ne marche en France. Tout le secteur public est à peu près effondré. Le j’menfoutisme est partout. Pas moyen d’espérer qu’un transport public fonctionne correctement. La banque est devenue un champ de ruines, pourri de formulaires et d’exactions contre le déposant.  Plus personne ne parvient à faire travailler correctement des salariés de plus en plus souvent étrangers, mal formés, sans éducation et rétifs. Les ascensoristes ne gèrent plus que des incidents. Les garagistes ne savent plus réparer les voitures. Les sociétés informatiques sont noyées sous les bogues. On vole et on agresse partout, généralement sans aucune sanction.  Les rues sont immondes. La compétence part à l’étranger. Une « décivilisation » s’est mise en place.

Et inlassablement le même cri retentit : « salauds de riches ; salauds de propriétaires ; vive l’impôt ; il faut savoir la société que l’on veut et nous voulons une antisociété ». La séquence budgétaire en France de septembre à décembre, est le moment à la fois le pire, tant l’espace médiatique est polluée par la propagande fiscaliste,  et le plus révélateur de ce que ce pays est devenu : un vagissement indigne, sur fond de déréliction économique désormais probablement irrattrapable. 

L’Enarchie Compassionnelle a ruiné le pays. Le triomphe de la manœuvre Macron lui permet de survivre en s’exaltant : jamais le pays n’est à ce point entre les mains des hauts fonctionnaires. Jamais la désinformation du grand public n’a été plus totale. Jamais la paralysie n’a été plus grande. Jamais les vrais problèmes n’ont été moins évoqués. Sous le joug des Enarques, la France « dénonce ses porcs » et accueille, les bras ouverts et la bouche close  les centaines de djihadistes de retour d’exactions et de crimes abjects en Syrie et en Irak.  Des victimes, parait-il ! Qui elles aussi dénoncent le porc.

L’Europe, à la suite du monde, connait une petite reprise. La France est incapable d’en profiter. Impossible de recruter malgré les millions de chômeurs. Impossible d’exporter. Et cela justifie de ne rien réformer sérieusement.  Alors les déficits se creuseront, alors que mécaniquement ils sont censés se réduire.

Pour finir, nous publions ci-dessous une photo qui résume parfaitement l’état de la France. Elle a été prise au musée Pompidou, dans le local des toilettes hommes. On y voit trois portes.  La première porte est celle qui donne accès aux toilettes des fonctionnaires, car en France, les fonctionnaires ont le droit à des toilettes spéciales, comme pour  les régimes de retraite.  Pas question de se mélanger, culotte baissée,  avec le vulgaire. Pas question d’attendre. La seconde porte concerne les handicapés. La compassion par les toilettes, il n’y a que cela de vrai. La troisième est destinée au vulgum (lotus) pecus. Mais les toilettes ne fonctionnent pas. Et cela fait plusieurs semaines que cela dure.  Et tout le monde s’en fout.

A quelle heure le musée Pompidou ouvre-t-il ses portes un samedi lors d’un grand Week-End où Paris est plein d’étrangers ?  A 11 heures. On suppose que l’on est en train de négocier 14 heures, avec une fermeture à 16 heures…

Rien ne presse. Si on ose dire. De toute façon, les musées se mettent en grève lors des périodes de pointes touristiques. Alors …

Ainsi va l’Enarchie Compassionnelle triomphante en France et ainsi meurt un grand pays.

Le « macronisme » sera-t-il une nouvelle perte de temps ?  L’automne 2017 en France ressemble un peu trop à l’automne 2012 pour qu’on ne s’inquiéte pas.  

« Plus cela change, plus c’est la même chose » énonçait doctement le Littératron.



La première défaite de l’Énarchie Compassionnelle

Attention à la colère du peuple, disons-nous depuis 1997.

En 1974, il s’est instauré en France une oligarchie administrative, les énarques de droite (Giscard-Chirac-Balladur-Juppé-Séguin, Toubon, Wauquiez…), alternant avec les énarques de gauche (Fabius-Rocard-Jospin-Hollande-Aubry), et finalement les énarques de partout et de nulle part (Philippe-Macron). Aujourd’hui, même l’opposition populiste est peuplée d’énarques, comme Dupont Aignan, Philippot, Asselineau etc.

Il aura fallu attendre 2018, c’est-à-dire 44 ans pour que ce système qui se croyait invincible connaisse sa première défaite en rase campagne.

Une démocratie qui se réduit à des combats entre militant de l’Ena est nécessairement bancale. L’Énarchie Compassionnelle comme nous appelons ce régime est fondée sur une idéologie : l’énarque a le droit d’arbitrer la société et de « dépasser les clivages habituels ». Il le fait avec les deux moyens qu’il connaît : la dépense publique et les impôts.

Cinquante ans après, les effectifs publics sont tellement gigantesques, et le système de redistribution tellement enflé, que plus personne ne peut les payer. La France est championne du monde des prélèvements. Et aucun service public ne fonctionne plus correctement.

On dira : vous oubliez Mitterrand et le socialisme qui ont fait un mal considérable au pays. C’est vrai. Mais même le socialisme a été phagocyté par des énarques et de plus en plus médiocres, à tel point que le pauvre Hamon a disparu des radars politiques aux dernières présidentielles.

Certes Nietzsche a dit avec justesse : « La décision des socialistes de trouver le monde laid et mauvais a rendu l'émonde laid et mauvais ». Il suffit pour s’en convaincre de contempler le désastre de la gestion socialiste de Paris, avec la flambée des impôts, des dettes, des dépenses en même temps qu’on stérilise les investissements du passé, qu’on laisse pourrir les équipements existants et qu’on pousse la marchandisation et la densification pour financer la création d’appartements à 12 000 euros le m2 pour loger une clientèle immigrée captive. Et le féminisme outrancier, les immigrés de seconde génération et la pédérastie militante ont plus d’influence que les anciens élèves de l’ENA. Paris est devenu une ville laide et rongée par la délinquance, envahie par les touristes, les mendiants et les traîne lattes de toute obédience.

Craint celui qui se dit ton bienfaiteur et qui agit contre ton goût, ton esprit, ton intelligence et ta dignité. C’est pire qu’un Tartuffe : un lamentable pervers polymorphe incapable de sentir, un Narcisse amoureux de lui-même et qui se sent injurié par la moindre critique, un incapable qui n’entend apporter de réponse qu’aux questions où il a une réponse, en général toute faite.

Où un pervers cynique, Comme Mitterrand qui se moque du monde et qui y trouve plaisir, qui détruit avec la satisfaction que son successeur n’aura rien de ce qui lui a été octroyé par le peuple et qui considère que son destin, et la publication de ses lettres d’amour, vaut bien la ruine du pays.

Voici donc le système par terre. Dire aux retraités : « vous êtes des privilégiés ; on va vous imposer plus, réduire vos pensions par l’inflation, et taxer vos déplacements, augmenter radicalement les coûts de votre maison, et vous empêcher de prendre votre voiture, indéfiniment, car les taxes écolos vont augmenter indéfiniment et massivement pour votre bien », ne gênait ni Philippe, ni Macron, et encore moins les ralliés de 25e heure, le fourbe Le Maire et le guignol Darmanin. C’était autrement plus facile que de réduire le champ d’une étatisation délirante. Alors les retraités se sont mis en marche. Et ils sont près de 15 millions. Ah zut !

Dire aux artisans, aux mille et une personnes qui travaillent soit à leur compte, soit au petit bonheur la chance dans les régions sinistrées : « l’écologie, c’est pour ton bien, alors raque à mort et restreint toi encore plus », cela ne les a pas gênés non plus.

Dire à ceux qui passent leur vie sur la route pour leur travail : « on limite la vitesse à 80 km/h pour ton bien et on va faire bombance avec une augmentation massive des amendes », on était prêt à l'assumer vaillamment. On était même fier comme Artaban de tant de courage.

On l’est moins. Les réseaux sociaux permettent les mobilisations et les émeutes. On l’a vu dans tout le monde arabe, mais on a cru que, comme c’était des Arabes, c’était autre chose.

Alors une année à accroître encore la dette, les dépenses publiques et le taux de prélèvement, a créé un terrain miné. Prétendre que désormais non seulement on allait continuer au nom de l’écologie et de l’Europe (et son nouveau budget pharamineux, alors qu’on n’a pas considéré qu’il fallait réduire le niveau des dépenses européennes après le départ des Britanniques) mais qu’on allait s’attaquer aux biens que les Français ont eu tant de mal à se procurer, la voiture et le domicile, a fait exploser le baril de poudre.

Vous avez dit inconscience ? La bonne conscience fiscale des Énarques a toujours été de l’inconscience.

Alors voilà que tout ce qui compte d’économistes dans l’équipe Macron, les Pisany Ferry, les Aghion, se mettent à crier c homme des cabris : faites payer les riches. Vive l’ISF. Sus à ses salopards ! Détourner la colère du peuple sur des boucs émissaires, c’est le principe même de toute monarchie et de toute oligarchie. En URSS ou en Chine, l’habitude était de jeter aux chiens quelques oligarques pour donner à la meute quelque chose à se mettre sous les crocs.

On a ruiné le pays avec ce genre de sottise. Plus personne ne peut investir avec une imposition marginale sur le revenu de plus de 65 % et d’une imposition globale qui pouvait être proche ou supérieure à 100 %. Il était légitime de supprimer l’ISF et de revenir à une taxation plus raisonnable des revenus d’épargne. Le faire en taxant les retraités à la CSG était une sottise. Nous l’avons écrit ici même dès novembre 2017.

L’Énarchie a voulu un narratif pour calmer les masses. Ils ont récolté les Gilets Jaunes.

Emmanuel Macron, mal conseillé par des économistes partisans et nullissimes, et prisonnier de ses propres « narratifs », n’a pas profité de l’embellie conjoncturelle internationale pour réduire drastiquement la dépense publique dès la première année et rétablir la compétitivité du pays. Il a mené de petits combats sur des questions non prioritaires. Augmenter l’âge de la retraite, réduire le champ de l’action de l’État, plafonner les très hauts salaires de la fonction publique, qui se sont emballés, rétablir les quarante heures par semaine pour tous, telles étaient les urgences de la première année, empêcher l’envol des subventions à des catégories de population non prioritaires, revoir les dysfonctionnements européens et exiger que la perte des recettes britanniques soit compensée par une baisse du budget européen, mener une diplomatie de la prospérité en évitant que les pays à gros excédents ne provoquent crises financières et chômage de masse, voilà où on l’attendait.

Bavasser sur la Pnyka, c’est bien : l’écho est venu des ronds-points, symbole d’une des folies du temps et d’une tenue ridicule dont l’achat été imposé par l’Europe (norme européenne EN 471) à des dizaines de millions de gens, au nom de leur bien supposé, grand symbole avec les horodateurs normalisés et les drapeaux bleus, des bienfaits radicaux de l’Union Européenne.

Et maintenant ? On va où ?

Supplique

Laissez-nous vivre !

De temps à autres sonne une heure de vérité. Le complet malentendu entre la classe de hauts fonctionnaires qui a usurpé le pouvoir en France et le pays « profond » ne pouvait pas indéfiniment perdurer sans réactions. Le « dégagisme » de l’élection présidentielle signifiait que le pays en avait assez de la surenchère d’énarques de gauche contre les énarques de droite. Ce message a été gommé par les conditions lamentables de l’élection. Aujourd’hui les Français qui manifestent après une nième augmentation d’impôts « pour votre bien » sont traités de fascistes et les hauts fonctionnaires au pouvoir tente de désamorcer ce qu’ils appellent la grogne en rejouant le second tour de l’élection présidentielle et en proposant des petits cadeaux au peuple.

Et curieusement, ces Français disent : on ne veut pas de votre argent et de vos bonnes idées. Laissez-nous vivre et bas les pattes ! C’est déjà assez dur comme cela, alors que toutes les décisions que vous avez prises depuis 1973 l’ont été à notre détriment. Vous nous avez mis en concurrence avec la Chine et les pays à très bas salaires ; nous n’avez vu arriver aucune crise ; vous avez créé des millions de postes de fonctionnaires ou de salariés subventionnés dans les associations ; vous avez constamment aggravé les privilèges de l’administration ; vous avez constamment accru le domaine de l’action publique ; vous avez encadré nos vies avec un détail et une persévérance digne d’une meilleure cause. Les libertés en France se sont réduites comme une peau de chagrin. 

Vous vous êtes cru malin de chevaucher la mondialisation financière, à notre détriment puisque nous sommes en déficit partout depuis 1973.  Vous avez cru astucieux de créer Europe, Europe, Europe, comme un cabri, et vous voulez même créer un impôt européen gigantesque. Vous avez laissé entrer des millions d’immigrés pauvres, en déstabilisant tous les systèmes sociaux et en leur accordant des avantages phénoménaux, comme ces logements à 12.000 euros le m2 dans les zones les plus chères de Paris ; Plus aucune administration ne fonctionne ; La justice  est débordée par la délinquance qu’elle ne poursuit même plus ; les armées jouent leur rôle avec des bouts de ficelles et les munitions fournies par l’étranger ; notre diplomatie a disparu depuis longtemps ; on tue dans nos villes .

Et maintenant voilà que vous enfourchez les thèmes écologiques pour vous attaquer à nos biens, qu’il s’agisse de nos maisons et de nos voitures et de notre travail, au moment même où vous décidez de donner des droits hystériques à toutes les minorités qui le demandent.  

Foutez-nous la paix !

Tout est dur dans nos vies.

Nous n’avons plus de médecins proches et ils sont de plus en plus étrangers ; les médicaments essentiels sont de plus en plus souvent en rupture de stocks ; les vols sont répétés avec des voyous jamais condamnés malgré des dizaines d’exactions ; notre travail et notre revenu, faible, demandent une énergie et une détermination sans faille, alors que nous voyons trop de petits malins vivre uniquement avec l’argent public. Chaque jour, près de chez nous, une entreprise ferme, concurrencée par des produits chinois à prix cassés vendus par Amazon ou la grande distribution.  Chaque jour l’école, l’hôpital, l’administration s'éloignent un peu plus. Vous exigez de passer par Internet alors que les réseaux sont totalement insuffisants et les progiciels publics immondes de bêtises, de bugs, d’incompréhension des besoins des usagers. Avoir un passeport et une carte d’identité, c’est quatre mois ! Perdre son permis de conduire : quatre à six mois ! Il n’y a plus personne qui réponde dans les services administratifs, bien qu’ils soient souvent pléthoriques. On y travaille peu, avec un absentéisme insoutenable, et une présence le plus souvent à côté de la machine à café.

Sur tous les sujets où on vous attend, sécurité, dynamisme économique, santé, école, vous n’êtes pas là ou de moins en moins là.  Mais pour les amendes, les contrôles, les impôts, les taxes, c’est tous les jours la fête.

Alors oui, bas les pattes !

Et démission ! Retournez dans vos administrations et essayez d’y être un peu utile., au lieu de nous pourrir la vie en gros et en détail.

 

Pcc Un Gilet Jaune

Faut-il traiter la Chine en interlocuteur "normal" ?

La Chine exerce une vraie fascination sur les intellectuels de gauche occidentaux (eh bien au de-là) depuis des décennies. Amélie Nothomb, dans la gens écrivassière, est sans doute le seul exemple de ferme lucidité vis-à-vis d’un empire qui impressionne depuis toujours par le nombre. Pour elle, aimer la Chine pour son gigantisme, c’est à peu près aussi intelligent que détester le Vanuatu pour son nanisme ; une erreur de perspective dommageable !

Le Parti communiste chinois détient le record absolu des massacres et des génocides. La révolution, puis le grand bond en avant, puis la révolution culturelle, puis les guerres d’annexion, puis la répression des populations, ont provoqué plus de 60 millions de morts (certains avancent des chiffres très supérieurs). Des milliards de vies ont été radicalement gâchées. La dictature communiste reste féroce et totalitaire, comme elle l’est depuis de la prise de pouvoir par Mao. La répression sanglante des étudiants à Tien An Men, le 4 juin 1989, a bien montré qu’il ne s’agit pas, pour les « libéraux et pragmatiques » qui ont succédé au criminel génocidaire Mao, d’aller dans le sens de la démocratie.

N’espérez pas, comme pour Hitler et le national-socialisme, une chaîne spécialisée sur le maoïsme. Il faut tout de même se souvenir que les occupants de la Sorbonne en mai 1968 avaient déployé une immense bannière avec le portrait de Mao, à une époque où les massacres allaient bon train en Chine. Pendant des années la gauche révolutionnaire a bassiné le pays avec « le petit livre rouge », sorte de bréviaire du génocide opportun et nécessaire, et avec la « révocu », la destruction de la bourgeoisie et des forces de domination. Quinze Shoahs ne les ont pas effrayés. Comme disait Aragon : versons le sang de la purification. Quelques éminents maoïstes sévissent toujours sur les chaînes de télévision, entourés d’une aura que l’odeur des cimetières chinois et des camps de la mort du Lao Gaï ne semblent pas gêner. Un écrivain pornocrate a fait son « outing » maoïste en expliquant qu’il fournissait de la poulette occidentale blondissime au Grand Timonier. Sourires gênés dans les rédactions et l'édition. Mais pas plus. Imaginons qu’il ait fourni Pinochet ou Hitler ! Le légendaire fume-cigarette séduirait moins.

Lors que réalisateur René Viénet présente son film « Chinois, encore un effort pour être révolutionnaires ! » à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes dans les années soixante-dix, il est occulté ou vilipendé par la critique de gauche. Il déclarera : « Il était difficile à l’époque de remettre en cause l’aura de Mao Tse Dong ». Simon Leys mentionne l'intervention, dans les deux cinémas qui projettent le film, de perturbateurs du « social fascisme à caractère féodal » au moment précis de la projection des manifestations d'avril 1976 où le peuple chinois décida « d'enterrer le Grandiose Timonier avant même qu'il ait rendu l'âme », voilà ce que nos biens pensants ne sauraient accepter. Le retour de Simon Leys dans la catégorie des bons auteurs acceptables dans la communauté des croyants de gauche n’aura lieu qu’en 2018, signé par une double page dans le Monde.

Les massacres socialistes créent des joies morbides chez les adeptes mais ne mènent pas la création de richesses. Les réalistes chinois ont fini par débarrasser le pays du « romantisme » de la révolution totale où les fils crèvent les yeux des pères devant des foules extatiques et sous les applaudissements d’une gauche occidentale énamourée. Une fois « la bande des quatre » éliminée, la réalité était claire : les Tigres et Dragons, tout comme le Japon avaient fait leur décollage et l’économie chinoise était à peine digne du PIB de la Lozère ! Sous la direction de Deng XiaoPing, la Chine décide de rattraper son retard économique.

Les Américains et notamment le business américain se montrent à nouveau victimes du « syndrome chinois » et croient que le temps est venu d’aider la Chine à revenir dans le jeu. Ils se font d’immenses illusions. Les Chinois ont constaté qu’ils ne pouvaient même pas « donner une leçon au Vietnam », lors du conflit frontalier qui tourna à leur désavantage. Le pays a besoin de richesses pour reprendre rapidement leur rang militaire. Le régime ne cédera rien en termes de démocratisation. En revanche il permettra au pays de suivre la voie du Japon, de la Corée, de Formose. Il ne s’engage pas « à jamais » à respecter les droits démocratiques à Hong Kong, restituée à la fin du siècle, mais pour cinquante ans. Et on voit que la dictature chinoise commence à serrer le lacet à peine 20 ans plus tard. L’accord n’est qu’un écran de papier qui sera déchiré en dû temps. C’est-à-dire dès que la puissance militaire aura été rétablie au niveau suffisant. Taïwan n’a qu’à bien se tenir, car le retour dans le giron chinois reste un objectif prioritaire.

La Chine est parvenue a devenir l’atelier du monde du fait de la cupidité américaine et de celles des grandes entreprises qui ont voulu croire que « qui tenait le marché chinois tenait le marché du monde ». L’ennui est que la Chine a pris toutes les précautions pour éviter que les entreprises étrangères ne dominent leur marché intérieur. En forçant les étrangers à partager le capital des filiales en Chine, en volant les secrets industriels, en refusant toute législation sur les copies illicites, le Parti Communiste a réussi à éviter une colonisation économique par les Occidentaux.

L’intelligence chinoise a compris que les défauts du système monétaire international leur donnaient des chances supplémentaires d’aller vite en abusant de l’arme monétaire. Dans le cadre des accords de Bretton Woods, la Chine aurait dû respecter certains équilibres et rendre sa monnaie totalement convertible. Il lui aurait été interdit d’accumuler des milliers de milliards d’excédents. Puisque la règle implicite était : « que chacun se débrouille et que le meilleur gagne », la Chine s’est mise en position de gagner en tablant sur la cupidité des capitalistes occidentaux et l’évanouissement du pouvoir de régulation des institutions internationales.

En faisant miroiter l’énormité de leur marché et en gérant leur monnaie de façon offensive, les Chinois, nourris par un déversement de capitaux internationaux gigantesques et la faiblesse insigne des salaires, ont réussi leur coup. Ils ont accumulé de quoi reconstituer d’une part une influence économique et d’autre part et surtout leur puissance militaire. Sur tous les fronts de la guerre militaire possible, les Chinois sont sur la crête : les armes, l’espace, l’intelligence artificielle, les guerres numériques, etc. Du coup la Chine se retrouve en querelle frontalière avec tous ses voisins sans exception. Le Japon est poussé au réarmement nucléaire.

L’exaltation nationaliste, arme obligatoire de tous les socialismes violents, qui sont tous peu ou prou des pratiquants du national-socialisme hyperbolique, a été renforcée par des opérations de prestige, comme les jeux Olympiques mais aussi par des opérations bien moins exaltantes comme les campagnes anti japonaises.

Les excédents majeurs de la Chine ont eu des conséquences économiques dramatiques. Ils ont nourri la transformation de l’économie mondiale en économie baudruche, les dollars en excédents étant reversé sur le marché américain et amplifiant la dette dans des proportions déraisonnables, en interne comme ailleurs, selon les règles de la double pyramide de crédits de Jacques Rueff. La gravité de la crise de 2008 trouve une large part de ses causes dans les excédents abusifs chinois.

Après l’éclatement de la crise, la Chine a vu ses circuits financiers et économiques perturbés. Elle a été morte de trouille à la perspective de perdre la valeur de ses avoirs en dollars. Elle s’est donc lancée dans des investissements de précaution, en investissant notamment dans de nombreux achats de matières premières et de produits agricoles. Certains pays comme l’Argentine ou le Brésil ont profité de cette manne improbable, leur laissant croire qu’ils avaient réussi un décollage économique alors qu’ils bénéficiaient seulement d’un spasme de précaution du géant chinois. Du jour, où le rétablissement de la conjoncture internationale l’a rassuré, ces achats ont ralenti ou cessé projetant ces pays dans la crise.

La stratégie chinoise est désormais de mettre la main sur des terres arables, comme en Afrique où les dirigeants corrompus ont laissé la Chine s’octroyer des richesses importantes qui passent désormais totalement sous le nez des populations mais engraissent les décideurs. Un peu partout la stratégie est de mettre la main sur le capital d’entreprises d’importance critique, notamment dans l’énergie et les transports. Rien dans les règles économiques mondiales n’autorise un pays à accumuler des capitaux par une politique mercantiliste qui tue les entreprises adverses puis à racheter les pépites des autres avec des devises accumulées.

Les Allemands ont tout d’un coup constaté que son Mittelstand était la proie des investisseurs chinois. Ils se sont rebiffés sans voir qu’eux-mêmes pratiquaient la même politique notamment vis-à-vis du voisin français.

Les investissements massifs dans les ports et les communications, avec par exemple le rachat de la moitié du port d’Athènes ou celui de l’aéroport de Toulouse, les tentatives (bloquées) de rachat de port aux États-Unis, les investissements autour d’une nouvelle « route de la soie », vont dans le même sens.

L’Europe est obsédé par les traités de libre-échange et a les mains liées du fait qu’elle accepte les énormes déficits de l’Allemagne réunifiée, qui exporte comme un malade vers la Chine ses machines-outils et ses voitures de luxe. Elle a laissé faire les Chinois au-delà du raisonnable. Elle a perdu les marchés critiques comme celui des panneaux solaires en acceptant des politiques de dumping choquantes. Mais bien d’autres domaines économiques sont concernés.

On voit maintenant en France des achats stratégiques de terrains agricoles, en dépit de toute l’armature quasi communiste qui règle la propriété paysanne en France (Le Modev est une institution communiste !). Cela concerne aussi bien le lait que les vins.

La France est désormais considérée par les Chinois comme un pays sous développé où l’on peut se servir.

Pire encore, les pays de l’est qui ont intégré l’Europe après la chute de l’URSS, ont quémandé l’appui Chinois pour équilibrer le pouvoir de Bruxelles.

Autant dire que la Chine est désormais un pays déstabilisant qui provoque de multiples tensions, alimente l’instabilité financière et commerciale, concentre une puissance risquée pour ses voisins et l’Occident, tout en présentant un visage avenant.

On peut penser ce que l’on veut du style de Donald Trump, mais en cassant le fil des illusions qui lient les Occidentaux à la Chine, il rend un grand service à tout le monde. Naturellement, il n’a pas voulu comprendre que les excédents chinois étaient l’image inversée de ses propres déficits et que ceux-ci sont directement liés au rôle mondial (voulu par les États-Unis et dont ils tirent privilège en payant leurs déficits dans leur propre monnaie). Mais l’anomalie des excédents excessifs de la Chine est un problème réel. Xi Jinpin est obligé de mettre sur la table des offres mirifiques, comme cette ouverture aux achats chinois pour une valeur de 30 mille milliards. Il cherche à monter une organisation commerciale et de coopération asiatique, afin de créer une alternative aux Occidentaux. Bref, il joue ses cartes.

En même temps ses services secrets sont partout à la manœuvre pour piller tout ce qui peut l’être, déstabiliser les concurrents, et tirer avantage du laxisme européen, notamment. Il se dit même que la bulle qui a touché le Bitcoin a été fomentée par ces mêmes services secrets qui ont trouvé là un moyen de récupérer des milliards de dollars sans vraiment se fatiguer. Les principales fermes à Bitcoins sont en Chine alors que l’emploi du Bitcoin y est interdit ! Comme c’est curieux !

Il faudrait être bien innocent pour croire que la Chine est le parangon de la coopération et du multilatéralisme. Elle n’a pas encore acquis suffisamment de puissance économique et militaire pour ne pas avoir à concéder. Elle annonce plus qu’elle ne concède. Le marché chinois est totalement verrouillé en dépit des apparences ; le vol de secret industriel continue ; la guerre électronique continue ; le système de la double propriété dans les faits continue ; les excédents ne cessent de gonfler. Il n’y a pas un jour sans un article soit sur une manipulation des services secrets chinois, soit sur une répression sordide en Chine. Xi Jinping mène une répression de la corruption ? Dans tous les pays communistes depuis 1925, le renforcement du pouvoir central se fait par ce moyen qui offre une soupape pour calmer le peuple. Il a remis le Parti Communiste au centre du pouvoir. Il s’est mis en position de conserver le pouvoir à vie et crée les bases d’un culte de la personnalité. Il réprime même les étudiants marxistes alors qu’il a organisé des commémorations monstres pour le bicentenaire de la naissance du Grand Karl. « Le socialisme aux caractéristiques chinoises » est un national-socialisme féroce à l’intérieur (demandez aux peuples colonisés) et d’une grâce hypocrite à l’extérieur.

Il fallait mettre le commerce avec la Chine sous conditions et notamment celle de ne pas accumuler d’excédents excessifs. L’obligation de faire des sociétés mixtes a été une occasion de vol réitéré de secrets de fabrication occidentaux. Il faut interdire le rempli des excédents chinois dans le rachat de terres ou d’entreprises (essayez d’acheter de la terre en Chine). L’erreur de Trump est de reprendre la politique d’expansion du commerce américain sur le thème : achetez-nous plus ! Ce n’est pas la bonne méthode. Ce qu’il faut c’est limiter un certain nombre d’activités chinoises à l’extérieur tant que des garanties sérieuses ne sont pas obtenues notamment sur des questions géopolitiques graves.

L’Europe dans cette affaire est dans une position intenable. Les positions libres-échangistes religieuses de la commission lui interdisent de prendre la Chine pour ce qu’elle est : une dictature avec des objectifs pas gentils du tout. La différence de position de l’Allemagne et des autres pays est telle qu’aucune diplomatie n’est possible.

Sans changer le système monétaire radicalement afin d’éliminer la possibilité d’accumuler d’énormes excédents et d’énormes déficits, c’est l’impasse.

L’esquisse d’une solution devrait venir du FMI. Mais sa présidente est à la fois coincée par la domination américaine, la mauvaise volonté chinoise de rejoindre les règles du FMI et sa propre volonté de regarder ailleurs et de mettre ses priorités du côté de l’aide aux femmes dans les pays sous-développés qui n’est pas dans les prérogatives du FMI.

La France n’a pas de pouvoir du fait de sa situation économique lamentable. Le président MACRON peut parler sur la Pnyka ou à la Sorbonne sur le mode lyrique. Que peut-il faire avec un pays déficitaire de tous les côtés, gangrené par la dépense publique de masse, champion mondial des impôts, meurtri par un chômage incoercible et à la remorque financière du monde ?

La voix de la France est d’autant plus fluette qu’elle ne dispose d’aucune crédibilité économique, coincée qu’elle est entre une école quasi marxiste qui ne réfléchit qu’en termes d’inégalités et « d’affranchissement » (au sens marxiste, c’est-à-dire au prix d’une perte quasi-totale d’autonomie des agents économiques) et une école plus libérale qui n’a accès à aucun média, sauf à titre homéopathique et qui, de toute façon, refuse d’aborder les questions monétaires internationales qui, chacun le sait dans les médias, font baisser de 80 % l’audience des émissions qui s’y risquent.

Nous sommes donc dans une impasse. Une vraie impasse ! Certains voudraient en sortir en faisant reculer Trump mais pas la Chine ! Parfaite sottise contre-productive. La vérité est qu’il faut démolir le fond de l’impasse et construire une nouvelle route.

Pas de solution sans une réforme sérieuse du système monétaire international et une louche plus longue pour négocier avec le pays le plus dictatorial du monde, qui foule aux pieds toutes les valeurs de liberté et dont l’objectif est des plus clairs : la puissance militaire par la guerre économique ! Au moins ne nous donnons pas le rôle idiot du bisounours utile.

 

PS : profitons de l’occasion pour énoncer une évidence qui semble échapper à nos médias nationaux. La Corée du Nord est dans la même situation que la Chine de 1978. Son dirigeant adulé cherche à rejoindre les Tigres et les Dragons et de restaurer une puissance économique…et militaire. Notamment pour résister à …la Chine.

L’histoire contemporaine : disruption ou continuité ?

Un débat fondamental

Certains refusent absolument de considérer les points de ressemblance entre la période d’entre-deux-guerres et la situation actuelle, tout comme les mêmes refusent de voir dans la guerre de 40 la suite logique de la guerre de 14.

On peut imaginer que l’histoire soit totalement libre et que les mouvements qui s’y produisent soient toujours sui generis. En un mot l’histoire serait toujours différente et il serait vain de rechercher des constantes, des enchaînements, des retours en arrière voire des retours de bâtons. Ceux qui proposent ces interprétations sont tous du même bord, en général à l'extrême gauche, très majoritaire dans l’université française, dans les matières historiques et économiques, en contradiction totale avec la pensée intéressante qui se développe à travers le monde. La fixation marxiste en Amérique du Sud et en France est tout à fait étonnante, 40 ans après l’effondrement du « socialisme réalisé ». Pour ces courants de pensée, des vilains qui auraient pu être contenus et qu’il importe de vaincre encore aujourd’hui, étaient à l’œuvre et rien n’était automatique. La seule continuité est la nécessité des luttes contre le beauf, le fasciste, le Versaillais et le « lecteur du Figaro Magazine ». Cet effondrement de la pensée universitaire dans un prêchi-prêcha politique débilitant et partisan est une des marques du « suicide français ».

Si on s’en tient au dernier siècle, la continuité est totale entre l’introduction du virus bolchevique en Russie par les Allemands soucieux de libérer des forces à l’est pour vaincre à l’ouest, la révolution allemande qui pousse les militaires prussiens à rechercher un armistice très rapide, la répression du spartakisme, la montée du fascisme en Italie et du national-socialisme en Allemagne, les excès de la révolution bolchevique de Lénine à Staline, avec la multiplication des massacres de masse et des génocides, les tensions politiques entre socialistes et droite libérale repoussée sur sa droite et la guerre de 1940.

La guerre de 14-18 changes totalement la donne économique et monétaire. Les troubles monétaires post « grande guerre » expliquent largement la crise de 1929 qui aggrave tout. Ils se croisent avec les mouvements politiques cités précédemment. Le monde occidental ne parvient pas à retrouver une organisation correcte dans une optique de monnaie de papier multipliable à l’infini par les États et d’accumulation gigantesque de dettes.

La convergence entre les troubles sociaux, économiques et politiques, nimbée par la violence issue de la guerre de 14 et de la révolution bolchevique, finira bien par provoquer la Guerre de Quarante.

Alors, bien sûr, il y a des surprises et des gambits qui ont fait tourner le sens de l’histoire de façon imprévisible. La paix a été ratée à Versailles du fait des Alliés de la France qui n’ont pas souhaité que le vainqueur prenne une place trop grande en Europe. Mais Clémenceau fait ralentir les troupes alliées victorieuses partout pour ne pas avoir à réprimer la révolution qui s’annonce en Allemagne. L’armée allemande s’en est chargée. Mais du coup l’Allemagne n’a pas été dépecée comme il aurait fallu en séparant la frontière rhénane et la région de Munich du bloc prussien. La destruction de l’Autriche-Hongrie aurait pu être évitée dans les modalités extrêmes retenues. De même le retrait des États-Unis de la SDN, qu’ils avaient portée sur les fonts baptismaux, a été une immense surprise qui a changé bien des choses. À beaucoup de moments dans les vingt ans qui séparent les deux guerres on constate que des virages ont été pris qui auraient pu être évités ou négociés autrement. Hitler a été totalement surpris lorsque les Français et les Anglais lui ont déclaré la guerre en 39. Il pensait pouvoir digérer ses conquêtes comme toutes les précédentes, et se ruer vers les ressources de l’est européen afin de se constituer l'hinterland nécessaire à la conquête du monde. Il s’en est fallu de bien peu pour que la paix ne soit signée par l’Angleterre après la défaite de la France. La personnalité de Churchill a joué le rôle principal. On pourrait dire que « Jamais l’avenir d’un si grand nombre n’a dépendu autant d’une seule personne ». Les auteurs d’un film récent sur Churchill ont été obligés d'inventer une scène baroque dans le métro londonien pour faire coïncider la ténacité de Churchill avec celle ainsi exaltée du peuple anglais.

Bien sûr l'histoire n’est pas un flux mécanique d’événements qui s’enchaînent de façon obligatoire. Mais il y a des constantes et des mouvements qui se répètent. Certains aspects de la situation actuelle s’apparentent à la situation de l’entre-deux-guerres, mutatis mutandis.

Le discours et la méthode Mélenchon, pour prendre un sujet mineur, sont le décalque des positions d’un Marcel Déat pour le fond et de style de Jacques Doriot pour la forme. On retrouve parfois les mêmes mots et même quasiment les mêmes phrases.

Dans le cas des monnaies et des échanges, on retrouve les mêmes troubles face à un système monétaire international qui ne sait plus comment gérer les immenses créations de monnaies, depuis que la création monétaire est devenue quasi totalement administrative, et qu’il n’existe plus de régulation des grands excédents et des grands déficits. Il n’y a pas de bon commerce sans bonne monnaie.

Quand les banques centrales sont conduites à émettre, des dernières années, plus de 15 mille milliards de dollars de monnaie administrative qui servent de support à la création de plus de 60 mille milliards de dettes supplémentaires, c’est que le système monétaire global est une fantaisie. « Donald Trump simplifie le diagnostic et complique la solution ». Les énormes excédents Chinois, Allemands, Japonais etc. sont interdits par les grands traités internationaux mais tout le monde s’en moque depuis la fin des Accords de Bretton Woods. Ils ont provoqué la crise de 2008 et sont à l’origine des querelles commerciales actuelles.

La révolte des classes moyennes en Occident, qu’elle prenne des formes électorales ou celle de jacqueries, ressemble partiellement à celles de l’entre-deux-guerres, le socialisme révolutionnaire en moins, depuis qu’on sait qu’il ne mène à rien, sinon au crime et à la misère.

On retrouve en France, les dégâts provoqués par la dénatalité dans les années trente. Rappelons que la France était dans l’entre-deux-guerres un pays dont la population baissait, en dépit de l’afflux de nombreux immigrés fuyant soit les révolutions à l’est soit le fascisme italien, soit le nazisme, soit le franquisme, soit les massacres turcs. Qu’on se rappelle Mitterrand criant « Haro sur les Métèques » dans les années trente ! Les aspects démographiques sont tout aussi importants aujourd’hui. Il est clair que la population blanche baisse en France de 100 000 à 150 000 unités chaque année, avec une perspective de remplacement des autochtones par les populations immigrées venant d’Afrique dans les 50 années qui viennent. Depuis trois ans, le décrochage de la natalité globale mène à la baisse de population connue en Allemagne et au Japon.

L’ordre rooseveltien est en train de s’effacer totalement. L’ONU est décrédibilisé comme les sont le FMI et la banque mondiale. Le multilatéralisme s’effondre. L’Union européenne est traversée par des courants qui poussent à sa destruction. Les peuples veulent reprendre la main sur leurs responsables nationaux. La coupure entre dirigeants et pays profond est, comme dans les années trente, extrêmement profonde, ce qui conduit à des réactions violentes. Cette désagrégation conduit à l’apparition de « seigneurs de la guerre », façon Poutine ou Erdogan, comme de voix tentées par l’exaltation prophétique sans influence sur la réalité. Il y a du Briand chez Macron !

Pour les économistes conséquents, la question centrale doit être celle de la monnaie et des systèmes monétaires. La crise globale actuelle n’est pas due seulement aux troubles consécutifs aux dysfonctionnements du système monétaire international et à la gestion de la zone Euro. Mais elle en est le noyau dur, et c’est là qu’il faut agir pour obtenir un vrai socle de renouveau.

Il est intéressant de noter que les premières réformes imposées par les vainqueurs, à la fin de l’entre-deux-guerres, d’abord par les Nazis après leur victoire surprise en France puis par les Américains à Bretton Woods dès que la victoire est devenue certaine, à Bretton Woods, ont été des réformes monétaires. Les idées qui ont bouillonné en juin et juillet quarante, sous pression nazie, se sont retrouvées dans les débats de Bretton Woods, sous pression américaine, et la rupture de ton imposé par Donald Trump réactualise les débattre d’alors. Certaines des suggestions qui se discutent en Europe sont comme la réplique de certains débats de juin quarante. Les conflits et suggestion de l’époque portent leçon actuelle par leurs résurgences.

Tout se passe comme si la stabilisation d’un système monétaire mondial après la généralisation des monnaies fiduciaires d’état avait fait surgir des idées-forces constantes, qui traversent le cisèle, qui n’avaient jamais pu s’exprimer totalement du fait des relations de pouvoirs, les conflits entre puissances majeures cassant ce qui avait pu être mis en place de bon et alimentant des remises en cause continuelles et des politiques défectueuses. Ne peut-on pas, en faisant apparaître le lien fort entre les meilleures idées et des meilleures pratiques qui ont traversé le siècle, définir une véritable organisation monétaire, financière et commerciale mondiale ?

Notre prochain livre à paraître en 2019 portera justement sur cette question. Il nous semble que nous disposons là d’un terreau très riche pour envisager un avenir positif.

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes E-toile.

 

 

 

 

 

Gilets Jaunes et Énarchie Compassionnelle

Les « réseaux sociaux » ont croisé un mécontentement de fond qui a mis dans la rue avec des gilets jaunes 200 à 300 mille citoyens français. Il s’agit bien d’une forme inédite de jacquerie, évènement improbable et imprévisible. Option 1 : « Une révolte ? Non, Sire, une révolution ». Option 2 : « Un énervement, Sire ; même pas une émotion ». On verra bien.

Mais que les explications sont faciles à trouver. Internet est souvent le moyen de mesurer les passions qui secouent un pays. Il révèle des attitudes et des ressentiments. Le billet le plus lu sur ce blog, ces derniers mois, dans des proportions réellement anormales était intitulé : « Plus cela change, plus c’est la même chose » (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/11/21/Plus-cela-change-plus-cest-la-mme-chose). Cet article qui date d’exactement un an a atteint 3 955 lectures alors que l’article le plus lu après lui n’en dépasse pas 1 000.

Ce sentiment est d’abord le fruit d’une élection présidentielle escamotée. Il n’y a pas eu de campagne électorale, sinon, de façon partielle, au moment des primaires. L’échec de Juppé et Sarkozy signifiait qu’à droite on voulait une vraie rupture, notamment dans le domaine fiscal et économique. Le trouble à gauche paraissait suicidaire (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/1/5/Socialisme--la-dcomposition-dlirante).

La réaction populaire très négative aux projets allégués de réforme de la sécurité sociale avait sonné une sorte de tocsin. Le pays devenait plus que chatouilleux sur ses droits. La santé, c’est sacré, surtout si on est pauvre.

Ensuite tout s’est arrêté. L’affaire Fillon a bloqué tous les médias dans le délire et l'antinazisme bidon a créé un faux débat ridicule au second tour, aggravé par l’effondrement radical de la candidate du FN lors du débat, surprise à dire littéralement n’importe quoi en matière monétaire. Le résultat a été un record d’abstentions.

Il faut garder à l’esprit que depuis 2008, le revenu par tête française a constamment baissé. Nous verrons bientôt si c’est encore le cas en 2018. Le phénomène est majeur. La première crise de ras-le-bol fiscal, dite des bonnets rouges ou des pigeons, selon les modalités qu’on privilégie, avait montré que le pays n’acceptait plus d’être tondu ras par des hauts fonctionnaires politiciens. L’Énarchie est d’abord un excès fiscal majeur. Son triomphe a valu à la France d’être le pays le plus taxé du monde. Bravo ! Mais gare ! Il est interdit de trop insister sur la grogne fiscale dans les médias (gavés de subventions publiques). Les Français savent compter. Le décalage entre la chanson des médias et le ressenti de la population est devenu abyssal.

Dans la confusion de la campagne présidentielle, les Français ne se sont pas rendu compte des dangers de la démagogie du candidat Macron qui avait choisi cyniquement une option « d’achat de vote » sans vergogne. Le pays a peu réagi à une hausse de la CSG qu’on leur présentait comme microscopique et ciblée alors qu’elle était massive et générale. Mais l’idée de ne plus pays de charges sociales sur le salaire ni de taxe d’habitation, a fait saliver les babines. D’autant qu’on gratifiait le pays de nouveaux remboursements gratuits pour les lunettes et les sonotones.

Cette démagogie a payé à court terme mais c’est révélé désastreuse aussitôt après l’élection.

Ces mesures ne pouvaient pas avoir d’effet économique majeur parce qu’elles ne renforçaient pas la compétitivité. Il fallait comme nous l’avons indiqué, transférer sur la TVA une partie des charges patronales (celles concernant la maladie) et cesser de parler de charges salariales et patronales pour un concept de charges sociales uniques. L’effet aurait été celui d’une minidévaluation. En supprimant complètement l’ISF sans se laisser aller à un « storytelling » débile qui sépare la bonne finance et la vilaine tentation immobilière, on ajoutait une prime à l’investissement. Dans la phase haute du cycle où nous sommes depuis 2016, cette politique aurait permis des résultats immédiats. Les indispensables mesures que sont la taxation forfaiture des revenus du capital (qui aurait dû être étendu à la rente immobilière) et une moindre pénalisation des relations sociales dans l’entreprise, dans un contexte favorable d’intérêts très bas et de prix du pétrole au plancher, auraient aidé à obtenir des résultats encore meilleurs

Au lieu de cela, le Trésor a repris la main et a commencé à jouer au bonneteau fiscal en matraquant les propriétaires, les retraités et les automobilistes.

Au lieu des cadeaux attendus (bêtement), les Français, notamment dans la France la moins bien dotée en matière de revenu et d’emplois, ont vu une dégelée d’impôts, taxes et oukases divers pleuvoir sur leur vie quotidienne.

Pour les classes moyennes, la voiture et la maison sont les deux actifs fondamentaux. Ils sont achetés à crédit. Le poids des remboursements pèse lourdement sur le ménage et crée une dépense fixe incompressible importante.

Si on aggrave les impôts en période de hausse des cours internationaux, du pétrole, en annonçant que cette aggravation continuera et s’amplifiera dans les années suivantes, tout en précisant que la voiture qu’on a ou qu’on vient d’acheter perdra bientôt toute valeur à la revente, alors que l’emprunt court, on crée une haine farouche. Ajoutons un Oukase jamais débattu nulle part qui réduit de 10 km/h la vitesse sur route, et vous touchez à l'intime une grosse partie de la population, surtout en province où les points ont commencé à disparaître à grande échelle (d’après les on-dit, chaque utilisateur régulier de sa voiture en province aurait déjà perdu deux points depuis la mise en place de la mesure).

Quand vous alourdissez massivement les coûts de chauffage, annoncez qu’il faudra remplacer la chaudière au fuel qui sera interdite à court terme, tout en imposant des normes hypercoûteuses, tout en aggravant les impôts locaux et l’IFI (l’exonération de taxes d’habitation étant réparti dans le temps pour ceux qui l’espèrent), vous reperforer l’intime des ménages.

La bagnole et la maison sont les deux armatures du bonheur populaire. C’est la garantie de ne pas être à la rue et de pouvoir travailler. Sans maison ni voiture, on entre dans la précarité.

Pour les retraités qui voient la CSG augmenter massivement, qui constatent que les retraites ne sont pas revalorisées, alors que l’inflation repart, que leurs coûts d’habitation augmentent et que leur voiture va bientôt leur être arrachée (alors qu’ils n’ont aucun moyen de faire face à la hausse de coûts des nouvelles voitures fortement aggravées par une fiscalité verte débridée), alors que l’IFI rode sur le patrimoine qu’ils ont pu accumuler, la situation est infâme.

Les médias ont tort de voir uniquement l’aspect « pouvoir d’achat » ; L’aspect « patrimoine » est tout aussi important. Pour les ménages pauvres ou au bas de l’aisance, les deux réalités sont confondues.

Macron s’est mis dans les pas de Hollande. « C’est Hollande sans l’extrême gauche » répètent les observateurs, avec un tabassage fiscal initial encore supérieur. Naturellement, aucun des Énarques qui nous gouvernent n’a songé à baisser la dépense publique. Au contraire on l’augmente !

Devant la grogne, ils ressortent le vieux truc de la compassion et de l'insuffisance de communication. L’Énarchie compassionnelle n’est pas un vain concept. Cela fait maintenant 45 ans que cela dure. Edouard Philippe en est l’acteur le plus caricatural. Droit dans ses bottes comme son mentor Juppé, il décide seul souverainement de mesures qui impactent directement la vie des Français. La limitation à 80 km/h, c’est lui. L’impôt à la source c’est toujours lui. La suppression à terme des chaudières et des voitures diesel, c’est encore lui. L’Énarque est l’arbitre de la société. Face à la grogne il propose des subventions, augmentant à la fois les impôts et les cadeaux, (une technique qui a tué le bâtiment). Toujours la même méthode. On impose et on lâche du lest. Ensuite on déclare que le lest est une dépense fiscale qu’il faut supprimer. La technique, institutionnalisée depuis juillet 1940 et la création de la direction du Trésor, est parfaitement au point.

Le joli pronunciamiento réussi par l’Énarchie, les achats de votes cyniques mais réussi du candidat Macron, le retour aux pratiques détestables qui ont conduit la France dans le déclin et la dérive fiscale absolue, collent si étroitement à l’équipe d’énarques qui gouvernent qu’ils ne peuvent pas s’en dédouaner sur un quelconque bouc émissaire. Le gilet jaune leur colle au dos comme la tunique de Nessus.

La jacquerie peut s’étioler et finir en eau de boudin. Mais désormais un fond de haine traîne dans toutes les couches de la population contre les dirigeants fonctionnaires qui accaparent le pouvoir et considèrent que les biens et le revenu des Français leur appartiennent et qui pensent pouvoir multiplier les contraintes contre leurs administrés. Elle est là pour longtemps.

Comme nous l’avons déjà écrit souvent, c’est l’immense erreur de LR d’avoir mis à sa tête un Énarque, antipathique de surcroît. La droite ne peut se reconstituer qu’avec un autre modèle de gouvernance que celui proposé depuis 1974 avec Giscard et Chirac, et repris aujourd’hui par Macron et Philippe.

Au moment où Énarchie et anarchie se rejoignent, il n’y a plus d’opposition raisonnable possible.

Quel gâchis ! La seule solution durable serait l'éviction d’Edouard Philippe et de l’équipe qui gère les finances (Le Maire et Darmanin) et leur remplacement par de nouvelles têtes capables de porter un message de retraite fiscale. Un nouveau Monory, qui s’était révélé excellent.   Sinon, on peut craindre que ce soit Macron qui soit totalement démonétisé et conduit plus ou moins rapidement à la paralysie.  

Agnès Verdier-Molinié : « en marche vers l’immobilisme »

Agnès Verdier-Molinié, la directrice de l’Ifrap, publie chez Albin Michel : « En marche vers l’immobilisme ».  C’est le quatrième volet de notre réflexion sur la malgouvernance en France, après la mise en cause de la gestion de la Capitale Française par le groupuscule rassemblée autour d’Anne Hidalgo, les éléments de réflexion sur le « destin français » d’Eric Zemmour, et les inquiétudes démographiques et civilisationnelles autour d’un « grand remplacement »exprimées par L. Obertone.

L’Ifrap est une institution que nous approuvons et soutenons et dans sa démarche et dans ses résultats. Beaucoup de ce que nos intuitions suggèrent ou font craindre se trouve confirmé par les études de l’Ifrap. L’équipe est bien informée et sa directrice est une fille crane et courageuse qui n’hésite pas à se livrer à un exercice d’expression publique qui lui vaut insultes et crachats. Il faut du courage dans ce genre d’entreprise et la tenace Agnès en a. Bravo !

Le livre confirme ce que nous avons anticipé dès la campagne électorale d’E. Macron. On fera peu et relativement insignifiant, même si quelques mesures vitales seront tout de même prises. Pour l’essentiel, l’équipe d’Enarques réunie par l’Enarque Macron aura plus de mal à se sortir des conséquences de sa démagogie électorale,  et à se dépatouiller des médias, qu’il ne passera de temps à atteindre les objectifs quantifiés qui avaient été annoncés pour contrer les annonces de F. Fillon.

Sept ministres dont trois d’Etat ont démissionné, dans des conditions le plus souvent bizarres voire franchement déplorables, soit parce qu’ils étaient rattrapés par leurs propres turpitudes après avoir appelé à laver plus blanc que blanc, soit parce qu’ils voyaient bien que la fine équipe d’énarques qui dirigeaient tout ne leur laissait aucun espace d’action. Quant aux programmes, on voit qu’ils sont d’abord et avant tout des affichages, la réalité révélant une suite infinie de petites mesures ou de demi-mesures. 

Il était strictement indispensable de revenir sur l’ISF et de remettre une taxation forfaitaire sur l’épargne. Au lieu de défendre ces mesures simplement  en expliquant que les gouvernements socialistes avaient été trop loin et que les effets pervers étaient accablants et irresponsables, E. Macron a tenté de justifié une demi mesure de libération fiscale sur l’épargne en accablant l’immobilier. C’était du n’importe quoi démagogique. Il a tenté d’expliquer qu’il donnait du pouvoir d’achats aux pauvres, avec les mesures d’achat de votes démagogiques sur les cotisations sociales des salariés et la suppression de la taxe d’habitation sur une partie des assujettis. Cette farce se retourne contre lui au point qu’il vient dans son dernier discours d’avouer qu’il n’était pas en son pouvoir d’enrichir et de rendre heureux chaque Français !

Ce que montre le livre de notre auteur, c’est que dans le fatras de mesures qui ont été prises, rien de permet d’atteindre les objectifs affichés. Non, il n’y a pas de baisse des prélèvements ; non il n’y a pas de baisse de l’endettement ; non les réformettes prises n’ont pas les effets prévus car presque toutes laissent la place à des préoccupations corporatistes qu’on considère normal de prendre en compte. Le nombre des fonctionnaires ne baissent pas. Les syndicats bloqueurs bloquent toujours à peu près tout. On voit avec l’affaire qui secoue la tête de FO que les mauvaises habitudes ont la vie dure : népotisme, détournement de l’argent public, méthodes infectes.

Les économies sont fictives. Le prélèvement à la source est un voyage en Absurdie administrative. La réforme du CESE est une farce (l’auteur dit un trompe-l’œil). Les abus dans les collectivités locales sont toujours majeurs. AVM a beau jeu de montrer que dans la ville natale du Président, Amiens l’absentéisme est toujours stratosphérique : 49 jours ouvrés, s’ajoutant à un temps de travail quotidien faible et une durée annuelle très basse. Quand, de façon régulière, une partie des salariés publics ne travaillent que 6 mois payés 12, avec une rémunération moyenne supérieure à celle du privé, nous ne sommes plus en république.  L’accès aux données est toujours aussi bloqué. On ne doit pas savoir. Quant on voit que le président du syndicat FO, principal syndicat de la fonction publique, se met en congé maladie parce qu’on a découvert quelques unes de ses turpitudes, on comprend tout.

La grande affaire qui s’annonce est la réforme des retraites. Tout le monde sait que le système de retraite des fonctionnaires est totalement abusif. Le livre donne les chiffres et ils sont à frémir d’indignation : les fonctionnaires ont un avantage de 21% en montant  par rapport au privé, avec une retraite moyenne de près de 28.000 euros contre 22.000 pour le privé. Et la manière dont la réforme est conduite aboutira nécessairement sur un nouveau « trompe l’œil ».

Les « rentiers de la République laissent les citoyens dans l’illusion du redressement économique. Avec le risque majeur de dérouler le tapis rouge aux populistes autres bonimenteurs ». « Nous vivons en plein choc de complexité avec ce qui va de pair, l’opacité reine ». « Le risque est de dégoûter nos concitoyens de la démocratie ».

C’est là qu’on rejoint la malgouvernance parisienne, parodie de démocratie, les livres de Zemmour et d’Obertone et plus encore celui de Yascha Mounk « le peuple contre la démocratie (L’observatoire),». « Pour sauver la démocratie, nous avons besoin d’unir les citoyens autour d’une vision commune de leur nation, de restaurer leur espoir en l’avenir économique  et des rendre plus résistants aux mensonges et à la haine qu’ils rencontrent tous les jours sur les réseaux sociaux ». Nous-mêmes, depuis 1977, ne cessons de répéter dans l’indifférence générale : « attention à la colère des peuples ».  La malgouvernance générale et les dysfonctionnements économiques jamais réparés ont un coût qui n’est pas seulement économique.

Maintenant les avertissements viennent de partout. Il est bien tard.

 

Laurent Obertone, et la fin programmée de la France blanche

Laurent Obertone s’est fait connaître par un livre choc et méritoire : La France orange mécanique. Il démontrait de façon convaincante que la sécurité des Français n’était plus assurée et que le développement de la délinquance et de la « sauvagerie » avait atteint de tels niveaux que le phénomène devenait incontrôlable. C’était l’époque où les gouvernements et la presse étaient obsédés d’occulter, de nier, de minimiser les faits et d’en exonérer les auteurs, en enveloppant le tout d’une explication psychologisante : le-la « bourge de base » avait un sentiment d’insécurité mais tout montrait qu’il s’agissait là d’un sentiment. Sentiment malvenu car sans aucune réalité et probablement nourri par la xénophobie et le racisme ordinaire du « beauf » français à tendances pétainistes et pro nazis etc. La ritournelle est connue. L’ennui, c’est que la méthode de l’auteur était imparable : collecter toutes les informations sur la situation réelle et les mettre bout à bout pour dresser un tableau sans fard de la réalité. Ce que le lecteur des feuilles province savait de sa situation locale, l’auteur l’a généralisé à la région et au pays tout entier. Avec trois constats fracassants :

-          La violence était de plus en plus évidente et atteignait des sommets, notamment contre les femmes blanches, avec plus de 100 000 viols par an

-          Lex crimes et délits étaient à plus de 75 % le fait de l’immigration africaine et maghrébine.

-          Les juges ne condamnaient pas. Il est vrai que c’était l’époque du « mur des cons » (que l'on va d’ailleurs juger bientôt), et du « justicialisme » qui décrétait que l’immigré devait toujours avoir la prime sur l'autochtone.

Ce livre a dérangé à la fois les dirigeants de la presse écrite, radiophonique et télévisée, habitués à l’idée que leur rôle était de favoriser le « vivre ensemble » en minimisant tout ce qui pourrait « stigmatiser » et mettre le feu aux poudres, la haute administration désireuse de pas avoir ce bébé sur les bras, d’autant que cet enfant illégitime de la République leur aurait coûté leur réputation, et les dirigeants politiques conscients d’être à peu près impuissants face au « gouvernement des juges », dont les sources sont le Conseil d‘État, le Conseil constitutionnel et, la Cour de Justice Européenne et la CEDH. Le terrain étant occupé par le Front national, le risque était également politique.

L’acceptation de l’impuissance devait être effacée par quelques éructations contre les fâcheux qui la mettaient en évidence. Les cultureux gauchistes subventionnés (nous nous excusons du double pléonasme) de leur côté renforcèrent leur pression en faveur du bon immigré contre le vilain blanc machiste et dégénéré. Le bourgeois à dénoncer des années soixante-dix a laissé la place au mâle blanc dénaturé qui se devait d’être régénéré par des apports immigrés, auprès desquels il fallait prendre une posture d’excuse et d’accueil.

Exit Obertone et Orange Mécanique dans les poubelles de l’actualité maquillée des médias. Il a donc repris le flambeau avec deux livres plutôt mauvais sur l’aspect orwellien de la réaction des dirigeants politiques et médiatiques, puis sur les risques de guérilla urbaine. N’est pas Houellebecq qui veut !

Le revoici avec un livre qui renoue avec la méthode de son premier livre : une compilation journalistique bien faite des faits et des analyses relatifs à l’immigration de pauvreté de masse. Le but est de répondre à des questions majeures du temps, non pas sur la base des intentions ou des désirs, mais des faits. Est-ce que le grand remplacement a lieu ? À quelle vitesse ? Quand sera-t-il effectif ? Est-il bénéfique ? Les mesures prises pour contenir les conséquences sont-elles efficaces ? Il est de fait que ces questions ne sont traitées ni par les instances gouvernementales, ni par les universités, ni par les journaux. Plus curieusement, il est interdit de les traiter et les mesures sont prises tous les jours pour empêcher toute étude sérieuse permettant de connaître la réalité.

L’idée que la population européenne blanche puisse être éliminée par la population africaine noire et maghrébine est ravalée à une hypothèse purement raciste qui déshonore qui ose aborder la question. « Si c’est la réalité, ainsi soit-il, pauvre xénophobe et sale raciste ! » Du coup l’écart entre ce que montrent les médias et la réalité n’a pas cessé de se transformer en immense fossé. Le gouffre est tellement énorme qu’il devient comique ou tragique, comme on voudra.

La France interdite essaie, comme la France orange mécanique, de faire ressortir des faits largement occultés, enfouis, et disséminés dans des centaines d’études jamais citées ni jamais synthétisées dans la presse. Le travail est remarquable par l’ampleur des recherches dépouillées et par le caractère sourcé de tous les faits mis en évidence.

La question cruciale est évidemment démographique. L’étude des composantes de la population étant interdite, la recherche a pris des détours astucieux pour parvenir à répondre à cette simple question : quelle est la part de la population d’origine indo-européenne dans la population installée en France, son évolution et la prévision qu’on peut en faire dans les quelques années et décennies à venir.

Voici les chiffres qui devraient faire consensus : la population non indo-européenne représente aujourd’hui autour de 20 % de la population française métropolitaine. Inégalement répartie sur le territoire français, elle représente dans de nombreuses parties du territoire plus de 75 %, avec une éviction croissante des populations blanches. De façon dynamique on passe de 2 millions de personnes non indo-européennes en 1970 à 12 millions en 2020. Cette multiplication par six est camouflée sous le vocable mensonger imposé par les médias et les politiques de « stabilité de l’immigration ». L’auteur compare ces chiffres avec deux des Français de souche installés dans les anciennes colonies qui n’ont jamais dépassé 1.5 millions de personnes et jamais plus de 10 % de la population totale. On parle de « colonie de peuplement » pour l'Algérie, avec 10 % de non autochtones. Pour l’auteur les Français autochtones sont donc victimes d’une hypercolonisation de peuplement. D’après l’INED et l'INSEE, de 1999 à 2015 la population française de souche a augmenté de 4.6 %, les Turcs de 40 %, les Maghrébins de 46 % et les Africains subsahariens de 138 %.

La grande question est la suite des évènements : va-t-on vers une augmentation de la proportion d’émigrés africains et maghrébins et jusqu’où ? La réponse est naturellement dans le différentiel de fécondité entre population indo-européenne et africaine, et dans l’évolution des nouveaux flux d’immigration. Grâce aux enquêtes épidémiologiques traçant la drépanocytose, une caractéristique non présente dans les populations indo-européennes, au moment des naissances, on sait que la part des naissances dépistées comme porteuse de cette caractéristique raciale est passée de 25 % en 2006 à près de 40 % en 2016. En Ile de France elle est désormais autour de 75 %.

La triste vérité est que le taux de fécondité des femmes françaises blanches baisse comme partout ailleurs et se situe entre 1.2 et 1.4, comme en Italie, en Pologne ou au Japon. Le nombre de femmes blanches en âge de procréer baisse continûment et en secret. Nous avons alerté sans cesse sur ce mouvement mortifère. Le cumul des deux évolutions impose une baisse des naissances qui est très marquée. Près de 100 000 bébés blancs manquent à l’appel en dix ans à peine.

Les projections font peine à lire. On est sûr désormais que la France dans 20 ans aura perdu 3.72 millions de natifs. 100 000 natifs sont remplacés chaque année  par 150 000 divers dès maintenant. « À ce rythme-là les natifs européens seront minoritaires en 2 060 ». C’est-à-dire en une génération. On assiste à la disparition du peuple Français qui sera consommé avant la fin du siècle. La France sera devenue un territoire africain et maghrébin.

C’est devenu la situation générale en Europe qui elle aussi est frappée de disparition programmée, dans sa composition ethnique historique.

Ces faits, car il s’agit de faits et non d’élucubrations xénophobes et racistes, posent la question du « destin national » comme l’écrit Zemmour. On peut ou non considérer que la question est grave sur une base individuelle. Mais il est difficile de ne pas poser la question à l’ensemble de la nation au même où il est encore possible de renverser la tendance.

Obertone ouvre le débat sur des bases larges : cette émigration est-elle inéluctable ? Il montre que non. Est-elle bénéfique ? La réponse est encore non sur presque tous les critères. Peut-on la rendre bénéfique par des versements sociaux de plus en plus colossaux. Eh bien non ! Au contraire les déversements d’argent permettent à une part massive de la population qui s’installe de vivre sans travailler en quémandeur agressif et leur évite d’avoir à s’intégrer et accepter les règles de la société qui les accueillent qu’ils détruisent allégrement.

Du coup voilà l’auteur obligé de dénoncer le « socialisme », cette idée qui veut qu’une partie de la population doive vivre avec l’argent des autres, au moins le temps où les autres n’ont pas disparu. « En offrant de profiter de la nation sans s’y fondre, le socialisme renforce la communauté et la communauté devient un droit dans le droit ». « L’état providence est le meilleur moyen d'accélérer la réclusion sociale, la destruction d’une société hétérogène, et l’effondrement du capital social, en figeant quantité d’individus dans leur attente parasite ». « L’asociabilité n’est plus honteuse mais elle est attractive et branchée ». « C’est bien le socialisme inconditionnel qui crée le ghetto ». On déverse des sommes de plus en plus gigantesques sur des quartiers qui ne changent pas. Au contraire les zones à problèmes se multiplient à l’infini. « Pas question de changer une politique qui perd : l’avenir sera fait d’investissements, de rénovation, de social. Donc de communautarisme, d’allocataires et d’émeutes ». « Être social avec des asociaux, c’est être antisocial » démontre avec moult exemples l’auteur du livre. « La loi perd en importance, l’état en respectabilité, ses serviteurs en estime, la république en dignité. La non réciprocité devient une tentation générale ».

La corrélation entre le grand remplacement et la lourdeur constamment aggravée des impôts paraît évidente à Obertone. Le contrat fiscal se détruit à proportion de la destruction du contrat national.

Mais c’est évidemment la vie quotidienne traditionnelle qui est totalement détruite. « « Le vivre ensemble » avec une hétérogénéité massive détruit peu à peu l’attractivité d’immeubles, de rues, de quartiers, puis de villes entières, de département et enfin de pays ».

Les conséquences politiques de la montée de l’africanisation de la France sont aussi examinées par le livre. La régularisation massive et rapide des entrées clandestines (le plus souvent on entre avec un visa court et on reste et on attend la régularisation) et la naturalisation expéditive des nouveaux arrivés permettent d’enrichir le capital électoral de certains partis. « Cela renforce le lien entre le socialisme, l’assistanat et l’immigration. L’immigration et l'assistanat votent socialiste, le socialiste vote l’assistanat et l’immigration. Le tout devient irréversible ». « Le monstre s’auto alimente ».

Le livre reprend la question de la sécurité. « Fin 2017 il a fallu 170 000 policiers et gendarmes pour « sécuriser » le réveillon. Ils étaient 100 000 en 2016, 55 000 en 2014, 35 000 en 2009 et 28 000 en 2007. Aucun doute nous allons vers l’apaisement ».

On repasse aussi en revue toutes les analyses de la France Big Brother pour tenter de comprendre pourquoi les faits sont niés et cachés, les leçons des politiques inefficaces jamais tirées, la culpabilisation de l'autochtone toujours aussi abusive, les crimes des immigrés toujours excusables.

« Tous les indicateurs montrent que l’immigration de masse n’est pas une chance pour l’Occident » démontre l’auteur dans plusieurs chapitres successifs très documentés.

Il s’attaque alors à un problème beaucoup plus large : la disparition des Blancs sur la planète. La démographie ici encore est dirimante. La logique des taux de natalité est imparable. On parle de la disparition d’un milliard d’humains blancs, au moment où la population mondiale atteindra les 10 milliards ! Obertone cite les mille et une occasions où les principaux intervenants sur les télévisions se sont félicités de cette disparition, le plus souvent en accablant les Blancs de tous les maux du monde. « Vive le métissage » est le leitmotiv des médias. « Les thèses racialistes à la mode n’ont pas besoin de preuve. Le métissage est bon voilà tout ». Et dire le contraire serait une insulte aux nombreux métis qui le vivraient très mal. « Je critique cette idéologie parce qu’elle me semble comme toutes les autres hypocrites, absurde et totalitaire ». Si nous sommes tous égaux, pourquoi le métissage serait-il un mieux ? Le métissage suppose que l'homogénéité est moins bien et que le blanc de souche est un inférieur. Quelle valeur de la République soutient ce gendre d’élucubration ?

Pourquoi diable les « élites » se comportent-elles ainsi ? Ce sont les pages les moins convaincantes. L’auteur une explication psychologisante qui vaut ce qu’elle vaut. Il souligne aussi le bénéfice social et économique qu’il y a à seriner la bonne cause du vivre ensemble. La contre diabolisation n’est pas plus convaincante que la diabolisation pratiquée par les adeptes de la fin heureuse de la France blanche. Dire : arrêter l’immigration de masse africano-maghrébine est possible et si on ne le fait pas, c’est parce qu’on est un malfaisant qui se croit une âme supérieure ne fait rien avancer du tout. « La plupart de nos journalistes et universitaires se comportent comme ces éponges de mer qui, une fois fixées sur leur rocher, mangent leur propre cerveau, devenu inutile ».

La réalité est plus simple : pour arrêter le flot massif d’immigrés « indésirables », il faut déjà en définir les critères. Celui de la race et de la couleur de peau est problématique, en soi, il s’agit d’un racisme, bien intentionné peut-être mais un racisme tout de même. Il s’agit de la survie de ce que nous sommes. Si la survie est en jeu pourquoi ne pas transcender l’interdit du racisme ? Tel est la thèse sous-jacente de l’auteur. « Sinon c’est la guerre civile » dit Zemmour. Actuellement les traités et la Constitution empêchent de mener de telles politiques. Il faut donc sortir des traités européens et changer la constitution dans un sens clairement xénophobe et raciste. Affirmer que c’est une attitude facile à endosser n’est rien moins qu’exagéré.

L’auteur a beau jeu de montrer que les racistes anti-blancs n’hésitent pas dans leurs propos extrêmement violents et que cette violence verbale est partout dans les médias, sous applaudissements. Mais comment devenir raciste pour contrer les méfaits de l’antiracisme outrancier et raciste ?

On cherche à contourner le dilemme moral en soulignant que les thèses immigrationnistes font monter les populismes. Le danger populiste devient une arme contre le danger de submersion !

« Rien n’est impossible sauf si nous décidons que cela l’est. Et quand la survie de la nation est en jeu, la Constitution suivra », écrit l’auteur. Mais il se garde bien d’énumérer les mesures à prendre.

Si on le fait, la situation commence à se durcir pas mal :

-          Interdiction de régulariser des personnes entrées clandestinement ou restée en France au terme de leur visa et expulsion immédiate avec interdiction de visa à vie.

-          Suppression de toutes assistances médicales sauf urgences avec remboursement par le pays d’origine.

 

-          Exclusion de la solidarité nationale des étrangers non indo-européens

-          Non-naturalisation des personnes non indo-européennes

-          Expulsion des délinquants avec regroupement familial inversé (toute la famille d’un terroriste seraient par exemple expulsée)

-          Expulsion pour comportement contraire aux traditions nationales et injurieux vis-à-vis de la France et des Français

-          Expulsion des logements sociaux avec obligation de se loger dans le secteur des loyers libres.

-          Interdiction d’envoyer des capitaux vers le pays d’origine.

-          Nationalité obtenue par la loi du sang…

-          Aggravation des peines lorsque commises par un étranger

-          Expulsion des enfants et des adolescents

-          Interdiction du vagabondage et de la mendicité

-          Sanctions collectives en cas de révolte urbaine.

-          Camps de travail sévères pour les étrangers qui ont détruit leurs papiers

-          Exclusion du champ médiatique et universitaire des défenseurs de l’immigration africaine de masse.

-          Frexit

-          Abandon de la CEDH

-           

En gros, un étranger africain qui moufte et ne travaille pas est expulsable ; s’il est délinquant il peut perdre la nationalité qu’on a pu lui accorder antérieurement. On sort la sanction des mains de la justice pour la rendre à l’administration.

Toutes ou partie de ces mesures sont mises en œuvre dans des pays que nous respectons, comme Israël par exemple .

Certains imaginent plus.

L’auteur se garde bien d’entrer dans cette discussion. Il préfère morigéner les Français blancs eux-mêmes qui ne font plus d’enfants, rêvent de quitter la France, ou se résignent sans réagir. Et il ne cherche pas à comprendre ce que seraient les conséquences de toute nature de mesures efficaces. « Il n’est pas question de remplacer un délire progressiste par un autre délire ». On voudrait avoir plus d’explications.

Il est peut-être utile ici de faire intervenir deux expériences personnelles.

Parti à l’étranger cet été, le chauffeur de taxi était noir (un sympathique haïtien). L’hôtesse Transavia pour l’enregistrement des bagages était noire. Le contrôle de sécurité était opéré par une triplette noire (deux femmes et un homme). La caissière du marchand de journaux était noire. La serveuse du café était noire. L’hôtesse dans l’avion était noire. Au retour : idem. Ajoutons que les caissières du G20 pour acheter un en-cas étaient également noires. 100 % noires !

Aller en métro à la Courneuve où se trouvent les archives du ministère des Affaires Étrangères est une aventure du même type. À partir de la station Chatelet l’intégralité des passagers n’est pas indo- européenne. Mais oui, encore 100 %

Sur la passerelle qui rejoint l’école de la rue Vercingétorix à la gare Montparnasse, le 5 octobre 2018, un enfant blanc supplie un gamin noir de jouer avec lui. Réponse du petit négrillon : « de toute façon je ne joue pas avec les Français ». Ladite école, à quasiment à 100 %, reçoit des élèves de couleur. Du coup plus un blanc ne veut y mettre ses enfants, quand ils en ont. La ségrégation n’est pas univoque.

Le grand remplacement ne concerne pas seulement la banlieue parisienne. Grâce aux efforts de la municipalité de paris, dirigée par des immigrés indo-européens, pour le coup, des quartiers entiers du Paris intra muros virent leur cuti.

Il serait donc malhonnête d’affirmer que le livre affirme des choses fausses ou que nombre de ses observations ne soient pas pertinentes. Ce qu’il décrit est bien ce qui se passe et son livre est même largement en dessous de la réalité, car les évolutions vont désormais très vite. Un recrutement d’hôtesse d’accueil : pas une réponse indo-européenne ! Un recrutement de codeurs ? Pas une candidature « blanche ». Une demande en intérim de personnel de sécurité : pas une candidature blanche. Idem pour les caisses en magasin. Nous parlons de Paris intra muros.

L’auto destruction démographique de la population autochtone est un fait très avancé . Elle n’est pas due à l’immigration ! La consomption française est largement endogène. Elle est la même que celle du Japon, de la Pologne, ou même de l’Allemagne.

L’ennui de notre époque est que nous sommes confrontés à des difficultés que nous pensons inéluctables et sans solutions :

-          Le drame écologique potentiel qui porte sur la survie même de la terre

-          Le drame démographique dans de nombreux pays qui entraînent soit un dépérissement grave soit une submersion par des allogènes

-          Le drame économique qui voit l’organisation économique du monde fondée sur des modalités qui brisent la croissance et la prospérité.

Sortir par le haut de ces drames est possible mais demande de telles remises en cause que nous ne nous en croyons plus capables. Nous cédons facilement à l'inéluctable.

Il est intéressant de noter que sur ces trois sujets, les dirigeants français actuels n’ont aucune politique significative. Ils se contentent de subir. Il est vrai que si la prise de conscience des difficultés inhérentes au réchauffement de la planète, l’épuisement des ressources et l’envahissement par les déchets nocifs est faite, les solutions pertinentes sont loin d’être évidentes (les énergies renouvelables et la réduction des transports ne peuvent pas  être la solution), et que le grand remplacement commence à faire des dégâts électoraux, les deux drames que sont le dysfonctionnement du système monétaire international et celui de l'organisation économique européenne ne sont même pas perçus.

Ce sont des dimensions fortes de la mal gouvernance occidentale.

Éric Zemmour, le destin français et l’économie

On connaît Éric Zemmour. Son mérite, immense, est d'avoir accepté de se faire injurier, excommunier, ostraciser pour introduire un peu de réalité dans le discours bien-pensant médiatique. Il a pris sur lui moralement, financièrement, juridiquement, de dénoncer une dérive de la société française qu’il considère, avec quelques arguments, contraire à la grandeur et au destin de la France. Ce courage a été récompensé puisque, dans le fond et le tréfonds du pays, son propos a trouvé de l’écho. L’énorme succès du livre « Suicide Français » a été la récompense de son acharnement et de son talent, car il n’y a aucun doute qu’Éric Zemmour représente une forme haute du talent journalistique.

Que Zemmour soit réactionnaire, aucun doute non plus. Il est en réaction contre la féminisation de la société. Il est en réaction contre l’islamisation de la société et plus généralement contre le grand remplacement de la nation blanche par l’immigration africaine ; il est en réaction contre le masochisme de la société française qui ne cesse d’accepter de faire pénitence ; il est en réaction contre les « pédagogues » qui ont détruit l’école de la République Française ; il est en réaction contre le consumérisme de la société ; il est en réaction contre le politiquement correct américain ; il est en colère contre les conséquences économiques pour la classe moyenne de l’ouverture de nos frontières à une concurrence dommageable ; il est en réaction contre le gouvernement des juges ; il est en réaction contre la dissolution de la souveraineté française du fait de la construction européenne. Pour synthétiser le tout, il est contre les trois libertés de circulation des hommes, des marchandises et des capitaux qui forment le credo moral du moment et le pilier juridique des institutions, françaises, européennes et onusiennes.

Il est naturellement en colère contre tous ceux qui promeuvent ce contre quoi il est en réaction. Il le leur dit, en face et sans douceur. La classe journalistique s’étant trouvée heureuse de jouer les curés chargés de prévenir les mauvais instincts des lecteurs et des auditeurs, et d’occulter tout ce qui pourrait leur donner de mauvaises pensées, cette rébellion a été jugée dans le milieu comme une diablerie. Il était bon pour l’audience qu’on lui laisse une petite place mais juste suffisante pour alimenter et justifier un boniment politiquement correct sourd et aveugle aux réalités françaises. La presse écrite, radiophonique et télévisée s’est mise à considérer le lecteur auditeur comme un Dupont-la-joie incorrigible, dont il était important qu’il paie pour les faire vivre, mais qui devait être morigéné et corrigé de sa « beaufitude ».

Ils ont repris une partie du discours et la totalité de la méthode des contempteurs socialistes du capitalisme mais qui eux, avaient leurs saintes écritures dans l'œuvre de Marx, Lénine et Engels et des saints, certes aux mains rouges du sang de dizaines de millions de victimes innocentes, mais dont on se devait d'admirer le rôle méritoire dans l’accélération d’une évolution scientifique du sens de l’histoire. Naturellement nos journalistes curetons, n’ont, eux, aucune bible à disposition sinon le devoir « de ne pas faire le jeu du Front national », un peu comme les précédents ne voulaient pas « désespérer Billancourt ».

L’Église considérait qu’il fallait donner une longue formation à des jeunes sélectionnés et formés dans des séminaires avant de leur donner le droit de prêcher. Et, en contrepartie, elle leur demandait un sacrifice, pour prix de leur crédibilité. Savoir et souffrance comme sources de la transmission de la foi ! Elle a abandonné le prêche, laissant vide la Chaire. La chair s'est vengée. L’église meurt, déconsidérée. Elle laisse les Chrétiens en mal d’un message qui parle du bien, et beaucoup gobent le prêchi-prêcha médiatique dominant même s’il s’est affadi en un simple politiquement correct qui admet l'incorrection des mœurs et qui les rejette dans un ghetto obscurantiste et dévoyé.

Les « cultureux » de gauche (désolé pour le pléonasme) ont fait, pour aider Zemmour, leur part de travail, d’abord en transfigurant le « bourgeois » en salaud incorrigible dont il fallait dénoncer en permanence la noirceur. Puis ils ont pris le tournant qui fâche notre auteur : c’est à la destruction du mâle blanc qu’ils se sont attelé, tueur de femmes, violeur d’enfants, colonisateur, belliqueux, nationaliste, pétainiste et émule d’Hitler même quand il dit le contraire, voire quand il l’a combattu. Comme disait le premier numéro de Hara-Kiri, avec une quatrième page évocatrice, « nous sommes heureux de vous offrir cette page de vomi ». Mais le vomi n’est pas une référence très porteuse.

Contre cet affaissement, Eric Zemmour a voulu montrer que lui avait une bible. Destin Français, son dernier livré rassemble ses Saintes Écritures. Les Français doivent savoir que ce qu’ils entendent de lui n’est que la partie émergée de l’iceberg. La partie immergée est bien plus profonde et bien plus dense. Alors il a sorti sa lampe de poche et il nous fait parcourir le labyrinthe sacré, celui qui doit conduire la France à cette prise de conscience : la France a un destin. On ne peut galvauder l’héritage dont nous sommes les insouciants bénéficiaires. Une somme pour nous sommer d’être français au lieu de disparaître.

Disons-le : la promenade est passionnante et apprendra beaucoup à bien des lecteurs. L’auteur ne se préoccupe pas d’être gentil. Ce qui nous vaut des portraits sans grâce et même plus que chargés de tous ceux qu’il considère comme les fossoyeurs du Destin français. On lira avec délectation celui de Germaine de Staël. Zemmour a la détestation féroce. Il a le panégyrique moins facile. On trouvera logiquement plus de déboulonnages que d’élévations sur piédestal. Certains portraits à charge sont ridicules, comme celui d’Eiffel. D’autres très bien vus comme ceux conjoints de Sartre et de Simone de Beauvoir. Certaines réflexions sont mieux qu’excellentes, comme son retour sur le message de Bossuet ou l’analyse de l’échec de Maupeou.

Le risque de ces fresques est évidemment la simplification. On ne glisse pas à travers les siècles sans dérapages et imprécisions avec des raccourcis certes saisissants mais tellement marqués de généralisation et de sélection qu’ils deviennent sinon des anathèmes du moins des affirmations pour le moins sans nuance. Par exemple :

« Les nouvelles élites (celles qui se succèdent après l’élimination du général de Gaulle – N.D.L.R.) seront aux antipodes de ceux qui l’avaient suivi : des enfants de la paix et non de la guerre ; des enfants du monde et non de la patrie ; des enfants du plaisir et non du devoir ; des enfants de la géographie et non de l’histoire. Plus férus d’économie que de stratégie ». « Si l’ingratitude est le propre des grands, cette génération est immense. Pour affirmer son autorité sur le pays, elle se prête à tous les reniements. Pour mieux remplacer son adversaire, l’élite gaulliste issue des combats de la résistance, elle la traitera de « fasciste » et de « pétainiste ». Produit du plus grand effort éducatif réalisé par la nation, elle s’empresse une fois aux commandes de désagréger le système éducatif ». « Elle va fermer la porte des hautes sphères aux classes populaires ». « Ces élites profitent de leur puissance de feu financière, culturelle et médiatique, de leurs réseaux et de leur influence, pour pousser en avant leur propre descendance ». « Le système économique mondialisé accentue cette reproduction sociale » [et] « fabrique une société d’héritiers. Une société que la révolution avait abolie ».

Ce genre d’analyse est trop globalisante. Il faut dire qui, pourquoi et comment. Les retournements ne se sont pas faits tout seuls. Giscard a été une catastrophe, surtout par peur de l’arrivée des socialistes, mais pas seulement. Mitterrand, qui a été l’accélérateur de tout ce que regrette Zemmour est un jeune pervers avant-guerre, un prisonnier de guerre intrigant bientôt pétainiste à Francisque pendant, un pur intrigant pendant la quatrième et un pourrisseur une fois au pouvoir. Étendre à toute la classe dirigeante une condamnation qui concerne essentiellement une partie de la gauche et quelques zozos nourris à la même source idéologique, en la mélangeant avec tous les lieux communs sur l’économie des socialistes d’extrême gauche, qui crient inlassablement à l’inégalité, ne fait pas un discours cohérent mais une sorte d’imprécation.

Le risque de la méthode de Eric Zemmour est bien là. L’imprécation le guette. Et l’envie de faire feu de tout bois, quand cela paraît servir sa cause. De ce côté-là, Eric Zemmour ressemble un peu à Marine le Pen : il ne domine pas ses dossiers économiques et il ne faut trop creuser.

Le chapitre sur Méline, réhabilité comme héros de la croissance saine et nationale, frontière fermée, est drôle par la candeur de l’auteur qui visiblement se raccroche aux branches comme il peut pour analyser les succès de son héros. Là où il faut des connaissances, de la nuance et une vraie force d’analyse pour ne pas dire trop de bêtises, l’auteur se contente de citer des auteurs qui selon lui, pensent comme lui, sans jamais faire intervenir, sur la même période, ceux qui sont résolument à l’opposé. On accumule des bribes de discours à charge contre le libre-échange, on compacte le tout et cela devient une clef universelle d’interprétation. À chaque paragraphe, le lecteur se dit : « attention tu n’as pas compris », ou « tu oublies ça, » ou « trop rapide » ou « tu simplifies à l’excès ». Zemmour, en économie, cherche des armes là où il peut en trouver et se saisit de tout ce qui passe à portée de ses lectures. En matière d’économie, Eric Zemmour a un esprit de système sans le système. C’est une horloge qui veut donner l’heure mais sans mécanisme d'horlogerie. Quand le petit oiseau sort et siffle, l’heure est rarement exacte car, quand elle parle, l’horloge donne toujours la même heure. Il est dans le vrai une fois sur douze ! On dira que, par rapport aux économistes officiels, c’est déjà beaucoup…

Zemmour cite ce que dit Lyautey de Clemenceau : « il nous mène au jour le jour en frappant du poing, faisant des mots et injuriant ses adversaires pour tout argument ». Eric nous mène un peu de la même façon, à la ligne la ligne, en tapant du stylo, en faisant des mots et en vilipendant ses adversaires. L’avantage est qu’on sort des révérences confites et des images saintes. Un peu de vent frais époussette les lieux communs et décape les fausses gloires. L’inconvénient est qu’on n’est plus souvent intéressé ou amusé que fondamentalement convaincu.

On comprend mieux la société actuelle et les enjeux culturels et politiques qui la traversent. Ce qui est beaucoup. On ne voit pas trop les solutions. Toute la faiblesse de Eric Zemmour est dans la réponse à la question : et alors ? Oui la France de 66 millions d’habitants dans un monde de 7 milliards d’humains n’est plus dans la position de force démographique de la France napoléonienne ? On fait quoi ? Non, nous ne pourrons plus construire un empire français mammouth et empêcher l’Allemagne prussienne de coloniser nos marches. Que proposez-vous ?

Les cris de désespoir sont certes salutaires mais ils n’éclairent pas nécessairement le chemin du salut.

Hidalgo : la prise en grippe (espagnole)

La démission de Bruno Julliard, promu au PS pour sa conduite de grèves de scolaires, l’animation des CAL et la direction du syndicalisme étudiant politisé, caution « jeunes » du minuscule appareil Hidalgo et symbole de l’homosexuel marié, est moins symptomatique par elle-même que pour la manière dont elle a été accueillie par la Maire de Paris et ses sbires. On connait la manie de l’excommunication et du pilori qui défigure la gauche depuis sa fusion avec les extrêmes gauches communistes et trotskistes. Le pauvre Bruno Julliard est donc devenu, selon les extraits donnés par la presse :

-          Un « sale petit ambitieux qui comme les rats quitte le navire pour rejoindre Macron »

-          Un « traître de comédie » qui se désolidarise par opportunisme d’une politique qu’il n’a pas cessé de cautionner.

-          Un « lâche », dont « la démission ne témoigne pas d’un grand courage dans l’adversité ».

-          Une forme de « néant » (« même pas un Hulot », c’est dire ;  Ce qui rappelle Mme Chirikou dénonçant l’extrême brutalité de ses opposants d’extrême gauche ; N’avaient-ils  pas été jusqu’à la comparer à une « Rachida Dati de gauche » ?

-          Un « agresseur caractérisé et isolé » animé par la volonté de nuire et la haine 

-          Un « fou » qui a des « problèmes psychologiques ».

-          Un « paumé ».

-          Un « inconnu ».

-          Un « bourgeois » qui retrouve son milieu et ses inclinations pétainistes. 

-          Un traître à la « classe ouvrière » poignardant dans le dos les progressistes.

-          Un « type violent et sournois ».

-          Un ambitieux frustré « qui n’a pas eu sa Rolex à quarante ans et qui considère qu’il a raté sa vie ».

-          « Un type qui refuse mon autorité et qui doit faire face à sa conscience.  Un déloyal qui craque avant la bagarre ». (Mme Hidalgo)

-          …

Ces insultes, toutes extraites de différents journaux, ne sont pas le fait exclusif des « porte-flingues » de l’équipe municipale, mais aussi de Mme Hidalgo elle-même, pour qui les propos injurieux et les pleurnicheries victimaires, sont une habitude. Le plus souvent réservées à une opposition inexistante (Mme Hidalgo aime le shadow-boxing), ces injures violentes déclassent cette municipalité en secte et l’abaissent autant que les échecs à répétitions des initiatives mises en œuvre de façon non concertée et violente.

Mme Hidalgo, française récente, avait choisi un noyau dur lui-même composé d’étrangers devenus récemment français et sans passé national ni même parisien : l’homme de communication Jean Louis Missika et l’homme sans communication, un certain Nadjovski, connu pour avoir « un petit vélo dans la tête ». Pour le reste elle s’était calée avec des nominations politiciennes : Un fils d’ancien dirigeant de la LCR, communiste de banlieue monté à Paris et homosexuel marié (une véritable icône de la bien-pensance) ; plus quelques comparses censés représenter qui, l’aile gauche du parti socialiste, qui, les associations homosexuelles ; qui les artistes engagés ; qui les copains ; qui l’animation de la clientèle du PS.

Les Parisiens n’ont pas vu que les mairies locales étaient, elles, laissées à des hommes et des femmes d’extrême gauche. Ils ont voté pour une femme et des bobos et ils ont récolté ce qui se fait de pire en partisans( anes) exaltés-es vindicatifs-ives.

Comme toutes les sectes, celle montée par Hidalgo est fondée :

-          Sur l’excès de pouvoir permanent du chef, enfermé et solitaire, qui considère que « ses » troupes doivent marcher au pas de l’oie espagnole.

-          Sur le secret.

-          Sur le n’importe quoi.

-          Sur les changements de cap à 180°.

-          Sur la communication la plus dévoyée. On déforme le vocabulaire pour masquer les objectifs réels ou les résultats désastreux des mesures prises.

-          Sur l’absence totale de dialogue avec les représentants de la population concernée avec une imagination dans la fausse concertation digne d’un meilleur objet. Faire dire ce que les « gens » veulent à de faux enquêteurs qui ne tiennent compte que des « éléments de langage » préétablis qu’il s’agit de faire passer pour la volonté des Parisiens, demande un peu de savoir faire. « On fait de la politique et on n’a pas besoin d’être idiot ». On pourrait aussi être honnête, disons intellectuellement, mais c’est un mot qui n’existe pas à la ville de Paris, où le faux semblant et la tromperie arrogante sont de règle.

On le voit par exemple sur les initiatives grotesques censées être symboliques comme ces « Urinalgos », ces pissotières fleuries qui voient des hommes se débraguetter en public et pisser devant les badauds effarés.  Quel pédéraste inspiré a-t-il inventé cette saloperie ? Toujours est-il que France 3 a trouvé le moyen d’interviewer un touriste italien totalement émerveillé par l’audace dégoulinante de cette innovation sordide. Evidemment personne n’a sollicité l’avis des Parisiens ni avant la mise en œuvre de ces urinalgos ni après. « J’ai de l’instinct politique » affirme Mme Hidalgo, un instinct « forgé par ses rencontres avec des intellectuels et des artistes ».  Et des énurésiques.  L’instinct hidalgien l’a conduit à tout oser. On se rappelle la phrase d’Audiard sur « ceux-celles qui osent tout ».  L’urinalgo est l’œuvre suprême de Mme Hidalgo, celle qui restera comme son écusson, son symbole, l’exemple parfait de sa gestion municipale, vulgaire, énervée, déplaisante, capricieuse, perverse, déplacée et finalement ruineuse car ces pissotières d’un nouveau genre finiront nécessairement à la poubelle (ou à Beaubourg).

Le propre des dirigeants inaptes est de se cacher derrière des projets plus grands qu’eux et de promouvoir des « audaces » d’autant plus perverses qu’elles sont conduites par des gens qui se croient tout permis. Naturellement ces projets sont menés dans la précipitation et le secret, afin de créer des faits accomplis irréversibles, avec pléthore d’effets pervers que l’on nie et qu’on laisse s’épanouir. Les protestations sont considérées comme des fautes impardonnables de vilains réactionnaires infects qui s’opposent pour des intérêts particuliers ou parce qu’ils « sont » ce qu’ils sont, des machistes, des amoureux de la bagnole, des bourgeois, des homophobes, des racistes, des xénophobes, des pétainistes d’extrême droite, des pinochétistes et des génocidaires qui ne pensent qu’à Hitler, ... la « reductio ad hitlerum » est un réflexe mécanique, chez Mme Hidalgo.

La réélection est la seule motivation. Elle qui s’est beaucoup enrichie et qui, selon les rumeurs et témoignages, se fait construire un appartement Bd Raspail de 300m2 dont la valeur de marché est de 4.500.000 Euros, sans familles noires de 15 enfants sur le palier, sans centre de shoot à l’étage, sans clochards devant la porte, sans bandes de voyous dealers dans les couloirs. Mme Hidalgo aime les sorties avec les grands et les riches de ce monde. Cela flatte son côté « immigrée qui a réussi ». Bien sûr sa carrière doit tout à son intimité avec quelques énarques bien placés et pas grand-chose à des succès professionnels antérieurs qui auraient prouvé une compétence quelconque. Elle se pousse du col dans les réunions internationales et rêve d’un triomphe encore plus grand : la présidence de la République française, alors que ses administrés préféreraient la voir ambitionner un poste de conseiller municipal à, par exemple, Valladoid , si elle en est capable.

Pour continuer à jouer dans la cour des grands, elle ne compte plus sur l’alcôve mais la démagogie la plus totale. Voici un livre qui répète : la santé c’est moi. Alors qu’aucune de ses mesures n’a eu un effet quelconque sur la santé des Parisiens. Au contraire jamais on n’a compté autant d’accidents à Paris du fait de la généralisation des deux roues et la suppression des feux rouges qu’elle impose.  Mais là silence sur les chiffres. Elle ne voulait pas de jeux olympiques, la voici en tête des fans ; elle ne voulait pas de police municipale, elle parle déjà de les armer ; elle bloque les rues, avenues et boulevards en divisant par deux le nombre des voies de circulation, mais elle impose des centres commerciaux gigantesques et la création d’hôtels qui imposeront une circulation de camions et de cars aggravés. L’incohérence est partout. La raison nulle part. Seulement des petits calculs politiciens. Attitude et inaptitude ; posture et imposture !

La voilà bien seule : Missika, son Maître Jacques, lorgne vers Macron et se concentre sur la promotion de son livre ; Le communiste homosexuel marié, Ian Brossat, se recase au Parlement de Strasbourg après avoir ruiné la ville par ses rachats d’immeubles effroyablement coûteux pour installer des immigrés dans les beaux quartiers. « Il me reste mes maires de quartiers », affirme Hidalgo : souvent des idéologues psycho-rigides et narcissiques qui se sont vu attribuer des places inespérées et qui savent aujourd’hui qu’elles n’ont plus d’avenir électoral, après avoir multiplié les décisions détestables et rendus fous leurs concitoyens.

Que dit Bruno Julliard : la gestion « instinctive », entièrement faite de petits calculs d’Hidalgo et de grands désastres qui ruinent des siècles d’investissement et d’effort, « témoigne d’un déficit d’échange et d’écoute dans la prise de décision. C’est aussi vrai dans le rapport aux Parisiens. Un maire doit rassembler pour avancer. Les crispations générées par nos choix sont inévitables. Face aux mécontentements  j’ai eu l’occasion de regretter  un déficit d’humilité  et de compréhension. J’y vois un manque d’authenticité  dans le rapport à l’altérité démocratique ».

En un mot Mme Hidalgo est une virago qui veut n’en faire qu’à sa tête et qui se moque totalement des conséquences de ces actes, tout en insultant toute personne qui émet une réserve et une critique. 

Résultat plus personne ne moufte et les maires locales deviennent à leur tour des viragos sournoises qui se cachent et ne cherchent même plus à prendre à bras le corps les conséquences sinistres des foucades de leur patronne, conséquences souvent aggravées par leurs propres délires, comme dans le XIVème arrondissement de Paris, devenu une sorte de ZAD (Zone à Détruire) où les habitants sont devenus des PMR (Parisiens à mobilité réduite), majoritairement immigrés, abandonnés aux provocations islamistes, aux clochards, aux bandes de voyous, aux camions  et à une saleté repoussante.  Au nom de l’urbaculture et des petits oiseaux.

Rien n’est plus important que l’alternance à Paris. Près de 21 ans de gestion par la gauche socialiste puis l’extrême gauche, ont changé le visage de Paris et pas en bien.  La saleté est partout. Les chaussées, percées de partout par les nids de poule, sont laissées à l’abandon. Les trottoirs sont noyés sous les mauvaises herbes, la pisse de chien (pas seulement) et les chewing-gums, les Roms en famille, les clochards et les deux roues en stationnement illégal. Les équipements publics sont en panne et jamais réparés. Partout des travaux délirants bloquent la circulation et gâchent la vie de quartier. Les étrangers regrettent d’être venus dans une ville qu’on leur annonçait comme « lumière » et qui est devenue indigne de son passé. Il a fallu mettre une cellule psychologique pour les touristes japonais frappés au cœur par la saleté et l’insécurité. Les transports privés sont devenus très lents ou dangereux. Les transports publics sont des égouts. Les rats sont partout.

Les rats et les urinalgos, quel legs aux Parisiens et à la Capitale de la France !

La mal gouvernance municipale parisienne et la maltraitance des administrés par des malfaisants qui se cachent constamment derrière des causes exaltées, qu’ils ne font jamais progresser du fait d’une mentalité qui les rend inaptes à toute réelle réflexion et à toute modeste concertation, est une des dimensions du « suicide français ».

Mme Hidalgo et ses équipes laisseront une ville abîmée, répugnante, répulsive et une population écœurée qui ne reconnaît plus dans ce qu’elle devient, et dont un nombre croissant de ses membres traditionnels ne songent plus qu’à partir, laissant la place aux embouteillages monstres, aux immigrés et aux touristes. Des équipes municipales pléthoriques et inefficaces abandonnées aux mains des syndicats, un budget délirant et une dette abyssale sont la conséquence logique de cette absence totale de sérieux et de dignité des dirigeants municipaux. L’esprit partisan de manipulateurs qui ont rodés leur ascension dans les mouvements trotskistes, communistes ou socialistes, interdit tout espoir d’amélioration.

On pourrit toujours par la tête. Pas besoin de dicton chinois pour le constater. Paris, capitale de la France, doit être sauvé. Si la Capitale est abaissée plus avant, alors c’est tout le pays qui sombrera avec elle.

Fluctuat et Mergitur.

Sirius



L’effondrement de la gouvernance politique

La démission de Bruno Julliard, après celle de Nicolas Hulot et avant celle de Gérard Collomb, marque l’effondrement accéléré de la gouvernance politique. Alain Duhamel a de nouveau (Zemmour et Naulleau du 3 octobre 2018) constaté que le niveau et la qualité des politiques avaient chuté dans des proportions spectaculaires et que la politique n’attirait plus les meilleurs. Les explications sont controversées, pas le constat.

Il est clair que la politique de quota pour les femmes a provoqué l’apparition de candidates élues plus par la force de la loi et l’opportunisme que par l’attrait de la compétence. Beaucoup d’entre elles ne se comportent pas comme des édiles, des députés ou des ministres ayant choisi un parcours politique long. L’émergence d’une forte minorité homosexuelle pratiquement dans tous les rouages politiques joue dans le même sens. Le genre l’emporte sur la politique. De même, la « diversité » incorporée pour des questions d’image et d’affichage, ne produit pas véritablement des politiques mais trop souvent de l’insuffisance (par exemple Harlem Désir à gauche) et de la suffisance (par exemple Rama Yade à droite).

Il est tout aussi clair que l’impuissance qui frappe désormais les exécutifs locaux, régionaux et nationaux, du fait, globalement de la mondialisation incontrôlée et des grignotages de l’Europe institutionnelle et du gouvernement des juges, a accusé le phénomène. Des politiques faibles ont permis aux juges, aux journalistes, aux lobbies, aux minorités agissantes d’occuper le terrain. L’apparition des « réseaux sociaux », appuyés sur l’instantanéité des images et des sons, et les forces de l’émotion, joue désormais son rôle dans l’abaissement général par « la médiasphère ».

La politique française est dominée par la corporation des Énarques, totalement à l’échelon national et presque totalement aux échelons importants des collectivités territoriales (voir Le Havre et Bordeaux). Les préoccupations de caste l’emportent le plus souvent sur le reste.

Les électeurs ont été abaissés à un magma de clientèles fragmentées sans pouvoir autre que de protester, de gémir et de réclamer des prébendes. La honte qui s'empare de beaucoup d’entre eux devant la médiocrité des candidats, de la faiblesse de leurs projets et souvent du caractère douteux de leurs procédés, a conduit à une montée gigantesque de l’abstention.

L’effet de cet effondrement est parfaitement visible à l’échelon national avec les résultats dramatiques de la gestion centrale du pays en termes de chômage, d’exportation, de dettes, d’impôts, d’immigration, de démographie. Tous les ministères sont peu ou prou en catalepsie et ceux qui résistent le font dans l’hostilité et avec des bouts de ficelle. L’effondrement de la gouvernance est particulièrement marqué à Paris, où la gestion municipale s’apparente à la destruction de la capitale de la France par des minorités agissantes, des abusifs, et une clique qui marque tous les jours son mépris pour les habitants (sales, amoureux de leur bagnole, racistes, xénophobes, bourges, etc.), population infecte qu’il faut redresser par des mesures violentes et non concertées.

Le résultat est le triomphe de la malhonnêteté intellectuelle, des coups dans le dos, et des comportements violents et injurieux. Il n’y a plus de dignité politique.

Un Ministre de l’Écologie qui démissionne à la radio en laissant entendre qu’avant d‘entrer dans le studio il n’était pas vraiment décidé à partir et qu’il n’a prévenu personne, quel abaissement de la fonction !

Un Président de l’Assemblée Nationale qui après avoir constaté l’inanité du rôle de second personnage de l’État préfère être ministre dans une fonction secondaire par les moyens qu’on y met, traduit également une forme de difformité démocratique.

Comble des combles, un ministre de l’intérieur quitte son poste dans des conditions conflictuelles pour retrouver un poste de maire, tout en expliquant que le pays est en proie à un début de guerre civile, la république n’étant plus dominante dans de nombreux quartiers, tout en expliquant qu’il n’a aucun conflit avec l'exécutif…

La République du « quand je veux, si je veux », impuissante au pouvoir mais cherchant des postes par caprices, vanité ou intérêt, et les quittant par caprice, vanité ou intérêt, offre un visage déplorable. Les conséquences sont désastreuses aussi bien au niveau local que national.

On définit des projets électoraux entièrement construits sur la com’ et la démagogie à court terme. On méprise l’électeur dès le départ. Il vous le rend bien. Alors on essaie de l’entortiller dans une fausse démocratie collaborative honteusement hypocrite et racoleuse concentrée sur la crotte de chiens. Ou on lui la baille belle avec des discours enchantés alors que ces églogues s'avèrent totalement impuissantes à faire avancer utilement quelque projet que ce soit.

Le règne des effets pervers est devenu absolu. L’écart entre projets et réalité est devenu abyssal. Il déchaîne la susceptibilité des élus, tellement médiocres qu’ils ne comprennent pas pourquoi la réalité tourne au cauchemar, ce qui les conduit à se cacher encore plus derrière la com’, le déni et finalement l’injure. Si un observateur sérieux constate : c’est nul, ils traduisent : « il m’a traité de nul ». Faisons-le taire ! Abattons-le ! S’il ajoute : regarder les conséquences dramatiques ! Alors c’est un infâme ennemi. Déshonorons-le afin que sa voix ne porte pas.

Les piloris s’élèvent partout au milieu des décombres. L’injure et l’injustice ne viennent pas de la base mais du sommet, à la mesure de la faible qualité effective et objective des dirigeants et l’impropriété de leurs ambitions et projets. On l’avait bien vu avec Hollande qui, de son cabinet, avait lancé des campagnes de haine, relayées par les médias, contre des personnalités (Arnault, De pardieu). On le revoit dans la manière injurieuse dont Mme Hidalgo traite la démission de son principal adjoint.

Ces tendances malsaines empêchent tout réel débat sur des questions fondamentales de démographie, de prospérité économique ou d’aménagement urbain. C’est la pensée, le savoir, l’esprit critique, son compagnon naturel et  la compétence qui sont étouffés. La politique perd alors tout sens. M. Macron court après les conséquences de la démagogie qu’il a mis en avant pour se faire élire. La hausse de la CSG associée à l'exonération de la taxe d’habitation et d’une partie des charges salariales était un cocktail électoral habile mais un drame national dont il ne parvient plus à sortir. La destruction de la mobilité à Paris tout en densifiant à mort, avec des projets pharaoniques et en rachetant à prix d’or des immeubles dans les endroits les mieux situés pour loger des immigrés africains, a non seulement poussé les impôts parisiens à des sommets, mais accru la dette de façon irresponsable, au point que la ville est asphyxiée de partout, alors que les fonctions municipales de base ont été abandonnées. La seule chose qui compte est la réélection et on écrit des livres en se présentant comme le sauveur de la santé de la population, alors que cette dernière fuit ou vit dans le dégoût.

Il faut mettre fin à cette course sans fin entre démagogie et effets désastreux. L’affaissement de la gouvernance aussi bien à la tête du pays qu’à celle de la Capitale est inacceptable, en soi et pour ses résultats.

Nous avons donc décidé d’ouvrir le blog à l’analyse des trois livres quasiment proscrits et à la mise en cause de l’action municipale telle qu’elle est menée dans la capitale. Bien entendu, les positions parfois sévères qui y sont exprimées, et parfois sous une forme tonique, ne correspondent pas nécessairement à toute la pensée des membres de notre Cercle mais tous sont d’accord sur cette évidence qu’il faut en finir avec la mal gouvernance publique aux échelons supérieurs du pays.

Il faut maintenant sonner le tocsin.

Avec force.

 

Admin

Impôts à la source : une réforme mal intentionnée ; le symbole d’une France perdue ;

La première grande erreur d'Emmanuel Macron

L’impôt à la source n’a strictement aucun intérêt pour le citoyen. Le seul gagnant à cette mesure est la direction du Trésor. 

Il est logique que le citoyen constate d’abord son revenu et son avoir puis paie sur ces bases établies sa contribution. Il s’agit bien de SON revenu et de SON avoir. Il a le droit d’en disposer comme il l’entend jusqu’au moment de payer son écot. Il fait une déclaration, qui sera vérifiée, et il paie.

Nous sommes là dans la normalité républicaine la plus absolue.

Changer ce système fait entrer dans l’anormalité tout aussi absolue. L’idée du Trésor est de cacher au contribuable son revenu, pour qu’il ne raisonne plus que sur le net. On l’a fait avec les cotisations sociales et la CSG ; On continue avec l’impôt sur le revenu. La TVA, l’impôt le plus lourd, était déjà caché. Un citoyen qui ne connaît que son revenu net-net (net des charges et des impôts) et des prix TTC, voilà l’idéal du Trésor.  Habituez-vous, cher citoyen contribuable à penser dans le cadre étriqué de ce qui vous reste. Et surtout ne vous occupez plus de rien. C’est nous, les hauts fonctionnaires que le monde nous envie, qui feront tout à votre place.  

On sait que les prélèvements en France sont les plus élevés du monde. On nous rabâche, dans la presse dans la dépendance de l’Etat, c’est-à-dire l’ensemble des journaux, revues, radios, télévisions, combien nous devons être heureux de ce record fantastique. Vive l’impôt ; Vive l’impôt ; Vive l’impôt. Le journaliste cabri, inféodé à Bercy, et doté d’exemptions fiscales, ne manque jamais de souligner combien il est indigne de ne pas crier ce slogan formidable ; L’égoïsme petit-bourgeois fait vomir ses dames et ses messieurs bien payés et favorisés, qui savent que s’ils ne crient pas avec les loups de Bercy leur carrière est sans issue. Contester quoi que ce soit de fiscal est une impropriété, presqu’un crime.

L’impôt, c’est le bien collectif ; le revenu des plus faibles ; le bonheur des malades et des gens âgés ! Contester la spoliation fiscale ?  C’est tuer le malade, réduire la gamelle du pauvre, supprimer des enseignants. Salauds de riches qui « ont fait leur sécession » vis-à-vis de la société !   

Alors cachons qu’en France le prélèvement global est égal à la valeur ajoutée des entreprises du secteur industriel et commercial (hors secteur financier et autoentrepreneurs). Ils prennent TOUT ce que nous appelons couramment « les entreprises » créent comme valeur. TOUT.   On a caché cette réalité en comparant toujours les prélèvements avec le PIB qui contient … une partie de la dépense publique. Bien que l’on prenne TOUT, il faut tout de même emprunter.  Et la dette d'état représente deux fois la valeur ajoutée des entreprises.  DEUX ANNEES PLEINES DE PRODUCTION !

Il s'agit d’une invraisemblable gabegie. Une véritable honte nationale déguisée en formidable aventure collective.  On voit que l’Enarque Macron, avec l’Enarque Philippe, n’ont strictement aucune envie de réduire la dépense publique.  Comme avant eux l’Enarque Giscard et l’Enarque Chirac, et tout le paquet de petits maîtres de l’ENA qui ont fricoté dans l’entre deux. L’impôt est la maladie mentale de l’Enarchie.

Son rêve se réalise enfin. Le Trésor touchera le revenu français avant les citoyens. Qu’ils se débrouillent avec le reste. De toute façon leur agent est une concession, une libéralité fiscale, une « dépense fiscale » comme on dit à Bercy, que l’on peut révoquer à tout moment. Ce sera facile : ils ne verront que du feu. Ils ne sauront même plus qu’elle était leur revenu initial, ces moutons tondus et consentants.

Vous avez un locataire. L’impôt mensuel ou trimestriel, on vous laisse le choix, sera prélevé le 1er du mois. Votre locataire a jusqu’aux 15 pour payer. Et parfois il ne paie pas ou avec retard.  Tant pis pour ce salopard de propriétaire. Il sera directement prélevé sur son compte en banque (on a pris soin que tout passe par les banques où une pompe automatique peut être branchée). Mais il s’agit d’un prélèvement sans cause ! Tant pis. Faudra discuter.  Tant pis si cela met votre compte dans le rouge et risque de faire de vous un interdit bancaire. Vous devez l’impôt sur un revenu virtuel et prévisionnel. Vous imaginez que partout dans la presse on s’inquiéte de cette abomination. Pas du tout. Pas un mot. L’impôt à la source c'est bien et tout le monde fait comme cela. Les éléments de langage vous sont régurgités sans l’emballage par des perroquets qui se croient journalistes. On dirait les poupées fardées qui présentent le journal télévisé nord-coréen.

Lorsque l’Enarque Hollande, avec l’Enarque Moscovici et l’Enarque Macron, avaient proposé la retenue à la source tout le monde avait remarqué, sans être contredit, qu’il s’agissait d’un premier pas vers la fusion avec la CSG.

Jean-Marc Daniel, dans son dernier livre, qui vient de paraître, pense que l’opération globale serait excellente si on renonçait à la progressivité.  Renoncer à la progressivité !!!!!!!!!!  Mon cher Daniel, vous rêvez tout debout. Nous aurons la fusion avec la progressivité. Ce n’est qu’une question de temps.

On peut toujours rêver d’un impôt unique de 25% sur toutes les formes de revenus et une TVA à 25% sur toutes les formes de dépenses, avec suppression de l’ensemble des autres impôts et prélèvements, sinon une surtaxe de 5% pour les très riches.  Mais cela signifie pratiquement que l’on baisse des deux tiers la dépense publique, alors qu’on n’est même pas capable de revenir à 50% du PIB (comprenant une part de la dépense publique).

Alain Minc a raison. Le prélèvement à la source est une énorme erreur et une marque indélébile de l’effondrement français. Et irrattrapable. Car il ne peut pas y avoir de retour en arrière.  La première victime sera le Président de la République. Sa prétention hypocrite à « donner » de l’argent aux Français, alors qu’il ne fait que transférer d’un groupe à un autre dans le plus parfait arbitraire, ne résistera pas à la baisse que les salariés verront sur leur feuille de paie.  La baisse c’est « ici et maintenant ». Le reste ? Quel reste ?

Le ras le bol fiscal toujours minoré, jamais évoqué (sinon pour le nier ou le condamner dans les débats bienséants de la TNT et dans les articles de presse) est latent. Le retournement cyclique de la conjoncture a été retardé, il n’a pas été supprimé. On va donc vers une situation extrêmement difficile, entre hystérie fiscale et abandon de toute dimension nationale.  Le citoyen français est en train de perdre la France, devenue un magma informe livrée sans limite au gauchisme antinational, à la substitution de population et à l’islamisme militant. 

Et notre président exige qu’on crée un impôt européen majeur, en plus !

Européisme fiscalisant, prélèvement des ressources avant que les Français ne les touchent, allocation universelle pour les millions de personnes qui ne travaillent pas et attendent des autres leurs consommations, refus de la baisse des dépenses publiques en même temps que tous les services publics vitaux sont effondrés, changement désormais définitif de population à Paris, islamisme non combattu, soumission totale aux Etats-Unis, insouciance vis à vis des manœuvres de la Chine, …

Si la récession périodique, même faible, frappe, que deviendra ce fatras ? Si l’Europe et l’Euro vacillent alors que la convalescence des finances européennes n’est pas achevée, comment ferons-nous ? Si les tensions internationales s’aggravent encore, où serons-nous ?

 Le Français né malin, et qui était encore, il y a peu, universellement admiré pour sa société et son apport à la civilisation, et qui est devenu un peu partout un objet de risée et d'indifférence, ressemble de plus en plus à ce clochard de Buñuel qui se masturbait dans une robe de mariée au milieu des rires gras, trop contents de mettre en pièce ce qui faisait la force et la grâce du pays.

Il ne peut plus y avoir de suicide français : il n’y a plus de France ni de Français.  On célèbre les traîtres membres de réseaux communistes qui tuaient des Français ; on commémore la victoire de 1918 en passant « ad nauseam » la chanson Le Déserteur de Boris Vian et en rigolant des chansons antimilitaristes chantées sous le manteau à l’époque. Il n’y a plus en France que des assujettis qui fêtent leur effondrement.  Les Français étaient une source où s’abreuvait le monde. Ils ne sont qu’un puits où s’abreuvent le fisc et avec lui tous les prédateurs.

Emmanuel Macron, en acceptant une mesure qui n’est pas à son programme et qui ne lui apporte exactement rien, vient de faire sa première grande faute. Il laisse penser que la seule chose qui l’intéresse, lui, son Etat, ses dirigeants, sa presse, est le format et la nature de la pompe à fric qu’on ne met même plus dans la poche du citoyen, mais partout où il le faut pour lui prendre l’argent avant même qu’il ne le touche.

Le retour de bâton sera sévère.

Macron : une politique économique obscurcie par l’électoralisme

Le Président de la République a donc fixé les grandes lignes de son action économique et fiscale pour 2019. Comme en 2017 et 2018, il est prisonnier des moyens employés pour être élu et contraint par ceux qu’il veut mettre en place pour être réélu.  Le « story telling » électoral devient obsessionnel depuis la réduction à 5 ans de la durée du mandat présidentiel. Macron s’est engagé à augmenter le pouvoir d’achat « des masses », conformément au clientélisme politique le pire qui veut que l’électeur soit une sorte d’ayant-droit de la République, un consommateur de biens distribués d’en haut. 

La sagesse et le réalisme s’associent dans l’idée que le niveau de vie dépend principalement de l’activité économique et qu’il faut pour l’accroitre, une bonne conjoncture nationale et internationale, qui échappe largement aux autorités. La démagogie veut qu’on puisse enrichir la majorité soit en s’endettant soit en prenant l’argent de minorités. La France est le premier pays au monde à capter presqu’exactement ce que ses entreprises du secteur marchand privé créent comme valeur ajoutée.  Ses dettes sont colossales. Cela ne laisse que peu de place pour la démagogie socialiste classique, surtout dans l’environnement contraint de la monnaie unique et des traités qui l’enserrent.  Hollande l’a essayé et le ras le bol fiscal en retour lui a explosé à la figure, le forçant à une retraite piteuse.

Emmanuel Macron a tenté et réussi le coup de l’augmentation du « pouvoir d’achat octroyé », en supprimant la taxe d’habitation et en transférant sur les retraités certaines des charges pesant sur les salariés en poste. Ces deux mesures sont absurdes. Les salariés sont ceux dont le revenu est assuré et en croissance. Dès que la conjoncture se redresse, les salaires montent. En France, les salaires ont plutôt monté plus que la mauvaise conjoncture l’aurait justifié. Les entreprises ont préféré restreindre leurs investissements et maintenir leurs marchés principaux en retenant les meilleurs et en soignant les rémunérations et les actionnaires (voir l’article sur les rachats d’actions).  Il n’y avait donc aucune nécessité proprement économique d’ajouter des bonus fiscaux, surtout en les prenant sur les retraités, dont le revenu diminue régulièrement du fait de la non indexation ou de l’indexation partielle des pensions sur les prix. De même, la taxe d’habitation, qui devrait financer les tâches municipales de base, est le seul impôt dont il est juste qu’il soit payé par la quasi-totalité de la population.

La difficulté pour l’Enarque Macron est l’Inspection des finances. Elle veut que les impôts gigantesques escroqués aux pays soient le plus indolores possibles, c’est-à-dire le moins visibles possibles.  Elle se dit, à juste titre, que si les Français savaient vraiment que les hauts fonctionnaires qui gouvernent le pays prennent 55% de l’argent des pauvres et parfois plus de 100% du revenu des riches, ils les mettraient au bout d’une fourche. Elle exige depuis longtemps l’impôts à la source qui permet à l’Etat d’être le premier servi, avant même le producteur, sur tout gain de revenu. Le salarié regarde son net et ne sait même pas ce qu’il a perdu.

La contradiction est totale entre effort d’invisibilité et nécessité électoraliste d’un affichage de libéralités.

Le président est donc incité à remettre au pot pour que ses « cadeaux au peuple » restent crédible, sachant que la reprise d’une inflation significative, en route vers les 3%, mord gravement le revenu de tous mais surtout celui des victimes expiatoires du régime, les retraités. D’où la reprise de l’idée honteusement démagogique de Nicolas Sarkozy d’exonérer les heures supplémentaires. L’état des finances du pays étant ce qu’elles sont, on ne le fait qu’à moitié, en laissant les impôts mais en supprimant les charges. On espère que les intéressés ne s’apercevront pas du tour de passe-passe.

Nous avons toujours affirmé ici que le dégrèvement sélectif sur les heures supplémentaires était une hérésie économique et une absurdité en termes d’emploi.  Redistribution à l’envers d’un côté, et inversion de la progressivité de l’autre, sapent toutes les bases du pacte économique et social qui est défendu par ailleurs. On le voit quand on compare la situation du salarié à celle du travailleur indépendant qui, lui, reste surtaxé quand il dépasse 35 heures de travail. Notre solution serait plutôt de défiscaliser et décharger les dix et même vingt premières heures de travail, quelque soit le mode d’organisation du travail.  

Si on estime nécessaire de restituer du pouvoir d’achat en diminuant les impôts, la vraie solution est de baisser la dépense publique, ce qui ne peut venir que d’une réduction drastique du champ d’intervention de l’Etat et des collectivités locales qui s’est étendu de façon totalement déraisonnable, et la remise en cause des vaches sacrées que sont le pouvoir syndical, les 35 heures, la retraite à 60 ans, les privilèges de la haute fonction publique, les diverses gratuités, etc. Ce n’est pas en donnant un troisième nom à la RGPP qu’on obtiendra le moindre résultat.

Comme toujours avec Emmanuel Macron, on trouve « des petits pas dans la bonne direction », qui laissent entendre que l’avenir sera tout de même meilleur que ce que les débuts pénibles et mollassons ne le laissent penser. Les collectivités locales sont bien obligées de réduire leur train de dépense qui s’était emballé. On a supprimé le seuil réglementaire des 20 salariés et on a considéré qu’il fallait avoir passé 5 ans au moins au-dessus des autres seuils pour que les effets se déclenchent. Il faut se rappeler que ces seuils concernent des financements imposés à l’entreprise pour des dépenses qui ne sont en général pas de son ressort et dont les entreprises du monde entier se passent. Les transports publics et l’habitat ne doivent pas être financés par les entreprises, au-delà des paiements faits au titre des impôts locaux. De même, il importe aux syndicats, politisés comme ils le sont en France, de se financer et de s’organiser par eux-mêmes sans dépendre de l’argent des entreprises ni de l’Etat. On a bien vu que le paritarisme sous égide publique ne menait qu’à un gaspillage inouï des ressources et à l’organisation de mafias. L’Etat s’est arrogé de prendre en charge directement ce qui faisait le fond de sauce des négociations sociales, le salaire minimum, la durée du travail, la longueur des vacances. Les socialistes ont par ailleurs rendu presque tout pénal, dans la vie de l’entreprise et mis les juges au service des salariés abusifs. On voit que la suppression des seuils implique une toute autre dimension de réflexion. Dans un monde où on a voulu que les entreprises françaises soient en compétition avec le monde entier, la seule solution est de cesser de charger la mule. 

On fait évidemment le contraire. Le cas du financement du Grand Paris est typique. Ce projet dément est évidemment incontrôlable. Les coûts dérapent dans des proportions terrifiantes sans que personne ne soit en mesure d’empêcher que cela ne se poursuive au même rythme. Plutôt que de remettre en cause ce qui ne marche pas et ne marchera jamais, on parle de « ressources nouvelles ». Eh oui ! C’est nouveau, la ressource nouvelle.  On va donc charger la mule une fois de plus en s’en prenant aux bureaux. La taxe sur les bureaux, qui n’a aucun sens économique et aucune logique quelconque, sinon de trouver une nouvelle assiette pour des impôts, va donc doubler et s’étendre aux parkings. En même temps la folle Hidalgo a demandé à un nègre de justifier par un livre débile sa politique de suppression de la voiture (donc du besoin de parking). Financer par une chose qu’on supprime des réseaux d’avenir, là est le génie de l’Enarchie soutenue par la démagogie des pseudos économistes socialistes. Il est étonnant qu’un quelconque Pisani Ferry n’ai pas encore proposé qu’on crée un impôt progressif sur les parkings en fonction de leur proximité de la Seine et du numéro de leur arrondissement. Rappelons qu’un parking, à Paris, paie la taxe spécifique d’enlèvement… des ordures ménagères.

Dans le même ordre d’idée, le départ de la grande Bretagne de l’Union Européenne crée un trou béant dans le budget de Bruxelles. La sagesse serait de redimensionner les budgets européens pour tenir compte de cette baisse. Pas question ! Il va falloir se retourner vers « des ressources nouvelles et novatrices ».

Au total, la politique économique d’Emanuel Macron devient illisible. L’obsession du « story telling » politicien se mêle aux bonnes habitudes de l’Enarchie et de la direction du Trésor, pour faire perdurer un système incohérent, antiéconomique et mortifère.

Si, comme c’est probable, la récession périodique usuelle se produit, même légère et retardée, avec chute de la bourse et hausse des taux d’intérêt, on regrettera que le temps des réformes ait été celui des illusionnistes de l’énarchie compassionnelle aggravée et triomphante.

L’affaire Macron n’aura démontré qu’une chose : si on ne peut pas extirper du corps électoral l’idée qu’il doit recevoir des cadeaux en contrepartie de son vote, alors il est juste de ne jamais tenir ses promesses électorales…

La fin de l'économie politique française ?

La France peut s’énorgueillir d’avoir contribuer de façon déterminante à la science économique. Elle a produit des économistes étincelants du premier jour où la discipline s’est imposée. Encore récemment, elle pouvait donner au monde les analyses de Jacques Rueff, d’Alfred Sauvy où de Maurice Allais. Tous étaient d’abord des observateurs. Tous cherchaient à faire valoir le vrai sur les utopies intéressées. Aucun n’était un partisan. Tous leurs livres peuvent être relus aujourd’hui. Ils n’ont pas pris une ride. Tous étaient attentifs aux libertés humaines et réservés vis-à-vis des actions outrancières des Etats. Aucun ne se considérait comme membre d’une école, encore moins étrangère.

La crise de 2008 a liquidé toute une génération d’économistes qui n’avaient rien vu venir et qui « faisaient des ménages » avec le système bancaire.

Aujourd’hui, les médias ne recherchent d’expertise économique qu’auprès d’une dizaine de personnes toujours les mêmes, qui sont étalonnées par leur engagement politique et non la qualité de leurs réflexions. 90% d’entre eux font référence au socialisme comme leur engagement profond.  Leurs contributions à la science économique est exactement nulle. Aucun n’a prévu la crise de 2008. Aucun n’a proposé la moindre solution. Mais tous se sont mis au service de l’Etat et des Impôts. La TNT leur a donné une tribune. Ils commentent et parlent généralement pour montrer leur soumission à leur camp.  On sait ce qu’ils vont dire avant même qu’ils ouvrent la parole.  Quelques « libéraux » sont appelés comme faire-valoir afin de donner un petit air de pugilat à ces exercices convenus. Faire de la chaleur d’abord. Faire de la lumière ? En général les auditeurs se lassent de ces faux débats qui laissent penser qu’il n’y a pas de sciences économiques mais des spécialistes de l’invective rémunérée.

Les grands journaux ont en général abandonné les grands journalistes économiques au profit d’interventions d’universitaires politisés à gauche, puis devant leur nullité, devant les universitaires américains de gauche. Leur antienne : l’état c’est bien ; la dépense publique, c’est bien ; les impôts sur les riches c’est merveilleux ; Les syndicats, c’est formidable ; l’hyperindividualisme consumériste c’est mal ; l’Europe nous protège quand elle n’est pas « néoliberale » ; les Américains c’est mal.

Pas un jour sans un article dénonçant la croissance des inégalités, par une année sans livres dénonçant la croissance des inégalités. L’économie française est obsédée par les inégalités toujours croissante… chez les autres.  

Lorsque Macron annonce qu’il faudra tout de même débloquer la situation française, voilà que ce petit monde s’énerve et se moque d’un président qui « veut transférer les cendres de Thatcher la Salope au Panthéon » (sic).

On remarque alors que toute l’équipe économique autour de Macron était à la manœuvre pour faire élire Hollande. Les trois principaux sont des socialistes assumés dont l’amour de la fiscalité est la caractéristique principale. C’est à eux que l’on doit les « cadeaux au peuple » pour se faire élire et la pénalisation des retraités, des riches et des propriétaires d’immobilier.

On se rappelle la polémique lancée par le projet de Jean Pisani, (rejeton typique de la reproduction des élites politico administrative) qui voulait que les loyers qu’ils n’avaient pas à payer puisque propriétaires de leur appartement soient ajoutés dans l’assiette de l’impôt sur le revenu de ces affreux salopards. Devant le hourvari et le risque pour son candidat, il a osé parler de Fake News. Il revient à la charge avec Philippe Aghion et Philippe Martin, dans le projet de détacher l’étiquette de président des riches qui accable leur donneur d’ordre, en exigeant un virage à gauche qui serait matérialisé par un impôt foncier progressif qui ruinerait de façon radicale les riches propriétaires (en fait tous les propriétaires d’un appartement de plus de 100m2 à Paris).  C’est que tout ce petit monde enseigne à Science-po, devenue le dépotoir des « économistes » socialisants, (Leroy Beaulieu doit se retourner dans sa tombe) et fricote avec la fondation Jean-Jaurés.

Rappelons pour ceux qui ne connaissent pas Philippe Martin qu’il a été lauréat du prix socialiste du « meilleur jeune économiste », la même année que Picketty, c’est autre maniaque de l’impôt.

Rappelons-le : aucun de ces « économistes » marqués idéologiquement et politiquement n’a prévu la crise de 2008, apporté des lumières sur les grands sujets de l’époque, ni marqué la science économique de façon significative. Ils font juste une carrière politique administrative afin de s’enrichir et de connaître quelques honneurs. En criant inlassablement « vive l’impôt et mort aux riches ». Leur soutien successif, à DSK-Sautter, puis à Hollande, puis à Macron, leur garantit postes et tribunes, pourvu qu’ils jouent les cautions « de gauche ».  Un joli poste défiscalisé leur tendra les bras dans une institution internationale en dû temps. Le modèle c’est DSK.

On dira : nous avons enfin eu notre « prix Nobel d’économie » avec Jean Tirole. Son livre était tellement insipide que beaucoup se sont demandé à quel titre on lui avait accordé son prix. Sa prestation sur la crise dans le Figaro de ces derniers jours a été à l’image de son livre. Totalement sans intérêt. La crise : juste une question de régulation. Cette analyse de plombier chauffagiste a visiblement déconcerté l’interviewer qui s’attendait à du lourd. En vérité le prix a été donné à un français qui avait nommé son école spécialisée d’un nom anglais (The Toulouse Economic School). Tant d’ouverture au monde anglo-saxon se devait d’être récompensée surtout que quasiment tous les prix avaient été accordés à des Américains et des représentant du tiers monde et que l’Europe était à la traîne.

Disons-le clairement : Emmanuel Macron, s’il suit son équipe socialiste d’amoureux de l’impôt et de contempteurs de la propriété et des riches (en attendant d’en être) va « se planter grave ». A cause d’eux, il a déjà chargé autant d’impôts nouveaux qu’Hollande pour la première année de son règne. Le ras le bol fiscal est revenu. Aucune de réforme de structure n’a été faite, alors qu’on crie qu’on est en train de les faire.

Les conférences économiques de cet été en France ont confirmé la pusillanimité des sujets abordés.

Bouffés par l’insignifiance et la politisation, les économistes français ont disparu des radars.  Bientôt la France sera devenue une terre stérile pour l’économie. De même qu’elle importe de plus en plus de produits qu’elle est incapable des produire, elle importera la réflexion économique de l’extérieur, et parions-le, à 99,99% des Etats-Unis.

Une mort sans gloire.

Un anniversaire saumâtre : le déclenchement de la Grande Récession

Une crise encore largement incomprise.

Au fur et à mesure que l’on se rapproche du 15 septembre, dixième anniversaire du déclenchement spectaculaire de l’effondrement bancaire international de 2008, avec la faillite acceptée par Paulson de Lehman-Brothers, la presse revient de plus en plus largement sur son déroulement et sur le comportement des uns et des autres des dirigeants aux manettes à ce moment décisif.

Il est intéressant de constater combien les causes de la crise restent appréciées avec courte vue et légèreté.

« C’est une crise des « subprimes » américaines et de la finance mondialisée et dérégulée.   Un incident grave mais finalement bien cerné. Maintenant qu’on a étouffé les banques sous les réglementations diverses, les causes sont sous contrôle et il ne reste qu’à éliminer progressivement les conséquences de ce choc violent. On est sur la bonne voie mais il faut faire attention car les mêmes forces financières peuvent à nouveau se déchaîner, si on relâche la garde ». 

Tel est le mantra de pratiquement tous les articles écrits sur le sujet, que ce soit les propos tenus par les personnes interviewées ou les commentaires des journalistes.

Nous pensons que cette analyse est trop partielle. Elle fait l’impasse sur trois faits majeurs :

-        Les crises de 73-74, 92-93, et 2008 sont de même nature et ont les mêmes causes

-        Le taux de croissance n’a cessé de baisser depuis 1971 de décennie en décennie

-        Le taux de dettes n’a cessé de monter depuis 1971.

D’autre-part, on ne comprend pas pourquoi les banquiers se seraient mis tout soudain à faire n’importe quoi, même si la dérégulation bancaire et l’acceptation d’innovations financières dangereuses accélérèrent les difficultés à partir de la seconde partie des années 90.

Dans notre livre « l’Etrange Désastre » nous avons tenté de montrer que ces crises à répétition provenaient des énormes excédents et déficits de balances de paiement acceptés après l’abandon des disciplines des accords de Bretton Woods. Le recyclage d’excédents aussi massifs a créé une liquidité internationale délirante qui a transformé l’économie monde en économie baudruche. A chaque mini explosion, les banques centrales ont alimenté la machine pour qu’elle ne sombre pas et tout a recommencé un peu plus tard en plus grave, avec un gonflement de valeur d’actifs spéculatifs tout à fait artificiel. Les « subprimes » sont bien l’allumette qui a fait sauter la bombe, mais la bombe était constituée par une accumulation de dettes spéculatives autrement plus massives.

Le trou sur les « subprimes » était en 2008 de près de 600 milliards de dollars et d’après des estimations (dont on ne sait trop comment elles ont été faites et qui varient) la perte finale serait située entre 200 et 300 milliards de dollars. Et il a fallu que les banques centrales créent près de 16 mille milliards de dollars de monnaie et au total c’est environ 60 mille milliards de dettes nouvelles qui ont été générées pour passer le cap !   La perte instantanée était en septembre 2008 probablement proche de 10 mille milliards de dollars, vingt à quarante fois les pertes potentielles sur les « subprimes ».

Dans son interview au Figaro (29 août 2018), Nicolas Sarkozy indique « qu’il fallait avoir une cécité complète pour ne pas s’alarmer » des incidents financiers de l’été 2007, en particulier le blocage des trois fonds de la BNP. Mais lors de la campagne de 2006, il ne voyait rien venir. Nous avons écrit à son équipe de campagne de « ne pas annoncer qu’il allait redresser spectaculairement la croissance, alors qu’une crise majeure allait frapper son quinquennat ».  Sans réaction de sa part. Nous avons publié une version allégée sur le site du forum du Monde pour bien marquer que la crise arrivait et qu’il fallait s’y préparer. 

On sait que Mme Merkel, au moment de l’effondrement, était totalement larguée et continuait de raisonner en gardien du coffre-fort allemand. « La crise est la faute des autres qui ne devaient pas compter sur l’Allemagne pour payer les pots cassés ».  Sarkozy a raison de le rappeler. Mais ce que ni lui ni Merkel n’avait vu, c’est que les banques allemandes étaient automatiquement les plus atteintes puisque c’est elles qui recyclaient les prodigieux excédents allemands. Ce n’est pas seulement HRE qui est en faillite virtuelle en septembre 2008, mais toutes les landesbanken, la Dresdner et la Deutsche Bank, comme la suite le montrera. Merkel n’avait rien vu venir. « Les excédents c’est bien, c’est fort et les banques allemandes sont bonnes et fortes ». En fait elles étaient le moteur du recyclage des excédents et sont largement responsables des investissements douteux dans les pays du Club Med et surtout aux Etats-Unis, dans les subprimes et divers autres marchés spéculatifs.

La corrélation entre trop gros excédents et fragilité bancaire n’est toujours pas faite par les autorités. Dans la même édition du Figaro, Olaf Scholz (vice chancelier SPD de Merkel) considère que l’excédent du commerce extérieur allemand de 265 milliards de dollars, qui a déclenché la crise récente avec les Etats-Unis, ne sont pas un problème. Pour lui, l’Etat allemand n’est pas en cause. C’est juste le résultat de la bonne santé des entreprises allemandes qui sont bien intégrées dans la mondialisation.  « La croissance et la réussite d’un pays sont bonnes pour tous ». Quant au change, il n’est pas sous la direction de l’Etat allemand. Circulez, il n’y a rien à voir, surtout que nous menons une « politique social-démocrate intelligente ».

Nicolas Sarkozy, dans son interview, considère qu’il n’est pas nécessaire de connaître Ricardo, Keynes et Milton Friedmann, pour gérer une crise financière. C’était sans doute vrai au moment de l’explosion du système bancaire et son action en faveur d’une « bombe atomique » lancée contre la spéculation par la BCE a été salutaire, alors que Trichet était dépassé. Mais il devrait tout de même lire le discours aux communes de Keynes expliquant le lien entre désordre monétaire, crise et trop gros excédents commerciaux. Du coup il comprendrait pourquoi la crise est survenue et surtout pourquoi elle risque de revenir. Car s’il craint le retour de la crise il ne dit pas pourquoi les mesures prises ne suffisent pas à l’empêcher. Ricardo a aussi quelques très bonnes pages sur la confusion entre mercantilisme accumulant de l’or et création de richesses. Quant à Milton Friedman, une bonne partie des critiques faites à l’organisation de l’Euro était pertinente. Ce qu’on a vu en 2011.

Il se trouve qu’Emmanuel macron vient d’annoncer et son plan économique interne et son orientation européenne. En route pour une diplomatie économique !  Elle n’est conçue que comme une aide aux exportations. Si le pays n’est pas compétitif, c’est un leurre. Le premier acte d’une diplomatie de la prospérité est d’abord de restaurer la compétitivité du pays et redresser ses comptes. Ce que jusqu’ici, il n’a pas osé faire.   Ensuite de bien comprendre ce qui ne va pas en Europe et dans le monde. Dans une ambiance qui a vu la croissance baisser chaque décennie, ponctuée à chaque fois par une crise toujours plus grave, il importe d’avoir compris pourquoi. Le président n’a jamais énoncé de diagnostic précis sur cette question. Voici que justement Donald Trump frappe la France à cause des énormes excédents allemands. Et que le FMI rappelle que les gros excédents posent un problème. Il serait donc temps d’avoir une vision claire de ces questions. D’autant que Mme Merkel veut imposer un candidat allemand à la présidence de Commission Européenne.

Une diplomatie de la prospérité passe obligatoirement par une stratégie pour mettre fin aux dysfonctionnements globaux du système monétaire international et à ceux de la zone Euro. Sur ces deux questions le silence est total aussi bien dans les propos du Premier Ministre que dans ceux du Président.

Nous sortons en loques d’une crise internationale d’une rare violence et d’une période où l’Europe a fait pire que tout le monde ; les Etats-Unis nous agressent ; les Chinois utilisent leurs excédents colossaux pour acheter notre capital et des entreprises stratégiques dans l’énergie.  Et nous n’avons rien à dire, rien à faire et aucun but diplomatique ?

Nous sommes de ceux qui pensent que c’est une honte française. On peut être en difficulté. On n’a pas le droit de ne rien comprendre et de ne rien faire de véritablement efficace par crainte des réactions syndicales et électorales. Surtout quand tous les mécanismes de la crise ont été explicités par des économistes français de grand talent : Jacques Rueff et Maurice Allais que nos Présidents seraient bien inspirés de relire. 

Une de fois de plus les économistes ne facilitent pas la conversion des politiques.  Un rapport dont toute la presse s’extasie une fois de plus explique la crise par des éléments non significatifs : la prétendue baisse structurelle de la productivité avec des innovations qui ne créent pas d’emplois, ou même, comme les développements récents de l’intelligence artificielle, en supprimeraient l’essentiel, le vieillissement de la population, les écarts de rémunérations. Ce qui est déclaré comme des causes sont pour la plupart des conséquences. Dans une économie baudruche les actifs sont grossièrement surévalués et donc les possédants paraissent avoir une part augmentée. Mais c’est toujours la même maison et toujours le même portefeuille boursier. L’échelle de mesure a changé ( la valeur réelle des principales monnaies a chuté de plus de 95% depuis 1971 ), mais les biens eux-mêmes sont quasiment les mêmes. L’innovation ne produit de productivité et ne crée de l’emploi que si la conjoncture est bonne. Elle ne l’est que de façon artificielle dans une économie baudruche.

Si on restaurait des institutions économiques et financières correctes dans le monde et en Europe, on verrait que la croissance est possible avec une régularisation de bien des excès actuels. La vraie question apparaîtrait alors : le caractère fini des ressources naturelles consommées et les effets globaux des déchets de production et de consommation. Ces deux questions ne peuvent trouver de solution que dans un cadre économique global sain.

Sortir le monde de l’économie baudruche est actuellement le seul combat économique qui vaille. Il faut bien reconnaître que, malgré des progrès, le monde regarde ailleurs.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Rachat d’actions par les entreprises en économie baudruche

Dans une économie baudruche où la liquidité sans cause économique réelle est gonflée d’une part par la nécessité de corriger les conséquences de la récession précédente et par l’effet mécanique des excédents massifs de balances de paiement, le rachat de leurs propres actions par les entreprises est un symptôme de maladie, pas de bonne santé.

En temps normal les entreprises qui fonctionnent bien ont toujours une pléthore de projets d’investissement à examiner et le plus difficile est de les sélectionner sans complaisance et avec pertinence. On peut même dire que c’est la valeur ajoutée propre du plus haut dirigeant. La théorie veut qu’un rachat d’action est légitime lorsqu’il y a pénurie de projets rentables et qu’il vaut mieux rendre l’argent aux actionnaires pour qu’ils le placent ailleurs. Ceci n’arrive jamais.  Il faut des circonstances exceptionnelles et douteuses pour que, des entreprises cotées rachètent, en grand nombre leurs actions. La première est un crédit tellement peu cher qu’il permet à la fois de financer l’investissement et le rachat d’actions. Les cours montent. L’endettement monte également mais les ratios ne sont pas perturbés puisque le cours des actions a monté, revalorisant le capital. Mais tout est artificiel.

Les dirigeants touchent des primes de bilan fondées sur aucun résultat opérationnel, seulement sur des plus-values artificielles. Les banques sont leurrées par une valeur de capital qui ne correspond à rien sinon l’activisme des banques centrales. Le haut de bilan l’emporte sur le compte d’exploitation, l’une des caractéristiques majeures de l’économie baudruche.

Dans le cas actuel des États-Unis, l’énorme afflux de placements en provenance des pays excédentaires en dollars s’ajoute à l’inflation des signes monétaires de la FED et au rapatriement des bénéfices conservés à l’étranger pour des raisons fiscales.

Les rachats correspondent donc à trois anomalies et à aucune logique économique conjoncturelle ou structurelle. Ils sont le signe d’une maladie pas d’une bonne santé de l’économie.

Le New York Times est-il devenu socialiste ?

Un des charmes des Etats-Unis est que le Communisme n’y a pas été admis et que le socialisme y était un gros mot. En fait, l’absence de communisme avait un gros inconvénient : il n’y avait pas de limite à gauche. En Europe, on savait que dès qu’on entrait dans la dialectique communiste on était dans l’erreur meurtrière. Ce garde-fou n’existait pas aux Etats-Unis. Le politiquement correct, une forme de la bondieuserie militante, qui fait sourire en Europe ( Disons qui faisait sourire) a pu aller à des extrémités qui paraîtraient extravagantes en Europe.  Les « Liberals » étaient l’extrême gauche locale. Ils faisaient même peur aux Démocrates.

Trump est arrivé et avec lui un déchaînement haineux exceptionnel, notamment dans les colonnes du NYT qui, du coup, a pris des couleurs assez étranges. Il est intéressant d’analyser l’édition internationale du 28 août de cette année 2018.

Michael Kazin y signe un article en page opinion qui exige de la repentance pour la répression des mouvements anti guerre lors de la convention démocrates de 1968. Les soixante-huitards américains étaient des pacifistes. Ils étaient marginalisés à l’époque. Ils tiennent la presse aujourd’hui.

Dans la même page, l’éditorial est une longue critique de la politique « pro riche » du gouvernement qui annonce de nouvelles crises. Les Etats Unis ont accepté de ruiner leur classe moyenne pour l’enrichissement du 1% richissime et se faisant, ils ont privé chaque citoyen de 70.000 dollars chaque année.  Conclusion : en faisant la belle vie aux Américains les plus aisés, le gouvernement met en danger la prospérité de tout un chacun. Salaud de riches !

Toujours dans la même page, se termine un article fort long d’un certain Giridharadas demandant qu’on suspecte les riches entrepreneurs qui parlent de changement, alors qu’il ne s’agit que de faux changements. Les vrais, ceux qui comptent, doivent être faits par les politiques sociales. En accordant trop aux riches, ils gagnent dix fois plus que les gains qu’ils proposent aux autres. Tout ce cinéma est donc bidon. Non à la charité et aux fausses bonnes idées managériales, vive le socialisme d’état.

La page 4 est totalement utilisée à vitrioler Trump et ses sbires.

En éditorial de première page, le journal donne une belle apologie du socialisme comme vecteur de liberté. Le socialisme est un espoir, un rêve auquel Saunders a donné un squelette politique. Jusqu’ici la gauche américaine avait accepté que les démocrates cherchent à utiliser les moyens du capitalisme et des marchés pour créer la richesse globale permettant une redistribution. Mais c’était faute d’alternative. Maintenant les magazines imprimés ou sur le web évoquent ouvertement les nationalisations, les conseils ouvriers, et ces thèmes font le débat électoral. L’article qui plonge ses arguments dans Marx et Engels conclue bravement que l’avenir appartient à la classe ouvrière pour qui le socialisme est la porte ouverte à la liberté, la « liberté socialiste ».  

Il faudra en parler aux Venezueliens qui fuient à toute jambes en ce moment même les nationalisations et les comités ouvriers de M. Maduro, ou aux Cubains qui n’ont rien compris à la liberté socialiste.  

Un autre article encourage les spécialistes en intelligence artificielle à ne pas travailler pour l’armée (alors que tous les spécialistes chinois dans la matière appartiennent à l’Armée Populaire).

En un mot au NYT, c’est la lutte finâââ-leu !

Mélenchon : sors du corps de cette rédaction !

Deux expériences socialistes très pédagogiques

Le retour des hyperinflations

Dans un monde de changes flottants qui s’internationalise brutalement depuis 1971, certaines expériences font figure de leçons de choses monétaires.

Le Zimbabwe, de tous les pays de l’Afrique australe, est celui qui est sorti de la guerre d’indépendance avec les meilleures chances de prospérité. L’ex-Rhodésie est un pays riche. Salysbury, devenue Harare, sa capitale, est une ville charmante, bien desservie et moderne. L’agriculture est prospère, équilibrée entre production vivrière et productions exportatrices. Elle couvre les besoins alimentaires du pays et peut même participer aux plans mondiaux de fourniture assistée de nourriture. Sa place dans la vente de tabac sur le marché international est importante. Le pays est, malgré les drames de la guerre d’indépendance, comme une sorte de Suisse africaine avec un climat favorable et de très bonnes terres.  Les ressources naturelles sont gigantesques et intéressantes parce que largement inexploitées, en dehors du zinc et de l’or, dont on sort des tonnes chaque année d’un sous-sol prodigue. Robert Mugabe, le dirigeant du parti dominant qui avait guerroyé contre les colonisateurs britanniques, et représente l’ethnie principale, se pose en modéré et dispose dans les milieux de gauche, notamment français, d’une mansuétude tout à fait exceptionnelle.  La transition est bien organisée par la Grande Bretagne, avec une apparence de bonne volonté générale qu’on retrouvera plus tard en Afrique du Sud.

Tout le monde croit un instant que la transition vers une démocratie qui tienne compte de la majorité noire sans rejet de la minorité blanche va bien se passer. Le rêve ne durera pas.

Le « progressiste » Mugabe va se transformer rapidement en tyranneau africain caricatural, riche à milliards et cherchant d’inlassables réélections par la force et les exactions. Tout commence par un génocide atroce, la race minoritaire qui avait fourni sa quote-part du mouvement indépendantiste est décimée. La Corée du Nord fournit, contre rémunération, les cadres techniques militaires de ce génocide. Par intérêt personnel, l’équipe Mugabe se mêle de la guerre au Congo en contrepartie de mines (une mine de zinc lui est offerte à titre personnelle !) et d’argent. Le régime s’attaque ensuite aux Blancs, propriétaires de la majorité des exploitations. On en tue une partie tout en expropriant les autres. Les meilleures terres sont confisquées par la famille de Mugabe et des dirigeants proches. Les milices du Zanu-PF, le parti du président, sont dirigées par un reître répondant au nom évoczteur de « Hitler ». Evidemment tout s’écroule. Les mines ne produisent plus. Les champs deviennent stériles. Entre un quart et un tiers de la population fuit le pays et sa misère pour tenter sa chance ailleurs.  La planche à billets est mise contribution.  L’inflation qui oscillait entre 20 et 50% passe soudain le cap de 100% en 2001. On est à plus de 1000 % en 2006, 66.000 % en 2008 et finalement 80 milliards % en novembre 2008. Le tout forme le plus bel exemple d’hyper inflation depuis celle qui a ravagé l’Allemagne un siècle plus tôt. Les institutions internationales chargées à la fois d’éviter les génocides, d’aider au développement et d’assurer la stabilité monétaire ont été totalement impuissantes.  Le régime vend alors des pans du pays à la Chine, pour maintenir les revenus somptuaires de ses dirigeants. Gorgée de réserves en dollars, grâce aux changes flottants et l’acceptation par la communauté internationale de ses énormes excédents, réserves dont elle craint la volatilité, la dictature communiste Chinoise s’installe et commence à récupérer les richesses du pays, pratiquement sans utiliser aucune main-d’œuvre locale. Le dollar devient la monnaie du pays. Mugabe, devenu un vieillard sénile, sera forcé à la démission lorsque sa femme, beaucoup plus jeune, entendra lui succéder. Ce sera un des responsables du génocide initial qui parviendra au pouvoir.

Retenons les caractéristiques de cette histoire : génocide et crimes contre l’humanité, fausse démocratie et vraie dictature, appel à des dictatures communistes pour installer son pouvoir, épuration ethnique et sociale, corruption absolue, ruine du pays, crise humanitaire, émigration de masse des populations, hyperinflation, et finalement affermage partiel du pays à la Chine pour sauver la fortune des dirigeants. Cette descente aux enfers sera presque totalement occultée par la presse française, jusqu’à un revirement récent, Robert Mugabé trouvant en permanence des soutiens actifs auprès de la presse de gauche, plus soucieuse de stimuler la repentance occidentale vis-à-vis des « victimes de la colonisation blanche, génocidaire et inexcusable » que de faire connaître et condamner les dérives ignobles d’une figure idéalisée du tiers-mondisme africain.

On retrouve exactement les mêmes caractéristiques dans l’évolution de la situation du Venezuela. Le pays est extrêmement riche. Il dispose de réserves pétrolières gigantesques. Son potentiel agricole est excellent, avec des possibilités vivrières pour la consommation locale et des produits d’exportation. La hausse vertigineuse des prix du pétrole après 1973 offre au Venezuela la possibilité d’une prospérité unique.  Après l’élection de Chavez, un ancien dirigeant des mouvements révolutionnaires communistes, le pays se lance dans la construction d’un « socialisme bolivarien » assis sur la rente pétrolière.  Le chavisme détruit progressivement la démocratie et la propriété privée. Il arme des milices. Les entreprises étrangères sont nationalisées. La destruction de la production, le développement de l’insécurité, les exactions répétées du pouvoir, finissent par avoir raison de la prospérité du Venezuela. Chavez a fait appel à la dictature cubaine pour épurer l’armée et en contrôler les rouages de commandement. Les nouvelles entreprises nationalisées sont incapables de maintenir la production. Rapidement tout manque dans un pays où la rente pétrolière permettait naguère de fournir à la population les produits de première nécessité qui n’était pas produit localement. Lors que le cours du pétrole s’effondre, le régime est pris de panique. Chavez décide de s’affranchir de toutes les règles et institutions internationales. Il quitte le FMI et met la banque centrale sous tutelle du gouvernement. La planche à billet commence à tourner à plein régime. Les prix enflent en même temps que les pénuries s’aggravent. A sa mort, le pouvoir passe à son adjoint Maduro qui aggrave tout.  Il met fin de facto à la démocratie en imposant une chambre constitutionnelle dictatoriale, élue dans des conditions telles que les députés pro-régime ne pouvaient être que majoritaires. La misère commence à s’installer en même temps qu’une émigration de masse commence. Plus de deux millions de personnes fuient un pays où la sécurité disparait. La criminalité explose. Les meurtres sont quotidiens. Le gouvernement est aux abois. L’inflation s’installe et s’emballe. Elle tourne à l’hyper inflation à partir de 2017. En 2018, elle atteint un million de pourcent. Les dirigeants « socialistes bolivariens » se tournent vers la Chine qui fournit les dollars nécessaires à la survie du régime, contre pétrole et matières premières.  Contrairement à Mugabe, Maduro décide d’innover en créant à l’été 2018 une « crypto-monnaie », le Petro, dont le prix unitaire est celui d’un baril de pétrole, et un Bolivar dit souverain « basé » sur le Pétro. On en est là, avec une crise humanitaire et une émigration qui déstabilise les pays voisins, notamment le Brésil et la Colombie.

On notera aussi ici le soutien indéfectible des médias socialistes et tiers-mondistes français à cette nouvelle expérience socialiste tragique et criminelle, au point qu’un candidat à l’élection présidentielle française de 1917 crut devoir se déclarer un partisan farouche de la « révolution bolivarienne ».  

Il est vrai que les deux « expériences » socialistes présentent d’autres parentés : même ruine du pays ; même destruction de la démocratie ; même émigration ; même recours aux militaires de dictatures communistes pour mater le pays (Corée du nord ou Chine) ; même hyperinflation ; même recours final à une Chine gorgée de dollars par ses énormes excédents ; même haine des pays occidentaux qui avaient fait la richesse des deux pays ; même impuissance des institutions internationales.

Ces deux histoires sont sordides. En dehors des aspects idéologiques et politiques de ces désastres, une réflexion s’impose sur les conséquences du système monétaire international boiteux qui a été mis en place et l’effondrement des institutions multilatérale mises en place par Roosevelt. L’évolution interne des deux pays est certes dictée principalement par les mouvements politiques qui s’y déroulent et la logique de destruction de l’économie et de la démocratie qui est le propre de ces expériences socialistes radicales, mais le système global, totalement déséquilibré, qui s’est mis en place à partir de 1971, a aussi un rôle. Les deux pays étaient parfaitement insérés dans l’économie mondiale et prospères. Ils étaient membres des institutions internationales. Merveilleusement dotés par la nature pour triompher dans la mondialisation, ils devraient être aujourd’hui des exemples de réussite sociale et économique. L’intégration des populations noires et indiennes et leur promotion sociale auraient été faciles à réaliser dans le cadre des Trente Glorieuses.  

Le fait que le monde soit entré dans un système qui a vu une baisse constante du taux de croissance mondial, le déchaînement de crises périodiques de plus en plus graves et la concentration d’excédents massifs dans certains pays, ont eu des conséquences aggravées dans les pays ayant fait le choix d’un socialisme radical. Les crises ont permis l’arrivée démocratique de partis qui ne l’étaient pas ou ont entraîné les dictateurs à rechercher des moyens de faire face à des pertes qui affectaient directement leur fortune et leur maintien au pouvoir. Les deux hyperinflations surviennent après que le chaos sur la scène internationale se soit installé. La Chine n’aurait pas pu mener sa politique actuelle si on lui avait interdit d’accumuler des excédents monstrueux en dollars.

Logiquement, les pays qui ont réussi à sortir du socialisme ont vu leur niveau de vie augmenter et ceux qui ont été forcés à y entrer se sont retrouvés dans la misère.  

Les institutions multilatérales se sont montrées totalement incapables de juguler l’effondrement démocratique et économique des malheureux pays concernés. L’ONU, la Bird, le FMI, le Tribunal Pénal international ont été aux abonnés absents.

Les deux exemples cités sont aussi symptomatiques d’une double faillite du système monétaire international et de du multilatéralisme. Ces deux drames méritent mieux qu’une simple dénonciation de dirigeants-voyous et de leur idéologie délétère. Une économie mondiale mieux organisée et une action internationale plus ferme, excluant de ses instances les nations tentées par ces expériences et interdisant à ses membres tout commerce et aides financières, auraient permis de sauver du drame humanitaire généralisé que l’on constate les populations civiles sacrifiées.

Défis de la réforme de l’enseignement de l’économie au lycée

On connait la démarche classique de la construction d’un programme de lycée, en matière de sciences. Les plus hautes autorités universitaires de la discipline sont invitées à adapter les programmes en fonction des dernières découvertes et à transformer le lycée en nouvelle propédeutique préparant le passage à l’université. On bouleverse en général et le savoir et la démarche intellectuelle qui a permis de l’acquérir. En même temps, le processus est laissé à la cogestion avec les syndicats d’enseignants, en général marxistes d’inspiration et de transpiration, qui viennent ajouter la pincée d’idéologie mortifère habituelle au nom de la « non reproduction des élites » et de la conscientisation des masses sur les méfaits du capitalisme.

Les résultats sont généralement désastreux. L’orthographe a été massacrée. L’histoire a été presque totalement détruite. Les mathématiques modernes ont été l’échec dramatique que l’on sait. L’économie a été réduite à une critique du capitalisme et une ode à la justesse des revendications sociales.

Comme, en plus, on ne veut pas que les parents puissent interférer avec « la puissante construction républicaine d’une jeunesse émancipée » et surtout conforme aux canons du socialisme avancé, cela donne un brouet qui tourne à l’infâmie. L’édition scolaire étant largement tenue par des gauchistes ou même carrément des communistes, comme Nathan, et les parents n’achetant plus les livres, qui sont fournis gratuitement par l’Etat Moloch et choisis par des « enseignants »  (il n’y a presque plus de vrais professeurs dignes de ce nom) ou plutôt, à 85% par des enseignantes, dont le seul mérite est d’avoir milité dans des CAL puis trainé à l’université avant de passer entre les mains des « pédagogos », le spectacle final est sinistre et explique largement l’effondrement du niveau général.

Quiconque a été invité à exposer devant des lycéens le sait : connaissance nulle ; moraline et politiquement correct envahissant.

En matière économique, le caniveau scolaire charrie une telle quantité d’idéologie anticapitaliste que cet enseignement ne sert ni la connaissance de la discipline, ni la formation du citoyen, mais parvient tout juste à fournir quelques abrutis conditionnés pour « nuits debout » et l’alternimportequoi. Les ceusses qui choisissent de devenir journalistes de radio sont nourris à la même mamelle.  On voit le résultat tous les jours dans les radios et sur la TNT : exaltation de la critique du capitalisme ; privilège accordé à tout ce qui est contre ; luttes sociales sacralisées ; blabla ininterrompue sur les inégalités ; cris sans cesse répétés de Vive L’impôt ;  obligation d’équilibrer toute présence d’un commentateur « libéral » par quatre à cinq énergumènes de gauche qui couvriront sa voix pour éviter qu’il n’entache la foi du peuple.

La France a donc atteint en économie le niveau affligeant que tous les observateurs ont bien été obligés de relever. On parle de notes en dessous du zéro Kelvin.  En résumé : capitalisme = beurk ; capitalistes = salauds. Les écolos verts-rouge ont ajouté leurs strates : « la croissance assassine la terre. Il est trop tard pour réagir.  Nous allons assister à l’effondrement proche de la société thermo-industrielle ». Cet économisme écolo-socialiste, à tendance catastrophiste et fin du monde, est à la mode chez les « gnangnantes » qui veulent épargner aux chères têtes brunes qu’on leur a confiées le soin d’accepter la société où ils sont nés et que leurs parents ont rejoint parce qu’elle était prospère.

La production, c’est mal. La consommation ; c’est mal. L’exploitation des autres pour ses petits besoins, c’est mal. Vive la fin du salariat. Les entreprises sont des engins malsains. Rien que des voyous qui fraudent le fisc, trompent le consommateur et tuent l’environnement. Mais, zut, quand est-ce qu’on nous augmente, nous pauvres persécutées et déclassées ? Et où ais-je mis mon téléphone portable hyper sophistiqué qui m’est si nécessaire pour préparer la prochaine festouille, pardon, manif ? Toutes ensemble ! Toutes ensemble !

On dira : vous caricaturez. C’est vrai, mais à peine. Disons que le trait est un peu forcé pour bien souligner le visage de la réalité. La plupart des personnes qui enseignent l’économie sont en général profondément ignorants et n’ont même pas de passion partisane. Tout ce petit monde flotte comme les yeux dans le potage. De temps en temps, un passionné arrive à intéresser son auditoire captif.

Les économistes universitaires ont tenté de sortir du piège de leur mise à mort sociale comme agent de la domination capitaliste et de l’assassinat de Gé, en sombrant dans la mathématique approximative et les modèles. On privilégie la microéconomie en l’agrémentant de formules mathématiques plus ou moins complexes. Dès les années soixante la réforme des programmes universitaires a été de les charger en mathématiques, mal enseignées avec des polycopiés indignes, pour donner du sérieux à la discipline, faire de la sélection et éviter de tomber dans la sociologie politique sous domination syndicalo-gauchiste.

Les projets connus annoncent qu’on pourra faire des exercices de maths avec de l’économie à l’école. Plus neutre tu ne peux pas !  Dès qu’on affirmera une loi un peu trop libérale, on s’excusera, en montrant qu’en effet le modèle est pur mais la réalité impure.

Tout cela est parfaitement ridicule. Le conflit entre économie libérale et économie marxisante n’a pas d’objet : il n’y a pas d’économie marxisante qui tienne !  Cf l’URSS, Cuba, le Zimbabwe, la Corée du Nord, le Venezuela post Chavez et le régime de M. Ortega.

Alors on reprend le débat en opposant keynésianisme et néolibéralisme, qui n’a pas plus de sens car tout le monde connait les résultats des excès des émules étatistes de Keynes, comme les échecs récurrents de l’application des préceptes de Milton Friedman.  On ne fonde pas une formation scolaire sur des théories problématiques qui ont échoué, ni sur des querelles.  

L’enseignement de l’économie doit d’abord s’assurer que les élèves comprennent les principales notions et possèdent les chiffres clés. Enseigner quelques mécanismes fondamentaux et décrire les grands évènements économiques devraient être la seule ambition de l’enseignement économique au lycée.

La mathématique microéconomique est une facilité et un piège. Elle permet de « neutraliser » la discipline mais du coup elle n’a plus aucun caractère intéressant, ni même utile, étant totalement coupée des réalités.

Le terrain scolaire est tellement verrouillé par des syndicats politisés, qu’il parait peu probable que les réformes envisagées soient utiles. De toute façon, l’édition scolaire se chargera de maintenir le climat de domination idéologique gauchisant qui prévaut. Ne jamais oublier qu’une enseignante a la liberté de choisir le manuel mais que les syndicats veillent.  Ne pas acheter le bon manuel vous classe. Ou vous déclasse. Les syndicats gèrent votre carrière. La coercition sociale existe en France dans l’Edunat. Pour avoir la paix, la facilité est de rester dans le courant dominant.  Comme les enseignants (tes) actuels (lles) d’économie qui ont une formation mathématique sont une espèce quasiment inexistante, croire qu’ils vont enseigner des équations plutôt que de prêcher la bonne parole est d’une parfaite drôlerie !

L’Economist dans un numéro récent explique qu’il est extrêmement difficile d’enseigner la macro-économie, (assimilé à une escroquerie intellectuelle par une grande partie des économistes en provenance des grandes universités américaines). L’ennui, c’est qu’ils n’ont pas d’explications de la crise de 2008, sinon pour expliquer que ce sont des vilains et les Etats qui ont faussé le libre et bénéfique jeu du marché.  Il faut se rappeler le diagnostic du premier G.20 après le déclenchement de la chute des banques. Les normes comptables, les bonus, la cupidité des banquiers, tels étaient les causes !  Une « explication » qui n’est qu’une « expiation » sur le dos des autres.  

La science économique est en difficulté, comme science dure. Il est normal que son enseignement ne soit pas facile. En France, la difficulté est multipliée par les résidus d’idéologie qui enserrent encore les esprits et animent les syndicats. Et une partie des enseignants : M. Alexis Corbière et Mme Nathalie Arthaud dont tout le monde a eu l’occasion de méditer la modération dans l’engagement gauchiste, donnent une bonne idée du problème.

L’important est de donner des connaissances indiscutables et il y en a beaucoup. Et de ne jamais transiger sur la neutralité scolaire, sans sombrer nécessairement dans l’abstraction mathématique.  

Commerce extérieur français en déficit : une surprise ?

Le commerce extérieur français continue sur sa belle trajectoire de déficits. Quelle est la cause première de ces déficits récurrents ? Le manque de compétitivité et de productivité. Quelle est la cause de ces manques : la réduction administrative du temps de travail et l’excès de dépenses publiques et d’impôts.

En dépit de tous les articles et éructations, sur la TNT, des collectifs d’économistes socialisants, l’effondrement du commerce extérieur suit inéluctablement le passage forcé aux trente-cinq heures. Dans un pays où l’Etat collecte près de cent pour cent de la valeur ajoutée des entreprises non financières de plus d’une personne, ce qu’on appelle les entreprises, et détourne à son propre profit et celui de ses agents, l’essentiel de la richesse produite, il est normal que la production vienne pour une bonne part de l’étranger et que l’exportation soit difficile. Pour corser l’affaire, sous l’influence des communistes depuis la Libération, le gros des charges sociales et de l’impôt pèse sur la production. On importe des produits sans charges sociales contre des produits avec charges sociales.  Si celles-ci étaient faibles, ce serait déjà un problème, mais ce sont les plus lourdes du monde. On a par ailleurs chassé « les riches », mettant notre industrie entre les mains de l’étranger.

Comme nous sommes nés malins, nous avons multiplié l’importation d’étrangers inactifs en faisant fuir nos actifs nationaux.  Nous avons confié les règles du commerce extérieur à des étrangers, via l’Union Européenne qui n’a d’autre envie que de passer des contrats de libre échange qui met nos industries directement en concurrence avec des pays à salaires misérables et population innombrable, et ceux techniquement les plus avancés.  

Il faut bien voir que des déficits commerciaux se traduisent par la captation de l’épargne nationale par l’étranger ce qui nous impose, pour maintenir notre niveau de vie, de recourir massivement à l’emprunt. Emprunt de l’Etat éternellement en déficit et des particuliers qui n’ont pas le choix. Heureusement, pour sauver les banques de l’explosion de l’économie baudruche mise en place en 1971, la BCE maintient depuis des années les taux à un niveau ridiculement bas, propice à toutes les bulles. Il permet à l’étranger de piller ce qui reste de nos entreprises.

La France dispose donc d’une économie totalement voilée, faussée, la production suivant les dépenses publiques plus que les besoins exprimés par la population. Quand on sert la dépense publique on n’exporte pas. Quand on construit des milliers de ronds-points, on n’exporte pas. Quand on investit indéfiniment à pertes dans des lignes de chemins de fer sans rentabilité, on n’exporte pas.  Quand on cherche à réduire les dépenses de santé « gratuites », en allant importer des pays à bas salaires la presque totalité des spécialités, on détruit son industrie du médicament et on n’exporte pas.

Il est désormais parfaitement clair que le gouvernement actuel est ce que nous dénonçons depuis le début : le champs clos de l’Enarchie Compassionnelle triomphante, qui a gagné la dernière présidentielle grâce à une démagogie sans limite et l’astucieuse destruction orchestrée du candidat Fillon.

Depuis maintenant un an, aucune mesure de fond permettant de restaurer la compétitivité et réduire la dépense publique n’a été prise.  Aucune sérieuse.

On parle de quelques centaines de postes de fonctionnaires supprimés. La dépense publique a fortement augmenté. Aucun effort de réduction des charges sociales portant sur l’entreprise (on a évacué sur les retraités une partie des charges sociales salariales). Les grandes entreprises publiques du passé (Air France, EDF, France Telecom, la Poste, la SNCF, la SNCM…) restent des boulets syndicalisés qui multiplient les pertes et les exactions contre les Français.  Les prélèvements fiscaux de cette première année sont supérieurs à ceux de la première année de l’hystérique fiscal Hollande !  Personne au gouvernement ne sait comment se sortir du piège de la suppression de la taxe d’habitation et de la révolte des collectivités locales accros depuis des années à des dépenses démagogiques sans limite, voire à une hystérie vélo-bobo-socialo-gaucho destructrice, comme à Paris.  

Alors tout le monde emprunte et importe, sans le savoir. 18 ans de ce régime a mis la France au rang de puissance marginale et la phrase la plus entendue dans les milieux qui ont les moyens de compter est : « la France, c’est fini ; ce n’est plus là que cela se passe ».

Nos exportations sont le plus souvent le fait de grands marchés vulnérables. Dassault est sous la menace d’un embargo américain sévère, comme Airbus. L’affaire iranienne montre la vulnérabilité de Total et des constructeurs automobiles français. Comme nous avons systématiquement empêché les PME de grossir, du fait des effets de seuils et des prélèvements abusifs sur la réussite, même petite, nous n’avons pas de Mittelstand permettant d’exporter des produits ciblés et mondialisés. Nous avons été sortis et depuis longtemps des marchés technologiques de pointe.

Virés de l’informatique, virés d’internet, virés de la téléphonie mobile, virés de la mécanique, virés de l’électronique, virés des réseaux sociaux, absents des technologies vertes, ridiculisés par les Chinois dans le nucléaire, anglosaxonisés et marginalisées dans l’industrie musicale et plus généralement la Culture, où est donc la France qui innove et qui prend des places de n° 1 mondial ? L’édition proprement française est quasi morte comme la presse d’ailleurs. L’agriculture française commence à montrer des béances de compétitivité, du fait de son organisation presque purement administrative, voire communiste (Modev etc.). Même l’agroalimentaire, le vin, la mode, le luxe et le tourisme commencent à souffrir. La plupart de nos grands hôtels appartiennent désormais à l’étranger. Les grands groupes qui marchent vivent la main dans la main, et la main dans la bourse, de l’Etat et des collectivités locales, ou ont été rachetés par l’étranger ou sont à la veille de l’être.

Quant à nos grandes administrations, elles sont toutes dans le désarroi depuis longtemps. La justice est effondrée sans espoir depuis qu’elle s’est mise au service de la délinquance (qui n’est coupable de rien puisque victime de la société bourgeoise)  et a choisi de chasser le bourgeois (la source de tous les maux) ; l’école n’est pas loin du néant comme l’université ; la police est dépassée par la délinquance des vrais voyous; les armées fonctionnent avec des bouts de ficelle (et des fournitures venant de l’étranger ; la diplomatie française gère la fermeture de toutes les institutions qui faisaient notre rayonnement et accélère la marginalisation du français comme langue utile.  Notre langue cesse même d’être une langue enseignée dans de multiples pays.  C’est peu dire que le régalien en France est à la dérive. Quant aux naissances, elles ont commencé leur baisse historique, à force de démanteler les dispositifs natalistes.

On dira : M. Blanquer a commencé à redresser l’école. On a supprimé quelques abus avec la nouvelle loi sociale. On a supprimé pour l’avenir (lointain) le statut de cheminot. On a réduit l’ISF en IFI. Le forfait sur les revenus de l’épargne a mis fin à une mesure dramatique pour l’épargne. C’est vrai, c’est bien, mais c’est peu.

Compte tenu du coût aberrant des réactions syndicales communistes, il aurait peut-être mieux valu aller beaucoup plus loin tout de suite, après avoir réformé lourdement le droit de grève et les financements syndicaux.   

La haute fonction publique qui tient l’Etat et la Nation, en les ruinant tous les deux, à la manière de l’aristocratie d’ancien régime, est d’abord soucieuse de sa propre conservation. Elle considère qu’elle ne passe pas par une meilleure productivité du pays, trop rugueuse à imposer tant les remises en cause sont nombreuses et importantes.

Nous conserverons donc des millions de chômeurs et des millions de fonctionnaires ou de personnes dépendant directement de la dépense publique (près de 15 millions de foyers tout de même, sans compter les retraités, plus de trente millions avec).

Notre déficit extérieur restera, pour sa part, majestueux. Un pays qui n’a jamais su avoir des finances publiques équilibrées depuis le triomphe des Enarques lors de l’élection de Giscard comme Président de la République et de la nomination de Chirac comme Premier Ministre, jusqu’à l’élection de Macron à l’Elysée et de Philippe à Matignon, ne peut pas espérer avoir un poids économique mondial positif. Supprimer les déficits abyssaux, les impôts confiscatoires, les dépenses folles, la cogestion syndicale des administrations, de la santé, de l’agriculture, de la culture serait, pour l’Enarchie, la même horreur que vider l’eau du bocal pour le poisson rouge.

La réforme de la Constitution est désormais morte avant d’être enterrée. Il est vrai qu’elle ne servait à rien. Elle n’aurait eu de sens que si ces trois articles avaient été ajoutés :

-        Nul ne peut être élu dans une assemblée qui fixe l’essentiel de sa rémunération et de ses conditions d’emploi.

-        Nul ne peut bénéficier de deux rémunérations de l’Etat ni cumuler une rémunération d’Etat et une rémunération privée.  

-        Ne peuvent bénéficier d’un statut de fonctionnaire que les très hauts fonctionnaires dont l’emploi par l’Etat est discrétionnaire et qui doivent être protégés du risque politique (soit pas plus de quelques milliers, tous les autres devenant contractuels).

A la benne Benalla et la réforme constitutionnelle ! Pendant ce temps-là M. Juncker, sans mandat, va à Canossa-Washington négocier avec M. Trump.  Le story telling avait été grandiose : « on ne pouvait rien espérer. Mais un accord miraculeux a été signé. Merci qui ? ». Communication quand tu nous tiens ! Comment peut-on représenter en même temps les intérêts d’un pays excédentaire jusqu’à l’indécence et la France ? La question ne sera pas posée.

Dans ces conditions, comment croire que les comptes extérieurs français se corrigent tout seuls ?

Nature du Bitcoin et avenir des jetons Internet

A la suite de l’escroquerie massive des épargnants lors de la bulle organisée par des malfrats caractérisés autour des prétendues « crypto-monnaies » (que nous avons signalée dès son démarrage dans l’article « alerte rouge sur le bitcoin ») les autorités, un peu partout, ont tenté de définir une position solide sur ces dispositifs.  La plupart de ces institutions officielles ont surtout essayé de prouver qu’elles n’étaient pas « réactionnaires » et n’ont pas voulu en définir réellement la nature technique et juridique. Les plus audacieux se sont contentés d’affirmer ce que n’étaient pas ces OVNI (objets voleurs non identifiés). La BCE a indiqué qu’il ne s’agissait pas de monnaie. La FSA a décrété qu’il ne s’agissait pas d’actifs financiers, donc qu’ils ne dépendaient pas de sa régulation, ce qui partiellement contradictoire avec la notion de cryptoactif favorisée par les banques centrales dans une récente réunion générale.

Le bitcoin et ses congénères sont des jetons.

Un jeton est un objet relativement peu coûteux à produire, mais qui est reste difficilement imitable par le particulier. Il a une utilité limitée à une sphère spécialisée et porte généralement un « droit à ». Il est retenu lorsqu’il faut réduire ou réserver des coûts d’accès aux droits en question. Les moines distribuaient des jetons de cantine à ceux des pèlerins qui leur en paraissaient digne (surtout après les donations). Les forains donnent des jetons permettant à des personnes contrôlées (âge notamment) d’accéder à des manèges. Les machines automatiques ont longtemps préféré les jetons à de la monnaie compte tenu du coût des monnayeurs. Le jeton de téléphone est typique. Certains bistrots distribuent des jetons d’accès à leurs toilettes pour les réserver à leur clientèle. Le jeton est plutôt en régression pour réserver les accès compte tenu de la facilité d’utiliser des cartes et le paiement par téléphone ou par carte élimine les paiements par jeton pour de nombreux distributeurs.   Par extension, les informaticiens ont appelé jeton un enregistrement temporaire qui porte des droits et qui est passé d’applications en application. Le réseau Token Ring fonctionne ainsi sur la notion de jeton. Les applications informatiques de gestion sérieuses sont capables de créer un jeton de droit d’accès aux fonctions de l’application dès l’identification de l’utilisateur. On peut alors contrôler, sans accès perpétuel à l’ordinateur central, les parties du logiciel accessibles et les actions autorisées.

Le Bitcoin est un jeton informatique. Il porte une information élémentaire : le moment, le montant et la quantité d’une transaction associée à un identifiant et le solde des opérations passées. La transaction est élémentaire : il s’agit toujours d’un transfert. Programmer un tel mécanisme sur un fichier classique prend deux minutes à un programmeur sous-doué.  La particularité du mécanisme mis en place tient à la gestion du fichier : c’est un fichier crypté et réparti sur une multitude d’ordinateurs. La solidité de la solution a été prouvée : le fichier est bien inviolable. Les procédures mises en place permettent bien de garantir, sauf absence d’accès à Internet, que tel identifiant a bien en sa possession tel montant. La complication du système provient du fait qu’il faut effectuer des vérifications avant d’enregistrer la transaction, ce qui a un coût de traitement. Il est donc nécessaire d’allécher des internautes pour qu’ils se lancent dans la procédure de vérification et éviter que cette procédure soit opérée par un trop petit nombre de machines. La gestion de fichiers répartis et cryptés est une technique compliquée mais elle devient élémentaire dès que les API de transaction et de contrôle sont disponibles. 

Créer des jetons internet est donc extrêmement facile dès qu’on dispose des outils « open source » correspondants. Environ 1800 jetons ont été créés à la suite du Bitcoin.  Un jeton informatique a un coût de production faible ; il est suffisamment difficile à copier pour rendre son usage possible sans fraude dommageable. Comme tous les jetons, depuis toujours.

Nous conseillons donc aux institutions financières nationales et internationales de parler de jeton, et à leur suite l’ensemble de la presse et les encyclopédies. Un jeton est un jeton, pas une monnaie ni un actif financier.  Il suffit de parler de jetons internet pour identifier de façon suffisante les objets informatiques de ce type. Il n’est même pas nécessaire d’ajouter « cryptés » puisqu’ils n’ont de sens que s’ils sont cryptés.

La question centrale est :  à quoi peut bien servir un jeton Internet ?  A priori à rien. Qui voudrait acheter un jeton qui ne vaut rien et ne porte aucun service directement associé ? Comme l’a écrit récemment dans un rapport écrit par le concepteur supposé du Bitcoin, le secret du succès des jetons internet tient tout entier au fait de les avoir assimilés à une monnaie. Habitué à manipuler des monnaies symboliques qui n’ont aucune valeur intrinsèque et qui sont des droits à éteindre toute dette, notamment fiscale, le grand public pouvait gober le concept sans trop de difficulté.

Les promoteurs se sont donc attachés dès le départ à favoriser le caractère monétaire du jeton. Le nom de Bitcoin, son symbole barré, les innombrables représentations sous forme de pièce d’or, le choix du mot « mineur » pour le travail « d’extraction » des nouveaux Bitcoins, son aura « anti-establishment », son indépendance vis-à-vis des autorités, le secret des transactions, mis en valeur par les techniques de cryptages, tout devait concourir à assimiler Bitcoin et monnaie.  On a habillé le jeton en pièce d’or. Et on a inventé un « story telling » pour que la communication du concept traverse bien le maximum de cerveaux.

On a donc communiqué qu’une nouvelle monnaie, moderne, secrète, indépendante des autorités était disponible pour tout usage. Il suffisait d’ouvrir un « porte-monnaie » (encore le vocabulaire monétaire) en bitcoin. Tout alors allait beaucoup plus vite qu’avec les monnaies officielles. Le terme au début était « monnaie virtuelle ». Il a été rapidement remplacé par « cryptomonnaie » car le caractère virtuel décourageait le gogo. 

Comment disposer de Bitcoins ? Il suffisait de les acheter en passant par un courtier qui agirait sur une bourse spécialisée et déposerait sur votre compte ou dans votre porte-monnaie les jetons correspondants, au prix du « marché ». Les promoteurs ont donc parlé d’un marché de devise comme le Forex, fonctionnant de la même façon.  Les prétendues cryptomonnaies étaient juste un autre genre de devises.

En fait il s’agissait de jetons sans valeur intrinsèque, ce qui a longtemps freiné les enthousiasmes. Les seuls usages réels furent dès le départ frauduleux : opérer des achats de produits interdits (drogues et armes) et virer des sommes en fraude des contrôles monétaires internationaux.  Ces premiers usages ont commencé à donner une valeur au jeton. La valeur en elle-même n’avait pas d’importance car les opérations étaient très rapides. J’achète des bitcoins en Chine et je les transfère à un autre opérateur en contrepartie de ce qu’on veut, ou je les convertis aussitôt en une autre devise, tout cela sans passer par les marchés officiels. Les bourses pouvant être n’importe où, aucune autorité n’était véritablement en charge ni en mesure de contrôler quoi que ce soit.

Cela a permis à quelques fournisseurs du Dark Web de faire de jolies opérations illégales et aux truands quelques mouvements de fonds intéressants. Avec très peu d’opérations d’échange légale pour accompagner le mouvement. Les promoteurs et « mineurs » privilégiés (90% du minage est le fait d’une demi-douzaine de sites) ont récolté des sommes considérables. La hausse du cours du Bitcoin, même si elle était limitée en valeur, était malgré tout spectaculaire en pourcentage : quand on passe de 0,0001 dollars à 2.50 dollars, la hausse est vertigineuse.

Les promoteurs du système ont alors changé leur fusil d’épaule : les autorités américaines avaient démantelé le principal site de vente en bitcoin de produits illégaux ! Il ne s’agissait plus d’utiliser la « monnaie » pour des transferts discrets ou des achats douteux, mais de capitaliser sur la passion de gains rapides et spectaculaire : les cryptomonnaies, le moyen de faire fortune en un rien de temps en misant presque rien !   

La première grande opération de manipulation de cours a eu lieu en 2013. Elle est intéressante car elle a été la répétition générale de la grande manipulation de la fin d’année 2017. Le but : manipuler les cours et l’opinion pour déclencher une bulle spéculative. L’opération a totalement réussi. Le cours, en dollars, est passé de 200 à 1000 en quelques jours, permettant aux émetteurs de se débarrasser progressivement d’une partie de leur stock avec une énorme plus-value. Naturellement le cours s’est effondré peu après et pour longtemps.

Cette manipulation s’est appuyée sur trois supports :

-             La publicité mensongère. On voit se répandre sur le net des légendes dorées visant à stimuler la cupidité du plus grand nombre. Il s’agit toujours d’un pauvre gars ou d’une pauvre fille qui a accepté dans un moment d’illumination un paiement mineur (des fleurs, une course en taxi) en bitcoins et qui se retrouvent propriétaire d’un bel appartement sur Central Park, à New York, ou au cœur de Londres, dans le quartier le plus chic. Ce matraquage est d’autant plus facile que la publicité sur le net, notamment dans les espaces web des grands journaux, échappent encore, à cette date, aux règles qui régissent la presse papier. Une vidéo tentante est-elle de la publicité ou un simple plaisir imagé ? On voit donc se multiplier les témoignages bidons, en fait de la pure publicité frauduleuse, mis sous le nez de tous les utilisateurs du net.  Toutes ces vidéos suggèrent que le moyen les plus facile et le moins dangereux de faire une fortune inespérée est d’acheter du Bitcoin.

-             Les faux experts indépendants. Ce sont évidemment des « évangélistes payés ». Ils se répandent sur le net pour raconter la légende du Web, rabrouant sur les réseaux sociaux les ringards qui disent « n’importe quoi ». Malheureusement ces campagnes de lobbyistes sont souvent reprises par la grande presse soucieuse de montrer qu’elle est « in » et non passéiste.

-             Les ateliers, réunions publiques etc. Comme les sectes, les promoteurs du Bitcoin ont essaimé des colonies d’adeptes formés à la propagande et qui tentent d’orienter les naïfs vers l’investissement en bitcoins. 

C’est un mur d’or qui accueille les internautes qui frappent Bitcoin et « images » sur Google et partout sur le WEB on lui explique que le bitcoin est la monnaie du futur et que mêmes les grandes banques et les états admirent cette nouveauté technique formidable.

Le retour au calme après la frénésie a duré quatre ans. Il faut savoir que les bitcoins sont créés par les opérations de vérification. Plus on vérifie, plus on gagne. Mais que vérifie-t-on ? Des transactions réelles ? Pas du tout. Les grands précurseurs ont créé des fermes et ils transfèrent à eux-mêmes inlassablement des jetons par des robots. Ces transactions déconnectées de tout objet autre que de « miner » sont gratuites. On peut donc les multiplier à l’infini. Les plus gros « minent » le plus de nouveaux bitcoins. L’ennui, c’est qu’une fois que vous disposez de milliers de bitcoins, vous ne savez rien en faire, sinon les vendre. Si vous le faites en masse vous tuez le cours. Les quelques très grands acteurs qui représentent une part très importante de la possession du stock, ont donc mis en place des stratégies conjointes et préparées pour provoquer des emballements ponctuels.  Comme l’a très bien dénoncé un organisme américain, les marchés ont été totalement manipulés.

La propagande mondiale autour du Bitcoin a conduit le cours jusqu’à 20.000 dollars l’unité.  Les gros malins qui avaient organisé cette escroquerie ont pu se libérer d’énormes quantités de Bitcoins au plus haut. Les gogos ont payé les pots cassés.

Aujourd’hui le cours est retombé autour de 6.500 – 7.000 dollars. Le même groupe de maquereaux qui pilotent les cours essaient de maintenir la valeur en profitant de l’étroitesse du marché. Le cours peut augmenter de 20% en deux heures !  La stratégie est d’essayer de tenir le cours autour de 8.000. Comme en 2013, où ils sont parvenus à maintenir le cours juste au-dessus du cours avant emballement. Dans quelques années, on recommencera la même opération spéculative, pour tenter d’arriver au 30.000 dollars le bitcoin.

L’exemple du bitcoin a stimulé l’imagination de 1800 autres promoteurs. 600 ont déjà jeté l’éponge. Mais on trouve de nouveaux candidats tous les jours. La manne fait rêver. 800 « projets » ont été des escroqueries pures et simples. Les courtiers ont commis pour 750 millions de vols d’épargnants avec des techniques simples : non remboursement des comptes ; disparition pure et simple ; non fourniture des bitcoins.  La Berezina sur tous les marchés de crypto monnaie a été tragique : perte de 75 à 85% de la valeur la plus haute.  L’AMF a du lancer des avertissements très précis pour avertir les épargnants. Ils démontrent une vague d’escroqueries incroyable. Au total on pense que près d’un milliard de dollars ont été volés à travers le monde.

Toute cette activité n’a produit absolument aucun service ni aucun bien.

La frénésie sur les jetons est terminée. Elle s’est déportée sur les ICO, Initial Coin Offering. L’argument essentiel est la solidité du modèle de fichier crypté réparti, chaîne de blocs en patois informatique, qui permettrait de se dispenser de tout intermédiaire de confiance et notamment des états véreux. De centaines de projets ont été présentés. Aucun n’est vraiment opérationnel et satisfaisant. Mais il y a de l’argent à se faire (par les financements et par les jetons créés). Alors les candidats sont nombreux. La Suisse joue en partie sa crédibilité dans cette nouvelle industrie dont la capitale est Zoug.

La vérité est qu’une gestion de fichiers sophistiquées ne fait rien contre la malhonnêteté des Etats pourris. A la fin des années 2.000, à Kiev, les oligarques ont voulu récupérer la rente des péniches et restaurants qui étaient à quai, qui était captée par le Parti Communiste. La municipalité a évacué tous les bateaux pour des raisons de sécurité. Pour revenir il fallait passer des contrats avec les nouveaux maîtres. La blockchain n’aurait pas changé grand-chose. Le bénéfice de disposer d’un fichier non falsifiable dupliqué partout sur le net est très surévalué. Techniquement, rien n’est vraiment au point lorsqu’il s’agit d’autre choses que d’un identifiant, d’une date et d’un montant.

De toute façon il suffira aux Etats d’interdire les bourses pour que tout s’effondre. Certains ont commencé à interdire les opérations en Bitcoin sur leurs sols et même la possession de jetons. Il est toujours dangereux de considérer qu’une nouveauté technique est sans véritable avenir. Pensons à ce malheureux prix Nobel d’économie américain qui avait considéré Internet comme un non évènement.

Même s’il y a encore pas mal d’argent à gagner en lançant des projets plus ou moins bidon, on ne voit pas la contrepartie en services et en produits de toute cette spéculation, alors que les escroqueries et les pertes sont bien réelles.

Il n’empêche que des jetons sans valeur ont atteint des cours fabuleux. 7000 dollars pour un bitcoin, c’est ahurissant.  La monnaie reste un phénomène de confiance. Si de très gros opérateurs se lancent, comme les Gafa et se mettent en tête de créer une monnaie transnationale privée, dont le cours soit garanti par leurs bénéfices, à l’aide d’une blockchain, la crédibilité de leur jeton serait suffisante pour qu’il devienne une véritable monnaie de transaction. Alors les autorités monétaires auraient du souci à se faire.

Tant que cela n’arrive pas, l’industrie du jeton internet ne mérite pas les honneurs que lui font la presse. Ce n’est qu’un épiphénomène qui révèle seulement la méfiance des peuples vis-à-vis des systèmes monétaires officiels (et la cupidité latente des populations).  Mais cela peut arriver.

Ce blog a dix ans

Nous fêtons le dixième anniversaire de ce blog, créé en 2008 à la suite d’une première approche, lancée 11 ans plus tôt sur le forum du Monde, avec les mêmes ambitions. En 1997, nous pensions que l’économie était mal traitée dans la presse dominante et que Maurice Allais n’avait pas été compris. Une crise grave était en préparation dans l’inconscience générale, alors qu’une « économie baudruche » s’était installée sur les décombres des Accords de Bretton Woods. L’Europe de l’Euro étaient en marche avec des risques très sérieux, totalement minorés ou ignorés. La France s’enfonçait doucement alors que triomphait ce que nous appelons l’Enarchie Compassionnelle, sous l’effet du poids excessif de la dépense publique, d’une perte de compétitivité massive liée aux 35 heures, de l’étouffement des entreprises soumises à la dictature des juges, de la taxation confiscatoire des « possédants » et du bannissement des « riches ».

L’opinion telle qu’elle était exprimée dans la presse semblait incapable de sortir d’un discours obscurantiste déplorable mêlant les reliques de la domination marxiste à gauche et les délires du « politiquement correct » issu des universités américaines. Le gauchisme et la posture antibourgeoise étaient désormais la doctrine dominante et obligée chez les journalistes, avec de moins en moins de freins. Le forum est une technique qui vous informe très vite des mouvements d’opinion et dès 1999 l’exaltation de la haine, reconnue aujourd’hui comme la marque des « réseaux sociaux », était perceptible, rendant très difficile les dialogues positifs. Les concours de postures valorisantes et moralisantes, sans valeur et sans morale sous-jacentes, avec appel à la meute contre les vilains, étaient déjà parfaitement perceptibles en 1997. 20 ans après, ils ont pris une ampleur démentielle, tuant radicalement toute réflexion de bonne foi et construite sur les faits et non sur des actes de foi ou des marques de soumission idéologiques.

Incapacité de comprendre les dangers des changes flottants et des grands déséquilibres, incapacité à comprendre la crise argentine et plus généralement la crise appelée à tort des pays émergents, incapacité à voir venir l’effondrement du début des années 2000, incapacité à voir les conséquences délétères des 35 heures, incapacité à comprendre le caractère dépressionnaire de l’Eurosystème, incapacité à juger la politique Schroeder à sa juste valeur, incapacité à comprendre l’effet sur la classe ouvrière occidentale de la promotion des peuples anciennement soumis au communisme, incapacité à comprendre que les marchés ne règleraient pas tout et que la finance était devenue folle, tout cela était manifeste entre  1997 et 2005 mais très mal compris. Les éructations chauffées à blanc et les analyses sous prismes idéologiques déformants, témoignent de l’état mental de ceux qui s’y laissent aller, mais ne disent rien sur les réalités.

L’abandon à plusieurs reprises des historiques du forum du Monde, empêchant de faire le lien entre des projections et la réalité, a contraint notre petit groupe à se réunir et à créer un site spécialisé. L’arrivée d’une crise majeure de type 1929 était tellement aveuglante que nous voulions l’annoncer sans ambiguïté. C’est ainsi que nous avons publié notre bulletin de conjoncture semestriel qui était sans équivoque. Nos dernières interventions sur le forum Le Monde prévenaient Nicolas Sarkozy qu’il ne fallait pas annoncer qu’il allait redresser spectaculairement la croissance car il aurait rapidement à traiter une crise majeure et une récession dont on sentait qu’elle serait encore plus grave que celle de 1992-93 qui avait déjà été très forte. Nous avons envoyé une lettre en ce sens à son staff. Sans effet naturellement. Nous en avons publié l’essentiel dans un ultime message sur le forum du Monde, où il était encore récemment consultable.

Dix ans après sa création, notre blog fait l’objet chaque année d’environ 260.000 lectures. Il a dépassé 1.500.000 lectures cumulées.

Les articles les plus lus répondent à trois types de préoccupation :

-        L’explication de la crise et de ses développements

-        La présentation des pensées de Jacques Rueff et Maurice Allais, totalement ignorées par la presse et l’université, alors qu’elles sont remarquablement pertinentes pour comprendre les évènements

-        Les articles qui complètent et précisent « des questions de cours » souvent mal traitées dans l’enseignement scolaire et universitaire actuel avec parfois l’enseignement d’erreurs « magistrales ».  La monnaie est en particulier un domaine très mal enseigné.

Un des thèmes majeurs que nous avons constamment enrichi d’analyses et de témoignage se résume dans cet avertissement : « attention à la colère des peuples ! » Nous considérions (et nous persistons dans cette analyse) que le refus absolu de voir les causes et donc d’anticiper les conséquences auraient de graves conséquences sur la majeure partie de la population des pays occidentaux et qu’il fallait donc se préparer à des réactions sévères.  Savoir lesquelles étaient plus difficiles.  On voit que la colère s’est défoulée par le canal politique avec l’arrivée de gouvernements folkloriques et /ou populistes dans un grand nombre de pays européens, les explosions de colère dans les pays arabes, le renforcement des autocrates sans scrupules et indifférent à l’opinion mondiale, le Brexit et finalement l’élection d’un Trump à la présidence des Etats-Unis, qui donne à la notion de « leader du monde libre » des couleurs passablement grisâtres.

L’impossibilité à gauche de se dégager des analyses gauchistes qui laissaient miroiter que les difficultés seraient riches de possibilités de prise du pouvoir et à droite à s’élever au-dessus de médiocres soumissions au diktat américain, laissait l’analyse de la crise qui sévit depuis 1971 totalement orpheline. Les rares autorités officielles qui oseront se lever pour défendre la thèse qu’on ne pouvait plus continuer comme cela, en fait uniquement Maurice Allais, seront balayées à gauche comme à droite et ensevelies sous un fumier de mépris d’épaisseur majestueuse.

Une organisation mondiale défectueuse, dont les institutions communes, totalement dégénérées ne tenaient plus leur rôle, et dont les règles étaient violées tous les jours, se cumulait à une organisation européenne de la zone euro problématique et potentiellement récessionniste, dans l’indifférence générale, sinon des combats faciles à gagner contre des trublions sans solutions alternatives. La France, elle, faisait le choix suicidaire de la dépense publique sans limite, des impôts confiscatoires, des gouvernances locales hystériques et désireuses d’en découdre avec leurs propres électeurs « pour leur bien » et de frapper durement les autres dans leur vie quotidienne, de la chasse aux « dominants » en mettant la justice au côté des « dominés » ou prétendues tels.

Le justicialisme, le gauchisme judiciaire issu de mai 1968 qui veut que le juge prenne toujours la défense de la femme contre l’homme, du salarié contre le patron, du piéton contre l’automobiliste, du malade contre le médecin, de l’acheteur contre le vendeur, du locataire contre le propriétaire, etc., a été renforcé par des lois dites « d’affranchissement » qui ont bloqué toutes les possibilités de relations équilibrées dans la société. La puissance agissante, qui est la source de tout dans une nation, car il n’y a pas de progrès sans polarisation des efforts ni de polarisation des efforts sans un minimum d’autorité, a été partout entravée. Les relations sociales sont devenues impossibles. Avec l’arrivée des « réseaux sociaux » s’ajoutent une coercition « sociétale » qui réduit les anciens « papas morale » et les « mères-la-vertu » à des exemples de discrétion et de câlinerie. Jamais la réprobation morale, basée sur aucune morale, mais les lubies du temps, n’a été plus valorisante pour ceux et celles qui en emplissent leur bouche. Avec à la clé un spectacle de plus en plus grotesque et décourageant. Il ne faut plus de signe religieux dans l’espace public mais une symbolique pédérastique doit être peinte le long des passages piétons, dans un « quartiers pédé », alors qu’on interdit les concentrations sur la base d’affinités au nom de la mixité. Il ne faut plus de courses de taureaux ni de chasses au renard, mais on accepte que 400 loups tuent 12. 000 brebis. Il faut plus d’ouverture mais moins de circulation. Les handicapés doivent être mêlés dans des classes qu’ils ne peuvent pas suivre et qui, dans les configurations ethniques des banlieues noires et arabes, génèrent des situations disons incontrôlables et déplorables pour tous, en dépit de création de dizaines de milliers de postes « d’accompagnants » mal pourvus et sans doctrine.  Comme le « chante » un rappeur :

« Les Gaulois nous envoient leurs tarés ;

Tarés les Gaulois, tarés les Gaulois.

Fuyons l’école et vive la rue. 

Fuyons l’école et vive la rue.  

Ils n’ont rien à nous donner,

Nous devons tout arracher. 

Fuyons l’école et vive la rue.

Fuyons l’école et vive la rue ».

 

Et vive la mixité.

Pour un observateur français, la situation est particulièrement délicate. Les dysfonctionnements mondiaux et européens peuvent être décrits mais, il n’existe aucun levier pour lever les obstacles. L’effondrement français peut être dénoncé dans ses nombreuses composantes, mais les forces politiques en présence et les effets de dominations idéologiques qui prévalent dans la presse, ne permettent aucune vraie réaction. Les Français ont glorifié l’impuissance et la soumission. Maintenant qu’ils sont et impuissants et soumis, accablés de chômage, d’immigration sauvage, de dettes et d’impôts, sous la pression, dans la rue, des « sociaux-fachistes » et, dans les médias, des « christo-cocos », quelle voie de sortie vers le haut ?

Cette situation force l’analyste économique à s’éloigner de temps à autres de l’économie pour étudier les fantaisies malsaines de l’idéologie et de la politique.

Dix ans après, est-ce que certaines de nos thèses ont progressé ? Ce n’est pas tant notre force de conviction qui est en cause. Nous n’avons jamais pensé à autre chose qu’à une forme de témoignage actif, en espérant que les réalités auraient leur propre force de démonstration.

Le nouveau président a impulsé un retour en arrière sur la judiciarisation des relations sociales et un début de démontage de l’appareil de destruction fiscale mis en place par ses collègues énarques dans les 30 années précédentes. On n’est pas au milieu du gué. Peut-être au dixième du chemin à parcourir pour retrouver une situation acceptable. C’est un mieux.

Trump a été un révélateur « facilitant le diagnostic et compliquant la solution ». Désormais les grands déséquilibres sont sur la sellette. Le lien n’a pas encore été fait entre énormes déficits et énormes excédents, ni entre énormes excédents et création d’une économie baudruche, ni entre économie baudruche et explosion économique de 2008, mais cela vient.

Le malaise est complet entre les projections européistes grandioses de M. Macron et la triste situation d’un Juncker allant à Canossa et à New York pour voir Trump la queue basse et le verre haut. Il est obligé de défendre les excédents allemands qui sont indéfendables ! L’Europe est prisonnière des excèdents Allemands. La France est taxée au nom des excédents allemands. Que signifie encore le couple franco-allemand ? Des réformes majeures sont indispensables pour rendre l’Europe audible dans le monde et confortable pour ses membres. Personnes n’a su détailler lesquelles, parce que justement, la première d’entre elle est de trouver un moyen automatique et contraignant de ne pas accumuler de gros déficits ni de gros excédents.  Ne pas le faire revient à un combat idiot entre démantèlement de l’Union Européenne ou saut fédéraliste refusé par les peuples.

Personne ne sait comment contrer Trump, parce qu’il a en partie raison. Les grands excédents Japonais, Allemands, Chinois sont condamnables. Au lieu de chercher à savoir comment les inactiver, les grandes institutions habituées depuis quarante ans à la soumission et au viol de leurs propres statuts, se taisent.

Les économistes officiels se complaisent toujours dans la pusillanimité et les discussions microbiques sur des points de détail qui ne peuvent fâcher personne. Le reste du temps ils s’insultent selon des lignes de fractures idéologiques. Ils sont inaudibles. Cela dure depuis longtemps, mais maintenant cela se voit.

Notre satisfaction est d’avoir correctement détecté et analysé les mouvements des grandes plaques tectoniques qui sont le soubassement des faits économiques et sociaux de ces 20 dernières années.

On se rapproche aujourd’hui du moment où il faudra bien cesser de ne rien voir et de rien faire.

Trois exemples de ce qui ne va pas en France.

Le ridiculetue mais lentement.

Tout le monde vous le dira : nous sommes entrés dans un nouveau monde, peuplé d’êtres nouveaux, pour qui le bien commun, le souci de la nature, le respect des bêtes et des minorités, la moraline suave, la mentalité des bisounours les mieux maternés et la repentance vis-à-vis des péchés de l’Occident, forment la base d’une bouleversante nouvelle humanité française.

Depuis que la contestation, c’est-à-dire la protestation gratuite et moralisante, a été doublée par la défense judiciaire et administrative des « faibles », le devoir politique est de les « affranchir », c’est-à-dire de leur redonner la supériorité dans le « rapport de force », par la loi et le règlement, par le fonctionnaire et par le juge.  Une situation hypocrite s’est ainsi crée où toutes les relations entre fausses « victimes » et faux « puissants » deviennent problématiques et malhonnêtes. En même temps, les élus s’octroient le pouvoir de nuire à des catégories de population d’une façon haineuse et radicale. Le citoyen blanc indigène de centre ville, le propriétaire, le conducteur automobile, l’employeur sont des « salauds au sens sartrien du terme » qui doivent savoir qu’on ne leur fera aucun cadeau, au nom du bien commun naturellement.  On voit sortir de nulle part des excités, souvent français récents, qui se font élire sur des programmes de haine dont ils attendent argent et pouvoir, inaccessibles sur leurs capacités propres.  Ils ne savent rien mais ne doutent de rien. Leur seule préoccupation est de forcer les décisions les plus saumâtres, tout en essayant par mille combines de sauver leur siège. « L’ais-je bien descendu » est leur questionnement unique, en parlant du bourgeois naturellement, pas de l’escalier des Folies Bergère.

Après 40 ans de ces délicieux délires, la situation de la France est naturellement totalement désespérée. Chômage de masse, déficits monstrueux, productivité évaporée, relations sociales épouvantables, fuite des cerveaux, exil fiscal, intégration impossible, tous les symboles d’un pays malade sont affichés en France. Les Britanniques qui avaient le français en seconde langue l’abandonne (pour l’espagnol), constate la Presse du jour, comme d’ailleurs tous les autres pays qui avaient fait du français une langue de culture indispensable. Aux Etats-Unis, la France est devenue « irrelevant ». En un mot, les Français font rire tout le monde et la prétention de son Président d’en faire le pays phare de la galaxie, grâce à cette administration que tout le monde nous envie, paraît pour le moins farfelue. D’objectifs diplomatiques affichés de façon grandiloquente en claques diplomatiques reçues à répétition, nos dirigeants énarques font visiter sans grands résultats le patrimoine historique aux grands dirigeants mondiaux en tentant d’expliquer qu’eux-mêmes en sont les dignes héritiers.

Trois exemples du jour prouvent que cet optimisme est légèrement abusif.

A Nantes, les « quartiers » flambent.   Il faut lire les pleurs de crocodile de Ouest-France, Ouest-plouc pour les intimes, temple de la bisounurserie christo-socialiste, découvrant avec horreur que la Nantes socialiste de Jean-Marc Ayrault, ce premier ministre flamboyant que tout le monde regrette au Nouvel Obs et à Libération, possède une banlieue africaine inflammable comme les autres grandes villes françaises.  Bien sûr, le journal regrette, comme la famille du dénommé Aboubakar Fofana, tué malencontreusement en tentant de fuir un contrôle de police, que les médias osent dire qu’il s’agit d’un voyou en fuite après une suite infinie de délits. Non pas que cela soit faux. Mais pourquoi « stigmatiser » ? Ah ! Que la ville des immigrés était belle avec ces centaines de bâtiments rénovés, ces équipements publics du dernier cri, ses associations bienveillantes gorgées de subvention ! Les voilà tous brulés comme les 200 voitures de voisins. Détruite l’école, la bibliothèque, la mairie annexe, la Poste. Même le bar PMU a brulé. Ils ont raté la station essence. La Mairie de Paris aurait été plus efficace. On observe tout d’un coup que la ville n’est plus seulement victime des Zadistes et autres extrèmistes de gauche, « qui ne s’en prenaient qu’aux abribus ». Des gentils, quoi ! La Maire socialiste ne comprend pas : « La maison de quartier de Malakoff, entièrement rénovée à grands frais est détruite ! ». Le quartier avait vue sur la Loire et n’avait rien à envier aux quartiers « bourgeois ».  Loger luxueusement des populations immigrées africaines ne suffirait donc pas ?  

On avait pourtant laissé une rue totalement libre pour les trafiquants. Sympa non ? Les chefs des trafics n’ont pas admis qu’on tue l’un des leurs.  Si une ville ne peut plus être épargnée par ces gens alors que la mairie est socialiste, béni-oui-oui, et pleine d’argent à mettre à disposition des immigrés, où va-t-on ? Ils n’ont pas de reconnaissance pour les gentils ?  Les « Fascistes auraient donc raison. Les banlieues en folie ne le seraient pas pour des questions sociales mais pour un sentiment de rejets du Gaulois par des immigrés musulmans devenus majoritaires et méprisants pour les « croisés » et ses lois ? ». Sidérant ! Mais la bondieuserie d’Ouest-France reste ferme sur ses a priori : grâce au football et aux performances de l’équipe majoritairement noire de la France, « le baume tricolore sur les cicatrices sera une première étape vers la guérison nationale » (sic). Car la crise des banlieues africaines des grandes villes française est une maladie de la nation blanche qu’on se le dise. Heureusement que le mot race disparaît de la Constitution ! Et tendons la joue indemne, s’il en reste une.  

Passons à un autre exemple de dériv et d’effet pervers.

Impossible de vendre un immeuble sans vendre le gardien avec, quand il y en a un. La loi est devenue tellement favorable à cette catégorie sociale, que tout est verrouillé en sa faveur, à charge pour les propriétaires de payer et de subir.  Et désormais, s’il n’est pas d’accord, impossible de vendre l’immeuble ce qui donne au gardien un pouvoir de négociation totalement disproportionné. Que faire quand l’acheteur exige que le sieur en question soit licencié avant l’achat ? Pas fou, l’acheteur : il ne veut pas reprendre l’ancienneté, les frais de départ à la retraite etc. Ce qu’il veut est simple : recruter des intérimaires et ne jamais garder le même plus de six mois. « La loi est intolérable ; alors soyons encore plus intolérables ». Le malheureux qui croyait avoir été merveilleusement servi par les gouvernements socialistes et ses « cadeaux au peuple » ne se rend pas compte que la précarité en a été l’effet pervers obligé. Que faire du gardien ? Négocier. Il est d’accord : il peut espérer un gros chèque et trois ans de chômage payé. Et c’est l’état qui paiera sous forme d’un accord négocié. Le vendeur jure mais un peu tard qu’il aurait du prendre des intérimaires au lieu de rechercher une relation de longue durée avec un salarié compétent et connaissant l’immeuble. Çà c’était l’ancien monde et ce paternalisme odieux que tout le monde méprise. Une vision bourgeoise du plus mauvais ton. Voici un chômeur de plus et un trou pour la sécurité sociale et les finances de l’Etat. On travaillera moins et mal en bas d’immeuble. Tout le monde haïra tout le monde : Les utilisateurs de l’immeuble qui n’auront plus le service d’un gardien efficace ; L’intérimaire qui passera son temps à se demander ce qui va lui arriver à la fin du contrat. Le gardien fainéant et cupide qui se retrouvera sans perspective d’emploi à la fin de sa longue période de chômage.  On a décrit l’hypothèse heureuse. Car si le gardien est teigneux ce seront les juges et les avocats qui pendant des années prendront le haut du pavé avec des frais et des charges considérables qui décourageront finalement les investisseurs loueurs.  Et n’oublions qu’une mairie inspirée pourrait préempter l’immeuble pour en faire des appartements pour immigrés à 1 millions d’euros l’unité, après conversion des bureaux en logement sociaux, ce qui aura l’effet d’endetter la ville pour des décennies tout en la privant des recettes associées à l’activité de bureaux. Qui a parlé de la préférence française pour le chômage et l’endettement ? Le nouveau « monde bienveillant » a fait décidément une rupture heureuse avec ces terribles bourgeois qui aimaient la discipline, cultivaient le respect des personnes et de la propriété et repoussaient la dette comme un expédient diabolique. 

Restons dans l’urbanisme pour un troisième exemple.

La Ville de Paris, toujours à l’affût d’initiatives anti-bourgeoises, mais propres à stimuler les démarches dites « citoyennes », un synonyme en novlangue pour « attrape-couillons », vient de lancer un vaste projet de « re-création » (on ne rénove pas un passé révolu, on recrée une ville enfin pertinente, sociale, écologique, etc.) du quartier Montparnasse, à Paris. Mme Hidalgo et sa garde rapprochée d’opportunistes, de fils à papa chrétiens de gauche, d’apparents malades mentaux, ou de rejeton du trotskisme banlieusard à tendances pédérastiques assumées, savent qu’ils sont haïs à hauteur du mépris qu’ils ont prouvé à l’égard d’à peu près toutes les catégories de la population parisienne. Tous les médiocres en difficulté croient qu’ils ne s’en sortiront qu’en se cachant derrière des projets plus grands qu’eux. Ils confondent audace et démesure, volonté et hubris, petits calculs et grands desseins.

Pour une bonne partie de la zone de « recréation », les choix urbains sont déjà faits et ils sont catastrophiques. La mairie veut interdire la voiture, électrique ou non, à Paris et pour cela a déjà entrepris deux types de suppressions de voies de circulation même lorsqu’il s’agit de grands boulevards :

-        Par élargissement des trottoirs,

-        Par création de double-voies de circulation réservées aux cyclistes.

De subtiles inversions de sens unique de circulation permettent de créer des trappes à voitures. Par exemple la place de Catalogne s’est retrouvée impraticable en supprimant une voie de circulation sur la rue Alain et la rue Vercingétorix.  On ne peut plus prendre ce chemin pour sortir commodément de Paris. Le trajet pour rejoindre le périphérique prend actuellement trois fois plus de temps qu’avant et bientôt quatre avec les nouveaux investissements prévus. Du coup la place est bloquée à certaines heures avec pollution sonore et gazeuse : merci pour les riverains, dont on se moque totalement. Eux-mêmes ne peuvent plus sortir travailler en banlieue.  Ils sont enfermés dans leur quartier. La mobilité n’est plus une fonction urbaine !

En même temps la municipalité a accepté la création, dans un tout petit espace, de 226 boutiques dont un centre Leclerc, de deux hôtels et demi de plus, avec une augmentation de près de quarante pour cent du trafic gare (autocars, voitures de locations, taxis, VTC, …) et un quintuplement du trafic du livraison des magasins, soit 200 camions en pointe dont un « 19 tonnes » tous les quarts-d ’heure, sans prévoir où les camions en attente de livraison stationneront. En vérité ils bloqueront les voies uniques de circulation imposées par la mairie. Plus rien ne sera possible pour personne. Le risque est de tuer les centres commerciaux après avoir fait fuir les habitants.

Toujours égaux à eux-mêmes, les sieurs Missika et Nadjovski, un opportuniste assumé et un autiste content de son petit vélo dans le ciboulot, les deux adjoints emblématiques de Mme Hidalgo, ont annoncé aux foules émues qu’ils envisageaient de mettre tous les boulevards avoisinants sur une voie, y compris l’avenue du Maine qui est une voie entrante stratégique pour Paris.  Réduire les voies de circulation de moitié en multipliant les besoins de transport est le genre de politique qui laisse des doutes sur la santé mentale des dirigeants parisiens. Il faut dire qu’ils veulent faire une autoroute à vélos, centrale, dans la rue du Ct Mouchotte. Du coup cette rue de 400 mètres où débouchent 5 ou 6 parkings, deux hôtels, une gare, une station d’autocar Air France, et deux centres commerciaux majeurs sera inutilisable pour complaire à 4% des usagers de la voirie. Les riverains ? Quels riverains ?

Tous les efforts faits depuis des dizaines d’années pour éviter que le quartier ne soit « un quartier de gare mal famé et répugnant » et pour qu’il devienne un quartier urbain et civilisé, seront réduits à néant.

Pratiquement toutes les décisions sont déjà prises, même si elles ont été partiellement remises à plus tard faute d’argent. L’équipe Hidalgo a ruiné la ville. On court vers les 7 milliards de dettes en dépit d’une hausse catastrophique des impôts depuis l’arrivée des socialistes. On maintient pour 2 millions d’habitants une équipe municipale (fonctionnaires et associations liées) de plus de 50.000 personnes là où Tokyo et ses 12 millions d’habitants se contentent de 12.000 employés municipaux.

Alors à quoi rime de faire appel à une société d’animation et d’enquête censée déterminer les desiderata de la population ?  Ce genre de sociétés vit dans la mouvance des mairies socialistes à l’aide de contrats plus ou moins fantaisistes mais dont la rondeur d’honoraires n’est pas perdue pour tout le monde. Technicité égale à zéro ; honnêteté à prouver. Voici donc quelques militantes socialistes, ex militantes probables des Cal, comité d’action lycéennes, auto bombardées « urbanistes » et organisant des visites à pied et des « réunions citoyennes ».

Ceux qui auront la chance inouïe de participer à ces « ateliers » (seuls les initiés les connaissent) verront avec envie les relevés de conclusion qu’on leur sert. Pas une contestation des projets réels (il faut conserver « la confiance de la mairie » qui a des politiques impopulaires à justifier et qui paie ces sottises). On apprend que les premiers « dialogues » ont montré que les vélos sont mal traités notamment sur la place de Catalogne (qui vient d’être saturée par les aménagements malthusiens de la rue Alain, mais cela il ne faut pas le dire et encore moins l’écrire). Ordre a visiblement été donné par la mairie de justifier l’autoroute à vélos que tout le monde juge désastreuse. Au terme de l’étude elle sera naturellement le fruit « d’un désir manifeste de la population » et les « citoyens » se seront exprimés de façon « unanime ». Quiconque s’exprime dans ces ateliers qui connait un peu les projets « doit laisser parler les autres », qui eux visiblement ne savent rien de ce qui est déjà décidé. On évoque la suppression totale de la circulation dans la rue de la Gaîté (Merci pour les riverains dont aucun n’est présent et qui découvriront bientôt qu’ils veulent unanimement la fermeture). En revanche on rétorque que les boutiques pornos de la rue sont du folklore local sympathique et que si les magasins de légumes de proximité ont disparu, c’est que c’est comme çà. On n’aura donc parlé, officiellement, que de limitations de circulation et de priorité aux vélos. Deux gugusses qui se font remarquer par leur soutien sans faille au discours de la mairie, s’ils ne sont pas en mission commandée et payée, font seuls « la réponse citoyenne à la démarche novatrice de consultation des Parisiens » qui fera l’objet d’un relevé de conclusions.  

Faut-il en rire ?

Un intervenant rappelle que la gare a été cachée justement pour éviter que le quartier ne souffre des troubles habituels du voisinage d’une gare et contredit l’affirmation de l’animatrice selon laquelle, il y a peu d’habitants. En fait il y en a plus de15.000 dans la zone de consultation, dont 4000 dans la seule rue Mouchotte. L’urbaniste ne le savait pas. Les droits de ces riverains ? Rien à cirer. Parlons plutôt des initiatives de culture agricole coopérative sur les trottoirs !

Cette enquête est une farce de bout en bout et une tentative frelatée de la mairie de tenter de justifier ses âneries idéologiques par la « volonté populaire » recueillie par une société amie financée par elle-même. 

Une malhonnêteté politique de plus de la part d’une mairie méprisant profondément les habitants (ses dirigeants n’ont aucune racine dans la Capitale, ni même en France d’ailleurs).

Ces trois exemples touchent à la ville et sont fort significatifs. Voici comment est gouvernée la France, dans la moiteur du bel été 2018 selon les méthodes du nouveau monde. Délitement social, immobilier et urbain sont les trois aspects de la même approche post soixante-huitarde, anti bourgeoise et socialisante.

On préfèrera nettement « l’ancien monde ». Jamais les effets pervers des nouvelles politiques des émules de Zazie, celle qui voulait être institutrice « pour faire ch… les mômes », n’ont été plus flagrants. Jamais les tentatives de faire oublier ces âneries n’ont été plus manifestes dans certains milieux politiques et médiatiques. Jamais la population, massivement trompée, n’a jamais été plus loin des prises de conscience nécessaires et des changements de cap indispensables.

Pour leur suicide collectif les Français ont choisi la mort lente. Le ridicule tue tout de même, mais à petit feu.

Le Monde : un article "collectif" d'économistes officiels décalés des vraies réalités et problèmes

C'est presque toujours le cas.

Nous n’avons jamais été très favorables aux suppliques de collectifs d’économistes. Si une idée est bonne elle n’a pas besoin d’être cautionnée par des masses de catéchumènes. Les arguments d’autorité sont rarement pertinents. L‘histoire montre qu’en France ces protestations collectives publiées par Le Monde ont toujours cherché à cautionner des âneries et à promouvoir des mesures politiciennes ou corporatistes.

Les économistes ne peuvent intervenir dans le champs politique que pour apprécier les risques ou avantages d’une mesure particulière pour la prospérité générale et notamment d’avertir sur les effets pervers. L’économie n’est pas une discipline simple et ses lois sont souvent contre-intuitives. Par exemple : la productivité ne tue pas l’emploi, ce que le non initié ne peut pas comprendre puisqu’il ne voit que la perte d’emploi immédiate et localisée. Ils n’ont qu’une fonction de conseil et d’expertise. Le conseil et l’expertise ne gagnent pas à la collectivisation ni aux tracts. 

On se souvient qu’une collection d’imbéciles motivés par des considérations purement politiciennes avaient cru devoir saluer le passage aux trente cinq heures comme une mesure formidable. Dès qu’elle a pu développer ses effets, c’est-à-dire à partir de 2001, cette mesure a contribué à enfoncer la France dans les déficits extérieurs et intérieurs, sans espoir de solution. Quant aux résultats sur l’emploi qui devaient être mirifiques, nous en sommes toujours autour de 10% de chômeurs, des millions de personnes, souvent enfermées depuis des années dans la trappe à pauvreté. Aucun des signataires ne souhaitent d’ailleurs triompher en se vantant de sa participation à cet exercice techniquement malhonnête et politiquement un tantinet putassier, puisqu’intéressé par des places à prendre alors qu’on savait le résultat garanti comme déplorable.

Ce côté « places à prendre », « carrières à faire » et « budgets à trouver » est maintenant une des « impropriétés » les plus lourdes de la démarche des « collectifs ». Ils veulent collectivement qu’on leur crée une boutique subventionnée au nom d’une bonne cause. L’exemple de ce qui s’est passé pour le climat obsède tout le monde. Des budgets massifs, des passages à la télé, des décorations, des voyages…

On a ainsi vu des géographes exiger une COB immigration, des économistes vouloir la création d’un institut qui irait voir les produits financiers créés par les banques etc…

Dans le cas qui nous intéresse, il s’agit plus prosaïquement de « briser des tabous ». C’est le rôle nouveau et imprévu des économistes, du moins de ceux qui, par magie, sont immunisés contre le risque vulgaire de se soumettre à des tabous. Cette prétention à considérer que les mauvaises mesures ne sont pas le fruit de conflits d’intérêts, de pressions de lobbies, et d’influence des idéologies est assez drolatique.

Pour briser des tabous européens il faut réunir des économistes immunisés venant des quatre coins du monde et pas seulement d’Europe. 5 sur 16 des signataires viennent de l’extérieur de la zone euro ce qui leur permet une juste appréciation des choses. Evidemment, pas de Bulgares, de Grecs, de Lettons, de Polonais ni de Tchèques. Pas plus de représentants des pays du Club Med.

Nos pétitionnaires sont tous des européistes à tout crin en goguette pour appuyer les efforts de l’homme de la Pnyka et de la Sorbonne pour une relance de l’Europe, et qui cherchent à émerger auprès du pouvoir ou à consolider leur rôle existant. Des économistes officiels donc, de ceux qui n’ont pas vu venir la crise et qui, comme Pisani-Ferry n’ont jamais été en manque de suggestions grotesques comme de rétablir dans l’assiette imposable « l’économie de loyers » dont bénéficient les propriétaires de leurs logements !

Qu’affirment-ils dans leur article de la page « idées » du Monde du 11 juillet 2018 ?

D’abord qu’une « véritable union bancaire » est en vue depuis qu’on a brisé le tabou qui bloquait la garantie européenne des dépôts. Mais qu’il faut aller plus loin en brisant un autre tabou, « l’excessive concentration des dettes publiques détenues par les banques nationales ». En quoi est-ce un tabou ? Personne ne se croit obligé de l’expliquer. Ni d’ailleurs pourquoi il faudrait que ces dettes soient portées par des banques non nationales.  A l’heure actuelle une bonne partie de ces dettes a été renvoyée sur la BCE par les banques européennes pour se sauver de la faillite.   Créer un titre de dette publique européen garanti de façon centralisée aurait l’effet pervers de laisser les pays aimant le déficit public comme la France ne plus craindre les réactions négatives des marchés. Le seul bénéficiaire serait le trésor français.  Proposera-t-on qu’ils soient portées par des banques non européennes pour être logique avec le concept de malfaisance pour les banques européennes de porter de la dette européenne ? Si certains pays ne veulent pas de la garantie collective, ce n’est pas parce qu’ils sont victimes d’un tabou mais parce qu’ils ne veulent pas payer pour les pays laxistes qui comme la France nourrissent un déficit public depuis près de 50 ans. 

Il faudrait ensuite revoir les règles budgétaires de l’Union. On sait que les milieux européistes les ont fait voter pour presqu’aussitôt après les déclarer « stupides » et demander d’aller plus loin. Là encore où est le tabou ? Il ne s’agit que d’une tactique partisane. On a mis la charrue avant les bœufs et maintenant que la charrue est cassée pour avoir été abondamment piétinée, on affirme qu’il faut aller encore plus loin. C’est la crise de 2008-200x qui a fait exploser le système et l’a conduit pour se sauver à des politiques coercitives déplorables. Pour les auteurs, « la crise ? Connais pas !». Il faut simplement donner plus de pouvoirs aux économistes qui font carrière dans les conseils budgétaires.  « Des places, du pognon et vite » !

Le troisième tabou concernerait « la stabilité macroéconomique ». Cela devient plus intéressant mais que veulent dire ces termes ? Rien. L’article est vide de réelles suggestions et se contente de commenter des projets plus ou moins élaborés, comme une assurance chômage européenne, ou de déplorer que le recours au MES soit « stigmatisant ». Pas plus de « tabou » que de beurre en branche dans tout cela. Mais nos signataires sont prêts à mettre leur science au service de l’approfondissement des sujets en cours de débat. C’est gentil de leur part.

Rappelons ici les vrais enjeux. La récession mondiale qui a développé ses effets notamment en Europe est le vrai phénomène à comprendre pour en supprimer la cause. Aucun système européen quel qu’il soit aurait supporté ce choc facilement et nous n’en sommes toujours pas sorti. Un article du jour, de Reuters,  signale que le système bancaire allemand est encore malade et tarde à guérir. Rien d’utile ne peut être défini sans d’abord proposer de réduire les causes. Il deviendrait alors possible de réduire les conséquences.  Comme d’habitude l’article des économistes officiel n’a RIEN A DIRE sur ce sujet.

La principale faiblesse de l’Eurosystème est qu’il ne permet pas de juguler les énormes excédents de certains pays membres, alors que ces excédents sont mortifères. Ce sont eux qui expliquent notamment les difficultés du système bancaire allemand. Ces banques ont drainé l’épargne européenne et faute de réemplois en Allemagne, déjà hyper compétitive, ni dans les industries européennes (en désinvestissement, puisque non concurrentielle vis-à-vis de l’Allemagne), elles l’ont réinvestie, ainsi que la création monétaire bancaire associée, dans la spéculation, en Europe et dans le monde. Les landesbanken sont quasi mortes de leur excès de subprimes. Les investissements immobiliers inconsidérés en bordure de Méditerranée pèsent encore dans les comptes de toutes les banques d’investissements. La Deutsche Bank, comme la Dresdner et un quarteron d’autres banques plus modestes, ne s’en sortent que très difficilement du fait de leurs engagements dans le shipping et dans bien des projets exotiques et aventureux. Reuters indique qu’elles craignent de ne pas passer les nouveaux crashtests de la BCE.

La question de ces énormes déséquilibres n’est même pas évoquée, alors qu’elle est pleine d’actualité avec la visite proche de Donald Trump dont la réclamation vis-à-vis de l’Allemagne porte justement sur ses énormes excédents alors que ce pays ne paie pas sa sécurité et mène une politique mercantiliste agressive désagréable pour tout le monde et interdite par tous les traités internationaux.

Le refus par les économistes officiels ou universitaires de porter le regard sur les questions réellement brûlantes, la pusillanimité affichée et intéressée, sont deux tares récurrentes. Elles trouvent une nouvelle illustration dans cet article collectif totalement débranché des réalités importantes.

Navrant mais typique.

Le rapport Landau : du lait aseptisé pour bébés

Le Trésor a donc fixé sa doctrine sur les jetons internet : ce sont des OVNI (objets virtuels non identifiés) qu’il ne faut pas chercher à qualifier trop vite. Des monnaies ? Pourquoi pas. Des actifs financiers ? Peut-être. Peut-on permettre aux banques de financer la spéculation sur ces cryto-actifs en propre ? Non. Pour sa clientèle ? Heu ! Est-ce qu’on doit permettre aux banques d’ouvrir des comptes en jetons ? Et qui doit négocier ces jetons ? Un régime communautaire devrait être créé unique pour toutes ces bourses.

C’est donc très exactement un rapport pour rien et extrêmement dangereux. Il accrédite l’idée que ces jetons pourraient être des monnaies, ce qu’ils ne sont pas. Il laisse penser que le développement des ICO serait de la FINTECH, de la technologie intéressante lors qu’il s’agit d’une promesse d’obtenir à terme des services qu’on paie immédiatement en vraie monnaie. Une vieille lune qui date de Mathusalem.

La glorification de la technique de la blockchain est une des grandes absurdités du rapport. Le système de preuve est une de ses faiblesses majeures. Un emploi massif de la blockchain dans n’importe quel domaine aurait des répercussions écologiques insoutenables.  Une technique de gestion de fichier n’est jamais une révolution. On est passé des fichiers indexés aux bases de données relationnelles sans que cela change grand-chose. Le créateur du système dans une lettre récente a bien vu que son système n’était qu’un des mille projets de ce genre qui bouillonnaient dans le milieu des bidouilleurs internet. Son succès est entièrement associé au mot monnaie. Une monnaie alternative sans contrôle qui permettrait de conserver des valeurs hors-la-vue des autorités et de faire naviguer son pognon anonymement n’importe où ! Une publicité effarante laissant croire que cette prétendue monnaie était de l’or, appuyée par des exemples de triomphes totalement mensongers, a provoqué un emballement spéculatif qui a permis d’étriller des millions de gogos.

La vérité est simple. Les jetons internet ne sont pas des monnaies. Ce ne sont pas non plus des actifs représentatifs d’une valeur sous-jacente, donc en aucun cas une valeur mobilière comme un titre de bourse ou une obligation. Intrinsèquement ils ne valent rien. Une fois dégagés de la gangue de fausses technologies de pointe, et dépouillés de leur attrait comme source de gain mirifique, ces jetons ne servent radicalement à rien.

La législation qui leur convient est celle qui régit les jetons, c’est-à-dire des biens sans valeur mais qui peuvent être pratiques pour des emplois limités dans le temps et dans l’espace. En gros la législation portant sur les billes et les agates, ou les capsules usagées.  Les bourses d’échanges doivent être autorisées dans la mesure où les transactions sont non anonymes et déclarées à Tracfin. La publicité sur ces objets doit être strictement interdite : elle est actuellement entièrement bidonnée et mensongère.

Les banques et les institutions financières doivent être écartées absolument de ce marché et les transactions commerciales payées en jetons interdites (comme toutes les opérations de troc d’une façon générale).

Dès que ces mesures seront prises. La véritable nature des jetons internet apparaîtra. Ce sont des jetons et ils ne valent que ce que les collectionneurs veulent bien leur attribuer comme valeur.

Si on croit qu’il sera un jour possible d’enregistrer des droits sous forme de transactions successives inviolables, opposables à tous les acteurs du jeu, soit.  Cela veut dire qu’un fichier central sécurisé par une autorité serait caduque.   Pourquoi donc ? Les impôts, les retraites, la sécurité sont tenus de façon centrale sans trop de difficulté. Le drame est la mauvaise gestion de certaines données qui devraient être totalement centralisées de façon fiable et vérifiée. Les cartes d’identités, l’état civil au sens le plus large,  les permis divers, les cartes grises, devraient être tenus de façon centrale de façon parfaite et permettre des renouvellement ultra rapide. Aucune raison valable n’a été avancée pour que ces fichiers relèvent d’une technique de fichier par chaîne de bloc, avec répartition sur des centaines de machines à travers le monde.

Attendons les premières applications de consignation de droits sur Internet pour des marchés précis et nous verrons. A l’heure actuelle, tout est à venir. Rien n’est réel.

L’important c’est la protection de l’épargne et actuellement les trafics autour des jetons sont totalement manipulés et malhonnêtes. Les manipulations sont tellement grosses que même nous, qui ne sont que des observateurs, sommes capables de les annoncer, comme nous l’avons fait sur ce blog.

Macron : la difficile levée des hypothèques électoralistes

Le problème des processus électoraux est toujours la liquidation des promesses inconsidérées qu’on se croit obligé de faire, surtout quand on a fait sien le mantra : « j’ai dit ce que je ferai et je le fais », une grave erreur de gouvernance.

Cela parait loin aujourd’hui mais la faute démagogique originelle du candidat Macron, du point de vue national, même si le résultat électoral a été obtenu, est d’avoir faussé le vote avec deux promesses qui étaient deux achats de votes caractérisés, moralement et politiquement condamnables .

-          La suppression de la taxe d’habitation, pour 80 % de la population, afin de « donner du pouvoir d’achat », était une infamie que nous avons dénoncée comme telle dès son annonce. Elle lançait une dynamique incontrôlable, faussant des principes simples et admis (on doit contribuer au moins tous aux charges locales du lieu où l’on vit), des principes constitutionnels (égalité devant l’impôt, autonomie des collectivités locales) et creusant des déficits tous azimuts.

Emmanuel Macron ne parvient pas à dominer cette dynamique qui avale toutes ses tentatives de déboucher sur quelque chose de convenable. Il est coincé par le Conseil Constitutionnel qui n’admet pas que l’impôt soit payé par seulement 20 % des contribuables locaux ; il est coincé par le trou financier creusé, les tentatives de le compenser par des taxes nouvelles ayant périclité. La dette va s'accroître.

-          Le transfert des retraités vers les actifs est le genre de solution qui n’a aucun fondement rationnel. Dire, dans un pays où on a imposé un système de répartition qui veut que les actifs paient pour les retraités, que les retraités doivent restituer l’argent pour donner du pouvoir d'achat à ceux qui travaillent est une parfaite incohérence. Soit on recule l’âge de la retraite, avec une baisse des cotisations, soit on associe baisse des cotisations et baisses des retraites, soit on fait les deux, mais on ne prend pas le chemin injuste et stigmatisant qui a été choisi par pur électoralisme. Les retraités voient le pouvoir d’achat de leurs retraites baisser chaque année du fait de la non-indexation des retraites. Le retour d’une inflation supérieure à 2 % signifie une accélération de cette baisse. Agiter de surcroît, la perspective de la baisse importante des pensions de réversion, seules ressources des femmes qui ont choisi de rester au foyer, et qui sont généralement très basses, revient à ajouter l'infamie à l’électoralisme. On sait que la natalité baisse et que le remplacement des générations ne se fait plus, même avec les classes immigrées que l’on a massivement fait venir. Dire aux jeunes femmes : travaillez car sinon vous n’aurez pas de retraites est un message plus que discutable. Tout le monde sait, en matière de retraite, qu’il faut passer la date de départ à 66 ou 67 ans tout de suite, et supprimer tous les régimes spéciaux qui ne correspondent pas à des sujétions très particulières (essentiellement l’armée et la police). Au lieu d’attaquer bille en tête ces sujets cruciaux, le gouvernement a d’abord augmenter de façon totalement inconsidérée la CSG et il tente de faire passer l’idée que la hausse de pouvoir d’achat est bien effective pour la clientèle électorale qu’elle a séduite, en dépit du passage au prélèvement à la source, une redoutable imbécillité imposée par le Trésor et qui n’a aucun intérêt national.

L’achat de votes a été efficace. Les gogos ont voté. Mais ces mesures étaient malheureuses et il est politiquement moral qu’elles se retournent contre les équipes qui ont cru bon de les mettre en œuvre.

Comme d’habitude les élections présidentielles ont coûté entre 30 et 40 milliards d’euros aux Français et 2 018 après 2 017 verront encore une augmentation de la dépense publique et de la pression fiscale. Il est même annoncé que la période 2 017-2 018 verra une augmentation des impôts supérieure à la période 2 012-2 013, chef-d'œuvre de bouffonnerie antiéconomique de F. Hollande.

Ce désastre qui pèse naturellement sur tous les comportements actuels et pèsera encore plus dans le futur, ne peut pas être effacé par des exercices de Com’.

Toute la gymnastique présidentielle actuelle dans ce domaine est désarticulée.

Le service national d’un mois est une farce sinistre.

La construction de piscine à Brégançon est ridicule.

L’effort vers les d’jeuns lors de la fête de la musique était grotesque.

L’idée que la télévision publique a pour objet de développer le politiquement correct et proposer des images d'Épinal bien intentionnées, a été considérée comme une copie servile et inutile de l'Amérique. À juste titre.

La révision constitutionnelle tourne au ridicule avec des inclusions qui n’ont pas lieu d’être et l’absence des vraies réformes qui changeraient réellement quelque chose. Nous proposons depuis des lustres d’ajouter deux lignes :

-          Nul ne peut être élu dans une assemblée qui détermine sa rémunération et ses conditions d’emplois

-          Nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’État ou des organismes recevant des fonds publics.

Morigéner les Italiens et accueillir au compte-gouttes des migrants, alors que l’Europe sombre dans l’insignifiance, était ridicule.

Le projet de budget européen massif, dont Merkel aurait actouillé le principe sous bénéfice d'inventaire, est injouable tant que la France maintiendra ses déficits budgétaires et commerciaux, et tant que les réformes fondamentales de la zone Euro n’auront pas été mises en œuvre.

La réponse à Trump, à Poutine et à l’ensemble des tyranneaux du moment (de Damas à Pékin) patine dans le verbiage et dans l’inefficacité à peu près totale. Le couple tant vanté Franco-Allemand se bloque du fait de l’excédent commercial allemand supérieur à 8 % qui est totalement contraire à la légalité internationale, et de l’absence presque totale de réduction de la dépense publique en France.

L’idée se développe que Macron parle trop là où il est impuissant et n'agit pas assez là où il en a le pouvoir.

On raconte dans les médias que les troupes LREM sont désorientées, car elles ne comprennent plus où l’on va. Elles ont bien raison. La liquidation boiteuse de promesses électoralistes ne fait pas une politique. Les beaux discours dans des lieux inspirés non plus. Emmanuel Macron a pris trois demi-mesures indispensables mais trop faibles :

-          Il a supprimé partiellement l’IF et liquidé l’intégration des revenus du capital financier dans l’impôt sur le revenu. Ces deux mesures étaient strictement indispensables. Vous n’investissez plus quand on vous prend les deux tiers du gain potentiel et que le résultat résiduel sera repris pourcent par pourcent le reste de votre vie. Tout le monde comprend qu’il aurait fallu totalement supprimer l’ISF et sortir les revenus locatifs de l’IR avec les mêmes règles que pour les revenus du capital financier. L’opposition entre capital financier bénéfique et capital immobilier néfaste est totalement ridicule. Tenter de raconter et justifier médiatiquement cette histoire est un effort désespéré et perdu d’avance.

-          Les socialistes depuis Mitterrand, avec aggravation sous Jospin et Hollande, ont bloqué les relations entre employeurs et salariés, sous prétexte d’un affranchissement qui n’avait pas de sens, en mettant les juges au côté des salariés abusifs. Emmanuel Macron a partiellement levé cette mise sous tutelle abusive. Mais là encore, trop peu, tout en cédant à la démagogie des ONG partisanes.

-          Le statut de cheminots qui permet de maintenir des sureffectifs démesurés qui tuent l’entreprise devait être supprimé. On ne l’a fait que pour les nouveaux entrants. Ce qui est une demi-mesure. Même si elle va « dans le bon sens ».

Les difficultés de la France sont si importantes, avec un risque si grand de retour de bâton violent dès qu’on quittera le sommet du cycle conjoncturel, et que les taux d’intérêt se remettront à la hausse, qu’il est plus que regrettable que les grandes mesures de fonds n’aient pas été prises.

-          Oui, il faut revenir aux quarante heures

-          Oui, il faut passer l’âge de la retraite à 66 ou 67 ans, tout en alignant tous les régimes de retraite sur celui du privé, sauf rares exceptions.

-          Oui, il faut revoir le droit de grève et le financement syndical

-          Oui, il faut empêcher que les municipalités puissent endetter massivement leurs administrés tout en poussant à des niveaux absurdes les prélèvements locaux, comme à Paris.

-          Oui, il faut réduire drastiquement le nombre des contrats de fonctionnaires, en renvoyant à la contractualisation l'ensemble des personnels actuels, sauf le 1 à 2 % d’encadrement stable qu’il faut maintenir et renforcer.

-          Oui, il faut réduire de plus de 250 000 unités en cinq ans les effectifs publics et parapublics.

-          Oui, il faut réformer lourdement le financement du chômage qui maintient trop de personnes trop longtemps dans la trappe à pauvreté subventionnée.

-          Oui, il faut réformer la couverture du petit risque et réduire les abus de la gratuité (personnes allant voir 30 ou quarante fois par an un médecin sans être malade ; abus d’arrêts de travail, médecine du travail inutile et trop coûteuse ; etc.).

-          Oui il faut réformer la gouvernance soviétique du secteur médical en France, avec un gonflement gigantesque des postes fonctionnels au détriment des postes opérationnels.

-          Oui, il faut déplacer massivement le financement de la sécurité sociale de l’entreprise vers les ménages, comme en Suisse. Un citoyen doit savoir dès le départ qu’il aura à payer quoi qu’il en pense et sa taxe locale et sa sécurité sociale mutualisée.

-          Oui il faut supprimer le SMIC national et revenir à des minima par branches et régionalisés, négociés par les parties prenantes, supprimant toute tentation d’augmentations politiques.

-          Oui, il faut transférer sur la TVA une bonne part des charges patronales.

-          Oui il faut baisser massivement les taux et étendre à tous l’assiette de l’IR.

-          Oui il faut se mettre en position de mener une diplomatie de la prospérité ce qui implique d’avoir des propositions de réformes lourdes de la zone euro (avec confiscation des trop gros excédents) et du système monétaire international.

-          Oui, il faut reprendre une politique nataliste en France.

A cela devrait s’ajouter quelques mesures de souveraineté afin de pouvoir retrouver la possibilité d’agir au lieu de subir.

-          Oui, il faut revoir le code de la nationalité et le code des étrangers, pour permettre une véritable intégration sans substitution de population, tout en palliant partiellement la crise de natalité.

-          Oui, il faut mettre fin au « gouvernement des juges », au « justicialisme » et à la pénalisation sans fin de la vie courante des Français.

-          Oui, il faut donner au souverain le pouvoir de surpasser les règles énoncées par le CEDH

Au lieu de se lancer franchement sur ces pistes où des réformes massives sont indispensables sous risques proches d’effondrement lors du retournement de conjoncture et de la hausse des taux, Emmanuel Macron fait du surplace tourne en rond. Sa boussole s’affole. Ses partisans sont désorientés. Les citoyens attendent, avec de moins en moins de bienveillance.

Macron paie sa campagne électorale démagogique et comme Hollande, la mollesse des réformes entreprises sous fond d’emprise aggravée de l’Énarchie Compassionnelle et de fiscalité aggravée de façon démentielle. Il doit donc s'exprimer devant le Congrès pour fixer un nouveau cap. Gageons qu’il essaiera à nouveau de gommer son image de « président des riches », et qu’il cédera à ceux qui lui demandent de marcher sur une jambe de droite mais surtout une jambe de gauche. Malheureusement la jambe de gauche est un pilon qui s’enfonce dans la bouillasse de la pauvreté et du chômage. Et la droite, affolée d’avoir été éjectée par des mesures totalement démagogiques qu’elle n’avait pas osé suggérer, tente de se relancer par plus de démagogie encore, comme ce coup de pouce au Smic qui a fait tant de mal à l’emploi dans ce pays.

Nous ne pouvons que lui suggérer d’ignorer ces approches de petite politique. La vraie question est de sortir la France de ses tares anciennes et de faire face aux nouvelles menaces qui sont déjà actives.

Plus questions d’enfantillages.

Grandes écoles : une enseignement économique problématique

L’économie est une discipline difficile qui tente de comprendre une réalité capricieuse et changeante où se mélangent des choix individuels et des actions collectives, dans un monde morcelé par les structures étatiques et les idéologies. Elle est traversée d’incertitudes et de contradictions internes qui n’ont été ni réduites ni levées. Du coup son enseignement est une gageure.

On connait les polémiques qui s’attachent à l’enseignement de l’économie dans le cycle secondaire. Du fait de la maîtrise de l’université par l’entrisme communiste, d’abord subrepticement mais massivement au début des années 60, plus officiellement sous Mitterrand et plus encore pendant la période Jospin, alors que l’URSS était tombée depuis près de 10 ans ( ?!?). Le résultat est un « enseignement » anticapitaliste grotesque de type bréviaire pour militant d’extrême gauche. Tout cela est passé par un CNU maquereauté de façon caricaturale.

On connait moins la difficulté de cet enseignement dans les grandes écoles et les grands instituts para universitaires.

Là, la difficulté est le temps, qui est compté dans les programmes. L’économie est enseignée à l’économie. On ne peut pas trop fouiller les concepts ni approfondir les aspects théoriques. Du coup, on privilégie le vernis sur l’assimilation des théories de base, toujours un peu complexes et discutables. Et, pour marquer sa distance avec le contrôle socialiste et communiste qui règne à l’université, on trouve des enseignants sympathiques et sympathisants aux thèses du business, mais pas toujours baignés par la rigueur scientifique de la discipline.

Ce phénomène est particulièrement voyant dans un article du Monde du 27 juin 2018 commis par un intervenant présenté comme professeur d’économie à HEC et qui va multiplier les erreurs et les à-peu-près pratiquement à chaque ligne. Qu’écrit ce brave garçon, attaché tout entier à dénoncer les atteintes de Donald Trump au libre échange ?  

« Il est facile de prouver que toute tentation (l’auteur doit vouloir dire « tentative » NDLR) de protectionnisme  et d’entrave à la libre circulation des biens et des homme est destructive de valeur. […]Théoriquement c’est une évidence que faciliter les échanges est une condition nécessaire pout créer plus de valeur. Pour que deux parties décident d’échanger, il faut que les deux parties partagent un intérêt ; en d’autres termes, que l’échange crée de la valeur. Supprimer une possibilité d’échange  revient donc à détruire de la valeur ».

Un vrai professionnel de l’économie serait sévère avec ces affirmations  et pourrait considérer que le discours est doublement faux. D’abord parce qu’il s’appuie sur une stylistique d’autorité (« Il est facile de prouver », ce que l’on s’abstient de faire ; « c’est une évidence, alors que la complexité règne », alors que l’évidence est justement le contraire de ce que fait naître la complexité). Ensuite parce que les affirmations elles-mêmes sont controuvées.  Quiconque s’est un petit peu informé de la théorie des prix et notamment de l’apport de l’école marginaliste, sait que, dans l’échange, la valeur marginale des bien échangés est égale. Dans un échange, aucune des parties n’accepte de perdre. Si l’échange a lieu c’est qu’il est en iso valeur pour les deux acteurs. Pour chacun, ce qu’il perd est égal à ce qu’il gagne.  Sinon il ne procéderait pas à l’échange. L’échange ne créée donc pas de valeur en lui-même. Ce qui est cédé à la même valeur que ce qui est acquis. De part et d’autre.

L’échange ne va créer de valeur qu’à certaines conditions. Tout le problème de l’économie est l’étude de ces conditions.

Donnons un exemple caricatural : une tribu de Goths veut fêter dignement le mariage d’un de ces princes. Il lui faut trouver de l’or. Elle va confisquer tous les outils en métaux sur lesquels elle peut mettre la main afin de faire l’échange contre de l’or. Lors de l’échange, les égyptiens cèdent de l’or et en contrepartie ils reçoivent du métal qui va leur permettre de faire des flèches et lancer une campagne militaire en du temps.

L’échange aura eu comme conséquence la misère dans les campagnes privées d’outils nécessaires et la misère dans les pays traversés par la guerre. Autant pour « l’échange [qui] crée de la valeur ».

Si on change d’échelle et que l’on prend une collection d’échanges, à l’intérieur d’un pays, le niveau de complexité augmente brusquement. L’échange n’étant pas fait en mode troc mais en mode monétaire, les arbitrages d’utilité marginale deviennent d’une complexité rapidement effarante qui rend le passage de la microéconomie à la macroéconomie quasiment impossible.  L’introduction de la monnaie ajoute une dimension nouvelle. Il n’est pas sûr que l’équilibre monétaire global se produise et que le bouclage du circuit économique se fasse de façon satisfaisante. Tout dépend de l’organisation monétaire. Et tout dépends de la conjoncture. Un déplacement de consommation veut dire qu’une partie du revenu qui a été créé ne reviendra pas vers son émetteur primaire qui subira une perte, une autre accusant un bénéfice. La digestion des pertes et le bon réemploi des bénéfices se produisent totalement différemment en haut et en bas de cycle, en économie administrée ou libre, avec un système bancaire efficace ou lorsque la finance est en crise.

Entre deux pays, la situation devient encore moins « évidente ». Si les échanges ne sont pas globalement équilibrés, alors le revenu distribué dans le pays déficitaire ne se retrouve pas en face des produits dont la production a été la contrepartie du revenu. Il va y avoir une pression dépressionnaire. Elle sera traitée de façon différente selon les régimes de change, la structure bancaire et financière et l’implication de l’Etat. Dans la pratique, un Etat comme celui de la France capte à peu près la totalité de la valeur ajoutée de ce qu’on appelle les entreprises et le redistribue. En plus il emprunte à tout va pour financer des déficits. Le déséquilibre des échanges va finir créer d’énormes déséquilibres un peu partout, en particulier sur le marché de la dette et sur celui de l’emploi.

Ce que ne voit pas du tout notre enseignant d’économie affilié à HEC, c’est que l’échange individuel ne crée pas de valeur  mais que les déséquilibres globaux créent des difficultés qui peuvent impacter lourdement le revenu, l’emploi, la dette etc.

Donc il parle pour ne rien dire. Car tout le problème posé par les réactions politiques contre la mondialisation est qu’elles sont fondées sur des difficultés réelles qui proviennent d’erreurs d’organisation et de politiques économiques, trop lourdement déséquilibrées. C’est justement parce que ces conditions globales ne permettent pas aux vrais mécanismes de création de valeur associés à l’échange (principalement la baisse du coût unitaire de production si des deux côtés il y a possibilité d’ouverture de débouchés plus importants) que ces réactions politiques ont lieu.

Evidement l’article passe à côté de toutes ces dimensions et notamment gomme les déséquilibres et les conditions d’organisation monétaire de la croissance. Donc l’impact intellectuel et pratique de l’article est nul.

Malheureusement l’article est très révélateur d’une certaine manière de traiter de l’économie dans la Presse. Au lieu de développer des raisonnements, associés à des faits, avec des arguments, les auteurs préfèrent afficher des postures et les illustrer d’arguties.  

Cette tendance rejoint le défaut des enseignants en France qui privilégient le discours moral et ignorent la démarche explicative.  Le bien et le mal, plutôt que le pourquoi et le comment. Cette curetonnerie tourne évidemment à la déviance idéologique et politique. A Sciences-po, ce sera avec son institut économique « vive l’impôt, vive la dépense publique ». A HEC ce sera, « vive les échanges libres et non entravés ».

Osons le dire : ce n’est pas de curetons idéologisés dont nous avons besoin, mais d’observateurs avisés.  Malheureusement la presse française est totalement politisée au mauvais sens du terme et elle privilégie les curés présentant l’imprimatur des diverses Observatore Romano du moment. Quant à la TNT elle aime mettre en scène les conflits de chapelles pour faire de la chaleur et elle ne fait jamais de lumière.

Conseillons tout de même aux grandes écoles de mieux cerner le champ de leur enseignement économique, la synthèse ne pouvant se passer d’un certain approfondissement des concepts de base. Elles devraient également mieux apprécier les qualités de leurs enseignants, dans cette optique là, plutôt de chercher quelques prélats zélés de la mondialisation heureuse.  On a dit lors du dernier quinquennat : « Hollande a fait HEC, il ne doit pas être nul en économie ». On a bien vu ce qu’il en était. Nul, il l’était. Cela n’a pas été bon pour la réputation de l’école.

Avis aux jeunes socialistes, vraiment socialistes

Pour ceux qui ont vécu les années cinquante et soixante, ce titre du Monde "éco&entreprise" du 18 juin 2018 est tout à fait savoureux.

« La Russie a déjà gagné le mondial 2018 …du blé ».

Elle a écoulé 40 millions de tonnes de blé à l’export, soit plus que la récolte française de l’année.

Il faut se rappeler que pendant toute la période soviétique, et surtout depuis le génocide paysan de 1932-1933, environ deux Shoah en nombre de victimes directes, juste pour fixer les ordres de grandeur, l’URSS a dû importer massivement du blé pour éviter les famines et les disettes successives.

L’organisation « vraiment socialiste » et conforme aux canons du marxisme-léninisme a mis des centaines de millions de pauvres gens à la gamelle occidentale. Et le glorieux journaliste géographe « actif » communiste du Monde, Pierre George, idole des esprits faux, radotait que ces résultats pitoyables n’avaient rien à voir avec le socialisme réalisé, qui d’ailleurs n’avait jamais tué le moindre paysan et que les difficultés ne provenaient que du mauvais temps et du blocus de l’Otan. Il faut savoir que le Monde et la majorité de la presse française, sous tutelle des Ouvriers du Livre, n’a cessé de mentir sur ce sujet, vendant le communiqué de l’ambassade soviétique relayé par le PCF, aux masses à conscientiser d’urgence. Même dans les universités et notamment, hélas, à Sciences-po, où sévissait le communiste susnommé, on a toujours décrit l’économie de l’URSS non pas à partir de ses réalités mais du livret de propagande servi par l’Union soviétique. Même en 1998 sur le forum du Monde, quiconque disait la vérité sur l’URSS était aussitôt traîné dans la boue, et accusé d’une litanie de perversités dont la plus spectaculaire était d’être à l’évidence un "lecteur du Figaro Magazine".

Les merveilleux résultats de l’agriculture « vraiment socialiste » se sont retrouvé partout où la formule a été implémentée, en général en tuant encore plus de monde (3 à 4 Shoah en Chine par exemple). Mengistu, l’homme qui laissait pourrir les enfants massacrés au long des rues pour l’édification socialiste des foules, a fait aussi très fort pour massacrer son peuple tout en affamant les survivants.

Il serait peut-être bon que les Black blocks et autres Zadistes, de même que les émules de Mélenchon, soient mis au courant des conséquences de leurs doctrines chéries et qu'ils apprennent le résultat qu’elles ont donné.  

En tout cas, ceux qui avaient toujours affirmé que la Russie et l’Ukraine étaient des greniers à blé détruits stupidement par le socialisme et maudit le Monde d’aérer des mensonges aussi hallucinants sur la question, profitent pleinement du sel de la situation. Qui osera lancer un épi de blé russe sur la tombe de Pierre George et Hubert Beuve-Méry ?  

Monnaie et libre échange

Dans les discussions sur le commerce mondialisé et les monnaies, il est sans doute intéressant de revenir à l’acte fondamental : l’échange.  Dans une transaction internationale, l’échange se fait à iso valeur. Le bien cédé a la même valeur pour le cédant que le produit acquis et réciproquement. Les marginalistes ont raffiné la question en montrant que ce sont les valeurs marginales qui s’équilibrent, mais on en est toujours là : on ne fait un échange que si les deux y trouvent le même niveau d’intérêt. Sinon on ne voit pas pourquoi une partie accepterait d’y perdre.

Les transactions d’échange de produits sont donc par construction équilibrées en valeur.

La question qui se pose aussitôt est de savoir où se trouve la création de valeur globale qui justifierait de pareils échanges. La réponse est double :

-          La valeur relative des biens échangées n’est pas la même dans les deux sphères. L’échange opère un accroissement de satisfaction donc de valeur d’un produit donné dans sa sphère. Il y a accroissement de la valeur d’usage dans les deux pays.

-          Le débouché nouveau permet d’allonger la série de production. En cas de coût unitaire dégressif, il y a à nouveau création de valeur.

Le libre échange est créateur de valeur des deux côtés. Bloquer le libre échange réduit la prospérité.

Ce schéma résumé et un peu caricatural, est la base de la philosophie de la libre circulation des biens entre les pays. Imaginons un pays qui produit du lait mais pas de voitures et un autre qui produit des voitures et pas de lait. Il peut être intéressant de produire un peu plus de voitures pour obtenir du lait et accroitre la production de lait pour avoir des voitures. L’affaire est dynamique pas statique.

Les flux d’échanges créent plus de valeur et plus d’emplois dans la mesure où les conditions de production nationale des deux produits concernés ne soient pas identiques. Il n’y a pas de doute que ce surcroît de production est bénéfique aux deux parties.

Ce bénéfice est obtenu sans déficit ni excédent.

Les déséquilibres de balances commerciales signifient toujours qu’il y a une fuite quelque part dans la valeur réciproque des échanges, fuite qui fausse l’équité des transactions.

En maintenant la production dans les pays de l’Est ridiculement bas, le communisme a privé de possibilité d’échanges bénéfiques les pays européens non communistes, tout en ruinant les peuples soumis à sa dictature. Un régime qui tue la production et qui limite les échanges fait du tort à ses citoyens mais aussi aux autres avec qui des relations économiques positives auraient pu s’installer. Nous avons estimé au Cercle des Economistes e-toile, que la perte de revenu pour les Européens de l’Ouest était d’environ 40% du revenu médian. En un mot, sans le communisme, notre revenu français serait plus haut de quarante %.

Ceux qui dénoncent de façon permanente la « religion » du libre échange, devraient d’abord faire le calcul des pertes de revenu qu’ils envisagent, des deux côtés. Ce qu’ils ne font jamais.

Beaucoup de mécanismes viennent contrarier cette belle mécanique. On peut en citer quelques uns, parmi beaucoup d’autres.

-          Beaucoup de pays n’ont aucun avantage comparatif autre que le niveau des salaires. Les fabricants pourraient transférer leurs moyens de production pour  produire à bas coûts dans le pays pauvre des biens revendus à la même valeur dans l’ancien pays de production. Il va y avoir un flux de capitaux d’investissement dans un sens et un flux de production dans l’autre. On n’échange plus des produits mais des capitaux contre des produits. Les produits exportés le sont en contrepartie d’une valeur en monnaie du pays de destination.  Alors qu’ils sont payés en monnaie du pays de production. L’aspect monétaire devient fondamental, par le double jeu du taux de change et des taux d’intérêt. Le gain de l’échange devient dépendant du bon fonctionnement du système monétaire et financier entre les deux nations.

-          Dans un système d’étalon or, l’or quitte le pays déficitaire pour le pays excédentaire. La dynamique des prix est censée faire monter les salaires et les prix là où l’or arrive et les faire baisser dans l’autre. A terme, les niveaux de compétitivité se rééquilibrent. Les sorties d’or créent une déflation qui créent une dynamique problématique  dans le pays concurrencé par le pays pauvre. Cette déflation fait aussi du tort au pays exportateur. Les mouvements financiers ont par le passé, chercher à compenser ces effets néfastes. Mais au final on n’échappe pas à une crise mondiale. On a donc écarté la formule de cet étalon qui poussait à des crises profondes.

-          Dans un système de monnaies fiduciaires nationales, l’avantage compétitif du pays pauvre est entièrement lié à la qualité de sa monnaie et au cours  des changes entre les deux monnaies dans l’échange. Le mode de gestion de la valeur de la monnaie dans chaque pays peut  tout fausser. Les conséquences sur l’emploi peuvent être intolérables dans le pays riche. Un système de change fixe mais modifiable permet de limiter l’avantage économique et les mouvements de capitaux par un arbitrage d’état entre la satisfaction de consommateur et la prospérité des producteurs.  Dans un système de changes flottants, une incertitude sur le change se cumule avec les variations de salaires pour créer une dynamique qui devait selon Friedmann rééquilibrer les comptes mais qui dans les faits a conduit à des situations explosives. Dans un système de monnaie unique, le plus fort l’emporte en imposant la loi d’airain du possesseur de l’outil de production  le plus solide et du stock de capitaux le plus grand. Il fait tous les arbitrages à son avantage et les Etats sont en grande difficulté pour en gérer les conséquences.

Conclusion : le système monétaire et financier compte dans le commerce international. La qualité de l’ensemble dépend de celle du système monétaire international.

-          A partir du moment où on échange des produits contre des devises et non plus contre d’autres produits, la manière dont sont gérées les devises devient fondamentale. La spécialisation qui s’est faite entre institutions monétaire et commerciales, après Bretton Woods, est absurde. Il n’y a pas d’un côté des gens qui causent commerce et d’autres qui parlent monnaie. Les questions sont intimement liées. C’est une des tares de notre époque de voir par exemple l’Europe fabriquer des traités de commerce sans jamais s’inquiéter des aspects monétaires. C’est pourquoi nous avons affirmé qu’il fallait lier l’acceptation de certains traités à un préalable de réforme du système monétaire international.

-          Alors que le système de Bretton Woods jouait sur les deux aspects en même temps, le change étant mis au service de l’équilibre des échanges, les changes flottants ont tout déréglé et les marchés financiers se sont avérés de facto incapables de rétablir des situations équilibrées. 

-          Il faut voir qu’un pays qui poursuit des objectifs mercantilistes accumule de la monnaie internationale qu’il ne peut pas utiliser chez lui. Il va rapidement s’inquiéter de la valeur de la cassette qu’il accumule. Un élément de peur entre dans le système. Il souhaite rentabiliser son avoir donc il va le placer. Mais dans quoi, s’il est super compétitif ? Les autres n’offrent pas de perspectives de production sympas.  Il n’a le choix qu’entre des opérations spéculatives et des achats de capital dans les pays déficitaires. Les pays en question ne veulent pas voir partir leurs bijoux de famille. Les tensions arrivent. Le Japon a préféré acheter des golfs et de l’immobilier. Il a beaucoup perdu lors des krachs successifs. Les Allemands ont joué massivement l’immobilier méditerranéen et les subprimes. Ils se sont fait ratisser. Les Chinois vivent dans la peur de perdre leur trésor. Alors ils rachètent des terres en Afrique et des vignobles en France. Sans aucun avantage pour le pays où ces biens sont rachetés. Ce ne sont que des échanges de propriété.

-          A la fin des années trente, tout le monde avait compris qu’il fallait jouer le commerce des biens tout en équilibrant strictement les mouvements. C’est la raison pour laquelle toutes les lois monétaires et commerciales, synchronisées, prévoient des relations équilibrées.

-          La rupture des accords en 1971 a cassé ces mécanismes. On a vu d’énormes déficits et de gigantesques excédents s’accumuler avec comme conséquences l’apparition d’une économie baudruche, une baisse du trend, une aggravation du niveau d’endettement global et l’accroissement de la gravité des crises économiques.

-          Il faut donc revenir aux règles qui prévalaient avant 1971 et qui sont toujours la légalité internationale de référence.

-          Si un pays accumule d’énormes excédents, c’est le symptôme d’une gestion de politique économique mercantiliste et hostile à l’échange équilibrée. Les libéraux considèrent que l’état ne sait pas piloter l’économie et que par conséquent lui demander des politiques d’ajustement est absurde. Tout se passerait à l’échelon individuel. La micro économie est la seule vraie. Il n’existe pas de macro économie. L’ennui est que cette théorie est contredite par les faits. La politique du Zimbabwe ou du Vénézuela  a radicalement tué la capacité d’échange positif de ces pays.  On a vu que c’était le cas des pays socialistes,  tout le temps où il a fonctionné. Plus près de nous les politiques inverses de Jospin et de Schroeder ont donné un désavantage compétitif à la France qui a fait sombrer les balances extérieures. C’est bien que les macro-décisions d ‘états jouent sur la compétitivité. Ce ne sont pas les décisions individuelles des consommateurs allemands et français qui ont provoqué, par le jeu des préférences sur les marchés, les déficits et les excédents. Mais des politiques économiques et sociales contradictoires, non corrigées par un système monétaire convenable. 

-          Les politiques massivement mercantilistes nuisent aussi bien aux pays spoliés qu’aux pays spoliateurs. Les politiques qui conduisent à des pertes de compétitivité nuisent également à tous. C’est pour cela qu’elles sont proscrites. Les pays en excédents ne peuvent pas dire aux autres : faites comme nous ! Car il est impossible que tout le monde soit en excédent. Les pays en déficits ne peuvent pas dire : laisser moi sombrer, car leur récession pèsera sur la prospérité générale.  Le cas américain est distinct parce qu’ils tiennent encore aujourd’hui la monnaie du monde et peuvent négliger leurs déficits qu’ils paient en monnaie nationale. Ils l’ont cru longtemps et on finit par constater dans les urnes que les conséquences n’étaient pas nulles sur l’emploi et les salaires.

-           Les conclusions à tirer sont claires. Les échanges doivent être équilibrées et il appartient aux Etats d’y veiller. Les systèmes monétaires doivent imposer la vertu. Pas de monnaie nationale comme monnaie internationale ; corset pour les pays déficitaires qui risquent de partir en sucette mais avec aide pour faire un retour tranquille à l’équilibre ; mécanismes automatique de stérilisation des excès d’accumulation de monnaie internationale par des pays ouvertement mercantilistes. Il faut supprimer l’envie de mener de telles politiques.

Avec ces considérations en tête, on comprend mieux l’impasse où se trouve l’Europe et on peut analyser la nature des convulsions en cours. En prime, s’esquisse une solution gagnante pour tout le monde.
 
SD

L’impuissance de M. Macron dans l’affaire Trump

A force de ne pas regarder les vrais problèmes, on se trouve bien dépourvu quand les faits se revanchent et que l’on se trouve aux abois.

Le règlement international dans ses multiples facettes est absolument clair : il est interdit d’avoir de gros excédents et de gros déficits.

Lorsque Donald Trump pointe les excédents allemands il a parfaitement raison du point de vue du droit international. Ces excédents sont abusifs et proscrits. Quand il pointe les mêmes excédents suisses ou Chinois, il a toujours raison.  Ces excédents sont totalement abusifs. Lorsqu’ils servent à acheter le capital des entreprises non ruinés par une concurrence déséquilibrée, ils apparaissent justement inacceptables. Trump n’a eu aucun mal à mobiliser le vice-président américain du FMI pour soutenir ses thèses. L’absence de gros excédents est statutaire au FMI.

Venir pleurnicher qu’on est des bons alliés et tout et tout, comme Bruno Lemaire dans le Figaro de ce jour, ne peut rien infléchir et nous fait passer pour des pleureuses. Prévoir une guerre commerciale n’a pas de sens : la vraie solution est que l’Allemagne cesse sa politique mercantiliste et réduit ses énormes excédents. Il ne peut donc pas y avoir de réaction franco-allemande homogène.  De même au Japon, en Corée, en Chine et dans tous les pays qui maintiennent des balances excédentaires supérieures à 3% de leur PIB.

La seule réponse pour Macron, est d’acter que les gros excédents sont interdits et sommer l’Allemagne de revenir dans les clous tout en rappelant à M. Trump, que les excédents sont le miroir des déficits et que les déficits américains sont également illégaux. Cette position aurait été plus facile à porter si les économistes officiels avaient correctement expliqué les conséquences malfaisantes des déséquilibres commerciaux et financiers.

 En vérité ce serait la responsabilité de l’ UNCED, du FMI et de l’OCDE, ainsi que de la commission de Bruxelles de rappeler ces vérités à tous. Ne pas l’avoir fait pendant près de 50 ans est leur grande faute impardonnable. Perseverare serait diabolicum.

Commerce et monnaie vont ensemble. Aucun traité commercial ne devrait être accepté avant une réforme globale du système monétaire international.

On comprend que pour le président Macron il soit plus difficile de mettre le nez des Chinois et des Allemands dans leurs excédents et des américains dans leurs déficits, que de faire un beau discours vain sur la Pnyka ou à la Sorbonne. Mais c’est la seule position tenable. Encore aurait-il fallu redresser les comptes extérieurs du pays et réduire la dépense publique au lieu de l’augmenter. Le donneur de leçon doit être impeccable.

De même la seule voie possible en Europe n’est pas de demander un budget fédéral faramineux dont personne ne veut. Il est de mettre en place des mécanismes qui rendront vaine l’accumulation d’Euro par un pays structurellement excédentaire.

 

 

 

 

 

Deux mots à Paul Tucker, ancien banquier central.

Rien de plus intéressant que l’interview de Paul Tucker, ancien numéro 2 de la Banque d’Angleterre et fin connaisseur des arcanes de la pensée dominante dans les milieux anglo-saxons en matière d’organisation monétaire.

Il y a maintenant longtemps que la fable qui prétendait voir dans les marchés et les seuls marchés, sous la surveillance bienfaitrice des banques centrales, la solution magique aux diverses équations monétaires européennes et mondiales, a sombré dans l’insignifiance. La crise de 92-93, puis celle dite des pays émergents en 1998, puis celle des valeurs technologiques, au début du siècle puis l’effondrement de 2008, ont emporté les dernières illusions. Alan Greenspan, gourou déchu, a lui-même concédé le point depuis au moins dix ans : des marchés libres de toutes entraves, qu’il s’agisse de celui des monnaies, des titres, des dettes diverses, sont incontrôlables.

Le trou monumental percé dans les comptes par l’explosion de l’économie baudruche a été comblé par les banques centrales au prix de plus de 14 milliards de créations monétaires, par reprise d’actifs financiers bancaires plus ou moins douteux, l’apparition de taux d’intérêt négatifs et mille mesures totalement contraires à la pensée dominante. Nécessité fait loi. Les États gorgés de dettes ont vu ainsi le coût budgétaire des déficits effarants ont pu continuer à se financer.

Les peuples ont trinqué. Comme nous le répétions inlassablement depuis 1997 : attention à la colère des peuples. Nous voilà avec le Brexit, les troubles italiens, la défonce espagnole, le numéro de cow-boy de Trump.

On a fait jouer aux banques centrales un rôle étranger aux apparences de leur mandat. En Europe, c’est la BCE qui a signifié à la Grèce qu’elle pouvait arrêter le refinancement des banques et mettre en faillite tout le pays. Ne parlons pas de Chypre. La BNS a cru pouvoir créer le même montant en monnaie que la valeur du PIB suisse ! Avant de renoncer. Le FED a créé à elle seule 4 000 milliards de dollars de billets verts.

Un système qui finit par faire tout ce qu’il était censé ne jamais faire, est une farce. La chanson qu’on répète depuis 1973, selon laquelle les banques centrales ne sont là que pour maintenir l’inflation en monnaie officielle dans des limites étroites, sans s’occuper des changes ni du financement des États, est apparue pour ce qu’elle est : une fable risible. Les dettes d’État et le change des devises ont été constamment dans le collimateur des banques centrales.

Lors d’une conversation sur le forum du Monde avec un certain Dodds, nous avions souligné que le dressage des gouvernements par « les marchés » était un rêve techno et un cauchemar démocratique. On a vu que ce sont les États qui sont venus, à grands frais, sauver les marchés de leur propre déchéance.

Le propos d’un commissaire européen allemand suggérant que les marchés allaient dresser le gouvernement clownesque italien a provoqué un juste scandale. La démocratie était à l’encan sur les marchés !

En vérité c’est le précédent grec qui est important : si l’Italie s’engage dans une politique de cinglés, alors les banques italiennes ne seront plus approvisionnées par la BCE et on organisera, comme en Grèce, un « corralito », une consignation des dépôts devenus non utilisables à volonté : les agents économiques seront priés de se contenter de quelques euros par jour !

La banque centrale européenne sera devenue l’arbitre des élégances politiques en Europe. Une bande de fonctionnaires non élus remplaceront ouvertement le choix de millions de citoyens.

Paul Tucker, l’ancien numéro 2 de la Banque d’Angleterre a senti immédiatement le danger.

« Les banquiers centraux doivent battre en retraite » et ne pas sortir de leur rôle. Ce n’est pas à elle de garantir la survie de l’Euro, question essentiellement politique. Il sent bien qu’un tel rôle met la banque dans une situation précaire. « Le danger est qu’elles aillent trop loin ». Il reconnaît que la BCE joue un rôle quasi budgétaire, bien loin des élucubrations de 1973. Et il note avec justesse que plus les pouvoirs des fonctionnaires internationaux s’étendent, plus ceux des politiques s’étiolent et avec eux leur réputation. Le rejet des « élites » a en effet une cause dans leur abandon de pouvoir aux mains de fonctionnaires irresponsables (juges, banquiers centraux, commissaires européens).

Jusqu’ici tout va bien. Mais la conclusion fait rire. « Il importe que les banquiers centraux restent dans le domaine de leur mandat : le niveau des prix et la stabilité du système ». Ce n’est pas eux de donner leur opinion sur des questions générales qui ne dépendant pas de leur mandat mais ils devraient parler plus souvent de leur mission devant les instances démocratiques et recruter plus de femmes.

S’ils sont sortis de leur mandat, c’est parce que le système monétaire international et l'Eurosystème sont dysfonctionnels. Ils ne l’ont pas expressément voulu. C’est l’explosion de l’économie baudruche qui s’est créée depuis 1971 qui les a mis là où elles sont. Elles sont OBLIGÉES de jouer un rôle budgétaire, compte tenu de l’énormité des dettes publiques ; elles sont OBLIGÉES de regarder du côté des changes et du recyclage des énormes excédents.

Quant à la suggestion que la nomination de femmes changerait tout, on a vu avec Mme Lagarde et ses campagnes féministes totalement étrangères à l’objet de l’institution, que cela aggrave plutôt la pusillanimité des institutions économiques officielles.

En n’abordant aucune des tares structurelles de la zone euro et du système monétaire international, Tucker parle pour ne rien dire. L’autisme des banquiers centraux sur les vraies questions est plus grave que les divagations d’un commissaire européen allemand.

Qu’il aborde les déséquilibres monstrueux des balances de paiement aussi bien dans le monde qu’au sein de la zone Euro et on commencera à entrer dans le dur des vraies réformes. Là, on ne voit qu’une tentative un peu enfantine, de masquer le déni de démocratie propre au système. « Planquez-vous et taisez-vous devant le grand public. Mais ne changez rien ». L’hypocrisie au service de la survie.

Pathétique.

Des maux d’origine monétaire traités comme des gros mots

Deux des troubles les plus graves qui agitent l’Union Européenne sont purement et simplement causés par des violations lourdes de la réglementation internationale en matière de grands déficits et de grands excédents.

Les statues du FMI et de multiples traités répètent qu’il est interdit de cumuler les grands déficits et les grands excédents. Les déséquilibres de balance des paiements ont un effet délétère que tout le monde condamne depuis au moins 80 ans.

Le dysfonctionnement majeur de l’Eurosystème tient au fait que rien n’est prévu en cas de gros excédents et que les excédents allemands ont atteint un niveau totalement extravagant.

Le dysfonctionnement majeur du système monétaire international est qu’il ne prévoit rien, sinon l’action des marchés et des banques centrales pour corriger les déséquilibres.

Dans la pratique les États-Unis ont fait du dollar la monnaie du monde et fournissent la liquidité mondiale par la grâce de déficits gigantesques dont ils se moquent puisqu'ils les financent dans leur propre monnaie. La monnaie du monde ne devrait JAMAIS être la monnaie nationale d’un acteur. Les déficits ont une contrepartie automatique dans les excédents des autres.

Il est donc clair que les excédents allemands pompent toutes les liquidités en Europe, laissant les pays déficitaires dans une difficulté constante. En utilisant en masse leurs excédents dans des opérations immobilières spéculatives, notamment en Grèce, en Italie et en Espagne, ils ont endetté les « pays du Club Med » à des niveaux intenables. En rachetant massivement le capital des entreprises non allemandes, ils ont capturé illégalement des parts de marché abusives.

Les Allemands savent d’ailleurs parfaitement que c’est abusif : dès que les Chinois qui ont des excédents du même ordre que l’Allemagne, ont essayé de ramasser le capital des entreprises fleurons du Mittelstand, ils ont immédiatement sorti la mitrailleuse et les interdictions. L’Allemagne veut bien faire ce qu’elle interdit à la Chine ! Lorsque le commissaire européen Günther Oettinger décrète que les « marchés vont apprendre aux Italiens à bien voter », il tient un propos indéfendable mais surtout doublement faux. Ce ne sont pas « les marchés » qui sont à la manœuvre dans cette affaire, mais les créanciers qui ont renfloué les caisses des banques italiennes, c’est-à-dire les États européens. Et c’est la BCE qui aura le dernier mot en dernier ressort, en appliquant au choix la doctrine grecque (un mince courant de liquidité au comptoir des banques) soit la méthode chypriote de vol pur et simple des dépôts.

Trump a parfaitement raison de réagir : les pays excédentaires doivent être sanctionnés. Mais il a tort puisque ses déficits volontaires de balances de paiements sont la contrepartie de ces excédents.

La bonne solution est donc toute simple. Il faut imposer une réforme de l’organisation monétaire européenne et mondiale qui permette d’empêcher quasiment automatiquement les gonflements de balances déficitaires et excédentaires. La solution la plus simple est de mettre en place une chambre de compensation associée à un mécanisme qui stérilise automatiquement et de façon progressive les gros déficits et les gros excédents, rendant sans intérêt les politiques mercantilistes et la création monétaire mondiale par un seul pays.

Évidemment vous ne trouverez jamais ce débat dans les médias qui se contente de commenter les pugilats, en espérant des petites phrases riches en polémique. Aujourd’hui, c’est le seul qui compte. Le moment des grandes réformes approche. Les pugilats façon entre- deux-guerres n’ont aucun intérêt. C’est la guérison des maux qui comptent et pas les gros mots.  

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Petit rappel en passant

(pour bien suivre les négociations à venir).

Alors que démarre les réflexions sur la réforme des retraite, bien retenir que la pénibilité est le moyen trouvé par les politiques pour permettre aux salariés de l'EDF, de la SNCF et autres privilégiés de maintenir leurs avantages.

La France en plein syndrome albanais

Extraordinaire commentaire sur une radio. Le « journaliste » commente les gains exceptionnels des Gafa. Ce n’est pas une analyse. Mais un discours façon Tolbiac pour gauchistes exaltés. Parce qu’ils gagnent beaucoup d’argent, les salariés de Facebook et Google « créent de l’inégalité ». « Quels « salauds au sens sartrien du terme ! », comme on disait chez les marxistes distingués dans les années soixante (on savait encore qui était Sartre). La haine du succès économique transformé en source indigne d’inégalités inacceptables, voilà ce qu’on entend à toute heure sur la TNT et les radios.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Mitterrand, heureux d’exploiter, pour le plus grand bien de son narcissisme pervers exacerbé et d’une brochette d’amis cupides, la vague revanchiste socialiste du moment, la France a décroché. Elle qui rattrapait le revenu médian des États-Unis s’est mise à accumuler les retards. Aujourd’hui, son revenu médian (sur des bases réellement comparables, ce qui n’est pas facile) est entre 35 et 40 % de celui des pays qui ont su maintenir leur capacité économique au lieu de la gaspiller en libéralités. La dépense publique est à peu près égale au montant de la valeur ajoutée des vraies entreprises (plus d’une personne et exclusion du secteur financier qui suit des règles spéciales). Et les prélèvements obligatoires sont à peu près égaux à cette production également.

Une telle situation est à peu près unique au monde dans sa sphère de liberté. Ajoutons la dette globale effarante, et on comprend que la France perd du terrain partout. Elle ne parvient plus à maintenir des comptes équilibrés aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur et se singularise par un chômage démesuré.

Et les seuls commentaires délivrés par les journalistes concernent « la croissance des inégalités » et « la société qu’on veut », sans jamais évoquer les causes de notre retard cumulatif. Les seules études où se singularisent les « économistes » français ne portent que sur les inégalités.

En même temps, se maintient la même hémiplégie de la mémoire vis-à-vis des crimes, massacres, génocides, commis au nom du « socialisme réalisé », la même dissymétrie entre »« bandes fascisantes » de droite et gentils « blacks blocs », évidemment « motivés et donc excusables par les carences cruelles de notre société ». Les grands groupes d’information, à l’exception du Point, ne couvrent pas le drame Vénézuélien, avec la ruine du pays, la déchéance des populations, la fuite de millions de personnes hors du pays, comme ils avaient caché la déchéance du Zimbabwe, les horreurs des Farc en Colombie etc.

Une chaîne de la TNT est spécialisée dans les crimes hitlériens. Rien sur les crimes de l’URSS.

La classe des commentateurs dominants fait de la chaleur sur les conséquences de l’application de ses propres idées socialistes, sans jamais faire la lumière sur ses causes. C’est le syndrome albanais de la presse française. Plus les résultats sont mauvais, plus on accuse l’ennemi de classe, plus on prend des mesures d’encadrement de la vie des gens, qui est de plus en plus abîmée, sans prendre conscience que cette régression, mesurée par rapport à la situation dans des pays moins stupides, est ultrarapide. La descente s'accélère. Dans une autre émission, M Lenglet constate que la France n’a pas su développer son tourisme. Le pays phare de naguère navigue de plus en plus bas dans les classements. Mais comment investir quand tout l’argent est ramassé par le Trésor et gaspillé en avantages arrachés par des syndicats abusifs ?

Nous n’avons plus de Justice, plus d’enseignement, bientôt plus de santé publique, plus de sécurité, une université qui devient risible, plus d’identité nationale. Notre économie régresse d’année en année, avec une baisse continue du revenu par tête. Les naissances s’effondrent. Le vieillissement du pays s'accélère. 1.6 millions de retraités ont fui le pays et sa fiscalité confiscatoire, avec un discours classant les retraités parmi les nantis qui doivent être justement saqués « pour donner du pouvoir d’achat à ceux qui travaillent ». C’est tellement évident : la croissance du revenu des actifs doit être arrachée aux inactifs !  

Notre démocratie a été confisquée par l’Énarchie Compassionnelle qui n’hésite pas devant les moyens les plus douteux pour se maintenir au pouvoir, comme on l’a vu dans l’affaire Fillon et la stérilisation de l’élection présidentielle. La vie politique n’est plus qu’un jeu de bonneteau fiscal décoré par les exactions de l’extrême gauche radicalisée et fascisante, sous le commentaire de journalistes socialisants intéressés à ce que la mayonnaise des troubles prenne en France. On a vu avec l’affaire Fillon que, pour ces « journalistes », peu importe le brouet, la soupe de l’indignation sélective est toujours bonne. Pour les attentats musulmans, alors là prudence. Il suffit de voir la couverture des assassinats commis en Belgique il y a quelques jours pour s’en convaincre. Sur la pointe des pieds. Et tous les utilisateurs de gymnase qui ne peuvent plus les utiliser pour une période indéterminée, parce qu’on y a ventilé des immigrés clandestins entrés en violant les lois n'auront aucun accès aux médias. Chutt !!!!!!!   

On voit même des « journalistes » interviewer des émeutiers en les « remerciant de leur action ». Le langage de la presse est maintenant celui des syndicats et de la gauche extrémiste. Les enragés dominent la place sans la moindre vergogne. Ah ! Ils la veulent cette « convergence des luttes » qui créerait vraiment « un beau bordel » comme dit élégamment un des membres de la France Insoumise et 50 ans de descente aux enfers. Mais le seul moyen de faire carrière comme commentateurs est de justifier les désordres et de se présenter en moraliste de « la société que nous voulons ».

Et les Français voient leur revenu après impôts s’effondrer comme celui de tous les pays qui ont suivi les mêmes prescriptions gauchistes. Pendant que tous les pays sortis du socialisme affichent des croissances de revenu entre 1980 et aujourd’hui de près de 400 %, ce qui ne sera jamais dit.

Quand on revoit les évènements de mai 1968, on remarque immédiatement les fautes tactiques de la droite au pouvoir. Pompidou s’est cru en phase avec « les étudiants ». Normale Sup était marxiste quand il y était.  Il a cédé et déchaîné la révolte. Le préfet Grimaud, encensé jusqu’à la nausée pour ne pas avoir réprimé les révoltés, n’a rien compris à ce qui se passait. Il a laissé faire les barricades. Et les révoltés ont eu tout le loisir de détruire et de parader.

On oublie que Cohn-Bendit était ouvertement communiste à l’époque et enchaînait les propos révolutionnaires marxistes-léninistes les plus typés. Serge July et Kouchner étaient eux carrément aux Jeunesses communistes. Aujourd’hui Dany le Rouge veut faire croire qu’il était anticommuniste, ce qui est faux. Il l’est devenu en devenant un notable. Le mensonge des anciens militants les plus enragés reste un réflexe bien ancré. C’est manifeste quand on entend Michel Le Bris, qui vit de l’argent public en privatisant les profits, et dans le cadre d’une affaire familiale des plus bourgeoises, expliquer que les femmes peuvent ouvrir des comptes en banques et trouver un emploi sans l’avis de leur mari grâce à mai 1968, alors que la loi date de 1966. On voit que la difficulté de ces gars-là avec la vérité est toujours là. Et personne ne présente les belles photos de Mao qui venait de commettre un des plus beaux génocides de l’histoire, entre 5 et 10 fois la Shoah tout de même, pendues sur les murs de la Sorbonne. il faudra également attendre un peu pour entendre que la Sorbonne comme l’Odéon n’étaient plus occupés par les « étudiants » mais par les « Katangais », une race de « Loulous de banlieue » violents, comme on disait à l’époque, qui se moquaient ouvertement des « minets petits-bourgeois » qui n’ont jamais osé les affronter. On présente aux jeunes Français une vision fantasmée de mai 1968 en les encourageant à faire de même. Toute période d’anarchie voit sortir du pavé une racaille dont on n’imaginait même pas l’existence et qui s’invite à la fête avec ses propres méthodes. Il suffit de voir la quantité de matériels des facultés occupées ce printemps revendues sur Ebay, pour s’en faire une idée. Lorsque les autorités ont fui en masse juste avant l’arrivée des Allemands à Paris, en quelques heures on a vu les pires crimes se multiplier : viols, assassinats, vols, agressions. Dans des immeubles vidés de leur habitant, des vieillards ont été massacrés et leur appartement vidé, des femmes seules se sont trouvées à la merci et ont perdu leurs bijoux et leur vertu. C’est comme cela : l’impunité est la reine des vices et la mère du crime.  Aucune étude n’a jamais été faite des crimes de cette courte période.  La honte veille.

Pour les présentations historiques de faits plus anciens, c’est encore pire. Michel Onfray a eu raison de dénoncer la tricherie des « docufictions » concernant la révolution russe. Le Lénine présenté comme réel pendant une émission de ce type sur Arte était un sosie choisi par Eisenstein pour son film de propagande ! On fourre dans la tête des téléspectateurs des images de propagande en leur disant : c’est la vérité. Le vrai Lénine a fait un coup d’État qui a emmené tout l’est de l'Europe dans une suite ininterrompue de massacres et finalement un désastre social irréversible. L’Urss finira par s’effondrer de ses propres tares. Mais il ne faut pas le dire. Là où un petit groupe bolchevique de factieux professionnels a détourné par la violence et la ruse le cours d’une l’histoire pour le pire, on vous présente des « masses conscientisées » décidées à créer un « vrai régime populaire et pacifique ». Pour les rédacteurs de cette histoire falsifiée (qui était enseignée en URSS t répétée par copier-coller en France), aucun scrupule, aucune honte. On peut mentir et glorifier le pire sans vergogne puisqu’il y a « de l’argent à se faire à la téloche ».

Même tricherie pour la couverture des grèves insurrectionnelles de 1947. Le vilain Jules Moch a réprimé honteusement un mouvement social sympathique et les victimes devraient être naturellement indemnisées comme le demandent divers comités Théodule communistes. La réalité, une grève politique, à l’instigation de l’Urss, menée par les communistes, chassés du gouvernement, qu’il fallait empêcher d’atteindre les objectifs « révolutionnaire » de leur maître, est toujours présentée comme la vision éhontée des méchants bourgeois dont il faut aider les auditeurs à se méfier. Une pure émission de propagande communiste, là aussi sans vergogne. Toujours avec les mêmes procédés que Müzenberg avait si bien théorisés. Le mensonge est à égalité avec la vérité pour les ignorants. Donc il ne faut pas se priver. Utiliser le sentiment plus que la raison, l’émotion contre la vérité, voilà la méthode. Alors on présente les grévistes comme des hommes bons qui se sont sacrifiés pour leurs enfants alors qu’ils vivaient dans une quasi-misère. Malheureusement les anciens cadres communistes interviewés sont restés ce qu’ils étaient. Des fanatiques communistes et ils le restent et ne peuvent même pas s’en cacher. Nulle part il sera dit qu’ils étaient communistes et motivés par les ordres de Moscou. Quant à ceux qui dénonceraient toute cette propagande obscène, on prévient les masses de ne pas les entendre. Ce sont des bourgeois fascistes. La réductio ad Hitlerum inventée par le même Münzenberg, demeure une arme de propagande près des 90 ans après son invention. Personne dans la presse, notamment télévisée, n’osera s’insurger. Sinon plus de carrière. L’intimidation marche toujours.

Donc on présente en plan séquence un Jules Moch triomphant et ricanant, un peu comme Goebbels présentait généralement le juif honni, juxtaposé avec une image triste de mineur misérable. Il est intéressant que l’antisémitisme de gauche soit aujourd’hui dominant en France, avec celui des musulmans.

Cette manipulation est financée avec l’argent public.

La France est en train de connaître une double évolution mortifère : les médias dominants créent une atmosphère de mensonge permanent où la réalité est totalement filtrée et manipulée pour servir une vision idéologique et politique. Les journalistes sont devenus des curés qui servent la soupe idéologique en quêtant le soutien des partisans : ai-je été habilement servile ? La bulle psychologique ainsi créée isole totalement la majorité des Français de la réalité globale. Ils ne connaissent plus que leur réalité proche et évidemment, elle n’est pas glorieuse. Pendant ce temps-là, l’Énarchie règne, se présentant comme un rempart contre les « sociofascistes » à qui on laisse malgré tout le terrain médiatique et la rue (plus les ZAD). Pendant ce temps là une bande de hauts fonctionnaires rackettent le pays par des impôts démesurés, tout en s’étonnant qu’ils aient étouffé la reprise modeste qui se profilait.

La France des médias est frappée par le syndrome albanais.

 

Ppc Léon Chaix

Le TFTEA est entré en action. Les Etats-Unis ont gagné

Dans un article peu lu nous avons souligné que la loi TFTEA, votée sous Obama était pleine de risques et bien plus dangereuse que le CETA qui concentrait les critiques.

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/2/25/Pire-que-le-CETA-le-TFTEA

On met sur les moeurs de cowboy de Trump ce qui a été intégré dans la loi américaine avant son arrivée. 

Il est interdit d'avoir de gros excédents. C'est dans tous les textes notamment dans les statuts du FMI comme nous ne cessons de l'écrire.

Trump n'a donc eu aucun mal à s'appuyer sur cette législation, le n°2, américain et vrai directeur, du FMI jouant la cheville ouvrière de l'acquièscement des instances internationales pendant que Mme Lagarde soutenait la cause féministe.

Le piège dans cette affaire est que le monde fonctionne sur les déficits américains pour alimenter sa "liquidité internationale" et les excédents sont le miroir des déficits. Mais là, c'est le silence absolue.

Le résultat : Trump a gagné. L'Europe a cédé. La Chine a concédé.

Tout était écrit.

Une présentation (très) troublante

Il est toujours dangereux de faire des transformés. Ayant, lors du Bac, à l’épreuve de géométrie dans l’espace, fait une transformée qui ramenait les douze questions suivantes à des cas d’égalité des triangles et réduisait l’épreuve à un exercice de 15 minutes, l’auteur de ces lignes s’est récolté un deux pour « solution déloyale et hors programme » qui n’a pas fait de bien à la mention. En vérité c’était dans le programme. Mais bon !

Nous allons tout de même proposer un changement d’échelle de mesure des séries économiques récentes.  Nous considérerons comme unité de référence la valeur pondérée d’un M2 moyen dans les 5 plus grandes capitales du monde, d’un kilo d’or, d’un baril de pétrole et d’un kilo des principales matières premières industrielles. La série correspondant à ce panier de référence servira à « déflater » les grandes séries économiques.

Si nous faisons cette conversion, alors l’évolution du prix du m2 de logement est pratiquement stable et reste proche d’un. Le prix des actifs boursiers est autour de 1 pour la bourse américaine mais 0.5 pour la France. Ce qui veut dire que s’ils n’ont rien fait, les propriétaires de titres boursiers français ont vu la valeur de leur avoir coupée en deux. Les rémunérations des grands patrons internationaux ont enregistré une hausse de 30% environ.  Les salaires moyens eux ont pris une sérieuse dégelée et ne sont plus qu’à 45% de leur valeur initiale en France et à peine mieux aux Etats-Unis.

La mise en concurrence des industries et des salariés occidentaux avec la Chine, l’Inde, les pays de l’est, etc. a été payé chèrement par les salariés occidentaux. Les plus riches ont maintenu leurs avoirs là où le capital n’a pas été lourdement ponctionné. En France tout le monde a beaucoup perdu.

Ce changement d’unité permet d’éviter les cocoricos ridicules des boursicoteurs qui annoncent qu’on a retrouvé le niveau d’avant crise. Il suffit de retirer la hausse des prix à la consommation pour se rendre compte que cette affirmation est totalement ridicule en, terme de pouvoir d’achat.  

L’Etat français a essayé de compenser la perte de valeur réelle de la production en captant le capital et en le vendant à l’étranger, tout en accumulant des emprunts. C’est un choix détestable puisqu’en fait, il a ruiné tout le monde.

Le populisme est le nom de la rancœur accumulée par cette baisse massive en valeur réelle des salaires.

Cette conversion d’unité de référence a le mérite de montrer l’ampleur de la Bérézina économique de ces quarante dernières années et que rien n’a été résolu.

Il faudrait enfin radicalement changer le cadre des relations économiques et monétaires internationales.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Argentine : monnaie et mensonges

La monnaie argentine est à nouveau sur le toboggan.  Comme d’habitude, l’examen de cette nième catastrophe monétaire ne fait pas l’objet d’une vraie analyse mais de postures. L’historien-économiste officiel Mario Rapoport en donne une nouvelle illustration. Il ment effrontément dans son analyse du passé comme dans son explication du présent.

Prenons le premier mensonge avéré qui concerne l’effondrement monétaire de la fin de siècle dernier. Les marxistes tiers-mondistes et les nationalistes argentins, deux composantes essentielles de l’opinion publique argentine, se sont mis d’accord pour affirmer que le FMI et les monétaristes américains, Milton Friedman en tête, le « pinochétiste » bien connu,  étaient la cause de ce grand malheur.  Tout le monde sait que nous ne faisons pas beaucoup de concessions au FMI depuis l’abandon des accords de Bretton Woods et que nous contestons beaucoup des suggestions de Milton Friedman et notamment sa défense des changes flottants.  Dans le cas d’espèce, il faut les réfuter les accusations qui les concernent.  

Il faut savoir qu’au début des années 70, l’inflation était telle, et la volonté d’en gérer les effets par des blocages divers tellement folklorique, qu’on en était arrivé à des situations totalement ridicules. Par exemple le prix des voitures étaient bloqués mais pas celui des volants. On vendait donc, à part, la voiture, au prix bloqué, et le volant, au prix libre, et le volant valait le même prix que la voiture. Naturellement on imposait que le volant soit acheté en même temps que la voiture. Le pays était hors de tout commerce international autre que de troc (on appelait cela la « compensation »)  et le marché des capitaux était totalement local, personne ne voulant risquer un sou dans une économie de ce type.

Pour mettre fin à cette situation et après les évènements politiques que l’on sait, les jeunes dirigeants formés à l’étranger qui prirent le pouvoir, au tournant des années 90,  décidèrent de mettre en place un « currency board », en s’appuyant sur les suggestions d’un économiste américain qui n’avait rien à voir avec Milton Friedman. L’idée, radicale et exotique, était d’éviter par ce moyen le retour à un financement monétaire exagéré de la dépense publique par la banque centrale.  Ce système très particulier et dangereux, imposait une parité fixe entre peso et dollar, la création de monnaie étant régulée par la balance des paiements. Le système a commencé par marcher très bien. L’inflation a cessé. Les exportations ont repris. L’Argentine est entrée dans la finance internationale avec de nombreux investissements étrangers. La prospérité a commencé à s’installer. Il faut savoir que l’essentiel des ressources d’exportation  provient, en Argentine, du Campo et qu’elles se finançaient depuis toujours en dollar, compte tenu de la faiblesse récurrente du peso. Peu à peu, les grands commerçants ont cessé de mettre leur fortune à l’abri aux Etats-Unis et une certaine normalité s’est installée en Argentine.

Qu’est-ce qui a fait sauter le système ? Les changes flottants. Dans un système de changes fixes, du type Bretton Woods, le « currency board » avait une chance. Lorsque le dollar a été projeté vers les sommets avec la crise faussement appelée « des pays émergents », les monnaies faibles ont successivement dévalué. Le real brésilien s’est effondré. Du coup, les prix, en dollar, des produits du campo devinrent impraticables pour exporter vers le Brésil, principal débouché. L’arrêt des exportations a provoqué l’arrêt de la création monétaire. Une déflation mortelle s’est installée en Argentine, avec des contournements folkloriques comme l’Argentino.

Pour essayer de tenir malgré tout, le temps que le dollar redescende, ce qu’il ne manquerait pas de faire, les autorités ont demandé l’aide du FMI qui au départ ne voulait pas y aller. Le « currency board » n’avait jamais été son idée. Et il n’y avait aucune logique à compenser un défaut structurel par des mesures conjoncturelles, traditionnellement associées à une déflation contrôlée, alors que le pays était déjà en déflation. Le currency board n’a pas de porte de sortie. On sait y entrer mais non en sortir, comme dans le cas de l’Euro.  La seule solution était une dévaluation massive du peso pour rendre à nouveau compétitif le campo. Les comptes en dollars ont été convertis de force en compte en pesos, après un épisode de « corralito » qui ressemble beaucoup à la situation imposée aux banques grecques, contingentant les sorties en numéraires. Puis on a tout cassé. Les investisseurs étrangers ont perdu très gros, de nombreux argentins ont été ruinés par la perte de la quasi-totalité de leurs avoirs, mais la dévaluation a permis de relancer les ventes du campo. Après un moment d’euphorie, le populisme a repris ses droits et nous sommes arrivés à nouveau à la situation traditionnelle en Argentine, après le règne détestables des Kirchner, qui se sont formidablement enrichis (les mauvaises langues les décrivent comme « pourris jusqu’à l’os », ce que nous nous ne permettrons pas de penser),  d’un pays sans monnaie avec fuite des capitaux et dévaluations ravageuses.   Et qui fait appel au FMI qui n’a strictement aucune autre solution à proposer, sauf à alimenter un puits sans fond, que de mettre sous contrôle la dépense publique.

Plutôt que de s’interroger sur les vraies causes des difficultés argentines, une ambiance populiste et socialiste qui n’accepte que des dépenses publiques non financées et espère s’en tirer avec l’argent des autres, après avoir vilipendé les investisseurs et les donateurs, avec une frénésie médiatique anticapitaliste, et une corruption majestueuse, les économistes officiels se croient constamment obligés par nationalisme étroit, d’entrer dans un travail de dénonciation totalement arbitraire de boucs émissaires étrangers. Diabolisation et mauvaise foi sont les deux mamelles de cette attitude qui ne mène strictement à rien.

L’Argentine est d’abord la victime d’elle-même et ensuite du système des changes flottants. Le FMI qui avait, rappelons le, comme seul rôle, de gérer les changes fixes, n’a rien à faire dans ce contexte.  Nous sommes à nouveau dans une phase de dollar fort. Les taux d’intérêts américains remontent. Le FMI ne dit rien. Mme Lagarde se contente de discours sur la libération des femmes dans le monde. On ne sache pas que la femme argentine soit particulièrement maltraitée. En intervenant en Argentine, le FMI servira à nouveau de bouc émissaire et permettra d’évacuer la tension politique liée à la gestion économique désastreuse qui y prévaut. Alors on veut que le FMI donne de l’argent, sans espoir de retour et surtout sans conditions. « Aboule le fric et tais-toi, pour la suite on te conchiera et on verra ce qu’on fait ». Voilà le résumé exact de la pensée forte de ce M. Rappaport.

Les journalistes français, conditionnés aux dénonciations du FMI, et capables de répéter comme des perroquets les pires articles de propagande, pourvu qu’elles sentent bon l’anticapitalisme primaire tiers-mondiste (il n’y a plus de couverture correcte de la situation de l’Amérique Latine depuis plus de soixante ans dans les journaux français,  le ton des élégances étant donné par le Monde Diplomatique dont on connaît l’inspiration fraîche, joyeuse et totalement indépendante du marxismes léniniste tiers-mondiste), répètent et répéteront encore les analyses des Rappaport du moment, sans jamais se soucier ni des réalités locales, ni des aspects délétères de la propagande qui règnent sur tous les sujets économiques dans ce continent, ni des mensonges caractérisés qui y sont régulièrement diffusés.

Dans un système mondial de changes flottants, il ne sert à rien de demander à la collectivité mondiale de financer un pays dont la politique malsaine, faite toute entière de dépense publique incontrôlée, conduit à une fuite devant la monnaie. Il faut exiger une réforme du système mondial des changes et imposer des règles de gouvernance strictes aux pays qui ont fait du laxisme pseudo social un mode de fonctionnement permanent.

Plus précisément la bonne attitude serait de s’opposer aux dérives de la politique mondiale des Etats-Unis et à la « chienlit socialisante et populiste », comme on commence à le dire devant les jolies photos des Black Blocs. Comment voulez-vous qu’un économiste officiel se risque dans une telle aventure qui le met en face des deux puissances majeures du moment ?  Et plus encore, un journaliste…

Des idées qui progressent

Depuis désormais plus de 20 ans nous défendons publiquement de façon constante une thèse fondamentale :

-          Il n’y a pas de bon commerce sans bonne monnaie

-           Il n’y a pas de bonne monnaie sans un équilibre relatif des balances de paiement.

Le système des changes flottants imposé par les Etats-Unis après l’effondrement des Accords de  Bretton-Woods a conduit à l’abandon de règles fondamentales d’équilibre économique au profit d’un système spéculatif  dont tous les rouages ne pouvaient que se gripper. Enormes excédents commerciaux et  énormes déficits de balances de paiement ont transformé le monde en une économie baudruche dont la vocation était d’exploser un jour ou l’autre. Comme l’écrivait Maurice Allais, « ce qui doit arriver arrive ».  C’est ainsi que nous avons défini la crise comme la composante de trois évolutions :

-          Une baisse tendancielle du trend

-          Une aggravation des récessions « décennales »

-          Une montée permanente de la dette globale,

Et tenter de démontrer que cette crise avait une cause principalement monétaire.

Nous avons prévenu depuis 1977 : attention à la colère des peuples, car la stagnation économique, la baisse du pouvoir d’achat, et le chômage déstabilise les sociétés.

Il a fallu l’explosion de 2008, parfaitement annoncée et prévue, et la montée électorale des « populismes » pour que, soudain, ces réalités éclatent à la figure de dirigeants tétanisés mais englués dans la routine.

Nous avons prévenu, les premiers, sur les dangers du Tafta (pratiquement jamais commenté dans les medias français)  et l’offensive américaine, qui s’appuyant sur les principes des statuts du FMI, entendait rétablir de force, avec des taxations lourdes, leurs équilibres extérieurs.  C’était bien avant l’arrivée de Trump.

Le style cow-boy de Trump n’a fait que révéler un peu mieux les forces sous jacentes. Trump a parfaitement raison, comme l’avons déjà écrit ici, de considérer que les excédents Chinois sont extravagants et que les excédents allemands ne sont pas convenables. Là où il est incohérent est qu’il ne voit pas qu’ils sont largement la conséquence des énormes déficits extérieurs américains.  Si on veut que le dollar soit la monnaie du monde alors le déficit américain est automatique puisque c’est lui qui alimente la liquidité mondiale. Il faut donc changer de système et proscrire toute monnaie mondiale qui soit une monnaie nationale. Là Trump n’est plus d’accord. C’est pourquoi nous professons que Trump « facilite le diagnostic mais complique la solution ».  

Hier, c’est Macron, recevant son prix Charlemagne de bon élève du fédéralisme européen, qui a dénoncé publiquement, et en la présence même de Mme Merkel, les excédents allemands et suggéré qu’elle abandonne son « fétichisme » des excédents de balances de paiements, soulignant que cet excédent avait pour conséquence un dommage pour ses partenaires.

Voici donc les excédents extravagants de balances commerciales et de paiement politiquement et diplomatiquement mis en cause. Vingt ans que nous attendions ce moment.

La faiblesse de ces annonces est double :

-          Il n’y a pas d’explication de la nocivité des ces déséquilibres et de lien causal effectué avec la récession explosive de 2008 et ses suites difficiles

-          Il n’y a pas de schéma d’organisation proposé qui mette fin au double dysfonctionnement du système monétaire international et du système de l’Eurozone.

Dans notre premier livre sur le sujet, «L’Etrange Désastre », nous nous sommes attachés à répondre en détail à la première faiblesse.

Dans notre second livre à paraître, nous cherchons à dégager les lignes d’un nouvel ordre monétaire mondial congruent avec un nouveau système européen, en le replaçant dans l’histoire monétaire internationale des 100 dernières années.

Didier Dufau

Mai 1968 et la monnaie

Cette question n’a jamais été réellement posée jusqu’ici, mais ne manque pas d’importance.

En mai 1968, les autorités n’ont réussi à terminer la grève quasi générale qu’en lâchant les accords de Grenelle qui ont eu pour conséquences immédiates la dévaluation du Franc, afin de reprendre le plus vite possible les avantages intenables qui avaient été concédés et ne pas mettre totalement hors-jeu l’industrie et l’emploi français.

Épreuve écrite :

Que se passerait-il dans des circonstances similaires du fait qu’on ne peut plus dévaluer une monnaie nationale ?

Vous avez quatre heures.

Épreuve orale :

Depuis 1967 de Gaulle ferraillait dur contre le dollar et le Gold Exchange Standard et pour qu’on en revienne à l’étalon-or. Les évènements de mai allaient le mettre immédiatement hors course. S’en était définitivement fini d’une revendication française en matière de système monétaire international. Certains complotistes ont vu dans ces manifestations l’effet de la CIA justement pour pérenniser le rôle du dollar.

Que se serait-il passé si la situation était restée normale ? De Gaulle et Rueff auraient-ils pu provoquer une réforme du système monétaire international et éviter l’explosion de 1971 ?

Vous avez une heure.

La prétendue « sécession » des « zélites mondialisées »

Ainsi tous les malheurs du monde viendraient de la trahison d’une classe sociale qui, soudain, aurait vu l’opportunité de se débarrasser du peuple pour s’enrichir dans un monde économique hors sol et hors démocratie. Cette nouvelle classe dangereuse de « salauds de riches » aurait fomenté un complot contre les peuples pour les asservir et s’affranchir des devoirs légitimes qu’ils doivent à leur patrie et aux classes malheureuses et exploitées.  

Pour qui connait l’histoire, on retrouve exactement l’affaire des « koulaks » qui a dominé l’histoire soviétique de 1925 à 1935, période où 10 millions de paysans ont été exterminés pour expier l’échec économique radical du communisme. Jamais dans l’histoire on avait vu une telle exploitation de boucs émissaires. L’abomination économique du communisme exigeait une abomination socialo-politique encore plus monstrueuse. Au Kazakhstan c’est la quasi totalité de l’agriculture qui disparaîtra avec ses paysans.  En Ukraine, la rage antinationale s’ajoutant à la frénésie révolutionnaire, c’est un véritable génocide par la faim qui sera commis, des villages entiers, avec hommes, femmes, enfants et bétail, étant exterminés sans faiblesse (mais oui, certains villages ont perdu la totalité de leurs habitants !).  Jamais l’agriculture ne se remettra de ces massacres. Koulak est un mot qui ne voulait rien dire de précis. Etymologiquement, il était employé en patois par les paysans en difficulté pour qualifier les paysans mieux dotés qui leur faisait crédit après une mauvaise récolte. Les voyous lancés par le Parti  Communiste dans les campagnes, les fameuses troïkas, le pendant soviétiques des commandos d’extermination nazis,  ont agrémenté leurs crimes en injuriant leurs victimes sous ce vocable.

A la mondialisation partiellement ratée de l’économie correspond la globalisation de l’insulte contre des boucs émissaires allégués et la vitupération contre des diables insaisissables qui se seraient détachés des liens nationaux.  Certains voulaient abaisser les nations. Elles le sont. Les mêmes qui le souhaitaient se plaignent désormais des conséquences, non pas en se remettant en question mais en accélérant dans la dénonciation outrancière de boucs émissaires. 

Nous disons : attention danger !

La perversité de l’attaque de boucs émissaires est qu’elle traverse toutes les couches sociales et toutes les strates politiques. La dénonciation peut trouver à exciter la haine aussi bien  chez les adeptes du communisme, de Mélenchon, des extrêmes gauches, de la gauche socialiste que chez ceux de Marine Le Pen et de la droite classique. Il ne s’agit pas seulement de « populisme », mais d’instrumentalisation ciblée de la haine. Certes la cible est floue mais cela permet de décupler la haine sans trop de risque. Jusqu’au jour ou des personnes ou des groupes très concrets sont visés expressément dans la plus totale injustice.

Si l’on veut réduire les maux de l’époque, il faut d’abord les comprendre. Sans explication pas de véritables solutions, seulement des vaticinations.

Le monde a connu quelques grandes révolutions depuis 1971.

-          La destruction du système monétaire international avec la création d’une économie baudruche est la plus importante. Elle a conduit à un endettement prodigieux, un chômage de masse et une baisse constante, chaque décennie, du taux de croissance, avec une aggravation constante des récessions.

-          L’effondrement communiste et l’arrivée de milliards d’humains dans l’économie marchande mondiale a provoqué une secousse également formidable. Elle s’est traduit par une réduction des inégalités mondiales sans précédents et a sorti de la misère plusieurs centaines de millions de personnes. Mais la concurrence des bas salaires a eu des effets délétères dans les pays développés  et l’apparition de difficultés sociales dans les classes populaires et moyennes. C’est la double peine du « socialisme dans un seul pays » qui affecte les autres quand il s’instaure et leur nuit quand on en sort.

-          La guerre islamique, initiée d’abord par la décolonisation générale, alimentée par la colonisation israélienne et ses guerres d’annexions successives, cimentée par la guerre civile atroce du Liban, financée par le pétrole au prix de la création d’un cartel qui allait en multiplier le prix, mutée en guerre religieuse et idéologique par l’Imam Khomenei en Iran, régionalisée par la guerre Iran-Irak, mondialisée par la guerre d’Afghanistan,  orientée contre les Etats-Unis par Al Khaïda,  transformée en une guerre terroriste universelle à partir de la destruction de l’Irak et de la Lybie, et portée désormais par le terrorisme islamiste au cœur des démocraties occidentales.

-           Le choc démographique qui a vu les naissances s’effondrer dans la plupart des pays occidentaux et s’emballer en Afrique noire, provoquant des vagues migratoires de moins en moins bien supportées.

-          Le choc technologique qui a vu s’ouvrir l’âge de l’information avec les inventions successives du « temps réel » puis des micro-ordinateurs, puis d’Internet, avec des terminaux téléphoniques portables et quelques transformations importantes des modes de production qui permettent à quelques entreprises  et une poignée d’entrepreneurs d’accumuler des bénéfices colossaux tout en détournant la matière fiscale des états.   

-          Le choc climatique et la prise de conscience de l’épuisement des ressources naturelles qui implique des stratégies nouvelles et posent de nouvelles contraintes.

Les trois premières sont les plus importantes, pour l’explication du passé. Les trois dernières sont celles qui risquent d’avoir le plus d’impact dans le futur.

Faisons maintenant le petit exercice suivant : en quoi les « zélites mondialisées » sont elles en cause dans ces phénomènes ?

La destruction du système de Bretton Woods est le fait des dirigeants américains qui ont imposé leur puissance. C’est un phénomène de domination. Le suzerain écrase le féal. Et se fait du tort au passage. Que l’on milite pour un système plus équilibrée et moins dommageable, voilà la solution. Et là, il n’y a plus personne. Les solutions sont indicibles, semble-t-il, ou inaudibles.

L’effondrement communiste est lié à la dynamique délétère du régime, pas à l’action des « zélites mondialisées ». Il n’était pas possible de ne pas répondre aux aspirations des populations de rejoindre le niveau de vie des occidentaux libres, même si les modalités auraient du être différentes. L’économie baudruche n’a pas aidé. Mais quelles réductions incroyables d’inégalités ! Combien de centaines de millions de personnes sorties de la pauvreté !

La guerre islamique n’est pas le fait des élites économiques. Si on met de côté le soutien occidental à Israël, qui ne peut guère être attribué à des « zélites mondialisées », mais à des forces politiques identifiables, confortées par de larges parties de l’opinion, c’est la dynamique interne du monde musulman qui est en mouvement.

Le choc démographique n’a jamais été piloté.  En tout cas pas par des élites mondialisées.

Le choc technologique est une évolution endogène du monde économique, avec comme toujours des aspects positifs et des contrariétés à maîtriser.

Le choc climatique s’impose à tous progressivement, élites ou pas élites, avec des stratégies nationales plus ou moins convaincantes et internationales de plus en plus prégnantes.  

On voit qu’il n’y a rien dans tout cela qui peut être imputé de façon simple et univoque à une seule classe dite « élite mondialisée ». Cette imputation est tout simplement grotesque.

On pourrait affirmer de façon tout aussi convaincante que :

-          Ce sont des élites intellectuelles qui luttent contre l’économie monétaire boursouflée et explosive mise en place en 71 et qui cherchent à trouver d’autres modalités.

-          Ce sont des élites intellectuelles, morales, militaires et économiques qui ont préparé la chute bienvenue  de l’horreur communiste

-          Ce sont des élites intellectuelles et militaires qui cherchent à contenir la vague islamiste et terroriste.

-          Ce sont des élites intellectuelles et économiques qui cherchent à développer la révolution internet tout en gommant ses aspects éventuellement dangereux.

-          Ce sont des élites intellectuelles et écologiques qui cherchent à sauver la planète.

En revanche la question des migrations reste un no man’s land intellectuel, moral et politique. On  manque dans ce domaine d’une réflexion globale un peu sérieuse.

La dénonciation globalisante des zélites mondialisées, que ce soit par M. Zemmour, Madame Polony, Mme Le Pen ou M. Mélenchon, ne mène strictement à rien.

La bonne approche, sur chaque sujet, est de voir qui propose quoi et de dénoncer les erreurs et les horreurs en ciblant précisément l’ennemi intellectuel ou autre.

De toute façon, si de bonnes mesures sont enfin prises, elles le seront par des élites.

La question de l’Europe supranationale est une autre question. Il est vrai que la dépossession démocratique, associée à l’ineptie économique de son organisation, pose problème. Clarifions-le et offrons des solutions ;  dénonçons à l’occasion les « fédérolâtres » béats. Mais les fédéralistes européens ne sont pas nécessairement des élites et encore moins mondialisées. Et ils n’ont pas non plus de champs de réflexion unifiés pour l’avenir. Rien n’est moins net que le chemin d’évolution future de l’Europe.  

La question de la France est encore une autre question. La politique a été captée par un groupe social, l’Enarchie Compassionnelle, qui domine l’Etat, la politique, la presse et la finance. Il ne s’agit pas d’une élite mondialisée mais d’une oligarchie qui a auto organisé un pouvoir sans partage et qu’il s’agit de faire rentrer dans le rang.  Elle a réussi à capter la quasi-totalité du PIB marchand par l’impôt et accumule la dette sans scrupule. Elle s’est enrichie sans limite et sans mérite, surtout dans sa frange socialiste (voir les familles Attali, Hollande, Lang,  Hidalgo ou Parly). Le triomphe de Macron  a été son triomphe. Les impôts continuent de croître, presqu’autant voire plus pour certains groupes que la première année du quinquennat fiscal de Hollande et cela, sans aucune réforme de la dépense publique ni frein à l’embauche de fonctionnaires, ni réduction de l’emprise administrative sur la nation. La France est bien prisonnière d’un groupe particulier dont une fraction s’est échappée de son cadre normal avec des conséquences fâcheuses. Ce groupe est certes diplômé et donc sélectionné. Mais il ne forme qu’une fraction ridiculement faible des élites universitaires et économiques nationales.

En globalisant les critiques, les promoteurs de la haine des « zélites » ne font que conforter les comportements de domination, tout en créant un climat général détestable. Ce n’est pas à Tolbiac que l’espérance française renaîtra.  Il nous faut des élites médicales, scientifiques, économiques, entrepreneuriales, techniques, sociales, agricoles, administratives, militaires, culturelles et politiques, qui soient capables de penser et de panser le monde et de tirer parti des grandes évolutions en cours pour le plus grand bien national.   

Pas d’agitateurs stupides de haines déplorables et polyvalentes contre des boucs émissaires diabolisés. 

L'Administration française à l'épreuve de la digitalisation

Un exemple

Rien n’est plus curieux que la dérive des mots qui suivent des modes pas toujours parfaitement compréhensible. Prenez l’adjectif difficile, il est presque totalement remplacé par compliqué.  

« Macron fait face à une situation compliquée à la SNCF ».

« Pour les anciens taulards, la réinsertion est compliquée ».

« Eviter la relégation en seconde division  sera compliqué ».

« Depuis qu’il a perdu son permis, sa vie professionnelle est devenue compliquée ».

« Il n’aurait pas dû frapper son patron. Maintenant c’est plus compliqué ».

Pour vaincre la difficulté il fallait avoir des qualités. Seuls le mérite permet de vaincre ce qui est difficile. « Il a réussi quelque chose de vraiment difficile ». La complication mérite moins de vertus. Il doit y avoir une solution. Il suffit de trouver la clé.  Compliqué est politiquement correct car c’est à la portée de tout le monde avec un peu d’astuce et d’assistance.

Deux autres mots, récents ceux là, sont en train de sortir du dictionnaire des mots usités. Informatique et programmeur ont muté en digitalisation et codeur.

Pas un homme politique, ou un journaliste, qui, pour paraître branché, n’accable l’assistance sur les bienfaits du codage « qui doit être enseigné dès l’école primaire voire la maternelle» et les risques « de la digitalisation » qui est certes « la clé de l’avenir » mais « va faire disparaître de nombreux emplois ». Le nuage est la limite, s’il ne nous tombe pas sur la tête. L’algorithmique pour les nourrissons et l’intelligence artificielle (prononcez « aïyé » svp !) pour tous, telle est la voie de l’avenir. Et la voix des Macronistes soucieux d’imposer la transformation par la digitalisation à rythme forcé notamment à l’administration.  Celle-ci devra marcher au digit et à l‘œil.   Enfin à l’œil si l’on veut. Il est vrai que l’action syndicale exige désormais des larmes à tous les étages. Le personnel est épuisé. On se suicide tout le temps. Le climat social est de plus en plus susceptible de s’enrhumer.  On avait la langue de bois syndicale ; voici l’œil de bois syndical.  

Ce qui est sûr est que l’Administration se met très généralement le digit dans l’œil dès qu’elle s’auto digitalise. Certains ministères n’ont jamais été capables de mettre ne place un programme qui marche : la santé, la justice, les armées, les affaires étrangères donnent ainsi le spectacle de désastres aussi consternants que spectaculairement « disruptifs », autre mot qui est entré récemment dans le vocabulaire de l’homme de média conscientisé. Le Ministère de l’intérieur vient de s’y mettre avec une réforme brillante, digitalisé et tout et tout,  de la gestion des passeports et des cartes grises.

Plus question de guichetier  avec ces files d’attente intolérables où des assujettis accablés regardaient nos braves préposés discuter sans complexe de leur Week End, des prochaines vacances ou de la prochaine fête, pardon manif, en laissant les sièges vides derrière les guichets, sauf une malheureuse, accablée de travail, qui seule bravait l’afflux des numéros. Désormais tout cela a été codé, par des gens dont l’intelligence était sans doute un peu artificiellement gonflée, surtout quand on sait qu’ils ont choisi ANTS (fourmis en anglais) comme nom de site cloudesques (ou clownesques comme on voudra).

La petite histoire suivante donnera un aperçu des bienfaits de la digitalisation administrative à la française.

La scène se passe dans une mairie de province, pardon, « en région ».

-          Bonjour Madame, c’est ici les passeports ?

-          Oui Monsieur, bonjour, installez-vous. Quel est votre problème ?

« NB : dans notre monde compliqué, on a des problèmes. Des blèmes pour simplifier, probablement par ce que c’est la couleur du visage de l’impétrant au guichet) ».

-          Mon passeport est périmé et je souhaiterais le changer.

-          Mais Monsieur, la procédure est désormais sur internet. Il faut aller sur le site ad hoc.

-          Oui, je sais. J’y suis allé.

-          Vous avez pris votre rendez-vous ?

-          Non, car le programme a crashé et quand j’ai voulu recommencer, le système n’arrêtait pas de me demander un numéro de dossier que je n’ai jamais vu. Je suis bloqué.

-          Ah oui, ça arrive. Vous n’êtes pas le premier.

-          C’est pour cela que je suis venu avec toutes les pièces du dossier. J’ai tout : formulaire, timbre fiscal, photos, certificat de domicile récent, ancien passeport et carte d’identité récente, tout.

-          Mais je ne peux pas recevoir ce dossier.

-          Pourquoi ?

-          Parce qu’il faut passer par la procédure de rendez-vous digitalisée.

-          Pourquoi ?

-          Le système a été mis en place pour éviter des files d’attente épouvantables. Les flux sont régulés et mon chef est absolument impératif : pas de rendez vous, pas de traitement.

-          Mais je ne fais pas la queue. Nous sommes tous les deux seuls. Votre chef ne vous verra pas.

-          Ce n’est pas possible.

-          Vous êtes sûr que le système a été mis en place pour éviter les queues ?

-          Bien sûr. Vous constatez vous-mêmes qu’il n’y a plus de queue. Alors traiter mon dossier puisque ce brillant résultat a été atteint.

-          Mais ne soyez pas insistant. S’il n’y a pas de queue, c’est justement parce que le système l’évite. Alors il faut le respecter.

-          Mais puisqu’il n’y a personne et que le dossier est complet, vous l’avez-vous-même gentiment vérité. Il suffit de le transmettre.

-          Vous ne comprenez pas. Je n’ai pas le droit de le faire et mon programme me demandera un numéro de dossier qui devra avoir été créé par la procédure.

-          Votre programme ne vous permet pas de travailler même quand il n’y a pas de queue ?

-          C’est cela.

-          D’accord. Pourriez-vous me donnez un rendez-vous par la procédure qui évite de faire la queue.

-          Oui, bien sûr. Mais je crains que, vue la saturation générale, le rendez-vous soit éloigné dans le temps.

-          Quelle saturation générale ? Ce n’est pas le cas ici.

-          Oui, mais vous ne voyez pas ce qui est derrière l’écran. Ah voilà. Nous sommes le 12 mars, le programme me propose le 3 mai.  

-          Vous voulez que je revienne le 3 mai, presque deux mois, avec le même dossier ?

-          Oui, comme cela vous ne ferez pas la queue. Mais pas tout à fait avec le même dossier. Faites attention à votre quittance d’électricité. Vérifier qu’elle est suffisamment proche de la date du dépôt. Comme la photo.

-          Et il faudra combien de temps pour avoir le passeport ?

-          Je regarde. Il faudra environ un mois un mois et demi, après la date de dépôt.

-          Vous voulez dire qu’un passeport dont le dossier est prêt début mars ne pourra être disponible qu’à la mi-juin ? Quatre mois ! Et ce document coûte désormais 86 Euros !

-          Oui la digitalisation permet des progrès mais c’est cher.

-          Je pourrais passez quand je veux ?

-          Non la procédure vous enverra un jour et une heure de rendez-vous. Pour vous éviter de faire la queue.

-          On peut la changer, car je ne peux pas toujours prendre une journée de congés comme aujourd’hui ?

-          Oui mais il faudra attendre que l’ordinateur vous donne un nouveau rendez-vous. Si vous le faites en juin, vous risquez d’être convoqué en septembre.

-          Il faut que je prenne mes vacances en juin pour ne pas risquer d’avoir à les prendre en septembre ?  

-          C’est vous qui voyez.

-          Bon. Puis-je vous poser une autre question ?

-          Naturellement.

-          J’ai une vieille voiture qui ne peut plus retourner à Paris. Ais-je une solution ?

-          Oui. Prendre une carte grise voiture de collection si elle remplit les critères.

-          Quand elle est avec une plaque collection elle pollue moins ?

-          Non, mais elle est autorisée.

-          D’accord.

-          Mais j’attire votre attention sur le fait que le système des cartes grises est totalement défaillant. Des centaines de milliers de dossiers sont en attente.

-          Pour éviter aux demandeurs de faire la queue ?

-          On ne nous a rien dit. Mais avoir une carte avant septembre, c’est quasiment impossible.

-          Alors que faut-il faire ?

-          C’est réglé : rentré chez vous, vous prenez un rendez-vous  par ordinateur, ensuite vous suivez la procédure.

Macronisme : un curieux fond de sauce

Labellisé « président des riches » pour avoir pris une demi-mesure sur l’ISF et forfaitisé la taxation de l’épargne, Emmanuel Macron se tortille dans tous les sens pour décoller ce vilain sparadrap. Le fait de s’attaquer à la forteresse syndicale communiste qu’est la SNCF, aggrave encore les convulsions. LREM étant, pour les deux tiers, une organisation d’anciens socialistes, il n’est pas difficile de trouver en son sein abondant des candidats convulsionnaires pour lancer des ballons d’essais. Les soutiens initiaux étaient en général des socialistes durs, comme Pisani Ferry, et leurs idées particulièrement toxiques.

Le tout fait un fond de sauce assez peu appétissant. Trois mesures aussi vite annoncées que retirées en donnent le remugle.

-          Intégrer dans le revenu imposable la valeur locative de leur appartement pour les propriétaires ayant économisé pendant toute leur vie pour se loger était l‘étendard sacré de Pisani Ferry. Il a fallu éteindre l’incendie dès la campagne électorale présidentielle.

-          Remplacer la taxe d’habitation calculée sur l’empreinte économique de son habitation dans la commune par une taxation sur le revenu a tout d’un coup surgi sur la surface des eaux médiatiques, avant de d’être rapidement mis sous le tapis. Il est vrai qu’il faut bien transférer sur quelqu’un la « suppression » de l’imposition ancienne pour 80 % de la population, « cadeau électoraliste » fait sans scrupule lors de l’élection. Impraticable pour les étrangers, cumulative pour tous les multipropriétaires, et provoquant donc une exaction fiscale délirante, la mesure a été rapidement retirée.

-          Supprimer le quotient familial vient juste d’arriver pour être immédiatement ravalé devant le scandale. La natalité est désormais sur le toboggan grâce aux mesures Hollande contre la famille. Dans quelques années notre population va baisser. Et la seule chose que trouve à écrire, probablement sur ordre, un marcheur ex-socialiste de LREM, c’est : « Je suis Chiche de supprimer le quotient familial », symbole de la politique nataliste d’après-guerre déjà bien malmené par les hauts fonctionnaires qui considèrent que l’argent des Français est une « dépense fiscale » douteuse qu’il faut réduire. Dès l’origine il était parfaitement clair que la politique familiale n’avait pas un but redistributif. Il fallait casser ce tabou. Absolument ! Trois secondes pour obtenir un effet médiatique d’image. Avant que l’actualité ne passe à autre chose.

Ces trois bubons sont significatifs. Le fond de sauce macronien n’est pas très sain et la propension du Président à croire qu’il peut tout imposer pour de simples questions d’image est préoccupante. Bien sûr, ces trois mesures ont été rapidement éliminées du décor médiatique. Savoir que des mesures de ce genre bouillonnent dans le cerveau reptilien du macronisme n’est tout de même pas très rassurant.

La maladie de la cagnotte

Il est intéressant de noter que personne collectivement n’apprend jamais rien. L’erreur comme le chiendent repousse inlassablement et il n’y a pas de désherbant spécialisé.

Prenons cette affaire de cagnotte, l’exemple même d’une illusion d’optique tout à fait remarquable.

L’activité est cyclique. La fiscalité française est progressive. La conjoncture est bonne et les recettes prennent l’ascenseur pendant que l’économie prend l’escalier. La pression fiscale globale augmente. Personne n’a jamais voulu publier ce multiplicateur mais il est intégré dans tous les modèles de prévision fiscale fonction de l’activité.

Pendant les récessions le phénomène inverse se produit. Les recettes freinent brusquement et quand la récession est grave elles s’inversent.

L’État considère toujours que le maximum de recettes atteint est un acquis perpétuel. Donc ses sbires qui tiennent le pouvoir, ce que nous appelons l’Énarchie Compassionnelle, exigent aussitôt des hausses d’impôts massives pour compenser. Cet effet de cliquet est structurel dans Ve République du fait de la mainmise des hauts fonctionnaires, toutes couleurs politiques fondues, sur la politique.

Lorsque l’effet de ces nouveaux impôts s'ajoute aux précédents, lors de la phase d’expansion suivante, l’argent coule à flots dans les caisses. On le dépense aussitôt. Et le cycle repart.

Ce mécanisme est splendidement apparent notamment depuis 1973. C’est comme cela que la dépense publique dépasse désormais la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand non financier. Et que notre dette publique dépasse de deux fois cette valeur ajoutée, une situation qui explique l’énormité de notre chômage et de notre pauvreté.

Le couple Macron-Philippe, avec le coadjuteur Le Maire et l'idiot utile Darmanin, a décidé d’augmenter sauvagement les recettes fiscales, conformément à cette habitude funeste. La phase de haute conjoncture internationale arrive avec retard et moins d’élan que d’habitude mais elle arrive. Le résultat est évidemment un flot énorme de recettes supplémentaires, d’autant plus violent que ces loustics ont littéralement matraqué le pays avec des hausses de taux phénoménales.

On a déjà montré que la hausse du taux de prélèvement sur la CSG déductible était de plus de 40 % ! Mais il y a mieux. Le malus sur l’achat de voiture est passé de 0 à 140 euros pour un taux de CO2 de 126 unités. De 90 à 353 pour un taux de 131, soit une hausse légère de 392 %. Si vous atteignez 162 Unité, la taxe passe de 3 313 à 4 460, une toute petite somme qui a fait passer le coût des voitures de cette catégorie au-dessus de 30 000 euros. À partir de 180 unités, vous voilà dans le monde de rêve des voitures qui paient plus de 9 000 euros de malus et même 10 500 au-delà de 191. Les SUV à la mode sont désormais tous passés au-dessus de 45 000 euros ! Comme il y a actuellement une frénésie d’achats de voitures, combinaison du cycle automobile et du niveau très bas des taux de crédit, le rendement de cette taxe est gigantesque.

La voiture et le logement sont les deux équipements les plus lourds et évidemment les plus taxés.

Pour être juste cette manie de la conservation de toute recette et donc de toute dépense acquise est aussi le fait des collectivités locales et des institutions internationales.

Voyez l’Europe : le Royaume Uni s’en va. Cela fait un trou dans les recettes. Pense-t-on à ajuster les dépenses ? Pas du tout. Les dirigeants de l’UE exigent de nouvelles ressources et une hausse « très importante des impôts européens » que Macron leur a promis à l’avance.

Voyez les mairies. Les recettes sont ponctionnées. Va-t-on baisser la dépense. Pas du tout. On va augmenter de 200, 3000, 500 % les amendes de stationnement, taxer jusqu’à 1 000 euros les cabanes à lapins, augmenter massivement la taxe foncière. Réduire la dépense ? Jamais ! Non Mais ! Peut-être va-t-on laisser filer l’entretien des routes… Quand les inconvénients seront devenus visibles, il sera bien tant de faire un « impôt nids-de-poule ».

Lorsque la BCE a décidé de récupérer le contrôle des principales banques européennes, elle a recruté comme un malade. Les banques centrales elles n’ont pas adapté leurs effectifs à la perte des contrôles nationaux. « Quelle horreur ! Vous êtes dingues ».

Les élections présidentielles ont été dominées par la question de la réduction des effectifs publics et des postes subventionnés. Le résultat : la hausse de ces effectifs est très importante en 2017 et le restera en 2018. À fin 2018 jamais les recettes publiques n’auront atteint de tels sommets.

Pendant ce temps-là, les politiciens démagogues regardent la cagnotte et crient : « donner là, donner là, donner là ! Nos clientèles attendent ».

Le revenu et le capital des Français ne leur appartiennent pas. C’est une concession qu’on leur fait et il faut qu’ils paient pour en disposer. Vive l’impôt ! Il faut savoir la société que nous voulons ! Des bonnes intentions sans recettes massives affectées, cela n’a pas de sens. Il faut 1 % du PIB pour la Culture, le Handicap, le Sport, les Femmes, la Pureté de l’eau, la Pureté de l'air, les Maternelles, les Homosexuels-lles, la Francophonie, l’aide aux pays sous-développés, la promotion de l'artisanat, la sauvegarde des fermes authentiques, la sauvegarde des cirques, la suppression des trous noirs téléphoniques, ad libitum. Il faut 4 % du PIB pour l’Armée, la Justice, le logement, le rail, l’Europe… Il faut 40 % du PIB pour la sécu et 40 % l’Éducation nationale.

C’est sûr

Quand vous serez autour de 300 % du PIB, arrêtez-vous et reposez-vous un peu. Ah zut vous avez oublié le 4 % pour la recherche scientifique et le 1 % pour le développement du codage dans les maternelles ! Et puis attendez, nous allons avoir les jeux olympiques, le championnat du monde de football et celui de rugby.

Le plus drôle est qu’il ne se passe pas une journée sans qu’un abruti vienne dans les médias en fonction de l’actualité pour souligner combien les ressources manquent pour à peu près tout et qu’on ne s’en sortira pas sans une hausse vertigineuse des ressources à dépenser sur le sujet. Mais oui, n’oublions pas : il faut créer un quatrième risque pour les petits vieux. Quant à nos prisons elles sont infectes, nos hôpitaux, nosocomiaux, nos passages à niveau, dangereux, nos urgences, saturées, nos greffiers, submergés, nos bombes, achetées à l’étranger, nos migrants, mal traités,

Le plus consternant est qu’il ne se passe un jour sans qu’un démagogue ne suggère une nouvelle gratuité. Mme Hidalgo qui s’est construit patiemment une réputation de démagogue, d’idéologue et d’allumée gauchiste capable de tout, propose, ce jour, la gratuité des métros et des bus. Il faut dire qu'ayant supprimé les voies de circulation et de stationnement, monté à des sommets hystériques les PV de stationnement, et n’ayant augmenté aucune capacité de transport public, elle ne peut rabattre le troupeau que vers des métros saturés, où les femmes se font pincer les fesses et où la pollution aux particules fines est dix fois plus élevée qu'en surface, et des bus erratiques et inconfortables. Le proposer la veille d’une grève perlée des transports montre un sens de l’opportunité qu’il faut souligner.

La gratuité, tout le monde sait cela, c’est ce qui coûte le plus cher. Séparer le coût de la consommation, c’est la source principale du gaspillage. « Puisqu’on vous dit qu’il faut savoir la société que vous voulez ». Bien entendu une société où tout est gratuit est une société où personne n’a rien, sauf la nomenklatura qui la dirige.

Alors, dans les années quatre-vingt-dix, on disait : La justice est effondrée ; l’armée tient avec des bouts de ficelles ; l'éducation nationale est sur le toboggan. L’hôpital tient, mais jusque quand ?

Maintenant on dit : la justice est effondrée ; la diplomatie extérieure et l’action culturelle française à l’étranger sont effondrées ; l’Éducation nationale est effondrée ; l’Université est effondrée ; la médecine libérale est presque totalement effondrée ; L’hôpital est très malade ; les Ephad sont effondrés ; Les Armées sont au bout du rouleau ; La police est dépassée par les évènements et les zones de non droits s’étendent ; la prison est effondrée (les matons demandent qu’on les défende des prisonniers) ; la formation professionnelle est effondrée ; l’industrie est effondrée ; l’art a quitté la France ;

La « transformation » est en cours paraît-il. « On a interdit aux juges de ruiner les entreprises et aux députés d’employer leurs proches. Tout de même ce n’est pas rien ». Tout cela est évidemment dérisoire et tient plus de la comédie politicienne que du destin national.

On sait parfaitement ce qu’il faut faire :

-          Interdire à un fonctionnaire d’être élu dans une chambre qui vote ses conditions d’emploi.

-          Interdire le versement de deux rémunérations publiques à la même personne.

-          Modifier la procédure budgétaire pour que le budget ne soit augmenté que du montant de la croissance moyenne du PB dans les trois précédentes années.

-          Pour les régions et les collectivités locales, ne permettre une hausse du budget complémentaire qu’en fonction de la hausse de la population.

-          Les grands équipements locaux ou régionaux doivent être contrôlés par une chambre spécialisée du parlement.

-          Interdire toute gratuité, une prestation devant toujours être gagée sur un droit acquis par cotisation. Coller 20 ans de prison ferme à quiconque en proposera une.

-          Plafonner le taux d’endettement des collectivités locales et des administrations et des dépendances de l’État. Coller 20 ans de prisons à ceux et celles qui endettent leur ville pour des décennies.

-          Consigner les plus-values fiscales des périodes de vaches grasses pour les réutiliser pendant les périodes de vaches maigres.

Mais qu’on ne parle pas de miraculeuse cagnotte qui permettrait tout soudain de faire du social à tout va ! C’est de l’escroquerie.

Et de la bêtise crasse.

Le droit de propriété immobilière en déshérence

On sait la haine du retraité propriétaire que nourrit l’actuel Président de la République. Le fait que 75% des retraités soient propriétaires envenime la situation. Il faut leur faire rendre gorge, car ce sont des « privilégiés ». N’ayant pas dépensé instantanément les millions d’Euros gagnés en deux ans comme intermédiaire financier, sans jamais rien investir dans l’immobilier, comme Emmanuel Macron,  les retraités qui ont mis une vie à accumuler de quoi acheter leur maison et à espérer transmettre quelque chose à leur progéniture sont un peu agacés de voir qu’on les saque fiscalement par le maintient de l’ISF sur l’immobilier et  la hausse hyper massive de la CSG (plus de 40% de hausse sur la CSG déductible). Ils savent que le nouvel impôt local annoncé aggravera encore la situation.  Les retraités propriétaires ne sont pas seulement les vaches à lait du « macronisme » mais aussi des « salauds  au sens sartrien du terme » à qui on peut faire tout subir, y compris un flot d’insultes sur de prétendus privilèges qui n’existent que dans l’esprit des profiteurs du régime. Faute d’avoir eu le courage de remonter à 67 ans l’âge légal de la retraite, qui aurait aussitôt rétabli les comptes, on saccage la fin de vie des aînés, après avoir anéanti la fécondité. Le nombre des naissances baissent continûment, avec bientôt comme en Italie une baisse de la population qui aggravera tout, alors que la population vieillie, une évolution démographique dramatique. Il est vrai que ce Monsieur Macron n’aura jamais d’enfants.   

Etre retraité, c’est mal. Mais être propriétaire, c’est proprement infâme. On se rappelle les suggestions de M. Pisani-Ferry, l’âme damnée économique du jeune Macron, qui voulait qu’on intègre dans le revenu taxable des propriétaires (IR +CSG) le loyer théorique de la location de leur logement : marginalement 65%  de ce pseudo revenu aurait été prélevé, en sus de la taxation existante, les traites de l’achat de la demeure n’étant naturellement plus déductibles.  Une mesure totalement aberrante et spoliatrice digne d’un cinglé bolchevique de la meilleure époque (et naturellement proposée par quelqu’un vivant sur l’argent public prélevé sur les autres).

L’idée que la propriété est un accident du tissu social qu’il faut raccommoder au plus vite par la collectivisation ou la contrainte fiscale ou réglementaire n’est pas l’apanage du seul Macron et de sa camarilla de hauts et petits fonctionnaires.

Rue Jolivet, à Paris, au coin de la rue de la Gaîté et de l’avenue du Maine, pourrit depuis des années un immeuble dont le propriétaire voulait faire une jolie promotion. Il est vrai que l’immeuble est situé près d’Edgard Quinet, une place qui a fini par devenir à la mode et qu’il donne sur la place Poinsot qui a son charme, en dépit des envahissements de clochards. Pas question insistent les trotskistes, les communistes, les verts-rouges  et les socialistes d’extrême gauche qui ont envahi la mairie centrale et celle du XIVème arrondissement de Paris.  Alors ils ont rejeté tous les permis de construire déposés par l’ignoble propriétaire, alors que le projet était plutôt pas mal. Ils ont abaissé les hauteurs de construction dans le PLU pour empêcher toute construction rentable. Et dix ans après ces exactions réglementaires, on exproprie. Cela s’appelle : « respecter le droit de propriété ». Le projet d’expropriation de la mairie est désormais voté avec un budget de 10 millions d’euros, qui sera comme d’habitude dépassé. Surtout quand on sait que les coûts d’expropriation ne dépendent pas de la mairie.  Le coût est, pour la moitié, du foncier hors de prix. On sait que la construction sera hideuse, car, comme d’habitude, on choisira un architecte mal lavé et nullissime mais ami des cellules d’extrême gauche du coin, comme en 2008, au 25 rue de la Gaité, où une précédente préemption avait conduit à construire une « merde » (en langage d’architecte) sinistre et stalinienne. Il est intéressant de rappeler que lorsque ce projet hyper médiocre a été présenté au Comité de Quartier tout le monde s’était récrié : c’est immonde ! La concertation étant ce qu’elle est avec Mme Hidalgo et ses sbires, on a construit cette horreur qui déshonore la rue. On en aura une deuxième.

N’espérons pas savoir à qui on va offrir un appartement à 2.500.000 Euros pièce en plein Montparnasse, les familles nombreuses zaïroises servant souvent de prétexte temporaire, alors qu’on finit par placer des copains socialistes méritants aux yeux de la mairie qui a pris soin de mettre ses hommes à la tête des bailleurs sociaux (en jetant dehors sous les insultes les anciens dirigeants : c’est le style chez ces gens là).

Mais notons que cette politique est insoutenable car totalement ruineuse. Au lieu de toucher les recettes liées à une construction libre puis à une occupation normale, la municipalité doit débourser immédiatement du capital puis subventionner indéfiniment. C’est comme cela que « la Reine des rats », « la Princesse des nids de poules », la « Mairule », « Notre-Drame de Paris »,  comme les Parisiens appellent désormais Mme Hidalgo, conduit la ville à tombeau ouvert vers les 7 milliards de dettes, tout en exigeant des « infects bourgeois propriétaires racistes, xénophobes et anti sociaux », des « Versaillais lecteur du Figaro Magazine » ( comme ont chez les amis de Ian Brossat, banlieusard communiste tendance homosexuel marié, fils d’un ex leader déjanté de la LCR, promu es qualité chargé du logement à la mairie de Paris et pour qui les « 100 millions de morts du communisme », comme on dit à l’Obs, n’ont aucune importance), qu’ils paient la corde avec laquelle il  les pend.      

Revenons à nos « marcheurs », à 75% socialistes comme chacun sait.

La désastreuse Cécile Duflot, dont tout le monde a pu voir que le vert n’était qu’un petit vernis et l’extrême gauchisme la mentalité foncière, avait commis dans l’indifférence d’un président médiocre et absent, savourant la jouissance d’être Président sans l’avoir jamais mérité, une loi ALUR qui mettait les juges au secours des locataires malhonnêtes. En gros, il fallait en finir avec la liberté contractuelle. Sa loi est un chef d’œuvre de bureaucratie socialiste hargneuse et délirante. Les fonctionnaires spécialisés ont bourré la loi de tous leurs fantasmes de contrôleurs administratifs de détail, tout en l’agrémentant des folies communistes du ministre. Ce bloc est une horreur qu’il a fallu tenter de détricoter pour ne pas tout paralyser.  Les fonctionnaires n’ont pas été contents : toucher à leurs pyramides d’injonctions délirantes, de paperasserie étouffante, de contraintes paralysantes, de coûts cachés, de blocages sournois, c’était de la pure provocation. Alors ils se sont mis « en marche » pour faire pire et ils ont pris leur ELAN, le nom de la nouvelle loi ALUR.

Un tel chef d’œuvre de loi bavarde, technocratique, mal intentionnée, illisible et incompréhensible, est une rareté qu’il faut apprécier à sa juste non-valeur. Il faut un texte « en clair » de près de 120 pages pour simplement en donner les intentions. Ah qu’elles sont nobles ces intentions ! Construire, protéger, numériser. Du pur Macron ! Du pur baratin.

Les propriétaires n’ont qu’à bien se tenir. S’ils louent, leurs loyers seront encadrés avec un maximum et un minimum, des dérogations étant permises en cas de « circonstances exceptionnelles ». Duflot l’a décrété. Il faudra désormais détailler dans le contrat ces éléments exceptionnels. Le locataire pourra signer, s’installer et dès qu’il le jugera bon se tourner vers les juges pour contester ces caractères exceptionnels et faire rebaisser son loyer. Le but est naturellement « de récréer des relations confiantes entre locataires et propriétaires » ! La dessus on frappe fiscalement à mort l’immobilier à louer par des particuliers,  de telle façon que le rendement soit négatif pour la plupart de ceux qui se livreraient à cet exercice (sauf AIRBNB, mais on va les saquer aussi, faites confiance). Il  n’y a aucun intérêt à investir dans l’immobilier locatif, sauf via des mesures d’exception et des mécanismes dérogatoires incompréhensibles qui servent des intérêts particuliers, notamment ceux des banques.  

A croire que pour Macron comme pour les différentes strates de socialistes extrémistes parisiens, il faille mettre en place la solution magique qui régnait en Union Soviétique : tous les immeubles appartiendront à des collectivités publiques et les politiciens sauront répartir les familles dans les lieux. Les trois quarts de la loi précisent justement comment construire des logements publics avec l’argent des contribuables. Quel élan !

Naturellement, l’énarque Macron a voulu mettre sa patte : quasiment toutes les mesures seront prises dans le détail entre deux ou trois haut-fonctionnaires dans le cadre d’ordonnances que le troupeau des Marcheurs  votera sans discuter.  

On sait comment cela va se terminer : par une pénurie aggravée de logements et la faillite de municipalités.

La pénurie, c’est d’ailleurs ce qu’on trouve un peu partout en France grâce aux mesures prises ces dernières décennies. On appelle cela des « zones tendues ». Nos hauts fonctionnaires se sont mis en tête d’en faire la liste, comme le criminel en série compte ses victimes.   Les citoyens ne le sont pas moins, tendus, et cela ne va pas s’arranger.

Les observateurs qui, dans quelques décennies, chercheront à savoir comment la France s’est suicidée, devront se pencher sur la législation du logement, notamment depuis Giscard, avec un soin spécial pour ALUR et ELAN et la politique délirante de certaines municipalités, comme celle de Paris, depuis Delanoë.  

Observations sur la répression des inégalités de salaires "genrées"

Les débats sur l’égalité sont toujours passionnels ; ceux sur l’égalité hommes femmes encore plus. Les droits formels s’appliquent à tous et toutes sans exceptions. Les réalités concrètes dépendent moins de la loi que de bien d’autres considérations. Les hommes ne sont pas des femmes et réciproquement. Le chemin de vie des uns n’est pas ceux des autres. Leur contribution à la survie biologique de l’espèce est radicalement différente. Leur statut dans la société n’a jamais été identique. Est-ce que l’histoire et l’économie ont des éléments à nous apporter pour sortir des simplismes habituels ?

Les femmes ont toujours travaillé et beaucoup. Mais leur sphère de travail était en dehors des circuits marchands. Le mariage était leur vocation et dans ce cadre elle sortait de la production marchande comptabilisée dans le PIB. Le célibat n’était pas bien vu et les hommes célibataires considérés comme d’affreux égoïstes et était l’objet d’une répression sociale douce mais ferme. En fait la situation n’était pas exactement conforme à cette image d'Épinal. Dans les faits entre la sortie de l’école communale jusqu’au mariage, la majorité des femmes travaillait. À la campagne, on travaillait tout le temps. Dans le petit commerce la femme travaillait presque toujours. Les Catherinettes qui ne trouvaient pas mari à 25 ans, travaillaient également, comme toutes celles qui avaient choisi un métier artistique. Elles pouvaient se retrouver dans des organismes à caractère religieux si leur situation était sans issu. Ne parlons pas de celles qui « s’en sortaient » de façon plus triviale.

Ce faisant les salaires féminins et masculins n’avaient strictement aucun rapport. Dans un très grand nombre de cas le revenu des femmes était un revenu de redistribution et non un salaire, en très grande majorité, même dans les ménages ouvriers.

La société faisait devoir aux hommes de travailler et d’épouser, et de nourrir la famille. Les entreprises familiales (agriculture, commerce, artisanat, petits métiers des villes) occupaient encore, dans les années quarante, plus de trois familles sur quatre. Ne parlons pas de la bourgeoisie aisée où l’on considérait que le travail des femmes était absurde, comme d’ailleurs leur besoin de faire des études supérieures, attitudes qui n’ont pas toutes disparu.

Trois phénomènes vont littéralement disloquer ce système millénaire.

Le premier est l’exode rural. Il commence en France sur une base massive avec l’arrivée du tracteur et des engrais qui changent la productivité dans l’économie rurale et de la mobylette… Cette dernière permet d’aller loin du village jusqu’au bourg et même à la ville. Les adolescentes rêvent de quitter la campagne et le font. En France cette révolution se fait au milieu des années cinquante, juste après la myxomatose. Comme le disait le Père Lucas, Raoul pour les intimes, à Bazainville en 1957 : « Pourquoi voulez-vous que cela marche si les lapins et les poulettes ont disparu ? C’est la mort programmée des villages ». Il avait vu juste.

Du coup un exode de femmes se met en place qui commence dans la France hercynienne, la moins productive du fait de sols ingrats (Vosges, Bretagne, Massif Central) qui conduira à un emploi massif de gens de maison dans les villes et, malheureusement, au développement d’une prostitution « régionale » autour des gares. Se constitue dans les villes et les banlieues une réserve féminine de travail qui est très mal vu des mouvements ouvriers et des syndicats, parce qu’elle « pèse sur les salaires ». Toutes les arrivées de migrants sont mal vues par les personnes en place. De plus les hommes regimbent car on leur fait devoir d’épouser et d’assurer la matérielle du ménage. Comment maintenir ces devoirs si la femme leur fait concurrence au travail ?

Le second phénomène est la guerre de 14-18 et la disparition ou la mutilation de trois classes d’âge masculines. Cela veut dire que trois classes d’âge féminines ne vont pas trouver « chaussure à leur pied ». Le mécanisme familial traditionnel ne fonctionne plus. Dans les faits ce sont près d’un million de personnes qui sont concernées. On sait que l’industrie de guerre a beaucoup fait appel aux jeunes femmes. Un problème de reconversion considérable se fait jour, et peu après la crise de 1929 frappe. En même temps les métiers tertiaires se développent à toute vitesse dans l’entre-deux-guerres et offrent des débouchés réels, d’autant que beaucoup de métiers nouveaux sont quasiment réservés aux femmes.

Donnons un exemple : le développement du grand commerce (Monoprix et Prisunic entre les deux guerres) voit se créer d’énormes services centraux. Le transport et le stockage sont réservés aux hommes pour des raisons qu’on peut considérer comme évidentes. Le travail administratif qualifié et non qualifié aux femmes. Les services sont dirigés par des mesdemoiselles. De plus en plus âgées. Elles sont assistées par des « secondes » et tout le personnel est féminin et très jeune. La très grande majorité quitte avant 25 ans, au mariage. Ce ne sont pas de petits services. La comptabilité fournisseurs, marchandises et générale des grands magasins et magasins populaires occupent près de 10 000 femmes à Paris en 1970. Les vendeuses dans les magasins forment des légions encore plus importantes. Toutes les grandes villes connaissent le même phénomène. Les caissières de supermarchés sont toutes des femmes, jusque très récemment.

Ces cohortes féminines ont permis le développement de ces secteurs commerciaux. La comparaison avec les salaires masculins n’a strictement aucun sens, puisqu’il n’y a pas d’homme dans ces métiers. Les salaires sont relativement faibles en valeur absolue par rapport aux hommes pour une raison simple : l’équilibre du marché. Il y a plus de demandes de travail que d’offres du côté des femmes et c’est l’inverse du côté des hommes. Les faibles salaires permettent un emploi féminin de masse et le développement d’activités qui sinon auraient été bridées. Les syndicats veillent à ce que les métiers soient bien séparés. Pas question de femmes à la SNCF dans l’effectif de « roulants ». D’ailleurs peu de femmes le souhaitent. Pas question de femmes non plus dans les métiers du bâtiment. Là encore, peu le souhaitent.

Ce phénomène durera longtemps, même dans les métiers nouveaux. En informatique les femmes investissent la perfo-vérif et la codification, les hommes la salle informatique et la manipulation des bacs à cartes perforées, avec un travail de nuit peu souhaité par les femmes. Encore en 1980, la vérification des radios chez Kodak, qui se fait « au noir » était un monopole féminin. Pas question de mélanger hommes et femmes dans le noir !

Même dans les métiers où la confrontation directe des hommes et des femmes est possible, les écarts de salaires perdurent parce que la disponibilité aussi bien quotidienne que de carrière n’est pas la même et qu’il y a plus de femmes pour postuler que d’hommes. Ce sera le cas notamment pour les analystes-programmeurs pendant très longtemps. En revanche dans les métiers de démarchages commerciaux, les femmes ont souvent des commissions supérieures aux hommes du fait d’une séduction supérieure de clients en général masculin et âgé. La vente de matériels de bureau, de matériels médicaux et d’encarts de publicité est largement conquise par les femmes, qui sont majoritaires et gagnent plus que les hommes.

Parler d’égalité homme femme n’a strictement aucun sens dans toutes ces évolutions. En fait ce sont les lois du marché qui règnent. On a voulu « marchandiser » le travail des femmes. Les choses s’ajustent. Les hommes et les femmes sont, en fait, rarement en concurrence. Ni les uns ni les autres ne le souhaitent.

La dernière évolution majeure est la mesure de Giscard qui détruit le mariage en autorisant le divorce à tout va. Cela brise totalement le système de protection de la famille. Les femmes peuvent se retrouver du jour au lendemain sans rien. Les hommes craignent que leur femme cède aux tentations qu’offre une vie loin de la maison. Les femmes qui ont choisi de « rester à la maison » s’ennuient, sont isolées et passent pour des gourdes. Elles se mettent à chercher du boulot. Leurs filles se lancent dans les études et les métiers dont beaucoup se féminisent à toute vitesse. Le droit, l’éducation, la médecine deviennent des secteurs à dominante féminine. Les Urssaf et autres administrations sociales sont des fiefs féminins. Du coup les hommes ne recherchent plus les métiers « gâchés », à leurs yeux, par l’arrivée massive d’une concurrence qu’il juge anormale. Mais puisqu’on ne demande plus aux hommes de se marier et de protéger le gynécée ! La recherche de postes stables dans l’administration est l’exercice de base de beaucoup de jeunes femmes dans les provinces comme à Paris. L’État est d’accord car c’est moins cher… La féminisation accompagne la prolétarisation des métiers d’enseignants.

Au carrefour de ces trois évolutions, dans un contexte de baisse de la croissance et de crises, il était inévitable que les différences de salaires soient importantes. Aujourd’hui s’ajoute la question de l’immigration. La question des différences de rémunération et de statut entre homme et femme se complique d’une question ethnique. Les stratégies d’emplois qui étaient différentes entre hommes et femmes se teintent de choix de vie où l’origine du collègue prend une place sérieuse.

L’Europe s’y met. Le travail détaché en Europe est de plus très majoritairement masculin. Les Chantiers de l’Atlantique emploient de masses d’étrangers masculins et relativement peu de femmes. L’immigration africaine est majoritairement masculine et les femmes africaines se placent dans des métiers de service à la personne où les hommes ne sont pas. Les métiers de sécurité absorbent une part importante des hommes noirs et là, pas de femmes.

Vouloir, au milieu de toutes ces tendances forcer les entreprises à prouver qu’elles pratiquent l'égalité des salaires est une simple concession démagogique et politicienne à des mouvements militants et n’a de sens que pour les métiers « normés » où l’interchangeabilité des hommes et des femmes, aussi bien à court terme qu’à moyen terme est possible. Les hommes infirmiers ont le même salaire que les femmes, mais les brancardiers sont des hommes ! Les enseignantes et les enseignants ont le même salaire, mais il n’y a plus d’hommes et les femmes laissées seules devant les jeunes, disons, turbulents de l’immigration exigent « des hommes, des hommes ». Au mieux cette politique répressive se retournera contre les femmes comme d’habitude, parce qu’on alignera sur les salaires les plus bas, là où l’offre nouvelle de bras est la plus grande.

L’activité économique préfère que les femmes travaillent : deux revenus font plus de clientèles et deux fois plus de travailleurs pèsent sur les coûts. C’est gagnant-gagnant. Mais les hommes et les femmes ont des stratégies économiques différentes. Les carrières ne s’insinuent pas dans les mêmes lieux et ne suivent pas les mêmes motivations, même si l’Unisexe s’est largement répandu. On peut le voir avec l’exemple de l’emploi homosexuel qui s’est largement spécialisé dans l’antiquité et l’art, les médias et la politique. Les minorités ont toujours des stratégies spéciales.

Il y aura donc toujours des différences de salaires et de rémunérations « genrées ». Mais différences ne veut pas dire inégalités. La violence bureaucratique ne peut que compliquer les évolutions en créant des frustrations qui auront, elles aussi, des conséquences. On retrouve les mêmes mécanismes que dans la politique de mixité sociale forcée.

Retour de l’ambiance des années trente ?

Comme dans les années trente, on voit se tendre les conflits et s’abaisser les âmes. Entre la dévaluation anglaise de 1932 qui fit entrer le reste de l’Europe continentale dans la vraie crise et la défaite française militaire quasi instantanée de mai 1940, on a vu se développer le même phénomène. Le chaos dans les esprits a suivi le chaos dans l’économie et les tensions entre les Etats. L’idée de politiques associatives ou coopératives en interne comme dans les relations internationales s’est évanouie. Le sentiment que la douceur démocratique ne permettait plus de dénouer les nœuds gordiens s’est imposé. La dénonciation, la rancœur, la recherche de boucs émissaires sont devenus les expressions dominantes.

Les vaticinations des Etats-Unis depuis Obama et surtout Trump, déclinent un « nous d’abord » qui met fin à l’esprit rooseveltien. Le Brexit en rajoute. Les deux remettent en lumière le conflit entre les « continentalistes » européens et les « mondialistes » anglo-saxons.  Avec le Coréen Kim on retrouve le guignol menaçant et gémissant qu’était Adolf Hitler. La Chine devient une dictature capitaliste d’état avec des tendances militaires et impériales affirmées. Le Japon a peur et parle armement atomique. Les tensions entre Inde et Pakistan sont tendues. L’ONU est devenue un « machin » sans importance et un peu méprisé. Ne parlons pas de l’OMC et du FMI, deux institutions en crise de vocation profonde, l’une du fait de la mise en cause du libre-échange et des déséquilibres monstrueux de balances de paiements, l’autre du fait des changes flottants qui le privent de son rôle statutaire (gérer les changes fixes).

Oui nous avons bien une forme de chaos dans l’économie où les causes profondes de la crise qui englue les économies depuis 1971 n’a toujours pas fait l’objet d’un diagnostic sérieux reconnu internationalement, ni de solutions appropriées.  On voit bien avec l’affaire des banques lettones que tout ce qu’on nous a dit sur les bienfaits de la supervision centralisée à la BCE n’avait pas l’importance affirmée. La baisse soudaine des bourses de valeur a atteint près de 10% en deux jours. Cela tangue toujours malgré la reprise conjoncturelle qui est très en retard par rapport aux évolutions du cycle antérieures.

Oui nous avons bien un nouveau chaos dans les relations internationales entre Etats. Il ne s’agit plus de conflits statiques. Ce qui se passe au Moyen Orient peut dégénérer à tout instant. Ce qui frappe, c’est qu’absolument tous les belligérants sont en tort vis-à-vis des principes et des chartes mises en place après la seconde guerre mondiale.

Et nous voyons bien arriver le même chaos dans les âmes. On le voit, à droite, où une fraction importante de l’opinion ne ressent plus aucune honte dans sa majorité à exiger la fin de la « colonisation africaine » de l’Europe, en refusant qu’on parle de xénophobie et de racisme, au motif de sauvegarder une identité européenne malmenée et de conjurer un risque de guerre civile avec un islam violent, irrédentiste et suprématiste.  On le voit surtout à gauche où tous les freins ont lâché avec la défaite radicale du PS et le risque de totale marginalisation.  Nous avons déjà donné l’exemple effarant de Mediapart qui témoignait que le trotskisme délirant d’Edwy Plenel peut l’emmener sur les chemins d’un racisme social de dimension hitlérienne autant que stalinienne.   

Maintenant c’est le Monde qui reprend les délires usuels du Monde Diplomatique et se coule dans la violence d’un racisme social assumé. Que l’on veuille bien prendre en main l’exemplaire du jeudi 22 Février 2018.  En première page un titre alléchant : « Comment les classes aisées ont rompu avec le reste du pays ». Salauds de riches, les voilà qui lâchent les braves Français ! A l’intérieur, une page entière avec comme titre : « la sécession des citoyens les plus aisés ». Comme on a la honte au bord des lèvres, on met le mot sécession entre parenthèses, ultime hommage du vice à la vertu. La conclusion suggérée : ces salauds de riches sont en train de casser la démocratie et détruisent la nation.

Le plus drôle est qu’il s’agit simplement d’une insinuation du titre. Car le titre ne correspond pas au contenu de la page entière consacrée à ce thème, qui va souvent à l’inverse de ce qu’il suggère : c’est là où il y a des riches que la mixité urbaine est la meilleure !  Et le journal admet que l’étude de la très socialiste fondation socialiste Jean-Jaurès propose des conclusions « un brin provocatrices », et « discutables, faute de preuves suffisamment tangibles ».

Suggérer que ce sont « les Riches » qui tiennent le pouvoir et  qui ont décidé, dans un grand élan d’égoïsme intéressé et sordide, de se couper de la nation ; Les dénoncer comme classe désireuse de démolir volontairement la démocratie du pays, est tellement contraire à la vérité, tellement haineux dans son principe même, tellement abject dans son inspiration, qu’on ne peut trouver qu’un seul exemple équivalent de rancœur officielle contre une classe désignée à la vindicte publique  dans l’histoire : la dénonciation des Koulaks par Staline et tout le camp socialiste. Elle sera suivie par leur extermination (10 millions de morts tout de même dont le quart en Ukraine, poussant l’affaire aux limites du génocide). 

Car cette accusation majeure ne peut déboucher que sur des mesures fortes contre cette classe honnie qui trahit la nation. Mais là on reste silencieux au Monde. Faire chauffer la haine d’accord : préciser où cela mène, prudence. Le génocide Juif avait pourtant servie cruellement cette leçon que l’incitation à la haine pouvait mener à des actes atroces.

La caution du Monde vont permettre à toutes les bouches à feu du socialisme bien-pensant de rabâcher que les « riches » tuent la nation et qu’il va bien falloir faire quelque chose contre ces lâcheurs. N’oublions pas que Macron est présenté comme le « Président des riches », comme le fut Sarkozy et qu’un procès en illégitimité démocratique est conduit contre lui par la gauche extrémiste. Wauquier subit à son tour « la jurisprudence Fillon » : un conchiage en règle, minutieux, inlassable, coordonné et sans appel.  Il suffit de voir son « interview » récente par Ruth Elkrief sur BFM TV pour constater à quel niveau se situe désormais le rôle des « journalistes » d’opinion. Lea Salamé avait déjà montré l’exemple. Ce sont des juges, des commissaires politiques, des destructeurs d’image, des relais des arguments politiques supposés « de gauche » les plus bas et les plus médiocres, pas des journalistes. Et tout cela toujours au profit des mêmes intérêts et des mêmes mouvances.

La gauche, se faisant, s’abaisse au niveau de tous les partis qui cherchent des avantages idéologiques et politiques en dressant des piloris et en injuriant des boucs émissaires. Les organes de presse de gauche qui s’y livrent y perdent leur honorabilité.

Le septennat Giscard a été tout entier un septennat fiscal qui a fait monter les prélèvements sur les classes aisées à un niveau intolérable. En même temps toutes les exactions possibles contre « les riches » sont devenues possibles. Le squat a cessé d’être poursuivi sérieusement. Les juges ont commencé à publier des livres disant leur mépris pour la clémence qu’ils avaient pu constater contre les crimes de « la haute ». L’affaire Lip a mobilisé tout ce que la première et aussi la deuxième gauche et une partie du patronat prétendu social, liguées avec les dénonciateurs gauchistes les plus extrêmes, pour dénoncer un homme, Lip, abaissé, humilié et fustigé par tous les moyens possibles sur le plus maoïste des piloris. Mme Mao était battue à plates coutures par nos maoïstes français dans cet exercice habituel chez elle surtout lorsqu’elle avait constaté une des innombrables calembredaines du « porc » Mao (alimenté en chair fraîche blonde par un maoïste français spécialisé). Ensuite les juges rouges ont mis en place leur doctrine justicialiste pour affirmer qu’ils se mettraient toujours du côté du faible quelque soit la responsabilité du faible. Cela a été suivi par une épidémie de mises en prisons de cadres d’entreprise pour des motifs divers et souvent alors qu’ils n’étaient strictement pour rien dans les faits pour lesquels on les a incriminés. L’arrivée de Mitterrand a aggravé les choses en mettant carrément la justice au service des syndicats et des associations de gauche contre les « riches infâmes ».

Impôt « symbolique », l’ISF a été créé explicitement comme stigmatisant les riches.  Certains ont parlé d’étoile jaune.  Bien sûr l’extermination des Juifs par Hitler est d’une autre gravité qu’une spoliation fiscale, mais la volonté de stigmatisation était bien là. La kalachnikov fiscale a été déployée avec énergie, faisant fuir une première génération de réprouvés.

Paradoxalement, l’ouverture financière et la création d’une économie baudruche a été conduit entièrement par des socialistes, pas par « les riches ». La création d’une union Européenne qui met en danger les classes populaires a été organisée par Mitterrand, pas par « les riches ». Jospin a étouffé l’entreprise et lui a fait perdre sa compétitivité. Où est l’action des « salauds de riches » dans cette décision qui a provoqué l’effondrement des comptes extérieurs et une belle poussée du chômage après l’épuisement des effets d’aubaine.  Les deux premières années de présidence Hollande se sont traduit par un déchaînement fiscal centré sur le « riche infect » et l’organisation d’attaques ad hominem contre des personnalités de droite et des entrepreneurs en vue, directement à partir du bureau présidentiel, ce qui ne s’était jamais vu. Les campagnes contre Bernard Arnaud ou contre Depardieu ont été ignobles, concertées, menées sans vergogne par des ministres, y compris le premier, et évidemment de nombreux journalistes complices.

Le capital a été tellement taxé par François Hollande qu’il n’était plus possible d’investir en France.  Les impôts ont dépassé les 100% dans un nombre significatif de cas. Et on vient nous dire que les victimes de ce déferlement de haine et d’exaction fiscale ciblée sont la cause de la dissolution de la nation ? Comme Staline disait que les Koulaks massacrés étaient non seulement la cause de leurs malheurs mais aussi des difficultés qui ont suivi.

La mondialisation heureuse a été le leitmotiv de l’énarchie à dominante de gauche (Minc, Attali, Rocard, Moscovici, Guigou, Jospin…) soutenue par des personnalités comme Delors et la gauche catholique façon Julliard, ou des politiciens comme DSK.

La politique d’ouverture totale à l’immigration n’a pas été exigée par « les riches » (quand ? qui ?) mais largement par la gauche au nom des droits de l’homme. C’est elle, après un premier effort de Giscard, qui a mis le prolétaire français en concurrence directe avec l’immigré de première et de seconde génération. La fracture territoriale est plus le fait de la désertification des campagnes et de la perte de compétitivité des entreprises françaises que d’une politique volontariste « des riches » dont on ne voit véritablement où serait l’intérêt. Des dizaines de milliers d’entreprises ont fait faillite dans les 15 dernières années. Quels masos ces riches !

Alors oui, beaucoup de familles en ayant les moyens ont mis leurs enfants à l’école privée, comme la grande majorité… des dirigeants socialistes. Cela tient plus à l’effondrement de l’enseignement public qu’à une volonté de ségrégation.  Alors oui, beaucoup de Français ont fui la France pour des raisons fiscales mais aussi parce que ce n’était plus là que cela se passait et que l’ambiance y était insupportable. Ce ne sont même pas majoritairement des riches qui sont partis. Souvent des jeunes qualifiés qui ne veulent pas rater leur vie, des retraités qui ont compris qu’on les traitait de privilégiés et qui ont essayé de sauver les meubles, des créateurs d’entreprise qui n’ont pas aimé l’écosystème énarchique mâtinée de dégueulis gauchiste où les mesures de soutien annoncées, comme la défiscalisation de la recherche, se traduit par des redressements démentiels parce que le Trésor a ses propres définitions de ce qu’est la recherche. 

Comment nier que M. Mélenchon est follement attrayant ; que Mme Hidalgo, la fameuse reine des rats, a bien raison de transformer Paris en piège fiscal et de pourrir par tout moyen la vie de ses administrés ; que M. Hamon montre un chemin rayonnant vers l’avenir radieux ; que la multiplication des mendiants ROM dans toutes les grandes villes de France n’est pas un progrès de la civilisation, que les attentats musulmans ne sont pas un exemple merveilleux de progrès de la nation. Comment oser croire que nos grèves, nos manifs, nos déficits, notre recul du niveau de vie par tête, notre SNCF toujours en panne, symbolique d’un pays où « rien ne marche », plus personne, apparemment, ne sachant travailler, notre effondrement dans tous les classements, et dans tous les domaines, ne sont pas délicieux.

Si certains ne voient pas tout cela, c’est qu’ils sont riches, peut-être même retraités (le fond de cuve ranci de la manif du Trocadéro, selon les médias et M. Fourquet), et qu’ils n’hésitent pas à défaire notre démocratie. Mais on va s’occuper d’eux, ces vils égoïstes qui sont la cause de tous nos malheurs.

Voilà où en est le journal Le Monde, pas loin de « Je suis partout » (il suffit de remplacer le mot riche par juif). Hélas ! Hélas ! Hélas !  C’est un retour vers les années trente dont on se passerait bien. Pour ceux qui comme l’auteur de ces lignes, ont toujours eu de l’amitié pour ce journal, c’est une désolation. 

Une hypothèse serait que l’article soit une vengeance larvée de la rédaction contre ses deux « riches » propriétaires ? Là, cela deviendrait drôle.

Malheureusement, on peut craindre que l’affaissement de ce journal soit un symptôme de plus du retour à l’ambiance des années trente.

Les causes du drame de la SNCF

On peut faire remonter le drame de la SNCF à différents moments : la crise de 1929 dont une des conséquences sera les difficultés financières sévères dans les industries de réseau comme le chemin de fer, dont les frais fixes sont importants et la recette très dépendante de la conjoncture ; la manie planiste du Front populaire et ses nationalisations qui voient un État laxiste, nécessairement laxiste, dépenser sans compter et épuiser les ressources du pays ; la guerre de 40 qui verra, lors de la préparation du débarquement et son exécution, une destruction systématique des gares et des ponts, après que les Allemands aient volé une grande part du matériel ; le choix politique de laisser la SNCF au Parti communiste et à sa dépendance Cégétiste à la Libération… Les clous dans le cercueil n’ont pas manqué.

La particularité de la France est de subir des crises économiques importées et d’y répondre en votant pour le socialisme qui aggrave les choses. Les Français adorent la double peine. Ils l’ont fait après la crise de 1922 en élisant le bloc des gauches et en 1936 avec le Front Populaire. Ils recommenceront après la crise de 1973 qui amènera Mitterrand, la crise de 1992 qui amènera Jospin et celle de 2008 qui nous vaudra Hollande. À chaque fois l’affaissement de la France en aura été accéléré. Et cela fait quatre-vingts ans que cela dure.

Quand on voit les choses avec un esprit uniquement pratique, une mesure aura été particulièrement dramatique : rendre impossible le licenciement des salariés de la SNCF. Il ne faut pas oublier que besoin de reconstruction et recrutement communiste aidant, la SNCF payaient directement ou indirectement 750 000 personnes en 1946, dont environ 500 000 cheminots. À l’époque, la SNCF était le premier employeur de France avec l’Éducation Nationale.

L’ennui, c’est que l’électrification du réseau et la poussée de l’automobile allaient conjuguer leurs effets pour réduire de façon drastique les besoins de personnels. Dès les années cinquante, la SNCF est obligée de porter un excédent de personnel supérieur 100 000. Bien sûr le personnel va diminuer mais très lentement et par mise à la retraite, rendant le régime de retraite incroyablement déficitaire.

Le résultat sera parfaitement conforme à ce qu’on pouvait imaginer : des déficits majeurs permanents ; la restriction constante du réseau ; le maintien de services inutiles pour conserver un maximum de personnes au travail et plus généralement aucun effort de productivité ; les déficits majestueux ; un sous-investissement constant ; aucune adaptation aux évolutions du marché.

« En même temps » l’organisation se dualise. D’un côté la Direction centrale, polytechnicienne pour l'essentiel, et les différentes équipes qui gèrent les silos de pouvoirs ; de l’autre le terrain, laissé à la cogestion syndicale.

La direction centrale s’emploie à empêcher toute concurrence, interdit la fabrication de camions et limite drastiquement les lignes d’autocars. Il faut « protéger la SNCF ». Mais la voiture et l’avion prennent leur essor. Contre la voiture, on a résisté des années à la construction d’un réseau d’autoroutes, fierté d’abord de l’Allemagne mais aussi de l’Italie avec l'Autostrada del Sol. Pompidou cassera ce tabou et la création d’un réseau d’autoroute devient un fait majeur. De même l’avion décolle comme moyen de transport de masse dans la même période, avec l’avion à réaction civil.

Devant ces évolutions qui ringardisent une institution qui non seulement commence à crouler sous les dettes mais aussi apparaît de plus en plus coûteuse et dépassée, les ingénieurs poussent à la création d’un réseau à haute vitesse, et s’inquiètent des projets d’aérotrain de l’ingénieur Bertin qu’ils s'évertueront à tuer dans l’œuf. D’autre part ils veulent tenir de nouveaux secteurs comme la location de voitures, la messagerie, tout en gérant des excroissances maritimes comme la SEALINK et la SNCM etc. Avec la mentalité cheminote ! Le résultat : des déficits géants.

Alors que l’exploitation quotidienne sombre, les équipes de direction exigent du pouvoir politique la création d’un TGV. Cela se passe juste au moment de l’arrivée de Giscard et… de la crise du pétrole.

Giscard a la réaction d’un énarque polytechnicien : oui à la technique mais gérez mieux et proposez des économies significatives. Une forme de Oui-Mais caractéristique du personnage.

Comme chacun sait le besoin d’énergie croît de façon exponentielle avec la vitesse. Passer de 140-160 km/h à 300-320, multiplie les frais d’exploitation par plus d’un facteur quatre. Il faut un réseau nouveau à construire en parallèle de l’ancien, car on ne peut pas techniquement aller à ces vitesses nouvelles sur l’ancien équipement au sol et il ne faut pas arrêter le transport marchandise et voyageurs. Il faut prévoir des budgets d’équipement insensés dont on sait dès le départ qu’ils ne peuvent pas être amortis. Les technos de la SNCF alliés aux hauts fonctionnaires de l’ENA vont décider de passer outre avec des conséquences dramatiques.

Pendant les dix ans d’investissements initiaux la SNCF va faire diminuer son effectif d’environ 40 000, au profit du régime de retraite… Des lignes non rentables sont fermées (pas toutes puisque pratiquement toutes sont déficitaires…). Les villes de passage et les départements desservis sont mis à contribution. On vend Europcar. Le fret s’effondre car on ferme de très nombreuses voies desservant des sites industriels. Par exemple le bois qui transitait majoritairement par le fer passe au camion. La messagerie commence à flancher. Les quelques efforts faits ne compensent pas la hausse du coût de l’énergie. Stop ou encore ? Ce sera encore, malgré la certitude d’un puits sans fond financier.

Avec l’arrivée de Mitterrand, les effectifs, qui diminuaient régulièrement augmentent à nouveau On passe de 248 à 252 000. Les socialistes ont rouvert des puits de mines dans le Nord, à la même époque en dépit de leur absence totale de rentabilité ! Cela durera deux ans. Les 4 000 cheminots recrutés pour la vie pèseront pour 25-30 ans dans les comptes de la SNCF et pour la même durée dans ceux du système de retraite, alors qu’on n’en avait absolument pas besoin. Une décision politique de gaspillage électoral à 10 milliards d’Euros. Pour les mines, il faudra dépenser 200 000 F pour liquider chaque poste créé ! Et allons-y !

Évidemment tout cela n’a qu’un temps. La direction de la SNCF est confiée à des socialistes bon teint et de plus en plus à des Énarques. La direction financière prend une place croissance. L’État, après des rapports alarmistes de la Cour des Comptes, exige dès 1984 que l’on mette en place une comptabilité analytique notamment dans les filiales. Comme des accidents ont commencé à endeuiller le réseau, la SNCF est obligée de se pencher sur le « vieux réseau » celui qui n’intéresse pas sa superstructure. Il va naturellement se retournez vers l’État pour se faire payer l’investissement nécessaire à la sécurité.

Pendant deux décennies la SNCF va continuer à fourguer les filiales non rentables, réduire son réseau, augmenter massivement ses prix, laisser tomber ou quasiment ses réseaux urbains, gonfler ses déficits et sa dette, tout en réduisant par transfert sur le régime de retraite ses effectifs à un rythme de limace. Vingt ans après les exigences d’effort de Giscard on a toujours 185 690 cheminots. Pour situer les idées, la « recette comptée » c’est-à-dire l’argent frais payé par les usagers, ne permettrait dans le privé, pour l’industrie du transport, que de justifier 45.0000 salariés. Le calcul du chiffre d’affaires est un peu alambiqué à la SNCF du fait de multiples « compensations » payées par l’état. La vérité est simple : on a toujours 100 000 salariés de trop. Et un peuple de jeunes retraités absolument démentiels.

Cet effectif travaille peu, moins de 28 heures pour les roulants, à peine 32 heures pour les autres, quand on tient compte de l'absentéisme et des décharges syndicales. En fait tout le monde s’en fiche, puisque de toute façon on ne peut pas licencier. Alors autant calmer les troupes avec le temps de travail, les heures syndicales, les jours d’arrêts maladie, les autres absences et divers avantages.

Seulement voilà, la crise de 1992 frappe le pays et met l’État dont les finances ont été désagrégées par Mitterrand et ses petits camarades socialistes, dans une situation désastreuse et très dangereuse. Balladur n’a pu que faire jouer les « amortisseurs sociaux » et lâcher la dette. Chirac, élu sur la réduction de la fracture sociale, est obligé d'envisager des plans drastiques de retour dans les clous, et cela d’autant plus que le Traité de Maastricht impose ses contraintes.

On aura Juppé et les grèves historiques que l’on sait, avec baissage de culotte généralisée et aucune réforme de la SNCF. On ne fera qu’abandonner les filiales et partiellement l'entretien des voies et du matériel roulant qui devient dégoûtant, tout en concentrant un investissement infinançable sur le TGV.

La pire décision sera d’investir dans le TGV Est, vers Strasbourg. L’investissement est colossal ; la recette d’exploitation ridicule en comparaison. En dépit de tout le lobby formé par la SNCF et les grosses entreprises qui fournissent le matériel parvient à sauver le plan d’extension des lignes TGV. La dette s’envole. Les Énarques arrivent de plus en plus nombreux. Ils y ont un double avantage : ils pourront cumuler les retraites et obtiennent des salaires mirifiques (pensons aux 52 000 euros par moi de Parly 2). Les directeurs nommés par l’État ont une consigne claire : pas de tensions sociales.

En même temps l’Europe au nom de la concurrence libre et non faussée exige que la SNCF perde son monopole. Sarkozy nommera un socialiste, membre actif de la communauté homosexuelle énarchique, pour mettre en place un plan d’apparence avec la transformation de la SNCF en Epic. Recommence la grande rigolade de la reprise de la dette par l’Etat pour créer les conditions d’une entreprise faisant des bénéfices et vouée à la bonne gestion !

Arrive la crise de 2008 et tout explose à nouveau. L’arrivée de Hollande a le même effet que celle de Mitterrand : les effectifs réaugmentent ! La hausse est légère : 152 652 en 2012 contre 152 454 en 2011.

Avec Pepy les pépins graves s’accumulent. Les accidents se multiplient. Le réseau francilien sombre. Les régions qui ont repris stupidement l’exploitation des lignes locales se sentent flouées : les raccordements au TGV se font à la discrétion de la SNCF ; il est impossible de rentabiliser les lignes avec le personnel détaché par la SNCF. Certaines régions vont faire des folies furieuses : Dieppe la communiste rachète les bateaux de Seafrance et le terminal anglais de Newhaven : les pertes abyssales s’enchaînent dénoncées avec ferveur par la Cour des Comptes. Rien n’y fait. Des rames vides circulent dans l’indifférence des électeurs. Le TGV commence à perdre beaucoup d’argent en dépit d’une gestion reprise de celle des avions. Il n’y a plus de prix. La complexité est partout et l’usager ne comprend plus rien.

Les lignes secondaires sont désormais le terrain de retards phénoménaux. Les accidents se multiplient. Les rames sur le réseau secondaire sont immondes, les pannes innombrables. Pépy a consigne de calmer le jeu. Il se lance dans la Com’ et s’avère pleurer très bien à la télé quand les drames surviennent ou faire du passionnel médiatique quand tout est paralysé. Beaucoup traitent le Président de roi de la com’ et d’incapacité chronique, mais ce n’est qu’un impuissant, puisqu’il a ordre de ne rien toucher qui puisse relancer les grèves de 1995, ce qui explique sa longévité, malgré la faillite.

Pour rire un peu rappelons que Hollande ira malgré tout jusqu’à proposer de créer une ligne de TGV desservant Tulle ! Le délire total. Lorsque le Président de la République est un guignol, les présidents d’Epic le sont aussi. Ces choses-là sont fractales.

Lorsqu’en 1997 j’écrivais sur le forum du Monde qu’il fallait supprimer d’urgence le statut de cheminots et faire descendre les effectifs de la SNCF au plus près des possibilités de recettes, c’est-à-dire autour de 100 000 personnes, les réactions furent, disons, énergiques. Vingt et un ans après on en est probablement entre 135 000 et 150000, preuve à la fois qu’une réduction massive était possible et qu’on est encore en sureffectif.

La comédie reprend comme en 2008 avec Macron. Comme avec Sarkozy, revient le thème d’un changement de statut. Pourquoi pas une société anonyme ? Et l’idée de limiter l'obscénité du statut de cheminot à ceux qui l’ont, les nouveaux arrivants devenant des contractuels. Comme toujours lorsque des projets de réforme de la SNCF sont engagés la presse est inondée d’informations qui montrent la nécessité de ne rien faire. Par exemple le bon peuple apprend que la SNCF ne parvient pas à recruter assez de conducteurs de trains ! Un comble : c’est normalement l’emploi roi. Et pourquoi réduire les effectifs alors qu’on manque de conducteurs ?

Parce qu’on est en présence d’un sophisme.

Il est sûr que si on recrute un garçon de 25 ans, (les filles trouvent majoritairement que les contraintes d’horaire d’un conducteur sont incompatibles avec une vie de famille), qu’on le forme pendant 5 ans, et qu’il part à à 52, la durée de vie active devient ridicule : à peine 25 ans en moyenne. Si on ajoute une durée de travail qui est proche, dans les faits, de 24 heures en moyenne seulement par semaine, disposer à tout moment du nombre de conducteurs nécessaires devient une gageure. D'autant qu'il y a désormùais mille combines pour ne pas aller au travail sans risque. Ne pas se présenter à l'heure dite pour un conducteur ou un contrôleur est pratiquement sans danger. La discipline n'existe plus depuis longtemps. Il faut dire que travailler dans des trains où on est seul et obligé de gérer des pannes continuelles n’a rien de folichon. Se voir confronter à des suicides, des accidents aux passages à niveau et la mort de migrants morts d’avoir pris trop de risques, n’a rien d’agréable.

Le délitement de l’entreprise pèse obligatoirement sur tous les postes de travail et la colère des « usagers » est désormais incontrôlable. Le plus curieux est la difficulté de trouver des candidats aptes : les nouvelles générations ont les oreilles défoncées par les sons trop forts dans leurs oreillettes, dans les salles de cinéma et de concert comme dans les boîtes de nuit. Or il faut avoir de l’oreille pour conduire des trains rapides. D’autre part la proportion de fumeurs de cannabis est excessive. Les destructions du niveau à la sortie de l’école ont leurs conséquences : il faut tout de même savoir lire et comprendre des textes, souvent réglementaires. L’éducation nationale n’arrive même plus à fournir en nombre suffisant des jeunes capables d’être conducteurs de train ! Encore bravo aux « pédagogistes » et à ceux qui à la télé, tels Ardisson ou Ruquier, militent pour ringardiser ceux qui lutte contre ile cannabis.

Par démagogie, on n’a même pas osé mettre fin à la SNCM, ce puits sans fonds irréformable. En même temps on a multiplié les investissements à l'étranger pour faire Entreprise mondialisée leader sur son marché, avec des rentabilités, disons, incertaines. Et on a augmenté les rémunérations de façon massive. C'est le grand avantage des EPIC : on peut faire ce qu'on veut en matière de rémunération. la respiration du portefeuille, pour les Enarques, est bien mieux ventilée.

Aujourd’hui on arrive au bout du chemin de croix. La France ruinée ne peut plus supporter une SNCF ruineuse. Il faut évidemment comme tous les autres l’ont fait partout à travers le monde, revenir à un contrat de travail normal tenant compte simplement des spécificités du métier dans le cas des roulants (mais pas des personnels administratifs). Il faut pouvoir réduire encore de 50 000 à 60 000 l'effectif de l’entreprise et changer le régime de retraite et la durée de travail, sachant que si on revient à la normale et à la concurrence une bonne partie des roulants pourra être repris hors du cadre SNCF.

Le plan Macron, comme le plan Sarkozy, est très en deçà du nécessaire. On voit poindre les demi-mesures et les compensations ruineuses. Ramener la dette SNCF dans le giron de l’État nous fait sortir des règles de déficit européennes tout en ruinant un peu plus l’Etat. L’idée d’un donnant donnant est absurde parce que la SNCF veut le beurre social et l’argent de la modernisation, ce que l’État n’a plus les moyens de faire. Alors on abandonne le tout TGV, sans que la modernisation du trafic local soit réellement confortée. Alors on propose la demi-mesure d’un abandon du statut pour les nouveaux entrants. Le nouveau conducteur recruté à 25 ans partira à la retraite six ans après la secrétaire de 20 ans recrutée un an plus tôt sous statut de cheminot ancien. Juste ? Alors, on ne parle que de pénibilité pour faire durer le régime de retraite absurde des cheminots et assimilés dans le nouveau système global.

Comme pour la loi Macron 1, dont le bilan n’a jamais été fait, comme pour la réforme du Code du travail, la nouvelle réforme sera l’occasion d’un nouveau bras de fer et n’aboutira après toutes les crispations qu’on peut prévoir qu’à des réformes de principes sans grandes conséquences sur les tares du système actuel, parce qu’on aura cédé dans l’arrière-cour des négociations pour éviter un blocage du pays.

Il est intéressant de relire les communiqués triomphant de Mme Parly alors directeur des finances de la SNCF en 2016.  Ils sont disponibles sur Internet.  Deux ans après on explique exactement l'inverse, alors que la conjoncture est meilleure. Où est madame Parly ? La communication autour de la SNCF est toujours du "foutage de gueule".Qu'on se rappelle les mirifiques projets de transport par rail des remorques de camions qui traversent la France pour aller vers l'Italie et l'Espagne ? Des semaines de promotion à la télé. Sauf qu'aucun proporiétaire de remorque ne voudra jamais la confier à la CGT ou à SUD Rail. Qu'on se rappelle également toutes les palinodies autour de l'écologie.  L'affaire Notre Dame des landes a bien montré que le rail est en fait moins écologique que l'avion ! L'usure des rails quand un TGV passe envoit tellement de particules fines que tous les projets sont bloqués quand il y a des vignobles ou même des vaches en grand nombre : le lait et le vin perdent leur qualité ou deviennent dangereux à consommer.

Certains voient dans le dépôt de bilan de la SNCF la seule solution. Espérons qu’on ne soit pas obligé d’en arriver là. À court cela n’arrivera pas : deux des ministres énarques de Macron ont fait leur fortune en travaillant à la SNCF. Les Énarques aiment bien cet abreuvoir.

Dans 10 ans, cela sera peut-être obligatoire. Ce n'est pas l'employé de la SNCF qui est en cause, ni même la majorité des cadres. La cogestion entre des démagogues à la tête de l'Etat et des régions, les intérêts de l'Enarchie, les ambitions de la technostructure, et l'absolue indifférence aux usagers ont été la cause des deux tares de la SNCF, le surinvestissement permanent et l'impossibilité d'adapter les effectifs au marché. Une recette efficace pour ruiner n'importe quelle entreprise.

 

Didier Dufau pour le cercle des Economistes e-toile

Le péché originel d’Emmanuel Macron

La démagogie électorale a ceci de délicat qu’il faut bien faire le contraire de ce que l’on a promis au moment de gouverner, tout en affirmant solennellement que, pour une fois, « on fait ce qu’on a dit après avoir dit ce qu’on allait faire ». Ou alors on croit devoir mettre en œuvre les sottises que l’on a imprudemment annoncées pour se faire élire. Il faut alors ramer à la godille pour éviter les conséquences les plus graves, ce qui est une autre forme de tromperie, puisqu’on avait oublié de dire que les mesures étaient intenables ou pourries d’effets pervers.

 Une des habitudes les plus malsaines des écuries présidentielles françaises depuis 1974 est de rechercher des mesures qui répondent efficacement à la question de ce qu’ils imaginent être l’électeur lambda : « qu’est-ce que vous allez faire pour mon pouvoir d’achat et mon revenu » ?  Le clientélisme électoral est, parait-il, devenu la règle : l’électeur exigerait désormais qu’on l’achète. En tout cas, telle est l’image qu’en veulent donner les médias. La question n’est plus : comment allez-vous élever le pays, résoudre les grandes questions nationales et progresser sur le chemin du bien commun ?  Le nouveau genre impose ce questionnement fondamental : « Qu’allez-vous faire pour Moâââââ ? » Les livres qui font l’histoire des récentes élections présidentielles montrent bien que toutes les équipes, sans exception, étaient mobilisées sur exactement les mêmes hypothèses de « cadeaux au peuple ». Comme si le débat national se résumait à qui aurait le culot d’aller le plus loin dans la plus sombre des démagogies.

Puisqu’on parle de pouvoir d’achat, rappelons que le niveau moyen de revenu ne peut progresser que si le PIB progresse. Par conséquent, le vrai débat doit porter sur la croissance et les conditions à réunir pour qu’elle se produise. Si on ne part pas de là, on n’opère que des transferts soit de revenus soit de capitaux, entre générations (via la dette) ou entre groupes sociaux (via la fiscalité) ou en utilisant les deux moyens. Si l’on cherche à prendre à un groupe pour donner à l’autre, il faut généralement dévaloriser le groupe puni et survaloriser le groupe aidé. L’enflure dans un sens comme dans l’autre accuse tragiquement les divisions du pays. On voit la jambe dénoncer la main, la cuisse dénoncer la tête, le pied dénoncer le ventre etc. Ce spectacle pitoyable pousse à la « haine de l’autre » à la fois le spolié qui trouve la punition injuste et le bénéficiaire qui s’énerve à la pensée qu’on aurait encore pu en prendre plus aux autres pour le lui donner, puisqu’il est le bon et l’autre le mauvais, et cela d’autant plus que, rapidement, il devient incapable d’envisager de gagner lui-même ses moyens d’existence et entend pérenniser « ses » allocations.

La situation est aggravée en France parce que la dépense publique est supérieure à la valeur ajoutée des entreprises du secteur privé hors banque et entreprise individuelles et que la dette publique est grosso modo égale à deux fois cette valeur ajoutée. Mais oui, l’Etat français dépense plus que ce que produit ce qu’on appelle communément l’entreprise !  

Le Programme Commun de Gouvernement de Mitterrand et de ses affidés a arrêté brutalement le rattrapage du revenu médian des Américains par les Français. On est passé de 2/3 du revenu américain médian en 1980 à un tiers en 2016 ! Bravo à tous ! Depuis 2008, le revenu par tête baisse régulièrement en France en même temps que la dette par tête explose. Quant aux impôts, les hausses sauvages pratiquées par Hollande, après les premières hausses de Sarkozy, ont fait de la France le numéro 1 dans le monde pour la dépense publique et la fiscalité confiscatoire. On sait que la compétitivité française avait été détruite radicalement un peu plus tôt par le gouvernement Jospin avec notamment les 35 heures, même si de nombreuses bouches intéressées expliquent le contraire et si d’autres causes agissent dans le même sens comme l’énorme poids fiscal portant sur le travail et le capital qui handicape toute entreprise confrontée à la compétition extérieure et l’inadaptation structurelle de notre population active, frappée par l’effondrement de notre système scolaire, confiée à des gauchistes irresponsables, et encouragée au non travail et à l’assistanat par le goût de la réélection de députés indifférents au destin de la nation. 

On voit le résultat, comme annoncé mille fois sur ce blog : à la première poussée de croissance, le déficit du commerce extérieur français gonfle démesurément, … comme le nombre d’emplois non pourvus.

La sagesse programmatique impose certaines évidences :

-        Ce n’est pas l’impôt qu’il faut faire baisser, mais la demande de financement, donc le besoin.

-        Ce n’est pas à l’Etat de proposer des hausses de revenus mais à l’économie et pour cela il faut d’abord viser la compétitivité et le succès commercial dans une bonne conjoncture globale

Le jugement à porter sur les programmes des candidats était facile à établir, avec ces deux critères. On sait parfaitement ce qu’il faut faire, tant les livres et les rapports l’ont rabâché. Le seul qui allait réellement dans la bonne direction était François Fillon.  Le plus démagogique des programmes était celui d’Emmanuel Macron, avec deux mesures indécentes : l’exonération sélective de taxe d’habitation et la suppression des cotisations maladies des personnes ayant un travail. Dans les deux cas il s’agit d’un transfert, pas d’une suppression, puisque la matière financée ne fait l’objet d’aucun gain de productivité.  Le transfert, dans le cas d’espèce, s’est fait sur les retraités, la génération passée, et sur la dette, les générations futures.

Aucun domaine où se manifeste une demande de financement public n’a fait l’objet du moindre aménagement. On a bien vu que la dépense publique a continué de grimper en 2017 et qu’elle persistera dans cette direction en 2018.  Aucune des causes de sous-productivité du secteur industriel et commercial n’a fait l’objet de la moindre réforme. Le manque de compétitivité reste exactement le même.

Pour financer partiellement sa démagogie, le candidat Macron a choisi d’augmenter massivement la CSG, en présentant cette augmentation comme minime. On a vu les ralliés Darmanin et le Maire en remettre dans l’utilisation trompeuse d’une présentation en points plutôt qu’en pourcentage. Les retraités découvrent ce que nous ne cessons d’écrire sur ce blog : la hausse pour eux est de plus de 44%, pour la CSG déductible. Mais oui, plus de 44%. Pourquoi pas 100% !  Du coup le gouvernement est obligé de ramer pour expliquer que les retraités sont des privilégiés et qu’il est normal de les saquer au profit des gens qui travaillent. Cette normalité n’a rien d’évident puisque les retraités sont des gens qui ont travaillé en payant plein pot toutes les cotisations notamment pour la maladie (des autres, ce sont les retraités de leur époque de travail qui ont bénéficié de 80% de la dépense médicale) et des retraites (des autres, du fait qu’il s’agit d’un système de répartition).

A démagogue, démagogue et demi : voici l’opposition dans la surenchère sur la question du pouvoir d’achat. Ce sera « le sparadrap du Capitaine Haddock pendant toute sa mandature », explique Wauquier.  Du coup LREM cherche plus de démagogie encore, en reprenant une mesure injustifiable économiquement de Sarkozy : le déchargement des heures supplémentaires, avec un débat pour savoir s’il faut ou non ôter aussi l’impôt sur le revenu ! Quand on regarde froidement les choses, les retraités perdent de l’argent chaque année depuis qu’on a bloqué l’indexation sur les prix (et l’inflation s’accélère) alors que les salariés ont tous connus des hausses régulières de rémunérations avec un pic depuis deux ans et une nouvelle accélération en cours.  Nouvelle logique : ceux qui perdent du revenu doivent donner de l’argent à ceux qui en gagnent.

D’un point de vue strictement économique il vaudrait mieux supprimer les charges et les impositions sur le revenu des 10 premières heures de travail et réformer le système d’assistance des personnes en âge et état de travailler afin de garantir un revenu minimal uniquement à ceux qui auraient travaillé au moins ces 10 heures.

Le péché originel d’Emmanuel Macron est entièrement dans ces mesures démagogiques d’achat de votes qu’il n’arrivera jamais à justifier malgré toutes les contorsions des spécialistes de la communication politique charger de « construire une histoire ».

On dira, comme LREM : il « fallait faire ce qu’il faut » pour se mettre en position de « faire ce qu’il faut » pour « transformer » le pays. Un prix initial à payer en quelque sorte. Une « tradition » qui coûte tout de même entre 20 et 40 milliards d’euros aux Français à chaque élection. Le passage au quinquennat nous coûte cher !

Cette « transformation » se concrétisera-t-elle ?

La réforme du droit social a partiellement remis en cause la politique de Mitterrand et des socialistes qui ont « imposé les juges aux côtés du salariés et de lui seul ». Un juge ne pourra plus, 5 ou 10 ans après la liquidation d’une filiale, exiger qu’on réembauche les salariés pour un minuscule vice de forme. Des abus de ce type ne sont plus possibles. Dans les dizaines d’articles de la dernière loi se cachent de nombreuses mesures dont toute l’importance n’a pas été totalement appréciée.

Lisser des abus n’est tout de même pas une « transformation » fondamentale, même si c’est indispensable. La véritable révolution aurait été de dépénaliser le droit du travail. Si embaucher n’est pas criminel, licencier ne peut pas l’être.

La suppression partielle de l’ISF et la « flat tax » étaient de même des mesures inévitables : plus rien n’est possible dans un pays si le revenu du capital est frappé à 70% et si le taux de l’imposition globale peut atteindre 80% de façon fréquente et plus de 100% à l’occasion. Il fallait agir. Le gouvernement l’a compris mais a choisi une demi-mesure, fraction qui n’a pas de vraie justification. La distinction entre investissement productif et immobilier est totalement artificielle et ne résiste pas à un examen même superficiel.  Les porte-voix du président soulignent son courage politique d’encourir le bonnet infâmant pour les médias français de « Président des riches » et annonce qu’à terme on finira l’affaire mais qu’il fallait y aller prudemment et avoir ici aussi « une histoire à raconter » pour faire passer la première phase. On s’aperçoit que, dans le détail, les hauts fonctionnaires du Trésor ont souvent repris de la main gauche ce qu’ils avaient accordé de la main droite, comme le permet l’extrême complexité fiscale française.

Supprimer un abus fiscal destructeur est un acte qu’il faut saluer mais la « révolution » aurait été d’aller jusqu’au bout : supprimer totalement l’ISF qui est l’impôt le plus injuste, le plus sot et le plus contraire à l’intérêt national, puisqu’au final il est payé par la vente progressive du capital français à l’étranger. 

Avec le statut des cheminots, on entre dans le dur. Un tel statut empêcherait radicalement toute gestion équilibrée dans n’importe quel secteur où il serait imposé. Il a ruiné la SNCF, en interdisant d’ajuster les effectifs aux besoins. L’énorme sureffectif, porté pendant des décennies, a empêché de maintenir des services efficaces et d’investir de façon productive, tout en gonflant la dette dans des proportions ingérables. Tout le monde sait depuis le début qu’il faut revenir à un statut civil contractuel normal avec possibilités de licenciement si l’activité se réduit. Il faut liquider ce statut délétère et permettre une gestion normale de l’institution, avec mise au pas des syndicats trop puissants.  Pourquoi conserver un statut de cheminot aux employés administratifs et aux secrétaires du siège ? Depuis près de trente ans, certains propose la mise en faillite de la SNCF et la création d’un organisme nouveau fonctionnant sur des bases raisonnables. L’Europe ajoute l’idée de plusieurs opérateurs avec mise en concurrence. Les grèves de 1996 semblent paralyser tout le monde.

Pas Emmanuel macron qui prétend obtenir le renoncement au Statut des nouveaux embauchés contre la reprise de la dette par l’Etat. Où est la logique économique ? Où est même l’équité ? Pourquoi un conducteur de train de trente ans dans le nouveau cadre partirait-il à la retraite normale de 63 ans si la secrétaire de 25 recrutée deux ans avant le changement de régime peut partir à 57 ans ?  Quand on sait que deux ministres du gouvernement actuel ont eu des responsabilités majeures à la SNCF (qui leur a permis des rémunérations superbes et un cumul futur de retraite des plus coquets) sous la direction de l’incapable Guillaume Pepy, roi de la com’ gémissante et de rien d’autre, on peut s’attendre à des réformettes plus symboliques que réelles. Mais attendons. Avec Emmanuel Macron, c’est « la promesse de l’aube » qui compte. Mais la nuit a un peu tendance à durer.

L’abandon du projet de Notre Dame des Landes comme celui de la sélection par le hasard à l’université, et désormais celui du bac traditionnel multi-matières sont des mesures de renoncement. Pas de construction. 

On sait que le bac n’a plus de sens et que l’université ne sait pas gérer la masse. Les réformettes ne règlent aucune question de fond. On se faisait peur avec de faux symboles. On est passé outre. Très bien. On ne sait toujours pas gérer la masse à l’université et le bac n’a toujours aucun sens.

A Nantes, les possibilités d’extension du trafic dans l’aéroport actuel sont considérables. A San José, en Californie, on traite 30 millions de passagers sur une piste, trois fois le trafic actuel. L’abandon d’un nouvel aéroport aura peu de conséquences sur le transport aérien.  Le voisinage de l’aéroport ancien souffrira au lieu des grenouilles. Seules conséquences économiques :  les terres qui auraient été libérées pour l’urbanisation à Nantes valent un peu plus que celles de NDDL. Cette plus-value est perdue. Le manque à gagner est important. L’immobilier ira ailleurs, le nouveau résident paiera…en transport plus long.  

La hausse massive du coût de l’essence par aggravation des taxes, associée à une limitation drastique des vitesses sur le réseau secondaire n’avaient pas été annoncée. « Je fais ce que j’ai dis mais aussi ce que je n’ai pas dit ». Concrètement cela diminuera les importations de pétrole donc les déficits extérieurs qui sont si majestueux que cela se verra à peine. L’effet sur la pollution sera nul. Le coût de changement des panneaux sera important. Plus personne ne pourra plus doubler. Vive la circulation derrière camions ! La recette des contrôles routiers automatisés sera augmentée massivement comme on le fait par ailleurs pour les amendes de stationnement en ville.  S’attaquer à l’automobiliste ne peut pas être considéré comme une « révolution ». Même si la brutalité du traitement est exceptionnelle et commence à avoir des effets sur l’opinion car, là aussi, on se retrouve avec des hausses en taux gigantesques : jusqu’à 600% pour les amendes dans certaines villes !

S’attaquer aussi rudement à la mobilité (moins d’avions, moins de trains, moins de circulation automobile en province, moins de voitures dans les villes) n’indique pas un dynamisme nouveau. Plutôt une congélation.

S’attaquer aussi rudement aux retraités au seul bénéfice électoral de l’élu présidentiel et du Trésor Public, tout en laissant s’effondrer les naissances, et en ralentissant les actifs, n’est le symbole d’aucune révolution mais d’une liquidation, lente mais certaine.

Reste quatre ans à Emmanuel Macron pour faire mieux que cela et justifier les conditions discutables de sa prise du pouvoir, le péché originel d’Emmanuel Macron.

Espérons que l’on n’attend pas Godot.

Une erreur récurrente des écologistes

L’écologie est militante. Ce qui veut dire que la passion l’emporte assez régulièrement sur la raison. Les militants d’extrême-gauche, comme les mouches, savent changer d’âne. Ils ont abandonné la défense exaltée du marxisme-léninisme élémentaire pour se reporter sur l’écologie intempérante comme moyen de brasser les émotions et d’activer leurs dénonciations fondamentales du capitalisme, atténué en néolibéralisme ou encore en économisme, lorsqu’il faut faire sérieux à la télévision. Ce basculement partisan n’a pas arrangé la sérénité du discours écolo.

L’économie est désormais contestée radicalement au nom de l'écologie. Ne contribue-t-elle pas à la destruction de la planète ? Pour eux, il ne faut rien concéder aux casseurs économiques qui n’ont pas compris que le peuple pouvait vivre sur les stocks des riches et qu’il suffisait de le vouloir. Classique confusion entre les flux et les stocks. Si vous ne criez pas avec les loups, alors vous êtes coursé par la meute des croisés de la bien-pensance écologique.

La « criminalisation » de la croissance est tellement dans l’esprit des excités et des personnels politiques et en partie dans ceux des médias, qu’on sent que, pour certains, une opération « dénonce ton économiste » serait tout à fait opportune.

« E pur se muove » disait Galilée dans le dos de l’Inquisition. L’économie aussi. Elle présente ses lois avec un certain degré de certitude, même si cela défrise le nouveau clergé écologiste.

Nous avons déjà expliqué ici que l’idée cent fois répétée qu’une technique coûteuse et peu productive créerait beaucoup d’emplois était un contresens absolu. La cherté tue l’emploi. La productivité est la seule source d’enrichissement global. La loi est d’airain. La répétition inlassable de cette erreur, notamment dans les discours politiques ou dans les débats de la TNT, n’en fera jamais une vérité.

Une autre idée fausse très répandue dans les milieux alternatifs et les écologistes tendance ingénieur, est que la grande crise économique de 2008 et la stagnation que l’on constate depuis seraient dues au fait qu’en matière d’énergie on avait atteint « le pic » (le moment où la production ne peut que décliner) et que désormais, la corrélation entre croissance et énergie étant bien établie, la croissance ne serait plus possible. Nous avons à nous adapter à une décroissance automatique puisque les ressources rares disparaissent au fur et à mesure que nous les consommons et que nous avons déjà atteint pour certaines d’entre elles le point de non-retour : on n’en extraira pas plus et progressivement moins.

Nous avons appelé « crise » la situation qui voit depuis 1971 le monde baisser de taux de croissance chaque décennie, accumuler dettes et chômage, et survenue de graves récessions périodiques. L’explication n’est pas dans l’apparition de pics d'extraction de matières premières ni dans la montée des conséquences d’une pollution destructrice, mais principalement dans la destruction des règles collaboratives et stabilisatrices de Bretton Woods en 1971.

La crise de 2008 n’est en aucun cas explicable par l'écologie. Après dix années de digestion de ses effets, l’investissement et le commerce extérieur repartent. Nous atteignons désormais des rythmes de croissance globale de plus de 3,5 %, venant s’ajouter à la croissance acquise durant ces dix dernières années. D’ici à la prochaine récession, le monde aura probablement accumulé près de 20 % de croissance. Pic des matières premières ou pas.

Cela veut dire que la rareté croissante des ressources naturelles n’explique pas l'évolution de la conjoncture ni celle du cycle et n’empêche pas radicalement l’expansion économique. Il est intéressant de constater que personne ne se plaint de la croissance qui repart, partout saluée comme un bienfait. Elle était censée devenir impossible et indéfendable. Elle est possible et n’est pas condamnée.

Cela ne veut pas dire que la préoccupation écologiste n’est pas fortement légitime et que la croissance fondée sur une consommation sans frein de ressources non renouvelables ne pose pas problème.

Simplement, il ne faut pas se tromper de cible et d’explication. Une réforme du système monétaire international et du système de l’Euro est nécessaire, indépendamment de toute question écologique. De même les défauts structurels accumulés par la France et l’ineptie de ses politiques économiques depuis 1974, et aujourd’hui encore, tuent l’emploi et la richesse sans rien sauver du côté de la pollution.

La foi écologiste n’est pas une boussole économique. Une économie équilibrée est un bonus pour l’écologie.

Du transistor à la TNT et à Internet : histoire d’un abaissement médiatique consternant

Pendant des décennies, la TSF puis la naissante télévision ont été des institutions gaies et bienséantes, dont la vocation était, dans les informations, d’être la voix de la France et, dans le reste, l’occasion d’une occupation récréative mais sans vulgarité. Bien sûr, on privilégiait les images édifiantes et on fuyait les exaltations militantes. On considérait, en ces temps obscurs, que le livre et la presse écrite, avec les préaux d’écoles et la rue, étaient les lieux de la polémique, du conflit, des affrontements politiques, de la réflexion iconoclaste, des radicalités idéologiques. En un mot les médias audiovisuels étaient consensuels, exaltaient l’unité française (après l’Empire Français), les vertus et accessoirement le gouvernement légitime. Les présentateurs faisaient attention à leur tenue et à la langue, évitaient la grossièreté, proscrivaient les propos qui pouvaient choquer ou fâcher. L’audiovisuel était comme l’école : neutre et propre à exalter des vertus nationales affirmées et réaffirmées. Il lui fallait rester de bon aloi et acceptable pour le plus grand nombre.

On y fêtait les prix Cognac et ses mères de familles nombreuses méritantes. On exaltait les missions de la France, la grandeur de son histoire et le triomphe de ses industries. On se voulait distrayant et éducatif et, surtout, on se serait cru déshonoré de susciter des vices, des divisions et des haines. On y était élégamment bourgeois et respectueux, soucieux de la patrie et de la prospérité. L’institution était sympathique, sportive et porteuse d’une bonne humeur populaire qui se traduisait par des attroupements autour du poste lors du Tour de France, de la visite de la reine d’Angleterre ou des feuilletons du genre « famille Duraton ».

On peut faire le rapprochement avec les bandes dessinées pour enfants où le sexe était proscrit, l'héroïsme bien porté, la gaieté garantie. La jeunesse comptait et il fallait la protéger. Comme elle était susceptible d’entendre la radio et la télévision, on y étendait le souci de protection. Non pas que l’on accordât tant d’importance aux ligues de vertus, peu soutenues en général et d’influence quasi nulle, mais on ne voyait pas une nation forte sans une jeunesse de bonne qualité, vertueuse et prête à prendre la suite des anciens pour porter haut la flamme nationale.

Unir, plutôt que diviser ; élever plutôt qu’abaisser ; porter une image fière et belle plutôt que chanter des reniements ; donner à penser en commun plutôt qu’à se haïr les uns les autres ; tenir en respect « l'anti-France » plutôt que l’exalter.

L’audiovisuel poursuivait un chemin parallèle à celui de l’école dont la neutralité et la stricte élimination des déviances (homosexualité, communisme, drogue) supposaient également qu’on ne discute jamais de l’actualité, porteuse de divisions politiques considérées comme inappropriées et contraires à l’exercice de l’apprentissage des savoirs et de la vie en commun. La dérive des passions était enseignée à partir des histoires de l’antiquité, assez riche en catastrophes diverses pour couvrir tout le champ des querelles et des exactions possibles, mais neutralisées par les deux millénaires passés.

Aux parents de contrôler l’accès aux livres, aux journaux, à la politique, à la dureté de la vie.

Ce système de pensée, né avec la TSF, fut remis en question par l’apparition du visuel, beaucoup plus évocateur. La force émotionnelle de l’image est évidente. De même qu’on a vu longtemps la diligence dans la voiture, la réticence à céder aux facilités a persisté chez les opérateurs jusqu’au tournant de mai 1968. L'ancien système a alors été déchiqueté à pleines dents notamment par les chaînes de radios qui ont découvert en mai 1968 que le soutien en temps réel aux manifestants leur donnait un rôle et donc une importance et des recettes nouvelles. Il est vrai que le transistor avait permis la miniaturisation des postes de réception qui pouvaient désormais se mettre en poche. Le transistor sur les barricades ouvrait une nouvelle époque. Dix étudiants sur une barricade prenaient l’air, sur les ondes, si on ose dire, d’une révolution où un pays entier surgissait du pavé pour « exiger autre chose ». On n’allait plus seulement offrir à la nouvelle jeunesse embourgeoisée de la musique anglo-saxonne et yéyéisée. On allait leur fourbir toutes les passions, débrancher tous les interdits, soutenir toutes les minorités agissantes, casser tous les codes. L’audimat l’exigeait. Le jeunisme remplaçait la protection de la jeunesse, le goût des vices variés celui de la vertu collective et nationale. La grossièreté et le sexe allaitent suivre. Vive Coluche qui introduisit la grossièreté sans limite dans le comique ; Vive Ménie Grégoire et ses interviews sexuelles aussi nocturnes que débridées.

Il fallait en finir avec la bourgeoisie aseptisée. Il fallait laisser la place à la dénonciation sociale et faire chauffer la colle des divisions nationales. Le cinéma montrera le chemin pendant toutes les années soixante-dix et la presse de gauche fut prompte à soutenir des excès impardonnables comme le viol d’étudiantes lors des grèves sauvages de la sidérurgie lorraine, l’œil crevé d’un patron à Nantes, le kidnapping des passagers du France. La violence antipatron et les occupations d’usine devinrent des musts télévisuels et radiophoniques. La justice fonçait dans le « justicialisme » qui faisait du fort l’éternel coupable, nécessairement coupable. L’affaire du notaire de Bruay comme l’affaire Lip se voulaient la preuve qu’en matière de presse tout était possible pourvu que l’on frappât le bourgeois sous la ceinture ou dans l’estomac, c’était selon. Pas un film, pendant dix ans, sans que l’homme bourgeois, nanti et blanc ne fût montré comme un immonde salopard.

Après le sacre de Mitterrand, l’arrivée en masse de socialistes dans les radios et télés publiques, dont pas mal de trotskistes ayant lu Gramsci, puis leur établissement en profondeur pendant les 14 ans de son règne, aggrava le phénomène. Désacraliser par l’emploi d’images négatives devient une routine. L’épidémie de mises en prison préventive de patrons permit aux juges partisans d’informer d’une inculpation à l’heure du journal télévisé. L’abandon du secret de l’instruction par les juges militants devint systématique. Le recel de ce délit devint la base du journalisme.

Plus tard, la commercialisation et l’américanisation des médias audiovisuels deviennent frénétiques avec l'apparition des radios « libres » et encore plus tard des télévisions de la TNT et notamment des chaînes d’infos en continu. Les chaînes principales s’alignent rapidement sur les émissions les plus racoleuses et les plus « transgressives ». Un Thierry Ardisson et ses partenaires ringardisent le rejet des drogues et déculpabilisent la consommation de joints. Le sexe envahit le PAF.  Se répand alors la mode américaine du politiquement correct qui a déjà défiguré l’audiovisuel au Canada par contagion.

A la fin des années 70, avec la série Holocaust, le mouvement juif avait réussi à remettre au centre de la vie intellectuelle, politique et diplomatique, le sort particulièrement ignoble réservé par Hitler à la plupart des populations juives du continent européen. Il est vrai qu’après s’être lancé dans une guerre préventive, normalement interdite à l’ONU, Israël était passé au stade de l’annexion progressive de son voisinage et que la réaction arabe s’était traduite par des attentats sanglants un peu partout dans le monde et une hausse des coûts du pétrole qui mettait en danger la croissance universelle.

Les évènements de la Guerre de Quarante, désormais de plus en plus lointains, pouvaient être réinterprétés sans crainte de réactions trop vives. Là où l’on parlait de crimes nazis, et des drames de la déportation, sans distinguer les causes (rafles, faits de résistance, appartenance à des groupes réprouvés), on a évoqué la Shoah, génocide atroce et seul significatif. En 1950, personne ne pouvait évoquer les drames que sa famille avait subis en les présentant comme spéciaux et, en quelque sorte, d’une essence supérieure par rapport aux autres drames innombrables qui avaient frappé ses compatriotes. L’occupation a été une période très dure où on ne mangeait pas à sa faim et où les drames ont été généralisés. Un Français de 1950 aurait été très surpris d’entendre que les enfants martyrs d’Ysieux devaient avoir un traitement mémoriel différent des milliers d’enfants estropiés ou tués pendant les bombardements qui ont accompagné le déferlement allemand de 1940 ou le débarquement de 1944 et que l’on gomme entièrement les souffrances innombrables subies par les enfants en bas âge du fait des restrictions alimentaires et du vol des ressources par les forces hitlériennes. Ce n’était pas propre à la France. Lorsqu’après l’échec de Mussolini, Hitler a occupé les Grèce en 1942, il a confisqué l’intégralité des ressources alimentaires du pays pour les réserver aux troupes d’invasion de l’URSS. Les victimes se sont comptées par dizaines de milliers. Lorsqu’on va en Ukraine sur les lieux d’immenses massacres nazis, les monuments commémorent toutes les pertes civiles sans faire de distinction. Évidemment il est assez curieux de voir que le monument de BabiYar, à Kiev, où la quasi-totalité des victimes étaient juives, présente des grands blonds slaves en souffrance. Mais dans un pays où, pour une raison ou pour une autre près du quart de la population a trépassé entre 1917 et 1947, (famines génocidaires, répression communiste sauvage, victimes de guerres civiles, victimes de la grande guerre patriotique et de l’occupation, populations raflées et réduites en esclavages un peu partout en Europe par Hitler, morts de privation), l’idée qu’il y aurait de bonnes et de mauvaises victimes était intolérable.

Tout cela est balayé dans le monde médiatique et politique qui prévaut après 1981. La « jurisprudence de la Shoah » s’installe avec son cortège de réclamations victimaires, de culpabilisations globalisantes, de demandes d'indemnisation. L’imprescriptibilité règne. On va rechercher les complices d’Hitler partout. Le procès Papon est exemplaire. L’infamie est parmi nous et il faut s’en purger, même si les équations sont un peu sommaires : Papon = Pétain = Hitler = De Gaulle ; donc De Gaulle = Hitler ! La « réductio ad Hitlerum » devient systématique et le point Godwin traduit cette nouvelle réalité.

Le phénomène est alors imité partout. Les réclamations mémorielles viennent de tous les bords. La mort fait son entrée sur tous les fronts. Les Polonais, les Ukrainiens, les Arméniens font valoir leur droit de victimes de génocides, votent des lois interdisant la négation de leurs souffrances. Les pays accusés d’actes génocidaires se multiplient : La Russie est mise en cause par les Pays Baltes, la Pologne, l’Ukraine. La Turquie est mise en cause par les Arméniens.

En France, la réclamation victimaire à base d’arguments liés aux décès explose. Ce sont d’abord les homosexuels durement touchés par le Sida et qui rappellent qu’eux aussi ont été visés par Hitler. Act Up exige le même statut victimaire que les Juifs. Aujourd'hui ce sont toutes les professions fortement syndicalisées qui prétendent mourir des violences qu’on leur fait subir. Pas un jour sans qu’on évoque le suicide des paysans, des policiers, des employés des ex-entreprises publiques, des gardiens de prisons. Le mouvement féministe s’inscrit à son tour dans ce mouvement en mettant en avant le martyre des femmes battues et tuées par des maris violents. La France, vue dans l'objectif des médias, n'est plus qu'un immense mouroir où l'on gémit de partout. 

Internet et les « réseaux sociaux » selon l’expression consacrée changent encore la donne en libérant une parole purement émotionnelle et en permettant, sous anonymat, le déferlement d’injures, de calomnies et d’attaques ad hominem et ad libitum.

Face à toutes ces mutations la Presse écrite est ruinée, comme l’édition, et perd son rôle exclusif dans la bataille des idées et l’exaltation des passions. Elle perd le monopole de l’expertise à peu près dans tous les domaines. Elle sous-traite quasiment tout, en particulier l’analyse économique. Elle en vient à « commenter les commentaires » des réseaux sociaux !

Dans le magma audiovisuel, l’image et l’émotion font prime, le sondage et le témoignage devenant la grande facilité, avec… l’import de toute la production audiovisuelle américaine. La « marchandisation » est totale. Elle est anglo-saxonne. On ne traduit même plus les pubs qui envahissent les écrans, sans limite. Ne sont invités que ceux qui sont « en promo » (on dit : avoir une actualité). Les chaînes dites « d’information continue », en fait de dénonciations continuelles, font la chasse à l’audience en magnifiant les incidents. Les journalistes dits d’information et les services politiques deviennent respectivement des officiers et des officines du politiquement correct, et du pouvoir pourvu qu’il soit « de gauche ».

Une camarilla d’une cinquantaine de personnes, quasiment toute de gauche, tient l’information, dans des chaînes qui sont toutes tenues par des intérêts dépendant de l’Etat. On façonne la réalité montrée, en masquant, atténuant, enrobant, les faits malséants. On ne s’intéresse qu'à l’opinion, dont on se juge responsable. On prend outrageusement parti dans les querelles politiques du pays, toujours dans le sens des « forces du progrès » et de l’Enarchie qui gouverne.

Deux évènements majeurs ont montré l’intensité et l’ampleur de la manipulation de l’opinion.

La manifestation spontanée et gigantesque qui a vu les Parisiens se mobiliser après les assassinats ignobles de Charlie Hebdo a vu sons sens totalement trafiqué et modifié. Le mot-clé qui était au fond de tous les gosiers et de tous les cœurs était : « stop. Maintenant cela suffit on ne peut plus laisser faire. La repentance c’est bien ; l’auto conchiage, c’est parfait, mais, là, il faut montrer les dents. On ne joue plus ». Un mois plus tard, c’est à peine si on n’affirmait pas, dans les médias, qu’il s’agissait d’une mobilisation en faveur des musulmans immigrés, « premières victimes du terrorisme », ou d’un coup formidablement bien joué par le Président de la République, déjà totalement déconsidéré.

L’affaire Fillon et l’incroyable déballage médiatique qui l’a caractérisée, une chasse à l’homme de cinq mois, quotidienne, générale, hystérique, sans limite et sans frein, avec une imbrication totale du politique partisan, du juridique politisé, et du médiatique livré à la bacchanale, restera dans les mémoires et pas comme un souvenir glorieux.

Avec le temps, les contradictions s’accumulent. Alors que la liberté de la presse était la raison de la pléthore des chaînes audiovisuelles, on la voit se réduire de façon drastique. Alors que l’abandon du régime gentillet qui prévalait dans les années cinquante et soixante devait permettre une information plus large, plus honnête et plus approfondie, jamais elle n’a été plus rétrécie et monocorde. L’argent est partout et l’abaissement des programmes évidents. L’anglais est désormais la langue du Paf et notamment de toutes les promos musicales. On ne chante plus en français en France. On écoute des chaînes d’histoires où les intervenants français sont doublés et retraduits en français ! Les réclamations victimaires s'enchaînent mais aussi s’annulent. La communauté juive peut justement s’indigner que les crimes que subissent ses membres n’aient plus l’écho nécessaire. Les traitements infligés aux Palestiniens et les guerres à répétition du Moyen Orient ont tué l’intérêt compassionnel. Comme les attentats ont tué tout le monde, l’exclusivisme victimaire n’a plus d’audience, comme dans les années cinquante et pour les mêmes raisons. Le résultat est qu’on n’ose plus dénoncer ce qui devrait l’être : l’antisémitisme forcené et assumé des populations islamisées importées en masse. Ne sont-elles pas, elles aussi des victimes du vilain blanc colonial et maltraité socialement par la bourgeoisie égoïste et fascisante ?

Le PS a voulu s’appuyer sur les populations immigrées. Il est désormais mort (Moins de 3 % à la dernière élection partielle dans la circonscription de Chevènement !).

Notre milieu journalistique audiovisuel est désormais désorienté. À force d’escalades, il est arrivé dans un air raréfié où son système fonctionne à vide. Les minorités le contournent. On l’a vu avec l’affaire « dénoncetonporc », qui est d’abord un phénomène internet. Le soutien inconditionnel aux réclamations victimaires syndicales façon SUD et CGT devient vide de sens.

On doit gémir avec les matons qui violent la loi. Ah oui, mais qui a voulu qu’on laisse à des sauvages des libertés dangereuses à l’intérieur des prisons ? On doit gémir avec les employés des Ephad, en se cachant derrière les drames réels de la vieillesse des pensionnaires. Mais qui a promu les 35 heures et accepté un absentéisme totalement délirant, avec des coûts de structure également bien trop élevés ? Et qui a ruiné fiscalement les familles qui désormais n’ont plus les moyens de s’occuper de leurs vieux sans tomber dans la misère ?

Le syndicalisme a maintenant compris qu’il fallait constamment se laisser aller à l’outrance victimaire et exploiter les suicides et les horreurs. Les médias sont le porte-voix et l’amplificateur de ces outrances. M. Yann Moix se rend célèbre en jouant les Zola du siècle en dénonçant les violences policières dans le Calaisis, mais les migrants s'y entre-tuent et montrent qu’ils ont des armes, de l’argent et une violence extrême allant jusqu’au meurtre. Peut-on cacher les propos totalement ahurissants du logeur des tueurs de Daesh, ses propos sur la « femme qu’il défonçait et désarticulait » au moment des tueries, en même temps que la violence arabe vis-à-vis des femmes émerge progressivement du non-dit général ?

Les contradictions sont devenues telles, les non-dits tellement absurdes, la préoccupation du contrôle de l'opinion tellement artificielle, le manque de vraies informations et de justes explications si majestueux, que le magma audiovisuel prend l’allure d’une pieuvre sinistre qui ne sait plus sur quel tentacule justifier et financer sa survie.

« Levez-vous vite orages désirés », semble l’espérance unique. Quand la très commerciale matinale de RTL n’a plus rien à imaginer qu’à évoquer avec gourmandise que la conjonction des troubles artificiels et politisés dans les écoles et les universités, des actions syndicales dans les prisons, et des revendications syndicales dans les maisons de retraite publiques, peut enfin coaliser les « colères » pour mettre à bas le « Président des riches » ; Quand la très partisane Émission Politique sur Antenne 2 fait un sombre bide, avec comme invité Wauquier ; Quand Zemmour & Naulleau n’ont plus rien d’autre à inviter que M. Copé, qui a dit qu’il n’avait rien à dire sinon du mal dudit Wauquier, et qu’il s’ennuyait dans sa petite ville, et qu’un représentant caricatural des Insoumis qui a déversé ses invectives d’une façon totalement prévisible, alors on voit à quel point la distance s’est creusée entre le monde médiatique et les attentes de l’audience.

Cet effondrement a quelque chose de crépusculaire. On peut désormais se demander si le magma audiovisuel mercantile, sous domination américaine pour tout le culturel et le commercial, sous domination du n’importe quoi gauchardo-déboussolé, avec de fortes tensions entre clans, pour le reste, est utile à la France et aux Français.

La presse écrite, elle, est quasi morte et l’édition n’en est pas loin.

Nous le regrettons. Une presse écrite et audiovisuelle vivante, honnête et observatrice est absolument nécessaire à une nation dynamique.

Une prise de conscience est-elle « en marche » ? Le samedi où cet article a été écrit, M. Ardisson, en pleine heure de grande écoute, élevait le débat chez les « Terriens » grâce à ce constat de Mme Isabelle Mergault : « La levrette, c’est bien, parce qu’on n’a pas besoin de sourire ».

On peut se demander si ce n’est pas tout le système audiovisuel actuel qui prend les Français selon les angles de cette belle figure. Et, là aussi, ils n’ont pas tellement envie de sourire.

Hommage à Agnès Verdier Molinié

On peut apprécier ou non les travaux de l'Ifrap et les thèses soutenues par sa représentante dans les médias, Agnès Verdier Molinié. Mais il faut admirer sa résilience. Depuis qu'elle intervient à la télévision, elle est grossièrement coupée, on couvre sa voix, on l'insulte. Bref elle est la « libérale-prétexte » mise là comme punching ball et non comme véritable intervenante. Les journalistes sont tous complices. Elle est là pour l'apparence du dialogue mais pas pour s'exprimer. A force de présence, elle finit par se faire respecter un peu. Un peu. Si peu.

C'était très clair dans la dernière émission de Zemmour et Naulleau, où, après un exposé liminaire, elle n'a jamais pu finir une phrase. Au final son temps de parole est une fraction minime jusqu'au ridicule de celui de son opposant des Insoumis, qui a fait de la chaleur et aucune lumière.

Ce rôle de bouffon prend tout son relief lorsqu'on lit les commentaires sur la vidéo You tube de l'émission.

Extrait :

« Creach Monique

VERDIER MOLINIE EST IMMONDE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Vincent Bntd

C'est marrant, quand je revois la sorcière aux yeux verts (Verdié), je regrette le temps où on les brûlait

Ilwyn McLeod

IFRAP : labo d'idées libérales....mais comment gagne elle sa vie ??? en plus la Molinier a l'air bllinder de tunes.

Jim Sub

Si je pouvais la prendre par les cheveux la connasse de Verdier Molinier... cette idiote n'a jamais travaillé de ça vie et donne des leçon à ceux qui ont les mains dedans, Insupportable.

Vlad Dracula

quand on entend cette connasse on se dit que le temps ou ces gens seront au poteau et passés par les armes s'approche inexorablement. apres un horrible quinquennat Hollande, le mandat Macron promet d'être ignoble mais bon on avait prevenu, avec Macron on court a la catastrophe, on espere que les tocards qui ont ete capables de voter pour lui des le premier tour s abstiendront en 2022.

Nicolas Laine

expliquez moi pourquoi à chaque fois que LREM envoie qqun dans une émission politique c'est une pauvre conne à qi d'huitre qui raconte QUE de la merde ???

putain et elle ose sortir que les salariés des ephad sont des feignants

bordel mais quelle débile mentale

Amaury Nameche

Agnès Verdier-Molinié, cette femme est une putain de honte !!!!

Motrin37000

Verdier Molinier...

Issue du famille de viticulteur bordelais...Quand on sait ce qu'est le vignoble bordelais, on sait d'où elle vient.

Une petite bourgeoise, qui n'a jamais eu à gouter au travail véritable mais qui va expliquer aux gueux que nous sommes pourquoi

JackUHU

Encore cette péronnelle crasseuse du ciboulot d'Agnès Verdier-Molinié !!!! Oh comme je voudrais voir cette connasse de concours torcher des vieux dans un EHPAD, ça va lui apprendre la vie. »

Nous avons conservé l’orthographe.  Synthèse :

« Sorcière immonde blindée de tunes ; connasse à fusiller au poteau ; pauvre conne envoyée par Lrem  qui raconte que de la merde ; débile mentale qui est une putain de honte. »

Lorsque Thatcher est décédée, nous avions compté sur le WEB l’évolution des « Thatcher la salope ». Dans l’heure suivante, il y en avait plusieurs milliers et une semaine plus tard plusieurs centaines de milliers (aujourd'hui encore plus de 220.000).

Une femme qui exprime des idées non socialistes doit le savoir. Elle ne peut rien espérer qu’un flux d’injures immondes et de menaces de mort. "Exprimez-vous" sur lmes réseaux sociaux, dit l'animatrice !

Bravo à Agnès d’avoir décidé de résister et d’accepter de subir ce traitement pour qu’un filet minimum de faits exacts puisse percer dans les émissions systématiquement orientées dans les médias.  

Et méditons l’état du débat en France et l'illusion de ceux qui croient que la gauche journalistique et politique française est le sommet de l’intelligence éclairant le monde.

L’étrange année 2017

et nos meilleurs voeux pour 2018

L’année 2017 qui vient de se terminer restera dans les mémoires par l'ampleur des remises en cause dont son histoire regorge.

Pour la France, le lessivage politique qui a vu le triomphe d’un inconnu saugrenu et bavard, mais habile et nimbé par la chance, est un tremblement de terre. Les deux partis à vocation majoritaire et de gouvernement sont à terre. La « chasse au Fillon » a montré une classe médiatique totalement délirante et décalée, se saoulant d'invectives et de condamnations démesurées, alors même que la Presse était tombée dans quelques mains intéressées. Les « juges rouges » n’ont pas même hésité une seconde, une vraie seconde physique, à fausser les élections présidentielles. La fille Le Pen a explosé en vol lors d’un débat minable avec le futur président, racontant littéralement n’importe quoi. Le délire s’est saisi de la gauche extrémiste, sous la houlette d’un maniaco-dépressif porté sur l’outrance au milieu des applaudissements déjantés d’une partie de la classe médiatique.

Au final, les Français découvrent à quel point la présidence de François Hollande avait été minable et l’image de la France dégradée

Même si beaucoup sont bluffés par l’aplomb du nouveau président et son indéniable culot, les mêmes auxquels s’ajoutent d’autres, moins convaincus, ressentent la crainte latente que tout ce jeu médiatique soit du pipeau grec de premier choix avec beaucoup de désillusions à venir.

Ils le voient ramer à tenter de donner du sens aux promesses démagogiques qui ont scellé son élection : frappe fiscale contre les retraités, transfert des cotisations sociales des personnes au travail sur les retraités, transfert de la taxe d’habitation sur les contribuables déjà matraqués. Au total, même s’il a pris deux mesures inévitables car indispensables tant elles tuaient l’économie et la société française en réformant la taxation à 65 % des revenus du capital et l’ISF, on voit bien qu’il n’a pas été jusqu’au bout et qu’au final, la dépense publique n’est pas freinée, les effectifs publics accrus, leur temps de travail maintenu.

Ils le voient céder sur tout ce qui fait un peu de dissensions : l’unité du pays ? On cède aux Corses avant de céder aux autres régionalismes, ramenant la France peu ou prou aux « belles régions de l’ancien régime ». On cède aux écologistes sur Fessenheim et ND des landes. On cède sur le BAC et on accepte la destruction de toute exigence à l’école. On concède à tous les dénigreurs de la France. On bat sa coulpe sur tout. On dira : il fallait bien en finir avec des crises sans fin. Fessenheim, on s’en remettra. ND des Landes, les besoins n’étaient pas aussi nets que cela. Les Corses ? On s’en fout de la Corse. Le bac et la sélection à l’entrée de l’université ? On met fin à une forme de farce.

Ils le voient glorifier l’Europe, la CEDH, le fédéralisme européen, le « couple franco-allemand », tout en se montrant totalement incapable de donner une réalité au concept d'Europe qui protège, ni de mettre un frein aux empiétements de la Commission Européenne qui veut préempter les réformes institutionnelles fédéralistes pour devenir le seul vrai gouvernement de plein exercice dans l’union Européenne, le projet macronien d’élection du président européen au suffrage universel finissant de donner la supériorité démocratique d’apparence aux institutions supranationales. Cette perspective entraînera ipso facto une aggravation des tensions séparatistes régionalistes un peu partout en Europe, conformément aux objectifs américains de 1944, marqués par la volonté de dissoudre les grandes nations européennes.

Ils le voient employer le plus souvent l’anglais comme langue diplomatique et de communication internationale, réservant le français aux indigènes. Son gouvernement a d’ailleurs abandonné toute volonté de canaliser l’anglais dans les médias et la publicité. Les grands groupes internationaux ne font plus même l’effort d’adapter leurs campagnes publicitaires, désormais toutes en « globich ». La France se coule dans le moule de la mondialisation anglo-saxonne, en annonçant qu’elle est « back » au milieu des applaudissements des joyeux forumeurs de Davos à 25 000 euros la place. Alors que la place de la France, dans ce charivari mondialiste, est plutôt passée dans le « back of the class-room ».

2 017 aura vu la bascule de conjoncture, très molle depuis 2015, devenir plus visible, même si l’impact en France est plutôt plus faible qu'ailleurs et sans effet massif sur le chômage. Les derniers chiffres connus montrent une nouvelle dégradation pour le chômage de longue durée et une réduction infime et inférieure à 2016 des demandeurs d'emploi, avec, pour 6.6 millions de personnes inscrites à Pole Emploi, une baisse glorieuse de 1 pour mille, si on ne se trompe pas.

2 017 aura vu Daesh perdre une bataille. Mais l’Iran, le Hezbollah et le chiisme sortent confortés, en même temps que les régimes autoritaires se renforcent en Russie (où on interdit désormais d'honorer les victimes des génocides socialistes), en Turquie, en Corée et en Chine.

2 017 aura vu le Brexit devenir un souci majeur pour tout le monde.

2 017 aura vu Trump devenir un problème pour tout le monde, sans que l’on sache si ses comportements de cow-boys, unanimement critiqués, n’auront pas quelques conséquences indirectes favorables. L’exact inverse de la situation de Macron, dont la geste de bisounours est unanimement appréciée mais dont on peut craindre des conséquences directes et indirectes négatives.

2 017 aura vu le secteur bancaire traditionnel se convertir en auxiliaire du fisc et de Tracfin, en contrepartie d’un renflouement et d’une autorisation de taxation de la clientèle captive parfaitement inique.

2 017 aura vu la natalité française s’effondrer.

2 017 aura vu l’immigration et l’islamisme faire renaître l’extrême droite partout en Europe.

2 017 aura vu le retour de la violence radicale, la résolution d‘un conflit se faisant par la purification ethnique d’une région (Les Rohingyas de Birmanie).

2 017 aura vu le recul massif du multilatéralisme et de la coopération internationale organique.

2 017 aura été pour notre site une année d’explosion du lectorat avec plus de 200 000 consultations, le nombre cumulé de « lectures » étant à cet instant de 1 375 000.

Quelles sont les évolutions qu’il faudra suivre en 2018 ?

En 2018, il faudra vérifier que le désordre des esprits n’empêche pas les réformes indispensables du système monétaire international.

En 2018 il faudra être attentif à ce que les réformes nécessaires de la gouvernance économique en Europe ne contribuent pas à aggraver le centralisme bureaucratique et à faire éclater les nations.

En 2018, il faudra être sévère avec le gouvernement français s’il ne prend pas enfin, les mesures radicales de réduction des effectifs publics, s’il ne limite pas les privilèges indécents de la haute fonction publique, s’il ne restaure pas la liberté fondamentale de mener sa vie sans être constamment empêché et s’il ne prend pas les mesures indispensables en matière de natalité.

En 2 018 il faudra surveiller que la reprise qui va s'accélérer un temps ne débouche pas sur une crise de type de 2001-2002.

Bonne Année 2018 à tous ceux qui nous font l’amabilité de nous suivre.



Les Intouchables d’État de Vincent Jauvert - Robert Laffont

Depuis des lustres nous combattons la dérive antidémocratique gravissime qu’est devenue l’Énarchie Compassionnelle, c’est-à-dire la prise du pouvoir par les hauts fonctionnaires non seulement sur les rouages de l’État mais sur l’ensemble du champ politique et économique. Depuis des lustres nous militons pour que soient intégrés dans la Constitution Française deux articles fondamentaux :

-          Nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’État

-          Nul ne peut être élu dans une assemblée qui fixe ses conditions d’emploi et de revenu.

Depuis que le couple d’Énarques Giscard-Chirac a pris les choses en main, la conquête de la sphère politique par les hauts fonctionnaires n’a jamais cessé. Il en est résulté trois conséquences :

-          La France a décroché par rapport au reste du monde de façon de plus en plus accélérée

-          Les taux de prélèvements sont devenus les premiers du monde, avec une dépense publique incontrôlable et les dettes en rapport.

-          Nous avons fait fuir les élites non-fonctionnaires et accumulé un chômage structurel phénoménal.

Nous avons montré dans de nombreux articles comment s’était faite cette transmutation de la France en bureaucratie invoquant en permanence les bons sentiments et son caractère irréformable. Le « coup d’État » qu’aura été l’élection d’Emmanuel Macron, basée sur l’exploitation d’informations confidentielles par des hauts fonctionnaires félons pour tuer la candidature Fillon, est en quelque sorte l'acmé de cette évolution.

Il était donc inévitable qu’assez vite paraissent un flot de livres qui feraient l’inventaire de l’incroyable privilégiature qui s’est installée dans le fromage de la République comme des rats repus et sans vergogne.

Les intouchables d’État de Vincent Jauvert - Robert Laffont, est un des plus complets, car il ose donner les noms, les montants, les mécanismes. « Je ne m’attendais pas à découvrir un tel déclin de l’esprit public, un tel mépris des règles éthiques ». Il ne s’attendait surtout pas à voir les revenus extravagants que certains couples, toujours autodéclarés « de gauche », ont réussi, sans mérite ni risque, à accumuler. Le couple Hidalgo se fait construire un appartement de 300 m2 Bd Raspail (valeur 4 500 000 euros). Le couple Parly a probablement accumulé en 17 ans plus de 10 millions d’euros de revenus. Globalement la haute fonction publique qui gagnait moins que les ténors du privé a pris sa revanche. De même que la rémunération médiane du secteur public est passée devant celle du privé (« les crises ? Connais pas »), celle des 1 000 hauts fonctionnaires les mieux rémunérés est également supérieure à celles 1 000 cadres privés les mieux payés. Et cela d’autant plus que la connivence entre finance, grandes entreprises du CAC et hauts fonctionnaires est devenue organique, les énarques prenant carrément la direction de la plupart des grands groupes français.

L’auteur est le premier à montrer combien la féminisation de la haute fonction publique a changé le décor. Le népotisme, les relations familiales, les amitiés sexuelles, les clans, ont remplacé les relations fonctionnelles. Ces clans familiaux enrichis qui se reproduisent de mère en fille (Parly puis Parly II) ou de père en fils (les Rocard naguère), se sentent totalement au-dessus de tout. Leurs membres passent de l’État aux entreprises parapubliques et retour, cumulant les rémunérations et les retraites, comme de l’administration à la politique, comme du public au privé. On les retrouve dans les instances dirigeantes des partis et aux sommets des postes politiques. Jamais on ne pose la question de la compétence. Jamais on ne sanctionne les dérives. L’argent vient de postes qui sont disponibles par la faveur du clan.

Le parcours de Parly II est tellement significatif. La voilà projetée par la faveur familiale au gouvernement. Elle tente une élection à la députation qu’elle rate. On la retrouve à la mairie de Paris avec Sautter. Puis elle file à Air France, où son mari a de l’influence. Elle finit par y gagner des sommes fabuleuses alors qu’elle n’y a rien fait de remarquable (52 000 euros par mois). Elle est recyclée aux Chemins de fer où elle dirige des finances qui se sont totalement effondrées sous son règne. Qu’importe ! La voilà Ministre des Armées. Elle fait comme son mari parti de tout ce qui compte comme comité Théodule  d’influence. Elle est lancée en ville comme l'était une Nahed Ojjeh !

On les retrouve partout. Rien ne leur échappe : la politique nationale, régionale, municipale, les groupes parapublics, les postes publics. Et la retraite du corps qui continue de s’accumuler, ce qui fait qu’à la fin des fins, on vivra bien. Sans avoir jamais montré la moindre qualité par des résultats probants.

Évidemment on n’évoque les personnes ici que pour ce qu’elles représentent de démonstratif. Mme Parly II est certainement très charmante et ne manque certainement pas de vista ni d'entregent.

Naturellement cette capture de l’ensemble de la sphère politique et économique supérieure, en sus de la sphère administrative, se fait dans le secret. Alors que les rémunérations sont devenues publiques pour le CAC 40, tout est secret dans la haute administration alors qu’on sait que les rémunérations de plus de 200 000 euros sont légion et que de très nombreuses organisations parapubliques, permettant de s’affranchir de toutes contraintes, ont été créées pour gagner encore plus d’argent.

Alors le livre a beau jeu de passer au laminoir les conseillers d’État qui monnaient leur carnet d’adresses, les hauts fonctionnaires du trésor qui se font recruter dans le privé pour expliquer comment ne pas payer d’impôts, les membres de la cour des comptes qui se répartissent les postes culturels les mieux rémunérés, les inspecteurs des finances qui deviennent banquiers d’affaires, les énarques dont les erreurs de gestion coûtent des milliards d’euros et qui ne sont jamais sanctionnés, des chefs de grands corps qui verrouillent tout pour éviter qu’on touche à leur privilège, les couples qui se font la courte échelle tout au long de leur carrière avec succès…

On a honte pour la France au sortir de cette lecture.

L’élévation de Macron, après celle de Hollande, est en quelque sorte le triomphe de cette main mise.

Ce que le livre ne dit malheureusement pas, c’est que l’effondrement français a été largement provoqué par cette dérive bureaucratique et la création d’une aristocratie prédatrice et népotique, obsédée par l’argent et le pouvoir, masquée derrière des postures compassionnelles ou socialistes, et à peu près totalement indifférente au pays.

Avec E. Macron nous sommes entrés dans l’ère de la pub à haute dose, de la communication permanente, de l’optimisme obligatoire contre les esprits chagrins, dans la mise en scène des succès formidables de l’Énarchie compassionnelle et suintante de démagogie, du triomphe joyeux des petits-maîtres et de la confusion des genres.

La haute fonction publique va vous en donner pour votre argent. Et s'enrichir à tout va sans rien réformer de profond.

Tout obstacle, toute initiative qui ne vient pas d’elle, sera mis sous le tapis. Aucune mesure réellement difficile ne sera prise. Adieu Fessenheim sacrifié pour rien (des milliards), adieu Notre Dame des Landes (un milliard), adieu L’expo Universelle. Dès que c’est chaud on laisse tomber. Pas une baisse de la dépense publique ! Pas une réduction d’effectif ! Pas une réforme de la démocratie française à espérer et surtout aucune remise en cause du pouvoir gangréneux et cancérigène des métastases de la haute fonction publique hors de son domaine réservé.

Derrière tout le cinéma et toute l’anglophonie macronienne, se cachent un grand vide national et la confirmation de l’étouffement et la mise à sac du pays par un clan et désormais par des familles abusives.

On peut se moquer du Maroc, de l’Iran et de Poutine.

Delenda est.

En écoutant Louis Gallois

Louis GALLOIS, qui va fêter ses 74 ans, n’est pas seulement le titulaire des plus belles oreilles de toute la communauté des Énarques. Il en est aussi un des éléments les plus brillants. D’une famille militaire installée à Montauban par son père et issu de la bonne bourgeoisie juridique du sud-ouest par sa mère, il entre à HEC puis à l’ENA avant de devenir administrateur du Trésor. Il joue la carte socialiste, entre au PS et connaîtra le coup de booster provoqué par l’élection de F. Mitterrand, bien qu’il opte vite pour le clan Chevènementiste, le moins cynique et le plus pragmatique. Il devient Directeur de l’Industrie, un poste crucial en France, pour le carnet d’adresses qu’il fournit. Passant par toutes les cases du mécano industriel parapublic français, de la Snecma à Airbus et à la SNCF, il est devenu président du Conseil de Surveillance de Peugeot, désormais dans le giron du gouvernement et du capital Chinois.

Ses options socialistes n’ont eu que d’heureuses conséquences sur sa carrière qui a été autant soutenue par le PS que par Chirac, Juppé et Sarkozy pour s’épanouir à gauche avec Hollande et aujourd’hui Macron. L’Énarchie ne connaît pas les frontières politiques. Les étiquettes ne concernent que les électeurs qui veulent bien y croire. La haute administration affichée « de gauche » et socialiste est trans-politique. De ce point de vue-là, l'élection d’E. Macron a rendu officielle une connivence qui était factuelle depuis des décennies.

Toutes ces carrières sont menées ès qualités et jamais en fonction des résultats. La SNCF accumulera les retards qui sont aujourd’hui dénoncés. Airbus connaîtra les difficultés que l’on sait. La SNCM coulera corps et biens après Seafrance. Le fret de la SNCF s’effondrera, ainsi que la santé de la majorité des autres filiales. L’image de sérieux de Louis Gallois n’en sera pas une seconde affectée.

Son engagement précoce dans le syndicalisme, à la CFDT, lui permet une connivence assez grande avec les syndicats. La consigne gouvernementale donnée est toujours la même  : pas de vagues. Il saura ne jamais faire de vagues.

Mais pas d’énarchie réussie sans compassion. Louis Gallois va devenir à la fois un des PDG les mieux payés de France et le plus engagé dans les causes sociales, suivant l’exemple de Louis Schweitzer, qui lui aussi a cumulé son engagement à gauche avec la direction très rémunératrice de Renault avant de prendre la tête de la Halde. Les deux se sont d’ailleurs succédé à certains postes. Sa vocation compassionnelle, Louis Gallois l’exerce en prenant la tête de la FNARS, fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale, qui se signale ces derniers jours en refusant l’enregistrement des immigrés clandestins qui séjournent dans ses centres.

Louis Gallois est un homme affable et sympathique, ouvert et abordable ; il n’a pas du tout l’orgueil délirant d’un Haberer par exemple.

C’est un haut fonctionnaire qui a tenu récemment un rôle éminent dans la formulation de la politique économique générale, puisque le Rapport portant son nom a fixé en partie les règles du jeu économique des gouvernements Hollande et qu’il était de la commission d’experts chargés de proposer les réformes du secteur bancaire.

Alors qu’une reprise économique modeste mais certaine est en cours, il était intéressant de l'entendre exposer ses positions sur une question qui intéresse presque exclusivement les Français et les instances économiques animées par des Français : la prospérité supporte-t-elle l’inégalité ?

La conférence a été aimable et rapide. Le thème principal : même si nous nous plaçons hors de tout contexte moral, la croissance doit être inclusive et ne laisser personne le long du chemin. Plus la croissance est lente, plus il faut être égalitaire. L’expression de M. Macron sur les « premiers de cordée » est mal venue. La théorie du ruissellement qui veut que la richesse parte de ceux qui la créent pour cascader est fausse. Il faut que la rémunération les pauvres soit toujours associée à un travail même minime car les tâches utiles sont en nombre infini, si on les subventionne, donc les sorties Hamon et Dray sont ridicules. Par exemple on peut remettre en marche les mirabelliers non rentables de la région de Metz et faire des confitures puisque les alcooliers ne veulent pas qu’on touche à leurs droits de distillation. Dans le Sud on peut faire essarter la garrigue. Ce faisant on peut éviter le chômage total de longue durée et permettre aux personnes de garder leur image d’eux-mêmes, en dépit des difficultés. Pour le reste il faut avouer qu’on a été jusqu’au bout du bout en matière de baisse des charges sociales sur le SMIC et que pourtant l’emploi ne croît pas au rythme de la reprise parce que l’enseignement et la formation professionnelle sont défaillants. Il ne faut pas cependant se décourager car même dans les banlieues il y a des tâches de dynamisme, comme Uber l’a montré. En revanche l’inégalité qui a été signalée par des rapports de l’OCDE et le FMI limite la croissance. La France n’a jamais su s'adapter depuis la crise du pétrole à la mondialisation. Cela explique l’effondrement de nos campagnes et petites villes qui ne vivent plus guère dans de nombreuses parties de la France que de transferts. Même aux États-Unis, le revenu de la classe moyenne inférieure a diminué. Donc il faut réfléchir aux inégalités et travailler à les réduire. Vive l’impôt et la solidarité et "à titre personnel, conclut le conférencier, je suis pour un impôt plus important sur les successions". La richesse doit aller à ceux qui la produisent mais pas à leurs enfants.

C’est tout ? C’est tout.

C’est gentil, mais c’est tout.

Rappelons que Louis Gallois est ce qui se fait de mieux en matière d’élite nationale, en même temps que d’énarchie compassionnelle. On est loin des petits-maîtres cupides, souvent en ménage, qui font carrière entre les postes publics, parapublics et privés, tout en cumulant tous les prébendes et privilèges possibles et imaginables, sans aucun mérite autre que de faire partie des bonnes sectes et des bons clans, parfois avec un zeste de népotisme pour corser l’affaire. On est loin des mêmes qui portent leur socialisme en bandoulière pour masquer ou alimenter leur carriérisme et leur cupidité. La sincérité de Gallois ne saurait être mise en doute. Ce brave homme veut le bien public. Nul doute là-dessus.

Comment se fait-il qu’on sorte aussi totalement déconcerté d’une telle conférence ? Après tout un petit prêche de temps à autre ne peut pas faire de mal. Qui ne peut être d’accord sur le fait que la croissance doit profiter à tous et qu’il faut faire des efforts pour atteindre cet objectif qui ne va pas de soi ?

La première raison est terrifiante : même le gratin de l’élite la plus en prise sur la formation de la décision publique n’a rien compris à la crise qui s’est formée au tournant de 1971. Rien ! Rien du tout ! ILS NE COMPRENNENT RIEN !

La baisse tendancielle de la croissance chaque décennie depuis les années soixante-dix ? « L’effet d’une baisse générale de la productivité ». C’est tout ? C’est tout ! Mais pourquoi diable la productivité se serait mise à baisser tout d’un coup ? Mystère. L’économie aurait été saisie de langueur, une forme de dépression dont on ne saurait comprendre les ressorts et qui s’imposent à l’observateur comme au dirigeant.

L’effondrement du monde communiste et la libération soudaine de milliards d’êtres humains désireux de participer à la fête économique de « l’après-guère » ? Connais-pas !

La conjonction des deux phénomènes, avec l’apparition de déficits colossaux et d’excédents parallèles, marquant un déménagement trop rapide des moyens industriels vers les pays d’Asie et de l’est européen et l’apparition d’une économie baudruche fragile et explosive ? Sais pas !

Du coup tout devient obscur et on multiplie les contradictions.

L’effet de contagion de richesses à partir des pays riches vers les ex-pays pauvres, avec le double mouvement d’imitation et de substitution, a bien provoqué une réduction phénoménale des inégalités. Le revenu en Pologne a été multiplié par quatre chez les diplômés. Le salaire ouvrier qui était de 100 euros environ en Tchécoslovaquie est désormais de 500 euros en Tchéquie. En Chine un directeur informatique à Shanghai gagne l’équivalent de 5 000 dollars par mois, quand son homologue militaire des années quatre-vingt était à 80 dollars. La croissance massive dans ces pays a bien réduit massivement les inégalités. Le revenu médian en Pologne est revenu au tiers de celui des Français.

Cet effet de réduction des inégalités a bien eu un effet de bascule. L’occident industriel a perdu une grande partie de son industrie qui s’est concentrée notamment en Allemagne et au Japon, avant de migrer vers les Chine, les dragons asiatiques et en partie l’Inde. Et il explique pour une bonne part la baisse relative des revenus des classes moyennes aux États-Unis et en Europe. Ouvrir totalement les échanges lorsqu’il existait une telle différence de potentiel garantissait cette évolution.

Avoir mis en place un système monétaire qui a multiplié les dettes et les fait gonfler l’offre monétaire à des sommets historiques ne pouvait qu’aggraver les choses. Du coup, les salaires étant bloqués par la compétition des émergents, cette création monétaire a inondé les « actifs », faisant s’envoler les prix de l’immobilier et les cours de Bourse comme des valeurs refuges, et provoquant des crises périodiques gravissimes qui ont tout aggravé.

Pas besoin d’aller chercher plus loin la stagnation relative de l’investissement qui explique la perte de productivité., résultante plutôt que cause.

Si les « possédants » voient leurs actifs grimper en valeur du fait des déséquilibres majeurs du système financier international, vous obtenez mécaniquement une croissance de l’inégalité de fortune avec ceux qui n’ont pas d'épargne.

Les salariés des groupes qui se sont mondialisés et surtout leurs équipes dirigeantes, qui ont branché leur rémunération sur les cours de Bourse, ont vu leur revenu grimper à des sommets vertigineux alors que le salaire de base croissait beaucoup plus faiblement.

Ces inégalités auraient été bien moins grandes si la croissance mondiale n’avait pas été gâchée par les errements du système monétaire international, si les pays émergents avaient dû maintenir des balances extérieures équilibrées, ou moins déséquilibrées et si les crises périodiques avaient été moins graves.

Militer pour une réduction des inégalités revient donc d’abord à professer des réformes du système monétaire international sur une base plus équilibrée et plus coopérative.

Mais là, il n’y a plus un Énarque. Et adieu la vraie compassion.

Il ne sert à rien de constater que la croissance s’est concentrée dans les grandes villes et de retomber dans les sornettes du livre de Gravier sur Paris et le Désert Français. Ce qu’on y constate, c’est une croissance résiduelle et résistante. Si l’organisation mondiale précédente avait pu être corrigée à temps, on aurait constaté une croissance bien plus grande et une meilleure tenue de la « France périphérique » comme on dit maintenant et une moindre difficulté pour les classes moyennes.

Il ne sert à rien de constater que partout en Occident les classes moyennes inférieures ont souffert. Mises en concurrence directe avec le milliard de personnes qui dans le monde sont sorties de l’extrême pauvreté, sans aucun frein ni aucune frontière, il ne pouvait en aller autrement.

De même la création d’une monnaie unique sans mettre en place les conditions organisationnelles d’un tel système ne pouvait qu’accroître les déséquilibres et donc les inégalités. Si d’un côté l’Allemagne prend des mesures radicales de redressement de la productivité pendant que la France fait exactement l’inverse, on s’aperçoit vite des conséquences : une pleine santé économique du côté de l’effort et un désastre du côté de la démagogie.

Le plus grand paradoxe est que Louis gallois est bien obligé de constater que le pays qui s’en est le plus mal sorti est justement celui qui a décidé de devenir le plus lourdement imposé et qui s’est doté d’un quadrillage administratif d’une taille obscène, associé à une réglementation étouffante.

Il a bien vu les méfaits de la surimposition des capitalistes français puisqu’il dirige le conseil de surveillance d’une grande entreprise familiale dont l’actionnariat familial a été ruiné par l’impôt et qu’il a fallu faute de capitaux locaux, aller chercher du capital chinois pour relever l’entreprise, avec le secours de l’état, ce qui a permis à l’énarque Gallois de disposer d’un poste, disons, bien rémunéré, qu’il n’aurait peut-être pas pu envisager dans un autre contexte fiscal.

Ne parler des inégalités qu’à l’intérieur d’un pays, sans voir la réduction des inégalités entre pays est déjà une forme de myopie. Ne pas voir que le socialisme a été la source principale de la pauvreté et des énormes inégalités de revenu dans le monde et en France, est un aveuglement. Ne pas comprendre que les délires monétaires ont jeté les économies occidentales dans des phénomènes spéculatifs grotesques et qu’il faudrait peut-être commencer à réfléchir à quelques réformes, est une forme d’inconscience. Ne pas voir que la surfiscalité française n’a profité qu’à la classe des fonctionnaires et des hauts fonctionnaires en particulier, et venir donner des leçons de morale aux « riches » est un miracle d’obscurantisme intéressé, quand ce n’est pas du cynisme.

Le ménage Parly, énarques claniques qui n’ont jamais rien prouvé, ni rien fait de particulièrement méritant, a probablement accumulé entre 500 000 et un million d’Euros de revenu pendant près de 15 ans. Sans prendre le moindre risque. Le ménage Hidalgo, selon le Parisien, a réussi à accumuler de quoi acheter un appartement boulevard Raspail de 300 m2. Valeur : 4 à 4.5 millions d’euros. Ces couples s’affichent naturellement « vraiment socialistes ». Naturellement les personnes ne sont pas en cause. Seuls comptent ici les mécanismes qui ont permis d’accumuler des fortunes sans risques ni mérites particuliers. Pour ne s’en tenir qu’à F. Parly, elle est parachutée aux élections législatives qu’elle perd. Pas de conséquence : elle revient dans le giron public. Elle va faire fortune à Air France, en quasi-faillite permanente où elle touche jusqu’à 52 000 par moi. Son mari gère les participations de l’État, dont Air France ! Conflits d'intérêts ? Elle entre à la SNCF où sous sa direction financière les dettes s’accumulent à un niveau intenable. Une hésitation de carrière ? Pas du tout. La voilà à la tête de la division « voyageurs ». Un bref instant puisque la voilà Ministre des armées. On a moqué Fillon et son épouse. Mais en comparaison, ce sont des bricoleurs et ils n’avaient pas de parachute doré en cas d’échec politique.

Les hauts fonctionnaires ne peuvent plus comme naguère, prétendre qu’ils gagnent moins que dans le privé. Ils se sont gorgés d’argent et de sinécures, simplement par captation parce que l’Énarchie est parvenue à tenir et le politique et l'administratif., ce qui est une atteinte massive à la démocratie. De même que tout le monde sait que les trois grandes crises de 74, 93 et 2 008 ont été payés par le secteur privé, le haut secteur public ayant continué à se goberger comme si de rien n’était.

En 1970 la rémunération moyenne des fonctionnaires était inférieure à celle du privé. Elle est désormais très supérieure. De même pour les très autres rémunérations. Si on enlève les quelques entreprises du CAC 40 (où les hauts fonctionnaires sont souvent dans les conseils d’administration), les rémunérations de la haute fonction publique sont supérieures à celle des patrons, avec la particularité d’être constamment croissante et de correspondre à des fonctions sans risques.

Si on veut mener une politique de réduction des inégalités en France, il faut commencer par une réforme de la Constitution qui sépare la haute administration de la politique. On ne peut pas être élu dans une assemblée qui fixe vos conditions de rémunération et de travail.

La seconde condition est de sortir de la surfiscalité et de la suradministration, avec une réduction progressive mais massive des fonctions publiques et la suppression de statuts tellement privilégiés qu’ils font honte à ceux qui en profitent.

La troisième est de réformer le système monétaire international et le régime des échanges pour imposer qu’aucun pays n’accumule des milliers de milliards d’excédents ou de déficits.

Un chauffeur de taxi marocain expliquait ainsi la nervosité des jeunes au Maroc : quelques familles verrouillent tous les secteurs. Rien à faire pour créer son entreprise sans se heurter à ces familles. Un autre, iranien explique les désordres actuels par le verrouillage de l’économie par quelques clans d’imams qui ont fait fusiller des dizaines de propriétaire de PME pour capter leur business. Plus moyen de créer quoi que ce soit sans se heurter à ces abusifs violents. La France est entrée dans ce mécanisme de frustration générale où quelques dizaines de familles de hauts fonctionnaires verrouillent tous les postes importants et règnent en plus sur le gouvernement, avec un cynisme clanique sans limite. De plus en plus d’élèves de l’ENA se marient entre eux. On devient énarque de père et de mère en fils et en fille. Le népotisme remplace progressivement la méritocratie. Hollande se faisant une coquetterie de tenter de placer ses maîtresses aux principaux postes de l’État est-ce vraiment mieux que Weinstein ?

Le sociologue politique qui se penchera sur l’histoire de la France entre 1970 et 2020 verra que ce demi-siècle aura permis à une mini classe de hauts fonctionnaires de s’emparer de l’argent et du pouvoir sur fond de déréliction nationale presque totale.

Il faut mettre fin à cette dérive. L’élection d’Emmanuel Macron qui est le symbole même de cette capture antidémocratique n’en montre pas le chemin.

L’Énarchie en (in) action

La revue de presse du jour

Si un observateur avait réellement besoin de fixer son idée sur ce qu’est l’Énarchie, il lui suffirait de suivre le Président Macron à la trace.

Élu non pas sur la promesse d’un changement comme l’Énarque Giscard mais sur celles de « révolutions », il faut bien forcer les doses, le jeune élu a prétendu changer tout ce qui devait l’être avec l’énergie et la détermination sans faille que son âge et son tempérament permettaient.

Le voici donc qui abandonne le projet de Grand Aéroport de l’Ouest de la France au profit de hors-la-loi.

Le voici donc qui met des péages à l’entrée des grandes villes.

Le voici donc qui gorge à ce point d’impôts le pays, tout en prétendant le contraire, que plus personne ne sait si, au final, le prélèvement global de 2018 ne sera pas supérieur à celui de 2017 fortement augmenté par rapport à 2016.

Le voici donc qui se satisfait de la troisième baisse de la natalité consécutive en France avec une nouvelle baisse de la fécondité. L’énarque président précédent avait mis fin au principe même des allocations familiales. Entre un Énarque qui n’a jamais voulu se marier et un Énarque qui n’aura jamais d’enfant, la politique familiale aura toujours été un peu hésitante. Mais on permettra aux homosexuelles d’acheter des bébés.

Le voici donc qui prend des mesures invincibles sur le front de l’immigration sauvage : contrôler l’identité des immigrés dans les centres de secours que les fonctionnaires ont concédé à des associations qui ne vivent que de cela et qui crient inlassablement « toujours plus ».

Le voici donc qui laisse augmenter encore le nombre de fonctionnaires, alors qu’il avait promis plus de 120 000 suppressions de poste.

Le voici donc qui laisse grimper sans vergogne la dépense publique puisque la conjoncture internationale est meilleure, sans aucune réforme de compétitivité.

Les grandes entreprises para-étatiques ou étatiques françaises sont toutes à l’agonie. Mme Borne, énarque, ancienne directrice de la stratégie de la SNCF, est censée tancer son ancien président, M. Pepy, « l’homme qui rit dans les cimetières » de la SNCF, homosexuel déclaré dont on évoque les relations avec le directeur de Radio France, beau jeune homme également ami du Président, condamné pour favoritisme à de la prison. Le bon Pépy viserait la présidence d’Air France, quasiment en ruines. De même que l’énarque Parly après avoir ruiné vraiment les finances de la SNCF s’est retrouvée Ministre des armées. Aucun échec, aucune faillite ne sauraient arrêter un ou une Énarque « spécialiste de l’industrie et du privé ». Airbus abandonnera l’A380, dont, dès le départ les études montraient que le marché de ce bel avion n’était pas là, après avoir enchaîné les échecs avec son transporteur militaire. La filière nucléaire est ruinée. Engie est une catastrophe qui survit en utilisant ses possibilités de prélèvement pour assommer l’usager de factures aussi délirantes dans leur montant que dans l’absence de justifications sérieuses. Ne parlons pas de l’ex France-Telecom.

Tous ces thèmes sont repris de la presse du jour. Sans exception. Une revue de presse des plus significatives.

« C’est la révolution du plumeau et de la plume dans le… » pérorait hier un pilier de bistrot de Montparnasse. On époussette et on recule (nous avons censuré le mot effectivement employé, bienséance oblige), en se maintenant comme on peut, dans la connivence générale d’un tout petit monde de parasites enkystés sur la bête. Le journaliste de base lit le communiqué, en s’exaltant de sa gauchitude qui lui fait pisser quotidiennement la moraline comme un ancien curé n’aurait jamais osé le faire.

A droite l’Énarque Wauquiez doit faire face au « non-paiement de cotisation » de l’Énarque Juppé. Stupeur et tremblement, chez tous ceux qui adorent pédaler dans le vide en croyant soulever des montagnes.

Aux extrêmes, des guignols extrémisent. Ils offrent la caution nécessaire aux Énarques de gouvernement pour qu’ils se maintiennent au pouvoir.

Le Français, né malin, aime l’Énarchie.

Tableau.

Un aspect du drame français : l'agriculture

La télévision permet parfois d’ouvrir une fenêtre sur les difficultés de fond de la société française. Lors de l’émission L’Angle Eco, de F. Lenglet, on présente une ferme en Ukraine dirigée par quatre paysans français, exploitants d’une très grande exploitation de Haute-Marne, si mon souvenir est exact.

Dans l’esprit de déréliction et de médiocrité qui baigne l’information et la politique française, l’idée que des paysans français aient pu réussir en Ukraine est une éclaircie.

J’étais sur place à Kiev, au début des années 2000, lors d’un congrès rassemblant une multitude de paysans français qui avaient fait le voyage pour étudier les possibilités locales. Déjà, à l’époque, tous plaisantaient qu’on ne pouvait plus rien faire en France, et que le salut était là où le socialisme avait enfin disparu et où les possibilités étaient donc immenses.

Pour avoir écrit un livre sur la grande famine génocidaire de 1932 en Ukraine, il se trouve que je connaissais bien l’histoire de ces campagnes. Avoir réussi à faire des terres noires de tchernoziom, parmi les plus riches du monde, une zone de famine où moururent des millions d’enfants, de femmes, d’hommes et… d’animaux, seuls le Socialisme Réalisé pouvait le faire. Ce crime immense est caché en France et la seule préoccupation des historiens officiels n’est certes pas d’en parler mais d’éviter la qualification de génocide, tout en expliquant que le drame, surjoué, a été provoqué par les paysans eux-mêmes. C’est le fameux syndrome de Léon Chaix : occulter, nier minimiser, s’exonérer. Dans tous les cas mentir pour sauver la cause et de pas laisser d’arguments aux vilains.

L’agriculture ukrainienne, ancien grenier à blé du monde, ne s’est jamais remise de ces crimes atroces prolongés sur des décennies. Rappelons qu’il y eut une première famine en 1916-2017, puis une seconde en 1932-1934, puis une troisième en 1947. Au total, selon les chiffrages entre 6 et 10 millions de morts sur une population de 25 millions de paysans. Seul, Mao Tse Dong réussit à faire mieux lors du Grand Bond en Avant. Toutes proportions gardées, c’est comme si un « Vrai socialisme vraiment de gauche » avait liquidé toute la Région Parisienne, pour apprendre à vivre aux Franciliens. Un rien qui ne mérite évidemment pas un commentaire, jamais, nulle part.

L’agriculture ukrainienne en est restée comme pétrifiée. L’Urss a importé du blé américain. À La chute du régime génocidaire socialiste, les terres ont été réparties., dans des conditions pas toujours très nettes. Les Chefaillons du Parti en ont profité un peu plus que les autres. Tout le monde s’est mis d’accord sur un principe. On ne règle pas la question de la propriété de la terre. On accorde simplement un droit d’exploitation. Impossible d’exploiter utilement ces parcelles. Les nouveaux ayant droit n’avaient ni les capitaux, ni le savoir, ni les débouchés, ni les surfaces, pour mener une exploitation rentable.

La seule solution : permettre la constitution d’énormes fermes louées à des étrangers. On aboutit à cette situation étrange : les étrangers exploitants en apportant tous les capitaux et les savoirs utiles ; les locaux touchent les royalties en ne faisant rien. Les Ukrainiens intelligents travailleurs et motivés, souvent venus des villes, deviennent les techniciens locaux nécessaires pour faire fonctionner l’ensemble. Des multinationales achètent le blé, comme avant 1914, où une société comme Dreyfus pouvait acheter toute une récolte annuelle ukrainienne.

Ce qui frappe, lors du reportage, c’est la liberté. Ces paysans sont libres. Enfin libres. Il s’agit ici des paysans français. Ils peuvent enfin réfléchir, agir, réagir seuls devant les nouvelles réalités humaines et techniques. Et cela marche.

La France ? C’est foutu la France. « D’ailleurs notre exploitation ukrainienne a dépassé maintenant de façon irrattrapable notre exploitation française qui s’effondre progressivement ». Le socialisme et l'étatisme délirant français ont réussi, sans assassinat, à obtenir les mêmes résultats que les Bolcheviks. Ils sont fortement aidés par les Écologistes qui sont parvenus à tout bloquer. La France qui était le grenier agricole de l'Europe de l'Ouest n’est plus la première puissance du secteur. Elle commence à être dépassée de partout, y compris par les Allemands qui ont des sols pauvres. La Hollande, l’Italie, l’Espagne lui taillent des croupières épatantes. La grande distribution étrangle ce qui reste. La mondialisation a bon dos. Les paysans et les politiques ont voulu un régime totalement cadenassé. Ils l’ont. Les juges ruinent les propriétaires non paysans. Il n’y a aucune vraie liberté nulle part dans le petit monde de l’agriculture. On vise bas. On subventionne. On empêche. On subventionne. On surréglemente. On subventionne. Les paysans se pendent. On subventionne. Tout le monde s'effondre au milieu des applaudissements des Jocrisse. On vous explique que les Énarques Chirac et Lemaire étaient « a-do-rés » par le monde agricole. Et on espère que l’Europe va payer.

Avez-vous écouté les radios ce matin ? Mille voix viennent vous expliquer qu’il est formidable que le projet d’aéroport nantais soit arrêté, mais que l’inquiétude se porte sur le phalanstère de trois ou quatre familles qui se sont installées sans droit sur des terres où se pratique une formidable agriculture d'avenir. Refaire le Larzac en permettant à de nouveaux Bové de ne pas élever de beaux veaux…

L'agriculture-socialo-misérabiliste alternative et illégale, voilà ce qui arrache des larmes à nos journalistes. Et surtout pas de répression. Si on ne peut plus squatter et menacer en France, même quand les électeurs ont tranché, où irait-on ? Élections pièges à cons ! Tout le monde sait cela par cœur, dans les salles de rédaction.

Laissons ces sornettes pour revenir à nos paysans. L’affaire est claire. Aucun enfant ne reprendra de terres en France. Trop de haine, trop de passions politiques, trop de réglementations, changeantes qui plus est, trop de personnes qui vous disent ce que vous devez faire, trop de menaces, trop de contraintes de tout genre, trop de fiscalités, une MSA à caractère « fasciste », trop de complexité. Aucune liberté.

Pour Notre Dame des Landes, la solution est toute trouvée. Distribuer gratuitement des lopins aux Zadistes. Qui, comme en Ukraine, les feront exploiter par de vrais paysans organisés. Rien de tel que de transformer un militant en rentier, pour qu’il se mette soudain à défendre sa rente avec encore plus d’énervement que son idéologie partisane passée !

Mais pour cela, il faudrait sortir du justicialisme, dans notre système judiciaire, de l’étatisme, du socialisme larvé, des prélèvements sociaux hystériques et de la fiscalité confiscatoire.

Ce n’est pas pour tout de suite. Il faut encore quelques degrés d’effondrement.

En attendant nous pouvons tirer une leçon très utile et si simple : l’importance de l’organisation.

En Ukraine nous avons vu un grenier à blé devenir une terre stérile avec une organisation désastreuse. Toutes les réformes ont été essayées. Elles ont toutes marché. À chaque fois elles ont été abandonnées car contredisant trop l’idéologie du régime. On change de système et voilà que cela repart.

En France nous sommes en train de saler nos champs avec une énergie bureaucratique et socialiste phénoménale qui nous expulse du marché agricole mondial, où nous reculons chaque année avec des frémissements de bonheur en pensant à tout ce que les Zadistes vont pouvoir faire pour nous.

Et nous arriverons à faire de cette terre de paysans un désert aussi stérile que la campagne ukrainienne soviétique.

Encore un effort !

Crypto-monnaies : entre hystérie et innovation.

Un symptôme de la défaillance du système monétaire international

Le coin « coins » dans les canards du moment a pris une grande place, ces derniers temps. Des mots obscurs au plus grand nombre, il y a peu de mois, comme le Bitcoin, se retrouvent dans les conversations de comptoirs et dans les cours de récréation. On parle Ripple dans les dîners en ville, Altcoins dans les antichambres, Tether, là où la bouche n’est pas crispée, Ether là où les souvenirs d’hôpitaux ne sont pas trop prégnants et Ethereum chez les enrhumés. Pendant ce temps-là les monnaies officielles dansent, avec des variations aussi soudaines que violentes de leurs cours, accompagnées dans la presse par les habituelles sottises, du genre : elles représentent la nouvelle valeur respective des économies. Les spéculations intellectuelles sur les jetons électroniques cryptés accompagnent la spéculation réelle sur les monnaies étatiques, à moins que ce soit l’inverse.

Un faux jeton est-il une vraie monnaie ? Un vrai jeton est-il une fausse monnaie ? Et réciproquement.

Là est la question.

En tout cas elle permet de s’intéresser à cette réalité à la fois familière et compliquée, d’invention antique et d’innovation récente, la monnaie, un des phénomènes économiques les plus fondamentaux depuis près de 3 000 ans, à la source des premières réflexions de l’économie politique, et une spécialité qui suscite à la fois l’ennui le plus profond du grand public (surtout quand on parle de monnaies internationales) et les erreurs les plus sévères (même au sein de la profession des économistes).

Commençons par le Bitcoin. Oui, il s’agit bien d’une inscription électronique dans un fichier, donc l’équivalent d’un jeton, qui est l’inscription d’un nombre sur un support quelconque. Le jeton en lui-même a une valeur intrinsèque quasi nulle, en l’espèce le coût du séjour de quelques octets sur une mémoire de masse dans quelques centaines d’ordinateurs répartis à travers le monde. Et pourtant ne voilà-t-il pas que l’on crée des fermes d’ordinateurs dans des zones de froid polaire consommant des quantités d’énergie fabuleuses dans l’espoir de « miner » quelques milliers de ces jetons et que la valeur du Bitcoin finit par atteindre au plus haut, 29 000 dollars, la capitalisation globale de l’ensemble de l’émission de ces jetons représentant plus de trois cents milliards de dollars ?

Quelle est cette diablerie qui voit un jeton qui ne vaut rien intrinsèquement devenir un objet de fantasme pour des millions de gens, une masse financière colossale (même si la proportion des bitcoins dans la masse monétaire mondiale est encore ridicule) et une source de consommation d’énergie qui se compte en production annuelle de centrales nucléaires, alors que tous les gouvernements sont mobilisés par les risques liés au réchauffement climatique, avec le cortège habituel, en France, de hausses des taxes sur l’essence et de baisses de la vitesse de circulation des voitures ? Alors que toutes les banques centrales sont en train d’étouffer les banques sous un corset de règles plus contraignantes les unes que les autres et, aussitôt, on voit une part de la création monétaire officielle détournée dans la spéculation massive sur… rien, sinon des rangées de zéros et d’un dans des mémoires de masse réparties à travers le monde.

Ce n’est plus un pied de nez. Carrément une rébellion. Que fait Mme Royal déléguée au pôle Nord ? Que fait M. Hulot qui n’a pas encore menacé de démissionner si on n’interdisait pas le Bitcoin ? Que font les pays membres de la COBxxx devant cette provocation énergivore qui réduit la durée de vie de la planète au rythme de l’activité fiévreuse des mineurs, les projections de type « Club de Rome » annonçant pour 2 050 une consommation d’énergie par les mineurs de Bitcoins de nature à élever de 9 mètres le niveau des océans…

Une des particularités du Bitcoin est son mode de production. On crée du Bitcoin à proportion du trafic en Bitcoins, à chose fois que le système accepte une « preuve » de licéité d’une transaction. L’heureux investisseur dans deux mines de bitcoins peut multiplier les achats-ventes croisés uniquement pour avoir le plaisir de gagner des bitcoins. Un programme robot permet d’automatiser tout ça et d’aller dormir tranquille. Une entreprise chinoise de fabrication d'ordinateurs spécialement dédiés au minage vient de s’installer à Zug. Elle aurait vendu déjà 100.000 machines…

Pour que le système soit rentable il faut un apport extérieur de liquidité, c’est-à-dire des personnes ou des institutions désireuses de convertir des monnaies officielles en Bitcoins.

Il n’existe que deux motivations possibles :

-              L’espoir de gain si le cours du jeton monte considérablement

-              L’utilité du jeton.

L’hystérie spéculative qui s’est emparée du bitcoin, avec une hausse délirante des cours en un an, est souvent comparée à la Tulipe Manie qui en Hollande avait porté le prix du bulbe à des sommets incompréhensibles et finalement ruiné le pays pour quelques années. Les bulbes avaient en effet en commun avec le bitcoin de n’avoir aucune valeur intrinsèque significative et d’être une nouveauté. Nous préférons comparer avec la rue Quincampoix et la frénésie qui avait accompagné le lancement du système de Law et la compagnie des Indes Orientales. La nouveauté technique et les rêves de fortune avaient de la même façon saisie l’esprit populaire, provoquant une spéculation qui ruinera l’état et finalement mettra à bas la monarchie.

La contagion de l’hystérie est étonnante. « Dites «blockchain» (ou «bitcoin») et vous verrez votre action s’envoler en bourse. C’est à peu près ce qui s’est passé avec Kodak mardi soir. L’entreprise plus que centenaire a annoncé la création d’une cryptomonnaie, le KodakCoin, et d’une plateforme, KodakOne, de gestion des droits d’auteur basée sur la blockchain », nous indique Le Temps, qui précise : « Il a suffi à l’entreprise Long Island Iced Tea de se renommer Long Blockchain pour voir son action tripler. Lundi, la société Seagate Technology a bondi de 16% parce qu’un post de blog suggérait qu’elle entrerait dans ce secteur ».

Oui, nous sommes bien en présence d’une hystérie spéculative. Mais pas seulement.

Le Bitcoin, comme le système de Law est un système novateur. L’un était calculé pour apporter des ressources à un état ruiné par les folies militaires et autres de Louis XIV. L’autre a pour but de faire la nique aux États et à leurs contrôles, dans une optique libertaire, avec la prétention de faire mieux pour transférer de l’argent que les systèmes de paiements classiques. Des messageries pensent à transférer des monnaies autant que des messages secrets. Facebook et ses millliards d'usagers sont sur les rangs. Idem pour Google. Les ICO se font à l'aide de jetons. Peut-on douter que nous sommes face à une vraie innovation ?

L’idée que les transferts internationaux de valeur par les moyens officiels sont inefficaces et malcommodes est parfaitement exacte. Les banques font payer le service à un prix extravagant. Le service est très lent et fort lourd. Swift est tout sauf un système simple et efficace. Avec les contrôles des flux de monnaies mis en œuvre par les banques sous la pression es banques centrales et des États, le blocage d’un paiement peut être très long. La « compliance » peut bloquer un virement international et attendre de vous des explications qu’elles sont seules juges de trouver convaincantes. Les monnaies officielles sont tout sauf stables. La fluctuation acceptée des devises dans un système de change flottant, et la pratique étatique de faire fondre leur monnaie par des émissions délirantes aggravent les choses. Rappelons que toutes les monnaies ont perdu à peu près 98 % de leur valeur en 45 ans. Certaines devises n’ont aucune valeur d’échange comme la monnaie Ukrainienne. Certains pays comme la Chine ou l’URSS ont un contrôle des changes étroits.

Retrouver un peu de liberté peut être une motivation forte, et pas seulement pour trafiquer les armes et la drogue.

Cela dit, il ne faut rien exagérer. Virer de l’argent d’un pays à l’autre via le Bitcoin n’est pas une opération aussi simple et rapide qu’on veut bien le dire. Aux deux bouts de la chaîne il faut convertir une devise officielle en Bitcoin. Cette opération a un double coût en termes de danger comme tenus des voyous qui font marcher ces bourses, et en termes de frais pris au moment des conversions. Le délai du virement en bitcoins est certes de quelques heures au lieu de quelques jours, mais il y a des blocages qui interdisent les transactions momentanément (8 à 10 % des transactions sont concernées) aussi bien dans les files d’attente des bourses que dans celui de la conversion des Bitcoins. Le cours du Bitcoin peut avoir considérablement changé entre le début de la transaction et la conversion ultime. Prendre 35 % de baisse quand on vire 10 000 dollars n’a rien de plaisant. Encore moins pour 100 000 dollars.

Reste alors l’avantage de l’anonymat, là où les contraintes sont les plus lourdes. Si les banques grecques sont en faillites, les entreprises peuvent être tentées de changer leur mode de règlement. Pratiquement, les grandes transactions entre entreprises importantes se sont faites en francs suisses, en Grèce,  pendant des années. Ne pas avoir de compte bancaire national était le sport national. De toute façon l’argent y était bloqué. Les grecs ont-ils utilisé les bitcoins ? Ce n’était nullement la peine sauf à vouloir échapper à toute réquisition d’argent détenu à l’étranger. Mais là, la législation européenne l'interdisait. Mais échapper aux contrôles peut être une motivation en Chine et en Russie, ainsi que dans quelques pays d’Amérique du Sud et d’Afrique.

Tout cela reste malgré tout marginal et entièrement dépendant de la bonne volonté des États. Qu’ils interdisent les bourses permettant de convertir le Bitcoin en monnaie légale et l’affaire est close.

Reste l’efficacité comme moyen de paiement de marchandises légales. Certains magasins acceptent le paiement en bitcoins, quelques IPO peuvent se faire en bitcoins, mais ce trafic est tout à fait marginal et ne correspond qu’à un effet de mode.

Le bitcoin n’a pas toutes les caractéristiques d’une monnaie.

Il n’a pas de pouvoir libératoire.

Sa liquidité est incertaine.

Il ne sert pas d'étalon de valeur pour les prix qui ne sont pas libellés en bitcoin. De toute façon il faudrait travailler en millième de bitcoins ce qui n’est pas commode.

Il n’est pas généralement accepté.

La spéculation extrême ne lui donne pas une valeur de conservation de patrimoine, même si la hausse spéculative existe depuis des années.

Il est à noter que les plus-values éventuelles sont taxables plein pot.

On peut conclure que le Bitcoin ne connaît son engouement actuelle que du fait de l’hystérie spéculative en cours, tout en étant un indice de la défiance des peuples vis-à-vis des banques et des monnaies administratives officielles.

Le Bitcoin est intéressant en tant que technique (la chaîne de blocs décentralisée) et en tant que symptôme de la crise latente du système monétaire international et de l’organisation bancaire. Il est dramatique comme moyen de pigeonner les innocents cupides. Car tout est maquereauté dans le marché du Bitcoin. Cela apparaîtrait aussitôt si les donneurs d’ordre des publicités mensongères qui fleurissent sur les sites internet des journaux les plus côtés (le Monde, le Figaro, le Point), étaient connus. Ces fausses histoires de ménagères, de fleuristes ou de chauffeurs de taxis devenus milliardaires pour avoir accepté un jour d’être payé en bitcoins n’ont pas l’aspect de publicité. Elles sont mélangées avec  des vidéos amusantes ou pseudo-informatives. Le bidonnage est total et sans danger. Et rapporte aux journaux qui du coup n'hésitent pas à nourrir le mouvement de mode.

Ces messages fleurissent au moment où les grands intervenants ont besoin de se débarrasser de leurs bitcoins comme on vient de le voir. On fait monter les cours puis on enclenche la fantasia par la pub. On revend en masse. Les cours s’effondrent. Et on repart pour un tour. Une poignée de salopards encaissent quelques milliards et tout le monde s’en fiche. C’est pourquoi nous avons lancé sur ce site, il y a plus d’un mois, un avertissement  que cette belle manipulation était en cours.

La valorisation insensée du Bitcoin peut-elle être un risque « systémique » ? Le montant des pertes initiales des "subprimes" était de 600 milliards de dollars. Au final on doit en être à 300 milliards c’est-à-dire la capitalisation de la valeur des bitcoins en circulation. Si cette capitalisation devait disparaître est-ce que les conséquences seraient les mêmes ? L’effondrement de la Tulipen Mania comme celle du système de Law ont eu des effets conjoncturels majeurs. Ce ne serait le cas que si les banques s’étaient mises à financer la spéculation sur le Bitcoin. Le problème est qu’on n’en sait rien. Un client peut toujours demander une autorisation de découvert et employer les fonds pour spéculer.

Le risque systémique existe donc. Est-il majeur ? Probablement pas. Mais si un krach durable devait se produire il est probable que les États interviendront pour interdire ce système à l’avenir.

Il n’empêche que les techniques nouvelles de paiements basées sur la blockchain et les possibilités d'internet ont le vent en poupe et qu’elles vont un jour ou l’autre modifier profondément le décor financier.

Le Ripple qui a fait l’objet par contagion d’une poussée spéculative, se veut un système moderne de règlement concurrent de Swift pour des raisons objectives : une vitesse de transactions de quelques secondes (donc bien meilleure que les transactions en bitcoins), une garantie de légalité, l’absence de pertes de valeur lors de la transaction, l’utilisation d’abord par les institutions financières, la capacité de faire croître l’ampleur des paiements sans difficulté, l’absence de consommation électrique effarante…

L’Ether se voit comme une technique de blockchain permettant de faire circuler plus que des jetons numériques, des contrats et des produits associés.

Le Téther est plus un système de jetons de casino. On ne crée de Téthers qu’en contrepartie de dollars à un cours fixe. L’idée est qu’ensuite, vous êtes dégagés de toute la législation financière américaine et des lourdeurs du système bancaire officiel. Le seul ennui est que l'émetteur ne garantit pas la conversion inverse, Téther-Dollar…

Tous ces efforts de quasi-monnaies alternatives ne peuvent être ignorés et renvoyés dans leurs limbes avec un coup de menton de mépris. Leur succès est lié à la révolution numérique internet donc signale une innovation technique, non maîtrisée actuellement mais en devenir. Il marque aussi l’échec des monnaies officielles et du système monétaire international. Changes flottants, monnaies administratives fondantes créées en masse (16 mille milliards de dollars tout de même depuis 2008), réglementations bloquantes et hystériques, tracfinisation de tout mouvement de fonds, forment un système dysfonctionnel et inacceptable, attentatoire à la santé de l’économie et aux libertés.

L’affaire des Bitcoins ne sent pas bon, mais cela reste largement un sous-produit des défauts du système monétaire international. Comme le système de Law était un sous-produit de la faillite de l’État royal en France. La liquidation viendra avec la Révolution Française. Une leçon à méditer. Critiquer la pustule qui pousse sur les joues du malade, c’est bien. En trouver l’origine, c’est mieux.

Vous avez dit « expérimentation » ?

En régime d’Enarchie Compassionnelle, la réalité dépasse souvent l’affliction et les occasions de rire jaune sont plus que fréquentes. La dernière est offerte par ce concept typiquement énarchien : l’expérimentation. Fini l’Enarque arrogant décidant de tout du haut de se tour d’ivoire (l’ivoire n’est plus commercialisé) ! On allait voir ce qu’on allait voir. Un Enarque près du terrain, transformé par les techniques les plus modernes du management et adepte des analyses « top-down and back» allait certes  continuer à tout réglementer, mais toujours à la suite d’une « expérimentation ». Après « implémentation », des études « post mortem » seraient entreprises et tous les ajustements nécessaires effectués. Craché, juré. Il était temps de ne  plus « emmerder les Français ».   Les esprits chagrins en seraient pour leurs larmes. La calinothérapie médiatico-politique, en bref la propagande éhontée,  ne serait même plus nécessaire, tant la rationalité et l’efficacité des réglementations paraîtraient évidentes.  

Pensons à la loi sur les parkings réservés aux handicapés. Les résultats de cette politique sont connus de tous. 99%99 des places de parkings ne sont pas occupées par des handicapés, 99,99% du temps. C’est donc une mesure imbécile prise au nom des bons sentiments pour donner des friandises à quelques associations hargneuses et se donner une belle image compassionnelle. On peut toujours attendre qu’un dirigeant politique annonce une expérimentation pour voir l’effet de la disparition de la moitié de ces places ! « Si t’es pas content prend mon handicap ! »

Rappelons-nous également la loi sur le RSA qui devait suivre une expérimentation fouillée. Le RMI était une vache sacrée qu’on ne pouvait réformer qu’en introduisant une autre vache sacrée. Mais  on allait ex-pé-ri-men-ter. Les expériences ont eu lieu, qui, toutes, ont montré que les objectifs annoncés n’étaient pas tenus et que tout cela ne servait à rien. Ces expériences ne furent même pas menées à leur terme. Les conclusions ne furent pas publiées ou dans des arroyos non fréquentés du champ médiatique, la saumâtre réalité ne faisant que fuiter dans la presse. Le RSA fut mis en route malgré tout et n’a fait depuis l’objet d’aucune étude sérieuse. « Si t’es pas content prend mon chômage ! »

Ce n’était qu’une étape gâchée par le « sarkozysme », affirmèrent nos Enarques.

Sous Hollande, ils imposèrent donc l’expérimentation de  la limitation de la vitesse à 80 Km/h sur le réseau secondaire. La généralisation vient d’être décidée par le « courageux » (c’est lui qui le dit) Enarque, Philippe, sans que l’étude qui devait clore cette expérience ne soit publiée. Mais les médias ont répété en boucle que trois cent et parfois quatre cent morts seraient épargnés à la population française. Nous voici donc sauvés. « Si t’es pas content, va à Garches ! »

Mais en refusant de passer à 60km/h, on va tuer combien d’usagers des routes ? Encore un peu de courage, SVP !  Et pourquoi n’expérimenterions-nous pas la limitation à 55 km/h ?

Après avoir couvert de feux-rouges les rues parisiennes, la bienveillante Mme Hidalgo, inspectrice du travail de son état, le summum en matière de compassion, a annoncé qu’on allait ex-pé-ri-men-ter la suppression desdits aux carrefours et permettre la circulation pa-ci-fiée à double sens dans les sens interdits. Cette même Hidalgo a imposé l’usage de deux-roues motorisés à Paris qui a tué plus de Parisiens que la circulation automobile d’antan.  Chut ! La statistique est inconvenante et sera donc tenue secrète. De même le fait que la pollution n’a pas diminué du tout depuis que les Socialistes et les Verts ont pris le pouvoir à Paris.  On ne dit plus AirParif  mais AirPasvrai. « Si tu n’es pas content, suce ton pot d’échappement ! »

Par pitié, Mesdames et Messieurs les gouvernants, cesser de parler d’expérimentation. Privez-nous de toute liberté, de toute propriété, de tout revenu, de tout emploi, de tout moyen efficace de locomotion,  au nom de l’idéologie ou de l’esprit de corps. Mais au moins cessez de nous prendre, à ce point,  pour des imbéciles.

Les leçons des difficultés d’Uber

Le marché des opérations de particulier à particulier existe depuis le début de la Presse (comme la publicité, l’exploitation du sexe et les jeux concours bidons). Un medium met toujours en communication des individus. Organiser la rencontre de deux personnes qui peuvent interagir pour leur intérêt propre est un sport typiquement « médiatique ». Il a pris de l’ampleur avec  la radio, puis la télévision, puis Internet, puis le terminal portable. L’offre et la demande peuvent se confronter à une échelle inconnue jusqu’ici. La notion de « centrale de particuliers » a pris naturellement un essor considérable, un logiciel bien fait  permettant à un intermédiaire astucieux de trouver rapidement des milliers voire des millions de personnes intéressées. Le phénomène s’est développé d’autant plus que l’ubiquité d’Internet  et l’ambigüité des contrats permettaient d’échapper aux taxes et impôts, aux droits sociaux et aux législations contraignantes.

L’internet « disruptif », qui mettait en difficulté le commerce traditionnel, prétendait s’étendre en cassant tous les codes anciens et balayer des marchés entiers dans le monde des services à la personne. On a vu d’abord la destruction du droit d’auteur et la disparition du commerce traditionnel des œuvres musicales  et cinématographiques. Amazon était l’exemple dans le domaine de la distribution, mettant en cause des modèles bien établis comme celui des centres commerciaux. Ce modèle prétendait qu’on pouvait faire des pertes immenses tant que le nombre des clients croissait par millions. Facebook démontrait qu’on pouvait toucher des milliards de personnes, en cassant le marché de la publicité médiatique. Airb&b modifiait radicalement la location temporaire immobilière. Uber était annoncé comme la force qui allait tout changer dans celui des transports.

Et patatras, la fête commence à mal tourner. Non seulement Uber continue à consommer du capital à un rythme phénoménal, en perdant 50 cts à chaque euro de chiffre d’affaire (presqu’autant que la SNCF), mais le vide juridique et fiscal se comble progressivement. Le jugement de la Cour de Justice d’en faire une entreprise de transport comme les autres la soumet à la fiscalité et la réglementation du transport. Les chauffeurs deviennent des salariés. Les clients doivent payer les taxes. La répression pénale se met en place contre Uber, ses chauffeurs et aussi ses clients. L’avantage compétitif de la course Uber disparait s’il faut payer les charges sociales sur les chauffeurs, la TVA et respecter des règles de formation pour recruter les chauffeurs, et si les chauffeurs doivent être soumis à l’impôt sur le revenu, la CSG etc.

On sort toujours à son détriment de l’ambiguïté fiscale et réglementaire.  Internet a permis l’évasion fiscale et règlementaire à grande échelle, jusqu’à ce que les Etats se réveillent. Ce qu’ils font à leur rythme pachydermique. La disruption se retourne. L’avenir d’Uber n’est pas nécessairement compromis. Mais désormais la course au chiffre d’affaire est entravée et le sera de plus en plus dans les grands marchés solvables. La banalisation rendra le souci des pertes de plus en plus prégnant. Contrairement à Amazon, dont le modèle n’est pas uniquement fondé sur le contournement des lois et du fisc (encore que…), Uber manque de raisons fortes de s’étendre voire d’exister si ce niveau de pertes se maintient.  

Tous les pseudos penseurs et les gourous patentés qui faisaient de l’ « ubérification disruptive » de la société l’avenir du monde, en seront pour leurs frais. Ils se reconvertissent à toute vitesse dans le « big data » et l’intelligence artificielle, sans même se douter que l’IA a commencé son chemin dans les média dès les années soixante-dix (cinquante ans déjà) et a été la plus grande déception pour les investisseurs, même si l’ordinateur bat désormais l’homme aux échecs et aux dames.  Non pas que ces disciplines n’aient pas un énorme potentiel mais il est très difficile à faire naître et à développer. En tirer des prévisions à long terme est simplement impossible.

Rappelons qu’Internet a plus de quarante-cinq ans d’existence, associé à la norme TCP-IP,  et qu’il a explosé comme média commercial à partir des années 90 et l’introduction du World Wide WEB, il y a plus de 25 ans.

Quelle est la grande  leçon à tirer des mésaventures d’Uber ?

La première est l’immense dynamisme qui s’installe dès lors que le fisc et la réglementation ne sont pas présents. Dans les banlieues du nord de Paris, Uber a fourni plus d’emplois que toutes les autres industries réunies.  Il y existait un énorme potentiel d’emplois qui n’était pas exploité.  En France notamment, la fiscalité et la réglementation, qui empêchent pratiquement toutes les libertés et tout profit, stérilisent de façon inouïe le potentiel d’énergie, de travail et d’emplois qui est présent partout, y compris dans ce qu’on appelle les banlieues difficiles et les zones dites de non-droit.

Le malthusianisme intrinsèque à « l’Enarchie compassionnelle » qui ne survit que par l’impôt confiscatoire et la sur-réglementation, a des conséquences dramatiques sur l’emploi et le dynamisme de l’économie. Dès qu’une faille s’ouvre, la vie économique s’engouffre. Au lieu de s’emberlificoter dans des analyses internet foireuses et des prévisions aventurées, les journalistes devraient lancer leurs analyses dans cette réalité parfaitement claire « ici et maintenant » : la stérilisation du dynamisme,  par l’impôt et la réglementation, d’énormes possibilités latentes d’échanges et de travail. Et aussi d’intégration : comme le disaient les Otkazniks en URSS, le « socialismus », appuyé sur un culte de la violence issu de la révolution française de 1789, ne permet ni liberté, ni égalité et naturellement aucune fraternité.

C’est cette vérité fondamentale qui est à l’œuvre : bureaucratie et fiscalité (qui est une violence d’Etat)  ruinent la prospérité et interdisent toute liberté, toute égalité et toute fraternité.  Notamment en France, où l’extase macronienne fait oublier les hausses massives d’à peu près tout ce qui peut augmenter comme contraintes administratives, tarifs et taxes, « en même temps » qu’on étouffe les possibilités d’échanges de travail et de biens offertes par Internet dans le cadre de relations de particulier à particulier.

Quand les économistes anglo-saxons viennent à nos thèses

Nous ne recopions jamais d'articles de presse sur ce blog. Nous allons faire une exception avec cet article d'un économiste anglo-saxon qui montre que les mentalités et les analyses évoluent dans les milieux qui ont nié le plus longtemps et avec le plus d'acharnement les dysfonctionnements d'une économie internationale basée sur les changes flottants. Nos thèses cessent d'être totalement marginales et désormais, après quarante ans, arrivent dans le "mainstream".

Que 2018 voit d'autres progrès dans ce sens et bonne et heureuse année à tous nos lecteurs.

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Typically over the past 200 years, the international monetary systems that have governed the global economy have lasted between 25 to 35 years. The current system, which has been in operation since the end of Bretton Woods in 1971-73, is 44 years old. Reflecting its longevity and its construct, this system has outlived its usefulness. Replacing it with an international one, which restricts the role of money creation, would go a long way towards solving many of the world’s main political and economic challenges. The modus operandi of this current system is the primary reason we have such populist and divisive politics across much of the west. In particular, this system explains the gap between the “haves” and “have nots”, and it is the reason we have had a “debt supercycle”, subsequent financial crisis and 10 years of fiscal austerity. This current international monetary system is the first, other than during and immediately after periods of global war, that has operated in an unanchored liquidity environment. This, with the 1980s financial deregulation and subsequent three rounds of Basel rules, has enabled the biggest global debt build-up ever recorded in history. That debt is the primary reason for high house prices. The absence of housing supply, while true in localised parts of the west, is a false narrative. An analysis of the UK economy makes the point. Over the past 40 years, mortgage debt has increased eightfold in real terms while excess housing supply as a share of total housing stocks has been increasing, not decreasing, over the past 20 years. Similar growth in household indebtedness has also been experienced in Australia, Canada, Denmark and New Zealand, to name a few. With that, the prima facie role of the commercial banking sector has changed dramatically. In 1980 in the UK and much of the west, the mortgage loan book of the commercial banks was effectively zero. Today, mortgage debt accounts for between 40-75 per cent of the loan books of most western banking systems. The continual reduction in risk weightings for mortgages by successive rounds of Basel rules has, along with this current monetary system, facilitated that rapid growth in mortgage debt. Currently in the UK, for example, risk weightings on mortgage debt are running at about 13 per cent across the main commercial banks. That figure is similar in the Australian, Canadian and other banking systems. In contrast, risk weightings for corporate loans remain at 100 per cent. In effect, therefore, banks need to charge approximately eight times as much interest on a corporate loan to make the same return on capital. That skewed incentive to encourage mortgage lending (into unproductive assets) rather than lending into the corporate sector (into potentially productive assets) is one of the reasons for the poor productivity outcomes in the west. More importantly, the policy response to the indebtedness crisis has further undermined the productive potential of the UK and western economies as ultra-loose money forestalls the Schumpeterian forces of creative destruction. The Bank of International Settlement’s analysis of western zombie companies illustrates the point — zombies in this context are defined as businesses that are unable to cover their interest expense with their earnings before interest and taxes. It shows a trend of a rising share of zombies in the corporate base in the west since the early 2000s (the beginning of ultra-easy money). Breaking that down into an individual country analysis shows the trend is widespread across western and large emerging market economies. Indeed, Japan is the only exception — arguably illustrating that time is one healer of the debt deflationary forces faced by the west. A corporate base with a high share of zombies is a weakened corporate base with productivity growth therefore undermined. That then feeds into poor real wage growth and divisive politics. As such, a return to an anchored international monetary system, while painful en route, should bring about much more widespread real income growth and therefore wealth accumulation. It should, if properly designed, re-orient house prices back towards more normal long-term valuation levels, thereby improving affordability and, by anchoring liquidity provision, it should also bring about less asset price-intensive and more productivity-rich economic growth. With that, politics can once again become more inclusive and less divisive and extreme. Achieving this should be the primary goal of the G20 — or the very least that of the three major currency areas in the global economy (US, eurozone and China). While currently a speculative bubble, cryptocurrencies, if embraced in this new model, would have the potential to realise their true purpose.

Chris Watling, chief executive and chief market strategist at Longview Economics

Le cycle décennal a-t-il disparu ?

Le cycle « décennal » est une des réalités les plus ancrées de notre histoire économique moderne, c’est à dire depuis l’émergence d’une économie capitaliste basée sur le crédit bancaire.  On suit sa trace depuis au moins deux siècles.  Pour s’en tenir aux dernières cinquante années, on passe de la crise de 73-74, à celle du début des années 80,  de la récession sévère de 1992-93 à la crise du début des années 2000  et finalement à la crise dramatique de 2008-2009.

Le schéma était parfaitement répétitif : une crise molle après une crise forte, un démarrage aux Etats Unis et dans les pays les plus engagés dans le commerce international qui se répandait ensuite à travers le monde, un choc boursier et bancaire qui se communiquait à l’économie réelle.

Naturellement il ne faut pas imaginer un cycle économique avec l’esprit de la mécanique. Les périodes ne sont pas strictement de dix ans. L’intervalle des crises peut se situer entre 6 et 12 ans. Les mécanismes sont toujours un peu différents, parce qu’une crise survient en général là où on l’attend pas.

Depuis Clément Juglar qui est le premier à s’y attacher, on sait que la cause principale des crises est le crédit bancaire. Dans une période d’euphorie, les agents sont pleins d’optimisme et surinvestissent. L’expansion est financée par le crédit bancaire. Mais le surinvestissement guette. Lorsque l’offre a dépassé trop la demande, certains crédits se trouvent aventurés et ne peuvent plus être remboursés. Les banques vacillent, le crédit se bloque, les pertes d’accumulent. L’économie connait une dégringolade jusqu’à ce que les pertes soient absorbées. Elle repart alors du fait de son dynamisme intrinsèque.

L’erreur de Juglar, souvent répétées depuis, a été de croire que l’économétrie permettrait de prévoir les crises. Ses modèles se sont plantés justement parce que l’affaire est largement psychologique et que chaque crise est légèrement ou profondément différente de la précédente dans ses conditions de déclenchement et ses modalités de détail. La structure de l’économie change et les problématiques internes se déplacent. Le cycle se situe toujours dans un contexte politique, économique, administratif, qui évolue. Difficile de comprendre la crise de 29 sans tenir compte de la guerre de 14. Les crises récentes ne sont pas sans liens avec le système monétaire international.  Ce n’est pas la même chose qu’une économie où les états ne dépensent pas plus de 20% du PIB et une autre où ils dépensent 58%. De même une économie basée d’abord sur l’agriculture, n’est pas exactement la même qu’une économie de l’information.

Il n’empêche que les crises décennales sont principalement endogènes. Les idées dominantes, mais fausses, de notre époque, sur jouent le rôle des « cygnes noirs » et des chocs externes. La « disruption » a explosé dans le vocabulaire de la crise pour dédouaner les vraies responsables et leur permettre de maintenir des systèmes dangereux et explosifs. Elles sont même doublement endogènes. Le rôle du crédit et de son cycle psychologique est majeur. Chaque marché a son propre cycle. Le cycle du bâtiment est un cycle long. Le cycle de l’automobile est associé au marché du renouvellement. Il est plus court.  L’équipement de maison a aussi sa périodicité qui correspond au vieillissement et au jeu des générations.  En fait presque tout est cyclique dans les marchés. Que l’on pense simplement aux saisonnalités. On peut imaginer une théorie des cycles qui ressemble à celles des vagues : la houle et le vent peuvent s’annuler ou se conjuguer et parfois générer une vague scélérate qui balaie tout.

Entre les variations de contexte et les vagues internes à chaque marché, qui sont en constante transformation (le boom de la téléphone mobile n’a pas exactement les mêmes conséquences que celui du chemin de fer au XIXème siècle), il est parfaitement normal que le cycle décennal ait toujours présenté des variances assez profondes.

Les seuls points récurrents : le décalage entre les crédits souscrits et la capacité des marchés à rentabiliser les investissements faits, avec des conséquences bancaires majeures ; la correction violente et universelle des marchés financiers ; le désordre dans le commerce international.

Avec l’abandon des disciplines de Bretton Woods, le monde a vu revenir les crises dures. Les énormes déséquilibres de balances de paiements, par le jeu des doubles pyramides de crédit décrites par Jacques Rueff, nous ont fait passé progressivement à une économie baudruche, avec un ralentissement constant du rythme de la croissance et tous les 20 ans une crise extrêmement sévère (73-4, 92-3, 08-09 ).

La dernière a même été si sévère et la récession si profonde, qu’elle a changé radicalement les conditions habituelles de la réflexion économique. « Cette fois ci ce n’est plus la même chose ».  Elle a pris complètement à revers les économistes qui comme Rogoff considéraient que le cycle n’existait plus et qu’on avait trouvé la clé d’une croissance heureuse, permanente et  sans crise, et aussi  toutes les politiques mondialisantes basées sur des marchés ouverts, régulés par les seules banques centrales, et supposés s’ajuster moins brutalement quand on leur lâchait totalement la bride.  

La seule politique économique globale qui pouvait être menée sans casser tous les codes de la mondialisation américaine était d’étouffer les banques tout en alimentant les Etats en argent gratuit pour faire face à des endettements publics devenus monstrueux. Cet endettement supposait que la fiscalité soit augmentée également massivement. On a donc vu pendant 10 ans une économie mondiale entièrement entravée par les dettes, les pertes bancaires à écluser progressivement et les impôts. La peur étant partout et l’espoir nulle part, nous avons connu une économie vacillante et incohérente où la spéculation restait la maîtresse du jeu et l’investissement un fantôme.

La peur d’une nouvelle crise bancaire qui n’aurait pas pu être jugulée et qui aurait tout emporté a provoqué la mise en œuvre d’un étouffement bancaire absolument invraisemblable. Tout mouvement de fonds est épié et dénoncé. Il faut justifier toute entrée d’argent et toute sortie. Les banques ont été autorisées à taxer l’usager en même temps qu’on imposait le passage par les banques pour tout mouvement de fonds, même faible. L’argent des banques centrales a été canalisé vers les Etats pour leur permettre de respirer.  Les taux très bas ont rallumé partout la spéculation et la hausse des marchés financiers,  surtout aux Etats-Unis, sauvés partiellement par leur rôle d’émetteur de la monnaie mondiale et la moindre sujétion de leurs banques. Le Financial Times de la semaine dernière a publié d’excellents graphiques qui montraient que la monnaie créée n’allait que très partiellement vers l’économie réelle sous forme d’investissement industriels ou commerciaux. Les sociétés côtés préféraient convertir leur cash en hausse des cours par annulation d ‘actions plutôt que de l’investir.  

La reprise d’après récession se produisait en général trois à quatre ans après la pointe de la récession. Elle pouvait être assez rapide.  Il a fallu cette fois-ci attendre 2015-2016 pour voir se rallumer les feux d’une reprise, soit sept à huit ans. Un retard de trois-quatre ans, avec des taux de croissance ridicules de 1 à 2%. 2017 a vu une accélération de cette reprise, avec le rallumage de deux moteurs essentiels : le commerce international et l’investissement productif. Mais c’est la reprise de l’immobilier qui a dessiné l’essentiel du mouvement de hausse du PIB, du fait des taux d’intérêt historiquement faibles. Et les banques centrales se sont vite inquiétées de l’arbitrage des grandes entreprises empruntant à tout va du fait du différentiel entre le coût du capital et celui de la dette. Les banques centrales appuient donc en même temps sur le frein et sur l’accélérateur. Plus aucune décision n’est prise en fonction des marchés mais uniquement des opportunités d’argent gratuit.  

Quels que soient les déséquilibres, les grands instituts prévoient comme d’habitude une bonne prochaine année et une année suivante encore meilleure. Les modèles de prévisions étant toujours basés sur des projections fondées sur les évolutions du passé récent, que l’on corrige de façon stochastique, quand cela va mieux cela va toujours aller encore mieux. Nous voici donc avec des prévisions très favorables pour les deux années qui viennent, l’OFCE allant jusqu’à prévoir cinq années de croissance continue et créatrices en emplois.

Du coup, où est passé le cycle décennal ? Est-il mort et enterré ?

Dans un premier schéma nous avons imaginé que le scénario habituel pourrait provoquer une accélération de la croissance en 2016-2017 avec un ressac en fin d’année. Nous l’avons corrigé en allongeant la séquence. Dans cet esprit, le cycle aurait été simplement déplacé dans le temps. La reprise ayant trois ans de retard, la mini récession « décennale » aurait elle-même trois ans de retard. Sachant que l’intervalle moyen est de 8.8 ans, nous passerions à 11/12 ans, ce qui nous amène plutôt à 2019-2020.  C’est plus que notre dernier recadrage qui envisageait un risque de mini correction conjoncturelle entre 2018 et 2019, ce qui est incompatible avec les prévisions du FMI, de l’OCDE, de la BCE, bref de tout le monde.  Si l’OFCE a raison, qui ne voit aucun recul pendant de longues années, il n’y aurait pas retard du cycle mais disparition du cycle.

Faut-il croire à la disparition du cycle ?

On ne peut pas nier que certains arguments sont solides. Comme nous l’avons vu le moteur des crises est l’exubérance bancaire et un optimisme qui se débride totalement. Or le moteur bancaire a été totalement étouffé par la réglementation et le poids des pertes accumulées. Il n’y a pas (pas encore) d’euphorie. Curieusement, les investisseurs mondiaux se sont mis à croire au cycle et voient dans le décalage entre la valorisation boursière et le niveau des cours une cause d’inquiétude. Deux ingrédients majeurs d’un renversement de cycle manquent.

Bien sûr la réactivation d’une croissance tirée par le commerce international ( entre 4 et 5% en 2017) relance les risques de déséquilibres majeurs de balances de paiements, avec leurs effets habituels de création monétaire sans contrepartie, en même temps que l’absence de la récession attendue pour 2017-2018 est de nature à faire renaître l’idée qu’un monde nouveau sans récession est en train d‘advenir. On peut également remarquer que les contraintes bancaires ont provoqué le développement d’une finance extra bancaire non régulée et mal connue qui a également ses propres dangers.

Comme toujours si un craquement doit se produire, il prendra les observateurs par surprise. Réciproquement la grande surprise serait qu’une croissance continue et forte se mette en place pour de longues années, sans le moindre cahot.

A ce stade nous préférons encore parler de cycle différé. Mais l’affaire devient intéressante.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile

“Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.”

Lorsqu’en 1997, j’ai sorti cette citation de Bossuet sur le forum du Monde, elle n’était pas aussi connue qu’aujourd’hui, reprise qu’elle l’a été, par exemple, par Eric Zemmour. Il est amusant ou consternant, comme on voudra, de se rappeler qu’elle accompagnait une réflexion sur certains sujets qui sont aujourd’hui encore au cœur de l’actualité.

-          Le SMIC

Le SMIC est une machine à créer du chômage structurel. Il fallait rester dans la philosophie de SMIG par branche et décentralisée par bassin d’emplois. Pourquoi ? D’une part pour laisser ces discussions au dialogue entre patronat et syndicats salariés. En transférant la fixation des minima aux gouvernements, on privait de matière première le dialogue social et on se mettait entre les mains de la démagogie. Les démagogues du « coup de pouce » n’ont pas tardé à se manifester et le salaire a cessé d’être le prix d’équilibre du marché du travail. Cela d’autant plus qu’on n’a pas cessé de le « charger », avant de cesser les coups de pouces devant les conséquences, et de le « décharger » artificiellement, en transférant les charges à d’autres. Le coût de la vie n’est pas du tout le même en province et à Paris et dans les autres zones de haut revenu. La conjoncture varie. Il est tout à fait normal que les décisions soient prises à l’échelon le plus opérationnel où le contact avec la réalité est le plus net.

-          La retraite

Il fallait revenir le plus vite possible à la retraite à 65 ans puis la porter à 67 ans. Cela fait maintenant quarante ans qu’on tergiverse. En ruinant le pays et maintenant les retraités, soumis à la double peine CSG augmenté de 26 % et inflation qui remonte à 2 %. 28 % de baisse de revenu en une année ! Et ceux qui avaient investi dans la pierre pour compléter leur retraite seront massacrés. Bravo pour la justice sociale !

-          La gratuité de la sécu

Tout le monde devrait savoir que la fausse gratuité, en vérité la séparation entre les payeurs et les bénéficiaires, aboutit automatiquement à un déchaînement des dépenses qui devient vite intolérable. Il suffit de se remémorer « la gratuité du pain » édictée par Fidel Castro pour montrer que le socialisme c'était la fin de la faim. Au bout de trois jours, les paysans ont commencé à donner du pain à leur cochon et d’une façon générale la demande s’est envolée. Le gouvernement n’a plus pu payer. On a condamné à mort et exécuté quelques paysans et quels consommateurs abusifs, et on a mis fin au système. Ce type de gratuité a toujours le même effet : constriction du producteur et disparition de l’offre ; débordement de la consommation que le payeur public ne peut plus payer. Ajouter une organisation soviétique et vous mettez par terre le secteur où s’exerce la gratuité. Voici donc qu’il n’y a plus de médecins, qu’on attend des mois une visite chez les spécialistes, que les erreurs médicales deviennent légion, qu’on accouche à 40 km de chez soi, que tous les médicaments sont produits à l’étranger selon des normes qu’on préfère ne pas trop regarder de près (L’Inde et la Chine ont désormais le monopole des excipients et d’une bonne partie des molécules), alors que les populistes vomissent la mondialisation (sauf quand elle permet de retarder l’explosion de la sécu).

L’attaque de Juppé contre la partie sécu du plan Fillon a montré que toucher à cette vache sacrée avait des effets électoraux monstrueux. Alors laissons mourir en paix le remarquable système de soins mis en place depuis le XIXe siècle.

-          L’orthographe

Depuis mai 1968, elle est « fasciste » et le moyen de la « reproduction sociale » et « du gonflement des inégalités ». À peine 10 ans après 68, à l’Institut d’Etudes Politiques de paris, les maîtres de conférences et professeurs ont reçu une directive de la direction exigeant de ne plus tenir compte des fautes d’orthographe. Maintenant on ne veut plus de dissertation parce que les élèves n’ont pas été instruits de cette discipline. Il est vrai que les dernières que j’ai pu corriger présentaient des défauts incroyables : jusqu’à 50 fautes dans 8 pages ; pas de plan ; des fautes de français à n’en plus finir ; des mots à la place d’autres. Quand on se rappelle des règles « zéro pour 5 fautes », « pas de correction après la dixième faute », cela faisait bizarre.

Nous avions dit en 1997 que le système scolaire était dans une spirale descendante, les nuls engendrant de plus nuls encore dans le corps enseignant. Aujourd’hui la masse des « enseignants ignorants » veut mettre à l’index ceux qui ont de l’orthographe et qui sont un reproche quotidien ! On s’est effondré dans tous les classements. Et les demi-intellectuels (demi est plutôt emphatique) de gauche qui peuplent les médias continuent à chanter à tue-tête : « reproduction sociale » et « gonflement des inégalités » pour critiquer et empêcher toute mesure de redressement.

Sur ces quatre sujets la classe médiatique et les politiques ne veulent pas céder, alors que le gouffre s’est ouvert sous leurs pieds (chômage délirant, déficits abyssaux, déserts médicaux, ruine des retraites, dégringolade culturelle absolue et relative).

Tout était connu il y a vingt ans. Mais dès 68, il y a un demi-siècle, on savait quelles seraient les conséquences. Comme on savait que le déchaînement de la pornographie et de la libération sexuelle se retournerait contre les enfants et les femmes. Il y a eu Dutroux et la réaction contre la pédophilie. Désormais on « dénonce son porc » et on fait des reportages télévisés sur les « frotteurs du métro », en même temps que les suprémacistes musulmans dénoncent la société occidentale corrompue et fait sécession.

Mais oui, l’immense Bossuet, probablement le dernier grand maître de la langue française, qui savait dire en dix lignes ce qui prend un livre entier aujourd’hui, avait raison. Dieu rit peut-être. Pas nous !

Perseverare diabolicum !

Amen.

À propos du livre « Déflagration » de Patrick Stefanini

« Déflagration », chez Robert Laffont, dialogues entre Patrick Stefanini et Carole Barjon, est à ce jour le meilleur livre écrit sur le désastre présidentiel de 2017. Il devra être étudié par tous les étudiants en sciences politiques avec le plus grand soin tant il est honnête et précis. Stefanini est un Énarque, bien sûr, de la race des organisateurs doués. Il avait toujours tout réussi. Il se met au service de François Fillon, pour des raisons de projet, alors qu’il était proche de Juppé. Et voilà soudain la défaite, la vraie défaite, horrible et terrifiante, humiliante et irrattrapable, avec un risque réel de démembrement définitif de son camp politique. Après la « déflagration », ne reste qu’un champ de ruines. On comprend son envie de comprendre et aussi celle d’en tirer quelques leçons.

Il le fait avec humilité, s’associant à toutes les erreurs tactiques du candidat, sauf, naturellement, celles qui lui sont propres. Le portrait de François Fillon n’est pas à charge, même si des défauts apparaissent en filigrane du fait de certains comportements. Le premier est un manque d’empathie et de charisme de chef de bande. Ce n’est pas rédhibitoire pour diriger un pays, mais cela impose d’être d’une haute tenue morale et un exemple de tout sauf d’« hédonisme ». Un candidat à la présidentielle, tendance sombre et « larmes et sueurs », qui, la veille d’une campagne importante va à Capri s’amuser avec le président de Ferrari et qui se blesse en Vespa, cela pose problème. Ce n’est pas dit dans le livre mais nous l’avions ressenti à l’époque. Cette faille va s’agrandir jusqu’à déchirer la campagne et provoquer son échec, malgré un triomphe aux Primaires. Une attitude politique ne peut pas être constamment une posture.

Les Primaires furent-elles une mauvaise idée ? Non réponds Stefanini, car elles ont permis un travail de programmation qui n’avait jamais été fait à ce point jusque-là. Beaucoup de questions ont été brassées qui auparavant restaient dans les limbes tant que le parti n’était qu’une bataille de leadership menée en interne, les militants étant transformés en simple claque pour le plus malin. Bien sûr un travail de fond impose de faire apparaître des différences voire des conflits de ligne. Mais justement, il en résulte une clarification qui est de nature de solidifier ultérieurement celle qui sera appliquée à la présidence de la République en cas de succès. Fillon a gagné les primaires sur son programme autant que par sa maîtrise dans les débats télévisés. Juppé s’est tué avec son « identité heureuse », Sarkozy n’avait pas de programme, Le Maire avait un programme délirant dans l’ampleur des détails qu’il accumulait, NKM n’a su que froufrouter.

C’est l’engagement surprenant de plus de quatre millions de personnes sur ce programme et non sur la personnalité de François Fillon qui a fait le résultat des primaires et aussi la Manifestation du Trocadéro. Stefanini s’oppose radicalement et avec raison aux commentaires de la presse qui font du succès de F. Fillon le fruit de l’engagement des retraités ultra-catholiques du XVIe, que l’on retrouvera au Trocadéro. Bien sûr les Primaires ouvertes ne le sont jamais assez. Leur champ sociologique est nécessairement déformé par rapport à la diversité nationale. Mais elles indiquent un champ de force. Nous pensons, nous aussi, qu’il y avait là une vraie force, qui demeure, et qui explique que le report sur Macron des espoirs portés par Fillon ne s’est toujours pas fait.

C’est là que le politique rejoint l’économie. Oui le programme économique de Fillon était le meilleur. Il valait mieux augmenter la TVA que la CSG. On ne peut faire l’économie d’une augmentation du temps de travail et du retardement des départs en retraite. La dépense publique doit être jugulée. L’attitude grotesque qui consiste pour un candidat de chercher à séduire des catégories en poussant des mesures intolérables et démagogiques, a été évitée par le candidat Fillon. Il a refusé par exemple de remplir la case : « donner quelques choses aux classes populaires » en supprimant la taxe d’habitation, une idée qui sera récupérée par le clan Macron et dont on voit aujourd’hui toute la perversité. Plus généralement, faute de vouloir s'attaquer réellement à la dépense publique, le gouvernement annonce pour 2018 un record d’emprunts : près de 200 milliards d’euros. Faute de vouloir s'attaquer aux charges pesant sur les entreprises, le rebond de conjoncture se fait au prix d’un déficit extérieur abyssal.

Telle était la certitude des soutiens de F. Fillon, en dépit des défauts du candidat, jugés véniels par rapport à ces exigences nationales dirimantes. Et ils avaient raison.

L’auteur multiplie les analyses plus proprement politiques. Les élections primaires auraient dû être organisées plus tôt, au printemps, afin de permettre une réconciliation réussie après les tensions de l’affrontement de lignes et de personnes. Cette réconciliation doit être activement et sincèrement recherchée par le candidat élu. Les groupes parlementaires doivent être mis au pas pour éviter des interférences corporatistes qui troublent la campagne. Le programme du candidat doit être élargi et adapté pour séduire non plus seulement une frange partisane active mais la majorité du pays, mais sans reniements des forces essentielles qui se sont manifestées. Il faut associer toutes les forces politiques qui peuvent s’allier. Avec une vraie volonté et un complet entêtement. Il faut atteindre et mobiliser toutes les couches de la population et en particulier la jeunesse. Et il faut naturellement détruire le camp d’en face. Donc faire de la politique sans arrêt ni circonspection. Et mouiller la chemise, tout en cherchant le plus possible de nouer une vraie « coproduction » avec la population.

Et si votre candidat n’est pas élu, il ne faut pas jeter son programme aux orties et faire de la démagogie foraine pour sauver des sièges, pendant qu’une partie des élus retournent leur veste pour prendre des postes imprévus en urgence dans le camp d’en face.

En creux, vous avez toutes les erreurs faites entre décembre 2016 et mai 2017.

Naturellement, un candidat irréprochable serait optimal. Si cela existe. La politique n’est pas le monde des anges et on est toujours le diable de quelqu’un. Comme disait Edgar Faure, le métier politique est le seul « où l'acrobatie est de règle, le risque total, et où l’on est sûr de passer son temps à être injurié, calomnié, vilipendé, menacé, poursuivi et parfois condamné. Regardez De Gaulle, condamné à mort qui plus est par ses compatriotes et même gravement menacé pénalement par la justice anglaise, lors de l’affaire Dufour, parce qu’il gênait Churchill ! ». Enfant de chœur, s’abstenir !

On dira que l’économie n’est pas tout. Ce qui est vrai. Sauf que nous vivons depuis 1971 une descente progressive aux enfers économiques qui méritent tout de même d’être arrêtée et qu’il s’agit d’une des vraies priorités nationales. Ce qu’on peut critiquer dans la candidature de Fillon et plus généralement dans celle de la droite (pour ne rien dire des autres) c’est que les programmes ont largement fait l’économie d’un diagnostic de cette crise, et se sont contentés de regarder ce qui pouvait être envisagé en interne. « Après tout faisons déjà aussi bien que ceux qui font mieux dans le même contexte européen et international », tel est le mantra.

Pour nous, c’est une grave erreur. Il n’y a pas de cure sans diagnostic, on ne peut pas sortir de là. Si on soigne l’eczéma sans tenir compte du cancer, on ne va pas loin. L’échec Macron qui se dessine, si de gros changements ne sont pas opérés rapidement, sera la manifestation de cette règle.

On retrouve cette vérité de fond lorsqu’on regarde le dernier chapitre du livre : « Quel avenir pour la droite », la partie la moins convaincante.

« La droite a perdu la classe ouvrière et de façon générale l’électorat populaire […] frappé depuis deux générations de plein fouet par la mondialisation scandée par les crises successives de 1974, 1976, 1 992 et 2 008. Puis les classes moyennes hantées par le chômage et la perspective d’un déclassement ».

Cette explication globalisante et sans analyses pertinentes des mécanismes en œuvre est insuffisante et trompeuse. Elle laisse penser que notre seule chance est de s’adapter, coûte que coûte, sans même envisager une diplomatie de la prospérité. Nous sommes en total désaccord. « Les primaires ont déverrouillé le débat d’idées » dit justement Stefanini, mais pas assez. Il demeure encore de nombreux blocages qui sont ceux d’ailleurs de la classe énarchique qui se croit formée en économie mais qui est en fait totalement incapable d’affronter les problématiques monétaires européennes et mondiales.

Sur le reste, on est dans la pensée dominante, girondine en ce moment.

« C’est l’absence d’autonomie fiscale qui rend les collectivités territoriales moins responsables ». On se tapote le menton. Il suffit de voir ce qui se passe à Paris pour se rendre compte que le délire n’est pas lié à l’autonomie fiscale. Paris va vers 7 milliards de dettes. Ce sera une ville ruinée et gâchée, de façon totalement indépendante du système fiscal.

Sur l’immigration et la sécurité, l’auteur constate que l’on ne peut rien dans le lacis des contraintes juridiques qui sont les nôtres, du fait notamment des traités que nous avons signés. On propose de trancher des « nœuds gordiens », mais, en fait, on bricole.

Le social ramené au « revenu universel » de M. Gaspard Koenig, c’est un peu bref.

Que notre système scolaire « ne soit pas mieux de sa forme » est une évidence. Mais quelle différenciation avec le programme Blanquer ?

« Croire en l’Europe, ce n’est pas un raisonnement d’« Énarques crétins » pour citer l’anathème d’Emmanuel Todd ». Certes, certes ! Mais si Todd était le gourou de la nouvelle droite, cela se saurait. On n’avance pas beaucoup lorsqu’on affirme qu’on doit créer une Europe « en faveur des Européens » et « qu’on ne pourra le faire qu’avec les autres peuples européens ». « Le triomphe du principe de subsidiarité » est sans doute souhaitable, mais la subsidiarité est nulle part en Europe, sinon dans les mots. De même imaginer que l’Europe pourra limiter l’immigration par une « vigoureuse politique de co-développement » est parfaitement ridicule. C’est la Chine qui a pris la main sur des pays qui pour beaucoup sont en croissance extrêmement rapide, et qui n’attendent pas tellement de l’Europe pour que cela continue. La pression démographique ne sera pas contenue. Et si l’Afrique fait naître ce milliard d’enfants de plus qui est annoncé pour 2050, c’est 400 millions de migrants qui forceront les barrages de papier et de bonnes intentions en direction de l’Europe.

Si on en reste, là, alors oui, « Bonne chance ! », la formule finale du livre.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes Étoile.

L’émotion passe à droite

Depuis la Commune, la grande émotion, celle qui traverse de façon fulgurante le peuple ou la population, comme on voudra, est à gauche. Les funérailles du Père Hugo, de Jaurès, de Schoelcher, de Jean Moulin, furent des moments d’unanimité nationale de gauche. On pourrait y ajouter l’hystérie intéressée du PC français lors de la mort de Staline.

Puis la capacité de la gauche à diviniser ses grands leaders s’est effilochée. Les funérailles de Mendès-France furent un effroyable bide, celles de Mitterrand surtout marquées par la multiplicité des compagnes affligées, la révélation d’un enfant de la main gauche et l’importance accordée au chien, descendu in extremis par un avion du Glam. Du mauvais Labiche. A l’étranger seul Allende, eut le droit à une commisération un peu partagée, moins due à sa personne qu’aux conditions de son décès. Mais par les courants de la seule gauche. Le petit cercueil d’enfant de Castro fit plutôt rire, dans sa course finale à travers le pays sur un médiocre camion. « Grâce au ciel, on lui a coupé le micro !» fut la réaction la plus partagée sur l’île de Cuba.

La mort de Diana a montré un glissement des sentiments. La cruauté de son destin, en dépit des errements de son comportement, a mobilisé les chaumières. Aucun message de gauche, dans une vie tournant à la mascarade « jet-set », mais, déjà, l'omniprésence des médias et du « show-biz », avec une magnifique prestation d’Elton John dans une église généralement habituée à des chœurs plus classiques.

En France, De Gaulle ayant choisi, après ce qu’il jugeait être une révocation populaire, après la fin dramatique pour une partie de la population française de la guerre d’Algérie et la tragicomédie de mai 1968, la simplicité d’un enterrement dans l’intimité de ses proches, on imaginait mal que qui que ce soit, à droite, puisse susciter une ferveur populaire. On devait se contenter de « Panthéonisations » politiquement correctes sans le moindre intérêt populaire.

Et voilà que, coup sur coup, deux personnalités que rien ne rattache à la gauche disparaissent soudainement, provoquant une émotion réelle qui culminera avec le grandiose défilé de la dépouille de « Johnny » sur les Champs-Elysées et la cérémonie réussie à la Madeleine, dont le frontispice était à peu près totalement recouvert par une photo christique du chanteur, œil doux et énorme croix sur la poitrine.

La gauche médiatique (celle qui reste, la gauche politique étant à la ramasse) réussit une fois de plus à se raccrocher aux branches lors des cérémonies mortuaires de Jean d’Ormesson. Selon elle, Il avait été un « vilain fasciste caricatural » dans sa jeunesse, mais il s’était constamment amélioré avec l’âge, au point de devenir un charmant parangon du charme littéraire Français. Le Jeune Macron lui offrit un crayon, gonflant sa popularité de cinq points, ce qui mesure l’attachement du pays à un écrivain aux yeux bleus et à la fausse candeur aristocratique, devenu, avec l’âge, une star médiatique. Et puis il aimait Aragon, l’homme qui souhaitait qu’une Guépéou française vienne purger sans pitié le sang national vicié de la bourgeoisie pourrie, en le faisant couler à grands flots, comme le Génial Staline en avait montré le magnifique exemple (quelques dizaines de millions de morts tout de même). Il ne pouvait donc pas être foncièrement mauvais.

La folle mobilisation populaire lors des funérailles de Jean-Philippe Smet, chanteur insubmersible d’origine belge, alias Johnny Halliday pour faire amerloque et enfourcher la mode américaine du rock ‘n’ roll, affaiblie en mouvement yé-yé en France, exilé fiscal, adepte d’une vie plutôt dissolue si on la juge selon des critères conventionnels, amateur de stupéfiants à l’occasion, néanmoins catholique ostentatoire et riche à millions, va laisser la gauche sans voix. Les yeux bleus comme d’Ormesson ? Peut-être !

L’Église catholique en pleine débine, n’hésita pas un instant à offrir la Madeleine, habituée à une clientèle moins sauvage, pour une opération de promotion comme elle n’aurait jamais cru l’opportunité possible. Deo Gratias ! Carole Bouquet délivrant ses intentions, avec guitare aux interstices, restera un moment catholique inoubliable, de même que la volonté exprimée par Lætitia d’agiter l’encensoir et pas seulement le goupillon, redonnant vie à une tradition oubliée depuis Vatican II. Même si la Harley Davidson trônant sur le parvis, et étonnamment éclairée par un rare rayon de soleil d’hiver, donnait à tout cela un air plutôt païen, renforcé par le fait que la marque était à peu près la seule représentée dans le cortège des 700 motocyclistes d’accompagnement. Une bonne promo n’attend pas.

Tout le gouvernement était là comme tous ceux qui voulaient être renforcés par un supplément d’âme médiatique et compassionnel. Le président Macron fut accueilli par des sifflets mais retourna l’audience. Il lui fallait atténuer l’accusation de « président des riches » par un bain populaire émouvant. Ce président gourou est visiblement habité. Après la Sorbonne, le Pnyx, le siège de la CEDH et les Invalides ce fut donc le parvis de la Madeleine. « Entre ici, Halliday, avec ton cortège de rockers, de bykers et de fans… ».

Pour une belle fête ce fut une belle fête. Tous ceux qui y participèrent vous le diront. La tradition catholique et le talent des gens de spectacle se sont conjugués de façon parfaite.

Et la gauche devint muette. Surtout quand la fête se termina dans un flot de dépenses à Saint Barth, le paradis des pauvres comme tous nous le savons.

On se rappela alors que les ouvriers et les classes populaires avaient déjà déserté depuis longtemps les partis de la gauche politique et que la tentative du cynique et excessif Mélenchon d’en rapatrier quelques morceaux par l’outrance verbale avait échoué lamentablement à l’automne. Insoumis… en terre ?

L’émotion n’est plus de gauche. L’espoir non plus. La bascule droitière est partout en Europe.

Quarante années de crise économique non résolue ont fait leur œuvre.

L’économie est partout, même où on ne l’attend pas.

La pauvreté et immigration de pauvreté

Le pourquoi du grand silence des économistes

Peut-on parler de la pauvreté et de l’immigration de pauvreté sans provoquer aussitôt des crispations idéologiques et partisanes majeures qui rendent toute réflexion partagée impossible ? C’est un de ces sujets qui vous amènent au point Godwin en un instant. Nous savons les risques d’incompréhension que nous prenons, à vouloir aborder ce thème.

Toute l'économie politique est basée sur la création de richesses : lorsque la richesse globale augmente, la pauvreté recule. On ne parle plus alors de pauvreté absolue mais seulement de pauvreté relative, par nature impossible à corriger, puisqu’elle glisse avec le taux de croissance par sa définition même. On est toujours le pauvre de quelqu’un. Lorsque des mesures politiques sont prises pour réduire la production globale, la pauvreté augmente. Réciproquement la création de richesses se produisant quelque part et pas ailleurs, provoque immédiatement une inégalité de la richesse par tête. On en a déduit presque partout depuis l’accélération de l’enrichissement économique des nations, c’est-à-dire depuis au moins 200 ans, qu’il fallait accepter cette inégalité quitte à la corriger pour ne laisser personne dans la misère. Ce qui a été fait pratiquement dans tous les pays développés, même si les modalités divergent.

Depuis la révolution française et surtout depuis Marx, certains ont considéré qu’il fallait liquider les classes possédantes pour permettre à la masse de quitter l’état de pauvreté, l’égalité étant le seul vecteur de la vraie richesse. L’URSS et les différentes républiques populaires ont tenté de mettre en œuvre cette idée. Avec les résultats que l’on sait : 100 à 150 millions de morts, des milliards de vies gâchées et un effondrement complet dans les années 1980, la Chine se convertissant à un capitalisme d’état, sous férule dictatoriale, et l’URSS disparaissant. L’Inde et l’Indonésie, qui végétaient en pratiquant une sorte de socialisme d’État mâtiné d’archaïsmes divers, ont également décidé de se lancer dans l’économie de marché.

En une trentaine d’années, 1 000 000 de personnes qui étaient maintenues dans la misère (moins de 55 euros par mois), sont sortis de l’extrême pauvreté dans les ex-Républiques Populaires et dans les pays qui suivaient les recettes soviétiques.

L’extrême pauvreté est encore très générale en Corée du Nord. L’immonde Mugabe, star de la gauche socialiste tiers-mondiste, a ruiné son pays et réduit son peuple à la misère. En Amérique du Sud, Chavez et Maduro ont ruiné un pays riche, le Venezuela, et ont réduit à la misère des centaines de milliers d’habitants.

On en conclura que le « socialisme réalisé » aura été un vecteur effroyable de misère et que la meilleure solution aura été d'en sortir, en espérant que les derniers pays victimes puissent le faire assez vite.

La misère est, sinon, essentiellement le fruit des guerres internes ou externes. En Europe, dans les zones de combat comme l’est de l’Ukraine ou le Kosovo, pseudo-État dirigé par des criminels sordides et avérés, la pauvreté s’est accrue, provoquant l’exode des Kosovars (ce qui est un comble pour des gens à qui on a attribué le pays d'une autre nation) et des tensions extrêmes sur les marges de la Russie.

En Afrique et au Moyen Orient, les deux sources de pauvreté généralisée ont été les guerres islamistes et les guerres tribales. Pour simplifier, tous ceux qui poussent à la guerre extérieure ou intérieure sont les responsables principaux de la pauvreté. Dès que l’on quitte le socialisme, le terrorisme et le bellicisme, la prospérité revient peu à peu.

Il est vrai que ces constats sont rarement faits dans la presse française, les journalistes considérant que, pour avoir les postes qui rapportent gros, il faut faire sa révérence aux thèses gauchistes les plus rétrogrades, syndrome d’un « complexe de gauche » qui n’a jamais été guéri en France. Cela pourrait n’être que ridicule. Malheureusement les idéologies violentes s'enchaînent : après le socialisme violent et criminel, voici, avec les mêmes procédés, l’islamisme violent et criminel où la barbarie insigne est assumée, avec les mêmes méthodes, parfois avec les mêmes suppôts, comme le montre l’exemple d’un Edwy Plenel qui a glissé du socialo-fascisme à l'islamo-fascisme avec la facilité du « Pied Rouge » trotskiste sûr de lui-même et dominateur.

Désormais la mouvance socialiste ne parle plus de pauvreté mais d’égalité. Le socialisme militant n’est plus une lutte contre la pauvreté (un thème qui a été laissé à l'Abbé Pierre et aux Restos du cœur) mais un combat contre les riches. Le nouveau Doriot, un certain Mélenchon, a hier encore hurlé à la mort des riches « dont la France n’a pas besoin », avec les accents de Staline dénonçant les Koulaks, avant d’en tuer une dizaine de millions. Et la presse s’extasie. Le pauvre Merluche (soumis à l’ISF tout de même) était, paraît-il, déprimé. Une larme de compassion, SVP, pour un cyclothymique bipolaire qui parle si bien. Le voilà requinqué d’avoir incité de la façon la plus outrancière à la haine sociale. La presse applaudit cette magnifique résurrection par l’abjection hystérique.

Pas les pauvres. Ils n’espèrent rien de notre Chavez national. Ils ont raison.

Est-ce que cela clôt la question ?

Certainement pas.

Une source indiscutable de la pauvreté est à chercher dans la violence des crises périodiques. Ces crises internes au capitalisme financier doivent être comprises, prévenues et jugulées. C’est une des vocations de blogs de chercher les causes et les solutions. Ce qu’a prouvé le socialisme « réalisé », c’est l’influence de l’organisation. Une organisation défectueuse crée de la pauvreté. Nous prétendons que les crises récentes ne sont pas « intrinsèques » ni « constitutives » du capitalisme financier, mais le résultat de défauts majeurs d'organisation, provoqués par des conceptions erronées, en général fille d’objectifs politiques d’où l’économie est en tout ou partie absente.

Dénoncer les dysfonctionnements et proposer des remèdes est, pour nous, le propre de la réflexion économique et la seule qui peut conduire à la réduction de la pauvreté et la misère là où elle demeure, tout en sachant qu’il s’agit d’une condition nécessaire mais pas suffisante.

En dehors de ces phénomènes globaux, il peut exister des modalités d’organisation de détail plus ou moins défavorable à la sortie de la pauvreté.

L’État, en France, ne sait pas gérer la pauvreté. Il se débarrasse de la question sur des associations par un arrosage financier qu’il répugne à contrôler, et en abandonnant la répression des attitudes anciennement dites « asociales ». La mairie de Paris loge désormais des clochards au milieu des HLM, ou dans des appartements de luxe rachetés à prix d’or, faisant deux victimes, les voisins et le clochard lui-même qui est en général totalement incapable de s’assumer dans un tel cadre. La carte de paiement qu’on leur donne est appelée par eux-mêmes : le « RSA-pinard ». Et ils campent devant les supérettes où ils viennent acheter leur boisson favorite.

On sait que près de 2 millions de jeunes traînent hors de toute activité ou scolaire ou de travail. Ces « disoccupati » sont à l’origine d’une délinquance dite « légère » mais qui n’est plus ni poursuivie ni sanctionnée. L’assistanat permet de maintenir ces groupes hors de la vraie pauvreté mais pas hors de la rue.

En Europe, la règle a été qu’il fallait traiter les Européens étrangers comme ses propres citoyens. L’élargissement de l’Union Européenne aux ex-pays socialistes de l’est du continent a provoqué un afflux de pauvres. Il y a six millions de Roms ou équivalents entre la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie et les pays voisins. Leur migration n’a pas cessé notamment depuis l’an 2000. En France le nombre de bidonvilles Rom croît régulièrement : 100, puis 200, puis 400 et plus de 500 aujourd'hui, avec près de 500 000 Roms. Il n’y a plus une boulangerie ou une supérette sans son mendiant Roms, en même temps que s’étalent sur les trottoirs les plus fréquentés des grandes villes des « familles » entières, alors que quêter avec enfants est strictement interdit. Lorsqu’un bidonville crée un abcès trop grave, on le détruit. Il se reconstruit un peu plus loin. Il y a plus de mendicité aujourd’hui à Paris qu’à Calcutta ! Au rythme actuel nous aurons 1 million de Roms en France dans 20 ans. L’Allemagne, la Suisse, l’Italie connaissent des situations comparables. Un tiers des populations Roms d’Europe centrale se sont déplacées vers les parties riches du continent. Dans un silence de plomb. Pas question d’évoquer cette migration forcenée pour ne pas être accusé de racisme et de promotion de nouvelles chambres à gaz. Chut !!! Les gouvernements Hongrois, Bulgares et Roumains sont aux anges. Ne restent au pays que les riches chefs de clans et gangs, dans des palais somptueux. Les subventions européennes peuvent être détournées à d’autres objets. Chut !!!

Dans le monde, l’ONU a déclaré que la natalité n’était pas de la responsabilité des États et qu’il appartenait aux migrations « souhaitables » de réduire les tensions qu’une surnatalité provoquait. On voit donc des États africains qui laissent se développer une natalité galopante qu’ils ne peuvent plus et ne veulent toujours pas maîtriser. On sait qu’en 2050, à ce rythme, l’Afrique aura 1 milliard d’enfants de plus et qu’environ 400 millions chercheront à sortir de la misère obligée en migrant vers l’Europe, qui, elle s’enfonce dans la dénatalité généralisée. Les dispositifs d’aide sociale ne peuvent absolument pas absorber un tel afflux. On a vu qu’en France, on était totalement incapable de régler correctement un afflux de 500 mille pauvres en vint ans. Et que les populations, partout en Europe, n’étaient pas d’accord pour ce « grand remplacement de population ». Le cas de l’Allemagne et les difficultés de Mme Marcel sont aussi clairs que les réactions « populistes » en France, en Pologne, en Hongrie, en Autriche, etc.

Le transfert de la misère dans un contexte où il est interdit d’interdire et où l’économie mondiale ne connaît plus de croissance rapide est un des grands enjeux du temps. D’autant plus en Europe qui croît encore moins que le reste du monde. D’autant plus en France qui est à la traîne du reste de l’Europe. On vient d’y connaître 8 années de baisse du revenu par tête, la montée du chômage à 4 ou 5 millions et le développement d’un groupe de 7 millions de personnes économiquement fragiles. L’afflux d’immigrants pauvres est évidemment très mal vécu. La pauvreté importée met à l’épreuve toutes les tentatives faites pour maîtriser la misère locale et crée évidemment une « dé civilisation » qui se voit tous les jours dans la rue et dans les déficits publics.

L’économie ne fait pas de différence entre les races, les religions et les nationalités. Un afflux de nouveaux entrants est toujours considéré par les économistes comme favorable dès lors que les entrants deviennent producteurs et épargnants et investisseurs et consommateurs. L’important est qu’ils travaillent. En économie, « plus on est de fous plus on rit », plus on est nombreux plus on échange, plus on est riche, lorsque l'augmentation de population est graduelle et son insertion organisée. L’erreur de Malthus, qui ne l’avait pas compris, est désormais bien assimilée. C’est sans doute ce qui explique la mise en accusation de « l’économisme » par des gens qui regrettent, comme Eric Zemmour, le grand remplacement, mais aussi par les écologistes qui voient dans la hausse de la consommation la mort de la Terre.

La démographie est la partie la plus riche en mythes de toute l’économie politique. Alfred Sauvy l’avait bien compris. On voit tous les jours s’étaler dans la presse l’idée que la productivité crée du chômage, que les solutions chères sont les meilleures car elles créent de l’emploi. La numérisation et les robots, avec l’intelligence artificielle, tueront l’emploi hurlent les imbéciles qui sont incapables de remarquer que les pays où le chômage est le moindre sont ceux qui ont le plus informatisé leurs processus et qui ont le plus grand nombre de robots.

Le problème n’est pas dans l’emploi détruit mais dans celui qui n’est pas créé. Un pays qui voit l’État confisquer 100 % de la valeur ajoutée des entreprises ne peut pas créer les emplois nouveaux nécessaires en nombre suffisant.

La France, contrairement à ce qu’on croit, est un pays sous-peuplé, n’en déplaise à tous les malthusiens qui croient que nous y sommes trop nombreux. L’exode rural et la dénatalité ont conduit en partie à la désertification de certaines zones mais surtout à cette réalité délicate : l’existant ne peut plus être financé, dans la mesure où le niveau de vie des intervenants fonctionnaires ou non doit être augmentée régulièrement.

C’est la raison principale du manque de rentabilité des trains régionaux, de la poste, des agences bancaires, des métiers médicaux, des commerces. À ces causes s’ajoutent naturellement des évolutions aggravantes : la Sécurité Sociale qui veut paupériser les généralistes et centraliser les spécialistes, le régime insupportable financièrement des cheminots, le grand commerce qui s’est installée dans les banlieues des villes moyennes, la hausse du coût du pétrole, les DDT ex DDE qui gâchent l’argent public en enlevant puis remettant les haies et en créant des ronds-points, l’organisation soviétique de la campagne avec les Modev et la ruine des propriétaires terriens, accélérée par les décisions de justice à sens unique, Les églises ferment faute de paroissiens mais aussi de vocations. L’écologie fascisante qui prône un immobilisme total et le blocage violent de tout équipement régional, joue également son rôle détestable pour conduire à la déréliction des villages et des provinces.

On comprend que tous les maires des petites villes et leur population veulent simplement vivre aux crochets de l’État. Si le nombre des fonctionnaires locaux et régionaux a explosé, c’est largement pour ces raisons. Ce qui n’a fait qu’aggraver les choses. Le goût pour la maison Sam’suffit a joué également son rôle. Le pays est mité de constructions qui imposent des déplacements en voiture et un approvisionnement hors des centres-villes. La population française est partiellement responsable de ses propres problèmes. Une des raisons du chômage de masse en France est l'impossibilité de recruter dans de nombreux villages de France, parce qu’il n’y a plus assez de naissances, que les jeunes sont partis et que l’immigration est absente. On a trop de jeunes immigrés dans les banlieues pas assez dans les provinces. L’imbécillité de la politique de Mme Hidalgo qui charge certains quartiers parisiens d’immigrés (35 % dans le 14e arrondissement de Paris par exemple), alors qu’il faudrait les envoyer dans les villes petites et moyennes françaises, est remarquable d’inconséquence.

Le Japon, qui est passé de la baisse de la natalité à la baisse de la population, étudie depuis plusieurs années les conséquences dramatiques sur l’impossibilité d'entretenir le bâti et les structures existantes. Il refuse toute immigration. Jusque quand ?

Concluons. Traiter les questions de pauvreté et d’immigration pauvre est comme passer une charrue dans un champ de mines. Comptons le nombre de faits évoqués dans ce simple message qui peuvent déclencher d’horribles polémiques.

-          Le meilleur moyen de sortir de la pauvreté est de sortir du socialisme

-          La transplantation de l’ensemble des Roms des pays centraux vers la France et les pays riches conduit à une forme de dé civilisation

-          La technologie n’est pas la cause du chômage

-          On manque de bras en France qui est dépeuplée dans la plus grande partie de son espace

-          La Sécu aggrave les choses en massacrant l’offre de soins

-          Le goût de la maison individuelle aggrave tout

-          La grande distribution est inévitable dans une France rurale dépeuplée.

-          Il faudrait plus d’immigrés en province dans les villes moyennes.

-          On n’en saura pas accueillir en Europe les 400 millions de nouveaux Africains.

-          La surfiscalité aggrave tout

-          Le système monétaire est dysfonctionnel

-          L’euro est un système également dysfonctionnel

-          …

Il y a là de quoi se faire assassiner vingt fois. Ou cent ou mille ! De tous les côtés. Aucun ménagement à attendre :

-          Des socialistes

-          Des Libéraux

-          De l’extrême gauche

-          Des Verts et assimilés

-          De l’extrême droite

-          Des racistes et xénophobes

-          Des féministes

-          Des anti racistes

-          Des européistes

-          De Zemmour

-          Des fonctionnaires

-          Des paysans

-          Des Américains

-          Du monde de la finance

-          Des Européistes

-          Des organisations syndicales

-          Des maîtres-penseurs

-          Des banquiers et des maîtres de la finance

-          De l’Inspection des finances

-          .

Cela finit par faire beaucoup.

Donc les économistes officiels ne peuvent que se taire. Et ils le font très bien. Le thème de la pauvreté est réservé au tiers-monde « ruiné par la globalisation » alors que c’est l’inverse. En France on s’étripe sur les inégalités par déciles ! Vive les études sur le microcrédit, les monnaies « citoyennes » et les initiatives microlocales d’autosuffisance et les toilettes sèches.

Donc les démographes ont déserté le terrain se contentant comme Le Bras d’alimenter le politiquement correct dominant en études malhonnêtes tant les partis pris sont prégnants.

Donc les politiques grattent les plaies sans chercher de vraies solutions.

Une honte intellectuelle et nationale, mais des blocages invincibles.

Réponse à une question sur la vocation de ce blog

Nous recevons cette question d’un des lecteurs de ce site. Elle nous paraît intéressante.

« Vous prétendez intervenir sur les sujets qui ne sont pas correctement traités dans les médias traditionnels, mais je ne vois pas réellement lesquels. En revanche je constate que certaines questions ne sont jamais évoquées sur votre site, comme la pauvreté et l’immigration ».

Il n'est pas très difficile de voir sur quels sujets nous intervenons souvent car nous pensons en effet qu’ils sont mal traités par la presse officielle et même l’édition.

Les trois thèmes principaux sont :

-          Les causes de la crise économique qui sévit depuis 1971

-          Les questions monétaires nationales et internationales

-          Les questions fiscales.

Nous avons alerté sur la survenue de la crise de septembre 2008 avant qu’elle ait eu lieu et avons inlassablement donné une explication des causes, explication qui n’a jamais été fournie par la Presse qui s’est contentée d’incriminer la finance folle et les « subprimes ».

La monnaie est une affaire considérée comme trop technique par la Presse pour être abordée au fond. Du coup les passions conduisent les camps politiques et leurs commentateurs à écrire n’importe quoi. La monnaie internationale, pour sa part, est une question totalement incomprise.

La France est le pays de la dette et de l’impôt. C’est dans ce domaine que le mensonge d’état est le plus constant et le plus grave. Il est vrai que nous sommes le premier pays emprunteur en Europe loin devant tous les autres et que nous nous flattons d’être le second pays le plus imposé au monde. En vérité nous sommes le premier car nous restituons moins à la population que notre concurrent, l’état confisquant pour lui-même une part très sensiblement supérieure (au moins 5 % de PIB, mais les chiffres ne sont jamais comparés).

Il est donc normal que nous évoquions en priorité ces sujets qui sont généralement traités de façon politicienne, niaiseuse ou carrément trompeuse.

Il est vrai que nous évoquons la question de la pauvreté sous l’angle de la prospérité générale, étant entendu qu’une perte de revenu moyen par tête entraîne nécessairement une hausse de la pauvreté. D’autre part, la création systématique de postes publics à bas rendement a pour conséquences d’éliminer des postes de travail dans le secteur privé, et d’aggraver la pauvreté par privation du pays d’emplois. Les politiques européennes déflationnistes sont également constamment dénoncées sur ce site avec leurs effets collatéraux sur la pauvreté et la « colère du peuple ».

Avons-nous une réflexion spécifique sur la pauvreté, en France, en Europe et dans le monde qui ne soit pas triviale et ne recouvre pas des analyses déjà mille fois faites ? C’est à voir. Jusqu’ici, le thème a été tellement ressassé qu’il ne nous paraissait pas mériter d’observations originales spécifiques. Appel est fait à nos membres.

L’immigration est également un thème constamment couvert dans la presse et dans le débat politique. Nous l’avons abordé souvent, mais sous l’angle de la démographie. Notre thèse est qu’il n’y a pas de prospérité possible dans le déclin démographique et la natalité en berne. La France se portait plutôt bien sur ce sujet jusqu’à la rupture imbécile provoquée par la politique de F. Hollande. Nous sommes entièrement du côté d’Alfred Sauvy. La France doit avoir une politique nataliste car elle est sous-peuplée. Sans doute faut-il travailler un peu plus sur ce blog la relation entre dépopulation rurale et la bérézina des services publics et privés dans les régions. Le manque de médecin, la prétendue fracture numérique, les difficultés de la couverture scolaire, la régression de la poste, en région est devenue un thème dominant de la dernière campagne électorale, avec une forte reprise par les « populistes » et les anciens pâtres pyrénéens.

Le point qui manque est la corrélation entre densité de population et service public, dans un monde où l’on souhaite améliorer le niveau de vie de ceux qui les servent. Les Français n’ont pas compris que leur pays, pour l'essentiel, est vide. Les Japonais constatent déjà qu’ils n’arrivent plus à payer les infrastructures existantes là où la baisse de la population a été la plus forte. Nous allons creuser cet aspect des choses largement méconnu. Quant à la destruction de la Capitale par des malfaisants, nous n’avons pas attendu le livre Notre Drame de Paris pour en parler.

Merci pour la question

 

Admin

 

"Plus cela change, plus c'est la même chose"

Deux mots sur l'état du pays.

A un moment où une sorte d’extase s’empare des médias français, il est intéressant de se poser quelques questions sur l’état réel du pays.

On connaît le livre de Robert Escarpit, le Littératron,  Flammarion, 1964, chef d’œuvre méconnu de la littérature politique dont l’actualité ne saurait être trop soulignée.

Un ordinateur est gorgé des phrases que les Français adorent entendre. On choisit un individu à peu près débile et on le présente à une élection. Il se contente de débiter les phrases creuses recombinées par l’ordinateur. Il est élu haut la main.

Toute ressemblance avec la campagne d’Emmanuel Macron et le vote massif pour les inconnus de LREM ne saurait être qu'accidentelle.

L’ère des bons sentiments intéressés, la bienveillance obligatoire, le politiquement correct, le ressassement médiatique des mêmes slogans jusqu’à l’indigestion par des journalistes-perroquets, le resserrement de la richesse autour des obligés du pouvoir, la confiscation du dit-pouvoir par la noblesse étatique, ont pris une extension telle qu’il est presqu’interdit aujourd’hui de ne pas chanter les louanges du jeune Dieu qu’un destin heureux a mis à la tête de la France en le nimbant d’une vertu essentielle, la Baraka. En deux coups de serre cuillère et en un coup de Trump, il a restauré l’image de la France, enchanté l’Europe, réglé la question du Liban et recréé une dynamique économique basée sur l’optimisme et la confiance, en dépit des croassements des Insoumis déprimés par l’effondrement des mobilisations syndicales abusives et de quelques retraités grognons échaudés par la hausse massive de la CSG.  

Quelle est réalité de la situation, telle qu’on peut la voir quand on s’affranchit de considérations politiques, des transports psychologiques et des manipulations médiatiques ?

Elle est d’abord dans le ralliement presque total au « macronisme » de toute la communauté politique fermée des hauts fonctionnaires. Celui d’Alain Juppé, après celui de son protégé, Philippe, clôt la série. Symétriquement, la diabolisation de l’Enarque Wauquier, qui a le mauvais goût de ne pas se rallier, va bon train. La France vit l’acmé de l’Enarchie Compassionnelle.

Cela veut dire des impôts. En masse. 26% d’augmentation de la CSG, ce n’est pas un grignotement. Mais un coup de massue. Une hausse minimisée comme d’habitude en ne parlant que de la hausse des taux sans parler des montants globaux concernés. Regarder ma main droite : 1.7%. Ne regarder pas ma main gauche, encore des dizaines de milliards de prélèvements de plus.  Et dans les municipalités, privées des recettes de la taxe d’habitation du plus grand nombre ? Hausse de 2% dans beaucoup d’entre elles « pour compenser ». 2% ? Non, bien sûr ! Cela c’est l’augmentation du taux. Mais quel est le taux qui s'accroît ainsi : ah il était à 14% ? 2/14 = 14,28% d’augmentation. Pour ceux qui conserveront l’impôt. Merci pour eux. Pas un mot de protestation. Les retraités concernés n’ont droit qu’au silence. Ils ne sont pas représentés. « Ce sont des privilégiés qui se sont gavés tout en tuant la planète et en endettant leur progéniture», énoncera doctement sur les antennes une jeune sotte de LREM particulièrement inspirée.  Qu’ils ne se plaignent pas !

Cela veut dire du chômage. En masse. L’Insee a donné les chiffres. Ils sont malheureusement sans complaisance. Depuis l’élection de Mitterrand, la France a perdu 2.8 millions d’emplois dans le secteur marchand, principalement dans l’industrie. Et a recruté 2.7 millions de fonctionnaires sans productivité. Les hauts fonctionnaires qui dirigent la France ont fait face aux crises internationales et aux mesures prises par les socialistes élus par réaction à ces crises, les deux tares majeures de l’époque pour la France, en recrutant des fonctionnaires et en taxant. Dans la pratique les faits sont plus graves que cela. Compte tenu de l’augmentation de la population, le manque à gagner en termes d’emplois privés se situe quelque part entre 5 et 10 millions. Comment s’étonner que nous ayons 7 millions de pauvres et 5 millions de chômeurs ? Les chiffres publiés sur le chômage du troisième trimestre montrent …une augmentation. Quant aux prélèvements, ils atteindront un record en 2017 et égaleront le niveau de la valeur ajoutée du secteur marchand non financier. 100% de prélèvements ! Et ne parlons pas de la dette qui a encore augmenté massivement.

Pour faire passer la pilule on recourt aux mêmes astuces qu’en 2012 : l’injure et la mise en accusations des « riches ». Pas un instant de répit sur tous les médias. Il faut détacher l’infâme étiquette que la gauche tente de coller sur le dos du Président-gourou : Président des riches ! Vous vous rendez compte !  Macron fait du Hollande sans vergogne.  Mais sans injurier nominalement tel ou tel. Sacré progrès ! Alors qu’une des causes du Brexit est l’indignation du gouvernement anglais devant la prétention des instances judiciaires européennes de l’empêcher de supprimer les droits civiques aux condamnés aux plus lourdes peines, on voit des députés LREM, sortis tout droit du Littératron, variante 2017, proposer de supprimer les droits civiques des fraudeurs fiscaux.  C’est qu’il ne s’agit pas de voleurs de pommes, M’sieurs-dames, mais des plus grands délinquants de l’époque.  Qu’on se le dise et qu’on lise les Panama’s papers !  

De tous les bords, lors de la campagne, les candidats, tous les candidats,  y compris Emmanuel Macron, ont répété qu’ils avaient compris que les Français étaient accablés de normes, de règles, d’obligations ruineuses ou étouffantes. A peine élus, le discours change. L’isolation des appartements ne sera plus seulement encouragée mais imposée, car « les propriétaires n’ont pas à faire subir des frais de chauffage exorbitants aux locataires », comme l’affirme sur tous les antennes une ancienne socialiste ralliée à LREM et bien décidée à améliorer l’image sociale du chef.  Satané propriétaire, « tu vas voir ta gueule à la récrée ». Quant à la bagnole, ce symbole infect du beauf petit bourgeois, nécessairement petit bourgeois, acharné à défendre son surmoi mécanique, fini le diesel. « N’espère pas revendre la voiture que tu as mis tant de temps à t’acheter ».  Retour au prolback à vélo, gapette et pinces de pantalon incluses, pendant que les bobos qui le peuvent rouleront en voiture électrique coûteuse. « Les jeunes ne sont pas attachés à la propriété mais à l’usage ». Fini l’esprit de propriété bourgeoise. On va pouvoir fêter dignement les 50 ans de mai 68 ! Mais quelqu’un possède bien ce dont on fait usage et il n’entend pas y perdre…

Le nouveau mal français, aux Editions de l’observatoire, par Sophie Coignard et  Romain Gubert, fait le même constat.  Entre les observations de Peyrefitte d’il y a près de 50 ans, et la réalité d’aujourd’hui, il n’y a eu ni prise de conscience ni changement. Les exemples s’accumulent chapitre après chapitres.  Des livres déprimants de ce type, les divers éditeurs en ont produit des milliers depuis Giscard. Pour rien. Ils ne servent à rien. Les élus, une fois en place, veulent avoir la paix avec leurs subordonnés. Alors ils lâchent tout et n’importe quoi. Ne pas compromettre la réélection ! Incapables d’agir sur quoi que ce soit, ils multiplient les petits avantages.  Le Point de cette semaine faisait le recensement des avantages grotesques accordés par des municipalités à leurs salariés. On y travaille peu et pas souvent, tout en bénéficiant de mille petits avantages et de quelques gros privilèges.

La seule solution envisageable, pour un politicien français, c’est d’arracher aux propriétaires et aux riches les conditions de sa réélection. Vive l’impôt ! Si on essaie de revenir à la normale : on prend aux pauvres. Il faut dire qu’ils n’ont jamais été aussi nombreux.  Pour le reste, rien ne compte. Plus rien ne marche en France. Tout le secteur public est à peu près effondré. Le j’menfoutisme est partout. Pas moyen d’espérer qu’un transport public fonctionne correctement. La banque est devenue un champ de ruines, pourri de formulaires et d’exactions contre le déposant.  Plus personne ne parvient à faire travailler correctement des salariés de plus en plus souvent étrangers, mal formés, sans éducation et rétifs. Les ascensoristes ne gèrent plus que des incidents. Les garagistes ne savent plus réparer les voitures. Les sociétés informatiques sont noyées sous les bogues. On vole et on agresse partout, généralement sans aucune sanction.  Les rues sont immondes. La compétence part à l’étranger. Une « décivilisation » s’est mise en place.

Et inlassablement le même cri retentit : « salauds de riches ; salauds de propriétaires ; vive l’impôt ; il faut savoir la société que l’on veut et nous voulons une antisociété ». La séquence budgétaire en France de septembre à décembre, est le moment à la fois le pire, tant l’espace médiatique est polluée par la propagande fiscaliste,  et le plus révélateur de ce que ce pays est devenu : un vagissement indigne, sur fond de déréliction économique désormais probablement irrattrapable. 

L’Enarchie Compassionnelle a ruiné le pays. Le triomphe de la manœuvre Macron lui permet de survivre en s’exaltant : jamais le pays n’est à ce point entre les mains des hauts fonctionnaires. Jamais la désinformation du grand public n’a été plus totale. Jamais la paralysie n’a été plus grande. Jamais les vrais problèmes n’ont été moins évoqués. Sous le joug des Enarques, la France « dénonce ses porcs » et accueille, les bras ouverts et la bouche close  les centaines de djihadistes de retour d’exactions et de crimes abjects en Syrie et en Irak.  Des victimes, parait-il ! Qui elles aussi dénoncent le porc.

L’Europe, à la suite du monde, connait une petite reprise. La France est incapable d’en profiter. Impossible de recruter malgré les millions de chômeurs. Impossible d’exporter. Et cela justifie de ne rien réformer sérieusement.  Alors les déficits se creuseront, alors que mécaniquement ils sont censés se réduire.

Pour finir, nous publions ci-dessous une photo qui résume parfaitement l’état de la France. Elle a été prise au musée Pompidou, dans le local des toilettes hommes. On y voit trois portes.  La première porte est celle qui donne accès aux toilettes des fonctionnaires, car en France, les fonctionnaires ont le droit à des toilettes spéciales, comme pour  les régimes de retraite.  Pas question de se mélanger, culotte baissée,  avec le vulgaire. Pas question d’attendre. La seconde porte concerne les handicapés. La compassion par les toilettes, il n’y a que cela de vrai. La troisième est destinée au vulgum (lotus) pecus. Mais les toilettes ne fonctionnent pas. Et cela fait plusieurs semaines que cela durent.  Et tout le monde s’en fout.

A quelle heure le musée Pompidou ouvre-t-il ses portes un samedi lors d’un grand Week-End où Paris est plein d’étrangers ?  A 11 heures. On suppose que l’on est en train de négocier 14 heures, avec une fermeture à 16 heures…

Rien ne presse. Si on ose dire. De toute façon, les musées se mettent en grève lors des périodes de pointes touristiques. Alors …

Ainsi va l’Enarchie Compassionnelle triomphante en France et ainsi meurt un grand pays.

Le « macronisme » sera-t-il une nouvelle perte de temps ?  L’automne 2017 en France ressemble un peu trop à l’automne 2012 pour qu’on ne s’inquiéte pas.  

« Plus cela change, plus c’est la même chose » énonçait doctement le Littératron.



Emmanuel Macron et la CEDH : hauteur nécessaire ou rafistolage ?

L’exaltation des grands principes et la fréquentation des lieux inspirés sont deux aspects  remarquables  de la méthode Macron.

Discours du Louvres, discours devant le Congrès,  dégagement européen  sur le Pnyx et à la Sorbonne,  méditation aujourd’hui à Strasbourg  sur le rôle de la CEDH, Emmanuel Macron confirme ce qui avait déjà marqué ses discours électoraux : un évangélisme  « inclusif » qui place son action dans un bain de bons sentiments  sur des sujets où les principes ne sont pas en cause mais les modalités plus que problématiques et de plus en plus mal vécues par les peuples.  

La presse a rendu compte de cette visite en soulignant uniquement que le Président avait été faire l’après-vente de sa loi sur la sécurité, censée éviter un état d’urgence permanent. L’explication est contredite par le discours d’accueil du président de la CEDH qui rappelle dans  son exorde que le nouveau président, à peine une semaine après son sacre, l’avait reçu pour envisager cette réception en grande pompe. 

Emmanuel Macron avait dans la tête depuis longtemps cette visite qui est une première, alors que la CEDH a été instituée il y a des lustres (67 ans). Pourquoi personne, dans aucun pays,  n’avait songé à la faire ? Pourquoi le Président français la fait-il et pourquoi maintenant ? Est-ce le début d’un rite ? Où est-ce un « coup  médiatique » ? Quel serait alors sa cible et son objet ?

La CEDH est dans le collimateur de certains observateurs pour plusieurs raisons :

-          Le référendum sur l’Europe organisé par Cameron au Royaume-Uni a largement posé la question du fondement démocratique des lois, si un quarteron de juges de la CEDH provenant pour l’essentiel de pays minuscules,  pouvait les remettre en cause. La condamnation par la CEDH  de la perte des droits civiques édictée de tout temps au Royaume uni pour tout condamné à de lourdes peines de prison a été un choc. Au nom de quoi quelques personnes étrangères peuvent-elles contredire ce que veut le souverain ? N’est-ce pas là instituer le gouvernement des juges ?

-          Les lois « sociétalistes » portant sur de nouveaux « droits à », notamment en matière de mariages homosexuels ou de procréation artificielle ou externalisée,  sont désormais systématiquement  renvoyées  aux juges des droits de l’homme si les lobbies concernés rencontrent une résistance nationale. A quel titre peuvent-ils trancher mieux que le souverain ?

-          Le « droit-de-l’hommisme » ou prétendu tel, soutenu par exemple par Eric Zemmour comme on l’a vu dans l’article précédent, ou Rioufol au Figaro, conduirait au grand remplacement et à la victoire de l’Islam, qui contredit tous les fondements de l’Europe. La CEDH par sa jurisprudence empêcherait toute action contre cette invasion barbare et abaisserait les défenses européennes  contre le terrorisme. La CEDH a en particulier jugé que le fait d’entrer dans un pays en violant les règles ne pouvait pas être un délit pénal. On ne peut donc prendre aucune mesure d’expulsion immédiate ou d’internement.  De même elle a condamné la France pour son contrôle des populations non sédentaires et en particulier le fameux carnet que les romanichels devaient faire signer à la gendarmerie la plus proche d’un nouveau lieu de séjour. Elle a jugé que la notion de vagabondage et sa sanction éventuelle devaient disparaître. Le regroupement familial est vu comme un droit élémentaire de l’homme. Etc.

Il est intéressant de noter que la CEDH n’est pas une institution de l’Union Européenne. Elle dépend de l’Union Européenne Occidentale et avait en vue de calmer les répressions soviétiques à l’est et les excès des régimes autoritaires à l’ouest. Progressivement elle a réussi à changer ses objectifs pour devenir le référent des droits de l’homme en tout domaine. Elle l’a fait dans le silence général des politiques comme des médias. Etouffant sous les réclamations les plus multiples, elle a du  filtrer l’avalanche de recours et concentrer ses décisions sur les grandes questions de principe. Elle souhaite devenir plus que cela et agir antérieurement à toute saisine. Cela va lui être accordé. Ce qui veut dire que les gouvernants, les juges constitutionnels et les chambres juridictionnelles les plus hautes pourront la consulter avant d’agir ou de juger eux-mêmes.

Ne sommes-nous pas là en plein « gouvernement des juges » ?

Dans le cas de la France, le Conseil Constitutionnel, par un « coup d’état » audacieux, s’est donné le pouvoir de juger de l’application des principes généraux du préambule de la constitution donc des droits de l’homme. C’est, à nouveau,  une instance de cassation des lois qu’elle juge contraires aux droits de l’homme. Mais au moins le souverain peut changer la constitution et bloquer la jurisprudence du CC. Ce qui n’est pas le cas pour la CEDH.

La Cour de Justice de l’Union Européenne est chargée de la bonne application des traités.  Dès l’arrêt du 14 mai 1974 dans l’affaire Nold, la Cour affirme que les droits fondamentaux sont partie intégrante des principes généraux du droit dont elle assure le respect.  Depuis le traité de Lisbonne, les droits de l’homme sont devenus un critère de cassation encore plus explicite auprès de la cour. Elle peut donc s’immiscer dans le processus législatif d’un pays pour juger qu’un texte n’est pas conforme aux principes qui fondent l’Union Européenne tels que définis dans les traités. Voilà un troisième larron chargé de définir la signification concrète des droits de l’homme. Elle peut donc juger qu’il est contraire aux traités et à ses principes, de renvoyer chez lui un Rom expatrié qui fait la manche  en ville tout en dormant dans les taudis innommables.  Où pourquoi pas qu’un djihadiste  né en Europe prisonnier en Syrie ne peut pas se voir interdire de revenir en Europe pour y être jugé…

 Comme on le voit, ce n’est pas tant la CEDH qui est en cause mais la multiplication d’instances  permettant d’installer un gouvernement des juges au dessus de pays européens déjà largement dépossédés de leur souveraineté concrète dans le cadre de l’Union Européenne.

Pour certains, cette multiplication conduit au « gouvernement des juges », à la perte de souveraineté des nations et leur soumission à des mouvements  de population qui altèrent leur identité et leur survie démocratique au nom d’un droit hors-sol et loin des réalités concrètes du terrain.

DAESH se moque assez de la CEDH, affirment-ils,  et l’islamisation de l’Europe et le passage à la Charia signifieraient sa disparition.  Le texte du Coran « dicté par Dieu lui-même via l’ange Gabriel »  est au dessus des Constitutions et des Cours.  

Ces thèses sont désormais portées publiquement par des journalistes ou des essayistes qui connaissent un certain succès malgré la répression médiatique et a trouvé un débouché politique non seulement au FN mais dans le discours d’innombrables petits candidats  lors des dernières présidentielles.

Il était donc légitime qu’Emmanuel  Macron, qui s’était fait récemment juge des atteintes au droit  européen commis par des pays de l’Est et notamment par  la Pologne, se saisisse de ces questions et pourquoi pas en se faisant recevoir au siège de la CEDH, puisque désormais, la question des droits de l’homme n’est plus seulement posée par la brutalité des pays communistes.  

Il aurait  été bon que les grands partis politiques s’expriment sur ces sujets qui sont, en fait, tabou chez eux depuis des lustres. Que le président réveille le débat et le fasse sortir du non-dit, pourquoi pas ?  

Le seul ennui est que le discours du Président Français ne pose aucun des problèmes évoqués.  Il place la France en Europe, et lui-même au sein des dirigeants européens, comme Le défenseur des droits de l’homme. On peut juger que la stature diplomatique de la France en est fortifiée et que celle du Président aussi.  On rejoint le discours sur le Phnyx et à la Sorbonne.  Le Président est un champion qui se place tout en haut des ambitions nobles en Europe et il pense sans doute que la force et la solennité des lieux où cette ambition est exaltée à répétition, l’aideront à être reconnu comme tel par ses pairs.

Pour cela il fallait naturellement balayer devant sa porte : l’état des prisons est une atteinte aux droits de l’homme constamment dénoncée par les instances européennes et la CEDH. Il doit donc s’incliner devant la nécessité de faire quelque chose et il annonce carrément qu’il va mettre moins de monde en prison... Retour aux propos de Madame Taubira sur la prison qui corrompt et entraîne à la récidive. Cette fois-ci dans le silence des médias et sans grognements simiesques dans le Landernau.

Au final, on voit mal quelles conséquences auront ces actes ainsi « posés », comme on dit maintenant chez les analystes et les sondeurs, sur la réelle question de la souveraineté et des conflits entre essentialisme juridique et nécessités immédiates de résoudre des difficultés de plus en plus graves.

Le « malaise démocratique » n’est en rien adouci. La contradiction entre « une Europe qui protège » et  une Europe « qui interdit de se protéger » n’est pas réduite.

Reste l’image. Elle est noble et sympathique, d’autant qu’elle a permis de rappeler tout ce que la CEDH doit à la France et que le français y est la langue officielle. On est loin du comportement  médiocre jusqu’au catastrophique de MM. Sarkozy et Hollande.

Mais au-delà de la posture, on fait quoi ? La cérémonie ne pourra pas être répétée. L’effet d’image va se dissiper en quelques mois, sans doute moins. A voir l’inexistante couverture médiatique, on peut se demander si, en France, l’évaporation  n’est pas déjà acquise.

La Justice est un des grands sujets : justicialisme et gouvernement des juges sont deux tares qui ont des impacts  lourds sur bien des aspects de la vie nationale, y compris dans le domaine de l’économie.

En sortant partiellement le droit social des griffes des juges, E. Macron a montré qu’il voyait les dangers. En exigeant la réforme du régime des travailleurs détachés, il sort partiellement  de la légalité européenne une mesure de liberté économique jugée pénalisante.  En projetant une réflexion sur la CEDH, il aborde l’immense difficulté du conflit entre individualisme libertaire et législation collective oppressante. La triple liberté de mouvements des marchandises et services, des capitaux et des personnes, est contestée aussi bien à gauche, qui s’affiche comme structurellement antilibérale, et à droite, qui croit à la répression des libertés quand elles tournent à la licence et détruisent la prospérité,  l’identité et la sécurité nationales.

Une catharsis française et européenne  est nécessaire. Est-elle dans les intentions  et dans le pouvoir d’Emmanuel Macron ? Ou enfile-t-il,  une nouvelle fois, une veste trop large pour lui, et s’engage-t-il dans une quête qui n’a pas vocation de finir autrement que dans des arbitrages minuscules qui ne changent pas grand-chose, mais qui, comme le paratonnerre, fait baisser le risque d’une situation  trop électrique ?

Le « mystère Macron » est savamment orchestré.  La population, sans être séduite,  « ne veut pas juger encore et attends de voir ». « Il est délicat de se lancer à ce stade dans des procès d’intention », car les intentions sont belles.  Evangélisme et angélisme sont deux doux moyens du silence des agneaux. Les mauvais esprits verront une ultime tentative de sauver par le haut l’Enarchie compassionnelle.  On enlève la poussière  là où elle commence à faire bouchon ; on soigne les plaies  comme si ce n’était qu’écorchures dignes d’un peu de pommade. Les bons esprits souligneront la beauté des intentions et du verbe, en rappelant  qu’on ne fait pas nécessairement de bonne politique avec de mauvais sentiments. Ils prétendront que ce n’est qu’en flattant l’Europe communautaire qu’on pourra la réviser ou qu’en flattant les juges internationaux qu’on pourra limiter « le gouvernement des juges ».

Saluons une hauteur de vue bienvenue ! Craignons un rafistolage sans lendemains.

Les Énarques compassionnels : de sacrés fortiches

On assiste, en ce moment, à une propagande hyperbolique soulignant que l’action des Énarques qui nous gouvernent « nous font passer dans une nouvelle ère » et que des problèmes anciens seront bientôt totalement résolus, comme le déficit de la Sécu (grâce à la hausse du prix de vente du tabac et à la suppression des allocations familiales aux riches !) et que contrairement à ce que prédisaient les grincheux, nous entrons dans l’ère de l’Europe qui protège (les détachements de salariés aux conditions du pays d’origine, se feront d’année en année et non plus tous les deux ans, ce qui ne change exactement rien : on fera deux contrats au lieu d’un !).

On serait donc passé une nouvelle fois de l’ombre à la lumière. Avant, ces propos outranciers jusqu’au ridicule étaient tenus par des hommes politiques un peu trop inspirés. Ils le sont toujours. Maintenant les journalistes flagorneurs ont pris le même pli. Ils chantent les louanges du nouveau Messie Interplanétaire sans qu’on les sollicite. L’affaire serait charmante si quelques réalités saumâtres ne venaient troubler ces marivaudages.

La pénurie de lait.

On a du mal à croire que la France des torrents de lait européens soit désormais privée de lait, de beurre et de fromage. Mais si, mais si ! On a même réussi cela ! Nos félicitations aux petits-maîtres en France comme en Europe qui nous ont concocté cette singularité.

La pénurie de médecins

Évidemment, lorsqu’on méprise et que l’on saque les médecins, ils finissent par disparaître. Le tiers payant est la goutte qui fait déborder le vase. Il est devenu absurde d’être médecin généraliste. Alors on voit les calicots fleurir partout, notamment en Bretagne : « on cherche médecin ; nombreux avantages ». Si on veut payer le médecin libéral moins que le plombier, comment croire que les vocations vont se multiplier ?  La gratuité, sur tout marché, conduit à la répression du producteur et la constriction du consommateur. La collectivisation des coûts de médecine et leur gestion soviétisée ont abouti à la disparition des généralistes. Nos félicitations aux petits-maîtres qui nous ont concocté cette particularité.

L’excès d’éoliennes

Tous les spécialistes savent que les éoliennes sont un désastre à multiples facettes. La technique n’est pas rentable. Le coût de la puissance installée est sans rapport avec la production utile, c’est-à-dire utilisable au moment où on en a besoin (on stocke très difficilement l’électricité). Le fait de l’acheter à tarif fixe subventionné, même quand on n’en a pas besoin, ruine le pays. Les paysages sont gâchés sans raison, comme la vie du voisinage. Tout le monde a compris en Europe qu’on ne peut guère dépasser la satisfaction de quelque pourcent des besoins. Avoir fait une loi imposant la construction de machines importées en quasi-totalité, et assurant des rentes de situations aux paysans, est une saumâtre imbécillité à laquelle il serait heureux de renoncer sans délais. Les escroqueries sur ce marché sont d’ailleurs la règle. Cela moraliserait l’ambiance.

On cite le cas du Danemark pour montrer un, pays qui a réussi sa « conversion au renouvelable ». L’exemple n’est pas significatif car toute l’énergie non éolienne provient des… pays voisins. Le pourcentage d’éolien dans la puissance installée, dans ce cas, n’a strictement aucun sens.

Le cycle du feu rouge à Paris

De 1960 à nos jours, on a vu fleurir à Paris des feux à tous les carrefours, puis au milieu des tronçons de boulevards et de rues. Un marché juteux, réservé aux mêmes qui touchaient une belle rente de situation et une pratique qui alimentait la rumeur de commissions aux édiles de la ville de Paris (ce que nous ne pouvons croire). Seulement voilà : on n’a plus le moindre endroit où coller un feu. Que faire pour ne pas perdre ce juteux machin ? Facile : il suffit de les désinstaller progressivement. Faire et défaire, c’est toujours faire. La Mairie d’Hidalgo, la foldingue inspectrice du travail devenue mairesse par une étrange faveur hollandaise, a compris le système et pris les décisions en conséquence.

Au passage notons que l’appartement de 300 m2 Bd Raspail de notre charmante immigrée espagnole de première génération témoigne qu’on peut gagner très gros en politique (à 15 000 euros du m2, on voit la belle pelote que représente un appartement de 300 m2) même quand on est un fonctionnaire de bas niveau, (mais le mari est un énarque) ; gageons qu’il n’y aura sur le palier ni immigrés, ni Roms, ni alcooliques dignes des Anneaux de Bicêtre,

Remplacer des taxes abusives par de nouveaux abus

Comme nous le savons tous, nous avons l’inspection des Finances la plus majestueuse et révérée en France. On nous l’envie dans le monde surtout lorsqu’il s’agit du sein immaculé des saints : le Trésor. Le malin Eckert, petit prof de maths de province voulait être ministre. Nommé (parce qu’il avait une grande gueule sur un corps épais et qu’il dégueulait avec énergie contre le capitalisme infâme) à la tête de la Commission des Finances de l’Assemblée, il y fit passer un amendement qui aujourd’hui coûte 10 milliards à l’État français. Nommé au budget où il a été silencieux comme une carpe pendant toute sa tenure, il n’a évidemment rien fait pour arrêter les frais au plus vite. Tous les Énarques du trésor se sont couchés à plat ventre comme des limandes. Ils se demandent seulement par quel nouvel abus on pourrait éviter de rembourser (ou comment faire payer le remboursement par quelques autres victimes). Les braves gens ! Dix milliards, c’est cinq années d’Impôt sur la fortune immobilière …

Les nouveaux malheurs de Sophie (chez nos bien-aimés dirigeants)

J’espère qu’un écrivain de talent racontera l’histoire étonnante de la très intéressante Nahed Ojjeh qui couvre toute la période de Mitterrand à nos jours. Fille du Général Tlass, un boucher syrien qui a commis quelques crimes contre l’humanité pour établir et maintenir le pouvoir des Assad, le responsable des services secrets du régime et à ce titre principal parrain de la Bekka, pour toutes sortes de trafics et notamment la drogue, la belle Nahed avait épousé Akkram Ojjeh, d’âge avancé, principal acteur dans le jeu des commissions entre la France et le Moyen-Orient sunnite. Lorsque l’Alzheimer frappa ce grand humaniste, l’épouse éplorée chercha à Paris, dans notre belle administration médicale, un éminent neurologue pour expliquer qu’il fallait lui confier désormais les rênes à elle, au détriment des autres ayant droit. Un don colossal de la part d’une de ses fondations et quelques suaves satisfactions données à un fonctionnaire médecin chercheur plus tard, l’affaire été réglée.

On vit une singulière coutume se répandre dans le tout-Paris. Lorsqu’un homme en vue se mettait à porter des chemises roses, on savait que la belle avait fait une nouvelle conquête. Certaines de ces personnalités des affaires, du journalisme ou de la politique ont été cités dans la presse comme ayant fait un bout de chemin. Rien que du premier choix, souvent énarque ou fonctionnaire mais pas seulement. Après le moment d’égarement, ont suivi hélas, dans bien des cas, des revers familiaux ou professionnels bien tristes. Merci pour le moment !

Nahed a toujours été une convive parfaite et ses salons ont été fréquentés pendant des lustres par tout ce qui compte à Paris. Elle a, par ses dons, honoré la France et pas seulement quelques Français, de sa fortune.

Seulement voilà : la Syrie est en guerre et le statut diplomatique de la belle, vivant à Paris en franchise de tout et notamment d’impôts, a disparu. La Dame a donc demandé la nationalité française. Un cas unique pour une milliardaire. Elle lui a été refusée, après quarante années de services rendus « de vivo et de argento ». Et voilà qu’on inculpe son frère comme intermédiaire dans l’affaire Daesh-Lafarge. Il est vrai que la famille Tlass était au carrefour de tous les intérêts croisés entre la France et la Syrie et possédait des parts de la filiale locale de Lafarge. Nahed est fâchée. Très fâchée. On le comprend. Tant d’assiduité en vain, c’est moche. Il paraît que Valls est à la source de ces difficultés. Que s’est-il passé ?

Souhaitons le meilleur à Nahed, car elle a beaucoup donné. Mais quel éclairage détonnant sur la vie des élites administrativo-médiatico-politiques qui nous dirigent et la facilité extrême avec laquelle ses membres se laissent, disons, séduire, voire griser.  Puis jettent au panier ce qu’ils ont adoré au temps où il y avait quelque chose à gagner.

En écoutant Éric Zemmour

Éric Zemmour a été invité par le Cercle Interalliés à discourir sur le bilan des six premiers mois de la mandature Macron. On connaît Éric Zemmour. Son exposé n’a, en rien, concerné la question posée mais le discours fut charpenté, ancré dans l’histoire, dans la continuité de ses combats et agrémenté non pas tellement d’humour mais de ce rire de crécelle qui est sa marque. L’idée directrice : Macron, c’est Louis Philippe, donc un objet politique déjà vu, dont les contradictions internes sont fortes et dont la vocation est de finir mal. Emmanuel Macron a réconcilié les « gagnants de la mondialisation » qui ignore les deux sous populations critiques : le périurbain malheureux, la banlieue islamiste irrédentiste. La réunification de la « bourgeoisie bohème » et de la « bourgeoisie bourrin » nous mène tout droit à la confrontation et finalement à la guerre ouverte. La « trahison des élites » mène la France à la disparition et au chaos. La seule mesure qu’aurait dû prendre Macron, c’est de mettre fin au regroupement familial cette erreur magistrale de Giscard, un « proto macroniste » qui avait à faire face aux forces communistes et gaullistes résiduelles, ce qui laissait de l’espoir. Comme ces deux forces ont disparu, le « vrai peuple » n’est plus représenté et « l’économisme » et « le droit-de -l'hommisme » règnent sans limite, avec la guerre civile comme perspective finale.

L’invitation d’un Éric Zemmour provoque souvent rejet ou au minimum quelques états d’âme. On se souvient de la chasse au Zemmour qui s’était organisée lorsque le succès de son livre sur le « suicide français » l’avait conduit à multiplier les conférences. Le prix Combourg qui lui avait été attribué a suscité, on s’en souvient, une hystérie dans les colonnes bien pensantes d’Ouest France et justifié la suppression de la participation de la ville de Combourg à l’organisation de ce prix dans la ville de naissance de Chateaubriand.

Inviter Éric Zemmour pouvait passer pour une provocation au Cercle Interallié. La salle était comble.

Pour nous, c’était heureux. Un lieu de débat est un lieu de débat. Un penseur réfléchi doit toujours être écouté. Les condamnations a priori sont absurdes. La France n’aime plus débattre. Sous la pression socialiste et celle du politiquement correct américain, elle se complaît dans la chasse à l’homme et l’érection de piloris, deux sports qui font vomir et qui signent la mort d’une certaine liberté de pensée en France.

Va donc pour le débat. Il n’a pas eu lieu au Cercle, les questions posées étant bien trop convenues. Pourquoi pas sur ce blog ?

Écouter Zemmour, c’est sentir monter en soi un sentiment rampant et constant de malaise. Analyser la source de ses sentiments n’est pas si facile. À la réflexion, on se rend compte que la dénonciation de « l’économisme » et du « droit-de -l'hommisme » est le nœud de l’affaire.

Qui peut douter que les économies mondiales, européenne et française soient en crise depuis 1971 ? Nous avons-nous même théorisé cette crise, cherché ses causes, proposé des solutions. Pour Zemmour il n’y a pas de crise. Seulement une mondialisation qui a ses gagnants et ses perdants. Macron représente les gagnants et « l’économisme » est son idéologie qui veut qu’on s’adapte à l’extérieur et que l’on se soumette à l'altérité par la souffrance du peuple. En vérité tout le monde est victime de la crise sauf les économies libérées du communisme qui connaissent, sous une forme atténuée, les « miracles » économiques caractéristiques des Trente Glorieuses en Europe.

Il faut certainement éliminer les causes de dysfonctionnements qui prévalent dans l’organisation mondiale, dans celle de la zone euro et surtout dans la sottise économique française. L’économie est un sujet crucial. L’abandon des « zones périphériques » tient plus au fait que depuis 8 ans le revenu par tête baisse en France. Plus généralement les réactions populistes proviennent de cette carence économique et même la géopolitique est liée largement à la crise économique. L’explosion financière de 2008 est la cause immédiate des « printemps arabes » et des guerres qui ont suivi. L’élection de Trump provient également des effets de la crise aux États-Unis même., bien qu’ils soient moindres qu’ailleurs. La question économique est donc cruciale et les vaticinations sur « l’économisme » n’ont exactement aucun sens. Il faut sortir de la crise, pas de « l’économisme ».

Les critiques contre le « droit de l’hommisme » provoquent le même malaise. Les droits de l’homme sont un acquis démocratique fondamental et une dimension de l’identité française. Zemmour a indiqué hier soir qu’il ne se sentait pas démocrate. Bon à savoir, mais on peut répugner à le suivre sur ce terrain. Il est parfaitement exact que le gouvernement des juges pose problème, surtout quand ces juges sont des fonctionnaires internationaux totalement déracinés et coupés du peuple. La question du juge constitutionnel est posée en France et en Europe. On se souvient que le déclenchement de la révolte « Tory » contre l’Europe est né de la condamnation par la CEDH de la privation des droits civiques pour les condamnés à de longues peines. Cameron a accepté de reprendre à son compte le combat contre le justicialisme européen en prétendant rendre par la négociation le droit du peuple britannique à fixer les règles du droit pénal. La Cour de Justice Européenne, autres instances, s’est également arrogé le droit de dire ce qui est conforme aux « principes des traités européens ». Les Britanniques ont considéré qu’il fallait qu’ils retrouvent leur souveraineté en ces matières et qu’ils n’avaient pas à se soumettre à des oukases non démocratiques qui, dans le cas de-là CEDH, sont souvent le fait de représentants de pays minuscules. Savoir qu’un juge monténégrin, associé à un juge du Liechtenstein et adossé à un juge luxembourgeois peut contredire des règles que plusieurs siècles de démocratie, et de millions de votes citoyens ont fixées n’est pas un faux problème.

Mais les droits de l’homme ne sont pas en cause. La solution est à chercher dans l’organisation. En France le juge constitutionnel a beaucoup élargi ses compétences, dont le droit d’interpréter le préambule de la Constitution, mais le référendum peut surpasser ses décisions. Il existe une voie pour éviter la dictature des « sages ». Il n’y en a pas en Europe parce qu’il n’y a pas de recours contre les décisions des juges de la CEDH et de la CJE. Des réformes sont nécessaires. Les droits de l’homme, indispensables, ne sont ans en cause. En revanche il faut agir, pour redonner au peuple un droit final et souverain sur les règles constitutionnelles.

Au final, dénoncer « l’économisme » et le « droit de l'hommisme » ne mène à rien sinon à des réactions contre productives en empêchant toute action.

À écouter de vive voix Éric Zemmour, on se rend compte que son combat est ailleurs. Il ne veut pas de la submersion du pays par les Maghrébins et les Noirs. Le Medef est vu comme un importateur de main-d’œuvre. « L’économisme », c’est l’immigration. De même le « droit de l'hommisme », c’est l’interdiction d’interdire l’immigration et de réagir contre l’irrédentisme religieux musulman.

La solution des Birmans contre les Rohingyas serait-elle celle suggérée par Zemmour ? La question n’a pas été posée. Heureusement ! La réponse aurait pu heurter les âmes sensibles.

Du coup, on sort d’une conférence d’Éric Zemmour à la fois séduit par le courage, la culture, la qualité d’expression, d’un journaliste qui est mieux qu’un journaliste dès qu’il décortique et qu’il réassocie le présent et le futur, et déconfit de constater que tout cela se réduit, au final, à la volonté d'expulser les noirs et les Arabes avant qu’ils nous envahissent et nous soumettent totalement, sans aucune véritable solution ni sur le front économique ni sur le front institutionnel, sinon la suppression du regroupement familial.

Le racisme social hystérique, une dimension bien française

L'exemple utile de Médiapart et d'Edwy Plenel

Citation :

"Il y a une « haine des juifs en France ». C’est ce que disent les éditorialistes environ tous les six mois. Espérons qu’ils aient raison ! C’est tellement plus efficace que la haine de l’immigré ou la haine de « l’assisté » ! Peut-être que votre égal ou votre inférieur vous bouscule dans le métro ou vous a grillé la priorité à droite, mais c’est le juif qui détourne vos impôts, ferme vos industries et détruit peu à peu votre modèle social. Malheureusement, non content de dicter nos politiques, ils possèdent un monde médiatique qui favorise en nous le dégoût du semblable plutôt que la haine du puissant.

De nombreux intermédiaires, notables et autres amoureux de l’ordre établi, soumis et admiratifs, nous incitent à les encenser. Le juif a pourtant mille fois plus de pouvoir sur l’intégralité de votre vie que n’importe quel autre pékin moyen qui peut, à la limite, vous la pourrir pendant quelques heures. Voici pourquoi il est temps de rétablir à sa juste valeur un sentiment des plus respectables : détester les Juifs.

 Pourquoi les juifs posent problème ? À cause de leur tronche ? Non. À cause de leur mode de vie ? Un peu, si l’on considère ce que les 10 % des juifs polluent en voyages intercontinentaux et en grosses cylindrées. Mais c’est peu comparé au mode de production dévastateur dont ils sont les actionnaires et au pouvoir dont ils disposent. Car leur fortune, leurs privilèges ne sont rendus possibles que par la relative pauvreté de la majorité de la population, avec ou sans la crise. En outre, si leur argent leur servait uniquement à s’acheter des Jaguar, ça irait. Mais non, ça leur permet de contrôler la presse, de payer des lobbyistes, d’influencer les politiques nationales et européennes plus que n’importe quel citoyen. Ce qui leur permet en retour d’assurer leurs intérêts financiers lesquels nécessitent que nos salaires restent bas. C’est pourquoi il leur est utile de contrôler les politiques relatives à la législation du travail. Ce qui pose donc problème, c’est que les juifs sont plus puissants que vous et moi, qu’ils sont plus puissants que 90 % des électeurs de ce pays et de l’Union européenne, dans la même proportion."

Fin de citation.

Nous n'avons fait que remplacer le mot riche par le mot juif. Vous pouvez faire le même exercice avec les mots "arabes", "femmes", "musulmans", "noirs".  On voit apparaître aussitôt l'ignominie du propos. Bien sûr il ne faut pas comparer le sort abominable fait aux juifs par Hitler et ses sbires avec l'exécution fiscale des riches qui est exigée par Médiapart et tant de bouches à feu d'un socialisme violent pour qui la kalachnikov a été remplacée par la fiscalité confiscatoire. On ne meurt pas de l'ISF et de la surfiscalisation. Mais rappelons les massacres insensés commis par les socialismes violents, 150 millions de morts tout de même et des centaines de millions de vies gâchées. Ces massacres à caractère génocidaire ont été occultés, niés et minimisés et le sont encore. Il est interdit d'en parler et de les qualifier pour ce qu'ils sont. On a le droit de tuer les prétendus Koulaks (10 millions tout de même), les riches, l'oligarchie. Ce ne sont pas des meurtres mais une libération. Qu'on lise le texte de Médiapart qui est d'hier, pas de 1932. Il faut détester. La haine est légitime. Ce sont des voleurs.  Des pollueurs. Ils provoquent la misère.  En France pas de "richophobie". On peut leur faire tout subir aux riches et ils n'ont pas à se plaindre parce qu'ils sont riches. Et les procédés à la  Goebbels sont les bienvenus. Quelle différence entre le patron de Médiapart et Doriot  dans la méthode d'expression, dans l'appel à la haine et à la discrimination, à l'exaction ? Il est vrai que Doriot a commencé comme communiste militant comme Edwy Plenel et qu'il a juste changé de cibles prioritaires. 

Il y a une abjection socialiste en France, surtout chez les Trotskistes  qui croient que parcequ'ils ont été liquidés par Staline ils ont le droit de reprendre les crimes de masse initiés par Lénine et Trotsky qui sont les vrais pères de la terreur sociétique comme le dernier livre de Wolton le démontre. 

A quand une législation contre la haine sociale et aux appels à la détestation d'une partie des Français par une autre ?

Rappelons l'hypocrisie de tout ce petit monde.

M. Mélenchon est un super riche comme Edwy Plenel et il n'a pas hésité à tricher avec les règles d'emplois fictifs. Son adjointe chilienne est désormais riche de ses contrats médiatiques et ne paie pas ses impôts et cotisations. Mme Hidalgo s'offre un appartement de 300 m2 Bd Raspail à 15.000 euros du m2, sans clochards et sans immigrés sur son palier. "Otes-toi de là que je m'y mette" est le cri de guerre de tous ces Jocrisse. 

Curiosité tout de même  que ce pays où il est interdit de dire un mot désagréable sur quantités de groupes humains sous peine de poursuites pénales mais où la haine est légitime dès lors qu'elle porte sur le "riche" et le "bourgeois", alors qu'en France, même les pauvres relatifs sont riches comparés aux vrais pauvres des pays en difficultés et notamment des pays qui ont subi la dictature des socialistes violents. Rappelons que dans une campagne ukrainienne, le revenu d'une femme isolée est autour de 500 euros par an. Celui d'une retraitée de kolkhose, de 250. Oui, oui, par an ! Là sont les Sans-dents.

Pour les jeunes, ce conseil : constatez-bien ce qu'est un appel à la haine. Vous avez l'occasion de vivre ce qu'ont vécu au XXème siècle des centaines de millions de gens qui ont été appauvris ou massacrés. Méditez-bien cet appel direct à la haine :

"Voilà pourquoi il est temps de rétablir à sa juste valeur un sentiment éminement respectable : la haine du riche".

Et arrêtez de vomir quand vous le pourrez.

Médiapart : la "Radio Mille Collines" de l'Extrême-Gauche française, subventionnée par nos impôts. L'acteur direct d'une abjection bien française.

 

ppc Léon Chaix

Un Fonds Monétaire Européen, pour quoi faire ?

M. Macron ayant décidé de contrer les mauvais esprits qui contaminaient l’atmosphère par leur emphase antieuropéenne, notamment lors des précédentes élections européennes, a proposé une relance de l’Europe Fédérale basée sur trois nouvelles institutions : un ministre des finances européennes, un budget européen « très significatif » et un fonds monétaire européen. Mme Merkel a commenté :

- « Pourquoi pas ? Mais il faudrait tout de même que vous précisiez ce que vous entendez par ces trois mots ».

- « Ah bon ? » a répondu le positif et non grognon Emmanuel.

La pensée complexe s’accompagne si naturellement de concepts flous et de mots indéterminés qu’il n’était pas tellement illégitime d’avoir pensé que ceux-là pourraient prendre leur sens plus tard, « en marchant », du moment que le mouvement était lancé. Cette méthode est à l’œuvre à peu près dans tous les domaines en France depuis cinq mois, ce qui, certes, rend à peu près tout le monde hystérique, mais a au moins l’avantage d’animer les émissions de commentaires sur la TNT.

Malheureusement, dès qu’il s’agit d’aborder la question du FME, c’est un silence de plomb qui s’installe. Pas un mot dans la presse. Pas un commentaire sur Cnews ou I-telé ! La règle est de fer : les questions monétaires ennuient tout le monde. Les questions monétaires internationales n’intéressent pas la ménagère de moins de cinquante ans et font fuir le lectorat comme les téléspectateurs.

Déjà en juillet 1944, Roosevelt qui venait d’organiser les Accords de Bretton Woods et s’attendait à un raz de marée dans la presse (en perspective des élections présidentielles de novembre), avait dû en rabattre : décidément cela n’intéressait personne.

Il n’est pas mauvais de se remettre dans l’esprit des Accords qui ont créé le premier Fonds Monétaire, le FMI.

À cette époque Roosevelt et ses amis étaient bien décidés à casser les grandes puissances européennes, concurrentes des États-Unis, colonialistes, et malheureusement sujettes à des accès belliqueux malvenus qu’il s’agissait de faire cesser définitivement. Il a fallu toute la férocité intraitable de Winston Churchill pour éviter la suppression des accords d’Ottawa qui organisaient la préférence impériale, mais en contrepartie d’un désengagement planifié des Indes et des autres colonies. Il a fallu toute la hauteur d’un de Gaulle pour éviter l’Amgot. L’Italie et l’Allemagne seront dépecées, cette dernière échappant de peu à un destin pastoral contraint, ardemment désiré par Blumenthal et Harry White (les négociateurs de Bretton Woods).

Jean Monnet, dont le fait qu’il ait été un agent américain stipendié à cet effet est confirmé par les textes « déclassifiés », pensait l’Europe comme un conglomérat de régions et la Commission européenne comme un ferment de destruction progressive des Etats-nation, en attendant qu’une fédération européenne sans pouvoir et donc sous protectorat américain, les dissolve définitivement. La monnaie unique a été le levier le plus puissant d’une mise sous tutelle irrévocable des budgets nationaux.

La monnaie, ce n’est pas un thème très sexy pour la presse, mais c’est un vecteur politique capital.

On voit aujourd’hui où mène cette politique :

-          Une gestion de l’euro dépressionnaire consolidant l’Allemagne et ruinant les périphéries.

-          Une poussée des mouvements populistes et des réactions indignées qui poussent à la fois le Royaume-Uni vers la sortie et les micronationalismes vers la sécession.

Le Brexit et l’affaire catalane sont les effets décalés des pensées rooseveltiennes de la fin de la Guerre de Quarante.

Les citoyens européens soumis à des hommes politiques ayant perdu le sens de la nation et confrontés à des crises à nouveau très sévères ont subi les effets pervers de l’interdiction d’interdire généralisée en matière de circulation des personnes, des produits et des capitaux. Ils se replient soit sur leur ancienne gloire nationale soit sur un racisme régionaliste destiné à échapper à la pression « des autres », qu'elle soit démographique, fiscale ou économique.

La confusion est totale. Le FMI a perdu tout sens concret dès 1971 avec l’abandon des Accords de Bretton Woods. Il était là pour réguler les changes fixes et permettre des ajustements des balances extérieures sans récession. Nous vivons dans un monde de changes flottants et les déséquilibres de balances des paiements sont la règle. On sait qu’ils sont à l'origine de la Crise (que nous définissions comme la baisse tendancielle du trend, la montée de l’endettement et la violence des crises périodiques). En revanche les anciennes intentions américaines d’effondrement des nations européennes se concrétisent, à un moment où leur chef s'en moque un peu.

Que signifierait un fonds monétaire européen alors que les changes flottants ont fait perdre son rôle au Fonds Monétaire International et que la zone Euro est une zone de changes fixes où la dévaluation monétaire est devenue impossible ?

Oublions que Nicolas Sarkozy s’était vanté d’avoir créé un fonds monétaire européen, lors de la création du MEF (Mécanisme européen financier). À l’instar de Mme le Pen, la très grande majorité des hommes politiques ont du mal avec les questions monétaires.

Une première hypothèse est qu’on revienne aux changes fixes mais ajustables et que le nouveau FME remplace le FMI pour aider aux ajustements des balances extérieurs par des ajustements monétaires. Après tout le Système Monétaire Européen est basé sur deux conventions :

-          Toutes les monnaies nationales s’appellent l’Euro

-          Une convention de change fixe les lie entre elles.

En sous-jacent, c’est le système monétaire national qui persiste. Sortir de l’euro est juridiquement assez facile puisqu’il ne faut que supprimer ces deux conventions. Mais économiquement, les conséquences seraient durablement difficiles. On peut donc en conclure que ce n’est pas un FMI façon 1944 que l’on compte créer.

Une seconde possibilité est d’inventer un simple organisme de prêts, extension du MEF avec des attributions étendues. Ce serait alors plus une banque d’investissement, façon Banque Mondiale (ex Bird des accords de Bretton Woods), qu’un fonds monétaire selon l’acception classique. On a déjà la Berd.

Une troisième hypothèse est de faire de ce FME  l’administration du Trésor supra européenne, au service du nouveau Ministre des finances européen et responsable du budget européen. On peut penser que telle est l’idée de M. Macron. L’idée heurte de plein fouet le président de la Commission européenne qui veut que les institutions nouvelles abaissent un peu plus les États et augmentent son rôle de Président de l’Europe et plus seulement de la Commission.

Quand on y réfléchit le projet Macron n’est pas celui d’un Fonds Monétaire Européen. C’est plutôt un saut vers un fédéralisme budgétaire avec péréquation des financements entre pays riches et pauvres, mais dont les institutions ne seraient pas sous la coupe de Bruxelles. Ni Merkel ni la Commission n’en veulent.

Tout cela risque donc de tourner en eau de boudin, ce qui est malheureusement le destin de beaucoup des initiatives de M. Macron, à l’intérieur comme à l’extérieur, sachant que lors cette eau sèche, il ne reste plus que des impositions supplémentaires.

C’est d’autant plus dommage que faute de pouvoir sortir sans dangers de l’Euro, il faut changer radicalement la gouvernance de la zone Euro, si on n’en veut pas voir se prolonger le sous-développement de cette partie du monde, avec son cortège de dettes et de chômage.

Nous avons nous-mêmes proposé un Chancelier de la zone euro qui aurait pour mission de coordonner les politiques ayant un impact sur la valeur de l’euro, de représenter l’Union dans les instances monétaires internationales et de gérer au jour le jour les mécanismes d’urgence existant. La BCE, resterait indépendante mais comme aux États-Unis, serait obligée de tenir compte des orientations politiques d’un comité monétaire à dimension politique et plus seulement bancaire.

Ce Chancelier pourrait se voir confier la supervision d’un fonds monétaire européen construit sur la base de la proposition Keynes qui n’avait pas été retenue à Bretton Woods mais qui est parfaitement adaptée à un système de monnaie unique et de centralisation des balances en euros. Le but est de priver les pays en très gros excédents de la possibilité d’utiliser une partie de leurs réserves accumulées. Le recyclage de ces énormes excédents provoquent la montée de la dette, de la spéculation et des bulles, tout en permettant le rachat indu du capital des économies déficitaires. Le FME serait cette chambre de compensation chargée de réguler les balances internes et d’assurer que la croissance de la zone se fait de façon équilibrée. Nous avons donné un schéma de cette solution dans quatre articles (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/4/7/La-rforme-fondamentale-base-de-toute-diplomatie-de-la-prosprit et suivants).

Lorsqu’on annonce une réforme il faut en préciser l’esprit, l’objectif et le moyen.

Pour nous le seul esprit qui vaille a nom : coopération.

L’objectif est de mettre fin aux énormes excédents et à leurs pendants déficitaires au sein de la zone Euro

Le moyen est la stérilisation provisoire des gros excédents au sein d’un fonds de régulation que l’on peut appeler Fonds Monétaire Européen.

Il faut aussi imaginer un principe et une modalité qui puissent s’exporter. La réforme du FMI pourrait s’inspirer du nouveau FME. Après tout, la stérilisation des énormes excédents de la Chine et des pays pétroliers est également nécessaire.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Alerte rouge sur le Bitcoin

Une fois de plus, on voit fleurir les articles payés dans la presse sur le Bitcoin et sur le net apparaissent sur tous les sites recourrant à la publicité cette publicité mensongère qui veut qu'une femme de ménage ou un chauffeur de taxi ou n'importe qui a gagné un appartement ou n'importe quelle forme d'enrichissement miraculeux  grâce au Bitcoin.

Cette floraison de pubs payées signale que les spéculateurs détenteurs de Bitcoins sont décidés à s'alléger fortement et à vendre leur capital en bitcoins au plus haut à des imbéciles trompés par la publicité.  On peut se demander pourquoi des journaux comme le Figaro par exemple se font complices de cette odieuse escroquerie.

Le Bitcoin une fois de plus s'effondrera et les voyous referont leurs stocks à bas prix après avoir plumés des oies blanches qui croient au miracle.

La seule attitude honnête est de dénoncer ce trafic.

Alerte rouge sur le Bitcon : fuyez bonnes gens !

La diagonale du flou.

Réflexion sur la méthode Macron

Le livre Révolutions d’Emmanuel Macron était une terrible déception : pas une seule mesure concrète ; pas une aspérité ; l’exaltation des grands principes dans un unanimisme suspect ; l’audace dans les mots mais des concepts incertains. Le programme présidentiel qui a suivi était, lui, carrément démagogique avec deux mesures catégorielles fondamentales : la suppression de la taxe d’habitation et le transfert de revenus des retraités vers les salariés. Les premiers pas du président élu furent marqués par le goût des discours ambitieux jusqu’à la grandiloquence, mais ennuyeux par leur imprécision, émis sans grand élan et de façon souvent terne et répétitive dans des lieux trop grands pour ce niveau d’inspiration, du Louvres à Versailles, du Pnyx à la Sorbonne. Cela flottait un peu dans un costume trop grand.

La démarche en canard d’Emmanuel Macron commence à se fixer : Exaltation des grands principes ; baignade franche et joyeuse dans le politiquement correct ; mots forts mais d’interprétation contradictoire ; textes finaux finauds avec beaucoup de demi-mesures, voire de fractions encore plus petites mais accumulées qui donnent l’impression d’avoir fait des pas de géants du côté des principes même si les mesures effectives sont le plus souvent des mesurettes sans grandes conséquences.

Finaud est aussi le qualificatif qui vient lorsqu’on regarde la solution choisie pour revendre les Chantiers de l’Atlantique. On voulait un acheteur à 50/50 dans le capital auprès de l’État français. On prête un temps 1 % du capital aux Italiens pour satisfaire leur envie d’être des dirigeants effectifs, sans contraintes excessives. Cinq mois de contorsions pour cela !

Il s’applique de la même façon à toutes les lois ou ordonnances proposées.

La loi de moralisation est un exploit symbolique, puisqu’on a obtenu des députés des abandons de privilèges, ce qui n’est pas simple. Mais c’était des privilèges assez médiocres, comme le pouvoir d’embaucher des membres de sa famille et de distribuer un petit budget propre. Au total cela ne change pas grand-chose sinon de rendre l’engagement politique plus difficile pour les non-fonctionnaires. Les hauts fonctionnaires peuvent toujours accumuler des années de retraites sans aucun travail pendant tout le temps où ils se détachent d’eux-mêmes dans des instances politiques ou dans de grandes entreprises parapubliques, et cumulent au final les retraites, ce qui est l’aspect le plus choquant et le plus abusif de notre vie politique (Voir l’affaire Wauquier).

 

La réforme du Code du travail est un exploit symbolique puisqu’on revient partiellement sur la pénalisation des relations du travail. Mais le rapport avec la création d’emplois est inexistant. On supprime quelques risques de situations ubuesques dans les décisions prises par les juges du « mur des cons » mis bien imprudemment en position de faire n’importe quoi. Dans l’avalanche de mesures, certaines sont excellentes d’autres insignifiantes, comme dans la loi Macron 1, lorsque son auteur était Ministre de l’Économie. Mais au final, cela ne changera pas grand-chose (au fait qui a dressé le bilan de la loi Macron 1 ?). On ne demandera plus à Peugeot de recréer une filiale Vélos cinq ans après sa liquidation et on échappera à ces jugements du même tabac qui ont déshonoré la Justice. En attendant les frais de licenciement ont été augmentés de 25 % ! On achète chaque mesure par des versements au comptant. Comme le faisait Nicolas Sarkozy.

Le budget est de la même inspiration. Il est un exploit puisqu’on remet enfin en cause l’impôt le plus stupide et destructeur, l’ISF, tout en revenant sur le principe spoliateur de l’incorporation des revenus du capital et des plus-values dans le revenu imposable à l’IR. On sait que cela impliquait des impositions marginales colossales, jusqu’à 70 % dans certains cas et qu’avec l’ISF, en dépit du plafonnement, on pouvait dépasser 100 % d’imposition, ce qui était du vol pur et simple. Mais que de contreparties ! Les retraités voient leur CSG augmentée de 25 %. On augmente massivement la taxation du diesel. On maintient une taxation trop lourde du capital immobilier. On ne touche pas à l’État qui ne fait aucun effort et dont les déficits croissent. Comme Hollande, Macron frappe les dépenses qui ne dépendent pas directement de lui : celles des collectivités locales et de la Sécurité Sociale. Au total, on freine la hausse et c’est tout, et on augmente la dette d’État sans vergogne.

Toutes ces lois mettent fin à quelques abus manifestes. Mais il ne s’agit que de quelques arbres abattus dans une forêt dense. On nous dit : regarder la clairière : un peu de lumière, cela fait du bien ! Certes ! Mais ces petites coupes dans le taillis socialiste obscène qui étouffe le pays ne créent aucune dynamique certaine. Aucune des décisions lourdes qui auraient pu mettre en branle une dynamique naturelle n’a été prise. On l’admet en annonçant des prévisions à cinq ans qui se révéleront fausses naturellement, mais, même si on les prend pour leur valeur faciale, ne font apparaître qu’une réduction ridicule des taux de prélèvements monstrueux qui accablent la France et les Français.

E. Macron ne veut pas mettre en marche une contestation de masse. Alors il ne frappe que des corps intermédiaires ou des catégories qui ne manifestent que modérément, comme les retraités. Et il demande aux catégories dangereuses de compter les versements cash qu’il leur fait. Cette espèce de jeu de bonneteau n’aura de sens que si les vraies mesures sérieuses suivent à un moment ou à un autre. C’est aussi une des dimensions de la méthode Macron : ne faire que des fractions d’annonces en expliquant que plus tard le détail suivra. D’annonces partielles en demi-mesures, il garde une forme de suspense sur ce que sera réellement son action présidentielle.

On peut se demander si la méthode permet autre chose que d’écheniller les absurdités les plus flagrantes tout en servant les intérêts qui ont sponsorisé son Blitzkrieg présidentiel réussi. Car s’il faut à chaque fois payer cash pour des réformettes, on risque de revoir apparaître le syndrome Sarkozy : des réformes annoncées comme gigantesques et significatives qui, en fait, ont été acceptées contre des « compensations » qui coûtent plus cher que le système précédent. Beaucoup des moyens mis en œuvre sont « one shot » comme on dit dans l’ambiance managériale macronesque. Va-t-on par exemple à nouveau taxer les retraités pour calmer les mauvaises humeurs potentielles d’une catégorie électorale ?

D’autant que certains risques sont difficiles à apprécier : une remontée des taux serait terrible et aucune des mesures prises ne permet d’y faire face. Au contraire. L’accroissement des déficits de l’État, en dépit d’une conjoncture meilleure, est un signe inquiétant. On retrouve la méthode Rocard : profiter du fait que la fiscalité est progressive et que les recettes entrent plus vite que la croissance, quand il y en a une, et reporter indéfiniment les réformes lourdes tout en augmentant les impôts : diesel, CSG etc.

Les économies annoncées dans la dépense publique d’État, comme toujours avec E. Macron, restent entièrement secrètes. Impossible d’en avoir le détail et d’en mesurer la crédibilité. Ce sera précisé au fur et à mesure de l’exécution du budget !

Avance-t-on vraiment en chevauchant avec jactance la ligne pointillée de la diagonale du flou ? On prétend que seuls les esprits chagrins et bougons répondront négativement. Reste à savoir s’il s’agit seulement d’un hors-d’œuvre ou du plat de « résistances », comme dirait le sinistre Mélenchon, dans son bocal médiatique pour socialiste radicalisé (pour le style on dirait Doriot au moment où il voulait s’imposer à Sigmaringen).

L’ébranlement est réel mais il est si modeste et si précaire qu’il ne pourra être jugé positivement que si suite il y a et d’une autre ampleur. Ce n’est pas de Gaulle en 1958. Au moins revient-on, probablement sans retour, sur la catastrophe du « programme commun de gouvernement » qui a assommé le pays à partir de 1981. Nous rattrapions le niveau de vie par tête des Américains et nous n’en étions plus tellement éloignés. Ce mouvement heureux cessa dans l’instant. Aujourd’hui le revenu médian américain est autour de 45 000 euros par an et celui des Français autour de 15 000. Et nous venons d’aligner la neuvième baisse du revenu par tête depuis 2007, alors que, pour la seconde année consécutive, le nombre des naissances baisse également (une première depuis 1944). Le socialisme fiscal adoré des médias (voir le comportement d’une Léa Salamé face à Édouard Philippe hier à la télévision, acharnée à faire en faire le chef du gouvernement des riches, alors qu’elle gagne des dizaines de milliers d’euros à cracher dans la soupe sur une chaîne nationale) veut que la kalachnikov fiscale ait remplacé les crimes de sang et les génocides. L’Énarchie Compassionnelle de droite comme de gauche, n’a pas voulu s’opposer au mouvement qui favorisait les hautes fonctions publiques. Ensemble ils ont eu raison de la prospérité française.

 Au lieu de continuer à glisser vers le précipice dans la joie et l’exaltation, nos dirigeants Énarchiens, voyant le danger d’un effondrement, tentent, hyper modestement, de freiner la course à l’abîme. Les habituels démagogues de médias et des partis, à droite comme au centre et à gauche, les poussent à précipiter la chute. Ils résistent encore un peu. Et céderont sur les yachts et les belles voitures. On ne peut les en blâmer si cela contribue à sauver l’édifice mais il faut leur recommander un peu plus d’audace et un peu moins de soumission au socialisme verbal violent.

Au final il est juste de remarquer que ces toutes petites mesures ne sont pas à la hauteur des enjeux et qu’on ne s’est pas éloigné tellement de la « falaise grecque ».

Les Républicains : quelles orientations dans une France plus étatisée que jamais ?

J.-P. Robin dans le Figaro du jour s’inquiète : sommes-nous devenus un pays socialiste ? Nous avions nous-même traité ce thème en février 2013 quand l’échec de Hollande se dessinait déjà.

(http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2013/2/26/La-France--un-pays-socialiste-).

Rien n’a évidemment changé avec l’élection d’Emmanuel Macron. Sans doute pour une raison que ne voit pas entièrement l’excellent journaliste du Figaro dont l’article est parfaitement juste et significatif par ailleurs.

La tentation des hauts fonctionnaires de croire qu’ils feraient mieux que des citoyens élus date en effet d’avant-guerre et n’a cessé de prospérer de Pétain à la Quatrième, puis sous la Cinquième avec une accélération phénoménale au moment de la gestion Chirac-Giscard. C’est l’Énarchie Compassionnelle, comme nous l’appelons qui est la source de l’endettement et du « fiscalisme » qui appauvrit la société plus que le socialisme proprement dit. Il s’agit plus d’un étatisme que d’un socialisme.

Les hauts fonctionnaires ont édicté des systèmes pour les autres, tout en se concoctant des régimes particuliers. Ceux qui ont créé la sécurité sociale sous Pétain puis sous la quatrième (ce sont en effet les mêmes), n’ont jamais voulu subir ce qu’ils imposaient aux autres.

Lorsqu’on voit que Laurent Wauquier, qui vise la présidence des Républicains, n’a jamais travaillé plus de quelques mois au Conseil d’État et qu’il engrange des droits à la retraite qui se cumulent avec ceux qu’il obtient hors de l’administration, comme le firent Rocard, Jospin, Chirac, Juppé et tous les autres, on voit bien qu’il ne s’agit pas de socialisme mais de capture du domaine politique par une sous-classe de la haute fonction publique, avec en prime le contrôle des banques et indirectement des journaux.

C’est là qu’il faudrait porter le fer. La loi de moralité n’a évidemment rien changé à l’affaire : l’élection de M. Macron est tout entière dans un sursaut général des hauts fonctionnaires désireux de ne pas perdre l’emprise qu’ils ont réussi à obtenir sur la politique.

Le mélange des genres entre haute fonction publique et gestion politique, jusqu’aux plus petits niveaux locaux, est, plus que le socialisme, la cause de la poussée infernale de la dépense publique. À chaque récession, le graphique établi par M. Robin le montre bien, la relance s’est toujours faite par le secteur public qui n’a pratiquement jamais souffert des crises, le secteur privé se retrouvant seul à porter le fardeau. Si aujourd’hui la rémunération moyenne est plus forte dans le secteur public que dans le privé, cela tient naturellement à ce phénomène plus qu’au socialisme.

L’élection d’Emmanuel Macron s’est faite en éliminant le PS du jeu électoral. L’Énarchie Compassionnelle va donc continuer sans aucune vraie remise en cause de son pouvoir. Serait-il si difficile de décider qu’un fonctionnaire ne peut pas être élu dans une assemblée qui fixe ses conditions d’emploi, que toutes les retraites même publiques sont fondées sur des prestations consenties prorata-temporis des cotisations effectives et que nul ne peut disposer de plus d’une rémunération d’État ? Ce sont des mesures de pure équité.

Les Énarques qui ont pris le pouvoir veulent bien frapper le bas clergé administratif mais pas la haute fonction publique qui ne voit de salut que dans l’impôt, la réglementation et la dépense publique. Les pires exemples de mauvaise gestion ont été donnés par Giscard, Chirac, Rocard, et Hollande.

Cela n’empêche pas le socialisme d’avoir été très nocif en France mais il faut noter qu’il s’agit plus d’une attitude antibourgeoise que d’autre chose. Et cette attitude sévit aussi à droite. Il suffit de lire le dernier article d’un certain Peltier, des Républicains, fier d’être de droite, et qui considère que la droite s’est embourgeoisée et que c’est la raison de sa défaite. Toute la société s’est embourgeoisée et ajoutons qu’elle a vieilli. Le fascisme puis le national-socialisme ont déjà dans le passé chevauché ce thème : les petits vieux embourgeoisés empêchent le pays d’être vraiment volontaire et dynamique. En vérité ce jeune homme  veut arracher le « Compassionnel » à Macron et aux partis de gauche. Il n’a sans doute pas oublié que c’est la droite américaine qui a théorisé le fait qu’elle devait être compassionnelle, actant qu’on ne mobilise les masses que par les avantages qu’on annonce vouloir accorder. Comme Macron tient déjà le créneau et a montré une certaine virtuosité dans l’achat de votes, on ne voit pas trop en quoi ces thèmes peuvent servir Les Républicains.

L’anti bourgeoisisme primaire ne mène à rien. Pas plus que les mâles déclarations de Wauquier. On commence par : « La droite et la gauche sont des concepts dépassés ». On termine par : « Nous sommes résolument de droite, de la droite qui s’assume et qui est fière de ses valeurs ».

Dénoncer « l’économisme » est devenu à la mode mais cela ne rime à rien. La prospérité, l’emploi, le revenu, l’épargne, sont des questions clé. Les éliminer du débat sous prétexte qu’on ne tombe pas amoureux d’une statistique du PIB n’a aucun sens. L’histoire a montré que dès qu’on voulait mobiliser sur des questions autres, on agitait des « passions tristes ». Comme le fait de son côté Mélenchon, qui mériterait une cellule de déradicalisation. A-t-on réellement besoin d’un Mélenchon « de droite » ?

L’opposition non socialiste devrait s’attaquer aux vraies questions qui intéressent tous les Français et qui s’articulent autour de deux thèmes :

-          La nation, son identité, son indépendance, sa souveraineté, sa pyramide des âges et le vieillissement, son rôle dans le monde, les transmissions culturelles et politiques qu’elle organise, son organisation démocratique

-          La prospérité, sa création, sa transmission, sa défense, sa diplomatie et ses grands défis.

Si le seul thème important est de sanctionner les exilés fiscaux, la « droâte » ne regagnera aucun suffrage et elle sera constamment doublée sur ce thème par Mélenchon. Les postures moralisatrices n’ont strictement aucun effet électoral.

Le succès de Macron vient de ce qu’il a prétendu régler les grands problèmes de la France en s’appuyant et sur la droite et sur la gauche. Mais en vérité, il ne s’appuie que sur la haute fonction publique française, ses règles et ses préjugés.

La vraie ligne politique d’un parti d’opposition non socialiste serait d’une part de critiquer au coup par coup les atteintes à la population (CSG augmentée de 25 % pour les retraités « aisés »), les coups portés à la nation (européisme à tous crins), l’affaiblissement de la République liée à l’absence de réelle démocratie si ce sont les hauts fonctionnaires qui contrôlent tout, et d’autre part de souligner les lacunes qui deviennent évidentes malgré la propagande en matière de prospérité, avec des lubies dangereuses comme celles d’un Pisani-Ferry.

Une nation unie et dynamique digne de son histoire et réellement démocratique, avec une économie prospère et compétitive bénéficiant au plus grand nombre, luttant de plus contre les extrêmes radicalisés., cela devrait suffire comme objectifs d’un parti de gouvernement alternatif à l’étatisme européiste de LREM

« L’économisme » n’existe pas. Le socialisme n’existe plus comme mode d’organisation d’une nation prospère depuis la chute de l’URSS. Inutile de tuer des morts ou des fantômes. En revanche la capacité d’une nation à rester maîtresse de son destin et à continuer de prospérer est LE vrai problème du temps. L’économie n’est pas tout le champ de la politique. Tout le monde en conviendra. Mais ce n’est pas en faisant chauffer « les passions tristes » qu’on luttera contre l’hyper étatisme débilitant qui accable la France, contre le « contractionnisme » institutionnel européen, et contre les dégâts d’une « économie baudruche » alimentée par les déséquilibres commerciaux et financiers internationaux, dans un système non coopératif de changes flottants.

Pour les Républicains, le premier pas pour s’opposer à l’Énarchie Compassionnelle est sans doute de ne pas élire M. Wauquier tant qu’il n’aura pas démissionné de la fonction publique, le second étant d’écarter les tentations électoralistes et posturales qui se font jour.

Macron : prisonnier de son conseiller économique ?

En juillet nous avions écrit :

« Les débats qui n'ont pas eu lieu pendant la campagne commencent. Mieux vaut tard que jamais. On découvre que le programme Macron était de pure accroche électorale et que lui donner de la cohérence est impossible. L'électoralisme cynique et les nécessités nationales ne se marient jamais de façon évidente. Comme pour l'Union Soviétique pendant 75 ans, les médias n’ont jugé la République en Marche que sur ses intentions et jamais sur la réalité. La chute du mur avait découvert un désastre inouï. La chute dans les sondages découvre un vide programmatique inouï. »

Ce thème est repris par Erwann Seznec, dans le N° 049 de Causeur, qui dénonce un « stratège à la petite semaine ». Il en donne des exemples plutôt significatifs, notamment en soulignant les risques d’inconstitutionnalité de plusieurs mesures comme les transferts mal maîtrisés entre ce qui est du domaine de l’impôt et ce qui est du ressort de la cotisation sociale.

D’autres soulignent l’inexistence de LREM comme parti ayant une doctrine. Les membres de ce mouvement, même élus, ne savent absolument pas où on les emmène et sont totalement incapables de décrire les projets, encore moins de les expliquer et encore moins de les justifier. Quand on ne sait pas, on ne sait pas !

Le gouvernement ne revendique aucun schéma d’ensemble, sauf pour les ralliés de l’ex UMP à chanter la vertu démagogique des deux mesures électoralistes qui ont servi de ciment à la candidature Macron : le transfert autoritaire de revenu entre les retraités et les salariés en poste ; le transfert de la taxe d’habitation de 80 % des Français vers les Français payant l’impôt sur le revenu et la dette. Voir Bruno Le Maire et Darmanin faire la promotion, les larmes à l’œil, de ces deux mesures démagogiques doit effectivement faire grincer quelques dents dans leur parti.

On reste encore aujourd’hui, au moins en apparence, dans le même mouvement de démagogie électorale. Et ceux qui reliront Révolutions ne seront guère avancés. Le livre est absolument vide d’indications suffisantes pour comprendre où on veut mener le pays. Du coup les thèses complotistes prennent leur élan et stigmatisent « l’agenda caché » de différents diables secrets, comme la finance internationale ou quelques grands patrons intéressés.

Compte tenu du caractère très progressif des dévoilements et de la tendance naturelle d’Emmanuel Macron à proposer des textes foisonnants de centaines de mesures disparates, empêchant de juger la direction de l’ensemble (ce qui n’empêche nullement les opposants séduits par certaines d’entre elles de parler de « pas dans la bonne direction »), il est difficile de prétendre déceler quelques lignes directrices que ce soit. Le risque d’être aussitôt démenti un peu, beaucoup ou passionnément par une autre rafale de mesures contradictoires est trop grand. On avance à la godille, mais on avance ! Même si on ne va jamais loin.

Ces impressions doivent être relativisées. Comme tous les Énarques, Emmanuel Macron n’a aucune vision économique claire. Mais il a des conseillers et en particulier Jean Pisani-Ferry qui était jusqu’en janvier de cette année, Commissaire général de France Stratégie, le Commissariat général à la stratégie et à la prospective. Il était le membre de l’équipe électorale chargé du programme économique. Il a été récompensé en devenant le coordonnateur du « grand plan d’investissement de 50 milliards d’euros dans les domaines de la transition écologique, du développement, des compétences, de la santé, des transports, de l’agriculture et de la modernisation de l’État ». Le Premier Ministre l’a missionné « pour le concevoir et préparer son déploiement », une jolie sinécure de cinq ans au moins.

Jean Pisani représente, au même titre que Rocard ou Florence Parly, le succès des fonctionnaires « fils ou fille de » hauts fonctionnaires, pourvu qu’ils soient politiquement corrects, c’est-à-dire « de gauche », « étatistes » et « pro européens ». Ce népotisme féodal est la marque de l’Énarchie Compassionnelle. Naturellement on ne doit pas s’abaisser à se prétendre de purs socialistes. Le politiquement correct suffit. Pisani Ferry est donc directeur général du groupe Breughel, dirigée par J. P. Trichet : voilà la caution bruxelloise. Il a usiné sur le CICE, après avoir été avec Sautter et DSK : voilà la caution sociale libérale. Il symbolise à lui tout seul les accusations de recyclage de la haute fonction publique compromise avec Hollande dans les fourgons du Macronisme.

Emmanuel Macron l’a remisé du devant de la scène à la suite de la polémique sur les « loyers fictifs ». On sait qu’une partie des économistes fonctionnaires d’extrême gauche sont en faveur de l’idée que l’égalité exige que les possesseurs de leur appartement paient un impôt équivalent au loyer qu’ils ne paient plus à la suite de leur effort d’épargne. Cette folie à caractère communiste, est une des lubies de Jean Pisani-Ferry. Cette mesure qui tentait le futur président, a été si violemment reçue qu’il a fait rapidement machine arrière.

Cela n’empêche pas que Pisani-Ferry a réussi à imposer les deux mesures phares proposées par Emmanuel Macron :

-          Le transfert des retraités vers les salariés d’une partie de leur revenu.

-          La suppression du concept de cotisation au profit de l’impôt général pour le paiement des allocations sociales.

Il en fait aujourd’hui même la propagande dans le Journal du Dimanche. Le but, après avoir servi d’appâts électoraux, est désormais d’éviter que les mesures en faveur de la finance et de la flexibilité ne soient considérées comme des « cadeaux aux riches ». La préoccupation est typique des Enarques. Il est normal que la réduction de l’étouffement fiscal des « possédants » concerne d’abord cette catégorie et nul n’a besoin de trouver des compensations. Sauf pour les fonctionnaires étatistes et socialistes qui veulent trouver un moyen de verrouiller les débats. Sous Jospin où Pisani-Ferry avait de l’influence on a trouvé cette formule imbécile de la « prime d’activité ». On recommence. Même conseiller, même mesure.

Il faudrait garder en mémoire la fin de l’interview. « Je pense que Macron va choisir l’option de ne pas ramener au-dessous de 3 % les déficits et va proposer des réformes de l’Europe ». Cela avait été la formule de Mitterrand : fuite en avant européenne contre le n’importe quoi économique en interne. Le titre de l’article est drôle : Importons les succès allemands. À l’intérieur, concernant le modèle allemand : « Ce n’est pas le modèle pour nous ».

Le problème n'est pas que Macron n’ait pas de véritables perspectives économiques. C’est que son conseiller en a, mais ce sont les idées les idées qui ne marchent pas depuis Mitterrand et qui représentent uniquement l’approche des hauts fonctionnaires socialisants. Quand on s’appuie sur un conseiller qui a promu des erreurs majeures pendant 20 ans, on ne peut pas espérer beaucoup des « transformations » censées adapter notre pays au nouveau monde.

La lancinante question européenne

On peut justement critiquer l’opération de com’ menée sur le PNYX par Emmanuel Macron. Certains ont trouvé de mauvais goût de cautionner le gouvernement Tsipras, qui ruine consciencieusement les entrepreneurs et les PME familiales, tout en passant à la paille de fer la classe moyenne grecque qui est en train de disparaître corps et biens. Plaindre la malheureuse population grecque sans rien proposer pour la soulager a été considéré comme une moquerie par beaucoup de Grecs qui n’ont pas non plus aimé qu’on vienne avec des chefs d’entreprise chargés de faire leur marché à bas prix dans les ruines économiques de la Grèce. Venir sur la Pnyka, un lieu national sacré, pour faire l’apologie de l’Europe, alors qu’elle a très durement traité le pays, n’a pas été ressentie localement comme un hommage mais plutôt comme une profanation. Le lieu était celui du débat et la foule pouvait critiquer. Le Pnyx n’est pas le lieu des monologues. La symbolique était tentante mais fausse. Les médias grecs ont haussé les épaules comme d’ailleurs l’intégralité de la presse non française.

Le débat institutionnel européen est pourtant au cœur des préoccupations du moment, et notamment l’articulation entre les institutions de Bruxelles et les instances nécessaires pour faire sortir la zone euro de sa stagnation relative.

Le Président français a proposé une organisation spécifique à la zone Euro. Le président de la Commission a réfuté cette orientation et plaidé pour un renforcement des pouvoirs de l’organisme qu’il préside. Comme personne ne daigne débattre des fondements moraux et politiques des institutions de l’Union Européenne ni des raisons et modalités d’une gestion différente de la zone Euro, le conflit se réduit à une querelle d’attributions bureaucratiques particulièrement médiocre.

La conception qui a conduit à la création de la Commission est assez claire : chaque pays membre de la « communauté » renonçait à traiter les étrangers des autres membres du club différemment que ces citoyens et s’engageait à démanteler tous les dispositifs qui permettaient en fait de créer des barrières contre les autres. La Commission avait pour but de supprimer tous ces obstacles, d’abord en préparant les décisions nécessaires et ensuite en les faisant appliquer. Cette conception conduit la Commission à être à la fois un garde-chiourme et un promoteur. Mais ce sont les nations qui gèrent et finalement prennent les décisions.

On a donc vu la Commission rechercher avec attention tout ce qui pourrait être discriminant entre les nations de l’Union. Bien entendu, elle a été très loin dans le détail. Mais comment lui en faire le reproche puisqu’il s’agissait effectivement d’une traque et que le diable en ces affaires est justement dans les détails. Oui, il y a bien un disque pour stationnement automobile à la norme européenne, pour que les Européens puissent toujours répondre sans distinction d’origine aux demandes réglementaires locales. Oui, on a bien entendu ces derniers jours la Commission menacer de sanctions la France parce que les pâtres pyrénéens français tolèrent mal la destruction de milliers de brebis par des ours importés. Comme on le sait, les ours, comme les loups, ne reconnaissent pas les frontières. Il fallait donc une règle européenne vérifiée et sanctionnée par la bureaucratie bruxelloise.

La Commission est un gendarme mobilisé contre les États, dès lors que les règles sont violées. Que l’on ait voulu ajouter, pour faire beau, un Parlement élu de la même façon et le même jour par les populations des pays de l’Union, après tout pourquoi pas. Le poste de député européen est ennuyeux au possible. Car fixer la norme dans des tas de domaines techniques n’a rien de rigolo. C’est pour cela que les candidats sont presque toujours de type « alimentaires » ou des européistes fanatiques. Quand on sait comment se passent les débats et les votes à Luxembourg, on n’a pas trop envie de s’y investir, soyons clairs ! L’autre vocation de l’Assemblée est de permettre à des politiques de tous les pays membres de se connaître et d’échanger. Cela permet d’avoir quelques spécialistes des questions européennes. On aurait pu trouver d’autres moyens moins couteux.

Quelles sont les dérives du système ? La première est de dépasser le cadre des normes raisonnables et d'importance « régionale » pour s’enfoncer dans les microdétails en élargissant le champ d’action des ordonnances sans limite au prétexte que « tout est dans tout ». Oui un pays a le droit de fabriquer des fromages au lait cru, quoi qu’en pensent les autres. Oui le régime certaines chasses n’intéresse pas les autres pays. Une seconde dérive presque structurelle est la quasi-impossibilité de corriger les ordonnances. Il faut des années et des combats homériques pour changer une virgule. La troisième dérive est liée au monopole d’initiative de la commission. Si tous les ministres techniques de l’ensemble des pays de l’Union se sont mis d’accord pour une initiative commune, le Commissaire ad hoc peut empêcher toute discussion du projet. La Commission peut donc asphyxier des projets qui font l’unanimité : pourquoi ? Une dernière tentation nocive est d’outrepasser la mission de base, qui consiste à empêcher les règlements et lois nationalistes discriminatoires, et de vouloir unifier les législations. Comme tout est dans tout, il est facile, de « coups d’État en coups d’éclat »,  d’en venir à priver les Parlement nationaux de tout rôle, sinon la mise en conformité des lois nationales. L’unification générale des lois n’est pas un objectif de l’Union Européenne, sauf quand l’avantage est évident pour tout le monde, ce qui est rare.

Le système européen, si les abus que nous venons de citer étaient réglés, serait assez adapté à son objet : permettre à tout européen de contracter partout dans l’espace communautaire sans que son caractère « d’étranger » ne vienne se mettre en travers de ses projets. Cet objectif est une avancée formidable et recommandable. On le voit avec le Brexit, qui provoque déjà des attitudes hostiles et des interdictions de fait pour les continentaux en Grande Bretagne.

Une autre difficulté provient de la volonté de mettre en commun certaines politiques vues comme plus efficaces à l’échelon européen. Le nombre de ces politiques est remarquablement bas. La première est la politique agricole commune. Dans un premier temps, elle avait conduit à empiler des stocks invendables tout à fait remarquables, pour les liquider à bas prix sur le marché mondial, en cassant les agricultures locales des pays sous-développés. On conduit maintenant des politiques qui peuvent être contestées mais qui sont légitimement de la responsabilité européenne, car sinon les mesures discriminatoires peuvent venir très vite avec les agriculteurs. Méline rode toujours !

On aurait pu imaginer que cette politique commune soit gérée par un organisme ad hoc avec des moyens de contrôle démocratique spécifique. On a cru devoir l’attribuer à la Commission. Cela pousse malheureusement à l’idée d’un « gouvernement européen contrôlé par le Parlement européen, donc démocratique ». Du coup on constate une dépossession des États au profit du Président de-là Commission et de son commissaire qui devient le Tsar et peut n’en faire qu’à sa tête, alors qu’il n’est qu’un technocrate. La solution d’une agence agricole européenne est celle que nous aurions proposée.

Une autre politique commune s’applique à la concurrence. Elle est légitime, en ce sens que la proximité est grande entre concurrence libre et non faussée et non-discrimination.

De même, il est logique que les négociations portant sur les normes internationales en matière commerciale se fassent à l’échelon européen. Le pouvoir de négociation est évidemment plus fort. À condition qu’il soit exercé ! La suppression du tarif extérieur commun a été une grande erreur. On évoque la « naïveté » de la pratique bruxelloise. Quand on a pour rôle spécifique de négocier, on se lance dans des négociations et on se moque de savoir ce qu’en pensent les États avant la fin du processus quand plus rien ne peut être changé. Il est certainement important d’imposer de nouvelles règles de délégation qui permettent un meilleur suivi par les élus européens mais aussi par les gouvernements et les élus nationaux. Ici encore, on aurait pu imaginer que ces négociations soient menées par une instance ad hoc et non par la commission et raccorder aux autres difficultés internationales. Déconnecter le commerce et la finance internationale est une grave erreur.

La tension institutionnelle actuelle porte sur la nature de la Commission. Celle-ci se voit comme le gouvernement de l’Europe. Alors qu’elle n’est que le secrétariat de la conférence des chefs d’États et de gouvernement. Elle cherche constamment à renforcer ses pouvoirs et de fait, elle en vient en permanence à grignoter les légitimités politiques nationales, menant au clash entre souverainiste et européistes.

Les Européistes souhaitent donner plus d’apparence démocratique à la Commission qu’ils voient comme un gouvernement avec un premier ministre et un ministère élu par un Parlement. Élection au suffrage universel du président de la commission, scrutin de liste multinationale pour les députés, les suggestions ne manquent pas. Mais ces suggestions se heurtent au fait qu’on singe la démocratie plus qu’on ne l’organise, faute de peuple européen et de véritable critère européen de différenciation politique.

Le but de la Commission est de créer du consensus autour d’initiatives communes, pas de définir les options politiques clivantes et encore moins de choisir entre elles. C’est un secrétariat en même temps qu’un organe mandaté. Le président n’a pas besoin d’une onction transnationale. Il n’est là que pour coordonner et animer, pas pour trancher des options politiques qu’il imposerait aux autorités nationales en prétendant avoir une légitimité démocratique supérieure. Le départ des Britanniques s’explique certes par l’impossibilité de contenir des vagues migratoires considérées par leur nature et leur volume comme insupportables par les électeurs, mais aussi par le refus d’indiquer constamment lors de chaque projet qu’on vise un super gouvernement fédéral.

En voulant changer la nature actuelle de la Commission pour en faire un gouvernement fédéral, Juncker prend le risque d’une crispation anti-européenne encore plus forte que ce que l’on a vu dans les élections récentes. Rappelons qu’à chaque élection européenne on peut constater que les projets de la législature à venir sont constamment inconnus et que la critique des projets passés ne se fait pas. D’abord on ne parle pratiquement pas de la législation qui a été passée sauf au moment où elle entrera en vigueur souvent 10 ans plus tard, alors qu’on avait totalement oublié ces questions. Ce processus est déjà problématique s’agissant de normes. Il serait indécent s’il concernait des options politiques chaudes.

La véritable question aujourd’hui concerne la gouvernance économique de la zone Euro. On a le choix de gérer  l’Euro en s’appuyant sur la méthode européenne classique : la production de normes. L’ordo-économie européenne, qui suppose qu’on sanctionne le manquement à des règles acceptées par traité, est tout ce qu’on veut sauf flexible et se montre bien incapable de piloter la conjoncture. La crise de 2008 puis celle plus spécifique de 2011 ont démontré que la règle de 60 % d’endettement public et de 3 % au plus de déficit budgétaire, n’avait aucun caractère ni prophylaxique ni curatif. Tous ces interdits ont été bafoués par tous, nécessités faisant loi. Le retour à la norme sous peine de sanction a été dépressionnaire. La seule chose dont a été capable l’Europe a été de laisser l’agence chargée de la gestion de la monnaie commune, la BCE, débonder totalement la politique monétaire jusqu’à créer de milliers de milliards d’euros et de provoquer l’apparition de taux d'intérêt négatifs. La Commission a, elle, créer le « six pack » qui est un dispositif répressif, la seule chose qu’elle sait faire.

La vérité est toute simple : il n’y a pas de communauté si on permet à des pays d’aligner d’énormes déficits et à d’autres d’effroyables excédents. Ces déséquilibres croisés entraînent des phénomènes d’endettement croisés intenables et des opérations de rachat du capital productif des pays en déficits totalement contraire à l’intérêt de ces pays. L’Allemagne a financé des bulles phénoménales en Italie, en Espagne, au Portugal, tout en permettant à des pays sans ressources de financer des équipements t disproportionnés, comme l’aéroport d’Athènes qui possède, bien inutilement, la plus grande piste du monde !

Les énormes déséquilibres internes de la zone Europe ne permettent pas aux pays membres d’avoir un taux de change réaliste vis-à-vis du reste du monde. Si l’Allemagne possède à la fois un énorme excédent interne à la zone Euro et le même vis-à-vis du monde entier, le cours de change de l’Euro sera automatiquement intenable pour l’ensemble des pays en déficit.

Une monnaie unique gérée uniquement par une banque centrale, appuyée sur des contraintes imposées aux États, est une incongruité qui montre tous les jours sa malfaisance. Avoir permis que la France se lance avec Jospin dans une politique totalement malthusienne, avec les 35 heures, la pénalisation agressive des relations du travail et une fiscalité punitive et délirante, en dépit de la prise de conscience tardive due à Fabius, pendant que l’Allemagne faisait exactement l’inverse a fait sauter tous les verrous juridiques. La valeur de la monnaie ne dépend pas seulement des déficits budgétaires. La compétitivité d’un pays est fonction de toute la politique sociale et économique.

La zone Euro a montré son incapacité à réduire les déséquilibres internes qui au contraire se sont amplifiés avec une politique de répression tournée uniquement vers les pays en déficit, ralentissant encore plus la correction des effets de la crise mondiale de 2008.

Juncker dit : « C’est vrai. Allons vers un véritablement gouvernement fédéral avec des moyens élargis. Mais comme personne ne le veut, allons-y sans faire de vagues, par petits pas ». En gros : « Donnez-moi le pouvoir sur les États et après on verra. Comme le supranational prendra des décisions politiques sensibles, mon élection au suffrage universel fera taire ceux qui s’opposent à l'euro au nom de la démocratie ». Macron de son côté affirme que cette approche n’est pas la bonne et qu’il faut une agence spécifique, avec un contrôle démocratique spécifique. C’est la doctrine que nous avons proposée dans notre livre « l’étrange désastre » mais avec plusieurs différences.

Emmanuel Macron veut transférer d’énormes ressources budgétaires vers ce nouvel organisme, conscient que le rééquilibrage social des économies en déficit de compétitivité exige des aides budgétaires considérables, même s’il s’agit, dans son esprit, plus de capacité de prêter que de financer de la dépense courante. Il suit les recommandations de Mundell qui, lors de la création de la zone Euro, avait pourtant expliqué que la monnaie unique permettrait de rééquilibrer les divergences de productivité grâce à la liberté totale des mouvements de capitaux et de personnes. Devant l’échec de ses idées, il corrige sa pensée en ajoutant une gestion budgétaire centrale, identique à celle pratiquée par les États Nationaux pour gérer les écarts de croissance interne. La Grèce devient à l’Europe ce qu’est la Lozère à la France…

Rien de tout cela n’est raisonnable. Bien sûr cela plaît aux fédéralistes à tous crins qui voient, avec régal et exaltation, les États encore plus dépossédés, au risque d’un démantèlement ultérieur des efforts européens du fait des réactions électorales des peuples.

La solution la meilleure serait de s’appuyer sur quelques principes forts :

-          Il ne faut pas parler de pilotage mais de coordination.

-          Le coordinateur de la zone euro que nous appelons Chancelier de la zone euro pour éviter le terme connoté de Ministre des finances ne doit pas dépendre de la Commission et de son environnement administratif, au même titre que la BCE, qui vit son indépendance de la Commission sans que cet aspect de duplication institutionnelle ne gêne personne.

-          Il étudie en amont les politiques ayant un effet sur les équilibres internes et externes de la zone, et s’appuie sur une représentation démocratique issue des Parlements nationaux. Une forme de Sénat économique qui n’a pas d’élections propres mais qui est alimenté par des détachements des parlements nationaux.

-          Il coordonne l’action des différentes agences économiques européennes : Eurostat, le MEF, la BCE et dispose du monopole des relations économiques externes de la zone Euro, notamment en vue de réformer le système monétaire international. C’est lui qui représente les pays de la zone Euro au FMI.

-          Il faut créer un FMI européen chargé des questions de prévention et de cure des déséquilibres internes extrêmes de la zone, sans avoir à recourir au FMI dont la vocation n’est pas de s’ingérer dans les problèmes internes d’une zone monétaire. La base de ce fonds sera un mécanisme automatique de gestion des excédents de balance interne de capitaux. Comme nous l’avons expliqué dans trois articles avant l’été, les pays qui accumuleront des excédents seront automatiquement privés d’une partie d’entre eux qui seront gérés par le Fonds Monétaire Européens à des fins de rééquilibrage progressif. Ces appropriations auront deux effets : induire un changement de comportement des pays à forts excédents qui n’auront que des inconvénients à continuer dans cette voie, éviter les effets cumulatifs et prévenir les crises.

-          Si la commission veut conserver, pour l'ensemble des pays de l’union les surveillances actuelles, qu’elle le fasse. Cela n’aura plus aucune importance.

Les Européistes ne veulent pas entendre parler de cette solution et souhaitent uniquement profiter de la crise pour conforter la dépossession des États. Cette ambition entraînera de façon certaine l’explosion du projet européen.

La sagesse est de réparer ce qui ne marche pas et de progresser en conservant le pivot démocratique national et en laissant à la Commission que l’étude des initiatives de convergence des législations dans la mesure où des accords peuvent être obtenus entre autant d’États souverains.

Le projet Juncker est trop évidemment européiste ; le projet Macron est, comme d’habitude, enchanté dans les mots mais contradictoire dans les termes.

Il faut aller au-delà de ces deux projets.

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.

L'économie vue par des nuls. L'exemple de Libération.

Un jour le Général de Gaulle, constamment tancé par les donneurs de leçons du journal Le Monde, rencontre son directeur, Hubert Beuve Méry et le prend à part. Flatté, celui-ci tend l’oreille attentivement au discours de celui qu’il fait démolir à longueur de colonnes et entend : « Quand j’ai envie de rire, je lis Le Monde ».

Quand on a une envie de rire, aujourd’hui, il faut lire Libération. C’est le genre de journal où tout le contenu est connu d’avance et il suffit de lire le titre pour savoir quel pis de la vache socialo-bobo on va traire.

La livraison du 12 septembre se pique d’idées économiques. Voici donc un certain Breda expliquant que « des études économiques », en fait ses propres élucubrations, ont prouvé qu’il fallait des syndicats dans les sociétés « faisant beaucoup de profits » et que par conséquent la nouvelle loi Macron est néfaste. Soit. Reste à trouver les nombreuses PME françaises qui font « beaucoup de profits » et qui n’ont pas fait leur juste place à M. Martinez et à ses sbires.

Voici surtout une certaine Marinescu qui explique que la concurrence a diminué aux Etats-Unis et qu’il faut voir là la cause de la diminution de la croissance et de la création d’emplois. Pour conclure, de façon tellement surprenante, que « l’augmentation spectaculaire des profits aux Etats-Unis n’est pas le signe d’une économie dynamique et innovante. Bien au contraire ». Notre modèle social, bien à nous, est sûrement meilleur et tout le monde nous l’envie.

C’est ça Libé : des articles bidons qui disent le bien penser. On réentendra dans les dîners en ville ces paroles reprises avec l’air d’un sachant informé : les syndicats sont un bienfait ; Il faut plus de concurrence aux Etats-Unis, car les riches l’ont supprimée pour faire des super profits (en Europe, là on, ne sait pas). C’est prouvé par des études américaines.

Usuellement, nous ne commentons pas ces sottises orientées qui servent une clientèle et lui permettent de vivre dans la douce hébétude du « bobo conscientisé » généralement bien nourri et dans la sécurité de l’emploi, à qui on ne la fait pas.

Nous dérogeons à cette règle hygiéniste, parce que l’étude de Loecker et Eeckhout (NBER Working Paper No. 23687), cité dans l’article de Mme Marinescu, nous paraît l’exemple même d’une analyse qui inverse les causes et les conséquences et de conclusions qui partent assez largement dans le décor. Les Américains ne veulent pas remettre en cause les vraies causes du désastre économique provoqué par l’introduction des changes flottants et de la « globalisation ».  Les difficultés constatées en peuvent venir que de vilains qui font de vilaines choses. Les méga entreprises auraient acquis un « pouvoir de marché » qui leur permettrait de réduire les salaires et maximiser les profits au détriment de la collectivité tout entière.  J.K.Galbraith, après la crise de 1929, s’était laissé aller à des analyses de ce genre. C’est un marronnier qui revient après chaque récession.

Comme toujours, les prémisses sont exactes.  « Un ensemble de mauvaises dynamiques affecte l’économie américaine depuis plusieurs décennies : une stagnation des salaires des travailleurs peu qualifiés, une déformation du partage de la valeur ajoutée au détriment du travail, une hausse des inégalités, un moindre dynamisme du marché du travail, une baisse du taux d’activité, une faible croissance en l’absence de bulles, une faiblesse de l’investissement, etc. ». « Lorsqu’ils étudient les données relatives aux firmes américaines entre 1950 et 2014, ils constatent que le taux de marge était initialement stable (en fluctuant autour de 20 %), voire même avait tendance à décliner, avant de s’accroître entre 1980 et aujourd’hui, en passant de 18 % à 67 % ».

Merci au blogueur qui a parfaitement résumé le thème de l‘étude.

La question posée est de comprendre le pourquoi de ce phénomène en effet problématique. Notre explication est totalement différente. Nous avons théorisé dans notre livre « l’Etrange Désastre » l’apparition d’une économie baudruche provoquée par l’introduction des changes flottants en 1971. Nous avons montré chiffres en mains que les énormes excédents et les gigantesques déficits désormais permis par le nouveau système provoquait un détournement de l’argent de l’investissement productif vers la spéculation. Le mécanisme de ce détournement a été parfaitement expliqué par deux économistes français, J. Rueff et Maurice Allais. Il est parfaitement étalonné et on peut le voir à l’œuvre de façon presque caricaturale de 71 à nos jours.

Dans une économie baudruche, l’investissement utile est en concurrence permanente avec la spéculation sur les valeurs d’actifs. Pour que l’entreprise puisse trouver investisseur, il lui faut être compétitif contre des placements financiers spéculatifs qui peuvent vous rendre riche en quelques mois, avant explosion. Les entreprises ont perdu le pouvoir contre les marchés financiers. Il leur a fallu passer d’une logique de compte d'exploitation à une dynamique de haut de bilan. Sous la pression des investisseurs institutionnels, notamment les fonds de pension, l’argent n’a été disponible que si l’entreprise était capable de faire valoir des rentabilités aussi sympathiques que les fonds spéculatifs. C’est comme cela qu’on a vu de plus en plus d’entreprises contraintes de faire apparaître des rentabilités intenables à long terme. Pour cela, il n’y avait guère de possibilité : se concentrer sur le noyau dur des activités les plus rentables et tenter de devenir un leader mondial sur son créneau, en essayant de vaincre une concurrence féroce. Et faire monter le plus possible le cours de Bourse pour entrer dans la course à la spéculation. On a développé les stock-options pour cela.  

Il nous semble parfaitement erroné d’en déduire que les entreprises ont été conduites à ces actions par une tentative de réduire la concurrence. La lutte pour les financements dans une économie baudruche mondialisée est la vraie cause.

Il faut néanmoins remarquer que dans les entreprises de la nouvelle économie la tendance à la concentration du marché sur un vainqueur et un seul est évidente. Nous l’avons souligné dans un article paru dans le Figaro qui soulignait la nécessité d’une action antitrust dans ces domaines. Les marges de Google sont colossales, comme celles de Microsoft, ou IBM en son temps etc. Si le vainqueur « prend tout » et utilise à mort les possibilités de segmentation de la chaîne de valeur proposée par la mondialisation et les facilités de non-paiement d’impôt, son taux de marge s’élève très haut. De toute façon, pour les « start-up », la recherche des « barrières à l'entrée » et de rigueur ainsi que la spéculation sur les valeurs futures des actions.  La décision des Américains de laisser leurs entreprises innovantes conquérir le monde hors impôts a tout aggravé dans ce domaine.

L’analyse des résultats des élections qui ont vu le triomphe de Trump fait valoir que la concurrence acharnée des pays à bas salaire a bousculé le tissu industriel américain et provoqué la révolte de la classe moyenne. On ne peut pas affirmer dans la même phrase que la concurrence étrangère a été une cause des difficultés américaines et que les entreprises ont pris le pouvoir et réduit la concurrence.

Un peu de rigueur, S.V.P.

La seule solution est de sortir de l’économie baudruche, dont le caractère explosif est évident, et d’éviter les énormes déficits et excédents. Il faut pour cela revoir profondément l’organisation monétaire et commerciale internationale. Là est le chemin.

D’ores et déjà les rendements très bas de la spéculation ont provoqué un certain retour à l'investissement productif. Ce mouvement doit être accompagné.

La hausse globale du taux de marge aux Etats-Unis est le fruit d’une rétractation de l’activité autour des noyaux durs des entreprises leaders sur leur marché et de l’abandon de bien des productions aux pays à bas salaires.  La maîtrise du pouvoir de marché est un aspect dérivé et secondaire.

Une de fois de plus les économistes américains, sachant que toute discussion sur les changes et leur organisation est impossible, cherche dans les arroyos ce qu’ils ne veulent pas voir dans le grand fleuve. Et les bobos du village gaulois se croient obligés de répéter ces sornettes comme des perroquets quand cela va dans le sens de leurs préjugés.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Le désastre Hidalgo. Le livre "Notre Drame de Paris" est en dessous de la vérité

L'abaissement irrémédiable de l'ancienne "Ville Lumière"

Le livre d’Airy Routier et Nadia LeBrun, Notre-Drame de Paris, chez Albin-Michel, met, enfin, le doigt sur la déroute invraisemblable de la gestion municipale à Paris. Paris est la capitale d’un pays qui n’a tout de même eu un certain rayonnement. En arriver là où nous sommes tombés est proprement honteux et scandaleux.

Dans notre article du 12 février 2014 : « Un déclin programmé ? Paris : la mort lente », nous avions souligné l’absence totale de discussion sur l’avenir de Paris lors de la campagne des élections municipales. On savait que la politique dérisoire suivie par Delanoë serait amplifiée par celle que la faveur de M. Hollande, alors Président, mettait sans autre raison qu’une passion personnelle, sur le pavois. Il ne fallait pas le dire et surenchérir.

Du coup nous avons pris soin d’écrire à NKM pour la supplier de ne pas jouer à la « bobo de service de droite » et de ne pas foncer « cliché contre cliché ». L’UMP avait considéré qu’il fallait une femme pour combattre une femme et une femme écolo et socialo compatible. C’était déjà se couler dans le lit de l’adversaire. Une première erreur était d’avoir imité le PS en organisant des primaires. Elles avaient permis au jeune Pierre Yves Bournazel de tirer (déjà) contre son camp et de démolir la candidate de son parti ! Il le trahira à nouveau, pour Macron, peu après. C’est dur une carrière politique quand on n’est rien ! La campagne de NKM, malheureusement, sera nulle. Elle n’avait rien préparé. Le « cœur » décliné sous toutes ses formes, encore une concession au règne de la com’, n’était pas ce qu’attendaient les Parisiens. La « super bobo de droite » parut sucrée et ridicule. Le tout se terminera par un grotesque crêpage de chignons lors du « débat » avec Hidalgo, une spécialiste. Et un peu plus tard, par la violence d’un maire de banlieue contre NKM. Il lui balancera ses tracts à la figure et l’enverra un temps à l’hôpital. Il ne se remettait pas de l’arrivée d’Hidalgo au pouvoir... L’incident était révélateur : la haine était là, suscitée par la politique infâme et clivante de la Mairie de Paris !

La haine, nous l’avons retrouvée dans un bistrot du XIVe arrondissement il y a quelques jours, lorsque l’effarante décision prise en secret et exécutée durant l’été, de remplacer sur plusieurs kilomètres une voie sur berge d’entrée dans Paris par une double piste cycliste, provoquant des embouteillages inouïs, a été découverte par les Parisiens. « Comment veux-tu que la capitale française soit bien gérée par une immigrée espagnole inspectrice du travail, un immigré juif d'Europe centrale, un écolo psychopathe d’origine polonaise qui a un vélo dans le citron, un homosexuel communiste et un fils à papa de gauche dont le seul mérite est d’avoir mené une révolte étudiante » disait l’un. « Les socialistes viennent de prendre une br… aux élections législatives, ils ne représentent pas 6 % de l’électorat et ils continuent comme si de rien n’était à em… les Parisiens ». « Hidalgo se fait construire un palais personnel Boulevard Raspail ; sûr qu’elle ne mettra pas d’immigrés sur son palier ». « Ni de clochards alcooliques devant la porte de l’immeuble ». « Triste temps ». « Cela me rappelle l’occupation ».

Arrêtons là ! Ce genre de propos, on l’entend partout. Il fait le jeu d’Hidalgo et de sa secte qui sont trop heureux de dénoncer les racistes, les antisémites, les fachos, les bourges égoïstes, les Dupont- la-joie indécrottables, les pétainistes de seconde génération, etc. ad libitum. Cela ne fait pas avancer les débats. Mais cela signale la haine installée et chauffée à blanc par l’action municipale. Hidalgo n'est pas seulement clivante ; elle provoque et ses provocations alimentent la haine des Parisiens. Partout ailleurs, l’action municipale cherche à unir la population et en général l’intérêt municipal est relativement facile à rechercher et tout finit dans une certaine unanimité. Les grandes villes françaises essaient de forger du consensus et l’obtiennent généralement. Il fallait que l’équipe parisienne se démarque par le sectarisme.

Le livre de Routier met les pieds dans le plat. Et tout ce qui est dit est vrai et peut être vérifié sauf quelques détails sans importance comme le statut marital de l'adjoint communiste (une faute absolument énorme selon Libé !).

Oui, Hidalgo et ses sbires sont totalement indifférents à la transformation de Paris en porcherie. La saleté est partout. Les rats prolifèrent ainsi que les souris et la gale a bien fait son retour, avec également des maladies qu’on croyait disparues. De retour de Tokyo, l’auteur de ces lignes a eu un véritable « choc de saleté » en revenant à Montparnasse. La seule réponse d’Hidalgo : « les Parisiens sont des porcs qu’on va sanctionner ». Suivra une campagne d’affichage. Pour ne pas toucher aux employés qui font mal le travail de nettoyage.

Oui Hidalgo, suivant l’exemple de Delanoë, a bien multiplié les postes offerts au copinage et à la connivence. Tokyo : 12 millions d’habitants et 12 000 fonctionnaires municipaux. Paris : 2 millions d’habitants et 75 000 personnes rémunérées par la municipalité directement ou via des associations « amies ». Trente fois plus ! Une enquête américaine montre qu’en général une ville de 2 millions d’habitants finance 20 000 postes d’agents municipaux au maximum. Le quart de Paris !

Oui Hidalgo bloque Paris en traitant l’automobiliste en ennemi et l’automobile en diablerie qu’il faut supprimer. On ferme des voies. On rend impraticable ce qui reste accordé à la voiture. Le résultat : le développement anarchique des deux roues motorisés dangereux et polluant. Des livreurs et des automobilistes énervés qui ne respectent plus rien. Et une vie devenue intenable pour les Parisiens interdits de mobilité ou bloqués dans les embouteillages. Et la réaction des banlieusards qui ne peuvent plus se rendre facilement à leur bureau.

Oui Hidalgo utilise bien l'officine Airparif, bourrée de partisans Verts jusqu’à la gueule, comme un instrument non pas de vérité mais de propagande.

Oui Hidalgo est bien « en cheville » avec Unibail et quelques grandes fortunes qui ont besoin de la Ville de Paris et qui offrent à la fille d’immigrés l’impression de faire partie du grand monde.

Oui Hidalgo est prête à toutes les provocations pour paraître en faveur de toutes les actions politiquement correctes, ou considérées comme telles par la gauche germanopratine et gauchiste. Les immigrés, les Roms, les drogués, les clochards, les routards, les groupements homosexuels, les jeunes délinquants, les trotskistes, et l’extrême gauche culturelle, en même temps que les activistes internationaux contestataires ont tous les droits à Paris. On chasse les classes moyennes au profit de tout ce petit monde sans la moindre vergogne.

Oui Hidalgo a bien mis Paris sur la trajectoire d’un endettement phénoménal et impossible à rembourser, tout en poussant la fiscalité à des sommets imbéciles et intenables.

Oui Hidalgo est bien une favorite, placée là par la faveur du prince, et qui a atteint et dépassé depuis longtemps son niveau de compétence. Elle pourrait être, avec plusieurs des maires d’arrondissement, souvent de tout petit niveau, genre prof de gym, l’occasion d’écrire un chapitre entier sur le Principe de Peter.

Oui Hidalgo a bien cumulé les rémunérations publiques sans apparemment avoir fourni, dans le cas de l’inspection du travail, une activité connue. Pénélope Fillon est une enfant de chœur.

Oui Hidalgo ne raisonne qu’en termes de pouvoir, d’image et de communication, entourée d’une secte injurieuse et cupide.

Oui Hidalgo est bien incapable du moindre débat, de la moindre considération pour les Parisiens et de la moindre convivialité. Elle est devenue une virago inaccessible, méprisante, violente, clivante, haineuse et injurieuse. Sauf quand elle singe la grande dame auprès de MM Arnaud, Pinaud et Cie et quand elle minaude devant une presse complice (car soignée au petits oignons).

Oui Hidalgo est une catastrophe navrante qui détruit Paris et déclasse la Ville Lumière en vile poubelle dispendieuse et en sous banlieue, lui faisant perdre toute son attractivité.

C’est en résumé, ce qu’invite à penser le livre d’Airy Routier. Mais ce livre est en dessous de la vérité.

Nous allons ci-dessous lui ajouter un chapitre, tiré de l’actualité la plus récente et qui démontre bien les rouages, ruses et méthodes douteuses de la Mairie sous Hidalgo.

On dénonce les liens entre Hidalgo et Unibail, en s’appuyant sur l’affaire de la tour Triangle et les errements du Forum et de sa jaunasse canopée. On ne sait pas que Mme Hidalgo et Unibail se sont mis d’accord pour entreprendre un chantier colossal sur l’îlot Vandamme, à Montparnasse. Unibail possède un centre commercial qui a toujours vivoté et les murs d’un hôtel de 1 000 chambres qui n’est plus aux normes internationales depuis quelque temps. Le Centre de Conférence, créé en remplacement d’une patinoire et d’un bowling, est en sous-sol et peu attrayant. Unibail a donc légitimement pensé à rénover l’ensemble. Mais comment le faire sans se ruiner ? En obtenant la propriété de milliers de m2 nouveaux à construire, en bourrant le site. La plus-value immobilière compensera et au-delà les frais de la rénovation. À 12 000 euros le m2 du neuf, la multiplication par plusieurs milliers fait monter la plus-value globale à des montants coquets. Merci Mme Hidalgo qui a évidemment demandé en contrepartie la création de logements sociaux, ce qui lui permettra d’affirmer qu’elle tient ses objectifs tout en sachant que l’attribution des meilleurs de ces logements passera par des arcanes à peu près obscurs et qu’ils ne seront par perdus pour tout le monde.

Unibail en profite pour mettre en place un centre commercial sur deux niveaux avec 220 boutiques ! Soit ! Chacun sait que les grands centres commerciaux sont en totale perte de vitesse. Aux États-Unis, ils ferment les uns après les autres. Après tout ce sont les boutiquiers qui supporteront la casse. Unibail continue donc à multiplier les centres un peu partout. Le seul problème, c’est qu’il faut livrer les marchandises et recevoir les clients. Aucune étude d’impact n’a été faite. Les habitants n’auront qu’à supporter le choc. On leur a donc allègrement menti, cachant les solutions retenues en secret. La dissimulation est la caractéristique principale de la Maire de Paris. Les fourbes ont donc caché aux habitants ce qu’ils allaient faire. Pour au final percer une nouvelle entrée dans la rue du Ct Mouchotte, à côté de la sortie du parking Vinci. Comme le centre ne pourra pas traiter plus de 4 camions à l’heure, où donc attendra, à six heures du matin, la file d’attente des camions de livraisons ? Sous les fenêtres des habitants du 33 ! Pendant quatre heures, si les horaires sont respectés (ils ne le sont jamais), les résidants de l’immeuble Les Balcons de Montparnasse, le bien nommé, pourront contempler avec amour la noria de camions polluants et sonores, certains avec des climatiseurs bruyants. Partir au travail en voiture sera impossible, car la file bloquera la sortie du parking. Dormir après 6 heures également. Tout l’immeuble sera asphyxié par les vapeurs d’essence et la pollution des pots d’échappement des camions (des semis remorques sont au programme). La noria enserrera entièrement l’immeuble, et lui seul, cerné comme avec un lasso.

On a menti aux habitants de cet immeuble et à ses représentants. Non seulement il n’y a eu aucune concertation, mais les réponses aux questions posées de ci de là ont toujours été mensongères. Au point qu’à l’enquête publique la Mairie a diffusé des images du futur aménagement sans la trémie d’entrée des camions. Dans aucune réunion publique la nouvelle organisation n’a été montrée alors que des dizaines de « slides » ont été projetées pour "calmer les angoisses". Il fallait, pour savoir ce qui allait se passer, trouver dans l’immense dossier de l'enquête publique et du permis de construire, les 2 cm2 où une trace de la nouvelle entrée était signalée. Bien joué diront les cyniques. Un tel mépris des habitants fait malgré tout frémir. Ce sont des mœurs de voyous, pas d’édiles.

La SNCF pour sa part entend transformer également la gare Montparnasse en centre commercial. Le projet architectural est d’une pauvreté inouïe. Une boîte de sardines semble avoir été le modèle. Les graves difficultés que la gare cause aux riverains ne sont pas traitées. Cette gare cachée n’a pas de dépose connue du grand public. La dépose se fait donc de façon sauvage dans la rue du Ct Mouchotte, bloquant la rue et provoquant pollution et conflits sonores. On rajoute maintenant une zone de livraison pour la gare ! Les nouveaux magasins seront alimentés par la rue Mouchotte, aggravant la congestion provoquée par notamment les semis remorques de retour des voitures de location, les cars qui amènent les touristes dans les deux grands hôtels de la rue, et la sortie des parkings de la gare et du parking Vinci qui provoquent une noria permanente sur les trottoirs et dans la rue.

L’organisation d’une rue déjà surchargée à laquelle on rajoute autant de trafic client et fournisseur devient évidemment critique. La mairie organise donc une réunion publique pour « informer la population de ses projets ». Voici MM. Nadjovski et Missika, les deux porte-flingue d’Hidalgo devant une assemblée de riverains inquiets.

Missika, on le connaît : intelligent, cynique, provocateur. Depuis le temps que les projets de la mairie suscitent la haine, il a pris la tête et le style de l’emploi. « Rien à foutre et je dis le maximum de conneries qui n’engagent que ceux qui voudront y croire ». Nadjovski est visiblement un malade. Il est blanchâtre, l’œil vide, la moue méprisante. Le projet tombe : on supprime deux voies de circulation et on fait une autoroute à vélos. Une voix s’élève : « on ne va pas prendre le train, avec des bagages et sa famille, à vélos ». Rires dans l’assistance. L’œil de Nadjovski se voile. La haine emplit sa voix. « On imposera les circulations de vélos et on fermera le tunnel qui passe sous la gare Montparnasse pour y faire un garage à vélos ». Stupeur dans l’assistance. L’avenue du Maine débouche dans Paris par ce tunnel très emprunté. Ce sera un embouteillage infâme au croisement de la rue Mouchotte et de l’avenue du Maine. « On continuera à bloquer l’accès de la ville aux voitures en supprimant des voies de circulation sur l’avenue du Maine qui aura aussi son autoroute à vélos ». On croit rêver. Ce type est bien un autiste monomaniaque, cinglé, selon toute apparence. Devant les réactions houleuses de la foule, Missika rigole. Il a l’habitude. Un des « citoyens » pose la question qui tue : « si vous n’avez plus que deux voies de circulation, que fera-t-on quand les semi-remorques livreront leurs voitures de location. Ils viennent en général à quatre et bloquent déjà la rue ne laissant qu’un couloir étroit pour les bus, les cars, les camions. Missika rigole encore plus : « faux problème ! Les voitures de locations vont bientôt rentrer toutes seules au parking ! » Des cris s’élèvent dans la foule : « Vous vous moquez ! ». Missika rigole encore plus, de façon provocante. La séance est levée car il y aura « naturellement » d’autres réunions de « dialogue et d’échanges citoyens ». Toujours cette enflure des mots pour cacher qu’on impose de façon hystérique et fasciste des décisions débiles aux dits citoyens sans possibilité de changer quoi que ce soit. Parler de circulation « douce et apaisée » quand on bloque la circulation sur les trottoirs (coupés d’entrées et de sorties de voitures et de camions) et dans la rue, tout en empêchant les propriétaires de voitures particulières de sortir de chez eux, est un exercice tout en vice qui amuse la municipalité et ses principaux dirigeants. Et suscite la haine des habitants qui s’énervent d’être pris pour des imbéciles et des cobayes.

Résumons-nous ! Pour complaire à Unibail, son sponsor, Hidalgo lui permet de faire une opération qui transformera le quartier Plaisance en un enfer de camions et de clients motorisés, de compresseurs à emballages, de poubelles, alors que l’endroit est déjà surchargé par la gare de chemin de fer et les cars qui alimentent les nombreux hôtels existants, plus celui à venir. En prime on bloque la rue pour faire une autoroute à vélos alors que la pente du Mont Parnasse est forte et répugne au cycliste non doué d’une capacité certaine de montée en côte.

Ce magnifique projet touche un quartier et une rue qui a déjà eu beaucoup à souffrir des négligences et des politiques de la mairie.

Il existe une passerelle rue du Ct Mouchotte permettant de relier l’îlot Vandamme à la Gare et au Jardin de l’Atlantique. Lors de la campagne pour la mairie, les équipes du PS ont multiplié les affichages sauvages sur les glaces. Quand il a fallu les enlever, impossible : ce n'était pas verre mais du plastique et la colle avait réagi et s’était amalgamée. Décision de la mairie : enlever les « glaces ». Aux usagers de prendre la pluie et le vent ! Qu’on ne vienne pas dire que la Hidalgo n’est pas en cause : c’est elle qui présidait la Semea XV chargée de l’entretien de cette passerelle et elle aussi l’organisatrice du meeting dans le gymnase Mouchotte qui a été l’occasion de ce déchaînement de collages.

Cette passerelle est desservie par un ascenseur également sous la responsabilité de la même Hidalgo. Il est en panne depuis deux ans sans qu'aucun entretien ne soit prévu. Merci pour les piétons et les circulations « douces et citoyennes ».

La place de Catalogne dispose d’une fontaine unique à Paris, une des rares fontaines construites dans les 50 dernières années à Paris. L’ennui est qu’il faut l’entretenir. Pas question. Elle est donc à sec depuis des mois et laissée sans entretien ce qui permet le pullulement des rats et des souris (la surface de la fontaine est de plus de 60 m2 et ne manque pas de canalisations) !

Mme Hidalgo se moque d’entretenir les équipements dont elle a hérité et qui exigent des dépenses sans aucun avantage d’image pour elle. Que compte le mépris des 2 000 riverains ?

En revanche la municipalité a multiplié les parcs à motos et le stationnement sauvage est tellement envahissant et hideux, gâchant tout plaisir de passer à pied, que de temps à autre un maniaque fait flamber une centaine de motos laissant les lieux au format Raqqa.

Le trottoir est huileux et maculé. Il faut dire qu’on n'entretient pas la rue du Ct Mouchotte qui est marquée en permanence de traces d’urine, d’ordures, de papiers gras et de déjections diverses. Une réunion avec la prof de gym trotskiste qui joue le maire du XIVe au milieu de ce marécage ne semble pas l’avoir troublée. Ces gens, qui n’ont que le mot d’écologie dans la bouche, n’ont pas l’air de comprendre que l’urine et les crottes de chien ne font pas partie de la discipline.

Plus grave, la municipalité a décidé de loger des clochards irrécupérables dans les logements sociaux de la place de Catalogne, mélangés avec les populations aidées précédentes (du moins celles qui n’ont pas été expulsées). On imagine la coexistence sur le même palier. Ils s’agglutinent devant le G20 où ils viennent acheter bière et pinard. Parfois ils ont des chiens. Ils sont en général saouls et agressifs et lancent les chiens contre les passants qui protestent, surtout des habitants du 33 dont le hall est envahi régulièrement par des clochards éructant, vomissant et couchés dans le passage. Les striures d’urine qui maculent la rue viennent autant des hommes que des chiens. Merci Mme Hidalgo !

Ne parlons pas des Roms qui mettent des esclaves devant toutes les supérettes et envoient des nervis patibulaires pour les imposer.Il est vrai que cette partie du XIVe a été sélectionnée par Mme Hidalgo pour multiplier l’implantation de populations immigrées en provenance du Maghreb et d’Afrique noire. Le résultat peut se lire sur les prix du m2 : il a partout augmenté à Paris de plus de 4 % sauf dans ce quartier qui a désormais ses mosquées improvisées, accueillant des centaines de barbus en tenue moyenâgeuses.

Des « bandes de jeunes » « de couleur » s’en donnent désormais à cœur joie, rendant la vie des habitants intenables : envahissements de hall, interpellation dans la rue, tapage, bagarres, trafics en tout genre. Le quartier ne se distingue plus des banlieues les plus à l’abandon.

La délinquance est devenue un fait constant et grave. Le nombre des actes de violences s’est envolé comme les vols. Il devient de plus en plus difficile d'empêcher les pénétrations dans les immeubles. La Gardienne du 33 rue du Ct Mouchotte a été violemment agressée. La mésaventure arrivée à un élu Vert, frappé et dévalisé par trois voyous, devrait pourtant alerter la mairie sur le fait que ce qui croît n’est pas seulement « le sentiment d’insécurité ». Par an, on compte plus de 90.000 plaintes. Soit plusieurs centaines par jour ! Vive les circulations piétonnes citoyennes et apaisées !

Hidalgo renvoie toutes les responsabilités sur la Préfecture de police. Mais qui a imposé ces populations problématiques ? Qui refuse de créer une police municipale ? Le tout en injuriant les critiques ?

La triplette tragique Hidalgo-Missika-Nadjovski est bien responsable d’avoir pourri gravement et durablement la vie des habitants, d’avoir porté atteinte à la sécurité publique, d’avoir détérioré les équipements publics, d’avoir propulsé les rats et autres pestilences à des niveaux inconnus, d’avoir porté atteinte par tout moyen aux droits élémentaires de propriété, d’avoir réduit la valeur du parc de logements, réduit la mobilité et transformé le quartier Plaisance, dont le nom dit le charme passé, en sous-banlieue difficile.

Comme l’a écrit un des présidents de conseil syndicaux de la rue à Karine Petit, la prof de gym qui fait semblant d’être maire du quartier entre deux réunions de soutien aux « folles de mai » et autres gauchistes sud-américains, « le rôle des édiles municipaux n’est pas de pourrir la vie des habitants ».

Hidalgo et ses sbires ont créé les conditions d’une haine tenace.

Il eût fallu s’élever un peu et faire appel aux meilleurs architectes et urbanistes pour tenter de régler par le haut le destin de la rue du Ct Mouchotte, au lieu de la détruire sans vergogne pour satisfaire Hidalgo et ses amis, les idées fixes d’un Vert délirant, et le clientélisme outrancier du PS.

Ces démocrates préféreront se défouler en criant au beauf, au raciste, à l’antisémite, au fasciste, à l’islamophobe, au bourgeois bourrin, à l'amoureux de sa bagnole, à la salope blonde en 4x4, etc. ad libitum. En espérant que les populations implantées les rééliront.

Paris est bien devenu la ville des rats. On préférait la ville lumière. Et comme le nôtre, des dizaines de quartiers pourraient ajouter leur chapitre au livre « Notre Drame de Paris », parfois avec des réalités encore pires.

Il faudra un jour se débarrasser de ces malfaisants. Les élections législatives ont fait une partie du boulot. Il faut le finir et vite. Car la rage de la défaite probable a poussé ces infects à accélérer encore leurs mesures délétères pour les rendre irréversibles tout en rêvant que les bénéfices d’image des jeux olympiques leur permettront de survivre aux désastres qu’ils ont créés.

Plan Macron : accords et désaccords

Nous avons connu plusieurs Macron. Le Macron ministre contestataire de la contestation interne du PS, tentant d’introduire un peu de réalisme dans l’enflure idéologique du PS. Le Macron de Révolutions, un livre vide et attrape tout qui ne pouvait que laisser sur sa faim le lecteur un peu attentif. Le Macron candidat avec un programme honteux d’électoralisme et s’appuyant sur une conjuration d’énarques. Le Macron élu, tenté par la posture. Le Macron tacticien politique, tentant la destruction totale des Républicains et du PS dans toutes les assemblées. Nous connaissons aujourd’hui le Macron de rentrée, qui, après un tassement sensible dans les sondages et un été à la godille, compte tenu du caractère contradictoire de son programme électoral, se replace au centre de l’échiquier politique en donnant les orientations détaillées de son mandat.

Que penser de ce nouvel avatar ?

« On ne fait pas les choses en cent jours ». D’accord ! Nous avons ici même dénoncé cette croyance idiote qu’un programme lourd devait être exécuté en trois mois dont deux d’été. Cette faribole qui date de Guéna en 1988 peut être écartée.

On a vu que le programme de « restauration de la confiance » ne proposait que des mesures propres à rendre impossible une carrière politique pour les non-fonctionnaires. Supprimer les cumuls, les emplois de proches, les attributions de subventions aux parlementaires, modifie certainement le paysage politique. La qualité du personnel politique en sera-t-elle améliorée ? On peut en douter. Seuls pourront faire carrière ceux qui ont de solides appuis financiers extérieurs ou qui peuvent continuer à travailler en valorisant leurs mandats.

La loi travail a abandonné ce qui faisait l’ineptie de la loi El Khomry : l'affirmation de principes clivants accompagnée de mesures dérisoires. On offre une loi mille feuilles, type première loi Macron, avec un flot de mesures, allant du nécessaire au marginal, avec peu d’effets réels à en attendre, mais qui détendent un peu le cadre pénal mis en place par le PS pour museler l’entreprise. On en revient à la négociation par branches avec quelques possibilités virtuelles de s’organiser dans l’entreprise. L’effet sur l’emploi sera infinitésimal. Mais on aura, un peu, débloqué « la machine à interdire sous peine de sanction » qui a été construite par Mitterrand, Rocard, Jospin et Hollande.

Le troisième trimestre aura donc été une démonstration qu’on pouvait faire bouger des petites choses qui n’avaient en fait pas trop d’importance mais dont l’effet à terme sera non seulement modeste mais parfois problématique. Les vraies réformes, celles qui auraient eu un impact fort, ont été ignorées.

Il fallait faire sauter les seuils afin de mettre fin à la tentation de ne jamais dépasser 50 personnes et dépénaliser les relations courantes du travail.

Il fallait interdire à un fonctionnaire de toucher deux rémunérations et d’être élu dans des instances qui gèrent sa rémunération.

Certains principes ont été affirmés qui sont inacceptables : on continue de surpénaliser les licenciements dès qu’une « minorité » est en cause. Les homosexuels, les femmes, les Juifs, deviennent des sur citoyens. Tous les contentieux vont donc tourner autour de ces caractéristiques. J’ai été licencié par ce que je suis juif ou arabe ou noir. J’ai été licenciée par ce que je suis une femme. Résultat : les entreprises vont éviter de les recruter. Et il faudra les « dénoncer » pour discrimination. Exactement comme pour le marché de la location d'appartement.

Macron a toujours cédé au politiquement correct et il persiste. « Pas d’ennemi du côté des minorités sociétales agressives ». Il se coule dans la tendance vertueuse venue des États-Unis en faveur des tous les affranchissements. Le Macronisme est un conformisme. Mais ce n’est plus l'Observatore Romano qui donne le la. On a changé de curé. La peur du qu'en-dira-t-on a changé de sujet pas de force de contrainte.

« Nous sommes un pays de conquête et il ne faut pas céder un pouce aux esprits chagrins ». Donc il ne faut pas écouter Monsieur de premier Ministre qui parle de « réparer la France ». Le Président en rajoute : « Nous sommes le seul pays qui n’a pas vaincu le chômage de masse ». Elle serait donc cassée et « incapable de se réformer » ? Voilà bien des concessions aux « déclinistes honnis » !

 Il faut comprendre la cause des difficultés pour les résoudre. Où est le diagnostic ? Macron ne fait jamais aucun diagnostic. Le « hourra football » a ses vertus comme la « hourra politique ». Qu’on nous permette de nous tapoter le menton.

« Nous sommes entrés dans une économie de l’innovation, de la compétence et du numérique ». Toute l’économie moderne depuis le début du XIXe est une économie de l’innovation et de la compétence (qui est l’art d'accommoder l’innovation). L’informatique, elle, est passée de la mécanographie dans les années cinquante, aux systèmes centraux dans les années soixante, au temps réel dans les années soixante-dix, à la micro-informatique dans les années quatre-vingt, à l’internet dans les années quatre-vingt-dix, à la jonction avec le monde du téléphone dans les années 2000. Cela veut dire que le numérique est là depuis… soixante-dix ans. Surjouer le « modernisme » en affirmant que tout a changé est de pure tactique politicienne. Si on doit changer, c’est surtout à cause de l’étouffement socialiste qui a bloqué l’économie française. Le fait qu’on ne dise plus programmeur mais codeur ne change rien à l’affaire.

« Je veux passer d’un système Bismarckien d’assurance sociale financée par des cotisations au modèle de solidarité par l’impôt ».

Au nom de quoi ? Cette approche détache totalement la dépense de son financement et ne permet plus aux réflexes individuels d’économies de jouer. Elle donne le sentiment qu’il suffira de demander plus « à l’autre » pour avoir plus d’avantage. Elle conduit donc au gâchis et à la haine sociale. C’est sur ce point doctrinal qui explique pas mal des mesures démagogiques de Macron qu’il faut réagir. Le premier point d’application est la taxe d'habitation. On la transfère sur la CSG, sur l’impôt sur le revenu, et sur la dette. Ce sera la même chose pour la maladie, la retraite, etc. On entre dans un système de type soviétique où plus aucune responsabilité individuelle n’est évoquée, puisque tout est apparemment gratuit et « qu’il s'agit de savoir quelle société on veut ».

Là nous touchons un vrai noyau dur et spécifique du Macronisme que personne n’a vraiment commenté. À notre avis il est désastreux. La vraie solution est celle des Suisses : faire sortir de l’entreprise tout ce qui dépend du citoyen et créer un lien étroit entre dépense et financement.

On ne peut pas imaginer divergence idéologique plus forte et désaccord plus profond.

« Une indemnisation plus forte du travail ». Curieuse phrase. Le travail doit donc être indemnisé, comme le non-travail. Cette vision est totalement folle. Que personne ne le relève est une curiosité. Cette philosophie politique nouvelle, unique au mode, justifie que l’on prenne leurs économies aux retraités, qui ne peuvent plus travailler, pour gonfler la feuille de paie de ceux qui travaillent. Une hausse de 25 % de la CSG y pourvoira. On va continuer comme cela ? À quel rythme ?

Une fois encore nous sommes totalement opposés à cette vision : la hausse des rémunérations du travail ne peut venir que d’une hausse de la productivité et d’une baisse des dépenses publiques financées par le revenu des citoyens y compris au travail. Ne faire aucune hausse de productivité, faute de réformes de structure, et transférer de l’impôt d’un groupe social à l’autre ne conduit à rien de positif, ni de durable.

La question sociale sera réglée par « l’accès et la formation », pense M. Macron. On retrouve le verbiage sur la croissance « inclusive ». D’accord pour démanteler le système de formation mis en place dans les années soixante-dix, encore une erreur de Giscard, qui n’a jamais servi à rien sinon à financer les associations patronales et syndicales. Mais bonjour les dégâts si seule la formation est la clé de l’emploi et l’emploi la seule solution à la misère.

« Un plan d’économie de 20 milliards est prévu en 2018 avec 10 milliards pour l’État, 7 sur la Sécurité sociale, et 3 sur les collectivités ».

Rappelons que la dépense publique en 2018 sera proche de 1 300 milliards. C’est un effort de 1 % sur un an qui sera obtenu surtout en retouchant les systèmes de subventions au logement, à l'emploi et à la santé.

Il n’y a aucune réforme lourde des structures ni de l’ampleur de l’action étatique. Les résultats seront sans doute différents de ceux annoncés, puisqu’on va compliquer la vie de ceux qui sont habitués aux systèmes d’aides actuels, qui vont hurler, sans réduire ce qui compte : l’extravagance du champ des politiques publiques et le nombre des étages administratifs.

En ne touchant pas aux fonctionnaires et à leur temps de travail, on ne fait que reporter sur les Français les efforts financiers d’économie.

Tout cela est très insuffisant.

François Bayrou, dans un rare éclair de lucidité, a bien vu que « les hauts fonctionnaires ont pris le pouvoir ». Ceux qui lisent ce blog savent que ce diagnostic est le nôtre. La France a subi un « pronunciamiento des hauts fonctionnaires ». L’Énarchie Compassionnelle triomphe.

Qu’en dit notre Président ? « Cette République a très bien fonctionné à une époque où les fonctionnaires devenaient ministres ». « J’ai voulu redonner de la dignité à la haute fonction publique ». « Ce sont les politiques qui décident des textes préparés par les hauts fonctionnaires ».

La prise du pouvoir par la haute fonction publique date de l’arrivée de Giscard et Chirac au sommet de l'Etat. Depuis tout a été de mal en pis. On ne savait pas que la dignité des hauts fonctionnaires fut à ce point malade. Naturellement si les politiques sont aussi des hauts fonctionnaires (Par exemple, Macron, Philippe et Le Maire) le travail des hauts fonctionnaires est validé par des hauts fonctionnaires. C.Q.F.D. !

Moins convaincant, on ne peut pas.

« L’Europe s’est spécialisée dans l'immixtion bureaucratique » alors que « L’Europe est le niveau approprié pour retrouver notre pleine souveraineté ». Il faut « un budget européen qui représente plusieurs points de PIB » Il sera « gagé progressivement par l’attribution d’une part de fiscalité nationale ».

La fuite en avant européiste est une idéologie. Pour la rendre possible et acceptable, Macron tire sur le plombier polonais.Il veut mettre des limites à l'idéologie de la concurrence totale en interne comme à l’extérieur, et croire que l’Europe ne sera plus seulement un espace où on ne prend pas de mesures discriminatoires contre les autres européens, mais aussi une zone où les règles fiscales et économiques seront unifiées.

Cela veut dire céder un peu plus le pouvoir à un gouvernement de Bruxelles travaillant en solo avec les députés de Strasbourg, les politiciens français devenant inaptes à changer le cours de quoi que ce soit.

Ce serait cela la « nouvelle souveraineté », une absence devenue totale de souveraineté (avec la perte de la monnaie, du droit, transféré aux cours européennes, des lois touchant le quotidien, de la diplomatie économique externe, et désormais du budget, partiellement transféré et sous tutelle pour le reste).

Tout cela est dans les limbes et devra être observé au fil du temps. Mais on doit déjà s’inquiéter : quand on règle les problèmes par des antiphrases, c’est mal parti. Le souverainisme français passant par Bruxelles est un concept qui reste à explorer.

À total le Macronisme est bien une doctrine : gratuité sociale financée totalement par l’impôt payé par une minorité, européisme débridé, maîtrise de la nation par les hauts fonctionnaires. Cela commence à être une pratique. La doctrine permet tous les opportunismes, pourvu qu’on respecte les vaches sacrées et le politiquement correct. Les partis politiques ont maintenant de quoi fixer leur réflexion.

La vraie question est de savoir si cette conception permet de sortir la France « cassée » de son itinéraire délétère. Nous verrons mais nous sommes très sceptiques. Réparer le doigt cassé d’un conducteur accidenté en train de mourir de traumatismes multiples et incarcéré dans sa voiture, est certes « un pas dans la bonne direction ». Est-ce que cela suffit ?

Le retour du complexe de Zorro

La cote de popularité d’Emmanuel Macron s’effondre au fur et à mesure que la démagogie exagérée de sa campagne apparaît à tous, y compris aux niais qui ont voté les yeux fermés, sans rien lire de son programme. La hausse gigantesque  de 25 % de la CSG apparaît pour ce qu’elle est : une hausse de plus de la pression fiscale. Les contreparties démagogiques qu’il avait annoncées, autant d’achats de vote, s’effilochent au fil du temps. On est revenu au Hollandisme de base : raboter les dépenses et éviter toute réforme de structure, tout en lançant du sable aux yeux des nigauds.

Les Français ne voulaient plus d’une alternance gauche droite, avec des mesures de plus en plus radicales divisant de plus en plus profondément le pays. C’est vrai. Emmanuel Macron a exploité parfaitement ce sentiment.

Le risque, on le voit est celui de la pusillanimité.

Les socialistes, lors de leurs quatre passages, ont mis l’entreprise sous la tutelle des salariés, en leur donnant le renfort institutionnel des juges, dont on sait que nombre d’entre eux sont « rouges », plutôt vifs. Un salarié malveillant ou simplement mal embouché peut agir contre l’entreprise à peu près totalement à sa guise. Le congé maladie bidon, les menaces pénales pour harcèlement, l’impossibilité de sanctionner l’indiscipline, la paresse et même le vol (des juges ont refusé de poursuivre une comptable dans l'entreprise que je dirigeais qui était partie avec la caisse !), ont tout autant que l'impossibilité de licencier sauf à se ruiner, mis KO bien des PME. La vraie réforme est de supprimer la notion de délit de licenciement. Licencier est normal, soit que les projets tournent mal ; soit que l’attitude du salarié est intolérable. Au même titre que recruter. Que l'on demande à l’entreprise une participation aux frais de reclassement est une chose. Transformer les relations sociales en terrain de jeu pour les juges en est une autre. Barémiser la « faute », en fait inexistante, est une manière de dire au salarié douteux : voilà ce que tu toucheras de façon certaine. L’incertitude de la justice limitait un peu les abus. La certitude d’un gain quasi automatique les multipliera. La pusillanimité est de faire semblant d'annoncer un changement radical alors qu’on ne fait qu’entériner un abus général, en interdisant simplement les jugements intolérables.

La question de la directive des travailleurs détachés est du même tonneau. Les effets nets négatifs de la directive n’ont jamais réellement été évalués. Les « dommages » sont probablement nuls et l'effet sur le chômage est non évalué précisément et sans doute inexistants, en tout cas minimes par rapport à d’autres causes. Passer de deux ans à un an la durée d’un détachement ne changera exactement rien. Cela ne vaut certainement pas une crispation diplomatique avec la Pologne, avec le degré de violence verbale que l’on constate.

Dans les deux cas on soulève des problèmes doctrinaux fondamentaux : ici le sens profond du droit du travail ; là l’Europe « protectrice ». Pour accoucher de minuscules souris. On se gardera bien d’évaluer les conséquences. En France, on ne parle d’une difficulté que lorsque le gouvernement a décidé de faire une réforme. On l’a encore vu avec le RMI ; intouchable sauf quand on a voulu créer le RSA. Et on ne cherche jamais à savoir l’effet réel d’une mesure. Les objectifs du RSA ont été totalement perdus de vue. L’argent coule à flots. Le pays coule. Tout le monde s’en fiche. On découvrira que le RSA est une trappe à chômage de longue durée lorsqu’on inventera un RAST (revenu à vie sans travailler).

Claude Allègre avait souligné le « complexe de Zorro » qui semblait animer Sarkozy qui s’était lancé en début de mandat dans une série de combat douteux, les infirmières bulgares ou surtout la TVA des restaurateurs. « Quels résultats ? On ne sait pas ! Passons à autre chose ». 

Jouer au fortiche en début de mandat n’est pas la marque des forts.

Le rôle des politiques n’est ni de complaire ni de se faire plaisir mais de trouver de vraies réponses à des problèmes difficiles. La politique n’a pas besoin de marqueurs mais de résultats.

Plutôt que de dégoiser pendant des heures sur les conséquences sur la communication du Président et son image des derniers évènements, les radios et télévision devraient plutôt documenter et éclairer les difficultés et les solutions possibles. On ne moque totalement de savoir si la cote du Président sera un peu plus négative ou un peu plus positive. Mais on aimerait bien qu’on nous chiffre l’effet d’un raccourcissement à un an des détachements (sachant que deux détachements d’un an font un détachement de deux ans !). Ou qu’on nous explique pourquoi licencier est un acte pénalisable, si recruter ne l’est pas. Le « recrutement à vie sauf sanction » est une absurdité digne d’un adepte de la Révolution Bolivarienne, pas d’un pays à l’origine de bien des innovations et longtemps conquérant.  

On aurait pu faire l'économie de tout ce cinéma.

Le régime des travailleurs détachés : un psychodrame révélateur

Le 16 décembre 1996 a été édictée la directive des travailleurs détachés. C’était le début du forum du journal le Monde, encore sous Compuserve, un nom qui ne dit plus rien à personne, et la tonalité générale des commentaires, sur un forum dominé par les intervenants de gauche, était totalement négative. Admettre que l’on puisse travailler dans un pays sans suivre les lois sociales du pays leur paraissait un crime contre le progrès social et la preuve d’une dérive « néolibérale » des hauts fonctionnaires de Bruxelles.

La réaction était intéressante par ce qu’elle montrait de la mentalité de la gauche française et aussi du caractère étrange de la procédure des directives européennes. Proposées par la Commission et elle seule, les firectives étaient travaillées dans le silence médiatique et votées presque automatiquement par le Parlement, où les européistes étaient majoritairement élus, puisque notamment en France on choisissait les candidats dans les partis de gouvernement uniquement dans la frange la plus fédéraliste, et les gouvernements étaient bien obligés de suivre pour ne pas bloquer une procédure de plusieurs années. Les médias français se désintéressaient totalement de la procédure jusqu’au jour où, tout étant fini, on entendait des protestations enflammées en tout point de l’échiquier lorsqu’il fallait intégrer la Directive dans le droit national.

Rappelons que le 16 décembre 1996, le gouvernement Jospin tenait les manettes. Et voici que la gauche de forum lui reprochait d’avoir autorisé « une arme de destruction massive contre les droits sociaux ». Des propos que l’on retrouvera lors du vote de la directive Bolkestein sur la libéralisation des services « faits à l’étranger avec les règles sociales du pays d’origine ».

La droite de son côté, après la calamiteuse gestion des Énarques Chirac et Juppé, terminée comme on sait, n’avait absolument rien à dire sur le sujet.

Sic transit gloria gallica.

Alors que se posait de façon criante la question de l’organisation du marché unique imposé par Mitterrand, alors que l’effondrement du bloc socialiste de l’est de l’Europe créait une situation pour le moins nouvelle et complexe, compte tenu de l’énorme écart des salaires, les grands partis français n’avaient rien à dire et n’avaient absolument jamais discuté au fond la manière de faire face à cette situation très délicate.

Le Commission a été laissé seule à formuler ses solutions. Elle l’a fait comme elle sait le faire : non pas sur la base réaliste des rapports d’intérêts mais sur celle essentialiste des trois libertés fondamentales de circulation des biens, des personnes et des capitaux. Et adviennent que pourra !

Comme les principes ne se discutent pas, l’essentialisme européiste a triomphé dans le non-débat auprès des instances politiques et médiatiques. Ensuite, plus de débats possibles et seulement des grognements vains. Les européistes se sont contentés de crier à une victoire formidable du droit et des bons sentiments. Les autres ont gesticulé pour rien.

Et voilà comment 20 ans plus tard, on essaie de changer une directive qui a naturellement connu un grand succès mais qui, dans le cadre d’un chômage désastreux, a pris l’allure d’une provocation. La campagne électorale a montré que tous les candidats étaient pour un durcissement ou une suppression de la Directive ! L’essentialisme est incompatible avec les élections nationales. On découvre qu’il est presque impossible de modifier un directive. Il faut reprendre tout le processus , aboutir à une quasi-unanimité, alors que les règles mises en place ont créé des avantages acquis et des divergences marquées entre les pays signataires. Le seul argument des pays demandeurs est que  la directive pousse à des conséquences électorales « populistes ». Macron n’a guère d’autres arguments que de dire : c’est cela où un gouvernement populiste et antieuropéen sera élu au prochain coup en France ! C’est peu.

La vérité est si simple. Il y a toujours eu des accords de détachements entre les pays, même si les régimes sociaux étaient très différents. Les Algériens ont par exemple commandé à la Chine la construction de milliers de logements clefs en main, intégralement réalisés avec de la main d’œuvre chinoise. Quiconque a voyagé beaucoup sur les lignes orientales sait que depuis les années soixante- dix on y voit des cohortes d’hommes venant tous du même village aller vers des pays d’accueil temporaire pour y faire des travaux à bas prix. Des groupes d’Indiens, de Pakistanais, de Coréens, d’Indonésiens, ont ainsi rayonné pendant des décennies un peu partout et notamment dans les pays du Golfe.

La France, elle-même, a longtemps pratiqué le recours aux travailleurs temporaires maghrébins, dans l’industrie automobile, dans le bâtiment et dans l’agriculture, jusqu’à l’erreur magistrale de Giscard, qui, inquiet des conséquences électorales de la montée du chômage, a interrompu ces contrats et privilégié l’immigration permanente et le regroupement familial.

Une écluse vaut toujours beaucoup mieux qu’un mur ou une liberté totale.

Ajoutons, et c’est un des arguments que nous avions défendus à l’époque, qu’il est des situations où il est impossible de faire autrement que d’envoyer temporairement à l’étranger des techniciens aux conditions du pays d’origine. Si vous avez conçu un logiciel très performant et dominant sur un créneau donné, vous allez le vendre partout dans le monde et le soleil ne se couchera plus sur votre zone de chalandise. Nécessairement l’installation et la formation des utilisateurs se feront au moins tant que la masse de clientèle n’aura pas atteint un certain niveau, par vos techniciens. Ils seront détachés à vos conditions dans le cadre d’un contrat global où vous aurez défini votre prix accepté par l’autre partie contractante. Il est strictement impossible de l’empêcher et ce serait dommageable : si le client a investi c’est que c’est son intérêt et donc celui du pays importateur du service.

Dans le cadre européen il était parfaitement légitime de définir un cadre réglementaire libéral permettant que ces activités soient parfaitement légales et inattaquables. Sinon elles se seraient développées « au noir », ou elles auraient été réduites, ce qui aurait privé les économies de solutions utiles.

Dans le cas de la directive sur les travailleurs détachés comme sur celle sur les services (dite Bolkestein), la légitimité de l’élaboration d’un cadre commun est parfaitement compréhensible, et le principe de la conservation des conditions sociales du pays d’origine n’est pas attaquable.

Restent les modalités, dans un cadre où les écarts de niveau de vie et de compétences sont aussi extrêmes qu’entre l’ouest et l’est, le nord et le sud de l’Europe !

Dans le secteur informatique, il est vite apparu que le coût des logiciels par exemple français, ne permettait pas des ventes de masse au Portugal ou en Roumanie. La solution aurait été de recruter des informaticiens de ces pays, à leurs conditions d’origine, pour écrire à bas coûts des logiciels moins chers. Au passage, le mécanisme aurait permis d’équilibrer les comptes extérieurs de ces échanges. Mais là il fallait créer une filiale dans le pays le plus pauvre, ce qui impliquait des délais et des coûts. Pendant ce temps-là, les États-Unis acceptaient sans états d’âme de faire venir chez eux des programmeurs indiens et attaquaient les marchés européens…

Dans un système de liberté générale des échanges, seule la souplesse paie.

Il est évident que le gros du marché du travail détaché concerne les ouvriers et la main d’œuvre non qualifiée à faible productivité. Dès le début de l’année 1997 on a vu débarquer sur la Côte d’Azur des « jardiniers » anglais offrant leurs services sans charges sociales. Ils ont clairement déréglé le marché local et… permis à des tas de gens de faire des travaux qu’ils n’auraient pas fait autrement. Le marché de la rénovation d’appartement a bénéficié du même engouement pour des travailleurs deux fois moins chers que les artisans français. L’agriculture a également bénéficié des salariés moins coûteux. On ne voit que l'aspect « concurrence déloyale ». On ne voit pas que beaucoup des travaux faits ne l'auraient pas été autrement. Il ne faut pas non plus trop crier à la concurrence déloyale : beaucoup des travailleurs détachés sont utilisés par les artisans locaux les plus performants…

L’équipement des bateaux construits à Saint Nazaire repose, pour être compétitif, sur le recours massif aux emplois détachés. C’est cela ou la fermeture des chantiers.

La construction, accablée de règles contraignantes et absurdes, et en disette de candidats depuis des lustres, a évidemment usé et abusé des travailleurs détachés. Cela a permis le boom de la construction que l’on a connu, sans altérer la santé des artisans locaux, qui sont, aux endroits où la demande est forte, quasiment en manque permanent de professionnels compétents. Que l’on regarde ce qui se passe par exemple en Bretagne où le marché a surmonté la crise de 2008-2009 sans drame.

Revenir sur les deux directives est une orientation malthusienne et politicienne.

La France a répondu aux trois crises majeures (1 974, 1 993 et 2 009) en faisant venir au pouvoir des socialistes qui ont incroyablement bloqué les relations sociales, réduit le travail et accru les coûts. Ces mesures ont largement tué la compétitivité française, comme on le voit en ce moment même avec l'accroissement des déficits au moment où l'euro et le Monde connaient une petite reprise. Il est sûr que le problème des travailleurs détachés (comme celui du travail au noir, où celui de l'immigration clandestine) aurait été bien moins présent sans ces politiques désastreuses.

Il ne faut en aucun cas revenir sur le détachement d’accompagnement des grands et petits investissements. En aucun cas. C’est la condition de la survie de nos fournisseurs sur le marché intérieur comme extérieur dans l’environnement ouvert qui est le nôtre.

En revanche l’intérim de longue durée, massif et organisé, d’ouvriers étrangers à bas coûts par des entreprises ad hoc devrait être autorisé au coup par coup au sein de l’Europe comme il l’est sur une base bilatérale avec de nombreux pays.

La France aurait par exemple intérêt à passer des contrats de ce type pour les constructions associées aux jeux olympiques dont elle a obtenu l’organisation. Elle ne disposera pas des capacités nécessaires sur une base purement nationale, et s’agissant de travaux massifs et très concentrés dans le temps, aurait-elle pu rassembler de telles capacités, elle se serait retrouvée avec un chômage de masse à la fin des travaux.

Autant dire que la démarche Macron, d’inspiration purement politicienne (cela faisait plaisir aux électeurs d’entendre la condamnation des directives sur les travailleurs et les services détachés, notamment à gauche), se heurtera nécessairement à de vraies résistances parfaitement fondées. Les commentateurs de TNT n’y voient d'ailleurs qu’un enjeu politicien (l’Europe est-elle vraiment indéformable comme le disaient le FN et une myriade de petits candidats lors des récentes élections présidentielles).

Le débat de fond sur les vrais enjeux est, lui, toujours inexistant.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Lord Adair Turner : l’erreur comme un grand art politico social

Une forme aigüe de l'imposture économique

Adair Turner est probablement ce qu’on trouve au Royaume Uni de plus proche d’un Énarque Compassionnel français. Il est passé des postes publics aux postes privés et retour dans une belle chorégraphie, digne de nos meilleurs Inspecteurs des finances. Il a trempé dans tout et rien et cautionné toutes les imbécillités à la mode, un temps, avant de les dénoncer. Il restait à mettre tout cela dans un livre ce qu’il fit avec Between Debt and the Devil : Money, Credit, and Fixing Global Finance, Princeton University Press, 2015, 320 p. (ISBN 978-0691169644) qui a été traduit et publié en France sous le titre : « Reprendre le contrôle de la dette. Pour une réforme radicale du système financier » ; Édition de l’Atelier. (ISBN 2-7082-4513-6).

« Turner est Directeur général de la Confédération de l'industrie britannique (CBI) de 1995 à 1999. Dans ce rôle, il est l'un des principaux promoteurs de l'adhésion britannique à l'euro -- une position qu'il a avoué plus tard être erronée », écrit Wikipédia.

De 2000 à 2006 il est vice-président de Merrill Lynch pour l'Europe. Il est donc banquier au pire moment des folies bancaires. En vérité il a un poste politique et peu financier. Ce qui lui permettra de faire feu sur la finance en quittant le poste.

Plus tôt il avait été un fanatique de la taxe Tobin, une erreur majeure.

Plus tard il sera pour 5 ans président du FSA, la Financial Services Authority, qui supervise les marchés financiers, ce qui est bien normal pour un homme de Merrill Lynch.

C’est cette expérience qu’il monétise par des conférences et ce livre.

Une telle girouette est toujours dans le politiquement correct du moment et l'originalité de ses réflexions est exactement nulle. Son intérêt doit se chercher dans une capacité presque surhumaine à cumuler toutes les sottises que l’on a pu écrire sur la crise et ses solutions, alourdie par un art très particulier d’aller les chercher et dans les milieux anglo-saxons et dans le fond de sauce social-démocrate  européiste.

Anobli pour ce talent unique, il est le témoin presque emblématique de l’idiotie de l’époque.

Nous avions décidé de ne jamais traiter sur ce blog de cette noble figure pour ne pas aggraver votre tendance naturelle à la critique. Mais la couverture de cet ouvrage est telle dans les médias français qu’il faut bien faire un certain travail de correction.

Comme toujours on met en avant des chiffres exacts mais avec une interprétation fausse.

Citons : « dans les années 1990-2000 la dette privée augmentait de 15 % d’an. On croyait que cette augmentation était indispensable pour atteindre un tel niveau de croissance [5 %] ».

L’auteur ne comprend absolument rien à la cause de la hausse de la dette privée et accuse un « on » dont il ne donne aucune composante. À cette époque de très nombreuse voix se sont élevées pour contester les mécanismes qui poussaient à cette hausse indécente, dont celle de Maurice Allais qui a été particulièrement forte et précise. Ce sont les énormes excédents et déficits croisés de l’époque qui ont créé la bulle de crédits mais il est hors question ni de le voir, ni de le critiquer. Cela forcerait à aller trop loin dans la remise en cause des idées communes et ferait perdre tous les beaux postes publics, privés et parapublics.

Citons : « Les crédits ne financent pas les investissements productifs » Ils « alimentent la distribution de crédits immobiliers ». Là encore, c’est parfaitement exact. Nous avons théorisé cette forme d’économie, sous le nom d’« économie baudruche » car elle finance la recherche spéculative de gains en capital, donc des bulles alimentées par la création monétaire.

Au lieu de voir la vraie cause, l’auteur sombre dans le politiquement correct à trois balles en incriminant la montée des inégalités. On retrouve le keynésianisme pour enfant de chœur qui explique que les riches consomment moins que les pauvres et donc perdent les ressources rares dans des spéculations honteuses. Comme pour la « cupidité des banquiers », il semblerait que dame nature ait voulu que les riches entre 1990 et 2 000 se soient mis spontanément à investir comme des malades dans l'immobilier.

L’auteur manipule des « marqueurs » de gauche, nécessaires à sa crédibilité dans l’ambiance du moment, rejoignant Krugman et tous les keynésianistes américains. L’explication est totalement fausse. La France n’a pas connu d’amplification de l’écart de richesses entre riches et pauvres et l’immobilier est tout de même monté à des sommets. La plus grande crise immobilière a eu lieu avant : avec la spéculation mondiale sur les bureaux de 88 à 91, source de la gravité de la crise de 92-93. L’auteur de toute façon est incapable de couvrir la période 1 971 – 2 008. Les dettes créées n’ont, nulle part ailleurs qu’aux États-Unis, avec les subprimes garanties par l’État, servi à financer les achats des pauvres.

La création monétaire forcenée des banques centrales a fait baisser les taux d’intérêt si bas que tout le monde a cherché à emprunter, les plus gros emprunteurs étant les états et les fonds spéculatifs.

Citons : « Je vous défie de trouver une seule entreprise allemande ayant augmenté un tant soit peu ses plans d’investissement du fait de l'annonce de l’assouplissement quantitatif de la BCE ». « Si elle a un tant soit peu fonctionné c’est uniquement parce qu'elle permet de relâcher les politiques budgétaires ».

Ce que notre auteur oublie c’est que cette politique a eu pour but principal de sauver les banques (et les dépôts du grand public) confrontées à une perte globale supérieure à 10 mille milliards de dollars et les États sur endettés. On ne voit pas trop où a été le relâchement des politiques budgétaires. Demander aux Grecs.

Le sous-investissement a été la caractéristique principale de toute la période 1971-2016, et correspond à l'installation de l’économie baudruche par les accords de la Jamaïque.

Citons : « [les banques centrales] doivent financer les déficits de façon permanente en monétisant la dette des États. En clair en faisant marcher la place à billets ».

Eureka, j’ai trouvé ! Youpi, c’est facile ! Le Graal, j’ai trouvé le Graal ! Vive la planche à billets !

En revanche il faut contraindre les banques pour qu’elles ne prennent pas de risques insensés. On oublie d’expliquer pourquoi elles ne finançaient pas l’investissement ni pourquoi l’investissement ne serait pas risqué.

Tout cela est de la posture et n’a strictement aucun intérêt ni explicatif ni curatif. On fournit à tous les « marqueurs » idéologiques qu’ils attendent et on les présente « en même temps » comme tout bon haut fonctionnaire ambitieux, sans se soucier de rien, ni des explications ni des contradictions. Cela permet d’être édité, puisqu’on n’a aucun ennemi, et de briguer les postes les plus éminents, puisqu’on défend l’État, les petits pauvres et la facilité, tout en se flattant d’être « pro business ».

Et d’être fait Lord. Une pensée nulle servie par une sorte d’imposteur sympathique, à éviter absolument comme dirait le Canard Enchaîné !

France : encore des statistiques accablantes.

Et aucune réaction du bon niveau

Les résultats du commerce extérieur pour juin viennent d’être publiés. Ils sont dramatiques. La France a vu son déficit commercial monter à 4.7 milliards d’euros. Sur les six premiers mois de l’année, le cumul des déficits est de 34,3 milliards. La hausse est de 50 % sur l’année dernière. Depuis les mesures Jospin-Aubry de la fin du siècle dernier, la France a totalement perdu sa compétitivité ; Pas une année à l’équilibre ou en excédent ; En 20 ans près de 1 000 milliards de déficits, c’est-à-dire de besoin de devises qu’il a fallu emprunter, d’assèchement de la demande nationale, des capitaux qui partent à l’étranger, de pression sur le système bancaire, de pression sur l’emploi. Cette perte de substance correspond à presqu’une année de valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand.

Inutile de chercher loin les bénéficiaires : pour l’essentiel la Chine et l’Allemagne.

L’Allemagne a accumulé 22 milliards d’euros d’excédents en juin, 121 milliards depuis le début de l’année. Dès 2009 l’excédent dépassait 138 milliards. En 2016, il était de 252 milliards. Et l’Allemagne a dû intégrer l’économie malade de RDA pendant la période !

Rappelons que les gros déficits et les gros excédents sont théoriquement interdits dans les statuts du FMI et, en Europe, soumis à une action correctrice de Bruxelles…

La presse a largement rendu compte de ce désastre. Il manque une analyse des causes et des conséquences. Pour beaucoup d’observateurs ces écarts sont un simple épiphénomène. Les imbéciles heureux, et il y en a une flopée dans les médias de la TNT obligés de bavarder pendant des heures, ces déficits ne sont pas graves, pas plus graves que les excédents allemands. Les taux d’intérêt étant très faibles, nous finançons nos dettes sans problème. Youpi. Toute cette consommation à crédit auprès d’entreprises étrangères nous tue à petit feu sans que personne ne le réalise.

Les excédents allemands sont une autre calamité. Les banques allemandes voient leurs coffres se remplir d’une monnaie qu’elles peuvent multiplier. Mais pour en faire quoi ? Les entreprises allemandes n’ont pas besoin d’investir puisqu’elles sont déjà sur compétitives. S‘agissant des soldes en euros, le gouvernement parle de remboursement de la dette d’état. Mais les excédents n’appartiennent pas à l’état. Ils sont détenus par les entreprises et déposés dans les banques. Ces capitaux vont aller à la recherche de gains en capital un peu partout dans le monde et cautionner une hausse des encours de dettes du système bancaire allemand. S’agissant des en-cours en devise non-euro, en général en dollars, le remploi local est impossible. Les devises vont donc être replacées sur leur marché émetteur, où ils vont permettre une poussée de crédits, contribuant à aggraver l’économie baudruche. Car là aussi l’argent va rechercher des plus-values à court terme.

Et susciter désormais l’ire de Trump qui considère que les déficits américains sont de la seule faute des pays en excédents.

L’irresponsabilité de facto des grandes nations vis-à-vis de leurs soldes extérieurs, est incontrôlable en régime de changes flottants comme de monnaie unique, sauf à créer des mécanismes coercitifs automatiques qui sanctionnent automatiquement les grands déséquilibres et mettent en branle les politiques correctrices des États.

Excédents et déficits sont directement corrélés au système de change et au système financier mondial. Cette corrélation n’est jamais évoquée dans la presse, alors qu’elle est cruciale et explique l'essentiel des mécomptes de la croissance mondiale depuis 1971. Les grands déficits et les grands excédents sont le signal des dysfonctionnements des systèmes monétaires internationaux et pas seulement des forces et faiblesses respectives des économies.

La France continue de s’enfoncer dans une situation à la grecque. M. Macron est semble-t-il particulièrement heureux du résultat des « cent jours » de sa gestion. On ne trouve aucune mesure à la hauteur des déficits constatés et de leur aggravation. Supprimer aux parlementaires la possibilité d'employer des proches et de distribuer des subventions n’a pas d’impact macroéconomique. À plus long terme donner l’argent des retraités aux salariés actifs ne fera qu’aggraver les choses. Toute hausse artificielle du pouvoir d’achat est convertie en déficits extérieurs aggravés. La loi travail n’aura aucun impact notable, comme la loi El Khomry l’a bien montrée. Si l’inversion confirmée de la chaîne des droits est idéologiquement très connotée et très forte du point de vue des principes, les très minimes mesures concrètes, elles, sont certes nécessaires à long terme mais à la limite de l’effet zéro dans les prochains mois.

La vérité est plus prosaïque.

-        En interne, il faut travailler plus, supprimer effectivement et massivement des emplois publics sans réelles nécessités ou à la productivité quasi nulle et que l’état réduise drastiquement sa voilure, avec une baisse massive des impôts, en commençant par l’ISF.

-        En externe, il faut une diplomatie de la prospérité qui permette de supprimer les dysfonctionnements des systèmes monétaires internationaux.

Les deux actions sont corrélées puisque, sans santé interne, il est impossible d’obtenir la moindre crédibilité externe.

Macron aurait donc dû décréter dès son arrivée la fin de l’ISF et la hausse de la durée de travail partout (retour aux quarante heures, notamment dans les collectivités locales), avec une modification radicale du statut des fonctionnaires (contractualisation de tous les fonctionnaires sauf la plus haute classe de la catégorie A).

Ne l’avoir pas fait est une faute. Le temps perdu ne se rattrape jamais.

Anniversaire du blocage financier de 2007 : toujours les mêmes erreurs

En dix ans aucun progrès dans la compréhension des mécanismes du désastre

On pourrait penser qu’avec le temps, la crise de 2008 aurait été comprise dans la totalité de ses dimensions et qu’on éviterait, 10 ans après le blocage du marché interbancaire dès l’été 2007, anticipant la récession globale, les mêmes fausses explications et les mêmes simplismes qui ont été la règle dans les instances officielles et, par contagion, dans la presse. Le côté amusant de l’affaire est de voir coexister un commentaire débile et sa réfutation sous forme graphique dans mille exemples publiés dans le même journal ou dans les diverses publications du jour. Comme si les chiffres étaient une décoration et qu’il n’importait pas de faire le lien entre l’histoire qu’ils racontent et le commentaire.

On ne veut accabler personne et surtout pas les journalistes : ils travaillent avec les interprétations fournies par les instances officielles, mais certains parviennent à un degré de représentation des erreurs ambiantes qui mérite d’être honoré.

Prenons par exemple, parmi plusieurs autres du même tabac, l’article de François Vidal dans Les Échos du 7 août.

Première erreur : la crise a été provoquée par « la bombe à fragmentation des subprimes américaines » (sic). Les subprimes, représentent 600 milliards de dollars de dettes difficiles à recouvrer. Au final, on trouvera 300 milliards de pertes. C’est grave. Coupable même, tant les risques associés aux mécanismes et aux pratiques de ce marché étaient visibles. Mais la perte globale internationale  est de 10 000 à 12 000 milliards de dollars. C’est ce désastre qui allait mettre les banques mondiales au tapis, pas les subprimes. Les subprimes ont joué le rôle de l’allumette. C’est bien ce marché qui a bloqué les relations interbancaires. Mais la bombe était ailleurs et c’est l’explosion de la bombe qui a fait mal. Si HBOS et Lloyds ont liquidé 67 000 salariés sur 135 000, ce n’est pas à cause des subprimes. Si RBS a fait de même (69 000 sur 135 000 également) ce n’est pas pour cela non plus. Si les banques centrales ont gonflé de 12 000 à 13 000 milliards de dollars leurs en-cours et proposé des intérêts négatifs sur une longue durée, du jamais vu historique, ce n’est pas pour couvrir 300 milliards de pertes, couvertes facilement  par le Trésor américain et les amendes internationales que les États-Unis ont imposées aux banques mondiales.

Deuxième d’erreur : « des progrès spectaculaires ont été faits pour domestiquer la planète finance ». N’ayant aucune idée des sources du délire financier qui s’est emparé de la planète en question, le commentateur ne peut que répéter des banalités faciles. Rappelons que la crise est associée aux énormes déficits américains et excédents croisés au Japon, en Chine et en Allemagne. Par le mécanisme de la double pyramide de crédits démontrés par Rueff et Allais, on sait que ces énormes flux financiers et monétaires ont provoqué l’apparition d’une économie baudruche où l’argent n’allait plus principalement aux investissements productifs mais à des spéculations sur des possibles gains en valeur. Le haut de bilan a remplacé le compte d'exploitation.  Et la spéculation généralisée s’est envolée à des sommets intenables. On a depuis essayé d’étouffer l’amplificateur bancaire qui a été la principale victime de l’explosion mais on n’a rien touché des causes. Aujourd’hui encore l’Allemagne la Chine et le Japon ont accumulé environ 1 000 milliards de dollars de bons du trésor américain.  Ces flux ont les mêmes conséquences. La planète finance n’est en rien domestiquée. Elle panse ses plaies et a le plus grand mal à purger ses pertes accumulées dont l’essentiel a été caché pendant des années. L’Europe a été trop loin dans la mise en place de règles constrictives dont les banques américaines se sont libérées très vite, ce qui leur a permis de revenir à une meilleure situation. La finance grise a repris une bonne partie de la spéculation faite par les banques de dépôts, les banques universelles et les banques d’affaires. L’auteur de l’article le souligne. Mais il ne voit pas que des bulles existent partout. Elles exploseront comme d'habitude. Le journal Les Échos le confirme lui-même dans la même édition en citant le fait que le Nickel a vu son cours augmenté de 18 % depuis juin. La preuve explicite que « la planète finance est domestiquée » !

Troisième erreur : « En Europe la création de l’union bancaire et la correction des déséquilibres de la zone euro ont renforcé la solidité du secteur ».

L’union bancaire n’a rien renforcé du tout. Les instances fédéralistes ont profité de la crise pour pousser leur avantage et imposer une réforme qui n’apporte rien de fondamental sinon plus de pouvoir européen et moins de responsabilités nationales. Quant aux déséquilibres de la zone Euro, il suffit de voir, en interne, les excédents de l’Allemagne, jamais plus importants (voir un de nos articles récents), pour vérifier qu’il n’y a eu aucune correction. En externe ce n’est pas mal non plus. Le déficit de la zone euro vis-à-vis de la Chine est 146 milliards d’euros en 2016 !

Quatrième erreur : « C’est toujours sur les épaules d’une poignée de banquiers centraux que repose le sort de la finance comme de l’économie mondiale ».

L’illusion que les marchés fonctionnent bien sous la houlette bénéfique des banques centrales est une des sottises du temps. Les équilibres macroéconomiques ne dépendent que marginalement des banquiers centraux. Ils sont de la responsabilité des États et des politiques économiques et sociales menées, ainsi que du cadre institutionnel global. Si ces politiques sont non coopératives (ou coopérative uniquement dans les mots) et poussent à de graves déséquilibres, et si les institutions n’imposent pas les comportements correctifs nécessaires, alors c’est l’économie dans son ensemble qui devient dysfonctionnelle. Le fait que les banquiers centraux soient à ce point sollicités montre bien que le système global est vicié et pas autre chose.

Rappelons un dernier chiffre : le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de la Chine est de 347 milliards de dollars en 2016. Cet afflux de dollars a mis en branle une bulle de crédits en Chine que tout le monde constate. Comme les dollars eux-mêmes sont replacés finalement aux États unis, ils y créent une bulle de création monétaire qui explique la hausse historique des bourses locales et la meilleure santé des institutions financières américaines, au prix de placements toujours aussi spéculatifs. La crainte commence à entourer à nouveau le dollar. Voici que l’Euro remonte. Merci pour les équilibres et l’action régulatrice des banques centrales.

À force de ne jamais faire les bons diagnostics, on finit par n’écrire que des bêtises sans rapport avec les réalités.

Consternant.

En relisant « La mondialisation heureuse » d’Alain Minc

Lorsque les mouches ont changé d’âne, après avoir compris qu’Alain Juppé était hors course et qu’il fallait se précipiter vers Emmanuel Macron, un des premiers migrants fut Alain Minc, légèrement décrié pour un amour de la mondialisation, puis étrillé par la dépression de 2008-2009 et la stagnation qui s’en est ensuivie. La réaction « populiste » de droite comme de gauche exigeait d’ériger un rempart et vite.

Ce goût pour les Énarques politiciens est tout à fait étrange pour qui s’amusera à relire « La mondialisation heureuse », paru chez Plon en 1997, 20 ans déjà.

« La mondialisation impose sa dynamique : davantage de marché, des États sur le recul, ». Pas de chance une grave crise du système des changes flottants se déclenche peu après la parution du livre, appelée à tort « crise des pays émergents », alors que c’était une première explosion de l’économie baudruche qui affolée s’était repliée à toute vitesse vers le dollar, provoquant une réappréciation totale du rôle des marchés financiers dans moult pays et une première intervention massive des banques centrales, c’est-à-dire de l’État. La crise de 2001 et surtout la récession suivante allaient provoquer l'effondrement des marchés et le cadenassage de la finance par les États. Jamais l’emprise des États par la monnaie, la réglementation et les impôts n’a été plus sévère.

On pourrait récrire la phrase : « la dynamique détestable d’un système monétaire dysfonctionnel a provoqué le contrôle serré des marchés et une extension massive du rôle de l’état ».

Alain Minc poursuit : « L’avenir n’appartient ni aux emplois publics ni à la gestion administrée ni aux bureaucraties, ni aux mécanismes centralisés. Et nous seuls au monde à accroître le poids des emplois publics ». « Le pays unanime s'enorgueillit de son service public à la française, sans s’étonner de voir la SNCF crouler sous les dettes au moment même où la Bundesbahn va être privatisée ».

Cette remarque est, elle, parfaitement fondée. Malheureusement les Présidents Énarques Chirac et Hollande, aggraveront tout, le malheureux Sarkozy s’épuisant dans des demi-mesures d’apparence ou de détail. Entre un million et un million cinq cent mille emplois publics ou « quasi publics » pour reprendre la terminologie d’Alain Minc, seront créés dans les 20 années suivant la parution du livre. La France se retrouvera à 56 % du PIB de dépenses publiques (120 % de la valeur ajoutée du secteur marchand), un niveau de prélèvement fiscal communiste, et une dette irrécouvrable de 100 % du PIB pour la partie publique et 400 % pour la dette globale, avec 5 à 6 millions de chômeurs.

Quant à la SNCF, qui croule sous un statut des cheminots et des pratiques managériales qui interdisent tout espoir de productivité, sans parler de rentabilité, elle s’effondre sous la direction d’un dirigeant qui ne dirige rien (sa seule mission est d’éviter la grogne sociale, c’est-à-dire les grèves Juppé), multipliant les accidents, les retards, les abandons de lignes, le pourrissement du réseau francilien, et les dettes. L’incident du Week-End qui a vu une gare bloquée pendant quatre jours lors du moment de pointe des migrations vacancières est une forme de feu d’artifice dans le domaine de l'incompétence technique et de la faillite commerciale.

Du coup on ne comprend plus très bien les choix politiques d’Alain Minc. « Plus jamais d’Énarques » aurait dû être son slogan. En choisissant Emmanuel Macron, il a soutenu le pronunciamiento des hauts fonctionnaires et l’énarchie triomphante est partout. Mme Parly, Ministre de la guère (comme on dit dans les casernes), faisait carrière à la SNCF où elle a couvert de sa sagacité la dérive financière mortelle de la société publique. La ministre des transports a exactement le même profil, mélangeant l’engagement socialiste et les carrières à cheval entre haute fonction publique et entreprises nationales. On s'étonne du manque de réaction de l’une comme de l’autre devant les problèmes dramatiques que posent d’un côté le sur engagement de nos forces militaires et de l’autre la consternante panne de la gare Montparnasse, ainsi que de la réaction poussive et convenue d’un Edouard Philippe qui lui a virevolté entre le socialisme et sa variante juppéiste, des engagements bidon dans une entreprise publique et le carriérisme local.

Cet étonnement frappera d’étonnement ceux qui savent comment fonctionnent les hauts fonctionnaires.

Une des curiosités du temps, est qu’on juge le mouvement En Marche, comme naguère nos journalistes et universitaires jugeaient l’Union Soviétique : uniquement sur les intentions. Pendant 75 ans on a présenté en Occident l’univers soviétique sans tenir compte une seule seconde de la réalité. Les quelques rares voix qui disaient la vérité étaient immédiatement écartées comme « fascistes » ou « faisant le jeu des fascistes » ou « victime d’un anti communisme viscéral et primaire ». Après l’effondrement du régime monstrueux, on a dû constater à regret que c’était pire que le pire. Mais on rechigne à l’écrire. On aurait l’air trop stupide.

Pour En Marche, c’est la même chose. « Ils le feront… un jour ». Attendre avec la foi chevillée au corps, tel est le mantra. Faire confiance car cela va se faire, compte tenu du pouvoir politique obtenu des urnes et qui sera conforté bientôt au Sénat.

La réalité est moins glorieuse : la poursuite de la politique de F. Hollande, sans les cris d’orfraies de la gauche du PS. On rabote la dépense sans mesures de structure. On augmente massivement les impôts (+25 % sur la CSG). Pour le reste, il faut s’extasier sur la fin des emplois familiaux en politique.

À nouveau on explique que l’important est… l’explication. Il ne s’agit pas de discuter de mesures mais de mettre l’inaction gouvernementale « en perspective ». Le discours avant l’action, à la place de l’action.

En attendant Godot : c’est-à-dire une croissance importée de l’extérieur.

Alain Minc va pouvoir écrire un nouveau livre : « la Macronisation heureuse ».

Note de conjoncture - juin 2017

Qu’écrivions-nous il y a deux ans, en mai 2015 ?

 « Que nous soyons dans la phase haute du cycle décennal, nous l'affirmons depuis un moment. Le schéma conjoncturel se répète de cycle en cycle depuis 1972 avec une belle régularité : crise ; rebond avec contre-choc ; stagnation puis reprise lente et deux à trois ans de folie spéculative. Ce que nous constatons aussi, c'est que le trend baisse de cycle en cycle, les récessions sont de plus en plus violentes et les reprises sont de plus en plus lentes et artificielles, surtout dans les pays qui comme la France ont fait le choix de voler radicalement leurs citoyens. Ce qui se passe ces derniers mois est l'exact reflet de cette analyse. La reprise est née comme d'habitude des États-Unis, a percolé vers les pays ouverts, comme la Grande Bretagne et commence à s'étendre. Mais le rythme de la reprise est très faible, encore plus faible qu'en 2006-2007, dernière phase haute du cycle, et elle extrêmement artificielle » ;

Dans la pratique la phase de haute conjoncture s’est développée partout ces deux dernières années, sans atteindre des niveaux de croissance importants. La France, sous l’effet des mesures prises en 2010,11 et 12, a connu une croissance faible de 1.1 % sans accélération jusqu’au début de cette année.

Le commerce extérieur très malade encore en 2015 a fini par reprendre également en 2017 permettant au Japon de sortir partiellement son marasme. L’entrée en phase haute du cycle de l’automobile et la bonne tenue du bâtiment sont les deux supports de la croissance. La France désormais connaît une petite accélération de sa croissance avec des taux qui remontent progressivement vers 2 %.

Nous ajoutions :

Le schéma le plus probable est qu'après le sursaut habituel de fin de cycle, les bulles spéculatives accumulées exploseront à nouveau. Elles sont moins généralisées que d’habitude. La crise sera donc relativement faible. Avec probablement un effet important sur les bourses mais peu marqué sur les PIB. À quelle date ? Entre 2016 et 2018.

C’est la grande question. Les crises quasi décennales étant généralement le fruit des excès de crédits et de surinvestissement, l’étouffement du crédit d’investissement pendant de longues années, a lissé une partie des causes d'explosions. De même l’étouffement des banques sous les contraintes a réduit l’euphorie de fins De cycle. Il peut être légitimement avancé que l’alternance cyclique habituelle peut être sensiblement modifiée. On peut à l’inverse constater que les déséquilibres structurels de balances de paiements ont néanmoins provoqué une croissance notable de la dette globale, largement assumée par les banques centrales, et une survalorisation des actifs notamment aux États-Unis, où la croissance de la bourse n’a pas de rapport avec celle du PIB. On devrait donc assister à une correction des bulles sans énormes conséquences sur le PIB, puisque celui est relativement atone.

Avec plus de réserve que d’habitude, nous maintenons une alerte sur la conjoncture quelque part entre mi 2 017 et 2 019. Nous maintenons que la correction devrait être de faible ampleur sur le PIB dont la croissance sera simplement ralentie mais pas annulée et une correction plus forte sur les marchés qui ont très fortement augmenté, comme la bourse aux États-Unis et certains marchés immobiliers.

Il est significatif que la presse qui ne se préoccupait pas du rythme décennal des crises, y fait une large place, pour éviter de passer à côté une nouvelle fois d’un incident majeur de conjoncture. Mais il est possible que l’étouffement du crédit ait rendu ce mécanisme obsolète et qu’il faille désormais changer de modèle.

Ci-dessous nous donnons la correction de notre scénario avec un léger décalage dans le temps et dans l’intensité de la correction. Il est basé sur notre ancien modèle. Nous le maintenons tant qu’il n’aura pas été invalidé. Mais il faut admettre que nous vivons dans un contexte absolument nouveau.



Edmund Phelps : « La Prospérité de Masse » - Odile Jacob

Une pensée réellement originale et utile totalement étrangère en France

J’ai croisé pour la première fois les travaux d’Edmund Phelps à la fin des années soixante. La thèse de doctorat que je préparais concernait la prévision à long terme. Plus j’avançais dans ce travail, moins il m’apparaissait que cet exercice fut, sinon utile, du moins possible. Comme mon directeur de thèse vivait de la passion de l’époque pour le futur, les tensions grandissaient. Le travail universitaire est ainsi fait qu’il me fallait trouver des études extérieures corroborant les hypothèses désagréables que j’avais émises. Il n’y en avait pas. Sauf un texte d’un certain Edmund Phelps qui expliquait très justement que l’économie concurrentielle était fondée sur l’imagination et la rupture et que toute prévision longue n’avait strictement aucun sens, ce que la suite allait prouver au-delà de toute contestation. Cette référence entraîna le retrait immédiat de mon directeur de thèse, peu soucieux de travailler contre son gagne-pain. La connaissance n’est pas la seule mamelle de l’Université, ni l’objectivité et le courage intellectuel. La mode de la futurologie est passée depuis longtemps. RIP.

Edmund Phelps a, lui, continué à montrer une capacité à s’investir dans les grands problèmes économiques sans préjugés ni révérences excessives aux anciens. On reconnaît les grands maîtres à ce qu’ils s'attaquent aux grandes questions. Quel était le drame intellectuel de la science économique à la fin des années soixante ? Deux branches contradictoires de la discipline s’étaient développées en parallèle : la microéconomie et la macroéconomie. Pour simplifier, l'économie basée sur le modèle Pareto-Walrasien, et l’économie keynésienne fondée sur le jeu de variables globales. Les professeurs d’économie prudents, comme Raymond Barre en France ou Samuelson aux États-Unis, se sont contentés, dans leurs manuels, de faire coexister les deux mondes sans tenter de les réconcilier. Dans le premier tome de son manuel Barre explique que les crises ne sont pas possibles car les marchés réagissent pour « revenir à l’équilibre ». Dans le second il explique comment on jugule les crises… Edmund a essayé pour sa part de fusionner les deux mondes et de montrer comment on pouvait tenter de créer une explication microéconomique de la macro. On peut juger qu’il n’y a pas totalement réussi. Mais il a ouvert de nombreuses portes, et partiellement démonté les thèses keynésiennes. C’est cet effort qui lui a valu un prix Nobel mérité (ce qui est rare), car il a réellement influencé la manière de penser l’économie, tout du moins hors de France.

Son dernier livre, Prospérité de Masse, chez Odile Jacob, porte toujours la marque des grands. La question la plus importante du moment est bien la prospérité générale. La crise de 2008 et la stagnation qui a suivi ont frappé les esprits et les petits penseurs se sont tous lancés dans des explications abracabrantesques sur la fin d’un monde livré aux robots, aux codeurs et à Uber qui ne pouvaient que créer les conditions d’une régression misérabiliste.

Edmund Phelps considère à juste titre qu’il faut d’abord comprendre la nature exacte de la rupture totale avec le monde ancien qui s’est produite, selon lui, de façon différentielle, au XIXe siècle et qui a provoqué l’énorme croissance subséquente.

Il va le faire de façon plutôt iconoclaste par rapport aux grandes machineries historiques qui ont cours. Il n’hésite pas à contredire de nombreux grands auteurs comme Marx, Keynes mais aussi Schumpeter ou Max Weber, ce qui surprendra des lecteurs habitués à entendre des louanges constantes sur ces deux auteurs.

Le traducteur n’a pas dû s’amuser. L’auteur n’a pas la rigueur conceptuelle des grands philosophes et il a du mal à forger les mots qui vont avec ses concepts (et réciproquement). Ne donnons qu’un exemple, mais il y en a beaucoup d’autres : l’auteur distingue le capitalisme marchand et une économie « moderne » très différente qui s’est imposée dans quelques endroits privilégiés après elle. Il ne peut plus employer le mot capitalisme pour qualifier ce nouvel état, puisqu’il préexiste dans un état différent. D’où ce concept de « modernité » qui s’appuie sur un mot-valise et creux qui dessert son propos. Heureusement si l’esprit anglo-saxon ne porte pas aux rigueurs conceptuelles kantiennes, il n’interdit pas de se faire comprendre, même si c’est au prix de très nombreuses redites et de quelques abus de mots.

Décrire et expliquer les conditions de cette économie moderne voire « résolument moderne » est l’objet premier du livre. Démontrer que la force culturelle de cette économie est essentielle et qu’il faut la renforcer encore pour construire une prospérité de masse en est le second but. Constater que c’est le contraire qui a été fait depuis les années soixante aux États-Unis donne, pour l’auteur, l’explication de la stagnation actuelle.

Nous laissons au lecteur le soin de lire et de digérer ces analyses qui le surprendront tant les concepts sont loin de ce dont il a l’habitude. L’auteur cite beaucoup d’auteurs américains qui sont de parfaits inconnus en France. Il pratique un américanocentrisme typique des auteurs américains pour qui l'économie est d’abord celle des États-Unis

S’il prend soin de passer le cap de la surprise et de la nouveauté totale, le lecteur accédera à de très nombreuses idées intéressantes. Nous y attachons de l’importance parce qu’elles recoupent beaucoup des observations que nous faisons nous-mêmes, si on nous pardonne ce narcissisme déplacé. Inutile d’en faire l'inventaire exhaustif ici, mais comment ne pas comprendre que la ville, la démographie nombreuse, l’esprit critique, l’imagination, la volonté de réussir sa vie, le rejet des corporatismes d’état, le sens de l’avenir, la réflexion libre, le plaisir de l’action collective avec des résultats, le sentiment du bien commun, la « vie belle », le goût pour les fruits du succès, la fierté d’une innovation réussie, l’acceptation de voir des situations acquises se perdre, sont les moteurs indispensables du dynamisme économique. Comment ne pas accepter l’idée que le système économique le plus juste est celui qui permet au plus pauvre d’être le moins pauvre possible. La prospérité est le fruit d’une acceptation collective que l’innovation et la productivité permettront de faire mieux que le conservatisme et l’étatisme.

Comme nous, Edmund Phelps refuse les explications simplistes ou mécanistes. Non l’explosion économique des cent dernières années n’est pas principalement liée aux grandes inventions. La connaissance n’est pas seulement celle des sciences mais aussi l’expérience accumulée sur le terrain par des millions de personnes qui apprennent patiemment les mille et une règles essentielles à la maîtrise des domaines que l’imagination et le rêve ouvrent en permanence à l’esprit d’entreprise. Les grandes masses ne jouent pas le rôle qu’on affirme trop légèrement. L’accumulation de capital ne suffit pas à provoquer la prospérité. Le gonflement étatiste de la demande globale ne suffit pas à créer de la croissance etc. « L’Europe tuera son économie aussi longtemps qu’elle s’accrochera à sa conviction qu’une économie corporatiste peut produire une stabilité et une harmonie inaccessibles au capitalisme sans rien perdre de son dynamisme ». Edmund Phelps n’est pas favorable à ce que nous appelons « l’énarchie compassionnelle », dont le triomphe électoral récent en France nous laisse sceptique.

Trois évènements qui ne sont pas cités dans le livre viennent corroborer le caractère populaire de ce qu’il appelle l’économie d’innovation et de dynamisme, l’économie « moderne ».

Lors de la chute du mur les socialistes démocratiques de l’Europe de l’Est ont cru leur temps arrivé : le visage humain du socialisme allait séduire les foules énamourées. Toute la jeunesse s’est précipitée dans la joie de l’autonomie et du dynamisme personnel, cherchant les libertés d’agir en toute autonomie, loin des verbiages d’un état moralisateur. À Cuba, la possibilité d’avoir un tant soit peu d’autonomie loin des haut-parleurs de la propagande castriste a fait naître des milliers de micro-entreprises. En France, Huber a vu l'émergence d’une classe de fils d’immigrés sans diplômes heureux d’agir en toute autonomie. Le 9.3 s’est retrouvé avec de l’espoir.

La pulsion de l’autonomie, de la construction de soi-même, de l’imagination de son cadre professionnel, du travail intellectuel de maîtrise d’environnements nouveaux, offrant à l'esprit de nouveaux vecteurs d’application, là se trouve le cœur du dynamisme de l’économie prospère. A contrario : le « retour à l'obsession prémoderne du patrimoine, […] a poussé toute une génération à dédaigner la créativité, l’exploration et la découverte. Avec l’émergence d’une culture prémoderne et médiévale des droits acquis, de la suffisance, du conformisme et de la dépendance vis-à-vis du groupe, on a assisté à un déclin du vitalisme et du « faire » ».

Donc du dynamisme endogène.

Les idées d’un Phelps ne sont jamais présentes et encore moins discutées en France dans les médias qui se contentent de ressasser des idées pré calibrées et de juger en fonction de cases prédéfinies. Lire Phelps est un exercice contre la sclérose. Les imbéciles à œillères idéologiques le classeront stupidement dans les « libéraux » incoercibles, ce qu’il n’est pas. Phelps n’est pas Ayn Rand. Il n’hésite pas à contredire Von Mises et Hayek. Nos contempteurs, si jamais ils se commettaient à lire le livre, seraient étonnés du nombre d’institutions et de comportements, propres au capitalisme actuel, que l’auteur condamne. Il analyse de très nombreuses évolutions, notamment financières, qui vont dans le sens de l’étouffement du dynamisme, du renforcement des situations acquises, du refus des remises en cause progressistes des manières de faire.

Est-ce à dire qu’Edmund Phelps est totalement convaincant ? La grande faiblesse du livre est de ne pas prendre acte de la bascule du début des années soixante-dix. Il voit bien qu’il y a un avant et un après, mais il n’explique pas pourquoi. Il glose énormément sur les conséquences et les comportements qui ont renforcé les difficultés, mais il n’analyse pas les causes. Le système monétaire international est totalement absent de ses réflexions. Même s’il admet que certaines institutions sont dysfonctionnelles, il ne voit pas que les changes flottants et les déséquilibres monstrueux de balances de paiement sont à l’origine de pratiquement tous les maux de détails qu’il souligne. De même il laisse de côté totalement la question de l’énergie et celle de l’écologie et du développement durable.

Cela tient à son parti pris ancien d’expliquer le macroéconomique exclusivement par le microéconomique. Cette tentative a largement avorté sur un plan universitaire et théorique. Maintenir cet angle de vue inexact lui interdit l’analyse de grandes erreurs dommageables dont beaucoup sont la cause des phénomènes qu’il dénonce.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

La minirébellion de trois économistes bien en cour

Un des grands miracles d’Emmanuel Macron est d'avoir réussi à faire écrire des choses intelligentes à des économistes qui se contentaient jusqu'ici de faire valoir leur prudente officialité et d’avoir vu Le Monde les publier.

Philippe Aghion, Gilbert Cette, et Elie Cohen tancent le nouveau pouvoir dans un article du monde daté du 12 juillet 2017. Pour une fois, nous allons leur donner raison. Que disent-ils ? Ce que nous ne cessons de répéter depuis des lustres et qu’ils ont bien tardé à faire valoir.

Ils indiquent qu’il est souhaitable de mettre en œuvre immédiatement la réforme de l’ISF et de la taxation forfaitaire des rémunérations du capital. Ils pourraient ajouter qu’il est regrettable de ne pas avoir supprimé totalement cette imposition idéologique et antiéconomique. Ne chipotons pas. Les économistes de cour ont montré tellement de pudeur à dénoncer cette imposition du temps du socialisme au pouvoir et même de Sarkozy, qu’on ne peut que se félicite de cette évolution même partielle.

Ils soulignent que l’exonération de 80 % des assujettis à la taxe d’habitation « leur paraît plus discutable ». Très bien, mais qu’ils la discutent donc, ce qu’ils n’ont jamais fait pendant les 9 derniers mois ! Et qu’ils aillent plus loin : cette mesure est purement électoraliste et ne mérite pas d'être maintenue. En ne suggérant que de la reporter, le message est un peu court.

Ils reprennent cette vieille antienne que le coup de rabot uniforme passé sur l'ensemble des dépenses est une vieille technique pour gouvernement paresseux. Mieux vaudrait faire des réformes structurelles. Mais bien sûr, Messieurs ! Gentils à vous de penser à nous rappeler qu’on doit en effet songer à réduire les effectifs publics, redimensionner les politiques publiques, réduire les étages administratifs, ce que l’on chante sur tous les tons depuis au moins 1 997.

Les auteurs soulignent que la paupérisation du secteur public n’est pas la solution. Ils oublient un peu vite que le GVT est plus qu’une poire pour la soif et que dans certains secteurs les hausses de rémunérations ont été fortes, en particulier au Ministère des Finances. Ce sont les cadres moyens publics, pléthoriques, qui ont trinqué et qui vont continuer avec la hausse de la CSG. Ils oublient aussi que la productivité est faible et les temps de travail courts, avec des avantages exceptionnels.

Alors il serait honnête de dire qu’il faut réduire les effectifs mais aussi en augmenter le temps de travail et la productivité. Ce n’est pas une méthode de type RGPP où on demande aux fonctionnaires eux-mêmes d’écheniller leur process qui peut donner des résultats mais une commission de suppression des missions abusivement captées par la puissance publique. Il ne s’agit pas de réviser mais de supprimer des pans entiers d’interventions où l’État n’a rien à apporter sinon des prébendes et des postes.

Quant aux réductions d’étages administratifs, ne parler que du conseil départemental, dont les missions seraient par ailleurs maintenues, cela n’a pas de sens. Aujourd’hui nous sommes pour la suppression et du département et de la région, au profit d’une circonscription optimisant l’action régionale publique qui, à notre avis, correspond peu ou prou aux anciennes régions, d’avant le regroupement. Il s'agit de prendre acte qu’on n’en est plus au trajet à cheval et qu’on peut concentrer l’action en région sur moins de pôles que les départements actuels. Une division par trois ou quatre est raisonnable. Les énormes satrapies conçues comme des länder n’ont strictement aucun sens économique et présentent de graves dangers politiques et nationaux.

La procédure budgétaire régionale doit être également totalement revue. Il faut former la recette et permettre à l’autonomie de s’exercer à l’intérieur d’un volume accordé, des exceptions, pour des projets lourds, pouvant être accordés par une chambre spécialisée du Parlement.

C’est tout l’État qui doit être « reformaté » et probablement les ambitions européistes qui doivent être freinées.

Il est juste de souligner que trouver moins de 10 milliards d’euros d’économies dans un budget de 1 250 milliards, c’est gratter moins de 1 % des dépenses. On peut le faire facilement, pensent nos trois économistes. Ils ont raison. Ils pourraient aussi souligner que trouver 200 000 postes à supprimer dans une masse de près de 6 millions de personnes rétribuées par l’État est également un tout petit effort et que 500 000 n’étaient probablement pas un objectif si difficile à atteindre que cela. Pour notre part nous pensons qu’il faut défonctionnariser tout ce qui inférieur au sommet de la catégorie A et de viser la suppression en cinq ans de près d’un million de postes public, à 80 % dans les régions. F. Fillon voyait un peu petit.

La chute du PS a eu cet avantage que les économistes officiels peuvent maintenant affirmer ce qu’ils pensent sans se soucier trop de savoir si cela sera accepté par « la gauche » de châtiment, prompte à tacher l’image et briser la carrière des mauvais penseurs, qui régnait sur les esprits faibles ou prudents et dans maints médias.

Messieurs, encore un effort. Vous allez voir : Dans plein de domaines une pensée totalement libérée peut s’envoler vers le bien public d’une façon exceptionnellement positive.

Pris au piège de la démagogie

Dès les débuts de la campagne d’Emmanuel Macron nous avons souligné qu’il cherchait à être positif avec tout le monde, en accumulant les oxymores, et que sa volonté de répondre concrètement au consumérisme électoral constamment aiguillonné par la Presse l’avait conduit trop loin dans la voie de la démagogie et de l’achat de vote (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/4/4/Prsidentielles-2017--Les-quatre-propositions-dmagogiques--les-plus-basses). Deux de ses promesses de campagnes figurent dans la liste des quatre mesures les plus déplorablement démagogiques de la campagne.

Le transfert intégral sur d’autres de 80 % de la taxe d’habitation n’a strictement aucune justification. Il est indéfendable, en morale démocratique, qu’un habitant ne contribue pas, à la mesure de ses moyens, au financement de sa collectivité de base qui apportent les services de proximité. Sinon on n’est plus un citoyen mais un parasite. C’est vraiment l’exigence minimum. Et il appartient au maire de la moduler et surtout d’éviter qu’elle ne soit trop élevée pour des services inutiles ou insuffisamment efficaces. Effectuer ce transfert pour 80 % de la population est une insulte crachée au visage et au portefeuille des 20 % autres, et à la conscience de 100 % des démocrates.

La hausse massive de la CSG, de 25 % sur les retraités, de 20 % pour les autres, est un coup de massue fiscal qui demanderait être justifié. À un moment où la conjoncture se tient enfin un minimum, et alors que le taux d’imposition est le plus haut du monde, on ne voit aucune raison de prélever à nouveau 20 milliards d’Euros sur les ménages. Cela n’a aucun sens.

S’il ne s’agit que de financer des cadeaux aux masses pour acheter le vote électoral, où est, à nouveau, la morale démocratique ?

Dire : « je donne du pouvoir d’achat aux salariés » est un abus de mot. Seule la croissance de l’économie et le retour au plein-emploi justifient la hausse globale des revenus. Les salariés du privé ont été les mieux servis, ces dernières années, du fait de la politique patronale qui a consisté à ne plus investir et à bunkériser l’activité existante, tout en acceptant des pertes irresponsables de compétitivité par une politique libérale de hausse des rémunérations. Voler l’argent des retraités dont le revenu net a constamment baissé depuis 8 ans pour en faire cadeau à d’autres, dont le revenu est en croissance, est un abus de pouvoir pur et simple. Christophe Barbier, qui joue au couteau sa place sur sa révérence et sa soumission totale au nouveau pouvoir, s’y est essayé inlassablement sur les chaînes de la TNT, et s'est ridiculisé à l’exercice. Quand il n’y a pas de bonnes raisons, sinon l'achat de votes, il n’y a pas de bonnes raisons. Inutile d’en chercher.

De voir s’échiner trois anciens membres du parti d’en face, ralliés sans vergogne à l’adversaire et empressés d’éliminer leurs camarades aux législatives (le propre du renégat), à tenter de trouver des justifications à ces mesures absurdes, sans même croire devoir démissionner du parti qui leur a permis de faire carrière, à quelque chose de passablement abaissant pour les Français, témoins obligés de cette farce abjecte.

Qu’ils ne parviennent pas à mettre en musique cette symphonie fiscale frelatée est plutôt réjouissant. Emmanuel Macron avait cru qu’en laissant la patate chaude aux ralliés de la dernière heure et aux traîtres de comédie, il pourrait s’en sortir sans se salir les mains. C’est raté. Il aura suffi que la vox populi fasse valoir qu’on en revenait à Hollande 2012, pour que parte de la coulisse un coup de pied occulte particulièrement ajusté et pour que « Jupiter » soit obligé de remettre les mains dans sa propre mélasse fiscalo-électorale.

Il le fait par une relance à pic totalement médiatique. Mais, comme dans le lit du Procuste, dès qu’il tire à droite, cela sort à gauche et réciproquement. Il n’y a rien à faire pour tirer partout « en même temps ». Comme dans les Westerns, on voit une jolie danse où les pieds se lèvent en cadence pour éviter les balles. Emmanuel Macron est le danseur, mais c’est lui qui a tiré les balles.

Espérons pour le pays qu’on ne passera pas trop vite du danseur au guignol. Quant aux Philippe et Lemaire, quel effondrement et quelle nouvelle honte !

L'économiste, la démographie, le planning familial et l'avortement

De quelques faits cruciaux sur lesquels il vaut mieux ne pas s'attarder

Tout le monde vous le dira : l'économisme est un vilain défaut et toujours juger d'une mesure par rapport à ses effets économiques est malséant.

Mais bon. Il fut bien que la réflexion économique se fasse, même en cachette. Alors pour ceux qui n'ont pas peur, regardons de sang froid quelques réalités.

L'introduction de l'avortement libre et remboursé par la sécurité social a entraîné des pertes démographique depuis 1976 qui ne font pas consensus mais qui se situent entre 5 et 6.5 millions de naissances.

L'excédent naturel des naissances sur les décès est passé de 300.000 à 200.000, Sur trente ans, une génération, cela représente mécaniquement un équivalent de 3 millions.

Le démantèlement partiel de la politique familiale a eu des effets immédiats puisque depuis deux ans, date du lancement des mesures les plus dures, la baisse des naissances, ignorée depuis la guerre, a commencé avec une baisse régulière du taux ce fécondité qui est passé rapidement de 2 à 1,93. On craint, à l'exemple d'autres pays que désormais il ne plonge.

La pilule a entraîné une épidémie de cancers du sein. Cette épidémie est terrifiante dans la classe d'âge 45-55 ans, avec pour les derniers chiffres près de 50% de victimes.Autrement dit, une femme sur deux développe un cancer du sein, dans cette tranche d'âge, avec une tendance à l'accélération.

Le divorce touche plus d'un cople sur deux en moyenne France entière et près de deux couples sur trois dans les grandes villes.

Le phénomène des femmes seules avec enfant, source de pauvreté de masse et d'assistanat est devenu extrêmement important. Il s'ajoute à l'immigration de familles sans hommes ou d'ont l'homme est parti.

La surconsomation du tabac et de l 'alcool par les femmes  a également rapproché la mortalité des hommes et des femmes. Bien que caché par la hausse de la durée de vie générale, cela représente une perte démographique conséquente et prélmaturéee pour les femmes.

La substitution de poluplation par l'immigration de masse a partiellement masqué les évolutions démographiques indigènes.

Les principales victimes de cette évolution sont d'abord les femmes,  les couples, les enfants et la nation.

L'économie souffre.

Jamais la structure de l'offre de l'emploi désiré n'a été plus en contradiction avec l'offre disponible. Savy n'avait encore rien vu !

Ces questions sont tabous en France. Il est interdit d'en parler. Il est interdit de mener des politiques correctives.

Au terme de la longue année électorale, il est notable qu'aucune de ces questions n'ait été soulevée et que les discours aussi bien du Président à Versailles ou de Philippe à l'Assemblée n'en font aucune mention alors qu'elles sont d'importance structurelles et à long termes.

Le malthusianisme a de belles années devant lui. Les conséquences sont et seront moins de travail et plus de chômage, plus de charges et moins de production. L'inverse de ce qu'il faudrait.

Mais chut !!!!

 

Deux lois bien intentionnées mais loin du compte : 1 – la pureté des Parlementaires

Le quinquennat du Président Macron s’ouvre sur deux lois présentées comme emblématiques : la purification des mœurs des députés et une nouvelle poussée de libéralisation du droit du travail. Elles sont présentées dans la presse comme deux lois enchanteresses qui vont tout changer. L’union des bonnes volontés de droite et de gauche va permettre de retrouver la confiance dans les hommes politiques et l’emploi va surgir comme une eau de source longtemps comprimée au milieu de nos déserts industriels.

Depuis l’origine, nous considérons ce blog comme un moyen de faire valoir des réflexions qui n’ont pas leur place dans la presse classique, qui propose un cadre prédéfini, en partie sclérosé, en partie acheté. Alors essayons quelques remarques sur ce que l’on connaît des deux lois proposées.

Apprécier la « loi de pureté » des Parlementaires demande de partir d’une sombre réalité : le député français n’a aucun rôle à jouer, sinon à valider les options de l’équipe au pouvoir. Le Parlement est croupion. Pour un salarié du privé, devenir député est une option impossible. On perd sa carrière et on se retrouve au chômage au premier revirement politique. Pour un entrepreneur ou un médecin libéral c’est également très difficile. Sans véritable statut de l’homme politique, la seule possibilité de se lancer dans cette activité est soit d’être une épouse sans travail qui a du temps libre et du goût pour la politique, soit d’être retraité, soit de faire une carrière en s’inscrivant dans une forme de professionnalisation (membre de parti, cumul des mandats, etc.), soit d’avoir un métier qui permet de cumuler les approches comme celui d’avocats. Quand les grandes familles avaient un rejeton un peu nul, mais sympathique on en faisait un homme politique et tout le monde s’y retrouvait. En vérité, seuls les hauts fonctionnaires et les enseignants sont à l’aise dans ce système qui leur permet de cumuler tous les avantages sans aucun risque. Cela explique que ces groupes soient surreprésentés massivement dans les instances élues.  

La question de la rémunération des députés ne peut être séparée de celle du financement de la politique. Dans beaucoup de partis il faut restituer une partie de son indemnité de mandat. Du coup les carrières individuelles politiques longues doivent être sponsorisées avec les moyens du bord. François Mitterrand avait ses bailleurs attitrés dont le premier était Eugène Schueller, le créateur de l’Oréal, solidarité de la Cagoule oblige, qui avait même fait de son poulain un directeur de Votre Beauté, pendant un moment de dèche électorale. Michel Rocard, le pur parmi les purs, s’est fait fournir ses matériels de campagne, lors de sa candidature présidentielle avortée, par Lorentz qui a mis Bull, dont il était le patron, à son service. Un parmi d’autres. Nicolas Sarkozy avait des contrats de « veille judiciaire » de la part de plusieurs grands groupes. Macron a ses sponsors. Plus vous êtes « présidentiable » plus vous êtes bancable. Plus vous avez d’amis et plus vous devez en avoir. Pour ceux qui ne sont pas bancables et qui n’ont pas une carrière de premier plan, les temps sont durs. La politique coûte cher et seul un ancrage local permet de s’en sortir dans la durée, accompagné de petites combines.

Tout cela n’a pas de réelle gravité. Les sommes sont modestes. La grande prévarication n’est pas au Parlement, mais dans les régions. Deferre fêtait publiquement l’élévation de sa fortune à chaque incrément d’un milliard. Les grandes villes se prêtent à des financements inattaquables, même quand ils sont abusifs. La plupart des grandes tables parisiennes sont subventionnées par les dîners et déjeuners de cadres de la Ville de Paris : les cartes bleues de la ville flambent en permanence. Les grosses cylindrées locales vivent pratiquement à l’œil, voyages touristiques inclus. Chaque grande ville gère des dizaines de sociétés d’économie mixte. Dans chacune d’entre elle il est possible de grappiller quelque chose, qui, à l'échelon de chaque entité paraît raisonnable, et dont le cumul est parfois phénoménal. Ici, vous disposez d’une voiture, là d’un chauffeur, plus loin d’un appartement de fonction dans un lieu de vacances en bord de mer et encore plus loin d’un autre appartement de fonction à la montagne (les centres aérés ont bon dos et il faut bien que le président puisse se loger sur place quand il vient présider !), ailleurs on fournit une secrétaire, ailleurs un bureau, ailleurs un garage, ailleurs une petite rémunération, de quelques centaines d’euros (pour trente sociétés, cela finit par faire un petit magot). Les sociétés d’économie mixte sont vraiment des bénédictions. Le grand commerce, les travaux routiers, les autorisations de permis de construire, les contrats de service, sont des sources de revenu importantes et régulières à l’échelon local. Il n’y a pas nécessité d’aller aussi loin que les Balkany (si on en croit les mises en examen), pour se faire une vie confortable.

En coupant le lien entre local et national et en réduisant le nombre de réélections, on limite effectivement les grandes tentations des élus nationaux. Mais le vrai désordre est à l’échelon local. Et là, rien ne bouge.

L’action politique nationale coûte cher et les hommes politiques de premier plan ne s’enrichissent pas. Que F. Fillon n’ait même pas réussi à finir une des plus belles carrières politiques en France avec plus d’un million d'Euros de patrimoine est plutôt la preuve d’une certaine austérité.

On en revient toujours à la même conclusion : seuls les fonctionnaires y trouvent leur compte. Ils peuvent pimenter leur carrière en politique sans prendre le moindre risque, faire quelques allers et retour juteux dans les entreprises liées à l’état, banques ou entreprises publiques, et cumuler toutes les retraites.

Une loi de moralisation dont les mesures phares seraient l’interdiction de cumuls, l’encadrement des attachés parlementaires et des vocations d’avocat avec en prime l’impossibilité d’être réélu plus de trois fois consécutivement serait une bonne blague.

Quels auraient pu être les axes d’une vraie réforme ?

D’abord édicter deux règles simples :

Nul ne peut toucher plus d’une rémunération publique.

Nul ne peut être élu dans une assemblée qui fixe les conditions de son emploi principal.

Aucun fonctionnaire ne pourrait être éligible au Parlement, comme c'est le cas pratiquement partout dans le monde et, notamment, au Parlement européen.

Ensuite, et là c’est prévu par Macron et ne peut être que recommandé, réduire le nombre des députés autour de 380 et des sénateurs autour de 220. Un parlement de 600 personnes pour une population de 66 millions d’âmes, paraît plus que raisonnable. Cela permettra non pas de faire des économies mais de payer bien les élus et effectivement leur donner des conditions d’action renforcées. Une circonscription électorale de 150 000 et 200 000 électeurs n’a strictement rien de choquant.

Enfin donner un rôle au Parlement

Il faudrait le diviser en cinq chambres.

- Chambre des affaires européenne et diplomatique

Pour discuter en même temps que les parlementaires européens des mesures en discussion dans le cadre européen.

Pour apprécier et contrôler l’action extérieure des organes diplomatiques français

- Chambre du contrôle de la dépense publiquAnalyse et Vote le budget

Dispose d’un large pouvoir d’investigation et peut exiger l’arrêt ou l réorientation de certaines dépenses déjà votées.

- Chambre du contrôle des collectivités locales et de l’équipemenDispose du pouvoir d’accorder dans certaines limites des crédits à des collectivités locales au-delà de normes annuelles impératives (à instituer).

Contrôle la politique des grands équipements nationaux.

- Chambre des lois

Étudie et vote les lois proposées par le gouvernement

- Chambre des affaires de sécurité intérieure et extérieure

Étudie toutes les politiques de sécurité

Supervise les armées

Contrôle la politique étrangère.

À l’intérieur de ces chambres, les parlementaires peuvent créer les commissions qu’ils veulent.

Actuellement rien de ce qui se passe en Europe n’est traité à l’Assemblée, sauf pour la mise dans le droit français des directives, c’est-à-dire trop tard et dans l'indifférence générale.

Actuellement les crédits votés sont hors des discussions parlementaires.

Actuellement rien de ce qui se fait en matière de grands équipements décidés par les collectivités territoriales ne vient à l’assemblée. De même les collectivités peuvent engager des dépenses somptuaires sans véritables contrôles et limites pourvu qu’elles les financent. L’impact sur l(endettement global du pays n’est pas apprécié.

Le gouvernement perdrait la tranquillité qui est la sienne sur les dépenses votées et sur son activité au sein du Conseil Européen. Les collectivités locales perdraient le pouvoir de faire n’importe quoi sans un accord de la représentation nationale dès lors que les budgets seraient conséquents.

Les députés seraient amenés à se construire une vraie compétence tout en ayant un rôle d’influence non pas sur la dépense mais sur l’empêchement de la dépense. Un département ministériel pourrait se trouver sur la sellette dans le cadre d’un examen multipartisan allant au fond des choses et non pas comme actuellement lors du vote rapide lors du budget des crédits nouveaux que le gouvernement exige. L’activité diplomatique dans un pays donné pourrait être revue de fond en comble. La justice et la police d’une zone quelconque pourraient être passées au crible. L’analyse détaillée de telle ou telle politique publique d’intérêt subalterne pourrait conduire à son démantèlement. On voit l’intérêt de ne pas avoir de fonctionnaires élus à l’assemblée. Le conflit d’intérêts serait immédiat.

Au passage on pourrait revenir sur le statut ridicule des fonctionnaires de l’Assemblée et du Sénat. Ils ne peuvent faire carrière que dans ces deux institutions ! Résultats : une armée mexicaine et un manque de renouvellement terrifiant. Là aussi, il faut remettre de la fluidité.

Les mesures prises ces dernières années pour tenter de redonner un peu de vie à l’Assemblée sont toutes problématiques :

Les questions au gouvernement sont un exercice pénible jusqu’au ridicule.

La coproduction législative est un mythe

Le budget à dépenser localement par chaque Député pousse automatiquement aux abus de dépenses et au clientélisme.

Le Parlement n’existe actuellement que dans la fronde.

Si on fait des parlementaires des élus hors sol sans autre fonction que ce qui existe actuellement, tout en les privant de ressources et en exigeant d’eux une pureté absolue, on ne trouvera bientôt plus que des fonctionnaires et des occasionnels opportunistes.

Les partis et les assemblées ont tout de même pour but essentiel de former de véritables hommes politiques capables de gouverner.

Si on en reste aux mesurettes actuelles, on aggravera le schéma caricatural actuel : l’énarchie compassionnelle dirige et des zombies font de la figuration plus ou moins intelligente. Le système Macron est la quintessence de cette évolution, avec des députés inconnus et sans expérience, à l’exception de quelque vieux chevaux de retour, et tous les postes clés tenus par les copains de promotion du président et du premier ministre, qui s’activent avec les hauts fonctionnaires des ministères.

Avec sa conséquence immédiate : un pays qui reste surfiscalisé au-delà de toutes limites acceptables, un gouvernement qui refuse de redimensionner autrement que dans les mots le champ d’action de l’État, et dont la seule mesure sérieuse est une hausse des impôts, une presse bananière qui illustre le communiqué.

Et une bande de marcheurs en sandalettes, ivres à l’Assemblée mais déprimés en région devant leur impuissance à participer à quoi que ce soit et qui se taisent, en commençant à s'inquiéter de la suite et notamment du jugement de la vox populi qui est de plus en plus tentée par les noms d’oiseaux depuis que la hausse des impôts est immédiate et le reste différé, sinon des lois d’apparence.

Au total les vrais risques sont ceux d’une déchéance démocratique, par capture de tous les pouvoirs par la Haute administration, par enracinement de la démagogie basée sur l’achat de votes périodique éhonté, et le vol aggravé des revenus et du capital des citoyens. En comparaison, les quelques « avancées » promises sont presqu’insignifiantes quand elles sont ponctuelles, et problématiques lorsqu’elles sont importantes, faute de s’inscrire dans un cadre  plus riche, mieux intentionné et plus rigoureux sur la représentativité des élus.  

 

Deux lois bien intentionnées mais loin du compte : 2 – la nouvelle loi sur le travail

La nouvelle loi travail est présentée comme le Saint Graal de l’emploi. On n’en connaît pas encore toutes les modalités, mais on sait qu’elle simplifiera la représentation syndicale dans les grands groupes, plafonnera les indemnités de licenciement et donnera aux entreprises la possibilité de créer leur propre droit social. Le tout doit permettre aux entreprises d’embaucher à nouveau. Pour beaucoup il s’agit d’une illusion, pour ne pas dire plus, c’est-à-dire une simple opération politique, liquidant l’épisode électoral. Pour les médias sous le charme, on touche enfin à l’essentiel.

Qu’en penser ?

30 années de direction d’entreprise et plus d’une centaine d’entreprises conseillées permettent de pousser la réflexion un peu plus loin que les plans de communication médiatique habituels.

Une entreprise est un organisme vivant qui cherche en permanence des marchés et des capacités d’y intervenir de façon rentable.

Si on ne comprend pas cela, on passe à côté de l’essentiel.

Celle que j’ai créée a changé trois fois de métier principal en 25 ans. Lors de sa vente, les dossiers historiques du personnel comptaient plus de deux cents noms. Alors que nous n’avons jamais dépassé 20 ingénieurs. Nous n’avons pas cessé de recruter et de former des jeunes qui après un temps d’expérience partaient ailleurs. Les difficultés de recrutement de personnel capable et formé ont été le principal frein à notre expansion. Nous n’avons procédé qu’à un seul licenciement. Autant dire qu’aucune des dispositions de la loi travail n’aurait eu le moindre impact sur notre activité.

Bien sûr, les lois Auroux, puis les salades jospiniennes, ont eu un impact. Il a fallu se doter de casiers métalliques hideux pour les salariés (qui avaient tous leur bureau privatif) et qui n’ont jamais servi. Un règlement intérieur a dû être affiché sur un mur, que personne n’a jamais lu. Il spécifiait que quiconque dirait « c’est mieux ailleurs » ou « ce n’est pas mon boulot » pourrait être licencié pour faute grave ! On a même fait, une fois, une élection. Après on a constaté la carence et on a pensé à autre chose. La médecine du travail était affreusement coûteuse et ne servait à rien. Il aurait suffi de payer une consultation à leur médecin de ville à chaque salarié. Au lieu de cela, chaque salarié perdait une demi-journée de travail et il fallait payer 20 fois le prix de la consultation normale. Nous n’avons d’ailleurs jamais eu le moindre malade, l’effectif étant jeune (en moyenne 30 ans). En 25 ans nous n’avons eu qu’une fois une visite de l’inspection du travail qui est resté trois minutes environ. Et un seul contrôle de l'Urssaf qui a relevé un oubli microbique et sans conséquence. Inutile de préciser que nous n’avons jamais eu un seul salarié au SMIC.

On pourrait donc affirmer que toutes les lois sociales aberrantes imaginées par les socialistes et les hauts fonctionnaires n’ont eu aucune conséquence et prétendre tout aussi bien que les réformes dans ce domaine n'auront aucun effet sur l’emploi : c’est la disposition de salariés compétents qui fait le chiffre d’affaires accompagné par les moyens d’investir pour aller au grand large. Au moins pour les sociétés d’ingénieurs travaillant sur des créneaux porteurs.

Ce ne serait pas exact. Les lois et règlements ont été si loin dans le détail, et si forts, qu’elles ont fini par empêcher de travailler.

-        Les 35 heures sont une contrainte impossible, dans un contexte de sous-effectif permanent et de croissance de l’activité

-        Dans une entreprise où les interventions se font partout en France et beaucoup à l’étranger, il est impossible d’intégrer totalement les temps de transports à partir du domicile du salarié dans le temps de travail et de calculer les heures supplémentaires de façon classique.

Donnons un exemple : il faut installer un système dans un pays du Maghreb. La mission couvre quatre jours comprenant le samedi et le dimanche (ouvert dans les pays arabes). En appliquant strictement toutes les règles, il faut que le salarié prenne quasiment six jours de récupération. Impossible !

-        Le recrutement d’un mauvais fer qui se révèle une horreur après sa période d’essai est une véritable catastrophe. Il se met en arrêt maladie de longue durée et vous ne pouvez le remplacer. Tout finit par du chantage et des coûts délirants.

-        Si votre entreprise a des difficultés, tout est fait pour ruiner les actionnaires. Tout argent mis dans l’entreprise doit être considéré comme perdu.

Alors se sont développées des stratégies putrides qui se sont retournées contre les salariés. Licenciements pour faute bidon se finissant par des « arrangements » (sur le dos des contribuables) ; dépôts de bilan devenus mode de gestion ; multiplication des stages de très longue durée et des contrats précaires, faux collaborateurs indépendants, etc.

Si vous ne vendez pas votre boîte, au moment de partir à la retraite, vous êtes proprement ruinés par sa dissolution. Etc. Etc. Etc.

Le plus grave : vous ne pouvez pas capitaliser vos gains et vous manquez en permanence de ressources de développement. La fiscalité est totalement folle. Les impôts locaux ont triplé en trente-cinq ans. La taxe sur les bureaux, exemple type d’une mesure malthusienne, a plus que triplé également grâce à Delanoë et Hidalgo, les fossoyeurs et pourrisseurs de la Capitale.  Les coûts de location de bureaux se sont envolés (doublement dans les dix dernières années). Chaque année, une ligne de charges de plus est arrivée sur le bulletin de salaire. Au départ, c’était une bande de 5 cm de haut et 21 cm de large. À la fin, c’était un bulletin A4 sur une page et demie. Merci les négociations à l’échelon de la branche.

Il faut donc trouver des créneaux très rentables pour pouvoir embaucher. Qui sont rares. Si vous atteignez les seuils sociaux les contraintes de tout genre deviennent telles que vous rusez pour ne pas les subir. Vous finissez par cacher tout bénéfice et distribuer des avantages en nature faciles à dissimuler. En fait, faute d’hommes formés et de ressources, vous laissez passer des opportunités et cédez le champ à l’étranger.

Pour les PME, on voit bien ce qu’il faut faire. Admettre que le contrat de travail ne concerne que la relation dans l’entreprise (pas le contenu des vacances, pas les transports, et autres fariboles). Revenir à la liberté contractuelle dans les relations avec les salariés. Comme dans certains pays qui ont fait une vraie révolution, laisser le champ des relations salariales hors du champ législatif. Baisser les coûts de structures (immobiliers et taxes locales). Former un plus grand nombre de cadres et de techniciens compétents. Réduire les charges d’état et de sécurité sociale qui pèsent sur l’entreprise. Dépénaliser la fin de vie d’une entreprise ou d’une activité. Empêcher les dérives des salariés pourris qui tentent par tous les moyens d’exploiter le système et d’escroquer les employeurs et les organismes sociaux. Aligner le niveau de charge et d’impôt sur la moyenne européenne serait un plus, en sortant le plus possible de l’entreprise ce qui n’est pas de son ressort direct (maladie, etc.).

À l’heure actuelle, ce qui est le plus bloquant pour l’emploi est l’absence de personnel compétent, motivé et en nombre suffisant. S’ajoutent la paperasserie, la surfiscalité et l’absence de liberté contractuelle.

On voit que les esquisses que l’on connaît de la loi travail n’auront aucun effet pour les PME. On ne baisse aucune charge. L’énorme accroissement sélectif de la CSG, la moitié en une seule fois du coup de massue fiscal de Hollande, va casser une partie de la demande. Une hausse de la TVA aurait au moins permis de rétablir un peu de compétitivité extérieure et de financement par l’étranger de certaines de nos dépenses. Mais l’équipe Macron savait que la TVA était vue comme un impôt sur les pauvres et l’achat de vote aurait moins efficace qu’une hausse des impôts sur les retraités, couplés à une baisse des cotisations sur les salariés. Mais l’intérêt n’était qu’étroitement électoral.

La négociation dans l’entreprise de règles dérogatoires ne sera possible que dans des conditions très difficiles à réunir et elle ne portera pas sur l’essentiel. Le plafonnement des indemnités n’aura qu’un effet très restreint puisqu’on ne change aucune loi et que le licenciement est toujours une faute ouvrant droit à indemnisation.

L’effet sur l’emploi sera nul. Nos Énarques le savent et espèrent dans la reprise importée de la croissance. Comme Hollande. Le début de quinquennat est une réplique du précédent.

Ne parlons pas des grands groupes. On sait comment ils fonctionnent : comme des administrations. Sauf que lorsque la situation devient impossible, ils restructurent et se déploient autrement, ce que ne font jamais les entreprises nationales ni l’Administration. Les grandes entreprises avaient profité des 35 heures et des allégements de charges pour revenir sur bien des petits aménagements grignotés au fur et à mesure du temps par les syndicats. Et après la crise de 2001, elles ont restructuré, en cédant des parties entières, sous-traitées internationalement ou délocalisées.

Les arrangements prévus leur simplifieront la vie, leur permettront de licencier plus facilement et ne changeront rien de fondamental.

Pour les banques, où le Président a fait une rapide fortune et qui sont soumises à la Taxe sur les salaires, on baisse fortement cet impôt. Certains y verront un renvoi d’ascenseur. Tant mieux pour les bénéficiaires mais cela n’a effectivement aucun intérêt national, la réduction de l’effectif des banques étant inscrit dans le marbre des évolutions technologiques et des excès passés. On aurait pu choisir d’autres priorités.

Quant à la baisse d’impôts sur les bénéfices, envisagée pour un futur incertain, elle bénéficiera surtout aux investisseurs étrangers qui possèdent désormais plus de 50 % du capital des entreprises françaises et facilitera les stock-options. La belle affaire.

Rien de tout cela ne parait à la hauteur des enjeux.

Qu’attendre de plus d’un collège de hauts fonctionnaires, dont la majorité a fait carrière entre la fonction publique, la politique et les entreprises nationalisées ou pseudo-privées et vivant en symbiose avec l’État (cf. Philippe, Parly, Borne...) généralement en faisant une révérence au socialisme ?  À l’ENA, on n’oublie pas de se servir. Rappelons que la dernière directrice de l’école s’est vue attribuer 400 000 euros de prime de départ à la retraite, dans le silence de l’entre-soi. Pourquoi se gêner ? Servir l’intérêt général est plus difficile et exigeant.

Cette privilégiature publique politisée n’a strictement aucune idée des difficultés et des contraintes d’entreprises captives qu’ils ont toujours considérées comme des vaches à lait sans pouvoir de négociation et à merci.

Elle a pensé à gagner l’élection par des annonces et à récompenser quelques affidés. Cela ne fait pas une politique active de libération du dynamisme des PME françaises.

Pour le reste, que les entrepreneurs se débrouillent. Croire qu’ils vont, soudain, touchées par la grâce, se mettre à recruter comme des malades en criant « Hosanna je suis sauvé », est proprement méprisant pour l’intelligence des Français et injurieux pour les entrepreneurs.

Nous n’avons pas encore atteint le retournement de la phase de haute conjoncture de fin de cycle. Des recrutements peuvent continuer. Quelques apparences pourront être sauvées.

Pas plus tard que le retournement probable du climat international des affaires, dont quelques signes se font jour, notamment aux États-Unis. Alors on verra que rien de fondamental n’a changé et que la force économique du pays continue de partir à vau l’eau, cornaqué par des hauts-fonctionnaires politiquement surpuissants mais économiquement atrophiés, qui auraient mieux fait de rester dans le giron de l’Administration.

Alors qu’on sait parfaitement ce qu’il faut faire.

Le vrai problème de la France

Au moment où le nouveau pouvoir multiplie les initiatives et les prises de parole plus ou moins éloquentes ou grandiloquentes, comme on voudra, il est bon de rappeler la question fondamentale qui se pose au pays. Elle n’est pas très compliquée à énoncer : mettre fin à l’écrasement fiscal délirant qui accompagne les 6.6 millions de chômeurs, les dix millions de pauvres, les 5 à 6 millions d’emplois dépendant directement de la dépense publique, les 15 millions de retraités et la dette de 2.200.000.000.000 d’euros. Tout le reste est « du bruit de fond ». L’énarchie compassionnelle de droite et de gauche, depuis Giscard, a effondré le pays en le conduisant dans le sous-investissement permanent et la sous productivité généralisée. Les Énarques de droite et de gauche ont réduit dramatiquement  la capacité productive du pays.

Sortir de cette impasse ne peut se faire que par des mesures drastiques. Oui, il faut passer la retraite à 67 ans. Oui il faut réduire de près d’un million le nombre des emplois publics et rapidement, probablement après avoir réduit autoritairement de 10 % les rémunérations. Oui il faut revenir aux 40 heures pour tous. Oui il faut supprimer ou la région ou les départements. Non il ne faut pas créer un impôt européen. Non il ne faut plus subventionner les immenses pertes d’AREVA, d’EDF et de la SNCF. Oui il faut drastiquement réduire le champ de l’action publique. Oui il faut mettre fin à la gratuité du petit risque et supprimer le système de gestion soviétique des hôpitaux publics. Oui il faut mettre fin à l’encadrement soviétique de l’agriculture française. Oui il faut supprimer l'ISF, intégralement. Oui il faut mettre fin à l’exode fiscal. Oui il faut réorganiser profondément la haute fonction publique en réduisant drastiquement le nombre des statuts et en les alignant sur les règles du privé. Oui il faut édenter les syndicats mafieux et politisés. Oui il faut orienter la formation de masse vers des filières productives. Oui il faut encadrer les dépenses des collectivités locales. Non il ne faut pas réduire les aides familiales. Non, on ne doit pas accueillir toute la misère du monde. Oui il faut accueillir des travailleurs étrangers. Non, on ne doit pas conserver les organisations européennes dysfonctionnelles. Oui il faut réformer le système monétaire international.

Les Français, par leur vote, ont détruit le socialisme de gouvernement qui justifiait et alimentait en permanence les dépenses et sous productivités qui ont fini par faire sombrer le pays. Par crainte illusoire de l’arrivée des incapables du Front National, ils ont en partie éliminé la droite non énarchienne. Désormais la vie politique se résume à deux partis aboyeurs aux extrêmes, dirigés par des Zigomars et un marais indéfinissable et divisé qui s’est rendu à une coalition d'énarques astucieux et peu scrupuleux.

Les premières annonces sont dérisoires. La moralisation de la vie politique en supprimant les attachés parlementaires familiaux et en interdisant les cumuls entre postes électifs locaux et nationaux est une farce. La libération des énergies entrepreneuriales en modifiant de façon finalement très faible le droit du travail étouffant mis en place depuis 1974 en est une autre. Bien sûr dans les deux cas, certaines mesures « vont dans la bonne direction » mais si peu et si faiblement.

Le paradoxe des Français est d’avoir donné, lors des dernières élections présidentielles, le pouvoir à la caste de hauts fonctionnaires qui a ruiné le pays et qui l’a mis dans la situation cauchemardesque où il se trouve.

On demande à l’énarque Macron, et à son entourage d’énarques, à l’énarque Philippe, et à son entourage d’énarques, à l’énarque Lemaire, et son entourage d’énarques, de bien vouloir, s’il vous plaît, desserrer l’étreinte mortelle nouée autour du cou des Français par les énarques Giscard, Chirac, Juppé, Hollande, Rocard, Jospin, Aubry et leur nuage respectif de petits-maîtres énarchiens.

Pourquoi sommes-nous saisis par une forme de doute ? Macron serait-il une sorte de Gorbatchev à la française, prêt à trahir la nomenklatura publique ? L’abus du Château de Versailles laisse planer le doute.

Sa première mesure est d’augmenter de plus de 12 % l’impôt le plus lourd, la CSG, et qui a le moins d’effet sur la compétitivité française. Changera-t-on jamais les priorités d’un haut fonctionnaire ? Empêchera-t-on jamais une caste de hauts fonctionnaires de faire ce qu’elle est seulement capable de faire : étendre son pré carré, bunkériser ses avantages, ruiner les Français qui travaillent et créent de la richesse quitte à lâcher quelques concessions quand cela tangue trop fort ?

Alors que les Français baignent dans la douce euphorie d’une macromania postélectorale, il est certainement malséant d’avoir un doute.

Eh bien zut ! Nous avons un doute. Un gros doute.

Enarchie : le sinistre retour aux vieilles habitudes

Le Macron de première génération, révolté par les blocages du gouvernement socialiste auquel il participait, était intéressant. Sur de nombreux sujets, il rejoignait nos critiques incessantes. Perte de compétitivité liée aux 35 heures ; découragement de l’investissement par l’ISF ; excès de protection des salariés permettant aux plus malhonnêtes de ruiner les PME ; excès du nombre de fonctionnaires ; excès d’impôts ; excès de parlementaires ; excès de dépenses publiques ; surréglementations pénalisantes ; blocages de la loi Duflot ; etc.

Le second Macron, l’auteur du livre Révolution, commençait à l’être moins. Le livre était incantatoire, moralisateur, attrape tout, tenté par l’oxymore à chaque paragraphe et ne proposait plus rien de vraiment concret et d’important. On sentait une volonté de « dépasser le clivage gauche-droite pour que sautent les blocages qui nous nuisent tant et depuis si longtemps », mais rien de radical n’était dit sur les actions concrètes à mener.

Le troisième Macron, le candidat à programme, s’avérait un vil démagogue, pratiquant l’achat de vote sans vergogne (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2017/3/2/Que-penser-du-programme-Macron- …). Il s’agissait de dire à chacun ce qu’il voulait entendre et de laisser croire à tous que ce serait bon pour le pays. On ne supprimait plus l’ISF, on ne supprimait plus les 35 heures. On distribuait l’argent des uns aux autres en fonction de leur poids électoral présumé. Pas une aspérité. Sur tous les sujets qui fâchent, RSI défaillant, pérennité du CICE, heures supplémentaires défiscalisées, la réponse était toujours : oui, oui, oui. Et encore oui.

Monsieur OUI et sa Youpee attitude, ont gagné. De peu. Il s’en est fallu que du déplacement de 2.5 % des votes de droite.

Marquées par une abstention jamais vue (et porteuse de graves inquiétudes), les élections législatives ont vu ce léger ébranlement se traduire en un glissement gigantesque du terrain politique, sans aucun débat, sur aucun sujet, les retournements de veste suffisant à nourrir les gazettes. Avec l’adhésion de 12 % des inscrits, l’Énarque Macron, après avoir trahi son mentor énarque, est Président de la République et dispose d’une chambre jaune, mais sans mystère, pléthorique et malléable. Au nom de la morale on voit l’Assemblée Nationale présidée par un renégat, discutant avec un Premier Ministre énarque renégat, d’un budget présenté par un Ministre des Finances énarque renégat, alors que tout le pouvoir est concentré à l’Élysée qui est devenu, comme jamais, un terrain de jeu de l’Énarchie. « Il y a des Énarques partout », remarque un « visiteur du soir » à l’ancienne mode. Normal, puisque la victoire a été obtenue à la suite d’un pronunciamiento d’Énarques dévoyés.

Comme Giscard, un ex-jeune Énarque adepte du changement dans la continuité, le nouveau Président « fait de la communication ». Un peu de prestance comme Giscard et d’abus, comme Giscard, mais bien plus vite. On n’a pas encore les airs d’accordéon et l’invitation faite aux éboueurs, mais on sent que cela vient. On a déjà le président en sportif, sur les quais, façon Poutine, mais sans les pectoraux. Giscard avait invité son premier ministre à Brégançon avec son prof de tennis (qu’il omettait de payer tout en exigeant de lui fournir à chaque leçon des balles neuves). Macron s’invite à Versailles un jour avant le discours d’investiture du Premier Ministre dont la volte politique disgracieuse et opportuniste ne lui permet plus de se plaindre des couleuvres qu’on sera amené à lui faire avaler à répétition. Nemo auditur suam propram turpitudinem allegans.

On entend de façon subliminale ce beau discours à Édouard Philippe :

-        « Cause toujours mon lapin à ton troupeau de communiants, menés à l’Assemblée par mon copain disqualifié Ferrand, mutualiste tendance « poulettes et cupidité ». C’est moi, Macron, qui a désormais toutes les clés, tous les pouvoirs. Mesure ta chance : les retraites, dont on n’a jamais parlé pendant la campagne électorale sombrent dans le déficit ? Pas une remarque dans la presse. Le chômage qu’on disait maîtrisé, monte à 6 600 000, mesuré par les inscriptions à Pôle emploi. Un record historique : pas un mot négatif dans la presse. Les comptes publics étaient totalement dévoyés dans leur présentation, comme l’affirmait le candidat Fillon. Confirmation : 9 milliards de chutes la première année, 18 milliards la seconde. Pas la moindre réaction dans la presse. Ces idiots commentent ma photo photoshopée et pourrie de symboles de gamin. Et bientôt mon fanion présidentiel ou la dernière tenue de Brizitte. C’est ta chance. Laisse-moi faire et obéit ».

On retrouve la même technique employée par tous les démagogues depuis des lustres en France : les promesses n’engagent que ceux qui y croient et la belle excuse fonctionne toujours : « les circonstances me conduisent à différer car mes prédécesseurs m’ont laissé un terrain miné et moi je suis un type bien et responsable. Je ne vais pas faire n’importe quoi, je veux dire, appliquer mon programme ». Comme disait Edgar Faure : « Le contexte nuit aux textes cons ». Il aurait pu ajouter à la Audiard : « C’est comme cela qu’on les reconnaît ».

Alors qu’on se souvient des rodomontades des candidats aux deux primaires : l’important c’est de dire avant ce qu’on va faire et de tenir après. « Les vilains démagogues façon Hollande et Sarkozy qui ont fait le contraire de ce qu’ils ont promis, c’est fini ! », disait-on.

Voici donc le premier ministre brandissant un prétendu sens des responsabilités pour reporter en bloc tout ou presque du programme électoral du candidat Macron, sauf les mesures franchement démagogiques qui ne coûtent rien aux hauts fonctionnaires, comme « donner du pouvoir d’achat aux salariés avec l’argent des indépendants et des retraités » et qui aideront à faire passer la pilule.

On va donc faire voter des lois poudre aux yeux comme celle sur la moralisation de la vie publique, comme si la démagogie et le retournement de veste étaient des attitudes morales (tous les auteurs de coups d’État prétendent à la pureté retrouvée), et celle sur le droit du travail, dont on prétend qu’elle libérera l’emploi, alors qu’elle est totalement insignifiante et ne concerne que les grands groupes, qui de toute façon ont un régime fiscal dérogatoire et peuvent délocaliser à volonté (et bientôt pour moins cher).

Comme Hollande, comme Chirac, comme Giscard, comme tous les énarques, Macron cède aux « sociétalisme » qui valorisent l’image « moderniste » et réformatrice, et ne coûte en apparence rien à l’État. Toutes les revendications immigrationnistes, multiculturalistes, homosexuelles portées par des minorités agissantes reviennent au premier plan. Pour les revendications européistes, il va falloir la jouer fine. Le départ des britanniques et diverses dérives conduisent la Commission à réclamer un impôt européen massif (on parle de démarrer à 80-100 milliards avec un doublement en cinq ans). Le triomphe du « sympathique Macron » au dernier conseil européen n’a été perçu que par la presse française. Elle n’a pas voulu s’étendre sur son premier grand échec : sa demande de modification de la directive emploi détaché a été platement éconduite. Même triomphe que Hollande dans sa renégociation du traité Merkozy ! Le goût pour les normes coûteuses et excessives devait être maîtrisé. On maintient des interdictions qui vont au-delà des normes européennes (en important des produits qui ne les appliquent pas). On découvre, sans réagir, que 4.5 milliards d’euros, non financés, devront être dépensés par les collectivités locales pour se mettre aux normes de chauffage. Les fonctionnaires arbitrent la société pour le bien commun et coûte que coûte. Qu’on se le dise !

Tout continue comme avant. Impôts, dépenses, normes, contraintes, soumission à l’Europe, armes rendues devant les groupuscules : du Hollande 2012 pur jus.  

On ne fera aucune des réformes de fond qui auraient un véritable effet sur les causes des difficultés françaises et dont aucun aspect n’a été débattu depuis décembre 2016 pendant la campagne électorale.

Le Macron de l’été 2017 est le même que le conseiller de Hollande de l’été 2012, avec le même système : pour commencer, un coup de matraque fiscale ciblée (ici avec la CSG, augmentée de plus de 12 %), tout en faisant de la com’. Pour le reste on bloque tout, notamment les dépenses d’investissement, on pose, on jacte et on laisse la piétaille En Marche piétiner comme les soldats d’opérette qui chantent « en avant, c’est nous l’avenir » en restant sur place.

Le Français est né malin, comme chacun sait. Il jure mais un peu tard qu’on ne l’y reprendra plus ! C’est promis, la prochaine fois il votera pour le candidat le plus sérieux qui a un vrai programme de rupture et qui ne se laisse pas aller à la démagogie.

Si l’Énarchie le veut bien et si M. Mélenchon ne casse pas les urnes.

En attendant : Wet and sea.

L'équilibre des retraites privées retardé de 20 ans

Le retour des réalités sauvages

« L’équilibre des retraites repoussées de 20 ans ». Il n’aura pas fallu deux jours pour que la réalité, tranquillement cassée sous le tapis depuis tant de mois, fasse sa réapparition. Ce n'est pas rien de repousser de 20 ans l’équilibre d’un système qui devrait être systématiquement équilibré (c’est le propre des systèmes de répartition). Naturellement, ces informations ne tiennent pas compte des retraitées publiques payées par l’impôt et pour lesquelles aucune provision n’a jamais été faite, et dont l’engagement n’est jamais compté dans les dettes. Si la fusion des régimes de retraites être mise en œuvre, l’équilibre des comptes devrait être renvoyé quelque part entre 2 100 et 2 150.

Pleurons le destin des retraités privés français qui vont voir leur CSG croître de 12 à 15 %, en même temps que l’inflation, qui repart, va éliminer près de 2 % de leur pouvoir d'achat.

La bonne solution aurait été, naturellement, d’imposer la retraite pour tous à 65 ans avec 45 ans de cotisation pour disposer du taux plein. De même il fallait supprimer l’ineptie de la pénibilité.

Dans le même temps les premières indications montrent que les comptes publics de 2017 seront profondément dégradés et les engagements européens de la France non tenus à nouveau. La seule solution ayant des résultats à court et à moyen termes est de monter le temps de travail des fonctionnaires et agents publics aux valeurs constatées dans le privé, sans augmentation de rémunération, en, commençant à freiner durement les dépenses de personnel, en réduisant le champ de l’action de l’État et en bloquant largement les recrutements.

Le nouveau gouvernement a annoncé qu’il ne ferait pas de collectif budgétaire comptant sur la hausse massive de la CSG et des meilleurs rendements de la CSG et de la TVA grâce à la reprise légère qui se confirme.

Quiconque ouvre les yeux voit que l’inaction actuelle est une non politique.

Tout cela ressemble farouchement aux premiers pas de M. Hollande : compter sur la reprise et la hausse des impôts et ne faire aucune réforme qui fâcherait la haute et basse fonctions publiques.

La procrastination commence en même temps que le retour aux réalités.

Le "macronisme" vu d'un pays voisin

La réserve montrée vis-à-vis du phénomène Macron nous a valu un certain nombre de critiques. Nous avons demandé Sylvain Dieudonné que nos lecteurs historiques connaissent bien, d’utiliser sa neutralité belge pour proposer un point de vue dégagé des passions proprement françaises.

 

La France ne manque pas de bons analystes politiques et nul doute que le phénomène Macron, qui a balayé le champ politique français avec une belle intensité, offrira à leur talent un champ de travail pour de longues années. Pour les Européens membres de l’Union, les questions de politique intérieure des autres pays membres ne sont pas déterminantes. Le niveau économique extrêmement bas de la France pose en revanche un problème collectif. Il n’y a aucun doute que de nouvelles difficultés françaises feront disparaître l’Euro et provoqueront une sorte de tsunami également mais moins agréable.

De ce point de vue l’approche « macronienne », fourmillante et ambiguë, discursive et posturale, séductrice jusqu’à l’enflure marketing, tout en prétendant aller au fond des choses, pose une difficulté. Les difficultés sont des rocs. François Hollande a vu ses discours initiaux se déchiqueter sur des maux plus forts que les mots.

Il est intéressant d’isoler ces écueils qui sont autant de défis incertains compte tenu du flou dans la bonne volonté générale qui s’est exprimée.

Premier défi : Macron est vu comme le produit d’une caste, la bourgeoisie d’État, qui s’est associée à la haute bourgeoisie de la finance et des affaires, qui détient le pouvoir médiatique en partage avec l’État. Il doit nécessairement s’en distancier pour ne pas paraître rapidement comme un factotum. La prise de distance sera-t-elle d’apparence ou non ? Telle est la question. On peut attendre Macron à quelques virages :

-          Va-t-il décloisonner la haute fonction publique et la séparer étroitement du politique ? Les grands corps sont trop nombreux, surannés, trop figés sur les classements de fin d’études et dotés de privilèges extravagants, dont le vulgaire n’a même pas idée. Va-t-il réformer ?

-          Va-t-il réduire le champ de l’action publique et son intensité qui sont excessifs en France et réduire réellement les effectifs des fonctions publiques ? Une baisse de 2 % en 5 ans est évidemment d’une très grande modestie. Mais peut-on faire même aussi peu sans allonger le temps de travail des fonctionnaires ?

-          Va-t-il réduire les incroyables subventions publiques accordées à la presse et aux journalistes ou continuer à arroser le secteur en favorisant la poignée de dirigeants qui tient le secteur privé tout en réduisant les ambitions déraisonnables et les partis pris d’un secteur public bouffi et constamment en expansion ?

Sur tous ces sujets le nouveau Président a commenté, tournicoté, envisagé des pistes, slalomant entre les piquets en accumulant les oxymores, liés par des « en même temps » qui font sa réputation dialectique. Va-t-on, comme pour le droit du travail vers des demi-mesures où on ne prend aucune option de clarté idéologique mais seulement des arbitrages « pragmatiques » qui ne changent pas grand-chose ?

On dira : ces questions sont certes des écueils mais on peut les traiter comme des bancs de sable, où on s’enlise durablement.

Second défi : le courage fiscal. La folie des hauts fonctionnaires, et en particulier dans la variante socialiste, est d’avoir poussé les prélèvements à des niveaux intenables et de l’avoir uniquement concentrée sur la fraction aisée de la population. Macron a aggravé les choses en proposant des mesures démagogiques d’achat de vote, alourdissant violemment la CSG, sans effet sur la compétitivité des entreprises. L’exonération de la taxe d'habitation, autre mesure sans aucun intérêt économique et destructeur d’unité nationale, n’a qu’un objectif électoral mais va déstabiliser beaucoup de choses. Avoir renoncé à supprimer l’ISF est une autre marque de lâcheté électoraliste.

Macron peut encore violer ses promesses. Ce serait bien. Il ne le fera probablement pas. Les conséquences seront nécessairement funestes.

Compte tenu de la dégradation des comptes publics en dépit de la petite reprise actuelle, qui fait rentrer de la TVA et de la CSG, les marges sont inexistantes. La crainte est que l’on continue la méthode « hollandaise » : étrangler là où on peut et où on a un prétexte de le faire, sans faire aucune réforme de fond.

Les Enarques français sont les rois de la défausse. Ils savent renvoyer sur les autres les difficultés du pays, qu’ils les aient créées ou non.

Troisième défi : l’influence internationale. On voit généralement le nouveau chef de l'Etat bien armé dans cet aspect du combat pour la prospérité. Mais comme le Cercle ne cesse de le dire, nous vivons dans un double désastre :

-          Le système de changes flottants et de déséquilibres systématiques imposés par les États-Unis depuis 1971

-          L’organisation de la zone Euro que nous jugeons depuis l’origine comme dysfonctionnelle.

Sur ces deux plans Emmanuel Macron n’a rien analysé, rien proposé. C’est le silence total. Et que se passera-t-il en cas de crise ?

On demande aux Français de la confiance. Mais comme pour François Hollande, on ne voit rien de déterminant dans le programme du nouveau Président et la seule carte que l’on joue est l’espérance d’une reprise mondiale durable. Pour beaucoup, le programme Macron, c’est Hollande moins les Frondeurs, un social-libéralisme sans véritables marqueurs de changement où l’on noie le poisson avec beaucoup d’eau tiède... Surtout pas d’aspérités !

Emmanuel Macron a obtenu un chèque en blanc, avec une cohorte de « marcheurs » qui sur tous les sujets précis n’ont aucune réponse claire et partagée. « On verra. Faites confiance. La bonne volonté par-delà les clivages entre gauche et droite, est bien là ».

Que peut dire l’observateur étranger à un pays ami qui en appelle ainsi à la foi dans un messie ?

Rien d’autre que « wait and see ».

 

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.

Échec de l’économisme ou échec de l’économie ?

Dès la fin des années cinquante, marquées par l’exceptionnel enrichissement de ce qu’on appellera « les trente glorieuses », des voix se sont élevées pour expliquer que cette richesse n’était pas un vrai bien mais une aliénation, non pas un progrès mais une illusion. L’individu devenait solitaire dans la foule. Le dépouillement était de toute façon une valeur chrétienne fondamentale. La jouissance était un péché de gourmandise. Les religieux ont les premiers « sonné le tocsin » contre les méfaits du matérialisme. Les philosophes ont pris le relais. Dès la moitié des années soixante, on se piquait chez beaucoup d’entre eux de promouvoir le non-travail, le temps libre. On pouvait enfin accéder, grâce à l’automatisation (on ne disait pas encore : aux robots), à l’idéal grec : philosopher sans rien faire, sans l’ennui moral de l’esclavage. Les philosophes sont devenus de plus en plus critiques à mesure qu’ils étaient concurrencés par les sociologues. L’ennui était leur marxisme « méthodologique » qui leur a fait dire de multiples sottises et les a conduits à soutenir un système d’aliénation totale pour libérer l’humanité d’une aliénation supposée par la consommation.

L’économiste est devenu une espèce de galeux idéologique pour les tenants des religions, des idéologies, des idées et du primat du politique. Il est vrai qu’aux États-Unis, la croyance des économistes qu’ils avaient enfin trouvée leur pierre philosophale, la croissance indéfinie sans crise, les avait encouragés à pousser la discipline dans les universités et à obtenir des recrutements massifs dans l’administration dès le début des années soixante. Les autres pays suivirent et imitèrent. La place des économistes comme celle des sociologues grandit massivement dans les médias et la discussion politique.

Cinquante ans plus tard, il est curieux de constater qu’un nouveau mot est apparu dans les pays développés : l’économisme, forme de maladie sociale et intellectuelle grave, au même moment où l’effondrement du socialisme voyait des milliards d’humains se précipiter vers la consommation, sans tenir compte le moins du monde des idéalistes qui avaient mené le combat contre l’horreur communiste et qui croyaient à un socialisme à visage humain. La sauvegarde de la terre, ambition de droite dans les années d’avant-guerre, est devenue dès le début des années soixante-dix une ambition de gauche. L’écologie a décrété que l’économie était une maladie grave qui tuait la nature nourricière et que les Trente Glorieuses étaient en fait un génocide des espèces vivantes et, ses tenants, des criminels.

Nous en sommes là avec le retour des guerres de religions, la condamnation ontologique de l’individualisme, le refus du progrès, la condamnation de l’abomination des marques, et la désarticulation des clivages politiques traditionnels.

En France, la victoire surprenante d’un des candidats, Emmanuel Macron, avec effondrement des partis de gouvernement traditionnels depuis 1944, la gauche, le centre et la droite dites républicaines, provoque une montée d’adrénaline chez tous ceux qui considèrent l’économie, c’est-à-dire la prospérité matérielle, comme une tare.

Le Figaro Magazine a cru devoir ouvrir avec eux le procès de « l’économisme », succédané honteux d’une vraie religion, supposé animer les forces politiques balayées par le soudain tsunami, mais aussi le jeune vainqueur, ce qui paraît inacceptable à MM. Patrick Buisson et Marcel Gauchet. On le conjure d’abjurer cette funeste hérésie.

Pour eux tout le monde a tort dans cette affaire, les anciens comme les modernes.

Certes, affirme Buisson, le nouveau chef « a parfaitement analysé le vide émotionnel et imaginaire que la disparition de la figure du roi a creusé dans l’inconscient des Français ». « Accomplir des gestes et des rites qui ne vous appartiennent pas, qui viennent de plus loin que soi, permet de s’inscrire dans une continuité historique et d’affirmer une permanence qui transcende sa propre personne ». Voilà pour le satisfecit. Mais « Emmanuel Macron apparaît comme « la figure emblématique de cette nouvelle classe dominante qui aspire à substituer à tous ceux qui aspirent à un salut hors de l’économie […]». C’est très mal parce qu’« un système où l’économie commande l’organisation de la société est incapable de produire du sens ». Revoilà Mounier et sa « dissolution de la personne dans la matière ».

La droite a perdu pour ne pas avoir compris qu’il fallait en fait recréer un grand mouvement conservateur enraciné et enracinant, « subordonnant la matière à l’esprit », qui permettrait « de mettre fin à l’abaissement du politique au niveau de la gouvernance économique ».

Pour Marcel Gaucher le grand virage s’opère en 1974, « une rupture économique et sociale mais aussi anthropologique comparable à celle de 1 492 ». Wall Street et la City ont pris le manche dans la foulée de la hausse des prix du pétrole. Depuis « l’économie et la technocratie règnent en maîtres ». L’atomisation de la société autonomise les individus, désormais irréductibles à une classe. Privées de l’Église et du Parti communiste « les sociétés européennes seraient désormais confrontées à un malaise existentiel profond ».

En un mot l’homme nouveau du nouveau monde dominé par l’économisme, est désormais seul et désenchanté. Du coup il en vient à voter, dans l’extase, pour le vide macronien.

Bien entendu, notre résumé est réducteur. Les réflexions de nos deux auteurs sont souvent riches et intéressantes. Mais nous ressentons un profond désaccord sur un point : ce ne sont pas les économistes et leur religion supposée que serait l’économisme qui sont au cœur des mouvements constatés.

La grande mutation ne date pas comme le dit Gauchet de 1974 mais de 1971 où, pour des raisons impériales, les États-Unis prennent à contre-pied toutes les doctrines économiques du moment pour instituer un système de changes flottants et de domination économique violente. Il s’agit d’une voie de fait qui aboutira à une baisse tendancielle de la croissance, à l’aggravation des crises périodiques et à la montée de l’endettement, ce que nous appelons une économie baudruche, indéfendable en doctrine. Les économistes n’ont pas triomphé dans l’affaire : ils se sont couchés, car ils n’avaient aucun moyen de s’opposer sans risque de carrière ou par médiocrité. Seuls des économistes comme Sauvy, Allais, Rueff ont, en France, sauvé l’honneur de la profession, en montrant les vices inhérents au nouveau système vicieux mis en place. On n’a pas constaté le triomphe de l’économisme mais celui des rapports de force politiques.

Le succès du jeune Macron n’a rien à voir avec l’économie. Le coup d’État qui vient de réussir est comme nous l’avons démontré dans plusieurs articles, un pronunciamiento de la haute fonction publique, qui domine l’état, la société politique, les médias et la finance. Il n’y a rien de solide du point de vue économique dans le programme Macron. Les premières mesures sont fiscales et démagogiques. La dérégulation du travail est un leurre qui permet de satisfaire Bruxelles et qui n’aura dans les formes envisagées qu’un impact minime sur l’économie. De la même façon que les plans « Macron » précédents n’ont pas eu le moindre effet significatif.

Il est évident qu’un comportement un peu plus digne que les exploits de « Bidochon et Foutriquet », qui ont abaissé largement la fonction présidentielle, est bienvenu et apprécié de tous. Mais cela ne suffit pas.

L’économie est malade. Son organisation internationale et européenne est fautive. Elle restera inchangée. On ne constate pas un échec de l’économisme mais un état semi-comateux de l’économie. Le ras-le-bol des électeurs provient de la baisse constante de la croissance depuis 1971 et des conséquences sur l’emploi des explosions de dettes et des crises conjoncturelles résultantes. Ils croient naïvement, et ce n’est qu’en cela qu’on peut parler d’économisme, que leur malheur provient des partis qui ont alterné au pouvoir depuis 1971. On leur dit qu’en dépassant les vieux clivages « on » va pouvoir « faire les réformes nécessaires » et ils radotent « laissons leur une chance ».

Les malheurs du monde proviennent d’un défaut majeur d’organisation du système monétaire international qui n’est pas compris ni même cité, encore moins attaqué. La cause est politique. Le système de monnaie unique européen est également grevé de défauts structurels majeurs qui ne sont pas plus compris du plus grand nombre que traités. La cause est politique. La stupidité française du tout impôt qui a conduit à des dépenses publiques supérieures en valeur à la valeur ajoutée du secteur marchand, est une maladie politique, totalement antiéconomique.

La vérité de la situation devient plus claire :

-        Les Français sont las des impôts et des querelles idéologiques autour des solutions qui permettraient de sortir de la baisse continuelle du revenu par tête. Ils ont perdu confiance, après 40 ans d’incapacité à sortir du trou, dans les partis dits de gouvernements. Ils ont pu être trompés assez facilement par un nouveau venu qui a prétendu qu’on pouvait s’unir au-delà des divisions habituelles pour trouver des solutions efficaces, en vérité apolitiques. Ils l’ont été d’autant plus facilement que la manipulation médiatique a été gigantesque, dans un système où les médias ont perdu toute autonomie et où il n’y a qu’une poignée de décideurs vivant dans la dépendance de l’État.

-        Ce n’est pas l’économisme qui rend malade la société mais l’économie qui est malade des décisions désastreuses prises par les politiques pour des objectifs politiques.

Aujourd’hui la réflexion politique a comme toujours son autonomie par rapport à l’économie. Mais l’économie n’a pas d’autonomie par rapport au politique.

Entre ceux qui ne veulent plus de croissance pour sauver la terre et l’humanité, alors que 7 milliards d’humains veulent consommer et avoir enfin plus qu’une vie de misère et de survie, les stratégies de puissance des grands États, qui n’ont pas renoncé à leur surmoi géostratégique, l’irresponsabilité des pays qui laissent s’envoler la croissance de leur population et donc alimentent une émigration de masse déstabilisatrice, les stratégies d’entreprises mondialisées qui parviennent à échapper au droit commun et à imposer des comportements consuméristes désastreux, tout en échappant aux impôts, l’affaiblissement des États voulus par les bureaucrates de Bruxelles et les européistes militants, la dérive de la dictature des juges, les politiques et les électeurs sont totalement perdus.

L’ennui, dans le cas de la France et de l’élection du jeune Macron, c’est qu’il n’y a strictement rien, dans le programme confus et trompeur du dit, qui laisse planer le moindre espoir. La soumission à l’Europe supranationale paraît totale. Les nouvelles libertés données aux grandes entreprises multinationales et à elles seules, de dépecer le droit social, l’augmentation massive des impôts, sauf pour la finance et ses produits et la démagogie éhontée de l’achat de vote, n’annoncent rien de fondamentalement positifs. Il n’y a rien d’économique là-dedans, sinon du cynisme politique accompagné de licences microéconomiques et sectorielles pour des intérêts particuliers.

N’accusons pas les économistes ni l’économie d’un état de fait entièrement politique. Les pronunciamientos militaires ou de hauts fonctionnaires ont ceci de commun que l’économie n’en forme jamais la substance même si elle apparaît dans la tromperie des discours.

Disons-le nettement et à Marcel Gauchet et à Patrick Buisson : l’économie est malade. Elle ne l’est pas de l’économisme mais des jeux politiques, idéologiques et géostratégiques qui ont entraîné la mise en place d’organisations économiques défectueuses.

Saint Macron : de l’ivresse électorale aux conséquences de la démagogie

Que le nouveau président puisse être nimbé d'une aura quasi mystique, alors que nous sommes en plein dans le miniboom de fin de cycle (annonciateur d’un petit cahot conjoncturel dans les 3 à 18 mois) et après l’euphorie des premières présentations internationales, c’est classique et clôt de façon plutôt sympathique une séquence électorale éprouvante et même épouvantable. Le canon de la propagande, servi par une dizaine de filières médiatiques asservies, fait des élections législatives une simple formalité. La République en Marche obtiendra, « c’est sûr, certain, merveilleux et porteur d’un immense espoir », une majorité de godillots, format espadrille, qui permettra à notre nouveau Héros et Hérault national et européiste, de « faire les réformes que tout le monde attend depuis si longtemps ».

Pourquoi se pincer le nez devant tant d’extases ? « Il est né le divin président. Sonnez buccins, sonnez trompettes. Qu’il est beau, qu’il est charmant. Que ses grâces et ses poignées de main sont parfaites » !

Nous ne souhaitons pas gâcher une si belle fête démocratique ni ce moment de grâce républicaine. Puisqu’on entre dans le concret de la nouvelle gestion publique, il devient néanmoins nécessaire de revenir sur la malfaisance et la mauvaise inspiration de certaines mesures. Il ne s’agit pas de combat électoral mais de simple réflexion économique et « citoyenne » comme on dit aujourd’hui.

Parmi les mesures honteusement démagogiques développées pendant cette campagne, deux ont été portées par le nouveau Président énarque et son Premier Ministre énarque vient d’indiquer qu’il allait les mettre en œuvre bien qu’il les ait combattues lorsqu’il n’était pas en marche vers une jolie promotion.

La première est une vraie honte : pour avoir une sucette à proposer aux salariés, donc aux personnes en emploi, une forme de privilégiés en ces temps de chômage de masse, la démagogie électorale sans scrupule a conduit à proposer de transférer les cotisations salariales maladie et chômage sur… les retraités, les fonctionnaires et les épargnants.

Cela revenait à dire : moi candidat Président, je me sens autorisé à piquer directement de l’argent aux uns pour les donner aux autres pour me faire élire. Le but est purement électoral. Il s’agit d’un pur et simple achat de vote. L’effet sur la compétitivité des entreprises est nul, puisque le transfert n’affecte pas le coût salarial, simplement le net du bulletin de paie. « J’affiche un gain concret et je reporte une autre mesure, le prélèvement à la source, pour que ce gain se voit ». Habile, non ?

Lorsque le prélèvement à la source sera mis en œuvre, le gain apparent sera totalement gommé. L’effet électoraliste se dissipera. Mais qu’importe, on sera élu. Il ne s’agit que d’une habileté électoraliste. Il faut avoir « des mesures pour le pouvoir d’achat » pour se faire élire. On les a trouvées là. 

Dans la pratique, cela veut dire que tous les fonctionnaires vont voir leur paie diminuer de 1.7 %. Si on avait proposé cette mesure seule, à quelle révolte n'aurions-nous pas assisté ? Gageons que dans le silence des négociations, des accommodements seront trouvés. Après tout il suffit d’augmenter les salaires des fonctionnaires pour compenser. Compensation : le mot a déjà été prononcé.  Il reviendra dans l’actualité, mais un peu plus tard.

En revanche les retraités « riches » ( 60 % des retraités, la richesse a bon dos !) seront directement frappés et pas qu’un peu. La perte de disponible ne sera pas de 1.7 %. Il faut considérer le net disponible après impôts et après les frais fixes de logement. Compte tenu des niveaux d’impôts et l’aggravation des coûts du logement (doublement des prix immobiliers et frais imbéciles liés aux lois de type Duflot), le net-net « disponible » est en moyenne de 20 % et dans les tranches hautes, négatif. Les retraités fortunés savent tous qu’ils ne s’en sortent qu’en vendant une partie de leur épargne chaque année. La perte de disponible sera donc en moyenne de l’ordre de 20 % et dans des dizaines de milliers de cas de plus de 30 et dans bien des cas de soumis à l’ISF, notamment à Paris, de 100 %. Et plus. Cette mesure va aggraver la fuite des retraités vers des cieux fiscalement plus cléments. A nous le Portugal ou l’Italie !

Quant aux épargnants, on réduit le rendement des placements de 1.7 %. Sachant qu’il est historiquement bas (moins de 1 %) et souvent négatifs après ISF et inflation, il s'agit d’une pure spoliation. Le taux marginal d’impôt passera à près 68 %, chiffre tellement délirant, qu’il sera naturellement intenable tant les conséquences seront négatives. Rien de tout cela n’a de rationalité économique ou sociale. Il s’agit d’un simple vol électoral, dont les conséquences ne seront que négatives, sauf pour l’état qui s’y retrouvera largement.

Élire des Enarques a un coût fiscal national toujours très élevé.

La seconde mesure électoraliste honteuse est l'exonération de taxe d’habitation pour 80 % des assujettis. Il s’agit du même registre électoraliste : il faut donner du cash aux classes nombreuses pour répondre à la question clé de l’électeur consumériste : « que ferez-vous pour mon pouvoir d'achat » ?

Moins de 50 % des Français paient l’impôt sur le revenu. Moins de 20 % paieront donc la taxe d’habitation qui est l’impôt le plus simple à comprendre : participer aux frais de gestion de son lieu d'habitation, vraiment le minimum de ce qu’on peut exiger. Que la majorité des Français ne paient en apparence aucun impôt direct, voilà l’idée. On récupère tout sur la CSG et la TVA, impôts invisibles. Tel est le rêve des Inspecteurs du Trésor depuis des lustres. On taxe à mort les riches, qui ne peuvent pas fuir, en épargnant les très-très riches, et on libère, en apparence, « les masses » de tout effort fiscal.

Cette hypocrisie est le schéma élémentaire de l’Inspecteur des finances de basse comme de haute extraction, c.a.d. tendance Trésor. Quand on élit des Inspecteurs des Finances, on a les idées de l’Inspection des Finances. Surprise ! Surprise !

Les classes moyennes et moyennes supérieures sont des vaches à lait. Les très, très riches sont des associés. Le populo est une masse électorale qu’il faut soigner pour gagner les élections.

Le cynisme est total et tout le monde se prosterne, bouleversé par tant d’humanité et d’astuce. De Gaulle aurait, paraît-il, constaté que « les Français sont des veaux ». Comme souvent, il avait bien vu. Ils vont à l’abattoir fiscal en chantant des cantiques avec des couronnes de fleurs d’oranger sur la tête.

Notons que rien de tout cela n’aura d’effet sur la compétitivité des entreprises françaises.

La bonne politique était tout autre. La hausse du pouvoir d’achat des Français ne peut venir que de la croissance de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand. Actuellement les grandes entreprises conduisent une politique suicidaire : elles augmentent les salaires plus vite que le PIB, pour conserver les salariés efficaces dans le cadre de la mondialisation, quitte ultérieurement à délocaliser. A quoi rime d’accélérer encore le mouvement ? Cette attitude avait déjà été la leur face aux trente-cinq heures : on accepte tout quitte à revenir sur des accords d’entreprise antérieurs, en encaissant les avantages. Puis on délocalise.

Le drame de l’économie française étant son manque de compétitivité, il fallait faire totalement autrement.

-          Augmenter la TVA pour transférer en partie sur les produits étrangers les frais supplémentaires de sécurité sociale. Elle n’aurait pratiquement aucun effet sur les prix dans la conjoncture actuelle.

-          Supprimer les 35 heures et porter à quarante heures la durée normale de travail, tout en rendant plus souple la répartition du temps de travail à travers l’année.

-          Éliminer celles des mesures Auroux, Rocard, Jospin et Hollande qui ont verrouillé totalement et étouffé les relations sociales dans l’entreprise et mis les juges en position de ruiner l’entreprise.

-          Déplacer tous les seuils qui empêchent qu’une entreprise devienne moyenne puis grande.

-          Reprendre la procédure budgétaire locale, départementale et régionale pour empêcher les dérives imbéciles constatées depuis 1981 et la décentralisation pourrie mise en place par Deferre.

On annonce que des résultats similaires seront obtenus en renvoyant sur des accords dérogatoires d’entreprise les réformes nécessaires. C’est une double escroquerie. D’abord parce que les politiques n’ont pas le courage de défaire eux-mêmes ce qu’ils ont mal fait. Ce sont des règles politiques nationales qu’il faut casser. L’affaire doit se passer au Parlement, pas dans les entreprises. La plupart des entreprises ne pourront rien négocier. L’inversion du droit social met le feu aux syndicats sans véritable efficacité. Le type même de la mesure perdante pour tout le monde.

Le cas du licenciement est caricatural et exemplaire à la fois. Giscard et Chirac d’abord, puis tous les gouvernements qui ont suivi, ont fait semblant de considérer que le licenciement était totalement illégitime. Ils ont légiféré sans cesse pour le rendre sinon impraticable, du moins horriblement lent et coûteux. Il est devenu impossible de s’opposer aux comportements sciemment malhonnêtes de salariés sans scrupule, d’ailleurs jamais dénoncés.

Il faut savoir qu’il y a en moyenne en France cent démissions pour un licenciement. Un futur salarié sur dix qui a signé un contrat d’embauche ne se présente pas le jour du début de son contrat. Il a trouvé autre chose dans l’intervalle qui lui convient mieux. Sanction ? Inexistante. La presse de Normandie donnait le mois dernier, l’exemple, tellement fréquent, d’un embauché qui, à peine sa période d’essais faite, s’était mis en arrêt maladie bidon et voulait négocier une indemnité de départ… Coût pour le malheureux artisan, 50 000 euros après deux années de galère (Vous ne pouvez pas licencier un salarié malade même si la maladie est bidon, ce qui dans le cas d’espèce a été reconnu par le tribunal qui n’a d’ailleurs pas sanctionné le médecin complice. Et vous ne pouvez pas recruter alors qu’un contrat nouveau devait être satisfait par l’embauche effective d’un spécialiste). Qui croit que l’inversion de la préséance de droits sociaux changera quoi que ce soit à ces véritables escroqueries, dont les greffes des tribunaux regorgent à travers toute la France, avec des spécialistes multirécidivistes qu’il est interdit de dénoncer sous peine de poursuites ?

Le courage aurait été de reconnaître qu’il n’y a pas de licenciement structurellement abusif en soi. L’entreprise doit pouvoir rapidement adapter ses effectifs à sa stratégie et à ses marchés. Pratiquement partout dans le monde, il existe un barème négocié en fonction de la durée dans l’entreprise et la collectivité prend le relais pour permettre la réinsertion ailleurs de celui qui n’a plus de rôle utile dans son travail antérieur. Seuls les licenciements collectifs majeurs de plusieurs dizaines ou centaines de salariés font l’objet de procédures collectives contraignantes.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de licenciement individuel abusif. Débaucher des cadres chez le concurrent puis les virer peu après est un acte de compétition déloyale. À ce titre il doit être indemnisé par le voyou. Certaines querelles de personnes sont également fautives. Cela ne concerne qu’un nombre ridiculement petit de cas. À peine quelques centaines par an. Nul besoin d'inverser les règles du droit social ni d’inventer des solutions intenables. Il faut que le législateur réduise la notion d’abus de licenciement à quelques cas bien cernés. Le reste doit être sorti du cadre judiciaire. Là encore, les hauts fonctionnaires, qui ne risquent jamais leur place, sont les plus mal placés pour fournir des solutions. Les Enarques Giscard et Chirac avaient commencé dans le délire avec l'autorisation préalable de licenciement. On continue dans le délire avec les faux-semblants des Enarques Macron et Philippe.

« Laissez leur chance, ils vont dans le bon sens » crie la vox journalandi.

Il faut avoir le courage de dire : NON ! CE N’EST PAS VRAI. Car ce n'est pas vrai.

L’affaire de l’exonération de charges sociales salariales et de l’exonération de l’impôt local n’a aucun intérêt national et n’aura que des effets négatifs à court, moyen et long terme.

L’affaire du renvoi vers l'entreprise dans des conditions absurdes et dans la plupart des cas impraticables du droit social abusivement étouffant est un détournement de responsabilité. Le non-traitement au fond du caractère « abusif » du licenciement est une défaillance de la volonté politique et non l’inverse.

Dans la même veine de faux-semblants s’ajoutent le simple report sans annulation de l’impôt à la source et les palinodies autour d’une mesure aussi caricaturalement technocratique que le « compte pénibilité ».

Comme il n’y a, par ailleurs, aucune réduction de l’emprise d’un secteur public démentiel et qui travaille peu, avec une productivité infime, on ne peut que livrer ce constat :

Nos deux énarques, et d'abord le divin Emmanuel, n’avaient qu’un projet électoral individuel épaulé par une caste et quelques affidés.

Au final, il ne restera de tout ce déballage qu’une hausse fiscale et des mesures cosmétiques et d’apparence qui suffiront sans doute à satisfaire Bruxelles, mais n’auront aucun effet certain sur l’emploi, qui dépendra de la conjoncture internationale dont nous profiterons moins que les autres comme d’habitude.

La haute fonction publique est en marche contre la nation depuis 1974. En grand danger de perdre ses privilèges et son emprise, elle a trouvé dans le Divin Emmanuel et quelques réseaux de financiers parasites de l’État, ou d’organes de presse soudoyés et aux abois, l’occasion de perdurer dans leur étranglement de la nation qui travaille et qui fait la prospérité et la dignité de ce pays.

Non. Définitivement non. Nous ne marchons pas dans la combine. Il n’y a strictement rien à attendre des premiers pas de l’équipe Macron, sinon des mesures démagogiques et cosmétiques.

Beaucoup verront dans cet irrédentisme, « le négativisme d’un fieffé groupe de déclinistes qui se roulent dans la fange de la critique systématique ». Nous considérions que le premier Macron, celui qui contestait les blocages de la « gauche vraiment de gauche » était intéressant. Depuis la parution du livre Révolution, vide de chez Vide, et des annonces démagogiques et électoralistes de Macron II, nous trouvons que tout cela s’apparente à un attrape-nigaud.

Après tout, il y aura peut-être un Macron III un peu plus proche des nécessités nationales. Ce qui est en train de se préparer avec la relance de l’Europe fédérale, avec budget européen et abandon de toute souveraineté économique, ne laisse rien présager de tel. On va vers plus d'enchantements médiatiques et de virevoltes émouvantes et moins de responsabilité française, moins d’efficacité concrète, moins de solidité économique.

L’impôt européen sera sans doute l’acmé de l'épisode Macron. Les « masses » n’y verront que du feu. Elles croient ne plus payer aucun impôt ! M. Juncker et sa Commission viennent de pondre un texte parfaitement clair sur les intentions des Eurolâtres antinationaux. Tout doit passer par la Commission, nouveau Gouvernement de l’Europe Unie, sous le contrôle « démocratique » de l'Assemblée Européenne.

En attendant l’électeur français est sommé de se prosterner dans l’adoration du nouveau Messie interplanétaire et anglophonophile, « à l’œil et la main d’acier ». Stupéfié par un engouement si sûr, l’OCDE en a profité pour publier dans toutes langues possibles sauf le Français, son dernier rapport de conjoncture, rédigé naturellement par une économiste américaine. Pourquoi se gêner ?

Le Français, né malin, comme chacun sait, s’est fait la spécialité d’être constamment un cocu électoral magnifique, avec le choix répété de présidents consternants depuis Pompidou. Mais rarement, depuis peut-être Pétain, on l'avait vu dans une telle extase du n’importe quoi trompeur et débilitant.

 



Statistiques : éviter le fétichisme autour des chiffres annoncés dans la presse

Assurer l'autonomie de l'INSEE

Un des aspects les plus crispants de la discussion économique publique est cette double difficulté d’interprétation des statistiques :

-          Peu de gens connaissent la manière dont elles sont conçues et beaucoup font donc des contresens parfois gigantesques dans l'interprétation des chiffres publiés.

-          Les chiffres sont en général des estimations qui s’affinent progressivement et au final la chanson n’est pas toujours la même, même si l’air ressemble. La politisation de l’INSEE laisse toujours planer le doute sur la manipulation des chiffres. Le changement de mode de calcul permet souvent de brouiller un peu plus les pistes, même s’il est bien intentionné. Du coup, entre prévisions, prévisions corrigées, estimations, estimations corrigées et calculs définitifs, on constate des différences parfois très considérables.

Méconnaissance et incertitudes comptables rendent donc l’interprétation des statistiques publiques, dans la sphère médiatique et politique, particulièrement hasardeuse et parfois trompeuse.

L’INSEE vient de donner les chiffres définitifs et les estimations de l’évolution du PIB depuis… 2 014.

Cela veut dire que depuis 3 ans nous vivions avec des chiffres provisoires sur la valeur de l’indicateur essentiel de la vie économique.

Jusqu’ici, le gouvernement socialiste se vantait d’une croissance en pleine accélération : 0.8 en 2014 et 1.2 en 2015. En vérité, la croissance était atone à 1 %., avec une montée infime à 1.1 % en 2016. Alors que la reprise était partout sensible danse monde, la France montrait un électroencéphalogramme absolument plat, totalement atypique par rapport aux autres sorties de récession depuis 1945. On se souvient qu’à quatre reprises, les annonces faites étaient : une année en reprise avec accélération l’année suivante. Ce discours optimiste a été systématiquement démenti par les faits. Mais il a bercé la nation, pendant qu’on la lessivait fiscalement, ce qui était le principal.

La période en cours, est en matière de conjoncture, une phase haute du cycle équivalente aux années 1988-1991, 1997-2000, 2006-2007. La seule différence est dans la faiblesse des taux de croissance, notamment en Europe et surtout en France, asphyxiée par la pression fiscale.

Après une accélération finale, la suite est, en général, une contraction de la croissance. La précédente ayant été très forte, celle à venir serait modérée. Après une phase de stagnation aussi importante, il est impossible qu’il y ait un énorme krach. Les bourses risquent évidemment une correction assez forte. Mais l’activité elle-même ne devrait connaître qu’un ralentissement pas une véritable récession, les bulles spéculatives qui exploseront étant pour l’essentiel purement financières et monétaires et n’ayant que peu de corrélations avec le crédit aux entreprises. Ces dernières ont très peu investi, préférant accumuler du cash et racheter leurs actions pour maintenir les cours (et la valeur des stock-options).

La conjoncture française, qui suit la conjoncture mondiale avec un effet retard et une décote, s’améliore très doucement mais va être étouffée par la hausse massive de la CSG exigée par Macron, une erreur colossale. Bien sûr le Trésor a fait que la CSG soit un impôt complexe et largement incompréhensible. Mais si on s’en tient à l’essentiel, l’Inspecteur des finances Macron veut faire passer le taux de 15.5 à 17.2 %, soit une hausse de 11 % environ (sous réserve des modalités de détail), avec un taux marginal de prélèvement de près de 67 %. Il aurait été mille fois plus sage de laisser tranquille la CSG et d’augmenter la TVA, avec un impact sur le prix de marchandises importées relativement faible, et une petite amélioration de la compétitivité prix de l’économie française. Cela aurait un poil dopé nos exportations et aurait permis de réduire notre déficit commercial.

L’effet de la CSG sera extrêmement négatif sur la demande, les fonctionnaires et les retraités étant les plus frappés, en même temps que tous les investisseurs qui se retrouveront avec des rentabilités marginales, après inflation, négatives !

Rappelons que la CSG frappe le revenu disponible net-net et que l’impôt sur le revenu frappe la part saisie par la CSG. La CSG est un « impôt sur l’impôt », le summum de la prédation du Trésor, la merveilleuse trouvaille de l’Inspection des finances en majesté. Le revenu net-net est celui qui reste une fois payé les impôts et les frais fixes de logement. Pour beaucoup des ménages concernés, la hausse prévue aura un impact de plus de 10 % sur le revenu disponible. Pour quelques dizaines de milliers d’entre eux, la perte sera supérieure (parfois très supérieure) à 20 %.

Il s’agit bien d’un nouvel écrasement fiscal, qui sera masqué par des exonérations pour les « faibles revenus », la démagogie habituelle. Ajouté à la hausse de l’inflation (dont on ne tient pas compte avec la CSG), les effets sur le revenu disponible seront majeurs, surtout pour les retraités. De cela, pas un mot dans la presse.

Que l’Enarchie ait choisi de porter à des taux confiscatoires un impôt qui taxe du revenu déjà taxé et du faux revenu lié à l’inflation, ne choque absolument personne. Comme on ne fera aucune correction du champ déraisonnable de « l’action publique » (le terrain de jeu des énarques), comme on ne veut pas toucher au temps de travail d’une administration pléthorique, et comme la petite reprise de croissance va faire jouer la progressivité globale de l’impôt, on va vers un nouveau début de quinquennat fiscalement aggravé. Macron n’a rien compris aux excès des deux premières années du quinquennat Hollande où il était le principal conseiller économique et où il a cautionné une augmentation démentielle de la pression fiscale. Le but est toujours le même : augmenter les impôts au début pour faire un geste électoral pour la réélection. Plus cela change, plus c’est la même chose !

Au total, on voit que la presse ne permet pas au pays de se faire une véritable idée de ce qui se passe. Les chiffres du PIB ne sont ni compris ni mis en perspective intelligemment et on a vu qu’ils ont servi à tromper le pays en vue des élections. On voit aussi que la présentation des hausses d’impôts en point et non pas en vrai pourcentage (pour la CSG 1.7 au lieu de 11 %), est une nouvelle tromperie.

Pour éviter ces dérives, il n’y a qu’une solution : sortir l’Insee du périmètre gouvernemental et en faire une institution autonome rattachée au Parlement ; rendre toutes les statistiques accessibles gratuitement aux institutions universitaires d’économie et à toutes les institutions privées d’analyse de la conjoncture ; faire en sorte que les tableaux de bord publiés et les documents genre « l’économie Française » puissent voir leur contenu discuté publiquement afin de faire ressortir les vraies informations utiles et pas seulement ce qui arrange l’Inspection des Finances.

L’idéal serait de prévoir des sessions de formation à l'interprétation des chiffres pour les journalistes (notamment de télévision) afin qu’ils évitent de servir le communiqué comme des porte-voix débiles et asservis, alors même qu’ils se piquent de faire du « décryptage » (alors qu’il s’agit le plus souvent d’une simple désinformation).

Une merveille de pronunciamiento !

L’Enarchie Compassionnelle, un instant menacée, conserve et étend son pouvoir

Chaque époque génère son élite, c’est-à-dire une sélection des meilleurs pour diriger le pays. Jusqu’à ce que cette élite apparaisse pour ce qu’elle devient toujours : une caste cherchant à maintenir et étendre ses privilèges. Il faut une révolte forte ou une catastrophe pour remettre périodiquement le jeu à zéro.

Lors de la Fronde, l'élite venait du clergé qui sélectionnait les meilleures têtes dans des séminaires qui étaient le summum de la formation. Nous eûmes Richelieu et Mazarin. L’armée a également été longtemps une pépinière de grands esprits. Napoléon, Lyautey, De Gaulle sont exemplaires d’une élite polyvalente sortie de leur spécialité d’origine. En Thaïlande, aujourd’hui même, l’armée est l’école des élites du pays. En Chine, le Parti joue le même rôle, à l’instar de tous les pays socialistes qui ont généré ainsi leur propre nomenklatura, jusqu’au jour où…

En France, la République est construite sur la sélection ouverte à tous d’un enseignement dérivé de celui de l’Église catholique et longtemps remarquable. Dans le domaine militaire, dans celui des ingénieurs et dans celui des gestionnaires, la course aux grands emplois est conditionnée par une réussite scolaire initiale dans des disciplines de l’esprit.

Rien de cela n’est choquant. Que l’État dégage une élite dont il a besoin est difficilement critiquable.

Il arrive malheureusement que cette élite ne reste pas à sa place et se substitue au souverain. Lorsque Louis XIV affirme « l’État c’est moi », il vire sans ménagement le haut clergé du pouvoir et le remet à sa place, en même temps que les Princes et la noblesse frondeuse. Cela ne se passe pas toujours aussi bien. Lorsqu’il faut retourner à la banalité des jours, la Caste vaincue a tendance à se rebiffer voire se révolter. Dans les pays où l’élite est militaire, le pronunciamiento est la règle. On a vu en Turquie les élites militaires refuser de s’incliner devant les nouvelles élites politico-religieuses. En Russie, le KGB, un instant remis en cause dans son hégémonie, a repris le pouvoir avec Poutine, sachant que l’élite du pays a été formée pendant des décennies par le KGB qui gérait tout, de la police à l’économie, de la diplomatie à l’agriculture, du tourisme à la politique culturelle.

Dans le cas de la France, une partie des Hauts Fonctionnaires considère depuis la défaite de mai 1940 que les députés issus du suffrage universel n’ont pas tout à fait le niveau qu’il faudrait. Ils ont entrepris, à leur propre compte, une réflexion sur ce que devrait être la France et considéré que l'élection était un « piège à cons » qu’il fallait circonvenir. Leur idée : seul le haut fonctionnaire a une vision dégagée de toute considération intéressée et mesquine. De plus il est formé sur toutes les questions régaliennes ou autres. Et lui seul. En dépit de beaux succès sous Pétain (la sécurité sociale, l’encadrement des métiers) et pendant la Quatrième République (avec l’arrivée au poste de Président du Conseil d’inspecteurs des finances jeunes et brillants comme Felix Gaillard et Bourges Maunoury), ce n’est qu’à partir de 1974 et l’accès au pouvoir de Giscard et de Chirac, deux énarques jeunes et ambitieux, que l’Enarchie s’est réellement mise en place, avec comme idéologie « l’arbitrage de la société ». L’Énarque croit pouvoir arbitrer entre le patron et le salarié et dépasser la querelle socialiste, arbitrer entre pauvres et riches, et se saisir du message christique, entre vieux et jeunes, entre hommes et femmes, entre sexualité normale et sexualité déviante, entre piétons et automobilistes, etc.

On retrouve dans cette idée d’arbitrage toute la pensée de Macron : « personne n’a totalement tort, personne n’a totalement raison, il faut arbitrer avec raison et je suis là pour cela ». Le « macronisme » n’est qu’un avatar de la doctrine compassionnelle de l’Enarchie triomphante : les Enarques sont là pour arbitrer les tensions et naturellement tout cela se fait par l’épandage d’argent collecté en masse par l’impôt.

Au nom de l’intérêt général, dont elle serait seule porteuse, la haute fonction publique a colonisé l’État, ce qui était normal mais aussi toutes les institutions politiques, ce qui ne l’était pas.

Dès le Club Jean Moulin on entend dire que la division entre droite et gauche n’est pas opérationnelle. Dès les années quatre-vingt on entend les discours de brillants Inspecteurs des finances qui prétendent que le déclinisme est une absurdité.

Le mantra de Macron n’est pas une nouveauté mais l’affirmation sans complexe d’un discours de haut fonctionnaire tenu depuis des lustres pratiquement tel quel et que l’on connaît aujourd’hui sous le vocable de « cercle de raison » popularisé par Alain Minc (major de l’ENA) et Bernard Attali (énarque et major de l’École polytechnique).

Il n’y a évidemment aucune différence, sinon de sobres nuances, entre une énarchie compassionnelle de droite et une énarchie compassionnelle de gauche. Fabius a hésité entre la droite et la gauche un bon moment. Il n’est pas le seul. La compatibilité de Macron et de Hollande, ou de Macron et du Philippe maire du Havre, ou de Copé avec Moscovici, ou de Dutreil avec Guigou, ou de Rocard avec qui on voudra, est totale.

Ayant colonisé et la droite et la gauche, la politique suivie et par les Enarques de droite et par ceux de gauche s’est trouvée fort constante.

L’ennui est que la confiscation des revenus et du capital de la « société civile » s’est aggravée pendant quarante ans avec au bout du chemin un sous-investissement massif, la fuite des capitaux, l’exil des riches et des jeunes, un chômage de masse, des déficits homériques et des dettes abyssales.

Amusant, le vocabulaire de l’Enarchie triomphante reprise par les médias asservis ! « Société civile », qu’est-ce que cela veut-il bien dire ? En dehors des armées toute la société est civile. Ah oui mais voilà : il y a la caste, la haute fonction publique et le reste. Selon qu’elle est hostile ou non à la Caste, ce sera « la société civile » ou une masse de « populistes ». De même tout ce qui n’a pas encore été taxé est « une dépense fiscale », c’est-à-dire une concession révocable à la première occasion.

La situation catastrophique du pays ne pouvait rester sans conséquences. À gauche, le compassionnel énarchique s’est vu contesté du fait de la montée massive du chômage et des mesures de plus en plus dures contre les pauvres, mélangés avec une énorme vague de pauvreté importée. À droite la fiscalité abusive et le déclin de l’industrie ont conduit aux mêmes réactions. Dégagez les Enarques !

Cela a failli réussir. Si François Fillon passait, les effectifs publics auraient été sabrés et les statuts de la haute fonction publique simplifiés et rapprochés de la multitude. De même, Mélenchon représentait une alternative hors Enarchie, inscrite dans la révolte de la base. Il fallait casser le risque d’une union des Frondeurs et des Insoumis, et empêcher Fillon d'accéder au pouvoir par tout moyen. Le candidat naturel était Juppé. Mais cela ne faisait pas les affaires des Enarques de gauche qui venaient de gouverner pendant 5 ans. On se ralliera donc en bloc dès la fin des primaires à l’opération Macron.

Un quarteron d’Enarques montera le piège contre Fillon, en trahissant au passage tous les devoirs de confidentialité de leurs charges. L’effondrement trop rapide du médiocre Hamon a failli prendre tout le monde de court, Mélenchon siphonnant l’électorat de gauche avec une belle voracité. Il a fallu s‘allier avec Bayrou.

Aujourd’hui tout est net et clair. L’Enarchie a gagné. Un président énarque et un premier ministre énarque, comme Giscard-Chirac, comme Chirac-Juppé, Comme Chirac-Jospin, comme Chirac-De Villepin, alors que Hollande avait dû composer avec le PS et ses petits diplômés. Un Secrétaire général de l’Elysée énarque. Un Ministre des finances et de l’économie énarque. Les utilités sont bien cadrées par des Enarques. Tout est tenu et bien tenu. La presse aux ordres n’a plus qu’à chanter la chanson dont les paroles lui seront aimablement fournies. On a vu que l’apparition d’une presse totalement soumise et chantant la gloire du Divin Emmanuel avec une unanimité et une ampleur jamais vue, est une des marques du temps et des difficultés de la démocratie française.

La révolution « macronienne » était en fait une contre-révolution pour éviter la perte du pouvoir de la Haute Administration et sa remise en cause organique. Le pronunciamiento a réussi. Le nouveau héraut de la secte est un peu plus glamour que le président sortant, pitoyable prisonnier de lui-même autant que des dissidents de gauche du PS, devenus maîtres d’un parti mort.

« Emmanuel » (on l’appelle par son prénom comme « Ségolène », ce qui en dit aussi long que les centaines de premières pages de magazine) s’est débarrassé et de la droite souverainiste et de la gauche frondeuse. Il reprend l’habitude des castings, avec « prises de guerre », qui ne sont que des prises de guère et ne donne à moudre que de l'extase médiatique sans intérêt.

Tout le monde il est beau, tout le monde il doit être content et même ravi.

L’élection tronquée a permis de mettre sous le tapis les cris de « ça suffit » qui s’étaient élevés après les attentats contre Charlie Hebdo, après la folie fiscale des deux premières années de gestion par Hollande, après les atteintes permanentes contre la propriété, avec la perte de pouvoir d’achat généralisée, avec l’effondrement de l’emploi, avec la perte de souveraineté et les sujétions constantes, avec l’effritement des libertés, …

Ce succès heureux est présenté désormais comme la volonté du peuple de plus d’Europe fédérale, de plus de renoncements bienveillants, de moins de réticence devant les dégâts des libertés sans frein de circulation des hommes, des capitaux et des produits, de plus de complaisance vis-à-vis des prélèvements, de moins de rejet des « avancées sociétales ». Seuls les « radicalisés », comme diraient Alain Juppé, ne seraient pas bouleversés d’humanité au spectacle d’une jeunesse triomphante et intelligente qui va tout résoudre dans la fraternité et les images positives.

Le sondage Elabe du jour, un institut qui a été le fer de lance de l’opération médiatique pro Macron, devrait faire réfléchir. Le Président et la Premier Ministre ont une cote de confiance minable, en fait la plus basse depuis le début de la Cinquième République. Bien sûr, le savoir-faire est autre que celui du prédécesseur.  Le nouveau Président fait peu de fautes, ne serait-ce que parce qu’il a vu toutes celles qui ne fallait pas faire.  L’onction de la victoire et de la jeunesse jouera son rôle.

Mais le gouvernement nouveau est de pur affichage et noué de combinaisons politiciennes électoralistes à très court terme. Il faut gagner les prochaines élections législatives. L’énorme canon médiatique est braqué à nouveau sur l’électeur : il faut donner une majorité massive à notre phénomène, que le monde entier nous envie. Ensuite les députés inexpérimentés seront aux ordres et les ministres d’affichage strictement encadrés par la haute fonction publique.

Nous sommes sommés de nous réjouir. Après tout, même un haut fonctionnaire peut être compétent dans la sphère politique ! C’est ce qu’on dit des militaires en Algérie après chaque élection, bidon, qui voit le pouvoir militaire maintenir son emprise sur les institutions et la richesse du pays !

Mais on sait déjà que le champ de l’action publique ne sera pas modifié, que les impôts ne baisseront pratiquement pas, que la soumission à l’Europe et aux Etats-Unis sera totale, et qu’au bout du chemin la vraie menace ne sera pas Mme Le Pen, qui a montré sa nullité, mais l’extrême gauche. Il suffira d’une crise mondiale même légère, et on peut s’attendre à un épisode de moyenne importance dans les 6-18 mois, et d’une hausse des taux d’intérêt, pour que le contre-choc se produise.

Il risque d’être violent. C’est là qu’on pourra juger des capacités de notre nouveau Président. L’Enarchie compassionnelle et sa médiacratie associée risquent alors d’apparaître dans toute la splendeur de ce qu’elles sont : une certaine forme d'évanouissement de la démocratie véritable et une capture illégitime du pouvoir.

Espérons que non. Le pire n’est jamais certain. En attendant, bravo l’artiste ! Cette prise de pouvoir aura été une merveille de pronunciamiento réussi !

Les impôts - Histoire d'une folie française de Jean Marc Daniel

60 ans de matraquage fiscal - Tallandier

Cette histoire des impôts en France durant les dernières soixante années est un passage obligé pour qui veut comprendre l’état de déliquescence du pays. Comment un peuple qui a fait la Révolution pour des raisons principalement fiscales (Les Etats Généraux avaient été convoqués pour augmenter les prélèvements) a-t-il pu, en si peu de temps, accepter que la prédation publique passe de 31% à 45%  du PIB ?  

Cette folie, car il s’agit bien d’une folie comme le titre le suggère et pas seulement pour attirer le chaland, est une des dimensions fondamentales de l’effondrement français. On sait que la stagnation multiséculaire de la Chine provient d’un taux de prélèvement confiscatoire de près de 50% mis en œuvre sans faiblesse par une armée de fonctionnaires. La disparition de la France des radars économiques, avec en prime fuite des capitaux et des Français aisés, et l’achat majoritaire du capital français par des étrangers moins taxés, est une des aberrations  les plus phénoménales de son histoire. Comment en est-on arrivé à un point où tous les histrions des chaînes de télévision publiques, riches à millions, crient tous les jours « Vive l’Impôt » à destination d’un peuple qui n’en peut plus des exactions de l’Etat contre ses biens (avec en prime l’acceptation du squat, la dépénalisation massive du vol  et les  atteintes répétées au droit de propriété) ? Comment se fait-il qu’un pays qui a connu autant d’alternances politiques ait pu continûment s’enfoncer dans ce piège mortel ?

Jean marc Daniel a produit un livre informé et d’une lecture plutôt agréable, compte tenu du sujet.C’est une narration qui n’oublie rien d’important.On y voit des figures particulièrement épouvantables et d’abord celle de Giscard qui aura pendant près de 20 ans enfermé la France dans une taxation délirante. Il a réussi à contourner les réticences du Général de Gaulle qui voulait que l’on ne dépasse pas 35%. Il y a un avant et un après Giscard. C’est lui qui a tout encadré, tout verrouillé.  La TVA et l’impôt sur les plus values sont son œuvre. Plus aucun flux n’échappe aux prédations étatiques. Cela finira en 1981 dans le mépris public de l’homme aux diamants de Bokassa. Non pas que l’affaire eut été d’importance. Mais qui eût pu croire  que les tondus du giscardisme eussent pu pardonner à ce fat et à cet obsédé fiscal, connu pour avoir balancé personnellement des contrôles fiscaux aux personnes qu’ils avaient pu envier ou craindre, des richesses abusives ? C’est le premier d’une liste de Présidents de la République  Française rejetés pour leur agressivité fiscale, le dernier en date étant François Hollande. Le choix des Français de sanctionner les effets des trois grandes récessions (73-74, 92-93, 2008-2009) en confiant les rênes du pouvoir aux socialistes, n’a rien arrangé. Ils ont apporté d’abord la taxation des stocks et pas seulement des flux, puis l’idée d’un transfert direct  et sans vergogne de l’argent des uns dans la poches des autres.  L’impôt ne servait plus à couvrir les besoins régaliens mais à assurer des gratuités intenables, dont la gratuité de la vie à tout âge pour tout individu venant à se trouver sur le territoire. Michel Rocard, avec le rétablissement de l’ISF, l’instauration de la CSG, en même temps que du concept d’une allocation à vie sans réelle contrepartie, est le prototype du foldingue fiscal encensé par les imbéciles. La figure d’Alain Juppé s’impose immédiatement après avec le déplafonnement de l’ISF et son refus de le supprimer, accompagnant la hausse massive de bien des impôts. Il faudra attendre ensuite le sinistre François Hollande et ses idées personnelles sur la fiscalité. Les délires de ses deux premiers budgets resteront dans l’histoire comme la marque d’une hystérie incontrôlable.  

Lauré et Giscard, Rocard, Juppé, Hollande : l’énarchie est d’abord une prédation fiscale. L’Assemblée Nationale  ne devrait pas être composée majoritairement de personnes dont la rémunération et le cadre de vie dépendent des impôts qu’ils votent, à l’initiative de présidents issus de la haute administration !   

En mettant en œuvre la décentralisation, l’énarchie a ouvert un champ nouveau d’emplois publics ; l’Europe a été une nouvelle aubaine. L’emploi associatif, moins cher que l’emploi public, a permis d’étendre le domaine financé par l’Etat.  Tout cela représente des millions d’emplois à productivité très faible, financés par des impôts sur les emplois à productivité forte et créant le double de chômeurs depuis 1974 : 3 millions d’emplois créés  financés par l’Etat ; 6 millions de chômeurs, indemnisés par la dépense publique. Merci l’Enarchie !

Si la narration de J.M. Daniel est sans faute, elle souffre sans doute d’un manque d’explications analytiques.

La notion de prélèvements est beaucoup plus trompeuse qu’il ne le dit. Nous rappelons toujours la parabole de l’esquimau lors que nous abordons ces sujets. Un esquimau sur la banquise pêche un poisson. PIB compté par l’Insee de la banquise : 1 poisson. Un type avec un fusil prend le poisson en disant : je te protège des ours blancs. La même Insee dit : production (de sécurité) de l’Etat : 1 poisson. PIB total : 2 poissons. Taux de prélèvements : ½ = 50%.  On se rend compte qu’un taux de 44 ou 45%, que nous vivons grâce à Hollande,  est une quasi-prédation totale de l’économie marchande. Il suffit de prendre les valeurs absolues de la valeur ajoutée du secteur marchand et des dépenses publiques  pour comprendre le problème : environ 1.250 milliards d’euros pour la dépense (probablement nettement plus en 2017) et 1.200 milliards d’euros pour la valeur ajoutée marchande. En France, l’Etat dépense plus que ce que le secteur privé marchand ne produit !

De même il oublie un phénomène fondamental : si la fiscalité est globalement progressive, le trend de croissance conduit automatiquement à une aggravation de la pression fiscale. Les pays agressivement  progressifs dans leur fiscalité ont connu cette mésaventure : plusieurs décennies de croissance rapide ont conduit à l’étouffement fiscal du pays et il a fallu rétropédaler avec force.  La Suède, le Canada, le Royaume uni, la Nouvelle Zélande ont su stopper cette folie et faire machine arrière.

Le rôle des trois grandes récessions est aussi dirimant : C’est à la suite de chacune d’entre elle que les gouvernements se sont retrouvés dans d’énormes déficits qu’ils ont cherché à compenser d’abord et presqu’exclusivement par l’impôt. Les grands coupables sont ceux des gouvernants qui, en période de vaches grasses et de haute conjoncture internationale, ont fait le pari d’aggraver encore la fiscalité, alors que la progressivité s’appliquant à des impôts aggravés, les recettes prenaient l’ascenseur quand la production prenait l’escalier ! Rocard et Jospin, et dans une moindre mesure Hollande, seront les principaux criminels, Rocard étant largement le roi de cette triplette tragique.

Bien sûr, tout le monde a compris qu’on était allé beaucoup trop loin en matière fiscale. Comme nous l’avons démontré ici à de multiple reprise, des milliers de Français paient plus de 100% de leur revenu en impôts ce qui est une violation du pacte républicain. Comme J. P. Robin, au Figaro, le rappelait récemment, la fortune des Français installés à l’étranger est désormais très supérieure à la fortune des Français restés au pays !

L’étouffement fiscal est tel que depuis la crise de 92 et la montée à des hauteurs insupportables du chômage, beaucoup de voix considèrent qu’il faut mettre fin à l’exception française qui a mis l’essentiel des prélèvements sous forme de charges salariales. Mais au niveau de prédation atteint, cela signifie une fiscalité coercitive sur les particuliers et la fin du consentement à l’impôt.

La démagogie électoraliste fait qu’on achète le vote des masses électorales par des mesures ciblées. L’Enarchie qui voyait ses positions de plus en plus vulnérables, a décidé de réagir en portant sur le pavois Emmanuel Macron, après avoir piégé François Fillon qui menaçait directement son pouvoir.  On sait que les deux mesures du président désormais élu sont la suppression de la Taxe d’habitation pour 80% des citoyens, (52% des dits ne paient pas l’impôts sur le revenu, 90% ne paient pas l’ISF)  et la hausse de 1.7% de la CSG pour donner un supplément de rémunération aux actifs du secteur privé, tout en faisant passer le taux marginal d’imposition à près de 70% !

Bientôt il y aura deux France : celles qui paient quasiment tous les impôts et prélèvements et qui n’a droit à rien (car on veut, en plus, lui faire payer les services gratuits pour les autres), et les autres Smicards et RMISTES, ou intermittents du travail.  

Jean Marc Daniel remarque justement  que la signification de l’impôt est perdue. La discussion fiscale se traduit désormais en terme électoral par : arrachons notre train de vie dans le portefeuille des autres, tant qu'il y reste aulque chose.   

Il rappelle que toutes les institutions internationales mondiales comme le FMI ou européenne comme l’OCDE ou la Commission pressent la France de faire la seule réforme utile : baisser massivement la dépense publique.  Comme cettl'annoncer a été liquidé électoralement en moins de deux.

Il y a désormais 16 millions de retraités, près de 6 millions de chômeurs, près de 6 millions de fonctionnaires, deux millions de personnes qui vivent de la charité publique et des allocations sans même chercher du travail, quelques centaines de milliers de malades et d’handicapés…

30 millions de vies accrochées aux impôts pour 15 millions de salariés du secteur privé ! Equation insoluble !  Il faut désormais ajouter ceux qui, au travail,  reçoivent un complément de rémunérations versé directement par l’Etat (prime pour l’emploi etc.) !

Le coup d’état des Enarques qui vient de propulser à la Présidence un Inspecteur des Finances, ne permet pas d’envisager une baisse de la frénésie fiscale, sauf pour les rémunérations de la haute finance. On parle désormais ouvertement d’un nouvel impôt européen et d’un nouvel impôt destiné aux collectivités locales  (après la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des citoyens). Le principe de la taxation identique pour les revenus du travail et du capital n’est pas remis en cause, pas plus que la surtaxation de l’immobilier qui fait perdre tout intérêt à l’investissement locatif et pénalise les familles nombreuses.  L’enflure sans limite des dépenses médicales « gratuites » dans un contexte de vieillissement accéléré de la population n’est pas près de s’arrêter après la crise de nerf nationale autour des annonces de François Fillon sur la Sécurité Sociale. Qu’importe qu’il n’y ait plus de médecins ni de production nationale de médicament, et que le parc hospitalier public se clochardise de plus en plus.

L’annonce d’une baisse de 120 milliards d’euros  par le mouvement En marche, à la Saint Glinglin, est un enfumage. L’Enarchie n’a pas voulu qu’on touche aux effectifs publics qu’elle dirige en propre, ni à son statut. Elle ne prendra que des mesures cosmétiques qui ne remettent pas en cause ses privilèges tout en essayant d’éviter de tuer la bête qui la nourrit. C’est une stratégie parasitaire logique.

Cette caste énarchique et la folie fiscale française qu’elle organise depuis 60 ans, sont bien une des causes essentielles de la déchéance française.

Cela va durer.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

 

Jean Marc Daniel - Les Impôts- Histoire d’une folie française. Soixante ans de matraquage fiscal -  Taillandier - ISBM  979-10-210-2055-9

Premier bilan des présidentielles

Au terme de ces élections présidentielles.  J.P. Chevènement, à gauche,  et,  à droite, H. Guaino dressent un constat de carence.  

L'un et l'autre considèrent qu'il aurait fallu partir d'une analyse globale de l'état du monde et spéciale de l'état européen avant d'annoncer une proposition pour la France, ce qui est logique tant est grande l'imbrication de la France dans les processus mondiaux de mouvements de personnes, de capitaux et de marchandises.  L’analyse n’a pas été faite.  Du moins, on n’a pas présenté aux Français  ni les menaces ni les opportunités qui auraient pu expliquer un programme d’action construit et cohérent.

La campagne d’entre les deux tours a été uniquement une campagne d’image basée sur l’émotion : La France « patriote » contre les vilains  étrangers, d’un côté ; La France « anti fasciste » de l’autre, mobilisée contre les vilains antisémites et les vilains xénophobes. M. Macron a été élu par défaut, les carences de Mme Le Pen étant devenues criantes pendant le débat,  et l’ayant exclue de l’espoir même de l’élection. Il s’est contenté de crier : « Hou la vilaine », d’un côté et : « Vive l’Europe, vive la mondialisation, vive tout et tous,  et youpi nous y arriverons ! » de l’autre.  Mais il n’a pas propos é aucune analyse de la situation mondiale, aucune réflexion sur la situation européenne, aucune solution concrète d’importance (mais un flot de micro mesures), seulement des intentions, d’autant moins attaquables qu’elles étaient plus floues. On est certes « en marche » mais surtout en lévitation.

Il va de soi que dès que le nouveau président devra sortir de l’ambiguïté, les difficultés s’accumuleront.  On le voit déjà sur l’Europe. Il veut une Europe « protectrice » avec un Small Business Act à l’européenne, qui réserve aux entreprises européennes les marchés publics. Juncker répond platement non. Macron ne veut pas faire de collectif budgétaire. Moscovici répond : « les objectifs sur lesquels la France s’est engagée sont tenables ». Sous entendu : faites ce qu’il faut pour cela même si Sapin et Eckert ont plombé les comptes avant de partir. Se faire adouber par les militants au son de l’Hymne à la Joie  et jouer les Kennedy la main sur le cœur pendant l’hymne national, joué en second, est une chose. Convaincre les Européens de changer de cap en est une autre.  Il n’a jamais dit comment il s’y prendrait.  Mme Merkel considère que les Allemands seront compétitifs en toutes circonstances, donc la notion de « protection » lui est non seulement étrangère mais odieuse. On peut tenter de lui tenir tête en affirmant : « méditez les résultats : le rejet de l’Europe et de l’Allemagne est là. Ne jouez pas avec le feu électoral ». La démarche est à la fois humiliante et inefficace : « les Français tiennent à leur épargne et ne veulent pas sortir de l’Euro. Appliquez les traités et cela ira bien comme cela », répliquera Merkel.

Certes le nouveau président  va essayer de faire passer par ordonnance une loi Macron 3 directement inspirée par Bruxelles pour preuve de sa bonne volonté européenne.  Outre qu’il n’est pas sûr d’avoir une majorité pour cela, rien ne laisse penser que cela suffira pour fléchir qui que ce soit en Europe.

Sans doute le projet était d’être élu et de régner plus que de diriger.  Après tout s’il ne trouve pas d’assemblée pour soutenir sa politique,  il aura une excuse de n’avoir rien fait de son programme.

Mais même s’il la trouve, faute d’une évaluation réaliste du rapport des forces, rien ne dit que l’action puisse déboucher. 

Chevènement et Guaino pourront affirmer qu’ils l’avaient bien dit. Leur faiblesse commune : ils veulent absolument voir dans les formes actuelles du capitalisme et la fracture entre pays pauvres et pays riches la source principale des difficultés. Ce diagnostic  est en grande partie faux, comme nous avons essayé de le prouver dans vingt articles sur ce blog. Il les met dans l’incapacité de proposer une véritable alternative.

Leur idée commune est, qu’en Europe, le rattrapage des anciens pays de l'Est se fait par abandon de la classe moyenne des pays riches. Dans le monde, le rattrapage de la Chine, de l'Inde et de quelques autres,  se fait par la désindustrialisation générale de l'Occident. Partout, l'"uberification" de l'économie entraînerait des conséquences de masses sur les "exclus", la modernité ne s'installant que dans les grandes villes.

L’un et l’autre ne voient aucune solution réelle dans la liberté totale des mouvements de personnes, de capitaux et de marchandises, mais ont la même difficulté à définir ce qu’il faudrait faire.  Ce refus d’installer des libertés fondamentales dans des cadres non nationaux, où les Etats sont en guerre plus ou moins larvée les uns contre les autres, ne fournit aucune clé sur la nature des restrictions à mettre en place ni sur leurs effets potentiels.  Avec l’un comme avec l’autre, on voit la critique et on voit l’espoir : ne plus sombrer dans les politiques « contractionnistes » coûteuses en emplois.  Mais on ne voit pas les moyens.

En vérité les rattrapages des pays libérés du socialisme auraient pu et du se faire par croissance homothétique et non substitutive, ce qui aurait été possible en imposant le respect des équilibres de balances de paiements.  Ce que ne voient ni les tenants du nouveau président ni leurs contempteurs  peut se résumer ainsi :

-          L’Europe est coupable parce que son organisation économique renforce des déséquilibres internes et externes intenables

-          Le système mondial est coupable parce qu’il installe une « économie baudruche », instable et explosive, basée sur les déséquilibres immenses et destructeurs qui n’enrichissent que quelques gagnants (pourvu qu’ils soient sauvés périodiquement par les Etats).

-          La France est coupable parce qu’elle a réagi aux crises par l’installation d’un socialisme fiscal destructeur, l’exaltation de la dépense et de l’emploi  publics, la destruction des relations du travail et un « sociétalisme » à la fois individualiste et multiculturel, importé des Etats-Unis, destructeur des solidarités nationales élémentaires et de la liberté d’expression.  

Les solutions sont à la fois globales et ponctuelles. Les dysfonctionnements globaux et européens peuvent être corrigés par une meilleure organisation et un autre état d’esprit, basé sur la coopération.  Les difficultés liées à l’exercice non contrôlée de libertés peuvent être réglées par des mesures ad hoc et ponctuelles, mais qui ne remettent pas le principe même des libertés individuelles.

Ce qu’on aurait  aimé entendre des candidats à la présidentielle et désormais de ceux aux législatives, c’est justement cela :

-          Que la crise n’est pas structurelle mais liée à des défauts que l’on peut corriger, aussi bien en Europe que dans le monde.

-          Que la France peut faire mieux que de sombrer dans le multiculturalisme, le « sociétalisme », l’étatisme, le socialisme fiscal et le « politiquement correct » à l’américaine.  

-          Que les excès ponctuels peuvent être jugulés par des mesures au moins transitoires.

-          Que la bonne séquence est : redressement français, puis correction européenne puis correction mondiale.

-          Que cette politique, même avec sa dimension diplomatique délicate, est parfaitement jouable.

Cela aurait mieux valu que de dépasser le point Godwin en trente secondes et de s’envoyer à la figure Oradour sur Glane, d’un côté, et, de l’autre, l’hypothèse d’une « psychopathie pédérastique refoulée d’un gamin violé adolescent par un prof disposant de l’autorité »,  psychopathie dont les conséquences comportementales seraient hyper dangereuses. Ce type de campagne fait frémir sur le niveau politique où sont descendus les Français sous l’effet  de la « crise », de l’effondrement vulgaire des médias (la médiocratosphère bananière), des mauvais coups politiciens et des impostures diverses.   

On peut craindre que le solde de la campagne présidentielle, les Législatives, n’apportent que de la confusion supplémentaire et aucune vraie espérance.

L’Euro : le mistigri de la campagne présidentielle

Qui l’eût cru ? La campagne a basculé sur une question technique monétaire. Tous les commentateurs et les hommes politiques l’avaient répété à l’envi : marre de l’économie et de l’économisme. On n’élit pas un roi républicain sur une question ménagère. Surtout ne pas parler du quinquennat désastreux, notamment ses deux premières années, de F. Hollande. Déplorer le chômage à chaudes larmes, surtout quand il augmente de plusieurs dizaines de milliers d’unités la semaine décisive de la campagne. Mais s’élever au-dessus de ces tristes contingences. Oublier aussi la dette !

Et voilà que M. Dupont Aignan rejoint Mme Le Pen et qu’il demande qu’on revienne sur la sortie de l’Euro, article pivot du plan de la candidate pour sortir du marasme. Il est vrai que les Français (les journalistes disent : les retraités, cela fait plus jeunes, car on sait que la jeunesse n’a peur de rien) avaient la crainte de l’exemple grec : la BCE perdant confiance dans les banques françaises et ne les alimentant, après une fuite des capitaux hors de France, qu’à hauteur de quelques dizaines d’euros par jour et par déposants.

Il fallait donc que la candidate s’explique sur les méfaits de l’euro et les moyens de les juguler sans sortir de l’euro tout en en sortant. Un chewing-gum politique et économique assez difficile à mâcher en public qui a naturellement fait la joie de son adversaire qui, lui, pouvait, selon sa technique de positivité européenne assumée, s’exonérer de toute réflexion sur le sujet.

On a vu le résultat lors de la crise d'épilepsie mutuelle qu’on a appelé « débat », entre les deux candidats sélectionnés lors du premier tour de l’élection censément présidentielle.

Le plus consternant tient tout entier dans le fait que cette question est effectivement fondamentale et que l’indigence des deux clowns tristes dont on parle n’a pas permis qu’on l’aborde comme il aurait fallu.

L’organisation de la zone Euro est effectivement dysfonctionnelle. Elle doit être absolument corrigée si on ne veut pas que tout explose un jour ou l’autre au détriment de tous. Le fonctionnement actuel pèse effectivement lourdement sur la situation économique de la France.

L’indigence du débat et la malignité des combattants n’ont pas permis de comprendre pourquoi ni d’envisager les options qui s’offraient. Le nihilisme du combat de rue l’a emporté sur une réflexion qui est très nécessaire et qui va se révéler pendant les années qui viennent une des clés d’analyse des difficultés qui s’annoncent.

Mme Le Pen a raison : l’Euro pose problème. M. Macron aurait été bien venu de le reconnaître. Elle n’a pas su dire pourquoi. Il n’a pas cru devoir dire pourquoi. La méconnaissance et la tactique politicienne ont étouffé la vérité.

Le traité de Maastricht a mis la charrue avant les bœufs, et les bœufs ont démoli la charrue. Créer une monnaie unique avec comme seul garde-fou deux règles ne concernant que les États (3 % de déficit et 60 % de dette publique par rapport au PIB) était se lancer dans un pari impossible. Le faire alors que le système mondial est fondé sur les changes flottants et l’absence de coopération institutionnelle en matière d’échange et de monnaie, était un autre pari. Ces deux paris ont été perdus.

Le système mondial s’est étouffé en 2007 et a sauté en 2008. La crise européenne a suivi, avec pour conséquence le traité « Merkozy », toujours en activité et une ambiance déflationniste pesante jusqu’à l’insupportable, avec une extension drastique du contrôle européen sur les systèmes bancaires et les budgets. Il est clair que pour beaucoup de pays, la double peine est sévère : perte de souveraineté et perte de prospérité, sous la férule de la Commission Européenne et de la BCE.

Il n’y a qu’Emmanuel Macron pour feindre de croire que tout cela n’a pas d’importance et que « l’euro nous protège ». On sait que sa solution est un nouveau saut dans le fédéralisme absolu. Créer un gouvernement véritablement européen avec un budget européen et une répartition des mannes par le Parlement européen vers les régions des anciens états souverains européens, voilà la solution. C’est celle des milieux européistes et de certains groupes de pression dominants dans les sphères dirigeantes. Ceux qui ont créé l’Euro avec le traité de Maastricht le savaient bien : on créait un truc bancal mais il permettrait de détruire finalement la résistance des nations en rendant nécessaire un nouveau pas dans l’intégration politique. Ce calcul a été vu et dénoncé. L’affaire s’est jouée à peu. Dès 2005, les peuples ont commencé à dire NON, notamment celui de la France qui a refusé la pseudo-constitution européenne.

L’Euro est donc une affaire d’abord politique avant d’être économique. C’était le levier pour aller vers le fédéralisme européen alors que personne n’en voulait vraiment.

Mais c’est aussi une réalité économique particulièrement vicieuse. Une monnaie unique pluri nationale ne peut fonctionner que si les économies restent en équilibre chacune vis-à-vis de l’autre. Dans des régimes où les États ont pris une place déraisonnable de la dépense, la microéconomie ne donne aucune garantie que cette harmonie se produira ou se maintiendra, même si les États renoncent aux gros déficits budgétaires et à l’endettement massif. Supprimer tous les obstacles à la libre circulation des personnes, des produits et des capitaux ne pouvait suffire. Le croire est d’une grande naïveté. Refuser d’organiser ces trois libertés et sanctionner toutes les tentatives partielles en ce sens ne pouvait qu’aggraver la situation : « non seulement cela ne marche pas mais on ne peut rien faire ». Défaillance et impuissance sont les mamelles de la colère des peuples.

La question était déjà rendue difficile par l’intégration dans l’Union de pays soumis au joug socialiste pendant des décennies et en très gros retard économique. Elle st devenue insoluble dès le départ quand on a vu les deux États principaux, L’Allemagne et la France, choisir deux voies totalement incompatibles. Le plan Jospin d’étouffement des relations sociales et de passage aux trente-cinq heures était rigoureusement contradictoire avec le plan Schroeder de compétitivité renforcée.

Le résultat n’a pas tardé : il n’y a eu aucune convergence des économies et le développement d’un excédent phénoménal en Allemagne et d’un déficit phénoménal en France.

Lorsqu’un pays est victime d’une attaque mercantiliste après avoir étouffé son économie par des mesures politiciennes démagogiques et déplorables, les conséquences sont évidentes :

-          Des centaines de milliards de capitaux sont aspirées hors du pays déficitaire et le plongent dans la déflation et la dette. Donc dans les pressions salariales, le sous-investissement, et le chômage.

-          Des centaines de milliards aboutissent dans les caisses du pays mercantiliste qui ne sait rien en faire en local puisqu’il est déjà sur compétitif. Alors il le prête, et se lance dans des spéculations dangereuses. Au premier revers conjoncturel ces banques se trouvent très mal. Le système bancaire allemand est en ruine. Réciproquement les pays emprunteurs se trouvent dans l’impossibilité de rembourser. Voir le cas Grec.

Les pays en faillite sont obligés de se retourner vers le pays dominant pour quémander « une petite seconde M. le bourreau ». Il y met des conditions. Et on a le traité Merkozy et une ambiance contractionnisme délétère.

Bien sûr les banquiers, façon Macron, peuvent faire des produits gigantesques en faisant circuler les excédents vers les pays déficitaires, et en jouant sur les peurs qui provoquent des mouvements de capitaux moutonniers et finalement captifs.

Affirmer qu’on va faire ce qu’il faut en interne comme dans le plan Fillon et dans une moindre mesure dans le plan Macron laisse entendre que la solution est toujours dans le pays déficitaire. Ce qui est faux.

La vraie solution est de rétablir les équilibres. Cela ne peut se faire qu’à deux conditions :

-          Des mécanismes institutionnels qui poussent à la convergence

-          Une gestion commune de la convergence qui ne dépend ni des trois libertés ni des deux seules conditions de gestion publique du traité de Maastricht.

Il appartenait aux deux candidats de s’appuyer sur ces deux réalités.

Emmanuel Macron n’en a rien fait pour masquer son tropisme européiste. Sortir d’une certaine ambiguïté aurait été dangereux pour son élection.

Marine le Pen n’avait pas la compétence pour comprendre et exprimer clairement les alternatives.

Le silence est désormais retombé sur la question de l’Euro. Et pourtant elle continue de se poser et pèsera lourd dans les prochaines années. M. Trump a décidé d'attaquer l’Allemagne sur ses excédents en s’appuyant sur la législation TFTEA passée par Obama. L’Allemagne se cache derrière l’Euro. La situation est intenable au sein même du camp occidental. Quant à la France elle n’atteindra pas 8 millions de chômeurs sans casse politique définitive. Et rien ne dit que dans les 18 mois qui viennent il n’y aura pas un nouveau ressac économique international.

L’Euro et ses dysfonctionnements sont un sparadrap collant dont on ne se débarrassera pas comme cela.

Sottise et dissimulation ne sont pas une solution. Une fois de plus : attention à la colère des peuples.

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes E-toile

Un débat présidentiel ? Vraiment ?

Les vraies causes de l'asthénie française

et leur ignorance par les candidats

Alors que la campagne électorale française pour la présidence de la République entre dans sa phase hystérique, il n’est pas mauvais de rappeler les causes de l’asthénie française et la distance abyssale qui sépare les programmes des candidats des réalités qui comptent. La complexité est plus apparente que réelle dans le diagnostic, la difficulté se trouvant dans la capacité de bâtir une solution qui échappe largement au cadre national. Il est normal dans ces conditions que les arguments de campagne fuient devant un constat qui les présenterait largement comme des impuissants. Il l’est moins, en revanche, que les mesures proposées, tournent le dos aux nécessités, pour se contenter d’un électoralisme débilitant ou pour s’assurer le service de lobbies qui les servent par intérêt.

Le cœur du réacteur est le fait désormais acté et illustré par le FMI que depuis 1971 le taux de croissance n’a cessé de décroître au point que, de crises gravissimes en crises gravissimes, l’ensemble du monde en soit arrivé à une quasi-stagnation. Notre explication du phénomène, tel que présenté dans notre livre, L’Étrange Désastre, met en avant le rôle de l’abandon des disciplines de Bretton Woods, l’acceptation de phénomènes de domination avec les énormes déficits et excédents qui les accompagnent, le tout aggravé par l’instabilité créée par les changes flottants. La mondialisation déséquilibrée et spéculative n’assure plus que l’échange se fasse travail contra travail. Les conséquences sur la structure et le niveau de l’emploi sont désastreuses en même temps que s’installe une « économie baudruche » explosive, qui ne sert qu’une minorité d’intérêts installés aux carrefours des mouvements financiers.

La solution n’est pas compliquée en principe mais difficile diplomatiquement : il faut sanctionner les grands déficits et les grands excédents et le plus possible stabiliser les monnaies et les changes. Le moyen le plus léger est de créer une sanction automatique de ces grands déséquilibres, à charge pour les États de les maîtriser, tout en respectant au mieux les règles nécessaires de la microéconomie et le bienfait des échanges.

Pour une nation donnée, le défi est d’importance : elle n’a en général pas le quantum d’action nécessaire pour provoquer les changements nécessaires. Il lui faut s’engager dans une « diplomatie de la prospérité » dont elle n’a ni l’habitude ni les certitudes intellectuelles, les dirigeants ne comprenant généralement pas « de quoi on cause » et n’étant pas servis par des économistes le plus souvent rendus serviles par les besoins de leurs carrières officielles, ou perdus dans leurs appartenances idéologiques. La crédibilité de l’action internationale d’une nation est corrélée à sa performance économique et sociale, à sa vitalité intellectuelle et sa maîtrise des grands sujets du temps. Il lui faut aussi avoir des alliés et une tradition d’influence. Autant dire qu’une nation qui est totalement dans les choux n’a aucun rôle utile à jouer. Et si ses structures, ses dirigeants, son président, n’a aucune idée directrice pertinente, la carence est totale.

La Communauté Économique Européenne n’a pas su réagir utilement au défi de l’explosion des Accords de Bretton Woods. Dès la fin des années soixante, elle a envisagé qu’une Union Économique et Monétaire lui permettrait de résister aux désordres que créait la volonté américaine de dominer le monde par l’emploi déraisonnable du dollar et une pratique non collaborative. D’échecs en échecs, elle a fini par se rallier à l’idée d’une monnaie unique, mais sans créer les conditions d’organisation nécessaires à son bon fonctionnement. Soumise aux conséquences des crises globales, elle a fini par sombrer dans le « contractionnisme » délirant, dénoncé inlassablement lors de la conférence de Bretton Woods comme le contraire absolu de ce qu’il fallait faire. Le résultat se lit dans le chômage de masse dans une partie de l’Europe et l’énormité des déséquilibres internes de la zone. De facto, l’organisation de l’Union Européenne, surtout depuis son élargissement qui pose des difficultés décisionnelles insurmontables, et celle la zone Euro, totalement dysfonctionnelle, exigent des corrections profondes et rapides qui là encore se heurtent aux difficultés intrinsèques d’une diplomatie.

Naturellement si le pays qui cherche à mener cette diplomatie n’a aucune vision de ce qu’il faut faire et se trouve dans le trente-sixième dessous, faute d’avoir essayé de gérer au mieux la situation, ses chances de se faire entendre sont quasi nulles.

Pour nous, la solution est exactement la même qu’à l’échelon mondial : il faut proscrire les grands excédents et les grands déficits, et rendre la sanction de leur apparition quasi automatique afin que les états concernés prennent spontanément les décisions d’ajustement nécessaires. Il est indispensable que les principes d’une solution mondiale et ceux d’une solution européenne soient exactement les mêmes. On ne peut pas, pour un économiste, défendre un concept différent pour le tout et la partie. Cette incohérence est mortelle pour la crédibilité. Il faut donc aboutir de façon urgente à des mécanismes européens automatiques de sanction des grands déficits et des grands excédents, afin de mettre fin à des exercices déflationnistes destructeurs et sans issue, tout en respectant les libertés économiques fondamentales.

La France pour sa part a réagi de la façon la plus stupide au choc de l'explosion des Accords coopératifs de Bretton Woods. À chaque récession elle a fait venir au pouvoir des socialistes qui ont aggravé les conséquences de la crise en étouffant l’économie et ruinant l’État et les Français. Le désastre du Programme Commun de Gouvernement rendu possible par la victoire du pervers narcissique Mitterrand, un pourrisseur impénitent, a fait décrocher la France qui rattrapait les États-Unis depuis 1950. La crise de 92-93 a fait venir Jospin qui a étouffé les relations sociales tout en asphyxiant l’économie avec les trente-cinq heures. La crise de 2008-2009 a fait venir le sinistre gouvernement Hollande qui a poussé l’incompétence jusqu’à des sommets de l’hystérie fiscale et détruit toutes les capacités d’investissement privées nationales, vendant les entreprises françaises à l’encan et faisant fuir des centaines de milliers de familles. Le rétropédalage final n’a fait que détruire son assise électorale sans permettre un vrai et durable redressement.

Du coup quelles sont les chances d’un pays ainsi maltraité de se redresser et de conduire une diplomatie de la prospérité ?

Les résultats sont tellement déplorables avec en prime une baisse de la natalité qui nous ramène aux années trente, que la révolte gronde et se traduit à la fois par l’émergence du Mélenchonisme et la dynamique du Front national, deux mouvements antimondialisation et antieuropéen.

Les trois libertés de circulation des personnes, des capitaux et des produits sont remises en cause radicalement faut d’avoir été organisée de façon appropriée et faute d’avoir corrigé à temps les dysfonctionnements globaux et européens.

Mme Le Pen n’a aucun avis sur lesdits dysfonctionnements. Elle fait simplement chauffer les mauvais sentiments mais sans débouchés pratiques autres que son succès électoral. Elle capitalise dans tous les milieux touchés par le chômage, la perte d’identité nationale, les impôts confiscatoires, le surendettement, et la peur du déclassement ou son expérience. Cela fait du monde. Son défi est de faire apparaître une cohérence économique et diplomatique pour parvenir aux 50 %. Le propos de son électorat et plutôt d’affirmer aux autorités nationales, européennes et mondiales que cela suffit comme cela et qu’ils ne marchent plus dans la combine. En faisant courir un frisson dans le dos des dirigeants européens et de la petite élite qui les sert, il espère qu’ils changent et prennent en compte leur révolte. C’est d’ailleurs le seul rôle positif de Mélenchon et Le Pen. L’avertissement sans frais avant le vrai chaos.

M. Macron, lui incarne le rejet d’un affrontement droite gauche qui depuis 1971 n’a conduit qu’à des surenchères, des concessions aux radicaux et à l’impossibilité de solutions raisonnables. Mais le vide intersidéral de son discours commence à faire tache.

- Il n’a produit aucun diagnostic de la situation

- Il chante, voir hurle, façon cabrette, vive l’Europe, vive la Mondialisation, vive la Finance, vive tout et tous, et surtout vive moi. Ce qui est tout de même un peu court.

- Il n’a élaboré aucune grande orientation de solution et donne l'impressionne « couvrir » tous les défauts de la mondialisation financière et du contractionnisme européen, avec des changements tellement marginaux qu’ils ne peuvent pas rassurer ceux qui voient leur déclassement, celui de leur village, de leur région et de leur pays.

Son programme est un mélange de reprises de toutes les démagogies du passé (comme la détaxation des heures supplémentaires et l’extension de la gratuité des soins) avec quelques achats de votes nouveaux (l’exonération e 80 % de payeurs de la taxe d’habitation, le transfert de l’argent des retraités aux travailleurs), baignant dans un discours évaporé, et coulant de bons sentiments. Tel quel il n’a aucune chance de changer la situation française et ne peut que l’aggraver, sauf pour une toute petite minorité dont il est le factotum empressé et intéressé.

Il n’a défini aucun élément d’une diplomatie de la prospérité.

Il a compris qu’il pouvait être élu sans tout cela.

Sans doute a-t-il également compris qu’un Président de la République, aussi gavé de pouvoirs soit-il, n’a pas celui de changer réellement les choses et que le destin individuel est un objectif plus abordable que celui de la nation, de l'Europe et du monde. Et qu’il durera au baratin avec l’aide des médias.

Est-il temps pour lui et dans la seconde phase de la campagne puis dans le cadre des élections législatives de faire l’effort d’insérer les vrais problèmes et les vraies solutions dans son projet ? Et en a-t-il la volonté, alors que cela ne semble pas nécessaire au succès de sa petite aventure personnelle ?

Présidentielles : un vote modéré, mais...

Les risques plus prégnants que les chances

Une fois retombée les scories passionnelles de la campagne, le tableau que révèlent les résultats est celui d’une France majoritairement modérée, dont toute la façade ouest traditionnellement chrétienne-démocrate a glissé du socialisme au centrisme, et dont l’Est est un peu perdu entre des influences contradictoires mais plutôt droitières. L’immigration est passée avec armes et bagages chez Mélenchon.

Les Français ont mis fin aux alternances UMP-PS, qui devenaient de plus en plus caricaturales, l’UMP se calquant sur le Front national et le PS sur son extrême gauche et finissant totalement divisés en internes en clans farouches, les primaires éliminant les chefs « naturels » et achevant de diviser leur camp.

Les partis de gouvernements sont devenus des gouvernements partis.

Ils espèrent se reconstituer aux législatives. Pour le PS, la division est insurmontable. Pour les Républicains, on peut craindre que le fait de battre sa coulpe sans dignité sur la personne de François Fillon, vae victis, n’entraîne pas les effets de mobilisation escomptés. Mme Dati, Mme Morano, M. Woerth, M. Estrosi, M. Apparu, M. Wauquiez ou M. Fenech, qui étalent leurs sentiments d’aigre contemption, n’ont très exactement aucun attrait électoral pour personne. Au PS comme à LR, on joue dans la cour des petits qui croient qu’ils ont de l’importance. Les seconds canifs se prennent pour les premiers couteaux.

L’énorme couverture médiatique offerte aux petits candidats n’a servi qu’à mesurer l’inanité de leur campagne. M. Dupont Aignan voulait se faire rembourser ses frais de campagne. C’est raté. Il voulait faire battre Fillon, c’est gagné. Amère victoire.

La remise en cause de l’Europe n’a pas fonctionné en dépit d’une majorité de candidats anti européen. Ce clivage n’a pas été déterminant même si l’attrait européen est désormais plus que fané. Les Français n’ont pas voulu ajouter une crise européenne à leurs malheurs. Ils ont bien fait.

Ils n’ont pas voulu d’une crise institutionnelle. Ils sont attachés à la Ve République et veulent croire que les partis modérés sauront s’entendre pour faire face aux différents enjeux, en se concentrant plus sur les solutions que sur ce qui les divise.

Pour le reste, tout est à craindre.

Certaines options programmatiques de M. Macron sont franchement détestables.

Il fallait laisser en paix la CSG et augmenter la TVA.

Il fallait supprimer totalement l’ISF.

Il faudrait renoncer à l’exonération de 80 % des ménages de la taxe d’habitation.

Il faudrait abandonner l’idée des heures supplémentaires détaxées et déchargées.

Vouloir creuser le gouffre entre une France qui majoritairement ne paie pas d’impôts ni de charges et une France accablée d’impôts est sans doute bon pour le résultat électoral mais il s’agit d’une démagogie primaire qui a depuis longtemps des conséquences déplorables et cela continuera. Privilégier les fortunes mobilières assises sur les bulles et les montages financiers et fiscaux est la garantie que les réformes financières de fond ne seront pas faites.

Ces mesures qui rappellent le début calamiteux du mandat de M. Hollande ne peuvent pas être positives. Elles finiront de faire fuir totalement les classes aisées qui sont au cœur de plusieurs mécanismes utiles au pays : attractivité, dynamisme, créativité, joie de la réussite, initiatives culturelles non publiques, vitalité associative, force des efforts caritatifs…

Une des difficultés du système constitutionnel français, basé sur une hyperpuissance, sans doute déraisonnable du président, est l'émergence de travers graves dans l’exercice du pouvoir gouvernemental :

-          La tendance au bavardage plutôt qu’à l’action

-          Le poids excessif donné à la communication et aux médias dont on a vu qu’ils jouaient leur rôle propre, c’est-à-dire sale, dans la vie politique. S’il s’agit uniquement de gérer de l’image, les idées n’ont plus d’importance.

-          L’hyper-législation émotionnelle avec des textes trop nombreux, trop longs, trop mal rédigés et le plus souvent inapplicables.

-          L’évacuation de tous les sujets qui demandent des diagnostics lourds et difficiles pour un court termine déplorable.

-          L’anéantissement de la justice au profit de campagnes douteuses lancées par des forces presque toujours abusives.

-          Le poids démesuré de la haute fonction publique qui entend régenter un pays qui dépense de plus en plus.

-          Les coups d’éclats à l’extérieur et l’inaction à l’intérieur

C’est comme cela que depuis 40 ans on évacue la question fondamentale de la baisse constante de la croissance et de la poussée de la dette et du chômage.

C’est comme cela qu’on évacue constamment la réflexion sur les principes mêmes qui doivent diriger la construction de l’espace européen, notamment depuis la libération des anciens Pays de l’Est soviétiques.

C’est comme cela qu’on refuse depuis toujours de régler au fond la question d’une immigration islamique intolérante et de l’«affirmative action » arrogante des minorités arabes devenues majorités dans certains quartiers.

C’est comme cela qu’on refuse de voir l’acculturation croissante des Français du fait de l’emprise du show-business anglo-saxon.

Dans tous ces domaines une solution efficace exigerait une longue et lourde concertation avant toute décision. La tendance est de préférer les coups non préparés et les reculades précipitées, avec pour contre coup des élections ratées et pourries par la montée des extrêmes.

On aurait aimé que la catharsis présidentielle que représente cette élection permette d’avancer sur ces sujets cruciaux. Certains aspects du succès de l’épopée électorale d’Emmanuel Macron vont dans la bonne direction.

Malheureusement plusieurs facteurs jouent en sens inverse.

-          La personnalité du jeune président, son ambiguïté conjugale, son goût pour les discours creux, poussent au renforcement du bavardage incertain

-          Le goût pour l’hyper fiscalité contre les petits « possédants » et les retraités au profit des fortunes mondialisées, est fondamentalement malsain,

-          Le « complot des énarques », qui a permis sa victoire, garantit une France suradministrée qui ne se débarrassera pas de son trop-plein de fonctionnaires et de réglementation

-          L’ampleur des soutiens occultes à sa campagne en fait un président obligé de lobbies puissants.

Le pire, en fait, est sans doute le déséquilibre de la constitution française. Sa qualité est de donner un chef au pays et de fixer une ligne politique générale. Mais les contre-pouvoirs et les obligations de préparer, de confronter, de polir, d’amodier, de rendre convenables les mesures prises sont trop faibles. Espérer en une cohabitation est absurde.

Il y a un absolutisme du néant et du superficiel dans la constitution voulue par le Général de Gaulle dont il n’avait certainement pas mesuré l’incidence. La démocratie d’écuries présidentielles est aussi rapidement une république d’incurie gouvernementale.

L’absolutisme présidentiel, avec évacuation partielle du pouvoir vers l’Europe et les régions, peut-il aboutir au redressement national dans un contexte de succès électoral basé sur la démagogie de l’achat de vote mâtiné par le sentiment qu’un peu de modération serait souhaitable ?

On est sorti heureusement d’une course à l’échalote entre droite et gauche de gouvernement sur fond d’impuissance générale, qu’aurait caractérisé un nouvel affrontement Sarkozy-Hollande, pour entrer dans une zone de flou et de brouillard parcourue de courts-circuits donnant une impression d’éclairs.

La situation présente le double risque du n’importe quoi tous azimuts, et du règne occulte de certains lobbies. Et la chance d’une obligation de recherche d’accords de fond pour pouvoir gouverner un peu sérieusement.

Malheureusement le risque est plus fort que la chance. On peut penser que seul le passage à un véritable système présidentiel où les pouvoirs du président seraient équilibrés structurellement par ceux d’un véritable Parlement, puisse aider à surmonter cette triste réalité.

On risque donc de constater à nouveau « le contraste entre l’immensité du pouvoir d’un homme qui a tous les moyens d’agir et une pseudo-communication d’esquive, d’éloge intarissable de soi-même, de reconstruction rétrospective de la réalité, de mise au pas, de revanche et de réprimandes », comme le remarquait, il y a près de trente ans, J. F. Revel. Contraste qui a été porté au plus haut par François Hollande.

On verra dès les premiers six mois si Emmanuel Macron glisse avec dilection sur ce toboggan. La fête à la Rotonde marque un début de dérapage.

Les Français ont voulu croire dans une période sinistre que « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil ». Seulement voilà : l’organisation économique mondiale est dysfonctionnelle ; l’organisation européenne l’est aussi ; et la guerre islamiste est en cours. Si une nouvelle crise mondiale frappe, si l’Europe se bloque et si les attentats repartent de plus belle, on ne voit rien, dans le programme et les équipes de M. Macron, qui permette de faire face.

Le journalisme bananier

Il est toujours intéressant de relire des livres de prospective avec trente ans de de retard. En général l’avenir n’a pas été celui prévu mais pas toujours. Alvin Toffler a parfaitement vu que la révolution des médias qui s’esquissait n’allait pas dans le bon sens et il ne connaissait pas Internet.  Il ne voyait pas dans la multiplication des canaux un vrai progrès mais un risque de révolutionnarisme permanent de la bassesse, armée par l’émotion, indéfiniment fractionnée et empêchant toute conduite politique d’un pays particulier. Il avait raison. Le spectacle donné par les médias lors des présidentielles françaises de 1917 porte témoignage d’une dégradation des mœurs journalistiques qu’il convient d’analyser. Pour le dire avec un peu de cruauté : de même qu’il y a des républiques bananières, ne doit-on pas constater l’émergence d’un journalisme bananier ?

Qu’est-ce qu’une république bananière sinon un « régime » où la volonté populaire ne peut plus s’exercer tant la corruption des mœurs politiques bloque la libre circulation des idées, l'honnêteté des actions et la rationalité des mesures prises. Plus rien n’a de sens. Dans la folie générale aucune politique n’est plus possible.

Qu’est-ce qu’un journalisme bananier sinon un journalisme où l'honnêteté a fui, où les seuls intérêts immédiats jouent, où plus personne ne croit à un minimum d’objectivité, où les langues et les plumes sont totalement serves et où cette servitude n’est même pas le fruit d’une oppression idéologique ou autre mais naît de la simple envie de ne pas risquer son poste dans un milieu qui nourrit bien et permet, à peu de mérite, de cumuler notoriété et prospérité.

À côté du « mur des cons » qui fait si bien dans le décor politique français, ne devrait-on pas inventer un « mur de la banane » où serait épinglée la crème des journalistes bananiers ?

On n’évoquerait pas cette question dans un blog économique si les conséquences économiques ne risquaient pas d’être gravissimes. Pour un journaliste bananier, l’économie est l’ennemi qui a honteusement envahi l’espace politique. Alors il a fallu l’évacuer avec beaucoup de férocité et de perversité, pour permettre au n'importe quoi et au n’importe qui de s’installer en maître.

Prenez BFM, pour l’ensemble de son œuvre ! Tant d’application dans la malhonnêteté intéressée laisse pantois. On sait que M. Drahi, franco israélien expatrié, résident suisse couvert de dettes, qui vient de racheter la chaîne, évidemment à crédit, a encore besoin de M. Macron (République Bananière) qui l’a aidé dans sa conquête problématique. Tous les journalistes (bananiers) de la chaîne vont donc, dans la joie et le bonheur, se lancer dans la défense et l’illustration de M. Macron avec des finesses d’éléphant qui feront la joie de ceux qui voudront écrire une thèse de plusieurs milliers de pages sur la malhonnêteté dans les médias.

Absolument toutes les réunions publiques de M. Fillon, par exemple, auront été présentées par un « correspondant sur place » qui décrira une salle vide et une assistance décevante, divisant par trois, quatre ou cinq le nombre de présents comptés par les organisateurs. Le comble sera la couverture de la réunion de la porte de Versailles où la caméra de BFM s’attachera à filmer le hall d’entrée, évidemment vide, ayant permis d'accéder à la salle de la réunion où se pressaient entre 15 000 et 25 000 personnes. Comme il fallait bien donner quelques images de la salle bondée, le « journaliste » indiquera que l’organisateur utilisait une caméra truquée qui permet de « faire semblant qu’il y a du monde » !

Le sommet de l'objectivité « drahie » sera naturellement le sondage fourni par l’officine douteuse dont M. Drahi finance les services (ELABE : Essai LAmentable de BErner) pour expliquer que, lors de la confrontation de tous les candidats, c’était M. Macron qui avait gagné le débat avec plus de 10 points d’avance sur le suivant, alors qu’il était clair que Mélenchon avait marqué les esprits, ce que confirmeront tous les autres instituts et la suite de la campagne, Macron fléchissant aussitôt après le débat dans tous les sondages.

Un tel plongeon dans la propagande indécente (saloper l’image de l’un, glorifier l’image de l’autre) ne s'était plus vu depuis l’URSS, et en tout cas jamais dans une démocratie.

« C dans l’air », sur la 2, comme France-Inter, a fait beaucoup d’effort pour donner au concept de journalisme bananier un contenu épatant et complet.

Ce n’est pas tant la jouissance extrême montrée par les deux animateurs de l’émission, Caroline Roux et Bruce Toussaint, à « se payer le Fillon » à longueur d’émission quotidienne (plus de 50 émissions à faire du vent mauvais sur Fillon et « les affaires », et près de 50 heures passées en trois mois à cet intéressant exercice de destruction d’image), ni le fait qu’on a vu arriver sur le plateau d’illustres inconnus(e)s recruté(e)s uniquement pour dégoiser sur le même candidat, qui font réfléchir sur l’état de totale déliquescence d’une partie de la presse et des médias, mais un incident qui est sans doute passé inaperçu de tous.

Lors d’une rare émission non consacrée à détruire du Fillon, la question est posée aux présents : quel est le programme le plus susceptible de relancer l’emploi. En fait tout le monde sait qu’il en a qu’un seul qui présente une petite chance d’avoir un réel effet : justement celui de Fillon.

Rappelons rapidement pourquoi cet avis n’est pas une simple opinion. L’économie a des droits !

Dans un système où le change ne peut plus être manipulé, et où il est irréaliste, compte tenu de la situation très dégradée de la situation financière du pays, d’abandonner l’Euro sans conséquences gravissimes, la seule solution est de revenir sans faiblesse sur toutes les mesures accumulées qui ont tué la compétitivité française : gonflement apocalyptique des effectifs publics, et donc des impôts et charges, diminution des temps de travail, hebdomadaires, annuels et sur l’ensemble du cycle de vie, réglementations étouffantes et absurdes des relations du travail, préférence pour le chômage un peu partout. On ne peut rien redresser sans augmenter le temps de travail dans les fonctions publiques, sans revenir drastiquement sur les effectifs démesurés notamment dans les régions et les collectivités locales, sans transférer une partie des charges non spécifiquement liées à la production sur la TVA pour les sortir de la formation de nos propres coûts de production nationaux, sans revenir à une imposition du capital non spoliatrice permettant de libérer l'investissement, …

Les prélèvements publics en France sont égaux à la valeur ajoutée des entreprises non financières privées de plus d’une personne (en un mot les entreprises privées). L’État français prélève 100 % de ce que le secteur privé français produit ! Intéressant, non ? N’espérez-pas que ce constat soit fait un jour à la télévision. C’est interdit : pour travailler dans le milieu il faut crier vive l’impôt et vive la merveilleuse dépense publique (qui finance les avantages fiscaux des journalistes et qui permet aux journaux et aux chaînes de survivre). Le journalisme bananier a une dimension fiscale marquée !

Cette réalité a une conséquence que le quinquennat de M. Hollande a soulignée : il faut spolier fiscalement les Français pour réduire la glissade dans la dette, saquer drastiquement les subventions aux collectivités locales et fermer les dépenses des ministères et notamment celui de la culture. Hollande l’a fait sans se vanter : qui sait que les crédits pour le patrimoine sont passés de 1.2 milliards en 2010 à 750 en 2015 ? Couper presque en deux des crédits de la Culture ! Imaginez les réactions des journalistes bananiers si une telle glissade s’était produite sous une présidence de droite ? Qui sait que la francophonie est à l’abandon ainsi que toute l’action culturelle du Ministère des Affaires Étrangères ? De nombreux ministères centraux sont ainsi à l’os pour conserver des conditions de salaires, de durée de travail, de retraites totalement intenables. Tout en ruinant le secteur privé en sous-investissement permanent depuis des lustres. Et en laissant filer une dette aggravée et heureusement refinancée sans frais grâce à la BCE. Pour l’instant.

La vulnérabilité de la France est plus que certaine. Nous sommes à quelques encablures de la falaise grecque. Si on s’y fracasse, c’est là que le pays va « cracher le sang ».

Le plan Macron n’a de crédibilité ni politique ni économique, même s’il va dans une meilleure direction que les autres programmes socialistes (Le Pen, Mélenchon, Hamon, Poutou, Arthaud). On ne peut pas réussir une politique sérieuse en faisant le grand écart entre Madelin et Hue, avec des demi-mesures enrobées dans du pur baratin lénifiant, et sans soutien cohérent au Parlement.

Tout cela est tellement évident, qu’aucun « expert » même autoproclamé, même bouffé par l’esprit partisan, même attaché à l’OFCE de Sciences Po, ne peut répondre à la question posée sur le meilleur plan de lutte contre le chômage autre chose que : « le plan Fillon », nécessaire même si non-suffisant.

Dessertine a failli le faire et il s’est brusquement arrêté sentant que la réponse ne serait pas admise et qu’il risquait de ne plus jamais revenir. Alors le voilà qui explique qu’on ne peut pas répondre à la question sans dévoiler son vote et que par conséquent il ne le fera pas ! Gêne générale sur la planète des singes. Suivront cinq minutes grotesques où chaque brillant journaliste bananier ira de sa suggestion anorexique, cherchant quelques microbiques mesures pouvant présenter « un potentiel » pour l’emploi dans les programmes des candidats « convenables ». On n’ose pas faire la liste de ces suggestions ici pour ne pas couvrir de plus de ridicule ces glorieux intervenants (Lenglet, Fressoz, et un certain Bernard Vivier).

Le plus drôle est naturellement que le sondage express fait par la chaîne pour appuyer l’émission démontrait de façon formelle que la très grande majorité des auditeurs pensaient que le programme Fillon était le meilleur pour l’emploi ! Cela ne sera pas dit à l’antenne…

Le citoyen spectateur n’a pas eu le choix durant cette campagne. Où qu’il s’est tourné sur les radios et les télés, il est tombé sur le même mur bananier, interdisant toute réflexion sur les programmes.

On n’est pas couché (mais vautré dans la bananeraie), sur Antenne 2, a atteint des sommets dans l’exercice de l’évitement de toute réflexion politique objective, en réunissant ses anciennes doublettes de « chroniqueurs », pour maltraiter les candidats n’ayant pas la bonne idée d’être « vraiment de gauche ». Quasiment toutes ces éminences, sauf peut-être Zemmour, ont vu :

-        De la « sincérité » dans les propos de Mme Arthaud, « agrégée » d’économie et donnant au passage la mesure du niveau de cette agrégation, dont la langue de bois rancie par 75 ans de pratique communiste pro génocidaire est pourtant un modèle d’insincérité,

-        De la « fraîcheur » dans les propos de M. Poutou dont la langue est du même bois que la précédente et le discours tellement convenu qu’il nous ramène également 75 ans en arrière, une belle fraîcheur.

-        De la « gentillesse » désarmante chez M. Hamon, alors que toute sa campagne a été passée à stigmatiser des démons, des traîtres, …

Pour Fillon, à l’exception du vieux briscard de Zemmour qui sait la politique et en a vu d’autres, on eut droit à la vomissure habituelle. « Vous vous rendez compte, Mme Michu, il a fait travailler sa femme comme 220 autres parlementaires en tant qu’attachée, et s’est fait offrir des costumes un peu chers par un type douteux, mais moins de costumes Arnys que Mitterrand tout de même. En plus il a osé créer une société de conseils, comme une centaine d’autres. Hou le vilain ! Même pas la peine de parler de son programme ». Même la brave Polony s’est crue obligée d’aller de son couplet, expliquant que son programme était ringard car dignes des années soixante-dix ! Elle a soudain compris que le mondialisme financier mettait à vif les rouages économiques français. Donc il n’y avait plus de solutions de droite. Seulement un retour au Franc et au nationalisme étatique ? Heu ! Ben ! Heu ! L’important, c’était de hurler avec les loups et de filer un coup de pub à une création journalistique méritante, mise en ligne par ses soins, peu de temps avant, sur Internet (ce Fillon quel cupide !).

Macron a posé quelques problèmes de conscience à ces âmes d’élite. On sait que pour Ruquier, Macron souffre comme Hollande d’un grave défaut : les artistes ne l’aiment pas et veulent « une gauche vraiment de gauche ». La loi Macron2, rebaptisée en El Khomri pour épargner le favori du Président, et la déchéance de nationalité, indignent ces âmes étincelantes comme un linceul argenté (Le contrepet Ruquier l’a rendu milliardaire). Seulement voilà, il ne faut pas insulter l’avenir quand les sondages font de Macron le gagnant obligé des prochaines élections. Alors, ce fut drôle. Comment dire : « il n’est pas assez de gauche » tout en affirmant que : « ce n’est pas trop grave » ? Un exercice de style qui a donné au journalisme bananier ce vernis français si caractéristique.

Le grand homme, c’était naturellement Mélenchon. Pour le coup même Zemmour était séduit. Il parle français, lui, pas comme tous ces jeunes bobos qui croient que la Guyane est une île. Et puis il est contre l’Europe, enfin presque. Bien sûr, il a été pris dans une malheureuse affaire d'emploi fictif et le népotisme en faveur de sa fille fait toujours jaser. Mais on ne va pas lui faire subir le traitement Fillon, d’autant plus qu’il est bien plus riche que Fillon et paie l’ISF. À peine si les moins soumis se sont laissés aller à remarquer que dans l’euphorie de l’élan sondagier, le nouveau héros poly holographique avait un peu tendance à oublier son attachement au chavisme et au castrisme, deux bavards ruineux du même métal que lui et qui ont fait tant de bien à leur peuple. La prospérité, la dignité et la sécurité, dans ces paradis mélenchoniens,  sont devenues, elles, totalement holographiques. Une tranche fiscale à 100 % du revenu en revanche, cela, c’était bien. Enfoncé Hollande et ses 75 % qui font rire encore aujourd'hui de la France partout dans le monde.

Restaient les « gaullistes » souverainistes, vent debout contre la Finance, l’Europe de Maastricht, l’Euro et même l'Otan. De la valetaille qui arrivera bien à enlever 5 % de voix à Fillon, « ce qui est le principal », dira Mme Pulvar, l’ancienne petite amie plaquée d’un ex-ministre de l’économie promoteur de la qualité vraiment française et socialiste, converti dans le meuble étranger « low cost ». À propos, quelle était l’ancienne définition d’un journaliste objectif ?

Après ces quelques heures, si le bon peuple n’est pas parfaitement informé sur les enjeux de l’élection, c’est à décourager du journalisme bananier de compétition.

Le plus drôle : si le second tour voit Le Pen et Mélenchon s’affronter, ils diront qu’ils ne comprennent vraiment pas comment cela a été possible. Mais si, ils ont déjà la réponse ! C’est à cause de ce satané Fillon qui a pollué le scrutin avec ses costumes.

En fait plus rien ne sera drôle. Qui, jamais, a prétendu qu’une république bananière ou son journalisme du même fruit, soient drôles ?

Le « mur des cons » non plus n’était pas drôle.

La falaise grecque le sera encore moins.

La réforme fondamentale (fin)

Appliquer automatiquement la légalité internationale

Il nous est parfois reproché d’avoir des idées bizarres et hétérodoxes. En vérité nos thèses n’ont strictement rien de singulier puisqu’elles sont totalement conformes à la légalité internationale telle que définie dans les statuts du FMI, un point que nous avons amplement développé sur ce site et dans notre livre « l’Étrange Désastre ». Il est intéressant de noter qu’elle est également totalement conforme à la légalité européenne qui a fait l’objet d’amples révisions depuis le traité de Maastricht et notamment depuis la crise des taux d’intérêt du début des années 2010.

Malheureusement peu d’hommes politiques et encore moins de journalistes, et si peu d’économistes, ont compris l’importance autant conceptuelle que politique du mal nommé « six-pack », paquet de six mesures législatives visant à renforcer la gouvernance économique, qui est entrée en vigueur le 13 décembre 2011 presque 6 ans déjà.

Cette législation introduisait le concept de déséquilibre macroéconomique néfaste, notamment en matière de balance interne des paiements, et divers mécanismes d’alerte et de correction. Comme en matière budgétaire, il devenait possible de lancer une procédure pour déficit excessif. Des sanctions financières, décidées à la majorité qualifiée inversée, peuvent être infligées.

Tous les contempteurs de l’Union Européenne se sont acharnés sur les efforts menés notamment par la Commission pour mettre en œuvre ce droit nouveau d’appréciation des politiques macroéconomiques qui liquide le droit pour les pays membres de conduire des politiques hostiles par leurs résultats à la prospérité des autres. Alors que c’est le seul chemin raisonnable, le coût de sortie de l’Euro étant extravagant pour tous.

Ce que nous proposons, c’est de sortir des procédures, des rapports, des discussions, des votes au Parlement Européens et autres fariboles institutionnelles qui certes donnent du grain à moudre à de nombreux experts et fonctionnaires mais n’ont strictement aucune efficacité.

Depuis la date de mise en œuvre du six-pack l’Allemagne a été constamment en défaut gravissime par rapport à la règle et les déséquilibres se sont aggravés.

« Christine Lagarde, a estimé que l'excédent commercial de l'Allemagne pourrait être insupportable pour ses voisins de la zone euro, dans une interview publiée lundi par le quotidien économique Financial Times (FT). »

Non, ce n’est pas un propos tenu récemment par la Directrice du FMI, mais une déclaration du 18 février 2010 de la ministre française des Finances !

Rien n’a changé et la voilà qui déclare, hier au Figaro : « Les pays qui ont de très forts excédents devraient chercher à les réduire ». Évidemment, elle gâche ce bon début en expliquant que l’Allemagne devrait se contenter d’un excédent de 4 % au lieu de 8 %. 4 %, c’est beaucoup trop. On le voit immédiatement si on note que ce taux implique un déficit de 4 %, intenable, en contrepartie, ailleurs dans le monde et notamment en Europe.

Il est vrai que les résultats Allemands 2 016 sont extravagants, comme nous l’avons déjà signalé sur ce site. « L'excédent des comptes courants allemands à 297 milliards de dollars (278 milliards d'euros), dépasse celui de la Chine pour devenir le plus élevé au monde », a déclaré lundi l'institut d'études économiques munichois IFO. Un tel montant équivaudrait à 8,6 % du produit intérieur brut (PIB) et dépasserait donc largement le plafond de 6 % recommandé par la Commission européenne. En 2015, l'excédent courant allemand avait représenté 271 milliards de dollars.

Ils commencent à valoir des réactions très vives de la part… des États-Unis, ce qui a un impact beaucoup plus sérieux sur les Allemands que les propos des Européens et de Mme Lagarde. Une étude publiée ce jeudi par l’institut GfK indique que le moral des ménages allemands a chuté à son plus bas niveau en quatre mois. Le moral des consommateurs a pâti de la politique du nouveau président américain, assure l’analyste Rolf Bürkl, de GFK Market Research : “Le protectionnisme représente un problème pour ceux qui travaillent dans les industries exportatrices allemandes, cela crée de l’incertitude. Certaines personnes peuvent commencer à s’inquiéter quant à la pérennité de leur emploi “ (cité dans Le Parisien).

Il ne faut pas attendre des autorités allemandes le moindre changement d’attitude et la chance d’une procédure pour excédents excessifs est peu envisageable dans le climat électoral actuel.

Nous pensons que le seul moyen de progresser est de rendre automatique les prélèvements sur les excédents excessifs. Plus de palabres. Plus d’échappatoires.

Une telle mesure ôtera toute validité aux prétentions américaines d’exiger des autres de limiter leurs propres déficits qui sont liés exclusivement au rôle du dollar et à leurs propres politiques mondiales.

Une fois mise en œuvre en Europe, la solution pourra être envisagée à l’échelle du monde soit par contagion, l’Europe exigeant pour commercer avec elle l’emploi de l’Euro ou d’une monnaie dont la valeur d'échange est fixe et garantie vis-à-vis de l’Euro et l’application des mêmes règles en cas d’excédents majeurs. À terme il deviendra plus facile de forcer le retour aux règles statutaires du FMI, avec un même mécanisme de sanctions automatiques des déficits et des excédents excessifs.

Le monde pourra retrouver une croissance du type de celle des Trente Glorieuses.

Faire valoir cette conception est le combat du Cercle des économistes e-toile qui est prêt à ouvrir ce site à toutes les contributions allant dans ce sens (envoyer vos contributions à info@e-toile.fr)

 

Didier Dufau, président de l’association française du Cercle des Économistes E-toile.

La réforme fondamentale : les déséquilibres intra zone euro

Le graphique ci-dessous donne une idée précise des déséquilibres intra zone Euro.

On voit que les excédents extrêmes et les déficits symétriques sont colossaux et ne concernent que très peu de nations.

Il est facile de constater les moyens énormes qui pourraient être récupérés si on appliquait la mesure que nous proposons.

Il est tout aussi facile de voir que cela ne peut pas durer indéfiniment comme celà.

Il faut raccourcir les extrêmités avec la plus grande énergie. Le plus tôt sera le mieux. 



La réforme fondamentale (suite)

Nous proposons une réforme du système monétaire international en deux temps : d’abord la zone Euro puis l’ensemble du monde. La zone Euro disposant, avec Target, d’un mécanisme centralisateur des balances monétaires entre les pays membres, elle possède immédiatement l’infrastructure pour passer aux actes. Pour le monde, il faut revoir le FMI pour qu’il joue le même rôle de compensation des soldes financiers en unité de compte unifiée internationale. Cela implique que les DTS soient convertis en Unités de comptes internationales effectives, ou que l’on crée une unité de valeur internationalement admise, quelle qu’elle soit, à condition que ce ne soit pas une monnaie nationale.

Rappelons le mécanisme exposé dans notre précédent billet : les soldes sont taxés de façon progressive en fonction de leur ampleur déraisonnable, afin d’éviter le gonflement de la mécanique des doubles spirales de crédits qui entraînent automatiquement des dégâts catastrophiques à plus ou moins court terme. On réduit la spéculation et l’ampleur des mouvements de capitaux à court terme, sans empêcher ou entraver aucune opération individuelle.

Si un pays commence à accumuler les excédents monétaires, ce qui est d’ores et déjà interdit par la légalité internationale, une partie de ses liquidités est confisquée par la communauté, privant son système bancaire et sa banque centrale des avoirs correspondants. Les positions trop excédentaires n’ayant plus d’intérêt ne seront plus recherchées. Réciproquement si les excédents sont réduits, les déficits le sont ipso facto puisque le jeu financier global se fait à somme nulle.

La solution est différente des mécanismes actuels du FMI qui fonctionnent sur la base de dépôts prêtés sous conditions. Il diffère grandement du MES, mécanisme européen de stabilité, qui lui aussi fonctionne à partir d’engagements conditionnels de prêts.

La ponction est automatique et n’exige aucune négociation. Les ressources ainsi dégagées, qui n’ont pas vocation à être permanente, puisqu’on souhaite que les gros déséquilibres disparaissent, sont à réutiliser pour obtenir la plus forte croissance possible, c’est-à-dire pour éviter les déflations, lorsqu’un accident se produit. L’emploi des sommes peut passer par les mécanismes existants aussi bien au MES qu’au FMI.

La solution n’a rien à voir avec la Taxe Tobin qui ne s’inquiétait que de la volatilité des changes du fait des mouvements de capitaux à court terme, dans un système de changes flottants. La taxe Tobin supposait que l’on agisse sur chaque mouvement de fond, indifférencié, pensait que les individus rationnels seraient le moteur de la correction souhaitée. Les États n’avaient rien à faire sinon encaisser. On a vu que les idées de dépenses n’ont pas manqué, puisqu’on lui a affecté la pauvreté, puis l’eau, puis le réchauffement climatique, puis la santé…

Elle n’a rien à voir non plus avec l’étouffement des banques auquel on assiste depuis 2008. Étouffer l’amplificateur a plus d’inconvénients que réduire le débit excessif de la source. Là encore, cela permettait de mettre en apparence hors-jeu les États en s’appuyant uniquement sur des institutions intermédiaires. Comme pour la taxe Tobin, la mesure étouffe le bon comme le mauvais et la tentative de séparer dans la masse des crédits le bon grain de l’ivraie est largement une illusion.

Il ne faut pas s’attaquer aux flux individuels mais aux stocks résultants de situations de déséquilibre intenables ou inacceptables. Et pour cela actionner le niveau opérationnel : les États. Cela fait maintenant des lustres que nous dénonçons l’idée que seules les banques centrales peuvent agir.

Voir par exemple :

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/7/6/Crise-conomique--les-quatre-erreurs--viter

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/12/9/Les-certitudes-dans-la-crise-mondiale-2--limpuissance-des-banques-centrales

Il est assez facile de démontrer qu’une croissance aussi déséquilibrée que celle que l’on connaît depuis 1971 aurait été lissée dans un tel système et qu’au lieu d’une croissance par substitution, on aurait connu un rattrapage des pays ruinés par le socialisme par homothétie imitative. Nous ne nous retrouverions pas avec une telle tension sur l’emploi dans les anciens pays développés. De même les pays pétroliers auraient été obligés de dépenser leurs excédents par achats à l’étranger au lieu d’accumuler des réserves et de tenter d’acheter le capital étranger.

La question de la transition est assez facile en Europe : plus personne n’accepte le système déflationniste actuel et si on le laisse en l’état, il explosera. Et plutôt vite.

La transition internationale est possible aujourd’hui que les États-Unis prétendent réduire leurs déficits. Croire qu’en tapant sur les pays excédentaires à coups de taxes sur les produits importés de 20 % ils amélioreront leur situation est illusoire et mortel pour la coopération atlantique. Les Russes ont intérêt à la stabilisation du Rouble, et les Chinois du Yuan.

Si l’Europe met en place préalablement le système que nous proposons, elle sera en position de force pour l’étendre.

La solution est la seule bonne et la situation commence à être mûre pour son adoption.

Il serait peut-être temps que l’ensemble de la communauté des économistes européens commence à embrayer. Il y a de la place pour eux dans cette perspective.

Sur la question du nom du système, les réponses sont ouvertes. Il faut rappeler que le mécanisme avait été proposé sous une variante par Keynes dès juillet 1940, à la suite d’une suggestion allemande…

Plan International de Compensation Monétaire, PICOM, en anglais International Monetary Compensation Plan, serait un nom clair pour ce mécanisme.

Reformulons :

-          L’Europe doit être en place sans tarder un Plan International de Compensation Monétaire

-          The IMF should promote an international Monetary Compensation Plan.

En fait rien n’est plus urgent.

Depuis des lustres, nous avertissons : « attention à la colère des peuples ». L’effondrement des systèmes électoraux des pays du sud de l’Europe, France comprise, comme le montrent les élections présidentielles actuelles qui mènent à une crise institutionnelle et au n’importe quoi économique, est malheureusement le début d’un processus délétère qui peut conduire l’Europe et le monde vers le n’importe quoi généralisé, voire la guerre.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.



La réforme fondamentale, base de toute diplomatie de la prospérité

La légalité internationale telle que définie par les statuts du FMI est qu'il ne doit y avoir ni déficits ni excédents importants et permanents dans les relations économiques entre États. Elle correspond à un point de doctrine qui fait l'unanimité de la science économique : les grands excédents permanents créent les conditions de déséquilibres encore plus grands qui finissent toujours mal. Les grands déficits peuvent provoquer des récessions majeures collectives.

La règle est violée tous les jours depuis 1971, y compris dans la zone Euro qui n'a pas de mécanismes d'ajustements par les changes.

Des organismes internationaux et des États qui violent tous les jours les traités et les lois élémentaires de l'économie donnent un spectacle lamentable et choquant. La base de toute diplomatie de la prospérité est qu’on mette fin à ce scandale qui est à la base de l’effondrement continu de l’économie mondiale.

Le tableau dit « Target 2 » que nous donnons ci-dessous, affiche les positions des pays de la zone Euro les uns vis-à-vis des autres. Il est le principal levier qui permet de montrer l'inanité des politiques actuelles. Les déséquilibres de balances sont phénoménaux et durent indéfiniment. La solution est simple : la taxation progressive automatique des grands excédents et des grands déficits, pour alimenter un fond de désendettement et de secours mutuel.

Dans le cas de l'Eurosystème la meilleure solution serait une captation de :

- 5 % de l'excédent au-delà de 1 %

- 10 % au-delà de 1.5 %

- 20 % au-delà de 2 %

- 30 % au-delà de 2.5 %

- 40 % au-delà de 3 %

- 50 % au-delà de 3.5 %

- 60 % au-delà de 4 %

- 80 % au-delà de 5 %

- 100 % au-delà de 9 %.

La Hollande aurait du souci à se faire. L’Allemagne aussi.

Pour les déficits, la peine doit être évidemment moins importante, puisqu’il va y avoir nécessité d’un ajustement :

- 1 % de pénalités au-delà de 2 % sur l’en-cours du déficit.

- 3 % de pénalité au-delà de 3 %

- 10 % au-delà de 4 %.

Une procédure d’alerte serait mise en place dès que les seuils seraient franchis. Les sommes étant prélevées directement dans les comptes de la BCE, les États n’auraient pas leur mot à dire. À eux de prendre les mesures qu’il faut pour respecter rester dans les clous.

Il y a fort à parier qu’ils agiraient vite pour éviter les conséquences.

On notera que ce système peut être également implanté à l’échelon international mais là il faut revoir le système des changes : changes fixes avec une chambre unique de compensation, avec une monnaie de compte internationale distincte de celle des États et possibilité de dévaluation concertée.

Au moins les systèmes monétaires européens et mondiaux seraient cohérents entre eux. Il est à noter que le système s’appliquera aussi bien aux États-Unis qu’à la Chine, à l’Allemagne qu’aux Pays-Bas, et à la zone Euro globalement vis-à-vis du FMI.

À partir du moment où le monde entier est passé aux monnaies artificielles, multipliables à l’infini, ce mécanisme est le seul qui respecte à la fois les décisions souveraines de chacun tout en faisant respecter une règle commune indiscutable dans sa logique économique et déjà intégrée dans les traités en tant que norme.

Avec un tel système, les pays sont obligés au jour le jour de faire attention à leurs soldes extérieurs. Les banques des pays qui ont accumulé des excédents massifs sont privées de la possibilité de multiplier les excédents. La double pyramide de dettes s’arrête automatiquement.

Il appartient à chaque pays de régler sa compétitivité pour n’avoir ni déficits ni excédents massifs permanents. Cela vaut pour les pays pétroliers dont la rente ne peut pas servir à des financements extérieurs ni au rachat du capital des entreprises étrangères mais à des achats de biens et de services.

Naturellement il faut changer quelque peu l’organisation du FMI qui ne devient plus exclusivement un organisme de prêts conditionnels avec des dépôts collectifs. De même la gestion du fonds de compensation doit être détachée de la BCE et géré par un Chancelier de la Zone Euro.

On renforcera le système en l’associant avec quelques mesures simples comme l’interdiction de « shorter une monnaie », avec des sanctions magistrales dont on sait qu’elles sont désormais faciles à mettre en œuvre, et la désintégration des banques universelles, en séparant banques de paiements et banques de crédits d’un côté, banques de crédits et banques d’investissements de l’autre. On aboutirait à une grande stabilité monétaire sans pousser personne à la déflation. L’absence de gros déséquilibres empêcherait la capture de l’industrie par quelques grands pays jouant la carte de la productivité à outrance ou bénéficiant de rentes de situation qui n’ont de valeur que parce que les autres sont là.

Le trend de croissance pourrait se redresser durablement sans le risque de crises périodiques explosives. La concurrence étant équilibrée, le travail s’échangerait contre du travail et on ne constaterait pas dans les pays développés l’effondrement actuel des emplois salariés. Les restrictions malsaines aux échanges seraient inutiles.

Le nombre de fonctionnaires internationaux pour faire vivre un tel système n’aurait pas besoin d’être très important. En fait le système est pratiquement automatique.

Il n’y a jamais de panacée. Mais un bon cadre qui régit sainement les rapports entre les mastodontes que sont les grands États, leurs institutions financières et les multinationales, offre le meilleur choix d’un retour à la prospérité générale.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.



Démocratie de basse saison

Réunir les onze candidats dans une parodie de sommet électoral, sur une chaîne étrangère partisane, désireuse de « faire du fric » tout en soutenant le souteneur du patron, ne pouvait pas élever le niveau des confrontations.

Le débat a été bas. Très bas. Significativement bas. Éructation n’est pas raison. Comme les échanges hystériques de forum ou de réseau sociaux, il n’a apporté aucune lumière sinon un éclairage indirect sur les haines qui traversent la société.

Depuis des lustres, la France se singularise par le nombre de ses candidats trotskistes et communistes. Les militants PS avaient cru bon de montrer leur attachement à un socialisme vraiment socialiste qu’ils ne retrouvaient ni dans Hollande ni dans Valls. Les voilà face à l’ancien Trotskiste et riche propriétaire, M. Mélenchon, flanqué des deux extrémistes habituels. La langue de bois est tellement cramée qu’on dirait du charbon. Le noir est mis.

Il est vrai que le drapeau isochrome commence vraiment à flotter sur beaucoup de marmites et que l’impudence de certains dirigeants de mastodontes mondialisés est devenue presque infinie. Comment justifier les hausses vertigineuses de rémunération du dirigeant suprême d’une banque universelle française condamnée de toute part, sauvée par les impôts, et qui licencie à tout va ? Où les accords passés avec Daesh par un cimentier ex-français spécialiste des murs en tout genre, de l’organisation Todt à Trump ?

Le paradoxe est que les dénonciations socialistes portent sur la concurrence « déloyale » des Européens de l’Est qui ont pris un retard colossal pendant tout le temps où ils ont subi le régime préconisé par le marxisme le plus éminent et qui tentent de rattraper le peloton. Entre la fuite en avant institutionnelle d’un Mélenchon, le néant verbeux d’un Hamon et l'anticapitaliste primaire des deux autres, il n’y a rien à attendre de l’avenir ni même du passé. L’intérêt de ces diatribes, c’est qu’elles posent tout de même la question d’un système économique global qui ne fonctionne pas. Si quelques pustules ont été grattées, il n’est apparu aucune vraie réflexion sur les causes ni aucune solution sérieuse. Ce sera toujours le drame du socialisme militant. Le Mur est tombé et tout le monde a vu ce qu’il y avait derrière. Ne reste que la détestation.

Nous avons écrit que l’irruption des « petits candidats » se traduirait par une mise en cause virulente de l’Europe, et des trois libertés de circulation, (personne, capitaux, marchandises). Huit sur onze des postulants sont antieuropéens et les trois autres ont des réserves plus que sérieuses. C’est le signe que le système européen actuel est dysfonctionnel et ne produit pas les résultats attendus. Les extrémistes veulent partir sans s’expliquer sur les conséquences : « n'ayez pas peur ; on veut vous terroriser mais tout se passera bien ». Jocrisses !

L’énigmatique Monsieur Macron et ses bagues à chaque main, signe d’un syncrétisme polyvalent, a crié Europe, Europe, Europe comme un cabri, tout en expliquant que sur toutes les conséquences fâcheuses du système actuel on pourrait trouver une demi-mesure qui devrait suffire. La demi-mesure est devenue sa signature. Mais vote-t-on pour un demi-président à bagouses poly ciblées ?

Fillon n’a rien dit sinon que la France pourrait toute de même faire mieux dans le cadre actuel et que tant qu’elle ne se sera pas redressée, elle n’aura aucune influence en Europe. L’Europe pour lui doit être forte et indépendante. L’Euro doit faire la nique au dollar. Mais il n’y a pas de vraie analyse critique du système européen actuel et faute d’un diagnostic précis, il n’y a pas de solution ciblée, seulement des incantations.

Le seul moment utile aura été le rappel par F. Fillon que l’État français est vulnérable avec ses 2.2 mille milliards de dettes publiques. La rage s’est emparée du plateau. « La dette n’existe pas ». Vade rétro. Y-A-KA l’intégrer dans les comptes de la BCE et ne plus y toucher.

Il aurait dû rappeler les deux chiffres clés :

-        * Les prélèvements publics dépassent la valeur ajoutée des entreprises du secteur privé marchand non financier, ce qu’on appelle « les entreprises ».

-        * La dette globale selon l'INSEE représente 400 % de cette valeur ajoutée.

La dette passée n’est que le commencement de la dette future.

Ces parlotes n’ont donc eu aucun sens. Au lieu de l’appel des sommets, on a eu la pelle du sommet de la démagogie.

Le seul résultat est probablement d’avoir donné envie de quitter la France à quelques centaines de milliers de personnes. 60 000 millionnaires ont quitté la France depuis 2010. La moitié des milliardaires recensés en 2013 sont partis. 600 000 Français n’ont aucun intérêt à gagner un euro de plus car sinon il leur serait immédiatement confisqué. Avec la hausse de la CSG Macron, on passerait à 900 000. La chasse aux riches est l’ambition majoritaire qui s’est dégagée de l’exaltation électoraliste des candidats.

Le haut clergé énarchique laisse du champ à la bacchanale électorale après avoir lancé les chiens de la presse et du syndicat de la magistrature sur celui qui pouvaient mordiller ses talons.

Pendant ce temps, dans la fameuse « île de la Guyane » chère à E. Macron, c’est la révolte. Ce territoire avait fourni un garde des Sceaux à la République, prompt à demander la fermeture des prisons « qui poussent à la récidive » et la non-exécution des peines de prison grâce à des mesures alternatives, l’ouverture généreuse aux migrants de toutes origines. Les manifestants exigent, et en vitesse, des frontières protégées, un tribunal, des policiers, des juges répressifs et des prisons car il n’y a plus de sécurité et que la situation est dix fois pire qu’à Marseille. La presse n’en avait rien dit. Bien sûr. Le territoire est en déshérence, comme une grande partie du territoire national. Quand le centre tousse, la périphérie crache le sang. Dix ans de baisse continuelle du revenu par tête, après quarante ans de baisse du trend, ne pouvaient pas rester sans conséquences.

Haine et ricanements, à Paris, haine et vociférations en Guyane. Consternation et dégoût partout.

Posture et imposture dans le milieu politique, médiatique et étatique. Aucun vrai diagnostic. Aucune vraie solution. Le dérisoire partout.

Oui, nous sommes bien dans une basse saison de la démocratie française.

Présidentielles 2017 : Les quatre propositions démagogiques les plus basses

La démagogie est la maladie honteuse de la démocratie. Le démagogue veut acheter le vote d’une majorité d’électeurs avec l’argent des autres qu’il doit abaisser dans l’opinion pour faire accepter leur rôle de victime expiatoire.  Le démagogue est toujours abject : il projette vers le bas et le processus électoral et l’électeur.  La démarche démagogique revient toujours à nuire à un bouc émissaire en laissant croire que les autres s’en trouveront bien, alors qu’il n’y a aucune chance que cela marche. Mais on aura gagné, ce qui, pour ces gens là, est l’essentiel. Le cynisme est toujours le compagnon du démagogue. La malfaisance, elle,  est toujours au bout du chemin.

Dans les pays socialistes violents, le mensonge et la violence étaient obligatoires. C’était le seul moyen de calmer les envies de révolte « des masses » devant une misère constante et sans espoir.  On tuait ou emprisonnait  quelques cadres  du régime pour montrer qu’on avait le nez propre et qu’on faisait la chasse aux vilains profiteurs. En France, le mensonge éclate dans les trois  mois qui suivent l’élection avec une chute vertigineuse et définitive dans les sondages, mais la violence fiscale reste. Et les résultats désastreux.

Il est donc nécessaire de dénoncer la démagogie et dans le cas présent de distinguer les quatre plus graves manifestations de cette pratique honteuse et porteuse de lendemains sinistres.

  1. A tout seigneur tout honneur : le Front national se refuse à proposer quoi que ce soit de sérieux tant qu’on n’a pas pris de mesures contres les immigrés. Croire qu’on peut financer le renouveau « patriotique » en se servant sur les immigrés est une chimère autant qu’une saleté que l’on tartine sur la tête de boucs émissaires.  La démagogie va ici jusqu’au refus de penser.
  2. L’idée  d’Emmanuel Macron d’exonérer 80% de la population de la taxe d’habitation est de l’achat de vote pur et simple. Il est parfaitement normal que la population dans son ensemble contribue aux charges locales de proximité. Affirmer que seul 20% de la population doive le faire est indigne. Pourquoi pas 10 ou 5%. Comme les 80% sont la majorité électorale, cela veut dire qu’elle peut imposer aux autres des dépenses sans fin sans même se rendre compte du caractère ingérable de la situation. La mesure est inconstitutionnelle puisque chacun doit contribuer « à proportion de ses ressources ».  Créer une république censitaire à l’envers est la certitude d’aller vers le chaos, ne serait-ce qu’avec les effets de seuil : le passage dans la catégorie des 20%, dont on se demande comment elle sera calculée,  entraînera une perte de niveau de vie ahurissante dont on cherchera inlassablement à se prémunir.
  3. La suggestion, par le même Macron,  que la hausse des rémunérations des salariés ne sera pas obtenue par un progrès de la production mais par la taxation des retraités est également de l’achat de vote.  La spoliation fiscale ciblée n’a pas pour but de concourir aux charges de la nation mais de donner de l’argent à des masses électorales pour arracher leur vote. L’idée qui consiste à augmenter de 1.7% la CSG sur les 40% de retraités les plus aisées afin de donner quelques centaines d’euros à chaque salarié  est tout aussi inconstitutionnelle que la précédente. On ne contribue plus « à proportion de ses ressources » à des charges collectives. Comme précédemment les 40% les plus riches sont totalement arbitraires. Pourquoi pas les 20, les 10, les 5% ? Le calcul est infaisable dans la durée. Les effets de seuils sont les mêmes. Le mensonge est d’affirmer qu’1.7%,  ce n’est presque rien. En vérité, les ménages concernés paient déjà l’impôt et ont de frais fixes d’existence, ne serait-ce que les frais de logement. Tous ceux qui connaissent les ressources nettes-nettes des ménages retraités savent qu’une grande partie d’entre eux sont obligés depuis  2008 à puiser dans leur épargne pour boucler leurs fins de mois. Il leur faut souvent vendre ce qu’ils avaient mis une vie à acquérir.  La taxation nouvelle va aggraver ce phénomène tout en privant de 15 à 30% de leur revenu disponible les 20% les moins exposés.  Le tout alors qu’on tient en France à un régime de retraites  par répartition financé par les actifs. La mesure revient donc à baisser le prélèvement sur les salariés pour diminuer les ressources des retraités. Incohérence et injustice sont toujours au rendez vous de la démagogie et de terribles difficultés en vue pour les victimes expiatoires retraitées qui n’ont aucun moyen de s’en sortir sinon fuir dans des pays qui exonèrent les retraités comme le Portugal.
  4. Le revenu universel pour tous sans conditions est également le genre de folies démagogiques qui ne peuvent aboutir qu’au désastre,  dans la mesure où l’incitation à la production disparaît, ce qui laisse le financement de l’affaire aux imbéciles qui croiront utiles de travailler pour les autres, et qu’on  aggrave le système en proposant de l’appliquer à quiconque viendrait à se trouver sur le territoire « national » et notamment l’ensemble des migrants du tiers monde, pour qui le montant envisagé représente 5 à 6 fois ce qu’ils peuvent espérer gagner en travaillant chez eux, s’ils trouvent du travail.

Le monde dominant de la finance mondialisée, de la haute fonction publique, des médias sous dépendance d’intérêts privés ou de leurs banquiers,  veut un second tour entre Mme Le Pen et M. Macron, garantissant la victoire de ce dernier, fut-ce que prix d’une crise morale et institutionnelle. Il est à noter que trois sur quatre des pires propositions démagogiques  sont le fait de ces deux candidats.  Indépendamment des méthodes employées pour aboutir à ce second tour,  qui marquent à jamais ces élections d’un signe de bassesse indélébile, et a déshonoré un quarteron de hauts fonctionnaires et une partie de la presse,  l’ampleur de la démagogie  est telle qu’elle pose la question de la survie de la France comme puissance mondiale, comme nation unie, comme démocratie réelle  et  comme foyer actif de prospérité économique générale.  

En 2012 nous avions déjà dénoncé la nullité de la campagne électorale et le risque de son résultat.

Une analyse brève du scrutin présidentiel français

Cela a fini par le mépris généralisé contre un Président qui n’a même pas pu se représenter en fin de mandat, avec un bilan national exaltant : 5.5 millions de chômeurs, 2 150 milliards de dettes, 2 millions d’adolescents à la rue, 7 à 9 millions de pauvres.  Et cela sans crise économique extérieure.

Jusqu’où descendrons-nous, sachant qu’on risque pour bientôt une nouvelle crise générale ?

Brice Teinturier et les noirs reflets de la démocratie française.

Anatomie du désengagement politique des Français

Brice Teinturier est bien connu pour ses passages sur la TNT où il commente la vie politique à la lumière des sondages.  Il fait paraître un livre qu’on n’attendait pas et qui frappe dur dans un secteur peu médité par les politologues : le repli désenchanté d’une partie importante et croissante de l’électorat qui trahit une « crise de la démocratie ».  La revendication de la reconnaissance du bulletin blanc est une des traductions  de cette volonté active de ne plus élire. Ce n’est plus le slogan « élections piège à c… ». Mais selon l’auteur : « Plus rien à faire, plus rien à foutre ». Le livre s’arrête fin 2016 et l’auteur doit regretter qu’il ne couvre pas les trois derniers mois  qui a fait monter le phénomène à une hauteur astronomique avec le risque d’une élection présidentielle peu significative. Il est probable que le président nouveau sera élu avec une adhésion personnelle de moins de 15% des inscrits.

L’auteur constate l’apparition d’une classe de Français qui ont accepté de céder à la défiance radicale, au mépris et à la colère, au point de se désengager totalement du processus électoral. Les primaires, malgré le fort score de la variante à droite, aura été un échec « qui ne change rien au malaise démocratique ». S’il avait connu la suite au moment d’écrire son livre,  il est probable que ce n’est pas le mot « malaise » qu’il aurait employé. La France électorale est nerveusement à plat, alors que le monde politique, médiatique et judiciaire est entré dans une phase d’hystérie maladive et sinistre qui lui vole l’élection présidentielle.

Au lieu d’être le moment où les Français choisissent une ligne politique pour cinq ans et les objectifs et moyens d’une action collective, le déchaînement de l’ignominie bien au-delà des habituelles nécessités de la catharsis politicienne nationale,  l’élection est devenue un égout à ciel ouvert. Les électeurs consternés se pincent le nez et refusent le spectacle. Ce n’est pas qu’ils n’ont « rien à faire » de ces outrances. Ils sont simplement choqués jusqu’à la moelle.      

Pour l’essentiel, l’extravagance sordide et dangereuse de cette situation trouverait sa cause  dans la double crise « du résultat » et de « la vacuité », dans un contexte marqué par l’effondrement du monde médiatique.  

La dénonciation  des deux crises du résultat et de la vacuité, avec tentative d’y suppléer, est une des missions de ce blog. La question nous intéresse.

La crise du résultat est tout entière dans le déni d’explication de ce que nous appelons La Crise : une baisse continue du trend de croissance depuis 1971, avec une aggravation du poids de la dette globale et des crises périodiques de plus en plus graves. Les crises extérieures ont, en France, fait venir régulièrement au pouvoir des gouvernements socialistes qui ont aggravé les choses tout en trahissant leurs promesses abusives.  Au final, la France est gravement frappée par le chômage et la partie qui ne l’est pas sommée de partir pour ne pas être ruinée par les impôts. Une situation ubuesque qui désespère le pays et qui justifie en effet son mépris des élites administratives et politiques, devenues identiques,  depuis la prise du pouvoir par l’Enarchie Compassionnelle. L’Europe, vue comme une solution magique, s’est développée contre l’avis du peuple, et justifie des politiques de coercition et de déflation dont le monde croyait s’être débarrassé en 1944.

L’auteur, naturellement, ne donne aucune explication de la crise du résultat. Il se contente d’en mesurer les conséquences.  Ce qui fait la jointure avec la seconde crise : celle du sens, qu’il nomme « crise de la vacuité ».

Nous l’avons illustrée ici à de nombreuses reprises (Voir par exemple : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2016/1/8/C-dans-lair--lart-de-commenter-sans-jamais-expliquer)  .

L’auteur en donne une double explication :

-          Une première, globale, que n’aurait pas désavouée Eric Zemmour, sur le consumérisme débridée qui entraîne le citoyen consommateur dans la bassesse commerciale et la perte de valeur et de transcendance.   

-          Une seconde, spécifique, qui est l’effondrement du monde médiatique dans le néant vulgaire.

La crise médiatique est bien analysée. La sondagite, admet-il, peut être malsaine et manipulée. La religion du buzz conduit à l’hypertrophie de l’émotion et du n’importe quoi, pour attirer une part d’audience dans un PAF désarticulé où personne ne parvient plus à disposer d’une part réellement significative et rentable.  La « juniorisation » trahit « une industrie où les gains de productivité ne sont pas à la hauteur de la baisse des prix ».  Les outrances conduisent à la « délégitimation » de tous et de tout. Et en particulier des politiques, qui sont devenus des objets de dérision et d’attaques grossières dans une sorte de défoulement facile justifié par la « crise du résultat ». Pas besoin d’écouter longtemps les médias pour constater qu’au fur et à mesure qu’ils n’expliquent plus rien les « journalistes »  et les animateurs d’émission se transforment en Savonarole au petit pied et en moralistes de pacotille.

Pourquoi se lancer dans un travail de fond qui ennuie quand on peut se contenter de quelques injures et de quelques propos démagogiques encadrés par des applaudissements provoqués pour se donner la stature de chevalier du bien ?

Le monde politique ne sait pas comment se dégager de cette tourbe. On voit donc s’épanouir  des herbes politiques fofolles qui croissent un temps sur la bonne volonté des gogos. Et qui pourrissent aussi vite qu’elles ont poussé.

Comme souvent, l’analyse, dans ce livre,  est meilleure que les propositions.  Comment éviter que le citoyen écœuré ne se désengage totalement devant la malhonnêteté, l’insignifiance et la malfaisance d’une vie médiatico-politique à ce point déjetée ? Les quelques esquisses de participation citoyenne évoquées sont tellement loin du quantum de changement qui serait nécessaire, qu’on peut craindre qu’elles ne conduisent qu’à plus d’accablement encore.

La vérité profonde est que la capacité de faire, en France, est totalement inhibée par les dysfonctionnements du système global et de la zone Euro, que la France, faute de souveraineté, ne sait plus dégager de véritables élites,  que la capture du monde politique par la haute fonction publique, qui tient par ailleurs la finance et les médias, crée un blocage qui tourne maintenant au pronunciamiento,   que les solidarités nationales ont été dissoutes par une immigration excessive et se sont perverties en confiscation fiscale, que le politiquement correct a fini par tuer la liberté d’expression, que le vieillissement est tragique,  que nous assistons à l’évacuation de la génération-68 à bout de souffle, que le marxisme léninisme qui avait infesté l’université et l’école se meurt dans les convulsions et que plus personne n’a confiance en l’avenir.

L’image la plus précise de la France est celle des clochards bunueliens de Viridiana qui se masturbent  en picolant dans des robes de mariées : le sordide de la dérision et du désordre  de la part de déclassés.   

Oui, les élections actuelles sont sordides.  Sordides, les manœuvres du Président sortant empêché de se représenter par sa propre médiocrité, ses mensonges et ses échecs. Sordide l’hystérie médiatico-judiciaire qui empêche le déroulement serein de la campagne électorale. Sordide le pronunciamiento des énarques de toute obédience qui ne veulent pas perdre un pouvoir abusif et qui se retrouvent tous derrière un inspecteur des finances astucieux et qui joue délicieusement de la flûte.

Le tableau noir mordoré  dressé par Brice Teinturier, malheureusement, n’est qu’un tout petit bout de la toile à la Breughel qu’est devenue la scène politique, économique, sociale, judiciaire et médiatique française.

Requiescat in Pace ?  « Plus rien à faire, plus rien à foutre » ?

Jamais !  

Le coût délirant des erreurs monétaires

Pour le prouver, inutile de remonter trop loin dans le temps, encore qu’une grande part de l’histoire mondiale depuis l’antiquité soit déformée par les questions monétaires.

Le XXe siècle est suffisamment éclairant pour prouver le rôle de la monnaie non pas comme voile , comme l’ont assuré les classiques et néoclassiques, mais comme  ferment des drames de  l’économie et de l’histoire.

La guerre de 14-18 a entraîné le développement massif des monnaies fiduciaires d’État, avec une concentration de l’or aux États-Unis. Que faire de cette création monétaire aussi artificielle que gigantesque ? Par habitude de pensée, la majorité des pays ont voulu revenir à l’étalon-or. La fixation d’un taux de la Livre en or irréaliste a plongé le Royaume-Uni dans des affres économiques déplorables. C’est une des grandes erreurs de Churchill. Le coût pour les Britanniques a été fort lourd. La volonté des États-Unis de ne pas faire jouer les mécanismes de l’étalon-or, a provoqué des troubles qui ont fini par la crise de 1929, crise de pure spéculation. Les erreurs des banques centrales ont fait de cette crise une terrible dépression. La réponse malheureuse des gouvernements français du début des années trente a provoqué une déflation coûteuse qui a amené le Front Populaire puis l’effondrement de 1940. L’Allemagne a voulu résister aux « réparations » en faisant fondre sa monnaie. Mal lui en a pris. Elle sera ruinée durablement par une hyperinflation modèle du genre qui fera venir Hitler et, à peine dix ans plus tard, la destruction de plusieurs générations de jeunes allemands et d’une large partie du pays historique.

La réforme de Bretton Woods était excellente à de nombreux points de vue mais elle comportait un défaut majeur : elle faisait d’une monnaie nationale le pivot du système.Le systèmel ne pouvait survivre que si les États-Unis menaient une politique financière raisonnable et la maintenaient dans la durée. Ils choisirent le « benign neglect », ce qui peut se traduire, à ce niveau de responsabilité par « l’indifférence criminelle ». Ils dévaluèrent le dollar par rapport à l’or en 71 (nous en sommes à 96 % de dévaluation aujourd’hui) et imposèrent les changes flottants à Kingston. On connaît le résultat : ce que nous appelons « La Crise » : baisse tendancielle continue du trend, dettes en hausse fulgurante, sévérité des crises périodiques. Le monde a dû encaisser trois crises gravissimes et une multitude d’autres épisodes parfois tragiques. L’économie baudruche a fini par exploser en 2008 provoquant des ravages politiques à la mesure des dégâts, notamment dans les pays développés.

Ce à quoi on assiste aujourd’hui, c‘est aux effets tragiques du non-système monétaire imposé en 1976 à Kingston par les États-Unis.

Les États-Unis se considéraient victimes des empires européens sous Roosevelt et ont entrepris de les casser. Ils se sont vus à nouveau comme des victimes en été 1971. Et ils ont cassé ce qu'ils avaient eux-mêmes créé : les Accords de Bretton Woods. Maintenant qu’ils voient que la compétition sous régime de changes flottants ne tourne pas à leur total avant, ils veulent encore casser le système des échanges, cette fois-ci en s’attaquant au libre-échange qui était leur mantra depuis les années trente.

Le G20 a été l’occasion officielle de l’affirmer au monde. On pourrait l’appeler le : « G20 % à vous imposer ». Mieux encore, les États-Unis commencent à s’en prendre au FMI. Déjà sous DSK, les fantaisies du chef du FMI avaient été extrêmement mal vues. Il ne s’agit pas ici de ses performances hôtelières mais de l’engagement hors de toute légalité du FMI dans les affaires intérieures de la zone Euro. Aujourd’hui, un certain Bill Huizenza, illustre inconnu, parlementaire au Capitole, dénonce l’aide du FMI à l’Europe et menace de clore le financement américain de l’institution s’il n’a pas gain de cause.

Le FMI qui par dépendance quasi-totale et soumission aux États-Unis a accepté tous les viols de ses statuts, se voit récompenser par des menaces et un chantage financier explicite.

Le concept de « commerce juste », avec coup de gourdin à la clef est le même que celui d’utilisation juste du dollar qui a valu des milliards de dollars d’amende à la plupart des grandes banques européennes, et cette "juste" conséquence que tous les grands financements internationaux échappent désormais aux banques non européennes.

Nous avons souligné que le TFTEA, la base législative qui permet au gouvernement américain d’agir, est la pierre angulaire de cette invraisemblable action de force. Dans l'indifférence générale il faut bien le dire. La loi n’a pas été prise par Trump mais Obama.

Les changes flottants et la création d’une finance internationale dérégulée, au seul profit des grandes multinationales américaines, ont fini par détruire totalement l’œuvre de Roosevelt. Ne faisons pas de ce grand président un total altruiste. Malgré tout il avait des valeurs et un certain degré d’altruisme. Le multilatéralisme n’aurait pas eu ce développement sans lui. Il n’en reste plus rien.

La violence de l’attaque américaine met en porte à faux tous les gouvernements  favorables aux États-Unis. L’Allemagne et le Japon qui vivent dans la soumission depuis 1944 se retrouvent floués une nouvelle fois. Pour l’Allemagne il lui est même impossible de réévaluer sa monnaie. Les fédéralistes européens, longtemps soutenus par les États-Unis désireux de casser les empires européens, sont également fort mal. Ils risquent d’apparaître pour ce qu'ils sont : de simples auxiliaires de la finance américaine.

Les désordres monétaires prennent une fois de plus leur rançon. Faute d’avoir réformé à temps la gestion de la zone Euro, et l’avoir laissé à la connivence de la Banque Centrale Européenne, dirigée par un Goldman Sachs, les méfaits du système, qui sont  les mêmes que ceux des changes flottants, l’apparition de déséquilibres internes gigantesques et maîtrisables sans déflation forcenée, l’Europe risque de se trouver attaquée de l’extérieur et de l’intérieur. Beau résultat !

Décidément oui, la monnaie compte. Mais il ne faut pas compter sur elle quand on organise mal sa création, son investissement, son change et son emploi par la puissance publique.

Le seul espoir d’éviter cette séquence mortifère aurait une réaction conjointe du G20, du FMI, de la BRI et de l’OCDE, en 2008 et 2009. Il fallait revenir d’urgence à un système coopératif d’échanges, interdisant effectivement les grands déficits et les grands excédents, stabilisant les monnaies, encadrant l’activité bancaire, le tout basé sur les changes fixes et une unité de compte internationale indépendante d’une monnaie nationale.

Peut-on le faire à chaud aujourd’hui et pire encore demain, lorsque le bâton américain aura commencé à casser des dos et marqué de façon honteusement indélébile l’incroyable sujétion générale aux diktats américains ? Ce qu’on risque c’est l’achèvement de la dislocation du commerce mondial, déjà bien avancé, l’explosion de la zone Euro et le retour à des guerres de change et de commerce.

La France, qui a choisi une sorte de suicide national, en se laissant couler dans le béton socialiste et fiscal, risque elle-même la dislocation.

Bravo à nos « élites » politiques et administratives.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

La seconde explosion du pseudo système international des paiements et des échanges

La taxe d'équilibre de 20% des Etats Unis remet tout en cause

Il n’aura pas fallu attendre longtemps. La menace d’une taxe sur les importations de 20 % imposée unilatéralement par les États-Unis est désormais brandie sans vergogne. Nous avons souligné dans deux articles sur le TFTEA, qui n’ont pas soulevé d’intérêt, que la menace arrivait à toute vitesse, qu’elle ne venait pas originellement de Trump mais de l'administration Obama et que le débouché serait sanglant.

La tête fermée de Merkel lors de son entretien avec Trump et le comportement brutal de ce dernier donne de la chair et du sang à ce qui n’était qu’une inquiétude abstraite. Comme en 1971, les États-Unis sont prêts à brûler ce qu’ils ont adoré pour leur seul avantage.

Ce sont les Américains qui ont imposé les accords de Bretton Woods qui donnait un rôle pivot au dollar, sous réserve qu’il maintienne sa valeur vis-à-vis de l’or. Cet accord n’avait de valeur qu’à cette condition. Quand cette contrainte les a gênés, ils ont fait défaut en injuriant tout le monde et imposé les changes flottants qui revenait à un étalon dollar compte tenu des habitudes prises.

La nouvelle orthodoxie voulait que la monnaie soit désormais une « marchandise comme les autres » (Ah ! Ah ! Ah !) et que les trois libertés de mouvements des hommes, des marchandises et des capitaux se chargeraient de mener le monde à l’optimum de croissance grâce à la bonne allocation des capitaux aux meilleurs investissements.

L’Occident s’est incliné en grommelant devant le diktat américain. Il en est résulté quarante années de déclin de la croissance, de crises de plus en plus violentes, d’envolée des dettes globales, et, compte tenu de la circonstance historique de la chute des régimes socialistes qui maintenaient dans la ruine quelques milliards de personnes, une compétition violente entre pas pauvres et pays riches. Le tout a mené malgré tous les avertissements à une économie baudruche qui a fini par exploser et à une fracture sociale dont le débouché politique s’est imposé justement après l'explosion économique. Les pays qui comme la France ont voulu jouer au socialisme se sont retrouvés avec un chômage de masse, des dettes invraisemblables et la perte de leur industrie. Depuis 8 ans le niveau de vie par tête baisse, horreur qui ne s'était jamais vue depuis 1945. Au passage la France est sortie de l’histoire et sa voix ne compte plus, noyée dans les pleurs de rire.

L’Allemagne a eu dans tout ce processus un rôle ambigu. C’est elle qui a empêché tout règlement des difficultés financières internationales des années 69-71. L’effondrement des accords de Bretton Woods doit beaucoup à leur rejet viscéral d’une inflation importée. Mais ils ont refusé de quitter leur position de toutou politique et militaire des États-Unis. Une attitude d’esclave capricieux plus que de pays responsable de l’Union Européenne. Elle a maintenu sa volonté d'asseoir sa puissance sur des exportations massives et des comptes extérieurs excédentaires. Fin 1980, elle se retrouvait dans une très fâcheuse situation (pire que celle de la France). La réunification lui a posé de lourdes difficultés qu’elle a en partie redirigées vers ses partenaires européens puis dominées par un programme (le plan Schroeder) qui visait à lui redonner une compétitivité massive. Compte tenu d’un Euro réglé trop bas pour elle, elle a pu multiplier ses exportations et ratisser tous les capitaux européens tant ses excédents commerciaux vis-à-vis de ses partenaires de l’Union sont massifs. Ne sachant pas quoi faire de ses capitaux accumulés hors de toute raison, elle a investi en masse dans les « subprimes » et dans l’immobilier de loisirs en Grèce, au Portugal, en Espagne, tout en rachetant un nombre colossal de PME françaises. Et ses banques ont financé les États fragiles qui offraient de bons taux d’intérêt. Le système bancaire allemand s’en est retrouvé quasiment en faillite après 2008.

Le Japon ayant été secoués par deux graves récessions (92 et 2 008) et son économie désarticulée par le tremblement de terre de Kobé puis par le drame de Fukushima, le pays a vu ses énormes réserves accumulées par une politique d’excédents anormale subir des pertes gigantesques qui ont imposé des renflouements à proportion et qui en font le pays où le budget est le plus endetté. La Chine et les Dragons ont pris le relais et se retrouvent avec d’énormes excédents dont ils ne savent que faire, sinon désormais acheter le capital des entreprises de leurs partenaires, ce qui ne passe pas.

Les énormes excédents Chinois, Japonais et Allemands, ainsi que ceux des pays pétroliers ont ruiné l’économie mondiale et posent problème. L’éléphant américain écrase le problème en l’obscurcissant.

Ils remettent en cause les libertés économiques dès lors que leur puissance permet de passer outre.

La vérité est qu’ils cherchent à résoudre le problème fondamental des changes flottants : non seulement ils ne garantissent pas que les échanges seront équilibrés au moins à moyen terme, mais encore ils nourrissent les déséquilibres. La meilleure image est celle d’un pont en caoutchouc : ses oscillations finissent par faire verser les lourds convois du commerce au fond du ravin au même moment où les nigauds se flattent de sa « souplesse ».

La taxe d’équilibre que propose Trump est le corollaire des déséquilibres des changes flottants. Si le change et les prix ne jouent plus leur rôle, embarqués qu’ils sont dans des tourbillons financiers internationaux incontrôlables, ne restent plus que les béquilles douanières.

À l’intérieur de la zone Euro, où le même problème se pose mais à l’envers du fait d’une absence totale de possibilité d’ajuster les changes, la taxe d’équilibre est aussi une des solutions possibles. Elle a l’inconvénient d'entraîner une guerre sans fin, au jour le jour, et de mettre fin au multilatéralisme. L’autre faiblesse est de toucher les marchandises sans toucher aux capitaux.

Le seul moyen de revenir à une solution durable, collaborative et poussant au maintien des équilibres est de réformer, dans le monde, et dans la zone euro, le mode d’organisation des balances des paiements.

C’est ce plan que nous sommes en train d’élaborer et que nous présenterons dans notre nouveau livre à paraître d’ici un an. La déconfiture du système des changes flottants, comme celle d’une zone de monnaie unique sans coordination et institution correctrice des déséquilibres internes, que nous ne cessons de commenter publiquement depuis maintenant 20 ans, est désormais actée et sans espoir de solution dans le statu quo.

Les soubresauts actuels, malheureusement, s’ils signent ce constat de décès, ce qui est bien, ne font qu’emmener vers de nouveaux gouffres.

Jamais il n’a jamais été plus urgent pour le monde et l’Europe de réformer de façon congruente et positive leurs systèmes monétaires. Jamais il n’aurait été plus gratifiant pour la France et son prestige qu’elle soit en tête de cette diplomatie de la prospérité. On voit où elle en est.

Nous tenons là l’enjeu du siècle. Et une fois de plus, par soumission, par frivolité, par incompétence, aucune des forces qui devraient être en première ligne ne se mettra en branle. Pas un article de presse ou de revue n’aborde au fond cette grave affaire. Le TFTEA n’a fait l’objet d’aucun commentaire de presse depuis deux ans. La remise en cause des changes flottants non plus. On commente la casse et les réactions. On n'explique rien. La Presse qui annonce que son rôle est d’effectuer « les mises en perspectives nécessaires » trahit cette mission tous les jours et toutes les semaines. Les revues prisonnières de leurs maîtres et de leurs habitudes refusent tout article sur ces sujets.

Ne parlons pas de la « campagne pestilentielle » française.

L’indispensable combat doit continuer. Déjà, plus personne ne peut considérer que la situation actuelle et ses débordements en cours, puissent continuer. La nécessité d’une meilleure vision devient cruciale.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile



L’organisation de l’Europe, clé du débat présidentiel ?

Plusieurs lignes de fracture traversent les élections présidentielles délirantes de 2017 en France.

La question institutionnelle est posée : faut-il, ou non, revenir sur le système majoritaire mis en place en 1958 et restaurer une forme, nouvelle ou non, de régime des partis, à la façon des Troisième et Quatrième Républiques ? Un président fort, au-dessus d’un grouillement de partis issus de la proportionnelle, serait-il en position de faire dégager les majorités d’idée pour traiter les questions de bien commun ? Ou appartient-il à la Nation de définir une ligne politique claire dont un président élu au suffrage universel devra assumer le succès ou l’échec ?

Emmanuel Macron a donné un débouché électoral à cette question institutionnelle. Le pays doit la trancher au premier tour : on continue avec la cinquième République et le système majoritaire ou on change de régime politique.

Notre position personnelle est qu’il faut qu’une ligne politique claire soit tranchée par le pays et appliquée dans les circonstances très difficiles qu’il traverse. Par conséquent, il ne faut pas ajouter une difficulté politicienne et institutionnelle à nos malheurs.

Au cas où le pays trancherait en ce sens au premier tour, la ligne politique à trancher au second serait celle de l’Europe.

Le Brexit a montré qu’un peuple peut décider de revenir au système national traditionnel, généralisé depuis le XIXe siècle. La France veut-elle de ce retour ? L’option du saut fédéraliste étant totalement hors de propos dans l’état actuel de l’opinion et de la situation en Europe, et le statu quo n’étant pas acceptable compte tenu des résultats sécuritaires, économiques et sociaux calamiteux, la seule voie alternative au Frexit est la double réforme de l’Union Européenne et de l’Euro.

Autant le flot d’imprécations sur l’Europe impressionne par son ampleur et sa vigueur, autant les idées de réformes sont quasiment inexistantes dans le débat actuel.

Le problème d’une réforme, c’est qu’elle implique à tout le moins un diagnostic de ce qui va et ne va pas, l’élaboration d’un plan d’action et l’appréciation des chances de sa mise en œuvre. Ces trois questions fondamentales sont traitées de façon si sommaire que le péremptoire a remplacé l’intelligent.

Premier constat : la situation de la France est à ce point mauvaise que nous n’avons aucun intérêt à subir les troubles d’une sortie de l’Euro et de l’Europe. La minuscule embellie conjoncturelle actuelle s’accompagne d’une croissance correspondante de nos déficits extérieurs et de celui de la balance des paiements. Le ressac en cas de crise monétaire sera réellement difficile à supporter pour l’économie française. Tous les scénarios mènent à une perte en capital phénoménale, en plus d’une récession soignée, réduisant le revenu. La France ne s’est jamais vraiment remise de la crise de 74. Autant ne pas penser au temps qu’il faudra pour qu’elle digère un tel coup dans l’état où elle est.

Second constat : les autorités françaises n’auront aucune influence extérieure tant qu’elles n’auront pas fait aboutir un effort maximum de redressement économique. À ce jour, seul le plan Fillon offre une chance raisonnable de faire bouger les lignes favorablement et suffisamment.

Faut-il, tant que la France a la tête sous l’eau, s’abstenir de définir une vision d’évolution à moyen et à long terme ? Ou faut-il contrer les voix qui poussent à la destruction par un projet positif crédible ?

L’idée fondatrice de l’Europe institutionnelle est que chacun des pays de l’Union accepte de considérer les citoyens des pays unis comme les leurs. « Je ne te crains pas ! Et je m’engage à tout faire pour que tu n’aies rien à craindre de moi ». Ils disposent exactement des mêmes droits, en dehors du droit de vote souverain, que les citoyens autochtones. Le second volet, de la même inspiration, est que les États s’abstiennent de toute mesure nationale visant à obtenir un avantage sur le dos des autres. Le troisième volet crée un « extérieur », avec les citoyens duquel les relations sont un peu ou beaucoup plus compliquées en fonction du pays concerné.

La Commission avait essentiellement pour but de mettre en œuvre non pas un moignon de gouvernement fédéral, ni un processus d’unification détaillée, mais l’élimination des obstacles artificiels mis par chaque État pour se protéger des autres et la proposition de politiques harmonisées à chaque fois qu’on pouvait espérer des effets bénéfiques sérieux. On a cru devoir créer un Parlement européen pour donner une vague caution démocratique à l’affaire. Ce n’était pas nécessaire et coûte beaucoup pour un bénéfice démocratique quasiment nul.

Même s’il est d’usage de dauber sur le champ beaucoup trop étendu des directives, avec un souci du détail qui tient plus de la nécessité d’employer une fonction publique pléthorique que de respecter les règles de la subsidiarité, ce travail de bénédictin n’a pas de vrais inconvénients, tant qu’il ne sert pas une volonté d’abaisser les institutions nationales et d’affirmer des pouvoirs politiques excessifs et qu’il ne gonfle pas le « mille-feuilles » administratif.

Cette philosophie générale ne posait pas trop de difficulté dans l’Europe des six. L’ouverture à tout le continent, après la chute de l’URSS, doublée d’une ouverture aux migrations non souhaitées en provenance d’Afrique, du Moyen orient et d’Asie a augmenté les facteurs de craintes. La défiance se cristallise sur quelques sujets précis.

-          Des minorités habituées à vivre de mendicité et de trafics ont vu s’ouvrir l’accès à des pays riches et ont entrepris d’y installer leur emprise. Voir un mendiant devant chaque épicerie ou boulangerie et la création de centaines de bidonvilles hideux aux portes des grandes villes n’est pas du goût de tout le monde.

-          Des populations jeunes et appauvries par des décennies de « socialisme réalisé » dans les pays de l’Est ont cherché du travail partout où ils l’ont pu. La directive Bolkenstein a donné à ce flux une dimension étrange : on pouvait quasiment s’abstenir des règles salariales du pays de destination.

-          Les pays musulmans d’Europe, que ce soit le Kosovo dirigé par d’anciens responsables de trafics parfaitement ignobles, ou la Bosnie Herzégovine, voire même la Bulgarie ne sont pas souhaités au sein de l’Europe pas plus que la Turquie. La crainte est partout présente que la machine à étendre l’Union puisse conduire à des ouvertures non désirées par une majorité des populations.

-          Mme Merkel a accepté l’arrivée de centaines de milliers de migrants qui ont libre accès aux autres pays, au moment même où l’irrédentisme musulman et la violence de ses luttes internes provoquent un solide haut-le-cœur

Il est certain qu’il faut faire tomber la défiance, sinon, tout le projet européen peut être emporté.

-          L’Europe doit unifier sa politique d’immigration extérieure et faire respecter son territoire. Si un pays accepte pour des raisons diverses des étrangers sur son sol, il doit être clair qu’il appartient au pays de premier accueil de s’en débrouiller et qu’ils ne doivent pas avoir accès à l’ensemble des autres pays. L’Europe a les moyens d’imposer à tous les pays émetteurs de migrants qu’ils récupèrent leurs nationaux en cas de rejet de leurs demandes.

-          La question des transhumances internes de populations pauvres ne cherchant qu’à survivre par la mendicité et l’exploitation des droits sociaux doit être explicitement posée. La législation sur le vagabondage, la mendicité, le squat,  et la migration illégale ne doit pas être laissée entre les mains de la CEDH ou de la CJUE.

-          Que l’on accompagne la vente d’un équipement ou d’un logiciel en faisant travailler des personnels aux conditions sociales du fournisseur n’a pas d’inconvénient. Si la directive Bolkenstein s’était contentée de cela, il n’y aurait pas de difficulté. Mais on ne peut pas laisser venir des légions de travailleurs sur des projets aux conditions des pays d’origine, sauf cas particuliers avec accord préalable explicite des autorités du pays d’accueil.

Exclure la perspective fédéraliste, au profit d’une Europe des nations, dont le centre serait le Conseil et non la Commission, avec un plan simple et clair sur les questions précédentes seraient de nature à réduire de beaucoup les défiances actuelles. Renoncer pour un temps à toute extension serait sage.

La question de l’Euro est autrement plus difficile. Il est clair que la création d’une monnaie unique sur la base d’un traité ne prévoyant que des restrictions normatives globales et aucun organe de gestion, alors que les politiques nationales restaient libres dans presque tous les domaines, a été une grave erreur que les pays membres ont payée cher.

L’idée fausse sous-jacente était que si on laissait s’exercer les trois grandes libertés (échanges de biens et de service, liberté des mouvements de personnes, liberté des mouvements de capitaux), tout en neutralisant les folies budgétaires possibles, l’économie s’unifierait et que la croissance serait optimale.

La réalité a été tout autre. Les déséquilibres entre les pays n’ont pas cessé de s’aggraver au lieu de se réduire, avec des taux d’inflation différents, des écarts de taux d’intérêt, des taux de chômage anormaux, la crise globale venant donner un grand coup de butoir dans l’ensemble et obligeant la BCE à mettre en œuvre des mesures désespérées de création monétaire forcenée alors que des corsets étaient appliqués aux pays les plus en difficulté. Les déséquilibres de balances de paiement ont provoqué une double hélice de crédits dommageable de 2000 à 2008, complétant la bulle globale. Le tout a explosé en 2008-2009. Le « contractionnisme » budgétaire consécutif aux traités a ruiné la croissance pour longtemps dans plusieurs parties de la zone.

Ces réalités sont inacceptables. Il était aberrant de laisser par exemple la France sombrer dans le non-travail avec les mesures Jospin, DSK, Aubry, tout en laissant l’Allemagne mettre en œuvre le plan Schroeder.

Certains proposent un Ministère des finances européen. Nous préférons un Coordinateur européen de l’ensemble des politiques qui concourent à la stabilité des balances commerciales et de paiement, et la création d’un mécanisme automatique de retour à l’équilibre des balances des paiements, par prélèvement automatique sur les balances trop excédentaires et sanctions automatiques pour les pays trop déficitaires.

Le coordinateur piloterait trois structures légères, la BCE, le fonds de stabilisation européen et un centre de coordination des politiques, en liaison avec les parlements nationaux. Tout cela serait hors du champ de la commission et du Parlement européen. De toute façon la pression de Trump sur les excédents allemands et les inquiétudes des Allemands sur le réemploi en achat de capital allemand des excédents chinois créent une situation intenable dans la durée. Il faut donc profiter de ces circonstances pour proposer une réorientation générale de la gestion des soldes de balances de paiement au sein de la zone Euro et le faire de façon congruente avec une réforme du système monétaire international. Nous appelons cela une « diplomatie de la prospérité ». Si les candidats se montrent trop flous, et ne prouvent pas qu’ils comprennent ce qui ne marche pas dans le mode de gestion actuel de la zone Euro, alors gare à l’électorat.

Les questions liées à l'évasion d’assiette fiscale provoquée par certains membres de la zone et les questions de sécurité collective, à la suite d’une part des pressions de l’Otan sous domination américaine, et d’autre part l’injustice de voir la France payer seule pour des mesures extérieures de lutte contre Daesh, peuvent également faire l’objet d’une réclamation politique.

Actuellement, on est loin du compte. Si c’est François Fillon qui arrive au second tour, comme nous l’espérons, il ne peut pas se contenter des grandes lignes floues qu’il trace actuellement, donnant certes un ton, mais sans vraiment entrer dans le dur. Si, c’est Emmanuel Macron, dont l’entourage est entièrement constitué de fédérolâtres européistes, on peut craindre que sa « youpi attitude » ne mène à rien d’autre qu’une explosion électorale anti-européenne.

Non au gouvernement des juges !

Extrait du Figaro : « À quelques semaines de la présidentielle française, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a rendu un arrêt qui pourrait faire couler beaucoup d'encre. Selon ses juges, «Une entreprise peut interdire dans son règlement intérieur le port visible de signes religieux, politiques et philosophiques afin de conserver sa neutralité». La juridiction devait se prononcer sur deux affaires, l'une française, l'autre belge, portant sur le port du foulard islamique en entreprise. Avant de trancher sur ces cas très sensibles, les Cours de cassation respectives des deux pays avaient demandé à la juridiction bruxelloise de préciser son interprétation de la directive de 2000 sur l'égalité de traitement en matière d'emploi et de travail. L'arrêt de la CJUE harmonisera les pratiques des employeurs vis-à-vis du port de signes religieux dans toute l'Union européenne. Il pourrait au passage, potentiellement, modifier l'esprit des textes français qui reposent aujourd'hui sur un fragile équilibre. »

Aucune réflexion critique n’a accompagné la parution de ce jugement.  A un moment où la construction européenne est gravement remise en cause (notons qu’il n’y a pas moins de 5 candidats éligibles à la présidentielle française  qui en conteste tout ou partie), ce jugement témoigne d’une forme de « coup d’Etat institutionnel » de la part de nombreux juges.

Le but de la Cour de Justice est d’éviter les discriminations au travail entre européens pas d’interpréter à sa façon les droits de l’homme et du citoyen. La nature du droit religieux au sein des entreprises est une affaire nationale et ne peut en aucun cas affecter ni la libre circulation, ni les droits des étrangers européens membres de l’Union désireux de s’installer en France.  

Un étranger doit se plier aux lois et mœurs du pays où il convoite de s’installer. A lui de s’informer avant. A partir du moment où la règle n’est pas ouvertement destinée à interdire un accès à un autre européen, elle ne peut pas faire l’objet d’un jugement européen. Sinon, la perte du pouvoir législatif national est totale.

Si le jugement avait imposé la monstration des signes religieux, la perte de souveraineté serait immédiatement et largement perçue.

La CJUE  mêle son activisme à celui de la Cour européenne des droits de l’homme, qui, initialement devait tempérer les excès de l’URSS et s’attaquer aux violations graves des droits de l’homme. Elle a elle aussi décidé de se transformer en conseil constitutionnel et se mêle de trancher des cas de principes qui appartiennent au souverain et non pas à un aréopage de juges qui ne représentent qu’eux-mêmes, tant les hyper-micro-états y sont dominants.   

On se souvient que David Cameron avait violemment réagi à un arrêt de la CEDH concernant les droits civiques des délinquants lourdement sanctionnés. En France la condamnation à 70 euros d’un quidam qui avait insulté le Président de la République  a été sanctionnée par la CEDH !

 

En France même, le préambule de la Constitution indique seulement les grandes lignes d’un droit de l’homme qui doit être précisé dans ses modalités par le législatif ou le constituant. Le Conseil Constitutionnel, par un coup d’état, s’est institué lui-même juge des élégances.

Tout étant dans tout et réciproquement, les trois cours se mêlent de trancher de questions mineures ou non mais dévolues au législatif.

La souveraineté législative nationale perd dès lors toute signification.

L’objectif de la construction européenne n’était pas d’uniformiser le droit et les pratiques mais d’éviter les mesures hostiles à ses voisins de la part d’un membre de l’Union.

Il est à noter que ce sont les juges français de la Cour de Cassation qui ont demandé un avis. Les apparences sont donc sauves. Ils auraient aussi bien pu demander à la CEDH. Il n’est d’ailleurs pas sûr qu’un musulman un peu entreprenant ne soumette un règlement intérieur qu’il juge offensant pour sa religion à la CEDH ou au Conseil Constitutionnel. Tout cela devient ridicule.

Il ne faut pas de gouvernement des juges et le grignotage des institutions diverses doit être empêché. Le Parlement Européen doit être également freiné dans ses élans unificateurs.

Sinon, il arrivera ce dont les élections présidentielles françaises commencent à témoigner : le rejet de tout le projet européen et finalement son abandon.  

Deux mots à Charles Gave sur son rapport prônant la destruction de l’euro

Charles Gave et Romain Métivet ont réalisé une étude sur la destruction de l’Europe par l’Euro, pour le compte de leur Institut des libertés. Il stimule quelques réflexions que nous avons mises en face des thèmes du résumé publié en première page.

* L’Euro est un échec et une aberration économique qui accentue les déséquilibres entre économies hétérogènes.

Le constat est immanquable. Il y a bien eu divergences et elles ont été accrues par les mesures prises pour tenter de réduire les dérives budgétaires de certains pays. À partir du moment où la dévaluation n’est plus possible, il est clair que l’ajustement devient une difficulté. Le rapport n’envisage pas une des possibilités : mettre en place des règles, des dispositifs et des institutions qui permettent de pousser à la convergence. Pour notre part, nous considérons que cette direction-là offre encore de nombreuses possibilités inexplorées qui vaudraient mieux que la destruction de la zone Euro.

* Une monnaie sans nation n’est historiquement pas viable.

L’or a été une monnaie sans nation pendant des millénaires. La question se pose pour les monnaies administratives (Fiat monnaie). On ne sait toujours pas comment les gérer sur une base multinationale. La question a été posée à Bretton Woods avec une solution bancale qui a explosé politiquement en 1971. En fait, on improvise depuis 1914. Mais une solution est possible.

* Le saut fédéral est politiquement impossible et serait économiquement inefficace.

Sans doute. Mais on peut trouver des solutions collaboratives efficaces sans aller jusqu’au fédéralisme.

  1. L’Allemagne ne peut pas payer pour l’Euro car cela coûterait plus que le plan Marshall.

L’argument est plus polémique qu’économique. Ce ne sont pas les stocks qui comptent mais les flux. Mieux organisés les flux peuvent se réorienter très rapidement. La question d’organisation l’emporte sur l’assertion fracassante.

* Une dissolution est préférable à une sortie unilatérale.

Sans aucun doute. Mais il faut bien expliquer les conséquences prévisibles. Et le rapport ne le fait pas.

* Le retour de la monnaie nationale permettrait de financer l’ajustement, comme au Canada et en Suède.

L’ajustement en Suède et au Canada s’est fait après la terrible crise de 92-93, en réduisant très fortement la dépense publique, aussi bien du côté des dépenses sociales que de celui des effectifs publics. Il a été favorisé par la croissance exceptionnelle des années 1996-2000, spécialement riche en emplois et en recettes. La hausse massive du dollar a permis un ajustement plus facile. Mais ce n’est pas la politique monétaire qui a permis de sortir principalement du gouffre.

* Les réformes structurelles restent nécessaires pour rétablir les finances publiques et accroître la productivité.

Ce sont elles qui ont réussi en Suède et au Canada dans un contexte conjoncture très particulier qui n’est plus là. Elles sont non seulement nécessaires mais primordiales. Cela vaut naturellement pour la France. Reste à trouver la méthode en l’absence de véritable croissance conjoncturelle et alors que le risque d’une minirécession se précise.

Surtout, le rapport évite soigneusement de se pencher sur la vraie grande question : pourquoi depuis 1971, les récessions sont-elles toujours plus graves, la croissance voit-elle son taux baisser et la dette s’envoler ? En ne regardant qu’un sous-système, effectivement dysfonctionnel, mais qui peut être corrigé si le système global l’est aussi, et si les réformes nécessaires se font au-dessous, à l’échelon national, il se prive d’une clé d’interprétation capitale et surtout d’un levier pour comprendre et agir.

La destruction de la zone Euro ne réglera rien en elle-même et risque même de compliquer une évolution plus favorable.

Le moral des Français en 2017

L'économie d'une nation n'est pas seulement la résultante de forces économiques agissant dans un cadre institutionnel plus ou moins approprié. Elle dépend aussi des humeurs politiques et du moral de la nation en tant qu'ensemble politique et économique. On parle d'économie politique, l'économie pure étant un support intellectuel mais pas un instrument d'analyse complète de la réalité. Le moral, c'est la force qui, bien orientée, pousse à l'optimisme et à l'action. Démoraliser un pays, c'est le désorienter au point que, ne sachant pas où il va, et se heurtant partout à d'insaisissables obstacles, il cède à tous les vents mauvais de l'histoire.

Cette évidence a conduit à la mise en place d'enquêtes d'opinion des entrepreneurs, autour du concept de confiance, et plus largement à des études généralement confiées aux services secrets sur le moral global de la nation.

Voici ce que pourrait être ce genre d'étude sur le moral des Français en 2017.

Depuis la chute de l'URSS, peu de gens croient qu'il existe encore des foyers de subversion en France. Ils considèrent que le ressort est cassé et que tous les mouvements "révolutionnaires" sont désormais morts ou totalement déliquescents.

Ils se trompent. Mai 1968 a vu l'autonomisation du révolutionnarisme par rapport à l'URSS et c'était 20 ans avant la chute de l'URSS. Fondée sur le refus du monde "bourgeois" considéré comme intrinsèquement pourri, sur la condamnation du capitalisme, vu comme une force d'asservissement du prolétariat, la revendication révolutionnaire autonome, généralement portée par des mouvements trotskistes ou anarchistes, l'idéologie révolutionnaire qui souhaite depuis Babeuf faire capoter la société bourgeoise honnie, n'avait aucune raison d'être arrêtée par la chute de l'URSS qui était vue, de tout temps, dans cette mouvance, comme une déviation criminelle de petits-bourgeois fascisants profitant de l'arriération de la Russie.

La vraie rupture est venue de l'échec des mouvements armés dans la décennie 70. L'action directe est désormais exclue. Ce n'est pas une exclusion de principe mais d'opportunité. Il ne reste donc plus qu'une seule voie d'action : la subversion de la société bourgeoise afin que, vidée de toute substance et résistance, elle tombe comme un fruit blet.

La mouvance, dans toutes ses composantes, compte entre 5 000 et 10 000 adeptes ou anciens adeptes en France dont près de la moitié est active. Elle a des relais à travers le monde sous des formes très variées, dans des organismes pénétrés par entrisme. Elle dispose d'une doctrine d'action peaufinée par près de 150 ans d'écrits et de pratique.

Les techniques de pénétration, d'influence et de subversion pratiquée par l'Union Soviétique, depuis son lancement par Münzenberg, un génie de l'agit-prop, perfectionnées et pratiquées pendant soixante-dix ans, ont créé un terreau meuble. Elles n'ont pas été perdues par tout le monde.

L'idée de manœuvre est de s'attaquer aux maillons faibles de la société et de la subvertir de telle façon que la société perde toute capacité de réaction. Une émission récente sur Lénine a montré parfaitement comment les noyaux d'activistes subversifs peuvent faire basculer des situations qu'ils n'ont même pas créées.

Au milieu des années soixante-dix, les activistes révolutionnaires se sont scindés en trois groupes.

- Les partisans du retrait qui sont partis ailleurs soutenir d'autres combats (Voir par exemple Beni Levy de la Gauche Prolétarienne, converti dans le judaïsme fondamentaliste), ou qui ont essayé de faire fortune dans les affaires, ou qui se sont installés dans des carrières universitaires avec la volonté de défendre des thèses particulières mais sans envie ni programme de subversion. On les retrouve dans des travaux de démoralisation des Français, comme un récent livre d'histoire collectif qui conchie l'histoire de France, ou les travaux d'une géographe qui réduit la France à néant, et les mille et sociologues ou démographes qui débinent la France en permanence.

- Les partisans de la voie parlementaire qui ont intégré les rangs des partis, et en très grand nombre le PS. Voir par exemple Dray, Meyer, Jospin, etc.

- Les activistes non repentis qui ont considéré que là où ils étaient, ils pouvaient utiliser les moyens à disposition pour pourrir la République, mettre en œuvre les techniques de démoralisation du pays et permettre un jour ou l'autre une forme ou une autre de révolution. On les retrouve un peu partout dans la fonction publique, la magistrature, l'édition, le cinéma, les mouvements pseudo-écolos violents, les "gangs antifa" et le journalisme ou la présentation d'émission de télé, dans les partis mais masqués.

Ce dernier groupe ne s'est jamais "rangé des voitures". Au contraire ses membres ont trouvé dans la crise de l'économie et l'affaissement des relations sociales qui en est résulté des moyens d'action multipliés.

Leur cible est toujours la même depuis Münzenberg et Gramscy : les ventres mous de la démocratie.

- l'armée

- Les élèves des lycées et collèges

- Les immigrés clandestins

-. La presse.

- La justice

 

Les ouvriers comptaient naguère mais plus maintenant, compte tenu de la désindustrialisation du pays. L'immigré clandestin a remplacé le prolétaire de naguère. Terra Nova en a fait une théorie.

 

On sait peu que J. Chirac a été obligé de mettre fin à la conscription pour bloquer la tentative (menée par Edwy Plenel et quelques autres) de syndicaliser le contingent et de le manipuler. Dans l'état d'esprit de 68, le contingent était une proie facile.

- Les élèves des lycées et collèges ont été noyautés et il est assez facile de faire marcher les scolaires en utilisant de pseudo" émotions" et la simple envie de monôme. On a vu l'action des meneurs lors de l'affaire Léonarda et elle reprend ces derniers jours. Les parents n'aiment pas qu'on frappe leur enfant.

- Pour les immigrés clandestins, il suffit de suivre les provocations du Dal pour comprendre la méthode. L'émotion est, là aussi, le levier qui permet d'actionner la provocation puis la soumission.

- La presse est vulnérable car on la sait payée depuis très longtemps. Elle est à peu près totalement noyautée, ce qui explique l'incroyable chasse à cours actuelle contre Fillon basée sur de simples soupçons d'un pseudo-délit sans importance et monté en mayonnaise.

Le pire secteur gangrené est naturellement à chercher dans le système judiciaire. Il fallait éliminer les juges style Jean Royer, c'est-à-dire répressifs pour les délits dits du "petit peuple" et orienter la justice vers la condamnation du bourgeois et des élites politiques ou économiques.

La première manifestation de leur emprise a été l'arrivée du "justicialisme" dans les prétoires. Cette doctrine infâme considère que ce ne sont pas les faits, les circonstances et la loi qui déterminent le jugement mais l'identité et la condition des mis en cause, la loi pouvant être bafouée sans vergogne. On connaît la rengaine : le faible doit toujours l'emporter sur le fort quelles que soient les circonstances. La femme a raison contre l'homme, le salarié contre le patron, le piéton contre l'automobiliste, le locataire contre le propriétaire etc.

La seconde a été le refus de reconnaître comme vol le pillage des magasins en libre-service, réputé "intégré dans les marges".

La troisième a été le refus de condamner des excès syndicaux (comme le piratage du paquebot France, piratage condamné pendant longtemps à …la pendaison !) et de toute forme de viol de la propriété dite "bourgeoise.", comme le squat.

La quatrième a été de refuser de condamner l'entrée clandestine dans le pays, le vagabondage et la mendicité organisée avec ou sans enfants, avec ou sans infirmes.

Ce refus de poursuivre et de condamner certaines catégories de délinquants, tout en donnant raison à des catégories contre d'autres, s'est accompagné d'une volonté de condamner le bourgeois, suspecté d'être un "délinquant en col blanc" natif et bien pire que le "voleur de pomme".

On a donc arrêté et parfois mis en prison pour de longues semaines des centaines de patrons ou cadres supérieurs au prétexte d'accidents du travail qui naturellement créent une légitime émotion. L'ignominie sous-jacente a été de faire cesser le lien entre les faits et le comportement des inquiétés. Dans une société du bâtiment, un jeune cadre est nommé à Paris le vendredi. Il fête sa promotion, signe les délégations et le lundi se présente à l'agence de province où il est désormais directeur. À peine arrivé, il est embarqué par la police et envoyé en détention provisoire par un juge rouge. Un ouvrier, qui n'avait respecté aucune des consignes de sécurité, était venu travailler de son propre chef sur un chantier le dimanche, pour refaire une tâche qu'il avait ratée. Il était tombé de l'échafaudage et s'était tué. Drame tragique mais dans lequel le malheureux nouveau directeur n'avait exactement aucune responsabilité et pour des travaux dont il n'avait même pas connaissance. Le lien entre le dommage et lui était inexistant, une des conditions traditionnelles dans tous les droits de monde depuis l'antiquité pour inculper. Le type même d'inculpation "ès qualités" qui pose toujours problème là où croit devoir l'appliquer.

À partir de cette floraison d'inculpations fantaisistes, naturellement cachée derrière la nécessité de mettre un frein aux accidents du travail, la procédure pénale a été enseignée dans les écoles de commerce. Toutes les opérations dangereuses ont été confiées à des sociétés sous-traitantes, souvent fantômes, afin de protéger les dirigeants des grands groupes.

C'est l'époque où pratiquement tous les films français présentent le dirigeant privé comme un voyou acoquiné avec des politiques soumis et achetés. Toute une législation est mise en place par Mitterrand pour rendre impossible l'autorité dans l'entreprise. Les prud'hommes commencent à piller sans vergogne les ressources des entreprises. L'entreprise étant systématiquement mise en difficulté même dans les cas les plus explicites de mauvais comportements d'un salarié, la peur de recruter s'empare de l'économie française. L'intérim et les CDD explosent. En même temps la justice refuse ou de poursuivre ou de condamner des attentats physiques contre les cadres supérieurs. Un arrêt célèbre à Nantes explique qu'il était normal qu'un gréviste crève un œil de cadre vu son juste mécontentement. L'idée que la "violence de situation" explique des "violences de fait" est typiquement une mesure de subversion qui remet en cause tout l'ordre social.  À Nancy on ne condamnera pas le viol de deux étrangères lors des émeutes liées à la fermeture de certains sites de production d’acier. La "juste colère sociale" justifie l'absolution qui crée un sentiment de dissolution totale de la société et une démoralisation fondamentale. Si les femmes peuvent être violées impunément, alors il n'y a plus de société, ni de sécurité, ni de justice. À Calais, la Justice refusera d'instruire sérieusement le probable assassinat d'un contrôleur de gestion qui en savait trop, retrouvé avec une blessure à la tête au fond d'un bassin, alléguant un possible suicide. Il ne fallait pas, semble-t-il, mettre en colère les syndicats.

Contre les propriétaires, on prend parti pour les titulaires de faux contrats de location, et on refuse l'expulsion de squatters qui se sont installés en fraude dans un appartement. Les propriétaires cessent de louer, provoquant une pénurie de logements.

La démoralisation du pays est confirmée par la condamnation des victimes et non des criminels dès lors qu'il arrive des ennuis au délinquant. L'affaire Legras est significative. Un voleur est tué par un commerçant las de voir sa boutique pillée à répétition et d'avoir été physiquement menacé et frappé à plusieurs reprises. Il est emprisonné. Des cas encore plus grotesques ne parviennent pas aux oreilles du grand public. Une femme dispose dans sa propriété d'une piscine. En son absence elle est utilisée et vandalisée par une bande de jeunes délinquants connus pour des larcins continuels dans les villas de cette ville de vacances. Une loi somme, à la même époque, les propriétaires de protéger leur piscine pour éviter les noyades. La propriétaire confie à une entreprise le soin de réparer la piscine devenue fuyarde et d'entamer les travaux de sécurisation. La piscine est vidée. La bande entre de nuit dans la propriété et entend sauter dans l'eau. L'un de ses membres plonge dans la piscine sans voir, de nuit, qu'elle était vide et se tue. La propriétaire, absente des lieux est arrêtée à son domicile au prétexte qu'elle aurait fait exprès de vider la piscine…

Les exemples pourraient être multipliés. Il n'y a plus aucun respect pour la propriété privée. La subversion l'a emporté par l'entrisme d'extrême gauche pratiqué au sein de la justice, en complicité avec les politiques gauchistes et le secteur culturel complice.

La destruction de la société civile en faveur du délinquant ou du malfaisant ne suffisait pas. Il fallait s'attaquer à la démocratie. On a vu une offensive des juges dits "rouges", contre les édiles, devenus responsables de tout, puis contre les hommes politiques de second rang, puis contre les ministres, les préfets, et suprême bonheur les Présidents de la République.

L'action des juges rouges se fait sentir aussi bien au siège, par des jugements disons surprenants, et surtout par les juges du parquet. Tant que les cours d'appel étaient constituées de juges normaux, les errements étaient cassés. Mais la pénétration des cours d'appel a changé la donne. Maintenant, les avocats savent qu'il faut viser uniquement la cassation tant les cours d'appels sont contaminées. Et lorsque la cour de cassation le sera à son tour, il n'y aura plus de justice en France.

Quant aux juges d'instruction, ils disposent de tellement de pouvoir qu'ils peuvent faire à peu près tout ce qu'ils veulent et d'autant plus facilement qu'ils réussissent à se constituer en meute. Un très petit nombre de juges peut faire des dégâts colossaux. La méthode est connue :

- Violation systématique du secret de l'instruction considéré comme une entrave bourgeoise à la vérité

- Thèmes d'inculpation outranciers et choisis pour leur caractère déshonorant. Poursuite sur des délits flous comme l'abus de bien social, ou le détournement d'argent public, la faillite par moyens ruineux, etc.

- Moyens d'investigation sans limite non plus pour prouver un délit mais pour en trouver un possible même ténu.

- Refus d'instruire et de tenir compte.

- Utilisation du calendrier, de la mise en examen, de la mise en prison préventive…

 

La syndicalisation, sous le contrôle de petits groupes subversifs, a été évitée de justesse dans l'armée et non dans la justice. On a vu, avec le Mur des Cons, ce que les juges "rouges" pensaient des victimes et des justiciables. Quand des gens chargés de défendre la société injurient ses membres et manifestent leur mépris collectif contre des victimes ou des cibles sociales ou politiques, il n'y a évidemment plus de justice. Surtout quand ce syndicat a table ouverte dans les médias publics.

Ce qui vient de se passer avec le Parquet financier et la nomination du juge Tournaire, dont la tête de Savonarole fanatique devrait être publiée plus souvent dans les médias, pour l'édification des masses, est l'étape supérieure de la subversion. C'est la République qui a été punaisée sur le Mur des Cons. Des centaines de parlementaires font travailler un membre de leur famille. Un seul est attaqué. Si tous l'étaient, à partir d'une loi des suspects décrétés par Mediapart, les In rocks et le Canard Enchaîné, que resterait-il de la République ?

La France est désormais un pays ruiné et subverti où il n'est plus possible de posséder, d'agir ou de parler. Tout pouvoir est vilipendé. Toute entreprise est entravée. Sa population est remplacée par des immigrants non souhaités ; son école est quasiment morte ; son économie est durablement affaiblie ; sa langue est à l'encan ; sa "culture" n'est plus qu'un vaste dégueulis gauchiste (Py, Ribes, Tavernier, Mouchkine, Arditi…) subventionné ; sa presse n'existe plus, coincée entre des patrons milliardaires (dont l'argent est de plus en plus à l'étranger) et une camarilla de pseudos journalistes qui ne peuvent faire carrière qu'en épousant des thèses gauchistes. L'obligation dans une carrière de passer par les médias publics, tenus totalement depuis Mitterrand par la gauche culturelle extrémiste, entraîne une soumission à la meute. Le rachat par des financiers étranges et amis du pouvoir socialiste qui leur offrent leur pouvoir contre réciprocité, de chaînes de télévision et de journaux, rappellent fâcheusement le règne des Oligarques dans les ex pays de l'EST. Quant à la justice, on voit qu'elle est, désormais, dans certaines de ses parties, quasiment aux mains d'une poignée de justiciers gauchistes militants.

En France, personne ne peut plus sortir des griffes démoralisantes qui l'enserrent. Depuis dix ans le leitmotiv, partout dans la société, est "on marche sur la tête". Marcher sur la tête est l'objectif même de la subversion.

Les opportunistes qui, comme Hollande ou Macron, veulent le poste de président par pur narcissisme et sans aucune envie de ne rien faire de précis, sinon de régner un temps et de bénéficier à vie de beaux privilèges, sont obligés de se soumettre. La droite, elle est interdite de pouvoir, tous les moyens d'état pouvant être mis en marche contre elle par les militants infiltrés alliés avec des politiciens sans scrupule dont les intérêts sont purement électoraux.

Hollande a été sans cesse sous la pression des gangs de délinquants politiques qui tiennent la zone d'aménagement du futur aéroport de Nantes et tout autre lieu où un investissement public d'importance est prévu. La démocratie locale est empêchée. La guerre civile froide engagée par la CGT contre la loi El Khomry a été l'occasion pour des bandes armées de faire des destructions ravageuses et sans limites. L'instrumentalisation des banlieues a montré son pouvoir. L'école est constamment sous la pression des grèves politiques de scolaires encadrés par des agitateurs professionnels. Le « culturel » est tenu par les intermittents du spectacle et les gauchistes militants qui règnent sans partage "une sébile dans une main et une grenade dans une autre", façon Rufin, l'exemple même du gauchiste démagogue travaillant sur l'émotion.

Les subversifs ont eu la peau du socialisme dit démocratique, en même temps qu'ils tentent d'empêcher la droite de revenir à jamais aux manettes.

Jamais le trouble n'a été plus grand dans le pays qui ne se reconnaît ni dans sa presse, ni dans son école, ni dans sa justice, ni dans son économie, ni dans son État. Ce trouble n'est pas spontané. Il provient largement des quelques milliers de subversifs qui ont décidé d'une action directe dans leur environnement et investi tous les secteurs fragiles de la société.

Il n'y a pas de complot, pas de cellule dirigeante, pas de mafias organisées. Simplement des cellules cancéreuses qui pullulent, se rejoignent, se gênent, se confrontent, parfois s'annihilent, mais qui créent le climat nauséabond dans lequel les forces militantes incertaines et les bons sentiments irréfléchis peuvent être manipulés et orientés, dans les partis et hors les partis, dans les médias et dans la jungle internet, dans l'État et dans l'illégalité la plus totale. La dénaturation de toutes les institutions (le mariage, la prison, les frontières, la nationalité, la propriété…) est le fait à la fois de l'action de subversion et de l'orientation forcée des programmes politiques de gauche. On a vu que la résistance de la mouvance sociale-démocrate a été liquidée avec la non-représentation de Hollande et l'élimination de Valls. Le corps social s'étiole et sombre. La société disparaît. La décomposition avance.

Des forces de résistances existent. L'offensive islamiste a réveillé les consciences et fait apparaître des limites. L'explosion de la délinquance syndicale a provoqué une réaction judiciaire : les cégétistes qui ont molesté un dirigeant d'Air France ont été un peu embêtés. la droite empêchée d'élection présidentielle dénonce maintenant de façon ouverte la subversion d'une partie des juges. La combustion des policiers ne plaît pas trop au pays.

Mais tout le monde voit qu'elles sont très faibles isolées, sans suite. Et qu'il est relativement facile de les contrer.

L'effondrement du communisme a paradoxalement permis à la subversion anarchiste révolutionnaire ou marxiste léniniste et trotskiste de gagner du terrain car le risque d'être considéré comme une 5ème colonne de l'URSS a disparu. La politique du pire l'a emporté sur la gestion raisonnable de la société avec au bout du chemin, la volonté de faire gagner Le Pen pour susciter un mouvement antifasciste de masse qui peut ouvrir le champ à une nouvelle expérience de socialisme anticapitaliste violent.

Rappelons ce qu'a été l'action de démoralisation des pays occidentaux qui forme le terreau de la subversion actuelle, en relisant le témoignage essentiel de Yuri Bezmenov, ex-agent du KGB, qui en a averti l'Ouest dès 1985 :

Le bloc socialo-communiste :

• a sciemment mis en œuvre une politique globale de manipulation de l’opinion et des élites au niveau mondial.

• a conditionné les écoliers et étudiants occidentaux aux idéaux socialistes sur au moins trois générations. Cette tâche représentait selon lui 85 % de l’activité du KGB.

* a systématiquement recruté tous les faiseurs d’opinion à l’ouest pour l'influencer, dans le but de déstabiliser le monde non-communiste.

* a conditionné et “dé-moralisé” (perte des valeurs) des pans entiers de la société, devenus les “idiots utiles” du socialisme.

D'où ce commentaire un peu actualisé d'un spécialiste : Cette action permanente et gigantesque permet bien de comprendre pourquoi, en 2017, nous devons encore composer avec une gauche lunaire, pourquoi autant de profs formatés continuent de saper des générations d’écoliers, collégiens, étudiants etc. et pourquoi la lutte contre le socialisme marxiste, malgré toutes les preuves de sa nocivité, est toujours à l’ordre du jour.

En fait les communistes n'ont bien réussi qu'en Amérique du Sud, aux États-Unis et en Europe, avec le cas particulier de la France qui a été très contaminée du fait de son amour de la violence depuis la révolution française et de la glorification des exactions de la Commune. L'Afrique et l'Asie ont été très rétives.

Contrairement à ce qu'on croit, la France n'en a donc pas fini avec le socialisme anti-démocratique et violent.

Dans ces conditions on ne peut que regretter l'inertie mise à sortir de la crise économique provoquée par des institutions internationales et européennes dysfonctionnelles. Il faut se méfier de la colère du peuple d'abord et avant tout parce qu'elle donne du grain à moudre aux activistes des "avant-gardes" menant des combats d'arrière-garde, en pariant sur le pourrissement judiciaire, culturel, national, politique, économique et social du pays.

Ceux qui ont cru qu'on pourrait contourner le problème par l'Europe et la mondialisation, qui rend impuissante les politiques nationales et "les masses", n'ont fait qu'aggraver le problème. Ils sont désormais l'objet d'une accusation qui devient crédible de noyautage et de subversion comme la mouvance socialiste par les subversifs aux mêmes, ce qui doit les amuser.

Entre la démoralisation du peuple de gauche par l'Europe et la mondialisation, et celle du peuple de droite par les mouvances révolutionnaires marxistes, trotskistes, anarchistes, ou léninistes, doublées par un extrémisme criminel musulman, on comprend que le moral des Français ne soit pas au plus haut ces derniers temps.

 

Que penser du programme Macron ?

Commentaires rapides sur les mesures présentées dans le JDD

Moralisation de la vie publique et institutions :

- interdiction pour les parlementaires d'exercer des activités de conseil.

Si on veut définir des incompatibilités d'activité, il faut en priorité supprimer la possibilité pour un fonctionnaire d'être élu dans une assemblée qui fixe sa rémunération et ses conditions d'emploi et interdire de recevoir deux rémunérations de l'Etat. I

- fiscalisation de l'intégralité de la rémunération des parlementaires, notamment l'IRFM (indemnité représentative de frais de mandat). 

Démagogique. On ne fiscalise pas des frais mais des recettes. En revanche d'accord pour fiscaliser les revenus des parlementaires sans avantages particuliers.

- fin du régime spécial de retraite des parlementaires.

En effet toutes les retraites doivent être calculées prorata temporis. C'est vrai aussi pour la haute fonction publique.

- interdiction pour les parlementaires d'employer des proches ou des membres de leur famille. Un parlementaire sur cinq emploie un membre de sa famille.

La nature juridique de cette mesure est étrange puisqu'elle postule une inégalité devant l'emploi et une responsabilité collective de fraude. Ce pourrait être retoqué par le Conseil Constitutionnel. Mesure purement opportuniste. La politique a un coût. On ne peut pas le réduire à zéro. Mieux vaudrait donner des moyens institutionnels aux parlementaires pour faire leur travail. Comme aux Etats Unis ou en Suède.

- suppression au moins un quart des départements (au minimum 25 donc), là où ils peuvent être rapprochés de l’une de nos grandes métropoles.

Demi mesure incohérente. Où on supprime les régions, ou on supprime les départements. La vrai question est d'éviter les chevauchements de compétences et d'encadrer les dépenses des institutions qu'on conserve.

Globalement le Plan Macron sur ce chapitre  est très faible :

- Il ne traite pas du statut de l'élu et du coût de la politique.

- Il ne réduit pas le nombre excessif de parlementaires, interdisant de les rémunérer mieux et de leur affecter des moyens d'investigations plus importants.

- L'impact global est nul.

Sur le travail :

- organisation "de la vie économique et sociale au niveau de la branche et de l'entreprise". Les 35 heures pourront être assouplies par des "accords négociés majoritaires". - rétablir les allègements de cotisations sur les heures supplémentaires.

Il était tout à fait inutile d'inverser la hiérarchie des normes sociales. Il permettre plus de souplesse dans des" intervalles de normes"  négociés branche par branche et en effet supprimer l'emprise asphyxiante de l'Etat. Il faut réduire l'intervention du juge en cas de licenciement.

- instauration d'un bonus/malus pour les entreprises abusant des CDD courts.

Les CDD étant une réponse à la judiciarisation des relations sociales, une pénalité fiscale ne règle rien et envenime la situation.

- création d'un système universel d'assurance-chômage financé par l'impôt et piloté par l'Etat, ouvert aux entrepreneurs, aux agriculteurs, aux indépendants, aux professions libérales, ainsi qu'aux salariés qui démissionnent, dans la limite d'une fois tous les cinq ans. Dans ce cadre, suppression de la part salariale des cotisations chômage, en plus de la cotisation maladie, grâce à une hausse de la CSG d'1,7 point.

Autant il est légitime de faire financer la maladie (hors maladie professionnelle et accident du travail) par l'ensemble de la population et non plus par l'entreprise, autant il est totalement anormal de faire financer le chômage par les gens qui ne travaillent pas. Le faire par la CSG est la pire solution puisqu'elle revient à aggraver encore le taux marginal d'imposition qui pourra se rapprocher de 70%. Hollande revient Macron est petit bras !

Les frais de maladie sont déduits de l'impôt sur les sociétés. Le transfert sur des revenus déjà taxés permet de récupérer le l'IS en plus de la CSG. Augmentation hypocrite de la pression fiscale.

- hausse de la prime d'activité de 50%.

Achat de vote. Il faut supprimer la prime d'activité telle qu' elle est conçue et refonder l'ensemble des aides à la personne. 

- suspension du versement des allocations chômage après le refus de plus de deux offres d'emploi "décent", pour un salaire qui "n'est pas inférieur de plus de 20-25%" à l'ancien poste.

Fausse solution. la notion de décence n'existe pas. Solution injuste et inapplicable telle qu'annoncée. La décision de la personne ne doit pas être contrainte par une proposition d'offre. En revanche les allocations doivent être dégressives et les très hautes indemnités plafonnées. Il est absurde de payer à 6.000 euros par mois deux années de congés sabbatiques à des cadres supérieurs qui ont décidés de quitter leur employeur, avec en plus une forte indemnité transactionnelle.

- aides à la mobilité pour les chômeurs.

Bla bla bla. Risque des créer comme pour les transports médicaux une inflation de coût terrifiante.

- plan d'investissement de 50 milliards d'euros dont 15 milliards pour la formation des chômeurs et jeunes sans qualification.

La vraie question est de supprimer le système actuel de formation continue des adultes et de concentrer les budgets sur les personnels à reconvertir.

- création d'un système universel de retraite. En clair, Macron veut supprimer l'ensemble des régimes spéciaux,

Oui dans le principe mais attention aux modalités. La vraie question est le transfert des secteurs publics dans la sécurité sociale générale . Il faudrait alors que l'état verse des cotisations patronales.  Merci de nous dire où on prend l'argent !

- pérennisation du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) sous forme d'allègement de charges pérenne.

Abus de mot. Les allègements de charges sont un leurre puisqu'il s'agit simplement de transfert de charge. La question est sur quoi se fait le transfert. La seule solution est de limiter la dépense financée par les cotisations Et certaines cotisations ne sont pas transférables, comme les cotisations à la retraite.

- baisse de l'impôt sur les sociétés de 33,3 à 25% pour rejoindre la moyenne européenne.

OK mais qui paie ou sur quoi rogne-t-on ?

- transformation de l'ISF en "Impôt sur la fortune immobilière" (le patrimoine financier et en actions ne sera plus assujetti).

Mesure inique et sans efficacité. Il faut purement et simplement supprimer l'ISF qui est un impôt destructeur. la bourse est un secteur dangereux. Mettre de l'argent en bourse ne signifie pas automatiquement plus d'investissement. Macron a décidé de taxer à 30% les flux d'assurance-vie. le risque est dans la souscription des emprunts d'Etat surtout si les taux augmentent ce qui sera le cas et sera aggravé par le déplacement des capitaux. En fait on joue avec les repoussoirs fiscaux. Cela ne fera pas bouger d'un iota la production qui n'investit pas pour d'autre raison que le financement.  

Globalement le plan Macron manque  de cohérence et d'impact.

Sur l'éducation :

- autonomie pour les écoles "en termes de recrutement" au niveau pédagogique. Cette mesure, portée habituellement par la droite, doit permettre aux établissements de s'adapter à leur territoire.

Il faut que le directeur soit responsable de la qualité de l'équipe enseignante donc puisse recruter et licencier, en liaison avec un conseil. Parler seulement de pédagogie est un évitement.  

- prime de 3.000 euros net par an pour les enseignants en zone prioritaire Rep+.

Achat de vote. Revient à dire que l'immigration doit être mieux servie que les Français nationaux.

- dans ces zones, division par deux du nombre d'élèves en CP-CE1 pour qu'il n'y ait pas plus de 12 élèves par enseignant.

Ridicule. Tous ceux qui ont connu des classes de 50 élèves et plus dans les années cinquante savent que la réduction à ce niveau là n'a pas de sens.

- création de 4.000 à 5.000 postes d'enseignants.

Qui paie.

- rétablissement des classes bi-langues.

Effet d'annonce.

- le baccalauréat ne comportera que quatre matières. Le reste des matières seront soumises au contrôle continu.

Sans importance. la bac est une institution morte.

- rétablissement des études dirigées "partout", en mobilisant "les enseignants, des retraités volontaires et des étudiants". "Dans le parcours de tous les étudiants de France, il y aura ainsi un trimestre dédié à cette activité".

Le but des étudiants n'est pas de faire le répétiteur pour qui que ce soit mais de passer des examens difficiles. Les répétiteurs doivent être payés par les parents. Seul le secours aux décrocheurs volontaire doit faire l'objet d'une action publique particulière.

- interdiction de l'usage des téléphones portables dans l'enceinte des collèges et des écoles primaires.

En classe oui, mais sinon pourquoi ?

Impact global : nul.

Pour le pouvoir d'achat :

- exonération en trois ans de la taxe d'habitation pour 80% des foyers, pour un coût global de 10 milliards d'euros

Démagogie et achat de vote. Qui paie ? Crée un effet de seuil terrifiant qui nourrira la trappe à chômeur si le fait de travailler un peu sérieusement vous conduit à payer les taxes. Enorme injustice sur le seuil créateur d'énormes frustrations sociales. Tous les Français doivent payer une taxe d'habitation. Tous. Car tous bénéficie des dépenses publiques locales. la modulation oui ; l'exonération non. Et les budgets municipaux doivent être encadrés.

- revalorisation de 100 euros par mois de l'allocation adulte handicapé et du minimum vieillesse

Démagogie et achat de vote. Les revalorisations ne doivent pas dépendre de l'élection présidentielle mais de l'accroissement des richesses. Si le revenu par tête baisse il n'y a strictement aucune raison d'augmenter l'allocation en question. Il baisse depuis 2009.

Sur la sécurité :

- création d'une "police de sécurité quotidienne".

Bidon en l'état du droit. On n'arrête plus la petite délinquance. Le problème est d'abord judiciaire et accessoirement policier.

- création de deux nouvelles écoles de police. L'une de 1.000 places, l'autre de 500, pour la formation initiale et continue des agents.

Peut-être. N'est pas du niveau présidentiel.

- création de 10.000 postes de policiers et gendarmes.

Qui paie ? Largement un faux problème. Il faut revoir l'organisation, les temps de travail  et l'équipement. Si on laisse un délinquant récidiver inlassablement cela ne sert à rien de l'arrêter et de multiplier les agents.

- recréation d'un vrai renseignement territorial.

Blabla.

- création d'un état-major centralisé du renseignement rapportant directement au Conseil de défense auprès du président de la République.

Ce n'est pas l'Etat major qu'il faut fusionner mais les corps.

- création de centres pénitentiaires ad hoc pour les "foreign fighters". Et donc notamment pour les personnes revenant de Syrie.

Les Zadistes étrangers sont-il des foreign fighters ? Les français qui ont pris les armes contre la France doivent être tués là où ils l'ont fait, privés de leur nationalité, interdits de retour ou emprisonnés à vie.

- renforcement de la coopération européenne en matière de sécurité, création de 5.000 postes de policiers aux frontières au niveau de l'UE.

Macron règle toujours tout par des créations de postes de fonctionnaires. Qui paie ?

Sur l'environnement : 

- 15 milliards d'euros du plan d'investissement consacrés à la transition écologique.

Etatisme sans efficacité du fait des règles européennes.  

- réduction de moitié du nombre de jours de pic de pollution atmosphérique, grâce au remplacement des véhicules anciens via la création d'une prime de 1.000 euros pour l'achat d'un véhicule moins polluant, neuf ou d'occasion.

La Macronette ?

- rénovation d'un million de logements mal isolés.

Qui paie ? .

- d'ici 2022, 50% des aliments des cantines scolaires ou d'entreprises devront être bio, écologiques ou issus des circuits courts.

Mesure de sous secrétaire d'état à la population civile pas de président de la république.

- réduction à 50% de "la part du nucléaire dans (la) production d'énergie".

Arbitraire. Qui paie ?

Mais aussi...

- création d'un versement social unique (APL, RSA...)

Mais alors il faut supprimer la prime d'activité et les allocations chômage pour intégrer le tout. Quel est le montant ? .

- prise en charge à 100% des lunettes et prothèses auditives et dentaires d'ici 2022

Qui paie ?

- système à points pour l'attribution des logements sociaux

L'attribution des logements sociaux est une attribution des collectivités locales pas du président de la republique.

- Pass culture d'un montant de 500 euros pour chaque Français de 18 ans

Assistanat. Qui paie ?

- examen des demandes d'asile en moins de 6 mois, recours compris

Très bien mais si les pays d'origine ne veulent pas de retour et si les immigrés cachent leur identité ?

Au total :

- Macron veut favoriser la richesse qui se créé dans le monde de la finance. Il ne peut rien pour l'emploi puisque celui-ci dépends de la compétitivité des entreprises et qu'il n'y a aucune mesure en ces sens dans le plan cité.

- Le financement se fait sur l'épargnant, le propriétaire et le retraité. Merci pour eux.

- La dépense est partout aggravée.

- Demi mesures et mesures démagogiques forment l'essentiel du reste.

Ce plan n'a AUCUNE CHANCE de sortir la France de ses difficultés. Il n'y a aucune vraie réforme de structure. Aucun élément de diplomatie de la prospérité vis-à-vis de l'Europe et de l'organisation générale du commerce et des paiements internationaux.

C'est la simple continuation de la politique de Hollande dont on a vu l'échec. Alors que le candidat manque encore plus de soutien parlementaire. Il ne dit d'ailleurs rien sur les ministres qu'il recrutera : Belkacem et Taubira seront-elles sur la liste ? Il proposait 100 milliards d'économie sur la dépense publique. Après l'accord avec Bayrou on en est à 60 milliards. Après d'autres ralliements, on sera à 20. Et si l'élection réussit, face à la CGT ce sera zéro.

Programme de petit malin, comme Hollande, pas de véritable élan de renaissance. S'il est élu en profitant de l'opération que ses amis énarques ont mis au point en volant des documents détenus par des fonctionnaires du Trésor et en les communiquant aux juges et au Canard Enchaîné, son audience et crédit seront nuls.

Au total, pas de crédit, pas de soutien parlementaire et pas de programme convaincant. Le vide de son livre nommé par antiphrase "révolution" laissait craindre ce manque de vigueur. Il reste encore un peu de temps pour densifier un peu cette esquisse. La situation de la France exige des réformes autrement radicales.

Mais la France est la grande absence des discours de Macron qui préfère privilégier l'Europe, les indépendantistes de tout poil, et les minorités tout en niant au pays une culture particulière tout en expliquant que la France a commis des crimes contre l'humanité dans un pays où les militaires au pouvoir ont un lourd passé dans ce domaine.

On aurait espéré mieux.  

Comprendre les dangers et l'incongruité du TFTEA Clarifions certains points.

Quelques points essentiels

Pour apprécier la législation prise, il y a un an, pendant la présidence Obama, dont Trump entend tirer toutes les conséquences internationales, il faut garder en tête quelques repères cruciaux qui sont certes un peu techniques mais donnent la mesure de ce qui est en train de se mettre en place et  cadrent les conséquences souhaitables et/ou probables .

1. Dans les échanges internationaux les balances créditrices et débitrices  s'équilibrent. Si on ne veut pas d'excédent, il ne faut pas de déficit. S'il n'y a pas de déficits, il n'y a pas d'excédents. Globalement les échanges se font à soldes nuls.

2.Les accords de juillet 1944 forment toujours aujourd'hui  le cadre légal des relations économiques internationales. Ils stipulent qu'il ne doit y avoir ni gros excédents, ni gros déficits. Un déséquilibre est acceptable mais il doit être corrigé. Il ne peut y avoir de déficits permanents ni d'excédents permanents.

3. Cette législation provient d'un consensus général des économistes après les avanies de la crise de 1929. Les troubles monétaires jouent un rôle crucial dans les échanges de biens et de services et rendent problématiques les mouvements de capitaux. Chaque nation signataire s'engageait à ne pas se lancer dans des guerres monétaires et ne pouvait modifier le change de sa monnaie que par consensus.

4. Une situation constamment déficitaire d'un pays le met en grave difficulté car il ne parvient pas à se procurer les devises nécessaires à ses achats. Il doit donc  freiner son économie pour  limiter ses importations et l'ajustement pèse sur la conjoncture mondiale. Ceci n'est vrai que pour les pays dont la monnaie n'est pas de facto ou de jure la monnaie mondiale. Celui qui émet la monnaie mondiale peut indéfiniment financer ses déficits. Ce privilège est dangereux car réduire l'activité est toujours politiquement et socialement  coûteux. La tendance est donc de se moquer des déficits, de les ignorer et de les faire durer indéfiniment.

5. Un situation excédentaire présente également des risques considérables pour l'économie mondiale.  Le pays qui a structurellement, à un niveau de change donné, un excédent commercial ne sait pas quoi faire d'utile à la production des devises qui l'accumule. Il les replace. La contrepartie de ces crédits est de la dette. Comme ces actifs sont au bilan des banques, elles peuvent augmenter leurs en cours de prêts.  Comme les pays déficitaires ont besoin de prêts, compte-tenu des capitaux qui sont partis en masse à l'étranger, une double hélice de crédits se met en place et dans le ou les pays excédentaires et dans les pays déficitaires. Des bulles financières se créent et on entre dans une économie baudruche marquée par la violence des crises d'ajustement du crédit, l'effondrement des bulles spéculatives, et la peur qui s'empare de tous les agents.

6. Ces constats étaient très présents à l'esprit des négociateurs de Bretton Woods car les 20 ans précédents d'errances de changes et de déséquilibres  avaient porté leur leçon.

7. Les accords de Bretton Woods avaient un vice de structure. Ils faisaient du dollar la monnaie internationale, à égalité avec l'or. L'ancre en or avait pour but d'empêcher les Etats-Unis de faire n'importe quoi. Car à tout moment les états membres pouvaient demander la conversion de leurs avoirs en dollars en or et à un cours fixé. Mais rien n'était prévu si les Etats Unis décrétaient une politique de négligence et laissaient filer leurs déficits. Nixon a levé l'ancre en rendant le dollar inconvertible en or. C'était une action unilatérale correspondant à un défaut. Pas un acte pensé par des économistes sérieux.

8. Le système de change flottant et de liberté absolu des mouvements de capitaux, censé donné la valeur des devises sur des marchés vastes et libres, a permis l'extension sans limite des déséquilibres. Les excédents et les déficits sont devenus gigantesques et immaîtrisables. La crise de 2007-2009 a vu l'explosion du système. Il ne s'en est toujours pas remis.

9. Contrairement à ce qu'ils ont réussi pendant des lustres, les Etats Unis n'ont plus été en mesure, à partir de 2008, d'exporter leur crise aux autres. On a donc vu progressivement  monter de l'impatience devant les énormes excédents Japonais, Chinois et Allemands.

10. Comme les Etats-Unis ont décrété que les changes seraient fixés par les marchés libres et non entravés, sans manipulation monétaire, et comme ils trouvent toujours aussi pénible de ralentir leur économie pour lui permettre de réduire les déficits, ils sont prisonniers d'une vision idéologique qui leur fait imaginer que leurs déficits sont l'effet des manipulations monétaires des autres, notamment ceux des grands pays excédentaires. Le vice de raisonnement est que le marché des devises est tout sauf un pur marché où les prix se forment idéalement. Les banques centrales et quelques géants financiers influent majestueusement sur les cours qui n'ont rien de spontané. La possibilité de collecter toute l'épargne du monde pour spéculer sur les cours entraîne par ailleurs des effets sur les qui n'ont strictement rien à voir avec l'économie réelle. Rappelons qu'un pays comme la suisse a émis en quelques semaines l'équivalent de la valeur du PIB suisse. Et que la BCE a en quelques années créé ex nihilo plus de 10 mille milliards d'euros. Croire que le cours de change est la résultante bienheureuse des millions de transactions des agents économiques est une supercherie.

11. On commence à reconnaître que les énormes déséquilibres sont néfastes. Mais comment forcer les grands pays excédentaires à agir alors qu'ils voient ces excédents comme la preuve de la force de leur économie ? Et comment forcer l'émetteur de la monnaie du monde à restreindre ses déficits alors qu'ils sont liés au privilège d'émission ?

12. La vraie solution serait de revenir à des changes fixes, établis par rapport à une unité monétaire mondiale indépendante d'une nation particulière  avec des sanctions financière quasiment automatiques et pour les pays excédentaires et pour les  pays déficitaires. C'est la seule juste et durable. Les Etats ont intérêt à rester proches de leurs équilibres. Le travail s'échange contre le travail. la croissance des uns ne se fait pas au détriment des autres.

13. La difficulté de mise en place de cette solution est purement politique. La politique prime tout. Les Etats-Unis ont considéré qu'ils avaient la puissance nécessaire pour imposer que les ajustements soient exclusivement  exigés des pays excédentaires. Ils interprètent de façon  hémiplégique les règles internationale en considérant que leurs déficits ne sont de leur fait mais résultent  des excédents illicites des autres. Le TFTEA est la législation stratégique permettant cette action coercitive.

14. L'ennui est qu'elle est vouée à l'échec tout en risquant de provoquer des contre mesures du reste du monde.  Si le dollar reste la monnaie du monde l'accès à cette monnaie est entièrement lié aux déficits américains. Le rôle monétaire mondial du dollar rend impossible la résorption des déficits. En forçant les pays excédentaires à freiner leurs exportations, les Etats Unis créent de la dépression  globale. Tout est faux dans ce système parfaitement anti économique et contraire à la législation internationale.

15. Le TFTEA est donc une très grave menace pour l'Europe et l'Asie et plus généralement pour la prospérité générale. Il faut donc tuer cette sottise avant qu'elle fasse trop de dégâts. Dans un premier temps, cela veut dire que l'Europe doit mettre en place une législation équivalente ciblant les pays structurellement déficitaires. L'Asie également. Et la situation étant devenue bloquée, il faut mettre en place une grande conférence internationale pour décider d'une solution raisonnable.  Malheureusement, l'Europe doit régler auparavant les graves déséquilibres internes de la zone Euro qui la rongent et provoquent des ravages.

16. Nous considérons que la bonne séquence est la suivante :

- Protester contre le TFTEA, et mettre en place une contre législation européenne tout en bloquant toute discussion commerciale tant que l'affaire n'est pas réglée.

- Régler la question d es déséquilibres internes de la zones euro avec un jeu de pénalités pour les pays excédentaires et déficitaires.

- Imposer en alliance avec les pays d'Asie une réforme du système monétaire international.

Au préalable il faut que la France redresse son économie pour redevenir un interlocuteur valable.

Tout le monde voit que les candidats à la présidence de la République sont très conscients der leurs responsabilités dans ce domaine fondamental…

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Pire que le CETA, le TFTEA

Les Etats-Unis veulent se substituer aux institutions multilatérales

On a vu que la traité commercial avec la Canada a poursuivi son chemin européen dans le dos des gouvernements et des peuples, pour être avalisé par le Parlement Européen. Rappelons que lors des élections européennes aucun des candidats n’a exposé de programme. On a voté pour des étiquettes. Etiquettes sans véritable sens, puisque le Parlement Européen cherche une certaine unanimité gauche-droite. Aucun des candidats élus ne s’est présenté en chantant « vive le CETA ». Ou quoi que ce soit d’autre. A droite, ils ont dit : « Je suis de droite et très européen, c’est pour cela qu’on m’a choisi comme candidat ». A gauche ils ont dit : « Je suis de gauche et très européen ». Idem pour les différentes nuances de centristes, toute fédéralistes. Jamais la moindre question sur le programme.

Rappelons que M. Hollande s’est opposé au CETA ainsi que toute la gauche auto-présentée comme « vraiment de gauche » ainsi que la droite de Fillon à Mme Le Pen. Le seul candidat aux prochaines élections présidentielles françaises  qui a souscrit au CETA sans même savoir ce que contenait le traité est M. Macron, qui a annoncé un soutien inconditionnel à l’Europe et à l’Euro avec des cris éraillés que d’aucun, naguère, aurait comparé à ceux du plus scabreux des cabris.

Il est intéressant de constater l’inexistence pendant ce processus de tout article ou émission dans les médias français, qui, de fait, ne couvrent pas le travail des institutions européennes.  Au moment où le CETA était discuté, une émission publique comme C’est dans l’air a traité 18 fois sur 20, sur le mode chasse à l’homme, le dossier de Mme Pénélope Fillon et jamais du CETA, comme si cela n’avait aucune importance.  Il faut dire qu’aucun des grands rapports économiques qui sont tombés récemment n’ont fait l’objet de la moindre analyse un peu poussée.

Il semble que pour les journalistes français, à quelques exceptions près, la question la plus importante soit aujourd’hui d’apprécier les effets électoraux de l’alliance phénoménale celée par un inconnu nommé Jadot et un ancien ministre, de toute petit envergure,  démissionnaire d’un gouvernement Hollande, ou de peser les risques et avantages électoraux, pour M. Macron, du ralliement d’un vieux ouistiti de la politique politicienne dont l’actif électoral est d’avoir pulvérisé façon puzzle les formations politiques qu’il était parvenu à diriger. Jouer au petit cheval électoral est sans conteste plus amusant que s’attaquer aux questions nationales et internationales les plus graves. 

C’est sans doute pour cela que personne en France ne connait la Section  701 du Trade Facilitation and Trade Enforcement Act de 2015. Le TFTEA est sans toute la législation américaine la plus significative de l’effondrement du monde rooseveltien mis en place à la fin de la guerre de quarante. Il annonce Trump avant Trump. Si vous en parlez, sans préciser les dates, vous constaterez que interlocuteurs ont tous la même réaction : « Ce Trump quel sale type, il est en train de tout casser ».  L’ennui est qu’il s’agit d’une loi Obama. La seule nouveauté est l’annonce par Trump qu’il va s’appuyer sur ses dispositions pour attaquer les pays avec qui les Etats-Unis ont un  déficit afin de pouvoir les soumettre à des sanctions diverses.

Il est à noter qu’aucun organe de presse français, ni aucun média radio diffusé ou télévisés n’ont jamais parlé de ce texte, en dépit de son caractère totalement abusif, nationaliste et hystérique. Seul Le Temps aura eu la bonne idée de soulever ce lièvre, parce que la Suisse se retrouve aujourd’hui dans le collimateur. 

Que dit donc ce TFTEA ?

La loi prévoit des outils  de reporting et de monitoring qui permettent de mesurer et de sanctionner les pays qui pratiquent une politique de change que les Etats-Unis considèrent  comme nuisibles aux intérêts américains. En fait, compte tenu du caractère structurellement déficitaire des comptes extérieurs américains, la seule question qui est examinée est la sous-évaluation alléguée de certaines monnaies. Le but est de forcer le « partenaire » en excédent à prendre lui-même des mesures visant à brider son excédent vis-à-vis des Etats-Unis. 

Les pays qui ne se soumettent pas peuvent faire l’objet plusieurs types de  sanctions :

-       Arrêt des financements américains

-       Arrêt des achats dans le pays

-       Action auprès du FMI

-       Blocage des négociations commerciales tant que la question monétaire n’est pas réglée 

Un conseil de neuf membres est chargé de faire des observations en fonction des statistiques et des faits relevés.

Ce texte a été voté définitivement le 24 février 2016 et donc a force de loi depuis un an exactement.

 

Ce texte en apparence peu problématique pose deux questions fondamentales :

-       Il appartient normalement au FMI de surveiller les relations monétaires internationales. Pourquoi faut-il qu’un pays particulier double son action ?

-       Les statuts du FMI condamnent et les gros déficits et les gros excédents. Pourquoi a-t-on toléré qu’ils enflent pendant quarante cinq ans et pourquoi les Etats-Unis ne parlent-ils que des pays en excédent ?

Même si le texte fait sa génuflexion devant les règles du  FMI, il montre que les Etats-Unis  sont prêts à imposer leur propre interprétation et veulent pouvoir agir de leur propre chef en dehors de tout contexte multinational. C’est une violation totale de l’esprit du monde voulu par Roosevelt à la fin de la seconde guerre mondiale. Le multilatéralisme est remplacé par l’analyse et l’action unilatérales des Etats-Unis.

Les Etats-Unis ne retiennent des statuts du FMI qu’une seule face : les gros excédents vis-à-vis d’eux. Mais ils laissent de côtés les gros déficits. Or les gros excédents et les gros déficits vont ensemble et ils sont le fruit à la fois de décisions dans le pays excédentaire et dans les pays déficitaires. Une politique équilibrée est d’agir sur les deux côtés à la fois. La loi viole les statuts du FMI tout en faisant semblant de les appliquer. Plus hypocrite, on ne peut pas !

C’était au FMI d’agir. Il en a les moyens. Mais depuis l’abandon des accords de Bretton Woods, après la voie de fait commise par les américains qui ont refusé d’honorer leur engagement de conversion en or des créances internationales en dollar, ce qui s’appelle un défaut, les changes flottants sont censés fixer le cours des devises. En vérité le marché des devises est totalement entre les mains d’un très petit nombre d’opérateurs comme quelques scandales récents l’ont montré, et la flottaison créée une instabilité artificielle.

Si les résultats ne sont pas conformes aux intérêts américains, c’est, pour les Etats- Unis, qu’un pays voyou trouble le libre jeu du marché. Tout cela est une fable puisque le dollar est la monnaie du monde et finance les transactions internationales. Il faut donc un déficit américain pour fournir la liquidité internationale. Ce défaut est structurel et non lié à l’action de vilains à sanctionner.

Les Américains se croient suffisamment forts pour avoir le beurre et l’argent du beurre : la monnaie internationale qui leur permet de financer leur déficit dans leur monnaie ; l’obligation pour les autres de corriger inlassablement la contrepartie de ce laxisme abusif. De même qu’ils se savaient assez forts pour imposer au monde le non remboursement en or de leurs dettes. Au passage, si un pays quittant l’euro proposait de rembourser sa dette internationale dans sa monnaie nationale, ce serait faire exactement comme les Américains en 1971. 

Conformément à la loi les autorités américaines viennent de produire leur première revue du comportement de leurs « partenaires ». On peut le lire à l’adresse ci-dessous.

 https://www.treasury.gov/resource-center/international/exchange-rate-policies/Documents/2016-10-14%20%28Fall%202016%20FX%20Report%29%20FINAL.PDF

Plusieurs pays ont été ciblés dont la Suisse et l’Allemagne. On sait que Schaüble, le ministre des finances allemand,  a déjà répondu au rapport en expliquant que le change de l’Euro lui échappait complètement. La BCE est indépendante, n’est-ce pas ?  La Suisse, elle,  déjà lourdement sanctionnée à plusieurs titres par le gouvernement américain, s’inquiète sérieusement.

Très clairement une guerre est en cours qui vise à imposer aux partenaires créditeurs des Etats-Unis d’accroître de facto leurs importations américaines.

Plus grave, les Américains se flattent d’avoir imposé leurs vues aussi bien au FMI, que dans les différents G, G7, G8, G20, ainsi que lors de la discussion de plusieurs traités comme le Traité Transatlantique.

Nous considérons cette soumission à la puissance américaine comme choquante et  inacceptable.

 

La bonne réaction devrait être la suivante :

 

-       Nulle monnaie nationale ne peut être la monnaie de facto du monde, car sinon les déficits deviennent automatiques

-       Les changes flottants ne fonctionnent pas et ont permis d’énormes excédents et d’énormes déficits conjoints, en violation des statuts du FMI. L’idée que les marchés donnent une image pure et vraie des changes est totalement fausse et le sera toujours quand une banque centrale peut émettre un montant de monnaie supérieur au PIB d’un pays et que l’Etat collecte plus ou moins la moitié du PIB.

-       L’effort doit venir également des pays en déficits et de ceux en excédents

-       Il faut recréer un système monétaire basé sur les changes fixes et un mécanisme automatique de sanction des grands excédents et des grands déficits. Par exemple 15% de l’excédent serait prélevé par le FMI et 10% des déficits. Les sommes collectées serviraient à alimenter un fonds de stabilisation permettant de vaincre toute spéculation.  

-       Ce même mécanisme doit être instauré au sein de la zone Euro : avec une pénalisation un peu plus forte compte tenu de la difficulté des ajustements (on ne peut plus dévaluer).  Des pénalités de 30% pour les gros excédents et 15% pour les pays avec de gros déficits seraient raisonnables.

En attendant, il faut cesser de passer tout accord commercial tant que l’objectif monétaire n’est pas atteint. C’est pour cela que l’affaire du CETA est grave. La France et l’Europe n’ont rien fait rien dit et cette soumission a empêché que la question monétaire soit posée.

Les Etats Unis ne peuvent pas dire que l’Europe n’a pas le droit de lier monnaie et commerce : leur propre texte institue cette règle !

Il y a bien là une voie de sortie de la crise.

Personne dans les médias français n’en parlera. Je ne suis même pas sûr que, dans les allées des pouvoirs européens, il existe une seule personne sensibilisée à cette problématique. Ignorance et soumission sont les tétons de la France et les mamelles de l’Europe.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

La tragique actualité d'Alfred Sauvy

Il est probable que plus personne ne connaisse Alfred Sauvy. Socialiste, il n’en croyait pas moins aux vertus de la rationalité. Très vite, il avait été confronté aux erreurs monstrueuses d’analyse économique de ses amis, reprises en chœur par le gros du peuple et de leurs dirigeants. Mythologie de notre temps – Paris 1965 : Payot est son essai le plus abouti. Tout dirigeant et tout citoyen souhaitant comprendre un minimum les phénomènes économiques devraient le connaître par cœur. Les mythes économiques ont ceci de commun avec le chiendent qu’ils repoussent inlassablement si on ne les arrache pas avec énergie. Et plus personne ne le fait. Le délire qu’est devenue l’élection présidentielle s’accompagne d’une floraison d’erreurs grotesques mais généralement admises. Tout le savoir et toute l’énergie que la crise de 1929 avait permis d’accumuler pour éviter les drames économiques semblent perdus.

D’un côté, les grandes institutions, prises à revers par les décisions américaines de l’été 1971, totalement contraires à leurs statuts, se sont trouvé une religion de substitution dans le culte des trois libertés de mouvement (produits et services, personnes, capitaux) et s'emploient à les promouvoir sans en canaliser aucune et sans tenir compte des réactions des peuples devant les conséquences (crises financières à répétition, endettement colossal, perte de croissance, identités nationales malmenées, démocratie vidée de son sens). De l’autre, les peuples ont perdu confiance et se laissent aller à toutes les erreurs, encouragés par des démagogues de tout poil, dont le point commun est une ignorance économique abyssale ou une parfaite malhonnêteté intellectuelle.

Alors, il est bon de relire Sauvy, comme cela, en cachette, comme on lisait jadis des livres licencieux dans les petits endroits, car s’afficher avec de tels écrits ne peut être considéré aujourd’hui que comme la preuve de multiples péchés. Chut !!!

Faisons quelques incursions dans la licence en citant quelques phrases de L’économie du diable Calmann-Levy, 1976, au titre si merveilleusement précurseur. L’auteur avait 78 ans. Comme Maurice Allais, il a vu dans son grand âge que l’on avait perdu le contact avec la réalité et qu’on en revenait bêtement à tous les drames qui avaient stimulé sa révolte intellectuelle et sa vie de travail après la crise de 1929.

« Comment a-t-on pu tomber si bas dans la non-connaissance ? S’agit-il de la peur de l’opinion, de la crainte de plus en plus vive d’être traités de technocrate. Il ne semble pas ; la sincérité jointe à l’impuissance joue un grand rôle dans cette attitude ».

Peut-on écrire une phrase plus actuelle. L’impuissance devant les trois grandes composantes de la Crise, la perte de croissance, les crises périodiques dévastatrices, et la montée d’une dette délirante, et leurs résultats, le chômage de masse, la fiscalité sans limite et la baisse du revenu par tête, est le moteur principal des dérèglements politiques et médiatiques que l’on constate aujourd’hui. L’argument populaire le plus général en faveur des Le Pen est qu’on ne les a pas essayés et que tous les autres ont échoué. La Youpi politique de Macron est l’autre versant du même sentiment d’impuissance.

-        Vous aimez le blanc ? Youpi !

-        Vous aimez le noir ? Youpi !

-        Mais, attendez, le noir n’est pas le blanc ! Que voulez-vous ?

-        Il faut que le noir aime et respecte le blanc et que le blanc aime et respecte le noir. On transcende et Youpi !

Et cela sur tout sujet. La transcendance, dans ce cas, est la fille adultérine de l’impuissance.

Si Alfred Sauvy avait pu voir à quel niveau de non-connaissance on est tombé, il considérerait que les erreurs de la période de son livre étaient des bluettes !

Écoutons-le encore :

« Poussée par l'opinion, par les syndicats et par l’ignorance générale, et malheureusement par des experts, la politique dévie dans le sens de la pauvreté ».

Nous en sommes à environ dix millions de pauvres trente ans après. L’économie du diable est bien installée. Les syndicats ont donné leur pleine mesure en 2016. Les experts, on en a étudié quelques-uns sur ce blog, sont toujours plus nombreux à pérorer dans l’insignifiance et dans la recherche d’honneurs médiatiques garantis par la conformité à l’erreur commune ou l’évitement des sujets qui fâchent. Quant à la politique, il suffit de lire les propos d’un Hamon, pour constater que la pauvreté généralisée est son mantra.

« La soumission générale au visible et au superficiel, dans une époque scientifique qui entend partout pénétrer le fond des choses, atteint ici une intensité exceptionnelle ».

Qui peut nier que le mot soumission est la clé de l’époque en France ? Avec le « complotisme », il forme le couple tragique qui danse en tourbillon dans les médias nouveaux comme désormais dans les anciens.

Quand, dans la même phrase, un candidat explique que les robots créent désormais la richesse et qu’il faut la redistribuer par la force de l’Etat et non plus par les exigences du travail, tout en expliquant qu’un impôt contre les robots est indispensable, que personne ne parte d’un rire homérique et qu’au contraire, des éditorialistes s’extasient devant la promotion d’un penseur poly cosmique du niveau Ceaucescu au moins, démontre qu’en matière « d'intensité exceptionnelle » le bon Alfred n’avait pas encore tout vu.

Quand inlassablement, d’abord dans les camps écologiques et maintenant à peu près partout, on soutient que les solutions sans productivité sont les meilleures car elles garantissent la création d’emplois nombreux, et que pas une seule voix autorisée ne s’élève pour crier sa honte devant tant de sottise, le bon Alfred n’aurait même pas pu l’imaginer.

« L’extrême sensibilité de l’opinion au fléau du chômage crée les conditions d’un bourgeonnement d’illusions. Mythologie, croyance, dogmes malins sont une seconde nature. La réalité n’est pas simplement éloignée des apparences, elle est à l’opposé », écrit Sauvy qui ajoute : « L’erreur durcit en dogme ». Qui pourrait le nier aujourd’hui ?

La mythologie se voit, selon Sauvy, dans trois aphorismes jamais contestés que tous considèrent comme allant de soi :

-        Le chômage est un phénomène nouveau nourri par l’industrie (on dirait aujourd’hui, nourri par la mondialisation)

-        Il est alimenté par le progrès technique qui remplace l’homme par la machine (on dirait aujourd’hui : « par les robots, le numérique et Uber »)

-        « Le nombre d’emplois existant sur le territoire est limité et a même tendance à diminuer. Tout au plus reste-t-il le même grâce à la création de postes de fonctionnaires et la production d’armement ».

Conclusion : « Dans ces conditions, tout accroissement de la population est défavorable ». Le malthusianisme devient le fondement de la vie politique. La réduction des aides familiales ces dernières années et la baisse corrélative des naissances sont un des marqueurs de la politique de M. Hollande. Mais aussi de l’époque. Sauvy avait tout vu.

Autre constat fondamental qui reste d’une actualité évidente :

« Toute somme, privée ou publique, consacrée à payer des improductifs paraît réduire le chômage, alors qu’elle l'entretient au comptant et l’augmente à terme proche ». Rappelons que Sauvy est socialiste ! Mais il est sérieux. L’improductivité n’a JAMAIS créé de l’emploi. Au contraire elle a TOUJOURS créé du chômage. Qu’on analyse sous cette lumière la proposition de revenu universel sans travailler !

Le livre consacre des réflexions sur les économistes publics : fuite devant l’analyse de la réalité ; tendance à l’échappement dans la mathématique ; contradictions permanentes pour complaire à l’opinion et ne pas trop risquer dans des propositions certes vraies mais contraires à ce que les donneurs de mission attendent. D’où ce constat terrible : « L’impuissance des économistes s’accentue constamment ». Les économistes sont devenus en 2017, pour l'opinion publique, comme les ordres mendiants naguère, « innombrables et inutiles à la foi ». Tout était écrit dès 1976 !

Sur mille autres sujets actuels, Alfred Sauvy développe des idées qui aujourd’hui, en France, ne peuvent même pas être exprimées :

-        « Quelle que soit la durée moyenne du travail l’égalité n’est pas recommandable ni dans le temps, ni entre les branches. Toute rigidité est cause de chômage. Si aucune soupape ne fonctionne, l’équilibre se fait par le chômage ».

-        Le service militaire est une cause de chômage car il stérilise des classes d’âge qui ne peuvent plus produire. Comme les emplois s’échangent contre des emplois, la perte économique est immédiate et s'aggrave des coûts de fonctionnement (les coûts ne créent pas d'emplois s’ils ne créent pas de produits). Autant pour ceux qui défendent le service civil comme une manière de régler le chômage des jeunes.

-        L’auteur dénonce déjà la « tragédie des impôts locaux ». En 76, ces impôts avaient déjà été multipliés par quasiment cinq en francs constants en 18 ans. La tendance ne s’est pas inversée dans les quarante années suivantes. Au contraire on a constaté une véritable explosion des dépenses, des recrutements et des prélèvements. La régionalisation a été une source de croissance démente des budgets improductifs. Sauvy démontre aisément que cette évolution est antisociale et la source d’une hausse massive du chômage. Quel économiste officiel reprend aujourd’hui ses démonstrations et alerte inlassablement sur ces dérives alors que tout était écrit ? L’hyper chômage actuel est largement l'enfant de la décentralisation et de la poussée des dépenses des collectivités locales. « Placés devant les faits, les plus soucieux du bien public hésitent à admettre une vérité aussi dure ». D’où ces inlassables discours sur le caractère heureux de la création de fonctionnaires en région « pour faire face au chômage » et la véritable révolte contre les propositions de F. Fillon proposant de s'attaquer enfin sérieusement à cette cause majeure de chômage.

Le message principal de Sauvy a toujours été l’inadaptation entre structure d’emploi souhaitée et structure d’emploi offerte, et surtout le malthusianisme dans sa définition réduite : l’étouffement démographique et le vieillissement de la population. « Quant aux générations creuses qui naissent en ce moment (1 976) elles seront accablées de lourdes charges de vieillesse et ne trouveront ni les ressources ni les ressorts pour reconstituer une jeunesse. Le cycle du vieillissement sera, dès lors implacable ».

Quarante ans après, nous y sommes en plein. Comme disait Maurice Allais « ce qui doit arriver arrive ».

Rueff, Sauvy, Allais, ces grandes voix ont toutes expliqué une fraction de notre désastre. Elles sont certes des voix du passé et accessoirement de polytechniciens (aujourd’hui honnis comme membres des élites mondialisées). Il est à noter que tous les trois ont fait, en leur temps, des choix non naturels pour leurs corps en choisissant de s'attaquer à la crise de 1929 qui pour eux étaient le scandale majeur de leur temps et à l’économie qui était encore moins une science qu’aujourd’hui. Tout n’est pas à retenir dans leurs réflexions. Mais on y trouve, quand on les relit tous, de quoi comprendre tout, ou presque, de nos délires contemporains et de leurs conséquences.

Trump : une dénonciation raisonnable des énormes déséquilibres mondiaux ?

Non car il ne voit pas que les Etats-Unis en sont la cause...

Depuis 1997, date à laquelle nous avons commencé à nous exprimer en public, nous ne cessons de répéter : "attention à la colère des peuples". Reprenant le message de Maurice Allais et avant lui de Jacques Rueff, nous avons tenté d'avertir que les dysfonctionnements graves du système monétaire international et l'idéologie de l'ouverture maximale aux libertés économiques sans aucune organisation régulatrice, sinon quelques producteurs de règles marginalisés et sans importance pratique, menaient à une crise économique permanente et à la colère des peuples.

Nous avons défini la crise comme la conjonction de trois évolutions destructrices : la baisse du trend de croissance, la violence de plus en plus grande des crises périodiques et l'envolée de la dette. Nous avons condamnée la création d'une "économie baudruche" résultant du recyclage des énormes déficits et excédents extérieurs que les autorités mondiales ont laissé se perpétuer en dépit des statuts formels du FMI, article 1, et des nombreuses explications de la crise de 1929 basées sur le développement de tels déséquilibres.

Alors oui, les déficits monstrueux sont bien au cœur du problème économique mondial.

Lors que Trump "cuicuite" que ces déficits sont intolérables et met en cause l'Allemagne et la Chine, voire le Mexique et le monde entier, il touche un nerf à vif. Mais réaction inflammatoire n'est pas raison. Les excédents monstrueux sont la contrepartie des déficits américains monstrueux. Et il y a déficits monstrueux parce que le dollar est la monnaie du monde et que les Etats-Unis abusent de ce privilège depuis 1971. En faisant sombrer pour des raisons exclusivement politique et militaire les accords de Bretton Woods et en détachant le dollar de l'or, tout en annonçant que leur puissance leur permettrait une politique sans frein de "benign neglect", en bon français de négligence criminelle, ils sont les premiers responsables de  l'instauration d'un système qui ne tient pas compte des leçons de la crise des échanges mondiaux de 1918-1940 et qui ne pouvait que s'effondrer. 

Il appartenait aux pays européens et aux autres pays du monde de protester contre le système des changes flottants et des hyper déséquilibres. Ils ne l'ont pas fait. Pour les alliés des Etats-Unis, par soumission pure et simple. Cela a donné les accords de la Jamaïque source de toutes les difficultés ultérieures. Quant aux pays libérés du socialisme, le modèle allemand et japonais leur a paru le meilleur : construire leur croissance sur la captation de la production mondiale  en profitant de la pauvreté de leur travailleur, en accumulant les excédents  contrepartie des déficits américains.

Au lieu d'avoir cherché une croissance homothétique, on a pratiqué une croissance substitutive. L'Allemagne a totalement capté l'industrie mécanique en Europe et verrouillé une grande partie de ce secteur dans le monde entier. L'Inde et le Pakistan ont capté  des secteurs entiers du textile et du médicament.  Le Japon tient des secteurs industriels entiers, comme les motos, la photo et l'électronique grand public. La Chine est devenue l'atelier du monde. Cette politique a accru les déséquilibres et la vulnérabilité économique.

Les énormes excédents, alimentés par les énormes déficits américains, ont créé une liquidité effarante parce qu'il fallait bien faire quelque chose des dizaines de milliers de milliards de monnaie accumulée. La finance internationale les a recyclés dans les pays déficitaires provoquant une montée inexorable de la dette globale. Ne trouvant plus à s'employer dans la création de richesse, les dettes ont alimenté des "créations de valeurs" détachées de la production. Bien sûrs ces bulles ont toutes fini par éclater.

La situation de Trump est impossible. Il ne peut  dénoncer que les excédents des autres alors qu'ils sont jumeaux des déficits américains. Il ne peut en aucun cas envisager une réorganisation du système monétaire mondial  basé sur l'introduction des changes fixes et  l'interdiction des grands déficits autant que des grands excédents, avec création d'une monnaie de compte internationale différente du dollar.

Donc tout cela ne peut conduire qu'à des désordres et des discordes.

La réponse de l'Allemagne est parfaitement débile : "si nous avons des excédents, c'est à cause de la BCE et du change trop bas de l'Euro. Rien à voir avec nous". Mais pas un mot sur les excédents monstrueux de l'Allemagne au sein même de la zone Euro.

La révolte électorale des peuples occidentaux vivant en démocratie a eu comme conséquence de mettre à nu la cause principale de la crise : les énormes déficits et excédents croisés que l'on retrouve aussi bien dans la zone Euro que dans le monde. A ce jour cela n'a eu comme conséquence que des propos sur la responsabilité des autres de la part des Etats coupables, puissants, sûrs d'eux-mêmes et dominateurs.

Il est clair qu'on ne peut en sortir que par la création d'un système global qui pousse structurellement à l'équilibre des échanges, donc au retour de changes fixes mais ajustables avec une tension internationale pour agir dès que les déséquilibres se forment.

Il appartient au FMI de mettre en avant l'article 1 de ses statuts et de proposer les voies et moyens d'un retour à un système équilibré.

Il aurait été aussi nécessaire que la France porte la voix de la raison. Mais dans l'état où elle se trouve, probablement le plus navrant  de son histoire récente, elle préfère discuter des préférences sexuelles d'un certain Monsieur Macron, dresser des piloris médiatiques débiles, pousser l'exaspération de tous, trouver d'une extrême intelligence que l'on dise dans la même phrase que les robots ouvrant une période où le travail humain ne trouvera plus de rôle et qu'il faut distribuer un revenu universel et taxer les robots, c'est-à-dire supprimer la source de la production redistribuée, où les hauts fonctionnaires violent leur mission pour sauver leurs privilèges, où les juges violent le droit qu'ils sont chargés d'appliquer et où les policiers enfoncent mais par accident une matraque télescopique  dans le fondement des délinquants.

Jamais la France n'aura été plus inutile au monde, prolégomènes d'une sorti e de l'histoire aussi médiocre que ses dirigeants, ses journalistes, ses hauts fonctionnaires, ses enseignants d'université et que la mentalité publique  qui prévaut .

Jamais le monde aura été plus près du diagnostic de la crise et plus loin de la solution.

Des chiffres catastrophiques

Le risque est désormais l'effondrement


 

 

 

L'Enarchie contre la République

Affaire Fillon : un coup d'Etat ?

Depuis des lustres nous luttons contre cette déviation française que nous appelons l'Enarchie Compassionnelle.

Nous considérons que la capture du politique par la haute administration a introduit un biais anti démocratique qui est à l'origine de l'extension sans fin de la sphère publique, de la dépense publique, de l'impôt et de la dette. Pour éviter que cela ne continue ainsi, nous avons proposé de tout temps deux mesures radicales :

- l'interdiction d'être élu dans une assemblée qui fixe votre rémunération et conditions d'emploi.

- l'interdiction de recevoir deux rémunérations de l'Etat.

L'Enarchie a vu sa domination aggravée par son emprise sur la sphère bancaire. Les médias sont devenus directement la proie de l'Etat, avec une expansion sans fin de son champ (voir la création de la télé France-info juste au moment de la campagne présidentielle avec des journalistes intégralement marqués à gauche. Les médias restant sont devenus la proie des banques, donc, indirectement, des hauts fonctionnaires. Le CSA est présidé par un ami de promotion à l'ENA du Président de la République. Du coup l'Enarchie s'est instituée en système de tutelle pratiquement complet. La pensée, l'investissement, le revenu et le patrimoine des Français sont entièrement contrôlés par la Haute Administration française.

Cela nous a valu depuis Giscard, une suite ininterrompue de premiers ministres et de président provenant de l'ENA. Chacun a la liste en tête. N'y revenons pas.

La novation tout à fait extraordinaire que révèle l'affaire Fillon, est la cristallisation de l'inquiétude de l'Enarchie devant la défiance populaire et sa volonté de maintenir son pouvoir coûte que coûte au mépris de tout respect démocratique. L'Enarchie montre soudain et explicitement un caractère factieux.

Cette conclusion s'impose inexorablement quand on analyse l'origine, la nature et le sens de l'attaque politique menée contre François Fillon.

Il n'y a plus guère de doute sur l'origine de l'opération. On se souvient qu'au début du quinquennat de M. Hollande, un certain nombre d'attaques ad hominem avaient été préparées dans le bureau même de M. Hollande. Un article de Franz Olivier Giesbert  avait été très explicite sur cette dérive jamais vue. Jusque là, le pouvoir laissait jouer des officines et ne se mêlait pas de piloter en direct des attaques personnelles. A cette époque le conseiller du Président était M. Macron. On a vu avec l'affaire Jouyet, déjà montée contre Fillon, que l'habitude était invétérée. L'Enarque Jouyet a accepté de mentir sur ordre de l'Enarque Hollande, déjà pour casser politiquement Fillon.

L'information sur les rémunérations versées par les députés, dans le cadre d'une procédure légale de financement de leur action politique, est entièrement connue du Trésor qui sait tout depuis l'origine de la loi qui l'a instituée. Par convention tacite cette information est considérée comme confidentielle, afin d'assurer la séparation des pouvoirs. La politique coûte cher. Le Parlement a des droits et ses membres disposent de mécanismes pour couvrir leurs frais de représentation et d'action politique. L'exécutif, normalement, n'a pas à interférer dans le travail du législatif. Les députés et les sénateurs ont la liberté d'employer comme ils le jugent bon les budgets alloués.  Sauf acte pénal phénoménal, la Justice, toujours au nom de la séparation des pouvoirs ne cherche pas à connaître de l'action politique des parlementaires.

Seul le Président de la République pouvait couvrir le viol de cette règle républicaine. La règle elle-même est plutôt normale. Rappelons le, l'action politique a un coût. En revanche si tous les députés sont menacés de divulgation de leur mode d'organisation par les hauts fonctionnaires politisés du Trésor, la République en prend un coup. L'équipe Hollande-Macron a violé une règle importante  et a forcé la collaboration de l'administration des finances et notamment celle d'agents du Trésor.

L'Enarque François Hollande a donc monté avec l'Enarque Emmanuel Macron, et son ami et collègue de promotion l'Enarque Gaspard  Gantzer  un dossier constitutif du viol du secret parlementaire de facto imposé par la séparation des pouvoirs, à partir des informations fournies  par l'Enarque Thomas Cazenave en liaison avec les hauts fonctionnaires du Trésor. Le Mardi 9 Janvier, Gaspard GANTZER a remis le dossier au Canard Enchaîné. Un certain nombre de journalistes ont été mis dans la confidence ainsi que des juges socialistes nommés par Mme Taubira au Parquet financier. Pour donner plus d'importance au dossier, le Canard Enchaîné avait été envoyé préalablement sur la piste de la propriété de François Fillon afin d'accréditer l'image d'un satrape richissime vivant au château. Des journalistes de France Inter avaient été pareillement sollicités pour monter un relais avilissant autour de cette information. C'est ainsi qu'on entendit une "humoriste" belge expliquer que "la révolution n'avait pas assez tué" et qu'il restait encore des Ci-devants à raccourcir. Une énorme campagne de presse a été enclenchée par ailleurs, tous azimuts.

Cette campagne ne sert que la candidature d'Emmanuel Macron, qui, dans l'affaire, avilit son action. En marche, d'accord, mais pas de cette sinueuse façon. Nous avons toujours pensé que la candidature Macron était préparée depuis longtemps par  F. Hollande, avec deux débouchés possibles :  rabattre les centristes vers Hollande s'il pouvait tenter sa candidature ou permettre aux Hollandais de conserver le pouvoir via la candidature Macron dans le cas contraire.

Il n'y a donc aucune interrogation sur la source de l'opération, son bénéficiaire et ses acteurs.

Il n'y en a guère plus sur la nature de l'opération qui a été menée.

L'équipe Fillon a jugé qu'il s'agissait d'un coup d'Etat. Le mot est fort. Mais il n'est pas totalement inadapté. Violer le principe de séparation des pouvoirs, d'autonomie et de responsabilités des parlementaires peut être légitimement considéré comme une atteinte aux principes de la République. C'est l'équivalent d'un pronunciamiento militaire, version civile. La forfaiture des fonctionnaires du Trésor  qui ont accepté de jouer le jeu de la transmission d'informations confidentielles est du même ordre que celle de colonels félons mettant leur troupe à la disposition d'une junte. L'énormité des relais dans les banques liées au pouvoir et aux journaux sous dépendance bancaire directe, démontre que cette opération a été conçue d'entrée de jeu comme une mobilisation de toute la haute fonction publique et de ses affidés dépendants. De même qu'on avait vu toute une presse relayer les injures initiées dans le bureau de François Hollande contre Bernard Arnaud puis Depardieu, les mêmes ont remis le couvert puissance 100. L'immensité des ramifications du coup, son caractère totalement contraire à la démocratie, s'agissant d'empêcher le déroulement normal d'une élection présidentielle,  et le dévoiement d'une partie importante du saint des saints de la haute fonction publique,  font de cette attaque  un acte d'une gravité extrême de nature de porter un coup très dur au pays et à son caractère démocratique.

Maintenant qu'on sait qui a conçu ce coup et quelle est sa nature, il devient facile d'analyser les objectifs sous-jacents de l'opération.

L'Enarchie compassionnelle était en danger. L'effondrement national qui a vu la France sombrer dans à peu près tous les domaines a conduit à l'élimination des Enarques des partis à chaque fois que le peuple a pu s'exprimer. A droite, Copé et Juppé ont été sèchement renvoyés à l'automne. Le choix de Hamon marque la fin de la primauté énarchienne au PS. Il est intéressant de noter que dans les deux camps, ce sont des attachés parlementaires sortis du rang avec des diplômes modestes (droit pour Fillon, Histoire pour Hamon). qui l'ont emporté. L'Enarque Huchon a été éliminée lors des régionales à Paris.

Le mouvement anti élite est largement la conséquence du mépris et du ressentiment nourris par les Français vis-à-vis des privilèges de la fonction publique et de son élargissement sans limite, sa morgue, ses dettes et sa fiscalité. Les pertes qu'ont dû  rembourser les contribuables touchent tous les secteurs publics et la banque. L'Enarchie a pillé l'usager et le contribuable au-delà de toute raison.

La candidature de François Fillon représentait un danger mortel pour l'Enarchie : convergence obligée des systèmes sociaux avec le système général, réduction massive des missions publiques, sabrage des effectifs de fonctionnaires et surtout, affront innommable, l'annonce qu'on toucherait à l'organisation des corps de l'Etat, inutilement nombreux et fractionnés.

François Fillon n'est pas devenu l'homme à abattre principalement pour des raisons politiques ordinaires, mais parce qu'il annonçait la fin du régime anormal de capture de la démocratie française par les hauts fonctionnaires devenus féroces ponctionnaires.

Le "coup" tenté par Hollande et Macron, est toute proportion gardée, de même nature que celui qui a frappé Erdogan en Turquie. Les militaires turcs n'ont pas accepté de voir leur domination définitivement enterrée. Les hauts fonctionnaires français n'acceptent pas de perdre le pouvoir politique en France.

S'ils réussissent, c'est la mort définitive de la France comme pays libre, démocratique et créatif  qui s'annonce. L'étranglement fiscal du pays continuera pour faire vivre quelque temps le monstre bureaucratique français et les privilèges extravagants des fonctionnaires. On verra une fuite hors de France de toute la bourgeoisie créative qui le peut et le développement incontrôlable du chômage que les hauts fonctionnaires tenteront d'inactiver politiquement par des lâchers d'argent indécents.

Le programme d'Emmanuel Macron correspond très exactement aux objectifs du "golpe". Avec lui  l'énarchie restera au pouvoir. Aucune réforme des différentes bureaucratie n'aura lieu. Le champ de l'Etat ne sera pas réduit. Il faudra simplement sauver les apparences.

Le pacte passé avec la Banque et de très grandes fortunes (voir la position d'un Cicurel, qui préfère un arrangement fiscal dans le silence des cabinets et pas de réformes qui troublent l'ambiance) veut que Macron fasse les quelques réformes nécessaires pour éliminer ce qui pénalise les très gros intérêts transnationaux. On se financera sur les retraités, sur le capital immobilier et sur le vol de l'assurance vie. Ce qui s'annonce  pour les classes moyennes et supérieures, pour les retraités, pour les propriétaires immobiliers, est catastrophique. Crève le pays pourvu que la haute fonction publique reste intouchée et alliée avec le grand capital international source de reclassements ultimes fructueux.

On ne saurait trop conseiller à François Fillon de résister et de tout mettre en œuvre pour parer le coup sans fioritures et bien le comprendre pour en dénoncer la vraie nature auprès des électeurs.

Il a commencé à réagir hier. Il devrait aller plus loin et  assumer :

- que la politique a un coût et que les moyens légaux mis à disposition  sont de la seule responsabilité des parlementaires.

- que la séparation des pouvoirs est indispensable.

- qu'une forfaiture a été commise par des fonctionnaires du Trésor dont la responsabilité sera recherchée.

- que François Hollande a une fois de plus montré son goût pour la transgression  mais que c'est désormais la démocratie qu'il transgresse

- que Macron est l'agent de la réaction des énarques politiques en voie d'élimination du jeu démocratique

- que sa mission est de permettre la restauration de l'énarchie et que son programme est de faire payer cette ignominie anti démocratique  par les retraités et par les propriétaires immobiliers.

- que le résultat sera la mort de la France en tant que pays libre et indépendant. 

Au-delà de sa personne, c'est la démocratie qui est en cause. Il en est devenue le défenseur, volens nolens. La "youpi  démagogie" de Macron qui lui fait crier comme un cabri Vive l'Europe, Vive les régions, Vive les indépendantistes corses, bretons, ou basques,  Vive les musulmans et le muticulturalisme, Vive l'émiettement parlementaire, Vive la proportionnelle, Vive tout , est un piège électoral grossier.

Il n'y a pas d'avenir pour la France avec Macron et l'Enarchie compassionnelle restaurée au pouvoir. De même que le général de Gaulle a eu raison de mettre fin au pronunciamiento militaire de Salan, Challe, Zeller et Jouhaux , il faut que le Peuple Français mette fin au coup de force réactionnaire de l'Enarchie.

Mais qui aurait cru la haute fonction publique politisée du côté socialiste capable d'un prononciamento ? Et avec des moyens aussi détournés et sordides ? Et qui aurait cru qu'autant de journalistes, dans autant de media, ne soient plus que des aboyeurs heureux de leur laisse et frétillant dans l'ignominie au service des petits maîtres qui les nourrissent ?

Il y a bien un suicide français.

PS : quelques articles évoquant l'Enarchie Compassionnelle

 

Le dernier livre de l'IFRAP : "Ce que doit faire le (prochain) président" (25 janvier 2017 13:46)
Faut-il supprimer l'ENA ? (3 septembre 2016 15:35)
Michel Rocard : l’enterrement d’une illusion (12 juillet 2016 10:58)
J. Peyrelevade : un éclair déchire le ciel bleu de l’Enarchie (10 mai 2016 11:08)
France 1974-2015 : les leçons d'un désastre. (2 mai 2016 10:51)
Retour sur le chômage structurel en France (2 avril 2016 12:24)
Economie, primaires de la droite et élections présidentielles (29 mars 2016 11:47)
Deux mots à Bruno Lemaire (4 mars 2016 12:59)
L’inaction : une maladie française ? (26 février 2016 09:26)
La France, entre blocage et utopies. (3 février 2016 19:19)
Deux illusions tenaces (1 novembre 2015 18:39)
En relisant les mémoires de J. Chirac (5 août 2015 17:05)
L'étrange malédiction de Valéry Giscard d'Estaing (30 mai 2015 09:54)
Xavier Fontanet : « Pourquoi pas nous ? » (23 septembre 2014 13:49)
Economie Française : le palmarès des incapables (18 juillet 2008 16:32)

Le livre de J. Généreux : la DéCONnomie

L'injure comme substitut à la réflexion économique ?

Le livre de J. Généreux aurait pu ne pas être inintéressant. Son mérite aurait pu être de donner à réfléchir sur ce que nous-mêmes appelons "la crise", définie comme un ensemble de trois phénomènes fondamentaux : la baisse de la croissance ; la montée constante de l'endettement et la gravité des crises décennales.

Le but du livren'est malheureusement pas de donner à comprendre. L'objet unique est de désosser les habitudes de pensées, les phrases type, les conceptions communes qui amènent à accepter le capitalisme. On n'est plus dans l'analyse économique mais plutôt dans le "comment se débarrasser des idées qui rendent tolérable pour le plus grand nombre un système intolérable". Cet a priori de combat idéologique marqué finit par tuer la bonne volonté du lecteur tant les concepts et les faits sont sollicités. L'auteur fait feu de tout bois et produit une chaleur qui n'échauffera que la haine des convaincus.

À chaque fois qu'une évolution est détectée, un phénomène entre-aperçu, on se dit : ça y est ! Il va donner une explication. Et non. Tout s'enchaîne sans raison ou avec des phrases chevilles qui n'apportent aucune lumière.

Donnons juste un exemple qui nous intéresse particulièrement. L'ère des trente glorieuses s'arrête. C'est vrai. Nous ne sommes plus en forte croissance en France comme dans la majorité pays développés, depuis longtemps. Pourquoi ? L'explication fuse : "parce que le modèle économique sous-jacent s'épuise". C'est tout ? C'est tout ! Comme souvent dans les récits d'histoire économique, les faits flottent comme les yeux dans le bouillon. L'animisme économique, cette tentation qui veut que les objets, les organisations et les systèmes aient une âme dont les états seraient la base du développement historique, est une déviation risible. Nous ne cessons de le dire et nous ne le cesserons pas. La notion de système qui s'épuise comme un rameur fatigué par sa course, cela ne correspond à rien. Cette approche conduit à définir des intentionnalités, qui sont évidemment aussi floues que collectives, donc politiques, que l'on ne peut contrer que par d'autres intentionnalités construites par le rassemblement des masses. On connaît bien la suite : Nuit Debout contre les Vilains et le Capitalisme. Sans aucune solution naturellement sinon la déconstruction du langage de l'ennemi.

Le refus de l'observation des mécanismes de détail, de leur explication minutieuse et de l'examen des corrections possibles conduit automatiquement aux approximations, au" complotisme", à l'animisme et à toutes les nuances du marxisme méthodologique.

Oui le système de Bretton Woods avait un gros défaut, très bien cité, mais pas explicité, par l'auteur : mettre une monnaie nationale comme pivot d'un système monétaire mondial suppose qu'il n'y ait pas de "benign neglect" de la part de son émetteur. Si le bénéficiaire du privilège monétaire se lance dans une course folle à la dépense, la valeur du pivot s'érode et les comportements de défiance apparaissent. Les Etats-Unis ont donc été sous pression en 70-71, jusqu'à faire sauter le système. Favorable à une dépense publique sans limite notre auteur ne peut pas avouer que ce laxisme est la cause de la fin des Accords.

Une fois que le système a sauté, il est clair qu'il a emporté les Trente Glorieuses avec lui. Mais il faut expliquer pourquoi et comment. La question de fond est l'impact du système monétaire sur l'économie, les jugements à porter sur le système non coopératif des changes flottants, dans un monde où les Etats sont les principaux agents économiques, les réformes à faire et les moyens de les obtenir.

Seulement voilà : l'auteur ne veut pas expliquer le désastre par les défauts du système monétaire international dont la correction impliquerait un simple réformisme.

Il faut démolir le capitalisme de façon intrinsèque, car il est toujours mauvais, malgré "l'illusion" des trente glorieuses. Le capitalisme est revenu dans son lit normal et c'est une diablerie normale. Il faut donc que les masses s'y mettent ! Les Trente Glorieuses étaient un accident de l'histoire. L'École libérale autrichienne de Hayek ? Rien qu'une bande de nullards. Le capitalisme est sauvage par nature. Le "néo" management est devenu une technique pour pousser tout le monde au suicide. Il a réussi comme un diable à sortir de la boîte et montre son vrai visage. Etc. On connaît !

Au lieu de traiter précisément de défauts majeurs, on attaque le mal à la racine capitaliste. Le contrat d'entreprise en lui-même est une horreur car il assimile l'entreprise, entité économique, aux propriétaires, beurk, qui ont rassemblé les moyens de la créer et de la développer et qui ne devraient pas avoir le droit à la parole. Le salariat, beurk, est une horreur aggravée du fait du néomanagement qui est le pendant du néolibéralisme. Bref le loup et le renard se sont ligués pour faire suer le burnous. C'est comme cela. Et ils ont pris le pouvoir en contournant les Etats et en imposant leur vocabulaire à des médias achetés. Quant à l'Europe des marchands n'en parlons pas.

Ce genre de livre agace. Les faits désastreux sont bien là. Il faut les observer, les analyser, les expliquer. Le jugement péremptoire à base idéologique et l'injure sont acceptables dans des manuels de combat pour groupuscules. Mais il n'apporte rien à la communauté des non croyants.

Le résultat de cette dérive bavochonne est qu'on n'a évidemment aucune solution au bout du chemin sinon un retour triomphal du keynésianisme militant et de la dépense publique sans limite. La dette ? Connais pas ! La compétitivité ? Une hystérie néolibérale imposée par les "marchéistes" ! La surfiscalité ? Quelle surfiscalité ? Tout ce qui a été arraché aux riches doit être conservé puis encore alourdi.

Le résultat : aucun diagnostic technique précis sur des aspects essentiels comme l'organisation du système monétaire international : aucune analyse par exemple du système des changes flottants et de ses conséquences. Donc aucune vraie réforme et surtout aucune diplomatie économique : on sait pourtant que la révolution dans un seul pays, cela ne marche pas.

Le constat des faits lamentables, indispensable, est gâché car détourné de solutions intelligentes et collectives pour un galimatias socialo marxiste militant qui ne conduit à aucune solution. Le dernier chapitre, qui devrait s'ouvrir sur de nouvelles perspectives et de nouvelles actions, ne propose rien sinon d'essayer de nous expliquer pourquoi les intelligents sont "des cons dans la dérive sectaire" et réciproquement.

On retrouve la stupide opposition, en France, entre économistes keynésiens et libéraux, la haine absurde qui les sépare, le révolutionnarisme de professeurs qui vivent de l'argent public et suivent une carrière sans danger, et le franco centrisme de combats de coqs idéologiques. C'est à rapprocher du livre de Cahuc contre les terroristes de gauche qui empêchent toute réflexion économique un peu soucieuse des faits et veulent une soumission collective à l'idéologie, l'engagement primant la science.

Généreux a écrit un bréviaire et, en Savonarole, l'injure vient en prime. Ceux qui ne sont pas d'accord sont des C… Le titre l'annonce, le texte le confirme. L'injure est l'argument des faibles. Le livre rejoint un autre bréviaire du même genre : "Un cauchemar qui n'en finit pas", de deux "philosophes" communistes, qui proposent, avec Toni Negri (on est sauvé), de "parier sur le communisme élémentaire de la multitude". J. Généreux devraient se méfier, car ils ont choisi aussi de se débarrasser des économistes soi-disant experts qu'ils verraient bien "en esclave de la communauté" comme au temps des Grecs classiques.

Quel triste spectacle donne la France des économistes officiels avec ses Patrick Artus ou les Jacques Généreux qui pensent que leurs opposants sont des nuls et des c…

Ces batailles de caniveau empêchent de voir et de comprendre, donc d'agir utilement pour le bien commun, qui n'est ni dans le maintien d'une économie baudruche ni dans la "dictature communiste de la multitude élémentaire".

PS Quelques remarques :

- L'épargne est par définition strictement égale à l'investissement. Il s'agit d'une identité, comme la dette et la créance. La production non vendue est soit détruite dans le processus de formation d'un bien d'équipement soit envoyée dans les stocks. Donc tous les raisonnements pseudo-keynésiens sur l'épargne qui dépasse l'investissement ou l'inverse sont totalement vides de sens. En revanche, un entrepreneur qui voit ses stocks s'accumuler réduit sa production… en même temps que le consommateur se retire du marché et stocke sa monnaie. Et l'épargne reste toujours égale à l'investissement.

- L'auteur retombe dans le contresens sur les zones monétaires optimales. Il n'a rien compris à la thèse de Mundell. Comme Eric Zemmour.

- L'auteur s'indigne que les professeurs d'économie nommés ne sont que, pour une poignée, "hétérodoxes". Qui est chargé de donner les brevets d'hétérodoxie dans une université ? Va-t-on instaurer la sélection par le délit d'opinion ?

Le dernier livre de l'IFRAP : "Ce que doit faire le (prochain) président"

Un livre à lire et à compléter

On connaît Agnès Verdier-Molinié qui a réussi à s'imposer dans le paysage audiovisuel français, ce qui, sur ses thèses, est un exploit et directrice de l'Ifrap, institut créé par Bernard Zimmern en 1985, dynamique et créatif polytechnicien et auteur qui restera pour son ouvrage clé : À tout fonctionnaire son chômeur.

Oui, elle a bien du mérite quand on voit le traitement qui lui est réservé sur les médias sociaux socialistes. Deux légères citations :

"On n'en peut plus de cette femme au "sourire" ironique, cassante, méprisante qui crache sur ceux qui la font vivre, nous. Odieuse ! Pourquoi Yves Calvi l'invite-t-il aussi souvent alors que, d'avance, nous savons qu'elle ne fera que cracher son venin".

"Lobbyiste ultralibérale, je ne vois pas ce que cette virago vient faire dans une émission du service public qu'elle hait tant. Verdier-Molinier est une idéologue camouflée en soi-disant experte économiste".

"Je ne connais pas cette personne, mais après les "pleurs" (signal de surchauffe) vient en moi l'agacement (je suis polie !). Insupportable de voir cette "journaliste" coiffée de ce sourire amusé / méprisant en arrière-plan de l'intervenant ! Insupportable !!! Merci au cadreur ! Impossible de rester impassible devant ce sourire dédaigneux, moqueur…"

"Ultralibéralisme et réaction font souvent bon ménage. En présentant Agnès Verdier-Molinié comme une experte et en ne l’interrogeant que sur les thématiques qui constituent son fonds de commerce (impôts, syndicats, fonctionnaires, etc.), les médias contribuent à dissimuler que les marottes des libéraux ne poussent pas dans le ciel des idées. Elles servent les intérêts des dominants qui, s’ils veulent librement s’enrichir, ont tout intérêt au maintien de l’ordre social. Elles s’accordent, en outre, parfaitement avec un point de vue ultraconservateur qui voit la main de dieu derrière le libre jeu du marché."

Pour une certaine gauche, le seul fait de s'exprimer sur "le services public" doit être strictement réservé à la gauche pro étatiste et toute autre proposition est indécente.

Pauvre Agnès, traitée de virago pour ne pas avoir viré à gauche, avec des commentaires sur son physique, qui semblent être une pratique normale dans ce petit monde.

Pas de discussion : élimination par la meute hurlante. Voilà le niveau du débat socialiste depuis que la doctrine est morte au champ de déshonneur des massacres et des génocides socialistes et que le socialisme de gouvernement a prouvé qu'il ne produisait que de la misère et des chômeurs. Il faut simplement se réchauffer à l'idée qu'on est quand même les bons et que les autres sont des vilains. Des suppôts du grand capital, qui ne pensent qu'à aliéner les pauvres et ruiner les travailleurs pour accumuler des profits indécents, tout en étant "fille de ", catho rétrograde etc.

Depuis que le socialisme a subverti la gauche et qu'il s'est effondré dans le sang des massacres et les larmes du chômage de masse, il a chassé et Voltaire et la bonne foi, et l'observation, pour devenir une religion de la haine de l'autre cultivé entre soi dans l'injure permanente.

Le livre d'Agnès Verdier-Molinier est pour eux une sorte d'insulte : Le livre est bourré de faits.

Des faits lourds, solidement plantés dans le désastre français. Comme on ne veut pas les voir il faut tuer l'observateur qui a l'audace de les monter du doigt. Fuir la réalité à tout prix. Parce qu'il ne faut pas désespérer Billancourt. Où il n'y a plus un seul ouvrier.

Alors nous disons : il faut lire ce livre en entier et avec soin. Car tout ce qu'on y trouve est vrai et trace un dessin d'un France en plein naufrage bureaucratique et démagogique dont le destin, au train actuel est de se fracasser sur la falaise grecque.

le champ d'analyse de l'Ifrap est restreint : l'abus commis en permanence par le système politico-administratif. Mais les conséquences sont plus générales :

- l'effondrement régalien que nous dénonçons depuis des lustres

- une organisation spéciale abusive pour des fonctionnaires qui ont capté le politique et qui ont organisé deux sociétés, la leur, et celle des autres, avec des règles et des institutions totalement différentes. Chômage, rémunération basse et aléatoire, conditions de vie difficile, retraites incertaines pour ceux qui vivent au feu de la concurrence internationale. Garantie d'emploi à vie ; avantages de retraites, de logements, privilèges nombreux, revenu indépendant des crises, pour les autres. Cette organisation duale forgée sous Pétain et aggravée à la Libération, sous la pression et des communistes et des hauts fonctionnaires, a coupé radicalement la France en deux.

- fausse gratuité distribuée par la bureaucratie qui ruine consciencieusement tout le monde.

- hyperfiscalité démentielle.

- effondrement de l'économie et de la création.

Conseillons à ceux qui veulentse rendre compte de ce dernier point, d'aller au salon de Villepinte : pas un Français. Que des Italiens, des Espagnols, des Allemands, des Nordiques. Il en se passe plus rien en France. Toutes les entreprises ont été étouffées ou les créateurs sont partis ailleurs. Un seul mot, lancinant : "il ne se passe plus rien en France".

Parmi les causes de l'effondrement français, l'étatisme incontrôlé de l' "Enarchie compassionnelle" tient une place effarante. Macron en est le dernier représentant, qui fuit comme les autres toute réalité, inventant la "youpi politique" pour faire perdurer cet abus.

Le livre tend un miroir aux Français, à leurs élus, à leurs fonctionnaires. Et montre de façon imparable qu'on peut faire mieux, pour beaucoup moins cher, avec beaucoup moins de monde.

L'avantage de l'Ifrap est la solidité des études Tout ce qui est écrit est vrai et frappé du coin du bon sens. Évidemment l'idée d'un programme clé en main pour les élus est un peu provocatrice. La politique est l'art de rendre possible ce qui est nécessaire. Ce n'est pas si simple.

L'ensemble des maux français ne se retrouvent pas dans le livre. La bureaucratie, la captation par les hauts fonctionnaires, les blocages syndicaux et les dérives des élus locaux sont une chose. Le "red tape", comme disent les Anglo-Saxons, est un thème qui séduit toujours parce qu'il renvoie à des responsabilités bien délimitées. Gare à la tentation du bouc émissaire. On peut certes faire mieux, d'abord en faisant moins sciemment mal et en faisant aussi autrement. La recherche d'une meilleure performance est légitime. Mais il ne faut pas perdre le bébé dans l'eau du bain versée.

Une grande part des maux que connaît le France est importée. Les deux systèmes dysfonctionnels que sont le système monétaire international et la gestion de l'Euro pèsent d'un poids massif. Une partie de la dérive administrative française, provient de la nécessité d'en juguler les effets.

C'est ce que nous répétons à l'équipe Fillon. Il faut une diplomatie de la prospérité. Et sur ces sujets il n'y a aucune ligne, dans le livre de la belle Agnès au sourire de Joconde, sur ce que doit faire le (prochain) président.

Un livre à lire,…et à compléter.

Guy Sorman : "J'aurais voulu être français"

Un livre nécessaire

Le dernier livre de Guy Sorman est un régal. C'est le plus français de tous ses livres.

En deux sens :

- parce qu'il s'adresse à tous ceux qui ont l'ambition d'être à la hauteur de la meilleure idée de ce que peut signifier "être français".

- parce qu'il n'y a pas de genre plus français que ces Lettres Persanes à l'envers.

Bien sûr, on peut considérer le livre au premier degré, en le centrant sur le mal-être des immigrés juifs d'Europe centrale de la seconde génération. À ce titre il forme un témoignage d'une rare qualité, sans jérémiades ni ethnocentrisme abusif.

L'autre manière est de constater que nous sommes tous devenus peu ou prou des juifs errants.

À titre personnel, la filière paternelle est entièrement marquée par le tourment des cadets de Gascogne, envoyés sans ménagement chercher fortune ailleurs par le droit d'aînesse et le malthusianisme local. Quant à la filière maternelle, elle devînt française quand, après la chute de Napoléon, la conscription de jeunes suisses dans les armées françaises devient impossible. La "capitulation" prévoyait que la Suisse fournisse 16 000 jeunes gens aux Armées françaises, ce qui était de nature à faire baisser la pression démographique dans un pays où les terres étaient pauvres. Le jeune Rodolphe a dû quitter son Argovie natale à coups de pied dans le train et traverser le Jura en sabots (et en hiver) pour se retrouver dans une terre de vignes, un peu semblable à Schinznacht dorf, microbique enclave vinicole au milieu des industries de la région d'Aarau.

Les deux familles avaient en commun de n'avoir aucune possession terrienne et de ne compter que sur des activités de service pour vivre. En 1815, l'une comme l'autre tenaient un bistro local apprécié, mais peu susceptible de faire vivre les cadets.

Mon grand-père maternel, fils de tonnelier, se retrouvera agrégé de mathématiques et ancien de l'École Normale Supérieure, une école dont on peut sortir quand on ne la confond pas avec Science-po !

Mon grand-père paternel, qui avait choisi Arras avant la guerre parce que sa femme avait dû sortir du train en urgence à cet endroit là pour accoucher, puis Amiens parce que la guerre avait rasé sa maison d'Arras, verra son fils devenir  Architecte Grand Prix de Rome. Il aura à reconstruire Amiens dévasté par la seconde guerre mondiale, la maison familiale étant une fois de plus détruite !

Il est dans la nature des choses que les errants prennent l'ascenseur social par l'école. Et qu'ils cherchent à être encore plus français que les autres. Ce qu'ils ne trouvent pas dans la terre, ils le cherchent dans l'idée.

L'histoire de Guy Sorman me touche et devrait toucher tous les Français, car elle est exactement le reflet de cette démarche. Rien à voir naturellement avec un surmoi identitaire et un nationalisme ombrageux. Patriote, oui. Les deux grands-pères cités seront blessés dans les deux mois de la déclaration de guerre de 14. L'un, le gascon, sera transféré en Suisse comme grand gazé, sa femme échouant avec ses derniers sous à la gare d'Annecy et frappant à la première porte pour trouver des secours. Un bon samaritain lui ouvrit non seulement sa porte,  et nourrit et hébergea  toute la troupe mais la transporta à la frontière suisse. Des Justes, il y en a eu de tout temps et de toutes circonstances en France. L'autre grand-père finit par mourir des blessures subies moins de dix ans après la guerre. Il était encore Suisse ! Sa fille renoncera aussitôt à sa nationalité suisse en hommage à son sacrifice.

Oui, l'histoire candide de Guy Sorman est d'une certaine façon celle de tout Français qui se respecte. On peut croire suffisamment à la France pour tenter d'être à sa hauteur dans la vie. Et déplorer voire dénoncer les abandons, les lâchetés, la bêtise crasse des renoncements quand justement la vie économique, politique, intellectuelle et sociale dérive dans le n'importe quoi.

Une des dimensions de l'esprit français est l'ironie critique.

Guy Sorman de ce point de vue est plus français que nature. Il n'a pas peur. Lorsqu'il dit que Sartre est une fausse gloire et une imposture anti française, en un mot un salaud (sans doute au sens sartrien du terme) il a parfaitement raison. Et cela réconforte de constater qu'un intellectuel ne se soumet pas à l'inévitable cagoterie qui entoure finalement un complice subjectif et objectif des pires génocides et crimes contre l'humanité. Les quelques commentaires peu flatteurs de Guy Sorman peuvent être complétés. Vivant à Montparnasse depuis plus de soixante ans , j'ai mes propres anecdotes. Un jour, rue Delambre je découvre que le marcheur devant moi est Jean Paul Sartre et soudain il bifurque vers l'entrée du cinéma porno qui prospérait à cette époque. Les films X avaient cessé d'avoir un scénario et étaient devenus depuis longtemps des compilations de scènes pornographiques sonorisées façon hurlement de plaisir à jet continu. Je lui emboîtais le pas et entrait derrière lui, non sans avoir demandé à la vendeuse si le client précédent était un habitué. Elle pose son tricot et lève les yeux au ciel : "un véritable obsédé". De fait, notre philosophe enlève son imper mastic et se place au premier rang juste sous l'écran. Voyant de moins en moins bien, il avait besoin d'être très près pour décoder les formes qui s'y agitaient sans grande originalité mais avec force cris d'extase. Arrêtons là cette description qui pourrait devenir scabreuse. L'existentialisme dans sa forme ultime avait trouvé son dernier domaine.

Belmondo raconte qu'il volait dans la rue les bouteilles de lait de Sartre et de la Grande Sarteuse et qu'il a cessé dès qu'il a compris de qui il s'agissait. Ce respect était bien superfétatoire." L'argent qui corrompt" coulait en effet plus abondamment que le lait apporté au petit matin.

Guy Sorman évoque son long passage comme Maître de Conférences à Sciences Po. Pour avoir partagé cette activité pendant plus de vingt ans, je suis heureux une fois de plus qu'un esprit libre soit capable d'un peu de distance vis-à-vis de la manière dont l'économie y était enseignée. Il cite un dialogue avec Raymond Barre qui lui disait qu'il ne connaissait rien aux mathématiques et qui espérait que la mode en finisse par disparaître. J'avais moi-même eu, mais en tant qu'élève, un accrochage dans l'amphi Boutmy avec le Maître. Puisqu'il sollicitait des questions, je demandais comment il faisait la liaison entre le premier tome de son manuel qui parlait de la microéconomie et de l'impossibilité des crises selon le modèle walraso-parétien, et le second tome consacré au keynésianisme et à l'élimination des crises. Très honnêtement je ne comprenais pas la soudure entre ces deux approches incompatibles. En professeur consciencieux le gros Raymond avait classé toutes les doctrines existantes aux fins d'exposition mais omis de donner le moyen de les réconcilier. Sa réaction avait été un peu tonitruante, du genre : "vous être un petit malin qui voulait faire rire vos  camarades". Mais la question était sincère et la réconciliation, au passage, n'a toujours pas été faite, malgré de gros efforts,  entre micro et macroéconomie.

Guy Sorman rappelle que l'enseignement à Science-po, en matière d'économie n'avait strictement rien de scientifique : il s'agissait simplement d'expliquer que les fonctionnaires devaient intervenir et de dire comment. Le grand manitou était Bloch Lainé dont "pour une réforme de l'entreprise" est aujourd'hui une occasion de rigolade intense et sans limite. Malheureusement la déviation soulignée par l'auteur n'a pas cessé. L'OFCE qui dépend de Science-po est encore aujourd'hui une chapelle anti libérale et interventionniste et s'exprime comme une organisation de partisans lorsqu'elle envoie ses sbires expliquer que la dépense publique, c'est bien, les impôts c'est nécessaire, la politique de Hollande, c'est merveilleux etc.

L'agrément de la promenade à laquelle Guy Sorman nous invite à l'accompagner, est qu'elle active des tas de souvenirs qui confortent ses analyses.

Il a bien noté que les Américains utilisent la France pour s'autocritiquer eux-mêmes et que la France qu'ils envisagent est totalement mythique. C'est une forme de Lettres Persanes à l'américaine. En prenant la nationalité américaine en sus de la française, Guy Sorman en profite pour écrire ses propres Lettres persanes aux Français.

Oui être français est un effort. Le découragement vient souvent au spectacle que la France peut parfois donner. Je ne souhaitais pas parler des primaires de la gauche, mais sollicitée de donner l'avis des Canadiens sur ce qui se passe en France, Mme Bombardier, invitée par la revue de Presse sur Paris Première, a du renoncer à toute réponse. Le dérisoire est tel que tout le monde s'en fiche, voilà ce qui signifiait le haussement d'épaules, accablé, de cette amusante intellectuelle de la Belle Province. Quand c'est nul, c'est nul. Et affligeant.

Justement être français, c'est faire en sorte que le monde ne s'en foute pas, de la France. Et pour cela il faut donner les coups de balais qui sont nécessaires. Merci Guy Sorman de cette leçon tout en pointillé, comme sans y toucher. N'est vraiment français que celui qui veut être français et ne se décourage pas devant les chausse-trapes semées inlassablement sur son chemin.

Être français n' est certes pas un djihad… mais surement  une ambition.

Didier Dufau

Le livre est paru chez Grasset.

En écoutant Patrick Artus.

Patrick Artus partage avec Jacques Généreux cette idée particulière que pratiquement tous les économistes sont des ânes, surtout ceux qui les accusent de ne pas être toujours raisonnables. Dans le cas de notre conférencier sa ténacité à ne pas prévoir la crise de 2008, à nier les risques associés aux subprimes, puis à vouloir croire que la crise était déjà finie au second trimestre 2008, avait laissé une trace bigarrée sur l'image de sa compétence et de son désintéressement (la banque qui l'emploie ayant évidemment salement trempé dans la finance dangereuse). Il était intéressant de voir si plus de réflexion et de modestie avaient justifié le maintien de sa large sollicitation comme commentateur de l'économie. La réponse a été rapide et claire. L'immodestie et la morgue demeurent inaltérées et la pertinence est toujours aussi aléatoire.

Passons sur l'attitude. À la lueur du Brexit et de l'élection de Trump et de quelques autres candidats au comportement saugrenu, la question était de savoir si la mondialisation avait changé et changerait encore.

La réponse exposée est toute simple : la mondialisation n'a changé qu'à la marge et ne changera pas. Pour l'Euro, il est clair qu'on ne peut pas en sortir. Ce serait une catastrophe même pour l'Allemagne qui verrait ses créances dévaluées et qui devrait donc baisser le niveau de ses retraites. Quant aux échanges internationaux, on peut juste noter qu'une partie de la politique de fragmentation de la chaîne de valeur était modestement remise en cause avec la volonté, exemple Michelin, de faire en sorte que la production se rapproche des débouchés.

Quant au trouble de la classe moyenne dans les pays occidentaux, il ne vient pas de la mondialisation condamnée abusivement mais du progrès technique qui, inéluctablement réduit les métiers intermédiaires et l'encadrement au profit d'une bipolarisation intenable entre une poignée d'inclus et une masse de petits boulots prolétarisés. Tout cela pour finir par un éloge, sans soutien politique, de M. Benoît Hamon, pour avoir posé la bonne question : faut-il couper la relation entre travail et niveau de vie ?

Patrick Artus n'est pas un mauvais orateur. Il est tellement sûr de lui qu'on le suit avec une certaine confiance. Néanmoins, le malaise s'est installé et s'est aggravé tout le temps du discours jusqu'à une forme d'exaspération finale.

Pourquoi ? Parce que la démonstration omettait l'essentiel. Il y a bien eu une explosion en 2008. Elle a eu des conséquences gigantesques. Le drame pointait bien un système global dysfonctionnel. Pas un mot. Pour Patrick Artus, avant c'était bien et pas dangereux et maintenant c'est fini, on est à nouveau dans la normalité. Ce qui est vrai du monde l'est aussi pour l'Euro. "Je ne dirais pas que ce fut une bonne idée, mais on ne peut pas en sortir". Là encore aucune analyse des aspects dysfonctionnels, seulement un peu d'ironie sur les "populistes". Il est vrai que les "sachants" officiels, ces derniers temps, ont prouvé leur capacité de prévoir et de prévenir… On peut détester le discours anti-élite, mais tant de morgue vis-à-vis de ceux qui s'interrogent sur les défauts, donc sur les solutions, montre qu’une partie des "élites mondialisées et mondialistes" est dans l'aveuglement total.

La gêne croissante pendant toute la conférence sera alimentée justement par le sentiment qu'on ne traitait pas les vrais sujets et qu'on évitait les questions qui fâchent, accumulant les banalités sans danger ou les observations superficielles.

En refusant sciemment ou non, par intérêt professionnel bien compris ou non, de voir les causes profondes des désordres, des économistes comme Patrick Artus se condamnent à n'être que des commentateurs approximatifs. Les événements arrivent. On ne sait pas ni pourquoi ni si c'est bien ou mal, ni si c'est à corriger ou à encourager. Ils flottent dans le firmament du commentaire comme les yeux dans le potage. C'est comme cela, puisque je vous le dis. Et ceux qui s'agitent autour des conséquences sont des grotesques. Point final.

Cette absence totale de diagnostic conduit inéluctablement au commentaire impuissant. Du coup l'économiste ne sert plus à rien et l'économie paraît une science sans objet ni prescription.

Dire que cette conférence fut une déception est peu dire. L'intérêt d'économistes de ce genre est quasi nul et même contre-productif. On peut se tromper, ne pas voir arriver une crise, ne pas en comprendre les ressorts, ne rien comprendre de la suite. D'accord. Mais alors on remet la main à la pâte et on ne ressort de son bureau qu'avec des analyses précises de son échec et des suggestions de correction. Et on n'explique pas que les autres économistes sont des nuls.

*

*  *

Juste un commentaire sur une des questions posées lors de cet exposé : L'emploi "intermédiaire" est-il condamné ?

On connaît cette thèse qui est ressassée un peu partout. Le nouveau capitalisme, pour la première fois de son histoire, produirait un progrès éliminant l'emploi et, dans l'emploi, la source de stabilité qu'était le "middle management ". Le sujet de l'exposé étant l'évolution de la mondialisation, la responsabilité de cette dernière était-elle en cause ou l'affaire était-elle irréversible ?

La réponse du conférencier : oui le middle management est condamné et ce n'est pas du fait de la mondialisation, mais du progrès technique. L'assertion n'est fondée sur aucun argument. L'auteur étant favorable à la mondialisation, il suffisait de la laver d'autorité de tout opprobre.

L'ennui, c'est que cela ne tient pas la route. Creusons un peu.

Lorsqu’on regarde les créations de postes dans tous les pays gagnants de la mondialisation, on a vu se développer une énorme classe moyenne (des dizaines de millions de personnes) avec l'apparition d'une classe de cadres et de professionnels qualifiés en tout point identique à ce qu'on trouvait dans les pays occidentaux. Quand on crée des milliers d'entreprises il faut automatiquement de l'encadrement et des techniciens qualifiés et la hausse du niveau de vie s'est faite justement dans ce segment. Le plus drôle, c'est qu'à un autre moment de son intervention, Artus en convient. Il trouve que l'inégalité est consubstantielle au développement et touche tous ceux qui vont s'élever en participant à la création économique et pas seulement le 0.1 % de la population qui détient les nouvelles entreprises.

Le progrès technique ne peut pas avoir deux faces : destructeurs de métiers d'encadrement ici, créateur ailleurs. Cela n'a pas de sens.

La mondialisation dans la forme qu'elle a prise a donc bien eu un rôle dans l'élimination partielle de l'emploi intermédiaire dans les pays développés.

Du coup tombe à plat tout le discours malthusien habituel sur le progrès économique qui ne serait plus riche en emplois, les robots, Uber etc. Les canuts lyonnais avec nous ! Cette vision peut être vigoureusement contestée. Comme on l'a vu, il est inepte de proposer une explication qui vaut en deçà des Pyrénées et pas au-delà. Si l'emploi a disparu dans les pays développés avec les conséquences sur les classes moyennes, ce n'est pas dû principalement aux technologies. Les robots ne fonctionnent que si des ingénieurs et des techniciens sont là pour les concevoir, les mettre en œuvre efficacement et les maintenir. Tous ces postes sont qualifiés. De même le succès de l'économie collaborative n'est réel que lorsque la législation sociale ne l'a pas rattrapée. Dès l'instant où les locations défiscalisées disparaissent et que l'organisateur du collaboratif devient employeur, il ne reste plus grand-chose du côté disruptif de ces innovations.

Il se trouve que The Economist de la semaine publie un article très fouillé sur les perspectives de l'industrie. Les graphiques publiés démontrent exactement l'inverse des assertions de Patrick Artus : l'industrie représente une partie stable de l'économie chez les émergents et s'effondre dans le monde développé. Si le progrès technique frappait d'anorexie l'emploi, on le verrait aussi bien chez les émergents que chez les développés. Donc, une fois de plus, la mondialisation est en cause.

La vraie analyse est que le développement des pays émergents ne s'est pas fait selon un modèle reproductif ou homothétique mais substitutif., ce qui n'a été possible que parce qu'on avait abandonné toutes les règles sacralisées dans le statut du FMI, article 1, à savoir qu'on n'accepte pas les gros déficits et les gigantesques excédents.

Si dans les pays développés le sous-emploi s'est installé, il a frappé tout le monde, cadre ou pas cadre, middle management comme ouvriers. En Pologne la catégorie qui s'est le plus rapidement enrichie est justement celle des techniciens supérieurs et des cadres intermédiaires. Les salaires qui étaient une fraction minime de ceux des Français sont maintenant à 80 % du salaire français, à parité de pouvoir d'achat !

Si l'emploi s'est congelé dans les pays développés, c'est d'abord parce qu'il y a eu un énorme transfert d'investissement hors de ces pays et surtout parce que l'économie financière mondialisée est devenue baudruche avec une part spéculative délirante. Du coup les capitaux n'ont pas été canalisés vers la production mais la recherche spéculative de "valeur monétaire", en même temps que les récessions successives ont provoqué des chocs durables sur les investissements et l'emploi. L'énormité de la dette a conduit également à un freinage des investissements dans la production de biens et de services.

Par conséquent, une mondialisation fondée sur les changes flottants, à un moment où le dégel communiste a mis brutalement sur le marché de l'emploi des centaines de millions de travailleurs potentiels, ainsi que les déficits et les excédents de balances de paiement délirants qui en ont résulté, sont LA cause majeure de l'effondrement de l'emploi des classes moyennes dans les pays développés et de la réaction politique que cela provoque.

Patrick Artus répond que l'investissement n'a jamais été aussi élevé aux Etats-Unis ces derniers temps. C'est vrai et on peut même ajouter que les exportations chinoises se sont effondrées., forçant les Chinois à utiliser les réserves non plus pour importer mais pour acheter du capital à l'étranger, ce que regrette, à juste titre, notre conférencier qui voit là une source d'accumulation capitalistique qui ferait que la Chine posséderait à terme le capitalisme mondial. Si on regrette l'effet, il faut incriminer la cause. Et là P. Artus reste sec.

Avec des taux à zéro et des placements financiers sans rentabilité, il est normal que l'investissement reparte. Il le fait dans la pierre (bulle) mais aussi dans la production. Et il reste en partie en Occident parce que désormais tout le monde dans les milieux patronaux a pris conscience que le risque politique devenait potentiellement destructeur de l'industrie et du commerce. L'expérience a également montré que la dispersion logistique, dans un système de flux tendu, avait un coût exorbitant. Si un composant est en difficulté toute la chaîne est arrêtée. Les bruits de botte sont l'ennemi de la dispersion industrielle. Lorsque le tsunami a détruit une partie du Japon proche de certaines centrales atomiques, des milliers de produits dépendants de la fabrication de composants logés dans le coin ont cessé d'être produits, provoquant des manques à gagner phénoménaux.

La crise de 2008 a rebattu les cartes et continue de le faire. Aux comportements de panique ont succédé des comportements de précaution. Aux comportements politiques d'acceptation ont succédé des volontés de rupture.

Il est indispensable de repenser et la mondialisation et la gestion de l'Euro. Le progrès technique dans cette affaire n'est pas en cause. Mais l'organisation, ses principes, ses modalités.

Le rôle des économistes est d'éclairer les voies et moyens de ces évolutions indispensables. Pas de conforter l'existant en glosant de façon morose sur ceux qui prônent un certain nombre de changements indispensables.

La mondialisation non coopérative et déséquilibrée est une supernova qui a explosé. Il est inutile d'en chanter les vertus. Elle est mortellement touchée et les spasmes actuels n'ont rien de rassurants si on ne fait rien pour lui donner un débouché différent.

La gestion de la zone Euro ne peut plus rester en l'état. Il est absurde de prôner le statu quo.

Là sont les vrais territoires de l'économie en 2017.

En finir avec la banque universelle française

On est toujours fasciné de voir une profession cartellisée depuis Pétain sur les bases du fascio, en un mot une institution fasciste au sens propre du terme, et vivant en symbiose ouverte avec la haute fonction publique et l'énarchie qui a capté le pouvoir politique en France, se comporter comme des voyous en bande organisée n'oseraient pas le faire, avec l'onction des juges et des politiques.

Prenons un exemple minuscule. Une jeune association se voit imposer début 2017 sans discussion 480 euros de frais de tenue de compte par an pour une recette d'association de 800 euros. Elle est obligée de disposer d'un compte pour encaisser les chèques de cotisants. Elle ne peut garder de l'argent en liquide.

L'exemple est intéressant du fait de la nature très particulière du contrat de tenue de compte par une banque. Comme nous l'avons vu à plusieurs reprises sur ce blog, ce qu'on appelle un dépôt à vue n'est pas un dépôt au sens du droit civil habituel. L'argent versé sur le compte appartient aussitôt à la banque qui en récupère et l'usus et le fructus. Elle en fait rigoureusement ce qu'elle veut sans que le déposant ait la moindre information sur l'emploi des fonds. En contrepartie le client dispose d'une créance sur la banque. Normalement une créance doit être rémunérée. Et c'est là que tout devient psychédélique. La banque a récupéré la pleine propriété du contenu déposé par la petite association et va en faire son miel. elle prend en fait une commission de gestion sur son propre avoir, puisqu'elle a la pleine propriété du contenu du compte. Qui plus est en volant plus de la moitié de la somme déposée. Vous avez bien lu : grâce à nos aimables législateurs, entièrement entre les mains de la haute administration qui vit en symbiose avec les grandes banques universelles françaises, ces dernières gèrent leur argent à vos frais. Cette scandaleuse inversion de toutes les règles de la normalité juridique peut s'analyser, si on préfère, comme un prélèvement à taux usuraire non pas sur le débiteur mais sur ses créanciers. Chapeau ! La banque qui doit de l'argent à ses déposants (les soi-disant dépôts sont une dette comptable et réelle), leur prélève une quote-part démentielle de sa propre dette à titre d'intérêts usuraires inversés !

On marche totalement sur la tête.

C'est contraire à tous les principes du droit. En un mot c'est du vol organisé par une mafia qui vit à cheval entre l'Etat et le secteur bancaire et qui légifère en sa faveur avec une totale absence de principe pour son seul intérêt et celui d'une brochette de cadres aux bonus extravagants compte tenu des pertes abyssales qu'ils ont réalisées.

Si le Conseil Constitutionnel avait un sens, il aurait dû retoquer ces textes aberrants qui rendent obligatoire le compte courant et en organise le vol "légal". Le lobby pétainiste a fait en sorte qu'on ne puisse sortir d'un compte qu'à son détriment et au profit d'une autre banque. Et il fait la chasse au liquide pour imposer la traçabilité totale de tous les échanges. En un mot la grande banque universelle française est un système qui a accepté d'être un auxiliaire du fisc pourvu qu'on les laisse se goinfrer sans limite au mépris du droit.

Le tout baigné dans un bla-bla sur la "banque éthique" et autres balivernes pour gogos.

Nous aurions pu naturellement rappeler les grands délires des banques universelles françaises. Les exploits du "crazy Lyonnais" restent dans toutes les têtes. Les techniques de gestion avancée de la spéculation de la Société Générale sont encore fameuses. C'est la ruine de trois fonds de BNPPARIBAS qui déclenche la crise des marchés monétaires mondiaux et l'explosion financières de 2008. Le Crédit Agricole se fait étriller sur tous ses rachats de banques, totalement aventurés. Dexia a été le succès que l'on sait. Un livre récent montre comment est gérée la Caisse des Dépôts, tenue étroitement par la mafia des inspecteurs des finances qui mélangent adroitement positions administrative et politique. La ruine de Groupama qui croyait faire une bonne affaire en rachetant de la dette grecque et italienne n'est pas mal non plus.

Rappelons au passage que nationalisation puis dénationalisation ont fait de ces banques universelles "privées" l'exemple français d'une oligarchie à la soviétique.

Et si on veut encore remonter le temps, évoquons le glorieux souvenir des contrats d'assurance collective souscrits sans qu'ils le sachent par les déposants, énorme escroquerie qui voyait quelques complices à la tête des banques et des assureurs se gaver d'énormes prébendes sous forme de commissions d'apport ou de gestion, ou en volant carrément les excédents techniques des contrats d'assurance.

À chaque fois, à la tête de ces groupes, c'est une poignée de dirigeants qui se sont servis sans limite. Et les sommes se comptent en dizaines millions d'euros. Au total à peine plus de 500 personnes enrichies sans cause alors qu'ils ont ruiné leur établissement et essaient de se refaire la cerise avec l'argent des déposants.

Il faut évidemment démanteler ce système mafieux. Comment ?

C'est très simple. Le premier acte est de créer un concept de banque de paiement qui reçoit de vrais dépôts qui restent la propriété des déposants. Ces banques sont des sociétés de purs services qui doivent être soumises à une concurrence féroce, afin de faire descendre les frais de gestion au minimum technique. Que ces sociétés facturent des frais au forfait ou à l'acte soit. Mais que les tarifs correspondent aux frais et une marge raisonnable. Gardons à l'esprit que toute la gestion est quasi automatique, reportée pour la saisie sur l'usager et que la réduction de l'usage des espèces limite encore les frais de gestion. Les frais sont essentiellement des frais d'amortissement de systèmes informatiques.

À chacun de choisir l'établissement le mieux disant pour des actes de simple tenue de compte et de paiement. Cette activité doit rester totalement indépendante de l'activité de crédits et du loyer de l'argent. L'avantage de banques exclusivement spécialisées dans le paiement, c'est qu'il n'y a aucune raison d'en brider l'extension internationale. Et il n'y a aucune raison qu'elles soient sous la tutelle de la banque centrale puisqu'il n'y a aucune gestion de risque.

À côté de ces établissements on aurait des systèmes totalement indépendants : les banques de crédits, travaillant sur argent collecté par souscriptions de bons ; Les banques de financements spécialisés ; Les banques d'affaires, travaillant uniquement sur fonds propres ou par émission d’obligations. Les fonds de placements et d'investissements et les organismes de gestion de fortune compléteraient le dispositif.

Tous ces métiers doivent être exercés dans des entités entièrement indépendantes pour éviter les conflits d'intérêts qui sont la base abjecte du système actuel.

Tous les contrats seraient clairs et nets. Et chacun prendrait ses risques de façon parfaitement lisible. Il serait parfaitement inutile de prévoir une garantie des dépôts. Et la faillite d'une banque de crédit ou d'affaires n'engagerait que des investisseurs assumant leurs risques.

Ce système qui se mettra en place à terme de façon presque obligatoire, parce qu'il est LE SEUL LOGIQUE et RATIONNEL. C'est le seul à ne pas être basé sur un concept de vol organisé. L'obstruction hargneuse des grandes banques universelles françaises et des hauts fonctionnaires des finances. doit être cassée avec toute la violence législative et réglementaire nécessaire.

C'est l'Europe qui devrait en prendre l'initiative.

Mais les obstacles sont nombreux : toutes les grandes banques néerlandaises, italiennes, allemandes, grecques, espagnoles sont quasi en faillite. Les Etats-Unis ont fauché tout le marché des grandes opérations de banques d'affaires transnationales. Le bunker français et les multiples établissements européens en difficulté forment un bloc aussi malsain que difficile à faire bouger.

Pourtant, il le faut. Sinon le vocable de bankster a encore quelques beaux jours devant lui. Aujourd'hui, il est parfaitement justifié.

Socialisme : la décomposition délirante

Une campagne sans réel projet

Est-ce un effet de la grippe qui s’est emparée du pays ou d’un souffle au cœur plus durable ? La France socialiste est entrée dans le délire.  Toute à sa joie de ne plus avoir à s’occuper du peuple et des ouvriers,  la voilà en plein « trip », en plein vol au dessus d’un nid de cocos aussi vide que le regard de Lénine dans son formol moscoutaire. Il ne s’agit plus de promouvoir le prolétariat mais de sauver la terre. Il ne s’agit plus de d’aider les pauvres mais de saquer les riches, les vilains, les affreux, les méchants, les ennemis de la terre, l’humanité dévoyée toute entière attachée au meurtre de Gaia.  La haine sociale s’allie à l’enflure écologique pour  promouvoir un n’importe quoi  hargneux où la réalité n’existe plus.  Les éléphants roses volettent allégrement dans un paysage psychédélique où aucune contrainte n’existe sinon dans les mots qu’on fait valser allègrement comme un boxeur s’entraîne à frapper son ombre avec la sombre énergie du somnambule.    

Voici la médecine libérale assassinée par une grandiose imbécile hallucinée.  Plus un médecin ne veut s’installer. Les clientèles achetées au prix fort  ne se vendent plus.  Le désert médical existe et s’étend dans l’indifférence générale de la gauche.  Partout en cette période de grippe les répondeurs téléphoniques répercutent le beau message : « nous ne prenons plus de nouveaux patients. Allez voir du côté des urgences ou appelez le 15 ». Ah, le 15 ! « Vous avez la grippe et des maux de tête ? Je vais vous prendre un rendez-vous pour un scanner à… Criquebeuf ».    Vous laissez tomber. Vous rappelez une heure après le même 15. « Oh c’est la grippe, acheter du paracétamol, il n’y a pas besoin d’antibiotique contre les virus. Le scanner ? Vous êtes dingue, un scanner pour la grippe ! ».  Aucun des jeunes médecins n’envisage plus d’autres postes que celui de fonctionnaire. C’est tellement mieux d’être médecin chef de la sécurité sociale. On ne voit plus de malades et, comme Zazie, on « peut emmerder » ceux qui se les coltinent. Où une jolie planque dans une ARS, le nouveau système soviétique mis en place pour gérer les gros Kombinats de soins amiantés.  35 heures et sortie tous les soirs  à 17 heures. Pas d’obligation de travailler. Plus une vingtaine de jours d’absence maladie bidon pour compléter les vacances. C’est désormais la SS qui paiera, ou non, les médecins libéraux, à sa guise. Un salaud sous tutelle, c’est mieux qu’un médecin de famille dévoué.  Mais oui. Salaud. Salaud  de mandarin pourri qui vote mal et qui influence les malades. Plus une seule spécialité médicamenteuse  n’est produite en France. Par centaine,  elles sont tombées en ruptures de stocks en 2016. Et pas des moindres. Sauvons le système par l’achat de médicaments à bas coûts faits on ne sait trop comment en Inde ou en Chine, les spécialistes de la norme bien respectée. Salauds de laboratoires français qui veulent ruiner le merveilleux système de sécurité sociale française.  Il parait que la mondialisation heureuse est une escroquerie. Sauf pour la SS. Là, c’est super ! La marinière de Montebourg est réservée à une industrie lourde qui a disparu. Pas touche à la sécu, aux yeux aussi bridés que le budget.    

Voici le social ramené à une vie gratuite grâce aux robots. Quelques abrutis viennent nous expliquer cent fois par semaine sur la TNT combien la pensée de M. Hamon est novatrice, formidablement en phase avec l’avenir et tout et tout. Presque du NKM, c’est tout dire. Le candidat socialiste d’à côté pense  qu’il faut néanmoins taxer à mort les robots car ils compromettent l’emploi ! Embrassons-nous Folamour  et faisons la synthèse !

On va mettre des vignettes aux voitures. Les salariés du bâtiment vont être encartés. Les loueurs d’appartements devront être encartés également. Le flicage socialiste est en plein boom.  Hidalgo et son petit coco de service veulent mettre les immigrés sur le palier des riches.  Mais pas sur le sien. Paris est en train de pourrir sous ses coups de butoirs. La ville lumière s’éteint sous les assauts du lamentable Missika qui porte sur son visage la malfaisance jouissive, de l’obsédé Baupin, l’homme qui trouve normal que les bus tuent les vieilles dames « le temps qu’elles s’habituent »,  du sinistre  Najdovski qui affiche ses difficultés mentales dans la blancheur maladive de son visage, et d’une majorité municipale qui a mis la ville en coupe réglée. On ne nettoie plus les rues mais on va frapper d’amende les incivils qui la salissent. Répression. Répression. Il est interdit d’autoriser.  Et de circuler.

Une abrutie sur France-inter, radio donnée aux socialistes militants pour des raisons jamais explicitées, explique que la révolution n’a pas tué assez en France ! Fillon ne bénéficie-t-il pas d’un château ? On retrouve Château Chirac et Facho Chirac dans les délires d’une comique d’arrière salle de garde socialiste belge. Les mêmes insultes qu’il y a quarante ans ! On va bientôt retrouver Bunuel et ses clochards qui se masturbent dans des robes de mariées bourgeoises  et catholiques ! Cà, c’est de l’art, du vrai ! D’accord on a fait le mariage homosexuel et il vaudrait mieux éviter de le faire pendant ces mascarades.  Mais on ne va pas se lasser des vieilles habitudes !

L’avilissement de tout et de tous  est total. Il est partout.  Il est quotidien. Les socialistes ont été au pouvoir cinq ans. Deux millions de nouveaux pauvres.  Six cent mille chômeurs de plus quand les autres sont au plein emploi. Un état ruiné. Des Français hagards sous les coups de sabre  fiscaux. Beaucoup de jeunes en fuite à l’étranger. Des centaines de milliers de départ de retraités vers le Portugal.  Vous allez voir : on va fusionner la CSG et l’IR. Vous allez voir, on va vous prendre l’argent à la source. Vous allez voir on va raser gratis aux frais des méchants. Vous allez voir,  on va y aller d’un dernier coup de rein socialiste malfaisant.  Il nous reste 5 mois.

D’un côté Mélenchon, ce génie à l’intelligence  surréelle  selon le commentateur A. Duhamel, frappé visiblement par le retour d’âge,  qui nous fait de Chavez le parangon d’une vraie révolution  propre à relancer la France et sa façade maritime. 

De l’autre Macron, qui hurle à s’égosiller en faveur de l’Europe fédérale sacrée, et des indépendantistes corses, basques et bretons  dont la passion anti française est tout autant sacralisée, et qui va sauver l’économie en surtaxant les retraités. Seulement les 40% les plus riches ! Restons raisonnables ! La France dans tout cela ? C’est quoi la France ?

Au milieu,  quatre candidats socialistes sans programme  dont les pulsions sont totalement contradictoires et le réalisme inexistant.  Voici Valls, le menton mussolinien rentré pour un instant,  qui a viré le premier Premier Ministre, puis les Ministres qui le gênaient (qui se retrouvent unis contre lui), puis finalement le Président, qui reprend les thèmes Sarkozistes considérés comme porteur, tout en montrant son mépris du 49.3 dont il a abusé.  Voici le diaphane Peillon, fils d’un dirigeant communiste de la grande époque, éphémère ministre d’un enseignement public en déroute,  qui prétend que son costume est plus beau que celui de Valls  et son nœud de cravate plus moelleux. Il n’a même pas eu le temps de construire un programme.  Mais il a déjà la garantie du FMI, sans doute une décoction de FuMIste.  Avec lui l’Europe n’a qu’à bien se tenir.  C’est qu’il va vous l’envoyer en l’air ce satané TSCG !  Pas comme cette nullité de Hollande qui l’avait fait ministre mais qu’est rien qu’une brêle. Il y a même Montebourg qui pense avoir cuvé sa cuvée.

Les primaires de la gauche n’auront même pas une ligne politique  à trancher. Seulement huit têtes qui, une fois tranchées par le vote,  renaîtront aussitôt comme la Gorgone pour crier à la nullité du mal élu.

2012 avait été une élection déplorable  parce que nourrie de mensonges, de démagogie, de mauvais sentiments.  C’était vrai des campagnes  et de Sarkozy et de Hollande dont l’élection a coûté 40 milliards aux Français et aggravé toutes les tares françaises.

2017, à  gauche, est une sorte de sursaut hystérique dans le n’importe quoi. L’achat de vote est noyé dans le grotesque délirant.  Les électeurs « de gôche » sont conviés à une espèce de fête sous LSD idéologique dans l’ineptie farceuse et le délire injurieux contre les méchants.  Il semblerait qu’ils aiment cela, l’idée de patauger sans frein dans le néant  et dans le sans queue ni tête.

Pendant ce temps l’édition de gauche sort des versions coûteuses des lettres d’amour lourdingues de Mitterrand à une de ses maîtresses.  Plus bourgeois bourrin, on n’a pas lu depuis longtemps. Qui osera enfin dire que le Beau François  écrit comme un cochon ?

Et qui osera dire que le socialisme français institutionnel est mort et en train de s’enterrer dans une sorte de  happening électoral grotesque et  sépulcral,  dans la joie d’une explosion de dérisoire atrabilaire  qui laissera sans voie  (et sans représentation politique)  le pauvre  et honteux reliquat des convaincus ?  

Sirius

Un petit exercice d'économie amusante

En guise de vœux de fin d’année, voici un petit exercice pour étudiant en économie, dont les économistes, professionnels ou amateurs, pourront éventuellement faire leur miel. Il est intitulé : Le problème des trois libertés.

Sur une terre nouvellement découverte existent deux groupes, ethniquement profondément différents, longtemps hostiles. L’un qui comporte environ deux milliards d’individus a été victime d’un régime totalitaire qui l’a maintenu dans une grande misère. L’autre qui comporte  cent millions d’âmes a réussi par des efforts constants à disposer d’un niveau de vie 15 fois supérieur.

Par un hasard de l’histoire le régime totalitaire est presque tombé. Les dirigeants des deux grands groupes se sont réunis sous l’égide d’un organisme nouvellement créé,  le Formidable Moyen d’Initiative, qui a réussi à mettre d’accord les dirigeants des deux blocs.

L’accord s’est formé autour des concepts suivants :

-          Le change  des monnaies entre les deux pôles sera entièrement libre et la convertibilité assurée coûte que coûte.

-          La liberté de circulation des personnes sera garantie de façon absolue dans les deux sens.

-          La liberté des mouvements de capitaux sera garantie.

-          La liberté des mouvements de marchandises et de services ne fera l’objet d’aucune limitation.

L’accord, signé, doit entrer en vigueur le premier janvier 2017.

Questions :

  1. Décrivez ce qui va se passer en 2017 dans les deux pays (coefficient 1)
  2. Le résultat en fin d’année sera-t-il optimum ?  (coefficient 10)
  3. L’idéologie des trois libertés sortira-t-elle renforcée de l’expérience ? (Coefficient 100).

Vous avez quatre heures.  Les trois meilleures copies vaudront à leur auteur un séjour de 10 ans subventionné par le Formidable Moyen d’Initiative sur cette nouvelle terre pour lui-même et une personne de son choix.  

 

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Bonne année à tous dans notre meilleur des mondes.

Quand l'Allemagne s'inquiète pour son Mittelstand…

Un des inconvénients majeurs des grands déséquilibres de balances extérieures et le caractère nécessairement nocif du réemploi des excédents. Le pays étant en excédent majeur, l'avantage structurel qu'il détient au niveau de change donné rend non rentable l'achat de biens de consommation à l'extérieur, sauf pour constituer des stocks de précaution. Il ne reste alors que deux choix : acheter du capital à l'étranger ou replacer les devises dans les pays émetteurs ou dans les pays où la devise a librement cours.

On a vu que les replacements de devises entraînaient ipso facto une double hélice de crédits qui faisait grimper l'endettement mondial et provoquait des crises périodiques de plus en plus graves.

L'autre conséquence défavorable est l'achat du capital des pays étrangers. La Chine en accumulant des milliers de milliards d'excédents peut acheter ce qu'elle veut où elle veut. Elle colonise l'Afrique et réinvestit ses excédents massivement en Amérique latine ; elle tente de constituer des monopoles sur les terres rares ; elle rachète des grands crus français ;

L'Allemagne, en énorme excédent vis-à-vis du reste de l'Europe, a racheté un nombre impressionnant d'entreprises françaises, notamment dans le secteur informatique, en même temps qu'elle gâchait ses excédents dans l'immobilier de bord de mer.

Depuis peu le Chine rachète des perles du Mittelstand allemand, notamment dans la fabrication de robots. Contrairement à ce que tout le monde dit, le Mittelstand est dans une situation plutôt difficile du fait de la stagnation européenne, là où sont en majorité ses clients. Les petites entreprises du nord de l'Italie, base du "miracle italien", connaissent une situation analogue, en bien pire. Les mêmes mécanismes jouent partout. Il n'y a pas d'îlot magique en économie.

Du coup les milliers de milliards de dollars chinois commencent à racler sérieusement le Mittelstand. Les autorités allemandes deviennent nerveuses. Elles n'ont pas l'habitude. Comme quoi un pays à gros excédents peut devenir une proie pour des pays-continents qui ont encore plus d'excédents !

En France qui n'a pas de Mittelstand du fait d'une fiscalité confiscatoire sur l'entreprise et l'entrepreneur, la Chine s'empare de grosses entreprises : Club Med, Peugeot etc. Et là personne ne proteste.

Il est parfaitement choquant et anti économique de laisser son capital entre les mains de nations qui ont des excédents majeurs de balance de paiements. Rappelons que le principe de l'équilibre des comptes extérieurs figure explicitement dans les statuts du FMI.

Il est indispensable que l'Allemagne comprenne qu'elle ne peut pas continuer à avoir des excédents aussi majeurs en Europe, puisqu'elle fait subir aux autres pays européens les dommages dont elle se plaint.

La zone Euro impose sauf à exploser à plus ou moins court terme des échanges équilibrés. La réforme de l'organisation de la zone Euro, indispensable, doit se faire sur ces bases.

Il importe que le FMI lise ses statuts et en impose le respect à ses membres. Il faut de toute façon réforme le système monétaire international. Le cœur de la réforme sera de créer des mécanismes automatiques d'élimination des excédents et des déficits conjoints.

Nous sommes ici au cœur des réformes à faire en Europe et dans le monde. Il faut cesser d'être nerveux. Et se mettre autour d'une table pour récréer un système sérieux.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Les naissances françaises en chute libre

Nous risquons sur les bases actuelles de finir l'année à moins de 700.000 naissances, soit 100.000 naissances de moins qu'en 2010.

Nous retombons dans la situation d'avant guerre.

Le début de la fin d'une exception française et une véritable catastrophe nationale.

Une hystérie bien française : la santé gratuite !

Il se trouve que le premier message publié sur ce blog concernait la sécurité sociale (Sécurité sociale : la réforme impossible - http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/6/26/Scurit-sociale--la-rforme-impossible). Il est amusant d'en recopier ici le début :

"La France est un pays incorrigible : il est impossible d’y débattre. De rien. Et surtout pas des réformes nécessaires".

"Le dernier exemple nous est fourni par le « scandale » de la proposition de réforme des remboursements de médicaments nécessités par les maladies au long cours. Un dirigeant de la sécurité sociale vient expliquer la réflexion qui est la sienne : les maladies de longues durées coûtent de plus en plus cher et sont responsables de l’essentiel e la dérive des dépenses. Impossible donc de revenir à un équilibre des comptes sans revoir les politiques actuelles.

Il distingue deux types d’affections : les affections graves qui utilisent des médications lourdes dont il faut absolument maintenir la couverture à 100 %. Les affections moins graves pour lesquelles il existe des médicaments plus légers et moins chers mais qui concernent des cohortes très nombreuses (près de 4 millions de personnes).

Il suggère alors qu’on arbitre en faveur des médications lourdes en réduisant à 35 % le remboursement par la SS des autres sachant que les mutuelles pourraient couvrir les médicaments de moindre importance. Il fait sa proposition dans le cadre d’un colloque et il semble utile que des débats puissent avoir lieu sur des sujets de ce genre.

D’autant plus que sa suggestion est plus que raisonnable : elle s’inscrit dans un mouvement de pensée qui dit que les « consommations » ne peuvent pas faire l'objet d'une assurance, valable pour les "accidents de santé", catégorie où entrent sans discussion les maladies lourdes. La gratuité des consommations conduit à un niveau de dépenses insupportable. Donnons un exemple : un diabétique léger va se voir prescrire deux comprimés par jour de Metformine faiblement dosée. Ce n’est pas une molécule chère. En même temps il doit réduire ses aliments gras et sucrés. Globalement entre médicaments et aliments, le budget global est pratiquement le même. Pourquoi ne pas réduire le support de la nation à une part de 35 % sur le médicament ?

Le débat est légitime. Va-t-il s’ouvrir ? Non ! Tous les médias se mettent à rugir le même message : le gouvernement a l’intention de ne plus rembourser les médicaments des maladies longues comme le cancer et le sida ! On tend les micros aux Ministres qui répondent tous : "de quoi s’agit-il "? Puis « Il n’y a pas de projet en ce sens ». Les députés fulminent. À gauche, le même prêchi-prêcha inlassable ressert à nouveau : la droite s’attaque aux pauvres et malades en plus. Ils sont rejoints par des députés de la majorité : il est scandaleux qu’une mesure pareille puisse être prise dans notre dos ! Le tohu-bohu augmente, excellent pour l’audience des émissions polémiques de la TNT. Le gouvernement souligne que jamais une telle décision ne sera prise par ses soins. Le silence retombe.

Il aura été impossible de débattre d’une mesure sans doute raisonnable et même nécessaire."

Huit ans plus tard, Alain Juppé en grand danger de perdre de façon humiliante la primaire de la droite et du centre dont il était le grand favori des médias et de la gauche, dégaine le Mistigri : Mon concurrent veut en finir avec le remboursement des soins pour les pauvres. Ce coup de pied de l'âne, ne grandit pas son auteur. Même s'il n'est pas le seul à droite, depuis mai 1968, à refuser les réformes pour éviter les réactions de la gauche médiatique, syndicale et politique. .

Dans un article concernant Madelin et Cicurel, nous écrivions sur ce blog :

"On voit bien se dessiner la ligne de fracture principale à droite. D’un côté ceux qui veulent réellement sortir du schéma délétère qui nous a mis dans un trou profond où la plus grande part de la population se débat sans espoir. Seule une certaine radicalité permet d’espérer des résultats conséquents. De l’autre, ceux qui pensent que « le pays est fragile » et qu’il ne faut agir qu’à la marge en desserrant subrepticement l’étau posé par les socialistes sur le cou des « très riches », mais bien se garder d’agiter des chiffons rouges devant les yeux des masses, tranquillisées par la belle figure romaine d’un président digne et droit dans ses bottes devenues bienveillantes, par un discours optimiste sur l’avenir radieux qui s’annonce et par l’absence de toutes réformes qui agiteraient les « forces sociales » (en un mot les syndicats et les fonctions publiques).

Il existe bien une droite prudente qui veut qu'on n'agite pas de muleta devant les yeux du bon peuple quitte une fois au pouvoir à faire en cachette quelques réformes utiles à la population vraiment très fortunée.

Alain Juppé a déclenché une nouvelle hystérie avec exactement les mêmes ingrédients :

- Personne ne sait exactement les mesures proposées par le candidat Fillon : elles n'ont jamais été abordées au fond lors des débats. On n'argumente pas. On condamne a priori.

- Le mensonge est le même qu'il y a huit ans : le gouvernement ne remboursera plus les médicaments contre le sida et le cancer. Le plan Fillon non plus ne propose rien de tel…

- L'ensemble des médias va à la curée en même temps et Le tohu-bohu est excellent pour les chaînes de la TNT.

– La gauche qui parle de forfaiture sociale et qui vomit sur "une droite qui s'attaque aux pauvres, malades en plus".

- Ils sont rejoints par une partie de la droite et du centre

La seule nouveauté est à chercher dans les maux de ventre de Mme Le Pen, dont la fleur bleue semble inefficace comme tisane digestive en cas de crise de foie.

Il s'agit bien d'une hystérie, car sinon pourquoi ne pas débattre ? On attend de François Fillon qu'il cède et que le débat se referme au plus vite. Et que le silence retombe. Ce serait une grave erreur. La réforme structurelle des conditions de gestion de la maladie en France est absolument nécessaire. Vitale même. Sauf à contredire tout le chemin parcouru pendant la primaire, François Fillon ne doit pas céder, même s'il touche un nerf à vif dans l'électorat français.

Déjà il y a six ans nous écrivions :

20 février 2010

" Il faut se méfier comme la peste des gratuités. Elles ne sont pas inscrites dans le patrimoine génétique de l'économie mais plutôt dans celui des démagogues. Au nom de la gratuité s'est créée en France une situation intenable dont on aura le plus grand mal à sortir. Il faudrait que les politiques se réveillent et évitent de s'embarquer trop lourdement dans l'idée que la gratuité est l'esprit du temps et qu'il faut lui accorder des espaces nouveaux. La gauche doit faire extrêmement attention : la pratique du "cadeau électoral au peuple visible et valorisant" qu'elle a pratiqué sous Rocard puis Jospin (puis Hollande N.D.L.R.) était une erreur dramatique. Il apparaît dans certains travaux que "le thème de la gratuité est le vrai clivage postmoderne entre droite et gauche". Ce n'est pas vrai : la droite politique aime tout autant la distribution d'avantages démagogiques que la gauche. L'importance de la dette a été en France aggravée par l'extension à l'infini des gratuités publiques collectivement très coûteuses. Elles rendent la sortie de récession plus que problématique. La France n'échappera pas à un grand débat sur la gratuité."

Oui le grand débat sur la gratuité, le mode de couverture du risque de maladie et l'organisation de la médecine doit s'ouvrir. Pierre Antoine Delhommais souligne dans la dernière livraison du Point que la France est devenue la championne mondiale de la dépense sociale et qu'elle est le seul pays qui fait supporter aux générations futures le paiement des soins de la génération actuelle, en les payant par la dette. Il ne précise pas que ce sont les effectifs de la fonction publique hospitalière qui ont le plus augmenté ni que la CSG en étant affecté au social a été l'occasion d'une immense gabegie en même temps que d'une hausse massive de la pression fiscale globale.

L'organisation du secteur public de la santé est de type soviétique. Il ne s'agit pas d'adjectif qualificatif. Mais d'un constat organique. La bureaucratie y est de plus en plus forte ; la prise de responsabilité des praticiens de moins en moins possible. Lorsque François Fillon explique qu'il y a de plus en plus de bureaucrates et de moins en moins de médecins, il a parfaitement raison. Les bureaucrates raisonnent comme des bureaucrates. On l'a vu avec Mme Bachelot et sa gestion ahurissante du risque hypothétique d'un virus asiatique. L'affaire s'est finie avec quelques milliards de pertes. On le voit tous les jours avec l'organisation des Agences régionales de santé. Ces "machins bureaucratiques" se sont vu attribuer des pouvoirs gigantesques dans la gestion des hôpitaux privés et publics et se sont auto saisi de la surveillance des parcours de soins, dépossédant un peu plus les médecins qui doivent rendent des comptes de leurs actes à des bureaucrates en général embusqué dans les ARS parce qu'ils sont de parfaits incapables. Soigner est difficile, surtout s'il faut guérir le malade. Emmerder le médecin traitant en toute irresponsabilité est tout de même plus confortable.

Ce sont ces imbéciles, (oui les ARS sont peuplés d'imbéciles et d'incapables, il n'y a aucune réserve à avoir sur ce sujet ; ce sont les malfaisants du système, comme les fonctionnaires du Gosplan étaient les malfaisants de l'économie soviétique) qui ont fixé des normes intenables, concentré la médecine dans d'énormes Kombinats, provoqué la gabegie des transports gratuits vers ces Kombinats, essayé de créer un "service public fonctionnarisé du transport médical (qui a provoqué le blocage de Paris et des grandes villes par les chauffeurs de taxi et les ambulanciers privés) etc.

Beaucoup de livres récents ont porté témoignage de la folie administrative qui règne à l'hôpital public, en même temps que les cliniques privées étaient asphyxiées. Personnellement j'ai été témoin de plusieurs incidents très révélateurs.

Hospitalisé dans un service, il arriva que le nombre requis d'infirmières présentes n'était plus atteint. Le règlement est le règlement : il faut fermer le service "pour des raisons de sécurité". L'idée de recruter temporairement une infirmière libérale ? Pas question, les syndicats ne le voudront jamais. Que faire des malades ? Les transporter en ambulances dans des services respectant les normes ! Mais tout de même, les médecins au courant des traitements ne vont pas se déplacer ! La rupture de soin va être dommageable. "Rien à cirer" dit l'ARS locale à la direction de l'hôpital. La solution fut trouvée par un chef de service malin : il fit occuper les lits vides par des malades en fin de vie dont le ratio administratif d'infirmières n'était apparemment pas le même. Et hop ! Vive la bureaucratie.

L'autre incident concerne l'AME. Couché dans une salle d'urgence en attendant qu'un lit se libère, j'entends une voix qui explique à la personne attendant dans la stalle mitoyenne, séparée par un simple rideau, comment s'y prendre pour bénéficier de l'AME quand on n'y a pas droit. La jeune femme ivoirienne venait d'arriver de Roissy. Accidentée quelques mois plutôt, elle avait perdu la rate et des complications étaient survenues qu'il fallait traiter. Les traitements en Côte d'Ivoire étaient efficaces mais coûteux. En France cela pouvait être gratuit. La voix explique donc à la gente malade comment se faire rembourser gratuitement : ce qu'il faut dire ; ce qu'il ne faut pas dire etc. Il était le représentant d'un réseau qui se chargeait moyennant finances "au noir" de faire venir tous les malades africains en France pour traitement, dans la mesure où ils ont assez d'argent pour payer l'avion et le service. Au petit matin, la donzelle a répété son boniment. La personne qui l'a recueilli n'était pas dupe. Mais que faire. Je lui ai demandé par curiosité le budget prévu pour lesdits traitements : 37 000 euros (deux opérations lourdes par des équipes nombreuses et des dizaines de jours d'hospitalisation à 1 000 euros l'une !) et le nombre de cas de ce genre : pas plus de deux ou trois par semaine (c'était en 2002 !). Allez, on est bien content pour notre charmante malade et pour les autres.

Le troisième incident vécu n'a pas été médical mais concerne l'informatisation des hôpitaux. Ma première intervention dans ce domaine date de la fin des années soixante-dix ! J'ai pu voir de près comment se prenaient les décisions d'informatisation et comment elles s'exécutaient. Tous les défauts de la bureaucratie se retrouvent concentrés en bouquet : querelles de chapelles ; intervention d'intérêts à peine cachés (des structures intermédiaires montées par des épouses, par exemple), désir de fabriquer des cathédrales monstrueuses, au lieu de fixer des normes d'interconnexion, budgets gigantesques et incontrôlables, erreurs de conception, retards continuels, incapacité à constituer les fichiers historiques, choix techniques aventurés, exigences saugrenues (imprimer en rouge les comptes débiteurs, la mode :" on veut des Mac, c'est plus ergonomique", même si les outils de développements sont insuffisants…) L'informatisation du domaine de la santé est un Titanic qui malheureusement n'a pas coulé à la première traversée. Le cimetière des éléphants blancs est gigantesque.

Dernier exemple : la découverte un beau jour que ma propre secrétaire de direction allait deux fois par semaine chez le médecin, alors qu'elle était intelligente, jeune et en parfaite santé. Interrogée sur cette curieuse pratique, la réponse fusa : "c'est gratuit ; j'y ai droit ; et je veux à tout prix éviter d'être malade". Imparable.

Inutile de dire que les 35 heures, le tiers payant total et le matraquage des médecins et des chirurgiens libéraux, le numerus clausus, la désorganisation des urgences, l'arrivée de population islamisée violente, refusant certains types de soins, et toutes les mesures à l'avenant ont fini par avoir des conséquences extrêmement nocives : baisse du niveau d'expertise, par le recours à des étrangers n'ayant pas suivi les mêmes études que les Français, délais d'attente considérables pour certains actes, pénurie de médicaments, déserts médicaux ; maladies nosocomiales, hôpitaux disproportionnés et sous staffés, énormes citadelles à soins amiantées,

Tout cela représente des dizaines de milliards de gaspillages qu'on a cru contrôler en rationnant les soins, en encadrant les médecins, ou en chargeant la mule de dettes et de prélèvements sans fin et jamais suffisants. Au point qu'aujourd'hui les mutuelles remboursent de plus en plus mal. Les dentistes savent bien que leur clientèle y réfléchit désormais à plusieurs fois avant de s'engager dans un implant et que beaucoup vont voir dans les Pays de l'Est ou au Maroc où les prix sont moins chers.Et la SS paie ! Merci pour nos bons docteurs étrangers. Le tourisme médical se porte bien, subventionné par la sécurité sociale.

M. Fillon, il ne faut pas vous laisser impressionner. Si vous cédez, vous céderez sur tout. Il faut être ferme et clair. Le but est de sauver un système de santé menacé. Lorsque la Grèce est tombée en faillite, les hôpitaux ont cessé d'être approvisionnés en médicaments ; les draps ont cessé d'être lavé ; les cantines n'étaient plus approvisionnées ; certains personnels hospitaliers ont cessé d'être payés ; les retraités du secteur médical ont vu leur retraite réduite de plus de moitié !

Il faut reconstruire un système efficace et juste, qui n'entraîne pas la Nation par le fonds du fait de sa gabegie financière. Il faut expliquer et le pourquoi et le comment avant l'élection. L'hystérie retombera. Et vous pourrez agir.

Macron : une anguille à la sauce hollandaise ?

La candidature Macron est importante. Elle l'est sur un plan purement politique. Elle a cassé ce qui reste du modem et marginalisé le dernier survivant de la classe politique des années quatre-vingt : François Bayrou. Elle a probablement cassé la dynamique d'unité socialiste que le Manuel Valls voulait construire autour de sa personne. Elle aurait fait beaucoup de mal à Juppé s'il n'avait été éliminé aussi radicalement aux Primaires de la droite et du centre. Elle l'est également sur le plan économique puisque la restauration d'un moteur économique puissant est au centre de son discours, ce qui rejoint la démarche de François Fillon. Venant directement du premier cercle du président sortant, qui a porté et la loi Macron et la loi El Khomry, cela met un coin terrible au sein du PS. Valls paraît jouer petit bras et les frondeurs ne peuvent que sentir une indicible force répulsive.

La candidature Macron est également habile. Il a réussi à faire passer un message d'enthousiasme. Son livre révolution est absolument vide. Mais on aurait tort de le juger sur sa vacuité programmatique. Il n'a pour but que d'affirmer des enthousiasmes (l'entreprise, l'Europe, les nouvelles technologies, …) et de balayer des miasmes (le socialisme ringard, la droite ringarde, le syndicalisme ringard, …), la ringardise étant associée à un passéisme dégénéré. Le but est de plaire aux femmes et à la jeunesse, tout en ouvrant les bras à l'immigration, à l'Europe et au Monde. Le but est de caler François Fillon dans le camp des tristounets en attendant d'en faire un croque-mitaine.

Ce genre d'exploit médiatique n'est pas si rare que cela. C'est au fond ce qu'avait réussi à faire un temps François Bayrou. L'ennui de ce genre d'approche, c'est sa vulnérabilité dès qu'on entre dans le dur des programmes. En 2007 Bayrou était au sommet de sa forme et comptait comme Macron actuellement sur une cote située entre 15 et 19 % des intentions de vote. Sur tous les grands sujets la réponse était la même : ce sera bien parce que ce sera moi aux commandes et que j'irai chercher les meilleurs. Au final, cela n'a pas suffi.

Macron a senti le danger et décidé de donner des éléments de programme qu'au compte-gouttes lâchant élément par élément, comme on pèle un oignon odorant. Suffisamment pour épicer le discours, mais en évitant de faire pleurer.

Ce qu'il a divulgué hier dans sa première grande réunion comme candidat démontre qu'on a toujours tort de sortir de l'ambiguïté, la grande maxime du Mitterrandisme, reprise par François Hollande. Il y a beaucoup et probablement trop de hollandisme dans le programme Macron. Comme Hollande, il évite de s'attaquer de front aux grands tabous. On ne touchera pas aux trente-cinq heures ; on ne touchera pas aux fonctionnaires ; on ne touchera pas à la sécurité sociale ; on n'augmentera pas la TVA "qui frappe les plus faibles". Bref, on rassure tout le monde. Il y aura plein de boucliers partout. le changement sans changement, il n'y a que cela de vrai. "On va faire confiance aux Français, déconcentrer à mort, décentraliser pleinement (à moi Bretons et Corses) ; on va faire confiance à l'Europe". Revoici le langage du grand écart : la proximité champêtre plus les directives européennes. Une contradiction ? Quelle contradiction ? Et le gouvernement français, il fait quoi au milieu de ce déchaînement d'énergie au dessus et au dessous ?

Mais Monsieur, c'est très simple : il distribue. On va redonner de l'argent aux actifs en supprimant une grande part des charges salariales qui seront renvoyées sur …les retraités. Oh pas tous : les 40 % les plus riches. Allez hop ! À ces salauds de retraités aisés qui votent de toute façon à droite, on va piquer 1.7 % de leur revenu. C'est quoi 1.7 ? Presque rien. De quoi ils se plaignent ? Toujours les mêmes ces riches qui ne veulent pas sauver la France en se faisant égorger fiscalement. Et ceux-là, ils ne pourront pas s'exiler. Dans la pratique cela veut dire que le taux marginal d'imposition va passer de 65.5 à 67.2 %. Encore un effort et on sera au 75 % hollandais. Et cette mesure ne pèse en aucun cas sur l'entreprise triomphe Macron-les-beaux-yeux-bleus-ni-degauche-ni-de-droite. Pour les retraités la pilule sera amère : l'inflation repart. On pense qu'elle dépassera 2 % en 2017 et il n'y a plus d'indexation. Ils vont perdre 4 % sur la totalité de leur revenu mais 8 à 10 % sur le disponible : et oui, les fameux retraités aisés sont déjà souvent taxés à plus de 50 %. Si on tient compte des charges fixes de logement, l'impact sera plutôt autour de 20 %. Mais cela,  on ne poussera pas l'honnêteté jusqu'à l'avouer.

Les premières mesures annoncées (comme on les comprend à travers un discours, mais elles seront peut-être explicitées par écrit) n'auront aucun effet sur les entreprises, ce ne sont pas elles qui paient les charges salariales. Elles ne facilitent pas la compétitivité (comme la TVA sociale). Elles n'augmenteront pas la demande globale (on en fait un simple transfert d'une catégorie sociale à une autre). Et on recommence à séparer les bons Français corvéables à merci qui sont chargés de payer le vote d'un candidat. Hollande, nous voilà !

Comme Hollande on est pour tout ce qui est pour contre tout ce qui est contre, dans le verbiage de l'enthousiasme, on contourne tous les nœuds gordiens qui se dénoueront tout seuls, on ne touche à personne sauf à une partie de la population "aisée" corvéable à merci et qui aurait bien tort de crier à l'injustice.

On revient à la démarche de Hollande. Évitements divers, refus de traiter les sujets qui fâchent, et achat de vote démagogique. Sans aucun résultat à attendre sinon un méchant retour de bâton en moins de deux ans.

En fait cela donne de la marge à François Fillon qui n'aura qu'un mot à dire : qu'est-ce que ce programme change et en quoi peut-il sortir le pays de l'ornière où il se trouve. Tout le monde il est gentil tout le monde il est beau c'était en 1968. Faire du socialo-hollando-centrisme soixante-huitard n'est pas ce qu'on attendait du jeune Emmanuel Macron.Mais quand on est haut fonctionnaire et banquier d'affaire on ne peut pas s'attendre à ce qu'on casse la baraque. L'important est la conservation de l'Administration et la préservation des affaires réservées aux 100 milliardaires qui comptent vraiment pour les choses sérieuses et dont une partie finance sa campagne. Ceux-là veulent d'abord la paix sociale. L'avilissement national ne compte pas. La symbiose entre haute fonction publique et affairistes mondialisés doit perdurer. Et qu'on ratisse les retraités moyennement aisés (40 % du total tout de même) les gêne moins qu'une manif un peu rude de la CGT.

Voici que Mélenchon a du grain à moudre.

Décidément non. Cette approche Macron n'est pas la bonne pour la France, même s'il faut attendre que toutes les mesures qu'il propose sortent de la boîte pour en juger définitivement. Elle ne permet pas de détourner le Titanic français de sa course folle vers la falaise grecque. Seulement de détourner l'attention.

Dommage.



Qui doit créer la monnaie ?

Le système bancaire mondial  est en faillite virtuelle depuis 2006. Il a inévitablement craqué en 2008. Les pertes latentes accumulées lors des décennies précédentes avaient  atteint plus de dix  mille milliards de dollars, un gros multiple du capital des banques. Les constater aurait été équivalent à accepter la perte de tous les dépôts dans les banques occidentales. Pour éviter ce scénario catastrophe, on sait que la solution retenue a été de créer de la monnaie banque centrale à tout va (16 mille milliards de dollars), de créer plus de 60 mille milliards de dettes nouvelles à taux presque nuls,  de transférer une partie du fardeau aux Etats et aux contribuables, et de rechercher, sans trop de succès,  un peu d’inflation pour limer progressivement le bloc  de dettes, sans que les porteurs ne se sentent trop floués. La création monétaire des banques centrales a été telle que les taux sont devenus négatifs, et que les banques ont répercuté sauvagement sur le déposant, sous forme de taxe, l’usage d’un compte courant par ailleurs imposé par la puissance publique.  En même temps on a cherché à encadrer, en l’étouffant, les activités bancaires, à l’aide de deux techniques : des législations de plus en plus contraignantes et une obligation de couverture en capital des différents marchés de prêts bancaires.

Le plus significatif, dans ce désordre, est l’absolu dédain pour les causes réelles de l’écroulement bancaire, mis simplement à charge des traders et de leur goût prétendument nouveau pour le lucre.  Du coup, des  contradictions monstrueuses  se sont fait jour entre une doctrine économique basée sur le libéralisme et des pratiques absolument liberticides :

-          Obligation de payer en monnaie de banque pour que le fisc puisse tracer toutes les transactions.  Cette obligation d’utiliser les banques pour le moindre règlement et pour stocker sa monnaie est une violence d’état, pas un choix des usagers.

-          Droit des Etats à voler une partie des dépôts, c'est-à-dire de la monnaie conservée de façon forcée dans les banques

-          Limites nombreuses à ce qu’on peut faire de son épargne liquide.

-          Droit accordé aux banques de taxer ad libitum les déposants

-          Canalisation fiscale vers des placements finalement à merci des Etats et gérés par les banques avec risque de spoliation fiscale.

-          Interventions dans la liberté contractuelle et les règles de rémunérations

-          …

Au nom d’un libéralisme de façade, on a créé un système totalement anti-libéral.

On prétendait, en mettant sur le pavois les idées de Milton Friedmann,  que la monnaie était « une marchandise comme les autres » dont la valeur devait s’établir sur des marchés, et voilà que l’Etat ou ses succursales, multiplie les voies de fait contre les usagers de la monnaie.

Naturellement la crise dure. On ne peut pas faire sans conséquences d’aussi grands écarts entre idéologie affichée et réalité, entre motivation légale des institutions et pratiques contraires, entre les faits et les causes.

Les peuples ainsi maltraités au profit de la survie des banques, et accessoirement de leurs dépôts, se rebiffent contre l’idée dominante qui a laissé le système bancaire créer inlassablement une monnaie aventurée dans le financement du néant, sous la supervision borgne des banques centrales. 

Le balancier part dans l’autre sens. Le pouvoir de création monétaire des banques est soudain à l’encan démocratique.

Un rapport signé par un parlementaire islandais du Parti du progrès, Frosti Sigurjonsson, préconise d’enlever aux banques le pouvoir de créer de la monnaie. Une votation suisse pour une « monnaie pleine » suit  avec  succès la procédure, en ayant obtenu plus de 100.000 signatures. Il y a aura vote en 2018.  Le débat sur le rôle des banques centrales et la « distribution d’argent au peuple par hélicoptère » va dans le même sens et rejoint la polémique sur la règle imposée en 1973 qui interdit  aux banques centrales de financer directement les Etats.

Du coup,  on ressort les propos d’économistes qui, très nombreux au cours de ces trois cent dernières années, ont eu la tentation de priver la banque du droit de création de monnaie laissant le seigneuriage  au profit des Etats. De Ricardo à Maurice Allais, ils sont extrêmement nombreux.  Il est vrai que depuis longtemps on associe avec raison le cycle décennal à la purge périodique des excès de crédits bancaires. En soulignant que les pertes colossales  provoquées par  la crise de 2008 ont largement  le fruit d’une création monétaire débridée des banques, on réactive automatiquement le débat sur « qui doit créer de la monnaie ? ». Le FMI a curieusement contribué à échauffer les esprits en publiant l’étude de Jaromir Benes et Michael Kumhof : The Chicago Plan Revisited (Retour sur le plan Chicago) qui discute les  propositions d’Irving Fisher qui vont dans ce sens qu’il avait formulé dans les années trente,  à la suite de la faillite en chaîne de milliers de banques.   (http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.imf.org%2Fexternal%2Fpubs%2Fft%2Fwp%2F2012%2Fwp12202.pdf)

La question est tout de même assez technique et, il faut l’avouer sans fausse pudeur démocratique,  assez largement au dessus des moyens de tous ceux qui n’ont pas longuement étudié la question. Le grand public est néanmoins appelé à la trancher. On peut le craindre car le sujet contient d’excellentes perspectives démagogiques :

-          Les banques sont mal aimées

-          L’idée que de l’argent gratuit pourrait se retrouver dans la poche de tous sans rien faire est tentante.

-          Le tout peut s’enrober dans une idée simple du bien commun opposé aux vilains profiteurs

-          Toute critique de ces merveilleuses mesures  peut être écartée d’un revers de la main comme achetée par le système financier et portée par des « complices » des banques.

Le terrain est meuble pour semer des graines de passion et obtenir une jolie mobilisation. Des centaines de milliers de personnes ne comprenant pas toutes les arcanes du sujet peuvent se trouver séduites par un grand coup de pied dans la fourmilière et « arrive que pourra, au moins on se sera défoulé ».  C’est un peu le même mode d’agrégation de réflexes « anti-système » que l’on retrouve dans l’idéologie qui veut que les monnaies locales soient parfaites et les monnaies d’Etat mauvaises, ou qui laisse croire que la taxation des opérations financières aboutirait, en trois minutes, à sortir le monde de la pauvreté, des difficultés écologiques, et des grandes épidémies.

L’initiative marche aussi bien en Islande où le système bancaire, croyant appuyer sa création monétaire extravagante sur des actifs mondialisés considérés comme réels, s’est effondré du fait de la faiblesse des « collatéraux », provoquant des pertes que la place ne pouvait couvrir (elles étaient de plusieurs fois le PIB marchand Islandais) et la Suisse où des pertes considérables ont été subies par UBS et le Crédit Suisse plusieurs fois supérieurs également au PIB suisse mais où les traditions bancaires et les pétromonarchies pouvaient aider à faire face sans trop inquiéter le citoyen suisse.

 

Voici donc la castration des banques devenue un thème politique et un levier pour les activistes  qui cherchent à dresser  les « masses conscientisées » contre la « globalisation néolibérale ».

L’occasion nous est donnée de rappeler les thèses développées ici depuis 8 ans :

-          Les banques ne créent de monnaie que de façon contrainte. Elles sont plutôt des amplificateurs de liquidité. La monnaie qu’elles créent devrait être gagée sur la croissance de revenu provoquée par l’investissement productif. Elles sont constamment sous la menace d’une demande de conversion de comptes-courants en monnaie banque centrale et elles doivent donc conserver un portefeuille de prêts négociables et escomptables. Si les banques se sont mises à battre monnaie de façon délirante, la raison en est à chercher dans les sources primaires de liquidité et principalement les retours de balances de paiements excédentaires dans le système bancaire des pays déficitaires.  Si on laisse d’énormes excédents et d’énormes déficits se produire, le pays excédentaire ne peut plus investir les gains de devises en interne (il est déjà hyper compétitif), et la devise étrangère se stérilise. Alors il la replace dans le pays où elle a cours. C’est ainsi que l’Allemagne puis le Japon puis la Chine ont créé des hélices doubles de crédits avec les pays déficitaires de contrepartie, surtout les Etats-Unis. Elles ont provoqué les crises de 73-74, 92-93 et 2008-2009. L’afflux de liquidité n’ayant plus de rapport avec la production, les banques ont financé massivement des faux-espoirs de plus values.  Les banques ont été le principal vecteur des pyramides de crédits, mais les énormes déséquilibres de balances de paiement sont la vraie cause des crises successives. Il faut donc mettre fin à un système qui permet de tels déséquilibres, si l’on veut agir sur la cause primordiale et pas l’amplificateur.

-          Le concept de banque universelle, dont la gestion se fait en symbiose avec l’Etat est un désastre, même si ce modèle est le chouchou préféré des banquiers et des hauts fonctionnaires français. Nous considérons que la banque de paiement doit être distinguée de la banque de crédit, qui doit elle-même être distinguée de la banque d’investissement. Les ressources des banques de crédit et d’investissement doivent limiter la « transformation », afin que des crédits à court terme ne viennent pas financer des investissements à long terme.

-          La banque de paiement est une société de service. Elle assure la conservation de la monnaie et organise ses mouvements. Le progrès technique et la concurrence doivent permettre de faire baisser le coût de garde et le coût de transaction. Naturellement, l’usager paie pour le service et la fausse gratuité du compte chèque disparait. Si le déposant (qui fait du coup un vrai dépôt) veut conserver son encaisse liquide, il le laisse en compte courant, où il est inaccessible : la banque n’en prend pas possession.  Il est d’usage de considérer que le coût de la partie gestion de compte pour l’usager est actuellement masqué car pris en compte partiellement par le banquier.  L’informatisation a changé la donne : la partie paiement et conservation voit ses coûts baisser de façon étonnante. La banque doit faire face à de nouveaux concurrents tous les jours sur ce segment. Le mouvement est donc clair vers une autonomisation de la fonction « tenue de compte et paiement ». Si les banques de paiements sont des sociétés de service, on ne voir guère d’inconvénients à ce que des réseaux de géants mondialisés se constituent, avec une capacité d’amortir les investissements techniques sur une grande échelle, baissant encore le coût facturé au déposant. L’important est d’éviter les monopoles.

-          Les banques de crédit fonctionneront à partir d’argent emprunté sur le marché monétaire. Les banques spécialisées dans des marchés particuliers dont les durées de prêts seront ajustées. Elles pourront également escompter auprès de la banque centrale un portefeuille de prêts afin d’obtenir une liquidité nouvelle non préexistante dans le système. Comme les marchés de devises sont interconnectés, elles pourront acheter des liquidités en excédent  à l’étranger et convertir les devises pour couvrir leur besoin de liquidité. Mais comme les grands excédents et déficits seront bannis et que nous considérons que les changes fixes et ajustables sont le seul moyen d’éviter les trop gros déséquilibres, le risque d’une abondance excessive de liquidité est impossible. 

-          L’ensemble du système que nous proposons évite les paniques bancaires,  sauf vol direct des dépôts dans les banques de paiement par un état spoliateur et vorace, ce qui parait inconcevable car parfaitement inutile. Il limite les crises périodiques en évitant partiellement les effets d’emballement.

-          Son risque est de faciliter la thésaurisation. Mais on voit que ce risque existe déjà.   

-          Pour une croissance de trois à quatre pour cent par an, il ne faut pas une création monétaire gigantesque. Si les encaisses désirées restent stables, le refinancement monétaire des investissements financés à découvert par les banques augmentera au rythme de la croissance.

-          Reste la question des financements de l’Etat. Utiliser les banques centrales pour alimenter directement le trésor n’est pas une solution, sauf pour le financement d’investissement que seul l’Etat peut faire et dont il est certain qu’ils créeront directement ou indirectement du revenu. Cela devrait rester interdit, en temps ordinaire pour le financement de l’impasse primaire. Le risque, sinon, est de créer une inflation incontrôlable.  Pour les investissements publics longs, il n’est pas absurde que les Etats s’endettent prioritairement auprès de la banque centrale, sous réserve de règles prudentielles extrêmement sévères. Il n’est par exemple, pas question que l’on finance une hausse des salaires des fonctionnaires de l’éducation nationale sous prétexte que l’investissement dans les hommes est un investissement productif.

-          La question des circonstances exceptionnelles, des dépressions lourdes, des collapsus, comme dans les années 1930 ou les années 2010 est évidemment différente. Là, presque tous les moyens sont bons. L’important est de ne pas se mettre dans de telles situations. La seule solution est dans un bon système monétaire international, basé sur les changes fixes, la responsabilité des Etats vis-à-vis du change, et l’interdiction ou la pénalisation des gros déficits et des gros excédents.

Est-ce à une procédure référendaire qui faut confier l’ensemble de ces questions ou à une conférence internationale ? La seconde solution serait sans doute la meilleure. Mais un nouveau Bretton Woods est-il simplement possible ? Peut-être des votations peuvent-elles en créer les conditions. Mais il est difficile de faire face à la complexité par des simplismes, encore que de toute éternité on sait qu’il faut parfois trancher les nœuds gordiens avec plus de violence que de réflexion.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.


La grande surprise des récentes élections

Le charme des élections est le nettoyage des mentalités qu'elles permettent. Des époques se ferment, d'autres naissent.

L'élection de Trump traduit de façon sévère la déception économique et sociale d'une globalisation où le bénéfice des grands groupes mondialisés, dégagés de toutes entraves, s'accompagne d'une stagnation redoutable dans les pays développés. Perfectionner à l'infini les trois libertés de mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, vocation que se sont attribuée de multiples organisations internationales et différents groupements d'élites qui se considèrent transnationaux par intérêt et par philosophie, n'est plus le mantra des peuples.

Le Brexit marque la volonté populaire des Anglais de ne plus voir le pays envahi par des hordes d'étrangers et de retrouver sa souveraineté sur les questions d'organisation de la société. Le Royaume-Uni, théoriquement le grand vainqueur de la mondialisation financière, ne trouve pas son compte dans l'exclusif succès de la City, surtout quand il se traduit par des pertes abyssales et une montée sans précédent du chômage, des dettes et des impôts.

La remarquable percée de François Fillon, grande surprise des primaires pour ceux qui ne veulent rien voir, dans un autre genre, marque la fin de la complaisance de la droite pour une gauche, dont l'assujettissement au marxisme-léninisme s'étiole sans fin depuis la chute de l'URSS, et dont la nécessité politique a disparu depuis qu'elle a abandonné sans vergogne les classes populaires. L'énarchie compassionnelle marquée par l'étatisme envahissant, la complaisance vis-à-vis des fonctionnaires et de leurs syndicats, la fiscalité confiscatoire, s'est mariée trop longtemps avec un "sociétalisme pour bobos post-soixante-huitards", venu des Etats-Unis. Appuyé sur des slogans creux, le "politiquement correct de l'altérité", avec la glorification de l'autre, censé porter toutes les vertus, et la culpabilisation du cœur de la nation, considéré comme un ramassis de "beaufs moisis", a fini par faire sombrer la nation dans le chômage de masse, le remplacement de la population, un niveau de dettes insupportables, l'exil des entrepreneurs et des familles aisées et le développement de hordes de personnels à statut dont le poids est devenu insupportable.

Le choix final de la "primaire de la droite et du centre" tranchera la question de savoir si la droite persiste dans sa soumission au politiquement correct gauchiste et sa complaisance vis-à-vis de la haute fonction publique, transpartisane, arquée sur ses propres privilèges extravagants et prête à tous les compromis sur le dos de la nation pour conserver lesdits privilèges.

Peut-on encore accepter qu'une caste administrative se soit approprié le champ du politique, multipliant les conflits d'intérêts, en cherchant sa survie dans le discours politiquement correct, les cadeaux au peuple et la fiscalité confiscatoire ? la France a globalement choisi pendant quarante ans de financer par la dette une extension démentielle des effectifs publics. Nous avons montré ici que la situation française s'apparente à celle de la Grèce avec les mêmes effets. Et un risque pour l'énorme masse des fonctionnaires de se retrouver en première ligne en cas de hausse des taux d'intérêt. Les retraités grecs de la fonction publique ont subi deux réductions successives de près de quarante pour cent de leurs retraites. Les écoles et les hôpitaux ont cessé d'être approvisionnés. Quand un état n'a plus d'argent, il n'a plus d'argent et les premiers à souffrir sont les fonctionnaires. Qui peut douter que nous nous rapprochons tous les jours de la falaise grecque ?

Il est donc tout à fait normal que l'arbitrage se fasse à droite autour de la question en apparence "comptable" des effectifs rémunérés exclusivement par l'état. Il faut ajouter aux effectifs sous statuts des fonctions publiques, les contractuels et surtout les innombrables employés des associations qui se sont substituées à la fonction publique pour exécuter des politiques publiques.

La croissance des effectifs salariés des associations a été longtemps supérieure à celle des fonctionnaires proprement dits. On parle d'un recrutement sur 20 ans de plus de 1 200 000 personnes.

Ce phénomène se voit bien quand on regarde le cas de Paris : 55 000 fonctionnaires plus 20 000 salariés d'associations entièrement financés par la Ville. 75 000 personnes pour gérer une ville de 2 000,0000 d'habitants, alors que Tokyo se contente de 12 000 employés municipaux pour 12 000 000 d'habitants. Et Paris est devenu une porcherie repoussante, sans autre attractivité qu'un tourisme qui se dérobe du fait des attentats et de l'état lamentable de la ville.

Plus généralement, l'emploi nouveau se concentre sur les lieux de retraite agréables d'un côté, et les grandes villes universitaires de l'autre. Certaines villes de province ne vivent plus que des activités financées par l'argent public. Limoges et surtout Vienne, visitée récemment, sont typiques d'une évolution extrêmement dangereuse. Si l'Etat fait face, comme en Grèce à une asphyxie financière, ces villes seront étranglées. Et, on en trouve désormais des dizaines.

Il est normal que le conflit entre Fillon et Juppé se cristallise sur la question des effectifs de la fonction publique. Fillon devrait profiter du ralliement de Bruno Le Maire pour annoncer dès aujourd'hui la séparation de la politique et de la haute fonction publique en proposant comme nous le demandons depuis 20 ans que nul ne puisse recevoir deux rémunérations de l'Etat et qu'on ne puisse pas être élu dans une assemblée qui fixe votre rémunération et vos conditions d'emplois. L'intégration de la fonction publique dans la sécurité sociale normale est indispensable. On sait que les hauts fonctionnaires ont commencé sous Pétain à construire un système pour les autres en évitant soigneusement d'en faire partie. Il faut ajouter la suppression du statut d'emploi à vie, sauf pour des catégories très spéciales de hauts fonctionnaires dont l'emploi doit être protégé des alternances brutales, en gros la catégorie A + . Dans ce moignon résiduel, il faut réduire drastiquement le nombre des statuts différents. On doit également empêcher la cogestion des ministères par les syndicats qui n'ont strictement aucune raison de définir les politiques publiques. Le droit de grève doit disparaître dans les fonctions publiques, comme cela se fait partout ailleurs. On ne peut pas à la fois donner des statuts protecteurs à des personnes à qui on confie l'Etat et leur permettre de se retourner contre l'Etat.

À partir de ce socle, il deviendrait possible de réduire le périmètre de l'Etat à des politiques publiques essentielles.

On sait que pour Juppé, qui était en communion totale d'idée avec Rocard, un tel programme est intolérable. Mais il a tort de le dire impossible. L'attrition des effectifs sous contrats d'état peut concerner plus d'un million d'équivalents temps plein. Le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, permet, joint à une augmentation du temps de travail et à un allongement de l'âge de la retraite, d'atteindre l'objectif de réduction globale du nombre de personnes intégralement payées par l'Etat tout en assurant le nécessaire rajeunissement de la pyramide des âges de la fonction publique. Bien sûr ce sont des chiffres globaux. La pyramide des âges n'est pas la même dans toutes les parties de l'appareil d'Etat. Certains secteurs doivent être poussés d'autres réduits plus brutalement.

Cette politique est difficile, parce que la hausse de la durée de travail va entraîner des coûts à court terme élevés. Mais on oublie de dire qu'un poste de salarié à vie du secteur public implique aujourd'hui le paiement d'une retraite d'en moyenne 25 ans. 500 000 emplois publics en moins, c'est la possibilité de payer 500 000 personnes pendant 25 ans avec le même budget étatique. Comme la dette des retraites d'Etat n'est jamais évaluée et publiée officiellement, le grand public ne comprend pas que le recrutement de 2 000 000 de personnes sous contrat public a eu des effets monstrueux sur l'emploi non public, la croissance et l'endettement. Il vaut mieux avoir cinq millions de fonctionnaires travaillant un peu plus que cinq millions cinq cent mille. C'est meilleur pour la dette, c'est meilleur pour l'emploi, c'est meilleur pour la productivité globale, c'est meilleur pour le pouvoir d'achat, c'est meilleur pour réduire la pression fiscale, c'est meilleur pour la rémunération des fonctionnaires et leur avenir professionnel

Le pays peut-il continuer à être dirigée par un haut fonctionnaire lorsqu’on sait qu'il faut absolument corriger les effets pervers délétères de quarante années d'énarchie compassionnelle ?

Une fois ce problème tranché, il faudra s'attaquer aux deux grandes questions totalement absentes du débat en cours.

La première est le rôle de l'Euro dans la déréliction française. Ce sera le combat du second tour de la présidentielle. Il ne pourra pas être escamoté. Faut-il comme le disent Mme Le Pen et M. Dupont Aignan, sortir de l'Euro ? Ou peut-on se contenter de réformes plus ou moins profondes de la gestion de la zone Euro ? On trouve là un champ de réflexions considérable. Il va bien falloir en parler au fond. Le "Hourra Euro !", c'est fini.

La seconde est le rôle du système monétaire international dans la crise à un moment où les Etats-Unis prétendent avec Trump faire marcher ses alliés à la baguette et remettent eux-mêmes en cause les bases du système actuel. Il est compréhensible que les primaires de la droite et du centre aient escamoté la question. Il va bien falloir, volens nolens, qu'elle se retrouve au centre de l'agora à un moment ou à un autre.

Changer la "globalisation" ?

L'explosion en plein vol de l'économie baudruche qui a gonflé inlassablement à partir de l'abandon des disciplines de Bretton Woods en 1971 a eu comme première conséquence, que nous n'avons cessé de souligner dès 2008 et qui a été totalement sous-estimée par les commentateurs, l'arrêt des financements internationaux, chaque banque cherchant son salut dans son pré carré national et ses autorités de tutelles. L'arrêt de l'énorme spéculation sur les matières premières internationales, y compris le pétrole, associé au repli des banques, a désorganisé les flux commerciaux usuels.

Comme souvent, les mentalités ont été en retard sur les faits. On demande de partout une "pause dans la globalisation" alors qu'elle est largement arrêtée depuis plusieurs années !

Tout le monde n'a pas été aveugle :

"Le ralentissement prononcé de la globalisation est en partie conjoncturel, lié aux effets de la crise, ainsi qu’au ralentissement de l’économie chinoise". « Il est aussi le résultat de la multiplication des barrières aux échanges et du protectionnisme ainsi que des limites atteintes par la baisse des coûts du transport », ajoute Thomas Held, auteur d’un article annonçant en 2012 que « la déglobalisation a commencé ».

La campagne réussie de Donald Trump, venant après le Brexit, met à mal une autre vue conventionnelle : la "mondialisation néolibérale" aurait été une exigence des "Anglo-saxons". Pour une bonne partie des observateurs dans les médias ou les institutions officielles, "l'horreur de la globalisation" est née de l'élection de Thatcher et Reagan. Et on nous annonce une "horreur de la déglobalisation" associée à l'élection du "monstre" Trump…

Du coup, voilà qu'on demande de partout une "nouvelle globalisation". En France et à gauche, c'est Picketty qui s'y colle dans un article du Monde.

Pour lui il ne faut pas revenir au temps des replis, identitaires et économiques, mais lier les négociations multilatérales commerciales avec "des objectifs plus élevés". Le commerce : pouah ! Mais, puisqu'il en faut, assujettissons à son développement des objectifs dignes d'une humanité supérieure. Dans son esprit, la lutte contre le réchauffement climatique et les inégalités.

Il se trouve que nous-mêmes proposons depuis très longtemps de lier l'ouverture des échanges internationaux à une  autre réforme : celle du système monétaire international. La solution est logique : un achat est toujours constitué d'un mouvement de monnaie et d'un mouvement de marchandise. On ne peut pas s'intéresser à un seul pan de la transaction, en imaginant que la monnaie est un "voile", une huile de graissage, permettant de faciliter les échanges. Si les échanges sont très déséquilibrés cela veut dire que des stocks d'excédents monétaires se forment et on sait très bien, notamment depuis Rueff, qu'ils provoquent des doubles hélices de crédits et poussent l'économie mondiale dans le fameux mode baudruche que nous avons connu pendant quarante ans, avec explosion finale. On doit donc associer le développement des échanges internationaux avec des institutions et des règles qui permettent la stabilité relative des changes, l'absence de spéculation désordonnée sur les monnaies, et l'atténuation des déséquilibres des échanges. Oui, CETA et TAFTA auraient dû être associés à une refonte du système monétaire international.

Pour Picketty, obsédé par le contenu de l'assiette du voisin, ces questions ne se posent pas. Les inégalités sont le problème fondamental. Mais voilà, la globalisation a provoqué  une réduction des inégalités :

« La globalisation a fortement réduit la pauvreté dans le monde et accru le niveau de vie dans tous les pays ouverts aux échanges, en particulier en Suisse. C’est elle qui a permis d’atteindre les objectifs de développement des Nations unies », renchérit Martin Eichler, chef économiste de BAK Basel.

Il est très difficile, pour un socialiste, de constater que les Républiques Socialistes de l'Est et de l'Orient avaient réduit leurs peuples à la misère de masse. Lorsque ces régimes sont tombés, comme l'URSS, ou se sont profondément réorganisés, comme la Chine et l'Inde, un énorme écart est apparu entre les niveaux de vie occidentaux et ceux de ces pays. Une femme vivant à la campagne en Ukraine ne gagnait pas plus de 100 euros par mois ; une paysanne collectivisée chinoise pas plus de 50. La fin des guérillas communistes dans les pays pauvres d'Afrique et d'Amérique du sud, a également permis une reprise de la prospérité. On a donc assisté à un rattrapage économique dans toutes ces nations qui s'est traduit globalement par une réduction massive de la pauvreté et des inégalités. Il faut vivre dans une bulle obsessionnelle pour ne pas voir que la globalisation est, historiquement, une baisse massive des inégalités mondiales  et que ce rattrapage a eu pour conséquence des difficultés certaines pour les secteurs ouvriers occidentaux, mis en concurrence avec des pauvres bien décidés à rattraper leur niveau de revenu et de consommation. On peut analyser en partie le rejet de la mondialisation dans les pays développés comme une révolte des classes moyennes mises en concurrence avec les parties plus pauvres du monde. Si on n'avait pas connu 75 ans de socialisme, le besoin de rattrapage aurait été moindre et les tensions en Occident moins sensibles. C'est malheureusement le genre de constat , en dépit de l'énormité de son évidence, qui ne peut pas être simplement imaginé par un socialiste marxisant.

Non M. Picketty la question de la mondialisation n'est pas la création d'immenses inégalités, puisque ce sont les immenses inégalités imposées par le socialisme violent qui s'estompent avec la globalisation !

Quant au réchauffement climatique, il tient à tellement de comportements qui n'ont rien à voir avec les échanges commerciaux, qu'on ne voit pas ce qu'ils devraient faire dans une négociation commerciale. On retrouve là la tentation permanente des ONG de l'ONU de faire de la morale avec des instruments qui n'ont rien à voir. On l'avait déjà constaté avec la taxe Tobin, sujet technique, transformé, avec mauvaise foi, en instrument de financement de toute une série d'objectifs d'abord sociaux puis écologiques. Dans sa dernière formulation elle devrait permettre de financer la transition énergétique des pays du sud. Sortir le monde de la pauvreté d'un claquement de doigt n'est plus à la mode !

La COB 21 a démontré que des conférences internationales ad hoc avaient leur efficacité. Pourquoi détourner d'autres négociations pour traiter des mêmes questions ? Lorsqu’on parle d'échanges de produits, il est vrai que les normes de production interviennent, qu'elles soient de santé publique ou sociales (travail des enfants par exemple). Mais les négociations actuelles entre Occidentaux concernent essentiellement le secteur des services qui n'a aucune influence climatique avérée. Quant à la Chine, la question actuelle est de savoir s'il faut lui reconnaître le statut d'économie de marché, avec des conséquences de compétition aggravée et dans le système actuel, un risque aggravé de déséquilibres massifs. L'écologie n'a pas sa place dans cette discussion. En revanche les énormes excédents chinois, leur formation et leur emploi, ainsi que le choix de la monnaie internationale à utiliser en Europe pour échanger avec la Chine, sont des thèmes de discussions aussi majeurs que totalement mis à l'écart. Là est le scandale.

Il faut associer la relance de l'économie internationale à une refonte profonde du système monétaire international, avec condamnation effective des gros excédents et des gros déficits. Mais, décidément non. Il ne faut pas fourvoyer les discussions sur le commerce international et la globalisation des échanges dans des discussions qui ressortissent d'un autre registre.

Si on avait, dès le changement de stratégie économique de la Chine, imposé un contrôle de l'équilibre des échanges commerciaux et évité les énormes déficits américains et leurs excédents symétriques en Chine, la Chine aurait cru un peu moins vite et en contrôlant mieux sa pollution et les classes moyennes américaines auraient moins souffert, avec un dérapage moindre des inégalités de rémunérations. Les classes moyennes européennes aussi. Ce qui vaut pour la Chine vaut aussi pour tous les pays à rattrapage.

Réformer le système monétaire va donc dans le sens d'une moindre pollution et de moindres inégalités dans les pays développés. C'est à cette bataille-là que Picketty devrait se joindre, car là est le chemin.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Les charges sociales dans la tourmente des élections présidentielles

Il y a dans toute élection une part de défoulement. Une élection est une soupape, pas seulement le choix d'une ligne politique. Et parfois, le défoulement vaut ligne politique, comme on le voit trop souvent ces derniers temps.

La question devient épineuse lorsqu'un pays doit faire face, comme en France, à l'obligation de réformes de structures complexes, socialement sensibles mais indispensables. Prenons par exemple le cas du défaut majeur de la structure fiscale française qui est d'accabler la production au point de lui faire perdre toute compétitivité. Après guerre, la France était ruinée et n'avait plus d'épargne. On a chargé l'entreprise de financer des politiques publiques parce qu'il n'y avait peu d'autres ressources disponibles. Ceci était tolérable tant que l'épargne nationale n'avait pas été reconstituée et tant que l'ouverture commerciale et financière au monde n'avait pas été réalisée. D'autant plus que les mesures prises à la Libération sur le chômage et les retraites n'avaient pas de conséquences immédiates : nous étions en phase de plein-emploi et les retraites, ce serait pour bien plus tard. Les maladies n'exigeaient pas les traitements coûteux que l'on connaît aujourd'hui. Les salaires, dans les hôpitaux, étaient bas, très bas.

Ce système s'est trouvé en décalage avec l'ouverture généralisée des marchés et après 25 ans de rattrapage de prospérité. Dès les années soixante-dix la question était posée d'un changement majeur des assiettes fiscales concentrées sur l'entreprise.

Le rôle des politiques est de" rendre possible ce qui est nécessaire". Il leur appartenait, à cette époque, de mettre en branle et de conduire à terme l'élimination des financements de circonstance. Le but de ces redéploiements était et reste un bénéfice pour tous, pas une réduction de droits pour les uns ni un cadeau pour d'autres. Giscard a bien compris la nécessité de généraliser la TVA mais il a vu l'affaire comme un supplément de recettes permettant de calmer les conséquences de mai 1968 et pas du tout comme une occasion de soulager la production. L'arrivée de Mitterrand et le délire fiscal socialiste qui en est résulté ont bloqué pour une génération les évolutions nécessaires avec comme résultat une hausse continue du chômage.

Le travail reste donc à faire presque entièrement.

Comment insérer des préoccupations de reclassement fiscal majeur dans le processus électoral, notamment présidentiel ?

On a vu que les gouvernements nommés par M. Hollande, qui n'avait rien abordé de ces questions lors de sa campagne électorale, ont tenté une première réforme, l'élimination progressive du financement partiel de la politique familiale par l'entreprise. Compte tenu des faiblesses du Président le résultat a été le blocage du pays et l'effondrement de sa cote à 4 % d'opinions positives ! Les programmes des candidats à la primaire de droite ont, sur ce sujet, des velléités, mais ils sont grevés d'une part par le goût des postures du côté de certains d'entre eux et celui des simplifications stupides du côté des journalistes, l'électorat étant lui-même incapable de se saisir de la complexité des questions posées, faute d'information préalable. Allons au fond des choses ! Faut-il réformer les charges sociales pesant sur l'entreprise, sachant qu'il s'agit essentiellement de transferts d'assiettes, et peut-on le faire de façon bénéfique et consensuelle ?

Il existe trois types principaux de charges sociales sur les entreprises :

- Des charges contributives dont la nature et le montant sont fonction du salaire brut reçu et directement liée à la personne. C'est le cas de la retraite, de l'assurance chômage et des régimes complémentaires de santé.

- Des charges distributives qui n'ont qu'un but : alimenter un pot commun de ressources dans lequel les institutions publiques plongent pour financer des politiques publiques.

- Des assurances liées à l'activité de l'entreprise elle-même, comme la couverture des accidents du travail.

Dans le premier cas, il s'agit de cotisations ou de primes, dans le second d'impôts dont l'assiette est basée sur une partie de la valeur ajoutée de l'entreprise et payée par elle, sans rapport direct avec ses activités, dans le troisième de frais de gestion qui ne sont pas concernés par les réformes car très normalement du ressort de l'entreprise.

Seules les charges distributives ont vocation à être renvoyées sur d'autres formes d'imposition. On peut parfaitement prétendre que c'est l'ensemble des revenus des Français qui doit financer les libéralités en matière d'allocations familiales et de maladie (à l'exception des maladies professionnelles et des accidents du travail). On peut même ajouter la formation en alternance. En France l'éducation est gratuite sauf pour l'apprentissage, ce qui est pour le moins anormal (et anti social). On n'a pas demandé à l'entreprise de financer l'éducation nationale. Alors pourquoi la famille, la construction, la maladie ou l'apprentissage ?

La cohérence voudrait que ces politiques publiques soient financées par l'impôt général et pas spécifiquement par l'entreprise.

Rappelons qu'en 2016, les cotisations concernées étaient sur le salaire brut :

- 0,30 % pour la contribution solidarité autonomie ;
- 12,84 % pour l'assurance maladie depuis le 1er janvier 2016. Elle plafonnait à 12,80 % depuis 1992 ;
- 5,25 % pour les allocations familiales ;
- 0,10 % pour l'aide au logement. Avec les charges liées à l'apprentissage et d'autres charges du même type, on arrive à la louche à environ 20 % de la masse salariale brute.

Compte tenu que celle-ci est d'environ 60 % de la valeur ajoutée en moyenne, si on devait tout transférer, on aboutirait, à la très grosse louche, à une réduction d'environ 12 %.

Ces coûts n'entreraient plus dans le prix de revient et cela permettrait une meilleure compétitivité à l'export. Les charges sont actuellement payées par l'entreprise dès que le salaire est versé. S'il s'agit d'une dépense d'investissement, un impôt est prélevé même si cet investissement n'a pas encore été productif. S'il échoue, la perte s'en trouve aggravée d'autant. Dans toutes les autres formes de prélèvement, l'imposition se fait sur un gain effectivement réalisé. On ne taxe plus un revenu potentiel mais un revenu réel. La mesure est donc logique et favorable aux investissements.

Vers quel autre impôt doit-on transférer ces charges ? Il s'agit bien de transfert et pas de suppression puisque les besoins qu'elles financent ne sont pas supprimés, dans aucun des programmes.

Il n'en existe que trois : l'IR, la CSG et la TVA.

Les bénéficiaires étant les résidents, il serait logique que l'IR et la CSG soient sollicités.

Néanmoins, la TVA a l'avantage de faire payer une partie de ces cotisations lors d'achats de produits étrangers et donc favorise la compétitivité. Le chômage de longue durée et les coûts de reconversion de bassin pouvant être partiellement associés à la concurrence étrangère, qui par ailleurs bénéficie au consommateur, solliciter la TVA n'est pas absurde.

La bonne solution serait sans doute d'affecter la moitié du transfert à la TVA. Mais il y a de quoi débattre sur ce pourcentage.

Pour ne pas écraser les ménages, cela suppose qu'on réduise massivement la dépense publique générale. Il faut associer une réduction de dépense d'au moins 50 milliards d'Euros à cette réforme pour qu'elle soit simplement supportable dans l'ambiance fiscale actuelle.

Quelles seraient les conséquences d'une telle réforme ?

Les entreprises, notamment celles de main-d’œuvre, recouvreront des marges considérables et pourront soit ajuster leurs prix pour être plus compétitifs, soit choisir d'investir, soit donneront une meilleure rémunération (elle-même imposée, réduisant la perte fiscale) aux acteurs. Les artisans et les auto entrepreneurs n'auront plus à payer autant de frais fixes étouffants. L'emploi à domicile sera facilité. L’assistance à la vieillesse impotente également.

On peut espérer des conséquences de long terme favorables à l'emploi, la balance commerciale et l'investissement, et donc également à la recette fiscale.

Peut-on prouver ces bienfaits et les estimer ? Non, avec les méthodes d'évaluation actuelles. Basées sur des modèles macroéconomiques qui n'utilisent que des masses consolidées, tout transfert de charge montre une conséquence nulle, par construction. On n'y tient aucun compte des effets comportementaux à l'échelon du particulier ou de l'entreprise, ni des échanges internationaux. La réduction de la dépense publique y est vue comme une baisse de la demande globale avec des effets déplorables sur l'emploi (le revenu non prélevé étant grevé d'une épargne d'autant plus importante que la réduction de financement porte plus sur les riches !).

Plus ennuyeux encore, l'entreprise baignant dans un système global, il se peut que les événements extérieurs gomment les résultats.

Associée à une hausse du temps de travail et une dévaluation de la monnaie, dans une conjoncture porteuse, la réforme peut produire des résultats spectaculaires. Mise en œuvre en pleine stagnation ou de récession, elle n'aura aucun effet conjoncturel. À l’inverse, l'effet sur les prix de la mutation d'une partie de l'assiette vers la TVA sera quasi nul dans une conjoncture comme celle qui prévaut aujourd'hui. Une fois la réforme installée, les prix ne seront plus influencés.

Inutile d'attendre d'une réforme structurelle une relance conjoncturelle. Les bénéfices ne seront pas immédiats. La mise en œuvre dépendra du climat général des affaires. Les deux dernières périodes très favorables ont été celles des gouvernements Rocard et Jospin qui ont bénéficié tous les deux d'une conjoncture internationale incroyablement porteuse. Malheureusement le premier a aggravé de façon effroyable la dépense publique et la fiscalité, et l'autre a étouffé durablement les entreprises par la réduction autoritaire du temps de travail et la judiciarisation excessive des relations du travail.

L'expérience malheureuse conduite par M. Hollande prouve que "donner et retenir ne vaut". Le transfert partiel des charges familiales, avec réduction ciblée des allocations familiales, après avoir injurié les patrons, tenté de leur appliquer des mesures fiscales vexatoires et pris mille mesures anti-business, dans une conjoncture molle et avec des modalités d'une absurde complexité, n'a pas prouvé que le transfert était une mauvaise chose, au contraire, mais a confirmé qu'on ne pouvait pas mener des politiques contradictoires en même temps, surtout quand une partie de cette politique n'a jamais été annoncée ni même préparée par une concertation ouverte et construite, et qu'on l'abîme en prenant en parallèle des mesures de principe, comme l'inversion des bases du droit du travail, qui n'étaient absolument pas nécessaires pour mener à bien la réforme et qui ont joué le rôle de chiffons rouges.

Le nouveau président devra donc aller plus loin dans cette direction, tout en sachant que l'échec précédent grève lourdement la bonne volonté des parties prenantes, et que ces mesures ne seront pas à elles seules constitutives d'un "choc de confiance", sauf si la conjoncture globale s'y prête, ce qui est loin d'être prouvée. L'expérience allemande montre que le plan du début 2000 n'a commencé à porter des fruits qu'à partir de l'entrée de la conjoncture mondiale dans la phase de croissance ébouriffée qui a précédé l'effondrement de 2008. Ensuite, les bienfaits de la réforme ont rendu la sortie de crise plus facile.

L'autre mesure structurelle caressée par les politiques est la suppression "totale" des charges sociales sur les bas salaires, présentée comme une panacée en matière d'emploi. Qu'en penser ?

Pour les prestations individualisées et basées sur la cotisation, on ne voit pas le sens d'une exonération. En matière de retraite on acquiert des droits, le plus généralement, selon son nombre d'années de cotisation et leur montant. La réforme de structure ici est de supprimer tous les régimes spéciaux et de mettre en œuvre, pour la retraite de base, un système unique par point, chacun étant libre de son système complémentaire (individuel ou collectif). Quelle est la justification de faire supporter à la collectivité, par l'impôt, les privilèges accordés à une catégorie qui n'arrive pas à autofinancer son privilège ? Ce qui est vrai pour la retraite des cheminots l'est tout autant que pour le chômage des intermittents du spectacle. Mais même dans le cas général, on ne voit pas pourquoi le financement de droits individuels à la retraite de millions de salariés au SMIC devrait être mis sur le dos des autres. La retraite est un dispositif de prévoyance pas un exercice de solidarité. Cette dernière doit s'exercer et s'exerce effectivement par d'autres moyens.

Pour cette partie des charges, nous serions plutôt favorables à supprimer la notion de cotisation patronale pour une notion de salaire différé. Cela permettrait de remettre un peu de logique dans les discussions sur ce sujet. Si on veut augmenter le salaire net autrement qu'en augmentant le salaire brut, il devient évident que le départ à la retraite doit être plus tardif, qu'on doit être moins généreux avec certaines formes de chômage etc. Il faut arbitrer entre le disponible actuel et le disponible futur. Plus la décision se rapproche de la personne concernée et moins l'impôt des autres est concerné, mieux le système s'équilibre. On dira : que devient le paritarisme ? Autre chose…

Moins on laissera les syndicats salariaux et patronaux gérer de politiques publiques, le mieux tout le monde se portera. En revanche il ne faut plus les priver des négociations sur les salaires, les conditions de travail, la durée du travail. On ne voit pas pourquoi ils devraient s'immiscer dans la gestion de la maladie, de la construction, de la politique familiale. En revanche on leur a retiré de facto la discussion de branches sur les minimas salariaux et c'était une grande erreur. Qu'on leur rende ce pouvoir. Revenons aux salaires minima par branche et par région discutés par les partenaires sociaux. Et pourquoi pas, en-effet, une plus grande liberté dans l'entreprise pour les modalités.

Il serait bon que tout le monde s'accorde à trouver totalement indécent que les politiques, lors d'élections nationales, jonglent avec les salaires minima et les exonérations de cotisation.

En matière de charges sociales, il faut construire un système rationnel de longue durée, favorable à l'emploi et à la compétitivité. L'adjectif rationnel est ici le mot-clé. Le "court terme" et la démagogie politicienne n'ont pas de sens dans ces affaires.

Le rôle des politiques, et donc des programmes électoraux notamment présidentiels, est de fixer les grands principes. Plutôt que de rester dans le vague ou d'aller trop loin dans des détails, les candidats devraient énoncer les principes rationnels de la politique fiscale à conduire. Faire comprendre la nécessité de supprimer le financement d'un certain nombre de politiques publiques par l'entreprise n'a rien de particulièrement difficile. Définir ces politiques publiques et montrer sur quelles autres assiettes, moins dommageables, on peut asseoir les financements n'est guère plus compliqué. La division droite gauche est en fait sans signification sur ce dossier, comme le sont les fausses divergences des candidats à la "primaire de la droite et du centre".

Ajoutons que ces plans particuliers doivent s'insérer dans un système global lui-même construit pour une croissance pérenne et que les réformes nationales ne peuvent prendre leur efficacité que si on supprime les dysfonctionnements de la zone Euro et du système monétaire international.

Malheureusement, en France, il n'existe plus d'agora où le débat d'idées puisse avoir lieu, sous l'égide de la raison et non des passions partisanes malsaines agitées par des démagogues. Où sont les lieux où peuvent se forger les concepts utiles, les approches consensuelles, les débats qui pacifient ? Le résultat est qu'on finit par demander dans l'urgence des rapports à des experts incertains qui débouchent sur des mesures à l'emporte-pièce non comprises par le pays et déchiquetées par les médias et les partenaires sociaux.

Regrettons-le.

Attention à la colère des peuples !

Depuis huit ans déjà nous supplions les grands dirigeants occidentaux de faire" attention à la colère des peuples". Le "benign neglect" n'est pas seulement dans l'attitude américaine vis-à-vis du dollar. Il l'est aussi dans l'attitude des "élites gouvernementales" et leur support dans les médias vis-à-vis des classes populaires et des nouveaux entrants sur le marché du travail, pas seulement en Occident. Le retard colossal de niveau de vie accumulé par les pays ex-socialistes a créé une telle différence de coût avec l'Occident capitaliste et libéral, qu'il était tentant de l'exploiter. Mais cela ne pouvait pas faire au détriment des masses dans les pays industrialisés. Il fallait que le rattrapage nécessaire se fasse par imitation, pas par substitution. Dans la pratique, cela signifiait qu'il fallait limiter les très grands excédents dans les pays en rattrapage et les très grands déficits dans les pays plus riches.

Malheureusement l'abandon des disciplines de Bretton Woods n'offrait plus aucune garantie de ce côté-là. Bien au contraire. Les conséquences ont été désastreuses. Il était impossible que quarante années de réduction du taux de croissance, jusqu'à la stagnation actuelle, d'aggravation des crises périodiques et de montée ahurissante de la dette, jusqu'à l'asphyxie actuelle, n'aient pas de conséquences. L'explosion de 2008 a eu des conséquences fatales un peu partout. Les "printemps arabes" en ont été une première conséquence. La montée des mouvements anti-système en Europe une seconde manifestation. La réaction russe a été ce que l'on a vu : une fuite en avant dans la violence pour faire oublier l'effondrement économique.

Toutes ces ruptures portaient leçon : il fallait vite comprendre les ressorts de la crise et les juguler. On a rien fait, sinon bricoler des règles bancaires tout à fait secondaires.

L'importance que nous avons accordée aux mouvements de l'opinion en France, à droite, avec Zemmour, Buisson, Finkielkraut, à gauche avec la montée d'une gauche anti-système, traduisait le sentiment qu'un glissement tectonique était en train de se produire. Le principe des trois libertés de circulation des hommes, des capitaux et des marchandises était en train d'être rejeté, non pas dans les médias et des milieux politiques installés, mais au cœur même des populations.

L'élection de Trump a causé la mort brutale de deux composantes fondamentales de notre ordre politico-économique :

- Le monde rooseveltien d'après guerre est mourant

- Un certain politiquement correct est mort.

La curiosité est de constater que le couperet est venu du monde anglo-saxon qui était le promoteur principal du monde rooseveltien, les autres pays se contentant de suivre, si on fait exception de la réaction islamique commencée avec Khomeiny en Iran dès la fin des années soixante-dix, prolongée avec Al Qaeda et qui nous donnes aujourd'hui aussi bien la Turquie d'Erdogan que Daesh.

La première attaque contre la vision de Roosevelt est venue de la guerre froide : en dépit des très nombreux dirigeants américains qui avaient des risettes à Staline en le croyant accessible aux droits de l'homme, il a bien fallu exclure le monde socialiste soviétique de l'idée occidentale d'une société libre et coopérative. Mais pas totalement. L'ONU est restée un lieu de dialogue multilatéral. L'effondrement de l'URSS et le ralliement de la Chine offraient depuis 1990 le moyen de réunifier le rêve de Roosevelt d'un monde uni dans la prospérité et l'exercice des libertés fondamentales. Cela ne pouvait pas passer par le seul consensus de Washington.

La seconde attaque est venue des Etats-Unis eux-mêmes qui ont fait sauter, comme nous l'avons dit, les accords de Bretton Woods et entraîné le monde dans le système fou des changes flottants et des monnaies non coopératives. La destruction du système monétaire international a conduit les institutions internationales construites à Bretton Woods à perdurer dans leur être en se concentrant sur la mondialisation libérale. Alors que le libre-échange était le pendant du versant monétaire, il est devenu une forme de religion obligée qui devait tout balayer des anciennes souverainetés, si possible au profit des Américains et de leurs entreprises. L'ennui, c'est que l'ouverture commerciale sans contrepartie monétaire solide ne mène qu'au désordre. En croyant bénéficier du privilège d'un étalon dollar de fait, les Etats-Unis ont creusé tous leurs déficits et créé des excédents symétriques dévastateurs. Du coup la classe moyenne américaine a été exposée et les déséquilibres financiers et monétaires majeurs ont conduit, certes, à des profits historiques pour les très grands groupes mondialisés, mais au détriment de la classe moyenne américaine et aussi des finances américaines puisque les profits taxables restaient à l'étranger.

Du coup, c'est tout le système de Roosevelt qui est tombé par terre. La coopération libre mais organisée sombre. Au lieu de corriger les erreurs de 1971, on se raidit et c'est tout l'Occident et ses alliés, comme le Japon qui se tirent une balle dans le pied. On ne voit pas comment un homme comme Trump pourrait accepter qu'on crée un système monétaire mondial stable et paritaire. En revanche il pourrait militer fortement pour la fin des grands excédents commerciaux en Allemagne, en Chine, au Japon, dans les pays du Golfe etc. Un premier pas.

Quant au "politiquement correct sociétaliste", qui se double dans des pays comme la France d'un "politiquement correct socialiste", il se trouve décontenancé. La liberté de circulation des hommes est rejetée si elle se traduit par l'effondrement culturel du pays, l'irrédentisme d'immigrés aux religions farouchement anti-occidentales, allant jusqu'aux attentats de masse, l'afflux de Roms reconstituant un ordre mendiant dans des pays où cette engeance avait disparu depuis longtemps, les atteintes permanentes aux libertés concrètes comme au mode de vie depuis que certains veulent imposer "les pauvres" "jusque sur les paliers des riches". Sommées de toute part d'être bon avec l'altérité et d'en subir tous les effets indésirables, alors que la croissance est à l'arrêt et le niveau de vie en baisse, les classes populaires, confrontées directement à la concurrence immigrée et à la substitution de population, se rebiffent, comme les classes aisées dont le revenu est sapé par l'Etat, le mode de vie altéré et l'épargne en grand danger.

Le milieu intellectuel de gauche se trouve pris totalement à contre-pied : il a perdu le peuple et le capital. Il suffit de lire un Krugman aux Etats-Unis pour se rendre compte du désarroi qui frappe tous ceux qui avaient une bonne conscience "de gauche". Un curé sans fidèles est rarement à la fête. C'est le malheur des médias, dominés par la gauche, payés par l'Etat et la pub d'une société de consommation honnie, qui avaient cru qu'ils pourraient exercer un magistère moral sur le populo et qui se retrouvent méprisés et pris à revers lors de toutes les élections.

Quelles sont les chances que cet effondrement permette une reconstruction associative du monde, respectueuse du cœur des peuples, alors qu'il n'y a plus de leadership, plus de puissance dominante clairvoyante et bien intentionnée ?

Faudra-t-il attendre une destruction totale avant de pouvoir reconstruire ?

Peut-on commencer à recoudre dans le chaos politique, diplomatique et économique actuel ?

En tout cas, l'élection de Trump, après le Brexit, marque le fait que la France et l'Europe devront avoir une politique propre et se constituer en puissance et pas seulement en rat crevé au fil de l'eau. Le pire scénario serait l'explosion de l'Euro et l'arrivée d'un parti du type FN aux manettes en France.

Il va bien falloir calmer la colère des peuples avant l'effondrement définitif.

La grande valse des tabous économiques

Certains se sont étonnés de la place que nous accordons ici aux « attitudes », notamment celles dont  la presse témoigne. On attendrait d’un blog économique, semble-t-il, une technicité éloignée de telles fantaisies. Justement, ce blog a été construit pour traiter de questions qui n’étaient pas posées ou mal posées dans les médias où triomphent, malheureusement trop souvent, des erreurs intéressées mais faciles, ressassées mécaniquement.

Ce qu’on appelle l’opinion publique est important en économie, et surtout en France où le poids idéologique est très fort et la concentration de la presse à la frontière de l’asphyxie de la démocratie qui exige un minimum de diversité et de débats. Les livres récents, commentés ici, montrent combien l’économie a du mal à s’extirper de la frénésie castratrice des gardes rouges et des gardes noirs.  Le rachat de toute la presse, y compris sur internet,  par des nababs cherchant exclusivement  à conforter leur maintien dans les allées du pouvoir ne peut pas ne pas avoir de conséquences aggravantes.  

Les grandes questions économiques mondiales, européennes et françaises ont un mal fou à s’insérer dans le carcan des idéologies ou des stratégies de pouvoir. Le monde de l’édition et de la presse écrite, radiodiffusée et télévisée est tellement cadenassé que les faux consensus naissent de l’auto censure autant que des ordres donnés.

Sur tous les grands sujets qui conditionnent les politiques économiques, la dictature du médiatiquement correct éditorialiste est particulièrement étouffante.  Il faut savoir qu’en France ce qui se dit, s’écrit, se publie,  voire ce qui s’enseigne, est sous la coupe d’à peine cinquante personnes vivant en connivence.

Ce qu’on appelle l’information est un roman vaseux construit par des scénaristes prudents et dépendants. La dynamite, ce sont, en général, les faits et les élections. Le terrain n’a plus guère le choix : son avis ne comptera que dans la mesure où il rejettera massivement la pâtée dont on le gave. Et même là, le bloc médiatico-politique fera tout pour obtenir un second vote conforme aux intérêts de la sorte d’oligarchie qui fabrique l’opinion publique. Quant aux faits, on voit que leur pédagogie met du temps à provoquer les prises de conscience nécessaires. Les « éléments de langage » des « médiacrates », appuyés sur l’énarchie compassionnelle d’un côté,  et la complaisance aux gros intérêts de l’autre, le tout enrobé dans l’européisme et l’atlantisme, avec un zeste de social-sociétalisme, ont longtemps empêché toute observation vraie et tout débat utile permettant de « décoder » les phénomènes économiques.

Le côté intéressant de la période est dans les fractures qui commencent à entamer ce bloc. Huit années  de régression sociale, de vol fiscal et de stagnation économique, suivant quarante années de délires bancaires et financiers, et de mondialisation déséquilibrée, ont fini par obtenir leur dû. Les tabous sont à la dérive. Les faux consensus s’étiolent. Le vide organisé pour des raisons d’asepsie nationale, populaire, économique et sociale ne parvient plus à se maintenir.

L’abaissement des nations voulue par Roosevelt et intégré dans le projet européen de dissolution des anciens empires européens, a  conduit à la révolte des peuples qui recherchent à nouveau un minimum d’emprise sur leur destin.

La libre circulation des hommes, des biens et des capitaux qui est à la fois la religion et le modus operandi  des institutions internationales hors sol démocratique est désormais rejetée violemment. L’affaire du CETA qui voit l’Europe des fonctionnaires internationaux  chercher inlassablement à baisser toutes les frontières, en annonçant des gains phénoménaux qui ne se matérialisent jamais, est tout de même instructive.  La CEDH est contestée dans la vocation qu’elle s’est elle-même attribuée de former la règle en matière d’interprétation des droits de l’homme.  La voici qui interdit de sanctionner l’insulte à Président de la république, qui prétend définir les droits électoraux des prisonniers condamnés à de longues peines, qui refuse que l’on sanctionne le vagabondage et l’immigration illégale, qui s’engage à fond en faveur des Roms en interdisant que l’on sanctionne la mendicité organisée, pourvu qu’elle ait une apparence familiale, qui interdit le contrôle des romanichels sans domicile fixe qui , du coup, ne peuvent plus être recherchés en cas de délits prouvés.  Voici donc cinq gus, généralement issus de faux pays comme le Lichtenstein, Andorre, Monaco, Saint Marin, Malte, Chypre  ou la Moldavie, voire de démocraties aussi indiscutables que l’Azerbaïdjan, l’Albanie ou la Bosnie, capables de dire la loi aux millions de citoyens de grandes nations démocratiques, jusque sur des questions comme la GPA ou la PMA , qui, à notre connaissance, n’ont rien à voir avec la sanction des grands crimes contre la démocratie qui sont à la base de la création de la CEDH, dont le rôle initial était de civiliser l’URSS. Le protocole 16 en cours de discussion ira encore plus loin : les autorités juridiques nationales pourront (bientôt : devront)  demander  l’avis de la CEDH avant de prendre la moindre décision.  Son rôle normatif au dessus du Conseil constitutionnel, qui s’était lui-même autoproclamé juge suprême des droits de l’homme  serait ainsi avalisé.. L’abandon de la souveraineté juridique et politique sur les questions les plus graves du droit s’effectue par grignotage insidieux. Tout cela se fait dans le silence des médias et hors du champ de la politique

Seulement voilà : les dettes abyssales, les systèmes bancaires en faillite sauvés en rançonnant les usagers, les impôts confiscatoires, le chômage de masse, l’envahissement par des immigrés non souhaités, la délinquance non poursuivie, non sanctionnée lorsqu’elle l’est, laissée en liberté quand la sanction a été prise,  la perte de l’industrie, la régression sociale subie, font exploser les verrous médiatiques.

Au nom de la création d’une zone européenne sur le modèle américain et totalement inféodée à son maître, dont le seul but est de permettre à des multinationales d’asseoir leur pouvoir sur le monde, en s’affranchissant de toutes contraintes, on a créé un véritable enfer économique et social et engendré le dépérissement de la démocratie.  Et il faudrait ne pas le dire ?

Comment comprendre les succès d’un Zemmour, d’un Onfray, d’un Finkielkraut  sans constater qu’il brise une forme d’omerta subie ? Comment comprendre la contestation des partis socialistes par des excités, sans voir qu’il est tout de même difficile à gauche d’admettre une telle soumission ? Comment comprendre la percée des « populistes » un peu partout  en Europe, sans voir l’abandon des populations « périphériques »  et les effluves de décivilisation qui s’élèvent des trottoirs envahis par des hordes  peu soucieuses de s’adapter aux règles du pays de passage ou de subvention ?

Alors la valse des tabous a commencé, d’autant plus débridée que même le peuple américain s’y met, qui découvre que des multinationales basées dans des paradis fiscaux ne représentent pas la forme ultime de l’efficacité sociale et économique et que l’ouverture totale à la Chine et au Mexique a certes enrichi les entreprises à succès de la mondialisation, mais  a ruiné la classe moyenne. 

Sur un mode mineur, regardons la page 15 du Figaro daté du lundi 30 octobre 2016. On y trouve un premier article qui évoque « le retour en grâce de la politique budgétaire » et un second qui s’alarme de la « souffrance de la libre circulation ».

Un petit retour historique s’impose pour comprendre le caractère révolutionnaire du premier. A partir de l’abandon des accords de Bretton Woods, imposé brutalement par Washington, par pur intérêt national, on a considéré qu’un étalon dollar de fait serait une bonne chose, chaque pays abandonnant sa politique financière et monétaire au profit « des marchés ». Du coup les banques centrales se sont trouvées en première ligne au détriment des trésors publics. De fait, les relances budgétaires ont cessé immédiatement de fonctionner comme l’échec de Giscard et Chirac l’a montré en France dès 1975.  Il appartenait aux banques centrales indépendantes de gérer les merveilleux marchés idéalement libres et non faussés des changes et des taux d’intérêts. On a vu le résultat : des marchés de maquignons peu nombreux et  sans scrupules et la création d’une économie baudruche qui a fini par exploser en 2008.

Nous avons écrit, dès cette année 2008, (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/7/6/Crise-conomique--les-quatre-erreurs--viter)  qu’il fallait retrouver une politique globale équilibrée et que le recours aux banques centrales ne suffirait pas. Nous y sommes. Les banques centrales, lancées dans des solutions folles et sans avenir, comme les intérêts négatifs, reconnaissent leur impuissance et appellent les Etats à la rescousse et pas seulement pour demander aux contribuables de renflouer les 13 mille milliards de pertes accumulées dans le monde. Même le FMI s’y met.

L’autre article « découvre » que « la liberté d’établissement dans une structure complexe telle l’union Européenne prend du temps. Elle a besoin de règles…».   Ah ! Ces Christophe Colomb  des nouvelles franchises ! Un peu long à la détente peut-être. Mais ça y est ! En partant de l’histoire de la Suisse qui vient justement de voter contre l’immigration étrangère et qui s’en prend aux frontaliers français et pas seulement aux vilains Musulmans !  Le peuple dit : « assez » !  On lui répond : « complexité à gérer ».  Naturellement  il faut encore s’excuser d’une telle audace : « La liberté du commerce et la liberté d’établissement ont le potentiel de surmonter la stagnation économique ».  Sortez un cierge et faites trois génuflexions ! 

Avant de se lancer dans de telles incantations il faudrait avoir formulé un diagnostic de la crise.  Mais là pas question. Per fide non per ratione.  La foi couvre la raison.

Dans le même ordre d’idée voici l’Allemagne outrée par l’achat par la Chine des trésors de son économie. Elle a laissé la Chine accumuler, en fraude de tous les accords internationaux, des excédents démentiels. Et voici qu’elle les emploie à racheter le capital sacré du cœur de l’industrie allemande ! 

Si on élève en idole sacrée la liberté de mouvement des capitaux, sans réfléchir une seconde aux conséquences, les achats chinois sont légitimes. En vérité, et c’était la règle dans le cadre des accords de Bretton-Woods, les échanges auraient dû être équilibrés.  Cela veut dire qu’on aurait échangé,  entre nations, produit contre produit, travail contre travail. Un pays ne pouvait pas et ne devait pas accumuler des ressources monétaires excédentaires de façon massive et ensuite racheter les entreprises de son débiteur.  Cette règle était sage. A quoi rime d’être pillé par des pays qui ont maintenu leur monnaie à des taux bien trop bas ?  A quoi rime d’être rançonné par des pays pétroliers cartellisés et de leur permettre de racheter vos pépites avec la rançon ?

Une fois de plus, la liberté se chérit mais les libertés s’organisent, notamment entre nations concurrentes et souveraines.  Il est légitime de canaliser la liberté de mouvement des personnes, des capitaux et des biens.

Une écluse laisse passer ce qu’il faut de la  liberté de l’eau pour que son pouvoir bénéfique s’accomplisse sans qu’inondations et sécheresses incontrôlées ne deviennent  ruineuses. 

Le temps est à la canalisation (et non à l’étouffement) des forces de la liberté.  Les tabous qui s’y opposent sont à la dérive. Tant mieux !

Il faut un nouveau Bretton Woods, capable de dépasser les causes de l’échec de la formule initiale et de créer un cadre monétaire et commercial, les deux étant liés, basé sur des principes d’équilibre, de coopération et de parité  qui évitent toutes les dérives dont nous subissons les conséquences chaque décennie de façon plus grave.  Reste à en réunir les conditions.  On est encore loin du but.  L’implosion actuelle des idées fausses  est un heureux préalable. Aucun des articles qu’on lit aujourd’hui n’aurait été écrit l’année dernière.

La valse des tabous n’en est qu’à son début.  Encore un effort !

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Le livre d’Aude Lancelin : plongée profonde chez les journalistes morts-vivants.

Par atavisme familial, nous sommes attentifs au destin des femmes de lettres ayant réussi à monter au plus haut de la hiérarchie de la presse pour s’en voir débarquer sans ménagement par des mâles expéditifs lorsque des évènements trop grands pour eux venaient ébranler leur fragile empire. En général, rode toujours dans le décor une histoire de relation amoureuse inappropriée. Aude Lancelin a choisi de s’unir à Frédéric Lordon. Elle a risqué une position assise à passer ses nuits debout. Ils ne l’ont pas raté.

Il est toujours dangereux d’être indélicat avec les belles plumes. Nicolas Sarkozy en a fait la preuve avec Patrick Buisson. Xavier Niel le découvre à son tour avec Madame l’Agrégée de Service.  « Le Monde Libre » (Les liens qui libèrent - ISBN 979 10 209 0460 7) est bien plus qu’une dénonciation, bien plus qu’un règlement de compte. Exactement comme l’est « La Cause du Peuple ».

Dans un cas comme dans l’autre les auteurs décrivent  une plongée documentée dans le néant. Pour Patrick Buisson, l’effondrement dans le n’importe quoi de Nicolas Sarkozy portait jugement  sur les tourments d’une droite fonctionnant comme un canard sans tête et qui se serait tiré, de surcroît plusieurs balles dans les deux pieds.  Chez Aude Lancelin, on exécute aussi un mort : le socialisme moralisateur de média, dont le mausolée fissuré a été acheté par un pornographe enrichi naguère par le Minitel Rose, et où ne s’agitent plus  qu’une bande d’opportunistes toujours plus serviles.

Autres éléments communs :

-          Tous les deux étaient bien nourris dans le fromage, avant qu’on les en extirpe.

-          Tous les deux ont mal vécu d’être éliminés sans égards particuliers, avec même, de la part des anciens employeurs, une volonté de tuer pour longtemps voire pour toujours.

-          Tous les deux ont une dilection particulière pour les extrêmes. Aude trouve des qualités de la délicatesse aux manières et à la pensée d’un Badiou, dont les deux pieds sont bien plantés dans la mare de sang des 100 millions de victimes du communisme. Patrick Buisson a une vision nationale catholique et pré-républicaine affirmée dont il est d’usage d’affirmer qu’elle tient plus de Maurras que de Barrès, à moins que ce soit l’inverse.  Que ces deux mondes soient morts pour de bonnes raisons n’influe pas sur ces engagements.

-          Tous les deux sont effarés par une mondialisation qui s’est faite sur le dos du peuple et en particulier d’une classe ouvrière nationale qui se trouve privée et d’emplois et de symboles.   

Patrick Buisson décrit un pouvoir d’apparence dirigé par un nain politique qui cherche des slogans démagogiques  et virevolte en fonction de l’idée qu’il se fait de l’état de l’opinion (et de la presse de gauche).

Aude Lancelin décrit un monde médiatique « de gôôôche » qui s’est éloigné du monde ouvrier depuis des lustres et qui s’est mis au service de la « globalisation atlantiste » et d’un PS complètement vidé de la moindre substance, où l’entre-soi  rigolard de pseudo journalistes compromis avec l’argent et le pouvoir est le véritable jeu. Ces social-traîtres ontologiques ont besoin d’un FN diabolisé pour faire semblant d’avoir un rôle moral, ajoutant l’indécence de l’imprécateur à la ruine des idées ouvriéristes, et se flattant d’avoir pris la France intellectuelle en otage, au nom d’un anti-fascisme fantasmé autant qu’intéressé.

Il va de soi que l’arrivée de la triplette tragique, formée du fameux milliardaire du sexe, d’un homosexuel argenté, enrichi dans la vente mondialisée d’objets d’un luxe parfaitement bourgeois, et d’un espoir de la grande banque juive, converti au rockabilly et poussé par l’inévitable Alain Minc, n’est pas pour rien dans l’effondrement de la presse écrite de gauche. Les milliardaires de la presse ne cherchent pas à trouver les nouvelles formes utiles de journalisme à l’heure d’Internet. Ils veulent conserver le pouvoir de nuisance nécessaire à leurs entrées dans les allées du pouvoir.   

On peut contester le roman à l’eau de rose qui voudrait qu’Hubert Beuve Méry ait été ce véritable Saint de référence  qui aurait créé une presse « libérée des corruptions de l’argent et des intrusions de l’Etat ». Après tout l’aventure avait commencé par un vol… cautionné par l’Etat d’alors.  

Mais comment ne pas être d’accord avec la phrase d’après : « le Monde Libre (nom de la coquille vide chargée d’agir au nom de la triplette -Ndlr)  c’était en fait le « monde free », du nom de l’entreprise de télécoms discount grâce à laquelle l’ogre avait bâti toute la fortune profuse qui lui permettait de racheter la presse nationale. Un monde réputé pour son insensibilité achevée au sort de ses salariés. Un monde où ces derniers n’existaient que comme variable d’ajustement  dans la course à l’optimisation des coûts qui était l’unique doctrine de l’ogre une fois retiré le vernis de sa saga entrepreneuriale enchantée ». « Il y avait désormais deux catégories  de journalistes à Paris. Ceux qui travaillaient pour le Monde Libre et ceux qui travaillerait un jour pour lui. Aussi, rares étaient les enquêteurs qui prenaient le risque de se fâcher avec l’ogre et de rappeler les différentes tâches qui figuraient sur son CV. Avant les parrains du CAC 40, l’ogre avait en effet surtout côtoyé les propriétaires de sex-shops de la rue Saint Denis et évolué dans le monde sans lustre des peep-shows. Le futur maître du Monde Libre avait été lourdement condamné en 2006 par le juge van Ruymbeke. Il souhait à toutes forces oublier ce passé qu’un océan d’argent entier n’était pas encore parvenu à laver». « Ce n’est que bien des années plus tard que l’on s’aperçut que l’ogre avait placé de l’argent dans la quasi totalité de la presse en ligne « indépendante » et que de fait celle-ci l’était rarement  dès lors qu’il s’agissait de publier le moindre renseignement gênant sur lui. »

Pour finir, la Reine Aude (dans ce milieu les femmes qui réussissent deviennent aussitôt des « reines », et Madame Lancelin eût un temps le même titre que la Reine Christine que son mariage avec un ex coco reconverti d’abord dans l’humanitaire bobo puis  dans la recherche frénétique d’une retraite élusive, avait porté au sommet de la presse télévisée avant de finir dans le discrédit) tient à mettre les derniers fils bien à nu. « Pour l’ogre qui œuvrait sur ce marché entièrement régulé par l’Etat, la qualité des rapports avec la puissance publique était primordiale. Une location de réseau non renouvelée et c’était toute son affaire de téléphonie mobile qui se serait écroulée ». Voici donc la presse devenue « un simple décor occultant de déshonorantes coulisses » et le journal «une de ces maisons centrales où l’on écrivait le mot liberté sur la grille d’entrée pour chaque jour mieux la saccager ». Voici le journalisme réduit à la seule fonction « de conforter les mensonges grégaires ».  Les rédacteurs en chef intouchables  sont « les hommes de paille de clans ministériels ou d’hommes d’affaires, exécuteurs scrupuleux des intentions de ceux-ci, propagateurs des bruits qu’ils souhaitent voir courir ». L’ogre ne se faisait pas prier pour fanfaronner à ce sujet assurant que depuis que ses associés et lui avaient pris la tête du groupe Le Monde, « il n’avait pas à attendre une demi journée pour être reçu à l’Elysée ».  Il faut dire qu’avec François Hollande le concubinage avec la presse était plus qu’un passe-temps, comme un livre récent et passablement dérangeant l’a si bien démontré.

Ma licence téléphonique contre ma complaisance à illustrer tes éléments de langage et soutenir tes ambitions mêmes totalement utopiques. Voilà le « deal » implicite. Mais il ne faut pas que cela coûte trop cher non plus sur un fond de social libéralisme atlantiste et pro-européen où le patriotisme devient un gros mot et le social une occasion de bien rigoler entre copains à chaque réunion du Siècle. La presse française n’est pas devenue muette. Mais elle accompagne le vide de slogans utiles à la promotion du capitalisme le plus vil ou la candidature d’ « hommes- sandwich »  dans le mépris de toute idée, de tout débat, de toute pensée.

Le livre d’Aude Lancelin mériterait d’être lu en même temps qu’un autre, à écrire, sur les chaînes de la TNT et leur mise au pas par un certain Drahi dont les capacités d’endettement sont aussi surprenantes que ses ambitions ne le sont pas : d’abord chasser de toute tribune la racaille socialiste pro-palestinienne. Contrôler le tuyau pour canaliser le contenu en fonction d’intérêts ou personnels ou propices à certaines influences est le maître mot de l’évolution vers le pire d’une presse ruinée par l’Internet. La puissance des grands intérêts mondiaux et leur capacité à vassaliser le forum interdisent tout débat. Et pousse sur le pavois politique des nullités commodes, heureux d’une carrière en apparence illustre mais qui s’apparente à l’art du ventriloque.

Du coup la France ne parle plus au monde. Sans idées ni débats, elle s’enfonce dans l’auto destruction, la régression économique accélérée, les séries américaines, la substitution de population,  la fiscalité confiscatoire, le chômage de masse, le n’importe quoi diplomatique, les attentats, la régression de la natalité, l’incapacité à résister aux forces étrangères et la soumission générale.

Malheureusement, chère Aude, l’avenir n’appartient pas aux Badiou, à Attac et aux nostalgiques du « socialisme génocidaire ». L’asservissement de la presse de gauche a été précédé par cinquante ans de servitude idéologique vis-à-vis du communisme et de ses mensonges, condamnés à la condition expresse « de ne pas faire le jeu de la réaction », contradiction qui s’est transformée en moralisme anti-fasciste mécanique et en affrontement sans cause entre un camp des bons autoproclamés et des vilains indéterminés. On est passé d’un faux semblant à un autre. D’un théâtre d’ombres à un autre. La réalité a cessé d’être l’objet des réflexions et des analyses au profit de la valorisation de camps fortifiés où devaient régner l’ordre de gardes roses capables d’adorer le lendemain ce qu’ils brûlaient la veille, pourvu que la meute puissent conserver son écu de chevalier du bien. Bien aussi incertain et capricieux que le sens de l’histoire.

Vous avez raison de constater, « aussi inouï que la chose paraisse », que l’Obs n’a réagi «ni à la ruine à grand spectacle du communisme, ni à la reddition  intime du socialisme, non plus qu’aux dérèglements désormais évidents de la mondialisation». C’est vrai de la totalité de la presse de gauche qui depuis longtemps ne se contente plus que d’affirmer sa supériorité morale autoproclamée  sans rien voir de la réalité, le tout grassement subventionné par de l’argent public, avec larges rétributions et honneurs pour les journalistes de cour et de réseaux qui régnent à sa tête.

Mais qu’a dit l’Obs quand les terribles avertissements de Maurice Allais sont venus expliquer « l’horreur économique » qui commençait à s’installer. Silence ou mépris, tels furent les réponses alternatives. Pas question de relayer des propos qui laissaient entendre que la libéralisation totale des marchés provoquerait du chômage de masse, ou que les changes flottants et l’abolition de toutes les règles prudentielles au profit d’une spéculation sans limite aboutiraient d’une façon nécessaire et mécanique à une nouvelle grande dépression suite à effondrement bancaire.  Déjà la transformation de l’éditorialiste en simple curé, Savonarole  d’autant plus excité que le dogme était plus incertain, s’était produite. Le roi du Minitel rose, des sex-shops et des peeps-show n’était pas encore dans la boucle.

Votre livre, chère Aude,  est des plus justes. L’asservissement de la presse de gauche est bien ce que vous en dites. Mais sa décrépitude avait commencé bien avant « la décadence du métier » et la « greffe néolibérale ». Les « opérations de police intellectuelle » y étaient déjà de règle depuis longtemps, de plus en plus loin de l’observation des réalités, de plus en plus loin des vrais débats, de plus en plus loin des questions qui fâchent.

L’avenir du journalisme n’est certainement pas dans le culte servile de parvenus de la pornographie et de la tuyauterie téléphonique associées, il ne l’est pas non plus dans la restauration d’un politiquement correct aigri de la religion communiste.  

Comme Patrick Buisson, vous cherchez l’avenir dans d’improbables restaurations qui n’auront pas lieu. « Le Monde Libre » comme « La Cause du Peuple » sont deux livres dont la lecture est indispensable en ce qu’ils nous donnent à voir l’incroyable décrépitude, et même la trahison,  des grandes institutions médiatiques et politiques françaises. Mais ni l’un ni l’autre ne proposent les métamorphoses nécessaires.

Le travail reste à faire.

Le CETA c'est assez !

Rien n’illustre mieux la dérive des institutions internationales depuis la fin des accords de Bretton Woods que le CETA, le traité de libre échange élargi entre l’Union Européenne et le Canada.  On dira : « que viennent faire ici des Accords qui ont été mis par terre par les Etats-Unis en 1971 ? ». La réponse et toute simple.

Les Accords de Bretton Woods avaient deux faces intimement mêlées : une face monétaire et une face commerciale. Comme la tête de Janus, ces deux faces formaient un tout. Pas de bon commerce sans bonne monnaie. Pas de bonne monnaie sans progrès des échanges.

Lorsque le pan monétaire s’est effondré en 71 et qu’on a abandonné au n’importe quoi le système monétaire international, tous les fonctionnaires internationaux et les économistes associés ont eu un peu honte. On entrait par soumission au Maître, dans un monde inconnu et probablement malsain puisque tous les manuels d’économie à cette date ridiculisaient les changes flottants comme un dispositif d’urgence, intrinsèquement dangereux et à n’utiliser que faute de mieux.

Les lois de l’évolution ont leur logique et la volonté de survie des organisations qui n’avaient strictement plus aucun sens, comme le FMI, créé pour réguler les changes fixes et empêcher les comportements récessionnistes, les a conduit à approfondir le contraire de ce qui les faisaient vivre jusque là. Adieu l’idée que la croissance et le plein emploi soient des responsabilités d’Etats responsables ! Adieu la surveillance des grands déséquilibres ! Après quelques années d’incertitudes, le marché est devenu une forme de bible et la globalisation l’évangile. Créer des marchés « libres et parfaits » est devenue  la mission dirimante

On a concédé aux banques pratiquement tous les bénéfices du seigneuriage, en interdisant aux Etats d’être financés directement par les banques centrales dont  la fonction de régulation  est devenue critique, toute récession ou menace de récession devenant une crise du manque de liquidité banque centrale. Tous les marchés financiers et monétaires ont été libérés, intégrés dans la stratégie de création monétaire des banques, et mondialisés. La suite était prévisible : les énormes déficits et excédents commerciaux ont provoqué des flux spéculatifs massifs et le développement incontrôlé d’énormes masses de dettes spéculatives ; les effondrements périodiques de plus en plus graves et l’arrêt progressif de la croissance, les investissements utiles étant éliminés au profit de l’alimentation d’une économie baudruche constamment plus proche de l’auto destruction. Celle-ci s’est produite en 2008.

Pour le commerce, il ne restait qu’à perfectionner les trois libertés de mouvements des marchandises, des capitaux et des personnes.

Les Etats-Unis n’avaient pas besoin du mouvement des personnes. C’est l’Europe qui s’y est collé, à l’initiative des fédéralistes européens, et d’abord de Delors et des siens. Le Brexit, principalement fondé sur le dégoût d’une immigration incontrôlable, a marqué l’échec définitif de cette utopie.

Restaient à mettre en œuvre les libertés financières et commerciales.

La crise de 2008 et son origine purement financière ont bloqué désormais tous les processus d’ouverture. Les Chypriotes se sont vus voler leurs dépôts. Les Grecs se sont retrouvés avec quelques dizaines d’euros accessibles sur leurs comptes. Aujourd’hui ce sont les contrats d’assurances vie qui sont menacés, l’Etat français se préparant à bloquer toutes les ventes si nécessaire. Il n’y a plus de liberté financière. Tout est cadenassé. Les banques à qui on avait concédé tout le seigneuriage ont en plus été dotées du moyen de taxer l’usage de comptes bancaires dont on imposait l’usage. C’est ainsi que la BNP ose envoyer à une association qui a 800 euros de cotisation par an, un courrier par lequel elle indique qu’elle prélèvera 40 euros de tenue de compte par mois. Pour le seul service d’encaissement des chèques  de cotisations, elle engouffrera la moitié des recettes de ladite association !    Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limite. Tout cela pour compenser les taux d’intérêts négatifs de la BCE sur les dépôts obligatoires des banques ! Mesure prise pour essayer de sortir des effets délétères des milliers de milliards de pertes des banques emportées dans le maelstrom d’une économie baudruche !

Que reste-t-il à faire aux institutions internationales après l’abandon de Bretton Woods en 71 ? A perfectionner encore et encore le libre-échange des biens et des services, tout en évitant les sujets qui fâchent en se donnant les moyens de soigner leur image en reprenant tout le politiquement correct des ONG. A « l’énarchie compassionnelle » française correspond une « élitomanie compassionnelle » internationale.   

Au terme du processus et alors que les économies occidentales sont par terre, voici donc le CETA, le TAFTA, fariboles diplomatiques convenues  destinées à pousser les avantages de la massification commerciale et culturelle  au format américain.

Si l’Etat Français était encore debout avec un minimum de respect de lui-même, il aurait défini une doctrine sur ce que devrait être sa diplomatie économique extérieure et le Président de la République l’aurait exprimée à haute et intelligible voix.

Pas un mot. Ni des instances politiques, ni encore pire de la presse. Les Français ont découvert le CETA parce que les Wallons se faisaient insulter pour avoir demandé à voir si leurs exigences, formulées naguère, avaient été respectées.  Quand on dit qu’ils ont découvert le CETA, on veut dire l’enveloppe des accords. Parce que, pour le contenu, il n’y a pas de place dans les médias. Les candidats à l’élection primaire de la droite et du centre ne savent même pas ce qu’il y a dans l’accord. Il faut dire qu’il était interdit de le savoir pendant tout le cours des négociations. Et que de toute façon il est trop tard pour faire quoi que ce soit. L’accord est juste à enregistrer. 

Comme pour tous les textes européens, tous, absolument tous, une fois qu’ils ont suivi le processus plus ou moins secret, plus ou moins opaque, qui mène à une décision obscure, s’y opposer devient un acte d’hostilité à l’Union Européenne et assez rapidement  un retour à Hitler. Pas de politique ; pas de technique ; rien ! Sinon un torrent de moraline amorale qui vise à subjuguer et à interdire d’autorité toute réaction.  

La seule chose que l’on sache, c’est que des accords ont été pris dans le dos des peuples  et qu’ils les empêcheront de réagir aux conséquences. Car une fois signés, les accords sont définitivement hors du champ de la politique. Il faudrait l’unanimité des pays de l’Union ! Les Eurolâtres expliqueront que rien n’est la faute de l’Europe et que tous les maux  proviennent de l’attitude indécente des politiciens nationaux qui se dédouanent sur l’Europe de leurs propres péchés. Les souverainistes affirmeront qu’il faut retrouver tous les pouvoirs pour que simplement les problèmes soient posés officiellement et les solutions discutées au fond avant de laisser des négociateurs explorer quels sont les compromis possibles.

Aucun homme politique français ne sait si les accords du Ceta sont bons ou mauvais. Comment pourraient-ils le savoir ? Si le Président de la République se tait, ce n’est pas seulement parce qu’il est pris par ses conversations privées sur tout et rien avec des journalistes, mais aussi parce qu’il ne sait pratiquement rien d’un processus qui s’est joué dans son dos.  

Pour notre part, la vérité est ailleurs. On ne peut pas négocier des accords bilatéraux dans des matières commerciales sans discuter monnaie en même temps.

Ni Tafta, ni Ceta, sans réforme préalable du système monétaire international et sans diagnostic réel de l’effondrement des taux de croissance depuis 1971.  Cette attitude est l’acte fondateur d’une diplomatie de la prospérité. On ne peut parler de libre échange, qu’en précisant ce qui se passe si des déséquilibres majeurs se produisent et les moyens que l’on consent de mettre en œuvre pour les corriger. A quoi rime de baisser de 1 point des droits de douane lorsque le change de la monnaie d’un des pays peut perdre 10 ou 20% de sa valeur en un demi-milliardième de seconde ? A quoi sert d’ouvrir le négoce libre et sans entrave avec un pays ou une zone en très grand excédent ou déficit courant ?

Ce préalable levé, il faut comprendre que certaines formes de production et de consommation, voire d’activités ludiques  touchent à l’identité nationale, et que les règles ne sont ni techniques ni définies pour bloquer les produits étrangers, mais parce qu’elles comptent pour la nation, souvent depuis des lustres et n’ont aucune incidence européenne ou mondiale. Elles forment un corpus inentamable par des négociateurs apatrides. La pêche, la chasse, la tauromachie, les fromages ont été successivement en première ligne européenne et ont provoqué des traumatismes. Les gouvernants nationaux se sont retrouvés à découvert  à chaque fois et dans l’obligation de justifier des décisions qu’ils n’avaient jamais ni discutées ni même connues, les processus européens chevauchant parfois plusieurs  majorités successives.   

Avec le CETA comme le Tafta, les grandes entreprises notamment anglo-saxonnes et plus particulièrement américaines, entendent pouvoir, par des arbitrages extra-nationaux, vaincre en dehors des parlements des législations vues comme des obstacles à leur expansion. On n’est plus dans le libre échange, mais dans l’interdiction de légiférer dans des sphères où la législation nationale peut être considérée comme absolument légitime.

Ajoutons les attitudes ouvertement agressives comme l’autorisation donnée aux entreprises américaines de ne pas rapatrier leurs bénéfices mondiaux et de laisser leur trésorerie dans des paradis fiscaux, pour mieux vaincre leurs concurrents étrangers, en profitant de l’opportunisme de certains petits pays, et la mondialisation devient un objet de crainte et de mépris de la part des nations.  

Dans un pays comme la France où les pouvoirs du Président sont les plus étendus de la sphère démocratique,  son silence sur tous les sujets qui fâchent et son évaporation sur tout ce qui dépend de l’Europe et l’international,  revient à un véritable abandon de poste. Les candidats à la « présidentielle » devraient prendre la mesure de leurs futures responsabilités et avoir une claire conscience des difficultés que leur abstention peut provoquer.  La campagne électorale doit faire apparaître ce que sera la « diplomatie de la prospérité » de la France.

Plus largement, il faut que les institutions internationales se rendent compte que leur rôle n’est pas l’organisation du « village global » loin des peuples, dans le secret de leurs propres ambitions et dans la soumission aux lobbies américains.

Il faut associer les Etats, piliers des politiques économiques, dans un système structurellement coopératif, plutôt que d’essayer de dissoudre les Etats à demi ou totalement vassalisés par les Etats-Unis par des accords de libre-échange poussés jusqu’au sein du cœur de la légitimité nationale et  arbitrés par des tribunaux privés dans un système monétaire structurellement non coopératif.

Il faut ancrer à nouveau la politique internationale, en permettant une coopération multilatérale organisée sur la base de l’égalité des droits et des devoirs.

L’ancre la plus importante est la monnaie. Il faut revenir d’urgence à un système coopératif en matière monétaire internationale, basé sur les changes fixes et ajustables avec responsabilité des Etats sur leurs déficits et excédents. C’est la seule vraie priorité mondiale.

Un président de la République française digne de ce nom devrait avoir en tête cet article pivot de toute diplomatie de la prospérité. Et refuser tout nouvel accord international économique avant que ce précédent ait été levé.

C’est comme si c’était fait !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

En écoutant Christine Lagarde

Mme Lagarde, fraîchement réélue à la tête du FMI a présenté les résultats et les projets du FMI  en Séance plénière de l’Assemblée annuelle 2016 du FMI et de la Banque mondiale, à Washington, le 7 octobre 2016.

Rappelons que, peu avant, ses services ont produit un tableau fondamental démontrant que depuis 1971 le taux de croissance par tête s’était effondré progressivement partout pour atteindre désormais un niveau que l’on peut qualifier de stagnation durable.

Ce tableau dont nous avions donné différentes illustrations sur ce site depuis des années et finalement dans notre livre « l’Etrange désastre », justifie notre définition de la « crise » : phénomène durable qui voit la croissance s’effondrer peu à peu, les crises devenir de plus en plus dures et la dette globale s’envoler à des niveaux incontrôlables. Il est clair que le rôle du FMI est d’abord et avant tout de donner une explication de cette crise, préalable à toute suggestion de solution.  

On pouvait penser qu’en réunion plénière, la directrice générale du FMI allait donner enfin et cette explication et les mesures correctrices que le fonds propose.   Après un long délayage sur des questions secondaires, elle en vient en effet à la question clé : La coopération internationale et le rôle du FMI.

Et nous entendons ceci :

« Supposons que nous réussissions à réduire les inégalités économiques au sein des pays. Comment ferons-nous alors pour réduire les inégalités entre les pays. »

Il n’y a rien dans les statuts du FMI qui lui donne mission de lutter contre les inégalités internes ou externes. On retrouve la dérive « sœur Theresa » de l’institution depuis qu’elle a perdu son rôle initial : gérer les changes fixes en permettant des ajustements sans déflation.

« Les pays à faible revenu doivent disposer de recettes publiques plus abondantes et plus stables pour pouvoir investir dans les infrastructures, la santé et l’éducation. Renforcer les capacités dans ce domaine est pour eux une priorité. C’est aussi une priorité du FMI. Chaque année, nous aidons plus de 100 pays à accroître leurs recettes intérieures et nous répondons à une demande croissante. »

On comprend que le nouveau rôle du FMI est d’organiser la collecte des recettes publiques des pays en voie de développement. Là encore, on ne voit rien dans les statuts qui concerne ce sujet. S’il est vrai que  le FMI s’est fait une spécialité de mettre des camisoles de force fiscale en place dans les pays en difficulté de changes, c’était pour accompagner des prêts généreux évitant la déflation.  Le FMI n’est pas une société de conseil en prélèvements fiscaux.  

« Réduire les inégalités signifie aussi créer un dispositif mondial de sécurité financière plus solide pour aider les pays émergents et les pays en développement à mieux faire face à la volatilité. Il sera utile à cet égard de renforcer les instruments de prêt du FMI, et d’intensifier la coopération avec d’autres institutions régionales. »

 On ne voit pas le rapport en inégalité et la volatilité et le rôle du FMI sur ces sujets. Le meilleur moyen de mettre fin à la volatilité est de supprimer les changes flottants et de revenir à un système de changes fixes et ajustables par consensus. Là, pas un mot.  

« Nous avons intensifié nos travaux sur d’autres questions essentielles sur le plan macroéconomique telles que l’inclusion financière, la parité hommes-femmes, la corruption, les migrations et les changements climatiques ».

Aucun de ces sujets ne sont au cœur de la mission du FMI qui a pour but de faire respecter les grands équilibres de balances de paiements et de balances commerciales, en aidant les pays défaillants à revenir dans les clous. L’inclusion financière est du verbiage. Le bon mot est pauvreté. Et la pauvreté est l’affaire de la Banque Mondiale pas du FMI.  

Evidemment quand on se fait prendre en photos sur papier glacé comme la femme la plus puissante du monde et après avoir été nommée « parce qu’on était une femme », on comprend que la préoccupation de la « lutte des genres » soit prégnante dans son esprit.Mais en quoi cela concerne-t-il le système monétaire international ?  

La seule conclusion que l’on peut tirer de ce discours étrange, est que le FMI est toujours en perte totale d’identité et qu’il se cherche un rôle dans le politiquement correct, très ONG onusienne. Faute d’avoir un chef capable de diriger les réflexions vers la seule question qui compte, qui est l’explication de la crise globale et le moyen de la surmonter, nous avons une femme qui cherche à obtenir des effets d’image : le FMI devient une nurserie sympa, dirigée par une femme compassionnelle, pétrie d’humanisme ou mieux de gendrisme,  d’égalitarisme  et d’écologie.

« Voyez comme je suis belle en ce miroir ».

Quel économiste sérieux et quel homme d’Etat peut-il éviter de considérer cette farce comme totalement sinistre, alors que, justement, la Crise, elle, s’approfondit et que partout les sociétés se délitent et que les institutions multilatérales explosent à cause de la durée de cette crise ?  

En écoutant Claudia Buch

"Le comité scientifique consultatif du Comité européen du risque systémique a relevé de nombreux signes de surcapacités dans le secteur bancaire européen, en particulier une forte hausse du volume de crédit par rapport à la performance macroéconomique. En fin de compte, un secteur financier surdimensionné peut avoir une répercussion négative sur la croissance économique réelle."

Cette phrase, énoncée par la vice-présidente de la Bundesbank est tout à fait intéressante. Elle aurait pu être répétée tous les ans depuis 1971, c'est-à-dire depuis que l'on a dynamité tous les contrôles macroéconomiques des balances extérieures (commerce et paiements). L'économie mondiale est devenue une" économie baudruche" comme nous en avons fait la théorie pendant des lustres. De crises en crises, de baisse de croissance en baisse de croissance, d'endettement massif en endettement insoutenable, la baudruche a fini par exploser. Nous vivons dans un système non réformé et mis à plat par la dernière crise, entre perpétuation des anciens maux et épongeage des effets du collapsus de 2008.

Alors oui, chère Claudia, la baudruche recommence à se remplir, tout en fuyant de toute part. Mais là n'est pas l'important. Ce qu'on attend de vous c'est d'indiquer les causes au long cours de la situation. Et là vous êtes muette comme une carpe allemande par grand froid.

Votre constat serait important si vous ajoutiez : les excédents allemands alimentent une création monétaire malsaine par recyclage dans des circuits financiers non directement connectés à la production, des gains qui proviennent d'un excès de compétitivité prix. Alors vous pourriez ajouter qu'il faut prévoir en zone Euro des mécanismes de pénalisation de ces excédents. Les excédents seraient taxés et enlevés du système financier au profit de l'investissement productif dans les pays en perte de compétitivité. L'Allemagne aurait alors intérêt à relancer sa consommation, relever ses salaires, pousser ses importations intra-européennes, perdant en compétitivité mais faisant croître la prospérité générale sans imposer de lourde récession à ses partenaires.

Que Claudia Buch se souvienne des suggestions allemandes de chambre de compensation faite en été 1940. Bien sûr, c'était de sales nazis qui voulaient mettre en place un système dont ils espèrent tirer parti par la force en ne régularisant jamais leurs positions. Mais "une variante honnête" comme disait Keynes serait sans doute la meilleure solution aujourd'hui.

Pour couvrir le dispositif, chère Claudia Buch, il faudrait même aller un peu plus loin : imposer un système de ce genre à l'échelon mondial en proposant de taxer les grands déficits et les grands excédents. Du coup la politique européenne d'ajustement n'entraînerait plus de risques globaux.

Il ne faut pas seulement dire que le roi économique est nu. Il faut l'habiller.

Et la "fashion week" doit commencer au plus tôt aussi bien au sein des banques centrales que des grandes instances économiques internationales.

Qui peut ne pas être lassé de voir que le seul courage autorisé dans les instances dites "de régulation" est de dénoncer un fait sans jamais voir l'image globale ni proposer de solution.

D'accord si vous vous lanciez dans ce travail vous seriez virée dans la minute de votre poste. Mais vous êtes universitaire. Vous avez l'indépendance. Cela vaut tous les honneurs. Sans doute préférerez-vous une carrière du type de celle qu'a connu votre prédécesseur, Beatrice Weder di Mauro, dont la carrière a été éclatante mais entièrement dans les jupes américaines et n'a, pas plus que vous, osé s'attaquer aux questions qui fâchent et notamment celles qui mettraient en colère les maîtres de Washington.

Au-delà de son énoncé, la phrase de Claudia Buch met en lumière la manière dont les économistes sont soumis aux diktats américains. Le but de ces déclarations n'est pas de promouvoir les réformes nécessaires mais de contrer Mario Draghi qui est considéré par les Américains comme dangereux puisqu'il fait baisser l'Euro par rapport au dollar. Elle permet également de se valoriser par rapport au board de la Bundesbank qui prône un certain rigorisme, tout en admettant les énormes excédents allemands. le tout sous couvert d'examiner les risques systémiques pouvant toucher la finance.

Tout cela finit toujours par des invitations au Groupe Goldenberg, rassemblement des "élites politiquement compatibles avec l'idée américaine de la globalisation" et tremplin pour les plus belles affectations.

Il faudrait qu'en matière économique l'opportunisme atlantiste cède un peu la place à une réflexion de fond et des études de réformes un minimum sérieuses. Les nominations sur la base du "genre" et non de la compétence, aggravent encore les phénomènes traditionnels de soumission. On l'a vu avec la nomination de Mme Lagarde à la tête du FMI, "parce que c'était au tour des femmes". Aussitôt tout risque de pensée non conforme est bloqué pour des années.

Et l'économie baudruche perdure indéfiniment avec des discours de régulation qui, au mieux, ne servent que de cache-misère pour masquer le vide de toute réflexion approfondie sur des réformes de structure.

Vous avez dit "libéralisme" ?

Un des tics les plus agaçants de la presse française est l'emploi à tout bout de champ du qualificatif "libéral" pour déconsidérer toute tentative de redressement de l'économie française. Le qualificatif se veut péjoratif. et l'effet répulsif est souvent poussé par l'ajout de complément : néo libéral, libéral thatchérien, hyper libéral, libéral sans concession, libéral assumé, libéral antisocial, libéral revanchard  etc.  La marxisation des réflexes  en France est telle, du fait d'une dominance idéologique de cette composante de la  gauche dans l'enseignement public et dans les médias que libéral y est devenu une grossièreté.  Il et intéressant de creuser un peu ce phénomène.

Le libéralisme, au sens économique s'oppose au marxisme, au socialisme et à l'étatisme. Il est normal que les promoteurs des trois idéologies lui en veulent. Il peut prendre des formes très diverses. La constante de toutes les conceptions libérales est que l'entreprise capitaliste est la forme la plus efficace de production de richesses et que ce sont les choix individuels de consommation qui forment la valeur des produits en s'exerçant sur des marchés organisés.

En ce sens le monde entier est aujourd'hui libéral. Personne ne compte plus sur la collectivisation permanente de l'ensemble des moyens de production pour espérer un minimum de prospérité. Les expériences socialistes ont été suffisamment "pédagogiques", pendant suffisamment de temps, avec suffisamment de dégâts.

Une autre acception du libéralisme est la défense des trois libertés de mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes dans le cadre national et international. Ces libertés sont assurées depuis longtemps dans le cadre national et n'y font plus problème de principe même si la réglementation et les taxes peuvent en modifier fortement l'exercice jusqu'à l'étouffement. Les instaurer entre les nations est la question de l'époque.

C'est le mantra récurrent de l'Union Européenne depuis l'origine.

Au FMI, les trois libertés sont devenues la doctrine de substitution, une fois son rôle initial (gérer les changes fixes et permettre des ajustements monétaires sans drame) abandonné avec l'instauration des changes flottants.

L'OCDE a remplacé sa mission de répartition du plan Marshall depuis longtemps éteinte et a muté également en officine de promotion des trois libertés.

En France comme en Europe cette optique de libre-échanges et de libre migration est celle des partis socialistes tout autant que des partis centristes et de la droite classique. Le PS, avec Delors, Rocard, Lamy et cie ont été en flèche notamment pour la liberté de mouvement des capitaux.

Les droites et les gauches de gouvernement se retrouvent toutes dans le libéralisme des trois libertés de mouvement. Seuls les extrêmes, à droite comme à gauche, contestent au moins une des trois libertés de mouvement.

Le libéralisme est donc partout dans la politique internationale et les traités et n'a pas été contesté par les partis de gouvernement dans les trente dernières années en Occident. Faire du mot "libéral" une injure a donc tout du paradoxe.

Aujourd'hui les esprits évoluent fortement. Contrairement à la question du capitalisme qui est désormais tranchée, l'affaire des trois libertés internationales de mouvement ne fait plus l'unanimité On peut même dire qu'elle devient de plus en plus empoisonnée.

La liberté du commerce des biens et des services, sans cadrage des déséquilibres, aboutit à des excédents et des déficits majeurs qui déstabilisent l'emploi, les marchés, la qualité des produits.

La liberté des mouvements de capitaux dans un système de changes non régulés et compte tenu des déséquilibres précédents, provoque des crises à répétition et la stagnation générale.

La liberté des migrations conduit à des substitutions de population considérées par les autochtones comme injustes, dommageables et déstabilisatrices.

Les effets de submersion dans les trois secteurs provoquent des réactions de plus en plus vives.

Les réactions ne sont pas seulement économiques. Elles touchent le social, c'est-à-dire les formes d'organisation, les lois et les mentalités, construites dans la durée par les Etats pour satisfaire les besoins de solidarité. Elles sont balayées et les personnes déstabilisées priées de "s'adapter". Elles touchent également le culturel : choc de civilisation ; rejet de l'envahissement ; abaissement des niveaux d'engagement dans la société ; soumission culturelle aux divertissements américains avec tout ce qu'ils charrient… Et voici désormais les attentats terroristes !

Le libéralisme des trois libertés de mouvement commence à être considéré de plus en plus largement comme une aliénation consentie par des "élites mondialisées" qui trahiraient allègrement la "cause du peuple".

C'est la liberté de migration qui la première a cédé. La Suisse a voté contre l'immigration. Les Français ont cru que les Helvètes visaient les minarets. Ce sont les frontaliers français qui trinquent. Le Royaume-Uni sort de l'Union Européenne principalement pour faire cesser ce que les Anglais considèrent comme un envahissement dommageable. Les Français sont aussitôt consternés de constater qu'ils n'y sont plus bienvenus et même parfois injuriés, au même titre que les Pakistanais, les Afghans ou les Africains anglophones. Le candidat Trump fait frémir quand il annonce une barrière anti Mexicains payée par les Mexicains. Mais les étudiants français aux Etats-Unis constatent déjà depuis plusieurs années un resserrement drastique des conditions d'emploi aux Etats-Unis à la sortie de leur cursus américain. Un étudiant ayant fini ses études perd son visa de séjour presque immédiatement après avoir eu son diplôme s'il ne parvient pas à trouver un employeur motivé.

Il y a peu de chance que les choses s'arrangent. La montée incontrôlée de la démographie des pays africains, avec un pays comme le Nigeria annoncé comme plus peuplé que la chine dès 2050, laisse craindre une vague africaine à ampleur de tsunami : si les prévisions sont justes, il faudrait que l'Europe absorbe 300 à 400 millions d'Africains et de Maghrébins. Les questions d'espace vital vont redevenir criantes. Le besoin de défense des civilisations, des cultures et des cultes va exploser et avec lui l'intolérance de masse.

Le commerce international, compte tenu de ses déséquilibres massifs, est vu comme la destruction de secteurs économiques patiemment aménagés par un déferlement de produits à bas coûts et de mauvaise qualité. La durée de vie d'un PC est passée de 10 ans à peine trois. C'est aussi le cas des téléphones, des machines à laver etc. Va-t-on avaler des poulets au chlore ou aux hormones ? Les traités transatlantiques sont tous au point-mort avec un refus catégorique des peuples tenus soigneusement à l'écart des discussions et soumis à des "éléments de langage" diffusés à gogo dans les médias. Du genre : "l'accord permettra de créer des millions d'emplois". Le rejet est total et touche les médias vus comme complice des élites mondialisées et les fonctionnaires internationaux vus comme traîtres à leur pays.

La liberté totale des mouvements de capitaux commence à faire mauvais genre. La crise dite faussement des "pays émergents" en 97-98 a fait perdre toute crédibilité à ceux qui prétendaient que la "hot money" était un mal nécessaire. L'effondrement de 2008 a montré que la mobilisation anarchique de capitaux uniquement tournés vers la spéculation conduisait au désastre. La gestion de l'Euro avec liberté totale des mouvements de capitaux et régulation par la BCE a montré ses limites : la déflation à répétition et la stagnation générale. Les banques sont désormais étranglées parce qu'on a voulu étouffer l'amplificateur des désajustements sans toucher aux causes.

Au total, si personne ne conteste plus vraiment le caractère capitaliste de l'organisation de la production, la défense des trois libertés de mouvement à l'international est dans la tempête.

Cette situation crée de graves contradictions dans chaque pays. Les finances publiques et l'emploi sont tellement chahutées dans les pays qui ont fait de la dépense publique et de l'emploi public le cœur de leur action au long cours, que des remises en cause massives deviennent nécessaires. Tous ceux qui veulent réduire la dépense publique lorsqu'elle est insoutenable, se voient traiter de "libéraux à la Thatcher", alors même qu'ils contestent l'orientation des organisations internationales qui privilégient les trois libertés de mouvement. Ce sont des libéraux antilibéraux. À l’inverse les antilibéraux promeuvent la liberté quasi-totale des migrations. Ce sont des antilibéraux libéraux.

Les mots, et en particulier l'adjectif libéral, ont perdu tout sens.

Au-delà des mots, quelle est la situation ?

Un pays comme la France qui s'est laissé glisser dans le déficit public permanent et la montée exorbitante de la dépense publique, se retrouve piégé : il ne peut plus supporter une dépense publique supérieure à la production des entreprises du secteur marchand et une dette qui représente entre 400 % et 800 %, selon les calculs, de la même production. Sortir de ce piège n'a rien de libéral. Toute "diplomatie de la prospérité" passe nécessairement par une canalisation des trois libertés de mouvement. Par rapport au laxisme actuel cette attitude est nécessairement "antilibérale", si on conçoit le libéralisme comme une concurrence sans entrave d'individus indifférenciés où les Etats n'ont qu'à se taire.

La stagnation, le chômage de masse, le blocage de la finance, les déficits abyssaux ne peuvent laisser indifférents les Etats. Ils devront nécessairement lutter encore longtemps sur deux fronts : contre une mondialisation basée sur des libertés incontrôlées et contre les dérives insoutenables d'un état providence qui laisse une part minoritaire de la population payer pour les autres, tout en détournant une part déraisonnable de la richesse produite à son seul profit.

Toutes les formations politiques sont déchirées par ce dilemme. François Fillon milite à la fois pour réduire drastiquement la dépense publique et contre le Tafta, le traité transatlantique. Comme Hollande. Voici deux libéraux, tendance antilibérale. Dans deux camps opposés. Les écologistes se veulent pro migration et anticapitalistes comme une partie de la gauche, dont le Front de gauche. Le FN se veut nationaliste et socialiste.

En fait il n'y a pas de purs libéraux qui seraient pour un capitalisme débridé en interne, en Europe et dans le monde.

Il n'est pas si difficile de dépasser ces contradictions.

À l'international, les libertés doivent être organisées et les flux d'hommes, de capitaux et de marchandises encadrés. En interne il faut en finir avec les excès d'encadrement de l'activité économique et de dépenses publiques. Deux mouvements d'inspiration exactement inverse mais également nécessaires.

Les échanges de marchandises ne sont pas dangereux si les échanges restent balancés entre les pays. Au final on échange des produits, contre des produits, et du travail contre du travail. Il faut donc mettre des mécanismes qui permettent ces équilibres. Ce n'est pas une question de principe mais d'organisation et de gestion des libertés.

La liberté d'établissement reste extrêmement sympathique, à la condition d'éviter les phénomènes de masse et les risques de chocs culturels insoutenables, tout en limitant la possibilité pour les pays ayant supprimé leur frontière commune de conduire des politiques différentes d'immigration. Ce n'est pas une question de principe mais d'organisation et de gestion des libertés.

La liberté d'investir son capital comme on l'entend est très utile et profitable, à la condition que l'on évite de transformer l'économie mondiale en baudruche incontrôlable. Ce n'est pas une question de principe mais d'organisation et de gestion des libertés.

On peut donc chérir la liberté dans le monde mais en organisant précisément les libertés.

De même qu'on peut développer les solidarités nationales sans tomber dans le socialisme prédateur, l'anticapitalisme primaire, le blocage des relations sociales, l'asphyxie fiscale et la dette à outrance. Il faut chérir la liberté et la propriété, qui est de la liberté frappée, tout en organisant de façon raisonnable et soutenable la solidarité. Le redressement français n'est donc pas une question de plus ou moins grand libéralisme. Il faut réduire le socialisme et l'étatisme à l'intérieur pour la simple raison qu'on ne peut pas justifier une dépense publique supérieure à la production marchande, deux allocataires à la charge d'un seul salarié du secteur marchand, et une dette sans rapport à la production marchande. À l’extérieur Il faut rechercher un meilleur contrôle des flux d'hommes, de marchandises et des capitaux.

Le seul adjectif que devraient utiliser les journalistes est : pertinence. Quel programme a quelles chances d'atteindre quels résultats ? Si les fins et les moyens sont pertinents, il y a toutes les chances que la liberté y joue un rôle fondamental même si elle est enchâssée dans des organisations plus contraignantes à l'extérieur et moins à l'intérieur.

Le débat national devrait être sur les fins et les moyens, à court, à moyen et à long terme, à l'intérieur comme à l'extérieur. Pas sur des étiquettes ni sur des adjectifs.

Acteurs et commentateurs publics sont encore assez loin de le comprendre.

Trois conseils aux candidats qui sont trois avertissements aux électeurs

1. Vous criez tous à la baisse des charges. La baisse des charges n'a pas de sens en soi. Elles financent des besoins. C'est la baisse des besoins de financement qui comptent. Sinon ce n'est pas une baisse mais un transfert et il faut dire vers qui et selon quelles modalités on effectue ce transfert. On ne peut abaisser les besoins de financement qu'en retardant drastiquement l'âge de la retraite, en réduisant certaines gratuités, en freinant l'immigration sociale, en augmentant la durée de travail nécessaire pour avoir droit à la solidarité nationale pour les étrangers, en réduisant les coûts de transport et les subventions au logement, en rendant les indemnités chômage dégressives  etc.

2. les charges patronales sont un impôt sur une partie de la valeur ajoutée. La TVA est un impôt sur la totalité de la valeur ajoutée. Il est donc faux de dire que dans le premier cas c'est payé par le patron et dans le second par le client. Les deux sont payés par le patron et entrent dans la formation des prix. Le transfert des charges patronales sur la TVA euro pour euro ne change rien pour les produits français. Il rétablit l'équité pour les produits importés. On ne doit donc pas laisser dire que la TVA dite sociale est contre le revenu des Français. Dans l'ambiance déflationniste actuelle le risque d'une hausse des prix liés à la TVA est nul.

3. Dire aux Français de faire des sacrifices pour s'adapter aux nouvelles conditions du monde n'a de sens que si le système européen et le système global ne sont pas dysfonctionnels. Ils le sont. Les trois grandes récessions 73-74, 92-93, 2008-2009 sont venues de l'étranger. Le traité Merkozy provoque la déflation et la dépression. Il faut donc dire aux Français : je ne vous demande pas de vous adapter à un système déficient ; je vous propose déjà de faire aussi bien que les meilleurs mais surtout de vous remettre en position d'influence pour corriger ces systèmes déficients. Il faut une diplomatie de la prospérité dont la solidité française est la condition préalable. Et je vais vous dire où sont les déficiences et comment on peut les corriger.

La droite de gouvernement au feu des primaires

Quel projet économique ?

On peut discuter de l'intérêt d'avoir mis en place des "primaires" pour sélectionner le candidat d'une coalition. Après tout le rôle d'un parti est de dégager les grandes lignes d'un programme d'action et de choisir le meilleur candidat pour le faire gagner. Le fait qu'il faille recourir à une présélection publique pour déterminer à la fois le candidat et la ligne politique témoigne d'une désagrégation idéologique profonde et de la prégnance de la compétition des personnes sur toute autre préoccupation. Si celui qui tient l'appareil d'un parti prétend à tout sans autre considération que d'éliminer des concurrents potentiels et y parvient, il se moque en général de comprendre les mouvements de fond de son électorat et ne se préoccupe plus guère que du scénario de conquête présidentielle qui s'étiole très vite en plan de com'.

Le parti devient alors un fan's club, avec groupie. La réflexion cesse.

Au début des années quatre-vingt-dix, l'effondrement du socialisme comme doctrine, avec la chute de l'URSS avait laissé le PS en panne d'idéologie, ses échecs l'ayant de plus laissé en panne d'électeurs. Il a fallu l'énorme erreur des élections anticipées pour faire venir au pouvoir une coalition hétéroclite, appelée par antiphrase "dream team" d'une "majorité plurielle"qui n'avait aucun réel programme. Jospin profitera d'une très bonne conjoncture internationale et aurait pu engager quelques ruptures utiles. Il se contentera d'asphyxier l'économie avec les trente-cinq heures et les relations sociales par des lois étouffantes et porteuses de comportements inadmissibles. Quand le renversement conjoncturel se produira, il sera éliminé du second tour des élections. Il est à noter que le premier secrétaire du PS pendant toute cette période n'a tenté aucun aggiornamento idéologique. F. Hollande n'avait aucun programme sérieux ni d'ailleurs aucun sérieux. Sa présidence démagogique du PS a été une catastrophe sur tous les plans, comme il pouvait être anticipé. Les tensions de ligne et de personnes sont devenues terrifiantes. Revoici donc les primaires également dans une "gauche" éparpillée façon puzzle, sans aucun programme économique unitaire perceptible.

La droite a connu le même mouvement avec Nicolas Sarkozy. Favorisé par l'absence d'un adversaire crédible, il a gagné facilement en 2007. Le plan qu'il a mis en place était purement électoraliste et ne visait qu'à sa réélection. Il fallait cocher des cases pour satisfaire toutes les clientèles tout en grillant l'opposition par une triangulation de petit malin. La crise, non anticipée malgré les avertissements, balaiera tous ces petits calculs. Il sera battu. Il fera semblant de sortir de la politique. Après avoir bloqué l'appareil de l'UMP, avec la complicité de F. Copé, pour empêcher tout renouvellement des hommes et des idées, il en a repris la présidence en pensant pouvoir recommencer le coup précédent. Et cela ne marche pas, parce que les tensions internes dans un parti sclérosé par sa transformation en claque personnelle sont top vives. Les tensions de lignes politiques et de personnes sont devenues tout aussi terrifiantes. Voici donc les primaires.

Dans les deux cas, la crainte de ne pas être au second tour interdit pratiquement les candidatures de division au premier. Le FN, qui conteste une gestion qu'il juge identiquement catastrophique de la part de la droite comme de la gauche, est en embuscade.

Le mécanisme des primaires est-il réellement bénéfique ?

Le premier débat public télévisé des primaires " de la droite et du centre" donne une première réponse.

Bien sûr, ce n'était qu'un moment de présentation. "Voilà qui nous sommes".

Alain Juppé le favori des médias a paru vieilli et incertain. Légèrement voûté, la voix voilée, visiblement épuisé sur la fin, il s'est voulu le promoteur d'une politique consensuelle. Les médias qui le soutiennent outrancieusement, comme BFM-TV et I-tele, RTL et Europe 1, le Point et l'Express, le Figaro et Ouest France, l'ont vu aussitôt gagner le débat. Il est à craindre que lorsqu'on passera aux choses sérieuses, probablement dès le prochain débat et surtout dans la course à l'élection elle-même, sa forme hésitante deviendra un réel problème. D'autant que sa ligne consensuelle l'empêche d'avoir des idées fortes sur les grandes questions nationales et internationales.

Nicolas Sarkozy a paru terriblement crispé et plus soucieux de jeter en pâture les "éléments de langage" pondus par ses communicants que d'élever le débat. On lui a dit : les Français pensent deux choses : "on ne veut plus des musulmans" et "marre des impôts". Alors il baisse tous les impôts et il arrête les personnes dotées d'un fichier "s" quitte à s'excuser si le soupçon était injustifié. Le petit peuple qui se lève tôt retrouvera les heures supplémentaires défiscalisées et sans charges, d'autant plus sympathiques que c'est l'entreprises qui décidera du seuil des heures supplémentaires. D'ici à ce que les heures supplémentaires commencent après une heure de travail ! C'est du simple et du brutal. Et ne forme en aucun cas un axe de gouvernement et encore moins une vision d'avenir.

Bruno Lemaire s'est plutôt décrédibilisé par une absence de programme centré et fort, une attitude méprisante et quelques imprécisions gênantes. Le renouveau par le changement des personnes, c'est un peu court.

Nathalie Kosciusko-Morizet a été égale à elle-même : rien à dire et un grand art de mal le dire. Elle a été incompréhensible. Le choix du rouge de la robe semble avoir été sa préoccupation exclusive.

J. F. Copé était hilare d'être là et de pouvoir tirer à boulet rouge. Cela ne fait pas un candidat réel.

Restait François Fillon : un programme économique construit et longuement médité dont tous les rouages s'emboîtent parfaitement ; un calme souverain ; une élocution claire ; une vision hors de l'économie plutôt claire, aussi bien en matière de terrorisme, que de sécurité et d'école. Mais un handicap d'image pour avoir voulu contester trop tôt le président battu et n'avoir pas réussi à triompher d'un simple Copé. On aime bien les traîtres en France pourvu qu'ils deviennent des chefs de bande dominants. François Fillon n'est certainement pas un chef de bande capable de tout pour être élu, à l'instar de Jacques Chirac, qui n'a pas hésité une seconde à faire élire F. Mitterrand pour assouvir à terme son ambition.

Au total le mécanisme de la primaire aura permis un énorme travail de construction de programmes, comme l'UMP n'en avait pas connu depuis longtemps. Des lignes de fracture sont clairement apparues. Ce qu'on voit moins, c'est comment le travail d'arbitrage entre les programmes et de réduction des fractures va pouvoir se faire.

Sur le plan économique, l'ajustement d'un programme unitaire peut se faire autour du programme Fillon, le plus construit, le plus cohérent et probablement le plus efficace.

Sur le plan sécuritaire, l'état de droit est obligatoire et les élucubrations sur les attitudes belliqueuses en dehors de ce cadre sont déplacées et ne visent qu'à un effet de com'.

Tout cela aurait dû se faire au sein du parti. La publicité du débat n'apporte pas grand-chose. Cela aurait été différent, si, comme dans certaines émissions de télé réalité, on éliminait au fur et à mesure les candidats marginaux. Un débat à quatre entre le dénommé Poisson, qui mérite une chance d'expliquer ce pourquoi il combat (ce que personne n'a compris), et les trois candidats principaux, Fillon, Juppé, Sarkozy, aurait été plus utile qu'un nouveau débat à neuf. Il aurait eu pour but de réduire le débat suivant à deux.

Quand on va au fond des choses, le grand débat de la droite est l'affrontement entre la ligne Juppé et la ligne Fillon.

Juppé en tant que haut fonctionnaire ayant abusé de tous les privilèges de son état, est très mal placé pour mener une politique de restriction du champ de l'action publique, de réduction massive des dépenses publiques, de réformes des retraites, et de productivité. L'entrée dans le monde économique nouveau qu'annoncent les différentes ruptures technologiques est incompatible avec les fatigues de son âge qui sont apparues très nettement lors du premier débat. Son attitude vis-à-vis de l'islam radical est incertaine. Son européisme est inconditionnel. Sa vision des rapports de force dans le monde, inconnue.

La faveur des sondages tient essentiellement à l'idée qu'il est capable de bloquer Nicolas Sarkozy et que face à Marine Le Pen, sa candidature peut rassembler tout le monde, y compris les socialistes. Il a donné des gages en expliquant qu'il ne ferait pas comme Chirac après la divine surprise d'une élection de maréchal soviétique : il gouvernerait pour la gauche aussi. Pour beaucoup de Français, c'est celui qui empêchera et Sarkozy et Hollande et Le Pen. Il n'a donc pas besoin d'un programme affûté. Il lui suffit de multiplier les symboles et d'éviter les erreurs.

L'ennui, c'est qu'on ne voit pas trop ce que sera l'action du ou des gouvernements qu'il nommera. On gommera quelques excès fiscaux. Mais il n'y a aucun moteur de redressement véritable de la France. En s'étant mis sous la dépendance du politiquement correct centriste et socialiste, il en sera prisonnier.

La ligne Fillon est bien plus claire aussi bien en matière économique qu'en matière sécuritaire.

La grande question économique est de savoir si son plan économique est réellement efficace et si son plan politique permettra de gagner et le premier tour et le second tour des présidentielles.

Nous sommes convaincus de l'efficacité de la TVA dite sociale dont nous promouvons la nécessité publiquement depuis presque 20 ans. La TVA est un impôt payé par l'entreprise qui touche l'ensemble de la valeur ajoutée. Les charges patronales sont un impôt payé par l'entreprise qui ne touche que la partie salariale de la valeur ajoutée (entre 35 et 65 % selon les secteurs). Il n'y a aucune différence de nature. La seule différence est que les produits importés n'ont pas connu les charges patronales françaises et ont donc un avantage comparatif indu. Le seul moyen d'éviter cela est de reporter sur la TVA l'ensemble des deux impositions. Pourquoi ne le fait-on pas ? Parce que le taux de TVA est extrêmement haut en France et que la fusion des deux prélèvements aboutirait à des taux tellement élevés qu'ils ne seraient pas acceptés. En cachant aux yeux des consommateurs le prélèvement sur les entreprises, l'Etat sait ce qu'il fait. Le basculement suppose donc simultanément une baisse simultanée assez drastique de la dépense sociale, notamment pour la maladie, le chômage et la retraite. Associé à une hausse du temps de travail (dans le public notamment mais aussi dans le privé) sans hausse correspondante de salaire, le trépied revient à une dévaluation qui peut être conséquente, en fonction des paramètres choisis et à la restauration de la compétitivité française. Si on ajoute un ajustement de l'impôt sur le capital (suppression pure et simple de l'ISF et forfaitisation des prélèvements sur les intérêts), l'investissement redevient possible. Le plan Fillon peut marcher. Et il est le seul dans ce cas.

Ce qu'il manque au plan Fillon, c'est la dimension extérieure. Il faut absolument réformer le système monétaire international et la gestion de la zone euro, sans destruction. Cette diplomatie de prospérité n'est pas dans son programme, malgré tous nos efforts pour qu'il rajoute cette dimension dans sa démarche. Imaginons un système monétaire international basé sur les changes fixes mais ajustables sans possibilité d'excédents ou déficits majeurs, et un mécanisme automatique de sanction des grands déficits et des grands excédents au sein de la zone Euro. La réforme de la zone euro prendra son sens. La réforme française sera incroyablement facilitée. Le monde s'en trouvera mieux et pourra envisager de liquider en 20 ans l'endettement diabolique qui l'empoisonne.

On rêverait d'un second tour des primaires entre Juppé et Fillon, avec son programme ajusté. Il n'est pas du tout sûr que Juppé gagnerait. Le duel permettrait un vrai choix :

- La continuation des demi-mesures avec une chance de victoire de Mme Le Pen face à l'UMPS.

- Un vrai plan de redressement évitant les aléas d'une sortie inconsidérée de la zone euro et une démagogie socialiste revue et corrigée nationale.

Malheureusement, ce n'est pas l'hypothèse la plus probable, même si, d'un point de vue économique c'est la plus souhaitable.

L'économiste "mainstream" et le garde rose

Quiconque a fréquenté les forums, puis les réseaux dits "sociaux", sait qu'il est impossible d'échapper à la frénésie d'une nouvelle race de moralistes électroniques : le garde rose. Son rôle ? Chasser le "fasciste" et en purger le Web. Pour déterminer le fascisme supposé de l'interlocuteur, l'important n'est pas tant ce qui est dit mais l'appartenance supposée de celui qui le dit. Les arguments n'ont aucune importance. La réalité non plus. La seule question qui compte : renforce-t-il notre camp, qui est celui des bons, des justes et des "conscientisés", ou est-il un obscur crétin égaré dans la bêtise de droite, ou découvre-t-on  un "vrai fasciste" qui s'attaque, au nom du mal absolu, aux valeurs du camp socialiste dominant ? Au pauvre débile non encore formaté, on condescend à montrer son erreur qu'il doit vite concéder. Sinon il entre dans le camp des irréductibles. À ceux-là, la "reductio ad hitlerum" est immédiate et assortie de toutes les techniques de mises au pilori. S'il persiste encore : appel à la meute des partisans pour lui passer une correction par le nombre plus que par la qualité des arguments. Cette bêtise de dévots violents est symptomatique d'une "lélinosphère" débridée qui a besoin d'une "fachosphère" pour se sentir à l'aise. L'effet Godwin est devenu la base du non-débat.

En France en particulier la mouvance socialiste n'admet pas que l'économie puisse lui donner des leçons. L'échec du régime communiste soviétique a créé une sensibilité particulière, en ne laissant vivante qu'une seule branche de l'alternative idéologique entre capitalisme et socialisme. Tout économiste qui se situe dans la sphère du capitalisme est donc potentiellement un ennemi et rapidement un "fasciste". Impossible de discuter du poids de la fiscalité, de la malfaisance des réductions autoritaires de temps de travail, de la judiciarisation excessive des relations contractuelles, de la nocivité des grèves politiques, de l'efficacité des aides sociales, des effets de l'immigration sur la vie sociale et économique. Seuls ceux qui ont fait la preuve absolue de leur appartenance ont le droit d'échapper aux plus sinistres condamnations. Mais si votre visa est validé alors vous pouvez suivre tous les méandres de la bonne conscience de gauche même dans ses révolutions à 180°. L'important est de ne pas remettre en cause le primat moral de la gauche socialiste et intolérante. Peu importe ce qui est admis à tort éventuellement par le groupe à un instant donné, l'important est de ne pas attaquer le groupe et de bien lutter contre un diable extérieur à vouer aux gémonies. On peut garantir alors qu'on est bien campé aux yeux de l'Oumma socialiste dans le formidable camp du bien.

Pour le chercheur scientifique, cet esprit partisan de masse n'impose pas seulement de supporter les flots d'injures "social racistes" de partisans grotesques, mis aussi de résister à des chasses à l'homme et de lutter contre des exclusions. Lorsque les syndicats politisés du secteur public s'y mettent, les carrières tremblent. On se rappelle le sort du cameraman qui avait osé filmer le "mur des cons" du Syndicat de la Magistrature. On se souvient moins que l'auteur d'une étude de l'Insee sur l'absence d'effet réel des 35 heures sur l'emploi a subi une campagne de la CGT interne d'une violence inouïe et a vu sa carrière mise en danger.

Cette dictature des esprits, construite sur le vilipendage, les piloris et les pressions syndicales, relayée à l'occasion par les politiques et toujours par les médias de gauche ou sous dépendance morale de la gauche, explique en partie la faiblesse des études économiques en France et la quasi-nullité de l'expression économique des économistes officiels. "L'économiste mais" est devenu l'équivalent du "patron mais" de Neuschwander, dont le succès chez Lip est bien connu. Il y avait déjà rue Saint Guillaume dans les années soixante une librairie dont la devanture n'affichait que des livres d'économie "anticapitalistes". L'OFCE rattachée à Sciences-po est devenue l'officine de la béatitude socialiste. Les interventions permanentes de ses membres dans les médias (Eric Heyer et Henri Sterdyniak en particulier) ne sont qu'un long panégyrique de la politique de M. Hollande, quand elle est clairement socialiste, une critique acerbe, dans le cas contraire, une défense idéologique des réductions de durée de travail, une illustration des beautés et bontés de la dépense publique, de l'innocuité de la dette, et la solidité cachée de la conjoncture, en dépit de la vilaine Merkel. Tout changement de direction à la tête de l'OFCE crée une mobilisation contre le risque de "dérive droitière" ou "néolibérale", comme on l'a vu avec la nomination récente d'un conseiller… d'Arnaud Montebourg. Les divisions du PS y sont plus importantes que la science économique. Il n'est pas étonnant qu'Éric Heyer ait été en tête de gondole pour s'opposer à la prétention de Jean Tirole à faire valoir des "lois économiques scientifiques" parce que vérifiées par les études publiées et les chiffrages sérieux. Pour lui, il n'y a pas de sciences économiques "dures". Seulement un discours à coloration politique. Il s'agit de pulvériser celui du camp du mal avec des arguments qui appartiennent plus au registre du café du commerce socialiste qu'à celui de la science. Mais puisqu'on vous dit qu'il n'y a pas de science économique !

L'amour fou des journalistes, des éditeurs et des politiques pour les économistes américains "de gauche" témoigne de cette même réalité politico-psychologique. Paul Krugman et Joseph Stiglitz sont "nécessairement" des Prix Nobel d'Économie à entendre et à écouter. Le premier se signale dans les colonnes du New York Times, depuis des lustres, comme le contempteur intraitable et officiel du Parti Républicain  ; Le second est un théoricien de l'inefficacité des marchés, milite contre l'Euro au nom de Tsipras, et a injurié, en prime, quelques membres du FMI. Il fustige à longueur de livres le "néolibéralisme". Le passeport est suffisant pour leur concéder toute la place dont ils sont dignes dans les médias français. On a vu Sarkozy faire un pont d'or à Stiglitz pour essayer de se faire accepter, comme le lui recommandait la douce Carla, par les milieux socialo-bobos qu'elle fréquente. Les économistes atterrés, Alternatives économiques, sont d'autres exemples du goût français pour une économie propagandiste et partisane assumée.

On comprend l'énervement des économistes qui cherchent à établir des lois économiques solides par des méthodes scientifiques classiques et qui se font "conchier", désolé, il n'y a pas d'autre mot, lorsqu'ils établissent un résultat qui fâche les thuriféraires des politiques "vraiment socialistes" et donc, glorieusement  "anticapitalistes" et "antilibérales".

Le livre de Pierre Cahuc et d'André Zylberberg est exemplaire de cette révolte. Le titre peut en paraître choquant au départ."Le négationnisme économique". Le négationnisme est un concept qu'on retrouve plutôt sur les questions de génocide que dans les combats pour une réflexion libre en économie. Le début du livre trouble aussi quand il ne s'applique qu'à rechercher dans l'action de Jean Paul Sartre les ferments d'un goût pour l'engagement politique marxisant poussant à une prégnance antiéconomique purement idéologique. Les auteurs constatent que l'économie socialiste engagée, dominante dans la France universitaire, n'est qu'une application à leur domaine de l'action de Lyssenko dans celui de l'hérédité. Ce n'est pas gentil. Mais suffisamment près de la réalité pour susciter un tir de barrage de tous ceux qui se sont sentis visés et qui ont voulu moucher le livre dans la presse qui assure depuis toujours le conditionnement de "l'opinion",  du moins telle qu'on la juge convenable dans le microcosme germanopratin de gauche.

Le Monde a ainsi publié un article réactionnel d'un certain Hautcoeur expliquant que le scientisme était l'ennemi de la science et que l'anthropologie, c'est-à-dire, pour lui, la description orientée par l'esprit partisan, était un devoir. Pour conclure, on l'aurait parié, que l'économie était chose trop sérieuse pour la laisser aux économistes et que l'esprit scientifique contribuait "à la montée des violences" (sic). Un paragraphe de plus et on atteignait le point Godwin. Les auteurs répliquèrent avec raison dans la colonne d'à côté que "faire croire que seuls les autoproclamés hétérodoxes ont un regard critique sur leur profession est une escroquerie qui empêche tout débat serein et informé sur un grand nombre de sujets essentiels pour notre avenir". "La mise en scène d'une coupure "scientifique" entre les soi-disant orthodoxes et les autoproclamés hétérodoxes n'est qu'une arme stratégique dans le champ des confrontations politiques" clament avec raison Cahuc et Zylberberg.

La vérité à laquelle les auteurs n'accèdent pas,  est que l'incapacité des économistes officiels à prévoir la crise et à en juguler les effets pose une double question.

- L'une est le poids politique et idéologique qui pèse sur les médias pour empêcher tout débat sur des questions où les pressions sont très fortes. Aucun économiste officiel ne peut espérer une carrière à la Commission européenne, à l'OCDE, au FMI, sans se soumettre aux thèses pesantes que les Américains souhaitent faire valoir dans la durée. Impossible d'y critiquer les changes flottants par exemple ni les grands déficits et excédents. En France, l'expérience de la révolte de Maurice Allais a montré qu'on ne pouvait s'insurger contre la pensée dominante dans les instances européennes et françaises qu'à son détriment, même quand on a eu raison.

Oui la réflexion économique est bâillonnée de toute part. La création de ce blog est une des manifestations de ceux qui veulent pouvoir alimenter le débat sans être constamment bloqué, paralysé, inquiété. Il faut faire entrer le réel dans le débat. Il faut des débats.

- L'autre est que l'économie est une science en souffrance compte tenu des nombreuses difficultés théoriques et pratiques qui lui rendent la vie difficile. Il n'y a plus d'orthodoxie parce que les grandes questions sont ignorées et qu'il n'y a pas de volonté commune de trouver les réponses. Les exemples de résultats scientifiques donnés par le livre de Cahuc et Zylberberg sont microbiques. Ils touchent des domaines secondaires. Cela ne remet sans doute pas en cause la méthode mais certainement le champ d'application. Le macroscope est aussi utile que le microscope.

La pensée économique n'a besoin ni de la tutelle américaine ni des piloris des "gardes roses", ni même les anathèmes d'un Buisson et de la droite intégriste contre" l'économisme", prétendument triomphant. Science sans indépendance ni liberté d'expression n'est que ruine de l'âme. Mais une science sans résultat global probant est un sujet d'inquiétude. La Reine d'Angleterre a raison.

Si les chiens se déchaînent, c'est que le grand corps de l'économie est malade, donc à merci. Mais ils risquent d'en faire un cadavre pas vraiment exquis.

La réflexion économique est indispensable. Il est faux d'affirmer qu'elle ne permet aucune prévision. Nous avons pris le risque sur ce site de toujours associer une réflexion à une prévision raisonnée. Nous avons prévu la crise de 2008 et dit quand, quelle intensité et pourquoi. Nous avons annoncé à l'avance l'échec du RMI ou de la RGPP et même de l'optique retenue en 2009 par le G20. Nous avons montré pourquoi la campagne présidentielle ignoble de 2012 déboucherait sur le n'importe quoi et l'absence de résultat. À chaque fois, la prévision a  été assise sur un raisonnement et l'observation des faits. Nous regrettons d'avoir été largement les seuls a faire cet effort d'exposition publique. L'économie officielle en France, en Europe et dans les instances officielles se montre sur presque tous les sujets incroyablement taiseuses ou se contente  de rétro-analyses sans danger. La plus grande difficulté est aujourd'hui l'autisme économique, qui se traduit par l'évitement des grandes questions et la soumission aux groupes de pression et pire encore à l'air du temps. Et qui laisse le champ libre au n'importe quoi politicien et idéologique. Les auteurs ont partiellement raison d'invoquer les mânes de J. P. Sartre : le Garde Rose vit entre le paraître et néant.

L'économiste et le garde noir

C'est entendu. Dans la France de Voltaire, version an 2000, la proscription existe. Certains livres sont à ignorer car ils sont la production du diable. La grosse étude de Patrick Buisson, serait de la bassesse, de l'outrance, de la trahison, de la fiente de charognard, au mieux un vague brûlot dicté par le ressentiment, ou la vengeance d'un éconduit. Tous ces qualificatifs, qu'on avait déjà entendus au temps de la sortie des livres de Mme Trierweiler et de M. Zemmour, sont extraits des médias des deux derniers jours. Le résultat sera un triomphe en librairie, comme pour les deux autres. Les interviews-dézinguage s qui interpellent l'auteur avec les mêmes injures cent fois répétées n'abordent jamais le contenu lui-même de l'ouvrage et vous forcent à la lecture. C'est heureux, car le livre révèle certains aspects très actuels de l'opinion vis-à-vis des grandes questions économiques.

Buisson propose une réflexion conservatrice très proche des auteurs du dix-neuvième siècle qui voient dans l'apparition de la République une rupture avec les affinités supérieures qui forment la vraie France et les finalités nationales supérieures qui seules justifient le sacrifice de soi. "La postdémocratie avachie et déracinée, étrangère à l'héritage comme au patriotisme, n'a rien à opposer au double péril que représente la finance globalisée et l'islam radicalisé". Pour l'auteur la "cause du peuple" est celle d'une population marginalisée pour qui le supplément d'âme religieux et national était essentiel. À partir du moment où l'assistanat est ouvert sans distinction à tous, les "bénéficiaires" perdent la notion de lien national. Que peut bien encore signifier être français si le "capital d'autochtonie se trouve galvaudé et les droits attachés à la citoyenneté étendus à l'autre sans distinction". Ce sont, au sein du peuple, ceux qui sont sans capital qui réagissent le plus à la perte du capital particulier qu'est la solidarité nationale. Comme Zemmour, comme Villiers, un trio d'amis, Patrick Buisson plaide pour la restauration d'une mystique nationale française en phase avec les aspirations profondes du peuple mais en rupture avec les élites gouvernantes soucieuses d'électoralisme à court terme et de communication compassionnelle, dans un monde globalisé où l'argent est roi.

Pour l'économiste, le livre est une ordalie. Il se voit chargé de promouvoir "l'économisme", cancer avancé des sociétés libérales elles-mêmes avancées, de tomber amoureux d'une courbe de croissance, de vouloir l'instauration d'une vulgaire société de consommation qui pousse à de nombreuses formes d'aliénation, de servir l'état nounou qui fait disparaître les attachements fondamentaux au profit d'un clientélisme odieux et mortifère, d'avoir choisi le mondialisme dévorant et indifférencié qui tue le peuple et l'asphyxie de faux besoins et qui l'abaisse, tout en le ruinant par la concurrence. Le livre est une longue vaticination contre l'idée de progrès en général et de progrès économique en particulier.

Arguant de sa parfaite connaissance du peuple analysé dans ces profondeurs par les techniques sondagières, il cherche à prouver que les trois libertés fondamentales de circulation des hommes, des produits et des capitaux sont refusées par le noyau dur du pays et que les limiter sert "la cause du peuple". L'Union Européenne qui a fait de l'indifférenciation en son sein sa règle fondamentale, a détruit les protections indispensables au bonheur du peuple et plus particulièrement de ses pauvres. La globalisation a achevé le travail en créant, de surcroît une guerre des civilisations.

Du sondage au conseil du prince, du conseil du prince à l'action, on voit se dessiner un projet : si vous voulez être élus, il faut récuser les trois libertés fondamentales et s'écarter du capitalisme libéral.

Ce projet a raté. Sarkozy n'était finalement pas le bon cheval. Marie-France Garaud avait déjà dit cela de Chirac. C'est le drame des conseillers. Ils essaient de remplir des outres vides ! Mais la sonde mise au sein de l'opinion des classes populaires fait jaillir un fond de ressentiment qui est bien réel et pose problème.

Depuis des lustres nous avertissons qu'il faut prendre garde à la colère des peuples. Quarante ans de baisse de la croissance, de crises périodiques plus violentes, de gonflement inouïe de la dette et du chômage mettent nécessairement en branle des réactions dures dans les tréfonds. Le livre de Buisson montre qu'à côté d'un anticapitalisme de gauche se constitue un anticapitalisme de droite, tout aussi virulent, et qui était très présent dans les années vingt et trente. C'est la crise de 1929 qui avait permis à toute une série d'auteurs constamment cités par Buisson, d'émettre sur le capitalisme des jugements aussi accusateurs que péremptoires.

De ce point de vue, le livre est d'une lecture nécessaire. Le consentement au capitalisme n'est acquis ni à droite ni à gauche. Le consentement au libéralisme est facilement rejeté et à droite et à gauche.

À côté du garde rose milite le garde noir. L'un et l'autre attendent la faute du capitalisme pour avancer leurs propres solutions qui les unes et les autres sont anti-croissance et propagent des idées antiéconomiques. Il faudrait ajouter à notre galerie les gardes verts qui théorisent la décroissance heureuse. Pour tous ces gens l'économiste est un pelé et un galeux en ce qu'il cherche à accroître la richesse globale sans trop s'occuper du reste : la protection de la terre, la souffrance sociale, la déperdition du sens profond de la vie. Le daltonien n'y voit que des nuances de gris. Le sage des nuances de vert-de-gris.

La seule réponse est la croissance équilibrée. Elle seule permet de dégager les ressources techniques nécessaires pour lutter contre certains maux écologiques, les ressources matérielles pour lutter contre la pauvreté et les réserves nécessaires pour donner du sens à sa vie en toutes circonstances. La croissance économique est quoi qu'on en dise chez les militants des trois couleurs un facteur de paix et de civilisation. La "politique de civilisation" promue par Patrick Buisson ne peut se fonder sur un anti-économisme primaire.

Il reste évident que la vie ne se résume pas à l'économie, que les relations humaines ne sont pas qu'économiques, que le potentiel électoral n'est pas exclusivement dans la production de richesses et d'emplois. La politique économique n'est pas le tout du politique. L'économie n'est pas une religion et ne forme pas le creuset des nations. L'intérêt n'est pas l'alpha et l'oméga de l'existence individuelle ou en groupe.

Ce que montre le livre de Buisson, comme l'ensemble des glissements mentaux, politiques et diplomatiques actuels, c'est le danger d'avoir fait disparaître la coopération entre états dans le domaine des changes et de la monnaie en refusant férocement de voir les conséquences pendant quarante ans, tout en poussant dans le moindre détail l'élimination de tous les mécanismes permettant à une forme de surmoi national de limiter les conséquences sociales et culturelles d'une compétition micro-économique des libertés individuelles débridées et macroéconomiques d’État jouant la relation de puissance.

Curieusement, le livre d'Henri Guaino, l'autre conseiller de Sarkozy, arrive, par d'autres voies, à la même conclusion.

Plutôt que de diaboliser le livre, les politiques devraient plutôt le méditer. Ce sera d'autant plus facile qu'il est plutôt drôle et bien écrit, si l'allitération est la littérature.

Certains diront que la dénonciation d'une attitude où la promesse électorale n'a pas vocation d'être tenue mais simplement affichée pour gagner, où le court terme l'emporte sur le temps long, où l’expédient est préféré à la réforme de structure, où la conviction est liée à la validation par les sondages d'opinion, où le vote et finalement utilisé à contrer la volonté du votant, forme l'essentiel du livre.

Pour nous, c'est surtout la condamnation implicite de la nécessité d'une politique de la prospérité qui fait le livre. Il traduit la volonté politique explicite d'assujettir la consommation et la production, et par extension, toutes les relations contractuelles individuelles à un sur moi national. Il faut s'opposer à ce scénario "noir".

Pour nous l'affaire est claire : empêcher que la force des libertés individuelles contractuelles ne s'exerce au sein de la communauté nationale ou au dehors est un mauvais projet. Mais, si la Liberté se chérit, les libertés s'organisent. Si on le fait mal ou pas du tout, c'est l'ensemble des libertés qui sont exposées.

La France, pays d'idéologie, voit s'agiter des gardes rouges, noirs et verts. Au nom d'idoles qui sont la révolution créatrice de l'homme nouveau, la cause du peuple fondamental mythifié, ou celle d'une terre martyrisée. Ce bouillon moléculaire s'active en même temps que le désastre économique fait monter la chaleur des "passions tristes".

Il y a urgence à faire baisser la pression.

OMC : une erreur tragique de diagnostic

L'OMC a enfin donné les chiffres clé d'un désastre que nous annonçons depuis longtemps : la contraction de la croissance du commerce international qui perd son rôle de leader de la croissance mondiale :

- Le commerce international croîtra très faiblement (1.8 %) en 2016 moins vite que la croissance globale des PIB qui est elle-même très faible (entre 2 et 3 %). La croissance moyenne du commerce avait été de 6 % depuis la chute de l'URSS

- L'investissement transfrontalier a été multiplié par sept pendant la période pendant que le commerce n'était multiplié que par trois.

Ces indicateurs racontent toute l'histoire : l'économie "baudruche" est bien installée en 1990 et s'amplifie après avec des croissances de mouvements de capitaux sans rapport avec la production proprement dite. Elle a explosé en 2008.

Mais l'OMC va faire une erreur de diagnostic magistrale. Certes, l'effondrement de la croissance du commerce internationale est lié à la crise de 2007-2009, mais il est totalement faux d'affirmer qu'il s'agisse de la "première crise de la mondialisation".

La myopie est singulière.

Son premier inconvénient est d'éviter tout diagnostic de la crise de 2008. D'où serait venu cet accident ? Uniquement des "excès de la finance dérégulée". En catimini voilà revenir l'explication bécassine de la crise par les "subprimes". Rappelons que les subprimes, c'est 600 milliards de dollars d'en cours problématique dont 400 ont été peu ou prou récupéré, alors que le trou global était quelque part entre 12 mille et 15 mille milliards de dollars et qu'il a fallu le combler en faisant monter la dette globale des Etats à plus de 60 mille milliards de dollars (soixante fois le niveau de l’économie marchande française annuelle pour donner du corps à ces chiffres monstrueux).

La récession de la fin des années 2000 est de même cause et nature que celle du début des années quatre-vingt-dix et que celle du début des années soixante-dix. Les difficultés de la Chine sont de même cause et nature que celles du Japon après 92-93 et de l'Allemagne après 73-74.

La baisse tendancielle du trend se fait décennie après décennie depuis 1971, en même temps que la bulle de dettes enfle à proportion., avec des crises financières périodiques de plus en plus graves pour digérer les pertes financières des spéculations hors sol.

La situation actuelle est la queue d'une comète dont la tête est l'abandon des disciplines de Bretton Woods et le flottement généralisé des monnaies. En imposant au monde que des excédents et des déficits extérieurs monumentaux soient possibles, les Américains ont enclenché les mécanismes de double hélice de dettes décrite par Jacques Rueff avec une telle continuité et une telle ampleur qu'une récession majeure ne pouvait que se produire. Maurice Allais nous avait prévenus avec une grande précision et une parole prophétique : "ce qui doit arriver arrive".

Ce à quoi on assiste est l'effondrement du système des changes flottants. La liberté absolue des mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, sans gouvernement mondial ou sans actions coordonnée des Etats pour les canaliser est une erreur majeure qui se retourne contre ceux qui l'ont imposée au monde. Crise financière, crise migratoire et crise du commerce international nous rappellent une loi fondamentale : la liberté se chérit mais les libertés s'organisent.

Monnaie et commerce vont ensemble. Pas de bon commerce sans de bonnes monnaies. Unifier le système monétaire dans un schéma de devise dont la valeur est défendue par les Etats, avec des possibilités exceptionnelles de dévaluer par consentement mutuel, avec interdiction des grands excédents et des grands déficits, et interdiction des attaques spéculatives massives contre la valeur des monnaies, est la seule solution. Si cela implique un certain niveau de contrôle des flux financiers, pourquoi pas.

Les déplacements de population doivent être tout autant contrôlés. Si les prévisions des démographes sont justes, l'Afrique va devenir si peuplée qu'il faudra vers 2 050 que l'Europe accueille environ 400 millions de migrants maghrébins et africains. On ne peut pas laisser chaque Etat laisser sa démographie exploser tout en attendant des autres qu'ils supportent les conséquences. Chaque Etat doit être responsable de lui-même dans le cadre d'une responsabilité partagée et surveillée par tous. Comme pour les monnaies.

L'intégrisme des marchés, sous domination américaine, a conduit, comme tous les intégrismes, à dévaluer les principes sur lesquels ils se fondent. Il n'y a pas de marché monétaire sain. Le marché des capitaux est dans un état lamentable. Le marché des produits est à l'arrêt. le marché du travail est en lambeaux.

Le libéralisme n'est pas un djihad ! Mais une forme collaborative de créer de la richesse et de la liberté. Où et la liberté si, comme en France, des dizaines de milliers de citoyens sont obligées de payer les impôts en cédant leur capital après avoir donné tout leur revenu ? Où est la liberté quand le nombre de personnes payées par la collectivité est de deux fois le nombre de ceux qui travaillent ? Où est la liberté quand certains maires prétendent imposer la présence des immigrés "jusque sur le palier des riches". Où est la liberté quand la masse du peuple n'a plus d'espoir autre qu'un tirage de loto heureux ? Où est la liberté lorsque les élites d'un pays doivent s'expatrier pour faire leur vie, avec tout ce que cela implique de renoncement ? Et s'il n'y a plus de liberté, ni de propriété (cette liberté en dur) comment espérer la prospérité.

La bataille mondiale actuelle n'est pas celle de la finance et des subprimes. Mais le retour à un système monétaire et financier sain, coopératif et organisé, qui ramène la finance à l'investissement et non à la spéculation sur des bulles artificielles, qui ramènent les échanges à l'équilibre sans brider la hausse, qui interdisent les déficits et les excédents majeurs (dans le monde mais aussi dans la zone Euro), ainsi qu'une cogestion de la démographie. Un pays peut être contraint par la collectivité, pour le bien commun, à limiter ses déficits financiers, commerciaux et démographiques. Un pays peut être contraint par la collectivité, pour le bien commun, à restreindre ses excédents commerciaux, financiers et démographiques.

Tout l'enjeu de la décennie à venir est de trouver les bonnes modalités de cette organisation volontariste et collaborative, entre Etats réputés égaux en droit et souverains, des grands équilibres fondamentaux. Alors que la grande erreur collective, à l'instigation des Américains, une fois le système monétaire de Bretton Woods mis par terre, aura été de démanteler toute organisation concertée de canalisation des libertés et de tenter d'affaiblir les Etats autres que les Etats-Unis.

La crise en riant !

Dans l'émission C dans l'air, la question est posée : va-t-on vers une nouvelle crise financière ?  Le joyeux Desseertine réponds : "oui. La question n'est pas de savoir si elle se produira mais quand". Et son visage de s'éclairer d'un énorme sourire, comme celui de tous les présents.

On en est là en France. On s'attend à une crise certaine et on rigole ferme entre commentateurs heureux de ce grand moment de convivialité !

On avait connu "la guerre en chantant", "voilà la crise en riant" !



Bruno Lemaire : le concept problématique de "contrat présidentiel"

L'idée d'un "contrat présidentiel" prenant le relais des "contrats de gouvernement" correspond bien à la mutation du pouvoir vers la présidence de la République dans le cadre du quinquennat. Il traduit aussi la déception des électeurs, bien perçue par les politiques, envers une élection présidentielle où les candidats disent d'abord n'importe quoi pour se faire élire et font finalement le contraire de ce qu'ils ont dit, le tout aux frais du contribuable.

Il traduit également le blocage de la société française, depuis 1968, qui s'explique par le développement de cohortes entières de résidents qui vivent aux crochets des autres et qui interdisent tout changement. On le sait : quand on ajoute les retraités, les chômeurs, les fonctionnaires, les invalides et les assistés hors emplois, on atteint plus de 30 millions de personnes avec une tendance à la croissance, alors que la natalité baisse et que le nombre de salariés du secteur privé marchand (hors secteur financier) ne dépasse pas 14 millions de personnes., alors même que le chiffre d'affaires de leur société dépend largement… de la dépense publique. Du coup nous sommes les recordmen des impôts, de la dépense publique par adulte et de la dette par habitant au travail, avc en prime le taux d'emploi le plus faible des pays développés.

Puisque le candidat offre le moyen de regarder là où il va agir, il est intéressant de vérifier s'il tape là où il le faut. C'est l'avantage et l'inconvénient de la transparence totale préalable.

Le résultat est plutôt mitigé.

La grande question : la pieuvre étatique étendant ses tentacules sur l'ensemble du champ des possibles, le programme présidentiel devient tentaculaire. Le poids du document traduit l'excès d'intervention d e l'Etat. Du coup le document hésite en permanence entre l'annonce qu'on va couper un tentacule et des détails infimes qui prouvent que de nouveaux tentacules sont en train de pousser. Est-ce bien à l'Etat et dans l'Etat au président de la république de s'occuper de promouvoir la technique des fichiers de type chaînes de blocs (Blockchain en anglais) ? Cela ressemble à une tentative de faire technophile et moderniste, mais cela n'a aucun sens. Est-ce bien d'annoncer qu'on va recadrer les missions de l'Etat dans le domaine de la culture tout en conservant les Frac ?

Les questions les plus graves sont mélangées avec les plus mièvres. On supprime tout statut pour les fonctionnaires territoriaux (radicalité extrême) et on ne touche pas au temps de travail des fonctionnaires, sinon en annonçant qu'on va les forcer à faire au moins la durée légale tout en généralisant les heures supplémentaires (qui ont toujours été une source d'abus phénoménaux dans l'Administration : voir ce qui se passait par exemple à Science-po et d'autres universités où de fausses heures supplémentaires étaient systématiquement utilisées pour tourner la loi).

La Quatrième république était la championne des" programmes de gouvernement" annoncés comme contraignants et (heureusement) trahis dès la première seconde. Tout programme détaillé présidentiel sera également trahi dès la première seconde pour une raison simple : c'est le Parlement qui décide ; les réactions du terrain comptent ; la conjoncture internationale et européenne est dirimante.

L'erreur de Bruno Lemaire est de faire en tant que candidat à la primaire, le travail qui devrait être, en permanence celui du Parti les Républicains. Le Président est celui de tous les Français, pas d'un seul parti. Il doit assurer la continuité des institutions et les relations extérieures tout en dirigeant l'armée. La fonction est régalienne, pas gestionnaire.

Il est totalement inutile de travailler avec un luxe de détail sur tous les sujets possibles d'une action de l'Etat. Même un catalogue de mesures démagogiques du genre "les cent mesures" ou "les 35 propositions" sont néfastes.

Les grandes orientations suffisent.

Elles ne sont pas si nombreuses :

- Restaurer un ratio actif/inactif soutenable. On ne peut plus avoir deux subventionnés pour un qui travaille. C'est clair comme de l'eau de roche. Les grands axes de solution ne sont pas difficiles à exposer.

- Séparer la sphère de la politique et celle de la haute administration, et restaurer l'homogénéité nécessaire des règles du jeu entre la sphère publique et la sphère privée. Restreindre le champ d'application de l'action publique et la simplifier dans les domaines conservés.

- Renforcer les pouvoir régaliens de l'Etat en particulier la sécurité interne et externe.

- Supprimer toutes les situations de grands abus (ouvriers du livre, dockers, intermittents du spectacle, statuts des cheminots, des gaziers et de l'EDF, destruction de l'école républicaine).

- Recréer un cadre fiscal et réglementaire rendant possible le développement de l'entreprise ; restaurer les conditions d'exercice du droit de propriété ; "déjudiciariser" l'essentiel de la relation entre salariés et entreprise, entre locataires et propriétaires…

- Clarifier les conditions du maintien en France de populations issues d'autres cultures et revendiquant le doit de maintenir leurs propres règles contre les règles de la République, pacifiquement par la provocation ou militairement par le terrorisme.

- Clarifier les objectifs à court et moyen termes de l'Union Européenne. Par exemple : exclure définitivement toute perspective pour la Commission d e devenir un futur gouvernement européen ; fixer les limites de l'Union.

- Clarifier les conditions d'exercices des trois libertés de mouvement des personnes, des capitaux et des produits au sein de l'Union. La Liberté se chérit mais les libertés s'organisent".

- Développer une diplomatie de la prospérité vers l'Europe de l'Euro mais aussi vers le monde nationalement et via les institutions européennes.

Aucun des candidats n'aura le temps de développer plus que ces dix thèmes et sur ces dix thèmes rien n'est dit qui prouve une vraie compréhension des difficultés et une vraie direction de manœuvre.

On voit que François Hollande n'a jamais abordé réellement aucun de ces sujets lors de la campagne 2012, entièrement conduite comme une lutte à mort contre Sarkozy "l'affreux jojo détestable responsable de tout, alors qu'il n'y a aucune crise" et un affichage débile de quelques dizaines de mesures calant le candidat "à gauche". Résultats : 5 ans d'évitement sur toutes les grandes questions qui se posent et une lutte dérisoire et coûteuse pour mettre en œuvre des solutions sans intérêt national fort. Et pour finir 15 % de satisfaits et le plus grand mépris qu'un président a réussi à rassembler sur son nom !

On voit que le pavé de Lemaire ne les aborde pas non plus avec la hauteur et la profondeur nécessaires.

Que reste-t-il de ces quatre kilos de propositions diverses ? Une opération de com' qui ne peut déboucher sur aucun dialogue. On ne va pas s'intéresser à la blockchain pendant les débats de la primaire où les candidats vont avoir en tout et pour tout moins d'un quart d'heure de parole.

Quand on est candidat à la Présidence de la République, on ne peut échapper à l'obligation de catalyser les passions et les tensions du pays, en les liant à des réponses claires et précises sur les grands enjeux nationaux. Se nouer autour du cou quatre kilos de tentacules vous fait ressembler plus à la Méduse qu'à un futur Président.

Le faux combat entre Keynes et Milton Friedman

Au fur et à mesure que la stagnation s'étend et se prolonge, les querelles s'aggravent entre spécialistes. Au point que certains livres parlent de négationnisme économique" et que d'autres vouent aux gémonies le "néolibéralisme" en des termes d'une violence toute soviétique.

Une bonne partie de la querelle oppose keynésien et partisan de Milton Friedman. Aucun de ces deux économistes ne doit être installé sur un piédestal ni voué aux gémonies. Ils ont apporté l'un et l'autre une vision qui a changé la manière de penser l'économie et l'action économique. Ils ont, chacun, encore des leçons à donner, mais sans doute pas celles qu'on a retenues jusqu'ici.

Le combat de Keynes est profondément inscrit dans l'avant-guerre. Ses deux thèmes de prédilection auront été d'éviter d'exiger des réparations exagérées aux vaincus, au terme de la guerre de 14, et d'éviter les politiques "contractionnistes", notamment celles qui exigeaient que l'on revienne à l'étalon or. Il ne voulait pas non plus de monnaie nationale ayant un rôle mondial dans le système monétaire international. Il a théorisé qu'en cas de crise, les marchés ne se réparaient pas spontanément et que la crise entraînait plus de crise. Il fallait d'une façon ou d'une autre éviter une contraction indéfinie de la "demande globale".

Le modèle Walraso-parétien est quant à lui le chef-d'œuvre théorique néoclassique qui, partant d'une situation éventuelle de déséquilibre, essaie de montrer que les marchés permettent spontanément de revenir à l'équilibre. Il a ceci de particulier qu'il fait de la monnaie un simple intermédiaire ne pesant pas réellement sur les échanges. Milton Friedman aura rappelé par tous ses écrits que ce n'est pas le cas et que la monnaie compte. Mais il a aussi théorisé que la monnaie était une marchandise comme les autres qui devaient se valoriser par le marché, même si les banques centrales avaient un rôle à jouer. Alors que Keynes ne voyait pas l'intérêt d'une fluctuation fréquente dans la valeur respective des monnaies, tout en en admettant la nécessité occasionnelle.

La coexistence de ces deux doctrines est délicate. La solution trouvée par les professeurs d'économie est, depuis les années soixante, de séparer tout à fait artificiellement la macroéconomie, qui rend hommage à Keynes et "donne le moyen de juguler les crises", et la microéconomie où c'est Walras qui triomphe, accompagnée depuis plus récemment par des développements regroupés autour du concept de "finance" ou "finance de marché".

Personne, même avec des équations sophistiquées, n'a réellement réussi à intégrer les deux raisonnements. Raymond Barre avait réussi dans son manuel à régler la question en créant un tome I pour la microéconomie et un tome II pour la macroéconomie. Que le lecteur se débrouille à faire le lien !

Le message keynésien a partiellement été entendu à Bretton Woods et après Bretton Woods. L'affaire des réparations a été expédiée dans les années cinquante selon les prescriptions keynésiennes (avec une extraordinaire compréhension vis-à-vis de l'Allemagne) ; tout le monde a considéré qu'il fallait faire attention à la demande globale. En revanche le système de Bretton Woods a totalement contredit Keynes. Le dollar est devenu la monnaie de référence, contre son avis. On n'a pas pénalisé, par des mécanismes automatiques, les gros déficits et les gros excédents même si on les a mis hors la loi dans les statuts du FMI. Ce système de changes fixes et ajustables, avec des aides multilatérales en cas de difficultés pour éviter le blocage des échanges internationaux supposait, pour durer, que les Etats-Unis fassent l'effort de rigueur pour maintenir la crédibilité du cours du dollar en or. La guerre froide, la course à l'espace et le programme interne aux Etats-Unis du parti démocrate, ont eu raison de leur sagesse et le système a explosé en 1971. Keynes avait raison. Il aurait bien mieux valu baser le système sur une unité de compte extérieure aux nations et mettre en place des mécanismes plus sévères pour éviter les grands déficits et les grands excédents.

Les Américains ne l'ont pas voulu parce qu'ils pensaient bénéficier du rôle mondial du dollar comme monnaie de réserve et de transaction internationale. En un mot : payant leurs déficits dans la monnaie qu'ils créaient, on pouvait y aller franco !

Le système des changes flottants n'avait jamais eu aucun théoricien. Ils n'étaient pas évoqués dans les manuels, sauf en quelques lignes, pour en montrer le caractère marginal et dangereux. On a alors fait monter en première ligne Milton Friedman qui avait eu la singularité d'en parler dans un écrit de jeunesse passé jusque-là totalement inaperçu et qui était devenu un grand connaisseur universitaire de l'histoire des monnaies. On a connu ce moment singulier où les décisions ayant été prises par le pays dominant contre la théorie pour son seul avantage apparent, on a popularisé une théorie marginale pour en faire le credo de référence du monde occidental.

L'idée de Milton Friedman était que la monnaie était un bien comme un autre et que sa valeur devait s'établir sur un marché. "Seul le marché sait quel est le bon prix d'une monnaie". Qu'un politique, un expert, un fonctionnaire, ou un collège quelconque s'arrogent le droit de fixer un cours de change est une prétention totalement inepte.

Cette vision arrangeait tout le monde dans la mesure où il n'y avait plus de choix, puisque la monnaie de référence depuis la guerre, le dollar, "flottait". En vérité, il s'effondrait et de 71 à 74 on a connu un chaos monétaire jamais vu. La panique nous voilà ! Le résultat fut la récession de 1973-1974. La baisse entraînant la perte de recettes des pays pétroliers, un cartel se mit en place qui prit des décisions radicales qui aggravèrent la situation. Il n'a pas fallu attendre longtemps pour constater que les théories de Milton Friedman ne marchaient pas. La FED entreprit, un temps de croire qu'il fallait suivre l'idée monétariste de Friedman sur l'émission de monnaie banque centrale. Les résultats furent pitoyables et on stoppa vite l'expérience.

Quant au reste de la doctrine de Milton Friedman, aucun des avantages théoriques des changes flottants (moins de réserves de changes, ajustements plus progressifs, moins de volatilité, meilleure allocation du capital mondial, etc.) ne se réalisa jamais. C'est exactement le contraire qui se produisit. On décréta que si la théorie ne marchait pas, c'était parce que le marché n'était pas parfait. Il fallait donc "perfectionner" les marchés. C'est ce qu'on fit dans les années quatre-vingt pour aboutir finalement… à la terrible crise de 92-93.

On a alors attribué cette crise "aux ordinateurs" puis à la guerre d'Irak et on a considéré que les marchés étaient encore trop corsetés. On a alors tout débridé. Pour aboutir à la faillite de LTCM et la crise de 98, pure crise des changes flottants, attribuées naturellement, puisqu'on ne voulait revenir sur l'idéologie justifiant les changes flottants, à des "cronies" des régimes émergents puis à des voyous dans la banque. C'était la crise de trop pour les théories de Friedman. Plus personne ne s'y référa dans la gestion courante des monnaies.

Les Etats-Unis ayant été sauvés par le privilège du dollar et les émissions terrifiantes de leur banque centrale, on considéra que tout était bien et on fit la théorie que les déficits américains croisés avec les excédents chinois étaient, avec Internet et la suppression des besoins de stocks grâce au "just in time", un nouveau paradigme de croissance perpétuelle sans cycle. Pour tomber dans la crise cyclique de 2001-2003 ! Greenspan ouvrit toutes les vannes, se rappelant le diagnostic de Milton Friedman sur l'ineptie de la gestion de la FED au début des années trente. Pour voir le système s'effondrer en 2008.

En même temps, les gouvernements constataient que les relances dites keynésiennes ne marchaient pas. Toutes les relances tentées depuis 71 ont échoué plus ou moins brutalement. La dernière, concertée autour du G20 a conduit à la stagnation et aux intérêts négatifs ! Elle n'a pas mieux réussi que la relance Chirac de 74 qui aboutit… au plan Barre.

En un mot les vulgates simplifiées des idées de Keynes ou de Milton Friedman ne peuvent plus conduire la réflexion sur les actions à mener. La référence à Keynes n'a plus de sens quand, dans certains pays, la dépense publique dépasse 100% de la valeur ajoutée des entreprises privées non financières et que la masse des dettes est à quatre fois la valeur ajoutée des entreprises privées. C'est le cas de la France. Milton Friedman n'a plus de pertinence quand les banques centrales peuvent créer 15 mille milliards de monnaies banque centrale en quelques mois. Le cumul de leurs deux influences, mixées dans les structures et les politiques économiques, a été la création d'une dette globale insoutenable et l'entrée de l'économie mondiale dans la stagnation de longue durée.

Les marchés étant incapables de digérer les dettes dans le cadre d'une économie baudruche dégonflée par un collapsus gravissime, il faut bien que les Etats s'en mêlent. Ils ont cru pouvoir le faire par l'intermédiaire des banques centrales et on voit le résultat. Ils ne peuvent plus le faire par le budget, compte tenu des taux d'endettement pharamineux qui prévalent. Relance budgétaire et monétarisme débridé sont dans l'impasse. Ce qui ne veut pas dire que Keynes et Friedman soient totalement périmés et inactuels.

La seule voie qui reste ouverte à l'économie mondiale est celle des réformes de structures.

 Il faut remettre en place un système monétaire international cohérent et rigoureux où les Etats garantissent la valeur d'échange de leur monnaie et où les normes déficits et excédents sont proscrits. Des mécanismes d'aides et de pénalités doivent être mis en place pour éviter que les corrections ne soient trop pénalisantes pour l'économie. Les soldes de balances extérieurs doivent être comptés en une monnaie de compte extranationale, gérée par une chambre internationale de compensation, avec centralisation les débits et les crédits, et pénalisation des gros excédents et des gros déficits. Aux Etats de se débrouiller pour tenir la valeur de leur monnaie, sachant que des dévaluations seront possibles de façon concertée. S'il faut contraindre certains flux, notamment de capitaux à court terme, et bien tant pis !

Cette solution marquerait sans doute un avantage pour Keynes qui a été très loin dans l'élaboration d'un schéma de ce genre et une défaite pour Milton Friedman puisque les changes flottants seraient supprimés. Mais, au sein des nouvelles institutions, le dégonflement progressif de la dépense publique là où elle a été trop loin devra de toute façon avoir lieu et rien n'empêchera la gestion économique microéconomique la plus libérale. Avantage à Friedman.

Cette orientation faciliterait la réduction des difficultés spécifiques de la zone Euro, bien cernées par Milton Friedman. Les pays excédentaires étant globalement pénalisés, la recherche par des pays comme l'Allemagne d'une compétitivité externe abusive n'aura plus d'intérêt. La stabilité globale des cours de change externes permettra à la zone Euro de travailler dans un environnement mondial plus stable. Et rien n'interdit d'appliquer les règles d'une chambre de compensation européenne pénalisant les grands excédents et les grands déficits internes.

Ce système impose la coopération étroite des pays sur une base paritaire. Cette coopération n'existe plus que sous une forme verbale et abâtardie depuis que les Etats Unis ont voulu garder les privilèges du dollar. Aboutir à un système pénalisant les gros excédents n'est pas facile. Il sera extrêmement difficile à faire gober aux pays ayant décidé d'accumuler d'énormes excédents (pays pétroliers ou pays comptant sur leur compétitivité extrême pour récupérer massivement des dollars).

On peut donc discuter de la faisabilité d'une telle réforme. C'est une affaire politique. On a vu à quel niveau de blocage et d'insignifiance on est arrivé au récent G20 en Chine.

Mais aucune autre voie de sortie de la crise n'existe. Délivrer de l'argent banque centrale "par hélicoptère" n'aura aucune conséquence durable, comme toutes les relances, parce que les échanges étant structurellement déséquilibrés, les déséquilibres s'aggraveront, rendant la situation rapidement intenable. Les taux négatifs n'auront qu'un temps.

Il n'est plus temps d'opposer Keynes et Milton Friedman.

Il faut créer d'urgence un système global, basé sur la coopération structurelle des Etats (et pas seulement verbale), la stabilité des taux de change et la proscription des grands déséquilibres (avec sanctions automatiques à la clé), en vue de permettre la meilleure croissance possible sans délires financiers et monétaires, et sans politiques "contractionnistes".

La politique étant de rendre possible ce qui est nécessaire, Messieurs les Politiques au travail !

Il est intéressant de noter qu'aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis où des élections se préparent, les candidats n'évoquent absolument jamais ces sujets qui sont absolument cruciaux pour mettre fin à la stagnation en cours.

Pour s'en tenir à l'actualité, le "Pavé Lemaire", contrat de législature présidentielle détaillé proposé par Bruno Lemaire, malgré son volume (près de mille pages) et son poids (proche de 4 kg), ne dit rien de ces questions. Pas une ligne, pas un mot. Rien. Il faut s'adapter et devenir compétitif pour concourir efficacement dans un système même si ce système est malade et provoque des crises terribles dont on ne se remet qu'extrêmement difficilement. Aucune "politique étrangère économique". La partie relative à la gestion de la zone Euro est très faible même s'il propose une nouvelle structure européenne de coordination, comme nous le proposons nous-mêmes, mais sans réels objectifs et sans politique étrangère. La question des déséquilibres internes est évoquée mais sans aucune suggestion pour y remédier.

Le Plan Fillon, qui est moins détaillé mais plus solide sur bien des aspects, ne propose pas, ou du moins pas encore, de "diplomatie économique européenne ou française".

Nicolas Sarkozy, le nez sur les sondages dont il espère qu'ils lui diront ce qu'il faut dire, n'évoque jamais ces questions et son atlantisme de principe lui fermerait la bouche de toute façon.

Alain Juppé ne semble avoir rien à dire du tout sur la question. Sa stratégie est quasi uniquement d'image, pas d'action.

Ne parlons ni de F. Hollande, ni du PS qui ont, l'un et l'autre, démontré par cinq années de vacuité totale que le trou rose de leurs réflexions économiques nationale, européenne et internationale était sans fond.

La comédie narcissique et éructative de Mélenchon ne fait pas une politique.

Marine Le Pen trouvera dans le livre de Stiglitz condamnant l'Euro une ample matière à soutenir ses thèses (la cupidité de l'auteur finit par aller complètement à l'encontre de ses options socialistes). En dépit de sa volonté d'adoucir son image dans la ouatine pour "casser le plafond de verre" de l'accès au pouvoir, sa politique en cas de victoire entraînera que les Français se retrouveront avec 60 euros par jour à sortir de leur banque et pas plus. À la grecque.

Le prochain Roosevelt capable de motiver le monde à changer d'ère et d'air en réformant de fond en comble le système de coopération mondiale dans le domaine économique et monétaire ne sortira pas des élections présidentielles françaises. Sauf surprise de dernière minute.

Lorsqu'on voit le néant de la campagne présidentielle américaine, on comprend que ni Trump ni Clinton ne sont capables des hauteurs de vue nécessaires.

Tout cela a commencé très mal et peut finir encore plus mal.

Pour les économistes cela devrait être l'occasion de sortir des faux débats et de se concentrer sur les vraies réponses. Il faut relire Keynes et Friedman, et il faut dépasser leurs messages respectifs, en prenant chez l'un comme chez l'autre les idées pertinentes et en laissant tomber ce qui n'a pas marché ou qui a été détourné de son sens originel. Et il faut que les économistes du monde entier comprennent que leur mission première est de comprendre pourquoi depuis 71 la croissance du revenu par tête s'est effondrée, partout, dans les mêmes proportions.

L'ONU, le FMI, la Banque mondiale l'OCDE, la BRI, les grandes banques centrales, le comité Nobel, la Commission Européenne, l'Eurogroupe, le G20 devraient s'unir pour proposer un grand symposium sur l'analyse de ces causes et les solutions. C'est leur rôle de penser et de panser le monde. Et cela commence par un diagnostic commun.

Ce ne sera pas un "Bretton-Woods", puisqu'aucune décision ne sera prise sur des projets préalablement ficelés, comme en juillet 1944. Mais c'est la seule solution pour sortir de l'impasse actuelle qui fait que les économistes officiels de chaque institution ont la bouche scellée par des considérations de carrière et qu'aucune piste globale capable de dépasser les réactions nationalistes étroites n'est tracée.

Puisqu'il est actuellement impossible de se réunir pour agir, qu'au moins on fédère les énergies mondiales pour comprendre.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Le million de lectures dépassé sur ce site

Le blog du Cercle des Économistes E-toile vient d’enregistrer sa millionième lecture, lundi 12 septembre 2016 à 16 h 47, après 3 000 jours d’existence, plus de 625 billets, et près de 4 000 pages écrites. Il ne faut pas être dupe de ces chiffres. On sait qu’il y a une forte différence entre des « hits » et de véritables lectures. Mais on sait qu’environ 40 000 véritables lecteurs distincts ont lu au moins un article et qu’une centaine de lecteurs ont lu la majorité des articles. La moyenne des lectures par article est d’environ 1 600. L'article le plus lu dépasse les 9 000 accès. Cet écart ne peut pas être l’effet des automates (les « bots » qui provoquent des « hits » non significatifs).

L’analyse des articles les plus lus montre un intérêt pour les questions monétaires, notamment de la part des étudiants en économie qui sont très mal servis dans ce domaine. La monnaie et le système monétaire international sont deux domaines mal enseignés en France. Cette carence n’est pas proprement française et elle n’est pas nouvelle. Le paradoxe apparaît dans toute sa splendeur quand on se souvient que l’économie politique est née de la contestation des pratiques monétaires des Etats ! Depuis que la "finance" s’est installée en discipline quasiment à part de l’économie, l’habitude est de lui sous-traiter ces questions, qui, du coup, sont réduites à des modalités de techniques financières. Nous sommes heureux de corriger si peu que ce soit, cette immense carence et détestable déviation.

La monnaie et le système monétaire international ne sont pas un domaine technique. Ils sont le creuset de l'économie et la forge où s'est construite la crise. Impossible de comprendre comment nous en sommes arrivés à ce degré de stagnation sans passer par une analyse précise des mécanismes monétaires et de ses liens avec l’économie générale. La monnaie n’est pas qu’un voile. Ce n’est pas non plus « un produit comme les autres ». Nous sommes heureux de voir que nos articles sur Maurice Allais et Jacques Rueff ne cessent de monter dans le classement. Il faut en réhabiliter la lecture non pas parce qu’ils sont français mais parce qu’ils sont pertinents. Savoir que la pertinence est française n’est pas totalement anodin, dans le climat d’effondrement national dans lequel non baignons. Il fut un temps pas si lointain où les Français pensaient le monde. Et c’était utile. La réflexion anglo-saxonne est prisonnière des intérêts qu’elle défend et n’a aucune universalité de fond, même si elle domine le monde. Elle est en partie à l’origine du désastre économique global que nous vivons.

Ce blog est, d’une certaine façon, la chronique d’un désastre annoncé. Sur le forum du Monde nous avions correctement prévu la crise du début des années 2000 puis clairement expliqué, au moment de la campagne électorale de 2007, que Sarkozy avait tort d’annoncer une poussée de croissance grâce « à la libération des énergies » puisqu’il allait vivre la pire crise depuis 1929 pendant l’essentiel de son mandat. L’ennui, c’est que le forum du Monde est devenu payant, lui faisant perdre tout intérêt, puis que les archives ont été supprimées. Cela nous a conduits à proposer ce blog.

Il commence en juin 2008 pour annoncer qu’une crise sévère va avoir lieu. Quand elle se produit, il présente les causes exactes instantanément : il faut dire qu’elles avaient été étudiées pendant 15 ans ! Aujourd’hui, lorsqu’on relit ces textes, il n’y a rien à en retrancher. Tout est exact et toutes les analyses publiées depuis les confirment.

Nous avons également constaté dès 2008 que le G.20 faisait fausse route. Nous soulignions qu’il ne voulait pas faire le diagnostic de la crise et qu’il souhaitait perinde ac cadaver maintenir le système fautif et malade qui l’avait provoquée. Nous annoncions qu’il prenait le risque de l’échec. Le dernier G.20, en Chine, persiste et signe dans le déni, alors que l’impatience devant la stagnation en cours s’accroît et se généralise, y compris aux Etats-Unis. Tout est là : pourquoi, malgré 8 ans d’échec, n’y a-t-il toujours pas de sursaut intellectuel et de vraie analyse de la crise ?

Henri Guaino vient de publier un livre fort intéressant sur la question (En finir avec l'économie de sacrifice chez Odile Jacob). Il voit dans la persistance du culte des idées fausses un effet « bon élève » qui se contente d’une vulgate pieuse au lieu d’une vraie compréhension des doctrines économiques. On peut être d’accord avec à peu près tout le contenu du livre qui pèche cependant sur le point essentiel : pourquoi les « bons élèves » se sont-ils ainsi lancés dans une lecture aussi déviante que religieuse d’un credo délirant ? Faute de le comprendre, il ne peut que fustiger les conséquences sans jamais s’attaquer aux causes.

Au passage, il touche une question grave : la défaillance est-elle celle des économistes ou est-on confronté à une crise de la science économique elle-même ? Dans un livre au titre étrange jusqu'au douteux, Le négationnisme économique : comment s'en débarrasser, les auteurs nient fortement que les économistes soient responsables. Les politiques prennent ce qu’ils veulent dans la vraie économie expérimentale et disent et font n’importe quoi. C’est peut-être vrai pour la réduction du temps de travail et pour d’autres mesures de politiques sociales franco-françaises. Cela ne l’est certainement pas lorsqu’on s’attache aux recommandations des grands organismes spécialisés internationaux comme la BRI, le FMI, l’OCDE, etc. On attend toujours de ces organismes une explication des désastres qu’ils sont les premiers à dénoncer. Le FMI vient de publier un graphique somptueux montrant la dégringolade de la croissance du revenu par tête partout depuis 71. Où est l’explication ? On touche de plus en plus au « consensus de Washington », suivi effectivement par la crise dite à tort « des pays émergents », puis la crise décennale molle du début des années 2000, puis la crise décennale dure de 2008. Cette séquence tragique et récente aurait du tout de même faire réfléchir. Pourquoi ne le fait-on pas ?

La vérité est facile à comprendre : à partir du moment où on acceptait les changes flottants et les grands déséquilibres extérieurs, on créait automatiquement une économie baudruche à dimension explosive. Aucune théorie économique solide ne peut défendre les changes flottants. Les thèses de Milton Friedman se sont trouvées totalement contredites par l’expérience. On pourrait paraphraser Cahuc en disant : "jamais aucune étude expérimentale n’a donné le signal de mettre en œuvre de façon positive les changes flottants".

Si on l’a fait, c’est parce que les Américains l’ont voulu et que les Européens n’ont pas pu ou même voulu les contredire. Depuis on fait semblant de construire dans le détail microéconomique un village global totalement délirant et conflictuel, dont la principale caractéristique est d'être totalement déséquilibré à l’échelon macroéconomique. On collabore très finement dans la découpe du micro grain de sable des allées en laissant des trous béants dans les structures. C’est pour cela que le G.20 se pare toujours des vertus de l’esprit de collaboration et que dans les faits aucun des grands déséquilibres qui expliquent la crise, son aggravation et les difficultés de plus en plus grandes d’en sortir ne font l'objet du moindre commentaire, de la moindre mesure suivie d'effets.

Les économistes officiels qui vivent en symbiose avec les Etats et les médias savent qu’ils n’auront de carrière et de visibilité que s’ils jouent le jeu du village économique mondialisé en ne regardant surtout pas les énormes falaises de dettes, de déficits, d’excédents, qui s’effondrent de partout. On en arrive aux programmes des réunions de Davos, toujours à côté de la plaque depuis 30 ans ou des réunions d’Aix en Provence, lénifiants et pusillanimes.

À partir du moment où les Américains ne veulent pas revenir sur l’hégémonie du dollar et considèrent comme une faute condamnable contre l’atlantisme de revoir le système monétaire international débile et dangereux qui provoque la déroute économique générale, pourquoi se mettre en première ligne pour se faire fusiller ?

L’affaire Maurice Allais, le seul qui a osé s’insurger avec toute la science d’un vrai prix Nobel, a refroidi toutes les ardeurs. On peut ne pas considérer que mettre en danger sa carrière universitaire, médiatique, para-étatique et internationale soit une aventure exaltante.

Dans cette affaire, il ne faut pas fustiger la science économique en elle-même, ni même la lâcheté des économistes, moins encore les baby boomers, et encore moins les électeurs. Il était possible de prévoir la crise de 92-93, comme celle de 2001-2003, comme celle de 2008-200x. C’est facile à prouver : nous l’avons fait et chaque fois à partir d’un raisonnement basé sur des faits et publié avant la crise. Il est facile de démontrer que la crise définie comme une baisse de longue durée du taux de croissance avec des crises périodiques de plus en plus fortes et un endettement explosif est entièrement liée à la mise en place d’un système monétaire international structurellement non coopératif. Dès que l’on considère la science économique comme devant partir des faits et s’appuyant sur des raisonnements étayés, la crise est facile à comprendre et les moyens de sortie de crise faciles à concevoir.

La difficulté est strictement politique : les Etats-Unis ne veulent pas, pas encore, revenir à un système coopératif évitant les énormes déficits ; les Allemands prétendent accumuler des excédents démentiels tout en ruinant les pays à qui ils ont prêté leurs excédents. Arriver à contrebattre ces deux blocages géopolitiques est le défi des années à venir. Jusqu'ici la pédagogie de la crise n'a pas suffi à générer les remises en cause nécessaires. Les élections américaines qui viennent sont plutôt du genre inquiétant. L'Europe s'effondre et la France est, disons pour être charitable, actuellement dans l'incapacité de dire ou faire quoi que ce soit allant dans le bon sens.

Jusqu'où faudra-t-il tomber avant que les mesures simples et nécessaires soient prises ? Quel levier utiliser pour provoquer le basculement ?



La tentation toxique de la pensée "animiste" en économie

La rentrée voit la sortie de nombreux livres économiques. Alors que tout le monde prétend que l'économie a été éjectée du débat par les attentats musulmans, les éditeurs pensent visiblement le contraire. Certains d'entre eux sont excellents, comme celui d'Henri Guaino dont nous donnerons une analyse dans un prochain billet. D'autres sont complètement nuls car habités par la passion politicienne au-delà de toute limite. D'autres enfin sont intéressants, bien écrits, finalement assez justes, mais exaspérants.

C'est le cas du livre de Lenglet. Excellent à plus d'un titre, ne serait-ce que celui de mettre les bons chiffres sur la table. Mais Il souffre comme plusieurs autres livres, et des centaines d'articles parus dans la presse, d'une tentation dévastatrice : donner une âme aux choses. L'explication des phénomènes ne s'articule plus par l'effet de bonnes ou mauvaises mesures, de tel ou tel phénomène ou enchaînement économique qu'il faut détecter et comprendre, mais par la volonté nocive d'une âme diabolique inscrite derrière les événements et qui impose sa loi. Appelons animisme économique cette volonté de trouver des diables obscurs et ectoplasmiques derrière tous les phénomènes déplorables qui se produisent.

En faisant de la "génération du baby boom" la cause de la crise française, en lui en prêtant et l'intention et la manœuvre de s'enrichir sur le dos de ses enfants, Lenglet chauffe les esprits mais n'explique rien. L'animisme économique suscite la chaleur mais pas la clarté. La solution sous-jacente est toujours la sanction d'un vilain ou d'une vilenie.

L'animisme économique a été longtemps le mode de fonctionnement de la gauche. Tous les faits néfastes constatés sont des faits voulus par des forces sociales embossées dans la République et qui la violent. Le dégueulis marxisant des théoriciens genre Frérot et Ollivier, les tueurs abrutis et fanatiques d'Action Directe, tendance lyonnaise, se retrouve à l'identique dans un livre grotesque, "Ce cauchemar qui n'en finit pas", commis par deux auteurs à peu près du même niveau et utilisant les mêmes procédés. . C'est l'Oligarchie, les suppôts du MEDEF, les agents de la CIA, la bourgeoisie fasciste et pétainiste, les adorateurs cachés d'Hitler, les néolibéraux impurs et "corrompus systèmiques", corrompus tout court ne suffisait pas, "saisis par le démon de l'illimitation" et "ivres du vertige subjectif de l'accumulation", qui ont pris des mesures abjectes qui ont provoqué le drame. Pour les deux auteurs, il n'y a pas de différence entre Daesh et le" bloc oligarchique néoliberal" (diminatif amusant : le BON). Le BON doit tuer tous les jours en cachette, en se contentant en public "de se nourrir de crises", "d'asservir la société", de nourrir des "monstres".  Toujours et encore. Il suffit d'écouter les discours de Nuit Debout pour constater que cette veine reste active. On est toujours en plein "complotisme" le plus débile.

Il a été également le mode de fonctionnement de l'Extrême Droite. C'est toujours la ploutocratie, franc-maçonne et la juiverie internationale, qui sont à la manœuvre. Cela dure depuis 150 ans.

Éric Zemmour n'échappe pas à ce travers : "c'est le patronat français qui a voulu sciemment importer des immigrés pour disposer d'une main-d’œuvre à bas prix", écrit-il. Mais quelle preuve concrète ? Qui l'a proposé ? Quand ? Comment ?

Voici donc, pour Lenglet, même si cela est dit de façon subliminale, une génération de salopards égoïstes désireux d'abuser de tout et reportant sciemment sur les générations futures les conséquences de leur impéritie intéressée : les baby boomers.

Si les jeunes, les femmes et les immigrés ont tant de mal à s'insérer dans la société, c'est parce que le trend de croissance est en baisse constante depuis 1971 et que les entrants en sont les premières victimes. Rien à voir avec les baby boomers. Tout à voir avec les mécanismes délétères qui ont provoqué ce retournement de croissance. Non les baby boomers n'ont pas "voulu" mettre leurs enfants au chômage !

L'animisme économique doit être durement dénoncé. Les invectives contre des puissances d'autant plus coupables qu'elles sont plus ectoplasmiques n'ont strictement aucun intérêt, sinon pour des combats polémiques. Elles ne peuvent servir aucune politique utile, sauf à considérer le défoulement gratuit comme une soupape de sécurité des sociétés. Dans un pays qui a fait de la pénitence son mode de fonctionnement moral depuis l'exécution de Marie-Antoinette et du Roi Louis, il faut constamment se couvrir la tête pour expier, dans la honte, des péchés d'autant plus graves que personne n'a eu le sentiment de les commettre.

En économie, les faits s'expliquent. Les décisions sont prises par des instances précises dirigées par des personnes dénommées et des groupes identifiés qui proposent des programmes. Constater les faits, les rendre intelligibles et relier les décisions à leurs effets, tels est le travail nécessaire.

Quand les Etats-Unis décident de faire sauter le système de Bretton Woods et d'en abandonner les modalités et les disciplines, on sait qui le fait et pourquoi. Lorsqu'aussitôt les crises s'aggravent et le trend de croissance s'inverse, les faits peuvent être reliés de façon précise à cette décision. Quand la gravité des crises provoque des réactions politiques qui portent au pouvoir des forces socialistes généralement minoritaires en France, on aboutit à la mise en œuvre de programmes délétères qui aggravent la situation. Ce n'est pas "la génération bénie des égoïstes" mais les socialistes qui mettent en œuvre le programme commun et ce sont les électeurs Français qui les chassent à la première occasion. La volonté de tuer la France comme puissance autonome historique a été prise par François Mitterrand, pervers narcissique et pourrisseur compulsif, heureux d'être le "dernier président de plein exercice de la France". Les erreurs de Maastricht doivent tout à Jacques Delors et aux milieux européistes qui le soutenaient. Il faut dire quelles furent leurs erreurs et pourquoi elles ont été faites. Il faut préciser les réformes qui seraient utiles aujourd'hui. C'est une facilité sémantique de parler des enfants du baby boom comme une entité homogène ayant une volonté propre.

Nous n'avons jamais aimé les concepts du type "préférence pour le chômage". Préférence de qui ? Décrite où ? Agissant avec quel levier ?

Bien sûr des conservatismes s'exercent ; des forces idéologiques désastreuses poussent dans des directions variées ; les paysétrangers ont des politiques étrangères qu'on subit ; des groupes prennent des pouvoirs et des groupuscules militants engagent des actions. Ils sont si variés qu'il est impossible d'en habiller une génération de façon homogène.

Ce n'est pas la "génération des baby boomers" qui a décidé de réduire le temps de travail et d'étouffer les relations sociales par une réglementation délirante mais Mitterrand puis Jospin. Rendons à César ce qui est à César. Ce n'est pas "la génération du Baby Boom" ou le CNPF qui a demandé le regroupement familial mais Giscard. Ce n'est pas l'Oligarchie qui, en France, a demandé qu'on mette en place une vision militante de la liberté financière totale des capitaux à court terme, mais Beregovoy et Delors. Ce n'est pas le Medef qui a voulu la libre circulation totale des capitaux dans l'Union Européenne et l'inondation monétaire allant jusqu'aux intérêts négatifs, mais ceux qui ont décidé des statuts de la BCE et ceux qui l'ont dirigée.

Finissons-en avec l'animisme en matière économique. Certaines décisions ont été des erreurs. Il faut dire pourquoi et comment elles ont gâché les chances économiques de la France. Henri Guaino a raison de faire l'inventaire des vulgates économiques, de leur trahison du message initial des grands penseurs économiques et de leur influence délétère. Une mentalité généralisée s'habillant de façon erronée des oripeaux d'une doctrine ou d'un groupe de doctrines peut jouer un rôle beaucoup plus important que la volonté explicite d'une personne ou d'un groupe. Le magma diffus des représentations mentales sur l'économie est une force active qui conditionne des milliers de décisions erronées, prises dans la bonne conscience de l'inconscience qui croit savoir.

Déchirer ces nuages qui collent au plafond des peuples est un vrai travail. Inculper devant le tribunal de l'histoire, sur des piloris d'autant plus odieux qu'ils sont plus branlants, des zombies dotés d'une volonté, vision animiste de l'économie,  est une mauvaise action et un péché contre l'esprit. Ce ne sont pas des diables obscurs qui créent les plus graves difficultés économiques mais des conceptions erronées largement partagées ou la lâche facilité qui consiste à ne plus penser avant d'agir.

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes e-toile

Le Baltic Dry Index ne mentait pas

Nous avons attiré l’attention ces dernières années sur l’arrêt du commerce international depuis l’effondrement de septembre 2008. Nous considérions que les quelques mouvements qui subsistaient étaient essentiellement des achats de précaution de la Chine, soucieuse de ne pas perdre son tas de dollars accumulés au-delà de toute raison, avec, en épiphénomènes, quelques spéculations douteuses.  En un mot nous considérions que le crédit international était mort et que les investissements délirants faits sur l’hypothèse qu’il n’y aurait pas de limite à l’envolée des échanges  internationaux étaient en grand danger.

Nous avons récemment  commenté l’effondrement du Baltic dry index tombé en dessous de son indice d’origine. Il est aujourd’hui à 5% ce son plus haut !95% de chute.  Certains, sur la foi de rapports intéressés dans la presse (et non, l’information n’est pas sans biais dans la PQN !), se demandaient si cette chute des prix ne masquait pas une croissance en volume.

Les chiffres publiés hier  montrent qu’il n’en était rien du tout. Les armateurs sont à l’agonie. Les pertes dépassent 10 milliards de dollars sur quelques entreprises seulement.

En vérité si on cumule tous les types de pertes sur les investissements dans l’équipement des ports et des flottes, la perte globale pour les banques et les sociétés d’investissement est supérieure à 100 milliards !

Comme toujours la presse cite les chiffres sans tenter de creuser les explications qui restent à la surface des choses.  La crise du secteur est toute entière le contrecoup de la folie des années 1997 à 2009 permise par un système qui accepte les énormes excédents et les gigantesques déficits.  Rappelons que les imbéciles avaient théorisé le fait que les excédents chinois et les déficits américains étaient le nouveau paradigme d’une croissance éternelle sans crise… On pouvait investir sans limite !

On voit le résultat. On se rassurera : les propagandistes de cette idée fausse sont toujours aux postes de commandes des grandes institutions et ont gardé leur place dans l’amour des médias.

Du coup, ils n’ont aucune solution à proposer.

Ce n’est qu’en revenant à un système des échanges mondiaux basés sur des équilibres managés par les Etats, avec défense de parités monétaires fixes mais ajustables, qu’on pourra retrouver une croissance pérenne et équilibrée des échanges internationaux.

Les changes flottants, c’est-à-dire le n’importe quoi  général, associé à des déséquilibres effroyables, n’a fait que créer une économie baudruche explosive.  C’est ce constat que le G.20 chinois en cours devrait acter.

Il ne le fera naturellement pas.  Laissons les équilibres macro-économiques sous le tapis et travaillons à supprimer quelques contraintes microéconomiques, aux cris mille fois répétés de « coopération », « dialogue », « synergi e », « entente »…

C’est une imposture. Il n’y a pas de coopération dans un système structurellement non coopératif. Seulement des mots. Et des maux.

 

Didier Dufau pour le Cercle des economistes e-toile

Faut-il supprimer l'ENA ?

Il est intéressant de constater que des thèmes que nous illustrons depuis près de 20 ans maintenant, dans l’indifférence générale, commencent à susciter des réactions, du fait du constat du désastre général.   

Une exemple : Nous considérons qu’en France le triomphe de l’Enarchie Compassionnelle depuis 1974 est largement responsable de la dérive de nos finances publiques et de l’étouffement du secteur privé. Nous considérons qu’il est absolument crucial que la haute fonction publique ne puisse pas gouverner et qu’on refuse de mêler le pouvoir politique et le pouvoir administratif.  Pour cela plusieurs mesures sont nécessaires :

-          L’interdiction des doubles rémunérations publiques

-          L’interdiction de postuler à des mandats électifs qui fixent votre rémunération et vos conditions de carrière, lorsqu’on est personnel à statut

-          La suppression de certaines disposition du statut des fonctionnaires et notamment l’instauration d’une retraite fondée sur l’accumulation de points plutôt que sur un état statutaire.

Ces disposition éviteront  une capture de la vie politique allant parfois jusqu’au rang municipal et le blocage systématique de toute mesure visant à réduire et rendre moins couteuse les politiques publiques.

Faut-il pour autant supprimer l’ENA, comme l’exigeait déjà Edith Cresson et  le redemandent  des candidats à la primaire de la droite et du centre ?  Pourquoi donc ? Une grande école n’est pas en soi un problème. Les grands corps et leur mode de fonctionnement en sont un. L’accès aux grands corps devrait se faire après 10 ans de pratique professionnelle dans des filières actives de la fonction publique.  Nous avons également besoin en Europe et dans l’ensemble des institutions internationales  de fonctionnaires de qualité capables d’assumer les plus hautes fonctions.   Sélection et qualité de la formation sont absolument nécessaires et même attractivité.  Il faut continuer à séduire des élites républicaines désireuses de se porter aux plus hautes responsabilités administratives du pays.  Mais le politique est un autre domaine qui suit d’autres logiques et qui ne peut être mis sous tutelle par la haute fonction publique.

En finir avec l’énarchie compassionnelle, oui. En finir avec l’ENA, non ! Il faut dépasser les slogans simplistes pour toucher les modes profonds de fonctionnement.  Une des conséquences est qu’il faut une autre source de formation politique afin que les élus ne soient pas totalement dépassés par leur tâche.  Ce rôle est usuellement dévolu aux partis, aux associations et aux syndicats qui doivent mettre des jeunes pousses en situation de faire de la politique intelligente et intelligible. Ils ne jouent que très partiellement ce rôle en France parce qu’ils sont le plus souvent dirigés par des gens  qui ne veulent pas de cette ouverture.  Le résultat est le mélange d’apparatchiks nullissimes, pourris d’idéologie et d’énarques  pontifiants, pourris de certitudes étatistes, qui fait le fond de sauce de la politique française.

Les trois mesures proposées ne sont pas difficiles à mettre en œuvre. Elles ne coûtent absolument rien. Elles peuvent rapporter gros aussi bien en termes de démocratie réelle qu’en économie sur la dépense publique. On notera qu’elles ne sont ni de droite ni de gauche. Elles veillent simplement à éviter des abus et à promouvoir la juste représentation des intérêts  de la population.  Lorsque la dépense publique en France est à 1.300 milliards d’Euros et la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchands non financiers à 1.200, on peut tout de même admettre qu’il est temps de sauter le pas.

Candidats à la présidentielle, encore un effort !

Le libre-échange remis en cause ?

Le dernier pilier des certitudes de l’après-guerre est-il en train de s’effondrer ? La crise de 1929 avait prouvé que les mesures de limitations de la libre circulation des marchandises n’apportaient aucune solution et aggravaient la situation.

On voit aujourd’hui que Donald Trump n’hésite plus à rompre avec ce credo porté inlassablement  par la diplomatie américaine depuis le début des années quarante.  De nombreux mouvements politiques portent un message de restriction, à gauche comme à droite.  La protection de l’emploi national par des mesures de réduction ou de blocage devient un thème de campagne un peu partout.  

Faut-il ou non s’engager dans cette voie ?

Comprenons d’abord quelle est la source de ce mouvement d’opinion. La baisse tendancielle de la croissance depuis 1971 et l’entrée depuis 2008 dans une période de stagnation durable qui voit  le revenu par tête baisser dans de nombreux pays de façon continue, est cette source. La « classe moyenne » est en première ligne dans cette déréliction. C’est elle qui fait les élections. On ne peut pas prétendre diriger un pays contre la prospérité du plus grand nombre, malgré tous les discours écolo-récessionnistes.

Le problème est que, globalement, il est impossible d’engager un vrai débat sur les causes de cette spirale néfaste de longue durée.  Trop d’intérêts et d’habitudes pèsent sur les esprits.  La disparition des débats de fond dans la presse et leur extrême difficulté dans les médias  radio et telé-diffusés, conduit à une impasse de communication : en écoutant les experts qui servent le fond de jus intellectuel et économique  , on a toujours pris les bonnes mesures pour avoir une croissance rapide et les résultats vont dans le sens inverse. Surprise –surprise ! Alors, les unes après les autres, les bases du consensus s’effondrent dans la méfiance et la colère, mettant en cause des « élites coupables ».

Cette évolution navrante est totalement évitable. Quelle est l’erreur qui pèse sur le monde depuis 1971 ? On a fait disparaître des pratiques intergouvernementales l’obligation d’équilibrer les balances extérieures. Associé à un système de monnaies administratives flottantes, émises en masse prodigieuse, cet abus a fait passer l’économie en mode baudruche, avec des explosions successives de plus en plus graves.

La vérité économique élémentaire est qu’on ne peut avoir dans la durée des pays en fort excédent  et d’autres en fort déficit. Le recyclage des excédents et le financement des déficits  poussent à au gonflement de la dette globale qui finit par exploser.

Ce n’est pas le libre échange qui est en cause. Mais le libre-échange déséquilibré dans des proportions systémiques. Le commerce et la monnaie vont ensemble. Pas de bon commerce sans bon système monétaire. Croire que par une magie microéconomique toutes les situations de déséquilibres se résoudront automatiquement en laissant jouer les libertés économiques élémentaires, sans aucune harmonisation des conditions générales de l’activité n’est pas le fruit d’une réflexion économique sensée, basée sur les faits. Mais un acte de foi et il faut tordre la perception de la réalité pour le soutenir.

La première mesure à prendre à l’échelon de la planète est de revenir aux conditions organisationnelles qui permettent qu’aucun état ne se lance dans des politiques déséquilibrées. Sans être immédiatement sommé de revenir à un certain équilibre, avec une aide collective  pour éviter les trop gros coups de freins.

Evidemment, c’est politiquement difficile de dire aux Etats-Unis : le privilège (douteux) du dollar, c’est fini, comme  les déficits effarants qui l’accompagnent. Ce n’est pas plus aisé d’imposer aux Chinois et aux Allemands  un corset qui interdit les énormes excédents. De même les pays pétroliers ne pourront utiliser leur rente qu’en achat de marchandises et non en mouvement de capitaux.

Cette difficulté politique explique pourquoi le système dysfonctionnel  en place perdure, malgré les preuves répétées depuis 50 ans de sa nocivité.

Mais, il n’y a pas d’alternative comme disait Thatcher avec son TINA (There is no alternative).  Que les grands acteurs, victimes de leur propre impéritie, en viennent à proposer d’achever le malade plutôt que d’essayer de le soigner est tout de même un peu difficile à admettre.

La France qui a sombré dans le n’importe quoi de longue durée et qui en paie le prix amer, n’a plus aucune influence mondiale et a perdu les rênes de son destin.

Les instances mondiales, dans la dépendance américaine, sont silencieuses, ou poussent de si petits cris, qu’on ne peut les entendre.

L’Europe a mis en place un système absurde qui permet aux pays à excédents démesurés de maintenir leurs débiteurs la tête sous l’eau au détriment de l’ensemble.

Tout cela est anti économique à un niveau qui frôle le grotesque et ne peut se justifier.

Delenda est ! Donnez-nous un levier ! Si la raison pure ne suffit pas, que faire ?

Joseph Stiglitz et l’Euro

The Euro

How a Common Currency Threatens the Future of Europe

Joseph Stiglitz. Août 2016.  ISBN 978-0-393-25402-0. 448 pages

W. W. Norton & Company

Le monde actuel est ainsi fait qu’aucune thèse économique n’est plus considérée en Europe, et en particulier en France, que si elle est émise par un prix Nobel américain. Le traité de Maastricht date de 1992. La zone Euro a 16 ans d’existence. Il était temps que J. Stiglitz condescende à nous donner un avis sur ce système.

Comme cet avis est extrêmement négatif et qu’il consiste à dire que l’affaire était mal embarquée depuis le départ et qu’il n’y a aucun espoir que cela s’arrange, le débat européen va en être à nouveau ravivé dans le sens tragique.

La lecture du livre n’apporte exactement aucune nouveauté technique. Tout ce qui est écrit a déjà été dénoncé mille fois.  Le problème est que Stiglitz tient à nourrir une posture anti libérale et anti capitaliste. Le moteur de son ire est en vérité la Grèce et le traitement « infâme » qu’on lui a fait subir. Le risque était de faire du sous-Varoufakis, sans moto extravagante et  avec un air sérieux. On n’en est pas loin.

En voulant servir la gauche de la gauche, on tire un tapis rouge à Marine Le Pen qui va pouvoir utiliser ce livre comme base de son programme anti-euro en excipant de la caution d’un prix Nobel.

Sur le fond, l’auteur voit bien le vice particulier de la zone Euro : l’absence de mécanismes d’ajustements entre les pays membres. 

Nous ne cessons de le dénoncer nous-mêmes depuis… 1992. Considérer que deux règles d’endettement et de déficits publics par rapport au PIB suffiraient, était parfaitement ridicule. Tout le monde le savait. On espérait que la dynamique créée permettrait de forcer les évolutions nécessaires.   Les règles ont été rapidement dénoncées comme « idiotes ». Et les politiques suivies ont été si divergentes que « l’union » est devenue une caricature.

Que Stiglitz réaffirme ces idées de bon sens économique ne peut pas faire de mal, même si on ne l’a pas attendu  pour cela. Un quart de siècle de retard, c’est une bagatelle…

L’ennui est que le retard demeure dans les analyses de détail et dans les solutions.

Ce que ne voit pas Stiglitz, c’est que la crise globale a été le désordre majeur qui a déstabilisé l’Euro. Jusqu’en 2008, la zone Euro ne pose pas de difficultés majeures.  Bien sûr, une Allemagne qui se lance dans le plan Schroeder alors que la France met en place l’étouffement Jospin, sème les conditions d’un drame futur évident (dans le silence de presque tous). Bien sûr les conditions d’adhésion de la Grèce sont folkloriques. Bien sûr l’idée que toutes les différences de mentalités pourront être surmontées par des fonds structurels et la liberté totale des mouvements de capitaux, d’hommes et de marchandises,  n’est fondée sur aucune réelle théorie économique. Bien sûr on a mis le char avant les bœufs au grand risque que ces derniers le foulent aux pieds et le détruisent. Tout cela était du « wishful thinking » ou de la foi, comme on voudra. Mais l’Euro n’est pas la source de la crise de 2008 et les séquences ultérieures n’ont pas été déclenchées de l’intérieur.

Si l’Allemagne a mis en place le plan Schroeder, c’était dans une vision globale de sa compétitivité dans un système mondial fondé sur le désordre des monnaies et les énormes excédents ou déficits de balance de paiements.

Quand le système global explose, il expose les fragilités de la zone Euro. Et si les mesures prises pour sauver la zone ont été si drastiques, c’est à cause des défauts du système monétaire international et du poids des mouvements de capitaux flottants.

Les leçons de l’immédiat après-guerre, qui voulaient que l’on fuit définitivement les politiques déflationnistes, ont été perdues. Il serait tout de même juste de dire que l’effondrement financier global (12 à 15 mille milliards de pertes dans le système financier mondial) est LA cause principale de la pression déflationniste.  Les Etats ont repris  les pertes bancaires, augmenter massivement les impôts  et tenté de ramener leurs dépenses publiques  à des niveaux plus raisonnables pour faire face d’abord à ces pertes insensées. Si les taux des banques centrales sont négatifs, ce n’est peut être pas non plus sans rapport !

La gestion de la zone Euro est en mode panique parce que le monde est globalement en mode panique. Et quand on voit les résultats globaux, le taux de croissance par tête a tout autant fléchi aux Etats-Unis qu’en Europe.  

Pour ne pas avoir réellement compris les causes des crises successives depuis 2008, Stiglitz en est réduit à des conseils de destruction : mettez fin à la zone Euro. Prétendre gérer deux zones, au lieu d’une,  est le type même de la fausse solution. On ne voit pas qui aurait envie de faire zone commune  avec la France, le Portugal et la Grèce. Et en quoi les défauts d’ajustement au sein de chaque zone seraient-ils plus faciles à juguler dans une zone plus petite qu’au sein d’une zone plus grande ? En fait cette coupure priverait  l’Allemagne de tout espoir de remboursement de ses prêts sans donner aux autres les moyens de repartir.

La vraie solution est ailleurs.

-   Il faut prioritairement revenir à un système de changes collaboratifs dans le monde, avec responsabilité des Etats vis-à-vis de leurs balances commerciales et  financières.

-   Dans ce monde stabilisé, l’Euro se retrouverait en bien meilleure situation.

-   La gouvernance de la zone Euro doit être profondément remaniée en faisant apparaître un mécanisme de sanction automatique des grands déséquilibres, permettant d’alimenter un fonds d’ajustement des économies  et en créant un poste de Chancelier de la zone Euro dont le rôle serait  d’éviter les grands désajustements et de pousser t aux réajustements de la façon le moins déflationniste possible.

Au total Stiglitz propose un diagnostic éventé dans ce qu’il a de vraiment européen  et d’insuffisant dès lors qu’on inscrit l’Europe dans le tableau économique global.  La solution proposée est totalement lacunaire et ne conduirait qu’à des nouvelles secousses.

Un livre utile, en ce qu’il rappelle des critiques que l’on ne veut pas entendre depuis des lustres en Europe.

Un livre dangereux parce qu’il conduit à conforter des mouvements du type Front national et à proposer la destruction immédiate et automatique de l’organisation européenne.

L’Europe ferait mieux de trouver en elle-même à la fois les moyens de sa propre réforme et l’influence d’une réforme générale du système monétaire international.

La prospérité s’organise

Nous sommes de ceux qui inlassablement défendent l’idée que la prospérité est aussi et même surtout une question d’organisation. Cette dimension est constamment sous-estimée. 

L’actualité du jour nous en offre d’éclatantes confirmations.

La Russie est en passe de devenir, en 2016, la première nation exportatrice de blé. Pendant toute la période soviétique, elle a souffert de déficits souvent dramatiques. Pour l’observateur ; cela devrait être l’occasion d’une leçon d’économie appliquée. Au lieu de cela, comme d’habitude, on n’évoque que le soleil des uns et les inondations des autres. Naturellement, la météorologie joue son rôle en agriculture. Mais l’organisation est beaucoup plus importante. Après avoir liquidé par la famine près de 10 millions d’habitants des campagnes, dont près de la moitié dans la seule Ukraine, l’instauration du système soviétique de production agricole a provoqué un désastre permanent pendant pratiquement 75 ans. A chaque fois que des réformes ont été tentées, elles ont marché. A chaque fois, elles ont été abandonnées par idéologie.  L’abandon du système soviétique a aussitôt permis de restaurer l’agriculture. En deux décennies, la Russie, comme l’Ukraine, ont retrouvé leur productivité agricole traditionnelle. Qui se souvenait encore  qu’elles avaient été des régions considérées comme des « greniers à grains » de l’Europe.  L’organisation est fondamentale.

Sur un mode différent, l’actualité nous offre un exemple tout aussi parlant. Le Régime Social des indépendants, le RSI, est un échec bureaucratique total. Le système ne fonctionne pas et ne fonctionnera pas. Avoir voulu construire une administration bureaucratique unique sur le mode soviétique a eu les résultats qu’on pouvait craindre. Si on veut d’autres exemples, il suffit de lister toutes les âneries de Mmes Duflot et Touraine, qui ne savent penser qu’en termes de bureaucratie, d’interdictions, de contraintes, de méfiance, de malfaisance…  Mme Hidalgo, possédée par le même prurit, croit également au bénéfice de la contrainte violente et de la prédation.  Ces sottes, toutes passées par le tamis de l’idéologie partisane la plus élémentaire et la plus sectaire, ne peuvent même pas imaginer, comme les hiérarques du PC soviétique, qu’on puisse agir autrement. Les résultats sont naturellement désastreux à court terme et le seront plus encore à moyen terme, si des corrections urgentes ne sont pas mises en œuvre. Confirmation avec l’abandon de certaines des imbécillités de la loi Duflot par Macron et une petite reprise du bâtiment.

Le Point, sous la plume de Delhommais, nous donne à réfléchir sur les principes de l’ordolibéralisme (à ne pas confondre avec l’orthocapitalisme)  qui s’oppose aux versions les plus débridées du keynésianisme, et qui au départ, s’opposait frontalement à l’idée national-socialiste que l’économie appartenait à la nation et que tous les acteurs devaient lui être subordonnées.   Malheureusement l’histoire économique du Troisième Reich n’est pas enseignée ni commentée dans les circuits scolaires et universitaires, en dépit de très belles études.  On survalorise généralement l’action de Schacht et la sortie du chômage dans l’Allemagne de Hitler. La vérité est plus prosaïque. L’Allemagne, comme la première guerre l’avait montré, n’a pas les ressources, notamment alimentaires, pour mener des guerres longues.  C’est la disette puis des débuts de famines qui ont conduit l’Allemagne à la défaite de 1918. L’erreur initiale et insurmontable d’Hitler, est d’avoir cru qu’il pourrait, grâce à des coups parfaitement assénés, le blitzkrieg, en concentrant toutes les ressources sur des points névralgiques, accéder à des ressources extérieures suffisantes. Le pari a marché contre la France. Ensuite, tout fut une suite de désastres, malgré des pillages éhontés et criminels. Qui se souvient par exemple qu’après avoir suppléé Mussolini qui était vaincu en Grèce, Hitler a volé toutes les ressources en nourriture de ce pays, provoquant une famine monstrueuse, dont le souvenir ne s’est toujours pas effacé et qui ressurgit aujourd’hui même dans les revendications de Tsipras vis-à-vis de l’Allemagne.  En vérité, l’économie allemande avait failli capoter plusieurs fois entre 32 et 39. L’économie nazie est un échec pas un succès comme beaucoup le croient.

Le combat des ordo-libéraux  contre la folie national-socialiste, parente de la folie socialiste soviétique, est intellectuellement très riche et il est heureux qu’il soit enfin décrit et commenté en France, pays ruiné par un sous-keynésianisme fiscalisé de haut fonctionnaire, au sein d’une zone Euro déficiente et d’un système monétaire global malade.  « La liberté économique ne relève pas d’un ordre spontané ». En effet ! Comme nous ne cessons de l’écrire,  la liberté se chérit mais les libertés s’organisent. Cet « mantra » devrait être enseigné partout dans les Universités économiques. Il faut en effet fixer un cadre macro économique sain pour permettre aux libertés économiques de donner leur plein effet. Les dimensions macro économiques doivent être maintenues dans certaines proportions pour ne pas grever la prospérité. Déficits internes aberrants, fiscalité confiscatoire, réglementations paralysantes, cadres sociaux intolérables, réquisitions abusives de la puissance publique, contraintes s’apparentant au servage, ne permettent pas la prospérité, seulement la déchéance économique et sociale.

Sur le plan extérieur, il faut maintenir les grands équilibres. Depuis que nous avons abandonné cette règle fondamentale, nous constatons la baisse tendancielle de la croissance, la montée globale de la dette, des crises périodiques de plus en plus dévastatrices.

Le contresens serait de croire que l’Etat n’a pas de responsabilité. Il en a  et en particulier celle de maintenir dans la durée les grands équilibres.

Le cumul d’un étatisme débridé et d’une absence de règles macro-économiques, ne font pas une économie libérale prospère mais un désastre économique.

On évoque les  analyses de l’école de Fribourg en se concentrant  concentrée sur le cas d’un pays isolé. Mais les observations de bon sens de cette école s’applique aussi à l’international. L’international doit aussi avoir des règles d’organisation macro économiques solides. L’organisation de la zone Euro qui permet à l’Allemagne de disposer d’excédents démentiels est fautive. La sur-réglementation bruxelloise, associée à l’absence de règles globales macro-économiques ne créent pas un ordo libéralisme, mais un pseudo  ortho-capitalisme supranational à la dérive.   L’organisation  du système monétaire international qui permet les excédents et déficits permanents et excessifs, au détriment de la prospérité générale, est tout aussi fautive et ce n’est pas en créant de nouvelles normes transnationales micro-économiques, façon Traité Transatlantique qu’on réparera cette tare.

Décidemment oui : il n’y a pas de prospérité sans une bonne organisation collective.  Qui en parle ? Les vraies réformes nécessaires d’aujourd’hui ne sont pas micro-économiques. Elles concernent les équilibres intra étatiques et inter étatiques.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Rencontres économiques d’Aix en Provence : une certaine pusillanimité.

Les rencontres économiques d’Aix-en-Provence sont une initiative sympathique qui doit être encouragée.  La difficulté est dans le choix de la programmation : faut-il chercher le consensuel sans aspérité ou attaquer les vraies difficultés à la racine ? La volonté d’institutionnalisation de l’évènement  pousse à la première approche. Les nécessités intellectuelles de l’expertise plutôt à l’autre.

Quelles sont les grandes questions économiques de l’époque ?

Incontestablement, la baisse tendancielle de la croissance depuis 1971 est le défi principal, avec ses deux compagnons, un endettement croissant et des crises périodiques de plus en plus graves.

La réorganisation de la zone Euro est l’autre question de fond qui demande des idées neuves et précises.

La méthode d’élimination des conséquences de l’explosion de 2008 est l’énigme à court terme, avec ses excès de dettes et d’impôts.

Il aurait été courageux de s’attaquer à au moins un de ces thèmes. Au lieu de cela, un thème étrange a été choisi : « qu’attend-on d’un pays ?» avec une traduction anglaise qui ne correspond pas « What is a nation for ?  ».

On sent qu’il a fallu éviter le titre naturel : que peut faire un Etat national dans une ordo-économie ouverte et fondée sur des règles micro économiques quand rien ne va et que les régulateurs des marchés, comme les banques centrales, sont impuissantes ?

La réponse serait naturellement : tenter de changer le cadre institutionnel international fautif, ce qui implique de lourdes remises en cause intellectuelles et un gros problème diplomatique.

Au lieu de cela, on laisse croire que le cadre est bon et qu’il faut s’adapter, c’est à dire que les acteurs économiques  d’un « pays » doivent accepter  de « s’améliorer » individuellement, en « faisant des efforts ».  Cela va de pire en pire, mais ce n’est pas grave : adaptons-nous de plus en plus.

Le thème induit la litanie des suggestions finales, toutes parfaitement vaines mais consensuelles :

A l’échelle du monde

  1. 1.       Faire émerger de nouvelles formes de coopération mondiale associant négociations entre Etats et acteurs de la société civile 

Puisque les « acteurs de la société civile » sont les seuls vecteurs sollicités, il est normal qu’on les associe.  Pour faire quoi ? Bof !

  1. Créer une autorité internationale de protection et de sécurité des données personnelles

Créer un nouvel organe de régulation des marchés, est dans l’esprit général. Des individus mondialisés en compétition dans le cadre de règles. L’ordo-libéralisme est bien à l’ordre du jour.

A l’échelle de l’Europe

  1. Insister fermement pour que les négociations avec le Royaume-Uni s’entament rapidement et avoir pour objectifs le maintien de la cohésion de l’Union et l’ancrage des Britanniques au continent

C’est çà : soyons ferme et gentils. Les bisounours avec nous.

  1. Entériner le principe d’une Europe à plusieurs vitesses et réserver des politiques de plus forte intégration, notamment le policy mix, à un noyau dur représenté par la zone euro

Plus d’Europe est nécessaire puisque l’Europe ne marche pas.

  1. Relancer l’Union européenne autour de 4 axes : fiscalité, gestion des frontières, innovation, défense

Plus d’Europe est nécessaire puisque l’Europe ne marche pas.

  1. Créer un espace culturel européen à travers la mobilité

Chouette ! On est sauvé.

Plus de banalité, on ne peut pas. Dans le consensuel mou européen, dispensateur de places, et de subsides européens, on atteint une forme de perfection.

A l’échelle de la France

  1. Donner la priorité absolue à l’éducation et la formation

Ce ne serait donc pas le cas ?

  1. Faire de la politique du logement un vecteur d’intégration et de lutte contre les inégalités

Nous avons le taux de prélèvement et de dépense le plus lourd du monde.

  1. Mettre en place une fiscalité favorisant l’épargne longue et l’initiative entrepreneuriale

Nous sommes recordman du monde des prélèvements sur l’entreprise et le capital et le revenus du capital. Il ne s’agit pas de « favoriser » mais d’empêcher l’effondrement.

  1. Lancer les bases d’une « société de la seconde chance »

Bla bla bla pour faire social et se faire pardonner le point précédent.

  1. Créer un contrat de travail unique, équilibré, à droit progressif 

Y a pu ka.

  1. Instaurer l’obligation d’évaluer toutes politiques publiques et d’instaurer un débat public sur les résultats

Bla bla bla. Le rôle des économistes est déjà d’évaluer les résultats économiques et les causes de leur faiblesse. Pas d’obtenir des places dans des comités d’évaluations des politiques publiques ;

 Au total, ce tissu de banalités conformistes n’apporte strictement rien.

Dommage. Suggérons aux organisateurs de prendre un peu plus de risques intellectuels lors de la prochaine édition.

Stagnation économique mondiale : l’impatience monte au Figaro !

Il est rare que la presse quotidienne nationale donne le ton de l’opinion publique. Les médias dits « sociaux » sur Internet sont, et de loin, la vraie caisse de résonnance des émotions qui traversent les couches de la population. Les journaux de la  PQN confortent  en général les tendances de leur lectorat en considérant que leur fonction politique (et leur avenir commercial)  tient à ces caresses incestueuses.

L’article de Jean-Pierre Robin  dans la livraison du 12 août 2016, est tout à fait remarquable. Il est un de nos derniers journalistes économiques de qualité, depuis que les Patrons de presse ont commis l’erreur énorme de confier les rubriques économiques à  quelques universitaires officiels aussi outrecuidants qu’insignifiants,.

Le Figaro n’est pas connu pour la contestation économique de la mondialisation et entend  défendre « le système » contre des attaques considérée assez généralement comme de gauche. N’attendons pas de ce grand journal traditionnaliste de se lancer dans des philippiques contre le « néo libéralisme forcené et destructeur » ni d’ouvrir ses colonnes à la condamnation des « Oligarques » qui forment le fond de panier idéologique du « rectosomnambulisme marxo-gauchistes à tendance verbeuse, incantatoire et amante de piloris» qui fait la joie des soixante-huitards septuagénaires français, pourvu qu’ils aient été sensiblement enrichis par l’argent public  depuis cinquante ans.

Alors, lire que  « l’économie mondiale est plombée par l’impuissance de ses dirigeants politiques » est un mouvement de plume d’autant plus fort qu’il est plus rare.  Voilà une forme de « contestation des élites » pour le moins inattendue.  D’autant que l’article insiste : partout, dans ce qu’il est convenu d’appeler le monde occidental, les dirigeants sont désavoués. Ailleurs ce n’ezt guère mieux.L’Afrique sombre comme l’Amérique du sud dans la mal-gouvernance (c’est-à-dire la corruption généralisée).    Sur les 20 personnages qui vont se réunir au G.20 de Hangzou, en Chine, « ceux qui peuvent se targuer du leadership à l’intérieur même de leurs frontières nationales se comptent sur les doigts d’une main ».

« La crise », un concept qui serait bon de clarifier, a fini par corroder le bon vouloir des peuples les plus démocratiques et la patience des journalistes les mieux disposés.

Jean-Pierre Robin insiste là où cela fait mal. Le diagnostic est clair et il met d’entrée de jeu le curseur sur le défaut majeur du système : une situation absurde  « avec d’un côté des pays qui accumulent des excédents extérieurs  vertigineux atteignant 3 à 8.5% de leur PIB et de l’autre des économies en déficit de 2.6% à 5.2% ».

Et oui ! Là se trouve, en contradiction avec toutes les chartes, statuts et accords internationaux, la cause principale des difficultés où nous nous trouvons. Nous en avons fait la preuve détaillée dans notre livre « L’étrange désastre » que l’on voudra bien nous pardonner de citer.  Malheureusement l’article omet de dire quand et pourquoi ce système insane et contraire aux traités  a été accepté et, selon quelles modalités ses défauts  sont  reliés à nos malheurs.

L’article aurait mieux fait de s’arrêter là et de creuser. Il aurait alors pu conclure que l’abandon des disciplines de Bretton Woods sous la pression américaine était la source principale des difficultés et qu’il faut revenir sur le non système monstrueux qui a été mis en place au seul profit des Etats-Unis, profit d’ailleurs douteux, et de plus en plus jugé comme tel par les économistes américains eux-mêmes. Là est la source directe des trois composantes universelles de la crise : l’endettement phénoménal, les crises périodiques de plus en plus sévères, et la baisse du trend jusqu’à la quasi-stagnation actuelle.

Au lieu de cela l’auteur préfère citer toute la litanie des déséquilibres dénoncés par le FMI qui sont, pour le coup, des conséquences et non pas des causes : écarts de revenu entre gagnants et perdants de la mondialisation, endettement des Etats, réaction crispée des populations devant des réformes de structures dont elles ne voient pas le but sinon de s’adapter à une système malade.

L’auteur revient à l’essentiel sur la fin : « Les déséquilibres actuels sont contre productifs » ; « Les disparités nationales sont pénibles pour les pays et collectivement nuisibles pour la croissance mondiale ». Mais bien sûr ! Il insiste sur l’incapacité des dirigeants « pâlichons » à sortir de la défaillance où ils sont chez eux et de l’incapacité de coopérer internationalement. Il explique que du coup, ils ont tout délégué aux banques centrales qui sont, en vérité, impuissantes.

L’article conclut sur « les inconséquences de nos soi-disant maîtres du monde ».

Tout cela est exact et significatif : l’impatience gagne devant la léthargie générale sur fond de crise illimitée qui entame la stabilité politique du monde  et le fait entrer dans une phase extrêmement dangereuse. Même les parties les plus conservatrices de l’opinion commencent à s’inquiéter. On ne peut pas continuer comme cela.

Nous, nous l’affirmons depuis  des années. Qu’on relise simplement sur ce site le message : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/7/6/Crise-conomique--les-quatre-erreurs--viter

Huit ans déjà !

Disons à J-P. Robin que la dénonciation des dirigeants ne suffit pas. Il faut comprendre pourquoi on en est là et pourquoi l’espère de pseudo « ordo-libéralisme » qui a été mis en place à Kingston en Jamaïque, en 1976, doit être abandonnée.  

Le nœud de la solution passe par l’obligation faite aux Etats (pas à la masse des producteurs, des financiers  et des consommateurs)  de tenir un taux de change fixe, mais ajustable et d’éviter et les grands déficits et les grands excédents.  Telle est la clé de voûte de toute solution. Le système monétaire international doit être stable et ne doit pas dépendre d’une monnaie nationale.

Commençons par là et le reste s’ordonnera.

Cher Jean-Pierre Robin, ouvrez donc les colonnes de votre journal à ces idées fondamentales. C’est là où est la vraie audace et où il faut vaincre de vraies difficultés, tant la soumission aux ordres américains est difficile à surmonter.  Vous verrez alors que les fantômes politiques qui se réunissent le 5 septembre en Chine sont peu différents de  tous les ectoplasmes qui n’osent jamais entrer dans les débats de fond  par peur d’y perdre… leur plume.

Nous aimerions tant vous aider. Nous savons, après vingt-cinq ans de combat, que si le diagnostic est désormais presque partagé par tous ceux qui se posent honnêtement la question, le passage à l’acte demande tellement de courage qu’il y a peu de chance qui se produise.

Dommage et merci tout de même pour cet article encourageant !

Un dernier mot pour rappeler que votre article omet de parler de la zone Euro qui souffre encore plus des énormes déficits et excédents internes de ses membres.

Depuis que nous sommes passés à un système de « fiat  money » et d’interventionnisme massif des Etats dans l’économie (rappelons que la dépense publique française excède notablement la valeur ajoutée des entreprises françaises du secteur non financier), la stabilité du monde dépends de la politique conjointe des Etats et de leur banque centrale qui ne peut être bâtie qu’autour d’un concept simple : les excédents comme les déficits doivent être prévenus, bannis, sanctionnés internationalement  afin d’obtenir des politiques étatiques cohérentes et collaboratives. Tout le contraire de ce qui se passe actuellement.

Quand on fait l’inverse de ce qu’il faut, on obtient les résultats inverses de ceux qu’on pourrait espérer.  Nos dirigeants ne sont impuissants ou défaillants que parce qu’ils ne veulent pas, ou ne peuvent pas, porter ce message fondamental.

Et effectivement leur impuissance ou leur défaillance conduisent le monde au chaos.  Il ne suffit pas d’être impatient. Il faudrait aussi commencer à être pertinent et, dans le contexte actuel, courageux.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Les Américains commenceraient-ils à réaliser que la crise existe ?

Comme les économistes officiels européens ont un bœuf sur la langue dès qu’il s’agit d’économie, tant leur soumission est totale aux oukases venant d’Outre-Atlantique, seule garantie pour eux d’avoir accès aux médias et aux postes internationaux, on en est réduit à guetter aux Etats-Unis les signes d’une remise en cause du « benign neglect » habituel sur les causes de la crise.

Jusqu’ici, à quelques rares exceptions que nous sommes permis de citer sur ce blog, la crise n’était pas à l’ordre du jour des Américains. Certes la récession de 2008-2009 a été douloureuse, mais c’était la faute des vilains. On allait les taxer voire les coffrer.  Après tout irait mieux. Le système était parfait. Mystérieux « at times » mais parfait. Liberté du commerce, liberté des mouvements financiers, puissance des marchés, tout était là pour juguler les vilains états dépensiers et permettre au monde de retrouver une vive croissance.  Quiconque lit la littérature économique américaine, a lu des tombereaux d’inepties de ce genre depuis quarante ans.

Et voilà que dans son édition du 8 août 2106 le New York Times découvre que depuis 1971, la croissance baisse continument et que nous en sommes à une phase de stagnation terrible qui a pris à revers toutes les prévisions économiques des "meilleurs experts". Il y a quelque chose de rafraîchissant dans cette candeur. Cela ne fait que quarante ans que le phénomène est enclenché et voici qu’on le découvre dans un grand média américain. Il est vrai que la Banque mondiale a produit un graphique (voir ci-dessous) tout ce qu’il y a de parlant ;  Nous essayons d’en publier du même genre depuis des lustres et c’est une des bases de notre livre « l’Etrange désastre »  dont l’objet n’’est rien d’autre que de donner les causes de ce mouvement de baisse de longue durée.

Autant dire qu’il était intéressant de lire l’article. Déception : rien sur les causes. L’auteur se contente de constater que « les récurrentes erreurs de prévision prouve que les experts n’ont pas compris ce qui n’allait pas ».   Les experts officiellement en place dans les instances sous domination américaine, sont certainement dans ce cas. Nous aurons la coquetterie de penser que le jugement ne vaut pas pour tous les économistes. Il est probable que Maurice Allais est un parfait inconnu pour notre journaliste fouineur.

Inutile de chercher dans l’article des pistes de recherche sur les causes de cette baisse de longue durée de la croissance.  L’auteur se contente de banalités sur la baisse de la productivité (automatique lorsque la croissance baisse et que la récession frappe) et du temps de travail. Internet ne serait pas porteur de création de richesses et d’emploi (c’est le thème à la mode).  Bref, c’est la faute à personne et le capitalisme est comme cela, une succession d’accès de croissance et de périodes de relâchement.

S’il avait fait commencer son graphique dix ans plus tôt, il aurait vu que l’inflexion s’est produite à une date bien précise. : 71-72. Il aurait peut-être eu la curiosité de se demander ce qui avait bien pu se passer qui pourrait expliquer l’inflexion constatée.  Et il serait tombé sur l’explication majeure : on a changé de système monétaire international et le nouveau, absurde et non coopératif, a créé une économie baudruche avec ses trois composantes, déséquilibres massifs alimentant des bulles financières à proportion, récessions aggravées, dettes immenses irrécouvrables. Il aurait alors constaté que l’explosion de 2008 n’a été suivie d’aucune mesure de correction mais simplement de mesures conservatoires, essentiellement portées par les banques centrales et les Etats,  qui, au prix de plus de 60.000 milliards de nouvelles dettes et d’un écrasement fiscal délirant, ont tenté de sauver ce qui pouvait l’être.

Ne demandons pas l’impossible. Le NYT vient de constater que le système s’étouffait dans la durée. D’ici quelques années, on en viendra sans doute à s’attaquer aux causes. Tous les débuts sont difficiles. Mais au moins, il y a un début.

Au XIXème siècle, quand une difficulté tenace bloquait la connaissance, on créait un prix pour stimuler les réflexions.  Pourquoi le FMI, ou le Congrès Américain, ou la Commission Européenne l’OCDE, ou l’Académie Française ne créerait pas un prix pour la meilleure réponse à la question : pourquoi le taux de croissance n’a cessé de baisser depuis 1971 ?  Si cela s’avère impossible, demandons au Comité  Nobel de changer les modalités de son prix d’économie. Au lieu de récompenser des américains politiquement correct en économie, façon Krugman ou Stiglitz qui n’ont ne strictement rien apporter à la science, qu’elle accorde son prix aux meilleures réponses aux questions clés qui se posent à l’économie moderne. Au moins il y aurait une réflexion sur les grandes tendances qui font difficulté et une vraie compétition pour y voir clair.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.



La France face à la crise - les 8 dernières années

On connait généralement une première approximation des résultats d’une année, avec six mois de retard, avec corrections des années précédentes. L’occasion est bonne regarder derrière son épaule.

Le chiffre le plus important pour définir le dynamisme des entreprises est la valeur ajoutée des entreprises non financières du secteur marchand. On se rappelle que cette valeur était en 2008 d’un peu plus de 1.000 milliards d’euros. En 2016, l’INSEE annonce provisoirement  1.109 milliards. Malgré la récession mondiale, les entreprises ont créé près de 100 milliards de richesses nouvelles. La croissance exacte en 8 ans est de 8.19%, soit un taux de croissance annuelle absolument ridicule qui s’apparente à la stagnation.  Il est à noter que sur la période plus  70 milliards ont été à des transferts sociaux et 40 milliards à des augmentations d’impôts sur le revenu.   En un mot l’Etat a tout pris et plus encore puisque la dette, elle, s’est envolée.  Simultanément la dette publique est passée de 1.300 milliards en 2008  à 2.300 environ en 2015, soit un accroissement de 1.000 milliards.

Il est vrai que l’ensemble des dépenses publiques ont augmenté de 12% quand celle de la production ne l’a fait que de 8% sur la période 2008-2015. Les dépenses de fonctionnement proprement dites ont,-elles, augmentées, de 11%. Ce qui veut dire que sur l’ensemble de la période, il n’y a eu aucun ajustement de la dépense  de l’Etat pour lui-même au rythme de la croissance.

Il est clair que les dramatiques massacres à la petite semaine commis par des  musulmans hystérisés qui se sont répétés ont éliminé l’économie de la campagne présidentielle pour 2017.

Mais il serait tout de même bon que l’on inscrive sur le fronton des édifices publics ces quelques considérations  :

-          La dépense publique avec 1243 milliards d’Euros dépasse la production marchande  de près de 100 milliards.

-          La dette d’Etat va bientôt atteindre le double de la même production.

-          Tout le surcroît de production passe en dépense publique.

La France pourrait-elle surmonter dix années de plus comme celles qu’on vient de vivre ?  La réponse est non.  C’est im-pos-sible !

Toutes les équipes de campagnes devraient  être  dans la recherche désespérée d’un nouveau modèle d’action publique avant l’effondrement fatidique. Pour le candidat Hollande, « tout va mieux » et « je tiens ma campagne : conchier Sarkozy et les plans de réformes de la droite qui vont faire peur ». Un programme de Bidochon politicien de sous-préfecture, Lou Ravi de lui-même,  qui devrait passer en Cour de Justice de la République pour démagogie aggravée et achat de vote.  A droite seul Fillon a pris la mesure de la menace. Mais la presse ne cesse de répéter qu’il est « inaudible ». Les autres sont dans l’image et la posture à court terme.

Quant à la presse, elle se contente de répéter les éléments de langage du gouvernement sur la réforme de l’impôt désormais payé à la source. L’impôt c’est bien. La dépense publique est nécessaire. Même le FMI e dit. Allons-y gaiement !  La campagne présidentielle risque de nous coûter à nouveau 40 milliards d’euros de sottises démagogiques diverses et de retarder de deux à trois ans les possibilités de changer le cours des choses. D’autant que la récession décennale arrive.  La phase de « haute » conjoncture de l’économie marchande se termine. Là où en dépassait les 7%, on est à 2.5% sur l’année finale précédent le renversement. En un mot la phase dynamique a été  faiblarde et ses gains entièrement captés par l’Etat. Le renversement conjoncturel sera faible. Mais il étranglera un peu plus l’économie française qui risque de se retrouver dans la situation grecque.

Ne parlons pas du risque politique.

Rappelons que personne ne songe plus, nulle part,  à donner une explication de la « crise » que nous définissions comme la conjonction  d’une baisse tendancielle de la croissance, de l’aggravation des crises périodiques et de la monté colossale de la dette. Aucune réforme n’est à espérer du système monétaire international qui est le moteur de la crise globale ni de la gestion de l’Euro qui marque la stagnation européenne.  Et la France s’apprête à nouveau à révérer son merveilleux système l’écrasement fiscal qui lui interdit toute sortie durable de ses  tourments. Comme on sait le Français est né malin.

Bravo à tous !

Economie et médias : dix souverains poncifs.

Depuis que les journalistes laissent la parole à des experts universitaires officiels qui « décryptent » l’économie pour le bon peuple, l’à-peu-près mimétique règne en maître, avec son cortège d’arguments d’autorité, de banalités intéressées,  et de certitudes idéologiques calibrées. Ces experts sont choisis pour leur conformisme sécurisant, qui leur permet de survivre à toutes les erreurs de prévision, tous leurs commentaires controuvés et parfois leur absence totale de compétence (mais alors  le « look » doit être avantageux et le phrasé télégénique).

Voici les dix erreurs les plus fréquentes répétées à longueur d’antenne dans les médias, sans hiérarchisation.

  1. Les solutions écologiques coûtent cher : elles sont donc riches en emplois ! Il faut en particulier réduire drastiquement la productivité de l’agriculture (sauver la planète du « productivisme). Vive la décroissance aimée dans la frugalité heureuse !
  2. Les charges sociales, c’est bien, c’est payé par le patron ; la TVA c’est mal, c’est payé par le consommateur.
  3. La croissance de l’après-guerre est due à la seule reconstruction et les trente glorieuses du plein emploi s’expliquent uniquement par le triomphe de l’automobile. Maintenant c’est fini. Les nouvelles technologies ne créent pas d’emplois (elles en détruiraient même).
  4. Les changes flottants sont la seule solution mondiale et l’Euro peut être géré correctement dans l’état actuel des traités.
  5. Le cycle n’existe pas. La crise de 2008 était accidentelle, due aux « subprimes » et aux excès de la finance.
  6. Les marchés sont invincibles  et la liquidité est toujours bonne pour les marchés. La monnaie est une marchandise comme une autre. Que les grandes banques centrales en aient produit la contrevaleur de plusieurs années de PIB et permis un nouvel endettement de 57.000.000 milliards de dollars en six ans  est la preuve que le système est piloté. 
  7. Personne ne paie plus de 100% d’impôts en France.
  8. Les échanges de particulier à particulier favorisés par la facilité nouvelle des communications (peer to peer, ubérisés, numérisés) menacent la totalité des emplois existants.
  9. Il faut s’adapter à un monde prometteur mais très différent et qui change très vite (en abandonnant si possible notre système de protection sociale).
  10. On ira vers toujours plus de gratuité (ou : une déconnection toujours plus grande entre le travail et la consommation). Rien de collectif  ne coûte cher, c’est l’Etat qui paie !

La subsidiarité : un faux concept et un vrai évitement.

Nous assistons à une crise violente de la construction européenne. Pour avoir mis la charrue avant les bœufs de façon systématique, les européistes, qui voulaient forcer leurs thèses en créant des déséquilibres dont il n’aurait été possible de se sortir qu’avec plus d’Europe, ont finalement cassé le système.

Le principe même d’une union Européenne est remis en cause par le Brexit. On constate que des mouvements politiques puissants souhaitant la fin de l’Union ou de certains de ces mécanismes existent partout.

L’Euro est en danger du fait de la faillite virtuelle des banques de la zone. On découvre avec « surprise » que les banques italiennes ont 360 milliards de dettes douteuses dont on craint de ne jamais pouvoir récupérer plus de 200 milliards alors que la capitalisation boursière bancaire ne dépasse pas 52 milliards. C’est exactement la même chose partout en Europe, mais chut !

Schengen a été tué par l’afflux incontrôlé de plus de 1.800.000 migrants arabes et africains en cinq ans.

Une telle situation conduit les journaux à se tourner vers les grands Ministres de Affaires Etrangères pour esquisser des solutions. C’est ainsi qu’Hubert Védrine, qui parvient à conserver une bonne opinion à droite, tout en présidant aux œuvres de feu Mitterrand,  a pu s’exprimer sur une pleine page du Figaro. Que dit-il ? Pour simplifier : mettons en œuvre la subsidiarité. L’Europe ne doit pas s’occuper de détails et laisser passer l’essentiel.

L’argument parait solide. Qui ne serait pas d’accord pour que des nations qui font l’effort de dépasser leurs particularismes nationaux  s’entendent d’abord sur les questions d’importance où la force de l’union peut avoir un effet ?

Malheureusement, lorsqu’on creuse un peu, l’argumentation est plus que branlante et n’ouvre pas vraiment les portes d’un meilleur avenir européen.

La subsidiarité est un mot rare et confus, dont le sens n’est évident pour personne. Issu de la pensée religieuse, utilisé en droit civil, il n’avait aucune vocation à entrer en politique.

La tentative aventurée de faire voter une prétendue « constitution européenne » a conduit à donner des gages  aux anti-fédéralistes en leur lâchant un mot comme on lâche un os à un molosse menaçant. Il s’agit d’une astuce politicienne  qui utilise un faux concept adjuvant et lénifiant pour faire passer la pilule. On trouve de nombreux autres exemples de cette technique de gouvernement. Par exemple la « pénibilité », concept correspondant à une réalité introuvable, qui a uniquement pour but de donner l’apparence que  les salariés publics renonceront aux régimes spéciaux alors qu’ils conserveront leurs privilèges sous un autre nom.

On eut donc droit à ce chef-d’œuvre de rédaction faux-jeton dans la fameuse « constitution »

-          « La Communauté agit dans les limites des compétences qui lui sont conférées et des objectifs qui lui sont assignés par le présent traité. Dans les domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive, la Communauté n'intervient, conformément au principe de subsidiarité, que si et dans la mesure où les objectifs de l'action envisagée ne peuvent pas être réalisés de manière suffisante par les États membres et peuvent donc, en raison des dimensions ou des effets de l'action envisagée, être mieux réalisés au niveau communautaire ».

L’analyse de ce texte est assez simple : l’Europe a tout pouvoir, sans « subsidiarité » dans ses compétences exclusives, et dans tout le reste, elle aura la grande décence de ne se mêler uniquement de ce qui serait mieux traité en s’y mettent tous ensemble, sachant qu’en cas de conflit sur le qualificatif ce serait la Cour de Justice qui trancherait. Ayant toujours tranché en faveur du pouvoir fédéral, conformément à son objet même,  on peut penser assez légitimement que tout aurait été considéré comme mieux traité à l’échelon européen.

En clair, et j’avais déjà souligné ce point à l’époque : rien n’est subsidiaire dans ce qui a été accordé en propre à la Commission, et pour le reste, tout le reste,  les Etats membres devront justifier, à leur bas niveaux, que ce qu’ils font ne pourrait pas être mieux fait par la Commission !

Cet article n’avait pas pour but de brider la Commission mais les Etats.

Il en aurait été autrement si le texte avait dit :

-          « La Commission n’exerce son pouvoir que dans les domaines où elle a une compétence explicite ; elle ne le fait que sur des questions importantes pour lesquelles l’Union est une force nécessaire et suffisante ».   

Historiquement la Commission a eu pour rôle de donner un sens et une matérialité à l’idée que les Etats membres renonçaient à faire du tort aux pays associés et à leurs résidents pour protéger leur bien propre. On sait le nombre incroyables d’obstacles mis par chaque Etat pour « protéger » tel ou tel de ses intérêts, si possible au détriment de « l’étranger ». La Commission s’est vu attribuer le monopole de l’initiative, afin d’éviter les défenses nationalistes d’intérêts particuliers. Et elle s’est lancée aussitôt dans un travail de fourmi pour éliminer une à une les particularités inventées pour gêner les voisins. Le marché unique libre et non faussé imposa plus tard encore plus de rigueur dans le détail. L’Europe aura été une usine à normes de plus en plus microscopiques pour enserrer la créativité passée ou à venir des Etats pour défendre leurs petits intérêts.

C’est pour cela que des textes régissent la taille des cucurbitacées, le drapeau bleu sur les plages,  les  règles de fabrication du camembert ou le format des disques horaires.

Aussi ridicule que puissent paraître les décisions prises, elles ont toujours eu pour but de définir un espace commun où tous les Européens pouvaient agir, sans se trouver piéger par une astuce ou une particularité gênante.

On peut donc aller et venir, s’installer, contracter, partout dans l’Union, sans que le fait qu’on ne soit pas natif du pays vous expose à des difficultés particulières. Le droit européen est individualiste. Pourvu qu’il soit européen membre de l’Union, chaque individu aura pratiquement les mêmes droits qu’un national. L’Europe n’est pas supranationale mais co-nationale.

La Commission était une machine à faire cela et l’absence de subsidiarité était consubstantielle à ce travail. Il n’y a pas de « subsidiarité » dans l’égalité concrète des « droits de ».  L’adjonction d’un Parlement Européen n’était pas nécessaire. C’est une erreur grave de Giscard. L’apport démocratique est nul, puisque les électeurs ne savent pas pourquoi ils votent et n’ont aucune capacité de modifier ce qui se fait à Bruxelles (qui est défini par la Commission). Il n’y a donc jamais aucun programme formulé lors des élections européennes. Et donc de moins en moins d’électeurs et un mépris de plus en plus grand pour les « élites » qui vont se goberger dans les instances « démocratiques » européennes.

Dans la pratique cet abandon progressif des règles de défense nationaliste au sein de l’Union n’a aucun inconvénient réel et favorise une concurrence utile sur le plan commercial et des libertés utiles sur le plan personnel et familial. Que les négociations avec des pays tiers, sur tous ces sujets, se fassent à l’échelon Européen est également totalement légitime, sous réserve du contrôle final des Etats.

L’Europe du « je ne te crains pas ami européen et je concours à éliminer tous les obstacles à tes droits » est à la fois originale et nécessaire. Elle n’implique pas la création d’un Etat fédéral.

La subsidiarité n’ayant aucune place dans ce processus et un gouvernement gardant la possibilité de bloquer une décision inutilement dommageable ou marquant un excès de zèle, tout allait bien dans la meilleure union européenne possible. C’est à cette Communauté là que le Royaume-Uni s’était agrégé.

On peut parler de mauvaise foi quand on prétend améliorer l’Europe en mettant en avant la subsidiarité sur des questions où depuis 58, il n’y en a pas. La taille des cucurbitacées n’est pas le problème.

Les vraies questions sont plus précises que cela. Offre-t-on les « droits à » au même titre que les « droits de » ? En un mot les dépenses de solidarité sociale nationale sont-elles offertes gratuitement à tout membre de l’Union qui les solliciterait ? Sachant que tous les pays européens ont développé des systèmes différents et que l’harmonisation n’est pas dans le champ de la Commission, le problème est très concret, surtout depuis les extensions récentes aux pays pauvres du sud et de l’est. Offre-t-on un droit de vagabondage et de mendicité, voire de délinquance habituelle, à tout clan qui se trouve dans l’espace européen ou qui parviendrait à s’y trouver ?

Ici encore, le concept de subsidiarité n’a aucun sens. Il faut savoir si oui ou non une nation peut se débarrasser d’indésirables qui ne sont pas là pour contribuer mais pour bénéficier d’avantages sociaux ou de trafics douteux ou illégaux.  Et de répondre enfin à la question : est-ce l’immigration incontrôlée ou spécifiquement nationale offre les mêmes droits que la nationalité d’un pays de l’union ? On ne voit pas ce qu’apporte le concept de subsidiarité dans ces débats.

Pour la gestion de l’Euro, la subsidiarité n’a pas plus de sens. La question est de savoir comment on coordonne l’ensemble des politiques qui conditionnent la valeur de la monnaie unique. Le choix est entre maintenir le système actuel (les règles constamment violées du traité de Maastricht corrigées par le traité Merkozy, qui, pour nous, deviennent un frein tragique à la croissance), créer un poste de coordinateur (pour nous un Chancelier de la zone Euro)  ou une Union fédérale budgétaire sociale et fiscale (à notre avis, une nouvelle mise de charrues avant les bœufs).   

On a donc envie de dire à Hubert Védrine : Compte tenu de votre position et de vos qualités, appliquez-vous le principe de subsidiarité ; n’attaquez que les questions européennes dures sur lesquelles une réponse précise doit être trouvée sous peine de voir l’entreprise capoter définitivement.

Michel Rocard : l’enterrement d’une illusion

Il est toujours délicat de commenter l’enterrement d’un homme politique. Derrière le politique pleurent des proches qui ont des raisons de s’affliger et qu’on aimerait laisser à leur chagrin. Mais derrière l’homme disparu demeure le sillage politique et, dans notre cas, un extraordinaire concert de pleureuses médiatiques, transcendant les clivages habituels, qui pousse à s’interroger : au-delà de la dépouille d’un homme politique, plutôt gai et assez sympathique, de type Turlupin, mais marginal, puis marginalisé, de quoi fête-t-on, en si grande pompes, les funérailles ?

En politique, on ne juge que des actes.

En 1958 la grande question était la décolonisation, avec une guerre en cours en Algérie. Mendès France avait raté la décolonisation en Indochine. En annonçant qu’il se donnait cent jours pour forcer un arrangement avec les communistes du Vietminh, il avait offert à Giap l’occasion d’infliger une défaite majeure à la France à Dien Bien Phu. Le rusé général concentra toutes ses forces sur un point d’appui français secondaire. La défaite fut terrible et la France négocia en situation de faiblesse. Le résultat fut le démarrage de… la guerre d’Algérie. Edgar Faure s’était bien mieux sorti de la question marocaine, en évoquant « l’indépendance dans l’interdépendance ». Puissance du verbe et de la contorsion. Mais le Maroc était un protectorat qui n’avait plus besoin de protecteur.  Guy Mollet et Robert Lacoste étaient confrontés à une difficulté bien plus grande. L’Algérie était un département français avec une population d’origine métropolitaine importante. Les soviétiques et leur affidés du PCF chauffaient les braises et alimentaient une trahison permanente, comme au temps du pacte germano-soviétique.

Il était impossible de sortir les mains propres d’une situation aussi difficile. La SFIO en était incapable. La Quatrième République, où le PC représentait entre 25 et 30% de l’électorat, ne l’était pas plus. La seule solution pour ceux qui croyaient en l’impérieuse nécessité de l’indépendance de l’Algérie (nous en étions) était de soutenir l’action du général de Gaulle. On savait, depuis Bayeux, qu’il souhaitait remettre tous les mandats coloniaux, dans l’ordre et le respect de la France, et depuis la guerre, qu’il avait, seul, le prestige et l’autorité nécessaires pour faire assumer à son camp  la séparation algérienne. 

La bonne solution, pour la décolonisation, c’était de Gaulle.   Naturellement le jeune Rocard fut contre. Pendant que son père faisait péter des bombes atomiques à Reggane, le centre atomique français au fin fond du Sahara algérien,  il portait, selon ses propres dires, des valises de billets au FLN. Même Jospin, qui était frappé du même tropisme d’engagement marxiste, tendance Trotsky, avait refusé la trahison. Il le dira lors de la sinistre affaire Boudarel, un traître communiste qui avait persécuté dans les camps Vietminh les soldats faméliques qu’Ho Chi Minh y faisait crever de faim et de mauvais traitements, jamais jugé et honteusement recyclé comme « spécialiste » de l’Asie à l’Université. On peut ne pas croire à cette affaire de porteur de valises. Michel Servet, le pseudo qu’il utilisait, jouait au dur avec un physique minuscule de Lou Ravi de la révolution, mais on voyait bien que ce fils de notable de la République s’engageait surtout dans la jactance. Pas question, comme Régis Debray, de finir à Camiri !

Dans cet exercice, il donna toute sa mesure au PSU, un groupuscule sans importance dont la doctrine première était le dépassement du capitalisme et du socialisme par l’autogestion « à la yougoslave ». Quiconque avait fait un saut en Yougoslavie savait à quoi s’en tenir : des peuples ruinés, hagards, violents, mangeant à peine à leur faim, habillés comme des clochards, sans espoir, démotivés dans le travail mais pas dans la haine de tout et de rien, prêts à en découdre avec la terre entière et surtout à fuir ce paradis autogestionnaire.  Elu représentant d’une conférence à Sc Po, je cherchais à organiser des rencontres avec tout le spectre des forces politiques du moment. Je contactais le PSU (dont Rocard-Servet n’était pas encore secrétaire général). On m’indiqua une conférence où un jeune prometteur allait faire un tabac. J’y allais. J’écoutais Rocard expliquer de sa voix incompréhensible de l’époque tout le bien qu’il pensait du modèle titiste. On disait, à l’époque, que son cerveau reptilien de droite empêchait son cerveau acquis de gauche de s’exprimer correctement. J’intervins pour témoigner de la misère, la colère, la violence rentrée que l’on trouvait en Yougoslavie. Le péremptoire affirma que l’autogestion à la française ne serait pas contaminé par les difficultés historiques qui avaient assaillis la Yougoslavie et qui, seules, expliquaient sa situation actuelle. Toujours cette vieille rengaine socialiste qui veut que tous les défauts du socialisme réalisé ailleurs n’apparaîtraient jamais en France. Pourquoi ? On ne savait pas. C’était à prendre ou à laisser. Je laissais, privant sans doute mes camarades d’une exposition féconde à une pensée politique transcendantale. Quarante ans plus tard je rencontrais fortuitement Rocard en Corse dans le meilleur restaurant de l’île. Il entamait les visites protocolaires liées à son prochain mariage avec la charmante Sylvie, une fille plutôt giscardienne mais très bien. Je lui rappelais notre débat sur l’autogestion. Il prit le souvenir avec la bonne humeur qui ne le quittait pas souvent et répondit : « Les Yougoslaves ont eu tort d’abandonner l’autogestion ». Il n’est pas sûr que ce fût de l’humour.  

Michel Rocard qui a toujours vécu la vie nationale, à chaque tournant majeur, comme sous son influence directe, s’est beaucoup vanté de son rôle en mai 68. En vérité, à cette date, il était déjà une vieille barbe. Il se retrouva avec Mendès-France à Charléty, croyant venu le moment du coup d’Etat. Hélas pour lui c’était déjà la fin de la récrée. Le général « factieux » et « venu au pouvoir sur un putsch » venait à nouveau de lui donner une leçon de démocratie.

Le PSU intégra le PS, comme tous les mouvements marginaux, notamment trotskistes, en minorité bavarde mais sans pouvoir. Le nouveau maître était un homme de droite à Francisque particulièrement cynique qui avait compris que son destin s’accomplirait en s’appuyant  sur le rassemblement des hommes de gauche bien décidés à grimper au cocotier du pouvoir. « Laissez-moi être président – je vous permettrais d’accéder au pouvoir et à la richesse ».

La ringardise et les dangers du programme Commun de la gauche était tel que personne de sérieux ne pouvait croire une seule seconde qu’il pourrait faire mieux que de casser la croissance durablement. Mitterrand s’en fichait. L’élection d’abord. La sériosité de Rocard l’emporta sur la totale docilité. Il regimba. Un tout petit peu. La question des nationalisations n’était pas de savoir si on volait 51% ou 100% du capital des entreprises nationalisées. Mais s’il était sérieux de se lancer dans un tel massacre industriel et financier. Que reste-t-il des nationalisations de 81 : rien !

Mitterrand s’offrit le luxe de « lever l’hypothèque » d’une mythique « deuxième gauche » lors de sa réélection contre Chirac. On allait voir ce qu’on allait voir. On ne vit rien du tout. La déception partout fut grande. La parole est une chose. Les actes, une autre. Le « Grand Pourrisseur » qui régnait en « Dieu » chassa le « Petit Mec » comme un valet. Réduire ses collaborateurs, épouse, amis et amies, à leur triste condition et un peu plus bas encore, était sa spécialité. Ce pervers narcissique aimait ces abaissements. Cela fit quelques morts dans son entourages et combien de blessés. Dont Rocard.

La bonne idée de lui-même qu’avait Rocard n’en fut pas le moins du monde affectée. Bien que la pire déroute électorale socialiste, en attendant la prochaine, fût la conséquence directe de sa gestion, il a toujours considéré qu’il avait été le « meilleur Premier Ministre de la Vème République ».

Les faits ne confirment pas cette autocélébration.  Les deux ans de gouvernement Chirac-Balladur, lors de la première cohabitation, avaient assaini la situation économique et la conjoncture mondiale entrait dans sa phase bouillonnante de croissance. Le cycle existe. Comme Jospin plus tard, Rocard a bénéficié d’une conjoncture mondiale incroyablement favorable sans y êtes pour quoi que ce soit. Que faut-il faire pendant ces périodes de vaches grasses qui voient les recettes fiscales prendre l’ascenseur pendant que l’économie prend l’escalier ? Evidemment assainir, réformer, guérir des plaies béantes dans les comptes publics. Les réformes douloureuses se font mieux quand la conjoncture est élevée. La dette se réduit mieux quand la croissance rapide est là. La dette était déjà préoccupante. Les retraites entraient dans une séquence intenable après la démagogie intenable de la retraite à soixante ans. L’investissement proprement français avaient été tué par la fiscalité excessive sur le capital. Il fallait, en souplesse, grâce à la bonne conjoncture, calmer le jeu fiscal, redonner du souffle à l’économie, dégonfler la dépense publique. Rocard va faire tout l’inverse. Il remet en marche l’ISF et crée la CSG. La pression fiscale, déjà mécaniquement aggravée par la croissance (si les impôts sont globalement progressifs, ils grimpent plus vite que la croissance surtout si elle est rapide : une croissance de 3.5% du PIB entraîne une croissance de 7% de l’impôt sur le revenu) est poussée à l’extrême. La dépense publique coule à tout va. Le RMI est à la fois un trou dans la coque du navire et un enfermement durable pour ses bénéficiaires. En acclimatant l’idée qu’on pouvait vivre aux crochets de la nation sans jamais travailler, Rocard a rendu le pire service au pays. Aujourd’hui 2 à 3 millions de familles et près de 7 millions de personnes sont ainsi enfermées dans une pauvreté subventionnée qui gâche leur vie possible tout en ruinant les comptes nationaux.  Lorsque la conjoncture se retournera avec la crise de 92-93, la France se retrouvera ruinée. Bérégovoy prendra la balle. Mais c’est Rocard qui avait chargé le pistolet.

La seule action réellement positive qui peut être mis à son actif est la paix en Calédonie. Mais, là encore, il oublie de dire que l’extrême fermeté montrée par Chirac avait ouvert la possibilité d’un dialogue plus serein en bloquant toute tentation de violence de la part des Kanaks. Sans ce préalable, il est probable que de violence en violence, la situation aurait évolué bien moins favorablement. La méthode Rocard se serait apparentée à la méthode Guy-Mollet-le-honni. Il est plus facile de panser des plaies que de bloquer à la source et par le dialogue  une rébellion qui se dynamise par ses propres crimes.

Finalement, Mitterrand flinguera Rocard en une rouerie, lorsqu’il se croira quelque chose à la tête du PS, en envoyant le missile Tapie dans sa nurserie. Rocard n’a jamais rien pesé.

Il était en phase avec une partie des Français qui ne voulaient plus d’Histoire ni d’histoires. Plus de volonté. L’altérité sacralisée en bandoulière. «Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». La France qui pleure est celle d’une génération de fils de petits bourgeois récemment enrichis par les trente glorieuses qui ont tenu à être fonctionnaires et à ne pas se salir les mains dans des  boulots de « prolbacs », qu’ils ont laissé sans pitié aux immigrés, en lisant Libé et en trouvant l’humour de Canal Plus sublime. La France qui gémit est celle qui ne voulait pas avoir les mains sales, ne pas diriger, tout en ayant le confort et les plaisirs du pouvoir et de la richesse, payés par les autres, tout en vilipendant les « négriers » cupides qui croyaient en l’entreprise. Pleure en bloc toute l’Enarchie Compassionnelle,  qui s’est épuisée à ruiner le bourgeois et à effacer la France,  tout en vivant des vies de rêve, sans risque, en brassant la moraline, mais sans avoir à souffrir des vœux pénitents du clergé traditionnel. Pleurent en bloc tous ceux qui ont cru que Hollande et Valls allaient faire une politique « à la Rocard », c‘est à dire qui serve le portefeuille de droite et le cœur de gauche. Pleurent en bloc les Gracques et tous ceux qui ont cru qu’il pouvait y avoir un « socialisme intelligent », magnifique oxymore, pourvu qu’il soit médiatisé par des hauts fonctionnaires.

Ceux-là comptent désormais sur Juppé, qui a souvent répété que le RMI et l’ISF étaient deux réformes que la droite aurait dû faire et qui a beaucoup fricoté ces derniers temps avec Rocard.  Nouveau paradoxe, car Juppé s’est tué à tenter de faire, en période de vaches maigres, les réformes indispensables que Rocard auraient dû faire en période de vaches grasses. L’Enarchie Compassionnelle tente de survivre. Elle n’a pas encore compris qu’il n’y a plus de place pour aucun socialisme, même délayé et défendu par la haute fonction publique,  dans la France déclinante et subvertie d’aujourd’hui.

Rien à faire : le « socialisme intelligent », c’est-à-dire qui n’étouffe pas peu ou prou la société et l’économie, n’a jamais existé et n’existe pas. Les trois expériences françaises (Mitterrand, Jospin, Hollande) l’ont assez prouvé. Ne parlons pas de Mugabe et de Chavez.

Sur la fin, Rocard s’était mis à accuser les dirigeants socialistes de tous les maux, pour sauver l’idée qu’il se faisait d’un socialisme qui ne soit pas intolérable. Il suffit de lire  ses dernières interviews, toutes impitoyables pour Hollande et la « sinistre » galerie des ténors du  socialisme « vraiment de gauche ». Ces attaques ad hominem  auront été son cri ultime d’impuissance. Imprécation n’est pas raison. La France n’est pas social-démocrate, comme J. Julliard, pendant catho du rocardiste protestant, le prétend, prenant ses rêves des années soixante pour la réalité.

Une génération s’évanouit.  Une pierre tombale de plus vient d’être posée sur cinquante ans d’illusion d’une partie du journalisme et du militantisme politiques de gauche français, dans un flot de fleurs de rhétorique fanées et de larmes de crocodile.

RIP.

La fin de la vision rooseveltienne du monde ?

Roosevelt avait une grande ambition : créer les conditions d’un monde meilleur d’où les guerres seraient bannies, où le droit remplacerait les exactions et les conflits entre  Etats nationalistes et autoritaires, où un système collaboratif basé sur la liberté dans les domaines monétaires et économiques empêcherait les crises. Le multilatéralisme serait la règle. Les Etats-Unis avaient raté le coche de la SDN. Ils se attraperaient avec l’ONU, la charte des droits universels, le FMI, la Banque mondiale, …

Une des conditions, dans l’esprit de l’équipe de Roosevelt, était de mettre à bas les « empires » européens et asiatiques, sources de conflits à répétition et de faire disparaître leurs colonies. L’Empire Britannique et l’Empire Français, bien qu’alliés aux Etats-Unis, devaient être dissous, l’Allemagne et le Japon étant définitivement déclassés dans un statut de nains politiques et diplomatiques qui ne leur laisserait que l’échappatoire de la sphère économique et commerciale. Le Plan Morgenthau initial, à l’initiative de son adjoint Harry White, était de renvoyer le clos germanique à une exploitation bucolique de ses ressources agricoles…

Bien sûr, il ne s’agissait pas de laisser les intérêts américains à l’encan. Les Etats-Unis deviendraient le leader du monde. Mais Ils assumeraient leurs responsabilités. Ce qu’ils feront  notamment contre l’URSS, vu comme le dernier « empire du mal », même s’il n’était pas considéré comme tel par nombre de collaborateurs de Roosevelt et était encore, Roosevelt vivant, un allié.

Ce plan était assez noble, et les Etats-Unis assez forts, pour qu’il s’impose longtemps encore après la mort de son géniteur.

Que deviendrait l’Europe ? L’objectif était d’aboutir à la création d’une union européenne fédérale faible, entre anciens empires démembrés à l’intérieur (décentralisation voir scission de régions) comme à l’extérieur (décolonisation), avec des bases militaires américaines partout. Jean Monnet, agent des Etats-Unis en Europe, sera chargé de mener à bien le projet et d’y amener les Européens. Il s’appuiera, partout en Europe,  sur la Démocratie Chrétienne et une partie des socialistes, avec le soutien financier et politique de la puissance américaine.

L’Empire britannique deviendra le Commonwealth. La France sera contrainte à une décolonisation totale. L’Allemagne divisée, sera occupée pour longtemps.

Restait à mettre en place le projet des Etats-Unis d’Europe, structure fédérale sur le modèle américain et alliée inconditionnelle des Etats-Unis…

Aujourd’hui, il ne reste en Europe que les reliquats nerveux d’anciens empires. En dépit de la réunification allemande, les grandes nations européennes d’antan sont édentées et subverties de l’intérieur comme de l’extérieur par les mouvements libres et massifs d’hommes, de marchandises et de capitaux. Les Etats-Unis sont la seule grande puissance.

Roosevelt aurait-il  gagné ?  

On peut se tapoter le menton. Surtout si on pose les deux questions clés : 

Question 1 : L’objectif du « projet européen » est-il toujours de créer l’Europe supranationale de Jean Monnet dans le cadre d’un fédéralisme mou et d’un régionalisme fort, chargé d’achever l’éclatement des anciennes grandes puissances européennes et les noyer dans une nuée de micro-états afin d’obtenir une soumission totale à l’impérium américain ?

Question 2. : Si la réponse à la question 1 est non, quel est l’objectif de l’Union Européenne ?

Evidemment des questions aussi directes ne sont jamais posées. Et les réponses ne sont jamais apportées. Si les dirigeants européens ne veulent pas s’embarrasser d’une vision explicite, exprimée, expliquée et assumée, le travail se fait en souterrain dans la conscience des peuples avec des « surprises démocratiques », en même temps que les attitudes des uns et des autres deviennent des contorsions de plus en plus paradoxales et que les organes européens se grippent les uns après les autres.

Considérons simplement ce qui se passe en ce moment même.

Le premier ministre britannique, Cameron, avait considéré qu’il fallait absolument exclure le Royaume-Uni du « toujours-plus » fédéral européen. Il a obtenu l’accord des autres pour ne pas souscrire aux clauses « d’approfondissement » vers plus de fédéralisme. L’honnête courtier des Etats-Unis en Europe, rôle qui le valorise dans sa relation « spéciale » avec les Etats-Unis, voulait bien continuer son chemin européen mais sans l’aboutissement fédéral qui était inscrit en pointillé (sans tapage médiatique de la part des négociateurs) dans la plupart des traités. Sacré paradoxe tout de même.

Les Britanniques, consultés par referendum, ont été plus loin : ils veulent rester ce qu’ils sont et quitter l’appareil institutionnel de l’Union Européenne. Du coup les Américains sont inquiets, d’abord parce qu’ils perdent un réseau d’influence au cœur même de l’Europe.  Le retour de flamme national des britanniques met à mal l’espérance rooseveltienne.  Kerry sera envoyé dans la minute en Allemagne pour vérifier si la soumission y restait totale, en dépit des effets moraux et politiques de sa réunification. Si l’Allemagne décidait de retrouver un rôle autonome, après le départ du RU de l’UE, l’impérium américain serait fortement endommagé. Il semble qu’il ait reçu tous les apaisements nécessaires.

 

Il ne faut pas oublier que le Brexit vient après le rejet du projet de « constitution européenne » par des nations fondatrices de la première Europe des 5 (La France et la Hollande ont dit non) et l’absolue volonté des anciens Pays de l’Est de ne pas se diluer à nouveau dans une structure fédérale. Ils veulent l’aide européenne et la souveraineté nationale, le beurre et l’argent du beurre, plus les beaux yeux de la fermière sous la forme de la sécurité de l’Otan vis-à-vis de leur ancien colonisateur. La domination soviétique y a toujours été vue comme une domination russe.  Poutine fait tout pour leur donner raison.

Certains partisans de l’Europe de Monnet et de Schumann regrettent finalement le traité de Lisbonne. En passant de la Communauté Européenne à l’Union Européenne, les peuples se sont retrouvés trop violement dans la lumière de l’élimination programmée et définitive de leur nation. Le Conseil Européen a finalement pris le rôle principal, remettant en cause les « coups d’état » (selon Giscard) successifs de la Commission et du Parlement Européen désireux de s’autoproclamer respectivement « gouvernement » et « assemblée législative » d’une union fédérale. 

Il est vrai qu’un Conseil Européen des chefs d’Etats et de Gouvernements, à 28 ou 27, est une structure difficile à faire vivre, qui met en valeur  le rôle des grandes puissances tout en énervant les petites, le tout s’accordant pour diminuer le rôle du Président de la Commission, lui-même tenté de se croire chef suprême du « gouvernement » fédéral  européen.

Juncker, qui poursuit les rêves de Delors et se veut le pivot de l’Union Européenne, se retrouve en conflit ouvert avec les chefs d’Etat. Mme Merkel qui ne voulait déjà pas de Barnier, ne supporte plus Juncker et ne se fait pas prier pour le faire savoir. Elle veut le mettre à la « retraite anticipée ».  Déjà, lors des discussions avec la Grèce, certains participants avaient demandé : « Que fait là le Président de la Commission ?». Ajoutons que la Slovaquie qui prend la tête de la présidence tournante des 28 entend « mettre fin aux tendances fédéralistes et restaurer la souveraineté des Etats ».

Tout le monde a compris que le Brexit mettait fin aux tractations pour un traité transatlantique et peut-être même au traité en fin de négociation avec le Canada. Le Brexit a donné un coup sévère à l’Atlantisme.

Du coup, on peut se demander ce qui reste de la grande pensée mondiale de Roosevelt.

L’organisation multilatérale économique mise en place à Bretton Woods a été détruite en 1971 par les Etats-Unis eux-mêmes qui pensaient qu’ils s’en sortiraient mieux avec un étalon dollar de fait dans un système de changes flottants. Ce système délirant s’est partiellement effondré en 2008 et personne n’a encore cherché à en rebâtir un meilleur.  

L’organisation fédéralo-européiste atlantiste initiée par Monnet est en train de s’effondrer à son tour. Le mouvement vers un système fédéral à l’américaine en Europe est arrêté. Partout le nationalisme ou ses formes dérivées repartent.

L’ONU tourne à vide, incapable de mettre un terme à la violence arabe stimulée par le ressentiment des défaites face à Tsahal et aux méthodes de l’occupation israélienne, et totalement dépassée par l’inflammation du monde musulman contre l’Occident. La conquête par la Russie de la Crimée et la guerre artificielle alimentée par Poutine en Ukraine laisse l’ONU impuissante. La Chine réarme, après que les Etats-Unis en ait fait bêtement l’usine du monde,  et conduit le Japon à chercher à se doter de l’arme atomique. Obama a eu le prix Nobel de la Paix avant même de prendre les rênes des Etats-Unis et il a largement désengagé les Etats-Unis de leurs responsabilités mondiales.

Le Royaume-Uni a quitté le vaisseau européen à la dérive après trop d’extensions et trop d’erreurs d’organisation. L’après-guerre est bien fini. L’ère rooseveltienne aussi.

Nous sommes dans un monde multilatéral à reconstruire, un système monétaire et financier international à reconstruire, une alliance occidentale à reconstruire, une Europe à reconstruire.

La guerre et la puissance américaine avaient permis  d’imposer des schémas multilatéraux globalement bénéfiques mais contenant des biais en faveur des Etats-Unis ou d’alliés privilégiés qui ont créé des faiblesses qui ont fini par les faire éclater un à un.

Un monde globalement en paix, malgré les quelques incendies qui demeurent, et globalement interconnecté,  peut-il se reconstruire sur une base multilatérale sans leader et sur un principe de parité et non plus de soumission ?

Dans cette nouvelle architecture à créer que doit et peut être le « projet européen » ?

Ne cherchez pas dans les programmes des candidats potentiels à l’élection présidentielle française ni dans les déclarations du Président français, du Premier Ministre ou du Ministre des Affaires Etrangères (si, si, il y en a un !).

L’état du monde ne permet pas d’affronter de face ces défis colossaux, dans le cadre de l’ONU, pratiquement complètement marginalisé.

Que faire ?

La priorité est de refonder la zone Euro. Elle ne peut pas fonctionner sur les bases actuelles et si on ne fait rien elle explosera entraînant de très fâcheuses conséquences. Rien n’est plus urgent que de créer un coordinateur des politiques économiques et sociales européennes, que nous appelons un chancelier de la zone euro, indépendant des structures de l’Union Européenne actuelle. Au sein de cette zone, il est indispensable qu’une chambre de compensation veille à l’équilibre des échanges et que les grands excédents comme les grands déficits soient sanctionnés. Les pénalités saisies sur les balances excédentaires permettront d’alléger la charge de redressement des pays déficitaires. Ce serait une sorte de plan Keynes sans la possibilité de dévaluer et avec une monnaie unique déjà en place.

 

La seconde priorité est de reconstruire un système monétaire international basé sur la responsabilité des Etats vis-à-vis de leurs grands équilibres. La seule vraie solution est un système de changes fixes  et ajustables et une organisation de surveillance et de coordination, qui, comme celle proposée pour la zone Euro, pénalise à la fois les pays à grands excédents et les pays déficitaires.

Dans les deux cas, l’obstacle principal n’est pas intellectuel ou technique. Il tient à l’omnipotence de l’Allemagne en Europe et des Etats-Unis dans le monde. S’ils veulent bloquer, alors la seule réponse est de tout bloquer. Vous ne voulez pas jouer le jeu collectif, ce dernier s’arrête. Et on attend.

Si ces deux restructurations sont faites, on y verra plus clair pour la suite. La nécessité d’équilibrer dans la durée les balances des paiements  réduira automatiquement la nuisance des certains mouvements de capitaux et de marchandises. Il n’est pas si difficile de rendre positifs les mouvements de personnes : libre circulation réservée aux nationaux en Europe ; reconduite à la frontière automatique avec demande de visa ultérieure pour les personnes se livrant à des trafics et à la mendicité (re pénalisée comme le vagabondage) ; renforcement des contrôles extérieurs à la zone ; impossibilité de bénéficier de la « gratuité de la vie » avant au moins cinq ans de contributions à l’économie du pays ; détachement de personnel à l’étranger dans des conditions plus précises ; réforme de la définition et des modalités du droit d’asile. Négociation collective éventuellement forte, avec les pays d’émigration systématique (l’Europe ne peut pas accueillir les 400 millions d’Africains en surnombre qui sont anticipés d’ici à 2050). .

La Commission ne doit plus se prendre pour le gouvernement de la future Europe fédérale subliminale. Elle ne doit avoir aucune influence sur la zone Euro qui ne concerne qu’une fraction de ses membres.  Elle doit être une structure légère chargée d’assister le Conseil Européen et non pas une structure lourde chargée d’étudier des lois dans pratiquement tous les domaines et de les faire appliquer. Le Parlement Européen devrait devenir un Conseil économique et social européen chargé d’étudier des questions européennes et de donner des avis.  Le  champ d’action de ces institutions européennes est purement économique : marché unique,  agriculture et aides structurelles hors zone Euro.

La Commission ne doit avoir aucun rôle spécifique ni aucune relation avec les régions, qui dépendent de leur état respectif.  

L’extension de la zone Euro sera retirée du pouvoir de la commission.  Les impétrants ne seront acceptés que s’ils entendent s’intégrer à la zone euro et feront l’objet d’une décision d’opportunité par le Conseil Européen et lui seul.

Les modalités d’associations de pays étrangers avec l’Europe Unie seront simplifiées et unifiées, au bénéfice de la zone. Elles seront  ajustées en fonction des intérêts de la zone Euro notamment en matière de stabilité monétaire globale et de traitement des déséquilibres commerciaux. Les pays ayant d’énormes excédents de balance de paiement avec la zone seront interdits d’investissement direct dans la zone Euro. 

Et on reprend la marche en avant, pas à pas.

Evidemment cette démarche met en cause quelques principes : liberté absolue et totale de tous les mouvements de capitaux, de personnes et de marchandises ou services ; abandon au moins temporaire de l’optique fédéraliste. Limitation du regroupement familial. Limitation du gouvernement des juges.

Mais c’est le seul moyen de redonner un pouvoir de décision aux dirigeants et de retrouver la confiance des peuples.

 Si on ne fait rien, en refusant de lever les ambiguïtés fédéralistes, en se détournement de réfléchir aux causes des crises financières extérieures à répétition, en refusant de voir que le plan « Merkozy », utile à court terme, ne mène à rien dans la durée, en s’interdisant de canaliser et d’organiser les libertés fondamentales,  gare à la prochaine crise décennale (qui arrive) et au caractère explosif des forces de désagrégation en mouvement.

L’ère rooseveltienne est morte, même si nominalement les institutions globales sont toujours là ainsi que l’esprit général de liberté. Elles sont devenues inefficaces parce qu’elles étaient déséquilibrées, ou parce qu’elles ont été vidées de leurs substance ou parce que l’esprit de collaboration a purement disparu sous l’effet des rapports de force.

Un énorme travail attend, en temps de paix et sans le soutien d’un hégémonisme, les hommes de bonne volonté pour retrouver le fil d’une vision positive de l’organisation de l’Europe et du monde, fil qui est actuellement emmêlé et en grande menace de se rompre.

France et Royaume-Uni : des situations similaires

Quiconque suit les affaires britanniques ne peut que constater la très considérable identité des difficultés qui assaillent les deux pays. En fait, les situations politiques, économiques et sociales sont similaires.

Le cœur de l'affaire est l'incapacité des politiques à expliquer le ralentissement permanent du trend de croissance et la gravité des crises périodiques qui touchent de plein fouet non pas seulement "le quotidien des gens", mais l'esprit public général. Aucun citoyen n'aime être confronté à un déclin, même relatif, de sa nation, sans comprendre pourquoi et sans que des réactions ne se fassent jour. Perdre sa foi en l'avenir et celui de ses enfants au milieu d'un discours toujours lénifiant qui explique que les mesures prises sont géniales et le cadre général créé est le meilleur possible, est insupportable.

Quelles que soient les politiques d'ajustement suivies, dont certaines n'ont pas de résultats comme en France, et d'autres en ont, mais au prix de contraintes nouvelles et fortes, la perte de confiance dans les "élites dirigeantes" est la même. Quand on perd confiance, on devient craintif et nerveux.

La politique tourne à l'aigre, avec comme toujours, des victimes expiatoires.

Charles Moore dans le très conservateur Daily Telegraph souligne que jamais le Royaume Uni n'a été confronté à autant de difficulté "sans jamais les traiter au fond". Le Royaume a subi la même crise qu'en France, pire même au départ du fait de sa place dans la finance mondiale. Comme en France personne ne s'est précipité pour expliquer pourquoi cette crise avait eu lieu ni comment on en prévenait le retour.

Le rôle des politiques n'est peut-être pas l'expertise mais ils doivent lui demander de se manifester. S'il n'y a aucune explication sérieuse, prise en charge par les hommes politiques avec une vision de ce qu'il faut faire, rien ne peut se passer bien. Tous les dossiers deviennent contentieux. L'hystérie s'installe.

Le référendum a vu se créer une situation d'hystérie au Royaume Uni, comme la France vit avec hystérie la loi El Khomry et les affaires de zadistes.

L'hystérie commence quand la raison faiblit.

Cameron n'a pas joué sa carrière et l'avenir de son régime à la roulette. Il a refusé de s'attaquer à la question centrale : pourquoi la crise de 2008 ; comment on en sort ; comment on évite d'y retomber. Du coup toutes les questions annexes se sont infectées. Comme la gangrène gagnait, il a eu recourt à des remèdes de chien, d'abord sur la question écossaise puis sur la question européenne. Il a gagné puis perdu. Tant va la cruche à l'eau…

Hollande a de la même façon refuser de prendre partir sur les causes réelles de la crise et les moyens de la traiter. D'abord il n'y avait pas de crise, simplement un terrible héritage ; ensuite on allait voir ce qu'on allait voir. Il en est à 12 % de satisfaits de son action et on démolit les hôpitaux dans la rue à coups de barre de fer , là où il se voyait en "pacificateur".

L'Union Européenne n'est pas la cause de la crise. Mais certains de ses dysfonctionnements en ont aggravé les effets et compliqué la solution.

La bonne politique, au Royaume Uni comme en France, était de partir sur une analyse objective de la situation économique et la recherche d'un diagnostic et de solution, marginalisant les autres préoccupations.

Sinon, compte tenu de la gravité des conséquences de l'effondrement de 2008, on ne pouvait aboutir qu'à ce que l'on voit : les gouvernants sont déjugés et la rue s'en donne à cœur joie.

La Général de Gaulle avait dit à l'école de guerre (de mémoire) : "dans une bataille, le chef doit avoir une idée claire de l'essentiel et y concentrer toutes ses forces de conception et d'exécution".

Quand le chef s'investit dans des batailles secondaires et laisse sans réponse les grandes questions stratégiques, la défaite est assurée.

Cameron, comme Hollande, se sont concentrés sur des aspects fantomatiques de la crise larvée qui conduit l'Occident à la stagnation, en attendant pire. La question de l'Union Européenne, comme celle de la préséance des sources de droits sociaux, sont des arroyos totalement secondaires. L'immigration et le"red tape" européen sont des irritants, (islamisme et terrorisme à part) mais n'ont pas d'effets réels sur la marche de l'économie.

Quand on combat dans les buissons pour ne pas avoir à affronter les dangers de la grande route, il ne faut pas se plaindre des conséquences.

Réformer le droit de grève en France

En démocratie, la grève est un droit dont la modulation est un exercice ouvert puisqu’Il n'y a pas de droit sans limite.

Ces limites concernent les motifs de grèves, les modalités de la grève et l'indemnisation des conséquences pour des tiers non concernés.

Que dans le cadre d'une entreprise privée, on permette une action collective basée sur la suspension du travail n'a rien de choquant. Ce droit de coalition existe depuis des décennies en France (1 864) et son fondement n'a pas à être justifié. Depuis que les économies sont ouvertes, ce droit a du mal à s'exercer dans les entreprises privées. La grève signifie, dans la compétition mondiale, la mort de l'entreprise quand elle est chargée, comme en France, d'une part très supérieure de la charge publique globale. Dans des PME, le cumul des droits individuels et collectifs de nuire à l'entreprise, s'ils sont mis en œuvre, n'aboutit pas à un renforcement du pouvoir de négociation des salariés mais à l'arrêt de l'exploitation. Le conflit ouvert ne peut plus s'ouvrir que sur une base individuelle (avec extorsion de fonds en utilisant les prud'hommes) ou, collectivement, en fin de vie de l'entreprise (en essayant d'arracher ce qui reste de richesses au moment de partir et en ruinant totalement l'entrepreneur).

Depuis les lois Auroux et les compléments Jospin, le droit de grève en PME ne s'exerce pratiquement pas, parce que l'entreprise est paradoxalement trop faible et le rapport de force trop en sa défaveur. Certains salariés cherchent à être protégés par un statut syndical mais l'aspect individuel domine. Provoquer la mort de l'entreprise n'est pas dans la tête des autres salariés.

En un mot, le fait d'avoir donné aux salariés des moyens de tuer leur entreprise, fragilisée dans le cadre de la mondialisation, a liquidé l'usage effectif du droit de grève dans tout un pan de l'industrie et du commerce.

Pour les grands groupes de tout temps privés, l'affaire est à peine différente. La direction est de plus en plus à l'étranger (merci l'ISF et la chasse aux patrons) et les délocalisations sont un risque prouvé. Là encore les conflits portent sur des filialisations avant vente ou des fermetures de site. Pas pour obtenir des avantages nouveaux dans le cadre de la vie courante de l'entreprise. Les très grands groupes font désormais l'essentiel de leurs bénéfices à l'étranger et ne craignent plus les grèves locales. On l'a vu avec les lois sur les 35 heures en fin de siècle dernier. On cède, on engrange quelques bénéfices d'opportunité, puis on vend. Les salariés sont passés directement des 35 heures au chômage. Céder puis partir, telle est désormais la règle des grands groupes. Ou imposer leurs règles.

La grève aujourd'hui est donc en France réservée aux monopoles publics, dont "la paix sociale" a été confiée au Parti Communiste à la Libération. L'énergie, le transport, la mécanique ainsi que le culturel, ont été laissés à la bonne grâce de la CGT, sous direction soviétique jusqu'en 1990. Il a fallu Jules Moch pour mater les grèves insurrectionnelles de 47. L'aspect purement politique de la grève, dans un contexte géopolitique gravissime, exigeait une réponse extrêmement ferme. L'industrie mécanique a quasiment disparu en France, du fait des exactions syndicales. Elle n'est plus qu'un souvenir, avec quelques PME survivantes, où le syndicalisme n'existe pratiquement plus. La Presse est en voie de disparition. La PQN parisienne a été tuée autant par les ouvriers du livre que par Internet. Elle ne survit que de la charité publique, du soutien conditionnel des banques et de l'argent de quelques milliardaires. Le "Culturel public" ne survit plus que par la menace permanente et dans une ambiance de chantage délétère. On ne peut plus parler de droit de grève mais d'actions qui visent à interdire toute remise en cause des régimes extravagants mis en place aux dépens des autres Français.

Après s'être essayée, en vain, à un retour à un syndicalisme à peu près normal, la CGT se voit menacée de marginalisation. Elle se lance aujourd'hui dans un combat qui n'a strictement aucun sens national ou syndical, puisque les secteurs où elle a du pouvoir ne sont pas concernés par les mesurettes de la loi El Khomry. Tout le monde a compris qu'il s'agit d'une opération électorale en vue des grandes élections syndicales imminentes et d'une intimidation visant non pas tant Hollande et le PS que les futurs réformateurs du pays. Pas un commentateur qui ne s'en donne à cœur joie dans les interviews des candidats à la primaire de la droite et du centre : "Le pays est à l'arrêt quand on propose des mesures minables qui ne changent rien ; imaginer ce qui va se passer lorsque vous allez proposer votre programme radical. Votre théorie des cent jours appuyée sur le légitimisme de l'élection volera en éclats. Ah ! Ah ! Ah !".

Une telle situation exige de redéfinir le droit de grève.

La négociation sociale et l'arme ultime de la grève sont absolument nécessaires. Mais les conditions d'exercice doivent être profondément revues.

Première règle : les droits collectif et individuel de nuire à l'entreprise impunément doivent être réformés en même temps. Ils forment un tout.

Seconde règle : la TPE, la PME, la grande entreprise peuvent ne pas avoir les mêmes règles.

Troisième règle : l'intervention de l'Etat doit être sur le cadre pas sur le détail du contenu des relations du travail. Le grain à moudre doit être laissé aux partenaires sociaux. Les actions globales d'inspiration électoraliste, sur le SMIC et le temps de travail ont été des catastrophes dont l'emploi et l'économie ne se remettent pas.

Quatrième règle : dans une économie entièrement ouverte, les conventions nationales et de branche sont en difficulté. Les conventions européennes et de branches européennes étant de facto impossibles, une solution "par le haut " est impossible. Il faut conserver une réglementation nationale et des accords de branches mais, qu'on le veuille ou non, les accords doivent pouvoir être modulés au sein de l'entreprise dans une certaine mesure par rapport à des règles nationales ou de branche. On n'a pas besoin d'une inversion des règles, mais de souplesses.

Cinquième règle : le juge ne doit avoir qu'un rôle exceptionnel et n'intervenir qu'en cas de violation manifeste des droits individuels et collectifs. Il faut lui enlever effectivement le droit de tuer une entreprise, soit en emprisonnant le patron sur des prétextes variés, soit en ruinant les finances de l'entreprise, soit en imposant des mesures impossibles (des milliers d'exemples de jugements imbéciles  existent). Il appartient au contrat individuel et à la convention collective éventuellement adaptée à l'entreprise, de fixer les règles.

Sixième règle : la grève est un conflit entre la direction de l'entreprise et son personnel. Toute motivation extérieure à ce cadre (grève politique, grève de solidarité, etc.) doit être interdite et engager la responsabilité des syndicats qui y appellent et des grévistes qui s'y livrent. La violence doit être interdite et le respect du droit au travail garanti.

Septième règle : la grève est interdite ou fortement contraintes dans le secteur de l'Administration et dans les monopoles publics confiés à des personnels à statuts en position de monopole. Le service public l'emporte sur le droit de coalition. Sinon on donne le pouvoir politique à des syndicats d'étrangler la République. Dans les secteurs d'importance stratégique, qui conditionnent le succès d'opérations d'ampleur nationale, les conditions de déclenchement et d'achèvement d'une grève doivent être extrêmement réglementées.

Huitième règle : l'occupation ou le blocage de bâtiments publics ou servant à l'exercice d'un service public est strictement interdite et la non application de la loi par l'exécutif ou les juges sanctionnée.

Il suffit d'analyser les règles au Royaume Uni, aux Etats-Unis, en Allemagne, au Japon, en Suisse, pour constater que ces principes y sont pratiquement tous appliqués, même si les formules sont un peu différentes à chaque fois.

Réformer le droit de grève en France n'est donc pas une fantaisie" fasciste" imposée par le grand capital ou autre diable convenu.

La situation française, liée d'abord aux conditions de la Libération qui ont imposé des accommodements ruineux avec les Communistes, puis aux délires soixante-huitards, puis aux étouffements socialistes sous Mauroy, Rocard et Jospin, est clairement anormale.

Un retour à ce qui est  la règle partout ou presque, dans les pays avec lesquels nous sommes en compétition économique totale, n'est pas une entreprise gratuite et secondaire. Elle ne débouchera sur aucune conséquence néfaste pour personne. Un abus n'est pas un droit. La suppression d'une anomalie n'est pas l'amputation d'une liberté.

Hollande et ses gouvernements n'étaient évidemment pas armés pour entreprendre les réformes nécessaires.

En revanche, il appartient à ceux qui ambitionnent de devenir Président et d'exercer de grands pouvoirs, lors du prochain quinquennat, d'avoir sur ces sujets une doctrine ferme, élaborée, exprimée, expliquée et si possible capable d'obtenir la compréhension du pays. La grande politique est de rendre possible ce qui est nécessaire. Cela suppose d'en exposer les principes dès maintenant et, s'agissant d'une condition fondamentale et préalable à toute action de redressement économique et social d'envergure, il faudra agir effectivement au plus près du succès électoral.

Malheureusement, c'est le grand silence dans les rangs des candidats.

Hommage à Raghuram Rajan

Raghuram Rajan, Raghu pour les intimes,  est gouverneur de la banque centrale de l’Inde (Reserve Bank of India). Il vint de refuser de faire un second mandat. Cela s’est passé un 18 juin et cela résonne comme un appel. Il n’a pas été démissionné pour incompétence. Au contraire, il a été probablement le meilleur gouverneur de banque centrale de ces dernières années.

Raghuram était l’ancien Economiste en chef du FMI et il savait exactement de quoi il parlait.

Sa compétence et son autorité économique, qui n’étaient pas seulement une image de com’, comme pour DSK,  lui ont permis de sortir l’Inde de trois de ses tares habituelles : une inflation trop forte, des déficits intérieurs et extérieurs exagérés et un cours erratique de la Roupie. Rappelons la période : la pire pour les relations financières et monétaires internationales. Rappelons aussi le résultat : la meilleure croissance mondiale, bien avant la Chine !

Mais voilà, Il avait compris que le système monétaire international, basé sur les changes flottants et le n’importe quoi, était fou et forçait une guerre des banques centrales ridicule et contreproductive. Il ne l’a jamais dit aussi clairement. Les banquiers centraux ne font pas cela. Mais la restriction était évidente.

Alors les pressions ont commencé pour l’éjecter.

Raghu s’était fait connaître dès 2005 pour un rapport prémonitoire qui prenait à contrepied les inepties propagées par « la triplette tragique », Robert Rubin, le politique, Alan Greenspan, l’énigmatique, et Larry Summers, le vociférant, et annonçait l’explosion de 2008.

 “Here was a telling moment in 2005, at a conference held to honor Greenspan’s tenure at the Fed. One brave attendee, Raghuram Rajan (of the University of Chicago, surprisingly), presented a paper warning that the financial system was taking on potentially dangerous levels of risk. He was mocked by almost all present — including, by the way, Larry Summers, who dismissed his warnings as “misguided.”

Larry Summers l’a même carrément insulté en le traitant de « Lubbit », un terme qui s’applique aux fofolles qui épousent une pensée sans substance par pur snobisme.

Raghu n’a jamais caché depuis les réserves que lui inspirait le fait qu’aucune réforme n’avait suivi l’effondrement. Il est l’un des rares économistes de qualité ayant eu le courage de dénoncer les défauts structurels de la mondialisation basée sur la fuite en avant monétaire. Son livre,  Fault Lines: How Hidden Fractures Still Threaten the World Economy?, publié en Août 2011, et qui n’a eu exactement aucun écho en France, démontrait très précisément que les explications par les « subprimes » et de gangstérisme financier manquaient un tantinet de profondeur.

 “Rajan shows how the individual choices that collectively brought about the economic meltdown--made by bankers, government officials, and ordinary homeowners--were rational responses to a flawed global financial order in which the incentives to take on risk are incredibly out of step with the dangers those risks pose”.

Il faut aller plus loin que la simple dénonciation d’individus déviants.  Les agents économiques sont rationnels même dans un système irrationnel. Le problème est dans les défauts du système, pas dans la mentalité des agents économiques.

Il a rappelé à de nombreuses reprises que, dans le système financier existant, il est impossible de connaître la valeur fondamentale des actifs. L’économie n’a donc plus de boussole. Les investisseurs deviennent des guêpes frappant contre une vitre.

Comme beaucoup d’économistes soucieux du tiers monde, Raghu croit beaucoup que l’inégalité croissante est largement responsable de la crise, aussi bien celle qui apparait au sein des pays émergents, que celle qui s’est installée aux Etats-Unis et celle qui persiste entre pays émergents et pays industrialisés. Voir sa conférence fondamentale : (https://www.youtube.com/watch?v=GW7wu3uyz9g).

Sans nier l’impact des inégalités,  nous-même mettons plutôt l’accent sur l’effet délétère des grands déficits et des grands excédents qui imposent le retour des excédents de balance des paiements sur le marché financier des Etats-Unis et la hausse consécutive des en-cours bancaires, provoquant l’apparition d’une économie baudruche et des crises de plus en plus graves. Il n’est pas nécessaire de partir des inégalités aux Etats-Unis pour comprendre qu’une nation qui paie ses déficits dans sa monnaie n’aura aucun frein à les accroître jusqu’à l’explosion finale.   Mais il n’a pas sous-estimé le rôle des bulles financières répétées ni les effets des grands excédents et des grands déficits.

Il a parfaitement démontré que les politiques d’exportations forcées avec des monnaies dévaluées et les super excédents entrainaient à terme une économie locale anémiée et un Etat asphyxié. Il a moins bien vu que le débiteur américain était aussi capable de ruiner périodiquement le créancier (Allemagne en 74, Japon en 1992, Chine, en ce moment même). Mais au moins il a produit ce qu’on attend d’un économiste : une explication basée sur des observations et des mécanismes et non sur des pétitions de principe et des postures.

Naturellement, les éléments de langage relatifs à l’exclusion de Raghu Rajan font valoir uniquement des querelles internes à la politique indienne et l’énervement du nouveau dirigeant indien, Narendra Modi, face à la volonté de la banque centrale de nettoyer les bilans des banques et de mettre fin aux prêts « politiques » , et sa réticence à baisser de façon irresponsable les taux d’intérêt.

Ces querelles existent. Mais derrière ce conflit, il reste l’hostilité des tenants de la mondialisation à l’américaine basée sur la suprématie du dollar et la violence extérieure de son droit pénal.  Elle a laissé Raghu sans soutien.

En dépit du « lip service » politiquement correct en faveur d’un tiers-mondiste sérieux et soucieux d’efficacité sociale, Raghu a fini par être un homme seul en dépit de la justesse de ses vues et l’efficacité de son action opérationnelle.

Dommage. Car il a prouvé que la réflexion économique n’était pas seulement américaine et qu’elle devait même s’écarter de la vulgate de sa propre école (Chicago).

Et hommage, pour avoir prouvé qu’il était nécessaire de regarder plus loin que le bout de son nez. Espérons qu’il pourra à terme devenir président de l’Inde en dépit des graves  passions qui divisent ce pays.

Ce serait un allié idéal pour une réforme du système monétaire international.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

A propos du Brexit : la Liberté se chérit mais les libertés s'organisent

 

 

Ce qui frappe dans l’état actuel des mentalités, à peu près partout dans le monde, c’est le refus larvé des trois grandes libertés de mouvement : mouvement de marchandises, de capitaux et de personnes dont la mise en place structure la pensée et l’action des Occidentaux depuis la fin de la guerre de quarante.  

La nation est le creuset traditionnel où doit se fondre ces trois libertés. En dépit des résistances régionalistes, quiconque veut s’installer, travailler, contracter, peut le faire en tout point du territoire national, sans que les futurs voisins, clients ou collègues puissent s’y opposer, pourvu qu’il le fasse dans le cadre de la loi nationale.   

L’Union Européenne  a voulu étendre la garantie des mêmes libertés à tous les citoyens des pays membres. Pour simplifier, chaque nation de l’Union a dit à l’autre : « Je ne te crains pas, ni aucun de tes nationaux, bien que tu sois souveraine et que tu ais construit une société différente de la mienne ».  La garantie de la liberté de s’installer, de contracter, de travailler a été étendue à toute personne de l’Union souhaitant  exercer ces nouveaux droits, en même temps que chaque Etat  renonçait à maintenir ou prendre des mesures discriminatoires à l’encontre des autres.

Il n’y a aucun doute qu’accroître le champ des libertés garanties est, en soi,  un progrès. L’enfermement, la restriction, la méfiance institutionnelle, ne sont pas des objectifs positifs.

La condition nécessaire est la claire conscience que la garantie des libertés n’existe que si on fait l’effort de l’organiser. C’est là que les difficultés commencent. Il ne faut naturellement pas que l’extension des libertés, hors du champ national donc de la volonté directe des peuples, s’accompagne  d’un rétrécissement au sein de la nation.  Et il ne faut pas que les mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, devenus massifs,  ne ravagent des équilibres fragiles. La liberté n’est pas la licence ni le n’importe quoi.

Dans la nation, la  fonction de régulation appartient au gouvernement. Que devient-elle si  les mouvements d’un pays de l’Union avec l’étranger et les autres nations de l’Union sortent de la responsabilité gouvernementale sans qu’aucune organisation ne se substitue aux anciens Etats et que l’on crée des instances juridiques chargées d’imposer l’interdiction de toute discrimination ? Passer de la gestion contrôlée par un gouvernement légitime à rien du tout sinon un principat juridique sanctionnée par une brochette de juges nommés est-il réellement une solution efficace et démocratique ?

En Europe, Commission, Parlement Européen et Conseil ont été un appareil suffisant pour abaisser les murailles dressées par les Etats de l’Union les uns contre les autres,  tant que le champ de l’Europe est resté confiné aux pays développés fondateurs. Les niveaux de vie et les règles du jeu étaient suffisamment proches  pour que les nouvelles libertés de mouvement n’aient pas trop de conséquences inopportunes. Une barrière extérieure commune et des monnaies différentes garantissaient qu’il y aurait un certain avantage européen et que les déséquilibres économiques intra européens  pourraient être corrigés par la dévaluation concertée.

Trois  évènements internes et deux décisions externes ont fait éclater le système. En interne : l’extension du champ de l’Union européenne aux pays méditerranéens ; l’extension  aux Pays de l’Est ; la mise en place d’une monnaie unique. En externe : l’abandon du tarif extérieur commun et l’acceptation d’un système de changes flottants dans le monde ; l’encouragement à l’immigration extra européenne, associée à l’interdiction de la répression de l’immigration illégale.

Seule une de ses cinq décisions a fait l’objet d’un vote populaire : le traité de Maastricht, dont les défauts sont devenus vite criants et qui a été modifié aux forceps contre la volonté populaire.

L’extension de la Communauté puis de l’Union Européenne est un processus entièrement étranger à la décision des  nations et des peuples de l’Union ; Il suffit que les « critères » soient réunis. La décision ne porte que sur l’appréciation de la réunion des critères. On a vu que  cette appréciation n’est pas d’une parfaites rigueur. Ni la Grèce, ni le Portugal, et à peine l’Espagne, ne répondaient complètement aux critères. Beaucoup de voix se sont élevées contre chaque inclusion prématurée. Il aurait fallu prévoir une phase d’association préalable beaucoup plus longue et un flot de réformes internes dont on voit aujourd’hui en Grèce qu’elles étaient indispensables et qu’elles n’ont pas été mises enoeuvre. Il eût mieux valu les faire à froid et avant qu’après et à chaud. Avec les Pays de l’Est, on a fait pire. On a considéré qu’il fallait dire oui tout de suite alors que les conditions n’étaient pratiquement réunies nulle part.

Ces extensions prématurées ont fait apparaître trois phénomènes :

-          La peur de la « décivilisation » avec l’envahissement de l’Ouest européen par les populations Roms ou assimilées de la Roumanie, de l’ex Tchécoslovaquie, de la Hongrie et de la Bulgarie. Ces populations, très communautarisées et bien décidées, depuis toujours, à vivre selon leurs propres habitudes, rarement respectueuses de la dignité et de la loi, étaient détestées partout dans ces pays avec des réactions plus ou moins vives. Elles ont migré avec frénésie. Pour s’en tenir qu’à la France, les chiffres, interdits de comptage officiel, mais recoupés par la simple énumération des camps et du nombre des expulsions lorsque ces camps ont été vidés (pour renaître ailleurs) sont supérieurs à 450.000. Plus de 400 camps ont été créés dans les conditions habituelles à ces « communautés ». Partout la vie s’organise entre vols et mendicité, avec des tentatives en général dérisoires d’intégration des enfants et des parents. Personne n’évoque plus de quelques dizaines de réussite. L’affaire Léonarda a montré le schéma classique de cette immigration. Mais c’est surtout la multiplication des squats et l’apparition devant chaque boulangerie et chaque supérette dans les grandes villes de mendiants parfois volontairement handicapés, parfois avec enfants, toujours volontairement répugnants, qui a commencé à faire douter de l’opportunité de la liberté absolue de mouvement des personnes. Comment dire à nos nouveaux pays unis : je ne te crains pas, lorsqu’on retourne à cause d’eux  aux mœurs du temps de Dickens ou de « slumdog millionnaire » ? Comment se satisfaire de voir des nuées de mineures piller les touristes dans le métro parisien et dans tous les lieux touristiques, en sachant qu’on ne peut que libérer les voleuses prises sur le fait ?

Bien sûr le « politiquement correct » s’en est mêlé. Dénoncer l’incapacité d’intégration, la saleté, les trafics et la mendicité serait « nauséabond », la preuve d’une attitude « abjecte » qui nous ferait revenir aux « plus tristes périodes de notre histoire » et au temps des génocides. Les auteurs ne peuvent être que des fous et des racistes pathologiques qui devraient aller se soigner « tant leur haine des autres signalerait une haine de soi ».  La ritournelle de la « reductio ad hitlerum » a tellement servi et s’est appliqué à tant de penseurs éminents qu’elle est aujourd’hui un objet de dérision.  Les populations ont fait le constat : on gâche notre vie quotidienne ; on nous fait retourner au XIXème siècle ; on nous insulte si nous réagissons ; et les gouvernements ne peuvent plus intervenir à cause de l’Europe et des cours judiciaires européennes. Les traités ne permettent pas de canaliser les flux « d’indésirables ». Les cours ont interdit les législations relatives au statut des sans domicile fixe et la criminalisation du vagabondage. L’Europe a créé le problème et l’impossibilité de régler le problème.

 

-          La peur des flux de délinquance criminelle internationale qui se sont brusquement aggravés.  Cela fait maintenant plus de 20 ans que les journaux sont emplis des exploits de bandes de délinquants étrangers facilités par la liberté absolue des mouvements de personnes. Les engins de chantiers sont désormais pendus aux grues le soir. Les moteurs de hors-bord sont pillés dans les marinas. Les récoltes d’huîtres, de vin, de tout en fait, sont volées massivement de façon routinière. Les cargaisons de camions sont tous les jours volés dans les parkings ou même sur les routes. Des trafics d’êtres humains et même d’organes humains sont constatés. Bref, la justice et la police sont totalement dépassées par la vitesse et le nombre des trafics. Une pelleteuse volée à 23 heures se retrouve au Portugal 6 heures plus tard. Un lot de voitures allemandes volées se retrouve sur les marchés aux voleurs polonais ou tchèques en une nuit. Une cargaison de téléviseurs volés au Havre est livrée en 24 heures en Tchéchénie.

-          La peur du « plombier polonais » en fait de tout travailleur européen qui peut venir travailler aux conditions de son pays sur des marchés français. La directive Bolkenstein qui avait un sens sur l’accompagnement de service de la vente de matériels et de logiciels (installation, formation, maintenance) a provoqué une véritable crise du droit social en s’étendant à tous les services sans distinction. « A quoi servent tous les textes qui nous enserrent si n’importe qui peut faire mon travail en s’en dispensant ? » Les délocalisations intra européennes dans pratiquement tous les domaines de l’industrie ont achevé de convaincre les peuples que l’ouverture n’avait que des inconvénients et les touchait directement dans leur emploi ou dans la perspective d’en avoir un.  

La peur est strictement incompatible avec le concept d’Union Européenne. « Si j’ai peur de toi, je ne veux pas te voir ici. Fiche le camp ! »

Dans ce contexte, la création de la zone Euro, sans aucun organe ni mécanisme de coordination, a été une erreur majeure. Personne n’a voulu voir que les déséquilibres internes  ne pouvaient pas être corrigés dans les cadres institués. Les excès ont été facilités, en même temps que l’incohérence des politiques conduisait à des situations intenables. Plan Jospin et plan Schroeder étaient incompatibles. Les gouvernements ont perdu une partie de leur autonomie dès que la crise extérieure a frappé, la dépossession culminant avec la crise grecque et le traité Merkozy. A la peur s’est ajoutée la douleur des coups de bâtons.

Quant à la gestion extérieure de la zone euro, elle a perdu tout sens dès qu’on a aboli le tarif extérieur commun. La notion de préférence européenne disparaissait sans prudence. Maurice Allais aura beau rugir que l’abaissement total ou quasi-total des limitations aux échanges portait en lui la perte de l’industrie et le chômage de masse, il a été vilipendé  et traité en cinglé. Les résultats ont donné raison au quasi centenaire de l’époque. La sagesse sait attendre le nombre des années !

Il est vrai que la triple libéralisation des échanges de produits, de personnes et de capitaux, était la conséquence logique des changes flottants. Si les monnaies étaient de la marchandise comme les autres, il importait d’en créer le marché de la façon la plus libre possible. Alors va pour les libres mouvements de capitaux (affectation optimum du capital), de marchandises (suppression des rentes de producteurs), et de personnes (le travail là où il est le plus demandé).

L’ennui est que les changes flottants ne fonctionnent pas, n’ont jamais fonctionné et ne fonctionneront jamais. Associés à la dérégulation financière quasi totale, ils ont créé une économie baudruche, dont la triple caractéristique a été :

-          Des crises périodiques de plus en plus graves

-          L’envolée de la dette globale partout

-          La baisse décennale du trend.

Crises et stagnation ont frappé en priorité les classes moyennes sous forme de chômage de masse, de précarité, de salaires en berne. On leur avait promis grâce à une allocation optimum des ressources, une richesse en forte hausse. Le choc fut rude en 1974, 1993 et 2008. Toujours plus rude.  Personne n’a voulu prendre le risque de dénoncer les changes flottants et les mécanismes de la crise. C’était la société qui changeait et il fallait s’adapter ! Telle est encore la rengaine.

Un drame supplémentaire est venu de l’acceptation d’une immigration étrangère pratiquement sans limite, considérée comme bonne en soi et vierge de tout inconvénient à court comme à long terme. Le socialisme et la religion chrétienne se sont ligués avec le pur libéralisme, qui ne connait que des individus, pour militer contre toute restriction à l’immigration vue comme une atteinte intolérable aux droits de l’homme. Du point de vue de la morale individuelle, rien à dire. Mais la morale collective, on le sait depuis toujours, n’est pas la morale individuelle. Si l’Afrique triple ses effectifs d’ici à 2050 comme certains l’annoncent, c’est près de 400 millions d’Africains qui frapperont à la porte de l’Europe pour s’en sortir. J. Attali, il-y-a peu, annonçait que la population du Nigéria dépasserait celle de la Chine à cette date. L’Europe dit quoi ? « Oui, venez tous, c’est formidable » ?  

L’immigrant illégal est devenu un « sans papier temporaire ». En même temps que l’immigration légale explosait du fait du regroupement familial. Le droit européen et les jugements de la CEDH ont été très clairs. Un immigrant clandestin n’est pas un délinquant. Il appartient aux Etats de l’accueillir et de le traiter comme les autres résidents. De toute façon, s’ils ne veulent pas donner leur identité ou si les pays d’origine ne désirent pas les reprendre, rien ne peut être fait contre les clandestins. Dans certains pays, dans un esprit de charité et de miséricorde, il est devenu un devoir de les accueillir et de payer pour cela, mais sans qu’ils travaillent pour éviter la nervosité des syndicats. La France a été en particulier très loin dans le logement, les soins et le couvert donné aux immigrés mais sans perspective de travail ; elle est devenue un pays de transit dont Sangatte puis tout le Calaisie ont été le symbole. Le spectacle des hordes s’attaquant aux camions cherchant à joindre l’Angleterre a fini de convaincre que la liberté de circulation (à l’entrée mais pas à la sortie) n’était pas jouable. La crise iraquienne et syrienne a imposé l’idée que sans frontière commune réelle, l’Europe de la liberté de mouvement des personnes était une farce d’autant plus dangereuse que les attentats islamistes ont commencé sur une vaste échelle et que les assassins sont entrés avec les migrants habituels.  Que valait la libre circulation des personnes dans toute l’Europe si l’Allemagne pouvait accueillir plus de 1.200.000 personnes musulmanes et imposer une entrée en Europe sans visa des Turcs ? 

La substitution de population dans certains quartiers français par un groupe à dominante islamique inassimilable et dont une fraction est prête à tuer du mécréant à l’occasion, a fini de détruire toute foi populaire dans les bénéfices de l’immigration de masse.

La liberté oui. Mais si les libertés de mouvements de personnes, de capitaux et de produits aboutissent à la perte de l’identité nationale, à favoriser le terrorisme,  au chômage et aux crises à répétition, cela demande réflexion.

Alors dans leur tréfonds, les nations européennes ont commencé à regimber.

La Royaume-Uni a réagi le premier. Les Britanniques n’ont pas apprécié que la CEDH définisse le statut des prisonniers britanniques et notamment la privation de leur droit civique, dans les cas les plus graves, selon des règles contraires à celles définies au Parlement multi séculaire. Ce n’est pas à la CEDH de faire la loi commune. Ils ont réclamés et obtenus qu’on ne les force pas à aller toujours vers plus de fédéralisme et la destruction finale de l’Etat britannique. Cette question n’est jamais abordée dans les pays du continent et particulièrement pas en France. Abaisser la nation française pour lui substituer une nation européenne est un projet que  les cellules européistes considèrent comme acquis même s’il n’est pas totalement explicite. Seul Giscard parle ouvertement de faire disparaître la France en tant qu’Etat et Nation. L’élection d’un maire musulman à Londres a fait soudain prendre conscience aux britanniques que les masses allogènes changeaient la société et que bientôt les autochtones seraient submergés. L’évolution vers le crime et le génocide de l’islamisme a rendu concret un risque de soumission forcée à une religion qui s’avère une plaie criminelle mopndialisée.

Alors les Britanniques ont dit non. Ils sortent de l’Europe c’est-à-dire de la liberté des mouvements d’hommes, de capitaux et de marchandises, telle qu’on la trouve au sein des nations et telle qu’on voulait l’organiser au sein de l’Union.

C’est pour beaucoup de Britanniques une terrible régression de leurs libertés concrètes. Ils deviennent des étrangers à merci. Beaucoup se sont dit qu’on ne reviendrait pas sur les libertés d’établissement ni sur les libertés contractuelles, pas plus que sur la circulation des biens et des services ou encore la circulation des capitaux.

Il est vrai qu’une structure fédérale n’est ni nécessaire ni suffisante pour construire une société multinationale de libertés civiles et économiques. Dans tous les cas les libertés doivent s’organiser. Le mode bilatéral ou multilatéral entre pays étrangers le permet.  Un fédéralisme totalement laxiste qui n’organise rien joue plutôt contre les libertés. La reconstruction d’une Europe ouverte, sur des bases différentes que celles qui prévalent, serait possible. Mais à condition que les autres le veuillent et pourquoi le voudrait-il après avoir été snobés ?

La décision des Britanniques de quitter la perspective fédérale intégrée crée une vague de fond qui risque de faire chavirer quelques vaisseaux fragiles. On va spéculer sur le désordre économique créé. Les européistes vont s’essayer au revanchisme aigri et agressif.

La vraie question, la seule vraie question qui se pose à l’Europe, est de savoir comment elle entend résoudre le problème des libertés de mouvement des hommes, des capitaux et des marchandises. Si  l’Union s’avère incapable d’adopter des mesures lisibles et admissibles dans ces trois domaines pour en réduire les effets pervers, elle continuera de se déliter.

Rétrospectivement, on voit bien qu’il aurait fallu créer un statut de nation associée, avant de permettre d’intégrer l’Union.

Le Royaume-Uni, la Grèce, le Portugal, les pays de l’Est, les pays de l’AELE, et même la Suisse, l’Ukraine ou la Turquie auraient pu opter pour ce statut associatif sans entrer dans la fusion européenne avant que toutes les conditions requises ne soient réunies. L’option d’une entrée finale indispensable n’était même pas nécessaire. Une nation pouvait légitimement entendre rester souveraine mais associée.  

Pour la zone Euro, il aurait fallu immédiatement mettre en place  les structures de coordination nécessaires avec un mécanisme  automatique de sanction des très gros excédents et des trop gros déficits. Toute nation ne désirant pas la monnaie unique aurait dû rester dans le statut de nation associée. 

L’option tout fédéral aurait dû être exclue d’emblée pour construire une vraie confédération d‘Etats souverains mais intégrés dans des coopérations étroites, avec tarif extérieur commun, avec des frontières effectivement protégées et une politique d’immigration unifiée, avec des règles d’établissement interdisant formellement le vagabondage, avec une politique de sécurité intérieure qui évite  les vides de la répression du banditisme, ou du terrorisme,  et une politique de sécurité extérieure qui assure la protection du bloc contre les agressions extérieures.

Tout cela aurait été raisonnable et probablement efficace. Mettre constamment la charrue avant les bœufs a fini par détruire et la charrue et les bœufs.

Est-il possible de revenir à cette organisation ou une forme proche ?

Sans doute. La fuite en avant dans la « fédérolâtrie » rancunière et agressive, tout en ne réglant aucun des problèmes concrets d’organisation que posent les trois  libertés fondamentales de mouvement, n’est pas une solution. Le maintien d’une Commission pléthorique et d’un Conseil à 27 qui ergote indéfiniment sans rien trancher serait une grave sottise. Le traité Merkozy doit être supprimé au profit d’un vrai traité de coopération économique et sociale qui traite la question des grands déséquilibres internes et de leur correction. L’Europe doit avoir également une politique extérieure économique commune visant à la disparition des changes flottants et l’établissement d’un système structurellement favorable à la coopération économique.

La France aurait dû avoir son mot à dire sur tous ces sujets et même un rôle directeur.  

L’ennui est qu’elle se trouve dans un état totalement dégradé, avec une fiscalité impossible, le désordre partout, une économie abîmée et un Président en dessous des devoirs de sa charge et incapable d’une vision quelconque. Ne parlons pas de notre gouvernement où l’Europe est sous la coupe de MM. Ayrault et Désir, dont la noire incompétence est généralement admise par tous les observateurs.  Il est catastrophique que la France soit à ce point malade au moment où le peuple d’une des trois grandes puissances européennes exprime le vœu de quitter l’Union. L’occasion était créé de poser réellement toutes les questions sur la table et de créer une Europe de la volonté, basée non plus sur des connivences largement cachées et la volonté de détruire les Etats. Oui, il faut organiser les libertés concrètes pour qu’elles soient constructives et permettent l’union des cœurs et la prospérité. La fédérolâtrie sournoise et inconséquente n’était pas la bonne méthode.   Nous sommes privés de ce qu’aurait dû être une grande politique française, capable de construire l’avenir des Français et des Européens dans un cadre profondément modifié.

Hélas, hélas, hélas ! Quand on est nul, on est nul. Quand on se cache tout le temps, qu’on ne veut jamais « sortir de l’ambiguïté » pour toujours se ménager un avenir politicien, bref quand on ne gouverne qu’en fonction de son intérêt purement personnel, un œil sur la com’ et un doigt sur les cadeaux électoraux au peuple, on ne conduit pas de politique et il est impossible de se porter à la hauteur des enjeux.

Le Brexit est une énorme erreur, dangereuse et régressive. Il met en exergue l’incurie de l’organisation européenne, tout autant que l’irresponsabilité démagogique des Tories, menacés par la sécession d’UKIP. Libertés absolues sans volonté ni objectifs clairs ne sont que ruine des nations.

Le Brexit souligne l’incroyable carence française.

« Où est Grouchy ? » disait Napoléon ?

« Où est la France ? » dit l’Europe ?

La France n’est plus là pour personne sinon une poignée de politiciens de bas niveau attachés, comme la moule au rocher, aux avantages immérités des palais de la République alors qu’ils n’ont aucune vision ni aucun projet européen formulé et un minimum crédible.

Le pire serait que les Britanniques vivent les énormes difficultés d’une régression des libertés, et que l’Union Européenne continue de subir les effets pervers d’une licence généralisée, avec une accélération de la fuite en avant dans un fédéralisme de puceaux mystiques. La solution de convergence est exactement l’inverse. L’Union Européenne doit restructurer son mode de fonctionnement pour éliminer les  impuissances désastreuses que provoquent des libertés non canalisées. Pour les mouvements de personnes, cela implique une claire énumération et une réelle sanction des attitudes indésirables, avec des protections sévères et juridiquement possibles des attitudes incompatibles avec la civilisation,  telle que l’Europe en a forgé le concept. Pour les mouvements de marchandises, cela signifie qu’on rebâtisse un tarif extérieur commun et des solidarités internes à l’Europe, en empêchant le libre accès à des produits étrangers qui ne subissent pas

Blocage accidentel du site

A la suite d'une fausse manoeuvre de l'hébergeur du site, l'accès à ce blog a été interrompu pendant deux jours et certains posts bloqués. Nous nous excusons pour la gêne causée.

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Place de l'économie dans les élections présidentielles

Beaucoup de commentateurs dans la presse et dans la littérature de débats, se plaignent de la place prise par l'économie dans le débat public. Ils ont forgé le terme d'économisme pour définir ce qu'ils voient comme une maladie du débat démocratique. La vie est tellement plus "complexe et riche" que ce qu'en laisse voir l'économie…

Nous contestons ce triomphe de l'économisme.

Discutant récemment avec un ancien journaliste économique du Monde, il est clairement apparu que le journalisme économique a largement disparu de la presse quotidienne. Il y avait au Monde, naguère, de fortes plumes économiques. "Paul Fabra en savait autant que n'importe lequel de nos ministres des finances". Ce qui est exact. Si on regarde le Monde actuel, il n'y a plus aucun journaliste de cette culture économique. Au Figaro il reste JP Robin. Le Point conserve Delhommais. Et c'est tout. La télévision a fait monter Lenglet, qui porte une parole économique éclairée, mais sinon se contente d'invités.

En s'interrogeant sur cette évolution, le rôle néfaste du Cercle des Économistes, pas le Cercle des économistes e-toile, non, celui qui a pris le nom générique de façon un tant soit peu abusive, est vite apparu. Ce Cercle a réussi à imposer l'idée que seuls des universitaires à gros diplômes (au moins l'agrégation) avaient le droit de causer dans le poste ou d'écrire dans les colonnes. Du coup on a cessé de recruter des journalistes économiques de qualité dans la presse.

L'ennui, c'est que pour pouvoir pontifier dans la durée, Messieurs les professeurs ne pouvaient pas prendre de risques réels. Ils ont essentiellement conforté, rassuré, éteint les inquiétudes, etc. À nous les beaux et lucratifs "ménages" dans les banques, les médias, les conférences ad hoc etc. L'ennui, c'est qu'ils n'ont absolument rien vu venir d'une crise que certains d'entre eux ont niée jusqu'après qu'elle se soit déclenchée. Les économistes, dans l'esprit public, ont perdu toute crédibilité.

Alors les banques n'invitent plus d'économistes "officiels", généralement universitaires, lors de leurs raouts et si certains médias le font encore, personne ne les écoute.

La crise a presque liquidé les faux prêtres économiques de l'entre-soi universitaire.

D'une certaine façon, c'est bien. Un coup de balai nettoie toujours un peu.

L'ennui, c'est que plus personne ne croit plus que l'économie soit une science et qu'elle ait quelque chose à nous dire de notre avenir national. Alors que la stagnation du pouvoir d'achat alliée à la montée de la dette, des impôts et du chômage frappe durement les Français.

Les politiques sont spontanément très hésitants à parler d'économie. La plupart d'entre eux n'y comprennent rien. Aucun ne souhaite s'exprimer sur des sujets où il n'y a que des coups à prendre. Constatons qu'aucun d'entre eux n'a donné ne serait-ce qu'un début d'explication crédible de l'effondrement de 2008, ses mécanismes et les manières d'éviter que les mêmes causes provoquent les mêmes résultats désastreux.

Les Ministres des Finances sont en général des politiques (Barouin ou Lagarde pour Sarkozy ; Moscovici ou Sapin pour Hollande) dont les compétences économiques sont à peu près inexistantes. La politique est conduite par le Trésor, dans ce qui reste de responsabilité gouvernementale. Tout le reste se passe ailleurs.

L'Universitaire, qui avait pris une place abusive, étant déconsidéré, les médias vidés de journalistes compétents, la classe intellectuelle dans le rejet de "l'économisme" et la classe politique dans le refus d'exprimer et diagnostic et thérapeutique, faute de personnel compétent, on comprend que l'économie ne risque pas d'être traitée de façon convenable dans les élections qui s'annoncent.

Comme en 2002, 2007, 2 012 pour s'en tenir qu'à ce siècle. Avec les résultats que l'on voit.

Nous pardonnera-t-on de dire que c'est un drame national ?

Programme économique présidentiel et méthode associée

Pour justifier son départ de la filiale Réseau de la SNCF, son ancien dirigeant a déclaré propos du redressement de comptes affreusement dégradés : « Pour y parvenir, il faut 5 à 10 ans, Il faut que le président ait la visibilité nécessaire. Ce sont de lourds défis et d'une grande complexité ».

Il ne l'avait pas. Il est parti. Il a eu parfaitement raison.

Il est évident que plus les défis sont lourds et les défauts indurés, plus il faut mettre le temps avec soi pour surmonter les difficultés.

Les défis économiques qui attendent le prochain Président de la République Française sont de cette nature : une action dans la durée pour éliminer une à une les causes internes et externes des difficultés anciennes et parer leurs conséquences, tout en construisant une nation plus prospère et plus solide et en tentant de faire face aux coups de butoir venant de l'intérieur ou de l'extérieur qui ne manqueront pas de survenir.

Comme nous ne cessons de le dire, l'arrivée par vagues successives de grandes secousses économiques dues aux défauts du système monétaire international est notre plus grand défi. La position du gouverneur de la banque centrale indienne qui appelle ces derniers temps "à une forme de nouveau Bretton Woods", n'est pas différente de celle de Jacques de Larosière et de nombreux hauts fonctionnaires internationaux. La situation actuelle, imposée par les Etats-Unis, ne peut pas durer. La pression pour la réorganisation des relations économiques et financières mondiales va constamment monter. La stagnation actuelle ne peut pas durer éternellement et on voit bien que les Banques centrales seules n'y peuvent pas grand-chose. Il faut donc avoir un discours sur ce sujet et se préparer à une diplomatie longue et difficile, partiellement conflictuelle.

Le second défi est d'éliminer l'exception bureaucratique et fiscale française qui est la cause proprement nationale de nos difficultés. Là encore, seule une politique de longue haleine permettra de mener à bien des réformes peu amènes mais indispensables.

Nous ne sommes pas contre le fait que le cadre de ces réformes fasse l'objet d'une implémentation rapide en profitant de l'élan de l'élection. Mais penser que la politique de changement n'aura d'efficacité que dans les 100 premiers jours est la manifestation du "syndrome Guéna" que nous avons rappelé dans un billet précédent et qui nous paraît ridicule.

J. Attali va plus loin encore en expliquant que le nouveau président devra plus qu'aucun autre penser au long terme "sans se préoccuper de sa popularité et encore moins d'une éventuelle réélection". Ce côté sacrificiel est une posture, car elle manque totalement de réalisme. Elle suppose qu'une potion radicale a effet hyperrapide puisse être avalée par le pays avec suicide programmé du dirigeant qui l'a prescrite. C'est le syndrome Schroeder. On peut avoir une vision nettement plus calme.

Bien sûr il faut condamner les plans politiciens, façon Sarkozy ou Hollande, où tout le planning est construit exclusivement en fonction de la réélection et basé sur la "communication", "les éléments de langage" et l'analyse fiévreuse des sondages. Les stratégies exclusives de réélection sont condamnables, encore qu'on voit mal, les intérêts en jeu étant ce qu'ils sont, comment un homme politique, embarqué avec de grosses équipes, puisse s'en désintéresser totalement. L'important est de comprendre que la politique ne peut pas, dans la situation actuelle de la France, être un enchaînement d'opérations ciblées pour satisfaire des clientèles.

Il faut être clair sur l'intérêt général. Le faire comprendre n'est pas sans impact électoral. On n'est pas obligé d'être médiocre jusqu'à l'abjection.

Nous ne saurions trop conseiller de s'écarter du jeu qui consiste à dire : on va donner une raclée aux forces qui nous gênent dès qu'on sera arrivé au pouvoir et, ensuite, on gère les affaires courantes. Le but n'est pas de donner une raclée à qui que ce soit. Sinon on risque de ne pas être élu. Et si on l'est, c’est au moment de la réélection que le petit malin se verra pris à son propre jeu : il ne peut proposer que de continuer à gérer les affaires courantes. Si Sarkozy s'est retrouvé totalement éteint lors du débat de second tour de 2012, c'est parce qu'il n'avait plus rien à proposer. Ce serait le cas de Hollande s'il se représentait.

Il ne faut écouter ni les leçons d'outre-tombe d'Yves Guéna, ni les mauvais conseils d'Attali qui a copié la démarche dans un livre récent.

Bien sûr il faut agir par réforme constitutionnelle, référendum et ordonnances dans la foulée de l'élection, mais le but sera de fixer le cadre général d'une action qui devra se déployer dans la durée.

La réforme constitutionnelle doit avoir les buts suivants :

- Revenir sur des principes qui s'avèrent dangereux et qui ont été mis à tort dans la constitution, comme le principe de précaution ou l'indépendance totale des décisions des régions. Les décisions des régions entrent dans le champ de la politique nationale. La compétence universelle doit être supprimée. La compétence des régions s'exerce dans le cadre global de la procédure budgétaire nationale. Des normes peuvent être fixées nationalement pour éviter les taux d'imposition délirants, ou les recrutements excessifs.

- Fixer quelques normes fondamentales comme l'interdiction de se présenter à une élection qui fixe sa propre rémunération, l'impossibilité de cumuler plusieurs rémunérations de l'Etat, ou l'égalité de principe des régimes de sociaux, sans régimes séparés pour la fonction publique. De même, il doit être clair que des sanctions précises doivent frapper certains comportements des dirigeants de l'Etat, comme la félonie, atteinte exagérée aux droits fondamentaux d'un groupe de citoyens (exemple : taxer à 100 % et plus les revenus d'un citoyen en temps de paix), la forfaiture redéfinie comme la tentative d'utiliser les moyens délégués par la République pour viser des objectifs personnels ou de groupe, contraires aux intentions du législateur (par exemple le "justicialisme", dans le cas des juges), les restrictions au séjour, à l'accès à la nationalité, voire la déchéance de la nationalité, pour certains membres militants de communautés venues de l'étranger et installées récemment, en cas de comportements collectifs systématiques, importés de l'étranger et incompatibles avec le maintien des principes fondateurs de la communauté nationale.

- Redéfinir le nombre des députés et des sénateurs ; supprimer le Conseil Économique et Social et redessiner la carte des régions tout en supprimant les départements. Les attributions doivent être clarifiées. Le référendum doit pouvoir couvrir plus de thèmes qu'aujourd'hui.

- Rétablir le monopole du Conseil Constitutionnel dans l'interprétation des droits constitutionnels fondamentaux. Les traités ne doivent plus créer pas un droit supérieur à la volonté nationale. Le gouvernement de juges nommés dans des cours internationales doit cesser.

Il faut naturellement prendre immédiatement par ordonnance des lois d'organisation générale.

- Les ordonnances sur l'organisation de l'Etat doivent supprimer les statuts de niveau inférieur à la catégorie A, limiter les détachements et les mises à disposition, réformer le système de retraite (le niveau de la retraite devient indexer sur les droits acquis dans l'exercice d'une fonction et non par l'existence d'un statut) et empêcher la création d'associations dirigées par les fonctionnaires eux-mêmes ou leur parentèle pour s'octroyer des bénéfices en fraude des limitations légales. De même le contrôle de résultat (et pas seulement de légalité) des missions publiques ne doit pas être confié à l'administration mais à des audits extérieurs pouvant être commandés par l'exécutif ou le Parlement, dont les moyens d'investigation doivent être élargis et les moyens de saupoudrage d'argent limités. Il faut que le nombre des corps soit drastiquement réduit. Il en existe sans raison plusieurs centaines, lorsqu'il en faudrait moins d'une dizaine avec la possibilité de passage d'un silo administratif à l'autre sans difficulté. Pensons qu'un fonctionnaire du Sénat ou de l'Assemblée ne peut pas sortir de sa niche. Jamais ! On se retrouve avec deux armées mexicaines en sureffectif, surpayées, et sclérosées.

- Les règles du jeu syndical doivent être également refixées par une ordonnance précise, avec remise en cause partielle du paritarisme et encadrement strict du droit de grève (une grève ne doit avoir qu'un objet propre à l'entreprise et proportionné à ses ressources, sans remettre en cause un service public ou un intérêt national, et tout blocage externe ou interne doit être durement sanctionné). Il est à noter que ces règles élémentaires sont la règle générale de tous les pays démocratiques ou presque.

- Les cadres de la procédure budgétaire doivent être également totalement revus, aussi bien pour l'Etat que les régions et même les municipalités. La dépense doit être votée dans la continuité de l'évolution de l'économie d'une année sur l'autre, toute augmentation devant être gagée non pas sur une prévision mais sur un accroissement acquis du PIB l'année précédente. Les dérogations ne peuvent être votées qu'à une super-majorité ou par référendum. Pour les municipalités les demandes d'exception doivent être traitées par une commission spécialisée du conseil régional ; pour les régions par une commission spécialisée du Parlement national.

On le voit, ces réformes peuvent et doivent intervenir immédiatement, si elles ont été rédigées préalablement et présentées aux Français sans ambiguïté lors de la campagne, avec un lien très précis entre les mesures proposées et des abus constatés dans le passé immédiat. Il s'agit bien d'arrêter des dérives intenables dans l'état général du pays.

Elles fixent un cadre mais laisse un champ considérable à l'action quotidienne et aux grandes réformes qui demandent du temps et qui doivent être négociées dans la durée.

- Fiscalité du capital et recréation d'un milieu favorable à l'entreprenariat. Réduction drastique de la dépense publique. Gestion rigoureuse de la dette.

- Unification des allocations sociales et clarification des critères et des durées

- Réduction du champ de l'action publique (exemple : repasser au privé le soin des artistes non confirmés en supprimant les Frac ; supprimer le monopole de l'Insee dans la production des statistiques et leur interprétation ; restrictions des possibilités de concurrence du secteur privé par des agences publiques ou des organisations gouvernementales comme les DDE ; et mille autres réformes du même type).

C'est surtout en matière de "diplomatie de la prospérité" envers la zone Euro, l'Union européenne et le système monétaire international qu'il faut une action de longue durée. Des résultats immédiats sont ou impossibles ou possibles au prix de drames inutiles.

L'important, c'est de constamment préciser aux Français la cible à atteindre et la société que l'on veut créer.

Il faudra au moins vingt ans pour que la dette qui entrave l'économie soit éliminée, dix ans pour obtenir un nouvel ordre monétaire mondial satisfaisant, cinq ans pour créer un poste de chancelier de la zone euro, chargé de la coopération des politiques nationales. Mais il faudra moins de cinq ans pour rattraper une bonne partie le retard économique français, si on agit vite et fort.

Et on pourra alors convaincre le pays de l'importance de continuer dans la voie de la prospérité.

Le meilleur calcul politicien est d'envisager dans la durée une grande politique économique et sociale nationale, et une vraie diplomatie économique internationale.

Le PIB : le pire indicateur de conjoncture (2)

Un des aspects fascinants de l'information, comme elle est pratiquée en France, est l'utilisation d'indicateurs imprécis et impossibles à interpréter convenablement. Lorsque les commentateurs se fient aux chiffres après la virgule, on quitte définitivement le domaine du bon sens pour celui du n'importe quoi.

Le PIB est l'exemple même de l'agrégat dangereux et qui doit être manipulé avec la plus extrême prudence. Quiconque a une petite expérience de l'exploitation des statistiques dans le temps sait que cet indicateur est un conglomérat de sous-ensembles dont les composants restent longtemps estimés. Avant que toutes les estimations se transforment en constats, il faut au moins deux ans. La variation d'estimation des composants peut aller jusqu'à 0,5 pointsparfois plus. Ce qui veut dire qu'une hausse de 0.1 % peut se transformer en baisse de 0.2 %, ou qu'une hausse de 1 % peut passer à 1.5 %.

Si l'Insee était sympathique, il produirait un comparatif mois par mois des estimations et des rectifications. Cela tuerait dans l'œuf toute tentative de tenir des propos définitifs sur des chiffres incertains qui n'indiquent même pas des tendances (on peut avoir des inversions ou des accélérations), sinon avec un sage retard de deux ans. Cela ouvre aussi la porte à des manipulations. L'INSEE étant peuplé de fonctionnaires "de gauche", en fait socialistes voire communistes, avec des pressions syndicales sur l'information (on se rappelle de l'affaire des trente cinq heures où les syndicats ont exigé le licenciement d'un analyste qui ne couvrait pas de louange la mesure), la sagesse est de ne lire les chiffres du PIB qu'avec deux ans de décalage et ne pas compter sur eux pour comprendre la conjoncture.

Autre considération : la conjoncture au sens strict ne concerne que le secteur marchand, puisque la dépense publique est budgétée chaque année et engagée pour des décennies. L'indicateur de conjoncture le plus avancé est le montant des commandes. ou mieux, comme nous l'avons déjà démontré sur ce site, le solde des clients en hausse de commande et des clients en baisse.

Cet indicateur est d'une fiabilité absolue. Il ne dépend pas du nombre de jours ouvrés par mois, qui posent de nombreuses difficultés de comparabilité dans le temps et qu'on corrige plus ou moins bien, ni de simples impressions. Un écart de deux à trois jours luvrés sur 20 jours, représente une variation importante, parfois de plus de 10 %. On se rend compte que les virgules dans ce cas-là n'ont pas grand sens.

Il faut bien se rendre compte qu'un indicateur basé sur un différentiel de commande est extrêmement sensible, c'est-à-dire que ses évolutions sont très fortes, donc visibles comme le nez au milieu de la figure. On peut passer d'un écart de clients en hausse par rapport aux clients en baisse de -20 à +10. Lorsqu’une inversion a lieu, on la voit bien et on la voit vite. Lorsqu'il y a accélération de la croissance on le voit aussi très bien. Dans le secteur de la mécanique on est passé début 97 d'un ratio de 40-60 à 60-40 en deux mois, marquant un surprenant retournement qui annonçait les très bons chiffres mondiaux des trois dernières années du siècle, en dépit de la crise dite faussement des "pays émergents" (il s'agissait d'une hausse maladive du dollar et des bourses américaines dans le système malade des changes flottants qui a asséché brutalement les marchés spéculatifs hors des Etats-Unis).

La conjoncture étant désormais, dans le secteur privé, entièrement internationalisée, la corrélation de l'indicateur avec ceux de l'étranger donnerait des résultats hyperfiables, rapides et faciles à interpréter. Mais il n'est pas tenu par l'Insee qui se contente de l'opinion des chefs d'entreprise, beaucoup moins fiable et qui ne tient pas bien compte des variations saisonnières. Eurostat est totalement défaillant.

L'interprétation des chiffres doit également se faire en comparant avec la phase du cycle.

Nous sommes dans l'accélération traditionnelle de fin de cycle décennal, avec une perspective de coup de frein d'ici 2018, net mais moins brutal qu'en 2008. Il est donc bon de faire des comparaisons avec les croissances de même nature. Les chiffres  actuels, un peu partout dans le monde développés, sont généralement inférieurs à 2,5 % n'ont rien à voir avec les hausses de 3.5 à 7 % des cycles précédents.

Nous sommes dans une reprise extrêmement lente, par rapport aux tendances habituelles à ce stade du cycle, plus lente et plus tardive en France qu'ailleurs.

En s'exaltant sur une variation d'estimation de 0.1 %, la presse fait ce qu'elle peut pour donner du sens à une information qui pour le moment n'en a pas vraiment. Rappelons qu'il suffit d'augmenter de 5 % les fonctionnaires dont la "production" est comptabilisée dans le PIB pour faire varier l'indice de plusieurs fractions de point !

La croissance, c'est facile : il suffit d'engager en masse des fonctionnaires. Le PIB monte. En même temps que la dette. Au final le retour aux réalités est terrible. Le chiffre du PIB doit toujours être corrigé de la variation de la dette globale.

Rappelons que les dépenses publiques continuent à croître en France, comme la dette. Le caractère effectif de la hausse de quelques fractions de points du PIB est donc impossible à analyser comme une amélioration franche, durable et saine de notre production.

Le coup de frein qui s'annonce et les redressements de comptes qui seront obligatoires après la gabegie électoraliste en cours, risquent de gommer ces hausses dès 2018. La décennie 2 010 sera pour la France une décennie de baisse globale du pouvoir d'achat, de destruction globale d'emploi et de stagnation économique. Peut-être allons-nous battre les années trente !

Nous entrons dans la parenthèse enchantée des périodes électorales où tout va mieux et va aller encore mieux. Nous le faisons les deux pieds dans les poubelles non ramassées, les grèves à répétition dans les secteurs protégés, le désordre général et les attentats.

 

La droite étouffée par la droite

Nous continuons notre examen des réactions engendrées par les programmes des candidats à la primaire de droite et du centre, cette fois-ci dans des journaux qui auraient pu paraître a priori favorables, mais qui continuent à croire qu’il faille tancer, avertir, montrer du droit et finalement interdire toute action un peu musclée pour sortir le pays de l’ornière.

Le Point a par exemple sorti de la naphtaline dorée un haut fonctionnaire quasi septuagénaire, typique de ce qui est tant dénoncé aujourd’hui   : la « pseudo élite » qui après un petit tour dans la fonction publique où elle a beaucoup montré son cœur à gauche, finit dans le privé le plus caricatural : la finance privée pour très, très, très riches.  Assis sur le veau d’or, il est amusant de fustiger la droite bornée  et ses prétentions au changement. C’est ainsi que Michel Cicurel tient à nous avertir dans Le Figaro du 27 mai, qu’aucune réforme sensible ne doit se faire « sans concertation préalable  avec les partenaires sociaux », qu’il est vain de toucher au droit du travail tant que la conjoncture ne sera pas meilleure, ni aux indemnités du chômage tant qu’il y aura des chômeurs, que l’objectif n’est pas l’essentiel mais la méthode et qu’il faut donner du temps au temps. Il faut surtout éviter la « purge drastique » et accepter l’aggravation des déficits. Pour résumer : les objectifs sont bons mais il ne faut rien faire sans accord préalable des syndicats et tant que la situation ne s’est pas améliorée.

Traduire : surtout ne faites rien qui pourrait secouer le tas d’or que nous avons à gérer. Après tout, nous avons toujours trouvé le moyen d’accommodements  sensés pour les très grosses fortunes françaises. L’important c’est que le pays reste calme. C’est toute la gestion Giscard (on noie le poisson)  et, en prime, toute la gestion Chirac (le Ni-Ni).

On a vu le résultat : recul permanent de la France sur tous les sujets ; chômage de masse ; endettement délirant…

Nous avons critiqué l’illusion des 100 jours, en rappelant l’histoire du livre programme de Guéna, il y a trente ans. Le « syndrome Guéna » est très prégnant dans tous les programmes des candidats à la primaire. Mais prétendre que ces programmes sont « libéraux » et qu’ils suggèrent de« mener toutes les réformes libérales  en cent jours »  est une caricature.

Ce qu’il faut faire en 100 jours, c’est mener les réformes de structure nécessaires pour casser le total immobilisme français et créer les possibilités d’une action. Ensuite il faudra probablement plus de dix ans pour sortir du marasme actuel. Attendre la sortie du marasme pour agir  pose aussitôt la question : pourquoi agir si on est sorti du marasme sans cette action ? Quelle meilleure recette pour ne rien faire  et s’enfoncer un peu plus ?

En revanche, comme nous ne cessons de le dire, il ne faut pas annoncer du sang et des larmes sans dessiner la situation visée et prouver la congruence des moyens. La réforme n’est pas une fin  plus ou moins mythique. Mais un moyen pour un résultat si possible appétissant.

Le Point, pour sa part, sort Alain Madelin de sa retraite politique, un septuagénaire qui lui aussi a quitté le débat public pour « faire de l’argent » dans la finance privée, avec un certain succès.  Les banalités fleurissent à nouveau :

« Nous ne subissons pas une crise ; nous vivons une mutation ». « Une telle mutation préfigure des décennies de progrès  comme jamais l’humanité n’en a connu ». Donc tout va bien. Il ne faut pas revenir sur les droits sociaux, pas mettre en œuvre la TVA sociale, pas toucher aux 35 heures autrement qu’à la marge, et surtout pas de purge. En revanche l’école gratuite sur internet va permettre de sortir les masses incultes du chômage. La légalisation de toutes les drogues règlera la question des trafics et de la délinquance. « Il ne s’agit pas de restaurer le passé mais de permettre au neuf d’émerger ». « Mes idées peuvent mobiliser une gauche moderne ».

En attendant il faut surtout réduire les impôts sur le capital, le revenu du capital et les plus values du capital, sans faire de vagues sociales et sans doute dans l’union des cœurs libéraux-sociaux et sociaux-libéraux.  Pour un ancien proche de l’OAS quel bouquet final !

Le mot clé : il n’y a pas de crise. Le libéralisme mondialisé est si bénéfique qu’il ne faut rien changer. Juste « s’adapter ». D’où viennent donc les crises qui balaient périodiquement le monde avec une force à chaque plus grande ? Silence. Il est vrai que naguère Madelin traitait d’imbéciles ceux qui pensaient que la création infinie de dollars par le biais des déficits américains et du recyclage des excédents des pays exportateurs, dans un cadre de changes flottants,  portaient le risque d’une crise globale très importante. L’explosion de 2007-2008 n’aura même pas suffi à lui déciller les yeux d’une millimètre.

Pour Madelin l’ennemi c’est donc Fillon, le promoteur de la TVA sociale, le contempteur du TSCG, le porteur de réformes qui cassent réellement le conformisme et l’attentisme.

Cicurel et Madelin, l’un comme l’autre plaident pour ne rien faire et,  derrière un paravent de modernité, pour faire baisser les impôts qui les intéressent (sur le capital, les intérêts du capital et les plus values). Pour le reste, inutile de secouer le pays.   Ils illustrent bien les raisons qui font de Juppé l’espoir des sondages à droite : une figure de noble présidentiable, un programme consensuel, des réformes molles et non provocantes, du bla-bla sympathique et on peut continuer à jouer ses petits jeux personnels dans le calme politique.

Que se passera-t-il si un nouveau tsunami financier vient balayer l’économie, comme en 1974, comme en 1993, comme en 2008, ou même une mini crise comme en 1982 ou  2001 ? Et si les conséquences font, à nouveau, revenir une gauche idéologique et démagogique qui aggrave tout ?

Puisqu’on vous dit qu’il n’y a pas de crises, seulement une mutation à laquelle il faut s’adapter en souplesse. Votre question ne se pose pas.

Comment dit-on « aveuglement intéressé » dans le petit monde des boursicoteurs ?

En attendant, on voit bien se dessiner la ligne de fracture principale à droite. 

D’un côté ceux qui veulent réellement sortir du schéma délétère qui nous a mis dans un trou profond où la plus grande part de la population se débat sans espoir. Seul une certaine radicalité permet d’espérer des résultats conséquents.

De l’autre, ceux qui pensent que « le pays est fragile » et qu’il ne faut agir qu’à la marge en desserrant subrepticement l’étau posé par les socialistes sur le cou des « très riches », mais bien se garder d’agiter des chiffons rouges devant les yeux des masses, tranquillisées par la belle figure romaine d’un président digne et droit dans ses bottes devenues bienveillantes, par un discours optimiste sur l’avenir radieux qui s’annonce et par l’absence de toutes réformes qui agiteraient les « forces sociales » (en un mot les syndicats et les fonctions publiques).

L’expérience Hollande démontre pourtant très bien qu’avec près de 15 millions de retraités, près de 6 millions de chômeurs, de près de 6 millions de fonctionnaires, avec  plus de 2 millions de personnes inactives subventionnées ne cherchant pas de travail et plus  de 2 millions de salariés d’associations presqu’entièrement accrochées aux subventions publiques, donc au total près de deux subventionnés pour un employé,  la seule procrastination  ne fonctionne pas.  La falaise grecque se profile de plus en plus près sur l’horizon.

Rappelons que le cours du pétrole a doublé en quelques mois, la FED va commencer à augmenter ses taux et que la BCE aura de plus en plus de mal à faire accepter que les vannes monétaires restent à ce point ouvertes.  Ajouter les menaces de Brexit, la montée du risque de mini récession mondiale, le risque en France d’un succès du FN, la guerre islamiste.  Mélanger le tout. Et se poser la question : L’immobilisme intéressé est-il réellement la seule solution ?  

Monnaie et commerce international : les deux règles fondamentales

 Le commerce international entre pays souverains n'est possible qu'en cas d'accord sur un moyen de paiement généralement reconnu. Le troc ou la compensation sont des systèmes difficiles et peu productifs. La question monétaire est donc fondamentale.

Il s'ensuit une première règle : on ne peut pas organiser le commerce international sans parler de système monétaire international ; on ne peut pas parler de système monétaire international sans parler de commerce. Lors de la conférence de Bretton Woods tout le monde avait compris que les deux sujets étaient liés et qu'il n'y avait pas d'échappatoire.

Il s'ensuit une seconde règle : les déséquilibres commerciaux entraînent automatiquement des déséquilibres monétaires et financiers. Les déséquilibres considérables et permanents ruinent l'économie. Le développement du commerce entre nations indépendantes n'est donc bénéfique dans la durée que si les grands équilibres sont maintenus également dans la durée, ou, a contrario, si les grands déséquilibres sont rapidement corrigés.

Une organisation du commerce mondial suppose donc une institution internationale qui constate les déséquilibres et entreprend de les faire corriger avec fermeté, même si des moyens sont mis en œuvre pour éviter des corrections trop brutales pénalisantes pour tout le monde.

L'objet fondamental de toute organisation économique plurinationale est donc de prévenir et de corriger les grands déséquilibres, quelles que soient les formes que peut prendre cette organisation. Une zone de monnaie unique est confrontée à cette exigence autant qu'un système de changes flottants ou un système de changes fixes et ajustables.

La grande difficulté actuelle tient tout entière dans le fait qu'aussi bien dans l'organisation mondiale que dans l'organisation européenne, on a oublié ces règles fondamentales. On a laissé se mettre en place des déséquilibres monstrueux sans aucuns mécanismes ni organes de correction.

C'est ainsi que l'Allemagne accumule constamment des excédents délirants dans la zone Euro  qui déséquilibrent totalement la gestion de la zone. Les Etats-Unis accumulent pour leur part constamment des déficits tout aussi délirants avec un peu partout des excédents miroirs.

Rien n'est fait pour corriger ces déséquilibres. RIEN DU TOUT ! L'idée même qu'il puisse en aller autrement paraît obscène à nos dirigeants et commentateurs officiels. Que chaque pays s'ajuste aux conséquences et se taise !

Ce qu'il faut comprendre, ce sont les conséquences des désajustements amples et de longues durées. Ce n'est pas bien difficile. Si un pays accumule d'énormes excédents monétaires parce que son économie, au cours de change donné, est structurellement plus productive, elle ne sait rien faire de cette monnaie en excédent sinon la replacer. Dans le pays en excédent les avoirs monétaires justifient une multiplication des crédits locaux. Dans le pays déficitaire où la ou les devises en excédent sont replacées, il y a entrée de trésorerie et poussée des crédits. C'est la fameuse double hélice des crédits dénoncée par Jacques Rueff. Ces crédits finissent par s'effondrer, provoquant des récessions, une baisse du trend, et un endettement accru par les mesures étatiques prises pour juguler la récession. Des petits déséquilibres entraînent des petites crises, des gros déséquilibres des grandes crises.

Au sein de la zone Euro, les excédents continuels et massifs de l'Allemagne ont fini par créer d'énormes boules de crédits sans cause notamment en Espagne, en Grèce, en Irlande, en Italie, au Portugal et en France. Ces crédits sont de purs gaspillages et ne sont pour l'essentiel plus remboursables. L'Allemagne se retrouve donc avec des créances irrécouvrables mais ne veut pas l'admettre. Il en est résulté une course à la contraction économique en Europe qui a fait grimper le chômage partout sauf en Allemagne qui tremble cependant d'avoir finalement à encaisser ses pertes.

Au sein du système monétaire international la situation est exactement la même. De déficits énormes en excédents gigantesques, on a créé une "économie baudruche" qui a finalement explosé en 2008 en laissant une ardoise d'environ 12 mille milliards de dollars de pertes sèche dans le système, qu'on ne parvient pas à éliminer en douceur. 57 000 milliards de dettes supplémentaires plus tard, et avec des intérêts négatifs, on ne sait toujours pas où on va.

Quels seraient les moyens de sortie ?

En Europe, la question est claire. Il faut une institution de coordination et une règle automatique : les pays en excédents doivent ou corriger leurs excédents ou payer au pot commun. Plus l'excédent est gros, plus il est âgé, plus la contribution au pot commun doit être forte. Idem pour un pays en déficit permanent ou chronique. Il peut être aidé, pour sortir de la crise en souplesse, mais sous conditions d'autant plus draconiennes que les déficits sont plus âgés et plus importants. On comprend que plus vite les mesures sont prises et moins graves sont les déséquilibres, plus faciles seront les ajustements.

La grande difficulté est qu'un pays en excédent se considère comme vertueux et fort. Il exige que ce soit les autres qui s'ajustent. Cette position est absurde même si elle est psychologiquement prégnante.

Dans un système de monnaies à taux de change fixes mais ajustables, la variation du change permet de régler rapidement les différences de compétitivité. Si on rend les décisions d'ajustements dépendantes d'une institution extérieure disposant d'une certaine autorité, notamment pour prévenir les déséquilibres et éviter les attitudes délétères de gouvernement cherchant des dévaluations à rythme accéléré, on obtient de bons résultats. En change fixe l'affaire est plus délicate puisqu'il n'y a guère que deux actions possibles, si possible concertées, pour sortir des déséquilibres : la déflation dans les pays en perte de compétitivité et symétriquement la relance et l'inflation dans le pays excédentaire. Ces politiques étant difficiles, la prévention devient fondamentale. La création de la zone Euro aurait dû être accompagnée de la création d'un organe de constat, de prévention et de coordination économique. Ce que nous appelons un chancelier de la zone Euro. On a préféré des règles juridiques absurdes et dont personne ne tient réellement compte. On s'ajuste donc par la déflation et la récession. On peut considérer cela comme une énorme défaillance intellectuelle, morale et politique.

Dans un système de monnaies flottantes, la situation est pire. Surtout si un pays, du fait de l'histoire et de sa puissance économique, a réussi à installer sa monnaie comme monnaie mondiale. Il n'y a alors plus aucun moyen d'obtenir de ce pays qu'il change quoi que ce soit à sa situation. Les ajustements ne se font pas. les bulles enflent et explosent périodiquement. De plus en plus gravement. Les pays en excédent, pays producteurs de pétrole, pays ayant décidé de croître par le dumping monétaire, vivent en permanence dans la crainte de voir leurs avoirs monétaires dévalués et les placements faits à l'extérieur perdre toute valeur. L'Allemagne à la fin des années soixante-dix, le Japon à la fin des années quatre-vingt, la Chine dès 2010 se sont retrouvées ainsi suspendus dans le néant. L'Allemagne a mis 25 ans à s'en remettre. Le Japon ne s'en est toujours pas remis. La Chine tremble.

Les clés d'un système international de commerce et de monnaie efficace sont parfaitement connues.

Tout pays en excédents doit rétablir ses comptes. Les replacements en capital doivent être interdits. Il faut qu'il dépense en achats de services et de marchandises suffisamment pour rééquilibrer ses comptes extérieurs. Il peut le faire en ajustant sa monnaie et/ou ses achats et ses ventes extérieurs. Tout pays en déficit doit réajuster sa monnaie ou remettre en ordre sa productivité.

Quel est le meilleur cadre pour obtenir ces résultats ? Les changes flottants ont montré que non seulement ils étaient incapables de provoquer les ajustements nécessaires mais qu'en plus ils compliquaient ou empêchaient la recherche de solution.

La meilleure solution est un système de changes fixes et ajustables avec des mécanismes automatiques de pénalisation des grands excédents et des grands déficits, une monnaie de compte extra-nationale et une organisation multilatérale indépendante des gouvernements, paritaire, et sans que personne n'y ait de droit de veto.

Il va de soi que dans une telle organisation internationale, le représentant de l'Europe serait le chancelier de la zone Euro. Son travail serait d'autant simplifié qu'il pourrait à la fois ajuster de façon interne les économies et participer aux ajustements externes. Un tel système implique que personne ne puisse plus "shorter "une monnaie et qu'une telle entreprise soit durement sanctionnée. Ce contrôle est désormais techniquement facile à mettre en œuvre. De même les mouvements de capitaux à court terme doivent pouvoir être limités autant que de besoin, surtout s'ils ne correspondent à aucun mouvement commercial.

On dira : et le passé ? Le passé ne doit pas être géré par les institutions chargées de gérer le courant mais faire l'objet d'un cantonnement global par d'autres instances.

C'est à cette nouvelle construction qu'il faut désormais s'attacher. Rien n'est plus urgent. Les conférences sur le commerce proprement dit ne peuvent se mettre en place avant que cette question cruciale ne soit tranchée.

Il n'y a pas de commerce sans monnaie saine  ni de monnaie saine sans commerce équilibré

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

PS : à souligner, le silence absolu de notre gouvernement et des futurs candidats à la présidentielle sur ces sujets absolument cruciaux "pour la vie quotidienne des Français" et surtout sur l'avenir de leurs enfants. .

France : les mots qui tuent l'action

On voit aujourd’hui se multiplier l’emploi de mots qui masquent, qui éludent, qui évitent, qui fuient. Face à nos difficultés extrêmes et récurrentes, voici les tenants de la « gouvernance », de la « méthode », de la « participation », de la « compliance » (un peu d’anglais ne nuit pas). Ces vocables baignent dans les adjectifs : compassionnel, bienveillant, consensuel.

Tout pour éviter l’emploi du mot DIRIGER.

Diriger, cela signifie avoir au moins une direction. L’objectif soit être identifié et qualifié. Les moyens d’arriver au but  sont à préciser et à évaluer. Ils doivent être congruents avec l’objectif.

Diriger demande de réfléchir puis de mobiliser et d’agir fermement jusqu’au résultat.

Le général de Gaulle a dirigé le pays. Sur tout sujet, il faisait d’abord table rase. Puis se construisait à force de consultations et  de réflexion, un diagnostic sur la situation courante, une réflexion sur celle qu’il faudrait viser et enfin une politique. Une politique commence par s’énoncer. Un dirigeant efficace construit, réunit et fonce. La parole est son arme. Mais il faut qu’elle soit chargée et que ceux qui doivent se mobiliser puissent y reconnaître une rationalité, une opportunité, et un espoir.

Personne ne souhaite se mobiliser en vain. Personne n’aime être contraint en vain.

Diriger contraint. En cas de guerre, la mort apparait qui est la contrainte suprême. Pour atteindre l’objectif il va bien falloir engager le combat contre ceux qui n’acceptent ni l’objectif ni les moyens, ou qui, en politique, veulent simplement la place ou des places.

La France est le fruit de nombreux combats et dont elle porte encore maintes cicatrices.  Elle porte en elle  l’avenir de nombreux sacrifices qui l’ont faite telle que les Français voulurent qu’elle soit.

En économie, diriger, c’est comprendre et prévoir. Si on ne comprend rien, on ne peut rien faire. Où en est, en France, le diagnostic de la crise terrible qui a frappé l’économie monde et par ricochet l’économie française ? Poser la question est y répondre : il n’y a pas de diagnostic public des causes de notre désastre économique national dont il est même recommandé de ne pas parler. « Si on parlait moins de crise, il n’y aurait pas de crise » répète inlassablement l’imbécile. Il n’y a pas de prévision. Où veut-on être dans 5 ans, dans dix ans et quels sont les obstacles à vaincre pour y parvenir ? Pas un mot. Non pas qu’on n’annonce pas le paradis sur terre pour le lendemain des élections. Mais quelles prises en compte réelles des tendances lourdes, des risques latents, des échéances probables ?

Nicolas Sarkozy annonce en 2007 que la confiance retrouvée permettra un accroissement formidable de la croissance et ne voit pas venir une crise majeure parfaitement évidente pour qui regarde.

François Hollande nie la crise en 2011 et explique que si cela va mal, c’est à cause de son adversaire. Qu’il soit chassé,  il se charge de « ré-enchanter la France ».  Avec les résultats que l’on voit.

La droite annonce qu’elle va être formidablement volontaire, mais entend ignorer qu’en 74, les bonnes intentions de Giscard, Chirac et Barre ont été  balayées par une crise venue d’ailleurs, que celles de Balladur puis Chirac et Juppé, le seront par la crise de 93, que Chirac, Raffarin et Villepin seront rattrapés par la crise de 2001-2002 et que Sarkozy et Fillon verront leurs espoirs anéantis par une nouveau tsunami.  La tradition du cycle veut qu’une crise internationale balaie le monde tous les huit-dix ans, avec une alternance de récessions fortes et de retours de flamme plus mous. On risque donc en 2017 et 2018 un retournement de ce genre. Qui le dit. Qui même y pense ?

Les socialistes, minoritaires dans le pays, ne parviennent au pouvoir que sur les décombres d’une crise décennale. Ils se pensent aussitôt autorisé à imposer un complément de régime socialiste basé sur la méfiance, la contrainte, la dépense publique et les impôts. Ils aggravent systématiquement les effets de la crise et la rende inextricable.  Le résultat est toujours  délétère.

La France ne se remettra jamais du « programme commun de la gauche » : le revenu par tête des Français rattrapait depuis la guerre celui des Américains. Terminé depuis 1981 !

La France avait retrouvé ses grands équilibres commerciaux. Jospin étouffe la compétitivité française qui repasse dans les déficits permanents en matière de commerce international au début de ce siècle, grâce à un jeu de mesures typiquement trotskiste (étouffement des relations du travail, réduction massive du temps de travail).  

La France, étrillée par la crise de 2008, aurait du retrouver une marche normale cinq ans après les mesures d’urgence. A force d’impôts spoliateurs et d’injures haineuses,  suivies d’un virage à 180%, mais tellement en dérapage que les roues n’accrochent pas la route, la situation est pire que jamais.

Cette alternance de crises globales et d’aggravations socialistes a ruiné la France dans les quarante dernières années.

Il faut aujourd’hui  mobiliser contre les causes des crises globales en proposant les bonnes solutions et en définissant les moyens d’aboutir aux révisions nécessaires.  Le silence est de plomb.

Le socialisme doit être éliminé des perspectives électorales normales, qui ne devraient rien d’une doctrine qui n’a partout que provoqué crime et ruines dans ses versions génocidaires  et appauvrissement et chômage dans ses versions basées sur la seule violence règlementaire et fiscale.  Il ne faut plus laisser croire à qui que ce soit que sa situation dépendra du vol du travail et de l’épargne d’autrui.  Les situations individuelles ne peuvent et ne doivent s’améliorer qu’à concurrence de la participation active à la prospérité générale.

La clé de l’avenir n’est pas dans « la gouvernance », « la participation », le « consensus », la « bienveillance », la « compassion », « la compliance », « le juridisme », « la norme », « la soumission au rapport de force », dans « le rêve général ».

Il est dans l’exercice du pouvoir par des DIRIGEANTS qui auront le courage d’expliquer les causes réelles des difficultés en cours, qui proposeront des solutions cohérentes et complètes en vue de les juguler et qui sauront définir un objectif clair à atteindre autour duquel le pays tout entier peut se mobiliser.

Bien sûr, avoir une politique effective est un exercice exigeant. Il faut comprendre. Il faut expliquer. Il faut rassembler. Il faut concentrer des énergies et des moyens vers un but et de nombreux objectifs intermédiaires en général difficiles à atteindre. C’est exigeant.

Tout le reste est postures ou impostures et la ruine définitive du pays à court terme. Nous sommes à deux doigts de la situation grecque de chaos politique, économique et social.

L’heure tourne.

Hollande : une sinistre fin de règne

Alors que nous vivons les consternants  soubresauts de la fin de règne du plus médiocre Président que la France s’est donnée depuis Deschanel,  il est à craindre que son histoire ne trouve guère d’autres lecteurs que des contempteurs indignés ou de navrants « malgré-nous ».

Quelle est la part, dans cet échec impitoyable, de la psychologie fâcheuse du petit malin et de l’inepte doctrine qu’il a choisi comme vecteur de fortune personnelle ?

La France pouvait-elle se trouver bien d’un Prince aussi tenté par l’orgueil déplacé de la transgression ?  Les Français pouvaient-ils espérer beaucoup des concessions  multipliées par électoralisme  à une idéologie funeste?

L’amour de la transgression n’est pas celui de la Patrie. Est-il une seule catégorie, vertueuse ou son contraire, qu’il n’ait pas voulu foudroyer  ou fourvoyer en la prenant à revers ?

Voici la mère chargée d’enfants à qui l’on refuse la solidité du mariage, institution que l’on vide de sens en l’ouvrant à qui ne peut pas avoir d’enfants naturels. Voici la maîtresse que l’on chasse ignominieusement, pour entrer en libertinage avec une autre dans les impasses casquée de la rue du Cirque.  Voici la fortune insultée et chassée, alors qu’on s’enrichit personnellement au-delà de tout espoir. Voici la pauvreté des « sans dents » accablée, et les faibles chassés de l’emploi, quand la parole du démagogue la flatte tous les jours.

Le pervers personnel ne fait que des victimes individuelles. Le Prince pervers trouble la nation toute entière.   Pauvre peuple français qui a signé par un vote déprimé la mise sous tutelle de son travail, de son intelligence et des fruits de son histoire.

Voici la transgression Najat Belkacem, symbole de la soumission à une altérité sans mérite, élevée à la direction d’un enseignement national dont le sens et les résultats ont été anéantis par le pédagogisme. Elle détruit impitoyablement 1.000 ans de grandeur de la pensée française et de haute tradition, c'est-à-dire de haute transmission.

Voici la transgression Hidalgo, vieille maîtresse d’origine étrangère devenue mairesse de Paris où, quêtant l’appui d’un Communiste en ignorant des mille génocides commis par la mouvance, elle entend pourrir la vie du bourgeois jusque sur son palier, tout en multipliant les fêtes et les dépenses qui n’intéressent qu’une poignée de ridicules.

Voici la transgression Taubira, guérillera franc-maçonne sur le retour, contemptrice un brin raciste du Blanc colonialiste et esclavagiste, qui fait de la sanction pénale non pas la juste prévention du crime mais son berceau.   

Voici la transgression  Duflot, médiocre diplômée en géographie qui voit le Japon dans l’hémisphère sud, qui ruine l’industrie de la construction en une seule loi inepte au nom d’une écologie dévoyée de tout sens, et la contre transgression Coste qui voit l’infortunée épouse d’un harceleur sexuel, soutenu par Hidalgo (que le monde est petit), devenir Ministre de la République par calcul politicien de douzième ordre.

Voici la transgression Valls, petit hidalgo  à mouvements de menton,  projeté d’un coup  Premier Ministre et la contre transgression Macron qui doit le tuer politiquement, comme naguère le sinistre Mitterrand, modèle insurpassable du cynisme politique,  avait lancé le flambeur Tapie saper pour toujours  les ambitions de l’esprit-faux  Rocard.

Voici la transgression de la déchéance de la nationalité, que l’habile crut devoir jeter à la colère des Français indignés par le plus grand massacre subi en temps de paix par une population innocente, et finalement abandonnée en rase campagne, sur fond de mépris général.

Voici la transgression El Khomry, à nouveau d’origine étrangère, chargée à son incompétence défendante, de porter un projet transgressif de tout ce qui fait le socialisme depuis 150 ans. Et une France livrée sans défense aux exactions de la CGT et de ses nervis, aux attaques des milices fascistes d’extrême gauche, et à mille excités que stimule la faiblesse de l’Etat  et qui finissent par tenter de tuer des policiers et par demander la pendaison sur le Pont d’Avignon « de tous les patrons ». Où sont les cellules de déradicalisation ?

Alors oui, la composante psychologique du président actuel de la France a entraîné le pays au bord de l’abîme.

On dira : cette transgression a tout de même permis le Pacte avec les entreprises et la restauration de leurs marges.  Pour un socialiste, ce n’était pas rien. Après tout il a fallu un premier secrétaire du Parti Communiste russe  pour mettre en l’air l’URSS. Pourquoi pas un ancien secrétaire du PS français pour restaurer la compétitivité des entreprises en prenant à contrepied les chants destructeurs de son propre camp ?

Certes, certes.

Mais, pour compenser cette mesure insuffisante,  combien de concessions dramatiques  à l’idéologie délétère qui, partout, a conduit les peuples à la ruine ou à la tragédie et qui rendent désormais presqu’impossible une sortie par le haut des terribles tourments économiques et financiers qui accablent le pays ? Nous sommes désormais les champions du monde du prélèvement obligatoire. Spoliation socialiste, tu tiens ta victoire.

Et de combien de mesures purement démagogiques, proches de l’achat de vote pur et simple, et dont l’effet destructeur est multiplié par l’état de détresse actuel de notre pays,  devrons- nous payer pour l’ambition délirante désormais déclarée d’un nouveau quinquennat ?

Il ne fallait à la France ni un esprit épris de lui-même, au point de faire de la transgression un mode « normal »  de gouvernement, ni un politicien manipulateur de chimères au point de livrer le pays aux plus ruineuses utopies, alors qu’il menaçait déjà de sombrer. Comment espérer quoi que ce soit de cinq années de plus d’un gouvernement tenu dans la double sujétion d’un caractère et d’une doctrine aussi problématiques ?

Les Français ont eu tort d’abandonner la France.  Ils ont mis sous le joug  et leur foi nationale et leur conscience historique. Ils sont devenus le jouet désarticulé d’une ambition individuelle médiocre et d’une idéologie morte.  Le démagogue parlait de « pacifier » le pays. On en est aux tentatives de meurtre de policiers, façon Jeanne d’Arc malgré la fermeture des pompes à essence.  On appelle à la pendaison « de tous les patrons » sur le pont d’Avignon.

Pour avoir stimuler la haine de tous contre tous, et celle de chacun contre chacun,

Pour avoir fait espérer à certains qu’ils pourraient gagner un peu en prenant tout à d’autres,

Pour n’avoir jamais esquissé les voies et moyens d’un avenir français, ni jamais pris un ferme parti sur aucun des sujets graves qui peuvent le saper,

François Hollande a fini de désespérer la population dont le choix actuel n’est plus qu’entre  la résignation morose, les révoltes mortifères et les expatriations ruineuses.  

Celui qui pensait tenir la jeunesse politisée, encadrée par son parti, et ne jamais fâcher vraiment la CGT et  les habituels maîtres chanteurs de la République, s’est pris une nouvelle fois les pieds dans une de ses manipulations électoralistes malsaines. Les voilà acharnés à ruiner l’ordre public et le reste de prospérité du pays pour le faire céder.   

La majorité silencieuse observe et subit, consternée. 

Elle pense : plus jamais çà !

Elle a raison.

Jean Tirole : un prix Nobel pour rien ?

Malheureux  Jean Tirole, sorti de ses études scientifiques pépères par la notoriété d’un prix international de renom, et sommé d’intervenir dans les débats politico-économiques pipés de l’intelligentsia médiatique française au minimum anti libérale et généralement marxiste (voire pre marxiste ou post marxiste, c’est selon),  dans les débats socialo-socialistes de l’Assemblée Nationale et dans les débats programmatiques de la droite en vue des élections présidentielles. 

En France, un économiste est par définition un ennemi du socialisme et de la gauche. Au pire, ce n’est qu’un suppôt du MEDEF. Au mieux un inconscient qui ne se rend pas compte qu’il véhicule une idéologie bourgeoise et qu’il doit d’abord s’excuser de ses lamentables préjugés.  La seule vérité admise est celle des luttes sociales et du rapport de forces avec les patrons.  « Si on avait écouté les économistes, on n’aurait aucune loi sociale et pas les congés payés ». Choisissez votre camp : vous êtes pro lutte : admis. Vous dites : « attention à ne pas étouffer l’économie avec des mesures qui ont des effets pervers » : vous êtes un « fasciste ».

Entrer dans un débat économique sur un forum ou une émission de radio télévision, exige d’abord de préciser « d’où vous parlez  ».  Faites-vous partie des bons ? Ou êtes-vous un « salaud » au sens sartrien du terme ?

Comme on sait, depuis 1968 et l’Odéon, que « les faits sont fascistes » et depuis Nuit Debout que le Rêve Général (et les pillages et destructions associés)  est la seule solution admise, un économiste qui prétend s’appuyer sur les faits pour tenter de définir des règles du jeu efficace en vue d’un objectif de prospérité générale doit faire l’objet prophylaxique et préventif  d’une « reductio ad hitlerum et petainum » incandescente.  

La France scolaire et universitaire est depuis très longtemps alignée sur ces thèmes socialistes et anti capitalistes. Lire les manuels d’économie français pour scolaire est une épreuve pénible : le pavé idéologique socialiste est en béton armé, soutenu par une cohorte « d’enseignants » en général incultes mais politiquement orientés. A l’Université, c’est pire. « L’économiste distingué », façon Leroy Beaulieu, a été remplacé par des minables sélectionnés sur critères principalement politiques.

A Sciences-po, depuis la fin des années 70, la librairie qui fait face à l’entrée de la rue Saint Guillaume n’affichait que des économistes de gauche contestataires du capitalisme.  L’institut à prétention économique rattaché à Science-po est un repère d’économistes dits « de gauche » surtout soucieux de montrer que l’économie publique est la seule vraie et que le capitalisme privé est une catastrophe. Les facultés sont en général peuplées d’économistes châtrés. Plus on monte dans le système, plus le cheptel des étudiants est de bas niveau ! En doctorat, il ne reste en général que les plus nuls et des étrangers, souvent africains (heureusement, ils relèvent le niveau d’ambition). Obtenir des postes dépends de la frénésie qu’on a mis à signer des pétitions de gauche, façon « les 1xx économistes en faveur des trente-cinq heures ». L’Université française, en économie, est la seule qui conserve des économistes marxistes purs et durs. Il est vrai que dans les années 60 et 70 certains professeurs ( ?!) sélectionnaient sur des critères purement idéologiques. Un certain Denis qui enseignait à Paris l’histoire de la pensée économique mettait 2 à qui répondait valeur utilité et 20 à qui répondait valeur travail,  sur toute question relative à la théorie de la valeur. Tout le monde le savait. Cela ne gênait personne. L’opportunisme prévalait chez les élèves. Surtout ceux qui voulaient rester dans l’enseignement.

Cela nous vaut, au mieux des Picketty et au pire des commissaires politiques autoproclamés du bien penser économique anticapitaliste. On ne dénombrera pas ici ces  « justiciers » qui ne pensent qu’en termes d’alternative économique. Cette tentation marxo-gaucharde basée sur le négationnisme économique et le pilori, est une des grands malheurs de l’enseignement et de l’information économique en France.  Toutes les sottises antiéconomiques proposées par les gouvernements de gauche sont encensées par ces esprits partisans. On voit où cela nous a mené.

Pour parler comme Eric Zemmour, la pensée dominante en France est antiéconomique. Les mauvais esprits sont éliminés. Qu’une chaîne comme BFM TV qui fait souvent intervenir des guignols du boursicotage, fasse accompagner Le Chypre de Chavagneux, en dit long sur l’état de soumission idéologique de la TNT.  

Et personne ne parle de mettre en place des cellules de dé-radicalisation pour ces faux prêtres…

Cela explique largement les postures gesticulatoires violentes des « étudiants conscientisés » qui détruisent chaque nuit un peu partout en France à la simple évocation du nom El Khomry.

Il faut ajouter que la science économique est une forme d’oxymore. Les sciences sociales malgré tous les efforts faits pour les rendre incompréhensibles par qui n’est pas matheux, ne sont pas des sciences exactes mais des chemins de réflexion basés sur des évolutions constatées et des mécanismes plus ou moins bien cernés. Les vulgates enseignées sont par définition des raccourcis dont il est facile de prouver que, pris à la lettre, ils ne correspondent pas à la réalité.

Cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir de réflexion économique sensée, mais qu’il n’y a pas de lois mécaniques comme en physique. Du coup la notion de prix Nobel, (oublions la querelle de nom pour celui d’économie), est sujette à plus de caution que dans le domaine des sciences exactes. Il n’y a pas de véritables « découvertes » en économie, dont l’obtention puisse être primée. Lorsqu’on prend la collection des travaux primés par le « Nobel » d’économie depuis qu’on a créé ce prix, on constate que le tamis du temps les a laissés tomber majoritairement dans la poubelle des insignifiances.  Le jury n’est pas absolument immunisé contre les options politiques. Krugman a été récompensé pour son activisme contre le Parti Républicain dans les colonnes du NYT, pas pour des travaux universitaires (parfaitement sans intérêt). On peut dire la même chose de Stiglitz qui est un esprit brillant mais généralement faux.  Ces deux polémistes sont d’ailleurs des coqueluches médiatiques et politiques en France. Avec l’inévitable et consternant Varoufakis.  On voit le niveau.

Dans un tel contexte le nouveau prix Nobel français, Jean Tirole, sommé de devenir une parole reconnue dans le débat économique français, ne pouvait pas être à la fête. On lui a fait écrire un livre qui n’a à peu près aucun intérêt, tellement il est consensuel et dilué. Mais même ce filet d’eau tiède  est vilipendé ou fait l’objet de récupérations politiques ridicules.

L’emploi du mot « consensus » en fait par exemple le parangon de toutes les vertus pour ceux qui veulent une forme d’union nationale ni de droite ni de gauche, disons centriste, pour sortir la France de ses problèmes.  Bientôt on lui fera dire qu’il est pour la proportionnelle !

Pouvait-il en être autrement ? Probablement pas.

Pour pouvoir avancer deux ou trois idées, au demeurant banales,  il est obligé à une prudence de loup et à s’excuser à chaque pas. L’interview par l’indispensable Chavagneux sur France Inter ce matin en était une fois de plus la preuve.  « Vous soutenez les thèses du Medef ». Sous entendu : vous êtes un agent de la réaction.  La disqualification sur une base purement idéologique marxiste a été la constante de l’émission. Et le pauvre essayait de montrer sa bonne volonté. Et plus il le faisait, plus il s’enfonçait dans le rien du tout.

Le débat économique en France est tout simplement interdit s’il risque de déstabiliser les forces idéologiques embossées dans les médias, dont la dominante est un magma informe de sous-intellectuels opportunistes.

Qu’importe les réalités ! Qu’importe la gravité de la situation ! Pour les idéologues politisés, les désastres sont toujours la faute d’un vilain. Choisissez votre vilain. On vous acceptera en néolibéral affichée ou en économiste atterré ou alternatif.  Pas en observateur neutre des faits  et encore moins en force d’explication des conséquences d’actions porteuses de catastrophes.

Il suffit de voir ce qui est arrivé à Maurice Allais pour comprendre que la moindre lueur de réalisme est impossible en France. Mais au moins il avait secoué la baraque. Et les faits lui ont donné raison. Ce qui donne de la force à son message même s’il est post mortem.

On ne peut guère conseiller à Jean Tirole le chemin du martyr.  Mais du coup on peut se demander si ce prix Nobel n’est pas un prix pour rien.

En lisant Jacques de Larosière

« 50 ans de crises financières » est un titre accrocheur (Merci Odile Jacob !) mais parfaitement trompeur. Le lecteur s’attend à un ouvrage sinon technique (encore que…) du moins très précis sur les décisions fondamentales prises dans les cinquante dernières années qui ont conduit au désastre actuel. Jacques de Larosière n’est pas un simple observateur. Il a été au cœur du réacteur. Il était donc plus qu’important  d’avoir et son témoignage et son jugement sur ce qui a été défait de façon aussi inconséquente, avec des conséquences aussi dramatiques. Sa carrière couvre quasiment exactement la période qui a vu « La Crise » s’installer et devenir pratiquement insurmontable. Il n’a pas été simplement le compagnon du désastre mais un de ses acteurs majeurs.

Au lieu de cela, nous avons une courte et creuse autobiographie d’un personnage aussi parfaitement  lisse que pourrait l’être un prototype de haut fonctionnaire français ayant cumulé à la satisfaction générale tous les hautes fonctions nationales et internationales possibles. Une carrière si belle suscite le respect. Ce fut parfait ! Bravo !

Tous les poncifs du genre défilent avec distinction. L’épouse remarquable, les enfants superbes, les interlocuteurs délicieux, dont beaucoup deviennent des amis, les séparations émouvantes avec les employés-modèle à chaque départ d’une haute fonction. Et la pêche à la mouche ou au thon avec quelques grands de ce monde qui aurait pu valoir trois phrases amusantes à Pêche, Chasse et Nature.

L’ennui, c’est qu’on nous a annoncé des analyses perforantes sur les causes de 50 ans de crises financières. Et qu’on ne trouve pas dix pages dans tout le livre sur les questions clé que pose le passage de l’économie mondiale en mode baudruche jusqu’à son effondrement en 2007-2008. Allons, soyons généreux : 100 lignes dignes du titre. C’est peu.

Pour nous, la question centrale à laquelle nous cherchions une réponse sérieuse était la suivante : comment a-t-on pu signer les accords de la Jamaïque qui ont provoqué le désastre. C’est à partir ce moment que l’économie a basculé dans le n’importe quoi  et qu’a été institutionnalisé la baisse constante du trend, la montée de l’endettement global à des niveaux intenables et les crises périodiques de plus en plus sévères. Les accords signés à Kingston, c’est l’erreur absolue, le poison lent instillé dans les artères de l’économie mondiale,  la source de tous nos maux actuels, même si l’Europe a aggravé les choses avec l’organisation inepte de la zone Euro et la France ajouté ses propres délires fiscaux.

Qui était le « sherpa » chargé de préparer ces accords ? Jacques de Larosière ! Alors, qu’a-t-il à dire ?

« Le groupe des dix désireux de trouver une solution décida de s’en remettre à la France et aux Etats-Unis ». « Jeune directeur du Trésor depuis juin 1974, je fus chargé de la négociation côté français ».

A l’hôtel du Mont Washington, à Bretton Woods, en juillet 1944, la France n’était rien. Le rapport Istel et Alphand avait été écarté d’un revers de la main dès les premières phases préparatoires un an plus tôt et la délégation française  luttait pour faire reconnaître sa représentativité. Elle n’eût aucun poids, en dépit de l’envoi d’un éminent représentant du Trésor (déjà), et l’arrivée tardive de Pierre Mendès France.  Pour construire la prospérité, nous n’étions pas là. Pour la déconstruire, nous étions en tête de cordée !

« Mon interlocuteur était le banquier Ed Yeo, sous-secrétaire d’état au trésor […] une force de la nature animée d’une énergie débordante ».

C’est là une grande tradition tactique américaine. Ils envoient au front des pitbulls qui n’ont qu’un leitmotiv : ce qui est bon pour les Etats-Unis est bon pour le monde, et une seule consigne : vous ne signerez que ce qui peut passer au congrès. On est plus dans le diktat que dans la négociation.

Il aurait été intéressant de savoir ce que furent les grands thèmes de cette négociation, les affrontements éventuels sur  les objectifs et les moyens. On ne trouvera qu’une seule ligne : «  nous finîmes par trouver un accord   juste avant la réunion du Groupe des Dix qui se tînt à Rambouillet le 17 novembre 1975 ». Fermer le banc tout est dit. On est bien content.  

On sait que M. Giscard, fit un peu plus tard, à Kingston, au bord de la piscine  où se pressaient Gérald Ford et les autres grands dirigeants, une exposition de sa plastique en maillot de bain qui fut très commentée.  On est encore plus content.

Continuons de lire notre négociateur :

« Les Accords de la Jamaïque mettaient fin au régime des parités fixes, légalisaient le flottement et abolissaient le statut officiel de l’or. Néanmoins quelques signes étaient donnés où la France voulait voir la volonté d’une certaine discipline : - la politique devait s’exercer sous la « ferme surveillance » du FMI ; - Le retour à terme à un système de parité fixes mais ajustables était envisagé comme un objectif.

Mais force est de reconnaître que ces vœux restaient théoriques.

En regardant ces évènements avec le recul du temps, je ne me sens pas particulièrement fier des résultats de la négociation. La réalité était que le flottement était libre. L’illusion était que cette liberté pourrait être contrôlée et constituer un « système ». On a sous estimé à l’époque la portée de l’effondrement du système de Bretton Woods. On a vu à l’usage combien le flottement des monnaies a encouragé le laxisme budgétaire et monétaire dont les effets cumulés nous écrasent aujourd’hui. Comment imaginer qu’un tel régime de liberté incontrôlée puisse être compatible avec une coopération économique mondiale et avec la stabilité du système financier. Bien que trop rarement dénoncé, cette enchaînement de conséquences de la décision d’août 1971 est à mon sens à l’origine de nombre des déséquilibres structurels d’aujourd’hui  ».

C’est tout ? Oui c’est tout.

Il serait fort injuste de tenir rigueur au « jeune directeur du Trésor » d’avoir ainsi négocié le plus grand désastre économique depuis 1929.  Que faisait le Ministre des finances de l’époque ? Où était Jean-Pierre Fourcade, inspecteur des finances, ami de Giscard, la dernière coiffure en brosse de la République et l’heureux concepteur de Bison Futé, qui fera une longue et lucrative carrière comme sénateur maire inamovible dans l’ouest parisien ? Il a publié en 2015 des mémoires qui passèrent totalement inaperçues et qui ne disent rien sur le sujet. Que faisait Giscard, qui en définitive porte la responsabilité principale. Sous De gaulle  il naviguait en pleine ambiguïté. Il pouvait désormais parler en maître. Il n’a rien dit, rien fait ? Où étaient l’Europe  et les européistes ?

Les Etats-Unis ont imposé leur point de vue sans opposition autre que marginale, feutrée et pusillanime. On retrouvera le pitbull Yeo un peu plus tard pour torpiller une idée du FMI « tendant à créer un compte de substitution » où les dollars auraient été changés en DTS, évitant que l’accumulation des balances dollars générées par les déficits n’induise une création monétaire débridée.  « C’était peut être la dernière chance d’assainir le système monétaire international ».

La totale docilité des européens et plus généralement des pays de l’Alliance Atlantique vis-à-vis des Etats-Unis est une tragédie. Elle dure encore. Il est vrai qu’aucune belle carrière internationale ne serait possible sans être totalement soumis. Pour un fonctionnaire, habitué à servir le souverain, la soumission est en quelque sorte institutionnelle.  Le souverain décide, le fonctionnaire exécute. Lorsque, de plus, le souverain n’a plus de souveraineté, il s’exécute d’autant plus vite.

La mansuétude que l’on peut accorder au sherpa des accords de la Jamaïque n’est pas de mise quand on s’attache à l’action du directeur général du FMI qu’il fut peu après.

Le directeur du FMI est indépendant, extrêmement bien payé, et a le pouvoir de parler et d’agir. Bien sûr, il n’est que directeur et le conseil d‘administration est là. Mais tout de même. Le FMI a un rôle statutaire dans l’avertissement des grands de ce monde sur les dysfonctionnements économiques et monétaires. Le système des changes flottants ne marche pas, n’a jamais marché et ne marchera jamais. Il appartenait au FMI de surveiller les mouvements croisés liés aux déficits et aux excédents immenses, d’étudier leurs conséquences, et de prévenir le monde. Personne ne pouvait empêcher le directeur général de mobiliser ses économistes (les plus chers payés du monde) pour voir, comprendre, faire savoir et alerter. Rien de tout cela ne fut tenté. Jacques de Larosière indique qu’il écrivit à titre personnel quelques avertissements sur les conséquences néfastes de la montée de l’endettement.  On croit rêver. Lorsqu’on dirige une institution multilatérale extrêmement bien dotée et chargée d’alerter sur les risques économiques et monétaires mondiaux, on ne se contente pas d’écrire des « pamphlets » qui « n’eurent aucune influence ». Il est vrai que le bon Yeo invita notre auteur à pêcher en famille le « blue fish » à Cape Cod. Ce n’est pas parce qu’on est pêcheur qu’on n’est pas pécheur. Jacques Rueff avait tout dit sur le péché monétaire de l’Occident.

Il se trouve que Larosière est encore dans le coup d’un autre gros dysfonctionnement structurel : la création d’une zone euro sans organe de direction. Il signe le rapport Delors et s’en dédouane en précisant : « On a parfois reproché à ce rapport d’avoir esquivé la question de l’indispensable coordination économique entre membres de l’Union. En fait le document soulignait bien l’importance de cette coordination. Mais le comité avait été chargé de faire des recommandations sur les aspects monétaires de l’union et non sur son organisation économique ». Là aussi l’auteur explique en détail pourquoi la solution est très mauvaise et n’hésite pas à souligner tout le mal d’une solution qu’il a signée. Il s’en dédouane un peu facilement. Comme dans la négociation avec Yéo, on se contente de vague réserves dont on sait qu’elles ne sont là que pour faire beau car elles sont virtuelles. C’est bien d’écrire en 2016 qu’une zone monétaire unique impose une gestion macro économique différenciée et une coordination. Mais un peu tard !

Nous passerons sur le reste des missions qui ont été confiées à notre auteur, notamment à la Berd, où il nettoiera les écuries laissées un peu sales par J. Attali, à la Banque de France où il sera sévèrement accroché par la Justice dans l’affaire du Crédit Lyonnais comme responsable de la Commission bancaire et qui finira sa carrière en soutien de Michel Pébereau et de la banque universelle.

Pour nous l’importance de Jacques de Larosière ne tient pas à son action passée, mais à sa dénonciation hic et nunc des trois dysfonctionnements qui font l’objet de nos travaux et combats publics  depuis vingt ans :

-          Oui, la crise actuelle est due aux cinquante années de désordre monétaire provoqué par l’abandon des disciplines de bretton Woods. Il est bien qu’un des grands acteurs de l’action publique nationale et internationale le dise enfin haut et fort.

-          Oui un système de monnaie unique sans coordinateur est une absurdité dangereuse.

-          Oui un pays comme la France qui refuse toute réforme structurelle et s’enfonce dans l’hyper fiscalité et  le socialisme anti économique est mal parti.

On nous dit parfois que nous sommes seuls à nous battre sur des positions qui seraient étonnantes, hétérodoxes, marginales et peut être même saugrenues.

Si le récit historique contenu dans les micro-mémoires de Jacques de Larosière  est consternant, son diagnostic lui est pleinement valable et mérite d’être amplifié.

Les idées que nous défendons ne sont pas marginales. Elles forment le cœur d’un consensus qu’il est facile de constater dans les discussions privées et pratiquement impossible de faire admettre à des dirigeants lorsqu’ils sont aux affaires.

La vérité est qu’il n’y a pas d’alternative.

Oui il faut mettre fin au flottement des monnaies et à l’absence de système coopératif dans le domaine de la monnaie et de la finance internationale.

Oui il faut un Chancelier de la zone Euro, appuyé sur un dispositif démocratique fort et coordonnant tous les aspects de la vie économique et sociale conditionnant la valeur de la monnaie (et non un gouvernement économique de la zone euro).

Oui, il faut réformer de fond en comble le système économique et social français avant qu’il ne s’effondre définitivement.

Grâce soit rendue à Jacques de Larosière de souligner la pertinence de ces trois thèses.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

Le système de change actuel ruine la société...

Le système de change actuel ruine la société

Jacques de Larosière, qui fut directeur du FMI, gouverneur de la Banque de France et président de la BERD, dénonce, dans «50 ans de crises financières», le manque de leadership et de discipline qui règne dans le «non-système» actuel

Jacques de Larosière a rassemblé, dans «50 ans de crises financières» (Odile Jacob, 272 p, 2016), ses notes «prises au jour le jour pendant les périodes de crises les plus aiguës». Cet homme d’influence a vécu de l’intérieur la fin du système de Bretton Woods en 1971. Il a rapidement compris que «les Etats-Unis n’accepteraient plus de se voir imposer les disciplines inhérentes à un système de changes stables». A l’époque, «on a sous-estimé la portée de l’effondrement du système de Bretton Woods», écrit-il. Les événements de 1971 sont en effet à l’origine de nombre des déséquilibres structurels actuels. Le flottement des monnaies a eu «des conséquences délétères sur nos économies et, plus généralement, sur nos sociétés», observe-t-il. Il a par exemple «encouragé le laxisme budgétaire et monétaire dont les effets cumulés nous écrasent aujourd’hui», avoue cet homme d’exception que les politiques monétaires d’assouplissement quantitatif plongent dans «un abîme d’interrogations et de doutes».

Le père de Jacques de Larosière était officier de marine, sa mère au bénéfice d’une licence d’enseignement en anglais. Durant la deuxième guerre, celle-ci lisait le Journal de Genève, lequel répandait «une bouffée de liberté», selon l’auteur. «La famille n’avait pas de fortune mais elle avait des valeurs», précise cet homme à la formation heurtée. Il se déplaça en effet de Rome à Bordeaux, en passant par Istanbul et Paris pour aboutir à l’ENA.

Rencontres avec Thatcher et Deng Xiaoping

Sa carrière, qui débuta en 1957 à l’Inspection des finances, lui a permis d’être au coeur des crises financières. Il fut directeur du Trésor (1974-78), directeur général du FMI durant neuf années (1978-87), puis gouverneur de la Banque de France (1987-93), président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (93-98), et conseiller (BNP-Paribas).

Il nous offre un livre de mémoire qui respire la sincérité et le bon sens. S’y côtoient des anecdotes sur des personnalités célèbres et sur la vie des grandes institutions ainsi que des réflexions sur la finance internationale. Il rencontra Deng Xiaoping en 1981 qui lui demanda son avis sur la manière de sortir son pays de son «retard économique». Il admira le courage et la volonté de Margaret Thatcher. Au 10 Downing Street, face à des dirigeants des organisations internationales rattachées à l’ONU, elle s’enquit de l’objet de la réunion. Quand Kurt Waldheim, le secrétaire général, «répondit que c’était pour se coordonner, elle explosa: «Vous devriez avoir honte! C’est travailler que vous devriez faire, pas vous coordonner!»

La dénonciation de la fuite dans la dette

Jacques de Larosière se révèle très critique à l’égard de l’union monétaire européenne, dénonçant un manque d’union politique ou de véritable coordination économique. Il regrette qu’elle ait ouvert la voie à de profondes divergences entre l’Allemagne et la France. Pour lui, «l’union monétaire n’est pas un free lunch et nécessite des règles budgétaires et structurelles communément partagées et communément mises en oeuvre». A son avis, «l’Union économique reste dans les limbes». On se concentre excessivement sur la politique monétaire: «La création monétaire illimitée n’est tout au plus qu’un palliatif lui-même source de dangers», explique-t-il. Quant à la gestion de la crise grecque, elle est «particulièrement discutable». En 2009-2010, il était évident qu’un programme de redressement devait comporter une restructuration en profondeur de la dette, écrit-il.

L’ancien directeur général du FMI, admirateur de Pierre Mendès France, «le seul homme politique capable de clairvoyance et de courage», dénonce le «non-système» actuel et la fuite dans l’endettement. Le monde financier a favorisé l’irresponsabilité budgétaire. «Jamais les gouvernements n’ont posé aux représentations nationales les vrais choix de société qu’implique, pour les générations futures, la pratique de l’endettement indéfini», selon l’expert qui a travaillé avec Paul Volcker et Raymond Barre.

«C’est la liberté de choix en matière budgétaire qui a été à l’origine de nos démocraties. Mais si on ne laisse aux générations futures que le choix entre payer une dette trop lourde ou la renier, cette liberté de choix est singulièrement réduite!», écrit l’auteur.

Jacques de Larosière regrette aussi que la réglementation mise en œuvre après la crise financière, sous la pression américaine, «ait affaibli le modèle de banque universelle du continent européen». Il l’interprète comme «un témoignage supplémentaire de la faiblesse du leadership européen dans les négociations internationales». Difficile de lui donner tort.


Extrait du "Temps" article de

 
 

J. Peyrelevade : un éclair déchire le ciel bleu de l’Enarchie

Jean Peyrelevade publie « Journal d’un sauvetage » (Albin Michel - 6 mars 2016). Le livre fait l’effet d’une explosion d’Exocet sous la ligne de flottaison des « élites politico administratives », en un mot de l’Enarchie. Revenir, après un quart de siècle, sur les circonstances d’un sauvetage de banque finalement raté, était-il, en soi, indispensable ? Sans doute. L’occasion est rarissime de suivre de façon aussi précise et détaillée le fonctionnement de l’Etat Moloch alors que l’un de ses plus illustres serviteurs a conduit à la faillite un des fleurons de l’histoire mondiale de la banque (Le Crédit Lyonnais était avant la guerre de 14 le premier établissement bancaire mondial, mais oui !).

Il ne faut pas bouder son plaisir. Le livre se lit d’une traite. L’auteur a le talent d’écrire nettement et sans fatiguer le lecteur.  Il a sollicité et affiné  sa plume pour peindre des tableaux au vitriol de certains protagonistes de l’affaire. Règlement de comptes ? Un peu, heureusement, tant les excès ont été effarants.  Le déroulé implacable des évènements met en lumière les énormes dysfonctionnements d’un système où les mêmes hommes tiennent le politique, le législatif, l’administratif, la banque et indirectement, les médias.

Depuis 20 ans nous poursuivons le même combat contre ce que nous appelons l’Enarchie Compassionnelle. Nous essayons de donner mille exemples des effets malsains de ce système consanguin et anti démocratique, mais surtout source d’un gaspillage indécent. Le récit de Peyrelevade est, de ce point de vue, d’une limpidité telle qu’on n’imagine pas qu’il puisse rester une seule personne adepte d’un tel système après avoir fini la lecture.

La société des hauts fonctionnaires est un système féodal où il est impossible de mettre en cause qui que ce soit, et où aucune des institutions mises en place pour exercer des contrôles  ne fonctionne.  Les pires erreurs ne sont jamais sanctionnées. Inlassablement, les grandes affaires sous contrôle de l’Etat périclitent et jamais la moindre leçon n’en est tirée.

Il n’y a donc aucune raison pour que de nouveaux désastres ne viennent pas s’ajouter aux précédents. La faillite de Dexia est en effet pire que celle du Crazy Lyonnais. Les pertes abyssales d’Areva, les difficultés de l’ex EDF,  les pertes massives et  récurrentes de la SNCF, les villes mal gérées comme Paris ou Montpellier, les mille et uns abus commis sans vergogne avec l’argent public ont tous la même cause.

Un système où les hauts fonctionnaires cumulent tous les pouvoirs et où les sanctions ne viennent jamais ne peut pas se porter bien.  La complicité avec les syndicats s’installent aussitôt, au nom de la paix sociale et les coûts s’envolent après qu’on ait tout lâché en matière de congés payés, de recrutements, de temps de travail, d’avantages exorbitants, d’indiscipline non sanctionnée.  On place les proches et les copains. On multiplie les postes de hauts dirigeants bien rémunérés pour des tâches pas toujours très claires.  Les auditeurs ne peuvent rien dire : c’est la politique de l’Etat ! Les carrières n’ont plus de rapport avec l’efficacité dans l’accomplissement des missions. D’ailleurs il n’y a plus de réelles missions. On est. On ne fait pas.

Le récit de Peyrelevade est implacable. On ne peut pas réformer un tel système. Il faut le supprimer. C’est la raison pour laquelle nous nous époumonons à réclamer la séparation du politique et de l’administratif, de la banque et de l’Etat, de la presse et de la banque.

Jean Peyrelevade voulait prendre la tête d’un Crédit  Lyonnais privatisé après séparation des actifs douteux liés au passé. Le système français est tellement bridé, que lorsqu’on privatise, la capture du patrimoine national se fait entre oligarques indéboulonnables qui tiennent entre leurs mains pratiquement à vie tous les grands projets nationaux pour des lustres, et la presse quotidienne en prime. Pensons à Michel Pébereau à la BNP, qui est l’exemple parfait de la chose et des actes associés (comme le vidage du directeur du Monde, après un article documentée sur la « pieuvre Pébereau »). On peut malheureusement imaginer que si l’auteur du livre avait réussi à être son pendant au Crédit Lyonnais, il en serait encore le président et le livre n’aurait pas été publié.

Si Peyrelevade passe au rayon X (il a fait Polytechnique) l’establishment de l’Inspection des Finances, n’est-ce pas en partie parce qu’on lui a barré l’accès au Naos du Grand Temple ?   

D’autres faiblesses structurelles du raisonnement des élites financières, administratives et politiques sont révélées par ce livre, sans que l’auteur ne s’en rende compte.  Jean Peyrelevade ne connait pas la notion de cycles économiques et n’a pas analysé le type d’économie qui s’écroule en 93 en France.  Le système bancaire français à cette date est touché dans son ensemble par l’explosion de la bulle immobilière notamment dans les bureaux. Des dizaines de milliards ont été investis hors de toute raison  dans une bulle terrifiante. Partout dans le monde. Les pertes du Crédit Lyonnais ne sont pas seulement liées à la folie des grandeurs de Jean-Yves Haberer.  Son successeur,  une fois aux manettes,  sera confronté, sans qu’il l’anticipe, à une absence prolongée de résultats du fait de la crise du système global. Il se trompera dès le départ sur l’ampleur des pertes du passé et constamment sur celles de la gestion courante.

On touche là la grande faiblesse de nos responsables : ils n’ont pas compris les énormes dysfonctionnements de l’économie globale, basée sur les changes flottants et le recyclage d’énormes excédents. Peyrelevade comme les autres. Nous l’avions déjà constaté au moment où il souhaitait dialoguer sur le net, une expérience qu’il abandonnera presqu’aussitôt. Le livre, indirectement, nous le démontre à nouveau.

L’inconvénient de cette incompréhension est une concentration excessive sur les hommes et le schéma franco français. Le Lyonnais a sauté comme Lehman Brothers et comme bien d’autres, faute d’avoir compris qu’elles chevauchaient une baudruche explosive. L’inconscience les a tuées.

On voudrait être sûr que l’inconscience des causes globales de la crise puisse venir un jour au premier plan des réflexions des grands auteurs. Jean Peyrelevade a manqué le coche mais  a fait œuvre magistrale pour rendre manifeste l’incroyable perversité du système français de confiscation du pouvoir administratif, politique, bancaire et médiatique par une clique minuscule et ses conséquences dramatiques en terme de perte de démocratie et de gaspillage d’argent public. Grâce soit rendue à ce livre pour cette seule raison. On n’avait jamais été plus loin dans la démonstration.

Et que les Français comprennent enfin qu’il ne faut pas élire un Enarque à la présidence du pays. Adieu Hollande ! Adieu Juppé ! Sinon le système dysfonctionnel et inefficace dénoncé si précisément dans le livre perdurera indéfiniment.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

France 1974-2015 : les leçons d'un désastre.

France 1974-2015 : les leçons d'un désastre.

Nous reprenons ici les intéressants calculs de DVD sur la période 1974-2015 qui devraient être affichés au fronton de toutes les mairies de France.

« « Évolution de la population française de 74 à aujourd'hui : Population totale : +12 millions ; Population active : +10 millions.

- Emploi total : +4.4 millions, dont

- Emplois agricoles : -1.4 millions

- Emplois marchands non agricoles : +2.6 millions, dont +2.3 millions de CDD, intérimaires et stagiaires

- Emplois non marchands : +3.2 millions, dont +0.9 millions de CDD, intérimaires et stagiaires

Chômeurs (toutes catégories) : +5.3 millions

Dépenses des administrations publiques en % de la valeur ajoutée du secteur marchand : de 59 % en 1974 à 93 % en 2015

Dette publique en % de la valeur ajoutée du secteur marchand : de 29 % en 1974 à 158 % en 2015

Un "étrange désastre", en effet, qui a consisté à fabriquer constamment pendant 40 ans des emplois publics (+2,1 m), des travailleurs précaires (+3,2 m) et des chômeurs (+5,3 m)"".

En quarante ans, la France a réussi à mettre au chômage ou dans la fonction publique l’essentiel de sa nouvelle population. Un échec économique impressionnant. En 1997 nous écrivions :

« Le gonflement absurde des effectifs publics s’est accompagné en France du délabrement de plus en plus complet des services publics. La justice est à genoux. L’Éducation nationale est en pleine déroute. Nos services diplomatiques extérieurs, notamment culturels, s’écroulent. Le secteur médical se clochardise et devient de plus en plus malthusien. La police n’arrive plus à faire face. Nos armées s’ajustent aux baisses de budget continuelles et ne fonctionnent qu’avec des bouts de ficelles ».

C’était juste avant le plein effet des 35 heures qui a tout aggravé et avant la récession de 2001. Lorsqu’on faisait ce constat, le forum du journal Le Monde s’animait de centaines de réponses injurieuses. Aujourd’hui, qui ose nier que nos services publics sont dans une extrême difficulté ? Nous avons simultanément encalminé notre secteur marchand et abîmé nos services publics, jusqu’au point où le revenu par tête baisse continuellement et que le bateau national tangue dangereusement.

L’explosion de l’économie baudruche internationale, en 2007-2008, a laminé un pays qui était préalablement en grave difficulté. Le désir de la nomenklatura publique française et européenne de sortir des conséquences de cette crise par la fuite en avant monétaire et surtout par l’impôt, alors que la France connaissait une fiscalité hors norme et hyperconcentrée, a fini le travail. La France est exsangue. Les « riches » sont partis. Le pays a explosé en groupes querelleurs. La déprime nationale est à son comble.

Évidemment, on peut toujours affirmer que ces propos sentent à plein nez le « déclinisme nauséabond », que la France est riche de toutes ses énergies et que la sortie de crise est « round the corner ». D’ailleurs, tout ne va-t-il pas mieux, en dépit des propos « irresponsables » du FMI qui souligne que les banques centrales sont presque au bout de leurs pouvoirs et que rien n’est réellement reparti de façon équilibrée et dynamique ?

Avant même d’en tirer des conséquences électorales pour 2017, la grande question, est : la faute à qui ?

Une première explication est d’en faire la faillite d’une génération, la génération des soixante-huitards.

Une seconde est d’affirmer que l’Enarchie compassionnelle qui s’est mise en place au début des années soixante-dix a consciencieusement ruiné le pays.

Une troisième est de remarquer que ce sont les crises à répétition qui ont fait le maximum de dégâts et que la réaction socialisante qui a suivi chaque récession a aggravé tout ce qui pouvait l’être.

Évidemment, on peut combiner les trois explications.

Parler d’une génération coupable est à la fois tentant et délicat. Cela revient à dire que les Français sont responsables, en tout cas une partie majoritaire d’entre eux. Que mai 1968, son gauchisme invétéré, sa dénonciation perpétuelle de la bourgeoisie, son refus des réalités, son mépris du « beauf » français réduits à la condition de vil collabo, de sale colonialiste, de persécuteur de juifs, d’esclavagiste récurrent, de raciste anti-noir, d’islamophobe, de xénophobe, sa détestation du capitalisme et de la consommation, n’aient pas été un cadre motivant de conquête économique, c’est plus que clair. L’idéologie dominante a été constamment marquée par la dénonciation de l’argent, de la réussite, de la connivence entre riches et pouvoir,… L’apparition du bobo urbain, friqué, fonctionnaire, apparatchik ou communiquant, ne marquait pas vraiment une ambition économique tournée vers l’activité marchande. Beaucoup d’autochtones français se sont tournés là où le système scolaire leur montrait le chemin : vers les emplois publics, laissant le travail artisanal et industriel aux populations immigrées. Pas de formation manuelle ni d’apprentissage pour nos enfants ! Tous des demi-intellectuels dans des postes protégés !

Le symbole de cette génération est sans doute le très brillant Michel Le Bris, pur exemple de la force ascensionnelle de l’ancienne école, qui, au sortir d’HEC se lance un temps dans la Cause du Peuple jusqu’à la case prison, renonce à une carrière d’écrivain et monte une petite affaire familiale sympathique (l’organisation du festival des « étonnants voyageurs ») mais avec une subvention de près d’un million d’euros chaque année. Il en est à faire du chantage à la ville de Saint Malo pour conserver ses subsides et le travail de sa fille. Lui qui dégoisait ad infinitum sur ces salauds d’héritiers, ces fils de bourgeois qui bénéficiaient honteusement des apports familiaux se retrouve en pater familias soucieux de l’avenir de son héritière de fille à la tête du festival en sécurisant par tout moyen les dotations d’argent public ! La révolution mène à tout.

Pour ceux qui ne sont pas dans les fonctions publiques et leurs bordures, combien, comme lui, vivent à cheval sur un cocktail de recettes privées (modestes) et de recettes publiques (massives) ? La régionalisation a été la source principale, avec le développement des organisations non gouvernementales et le culturel subventionné (merci Djack !), de l’emploi gris, semi-public et semi-privé. C’est plus de 2.5 millions d‘emplois qui ont été ainsi créés, entièrement entre les mains des politiques et dépendant des impôts. Sans parler des intermittents du spectacle !

Comment s’étonner que, sur un fond culturel de cette nature, les Français aient disparu de la bagarre pour les nouveaux marchés ? Les grands projets publics ont tous fini par un désastre, du plan calcul, au Concorde, de la téléphonie au nucléaire. Et il n’y a plus d’entreprises françaises dans la plupart des nouvelles technologies. Notre industrie a fondu en quarante ans. Nous étions de toutes les innovations : cinéma, aviation, publicité, pharmacie, grande distribution. En perdant l’électronique, l’informatique, le numérique après la mécanique et la chimie, nous nous sommes coupés du dynamisme des marchés de production.

« Les faits sont fascistes » déclamait un imbécile à l’Odéon en 68. Les Nuits Debout déclarent le « Rêve général », au milieu de violences aussi gratuites que répétées alors qu’on est en régime d’état d’urgence. L’Odéon est à nouveau occupé. Ce n’est pas une parenthèse qui s’ouvre, comme en 68, mais une parenthèse qui se ferme. Le communisme a disparu. Le trotskisme, dont la France était le dernier repaire, disparaît à son tour dans d’ultimes sursauts. Et il ne reste pas grand-chose du socialisme après la chute de l’URSS dans le monde et encore moins en France, après Jospin et Hollande.

Le repliement des « Français de souche » vers la sécurité et la tranquillité, encouragé par le système scolaire et les intellectuels subventionnés, tout en laissant le secteur du travail dur et exposé pour l’essentiel aux immigrés européens ou venus du monde entier, a indiscutablement pesé sociologiquement et politiquement. Le résultat a été un remplacement de population non seulement dans des banlieues au chômage et laissées à la délinquance, mais surtout dans le reliquat du système productif. La France qui travaille dans le privé est de plus en plus « colorée ». Inutile de chercher ailleurs les raisons de la montée d’un Front national nouvelle manière qui est à la recherche de la clientèle des « petits blancs du secteur public et parapublic » et des ouvriers prolétarisés de l’industrie auxquels l'immigration fait concurrence. La tentative, à gauche, de s’annexer l’immigration (voire Terra nova) avait les mêmes motivations sociologiques.

La droite a été prise au dépourvu par cette évolution qu'elle n'a ni vue ni comprise. Elle ne sait plus très bien où est sa clientèle électorale et hésite entre la tentative de reconquérir les électeurs du Front National (Sarkozy, Buisson, Vauquiez) ou celle des bobos (NKM, Juppé, Raffarin).

Dans les grands centres, l’entreprise vit en symbiose avec les immigrés de la seconde et troisième génération et, à l’extérieur, avec des marchés mondialisés. Elle est prise en ciseau entre la droite anti-immigration et la gauche anticapitaliste, avec en prime les contraintes d'un marché unique européen ouvert à tous les vents.

Mai 1968 a conduit à une impasse politique et sociologique totale, avec une économie marchande supposée triomphante mais en fait laissée à un quasi-abandon. Comme le dit un ancien Ministre des Affaires étrangères : « il serait temps de passer par une phase de lucidité ». Aussi horrible que l’idée peut sembler à une partie de la population, le redressement économique de la France passe par la réconciliation des Français issus d’un peuplement ancien avec les Français issus de l’immigration récente, et la réconciliation du système scolaire et culturel avec l’entreprise et le travail professionnel, tout en cantonnant les fonctionnaires au régalien. Ce n’est pas gagné, compte tenu du rejet général d’un islam redevenu revendicateur et violent, et du poids démesuré d’un secteur culturel, scolaire, universitaire, médiatique et politique intellectuellement et socialement aux abois mais soucieux de conserver ses sinécures de plus en plus violemment. La « déradicalisation » à opérer doit être tous azimuts.

C’est justement parce que la majorité des Français ne se reconnaît plus dans ces hystéries, que la rupture générationnelle des mentalités est en train de s’opérer. Mai 1968, c’est bien fini ! La demande de renouvellement des têtes illustre largement sur ce constat. « On ne recommence pas comme avant ; il faut d’autres têtes et d’autres mentalités au pouvoir ».

Évidemment, les tenants de l’ancien mode de pensée dominant ne lâcheront pas le morceau aussi facilement. On le voit avec le questionnaire qui fait la joie actuelle des médias : les Français croient à la lutte des classes ! Marx est de nouveau populaire en France ! Le succès du libre de Picketty sur le capital est un autre symbole de cette renaissance marxiste. Les mêmes sondages montrent que les Français sont heureux dans la même proportion dans leur entreprise. Contradiction ? Carlos Ghosn, le double PDG de Nissan et Renault se verse un double salaire : il est aussitôt qualifié d'« indécent », comme les revenus des joueurs de football et autres triomphateurs de l'économie du spectacle et de la publicité. Le thème de l’inégalité qui monte est commenté inlassablement, avec illustration des caprices des super-riches etc. On attise la haine sociale avec un plaisir évident. La lutte des classes veut dire qu’il va falloir singulariser un ennemi de classe et le réduire à quia. « Les salauds au sens sartrien du terme » vont bientôt être de retour.

En France la seule inégalité qui monte est celle entre les chômeurs et les Français protégés par une rente publique. Les riches sont partis ou ont été appauvris. Le rendement des hautes tranches du revenu est en baisse de plus 40 % depuis 2012. La classe ouvrière, elle, a fondu. La lutte des classes n’est plus entre patrons et salariés. La compétition entre les populations pauvres du monde qui émergent au développement et les producteurs mieux pourvus de l’Occident, elle, est en pleine effervescence.

Considérer que l’avenir de la France qui s’est mise dans un corner économique largement de son fait et des mentalités devenues dominantes, est de stimuler l’affrontement entre ce qui reste d’entrepreneurs et de salariés, est le genre de folie collective qui fait douter de l’avenir du pays.

On ne saurait minimiser l’impact de la psychologue collective et des évolutions sociologiques sur l'état du pays. Il nous semble cependant que d’autres facteurs ont joué de façon plus directe.

L’explication par la « défaillance des élites » est celle qui tient le haut du pavé médiatique. Elle évite de se poser les questions que nous venons de rappeler. Se défouler sur un bouc émissaire est agréable, surtout quand on ne définit jamais « les élites » ni la nature de leur trahison, ce qui est bien pratique.

L’Enarchie Compassionnelle, comme nous préférons appeler la classe dirigeante française, s’est mise en place en France à partir de 1974 avec l’arrivée de Giscard et de Chirac aux commandes. Elle ne l’a plus jamais quittée depuis, en dépit de l’élection de F. Mitterrand en 1981 et de N. Sarkozy en 2007. Elle règne par la fusion entre le domaine de l’administration et celui de la politique. Les fonctionnaires ont conquis la sphère démocratique et votent les lois qui les concernent. Les hauts fonctionnaires ont un pouvoir total parce qu’il n’est plus contraint par les dirigeants politiques censés représenter l'ensemble du pays : ce sont globalement les mêmes. Le haut fonctionnaire en France se croit dirigeant politique de droit divin, parce qu’il n’est pas vulgairement intéressé comme les vils mercantis. Il se croit chargé "d’arbitrer la société ". Il en est résulté un interventionnisme pointilleux dans toutes les relations civiles, avec volonté d’empêcher le fort et de valoriser le faible tout en arrosant les conflits de subventions et de réglementations tatillonnes. Pour cela, il fallait des impôts encore des impôts et toujours des impôts. Après quarante de ce régime la France étouffe sous les réglementations et les Français sont étranglés par une fiscalité invasive, généralisée, complexe et spoliatrice. Préférence pour le chômage, soumission aux syndicats, accompagnement de tous les « politiquement corrects » voilà quel est l’oxygène de la haute fonction publique depuis le club Jean Moulin.

La soumission aux Etats-Unis et à l’Union européenne est une obligation intégrée par la haute fonction publique, quelles que soient les conséquences. De nombreux postes bien rémunérés et défiscalisés sont à la clef. Se heurter à la toute-puissance américaine et ne pas crier Europe, Europe, Europe comme un cabri ne peuvent que ruiner les plus belles espérances. Fuir les grandes responsabilités et les concéder à l'étranger est la garantie de ne pas être pris dans un détestable maelström. Il y a une fainéantise et une fuite devant les responsabilités proverbiales au sein de la haute fonction publique, qui se sent des droits mais aucuns devoirs.

La politique ayant permis de drainer beaucoup d’argent, surtout depuis la régionalisation, cumuler politique et carrière administrative est à la fois rémunérateur, valorisant et sans aucun risque. Comme la haute fonction publique coiffe les grandes entreprises et la banque, elle tient aussi les médias. La majorité des médias chantent donc en permanence la gloire de notre fonction publique "que le monde nous envie" et masque allègrement le déchet productif et social que cette domination sociale implique.

Devant le désastre devenu patent de nos résultats économiques, le climat change. Pas un jour sans la dénonciation des élites administratives et politiques françaises. On la retrouve aussi bien dans le livre sur le redressement du Crédit Lyonnais, le dernier exemplaire de Marianne, moult articles dans Le Monde et le Figaro. Les Français croient toujours que les Hauts fonctionnaires sont les mieux formés aux affaires publiques et tout candidat « de la société civile » (traduisez : non-fonctionnaire), part avec un immense handicap. Les élections présidentielles de 1917 sont bien parties pour voir s’affronter le FN de Marine Le Pen sous influence de l’énarque Philippot, les Républicains représentés par l’énarque Juppé, le symbole même de l’espèce, et le PS toujours avec l’énarque Hollande à sa tête.

Le bavardage anti-élite est juste un défoulement. Bien que la séparation de la haute fonction publique et de la politique soit absolument indispensable, pour restaurer une nation souveraine, une société prospère et des individus plus libres et plus autonomes, ce changement radical est encore largement illusoire. Le verrou et solide.

Il n’en reste pas moins que la responsabilité de l’énarchie compassionnelle dans l’état de la France est majeure. Les remèdes sont faciles : deux articles dans la Constitution.

- N nul ne peut être élu dans une assemblée qui décide de ses conditions d’emploi ;

- Nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’Etat.

Vous réservez un statut aux seuls fonctionnaires de catégorie A et vous fusionnez la pléthore des sous statuts actuels pour permettre la plus grande fluidité dans les carrières. Les reins de l’Enarchie compassionnelle seront brisés en un instant. Et cela ne sera que justice.

Reste une dernière cause : les crises à répétition et de plus en plus grave, avec baisse tendancielle de la croissance et montée d’un endettement global catastrophique. Pour nous, c’est le vecteur majeur de la déréliction française. Les crises ont poussé les Français à rechercher en masse la sécurité du secteur public, et la garantie de l’argent public, quitte à sacrifier les faibles (immigrés, jeunes, vieux et femmes). On a abouti au taux d’emploi quasiment le plus faible du monde développé. Un rapport récent illustre bien cet aspect délirant de la situation française que nous dénonçons continûment depuis près de 30 ans maintenant. Il aura fallu attendre ce temps et un organisme international, pour que le fait surgisse enfin dans le débat (et disparaisse en 15 minutes). Rappelons qu’il manque 5 à 10 millions d’emplois dans le secteur marchand français : un handicap intolérable !

Après chaque crise la pression fiscale a monté, sans jamais vraiment baisser pendant les phases de haute conjoncture. Le phénomène n’a pas empêché le développement d’une dette publique insoutenable et d’une dette privée irrécupérable.

Surtout la gravité croissante des crises a permis aux socialistes d'exploiter les mécontentements et de prendre le pouvoir. Ils ont tout aggravé à chaque fois. Le Programme Commun de Gouvernement socialo communiste, une singularité qui fait encore rire dans les cours d'économie politique partout dans le monde sauf en France, a bloqué définitivement le rattrapage en cours à ce moment-là du niveau de vie américain par les Français. Les folies Rocard ont ruiné l'économie et l’Etat. Celles de Jospin ont tué la compétitivité française. Les folies fiscales de début de mandat de Hollande ont aggravé la situation jusqu'à la limite de l'irréversibilité. La France a besoin de sortir définitivement du socialisme, mais elle ne pourra le faire que si le capitalisme international est profondément réformé pour éviter les crises à répétition qui l’aident à venir au pouvoir bien que le socialisme soit fondamentalement minoritaire.

Abandon de la mentalité soixante-huitarde, séparation du politique et de la haute administration, réforme du système monétaire international et de la gouvernance de la zone Euro, sont les conditions pour que les quarante ans qui viennent soient l’occasion d’un réel redressement. Toucher les mentalités, les structures et la gouvernance est un effort surhumain. La probabilité est plutôt que la France continue sa sortie de l’histoire, dans le dolorisme amer et les faux-semblants. Ou sombre carrément dans le chaos.

L’exemple des pays arabes, du Venezuela, de la Grèce, du Zimbabwe, de l'Espagne, montre qu’un peuple qui lâche prise tombe extrêmement bas. En cas d’effondrement, la situation devient paradoxale : ceux qui auront tenté de se protéger dans le giron de l’argent public seront les victimes les plus touchées. Quand il n’y a plus d’argent, il n’y a plus de secteur public. C’est toute la cohorte des cultureux subventionnés, des fonctionnaires, des employés des associations qui trinqueront les premiers. Et le plus gravement. Et avec toute leur parentèle.

Le fond du défi français est d’arriver à convaincre ces groupes qu’ils sont tellement menacés qu’ils ont intérêt à changer de cap, même s’il leur en coûte un doigt. La stratégie de Hollande-Macron est de les convaincre que les concessions au privé permettront de les sauver et que, sans elle, ils sauteront. Mais que le PS est leur ami et que nul ne veillera plus à leur avenir. Une fusion avec Juppé et NKM les réjouirait. On « changerait pour que rien ne change ». La « recomposition » politique en France est une idée qui séduit la base sociologique qui a cherché le salut sous l’égide de l’argent public.

Les nécessités exigeraient plutôt que les Français admettent que le socialisme est minoritaire en France (moins de 20 % des suffrages, toutes tendances confondues) et qu’il convient de s’en débarrasser définitivement, tout en visant à court terme de faire aussi bien que les meilleurs et à moyen terme d’obtenir les réformes nécessaires en Europe et dans la sphère économique internationale. Cela suppose que le FN ne l’emporte pas sur la droite ou qu’il mette beaucoup d’eau dans son vin raciste pour permettre une convergence de son poids politique avec celui de la droite dite classique. Un certain chemin a été fait sur cette voie. Mais on est loin du compte.

L’idée d’un redressement possible grâce à une vraie politique de rupture, menée par la seule droite dite " de gouvernement", est actuellement incarnée par François Fillon. Certains pensent qu’il lui manque et le gabarit caractériel et les gros bataillons. C’est surtout l’ampleur de son message qu’il lui faut corriger. Il ne peut pas se contenter d’un diagnostic national étriqué. Il faut qu’il porte une vision plus forte aussi bien des causes de l’effondrement français dans les quarante dernières années que des dimensions internationales des réformes à faire.

En tout cas, il est clair que le vrai thème des élections à venir sera celui de l’avenir de la France : que voulons-nous être dans 40 ans ? Sachant que pendant les quarante ans passés nous nous sommes effondrés. La prolongation des tendances du passé nous conduit effectivement à un suicide national caractérisé.

Il ne faut surtout pas revivre les élections de 2012 qui ont été aux limites de la médiocrité et de l’inconscience, avec des pointes d’abjection démagogique parfaitement hideuses. Une partie des forces politiques se battront pour que rien ne bouge : ce sera l’option Juppé Bayrou NKM Valls et Macron, pour simplifier, axé sur la défense du secteur protégé public et parapublic. Une autre, autour de Fillon ou de Lemaire, marquerait qu’on saute dans une nouvelle pratique, appuyée sur une meilleure compréhension sociologique et avec un cap économique solide à l’intérieur et réformateur à l’extérieur.

Il est rare qu’une élection soit réellement décisive. Vu l’échec monstrueux des quarante dernières années, il faudrait que celles de 2017 le soient et dans un sens qui  permette au pays de sortir des rails suicidaires qui le mènentt à l’abîme depuis quarante ans.

Crise : un meilleur diagnostic officiel ? Enfin ?

L’essentiel de notre analyse, telle que nous l’avons développée depuis 1997 sur le forum du Monde puis sur ce blog et enfin dans notre livre « l’Etrange Désastre »  est basée sur l’inversion de la courbe de l’endettement global depuis 1971-72.  Cette courbe en U est pour nous le phénomène  le plus important de l’histoire économique contemporaine, celui dont l’explication conditionne fondamentalement la solidité des réponses aux questions devenues dramatiques que pose l’avenir économique du monde.

Ce phénomène a été aussi massif qu’il est passé, de longues décennies, totalement inaperçu. Nous considérons qu’il est l’élément fondamental de ce qu’on appelle « la crise » que nous définissons comme la conjonction de trois faits reliés entre eux :

-          La poussée d’un endettement délirant de moins en moins accordé avec la production

-          La baisse tendancielle de la croissance

-          L’aggravation des crises périodiques notamment dans leur épisode dur.  

C’est parce que le taux d’endettement global par rapport au PIB a atteint, courant 2007, 400% en moyenne,  niveau de la fin de la guerre de 40,  que le système financier global s’est effondré, avec d’abord un blocage du marché interbancaire en été 2007, puis une suite de faillites bancaires culminant avec  l’effondrement de Lehman Brothers en septembre 2008.

Sans explication réellement scientifique de « la crise », impossible d’en sortir autrement que par des expédients à court terme. Notre livre l’Etrange Désastre avait comme unique objet cette explication de fond, en évacuant les simplismes du genre « c’est la faute aux subprimes » ou « c’est la faute au pétrole ».

Nous avons conclu que la cause majeure du retournement de la courbe de la dette globale était le renoncement aux  disciplines de Bretton Woods  et l’acceptation d’énormes déficits et d’énormes excédents dont le recyclage faisait automatiquement monter l’endettement global jusqu’au point où une baudruche financière, sans rapport avec la production, gonflait inlassablement jusqu’à l’éclatement inévitable.

Le doute n’étant pas permis sur les causes, restait à comprendre pourquoi le diagnostic n’était pas fait, en tout cas officiellement,  et aucune réforme entreprise portant sur les mécanismes précis de la crise.

L’explication que nous avons avancée était la suivante : l’occultation du débat n’était pas liée à un quelconque conflit d’idéologies économiques, l’affrontement théorique entre keynésiens et néolibéraux étant largement artificiel et sans intérêt.  Les postures ne sont pas des analyses. Aucune personne sérieuse ne peut conjecturer que la Théorie générale soit un ouvrage scientifique parfait ni que la tentative d’expliquer le tout par la partie, le macroéconomique par le microéconomique,  ait abouti à quoi que ce soit de sérieux. Quant à Milton Friedmann, que nous aimons beaucoup par ailleurs, il suffit d’observer la réalité pour constater que toutes ses prédictions sur les changes flottants se sont révélées fausses.  Les changes flottants, c’est comme le socialisme : cela n’a jamais marché, cela ne marche pas et cela ne marchera jamais.

Si on écarte les postures et les faux débats, il ne reste qu’une vérité désagréable mais  « incontournable » comme on dit aujourd’hui : les Etats-Unis ont imposé un système désastreux et non coopératif parce qu’ils ont considéré qu’il était à leur avantage et permettait mieux d’atteindre leurs objectifs de puissance.

La crise a une origine politique ou géopolitique, comme on voudra. Elle est désagréable et dangereuse à dénoncer. Déplaisante parce que l’anti américanisme primaire existe et que personne de sérieux ne souhaite s’inscrire dans ce délire.  Dangereuse parce que l’énoncé public et officiel d’une telle dénonciation peut vous valoir de possibles ennuis de carrière et d’accès aux médias.   De toute façon, l’opinion publique ne veut rien entendre des questions monétaires compliquées.  L’étalon or est une option ringardisée.  « Alors quoi ? Qu’on nous fiche la paix ».

La vraie responsabilité intellectuelle se situe au FMI et à l’OCDE. Mais ces deux institutions sont sous influence. Aucune des deux ne peut dire ouvertement : « Messieurs les Américains,  le système non coopératif que vous avez imposé est une horreur qu’il faut abandonner et d’abord dans votre propre intérêt car vous voyez bien que, vous aussi, vous vous remettez très difficilement de la crise. Votre propre société est de plus en plus rétive aux conséquences comme le montre la campagne présidentielle actuelle. Vous n’avez plus de réel horizon et votre poids international baisse».

L’OCDE a refusé net d’expliquer la crise. Le choix a été d’illustrer des symptômes sans jamais en chercher des causes.  Les évènements surviennent  on ne sait pas trop pourquoi. Les agents commencent à avoir des comportements dangereux, sans qu’on décrive le moteur de ces déviances.  La mise en cause du système monétaire y est strictement impossible et vaudrait au malheureux aventurier qui passerait outre un parcours peu appétissant.

Le FMI est exactement dans la même situation. On aurait pu penser que DSK avait le poids pour peser dans le débat. Il avait visiblement d’autres chats à fouetter.  Ensuite, le choix à la tête du FMI d’une femme parlant anglais, mais sans connaissance économique, semblait garantir une certaine docilité.

Bref on en est réduit depuis 2007 à guetter les étincelles et les lueurs d’analyse qui marqueraient un début de prise de conscience et de prise de parole, sur les causes réelles de la crise et son mécanisme.

Sœur Anne ne vois-tu pas venir au loin une certaine convergence avec nos analyses ?

Et bien si !

Le dernier rapport du FMI alerte sur les perspectives mauvaises de l’économie à court et moyen terme et présente la fameuse courbe en U de l’endettement avec sa montée catastrophique vers des sommets intenables qui rendent une  reprise forte quasiment impossible dans la durée. Le graphique aurait pu être en première page de l’Etrange Désastre.

La dette passe enfin en tête des préoccupations du FMI (après que des auteurs américains s’en soient préalablement inquiétés, comme nous l’avons récemment relevé. Il fallait cela !). Avec deux faiblesses insignes :

-          Le FMI ne parle que de la dette des Etats. Mais la dette privée est quatre fois plus importante. Et la dette publique a largement été gonflée par transfert de dettes privées pour sauver le système bancaire mondial. La dette globale n’est d’ailleurs pas un concept intellectuellement maîtrisée, transcrit dans la statistique à travers le monde ; ce travail, comme nous cessons de le répéter dans ce blog, est le rôle du FMI et il ne joue pas. Du moins pas encore.

-          Le FMI ne cherche pas à analyser le renversement de la courbe au début des années 70.  

L’affichage de la courbe porte en lui-même une pression vers une explication officielle. Nous avons la nôtre. Nous attendons la leur.

Autre signe de convergence, l’apparition dans les commentaires de presse, d’analyses proches de ce que nous rabâchons dans le désert depuis la crise sévère de 92-93.

Eric Zemmour rend compte du livre de Jean-François Gayraud dans la livraison du 14 avril 2016 du Figaro. On y parle de guerres économiques qui « saccagent ». On signale que les désordres ont commencé « avec la décision de Nixon de sortir des accords de Bretton Woods ». On dénonce une fuite de la théorie économique dans la « mathématisation et la complexification ». On critique le « maillage serré de hauts fonctionnaires, politiciens, lobbyistes échangeant information et postes qui, à Washington et à Bruxelles et même à Paris, garantit la prééminence de la banque ». On signale que le masque de cette domination est « la liberté ». Zemmour pointe que « si la finance peut asservir les Etats, c’est parce qu’elle bénéficie du soutien de la force militaire américaine qui terrifie les plus farouches ».  « Notre ennemi serait les Etats-Unis d’Amérique ». On croirait notre texte, presqu’au mot à mot. Bien qu’Odile Jacob ait eu entre ses mains notre manuscrit dès 2014, nous ne crierons certainement pas au plagiat. Bien au contraire, nous sommes heureux de cette convergence et que des idées que nous défendons depuis des lustres commencent à émerger dans l’édition et les commentaires de la presse, même si les raisonnements économiques sous-jacents manquent cruellement dans le cas cité. L’auteur n’est visiblement pas économiste.

Retenons seulement qu’en une seule journée on a vu enfin s’afficher une analyse du FMI montrant la grande bascule de la dette et un commentaire soulignant le caractère politique des causes de cette bascule.

Il ne reste plus aux officiels qu’à approfondir la réflexion et tenter de comprendre comment on peut sortir de ce piège. Et il faut que les institutions françaises, européennes et internationales ad hoc parviennent à nourrir un projet cohérent de sortie de crise basé sur une réflexion sur les causes et non sur des expédients.

Il a fallu huit ans pour que, de-ci de-là, certains officiels mettent prudemment un pied en dehors du cocon des simplismes. Combien en faudra-t-il encore pour sortir des expédients et en venir à une vraie analyse partagée des causes et, immédiatement après, aux réformes nécessaires ?  

Eric le Boucher (Les Echos samedi 16 avril 2016) écrit en commentant un texte de France Stratégie qui a souligné l’effondrement de la croissance : « cet effondrement est sans explication ». « Ou plutôt avec pléthore d’explications contradictoires ».  En vérité les économistes officiels en France ne souhaitent pas aller au-delà de petits constats sans danger ou démagogiques, parce qu’ils se souviennent du traitement innommable réservé à Maurice Allais qui lui, avait été à l’essentiel et annoncé l’explosion du système monétaire et international : « ce qui doit arriver arrive ».  Qu’on ne dise pas que les mécanismes de la crise n’ont pas été analysés. Ils sont clairs depuis 20 ans. En tout cas pour ceux qui ont étudié les causes de la crise mondiale de 92-93. Nous-mêmes n’avons fait qu’amplifier et actualiser cette analyse. Mais, cher Eric, pourquoi ne pas prendre le risque de vous en faire l’écho dans Les Echos ?  Après tout, le journalisme c’est de dire avant les autres ce que tout le monde viendra à constater un peu plus tard…  

Encore un effort !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Retour sur le chômage structurel en France

La loi El Khomri et les déchaînements qu'elle provoque sont fort instructifs. Nous redonnons ci-dessous l'article de fond sur le pourquoi du chômage structurel de la France, écrit en 2012, juste après l'arrivée de F. Hollande au pouvoir. Il n'y rien à en retirer.

Devant la catastrophe provoquée par sa politique initiale, qui aggravait tout, Hollande a compris qu'il fallait rebrousser chemin. On verra dans les débats actuels beaucoup de références aux idées exprimées dans l'article. Mais il n'a aucune légitimité ni majorité pour mener une politique exactement inverse à celle qu'il avait annoncée.

Nous avions conclu de façon désabusée :

"Nous allons donc consolider le non-emploi en France, sur fond de crise aggravée. Certains croient que la pyramide des âges, marquée par le vieillissement de la population, va nous sauver. Moins de candidats à l'activité, donc plus de chances de trouver du boulot pour ceux qui restent ! C'est exactement l'inverse. Sauvy l'a parfaitement démontré.

Le chômage structurel va donc encore croître et embellir, désagrégeant le tissu social".

Trois ans et demi après, nous y sommes en plein et les syndicats socialistes ainsi que toutes les mouvances "vraiment socialistes"  sont vent debout contre le moignon de réforme proposé par leur chef.

Pour ceux que le chômage structurel intéresse et accessoirement pour les candidats au remplacement de Hollande à la tête de l'Etat, nous nous devons de renvoyer à une lecture complémentaire : celle du livre de Bernard Zimmern "A tout fonctionnaire son chômeur", chez Odilon Media et notamment à sa quatrième partie "La classe dominante" (ISBN 2 84213 027 S). Le livre a été écrit il y a presque 20 ans. Il n'a pas pris une ride. Nous mettons en graphique joint le tableau de l'annexe 8 qui montre la corrélation directe entre effectif de la fonction publique et chômage.

Bernard Zimmern montre qu'un emploi de fonctionnaire de plus créé un chômeur de plus. Ce ratio était un mantra de Raymond Barre dans les années 70. En vérité, avec la crise, et compte tenu du vieillissement de la population française, nous avons déterminé dans notre livre L'étrange désastre, qu'on en était arrivé à un ratio plus près de 2 chômeurs de plus pour une création de poste de fonctionnaires.

La grande question est finalement la suivante : pourquoi les prises de conscience ne sont que si partielles et n'aboutissent finalement à rien ? Nous avons notre réponse "L'Enarchie Compassionnelle", un système oligarchique qui empêche toute réforme et qui dépasse de loin la question socialiste (le socialisme est mort avec la chute de l'URSS et la conversion au capitalisme de la Chine). Bernard Zimmern fait exactement la même analyse avec d'autres mots. Il décrit l'omnipotence d'une nouvelle classe dominante qui appuie son pouvoir sur l'absence de contrôle, le secret et la maîtrise des médias. Il propose de sortir de la bureaucratie oligarchique avec trois séries d'action : réapprendre à la fonction publique à vivre en démocratie, ce qui suppose d'en reprendre le contrôle, et de dégager toute l'activité économique de l'emprise de l'Etat.

Le drame psycho politique socialiste actuel montre qu'il est IMPOSSIBLE de faire conduire une telle politique par des hauts fonctionnaires. Dans la livraison du Point de cette semaine, Franz Olivier Giesbert se livre à une déclaration d'amour totalement débridée à Alain Juppé. S'il avait voulu montrer la dépendance absolue de la presse, même en apparence critique vis-à-vis de l'Enarchie, il n'aurait pas pu faire mieux.

Pour assoir son pouvoir l'Enarchie a besoin de dominer les esprits par la propagande et l'intox. La presse est dans un tel état financier qu'elle ne peut que jouer le jeu. Elle ne survit que par l'argent public. L'esclave lèche constamment la botte du maître. C'est vrai dans la presse écrite, mais plus encore dans les médias radiophoniques et télévisés. Pratiquement toutes les sociétés de presse sont possédées par des milliardaires dépendant directement de l'Etat ou par l'Etat lui-même directement ou indirectement. On peut se moquer de l'Ukraine ou de la Russie.

Il est vrai que les medias ont besoin de l'émotion pour vendre. L'émotion conduit à la l'indignation et appelle l'action de l'Etat. Il suffit d'entendre les sujets serinés dans les radios ce matin même : scandale de non-dénonciation de pédophilie à Lyon, scandale de la retenue d'une enfant envoyée sans droit en France, scandale de la brutalité policière, scandale des armées qui violent en Centrafrique, scandale de la mal Bouffe et de son Héro décédé, scandale des abattoirs, scandales…Avec toujours la même antienne : que fait l'Etat ! Vite plus d'argent, vite plus de réglementations, vite, plus de sanctions

"L'une des grandes fibres qu'aiment à faire jouer les médias : la compassion", écrit Zimmern. Mais oui. C'est pour cela que cette association "classe dominante de fonctionnaire - presse compassionnelle" nous a suggéré le vocable d'Enarchie Compassionnelle. Les journalistes sont presque tous à gauche (et même pour la "vraie gauche") et la presse presque en totalité pour "plus d'Etat", avec glorification permanente de notre glorieux système social français qui est si fragile qu'on ne doit pas y toucher sinon il va s'effondrer.

L'échec de la microtentative de l'énarque Hollande et de ses compagnons de la promotion Voltaire, pour atténuer l'effet d'étouffement de l'économie des mesures qu'eux-mêmes et leurs congénères ont prises et surtout essayer de faire perdurer un système qu'ils dominent, dont ils veulent garder les privilèges insensés et dont ils ont compris qu'il était en train de sombrer, démontre qu'il ne faut pas élire à la tête du pays un nouvel Énarque.

La cote sondagière de Juppé est totalement artificielle. Toute la presse est pour Juppé et matraque qu'il est seul "en position". L'esclave a besoin d'un nouveau maître qui ne mettra pas fin aux subventions et continuera à assurer sa survie. Les instituts de sondage vivent du pouvoir et seulement du pouvoir. Qu'on relise dans le dernier livre du Maître du Puy du Fou, les lignes consacrées à son traitement médiatique et à la manière dont sa cote a évolué dans les sondages. Tout est lumineux dans ces lignes.

Pour l'observateur un peu attentif, il existe un signe de l'aplatissement général de la presse devant l'énarque Juppé, nouvel espoir de l'oligarchie et futur garant des ressources de la presse.

Lorsqu'un journaliste connu s'attaquera aux conditions dans lesquelles Alain Juppé, à l'instar de ses commensaux, a obtenu le niveau de retraite qui est le sien ainsi qu'aux conditions de son revenu et de sa fortune, alors on pourra dire que quelque chose a changé en France.

Qu'on réduise la question à celle-ci : combien de temps Alain Juppé a-t-il travaillé dans son corps administratif. Sa retraite a-t-elle été versée prorata temporis des droits économiques acquis, ou à 100% statutaire ? Combien d'autres retraites cumule-il ? Que seront sa fortune et son revenu à la fin de son mandat présidentiel éventuel ? Est-ce que cette privilégiature est justifiable et doit être conservée ?

Si Juppé est haut dans les sondages ce n'est que parce que les mouches ont changé d'âne et que l'énorme cohorte des fonctionnaires a remis son destin entre ses mains plutôt que dans celle de Hollande et que les médias se chargent de l'avant vente, comme ils se chargeront, un temps de l'après vente. Un temps parce que les conséquences sur le chômage seront telles, faute de mise au pas radicale de l'oligarchie, que l'émotion de la presse sera sollicitée et qu'il faudra promouvoir un autre Juppé.

Et le chômage dans tout cela ? La presse comme l'énarchie compassionnelle s'en moque éperdument.

18 ans après le livre de Zimmern rien n'a changé, sinon une hausse majeure de la précarisation et du chômage qui est au maximum historique. On attend encore 20 ans ?

Ou on casse ce système suicidaire ?

 Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

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Le Chômage structurel en France

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2012/6/2/Le-chmage-structurel-en-France

Il existe en France un chômage structurel important qui a commencé à s'installer à partir de 1968 et qui a atteint aujourd'hui des proportions gigantesques.

Si on regarde le cycle économique de 8-10 ans, on s'aperçoit que désormais, en phase haute, on ne parvient pas à descendre au-dessous de 7 % de chômage (définis en termes officiels). En phase de récession on monte à 10 %. En un mot les taux de croissance les meilleurs ne permettent pas de baisser de plus de trois points le chômage. Les catégories au chômage sont toujours les mêmes : les faibles (jeunes, vieux, immigrés, femmes).

Autre regard sur la même réalité, le nombre de salariés dans l'économie française se situe entre 15 et 16 millions selon les statistiques et les définitions. Pour une population de 65 millions d'habitants nous devrions, aux taux usuels rencontrés dans les pays comparables, en avoir entre 22 et 27 millions. Il nous manque donc structurellement entre 5 et 10 millions d'emplois salariés.

Dernier regard sur la même réalité, on constate qu'il y a en France environ 7 millions de personnes en âge de travailler qui vivent en général dans la pauvreté aux marges du système, le plus souvent aux crochets de l'état.

Cette situation est évidemment dramatique et explique en partie le poids de la dépense publique, de la dette, des déficits extérieurs, etc.

Quelles sont les explications possibles de ce chômage structurel ?

1. La préférence pour le non-travail et le travail public

- La préférence pour le non-travail

Bien que l'habituelle compassion explique que le chômage est toujours subi, il est tout à fait clair que la décision de travailler ou non est largement rationalisée par les ménages concernés. On l'a vu avec l'échec du RSA. Différentes populations préfèrent une vie certes modeste mais sans travail, plutôt que les risques et peines d'une situation où l'on travaille sans gagner plus et en perdant divers avantages. On évoque des ménages étrangers qui viennent pour les allocations diverses : ils gagnent généralement plus à ne rien faire en France qu'à travailler dans leur pays. Mais la majorité des ménages qui font ce calcul sont bien français. Une des catégories les plus importantes est formée par les femmes isolées avec enfants qui s'installent dans une vie presque entièrement subventionnée sans chercher de travail sinon au noir.

À l'autre bout de l'échelle on trouve des ménages qui font le choix temporaire de la non-activité en profitant des allocations reçues. Il est devenu très rentable en France de se faire licencier avec des fortes indemnités, qui jusque récemment n'étaient même pas considérées comme des revenus dont non soumises à impôt. On voit donc des cadres même supérieurs, même surdiplômés, même dans des âges de pleine activité, se mettre en année sabbatique payée par les indemnités pour une voire deux années.

- La préférence pour l'emploi public

C'est devenu depuis la crise de 74 la tare française. L'essentiel des gros bataillons de l'université cherche son salut dans l'emploi public. Le clientélisme régional et le népotisme jouent dans le même sens dans les provinces. Le député, le conseiller général, le conseiller régional, le maire sont devenus les pourvoyeurs d'emplois locaux où l'on travaille peu pour des rémunérations plus que sérieuses. On sait qu'à Paris les fonctionnaires travaillent environ un jour ouvrable sur deux et qu'on peut se poser des questions sur la réalité de ce travail. Quand on est 50 000 à faire un travail qui n'exigerait pas plus de 15 000 emplois, on ne se foule pas trop. Mais le jardinier municipal de Toulouse n'est pas non plus cassé par un travail excessif. Surtout quand la chasse est ouverte ou quand il faut aller aux champignons.

Cette préférence est symbolisée par le nombre des candidats, et leur niveau, qui concourent aux examens pour certains postes publics. L'ampleur des candidatures pour être postier, avec de nombreux bac +4 ou 5, en témoigne. On forme jusqu'à 25 ans et à grands frais des gens dont l'aspiration est de porter des lettres de boîte en boîte. Du temps de "jour de fête", c'était l'idiot du village qu'on mettait à ce travail par compassion. Maintenant à moins d'une maîtrise de psychologie, il n'y a rien à faire pour avoir le poste !

Une règle de pouce veut qu'un emploi public tue deux emplois privés. Il faut évidemment le financer et qui paie sinon in fine le système non public ? Le secteur public ne se nourrit pas en autarcie.

Le résultat est connu : nous avons un secteur public totalement disproportionné qui consomme une part déraisonnable de nos ressources. La régionalisation a de plus permis un empilement de doublons administratifs sans limite. Près de deux millions d'emplois publics ont été créés depuis 1974 quand on tient compte des postes dans les associations directement subventionnées par les politiques. En même temps l'emploi marchand a quasi stagné.

 

2. Le SMIC et la surfiscalité

- Le SMIC et les coups de pouce

Nous renvoyons aux autres articles que nous avons écrits sur ce blog sur la question du SMIC. Un salaire minimum n'est pas en soi une catastrophe. S'il a pour but la protection contre certaines formes de prédations, il est même indispensable. La France avait mis en place, sous l'influence de la droite, un salaire minimum garanti, qui était indexé sur l'inflation et régionalisé. Ce système ne posait pas de problème. En maintenant un avantage de compétitivité il favorisait la décentralisation. Et l'abus restait sous contrôle avec une borne suivant l'inflation. Ce filet de sécurité n'était pas le plus important. Ce sont les accords de branche qui fixaient, en fonction des réalités du terrain, les salaires minima professionnels qui étaient réajustés par négociation en cas d'accord général des parties prenantes.

Le drame viendra du changement de philosophie : le salaire minimum ne devait plus être simplement une sécurité mais un moyen de politique de revenu et un élément majeur de l'énarchie compassionnelle et de la démagogie politique avec les célèbres "coups de pouces". La droite, car c'est toujours la droite qui a été à la manœuvre dans ces affaires, a alors pris toute une série de mesures dramatiques pour l'emploi. L'indexation n'a plus été faite sur les prix mais sur la croissance. Le salaire minimal est devenu national. Chaque élection a été l'occasion d'un cadeau national aux salariés. Du coup près du tiers des salariés du privé se sont retrouvés au SMIC ! Toute la hiérarchie des salaires s'est trouvée écrasée. Les conventions collectives se sont trouvées déclassées, les salaires conventionnels traînant très loin en dessous des valeurs du SMIC. Le dialogue social sur les salaires a disparu. "Tous smicards", tel était le slogan vécu par les salariés.

L'ennui c'est que le salaire étant l'assiette de très forts prélèvements, le salaire net du smicard était accompagné d'un coût du même montant en charges. Le "double fiscal du salarié français" coûtait aussi cher que le travailleur.

Pour le politique c'était tout bénéfice : il passait pour un gentil et "achetait" le vote des petits salariés. Dans le même temps il réduisait les déficits de la sécurité sociale et engrangeait des ressources fiscales.

Le coup de ciseau sur l'emploi était phénoménal. Pendant trente ans, jusqu'à la détaxation partielle des bas salaires, cette machine à créer du chômage structurel a fonctionné à plein régime.

 

- L'hyper fiscalité

Nous venons de voir que l'emploi salarié était, de tradition en France, surtaxé. La France ruinée par la guerre ne pouvait prélever que sur la richesse en train de se faire. Elle a pris l'argent à la source : sur l'entreprise.

Tant que le prélèvement global est resté à 30-35 % du PIB, l'effet sur l'emploi n'était pas trop grave. Mais nous sommes passés après le septennat fiscal de Giscard et après le programme commun de gouvernement socialo communiste à 45 % du PIB. L'énormité de ce prélèvement, compte tenu de sa concentration sur l'entreprise et l'entrepreneur, a rendu impossible toute politique de développement économique et réduit comme une peau de chagrin les capacités d'emplois nouveaux.

Compte tenu de son coût le poste de travail devait désormais être fabuleusement productif pour se justifier.

Et l'entrepreneur avait de moins en moins de ressources disponibles pour son entreprise.

Le capitalisme français était devenu un capitalisme sans capitaux et sans emploi. Inutile d'aller très loin pour comprendre pourquoi il manque 5 à 10 millions d'emplois salariés en France et que nous n'avons pas de Mittelstand à l'allemande, un réseau serré de grosses PME de 500 à 5 000 emplois. Et oublions les PME exportatrices.

 

5. La surprotection de l'emploi salarié et les 35 heures

Une des curiosités françaises est le goût pour le salarié, objet de toutes les tendresses alors que le travailleur indépendant est laissé à la dureté des conditions. L'idée, grotesque, que le salarié est dans une situation de domination et doit grâce à la puissance publique se dégager de ce servage par des mesures outrancières de protection a fait des ravages. Au lieu que l'entreprise soit un lieu de contrat libre, entre un employeur disposant temporairement d'un emploi possible et d'un employé désireux de le satisfaire pour la durée possible, c'est devenu un enfer où tout engagement vaudrait à vie sauf indemnisation délirante, étant bien entendu que le salarié aurait toujours raison et ne pourrait pas être réellement commandé, sous peine de risquer la prison pour harcèlement moral.  

La situation est d'autant plus grotesque que l'emploi est concentré pour les raisons dites plus haut sur la qualification, seule condition de la compétitivité, et que le drame des entrepreneurs a toujours été et reste de trouver des collaborateurs compétents et motivés, alors que les talents ont tendance à sauter d'une entreprise à l'autre. La mondialisation a aggravé le phénomène, la compétition pour les talents devenant mondiale.

Un chef d'entreprise aujourd'hui n'est pas un garde-chiourme s'appuyant sur des porions pour exercer d'abusives pressions sur de malheureux esclaves. Il remet sans arrêt sur le métier la composition d'une équipe gagnante sur des marchés en hyperconcurrence.

Les tracasseries administratives et sociales sans limites qui accablent l'entreprise ont eu immédiatement un effet pervers : la fin des CDI ! Les contrats à durée indéterminée ont rétréci au profit des solutions temporaires : CDD, intérim, faux stagiaires, travail au noir etc.

Quand l'emploi est laissé à l'appréciation des fonctionnaires-juges, il n'y a plus de politique de l'emploi, mais un sauve-qui-peut général.

Du coup on retrouve à la marge des conditions d'exploitation exécrables, l'absence d'emplois conduisant les candidats au travail à accepter l'inacceptable. Qui ne connaît des stagiaires (le stage est devenu obligatoire dans le cursus universitaire, fournissant une masse de candidats) travaillant 12 heures par jours et sollicités sous peine d'exclusion de venir travailler gratuitement la nuit, le samedi, le dimanche et les jours fériés ? Certaines entreprises ont ainsi créé des parcs à stagiaires corvéables à merci faisant du travail à bas prix à la place d'emplois normaux. Quel progrès ! Ne parlons pas des parcs à intérimaires etc.

Sur les 35 heures, mesure dramatique et dont nous ne cessons de payer le prix, nous ne reviendrons pas ici. Tout est dit et connu.

Encore bravo à tous ceux qui ont conduit ses politiques ! Le non-emploi a gagné : le manque à gagner en création d'emplois se compte par millions, pas par dizaines. Mais les manques à gagner ne se voient pas et sont donc hors du champ médiatique et politique.

 

4. Les conséquences d'une mondialisation sans écluses

L'ouverture totale à la concurrence des pays à bas salaire qui a été le credo invincible des européistes depuis 1973 a été particulièrement problématique pour la France dont la fiscalité pesait majoritairement sur les entreprises. Elle s'est retrouvée sans possibilité de combattre à armes égales avec les autres.

Ajoutons les contraintes d'un Euro globalement flottant et néanmoins globalement surévalué et le drame de l'emploi français est noué.

Il nous reste un quarteron d'entreprises internationales qui font l'essentiel de leurs bénéfices à l'étranger, avec des rémunérations folles pour leurs dirigeants. Et une cohorte éparse d'entreprises étranglées, globalement sans trésorerie, avec des taux de marges très faibles, harassées par les normes, les contraintes, les réglementations, les surprotections, dont les propriétaires sont accablés d'impôts qui les forcent à vendre leurs biens et à ne pas investir, alors que la crise les ruine et que le crédit devient impossible.

Alors les usines ferment les unes après les autres. Le patrimoine français passe aux mains de l'étranger.

Le Français, né malin applaudit des deux mains et crie vive l'impôt ! non à l'entreprise privée ! vive l'état ! vive les postes de fonctionnaires !

La France, elle, crève.

 

Peut-on hiérarchiser les causes du non-emploi massif que connaît la France avec ce manque à gagner colossal de 5 à 10 millions d'emplois marchands ?

On l'a vu. Toutes ces causes se combinent pour créer un chômage structurel que même la croissance ne pourrait entamer sérieusement.

Pour le réduire il faudrait donc frapper tous azimuts et simultanément.

- Il faut revenir à une notion de salaire minimum de protection négocié par branche et hors des pattes des énarques qui nous gouvernent. La politique salariale doit être laissée à la libre négociation entre les partenaires sociaux sans intervention de l'état.

- Il faut revenir à une notion de l'emploi très simple : l'entreprise ne doit que le salaire du salarié tant qu'elle peut l'employer. Les indemnités de licenciement, qui sont une aide sociale au reclassement, doivent être fixées nationalement à trois mois indépendamment de toute autre considération. Si l'entreprise veut aller plus loin pour finaliser une sorte de "golden hello" propre à fidéliser les talents qu'elle emploie, c'est son choix et cela doit rester à la libre appréciation des parties.   

- Il faut indemniser le chômage de façon temporaire et non pas pérenniser les aides permanentes au non-emploi.

- Il faut transférer sur la consommation l'essentiel des charges qui pèsent sur l'emploi

- Il faut réduire la part du secteur non marchand dans l'emploi et donc impôts et dettes.

- Il faut revenir aux quarante heures, ne pas hésiter pour une retraite par points à 67 ans et laisser le reste aux discussions au sein de l'entreprise.

- Il faut un tarif extérieur commun intelligent aux frontières de l'Europe

- Il faut un Euro compétitif.

- Il faut réduire massivement l'état (central et région) et les institutions de sécurité sociale. Faisons baisser les besoins de financement public qui capturent l'essentiel des ressources du pays et le forcent à vendre ses actifs à l'étranger.

- Il faut arrêter la gestion par des normes absurdes qui, comme dans le cas de la poule pondeuse, conduise à casser l'emploi pour rien de sérieux.

Diverses mesures ont été dans le bon sens ces dix dernières années. Mais il y en a eu si peu et si timides !

Le nouveau gouvernement arrête toutes les mesures timides prises par le gouvernement précédent ou en prend leur contre-pied (retour sur la retraite à 62 ans, fin de la RGPP, recrutement massif dans l'éducation nationale etc.). On accélère la décentralisation. On reparle des coups de pouces "raisonnables" au SMIC. On se lance dans des "ratonnades fiscales" contre les "riches".

Personne n'a honte.

Nous allons donc consolider le non-emploi en France, sur fond de crise aggravée. Certains croient que la pyramide des âges, marquée par le vieillissement de la population, va nous sauver. Moins de candidats à l'activité, donc plus de chances de trouver du boulot pour ceux qui restent ! C'est exactement l'inverse. Sauvy l'a parfaitement démontré.

Le chômage structurel va donc encore croître et embellir, désagrégeant le tissu social.

 



La sortie de crise n'est pas pour tout de suite

"Une trentaine de représentants de haut niveau de pays membres et non-membres du G20 planchent sur les défis que représente la finance internationale à Paris, ce jeudi", annonce le Figaro.

Il y aura du beau monde. Le ministre des Finances britannique ou encore le gouverneur de la Banque centrale chinoise Xiaochuan Zhou… Au total plus d'une trentaine de représentants de pays membres et non-membres du G20 (qui regroupe les vingt principales économies développées et émergentes), ainsi que les principales organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI)".

Depuis l'abandon des disciplines mises en place à Bretton Woods en juillet 1944, les réunions d'experts n'ont jamais cessé. Elles sont même ritualisées. Réunion des gouverneurs de banque centrale, réunion de Ministres des Finances, réunion des chefs de gouvernement, réunion des chefs d'Etat, aucun niveau n'est épargné par la réunionite. Depuis 1971, il y en a eu des centaines. Et pendant ce temps-là les trois grands malheurs économiques constitutifs de la crise se sont approfondis :

- Baisse décennale continue du trend mondial

- Gravité aggravée des crises périodiques

- Inversion de la courbe de l'endettement global jusqu'à ce qu'elle atteigne des sommets impossibles à maintenir sans drame.

Le nombre de ces réunions comme leur inefficacité est un des phénomènes les plus intéressants et préoccupants de la mondialisation. Il marque que l'appel rituel à un "nouveau Bretton Woods" n'a aujourd'hui plus de sens. C'est Bretton Woods tous les matins !

Quel est le nœud du problème ?

On a déconstruit en 1971 un système de coopération organique pour finalement bâtir en 1976, à Kingston, en Jamaïque, un non-système, traduisant un rapport de force géopolitique et masqué par une ritournelle de progrès basé sur les trois libertés du commerce, des mouvements de capitaux et des mouvements de personnes. À chaque déboire, on rappelle le mantra et on cherche aller encore plus loin dans la déconstruction de tout l'encadrement qui permettrait à ces trois libertés de s'exercer sans drame. Avec, à chaque fois des résultats contraires aux objectifs affichés.

Le monde diplomatique, en matière économique, vit dans une double soumission. Soumission aux Etats-Unis et à ses dépendances comme la Commission de Bruxelles. Soumission à l'idéologie dérivée qui veut que les libertés ne doivent pas être organisées, sinon au profit du plus fort.

Le système mis en place est structurellement non coopératif et la réunionite ne cherche qu'à masquer ce fait en évoquant sans cesse et la nécessité de la coopération et celle de ne jamais mettre en place une canalisation des désordres provoqués par cette coopération purement verbale sur fond de guerre des monnaies.

En matière de développement économique international, il n'y a pas de main invisible heureuse guidant les marchés comme l'Esprit Saint et permettant l'optimisation globale des ressources et des investissements.

On n'est pas en face d'individus mais d’États qui désormais ont en main l'essentiel des ressources. Les monnaies ne sont plus des biens tangibles extérieurs aux Etats mais des abstractions gérées par des administrations.

Les Etats ont des objectifs. Les superpuissances, des objectifs géostratégiques mondiaux. La destruction des accords de Bretton Woods a permis aux Etats Unis de gagner la guerre froide contre l'URSS. "Ce n'est pas Philippe qui a gagné la guerre mais l'or de Philippe" dit-on d'une guerre contemporaine de la création des monnaies. La monnaie est historiquement l'enfant bâtard du sabre et du goupillon. Bretton Woods avait été une tentative partielle de sortir de cette logique en disant aux Etats : vous n'êtes pas seuls au monde et votre monnaie est aussi notre problème. Elle doit être sortie de l'arsenal des conflits entre Etats.

Les monnaies ont été mises au râtelier et la surveillance du râtelier accordée au FMI.

Ce qui s'est passé en 1971, c'est tout simplement l'ouverture du râtelier et l'autorisation donnée à chacun de faire ce qu'il pouvait faire des armes. Et que le meilleur gagne.

Comme on ne pouvait pas le dire comme cela, on a baigné le retour à la non-coopération structurelle dans un pathos hyperlibéral faisant fi du fait que les libertés s'organisent, surtout lorsqu'elles concernent des mouvements transnationaux. Une des conséquences a été l'affaiblissement structurel du FMI et la montée en puissance des banques centrales dont on sait qu'elles sont en fait impuissantes à arbitrer des conflits géostratégiques. Comme nous le répétons sans cesse, les banques centrales ne savent régler, comme les psychanalystes, que les problèmes qu'elles ont elles-mêmes créés. Elles sont un faux-semblant et on voit bien qu'elles ne peuvent que s'engager dans une politique d'expédients de plus en plus contraires aux principes affichés. L'échec du G.20 est également significatif. Son seul résultat a été de mettre au pas la place financière Suisse et d'imposer Fatca à tous, un objectif de la puissance américaine, avec en prime des sanctions délirantes contre les banques européennes, qui sont désormais hors courses dans les grandes opérations de la finance mondiale. En imposant par la force la loi américaine à tout utilisateur du dollar, le gouvernement des Etats unis a levé le masque. "Le dollar est notre monnaie et votre problème" disait Connally, un secrétaire d'Etat américain des années soixante-dix. Nous n'en sommes plus là. Le message subliminal actuel est :" Notre monnaie est notre instrument de puissance internationale et nous voulons vous y soumettre. Notre crainte est le Yuan. Le dollar va nous permettre de mener la guerre contre la Chine. Il nous faut un traité transatlantique pour avoir les mains libres en Extrême Orient. Nous le négocions avec nos féaux à la Commission".

Face à cette brutalité, les réactions ouvertes  sont inexistantes en Europe, devenue un mouton bêlant et qui n'a pas réagi à Fatca, qui s'est soumise humblement face aux exactions contre les banques européennes, et qui négocie le dos courbé le traité transatlantique.

L'Allemagne et le Japon sont des nations soumises au diktat américain sans même la moindre discussion.

On a lu dans le Monde un article d'une douceur angélique du gouverneur de la banque centrale de l'Inde pour évoquer l'idée que peut-être un peu plus de coopération serait nécessaire.

Seule la Chine résiste et on a vu à Shanghaï, comme on le verra aujourd'hui, que certains se cachent derrière la Chine pour tout de même faire un peu changer les choses. 

La réunion d'aujourd'hui sera comme d'habitude un hymne aux masques idéologiques de la domination américaine sans aucune perspective de coopération structurelle. On grattouillera aux marges en regrettant que rien ne marche comme prévu mais sans oser affronter les Etats-Unis bille en tête. Comme ces derniers n'ont pas voulu qu'on les gratouille en profitant de la résistance chinoise, ils n'ont envoyé qu'un sous fifre à la réunion parisienne.

Il ne sera pas facile de faire le bilan de la réunion : il n'y aura pas de communiqué. On saura si le grenouillage de Paris a eu des conséquences lors de la prochaine réunion des chefs d'Etats à Hangzhou, en septembre. les petites manoeuvres ne font pas les grandes décisions.

"Il n'y a pas d'alternative" : il ne peut pas y avoir de collaboration dans un système structurellement non coopératif. Il ne peut pas y avoir de projet commun dans un système de soumission globale, d'échappatoires idéologiques hypocrites ou de petites manoeuvres de couloir. Il ne peut pas y avoir de retour à la prospérité sans explication des causes de la crise sévère qui perturbe le monde depuis 2007.

Nous voyons bien que l'analyse des causes est un exercice quasiment interdit. Le FMI, l'OCDE, le G.20 se sont bien gardés de faire l'exercice. Les Etats se sont tus. Les Etats-Unis ont dit : "voyez, nous,  nous y arrivons ; c'est vous les nuls, quand vous n'êtes pas des gangsters". Et ils ont maintenant sur le dos Trump et Sanders. Le complexe militaro-financiaro-industriel n'a plus la cote. Les citoyens américains ont bien compris qu'ils étaient un simple enjeu de pouvoir et que la politique menée avait certes des avantages pour certains chez eux, mais que les gros bataillons ne s'y retrouvaient pas.

La France est représentée par l'Énarque Sapin, ami du président énarque Hollande, qui, tous deux, ont intégré au plus profond d'eux-mêmes qu'ils n'avaient aucune prise sur rien, sinon leur carrière, et qu'il fallait filer doux en silence, surtout après avoir mis le pays par terre par impéritie militante. La France est dans un tel état qu'elle ne peut plus avoir de diplomatie économique. Le seul mot de France évoque encore aujourd'hui à l'étranger les impôts à 75 % et les 35 heures. Nous sommes un repoussoir ridicule. La réunion aura lieu au milieu de grèves absurdes, vu l'état actuel du pays, avec cette dimension comique des fédérations socialistes de parents d'élèves (dominées à 100 % par des socialistes fonctionnaires), prétendant accompagner leurs doux adolescents menés par la FIDL (dominée à 100 % par des mouvances socialistes d'adultes fonctionnaires ou espérant le devenir) dans la révolte contre des mesures qui ne concernent pas les fonctionnaires.

Ces grèves ont d'ailleurs un sens très précis : "nous allons perdre les élections de 2017 mais nous vous prévenons : le troisième tour "social" vous empêchera d'agir. Comme d'habitude, en dépit de vos postures de Matamor". L'emploi dans tout cela est un prétexte. Avis aux virils candidats aux primaires "de droite et du centre", ou aux candidates virilisées par "une greffe de c…", comme le dit la fofolle NKM, candidate à tout et à rien, dont le dernier livre est absolument vide de la moindre étincelle de réflexion sur les sujets majeurs que nous évoquons ici, comme tous ceux de ses concurrents à l'exception de celui de Fillon qui a compris que l'emprise américaine allait désormais trop loin mais qui n'a pas encore défini une vraie alternative.

En cette veille du premier avril, le poisson est déjà de sortie. Et sa tête montre de vilains signes de putréfaction.

La mondialisation-soumission, et son échec économique de longue durée, l'Europe soumise et ouverte à tout vent, avec son échec économique de moyenne durée, et la France du n'importe quoi qui n'a plus prise sur rien, et recule constamment sur le front économique depuis l'alignement giscardien à la Jamaïque puis les mesures d'étouffement prises par la coalition socialo communiste de 81, aggravées par Jospin puis Hollande, ne forment pas un joli spectacle.

Nous ne sommes pas près de sortir de "la crise" née en 1971.

Economie, primaires de la droite et élections présidentielles

Marcel Gaucher explique qu’il faut sortir de l’économisme et de l’énorme pression que cette doctrine impose.

Les Echos, en contrepoint affirme que les élections présidentielles se feront sur la question de l’économie.

Les deux ont tort.

L’économisme ne règne pas en France mais le socialisme moralisateur avec une dépense publique exorbitante, des dettes exorbitantes et un chômage d’une masse exorbitante. Si l’économisme régnait, il y aurait une trace de raisonnement économique. On la cherche. En revanche on ne compte plus les mesures vexatoires purement socialistes qui cherchent à priver de liberté les citoyens « riches », comme « la mixité sur le palier » de madame Hidalgo qui fait que la ville préempte à prix d’or, avec le produit d’impôts d’ampleur inégalée,  des appartements dans des immeubles cossus et y installe des familles africaines, arrivées en fraude  avec 14 enfants, sur le même palier que celui d’un dirigeant d’entreprise ayant payé cher pour vivre dans un milieu à sa convenance et non dans un faubourg de Ouagoudougou. Il est vrai que cette politique est menée à Paris sous contrôle socialiste par un communiste dont la doctrine est de faire payer par les riches la corde avec laquelle on va les pendre.  A Moscou, dans les bonnes années socialistes,  on pratiquait la mixité dans le même appartement. Encore un effort !

Les candidats aux primaires de la droite et du centre axent totalement leur campagne  sur la nouveauté alléguée « du monde qui se révèle » et la nécessité de ne pas se laisser influencer par la rue pour mettre en place les réformes adaptatives nécessaires. Mais on cherchera en vain une trace d’explication économique solide et on trouvera plus de postures et d’affirmations de virilité réformatrice que de raisonnements sur des faits observés sans passion.

Tout le monde sait que l’opinion française se cristallise  autour de deux réactions aussi fortes qu’instinctives. « Non aux impôts » ; « non à l’Islam ». Les « attentats » fiscaux de 2011 et de 2012, et les attentats islamistes abominables de 2015 sont les deux mamelles politiques de la France de 2016. Les cris mille fois répétés dans les médias, comme chez Ruquier dans On n’est pas couché,   de « vive les impôts » (des riches) et de « non à l’islamophobie » ont désormais un peu de mal à être entendus.

Ajoutons la dimension d’immédiateté propre aux réactions politiques, et on voit bien que les campagnes électorales vont se perdre dans les solutions radicales à ultra court-terme. Baisser « massivement » les impôts, « tout de suite » ; mettre au pas « impitoyablement » nos Molenbeek français, « sans attendre ».

Ce climat offre au Front National un boulevard, lui qui lie toutes les problématiques en une seule : immigration égale dettes, dépenses publiques, impôts, abaissement des valeurs nationales, délinquance et terrorisme.

 

 

L’offuscation de l’intelligence risque d’être la conséquence électorale la plus grave. Nous avons dit ici combien les différentes campagnes des élections de 2012 avaient été regrettables et même pitoyables. Les prochaines risquent d’être bien pires.

Les trois grandes libertés sont au cœur des difficultés. Les débats en sont rendus compliqués.

La liberté des mouvements de personnes se heurte aux migrations de masse et aux contradictions insurmontables des politiques de natalité. Si la population du  Nigéria dépasse celle de la Chine, en 2050, on ne voit pas à quel titre l’Europe devrait absorber les centaines de millions de migrants que cette politique implique.  Si certains pays du Maghreb ont l’ambition d’utiliser « le ventre des femmes musulmanes » pour envahir l’espace européen, nouvelle terre d’islam, on ne voit pas trop les arguments qui justifieraient que les pays européens cèdent à cette volonté.

La liberté des mouvements de marchandises entraine automatiquement une pression des pays à bas salaires sur les pays à hauts salaires, surtout si la compétition est inégale du fait d’une exigence différente en matière de normes de production. Le libre échange est nécessaire et positif entre pays qui équilibrent leurs échanges. Mais les énormes déséquilibres commerciaux sont-ils acceptables ?

La liberté des mouvements de capitaux est sans doute un des moyens de « l’affectation optimale des investissements ». Sauf si ces investissements sont purement financiers et alimentent les bulles moutonnières et endogènes d’une économie baudruche.

Si la liberté est un principe essentiel, les libertés s’organisent. Les débats fondamentaux du moment se doivent de porter sur l’organisation des libertés. Ils sont difficiles et sensibles. Il y a un gouffre entre les libertés individuelles et les libertés collectives. Ce qui est simple, à l’échelon individuel, devient nettement moins commode à gérer lorsqu’on change d’échelle.

Une nation n’a plus de politique si elle est totalement ouverte et si les mouvements venus de l’extérieur peuvent s’exercer sans limite avec des effets quantitatifs démesurés. Affirmer qu’il faut simplement s’adapter à ces pressions ne fait pas un discours politique audible. La culpabilisation des citoyens ne mène à rien. 

Les enjeux électoraux devraient tous être centrés autour des trois grandes difficultés de gouvernance.

Gouvernance française : pourquoi faisons-nous moins bien que les autres ?

Gouvernance européenne : pourquoi l’Europe fait-elle moins bien que les autres ?

Gouvernance mondiale : pourquoi, depuis quarante ans, le trend baisse-t-il, les crises périodiques s’aggravent-elle et le taux de dettes global s’est-il partout inversé jusqu’à atteindre les niveaux intenables qui ont entraîné la rupture de 2008 ?  

Pour être équilibré un programme électoral doit comporter deux piliers économiques :

-          Une action interne pour remettre le pays d’aplomb

-          Une « diplomatie de la prospérité », en Europe et dans le monde, pour éviter que la nation soit périodiquement ravagée par des crises gravissimes venues de l’extérieur.

La grande erreur des candidats actuels, putatifs ou réels, aux primaires de la droite et du centre, est d’escamoter complètement le second volet. Il est vrai qu’il est vain d’espérer peser à l’extérieur si le pays ne retrouve pas son allant, comme François Hollande le prouve tous les jours. Il est tout aussi vain de croire qu’un redressement unilatéral ne sera pas balayé, un jour ou l’autre, par un autre épisode de tsunami économique venu de l’extérieur, si on ne procède pas à des changements profonds de l’organisation économique mondiale. Giscard et Chirac n’avaient pas que de mauvaises idées. Ils ont été balayés par la crise de 74. Balladur avait une vision solide de ce qu’il fallait faire : il a été balayé par la crise de 92-93. Sarkozy et Fillon n’avaient pas un mauvais programme ; Il a été balayé par la crise de 2008-20xx.

A chaque fois, ce sont les conséquences du ressentiment né de la crise qui ont fait venir les socialistes au pouvoir, au sein de coalitions hétéroclites, alors qu’ils sont minoritaires dans le pays, quasiment structurellement. La France n’est pas socialiste et il n’y a pas de « peuple de gauche ».  A chaque passage,  les socialistes ont aggravé tout en étouffant plus étroitement les relations économiques et en poussant au maximum les dépenses publiques, la dette et les impôts, même dans les périodes de vaches grasses offertes par la conjoncture (comme Rocard et Jospin), quitte, à la veille des élections, à tenter de rebrousser partiellement chemin pour ne pas les perdre.

Les socialistes, qui ont poussé avec J. Delors, à la création de l’Euro appuyé sur une politique de libertés économiques absolument sans entraves,  ont baissé un tout petit peu les impôts en 2001 et déchargé l’entreprise du fardeau des allocations familiales ces dernières années. La mouvance peut affirmer qu’elle a été plus audacieuse que la droite. Mais les socialistes sont pris dans des contradictions insurmontables : soumission à l’Europe fédéraliste elle-même soumise aux Etats-Unis ; absence totale de volonté d’organiser les libertés ; abandon du terrain social ;  violence fiscale contre les entrepreneurs et « les possédants » ; immigration sans limite ; priorité théorisée donnée à l’altérité ;  président et ministres au dessous des qualités nécessaires pour gouverner. 

La droite, de son côté, ne comprend pas qu’elle doit lutter sur deux fronts : les conséquences internes du socialisme et les conséquences des crises venues de l’extérieur.

Juppé ne croit pas nécessaire de développer de véritables idées, mais seulement sa stature. Il se veut compatible avec Rocard et la droite de la gauche. Il est « droit dans les charentaises » de F. Bayrou. Cet unanimisme exclut qu’il prenne des options programmatiques fortes. Il moque ceux qui promettent « des larmes et du sang », en oubliant que le sang et les larmes, c’est « ici et maintenant ». Il n’aucune idée d’une « diplomatie de la prospérité ». Il ne veut pas s’aliéner les européistes ni les tenants de la mondialisation heureuse. Et il ne va pas s’attaquer bille en tête aux « forces sociales »  qui lui avaient valu une défaite en rase campagne en 96. Il n’est pas sûr qu’il résiste à une campagne contre François Hollande. Lorsque le challenger est trop proche du sortant, la prime va au sortant.

Sarkozy ne sait pas s’il pourra se présenter et jusqu’ici ne capitalise que sur des mesures ciblées par ses communicants sur le cœur de l’électorat : baisse immédiate et massive des impôts et attitude anti-migrants. « L’achat de votes » façon Hollande ne séduira pas.  Et il a déjà perdu une fois contre ce dernier notamment au cours d’un débat où il a été inexistant.

Lemaire et NKM capitalisent sur le fait qu’ils sont ou jeune ou femme. C’est bien court.

Copé est plus brûlé que Jeanne d’Arc ne le fut à Rouen. Et il passe pour Cauchon.

Reste Fillon qui a développé un programme sérieux de redressement interne et qui a esquissé un début de commencement de diplomatie de la prospérité en  refusant le traité transatlantique.

Beaucoup pensent qu’il n’a pas le charisme, l’énergie et la rouerie d’un chef de bande inoxydable. Il est ignoré par la presse qui se concentre sur les favoris des sondages dont on sait qu’ils dépendent directement de l’investissement qu’on fait dans l’exercice (Cf le livre de Villiers).

Pour le moment, c’est le seul qui soit moins engagé dans le chemin de la com’ que sur celui des idées fortes. Il est probable qu’il sera, après les débats télévisés, au second tour des primaires face à Juppé, surtout si Sarkozy est empêché, ce qui est désormais probable.

Cette confrontation dictera la suite des élections présidentielles et la politique des dix ans à venir. Celui qui pourra dessiner un avenir à dix ans convaincant, avec une méthode pour le construire, gagnera.  Cet avenir à dix ans exigera une action dans la durée. Pas seulement dans les 100 premiers jours (le syndrome Guéna). Il faut donc doser les réformes fondamentales à prendre vite et bien, sans esprit de recul, et l’action ultérieure, qui doit être le fruit d’une mécanique démocratique et sociale riche et continue.  Celui qui exigera qu’on s’adapte dans la douleur sans jamais laisser entrevoir d’issue positive à ce masochisme sera rejeté. Gagnera celui qui démontrera que l’étatisme et le « fiscalisme » insensé de l’ « Enarchie compassionnelle » est une des causes internes de nos problèmes et prouvera qu’il saura y mettre fin. Perdra celui qui sera l’homme d’une fonction publique aux effectifs déraisonnables et  bénéficiant d’une organisation protégée ruineuse, distincte du reste de la population.

François Hollande a lié sa candidature à la baisse du chômage. Nul doute que le chômage soit nominalement le sujet prioritaire préféré des politiques (car ils savent que la question de l’islam et de l’impôt sont les deux seules qui animent vraiment les Français et qu’elles sont dangereuses). Il est regrettable que l’annexe 8 de l’excellent livre de Bernard Zimmern : « A tout fonctionnaire son chômeur »  ne soit pas inscrite au programme de tous les candidats aux primaires. Elle montre une corrélation parfaite entre l’excès de personnels à statuts et  l’excès de chômage.  Le livre date de 98.  Cette corrélation reste entièrement valable aujourd’hui. Elle est même encore plus certaine.   

On peut tout de même exiger du pays que la confrontation finale ne se résume pas à l’affrontement d’un énarque de gauche qui a tout raté récemment mais qui croit à sa « baraka », avec un énarque de droite qui a tout raté il y a vingt ans mais qui croit à sa « stature ».

Les Français rejettent clairement un second duel entre Hollande et Sarkozy. Il devrait également rejeter une confrontation entre l’énarque Hollande et l’énarque Juppé. Cela ne veut pas dire que l’on souhaite que cela se termine par un débat d’images entre Nicolas Hulot et Nathalie Kosciusko-Morizet !

La politique de la chaleur et du casting doit faire place, quelque temps , à celle des lumières et des actions réfléchies et déterminées.

Du Canard enchaîné au cygne martyrisé

Du Canard enchaîné au cygne martyrisé

Le Canard enchaîné  daté du 23 mars 2016 se livre, par l’entremise de Jean-Luc Porquet, à un exercice que nous pratiquons de temps à autres : aller rechercher dans le passé des attitudes et des positions qui se retrouvent presqu’identiquement de nos jours.

Il déterre un vieil article du 24 mars 1975 publié dans l’Obs sur le thème : « la relance pourquoi faire ? ». L’auteur, André Gorz,  était un auteur intéressant même s’il n’était pas l’intellectuel le plus connu du moment et, dans le cas, il écrivait sous pseudo. L’objet de son ire : condamner l’espoir que la croissance permettrait d’obtenir le plein emploi. « La croissance a abouti à l’impasse ». « L’alternative n’est pas entre la prolongation de la crise présente et le retour de la croissance  destructrice et gaspilleuse du passé. Ce retour est impossible. Faire croire le contraire est pure démagogie ».  Ses solutions : « une transformation de la société à tous les niveaux », la baisse du temps de travail et l’utilisation de techniques écologiques « employant peu de capitaux et beaucoup de main d’œuvre ».

Cet article méritait d’être déterré à plusieurs titres.

Qui a enseigné pendant des décennies s’amusera de l’impossibilité ontologique des intellectuels, des politiques et notamment des jeunes étudiants à considérer que « les problèmes » ne sont pas toujours « modernes », exigeant une « adaptation à des temps nouveaux ».  La contestation de la société de consommation et donc de production a commencé dans les années soixante avec les enfants du baby boom gavés de biens de toute sorte et n’ayant pas connu la faim. On se souvient des prédictions apocalyptiques, début 70,  annonçant la disparition du pétrole dès les années 80 (c’est toujours dix ans après que la catastrophe arrive pour ce genre de prévisionniste).  Le vert qui se portait à droite avant guerre (relire les églogues du Mitterrand de l’époque) est passé à gauche dans les années soixante.  Les philosophes, à l’époque, citant Platon,  étaient en pointe pour exiger une réforme de la société fondée sur le loisir et non sur le travail « qui dégrade ». Si la société ralentissait et se contentait de ce qu’elle avait, en s’organisant comme dans un joyeux phalanstère, le paradis s’installerait sur une terre sauvée de la surexploitation et de la pollution. Déjà les premières analysent mettant en cause le « bougisme » pointait leur nez. On n’imaginait pas des migrations de masses ni des substitutions de population dans le phalanstère. La société était statique et idéalement close sur ses propres solutions. 

Cet article mettra dans l’embarras tous les adeptes du « pas de croissance » dès que sera posée la question suivante : Que se serait-il passé si la croissance avait cessé en 1976 ?   Pas de micro-informatique, par d’internet, pas de téléphones portables, pas de médicaments décisifs, ni les mille face du «progrès » etc. Quand on bloque la croissance, on ne sait pas ce qu’on perd.

Une seconde question s’impose immédiatement après : comment règle-t-on la question de la pauvreté dans le monde sans croissance ? Nous avons certes connu une baisse du trend pendant ces quarante dernières décennies, mais la croissance annuelle a été malgré tout, en moyenne, supérieure à 2% en France sur l’ensemble de la période, entraînant une hausse très importante du niveau de vie. Qui veut revenir à celui de 1976 ? Et la pauvreté dans le monde a beaucoup reculé. Des centaines de millions de personnes en sont sorties.

Ne parlons pas de la fameuse « réorganisation sociale à tous les niveaux ». Personne ne sait mettre un contenu crédible et même simplement acceptable sur cette profession de foi.  

N’insistons pas sur l’idée saugrenue, déjà dénoncée sur ce blog,  que les solutions coûteuses et improductives créent de l’emploi, sottise qu’on entend tous les jours ces derniers temps, y compris dans la bouche des politiques de droite.

Pour nous, la question intéressante est ailleurs. La relance giscardo-chiraquienne de 74 allait se révéler un grave échec.  Il n’a pas été analysé à l’époque et ne le sera pas par les économistes officiels dans les décennies suivantes. Une loi économique nouvelle venait de s’inscrire durement dans les faits  : en système de changes flottants, les relances ne fonctionnent pas et rapidement les gouvernements sont obligés de revenir en arrière pour tenir leurs finances.  Cette loi fondamentale est passée inaperçue. Toutes les relances ultérieures ont connu ce destin partout où elles ont été mises en œuvre. Pas une seule exception. La relance coordonnées et massive de 2008-2009 a mis partout les finances publiques et privées dans une situation intenable. Huit ans après on en est toujours à tenter de faire face par des expédients de plus en plus artificiels.

L’abandon de la réflexion est encore plus grave et fondamental que ça, puisqu’il porte sur la crise de 73- 74 elle-même. On l’a évacuée comme « crise du pétrole » provoquée par le vilain cartel des pays pétroliers. Comme je l’ai démontré, je crois, dans mon livre, l’Etrange Désastre, la crise du pétrole est la fille de la crise économique et non sa mère. 

Comme on ne veut pas voir que la crise est liée à une erreur tragique de gouvernance internationale, on impute ses conséquences à tous les dadas à la mode et on pousse les pions de théories moralisantes,  sociales ou politiques,  qui n’ont aucun rapport explicatif avec « la crise ».

Cette dernière s’aggrave, faute d’un accord général sur le  diagnostic correct et de thérapeutique adaptée. Ces théories deviennent de plus en plus hystériques, à mesure de la croissance du chômage et des difficultés économiques.

C’est là qu’on passe du Canard au cygne. Il faut savoir que les déjections des cygnes sont totalement incompatibles avec les prairies pour vaches. Les paysans suisses ont été confrontés à l’expansion du nombre des cygnes et ont commencé à les chasser de leurs champs. D’où une campagne complètement hystérique de certains écolos helvètes visant à sanctionner les promoteurs de la « shoah des cygnes ». La « reductio ad hitlerum » du producteur de lait dans les alpages, est-ce bien raisonnable ?   On est passé d’une réflexion sur la consommation et l’organisation d’une société frugale  à une guerre émotionnelle de dénonciation de « génocides ».

Quand l’intellect faiblit, la passion occupe tout l’espace. 

« Perseverare cretinissinum » conclut l’article.

D’accord !    Mais les "crétins" ne sont pas nécessairement ceux qu’on croit.

Des chiffres terrifiants mais significatifs

Nous ne cessons d'alerter sur la gravité de la crise économique proprement française. Nous refusons les facilités trompeuses qu'offre l'emploi du PIB pour évaluer la situation. Nous préférons la valeur ajoutée des entreprises du secteur industriel et commercial de plus d’une personne, qui est désormais près de 1 300 milliards d'euros.

L'Insee vient d'en donner une analyse.

"Sur les 3,3 millions d'entreprises (non agricoles et non financières) que compte la France, 3 000 étaient réellement au cœur de l'économie. De fait, elles concentrent 52 % de la valeur ajoutée, 70 % des investissements et 83 % des exportations!

Dans le détail, ce noyau dur d'entreprises réalise une valeur ajoutée de 986 milliards d'euros, « soit plus de la moitié de la valeur ajoutée de l'ensemble de l'économie ». Elles emploient 5,1 millions de salariés. À l'opposé de ces 3 000 entreprises, 3 millions d'entreprises contribuent assez peu à la valeur ajoutée et aux investissements."

L'important est naturellement de tirer les leçons de ces chiffres. Elles sont accablantes.

On ne voit pas comment ces 3 000 entreprises peuvent faire quelque chose de significatif pour les 6 millions de chômeurs. On notera que l'effectif des fonctions publiques est supérieur à leur effectif salarié.

Ce chiffre est à comparer aux départs des familles fortunées, généralement appuyées sur ces grandes entreprises : entre 20 000 et 30.000, selon un décompte (officieux et d'une fiabilité discutable) basée sur l'évaporation des déclarations de revenus supérieures à 100 000 euros.

Le goût français pour la fonction publique, la dépense publique, la dette et les impôts a radicalement tué notre société d'entrepreneurs.

On constatera également le caractère dérisoire des lois Khomry et Macron, qui était déjà notable  pour le CICE et autres fariboles hollandaises.

Il suffit que 20 % des entreprises de ce groupe disparaissent, soit par rachat étranger, soit par faillite, soit par délocalisation, pour que des centaines de milliers d'emplois soient encore perdues, dans le cœur même du réacteur économique. Malgré la reprise européenne de fin de cycle, ridicule par rapport aux autres épisodes du même type ces quarante dernières années, la tendance s'accuse.  

Sur fond de palinodies politiciennes tellement médiocres qu'on ne peut plus parler que de honte nationale.

Inlassablement, depuis 1997, nous rappelons que le nombre de salariés dans un pays comme la France (66 millins d'habitants) devrait être au-dessus de 25 000 000 si on disposait des ratios d'emploi salarié des pays les plus dynamiques. Globalement on nous annonce 16.5 millions fin 2014, dont on voit que le tiers se trouve dans 3 000 entreprises. C'est totalement dérisoire. L'énarchie compassionnelle et l'indigence de la gestion publique depuis les années soixante-dix ont coûté son économie privée à la France.

Rappelons qu'il n'y a pas un seul salarié du secteur marchand privé dans le gouvernement actuel composé uniquement de fonctionnaires et d'apparatchiks politiques.

Nicolas Baverez ajoute à l'endettement public de plus de 2.100 milliards, la dette connue correspondant aux retraites publiques qui est du même ordre. Mais il pourrait se contenter d'ajouter la dette privée et il arriverait à plus de 4 mille milliards selon l'Insee et près de  8.000 milliards selon McKinsey et la Deutsche Bank., chiffres dont  on se sait pas s'ils tiennent compte de la créances certaines des retraites publiques. En un mot : c'est encore plus grave que ce que vous croyez, cher Nicolas !

Là encore, la vraie question est de comprendre comment on en est arrivé là. Car ces ratios ne sont pas que français et c'est lorsque le monde a dépassé en moyenne un niveau de dettes de  400% du PIB que l'économie baudruche a explosé.

La singularité française est l'existence d'un noyau tout aussi dur d'économistes socialistes (sans trop le dire, mais tout le monde sait) qui tiennent à peu près tous les postes universitaires et leurs diverses succursales, qui viennent inlassablement au secours de la dépense publique, des impôts, des mesures d'asphyxie économique, et qui ont sorti la France du débat économique pour une servilité politique de mauvais aloi. Ceux là trouvent les chiffres cités normaux et sans danger.

On voit sur la TNT des  Henri Serdyniak  s'emporter inlassablement contre toute critique sur le niveau de la dépense publique. Encore ! Encore ! Eric Heyer se répand partout où il peut expliquer que toute libéralisation du marché du travail est une horreur absolue.  On constatera avec horreur qu'ils sévissent dans une institution dépendant de Sciences Po. Emile Boutmy et Leroy Baulieu doivent se retourner dans leur  tombe. Comme si l'institut d'études politiques se devait d'être inlassablement les propagandistes du plus d'état, du plus de dépenses publiques  et du plus d'impôts.

Un pays pourrit toujours pas la tête. La défaillance des élites universitaire explique pour les chiffres terrifiants que nous avons commentés ne provoquent aucune réaction publique.  Ceux qui devraient être le fer de lance de la réflexion, ont mis leur carrière au service de petits intérêts politiciens et idéologiques.

L'OFCE , où sévissent Heyer et Serdyniak, est censé avertir de la conjoncture. Il a été incapable de voir le gonflement de la dette globale mondiale. Il n'a pas vu arriver la crise. Il a été incapable de prévenir les politiques. Cet institut ne sert aucune recherche économique utile. C'est une machine à décérébrer.  On voit qu'on a des tas de pistes pour réduire la dépense publique. Par exemple supprimer ce "machin".

Mais il est loin d'être le seul. Rappelons que les 1xx signataires de l'appel en faveur des 35 heures  à la fin du siècle dernier, mesure qui a fait tant de bien à notre pays,  sont tous dans des postes économiques  officiels. Ils sont des rats dans le fromage de la dépense publique et ils n'ont rien compris ni rien appris.

Expédients

La Banque Centrale Européennes prend des mesures "non conventionnelles" nouvelles. Tous les bons esprits essaient avec plus ou moins de subtilité, de décrypter les mesures prises par le sphinx monétaire, sans trop s'interroger sur le saugrenu de la situation : pourquoi aurions-nous donc besoin d'un sphinx monétaire ? M. Draghi, président de la BCE, après avoir voulu dévaluer l'Euro pour des raisons de compétitivité européenne défaillante, chercherait maintenant à relancer l'activité bancaire en payant les banques pour qu'elles prêtent. L'activité suivra. Toujours en noyant son projet dans la litote et le non dit puisque l'objet social de la BCE est de maintenir la valeur de la monnaie et donc de contrôler l'inflation. Bref, les médias tentent d'expliquer les modalités d'un viol répété et constamment aggravé des principes gravés dans le marbre du traité de Maastricht. On avait le "vol de l'Aigle", nous avons "le viol du sphinx". La règle était formidable. La violation de la règle encore plus formidable.

Pourquoi ne pas se contenter d'avouer vérité et de dévoiler la réalité ?  La perte globale mondiale générée par l'éclatement de "l'économie baudruche" en 2007 et 2008 est d'environ 12 000 milliards d'euros. Pour donner du sens à ce nombre, il suffit de rappeler que la valeur ajoutée des entreprises françaises non financières de plus de une personne en France est d'un peu plus de 1 200 milliards. En un mot, notre merveilleux système monétaire international, de dérèglements en sauvetages façon pompier pyromane, a réussi à créer une perte égale à 10 fois la production française !

L'essentiel de la perte étant logé dans les banques, et le capital de celles-ci ne permettant pas d'absorber ces pertes, il a fallu sauver les banques par une série d'expédients. Les Etats et l'impôt ont été sollicités. Mais cela ne pouvait pas suffire. On a protégé les banques de mille façons, la dernière en imposant que toutes les transactions passent par les banques, avec le but avouer de faire disparaître la monnaie de poche. L'essentiel a tout de même été de donner du temps aux banques pour qu'elles puissent progressivement éliminer les pertes latentes des portefeuilles de prêts.

Comme nous l'avons dit il y a bien longtemps, on a adopté la technique du hanneton qui pousse sa boule de crottin devant lui. L'animal fatigue parfois. Il faut l'aider un peu plus à chaque faiblesse. La BCE intervient pour permettre de faire rouler encore un peu la boule de dettes à chaque fois qu'une incertitude grave vient toucher les banques. L'effondrement du cours des banques exigeait une réaction. Elle vient de se produire.

L'absence d'inflation rend l'opération d'élimination de la perte latente bancaire longue et aléatoire. Mais comment générer de l'inflation lorsque la perte latente pousse à une déflation phénoménale ?

Oui la BCE permet aux banques de faire des gains financiers sans cause réelle. Oui la BCE permet aux Etats de vivre malgré le poids démesuré d'une dette d'état qui s'est substituée en partie à la dette des banques. Oui la BCE entraîne la finance dans une zone inconnue où une part croissante de la dette porte des intérêts négatifs, c'est-à-dire subventionne l'emprunteur avec de l'argent banque centrale créé à partir de rien.

Aucune de ces mesures n'a de justification dans la théorie économique, ni ne correspond à aucun texte, ni ne répond à aucun des principes qui avaient conduit à la création du système de l'Euro.

Le but : survivre sans changer le système ; Maintenir un système de monnaie unique dans un monde de changes flottants ; Conserver la liberté absolue des mouvements de capitaux, de personnes et de marchandises sans rien organiser ni canaliser.

D'expédients en expédients jusqu'à la victoire finale !

Tout sauf s'interroger sur la perversité du système des changes flottants et la mauvaise gouvernance de la zone Euro.

Les Etats européens n'ont plus de responsabilité du tout dans l'efficience économique, sinon d'adapter les citoyens à la nouvelle donne. Les politiciens n'ont plus qu'un seul jeu : se faire réélire ou élire en finassant. François Hollande pratique ouvertement l'achat de vote. On le voit aujourd'hui même avec l'annonce de l'abandon du gel des rémunérations des fonctionnaires. La discussion porte sur le bon moment de la distribution, afin d'optimiser le gain électoral. Une hausse tout de suite pour créer l'ambiance puis une autre juste avant les élections pour amplifier le "feel good" électoral des fonctionnaires. Mais quand ? En octobre ou en janvier ? Dilemme fondamental ! En contrepartie, il faut faire semblant d'obéir à l'injonction bruxelloise de "réformer le marché du travail", qui, il est vrai, a été totalement étouffé en trois fois par les socialistes : mesures Auroux ; mesures Jospin-DSK-Aubry et mesures Ayrault. Mais l'injonction vaut pour tous les pays européens, avec comme objectif avoué de faire diminuer le coût salarial pour retrouver de la compétitivité mondiale, alors que la zone est… excédentaire ! Comprenne qui pourra.

La France est devenue un théâtre d'ombres. Plus d'intelligence. Plus d'intérêt général. Conserver des places et aider à survivre des systèmes bancals, voilà toute l'ambition. La presse prend bien garde à ne pas effrayer le Prince qui lui permet de survivre grâce à des subventions exorbitantes pourvu qu'elle ne dise rien qui fâche vraiment.

Il n'y a plus de réflexion économique publique. Il n'y a plus de politique économique de production. La science économique est à l'encan. Les mêmes économistes médiatiques qui n'avaient pas prévu la crise et même qui avaient nié qu'elle puisse survenir, expliquent que la déflation vient de "l'ubérisation" de la société. Quand on compare l'effet d'UBER aux 10 000 milliards de pertes latentes qui font stagner l'activité depuis 2007 malgré mille expédients, il y aurait de quoi mourir de rire.

Le pire : personne ne rit.

Il est vrai que plus personne ne pense.

 

Deux mots à Bruno Lemaire

Personne ne s'imposant sans discussion à droite, des élections primaires ouvertes ont été organisées, avec un nombre considérable de candidats. Du coup, l'électeur de droite est obligé de s'interroger sur les programmes et les personnes. S'agit-il d'une candidature réelle, ou d'une occasion de notoriété, ou d'un espoir de place dans le futur gouvernement ? La logique de la candidature est-elle programmatique ou l'occasion d'affirmer une image personnelle ou des thèses que l'on considère comme négligées ?

Bruno Le Maire s'est "posé en s'opposant" à N. Sarkozy lors de l'élection à la tête de l'UMP et il a obtenu un bon score. Il a prouvé dans l'exercice sa capacité à manœuvrer vite et à s'investir sans arrière-pensée. L'homme sait mouiller sa chemise. Il est réactif. Son discours n'est pas vide.

Avec la parution de son dernier livre "Ne vous résignez pas !" chez Albin Michel, il permet d'y voir un peu plus clair dans son projet.

Le livre est un appel et il ne manque pas de souffle, même si les contempteurs du candidat affirmeront que l'on brasse surtout de l'air. Contrairement à N. Sarkozy qui voulait faire une "rupture" et qui finalement ne l'a pas faite, contrairement à F. Fillon qui veut "faire", ce qu'il n'a pas pu mettre en œuvre du fait de la crise et parce que Sarkozy était aux commandes, Bruno LeMaire veut un coup de torchon générationnel. Il compte fermer le cycle détestable ouvert en 1968 et qui a vu l'alternance entre une droite partiellement de gauche et une gauche partiellement de droite, le système s'effondrant progressivement dans le n'importe quoi avec des dettes obscènes, des dépenses publiques incontrôlables, des impôts punitifs, et des abus partout, sur fond de dissolution de l'idée nationale. Il ne veut pas pardonner à ceux qui sont partiellement responsables de cette impéritie.

Il faut une grande lessive. Adieu Juppé, le complice du Ni-Ni chiraquien ; adieu Fillon, qui n'a pas osé s'opposer à Sarkozy ; adieu Sarkozy qui n'a pas osé faire la rupture. Place aux jeunes, donc place à lui, qui est le seul en situation de mener ce mouvement de rajeunissement, du fait qu'il a donné des gages de sa cohérence en démissionnant de la fonction publique, qu'il a eu des responsabilités ministérielles importantes et qu'il est le seul à avoir montré de réelles prédispositions politiques (NKM ayant sombré lors des Municipales parisiennes). Bruno Le Renouveau n'hésite pas à lâcher des formules assassines contre ses concurrents. Il brûle réellement ses vaisseaux.

Un tel engagement suppose une campagne qui vise moins l'aspect programmatique que de convaincre qu'il est l'homme d'un tel renversement. L'émotion est largement mise au service de cette démonstration. Bruno Lemaire incorpore sans réserve à son discours tous les interlocuteurs qu'il a pu rencontrer, et montre qu'il porte la croix de toutes les confidences qu'on lui a faite sur le désastre général qu'est devenue la situation française. Il utilise l'émotion à répétition. À notre avis un peu trop.

Le projet est clair : la France est un grand pays à qui on a fait perdre de l'intérieur et de l'extérieur tout ce qui faisait sa valeur. Le train de l'histoire, piloté par des nuls, a fait dérailler une belle nation qui doit restaurer tout ce qui a fait sa force. Français, on vous a engagé dans trop d'impasses ; redevenez vous-mêmes et chassez l'anti-France ; renoncer à la démagogie, à l'étatisme, au socialisme, au gauchisme attardé et retrouvez la force singulière a fait la réputation de la France dans le monde "Moi-même, je ne flancherai pas sur ce chemin". Voilà l'engagement.

Le problème de tous les chants en faveur du retour à la grandeur nationale, ce sont les paroles. L'air est connu et facile à fredonner. Fixer les paroles est plus difficile.

La plus grosse difficulté est, comme pour les autres candidats, que Bruno Lemaire n'explique pas la crise économique, ignore dans ses textes et propos les sources internationales du mal et donc ne peut pas prétendre les juguler. La "crise" n'est pas née en France. Elle n'est pas propre à la France. On voit en ce moment même aux Etats-Unis que les classes dites "moyennes" se révoltent aussi là-bas. Sur tout cela, Bruno Lemaire ne dit rien dans son livre. Comme pour les autres candidats, l'idée force est que la France doit s'adapter. D'autres pays l'ont fait et se trouvent mieux que la France. Alors faisons l'effort. Brisons les résistances politiques, étatiques, syndicales, et allons-y gaiement dans l'adaptation au monde du XXIe siècle.

Nous n'aimons pas ce discours. La modernité n'est pas, en soi, une valeur. Si l'organisation générale est mauvaise, pourquoi s'y adapter plutôt que réparer l'organisation fautive ? Et où en serons-nous une fois "l'adaptation" faite ? C'est le drame de tous ceux qui refusent d'avoir un diagnostic de la crise ou qui pensent que les causes étrangères de la crise sont hors de portée. "Ne théorisons pas notre impuissance et contentons-nous de faire au mieux dans la situation telle qu'elle est. De toute façon on peut faire mieux que ce que nous faisons actuellement. Restons dans notre pré carré et agissons sur les manettes à notre portée". Ce n'est pas dit comme cela ; ou on reste dans le non-dit. Mais voilà bien la démarche.

Nous-mêmes, au Cercle des Economistes e-toile, nous la récusons. Et appelons les tenants de cette ligne, y compris Bruno Lemaire, à regarder au-delà de cette ligne Maginot intellectuelle. Si la cause principale de la baisse du trend, de l'inversion de la courbe de l'endettement global et de la violence nouvelle des crises périodiques est à chercher dans les défauts du système monétaire international, alors il faut le dire et agir pour corriger le cours des choses. François Fillon s'est, sur la pointe des pieds, lancé sur ce terrain en refusant le traité transatlantique et indiquant que la dictature du dollar était intolérable. Pourquoi Bruno Lemaire n'a-t-il aucun discours en la matière ?

Sur la question de l'Union Européenne, il a pu vérifier concrètement qu'elle ne marche pas. Il propose de mettre fin à Schengen qui nous fait perdre toute maîtrise des flux migratoires et entraîne une dé-civilisation. L'Euro doit voir sa gestion modifiée. Il faut un coordinateur des politiques, qu'il nomme secrétaire général de la zone Euro et pas un gouvernement de la zone Euro. Il exercera à Strasbourg. Sinon arrêtons l’Euro. Nous retrouvons nos propres thèses : un "chancelier" de la zone Euro chargé de la coordination, appuyé sur des représentations spécialisées des parlements nationaux, le tout sis à Paris. Notre projet est plus complet. Mais c'est la même inspiration. Alors bravo !

La réduction de l'emprise de l'Etat et, automatiquement, la réforme des fonctions publiques, forment un bloc important du programme Lemaire. Il est classique. Étant haut fonctionnaire lui-même, la crédibilité de sa volonté est plus grande que celle des autres, notamment de celle de Juppé : il s'est appliqué à lui-même les règles qu'il veut étendre à tous. Avec lui, ce que nous appelons l'Enarchie Compassionnelle sera cassée. Réduction du nombre de postes d'élus, à tous les niveaux, réduction massive du nombre de fonctionnaires, alignement des règles de retraites, contractualisation de préférence à la mise sous statuts exorbitants des règles de la Sécurité Sociale, réduction effective du mille feuilles, suppression des doublons partout où ils ont fleuri, toute la gamme des mesures bien connues est présente dans le programme. Il va même plus loin que nous sur un sujet : la suppression totale du statut des fonctionnaires territoriaux, alors que nous préférerions conserver les règles de la fonction publique pour les hauts postes.

Pour l'économie, les recettes sont classiques. Desserrer les freins fiscaux, et défaire le carcan qui étrangle la relation entre entreprise et salarié, propriétaire et locataire, producteur et consommateur…

La crédibilité de ce programme économique et social tient tout entier à la réponse à la question : pourquoi en est-on arrivé là ? On peut avoir deux approches :

- C'est la faute "au socialisme". Il faut sortir la France du socialisme et vaincre durablement les socialistes. Si la bataille politique est gagnée, alors tout suivra.

- Si la droite a été jusqu'ici si faible dans la correction des abus idéologiques socialistes, ce n'est pas faute de volonté mais du rapport de force nécessaire. La résistance des Français, habitués à la défense des "avantages acquis" et des privilèges, devenus accros aux droits et allocations dans une approche de plus en plus clientéliste de la politique, et bien organisés pour bloquer toute réforme, est la principale cause de l'impuissance de la droite. Comme dit Giscard "si la jeunesse descend dans la rue, on est obligé de céder". On voit aujourd'hui la rue scolaire et étudiante se mobiliser contre "la précarité", alors même que le PS, au pouvoir, est le parti qui pilote habituellement les organisations syndicales scolaires et étudiantes, et qu'on pensait qu'il avait, jusqu'ici, le pouvoir d'étouffer les mouvements (comme on l'a vu dans l'affaire Léonarda).

La tactique des candidats de droite est d'affirmer que l'élection présidentielle emportera tout si on agit dans les 100 premiers jours. Nous avons montré en citant le livre de Guéna, décédé ce jour même, dans un article précédent, que cet espoir n'a jamais été justifié dans le passé. Référendum et ordonnances dès juin 2017 peuvent-ils forcer les Français à l'abandon de certains réflexes de défense des avantages acquis ? La crainte d'une potion sauvage peut faire perdre les élections. Rappelons la réélection de Mitterrand qui a été une catastrophe pour le pays mais qui tient entièrement au conservatisme des Français. Hollande pratique la "triangulation" pour prouver "qu'il fait ce qui est socialement possible dans la concertation". Le but est de mettre en cause le "jusqu'au-boutisme fascisant d'une droite impitoyable" et de faire valider la méthode réformiste douce de l'habile Hollande. On voudrait être sûr que les adversaires de F. Hollande ont une vraie réflexion tactique pour éviter de tomber dans ce piège Sur le fond on attend d'eux un peu plus que des slogans à l'emporte-pièce. Il faut une vision sociologique et historique forte, et un minimum de maillage du terrain. Marine Le Pen rode qui s'appuie également et entièrement sur le conservatisme des Français.

Là où Bruno Lemaire possède une vraie originalité, c'est dans le domaine de l'éducation et de la culture. La partie de son livre consacrée à ces questions est un hymne. Il a toutes les qualités requises pour porter un message fort ; plus que d'autres. Notons toutefois qu'il s'agit d'un message conservateur : maintenir et cesser de déconstruire. Toute l'Education Nationale est mobilisée pour fabriquer des demi-intellectuels visant des postes publics ou semi-publics, avec, malgré tout, une certaine capacité à dégager des élites, que les socialistes du domaine ont tendance à réduire. Elle ne parvient pas à régler la question de la masse. Des dizaines de milliers d'enfants sortent depuis toujours du système sans aucune formation utilisable. Jusqu'à mai 1968, l'affaire était claire : la masse s'arrêtait au brevet avec malgré tout une formation minimale solide (orthographe, calcul, etc.) ; une élite de 80 à 100 mille personnes allait jusqu'au Bac. Une super-élite d'un dizaine de milliers de personnes passaient les grands diplômes. Giscard a voulu casser cette sélection sociale avec le collège unique. Puis tout est parti à vau l'eau, avec cet objectif de Jospin de 80 % d'une classe d'âge au bac, quitte à vider le bac de sa substance. Changer le cours des choses aujourd'hui ne peut pas consister seulement à dire : "je reforme des filières d'élite et je lance le reste vers l'apprentissage" ! L'affaire est tout de même un peu plus compliquée que cela. Le drame de la droite est qu'elle ne tient aucun discours cohérent et compréhensible sur cette question centrale.

Au final, la force de Bruno Lemaire est bien dans l'idée que seule peut agir une génération nouvelle balayant les hésitations du passé, et refusant radicalement l'état lamentable dans lequel se trouve le pays. Sa faiblesse tient moins à son manque de charisme, une accusation répétée ad nauseam par les commentateurs politiques et les humoristes, ni à sa jeunesse, qu'à la faiblesse opérationnelle de l'indignation. Bruno Lemaire est indigné. Il n'a pas tort de l'être. Nous le sommes tous. Mais l'indignation ne suffit pas. Pour devenir efficace, l'indignation doit s'appuyer sur la raison et le rapport de force. Le diagnostic des difficultés récurrentes du pays est encore trop pauvre. On ne peut pas agir en excluant de son discours les causes principales de "la crise" et en ne proposant rien. Le rapport de force social est une autre question difficile. On ne gouverne pas seulement pendant 100 jours en fonction de l'élan électoral. Il faut mettre le temps avec soi pour convaincre et construire sur des bases acceptées.

Ces réflexions valent pour l'ensemble des candidatures de droite, mais très particulièrement pour celle de Bruno Lemaire, tant il a souhaité mettre l'émotion au centre de sa démarche.

Sa crédibilité personnelle n'étant pas encore tout à fait suffisante pour gouverner et donner le coup de balai générationnel qu'il espère, on peut craindre que sa candidature affaiblisse ceux qui dans son camp, sont en situation de gagner et qu'il entend écarter du pouvoir en raison  de leur responsabilité alléguée dans la situation désastreuse qu'il dénonce. En cas d'échec, il risque d'être marginalisé, l'imprécateur se retrouvant contraint à regarder "les mauvais" tenter de sortir du pays des difficultés qui l'accable. L'exemple de Bayrou, contempteur solitaire du système et candidat perpétuel sur le thème "ils sont nuls avec moi cela sera mieux", devrait l'éclairer.

Les réalités nationales, européennes et internationales sont compliquées. L'évolution des technologies est réelle et pose de nombreux défis. Les Français sont chahutés et meurtris par des évolutions qu'ils ne souhaitaient pas et sur lesquelles on n'a pas demandé leur avis, médias et politiques s'accordant à leur expliquer qu'elles étaient formidables et qu'il fallait s'y adapter. Le Front National a réussi à capitaliser sur ces rancœurs et arrive aux portes du pouvoirs. Il a plus de crédibilité que les politiques issus des partis de gouvernement pour tenir un discours genre "coup de balais".

Ce qu'on entend un peu partout laisse penser que les Français veulent un président décidé et responsable capable de sortir le pays de l'impasse, en tenant compte de ce qu'ils sont, de ce qu'ils ont et de ce à quoi ils tiennent. Sans laisser de place à l'aventurisme , à l'esprit partisan et à l'exaltation narcissique soutenue par la communication. Hollande est partiellement sur ce créneau, en affirmant qu'il conduit, cahin-caha, l'aggiornamento d'une gauche dont le socialisme a prouvé qu'il ne marchait pas, mais qui a des relais puissants dans la société et peut encore contrer toute politique de droite. Il y a fort à craindre, pour ceux qui veulent l'éjecter du pouvoir qu'une simple posture de coup de balai générationnel ne suffise pas. Il vaudrait mieux expliquer pourquoi cette politique n'a pas marché et ce qu'il faut faire, sans drame, pour réellement sortir le pays du marasme.  

Quelques aspects cachés de l'indemnisation du chômage

Le débat politique sur l'indemnisation du chômage est totalement bloqué dans les clichés depuis des lustres. Il le reste en dépit des protestations d'énergie, d'audace et de courage de tous les candidats aux prochaines élections présidentielles.

 Pour la gauche, le chômeur est toujours un salarié privé de sa vie professionnelle par un vilain capitaliste qui a voulu encore accumuler plus de profits. Donc, il est une victime et celui qui l'a licencié quasiment un "salaud", au sens sartrien du terme, qu'il s'agit d'entraver et de sanctionner. La rémunération du chômeur doit être la plus élevée possible et sa durée aussi longue que nécessaire. Baisser le montant, ou la durée, de l'indemnisation est une exaction planifiée contre les pauvres.

Pour la droite, c'est exactement la même chose. M. Bertrand n'a fait que répéter cela à la télévision ce dimanche 28 février 2016. Le précédent quinquennat n'avait pas touché aux indemnités ni à leur durée de versement. Au contraire,  la réforme du RSA a eu pour principale conséquence la création d'un impôt nouveau sur le revenu du capital pour améliorer l'indemnisation, alors que les besoins explosaient.

Il n'y a pas de différence entre la droite et la gauche de gouvernement.

Les quelque six millions d'allocataires n'ont donc jamais été mieux indemnisés et plus longtemps que maintenant. Le système est le plus généreux du monde. Les obligations du chômeur sont de pure forme (remplir une fiche de situation et prouver, de temps à autre, qu'on s'agite pour retrouver du travail, tout du moins jusqu'à 5x ans). Curieusement, comme les chiffres récemment publiés le montrent, le régime est équilibré et ses pertes viennent uniquement des versements faits à Pôle Emploi, le système public totalement inefficace et effroyablement coûteux de "gestion" des chômeurs.

Les cotisations chômage sont très fortes en France. Elles viennent aggraver les charges salariales, donc le manque de compétitivité et donc le chômage. Le serpent se mord la queue. On en est alors venu à dégrever les charges sur certains emplois, ce qui revient à faire payer le chômage par la dette sociale et/ou l'impôt, ce qui réduit la demande globale etc. Le serpent se remord la queue.

Le système est remarquablement contradictoire. Il est impossible à réorganiser sans contrainte extérieure forte. On l'a vu en Grèce : quand l'argent emprunté a manqué, le chômeur s'est retrouvé seul avec sa vraie misère. L'explosion des systèmes mal foutus fait toujours beaucoup de mal aux pauvres.

Les candidats aux candidatures présidentielles se tortillent pour sortir de cette équation à zéro solution. Oublions les propositions qui consistent à sortir les chômeurs de leur statut en les envoyant en stages bidons, en emplois plus ou moins fictifs, au service civil et militaire, ou en formation bidon etc. Oublions également les vaticinations contre les faux chômeurs qu'une répression accrue permettrait de débusquer.

La question de l'emploi ne concerne pas seulement les chômeurs, mais aussi ceux qui pourraient travailler et qui ne le font pas pour différentes raisons, ou qui ne peuvent pas travailler officiellement pour des raisons légales, comme les réfugiés, certains SDF européens et les immigrés clandestins ou ceux qui n'ont pas droit à l'indemnité parce qu'ils sont en fin de droit ou qu'ils n'ont pas encore travaillé, donc n'ont pas acquis des droits au chômage.

Mettons en exergue quelques anomalies délirantes. Un fonctionnaire qui a une garantie de l'emploi paie pour le chômage des autres mais pas son patron : deux anomalies en une seule. Les frontaliers paient des cotisations chômage à l'étranger mais touchent le chômage en France ! Cette réalité méconnue a été publiée dans la presse la semaine dernière et il s'agit de sommes vertigineuses. Aucune réaction du gouvernement. On reste frappé qu'aucun programme n'offre de s'attaquer ne serait-ce qu'aux situations absurdes. Comme si l'absurde était normal par le seul fait qu'il existe.

En matière d'emploi tout reste figé dans la posture et les faux-semblants.

Est-il possible d'affirmer une politique économiquement sensée et pas simplement "réactionnelle" dans ce domaine ardu de l'indemnisation du chômage ?

Une condition préalable est ne pas voir le chômeur comme une victime mais comme un agent économique conscient qui sait faire ses calculs, même si ces derniers sont parfois à courte vue.

Quelques exemples montreront pourquoi ce changement de point de vue est nécessaire.

L'énorme majorité des jeunes Français cherchent à se faire employer dans les différents services publics. Ils savent que s'ils y parviennent, la question du chômage est réglée pour eux et qu'ils auront certes une vie restreinte en capacité d'évolution et de pouvoir d'achat, mais que le travail sera modeste, les loisirs importants et la protection syndicale forte. On peut même faire de la politique et espérer les forts revenus qui lui sont aujourd'hui associés. Cette aimantation est dramatique pour le marché de l'emploi privé qui devrait être la norme. L'emploi industriel, comme celui du secteur du bâtiment, est laissé de plus en plus aux nouveaux arrivants. La fuite devant l'apprentissage vient autant de la préférence massive pour les petits postes dans les trois fonctions publiques que du mépris de l'Éducation Nationale pour cette activité trop près des entreprises.

Une des priorités nationale est de casser cette aimantation. La solution est simple : réserver le statut de fonctionnaire protégé à la catégorie A et contractualiser tous les autres postes. l’Etat serait obligé de payer les cotisations patronales sur ces postes professionnels en même temps que les salariés seraient au régime général. Les recettes disponibles pour le chômage seraient fortement accrues, facilitant bien des évolutions, comme notamment la baisse des cotisations dans le domaine marchand non protégé. L’Etat perd son avantage dans la compétition pour les salariés puisqu'il est obligé de payer comme les autres et non pas moins que les autres. L'alignement des systèmes de retraite est l'autre moyen de supprimer cette funeste aimantation.

Il deviendra à nouveau, pour les familles, rationnel de s'intéresser à autre chose qu'aux petites filières demi-intellectuelles alimentant les trois fonctions publiques. L'apprentissage reprendra sa valeur. L'emploi privé aussi, ce qui réduira cette véritable anomalie qui est l'impossibilité de recruter des salariés de qualité et bien formés pour les petites entreprises à potentiel de croissance.

Ceux qui connaissent des économies étrangères comme celle de la Suisse ou de l'Allemagne se rendent compte immédiatement de l'anomalie française qu'est la préférence nationale pour l'emploi protégé public. Ceux qui observent ce qui se passe en Grèce ou dans le sud de l'Italie, savent que certaines populations ont fait un choix encore plus radical et plus intenable en faveur de l'emploi public subventionné. Nous avons la Corse. C'est pas mal non plus.

Il doit redevenir rationnel de penser en France que c'est l'emploi professionnel (public ou privé, les conditions seront les mêmes) qui doit être la priorité. Actuellement il est rationnel de viser l'emploi public. Cela déforme tout.

 L'emploi est d'abord un calcul. Les calculs individuels, quand ils se consolident, ont des conséquences majeures. La France a recruté depuis trente ans près de 3 millions de personnes dans les postes subventionnés par l'argent public et créé six millions de chômeurs. Un emploi public = deux chômeurs. La loi est d'airain. Le PS a gagné politiquement depuis trente ans parce qu'il était le principal pourvoyeur d'emplois publics nouveaux. Ce clientélisme a payé électoralement. Tant que le nombre des chômeurs était gérable. Il s'effondre parce que ce mécanisme est désormais impossible du fait des déficits, de la dette et de la surimposition générale avec les résultats que l'on sait sur le nombre de chômeurs.

Rappelons une réalité que personne ne souligne jamais : nous avons le taux d'emploi salarié privé quasiment le plus bas du monde d'économie comparable. Si nous avions les taux de salariat des pays comme l'Allemagne, l'Angleterre ou les Etats-Unis, nous aurions 25-27 millions de salariés privés et non 16 millions ! Un écart structurel de près de 10 millions tout de même.

On voit qu'on est loin des polémiques sur l'indemnisation stricto sensu. Mais la réalité est telle que ces considérations sont un préalable obligatoire à toute étude d'indemnisation. Pas de politique contre le chômage tant qu'on ne supprime pas le statut de la fonction publique pour tous les fonctionnaires actuels qui n'ont pas la catégorie A et une partie de ceux qui l'ont. Certains voudraient supprimer le statut du fonctionnaire territorial. Nous sommes d'accord pour le conserver pour les très hauts postes, ne serait-ce que pour imposer le recours au concours pour recruter. Le clientélisme est agaçant pour les postes de jardinier. Mais il serait désastreux pour les hauts postes administratifs régionaux.

Donnons maintenant quelques exemples qui montrent que le régime d'indemnisation peut entraîner des comportements rationnels favorisant le chômage.

Lorsque Giscard et Chirac ont annoncé une indemnisation de deux ans à 90 % du dernier salaire des salariés licenciés, on a vu des choses étranges. Certains cadres supérieurs jeunes ont demandé qu'on les licencie "économique". C'était pour eux une décision parfaitement rationnelle. J'ai déjà  cité dans un article de ce blog  le cas d'un ingénieur en chef d'une société de conseils américaine qui exigeait ce licenciement et ne comprenait pas qu'on le lui refuse. Il avait calculé que son revenu augmentait (d'environ 10 %) compte tenu de l'arrêt de certains prélèvements ; il n'avait plus à payer son loyer parisien, car il comptait s'installer pendant deux ans dans la maison de vacances de ses parents à La Baule, tout en, s'inscrivant en doctorat à l'Université de Nantes. Il ferait le moniteur de voile en été et de ski en hiver. Sa femme ne travaillait pas. Tout dans tout, le revenu du ménage augmenterait de près de moitié pendant deux ans et sans travailler. Il pensait, à juste titre pouvoir retrouver un emploi sans difficulté avec ses qualifications professionnelles acquises et son nouveau statut universitaire. Il ne comprenait absolument pas pourquoi on lui répondait "non". C'était du déni de droit.

Leçon : il ne faut jamais offrir un cadre d'indemnisation durablement garanti permettant des calculs économiques rationnellement en faveur du chômage indemnisé.

On dira : votre exemple est un peu vieux. Donnons-en de plus récents.

Deux cadres supérieurs travaillent dans un fleuron de l'industrie cosmétique française. Ils s'aiment d'amour tendre et veulent après leur mariage mettre un enfant au monde dans les meilleures conditions. L'entreprise a pour politique de décimer régulièrement son portefeuille de jeunes cadres dynamiques, pour ne garder que les meilleurs. Elle indemnise généreusement les partants. Nos tourtereaux savent qu'ils pourront bénéficier d'une indemnité très forte : près de deux années de salaires. Ils regardent maintenant le régime indemnitaire du chômage et constatent qu'ils peuvent pratiquement passer trois ans avec une indemnité au plafond et que ce plafond est élevé : près de 6 000 euros par mois.

Le calcul est vite fait. Ils louent pour deux ans leur appartement à Paris et emménagent dans ce cas aussi dans la maison de vacances sise dans une île magnifique de la Méditerranée. Le bébé a été très heureux pendant deux ans, merci ! Et nos glorieux parents ont retrouvé sans difficulté chacun un emploi de direction le temps venu. Que ce bel effort ait été financé à hauteur de 200 000 euros d'argent public ne les a pas troublé : "on paie tellement d'impôts en France. Il faut se défendre et voir les choses comme elles sont".

Leçon : il ne faut utiliser les indemnités publiques qu'après épuisement des indemnités privées (sur la base d'une indemnité mensuelle de 54 % du dernier salaire, deux ans de salaires d'indemnités privées pourraient financer quasiment quatre ans au chômage avant que l'argent public ne soit sollicité). Il faut également plafonner les indemnités par ménage. Si ces mesures avaient été prises, nos tourtereaux auraient probablement choisi de faire carrière. Au total le gain net pour les fonds d'indemnisation du chômage aurait été solide.

On trouve ce genre de calcul dans l'ensemble de la chaîne d'indemnisation, avec des niveaux de dépenses publiques différents selon l'ambition des calculs individuels. L'échec du RSA est venu entièrement d'une mauvaise compréhension des calculs rationnels des rmistes. Ceux qui, au prix d'une grande ténacité, avaient réussi à cumuler tous les avantages du chômeur et trouvaient leur situation acceptable, n'entreprirent surtout pas d'entrer dans le nouveau statut. Les expérimentations l'avaient prouvé de façon très claire.

Autre exemple : des maires de stations balnéaires ont créé des "villages de femmes isolées avec enfants" pour conserver leur école et leurs services municipaux. Le cumul des aides municipales, départementales, régionales et nationales, permet à ces familles de vivre assez confortablement sans travailler officiellement, tout en ayant le toit et le couvert, les soins, et l'enseignement,  offerts. Inutile de dire qu'il ne faut pas trop vérifier le caractère "isolé" desdites femmes, ni la réalité de leur patrimoine ni le travail au noir. La fraude arrive très vite. Tout le monde est complice. Ajouter quelques hommes en invalidité permanente grâce aux bons soins de l'équipe médicale locale, et vous vous retrouverez en… Corse !

Autre cas classique, le commerçant qui recrute un parent le temps d'accumuler les droits au chômage et qui le licencie immédiatement après pendant tout le temps de l'indemnisation. Et on recommence. Aujourd'hui beaucoup de jeunes prennent un emploi pour quelques mois afin de pouvoir ensuite se retrouver au chômage pendant un temps, subventionné par Pôle Emploi.  Demandez à tous les gestionnaires de fast food ! Evidemment il faut parvenir à se faire virer. Ambiance garantie dans la boîte.

Évidemment le cas le plus flagrant d'un calcul collectif portant sur l'exploitation des indemnités du chômage est celui des intermittents du spectacle. Si on est passé en trente ans de 10 000 employés sous ce statut à plus de 200 000, ce n'est évidemment pas du fait de l'extension de l'industrie du spectacle. Le calcul conjoint du salarié et de l'employeur est rapide et sans ambiguïté. "Il faudrait être un imbécile pour ne pas en profiter".

On est loin dans tous ces cas, du pauvre salarié qui se retrouve malgré lui au chômage, à un âge élevé, sans grande qualification, dans un marché du travail atone.

L'indemnisation du chômage est un art tout d'exécution. Pour éviter que son coût ne devienne intolérable, il faut obligatoirement bloquer les calculs rationnels qui en font, pour un temps,  un moyen de revenu  suffisant.

Pour cela il faut rendre clair que l'emploi professionnel privé est quasiment la seule voie de l'emploi "normal" et que la décision d'être chômeur ne doit pas être un choix rationnel, et encore moins comme actuellement, avec la dernière loi Macron, le fruit d'un pacte négocié avec le patron.

L'entreprise qui licencie prend en charge le temps normal de retour à l'emploi qui devait être entre trois et six mois selon l'âge. Si le salarié n'a pu retrouver du travail dans cette période et peut prouver qu'il a tout tenté pour en retrouver un, il peut prétendre à une allocation de solidarité temporaire de retour à l'emploi. Elle n'est pas garantie. Il faut réellement avoir prouvé qu'on a tout fait pour revenir dans l'emploi. Elle peut être renouvelée mais dans des conditions de moins en moins favorables, par tranche de trois mois.

L'idée n'est pas de priver d'un secours légitime celui qui subit un licenciement. Mais d'éviter que certains construisent un plan de vie, momentané ou non, sur l'argent des autres.

On notera que nous n'avons pas parlé de formation. La question de la formation n'est posée que du fait de la préférence du système scolaire officiel pour la formation pour l'emploi administratif de demi-intellectuels. Comme la formation professionnelle actuelle est cannibalisée par les partenaires sociaux pour tout sauf la formation des chômeurs et que pôle emploi est pratiquement incapable de proposer une formation réellement qualifiante, ergoter sur la formation des chômeurs est au mieux, une licence poétique. Beaucoup de cadres fort bien formés sont au chômage.

De même, nous n'avons pas évoqué la question du plafonnement et de la contractualisation du mode de calcul de la prime de licenciement. Bien sûr, il est très dommageable qu'une entreprise ne sache pas au départ combien lui coûtera un licenciement éventuel et les contrats précaires sont naturellement l'effet non voulu des hyper-protections accumulées depuis les années 1970. Il faut néanmoins admettre que les situations sont très différentes. Un groupe prospère à capitaux étrangers qui liquide une entreprise ou un département rentable pour transférer tout ou partie de l'activité française à l'étranger, doit faire intervenir dans sa décision le coût des dés-économies externes que sa décision provoque et, notamment pour les très grands licenciements, être amené à payer très cher l'indemnisation de ces "externalités". Faciliter ces opérations est absurde. Dans bien des cas, le pays d'accueil finance des économies externes pour faciliter l'installation. Imposer la compensation du préjudice causé permet d'éviter ces violations grossières de concurrence. Même dans les contrats individuels, on peut imaginer bien des situations où le licenciement prématuré pourrait être "anormal", par exemple lié à la volonté de décapiter l'équipe d'un concurrent. Le juge doit donc garder un regard sur le licenciement "anormal" tant par son ampleur que par ses motivations. Les entreprises dynamiques qui recrutent des cadres et sélectionnent les meilleurs au bout de quelques années, comme on l'a vu dans un de nos exemples, ne doivent pas bénéficier de la complicité de la loi pour mettre en œuvre, à bas coût, son système d'épuration.

En revanche on peut fixer les règles d'une indemnité forfaitaire progressive "normale" pour les particuliers, les artisans et les PME-PMI de moins de 200 personnes.

Quand on regarde les programmes des candidats déclarés en matière d'indemnisation, on est frappé par l'absence de parler vrai, remplacé par des postures, par le manque de pertinence caché derrière des slogans ou par des options si générales qu'on ne peut savoir précisément ce qui changerait.

Une équipe présidentielle devrait pouvoir présenter non pas des idées générales mais des projets de lois, y compris les décrets d'application. On sort de l'ambiguïté à son désavantage dit le démagogue. La clarté sert le réformateur exigeant. Quand on passe cinq ans dans l'opposition, on a tout de même le temps, sur les questions clé de faire ce travail et de l'adapter continûment. Naturellement ce texte fera une fois élu l'objet d'un débat parlementaire. Mais au moins on saurait où on va.

Tout reste à faire.

Avis aux bons candidats !

L’inaction : une maladie française ?

De nombreux articles  publiés ces dernières semaines insistent lourdement sur le fait que la haute fonction publique française a mis la main sur l’Etat, ce qui est normal, mais surtout sur la politique, ce qui ne l’est pas.

Le nouveau livre de Sophie Coignard et Romain Gubert , « Ca tiendra bien jusqu’en 2017 », Albin Michel, vient ajouter une touche de scandale à cette réalité en démontrant avec force exemples  que l’ensemble de ce petit monde mêlant administration et politique  n’a qu’une ambition : durer, sans jamais résoudre quelque problème que ce soit, mais surtout en lâchant tout à la rue de peur de perdre le pouvoir et les privilèges qui vont avec.  Surtout pas de vagues !

Cela fait longtemps (1977) que nous avons théorisé le règne de la haute fonction publique sur le pays sous le concept d’Enarchie Compassionnelle.  En fait nous résistons à cette idéologie depuis que  le Club Jean Moulin, à la fin des années 60,  avait conduit à l’extase les tenants de cette oligarchie publique malvenue et sans fondement. Elle prétendait à tout, y compris à redéfinir l’entreprise privée.  Nous avons souligné à plusieurs reprises que « Pour une réforme de l’entreprise » de François Bloch-Lainé était devenu, pour tout lecteur d’aujourd’hui, un objet de franche hilarité.  Le mouvement, purement intellectuel  dans les années soixante est devenu une réalité politique prégnante avec l’arrivée du couple Giscard-Chirac, pour s’épanouir sans limite  à partir des présidences Mitterrand.

Notre nouveau gouvernement socialiste reste une  illustration impeccable de ce mouvement. Au-delà de l’esprit médiocrement politicien, dénoncé partout pour son caractère caricatural, ce remaniement  est l’exemple même d’une opération politicienne montée par un énarque pour se faire réélire en se souciant comme de l’an quarante des besoins du pays.  Les commentaires vachards qu’il suscite  s’attardent, et c’est nouveau, sur l’ineptie de nommer des fonctionnaires sans carrure à des postes qui exigeraient des expériences civiles approfondies.

On peut naturellement  s’insurger contre un gouvernement où les affaires étrangères sont tenues par un prof d’allemand n’ayant pas prouvé de grandes capacités comme premier ministre, que l’Europe soit entre les mains de l’inexistant Harlem Désir,  que le Travail soit revenu à une personne n’ayant jamais travaillé et l’Education a une franco-marocaine dont les prouesses universitaires restent à découvrir.

Mais c’est la nomination au Ministère de la culture qui souligne le plus les déviations dénoncées. La charmante française d’origine coréenne qui en était le ministre n’avait aucune qualification particulière pour le poste.  Celle qui lui succède a les mêmes (dons musicaux en moins). Mais ce sont des haut-fonctionnaires politisés et des femmes utiles dans la parité gouvernementale. On leur a soufflé leur texte : flatter, soudoyer et surtout pas de vagues. Le niveau zéro de la culture !

Au global, tout le monde est d’accord  sur le diagnostic : il faut mettre fin à cette tartufferie qui tourne à l’aigre, le pays n’étant plus gouverné. 

Le bât blesse, au moment de l’action.  Là, le vide s’installe en maître exigeant.  Chut ! Ne rien proposer. Absolument rien. Pourtant, si on veut vient tirer les conclusions pratiques que l’analyse pertinente suggère, les pistes d’action ne manquent pas.

Nous sommes en phase de révision constitutionnelle. Suggérons à nos constituants d’ajouter  deux très courts articles :

-          « Nul ne peut être élu dans une assemblée qui décide de sa rémunération et de ses conditions d’emploi ».

-          « Nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’Etat ».

Cela nettoierait un peu notre démocratie de sa principale tendance à l’oligarchie.

Une seconde mesure serait de supprimer le statut de fonctionnaire pour tous les postes «professionnels », ne gardant cette garantie particulière que pour une partie de la catégorie A. Pourquoi une partie ? Parce que par exemples il n’est pas besoin d’être fonctionnaire de catégorie A pour diriger une crèche.  Il faut écheniller la catégorie A.

 D’autres pays ont contractualisé les intervenants du secteur public sans drame.  L’avantage : on peut restructurer, réduire, adapter, reconfigurer. Bref, on peut faire ce qu’il faut sans entrer dans des bagarres impossibles qui se terminent toujours sur le dos des contribuables. Exemple : ce qui se passe avec la fusion des Régions où on va aligner tous les salaires sur la région la plus généreuse et supprimer aucun poste malgré les doublons.

On peut aller plus loin en rendant plus mobile ce qui restera de fonction publique protégée.  L’administration est une suite de silos absolument étanches. Essayez, si vous êtes fonctionnaire à l’Assemblée d’obtenir un poste équivalent au Sénat ! Du coup on a deux armées mexicaines incroyablement coûteuses,  parfaitement pléthoriques et  sclérosées.

C’est vrai partout, dans l’Etat.

Si on est timide, et que c’est encore trop, on peut tout de même envisager quelques réformes minimes mais qui mettraient un peu de fluidité dans les rouages. Par exemple, on ne pourrait devenir titulaire à la Cour des Comptes ou au Conseil d’Etat qu’au mérite, après 15 ans de vie administrative réussie. 

Trop encore ?

Alors  supprimons les mises à disposition. Cette facilité interdit toute comptabilité analytique.  Les fonctionnaires doivent signer des contrats de travail par unité de gestion. Lorsqu’ils sortent d’une unité pour aller dans une autre, on fait un nouveau contrat.  Il faut naturellement mettre fin à cette horreur qu’est la « mutation », ce qui suppose que la profession de  fonctionnaire ne soit plus un état  basé sur un rattachement statutaire, mais une capacité personnelle vérifiée susceptible d’emploi là où cette capacité est nécessaire n’importe où dans la fonction publique.

Si le capacitaire est momentanément sans affectation, il est géré par une entité chargée du placement public. Il peut faire un tour dans le privé tant qu’il veut et revenir ultérieurement.

Il est amusant que l’on songe à simplifier les relations entre entreprise et salariés mais que personne ne veuille toucher au seul endroit où les blocages sont la règle et la souplesse l’exception.

Il est redoutable de constater qu’à aucun endroit de l’échiquier politique, et dans aucune colonne de la Presse, ces mesures, « congruentes » avec les accusations portées, ne soient même envisagées.

Au contraire on voit la  droite, soucieuse de « renverser la table »,  bien partie pour mettre à sa tête un haut fonctionnaire qui a symbolisé le ni-ni chiraquien et un étatisme sans limite, en un mot tout ce que  l’Enarchie Compassionnelle a de plus contreproductif.  En y ajoutant la finesse politique qui a fait venir Jospin au pouvoir d’Etat et Delanoë puis Hidalgo au pouvoir à Paris. Alain Juppé est, de plus,  le seul à avoir perdu lors des dernières élections régionales.  Les Français sont curieux, tout de même.

Faire rentrer la Haute Administration dans sa bouteille devrait être un des enjeux des prochaines élections présidentielles.  Précisons  que nous sommes POUR une haute fonction publique de qualité et n’avons strictement rien contre l’ENA. Nous ne l’aurions jamais envoyée à Strasbourg.  Mais chacun à sa place.

En France, les constats sont généralement bons voire excellents ; les explications lacunaires voire inexistantes ; le passage à l’acte, inenvisageable.

Une question

L'INSEE chiifre l'endettement français à un peu plus de 4 mille milliards. McKinsey et Deutsche Bank au double, soit plus de 8 mille milliards.

La valeur ajoutée des entreprises françaises de plus de une personne du secteur privé non bancaire est de 1.250 milliards.

Qu'est ce qui changerait si la dette était à 16 mille milliards d'Euros ?

Le journal Les Echos analyse la crise.

Tout le monde se rend compte que l’optimisme déraisonnable né de « l’alignement des planètes » ne s’est pas concrétisé en 2015 et que le surgeon résiduel du début d’année 2016 a été coupé à la racine par le caprice des marchés. « L’année de la bourse » prédite par le Figaro sur cinq colonnes s’est traduite par une baisse de près de 20%. On était en route vers les 6.000 points du CAC 40 et nous voilà à 3.900 !  « Les marchés sont devenus fous, tous les fondamentaux sont excellents, surtout pour les banques ». « Les banques centrales s’avèrent impuissantes ».  La panique nous voilà !

Une occasion de lire un excellent journal, Les Echos, dans sa livraison du 13 février 2016.

On y apprend, sans commentaire, que le cours du nickel est passé de 51.600 dollars la tonne en 2007  à 7.600 dollars. En 2015, l’année de l’alignement des planètes, il a perdu la moitié de sa valeur. Cette évolution est la même pour toutes les matières premières, sauf l’or, classé à tort dans ce département depuis 1971.  N’apprend-on pas un peu plus loin que l’or, la vieille relique démonétisée, fait l’objet d’achats soutenus par les banques centrales : près de 600 tonnes ces dernières années ?  Ailleurs on voit que les puits de pétrole en activité aux Etats-Unis sont passés de 2000 à 500. Quand la valeur d’un  bien est divisé par trois ou sept, cela  devrait faire réfléchir. La montée hystérique des cours avant 2008 était purement spéculative et conduite par des banques et des fonds de placement absolument débridés. Personne n’a voulu savoir d’où venait cette liquidité et remettre en cause « la juste appréciation des marchés » seule capable de dire le vrai. Les cours retombent. Tous. Et ce n’est pas le gaz de schiste qui mène la danse. Mais la perte de près de 12 mille milliards de dettes encourue en 2008  qui finit de peser sur tous les comptes malgré le transfert des rogatons aux Etats et aux banques centrales.

Cela confirme tout ce que nous avons inlassablement répété.

L’article sur Mme Lagarde, seule candidate à la direction du FMI est incroyable jusqu’au psychédélique. On ne sait pas si Lucie Robequain, l’auteure, a bien mesuré ce qu’elle écrivait.

« Le talent de Christine Lagarde est d’avoir beaucoup œuvré pour faire oublier  son statut d’Européenne ».   Il est vrai que la journaliste a rappelé que pour K. Rogoff, le choix d’un européen à la tête du FMI était un « incroyable anachronisme ». « Elle a pris le contrepied des mesures qu’elle préconisait lorsqu’elle était Ministre des finances à Bercy ». L’incohérence serait donc une vertu ? Voire la trahison des exigences nationales françaises ? « Christine Lagarde a imposé une image plus humaine du FMI en défendant la cause des femmes et du réchauffement climatique ». C’est évidemment ce qu’on attend d’un directeur du FMI. « Elle a été renvoyée devant la Cour de Justice de la République Française » conclut la journaliste. In cauda venenum.

On nous a parfois reproché l’article un petit peu sceptique sur Mme Lagarde que nous venons de commettre. Mais là, on dépasse toutes les limites dans la méchanceté. On croirait entendre Eric Zemmour : ce machin n’ayant aucun pouvoir on y a mis une femme, de plus menacée par la justice, trahissant ses propres actions et l’Europe et faisant sa révérence aux Etats-Unis, tout en soignant son image féministe et écologiste.  Tableau !  Si on voulait signaler que le FMI était une institution morte, on n’aurait rien écrit d’autre.

 

Autre tableau, la chute retentissante des fonds américains : Carlyle, Blackstone, Appolo, KKr, ont perdu entre 50 et 66% de leur valeur boursière. La spéculation éhontée, « çà eut payé, mais cela ne paie plus ». Les dirigeants de ces groupes ne sont pas contents des marchés « incapables d’apprécier la force de leur modèle ».  Alors ils rachètent leurs actions. Rien que du positif, question production réelle.

Un certain Anton Brender écrit qu’il faut « convaincre les marchés qu’il y a bien un pilote dans l’avion ». Mais on a supprimé les pilotes parce que les marchés « avaient toujours raison ». La solution : « les autorités financières mondiales  doivent d’abord accepter un fait : la libéralisation financière qu’elles ont prônée a conduit à un système financier globalisé  dont la plage de stabilité est limitée ». Comme c’est bien dit. « Savoir si les autorités souhaitent coopérer est une autre question ». « Pour l’instant leur souci semble être plutôt d’éviter que leur monnaie s’apprécie ». Les changes flottants ne serait-ils plus l’extraordinaire panacée qu’on nous présente depuis 1971 ? Un petit doute s’est-il insinué ? « La BCE cherche à soutenir la croissance et à faire baisser le chômage sauf qu’elle ne peut pas le dire ». C’est bien, ces institutions qui font l’inverse de ce que leurs statuts préconisent et qui doivent se taire ?  L’ennui c’est que cet article se contente d’appeler à l’envoi de signaux forts qui prouveraient qu’il y a un pilote dans l’avion. Pas de chance il n’y a pas de pilote. Relire pour s’en convaincre ce qu’on vient d’écrire sur le FMI et Mme Lagarde.

Selon les articles, l’explication des évènements change. Le ton dominant est que la crise des marchés serait irrationnelle et la marque d’une « nosophobie aggravée des investisseurs» (peur irrationnelle d’attraper une maladie). Les marchés sont sains, mais pas les investisseurs. Dommage. Pour Eric Le Boucher, « le mal n’est pas dans la finance mais dans la politique ». « Mettez du vin mousseux dans du porridge cela donne un truc infect ». Le porridge est la rigidité des Etats qui font grumeaux et refusent d’entrer joyeusement dans la mondialisation. La spéculation fait son boulot. Elle pointe les failles au Sud et au Nord. « Que font les autorités ? ». « La tentation populiste gagne à Varsovie et  au New Hampshire ». « Les marchés sont en droit de douter de la qualité des gouvernements ».

Il faut dire qu’avec le nouveau gouvernement français, nous sommes sauvés. Il aurait « le souffle court » grince le Journal. L’understatement est un art.

Pensons au lecteur qui ne saura plus, à la fin de la lecture, si ce sont les marchés qui sont le problème, ou les investisseurs irrationnels et nosophobiques, ou les banques centrales car un « environnement de taux négatifs peut inquiéter car il est malsain » (Xavier Rolet  - directeur de la bourse de Londres), ou les banquiers, ou les fonds de placements, ou les autorités financières mondiales ou les gouvernements.

Finalement rendons grâce à l’éditorial de Guillaume Maujean qu’on croirait directement tiré de notre blog.

« Nous sommes dans l’ère de la crise financière permanente ». « « Plus jamais cela » avait pourtant crié, dans un même élan, l’ensemble des autorités, gouvernements, institutions ». Lors d’un G.20 historique. Mais on n’a rien fait faute de diagnostic solide. « On a laissé les banques centrales seules faire face à la situation. Les pompiers pyromanes ont paré au plus pressé. Personne, pas même le FMI, ne s’occupe de regarder l’effet produit  par cette vertigineuse création de monnaie ».

Sur ce blog, nous avons critiqué dès 2009 l’inanité de la politique proposée par le G.20. Il aura fallu sept ans de réflexion pour que certains s’en rendent désormais compte. De même nous disions que les « banques centrales sont comme les psychanalystes : elles ne savent régler que les problèmes qu’elles ont elles-mêmes créés ».  C’est tellement évident. Maintenant presque tout le monde  voit que ces Reines d’un jour improvisées sont carrément nues et grelottent dans le froid des incohérences majeures et de l’absence de résultats probants.

« Le chacun pour soi domine. Les grands déséquilibres n’ont pas disparu. Les mêmes maux créent les mêmes séquelles ». Franchement nous avons l’impression de nous relire. « Il est urgent que nos gardiens du temple mènent une initiative internationale concertée si on ne veut pas que ce nouveau coup de tabac financier se termine par une crise encore plus profonde ».

Bravo ! Et Enfin !

Il reste juste à affirmer qu’il faut mettre fin aux changes flottants et à la liberté totale des mouvements de capitaux à court terme (la fameuse Hot money). Mais cela, c’est une autre affaire. Une transgression quasi impossible.

Dommage : il faut bien un nouveau Bretton Woods qui supprime ce qui était erroné dans des accords trop dominés par la puissance exclusive des Américains mais qui restaure les disciplines qui furent à la base des trente glorieuses.

Encore un effort, Messieurs des Echos !

Attention ! Ce qui doit arriver arrive.

Lors d'une récente conférence, un auditeur avait protesté violemment à un de nos commentaires : "les banques sont maintenant à nouveau solides. La crise financière est derrière nous. Dire le contraire est irresponsable et erronée". Telle était la critique virulente.

Nous venions d'affirmer que la perte latente de 12 mille milliards de dollars subie en 2007-2008 était loin d'être résorbée, étant entendu que le développement d'une dette nouvelle ouvrait à nouveau des perspectives douloureuses pour les organisations financières qui s'étaient engagées dans des opérations purement spéculatives. Faute de réforme du système monétaire et financier mondial en 2008, on allait à nouveau vers un krach bancaire et boursier qui serait moins grave en ampleur qu'en 2007-2008 mais malgré tout assez sévère.

Nous rappelions que les crises mondiales périodiques existent depuis longtemps, qu'elles commencent aux Etats-Unis et s'expliquent par des crédits aventureux qu'il faut bien résorber. Cette crise était à venir en 2016-2017. Les chutes brutales de prix, dans un environnement de crédits purement spéculatifs, étaient un signal fort que les banques allaient souffrir. Nous ne croyions pas que la chute verticale des prix du pétrole correspondait à un nouvel équilibre de l'offre et de la demande, propice à une croissance mondiale formidable, mais à l'effondrement d'une spéculation excessive identique à celui qui se produisait simultanément sur les marchés de toutes les matières premières. "L'alignement des planètes" n'était pas un mythe, mais l'effet bénéfique ne pouvait pas masquer que des forces telluriques étaient à l'œuvre dans les bilans des banques et sur les marchés de spéculation.

Nous ne sommes pas des catastrophistes adorant annoncer des horreurs ou se complaisant dans la critique acerbe pour le plaisir du défoulement. Simplement, nous pensons que les évènements ont des causes. Si elles sont ignorées, les mêmes effets sont à attendre des mêmes causes. Nous le disons depuis l'erreur fondamentale des premiers G.20 qui ont annoncé qu'on ne changerait absolument rien dans les principes et les modalités d'une organisation monétaire et financière qui venait de s'effondrer. Relance par la dette, transfert de la dette aux Etats et aux banques centrales, inondations de liquidités devaient permettre de passer le cap.

Huit ans après, l'ineptie de cette politique éclate à nouveau. De nombreuses banques sont au tapis comme la Deutsche Bank en Allemagne , Unicredito en Italie, Société Générale en France, sans parler de dizaines d'autres un peu partout.

Le discours ambiant est partout le même. Le monde a changé. il faut s'adapter et remettre en cause les modèles sociaux trop généreux ou trop rigides. Il faut faire baisser le coût du travail.

Or il n'y a strictement aucun rapport entre un taux d'intérêt négatif qui conduit une banque gavée depuis 2007 de crédits douteux à des opérations spéculatives aventurées ouvrant la voie à une jolie faillite  et le régime social des entreprises de production.

La finalité de l'économie reste évidemment de permettre une croissance globale de la prospérité et de garantir une amélioration des conditions de vie de tous.

L'organisation née à Bretton Woods avait aussi comme but de conforter la mise en place d'un "welfare state". L'analyse des travaux de cette conférence mythique montre que les congressistes avaient une trilogie en tête : ouverture libérale des marchés commerciaux ; cadre monétaire sain et empêchant les ajustements par la dépression ; cadre social garantissant une prospérité générale.

Depuis 71, le temps est à la destruction progressive des structures sociales, après avoir détruit le cadre monétaire sain.

Naturellement on ne peut considérer que "ruiner les riches" nationaux par l'impôt confiscatoire, en enrichissant les riches extranationaux, soit une politique sociale. Si les réformistes de la situation actuelle n'ont comme finalité qu'un libre échange débridée basée sur des circuits financiers déséquilibrés et des Etats tellement endettés qu'ils ne peuvent jouer leur rôle social, rien de bon ne sortira de la spirale de sottises consécutive. Nous l'avons écrit en 2008. Nous le répétons. La réforme doit porter d'abord et avant tout sur la gouvernance fautive du système monétaire et financier mondial, sur la correction de la rigidité coupable de la zone euro qui ne permet pas d'autre forme d'ajustement structurel que la déflation, et sur la correction des systèmes étatistes fondés sur la prédation fiscale et l'étouffement de la liberté contractuelle.

La campagne électorale française malheureusement, à droite comme à gauche, fait litière de toutes discussions sur la gouvernance mondiale et européenne. On se contente d'ajuster le modèle social français, dans l'hystérie fiscale à gauche, dans la promesse fiscale intenable à droite. Rien de bon ne peut sortir de ce schéma d'une débilité profonde.

Lorsque, dans une conférence de presse marquée par la complaisance des interviewers, le Président de la République Française, nerveux au point de dire parfois le contraire de ce qu'il entendait exprimer, se présente en réformateur acharné, et que sa dernière année de pouvoir sera consacrée à la baisse des charges sociales sur les salaires, on ne peut que lever les bras au ciel. Il n'y aura en fait aucune baisse mais un transfert sur d'autres que l'entreprise des charges en question qui demeurent inchangées voire aggravées faute d'une action réelle.

Les charges sociales financent la maladie, la retraite et le chômage. Toute la politique du gouvernement conduit à l'explosion de la dépense médicale dans le rationnement des soins. Le frein et l'accélérateur sont appuyés en même temps : gare aux dérapages ! Il n'y a  rien à espérer sur le front de la dépense-maladie avec la généralisation du tiers payant. Le chômage fait l'objet d'un traitement statistique qui aggrave simplement les coûts. On ne touche pas à l'âge de la retraite.  Résultats attendus : plus de dépenses, plus de pression fiscale, plus de dettes. Les entreprises, elles dépendent de la conjoncture mondiale qui s'abîme à toute vitesse, les derniers feux de la minuscule reprise de fin de cycle s'éteignant les uns après les autres.

Tout l'exercice est donc uniquement politicien et on aimerait qu'il ne soit que stérile. En fait il est catastrophique puisqu'il aggrave dette et fiscalité. Il ne débouche sur absolument rien d'utile. Le remaniement ministériel confirme cette vacuité avec l'intégration de personnalités lilliputiennes représentatives de chapelles ou d'un intérêt politicien minuscule en vue de la candidature nouvelle de François Hollande. On voit un président de conseil général réajustant sa majorité secouée par des dissensions de personnes et de clans et veillant à sa réélection. Pas un leader à la hauteur des enjeux français, européens et internationaux dans un moment dramatique.

Qui croit M. Ayrault, petit germaniste à la compétence professorale incertaine qui a montré sa dangereuse nullité comme premier ministre, capable d'une diplomatie économique de qualité ? Il n'est là qu'à but politicien, Hollande ne pouvant s'accommoder d'une fronde de ses propres amis. Comme il n'y a plus de diplomatie française, sur aucun terrain, voici donc un incapable à la tête d'un ministère régalien. On garde un président de conseil régional pour mener la guerre contre l'islamisme radical. Le choix de l'inconnu sinistre Urvoas, à la Justice, confirme que les Bretons sont aux commandes régaliennes de la France. Le bonnet rouge remplacera-t-il le bonnet phrygien ? Ne parlons pas des écolos en rupture de ban venus là pour la gloire de pouvoir dire plus tard qu'ils ont été une fois ministre. On a troqué la qualité contre le nombre. Minable.

Il est des moments de l'histoire de France où l'esprit du temps et les pouvoirs politiques sont tellement en décalage avec les nécessités qu'on ne peut envisager que le pire.

Nous y sommes.

Cercle des Economistes e-toile

Hollande et Sarkozy entre pathos et achat de vote

Le passage de Nicolas Sarkozy pendant plusieurs heures à la télévision, ponctuant son opération "grand retour", montre une fois de plus les dérives de notre système médiatique et politique.

Le passage au quinquennat a vu s'exacerber des tendances latentes. Les candidats sont de plus en plus obligés de faire du rase-mottes. Ils ont de moins en moins de recul sur les grandes questions. Ils sont amenés à ne travailler que leur image dans l'opinion et à satisfaire des catégories. Ce qui pousse à "l'achat de vote" par des mesures simples et fortes susceptibles d'accrocher le chaland.

Nicolas Sarkozy comme François Hollande sont symboliques de cette évolution désastreuse.

Nous avons souligné sur ce site que la dernière élection présidentielle marquait une régression phénoménale des mœurs politiques qui n'annonçait rien de bon. La situation politique actuelle ne fait que confirmer que la prochaine risque d'être au mieux du même niveau.

Claude Allègre, plus sage dans son âge que dans sa jeunesse, avait justement prophétisé que François Hollande ferait à la France ce qu'il avait fait au PS : mélanger les fils de façon si embrouillée que tout le monde deviendrait fou. Nous y sommes. Les petits croient pouvoir se faufiler plus facilement que les autres entre les nœuds. Il avait également diagnostiqué chez Nicolas Sarkozy un complexe de Zorro qui le conduisait à faire n'importe quoi pourvu qu'il puisse dire : "Moi seul l'ai fait". Bravo pour l'analyse prophétique !

Tout pousse les candidats à une vision narcissique et électoraliste de l'intérêt national. Elle se manifeste dans le travers permanent du pathos et de la mesure catégorielle démagogique forte. Tous les gourous de la communication ne cessent de le répéter. Lors d'un exercice de com', les gens ne retiennent qu'une impression et une idée. Une seule. Ces spin's doctors poussent donc leur client à l'étalage d'un pathos permettant de créer un sentiment favorable (brave type, sympa) et à la simplification du message, calibré pour être brutalement utilitaire.

Hollande commence l'année en proposant de sortir des statistiques 500 000 chômeurs qui l'empêchent de se représenter, avec de l'argent que la France n'a pas. Achat de vote à crédit. Il gracie largement une femme jalouse qui a tué dans le dos son mari volage après l'avoir piégé. Pathos. L'affaire Léonarda avait déjà donné le ton. On a besoin des lobbies féministes pour être réélu.

Sarkozy commence sa campagne dans le pathos d'un livre confession, et d'une émission qui sera une fuite continuelle dans la sentimentalité la plus mièvre. Mais le cœur du message est utilitaire : Je rendrai, dans les cent jours, 25 des milliards prélevés dans la chair de ma clientèle. Achat de vote. À crédit comme le relève à juste titre F. Lenglet.

La prochaine élection verra nécessairement ces travers s'aggraver si les deux candidats sont deux anciens présidents ayant également échoué. Le pathos et l'achat de vote risquent d'atteindre des sommets jamais vus.

Il est intéressant de noter que l'Europe et le Monde n'auront tenu aucune place dans l'émission de reconquête d'image de Nicolas Sarkozy. La crise est largement venue de l'extérieur. Il faut donc un diagnostic de la crise et une diplomatie de la prospérité, pourriez-vous penser. Pas un mot. L'Europe est clairement malade. On fait quoi ? Pas un mot.

On ne parle dans les deux camps que de la compétitivité à obtenir par la baisse des charges. Les "charges" seraient un simple abus commis par des vilains. On peut donc les supprimer d'un trait de plume, sans se préoccuper de ce qu'elles financent. Ce qui revient à renvoyer sur l'impôt et la dette des garanties sur lesquelles on ne s'étale pas et qu'on ne rabattra qu'à la marge.

On ne parle dans les deux camps que de chocs ou de contre-chocs. Le tout dans la frénésie des "cent premiers jours", dont on a vu dans un précédent billet qu'elle ne date pas d'hier, en citant l'exemple de 1986.

Sur fond de fatigue. Fatigue des deux duellistes, manifeste physiquement une fois encore pour Sarkozy lors de l'émission. Il y a quelque chose de fané dans le regard de Sarkozy qui n'était déjà que l'ombre de lui-même lors du débat avec Hollande en 2012. Il y a quelque chose de mort dans le regard de Hollande depuis des attentats uniques dans l'histoire du pays.

Fatigue du pays qui constate que tout se dégrade et que rien de solide ne sera fait pour revenir à une situation plus saine. Partout, des Français de tout âge et de plus en plus nombreux s'enfoncent sans espoir dans la difficulté, en même temps que les villes commencent à porter les stigmates d'un recul général de la "civilisation", et que les campagnes tombent dans la désespérance.

Décidément, l'opération médiatique "Sarkozy le retour", en même temps que l'embrouillamini ridicule sur une révision constitutionnelle hollandaise, politicienne et sans intérêt, démontre de façon limpide qu'il faut sortir rapidement de la querelle malsaine entre Hollande et Sarkozy.

La page doit être tournée et vite.

Le pathos et l'achat de vote sont déplacés face à la gravité de la situation nationale.

Il faut laisser une chance au débat sur les solutions de fond.

Enfin !

La France, entre blocage et utopies.

La marque des grandes périodes de stagnation est la montée des utopies et le verrouillage des situations acquises. Blocages et songes grandioses se mêlent pour créer un sentiment contradictoire de résistance et de changement.

La Sécurité Sociale en France est un immense échec. Au lieu de permettre l'émergence de solutions responsabilisantes et décentralisées sur chacun des grands risques, avec un foisonnement de solutions en concurrence mettant le citoyen au centre des décisions, les Hauts Fonctionnaires français ont imposé depuis Pétain la construction d'un Moloch technocratique fonctionnarisé qui a défini tout le secteur social comme relevant du service public, donc d'eux-mêmes, qui étouffe la société et l'emmène droit dans le mur.

On oublie souvent que la Sécurité Sociale n'est pas née du Conseil National de la Résistance, mais du régime de Pétain. Comme pour la banque, l'idée de manœuvre, basée sur le "fascio", était d'assurer la domestication du privé par l'Etat. La modalité, dans un cas comme dans l'autre, se fondait sur l'idée que le pion avait des obligations ou plus exactement des sujétions, et que l'Etat concédait à des intermédiaires sous tutelles des monopoles pourvu qu'ils admettent la tutelle la plus complète de l'Etat donc des Hauts Fonctionnaires.

Réduire les libertés et la responsabilité individuelle a été pour l'Enarchie Compassionnelle une constante qui a transcendé tous les régimes et qui prend aujourd'hui des dimensions anti républicaines que l'on peut considérer comme gravissimes, même si le public ne s'en rend pas compte, tant l'information est biaisée.

De brefs cris d'horreur s'entendent lors de chaque étouffement. Ils ne sont relayés par personne. Le message lénifiant du Leviathan, bassiné par une presse sous tutelle financière, finit par créer un cocon qui étouffe toute contestation. Un exemple tout récent ? Les gardiens d'immeuble étaient libres de s'assurer comme ils l'entendaient. Ils choisissaient leur mutuelle, la nature et l'ampleur de leurs garanties, ainsi que les coûts afférents. C'était leur affaire. Intolérable pour la haute fonction publique. Le domaine social est leur monopole et il importe d'empêcher la liberté de choix. Une loi nouvelle, a donc imposé aux syndics de prendre une assurance obligatoire pour leurs salariés. Et là, scandale : les prestations étaient déconnectées totalement des désirs individuels, moins intéressants et plus chers. On aboutissait souvent à des résultats totalement saugrenus : le revenu net de l'assujetti baissait, sa couverture également, et en plus il lui fallait prendre une assurance complémentaire pour des prestations qui n'étaient pas couvertes. Mieux encore, le système coûtait plus cher pour les copropriétaires : salauds d'employeurs !

On a donc réglé bureaucratiquement un problème qui n'existait pas, en favorisant des activités stériles pour un coût supérieur pour la collectivité. Le moteur de cette folie : l'idée qu'un système unifié et universel, totalement maquereauté par des intermédiaires sous tutelle est la seule solution. Quiconque dit le contraire est un "salaud" au sens sartrien du terme et probablement un "fasciste", tant la Reductio ad Hitlerum fonctionne en France, alors que la mesure est typiquement "fasciste" au sens originel du terme.

Les secteurs de la banque et de l'assurance sociale sont donc les deux modèles du développement en fascio en France, l'un dominé par l'Inspection des Finances et l'autre par les Conseillers d'Etat ou ceux de la Cour des comptes.

Le blocage fasciste, au sens propre, de ces deux secteurs, est couvert moralement par une conception disons extensive de la notion de service public et de protection de l'épargne pour l'un ou de la santé pour l'autre. Il dérive l'un et l'autre vers l'absence complète de vrais choix des assujettis, et une taxation constamment aggravée, entraînant les secteurs dans une spirale mortifère.

On a souvent étudié sur ce blog l'évolution du secteur bancaire. Ceux qui suivent ce blog savent que notre premier article concernait la sécurité sociale : "sécurité sociale : la réforme impossible".

Les Français ont compris que l'organisation bancaire française était un déni d'à peu près tous les principes républicains, et qu'elle était en risque majeure d'explosion avec perte de la totalité des comptes bancaires, assurance vie comprise.

Ils sont loin d'être aussi familiers avec les dérives "fascisantes" de la sécurité sociale. L'affaire n'a rien à voir avec une quelconque division droite -gauche. Le drame du RSI, l'intégration dans la sécurité sociale du régime des travailleurs indépendants, a été concocté par deux conseillers d'Etat de droite, députés UMP :  Dutreil et Bas. Sarkozy a cru un moment qu'il allait être le glorieux créateur d'une quatrième branche de la sécurité sociale. L'absence de moyens l'a fait reculer.

La sécurité sociale est devenue un enfer bureaucratique, une machine à créer du chômage de masse et une usine à dégrader la qualité des soins et la liberté des citoyens. Mais elle est sanctifiée et donc aspire à être sanctuarisée.

Le système étant à bout de souffle et prêt à exploser, il est intéressant de voir se développer diverses utopies destinées à le remplacer. On aurait tort de les rejeter du pied avec mépris ou nonchalance parce qu'elle nous projette dans un monde totalement nouveau. On aurait également tort de se défouler des difficultés actuelles en se réfugiant dans la seule utopie.

Une idée intéressante mais fort délicate à manier, est celle du revenu universel garanti, connu sous de multiples appellations et couvrant des réalités souvent très différentes, mais dont le principe est toujours le même : les multiples allocations disparaissent au profit d'une allocation unique indiscriminée. À charge pour les individus de faire leur choix. En rester là, ou faire plus et mieux en travaillant.

La force du concept tient à la fois à la responsabilisation des citoyens et à la facilité de la distribution. Finis les centaines de milliers d'emplois dans le contrôle et la distribution d'aides multiples et diversifiées. Fini le paritarisme. Fini la pression sur le salaire net. L'allocation universelle est donnée à tous et financée par l'impôt. Elle ne pèse plus sur l'entreprise. Finies les cotisations salariales et patronales. Adieu aux organismes de sécurité sociale. Adieu les contrôles et les investigations quasi policières des Urssaf. Le citoyen sera tenu de s'assurer. À lui de déterminer son assureur et le détail de ses prestations. Fini le tiers payant. Fini la gratuité universelle.

Chacun fait ce qu'il veut sachant qu'au pire, il sera au revenu universel garanti.

Il est amusant et facile de faire des projections en se basant sur les dépenses réelles constatées, puis de construire des systèmes plus ou moins affriolants.

L'exercice a au moins l'intérêt de s'éjecter loin de la dictature de l'existant. Surtout il permet de refonder bien des choses sur des principes alors que les institutions du moment dérivent de plus en plus vers le n'importe quoi opportuniste, du fait de l'emballement des résultats désastreux et intenables.

Il est bon que la pensée s'ébroue même au risque de l'utopie. L'Union Soviétique a eu bien du mal à sortir du soviétisme faute d'avoir caressé ce que pourrait être la transition vers un système capitaliste.

En revanche il faut garder un œil sur les dégâts que pourrait causer l'utopie si elle venait à conduire à des réformes trop rapides.

Le revenu universel garanti pose structurellement la question de son champ d'application et de la protection de cet espace. Qu'on l'imagine à 750 euros par mois ou à 2 500, il faut tout de même se rappeler que des centaines de millions de ménages ne vivent actuellement que sur la base d'un revenu disponible mensuel inférieur à 150 euros. Vive les frontières ! Sans protection, l'appel d'air serait phénoménal. Les Suisses ont instauré un système d "achat de sa bourgeoisie" pour mettre un frein à l'accès aux bénéfices variés de la sécurité sociale. On offrant une créance universelle à tous les citoyens du monde sur sa propre richesse, un pays qui institue le revenu universel garanti se met en grand danger.

L'autre grande question est la validité de l'hypothèse que, garanti à vie, le citoyen contribuera à la production. Vivre pauvrement en ne faisant rien, sachant que beaucoup de satisfactions nouvelles peuvent arriver par lnternet, sous forme de jeu, de vidéo attractive, de partage avec des "amis" et que le capital acquis permet à des enfants de familles peu nombreuses de se loger à bon compte, n'est pas sans attrait.

Quiconque a un peu de bouteille sait à quel point l'esprit humain peut profiter des cadres subventionnés et les détourner à son profit.

Nous avons déjà raconté ici comment dès le lendemain du passage de la loi Chirac sur l'indemnité chômage de deux ans à 90 %, les ingénieurs en chefs d'une grande société de conseil américaine sont venus réclamer  leur licenciement économique, et dès le lendemain du passage de la loi sur les indemnités de licenciement négociés, il y a quelques années, un couple de cadres supérieurs d'une société française en haut du CAC 40 a décidé de réclamer des indemnités de départ négociées importantes (près de 150 000 euros) et s'est mis en situation de toucher près de 12 000 euros par mois, tout en s'installant confortablement dans une jolie petite île méditerranéenne où la famille avait une maison "pour bien élever notre enfant pendant deux ans". Près de 500 000 euros payés par les autres sans travailler : formidable. Ils sont très fiers de leur bon tour fait à la société.

Comme la banque qui est à la fois malade et fondée sur le viol permanent des principes qui l'ont fondée, la sécurité sociale a été totalement subvertie et doit à nouveau être totalement refondée sur des principes nouveaux et clairs. Continuer sur la voie du "fascio" anti démocratique et piloté par l'Enarchie compassionnelle mène directement au désastre.

Mais il faut casser les blocages sans passer par l'étape utopie.

Le Club Périclès et les « cent premiers jours »

Ces références aux Grecs du Vème siècle av. JC ont quelques choses de réconfortant. On en revient toujours à l’essentiel : les bonnes réformes sous le soleil brillant de la sagesse. Bien sûr, on ne peut les faire que dans la foulée d’un grand succès électoral. La fenêtre des cents jours où on peut agir est une de nos idées forces qui traversent le temps. A croire que la démocratie ne peut fonctionner que cent jours. Après ? On ne sait trop comment juguler les forces de rappel qui noient toute volonté d’agir.

Va donc pour ce club Périclès et regardons son programme de cent jours.

« Notre monde n’est plus celui de 1935 ». Toujours cette notion de mutation à la quelle il faut s’adapter.

« Il ne faut pas nous laisser imposer une parité monétaire qui serait préjudiciable au développement de son économie ».

« L’allégement des charges  pesant sur les entreprises, une plus grande flexibilité de l’emploi, permettront à notre appareil productif de se reconstituer ». « Il faut diminuer les prélèvements sociaux  dans un délai de 5 ans »

« Nous restaurerons la confiance ».

« Les travailleurs immigrés, sans être racistes ou xénophobes, posent un réel problème ». Plusieurs millions d’étrangers ont des cultures incompatibles « avec le fonds gaulois » et posent donc un problème d’intégration insoluble.

« Réduire le chômage, le nouveau gouvernement ne pourra se dérober à cette impérieuse exigence de l’opinion ». « Une chose est certaine aujourd’hui : il n’y a pas de réponse socialiste au chômage ». Dans les 100 jours il lui faut sinon obtenir des résultats  du moins accomplir des gestes significatifs ». Le premier est de « libérer l’économie ». Le second est de libérer l’immobilier « particulièrement frappé  par les décisions erronées du gouvernement socialiste ». Le troisième est l’apport de l’état au soutien de l’emploi. « Pendant trois ans il prend en charge pour toute création nette d’emplois une partie de la cotisation patronale ». En quatrième, il faut un choc de simplification. « L’industrie est freinée par l’étendue et la superposition des règlementations ». Il faut convier les partenaires  sociaux à une conférence sur « l’assouplissement des blocages à l’emploi ».

« Le temps est venu de réformer la formation professionnelle ». « L’apprentissage est la clef de l’emploi pour des dizaines de milliers de jeunes ».

« La crise économique s’est accompagnée d’un fort accroissement des prélèvements obligatoires ». « Ces taux sont parmi les plus forts des économies occidentales ». Le coût des syndicats de commune, des districts, des communautés urbaines  devra faire l’objet d’une surveillance particulière. « Pour être authentique le plafonnement des prélèvements obligatoires doit être assorti d’un plafonnement de la dette ». Il faut « mettre les collectivités locales devant leurs responsabilités ».

Les prélèvements opérés par l’imposition du revenu sont excessifs et quasiment abusifs. « Le prélèvement de l’Etat ne doit en aucun cas dépasser le montant laissé au contribuable ». Il faut supprimer l’impôt sur le capital et sur les plus value mobilière. Pour les plus values immobilières, un impôt de 10% pour les plus-values de moins de 10% est amplement suffisant. « Notre système fiscal est trop complexe et doit être simplifié ». 

« Les taxes locales doivent être perçues sur la valeur ajoutée », ce qui en fait une TVA sociale.

« Pas de déficits budgétaires : les baisses d’impôts seront gagées sur les baisses de dépenses publiques »

Il faut supprimer la garantie totale du petit risque. « Nous proposons de suppression de la garantie jusqu’à la frontière du tarif K.40 dans l’échelle des actes ».

 Les prestations familiales ont été la grande victime de la gestion socialiste. « Depuis la Libération aucun gouvernement n’avait pratiqué une politique aussi nettement anti familiale ». Nous proposons de rétablir sans aucune modulation les prestations familiales et le quotient familial. Les prestations seront simplement fiscalisées à l’Impôt sur le revenu. 

Toutes les allocations et aides sociales seront confiées au département et pas aux organismes paritaires de sécurité sociale.

Pour l’immigration, compte tenu des circonstances, est proposé :

«  Un moratoire d’un an sur l’accueil d’immigrés nouveaux ».

« Tout étranger chômeur depuis plus de trois mois est renvoyé chez lui ».

« Tout délinquant étranger est renvoyé chez lui sa peine purgée ».

« Tout est géré par le préfet et non les juges ».

La décentralisation doit être revue. « Les déboires de l’assemblée régionale corse montrent les risques ». Dans les régions « le recrutement de personnel s’effectue trop souvent sans rigueur ni méthode par la voie du copinage politique ». « Il faut éviter l’enflure du fait régional ».

Ce programme est beau comme l’antique. Il semble qu’à droite comme à gauche, on pense qu’il faille aller en ce sens.

L’ennui, c’est qu’il date de 1985 et qu’il est extrait du livre d’Yve Guéna « Les cent premier jours » (Albatros – sept 1985).

Comment expliquer que trente ans après presque jour pour jour, la vie politique se réduise à rabâcher les mêmes diagnostics et proposer les mêmes formules ?

On peut dire : c’est la faute des Français. A chaque alternance, ils imposent une coalition autour du Parti socialiste qui fiche par terre l’économie, l’immobilier, l’emploi, les allocations familiales, la sécurité et poussent aux sommets la pression fiscale et l’immigration. L’alternance d’après, il faut tout remettre en ordre pour faire face aux conséquences. 

On peut dire : c’est la faute des politiques de droite : ils ne font pas vraiment le travail  et sont incapables de liquider le socialisme en France. Chirac et le « ni-ni », succédant à Giscard le fiscaliste gouvernant au centre, puis Sarkozy-la-fausse-rupture, ont ancré l’idée qu’il n’y a rien à tirer d’une fausse droite qui toujours frémit avant de réformer, se contentant d’une minimum de demi mesures. D’où le concours à droite des mâles propos expliquant que cette fois-ci cela va être différent, avec un Bayrou qui dit exactement le contraire, un Bertrand et un Estrosi qui font exactement le contraire, un Raffarin qui « raffarine » dans la recherche de l’union sacrée sur des thèmes ciblés,  une NKM qui joue à « plus bobo que moi tu meurs ». 

On peut dire aussi : c’est la faute aux crises cycliques, qui s’aggravent à chaque fois. Nous n’avions pas encore réussi à nous remettre de la crise de 73, que la crise de 93 nous est tombée dessus. Et la crise de 2008-2009 a été la plus terrible de tous. L’endettement il est partout, pas seulement en France. La surfiscalité, elle, étreint presque tout le monde. Le chômage est haut partout. La droite déçoit parce que c’est elle qui, à chaque fois, a pris la crise sur le coin de la figure. La gauche ne revient pas parce que les Français le veulent mais parce qu’ils se vengent de la crise en sortant les sortants.  Maintenant que le monde est pratiquement à l’arrêt avec une croissance minable, nous faisons encore pire qu’avant parce que nous avons touché un gouvernement socialiste au mauvais moment et un président démago, même s’il s’emploie à briser toutes les icônes idéologiques de gauche.

Lorsqu’on relit le texte de 1986, on note tout de même quelques différences avec la situation d’aujourd’hui.

On craignait alors le « travailleur immigré » et on pensait pouvoir domestiquer les immigrés musulmans de la seconde génération. Maintenant on s’inquiète de la seule présence de 6 millions de musulmans considérés assez généralement comme non assimilables, abusifs, violents et dont l’idéologie est bpotentiellement incompatible avec notre République et ses principes, du fait du fanatisme et de la violence intrinsèques à la religion musulmane. Et,en plus, ces drôles de Français, après avoir sifflé l’équipe de France de football black blanc beur au Stade de France, tuent des Français par dizaines aux terrasses des bistros parisiens et dans des stades, des trains ou des salles de concert. 

On croyait encore à une France qui était indépendante, souveraine et capable d’agir. Mitterrand ne l’avait pas encore réduite à quia par le Traité de Maastricht et le marché unique. Le gouvernement des juges commençait mais n’avait pas encore atteint la forme qu’il a atteinte aujourd’hui.  Les pays de l’Est n’étaient pas encore sortis du « socialisme réalisé » et on ne craignait pas l’arrivée massive de Roms quémandeurs et loustics de la Mittel Europa avec la reconstitution de taudis et des trafics moyenâgeux, ni les délocalisations massives et la concurrence de centaines de millions de travailleurs pauvres d’Asie.

Des lots d’immigrants comme on les voit maintenant auraient laissé les Français de l’époque totalement incrédules.

La situation est donc plutôt étrange.

Pour la droite, s’amuser à réciter les nouveaux « cent jours », comme il y a trente ans, est-il crédible et même simplement audible ?

Pour la gauche, croire qu’un peu sérieux économique permettra de se faire réélire sans coups férir,  comme il y a trente ans, est-il imaginable ?

Les enjeux sont beaucoup plus lourds et les pouvoirs disponibles plus limités.

Nous ne saurions trop suggérer à chaque candidat de relire le livre d’Yves Guéna. Non pas pour prendre des idées. Elles sont toutes sur la table depuis des lustres. Mais pour comprendre à quel point la répétition d’une vision étriquée quasi identique à celle d’il y a trente ans est une impasse.  

Une impasse inquiétante.

L'action du Cercle des Économistes E-toile en 2016

Les premiers intervenants de ce qui allait devenir le Cercle des économistes e-toile, ont commencé à s'exprimer avec l'arrivée des forums en 1997. Ils se sont rencontrés autour de quelques débats phares du moment et se sont trouvé d'accord sur les réponses :

- Que penser de la pétition des 1xx économistes en faveur des 35 heures ? Le plus grand mal.

- Comment s'explique la crise argentine ? Une nouvelle crise des changes flottants

- Pourquoi le délire de création monétaire ne se traduit pas dans les prix ? L'ouverture à la Chine et aux ex-pays de l'est ne permet pas d'augmenter les prix. Tout va dans l'immobilier et dans les bourses.

- Maurice Allais a-t-il raison d'annoncer une crise de 1929 renouvelée ? Oui. Mais elle n'a pas lieu maintenant. La grande crise viendra lors du futur épisode dur des crises décennales soit en 2009-2010

- Est-il vrai que la fin du travail est écrite dans le marbre des innovations techniques ? Non. Rifkin et son préfacier Rocard ont tort. Le monde créera d'ailleurs aussitôt plusieurs centaines de millions d'emplois.

- Les marchés financiers sont-ils réellement le vecteur de la bonne régulation des politiques économiques ? Non. Ils sont tenus par quelques grands intervenants et la spéculation amplifie tous les déséquilibres.

- Pourquoi le Japon sombre-t-il ? L'effondrement du dollar a ruiné l'épargne accumulée en dollar au moment des grands excédents.

- Existe-t-il une nouvelle économie dont les crises périodiques seraient définitivement bannies ? Sottise. Ce ne sont pas les stocks qui font les crises, contrairement aux facilités du cours de Samuelson mais les crédits bancaires en excès.

- L'Euro présente-t-il un danger et lequel ? Oui. On ne sait pas gérer les désajustements de productivité autrement que par la déflation. L'Euro stimule le laxisme. le cocktail est explosif. Un système de monnaie unique est contradictoire avec un système global de monnaies flottantes.

- Vivra-t-on le bug de l'an 2000. Non. C'est de la foutaise. Réécrire des fichiers du fait de changement de formats de données est la base de la programmation évolutive.

 - L'abandon des disciplines de balances de paiement notamment par la Chine et les Etats-Unis est-il bénéfique pour la prospérité ? Non. Les déficits sont recyclés et font monter le taux des dettes globales.

- L'abandon de toutes restrictions bancaires annonce-t-il un monde meilleur ? Non. L'excès de crédit crée un excès de dépôts et réciproquement. Sans contrôle on va vers le n'importe quoi généralisé.

- L'étouffement de type marxiste et trotskiste des relations entre patrons et ouvriers, propriétaires et locataires, clients et entreprises, mène-t-il à un mieux ? Ces cadenas portent en eux l'étouffement de l'économie tout entière.

- La décentralisation et le gonflement des effectifs régionaux sont-ils une bonne chose ? Une catastrophe. Il y a création nette d'emplois sans productivité..

- À quoi tient le gonflement indéfini de la dette globale ? Aux excédents et aux déficits monstrueux de certains pays qui impliquent recyclage monétaire permanent et un gonflement absurde des crédits.

- La crise de 98 est-elle "la crise des pays émergents" ? Non une crise du dollar flottant.

Sur toutes ces questions nous avons remis en cause les explications dominantes qui nous paraissaient totalement fausses. Quand on en trouvait. Les analyses que nous jugions les plus intéressantes étaient en général TOTALEMENT absentes des médias.

Quand on se penche à nouveau sur ces analyses de 1997 à 2000, il nous semble qu'elles ont toutes été validées par les faits. La suite a levé les doutes possibles sur leur pertinence.

On voit cette semaine même la question des 35 heures rebondir alors que les méfaits de la mesure ne sont même plus en discussion depuis l'effondrement relatif des échanges entre Allemagne et France depuis 2000.

L'étouffement trotskiste des relations sociales est également remis à l'ordre du jour du fait de ces méfaits. Mais les sottises de même inspiration de Mme Duflot dans le logement ne datent pas de très longtemps. Certains vivent encore sur l'idée qu'il faut tuer le renard libre dans le poulailler bunkerisé.

Personne dans les partis de droite et de gauche ne remet en cause de façon concrète le système monétaire international ni les mécanismes dépressionnistes de la zone euro.

On voit refleurir toutes les théories absurdes sur la fin du travail, à peu près aussi intelligentes que les théories récentes sur le pétrole à $600 le baril.

Bref le caractère manifeste des faits et de leur explication n'a qu'une influence modeste sur les esprits, tant est forte la prégnance des habitudes, des idéologies et des intérêts. Et de l'ignorance.

À partir de 2006, la montée vers la grande récession mondiale, l'étouffement de la France par le "ni ni", et le dérèglement progressif de la zone euro, après l'échec du référendum constitutionnel, offraient des axes nouveaux d'analyse, surtout dans la perspective des élections présidentielles de 2007.

Pour la première fois nous sommes intervenus directement auprès des candidats par écrit ou par lettre ouverte.

Nous paraissait dément le fait que la grosse crise arrivait sans que personne ne semble s'en rendre compte. Nous ne nous sommes pas beaucoup préoccupés du programme de Mme Royal, tant cette candidature était vouée à l'échec dès le départ. Le terrible affaiblissement du pays du fait de la politique DSK-Jospin nous paraissait de toute façon exclure une option socialiste à ce moment.

Le dépouillement du programme Bayrou montrait une vacuité étonnante. Sur tous les sujets, la réponse était la même : ils sont nuls ; quand ce sera nous, on saura faire parce que nous sommes les bons. Faire quoi ? Mystère. Le retour de la proportionnelle dans un régime présidentiel devait permettre à lui tout seul de mettre les meilleurs au boulot de façon unie et tout irait bien. Ce faux programme reste le leitmotiv de cette mini-mouvance.

Le programme de "rupture" de Nicolas Sarkozy était, lui, grevé d'une illusion dramatique : il ne prévoyait pas la récession qui allait gâcher la fête et les belles paroles annonçant une hausse phénoménale de la prospérité grâce à la libération des énergies. Nous l'avons, lui et ses équipes, lourdement averti de cette illusion dangereuse. Sans réponse, nous avons publié une lettre ouverte. Des fractions de ce texte ont longtemps été disponibles sur le forum du Monde. Absolument personne ne voulait voir venir la crise et personne n'envisageait qu'elle puisse avoir la moindre ampleur. La rupture annoncée par Sarkozy n'a jamais eu lieu, Sarkozy préférant préparer sa réélection plutôt que d'appliquer un réel programme de redressement. Une suite continuelle de demi-mesures, avec autant de concessions à la gauche pour se ménager un exercice électoral au centre la fois suivante, ne fait pas une politique. Surtout quand tout s'effondre et qu'il faut se précipiter les mains vides dans les jupes de Mme Merkel.

L'expérience était intéressante du fait de l'inconscience. générale initiale et aussi du détournement des institutions par des candidats en fait peu dignes de la fonction. La jouissance personnelle et l'absence à peu près totale de souci des mesures efficaces et des diagnostics utiles sont les deux mamelles de la présidence de 5 ans.

Nous avons ouvert ce blog parce que les forums disparaissaient, et surtout leurs archives. Ce qui ne permettait plus de mettre avec soi les analyses passées et leur débouché ultérieur. Il est important d'annoncer des conséquences et de vérifier si elles sont bien celles prévues. Pour simplement faire avancer la pertinence et évidemment pas la gloriole d'avoir eu raison avant les autres.

Les 450 articles publiés de 2008 à 2012, n'ont eu pour but que d'annoncer la crise et de l'expliquer tout en jugeant les politiques menées pour sortir de la récession. À chaque fois que nous avons annoncé en détail les conséquences le plus souvent mauvaises de mesures prises sans rapport avec un bon diagnostic de la situation, elles ont été confirmées par les faits ultérieurs.

Et nous sommes arrivés aux élections présidentielles de 2012. Elles ont été un exercice politicien assez abject. Non, le mot n'est pas trop fort. Nous lavons dénoncé violemment la dérive en son temps. Elles ne préparaient rien de bon et nous eûmes le pire. Comme Sarkozy, Hollande n'a dirigé qu'en fonction d'une stratégie de jouissance personnelle et de réélection sans aucun intérêt pour le pays.

Les élections actuelles ont un nouvel intérêt, tant on a touché le fond. Le monde des changes en folie avec des récessions partout alors qu'on devait connaître une formidable croissance ; une Europe de l'Euro étouffée par la liberté absolue des mouvements de personnes et incapables de contrôler la liberté totale de mouvements de capitaux. Une France totalement encalminée dans le chômage, la dépense publique, les impôts et la dette, incapable de la moindre réforme, sauf dans les mots.

Les médias s'intéressent uniquement aux chances de l'actuel et de l'ancien président, alors que leur réélection n'aurait aucun sens national. Ils ont tellement fait l'inverse de ce qu'ils avaient dit que tous les autres jurent de tenir leurs engagements, même les plus durs qui supposent des affrontements durs avec des maîtres chanteurs embossés depuis longtemps dans la République. En vérité aucune vraie direction ne se dégage. Parce qu'un langage de vérité est un obstacle majeur à l'élection.

Oui, il va falloir revenir sur la gratuité totale du petit risque, un gaspillage phénoménal. Qui en parle ? Personne. Si on ne le fait pas la possibilité de contenir la dépense par le simple rationnement de l'offre sera la mort de la médecine.

Oui, il va falloir revenir sur le statut des fonctionnaires hors catégorie A. Tous les professionnels doivent devenir des contractuels. Qui le dit ?

Oui, il va falloir réduire le champ d'action de l'action publique. Qui dit où l'Etat cessera d'intervenir et comment ?

Oui, il va falloir fixer un système unifié d'aides provisoires, diversifiées mais plafonnées pour les personnes en difficulté. Afin d'éviter les cumuls d'aides enchevêtrées et leur conservation ad vitam aeternam une fois obtenues. Guichet unique et panoplie d'aides temporaires, avec une distribution sous contrôle direct des élus régionaux et publicité des aides. On ne parle que d'un revenu garanti d'existence ouvert au monde entier !

Oui, il va falloir mettre en place un système d'aide aux personnes licenciées qui ne soient pas une véritable incitation à se mettre au chômage. Le licenciement négocié actuel signifie que l'Etat assume la conséquence du choix volontaire du salarié et de son entreprise de le faire cracher au bassinet. Avec trois ans de subventions et un an d'indemnité, cela fait quatre ans sans travailler et sans pertes de revenus. Franchement, est-ce raisonnable de ne pas exercer son droit au chômage ?

Oui, il va falloir toucher au GVT pour les fonctionnaires. Plus de glissement automatique des salaires mais des mesures individuelles, comme partout dans le privé. Aie !

Oui, il va falloir liquider des abus flagrants : intermittents au statut fou, EDF GDF, contrôleurs aériens, régimes spéciaux de retraite, dockers, ouvriers du livre. Qui en a envie, vraiment, sur chacune des cases de l'échiquier politique ?

Oui, il va falloir changer le statut de la haute fonction publique pour que la retraite soit comptée prorata temporis et non plus comme élément de statut. Qui le propose ?

Oui il va falloir interdire à la fonction publique de se faire élire dans des assemblées qui gèrent leur rémunération et conditions de travail. Qui l'annonce ?

Oui il va falloir interdire les cumuls de rémunération dans le secteur public. Qui en parle ?

Etc.

Sans une vision globale des problèmes qui nous accablent, impossible de faire autre chose que de lister des mesures impopulaires que l'on se sait incapable de mettre en œuvre.

Et que faire de la dette ? Là c'est le grand silence. Elle n'est tenable que si les taux d'intérêt sont négatifs comme actuellement. Donc nous dépendons des autres. Quelle est notre politique économique internationale ? Elle n'est définie nulle part, par personne.

On espère simplement que Draghi voudra bien continuer.

Quelles réformes de la zone Euro ? Silence. Quelles réformes du système monétaire international ? Silence.

L'observateur voit arriver la crise décennale "molle" qui suit les récessions dures. Elle mérite d'être annoncée et comprise. L'idée même que ce genre de chose existe semble totalement étrangère aux instituts de conjoncture qui tremblent devant les "cygnes noirs" et ne voit pas le rythme régulier des marées économiques.

Les questions internationales de fond seront éliminées du match des prétendants, comme il l'est généralement des médias qui mettent surtout en valeur les émotions provoquées par tels ou tels événements, sans jamais les expliquer. On croit décrypter alors qu'on glose.

Alors oui nous cherchons à influencer le débat présidentiel, dans sa composante économique. Non, nous ne croyons pas à une alternative "de gauche". On ne peut pas "perfectionner le socialisme" sur fond de diminution du revenu par tête de longue durée et d'affaiblissement de la natalité. Sinon on enfonce un peu plus le pays dans une situation inextricable. Nous ne croyons pas non plus à une alternative de droite qui serait simplement une potion à faire ingurgiter aux pauvres, aux fonctionnaires et aux étrangers.

Il faut une vraie politique économique et sociale, complète, qui dit les causes des difficultés, les remèdes que l'on cherche à apporter, la méthode que l'on va suivre, le bénéfice que l'on espère en tirer, dont le premier est de retrouver une parole crédible en Europe et dans le monde pour faire bouger les gouvernances qui doivent changer.

Il serait totalement faux de croire qu'une politique de redressement tenace et sévère soit si dure que cela à supporter. Travailler 40 heures avec 5 semaines de congés payés n'a rien d'indécent. Supprimer tous les systèmes abusifs pour revenir à la norme est de simple justice. Avoir une aide temporaire, plafonnée et dégressive en cas de perte d'emplois ou de difficulté sociale temporaire a été de règle en France et l'est partout ailleurs. Faire en sorte qu'un Inspecteur des finances ne touche pas une retraite pleine en revenant au bercail cinq jours avant son départ en retraite même s'il n'a travaillé que quelques années dans son poste, ne provoquera aucun drame. économique. Payer une partie des soins pour les rhumes et maladies légères est à la portée des citoyens d'un pays aussi riche que la France. Renoncer à un remboursement à 100 % du petit risque n'a rien d'antisocial quitte à traiter par exceptions les cas particuliers. Supprimer des pans entiers d'actions publiques dévoyées, comme les Frac, n'a aucune importance nationale. Fiscaliser le revenu du directeur du FMI et des agents expatriés ne serait que justice. Etc.

En jouant sur les mesures de fond et les mesures temporaires il est parfaitement possible de revenir à une situation d'excédent budgétaire primaire. Certes on ne fera baisser l'endettement public que très lentement. Mais la direction sera bonne.

Les expériences étrangères montrent que pratiquement tout le monde a été capable de revenir autour de 5 à 6 % de taux de chômage. On peut le faire sans grande difficulté technique.

En revanche on a besoin des autres pour éviter encore une crise financière dure, encore une déstabilisation d e tous les marchés financiers, encore une guerre des changes. Il est impératif d'imposer que les pays excédentaires, soit résorbent leurs excédents volontairement, soit paient une taxe de péréquation sur leurs ventes déséquilibrées à l'étranger.

Il faut être clair : les Allemands doivent payer une taxe européenne à la zone Euro de 10 % à 50 % sur leurs excédents vis-à-vis des autres pays de la zone Euro. Ces sommes serviront au désendettement global. De même il faut interdire aux pays pétroliers excédentaires les opérations en capital chez nous. ils doivent équilibrer leurs recettes avec des achats de produits et de services. Pas en réemployant les sommes pour acheter notre patrimoine. C'est vrai aussi de la Chine.

Si ces actions peuvent être mises en place de façon concertée en commençant par la zone Euro, nous pouvons retrouver une phase de croissance longue. De 45 à 71 nous sommes passés d'un endettement de 400 % à 75-100 % en moyenne en Europe. Le chemin est donc déjà connu. Il suffit de suivre la piste.

Comme nous ne cessons de le répéter, nous ne croyons pas à la notion de "monde nouveau" auquel il faudrait nécessairement s'adapter, pas plus que nous croyons à la catastrophe imminente qui doit mettre fin à "l'anthropocène" dans les dix ans. Nous croyons à un environnement économique malade du fait de mauvaises structures et de mauvaises pratiques. Quand Nicolas Baverez affirme que les Français "doivent rompre avec le déni et présenter des projets ambitieux placés sous le signe de la thérapie de chox", il a raison. Quand il ajoute : "seule à même de remettre la France en mouvement , non pour une chimérique remontée du temps vers le rêve des trente glorieuses, mais afin d'épouser la marche du XXIe siècle" , il tue son discours. Supposer que les Trente Glorieuses ont été une exception et sont désormais chimériques montre qu'on en a pas compris les ressorts. Annoncer qu'il faut s'adapter à un monde qui sera nécessairement glauque tue tout espoir. Ajoutons qu'il est regrettable que Le Point ait cru bon de confier à Valérie Giscard le soin de faire la leçon aux candidats. On a déjà listé ici la somme invraisemblable d'erreurs qu'il a faites pendant son septennat dont la pire est d'avoir signé les accords de la Jamaïque. C'est gentil de constater que l'Education nationale est par terre. Mais qui a fait la réforme Haby ? Que la France est surfiscalisée. Mais qui a commencé ? Un homme qui n'a jamais connu le travail privé nous recommande de lire un livre de haut fonctionnaire, Jean Serisé, auteur de la "serisette", bien oubliée aujourd'hui, qui était le prototype même du délire bureaucratique. De qui se moque-t-on ?

Si nous rappelons que le système des changes fixes et ajustables, accompagnés de diverses mesures d'aides et de coopérations, a permis de mettre en place la sécurité sociale en Europe, malgré mille défauts et insuffisances, ce n'est pas par nostalgie du passé. Une bonne gouvernance dans de bonnes structures est la clé d'une société qui progresse socialement, ce qui est le but principal.

Cette nouvelle organisation ne sera pas l'organisation passée qui a disparu pour de bonnes raisons. Il faut créer un cadre de prospérité internationale sur des bases qui tiennent compte non pas d'une "mutation" de l'ordre des choses venant d'on ne sait où et qui nous serait tombé dessus sans que nous l'ayons vraiment voulu, mais de ce que l'on veut obtenir en s'appuyant sur des mécanismes bien connus. Des dysfonctionnements existent qui sont parfaitement compréhensibles et que l'on peut corriger.

Le "roman" politique construit autour du "changement", mais sans le risque, grâce à l'élection d'intelligents modernistes qui seraient capables de dompter les mutations, est une fantaisie de communicants ou un rêve de technocrate ivre de lui-même.

Bien sûr, l'économie n'est pas toute la politique. Notre pays être choisi comme ennemi à notre corps défendant par des puissances qui nous imposent des combats dont on se serait passé. La défense du corps social contre les agressions internes ou externes de toute nature est l'essence même du politique. Une politique de paix est nécessaire pour que l'économie prospère. La prospérité n'est pas garantie par la paix. Elle doit se construire. Dans un monde que l'on a voulu interconnecté, elle se construit à plusieurs. L'action publique doit donc associer aux efforts d'efficacité interne une diplomatie de la prospérité.

Définir les voies et moyens de cette diplomatie de la prospérité est un des thèmes qui sera récurrent sur ce blog pendant l'année 2016. Car c'est là où le vide intellectuel du débat public est le plus abyssal.

Cercle des économistes e-toile.

Que faire du privilège EDF-GDF du 1% ?

A l'époque de l'emprunt Pinay,  le gouvernement avait considéré que le "cadeau" fait aux épargnants souscripteurs de l'emprunt devait être accompagné d'une mesure symétrique vis-à-vis de la CGT. C'est comme cela qu'est né le 1% donné aimablement aux œuvres sociales de la CGT à EDF. Un achat de la paix sociale comme les politiques aiment en faire.

La suite du cadeau aux épargnants sera fort coûteuse pour le budget national et finira par tuer l'idée qu'il fallait "sucrer" les emprunts de douceurs excessives. L'emprunt amorti, l'avantage disparût pour les investisseurs.

Il eût été logique que par symétrie le 1% EDF disparaisse. " Horresco referens" ! La paix sociale à l'EDF-GDF vaut bien tous les reniements.

Pourtant, l'avantage, déjà disproportionné au départ, est devenu scandaleux sous le poids la hausse considérable du prix de l'énergie.

Pourquoi était-il disproportionné ? Parce que le 1% est un impôt sur les pauvres directement  au profit des salariés riches. Toujours pour des raisons de paix sociale et de possibilités de chantage, les salaires EDF et les avantages annexes (logement etc.) sont très élevés à EDF, quasiment les meilleurs possibles si on excepte la Banque de France

L'EDF vient d'annoncer une  baisse de 9.000  postes de travail en même temps qu'une hausse de ses tarifs.  Le corollaire est le resserrement des bénéficiaires du 1% et une augmentation de leur rente.  Cet avantage n'a aucune justification. Des esprits chagrins pourraient  même parler d'extorsion de fonds au profit d'une minorité. Même la plus socialiste des belles âmes serait bien en peine de justifier qu'on taxe les pauvres au profit des riches par le chantage au bon fonctionnement des centrales électriques.

Au moins EDF produit-il quelque chose. GDF ne produit rien. Les gaziers n'ont même pas l'excuse d'un effort redoutable de production, avec ses sujétions.

Ajoutons que les autres avantages ne sont pas minces :

- Des tarifs électriques quasiment gratuits (90% de remise).

- Les 32 heures pour une grande partie de l'effectif.

- Un départ à la retraite entre 55 et 57 ans (dans les faits 4.5 ans d'avance sur les autres) basé sur le salaire des 6 derniers mois avec une taxe spéciale la CTA  qui rapporte en moyenne 100.000 euros par salarié

- Une hausse des salaires souvent  supérieure d'environ 1% à celles  autres salaires.

On sait depuis longtemps que la gestion des œuvres sociales d'EDF a été pour le moins problématique, pour ne pas dire pénale.

Quelles sont les solutions ? On peut imaginer que la suppression pure et simple d'une injustice aussi criante  ne serait pas jugée convenable. Les Français adorent les privilèges depuis la nuit du 4 Août.  Peut-être peut-on tout de même suggérer deux mesures :

- Le plafonnement de l'avantage à sa valeur actuelle par tête, avec une formule de dépérissement progressif jusqu'à revenir à la moyenne des dotations du Comité d'entreprise des  grandes entreprises.

- Sa taxation d'une part à la CSG (15.5%) et à l'IRPP forfaitisé par exemple à 29,5%, soit un prélèvement total de 45% somme tout généreux par rapport aux excès fiscaux que nous connaissent les travailleurs indépendants.

En contrepartie, la recette fiscale serait affectée pendant tout le processus  à des baisses  sensibles bien que temporaires du coût de l'énergie pour les familles nombreuses  les moins bien pourvues.

Notons au passage que le cours de l'action EDF a légèrement baissé depuis 2011 :  il a été divisé par trois.

Tout cela est d'une beauté démocratique et d'une efficacité économique presque parfaite.

Christine Lagarde doit-elle être reconduite à la tête du FMI ?

Lorsqu'on évoque les questions de personnes au sein de grandes institutions, elles n'ont d'intérêt que dans la mesure où elles sont liées à des questions d'organisation et de conception.

Le renouvellement du poste de directeur général du FMI conduit à s'interroger sur l'institution elle-même.

Le fonds a été créé pour associer de façon organique les nations alliées dans le cadre coopératif des changes fixes et ajustables. Ce système impose aux Etats de faire attention à la valeur externe de leur monnaie et propose aux états en risque de sortie du commerce international des moyens d'y rentrer sans entraîner les autres pays dans la récession.

En un mot, les Accords de Bretton Woods associaient commerce international et monnaie, dans une optique coopérative et multilatérale de prévention des désajustements et de non-régression si un accident quelconque venait à en provoquer un. On ne voulait pas revoir la situation d'avant-guerre marquée par des dévaluations sauvages et massives, des barrières douanières, et une attitude constamment cauteleuse, sur fond de spéculation financière internationale échevelée.

Le vice constitutif des Accords de Bretton Woods était d'avoir fait du dollar le pivot du système des paiements, tout en donnant aux Etats Unis des privilèges exorbitants, comme celui du droit de veto au sein du FMI, en plus de localiser le siège du FMI à Washington. Les Etats-Unis ne pouvaient plus dévaluer par rapport à l'or. Il fallait qu'ils aient une politique très sage de maintien de la valeur du dollar par rapport à l'or. Le Benign neglect c'est-à-dire la négligence offensive et offensante l'a emporté et avec lui les Accords.

Il eut été plus sage de fixer une valeur étalon extérieure à toute nation, afin que tous les membres soient réellement à égalité et qu'aucun pays puisse payer ses déficits externes avec sa propre monnaie. De même, les délégués auraient été bien inspirés de mettre en place un système de pénalités en cas d'accumulation d'excédents majeurs de balance des paiements, comme il avait été suggéré par plusieurs économistes dont Keynes.

Nous eûmes les "Trente glorieuses" jusqu'en 1973. Puis une économie baudruche, où le taux de dettes global a grimpé continûment, où le taux de croissance a constamment fléchi, décennie après décennie et où les crises décennales sont devenues de plus en plus fortes, jusqu'à l'explosion finale.

Normal puisqu'on avait créé un non-système monétaire international basé sur le n'importe quoi et le sauve-qui-peut. Quand chacun fait ce qu'il veut quand il veut et que le meilleur gagne, il faut s'attendre à tout. L'important pour les promoteurs du non-système des changes flottants était de laisser les marchés faire le travail et fixer le cours des devises. Pour cela il fallait faire tomber toutes les barrières à la circulation des capitaux. Ce qu'on fit. Avec les résultats que l'on voit.

Une anecdote peu connue : les délégués à Bretton Woods furent sommés de libérer leur chambre d'hôtel extrêmement vite pour laisser la place à… une conférence de banquiers New Yorkais bien décidés à torpiller les Accords ! Ces banquiers avaient gagné beaucoup d'argent avant guerre en finançant les Etats. Ils craignaient de voir disparaître un pan lucratif de leurs activités si le fonds assurait la plus large partie des financements d'urgence. Ils manquèrent leur coup.

Après 1971, le bon business revînt au galop, dont le symbole est sans doute le financement de la Grèce pour diverses tricheries par Goldman Sachs autour de l'an 2000.

Dans un système où les grandes banques américaines, pour l'essentiel, ont pour objet avec quelques banques amies hors des Etats-Unis, de fixer les différents marchés, avec l'aide des banques centrales, le FMI n'a plus de rôle.

Il était convenu dès la création de l'Euro que le FMI n'avait à s'occuper ni des Etats-Unis, ni de l'Europe développée.

Dès la fin des années soixante-dix, on considérait que le FMI était une espèce de Banque mondiale au petit pied chargée d'aider les pays du tiers-monde. Il y fallait un Directeur général façon Sœur Thérésa. On eût Jacques de Larosière puis Michel Camdessus. Même cette évolution christique finit par s'étioler. On choisit des personnalités en attente de postes suprêmes dans leurs pays d'origine. Hans Kohler réussit. Rodrigo Rato et DSK échouèrent. De toute façon le poste n'avait strictement aucune importance et les statuts du FMI étaient violés tous les jours dans l'indifférence générale. Rappelons tout de même que ces statuts prévoient que les Etats membres s'engagent à n'avoir ni déficits ni excédents démesurés. Rions ensemble mes bien chers frères !

Un misogyne comme Eric Zemmour aurait pu écrire : comme le poste n'avait plus d'importance, pourquoi ne pas nommer une femme ? Christine Lagarde sera nommée parce que femme, française, parlant anglais et portant beau, sans jamais faire de l'ombre au maître américain. Un concentré de soumission et d'insignifiance, propre à rassurer tout le monde.

Le FMI sous sa férule, façon belle photo sur papier glacé, n'aura aucune idée, aucun diagnostic et aucune proposition pour réformer un merveilleux système qui avait explosé apparemment sans raison digne d'être exposé. Ludion commode et docile elle accompagnera les demandes des uns et des autres sans rechigner. Qu'elle le veuille ou non Christine Lagarde symbolise la forme de néant intellectuel que l'on reproche à des élites vues comme uniquement intéressées par leur carrière personnelle et par l'or versé indéfiniment aux heureux bénéficiaires des postes de direction des "machins" publics. Pour disposer en net et à vie des sommes dont bénéficie le directeur général du FMI, il faudrait actuellement qu'il ait accumulé dans le privé une fortune de près de 2 milliards d'euros après impôts, ce qui suppose qu'il aurait créé près de 5 milliards d'Euros de valeur dans sa vie.

Cela rend tout à fait charmant les exigences du FMI en matière d'augmentation fiscale pour les pauvres en Grèce. Jamais n'aura-t-on entendu un Directeur général du FMI proposer de payer des impôts normaux ! Faites ce que je vous dis et pas ce que je fais !

Personnellement nous sommes en faveur de l'idée que la France ait une "diplomatie de la prospérité". Les nominations aux postes de direction des grands organismes internationaux doivent entrer dans cette diplomatie. Le FMI doit être utilisé comme base de réflexion sur les défauts du système et moteur pour forger un nouveau consensus. Le sexe du candidat et ses dons en anglais ne sont pas des critères. L'important est la politique que l'on veut impulser.

Alors faut-il renouveler Mme Lagarde dans son poste ? Elle n'y postule qu'après avoir vérifié que ses chances présidentielles sont nulles en France. Elle n'a strictement aucun programme et n'a aucune consigne de la part du gouvernement français. Donc elle ne servira à rien tout en s'ajustant servilement à la politique américaine qui soutient un système désastreux. Hollande est content de ne pas avoir à affronter une femme qui a un peu de classe. Il n'a aucune politique internationale économique. Qu'elle reste à Washington ! Les Américains sont contents de sa gracieuse soumission et de son manque absolu d'initiative. Seule l'envie de lucre de quelques gros pardessus de la politique financière internationale peut la déboulonner.

Le FMI restera ce qu'il est depuis 71 : une administration tenace qui survit à la disparition de son rôle.

Alors pourquoi pas à nouveau Lagarde. Cela n'a strictement aucune importance, sinon pour son portefeuille. Et elle est française. Cocorico !

Statistiques du site

L'année 2015 devait être une année où on ne parlerait pas trop d'économie, d'abord parceque les Français sont las de "la crise", ernsuite parceque l'année devait être celle de la reprise générale grâce à "l'alignement des planètes", enfin parceque le calendrier électoral faclisait l'attention sur les questions locales. L'actualité a de plus été marquée par la campagne d'attentats menés par le fanatisme musulman, en début comme en fin d'année.  La question des migrants a achevé de porter l'attention loin de l'économie. En revanche le retour très politique de la question de la dette grecque a porté les regards vers la situation de la zone Euro. L'illusion que 2015 serait l'année de la reprise en France a fini par s'évaporer complètement en fin d'année, avec des résultats déplorables en terme d'emploi et de dette.

L'année 2015 aura été une fois de plus une année de confirmation des trois maladies du monde que nous dénonçons depuis l'ouverture de ce blog.

- La gouvernance mondiale de l'économie, basée sur les changes flottants et les attitudes non collaboratives entre nations, sans obligations d'aucune sorte sinon de participer à des réunions où on chante les beautés de la coopération sans la pratiquer, a une nouvelle montrer sa perversité. Soigner la dette par la dette ne conduit qu'à des effondrements supplémentaires de banquise de dettes. Les déséquilibres monstrueux de balances de paiements et les spéculations qu'ils permettent finissent toujours par des rectifications sanglantes.

- La zone euro est minée par son organisation inepte. L'Europe elle, est ravagée par son soucis d'abaisser les Etats en poussant les régions, son parlement qui n'a aucun sens pratique, son juridisme étroit, façon puceau mystique, sa soumission aux Etats-Unis, et les défauts insurmontables de son organisation depuis l'élargissement massif post effondrement de l'URSS.  Le soft power a montré ses limites en Ukraine. Schengen était une absurdité qui explose à la figure de tous.

- Le prurit fiscal français a encore fait des ravages liquidant tout espoir d'investissement et de croissance réelle et sérieuse. La démagogie qui règne en maîtresse exigeante à l'Elysées a fait de l'achat de vote la boussole unique de ce gouvernement. Le Président, ayant cru malin de lier sa candidature à la baisse même artificielle des chiffres du chômage, se voit obligé de monter une formidable usine à gaz pour sortir 500.000 personnes des statistiques. Une honte jamais vue, du moins à ce niveau là. L'absence de tout scrupule semble sa marque de fabrique. Un gouvernement de médiocres apparatchiks finit de se ridiculiser.

Sur tous les sujets qui nous intéresse directement, la situation s'est aggravée. Il est intéressant que les articles les plus lus sur ce site se concentrent désormais sur l'explicaton de la crise et la question de la monnaie.

La monnaie est bien au coeur de tous les phénomènes désastreux que nous vivons. Il est sympathique de voir que ce point perce de plus en plus au moins dans la blogosphère. Reste à le voir naître dans la consience des décideurs. C'est loin d'être le cas.

Au moment où se prépare les programmes électoraux présidentiels, on voit qu'aucun ne présente la moindre esquisse d'une "diplomatie de la prospérité". La France ne peut plus s'en sortir seule, même si les politiques peuvent laisser croire qu'ils sont tout puissants. Les crises sont mondiales et aggravées par des structures régionales fautives. Sans vision dans ces deux domaines, on fait semblant.

Mettre l'accent sur ce point sera un de nos travaux d'Hercule en 2016.

Bonne année à tous



Baltic index : Est-il significatif ?

On lit et on entend dans les milieux qui se croient au top de la compréhension du monde qu'il ne faut pas s'occuper du Baltic Dry Index qui ne serait pas significatif compte tenu des énormes investissements faits dans le domaine du chargement maritime, bien au delà des nécessités.

Les deux graphiques que nous donnons ci-dessous prouvent exactement le contraire. Bien sûr les indicesde prix sont plus volatils que les statistiques en volume, mais cette sensibilité ne les rend pas inutiles, bien au contraire.

Nous avions appuyé en partie en juin 2006 notre prévision qu'une crise gigantesque allait se produire justement en analysant d'une part l'énormité de la poussée des prix, absolument intenable et d'autre part sur la violence du retournement prévisible.

En début 2015, nous avions alerté que "l'alignement des planètes" qui générait à l'époque des espoirs infinis (certains écrivaient même que Hollande était un génie d'avoir prévu que la courbe du chômage allait s'inverser toute seule en 2015 lui offrant un trône pour cinq ans de plus !) était sans doute intéressant mais que l'atonie du commerce international était un signe inquiétant. Croisé avec d'autres indicateurs comme celui des prix marchands, cette évolution marquait que nous étions en plein dégonflement de l'activité de panique des Chinois qui avait animé le commerce international résiduel de ses actions de précaution vis à vis du dollar. La baisse du pétrole s'inscrivait non pas dans le cadre d'un surplus d'offre comme tous les analystes moutonniers l'affirmaient en s'appuyant sur le phénomène du schiste américain  mais d'abandon de la demande spéculative, comme pour l'ensemble des matières premières.

En un mot, 2015 était encore une année de résorption de la crise violente de 2008, dont le premier effet était, comme nous l'avons écrit dès la fin 2008, le blocage du commerce international. Les émergents n'ont connu de belles croissances post 2008 que parce que la Chine sécurisait son stock de dollar en achetant partout des vivres et des matières premières. Les Etats-Unis s'en sortaient mieux que les autres parcequ'ils payaient tout en dollars, leur monnaie émise ad libitum. L'Allemagne profitait à plein de la dévaluation de l'Euro et des déficits des autres pays de la zone euro. En un mot : le désordre post récession,  les défauts structurels du système monétaire mondial et de l'euro et la malgouvernance de certains pays clés, s'alliaient non pas pour séparer des pays vertueux et admirables  et des pays du Club Med et de l'indécence économique, mais pour générer des spasmes qu'il ne fallaient pas confondre avec des sursauts de l'économie.

Il semble en ce début d'année, que cette analyse ait été la bonne. Les spasmes continuent, avec des révisions constamment à la baisse de la croissance.

Sommes-nous entré dans la phase de récession "décennale" mondiale ? Rappelons qu'elle commence TOUJOURS par un choc boursier aux Etats-Unis. Le Dow Jones est à un niveau totalement surévalué et intenable, reflétant la trouille des investisseurs mondiaux et le repli dans la cour du château du seigneur. On y est pas tout à fait. Mais cela se rapproche.

Hélàs.

Et aucune réforme de quoi que ce soit n'est en vue. L'idée même que ces réformes soient nécessaires n'existe médiatiquement nulle part. Les deux seules réflexions en cours au FMI, qui trône sur ce désastre et manque totalement à ses devoirs, concernent le perfectionnement du système  : rendre le Yuan bien flottant, réussir le traité transatlantique sur plus de libre échange. Les Etats-Unis en restent à leur doxa : sanctionner les vilaines banques qui ont pu faire croire que le système était mauvais. Le Ru tente de sauver leur poumon financier qui respire les bulles comme d'autres la marijeanne.  Les Allemands profitent. L'Europe stagne dans la douleur et la morosité, à peine troublée par quelques farces et attrapes maghrébines, et l'aimantation des migrants. La France s'enfonce dans le chômage, les dettes et l'abaissement politicien de troisième ordre. 

Jamais le décalage entre la simple observation des faits et la réflexion publique, noationale, européenne et mondiale n'a été plus grand.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

 



In Memoriam

Nous reprenons ici un article du jour du site le figaro, simplement pour conserver les statistiques.

 

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Un an! Le chef de l'État n'a plus qu'un an pour inverser, même si ce n'est que de manière statistique, la courbe du chômage ou alors il lui faudra ruser (et mentir aux Français) pour justifier de sa candidature à l'élection présidentielle de 2017. Pour l'heure, son bilan en matière de lutte contre le chômage et de créations d'emploi est catastrophique. Surtout François Hollande fait pire en 43 mois de présidence que Nicolas Sarkozy sur l'ensemble de son quinquennat sur un certain nombre d'indicateurs clés, tous publics mais qui sont très rarement mis en avant ou en comparaison. La preuve par 5.

• Plus de chômeurs par mois

François Hollande bat Nicolas Sarkozy sur la hausse, par mois, du nombre d'inscrits en catégorie A à Pôle emploi. En moyenne depuis son élection à la présidence de la République en mai 2012, on enregistre quelque 16.351 chômeurs supplémentaires chaque mois, soit près de 3000 de plus que lorsque Nicolas Sarkozy était à l'Élysée (+13.455 chaque mois). Au rythme actuel de progression, on devrait dépasser le nombre de chômeurs supplémentaires enregistrés au cours du précédent quinquennat (+807.300 en 60 mois) à la mi-2016. Bref, François Hollande affichera un aussi mauvais bilan en 4 ans que Nicolas Sarkozy en 5, la crise mondiale de 2008 en moins.

• Plus de chômeurs de longue durée

A fin novembre 2015 (ce sont les derniers chiffres connus de Pôle emploi), le nombre de chômeurs de longue durée (sans emploi depuis plus d'un an) supplémentaires enregistrés depuis l'élection de François Hollande était de 782.500. Soit 254.700 de plus, au bout de 3,5 ans, que la hausse enregistrée pendant les cinq ans de mandat de Nicolas Sarkozy. Voilà pour le quantitatif. Il faut y ajouter le fait que ces demandeurs d'emploi sont ceux qui sont les plus éloignés du marché du travail et que leur réinsertion est la plus compliquée à mettre en œuvre. Et plus le temps passe, plus c'est compliqué! Pour eux, c'est donc une sorte de double peine…

• Plus de chômeurs seniors

Là encore, François Hollande explose les compteurs. Depuis qu'il a été élu président de la République en mai 2012, Pôle emploi compte 294.400 demandeurs d'emploi de plus de 50 ans en plus. Et ce donc, en 43 mois alors que le total atteint sous Nicolas Sarkozy, en cinq ans, n'était «que» de 253.700. Soit quelque 40.000 de moins! On comprend mieux pourquoi l'exécutif, dans ses communiqués mensuels, préfèrent ne pas parler des chômeurs seniors…

• Des baisses moins fréquentes

À fin novembre, François Hollande a 8 baisses mensuelles du chômage à son actif, dont la moitié sur les 12 derniers mois. Une performance qui, mêlée à d'autres indicateurs en tendance, permet aujourd'hui à Myriam El Khomri, comme à François Rebsamen et Michel Sapin avant elle, les trois ministres du Travail qui se sont succédés rue de Grenelle depuis le début du quinquennat, d'affirmer que la politique du gouvernement a bel et bien des résultats. En 60 mois de présidence, Nicolas Sarkozy avait totalisé 16 baisses mensuelles du chômage. Ce qui porte la fréquence des inflexions de tendance, pour l'actuel chef de l'État, à une tous les 5,3 mois et, pour son prédécesseur, à une tous les 3,75 mois.

• Plus de destructions d'emploi

Au troisième trimestre 2015, la France avait détruit pas moins de 191.000 emplois depuis l'élection de François Hollande, soit en 13 trimestres. Sur l'ensemble du quinquennat de Nicolas Sarkozy les compteurs se sont arrêtés à -255.200 emplois, soit en 20 trimestres. Ce qui porte la moyenne du nombre d'emplois détruits par trimestre à 14.692 pour l'actuel chef de l'État, contre 12.760 pour son prédécesseur. Dit autrement, le nombre de postes détruits sous François Hollande est supérieur de 2000 chaque trimestre à ce qu'il était sous Nicolas Sarkozy.

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Pour nous ce n'est pas tant la comparaison entre Sarkozy et Hollande qui compte que l'incroyable coût en emploi de la crise et des méthodes utilisées pour en sortir. Le choix fait en 2011 de la voie la plus facile (augmenter les impôts) a eu une conséquence tragique. Celui de Hollande de détruire le début de réformettes structurelles faites par son prédécesseur et de lancer une campagne de haine contre les riches , lui a valu d'emmener la France exactement dans la voie inverse des autres, avec des résultats inverses et déplorables.

Nous avions écrit ici que la campagne de 2012 avait été absolument honteuse et préfigurait le pire. Nous en avons eu la confirmation chaque année depuis 2012. Quand on élit un vulgaire démagogue, on obtient une vile démagogie. les Français, à 75% ne veulent pas revoir l'affrontement stérile de "Bidochon et Foutriquet". Ils ont raison.

Pour compléter cette courte incursion dans l'air du temps, notons que :

- Le Figaro titrait il y a moins de dix jours sur : 2016 l'année de la hausse des bourses. Et elles ont aussitôt perdu 10%.
- Déjà la foire aux vanités qu'est Davois monte en puissance dans les médias avec un thème porteur : le nouveau monde ouvert par les technologies. Faisons rêver avec le futur quand le présent est glauque. Quelle chance auront les abrutis qui paieront des fortunes pour voir et être vus : ils auront Walls, Tsipras et un représentant de la Corée du Nord. Manque que Maduro. Sur les causes de la crise, les raisons de sa durée, les réformes de gouvernance nécessaires dans la zone Euro et dans le système monétaire international, pas un mot. Bien sûr.
- C'est bien de se livrer à l'achat de vote, ce que le candidat Hollande ne cesse de faire depuis un an ; Mais il faut de plus qu'il achète la possibilité de sa candidature. Alors on lance un plan prélectoral de sortie des statistiques  de 500.000 chômeurs par inscription dans des formations bidons. Former des gens pour qu'ils constatent à al fin du cursus qu'il y a moins d'emplois offerts qu'avant est le genre de "solutions" qui font jouir les dirigeants démagogues.
- Les naissances françaises ont baissé en 2015. Comme dans les années trente la crise s'accompagne d'un déficit démographique.
- On continue à tuer des Français en 2016 comme en 2015.

Que penseront de la France, de son peuple, de sa presse et de ses dirigeants les historiens qui se pencheront sur la période ?

Ils seront sévères, très sévères.

Le Baltic dry index au plus bas historique

L'indice est à 429, son plus bas, alors qu'au plus haut il était à 11.385 !

Nous avions commencé l'année 2015 avec un fléchissement du commerce international. Il ne s'est jamais réellement rétabli et reste encore déprimé.  La baisse de tous les cours de matières premières pèsent sur tous les chiffres. Mais pas seulement. Le financement du commerce international n'est plus assuré. Dans la folie monétaire du moment, les acteurs veulent du dollar fort et fuient les autres monnaies. Même les Chinois, qui paniquent à l'idée de recevoir du Yuan et exigent d'être payés en dollars, ce qui relativise les effets de la dévaluation du Yuan sur la compétitivité de la Chine. Le recyclage des énormes excédents des pays pétroliers  n'est plus ce qu'il était.

Une fois de plus, il faut répéter qu'on ne peut pas faire passer les énormes convois de la mondialisation des produits  sur une passerelle monétaire incertaine, flottante et spéculative qui admet énormes excédents et énormes déficits. Lorsque toutes les bulles se dégonflent et lorsque la crainte emplit tous les esprits, les comportements sont faussés.2016 ne sera pas une année "normale". La panique rode partout. L'affaire de la bourse de Shanghaï n'est pas en soi une source d'inquiétude pour le monde du fait d'une dynamique éventuellement catastrophique. Elle est le symptôme d'un état du monde économique fragile où la crainte règne et que plus personne ne contrôle.

Le moteur de la croissance qu'était l'expansion du commerce international tourne au ralenti. Cela ne changera pas notablement en 2016. Huit ans après le déclenchement de la récession. Et rien ne bouge.

 

 

"C dans l’air" : l’art de commenter sans jamais expliquer

Beaucoup de journalistes font un excellent travail en présentant les faits : on trouve presque toutes les informations nécessaires à un bon diagnostic économique dans la presse. Les commentaires sont le plus souvent intelligents (pas toujours). Seulement voilà : Il manque systématiquement les schémas explicatifs. On glose, on ne perce pas à jour. On expose mais on ne décrypte pas. Le téléspectateur reste sur sa faim et ne peut rien conclure.

Prenons l’émission C dans l’air du 6 janvier 2016 : la fin ou le début de la crise ? Le sujet est excellent.  Depuis plus de deux ans, on nous explique que les meilleurs sont sortis de la crise et depuis un an, que même la France, en dépit d’un début de mandat que tout le monde s’accorde désormais à trouver catastrophique,  va s’en sortir grâce à l’alignement des planètes. Et boom : rien ne s’est passé comme prévu et la crise financière chinoise inquiète.

Bien sûr Marc Fiorentino est à l’économie ce que Pierre Bellemare est à la criminologie. Beau physique, beau parleur, il diffuse du bruit de fond avec l’assurance d’un boursicoteur de media prétendument initié. Ce qu’il dit n’a aucune importance mais permet de prendre la mesure de la sottise ambiante.  

Avec Philippe Dessertine, l’affaire est plus sérieuse. Brillant universitaire, dans le domaine de la gestion et de la finance, ce n’est pas à proprement parler un économiste. Il dirige l’IHF, l’Institut de Haute Finance.  Il est Président du Cercle de l’Entreprise, Vice-Président du Cercle Turgot et Membre du Grand Jury du Prix Turgot et participe à de nombreuses instances gouvernementales, permanentes ou occasionnelles. D’un physique avenant et d’une élocution claire, il a fait son trou dans les médias et notamment à la télévision.  Où il parle essentiellement d’économie, et non pas de droit, de comptabilité et de gestion financière, ses disciplines de référence.  On touche là une des ambiguïtés générales qui expliquent bien des dérives : certains ont fait de la « finance » une discipline à part de l’économie qui s’y serait même substituée. Les ringards feraient de l’économie,  les modernes de la finance.

Du coup notre commentateur va se trouver extrêmement gêné dès lors qu’il s’agit d’énoncer des critiques vis-à-vis des systèmes financiers mis en place dans ces dernières années et dans l’impossibilité de véritablement remettre en cause l’organisation monétaire et financière mondiale, source des crises à répétition que nous connaissons. Si la finance, c’est le bien, alors il ne faut rien dire qui fâche vraiment. Alors on présente, souvent très bien. Alors on commente, souvent avec talent. Alors on fustige, parfois avec raison. Mais on n’explique rien, surtout sur les sujets qui pourraient fâcher.

Les bourses chinoises dégringolent. La bourse, c’est de la finance. Vite inviter des spécialistes de la finance et de la bourse. On ne peut rien reprocher à Yves Calvi.  

Sur quoi ces « experts » peuvent-ils se mettre d’accord ?  Sur l’idée que nous serions dans un nouveau monde où tout est changé et où rien ne marche comme avant. Les ringards doivent se faire une raison : il faut se projeter résolument dans les nouvelles réalités en laissant tomber les vieilles peaux du siècle passé. De nouvelles lois de l’économie (qu’on ne précise pas) exigeraient qu’on abatte les vieux systèmes notamment de protection sociale et « qu’on s’engage résolument dans le XXIème siècle ». Nos malheurs viendraient non de cette modernité, bonne en soi,  mais du fait navrant que nous n’avons pas su la maîtriser.

Quels sont les mots qui reviennent ? Mutation, crise différente, changement d’époque,  on a jamais vécu çà , voyage en terre inconnue, situation paradoxale ; raisonnement du passé inadapté,  France en retard, cancre comme la France, où sévit un « amateurisme économique fabuleux », pas de pression de faire des réformes, risques pires qu’en 2007, les valeurs n’ont plus de sens, impuissance si cela part en vrille, dominos écroulés en cascade, situation tendue…

On ne peut pas plus anxiogène On culpabilise ainsi le téléspectateur à qui l’on demande de changer ses anciennes visions. On fait de la chaleur autour d’attitudes.

Mais on n’explique rien. Et finalement on ne prévoit rien. Sans diagnostic, pas de pronostic et pas non plus de thérapeutique. Cela occupe le retraité inquiet pour son bas de laine, qui de surcroît, pense qu’on le défend. C’est un genre. Rien à dire. Cela fait un peu d’audience et cela nourrit quelques familles.

Quelle est l’erreur fondamentale ? C’est de croire que l’économie est une saine réalité qui s’impose à nous  et qu’on doit affronter son nouveau cours avec courage, comme un plaisancier de rivière  devrait ajuster ses méthodes pour faire face à une tempête en mer.  En vérité, l’état de l’économie dépend des institutions et nous sommes non pas dans une économie nouvelle mais dans une économie malade.

Cette vision change tout. Les organes ne suivent pas un cours nouveau symptomatique d’une nouvelle biologie ; ils s’étiolent sous le coup de la maladie. Nous n’avons pas à nous adapter à une nouvelle vie, mais à retrouver la santé en agissant sur les causes de la maladie. Nous n’avons pas affaire à une nouvelle normalité mais aux effets anormaux d’une situation dégradée par des défectuosités gravissimes.

L’intérêt se porterait sur le diagnostic et la pertinence des intervenants serait associée à la capacité de l’exposer et de proposer des remèdes. L’affaire serait moins anxiogène et plus centrée sur les obstacles à vaincre pour que le traitement démarre.

La crise chinoise est exactement du même type que la crise allemande lorsque ses réserves abusives se sont retrouvées en danger, et que la crise du Japon quand son système bancaire a été tué par les pertes accumulées sur les créances extravagantes accumulées dans les années 80.  Il n’y a pas de loi nouvelle de l’économie mais répétition d’un mécanisme connu.  Comment a-t-on pu laisser ces excédents gigantesques s’accumuler alors qu’ils sont interdits par les statuts du FMI ? Voilà la question. Elle ne sera pas posée. Trop dangereux. Cela supposerait de revenir sur le système monétaire déviant et dangereux mis en place par soumission aux Anglo-saxons. Finies les belles carrières de journalistes conformes ; les jolies conférences aux Etats-Unis ; les nominations avantageuses.

Le merveilleux défricheur d’un monde nouveau deviendrait un ennemi de l’Amérique et de la modernité. Un attardé qui veut revenir en arrière, un dangereux qui  fait porter une responsabilité directe à des organisations puissantes jugées défaillantes ; un ennemi ! L’aimable lanceur d’alerte qui suggère à tous de courber l’échine et de s’adapter, ne peut pas se convertir en imprécateur qui veut remettre en cause des modes de fonctionnement dangereux mais rentables, à court terme,  pour quelques-uns.

Alors va pour des commentateurs à belle gueule, bonne élocution et pensées conformes ! L’air est vicié. Mais c’est dans l’air.

Anatomie du pathétique en économie

Rappelons deux chiffres français :

-          La dette « globale » telle que définie par l’Insee (très minorée tant de nombreuses obligations de payer sont ignorées) est de plus de 4.000 milliards d’euros

-          La dépense publique est de plus de 1250 milliards d’Euros

Ces deux chiffres sont à rapprocher de la valeur ajoutée des entreprises de plus de 1 personne du secteur marchand non financier : environ 1250 milliards d’euros.

L’amortissement d’une telle dette et le paiement des intérêts exigeraient d’y consacrer la totalité de la valeur ajoutée précédente.

Le paiement de la dépense publique sans endettement supplémentaire exigerait également l’engagement de la totalité de la valeur ajoutée précédente.

En plus il faudrait tout de même payer les salaires et rémunérer le capital.

L’intégralité des réflexions discutées dans la presse touche les moyens de doper la production en dépit des forces considérées comme contraires de la numérisation et du partage entre particuliers. Pourquoi pas ? Mais qu’on remarque, au moins de temps en temps, que, de toute façon, une augmentation de la production ne réglera rien, sauf à envisager un triplement, ce qui paraît tout de même incertain.

L’échec du CICE et de la politique de l’offre tient entièrement au fait que même si ce n’était pas une grossière manœuvre politicienne de F. Hollande (ce qui est l’opinion de l’auteur) elle ne peut pas avoir de résultats probants sans que tous les autres facteurs de la prospérité économique ne jouent dans un sens favorable : commerce international en hausse,  baisse de la fiscalité, baisse de la dépense publique, réduction de la dette globale etc.

Nous voyons bien que le maintien d’un système monétaire international désastreux dans le monde et dépressif en Europe provoque à la fois un détournement des ressources vers des spéculations hasardeuses qui finissent toujours par imploser, des crises boursières et de changes, conjointes et  récurrentes, ainsi qu’une très faible croissance du commerce international. Dans un tel cadre nous n’avons rien à attendre de l’extérieur. Sans croissance mondiale coordonnée, aucune baisse de la dette globale n’est possible autrement que par des « effondrements de banquises » avec tsunamis associés. Il est amusant de voir comment l’effondrement boursier chinois est minimisé dans la presse, alors qu’il a des effets sévères sur toutes les bourses. Au même moment où le Figaro annonçait en première page une année formidablement positive à venir sur les bourses, le CAC40 se retrouve à près de 4400 points. 3.800 est le signal d’un état de crise de défiance  ouverte ! On n’en est plus loin. Pour les commentateurs, ce chaos est, semble-il, suffisamment modeste pour qu’on ne le commente pas. L’affaire est purement chinoise, comme la crise de 1998 était une affaire bénigne liée aux « cronies » des pays émergents. Qui rappellera que la RFA avait accumulée d’énormes excédents pour finir par en perdre une grosse partie dans les années 70, que le Japon lui avait succédé dans l’exercice et s’était retrouvé en faillite bancaire après la crise de 92-93  et que la Chine leur a succédé avec les mêmes résultats vingt ans plus tard. Les mêmes mécanismes sont à l’œuvre. Personne ne le remarque ni n’en donne l’explication. Comme si l’histoire économique était un exercice futile.

De même, on voit le gouvernement français tout à sa tâche de perfectionner le socialisme à la française, d’abord avec la prime d’activité dont le fondement est tout de même un peu étrange, la mise sous tutelle définitive de la médecine libérale, la collectivisation de la complémentaire santé, la baisse autoritaire des loyers, l’étouffement du (théoriquement) fort au profit du (théoriquement) faible, la consolidation de la sphère protégée . Certains y verront une formidable constance dans l’amélioration de la situation des « sans dents », d’autres (dont l’auteur) du pur achat de votes en vue des présidentielles, avec « suppression » achetée à crédit et totalement artificielle de 500.000 chômeurs dont la présence interdirait au sortant de se représenter.

Les rapports « actifs payeur / subventionnés » et « actifs non protégés/actifs protégés » s’aggravent donc continûment en France depuis 2012, en même temps que les désordres monétaires et financiers internationaux interdisent  toute croissance coordonnée et rapide.

Ce qui veut dire que l’écart entre valeur ajoutée des entreprises telles que définies et besoins de financement ne cesse de se creuser, ce qui implique l’emploi d’expédients de plus en plus radicaux pour que tout n’explose pas tout de suite.

Il va de soi que l’essentiel du débat économique dans la presse devrait se concentrer sur la réforme du système monétaire international et sur la réduction programmée et cohérente de la dépense publique en France. C’est le silence total sur le premier sujet et tout le monde semble d’accord pour penser que c’est après les élections présidentielles qu’il conviendra de parler chiffres avec les Français, même si Fillon a posé en partie la question et si Juppé compte faire de même dans peu de temps. Aucun ne peut proposer « des larmes et du sang »  contre un démagogue qui non seulement a « acheté le vote des masses » mais prétendra que sa politique a  marché en terme d’emplois et que seules les entreprises sont responsables  de ne pas avoir saisi  la main fiscale bien beurrée qu’on leur a tendu.

De toute façon on ne peut pas présenter les bienfaits d’une punition sans faire entrevoir une victoire. La victoire est impossible sans réforme du système monétaire et mondial et européen. « Nous allons nous en sortir seul » est un leurre bien intentionné, même si, naturellement, beaucoup doit être fait en interne.

Coincé entre le parasitisme démagogique des candidats socialistes et populistes à la présidentielle,  et la soumission béate à la finance anglo-saxonne et aux milieux européistes, un candidat proposant une politique responsable n’a pratiquement pas  de moyens de se faire entendre.

Il est tout de même dommage que la presse se fasse le complice d’une absence tellement pathétique de réflexion économique un peu  sérieuse et se contente d’asphyxier le débat en le détournant vers des sujets secondaires, spéculatifs, et finalement sans impact.

 

Post scriptum

Trois brèves dans le Figaro du 6 janvier 2016 :

« La France a emprunté 8.161 milliards d’Euros à court terme (13 à 48 semaines) à des taux compris entre -0.38 et -0.45% ».

« La Banque populaire de Chine a injecté 18 milliards d’euros sur le marché pour enrayer la chute boursière »

« La SNCF engagera en priorité des agents au statut de cheminots ».

Elles donnent une parfaite vision de ce qui se passe aujourd’hui.

La finance mondiale et les changes sont toujours en folie, huit ans après le début de la crise. La zone Euro a besoin de taux d’emprunt négatifs pour survivre. La France se gave des poisons qui l’ont tuée.

Et on nous reproche d’être pessimistes !

Sus aux « contractionnistes » !

Ceux qui s’intéressent un peu à l’histoire économique contemporaine (ils sont très peu nombreux, surtout dans les sphères décisionnaires) se rappellent qu’en juillet 1944,  parmi les délégations présentes à la conférence de Bretton-Woods pour fixer le cadre d’un retour à la prospérité générale, la fureur s’employait contre les « contractionnistes ». Le  « contractionnisme », tel était l’ennemi.   Il imposait des restrictions aux échanges, une déflation plus ou moins sévère, des manipulations de changes, dans un esprit de sauve-qui-peut général. Donc non ! Vraiment non !

La guerre de 1914 ayant marginalisé les étalons monétaires métalliques au profit d’une monnaie de papier imprimable sans limite, le commerce international était à la merci de tous les excès, de tous les malthusianismes, de tous les à-coups nationalistes dans le domaine des monnaies. Avec comme conséquence une crise générale et durable.

Du temps de l’étalon-or, l’or restait stable et les prix locaux étaient tenus de s’ajuster, éventuellement à la baisse.  Les déflations liées à ce système étaient violentes et provoquaient des récessions sévères, en général accompagnées de mouvements de révolte populaire. La croissance globale était de ce fait assez faible : environ 1% l’an sur l’ensemble du XIXème siècle. Bien sûr, les banquiers, notamment à Londres, s’empressaient pour limiter la casse. Des opérations en capitaux permettaient de limiter les besoins d’ajustement par la déflation. 

Certains ont cru après la guerre de 14-18 qu’on pouvait d’une-part revenir à l’étalon or et d’autre-part, le faire par la baisse des prix. Sauf que la création monétaire et les dettes avaient été tellement fortes et les déséquilibres poussés à tel point, que ces politiques n’aboutirent à rien sinon à la crise de 1929. 

Keynes et sa Théorie Générale signèrent un changement de vision. Puisqu’on en était maintenant arrivé à un système généralisé de « fiat money » (c'est-à-dire une monnaie qu’on pouvait multiplier à l’infini pratiquement sans frais), tenter de rétablir sa compétitivité par la déflation était contre-productif. Il fallait inventer autre chose et surtout faire la chasse aux « contractionnistes » qui amputaient la « demande globale » et provoquaient une spirale de dépression. 

Les Accords de Bretton Woods signèrent la victoire de ces idées, même si le plan White l’emporta sur le plan Keynes. L’idée de Keynes étaient de créer une véritable banque mondiale qui, manipulant une monnaie elle-mêmemondiale, le Bancor,  spécifique et réservée à la compensation inter-états, permettrait d’éviter qu’un pays en manque de devises soit obligé, pour rétablir ses comptes extérieurs, de se lancer dans des restrictions qui pousseraient tout le monde dans la crise. Un tel système n’était viable que s’il n’y avait pas de trop grands excédents et de trop grands déficits et si les monnaies nationales restaient en ligne avec la monnaie mondiale, réévaluations et dévaluations restant possibles mais dans des limites raisonnables et avec l’accord de tous. L’or était, dans ce système, totalement démonétisé (une obsession de Keynes). Un organisme supranational se chargerait de vérifier que l’aide ne tourne pas à la licence.  L’idée de White était de créer un « fonds » où la monnaie internationale serait l’Unitas, bientôt remplacé par le dollar, aussi solide que l’or. Les possibilités de création monétaire par le fonds seraient réduites.  L’or continuerait à jouer un rôle. Mais les règles du jeu seraient les mêmes : pas de déficits ou d’excédents majeurs ; monnaies stables dont la valeur externe serait de la responsabilité des Etats ; changements de parités possibles mais dans certaines limites, avec l’accord de tous et un gendarme évitant les abus.

Ce système a tenu jusqu’en 1971 et accompagné les « Trente Glorieuses ». Les contractionnistes avaient perdu et les expansionnistes gagné.

Il a explosé en 1971 du fait que l’imperium américain a décidé de s’affranchir de ses responsabilités monétaires particulières. La dissymétrie du système de Bretton-Woods était son défaut majeur. La multilatéralité entre égaux  était la vraie solution, comme Keynes l’avait vu. La monnaie d’un Etat ne doit pas être la monnaie du monde.

L’explosion de 1971 a eu deux conséquences organisationnelles en apparence totalement opposées et en vérité quasi similaires dans leurs effets néfastes.

Le monde est passé aux changes flottants, c'est-à-dire à un étalon dollar flottant sans plus aucune organisation des soldes de balances de paiements. Chacun faisait ce qu’il voulait et on verrait bien ce que les « marchés » diraient. Pour cela il fallait des marchés. Alors on a libéré totalement les mouvements de capitaux à court terme. On obtint un retournement de la courbe de l’endettement global qui, à 400% du PIB en 44 était repassée sous les 200% en 1971 et qui montera à nouveau à 400% en 2006 provoquant la crise que l’on sait. L’Allemagne, le Japon, la Chine furent autorisés à accumuler des excédents démentiels, source de replacements et de création monétaire globale. L’économie baudruche était née, avec ses explosions périodiques et le retour des « contractionnistes » pour y faire face, comme en 1929.  

L’Europe elle, qui voulait mieux solidariser ses monnaies dans le cadre de l’UEM décidée en 1969, fut abasourdie par le passage aux changes flottants. D’expériences malheureuses en expériences malheureuses, elle se décida pour une monnaie plurinationale unique, l’Euro.  Mais les traités ne précisèrent en rien les obligations des Etats membres en termes de balance des paiements intra européenne. Le seul moyen pour ajuster les économies déficitaires restait la récession et la déflation. On pensait qu’il suffirait de libérer totalement les mouvements de marchandises, de capitaux et de personnes, pour que les ajustements se fassent spontanément. Douce illusion !

Tenants des changes flottants et de la monnaie unique s’accordaient pour que la liberté totale des mouvements de capitaux, de personnes et de marchandises soient le ferment des ajustements. Que les défaillants se débrouillent et se remettent dans le jeu par la contraction de leur économie.

Les Contractionnistes ont donc gagné dans chacun des deux systèmes.

Ce qui est un contresens historique et une honte, une erreur intellectuelle et morale.

Dans les pays où contractionnisme et socialisme se sont mêlés, comme en France, la situation est devenue inextricable. L’économie a été mangée de l’intérieur par la démagogie redistributive et se retrouve déficitaire vis-à-vis de l’extérieur avec des effets dépressionnaires permanents. Revenir à la prospérité dans de telles conditions est quasiment impossible. 

La seule issue est d’obtenir la réforme des deux organisations internationales défaillantes :

-          Dans le cadre global, retour aux changes fixes et ajustables par consensus, ainsi qu’à la responsabilité des états vis-à-vis de la valeur externe de leur monnaie et de leurs excédents et déficits,.

-          Mise en place d’un mécanisme de compensation des excédents et des déficits, piloté par un « chancelier de la zone euro », au sein de l’Eurozone, avec prévention des désajustements et pilotage globalement expansionniste des retours à l’équilibre.

Alors et alors seulement sera-t-il possible de sortir sans trop de casse la France de l’impasse où elle s’est fourrée, en partie toute seule et en partie parce qu’elle y a été conduite par des systèmes extérieurs dangereux.

Idéologie socialiste résiduelle, tradition judéo chrétienne de charité et énarchie compassionnelle sont des attitudes pleines de bons sentiments. Mais elles  se sont lié à la démagogie électorale pour pousser au-delà du raisonnable la dépense publique et elles ont fini par stériliser les ressources productives vitales de la France. Manger et boire sont les moyens de la vie mais on creuse sa tombe avec ses dents et l’excès de boissons mène à la déchéance. La France doit entrer en cure de désintoxication.  Il faut déconstruire en douceur un système de transferts  excessifs, et réduire les abus de subventions et d’allocations qui ruinent la France, pour reconstruire un outil de production efficace. En Europe et dans le monde, il importe de rendre possible des systèmes monétaires compatibles avec des ajustements non «contractionnistes».

Une action qui demande, en interne, à la fois du doigté dans le dosage des redéploiements de ressources afin que les ajustements se produisent sans drame social, et, à l’extérieur une compétence, un sens diplomatique et une force de conviction peu commune.  

Voilà ce que serait un vrai programme économique et social présidentiel, si, un jour, nous consentons à élire des présidents dignes de ce nom et si les partis renoncent à penser qu’en créant un « marais » de micro factions à l’Assemblée nationale par la proportionnelle, on aboutirait mieux aux « compromis » nécessaires. Une politique réussie n’a pas besoin de compromis. Le consensus ne viendra que beaucoup plus tard quand la réussite sera là. Le pavois présidentiel ne doit pas être le but ultime du narcissisme politique de médiocres astucieux, mais le lieu où s’impulse les actions déterminantes pour l’avenir du pays, en s’appuyant sur l’accord de fond des Français et la réflexion des élus. Il ne faut pas parler de rupture radicale mais de guérison progressive. Desserrer les baillons règlementaires et fiscaux en redéployant mieux les ressources rares générées par les Français, n’est pas un acte de casse sociale mais d’oxygénation et de sauvetage de notre modèle social. Empêcher les inondations n’interdit pas d’irriguer : c’est même la condition de l’irrigation.

Pour réussir un tel projet économique, le prochain président idéal devrait être, en même temps, un leader affirmé, capable de fixer le cap que nous venons d’esquisser, un chef d’orchestre attentif, capable de mener à l’unisson une équipe convaincue,  et une personnalité d’une influence suffisante pour infléchir la politique européenne et internationale dans un sens positif.  

On imagine bien que les candidats-nains  s’accorderont pour exclure l’économie des thèmes fondamentaux de la campagne présidentielle. Les candidats nécessaires s’élèveront à la hauteur des enjeux économiques.

Utinam…

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

2015 : une nouvelle année « Hollandibilis ».

Eric Zemmour signe un billet dans le Figaro Magazine où il se réjouit que la question « qui sommes-nous ?» remplace celle de « combien gagnons-nous ?». « Les questions économiques avaient imposé leur diktat au politique transformant les politiques en administrateurs et en hommes de spectacle ».

On ne voit pas trop pourquoi l’économie aurait transformé les hommes politiques en « guignols de l’info ».  L’évolution des médias suffit seule à expliquer cette mutation. On ne voit surtout pas pourquoi l’urgence économique se serait tout à coup évanouie.

La vérité est que les politiques évacuent systématiquement l’économie du champ électoral.Les deux dernières élections présidentielles en témoignent. Nicolas Sarkozy ne voulait pas voir venir la crise et annonçait des croissances mirobolantes grâce à son « américanisme », un peu comme le facteur Tati faisait des tournées « à l’américaine » dans Jours de Fête. François Hollande expliquait la crise par les erreurs de son prédécesseur, ce pelé et ce galeux, et entendait revenir en deux coups de cuillères à pot à la prospérité française en sanctionnant la finance, en faisant payer les riches et en ne signant pas « tel quel »le traité Merkozy.  Il est clair que les élections prochaines verront une nouvelle fois les réalités économiques évacuées du débat public.  Sauf pour Eric Zemmour qui prétend que « tous ces grands esprits entendent qu’on parle à nouveau du chômage d’économie, de fiscalité ».

L’année 2015 signe une défaite nouvelle pour François Hollande sur à peu près tous les aspects de l’intérêt national mais surtout sur le front économique. Ceux qui pensaient que l’année Horribilis de 2013 aurait servi de leçon en sont pour leurs frais. Nous avons eu 2014 puis 2015, une nouvelle année Hollandibilis, en dépit de tous les espoirs, soulignés à grands coups de trompettes médiatiques, que suscitaient le passage à une politique de l’offre et « l’alignement des planètes » (dévaluation de l’euro, baisse des prix du pétrole, baisse des taux d’intérêt, plan d’investissement européen…).Tous les indicateurs économiques marquent des aggravations : déficits extérieurs, dépenses publiques, prélèvements, emploi marchand, dettes, chômage, prix, construction etc. La déflation, crainte en début d’année, s’est installée, avec encore une baisse des prix pour le dernier mois connu.

Le candidat puis président  Hollande l’avait annoncé sans vergogne : « Je distribuerai en fin de mandat ».  Il débite désormais son chapelet de mesures électoralistes. Inlassablement, il accumule les gracieusetés payées par les autres. Il le fait en restant totalement indifférent à l’état courant de l’économie. Il le fait avec un mépris total des conséquences à moyen et long termes. On ne voit pas très bien où Zemmour a vu Hollande en « administrateur ». Alors que l’économie stagne, il cadre sa réélection par des mesures démagogiques ciblées prévues longuement à l’avance et qui aggraveront tout. 

La généralisation du tiers payant est la mort de la médecine libérale, puisqu’elle fait des médecins des otages absolus des décisions de rémunération déléguées à la Sécurité sociale, organisme bureaucratique dirigée par les syndicats, incapable de se réformer et ruinée, qui se moque totalement du niveau de vie des médecins tant qu’il n’est pas en dessous du plus faible des salaires du plus mal classé de leurs apparatchiks. On les prive même de leur liberté d’appréciation en matière médicale en les subordonnant à des instances administratives régionales meublées d’incompétents (c’est pour cela qu’ils ont choisi ce métier). Leur paupérisation est programmée. Qu’importe que désormais les queues et les délais s’allongent partout en France et qu’on parle désormais de déserts médicaux. La gratuité, c'est-à-dire le paiement par les autres, entraîne toujours la répression des producteurs, la surveillance des consommateurs, la ruine des financeurs, et la raréfaction des produits et services.    

La réduction autoritaire et le blocage des loyers imposés par la loi imbécile d’une certaine Duflot, qui pense que sa nullité agressive lui vaut mérite et la pousse vers les sommets de l’Etat,  aura les mêmes conséquences à terme que les lois de 1948 : la raréfaction des logements à louer ; l’aggravation du mal logement ; des tensions partout. Associées à des surtaxations extravagantes, les mesures annexes de la loi imposent de nouvelles règles extrêmement coûteuses, qui ont provoqué la chute des mises en chantier. Alors on a aggravé la violence contre les propriétaires. On parlait de freiner l’activisme idéologique des lobbies malthusiens en matière de normes coûteuses, voilà que le mois de janvier voit mille règlementations se mettre en place qui font flamber le coût des copropriétés : Collectivisation des mutuelles de santé avec une hausse des coûts importantes pour tout le monde, (employeurs comme salariés), au seul profit des assureurs, devenus des assistants du Trésor ; paperasserie et obligations nouvelles des syndics qui font flamber les honoraires ; obligations médicales diverses, comme la pose en pleine vue de défibrillateurs dans les porches...   Ici encore on pare les conséquences à court terme en prenant des mesures radicales comme une hausse prévue par Mme Hidalgo de 100% de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires (alors qu’elle avait annoncé qu’elle n’augmenterait pas les impôts !) ou les projets de taxe d’habitation sur les maisons non habitées. Bien relire la phrase : on taxe un habitant même quand il n’existe pas.  Les socialistes traversent toutes les logiques et mettent à bas tous les principes pour faire face aux conséquences de l’imprévision des conséquences de leurs propres décisions, en aggravant tout. C’était la « logique » folle de l’Union Soviétique, où chaque nouvelle décision, imposé par les conséquences des précédentes,  violait tous les principes et faisait de la vie quotidienne un enfer délirant.

La « gratuité de la vie » est un grand must socialiste. « A chacun selon mes besoins électoraux » est le leitmotiv. Après l’extension des allocations aux 18-25 ans, voici qu’on subventionne les petits salaires. La rémunération n’est plus fonction de l’utilité sociale du poste mais de l’idée que se fait le Président de ses besoins électoraux. Ce n’est plus l’économie qui, par son progrès, fait grimper les rémunérations ni le mérite des uns et des autres. On emprunte ou on taxe pour redistribuer non plus aux personnes vulnérables ou empêchées, ce qui est l’essence même de la sécurité sociale, mais pour faire grimper artificiellement la rémunération de certaines catégories électoralement nombreuses. On a compris que les « coups de pouces au Smic » ruinaient les entreprises et l’emploi. Alors on donne directement de l’argent public sans impacter de façon trop visible l’entreprise. Cet argent est néanmoins pris quelque part. Soit sur les générations futures, par l’emprunt qu’il faudra bien rembourser un jour, au moins payer les intérêts ; soit sur les « riches » qui sont déjà tondus à zéro et qui, en net après impôts, gagnent désormais souvent moins que les nouveaux « damnés de la terre ».  Les « riches » fuient ou cessent d’investir. Mais qu’importe. Personne n’osera plus toucher à ces allocations qui, comme la prime de Noël, la prime de rentrée, ou autres libéralités démagogiques, verront des réclamations éternellement à la hausse que les politiciens professionnels se feront un plaisir de satisfaire dans l’espérance de quelques voix de plus. L’achat de vote est désormais bien installé dans les mœurs.

En France plus des deux tiers des résidents de plus de 18 ans attendent des autres leurs revenus et le financement de leurs frais de santé.  Rappelons tout de même les chiffres : 15 millions de retraités en 2016 plus 6 millions de chômeurs, plus 2 millions de personnes ne travaillant pas et vivant d’allocations, soit tout de même  23 millions de personnes ne travaillant pas du tout. Ajoutons presque 6 millions de fonctionnaires et près de 2 millions d’employés des associations financées par l’argent public, qui dépendent pour tout leur revenu de l’Etat et maintenant 6 millions de « salariés pauvres » pour une parti. A ces 14 millions de personnes il faut ajouter la paysannerie avec ses 30.000 euros de subventions par exploitation, et mille métiers subventionnés de milles façons. Quarante millions de Français adultes en tout ou partie accrochés à la mangeoire publique. Raisonnable ?  

Tout cela payé par 200.000 à 1 million de personnes encore un peu prospères ?

Cette France quasi totalement socialisée où le revenu par tête baisse continûment, où l’emploi marchand est aujourd’hui à 15, 848 millions de salariés, soit le même chiffre qu’en 2001 et le tiers du nombre des personnes inactives qui vivent de redistribution, où tous les problèmes s’aggravent, où plus rien ne marche vraiment (c’est de plus en plus le « n’importe quoi généralisé » du fait de l’impossibilité de disposer d’une force de travail compétente, motivée et organisable), où la rue est devenue un égout, cette France s’enfonce inexorablement, gangrénée par une démagogie (et non par l’esprit gestionnaire, Monsieur Eric Zemmour) tellement cynique qu’elle s’assume comme telle en rigolant et qu’elle touche en cascade tous les échelons de l’Etat.

En fait les politiciens français ne « gèrent » plus rien, parce que la France qu’ils dirigent se ridiculise tous les jours par ses résultats économiques grotesques, parce qu’elle ne pense plus rien, parce qu’elle n’est en pointe sur aucun débat économique, sur aucune querelle d’organisation.

Les prix baissent. Nous sommes donc en déflation, malgré les immenses inondations monétaires de Mario Draghi. Pourquoi ? Silence. L’Allemagne empoche de fabuleux excédents. Tout le monde sait que dans une zone de monnaie unique si un pays accumule des excédents massifs, surtout si la zone est globalement excédentaire, alors des pays doivent avoir des balances hyper déficitaires qui poussent à la déflation. Peut-être quelqu’un, dans ce gouvernement de « gestionnaires » pourrait rappeler que les excédents massifs sont interdits par les statuts du FMI et devraient l’être par ceux de l’Eurozone. Pas un mot. C’est la Commission Européenne qui s’inquiète dans la plus totale impuissance. Où est la France ?

La conjoncture mondiale est partout extrêmement difficile. La valse des monnaies est permanente. Tout est déréglé. En dehors des Etats-Unis et de l’Allemagne, plus quelques pays africains, la crise est partout. La panique est partout. Le FMI finit par corriger ses perspectives de croissance mirobolantes… à la baisse.  2016 sera une année « décevante ».  Quel plan d’action ? Quelles propositions de la France ? Quelles propositions du FMI ? Les énormes quantités de monnaies créées par les banques centrales ont réanimé les spéculations, ce qui a profité aux  Etats-Unis, qui paient leurs dettes dans leur monnaie. La hausse des intérêts aux Etats-Unis risquent de polariser un peu plus les flux de capitaux flottants, au détriment de tous. Après que l’élan de la petite reprise des affaires exportée par les Etats-Unis  se sera évanoui, le risque d’un à-coup conjoncturel de moyenne importance entre juillet 2016 et juillet 2018 devient fort. Qu’elle est la stratégie de la France ?

Bien sûr, on trouve dans l’opposition, notamment du côté de François Fillon, des gens qui pensent économie et redressement.

Ils ont bien compris qu’il fallait agir sur les grandes masses vivant de subventions qui coulent la France. Ils picoreront dans la longue liste des « mesures indispensables » :

-          Réduire le nombre des retraités par une hausse importante de l’âge du départ à la retraite et un alignement de tous les régimes sur celui des salariés du privé. Et probablement baisser le niveau des retraites.

-          Réduire le nombre des chômeurs en créant un cadre répulsif pour ceux qui veulent profiter du chômage sans véritablement chercher un emploi.  Des allocations temporaires, dégressives et plafonnées sont la seule solution.

-          Réduire le nombre des fonctionnaires et leur coût. Ce qui suppose des mesures très dures : baisse autoritaire des salaires de tous ceux qui ont eu des croissances de salaire supérieures à la croissance moyenne dans les deux dernières années, suppression du statut de fonctionnaire pour toutes les catégories inférieures à la catégorie A. Plafond d’emplois administratifs dans les régions en fonction des effectifs administrés. Réduction autoritaire des niveaux d’interventions. Suspension du GVT, qui fait croître automatiquement la masse salariale privée. Non indemnisation de l’absentéisme excessif…

-          Réduire les transferts sociaux qui sont les plus élevés du monde, notamment en mettant fin à des politiques aussi coûteuses que celle de la mixité sociale où l’on préempte des logements extrêmement coûteux pour y mettre des Roms, des clochards  et des réfugiés, ou des copains, ou encore  mettre fin au système des intermittents du spectacle, parmi mille autres mesures.  

-          Supprimer la gratuité du petit risque pour concentrer les paiements mutualisés sur les traitements lourds.

-          Revenir sur la subventionnite qui fait que pratiquement tous les secteurs économiques sont accompagnés de subventions publiques : culture, transports, agriculture, journalisme, …

-          Interdire les subventions aux associations de complaisance et réduire au strict nécessaire les financements associatifs inefficaces (exemples : supprimer les Frac ; réorienter la formation professionnelle, etc.).

-          - …

Une telle politique est nécessaire mais elle extrêmement dure et touchera nécessairement des personnes et des entreprises qui vivent en symbiose avec l’impôt dans le contexte fiscal et subventionnaire actuel. On a réduit l’enveloppe des ressources allouées aux collectivités locales : on a mis en faillite bien des entreprises des travaux publics ! La grille des emplois résiduels a tellement été tordue par les subventions et les effets fiscaux qu’un redéploiement des effectifs devra s’effectuer en cas de réduction des subventions. Il prendra du temps. Exactement comme en Union Soviétique quand le système s’est effondré. Autant dire qu’une telle action de redressement est politiquement impossible, s’il n’y a pas de croissance globale, en Europe et dans le monde.

La France doit donc avoir une « diplomatie de la prospérité » et abandonner son suivisme exonératoire et râleur actuel. On n’en trouve aucune trace dans les programmes électoraux d’aucun des postulants aux prochaines élections présidentielle. F. Hollande ne peut pas développer une telle diplomatie du fait de sa démagogie ridicule sur le front économique intérieur et de sa dépendance sur le front des actions militaires extérieures (on ne sait même pas fabriquer en  nombre suffisant les bombes qu’on envoie sur la Syrie !).

L’accumulation des années « Hollandibilis » rend inexorable à plus ou moins long terme un collapsus de type grec. Mais un redressement brutal sans croissance extérieure imposerait une souffrance importante au pays, souffrance vaine si les dysfonctionnements de la zone Euro et du système monétaire international, causes de la crise, ne sont pas traités. Mais souffrance moindre que celle qu’imposerait aux plus faibles un effondrement économique de type grec. Rappelons que si l’Etat se trouve sans ressources, tous les subventionnés se retrouveront sur le carreau. En même temps que les services publics essentiels.

Alors ?

François Hollande a fait le pari que l’Europe ne saurait accepter la chute de la France, qui effondrerait tout l’édifice européen. Jusqu’ici il n’a pas eu tort : Mario Draghi fournit l’argent de l’insouciance. On évite toutes les réformes de structures et on pratique un « achat de vote » forcené avec l’argent emprunté. La frénésie fiscale ciblée et quelques rabotages de dépenses  permettent de tenir les déficits dans des limites finançables au coût actuel du crédit. Mais le moyen terme est ignoré, comme le long terme. La vulnérabilité est constamment aggravée. Au moindre redressement des taux d’intérêt, l’Etat français sera étranglé.

Il fallait profiter des taux très bas pour commencer à casser la machine à subventionner. On fait l’inverse depuis 2012. Obtenir de l’Europe et du G.20 une politique progressive de sortie des erreurs de structures qui ont provoqué le collapsus de 2008 dans le monde et la crise spécifique européenne à partir de 2011, était une vraie nécessité. Le silence est assourdissant.

Sans crise majeure il faudra attendre les élections présidentielles de 2017 pour prendre un virage économique sérieux, ce qui promet dix huit mois de quasi stagnation. Le coût du quinquennat de François Hollande aura été désastreux.

Les Vœux du Président de la République ont été ce que pouvait craindre Eric Zemmour : on a évité de parler de la France et de son identité, c’est vrai. On a félicité les Français, comme la nounou félicite la petite Lulu d’avoir bien mangé sa soupe. Et on a parlé « gestion ».

Mais, une fois de plus, tout était « bidon » : de la soupe de politicien manipulateur ivre des conseils de ses « spin doctors ».   Le candidat Hollande a annoncé qu’il obtiendrait une baisse des statistiques du chômage lui permettant de se représenter en mettant 500.000 chômeurs en formation, des centaines de milliers d’autres dans le  Service civil, et des centaines de milliers d’autres en apprentissage (que la gauche a rendu quasiment impossible en France). A aucun moment il n’a dit ni le coût ni l’origine des fonds ni le mode d’organisation. Sa seule obsession est électoraliste. Son seul moyen, des financements publics pour des emplois artificiels et  précaires. Sans absolument rien réformer.

L’économie réelle, celle où l’on créé de la vraie richesse, de vrais emplois, de vraie carrières, a été encore une fois éliminée du discours politique. Ne parlons pas d’une action extérieure économique.

La France disparait des écrans radars de l’économie, en même temps que l’économie disparaît des radars des medias. Les seuls commentaires que les medias diffusent se concentrent sur la question grotesque  de savoir si le président sortant qui trône sur ce désastre a augmenté ou non ses chances de gagner les prochaines élections présidentielles en tchatchant dans le poste et en mimant l’air du chef de guerre.   A croire que les journalistes ont fini par se convaincre que plus aucune réforme économique n’était possible en France : elle toucherait trop de monde. En parler toucherait trop d’auditeurs et tuerait l’audimat. Faudra-t-il en passer, après l’effondrement inévitable, par une période de 10 à 20 ans de galères pour revenir à un semblant de prospérité et de lucidité publique ?

Non M. Zemmour, il n’y a jamais eu de « diktat de l’économie ». Les palinodies politiciennes n’ont jamais fait une politique économique. Nous sommes dans une forme de désert intellectuel et politique tout azimut. Le vrai devoir n’est pas tant de se plaindre que l’économie impose ses urgences, que de constater qu’il n’y a aucun plan économique sérieux, ni en France, ni en Europe ni même dans le monde, alors qu’il y a urgence. Chacun va à la catastrophe en sifflotant. Comme disait Maurice Allais : « ce qui doit arriver arrive ».  S’il y a « suicide français », c’est d’abord par l’économie qu’il se commet. S’il y a dislocation de l’Europe, c’est d’abord par l’économie qu’elle se produit. Et si le monde n’est plus coopératif, c’est fondamentalement parce qu’on a aboli toutes les structures obligatoires de coopération économique.

Bonne année 2016 !

Deux leçons perdues des accords de Bretton-Woods

Il faut relire les minutes de la conférence de Bretton-Woods qui en juillet 1944 tenta de fixer les règles du jeu économique de l’après-guerre, sous la bienveillante férule américaine.

Quelles étaient les deux idées clés que tous les participants avaient en tête et qui ne faisaient aucune discussion, à la lueur des difficultés de l’Entre-deux-guerres.

La première était que le commerce ne pouvait aller sans la monnaie. Pas de prospérité sans bonne monnaie disaient les premiers économistes ; pas de prospérité internationale du commerce  sans un bon système international de paiement pensaient tous les délégués à la conférence de l’été 44.  

Aujourd’hui, les deux mondes sont disjoints. La monnaie est l’affaire des Trésors nationaux et des banques centrales. Le commerce est l’affaire de conférences et de traités gérés par d’autres entités.  

Cette disjonction est coupable. Aujourd’hui on négocie un traité transatlantique sans même se rendre compte que le commerce international a littéralement implosé en 2008 du fait des défauts du système monétaire international. Dans l’esprit des participants à Bretton-Woods cette attitude serait incompréhensible. L’expérience de 2008 nous démontre à nouveau qu’il faudrait associer un tel traité à une refondation du système monétaire puisque ce dernier a été la cause de la ruine récente du commerce international.  

La seconde idée clé est qu’il fallait proscrire les grands déficits et les grands excédents, cause des difficultés des deux décennies précédentes. On comprend facilement pourquoi : un gros déficit implique un replacement des monnaies reçues en excédent, tout en justifiant une hausse des crédits internes ; la double pyramide des crédits s’autoalimente jusqu’à l’explosion finale. Les plans proposés allaient très loin dans le sens de la pénalisation et des excédents et des déficits.

Ce n’était pas si facile à faire admettre aux pays excédentaires : l’excédent est vécu comme une vertu et la marque d’une supériorité, alors que l’excédent est en fait la prevue d’une valeur sous-évaluée de la devise du pays en excédent constant. Les Etats Unis se voyaient alors comme structurellement excédentaires, et refusaient jusqu’à l’idée d’être pénalisés. Les pays en déficit considéraient que la pénalisation de leurs déficits cumulerait leurs charges.

Tout le monde se mit d’accord sur un système qui interdisait les grands déficits et les grands excédents, qui permettait aux pays déficitaires de revenir dans les clous par une dévaluation contrôlée, mais n’imposait pas grand-chose aux pays excédentaires.  En même temps les Accords firent de la monnaie américaine le pivot du système, ce qui était une grave erreur. Cette dissymétrie finira par faire exploser le système de Bretton Woods.

Si on reprenait aujourd’hui un travail de concorde internationale autour du commerce et de la monnaie sur la base de la philosophie de 1944, on traiterait en même temps des balances commerciales et des balances de paiements, en même temps des ouvertures commerciales et de la stabilité du système monétaire, et on créerait un système qui interdise totalement les doubles pyramides de crédits.  

Un tel système aurait du être envisagé après la crise de 92-93. Le recul était suffisant pour bien mettre en lumière la croissance de l’endettement global par la double hélice de crédits alimentée par les déficits et les excédents majeurs, son effet sur la croissance et la gravité des crises périodiques de crédit. L’Allemagne dès 74 et le Japon, 20 ans plus tard, avaient vu leur encaisse accumulée ruinée.

Si les Etats-unis avaient compris à ce moment là que les conditions politiques d’un retour à un système monétaire organisé étaient réunies, et qu’il était indispensable à un moment où des centaines de millions de travailleurs potentiels sortaient de la géhenne communiste, nous n’en serions pas là.   Il était plus qu’indispensable que la Chine et les pays du bloc soviétique ne profitent pas de l’abîme des salaires entre eux et les pays non ruinés par le communisme pour accumuler des excédents de balance de paiement hors de proportion et accélèrent le mouvement de la double hélice de crédits d’une façon incontrôlable.

L’obligation de respecter certains maxima d’excédents aurait bridé l’excès sans empêcher l’essentiel.  Et si la Chine n’avait pas souhaité respecter ces limites, des droits de douanes auraient fait l’affaire. Les tenants des changes flottants ont totalement contredit leur doctrine : ils ont accepté que le Yuan soit fixé administrativement à la valeur du dollar, tout en ouvrant toutes les vannes des mouvements de marchandises et de capitaux. Ils affirment vingt cinq ans plus tard et une crise gigantesque sur les bras, que le Yuan va bientôt flotter comme toutes les monnaies et que cela va être parfait, niant toute l’expérience accumulée avec l’Allemagne et le Japon.

La seule vraie solution est de remettre au goût du jour les deux seules vérités économiques de base  que l’on a oublié depuis Bretton Woods. Les Etats doivent être responsables de l’équilibre de leurs balances commerciale et financière.  Des échanges de marchandises déséquilibrés, avec des monnaies déconnectée et rendues folles par les spéculations des capitaux flottants,  doivent être proscrits. Ce sont les seules idées utiles à la reconstruction d’un monde prospère. Croire qu’en accélérant encore toutes les ouvertures  économiques, dans un monde où les Etats ne sont plus responsables de rien, mais contrôlent tout, et suivent des politiques divergentes et non collaboratives,  tout en contraignant lourdement le système bancaire, afin d’étouffer l’amplificateur de crédits,  est une absurdité qui se paie d’un chômage massif et d’une stagnation générale sur fond de tensions belliqueuses en interne comme en externe.

Il faut remplacer le « consensus de Washington » par un « consensus de Bretton Woods », avec évidemment les modernisations et les améliorations permises par  la compréhension des difficultés cumulées depuis la guerre. Faute de l’avoir fait au bon moment, on eût la faillite de LTCM, la crise des pays émergents, la récession du début des années 2000, la rechute de 2003, la crise des subprimes puis l’explosion du système en 2008. Il n’a pas fallu 15 ans pour que toutes les illusions s’évaporent. Malheureusement les idées forces qui ont mené au désastre n’ont pas été remises en cause.  

Depuis on vit entre urgence et panique dans les mesures d’exceptions, en violant tous les jours la doxa, tout en ne changeant rien au système idéologique et organisationnel qui a créé la crise.

Il serait peut-être temps de sortir des conceptions fausses qui sous-tendent depuis 1973 une organisation clairement dysfonctionnelle et qui a mené au désastre.

C’est la période des vœux !

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

L'Etrange Désastre -Presentation au Presse-Club de France

Après les "Européennes", quelles chances politiques d'un redressement économique ?

Quelles sont les perspectives d'une politique économique de redressement national, dans le sillage du résultats des élections régionales ?

Les élections régionales partagent avec les Européennes et, dans une moindre mesure, les départementales, le fait d'être des compétitions politiques qui n'imposent pas de véritables projets. Elles ne servent qu'à fixer des rapports de force entre les partis et à juger le pouvoir en place. Dans le cas des départementales, du fait du flou dans les réformes projetées, les électeurs ne savaient même pas pourquoi ils votaient. De même, les régions ayant changé de configuration, et n'ayant pas de compétences fortes (les transports et l'entretien des lycées ne sont pas des compétences fortes), ne présentaient pas un champ de différenciation majeure des projets. Aux Européennes, c'est pire, puisqu'il n'y a strictement aucun projet, ceux-ci étant définis après les élections et pas avant. L'électeur français y est représenté de façon tellement minoritaire que son vote n'a à peu près aucune conséquence prévisible. On compte les étiquettes et c'est tout.

Ces élections sont donc le lieu privilégié du vote protestataire, dans un cadre global d'abstention, et le moment des positionnements purement politiciens.

Avons-nous besoin de cela ? Pas sûr. On pourrait très bien se passer d'élections européennes et supprimer les régions. L'impact global réel serait nul. Les régions n'ont été l'occasion que d'un surcroît de dépenses : entre 15 et 20% % de plus que si on s'en était abstenu. L'Europe pourrait vivre avec des délégations des parlements nationaux. Les départements sont des survivances tenaces et ne vivent que comme machines à distribuer des subventions et des allocations.

Les régionales et les Européennes posent également un problème identitaire. Si 80 % des législations sont conçues par l'Europe, la dépossession démocratique des Etats est acquise, et le manque d'intérêt pour la classe politique s'en suit : pourquoi voter pour des zombies ? Si les régions doivent avoir une identité, elle est arrachée à l'identité nationale. On le voit en Corse avec le succès des "nationalistes" corses. Ces deux élections sont des ferments d'effacement de la nation française.

Si l'opinion publique telle que la révèlent les médias est aussi critique pour les "élites", mondialisées ou pas, c'est très certainement du fait du nombre d'élus grassement rémunérés pour siéger dans des assemblées dont le pouvoir est tout sauf clair. Elle voit bien qu'on leur parle de résoudre "leur problème au quotidien", mais que rien dans ces assemblées n'y contribue. Au contraire les électeurs voient les impôts et les subventions politiques s'envoler. Ces démembrements de l'Etat se vivent plus comme des machines à capter des postes et de l'argent public que comme des lieux fondamentaux permettant de traiter les difficultés économiques et sociales de façon positive. On multiplie les guichets clientélistes de proximité (pour ne pas dire la corruption), sans impact sérieux sur les vraies difficultés.

Si la rationalité de gestion imposait une restructuration de l'Etat, il fallait créer des super-départements et de supers municipalités. Avec des pouvoirs exclusifs et sans empiler les strates administratives, avec des règles de non-dépassement des volumes de dépenses. Les élections municipales et régionales auraient alors été synchronisées. Cinq régions et cinq mille municipalités faisaient très bien l'affaire.

Les leçons des régionales sont purement politiciennes, mais importantes.

La gauche ne représente pas plus du tiers des électeurs et le socialisme probablement moins de 20 %. Le gouvernement actuel et le Président gouvernent contre l'opinion majoritaire.

Le PS ne survit que là où le Front national prive la droite dite "de gouvernement" de majorité. Il disparaît lorsque cette politique de promotion du FN le force à se retirer totalement. On ne joue pas impunément avec le "diable".

Le FN a servi de catalyseur du ras-le-bol général vis-à-vis des impôts et de l'immigration, dans un contexte où l'irrédentisme musulman a fini par tuer des Français. Mais les Français ne veulent pas du FN dans un rôle de direction des affaires.

Les Républicains sont affaiblis au premier tour par la rage des électeurs de droite et au second tour par les triangulaires. Et les Français ne se souviennent pas du quinquennat de N. Sarkozy comme d'une réussite. Ils veulent toujours un vrai programme de rupture qui ne peut pas être porté par l'ancien président.

Le centre n'existe plus électoralement sinon comme force de nuisance. Les régions confiées à l'UDI Modem ont toutes été perdues, sauf la Normandie, gagnée d'extrême justesse, alors qu'elles étaient toutes gagnables largement par la droite. L'échec du couple Juppé-Bayrou est significatif.

Les partis marginaux restent marginalisés. L'espoir de Cécile Duflot de substituer les Verts au PS comme celui de Mélenchon  d'opérer le même siphonage que Tsipras en Grèce vis-à-vis du Pasok, sont liquidés pour un long moment.

L'élection présidentielle à venir est le seul levier à la disposition des citoyens pour sortir de tous les pièges qui les empêchent de s'arracher de l'ornière où se trouve le pays. Cela veut dire qu'il faudra qu'un homme incarne un vrai projet et qu'il parvienne à se débarrasser de ceux qui comptent sur la ruse politicienne pour s'imposer sans projet autre qu'opportuniste.

Nicolas Sarkozy représentait une réflexion et un programme de rupture en 2007. Sa volonté de réélection l'a conduit à intégrer des socialistes et à faire des demi-réformes, sans prévoir ni comprendre l'arrivée d'une dure récession. Il a perdu toute crédibilité. Il ne peut être présent qu'en réussissant des combinaisons politiciennes qui le mettraient en situation d 'être le seul candidat de la droite en 2017. S'il y parvient, sans crédibilité programmatique quelconque, ce sera désastreux.

François Hollande est dans la même situation. Il a gagné par la ruse en 2012 et depuis virevolte de zigzag en zigzag, sur fond de déréliction générale. Il ne peut être réélu que par des combinaisons politiciennes sordides et en particulier en tentant d'être seul au second tour en face du FN (en lui donnant du grain à moudre). Le jeu est extrêmement dangereux pour la France.

Certains, à gauche, voient le salut dans une restructuration complète du paysage politique avec une coalition sociale-démocrate, centristes, contre une droite plus à droite et divisée. Le PS changerait de nom pour faire oublier le concept de socialisme, mort avec la chute de l'URSS et la conversion au capitalisme d'Etat de tous les pays communistes sauf la Corée du Nord et Cuba. Cela ressemble furieusement à la situation de 1962 où une coalition de vieux partis décrédibilisés en voie de marginalisation avait tenté d'abattre le Général de Gaulle. Sauf qu'il n'y a personne à abattre et que l'urgence programmatique l'emporte sur le destin individuel des partis. Il n'y a pas d'espace politique au centre. C'est au moins un résultat clair des régionales.

Qu'on le veuille ou non, la clé du futur doit être cherchée dans les "primaires" de la droite classique.

Le couple Juppé-Bayrou est désormais très fragilisé. Juppé n'a été haut dans les sondages que pour marquer la volonté de ne pas voir Sarkozy revenir.

Bruno Lemaire est actif, mais il manque encore de beaucoup de bagage politique pour porter autre chose qu'une promesse de renouvellement des hommes, à terme . Il ne peut pas incarner un projet.

Reste François Fillon. Il a les talents et l'assiette politique pour porter un projet et effectivement il le construit sur les bases qu'il faut : une rupture lourde. Il lui manque une triple crédibilité : -

- La crise venant d'ailleurs, il doit proposer t une "diplomatie de la prospérité", ce qui implique d'avoir une vision très claire des voies et moyens de réformes dans la gouvernance des monnaies et dans celle de l'Europe. Fillon s'est engagé sur ce chemin avec des distances prises avec les Etats-Unis et notamment le traité transatlantique. Sur l'Europe et la souveraineté, notamment juridique, ce n'est pas encore très net.

- Il faut un leadership réel sur la question de l'inflammation musulmane, à l'intérieur et à l'extérieur. Là on en est aux esquisses de l'esquisse.

- Il aura à cadrer sa position sur les questions sociétales.

L'hypothèse Fillon est donc très sérieuse mais reste largement à conforter. Il a un an pour construire un vrai programme présidentiel et s'imposer comme un leader. Beaucoup n'y croient pas.

Au terme de ces élections régionales, on voit les cadavres politiques passer sous les ponts. Laurent, Mélenchon, Duflot, Huchon, Aubry, Bartolone, NKM ont coulé. Bayrou, Juppé, . Hollande et Sarkozy se débattent contre une noyade qui est presqu'inexorable. Pécresse, Bertrand,  Estrosi, Wauquier ont à s'occuper sans encombrer l'espace présidentiel.  Valls et Macron sont paralysés par Hollande.

La seule hypothèse qui remettrait à plat la situation politique serait que Hollande et Sarkozy annoncent l'un et l'autre qu'ils ne seront pas candidats.  Il est alors probable que les Centristes et les "Sociaux-démocrates"  tenteraient de s'unir, NKM, Bayrou et l'UDI venant rejoindre Valls et Macron., le tout accompagné d'un changement de régime électoral pour les législatives basé sur la proportionnelle. On aurait alors une triangulaire entre Fillon, Le Pen et probablement Valls annonçant un ticket avec Juppé ou Bayrou.  Rien de bon ne peut sortir de cette hypothèse qui ferait la part belle au Front National avec en prime  une assemblée ingouvernable.

Certains pensent, comme Alain Minc, que seule la candidature de Juppé peut empêcher ce mouvement déplorable dans la mesure où elle bloquerait la fuite de Bayrou vers une "troisième voie" introuvable. L'échec de Juppé en Aquitaine n'accrédite pas cette hypothèse.

La France est donc encore loin d'avoir rassemblé les conditions politiques de son redressement économique.

Une folie : la non garantie des comptes bancaires

L'Europe a décidé, dans la panique, d'essayer d'isoler les Etats des risques pris par les banques. Nous avons, sur le champ, protester contre une série de mesures visant à rendre les déposants et les souscripteurs d'obligations bancaires (la différence est ténue) responsables des pertes encourues par les banques.

Aujourd'hui quatre banques italiennes viennent de faire faillite. Les porteurs d'obligation de ces banques sont déjà ruinés. Mais à partir du premier janvier 2015 s'appliquent les règles nouvelles européennes qui risquent de ruiner les déposants eux-mêmes. La malfaisance des règles européennes commence à éclater et les premiers signes de paniques à s'épanouir.

Les mesures folles finissent toujours par montrer leur folie.

Lors de la crise de 29 aux Etats-Unis, les banques ont commencé à faire faillite à partir de 1931-1932, plusieurs années avant le déclenchement de la panique boursière. Des milliers de banques se sont retrouvées au tapis, ruinant à chaque fois les déposants et relançant à chaque fois la crise. On sépare souvent, pour les banques, les crises de rentabilité et les crises de liquidité. Elles vont rarement l'une sans l'autre. La crise de rentabilité provoque une panique qui crée une crise de liquidité. Éviter ce double mouvement est crucial. Les Américains l'ont compris à l'époque. Ils ont créé le FDIC, une assurance fédérale des dépôts, qui reprend les dépôts en cas de faillite de banque et les transfèrent à un organisme plus fort. La réaction en chaîne est stoppée. À l’époque le résultat a été époustouflant : pratiquement aucune faillite de banque après le passage de la loi. La panique a été stoppée, donc plus de risque de liquidité. Partout, depuis, les Etats ont admis leurs responsabilités dans la solidité du système bancaire et en premier lieu dans les banques de dépôts. Banque centrale, solidarité de place, spécialisation bancaire, nationalisation éventuelle, contrôle de l'Etat sur les masses de crédit, maîtrise des flux de capitaux internationaux, ont permis de prévenir tout risque systémique jusqu'en 71. Le système bancaire était national. Sous contrôle des élus de la nation. Sous la responsabilité fiscale du politique national.

Après avoir fait sauter le verrou monétaire international, en abandonnant les accords de Bretton-Woods et en violant tous les jours les statuts du FMI (qui n'ont même pas été changés, preuve qu'on avait un peu honte tout de même), on a fait sauter le verrou sur les placements des banques, qui pouvait s'effectuer partout, et déspécialisé les banques, permettant de tout faire avec les "dépôts", dans un environnement de plus en plus obscur.

Curieusement la même idéologie a été développée dans le monde et dans la zone Euro : seule la liberté totale des mouvements d'hommes, de marchandises et de capitaux permettrait aussi bien à un système de monnaie unique qu'à celui de monnaies flottantes, de fonctionner. Les marchés du travail, de la production et des capitaux permettraient de réguler les écarts éventuels de productivité et d'inflation au sein de la zone Euro. Les marchés libres d'entraves permettraient que les capitaux trouvent leur emploi optimal à travers le monde. Les économistes à la mode aux Etats-Unis, donc en Europe, du fait du panurgisme total qui a saisi la communauté des économistes européens non marxistes, ont tous expliqué doctement qu'il ne savait pas qu'elle était la valeur d'une monnaie, d'un intérêt, d'un investissement. Les marchés savent mieux que tout le monde.

S'est donc développé un système dual où les reliques du système précédent étaient encore en place, mais où la responsabilité résiduelle des Etats était privée de tout contrôle. Personne n'a jamais souhaité ouvrir ce débat de fond.

Le drame des marchés purement financiers est que le souscripteur ne sait strictement rien. Il est appâté par un taux de rendement et un effet fiscal éventuel. Et freiné seulement par l'absence de crédit, au sens large, des banques. Les molochs bancaires ont donc concentré les dépôts et utilisé à leur guise les sommes énormes collectées. De plus en plus en privilégiant les "actifs" internationaux, dont la valeur était de moins en moins gagée sur la production, et de plus en plus sur l'émission des banques centrales qu'elles ont amplifiée. Le déposant dans cette affaire n'avait strictement aucune information réelle sur la nature des placements faits. Malgré tous les textes visant à lui donner cette information, qui se sont transformé, dans les banques, en questionnaire ridicule sur les compétences financières des clients et en classification non moins ridicule des risques qu'ils sont prêts à prendre. La banque se protège des procès, mais ne protège pas le client !

Les marchés ayant toujours raison, même le FMI a cessé de s'intéresser aux interactions entre Etats. On a réputé que la comptabilité devait traduire la valeur de marché de tous les "actifs". La liquidité est devenue cruciale pour permettre à cette évaluation forcenée à court terme de fonctionner. La crise a commencé lorsqu’un des marchés s'est bloqué en juillet 2007 et que la BNP n'a pas pu "liquider" les parts de saucisson financier de trois de ses fonds.

L'effondrement du château de carte financier a forcé les Etats à intervenir, retrouvant leur rôle initial.

La question qui se posait était simple :

- les dépôts doivent-ils cautionner toutes les spéculations internationales des banques au risque de les voir disparaître et de créer un hiver nucléaire économique comme en 1939 ? Et l'Etat doit-il réassurer les dépôts ?

Notre position était qu'il fallait répondre non à la première question et oui à la seconde, les deux réponses étant parfaitement cohérentes.

Il fallait revenir à un système bancaire de proximité basé sur une vision étroite de leur capacité de crédit. L'activité de crédit des banques de dépôt devait se limiter à l'escompte d'effets de commerce nationaux avec la surveillance de l'Etat et sa garantie. Sinon, il fallait créer des banques de paiements où le déposant reste propriétaire de son dépôt et ne le place que s'il le veut.

On a choisi une solution différente. Les banques ont été tenues de garantir leurs prêts par des capitaux en volume adapté au risque pris. En période de taux d'intérêt nuls ou négatifs, cela revenait à étouffer toute l'activité des banques. Pour trouver ces capitaux les banques ont décidé de taxer leur activité de paiement et de dégonfler massivement leurs en-cours, empêchant la sortie de crise. Les petites banques ont été prises dans un casse-noisettes.

L'activité bancaire s'est renationalisée et concentrée juste au moment où l'Etat a choisi, du moins en Europe, de se désengager de ses responsabilités sur les dépôts.

Cette politique est folle.

La faillite des quatre petites banques italiennes en témoigne. On concentre le système bancaire tout en le ligotant, sans garantir quelque risque que ce soit pour les déposants. On va immédiatement voir revenir les comportements de paniques.

Comme l'Etat dirige fiscalement l'épargne vers ses propres besoins (via en France les systèmes d'épargne partiellement défiscalisés) et impose la bancarisation forcée, tout en désengageant des conséquences, le déposant est devenu une proie inquiète, prêt à toutes les paniques.

Les contradictions sont partout et l'inefficacité nulle part. Les dangers rodent. L'incohérence a ses limites.

On ne peut pas à la fois interdire la thésaurisation et ne pas garantir les "dépôts" forcés.

On ne peut pas à la fois vouloir maintenir les mouvements de capitaux internationaux en forçant les banques à revenir sur leur pré carré national par des réglementations malthusiennes.

On ne peut pas centraliser sur des organes européens le contrôle des banques sans donner une garantie européenne aux dépôts.

Lorsque les déposants auront assimilé que la loi qui se met en place le 1er janvier 2015 les laisse complètement entre les mains de banques dont ils n'ont aucun contrôle et qui recommencent à faire faillite, tout peut arriver.

Il est des sottises qu'on ne peut pas laisser faire.

Rappelons que la seule solution est :

- de revenir à la responsabilité des Etats sur la valeur de leur monnaie, donc sur la valeur des créances internationales. Une nouvelle forme d'accords de Bretton Woods dégagés des erreurs du premier système est absolument vitale.

- de revenir à la spécialisation bancaire avec une restriction de l'activité des banques de dépôts au crédit de proximité, avec la création d'un système de banque de paiement déconnecté du crédit.

- de maintenir la surveillance nationale des activités de crédits (en volume et en nature) avec garantie de l'Etat sur les dépôts.

L'ensemble forme un tout cohérent et parfaitement compatible avec une croissance réelle sérieuse.

Incohérence entre état nation et Europe, incohérence entre doctrine des libres marchés financiers et monétaires et réalités, banques centrales en pleine folie pour éviter que le tout s'effondre, tout cela est totalement irresponsable.

Il n'y a pas de banque sans responsabilité. Considérer le déposant comme le seul garant d'un système qu'il ne contrôle pas est la porte ouverte à une aggravation permanente de la crise.

Il faut changer d'urgence le système monétaire national, européen et international. Et à très court terme, suspendre la loi irresponsable qui se met en place le 1er janvier prochain.

L'urgence est là. La sottise et l'irresponsabilité ont leurs limites.

Ben Bernanke : Des "Mémoires de crise" sans aucun intérêt

Lire le livre de Ben Bernanke, l'ancien directeur de la FED, évoquant son action avant et pendant la crise la plus dure qui ait frappé le monde depuis 1929, est un double supplice. L'inconvénient de nommer des  universitaires à la tête d'organismes publics est qu'ils pensent tout de suite au livre qu'ils pourront écrire en quittant le poste et aux gains associés. Il faut bien penser à sa retraite dorée ! Alors ils prennent des notes. Frappé de ce syndrome, le livre de Bernanke est beaucoup trop long  et pourri d'anecdotes absolument sans intérêt compte tenu de la gravité de la situation à laquelle le monde avait à faire face. Savoir que le Président Bush lui a relevé le bas du pantalon parce qu'il portait des chaussettes beiges sur un costume sombre et lui a  rappelé, qu'à la Maison Blanche, il fallait aussi avoir un peu de tenue, est sans doute un événement crucial dans la vie de l'auteur. Et raconter que, a semaine suivante, tous les participants à la nouvelle réunion avec Bush avaient des chaussettes de la même couleur, marque certainement le début d'une véritable épopée. Mais tout de même. On n'achète pas ce type de livre pour lire ce genre d'anecdotes.

La crise, ce sont des milliards de dollars de pertes, des dizaines de millions de chômeurs, des milliers de suicides de patrons de PME ou de cadres supérieurs, des guerres meurtrières liées à la misère induite, comme dans les pays arabes, des millions de carrières arrêtées ou anéanties. Que viennent faire les chaussettes du directeur de la FED dans ce désastre ? Mais cela devait figurer sur une note que l'on a compilé à toute vitesse pour satisfaire l'éditeur. Grotesque. S'il n'y avait qu'une remarque de ce genre ! Mais non. Ce ton rigolard traverse tout le livre.

Plus grave, le livre montre l'incroyable incompétence qui noie la réflexion économique aux Etats-Unis. Ben Bernanke nous apprend que sa principale contribution à la science économique, en tant qu'universitaire tenant un des postes les plus prestigieux, dans une université des plus prestigieuses, est d'avoir expliqué que, sans doute, les banques jouaient un rôle dans les crises ! Il se trouvait que la vulgate universitaire américaine en économie était encore trempée dans l'idée que la monnaie était un voile sans importance. Prodigieux effort ! Les théoriciens des crises et du cycle avaient tous déjà décrit depuis au moins cent ans que les crises périodiques étaient d'abord financières. Une telle audace le qualifiait comme spécialiste "incontournable" de la monnaie et lui vaudra finalement son poste à la FED. Quand on sait avec quelle révérence les politiques, les médias et les économistes français écoutent tout ce qui vient des Etats-Unis, on se rend compte combien cette attitude de colonisé est inappropriée. La vérité et le savoir ne viennent pas, en économie, des Etats-Unis. Seulement un "prestige" sans fondement.

Déjà, en lisant DSK et ses analyses du pourquoi de l'inconscience du FMI et du comment de son incapacité à prévoir la crise, on se rendait compte que tout ce petit monde vivait sur des clichés et sous la tutelle américaine, deux maîtres particulièrement déprimants. Chacun regardait dans son petit domaine et personne n'avait vu que les relations déséquilibrées entre les grands Etats débiteurs et les grands états créditeurs avaient des conséquences effroyables sur la montée de la dette globale.

La lecture de Bernanke est encore pire. Pour le lecteur, une des questions clé est justement la question de la montée vers la crise. Les signes précurseurs étaient-ils perçus ? Avait-on un diagnostic global sur ce qui se passait ? Des alertes sonnaient-elles un peu partout ? Comment les organes de direction de l'économie mondiale réagissaient-ils à la montée des périls ?

Le lecteur sera bien déçu. L'auteur passe directement de très très longues digressions sur l'histoire de sa nomination (dont tout le monde se moque) et sur la manière dont il s’est installé dans son poste, à… la crise des subprimes de l'été 2007. On ne trouve aucune analyse ou témoignage sur la réflexion économique pré crise. Ce que consent à écrire M. Bernanke, c'est simplement qu'on réfléchissait à modifier la politique de la FED de remontée systématique d'un quart de point du taux directeur pour "faire face à l'inflation" et qu'on regardait la montée puis le ralentissement du marché immobilier. Sans grande crainte : l'immobilier marchait bien sous la pression de la hausse des revenus (on satisfaisait des besoins) et des facilités de crédit ; le marché ensuite régulait normalement quelques excès.

Aux Etats-Unis,  le reste du monde n'existe pas. Il s'agit de définir ce qui est bon pour les Américains. D'ailleurs aucune déclaration d'un "responsable" d'un organisme officiel américain quelconque se garderait de  ne pas préciser que les décisions sont prises "parce que c'est bon pour les Américains". M. Bernanke n'a aucune vision internationale. Aucune réflexion sur les tourments du système monétaire des changes flottants. Aucune idée sur la montée de l'endettement global partout dans le monde, ni sur ses conséquences. Aucun effluve de réflexion sur la signification pourtant assez "ominous" du passage à une économie baudruche, où les investissements n'ont plus un objectif de production mais de "création de valeur". Le vide intégral. Le "benign neglect", cette négligence volontaire des conséquences pour les autres de la politique du dollar n'est même pas perverse. Ignorance et indifférence en sont le moteur principal.

Alors que dès la mi 2006, notre Cercle s'interrogeait sur l'ampleur et la date de la crise périodique à venir, publiait des analyses semestrielles très pessimistes et lançait des alertes tous azimuts (notamment aux candidats aux présidentielles de 2007 en France), M. Bernanke se félicitait de retrouver machin ou chose qu'il avait connu dans une vie antérieure, s'inquiétait de bien parler aux médias et arbitrait l'immense question de savoir si l'inflation était bien sous contrôle ou s'il fallait s'en inquiéter, alors que tout le monde fêtait Greenspan, "le sorcier qui avait fabriqué la période de croissance la plus longue de l'histoire"…américaine. Inutile de rappeler à ces enthousiastes que depuis 1971 la courbe de la dette globale s'était inversée pour dépasser en moyenne 400 %. Cet indicateur-là n'est pas suivi par la FED. Inutile aussi de leur mettre sous le nez les courbes qui prouvent que la croissance n'a cessé de baisser de décennies en décennies depuis 1971. Inutile de leur rappeler que les crises périodiques ont été de plus en plus violentes. La psychologie collective aux Etats-Unis impose de penser qu'une crise provient toujours de vilains ou de vilaines choses. La crise de 72-73 ? Les vilains de l'Opep. La crise de 92-93 ? Les vilains de l'Irak qui ont imposé la guerre.

Les Mémoires de Bernanke devraient rappeler au monde que le dirigeant de la FED est un aveugle et un paralytique, enfermé dans une pensée économique inexistante et de plus monopolisé par le seul intérêt de Wall Street. Le seul drame dont témoigne son livre est une erreur de communication qui a fait baisser la bourse américaine ! "Ne pas merder" (c'est dans le texte) sa communication, voilà la vraie question.

Que la montée astronomique de la dette globale et notamment immobilière soit due à la double hélice de crédits permise par les énormes déficits et excédents de balances de paiement, l'explication aurait ahuri Bernanke, presque autant qu'un Indien voyant arriver Cortes. Que l'inflation dans les prix des produits soit éliminée par le transfert à une Chine industrieuse et radicalement pauvre de la production mondiale, alors que l'inflation délirante des moyens de paiements se concentrait sur les "actifs", financiers ou immobiliers, encore une idée qui aurait eu le même effet que la découverte par Mme Duflot qu'elle aurait prononcé par inadvertance une phrase intelligente.

L'ignorance et l'inconscience régnaient à la FED en 2005, 2006 et 2007. Comme au FMI, pour les mêmes raisons de révérence à la nullité américaine (sur le plan des idées) et à leur domination (sur le plan institutionnel).

Cette ignorance a une traduction concrète : pas une ligne, pas une page, sur les réflexions et les actions de ce M. Bernanke de mars 2006 à août 2007. En revanche, on ne nous épargnera rien sur les vacances qu'il pensait prendre pendant ce mois d'août 2007 et auxquelles il devra, par surprise, renoncer dans l'urgence. Le blocage des fonds gérés par BNPPARIBAS ("abrutis de Français, toujours à nous embêter") marquait l'effondrement du marché interbancaire, entièrement dominé par des produits frelatés en provenance des Etats-Unis !

Plusieurs conclusions sont à tirer de l'épaisse contine narcissique de Monsieur Ben Bernanke :

- D'abord qu'il est inutile de lire le livre. À part la révélation de l'ignorance et de l'inconscience qui règnent dans les plus hautes sphères américaines, dont nous avons tant de preuves par ailleurs, il n'apporte absolument rien (sinon une rente d'édition malvenue à son auteur et un ennui de lecture pesant).

- Ensuite que la science économique aux Etats-Unis est un parfait désastre et que sa domination sur le reste du monde a entraîné la discipline dans le trente sixième dessous. La déconfiture des économistes officiels français trouve son écho dans la vacuité de l'enseignement et de la recherche économique américaine.

- Enfin qu'il faudra bien de la persévérance et bien de la force pour forcer les Américains à revenir à un modèle monétaire international un peu plus coopératif et soudé. Aujourd'hui il n'y a qu'un moyen : bloquer le traité transatlantique jusqu'à ce que tout le monde s'accorde sur une réforme monétaire. Il n'y a pas de réflexions sur les échanges de biens et services qui ne doivent s'accompagner d'une réflexion sur la monnaie.

Les affaires économiques du monde sont bien trop importantes pour les confier plus longtemps à des universitaires américains.

Ce qu'on disait en 1947.

"L’Europe qui s’était relevé rapidement des dévastations de la guerre voit aujourd’hui les conditions de son économie dangereusement compromises. Les répercussions de cette situation s’étendent à tous les secteurs de l’économie mondiale. Le rapport que nous vous soumettons aujourd’hui prouve qu’un remède est possible au mal si profond qui, à des degrés divers, atteint toutes les nations européennes. Ce remède doit être recherché avant tout dans l’effort individuel et collectif de ces nations […]. Considérant cette situation grave, les 16 pays européens ont pris un certain nombre d’engagements de coopération mutuelle, compte dûment tenu des engagements de même nature pris par les autres pays participants. Ils visent notamment les trois domaines suivants : production, stabilisation économique et monétaire intérieure, coopération européenne."

 Ce texte est d'Hervé Alphand, un des maîtres d’œuvre des Accords de Bretton Woods (il en était le négociateur avec Istel), Pierre Mendès France venant représenter le pouvoir politique du Gouvernement provisoire que de Gaulle avait fini par présider après avoir éliminé le général Giraud contre l'avis des Américains. Il énonce les conclusions d'une conférence internationale préparatoire du Plan Marshall.

Il est symptomatique de plusieurs conceptions :

 - Le sentiment que l'urgence de la reconstruction est derrière la France et les pays européens en 1947. Ceux qui pensent que les trente glorieuses sont la conséquence de la reconstruction apprécieront.

- La certitude que l'économique et le monétaire vont ensemble. La conférence de Bretton Woods concerne la reconstruction d'un cadre économique et monétaire pour la reprise des échanges commerciaux internationaux. Ce n'est pas une conférence monétaire comme l'histoire en a simplifié les objectifs. Cette règle de concomitance a été perdue. Pas de commerce sain sans une monnaie saine.

- L'obligation de la coopération d'abord en Europe mais aussi dans le monde : le texte est préparatoire au plan Marshall.

- Le souci de la production et pas de la "création de valeur". On veut du pain et de l'acier, de l'électricité et des vaches, du logement et des voitures, de la productivité partout.

- La diplomatie de la prospérité est le fait des ambassadeurs, pas des gouverneurs de banques centrales.

 

Ces conceptions aboutiront aussi à cette certitude que les forts doivent aider les faibles. La politique de Roosevelt et Cordell Hull était de détruire les empires européens (l'empire allemand étant par terre, il restait à détruire les empires anglais et français, notamment en imposant la décolonisation). Le plan de Morgenthau et de son adjoint White (qui dominera la conférence de Bretton Woods) était virulent sur ces destructions. La haine de Roosevelt contre de Gaulle provenait d'abord de ce souci de ne pas revoir la France jouer un rôle quelconque sinon de vassal édenté. Cette posture finira par céder à la nécessité de la collaboration pour sortir le monde de sa géhenne. Bien sûr, il y a des zones intéressées dans le plan Marshall : les Etats-Unis ont compris que le commerce ne repartirait pas et serait "mauvais pour la nation américaine" si la concentration des richesses aux Etats-Unis était maintenue (75 % environ de l'or monétaire mondial était encore à Fort Knox en 1947).

 Ces leçons devraient être encore totalement actuelles.

 - L'organisation et la bonne gouvernance comptent.

- La coopération internationale compte

- Le monétaire va avec le commercial

- Les marchés ne peuvent rien dans des cadres financiers et productifs totalement désorganisés

- Prêts et dons vont ensemble pour sortir d'un mauvais pas.

- Il faut produire, d'abord produire.

 Elles ne le sont plus.

 Tout est désarticulé et non coopératif sauf pour s'enfoncer dans le malthusianisme anti-productif dont la COP21 est le symbole.

La banque de dépôt en pleine tourmente

La bancarisation, c'est-à-dire la généralisation du compte chèque en banque, est une innovation finalement très récente. En France la massification a lieu au début des années soixante. l’Etat français, toujours dirigiste, et où les hauts fonctionnaires dominent la banque (les banques de dépôts sont nationalisées), fera tout pour accélérer le phénomène, d'une part pour garder sous la main les avoirs liquides des Français et les convoyer vers le financement des besoins publics, d'autre part pour surveiller les transactions et faciliter le contrôle fiscal. La nationalisation a conduit à créer des oligopoles bancaires puissants. Une poignée de banques voient plus des deux tiers du revenu défiler dans leurs comptes chaque fin de mois. Sans que les électeurs français s'en rendent vraiment compte, on les a forcés à utiliser des comptes bancaires, en donnant aux banques un pouvoir coercitif délirant sur les déposants.

Avant la massification bancaire, le pacte entre le déposant et la banque était simple.

"Tu mets à ma disposition ta trésorerie gratuitement. Je l'utilise à ma convenance, tout en m'engageant à te la rendre à la première demande. En contrepartie tout est gratuit. Je fais mon affaire de la sécurité des fonds confiés (plus besoin de coffres et de bas de laine sous le matelas) ; J'assure à ta demande tous les paiements, par chèque et virement ; je mets à ta disposition des points de fourniture de liquidité un peu partout, gratuit sur le territoire national. Mon avantage en tant que banque : j'accède à une trésorerie récurrente à un coût inférieur au taux d'emprunt du marché monétaire. La marge que je fais sur mes activités de prêts gagés sur cette trésorerie me permet d'assurer la gratuité".

Pour simplifier, la justification, pour le déposant qui perd et la propriété et le fructus de son avoir en contrepartie d'une créance sur la banque ne portant aucun intérêt, est la gratuité des services bancaires courants.

Ce pacte est désormais complètement démoli. La banque dite de dépôt a conservé les privilèges extravagant de disposer du bien d'autrui à sa guise sans rémunération, mais de surcroît, elle a obtenu de l'Etat de mettre fin à la gratuité des services de paiements qu'elle assurait gratuitement précédemment.

On a d'abord vu la quasi-totalité des opérations bancaires devenir payantes, à l'exception du chèque, malgré un lobbying permanent, et tout soudain, on y a ajouté une disposition scandaleuse : la possibilité d'imposer une commission de tenue de compte. Le compte bancaire est rendu obligatoire par la loi, et on y associe une rente pour la banque à sa seule discrétion. Ce qui revient à rendre obligatoire une taxation sur ces avoirs liquides, un énième impôt sur le capital, cette fois-ci portant sur tout le monde y compris les moins fortunés. Oui, le forfait de tenue de comptes est aussi un impôt sur les pauvres.

La mesure est d'autant plus scandaleuse que les banques dites de dépôts ont été déspécialisées. On leur a permis toutes les opérations bancaires, y compris les plus risquées. on a déjà vu sur ce blog que cette déspécialisation, dans l'ambiance pétainiste d'organisation du "fascio" bancaire depuis l'Etat Français, a permis le développement ahurissant de tous les conflits d'intérêts au profit de la banque. Et une prise de risque de plus en plus grande, mettant en danger l'obligation des banques de restituer l'argent sur simple demande.

Il est vrai qu'on ne peut plus vider un compte que dans un autre compte ; il faut une carte bancaire pour sortir du liquide et les montants sont plafonnés. Les banques font souscrire une carte de paiement payante pour que vous puissiez accéder à une fraction de votre avoir ! Il faut hurler et attendre pour obtenir une carte gratuite. Vous ne pouvez plus transporter des sommes en liquides importantes, ni payer en liquide des achats importants. On a supprimé quasiment en France l'usage des coupures de 500 euros. Haro sur les billets "de banque".

Le fascio des banques tente par tous les moyens d'éviter l'usage du chèque, la dernière opération gratuite. Le télépaiement par terminal, fixe ou mobile, est le seul favorisé.

Au final, il ne restera comme opération sur les comptes bancaires que des virements électroniques dont le coût marginal est très faible.

Le coût de gestion des comptes bancaires est donc de moins en moins cher au moment où il devient entièrement payant. La gestion de compte (conservation, comptabilité des opérations, opérations d'encaissement et de paiement) devient une simple activité de service rémunérée et un centre de profit.

Pourquoi conserver à la banque le droit d'utiliser les fonds à sa guise et de récupérer le fructus des liquidités du déposant ? On ajoute un second centre de profit au second, tout en sachant que ce second poste de profit fait courir un risque aux fonds déposés. Ce risque et d'autant plus grand aujourd'hui que les accords récents sur le transfert de la surveillance des banques "systémiques" à la BCE se sont accompagné de la fin de la garantie d'Etat des dépôts. Rappelons que cette garantie d'Etat a permis, aux Etats-Unis en 1934, de mettre fin à la cascade des faillites de banques qui régénérait la crise économique de mois en mois. La création du FDIC (Federal Déposit Insurance Company) a arrêté la course sans fin dans l'abîme de la déflation.

Nous sommes donc en pleine contradiction.

L’Etat impose aux citoyens le compte bancaire et conforte toutes les exigences du fascio bancaire pour limiter et même interdire l'emploi de billets. Il transfère intégralement le fructus de la liquidité nationale aux banques tout en mettant fin à la gratuité. Il permet aux banques de spéculer à tout va, dans le monde entier. Et il supprime la garantie des dépôts ! Il a même fait mieux, puisque depuis 1973, merci Giscard, le Trésor public ne peut emprunter qu'auprès des banques.

Avec le QE mis en place par la BCE, les banques européennes empruntent gratuitement et prêtent avec intérêt au trésor. Le seigneuriage, privilège d'Etat, a été transféré aux banques, qui font un profit facile : il faut un gestionnaire et un comptable pour emprunter à la BCE à prêter à l'Etat. Qui dit que certains secteurs bancaires ne sont pas productifs !

Les banques ont donc réussi :

- à avoir le beurre et l'argent du beurre sur les opérations avec les citoyens

- à avoir tout le beurre sur les opérations avec l'Etat.

En prime, elles sont en faillite virtuelle, car l'endettement global est tellement supérieur à la production (dans un rapport de 1 à 4) fait que la valeur affichée des "actifs" contrepartie des crédits est largement imaginaire et dépends uniquement des injections de liquidité de la banque centrale.

Huit ans après le déclenchement de la crise (le blocage du système interbancaire en France en juillet 2007), la BCE est contrainte de relancer son QE, car la banquise de dettes est telle qu'elle continue de s'effondrer en provoquant une pression déflationniste catastrophique.

Juncker, le Président de l'Union Européenne (et non de la zone Euro) a déclaré vouloir prendre l'initiative d'une nouvelle garantie européenne des dépôts bancaires. Il a bien compris que l'accord précédent sur la centralisation du contrôle à la BCE était bancal, chose que nous ne cessons de dire sur ce blog.

Au total les contradictions internes, comme diraient les marxistes orthodoxes, se sont amplifiées à des niveaux inconnus jusqu'ici, pour aboutir au viol de tous les pactes antérieurs et à une situation ubuesque.

Il devient indispensable de mettre de l'ordre dans tout ce bazar, non pas en fonction des intérêts des lobbys, et notamment du fascio bancaire français, mais de la rationalité économique globale.

Trois mesures s'imposent immédiatement.

1. Il faut reconnaître l'autonomie de la gestion des comptes de liquidité. Le concept de banque de paiement que nous portons depuis des lustres, doit entrer dans les faits. Une banque de paiement est une société de services qui assure la tenue de compte et les services de paiement associés, en contrepartie d'une rémunération spécifique. Le déposant reste propriétaire des fonds déposés. S'il veut faire prospérer sa liquidité, il la prête explicitement à des banques de crédit, ou tout organisme de collecte de fonds à investir. La banque de dépôt, ce machin bizarre et dangereux, disparaît, au profit de deux types de banques distincts : la banque de paiement et la banque de crédit. Les gains de productivité permis par la numérisation des transferts bancaires, sont transférés aux clients via une concurrence saine. Les dépôts sont sécurisés, puisque non placés à la discrétion des banques. Il n'y a donc pas de garantie d'état à prévoir.

2. Les banques de crédit doivent être distinguées des banques d'investissement. L'argent servant à des opérations risquées doit être collecté dans des conditions spécifiques. Seules les banques de crédit sont bénéficiaires de la réassurance de la banque centrale.

3. Le seigneuriage doit être restitué à l'Etat.

Dans un tel cadre la logique des opérations est claire et leur dynamique est assurée.

Les banques de paiements étant des sociétés de services peuvent se globaliser sans difficulté, sous réserve des règles d'une concurrence sévèrement contrôlées. Le progrès technique peut jouer à plein.

L'activité de crédit peut se spécialiser et d'organiser dans la sécurité. On peut facilement vérifier que les prêts longs sont associés à des financements longs. On limitera ainsi une dangereuse transformation d'épargne courte en prêts longs.

L’Etat, fortement endetté, bénéficie du seigneuriage pour se désendetter sans frais abusifs.

En même temps on liquide, en France, le fascio bancaire voulu par Pétain et le fascisme français sous botte nazie.

On sort d'un n'importe quoi organisationnel et moral, aggravé par la crise, la mondialisation, l'évolution technologique, et les contradictions institutionnelles entre zone Euro et Union Européenne.

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes E-toile

Commande du livre "L'etrange desastre" de Didier Dufau

 

 

Didier DUFAU

L’Etrange Désastre

Le saccage de la prospérité

Avec une préface de Gabriel Milesi.

301 Pages

Aux Editions du Cercle des Economistes e-toile.

ISBN 979-10-95148-00-5

Octobre 2015

est désormais paru dans sa version définitive et devrait être bientôt disponible sur commande dans toutes les librairies et sur rayons dans les librairies disposant d'un rayon pour les livres économiques. Différentes difficultés logistiques freinent encore le processus.

Un certain nombre d'organismes ont pris les références du livre sous Electre pour prétendre le distribuer mais n'ont fait aucune démarche en ce sens. Ils cherchent simplement à rabattre vers leur propre site.

Pour obtenir immédiatement le livre, il suffit de le commander directement chez l'Editeur.

Envoyer un chèque  libellé à l’ordre du Cercle des économistes e-toile,  à l'adresse suivante :

Cercle des économistes E-toile

Attention Mme Sophie Delfyn

c/o La Maillière

4, Av. Jules Janin

75116 Paris.

N’omettez-pas de donner vos coordonnées d’adresse pour l’envoi.

Le secrétaire général

E E-F



Les économistes américains découvrent (enfin) les méfaits de la dette massive

Le phénomène économique mondial le plus important des quarante dernières années est l'inversion de la courbe de la dette globale à partir de 1971. Alors que la dette globale, supérieure à 400% du PIB  dans la majorité des pays occidentaux en 1944, était redescendue en 26 ans à moins de 200%, l'abandon des disciplines de Bretton-Woods, les changes flottants, et l'arrêt de la condamnation des grands déficits et des grands excédents, contrairement aux statuts du FMI  et au traité de la Havane,  ont provoqué une remontée constante jusqu'à dépasser en moyenne les 400% à nouveau partout dans les pays de l'OCDE en 2006.

C'est le thème principal de mon livre, L'Etrange Désastre, écrit justement parce que ce phénomène était non seulement passé inaperçu mais pire encore n'avait jamais été expliqué par les spécialistes. Il est facile de calculer qu'un taux de dettes de 400% est intenable. Avec une maturité de 5 ans et un taux d'intérêt plus frais de 5%, il faut 100% du PIB pour payer les intérêts et amortir la dette ! Cette réalité explique le blocage du marché interbancaire de l'été 2007 puis la série d'explosions bancaires de 2008, culminant en septembre avec la faillite de Lehman Brothers.

La source de ce désastre est la volonté américaine de pratiquer une négligence offensive dans la gestion du dollar, mis au service des intérêts militaires et économiques américains, considérés comme de l'intérêt général pour le monde occidental et à ce titre jamais contestés. Le mécanisme est la double hélice de crédits, décrit par Jacques Rueff, générée par le recyclage des excédents massifs des pays exportateurs.

L'idéologie véhiculée sur ce sujet des changes flottants, nous l'avons vu dans un récent article, rend la discussion impossible. Mais le système des changes flottants n'est pas la seule idée, intéressée et fausse, imprimée dans les esprits. Sans sombrer dans un marxisme méthodologique de pacotille, il est bien clair que les phénomènes de domination produisent une vulgate indiscutée, à caractère de crédo, qu'il serait malséant de discuter.

Une idée dérivée du "benign neglect" (que nous traduisons "par négligence offensante et offensive"), est la bonté intrinsèque de la dette. La dette ne serait pas grave parce qu'elle a des contreparties. Nous avons vu dans plusieurs articles que la valeur de ces contreparties est incertaine si elle n'est pas assurée sur un flux de valeur associée à une production attendue. La valeur actuelle des rendements attendus de l'investissement donne l'estimation d'un capital. S'il n'y a aucun flux futur, il n'y a pas de stock !

En s'écartant de toute notion de valeur actuelle de rendements futurs, la marque du passage de l'économie en mode baudruche, les contreparties d'une dette qui dépasse 200% du PIB n'existent plus. La dette devient une charge intolérable pour l'économie réelle et ses acteurs. On le voit en Grèce, en Europe et dans bien des pays aujourd'hui. La France est au balcon, sur ce sujet explosif.

Non seulement la dette doit avoir un coût, pour éviter son bourgeonnement mais elle doit être contenue dans des limites strictes, et la nature des financements doit faire l'objet de réflexions différentes. Le crédit à la consommation est extrêmement dangereux puisque l'intérêt n'est pas financé par une valeur ajoutée nouvelle mais par une hypothétique croissance. De même le crédit immobilier doit être contenu dans certaines limites parce que lui aussi au final  ponctionne ses intérêts sur une éventuelle croissance. Les investissements d'entreprises doivent pour leur part trouver leur équilibre entre la "transformation", utiliser des emprunts courts pour financer des emprunts longs, la dette bancaire, les obligations et le capital.

Toutes ces règles dominaient les esprits jusqu'en 1970 dans tous les cours d'économie générale et d'économie bancaire.

Le bourgeonnement de la "finance" et son envahissement de la sphère économique, a fait naître un nouveau réflexe conditionné : toute nouvelle dette est bonne pour l'économie et l'investissement. Si les marchés financiers deviennent "parfaits" au sens de la théorie de la concurrence, les ajustements se feront dans la plus parfaite fluidité, à l'émerveillement des masses. Dans la pratique on a vu que tous les marchés de taux et de devises étaient frelatés, car tenus par très peu d'intervenants et faussés (ou manipulés "pour leur bien") par des banques centrales ne considérant plus qu'elles devaient faire attention à leur propre création de monnaie.  Ben Bernanke a été choisi pour diriger la FED parce qu'il avait théorisé que les banques centrales pouvaient, à elles-seules, faire sortir l'économie de toute récession.

Huit ans après l'explosion en vol du système, commence à se produire l'inévitable reflux intellectuel.

Le livre de Bernanke traduit sa déception : non, les banques centrales ne peuvent pas tirer, seules, l'économie d'une récession grave. Comme nous le disons depuis toujours : une banque centrale est comme un psychanalyste. Elle ne peut guérir que les maladies qu'elle a elle-même provoquées. (Mémoires de crise - Ben S. Bernanke -Seuil - 640 pages - 28.00 € TTC)

Celui d'Adair Turner , (Between Debt and the Devil, Money, Credit, and Fixing Global Finance, Princeton University Press) , met un deuxième clou dans le cercueil. Non la dette n'est pas nécessaire à l'investissement si elle échappe à certaines limites. Au-delà, elle devient "satanique".

La question de la fausse perfection des marchés monétaires et financiers internationaux est déjà tranchée par de nombreux livres depuis plusieurs années.

Il ne reste qu'un dernier tabou : les changes flottants. C'est celui que nous avons tenté de dynamiter dans notre livre. C'est le tabou qui est derrière les trois autres : des dettes massives ; interventions délirantes des banques centrales ; marchés financiers et monétaires "non performants".

Au passage notons que le FMI en est toujours à lever tous les obstacles aux changes flottants et  à la perfection des marchés financiers, en proposant de taxer à mort le capital. Nous lui suggérons de tirer parti des livres qui paraissent aux Etats-Unis, donc de la maison du maître des lieux, et de changer simplement de cible.  Le dernier livre suggère que c'est en taxant la dette qu'on mettra fin à l'économie baudruche, pas le capital.

Pour le moment on s'est contenté… de la rendre presque gratuite ! Le transfert de la dette aux Etats rend cette solution indispensable. Mais si la contrepartie est la taxation massive du capital, la solution est vaine à moyen terme. On le voit bien en France avec les dernières mesures prises par le gouvernement en matière de logements. La loi stupide acceptée pour des raisons politiciennes par le faiblissime Hollande, proposée par une parfaite imbécile aux dents longues et aux pensées courtes, (une certaine Duflot), qui devait propulser la construction de logements aux plus hauts sommets, a effondré le marché. Loyers diminués de façon autoritaire de 20 à 40%, mesures vexatoires diverses contre les propriétaires et les intermédiaires, frais nouveaux ruineux, aveuglements divers (le loyer imposé est le même dans le même bâtiment entre un rez-de-chaussée et un appartement en étage avec vue, ensoleillement etc.), dans un contexte de fiscalité spoliatrice des "possédants" (des propriétaires en langage courant), ont ruiné le marché. La crise du logement ne cesse de s'aggraver dans un contexte de baisse du revenu par tête. Que propose le gouvernement : encore plus de dettes privées subventionnées par le recours à plus de dettes et d'impôts publics ! Rappelons que le prêt à taux zéro est financé par l'impôt immédiat (ou futur : la dette). On croit en France qu'un marché se redresse par le double jeu de l'impôt sur les investisseurs et de la subvention à l'acheteur pour qu'il s'endette). Aucune théorie économique ne justifiera jamais de tels délires.

Rappelons que la France détient en même temps le record mondial de la subvention au logement, et le record tout aussi mondial de l'imposition de l'immobilier. Et qu'elle est la merveilleuse vitrine de la crise du logement perpétuelle. D'erreurs en erreurs jusqu'à l'effondrement final ?

Alors que, lentement, le cadre conceptuel absurde qui a ruiné la prospérité occidentale commence à basculer, même aux Etats-Unis, le Français né malin, s'enfonce dans toutes les erreurs balisées, au prix du saccage de toutes les libertés et du droit de propriété. Du sous-chavez à prétention technocratique, exalté mais unanime.

Pas un média n'a fait entendre une voix discordante sur cette amplification de l'appel à la dette subventionnée. Pas un parti d'opposition n'a moufté. L'impôt ciblé sur les riches, c'est bien. La subvention et la dette aidée, c'est très bien. Embrassons-nous, Folamour !

L'affaire du dopage de l'économie par des produits illicites n'a pas encore été découverte ! Le plus drôle c'est que la France se dope…pour perdre !

Consternant.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

Suzeraineté américaine et mentalités

Un des aspects qui désarçonne l’observateur de nos  pratiques contemporaines est  la permanence et la virulence d’un  travers de notre système médiatique : privilégier la chaleur à la lumière ; préférer l’émotion à la raison. Les pulsions idéologiques, l’exaltation des purulences, le jeu des politiques, l’omniprésence des comiques, l’abaissement de la culture devant la téléréalité, les stratégies de communication, l’obligation de l’audience, du tirage et de la publicité, entraînent le débat utile dans des annexes enfouies profondément sous les poubelles de l’effervescence. 

Ce brouillard émotionnel cache une réalité encore moins drôle. Les idées qui gouvernent le monde concernent une camarilla d’experts et d’hommes d’influence ou de pouvoir à qui la puissance américaine suggère un conformisme absolu.  Comment l’influence américaine peut-elle  ainsi s’imposer ? En ne permettant la nomination  que des personnes « contrôlables » dans les instances internationales qu’ils dominent et qui dominent le monde. Impossible, au FMI, de proposer des analyses non conformes. Impossible, à la Commission européenne, largement dans la main des américains, de nommer, sauf marginalement, des individus « incontrôlables ».  Les carrières, les honneurs, ne peuvent s’envisager que dans la suave admission de tous les crédos imposés. Inutile d’espérer être admis dans les clubs et comités internationaux  avec des idées saugrenues et dangereuses. Les « imposés » ont évincé « le libre », diraient les patineurs.

Tout ce petit monde (à peine mille personnes), en fait,  ne pense pas. Il admet. Il comprend. Il suit. Il applique. Il déroule. Il décline. Et chacun ne pense qu’à son intérêt personnel dans un système où il a réussi et où il vivra très confortablement pourvu qu’il ne transgresse rien.

Dans cette atmosphère de soumission, ce n’est pas l’idée dangereuse que l’on craint, simplement l’idée. Répéter un credo avec l’air convaincu est tout ce qu’on demande. Ou même ne rien dire et sourire, parce qu’on est heureux d’être là.   La soumission soviétique était exactement du même ordre, bien que plus grincheuse. Elle a conduit à l’explosion du système.   Lorsqu’un téméraire « irresponsable » a déclaré qu’il fallait penser et dire la vérité, pravda et perestroïka, la farce qu’était devenu un système totalement inefficace, injuste et délabré, après avoir été criminel et génocidaire,  a explosé à la figure de tous, dirigés et dirigeants. La consomption fut totale.

Le soft power américain n’est pas fondé sur la violence. L’hérétique se heurtera partout à des cloisons de verres. Transparentes mais infranchissables. On lui permettra simplement de faire de la chaleur, et de se faire de l’argent en condamnant le système de façon plus ou moins hystérique, façon Stiglitz ou Krugman. Comme il s’agit de chaleur, ce n’est pas grave.  Qu’elle soit socialiste ou populiste, la chaleur ne fait pas peur au suzerain. C’est la soupape de sécurité du système. Laissons ces enfants se défouler. On tient tous les leviers. Qu’ils amusent la galerie.

Attention, en revanche, à ceux qui viendraient à casser la belle mécanique de la soumission à des idées intéressées et fausses par l’emploi de la raison bien appliquée à l’observation. On veut bien qu’ils basculent dans la chaleur mais, surtout,  qu’ils n’entraînent pas de remises en cause fondées et susceptibles de forcer des changements du  système !

Hitler disait : « Je n’ai pas besoin de maréchaux intelligents. Des exécutants fanatiques et efficaces suffisent», au moment même où les défauts de conception de sa stratégie militaire détruisaient son armée. 

Staline, lui, a détruit l’Armée Rouge, avant même l’invasion nazie, preuve sans doute de la supériorité du marxisme sur le national-socialisme.

Quand on ne pense plus la réalité, sinon par réflexe, la réalité prend sa revanche.

La soumission occidentale n’exige pas de maître officiel ou de policier de la pensée. L’oppressante censure vient d’un esprit du temps insufflé au plus grand nombre, plus que d’actions infâmes de policiers cachés de la pensée malsaine. Il suffit que la personne « en situation » se soit convaincu qu’elle a plus à perdre qu’à gagner à violer ce qui apparaît comme un consensus ambiant, d’où que vienne ce consensus.

Nous avons souvent fait référence à l’impossibilité de penser « offensive » en France, dans les années trente, même au tréfonds des armées. L’idée était bannie. Pas d’Hitler, pas de Staline, derrière ce bannissement. Un simple consensus latent, relayé par les pouvoirs, politiques, médiatiques et militaires, né des horreurs de la guerre. « Le feu tue » ; « Plus jamais çà » ; « Défensive, défensive, défensive ».

Quand la pensée se congèle et baigne dans l’émotionnel, elle devient inattaquable. Le briseur de consensus devient un « salaud », même pas au sens sartrien du terme.

On le voit aujourd’hui avec l’écologie militante qui voit dans les trente glorieuses un « génocide contre la terre » et dans les partisans de la croissance un fou dangereux qu’il faudrait interner au plus vite.  Dépassée la Shoah !

En Union soviétique nous eûmes le social-traître polymorphe ; en Allemagne le traître au HerrenVolk et au Führer ! En France, on élimina en douceur dans les années trente tous ceux qui pensaient offensive. Pas de promotion ; pas d’éditeur ; pas de chaire ; pas de relais médiatique.  Qui est donc ce « on » ? Tout le monde et personne. La hiérarchie militaire avait élaboré une doctrine. Impossible de promouvoir un « insoumis », quoiqu’on pense de la doctrine en question. Les politiques ne voulaient pas entendre le mot même d’offensive. Les médias avaient une population à servir qui voulait la paix, la paix, la paix.

Dans le monde actuel, où tout se passe à des échelons supranationaux, la mécanique est la même qu’en France dans les années trente. Depuis Keynes l’or est une vieille relique. Penser le système monétaire international sur des bases autres que les changes flottants est  « fétichiste » et émotionnellement inconcevable. « Seriez-vous totalement ringard ? ». « On n’en est plus là depuis longtemps ! » ; « Vous ne voulez tout de même pas défendre ces vieilles lunes ? » ;  « On a beaucoup évolué sur ce sujet depuis quarante ans. Vous datez ». Il se peut que les profits ne cascadent plus du riche vers le pauvre, comme le défend une idée à la mode, mais les faux semblants oui. Les masses ont intégré à leur tour le message subliminal global : les changes flottants sont une partie définitive du monde nouveau où nous nous trouvons. Il faut s’adapter au monde nouveau, pas le questionner. Pour être chic et « in », il faut montrer qu’on a bien absorbé le nouveau code de pensée.

Faire une conférence sur ce sujet  suppose d’infinie précaution oratoire dans les débuts pour ne pas braquer aussitôt le Pavlov qui règne en maître dans les esprits qui se croient « au parfum ». Commencer doucement par l’examen de la réalité ; passer aux mécanismes ; remonter légèrement vers les institutions. Quand il est acquis que les changes flottants sont à la base des dérèglements constatés, bien préciser qu’il ne faut « naturellement » pas revenir à l’étalon-or. Bien montrer que l’ancien système de Bretton-Woods était vicié à la base. Finir sur la pointe des pieds en prouvant que le système actuel ne peut plus durer et qu’il y a nouvelle organisation à inventer.

Ouf ! Vous n’avez pas fait fondre l’iceberg mais vous l’avez contourné et, derrière, le champ est libre pour un peu de créativité.

Mais vous y êtes tout seul.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Deux illusions tenaces

La France souffre de deux maladies tenaces : l’excès de dettes et l’excès d’impôts. Le témoin d’un excès de dettes est leur caractère irrécouvrable qui impose de les transférer le plus possible vers l’Etat, à charge pour lui de les amortir par l’impôt, où vers la banque centrale, à charge pour elle d’en diminuer radicalement le coût de portage ; celui d’un excès d’impôts, la faiblesse des investissements et la fuite des foyers aisés vers des cieux plus hospitaliers ou moins prédateurs comme on voudra.

Les deux excès se conjuguent. L’excès de dettes pousse à l’impôt. L’excès d’impôts pousse à plus de dettes.

On trouve aujourd’hui encore, malgré l’évidence des difficultés, de nombreux commentateurs ou auteurs qui poussent allègrement à l’impôt et à la dette.

La justification de ces positions n’est pas toujours très élaborée. « Vive l’impôt » est un signe de ralliement pour la gauche et la maladie particulière de l’Enarchie compassionnelle de droite (pensons à Giscard et à Juppé). La dette se justifie souvent par le faible taux des intérêts. La création monétaire paraissant gratuite, certains aiment à répéter qu’il faut dépenser à mort en imposant les riches, en ne craignant pas de s’endetter et en finançant l’état par a création monétaire.

Derrière ces simplismes on trouve en trame de fond deux raisonnements qui sont également controuvés.

Lors que les taux de dettes ont commencé à dépasser 400% des PIB locaux, pour s’élever parfois à des niveaux encore plus stratosphériques, des voix se sont élevées : en s’écartant ainsi du PIB de la nation hôte, les banques créent un risque systémique gravissime, puisqu’in fine, ce sont les Etats qui garantissent la parole des banques nationales et leur crédit. Dans la pratique, on demande aux peuples de payer pour la faillite des banques.  La réponse des adeptes de la mondialisation financières a été constante. Ce fut celle du FMI. Les crédits sont garantis par les actifs financés. Derrière la dette, il y a des usines, des productions, des gains attendus. Ces actifs sont mondiaux. C’est aux banques et aux mécanismes de hedging qu’il revient de stabiliser l’ensemble. Donc les banques en Islande peuvent dépasser 1000% d’encours bancaire puis que ce n’est pas le PIB local qui garantit les prêts mais l’économie monde et ses « actifs ».

On a vu ces illusions s’évaporer en 2007-2008. Aux Etats maintenant de payer les pots cassés. Demandez aux Grecs.

A-t-on pour autant abandonner l’idée que les prêts sont d’abord assurés par ce qu’ils financent ? Pas du tout. L’Europe a essayé de dégager les Etats de leurs responsabilités. On force les banques à mettre en face de leurs prêts des capitaux d’autant plus élevés que le risque est plus grand. On régente le tout de façon tatillonne. Et on indique qu’en cas de problèmes ce sont les déposants et les obligataires qui paieront les dégâts. Ce qui revient à dire : les actifs que vous financez sont votre seule garantie. Maintenant vous pouvez financer ce que vous voulez, partout dans le monde, avec de l’argent provenant d’où vous voulez. Les Etats réduisent vos capacités de prêts et ne viendront plus à votre secours. Mais la mondialisation heureuse peut continuer. Les américains, eux ont été un petit poil plus narquois : ils ont imposé que la finance mondialisée soit dominée par leurs banques et leur monnaie ! Dans la pratique, on a constaté une rétractation de l’activité des banques vers leur marché national. La déglobalisation bancaire est un fait. Et les étouffements administratifs ne garantissent rien du tout, sinon une inefficacité globale du secteur. Du fait de l’application de règles différentes un peu partout et de l’impérialisme juridique américain, cette inefficacité se double de distorsions de concurrence.

Nous pensons qu’au-delà de ces réserves, il est impossible de ne pas prévoir que les crédits globaux et autres « obligations de payer » ne soient pas maintenus dans des limites strictes par rapport au PIB. Nous considérons comme une faute inexpiable de n’avoir pas vu que le retournement du taux de dette/PIB, qui baissait continument depuis 44 a dépassé 200 puis 250, puis 300 puis 400% entre 71 et 2007. Comme on l’a souvent répété sur ce blog, une maturité moyenne des prêts de 5 ans avec un taux d’intérêt + frais de 5%, implique que l’amortissement de la dette et le paiement des intérêts  prennent 100% du PIB. Ce qui est naturellement impossible.  L’approche micro économique, prêt par prêt ou classe de prêts par classe de prêts, n’apporte aucune garantie. Et si le système pète, inévitablement si les taux dépassent 300%-400%, la perte des dépôts entraîne immédiatement une crise de type 1929.

On doit donc prévoir un contingentement global des en-cours de prêts. Comme il n’existe aucun organe global pour le faire, on en revient aux approches nationales. L’illusion micro-économique en matière de prêts est d’une extrême gravité. L’illusion qu’une approche par classe de prêts empêchera toute  difficulté est un péché contre l’esprit.

On retrouvera le mécanisme mental avec les mêmes conséquences dans le domaine fiscal.  Récemment encore lors d’un débat sur la TNT un économiste, au nom imprononçable mais au style catégorique, dégoisait cette fausse règle : la dépense publique ce sont des équipements collectifs et du bien social ; la contrepartie étant solide et indispensable, nous ne devons pas craindre qu’elle soit élevée. Inutile de dire que les équipements publics sont importants, comme le lien social. Mais ici aussi intervient le quantum par rapport à la production.

De même que le système de prêts lorsque les encours dépassent plusieurs fois la valeur du PIB n’est plus garanti par les flux de production  et ne concerne plus que des opérations spéculatives, de même lors que la dépense publique dépasse 35 à 40% de la production, il n’y a plus de contreparties tenables. On entre dans le gaspillage de ressources rares au détriment de l’économie. Comme nos lecteurs le savent nous avons l’habitude de faire le rapprochement des prélèvements et de la dépense publique de la valeur ajoutée des entreprises de plus de une personne du secteur non financier, ce qu’on appelle communément « les entreprises ».   On sait qu’en 2014 non seulement la dépense publique mais les aussi désormais les prélèvements ont dépassé la valeur ajoutée par les entreprises. Les Français ne disposent plus que de ce qui est redistribué ou emprunté, avec une baisse constante du revenu par tête depuis 2008.

Raisonner sur la dépense publique en oubliant de regarder le rapport avec le niveau de production est aussi sot que de penser la dette sans établir de rapport avec la production.  

La curiosité du moment est qu’on ne trouve personne dans les médias pour faire ces remarques élémentaires. Baigner dans un système mental qui fait l’unanimité de son clan ou de ses pairs est un grand danger. La lumière ne pénètre plus. Et casser le bloc mental congelé qui empêche d’accueillir la réalité est une tâche surhumaine.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile  

Neuf mois après « l’alignement des planètes »…

Neuf mois après « l’alignement des planètes », le miracle ne s’est toujours pas produit. Rappelons-nous : presque deux mois de propos hyper optimistes, dans tous les médias télévisés, radio diffusés ou écrits,  sur la reprise « mécanique » et obligatoire de la croissance forte en Europe et surtout en France ; de fines analyses sur le génie du Président Hollande qui pourrait très rapidement se vanter d’avoir enfin enrayer la hausse du chômage ; des affirmations péremptoires un peu partout autour de l’idée que « la crise était finie » et que tout était en place pour une croissance à nouveau soutenue. 

Les calculs les plus subtils démontraient qu’une baisse massive de l’Euro vis-à-vis du dollar et du Yuan restaurerait radicalement la compétitivité française, que la baisse tout aussi massive des taux d’intérêt  permettrait un boom de l’investissement, que la baisse des  cours du pétrole générerait du pouvoir d’achat et donc de la demande, et que, cerise sur le gâteau, l’Union Européenne, par l’intermédiaire d’un Plan Juncker mirifique allait se lancer dans des  investissements massifs.  Les entreprises et les ménages seraient à la fête pour la première fois depuis 2008. La « demande globale » serait confortée et une saine dynamique économique se mettrait en place.

La suite ? L’affaire a fait « pschitt ». Aucun des merveilleux effets de la conjonction des planètes ne s’est manifesté aux hauteurs annoncées dans les six mois suivants. Nous attendons les chiffres du  troisième trimestre qui devraient être meilleurs.  Mais personne n’espère rien de spectaculaire.

Comme toujours, personne ne s’est pressé de donner l’explication de ce flop.

L’explication n’est pas compliquée.  L’effondrement de la valeur de certains actifs, et particulièrement des matières premières, ne marquait pas le commencement de la fin de la crise, mais la suite d’un dégonflement inévitable, au fur et à mesure que l’économie baudruche finissait d’exploser.  L’indicateur principal était le commerce international. Nous avons souligné immédiatement qu’il était quasiment stationnaire et ne portait plus l’expansion.  La spéculation qui avait porté à des sommets intenables la valeur de certains actifs a été partiellement brisée.  La valeur de l’immobilier n’a pas cessé de baisser, partout et  beaucoup plus brutalement qu’il ne l’est dit dans les medias.  La sur-fiscalisation a partiellement bloqué les achats de précaution.

L’alignement des planètes était plus le syndrome d’une économie flapie que le signe d’une renaissance formidable.  Les banques centrales ont créé pour 13.000 milliards de dollars de monnaie pour compenser les 12.000 milliards de pertes sur « des engagements de rembourser »  intenables que nous avons signalés dès 2007. Ce n’était pas mouvement « pro actif » mais défensif pour éviter la mort des banques.  Cette création extravagante et les taux d’intérêts nuls qui en résultent n’ont pas pour but de relancer l’économie. Mais de permettre aux banques de se renflouer.  J’emprunte à taux zéro ; je prête aux Etats à quelques % de plus ; j’emploie mon bénéfice à amortir mes pertes.  Le processus est loin d’être terminé. Comme les législateurs ont « étouffé l’amplificateur »  monétaire en corsetant les banques, toute cette gymnastique n’a pas d’effets massifs sur l’économie réelle.  Comme la fiscalité, devenue partout agressive, prive d’argent les particuliers, la consommation ne suit pas.

Le sauvetage des banques par les banques centrales et les Etats, au prix d’un double endettement public (celui, visible, des Etats, celui moins visible, des banques centrales)  a poussé la fiscalité à des sommets en même temps qu’il provoquait  la stagnation.  

Une danse de Saint Guy frénétique s’est alors produite sur les marchés des changes, puis sur celui des  matières premières, dont le pétrole,  alors que la déflation touchait tous les marchés.  Le repli vers les Etats-Unis considéré comme plus sûrs dans la panique générale a provoqué, comme en 97-98, la hausse conjointe du dollar et de la bourse américaine et  l’effondrement dans les pays en voie de développement, comme on le voit en Chine, au Brésil, en Russie, sans réel bénéfice pour les autres pays développés (Europe, Japon, Corée etc.), à la différence de 97-98.

On vient d’assister à la correction de la correction.  Rien à voir avec un alignement positif des planètes.

Tout cela est totalement instable.

Pour la France, les derniers résultats produits par l’INSEE sont parfaitement clairs.  L’année 2014 a été pire sur tous les plans que 2013, que nous avions définie comme une année « Hollandilbilis ».  En dépit du virage annoncé après l’affaire des « bonnets rouges », une révolte provoquée par les mesures fiscales absurdes  (Manuel Valls a fini par le reconnaître cette semaine)  prises personnellement par Hollande, qui, paraît-il, se voulait un génie de la fiscalité avec des idées saugrenues mais  bien ancrées.  2015 ne pouvait qu’être dans la lignée de ses deux devancières, puisque rien de fondamental n’avait  changé.

Aujourd’hui, plus que jamais, il faut surveiller deux fronts économiques partiellement disjoints.

Celui de l’économie réelle reprend des couleurs, mais avec une lenteur remarquable.  Le commerce mondial des marchandises repart un peu, même si le phénomène est masqué par la baisse des mouvements de pétrole.

La préoccupation reste toujours aussi grande sur le front des 400% d’endettement qui pèsent  au dessus d’elle.  Certes les dettes ont été en partie « fixées » par l’action des banques centrales et des Etats. Mais sans croissance ni inflation, l’enveloppe ne se dégonfle pas ou très peu.  Croire que la baisse peut s’opérer par la fiscalité est un rêve qui tourne au cauchemar partout où l’on a essayé cette fausse solution.

Il faut revenir à des politiques concertées de croissance avec une inflation à deux ou trois pour cent.  Cela ne peut se faire qu’en stabilisant le front des monnaies, donc en interdisant les grands déficits et les excédents  symétriques, et en encadrant partiellement les mouvements de capitaux à court terme.  En Europe, si on ne veut pas mettre fin à l’Euro, il faut créer une entité de coordination qui gèrent les déséquilibres internes et externes de la zone.  Seule la concertation permettra de relancer de façon équilibrée et en une vingtaine d’années, on sera revenu à un taux d’endettement global entre 150 et 200%. 

Croire que chaque nation s’en tirera par des déflations compétitives et des hystéries fiscales est totalement absurde.  Oui, il y aura une certaine reprise en 2016 mais si faible qu’un nouvel effondrement localisé de la banquise de dettes  suffira à l’annihiler. Les énormes masses de liquidité n’ont plus d’emploi rationnel.  La fin de la monnaie gratuite aux Etats-Unis est constamment repoussée parce qu’on ne veut pas que le dollar monte plus.  Dans l’incertitude ainsi créée,  personne ne peut rien dire de l’évolution du cours dollar/euro.  Rien ne marche comme on voudrait dans un système de changes flottants.  La bourse américaine a atteint un sommet, comme d’ailleurs les bourses européennes, avant une belle correction.  Elles peuvent encore craquer un peu plus si la reprise demeure aussi faible. Les pays émergents sont dans le désordre le plus complet. Les prix de l’immobilier restent incertains.  Les matières premières sont dans les choux.  Les banques sont étranglées par les réglementations et toujours grevées de créances douteuses. Les engagements obligataires et les opérations « over the counter » deviennent hyper dangereuses.   Il n’y  pas de vraie baisse des prélèvements fiscaux.

La spéculation est dans l’impasse. Les Etats sont dans l’impasse. Les banques centrales sont dans l’impasse. 

En attendant le scénario le plus probable, si rien ne bouge, est une petite accélération de la croissance. Elle suggérera des propos enchantés  dans la presse,  surtout dans cette période de campagne électorale présidentielle en France. Elle sera  probablement suivie par un mini krach entre 2017 et 2018 qui affectera  plus la couche des actifs reliées aux dettes que l’activité elle-même, comme entre 2001 et 2003 et qui fera trembler l’Europe, sans doute une nouvelle fois par une crispation grecque.

On ne voit pas trop comment les banques centrales et les Etats pourront réagir efficacement.  Seul un changement du système monétaire international permettrait réellement d’en sortir.  S’il avait lieu immédiatement après le mini krach, les leçons de l’histoire économique des quarante dernières années étant enfin tirées, nous pourrions retrouver un terrain propice à une croissance plus rapide et à une reprise de l’emploi, les ressources quittant le domaine de la spéculation pour s’employer dans l’économie réelle.  Mais peut-on compter sur la pédagogie des crises pour briser des tabous intellectuels associés à des positions de pouvoir géopolitiques ? C’est tout l’enjeu des cinq prochaines années.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

L'émission Zemmour & Naulleau en grand danger

L'émission de Zemmour et Naulleau, sur Paris Première,  prend un mauvais tour. La nouvelle charte graphique de l'émission est très laide. le rythme des séquences est inconfortable pour le spectateur qui n'a pas le temps de véritablement s'installer dans un débat. Le choix des invités est tellement convenu, avec des personnalités tellement "vues  à la télé" qu'on sait à l'avance tout ce qu'elles vont dire. Pire encore, l'originalité des critiques, principalement celles de Zemmour, s'est perdue depuis que ses thèmes de prédilection sont au centre même du discours médiatique.  L'apport d'une présentatrice chargée de cadencer l'émission est quasi nul. Sa présence a réduit le rôle de Naulleau qui était jusqu'ici le "modérateur" de l'émission à une prestation incertaine, parfois fantomatique. 

En un mot la spontanéité, la vérité incongrue mais tenace, la fraîcheur, ont déserté l'émission, alors que la présence d'un comique, certes sympathique mais que l'on voit et entend désormais partout, apparait décalée.

Rien n'était plus frappant lors de l'émission du 28 octobre 2015.

Inviter Pierre Larroutourou pour la nième fois ne pouvait que se terminer en désastre. Cet agitateur a la spécialité de "faire de la chaleur" et jamais aucune lumière. Il chauffe l'émotion comme un prédicateur et empêche tout le monde de parler. Impossible de finir une phrase quand il est là. Et les âneries s'enchaînent avec véhémence. Croire que cette véhémence et cette grossièreté servent "le dynamisme du débat" est une grave erreur.   La charmante directrice de l'Ifrap a été interdite de finir une phrase ou un raisonnement pendant tout le temps du "débat" qui n'a strictement rien produit d'utile, sinon qu'Agnès Verdier-Molinié préfère cette situation d'oratrice châtrée à pas d'apparition du tout,  et que Hollande a eu bien tort d'inviter son contradicteur qui n'a pas cessé de l'insulter pendant l'émission.

L'autre invité était l'ineffable et increvable président du Modem, ce parti politique qui ne comporte que deux membres et ne vit que par la télévision. François Bayrou est le prototype même du politicien à dents de Rastignac qui n'a strictement rien à dire et dont tout le programme se résume à "Moi Je". Il n'est pas le seul, mais dans le cas du Béarnais, cela commence à se voir beaucoup.

Déjà en 2007, lors de la campagne présidentielle, nous avions essayé de décrypter le programme du Modem. Sur tous les chapitres sans exception, le schéma était le même : "le PS et l'UMP sont incapables de résoudre le problème ; mais moi j'y arriverai". Pourquoi ? "Parce que moi et mes gens nous sommes formidables". "Mais avec quelles mesures précises ?". "Nous aviserons car nous sommes les meilleurs". M. Bayrou fustige mais ne propose rien sinon de revenir à la Quatrième République, mais en conservant l'élection présidentielle au suffrage universel qui est son seul objectif réel. Une fois qu'il sera là, il se fait fort de monter des gouvernements d'alliances entre factions pour le meilleur bien du pays.

Impossible d'en tirer la moindre mesure concrète, puisque la politique naîtra de "compromis utiles". Dénonciation des autres, dénonciation de la situation, intolérable, nécessairement intolérable, et …rien. "Chassez les vilains, cassez les grands partis par la proportionnelle, élisez-moi comme président  et vous verrez comme nous sommes formidables".

Voici donc François Bayrou annonçant son soutien "sans faille" à M. Juppé. Avec dès le départ une contradiction gigantesque.

- Quelle est la question la prioritaire, celle où vous pensez devoir faire porter tout de suite l'essentiel de votre action ?

- L'éducation nationale.

- Monsieur Juppé vient de publier un livre sur ce sujet.

- Je suis totalement opposé aux préconisations de ce livre. Il faut faire exactement le contraire.

Voilà donc le soutien sans faille en désaccord immédiat et irréconciliable sur la question nationale la plus grave.

On se souvient que Mme Virginie Calmels avait déclaré lors de l'émission "On n'est pas couché" qu'elle soutenait Alain Juppé pour "rajeunir la politique française". Ce qui avait bien fait rire.

Il n'y a pas que le Modem à choisir l'oxymore comme programme électoral.

Comme l'a très bien remarqué Naulleau, un éclair dans la grisaille : "Vous soutenez Juppé comme la corde le pendu" ; "des amis comme vous, c'est pire que des ennemis". Si Juppé ne parvient à gagner les primaires, Bayrou se présentera aussitôt, au risque une fois de plus de faire passer François Hollande.

Évidemment, il n'a aucune ambition personnelle. Pouah ! Pas de cette vilenie. Il se sacrifie simplement pour porter son message indispensable que personne, à part lui, ne porte. On a vu qu'il n'y a pas de message. Il paraît qu'il faut rire et que le cynisme en politique est la base de tout et qu'il n'y a qu'à laisser faire. On ne cède plus à "l'insistance de ses amis". Il est vrai que les amis de M. Bayrou, on les cherche. On les trouve parfois dans le bureau de M. Hollande, comme le rallié Benhamias. Désormais on se présente aux élections parce qu'on est seul à porter un message fantastique même s'il est subliminal. C'était déjà l'argument de Mme Morano.

En attendant, il a tenté de populariser une idée qui, pour le coup, est totalement fausse. Quelle est-elle ? "

- La France est seule responsable de ses malheurs et peut s'en sortir toute seule comme une grande (si je suis élu président) .

Belle posture, virile et tout. Mais qu'elle est le diagnostic sous-jacent  des malheurs qui nous frappent ?

L'effondrement global de l'économie baudruche et du système financier mondial n’est pas dû principalement à la France. La crise est bien venue de l'extérieur. Donc la solution ne peut venir au moins pour cette partie, que de l'extérieur par application du principe de la symétrie des causes et des effets.

L'Euro a certainement facilité la débauche des certains états membres de la zone Euro dans l'économie baudruche internationale mais n'est pas la cause majeure de la crise financière. En revanche, elle a terriblement compliqué la réaction à la crise, provoquant une catastrophe dans le sud de la zone et entraînant tout le monde dans une fiscalisation aberrante. Les instances de la zone ont été obligées de violer tous leurs principes pour tenter d'en sortir. Commentaire de M. Bayrou ? Rien. Si : "L’Europe nous protège". Il y a du cabri chez cet éleveur de chevaux.

On a vu que le programme de la France qui-peut-tout-toute-seule est inexprimé.

L'émission de Zemmour et Naulleau n'a donc servi qu'à "des opérations image", sans aucun contenu réel derrière.

Si le but de l'émission n'est que de promotion, d'autres le font mieux et plus agréablement.

Conseillons à ces Messieurs  de ne pas chercher absolument l'audience du "prime time", qui a déjà rendu inaudible la télévision jusqu'à 22 h 30. Le but de l'émission ne doit pas être de proposer un spectacle avec chaleur, émotion, sottise propriatoire, com' outrancière. Mais un moment d'intelligence et de décryptage.

En tout cas, c'est comme cela qu'on l'aimait. Et pour cela qu'on l'écoutait. À plusieurs reprises Éric Zemmour a dit : on en parlera tout à l'heure. Et on n'a parlé de rien.

Attention, Messieurs. Votre émission est en grand danger. C'est tout de suite qu'il faut réagir.

Retour sur ce que disait l'Express en septembre 2009 pour juguler la crise

Au moment où les illusions d’une reprise franche, massive et riche en emplois s’estompent, preuve que la crise n’a pas été totalement comprise et que les mesures prises n’ont pas eu les effets escomptées, il est intéressant de revenir sur ce que disait la presse à la rentrée de 2009, alors que la récession était à son maximum, après s’être développée depuis juillet 2007. 

Prenons par exemple l’Express n° 3038, qui annonce « Crise : plus jamais ça ». « Après deux ans de chaos,  la nécessité de repenser le capitalisme s’impose ». « Les idées neuves commencent à émerger ».  L’Express  a sollicité quatre intellectuels de renom pour esquisser la forme que pourrait prendre demain le capitalisme ».

Pour Philippe Aghion, membre du CAE et de la commission Attali, marques de renom s’il en est, « les pays comme la France […] ont mieux résisté que le Royaume-Uni ou les Etats-Unis qui ne disposaient pas de stabilisateurs automatiques ».

On voit six ans plus tard où l’on en est. La France a le double de chômeurs, sa dette devient incontrôlable, et son taux de croissance est moitié moindre.

Il préconise une intervention massive de l’Etat dans la régulation bancaire et même dans les décisions au jour le jour comme les rémunérations. Il omet de signaler que toutes les banques sont en faillite virtuelle et ne cherche pas à savoir pourquoi. Ce sont finalement les banques centrales qui sauveront les banques en leur permettant d’emprunter à coût nul et de prêter aux Etats, le gain servant progressivement à amortir les pertes. Le processus est loin d’être terminé, comme on le voit avec les restructurations massives de nombreuses banques, contraintes de dégonfler rapidement et leurs en-cours et leurs effectifs. En revanche une législation incroyablement tatillonne a été mise en place qui est étouffante, sans que les restructurations majeures n’aient été faites (séparation des banques de dépôts et des banques d’affaires ; arrêt des cotations en continu ; encadrement des mouvements de capitaux à court terme, stabilisation des changes, …).

Les autres suggestions sont d’une parfaite banalité (fiscalité punitive, avec la fusion de la CSG et de l’IR, surtaxe sur les très riches, formation et recherche, environnement, protection nationale des sources de croissance mais dans le cadre des règles du marché unique). On ne craint jamais les oxymores  et la résolution des contraires par le verbalisme.

Rendons hommage aux membres du CAE : ils ont eu suffisamment d’influence pour faire avancer leurs idées. Les banques sont corsetées ; les Français sont fiscalement pillés ; on ne parle que d’environnement source des progrès et de l’industrialisation future. Et nous sommes dans la situation où nous sommes.

Pourquoi ce contraste, tout de même un peu fâcheux ? La raison est simple : il n’y a aucun diagnostic des causes de la crise. Pas un mot sur le grand retournement de la dette globale à partir de 1971 et sa montée jusqu’au-delà de 400% du PIB presque partout. Pas un mot sur les défauts d’organisation de la zone Euro. Pas un mot sur les défauts d’organisation du système des changes. Pas un mot sur l’excès de dépenses publiques françaises.

Alors on glose sur des thèmes sans danger de carrière. Et on ne propose que des banalités sans effets sur la réalité tout en prétendant « réformer le capitalisme ». On voit que cette philosophie est encore de règle dans les milieux de l’économie officielle et qu’elle nourrit les politiques de tout bord.

L’Express en appelle alors à un certain Richard Senett, de la London School of Economics. « Le développement des idéaux de performance et d’autonomie fait que ces gens pensent ne pas avoir été à la hauteur ». Ces gens sont ceux qui ont vu leur carrière hoqueter à cause de la crise. Dans les années 70, nous avons personnellement réorganisé une société de gestion d ‘archives d’entreprises. Lourde réalité : divorces et suicides sont la conséquence des faillites dans beaucoup de ménages. Les femmes cherchent un protecteur. S’il flanche, elles partent. La grande nouvelle ! Après trois récessions destructrices les drames se sont succédé. La vraie question est d’éviter les graves dépressions économiques. Pas de « réhabiliter la notion de métier », ni de « concentrer l’action syndicale sur les questions de santé », pour que le salarié puisse acquérir de la « continuité narrative ».

Notons- le, un nouvelle fois : l’absence totale de diagnostic de la crise est criante. Les autorités ont bien compris le message de Senett. Nous voici avec la notion de dossier  professionnel continu du salarié, censé faire face à la discontinuité des carrières.  Au moment où le rêve de tous est de devenir fonctionnaire, un « métier » où la « continuité narrative » est assurée. Mais pas la valeur ajoutée.

Le périodique appelle alors à la barre le « Philosophe de service ». Depuis Platon, la corporation méprise l’activité commerciale et la production. Très bien payé comme professeur « travaillant » (horresco referens) très peu à l’université de Lausanne, ce curé des temps modernes (le prêche sans le sacrifice) nous assène : « il faut arrêter de penser que l’enrichissement matériel est une fin en soi ».  Faites l’expérience : proposez à ces olibrius un retour au niveau de vie moyen de l’URSS, pour ne pas remonter au XIXème siècle. L’œil devient vitreux, le discours se raidit :   « Il est scandaleux que les professeurs soient aussi peu reconnus dans la société de consommation : des sous, des sous ! ».

Mais force est de constater que ces discours moralistes portent et nous voilà à l’aube de la COB21. La croissance détruit la planète. "Salauds de capitalistes avec leurs économistes suppôts qui sont des génocidaires pires qu’Hitler."

La solution : « forcer les chambres hautes à se consacrer aux seuls enjeux de long terme avec une approche qualitative et non monétaire ». La monnaie, pouah, c’est sale et ça tâche.

Les désordres actuels sont liés à une organisation monétaire défaillante On voit la pertinence de tout cela. On imagine que ce brave garçon envisage d’être un des nouveaux sénateurs. Il pense si « politiquement correct » ! Et faire la morale, dans l’opulence, il n’y a que cela de vrai.

Voici pour finir la saga des penseurs de la refondation capitaliste un directeur de recherche au Centre d’études européennes de sciences-po. Que faire ? C’est tout simple. Permettre aux Brics de prendre toute leur place dans les institutions mondiales. L’Europe sera marginalisée et l’Occident aussi, mais ce n’est pas grave. Il faut supprimer le droit de veto à l’ONU. La gouvernance du FMI doit être réformée.

L’auteur remarque justement qu’ « il est anormal que le FMI n’ait pas pu jouer son rôle d’alerte » et qu’il n’a servi qu’à relayer les exigences américaines. Mais il ne dit pas que le FMI, créé pour réguler un système de changes fixes n’a pas de rôle autre que de sous-diplomatie américaine à trois balles,  dans un système de changes flottants.

La crise est une de fois de plus associée à une dérégulation excessive des marchés financiers, sans voir que cette dérégulation est consubstantielle à un système de changes flottants. Il faut bien que les marchés s’exercent pour fixer la valeur respective des monnaies. On a vu récemment Mme Lagarde se réjouir que la Chine libéralise un peu la gestion de sa monnaie dans la perspective de la mise sur le marché du Yuan.

Huit ans après, l’émancipation de la Chine, le retour de la Russie sur le plan international, rend tout ce verbiage inopérant. L’Occident est toujours de toutou des Américains qui détruisent allègrement leurs concurrents bancaires européens et s’emparent de la finance mondiale comme jamais (100% des grandes syndications sont pilotées par des banques américaines) ; Le soft power a montré son impuissance en Ukraine et au Moyen-Orient.  Les bruits de bottes deviennent un peu sonores et des millions de personnes déplacées viennent ajouter à la crise globale, sur fond de stagnation économique de longue durée.

Au total, la pertinence des quatre sauveurs du monde capitaliste se révèle totalement nulle et à côté de la plaque. Aucune réflexion sur les vrais problèmes :

-          Le dégel du monde communiste qui met sur le marché des centaines de millions de salariés au moment même où tous les marchés sont ouverts à la puissance américaine.

-          Les désordres monétaires internationaux liés aux changes flottants et à l’abandon des grandes disciplines de balances de paiement, avec notamment la montée d’un endettement incontrôlable.

On ne parle que normes aggravées, là où il faudrait engager le fer sur des questions d’organisation et de politique au jour le jour.

Pas un mot sur l’Europe et le feu qui couve dans les déficits associés à la politique de relance, à la crise, et à la garantie des pertes bancaires. Pas un mot sur la FED ou la BCE.

Bref,  une absence totale de  pertinence et une compréhension du monde d’une nullité abyssale.

On constatera que ces caractéristiques restent très actuelles. Ces quatre articles n’ont pris aucune ride et pourraient être resservis tel quel. La réflexion sur les causes de la crise et les vraies solutions est toujours à peu près inexistante dans les analyses présentées dans les médias et, plus grave, dans la littérature économique technique. Faire de la morale facile (à bas la finance, vive l’écologie, vive le travailleur qu’il faut protéger, vive les pays émergents) l’emporte aujourd’hui sur les préoccupations d’efficacité qui passent par la connaissance pertinente et l’action ciblée.

Le « triomphe de la volonté » n’est toujours pas à l’ordre du jour. La pénitence sous les anathèmes de pseudo-penseurs intéressés reste la règle.

Nous entrons dans la neuvième année de crise  avec pour la France, rappelons ces quelques chiffres :

- Un prélèvement public supérieur à la valeur ajoutée des entreprises du secteur industriel et commercial  de plus d’une personne.

- 7.5 millions de pauvres (près de 10 millions selon certains).

- 5.500.000 de chômeurs (certains disant 6 millions)

- Le plus faible taux d'occupation des femmes, des jeunes, des immigrés et des personnes âgées de tous les pays d'économie comparable

- Deux millions de personnes ne cherchant pas à travailler et à la gamelle publique.

- 2.200.000 milliards de dettes publiques et à peu près le même niveau  de dettes privées, soit quatre fois la valeur ajoutée des mêmes entreprises.

- 15 millions de retraités prévus pour 2016.

- 5.5 millions de fonctionnaires et on recrute.

- 15.5 millions de salariés.

- Un budget pour 2016 en hausse avec maintien du taux de prélèvement champion du monde. Une hausse massive des impositions locales.

- Une fuite continue des fortunes, des jeunes, des techniciens.

- Une baisse continue de la construction malgré la croissance de la population.

- Un investissement des entreprises historiquement mou.

- Un commerce international stagnant.

Globalement la guerre ravage le Moyen-Orient et les marges est de l’Europe. Le Japon réarme. La Chine devient exigeante. La Chine, le Brésil, la Russie sont en grave difficulté, comme la majorité des membres du Brics. La reprise américaine est la plus lente jamais vue depuis 120 ans.

Tout va très bien Madame la Marquise ! Le désastre économique est total mais puisqu’il est enveloppé de moraline facile, tout semble sous contrôle.

Il ne faudra pas 40 ans pour que nos enfants trouvent cette période particulièrement consternante.

Pour une diplomatie de la prospérité !

Jean-David Levitte est sans aucun doute le sommet de la crème de la crème de nos élites diplomatiques, françaises et européennes. "Diplomator" est son surnom qui marque bien l'admiration légitime que le milieu accorde à ses talents.

Les anciens de l'INSEAD l'ont invité ce matin pour un petit déjeuner-débat qui s'est révélé à l'image de l'invité : exceptionnel.

Exceptionnel, l'exposé brillantissime sur l'évolution des grands axes géopolitiques depuis quatre décennies, marquée par des novations majeures tous les dix ans. Le grand tournant est daté de l'arrivée de Khomenei aux affaires en Iran, accompagnée du second choc pétrolier et de la décision de la Chine de se lancer dans l'ouverture capitaliste. La situation diplomatique figée par la guerre froide se remet en mouvement. D'événements en événements (Chute de l'Union Soviétique et guerre en Irak, destruction des Twin Towers et guerre en Afghanistan), on se retrouve aujourd'hui avec une série de fragmentations, dont l'Asie mineure est le meilleur exemple mais qui touche aussi l'Afrique et surtout l'Europe.

Exceptionnelle, l'analyse de "l'échec dangereux" de la politique de Poutine qui est obligé d'intervenir en Syrie pour masquer son échec en Ukraine. Fils d'un père juif de la région russe d'Ekaterinbourg, devenue la ville ukrainienne de Dniepropetrovsk, Monsieur l'Ambassadeur a quelque raison de suivre les affaires locales avec attention. En proposant l'idée que c'est Poutine et son agression qui ont créé le sentiment national ukrainien, il pousse sans doute le bouchon un peu loin. Les massacres staliniens (Holodomor) avaient fait beaucoup et le nationalisme Ukrainien ne date pas d'aujourd'hui, même si la Crimée est Russe ("mais réclamée de façon un peu cavalière…") et qu'il y a en effet trois parties bien distinctes en Ukraine. Il fait de l'échec de la politique russe la source possible d'un nouvel embrasement. Il considère que le soft-power européen, si souvent décrié (notamment par nous-mêmes), a bien fonctionné. L'Union Européenne est généreusement réhabilitée avec une vision du nouveau traité entre l'Europe et les Etats-Unis plus que positive, même dans ses aspects d'arbitrages privés, qui nourrissent de violents débats dans la blogosphère et sur les réseaux sociaux. La raison : si les normes ne sont pas construites entre l'Europe et les Etats-Unis, elles le seront par l'Asie.

Exceptionnellement bien présentés, les efforts de la Chine pour réaffirmer sa suzeraineté sur tous ses voisins, tout en ne cherchant jamais à aller trop loin.

Où se niche le sentiment sinon de malaise du moins d'inachevé qui nimbe ce grand exposé ? Il est toujours difficile de bien cerner un sentiment diffus. Cela vous grattouille et cela vous chatouille sans qu'on parvienne trop à comprendre ce qui cloche. Jusqu'à ce que la lumière se fasse. Cet exposé ne comprend aucune analyse de l'évolution économique depuis quarante ans ! La diplomatie reste exclusivement géopolitique, façon Talleyrand, et ne s'intéresse pas au bain économique global.

Nous posons la question : "Depuis quarante ans chaque décennie voit la croissance ralentir, les crises périodiques devenir plus sauvages, la dette augmenter jusqu'à devenir intolérable, Pourtant le discours diplomatique sur ces sujets est inexistant. Ne devrait-on pas donner une dimension économique à la diplomatie, avoir aussi, en France et en Europe une diplomatie de la prospérité ? Nous n'avons pas de vision des causes de la crise, pas de diagnostic, pas de "guidelines" qui pourraient être le support d'une action diplomatique continue envers les gouvernances internationales dysfonctionnelles. Est-ce normal dans une période de mondialisation où nous dépendons des autres de plus en plus étroitement ? "

Le discours, limpide jusqu'ici, se fait hésitant et même incertain. "C'est à la France de s'adapter et elle ne l'a pas fait et ne le fait toujours pas". Pourtant ce n'est pas en France que la crise est née et pris son envol. On a pris en pleine figure l'explosion de la sphère financière internationale pilotée par les pays anglo-saxons. Certes on n'avait rien fait pour s'y préparer, mais les causes du saccage de la prospérité ne sont pas en France. Il serait donc logique d'élaborer une action diplomatique vis-à-vis des acteurs et des actions qui nous nuisent. Visiblement la nécessité et les contours d'une telle action sont totalement étrangers aux préoccupations diplomatiques françaises et européennes. Jean-David Levitte se contente de citer quelques pointures françaises qui sont au cœur de discussions réussies, comme la fin du secret bancaire ou la fiscalisation des multinationales. Sinon, c'est peut-être le destin de l'économie d'avoir atteint une sorte de sommet. Et puis tout semble aller mieux. Les banques ont été sauvées. Le Grexit a été évité. "La reprise est là en Allemagne, en Angleterre, aux Etats-Unis, même si la classe moyenne ne cesse de perdre du pouvoir d'achat". Dans la salle on entend quelques affirmations du type : "la crise est finie !" ; "Quelle crise ?" ; "La reprise est là !".

L'économie n'a toujours pas trouvé sa place dans la diplomatie. Une carrière diplomatique réussie suppose qu'on ne s'attaque pas à des sujets qui fâchent : une zone euro dysfonctionnelle qui a ruiné certains de ses membres ; un système monétaire international dysfonctionnel qui explique l'essentiel des grandes crises politiques qui se sont enchaînées et qui ont été si bien décrites par l'orateur.

Pas de Khomenei sans l'émancipation de l'Opep et l'arrivée d'une manne pétrolière démesurée. Pas de chute de l'URSS sans la rupture de croissance des années 73-89. Pas de changement de la politique chinoise si on ne comprend pas que les Tigres et Dragons étaient en train de dépasser la Chine en puissance économique et financière. Pas de crise actuelle en Chine si on ne comprend que l'accumulation d'actifs en dollars a été excessive et que comme au Japon après 92-93, le risque était de voir s'évaporer dans le néant des milliers de milliards de dollars de créances. Les révolutions dites du printemps arabe sont toutes les fruits de la misère consécutive à l'effondrement bancaire de 2008.

La trame de tous les événements qui marquent l'évolution géopolitique des quarante dernières années est liée aux défauts structurels du soubassement économique international et notamment à ceux du système monétaire international. De façon inextricable.

La diplomatie n'en a cure. Il n'y a pas de dimension économique de la diplomatie, analysée dans un discours construit et portée par une politique explicite. L'économiea été évacuée vers les banques centrales et les institutions financières internationales, ensemble hors les murs de la politique et de la diplomatie, sauf sur des sujets étroits et moralement indiscutables, comme la lutte contre l'argent noir ou l'évasion fiscale.

Le Général de Gaulle est le dernier président français à avoir élaboré une doctrine économique et monétaire internationale et pris le soin de l'exprimer.

Depuis les présidences françaises sont taiseuses. Les erreurs économiques massives commises en France ont fait perdre de toute façon toute crédibilité aux gouvernants français.

C'est pour cela que notre diplomatie économique est muette.

Il nous faut une "diplomatie de la prospérité" qui s'attaque aux systèmes internationaux dysfonctionnels. Le suivisme morose ne rime à rien sinon à l'effacement de la France en particulier et de l'Europe en général, dans une déréliction globale.

Diplomator doit être aussi Economator.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Économistes e-toile

Une erreur majeure de perspectives

De nombreux livres paraissent qui tentent d'expliquer les difficultés économiques du moment par les évolutions supposées de la production. Le numérique tuerait l'emploi. "L'uberisation" de la société déboucherait sur un chômage structurel. La destruction du tertiaire n'alimenterait pas de quaternaire. Etc.

Où est l'erreur ? Dans ce fait élémentaire qu'au dessus de notre PIB se trouve une couche quatre fois plus épaisse de dettes. Les désordres actuels proviennent de cette couche ingérable de dettes, pas de la structure de la production ni de son évolution.

Considérons le fait majeur qui inquiète aujourd'hui même : le retour de la baisse des prix en Europe et dans bien des parties du monde. Est-il lié le moins du monde à Uberpop ou aux nouvelles technologies ? Pas du tout. En revanche la destruction monétaire provenant du dégonflement nécessaires des en-cours bancaires est un mécanisme tout ce qui a de plus pertinent pour expliquer la déflation des prix.

Les observateurs à courte vue mettent en avant la baisse du pétrole comme facteur principal de la baisse des prix et ajoutent que le gaz de schiste en est le vecteur. Le moindre approfondissement de l'observation montre que toutes les matières premières ont connu la même baisse. C'est l'arrêt du commerce international et l'abandon de la politique de sécurisation de son stock de monnaies mises en réserve par la Chine qui explique cette décroissance subite, pendant des politiques de spéculations pratiquées antérieurement.

Ces baisses ne proviennent pas de la production mais des mouvements spéculatifs antérieurs permis par la création monétaire prodigieuse des décennies précédentes et le non contrôle des déficits et des excédents majeurs de  balances des paiements.  

Le monde aimerait se débarrasser d'un stock de dettes vertigineux mais ne se met pas en position  d'enclencher des mécanismes concertés de croissance. Le résultat est la stagnation, le chômage et la déflation.

Uberpop  et ses confrères n'ont rien à voir avec ces mouvements majeurs qui portent sur des milliers de milliards d'actifs plus ou moins faisandés.

En se concentrant sur des exemples marginaux d'évolution des produits et des productions, beaucoup des analyses publiées perdent le contact avec les réalités massives et ne produisent rien de  probant. C'est comme ci de subtils analystes voyant des villages entiers emportés par des crues gigantesques expliquaient le désastre par la forme du toit des nouvelles maisons ou la nature des nouveaux matériaux de construction.

La crue destructrice est le phénomène économique majeur. La numérisation de l'économie pas plus que sa mécanisation ou son électrification ou l'accroissement de la part psychologique dans la valeur des produits, ou la saturation des besoins, n'est la source structurelle d'une hausse du chômage. En revanche quand vous avez 400% de dettes par rapport au PIB avec une durée moyenne de l'en cours de 5 ans et un taux d'intérêt de 5%, le remboursement du principal et le paiement des intérêts prendrait 100% du PIB. Impossible !   Cà, c'est une vrai vecteur de chômage et de difficultés.

En se concentrant sur 1% du PIB (la part des nouvelles technologies problématiques) au lieu de s'attaquer aux 400% de dettes, toutes les subtiles analyses qui triomphent actuellement dans les medias ne sont qu'un vain exercice. Ce n'est pas la paille qui volète autour de certains marchés nouveaux qu'il faut analyser mais la poutre qui est plantée au cœur de l'économie et qui empêche son cœur de battre.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Une pétition déshonorante

Comme nous l'avons souvent écrit, lorsque des économistes se groupent en meute pour signer une pétition ou un article,  il s'agit toujours d'une erreur ou d'une opération médiocre. Si l'affaire était intelligente et utile, il n'y aurait pas nécessité de se grouper. Mille interventions individuelles permettraient de faire apparaître la bonté de la mesure ou de l'analyse. Chacun se ruerait pour prendre part à la gloire d'une réflexion pertinente.

Voici donc à nouveau 150 "économistes" qui se lance dans une opération de signature médiatisée. Avant même de lire la pétition, on sait qu'elle va être nulle. Leurs prédécesseurs s'étaient mobilisés pour les 35 heures, avec les résultats que l'on sait. Et aucun d'entre eux ne va crier sur les toits qu'il est l'un des signataires de cette proclamation triomphante de bêtise politicienne et idéologique déplorable.

Nulle, elle l'est en effet mais pire encore, elle est nauséeuse. Il s'agit purement et simplement d'une attaque ad hominem. On ne veut pas d'un homme à la tête de la Banque de France. Le malheureux a été, un temps, dans l'équipe de direction de la BNP. Alors haro sur le sagouin au nom des grands principes !

Ces méthodes sont détestables et détruisent le peu de crédit qui entoure les économistes "officiels".  Le gouvernement a persisté dans ses choix et écarté d'un pied méprisant ce petit crachat collectif. Il a eu raison.

Non pas que la consanguinité qui existe entre administration et banque ne soit pas un problème ; non pas que l'esprit de "fascio" pétainiste qui baigne l'organisation bancaire française ne soit pas condamnable ; non pas que la banque universelle ne soit pas le lieu de tous les conflits d'intérêts. Les énarques inspecteurs des finances règnent sur un petit monde entièrement cartellisé, cautionné par l'Etat (et la poche des contribuables)  et où les erreurs, les manquements à l'éthique ou les catastrophes financières ne perturbent aucune carrière.

On passe des cabinets ministériels à des postes de haute fonction publique ; de la tête des hautes administrations vers celles des hautes banques, on passe de contrôlé à contrôleur. Avec un peu de talent on arrivera à la tête d'institution internationale. Pour cela il faut un pedigree impeccable. La nomination récente anticipe sur la nécessité à terme de remettre un français à la tête de la BCE. On prépare le cheval.

Tout cela se passe entre vingt énarques qui coiffent la politique et l'administration, donc la banque et l'essentiel des médias, totalement entre les mains des banques.

Alors les roquets peuvent aboyer, cela n'a pas d'importance.

Que les 150 économistes utilisent l'argent que leur donne généreusement l'Etat, directement ou indirectement, pour analyser les défaut de la banque universelle, pour établir le lien entre le système bancaire actuel et l'économie baudruche qui a explosé en 2008 ! Qu'il regarde la gestion de la zone euro et qu'ils en dénoncent les dysfonctionnements ! Qu'ils agissent pour séparer la haute fonction publique de la sphère politique ! Qu'ils analysent les défauts du système monétaire international !

Tout reste à faire dans ces domaines.

C'est certes plus difficile que de se déshonorer dans des opérations médiatiques menées contre des personnes.

Mais cela rehausserait l'image d'une profession qui a perdu avec la crise l'essentiel de son crédit, faute de l'avoir prédite, prévenue et au moins expliquée. Ne parlons pas de chemin de sortie de crise. Là les 150 économistes pétitionnaires baissent le nez et prennent bien garde aux tâches. Une carrière de minables plutôt que le risque de la pensée et l'observation juste. Bien au chaud dans la meute.

Détestable !

"FAIRE", le livre programme de François Fillon , dans la conjoncture politique actuelle.

La campagne pour les élections présidentielles est désormais lancée.

À gauche, l'affaire est classée : François Hollande se représentera. On peut le regretter, compte tenu du bilan navrant de son quinquennat raté qui a abouti à la désagrégation à peu près totale de sa majorité présidentielle (alors qu'il est considéré comme un formidable tacticien dans la politique politicienne), et une contre-performance nationale regrettable. Une gestion purement électoraliste et narcissique n'est pas ce qu’il faut à la France et continuer comme cela pendant cinq nouvelles années n'a pas de sens pour la nation. Valls est trop associé à ce bilan pour pouvoir jouer une carte utile. Et quel serait son programme ? Il n'osera pas en affirmer un différent des esquisses hollandaises. Macron est rejeté par les socialistes et on n'ose même pas le montrer aux militants. La situation est bloquée à gauche, même si Martine Aubry semble vouloir faire ticket pour les présidentielles avec François Hollande. Le président socialiste peut encore changer les règles électorales pour obtenir une assemblée nationale éparpillée par la proportionnelle intégrale qui rendrait la droite de gouvernement impuissante. Les différentes droites et centres iraient à la bataille sous leur couleur. On voit le décor : le FN à 25 %, les droites à 22 %, les centres à 18 %, le PS à 17 %, les extrêmes gauches à 10 % et les différents Verts à 9 %. Avec à la clé des combinaisons façon quatrième République et un gouvernement de fausse union nationale entre centristes, PS et quelques transfuges verts et Républicains. Se lancer dans un tel barnum à un an à peine avant les élections présidentielles paraît tout de même un peu abracadabrantesque. François Hollande préférera faire la réforme électorale avant, en se réservant de dissoudre après. Il est plus simple de se présenter comme un candidat socialiste du centre qui protège tout en faisant avancer des réformes "que même la droite n'aurait pas su faire", mais dans la douceur. Avec un coup de pouce de la conjoncture, qu'il anticipe, il pense que cela peut passer. On aurait alors un ministère Aubry-Bayrou ou l'inverse.  

A droite, le poids politicien joue en faveur de Nicolas Sarkozy. Il tient l'appareil ; il sait manœuvrer ; il manie les sondages et les études politiques avec maestria ; les militants l'apprécient. Mais il n'a pas de programme et ne peut pas en avoir. Son quinquennat annonçait une rupture qu'il n'a pas faite cherchant surtout, par des arbitrages et des débauchages, à se placer au centre gauche pour se faire réélire et paniquant lorsqu'il est devenu clair que cette stratégie ne marcherait pas. La campagne de 2012 prendra alors le tour pitoyable que l'on a vu. Que peut-il annoncer aujourd'hui ? Qu'il a changé et qu'il va faire un vrai programme de droite ? De mea culpa en mea culpa peut-il faire oublier sa stratégie purement politicienne de 2007 à 2012, presque identique à celle de Hollande et pour les mêmes raisons ? Peut-il donner un sens national à un second mandat ? À notre avis, non.

Il aurait dû s'écarter après son départ forcé, comme Blair le fit au Royaume Uni, et laisser la place au meilleur du moment, François Fillon. Il a préféré interdire tout débat sur le bilan du quinquennat, qualifiant de traître et vilipendant tout malheureux cherchant à faire valoir certaines remises en cause. Il s'est mis à envoyer aux peuples des "cartes postales" et à organiser un retour en fanfare, se présentant en sauveur d'un parti qu'il a lui-même fait exploser en faisant "tuer" Fillon par François Copé dans des conditions scandaleuses. Il prétend avoir réparé ce qu'il a, en fait, lui-même cassé. Les Français croient que des dirigeants sans scrupule mais efficaces pour soigner leur carrière politique, seront plus résistants aux pressions du monde. Ils sont indifférents à la morale publique dans ces affaires. Soit.

Il a réussi à briser la dynamique Fillon, mais il s'est pris dans la figure, en ricochet, la montée dans l'opinion de Juppé. Cette soudaine réhabilitation n'a qu'une interprétation : le rejet de Sarkozy dans une bonne partie de l'électorat.

Juppé est-il l'homme ne la situation ? Objectivement non. Il faut à la France un président qui dispose du potentiel de deux mandats pour réellement redresser le pays. Juppé a dix ans de trop pour cela. Et il faut une volonté de porter des réformes lourdes. Juppé a commis trop d'erreurs majeures : il a déplafonné l'ISF et encenser une mesure fiscale qu'il regrettait de ne pas avoir mis en place lui-même ; il parle de le supprimer. Où est la cohérence ? Il s'est montré et se montre en permanence avec Rocard et Bayrou, qui n'ont rien montré lorsqu'ils étaient au pouvoir et ne représentent plus qu'eux-mêmes. La campagne montrera qu'il n'a pas le fond nécessaire pour conduire une grande politique. La dissolution Chirac, c'était lui, ce qui montre un sens politique, disons, imparfait. Finalement il a baissé pavillon devant les grévistes en 93. Droit dans ses bottes mais en mode recul. Il ne représente rien de l'avenir : ni un programme énergique de redressement, ni un programme d'adaptation au monde nouveau. Rien. Il a rassuré l'opinion au moment où les autres dirigeants de droite se battaient comme des gorets. Mais cela ne suffit pas. Les Français l'utilisent pour décourager Sarkozy dont ils ne veulent pas. Cela ne fait pas un vrai candidat. Son livre sur l'éducation est tellement tombé à plat qu'on en a mal pour lui.

Si ce n'est ni Juppé, ni Sarkozy, alors qui ? Il n'en reste qu'un : François Fillon. Lemaire est un peu vert, Lagarde encore insignifiante, NKM trop fofolle et marquée par sa défaite, hélas méritée, face à Hidalgo.

On dira qu'on peut envisager des binômes : Fillon, avec Lemaire comme premier ministre ; Juppé avec Fillon ou Lemaire comme premier ministre, Fillon avec Mme Lagarde comme premier Ministre etc.

Le fond du problème est tout de même de disposer d'un moteur et d'un conducteur. Le seul vrai moteur actuellement chez les Républicains, c'est Fillon.

Le livre qu'il vient de publier le prouve. C'est un excellent livre. Il montre que c'est Sarkozy qui a constamment cherché une voie moyenne acceptable pour la gauche, et a poussé aux demi-mesures. Il n'a pas démissionné par légitimisme : le président est le seul élu par l'ensemble des Français. C'est lui qui doit assumer la responsabilité du résultat. Ayant été élu par l'ensemble des Français, personne dans son camp n'avait le droit de l'empêcher d'agir. L'important était d'aller dans la bonne direction et de faire face à la catastrophe de la crise sans ajouter de la crise politique à un désastre économique. La position de Fillon est acceptable. Grâce lui soit rendue de ne pas avoir joué, comme naguère Jacques Chirac, la défaite de son camp pour maintenir vivante ses ambitions. En montrant que lui-même avait une stratégie plus ambitieuse et en la proposant aujourd'hui, il démontre qu'il est dans la continuité de Sarkozy mais avec un élan dans la rupture et dans la cohérence supérieure, et sans les travers psychologiques. C'est jouable, même si beaucoup de Français préfèrent les flambeurs irresponsables.

Toutes les mesures proposées dans le livre sont frappées au coin du bon sens et ont pratiquement toutes été défendues par les intervenants de ce blog. Alors bravo !

Nous ne constatons que deux manques.

Fillon ne parle pas de l'évolution nécessaire de la politique judiciaire. Le gouvernement des juges, via la CEDH ou par le justicialisme en interne, est une menace qui interdit toute volonté nationale un peu ferme. Le jugement Murano qui justifie qu'on puisse traiter à répétition de "connes" des opposantes politiques, pourvu qu'on le fasse très souvent et en croyant être drôle, s'ajoute au "mur des cons" de sinistre mémoire. Les libertés sont menacées et la licence est encouragée. Est-ce bien le rôle de la justice ? Et le droit national n'est plus souverain, contesté de l'intérieur et de l'extérieur par les instances européennes. L'impérialisme du droit américain vient encore aggraver les choses. Le droit national ne peut être ni soumis à l'extérieur ni subverti de l'intérieur par des juges politisés et félons. Il faut dénoncer et interdire le justicialisme. Il faut remettre le contrôle de constitutionnalité dans des mains républicaines françaises. La CEDH doit être réformée, comme le demande à juste titre Cameron. Comme en Allemagne notre cour suprême ne doit rien avoir au-dessus d'elle. Sinon, c'est la paralysie politique. On ne peut pas se dispenser d'un volet judiciaire dans le programme électoral d'un parti de gouvernement soucieux de l'indépendance nationale et de la démocratie.

Autre lacune du livre, François Fillon ne parle pas de la cause principale de la crise : le système monétaire international défectueux qui a provoqué la montée de la dette, la baisse du trend, l'aggravation des crises cycliques et finalement l'explosion du système.

Ce sont des sujets jugés compliqués et électoralement sans influence et qui ne seront sûrement pas apportés au débat présidentiel par les autres candidats. Alors pourquoi s'en préoccuper ? On comprend bien la prudence du candidat. Mais ce sont des sujets cruciaux s'il faut rétablir un certain "triomphe de la volonté" et on peut contester qu'ils n'auront pas d'influence sur l'élection. Celui qui donnera un diagnostic de la crise gagnera de la crédibilité car du coup il peut parler de la sortie de crise. N'évoquer que du sang et des larmes ne suffit pas. Sarkozy a été largement battu pour ne pas avoir porté un diagnostic sur une crise qu'il n'avait pas prévue, malgré les avertissements, et pour ne pas avoir présenté un plan de sortie de crise.

Il faut avoir une vision de la crise, une explication de ses causes majeures, un plan pour y faire face. Si la cause principale est dans les défauts du système monétaire international, il faut le faire savoir et militer pour des recettes de modernisation et de réforme. Si la gouvernance de la Zone Euro est en cause dans les difficultés actuelles de la zone, il faut aussi le dire et présenter un schéma de sortie des ornières ainsi dénoncées.

Si François Fillon pense que la France seule, pourvu qu'elle fasse les efforts qui s'imposent, pourra s'en sortir seule, il se trompe.

La France a besoin de se réformer, c'est vrai, mais il lui faut aussi une Europe qui dispose d'une politique d'ajustement interne et externe (pour nous, portée par un chancelier de la zone Euro, coordinateur et non un fuligineux "gouvernement économique") et l'Europe a besoin de la stabilité des changes dans un système de type Bretton Woods rénové qui évite les déficits et les excédents monstrueux, et assure une certaine stabilité concertée des monnaies.

Porter ce message ferait du bien à François Fillon. Car elle l'élèverait au-dessus de la tourbe de la politique politicienne pour aller au cœur du réacteur nucléaire de la crise. Cela lui permettrait également de se démarquer de la gestion de 2007, en donnant du corps à l'idée que son expérience lui a fait prendre la pleine conscience de ce qu'il faut faire désormais et que c'est son expérience qui lui permet de travailler dans les trois dimensions critiques : le monde, l'Europe et la France.

Prochain livre suggéré : "Que l'Europe s'éveille !" Dire qu'il veut une Europe européenne sans autres éléments programmatique, comme dans son livre actuel, ne suffit pas. Et pour le suivant proposons : "Agir pour la stabilité mondiale".

François Fillon est considéré par tous les journalistes comme perdu et ringardisé par sa querelle avec Sarkozy et Copé. Il se traîne dans les sondages.

Il aurait tort de se décourager.

Il a encore de la marge pour doper son programme et le rendre conforme aux nécessités nationales. Et il se peut qu'il parvienne même à ne pas décourager ses soutiens les plus militants, donnant des satisfactions à Boishue. Suggérons qu'il aille même jusqu'à les encourager !

Les autres, à droite n'ont pas de marge programmatique. En exigeant un "socle commun" Sarkozy se cache derrière son doigt. Il fait une double erreur, alors qu'il croit la jouer subtil : il montre qu'il n'a pas la volonté d'avoir un programme propre, décisif et clair ; il laisse penser qu'il se contentera de manœuvres politiciennes secondaires. Dans les deux cas, il se déconsidère. Dès que le couple Juppé-Bayrou projettera son ombre sur le mur de l'espoir français, sans vrai programme (Bayrou n'en a jamais eu ; Juppé non plus), alors que Sarkozy disparaîtra dans les fournaises judiciaires qu'il a lui-même allumées, l'heure Fillon sonnera. En s'alliant avec Lemaire, il peut même gagner la primaire.

Mais il faut que le programme soit complet et qu'il aille à l'essentiel.

S'il n'y a pas d'espoir de sortie de crise ni une volonté ancrée dans des analyses solides, il n'a pas d'élection possible, ni même souhaitable.

En Grèce : La victoire électorale de Tsipras

Les Grecs vont dans les îles pour voter. La société est largement restée clanique, bien que la moitié de la population soit concentrée à Athènes et au Pirée. Cette journée-ci est particulière : le pays élit un nouveau parlement, à la demande de Tsipras qui souhaite une nouvelle majorité, ajoutant une nouvelle palinodie démocratique à toutes celles qui ont marqué les derniers mois. À Athènes, seules les affiches de Tsipras et de son parti sont visibles. Elles sont omniprésentes. Où est donc passée l'opposition, présentée comme faisant jeu égal dans les sondages ? "Ils n'ont plus d'argent et ne peuvent plus payer d'affiches", dit la rumeur. Et Tsipras qui avait perdu le premier face-à-face contre l'opposition a gagné le second. Sondage exprès dans les taxis : Tsipras est un baratineur. "Bla bla bla", le geste illustre la parole, avec un doigt qui bat sur les lèvres. Mais Il va être réélu : "On s'en fiche. De toute façon on se fiche de tout, ici. Depuis que nos comptes en banque ont été bloqués, on sait que le chantage européen est invincible. Une fois de plus, nous sommes à merci". Il est vrai que l'histoire moderne de la Grèce ne manque pas de situations analogues. Le pays a-t-il jamais été totalement indépendant ni même simplement autonome ?

À Athènes, la ville est triste. Les restaurants du Pirée sont quasi vides. La nouvelle architecture des restaurants a fait perdre tout charme à l'endroit. Seuls quelques restaurants réputés pour leurs prix bas sont fréquentés. La sublissime terrasse de l'Hôtel d'Angleterre témoigne de la crise : il reste quelques places libres, un Week-End. L'autre attraction hôtelière, l'hôtel Hilton ressemble à un Titanic abandonné. Les bords de la piscine étaient le lieu de rencontre du tout Athènes et la terrasse du dernier étage  le rendez-vous de la jeunesse dorée. L'hôtel est sinon mort aujourd'hui, au moins sinistré. Les commerces souffrent partout dans la ville avec un nombre affligeant de magasins fermés, offrant des alignements de rideaux de fer tagués et souillés de mille manières.

En revanche la ville affiche bravement les énormes investissements qu'elle a faits depuis deux décennies. Un aéroport Venizelos dont la piste est la plus longue du monde, indispensable caractéristique, bien sûr. La gestion a été confiée à une société allemande. Elle doit près d'un milliard d'euros de taxes à l'Etat grec. Elle refuse de payer tant que les dettes allemandes ne seront pas remboursées… Une magnifique autoroute ignorée des Grecs, qui évitent les péages. Un musée disproportionné. Des équipements colossaux, nécessaires aux Jeux Olympiques, inoccupés et laissés à l'abandon car trop chers à entretenir.

Dans les îles, rien ne semble avoir réellement changé. Sauf l'ambiance, qui a disparu. Les restaurants sont vides. Les boutiques sont vides. Il est vrai que c'est la fin de saison, mais avec tous ces électeurs d'un jour, on aurait pu penser à plus d'agitation. Le tourisme du quatrième âge ne s'est jamais aussi bien porté. Mais les cheveux blancs ne font pas une ambiance. La hausse du dollar a fait revenir quelques Américains. Des détails frappent. Les prix sont très élevés pour les touristes. Chacun cherche encore à tirer le maximum de ceux qui sont venus en croyant à la bonne affaire.

Le gérant de la paillote unique qui équipe cette crique magnifique, qui a gardé tout son cachet, se perd dans la contemplation d'une feuille d'impôts. 1 250 euros à payer poux le mois d'août. C'est la première conséquence de l'accord avec les créanciers de l'été. Sous les parasols, trois clients, alors qu'il fait un temps resplendissant. La recette de la journée pour un dimanche : 75 euros. Ils sont trois sur l'affaire. La discussion est facile :

- "Nous ne sommes pour rien dans les excès de l'Etat. Nous n'avons rien demandé à personne. Et voilà qu'on nous ruine".

- "1 250 euros, ce n'est pas la mort, pour le mois le plus actif de l'année".

- " Nous payons déjà une redevance pour exploiter les lieux qui est très élevée. Notre saison est très courte. Ce qu'on nous prend aujourd'hui, c'est ce qui nous permet de passer l'hiver, où il ne se passe rien".

- "Que faites-vous en hiver ?"

- "Seulement des petits boulots d'entretien de villas, et on s'occupe de nos arpents agricoles familiaux, quelques chèvres, quelques ruches et trois dizaines d'oliviers. Et de notre petit potager. Dans les îles, depuis toujours, on vit, mais chichement. L'essentiel vient du continent. Avec ces taxes, on ne pourra plus payer. il va falloir s'expatrier en hiver, mais pour aller où et faire quoi ?"

- "Les élections ?"

- "Tout le monde s'en moque. Ils feront tous la même politique et elle ne sera pas grecque".

L'île a changé. Une route magnifique en fait le tour, payée par les fonds européens. Les voitures sont interdites, sauf les taxis et quelques utilitaires. Quarante kilomètres compliqués, en bord de mer, parfaitement asphaltés, sur une belle largeur de 6 à 8 mètres. Pour les deux roues. Le paradis du cycliste. Difficile financièrement à entretenir. Elle commence à s'abîmer au rythme des orages, sauvages dans la région. Quand vous faites le tour de l'île vous croisez un ou deux camions autorisés, une dizaine de deux roues et une paire de taxis. Parlons-en de ces taxis. Ils sont six et désormais surveillés de façon sévère. Ils vous fourrent le ticket de reçu dans la main ostensiblement. Pas question de se faire prendre à ne pas donner de ticket. Et de perdre son business. La répression a commencé avec l'accroissement des taxations.

Les résultats électoraux s'égrènent. Tsipras est en avance, puis largement en tête , puis finalement grand vainqueur. Les Grecs ne peuvent plus voter pour la droite et la gauche traditionnelles. Ils ne se sentent en rien responsables des décisions qui ont été prises au sommet pendant des années et qu'on leur demande de financer avec leur prospérité et leur vie. Tsipras ne fait plus peur. La sortie de l'Euro paniquait le pays. Il a cédé. "OK ! Il n'avait pas le choix". La droite ne craint pas Tsipras. Elle croit dur comme fer que sa présence a été décidée en haut lieu, c'est-à-dire par les nouvelles puissances tutélaires alliées aux grands intérêts économiques grecques. Ils préfèrent que la potion soit administrée par l'extrême gauche. Cela évitera les grèves et les insurrections. La gauche ne craint pas plus Tsipras. Laissons le faire. On verra bien. On n'en attend exactement rien, dans le pays, ni à droite ni à gauche.

Personne ne comprend pourquoi les banques sont en faillite et encore moins l'injustice de prélèvements fiscaux qui provoquent une descente aux enfers du revenu disponible.

La France ? On s'en désole. On l'admirait. Plus maintenant. Elle est devenue une nouvelle Grèce dirigée par des médiocres, aussi médiocres que les politiciens grecs, c'est dire. Louis XIV, Napoléon et le Général de Gaulle, toute cette grandeur est finie. Elle a été colonisée par des vagues migratoires africaines et des vagues de sous-culture politiquement correctes anglo-saxonnes. Sa voix est voilée et n'éructe que ce que la paternelle Amérique lui permet de dire. Elle ne dit plus rien à personne et à peine à elle-même. On l'admirait. On la plaint. "Nous les Grecs, on a connu cela aussi ; c'est votre tour".

Et voilà que des masses d'Arabes et d'Africains débarquent de partout dans les îles grecques proches de la Turquie, par dizaines de milliers. On les rapatrie à Athènes. Par dizaines de milliers. Et seulement une fraction quitte le pays vers la Macédoine et les autres chemins vers l'Allemagne ou la Suède. Que va-t-on faire des autres ? Les Albanais, ils volaient, ils violaient, mais au moins ils étaient travailleurs. Schengen nous a valu les Roms qui montrent maintenant leurs escarres dans tous les lieux touristiques. Et voilà un nouveau déferlement, alors que nous sommes ruinés.

"Ce monde est devenu fou. On marche sur la tête. Que vont devenir nos enfants ?"

Les Grecs ne se sentent ni responsables ni coupables. Tout cela est passé au-dessus de leur tête. Mais pas au-dessus de leur porte-monnaie.

Allons, va pour Tsipras ! Au point où on en est…

Une émission stupide et malhonnête sur Arte

L'un des supplices récurrents de notre société moderne est l'émission répétée, dans les médias, d'erreurs gigantesques, de fausses évidences, de raisonnements fondés sur rien d'autre que l'émotion ou d'affirmations dictées par des postures idéologiques invétérées.

On peut cumuler : les postures idéologiques s'appuient sur l'émotion et les fausses évidences avec peu de considération pour les réalités. Lorsqu'on demande d'analyser des faits uniquement à des partisans, on est même certain de récolter ce type de bruit de fond détestable.

On attend des médias, en économie, qu'ils confrontent, qu'ils cherchent des mécanismes, qu'ils fassent entrevoir des enchaînements, en les dégageant de la gangue de la nullité, de la méconnaissance ou des influences. Chercher uniquement l'audience par l'émotion  ou créer des tribunaux d'opinion, est un exercice déplorable.

Prenons un exemple tout chaud.

Une émission d'Arte était consacrée, dans la soirée du 15 septembre 2015, à la dette. Quels intervenants français ? Karine Berger, socialiste PS, tendance excitée, Bernard Maris, socialiste RIP, tendance Charlie. Sur un sujet fondamental et compliqué, on appelle deux "personnalités" socialistes, l'une péronnelle péremptoire, l'autre bavochon chwingommant, et toutes deux "anticapitalistes" à tout crin. Les deux membres de l'Ehess sollicités n'ont fait que de la figuration inintelligente en émettant vite fait bien fait des banalités affligeantes.

Automatiquement, et il faut insister sur le caractère automatique, l'émission aura comme thèse récurrente qu'un prétendu abandon par l'Etat de la monnaie a conduit à ce que les Etats deviennent la proie des financiers. La dette est provoquée par les banksters. Les banques peuvent créer de l'argent. Elles le font sans limite et sans raison. Dans le bon vieux temps on emprisonnait les créanciers. Qu'on recommence ! Vive le Moyen-Age ! Renationalisons et tout ira bien !

Le départ était prometteur : le reportage part avec justesse de l'abandon des accords de Bretton Woods comme source indiscutable de l'inversion de la courbe de la dette mondiale. Mais aussitôt, première lacune, on ne parle que de la dette des états. La notion de dette globale ne sera jamais explicitée ni même citée. Le rapprochement sera fait avec le PIB mais sans expliquer le contenu du PIB. Pas question de faire apparaître le niveau de la dépense publique par rapport à la valeur ajoutée du secteur marchand commercial. Seconde erreur, on ne fait aucune liaison entre ce qui est abandonné des disciplines de Bretton Woods et la hausse de la dette.  C'est une création spontanée. Les banques se mettent à faire n'importe quoi comme cela. Et voilà, c'est arrivé ! Les mécanismes ? On sait pas. Ah si : on a dénationalisé les banques !  En France les banques de dépôts principales étaient nationalisées depuis la guerre et ne seront dénationalisées qu'à partir de la moitié des années 80. En 81, tout le système bancaire a été nationalisé à 100% par Mitterrand. Le reportage ne parlera pas du Crazy Lyonnais et son endettement imbécile, alors que la banque était publique. Dans le reste du monde libre, les banques étaient déjà libres depuis longtemps, avec des exceptions comme les landesbanken en Allemagne qui seront désétatisées dans le cadre de l'arrivée de l'Euro, comme les banques françaises. L'émission constate  une renverse de la dette au début des années 70 qu'elle explique par ce qui s'est passé 15 à 20 ans plus tard. Comprenne qui pourra. Pauvre téléspectateur !

L'effondrement du système bancaire, et la grande crise qui a suivi, sont, une fois de plus expliqués, par les subprimes, marque d'une folie bancaire dominant les Etats, le "système" cherchant à se sauver en prêtant à de nouvelles victimes, pauvres si possible.

Encore deux erreurs :

- la création des subprimes est une opération socialiste montée par les démocrates, sous Clinton, en 96, et contrôlée par des organismes semi publics ou publics, comme Fanny Mae et Freddy Mac. Rien à voir avec un marché de prêts conforme aux canons libéraux.

- la boule mondiale de crédits sans flux d'amortissement était de 12.000 milliards de dollars en 2007. Les subprimes non performantes ne dépassaient pas 600 milliards dont finalement 300 milliards seront récupérés. Les subprimes ont été l'amorce qui a fait sauter la bombe. Pas la bombe elle-même.

Au final, la réalisatrice, Laure Delesalle, a fait passer le message qu'il fallait nationaliser le crédit tout en expliquant que la crise était due à un système de crédits…créés par l'état à des fins sociales ! "Laure Delesalle attache autant d’importance à l’esthétique et à la mise en image qu’à la qualité du message, la rigueur et la clarté du contenu scientifique", fait-elle savoir. Elle parait croire que la clarté et la rigueur proviennent spontanément du choix de personnalités de gauche ou de professeurs retraités de l'Ehess. Ne comprenant pas elle-même de quoi elle parle (elle a fait l'école Camondo, ce qui est très bien mais assez loin de la discipline traitée), on imagine qu'elle a cru choisir des personnalités indiscutables sans nécessairement savoir que le casting était vicié ; Ou alors elle a retenu ceux qui allaient dans le sens de ses sentiments et affections politiques. Là, c'est l'émission qui a dérapé.

Il ne reste qu'une émission qui n'a rien appris aux téléspectateurs et qui n'a pas permis de comprendre quoi que ce soit. Elle n'a ajouté que de la confusion. Les promoteurs de ce genre d'émission ne se rendent pas compte du mépris qu'ils génèrent non seulement chez ceux qui ont quelques connaissances mais aussi dans la masse des spectateurs qui sortent de là sans avoir le sentiment d'avoir compris quoi que ce soit, mais qui ont eu la forte impression qu'on les a pris pour des imbéciles… Sauf la poignée de militants qui sont contents de retrouver leurs préjugés, avec de belles images.

On aimerait un peu plus d'exigence du côté d'Arte.

Maintenant, on est bien d'accord que ce n'est pas gentil de s'attaquer aux saltimbanques. La faute initiale est dans l'absence d'une offre d'explication intelligente du côté des universitaires. La défaillance y est aussi navrante que durable.

Ce n'est pas vrai qu'en France :! Il suffit de citer le commentaire lumineux  d'un certain Cédric Tille, professeur de finance à l'EHEID de Genève : "«Les marchés vont redécouvrir ce qui était normal jusqu’à l’éclatement de la crise financière en 2008, l’importance des fondamentaux macroéconomiques».

L'éclatement de la bulle financière en été 2007 (et non pas 2008, la faillite de Lehman Brothers n'a été que le prolongement du blocage du marché interbancaire), alors que l'endettement global dépassait partout 400% , est bien la preuve qu'on avait totalement oublié l'importance des fondamentaux macroéconomiques ! Comment rembourser principal et intérêt à ce niveau de dettes ? Toute l'histoire de 1971 à 2007 est celle de l'oubli de plus en plus total des fondamentaux économiques ! En fait la "finance" comme discipline, s'est établie sur cet oubli. Avant on parlait d'économie.

Quand les professeurs émettent de pareilles âneries, les saltimbanques ont peu de chance d'échapper à la sottise ambiance. Mais ils peuvent éviter les partis pris politiques.  

Parution du livre de Didier Dufau : L'étrange désastre - Le saccage de la prospérité

Le Cercle des Economistes  E-toile (CEE*) crée un département « édition",  avec pour vocation  l'édition de livres économiques susceptibles de faire avancer les solutions de sortie de crise et populariser  les propres thèmes développées par le cercle.  

Pour lancer cette activité, nous sommes heureux d’annoncer la parution à l'automne, du livre de Didier Dufau,  un intervenant que les lecteurs de ce blog connaissent bien :

Didier DUFAU

L’Etrange Désastre

Le saccage de la prospérité

Avec une préface de Gabriel Milesi.

300 Pages

Aux Editions du Cercle des Economistes e-toile.

ISBN 979-10-95148-00-5

Octobre 2015

 

En avance de publication, un pré-tirage  particulier a été réservé aux lecteurs de ce blog,  au prix spécial de 19.90 Euros + frais de port, soit 25 Euros pour la France. Pour obtenir le livre il suffit d'envoyer un chèque  libellé à l’ordre du Cercle des économistes e-toile,  à  l'adresse suivante :

Cercle des économistes E-toile

Attention Mme Sophie Delfyn

c/o La Maillière

4, Av. Jules Janin

75016 Paris.

N’omettez-pas de donner vos coordonnées d’adresse pour l’envoi.

Compte-tenu du petit nombre d’exemplaires réservés à cette filière,  seules les  premières demandes pourront être servies.

Un compte Facebook va être  ouvert pour recueillir vos commentaires,  auxquels nous attachons la plus grande importance.

Pour toute demande d’information à l'auteur,  écrire  à  l'adresse : ddufau@e-toile.fr

 

Le secrétaire général

E E-F



La fonctionnarisation de la France depuis 1973 : une fausse solution.

La montée de la fonctionnarisation est-elle une conséquence obligatoire de la défaillance progressive du système économique occidental depuis 1971 ?

D'abord, il y a bien eu une relative défaillance du système économique puisque la croissance n'a cessé de  baisser durant les quatre décennies suivantes, avec des crises périodiques de plus en plus violentes et la montée d'un endettement global intolérable.

La question est de savoir quelle est la cause de cette contre performance. C'est la seule vraie grande question économique du moment.

Face au ralentissement, dans un pays dont l'économie se féminisait et avec une population vieillissante, la demande de protection a été très forte, depuis 1973. Les concours de recrutement de postiers ont vu affluer les bac plus 5 dès les années 80. La volonté d'une masse de petits diplômés de l'enseignement supérieur d'aller se caser notamment dans les administrations locales a été considérable, aggravée par l'esprit anti capitaliste des années 70.

La réponse politique, tous partis confondus, a été de satisfaire cette demande.

Si l'économie n'était pas entrée dans cette spirale désastreuse la demande de postes protégés dans l'administration aurait-elle été plus faible et l'offre moins généreuse ? Probablement. Une pression  socialisante exclusivement politique aurait-elle suffi à aller jusqu'à ces niveaux ?  Probablement pas.

Mais cela peut se discuter.

Il  y a eu, en France, convergence puis  confusion du politique et de l'administratif avec l'émergence de l'énarchie compassionnelle (Giscard, Chirac puis la suite après la crise de 73, alors que mai 68 avait délégitimé la production, la consommation, la croissance, l'entreprise, le travail etc.

S'agit-il d'une révolution par la tête,  les élites administratives coupées des réalités économiques  capturant le pouvoir politique de leur propre mouvement  ? Il est sûr que le mouvement Jean Moulin allait ouvertement dans cette direction et c'était pendant les "Trente Glorieuses".  Quand Chirac théorise dans une note à Giscard, en 1974,  que l'important n'est pas de réduire le champ de l'administration et qu'il est d'éviter les mouvements de rue, il réagit avec son instinct politique. Le peuple a peur. Il ne faut pas le traumatiser. Il faut le rassurer. Il veut de la sécurité et de l'administratif protégé. On va lui en donner.  Il se voit en "travailliste à la française" et la droite lui donne le pouvoir. Tout cela va prendre avec Mitterrand des proportions grotesques. N'oublions pas que son affiche électorale montre un village niché dans son vallon. Il sera réélu, simplement sur une perspective de ni ni. C'est-à-dire de passivité tranquille. Le peuple n'a pas été trahi. Il a été écouté. Il voulait de la sécurité, des postes de fonctionnaires et que  l'impôt sur ceux qui travaillent paye  tout cela.

Cela a accusé la réduction de la croissance française déjà entraîné par la baisse de la croissance mondiale.  Un magnifique exemple de cercle vicieux que Chirac, devenu  président , n'a pas voulu casser ,  après la crise de  92-93, pas plus que Sarkozy et encore moins Hollande.  

Les hauts fonctionnaires français de gauche comme de droite ont été débordés par l'évolution qui a saisi le monde après 1978 : ouvrir le monde aux diverses libertés de contracter , de circuler, de s'établir,  pour relancer les échanges et la croissance, généralement considérée comme  cassée en partie par la rente pétrolière. Et ils ont fini par se mettre en tête du mouvement, notamment via l'Europe. Ce faisant,  ils ont abandonné toutes les protections économiques et mis les ouvriers français sous le feu du prolétariat mondial. 

C'est la cause principale de l'échec final de Mitterrand, du suicide de Bérégovoy,  de la victoire surprise de Jospin et de les défaite surprise, du non au referendum, de l'appel et du renvoi de Sarkozy,…

Le problème, c'est que les contradictions sont maintenant au sommet et pratiquement insurmontables. 5.5 millions de chômeurs et 5.5 millions de fonctionnaires, 2 à 3 millions de personnes à la gamelle qui ne travaillent pas, , 14.5  millions de retraités, la baisse du revenu par tête continue depuis 2008, le remplacement  de la population native par des populations allogènes ayant leurs propres mœurs et religions, et revendiquant désormais le haut du pavé, un prélèvement sur la nation qui égale la production de richesses par le secteur privé, la destruction des fortunes et l'exode de milliers de foyers, pendant qu'on en fait venir des dizaines de milliers de l'étranger pauvres,  témoignent d’une situation désormais impossible.

Les socialistes sont par terre et se cherchent une voie de survie par un retour en arrière terrifiant : Corbyn, Podemos, Syrisa... C'est : mort à l'Euro, mort aux économistes, mort au capitalisme. Mais qui garnira la gamelle ? La saisie des biens des riches ? On vient de voir que cela ne marche pas.

La droite est par terre. L'organisation générale des échanges et du système monétaire international est défectueuse et elle est incapable d'en mesurer ni les causes ni les efforts nécessaires pour en sortir. Et elle doit politiquement servir la demande de précaution du pays.

Les élections de 2012 avaient montré un combat d'incapables et d'impuissants, compensant leur incapacité et leur impuissance par des fuites en avant dans la démagogie et l'ignominie. Le plus malinb et le plus vicieux a gagné et a aussitôt provoqué une aggravation odieuse de la situation avant de changer de direction à 180°. Personne ne croit au discours d'un Juppé ou d'un Sarkozy.  Personne n’écoute plus les fariboles de Hollande.

Juppé paraît plus propre sur lui et plus rassurant que Sarkozy et Hollande réunis. Il tient la corde car il rassure un pays qui a toujours et encore besoin d’être rassuré. Fillon ne décolle pas car le parti de la pétoche nationale ne veut pas de changements radicaux. Encore quelques minutes M. le Bourreau !

Les Français se défoulent sur les élites parce qu'ils savent bien que c'est le peuple français lui-même qui s'est lancé dans cette fuite nécrosante dans la sécurité aux frais d'autrui. Et qu’ils en ont honte.

Les socialistes sont désormais hors course. On sait qu'ils ne protègent plus rien et que si cela continue ainsi  les fonctionnaires français vont subir le coup de rabot grec : licenciement et baisse drastique de revenu.

La droite n'a pas  de légitimité faute d’avoir  expliqué pourquoi le trend est abîmé depuis 40 ans, pourquoi les crises sont de plus en plus graves, pourquoi le niveau de dettes est aussi insoutenable, partout dans le monde.  On ne peut pas être "pro business" et ne pas expliquer pourquoi la forme d'organisation actuelle de l’économie ne marche pas.

Les opérations de com' et de dénonciations politiques ne suffisent pas.

Le peuple français est encore malléable, car il veut s'en sortir. Mais il veut une perspective donc des explications et un chemin de sortie de crise un peu balisé. On ne pourra le faire sortir de ses réflexes de peur que par l'entraînement de la raison et une force prospective crédible.

Le drame de la droite et de la gauche française est que ces deux tendances sont également impuissantes et ne tiennent aucun discours autre que du calibrage électoraliste dommageable. Les imbéciles militant dans chaque camp croient que la solution viendra de ce que la droite sera "vraiment de droite" et la gauche "vraiment de gauche".  Braiements de gauche et braiements de droite n'ont en fait aucune importance. Les exaltations partisanes d'incapables et d'abrutis n'intéressent plus les Français.

Ils veulent désormais des solutions, et pas simplement des impôts, des souffrances et des contraintes.

L’ennui,  c’est qu’il n’y a pas de solutions sans contraintes.  Les fonctionnaires sont maintenant à peu de temps de subir une triple amputation :

-          La séparation entre sphère politique et sphère de la haute fonction publique  sera  bientôt inévitable.  

-          La disparition des statuts de fonctionnaires au dessous de la catégorie A est da              ns les tuyaux

-          La fin de la retraite statutaire remplacée par une retraite par point, et alignée sur les règles du privé ne pourra pas être différée très longtemps. .

En dix ans les effectifs de fonctionnaires  doivent être dégonflés de près d’un million. On peut le faire doucement et sans dommage trop grave.  Sinon ce sera le collapsus à la grecque.  Quand un état ne peut pas payer, il ne peut pas payer.  Les fonctionnaires sont les premières victimes.  L'horloge tourne.

La reconversion  sera acceptée si l’économie privée redevient prospère.  Ce qui suppose que l’on mette fin au saccage de la prospérité que l’on constate depuis quarante ans.  Sans un discours clair sur les causes de la déréliction progressive de l’économie occidentale, sur les remèdes  et sur les modifications à apporter à une série d’institutions internationales, les promoteurs d’une politique claire de suppression des béquilles sur lesquelles les Français s’appuient ne peuvent pas gagner  d'élections.

Il faut faire arriver à comprendre que le mouvement plus que le blocage, que l'offensive et le dynamisme, plus que la défensive hargneuse, que la prise de responsabilité  plus que la demande de protection, sont les moyens d'une nouvelle sécurité sociale. 

Convaincre un petit gros coincé dans une paroi raide et qui ne sait plus ni avancer ni reculer, que son salut passe par la reprise de la grimpée vers le haut, en mobilisant tout ce qui lui reste d'agilité et de force, est difficile.

Il  n'y a personne pour lui lancer une corde. S'il laisse la nuit arriver, il tombera.

Economie du désespoir et désespoir de l'économie

Le désespoir est à la mode. Il est si facile de "vendre" de l'horreur économique et de la fin du monde. Les périodes de crises économique sont toujours, systématiquement, l'occasion de dégagements sur le thème : aujourd'hui c'est différent ; la prospérité, c'est fini. En général on force tous les traits pour stimuler l'émotion et cela se termine dans le "Vous vous rendez compte Madame Michu". L'avantage de faire chauffer l'émotion est d'éviter à faire l'effort de comprendre. Geindre est plus facile que savoir, sans parler de construire une action positive.

Pour avoir été Maître de conférences à Science-po de la crise de 73 à la crise de 93, il a fallu commenter des épisodes de ce genre à de multiples reprises. Pessimisme et découragement moral sont les deux mamelles aux quelles s'abreuvent ceux qui n'ont rien à dire et rien à proposer, mais qui veulent exister médiatiquement.

En 1973, Keynes était "mort". Il fallait un nouveau Keynes car toutes les règles du jeu économique avaient changé. Les mœurs n'étaient plus ce qu'ils étaient : la cupidité avaient remplacé les solides capacités entrepreneuriales. De toute façon, la terre serait épuisée dans les 20 ans et en l'an 2000 cela ferait bien longtemps que le pétrole aurait disparu de cette terre. La voiture avait traînée la croissance derrière elle. Maintenant tout le monde était équipé. On allait pas avoir deux voitures par ménages tout de même. L'acier, le charbon, le textiles, c'était fini. Quant aux nouvelles technologies, à cette époque l'informatique, le filon était épuisé. Tout ce qui devait être informatisé l'avait été. C'était un truc pour les comptables et cela allait signifier la mort des administratifs. La banque et l'assurance allaient licencier pratiquement tous ses effectifs (avec grèves majeures en France). L'agriculture était arrivée à la surproduction définitive.  La grande distribution allait tuer le petit commerce. La mécanisation et les robots signifiaient la mort définitive de l'emploi. Blablabla.

Le résultat : l'informatique s'est développée de façon gigantesque portée par le télétraitement, le temps réel et la mini informatique, puis la micro informatique. Des secteurs économiques entiers se sont créés ou ont été renouvelés. La croissance mondiale n'a jamais cessé et jamais le monde ne sera plus riche 20 ans après, à l'aube de la nouvelle crise périodique forte, même si le rythme de croissance avait baissé.

En revanche, personne n'a voulu voir que le changement de l'organisation monétaire mondiale provoquait des modifications dramatiques qui allaient peser sur la croissance et faire entrer l'économie dans un système d'économie baudruche déplorable. On exalte la sinistrose mais on n'étudie pas les erreurs d'organisation. Et on les aggrave. Accords de la Jamaïque dans le monde, énarchie compassionnelle fiscaliste en France, n'importe quoi en Europe, comme la mesure "essentialiste"  que sera l'élection d'un Parlement Européen, seront la conséquence. Ajouter les deux septennats de Mitterrand et la France quitte durablement toute perspective de croissance rapide.

En 1992, 93, la crise décennale grave est pire que celle de 1973 du fait des défauts accumulés du système monétaire international. A nouveau on ne fait aucune analyse des défauts du système mais on crie à l'Horreur économique, la Fin du travail, l'épuisement du pétrole et des ressources rares, la fin de la révolution micro informatique (tout a été exploité), la disparition de la "bagnole" et donc du moteur de la croissance, l'ouverture d'une ère de cupidité, etc.  Aucune analyse de la crise n'est offerte. L'accident de 1987 est mis sur le compte des ordinateurs et la crise de 92-93 sur la guerre en Irak. 

Résultats 20 ans plus tard, plusieurs centaines de millions de personnes trouveront un emploi, la pauvreté reculera massivement dans le monde, l'informatique personnelle communicante révolutionnera à peu près tout, l'enrichissement général se poursuivra, surtout dans les pays ruinés pendant des décennies par le "socialisme réalisé".

Mais c'est vrai : on ne répare aucun des défauts du système, qu'on n'analyse pas ; trop compliqué, trop dangereux, et on les aggrave créant dans le monde une économie globale baudruche, en France une économie étouffée par le secteur public, en Europe une économie étouffée par la préparation puis la création de la zone euro. Toutes les causes de danger sont présentées comme de formidables avancées, le triomphe de la "finance", le triomphe de l'idée européenne, le triomphe du socialisme à la française.

La crise commencée en 2007 et qui est, à nouveau, "la plus grave depuis 1929" fait aujourd'hui l'objet du même traitement. Un certain  Daniel Cohen, économiste officiel, passe ce matin même sur France Info pour expliquer, que l'emploi c'est fini, que la nouvelle économie concentre la richesse sans provoquer la création d'emplois, que la croissance dans les pays en cours de rattrapage est impossible car cela tuerait la terre. Et qu'on voit bien que la Chine et le Brésil sont en récession.  Dans le Temps un article fait la synthèse de tous les propos du même genre. La productivité ne mène plus à la croissance. Les riches captent désormais tout et leur extraterritorialité les rends insaisissables par le fisc. L'Europe est définitivement encalminée car l'Euro est une catastrophe à cause de Mme Merkel et de son juridisme étroit. Nous sommes dans un monde de cupidité.

On mélange à nouveau le conjoncturel et le structurel, le financier et le commercial, l'économique et le politique, la morale et l'action.

Tout cela fait broyer du noir et brasser de l'argent. Mais n'apporte strictement aucune perspective.

Il est strictement impossible de faire la moindre analyse utile si on ne distingue pas l'économie réelle et la couche de dettes qui est posée dessus et qui représente encore aujourd'hui en moyenne dans le monde près de 4 fois la valeur de l'économie réelle.

C'est parce qu'on a laissé se créer cette énorme couche de mousse monétaire et financière au dessus de l'économie de production que la plupart des méfaits constatés se sont produits et qu'on a tant de mal à sortir du trou. La première obligation des économistes est d'expliquer les mécanismes qui ont permis l'émergence de cette mousse parasite que nous appelons l'économie baudruche, et de définir les moyens de s'en délivrer. Des éminences comme Daniel Cohen ne fournissent AUCUNE piste de réflexion en ce sens. Au contraire, ils poussent au désespoir : si c'est la cupidité et internet qui sont les causes, il n'y a pas d'issue. Le péché de gourmandise dure depuis quelques milliers d'année, semble-t-il et on ne voit pas qu'internet soit en passe de disparaître.

De même on a créé, en Europe, une organisation de l'économie qui ne peut s'ajuster que par des déflations sinistres. Raisonnable ?

Quant à la France, elle a choisi un modèle de sous-développement fondé sur l'inactivité, le malthusianisme, le développement d'un secteur public gigantesque et sans productivité, tout en ruinant ses riches, chassés hors du pays, et en faisant crever ses entreprises sous les contraintes et les charges.

Ce n'est pas par des "analyses", marquées par la courte vue et le pessimisme,  portant sur l'économie réelle qu'il faut prendre la question du retour à la prospérité et à l'emploi du monde, de l'Europe et de la France. Il faut s'attaquer aux erreurs d'organisation qui ont progressivement étouffé l'économie mondiale.

Dans 20 ans, nous constaterons que toutes les analyses qui sont à la mode aujourd'hui se seront révélées aussi débiles que débilitantes. Comme les analyses post 73 paraissent aujourd'hui grotesques ; comme les analyses post 93 nous paraissent aujourd'hui sans fondement.

La croissance n'a pas de plafond ; les taux d'emplois n'ont pas de limite. On peut croitre sans tuer la terre. On peut employer tout le monde. Il n'y a dans le monde qui se développe tous les jours aucune raison absolue pour que cela ne soit pas le cas.

En revanche un pays qui comme la France chasse ses entrepreneurs et développe ses dépenses publiques au point qu'elles atteignent la contre valeur du PIB marchand non financier est mal parti.

En revanche une zone qui crée une monnaie unique sans organe de gouvernance ne peut pas espérer grand-chose.

En revanche un monde qui met en place un système de gonflement monétaire et financier sans limite portant le niveau de dettes à quatre fois le PIb n'est pas viable.

On n'a pas besoin d'une économie du désespoir. Il n'est pas nécessaire de désespérer de l'économie.

En revanche, certaines réformes et refondations sont absolument nécessaires.

Les économistes qui veulent faire de l'argent  en capitalisant sur le délétère et la sinistrose du genre Stiglitz, Cohen, Attali, etc. ad libitum, ont leurs raisons. On se permettra de préférer ceux qui s'attaquent à clarifier les mauvaises solutions et à élaborer les bonnes plutôt que de surfer sur des mauvais sentiments et de se concentrer sur des faux semblants qui ne mènent à rien.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile. 

Trois chiffres

La Suisse compte 186.000 fonctionnaires et s'inquiéte car le nombre a beaucoup augmenté depuis 20 ans. La population est un peu au dessus de 8.000.000 d'habitants. Pour 66.000.000, cela ferait 1.500.000 fonctionnaires.

La Grèce a 800.000 fonctionnaires pour 11.000.000 d'habitants, ce qui ferait pour 66.000.000, 4.800.000 de fonctionnaires. Tout le monde et M. Hollande en premier, a reconnu que ce chiffre était grotesque et la marque d'un pays qui s'était gavé de postes publics sur le dos des autres.

La France a 66.000.000 d'habitants et 5.500.000 fonctionnaires.

Fiscalité politicienne et Constitution

La déclaration des droits de l'homme et du citoyen, telle qu'elle est annexée en préambule de la Constitution actuelle n'est pas très claire sur la question des contributions. Les citoyens contribuent "à raison de leurs facultés".

La constitution de 1789 était plus explicite  en indiquant qu'ils contribuaient "à proportion". La proportionnalité a cédé le pas à la progressivité, voici la raison de cette raison.

En fait, "à raison" veut dire, selon les meilleurs dictionnaires,  "à proportion"… Sémantique quand tu nous tiens !

La pratique fiscale, ces dernières années, s'est engagée dans certaines impasses qui frôlent l'inconstitutionnalité et en tout cas nie l'esprit républicain.

Jusqu'à Pompidou, la règle des augmentations d'impôts et des efforts fiscaux étaient proches de l'esprit de la Constitution : en cas de besoin on demandait un effort à tous et on tenait compte de la situation de chacun pour sortir des difficultés. Le pays mobilise tous ses citoyens, à raison de ses facultés.

Après les septennats fiscaux de Giscard et Mitterrand, qui ont vu une augmentation de près de 40% de la pression fiscale, la crise de 1993 va provoquer une première sortie de l'épure démocratique avec Alain Juppé qui déplafonne l'ISF et envoie automatiquement quelques dizaines de milliers d'assujettis au delà des 100% d'impôts sur le revenu. On n'est plus dans la contribution mais le vol du capital, normalement interdit par la Constitution (toute captation du capital doit être justement indemnisée). C'est ensuite Jospin qui fait valoir un curieux argument : si on baisse l'impôt sur le revenu, la baisse doit aussi toucher ceux qui ne paient pas l'impôt sur le revenu ! Il n'y a plus de corrélation entre la hausse des impôts et la baisse. On peut augmenter l'impôt sur le revenu sans toucher ceux qui ne le paient pas, mais pas l'inverse. On invente également l'impôt sur l'impôt et la non prise en compte de l'inflation dans les assiettes fiscales, ce qui revient à imposer un revenu fictif.

Avec Hollande, l'idée que les augmentations d'impôts ne doivent pas être payées par tous mais seulement par "les riches" arrive dans le décor antidémocratique de l'énarchie compassionnelle. L'idée qu'on dût contribuer "à raison" disparaît. La ségrégation fiscale ou apartheid fiscal comme on voudra, apparait dans la pratique. Symétriquement la baisse fiscale ne doit pas concerner tous les citoyens mais seulement une sélection.

Normalement une baisse fiscale devrait concerner les 20 millions de ménages contributeurs, à raison de leurs facultés.

Non : on va en choisir environ la moitié pour faire nombre mais en écartant les riches honnis, c'est-à-dire les 20% de ménages qui paient 70% des impôts.  

Ces mauvaises manières démagogiques s'ajoutent à une autre réalité : l'exclusion de prestations de ceux qui les paient. Depuis le déplafonnement des assiettes de sécurité sociale on faisait payer "aux riches" des sommes disproportionnées pour les services rendus mais au moins ils y avaient droit. Un cadre supérieur paye par exemple jusqu'à 1000 fois les quelques remboursements maladie dont il bénéficie, du fait de la suppression du plafonnement. Maintenant des services deviennent payants pour les heureux contributeurs exclus de la gratuité anciennement générale ou de prestations anciennement universelles. Pour bien brûler la chandelle par les deux bouts, on va même proposer de faire payer plus cher les mêmes services en fonction du revenu…brut naturellement. Le riche va payer le prix fort l'entrée d'un enfant à l'université tout en ayant un revenu net devenu très faible voire négatif.

L'égalité devant l'impôt et les prestations universelles sont des principes constitutionnels désormais à bas. Les principes ont été remplacés par le clientélisme politicien le plus abject et l'électoralisme de bas étage. La justice fiscale a fait place au justicialisme fiscal, ce qui n'est pas exactement la même chose.  

M. Hollande pratique à l'échelon national les principes de ses gestions municipale et départementale. On hausse massivement les impôts après les élections ; on lâche quelques miettes aux masses électorales et à elles seulement, les deux budgets précédant les élections.

Il n'aura jamais réussi à entrer dans le costume d'un président de la république.

Voir la presse, la semaine où les Français qui le paient sont saignés à blanc par un Impôt sur le revenu totalement délirant, compte tenu des autres impositions, emboucher les trompettes de la "baisse d'impôts" c'est-à-dire participer à une manipulation de l'opinion d'une grossièreté inimaginable, donnera aux journalistes une légère indication sur les causes de la perte de confiance qu'ils subissent dans l'esprit des Français.

Leur devoir aurait été de rappeler que le choix de la date  des "annonces présidentielles" en fait une simple opération de com' de la plus basse espèce, à l'heure où ils signent le solde de leur IR,  tout en signalant que les règles de la Constitution sont piétinées.

En ne cherchant qu'à être des perroquets de la com' présidentielle, ils aggraveront encore les malheurs de la presse française. Quant à Hollande, malgré ce qu'il espère, la haine qui entoure ses palinodies fiscales de minable politicien l'empêchera d'être au second tour. Les socialistes soviétiques pensaient que les exactions ciblées contre des boucs émissaires suffisaient à leur attacher les habitants. Les socialistes chinois le croient toujours. Ainsi qu'Hollande, qui a plusieurs reprises a lancé lui-même des attaques ad hominem quand il a cru que cela le servirait (voir l'affaire Depardieu) et qui croit qu'il doit son élection à l'annonce des "75%".  "Une fois abject, toujours abject" affirme le dicton. La règle n'a pas d'exception. Mais maintenant les Français savent. Quant à Juppé, il va lui falloir drôlement polir son programme s'il veut se dégager de la gangue fiscale où il est englué. Une chose est de paraître plus digne qu'un Sarkozy. Une autre est de croire que les Français sont totalement oublieux.

Comment on enseigne n'importe quoi !

Voilà ce qu'on enseigne en France, aux étudiants en économie, dès qu'on parle de changes flottants.  Au moment même où une crise de change a entraîné une baisse en panique des toutes les bourses, avec phénomènes cumulatifs, et la samba des monnaies, tout rapport entre cours magistral et réalité ne saurait être qu'une curieuse coïncidence.
 
"Le régime de changes flottants actuel entre les principales monnaies, Dollar, Euro et Yen, présente en théorie de nombreux avantages :
 
Il permet tout d’abord une certaine autonomie des politiques monétaires, car en cas d’excédents commerciaux, les banques centrales ne sont plus obligées d’augmenter mécaniquement la masse monétaire en contrepartie de l’arrivée des devises
étrangères, ce qui a pour effet d’importer l’inflation si la hausse des prix étrangers sont supérieurs aux hausses des prix intérieurs. Il suffit alors de laisser glisser le cours de la monnaie à la hausse sur les marchés internationaux."
 
C'est surement pour cela que l'on est passé de moins de 200% d'endettement en 1971 à plus de 400% par rapport au PIB  en 2008, et que nous y sommes toujours !
 
 
"Les changes flottants permettent aussi le rééquilibrage automatique de la balance extérieure, sans que les autorités monétaires aient à intervenir. En effet, un déficit commercial suscite une contraction de la masse monétaire, qui provoque une augmentation du taux d'intérêt et donc une entrée de capitaux étrangers attirés par les taux rémunérateurs. Sur le plan économique, cette contraction de la masse monétaire entraîne un ralentissement de l'activité économique, une stabilisation des prix et donc une amélioration de la compétitivité sur les marchés nationaux étrangers ; ainsi les exportations augmenteront, les importations diminueront et la balance commerciale se rééquilibrera. Nous pouvons voir dans un second temps qu’il s’agit d’un système plus équilibré en apparence par rapport à un système de changes fixes qui faisait explicitement référence à une monnaie dominante, le dollar. En effet les changes flottants permettent une adaptation rapide aux chocs réels, notamment en cas de déséquilibre des paiements courants, provoquant des conflits entre l’offre et la demande de devises. Il faut rappeler qu’en système de changes fixes il en résultait une variation des réserves de change puisque la banque centrale doit intervenir pour maintenir la parité de la monnaie nationale. En revanche, en changes flottants la banque centrale n’a plus à intervenir : l’ajustement sur le marché des changes est réalisé par des mouvements de capitaux, provoquant la variation du taux de change. Celle-ci modifie donc les conditions de l’échange. Par exemple en cas de déficit, on assiste à une diminutionde la valeur de la monnaie qui renchérit les importations et rend plus attractives les exportations. A terme l’équilibre est rétabli..."
 
Celui qui a vu la balances américaine des paiement se rétablir est un génie.
 
 
"De plus, nous constatons que les banques centrales n’ont plus besoin de conserver des réserves importantes de devises pour défendre le cours de la monnaie. Dans ces conditions les banques centrales ne doivent pas subir des variations de leur volume de réserves officielles et les institutions ne reçoivent plus de demandes de réserves nouvelles. Egalement, on s’aperçoit que ce système de changes flottants fait que les marchés sont moins sensibles aux fortes poussées de fièvres spéculatives, comme celles qui se produisaient sur les monnaies dont l’évolution laissait penser qu’une dévaluation ou une réévaluation était inéluctable."
 
Ils sont clairemeent beaucoup moins sensibles aux poussées de fièvre, comme on le voit aujourd'hui.
 
"Dans ce cas tous les opérateurs étaient encouragés à vendre ou à acheter cette monnaie à des fins purement spéculatives. Au contraire, les changes flexibles amènent les marchés à des ajustements mutuels, permanents et graduels, entre le cours des devises et les anticipations des opérateurs."
 
N'est pas absolument merveilleux, cet ajustement mutuel, permanent et graduel ? On assiste justement à ce délice aujourd'hui. 
 
La grande difficulté de l'enseignement économique en France est son éloignement presque total des réalités. On répète des articles de foi sans même regarder ce qui se passe.
 
Navrant.
 
 
 

Les changes à nouveau en folie.

L'idée centrale qui fonde l'essentiel des thèses de ce blog n'est pas difficile à comprendre : les grands déséquilibres de balances commerciales et de paiements, dans un monde où les Etats ont pris une part de lion dans l'économie et où la monnaie est imprimée à volonté par les dits Etats et n'obtient son pouvoir libératoire que par les Etats, provoquent des crises financières d'autant plus difficiles à maîtriser que les déséquilibres sont plus grands.

Tout système qui limite le plus structurellement possible les grands déséquilibres est bon. Ceux qui les aggravent sont mauvais.

Le système des changes flottants mis en place, par force, lorsque les Etats-Unis ont voulu se débarrasser des contraintes des Accords de Bretton-Woods, qui pourtant étaient déjà déséquilibrés en leur faveur, ne marche pas, n'a jamais marché et ne marchera jamais.

Le système de monnaie unique, si rien n'est fait pour ajuster les déséquilibres internes, ne marche pas, n'a jamais marché et ne marchera jamais.  

S'agissant de relations entre Etats souverains et puissants, qui peuvent être tentés  de tordre les relations économiques et monétaires à leurs avantages réels ou supposés, les accords diplomatiques mous et les belles déclarations d'amour à la stabilité ne peuvent pas être efficaces. Il faut créer des systèmes institutionnels solides avec des correctifs puissants.

Au sein de la zone Euro, comme nous avons essayé de le montrer dans nos articles précédents, il faut un chancelier de la zone Euro, dont le travail est de mesurer, prévenir, et corriger les déséquilibres internes et externes.

Les accords de Bretton Woods étaient de bons accords, car il forçait les Etats à respecter la valeur réciproque des monnaies. Certes ils étaient imposés par une puissance dominante qui les appliquait à son avantage mais ils imposaient une discipline structurelle et des principes, ainsi qu'un maître chien : le FMI, et un porteur de carotte, la BIRD.

Les principes de base étaient d'une grande simplicité :

- Tout le monde gagnera à l'extension des échanges internationaux.

- Il faut donc permettre à tous d'accéder à ces échanges, ce qui impose qu'on puisse les financer avec des moyens de paiements reconnus.

- Les monnaies étant nationales et gouvernées par les Etats, les Etats ont une responsabilité vis-à-vis des tiers lors d'un échange international.

- Les produits doivent s'échanger contre des produits pour ne pas créer de distorsions graves des marchés du travail et permettre à la loi des débouchés de fonctionner ; cet échange doit être les plus équilibré possible.  

- Si une crise intervient qui met en cause la crédibilité d'une monnaie, la collectivité se saisit de la question, pour permettre au pays en cause de revenir à l'équilibre et maintenir son accès au commerce international, sans entraîner les autres dans ses difficultés.

- L'objet direct de l'intervention collective est d'empêcher des mécanismes contagieux de déflation de s'enclencher.

- L'aide du FMI est certes coercitive, pour éviter les défauts à répétition, mais son but reste positif : stopper des phénomènes récessifs cumulatifs.

Le système est à la fois structurellement coopératif et largement auto régulé, puisque chaque pays a la responsabilité de surveiller ses balances extérieures.  

La double organisation des changes flottants dans le monde et de la monnaie unique sans organisation de pilotage en Europe, a signé le retour de la déflation comme moyen d'ajustement des déséquilibres, donc du chômage de masse et des dettes incontrôlables.

Au début de l'année 2015, tout le monde glorifiait "l'alignement des planètes", la conjonction miraculeuse d'un Euro très dévalué et d'un prix du pétrole en chute libre "grâce au gaz de schiste américain". Nous écrivions : attention le commerce international est à zéro ; la baisse du pétrole n'est qu'un détail des baisses massives qui touchent toutes les matières premières.

Les chiffres connus signalent que le commerce international a finalement baissé de près de 4% en 2014. Depuis l'été 2008, il est à l'arrêt et n'a un peu remué que lorsque la Chine, inquiète de voir le dollar se déprécier et son stock de devises et de placements en dollars perdre de la valeur, a converti sa monnaie en "valeurs réelles", c'est à dire acheté un peu n'importe quoi à travers le monde. De même, les remontées du terrain montraient qu'en France le commerce de détail était à l'arrêt et dans une situation pire qu'en 2009. L'Insee vient de confirmer que le PIB y a connu une croissance zéro au second trimestre 2015.

Aujourd'hui on mesure avec la dévaluation soudaine du Yuan que la Chine, qui avait promis de rétablir progressivement une valeur de sa monnaie plus compatible avec l'équilibre des échanges mondiaux, ne pouvait pas supporter la baisse totalement extravagante de l'Euro et celle du Yen, tout en suivant la hausse du dollar.

Tout le monde voit les avantages d'une dévaluation pour soi même. Personne ne voit les inconvénients. Gare aux réactions des autres et aux effets négatifs d'une dévaluation en interne, rarement signalés.

Ils sont pourtant massifs.

L'Europe, pour installer l'Euro dans le concert des nations, a voulu, pendant deux décennies, imiter la politique allemande de la Buba et avoir un Euro fort. Il a été trop fort trop longtemps et a ruiné une partie de l'économie européenne qui a été transférée en Chine et en Inde. Il est brutalement dévalué passant de 1.40 à 1.10, soit une chute de plus de 20%. Quelle est la conséquence immédiate ? Tous les importateurs sont obligés de répercuter une hausse de coûts immédiate de même ampleur et tous les distributeurs, c'est-à-dire le grand commerce et les boutiques, prennent un coup de ciseau effroyable. Ils ne peuvent pas répercuter la hausse des produits qu'ils vendent ni leur substituer une production locale car cette dernière a été purement et simplement éliminée pendant 20 ans. Alors on voit les grands magasins parisiens perdre leur marge et accumuler des pertes de plus en plus lourdes et de grandes chaînes de diffusion faire faillite ou s'en approcher. La consommation freine également brutalement.

Paradoxalement, la stagnation du secteur marchand en France au second trimestre est l'effet direct de la…dévaluation massive de l'Euro.

La Chine ne trouve plus de débouchés en Europe et voit ses exportations s'effondrer. La croissance ralentit fortement. Les pays qui exportaient en Chine, comme l'Allemagne sont touchés. La bourse de Shanghaï, gonflée par les masses de liquidités inemployées accumulées en Chine, s'effondre, le décalage entre économie réelle et financière devenant trop important. En même temps la déflation générale sur les marchés de matières premières déséquilibrait le marché du gaz de schiste aux Etats-Unis avec ces presque 600 milliards de dettes, fragilisait tous les pays dépendants du pétrole et déstabilisait un peu plus les marchés financiers. L'agriculture, notamment en France, qui est de plus en plus une industrie d'exportation (ou sensible aux importations, ce qui revient au même), se retrouvait aussi à découvert comme le montre le marché du porc.  

On ne pouvait pas démontrer plus radicalement que la croissance n'est possible que dans le respect des grands équilibres. Faute d'un système cohérent, globalement admis et surveillé, les échanges internationaux dans une ambiance de liberté sans limite des mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, deviennent incontrôlables.

Cette leçon n'est évidemment présentée nulle part. Et particulièrement pas dans la presse française, ce qui est dommage. Le comble du ridicule est à trouver dans la presse anglo-saxonne qui s'émerveille des dévaluations successives du Yuan, preuve, selon elle, que la Chine va enfin entrer de plein pied dans le flottement des monnaies dirigé par la spéculation internationale et les banques américaines.  

Ah ! Enfin un flottement total et général ! La joie profonde, l'extase de la finance "moderne".

Débloquons, débloquons !

Et bien oui, on débloque. Et on bloque à nouveau la croissance, seule moyen de sortir de la crise de surendettement global qui paralyse le monde et qui a été la conséquence directe du système des changes flottants par le mécanisme de la double pyramide de dettes détaillée par Jacques Rueff en son temps, et dénoncé à nouveau par Maurice Allais à la fin du siècle dernier. Ils nous manquent ces deux là ! .

On fait enfourner du sucre à un diabétique, en lui criant : formidable ; encore ! Et on s 'étonne que les vaisseaux craquent et que des amputations suivent.  

Heureuse période ; période des imbéciles heureux.

Si vous avez entendu un seul homme politique, au gouvernement ou dans l'opposition, faire cette analyse en France, vous avez gagné le grand prix des acouphènes.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Pour une chancellerie de la zone Euro

  1. Une réforme de la gouvernance de la zone euro est nécessaire.

Le premier inconvénient d’une zone de monnaie unique regroupant des pouvoirs nationaux indépendants est de ne permettre les ajustements de compétitivité que par la  déflation. Seule la baisse de la masse monétaire, des prix et des salaires  permet le retour aux équilibres nécessaires, dans la partie marchande de la société. Si de surcroît le pays a laissé se développer un secteur public dévorant,  la perte de recettes entraînée par la déflation implique une hausse cumulative des impôts et l’augmentation de la dette, au prix d’une défiance cumulative des prêteurs.  Au total, le pays victime de lui-même, en ayant laissé sa productivité et sa compétitive s’étioler, s’offre une crise nationale grave et remet en cause les fondements de la monnaie unique collective.

Ce schéma est exactement celui auquel l’humanité cherche à échapper depuis  la crise de 1929. De ce point de vue, la création d’une zone prétendument réglée par deux normes (3% de déficits publics par rapport au PIB et 60% d’endettement public par rapport au PIB) était une dramatique illusion.

Il faut, pour gérer une zone de monnaie unique multinationale, un coordinateur des politiques publiques qui permette d’éviter les décalages de compétitivité et qui organise le retour à l’équilibre si un décalage s’est produit malgré tout, du fait d’un évènement hors du contrôle des pouvoirs publics. 

Nous défendons ce point de vue inlassablement depuis le vote sur le traité de Maastricht. Jusqu’ici en vain, en attendant la pédagogie des faits. L’affaire grecque est tout de même éclairante.  Si, dans les années 90, les risques que nous évoquions pouvaient paraître théoriques et tirés par les cheveux, ils sont désormais manifestes.  La déflation plus ou moins organisée est la seule voie de réajustement des décalages de compétitivité.

Le second inconvénient d’une zone de monnaie unique sans organe commun de pilotage, est la déshérence dans laquelle se retrouvent les  différents instruments de politique monétaire que sont la gestion du cours du change, la politique des taux d’intérêt, l’intégration de la politique monétaire et des politiques budgétaire et sociale globale.  La zone  est dans la seule dépendance de la Banque centrale qui n’a, dans le cas de la BCE, qu’un objectif d’inflation  et qui ne pourra agir sur le change qu’en se livrant à des contorsions totalement ridicules, du genre « on dévalue pour lutter contre la déflation », alors que la zone euro est globalement excédentaire !

Une absence aussi évidente d’organisation ne permet d’agir ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Ce dernier aspect est d’autant plus dangereux que le système monétaire  extérieur est basé sur la flottaison des monnaies, l’acceptation de déficits et d’excédents monstrueux  et la construction d’une économie baudruche vouée à l’explosion.  Quand la baudruche explose, la zone Euro se retrouve privée de tout moyen organisé de faire face et doit improviser. Dans l’urgence et dans la panique, avec des risques graves de dissensions, de comportements nationaux incompatibles et finalement de destruction.

  1. L’option fédérale est au mieux une utopie, au pire une provocation, plus sûrement un leurre.

L’Europe communautaire, globalement,  ne parvient plus à séduire, du fait de sa lutte permanente contre les Etats pour arracher des pouvoirs politiciens nouveaux (parfois abusivement, comme le choix du président de la Commission par le PE), sur son incapacité à gérer bien et démocratiquement les domaines qui lui ont été attribués (comme l’agriculture), de la zizanie ou l’impuissance  permanente qui marque les fonctions confiées à un « Ministre Européen»  (comme la diplomatie : voir l’Ukraine). L’hostilité croissante des peuples vis-à-vis de certaines conséquences jugées déplaisantes ou négatives des libertés totales d’aller et venir au sein de l’Europe, ou de l’incapacité de bloquer l’immigration clandestine, motive un rejet assez vif de la part de certaines parties de la population.   L’inquiétude devant la continuation de négociation d’adhésion avec la Turquie, qui fait l’objet d’un rejet radical pratiquement partout en Europe, la perplexité devant le fait qu’on ait accepté l’entrée de la Grèce dans la zone Euro malgré des défauts structurels majeurs,  la colère devant le mépris et la dureté des mesures prises à l’encontre de la même Grèce, tout en noyant de dettes les autres Européens,  s’ajoutent au trouble provoqué par la volonté de certains gouvernements, comme celui du Royaume-Uni,  de tester la véritable adhésion de leur peuple à l’Union.  La négociation secrète  d’un traité nord atlantique par des atlantistes nord européens embusqués dans les instances de Bruxelles, inquiète.

Dans ce climat un saut fédéral, avec  la création d’un Sénat, la gestion d’un « budget européen » substitutif des budgets nationaux, d’un Ministre des finances européen, avec des pouvoirs exécutifs,  est tout simplement inconcevable.  Il n’est d’ailleurs pas souhaitable tant qu’on ne sait pas à quoi servirait ce nouveau poste et quels pouvoirs lui seraient  dévolus.

Le comité d’expert allemands qui s’est récemment exprimé sur le sujet  n’a pas mâché ses mots. C’est non ! Il a parfaitement raison.

  1. La seule perspective réaliste ouverte et nécessaire : la coordination.

Sauf à vouloir démanteler immédiatement la zone Euro, il faut mettre fin à ses déficiences structurelles.

Il faut un pilote de la zone euro avec une cabine de pilotage, des gouvernes, un moteur et un itinéraire.

Nous appelons chancellerie de la zone Euro ce dispositif. Autant éviter le terme de Ministre des finances qui le met immédiatement en compétition avec les ministres des finances  nationaux  et suggère un « gouvernement » européen parfaitement illusoire.

La chancellerie a une mission d ‘observation,  d’avertissement et de contrôle. Son seul pouvoir exécutif concerne la gestion de la politique monétaire notamment vis-à-vis  de l’extérieur.

L’objet de l’observation est de détecter les évolutions internes contraires à la stabilité de la zone euro, notamment les pertes de compétitivité,  les excès d’emprunt et les dérapages de finances publiques. 

Les avertissements ont pour objet de signaler les écarts de politiques qui conduisent automatiquement à des déséquilibres internes.

Le pouvoir de contrôle concerne des décisions prises par l’Eurogroupe ou le conseil des gouvernements de la zone euro.

Les décisions collectives restent du ressort de l’Eurogroupe. Elles sont éclairées et contrôlés par la chancellerie de la zone Euro.

La « troïka » disparait des radars. La Commission n’a pas à intervenir dans des affaires qui concernent seulement les membres de la zone Euro. Le FMI n’a rien à faire dans les affaires internes de la zone Euro.

Pour simplifier, la chancellerie est une sorte de FMI interne,  avec son pouvoir d’investigation et d’avertissement.  Et s’il le faut, son pouvoir d’intervention. 

  1. Les pouvoirs exécutifs spécifiques de la Chancellerie.

La Chancellerie dispose d’un champ d’action spécifique : la politique monétaire et financière de l’Eurosystème.

Dans toutes les structures démocratiques, les banques centrales, bien qu’indépendantes, ne dirigent pas la politique monétaire et financière, encore moins le taux de change.  L’indépendance permet de garantir que la valeur de la monnaie ne sera pas manipulée pour des considérations politiciennes.  Mais elle doit s’inscrire dans un cadre politique global qui est du ressort du politique. On a complètement oublié cette règle lors de la création de la zone Euro, sinon en considérant que l’Eurogroupe, une structure occasionnelle, lourde et difficile à manier, ferait vaguement office. Avec l’échec que l’on sait : monnaie surévaluée trop longtemps ; décisions prises en panique ;  absence de tout dialogue extérieur ; tensions vives en cas de décisions difficiles comme dans le cas grec.

Vis-à-vis de l’extérieur, la chancellerie doit avoir mandat permanent de stimuler tout effort en vue d’un retour à un système de changes fixes,  et modifiables par accord général, avec proscription des grands excédents et des grands déficits.  L entre les grands acteurs économiques du monde. La zone Euro ne peut que bénéficier d’un retour à un système de changes régulés et de politiques concertées.

Dans le cas où des difficultés importantes imposeraient des interventions lourdes dans un pays, c’est la chancellerie qui disposerait des pouvoirs correspondants et assurerait la  gestion du MEF. Ultérieurement, au fur et à mesure du renforcement de la confiance dans la bonne gestion commune, la chancellerie  gérerait de nouveaux instruments financiers communautaires comme des bons du trésor communs.

  1. Ce que la Chancellerie ne serait pas.

Les notions de budgets communs, politiques fiscales communes etc. ne relèvent pas structurellement du chancelier. Ce sont des politiques de l’Union et dépendent de l’Union. La chancellerie n’aura qu’à juger du caractère dangereux ou favorable du détail des mesures envisagées du point de sa responsabilité : la solidité de la zone euro.

Elle n’aura aucun pouvoir exécutif ou de proposition en matière fiscale, sociale, budgétaire. Les Etats sont souverains. Mais elle devra juger du caractère compatible avec la solidité de la zone euro des différentes approches suggérées.  Par exemple elle pourra alerter sur le caractère insoutenable d’un plan de type Jospin de réduction du temps de travail et d’un plan de type Schroeder d’amélioration de la compétitivité.

En cas de désaccord persistant, elle proposera des arbitrages à l’Eurogroupe qui reste seul  décideur, sous la direction définitive du conseil des chefs d’état.

  1. Comment régler le problème démocratique

Le chancelier étant un coordinateur et non pas un dirigeant  exécutif, le problème démocratique se pose moins  directement qu’en cas de création d’un gouvernement économique.

Néanmoins, il travaillera avec trois comités parlementaires, formé d’un délégué de chaque pays de l’Eurosystème, les grandes puissances (plus de 60 millions d’habitants)  bénéficiant de deux délégués. Le comité monétaire, le comité budgétaire et le comité social assureront le contrôle et la liaison des travaux de la chancellerie dans ces trois domaines. Ce ne sont pas des instances de décision mais d’information et de concertation avec les parlements nationaux.  

Comme on le constate, il ne s’agit aucunement d’un Sénat structurel et institutionnel, s’ajoutant aux instances constitutionnelles déjà  lourdes de l’Union Européenne. 

On peut imaginer que chaque parlement mettra en place une commission euro  dont les trois délégués de commission seront membres statutaires. Ils éclaireront les députés sur  les problématiques courantes au sein de la chancellerie.

  1. Un tel dispositif aurait-il été favorable entre 1998 et aujourd’hui ?

On est bien obligé de l’affirmer. Toutes les dérives qui ont mené à la crise aurait pu être mises au premier plan de l’actualité et probablement jugulées.  Les politiques sociales incompatibles entre l’Allemagne et la France auraient été dénoncées, ainsi que la légèreté grecque ou les dérives d’endettement de l’Irlande,  la folie immobilière espagnole et portugaise etc.

La folie des changes flottants et de l’accroissement global de la dette dans une économie mondiale baudruche  aurait été vertement critiquée  et une pression constante vers une réorganisation du système monétaire international aurait pu être assurée.

Après avoir lancé l’alerte pendant des années, l’Europe serait mieux à même d’exiger les corrections nécessaires.

On n’aurait pas eu besoin de faire appel au FMIpour régler le cas grec. Tout aurait été géré (diagnostic, plan, supervision, intervention, contrôle) par la chancellerie.

  1. La chancellerie : une institution évolutive

Il est possible d’envisager à terme des évolutions puissantes :

-          L’Europe devrait être représentée d’une seule voie par la chancellerie au FMI et obtenir des droits proportionnés à sa puissance économique. L’Eurosystem est le système mondial le plus puissant dans bien des domaines (production, PIB, épargne, commerce extérieur etc.). Il est clair que la gouvernance du FMI devrait en être changé. La direction générale  du FMI devrait être réservée à un membre  appartenant systématiquement à la  zone euro.

-          Certains instruments d’intervention sur les marchés financiers pourraient, à terme, être gérés  directement par la chancellerie comme des bons communautaires redistribués en fonction des nécessités budgétaires agréées des nations composantes.

-           

  1. La liaison avec le reste de l’UE n’est pas compliquée et plutôt saine et très évolutive. .

Bien sûr la Commission perdra le contrôle budgétaire qui lui est actuellement confié d’une façon totalement anormale. Les institutions de la zone Euro doivent être propres à la zone Euro.

De même la commission perd tout rôle monétaire, de fait ou de droit.

Eurostat devra composer avec le département statistique de la chancellerie.

Le parlement Européen a son mot à dire sur rien,. Ce n’est pas de son ressort, s’agissant d’une politique commune à une partie seulement de l’Union.

Si un jour, lointain, tous les pays de l’Union devaient rejoindre l’eurosystem, la chancellerie s’inscrirait facilement dans une structure fédérale élargie, avec un sénat européen, issu des parlements nationaux, complétant le Parlement Européen.

  1. La création d’une chancellerie ne demande pas de changements majeurs des traités.

Elle peut être décidée par l’Eurogroupe sans grosse difficulté. S’agissant d’une instance de coordination, les problèmes de souveraineté ne sont pas majeurs. Dans un premier temps les pouvoirs spécifiques sont modestes et ne remettent pas en cause la souveraineté de quiconque.

Les points de frottement institutionnel concernent la banque centrale et le contrôle budgétaire de la Commission. On peut très bien démarrer sans changer immédiatement les institutions et pratiques existantes.

Un accord entre Allemands et Français permettrait une initiative commune qui serait extrêmement difficile à contrer, d’autant plus que ces deux pays pourraient mettre en œuvre l’institution  entre eux sans attendre l’accord des autres, qui seraient obligés d’y venir assez rapidement, le chancelier, même réduit à sa double casquette franco-allemande, aurait du poids sur tous les problèmes en cours.

En fait, s’agissant d’une proposition logique (alors que toutes les autres sont contradictoires, controuvées ou impossibles)  qui s’inscrit dans la durée et la rationalité d’une zone de monnaie unique, et qui ne remet pas en cause de façon majeure la souveraineté des Etats membres (puisqu’il s’agit d’une instance de coordination, de suggestion et de contrôle, sans pouvoir exécutif sinon dans le champ de la politique monétaire et financière), elle ne créé aucune opposition doctrinale ou nationale forte. 

  1. La France s’honorerait de prendre l’initiative de la création d ‘une chancellerie.

Bien sûr, cela impliquera qu’elle devienne une nation proposant une politique économique sérieuse, ce qui n’est pas encore le cas. On peut craindre  que l’Allemagne et les autres candidats exigent quelques ajustements structurels avant d’accepter de jouer le jeu. Comme on doit de toute façon les faire, mieux vaudrait les lancer tout de suite et faire notre proposition.

Ce serait plus utile que de revenir à une politique de la demande après avoir annoncé une politique de l’offre et de reculer sans cesse devant les changements indispensables, tout en cédant à toutes les revendications catégorielles qui passent. Ce serait moins Jocrisse que de proposer des sauts fédéraux  intenables et par ailleurs contraires à la souveraineté élémentaire  des nations.

En relisant les mémoires de J. Chirac

Il y a quelque chose de fascinant à lire les mémoires de Jacques Chirac (Chaque pas doit être un but – Mémoires – Editions NIL – 2009).  Usuellement, les mémoires des grands hommes politiques permettent de comprendre comment certains grands problèmes ont été abordés, pourquoi certaines solutions ont été adoptées ou refusées, les compromis qu’il a fallu faire, les tensions entre les grandes influences etc. ici rien. 485 pages de vide. On sent que le livre a été écrit par une plume, qu’on ne lui a pas confié grand-chose et qu’il a fallu se plonger dans les écrits et les programmes pour documenter la vie du grand homme.

La trace de Chirac se trouve principalement dans les règlements de compte. M. Giscard passe un vilain quart d’heure ! Et dans cette citation de George Suffert :

« M. Chirac est fascinant non par ce qu’il a de compliqué mais par ce qu’il a de simple. Il est ambitieux. C’est tout ».

Le Grand Jacquot, qui a voulu cette citation,  semble entièrement d’accord ! Et ses mémoires rendent compte exactement de cela : une ambition et une vie dont tous les actes n’ont que ce but, la servir. Le titre du livre est bien choisi.

Au passage on voit comment s’est nourri « l’énarchie compassionnelle » que nous dénonçons comme une des grandes tares de la France des quarante dernières années.

Première exigence : la survie. Dans une lettre à Giscard il écrit :

« C’est, avec une action insurrectionnelle fondée sur un large mécontentement que nous n’aurions pas su déceler  ou réduire à temps, le seul accident qui peut mettre  en péril notre réforme », écrit-il à Giscard, en évoquant les actions permanentes lancées par le Président pour tenter de liquider l’UDR, prédécesseur du RPR que Chirac créera un peu plus tard.  On retrouvera cette obsession d’arroser la rue, à la première récrimination, chez Sarkozy et aujourd’hui sous Hollande.

Ici le mot réforme est une litote. Il faut lire « notre pouvoir ». Car de réformes il ne saurait y en avoir qui touche à l’Etat, à l’Enarchie, à la fonction publique. Dès le début des années 70 la vision chiraquienne est formée.

« Ma conviction est que jamais un ordre intelligible clair et rationnel ne sera rétabli face à une administration devenue  aussi tentaculaire que paralysante sans une prise de conscience émanant de la nation toute entière ».

Si la nation ne dit rien, il ne faut rien faire. Donc on ne fera rien car on ne lui posera jamais la question.

« Réduire les attributions de l’Etat me parait largement illusoire ». « Ce serait se payer de mots que d’envisager une déflation administrative ». « Il est tout aussi vain de croire qu’un gouvernement se rendra maître de tous les services qui dépendent de lui ». « Il apparait inévitable de renforcer encore la règlementation en matière de protection de l’environnement et de prévention contre les dangers de certaines activités industrielles ».

Ne rien faire est légitime car réformer l’Etat est illusoire, et la demande de plus de sécurité est forte. La constitutionnalisation du principe de précaution est en germe.

En même temps il s’agit d’être social. C’est le second terme de l’énarchie : la compassion sociale.

« Je ne me suis nullement senti en désaccord avec son (Chaban Delmas) discours réformiste sur la nouvelle société imprégnée des idéaux d’un travaillisme à la française que je défendrai moi-même 7 ans plus tard ». On retrouvera le thème lorsqu’il s’agira d’écarter Balladur lors des élections présidentielles du début 90 par le slogan « réduire la fracture sociale ».  

Déjà lorsqu’il était secrétaire au budget d’un gouvernement sous la présidence du général de Gaulle, se place une anecdote très révélatrice et de la volonté de ne jamais réduire le volume de l’Etat et de prendre des mesures prétendument de « justice sociale ».

Chirac rencontre De Gaulle :

« Un accroissement de la pression fiscale semble à première vue inévitable. Le Général de Gaulle exclut toute décision de cet ordre. M’interrogeant sur le niveau actuel de la pression fiscale, 34.7% du PIB, il me demande de la ramener à 33%. »

Au lieu de cela Chirac provoque un tollé en proposant une hausse des droits de succession : « Je n’ai pas jugé choquant que l’Etat en prenne une part plus équitable ».

Les mots sont importants : l’équité vis-à-vis de l’Etat suppose qu’on prenne plus aux possédants lorsqu’ils meurent.

Notons au passage que De Gaulle, souvent présenté comme un épouvantable étatiste, souhaite baisser l’emprise de l’Etat sur la nation. Nous n’en sommes plus à 34.7% mais à plus de 50% ! Temps bénis !

Bien sûr le socialisme, en tant qu’idéologie prédatrice, va beaucoup contribuer à l’aggravation de l’empreinte fiscale française, mais les mémoires de J. Chirac nous rappellent que l’énarchie compassionnelle est le véritable moteur de la captation par la haute fonction publique de la quasi-totalité de l’accroissement de richesse produit par les Français.

Le septennat raté de Chirac, puis son quinquennat mollasson, rendront évident la passivité chiraquienne en matière de réforme et son souci de l’accroissement régulier de la pression fiscale, de la dette et de l’emprise de l’Etat sous toutes ses formes.

 Sur le plan économique, il était intéressant de connaître l’avis de Chirac sur deux mesures capitales pour l’avenir.

-          Les Accords de la Jamaïque qui légalise le système de changes flottants ; Comme nous cessons de le répéter, ces accords sont à la base de la baisse régulière du trend et de l’aggravation des crises périodiques. Le saccage de la prospérité a été décidé à la Jamaïque en janvier 1976, Chirac étant premier Ministre et conduisant la politique de la nation. Qu’en disent les « mémoires » ? Rien ! Rien du tout. Pas un mot.

-          La relance Chirac sera un terrible échec.  En régime de changes flottants, les relances donnent un coup de fouet et ruinent aussitôt la monnaie et les finances publiques. Il faut vite revenir en arrière. Les mémoires se flattent du volontarisme affiché mais pas un mot sur l’échec, ses causes, les leçons à en tirer.

Chirac était un cavalier, un hussard, énergique, drôle et sympathique. Mon « bulldozer »  dira Pompidou. Mais il était vide d’objectifs, notamment économiques, au-delà de son ambition personnelle. Il est assez effarant de penser qu’il sera premier ministre ou président 16 années entre 1974 et 2007. Il est compréhensible que cette présence ait signifié une hausse constante de la dette, des prélèvements et du champ de l’action publique. « On ne remet pas en cause des avantages acquis » !

Il reste vrai que son gouvernement de cohabitation sera un des meilleurs sur le plan économique. Quelle est la part de Chirac et celle de Balladur, son ministre des finances venu avec  sa camarilla de jeunes ambitieux, dans un résultat qui le mènera malheureusement à l’échec électoral et lui fera aussitôt regretter les mesures prises?  On peut craindre que « le pauvre Jacques » n’ait pas eu trop son mot à dire et qu’il s’y soit facilement résigné. Mais ce serait injuste de ne pas le créditer de ce bon gouvernement.

Chirac, Rocard, Juppé, Jospin, Villepin, Hollande sont presque des clones. Seuls les trois B, Barre, Bérégovoy, Balladur, ont œuvré pour un peu de libéralisme.

A l’heure où les sondages mettent Alain Juppé sur le pavois présidentiel, alors que dettes, fiscalité, et réglementations tatillonnes tuent la France, la leçon mérite sans doute d’être méditée.  Sa quasi unité de pensée  et ses nombreux pas de deux avec Michel Rocard, qui, lui, peut se flatter d’avoir dirigé le pire gouvernement de la période, laissent peu de chances à ce qu’il s’élève au-dessus de ce qu’il est de tout temps.

Que faire de la zone Euro ?

L’Eurosystème est une des rares institutions internationales construites dans les 30 dernières années.  Elle est mal née.  Les motifs qui l’ont porté sur les fonts baptismaux sont relativement incertains.  Certains ont voulu « avancer dans la construction européenne ».  A tout prix, selon un sens étrange de l’urgence européenne. L’abandon des disciplines de Bretton-Woods et le flottement des monnaies avaient bloqué les projets d’Union monétaire européenne mis en avant lors de la conférence de La Hayes, en 1969.  Les différents serpents monétaires ayant été balayés, les européistes se sont mis à considérer que seule une monnaie unique résisterait à la spéculation internationale conduite par les Américains et plus généralement les Anglo-saxons.  Les banques centrales européennes ont commencé dès le début des années 80 à considérer que le projet était quasi certain d’être mis en œuvre. La Banque de France s’y prépare dès le milieu des années 80, en totale indépendance des alternances politiques. Les fédéralistes européens considéraient que c’était l’étape suivante indispensable, celle qui créait une situation irréversible. Depuis Jean Monnet, l’idée fédérale s’inscrit dans une tactique qui veut que les faits accomplis économiques contraignent  le politique jusqu’au fédéralisme promis. On met donc la charrue économique avant les bœufs politiques. En espérant que les bœufs piétineront suffisamment la charrue pour qu’on soit obligé « d’avancer » (« L’Europe avance par crise ») mais pas assez pour la casser.

Des discussions, nombreuses, ont eu lieu dans ces milieux, pour savoir comment faire. Très peu sur les conditions de réussite d’une monnaie unique et les contraintes d’organisation dans la durée.  Aucune sur l’opportunité de monter un tel système. L’ardente obligation européenne imposait d’avancer.  Le marché unique et la monnaie unique s’imposaient « naturellement ».  Cela se terminera par le rapport Delors, source de tous les maux.  Au passage le JDD  de ce dimanche nous a commis deux pages hagiographiques sur J. Delors au moment même où les vices du système mis en place sont devenus manifestes !  Il est vrai que les Européistes viennent de primer  Delors pour contrer le mauvais climat qui règne en Europe depuis que la monnaie unique a été installée.  

Ne faisons pas à ce « père de l’Europe de la monnaie » l’injure de penser qu’il ne savait pas que le système qu’il proposait était problématique. Il n’y a pas un économiste sérieux, connaissant un petit peu les questions monétaires, qui ne sache qu’une monnaie unique est une construction politique qui ne peut réussir qu’avec un pouvoir central fort.  Mais il fallait « avancer ». On a fait semblant de considérer qu’une zone de monnaie unique pourrait fonctionner si on libérait totalement les mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes.  Les marchés s’occuperaient d’harmoniser les déséquilibres éventuels. Les Etats devaient être mis en muselière. Pour cela il suffisait de deux règles juridiques : pas de déficit budgétaire supérieur à 3% du PIB et pas d’endettement public de plus de 60% du même PIB. Pour préparer la fusion monétaire, les systèmes devaient converger vers ces objectifs.  Et roulez bolide ! Bien sûr cela ne marcherait pas parfaitement mais on profiterait de la première crise pour faire avancer l’intégration et restreindre la souveraineté des Etats.

Les adeptes de Milton Friedman  encensèrent le maître qui avait annoncé que l’Euro ne durerait pas trois ans et que les changes flottants étaient la seule solution.  Depuis des lustres les économistes américains expliquent que les Européens croient bêtement à la « stabilité » et que les vrais amoureux du business sont pour le mouvement. Après tout le dieu Hermès a des petites ailes aux pieds.

Sans voir que les changes flottants avaient fini par créer une économie baudruche qui ne demandait qu’à exploser. Asphyxiés par leur propre mythologie, ils pensaient que la souplesse du roseau était la garantie d’une flexibilité heureuse sans se rendre compte que le système était pervers de façon endogène et voué lui-même à l’autodestruction. L’aveugle insultait gaiement le paralytique.

Autre point commun, tous ces économistes pensaient que le cycle n’existait plus, qu’on savait le juguler, que  Greenspan était un génie et que la crise de 87 était due aux ordinateurs, pas aux effets délétères de la montée de l’endettement global  qui déjà dépassait les 300% à la fin des années 80.

Le « génial économiste » Mitterrand.  (Il n’était pas seulement le Dieu de la politique politicienne en ce temps-là, ce qui avait tout de même fait un peu  ricaner même une Françoise Giroud) avait prédit que l’acte unique allait permettre une formidable croissance en 92-93 Nous eûmes à cette date la pire crise conjoncturelle depuis 1929 ! 

Cela ne fit réfléchir personne. Ni sur les méfaits du système des changes flottants, ni  sur le caractère un peu dangereux de créer une lac de fixité au milieu d’un océan de flots monétaires internationaux  déchaînés.  Pour les jeunes générations, il est intéressant de souligner qu’à cette date, Il était impossible, strictement impossible, de faire passer quoi que ce soit dans la PQN qui remette en question les changes flottants et l’idée d’une monnaie unique ou la contradiction entre les deux formules.  Maurice Allais le fera un peu plus tard et recevra la bastonnade que l’on sait. On trouva même d’astucieux économistes pour défendre, en même temps,  l’idée que les changes flottants mondiaux et celle d’une monnaie unique européenne étaient toutes deux excellents en même temps. La flagornerie ne craint pas les oxymores.

En avant pour le traité de Maastricht et une institution structurellement bancale.  Aucun vrai débat technique sur la manière de gérer une zone monétaire.  Seulement un affrontement entre souverainistes et fédéralistes.  De même que le débat sur le système monétaire international, lorsqu’il avait lieu, c’est-à-dire presque jamais, ne consistait qu’en un échange d’horions idéologiques entre marxistes (cachés en « keynésiens ») et « néo-libéraux », c’est-à-dire en adepte de la liberté financière à tout va. 

La faiblesse du dispositif se voyait à l’examen d’une seule question : qui gérerait le change dans le nouveau système ?  Extraordinaire  exemple d’un instrument, capital à l’échelon national, qui disparaissait soudain à l’échelon européen. La BCE n’était pas chargé des changes mais du niveau des prix. L’ « Eurosystem » disposait d’un « Eurogroupe », un aréopage d’une vingtaine de ministres des finances, présidé par un « président de l’Eurogroupe » sans pouvoir, sous le contrôle d’un conseil des chefs d’état de la zone euro.  C’est lui qui serait chargé de la gestion du change. Mais comme on considérait que les changes flottaient naturellement et que seuls les marchés étaient chargés de donner la valeur de l’euro, la question ne se posait pas.  De toute façon les moyens techniques de gestion du change ne dépendaient pas de l’Eurogroupe.  Les Etats avaient perdu tous les leviers de la politique des changes et des taux d’intérêt mais personne n’en avait réellement hérité. Curieux, non ? Et cela ne choquait absolument personne. Lorsqu’on évoquait la question devant un politique il répondait invariablement : « C’est étrange en-effet, mais c’est une question technique et nous avons d’excellents techniciens de la finance ».

La grande question d’une zone de monnaie unique avec des Etats indépendants est la gestion des écarts dynamiques de productivité, de prix  et de compétitivité. Nous-mêmes avons inlassablement dénoncé un système qui faisait de la déflation-dépression le seul moyen d’ajustement. Les fédéralistes pro-euro répliquaient que l’ouverture totale des marchés intérieurs suffirait à entraîner mécaniquement les ajustements nécessaires.  Nous disions qu’avec des Etats qui prélevaient entre 40 et 100% de la valeur ajoutée des entreprises, la notion de marché tout puissant était tout de même un peu aventurée.  Les politiques publiques non ajustées pouvaient avoir des effets pervers catastrophiques. « Nous avons d’excellents conseils et une haute administration de qualité partout en Europe. Ils savent ce qu’ils font ! »  Fermez le ban !

Et justement voilà que le gouvernement Jospin  asphyxie l’entreprise française par des réglementations étouffantes et étrangle l’économie avec les 35 heures.  Peu après l’Allemagne fait l’inverse avec le plan Schroeder.  La compétitivité relative de la France s’effondre. Personne ne dénoncera la contradiction  comme une source de difficulté à venir pour la zone euro.

La chute des dictatures en Europe, a conduit à une extension inconsidérée de l’union Européenne. Et ces pays fragiles entendaient entrer dans l’euro pour des raisons purement politiques.  On croit devoir faire droit à leurs demandes.  Comment laisser à la porte la Grèce loin de Papadopulos, le Portugal débarrassé de Salazar et l’Espagne, d’où Franco a disparu ?  Et ces pays de l’est qui frappent  soudain désespéramment à la porte ?

On a chargé la barque de l’Euro, déjà bancale par construction. Le navire a pris de la gite dès le départ et elle a été aggravée par des politiques incompatibles.

La mini récession du début des années 2000 a aussitôt fait prendre conscience que les règles de droit étaient incompatibles avec la conjoncture. On parla de « règles idiotes ». Pour un système fondé uniquement sur deux règles, ce n’était pas très encourageant pour la suite. Surtout quand les pays qui jugeaient ainsi étaient l’Allemagne et la France, les deux piliers !

La Grèce commence à souffrir dès 2002-2003. De même la finance internationale est en crise après l’effondrement boursier du début du siècle.  Cela branle de partout et la FED commence ses inondations monétaires.  Le taux de dettes globales commence à s’approcher à peu près partout de 375%. Certains pays en sont déjà à plus de 700%.

L’effondrement du dollar projette l’euro à des sommets et aggrave la crise en Europe qui entre en stagnation.  Mais les politiciens sont heureux de ne plus avoir à surveiller le taux de change. Ils trouvent cela merveilleux et ne cessent de le dire dans les médias.  Donc ils peuvent emprunter et ils le font sans retenue, ou laisser leurs banques et autres agents économiques emprunter.   Personne ne surveille les taux d’endettement globaux de chacun des pays.  Au printemps 2008, le taux moyens d’endettement global dépasse 425% dans l’OCDE. Différents pays sont à plus de 1000% ! Dès décembre 2006 nous prévoyons l’effondrement certain  pour 2009-2010. Début 2007 nous rapprochons cette prévision à 2009, puis la crise de liquidité bancaire de l’été 2007 nous la fait avancer à l’automne 2008. En décembre 2008, nous annonçons un krach pour septembre 2008.

L’hystérie financière générale laisse penser qu’on est à nouveau dans une phase économique formidable. Personne n’écoute.

L’Euro se porte assez bien : la crise du dollar le dope sur les marchés de change ; les taux d’intérêt ont convergé. Tout cela parait solide, même si certaines voix s’élèvent pour dire que le respect des règles n’est plus assuré. Tout le monde fait ce qu’il veut. 

Lorsque l’effondrement financier a lieu, avec l’abandon à la faillite de Lehman-Brothers, tout le monde croit que « l’Euro nous protège », y compris les Islandais qui sont en faillite grave.  L’Euro, c’est solide. La crise est venue des Etats-Unis et l’Euro a bien résisté.

Jusqu’à ce que la spéculation s’attaque aux taux d’intérêt des pays dangereusement endettées de la zone Euro (Grèce, Islande, Portugal, Espagne, Italie).  Et là, c’est aussitôt la Bérézina.

L’organisation de la zone Euro, inexistante, n’a aucun moyen de faire face ; Il faut improviser d’urgence. Ce sera la suite ininterrompue de « sauvetages » avec des « mécanismes » forgés à la va vite et qui conduiront aux récents évènements grecs.

Lorsque nous écrivions dans les années 90, que la régulation se ferait dans la déflation, personne ne se rendait compte réellement ce que cela voulait dire. Avec l’affaire grecque, la fermeture des banques, la perte de 25% du Pib et toutes ses choses, l’affaire devient diablement concrète.

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Le vrai problème reste la crise mondiale. Le système des changes flottants ne marche pas, n’a jamais, marché et ne marchera jamais. Mais personne ne songe à le modifier. C’est l’explosion de ce système défectueux qui a déstabilisé l’Eurosytem. Pas l’inverse. Mais l’Eurosystem a démontré qu’il n’était pas armé pour faire face autrement que par des mesures détestables qui enflamment les haines sociales et nationales. Le politique devient le pire ennemi de la zone euro.

Les euro-fédérolâtres considèrent que somme-toute, ils ont gagnés. La crise a permis de faire des progrès dans l’abaissement des Etats nationaux. Les banques sont supervisées désormais par la BCE. La Commission a reçu des pouvoirs élargis.  Le système global est sous contrôle maintenant que l’amplificateur bancaire a été mis sous tutelle étroite. La BCE a mangé son chapeau allemand et « fait ce qu’il faut » pour sauver la zone Euro. Donc tout va bien : militons désormais pour une forme fédérale de contrôle de l’économie européenne !

Les souverainistes poussent à la destruction immédiate de la zone Euro dont les mécanismes de sauvetage nous ont endetté pour des millénaires et empêchent toute politique nationale de sortie de crise.  Les marxistes exigent également la fin de la tutelle bruxelloise pour pouvoir enfin mener une politique de « relance sociale par la planche à billets ».  Façon Chavez.

Hollande, toujours à sa copie servile du parcours mitterrandien, se pose en créateur d’un nouveau système fédéral avec budget unique, parlement spécial, etc ; La dette ? On s’en fout ! Le respect des règles de Maastricht ? On s’en fout ? Le chômage ? On s’en fout. Proposons comme Mitterrand une fuite en avant européiste.  

Foutaises !

Il faut un « chancelier de la zone euro », assisté de comités parlementaires issus des parlements nationaux, avec une compétence d’investigation, de recommandation et de maîtrise de la politique monétaire et financière au jour le jour. Il aura pour mission de faire revenir le monde à un système de changes fixes et ajustables. C’est lui qui décidera du taux de change et de la politique des taux d’intérêt. Il sera à la fois le FMI interne de la zone, le pilote des instruments monétaires mis en commun et le conseiller en matière de politiques budgétaires, économiques et sociales pour tout ce qui concerne les écarts de compétitivité et les ajustements nécessaires.

Si ce poste avait existé dès 1997, il aurait évité que les Français et les Allemands se lancent dans des politiques incompatibles avec une monnaie unique, freiné les bulles immobilières dans la zone, empêché les glissements budgétaires de type français ou grecs.  Il n’aurait pas empêché le choc de la crise des changes flottants mais il serait là pour exiger une évolution radicale pour des changes fixes et ajustables. On n’aurait pas eu besoin d’appeler le FMI. Et les dérapages ayant été maîtrisés un certain nombre d’instruments collectifs auraient pu se mettre en place, comme des bons du trésor européens.

Est-ce encore aujourd’hui la solution pertinente ? Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais le climat a été tellement dégradé et la méfiance portée à de tels sommets que la faisabilité de la réforme devient très aléatoire.

Un certain nombre d’idées ont tout de même fait leur chemin. La première est que toute organisation de la zone euro doit être propre à la zone euro et ne pas dépendre de l’UE. La deuxième est que les parlements nationaux doivent être associés et pas le Parlement Européen. La troisième est que la BCE doit être aussi responsable de la croissance. Ensuite il faut un pilote avec les instruments ad hoc.

C’est toujours agréable de voir que des idées proposées depuis 20 ans finissent par entrer dans la discussion publique.

Il existe cependant de fortes différences entre notre projet et ceux que l’on voit surgir. Le Chancelier doit être pour nous un coordinateur et un conseiller et non pas un « gouvernement économique ».

L’espèce de frénésie fédérolâtre qui a saisi les télévisions françaises, notamment celles de la TNT, depuis l’annonce présidentielle est proprement ahurissante. Alors que le système vient de subir une crise historique on voit réapparaître toutes les bouches à feu du fédéralisme, dans des émissions qui font de la surenchère,  sans la présence d’aucun contradicteur. Sur le thème « on a échoué parce qu’on n’a pas été assez loin  dans l’union», voilà toute la mouvance de ceux qui veulent voir disparaître les Etats européens et notamment la France, en train de présenter le catalogue complet des mises en commun. Le « saut qualitatif européen » devient un must. Même si ses contours sont totalement flous. Et qu’on ne voit pas clairement où serait des avantages, généralement présentés comme magiques par la vertu de la sainte Trinité bruxelloise. Tout s’arrangerait comme par miracle. On pourrait tout faire. Du social, de l’écologique, de la science, du progrès économique.

De l’autre côté du spectre, les souverainistes posent la question : Et pourquoi ne pas abandonner l’Euro purement et simplement ? Tout deviendrait miraculeusement simple. En tout cas on ne serait pas obligé de payer pour les autres dans des conditions antidémocratiques (pauvres grecs victimes des vilains prêteurs). Et on pourrait faire enfin ce qu’il faut, notamment avec notre création monétaire,  sans être constamment entravés.

Les deux miracles fédéralistes et souverainistes sont des illusions.

L’abandon de l’Euro ? Il n’y a pas de méthode  pure et simple d’abandon, même si doctrinalement rien ne s’y oppose vraiment. Chaque état membre crée une monnaie sur la base d’une unité nouvelle = un euro et indique qu’il remboursera ses dettes dans cette monnaie. Et on voit ce qui se passe. Très probablement une relance des comportements de précaution et un blocage temporaire mais général des affaires, avec une poussée de l’inflation dans les pays les plus endettés qui monétiseront aussitôt les déficits publics. En France les fonctionnaires qui dirigent le pays considéreront qu’il n’y a plus d’efforts à faire. Le marché des changes sera fortement secoué. Les balances commerciales danseront la samba. Et il faudra dix ans pour que l’économie-monde et celle de l’Europe s’en remettent. Lorsque les Etats Unis sont passés du dollar gagé sur l’or au dollar flottant, une opération très semblable, il a fallu 15 ans pour digérer le choc. En fait, on ne s’en est jamais vraiment remis, du fait des défauts du nouveau système de changes flottants.  Car ces nouvelles monnaies flotteront, sinon où est l’avantage de liberté dans la manière de gérer son stock de dettes ? On aggravera les effets délétères du système des changes flottants et aucune réforme dans ce domaine ne sera plus jamais possible à horizon raisonnable, l’échec de l’euro servant de repoussoir perpétuel.

Conserver la gouvernance actuelle ? On voit que cela ne marche pas et que cela coûte très cher à tous, tout en créant les conditions d’un rejet populaire massif.

La seule véritable solution est la coordination, qui maintient la souveraineté des pays tout en les associant, avec un mécanisme d’éviction du club si un pays considère qu’il doit suivre une voie incompatible avec celle des autres.

Le coordinateur doit disposer des moyens statistiques communs, et de pouvoirs d’investigation du type de ceux du FMI, qui n’a pas à intervenir à l’intérieur d’une zone de solidarité monétaire.  Il faut établir  un pouvoir de recommandation et une procédure de « reconsidération », au cas où une mesure serait proposée par un pays qui pourrait être jugée comme incompatible avec la prospérité générale.  Cette administration ne devrait pas être logée à Bruxelles mais à Paris, puisque la BCE est en Allemagne et que ces deux pays sont les plus importants du club. Des procédures d’association des parlements nationaux sont indispensables, mais pas sous forme d’un Sénat européen, structure lourde et complexe dont le rapport avec le Parlement Européen resterait à préciser.  Un délégué par parlement par pays membre suffirait, dans chacune des trois chambres qui devraient être créées : chambre sociale, chambres budgétaires et fiscales, chambre économique et monétaire.  Tout doit rester léger.  Et naturellement, le conseil des ministres des finances et celui des chefs d’Etat serait l’instance d’arbitrage final en cas de divergences graves.

Le « chancelier de la zone euro » aurait un domaine propre qui est celui de la politique monétaire, en liaison avec la BCE  et aurait la mission de faire évoluer le système monétaire international, avec comme objectif  le retour à un système de changes fixes et révisables.

Cette évolution serait moins traumatique pour les souverainistes que la création d’une machinerie fédérale  disproportionnée. La coordination ex ante ne pourrait avoir que des avantages et mènera naturellement  à des instruments financiers collectifs susceptibles d’éviter les méfaits de spéculations hasardeuses. Elle conduira à plus de stabilité dans le monde et une meilleure prise en considération des points de vue européens, notamment vis-à-vis du « benign neglect » américain.

Tout renforcement collectif, de toute façon,  supposera que la France cesse d’être l’homme malade européen, avec une gestion désastreuse basée sur l’asphyxie fiscale et la dépense publique outrancière à crédit.

Le plus grave reproche que l’on puisse faire à F. Hollande est d’être l’obstacle principal à toute évolution. Qu’il fasse de la surenchère fédéraliste, sous les vivats de ceux qui font semblant de croire  qu’il a « sauvé » l’Europe lors de l’affaire grecque,  est sans doute  de bonne tactique politicienne. La vérité est qu’en ruinant le pays comme il le fait sous le poids d’une fiscalité intenable, d’une dépense publique obscène,  et d’une démagogie de tous les instants, il rend impossible toutes les évolutions nécessaires.

Rarement l’imposture d’un Hollande audacieux et stratège, conduisant l’Europe au succès,  n’aura été plus majestueuse. Ce n’est pas parce que des medias se couvrent de ridicule en la véhiculant qu’il faut s’y vautrer.

Il serait curieux que l’Allemagne accepte plus de fédéralisme  avec une France en dehors des clous du traité « merkozy ». Si elle persiste à conserver un déficit budgétaire de près de 4% de PIB et une dette proche de 100% du PIB, il ne peut rien se passer de réellement important, sinon des constructions institutionnelles loin des peuples et qui ne mangent pas de pain, ou des initiatives très partielles sur la fiscalité ou autres. Il faudrait de même que le cas grec soit réellement réglé. Tout le monde pense que la purge actuelle ne règle rien, surtout sous la houlette de Tsipras et de son équipe. Et il faut attendre que les Italiens, les Espagnols et les Portugais aient éliminés Beppe grillo, Podemos et tous les « mélenchoniens » potentiels. On a construit sur du sable avec Maastricht, mais on ne construira pas sur de la vase.

La solution plus légère d’un coordinateur avec des pouvoirs propres dans des domaines actuellement à l’abandon, comme la politique de change, la politique des taux d’intérêts, et la politique des crédits, la politique de convergence des compétitivités, peut s’enclencher plus facilement.  Mais il est probable que sa condition préalable soit le départ de F. Hollande et l’élection, en France, d’une équipe capable de lourdes réformes de structure à la tête du pays.

Le paradoxe du moment est qu’on exalte le « nouveau Hollande européen »  au moment où le meilleur service qu’il pourrait rendre à l’Europe serait de démissionner.

Ce qui doit arriver arrive !

Depuis 1997, nous défendons publiquement trois thèses extrêmement claires et précises.

Un système de changes flottants et de liberté totale des mouvements de capitaux entraîne mécaniquement une hausse de la dette globale par le mécanisme de la double pyramide de crédits. Dès que la dette globale dépasse 400%, on est certain que la prochaine grosse crise cyclique fera des dégâts abominables. Ce phénomène s'est vérifié avec le blocage du système interbancaire en 2007 et l'effondrement bancaire général de 2008. Comme l'avait dit Maurice Allais, au milieu des ricanements, "ce qui doit arriver arrive". C'est arrivé.

Un système de monnaie unique sans organes de pilotage et seulement deux règles de droit sur les déficits et l'endettement des états, avec abandon des outils de politique monétaire, est vulnérable. La crise précédente a précipité l'explosion du système. L'affaire grecque était prévisible : on se soigne pas une crise par la déflation et la dépression. Sinon, les peuples deviennent nerveux. "Ce qui doit arriver arrive".

Un Etat capturé par sa haute fonction publique qui cumule le pouvoir administratif et fiscal, le pouvoir politique et le pouvoir bancaire, tout en tenant dans ses mains directement ou indirectement les medias, conduit à la ruine et l'étouffement du citoyen, l'empêchement d'une économie libre et efficace et à la double tare d'un Etat pléthorique, bouffi et incapable, et d'une économie marchande rétrécie, qui survit péniblement au milieu des quolibets serviles d'une caste de cultureux subventionnés et sans vergogne."Ce qui doit arriver arrive".

Au final nous assistons  à la négation de la démocratie et à la formation d'une situation incontrôlable dont plus personne ne sait comment sortir, dans le monde, en Europe et en France. En cet été 2015 comment nier que ces trois analyses soient pertinentes ? Comment ne pas observer que rien ne se passe non plus pour sortir du piège.

L'amas de surplus monétaire accumulé par la Chine a eu pour conséquence dans un premier temps de permettre des achats de précaution qui ont laissé croire que le commerce international était encore vivant. En vérité les échanges internationaux ont baissé en 2014. Baissé ! Pour la première fois depuis la fin de la guerre de 40. Et la bulle de crédits née de cet amas en Chine même a fini par explosé avec comme manifestation première l'effondrement drastique de la bourse de Shangaï.

La reprise américaine est extrêmement molle. Elle est percluse de bulles alimentées par les déficits américains et les politiques de gonflement monétaire de la FED.

L'Europe est entrée dans une de ces phases d'incertitudes qui font le charme d'une organisation bancale et non démocratique, sous-traitant la monnaie et la finance à des experts.

La France est entrée dans le cycle détestable des glissades irrattrapables. La dette s'est gonflée subitement au premier semestre avec une rapidité stupéfiante, alors que "l'alignement des planètes" devait nous sauver. La peur recommence à régner en maîtresse dans l'esprit de tous ceux qui ont des "actifs" et notamment de l'assurance-vie.

Pas un mot dans le monde sur le retour à un système sérieux de politiques commerciales et financières concertées autour d'un système de changes fixes et ajustables. Pas un mot. Le FMI s'est encore une fois ridiculisé à contre-emploi en intervenant là où il ne devait pas le faire. Le résultat sera l'éjection de Mme Lagarde qui croit encore à ses chances électorales présidentielles françaises. L'espoir fait vivre.

En Europe on commence, timidement, à comprendre qu'une zone de monnaie unique sans système de pilotage est une incongruité dangereuse. Jeroen Dijsselbloem et son Eurogroup sont un cache misère sans aucune légitimité ni aucune prise sur rien. Les idées qui sont lancées sont soit la destruction de la zone Euro, soit le renforcement de la dictature bruxelloise, motivées par l'abaissement des Etats,  sous paravent d'un Parlement Européen pseudo démocratique qui a montré sa vacuité lors de la convocation de Psipras,  soit l'émergence d'un couple Franco-allemand, assurant les bonnes options pour l'ensemble de la zone.  Avec une France dans l'état où elle est, bonjour la fantaisie !  La seule vérité est qu'une zone euro doit avoir des institutions spécifiques à la fois techniques et démocratiques et distinctes de la Commission bruxelloise. En résumé, il faut un chancelier de la zone Euro, épaulé par un dispositif représentatif ad hoc assurant la démocratie effective du système.

La France, bouffée jusqu'à la racine par une fiscalité déshonorante pour l'esprit de résistance des Français, voit ses médias faire une place déraisonnable aux thèses du marxiste Picketty, auteur d'un succès de librairie mondial avec une étude qui examine l'assiette du voisin pour conclure que les nouveaux riches sont plus riches que les anciens nouveaux riches, ce qui prouvent que la dette doit être radicalement gommée en leur piquant tout ce qu'ils ont. Plus d'impôts, plus confiscatoires et encore plus ciblés, voilà la solution !  

En un mot aucune des causes de la crise majeure en cours n'est traitée. Au contraire chacune est soigneusement aggravée. Et l'on s'étonne que la crise perdure 8 ans après son déclenchement sans espoir de voir un jour prochain le bout du tunnel.

Ce qui doit arriver arrive. La vrille s'accélère et le sol se rapproche désormais très vite avec un risque de démantèlement complet des circuits économiques normaux.

 

Didier Dufau, pour le Cercle des Economistes e-toile.    

Vous avez dit démocratie

Dépêche du  26 juillet 2015

 

Interview de Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroup :

Q - Le référendum que vous venez d'organiser dans tous les pays de la zone Euro  en recommandant le non, est une belle victoire.

JD- Oui la démocratie est un ingrédient indispensable de l'Europe. On évoquait sans cesse notre manque de démocratie. Les peuples ont parlé.

Q - La question était : "Voulez-vous payer les dettes grecques à la place des Grecs ?".

JD  Une question simple et directe qui a permis un triomphe de la démocratie : avec 99,97% de non, notre mandat devient beaucoup plus simple et le rapport de force avec les prédateurs grecs est désormais en notre faveur.

Q : Tsipras a parlé d'un simulacre de démocratie et affirmé que le referendum européen était une "élection piège à cons", qu'en pensez vous ?

JD : Tsipras est un spécialiste. En demandant si les grecs voulaient payer leurs dettes et en obtenant la très surprenante réponse "non", il a été généralement considéré en France comme un sublime démocrate qui renouait avec les gens simples et permettait de revenir dans les vraies traces de la démocratie. Nous suivons son exemple.

Q : En indiquant qu'ils ne voulaient pas payer les dettes grecques, les Grecs ont été considérés comme courageux, mûrs, socialement responsables. Que pensez-vous du courage des autres pays Européens ?

JD : Ils ont fait preuve d'un magnifique courage en résistant à la facilité d'une générosité mal employée. Le mandat est impératif.

Q : Quelle a été la réaction de Tsipras ?

JD : Il m'a appelé pour me dire que j'étais un pur fasciste et que j'avais outrepassé mon mandat. J'aime beaucoup Tsipras dont le théorème mérite de passer à la prospérité : "Dans un jeu de c… le plus c… gagne". Je viens de confirmer le théorème de Tsipras, je ne comprend pas qu'il soit mécontent.

Q : En vérité c'était une idée de Varoufakis, le spécialiste de la théorie des jeux.  

JD : On regrettera sa rondeur et son esprit d'à propos. Son successeur est totalement nul, comme Varoufakis mais en plus il est sinistre.

Q : Comment voyez-vous la suite ?

JD : il faut laisser un peu de temps au temps  pour fêter notre triomphe démocratique. Nous envisageons d'autres référendums avec les question simples suivantes : "Voulez vous accueillir les africains qui prennent des rafiots pour nous rejoindre" ; "Trouvez-vous normal les décapitations récentes".  L'intensité démocratique est une excellent chose.  

Q : Je voulais dire : Où va l'Europe avec ses dettes terrifiantes et sa mollesse dans tous les domaines.

JD : Quelle mollesse ? Grâce à notre fermeté la Grèce va devoir revenir dans la zone Euro. On aura montré qu'on n'en sort pas comme cela. Mais ce ne sera plus un pays du Club Med. Le travail sera devenu la grande valeur sociale grecque avec le civisme fiscal.

Q : La France va bientôt entrer dans les tourments grecs. Avec une dette de 2.100 milliards d'Euros et une valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand de 1.250 milliards, elle ne pourra jamais rembourser. Quelle va être la position de l'Eurogroup ?

JD : Un referendum, très probablement.

Q : Sur quel sujet ?

JD : "Voulez vous du socialisme fiscal à la française".

Q : Et quel est votre pronostic sur les résultats ?

JD : Sans doute  autour de 99% de non.

Q : Merci Monsieur le Président de l'Eurogroup.

JD : Je vous en prie, la presse est le principal soutien de l'esprit vraiment démocratique.

L'art de dépouiller le citoyen

L'interdiction des paiements en liquide est l'un des derniers clous qui restent à sceller sur le cercueil des libertés individuelles. Le complexe politico-fonctionnaro-bancaire qui a capté la vie publique et économique en France vient de l'enfoncer à nouveau de quelques centimètres. On ne pourra plus payer en liquide plus de 1 000 euros. La banque réclame la mesure depuis longtemps. Lorsqu'il n'y aura plus de liquide du tout et qu'il faudra passer exclusivement par des systèmes de paiements connectés, elle aura jugulé une des "fuites" qui l'empêche de récupérer aussitôt la monnaie de crédit qu'elle a émise. Porte-monnaie électronique et règlementation sont les deux mamelles du big-brother bancaire.

Le citoyen libre d'une république libre est d'abord une vache à lait de l'Etat moloch et l'esclave enchaîné du système bancaire, les deux institutions étant gérées par les mêmes. .

Il est probable que le plafond des sommes en liquide avec lesquelles on peut se promener en Europe sera ramené bientôt à moins de 5.000 Euros.

Voyagez léger avec un bout de plastique et prouver que vous êtes un citoyen totalement transparent tout en sauvant votre système bancaire !  

La législation a donné à la banque, déjà sous des gouvernements socialistes, des pouvoirs exorbitants. Vous ne pouvez solder une compte en banque…que dans un autre compte en banque. Un trou dans votre compte courant ? La banque peut casser n'importe lequel de vos comptes d'épargne sans même vous le dire. Vous voulez du liquide ? Il vous faudra une carte bancaire, car les guichets n'en distribuent plus. Et le montant que vous voudrez retirer sera limité à quelques centaines d'Euros. De toutes façons pour des sommes importantes, il faut commander, aller au siège, respecter les plafonds et… un transport par la Brinks, mon bon Monsieur. Quant aux placements, ne croyez pas que vous en soyez maître. Tous les dispositifs de placement sont désormais des constructions fiscales qui ont pour but de ramener l'épargne vers les objectifs et les caisses de l'Etat. Avec des taux d'impôts marginaux à 65.5%, vous n'avez plus aucun choix. La banque universelle qui peut faire à peu près ce qu'elle veut de votre épargne, y compris vous faire acheter ses propres actions, pour peu que vous lui ayez donné un mandat, (et comment y échapper ?), vit en symbiose totale avec l'Etat, et en conflit d'intérêt toléré avec ses clients. L'assurance-vie en est le plus merveilleux exemple. Question posée il y a quelques années à la banque :

- "Vous vous êtes désengagés de la Grèce ? Non, l'Etat nous a demandé de détenir un certain pourcentage d'obligations grecques".

Quelques mois plus tard :

"- Qu'est-ce qui se passe avec mes obligations grecques ?

- Nous avons été obligés d'accepter une perte de moitié sur ces titres.

- Je vous avais bien dit de pas détenir des titres grecs

- Oui, mais c'est de l'assurance vie ; nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons;

- Sortons de l'assurance vie.

- Je ne vous le conseille pas. C'est le seul produit sûr et défiscalisé, bla bla bla."

La défiscalisation est devenue le principe vendeur numéro un des banques, marquant la totale interdépendance du secteur bancaire et de l'Etat.

Les diverses lois sur la construction n'ont qu'un seul but : permettre aux politiques de présenter des bilans un tant soit peu honorables en matière de logements. En fait la défiscalisation conduit à monter des programmes de construction dans des endroits où il n'y a pas de demande et qui ne servent :

- qu'à engraisser les banques qui collectent l'épargne défiscalisée

- qu'à engraisser les grosses boîtes de construction qui bâtissent les projets

- qu'à fournir des statistiques aux politiques.

L'épargnant se retrouve avec des logements sans usage et sans rentabilité.

- "Madame la banque, vous m'avez fait tombé dans un piège à c…"

- "C'est pas grave, c'est défiscalisé".

Et il suffit d'une loi Duflot pour envoyer tout de même au tapis la construction neuve.

De toute façon vous n'êtes plus maître de vos biens immobiliers, dès lors qu'il ne s'agit pas de votre logement principal. Ne parlons de la propriété agricole ! Et pour votre logement ne croyez pas vous en sortir comme cela. D'abord, à vous toutes les législations normatives qui vous ponctionnent de partout. A vous le détecteur d'incendie qui se déclenche tout seul à tout propos et transforme votre immeuble en rossignol. A vous aussi le défibrillateur qui doit figurer dans un endroit ostensible à l'entrée de votre immeuble. A vous le dossier de cession qui avec tous les tests obligatoires finit par peser une tonne. Et gare aux préemptions.

Si vous êtes propriétaire de votre logement, les bons apôtres vous expliqueront que vous avez un avantage inouï par rapport à ceux qui paient un loyer et qu'il faut que vous payiez pour cette flagrante inégalité. ISF, taxe foncière, charges imposées, ne sont qu'un début. A quand la taxe compensatrice de l'avantage indu du propriétaire, Thénardier de lui-même par politiques et hauts fonctionnaires interposés ? L'incroyable privilège qui veut que vous bénéficier d'une "niche fiscale" en ne payant pas, dans votre impôt sur le revenu, la plus value éventuelle sur la revente de votre domicile, plus value le plus généralement fictive car ne tenant pas compte de l'inflation, ne durera que ce que dure les roses. Dans le vocable repris bêtement par les médias il s'agit d'une "dépense fiscale de l'Etat".

Nous allons perdre dans l'affaire grecque environ sept fois la contrevaleur de l'ISF annuel. S'il est admis qu'un pays peut se dégager de ses dettes simplement en demandant par referendum si la population veut ou non rembourser, il y a quelques soucis à se faire. A entendre les milliers de commentaires qui "sur les réseaux sociaux" encouragent la Grèce à faire défaut, sans que leurs auteurs aient même compris que c'est eux qui paieront, on réalise le degré de désinformation et de sottise qui règne aujourd'hui en France.

L'Europe du "soft power" où les grands Etats ont été stérilisés et empêchés,  s'avère totalement incapable de faire face à l'intérieur comme à l'extérieur aux agressions qui la menacent. Jamais la situation n'a été plus claire aujourd'hui.

- Elle ne peut rien contre la Russie qui attaque un pays de l'Europe centrale et s'empare d'une partie de son territoire,

- Elle ne peut rien contre la Grèce qui détruit la zone Euro de l'intérieur et se moque à peu près totalement de l'espèce de salmigondis de pouvoir qui s'appelle la Commission et l'Eurogroupe.

- Elle ne peut rien contre l'envahissement par des centaines de milliers de migrants non désirés.

- Elle ne peut rien contre l'envahissement juridique intéressé des Etats-Unis (voir les amendes colossales imposées aux banques européennes et l'invraisemblable Fatca). Et elle va céder sur ce point vital dans les traités transatlantiques : les sociétés américaines pourront se plaindre aux juges américains des difficultés éventuelles rencontrées en Europe. Les gouvernements passent sous tutelle du juge américain.  

- Elle ne peut rien contre le démantèlement des assiettes fiscales par les grands intervenants d'internet.

- Elle ne peut rien contre une barbarie basée sur l' "affirmative action"  et la "fierté retrouvée" d'une religion rétrograde et violente, animée par la tendance salafiste, en pleine croissance en France,  qui met à bas tous les principes européens durement acquis et commence à décapiter ses citoyens.

- Elle ne peut rien contre l'envahissement de produits qui ne respectent aucune des prescriptions qu'elle impose à ses producteurs.

- Elle ne peut rien contre les effets d'une économie internationale devenue baudruche à force de changes flottants non régulés et déficits et excédents croisés monstrueux. Sinon se taire et empêcher qu'on discute des mécanismes qui ont mené à la situation désastreuse actuelle.

- Elle ne peut rien mais empêche les Etats d'agir.

Ah ! Si ! Les Etats peuvent toujours augmenter les impôts et cadenasser les finances privées des citoyens.

Et en France, laisser les derniers duellistes présidentiels faire semblant de jouer à la démocratie médiatique, sous l'œil hagard de la population ;

Et en Grèce laisser Tsipras et Varoufakis faire semblant de jouer à la démocratie référendaire (jusqu'ici le referendum était "fasciste" à l'extrême gauche…), sous l'œil hagard de la population.

Et en Italie laisser Renzi se dépatouiller avec ses immigrés illégaux, sous l'œil hagard des arrivants.

On imagine où en serait si les grands Etats européens s'étaient dissous dans une nuée de petites régions avec un Eurogroupe de 100 membres ! Rien que pour dire non et expliquer pourquoi dans cette enceinte, il faudrait une semaine. Et la Grèce serait l'un des plus grands Etats membres…

En attendant quelque égaré fou d'islam tranche une tête française sur le sol français. Les Grecs découvrent le "corralito", avec le plaisir de pouvoir sortir quelques euros par jour de leur bancomat. M. Juncker pleure sur l'esprit européen perdu. Le commerce international est à l'arrêt. Les taux d'intérêt se cabrent. L'Euro s'affaiblit. La chômage qu'on annonçait en baisse probable grâce à "l'alignement des planètes", s'est encore accru : près de 630.000 chômeurs de plus depuis le début du quinquennat, plus que sous l'ensemble du quinquennat Sarkozy qui avait pris le choc du gros de la crise, alors que partout ailleurs la situation s'améliore.

Tout va bien.

Le Président de la République Française n'a rien à dire sur aucun de ces sujets dramatiques. Il voyage. Il mène campagne, l'œil vissé sur les sondages et près à toutes les opérations image qu'on voudra.

Dignité, Liberté et Prospérité sont au coin de la rue.

Et il n'y avait rien de plus urgent que de réduire l'emploi de la monnaie de papier par ce suspect permanent qu'est le citoyen.

Economie et politique (2) : les socialistes

Toute l'histoire de la gauche de 1848 à 1989 a été celle de la colonisation de cette tendance par les différentes formes antagonistes de socialismes. La révolution de 1789 avait été bourgeoise. Ce n'était qu'une étape. Avec Babeuf, passons  des libertés formelles aux libertés réelles et sus au bourgeois. L'URSS ayant finalement réussi, un siècle plus tard,  à instaurer le « socialisme réel ». Il appartenait à toute la gauche de s'associer à la victoire pour faire triompher cette forme d'organisation sociale dans le monde entier. La droite honnie était ce mouvement de "réactionnaires" qui s'opposait bêtement aux conquêtes sociales. Le débat socialiste portait essentiellement sur le degré de violence à imposer aux sociétés pour rendre la révolution définitive. L'évidence des atrocités commises par les différents régimes communistes a créé, notamment en France et principalement dans les différentes communautés juives, l'idée d'un communisme un peu moins sommaire. Les partisans d'un socialisme respectueux de la démocratie libérale, plus ou moins fusionné avec le radicalisme, acceptaient le message marxiste de condamnation scientifique du capitalisme mais voulaient respecter les formes bourgeoises de la démocratie parlementaire. Le socialisme particulier  que fut le national-socialisme, en concurrence et opposition directe avec le communisme, sera l'occasion d'une concurrence dans la violence destructrice, le crime et le génocide entre Staline et Hitler puis l'ensemble des régimes communistes, notamment la Chine. 100 à 150 millions de victimes assassinés du côté communiste et 40 millions du côté hitlérien (et des milliards de vies gâchées) plus tard, la séduction du socialisme violent s'est éteinte par effondrement interne de l'URSS, et conversion de la Chine au capitalisme d'Etat, motivée par la peur du nationalisme Han de voir la Chine devenir un nain économique par rapport au Japon ainsi qu’aux Tigres et Dragons à ses bordures.

Le socialisme, sous sa forme marxiste d'élimination de la propriété privée du capital et sous sa forme romantique de révolution, est mort en 1990. L'effondrement a eu pour conséquence d'installer des nationalismes plus ou moins virulents en Russie, en Chine et dans tous les pays anciennement communistes, y compris la bordure occidentale, rattachée à l'Union Européenne. L'indépendance retrouvée a provoqué des poussées nationalistes en Tchéquie, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Pays baltes etc. En Occident et plus particulièrement en France, la disparition de l'URSS  a eu des conséquences plus ou moins étranges.

La première est la pénétration substitutive du "politiquement correct" radical  en provenance des Etats-Unis qui est à la source de maints thèmes "sociétalistes" jusqu'ici étrangers au socialisme.

La seconde est l'effondrement d'une curiosité française : le trotskisme protéiforme et dominateur à gauche. Il y avait encore récemment plusieurs candidats trotskistes aux élections présidentielles. L'essentiel du mouvement s'est rangé en tant que faction au PS. Le reste périclite doucement.

La troisième est la perte quasi-totale du milieu ouvrier par les organisations « ouvriéristes ». Le socialisme français est un socialisme de fonctionnaires, de bobos des grandes villes et de petit peuple vivant d'allocations. La conversion du PS à une Europe de la libre circulation des hommes, des capitaux et des marchandises, dans un cadre mondialisé,  a mis sous tension le monde du travail concurrentiel et créé un ressentiment  social anti-socialiste qui a fait fuir l'ancienne classe ouvrière vers d'autres extrémismes.

La quatrième est le manque de charisme des dirigeants socialistes de Guy mollet à Hollande, qui, pris dans les contradictions de l'évolution historique, oscillent depuis 50 ans entre un discours de socialisme radical décalé et une pratique de n'importe quoi.

Minoritaire politiquement en France, le socialisme a perdu sa base sociologique supposée et cherche à en reconstituer une autre avec la population immigrée. Mais l'Islam, qui en est une composante majeure, est largement incompatible avec "les valeurs de la République"  et les classes populaires considèrent être victimes de l'arrivée massive d'immigrés. Les contradictions s'exaspèrent.

Du coup le PS ne vient au pouvoir qu'en cas de crise de conjoncture et après d'intenses campagnes de dénigrement d'un adversaire lui-même divisé. Mitterrand ne parviendra à ses fins qu'après que la crise de 73-74 ait profondément ravagé la France. Giscard avait perdu la confiance des Français par ses excès fiscaux et, à juste titre ou non, une partie de sa réputation après une campagne dominée par l'affaire des diamants. Le style très affecté de Giscard ne passait plus. Hollande ne viendra au pouvoir qu'à la suite de la crise de 2008, alors que les Français étaient bousculés par le chômage et une montée fiscale considérable, que la personnalité de Sarkozy en faisait la cible d'attaques ad hominem innombrables et que la division régnait à droite avec la dissidence du Modem.

Autant dire que l'économie qui était pourtant au cœur même du marxisme et donc au cœur du réacteur nucléaire du socialisme, n'a jamais été dominante dans les programmes de gouvernement de la gauche.

Le Programme commun de la gauche mettra fin au rattrapage par la France du niveau de vie américain et initiera la descente aux enfers progressive de l'économie française.

Rocard détournera la prospérité temporaire liée à la phase de haute conjoncture du cycle et créera les conditions d'un drame lors du retournement conjoncturel subséquent.

Arrivé par surprise, Jospin ne sait pas trop quoi faire. Il considérera que son rôle est de peser dans les contrats en faveur des salariés, des locataires etc. Cette lutte contre "la domination du capital" s'accompagne d'immenses "cadeaux au peuple" comme les absurdes 35 heures. La France y perd sa compétitivité et le chômage structurel explose dès le renversement de la conjoncture. Le clientélisme municipal et régional atteint des sommets.

En 2012, la campagne de François Hollande est du même tonneau :

- Promesses tout azimut de "droits à"

- Attaques ad hominem contre la droite honnie et "fascisante", et contre la personne de N. Sarkozy

- La crise est niée.

Ce sera une des pires campagnes électorales jamais connues.

Mais, comme Sarkozy, dont il est quasiment le clone, il est arrivé au pouvoir non seulement avec une tactique électorale très étudiée mais avec un schéma pour se présenter en bonne forme à l’élection présidentielle suivante.

Sa stratégie a été clairement annoncée et dès le départ:

- « Faire payer les riches » en début de mandat pour se sortir des obligations du traité Merkel-Sarkozy

- Tenir le terrain par des mesures symboliques et "sociétalistes" pour se garder à gauche (« ce n’est pas la droite qui aurait fait tout ça ! »)

- Se placer pour la réélection en multipliant les "cadeaux au peuple" et l'achat de vote en dernière partie de mandat.

Ce schéma ne s’est pas déroulé comme prévu. 2012,1013 et 2014 ont été des catastrophes économiques et sociales caractérisées. Le tableau est apocalyptique.

Pour Hollande, ces résultats dramatiques n’ont pas de réelle importance. Cela sera devenu lointain en 2017 et il a une excuse qui lui suffit : « J’ai trouvé la France dans un état catastrophique et une Europe bloquée par Merkel  ». C’est la faute à Sarkozy ; c’est la faute à Merkel. « Grâce à moi, les choses ont évolué même si cela a été difficile ; Imaginez ce que cela aurait été si je n’avais pas été là !  ».

La seule question qui l’intéresse aujourd’hui, c’est la bonne manière de se placer dans les meilleures conditions possibles pour 2017 et de transformer son schéma stratégique initial en  mesures tactiques ultimes efficaces.  Ses adversaires auraient tort de croire qu’il a des doutes sur son succès futur. Il est totalement en état de grâce et pense désormais qu’il a gagné.

La gauche du parti ne lui fait pas peur. Il sait la manipuler par cœur. Tant d’années comme premier secrétaire, cela vous donne des réflexes. Comme il n’y aura pas de primaires, il ne risque rien. Les autres seront obligés de s’aligner. Une bonne partie du tapage fait à sa gauche était dû à la volonté de certains de sauver ce qui pouvait l’être aux élections locales. La présidentielle balaiera tout cela.

Les partis d’extrême-gauche ne lui font pas peur : la hauteur du FN dans les sondages lui donne un argument imparable. « C’est moi ou les fascistes ».

Restait à se cadrer à droite, c’est-à-dire dans le vocabulaire socialiste, au centre.

Il lui faut "extrêmiser" la droite, pour renforcer sa position centrale. La manipulation de la mémoire, déjà caricaturale du temps de Jospin, devient systématique dans les médias amis. Hypermnésie des crimes nazis, hypomnésie des crimes des régimes socialistes. Repentance généralisée vis-à-vis d'évènements passés considérés comme déshonorants, l'esclavage ou la colonisation ou la répression de l'homosexualité, attribués à la droite. La réaction contre les mesures « sociétalistes » attise le langage excessif à droite et permet de l’assimiler au FN. « La droââââte, tous des fascistes ! ».

En revanche, il faut passer pour « responsable ». Sa  base politique est celle du « socialisme du possible » ou du « socialisme de gouvernement ». Autant associer l’opération à une « triangulation », c’est-à-dire une reprise massive du programme de l’opposition.

En chantant la survenue de l’âge de la social-démocratie en France, amoureuse des entreprises, et prête à faire en sorte que l’économie reparte grâce une stimulation des entreprises mais dans la justice sociale, en nommant Valls, le chantre de cette tendance, et en faisant voter une loi Macron qui permet de dire « nous avons fait des réformes de droite que vous n’auriez même pas envisagé de faire », Hollande considère qu’il tient son élection.

L’important, c’est de ne pas toucher aux corporations qui peuvent faire mal : les syndicats de la fonction publique et du secteur nationalisé.

Et l'économie, c’est-à-dire la prospérité à long terme du pays, dans tout cela ?

La question devient : les schémas électoralistes, évidents, ont-ils un contenu économique sérieux et utile ?

Doit-on considérer qu'avoir renvoyé sur les entreprises la responsabilité du chômage avec un "pacte de responsabilité" insignifiant et montrer sa bonne volonté réformatrice avec une loi Macron tout aussi insignifiante, il a fait son devoir ? Naturellement, en refusant toute réforme de structure, il met l'opposition dans l'obligation de les annoncer, donc de prendre le risque d'inquiéter des clientèles. Mais ces réformes de structure, n’étaient-elles pas indispensables ?

Il est bien clair que l’équipe Hollande se moque de la réponse économique car il pense que la posture politique suffira pour être réélu. Hollande croit au cycle. Il sait que la phase haute arrive. Rocard l’a connue ; Jospin l’a connue ; il la connaîtra, il en est sûr et il en voit les preuves dans les bonnes nouvelles statistiques qui s’accumulent. La seule inconnue est de savoir si elle durera jusqu’à l’élection. Jospin n’avait pas eu cette chance, ni Beregovoy.

Pour ceux que l’économie intéresse, la question est tout autre. Peut-on redresser un pays en fiscalisant à ce point les entrepreneurs tout en défiscalisant un peu les entreprises ? Cette schizophrénie a-t-elle un sens ?  Peut-on maintenir en vie un système dont le secteur public dépense plus que ce produit les entreprises du secteur marchand, simplement en rognant un peu sur les dépenses ?

La réponse est non.

Mais le jeu économique de Hollande est tactique et politique. L’important est exclusivement électoral et à court terme : 2017. Les Français ne sont pas économistes, ne s’intéressent pas au long terme. Une apparence de succès peut suffire. Une hausse même minime du PIB accompagné d’un reflux même léger du chômage, même s’il n’a rien à voir avec la politique menée et dépends entièrement de l’extérieur, peut suffire.

Comme le quinquennat de Sarkozy, celui de Hollande aura été entièrement calculé en vue de la réélection pour un second mandat et guidé par des ambitions égotistes sans intérêt pour qui n'est pas partie prenante à la coterie présidentielle.

La campagne de 2017 sera entièrement livrée sur des thèmes politiques offensants pour « la droite honnie de l'immonde Sarkozy », et défensifs pour la clientèle de fonctionnaires et d'immigrés, tout en valorisant au maximum les avancées sociétales. Il sera facile d’inquiéter les Français avec les projets de réforme plus ou moins radicale portés par la droite.

Pour Hollande, l’affaire est dans le sac. Il a gagné. Il en rigole du matin au soir. Il en jouit. Il savoure déjà le retournement de la presse à son égard et son plan com’ est prêt qui intégrera sa dernière conquête, sa Carlita à lui.

Les besoins d’une prospérité économique durable seront escamotés une fois de plus, noyés dans les "cadeaux au peuple", "l'achat de vote" et les "opérations-image".

La seule perspective économique évoquée par le candidat hollande en 2012 était la réforme de la politique dépressionnaire de l'Europe. C'était un leurre vulgaire et on a vu ce qu'il en est advenu. On peut se demander s'il y aura seulement même un leurre économique en 2017. Le plus probable est que l'économie sera totalement évacuée, comme d’habitude, surtout si le rebond conjoncturel de fin de cycle perdure jusque là.  

Et les beaux esprits continueront d’expliquer que l’économisme a gangrené le débat politique, alors que l’économie l’aura déserté une fois de plus !

Dommage !  

Grèce : Zeus aveugle ceux qu’il veut perdre.

Tout est bancal dans l’affaire grecque.

Première anomalie : que vient faire le président de l’Union Européenne dans toute cette affaire ?  Les traités ne disent rien sur son rôle dans la gestion du surendettement des pays membres.

Seconde anomalie : s’agissant d’un pays de la zone Euro, où des règles existent qui interdisent à un Etat de dépasser 60% d’endettement public et 3% de déficits budgétaires,  règles qui sont  violées par certains membres importants et depuis longtemps,  où sont les instances de régulation spécifiques de la zone Euro ? Cette anomalie explique la première.

Troisième anomalie : que vient faire le FMI dans cette galère ? Il est destiné à aider un pays en manque de devises pour lui permettre de retrouver sa place dans le commerce international.  A l’intérieur de la zone Euro,  il n’a pas réellement de rôle institutionnel.

Quatrième anomalie : les traités interdisent à la BCE d’aider les Etats et la banque centrale est sur-engagée vis-à-vis de la Grèce. Et elle est le principal acteur dans le bras de fer en cours.  Ses émissions de monnaie sans limite permettent à la fois de parer les conséquences d’une sortie de la Grèce et de déclencher une chute successive de dominos, et de menacer de ruiner en un instant les banques grecques.

Du fait de cette création monétaire illimitée, les intervenants dans les médias surjouent inlassablement de l’idée qu’un Grexit ne serait finalement pas important.  Cela ressemble aux communiqués de guerre qui expliquent les défaites par des retraites stratégiques hautement pensées par le commandement, avant la magnifique contre offensive.

En un mot on nous explique que la BCE serait capable de sauver sans difficulté les 98% de la zone Euro en laissant tomber les 2% que représente la Grèce.

Pauvres Grecs qui ne savent plus où ils sont. Ils ont vidés leurs comptes en banque pour sécuriser leur épargne ailleurs. 

Le secteur public grec, organisé autour de familles, de clans, de villages, s’était gobergé d’une façon ridicule ; il s’aperçoit soudain qu’il dépend de l’économie la plus basique. Il a pris le pouvoir politique avec Tsipras. Mais ce dernier ne peut plus le payer. Alors il pense tous à ruiner les créanciers.  Qu’importe la faillite pourvu qu’on ait l’ivresse publique !  Toput rapport avec la situation française ne saurait être qu’une coîncidence !

 Les plus sages des Grecs savent qu’ils ont été trop loin et qu’on les emmène n’importe où.  Quand les bornes sont passées, il n’y a plus de limites.  Tous les talents qui le peuvent partent ou sont partis. Le petit commerce fait le dos rond et attend les touristes en résistant au fisc. Les immigrants clandestins arrivent  en masse.  Les tensions montent.

L’interdiction d’interdire tous les mouvements d’hommes, de marchandises et de capitaux  rend tout incontrôlable. Le non voulu et le non souhaitable l’emportent sans freins. Le gouvernement grec est impuissant.  En plus il a le front bas.  Michel Jobert  prétendait qu’un ministre des affaires étrangères ne choisissant pas ses interlocuteurs, il fallait qu’il s’attende à dialoguer avec de tristes figures . Il devait penser à Tsipras et Varouflakis, petites frappes politiciennes dignes  du Kosovo ou de l’Albanie.

Le plus grotesque est  la prétention de Varouflakis de mettre ses connaissances en théorie des jeux  au service d’un chantage qu’il pense réussir. Il n’a pas compris que ses propos de voyous  n’ont rien à voir avec la théorie des jeux et beaucoup avec la forfanterie  du débile.

 Si la Grèce sort de l’Euro, la zone euro sera réellement menacée. Le Portugal et surtout l’Espagne et la France passeront en première ligne.  Le risque est désormais réel à court terme.  Le projet européen tout entier sera en grand danger d’effilochage généralisé.  La BCE a certainement solidifié le jeu de dominos mais tout cela est tellement hors normes et artificiel  que la solidité à moyen terme est loin d’être acquise.  Oui, Tsipras et ses androïds peuvent nuire sérieusement à la zone Euro.  Mais pas au point qu’un chantage extrémiste puisse réussir.  On est dans la théorie des jeux de c…

Ce n’est pas comme cela qu’il fallait s’y prendre.  La Grèce avait de quoi présenter un solide dossier sur les dommages créés par  l’organisation défectueuse de la zone Euro et les principes ineptes et dangereux de sa conception.  Lui avoir imposé la perte de 25% de son PIB  est à charge de l’Eurozone.  Il lui appartenait de faire valoir cette défaillance et de trouver, en Europe, des soutiens pour un changement radical d’organisation. Le chantage et les postures politiciennes extrêmes n’étaient pas nécessaires.  Rappelons qu’en 2011, il fallait 40 milliards pour « sauver la Grèce ».  Et maintenant la BCE émet plus de 1.000 milliards d’Euros pour sauver l’Eurozone de la Grèce…  La débilité n’est pas qu’à Athènes.

Une occasion de rappeler certains principes :

-  On ne gère pas une zone de monnaie unique entre Etats nominalement souverains avec seulement des règles juridiques malthusiennes. Il faut une instance spécifique de coordination. Un chancelier de la zone Euro.

-  Une banque centrale  ne peut pas être laissée seule à gérer la politique monétaire qui dépend de l’autorité politique. Si cette autorité n’existe pas et si la banque centrale n’a qu’un objectif de stabilité des prix, tout le monde finit par manger son chapeau et violer tous les traités.

-   La liberté  des mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes doi toujours être canalisée pendant les périodes de crise.  

-         - Les instances européennes ont été conçues comme des organes hostiles aux Etats.  Elles récoltent désormais la monnaie de leur pièce : des petits Etats mal gérés qui leur sont hostiles et font du chantage. L’hostilité aux Etats finit toujours par tourner à l’hostilité entre les peuples.  Si l’Euro conduit à gérer les crises en effondrant les économies nationales, les peuples n’en voudront plus. 

- Le  schéma rooseveltien puis, plus généralement américain,  d’une Europe de nains  où les anciennes  grandes puissances seraient démantelées et phagocytées dans un ensemble de petits pays affidés, aboutit à une impasse. Surtout quand les nains sont malades.

- Le FMI était là pour aider, en système de changes fixes et révisables par concertation,  les pays en difficulté à rejoindre le peloton sans entrer en récession ouverte.  Il n’a plus aujourd’hui qu’un rôle de technicien de la camisole de force, ridicule et inefficace.  Comme déjà en Argentine.

Le désordre intellectuel associé au n’importe quoi institutionnel, pavé de bons sentiments à l’intérieur et borné par les mauvaises intentions  des autres à l’extérieur,  ne conduit jamais au bonheur des peuples.

Toute la pensée économique depuis 1929 était d’éviter les  dépressions économiques et voilà que la Grèce a perdu 25% de son PIB ! En attendant encore mieux des fronts bas qui dirigent actuellement le pays.

Une horreur ? Oui !  Mais surtout un scandale. On ne peut pas continuer à saccager la prospérité  en se contentant d’expédients gérés par des organisations bancales ou dévoyées, laissant les peuples meurtris à la merci de mesures à l’emporte pièce et de baratineurs enivrés par leur propre nullité. 

Européisme (Juncker)  et gauchardisme (Tsipras)  sont face à face. Deux vides arrogants s'attirent et se répulsent.  Ils sont les deux noms d'un même désastre.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Economie et politique (1): Les Républicains

Cette période de mou, entre deux échéances électorales régionales,  et avant le galop final de l’élection présidentiel le, permet de mieux souligner certains aspects des rapports entre économie  et politique.

Vérifions le d’abord avec le cas Sarkozy. Un second article évoquera  le cas Hollande.

Que Nicolas Sarkozy soit capable de développer une stratégie et une tactique, il l’avait démontré de façon flamboyante lors de la campagne électorale contre Ségolène Royal et dans la conception de son quinquennat.

Les Français avait découvert en 2006, 2007, un Sarkozy extrêmement bien préparé, avec une ligne électorale très pensée par ses communicants et ses analystes politiques.  La rupture en toile de fond, par rapport « au roi fainéant » et au « nini ».  « Travailler plus pour gagner plus »  pour séduire les masses.  Et de la sueur, beaucoup de sueur. Nicolas Sarkozy n’hésite pas à « mouiller le maillot ».  Il l’avait emporté facilement contre une candidate socialiste à la fois inclassable et caricaturale qui n’avait d’autre argument que son genre et d’autre support que son propre culot.

Une fois le Président élu, les Français  ont été les spectateurs d’une comédie politique qui n’était pas exactement celle à laquelle ils s’attendaient :

-          Volonté stratégique de ne pas faire descendre dans la rue les forces  syndicales et les mouvements de jeunes : accord avec la CGT, mesures édulcorées, etc.  Adieu la rupture !

-          Volonté stratégique de rallier des socialistes en déshérence (DSK au FMI et une demi douzaine de socialistes au gouvernement) afin d’affaiblir l’adversaire.  L’ouverture à gauche n’avait pas été annoncée pendant la campagne.

-          Volonté stratégique  de ne heurter personne dans le mouvement européiste ni dans le camp atlantiste

-          Planification tactique de lois-prétextes permettant de couvrir tout le champ de la future élection  présidentielle

  • Traité de Lisbonne
  • Retour dans l’Otan
  • Grenelle de l’environnement
  • RSA

-          Concession tactique au politiquement  correct : choix de nombreuses femmes  au gouvernement avec des exemples de diversité (Rama Yade, Rachida Dati, Fadela Amara, etc.), multiplication de reconnaissances de « droits à »  et même de « droits opposables à », comme pour le logement ; suppression de la « double peine » ; organisation plus ou moins approximative du « culte musulman ».    

Bien sûr il fallait donner un minimum de gages à l’électorat de droite.  Des réformes partielles vont être faites qui iront suffisamment peu loin pour ne brusquer personne.

-          L’ISF est plafonné mais pas supprimé. L’idée d’un chèque de remboursement du trop perçu « aux riches » est totalement absurde et la clientèle attendait la suppression de l’ISF. Mais «On a touché au symbole. Hein ! »

-          Le droit de grève est amendé dans les transports pour permettre un minimum de transport en commun.  Mais  les contraintes pour les syndicats sont légères et facilement tournées.

-          La restauration voit sa TVA baissée. Mais la mesure est démagogique et n’a pas d’impact.  En revanche on a raté le tournant de la TVA sociale.

-          La carte judiciaire est simplifiée mais les conditions acceptées en font une réforme très coûteuse.

-          Le régime spécial de certaines entreprises publiques est rapproché de celui des fonctionnaires.  Mais les grands abus ne sont pas corrigées et les mesures d’accompagnement sont coûteuse s aussi bien à court terme  que sur les principes (prise en compte de la « pénibilité » pour les retraites. Transfert du régime de l’EDF GDF sur les autres régimes). En revanche le privé  voit ses retraites rognées et la date de départ à taux plein éloignée dans le futur.

-          RGPP pour diminuer la dépense publique : on demande à des fonctionnaires de s’auto réguler sans redéfinir les misions et le cadre de l’Etat. Les réductions seront presque symboliques (entre 2 et 4 milliards sur 1 250 milliards…).  Le remplacement d’un fonctionnaire sur deux est plus efficace mais il est indiscriminé et vaut surtout aux fonctionnaires des finances des hausses de salaires improbables.

-          Détaxation et exonération fiscale des heures supplémentaires : mesure démagogique d’achat de vote populaire, mais incapable de relancer l’activité, tout en créant des trous dans les comptes publics. Il est vrai que l’on prétend avoir ainsi mis fin aux 35 heures…

Autre élément tactique, Nicolas Sarkozy théorise le fait qu’une inondation d’annonces de réformes  dans tous les azimuts musèle l’opposition et permet de saturer les médias. Qu’elles soient suivies d’effets ou non ne paraît pas critique.  L’important est d’assurer la prééminence de la Présidence et l’omniprésence de son chef.  On dévalorise de ce fait l’action du Premier Ministre, réduit au rôle de « collaborateur ».  Fillon avait des envies réformatrices autrement plus radicales et pensait réellement à des ruptures. Il est mis au pas. En refusant de démissionner et  de porter ce message, il se tue politiquement mais il mettra du temps à s’en rendre compte. Il pense encore qu’il tiendra sa revanche en dû temps et que sa loyauté comptera.  

Jusqu’à l’été 2008, Nicolas Sarkozy peut se réjouir de son savoir faire.  Ses déboires conjugaux  et son remariage avec une starlette ne sont pas du goût des Français, pas plus que son envie de placer son fils à la tête de l’Epad.  Mais il a été élu Président de la République Française, ce qui l’enivre.  Son plan fonctionne à merveille. L’opposition socialiste est asphyxiée. Le FN a vu sa clientèle voter en masse pour lui. Il n’a pas eu de vraie opposition dans la rue.  La Presse est plutôt bonne fille même s’il commence à agacer. Il parade tous azimuts  et va pouvoir se lancer dans la politique étrangère agressive avec Bernard Henri Levy et Bernard Kouchner.

Et l’économie dans tout cela ? Et Bruxelles et les contraintes de l’Euro ?

La réponse est claire : on s’en fout ! Les taux d’intérêts sont au plus bas. On est dans la phase de haute conjoncture du cycle. Bien sûr elle est ridiculement basse par rapport à ses devancières.  Mais c’est tout de même mieux que du temps de Chirac et de la fin du quinquennat de Jospin.  L’endettement s’est accéléré. Les remontrances de Bruxelles sont purement et simplement ignorées, comme du temps, où, Ministre des Finances, Nicolas Sarkozy se moquaient des contraintes «absurdes » du Traité  de Maastricht.  Les Européistes ont eu le traité de Lisbonne, alors qu’ils s’en contentent.

Les folies spéculatives qui marquent les années 2007 et 2008 ne sont pas prises en compte. Après tout DSK dit que tout va mieux et que l’atterrissage a eu lieu de façon confortable.  L’endettement public et privé s’aggravent au point que les 400% de dettes par rapport au PIB sont dépassés.  Pas de réaction.  La compétitivité des entreprises est trop basse ? Pas de réaction.  Les banques sont gonflées comme des outres de crédits aventurées ? Pas de réaction. Si : un conseiller présidentiel passe à la tête d’une banque qu’il a contribué à façonner.  L’entre soi et le mélange des genres entre politique, administration et finance n’a jamais été plus fertile. 

L’économie prend sa revanche. Comme nous en avions averti le candidat dès 2006, une crise terrible frappe le monde, prenant totalement à revers et la tactique et la stratégie de Nicolas Sarkozy. Il tentera de dominer la situation à l’aide de ses « spin’s doctors », dénonçant la finance, promouvant le G20, mettant au pas le Grèce,  et finalement mettant sa signature au bas du traité Merkel-Sarkozy, alors qu’il est en position de faiblesse. Tous les comptes de la France dérapent.  La dette et  le chômage s’envolent.  Suivant les recommandations des fonctionnaires des Finances, il se résout à des augmentations massives d’impôts visant « les riches ».  L’idée est de se présenter en garant des classes populaires. 

La guerre en Lybie, suivant la libération rocambolesque des infirmières bulgares et une réception ridicule de Khadafi  ne peuvent pas faire oublier  le désastre économique non anticipée.

Lors qu’il se présente à la présidentielle, Nicolas Sarkozy croit devoir reprendre sa stratégie initiale : il s’est bordé de toute part et croit pouvoir compter sur ses clientèles.  Il se présente quasiment en vrai socialiste qui a frappé les riches et maintenu le pouvoir d’achat des plus faibles.  Il a fait son devoir politiquement correct. Il a fait son devoir écologique.  Il a fait son devoir humanitaire en Lybie. Il a fait son devoir européen avec le traité de Lisbonne.  Il a fait son devoir social avec le RSA.  Il a fait son devoir vis-à-vis des petits salariés  avec les heures sup défiscalisées.

Il n’a pas vraiment vu qu’il était tourné sur sa droite par la famille Le Pen qui démontre sans difficulté qu’il n’a rien fait contre l’immigration de masse, que l’insécurité a augmenté, notamment depuis qu’il a demandé la suppression de l’exécution des peines de moins de deux ans fermes,  L’attentat de Toulouse par un fanatique nommé Merah liquide sa prétention à avoir restauré la sécurité. L’annonce d’une taxation à 75% des riches par son concurrent  fait litière de son désir de passer plus à gauche que la gauche elle-même.  C’était bien la peine de faire honorer Guy Moquet dans les écoles !

L’économie a pris sa revanche : les résultats sont dramatiques et comptés à charge. Si un représentant de la droite est même incapable de maîtriser les  activités économiques, à quoi sert la droite ?  On note qu’une grande partie de la dette ne provient pas de la crise elle-même mais  de son laxisme dans ce domaine : les baisses d’impôts n’ont pas été gagées sur des baisses de dépenses publiques de même valeur.

Sa campagne patinant face à Hollande, il est obligé de changer de cap en cours de route, ce qui est le plus souvent catastrophique. Et il perd, après avoir couru comme un dératé après les électeurs favorables aux thèmes  exploités par la famille Le Pen.

La réduction dans les sondages de son retard sur Hollande est généralement mise sur le compte de ce changement de cap.  En fait Nicolas Sarkozy apparait extrêmement fatigué.  Il est terrassé par les anaphores du candidat socialiste  lors d’un débat où il parait décalé, en retrait, dépassé.

Il perd.

Il annonce qu’il se retire de la vie politique mais n’y renonce pas. 

Dans pratiquement toutes les autres démocraties,  un leader qui a échoué ou fait son temps, s’écarte de la politique, pour laisser le soin à son parti de faire le bilan de l’échec, en tirer les conséquences et présenter une nouvelle approche incarnée par un nouveau leader.  Pas en France où l’échec n’est qu’une temporaire traversée du désert avant retour triomphal.

Avec l’aide du peu scrupuleux J. F. Copé, il empêche :

-          Tout débat sur son quinquennat.  Toute remise en cause par qui que ce soit est une « trahison ».

-          L’élection de M. Fillon à la tête du parti, qui a choisi de se désolidariser partiellement des mesures prises par N. Sarkozy  tout en proposant la rupture qu’il préconisait en 2007 et qu’il a été empêché de mettre en œuvre. 

Dans l’affaire Copé perd sa réputation et Fillon rate le coche.

Le champ est libre pour un retour  de Nicolas Sarkozy, même si c’est à l’occasion de la démission de Copé suite à l’affaire Bygmalion qui montre une phénoménale capacité de malhonnêteté dans le clan sarkoziste.

Après avoir soigné sa popularité à l’occasion des récitals de son épouse, où il s’est fait applaudir à proportion des erreurs de F. Hollande,  il gagne l’élection à la présidence de l’UMP.

On découvre un N. Sarkozy qui, comme en 2006, a travaillé en profondeur avec ses communicants le schéma tactique de son retour.

Le changement de nom du parti en Les Républicains est plutôt bien joué. Il permet de sortir les Le Pen du champ de la république et de  renvoyer le PS à un socialisme anti national et anti économique.  C’est un concept qui se « décline » bien ; une réussite obligatoire pour les tenants de  la politique spectacle.

Le slogan de campagne : « la société de confiance », est également bien trouvé. Qu’est-ce que le FN sinon un parti de la défiance vis-à-vis de toute le monde. Quant au PS il a tellement peur des relations bilatérales entre les membres de la société qu’il a bloqué toutes les possibilités de « contrat libre».  Le patron, l’employeur, le banquier, le vendeur, le propriétaire, le syndic sont toujours des voyous qui abusent de leur position dominante.  La loi remplace la confiance.

Le slogan se décline à nouveau très bien aussi bien contre les socialistes et contre l’extrême droite.

De même la tactique est bien rodée. Contrairement aux analystes des journaux qui considéraient qu’il se diminuait en devenant le chef d’un parti, alors qu’il était le Président de tous les Français, il sait que de cette forteresse réorganisée, il peut lancer tous ses raids.  Les succès électoraux lui sont comptés à bénéfice. Ils s’enchaînent à proportion des échecs socialistes.  Ses concurrents internes sont marginalisés, malgré les appels à des primaires « ouvertes ».

Il est le leader de l’opposition.  Il le fait savoir en tapant fort sur la personne du Président de la République socialiste, « démagogue, menteur, indigne, incapable, manipulateur ».  

La suite est parfaitement préparée:

-          Tout débat interne sur le bilan est rendu impossible : il faut se mobiliser tous les semestres pour gagner une nouvelle bataille électorale : unité, unité !

-          Les bases programmatiques seront l’affaire du parti qui dégagera les grands axes des actions à mener en dû temps.  Inutile d’endosser soi même les mesures ingrates qu’il faudra bien prendre.

-          La primaire sera escamotée grâce à l’emprise assurée sur le parti.  En termes d’image que comptent Fillon et  Lemaire ? Ils se posent en s’opposant. Mais ils ne peuvent atteindre la majorité contre Sarkozy.  Juppé est plus coriace. Mais il est plus populaire dans l’opinion publique que dans les rangs de s Républicains qui l’ont copieusement sifflés à chaque occasion et qui continueront.  A chaque fois qu’il sera amené à se découvrir il lui faudra soit se durcir à droite soit avouer une sympathie centriste. Dans tous les cas, il perdra des points. De ce point de vue,  la primaire favorise N. Sarkozy. 

-          Soyons sûrs que les communicants ont déjà rodé les thèmes de campagne du futur candidat des républicains et que comme en 2007, il sera prêt.

Face à une telle machine, désormais incrustée dans le parti, il n’y a plus d’oxygène pour des concurrents.

Et l’économie dans tout cela ? Nulle part, comme en 2007.

Avec Chirac et son nini, la rupture était un thème porteur, d’autant plus que Sarkozy avait réussi à se sortir de tous les pièges politiques semés sous ses pieds par le Président vieillissant et malade.  

Avec Hollande, ce n’est même pas nécessaire. La catastrophe économique et sociale est telle qu’elle plaide sans qu’il soit besoin d’insister.  Mettre en avant des réformes courageuses,  mais politiquement coûteuses,  est inutile. C’est entrer dans le jeu de Hollande : « regardez,  je vous ai prémuni du mal qu’ils veulent vous faire ! »

Ce sera donc un combat politique et éventuellement politicien. Mais aucune des grandes tares qui grèvent l’économie mondiale, l’économie européenne et l’économie française ne sera prise à bras le corps.  Ce qui laisse présager un quinquennat ultérieur en cas de victoire parfaitement  opportuniste.

Qu’est-ce qui peut enrayer cette machine ? Les juges et seulement les juges. Si cela arrive cela laissera Les Républicains dans  une telle panade qu’il est peu probable que cela serve les autres candidats potentiels.

Nicolas a préempté la droite  et s’il doit chuter avant le round décisif,  il aura tué la droite.  

La seule solution serait pour un Fillon, par exemple, de sortir du parti sarkozyste, expliquer pourquoi et se placer en recours, tout en approfondissant  ce que pourrait être une politique de salut public pour la France.  Mais François Fillon n’aime pas  trop « mouiller sa chemise », animer des réseaux, s’emparer du champ médiatique, faire chauffer les militants, donner confiance à un groupe d’affidés prêts à prendre le pouvoir avec lui. Il craint de passer pour un « diviseur ». Alors qu’il devrait se mettre en retrait et façonner une image publique de reconstructeur d’une Vème République digne et prospère.  

Juppé, âgé et prisonnier de son alliance avec Bayrou, qui a fait élire Hollande,  ne peut pas emporter les primaires, même très ouvertes.  Le souvenir de son compagnonnage avec Rocard,  de son coup de matraque fiscal de  95, du déplafonnement de l’ISF, présenté comme une mesure socialiste aussi excellente que le RMI et que « nous aurions du proposer nous-mêmes » (sic) , est trop fort pour qu’il réussisse à mobiliser la droite. La gauche ne sera pas plus séduite.

Ce qui frappe, c’est l’absence totale de l’économie, de ses besoins, des réformes fondamentales attendues dans les discours et dans les thèmes. Tous les positionnements ne sont que politiques, voire égotistes.

Personne n’incarne à droite une politique réelle de redressement crédible dans un cadre qui permette à la fois de briser la tactique socialiste et de mobiliser les Français.

Globalement la France et particulièrement les classes qui soutiennent traditionnellement la droite,  veulent savoir comment on sort de la crise, de l’hyper fiscalité, des dettes irrécouvrables, du chômage de masse, de l’envahissement du pays par des solliciteurs, de l’abaissement constant du pays et du recul de sa place dans le monde.  Elle veut qu’on lui parle du monde, qui l’agresse, de l’Europe, qui est en pleine dérive,  d’elle-même qui ne se reconnait plus dans le fanatisme niveleur  et culpabilisant pratiqué par les idéologues socialistes. Et leurs innombrables relais dans les médias.

Elle considère avec une majorité écrasante que la droite n’aurait guère fait mieux que les socialistes.  La France est-elle encore libre  et indépendante ? Elle n’a plus de voix dans les instances mondiales  et les représentants français au FMI sont des toutous de la politique américaine. Elle n’est plus rien dans les instances de l’union Européenne où la marginalisation au profit d’une part des petits pays et d’autres part des cours de justice  s’est aggravé. Son économie est ouverte à tout vent.  Son Etat obèse est perclus de dettes impossibles à amortir. Sa fiscalité a fait fuir les actifs et une grande partie des fortunes.

Le président omnipotent, voulu par De Gaulle,  n’est-il finalement qu’un fantoche qui vit une expérience personnelle gratifiante pour lui-même et indifférente aux pays,  et rien d’autre ?

Le drame de la France  est justement dans ce soupçon : si la candidature de Sarkozy est simplement un exercice narcissique, fille une fois de plus du « complexe de Zorro » diagnostiqué par Claude Allègre,  par lequel  il veut prouver que , le premier, il sera parvenu à revenir au pouvoir suprême après un échec, les Français n’ont ont rien à faire et en cas de succès, ils se sentiront floués, une fois de plus.  

Alain Juppé est un énarque, cumulard qui plus est.  Il ne fera rien pour reconstruire un Etat où l’administration ne capte pas et le revenu et une grande partie de la fortune des Français. Il n’a strictement aucun programme économique. Il n’a même pas, comme Sarkozy, une équipe de communicants capable de lui construire  « une histoire à raconter ». Pas de parti ; pas de slogans. Une simple image  de dignité et d’ouverture au centre. C’est beaucoup et très peu à la fois.

Bruno Lemaire est un candidat estimable. Il « mouille la chemise » et n’hésite pas à faire de la politique. Il a démissionné de la fonction publique. Il a pris ses risques et brulé ses vaisseaux.  Mais ici encore le fond économique manque.  

Alors les orphelins cherchent une alternative avec Lagarde, qui est au FMI. Elle se fait prendre de belles photographies sur papier glacé. Depuis que le FMI a trahi son rôle statutaire, qui n’est possible que si les changes flottants disparaissent,  l’endroit est devenu une pépinière pour candidats présidentiels avec une fortune diverse. La stratégie de la présidente du Fmi  flotte comme un bouchon entre les exigences du maître américain et le soutien abusif à l’Europe, comme père fouettard de la Grèce, qu’a voulu DSK, en violation des règles du FMI et à la grande colère de certains de ses membres.

Des photos photoshopées dans les revues sur papier glacé ne font pas une réelle perspective nationale, surtout lorsqu’on a accepté d’endosser l’arbitrage Tapie qui est largement contesté par la Justice et peu porteur d’une image de sagacité vigilante.

Alors quelle solution, pour la droite, qui permette de prendre à bras le corps les grands défis de restructuration et de réorganisation  qui concernent le monde, l’Union Européenne, la zone Euro et la France et permette d’envisager la fin du saccage économique  que nous subissons inlassablement depuis quarante ans ?

Des ateliers thématiques formant le socle des réformes nécessaires, chaque prétendant aux primaires ajoutant sel et poivre ?  Les votants aux primaires choisiront-ils les inflexions de programmes ou l’aura des candidats ?  

Croit-on que les candidats vont vraiment s’opposer sur la conduite à tenir vis-à-vis de l’Union Européenne, vis-à-vis de la zone Euro, vis-à-vis de la CEDH, vis-à-vis de l’organisation mondiale des monnaies,  vis-à-vis des trois libertés de mouvements (capitaux, marchandises et personnes).  Croit-on qu’ils annonceront une reconstruction dure de l’Etat moloch ?

Tous s’attendent à une bataille d’images qui s’enchaînera avec une campagne nationale identique à la précédente,  basée sur les cadeaux au peuple et l’agitation des bas instincts.

L’économie n’apparaîtra que façon symbolique,  accusatoire et incantatoire.    

Dommage.

L'étrange malédiction de Valéry Giscard d'Estaing

L'élection présidentielle au suffrage universel, voulu par De Gaulle et votée par les Français met sur le pavois des personnalités dont la psychologie et la compétence deviennent cruciales pour le pays. De Gaulle était un pragmatique capable de faire table rase et de construire une pensée longue et coordonnée, source d'une action réfléchie poursuivie dans la durée. L'inspiration de base était que la France n'était pas tout à fait rien et qu'il fallait la maintenir au plus haut de son influence possible. Il a défini un cadre institutionnel qui dure encore près de 50 ans après sa mort, et les grands axes de sa politique étrangère restent sous-jacents même s'ils s'estompent peu à peu. Son déficit personnel tient à son étatisme militant. Il a largement préparé l'émergence de l'Enarchie. Mais elle n'était pas compassionnelle. Il faudra l'arrivée de Pompidou pour infléchir l'orientation générale vers une plus grande importance de l'économie privée.

Après ces deux premiers présidents, la quasi-totalité des élus au poste présidentiel seront des habiles manœuvriers politiques et des ambitieux narcissiques tout heureux de se retrouver sur le pavois.

Valéry Giscard d'Estaing a été le premier de la liste des politiciens madrés et blanchis sous le harnais qui ont réussi à obtenir leur Graal personnel. Sa longévité politique est tout à fait étonnante. Il porte le chapeau d'Edgard Faure dès les années cinquante et se retrouve en 2015 (65 ans après, tout de même) à donner des conseils écoutés pour l'avenir de l'Europe. À part la Reine d'Angleterre, qui a d'autres soutiens institutionnels, personne n'a fait mieux. Il s'agit bien d'un phénomène politique. Il est malheureusement affecté d'une malédiction étrange. Tout ce que ce président a signé s'est retourné au point qu'il en est venu à dénoncer lui-même toutes les conséquences perverses des décisions qu'il a prises.

Il a voulu adopter la législation du pays à ce qu'il voyait comme l'évolution des mœurs et il a préparé la mort du mariage traditionnel, en mettant fin aux mesures qui freinaient l'adultère et en facilitant le divorce. À la fin de ce processus, il a regretté que le mariage ait perdu de sa fonction sociale fondamentale.

Il a signé les Accords de la Jamaïque qui actaient la fin des politiques de changes coordonnées et l'abandon des disciplines de balances commerciales et de paiements. Ces mesures ont été la base légale de la création d'une économie baudruche qui a fini par exploser. Aux grands regrets de VGE qui considère désormais que l'instabilité générale est dommageable à la prospérité.

Il a promu l'élection du Parlement européen au suffrage universel, donnant un vernis démocratique à la construction bureaucratique qu'était la CEE. Beaucoup d'observateurs avaient considéré que cette décision marquait le début d'un processus de dissolution de l'influence française perdue dans la masse des populations de petits pays. Gulliver a créé lui-même les liens qui l'ont enserré. VGE affirme maintenant que le Parlement a violé les règles et trahit l'Europe en abusant de son pouvoir pour imposer le président de le l'UE.

Il a mis fin à l'émigration de travail mais en mettant en marche le regroupement familial. Ce faisant il a imposé aux "commuters" qui faisaient l'essuie-glace entre le Maghreb et la France de s'installer. Un peu plus tard, il dénoncera "l'invasion" des immigrés.

Il a mis fin à la possibilité pour la Banque de France de financer directement l'Etat, rendant le seigneuriage aux banques et en privant l'Etat. Il regrette aujourd'hui que les règles de l'Europe basées sur le même principe empêchent de sortir certains états de la crise de la dette où ils sont enfermés.

Il a constamment voulu aller vers un couple Franco-Allemand, sorte de Directoire de l'Europe. À la fin l'Allemagne fait ce qu'elle veut et ne tient en rien compte de ce que veut la France. On a promu un Etat mis à l'index de l'Europe après les crimes atroces du nazisme, qui, depuis la réunification, mène une politique nationale contraire aux intérêts fondamentaux de l'Europe.

Il a milité pour l'Euro, annonçant partout qu'une monnaie unique était la seule possible et qu'il fallait en finir avec l'idée d'une monnaie commune. Il regrette aujourd'hui l'état économique lamentable de la zone.

Par un effet pervers étonnant tout ce qu'il a prôné est devenu pour lui un objet de douleur.

Les Français ont voté contre son projet de Constitution. VGE ne sera pas le Père fondateur de l'Europe fédérale, même si Sarkozy l'a fait voter par le Parlement dans une version identique sans le nom de Constitution, tout à fait abusif. Les résultats ne sont pas fameux. VGE s'en insurge. Trop de Commissaires, pas assez de subsidiarité, trop de pays, trop différents. Tout cela est exact.

La solution de VGE : Europe. On fond l'ensemble franco allemand en une seule entité. Les Français ne le veulent pas. Et VGE, quand il aura 120 ans, nous expliquera sans doute que cette nouvelle institution, comme les précédentes, s'est retournée contre l'intérêt national. L'ennui, c'est qu'il n'y aura plus de France !

Bien sûr on peut ricaner de certains travers de VGE. Une forme de fatuité, les déjeuners à l'Elysées avec les éboueurs, les dîners en ville dans le bas peuple, l'imitation ridicule de la communication à l'américaine, avec son épouse en pot de fleurs distingué lors des vœux, sa sortie grotesque après sa défaite aux présidentielles de 81, son afféterie à affirmer qu'il a couché avec Diana,

Il est sans doute plus juste de remarquer que par tempérament politique, VGE a cru qu'il pourrait enfourcher le politiquement correct sans avoir une vision propre et réfléchie des buts de son pouvoir. Il a cédé à l'esprit du temps parce qu'il y voyait sans doute un "progrès", facile à vendre politiquement, puisque cela était congruent avec l'idée qu'il se faisait de son image "jeune et moderne". La phrase qui lui a fait gagner son combat contre Mitterrand en 1974 (vous n'avez pas le monopole du cœur) est malheureusement la clé de son échec. Il aura prouvé que glisser sur la pente du politiquement correct avec le cœur en bandoulière était plutôt dangereux pour la nation et que la com' ait finalement contre-productive, même si elle est compassionnelle. S'exhiber à ski sur les pentes ensoleillées. de Courchevel ne l'a pas empêché de prendre une gamelle électorale. Le résultat aura été un septennat fiscal, où toutes les tendances qui sont à l'origine des difficultés actuelles ont été favorisées.

Malheureusement, tous les présidents suivants ont choisi plus ou moins la formule "giscard". Habileté manœuvrière et politiquement correct, nappés de fiscalité.

Mitterrand était, par nature, un ambitieux narcissique et, par vice, un pourrisseur. Ses deux mandats ont affaibli la France aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il a porté l'Etat fiscal à son plus haut et la France à son plus bas.

Chirac, que l'on déguisait en "fasciste" dans les années soixante-dix, s'est révélé un bel animal politique. Une fois au pouvoir il s’est lové dans une attitude de ni ni, qui revenait à laisser la France glisser sur la pente du déclin et du politiquement correct émollient.

Sarkozy défendra une attitude pro américaine presque aussi caricaturale que celle de Lecanuet, tout en sombrant dans l'électoralisme de bas étage et la soumission au politiquement correct. Lui aussi est un animal politique. Toute coïncidence avec l'intérêt national ne serait qu'une coïncidence. Il aura prouvé qu'en ne prenant de mesures qu'en vue de sa réélection, on pouvait la perdre. On attend toujours une vision construite de l'avenir du pays.

Hollande a copié Sarkozy en prétendant reprendre les habits de Mitterrand. Ici aussi, il ne s'agit que d'une aventure individuelle qui fait de lui un Lou Ravi de la fonction. Il ne la mérite pas mais il en jouit sans entraves. Le pays ? Quel pays ? L'élection, voilà le Graal et l'unique objet de mes pensées et actions. Il a simplement abaissé le débat au niveau le plus bas : les cadeaux aux peuples. "Maintenant je distribue ; c'est pas cher c'est l'Etat qui paie. Je les aurais à la "tchatche", tous ces c… qui voteront pour moi".

On se prépare à un nouvel affrontement entre Foutriquet et Bidochon, sur fond de manœuvres de communication, d'opérations images, de démagogie suintante et de politiquement correct majestueux, agrémenté de croche-pieds judiciaires ou autres.

Ne faudrait-il pas plutôt mettre fin à la parenthèse tragique ouverte avec l'élection de VGE. Plutôt que de mettre en cause le principe de l'élection présidentielle, ne faut-il pas promouvoir un homme et une équipe capable de reconstruire le pays sur des bases un peu sérieuses. Tout est à reconstruire :

- l'organisation internationale, notamment dans le domaine des monnaies, de la finance et du commerce international.

- l'organisation occidentale avec une réforme de l'Otan et des relations transatlantiques

- l'organisation européenne, qui doit cesser de desservir les nations.

- l'organisation de la zone euro qui doit sortir d'un système dépressionnaire structurel

- l'organisation publique de la France, avec la séparation du pouvoir politique et du pouvoir administratif.

Il faut désormais un président constructeur. Pas un ludion qui suit les courants d'opinion et s'incline devant les pressons des tiers en les exploitant à des fins insignifiantes de carriérisme personnel.

Le dernier à avoir eu les épaules assez larges pour cette entreprise est le Général de Gaulle. Il serait peut-être temps d'installer à la tête du pays autre chose qu'un petit malin narcissique.

Il faudra qu'il conjure la "malédiction de Giscard", qui a frappé tous ses successeurs : obtenir des résultats contraires à tout ce qu'on espérait, en se laissant couler au fil du politiquement correct et de la communication politicienne de bas étage, en envoyant la France au tapis.

Une réforme radicale de l'école

L’école est comme l’Eglise. La hiérarchie est courte : le maître, le directeur et le ministre (le curé, l’évêque, le pape) ; Moins on touche aux dogmes mieux l’enseignement passe.

De même que Vatican II a envoyé l’église catholique dans un déclin profond, l’abandon de l’instruction publique, basée sur les disciplines et l’effort, en vue de fournir le minimum de connaissances nécessaires à tous, tout en dégageant une élite indispensable à la nation, au profit d’une éducation nationale, qui n’a plus rien de national, qui n’a jamais éduqué, qui refuse de sélectionner au nom de l’égalité et de la fraternité et de sanctionner au nom des libertés, a lessivé une institution qui avait fait ses preuves depuis des lustres.

L’école comme l’église dépend de la qualité de sa piétaille. Le maître et le curé sont la  base fondamentale. L’Eglise a toujours su que le séminaire était la clé de voute de l’institution. On y sélectionnait les meilleurs, venus de la plèbe en général. L’ascenseur social fonctionnait dans les clochers. Il fallait des esprits éclairés pour sortir des ténèbres un peuple de catéchumènes constamment renouvelés et des dialecticiens efficaces pour lutter contre les attaques de l’intérieur et de l’extérieur.

Il faut des esprits assez subtils  pour expliquer comme Mgr Marty en son temps que l’Esprit Sain avait conduit les cardinaux à choisir un pape débile et mal portant pour permettre un peu plus tard de choisir un pape non italien !  Malgré tout, il vaut mieux ne pas changer de dogme lorsqu’on a fini de convaincre une classe de jeunes séminaristes que Jésus, Dieu et l’Esprit sain sont une même chose et que le premier a été enfanté par l’immaculée conception pratiquée sur Marie.

L’Eglise s’était emparée de l’enseignement. La République l’en a largement dessaisi. Elle a imité son modèle en prenant soin de former des instituteurs et des professeurs au meilleur niveau possible. L’école était sévère et son but était clair : les meilleurs passeront l’examen qui ouvre vers les études secondaires et supérieures ; les autres auront un certificat d’étude et se débrouilleront avec cela dans la vie active.  Comme l’Eglise, les instituteurs prenaient bien soin des meilleurs, quelle que soit leur origine sociale, pour leur faire prendre l’ascenseur républicain ; les premiers de la classe ont rarement été les rejetons de la haute. La statistique et le nombre veulent cela.

Faute de bible et de saintes écritures, l’école républicaine s’est fondée sur la nation, ses hommes illustres, ses auteurs remarquables. Les Lumières étaient son socle comme la Lumère était celui de l’enseignement clérical.

Dans les deux systèmes la discipline et le respect étaient de rigueur. Personne n’était là pour rigoler. Personne n’était là pour arriver. Mais pour y arriver.   Ecrire sans pâté ; comprendre le sens des mots ; utiliser le mot juste, en élargissant son vocabulaire par l’étude et la lecture ; comprendre l’orthographe et la grammaire ; compter bien et compter vite ; réciter de mémoire ; résoudre des « problèmes » ; exposer correctement par écrit.

L’école républicaine comme l’Eglise savaient que les disciplines de l’esprit n’étaient pas tout, ni qu’elles étaient à la portée de tous. Elles en concluaient toutes deux que seuls les esprits aptes aux études devaient les poursuivre au-delà du niveau de base indispensable. Il s’agissait avant tout d’une école d’intellectuels. Que la société civile s’occupe des non intellectuels, homme d’affaire,  commerçants, artistes, artisans, paysans, marins, puis ouvriers.

L’une comme l’autre aussi savait qu’il fallait différencier  l’enseignement des filles et celui des garçons à partir de la puberté. Elles ne partaient pas de préjugés mais d’une réflexion élémentaire sur l’incompatibilité des études intellectuelles et des travaux pratiques sexuels.

Distinctions de genre et d’esprit permettaient des filières efficaces. Un enseignement est toujours coûteux. Inutile de le dispenser à qui ne peut en profiter à un bon rythme. Le don et le travail étaient tous deux chéris. Il ne fallait pas gâcher ses dons. Les bonnes graines devaient s’épanouir.

Pour qu’elles le fassent, il fallait les protéger. Le lycée était sinon une caserne au moins un lieu protégé qui enfermait moins qu’il n’évitait l’intrusion de l’extérieur.

Le baccalauréat était le passeport pour la vie active un peu ambitieuse. Seule une fraction s’engageait dans une vie universitaire qui avait pour but singulier de fournir des cadres de bons niveaux d’abord à l’enseignement  et à la Science, puis aux missions publiques : le droit, la santé.

Systèmes républicain  et clérical  étaient délicieusement coupés de toute préoccupation mercantile.  Les curés avaient fait vœux de pauvreté et les instituteurs ne gagnaient guère plus que la parentèle de leurs ouailles. Les professeurs, issus de l’enseignement supérieur et de l’agrégation, étaient des petits bourgeois et entendaient bien le rester. Proviseurs et inspecteurs du ministère comme les évêques se considéraient comme  une élite sociale.

Ce système a parfaitement fonctionné jusque dans les années cinquante. Sur une génération de 800.000 jeunes, presque tous parvenaient au certificat d’étude, permettant d’alimenter les écoles normales en solides futurs instituteurs. 80.000 passaient le bac et près de 8.000 achevaient des études supérieures, permettant de fournir un nombre adapté de professeurs du secondaire et du supérieur.

Le système scolaire fonctionnait largement en vase clos. Il fournissait les cadres de sa propre reproduction. Ce qu’on appelait l’ascenseur social était le passage d’un fils de paysans, d’artisans ou de femmes de ménage au statut d’instituteur, de professeur et, rarement,  de « docteurs ».

L’école publique comme l’école religieuse n’a jamais su faire que cela : donner le minimum intellectuel à tous et dégager des élites intellectuelles pour les propres besoins de sa propre reproduction.

Ce système correspondait assez bien à une économie où la majorité des emplois, dispersés sur tout le territoire,  étaient dans l’agriculture, l’artisanat  et le commerce.  Le niveau de vie était bas et la croissance qui  ne dépassait pas 1% par an au dix-neuvième siècle, révolution industrielle ou pas, n’avait pas encore commencé son abrupte montée.  

Le niveau du certificat d’étude était largement suffisant pour ces secteurs, la piétaille militaire, le bâtiment, le travail en usine et les services domestiques.

La notion de « cadre » était peu nette. L’entreprise d’avant-guerre était majoritairement le fait de commerçants qui avaient réussi et dont le niveau dépassait rarement celui du certificat d’étude. Même si la « grande industrie » avait ses connexions avec la haute société et la haute banque.  La majorité de la progéniture de la « haute » s’abstenait de faire des études supérieures, perte de temps et d’argent.

Il faut comprendre pourquoi ce bel édifice a sombré.

Les premiers facteurs sont démographiques :

-          La France, spécialiste du malthusianisme qui permettait de transmettre le capital paysan et commercial, a connu une hécatombe de ses mâles lors de la guerre de 14-18. Lors de la suivante, quatre générations d’hommes ont été se clochardiser dans des camps de prisonniers, juste à l’âge de la grande bascule scolaire, universitaire et professionnelle. De pareils retards ne se rattrapent jamais complètement.  Le résultat a été de bloquer le système de reproduction du système scolaire.  Le corps des instituteurs très masculins, du fait de la répartition autoritaire des postes sur le territoire, qui déplaisait aux femmes,  s’est féminisé. La maîtresse a supplanté le maître. Pour les mêmes raisons, le personnel des lycées s’est fortement féminisé. On trouvera là la principale raison de la suppression de la mixité. On ne trouvait plus assez de professeurs pour les lycées de garçons. La féminisation et la mixité ont eu des conséquences graves. Chahut généralisé, violence jusqu’à la délinquance,  irrespect, compétition pour le partenaire, irruption des marques, démotivation des garçons. En cassant les « casernes » pour des ensembles ouverts à tout vent, on a aggravé les choses. Trafics et rackets ont fait leur apparition. La triste affaire Russier a montré que la mixité pouvait entraîner quelques désordres.

-          Le baby boom  a aggravé les choses ; Associé à la volonté de massifier l’enseignement secondaire, il a cassé la chaîne d’alimentation du système scolaire en professeurs en nombre et qualité suffisants. Les mots traduisent bien la chose : les enseignants prennent le pas sur les professeurs. Au final il ne s’agira plus que de « mettre un adulte en face des élèves ».  Le phénomène est aujourd’hui particulièrement sensible en mathématiques où on trouve, même dans les grands lycées parisiens, des incapables et même des fous. Mais il touche toutes les grandes disciplines universitaires boudées par les femmes. Les lettres, le latin et le grec ont longtemps résisté, avec des femmes compétentes et bien formées. Mais pratiquement plus un homme.

-          L’immigration  massive  a provoqué l’apparition d’élèves, intégrés d’office en venant d’ailleurs, dans des classes que beaucoup ne pouvaient pas suivre. L’âge des élèves par classe s’est élevé au point que l’on trouve des adultes dans le secondaire. Le mélange des races et des origines, s’est ajoutée à la mixité pour compliquer sensiblement la tâche des « enseignants ». On est arrivé au stade où, dans certaines classes,  il n’y a plus un blanc et des élèves  de couleurs, provenant d’une dizaine d’origines nationales et ethniques différentes. Comme dans bien des cas les parents n’ont pas souhaité apprendre le Français, et que beaucoup arrivent pour la première fois dans le système français, faire la classe devient un exercice d’équilibriste.  Les autochtones fuient ces classes comme la peste, ce qui aggrave encore le phénomène. Bien entendu, races, couleurs de peau, origines n’ont pas une importance dirimante du point de vue du devoir d’enseigner ni même du point de vue du résultat de l’enseignement. Un enfant qui a fait toutes ses études dans le système, hors contexte familial et social, peut en bénéficier de la même façon quelle que soit son origine.  Dans la pratique, on constate que les enfants d’immigrés nés en France, intégrés de façon minoritaire dans des classes normales réussissent très bien. En revanche, ceux qui ont fait une partie de leurs études (ou de leur absence d’études) ailleurs et qui intègrent des écoles entièrement composées d’immigrés (parce que tel est le quartier ou la ville)  ont beaucoup de mal. C’est évidemment l’honneur des enseignants de faire face bravement à cette situation. Mais rapproché de la féminisation et de la déqualification  du corps, les conséquences ne sont pas fameuses.

La seconde série de facteurs dérangeants tient à l’évolution de l’économie :

-          Urbanisation et tertiairisation, accompagnant la chute de l’agriculture, du petit commerce et de l’artisanat, puis les besoins de reconversion des sites textiles et extracteurs a déraciné l’essentiel de la population qui s’est retrouvé sans autre capital que le capital-compétence largement fourni par l’enseignement.  Le système scolaire n’avait plus seulement à fournir une élite nationale et une alimentation de qualité  du système scolaire.. Il lui fallait offrir de la compétence professionnelle.  Issu de l’enseignement ecclésiastique, le système scolaire est totalement incapable de répondre à cette demande.

-          L’internationalisation provoque un nouveau défi. Pour la même raison que précédemment le système est capable de fournir de bonnes études littéraires dans une culture différente à une élite scolaire mais strictement incapable d’enseigner les langues vivantes.

-          La structure professionnelle s’est complétement transformée, avec de plus en plus de postes dans les médias, les arts et le sport, où la compétence que fournit  l’éducation nationale n’a pas de pertinence ; De même le besoin en techniciens supérieurs a explosé, dans tous les domaines. Et l’éducation nationale est strictement incapable de former des techniciens de qualité. L’informatique en est un des exemples les plus frappants et ne parlons pas de l’économie de l’internet.  Contrairement à l’Allemagne, la France ne sait pas former son middle management.  On passe directement de l’OS à l’ingénieur. En même temps les produits sont de plus en plus abstraits et demande une capacité de conceptualisation forte, rendant les formations intermédiaires délicates. Ce sont les ingénieurs qui finissent par occuper les places de programmeurs ou d’encadrement intermédiaire, lorsqu’ils sont stagiaires.  La banque et les services financiers sont totalement étrangers à l’éducation nationale.

On est donc arrivé à cette curiosité que le système scolaire français a sombré dans ce qu’il avait de fort et a été incapables de trouver les solutions là où il était faible ou inexistant.  Cette dégringolade est ennuyeuse parce qu’elle est cumulative. Plus le système est mauvais plus les enseignants sont mauvais etc.

Comment se sortir de ce mauvais pas ?

Il faut à la fois restaurer le système scolaire classique pour qu’il puisse  perfectionner son système de reproduction, alimenter les facultés, l’encadrer l’Etat, et fournir une élite intellectuelle aux grandes professions.  Cela veut dire que l’on doit porter 25 à 30% d’une classe d’âge au niveau d’un bac classique sérieux et 10% à 15% au niveau de licences et masters de qualité sans parler des grandes écoles.

Et il faut inventer un système qui permette de donner de vraies perspectives professionnelles (petits entrepreneurs, techniciens moyens et supérieurs, encadrement, artistes, grands professionnels du sport, e l’rtisant, de l’informatique etc.) aux autres, sachant bien qu’il restera une frange qui malheureusement restera employée dans les postes d’exécution, que ce soit dans les services à la personne, la distribution, l’agriculture et l’industrie, le service aux entreprises, la restauration etc.

La difficulté est d’éviter que le passage dans les filières professionnalisantes ne soit considéré comme un rejet dans des poubelles stériles pour nullards déclassés, comme il l’est actuellement.

Il faut prendre acte que le système scolaire public actuel n’est pas capable de s’occuper de sport, de langues vivantes, de matières manuelles, d’enseignement artistique, de langues vivantes, d’informatique…

Sur ces bases, que faire ?

Laissons de côté l’école primaire.

Le système secondaire sera séparé en deux parties :

-          La filière classique, dans la grande tradition française, chargée de façonner une classe intellectuelle  littéraire et scientifique et de dégager les élites dont la nation a besoin.

-          Cette filière classique sera aménagée en :

- Un système de lycée d’état de la 5ième à la terminale

- Un système équivalent mais régional.

Les programmes sont exactement les mêmes. Les lycées d’Etat rassemblent l’élite scolaire  et dispose des meilleurs professeurs (essentiellement des agrégés). Les lycées régionaux regroupent le reste.  Des passerelles sont aménagées entre les deux ensembles. On entre en cinquième dans les lycées d’Etat sur concours avec présentation par les établissements primaires. On entre sur dossier dans les établissements régionaux.

Un lycée classique est séparé, à partir de la seconde, en filière scientifique et en filière littéraire.

Plus original, l’activité d’enseignement purement intellectuel, que le système sait faire de tradition, est séparée des activités de « gymnase », qui n’ont pas de finalité élitistes.

 Activités de lycée :

-          Lettre (français, latin, une seconde langue majeure, grec ancien), mathématiques, physique-chimie, sciences de la vie, histoire et géographie, économie…

Activités de gymnase :

-          Sports, arts (chants, musiques, peinture, danse, etc.) , disciplines ludiques (échecs, aéromodélisme…), informatique, mécanique, électricité, plomberie, cuisine, couture  et autres artisanats, langues vivantes, cours de rattrapage …

Chaque groupe d’activité est  calé sur une demi-journée.

L’enseignement classique occupe cinq fois quatre heures dans la semaine. Le gymnase se fait dans des locaux distincts de ceux du lycée.  Chaque établissement travaille en continu avec une fournée du matin et une fournée de l’après-midi. Permettant l’optimisation de l’emploi des locaux.

Les activités de gymnase répondent à un état d’esprit totalement différent de celui du lycée. Les matières y sont choisies par l’élève. Il doit progresser avec des grades qui lui permettre de se situer dans l’acquisition d’une discipline.  Les activités de gymnase sont obligatoires mais ne sont pas sanctionnées par des examens de passage.  En revanche l’assiduité et le sérieux dans les activités de gymnase comptent pour le passage à une classe de lycée supérieure.

L’enseignement des activités de gymnase n’est pas codifié comme celuidu lycée. L’anglais pratique peut être enseigné par quiconque peut prouver au responsable qu’il en est capable. Pareil pour le sport. C’est la responsabilité des chefs de cellules de trouver les bons professionnels. Des clubs privés peuvent être sollicités, notamment pour le sport, ou des académies pour les arts, voire des conservatoires. Les activités de gymnase ne sont pas nécessairement totalement gratuites. Les cellules pourront faire appel aux dons et prévoir des cotisations. Des systèmes de bourse seront mis en place.

Les gymnases sont partagés par tous les circuits scolaires disposant d’une telle filière, c’est à dire la majorité d’entre elles, permettant un mélange des origines et des groupes. On peut être excellent en mécanique et nul en sport, très bon pianiste et nul en latin etc. L’émulation dans les activités n’est plus fondée sur la sélection intellectuelle, mais sur les dons et l’application de chacun.

Toutes les activités d’enseignement autres que les lycées classiques sont sorties du système de l’éducation nationale et deviennent de la responsabilité des régions et des professions.

On créera des lycées mixtes mélangeant une partie de disciplines intellectuelles et une partie de disciplines techniques. Ces établissements gardent des passerelles avec les lycées classiques régionaux   pendant au moins deux années. Ils disposent d’activité de gymnase comme les autres lycées. Ils débouchent sur des métiers de techniciens et sont organisés en stage d’entreprise en fin de circuit. Le but est de fournir le contingent nécessaire de techniciens intermédiaires et supérieurs dont la nation a besoin.

Pour ceux qui ne peuvent intégrer ces filières, on prévoira une formation générale courte et des filières professionalisantes. Allant du plus simple au plus pointu.  On veillera sans cesse à garantir que ces élèves savent parfaitement écrire, lire et compter. L’analphabétisme doit être éradiqué, avec des cellules pour se faire. Les activités de gymnase seront un peu différente : certes conserve les arts et le sport, mais on met l’accent sur des ateliers de renfort des disciplines intellectuelles de base, enseignées avec des méthodes plus concrètes et plus adaptées).

 

La différenciation des approches est la clé. Si une immigré arrive d’un pays où il a suivi une filière générale mais parle très mal le français, tout en ayant le niveau requis dans les autres disciplines, les activités de gymnase seront orientées vers un rattrapage de la langue. D’une façon générale tous les cours de rattrapage deviennent du ressort du gymnase.

Un tel cadre suppose la disparition du ministère de l’éducation nationale comme on le connait. Toutes les activités de gymnase et tout ce qui n’est pas national lui échappe, sauf les programmes des lycées classiques et les concours d’entrée.  

Le recrutement des professeurs se fait par un comité de sélection sous la direction du chef d’établissement qui peut se débarrasser des enseignants qu’ils jugent insuffisants.  La qualité de l’enseignement est de la responsabilité du conseil de surveillance de l’établissement qui peut être composé pour moitié par des personnalités venus de l’extérieur de l’institution.

Tous les personnels d’entretien sont gérés directement par les régions.

A chacun selon ses capacités sans que tout soit joué sur le seul brio intellectuel et la capacité de soutenir des études difficiles de lettres et de sciences.

Meilleur brassage social avec partage d’enseignement de gymnase.

Possibilité de pratiquer une discipline technique, sportive, artisanale, pratique ou artistique très tôt et de façon continue pendant les études générales, afin d’arriver à un excellent niveau à la majorité.

Variété et choix personnalisé des disciplines de gymnase.

Emulation et mise sous tension positive partout.

Un matheux binoclard doit pouvoir être gradé en peinture et en plomberie tout en sachant jouer du violon.

Un littéraire peut savoir faire la cuisine, piloter des drones et être un roi de la programmation internet.

Une latiniste distinguée peut être en même temps une coureuse de fond, une infirmière qualifiée et une excellente pianiste.

Un futur polytechnicien peut se révéler un yogiste magistral, un hyperdoué des robots, et un golfeur émérite.

Un littéraire attiré par l’étude et non par les sports et les activités manuelles pourra parler sept langues et chanter parfaitement dans une chorale.  

Le côté sympa de la chose est qu’un classique qui aura choisi la mécanique pourra être cornaqué par un élève du lycée technique qui en saura un peu plus que lui dans sa discipline.

L’unité et la fraternité ne viendra pas de s’être vautré en traînant les pieds (on voit l’image) dans des classes de formation purement intellectuelle où tout le monde est un gêneur pour son voisin tant les niveaux et les ambitions sont différents. Mais du respect que l’on acquiert pour celui qui fait mieux que vous et qui vous perfectionne.  

L’efficacité viendra de l’homogénéité des classes et de la qualité des professeurs, une fois rétabli le circuit de reproduction des personnels de qualité dans le système scolaire.

La beauté du résultat sera une meilleure insertion dans la vie tout court et dans la vie professionnelle de tous.

 

DD

« C dans l’air » en apesanteur économique

L’émission d’Yves Calvi est une des rares qui se laissent voir dans le PAF poubelle audimatisé.  Comment a-t-il réussi à obtenir que chaque participant respecte la parole des autres est un mystère. Une émission qui cherche à faire de la lumière plus que de la chaleur est une bénédiction qu’il faut souligner.

L’émission qui nous a intéressés portait sur la croissance revenue avec des intervenants qui hantent les médias depuis longtemps.

Marc Fiorentino n’est pas économiste. Ce qui en soi n’a pas d’importance. Il promène une belle gueule qui passe bien à la télé et bonimente façon Bellemare, ce qui le range dans la catégorie des auteurs sympas « vus à la télé » qui vendent bien dans les supermarchés, même si on peut se passer de lire leurs ouvrages. Ces caractéristiques évitent qu’on s’attache trop à ce qu’il dit. En général il amplifie le bruit de fond avec l’air de celui à qui on ne la fait pas. Si le bruit de fond est raisonnable, cela n’est pas grave. Sinon, il aère les sottises façon ventilateur.  C’est un métier.

Eric Heyer est le très estimable animateur de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE), qui publie chaque année une synthèse sur les données économiques française (le dernier : L'économie française 2014 – La découverte). L’OFCE est une excellente initiative de l’institut d’Etudes de Paris. Tout est propre et net dans ses écrits. On y prend bien soin de ne jamais  exprimer une idée contestable ou simplement discutable. Difficile de trouver une erreur dans ce qui est dit. Pas de démagogie non plus. Les évènements sont toujours correctement exposés et décrits. C’est dans l’analyse que cela pèche. Jamais de risque explicatif ! Alors les évènements flottent sans qu’on sache vraiment pourquoi ils se produisent et comment ils s’enchaînent. Ce côté « commentaire propre sur lui », façon Alain Duhamel dans le domaine politique, est un peu la marque de Sciences-Po. On reste toujours sur sa faim.

Nous ne dirons rien de Mathilde Lemoine dont nous n’avons pas lu le livre (Les grandes questions d'économie et de finance internationales. Décoder l'actualité-Mathilde Lemoine Thierry et Philippe Madiès-Ed. De Boeck (2012)).

Nous ne savons rien de Pascal Perri, sinon qu’il a une tête de Ministre des Finances grec.

L’émission passe en revue tous les signes de la reprise avec, comme thèmes principaux, sa réalité, sa solidité et sa capacité à terme de créer de l’emploi. Elle surfe sur la vigueur surprise de la croissance annoncée par l’Insee pour le premier trimestre 2015 : 0.6%. L’Insee avait annoncé dès l’automne 2014 un bon premier trimestre. Mais pas une telle croissance.

La surprise crée l’émotion et stimule la demande d’explication. L’explication banalisée est de justifier la croissance nouvelle par  l’effet de marée de « l’alignement des planètes ». La baisse du pétrole a libéré du pouvoir d’achat. La baisse très forte de l’Euro  a stimulé les exportations. Le taux très bas des emprunts (négatifs parfois) a évité des restrictions budgétaires trop fortes et stimulé les emprunts privés. Les entreprises ont réussi à reconstituer leurs marges.  La reprise nette aux Etats-Unis et au Royaume-Uni a un effet d’entraînement. La hausse de la bourse a créé de l’optimisme.  Etc.

Chacun des intervenants à son tour expose ou commente ces composantes du moment.

Le reportage sur l’Irlande fait valoir certaines opinions : les banques seraient devenues raisonnables : leurs dettes auraient été cantonnées rapidement ;  les efforts budgétaires auraient été payants même si la dette publique s’est envolée ; liée aux économies américaines et anglaises et favorisée par la reprise de ses deux voisins et les avantages fiscaux exorbitants offerts aux multinationales, l’Irlande se serait sortie d’affaires mieux et plus vite que les autres pays européens.

Les commentateurs commentent en fonction de leurs préférences idéologiques mais sur la pointe des pieds.  L’un qui veut des réformes de structure en France souligne qu’elles ont été faites en Irlande. L’autre exonère l’Etat comme source de la crise et incrimine le gonflement de la dette privée dans un pays qui était « le bon élève de l’Europe ».

La reprise sera-t-elle durable ? Chacun souligne la fragilité qui lui tient à cœur. L’un considère qu’il s’agit d’un feu de paille lié à une reprise « mécanique » de la consommation après des années d’abstinence. Mais faute d’une reprise franche de l’investissement, on n’ira pas loin. L’autre souligne que les planètes commencent à se désaligner : baisse de la croissance aux Etats-Unis,  remontée des taux, remontée de l’Euro et remontée du prix du pétrole. Les moteurs de la reprise commencent à crachoter.

Tous s’accordent sur une bonne activité en France pour au moins deux ans avec une accélération progressive en 2016.

Sur l’emploi on retrouve toutes les idées populaires  dans la presse :

-        Ce sont les petits boulots qui reprendront comme aux Etats-Unis, au RU et en Allemagne.  

-        Le manque de compétitivité de la France fera de la reprise de la consommation une aubaine pour les importations pas pour la production française, structurellement désajustée ;

-        La productivité croit plus vite que la croissance ; le progrès n’aura pas le temps de cascader vers les classes populaires.

La France, mauvais élève de l’Europe connaîtra un certain rattrapage mais ne doit pas compter sur une reprise franche et joyeuse.

Dans le fond de l’air grondent quelques méchants orages plus ou moins lointains : la Grèce peut provoquer une crise rapide ; La remontée des taux peut s’avérer tragique pour les marchés financiers ; la sortie du Royaume-Uni de l’Europe  pourrait faire plus mal encore.

Tout cela est le parfait miroir de l’air du temps, ce qui est bien la vocation de « C dans l’air ».

On ressent néanmoins un certain malaise en coupant le poste. Il provient comme d’habitude du caractère pointilliste de tous ces constats  et commentaires. Les évènements sont là et peuvent être expliqués par des éléments à court terme. La vision globale et à long terme manque.

Deux aspects sont presque totalement manquants :

-        La notion de cycle. Tout observateur connait le cycle décennal avec sa phase haute terminale ; Nous sommes dans la phase haute du cycle depuis quelques temps déjà. La vraie question est qu’elle est plus modeste et plus artificielle  à chaque cycle depuis 1971. Savoir si ce sera encore le cas ce coup-ci mériterait des développements un peu plus spécifiques.

-         La notion d’économie baudruche. C’est elle qui explique l’explosion de l’Irlande, qui avait participé à plein à ses mécanismes et c’est la méthode employée pour regonfler la baudruche qui explique aussi la reprise irlandaise qui tient beaucoup à des aspects purement spéculatifs.  C’est elle qui explique la précarité et la lenteur de la reprise.

Si on tient compte de ces deux éléments, l’issue de la période de « haute conjoncture » fait problème. Elle sera nécessairement explosive. L‘alternance connue des crises dures et molles en fin de cycle laisse penser que ce sera une récession boursière forte avec une récession des PIB modérés.  Ce point n’a pas été discuté, même si l’apparition de quelques bulles a été dénoncée.

On comprend que des schémas explicatifs globaux puissent paraître trop théoriques dans ce genre d’émission. D’autant que les pronostics  sont voisins : 2015 et 2016 devraient bien être plutôt meilleurs que les années précédentes.

Mais la question posée est d’être préparé à la fin de cycle car la France n’a plus aucune garde pour y faire face et l’ultime phase de haute conjoncture sera trop faible pour donner des marges de manœuvres. Le calendrier politique, de ce point de vue, est exécrable. Les cadeaux électoraux commencent à s’accumuler. Le dernier : la promesse de revenir sur les petites économies faites au Ministère de la culture  par Manuel Valls  qui ne pensait sans doute pas qu’à faire plaisir à sa musicienne de femme.

Un krach obligataire peut se produire à tout moment. La bourse américaine atteint des sommets qui ont plus à voir avec les 80 mille milliards de dettes américaines qu’à la hausse des profits des entreprises cotées qui, en 2014, sont…en baisse significative, avec des chiffres d’affaires également en baisse !

On a rajouté 57 mille milliards de dettes à la dette mondiale initiale, compensée largement par la baisse des en-cours des banques.

Tout cela reste très artificiel et  tient avec des bouts de ficelle.  

 Personne n’a tenté de dire pourquoi. Personne n’a évoqué les changes flottants et la désorganisation monétaire  mondiale. Seuls les défauts de la gouvernance européenne et française ont été évoqués. Sans approfondir.

La meilleure émission d’information télévisuelle reste dans le commentaire light ex-post. Sans que les experts invités prennent le risque de théoriser un peu profondément les évènements. Résultat ! Personne ne comprend rien et le doute reste fort ; il devient impossible de juger les politiques menées en l’absence de tout cadre méthodologique.

Le téléspectateur est Gros-Jean comme devant, mais il a désormais la température du fond de l’air.  

Note de conjoncture

Que nous soyons dans la phase haute du cycle décennal, nous l'affirmons depuis un moment.  Le schéma conjoncturel se répète de cycle en cycle depuis 1972 avec une belle régularité: crise ; rebond avec contrechoc ; stagnation puis reprise lente et deux à trois ans de folie spéculative.

Ce que nous constatons aussi, c'est que le trend baisse de cycle en cycle, les récessions sont de plus en plus violentes  et les reprises sont de plus en plus lentes et artificielles, surtout dans les pays qui comme la France ont fait le choix de voler radicalement leurs citoyens.

Ce qui se passe ces derniers mois est l'exact reflet de cette analyse. La reprise est née comme d'habitude des Etats-Unis , a percolé vers les pays ouverts, comme la Grande Bretagne et commence à s'étendre.  Mais le rythme de la reprise est très faible, encore plus faible qu'en 2006-2007, dernière phase haute du cycle, et elle extrêmement artificielle.

Il suffit pour s'en convaincre de relever les faits suivants :

- Le Baltic Dry Index est à son plus bas historique. On peut discuter de la pertinence de cet indice, mais on ne peut nier qu'il confirme ce qu'on sait déjà : le commerce international ne tire plus la croissance.  La pseudo activité des dernières années était due à la volonté de la Chine de sécuriser son tas de dollar en achetant des biens "réels". Cela a fait marcher un temps les exportations de quelques fournisseurs de produits agricoles et de matières premières. Et cela s'est arrêté avec la hausse du dollar : plus besoin de précaution pour un petit moment. L'effondrement de tous les cours est due à cette raison majeure à la quelle s'ajoute l'abandon de la spéculation sur les matières premières par les banques d'investissement pour des raisons de supervision étatique américaine. 

- Les entreprises, y compris en France, ont fait le choix de privilégier leurs salariés et leurs actionnaires. Les rachats de titres en bourse  n'ont jamais été aussi hauts, pour doper les cours et faire marcher les stocks options. Les salaires augmentent plus vite que le PIB.  C'est très net en France où la hausse des impôts est telle que plus personne ne souhaite investir. Alors on soigne son pré carré, quand on est assez solide pour résister à la morosité générale.

- Les écarts de prévisions d'un mois sur l'autre montrent bien qu'il est absurde de se battre sur les virgules quand on cite des chiffres.  Une croissance annuelle inférieure à 1% est dans l'épaisseur du trait. Les "vrais" chiffres ne sont connus qu'avec environ deux ans de retard. Le temps de remplacer les estimations par les constats.  La dernière phase de haute conjoncture en France n'avait pas dépassé un taux de croissance de 3.5%. On peut craindre qu'on atteigne pas 2% ce cycle-ci.

- Que la reprise soit artificielle ne peut être nié. La dévaluation massive de l'Euro, de près de 20%, n'aura d'effet durable que si les autres ne dévaluent pas à leur tour. Les Etats-Unis commencent à réagir.  Les inondations monétaires ont des effets pervers, comme de relancer l'économie baudruche.  les taux d'intérêt très bas ne parviennent même pas à stimuler le bâtiment, sinistré en France. Le BTP entre en récession en France.  Quand le bâtiment et le BTP ne vont pas, rien ne va.

- De nombreux pays sont à l'agonie : la Turquie est au bord de la rupture. La Russie est dans les choux. L'Ukraine est morte. Le Maghreb a plus que du mal. Le Brésil ne repart pas.  La reprise au Japon n'est pas au rendez-vous du fait de l'atonie des échanges internationaux. L'économie américaine s'essouffle.Etc.

Le schéma le plus probable est qu'après le sursaut habituel de fin de cycle, les bulles spéculatives  accumulées exploseront à nouveau. Elles sont petites. La crise sera donc relativement faible. Avec probablement un effet important sur les bourses mais peu marqué sur les PIB.

A quelle date ? Entre 2016 et 2018. Il est peu probable que cela craque vraiment en 2015, sauf initiative politique imprévue.  En revanche  Il  va falloir regarder les signes à partir de 2016 !



En finir avec la banque universelle ?

La crise en cours, liée à l'explosion d'une accumulation monstrueuse de dettes déconnectées de la production, pose obligatoirement la question de la réorganisation bancaire. Même si, comme nous le pensons, le système bancaire a servi d'amplificateur d'une création monétaire provoquée par les défauts du système monétaire international, il n'en reste pas moins que le système bancaire est en faillite virtuelle depuis 2006 et ne donne une impression de vitalité que par des injections tellement massives de liquidité qu'elles en deviennent psychédéliques. L'économie baudruche a une composante bancaire extrêmement forte.

La position officielle des institutions internationales et du G.20 est celle des Etats-Unis : le système est parfait. Des vilains se sont mal comportés. On les sanctionne et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes. On encadre les crédits de façon drastique avec des conditions  en capital de moins en moins tenables et l'amplification cessera. Comme la caution des banques est nationale, on replie  le champs d'action des banques sur le pré-carré national.

La médecine est purement symptomatique.  La cause principale de la crise n'est pas traitée.

L'affaire de la Deutsche Bank est tout à fait symptomatique des conséquences. Comme la BNP et le Crédit agricole en France , l'UBS et le Crédit Suisse, et quelques autres, un peu partout, cette banque a essayé d'être universelle en regroupant tous les métiers.

Aujourd'hui elle est confrontée à la perspective d'une scission du métier de banque d'affaires de ses activités de réseaux  tout en payant une fois de plus des amendes vertigineuses pour avoir participé à des fraudes massives sur le Libor.

La question est intéressante car si on traitait réellement les causes de l'économie baudruche,  l'activité de marché serait réduite de façon drastique.  Le monstre actuel serait réduit à une banque d'affaire restreinte avec, de façon disjointe,  des activités de réseaux peu rentables et sous la crainte des peurs des déposants.  Alors les hésitations sont grandes. Les activités de marchés ayant été totalement relancées par les différents  QE, la tentation est de réaliser des gains majeurs distribués à un petit nombre avec la banque d'affaires et de se débarrasser des tristes activités de banques de dépôts. Vu le faible coût de l'argent, la collecte par les réseaux devient peu rentable et non critique.

Si on se place du point de vue de l'intérêt général, l'enrichissement d'une poignée de dirigeants et de professionnels sur des activités spéculatives de marché n'a strictement aucun intérêt. Si en plus cette activité menace les dépôts et les contribuables, elle est même nocive.

Un autre aspect est la nécessaire augmentation de la productivité des activités de réseau. La renationalisation d es réseaux empêchent des économies d'échelle.  Il ne reste que le renvoi sur le client du travail fait en agence, la suppression du chèque, l'élimination de la monnaie papier, et l'augmentation des tarifs  comme idée de manœuvre. Avec l'idée d'utiliser le parc existant d'agence pour vendre tout et n'importe quoi.  Le réseau cesse d'être une banque pour devenir un système local de services à la personne, dans la sécurité, l'assurance, la communication etc.

Sortir de cette situation suppose le démantèlement des banques universelles,  l'efficacité s'alliant à la morale publique puisqu'une banque universelle  est automatiquement le lieu obligée de conflits d'intérêts insurmontables.  Le Cas de HSBC est de ce point de vue plus que démonstratif. Les autorités britanniques imposent la scission des  métiers. HSBC menace. Mais HCBC n'a plus la main.  

La réforme du secteur bancaire doit se penser dans le développement de banques de métier spécialisées et capables de profiter des sources de productivité liées aux systèmes informatiques et des économies d'échelles liées à l'internationalisation.  

Les catégories de risques et les fonctions de contrôle et de garanties de l'Etat doivent être sériées par métier.

Premier échelon : les banques de paiement : elles ne sont là que pour conserver les dépôts et les faire circuler avec un coût minimum.  Ce sont des sociétés de services. Elles sont rémunérées par le paiement à l'acte avec une tarification soumise à la concurrence. Aux entrepreneurs de savoir s'il faut se "virtualiser" complètement (tout sur le net)  ou mélanger cette activité avec la rentabilisation des agences par de multiples services non bancaires.  Cette activité ne présente pas de risque systémique.  Elle peut s'internationaliser et accompagnera l'ubiquité qui marque l'esprit du temps. Du paiement sur le net à la mobilisation de son cash partout à travers le monde, de nombreuses révolutions techniques sont à inventer et à exploiter.

Ces banques n'ont aucune activité de crédit qui  devient  de la responsabilité des "banques de crédit".  La banque de dépôt traditionnelle est donc divisée en deux métiers différents : la banque de paiement et la banque de crédit.  La banque de crédit travaille uniquement sur argent emprunté. Les particuliers peuvent placer leur réserve en fonds à court terme porteurs d'un risque petit et d'une rémunération peu élevée.  Le profit provient pour la banque de la différence de coût entre l'argent emprunté et de l'argent prêté. Rien que de très classiques. Toutes les structures sont possibles, selon les types de financement.  La surveillance des risques de crédit se fait comme actuellement par les banques centrales.

Toutes les activités de marché sont externalisées vers des banques d'affaires qui, elles,  n'ont aucune couverture de risque publique. Si elles perdent c'est pour les actionnaires et les souscripteurs. Eventuellement pour les banques de crédits qui pourraient leur faire des prêts, si on les y autorise.

Les activités de placements et de gestion de fortune sont  également séparées du reste pour éviter les conflits d'intérêt.

Comment un tel système réagirait-il au maintien des sources d'une économie baudruche ? Les paniques bancaires seraient éliminées. Les dépôts dans les banques de paiements appartiennent au déposant pas à la banque. Si la banque de crédit connait des difficultés, cela touchera ceux qui ont mis de l'argent dans des bons de souscription. S'il y a équilibre entre les durées des bons et des crédits, le système sera plus stable (fin des paniques dues à une trop importante "transformation").  Au pire, les banques centrales refinanceront les banques de crédit si les particuliers thésaurisent dans les banques de paiement les avoirs précédemment placés dans les banques de crédit.  La peur n'est plus chez le déposant mais que le distributeur de crédit.   

Les pertes de la banque d'affaires ne sont plus l'affaire des états.  Qu'elles se débrouillent. !

Si, en plus, on met fin aux sources de l'économie baudruche, c'est-à-dire au flottement général des monnaies et des classes d'actifs, avec interdiction des grands déficits et des grands excédents, on retrouvera une situation saine  où chaque métier aura ses objectifs proches de la création de la valeur ajoutée de production au lieu de ne viser que des augmentations de valeur de spéculation.

Le système sera plus facile à superviser. Il pourra à nouveau s'internationaliser sur des bases claires.

Les échanges internationaux sont à l'heure actuelle à un étiage historiquement bas. Il suffit de voir où en est le Baltic Index pour s'en rendre compte.  

En France depuis le Front populaire puis Pétain, la banque est totalement cartellisée et vit en symbiose avec l'Etat qui lui fournit ses dirigeants, ses règles du jeu favorables et ses garanties. Elle adore le système de la banque universelle.  L'inspection des finances est trop intéressée à ce double jeu entre Etat et Banque pour que des réformes soient possibles. Les banques universelles sont tellement puissantes qu'elles musèlent la presse et le politique.

Une caractéristique nationale malthusienne et centrée sur une micro "élite"  se met une fois de plus en travers des nécessités supérieures.

Il faut mettre fin au système des banques universelles. La législation doit accompagner un mouvement qui de toute façon est inéluctable, comme le montre le dilemme de  la Deutsche Bank ou celui de HSBC.  La banque de papa c'est finie. Et cela doit finir en France.  

Retour vers le futur : 1987 !

Tout le monde l’a oublié. En octobre 1987 un tourbillon monétaire et financier ravagea la finance mondiale.  L’épisode montrait clairement que le système monétaire et financier mis en place par les accords de la Jamaïque conduisait au désastre. L’économie baudruche  connaissait sa première explosion entièrement endogène.

La crise décennale qui avait frappé le monde quelques années auparavant était de mode mineur  par rapport à celle de 74, sauf aux Etats-Unis où Volcker avait décidé de casser l’inflation et sortir de la stagflation.  Avec succès.  L’excès de liquidité restait manifeste globalement avec une poussée de la dette globale mondiale.  Mais les économies avaient commencé à se rétablir sauf en France où la politique désastreuse de Mitterrand avait provoqué le chaos, avant qu’une première reprise en main ait lieu avec Fabius.

La cohabitation théorisée par Balladur et mise en œuvre par Chirac permettait la mise en place d’une stratégie de rupture qui allait marcher du point de vue strictement économique.

Toute ressemblance avec la situation de 2015 n’a rien de fortuite. La folie Hollande des deux premières années a conduit à un revirement à 180° mais pas à une rupture.  La posture est entièrement politicienne.  Et la droite est confrontée à l’obligation de mettre en forme  un programme de rénovation nationale sévère, comme elle l’état en 1986.

En 87, le recul sur le Plan Devaquet de rénovation des universités avait entraîné une resucée de désordres sociaux, façon Mai 68, les syndicats du secteur public tentant d’exploiter la faiblesse du gouvernement.  La cohabitation avait permis à F. Mitterrand de jeter autant d’huile que nécessaire sur les braises.  La situation était à la fois politiquement et socialement fort difficile. Et voilà qu’une crise financière gravissime frappait le monde.

Pourtant, à la réunion du FMI de septembre 1987, l’optimisme est général.

En France,  la politique suivie par Balladur avait permis :

-          De réduire les déficits en dépit de baisses d’impôts importantes comme la suppression de l’IGF (paradoxe pour les étatistes) . Le budget de 87 faisait apparaître un gain de 10 milliards de Francs par rapport aux prévisions !

-          De rétablir largement la compétitivité (par une dévaluation)

-          De relancer l’investissement qui croissait désormais plus vite  en France que chez ses voisins

-          De réduire l’inflation grâce à la suppression du contrôle des prix (nouveau paradoxe apparent pour les étatistes qui pensaient qu’ils allaient s’envoler).

-          De relancer le dynamisme de nombreux secteurs grâce aux dénationalisations.

La rupture avec le socialisme semblait bien marcher.

En même temps, Edouard Balladur constatait l’étroitesse de ses marges de manœuvres :

«  Nous ne pouvions relancer l’économie sous peine de creuser les déficits de toute nature et de mettre en péril la monnaie ; nous ne pouvions diminuer la demande intérieure pour stimuler les exportations, sous peine de ralentir la croissance  et d’aggraver le chômage ».  

En régime de changes flottants avec liberté absolue des mouvements de capitaux, les relances se heurtent immédiatement à une crise financière et budgétaire qui impose de se mettre debout sur les freins. L’expérience de 1974 avait été retenue.

La politique de libéralisation et de retour à la confiance permettait néanmoins de progresser.

C’est là qu’il est intéressant de relire Edouard Balladur  (Passion et longueur de temps chez Fayard -1989).

« Les partenaires de la France ne voulaient pas prendre au sérieux les dangers de la situation monétaire ; dès le début septembre, les taux d’intérêt avaient augmenté aux Etats-Unis comme en Allemagne. Cela risquait de détruite le fragile équilibre né des accords du Louvres conclus six mois plus tôt.  A Washington l’Allemagne refusa de s’engager à baisser ses taux, et les Américains à qui revenait la présidence de séance, firent en sorte que la question ne fut que brièvement évoquée, comme si elle avait été réglée directement entre les Allemands et eux. Constatant la vanité de mes efforts pour faire entrer dans les faits la concertation internationale décidée au Louvre, je déclarai à mes collègues qui si le Japon et l’Allemagne ne renonçaient pas à augmenter leurs taux d’intérêt, nos accords risquaient de voler en éclats. Je n’eus aucun succès ».

On peut déjà tirer deux conclusions :

-          Dans un système global de changes flottants qui est structurellement fondé sur la non coopération, tous les accords multilatéraux sont des farces qui ne résistent pas à la volonté de confrontation des intérêts nationaux chez les pays forts.  Le G.20 est aujourd’hui exactement  la confirmation de ce fait. Les conférences annoncées à grand fracas comme démontrant la coopération de tous sont au mieux des alibis. Le plus souvent des tromperies.  

-          La France, si elle est seule, est incapable de faire entendre sa voix. Le "programme commun de gouvernement" avait fait perdre à la France tout crédit. Même si tout le monde se félicitait du nouveau cours des choses, la réputation et l’influence de la France avaient été durablement ratiboisées.

L’annonce, le 15 octobre 87, d’un déficit extérieur américain en forte hausse  provoqua une hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis et la baisse brutale  corrélative de la bourse (100 points  en une seule journée, le 16 octobre).  Le Secrétaire d’Etat au trésor américain commença à invectiver l’Allemagne menaçant de ne plus appliquer les Accords du Louvre.   Le climat s’alourdit à tel point que la bourse perdit 10% à Londres, 7% à Francfort et 5% à Paris. Le 19 octobre Wall Street perd 22.6% en une séance, Tokyo 14.6%, 24% à Paris, 31% à Francfort et 20.3 à Londres.

Pire que le Vendredi noir qui avait ouvert la grande dépression de 1929.

Edouard Balladur commente : « Dans les affaires économiques et monétaires du monde, la France compte peu parce qu’elle s’est laissée aller trop longtemps. Elle aurait la possibilité de faire aussi bien que l’Allemagne, de peser le même poids. Elle en a les moyens. Rien ne justifie d’avantage à mes yeux l’effort de renforcement économique de notre pays : il y va de son audience internationale, de son avenir même ».

Les  inepties économiques de F. Hollande aujourd'hui ont justement cette conséquence : nous sommes un pays ridiculisé et incapable de parler haut dans le monde, même lorsque nous avons des arguments forts à faire valoir. 

« La France n’avait aucune responsabilité dans la crise alors qu’elle en subissait durement les conséquences ».  On retrouvera exactement cette même situation en 2008.

E. Balladur continue : « Il fallait désormais s’attacher à créer un véritable système monétaire international, avec ses automatismes, ses sanctions s’imposant à la volonté des Etats».

Il écrit ce que nous nous égosillons à dire sur ce blog depuis des lustres.  Contrairement à ce que beaucoup croit, les grands politiques ont été capables de voir et d’anticiper les réformes profondes à faire du système monétaire international.    Aujourd’hui ce n’est plus le cas. La nullité et l’inconscience règnent aussi bien du côté socialiste que du côté de la droite.  

Depuis  que ce blog est ouvert, nous essayons de mettre les faits de notre côté, en espérant un effet pédagogique de la crise. « Les faits sont les meilleurs éducateurs » affirme lui aussi Edouard Balladur.

On peut craindre qu’il ne soit, comme nous,  un peu optimiste.  « Je crois que nous vivons dans un monde  où l’idée que les monnaies doivent avoir entre elles des parités aussi stables que possible n’est toujours pas acceptée ».  Cette faillite intellectuelle est toujours là.  Le retour à un vrai système monétaire international  est partout un « non sujet ».

On a choisi, en 1987, le secret d’accords cachés entre banquiers centraux et gouvernement pour sortir du coup de chaud boursier. Mais sans analyse des causes. Les mesures prises seront une inondation monétaire qui, renforcera l’économie baudruche et permettra de faire gonfler les valeurs boursières.

Une fois encore, tout rapport avec la situation actuelle ne saurait être que fortuite...

« Cela montre l’infirmité  du système monétaire dans lequel nous vivons : il n’évite un mal que pour tomber dans un autre ».

A part Maurice Allais aucun économiste n’a tenté de donner du corps théorique à ce constat indiscutable.

En 1992 se déclarait la crise périodique décennale, variante dure, qui toucha durement l’Europe et la France en 1993. L’explosion de la baudruche monétaire n’avait pas été plus prévue alors qu’elle devenait évidente.

Les économistes anglo-saxons mirent le coup de chaud boursier sur le compte des ordinateurs, et la crise de 92 sur le dos de la guerre du Golfe. Evacuer les crises pour qu’elles ne passent que pour des effets « exogènes » a été le leitmotiv des économistes, des politiques et des journalistes. Seul Maurice Allais relèvera le flambeau à pas d’âge. Et il sera moqué puis vilipendé.

Ce que montre la situation actuelle, c’est que rien n’a réellement changé depuis 1987.

Nous avons vécu la crise du dollar de 1998, appelée faussement mais opportunément « crise des pays émergents et des cronies », ajoutant l’odieux au ridicule, suivi par la crise périodique « douce » du début des années 2000, corrigée à l’aide d’un gonflement de l’économie baudruche jamais vu.   

Puis à nouveau une crise financière liée à l’explosion d’une montagne de dettes,  précédant un écroulement économique d’ampleur historique.

Et les sots croient toujours que la reprise est là, l’incident clos et la nécessité de réformer le système monétaire  international  peu évidente.

Revenir à 1987 est bien un retour vers le futur.

Les Etats-Unis, L’Allemagne et, désormais, le Japon et la Chine, sont toujours dans une perspective de guerres des monnaies, quoi qu’il en coûte au monde et à eux-mêmes. 

La France, elle, s’est ridiculisée un peu plus avec le drame de la gestion purement électoraliste et politicienne du Président Hollande.  Ce n’est pas les deux heures de spectacle politicien lamentable qu’il vient de donner sur Canal + qui rassureront.

En se lançant à nouveau dans l’achat de vote le plus grossier, il a démontré l’abaissement, on peut le craindre, définitif du niveau politique en France.

La France ne peut même plus tenir de discours sur les grandes questions économiques du monde.

Mitterrand avait été un pourrisseur. Ses inconséquences, son narcissisme et son cynisme économique,  ajoutés à sa fuite en avant européenne, ont, d’une part, stoppé définitivement  le rattrapage du niveau de vie américain par les Français et, d'autre part, leur a fait perdre tous moyens d’action sur leur destin. Hollande n’est qu’un continuateur.

Les Français n’ont aucune idée de l’ampleur de ce qu’il faudrait faire pour sortir de ce piège mortel.

Il est vrai que le climat général est en France à l’optimise béat : il fait beau ! Un si joli ciel  bleu ne saurait annoncer des tourmentes. 

Pendant la montée des périls, François Hollande croit qu’il a toutes ses chances aux prochaines élections présidentielles et la droite discute d’un nouveau nom du parti leader de l’opposition.

L’histoire sera sévère !

Quand Le Monde prend un bon virage

Jusqu’au livre de Péan, le Monde s’essayait à fixer le bien-penser à gauche.  Cet exercice lui donnait cet air sérieux qui le démarquait  des autres quotidiens qui servaient certes une clientèle mais qui pensaient que, plus que le prêche, la nouvelle et une certaine légèreté étaient le propre de la presse quotidienne.  Cette pose était souvent comique, comme tout ce qui est forcé. Le rire nait, dit le philosophe, lorsqu’on plaque du sérieux sur du vivant.  « Quand je veux rire, je lis le Monde »disait un homme politique qui n’avait pas pour Hubert  Beuve-Méry la révérence nécessaire.  

Les acrobaties d’Edwy Plenel  ont fait perdre au Monde cette stature de commandeur de la gauche.  L’odieux l’avait emporté sur le risible ce qui rendait le journal vulnérable. La flèche de Péan frappa.   

La tentation de guider fermement  le peuple de gauche n’a pas totalement disparu. Le garde rose, comme le taliban, a besoin de savoir sur qui taper et pourquoi il tape. C’est que la cause  évolue sans cesse sous la pression des réalités et de la simple morale.

Jean François Revel avait merveilleusement décrit  les contorsions rendues nécessaires par la chute de l’empire soviétique, après tant de soutien à toutes les révolutions provoquées par ce régime criminel.  La Grande Parade, au sens de parer un coup, est un livre à lire tous les jours. .

Comment garder son rôle de phare moral lorsqu’on a soutenu tous les régimes criminels de la terre pourvu qu’ils soient socialistes ? Cela demande du doigté dans le revirement.

Il y a peu, nous avons eu droit à l’immense hommage à Simon Leys, l’auteur de l‘indispensable « Les habits neufs du Président Mao ».  Quand on se souvient de la manière dont ce malheureux avait été traité dans le Monde ! Un véritable pestiféré !  Il aura fallu attendre 40 ans, mais le Monde a fini par reconnaître qu’il avait raison et que c’était un grand homme.  Patrice de Beer, qui considérait que la déportation des habitants de la capitale cambodgienne était une idée formidable, alors que c’était le premier acte d’un génocide, s’était égosillé dans le journal pendant des mois pour expliquer le formidable élan démocratique  que représentaient les Khmers rouges.  Jean Lacouture avait menti honteusement pendant toute cette période, expliquant qu’il n’y avait pas un seul soldat vietnamien dans le camp des opposants communistes au régime de Phnom Penh.  Alors que tout le monde savait que les Khmers rouges étaient considérés comme une clientèle par le Vietnam et que le retournement aura lieu lorsqu’ils feront montre d’indépendance. Le Vietnam liquidera les Khmers en quelques jours !  Ils avaient intérêt à criminaliser les Khmers rouges. On a su alors l’ampleur du génocide. Sinon, grâce aux journalistes partisans, tous les crimes auraient été niés, minimisés et évacués de mille façons.

L’affaire des Farc est tout aussi intéressante. Accusé les Farc était impossible dans les années 90 : c’était des Dieux vivants chargés de mettre à bas « l’oligarchie » bourgeoise et pro américaine qui aliénait le « malheureux peuple colombien ». Ces derniers étaient certes élus de la façon la plus démocratique. Mais un torchon démocratique n’est pas une serviette révolutionnaire socialiste ! Les Farc défilaient à Paris le premiers mai avec la CGT. La RATP, via son comité d’entreprise, fournissait aux Farc les bus réformés.  Gare à qui dirait que les glorieux guérilleros étaient d’infâmes criminels tuant, violant, volant, trafiquant sans vergogne , en utilisant le rapt comme moyen de financement habituel, et l’engagement des enfants dans ses rangs un moyen de recrutement prisé.  Les Farc  étaient pilotés par Reyes, un cadre communiste formé en Allemagne de l’Est, en liaison directe avec Moscou, même si la liaison quotidienne passait par Castro.  

Il était impossible de critiquer les Farc sans qu’un tombereau  d’injures vous tombe sur le dos.  Seul un vil fasciste pouvait croire que les Farc n’étaient pas l’incarnation d’un mouvement de libération sociale formidable dont la victoire serait un triomphe de la démocratie.

Pour avoir recopiée l’histoire parue dans un journal en langue espagnole d’un petit Armando  qui avait été massacré devant sa mère et son père lors d’une opération de « recrutement » dans les campagnes, dans des conditions horribles (un glorieux révolutionnaire conscientisé avait pris le bébé par les pieds et fracassé sa tête sur le chambranle de la porte d’entrée, en guise de salut révolutionnaire propriatoire), un flot ininterrompue d’injures emplit soudain le forum du Monde. L’histoire était horrible et vraie. Le second fils de la famille s’était caché à l’arrivée des barbus.  Pour le faire sortir, ils commencèrent à violer la mère. A tour de rôle. L’enfant se rendit. La mère se suicida. Le père tua ses quelques bêtes et mit le feu à sa ferme. Il partit oublier dans les banlieues de Bogota.  Plusieurs dizaines de milliers de paysans ayant connu ce genre d’histoire l’y attendaient, sans que jamais un journal français n’y ait fait jamais la moindre allusion.

Puis il y eut l’affaire Bettancourt.  L’opinion ne pouvait pas être tenue en dehors de toute information. Les crimes des Farc devenaient compromettants. La presse de gauche ne pouvait plus se contenter d’affirmer que tous les grands crimes étaient commis par les « fascistes » élus démocratiquement à la tête de la Colombie.  Les agents d’influence en Espagne et en Suisse commençaient à être inquiétés. Il fallut quelques années mais un beau jour Pagès au Canard Enchainé lança le mouvement : « la faucille et le narco ». Les Farc n’étaient plus de gentils guérilleros mais des trafiquants sans scrupules. Indéfendables. Le lendemain, le Monde, Le Figaro, le Soir en Belgique, publiaient des articles vengeurs ! C’était des « guérilleros en peau de lapin ». 

Défendre les Farc devenait hautement criminel. Le retournement fut  brutal. Un incident le montra bien. Une femme avait été kidnappée dans la banlieue de Bogota. On lui avait soudé un collier explosif autour du cou. Devant le tollé général les kidnappeurs décidèrent de faire sauter le collier et de penser à autre chose. Wikipedia imputa l’évènement aux Farc. Le Monde, qui n’avait pas annoncé ce crime immonde, passa le démenti des Farc.   Il avait raison. L’enquête objective de la justice colombienne  découvrit les auteurs : les voisins d’en face, qui s’étaient lancés dans le racket en pensant que cela serait mis sur le dos des habituels commanditaires de ce genre de crimes.  Il fut impossible de corriger Wikipedia de cette erreur. Les veilleurs de gauche l’empêchèrent !

De la même façon, Mmes Coencas et Chipaux, deux journalistes chargées au Monde de la propagande des mouvements révolutionnaires,  durent mettre un sérieux bémol à leur désinformation.

Le Monde avait définitivement viré sa cuti sur les glorieux révolutionnaires rouges.  On ne risquait plus de désespérer Billancourt : il n’y avait plus d’ouvriers.

Restait l’économie.  Quiconque expliquait en cette fin de 20ème siècle sur le forum du Monde que l’Etat était obèse, l’impôt excessif, la politique de Jospin étouffante, la dépense publique d’un niveau absurde,  était un fasciste et un néolibéral abject.  Le Monde veillait à ce que les bonnes idées triomphent. Jusqu’à ce que Hollande fasse son virage néolibéral  vers la politique de l’offre et le social-libéralisme.

C’est  Arnaud Leparmentier qui par un article en première page, conclu en dernière, , qui s’est collé au travail d’aggiornamento (« la France est une Grèce qui s’ignore » - Livraison datée du jeudi 9 avril 2015).

« Nous devons des précisions aux lecteurs », indique l’auteur. Il aurait pu aussi bien dire : nous devons la vérité aux lecteurs.  Ce devoir de vérité est ce qui distingue la presse de gauche vraiment de gauche de vils partisans.

«  Depuis 90 la croissance de la Grèce a été supérieure à celle de la France » et nous, Français trop prompts à nous glorifier de notre néant,  « nous sommes plus nombreux à nous partager un maigre gâteau ».  On part de 90 pour épargner le double septennat mitterrandien, soutenu par Le Monde, qui est largement responsable des résultats constatés.

Le Monde rejoindrait-il le clan des « déclinistes » ?

« L’avantage de tels rapports (celui de l’OCDE de mars 2015) c’est qu’ils permettent d’établir des séries longues, de sortir des querelles d’héritages « droite-gauche » et de s’extirper du « on fait dire n’importe quoi aux statistiques », gri-gri bien commode  pour nier une vérité dérangeante ».

Tous les lecteurs de ce blog savent que nous défendons inlassablement les séries longues et le développement de l’infographie dans la Presse,  que nous considérons les divisions droite-gauche comme de peu d’importance explicative  pour l’économie et que les statistiques, si elles doivent être bien interprétées, chantent des vraies chansons qu’il est malsain de ne pas écouter.

Bravo Le Monde !

Mais on se rappellera tout de même que celui qui disait tout cela en 97-98, sur le forum du Monde, était aussitôt vilipendé (il faudrait des pages entières pour recenser les injures, d’adeptes de Reagan-le-Clown et de Thatcher-la-salope,  à fasciste néolibéral invétéré).

« Quelle est la définition d’un fasciste ? » disait l’un : « c’est quelqu’un qui ne croit pas à la distinction droite-gauche », répondait l’autre.  L’économiste était nécessairement un faux prêtre de droite, nécessairement de droite, exploitant honteusement des statistiques truquées pour tromper le peuple. Ne disait-il pas avec les économistes classiques que si on charge les salaires le chômage monte ! Intolérable.

« Ce pays étouffe  sous l’impôt et la dépense publique ». Oui , oui, c’est bien cela ! Sauf que qui ne criait pas « Vive l’impôt » était précédemment  un être vil et asocial.

« Il faudra opérer une réduction dont Valls-Hollande n’osent pas parler pour l’instant ». Ce « pour l’instant » est miraculeux. Le bon chemin est tracé. Il suffira simplement de faire passer le message aux troupes à qui on affirme l’inverse depuis des décennies.  Lors qu’on écrivait EXACTEMENT LA MEME CHOSE en 97,98, alors que DSK et Jospin faisaient et disaient EXACTEMENT L’INVERSE,  vous initiez une émeute sur le forum du Monde.

Nous citions alors les efforts faits par toute une série de pays pour réduire la dépense publique de plusieurs points de PIB. C’était l’époque où Lionel Jospin tentait de ridiculiser Tony Blair et faisait rire à son détriment dans les instances socialistes européennes. On cite désormais les efforts réussis des autres  dans un article du Monde cité. Dix sept ans après !

« La direction est bonne et le ton juste depuis que Valls Macron ont mis fin aux erreurs du début de mandat ».   Il y avait donc des erreurs ? 

La question est de savoir si les réformes représenteront seulement 1%, 10% ou un tiers du chemin nécessaire.

« La question est décisive » affirme l’éditorialiste.  Elle l’était depuis longtemps et tout a été aggravé sans que le Monde ne s’en offusque.  Mieux vaut une prise de conscience tardive que pas de prise de conscience du tout.

« La France risque de devenir une grande Grèce à force de diverger ».  C’est bien vrai, çà !

Le Monde a enfin viré sa cuti économique, après sa cuti révolutionnariste.  C’est bien, c’est très bien ! Un peu tardif mais très recommandable tout de même.

Bientôt le fasciste attardé sera celui qui ne croit pas  aux nécessités du redressement économique, à la limitation des dépenses publiques, aux avantages catégoriels déments. D’ailleurs le mouvement est en cours : Marine Le Pen a repris le discours de gauche traditionnel !

Il est intéressant de noter que le terme de néolibéral  a été évacué opportunément du journal.

On a évidemment de la tristesse pour la masse des suiveurs de gauche qui se trouvent brusquement pris totalement à revers de leurs anciennes haines et vomissements.  Le Monde les aurait-il trahis ?

Mais non !  C’est sur tous les sujets que la gauche , depuis 60 ans, est obligée à tous les reniements, à tous les virages à 180%. Elle était contre la décolonisation et nous eûmes Guy la Tomate, contre le pouvoir personnel d’un général adepte du pouvoir personnel et du coup d’état permanent. Les institutions furent entièrement validées par F. Mitterrand qui ne s’écarta pas plus de sa diplomatie.  C’est la gauche delorienne qui amorça, bien plus que les anglo-saxons, la dérégulation financière générale et promut la liberté des mouvements d’hommes, de marchandises et de capitaux.  La chute du mur révéla l’énormité du mensonge soviétique repris par la presse en France.  Pierre George, qui sévissait au Monde, expliquait naguère que la RDA était « au niveau des meilleurs ». Il fallut constater qu’aucune de ses entreprises ne pouvaient survivre dans la compétition et que la pollution était effroyable, la qualité des produits misérables,  les équipements toujours au niveau de ce que les nazis puis les soviétiques avaient volé un peu partout.

Alors plaignons le garde-rose dans ses certitudes à géométrie variable et dans sa chasse au fasciste protéiforme.

Et réjouissons-nous que Le Monde rejoigne le monde des observateurs pour qui la vérité l’emporte sur les nécessités de l’idéologie.

Les infographies du Monde sont constamment meilleures. Les articles économiques de mieux en mieux fondés. L’ARTICLE RECENT SUR L’IMMOBILIER ETAIT MIEUX QUE BIEN : ABSOLUMENT EXCELLENT. Espérons qu’il s’agit d’un mouvement de fond et pas seulement une virevolte opportuniste nécessaire à la réélection de François Hollande. 

Nous, ici, on aime bien Le Monde, quand il regarde le monde avec des yeux ouverts sur la réalité. Pas quand il essaie de fixer le bien-penser d’un « peuple de gauche » mythique et le plus souvent mystifié par les politiques qui parlent en son nom.  Et nous trouvons « dulcis et decorum »qu’il reprenne par la plume d’Arnaud  Leparmentier tout ce que nous écrivons depuis 20 ans un peu partout et depuis 8 ans sur ce blog ! 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Après l’Argentino, l’Ellenikos ?

Les spécialistes se souviennent de la crise monétaire argentine.  Le pays avait choisi de mettre fin à un laxisme monétaire endémique en mettant en place un régime monétaire très particulier : « le currency board ».  Le Peso était aligné sur le dollar avec une parité de 1 pour 1.  Pour maintenir cette parité aucun peso ne pouvait être créé sans contrepartie en dollar. C’est l’excédent de la balance des paiements en dollars qui justifiait la création de monnaie banque centrale en peso. Toute demande de conversion d’un peso en dollar était donc d’une certaine façon garantie. La masse monétaire en Peso était équivalente aux réserves en Dollar.

Le système était possible parce que le Campo argentin était structurellement exportateur.  L’agriculture argentine alimente le monde.

Ce système a eu un résultat initialement miraculeux : l’inflation a aussitôt cessé. Jusque-là le pays vivait au rythme des poussées d’inflation à deux chiffres et des blocages de prix, avec des conséquences parfois farfelues : le prix des voitures importées était bloqué mais pas celui des volants. Le volant finit par coûter le prix de la voiture dont le prix officiel ne comportait pas de volant qui était en option mais obligatoire à l’achat du « package » !

Ce système de caisse monétaire très particulier revenait à une semi dollarisation de la monnaie nationale mais sans la honte d’utiliser en interne la monnaie d’un autre pays. Il était plus fragile que la dollarisation puisqu’il restait une monnaie nationale et une banque centrale. On sait depuis Copernic, repris par Gresham, que la mauvaise monnaie chasse la bonne et que tout reposait sur la solidité d’un lien administratif entre Peso et Dollar qui pouvait être dénoué par la politique.

Le « currency board » n’avait été utilisé que dans le cadre colonial ou par de petits pays vivant en symbiose avec un gros voisin.

Dans un système mondial de changes fixes mais ajustables, et pourvu qu’on soit structurellement exportateur, le système est viable.

Dans un système de changes flottants, l’initiative devenait autrement plus aventurée. Si les pays destinataires du Campo dévaluent, la compétitivité de ce dernier est entamée. La masse monétaire se trouve réduite et peut même se contracter violemment, entraînant une déflation problématique.

Lorsque le dollar s’est envolé après le tremblement de terre de Kobé, doublant à peu près contre toute monnaie, le Peso argentin a ipso facto été réévalué d’autant, ce qui a bloqué les exportations de l’Argentine, donc la création monétaire.

Quand le principal partenaire de l’Argentine, le Brésil, a dévalué massivement le Real, la situation monétaire argentine est devenue catastrophique. Il aurait fallu dévaluer le peso mais il était lié au dollar qui flambait.

Les Argentins ont commencé à craindre pour le Peso et ont demandé la conversion en vrai Dollar. La création de monnaie de banque avait été faite en pesos. La contrepartie en dollar de la masse monétaire globale y compris les dépôts créés sur le sol argentin par les banques n’existait pas. Les réserves de la banque centrale furent bientôt menacées puis le blocage est survenu.

Le gouvernement a cru un temps qu’il pourrait résister.  Puis les mesures d’exception commencèrent avec l’apparition du fameux « corralito ».  Les comptes en dollars furent partiellement gelés. Les comptes en peso devaient seuls fonctionner. On espérait que la course au dollar s’arrêterait  et que le pays fonctionnerait sur les pesos que les banques pouvaient éventuellement créer en développant le crédit. Mais la fuite devant le peso avait asséché la trésorerie des banques et le marché interbancaire s’était bloqué. On demanda au FMI de la liquidité. Mais la quantité de dollars à fournir était hors de proportion pour faire face à la fuite devant le Peso. Les gouvernements régionaux commencèrent à faire circuler des reconnaissances de dettes pour ne pas contracter leurs dépenses, avec des noms plus ou moins explicites. L’Argentino, fut une de ces reconnaissances de dettes circulantes. Pas la plus importante mais la plus symbolique.

Au bout d’un moment tout le dispositif craqua à cause des remboursements des prêts internationaux privés ou publics. Les créanciers voulaient de bons dollars pas de l’argentino.  La conversion forcée des comptes en dollar en peso puis le défaut vis-à-vis de l’étranger, puis le retour au peso seul, très fortement dévalué, s’ensuivirent. Le Campo recommença à exporter mais les dollars ne rentrèrent plus au pays. L’Argentine n’eut plus accès aux marchés de capitaux internationaux. Les investisseurs étrangers, grugés et spoliés, quittèrent le pays (notre EDF national y laissant de gigantesques plumes).  

Les derniers épisodes sont connus :

-          Mme Kirchner pillant la banque centrale

-          Les hedge funds qui avaient racheté de la dette bradée exigeant le remboursement auprès de la justice américaine et gagnant.

-          La déréliction générale de l’Argentine.

Un pays qui ne sait pas gérer sa monnaie est livré nécessairement ou à ses créanciers et/ou au chaos.

La Grèce se trouve dans une situation similaire, parce qu’elle n’a plus sa souveraineté monétaire et que l’émetteur de monnaie banque centrale et le superviseur des émetteurs monnaie de crédit est étranger.  

La trésorerie des banques grecques est à sec parce que les Grecs ont déplacé leur argent à l’étranger soit en Euro soit en devises étrangères (beaucoup en Franc suisse). La valeur des dépôts est passée de 220 milliards à 140 milliards ces dernières années. Ces sorties n’ont été possibles que parce que la BCE a accepté de fournir jusqu’à 140 milliards d’euros aux banques grecques. La loi de l’euro veut qu’on ne puisse pas refuser la sortie des capitaux en euro ! Il faut bien que quelqu’un intervienne.

L’affaire de Chypre, où la BCE a imposé le vol d’une fraction importante des dépôts,  inquiète naturellement les Grecs qui ne conservent en banque que le strict minimum.

Le gouvernement grec n’a plus la ressource de créer de la monnaie pour lui-même. Les banques ne peuvent plus lui prêter, faute de trésorerie. Il est donc à la gamelle et attend constamment des subventions européennes qui ne lui sont données qu’au prix d’un « assainissement de la dépense publique » qui tourne évidemment à l’assassinat économique. La dette dépasse le PIB et s’aggrave !

La tentation devient très forte  de recourir aux mêmes facilités que les gouvernements régionaux argentins : faire circuler des certificats de dettes et leur donner le pouvoir de payer les impôts.

Au passage notons que la monnaie est toujours de la dette !

Ces certificats s’appellent des IOU (I owe you) en jargon anglo-saxon, de simples reconnaissances de dettes.

Sur le modèle de l’Argentino parlons plutôt d’Ellenikos.

La question juridique du droit d’émettre de l’Ellenikos et de lui donner un pouvoir de règlement n’est pas si nette que cela. Imaginons que le gouvernement décide finalement d’émettre « provisoirement » des reconnaissances de dettes en Ellenikos à hauteur de ses besoins internes tout en conservant l’Euro. Est-ce que cela pourrait marcher ?

Les fonctionnaires n’auraient pas le choix : ils seraient payés en Ellenikoi et les commerçants seraient sans doute forcés par la loi de les accepter. La mauvaise monnaie chassant la bonne, les étrangers venant en Grèce seraient sans doute obligés de payer leur hôtel en Euros. Pour éviter que les  recettes ne repartent aussitôt à l’étranger, il sera nécessaire de mettre en place un contrôle des mouvements de capitaux, lui totalement exclu par les traités.

De même que faire des 100 à 200 milliards d’Euros déposés à l’étranger ? Difficile de ne pas imposer leur retour ou un contingentement façon « corralito » : montant en euro que l’on accepte de voir détenue par les Grecs en Grèce ou à l’étranger. Là encore, les traités seraient violés.   

Il est à noter que les Ellenikoi seraient libellés… en Euros. Ne pas confondre avec un retour à la Drachme.

La Grèce comme l’Argentine n’a de ressources extérieures que via le tourisme et l’agriculture. C’est la seule source d’euros.  

Les exportateurs recevront donc de l’Euro mais ne pourront pas l’utiliser en interne. Il faudra les convertir en Ellenykoi sur un par de un pour un.

En revanche pour convertir les Ellenikoi, il faudra passer l’office des changes de la banque centrale de Grèce qui ne donnera de l’euro que pour des motifs limités (licence d’importation).

Peu importe si le marché noir qui permettra de convertir de l’ellenikos en euro marque une décote par rapport à la parité.

L’émission d’Ellenikoi mettra fin à la déflation sans recourir à des prêts en euros. Les recettes extérieures en euros permettront de rembourser progressivement des dettes d’Etat en Euros.   

A terme le gouvernement pourra racheter contre euro les ellenikoi ; sur la base de la parité ou avec une décote.

En dix quinze ans l’affaire pourrait être réglée.

Cela éviterait tous les ennuis actuels, récession terrifiante, injures réciproques, tentatives de vendre les biens agricoles en Russie en profitant de la surprime de violation des règles d’embargo, etc.

Les banques grecques verraient leur bilan  en Ellenikoi enfler sans avoir recours aux prêts de la BCE. L’Etat grec ne serait plus asphyxié mais devrait rester extrêmement prudent. Evidemment les prêts en ellenikoi risquent d’être problématiques. Mais actuellement les banques grecques ne jouent pratiquement plus qu’un rôle de banque de paiement. Plus personne ne veut de leur papier sinon la BCE.

La banque nationale grecque n’émettrait pas d’ellenikoi sinon par conversion de tout euro en ellenikos. Seuls les déficits du gouvernement grec et les exportations créeraient de la monnaie. Une différence avec le cas argentin ; Il y aurait naturellement une certaine inflation en ellenikos des prix à la consommation. Cela vaut mieux que la déflation.

D’accord, toutes les règles de l’Euro auraient été violées. Mais que fait-on depuis sept ans, sinon violer toutes les règles absurdes mises en place après Maastricht ? L’expérience argentine ne laisse pas d’inquiéter. La double monnaie n’a pas résisté longtemps. Mais en fait c’était un système à monnaies multiples : dollar, peso et monnaies substitutives. Ici il n’y aurait pas de Drachme.

Dernière remarque : le dollar n’avait pas avant 1971 de valeur intrinsèque : il donnait accès à l’or sur la base de 35 dollars l’once. Comme les Ellenikoi donneraient accès à leur valeur faciale en Euros. De même, qu’un temps, les billets de banque donnaient accès à leur contrepartie en pièce d’or.

L’avantage du système est qu’il donnerait un certain espoir. Après tout il existerait une perspective de s’en sortir sans tout casser.

Mené avec intelligence et doigté un tel système pourrait conduire à un retour à l’Euro finalement assez vite.  La situation actuelle en revanche est sans issue.

Une autre solution serait que la BCE crée elle-même la monnaie nécessaire à l’état Grec et provoque dans ce pays une inflation en Euro. Certains commencent à envisager la solution. De toute façon il faudrait mettre en place un contrôle des changes.

Créer un Ellenikos serait une meilleure solution car elle éviterait le risque de contagion ou seulement dans des pays si petits (le Portugal) que cela n’aurait guère d’importance.

La France ne pourrait pas mettre en place ce système-là. Mieux vaut qu’elle se réforme  et restaure sa compétitivité.

Mixité, Parité, Gratuité : attention danger !

Chaque époque a ses fantaisies idéologiques. Jusqu'à récemment, les mots sacrés se terminaient en "isme" : socialisme, communiste, maoïsme, trotskisme, polpotisme, castrisme, chavisme, fascisme, national-socialisme. Il ne reste plus guère qu'islamisme pour qualifier une idéologie mobilisant sur la haine de l'autre et le sentiment, pour les adeptes, d'être dans le camp du bien et justifié de faire du tort à l'humanité toute entière.

Foin de cette brutalité ! Nous entrons dans l'ère du terrorisme doux. Il s'agit toujours d'obtenir quelque chose "des autres" vus comme des malsains attardés, mais Big Brother connait les manières. La terminaison en "té" était bienvenue.  Mixité, parité et gratuité sont devenus des éléments constitutifs d'un bien collectif irréprochable et qu'il serait malvenu de contester.

Malgré le culte révérencieux réservé à ces trois idoles, considérées comme sacrées, fondatrices du "vivre ensemble" et porteuses d'un devoir d'applaudissement presque mécanique, il faut rappeler que ces concepts sont extrêmement dangereux pour la démocratie et surtout l'économie qui nous préoccupe ici.

Les mots sont en eux-mêmes dangereux parce qu'ils sont détournés de leur vrai sens.  

Il n'y a pas de gratuité mais un paiement par la collectivité, ce qui est tout de même assez différent.

La parité est synonyme d'égalité (parus veut dire égal en latin). L'arithmétique divise les nombres entre pairs (divisibles par 2)  et impairs. L'économie dispose que la parité est le rapport de changes de deux devises. Les philosophes classiques affirmaient : "il n'y a aucune parité entre les hommes". Les critères de parité sont tellement nombreux qu'installer une parité générale multi-critères n'auraient aucun sens. Parité de genre, parité de race, parité de religion, parité de taille, parité de fortune, parité de nationalité, … On peut créer des milliers de binômes : Français et étranger, blanc et non blanc, pauvre et riche, homme et femme, etc.

La seule institution qui était fondée sur une parité obligatoire était le mariage qui imposait que le couple fut formé d'un homme et d'une femme. Cette parité a été détruite. Va-t-on parler d'un mariage binomial pour restaurer les anciennes règles ? Cette contradiction est un mauvais signe.

On a créé de toute pièce un concept de parité vue comme une égalité de résultat et non pas de droit entre homme et femme. Toujours ce vieux conflit entre "droit de" et "droit à" ! On a remplacé l'élu par le duo d'élus pour imposer une représentation mathématiquement égale dans les assemblées départementales. La femme et l'homme n'était plus simplement égaux en droit de se présenter mais en droit de revendiquer d'être en nombre égal dans les assemblées sans que l'électeur puisse intervenir dans ce choix. Certains veulent pousser la chose dans les régionales, les législatives, les européennes. Une élection n'aurait de valeur que si le résultat était la parité absolue de représentation des deux sexes. Là encore, pourquoi pas l'égalité mathématique dans la représentation des races, des couleurs de peau, des religions, des conditions sociales ? L'élection ne devient plus un choix politique mais une imagerie à plusieurs dimensions.

La mixité veut dire en latin mélange. En dehors de la salade mixte, le mot signifiait généralement qu'hommes et femmes n'étaient pas séparés dans certaines occasions de vie. L'école mixe, le sauna mixte, la gymnastique mixte, les camps de naturisme mixtes, telles étaient les expressions qui avaient du sens. Les nombres mixtes en arithmétique sont formés d'entiers et de fractions. Les mariages mixtes ne signifiaient pas qu'on mariait un homme et une femme, mais des conjoints ayant des religions différentes. Bref on emploie aujourd'hui le mot mixité dans un sens très différent : l'obligation pour les favorisés et les défavorisés de partager le même lieu de vie, les premiers payant  aux seconds le droit à l'égalité d'appartement, à l'égalité d'immeubles, à l'égalité de rue, à l'égalité de quartier et à l'égalité de ville.

Dans l'ancien régime, disons avant 1968, la société organisait des distinctions. L'homme et la femme avaient des rôles différents dans la société et dans le ménage. L'idée était qu'il fallait protéger l'enfant en assurant la protection familiale. On séparait les adolescents des adolescentes dans les institutions d'enseignement pour des raisons qui paraissaient évidentes : le redoutable effet sur les études  de l'effervescence sexuelle de ces années là et la dissipation qu'elle stimule. Le national n'était pas l'étranger. Le bourgeois n'était pas le prolétaire. L'homme bien habillé ne se mélangeait pas au vulgaire. Il y avait des escaliers de service pour éviter de mélanger les torchons et les serviettes. Les beaux quartiers marquaient une distinction, et l'hôtel particulier faisait la nique à l'appartement.

On a voulu culpabiliser (bientôt criminaliser ?) ces distinctions. Tout le monde il est beau, il est gentil, mixte et pair. La société n'a rien à dire aux individus, mais l'Etat si. Et les individus sont priés d'être conformes aux nouveaux dogmes.

La femme n'a pas de sentiment maternel !  Cette idée imposée par le mâle dominant à été "déconstruite". A lui de "torcher les gosses" et d'assister aux accouchements, avec la honte en plus de ne pas avoir à supporter les douleurs et les dangers de l'accouchement. Culpabilité quand tu nous tiens. Homme tu ne seras pas une femme comme les autres mais la femme doit être un homme comme les autres.  

Assez spontanément, les chinois qui émigrent tendent à se regrouper dans des quartiers où ils retrouvent des congénères. Ce fut vrai partout aux Etats Unis ou à Paris aujourd'hui. Personne n'y voyait mal. Juste un peu d'exotisme. Le quartier du sentier à Paris rassemblait les familles juives en grand nombre, sans que personne n'y trouve à redire. Les Bretons s'installaient à Montparnasse et ouvraient des crêperies. Pourquoi pas ? La mixité des origines nationales, provinciales ou raciales n'étaient pas un objectif. Le marais aujourd'hui concentre la gens homosexuelle sans qu'on y trouve à redire. Le quartier latin attirait les professeurs. La bohème aimait Montparnasse et Montmartre.

La mixité sociale du passé, souvent allégué comme un retour au paradis perdu, est un mythe total. Il y avait à Paris le plus souvent trois cours. La partie sur rue était considérée comme la seule digne et elle avait son étage noble. On ne se mélangeait pas avec la seconde cour et encore moins avec la troisième. A l'intérieur même des parties bourgeoises on séparait les escaliers pour justement rappeler chacun aux nécessaires distinctions. Et on mettait "abonné au gaz" sur sa carte de visite  et même à l'entrée noble de l'immeuble quand on logeait sur la rue. Les autres étaient à la lampe à huile ou à la chandelle.

C'était vrai à Paris et encore plus en province. Il aura fallu la guerre de 14 pour que l'avoué de Beaune consentit à serrer la main du fils du tonnelier qui travaillait dans son arrière cour. Il est vrai qu'il était alité dans la même chambre d'hôpital que son fils, blessés l'un et l'autre dès les premiers jours de la guerre. Ce fut vécu comme un évènement inouï par tous les présents. Et ne résista pas à la fin des hostilités.

A la campagne c'était bien pire (tout est toujours bien pire à la campagne !).  L'ouvrier agricole couchait dans le foin dans la grange et se lavait au puits (quand la patronne était exigeante). Et on ne cherchait pas la parité et la mixité dans le foin que dans des cas particuliers sur lesquels nous ne nous étendrons pas.

Aujourd'hui on a voulu évincer ces attitudes qui ne sont ni "cool" ni conformes à l'égalité et la fraternité inscrites sur nos frontons.

On veut donc régenter les mœurs, comme l'Eglise naguère. Et forcer les natures. Quand on viole les réactions intimes des gens, les effets pervers suivent toujours.

Nous avons déjà ici dénoncé les danger de la fausse gratuité. Elle se traduit TOUJOURS par la mise sous tutelle des producteurs, la surveillance des consommateurs et la ruine générale. La gratuité du pain castriste était un merveilleux exemple. Le pain gratuit fut immédiatement donné aux cochons. L'état se trouva rapidement dans l'impossibilité de subventionner le gâchis. On fusilla quelques paysans qui "cachaient les grains". On surveilla et rationna la consommation de pain. Finalement le système fut heureusement abandonné. Toute l'histoire soviétique est nourrie d'histoires comme cela. Le système n'arrivera jamais à nourrir sa population.  

Notre système de sécurité sociale est ce qui se rapproche le plus d'un système soviétique. Il devient impossible de se soigner dans certains coins de France. Les délais pour avoir un rendez-vous ou pour fixer une opération deviennent déments. On recrute des "producteurs" étrangers à bas coûts en espérant réduire les déficits. On commence à être coercitifs vis-à-vis des malades. Et le système est ruineux et ruiné. 

On veut assurer la quasi gratuité de la "culture". La recette  payée devient ridicule par rapport aux coûts engagés. Le système devient ruineux pour tout le monde. Nous n'avons plus d'artistes mais des intermittents du spectacle, plus de peintres mais des subventionnés des Frac, plus de créateurs, mais des chercheurs musicaux qui ne trouvent pas grand chose. Gratuité implique bureaucratisation, fausses gloires et vrais impôts.  

La ruine financière n'est pas le seul effet pervers de cette volonté de rendre les gens bons et conformes.

On constate aussi une perte de sens. La parité implique un choix quantitatif là où le qualitatif règne en maître. Il n'y a qu'un chef. Un binôme paritaire de direction construit sur une base sexuelle n'a aucun sens dans la théorie des organisations. Pas plus que n'aurait un oukase exigeant une parité sur la race, la religion  et la couleur de peau. On voit bien que si on croise les critères de parité alors le système devient inextricable. Comment imposer une parité homme/femme, blanc/non blanc, Catholique/Non catholique, dans un conseil d'administration ?

Et surtout pourquoi ? Certains institutions doivent être représentatives, certes, mais la plupart ont un rôle opérationnel. On ne voit pas pourquoi le genre, la race, la couleur de peau ou la religion auraient la moindre pertinence.  

Reste la fraternité ! Croire que financer à très grands frais des logements pour les immigrés pauvres dans les quartiers les plus huppés des villes  entraîne la fraternité est une de ces idioties qui laissent toujours pantois. Le voisin qui, à force de travail et réussite, a réussi à y loger au prix d'impositions meurtrières est-il ébahi de bonheur fraternel quand il voit débarquer sur ses impôts une population allogène qui représente pour lui une régression vers les pires moments du XIXème siècle ?  Le Kosovar ruiné par le régime pourri et violent qui règne là-bas attend-il vraiment d'être logé rue du Dragon ?  Symbole et provocation ne sont pas des solutions.

Lorsque la Ville de Paris a décidé de faire cohabiter sur le même palier le clochard irrécupérable à 4 Euros le m2 par mois  et la jeune secrétaire à 24 Euros, il a rendu folle la secrétaire sans rien changer de la condition du clodo qui jette ses poubelles par la fenêtre et vomit dans l'escalier. Sans parler des odeurs comme disait Chirac. Croire que la fraternité va naître de l'insertion des Anneaux de Bicêtre au sein des quartiers bobos ou du triangle d'or parisien est parfaitement grotesque. On sait qu'il s'agit à Paris simplement de créer une "majorité sociologique" pour le PS. Tout cela a un prix. Les nouveaux programmes sont grevés du coût du pourcentage de logement social imposé. Les acheteurs subissent une double peine : un mauvais voisinage et des frais supplémentaires.

Les Français qui ne voulaient pas vivre dans des banlieues devenues dangereuses et peuplées de populations sans rapport avec la population d'origine est partie dans le périurbain. Dans tous les systèmes politiques violents, les gens votent avec leurs pieds. Les Juifs de Sarcelles, harcelés par les arabes nouvellement installés et devenus majoritaires fuient, parfois jusqu'en Israël.

Croire qu'en mettant les contraires dans une même bassine tout le monde va devenir libre, égal et fraternel est, au mieux, une fantaisie.

La gratuité devient rapidement ruineuse, la parité oiseuse et la mixité haineuse. Mieux vaut la patience et la prudence sociale et économique que des règlementations nourries de force et de rage.  Les plafonds de verre ne se soulèvent pas par la violence politique et règlementaire. Quand on les brusque ce ne sont pas eux qui cassent.

Les postes de direction doivent être dotés des meilleurs dirigeants possibles. Le sexe, les origines, la race ou les religions n'ont rien à faire dans ce choix. Les postes politiques doivent refléter l'opinion des citoyens. On choisit des personnes en lesquelles on a une (relative) confiance. Le sexe, la race, la religion peuvent entrer en jeu sur une base individuelle. Mais pas collective et encore moins coercitive.

Croit-on qu'une entreprise serait mieux gérée parce que la loi imposerait qu'on vote pour une équipe binomiale homme-femme ? Et quel serait le coût à moyen terme si on le faisait ?

Là où la compétence (c'est-à-dire la capacité de réussir et de gagner) est indispensable, la décision ne doit pas être perturbée par des considérations accessoires et sans pertinence.  

Là où des coûts sont engagés, il faut rapprocher le plus possible le payeur et le bénéficiaire. Sinon le bénéficiaire qui ne paie pas ruine celui qui paie et/ou le producteur, et le système s'effondre de lui-même.

Gratuité, parité, mixité,  signifient en fait : paiement par les autres, égalité mathématique forcée et mélange obligatoire, le tout imposé par l'Etat sur la base de son monopole de la violence. Le fait d'avoir mis en avant un vocabulaire obscur ou trompeur, détourné de son usage, montre bien que les promoteurs de ces idées ne jouent pas franc jeu. Ces trois objectifs ne sont l'avenir ni de la démocratie ni d'une économie efficace et prospère.

Roustes électorales et fiscalité

Une des dimensions toujours "oubliées" par les commentateurs lors des déroutes électorales est le rôle du ressentiment fiscal. Le "politiquement correct" interdit ce genre d'analyses. L'impôt, en France, c'est sacré. Evoquer la responsabilité de l'impôt dans les réactions des Français serait leur faire injure. Alors on tricote des explications plus ou moins fumeuses pour éviter les évidences qui fâchent.

Cela fait des années maintenant que nous expliquons que la montée du FN est entièrement due au ressentiment fiscal. Il nait avec la création de l'IGF, le prédécesseur de l'ISF. Il prospère aujourd'hui sur les taux confiscatoires mis en place par F. Hollande. On dira: le chômage a poussé la fuite de l'électorat populaire vers le FN et "l'invasion musulmane" n'a pas arrangé les choses. La poussée du FN dans les départements en difficulté économique ou soumis à des substitutions de populations est évidente. L'analyse fine des cantons montre une réalité moins systématique. Le FN gagne le canton du Médoc où le nombre d'immigrés n'est pas particulièrement élevé et la crise peu marquée par rapport à d'autres cantons en reconversion.

Le passage à l'acte du vote en faveur du FN suppose qu'on brave un interdit. Il faut une grande force de ressentiment pour le motiver. Cette force est alimentée par la spoliation fiscale. Les niveaux d'imposition actuels peuvent être assimilés à un vol pur et simple des citoyens par la puissance publique. L'électeur a voulu donner une rouste au voleur.

La surprenante défaite de Giscard en 1981 s'explique principalement par le ressentiment devant un septennat qui aura été fiscal de bout en bout, avec la généralisation de la TVA et la fin des "forfaits" protecteurs et l'impôt sur les plus-values. La déroute socialiste de Bérégovoy s'explique également largement par le ressentiment fiscal. Celle de Juppé est due en quasi-totalité à l'hystérie fiscale qui l'avait saisi , allant jusqu'à lui faire sauter le plafonnement de l'ISF. Pour la première fois, des citoyens étaient privés de la totalité de leur revenu par l'impôt. Fabius sait très bien qu'il a souffert à la fin de son mandat de premier ministre d'un accès de rejet fiscal qui le conduira à réclamer une baisse fiscale à Jospin qui, sous l'influence de DSK, avait continué le matraquage engagé par Juppé. Trop peu, trop tard.  

L'échec de Sarkozy s'explique très largement par son incapacité à convertir l'ISF en impôts sur le revenu en début de mandat et par les hausses d'impôts continuelles des deux dernières années de son quinquennat.

La névrose fiscale française est la base des déroutes systématiques des gouvernements en place depuis les années 1970.

Le gouvernement actuel essaie de contenir la dépense publique. Mais il ne veut pas restructurer le champ de l'action de l'Etat, ni mettre fin aux politiques de gratuité incontrôlables dans des secteurs entiers comme la Santé ou la Culture. Il pensait qu'en évitant de s'attaquer trop à son cœur de cible électoral, il résisterait mieux. L'idée hollandaise de leur prendre un peu pour donner un minimum aux entreprises, lessivées par la fiscalité, est vécue comme une raclée fiscale imméritée. Les fonctionnaires voudraient qu'on cesse de les ruiner et qu'on cesse de ruiner les entreprises, les deux choses en même temps. Paradoxe ? Pas nécessairement. Faire comprendre à ce groupe massif (près de 10 millions de ménages sont accrochés à la dépense publique en France, hors retraite) comment on peut sauver leur prospérité alors qu'on reconfigure les missions de l'Etat pour baisser la fiscalité sera un des défis les plus difficiles pour la droite. Il a été la roche tarpéienne du PS, alors même que la reconfiguration de l'Etat n'a même pas été essayée.

Benoît Hamon, militant insignifiant et puceron politique qui se croit digne d'être président de la république (beaucoup au PS se disent que "si Hollande l'a été  pourquoi pas moi !" ), croit que le PS s'en sortira en augmentant encore massivement les impôts sur les riches et en alignant les cadeaux électoraux aux pauvres. Il veut reprendre la stratégie qu'Hollande a tenté en deux phases : la phase initiale où l'on frappe "les riches", puis la phase des cadeaux électoraux aux clientèles. Il a échoué parce qu'une réponse uniquement fiscale aux exigences de désendettement de l'Europe, alors que la France avait déjà trop d'impôts, a bloqué l'activité économique. La phase des cadeaux ne peut plus s'enclencher sauf à tuer le malade. Hollande attend le Grouchy de la croissance tirée par l'extérieur, pour retrouver un peu d'oxygène électoral.  Se lancer dans les deux ans à venir dans une surenchère fiscale destructrice en écartelant un peu plus la France entre clientèles et pigeons à plumer serait aussi suicidaire pour le pays que pour le PS. Hollande attendra la campagne électorale pour faire des annonces de ce type pour ne pas avoir à en affronter les conséquences avant les élections. Elles bloqueraient tout espoir de participer si faiblement que ce soit à la possible reprise et le priverait de sa tactique : transférer la responsabilité du chômage sur les entreprises.

Bien sûr le ressentiment fiscal n'est pas le seul moteur des déroutes électorales. Mais l'ignorer totalement comme le font les commentateurs et les politiques (de moins en moins à droite) est une des sottises de notre temps. Le long moment du "vive l'impôt" est passé en France.

Nous avons écrit que l'année 2015 serait un balancier permanent entre espoir de reprise et ressentiment.

Nous avons eu le ressentiment musulman. Nous vivons le ressentiment fiscal.

Gageons que l'on va maintenant nous bassiner avec l'espoir de la reprise.

Faut-il le leur dire en vers ?

Ce 21 mars 2015 est la journée mondiale de la poésie. Ils ne veulent pas comprendre en prose. Présentons en alexandrins. La poésie n'est pas faite pour le sentiment mais la compréhension et la persuasion, avant l'action.

 

 

L’Euro vacille un peu. Certains le voient mort-né.  

La révolte vous plait, peuples abandonnés

Aux caprices bancaires, aux produits frelatés,

Aux Etats démagogues jusqu’au cou endettés.

Pourquoi doit-on garder un ouvrage imparfait,

Qui gonfle le chômage, cet immense forfait ?

Les pères de l’Euro, ont-ils voulu cela ?

Non ! Disent-ils. Jamais. La paix nous appela.

Deux guerres abominables  acharnées à détruire,

Laissèrent à la fin une Europe à construire.

L’unification passait par  la monnaie.

L’Euro est nécessaire, comme l’a dit Monnet.

Pourquoi  avoir conçu cette étrange machine

Qui étouffe les hommes et leur brise l’échine ?

Jamais ils n’ont voulu un Euro orphelin !

Une monnaie se pilote. Il n’est pas très malin

De croire qu’il suffit pour la faire régner,

De règles ridicules si faciles à renier.

En mettant la charrue sur le devant des bœufs

Elles furent piétinée, faisons ici l’aveu.  

Avions-nous le choix ? Il fallait avancer.

L’Europe était bloquée. Il fallait la pousser.

Il faut couper les roses quand elles ont des épines

Nous n’étions pas guidés par l’esprit de rapines.

Nous savions les risques.  Mais aussi notre force,

Nos vouloirs, nos avoirs qu’il fallait qu’on renforce.

Lancer le mouvement, éviter le blocage,

N’impliquait nullement  l’économique outrage

Un système bancal peut-être corrigé.

 Doit-on dès le départ,  l’absolu exiger ?

Faut-il charger l’Euro des défauts politiques

Qui créèrent des dettes de façon endémique ?

Ce n’est pas en Europe que la crise naquit,

De bulles financières et de biens mal acquis.

Pour armer le dollar, on fit flotter les changes

La spéculation supplanta  les échanges.

 D’immenses déficits, et de gras excédents

Provoquèrent aussitôt d’énormes accidents. 

Artificielles bulles, finances faisandées,

Laissèrent indifférent un FMI guindé.

Se gonfla bientôt une énorme baudruche

Qui explosa soudain au centre de la ruche.

Il fallut en urgence l’Euro rapetasser.

La Grèce avait menti et follement dépensé.

Les pertes étaient partout. Surtout  chez les Français.

Ils crurent se sauver en votant pour Hollande.

Le pays aussitôt redonna de la bande.

Le malin annonça : « la crise est surmontée ».

Le chômage explosa. Nous fûmes   surendettés.

On fit de quelques sots un faux  gouvernement

Qui jura d’aggraver tous les prélèvements.

Il le fit sans vergogne, pour ruiner le bourgeois.

Dressant des piloris, insultant dans la joie,

Acteurs reconnus et chefs d’entreprises.

Il fallut supporter l’ivresse de la prise.

On crut bon d’accorder aux futurs chômeurs

De quoi se soulager de leur forte rancœur.

Rien ne fut réformé. On laissa tout filer.

On régla des ministres le triste défilé.

Ayrault sombra. Valls suivit. Les déficits aussi.

On cria aussitôt : « social-démocratie » !

La France encalminée n’en fut guère éblouie.

Des mots empoisonnés, elle protégeait son ouïe

Le président sombra dans un profond mépris

Quand avec sa maîtresse il fut,  au lit, surpris.

Il fallut un grand crime pour qu’enfin, un instant,

Le peuple de réveille, se montre en résistant,

Et fasse d’un ridicule enfin un président,

Et non le ricaneur qui parlait des sans dents. 

Les Grecs avaient menti pour rejoindre une zone

Qui n’était pas trop faite pour aider les Evzones.

Ils s’étaient gobergés au mépris des traités.

Ils se virent assez vite plus que surendettés.

Et voilà qu’ils votaient  pour de vrais démagos

Qui voyaient en Merkel  un énorme magot.

On découvre à nouveau que des Etats épars

Ne peuvent partager  sans de solides espars

Une monnaie commune, des dettes entrelacées.

Une banque centrale, cela n’est pas assez,

Moins encore un traité et des  règles de droit.

Une monnaie se pilote. Nous l’avons dit je crois.

Il faut un Chancelier,  et tous les instruments

Qui parent  au jour le jour,  les risques, les tourments,

Qui naissent au dehors ou frappent du dedans.

Soyons organisés  sans être outrecuidants

Vis-à-vis de pays  qui aiment depuis longtemps

La vie démocratique et qu’on prenne le temps

D’informer les esprits, de respecter les âmes

Sans chercher le secours de  manœuvres infâmes.

Bien sûr, on peut encore l’Euro abandonner,

A tous les démagogues,  notre Europe donner. 

Et remettre à jamais les chances de l’Union

Jetée au grand fossé, pelée comme un ognon.

L’Euro avait besoin d’une France exemplaire,

D’un nœud  franco allemand devenu statutaire,

Revendiquant du monde des changes pacifiés

Et des pays du sud des comptes à qui se fier.

La France déclassée, comptant sur Syrisa,

Pour ruiner la rigueur. Vraiment est-ce que c’est çà

Qu’un président normal doit offrir aux Français ?

Est-ce bien la rigueur que l’on doit dénoncer ?

Un pays malheureux  de tant d’incohérence,

Et qui voit en Hollande une triste malchance 

Doute de l’avenir  entre chaos social,

Impôts, assassinats, échec commercial.

Tous les Européens s’enferment dans la peur.

Dans les tréfonds bouillonnent des zestes de fureur.

Pour les  esprits chagrins changer devient détruire.

Alors qu’il faudrait  achever  de construire.

L’Euro est en danger. Faut-il fêter la mort,

D’une idée généreuse  mais qui a de grands torts ?

« Le savoir à la fin dissipant l’ignorance

Fit voir  de ce projet  la dévote imprudence. »

Les mots de Bossuet,  serviront de linceul,

Il sait comment parler au plus près d’un cercueil.

Podemos,  Syrisa, ce sont eux les dévots

Qui parlent aux citoyens, comme on traite des veaux.

Le savoir, en monnaie, n’est pas trop établi.

Il se forme en marchant et non à l’établi.

La voie la plus facile est trop souvent indigne.

L’échec en bout du compte en est souvent le signe.

Innovons, progressons, sur la ligne de faîte.

Un Euro bien géré  jamais ne sera fête.

Produire est la richesse et non pas la monnaie.

Décroitre n’est pas  là où il faut nous mener.

Que la France, un jour,  se donne le projet

De ne plus cultiver  le plaisir des rejets,

Des haines débordantes,  de la cupidité,

En espérant de l’autre  ses propres satiétés.

Socialisme fat, frontistes encouragés

Sont la mort d’un pays,  par le fisc égorgé.

De ces tristes sottises, éloignons-nous sans trêve.

Ne croyons pas non plus à la force des grèves.

Intelligence extrême et énergie féroce

Sont le seul moyen de doper le négoce

Qui nous fera sortir  des sinistres impasses

Où un peuple détruit  se dissout et trépasse.

La France doit tenir  et son rang et son rôle.

Il faut un président. Pas seulement un drôle.

Redonnons aux Français  toutes les libertés

Qui font qu’on entreprend. C’est la propriété

Garantie  par l’Etat, qui fait que l’on prospère.

C’est le libre contrat   qui fait que l’on espère,

Monnayer ses talents, son cerveau  et ses mains.

Non l’impôt ou la dette, vecteurs de lendemains

Qui déchantent toujours. Des voisins l’assiette

Parait toujours garnie.  L’Etat goulu l’émiette

Au profit de personne.  Voler le possédant

Suppose qu’il existe.  Egaux entre sans dents

Comme les soviétiques,  tel serait l’accident

Qui ruinerait la France  et ferait des Français

Un peuple enfin soumis,  abattu, défoncé

Sans aucune importance, avili et moqué,

Proie enfin désarmée de sinistres roquets.

Nous devons  à la fin  devenir exemplaires

Et aux règles voulues par les traités  complaire.

Notre passé oblige.  Et aussi le futur.  

En redressant nos comptes,  en réglant nos factures.

En cessant de laisser  à nos petits enfants

Le souci de payer un Etat éléphant,

D’excessives retraites,  des soins extravagants,

Des  créances abusives que l’on croit élégant

De payer sans limite, à quiconque présente

Une gamelle à remplir,  une dette indécente,

Dont aucun résident  que l’on compte en la France

N’a jamais ni voulu ni connu l’existence.

Ce n’est pas en criant : « vive la république ! »

Ni en intoxiquant  les medias publiques,

De théories morbides  accusant les Français

Tous les jours accusés, tous les jours dénoncés,

D’être les plus hostiles, aux plus pauvres des Roms,

Aux autres étrangers, à la Mecque et à Rome.

« Vénère le sang noir, dont tu fis des esclaves,

Même s’il  t’injurie au sein de ton enclave. » .

« Vénère enfin l’Arabe,  par toi colonisé.

Même s’il t’assassine et veut t’islamiser ».

Tu te croyais chez toi et avoir quelques droits,

A choisir tes voisins et  mêmes les endroits

Où tu  souhaites vivre sans jamais t’exciter

A l’idée de subir l’étrange  « mixité »

Qu’un Valls  halluciné prétend  nous imposer

Contre la volonté, de tous ceux des Français

Qui ont fui la banlieue pour un périurbain

Vierge de délinquance,  et loin des  maghrébins,

Qui saignent les moutons pour fêter un  prophète

Dont ils veulent cacher et les traits et la tête.

« Français tu es un « beauf », un vrai antisémite,

Complice des nazis,  un tueur d’annamites,

Qui a tué sans vergogne, les arabes rétifs,

Révoltés, insurgés dans les rues de Sétif.

Ces fautes impardonnables  te condamnent à jamais ».

Veux-tu vraiment céder, à l’éternelle armée

De tous les quémandeurs  qui au nom de leur vice,

Veulent mettre ton argent à leur seul service.

Un instant on a cru, dimanche en janvier

Que la France éternelle n’avait plus à envier

Les nations solides qui savent imposer

Ce qu’ils sont aux entrants,  et peuvent maitriser

La pression de ceux  qui abusent de l’Etat

Pour  imposer leur loi, leurs abus, leur état.

A tous ceux qui travaillent et font  continument

Des efforts  très nombreux  pour que normalement,

La vie qu’ils se construisent, au bout de leur travail

En dépit des impôts  et des lâches  trouvailles

Qu’un Etat excessif,  gras et ventripotent

Croit devoir imposer pour se voir important,

Il faut maintenant dire : C’est assez ! C’est assez !

Les chaînes qui vous lient, peuvent être cassées.

Ce président minable dont la désinvolture

Mène la République vers des aventures

N’en a plus pour longtemps.  On saura le chasser.

Il faut encore deux ans le laisser jacasser.

Mais il faut travailler à construire un futur

A donner à la France  sa place et sa stature.  

Le monde est abîmé ; l’Europe encalminée.

Tout pourra se changer si la France renait.

C’est à elle de montrer, qu’on peut par la vertu

Réduire  le chômage,  les dettes qui non tuent,

Ressouder les Etats  d’une Europe éclatée

Autour d’une croissance  qu’elle devra mériter

Et convaincre à la fin,  que les changes flottants

Créent partout des dommages qui nuisent tout le temps,

Aux Etats, au commerce,  aux hommes d’entreprises

Et génèrent des dettes  qui mettent sous emprise

Mondialisation, coopération

Liberté confiante et association.

Le drame est dans les hommes qui mènent les partis,

Qui ne croient qu’aux postures, qu’à séduire les petits

En comptant sur la com’,  ou la démagogie,

Ou les sinistres lois d’une idéologie.

Français, par millions, vous avez su marcher,

Quand votre liberté se voyait arrachée

Par les balles insanes  d’infâmes assassins.

Vous devez aujourd’hui trouver en votre sein

La même énergie, la même indignation,

Pour que vive à nouveau votre fière nation.

Aux armes, citoyens ! Il faut que nous marchions.

Nos armes sont des idées,  bientôt les actions,

Qu’un peuple éminent se doit de proposer

Discuter, travailler mais aussi d’imposer.

 

Didier Dufau

Le bilan économique de 2014 s'affine

A l'automne 2013, après un an et demi de délire tous azimuts, de campagnes d'insultes menées de l'Elysée,  de hausses d'impôts délirantes, de mesures coercitives contre "la bourgeoisie honnie" et les vilains entrepreneurs, renards en liberté dans le poulailler socialiste, la politique socialisante de M. Hollande s'était fracassée sur la révolte des "bonnets rouges".  Et, toute honte bue,  il avait fallu rebrousser chemin. Le changement de politique fut annoncé lors des vœux le 31 décembre 2013 et concrétisé lors d'une conférence de presse psychédélique où un président surpris au lit avec une starlette et qui avait du "virer la légitime pas si légitime" hors du palais présidentiel,  sous anesthésique, relooké de frais avec une teinture noir corbeau et des lunettes de notaire , avait expliqué qu'il brisait les tabous socialistes pour se lancer dans une "politique de l'offre" basée sur l'accroissement de la fiscalité des ménages aisés au profit de la trésorerie des entreprises.

Un an plus tard, où en est-on ? Les chiffres sortent les uns après les autres.

Le taux de chômage dépasse les 10% (10.4% selon les derniers chiffres de l'Insee, un record), avec près de 200.000 chômeurs supplémentaires.  Alors que les pays les mieux gérés sont redescendus autour de 5%.

Les déficits publics n'ont pas été réduits et au contraire se sont aggravés avec un taux supérieur à 4% (alors qu'il fallait redescendre à 3% en …2013). L'Allemagne présente des excédents.

La dette atteint les 2.000 milliards d'euros, et les des dépenses publiques 1.000 milliards d'Euros environ,  alors que la valeur ajoutée des entreprises de plus de 1 personne du secteur non financier peine à dépasser 1.200 milliards.

Les prélèvements cumulés sur le pays atteignent 90 milliards supplémentaires en cumulés depuis l'arrivée des socialistes au pouvoir. L'Etat emprunte à peu près cette somme chaque année. Les Français sont donc punis fiscalement ici et maintenant. De plus  on aggrave la pression sur les générations futures.

L'immobilier a sombré dans la crise et la construction neuve est à son plus bas depuis des décennies grâce à des lois imbéciles (Pinel et Duflot).

Le revenu par tête a de nouveau baissé.  

Le nombre de résidents gagnant moins de 777 euros par mois a encore augmenté.

Qu'a donc fait cette présidence depuis 18 mois ? Rien, sinon des bavardages , de la comm'et des opérations politiciennes.

On a changé le gouvernement. M. Valls a remplacé l'insignifiant M. Ayrault qui n'aura laissé aucune trace.  M. Valls, minoritaire dans son parti, est en recherche perpétuelle d'une légitimité qu'il tente de conforter par des éclats politiciens et des mouvements de menton. On assiste donc peu après la formation de son premier gouvernement à une première crise qui voit l'exclusion de trois ministres frondeurs. Sans majorité certaine depuis qu'il a perdu l'appui des communistes et de l'extrême gauche, puis des écologistes, puis des frondeurs de son propres parti, il en vient à utiliser le 49.3 honni pour faire passer une loi sans importance mais censée marquer la nouvelle orientation sociale libérale du gouvernement.

Tout le monde a pu voir que cette loi dite "Macron" était d'une pauvreté absolue.  Son impact sur la croissance a pu être chiffrée à +0.1%. Un pas dans la bonne direction, certes, mais de type lilliputien. Elle va maintenant servir encore de fond de débat jusqu'à l'été.  Dans cette loi la seule mesure représentant une vraie rupture est l'autorisation théorique du transport interurbain en autocar. On verra ce qu'il en restera dans la pratique en 2016 et surtout 2017.  

En fait M. Hollande, comme dit le secrétaire du PS, M. Cambadelis, "fait de la politique".

Le canevas initial était d'assommer d'impôts les Français, surtout aisés, et de les priver le plus possible des prestations publiques, pour se débarrasser de la pression de Bruxelles, puis de lâcher la bride dans la seconde partie du quinquennat afin de se représenter,  aidé par des "achats de votes" massifs, le tout enveloppé  dans un brouillard "sociétaliste" et "républicain" , censé mettre dans la poche du président toutes les associations et "pacifier" la société.

Le fiasco est total.

La société est tellement apaisée qu'elle a choisi de faire du FN le parti majoritaire (les intentions de vote pour les prochaines élections évoquent le fait qu'un tiers des électeurs voteraient Le Pen, un taux historique), remettant radicalement en question un  multiculturalisme fondé sur le dénigrement national permanent et les revendications communautaristes qui la choque dans ses profondeurs.   Le PS a perdu la classe ouvrière. Parmi  les candidats aux prochaines élections dites départementales il n'y a pas un seul ouvrier sur les listes d'un parti qui était naguère la section française de l'internationale ouvrière.  Il faut dire qu'en France végètent des millions de personnes au dessous d'un revenu  mensuel de 1000 Euros et que l'emploi ouvrier disparait.

L'Europe et tellement apaisée par les enfumages successifs de l'ancien député de la Corrèze,  qu'elle somme la France d'agir enfin  par des mesures de réduction de la géométrie de l'Etat obèse et inefficace qui écrase le pays et l'empêche de se redresser.  Les pertes gigantesques d'Areva, près de 5 milliards tout de même,  soulignent un peu plus la déréliction des sociétés nationales, EDF faisant payer ses retraites abusives  aux salariés du secteur privé, la SNCF sombrant dans le n'importe quoi,  les organismes de transports publics régionaux étant des gouffres insondables pour des prestations dont l'intérêt n'est jamais évalué. Pour les Ministères, c'est encore pire. L'Education Nationale est en détresse aggravée. La Santé est un secteur en voie de dégringolade programmée. La justice est sinistrée depuis tellement longtemps qu'on ne voit même plus l'ampleur de la casse. La police est en plein désarroi et on tire à la Kalachnikov à Marseille quand le premier ministre y apparait.  L'armée, est trop sollicitée et fait de son mieux avec pratiquement des bouts de ficelles. Ne parlons plus de l'enseignement !

On ne s'indigne même pas que le Conseil de l'Europe s'occupe des fessées aux bambins, pendant que la Russie annexe  une partie de l'Ukraine dans des conditions abjectes de guerre civile.  Et on se gaussait  des idiots qui débattaient du sexe des anges pendant que les barbares étaient à leurs portes !

La position de la France en Europe a été réduite àune portion plus que congrue. Elle est marginalisée dans toutes ses institutions et ne pèsent plus, sauf lorsqu'on peut embarquer avec elle Mme Merkel. .

La défense de la culture française est partout battue en brèche dans le monde. La France elle-même cesse défendre en interne sa langue et sa culture.

Peut-on simplement imaginer un désastre pire ?

Qui aurait simplement osé croire qu'on en serait là au début 2015 ?  Sur la seule lancée des mesures fiscales prises 'ici aux élections présidentielles c'est à nouveau 90 à 100 milliards d'Euros qui vont être prélevés de force sur la nation par ce pouvoir dénaturé.  On attend 200 à 300.000 chômeurs de plus.  La dette dépassera les 10% du PIB.  Aucune réforme structurelle réelle n'est même envisagée.

Pendant ce temps là un président responsable de ce désastre  pavoise et pérore, tout heureux d'être là où il est  et où il n'aurait jamais du être, requinqué par des attentats qu'il n'a pas su éviter, triomphant sur les ruines fumantes  de l'économie du pays et tremblant d'espérance que la croissance des pays courageux et non conduits par des guignols, le sortira d'affaire et lui permettra de retenter  sa chance aux élections présidentielles. Il chante "la reprise est là" comme il l'a fait tous les ans depuis son élections. Il est vrai qu'elle est là : chez les autres !

Est-ce que les Français savent simplement l'effort qu'il faudra faire pour sortir de ce drame ? Auront-ils compris ce que coûtent l'élection de démagogues, incapables, impréparés et nocifs ? Ou choisiront-ils la surenchère dans ce domaine, avec le Front National ?

Une fois de plus, des erreurs économiques majeures, et on connait le triptyque que nous dénonçons comme responsable de la crise qui nous frappe, n'ont servi qu'à provoquer  des secousses politiques aggravantes, en donnant leur chance à des politiques démagogiques, égotistes et finalement parfaitement stupides. 

Les leçons de l'histoire ne sont jamais retenues.

En attendant les Français vont se venger aux prochaines élections départementales.

Nous avions dits que l'année 2015 serait constamment dans un aller et retour entre ressentiments et signaux optimistes.

Les attentats, l'élection de Syrisa et bientôt le triomphe électoral du FN , devenu premier parti de France,  marquent les effets du ressentiment.    

Les signes que le monde est entré dans les deux années de croissance accélérée de fin de cycle se multiplient. Mais la reprise est faible et  déséquilibrée dans le monde, encore plus faible dans la zone Euro et inexistante pour le moment  en France.  Le vent ne suffit pas à faire avancer le bateau, et encore moins dans la bonne direction. Il faut des voiles. On a cassé le mat et affalé les voiles en France. Le courant peut nous propulser et nous donner l'impression d'avancer, justifiant de  rien faire d'autres que des gestes électoralistes.

Le retour de bâton sera d'autant plus fort lorsque la crise décennale frappera, même si ce sera la variante "faible" qui s'annonce. Rappelons que la reprise qui a suivi 1968 a sombré dans la crise de 73-74 ; celle de la fin des années 80 dans les affres du programme commun, celle de la fin des années 80 dans la crise de 92-93, celle de la fin du siècle dans la crise de 2001-2002, celle des années 2005-2007 dans la crise en cours.  La dernière phase de reprise avait connu des taux de croissance ridicules en France.

Ce n'et pas parce que le cycle  a une phase haute qu'il ne faut pas réformer le système monétaire international, la gestion de la zone Euro et  la folie démagogique française.

Nous le disions en 1999, à ceux qui pensaient que le monde avait trouvé le chemin d'une croissance perpétuelle, que l'Euro était une promesse d'un avenir heureux et que la France jospinienne avait été dirigée par une "dream team".

Seize  ans après nous sommes obligés de le répéter à ceux qui pensent que l'organisation monétaire et financière  mondiale est juste parfaite, maintenant que la crise "d'exubérance" est surmontée,  que la BCE ,ne peut être l'organe de pilotage exclusif de la zone Euro, et qu'il suffit de rien faire en France pour que les problèmes se règlent par magie.

Décidément certaines leçons fondamentales  ne seront jamais tirées !

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Deux mots sur la dette française

L'INSEE vient de présenter dans ses Tableaux la dette françaises hors intitutions financières à fin 2013.

Notons d'abord le retard à fournir des chiffres cruciaux. 14 mois, c'est bien trop. Le chiffre devrait être connu et publié dans les deux mois, au pire d'un trimestre sur l'autre.

Notons ensuite que l'on oublie les dettes du secteur financier qui sont extrêmement difficiles à bien cerner et à consolideer avec la quote part de dettes de la BCE.

Au 4.500 milliards de dettes, hors secteur financier doit s'ajouter les dettes cumulées du secteur financier. Les quatre pincipales banques françaises ont une dette cumulées (non consolidée) de plus de 6 000 milliards. 

On en est déjà à plus de 10 000 milliards, sans compter la BCE et le reste du réseau des institutions financières françaises.

Ce qui veut dire que notre taux d'endettement global est  bien supérieur à 400% du PIB et croit encore.

Ce chiffre doit être rapproché de la production des entreprises de plus de 1 personne du secteur non financier qui était fin 2013 autour de 1.200 milliard d'euros.

Croire que la production privée française va permettre de rembourser les dettes encourrues par les agents économiques français et la banque centrale européennes est une triste fadaise.

Face à cette réalité, le gouvernement Valls présente la loi Macron, dont l'effet sur la croissance du secteur privé non financier doit être environ d'un dixième de pourcent de PIB. Il aurait aussi bien fait d'attaquer la dette avec un cure-dent.

Un jour, on s'étonnera....

 

 

 

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Réflexion sur le SMIC (suite)

Il manque généralement un élément dans la discussion sur le salaire minimum : l'existence ou non d'une population miséreuse. Ce qu'on oublie dans le riche Occident, c'est que les deux tiers de l'humanité vit avec moins de 150 Euros par mois, c'est-à-dire dans la situation qui prévalait en France au XIXème siècle et qui s'y est maintenue, dans bien des contrées, jusqu'au début des années 50. Pour avoir bien connu la campagne à moins de soixante kilomètres de Paris en même temps que les quartiers populaires comme l'était à l'époque la rue Mouffetard, je témoigne qu'une majorité de personnes n'avaient pratiquement rien à elles, sinon une valise en carton et quelques vêtements. Les ouvriers agricoles qui louaient leurs bras avaient une tenue du dimanche et couchaient dans les granges. L'alcoolisme était omniprésent. Dans les troisièmes cours de la rue Mouffetard, on vivotait, avec juste de quoi meubler un chambre, sans l'eau courante et sans sanitaire, et souvent sans électricité (la lampe à pétrole et le broc en fer blanc étaient des objets précieux).  Encore moins le gaz. Etre abonné au gaz était une distinction qu'on affichait sur sa carte de visite et les immeubles équipés portait fièrement l'inscription "gaz à tous les étages".

Existe-t-il un socle de pauvreté qui empêche toute croissance rapide ? Certainement !. La protection des femmes et des enfants pauvres et leur éducation gratuite ont été reconnues en Allemagne puis en France dès le milieu du XIXème siècle. On a ajouté le logement. Puis la garantie d'un certain niveau de salaire en cas de travail. Jamais le "marché du travail" n'a été un pur marché. Les salaires n'ont jamais suivi, même au dix-neuvième siècle, les fluctuations de l'économie dont les dépressions atteignaient souvent 30% à 40% de baisse du PIB . Personne ne licenciait pour réembaucher moins cher, lorsqu'on avait les moyens de l'embauche. On préférait déjà licencier pour se retrouver au niveau de la demande, mais sans toucher réellement aux salaires. D'où la question de la misère. Les paysans qui avaient quitté la terre pour l'industrie n'avaient pas de capital et souvent aucun autre logement que celui de l'employeur (satané paternaliste !). En moyenne la croissance était de 1% par an. C'était donc très difficile d'organiser un filet de protection. Les deux guerres et la crise de 29 n'ont pas permis de progresser beaucoup sinon dans les mots.  

C'est la forte croissance d'après guerre qui a permis de garantir d'abord "le minimum vital" aux femmes et aux enfants, étant entendu que des conventions collectives devaient permettre de garantir un salaire de base en croissance au bas de l'échelle mais compatible avec la compétitivité.

Les minima sociaux prennent leur intérêt au moment du décollage des économies. Le fordisme correspond exactement à la même idée. A partir du moment où on se détache des minima de subsistance, il faut que les masses participent pour que la croissance s'accélèrent. Que cela passe par l'Etat, le paternalisme bien compris et la charité, ou tout autre moyen, il n'y a pas de décollage sans instruction publique, soutien des familles (de la femme et des enfants) et croissance des très basses rémunérations avec effet de cliquet en cas de récession.

La Borsa Familia brésilienne est typique de cette approche : on donne une allocation conditionnelle à des mères de famille (pas au père qui est prié d'aller bosser), la condition étant de mettre ses enfants à l'école et de faire attention à la santé de tous  (et de ne pas tremper dans les trafics). L'Inde et la Chine arrivent à la période où la massification des marchés intérieurs exigent la mise en place de mécanismes de ce genre. Une des erreurs les plus graves du FMI en Afrique est d'avoir exigé de supprimer la gratuité de l'enseignement public de base et des soins dans certains pays en difficulté. Il est vrai que ces pays avaient calqué leur système sur celui de l'ex colonisateur sans en avoir encore les moyens.

Minima sociaux et gratuités publiques sont indispensables à l'accompagnement du décollage économique.

Maintenant regardons les faits en face. La borsa familia, c'est moins de 70 Euros par mois. La surveillance des soins se fait par des infirmières, pas par des médecins. L'enseignement primaire dans les campagnes au Brésil est très inégal. Les populations indiennes sont encore loin d'être couvertes. Le décollage se traduit par l'urbanisation. Sans aide et sans travail il est impossible de vivre honorablement dans les villes. Urbanisation et soutien social vont de pair.

Passons maintenant de l'autre côté du miroir. Si les instruments de lutte contre la pauvreté sont détournés pour devenir des instruments politiciens après le décollage, on aboutit à des absurdités. Les gratuités et les transferts sociaux  comptent actuellement en France pour environ 1/3 de la richesse produite (alors que la dépense publique représente 100% de la valeur ajoutée des entreprises non financière de plus de une personne). Lorsqu'on compare le SMIG envisagé en Suisse et celui de la France, ils ne sont pas tellement éloignés si on rajoute la salaire net, le salaire différé, les prestations assurées et les gratuités.

On ne peut pas comparer la borsa familia  de 67 Euros avec une garantie familiale d'environ 3.000 Euros (quand on compte tout). Il n'y a pas seulement changement d'échelle mais aussi de nature.

La sortie de la misère est favorable à la croissance. Des taux de prélèvements qui représentent pratiquement 100% du PIB marchand  ne le sont pas.

On ne peut donc pas raisonner sans tenir compte du niveau de développement.

Il faut dénoncer en France l'extension déraisonnable de l'emploi public ou quasi public (associatif subventionné et sociétés à statuts), la hausse déraisonnable du champ des gratuités, le détournement du politique par des "cadeaux au peuple" qui sont empoisonnés et se retournent contre le peuple, la hausse déraisonnable des impositions qui aboutissent à arrêter l'investissement et l'emploi.

Il faut encourager le décollage des économies où la misère est encore largement présente, par le soutien familial, l'éducation primaire généralisée et une garantie de salaires pour les postes les plus bas, alors que l'urbanisation s'accélère.

Le système qui consiste à massivement investir dans les pays en développement en transférant les machines et la totalité des productions vers des marchés aux ressources humaines très pauvres et inépuisables, au lieu d'un développement maîtrisé et "homothétique", fait exploser les systèmes sociaux avancés sans les recréer ailleurs. Tout devient déséquilibré, aussi bien dans les pays qui subissent l'avalanche d'investissement et se retrouvent avec des réserves inutilisables, et dans les pays développés qui perdent d'autant plus pied qu'on essaie de rétablir par des transferts publics ce qui aurait du venir de l'économie.

La mondialisation aurait du se faire par le rattrapage économique progressif des pays anciennement socialistes et non par le transfert massif des capitaux et des productions vers les pays dictatoriaux ou par le gonflement d'une rente pétrolière obscène par bien des côtés .

En l'état, la France a été beaucoup trop loin dans le gonflement politique des "cadeaux au peuple" avec des résultats catastrophiques pour tout le monde. Il est donc légitime de s'interroger sur une meilleure gouvernance sociale. Ce n'est pas la même chose de manquer de tout et d'avoir des fins de mois difficiles, bien nourri, bien soigné, logé, souvent  bien, bien éduqué, avec une voiture, la télé et le téléphone portable. Bien sûr il existe un quart monde qui est très difficile à résorber, soit que l'immigration illégale empêche le fonctionnement normal des garanties sociales ou les faussent, soit que des problèmes psychologiques ou sociologiques lourds entrent en jeu. Mais ceux qui sont au contact de ces difficultés savent que ce ne sont pas la hausse du SMIC ou l'extension de la gratuité hors de toute limite qui permettront d'y faire face.

A la grande surprise des ignorants, la croissance mondiale et la lutte contre la pauvreté ont comme première condition une organisation économique et financière mondiale équilibrée. Le social passe par la stabilisation des changes et la maîtrise des mouvements de capitaux, l'équilibre des balances commerciales, la sortie de l'économie "baudruche" et un certain degré de contrôle des flux migratoires. Et en aucun cas par la démagogie politique dans les pays riches.

Les "capitalistes sauvages" et les "socialistes en peau de lapin" adorent le système actuel qui permet, aux uns, des plus-values nominales purement financières qui les comblent et aux autres, une usurpation politique commode qui leur permet de s'assurer des places, de l'argent et des honneurs.

Lorsqu'on regarde les réalités du moment on constate qu'une première étape du rattrapage des pays très peuplés qui stagnaient dans des organisations marxistes ou quasi marxistes a été réalisée. L'erreur aura été de croire du côté des socialistes qu'on pouvait continuer à perfectionner  les transferts sociaux  et l'encadrement des dominants au sein des pays développés en même temps que se produisait ce rattrapage. Du côté du capitalisme à l'anglo-saxonne, l'erreur aura été de penser que la mondialisation justifiait un débordement de dettes et de créations monétaires, avec transfert total de certaines productions vers les pays  émergents. Ces deux postures ont aggravé tous les déséquilibres, ralentit le trend, rendu les crises périodiques progressivement plus dures et finit par faire exploser la sphère financière.

On voit bien, avec le recul, qu'il aurait fallut faire l'inverse.  Assurer le décollage et un début d'organisation sociale solidaire dans les pays émergents et freiner l'étouffement fiscal et social dans les pays développés, tout en interdisant les grands déficits et les grands excédents.

L'énormité du réservoir de main d'œuvre chinois et des nouveaux marchés à ouvrir dans ce pays a créé des tentations qui ont tout déstabilisé. Il eût mieux valu que la Chine connaisse une croissance moins rapide sans accumulation d 'excédents gigantesques, avec organisation en interne des schémas sociaux qui permettent le transfert des campagnes vers les villes de la plus grande partie de la paysannerie et une croissance interne régulière, en éliminant les poches de très grandes pauvreté.

Les pays développés y auraient gagné une moindre pression sur les salaires et les marchés de l'emploi.

Tout ceci n'était possible que dans le cadre d'un système monétaire organisé, basé sur des changes concertés et l'interdiction des grands déséquilibres de balances commerciales et des capitaux. On aurait une hausse du trend global, au lieu de la diminution progressive constatée, une moindre perte d'emplois dans les pays développés, une réduction de l'importance des crises  périodiques de crédit.

Il n'y a pas d'autres priorités aujourd'hui que de recréer ce cadre, sachant que les mesures sociales de support du revenu, de santé, de formation minimale,  doivent d'abord être mises en œuvre dans les pays en voie de développement, dont elles sont une des conditions de l'éradication de la misère, et que les pays développés doivent d'abord assurer le plein emploi,  sachant que le revenu moyen atteint exclut la grande pauvreté si on a du travail, en dépit des nouvelles réalités autour des "travailleurs pauvres".  

L'Allemagne a compris qu'il fallait à la fois le plan Schroeders et la résorption des poches de misères issues de la RDA, avec éventuellement un SMIG définit par les Länders pour aider à la manœuvre.

L'erreur de la France est d'avoir fait le choix de la fonction publique et de la dépense publique, avec mise en place d'un corset fiscal et réglementaire débilitant, en détournant les mécanismes sociaux de leur fonction pour leur faire jouer un rôle électoral. Elle a récolté un chômage structurel gigantesque, l'étouffement des relations économiques et sociales, la fin de l'investissement.

Le rattrapage des pays pauvres, moral et nécessaire, supposait une stratégie de la part des pays riches. En France et en Europe, elle n'a jamais été élaborée. Les instances internationales, du FMI à l'ONU en passant par la BIRD, ont cru que les pays en voie de développement étaient un thème de charité publique. On a vu se multiplier les "Mère Thérésa", enchaînées aux multiples ONG qui vivent en symbiose avec les organismes multilatéraux.

L'ouverture organisée des frontières et le retour des pays communistes dans le giron du développement capitaliste exigeait une attitude fort différente. C'est la croissance interne avec  les organisations sociales internes correspondantes qui assurent le décollage, les investissements industriels (et non financiers) des pays qui peuvent épargner assurant le financement initial et l'apport de savoir faire.  La charité des organismes internationaux n'est pas nécessaire. Elle n'a d'ailleurs jamais prouvé son efficacité. En retour le déplacement des investissements vers les pays émergents supposaient une croissance temporairement moins rapide  dans les pays développés. Il fallait surtout ne rien alourdir pendant cette phase de transition. 

La France n'a pas eu de stratégie. Elle a fait exactement le contraire de ce qu'il fallait faire.

L'Europe des fédéralistes a proposé une politique de type "puceau mystique" qui n'était absolument pas à l'échelle des enjeux. Il y avait mieux à faire qu'à créer Schengen et l'Euro,  et il fallait une stratégie précise pour intégrer les pays de l'Est abîmés par 50 ans de "socialisme réalisé".

La place de Londres et Wall Street ont cru que le débridement de la finance mondiale et une création monétaire extravagante leur permettrait de gagner beaucoup d'argent à bon compte. Ils ont créé une économie baudruche qui ne se remet pas d'être percée de partout.      

L'absence de vision stratégique et d'organisation adaptée, a conduit au grand n'importe quoi.

Les organisations mondiales ne s'occupent plus que de préoccupations émotionnelles ; l'Europe s'est dissoute dans le néant des états minuscules triomphants mais sans levier d'action ; Les Etats-Unis, la Chine , le Japon, la Russie  et l'Allemagne réunifiée sont dans une perspective désormais purement nationaliste.

La France est sortie de l'histoire par le portillon des cloportes.

Le grand reproche  que l'on peut faire  aux deux derniers Présidents français est de s'être satisfaits de l'effondrement du pays, et à l'intelligentsia de s'être épuisée dans des querelles gauche-droite totalement à côté de la plaque. La responsabilité de la gauche socialiste est d'avoir constamment vécu les yeux dans le rétroviseur, cherchant à prendre des revanches sur les batailles perdues du XIXème siècle avant de penser aux caractéristiques du XXIème. La responsabilité de la droite est d'avoir été constamment en état de réaction contre la gauche sans jamais proposer une perspective stratégique claire et de n'avoir jamais proposé sa vision du monde et les moyens pour la France de tirer son épingle du jeu.

Le drame de Hollande est d'être arrivé au pouvoir sans avoir la moindre idée de ce qu'il fallait faire. Il n'avait qu'un canevas politicien en vue de se gagner les élections et de pouvoir se représenter à la prochaine. Cette préoccupation n'a aucun intérêt pour les Français. N'ayant aucun vision sur rien et fuyant jusqu'à l'idée d'en proposer une (on s'expose en exposant), il a fait une campagne de cadeaux au peuple et d'injures de l'adversaire. Il a complètement raté son quinquennat. Il en est aujourd'hui à chercher une majorité ! Il est paralysé par sa propre impéritie et la défection de ses troupes pour la seconde partie de quinquennat.  

Le drame de Sarkozy est identique. On ne lui demande pas une stratégie électorale pour 2017.  Le pays veut savoir ce qu'il faut faire pour sortir de l'ornière. Il a bloqué tout débat sur son quinquennat raté pendant trois ans. Il n'a toujours pas présenté ne serait-ce qu'une seule idée stratégique pour l'avenir. Il semble s'en être rendu compte puisque, ce matin, sur une radio, il a annoncé que la création d'un programme de sortie de crise était sa "seule" préoccupation, sa candidature aux présidentielles n'étant envisageables que s'il était le mieux placé pour gagner, ce qui n'était pas encore acquis.  

Le drame de la vie intellectuelle française telle qu'on la perçoit par ses organes dominants d'édition et de presse est qu'elle ne contribue en rien à l'éclairage des enjeux stratégiques. Les clivages idéologiques sont tellement sclérosés que l'oxygène ne circule plus dans les neurones de la "Grande Nation", au moment où on en aurait le plus besoin. 

Le débat sur le SMIC aura été une des nombreuses preuves de cette sclérose.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Le rapport sur la dette du cabinet McKinsey

Deux mots à Jean-Christophe Mieszala, patron de McKinsey France.

Le cabinet McKinsey est avec la Deutsche Bank un des rares organismes qui ont cherché à cerner la dette mondiale et son évolution.

Malheureusement dans un cas comme dans l'autre on ne sait rien de la méthodologie employée et les chiffres doivent être pris tels qu'ils sont avancés sans être trop sûr qu'ils correspondent à une réalité parfaitement analysable.

Une occasion de plus de dénoncer l'incurie des organismes officiels qui produisent des visions partielles et souvent contradictoires des dettes. On sait que la notion de dette est compliquée, que les définitions diffèrent d'un organisme à l'autre, que les risques de cumuls de données qui devraient se consolider sont nombreux. Il est dans l'ordre des choses que le concept de dette globale soit unifié officiellement  à travers le monde, que la collecte des chiffres constituants soit organisée sur des bases comparables et rapides, et que ces chiffres clignotent sur le fronton de tous les édifices publics concernés par la dette.

La seule dette à peu près définie est celle contractée par les Etats. Elle seule attire l'attention des médias. Ils font avec ce qu'on leur donne !

Merci donc à ces organismes privés de faire l'effort statistique minimal, bien que de qualité incertaine.

Que nous dit le rapport de McKinsey.

«Il était largement attendu que les économies, à l'échelle mondiale, se désendettent. Cela ne s'est pas produit. Au contraire, la dette a continué d'augmenter presque partout, en valeur absolue, et en valeur relative au PIB».

Selon nos propres analyses, la crise de 2007-21xx est d'abord une crise de la dette, qui a dépassé presque partout 400% du PIB, chiffre dont nous avons démontré qu'il était intenable sans énormes cahots financiers. Sur cette masse de dettes dé-corrélées de la production, une perte de 12.000 milliards de dollars environ est apparue. Pour la colmater, on a choisi de créer de la dette nouvelle.

Le rapport McKinsey conforte nos analyses en chiffrant l'accroissement de la dette globale à 57 mille milliards de dollars, soit à peu près cinq fois la perte encourue, et un surcroit équivalent à 17% de PIB.

La structure de cette dette a changé.

L'endettement des ménages n'a crû «que» de 2,8 % par an, à un rythme beaucoup plus raisonnable que les 8,5% d'avant la crise.

Le rythme d'accroissement annuel des dettes du secteur financier est passé de 9.4% à  2,9 %.

Celui des entreprises a en revanche progressé, atteignant 5.9%, l'effet de levier entre taux d'intérêt et taux de profit constituant une aubaine remarquable. L'opération récente de Microsoft est significative : la société a lancé une souscription d'obligations massive alors que la société regorge de trésorerie, permettant le rachat d'actions pour obtenir un ratio bénéfice par action plus avantageux. La dette ne sert toujours pas à mieux se corréler avec l'investissement mais à créer et distribuer des plus-values financières. Nous avions déjà analyser exactement la même opération faite en 2009, donc il y a près de 6 ans ! Plus cela change , plus c'est la même chose.

(voir : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/5/12/Que-penser-de-lemprunt-obligataire-de-Microsoft-)

Si on ne fait aucune réforme, on ne change aucun comportement.

L'endettement des Etats, lui, a augmenté sans limite. «En fait la dette publique a explosé depuis 2007, au rythme d'une croissance de 9,3 % par an, contre 5,8 % avant la crise»,

Les Etats comptent pour 25 mille milliards dans l'augmentation de 57 mille milliards de dollars.

Le rapport fait une analyse géographique de ce chiffre qui montre des poussées de dettes notamment en Asie, mais surtout signale des pays développés qui sont en risque de ne plus contrôler la hausse cumulative de leur dette : l'Espagne, le Japon, le Portugal, la France, l'Italie et le Royaume-Uni.

En France, souligne le rapport,  "Il faudrait, d'ici à 2019, réaliser un effort d'austérité budgétaire de 2,5 % de points de PIB, ou parvenir à engranger une croissance annuelle de… 4 %". Ce qui est jugé impossible, compte tenu que deux des leviers habituels (inflation et dévaluation) ne sont plus disponibles et que trop de pays doivent se désendetter en même temps".

En un mot, c'est l'impasse, comme la crise Grecque le démontre tous les jours.

Le rapport est incapable d'élaborer des plans de sortie de crise, parce que, s'il fait des constats, il n'en analyse pas les causes.

Il ne sait pas pourquoi les rythmes de croissance des dettes privées (ménages entreprises et institutions financières) augmentaient à des rythmes aussi décalés de la croissance du PIB avant 2007 (le rapport fait la césure en 2008 mais la crise commence en 2007 avec la blocage du marché interbancaire).

Cette absence totale de diagnostic est ravageuse. La conclusion est une divagation sur les éventuelles manipulations et jeux d'écritures magiques qui permettraient de gommer les dettes ou les rendre inactives. Ces martingales n'existent pas.

La vérité est beaucoup plus simple : il faut sinon stabiliser la dette du moins faire en sorte que l'ensemble des acteurs ne fassent pas grimper la dette de plus de 2 à 3%, avec un taux d'inflation globale de 2 à 3%. Il faut donc que les entreprises recommencent à investir et stoppent leurs manipulations purement financières et que les Etats cessent d'accroitre  le rythme de croissance de leur dette pour revenir également à des taux inférieur à 3%.

Il faut dégonfler doucement l'économie baudruche et non pas souffler du vent dans le ballon crevé comme le font les banques centrales.

Le premier acte est de mettre fin à la machine infernale qu'est le système actuel de changes flottants et de revenir à un horizon monétaire stable et concerté à travers le monde, avec interdiction des excédents et des déficits majeurs. Il faut que les systèmes locaux dysfonctionnels soient réparés. C'est le cas de la zone Euro gérée uniquement avec des critères juridiques sans instances de pilotage. C'est aussi le cas des Etats qui ont gonflé au-delà de toute limite leur taux de prélèvements et de dépenses publiques comme la France.   

Croire aux solutions magiques n'a pas de sens; Messieurs de McKinsey. Le chemin à prendre est celui emprunté en 1944 après les accords de Bretton Woods : créer les institutions et les méthodes permettant une forte croissance et un peu d'inflation pour éliminer un stock de dettes qui dépassait aussi à cette époque 400% du PIB.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Réflexion sur le SMIC

Le SMIG a 65 ans. Cette règle sociale fait encore discussion.

Les partisans du socialisme en font une conquête sociale marquante qu’il s’agit de conserver, perfectionner et étendre, parce qu’elle évite que le loup libre mange les poules libres dans le poulailler libre et qu’il y a quelque décence à ne pas faire travailler un citoyen à un salaire de misère.

Les économistes partisans des thèses libérales soulignent que le marché à un prix d’équilibre qui permet d’employer le plus possible de facteurs de production. Le travail est un facteur de production comme les autres. Forcer un prix au-dessus de la valeur d’équilibre du marché ne provoque que du chômage.

Nous reconnaissons un de ces faux-débats dont les Français sont friands. Tout est évidemment controuvé dans cette manière de voir les choses.

D’abord tout ce qui concerne le SMIGa été mis en place par la droite. C’est une loi Pleven qui créé le SMIG. Ce sera la droite qui unifiera les différents SMIG en 68 et qui créera le  SMIC (on passe d’une indexation sur les prix à une indexation sur la croissance). C’est encore la droite qui initiera la politique des « coups de pouce » au SMIC.

Le Parti Communiste, sous la direction directe des soviétiques,  mènera une lutte acharnée contre « cette ruse du capitalisme honni», la SFIO multipliant les réserves.

Il est vrai que Pleven a présenté cette mesure comme un moyen de lutter contre le communisme. Ce qui fait écrire aux communistes que sans leur pression, la mesure n’aurait pas été prise …

En vérité le SMIG avait une double fonction :

-          Sortir des blocages de la guerre qui ont perduré bien après la défaite de l’Allemagne. Salaires eet prix étaient administrés.

-          Eviter que l’inflation ne ruine les bas salaires.

Le salaire minimum inter-professionnel  était fixé bas, parce qu’il appartenait aux acteurs sociaux de définir des minima par branche. Les conventions collectives proposaient obligatoirement des minima qui étaient différents d’un secteur à l’autre.

Les SMIG étaient régionaux (une vingtaine de zones)  parce que le coût de la vie n’était pas les mêmes partout et parce que les niveaux de salaires historiques étaient trop divergents d’une région à l’autre.  « Placer le SMIG en Lozère au niveau de celui de Paris  n’avait pas de sens », selon l’expression de l’époque, «  et serait désastreux pour la Lozère dans le cadre de la politique de décentralisation ». C’était l’époque où le livre ridicule d’un certain Gravier (Paris et le désert Français) était à la mode. Bientôt le Plan deviendra une « ardente obligation ».

Sagement, on avait créé un salaire minimum agricole plus bas que le SMIG général.

Une fois le « miracle français » réalisé et les « glorieuses » bien mûres, l’idée générale dans les sphères politiques et administratives étaient de « faire dépérir le SMIG ». Comme il n’était pas indexé sur la croissance mais seulement sur les prix, son importance relative par rapport aux minima de branche qui eux étaient révisés par la négociation chaque année s’accusait de plus en plus.

Preuve qu’un système de salaires  minimum n’est pas en soi contraire au plein emploi si on le gère intelligemment.

Certains se demandaient même s’il ne fallait pas abroger les différents SMIG qui ne servaient pratiquement plus à rien sauf dans des cas très marginaux, du fait du quasi plein emploi. Le SMIG servait essentiellement à condamner les employeurs au noir un peu comme la législation sur la taille minimum des pièces à louer sert à coincer  les « marchands de sommeil ». Avec à peu près les mêmes résultats.

Mai 1968 est arrivé, et « l’énarchie compassionnelle » a considéré que la paix sociale exigeait que l’on remette sur le métier un instrument d’affichage social de portée national permettant au complexe politico-administratif de montrer sa belle âme et continuer de régner comme avant.

On a donc commencé par supprimer les 20 zones de SMIG, sans grand dommage, puisque les minima par branche étaient tous supérieurs au plus haut des SMIG. L’ennui, c’est que l’instrument devenait national et permettait au politique d’agir facilement et globalement sans avoir à mener des discussions locales.

C’est donc Chaban-Delmas (assisté de Delors), qui va remettre en selle une institution sans danger et utile marginalement pour éviter des abus, dans le cadre de la  « nouvelle société ».

On quitte alors le concept de « minimum vital » pour celui de petits salaires devant participer  à la croissance générale. On est en pleine réflexion au Club Jean Moulin sur la politique des revenus. Les énarques commencent à croire que leur devoir est de régler la répartition des revenus créés par l’entreprise, qu’ils entendent également « réformer » (Le livre de Bloch Lainé, « Pour une Réforme de l’Entreprise »,  est aujourd’hui illisible sauf pour son comique involontaire).  

On est à la fin des « trente glorieuses » mais on ne le sait pas. La crise du syndicalisme est manifeste en France où la négociation ne fonctionne pas ou très mal. La  CGT refuse toute « collaboration » avec le capitalisme honni et tient les autres organisations syndicales sous sa pression.

Il est intéressant de noter que le passage au SMIC ne soulève pratiquement aucune objection dans les milieux patronaux. Il s’agit d’être « moderne » et de ne pas « injurier le futur ». La paix sociale d’abord.

L’histoire ultérieure du SMIC  sera celui d’une catastrophe politique et économique. Une véritable leçon de chose de démagogie à effets pervers.

Disposant d’un instrument national à fort affichage politique (« le salarié pauvre » va faire son apparition dans le vocabulaire politique, au même titre que le chômeur comme objet de cadeau au peuple), les politiques vont commencer une saga qui, avec le recul, prend l’allure d’un délire.

D’abord, on va « charger » le SMIC. Progressivement les charges vont représenter plus que le net. Au sommet de l’évolution, quand une entreprise payait net 100 F au salarié, les prélèvements complémentaires étaient à 120-130.

Ensuite on va vicier le mécanisme de croissance du SMIC en le faisant croitre plus vite que le PIB. Cette démagogie va commencer avec Giscard d’Estaing et s’amplifier sous Mitterrand, et grimper sous Chirac jusqu’à un pic délirant sous Jospin.

Seulement voilà : les trente glorieuses sont mortes en 1971 avec le changement de système monétaire international.  Dix années de « Stagflation », mise sur le dos du pétrole, et le programme Commun de la gauche, ont mis l’économie française par terre. Elle ne va plus se remettre.

Le résultat est radical :

Le SMIC dépasse puis laisse sur place  tous les minima prévus dans les conventions collectives qui du coup laissent les partenaires sociaux sans « grain à moudre ». La négociation sociale perd tout contenu.

La hiérarchie des salaires s’écrase au point que l’essentiel des salariés est payé au SMIC.

Sous le double effet du chargement du SMIC et de la hausse de son taux, le chômage devient massif. On passe de quelques centaines de milliers à quelques millions.

Le SMIC aura été l’instrument privilégié de la préférence pour le chômage. Jospin complètera le dispositif avec les trente-cinq heures et le blocage administratif de la vie sociale dans l’entreprise.

On construit cette horreur au moment même où Delors et les Enarques de gauche considèrent qu’il faut faire entrer l’économie française dans une concurrence mondiale totale.

La contradiction entre des coûts d’emploi aggravés et une concurrence terrible des pays à bas salaires,  est évidente, avant même les mesures Schroeders qui, elles, dopent la concurrence d’un pays exportateur du fait de la puissance de son industrie.  La compétitivité des activités de main d’œuvre française s’effondre.

En 2000, le « manque à gagner » dans les effectifs salariés privés atteint près de 10.000.000 d’emplois, en dépit de la très forte hausse mondiale de l’emploi des années 97-99.  Le chiffre est facile à calculer : il suffit de faire le ratio entre population totale et population salarié dans les 5 pays du monde les plus efficaces et de l’appliquer à la France. Pour 62 millions d’habitants on devrait avoir entre 25 et 28 millions de salariés. On en a entre 15 et 18 selon les chiffrages. 

Face au désastre, on commence à revenir en arrière avec des mesures de plus en plus imbéciles.

On détaxe les bas salaires pour leur rendre un minimum de cohérence avec les valeurs du marché. Mais les charges globales elles ne baissent pas : le massacre fiscal des entreprenants peut commencer ; on tuera l’investissement après avoir tué l’emploi salarié. 

On détaxe les heures supplémentaires, jolie démagogie Sarkozienne car il faut répondre à la question du consumérisme électoral :

-          « Qu’allez-vous faire pour le  (mon) pouvoir d’achat ? »

Mais qui paie cette libéralité ?

On détaxe les emplois familiaux. Même questions : qui paie ?

Qui paie, sachant que, déjà, il faut payer pour financer les trente-cinq heures ?

La France s’enfonce dans le chômage de masse, l’hyperfiscalisation, les artifices politiciens démagogiques, le sous-investissement, les déficits commerciaux.

Avec l’énarque Hollande, on passe à la dimension supérieure : l’asphyxie totale du pays.

La France passe au 7ème rang des pays pour le PIB. Elle s’enfonce dans la dette (près de 100% du PIB)  et le chômage (plus de 5 millions). L’hystérie fiscale bloque tous les marchés : le bâtiment s’effondre, l’immobilier suit, l’investissement industriel est ridicule, les entrepreneurs fuient.

La totale.

Devant un désastre devenu indécent, un nouveau changement à 180% se produit. Voilà Macron, en majesté, une réforme microscopique et un « pacte » qui redonne en partie ce qui avait été pris mais sans toucher aux vaches sacrées : SMIC en folie ; blocage social ; hyper-fiscalité aggravée etc.

Que conclure ?

Un salaire minimum n’est pas une catastrophe si on respecte quelques conditions :

-          Pas de gestion politique nationale

-          Codécision patronat syndicat par branche

-          Garantie de pouvoir d’achat (smig et pas smic) et valeur nettement supérieure aux garanties chômage minimales et aux minima sociaux.

-          Nombreuses dérogations pour aider les populations fragiles à trouver de l’emploi.

-          Filet de sécurité, certes, mais  par zones géographiques en fonction du niveau des prix locaux.  Paris n’est toujours pas la Lozère.

-          Revalorisation négociée et tenant compte du cycle et du nombre de chômeurs. 

-          Révision de la notion de charges sociales pour un concept de salaire différé, avec baisse du salaire différé par rapport au disponible.

Le drame actuel c’est qu’on considère les salaires minima comme des variables globales d’ajustement international. On dit : l’Allemagne doit créer des salaires minima pour diminuer ses excédents. On demande à la Grèce de diminuer les salaires minima pour faire face à ses dettes.  

Le SMIC devient un instrument global d’ajustement macroéconomique.

Alors qu’il doit être une valeur de contrôle des abus salariaux éventuels et géré dans la microéconomie au plus près des branches d’activité et des réalités régionales.

Tous ceux qui ont cru qu’ils pouvaient jouer au Monopoly avec les grandeurs essentielles de l’économie, soit par idéologie, soit par démagogie,  soit même par l’effet de bons sentiments, n’ont commis que des catastrophes. L’effet pervers est quasiment automatique. Le progrès social passe par une politique macroéconomique qui favorise et une micro-économie qui enrichit.

On peut constater que les cadres macroéconomiques qui ont été mis en place depuis 1971 aussi bien dans l’organisation mondiale, qu’européenne et française sont dépressifs et que la micro-économie a été mise sous tutelle au point de l’étouffer, ou sous des tensions telles qu’elle a fini par craquer.  

Un chiffre à connaître...et à méditer

Les exportations de l’Allemagne en 2014 s'élèvent à  1134 milliards : à peu près le montant de la production française des entreprises de plus de une personne du secteur non financier.

L’Allemagne exporte la même valeur que ce que la France produit et que l'Etat français dépense.

Comment réformer les systèmes monétaires dysfonctionnels ?

L'organisation monétaire internationale est viciée. Le chaos monétaire en cours qui voit les monnaies ou plonger ou s'apprécier dans des proportions massives (plus de 20% dans un sens ou dans l'autre, ce qui ne peut pas correspondre à des réalités économiques fondamentales), comme les cours de matières premières, avec des effets collatéraux parfois sinistres, comme la ruine renouvelée de collectivités territoriales françaises ayant souscrit des emprunts à clause de cours de change, les difficultés de l'industrie suisse soumis à une perte de termes de l'échange catastrophique qui entraînera une récession, ou la ruine de pays entier comme la Russie et le Venezuela, qui y avaient mis du leur, il faut bien le dire.

Le système monétaire est faussé de façon très différente selon les zones, parfois même de façon paradoxale , ce qui ne facilite pas la compréhension et la recherche de solution.  

1- Globalement le système des changes flottants, sans coopération autre que des bonnes paroles échangées lors de conférences le plus souvent stériles, avec liberté totale des flux de capitaux entre les principaux Etats, aboutit à des désordres financiers gravissimes. La manifestation principale de la malfaisance de ce système tient au gonflement permanent depuis son instauration en 1971 du ratio Dettes globales sur PIB, qui a dépassé allégrement les 400% pratiquement dans tous les pays développés, un taux intenable qui transforme le monde en économie baudruche. Nous avons mille fois expliqué ici les mécanismes qui lient le gonflement de la dette globale aux déficits/excédents monstrueux et cumulatifs de balances de paiement. Nous avons également décrit les conséquences directes du gonflement constant du taux de dettes sur le trend et sur la sévérité des crises périodiques.

2 - L'unification monétaire d'une zone plurinationale, sans organisation ad-hoc, et en se contentant du respect préalable de taux de déficits budgétaires et d'endettement public, devenus des normes plus ou moins strictes en droit, plus ou moins respectées dans les faits, montre des faiblesses importantes :

- Aucune convergence économique spontanée et durable ne s'est produite. Les facteurs constitutifs d'une valeur réaliste de taux de change ne peuvent se résumer aux taux de déficit et d'endettement publics. La contradiction majeure entre le plan Jospin et le plan Schroeder a provoqué par exemple une déséquilibre effarant dans les relations économiques franco-allemandes. S'il n'y a plus de change explicite entre deux zones divergentes, le rééquilibrage ne peut plus se faire que par la récession plus ou moins contrôlée de la plus faible ou la relance concertée dans la plus forte qui perd alors son avantage vis-à-vis de zones extérieures.

- L'insertion d'une zone monétaire unifiée mais sans organe de gestion commune du change, autre qu'une Banque Centrale dont les statuts précisent bien que ce n'est pas la mission, dans une zone de changes flottants, avec liberté totale des mouvements de capitaux, multiplie les difficultés. L'explosion de l'empilage mondial de dettes finançant exclusivement des spéculations sur des hausses nominales de valeur de "classes d'actifs" a provoqué un stress violent partout mais particulièrement dans la zone Euro soumis soudain à un risque de dislocation. N'ayant plus aucun instrument entre leurs mains, et devant le risque de disparition de l'Euro et ses conséquences imprévisibles, les responsables n'ont pris que des mesures d'urgence visant à sauver l'Euro et éviter une panique générale, au prix d'une forte récession dans de nombreux pays et d'une stagnation de longue durée pour les autres.

Pratiquement huit ans après le début de l'effondrement de l'empilage de dettes, nous en sommes toujours au même point. Aucune réforme n'a été faite du système monétaire international ni de la gestion de la zone Euro. L'économie spéculative est toujours en place au niveau mondial avec son cortège de bulles explosives. La récession est toujours le seul moyen d'ajustement dans la zone Euro.

Donc on en sort pas.

Le diagnostic fait, est-il si difficile de proposer une voie de sortie ?

Trois possibilités s'offrent aux dirigeants du monde.

1 - La première est le statu quo. On sait que les deux organisations mondiale et européenne sont viciées et incompatibles, mais on passe outre quelles que soient les conséquences. Pourquoi choisir cette passivité ? Essentiellement parce que personne n'aime se déjuger. Après avoir justifié pendant quarante ans un système, en expliquant, à chaque crise, que c'était "la faute à Jules", il est délicat de lâcher le bréviaire. Certains pays pensent que le système est dans leur intérêt particulier (La Chine, le RU, les EU, pour les changes flottants), d'autres qu'il est dans leur intérêt commun supérieur (les tenants de la construction d'une Europe fédérale). Se déjuger et se retrouver confronté à la hargne des fédéralistes européens et des tenants de la finance internationale débridée (qui tiennent la presse et les Etats endettés), c'est plus que téméraire.  Donquichottesque ! On aboutit à une impasse qui est celle où se trouve l'économie mondiale et qui n'ouvre la voie qu'à la perpétuation de ce qu'on connait depuis quarante ans : une baisse continue du trend, des crises périodiques graves, un chômage massif, un endettement incontrôlable, des boursouflures spéculatives tous azimuts.  C'est le chemin qui a été pris. A tort !

2 - La seconde solution est de casser l'un ou l'autre des deux sous-systèmes viciés.

Variante 1 : On garde les changes flottants  et la liberté totale des mouvements de capitaux et on casse la zone Euro. On ne règle aucunement la cause principale de la crise globale. On espère qu'en recouvrant leur souveraineté monétaire et à coup de dévaluations, les économies européennes retrouveront leur équilibre et leur croissance. On rêve surtout que la transition ne sera pas en elle-même une source d'aggravation de la situation. Outre le coup d'arrêt radical porté au projet de construction européenne, qui laisse la primauté monétaire absolue au dollar et au Yuan, il faudra subir les coûts du désassemblage des monnaies. Il se comptera en centaine de milliards d'euros ! Aucun scénario n'a été avancé qui permette d'éviter une perte colossale de valeurs d'actifs, quelle qu'en soit la modalité.

Variante 2 : on garde la zone Euro, si possible en modifiant son mode de gestion, et on met fin aux changes flottants. On revient à l'idée de Bretton-Woods : les grands Etats s'arrangent pour tenir leurs balances de paiements et maintiennent le plus possible la valeur de change de leur monnaie. On ne réajuste que de façon concertée et par petites touches. Naturellement on corrige quelques erreurs structurelles de la solution de Bretton-Woods. Le FMI n'a plus de tuteur privilégié ; les monnaies ne sont pas définies par rapport à une monnaie nationale. En Europe, un poste de Chancelier de la zone Euro est mis en place avec pour rôle principal la gestion du taux de change définis dans le cadre du système de changes fixes mais ajustables et pour rôle interne de corriger ou empêcher les divergences excessives de politiques économiques, sociales et fiscales, tout en soldant le passé.   

Le résultat prévisible d'une telle action serait de sortir de l'économie spéculative, de relancer le commerce international sur des bases saines et d'éviter les politiques de récession en Europe. Il est possible d'envisager une hausse du trend de croissance, un réduction de l'intensité des crises périodiques et une réduction progressive du taux de dette globale, sans déflation calamiteuse.

- Solution 3 : on casse les deux systèmes viciés. On passe au système de changes fixes mais ajustables aussi bien dans le monde qu'en Europe.  Notons que la  variante 2 de la solution 2 est le passage obligé avant de pouvoir envisager cette solution 3. Si on a stabilisé le monde et la zone Euro dans le monde, il devient plus facile de reconfigurer la zone Euro en recréant des écluses monétaires là où elles s'avéreraient nécessaires.

Notre préférence va à la création immédiate d'un système de changes fixes et ajustables, nouvelle manière, avec conservation initiale de la zone Euro, dont on aurait réformé la gouvernance par la création d'un poste de chancelier de la zone Euro.  C'est la solution la moins coûteuse et la plus prometteuse. Elle est facile à mettre en œuvre techniquement. On ne voit pas très bien ses inconvénients. Personne, en tout cas, ne les a décrit.  Elle permet toute évolution ultérieure, y compris la reconfiguration de la zone euro avec sortie éventuelle de pays incapables de trouver leur bénéfice dans  un système de monnaie unique. On peut même envisager à terme, quand les rattrapages de niveau économique (il fallait bien remettre à niveau les économies autrefois socialistes) auront homogénéisé les économies, qu'on revienne à des libertés de mouvements de capitaux plus franches.

La difficulté est politique et concerne la réticence des Etats-Unis, qui voient son avantage à conserver au dollar le rôle de monnaie mondiale et du RU qui voit son bénéfice à faire "turbuler" les flux de capitaux artificiels générés par le système de changes flottants.

Seule l'Europe  est capable de faire bouger les lignes.

- D'abord en refusant tout traité de libre échange avant que le préalable monétaire ne soit levé.

L'existence d'un chancelier de la Zone Euro aurait une influence décisive. Il parlerait d'une voix autrement puissante que celle de M. Hollande ou de Mme Merkel. Le bloc européen détient une part de l'économie mondiale supérieure à celle des Etats-Unis et de la Chine. Contrairement à ce que quelques sots affirment, ni les Etats-Unis ni la Chine ne peuvent se passer de l'Europe.

- Ensuite en sortant mieux qu'elle ne le fait de la crise actuelle, grâce à une politique intelligente et non punitive qui ne peut pas se mettre en place sans coordinateur.

- Enfin en promouvant un diagnostic correct de la crise actuelle et en faisant valoir que les tares du système des changes flottants sont aussi le pire risque pour les Etats-Unis et l'économie mondiale, comme l'histoire des quarante dernières années le montre.

La France aurait pu avoir un rôle majeur dans ce processus qui aurait été digne de ce qu'elle fut naguère. Il aurait fallu qu'elle fasse des choix politiques un peu moins démagogiques et ne s'enfonce pas dans le n'importe quoi politicien de longue durée. Voir Monsieur Hollande tenter désespérément d'exister, après avoir multiplié les enfumages et les échecs, en se mettant à la remorque d'un certain Tsipras, est une source de dégoût et de honte pour ceux qui ont connu une France gouvernée et à son rang.

- L'effondrement moral de la France dans un politiquement correct asservissant et débilitant aidé par des médias soumis à la fois à la pression commerciale, aux effluves du communautarisme à l'américaine, et aux idéologues post socialistes curetonisés issu du maoïsme ou du communisme et soucieux de créer un "homme nouveau" par destruction (on dit "déconstruction", c'est plus doux) des bases "bourgeoises" de la société,  et qui véhiculent une idéologie totalement contraire et hostile à ce qui a fait la force historique du pays ;

- Sa déréliction politique qui voit des profiteurs à la petite semaine accaparer le pouvoir, son argent et ses plaisirs par la démagogie et la comm' ;

- Son effondrement économique provoqué par l'idéologie et la démagogie politique ;  

ne sont pas seulement un désastre national.

Ces trois tares empêchent l'Europe de fonctionner bien et de se réformer. L'Allemagne était prête à remettre en cause certains de ces dogmes pour permettre une relance institutionnelle et économique en Europe. Elle l'a fait partiellement. Il aurait fallu, pour aller plus loin, que la France se montre à la hauteur et ne s'enlise pas dans les déficits. Deux ans et demi de finasserie socialiste à la Hollande ont tout aggravé : le chômage (500.000 chômeurs de plus malgré près de 500.000 contrats aidés, avec hausse du rythme des sorties d'emplois entre 2013 et 2014), les déficits  et la dette publique, les faillites, la fuite des hommes et des capitaux. La politique  de la France, qui se met à la remorque de Tsipras et de Podemos, est une trahison pour l'Europe, que marquent bien la nomination d'un ministre des finances ayant échoué lamentablement (M. Moscovici) comme Commissaire Européen, le recyclage d'une nullité incapable de gérer même le PS, comme Ministre des relations européennes, et l'envoi d'une majorité lepéniste à l'Assemblée européenne.

L'effondrement Français empêche la réforme du système monétaire européen et rend impossible tout rôle utile de l'Europe dans la réforme du système monétaire international alors que la réforme ne peut être initiée que par l'Europe. Il est à noter que M. Hollande s'est précipité pour défendre l'idée du traité de libre échange entre l'Europe et les Etats-Unis (toujours lâcher devant plus fort que soi et ondoyer), alors qu'il aurait du en faire le pivot d'une action réformatrice du système monétaire international. Quand on est faible et nul, on ne peut que pratiquer la politique du chien crevé au fil de l'eau en expliquant que la force du courant est la preuve d'un dynamisme intact.

Il fallait une France forte, pour permettre une réforme européenne et mettre l'Europe en position de négocier la réforme du système monétaire international qui est indispensable.

On touche ici une des raisons pour lesquelles les idées exprimées ici, qui ont été validées par les faits pendant 8 ans de suite, sans aucune fausse note, ne peuvent pas déboucher facilement dans le débat national. Remettre en cause le système monétaire international non seulement vous met en première ligne contre certaines influences anglo-saxonnes (qui tiennent la finance et les medias)  mais vous force à critiquer le projet européen autrement directement que par l'approche souverainiste (qui ne fait peur à personne)  et la déréliction politique de la France. Cela fait beaucoup.

Mais c'est indispensable.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

 

Quand la BCE finit de manger son chapeau allemand

La BCE vient de prendre la décision de fournir près de 1.100 milliards d'Euros de liquidités aux banques.

Cette décision stimule des commentaires plus ou moins ridicules dans les medias, en même temps qu'elle est totalement incompréhensible pour le citoyen de base.

Quelques rappels sont nécessaires.

Au départ de la crise on trouve une élévation, globale depuis 1971, du taux d'endettement dans les pays développés, jusqu'à dépasser 400%, un taux intenable.

La cause de gonflement est à chercher dans le phénomène de double pyramide de crédits rendu possible par le système des changes flottants et l'abandon de l'interdiction d'accumuler excédents et déficits de balances de paiements, dans un cadre de liberté quasi-totale des mouvements de capitaux.   

Cette mécanique funeste a fait passer progressivement l'économie mondiale dans un mode baudruche. Les crises décennales ont été progressivement plus violentes et le trend s'est ralenti jusqu'à être très faible.

Surtout, la baudruche a commencé à percer en 2007, avec le blocage du marché interbancaire puis a explosé en septembre 2008, avec la grande faillite de Lehman-Brothers.

Une perte potentielle de 10 à 12 mille milliards de dollars a alors frappé le système financier, mettant tout le système bancaire en état de faillite virtuelle.

Si aucun mécanisme compensateur n'avait été mis en place, la dépression aurait nécessairement suivi avec la perte de toute l'épargne financière mondiale et la faillite de la totalité des banques.

On sait que le G.20 a refusé de faire un vrai diagnostic de la crise, préférant l'imputer à des guignoleries (avidité soudaine des traders, mauvaises pratiques des agences de notations, règles comptables frelatées etc.).

Il aurait fallu revenir immédiatement (et si possible dès l'été 2007) à un système de changes fixes et coordonnés, et condamner radicalement tous déficits ou excédents excessifs. Et réformer  le système bancaire en isolant les banques de paiements, les banques de crédits, les banques d'affaires et les institutions de gestion de l'épargne. A cette occasion, il aurait fallu mettre sous tutelle voire nationaliser les banques les plus engagées dans des spéculations absurdes, en changeant les équipes dirigeantes.

On ne l'a pas fait, préférant mettre à la charge des contribuables, donc de l'activité, l'essentiel des dégâts, mais pas trop vite. On a retardé le plus possible le jour du jugement dernier. Le hanneton a commencé à pousser devant lui sa boule de crottin. Evidemment, il se fatigue. A chaque accès de faiblesse, la crise repart.

Les grandes banques centrales ont fait marcher la planche à billet et fourni de la liquidité en masse pour éviter un "credit-crunch" dévastateur. Du fait que le multiplicateur bancaire joue à la hausse comme à la baisse, le potentiel de restriction financière aurait pu atteindre 50 à 60.000 milliards de dollars.

Les banques centrales ont globalement créé près de 10.000 millions de liquidité banque centrale pour contrer ce mouvement.

La FED a presqu'atteint la moitié de ce nombre. La BCE n'est pas très loin derrière. Son émission de monnaie n'est pas du tout la première. Le bilan de la BCE est passé de 1.000 milliards à 2.500 fin 2012. Depuis nous en sommes à la seconde émission. Le bilan atteint 4.000 milliards fin 2014 et sera de plus de 5.000 milliards fin 2015, soit une hausse globale de près de 4.000 milliards. La seule nouveauté de l'émission actuelle  est purement juridique et concerne les actifs que la banque centrale accepte de refinancer.

Au total, les accroissements de liquidité des banques centrales atteindront plus de 12.000 milliards fin 2015. On retombe bien sur nos estimations des pertes faites dès 2008.

Pour les Français, l'intéressant est de comparer ce chiffre à la valeur ajoutée de ses entreprises de plus de 1 personne du secteur marchand commercial : 1.200 milliards en 2013.

La BCE créera cette année le même montant de liquidité que la production française privée non financière et non étatique. Elle avait déjà créé le double !

La nouveauté n'est donc pas économique mais seulement juridique. Il fallait faire tomber le dernier tabou : refinancer les dettes d'état. Le jugement de la cour de Karlsruhe a libéré le terrain.

Une décision à caractère juridique peut avoir un effet économique. Mais une création monétaire exceptionnelle a le même effet qu'elle soit basée sur le rachat d'actifs privés plus ou moins pourris ou sur de titres représentatifs d'une dette d'état. Un sou et un sou quelque soit son origine.

D'un point de vue juridique la décision de la BCE est une novation. Du point de vue économique ce n'est qu'une continuité.

En revanche, on voit comme l'organisation de la zone Euro était défectueuse. Une vision purement juridique ne permet pas de faire face aux situations économiques exceptionnelles. Tout faire reposer sur une banque centrale est également fautif.

On n'aurait pas du créer une zone Euro sans poste de chancelier de la zone avec des attributions permettant d'ajuster les économies internes et de s'adapter aux économies externes.

On donne à la BCE un rôle de gestion du change qui n'est pas dans ses attributions, alors que le change dépends de mille autres facteurs. On a aussi perdu énormément de temps.

Rappelons qu'au départ de la crise de l'Euro, lors de l'effondrement de la Grèce  et de l'attaque spéculative  sur les taux d'intérêts en Europe, il suffisait de 40 milliards d'euros pour passer le cap. On a préféré imposer à tous les pays du sud une déflation terrible avec une récession carabinée et un chômage de masse.  Et finalement on aura du créer ex nihilo 100 fois cette somme.

Il est bien prouvé que la crise est d'origine monétaire et liée directement aux défauts du système monétaire international et que l'organisation de la zone euro est imparfaite.

Comme dans les années trente, tous les grands pays auront finalement dévalué pour se retrouver Gros-Jean comme devant quelques années plus tard. Ces dévaluations successives, dans un monde de liberté des mouvements de capitaux,  auront entraîné des folies spéculatives et entravé l'économie réelle, sans apporté de vraie solution.

La décision de la BCE, connue de la BNS,  a forcé cette dernière à faire sauter son "peg" en urgence (son lien gérée entre Franc suisse et Euro) avant qu'un flux massif de capitaux vers le FCH ne l'entraîne dans des cabrioles dangereuses. Les imbéciles ont crié : "c'est bien la preuve qu'un peu de fixité est impossible. Vive les changes flottants". Les voilà, une fois de plus,  en adorateurs des causes de la crise ! En vérité aucune monnaie ne peut supporter que celle d'un partenaire commercial s'effondre. C'est la chute du Real brésilien qui a provoqué celle du Peso argentin. Et la chute du Real avait été rendue nécessaire par la brusque appréciation du dollar, elle-même liée à une double spéculation sur le dollar et les bourses américaines.

A partir du moment où le dollar avait dévalué, et la Livre britannique et le Yen Japonais, et le Rouble et le Won etc. l'Euro ne pouvait rester aussi haut.

Les mouvements récents ont mis par terre le Forex et tous les agents travaillant sur le marché monétaire. Les industries Suisse sont KO. Un désordre est toujours un désordre.

La Presse se demande si "cela va marcher", rappelant le succès américain, largement imputé au gaz de schiste, voire anglais, imputé à la place financière de Londres, mais aussi l'échec Japonais.

Cela marcherait si l'activité commerciale nationale et internationale repartait d'un bon pied. Les mesures prises depuis 8 ans n'ont pas principalement cette vocation. Comme nous l'avons vu, le but est de faire face à la perte de 12 mille milliards de dollars  encourue par l'économie baudruche. On a sauvé les banques artificiellement, en faisant intervenir les Etats. Maintenant on sauve les Etats qui sont à bout de souffle fiscal.

On évite un krach général. Mais on ne stimule rien. Les taux d'intérêt sont déjà extrêmement bas, presque trop bas pour une rationalité économique d'entreprise. Les entreprises ont besoin de demande globale. On ne peut leur restituer qu'en "rendant l'argent" aux consommateurs et en cessant de voler les entreprises et leurs propriétaires.

Au total, faute de vouloir réformer le système monétaire international, chaque sous-système est obligé de prendre des mesures d'urgence pour tenter de ne pas subir seul les effets de la crise et la crise perdure indéfiniment.

Une économie baudruche percée de toute part, avec des instances dépassées qui tentent de maintenir la quantité d'air de façon artificielle au lieu de colmater les brèches  n'est pas une organisation intelligente de l'économie internationale.

Il faut d'urgence que les pays du G.20 remette en place un système de changes fixes et ajustables, mettent fin à la liberté totale des mouvements de capitaux  et se mettent en position pour une croissance mondiale rapide, comme celle qui a vu l'endettement global d'après guerre passer de 400 à 200% en 20 ans, sous l'influence d'un système régulé qui interdisait grands déficits et gros excédents.

Il faut que la zone Euro achève sa mue en créant un poste de chancelier disposant des attributions nécessaires à l'ajustement en temps utile des différentes économie et à la gestion du paquet de dettes résiduelles. La BCE ne peut pas tout.

Il faut que la France sorte du socialisme fiscalo-étatiste antinational qu'elle est la seule à pratiquer à cette échelle et revienne dans les clous d'une économie équilibrée, après une réforme drastique de l'Etat et de ses dépendances.

Dans ces trois domaines, on joue la procrastination,  on évite, on tangente, on met la tête dans le sable, on enfume l'opinion, mais on est finalement obligé de plier. Trop peu et trop tard.

Résultat la crise est plus longue et plus coûteuse que nécessaire.

Regrettons une fois de plus que la terrible mais limpide leçon des faits ne soit pas entendue.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

2015 : pour qui sonne le glas ?

Dimanche dernier le glas a sonné. La France  directement atteinte en son tréfonds s'est réunie. Nous avons décidé de cesser tout commentaire pendant une semaine. Mais les grands deuils sont aussi la condition d'un sursaut si l'indignation et le chagrin n'interdisent pas l'action. Même si on n'a guère envie de revenir sur ce que fut la désastreuse année 2014, il importe d'en tirer quelques leçons.  

La question, en 2013, était de savoir si l'optimisme de commande des autorités était justifié alors que le budget de 2012 emmenait la France droit à l'échec économique. Nous avons eu la réponse  : une année Hollandibilis et horribilis se terminant par la révolte des Bonnets Rouges et l'annonce d'un changement important de politique. Le socialisme se transformait, au PS, en social-démocratie avec un siècle de retard ! Les augures intéressés avançaient que l'année 2014 serait enfin celle de la reprise. Les journalistes de cour accumulaient les sarcasmes contre les "déclinistes" et les spécialistes de la déprime nationale qui ne voyaient ni le monde, ni l'Europe et encore moins la France en grande forme. Fustiger les Cassandre est un marronnier qui refleurit chaque année à la période des vœux.  En début d'année, tout allait donc bien, Madame la Marquise. 2014 serait meilleur et la "boite à outils" mise en place par le chef des socialistes montrerait ses effets lumineux.

Seulement voilà : les faits sont têtus.

Le monde a encore connu, en 2014, une année désastreuse. Certes les Etats-Unis, appuyés sur une monnaie nationale qui est aussi la monnaie du monde (à plus de 80%) et un dynamisme pétrolier probablement temporaire mais indiscutable, sont repartis en croissance  et dans une moindre mesure la Grande Bretagne.

Au global, le commerce international est à l'arrêt, les flux financiers sont toujours déréglés et spéculatifs, et l'économie baudruche, percée de partout, et regonflée artificiellement par des injections gigantesques de monnaies banque-centrale n'est qu'une Montgolfière ballotée dans des cieux tourmentées.

Ce sera le cas tant qu'un nouveau système monétaire international ne sera pas mis en place.

L'exaltation juridique et nationaliste des Etats-Unis a conduit à la mise en œuvre de Fatca, une loi inique et grotesque qui a une conséquence imprévue : plus aucune banque mondiale ne veut ouvrir de comptes aux détenteurs de passeport américain. Les double-nationaux abandonnent leur nationalité américaine en dehors du pays. La volonté des Américains de faire croire que la crise est le fait de "méchants" les a conduit à infliger des amendes grotesques à des banques américaines mais aussi étrangères, portant sur des dizaines de milliards de dollars. Le système ne peut pas être mauvais, seulement les personnes ! En même temps, les entreprises américaines colonisaient le monde sans pratiquement payer d'impôts. Cette dualité intolérable est là pour durer. Elle n'a pas empêché la Chine de devancer les Etats-Unis, sur certains critères, comme première puissance économique mondiale. La faiblesse d'Obama, fait prix Nobel de la paix dès son premier jour de mandature pour lui rogner les dents et lui lier les mains, entraîne par ailleurs l'effondrement de la puissance  américaine, permet à Poutine d'annexer une partie de l'Ukraine et de créer la guerre civile dans l'est du pays, stimule la volonté des Japonais de retrouver leur puissance nucléaire et pousse le ressentiment musulman au delà de l'inhumanité absolue.  

Un désastre économique a toujours des conséquences politiques déplorables.

Du coup, le pétrole que les écologistes nous annonçaient à 200 $ le baril se retrouve à moins de 50, ruinant les pays rentiers dont la Russie et le Venezuela. L'Arabie Saoudite, alliée surprenante des écologistes les plus sectaires, expulse plusieurs millions de personnes "allogènes" et fait patiemment fermer toutes les exploitations pétrolières coûteuses de ses concurrents. Les imbéciles qui prétendaient que la crise du pétrole était simplement un fait de marché lié aux excédents temporaires de production, doivent constater que toutes les matières premières sont en repli avec parfois des baisses pires que celles du pétrole. C'est l'abandon radical de la spéculation sur les cours de matières premières, liées aux mesures de contrôle mises en place aux Etats-Unis qui est à la source du renversement total des perspectives. La manière dont la spéculation a été conduite par quelques fonds et grandes banques est, elle, clairement délictueuse.

La réaction judicaire américaine a donc des effets contradictoires : elle arrête des modalités de spéculations dévoyées, tout en empêchant les grandes réformes nécessaires !

Le désordre international est donc un peu plus profond en fin d'année 2014 qu'il n'était en fin 2013. Il suffit de constater ce qui se passe actuellement sur le front monétaire international pour constater des désordres que l'on peut qualifier d'inouïs. La BNS a tué les spéculateurs du Forex. L'Euro s'effondre comme de nombreuses monnaies alors que la BCE annonce qu'elle va faire exactement tout ce qui était jusque là interdit. Il ne restera rien du chapeau dont s'était affublé M. Trichet.   

L'Europe de la zone Euro, étranglée par ses politiques déflationnistes, asphyxie par contagion ses principaux clients. L'année 2014 aura été celle de la consolidation à un niveau très bas. Faute des institutions de gestion nécessaires à une zone de monnaie unique, l'illusion qu'une reprise serait possible uniquement par la grâce d'un président de la BCE non conformiste, s'est dissipée dans les nuées. Depuis huit ans, nous crions inlassablement qu'une Banque centrale est comme la psychanalyse, incapable de soigner quelques maux que ce soit, sinon ceux qu'elle a créés.  

L'Europe est à la traîne. Les élections européennes ont été un théâtre d'ombres, permettant aux pays les plus petits de s'arroger l'essentiel des places contre les piliers européens que sont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni. L'idée Rooseveltienne d'une Europe lavette dont les nations puissantes auraient été noyées dans un lac de petites nations sans envergure et ficelées par une bureaucratie aux ordres, est désormais en place. Le choix comme président de la Commission d'un ancien chef du Luxembourg, état microbique dont le jeu est de s'enrichir en favorisant fiscalement les grandes multinationales étrangères et notamment américaines, est plus que significatif. Le risque de dissolution des grandes forces européennes a été aggravé par le referendum écossais, légal, et le referendum catalan, illégal. Si les grandes puissances historiques sont dissoutes dans des micros ensembles, elles n'auront plus aucun moyen de mettre en commun les ressources nécessaires à ne serait-ce que leur défense nationale.  L'Angleterre seule, sans l'Ecosse et le pays de Galles ne peut plus avoir d'armée significative.  L'Espagne sans la Catalogne et le pays basque non plus. Pas plus qu'une Italie coupée en deux. Ne parlons pas de la France, si l'Alsace, la Lorraine, la Bourgogne, la Corse, la Bretagne, la Savoie, la Normandie, le Jura, l'Auvergne, la Guyenne-Gascogne, le Pays basque, "l'Occitanie", la Picardie, les Flandres  et le Comtat-Venaissin venaient à acquérir leur autonomie. La dissolution de l'Europe en micro états de dimension vicinale est la mort de l'Europe tout court.

A l'occasion des élections européennes, le Parlement s'est permis un "coup d'Etat" (selon l'expression de VGE), liant le résultat du vote et la présidence de la Commission. Pourquoi se gêner ?  Quant aux résultats de ces élections en France, on l'a vu : après une campagne électorale creuse et même, pour l'essentiel, carrément inexistante, où les grands Partis se sont contentés d'ajouter quelques recalés du suffrage universel direct à leurs européistes qualifiés, le Front national a emporté la mise, sur fond d'abstention débilitante, entraînant une réaction de marginalisation de la France dans toutes les institutions. Ce qui veut dire que l'idéal européen est en lambeaux, et que la France a les pieds pris dans les déchets.

Quant à la France ! Commencée dans le vaudeville, l'année présidentielle a enchaîné sur des convulsions politiciennes grotesques, avec la disparition sans gloire du gouvernement Ayrault, puis une crise gouvernementale de l'équipe suivante, sans causes nationales sérieuses, aboutissant à l'éviction de deux ministres, dont le ministre de l'économie, parti aussitôt apprendre la gestion dans une école de management ! Le scénariste le plus délirant n'aurait pas osé imaginer une histoire aussi débile.

Comme chacun sait, l'histoire est tragique. Voici qu'un Français a été décapité dès son arrivée sur un sol arabe, sans aucune réaction du gouvernement et dans la foulée, des musulmans en folie foncent dans les foules françaises à Noël. Des centaines de musulmans nominalement français mais qui ne se considèrent pas comme tel, partent massacrer, violer, terroriser dans les pays où l'islamisme, enflammé par les conquêtes et exactions occidentales puis israéliennes depuis des décennies et nourri par la rente pétrolière, a été libéré par des Occidentaux malavisés des régimes forts qui le contenait.

F. Hollande qui pensait se faire une image de chef en envoyant ses troupes contre l'Islam à l'étranger se retrouve avec un second front intérieur, alors que, suivant les recommandations de Terranova, il avait fait du terreau musulman son électorat privilégié. A peine a-t-il recommencé à le courtiser en proposant l'élection des étrangers aux municipales que deux frères délinquants séduits par la violence illimitée islamiste et le surmoi qu'elle permet aux faibles d'esprit, entraînés au Yémen par Al Qaïda, mais qui sont représentatifs d'une forme d'irrédentisme musulman proprement national qui s'amplifie depuis des années, massacrent toute la rédaction d'un journal marginal mais sympathique et qu'un troisième tue à répétition aux portes de Paris de façon synchronisée. L'arrogance d'une fraction croissante des enfants d'immigrés musulmans vis-à-vis des "gaulois", leur volonté de ne pas s'assimiler, leur revendication identitaire et religieuse dans la cité, dans l'armée et dans l'entreprise, la provocation vestimentaire ou alimentaire permanente, le refus d'accepter le contenu républicain et national de l'enseignement public, la tendance à la délinquance de ses jeunes, le romantisme du combat armé sans règle humanitaire depuis la guerre de Yougoslavie, attisé par la conscience d'une domination démographique dans certains territoires de la République Française, créent les conditions d'une guerre civile larvée.  En nous embarquant dans des guerres religieuses au Moyen-Orient et en Afrique, nous n'avons fait qu'attiser un feu qui couve depuis des années.

On a accepté de changer l'enseignement de l'histoire et les règles de l'école pour ne pas fâcher les élèves musulmans, on a toléré que l'hymne national soit sifflé en masse au Stade de France, on a trouvé expédient de substituer aux Français dans les logements sociaux des millions d'étrangers n'attendant souvent de la France que des indemnités, on a chanté inlassablement aux Français qu'ils étaient des "beaufs" et des "salauds au sens sartrien du terme". La veille des assassinats politico-religieux des frères Bouaki, la télévision passait le film de Tavernier, "Coup de torchon", présentant les Français au temps des colonies comme des porcs bons à être saignés par un justicier pas très propre sur lui. "Français vous avez des devoirs vis-à-vis de ceux qui vous tuent, car vous avez péché". Déjà, le jour où des avions démolissaient les tours jumelles de New York, le fameux "11 septembre", un excité s'exaltait à condamner les Français sur France-Inter pour l'affaire de Sétif ! Rappelons qu'Hollande lui-même a tenu à stigmatiser, il y a moins d'un an, la répression d'une manifestation interdite du FLN de 1961, à une époque où les commissariats étaient protégés des exactions des Fellaghas par des guérites en béton. Les autorités n'avaient pas voulu laisser la rue et le haut du pavé au FLN. Pas plus qu'elles n'avaient voulu que l'OAS y fasse régner la terreur. Sans faiblesse et même sans pitié.

Nous voici avec un 7 janvier 2015, où les menaces contre la liberté d'expression et de pensée ont été mises à exécution par des musulmans dignes justement du FLN, de l'OAS ou d'Action Directe. Ce passage à l'acte ouvre une autre période de l'histoire française.

Sur le terrain économique, les cartes sont désormais étalées. La France finit l'année avec des déficits aggravés, des dettes aggravées, un chômage aggravé en nombre et en durée, des faillites record, une construction à des niveaux ridicules, des familles ruinées par les impôts, des jeunes, des patrons, des retraités et des entreprises en fuite vers l'étranger. La réponse est une loi poudre-aux-yeux promue par un certain Macron qui fait du tort aux professions que les socialistes n'aiment pas et qui n'a strictement aucun intérêt économique autre qu'anecdotique ou politicien, comme on voudra.

L'important, pour tout ce petit monde, est la stratégie politique présidentielle de M. Hollande qui n'intéresse pourtant que lui-même et ses clans mais qui doit s'imposer aux Français. Surtout pas de réformes sérieuses qui pourraient coaliser des masses ou des énervés disposant d'un pouvoir d'agitation. Alors on ne redéfinit pas à la baisse  les missions du moloch étatique : la fonction publique et toutes les mille-et-unes organisation publiques et parapubliques, c'est électoralement sacré. La SNCF s'effondre ? Tant pis. EDF et le CEA forment un Etat dans l'Etat de plus en plus nul et coûteux. On s'en fiche. Les intermittents du spectacle ? Le déficit de leur régime extravagant de financement par les autres de leur temps d'inactivité est sanctifié, sacralisé et "sanctuarisé" ! Mais oui, le Premier Ministre a parlé de sanctuaire. Les déficits démagogiques, c'est malsain mais c'est saint !  Alors qu'il ne s'agit que d'un abus délirant responsable du tiers des déficits de la branche chômage pour un nombre ridicule, mais en forte augmentation, de bénéficiaires. On se pince, mais tout cela est vrai.

"L'achat de vote" recommence. On rajoute aux impositions déraisonnables et spoliatrices, portant sur les réussites, l'impôt que l'on supprime à "9 millions de foyers" ! Raisonnable et républicain ?

On perfectionne les gratuités, notamment dans le domaine de la Santé, afin de rendre les situations vraiment inextricables, au prix d'une dérive bureaucratique de qualité soviétique . Il ne s'agit rien de moins que de supprimer les libertés médicales. Les médecins, qualifiés et utiles, devront demander, avant de lancer des traitements, l'autorisation préalable à des sous-fifres sous-qualifiés, planqués dans ces usines à incapables que sont les Agences Régionales de la Santé. Leur rémunération dépendra du bon vouloir de bureaucrates dont la compétence peut s'apprécier tous les jours, à la mesure de nos déficits et des désordres de plus en plus graves qui agitent le domaine. Une occasion de plus de rappeler que tout le secteur dit social est entre les mains de pseudos-cadres, marqués politiquement, sortis d'enseignements le plus souvent très faibles, ivres d'un pouvoir à peu près totalement incontrôlé, ayant acquis une presque totale indépendance et nourris par des prélèvements constamment croissants. Pour eux : "la crise connait pas". Le gouvernement Valls reflète assez bien cette sous-bureaucratie politisée, sans mérite et sans valeur, à qui on a laissé trop de pouvoir. Autant dire que l'année 2015 s'engage sous les meilleurs hospices !

La France est désormais plus qu'engagée dans le maelstrom du déclin. Son revenu par tête a encore baissé en 2014. Son rang économique aussi. Ce n'est pas le pseudo pacte de responsabilité qui changera quoi que ce soit. Ce dispositif est purement politicien et n'a pour but, malheureux mais évident, que de renvoyer sur les entreprises l'échec socialiste et lui permettre d'avoir quelque chose à dire pour faire réélire son chef. Quo non descendam ?

Voilà le monde largement à l'arrêt économiquement et sous la pression de musulmans fanatisés en armes sur plusieurs continents. Pendant que la France pleure 17 morts, Boko Haram vient d'en tuer 2.000, en rasant 16 villages, avec vieux, femmes et enfants, pratiquement sans un mot dans la presse française. L'Europe est en pleine dérive. La France renifle des effluves de guerre civile. Elle flirte avec la déréliction économique irrattrapable, avec un président requinqué par le sursaut d'unité nationale des Français et  qui frétille de bonheur déplacé de pouvoir s'exprimer sans être aussitôt sifflé. Après tout le massacre historique que l'on vient de connaître a été évité en Belgique et subi en France. Le succès de la police de doit pas grand-chose au Ministre de l'intérieur qui indiquait en été 2014 : "Ce n'est pas un délit de prôner le djihad" (RTL - 5 Août 2014), ni une garde des Sceaux, incapable d'assurer le suivi judiciaire de condamnés dangereux à qui elle cherchait à éviter une "prison qui empêche la réinsertion".   

Politique et économie sont liées. Lorsqu'on atrophie l'économie par idéologie et esprit politicien, on met aussi en cause la stabilité politique d'un pays. Et lorsqu'un pays pourrit par sa tête politique, son économie souffre aussitôt. Peron a mis l'Argentine par terre. Chavez a ruiné le Venezuela. Papadopoulos a abaissé la Grèce et aggravé ses tares traditionnelles. Castro a laminé Cuba. Mugabé a tué et affamé son peuple. Le FLN a fait de l'Algérie un pays intolérable que fuit sa jeunesse. L'Iran des Mollah est une infection. Poutine ruine la Russie.  

L'économie française se défait par la politique. L'échec économique défait la France. L'équipe que dirige M. Hollande, a prouvé en deux ans et demi qu'elle n'était pas au niveau des missions qui devraient être les siennes, et qu'elle n'a pas les moyens de sortir le pays de l'ornière dangereuse où il se retrouve.

L'unanimité des bons sentiments dans le chagrin et la pitié est une bonne chose, à laquelle nous nous sommes associés totalement. Les moments d'unité nationale sont trop rares pour les bouder.

Elle ne pourra pas longtemps faire oublier qu'aucun Français digne de ce nom ne peut  admettre que la France en général et son économie en particulier tombent si bas. Le drame de l'insurrection musulmane djihadiste qui s'enracine en France et risque de s'étendre et de s'aggraver encore, sur un terreau social dégradé, s'ajoute au drame que sont les résultats économiques de 2012, 2013 et 2014.

Puisse les Français comprendre dans leur tréfonds national que la vocation de la France n'est pas l'effondrement économique, la déréliction sociale, la dégénérescence du politique dans la démagogie clientéliste et la comm', la dissolution nationale dans une Europe croupion, et l'épuisement dans une variante larvée de " guerre des civilisations".

Un cycle historique qui a vu la France s'enfoncer si bas doit se refermer. Et un autre commencer. Il implique une autre vision de l'organisation mondiale, de la construction européenne et de que doit être la France.

L'échec économique global, l'échec européen et l'échec français ont tous les trois des causes précises. On ne peut en rester là.

Nous avons écouté le glas. Maintenant il faut entendre le tocsin !

 

PS : Nous donnons ci-dessous, comme chaque année, les résultats de la fréquentation de ce blog qui a dépassé 690.00  lectures cumulées de personnes différentes, soit une hausse de 190.000 en un an (grosso modo le nombre des chômeurs supplémentaires en France. Espérons qu'il n'y a pas de corrélation !).  Trois articles font leur apparition dans le palmarès des articles les plus lus. Ils touchent à l'essentiel et nous sommes heureux que leur importance soit ainsi reconnue. La question de l'organisation bancaire est centrale. "L'étrange nature du dépôt bancaire" est désormais un thème qui retient l'attention, bien que le chemin reste long vers les banques de paiements et les spécialisations bancaires que nous préconisons. Les observations de J. Rueff sur les doubles pyramides de crédit sont fondamentales pour comprendre la situation actuelle. Nous nous réjouissons de les populariser ici. Plus surprenant notre bulletin de conjoncture de juin 2008, annonçant clairement la crise, a fini par retenir l'intérêt des lecteurs avec 6 ans de retard. Nous avons ici prévu une crise dure et longue en temps voulu, malgré tous les propos des nigauds qui ne cessent de répéter que cette crise était imprévisible. L'important n'est pas la gloriole du "je vous l'avais bien dit" mais de comprendre les chemins de cette prévision et le diagnostic qu'elle sous-tend. Plus que jamais, nous persistons et signons :

- Il faut mettre fin aux changes flottants et recréer un système monétaire international coopératif.

- On ne peut pas gérer une zone de monnaie unique uniquement avec des normes. Il faut créer une chancellerie de la zone Euro distincte de la Commission de Bruxelles.

- L'asphyxie fiscale française est un désastre auquel il doit être mis fin.



Les Français ont bougé. La France bougera-t-elle ?

Dès la connaissance de l'attentat dévastateur contre Charlie Hebdo, nous avons suspendu l'article que nous avions écrit sur la situation économique de la France après une année 2014 calamiteuse.

Le temps n'était plus à la critique. La gravité de l'attentat a fait sortir les Français de leur longue léthargie. Nous  avons aussi marché dimanche.

Pour dire stop ! Cela suffit ! On ne peut plus aller plus loin dans l'abaissement national.

Nous ne voulions pas qu'un article fortement négatif, forcément négatif, s'agrège à la désespérance indignée que suscite l'exécution par des Français de ce qui fait le cœur de l'esprit français : la liberté d'expression, la fraternité républicaine, la France éternelle. Cette rébellion est identique à la colère rentrée mais générale devant la répression du soulèvement de Budapest qui déclenchera le déclin du vote communiste, ou la mobilisation autour de Solidarnosc prélude à la chute du Mur.  Le monde entier avait porté le badge, comme le monde entier aujourd'hui "est Charlie".

Le Français s'est montré, ces dernières décennies, extrêmement résilient. Sa patience a des limites. Nous n'assistons pas à une crise de l'identité française. Cette identité française vit intensément au sein du peuple français et elle est même comprise et aimée à l'étranger. En vérité, nous assistons au conflit ouvert entre l'identité française profondément inscrite dans les neurones des Français et sa négation répétée par les dirigeants politiques et les grandes forces qui tiennent les médias.

Cette immense rassemblement n'avait ni slogan ni leaders. On ne saurait donc le faire parler de façon catégorique. Plusieurs discours y étaient latents. L'erreur serait de n'y voir qu'une simple commémoration, une simple indignation.

Un psychologue de bazar explique doctement dans la presse que si les Français marchent c'est pour se défouler du choc des attentats. Des petites natures, sans doute,  à qui il faut des cellules de soutien psychologique. Non ! Les Français ne se défoulent pas.

Ils parlent. En silence mais avec la force tonitruante du nombre.

Décoder ce message inarticulé tourmentera les observateurs pendant des années.  

Dès le lendemain de ces manifestations monstres, les récupérations politiques et idéologiques ont commencé.

On relance la culpabilité française vis-à-vis des Juifs. Mais les Français ont-ils exprimé autre chose qu'un refus des distinctions identitaires ?  On rebat à nouveau les oreilles du peuple français sur la question de la condition des immigrés en France. Mais ils savent combien la condition des pauvres est dure dans une France qui régresse économiquement et que ce n'est pas une question de race. Naturellement les marxistes de toujours veulent régénérer le vieux discours anti-bourgeois. Mais ils patinent dans des thèses que personne ne veut plus entendre même s'ils tiennent encore une part notable des médias et de l'Université.

Les Français ont bougé. Notre analyse est qu'ils ne veulent plus de la culpabilité dont on les accable ni des contraintes où on les enserre. Ils se dégagent des tutelles qu'on leur impose. Ils ne veulent pas de guerre importée, ni même de guerre tout court. Ils veulent que la France se redresse, affirme ce qu'elle est; mette au pas ses minorités, reprenne le chemin de l'expansion et cesse ses combats politiciens sans intérêt  qui se réduisent à des conflits de personnes au sein de partis obsolètes et dépassés.

Ils veulent que la France bouge et se bouge. Tel est en tout cas la communion que nous avons perçue.  Depuis mai 1968, elle a cultivé les voies et plaisirs de l'absence de volonté, de la pleurnicherie, de la coulpe que l'on bat jusqu'à ce que toute la lie soit bien vidée. Jusqu'à ce qu'il soit devenu clair qu'elle perdait sa substance à ce triste jeu.

Dans l'hommage à Cabu, à Wolinski, et à tous les autres, elle salue une dernière fois les utopies amusantes de mai 1968. Mais elle les enterre aussi. On criait CRS=SS ; on applaudit les cars de police et on exige un "grenelle de la police" et le déploiement de l'armée dans les rues. On disait  à l'Odéon : "Les faits sont fascistes" ; Les fascistes djihadistes sont des faits. On chantait : "demander l'impossible". L'impossible est arrivé et ce n'était pas celui qu'on appelait. Une anti-culture n'est pas une culture. Une anti-société n'est pas une société. Une anti-économie n'est pas une économie. L'anti-France n'est pas la France.

Le vide national et le laxisme général conduisent au meurtre et à l'abomination. Il conduit également à la ruine. Les Français ne viennent-ils pas d'affirmer qu'il faut arrêter la descente aux enfers !

Le défi des politiques français est de répondre à une France qui se considère comme une tradition, une valeur et une volonté et qui l'a affirmé avec force le 11 janvier 2015.

Ce défi est loin d'être relevé. Tout grand évènement a de multiples visages. Les moins sages rêvent de tout maintenir comme avant, dans l'exaltation d'un n'importe quoi plus ou moins politiquement correct tout en laissant la France au Front National. D'autres, aux extrêmes, de grands soirs mirobolants. Réactionnaires et révolutionnaires se trouvent également confortés.

Notre impression est que le gros des bataillons de marcheurs veut surtout que la France cesse de s'auto-détruire et trouve la voix du renforcement d'elle-même. Ils sont prêts à plus de remises en cause qu'on ne l'imagine pourvu que des résultats positifs soient là. Encore faut-il que les partis politiques  et les hommes de réflexion  lui montrent un vrai chemin.

Les Français sont de retour. Pas encore la France.

Contresens sur le concept de "zones monétaires optimales"

La monnaie est une terre fertile en inepties de toute sorte. Une des sottises du moment est tout à fait remarquable : elle consiste à partir de la pensée de Robert Mundell, un sage parmi les sages, hostile aux changes flottants (ce qui nous le rend sympathique), et favorable à l'Euro, pour "prouver" que l'Euro est condamné par les économistes. C'est une thèse que l'on retrouve pratiquement chez tous les contempteurs de l'Euro, d'un commentateur comme Eric Zemmour à des hommes politiques comme Mme Le Pen ou M. Dupont Aignan.

La science économique aurait défini, par son meilleur prix Nobel sur le sujet, les règles de création d'une bonne zone de monnaie unique. L'Europe ne répond pas à ces règles. Les Zélotes de l'Euro, niant la science pour la foi, aurait péché contre l'esprit et créé "un monstre intenable et dangereux".

Tous ceux qui ont suivi, ne serait-ce que d'un œil, tout le débat économique sur la création d'une union monétaire dans la CEE savent que Robert Mundell a développé ses idées pour permettre de la construire. Il est un des pères de l'Union Monétaire Européenne. Paradoxe, tout de même, de voir que les arguments du principal promoteur de cette union soient considérés comme la preuve "scientifique" de son impossibilité, même si la couverture médiatique des débats économiques de fond en matière de système monétaire international, est, de tradition , quasiment nulle.

Il faut d'abord relever une erreur tout aussi grotesque. On affecte de penser dans les milieux médiatiques que la monnaie unique est le fruit de la pensée profonde de M. Mitterrand, qui aurait arraché le DeutschMark à l'Allemagne et à M. Kohl, pour prix de sa réunification après l'effondrement du bloc socialiste. Cette fable a été dénoncée récemment par l'ancien ministre des Finances d'Helmut Schmidt. A juste titre.

La préoccupation concrète d'une monnaie européenne remonte aux premiers effets des défauts structurels des accords de Bretton-Woods et de la licence prise par les américains dans la gestion du dollar.  De tensions en tensions on ira jusqu'à la rupture du lien avec l'or, en été 1971 et à la mise en place du désastreux système des changes flottants.

Cela fait plus d'un demi siècle que les Européens se posent la question de l'unité monétaire de l'Europe. Ces efforts se concrétiseront à La Haye, en 1969, où seront signées d'une même plume la création d'une union monétaire européenne et l'entrée de la Grande Bretagne dans la CEE avec ses pays compagnons.

Avant même cette conférence, les experts se sont affrontés sur l'opportunité d'une monnaie unique. L'affrontement est oublié aujourd'hui, mais il fut rude. Les principaux opposants étaient les économistes… allemands. Parmi les partisans de l'unification : Robert Mundell.

L'examen des conditions optimales d'un rapprochement monétaire entre zones économiques est un exercice de l'esprit qui a simplement pour but de déterminer les mécanismes qui jouent dans ces relations. Il s'agit bien ici de régions, pas de nations. Par un travers commun à trop d'économistes (L'influence du modèle Walraso-parétien n'a pas fini de faire des victimes), Mundell  part  d'un "déséquilibre" modifiant un état précédent réputé équilibré. Et regarde ce qui se passerait selon les différents régimes monétaires.  Dans un but pédagogique, pourquoi pas, après tout. Il montre comment réagit le système en faisant varier différents paramètres et cherche à savoir dans quelle configuration la monnaie unique serait le plus efficace.

En simplifiant à l'extrême, on peut réduire les facteurs favorables à deux catégories :

- Des arguments purement micro-économiques

- Des arguments politiques.

Les arguments économiques sont du genre tautologique : si tout est pareil alors, la monnaie peut l'être aussi. Si rien n'est pareil, c'est plus dur. Si les économies qui fusionnent ont la même structure, sont bien imbriquées et connaissent une bonne fluidité intra-zone des facteurs de production, alors une monnaie commune posera moins de difficulté que s'ils sont totalement divergents en terme d'exportation, de consommation et de production et que les facteurs de production sont figés.

Les arguments politiques sont néanmoins l'essentiel : la monnaie doit être gérée ainsi que tous les facteurs qui en conditionnent la valeur. Sice pouvoir existe les divergences du terrain pourront être gommées et on peut envisager une monnaie unique. Après tout, pratiquement aucunes zones monétaires existant dans les années soixante n'étaient homogènes : ni l'URSS, ni les Etats-Unis, …ni la zone Franc.

De toute façon, selon Mundell, tous les systèmes économiques et financiers (notamment les taux d'intérêt)  finiront par converger si la monnaie est unifiée et pilotée intelligemment : la dévaluation n'est qu'un expédient, agréable du point de vue politique, mais sans grand effet à moyen terme sur le fond. Les inter-relations entre les économies, de plus en plus imbriquées, rendent d'ailleurs l'avantage à court terme d'une dévaluation de plus en plus réduit.

Pour Mundell, une conclusion s'imposait : les Américains font n'importe quoi et la politique du dollar est menée contre les intérêts à long terme de l'Europe. Il faut contrer cet hégémonisme qui contribue au désordre monétaire mondial en créant l'Union Monétaire Européenne. Pour que ce la marche, il faut fluidifier la circulation des facteurs de production et créer les institutions ad hoc.

En lisant Mundell, une conclusion s'impose : il faut à l'Union Monétaire Européenne une politique commune solide au dessus d'un marché libéré de ses entraves.

Tout de suite après la conférence de La Haye, le système monétaire de Bretton-Woods s'effondre et on entre dans la Danse de Saint Guy des monnaies.

La tentative de l'ECU, European Currency Unit, est un échec, détruite par la spéculation permise par les américains. Le Serpent monétaire explose. Les penseurs européens en concluent qu'il faut créer une monnaie unique pour éviter tout interstice où la spéculation puisse s'insérer. Elle doit faire masse pour exister face au dollar.

Les années 80 verront donc les Européens favoriser la fluidité des mouvements de facteurs de production au sein de l'Europe, vue comme un préalable, et à créer les conditions d'une monnaie unique.

C'est l'époque où nous-mêmes recevions mission de créer un système de comptabilité analytique à la Banque de France pour permettre de piloter une fabrication des billets compétitive lorsque les grands marchés d'impression de la monnaie unique seront lancés. A cette date personne n'envisageait ni l'effondrement de l'URSS ni la réunification de la RDA (et Chirac était au gouvernement).

Bientôt Delors propose de marcher vers le marché unique, en même temps que les bases de l'Euro sont négociés.

On oublie que, dans les années 80, la RFA avait besoin de digérer l'énorme perte de changes sur les dollars accumulés par ses excédents commerciaux du fait de l'effondrement du dollar. Dans les années 90, il lui faudra digérer l'absorption de la RDA. Alors qu'on fait de l'Allemagne le Raminagrobis trop content d'entrer dans le poulailler européen, ses économistes étaient plutôt sur la réserve.

Elle viendra à l'Euro en acceptant toutes les mesures de libéralisation des mouvements de facteurs de production, mais avec une réticence marquée vis-à-vis de l'unification des politiques monétaires et économiques.

C'est ainsi qu'a été construit le compromis de Maastricht :

- Monnaie unique mais sans organe de gestion autre que la BCE et deux critères de gestion : 3% de déficit public au maximum et pas plus d'endettement public que 60% du PIB. Pour bien faire on a ajouté la nécessité de prouver sa vertu dans le cadre d'une procédure d'adhésion marquée par le respect de différents critères de convergence.

Les idées de Mundell ont triomphé à moitié. La fluidité des facteurs de production a été mise en œuvre. La politique solide unifiée est restée dans les limbes. Les fédéralistes, façon Delors, savaient bien que le système était boiteux, mais pensaient qu'en mettant la charrue avant les bœufs, les inconvénients forceraient les ajustements institutionnels dans le mouvement. "Nécessité fait loi et l'Europe se construit de crises en crises" !

En dehors de la BCE, dont les objectifs sont définis de façon trop restrictive, avec juste un taux d'inflation comme mesure, et un fantomatique Eurogroupe longtemps présidé par le non moins fantomatique Juncker, il n'y a pas d'organe de gestion de la zone Euro.

Mundell a certainement surestimé la capacité de marchés libres, dans un cadre monétaire unique, à converger. Les Allemands ont exigé une convergence préalable. Mais beaucoup ont triché, comme la Grèce. Et rien n'était prévu pour la suite. C'est comme cela qu'on a vu le plan Jospin (35 heures et relations sociales coercitives, avec effondrement de la compétitivité ) s'affronter au plan Schroeders (redressement de la compétitivité avant tout). Et tout le monde se moquer des règles 3/60.

Une autre faiblesse de l'approche de Mundell est de s'appuyer trop sur la micro économie (les comportement de production et de consommation de micro acteurs) et pas assez sur les réalités globales, notamment la création d'une économie baudruche où le taux d'endettement est devenu massif et la finance totalement débridée.  

La construction de l'Euro aura donc une influence dépressive pendant tout le temps de l'obtention des critères d'adhésion, et conduira certains pays à gonfler trop facilement leur endettement public à partir de 2000.  Comme Mundell l'avait prédit les taux d'intérêt ont bien convergé rapidement, mais ils ont attisé l'endettement, rendant l'Europe vulnérable à un retour de conjoncture. Il n'a pas compris que la finance, faute de s'attaquer aux monnaies, jouerait avec le taux d'intérêt des emprunts d'Etats, avec le potentiel de les ruiner et de faire sauter l'Euro. Le résultat :

- Les pays de la zone Euro  ont divergé avant la crise (entre 2000 et 2008) et l'endettement global et public a trop augmenté

- La crise a mis à nu l'absence de politique commune et d'organes de pilotage de l'Union qui a réagi le dos au mur en violant toutes ses règles et en provoquant une récession sanglante dans le sud de l'Europe : chaque pays ne peut s'ajuster que par la déflation.

- L'Europe sort tard et mal de la crise, sans avoir crevé l'abcès du mode d'organisation d'une zone monétaire unique.

Aujourd'hui, il est parfaitement ridicule d'utiliser la théories de Mundell sur les zones monétaires optimale pour justifier la sortie de l'Euro.

Il faut au contraire perfectionner l'approche de Mundell :

- Oui il faut un Euro pour contrebalancer la puissance du Dollar et bientôt celle du Yuan (qui n'entrait pas à l'époque dans le champ de vision de Mundell).

- Non les ajustements ne se font pas tout seuls

- Il faut une instance de pilotage des la zone Euro (ce que nous appelons un Chancelier de la zone Euro) que nous voyons distinct de la Commission Européenne. La difficulté démocratique impose, contrairement à ce que pense VGE, une retouche institutionnelle, avec des organes de contrôles venant des parlements nationaux. Démocratie oblige.

- Compte tenu du système mondial de changes flottants et de finance sans contrôle, le pilote doit se voir confier des instruments qui ne sont pas seulement ceux de la BCE.

- Il faut militer pour la fin des changes flottants et de la licence de certains pays d'accumuler excédents et déficits massifs.

Cela suppose que la France cesse de s'enfoncer dans le désordre et le n'importe quoi. Il ne faut pas non plus craindre d'éjecter la Grèce, si les réformes s'y révèlent impossibles.  

La création de nouveaux organes et de nouveaux instruments ne peut se faire qu'après retour de certains pays laxistes à un minimum de sérieux. De ce point de vue là, la politique débile de F. Hollande est le principal obstacle au passage au stade d'organisation convenable de la zone Euro.

On voudra bien comprendre que la théorie des zones monétaires optimales de Mundell n'est en rien un argument contre l'Euro. C'est l'inverse. Et que cinquante ans après sa formulation il est simplement nécessaire de l'adapter aux leçons de l'histoire et surtout à celles des défauts du système de change mondial  et de la crise économique en cours.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.  

2015, entre euphorie et ressentiment

Alors que s’achève une année 2014 désastreuse, qui devait être celle de la reprise si on en revient aux prévisions de fin 2013 que nous avions contredites  à l’époque,  avec en France une baisse historique de la construction, une nouvelle augmentation massive  du chômage, un endettement calamiteux, des impôts confiscatoires, des services publics en déshérence, un gouvernement réduit au bricolage et aux opérations médiocres de communication,  le climat général, tel qu’on peut en juger par le ton de la presse et les conversations privées,  est étrangement marqué par deux sentiments contradictoires : une certaine euphorie et en même temps la rage que donne le ressentiment.

Une constante des comportements collectifs en cas de crise est la survenue, lorsque tout va mal, d’une réaction populaire qui crie : stop ! Arrêtez de nous ennuyer avec votre pessimisme ! Vous créez la crise vous-même. De même que les gens en bonne santé se plaignent plus que les malades,  les sociétés abîmées ne veulent plus participer par la parole à la dégringolade générale dans le pessimisme.

On a connu cela début 2010. Après l’effondrement de 2009, les bons citoyens ont eu ras le bol de toutes les prévisions catastrophistes.  Et il y eu un rebond en 2010. On retrouve dans la presse aujourd’hui les mêmes manifestations de rejet du « déclinisme ».  Les sondages montrent que les Français n’ont jamais été aussi pessimistes sur l’avenir, mais les déclarations optimistes ou qui appellent à moins de pessimisme sont légions. 

La baisse simultanée des taux d’intérêt, de l’Euro par rapport au dollar et du prix du pétrole, avec les premiers effets du CICE, la fin des prélèvements électoraux à 75%, la suppression de l’impôt sur le revenu de plusieurs millions de foyers, ramenant à moins de 50% les Français qui le paient, des mesures de droite prises par le gouvernement , comme la loi Macron,  la relance des salaires en Allemagne, et le plan d’investissement européen, laissent espérer une croissance d’au moins 1% à la plupart des commentateurs. L’euphorie est telle que certains se prennent à annoncer 1.5% de croissance en 2015 si d’autres mesures de libéralisation sont prises,  et près de 2,5% en 2016 avec un début de décrue du chômage lorsque le plein effet du pacte de responsabilité aura des conséquences perceptibles, si d’autres mesures d’accompagnement viennent prendre le relais. En effet la baisse des prix par rapport aux salaires qui continuent de grimper assez vite, donne du pouvoir d’achat, même si la perception de ce gain de niveau de vie n’est pas  généralisée.

Cela donne un sentiment d’euphorie notamment au sein des sphères présidentielles, gouvernementales, et au Parti Socialiste. François Hollande en semble tout requinqué, la conjoncture politique à droite semblant mauvaise avec un retour poussif de Nicolas Sarkozy,  et une certaine décru du vote populaire pour le FN.

Il  y a donc, en ce début d’année, une bouffée d’envie que la crise s’arrête et une conjonction de facteurs objectifs qui laisse penser,  à  gauche,  que ce soit possible.

A droite, tout en soulignant les petits pas dans le bon sens, on insiste sur la fragilité du dispositif.  On remarque que la politique suivie est principalement d’affichage, d’enfumage disent les plus durs. Aucune réforme d’importance n’a eu lieu. On s’est contenté d’écraser d’impôts les entrepreneurs et les familles aisées. La loi Macro est « microbique »par rapport aux nécessités. On ne touche pas au Moloch étatique.  On se paie la tête de l’Union Européenne avec une aggravation à 4.4% des déficits publics par rapport au PIB au lieu de 4.3% en 2013. Le plan d’investissement européen est un recyclage de nombreux projets mitonnés  dans une nouvelle casserole mais qui ressemble plus à un effet d’annonce visant pour la nième fois à « créer la confiance » qu’à un vrai plan de relance. La chute des cours du pétrole et de l’ensemble des prix des « commodities » marque plus la fin de la spéculation effrénée par les banques d’investissements américaines et les » hedge funds » dans le cadre de l’amplification du dégonflement général de la bulle de crédit  qu’un véritable signal de reprise. La baisse du dollar est importante, mais seulement si l’entreprise est compétitive et la France a continué à jouer la hausse des salaires et la paix sociale plutôt que la compétitivité. Les parts de marché reculent. Le CICE est tellement bardé de condition et finalement si peu important quand on prend  le gain net après déduction de toutes les hausses de charges et si étalé, qu’il n’a pas une importance cruciale.

La politique suivie par M. Hollande est purement politicienne : transférer sur les entreprises la responsabilité de l’emploi, vider le programme de l’opposition des mesures qui ne font pas de mal, éviter toute réforme qui peut coaliser une opposition dans la rue. Après on laissera l’opposition se fragiliser en  proposant des mesures dures, tout en flattant l’électorat de gauche avec des mesures « sociétalistes, et en se flattant de « faire des cadeaux aux pauvres », avec la pénibilité ou la suppression de la première tranche de l’IR. L’achat de vote a encore de beaux jours devant lui. 

Cette approche suffira-t-elle pour pousser le pays à la réélection d’un président narcissique qui joue totalement le jeu de la communication en modifiant son look et jusqu’à sa voix pour faire énergique et compétent ?  Certains, à droite, le craignent, compte tenu de l’absence d’alternative réellement crédible dans leur camp et du poids du vote FN. Bien sûr, ils ont vu dans la prestation télévisée des vœux du président l’exercice de style totalement décalé d’un «Gamelin calamistré », prétendant tenir le front dans sa main alors que la débandade est partout.  Mais la « triangulation » fonctionne. On commence à louer Macron, voire Valls, pour leur pragmatisme.  Et la fusée Sarkozy a du mal à décoller.  Après tout il n’avait même pas un Macron dans les gouvernements qu’il a construit, juste une poignée de socialistes ralliés…

Tel est l’esprit public en ces premiers jours de 2015. On croit la croissance revenu et le combat politique rééquilibré. En se pinçant un peu tout de même.

Dans les tréfonds, le climat est autrement plus inquiétant. Le ressentiment est installé un peu partout.

C’est vrai pour les 5 millions de chômeurs, et les 2.4 personnes qui vivent du RSA. La durée au chômage s’est fortement allongée.  Des centaines de milliers de personnes sont au chômage depuis plus de trois ans. Pratiquement 80% des nouvelles embauches se font  sous un statut précaire.   Autant pour les niais qui prétendaient que les départs massifs en retraite allaient permettre une reprise facile de l’emploi.

C’est vrai pour les 100.000 entrepreneurs qui on perdu leur entreprise depuis 2008  et le gros de leur avoir, en constatant que les prélèvements fiscaux et autres ne leur ont pas permis de mettre de côté de quoi rebondir.  Ils représentent la valeur ajoutée  cumulée de Nantes, Rennes et Brest. Tout est rasé ! Circulez. Il n’y a plus rien à voir.

C’est vrai pour toutes les familles qui s’inquiètent de voir leurs enfants en difficulté de démarrage dans la vie ou qui s’expatrient.

C’est vrai pour le million de familles qui supportent l’essentiel du  poids des hausses fiscales et qui voient leur patrimoine disparaître.

C’est vrai pour les dizaines de milliers de familles qui se sont expatriées et qui vivent les difficultés et épreuves de cette condition.

C’est vrai aussi pour les ouvriers qui ont de plus en plus de mal à trouver un emploi et n’espèrent plus sortir de leur condition.

C’est vrai pour tous ceux qu’une loi absurde aggravant une conjoncture déjà détestable prive d’un logement.

C’est vrai en Europe pour tous ceux qui, dans le sud, ont connu la plus destructrice politique d’ajustement par la déflation des salaires menée depuis 1934.

C’est même vrai chez ceux de nos partenaires qui ne comprennent pas qu’on se moque de tenir nos engagements quand on a forcé les autres à les tenir.

Etc.

Le ressentiment est la force motrice la plus grave dans une démocratie. Elle peut conduire à tous les excès.

On le verra sans doute bientôt en Grèce et dans d’autres pays du sud de l’Europe.

L’adhésion de la Lituanie à l’Euro tient plus à la haine des Russes qu’à l’amour de la monnaie unique.

 Les crispations en Ukraine, au Moyen Orient, en Extrême-Orient sont le fruit de ressentiment enkystés mais qui purulent dès qu’on les gratte. 

Ces sentiments contradictoires, euphorie économique et travail en profondeur du ressentiment marqueront 2015.

Si on s’en tient strictement à l’économie, nous sommes toujours dans une économie boursouflée par les dettes, une économie baudruche, comme nous l’appelons ici. Elle est éclatée et totalement déséquilibrée. Le commerce international est toujours à l’arrêt.  Le Baltic dry index est près de ses plus bas et plonge depuis ces dernières semaines. Certains pays frôlent la ruine, comme le Venezuela, la Chine, l’Algérie,  la Russie, l’Indonésie, la Grèce, l’Ukraine, etc.  D’autres, vulnérables à une poussée des taux d’intérêt, sont si nombreux qu’on ne les comptera pas ici. A part les Etats-Unis qui transfèrent la crise par l’abus du dollar, on ne compte pas de pays réellement prospères.

Les politiques budgétaires et monétaires sont au bout de leur chemin.  Autant dire que les trois défauts majeurs qui pèsent sur la conjoncture  joueront tout leur rôle néfaste. Sans réforme du système monétaire international  pas de reprise équilibrée possible des échanges internationaux ; sans réforme de la gouvernance de la zone Euro, pas de levée des graves hypothèques qui pèsent encore sur la viabilité de la zone ; sans retour à un niveau décent des prélèvements fiscaux en France, pas de vraie reprise de l’investissement et de la confiance possible.    

Dangers et médiocrité seront  encore les mots-clés en 2015. Il eût fallu moins d’optimisme et moins de ressentiment pour qu’une politique collective sensée de réformes coordonnées, dans le monde, en Europe et en France, eût pu  être perçue comme pertinente et  menée dans la durée.

Tuez le chèque gratuit ? Pas seulement...

L’inlassable offensive des banques contre  la gratuité du chèque a repris avec de bonnes chances d’ aboutir, dans le climat iconoclaste qui entoure la prestation du banquier Macron, chargé, au Ministère de l’économie, de redonner les couleurs du sérieux économique à une Présidence française qui ne connait que les combinaisons politiciennes et  les joies de la  communication.  

Les associations bancaires, constamment à l’affût de l’occasion favorable pour tuer la gratuité du chèque et qui relancent chaque année leur offensive sans jamais se lasser, vont donc faire la peau du chèque gratuit et peut être même du chèque tout court.

Au nom de la modernité, concept creux sil en est un, qui n’a jamais justifié quoi que ce soit. Le prétexte nouveau est l’émergence de nouveaux moyens de paiements sécurisés utilisés sur les réseaux informatiques et notamment Internet.

Désormais toutes les opérations concernant la gestion d’un compte dit encore «compte-chèques »,  seront payantes. Frais d’ouverture de compte, frais de tenue de comptes, frais de fermeture de compte, frais de consultation de compte, frais de versement sur le compte, frais de paiements à partir du compte (chèque, virement ou carte de paiement ou terminaux de paiements),   frais d’incidents sur le compte,  tout sera l’objet d’une facturation.

Tout cela serait bel et bon si on en profitait pour mettre fin au statut bizarre de l’acte de dépôt bancaire. La fourniture gratuite de la propriété d’une liquidité en contrepartie d’une créance sur la banque, n’a plus aucune raison d’être.  Le « déposant » en fait ne fait pas un dépôt. Il perd la pleine propriété de son argent : et l’usus et le fructus.  En contrepartie de cet abandon, l’usager bénéficiait de la gratuité de la gestion de son compte.  Si on supprime cette gratuité, le statut juridique du « dépôt » n’a pas de sens.  L’acte de « dépôt » rendu obligatoire par l’Etat pour des raisons de traçabilité fiscale des transactions,  devient une prédation sans cause économique sérieuse. 

La fin de la gratuité de la gestion de compte bancaire implique, en toute logique, la disparition des banques de dépôts au profit de deux types très différents d’établissements :

-          Les banques de paiement

-          Les banques de crédit

La banque de paiement reçoit un dépôt mais n’en acquiert ni l’usus ni le fructus. Pour des raisons de sécurité elle doit déposer l’argent reçu à la banque centrale. Dans la pratique, c’est comme si toute l’encaisse des agents économiques se retrouvait à la banque centrale.  Les banques de paiements sont des sociétés de services qui doivent effectuer au moindre coût, dans un univers concurrentiel, toutes les fonctions de tenue de comptes, d’encaissement et de paiement.  A elles de mettre en œuvre les technologies de pointe et de faire baisser le coût des transactions. La seule chose qu’on leur demande c’est d’effectuer les fonctions basiques de la façon la plus économique et la plus commode possible, sachant que chacun peut souhaiter avoir un service qui lui convienne et qui soit différent de celui  voulu par un autre client.

La justification du coût payé par l’usager est la sécurité de conservation (par rapport à la lessiveuse remplie de billets) et la tenue de compte (encaissement, paiement, position).

Une banque de paiement ne fait aucun crédit et ne crée aucune monnaie. Elle stocke et fait circuler l’encaisse des agents économiques.

Si une banque de paiements fait faillite, l’argent des  déposants n’est pas perdu, puisque toute liquidité est dans les comptes de la banque centrale,  au nom du client.  Seul  le capital des actionnaires est perdu en tout ou en partie si le prestataire fait de mauvaises affaires.

Il est strictement inutile de prévoir une garantie quelconque des dépôts. 

De même, il n’y aurait aucun  inconvénient à voir se créer d’immenses banques de paiement multinationales.  Au contraire cela n’aurait que des avantages pourvu que la concurrence soit rendue constamment effective.

Actuellement,  par une inversion morale  totalement stupéfiante, l’accélération de la baisse du coût des transactions grâce à l’interconnexion généralisée  de systèmes d’information décentralisés et miniaturisés sur les  autoroutes de l’information,  est considérée par le groupement des banques comme une occasion de frais supplémentaires pour l’usager.  Déjà en 2002 elles avaient obtenu du juge de ne pas être condamnées par la Direction de la Concurrence pour entente illégale alors qu’elles avaient entrepris de taxer les usagers pour « compenser » la perte sur dates de valeur dues à une meilleure organisation de la compensation. 

Le jeu normal de la concurrence devrait permettre aux gains de productivité de bénéficier in fine au consommateur. Pas seulement aux  banques.  En France le « fascio » pétainiste marche encore impeccablement.  Non seulement les banques doivent gagner sur l’utilisation de l’argent déposé mais aussi sur tous les actes qu’elles entreprennent, et si des gains de productivité apparaissent, ils doivent leur bénéficier et à elles seules.

Une parfaite économie politico-administrative, où les liens incestueux  entre haute administration, finance et politique permet, en France, une gestion protégée et monopolistique contraire aux intérêts des particuliers et des entreprises, tout en étant sans aucun risque pour les dirigeants.  D’où la « surprise » de la première banque de France lorsque ses dirigeants furent condamnés à l’étranger pour des comportements douteux. Ce n’est pas en France que cela arriverait. On a vu avec l’affaire du « crazy Lyonnais » qu’on pouvait ruiner une banque sans grande conséquence, pourvu qu’on soit de l’Inspection des Finances.

La banque universelle, qui multiplie tous les conflits d’intérêts, et qui se fait sauver par l’argent public ou les libéralités de la banque centrale  lorsqu’elle se fourre dans un guêpier,  est le prototype du système intolérable, source de tous les mauvais procédés.

Nous suggérons de séparer complètement l’activité de banque de paiement, de banques de crédits, de banque d’affaires et de banque de gestion de fortune.

Les banques de paiement n’auront qu’une activité : gérer les comptes et les transactions de paiement de façon concurrentielle, sûre et productive. Elles n’ont pas  le droit de faire de crédit ni de créer de la monnaie.

Les banques de crédits sont là pour étudier les opportunités de crédit. Elles travaillent non pas avec les « dépôts » des  agents économiques mais avec l’argent qu’elles recueillent sous forme de placement.  La correspondance entre la durée des placements et des ressources est assurée, afin que la « transformation » de placements courts en financement longs ne soit pas trop importante.  Ces banques sont spécialisées dans le crédit et seulement dans le crédit.  Les opérations de banques d’affaires leur sont interdites.  Elles ne travaillent pas pour compte propre dans des opérations hyper spéculatives.  Leur capital sert à couvrir les erreurs d’appréciation sur les prêts.   Il est à noter  que les banques de crédit gardent la possibilité de créer de la monnaie, puisqu’il peut y avoir un décalage entre les besoins de trésorerie et l’encours de dette.  Le multiplicateur existe toujours. L’ampleur d’une crise de liquidité est réduite puisqu’aucune ruée de déposants n’est possible.  En revanche le refinancement peut venir à manquer si les épargnants préfèrent thésauriser dans leurs comptes dans les banques de paiements plutôt que de souscrire aux  instruments de prêts de trésorerie à court terme.

Les banques d’affaires travaillent sur leur argent propre et  l’argent emprunté mais ne peuvent pas faire d’opération de crédit. Elles ne peuvent qu’investir dans des classes d’actifs et venir en support d’opérations financières spéculatives.

Les banques de gestion de fortune, elles, ne peuvent faire ni crédits, ni opérations de banques d’affaires,  ni opérations de paiements.  Elles produisent et distribuent des instruments de placements, agissent pour le compte de leur client sur les marchés d’actifs, et tiennent leur comptabilité titre.

Cette organisation aurait l’avantage de la clarté et imposerait les distinctions indispensables  entre les différents métiers.

Il n’y a aucune raison qu’un déposant risque de perdre son avoir simplement parce que son banquier s’est servi de son liquide pour faire des opérations dangereuses pour son intérêt propre.  En revanche il prend un risque dès lors qu’il souscrit à un titre de placement émis par le système bancaire.  Le risque est donc déplacé, pas supprimé. Le déplacement reste utile, justement parce qu’il met tout le monde devant de justes et claires responsabilités.

Il est sûr que la division en quatre du monde bancaire a une conséquence macro-économique sérieuse : la thésaurisation sera renforcée. Actuellement, lorsque  les particuliers ne gèrent pas leur solde de compte courant, la banque le fait pour eux… Il apparait un stock mort de liquidité dans les comptes des banques de paiements. En cas de crise, les particuliers peuvent rapatrier tous leurs placements courts vers leur compte courant.  Mais les liquidités étant déposées automatiquement en temps réel dans les banques centrales, celles-ci ont tous les moyens nécessaires pour faire face aux  obligations des banques de crédits, si nécessaires.

Au total le système bancaire sera plus solide. Le risque d’emballement des crédits sera limité par la plus grande facilité de thésaurisation et l’obligation de trouver de la ressource, non pas automatiquement, mais en convaincant un souscripteur. Le risque de ruée est limité. Le meilleur ajustement entre longueurs de ressources et d’emplois est bénéfique.  L’internationalisation serait facilitée, notamment pour les banques de paiements.

Le coût pour l’usager d’un système de banque de paiement, financé explicitement par des commissions ad hoc, serait-il très supérieur  au système hybride actuel ?  Rien n’est moins sûr, vu l’importance des progrès techniques en cours.   Ce serait le client qui choisirait le support de paiement en fonction des coûts encourus, pas le banquier en fonction de son seul intérêt. Les accords anticoncurrentiels seraient condamnables.  Si le chèque est trop cher et qu’il existe d’autres alternatives, il n’y aurait aucun inconvénient qu’elles triomphent sur le marché. Alors que le forcing règlementaire intéressé des banques universelles actuelles pour forcer le consommateur est simplement « fasciste », au sens propre et historique  du mot.  Et il lui appartiendrait de compenser les coûts supplémentaires éventuels  en plaçant  le solde de son compte courant au mieux.  

Bref, en lieu et place du système littéralement pervers qui est en place actuellement, on verrait s’installer une organisation plus productive, mieux équilibrée et plus maîtrisable.

Tuez le chèque gratuit ? D’accord. Mais en réorganisant totalement le système bancaire.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

La France et les deux faces du Dieu Hermès

Le Dieux Hermès a des chaussures avec de petites ailes aux pieds, symbole à la fois qu'il est le Dieu du vol (piquer et fuir) et du commerce (ne jamais rester bloqué dans une activité en déclin et voguer vers les nouveaux marchés à toute allure).

Le malheur, c'est que l'on ne peut jamais avoir l'avers sans le revers. 

Prenons le choix, imprimé au plus profond des neurones de la gauche française, de la promotion d'une organisation de la production sans "bougisme" ni tension, sous la houlette, soit d'une administration bienveillante et soumise, façon socialisme municipal, soit d'un "contrôle populaire" pas bienveillant, comme on dit au NPA, le nouveau parti anticapitaliste. Il est sûr que des activités ainsi gérées sont verrouillées dans la glaise de leur organisation initiale  et ne savent  faire aucune mutation sans catastrophe. Tout le drame de la SNCF, SNCM, SEAFRANCE, HBL, RATP, Banque de France, France Telecom, UAP,  Poste, etc. est là. Il ne faut jamais confier une fonction commerciale à un système qui ne permet aucun ajustement de produits, de marchés, d'effectifs ni de capitaux. C'est une première leçon du mythe d'Hermès.

L'ambivalence du Dieu grec joue aussi malheureusement son rôle du côté du libre commerce. L'arrivée d'Internet a démultiplié l'aspect traditionnel du dommageable "hit and run",  mais a aussi conduit une nouvelle définition du marketing : "seduce or bully". Ce merveilleux concept perce dans certains  séminaires de management pour "grands comptes", centrés sur la "maîtrise statistique de la masse". Le client n'et plus roi. L'attention à son service ne figure même plus parmi les préoccupations des grands chefs. Le mot clé est "RAF", rien à foutre, en clair. L'important est d'imposer un avantage statistique, générateur de profits immédiats et faciles, le contraire de l'individualisation.

Vous voulez un tout petit exemple ? Vous êtes Orange. Vous ne voulez plus payer d'équipes chargées d'encaisser des TIP. Tout le monde doit payer par prélèvement. Si vous faites en sorte que les TIP ne soient pas remis en banque, vous créez un incident de paiement et bloquez la ligne.  Après les habituelles péripéties du support (sic) téléphonique puis d'une visite, stérile, en boutique, le "client" qui a tout fait bien, et ne veut pas et payer un TIP et repayer par carte bancaire, devient fou. Des voix suaves insisteront : "payez par prélèvements qui évitera tellement d'ennuis". Et hop, c'est gagné. Cela s'appelle faire une pression "statistique" sur le client captif. Avec un minimum d'investissement vous pouvez obtenir que la masse des clients passent par vos arcanes. On fait mal (un peu) au client exprès, par tactique. Vous direz : et la concurrence ? Que fait SFR ? Cette société ne veut plus vous envoyer de facture-papier. Elle vous coupe le service sans rien vous demander. Le fisc vous demande les factures ? Vous n'avez qu'à imprimer vous-même ! Il faut appeler pour annuler cette décision unilatérale. Vous le faites. C'est payant. Au bout des drames habituels à l'usage d'un centre d'appels, vous tombez sur quelqu'un de très gentil qui vous demande mille choses avant de s'enquérir de votre question. Vous coupez court au blabla pour demander le rétablissement des factures papier. Il dit "bien sûr", vous demande d'attendre en ligne une seconde. Deux minutes après, cela coupe. La facture papier n'est toujours pas rétablie le mois d'après. Ce ne sont pas des incidents mais des politiques. Etudiées-pour, enseignées, mises en œuvre. Sans aucune faiblesse. Jamais admises. Il n'y a pas de preuves possibles n'est-ce pas ? Alors pourquoi se gêner ? Cela fait des millions d'économies.

Seul le règlement et les "class actions" associées, pas la fuligineuse "régulation", mot qui ne veut rien dire et faire prendre aux gens des vessies pour des lanternes, pouvent durement sanctionner une entreprise qui couperait un service pour non paiement sans avoir averti au préalable du problème de paiement, ou d'une façon incompréhensible , ou qui se dispenserait unilatéralement de produire des factures-papier. Avec des sanctions automatiques et très dures. Le libre marché est impuissant à faire ce travail.

Il est absolument nécessaire que les pratiques commerciales déloyales soient étudiées, interdites, poursuivies et sanctionnées.

De même est-il simplement tolérable qu'une entreprise quelconque puisse s'introduire dans vos systèmes informatiques personnels sans l'expression d'une volonté d'accord de votre part? Lorsque Canal plus dans son nouveau système réinitialise le décodeur alors que vous êtes en train de regarder quelque chose, avec un accord par défaut dont vous n'êtes même pas conscient, est-ce normal ? Lors que mille et un fournisseurs de logiciels légaux, (on ne parle pas ici des voyous), installent sur votre machine des services dont vous ne savez rien et font des traitements sur vos données personnelles sans même vous demander votre avis, est-ce normal ?

Spéculer sciemment sur la négligence des gens est déjà douteux, mais les forcer à faire des choses qu'ils n'ont jamais envisagées de faire, cela s'appelle du viol.

Seule la loi peut maîtriser le viol, surtout s'il est commis par des grandes multinationales "gérées par des "porcs" et qui ne pensent qu'à leur prochaine prime et leur retraite chapeau", comme on écrit au NPA, ce qui, au passage, est sans grande importance mais parfaitement exact. Pas besoin d'être socialiste, anarchiste ou anti-système pour le dire. La seule légitimité du profit est le service rendu. L'enrichissement sans autre cause que le dol et le viol est condamnable.

C'est encore plus vrai dans le domaine du placement, traditionnellement le paradis des plumeurs de fortunes. Dans un espace financier mondialisé, les sous-jacents sont pratiquement inconnus du profane, qui n'a d'ailleurs strictement aucun moyen de s'orienter dans la jungle des différents "produits" et des classes d'actifs indéfiniment diversifiées. Mais il n'y pas plus de vraie technicité au sein des organismes financiers. Ils ne travaillent pas avec leur argent propre et ils agissent en fonction de signaux extrêmement pauvres : La hauteur d'un taux d'intérêt, la mode, la réputation d'un intervenant, le sens du troupeau.

Collectivement la profession a cherché à avoir des avantages cachés vis-à-vis des "clients". Le plus clair est la rétro commission. "Je place l'argent là où on me donne le plus et je me fiche du reste. Je présente de toute façon mes résultats client en net de mes rémunérations. Personne ne sait  combien je me suis fais de plumes sur le dos du canard". La règlementation commence à arriver sur ce sujet. Heureusement ! UBP a ratissé comme cela du Madoff qu'elle a collé pour  5%  de la valeur dans les portefeuilles clients, qui n'en savaient strictement rien. Les énormes commissions versées n'ont jamais été restituées au client qui a encaissé sa perte avec un minimum de compensation de la part de cette banque. "Seduce and/or bully !"

Quand on s'élève encore au dessus, en prenant le monde et l'histoire des quarante dernières années à témoin, on voit qu'un système monétaire et financier défaillant a permis de faire monter à plus de 400% le taux d'endettement moyen des pays de l'OCDE, chiffre intenable qui a provoqué une perte irrécouvrable de près de 12.000 milliards de dollars. La course des comportements individuels et collectifs a été suicidaire dans ce cadre. On cherche aujourd'hui à résoudre, pour le futur, la difficulté en "régulant l'amplificateur", attitude imbécile et coûteuse. La même qui veut qu'on s'attaque exclusivement  à tous les automobilistes, tout le temps, au lieu de redessiner les points noirs !  

Donc oui, certaines réglementations étaient  absurdes. Mais le contexte s'est largement créé, dans l'affaire qui nous occupe, par la libre action d'acteurs sans contrôle.

Un autre aspect est visible depuis l'arrivée de la micro informatique, précurseur de tous les exemples suivants, associés à la technologie. Un champion capte un créneau de la technologie et devient seul possesseur du créneau grâce à la traîne qu'il a su constituer et qui verrouille les usages. Il n'y a pas d'autre traitement de texte que Word et de Tableur qu'Excel. Le "marché" ne veut pas enseigné, recruté, et échangé en dehors du standard principal qui emporte tout. Depuis 30 ans ! Microsoft domine dans le PC, à 80% des OS. Google tient le marché de la recherche sur Internet, Amazon la vente sur Internet, Ebay, les enchères sous internet, SAP la gestion intégrée informatisée,  etc. D'ailleurs toutes les "start-up" cherchent à valoriser rapidement des "barrières à l'entrée", c'est-à-dire à se retrouver en situation de monopole inexpugnable le plus vite possible. Or le monopole crée une rente au détriment du consommateur une fois que le marché est installé. Une fois encore la "protection de l'innovation" et  la "libre concurrence" ne peuvent jouer avec bénéfice que si un cadre légal est mis en place.

Les marchés ne peuvent être laissés sans organisation ni vigilance, mais ne doivent pas être étouffés par démagogie en prétendant aider le locataire contre le loueur, l'employé contre l'employeur etc. Le consumérisme n'est pas la guerre sociale. Sinon il n'y a plus d'emplois, plus de locaux à louer etc. On peut voler les fruits du passé pas utiliser ce qui n'a pas été créé. L'Union Soviétique est morte de ce constat. L'économie est un flux accélére par des volontés individuelles et collectives.

La production ne doit être non plus laissée à des systèmes figés, où la motivation de changement est inexistante et les possibilités d'ajustement des plus réduites.

Guidés par un instinct très sûr, les Français ont fait exactement l'inverse. Au nom du contrôle des relations de domination, leur obsession plus que les inégalités, ils ont rendu quasiment impossible tout lien contractuel privé, faussant toutes les décisions et tous les comportements. Ils ont développé un secteur protégé gigantesque, où l'Etat est impuissant à bien faire et où les ajustements sont catastrophiques. Ils ont créé un complexe politique, administratif, culturel, bancaire et industriel au dessus de toutes vraies contraintes, en particulier celles de la démocratie. L'abus et l'inefficacité sont partout.

Il faut connaître les deux faces du Dieu Hermès et en tenir compte. Quand on connait ses Dieux grecs on les honore !

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

Profil conjoncturel de la crise

Pour le conjoncturiste, la forme des entrées et des sorties de crise est un objet constant d'intérêt. La cyclicité de l'activité, basée pour l'essentiel sur les fluctuations du "crédit" au sens large et des crédits au sens particulier, est une donnée acquise de la science économique, avec son alternance quasi décennale de crises globales dures et molles. La manière dont le cycle se déroule, en revanche, est extrêmement variable.

On sait que, depuis l'abandon des disciplines et des coopérations associées aux accords de Bretton-Woods, les crises "décennales" (8 à 12 ans) sont de plus en plus violentes, surtout dans leur épisode dur. La crise du dollar de 73-74 a été moins forte que l'ajustement de 92-93 qui est lui-même moins fort que l'ajustement en cours.  La raison de cette violence constamment aggravée est connue : la masse de crédits aventurés est à chaque fois plus grosse, donc la correction est plus forte. Nous avons décrit comment la suralimentation permanente en crédits a fini par créer une économie financière baudruche largement déconnectée des réalités sous-jacentes de production et de consommation. Le placement ne cherche plus à se rembourser sur le flux de production mais sur une plus-value occasionnelle, le plus souvent autoentretenue, jusqu'à l'effondrement final. 

Lorsque la spirale ascendante se découvre dans une atmosphère sans oxygène économique, elle s'arrête puis s'effondre comme un cumulo-nimbus trop mûr, balayant tout sur son passage.

Avec un taux d'endettement global moyen de plus de 400%, un taux dément puisqu'il rend impossible de rembourser intérêts et principal, le monde est entrée en crise, dès 2007, sans moyen d'en sortir vite. Rappelons qu'à un taux moyen de 5% et une maturité moyenne de 5 ans, 400% de dettes par rapport au PIB se traduisent par 20% du PIB à trouver en intérêts  et 80% en remboursement de principal. Soit 100% du PIB. Réaliste ?  Les 12.000.000 milliards d'investissements sans contrepartie de rentabilité, majoritairement constitués de crédits sans espoirs de remboursement, signifiaient que tous les circuits économiques étaient artificiels et que le système bancaire global était en faillite.

Le système bancaire s'est effiloché en 2007 et a sauté en 2008, provoquant un effondrement de la production mondiale (entre 9 et 10%, ce qui est …le coût de la guerre de 1914 ou celui de la crise de 1929 en entier)  et l'arrêt de la croissance du commerce international ( qui a baissé de 12 à 15% en 2009, selon les chiffres que l'on possède, contradictoires sur les taux mais qui confirment l'ampleur du désastre).  

Depuis les années soixante, la vulgate économique veut qu'un cas de récession de ce type soit corrigé par des déficits publics sans retenue et l'inondation des marchés financiers par de la création monétaire.    

Cela a été fait de façon massive et concertée en 2009, provoquant un rebond rapide de l'activité au prix de la ruine des Etats, qui se sont retrouvés avec un monceau de dettes à porter. En vérité, on sait que les relances keynésiennes, en système de changes flottants, ne marchent pas. Il faut aussitôt rétropédaler pour ne pas partir dans le décor. La relance Chirac de 74 finira dans les mains du Professeur Barre, celle de Balladur dans le plan Juppé, celle de 2009 dans le traité "Merkosy".

Alors on a vu les "reprises" toujours annoncées, jamais réalisées,  s'évaporer doucement d'année en année, aboutissant à la stagnation quasi complète de 2014.

Le commerce international a été animé par la volonté de la Chine de se débarrasser de ses dollars contre des biens agricoles et des matières premières.  Ces soubresauts ont laissé croire que le cadavre bougeait encore. La vérité était plus prosaïque : le commerce a eu les reins cassés et n'a repris qu'à la marge, les financements internationaux ayant été quasiment arrêtés, les banques revenant précipitamment sous l'égide de leur banque centrale. La "renationalisation" des banques a eu raison d'une partie du commerce international.

La violence de la crise a mis en lumière les défauts de structure de la zone Euro qui n'a aucun organe de gestion et de coordination et dont l'instrument monétaire qu'est le change a été laissé (ou qui s'est saisie) à un organisme dont ce n'est pas la mission, la BCE.

Elle a mis à nu l'imbécillité des Etats qui s'étaient allé à bloquer leur production et à s'installer durablement dans la dette. La France, malthusienne et socialisante, en est le plus parfait exemple.

Ni l'Europe de l'Euro ni la France ne sont à l'origine de la crise mais on voit que leurs défauts de structures et/ou de politique leur font subir, dans la crise, une souffrance bien plus grande que les autres.

Pour la France les chiffres-clés sont accablants :

- 1.250 milliards d'euros de valeur ajoutée par les entreprises du secteur marchand non financier, à peine plus que la valeur d'il y a sept ans. Le revenu par tête lui a constamment baissé pendant 7 ans.   

- 1.200 milliards de dépenses publiques, soit pratiquement la même somme que la production  privée

- 2.000 milliards de dettes publiques.

- A peu près le double de dettes privées.  

- Les dettes du système financier, y compris notre quote-part des émissions de la BCE ne sont pas chiffrées. Mais là aussi les milliers de milliards d'Euros défilent.  

- 65% de charges sociales  sur les salaires.

- Un manque à employer de 7 à 10 millions de salariés dans le secteur marchand, détruit par un suremploi public proprement dément, et un surpoids déraisonnable de prélèvements obligatoires sur les salaires.

- 15 millions de retraités, 5 à 7 millions de chômeurs, 2 à 3 millions d'assistés presque complets, 5 à 6 millions de fonctionnaires ou d'employés à statut, au total près de 30 millions de personnes payées par les autres, qui sont eux à peine 16 millions de salariés.  

- Une imposition entre 65 et 1xx % sur le revenu des cadres et des entrepreneurs. Avec ce taux d'imposition, plus rien n'est possible, mais que faire les actifs doivent payer chacun au minimum deux personnes inactives.  

- Un système bancaire qui ne vit que sous perfusion (argent gratuit replacé pour reconstituer son capital détruit par les pertes). On est passer d'un multiplicateur de 8 à environ 5. Le "develeraging" continue. Pendant ce temps là les banques réduisent leur bilan et reconstituent leur capital.

- Un déficit commercial structurel, lié à une perte de compétitivité qui n'a cessé de s'aggraver depuis Jospin et surtout Hollande.

- Une économie de la construction sinistrée.

- L'investissement à l'arrêt dans tous ses secteurs (privés, entreprises, Etat et collectivités territoriales).

- Un climat de désespérance pour les jeunes qui ne pensent qu'à fuir (le "djihad" n'étant qu'un des modes de fuite).

Dans ce tableau sinistre, la phase "haute" du cycle existe. Mais comme dans les années trente, on ne la perçoit pas sauf dans les parties les plus dynamiques du monde. Qui se rappelle que 1936 et 37 étaient plutôt des années de reprise ? La crise de 1938 est passée inaperçue de la même façon : trop d'évènements politiques ont brouillé la vue.

Nous en sommes là. Une croissance très basse dans les pays et les zones monétaires  désarmées devant l'endettement, soit par les défauts de leur organisation monétaire soit par leurs délires de dépenses publiques, et un peu plus forte ailleurs, notamment aux Etats-Unis qui paient leurs dettes  dans leur monnaie. Des croissances déséquilibrées et chaotiques dans les pays dits "en développement".

Cette croissance lente est encore là pour 2015 et sans doute 2016. La grande question est de savoir si les deux années suivantes verront en Europe, suivant les Etats Unis, une reprise plus franche s'installer. Depuis 2010, on annonce chaque année que les deux années suivantes verront une accélération de la croissance. Les analystes politiques du camp Hollande espèrent que la Baraka de leur leader est vraie et qu'une reprise perceptible sera là.

La presse s'extasie devant une quadruple conjonction "merveilleuse" :

- Pas d'inflation

- Des taux d'intérêt presque nul

- Un cours du pétrole en très forte baisse

- Un Euro dévalué.

Les augures font les calculs de croissance associés pour la France : 0.4% de PIB en plus pour le pétrole, 0.2% pour les taux d'intérêts, 0.5% pour l'Euro faible. Nous venons de recopier des chiffres lancés de droite et gauche dans la presse de ce dimanche. Conclusion : 1.5 à 2% de croissance en 2015 et le double en 2016. Hollande le chanceux va se présenter avec une formidable croissance aux prochaines présidentielles. Il était nulle part. Le revoici au pouvoir pour 7.5 années ! Et pourquoi réformer quoi que ce soit d'un peu consistant ? "Macronisons" avec des babioles et cela suffira bien !

On peut faire une analyse un peu différente :

- Les taux d'intérêt sont très bas du fait qu'il n'y a pas de demandes de prêts. L'absence de projets à financer et la réticence à le faire tant qu'on a pas remis les comptes à flot ne font pas des taux d'intérêts élevés.

- L'Euro est bas parce que M. Dragui l'a décidé, en inondant les marchés de liquidité, qui explique par ailleurs le point précédent.

- Le pétrole est en très forte baisse (près de 40% tout de même, libellé en dollar) parce que la demande est très faible et la spéculation morte. On insiste sur le gaz de schiste américain : mais en fait, il est en difficulté compte tenu de la chute des prix …

Pour la France, ces évolutions ne sont qu'à moitié des bonnes nouvelles. Les industries compétitives tirées par la croissance mondiale souffrent. Le demande interne reste en baisse. L'Etat continue à s'endetter sans faire d'efforts structuraux d'amaigrissement.  

Donc nous n'allons pas réellement profiter du rebond actuel. Il est réel mais médiocre. Pour les ménages la baisse du coût de l'essence est gommée par la hausse d'autres sources d'énergie. La demande n'en sera pas boostée. La compétitivité-devise n'aura qu'une toute petite conséquence sur l'appareil productif, qui travaille à 80% au sein de la zone Euro, même si la zone connaîtra un effet d'entraînement bénéfique. Les taux d'intérêt bas aurait... de l'intérêt s'il restait de l'épargne vraie  à investir. Mais tout est pris par les impôts. On ne trouve que la liquidité banque centrale, qui est replacée à la BCE !  Le bâtiment est au plus bas malgré des intérêts historiquement bas.

Nous voyons bien aujourd'hui que la poursuite des politiques menées dans le monde par le G.20, dans la zone Euro par Mme Merkel, et en France par les socialistes, ne conduit à aucune perspective.

Une fois de plus les trois grandes réformes à mener sont :

- A l'échelon international rebâtir un système monétaire sain et collaboratif avec parité des intervenants (égalité des droits et pas de monnaies nationales jouant un rôle international), responsabilisation des Etats vis-à-vis des taux de change (fixes mais ajustables par consensus) et fin des excédents et déficits massifs de balances extérieures.

- A l'échelon de la zone Euro, créer une structure démocratique de gestion communautaire de la monnaie et des ajustements intra européens. Ou mettre fin à l'Euro (ce qui n'est pas notre premier choix).

- En France, restructurer massivement le moloch étatique en réduisant et le nombre de ses missions et la taille de ses organes, remettre les Français au travail et réduire l'assistanat, et mettre en place un système fiscal équilibré et économiquement responsable.

On voit qu'aucune de ces mesures ne sont même envisagées.

On aura le profil conjoncturel associé : reprise molle globalement mais différenciée en fonction des situations particulières des Etats ; poids de la dette écrasant avec épisodes de paniques ; Europe s'ajustant par la dépression ; France enfermée dans sa fiscalité démente, son socialisme stérile, sa dépense publique effrénée et risquant, toujours plus, un gros collapsus.  

Quelle est la pire hypothèse ? C'est sans doute celle d'un scenario de type année 30. En 1938 une récession mondiale s'est déclenchée, largement ignorée par les commentateurs mais très bien signalée par Alfred Sauvy.  8 ans après le déclenchement de la crise, une seconde crise, plus légère mais réelle, s'est produite. Soit on considère que le coup de froid actuel est cette régression, soit et c'est notre avis, elle est encore devant nous quelque part entre 2015 et 2018.

Le graphique ci-dessous donne le schéma de cette hypothèse conjoncturelle. A ce stade ce n'est qu'une hypothèse. Mais il faudra guetter les signes pour voir si elle se confirme ou s'évapore dans le firmament des idées saugrenues. A ce stade nous croyons plutôt à ce scenario d'un petit choc réellement mondial d'ici à 2018, avec un retour des  risques sur la zone Euro.  Mais ce n'est qu'un pointillé qu'il va falloir surveiller.



Mammouth étatique et hyper fiscalité : qui nous en débarrassera et comment ?

Comme tous les lecteurs de ce blog le savent, nous défendons la thèse que la crise qui nous accable est due à trois causes :

- Un système monétaire international dangereux qui a conduit à la création d'une "économie baudruche", qui est percé désormais de toute part, et qui ne sait comment se débarrasser sans trop de casse de 10 à 12.000 milliards de dollars de crédits irrécouvrables.

-Un système européen qui grève les coûts et entrave les recettes avec une zone euro sans cabine de pilotage qui ne peut s'ajuster que par la déflation et qui entraine le monde dans ses difficultés.

- Une hyper-fiscalité française débilitante qui a ravagé son industrie, provoquant un étiolement presque complet du terreau d'entreprises, un sous investissement chronique, une perte de compétitivité extrême, et un clivage intenable et explosif entre les 20 millions de ménages qui travaillent et qui paient et les vingt millions de ménages qui  attendent l'essentiel de leur revenu de la redistribution étatique.

Le système monétaire international n'a pas été réformé. Au contraire il a été conforté.

La gestion de l'Europe et de la zone Euro n'a pas été réformée. Au contraire ses défauts ont été durcis.

Quant à la France, on voit que le choix a été fait depuis 2008 d'une absence totale de réformes de fond, qui aurait desserré l'emprise démente de la corporation des administrateurs de l'Etat, des Régions, et du Social,  sous la houlette de ce que nous appelons l'énarchie compassionnelle, aggravée aujourd'hui par l'agrégation d'une flopée de petits apparatchiks de parti, passés directement des débats enfumés des AG ou des Cal à des responsabilités d'Etat, sans avoir jamais travaillé.  

Nicolas Sarkozy n'a pas voulu voir arriver la crise en 2007, en dépit des avertissements. Son calendrier présidentiel était entièrement "courtermiste" et politicien.

- Ouverture à quelques cupides de gauche, pour se caler au centre et gêner le camp socialiste ( qui n'aura pas de mal à déconsidérer les "rénégats") .

- Ouverture à l'écologie avec le Grenelle d'environnement (qui finira dans le milliard d'euros perdu dans les portiques et l'autre milliard d'euros perdus dans la subvention d'électricité alternative sans avenir).

-Ouverture sociale vers les non-employés avec le RSA payé par une surimposition des revenus financiers (de l'achat de vote démagogique).

- Ouverture sociale vers les employés avec les heures supplémentaires défiscalisées ( de l'achat de vote démagogique) .

- Ouverture syndicale vers la CGT, dorlotée, à qui on fait de nombreux cadeaux, comme la pénibilité pour les retraites, un rapprochement des régimes spéciaux payés plus cher que la situation avant réforme, une modification du droit de grève indolore dans les transports, etc. (politique stérile qui sera engrangée par la CGT sans aucun retour d'ascenseur)

- Ouverture vers les fonctionnaires avec l'ajout à leur salaire de finalement 75% des économies liées au non renouvellement d'un départ à la retraite sur deux  ( ce qui fera que les fonctionnaires protégés de Bercy verront leur rémunération croître trois fois plus vite que celle des salariés du privé !)

- Ouverture vers les restaurateurs avec la baisse d'une TVA qui ne s'imposait pas (complexe de Zorro).

- Ouverture vers les très riches  avec un plafonnement de l'ISF avec chèque de remboursement pour le millième le plus riche).

- Ouverture vers l'entreprise avec une réforme des 35 heures (qui n'en sera pas une).

- Ouverture vers la presse en déversant les subventions (il se fera "conchier" en remerciement par la plupart des journalistes).

- Ouverture vers tous les mécontentements en déversant de l'argent publique (comme pour les marins pêcheurs).

- Ouverture vers les personnes âgées en réduisant l'impôt sur les petites successions (achat de vote).

La règle : pas de drame ; pas de blocage de la rue. L'important est la réélection, donc pas de rejet massif. Et il  en faut pour tout le monde et pour toutes les sensibilités.

On voit qu'il s'agit d'un programme purement électoraliste qui a pour seul  but de pouvoir se représenter en ayant de quoi répondre à toutes les clientèles : "on a fait quelque chose pour vous".

La crise violente de 2008- 2009, qu'on n'a pas voulu voir venir, balaiera tous ces petits calculs qui auront ajouté des centaines de milliards de dettes aux centaines de milliards de dettes que la crise entraînera mécaniquement, sans rien régler sur le fond.

De panique en panique, on signera le traité Merkozy, qui renforce l'impuissance dépressionniste de la zone Euro, on surtaxera les riches, et on finira, in extremis, par créer une TVA sociale bâclée alors qu'elle était indispensable dès le départ.

Au final :

- Rien n'aura été réformé du système monétaire international qui est confirmé dans sa nocivité.

- Rien n'aura été réformé de l'absence de cabine de pilotage de la zone euro.

- L'hyper-fiscalité n'aura été atténué qu'un temps, le taux de prélèvement en fin de mandat rejoignant quasiment celui du début de mandat.

Aucun des maux structurels du pays n'a été réellement attaqué à la racine. Des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires se sont ajoutés. Les faillites se sont multipliées. Les seuls gagnants sont les secteurs super protégés, fonctionnaires des finances, entreprises publiques).

Le calcul politicien se verra comme le nez au milieu de la figure : la première phase de la campagne voit Nicolas Sarkozy chercher à dérouler ce qu'il a fait, tenter de  prouver sa fibre sociale, son cœur écolo, son âme socialisante de gauche.  Son adversaire ridiculisera cette tactique en lançant son impôt à 75% : "Qui est l'ami des riches , hein !".  Il faudra changer de campagne en cours de route, signe d'échec quasi obligé, et foncer dans la surenchère anti-européenne (verbale) , anti-immigré (verbale) et anti-délinquance (verbale), la fumeuse ligne Buisson (un conseiller aimant enregistrer le verbalisme sur magnétophone).

Le mandat Hollande sera de la même eau : un calcul purement politicien. Le pouvoir est à prendre. Soyons assez espiègles et malins pour le prendre. On en jouira et ce sera bien le principal. Pour le reste, nous avons une superbe martingale électorale : "Pendant deux ans et demi on fait payer les riches, ensuite on distribue". On essaie de ne mécontenter aucune des forces qui peuvent mobiliser dans la rue (idem Nicolas Sarkozy 1 qui copiait déjà Chirac 2) et on masque notre impuissance en lançant des réformes sociétales majeures qui nous marqueront à gauche, puisqu'en matière économique, il n'y a rien à espérer.

Le gouvernement Ayrault sera la catastrophe que l'on sait : envolée du chômage et de la dette ; abandon de toutes les esquisses de réformes précédentes. Ruine fiscale des familles aisées. Plus de 10.000 foyers payant plus de 100% d'impôts sur le revenu. La révolte fiscale. Dix millions de personnes, jusqu'ici exonérées, payant l'impôt. L'arrêt de la construction et le marasme immobilier. Les engagement européens jamais tenus. Aucune vraie réforme de structure (seulement des privations de prestations "universelles" ciblées sur les familles aisées , notamment familiales).  

Hollande a mobilisé tout le monde contre lui et finit l'année 2013 avec 13% de satisfaits, l'étalage de sa vie de patachon et dans le mépris général. La fonction présidentielle est déconsidérée ; la France devient un objet de risée mondiale ; elle est marginalisée en Europe ; l'économie s'effondre.

Le Président semble ravi d'être là !

L'année 2014 commence avec un nouveau plan de marche. Il est tout aussi électoraliste que le précédent. L'important est de se retrouver en position éligible en fin de mandat et donc d'avoir des arguments tout en en privant l'adversaire.  Une fois encore, on est dans la continuité de Nicolas Sarkozy.  

On lève l'hypothèque "de droite" du PS en faisant venir Manuel Valls, 5% aux primaires du PS, et un certain Macron, banquier socialiste de gauche (un pléonasme en France). L'idée : transférer la responsabilité du malheur sur les entreprises à qui on aurait fait des "cadeaux faramineux". Rattraper le coup avec les masses surtaxées tout en aggravant encore l'hystérie fiscale portant sur les familles aisées. Montrer grâce à la "triangulation" (l'exécution foireuse d'une partie du programme de droite) qu'il n'y a pas de solution à droite. On conserve les Belkacem et les Taubira pour bien marquer qu'on reste sur les bases sociétalistes initiales qui plaisent tant aux "bobos" spécialisisés dans l'auto-flagellation nationale.  Au moment de l'élection, Hollande apparaîtra dans toute sa gloire "de gauche" après avoir déconsidéré les idées "de droite" :

- "Bien sûr il y a eu la crise mais j'ai résisté à l'Europe qui voulait nous faire "démolir le modèle français"

- Bien sûr j'ai fait payé les riches. C'est autant que vous vous n'avez pas payé.

- Bien sur, les résultats sont désastreux mais c'est la faute aux patrons qui n'ont pas joué le jeu malgré les énormes cadeaux que je leur ai faits.

- Regarder nos adversaires : ils veulent vous faire payer, vous les immigrés, vous les fonctionnaires, vous les petits.

- Je vous protège et je vous protégerai encore".

Les discours sont déjà écrits !

Les sous-entendus sont clairs.

"Peut-être que dans deux ans la conjoncture sera meilleure et je pourrais parader avec un début de résultats. Sinon, on verra. La perspective de ne pas être présent au second tour jouera en faveur du sortant. Alors, Moi, Hollande, je suis prêt."

Le choix de Sarkozy comme leader de l'UMP pose à la "droite républicaine"  un redoutable défi.

A-t-il enfin compris les enjeux de réforme du système monétaire international et est-il prêt d'aller à la bataille sur ce thème ? Rien ne le laisse présager.

A-t-il enfin compris qu'il fallait une reforme forte des structures de pilotage de la zone Euro et un chemin pour y parvenir ? Il n'en laisse rien paraître.

A-t-il enfin compris qu'il fallait restructurer l'Etat en profondeur et réduire drastiquement son emprise sur la richesse nationale ?

Les défis sont considérables. Baisser les impôts alors que ce sont les "riches" qui ont pris des augmentations délirantes et dévastatrices des patrimoines ?  Lorsque  Jospin avait été confronté à ce défit, il avait créé la PPE : la baisse ne doit pas concerner ceux qui avaient subi la hausse par un mouvement inverse et symétrique. On redonnera l'argent pris aux riches…aux pauvres. Vite un chèque. On maintient les pauvres dans la trappe à pauvreté et on bloque le capital et l'entreprenariat ! Si l'impôt doit globalement baisser, on fait comment ? Seuls sont qui ont surpayés seront-ils concernés ? Pour le moment c'est le grand silence.

Restructurer la dépense publique : mais c'est faire mal à des clientèles  (presse, agriculteurs, fonctionnaires) car ce ne sont pas les ROMs et plus généralement les étrangers qui sont le gros du problème de la dépense publique.

Et il faudra répondre à la manœuvre de Hollande : "on a déjà fait tous les cadeaux aux riches et cela ne marche pas . En plus ils veulentvous faire du mal" !

La réunification de l'opposition républicaine autour de Nicolas Sarkozy était-elle la meilleure des solutions ? Rien n'est moins sûr, même si désormais l'opposition est légitimement structurée.

L'erreur de Juppé est de n'avoir aucun programme et simplement de jouir du moment de grâce que lui accorde les sondages. Il faut contrer la parodie électoraliste de M. Hollande dès maintenant pour l'empêcher de fonctionner. Sans parti c'est quasi impossible. Arriver en restant flou pour être élu sur sa bonne mine seule est un pari, à notre avis, perdant.

L'erreur de Fillon est d'avoir raté son coup en 2012. Il aura certes un programme, et on peut le penser, plus puissamment réfléchi que celui des autres. Mais il n'aura pas contré Hollande comme chef de parti  et aura le plus grand mal à ne pas voir ses principales idées pillées par les différents clans.

Reste donc Nicolas Sarkozy. Il lui faudra plus qu'un petit guide électoraliste à court terme comme en 2007. On peut se dire que ne visant aucune réélection à la fin du prochain mandat présidentiel auquel il aspire, il a une carte à jouer vis-à-vis de l'opinion : "je suis là pour l'intérêt supérieur de la nation". On voit la posture mais pas trop la stature.

S'il ne joue que la carte forcée : "je suis en position d'être élu et j'y parviendrais", on retombe dans le petit opportunisme, façon Hollande.

La solution peut venir des échecs électoraux à venir de la gauche socialiste, qui, lessivée aux régionales et aux cantonales, se retrouverait, en quelque sorte,  hors-jeu, en dépit des manigances politiciennes de François Hollande. Une élection par défaut et sans grosse campagne permettrait au chef de l'opposition, quel qu'il soit, de battre Marine le Pen et de proposer, après l'élection, un programme gigantesque de restructuration du pays.   

Mais dans quel état sera la France d'ici 2017  !

Une leçon de la chute des prix du pétrole

Dans un système des changes flottants, la valeur respective des monnaies n'est pas seule à flotter. Toutes les valeurs "d'actifs" flottent également. Et les variations sont d'autant plus fortes que la création monétaire, par les banques centrales ou par les banques commerciales, a été plus massive. Dans une économie "baudruche", comme nous appelons la situation créée après l'abandon des disciplines de Bretton-Woods, toute "classe d'actifs" est alternativement à la veille d'une spéculation à la hausse ou à la baisse.

Dans le cas du prix du pétrole, qui viennent de s'effondrer, la conséquence sur les interprétations fréquemment avancées, est intéressante.

Première erreur : Parler d'un hausse perpétuelle du cours de l'or noir est un non sens. On peut invoquer une hausse tendancielle, guère plus. Nous aurons la charité de ne pas citer les bons auteurs qui voyaient le cours du Brent à 300 dollars le baril en 2014 avant la disparition du pétrole en 2020 (leurs prédécesseurs de 1970 voyaient cette disparition dans la décennie 1990 et au plus tard en 2000). La spéculation sur les cours du pétrole au milieu de la première décennie du siècle avait été tellement forcenée qu'une correction était quasiment obligatoire. Elle a été retardée par les achats chinois qui ne savaient plus quoi faire de leurs excédents de dollars. Et le krach spéculatif a fini par se produire. Cette règle est valable pour toutes les "commodities", y compris l'or qui n'est pas seulement une matière première.

Seconde erreur : croire que le pétrole fait la conjoncture. Les cours du pétrole sont dans la dépendance de la conjoncture pas l'inverse. Beaucoup de commentateurs ont cru devoir expliquer "la crise", depuis 1973, par l'évolution des cours du pétrole. La récession de 73-74 aurait été la conséquence de la guerre israélienne et de la hausse massive des cours du brut qui a suivi la défaite arabe. En vérité c'est la crise monétaire et de change provoquée par l'abandon de la référence à l'or par Nixon qui a provoqué les excès pétroliers pas l'inverse. Plus généralement, faire dépendre exclusivement de la rente pétrolière, qui s'est créée à ce moment là, le gonflement général du taux d'endettement de l'économie mondiale que l'on a constaté depuis 71, est une erreur de jugement.

La fin des "trente glorieuses" n'est pas expliquée par l'évolution du marché pétrolier, pas plus que cette période de forte croissance ne peut se réduire aux besoins de la reconstruction, ou à l'explosion d'un marché particulier. Combien de fois entend-on que la grande croissance a été uniquement le fruit de l'expansion du marché automobile associée à un pétrole pas cher ! Et que désormais tout cela est fini et qu'il faut songer simplement à organiser la baisse démographique  et économique pour songer à un bonheur brut dans l'abstinence.

La conjoncture est entièrement guidée par le crédit et l'investissement. Toutes les crises du cycle sont des crises de crédit, en particulier les phases de crises dures (74, 93, 2009). C'est parce que les mécanismes de régulation monétaire ont été détruits en 1971, que les crises périodiques sont de plus en plus graves. Le phénomène de la double pyramide de crédits, associé mécaniquement aux déficits et excédents monstrueux de balances de paiement,  a fait passer le taux d'endettement moyen à plus de 400%. Dès lors le dégonflement de la baudruche était impératif. Il se produit depuis 2008. Et il touche les marchés de biens, que ce soit l'immobilier, l'or ou le pétrole, en dépit des créations gigantesques de liquidité que les banques centrales ont impulsé (près de 10 mille milliards de dollars tout de même). Un autre mot pour la même chose : la déflation ! Seule une croissance forte dans une cadre plus que légèrement inflationniste et collaboratif permettrait d'éviter une phase de déflation désastreuse. Il n'y a plus de cadre ni de réel collaboration. La déflation est là : surprise, surprise !

La monnaie n'est pas un "voile" sans importance. Monnaie et crédit sont la base de la conjoncture. pas le pétrole.

Un système monétaire international nocif  fabrique des phénomènes conjoncturels désastreux. le système des changes flottants est une erreur calamiteuse.

Delenda est  !

L'effondrement du cours du pétrole, en effondrant en passant les théories absurdes qui font du pétrole la clé de tout, devrait ouvrir les yeux.

Devrait…

 Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

SNCF : une déliquescence tragique.

Départ de Bellegarde vers Genève, dans un train dans un état lamentable : sièges en tissu totalement souillés, parfois déchirés ; plafond noirci par endroits comme si un incendie avait laissé des traces ; impression générale glauque au possible. Il s'agit d'une rame venant de Lyon, c'est-à-dire ce qu'on trouve de mieux sur cette ligne. La rame de base est encore plus vieille et plus ignoble. Le train est plein. En première pratiquement toutes les places sont occupées … par des douaniers ! Les non fonctionnaires disposant de places de première sont priés de voir ailleurs. Les douaniers n'ont  aucun billet et refuse de laisser la place.

Peu après la sortie du premier tunnel un énorme boom avec un éclair impressionnant fait sursauter la rame. Deux secondes après rebelote.  Au troisième arc lumineux le train s'arrête. Il n'y a qu'un employé de la SNCF à bord. Il s'empare bravement du micro : "Nous avons un problème et allons appliquer la procédure prévue dans ce cas".  Notre ermite sort de sa cabine un manuel à la main et feuillette pour savoir ce que dit la procédure…

Il est évident que la liaison entre le pantographe et le caténaire, où l'arc électrique se produit , est fautive. Il faut les séparer. Le livre indique qu'il faut le faire en utilisant une échelle et une manivelle. Il n'y a pas d'échelle ni de manivelle ! Une fois le pantographe censément baissé avec les moyens du bord un essai de redémarrage provoque deux nouveaux arcs ! Trois heures et de demi après, le train est remorqué à Bellegarde.

Un train suisse arrive peu après : il est impeccable. Il arrive à l'heure à Genève. Les douaniers n'ont pas pu s'installer en première… Au total 4 heures de retard pour un trajet d'une demi heure.

Pendant le voyage les discussions courent.

Une voyageuse vient de Montpellier. Elle a déjà du changer de train deux fois. Elle aura mis 11 heures pour atteindre Genève. Sa correspondance pour Zurich est perdue.

Une autre, partie d'Aix, a été descendu à Grenoble. Pas question d'aller plus loin. Il a fallu trouver un train pour Lyon et prendre un troisième train pour Genève. Sept heures de retard.

Pour avoir pris récemment un train Lyon-Vienne, avec 75 minutes de retard et un train absolument dégoûtant, je sais que le réseau non TGV est en difficulté. Mais après 3 heures de cancans dans une voiture où il était interdit d'ouvrir les fenêtres et où les portes des toilettes étaient désormais bloquées, l'accumulation de témoignages de trajets plus horribles les uns que les autres a rendu clair que la SNCF est dans un état complet de déshérence et ne contrôle plus rien sur son réseau secondaire.

Le rapport sur une catastrophe mortelle récente, liée à un aiguillage mal entretenu, publié il y a quelques jours, est accablant pour la SNCF. Il souligne l'effondrement technique de la desserte de la Région parisienne.

Restaient les TGV. Un rapport de la Cour des comptes souligne le caractère intenable de la gestion actuelle. Des augmentations déraisonnables de salaires (la crise connait pas !), une politique tarifaire élitiste fondée sur les techniques d'optimisation de l'aviation, des investissements politiques sans aucun sens économique dans des lignes impossibles non seulement à rentabiliser mais même à simplement justifier, ont rendu le réseau problématique.

Sur les lignes conjointes (Thalys, Lyria, …) on voit des conducteurs étrangers de plus soixante ans, alors que les Français grévicoles, sont à la retraite à 52 ans et parfois moins.

Techniquement, le TGV français est moins performant à tout point de vue que le Shinkansen japonais. Pour l'avoir pris récemment, je peux témoigner de son confort supérieur (place pour les jambes ; logements pour les valises, pas de roulis) et la qualité de l'exploitation (personnel impeccable ; horaires respectés, absence de pannes). Il s'avère donc impossible d'expoter notre savoir faire car non compétitif.

L'industrie des fournitures ferroviaires est à l'arrêt. Près de 10.000 postes sont en danger.

Le tableau est effroyable, entre la maltraitance des voyageurs, allant jusqu'à la mort, les pertes abyssales, et la perte de l'écosystème associé. Le ridicule achevé des décisions qui ont fait retenir des wagons futurs non compatibles avec l'écartement des quais dans de nombreuses gares est la cerise sur le gâteau.

Comment expliquer un tel naufrage ?

Depuis la guerre, la SNCF est gérée par un statut mis en place par les communistes à la Libération, en vue d'en faire une forteresse rouge, à toutes fins révolutionnaires. Raoul Dautry en a fait aussi une forteresse technique et économique inexpugnable, un état dans l'état, où une coupole d'ingénieurs s'est fait plaisir en interdisant toute risque de concurrence pour le transport des voyageurs (en interdisant les services d'autocars interurbains) et même le transport des marchandises (en interdisant la construction de camions). Le cumul de ces deux attitudes monopolistiques et syndicalo-politiques, a eu un coût très élevé pour la collectivité.

Elles ont interdit de bien gérer le sureffectif phénoménal de la compagnie.  On peut calculer qu'un réseau efficace en France ne demande pas plus de 100.000 personnes. On en était à 750.000 environ en 1947.  Au lieu de redéployer ces effectifs excédentaires, on les a conservé bêtement au prix d'un climat délétère, d'une inactivité ruineuse, du maintien de durées de travail ridicules et de la non réorganisation pendant des décennies de services qui ne servaient à rien, de départs à la retraite massifs aux frais du contribuable, d'investissements colossaux et sans rentabilité.

Nicolas Sarkozy obsédé par la "paix sociale" a privilégié des accords avec la CGT. François Hollande est obsédé par le risque de coagulation des mécontentements et lâche tout. Il essaie même de faire venir une ligne non rentable dans son fief corrézien.

Le résultat est celui que l'on constate. Le transport de marchandises et la messagerie par chemin de fer est une activité morte. Les compagnies de transports maritimes anciennement liées à la SNCF sont mortes (il ne reste qu'à les enterrer). Et les trois activités voyageurs (banlieue, TER et TGV) sont en pleine déliquescence.

Il faut en tirer une leçon : ne jamais créer des statuts qui empêchent les licenciements. La flexibilité industrielle impose des redéploiements d'effectifs. Les bloquer ruine tout le monde.

Comme les Suisses l'ont fait, il faut supprimer les statuts qui prévoit ce genre de blocage, sauf pour les postes régaliens (fonctionnaires de catégorie A, militaires) et les secteurs où les postes difficiles à pourvoir et qui doivent être répartis de façon plus ou moins autoritaire (Instituteurs).

Garantir l'emploi à vie dans une entreprise industrielle ou commerciale est la certitude de faire le malheur de l'institution et de ses salariés. Pour avoir travaillé des années au service de la SNCF, je sais mieux que quiconque la qualité de la majeure partie de l'effectif. Les erreurs d'organisation tue le bienfait d'hommes formés et compétents qui doivent devenir des saints pour être utiles et donner leur mesure.

Dans un système débile, les meilleurs hommes se perdent.  

Il faut d'urgence restructurer de fond en comble la SNCF : statut, finance, organisation, technique, compétition, tout doit y passer.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

Une autre erreur économique commune

Parmi les erreurs que l'on retrouve de façon assez généreuse dans la presse et parfois dans les rapports des grandes institutions économiques mondialisées, figure l'idée que les pays émergents tireraient la conjoncture et serait la solution aux difficultés des économies "vieillissantes". Nous avions déjà dénoncé ce travers , dès 2009, dans le dossier :

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/3/8/Non-la-Chine-ne-nous-sauvera-pas-

Nous donnons ci-dessous le graphique de l'évolution du PIB chinois tel qu'il nous est désormais connu. On voit qu'il n'y a pas eu de miracle. La Chine a suivi l'évolution générale. Ses énormes réserves ont permis des poussées spéculatives ou défensives d'achats divers (terres rares, pétrole, ports étrangers, achats africains, etc.) qui ont laissé croire à une reprise du commerce international. En réalité le commerce international, largement basé sur la santé des circuits financiers car on échange des biens contre du papier étranger, s'est totalement effondré en 2009 et n'a jamais véritablement repris.

L'effondrement pendant l'année 2014 (qui devait être l'année de la franche reprise) des prix du pétrole, de l'or, des matières premières, et d'une façon générale des biens qui servent de base aux échanges internationaux,  en est aujourd'hui la preuve éclatante.C'est cette baisse qui fait craindre au FMI un début de déflation généralisée. Mais le FMI n'en analyse pas la source. Pour cette institution c'est la stagnation européenne qui explique tout. En fait, l'explosion du système monétaire international, avec repli sur leur pré-carré de toutes les banques, sauvées par leur Etat, n'a conduit, sur le front international,  qu'à des mouvements erratiques soutenus essentiellement par la spéculation ou les pratiques défensives.

Les énormes liquidités créées par les banques centrales ont certes conduit les investisseurs à chercher des opportunités dans les pays émergents. La hausse de tel ou tel marché dans ces régions a été créée par ces mouvements spéculatifs qui ne reposaient sur rien. Jusqu'au moment où le néant sous-jacent est apparu clair à tout le monde et ce fut le repli en ordre dispersé. Le rôle des responsables de la gestion de fortune est de chercher à être au début du mouvement spéculatif et de s'en échapper à temps. Certains y arrivent. Mais, obligatoirement, la majorité d'entre eux se noit.Et avec eux les économies touchées : voir le cas du Brésil.

La vérité est toute simple : les économies importantes sont grevées par un stock de dettes irrécouvrables monstrueux qui pèse sur leur croissance. Les pays émergents peuvent être occasionnellement boostés par les flux de monnaie créés pour contrer le dégonflement global de l'économie baudruche mais ils ne sauraient tirer la conjoncture.

Le faible ne sauve jamais le fort.

 

 

 

 



La fausse "exemplarité" du marché des devises

Parmi les lubies de l'époque, et cela dure depuis la libération complète des mouvements de capitaux en 1990, figure l'exemplarité du marché des changes, présenté un peu partout et en particulier dans les cours d'économie financière, comme le parangon d'un marché quasiment parfait, permettant une confrontation à la seconde de millions de décisions  d'achat et de vente, et l'allocation optimale des ressources, en liaison avec le marché des taux d'intérêt.

Depuis cette époque nous ne cessons de répéter que cette doctrine est totalement aveugle aux réalités.

Le marché monétaire est l'exemple même d'un marché doublement imparfait :

- Il est dominé par quelques banques centrales qui peuvent intervenir avec des moyens tels que les changes n'ont que le sens qu'on veut bien leur donner (ou qu'elles veulent bien qu'on leur donne). On l'a vu avec la banque centrale suisse, qui a émis presque la valeur d'un PIB national pour arrêter la hausse des cours du Franc Suisse. On l'a vu avec l'émission de monnaie de la Banque centrale du Japon qui a noyé de liquidité les marchés pour faire baisser le Yen. Ne parlons pas de la FED et maintenant de la Banque Centrale Européenne qui ont émis près de 10.000.000.000 de dollars de monnaie gagée sur rien du tout en 7 ans.

- Les opérateurs au quotidien sur le marché des changes sont très peu nombreux et peuvent se coaliser facilement pour monter des coups permettant des gains faramineux en quelques heures ou quelques jours. Les gains sont minimes en taux mais les capitaux mobilisés sont tels et la durée des opérations si courte,  que les rendements sont extravagants.

Que constate-t-on aujourd'hui ?

- La condamnation des principales banques ayant manipulé le cours de certaines monnaies clés permettant de fixer des "trackers" sur lesquels on a pris des positions spéculatives à très court terme. On se rappelle que le Libor avait déjà été manipulé de la même façon. Cours de change et taux d'intérêt ont donc été constamment manipulés pendant vingt cinq ans. Merci pour l'allocation optimale des ressources !

- La danse de Saint-Guy actuelle des monnaies dont les cours sont manipulés par les banques centrales ou les Etats, ou de celles qui ont été affectées par des éclatement de bulles spéculatives. Le cours du pétrole, entièrement dominé par la spéculation, a fini par s'effondrer,provoquant aussitôt la chute de monnaie surévaluée comme par exemple le Rouble russe, lui-même victime de faits politiques. Le Real brésilien se porte mal du fait de l'arrêt des achats chinois qui avait permis une spéculation éhontée sur les "classes d'actifs" brésiliens dont la monnaie. L'Euro a fortement baissé par rapport au dollar du fait de l'action de M. Draghi.

Encore une fois, où voit-on un marché libre, liquide et parfait ?

De toute façon dans une économie boursouflée par la création monétaire massive, que nous avons appelé "baudruche", les marchés de capitaux n'ont aucun sens "réel". L'argent ne se place pas dans des projets de production mais dans des espoirs de gains en capital sur des valeurs nominales dépendant directement des émissions monétaires.

Tant qu'on n'a pas mis fin au mécanisme qui permet un gonflement des crédits  hors de tout contact avec les investissements de production, et qu'on laisse les banques centrales se faire la guéguerre monétaire, enveloppée dans l'encens des réunions périodiques sacralisées et pseudo consensuelles, les sanctions juridiques n'ont aucun sens.

La seule solution est d'en revenir à l'essentiel : les Etats doivent être rendus responsables de l'équilibre de leurs balances extérieures et du change de leur monnaie, avec des mécanismes de contrôle et d'aide pour limiter les effets des ajustements éventuels.  L'énergie est trop importante pour qu'on en laisse le prix flotter au gré de la spéculation. Il faut revenir à un système de monnaie internationale de référence, gagée sur des valeurs réelles, dont le pétrole mais aussi l'or, avec des monnaies au change fixe et ajustable par rapport à cette monnaie internationale.

Cette organisation, conforme aux statuts du FMI et aux accords de la Havane, mais corrigée par rapport au système de Bretton-Woods (suppression de la référence obligée au dollar, parité des droits et des devoirs au sein du FMI, intégration des grandes valeurs économiques de référence comme l'énergie, interdiction du "short" sur les monnaies, interdiction de la cotation continue), est la seule capable de mettre fin à l'économie baudruche et de canaliser le dégonflement de la masse d'endettement global qui frôle toujours aujourd'hui dans l'OCDE les 400%.

Cette réforme est SINE QUA NON.

Vouloir faire croire que la crise est circonstancielle et liée à l'action condamnable de quelques malfaisants est, au mieux, une naïveté.   

La crise a éclatée en juillet 2007. Sept ans après, l'empilage de dettes n'a pas été réduit. Le marché des monnaies est en pleine folie. "L'allocation optimale des ressources" est, comme la fameuse main censée la guidée "clairement invisible". En revanche la stagnation perdure ; les désordres perdurent ; le chômage s'étend ; les politiques économiques restent de pure panique.

Et pas un mot de la part des responsables pour faire le constat de ce sinistre tableau ni prendre la moindre mesure corrective. Où est M. DSK, l'ancien président adulé du FMI ? En train de tenter de se sortir d'un engagement fumeux dans la spéculation internationale. Où est Madame Lagarde ? En train de tenter de se libérer de son inculpation dans l'affaire Tapie. Où est le Président de la République Française ? En train de tenter de se sortir des mille et pièges qu'il dresse et dans lequel il tombe avec un certain plaisir. Où est M. Juncker, le Président de la Commission Européenne ?  En train de tenter de se sortir de l'affaire des avantages fiscaux donnés aux multinationales par le Luxembourg qu'il dirigeait, au détriment des autres pays d'Europe. Où est Poutine ? En train de reconquérir par la force une partie de l'Ukraine. Où est M. Abe ? En train de tenter d'interpréter la Constitution Mac Arthur pour construire la bombe atomique. Où en sont les Chinois ? En pleine exaltation du national-socialisme Han. Où est M. Obama ?  Qui est M. Obama ?

L'esprit de coopération économique et monétaire international a totalement disparu, noyé dans le "libre" marché des capitaux et la perte de toute réflexion économique collective sérieuse.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

François Hollande : de la désinvolture à la transgression.

Après l'épisode tragi-comique de la crise gouvernementale de fin août 2014, marquée par l'éviction de quelques ministres sans importance, l'épisode tragi-comique de la crise conjugale présidentielle, marquée par la vengeance livresque de la répudiée, l'épisode tragi-comique de l'enfumage de la Commission Européenne par un Président français bien décidé à s'essuyer les pieds sur l'obligation de maintenir le cap de la réduction des déficits publics, marquée par le retour de bâton de la Commission trompée mettant en lambeaux les fausses prévisions économiques du gouvernement français, après l'épisode tragi-comique de la crise idéologique marquée par le livre d'Eric Zemmour, qui montre une intelligentsia de droite et de gauche totalement aux abois devant l'énoncé de quelques évidences, après l'épisode tragique et comique à la fois de la "répression" des casseurs écologistes, s'opposant au barrage d'un ruisseau, marqué par la mort d'un manifestant tué par une grenade offensive, après l'exhibition tragi-comique d'un Ministre de l'Intérieur qui déballe en public "son cœur ému" d'avoir à assumer un "Malek Oussekine" de gauche et qui se rachète en annonçant très médiatiquement qu'il va monter une buvette pour les migrants qui prennent d'assaut Calais, … en 2015, voici venir l'épisode tragi-comique de la tentative d'assomption médiatique d'un Président à mi-mandat, qui a absolument tout raté, en divisant, meurtrissant, appauvrissant et affaiblissant par tous moyens la France et les Français, et qui prétend au milieu de la haine générale et notamment de ceux qui l'ont servi un temps, réfléchir "à un nouvel élan" pour la seconde mi-temps afin d'être à nouveau élu en 2017.

Compte tenu de l'impact économique de l'échec de la politique suivie depuis deux ans et demi, 500.000 chômeurs de catégorie A en plus, un et demi  à deux millions de personnes de plus ramenées à une vie soumise à la seule subvention publique, des dizaines de milliers d'entreprises en faillite, un sous investissement tragique, l'effondrement immobilier, le gonflement de la dette à près de 100% du PIB et 200% de la valeur ajoutée des entreprises non financières de plus de une personne, des déficits non maîtrisés qui s'accroissent au lieu de se réduire malgré la dégelée fiscale imposée aux Français, Il est intéressant de s'interroger sur le mode de fonctionnement du cerveau présidentiel et ses conséquences pour les trois années à venir.

Nous avions noté depuis les dernières élections présidentielles que ce Monsieur Hollande était désinvolte et n'avait pas de respect pour grand-chose. En fait on ne peut plus parler de simple désinvolture mais bien de transgression.

"La transgression est l'action de transgresser, de ne pas respecter une obligation, une loi, un ordre, des règles. Par extension, une transgression désigne le fait de :

- ne pas se conformer à une attitude courante, naturelle,

- progresser aux dépens d'autre chose, d'empiéter sur quelque chose, d'envahir,

- dépasser une limite  ou ses limites,

d'aller contre ce qui semble naturel."

Telle est la définition donnée par Wikipedia.

Transgresser n'est pas simplement bousculer les convenances. Transgresser prend toujours la forme du viol d'une règle généralement admise, car jugée par le plus grand nombre comme nécessaire à l'objet de la vie d'un groupe. Comme tout viol, la transgression signale le narcissisme du transgresseur, son sentiment de supériorité vis-à-vis du vulgaire, l'affirmation que son désir est au dessus de toute règle. 

On manquerait de place pour énumérer toutes les transgressions dont témoignent le parcours et l'action de François Hollande.

Engrosser à plusieurs reprises une femme sans l'épouser reste transgressif aux yeux de nombreuses Françaises et Français, même si les mœurs ont changé depuis 1968.

Cette première transgression en a amené d'autres.

                Premier président arrivant à l'Elysée avec une maîtresse en titre

                Premier président à évacuer sur une civière ladite maîtresse, bourrée de tranquillisants, peu après avoir été surpris avec une starlette vieillissante

                Premier président à vouloir installer plusieurs anciennes maîtresses à des postes de pouvoir (perchoir de l'assemblée, objectif raté, puis ministre pour l'une d'entre elle, maire de Paris pour l'autre), Mitterrand n'ayant promu sous les quolibets qu'une seule d'entre les siennes (mais c'était au poste de premier ministre et cela ne dura pas).

                Liquidation du principe d'égalité dite "horizontale" pour les allocations familiales,

                Multiples attaques fiscales contre la famille

                Mariage homosexuel.

Ces transgressions à répétition ont fini par mettre dans la rue des centaines de milliers de Français, qui considèrent qu'on ne peut pas être à ce point désinvolte et transgressif lorsqu'on est chargé d'incarner un pays où la famille reste la cellule de base.

Si on s'en tient à la sphère purement républicaine, le principe assumé lors de la campagne présidentielle selon lequel 10% de la population paierait 90% de l'effort de redressement des finances publiques est clairement une transgression.

La règle républicaine veut que les citoyens concourent à proportion de leur revenu à l'effort national lorsqu'il est requis. Pompidou est le dernier Président à avoir répéter inlassablement ce principe. "Tous ensemble, nous sortirons rapidement de la difficulté".

L'idée que les 10% les plus riches devraient contribuer seuls et massivement au "redressement productif", symbolisée par la tranche à 75%,   une fois mise en œuvre,  a eu les effets délétères que l'on constate.

- Le mépris pour une aussi vile démagogie

- La mise au pilori d'un groupe  nécessaire à la croissance, provoquant l'arrêt de l'investissement et du marché immobilier, tout en provoquant une vague d'émigration en un temps où on aurait besoin de tout le monde.

- Le développement dans le public frappé dans son emploi et son revenu de l'idée que les riches suffiraient à payer la crise et ses conséquences, ce qui s'est naturellement révélé un mensonge éhonté dans les faits, mais qui continue de faire rêver d'une mythique "réforme fiscale" qui ferait enfin payer les riches, alors que le taux de prélèvement, tous impôts et taxes confondus dépassent 100% pour des dizaines de milliers de Français.  

Il est vrai qu'aussi bien Jospin que Sarkozy avaient commencé à franchir cette ligne jaune.

Jospin après avoir monter les prélèvements sur les hauts revenus et les fortunes à des niveaux intolérables, avait compris qu'il avait été trop loin (l'affaire de la cagnotte). Fabius l'avait aidé à comprendre le phénomène. Il a donc réduit les impôts mais de façon dissymétrique par rapport à la hausse. Au lieu de le faire dans les mêmes proportions qu'il les avait augmentés pour chaque groupe de revenu, il a choisi de transférer à ceux qui ne paient pas d'impôts une fraction de la hausse infligée par l'impôt progressif à ceux qui le paient. Ce fut le PPE, solution absurde, compliquée, injuste qui consiste à dire : je prends directement aux tranches hautes pour donner, sans conditions ni objet défini,  aux tranches basses. Il n'y a pas de limites à ce genre de distribution qui s'apparente à l'achat de vote plus qu'à une politique sociale.

Lors de l'affaire du RSA, Sarkozy avait pris directement (beaucoup) par l'impôt sur les intérêts de quoi doper (peu) les allocations des rmistes. Et c'était également de l'achat de vote.

On peut vouloir aider les plus démunis, et on le fait depuis des décennies, tout en conservant le principe du juste effort contributif en fonction du revenu.

La transgression du principe républicain est aggravée quand on brûle la chandelle par les deux bouts : impôt confiscatoire concentré sur un petit nombre, et prix différentiel pour les riches de l'accès aux services publics. 

Rappelons qu'une politique d'injures ad hominem concoctée, selon FO Giesbert, directement dans le bureau de F. Hollande  et appliquée à certains patrons et à l'acteur Depardieu,  est une véritable transgression. Jamais jusque là un président ne s'était abaisser à détourner les moyens de l'Etat pour injurier un particulier.

Faire écouter continument son principal rival politique est également une transgression.

Il ne faut pas croire que l'esprit transgressif de M. Hollande se concentre seulement sur la bourgeoisie possédante et les institutions traditionnelles comme le mariage.

En affirmant qu'il était social-démocrate, adepte de la politique de l'offre, il a clairement transgressé un interdit de la gauche marxiste. La nomination d'un premier ministre démonstrativement non socialiste et d'un Ministre de l'économie venant de chez Rothschild, a confirmé avec un certain sadisme sa volonté de transgression des règles de son camp.

Il en va de même en Europe. En ne respectant aucun de ses engagements, il vide de son contenu le traité de Maastricht, le traité "merkozy" et toute la mécanique de sortie de crise de la zone Euro, fondée sur la mise hors-risque de l'Euro avant de progresser vers de meilleures règles de gestion de la zone.  

Arrêtons la liste ici. Les lecteurs compléteront d'eux-mêmes.

Réfléchissons plutôt au rôle de la transgression. On peut faire évoluer des règles stables et généralement admises si elles provoquent un blocage nuisible à l'avenir de la société. Le bien commun  peut exiger la remise en cause d'habitudes de pensée invétérée, ou de comportements finalement nuisibles.

Cela impliquerait que l'équipe dirigeante, et particulièrement son chef, défendent de façon publique un bien commun clairement affirmé dont le changement de règle serait la condition. De Gaulle a transgressé le devoir d'obéissance militaire en partant pour Londres "relever le glaive de la France". Il se faisait "une certaine idée de la France" qui a fini par être largement partagée. Le légitime l'a emporté sur le légal.

L'ennui des transgressions "hollandaises" est qu'elles n'ont aucun rapport avec le bien supérieur de la nation. Elles ne se comprennent que comme adjuvants d'une carrière personnelle qui ne doit être entravée par rien. "Jouir sans entraves", comme son modèle, F. Mitterrand, narcisse devant l'éternel.

M. Hollande veut être réélu, tout en faisant ce qu'il lui plait. Tout son programme se résume à ce seul objectif. Le livre de Trierweiler le prouve à toutes les pages. L'éclat public qui a vu, nouvelle transgression, un Hollande, remettant de décoration à son premier ministre,  se payer la tête du récipiendaire, et se moquer de sa volonté supposée d'être Calife à la place du Calife, est suffisamment significatif (parmi 1000 exemples du même type).

Son programme est exclusivement accès sur sa réélection en 2017, même si le mépris que les Français lui témoignent aujourd'hui, rend désormais cette tâche compliquée.

Dès le départ il avait annoncé la couleur : Je solde la crise les deux premières années en ruinant "les riches", puis je me lance dans l'achat de vote.  Je cède tout aux minorités pour qu'elles me fichent la paix  et votent pour moi en 2017 : les fameuses "avancées sociétale du quinquennat", chargée de masquer l'incurie des deux premières années. J'évite tout conflit avec les forces qui peuvent coaguler des mécontentements. Donc je ne réforme rien et ne fait aucun tort sensible aux fonctionnaires et aux syndicalistes.  Je baisse ma culotte devant toute corporation un peu réactive : des bonnets rouges aux casseurs écologistes, en passant par les camionneurs, les taxis,  la Sncf etc.  En revanche je montre mon "courage" en frappant des minorités qui ne peuvent pas mobiliser. L'absence de réformes indispensables mais qui exigent un minimum de courage,  provoque naturellement le glissement dans la dette et le déficit  de toute la gestion publique. Mais, en 2017, il sera facile de dire : "je vous ai protégé, voyez ce que les autres veulent vous faire". Les trois cautions du dernier gouvernement :  Eckert, pour l'essorage des riches, Taubira et Belkacem, pour les minorités et les idéologies "anti-bourgeoises", prouvent cette volonté présidentielle de tenir les symboles pour ne pas compromettre sa posture électorale à venir. 

Reste la grande affaire : la crise économique et sociale dont le symbole est la baisse du revenu moyen par tête et la montée du chômage à des niveaux destructeurs de la cohésion sociale.

La tactique est, ici aussi, prête depuis longtemps.  "C'est la faute à Jules". Le Jules en question est protéiforme.

L'Europe : "C'est la faute à Merkel, malgré tous mes efforts qui ont tout de même empêché que cela soit pire"

Les Patrons : "On leur a fait un incroyable cadeau et ils n'ont pas joué le jeu".

L'opposition : "Ils nous ont laissé une situation dont on avait pas compris qu'elle était aussi grave".

Les éléments de langage sont prêts et déjà rodés.

"Il faut faire de la politique" hurlent, chacun à leur tour, les responsables du PS et les proches du Président. Il faut traduire : l'objectif politique personnel de M. Hollande (et les places qui vont avec pour les affidés)  est la seule chose qui compte et tout doit être subordonné à cet objectif.

Imposer la proportionnelle intégrale aux élections législatives serait une nouvelle transgression de l'esprit des institutions. Elle ferait du Front National la première force politique du pays et rendrait la France ingouvernable. Mais selon les tenants de cette solution, elle permettrait de présenter Hollande comme le plus petit commun dénominateur capable de fédérer le magma. Ah, se retrouver seul face à Marine Le Pen ! Puis composer un gouvernement de quatrième république avec des factions !

La conséquence de la psychologie du Président Hollande, désinvolte et transgressif, est que la France sortira de ces cinq années de manipulations transgressives et d'objectifs égotistes dans un état lamentable. Aucunes des grandes questions dont la France aurait du s'emparer, comme la remise en cause de l'organisation économique de la zone Euro  ou la refonte du système monétaire international, n'auront été posées. Pour porter ces thèses, il aurait fallu restaurer la situation économique du pays et rétablir l'équilibre des finances publiques. La trajectoire initiée par les réformes de la fin du mandat présidentiel précédent permettait de l'envisager.   

La Commission a raison de prévoir que la politique du rat crevé au fil de l'eau ne débouchera que sur des résultats désastreux. L'économie française a été mise au service d'une ambition narcissique qui n'a aucun intérêt national. Les réserves des Français ont été pillées en vain.   Le détournement de la puissance de l'Etat pour rançonner fiscalement la partie des Français les plus compétents n'a servi qu'à cautionner une politique qui laisse filer dettes et  déficits publics.

La détestable stratégie hollandaise qui met la France à la remorque de son narcissisme transgressif, a-t-elle une chance de réussir ? Tactiquement oui, puisque la droite est divisée, que le FN a dépassé l'UMP, et que les centristes flottent. La droite est obligée de proposer les réformes dures que Hollande ne fera pas, donc d'inquiéter. Sur la gauche, les prétendants sont obligés de radicaliser leur discours, ce qui les rend peu crédibles : les Français ont compris qu'ils n'avaient pas besoin de plus de socialisme. Comme d'habitude les habiletés tactiques de F. Hollande le pousseront au centre du jeu.

Un grave évènement peut-il arrêter cette politique de petit malin ?  

L'affaire Léonarda a montré qu'Hollande tient suffisamment le PS pour qu'il empêche de lâcher les meutes scolaires et estudiantines du PS dans la rue. Les turbulences n'ont pas tenu quinze jours.

L'affaire de l'écologiste tué à la grenade offensive montre qu'il n'y aura de grandes manifestations comme dans le cas de Malek Oussekine. La droite ne songe pas à exploiter les "cadavres exquis".

La montée vertigineuse du chômage n'a entraîné aucune réaction sociale d'envergure. Il aura suffi d'arroser.

L'Europe s'agace mais ne frappe pas la France "too big to be really struck".

Les marchés ? Le retournement de la courbe des taux d'intérêt mettrait immédiatement la France en faillite. Mais elle est trop grosse pour que cela arrive. La zone Euro sauterait.

Il se peut aussi que la situation économique devienne à ce point détestable qu'Hollande se voit obligé de se montrer transgressif vis-à-vis de lui-même, appelant à rechercher immédiatement des solutions de consensus entre partis de gouvernement, avec un gouvernement d'Union Nationale et l'engagement de ne plus jamais se présenter à une élection présidentielle.

Ce serait la meilleure solution.

La France et l'Europe n'ont pas besoin des palinodies désinvoltes devenues transgressives de M. Hollande pour sept années et demi de plus.

L'état du monde en octobre 2014

Toutes les prévisions gouvernementales suivent, à peu près, le même cheminement : aujourd'hui, cela va mal, mais la reprise arrive l'année prochaine et dans deux ans ce sera magnifique. La reprise est toujours "au coin de la rue". Rien n'aurait donc changé depuis Hoover ? Lorsqu'on relit les analyses d'octobre 2013, on constate que l'année 2014 était annoncée comme un excellent cru économique et que l'année 2015 serait encore meilleure. Nous étions sceptiques.

Cet optimisme de circonstance s'est fracassé, comme d'habitude, sur des réalités plus puissantes que les vagues espoirs, plus ou moins honnêtes, de dirigeants déboussolés.

La difficulté de l'économie mondiale tient au fait qu'une masse de dettes délirante s'est accumulée en quarante ans, à un niveau tel que la production ne peut pas en assurer le remboursement et permet à peine le paiement des intérêts. Nous en sommes toujours, pour les pays de l'OCDE, à un taux de dettes globales situé quelque part entre 380 et 420% du PIB. Par rapport à la valeur ajoutée des entreprises de plus de une personne du secteur marchand non financier, le taux doit être plus proche de 800% que de 700%. Ce qui veut dire que les banques sont toujours virtuellement en faillite et que les détenteurs "d'actifs" sont dans l'angoisse permanente d'en perdre une partie plus ou moins conséquente.

Le mouvement naturel du commerce est entravé par cette situation d'enflure qui provoque des comportements de défense aussi bien des Etats que des banques, des entreprises et des particuliers. Qui dit défense dit contraction et repli. Les Etats ruinent leurs citoyens par l'impôt et/ou leurs entreprises par la contraction de la demande et des moyens d'investissement. Les entreprises restent infiniment prudentes, faute de marchés. Les énormes liquidités déversées sur les banques ne servent qu'à chercher les reliquats de plus-values ou les mini-bulles spéculatives que ce ruissellement peut engendrer.

L'examen du "Baltic dry index" montre un électroencéphalogramme commercial absolument plat, alors que les bourses ont grimpé un petit peu, en même temps que certains secteurs immobiliers comme en Irlande, à Berlin ou à Londres. Nous sommes toujours dans le type d'économie que nous avons qualifié de "baudruche", avec un ballon gonflé à l'hélium des banques centrales mais qui fuit de partout. Cette situation où tout le monde a le pied sur le frein pendant que les banques centrales appuient sur l'accélérateur est propice à tous les dérapages, surtout quand elles lâchent l'accélérateur. 

La volonté de la Chine de ne pas perdre trop sur son stock de dollars a animé, un temps, les marchés internationaux avec des achats de produits agricoles et de matières premières. La remontée du cours du dollar du fait de l'action de la BCE qui a fait fondre un peu l'Euro, a réduit cette pulsion. Alors tous les cours baissent. Déjà la menace d'une diminution du Quantitative Easing de la FED avait déréglé le marché des changes. Si le dollar remonte, les flux spéculatifs se réorientent. C'est la beauté des changes flottants avec refus de maîtrise des excédents et des déficits massifs de balances de paiements et liberté absolue des mouvements de capitaux. Les décisions ne sont plus corrélées aux productions et consommations mais à des spéculations massives sur des interprétations comportementales.

Le problème est que les Etats-Unis ne joueront pas le rôle qu'ils ont tenu à la fin des années 1990. Le retournement du change du dollar avait provoqué l'accélération de la spéculation sur les bourses américaines, confortée par la bulle sur le compartiment NTIC du Nasdaq,  et une spéculation sur le dollar lui-même, en même temps qu'une énorme création monétaire des banques d'affaires et commerciales, basée sur le recyclage des excédents Chinois et Allemands,  avait provoqué une flambée conjoncturelle très intense. Rien de tout cela n'est plus possible aujourd'hui. Les banques ont besoin de dégonfler leurs bilans et la consommation est asséchée par les impôts, notamment en France et plus généralement en Europe.

La chute des cours du pétrole prend acte du fait que la spéculation sur les cours n'a plus aucun rapport avec la consommation effective. Toutes les autres matières premières suivent le même chemin, sauf l'or qui frémit devant de nouveaux risques d'explosion de la zone Euro.

Alors, oui, nous sommes encore dans la phase "haute" du cycle, mais la hauteur en question est réduite par l'obligation générale de réduire les déficits publics et les en-cours bancaires. Le seul aspect positif est que la récession décennale devrait être modeste, la correction des excès de crédits se réduisant à la digestion d'erreurs spéculatives de petite amplitude. Sauf, naturellement si la baudruche perce massivement du fait de politiques trop gravement inconséquentes ou d'évènements extérieurs gravissimes. 

L'Afrique dont la croissance a été plutôt bonne du fait de l'arrivée massive de capitaux internationaux à bas prix et par les achats multiples de la Chine,  commence à tousser. L'Europe est toujours plus ou moins stagnante. Et les Etats-Unis, faute de marchés extérieurs, voient la reprise économique, réelle, s'étouffer lentement.  

Cette situation inquiète les grands maîtres de la spéculation internationale. Ils ont fini par conclure que les positions allemandes bloquaient tout le système et empêchaient de faire des affaires. Depuis juin 2014 les rumeurs signalent qu'ils vont provoquer une correction assez forte des marchés d'action, qui n'avaient pourtant grimpé en moyenne que d'une dizaine de pour cent en deux ans. Le but n'est pas très compliqué à comprendre :  provoquer la crainte d'une récession en l'Allemagne, où le système bancaire est très abimé, puis d'un nouveau Krach. Il fallait, pour que l'opération réussisse, que les indices cautionnent l'opération. On a attendu octobre pour la déclencher car tous les chiffres d'activités sont dans le rouge ou l'orange foncé et des aléas pèsent sur la fin de l'aide à la Grèce, et celle du Quantitative Easing de la FED. Les petites guerres en Europe, en Afrique  et en Orient ajoutent au climat. La baisse soudaine des bourses, amplifiée par les programmes informatisés, joue le rôle d'un avertissement. Tout est trop artificiel, trop lié aux banques centrales. Mais il faut que ces dernières ne renoncent pas à la création monétaire et que l'Allemagne cesse ses blocages.

Sans tomber dans le "complotisme", l'avenir nous révélera sans doute, comme d'habitude, que quelques dizaines de financiers se sont réunis dans un endroit sympa et discret en cette saison, comme Colorado Springs, pour réfléchir à l'avenir.

Ceux qui sont accrochés à la baudruche ne veulent pas d'un dégonflement cataclysmique. Ils pensent désormais qu'il faut que l'économie réelle reparte. Sans croissance, il est impossible de sortir de la situation. Ce en quoi ils n'ont pas tort.

L'expérience montre que le seul moyen d'obtenir une relance concertée qui ne sombre pas immédiatement dans les crises monétaires et financières est de recréer un système de changes fixes et défendus par des Etats conscients de leur responsabilité dans ce domaine. L'expérience des années 1944 à 71 montre qu'on peut, en même temps, faire baisser l'en cours de dettes global et créer une forte croissance.

Si on était dans un système de changes ajustables, le Yuan aurait été fortement réévalué, le Dollar dévalué, le DM fortement réévalué et le Franc fortement dévalué, mais de façon concertée, avec un fort accent mis sur la production et la productivité.  Une fois le nouvel équilibre institué, les entrepreneurs et les financiers auraient eu un horizon stable pour rechercher non pas une spéculation  artificielle sur une bulle monétaire ou immobilière quelconque mais des possibilités de flux de recettes liées à l'activité croissante.

L'action des banques centrales, associée à des traités intercontinentaux ne suffit pas, si on conserve un système de changes flottants avec irresponsabilité des Etats sur leurs excédents et déficits. "Nous sommes au bout des politiques monétaires", disent les banquiers centraux.

C'est le grand paradoxe de la situation actuelle. Les grands spéculateurs viennent de le faire savoir, avec leurs moyens : cela ne marche pas ; changez ! Mais pour que cela marche, il faut leur ôter un champ immense de la spéculation : les taux de changes et les taux d'intérêt. Et, de toutes façons, il faudra que l'endettement global redescende en dessous de 250%. Venant de 400 %, ce n'est pas simple et la crainte de la déflation ne sera jamais vaine dans les années à venir, comme depuis… 2007.

Face à cette évolution, l'Europe Unie est, comme toujours, ailleurs. Le gouvernement de nains qu'on appelle la Commission, conglomérat de représentants de pays minuscules, dirigée par un Luxembourgeois dont le pays vit de l'évasion fiscale, et sans programme connu, finit de jouer sa parodie de spectacle politique, dans son théâtre de démocratie factice.  Elle négocie en secret un accord transatlantique dont les peuples et même les gouvernements n'ont pas le droit de connaître les tenants et surtout les aboutissants.

La France de Hollande est la France de Hollande. Un immense cratère de démagogie dans laquelle la fortune historique de la France s'engloutit peu à peu. Ce minuscule président brise les tabous qui ne coûtent pas cher et permettent de durer, un peu, sur fond de ruine générale. Sa seule boussole est de tenir pour avoir une sortie un minimum honorable. Pour cela il ne faut pas que dans la rue se "coagulent les mécontentements" et que le flot d'emprunts coûte plus cher. C'est que la France doit emprunter chaque année 30% de la valeur ajoutée des entreprises non financières de plus de une personne, alors qu'on prélève chaque année, en impôts, la valeur de cette production ! Alors on aggrave encore les impôts mais sur ceux qui ne peuvent pas tenir la rue. Les familles, les "riches". On brûle la chandelle par les deux bouts. Ceux qui paient l'essentiel de l'impôt n'auront plus les mêmes droits que ceux qui en paient peu ou pas. Pour eux les services et prestations publiques seront "modulés", traduire : réduits ou supprimés ou rendus plus chers qu'aux autres,  en fonction du revenu brut. Mais pas du net !  Tous ceux qui connaissent la déclaration de revenu et d'ISF de la classe moyenne supérieure savent qu'elle doit puiser dans ses réserves pour payer l'impôt. Le net est souvent négatif. Cela ne les empêchera pas de payer plus cher pour les services de la Ville de Paris, dit Mme Hidalgo, maire très satisfaite d'elle-même et d'une gestion si dispendieuse que personne ne sait plus comment la financer. Boucler des budgets extravagants exige toujours plus de prélèvements. Il y a tant de mines prêtes à exploser que la situation n'est pas près de s'inverser (voir par exemple les incroyables dérives du grand auditorium de la Villette, impossible à rentabiliser et même à simplement occuper sauf à cannibaliser de façon mafieuse les autres enceintes, comme la Salle Pleyel).  

Entre panique et calcul politicien, la "France se suicide". Effectivement. C'est pour cela que les débats sur la consistance de ce qui faisait la force des Français et de la France est si vif. La ruse et la palinodie ont remplacé l'effort national concerté et partagé équitablement. Il suffirait d'une hausse à 4 ou 5% des taux d'intérêt pour qu'elle tombe dans le gouffre grec, et l'Europe à sa suite, provoquant un ressentiment mondial contre l'ineptie française, là où il y avait, naguère, envie et admiration.

Il ne manquerait plus que la Corse, le pays basque, la Bretagne, la Savoie, l'Alsace Lorraine, la Bourgogne, nos "possessions" extérieures, et le Comtat Venaissin, naturellement,  fassent sécession pour que nous ne soyons plus rien du tout.

Ce qui donne le ton de cet automne climatiquement doux, économiquement cruel et politiquement désastreux, c'est que les trois réformes indispensables, le retour à un système de monnaie fixes et de balances extérieures coordonnées, la construction d'un système européen respectueux des peuples et dont les ajustements économiques relatifs ne se font pas par la récession provoquée, la reconstruction d'une France dynamique et élitiste soulagée d'une fiscalité aberrante, ne connaissent strictement aucun progrès ni sur le plan théorique ni sur le plan pratique.

Qui peut s'étonner que sept ans après le démarrage de la phase chaude de la crise, avec le blocage en été 2007 du marché monétaire interbancaire global, le monde, l'Europe et la France en soient toujours, respectivement, à la stagnation, au blocage et à la nécrose ?

Didier Dufau pour les Cercle des Economistes E-toile.



A propos de deux succès de librairie (Zemmour-Treirweiler)

La rentrée 2014 est marquée par deux énormes succès de librairie. Le livre de la maîtresse répudiée du Président de la République est rejoint dans les gros tirages par celui de l'analyste politique Eric Zemmour. On pourra contester qu'on puisse mettre sur le même plan la réaction vengeresse d'une femme humiliée et le résultat achevé de quarante ans de réflexion sur la disparition d'un monde. Le fait que les deux livres soient condamnés avec la même hargne, allant jusqu'à la haine, par  la quasi-totalité des grands médias, de gauche comme de droite, les réunit dans une sorte d'enfer. Il ne faut pas les distribuer, disent les uns. Il ne faut pas les lire, disent les autres. Il faut mépriser les auteurs et leurs idées dit le chœur enchanté des vestales effarouchées d'un temple incertain. Car de quel temple au juste s'agit-il ? Nous avons des criailleries de cagots, des vitupérations de bien pensants. Mais de quelle pensée et de quelle église ?

Les deux livres sont vus comme une profanation. Alors que depuis mai 1968, jusqu'aux "Pussy Riots", en passant par "les Valseuses" et la "gay parade", la profanation fait partie du décor moral de la "société du spectacle" et de la consommation (la bonne boisson a un "goût sauvage", nécessairement sauvage), ces deux livres passent pour la profanation suprême, inacceptable, intolérable, …et se vendent comme des petits pains.

Ah ! Qu'il serait bon de pouvoir les chasser, les éliminer, les ostraciser, etc. De la bourgeoisie moderniste, au café du commerce, en passant par la sous-pensée journalistique et l'énervement boboïste, ce n'est qu'une condamnation radicale, du type dont les dévots ont le secret. 

Ces livre sont intolérables, mais lisons les vite, et en cachette.

"Bien sûr que j'ai lu le livre de Mme Trierweiler, mais gratuitement dans l'édition électronique qu'on m'a filé par mail". Transgression pour transgression. "Je ne vais comme même pas donner de l'argent à ce genre de fille". 

Pour Eric Zemmour, l'affaire est plus subtile. C'est qu'il est dans l'air du temps, qu'il pense et que sa réflexion n'est pas marginale. Pour la société médiatique, l'affaire est vite vue : il permet de gagner de l'audience donc de l'argent. Comme le film porno de Canal +. Condamnons mais exploitons ! Avec toutes les pincettes nécessaires. Voici donc Zemmour partout mais encadré par les plus vigoureuses protestations, les précautions les plus cauteleuses, et une prophylaxie qu'on aimerait voir mise en œuvre contre le virus Ebola. On affichera  le criminel Zemmour mais constamment face à un tribunal aussi injurieux que dépassé, parce que sans arguments. "L'homme qui n'aime pas la France" : tel est le bandeau qui l'annonce sur la 5 dans l'excellente émission d'Yves Calvi. Alors qu'il aime justement la France et qu'il se désole de sa mort programmée. L'éditorial de Delhommais, dans le Point de FOG-l'américain,  pourtant excellent journaliste économique d'une façon générale, est un couinement étranglé de rage. Arrêtons-là !

Le premier livre est rejeté par un réflexe réactionnaire qui veut que la femme trompée, humiliée, ruinée et détruite de réputation, doit d'abord se taire avec dignité. Et surtout ne pas gagner d'argent ! Taiseuse et au ruisseau serait-elle adulée ? Même pas !

Le second est rejeté parce qu'il est réactionnaire et qu'il montre, pas à pas, comment les décisions "modernistes" qui ont mis le pays par terre ont été prises au fil du temps. Implacable !

Curieusement, l'affaire Trierweiler est le fruit direct des évolutions que dénoncent Eric Zemmour. Et la réprobation qui entoure la parution de son témoignage est, en fait, typiquement "zémourienne". Un Président qui n'a jamais voulu se marier (la famille beurk ! ), entre à l'Elysée avec une maîtresse, ce qui n'avait jamais été vu jusqu'ici mais est parfaitement conforme à "l'évolution des mœurs et des mentalités". La malheureuse qui a cru devoir casser sa première famille ("la famille doit désormais céder à la pulsion de l'ambition et du désir de la femme" écrit Zemmour) par passion pour lui, se heurte à la désinvolture manifeste de l'objet de sa flamme, défaut pathologique de ce président autoproclamé "normal". Après avoir atteint des sommets que son origine rendait improbables, elle est renvoyée chez les "sans dents", sans ménagements excessifs, sinon une dose massive de tranquillisants.

Qu'eussions-nous voulu qu'elle fit ? Un gentil suicide romantique ? Le retour "normal" en silence vers la première famille, après avoir quitté le président "normal" ? Après que ce couple fumeux se fût donné en spectacle, avec explosion finale, la société du spectacle a compris tout ce qu'elle pouvait tirer comme bénéfice de l'affaire. Normal, dirons-nous. Elle fait donc "du fric" mais en l'entourant de la pudibonderie nécessaire. L'hypocrisie est parfaite. Où serait le plaisir de la transgression rentable s'il n'y avait pas une forme de bondieuserie pour déculpabiliser l'opération ? 

Le livre a-t-il le moindre intérêt ? Il donne une étude de l'intérieur de la personnalité et de la psychologie du dirigeant suprême du pays. Il confirme ce que les actes avaient déjà enseigné. Un petit malin roublard et sans états d'âme, désinvolte non seulement vis-à-vis des femmes mais vis-à-vis de tout le monde, de toutes les idées, de toutes les organisations, y compris celles qui l'ont porté à leur tête, et en particulièrement de la France et de l'intérêt général, obsédé par son image et par la peur d'un clash avec la rue, gouverne la France.

Narcissique, indifférent et manœuvrier, tel est le portrait qui ressort du livre. Mais on pouvait déjà le tracer à partir des actes commis et de leurs résultats. Curieux, ce Président, en haut de l'échelle politique, mais méprisé et injurié par tous ceux qui l'ont côtoyé, dans la vie intime comme dans la vie publique. La haine que trahissent le livre de Mme Duflot, ministricule ridicule, qui a pondu une loi grotesque, ou celui de Mme Batho, ou les propos de l'ancien conseiller Aquino Morelle, évincé pour une histoire de chaussure cirée, ou ceux du couple énamouré Philippetti-Montebourg, est fascinante. Le Narcisse ne respecte rien ni personne . Pas même lui-même. Ce qui parfume d'irritation toutes les relations proches, à un moment ou un autre. Alain Duhamel qui est toujours très doux avec les politiciens suprêmes trouve qu'il n'aura pas été président avant la conférence de presse du début d'année 2014. Il rejoint les conclusions de Mme Trierweiler, même s'il la méprise.

On comprend mieux la campagne d'injures lancée en 2012 pour masquer les exactions fiscales commises alors. L'anomie est la compagne obligée du Narcisse. On comprend mieux le mensonge généralisé : "la croissance est au bout de la rue" ; "l'inversion de la courbe du chômage a commencé", "la reprise est là" et autres fadaises. Et les inversions politiques à 180%. Rien ne compte que durer. A n'importe quel prix. Même celui de la désacralisation de la fonction. On reproche à la maîtresse du prince d'avoir désacralisé le poste de Président de la République. Qui avait commencé ?

Dans la pratique on sait maintenant ce que la politique de M. Hollande sera : pas de manifestations dures qui risquent de coaguler les mécontentements. L'aveu de Mme Trierweiler est immédiatement corroboré par le Canard Enchaîné qui montre un Président obsédé par la crainte de la rue et son questionnement incessant : "risque-t-on une vraie révolte massive ?" Il cède aussitôt devant les camionneurs qui menacent de bloquer les routes en octobre. Même pas une seconde de résistance. Mais cachons cette lâcheté par des attaques permanentes contre ceux qui ne peuvent rien dire, "les riches", "la famille".  La "Manif pour tous" met du monde dans la rue. Mais ce sont des "Versaillais" ; des "cathos passéistes". Ils ne sont pas dans l'air du temps. On peut y aller. Les thuriféraires du régime le savent : rien ne coalisera autour d'eux. Aucune importance, donc. L'important c'est de céder aux syndicats, de céder aux professions dangereuses par les dommages qu'elles peuvent causer. La France en crève ? Qu'importe ! Finir ce quinquennat et briguer le prochain, voilà l'essentiel ! Trente ans d'ondoiements réussis au sein des clans socialistes vous donnent des certitudes sur vos capacités de manœuvre et de survie. Et la France dans tout cela ? Quelle France ?

C'est justement la question que pose Eric Zemmour : quelle France ? Il n'y a plus de France, dissoute, atomisée, anéantie par la pensée dominante et les actes correspondant qui se sont succédés depuis mai 1968. Quelle est  dure et énervante, pour ses détracteurs, cette histoire imagée d'une descente aux enfers ! Le simple fait de revenir sur chaque propos et chaque acte de l'histoire des quarante dernières années et de constater leurs effets sur la société française doit être un supplice horrible. La compilation est précise, documentée, honnête. Même les détracteurs les plus farouches ne peuvent s'empêcher de dire : lisez le livre ! Il apprendra beaucoup à plusieurs générations récentes qui n'ont strictement aucune idée de ce qui s'est passé il y a plus de dix ans. Un cours d'histoire long et documenté, même si chaque évènement est analysé selon les critères particuliers de l'auteur.

La confrontation entre intention et résultats, elle, est tragique. Eric Zemmour n'a pas beaucoup de mal à démontrer que la réalité étant ce qu'elle est, il est nécessaire de la nier, pour que les adeptes du nouveau cours des choses puissent survivre.  L'inversion des valeurs n'est possible que si l'on en nie radicalement les conséquences. On est prié de penser que "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil". Mais l'auteur rappelle inlassablement que l'histoire, elle, est tragique.

En ces temps de crise économique générale, de guerres régionales ouvertes et de menaces diverses, il n'est pas trop difficile de relier la déconstruction de nos sociétés à l'effet des doctrines dominantes et des différents courants qui ont parcourus le monde ces dernières décennies : communisme résiduel, féminisme, politiquement correct à l'américaine, capitalisme marchand débridé, finance en folie, européisme sous influence américaine, justicialisme etc.

Le résultat est plutôt brutal à entendre pour les âmes sensibles.

Le mariage est mort dès lors que la primauté virile a été supprimée. L'égalitarisme homme-femme est la cause immédiate de la disparition du mariage qui n'intéresse plus guère que les homosexuels  et les curés défroqués. Le même jour où il prononçait ouvertement à la télévision cette "vérité zemmourienne", une présidente d'assemblée infligeait une amende démentielle à un parlementaire qui l'avait interpellé sous le vocable : "Madame le Président"…

Le commerce de centre ville est mort dès lors qu'on a accepté de libre service dans des hypermarchés.

La nation est morte dès lors qu'il n'y avait plus de préférence nationale et l'Europe a disparu en même temps que le tarif extérieur commun.

La patrie est morte dès lors que l'assimilation a été abolie et que l'immigré a été idéalisé contre le "beauf cocardier et raciste". 

La sécurité a disparu dès lors que le condamné était la victime et la victime, "le con", emblématique de l'époque Taubira.

L'état lui-même est mort depuis qu'il a été privé de tout pouvoir par la décentralisation, la subordination à des cours judiciaires extérieures ou à la Commission Européenne, et par la dépossession monétaire.

Dès lors, l'élection de nigauds peut commencer puisque, de toute façon, l'élu n'aura que le pouvoir de nuire, soit en contraignant le corps social par des normes comportementales de plus en plus sévères, soit en déresponsabilisant les masses noyées sous les subventions diverses et interdites d'emplois, soit en ruinant les Français par l'impôt.

"Avant, on élisait des énarques. Maintenant des candidats qui ont raté l'ENA".  Il a un peu de retard, l'ami Zemmour : ce sont des étudiants qui ont trainé pour avoir une licence minable et fait toute leur carrière dans les AG estudiantines gauchistes et dans le socialisme municipal qui se croient aptes à gouverner par la haine et la manipulation démagogique.   

C'est là que les réflexions de Zemmour recoupe les conclusions de Madame Trierweiler.

Elle montre que le contempteur des "sans dents" injurie les riches et met en scènes son impuissance par la détestation des minorités non agissantes tout en se planquant et en refusant d'intervenir contre les puissances qui peuvent bloquer la rue. Le menteur compulsif, qui ne dit jamais la vérité à personne, et ne vise que sa propre carrière personnelle dans le mépris complet de tout le reste, qu'avait déjà dépeint Claude Allègre, et que confirme l'auteur de "Merci pour le moment", fait intervenir toutes les bouches à feu de son équipe " de minables" pour crier qu'il fait des économies historiques alors que le budget 2015 annoncé et simplement identique au budget précédent. Les éléments de langage ont remplacé l'explication politique. Rappelons que pour l'Etat lui-même, la dépense prévue en 2015 est de 378.9 milliards d'Euros contre 379 cette année.  Ces 0.1 milliards nous valent des rodomontades délirantes de la part de toutes les éminences médiatiques du régime, applaudissant le "gigantesque" effort d'économie fourni !"

Tout cela n'est pas grave, dirait Zemmour, parce que de toute façon, "le minable clown qui s'agite sur la scène avec ses palinodies grossières" (propos lu dans un Tweet) n'a aucun pouvoir. Il est un pseudo président d'un pseudo état, élu par une pseudo nation de pseudo-français, ou de pseudo cadres mettent au chômage de pseudo ouvriers et où de pseudo professeurs (devenus des "enseignants" depuis qu'ils sont des assistants de vie et n'enseignent plus de savoirs)  s'occupent de pseudos élèves qui ne s'intéressent qu'au jeux électroniques puis au réseaux sociaux. Les pseudos juges s'occupent eux, à éviter tout désagrément aux vrais délinquants tout en dressant des "murs de cons". La capacité de M. Hollande à résoudre les difficultés de la France dont il nie les causes et se moquent éperdument des conséquences, sont exactement nulles.

Tableau !

La limite de ces deux livres est qu'ils se contentent d'un constat. D'accord M. Hollande traite les gens d'une façon détestable et se fait détester de tous ceux qui l'ont servi "un moment". Et alors ?

D'accord la "déconstruction" de la société bourgeoise a été menée à son terme. Mais on reconstruit quoi ?

Les deux livres tendent un terrible miroir à la société française (ou ex-française, selon Zemmour). Gageons que, comme on l'y encourage dans tous les médias, de gauche et de droite, elle se contentera de détourner la tête comme Narcisse, qui détestait à en mourir les rides qui troublaient l'eau du lac. 

La difficulté pour Zemmour comme pour d'autres est de tenter d'expliquer le pourquoi de cette évolution. Maurice Druon voyait les politiques "aux ordres d'un cadavre". On avait cédé aux communistes à la Libération. Leurs syndicats avaient fini par prendre la main sur l'enseignement, la justice, les médias, la banque, l'assurance, la vie locale et imposer leur propre doctrine marxisante d'égalitarisme à tout crin. Nous serions une "société socialiste qui a réussi"…à être exsangue.

Eric Zemmour, lui, croit aux succès du capitalisme anglo-saxon qui aurait eu besoin pour se développer d'infantiliser le citoyen dans une société du désir et de la consommation, et des nations canalisées dans des structures d'asservissements mais "soft" où des oligarchies cooptées assureraient la "pax américana" et le triomphe du marché sans entraves. Une vision typiquement marxiste qui fait de la "superstructure" la conséquence de "l'infrastructure".

Lorsqu'on en arrive à ce débat, Mme Trierweiler est déjà couchée, en train de pleurer sur son grand amour gâché.  

Le drame est que la solution ne peut plus être "nationale", "blanche" et "virile", comme l'espère sans doute Eric Zemmour.

Et que la difficulté n'est pas seulement française.  Comme le reconnait Daniel Cohn-Bendit, l'Europe s'est aussi "déconstruite" et déconsidérée dans la crise. L'Euro fait problème dans son mode de pilotage actuel. La surprime donnée aux petits pays, au seul avantage du géant Allemand réunifié, en fait un grand corps malade, sous influence et impuissant. Le "soft power" apparait comme une absence de pouvoir depuis l'agression russe contre l'Ukraine. Les politiques de lutte contre toutes entraves aux mouvements de marchandises, de capitaux et de personnes provoquent des réactions qualifiées de "populistes" mais qui commencent à avoir un  effet électoral très fort. L'asservissement du droit à l'interprétation de quelques juges cooptés et adeptes de l'interdiction d'interdire et de frapper les asociaux et trublions divers, ruine le champ du législatif national. La suractivité réglementaire de la Commission accumule doublons dans la dépense et étouffements dans la recette.

Quand à la mondialisation, elle est rien moins qu'heureuse. La "déconstruction" du système monétaire international a produit depuis 1971 un ralentissement constant de la croissance, l'enflure d'un stock de dettes colossal, l'aggravation des crises décennales, pour finir par une crise financière hors normes.

Comme nous l'avions nous-mêmes démontré, la crise ne provient pas de l'action des méchants, mais plutôt des chevaliers du bien. Nous sommes plus dans "l'enfer est pavé de bonnes intentions" que dans la conspiration machiavélique des méchants. Les Français, sous la double influence des défaites (1940, décolonisation, perte de l'influence de la langue etc.) et de certaines idéologies (communisme larvé et politiquement correct américain) ont choisi d'être gentils et repentants. Ils ont voulu faire la paix avec tous les démons qui impliquaient une volonté, une action, une répression. On ne se bat pas avec la "classe ouvrière", donc on cède à ses représentants. On ne réprime plus les exactions syndicales. On arrose et on se tait en glorifiant la "paix sociale".  On ne se bat plus avec les européens. Vive l'Europe des technocrates. Ils font ce qu'ils veulent hors de tout contrôle. La France est dissoute dans un ensemble où elle n'a plus d'influence structurelle majeure. On s'en fiche. Vive la paix des nations européennes. On ne se bat plus avec les immigrés. On arrose et on se tait, dans la repentance et l'ouverture christique à l'autre. On ne se bat plus avec la délinquance. La répression soulève le cœur. On ne se bat plus pour rien. L'anomisme devient la règle. Tout se vaut. Rien ne mérite d'être défendu. On est bon et gentil. Donc sans volonté et sans pouvoir. Tous ceux qui s'inquiètent sont "des cons" à épingler au mur, mais pas à coller au poteau tout de même. Cela ne serait pas gentil. Il faut simplement les dénoncer et les mettre au pilori. Et quiconque résiste est un malade mental qui a du avoir des problèmes dans sa jeunesse, qui l'ont conduit à la haine de soi et des autres.

Ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que cette approche du monde, façon "puceau mystique gauchiste", fait de nous une nation gentille mais éventrée. "Parce que le monde est tragique" et qu'on l'a oublié. Qui fait l'ange fait la bête. Le quinquennat agressivement benêt de F. Hollande, symbolisé par Mmes Belkacem et Taubira, s'est voulu "pacificateur", c'est-à-dire que toutes les ultimes concessions ont été faites aux pédérastes, aux immigrés, aux délinquants, aux Roms, aux islamistes, à l'altérité, aux mauvais élèves décrocheurs, aux drogués, aux Jean-foutre de tout poil et de toutes plumes, avec battage de coulpe et génuflexion. Sans se rendre compte que l'éventration nationale, sociale, économique avait mis les boyaux de la France à l'air libre et que les rapaces commençaient à les déchiqueter avec rage.

Il ya cinq millions de chômeurs et sept millions d'inactifs sous assistance publique,  mais on ne trouve plus un instituteur, plus un professeur (un vrai, pas un gardien d'enfants), plus un anesthésiste, plus un ouvrier qualifié, plus un grand talent. L'hystérie fiscale (il faut bien payer la bonté généralisée et l'absence de toute contrainte énergisante) fait fuir les talents qui restent.

Dans une société hédoniste, femelle et atomisée, où le père, le patron, le chef ont disparu, triomphe le "coach" qui vous prend la montre pour vous dire l'heure. Si cela va mal, c'est de votre faute, puisque "les autres" sont sacralisés. L'incapable est un coupable coaché. Le coach qui coûte une fortune remplace le directeur de conscience gratuit des femmes conscientes de leur rôle social et du besoin de leur salut, au sein d'une société médiatique où le journaliste de gauche, nécessairement de gauche, en phase avec les courants d'air qui ventile les neurones résiduels de la société, devient, non pas un auxiliaire qui vous montre le monde tel qu'il est, mais un cureton sans exemplarité chargé de vous faire prendre des vessies  pour des lanternes. 

La solution : changer de mentalité et de mode d'organisation.

Le livre de Mme Trierweiler est le témoignage même d'une déchéance de presque tout au sommet de l'Etat et vaut pour son caractère intimement contre-exemplaire.

Le livre de M. Zemmour raconte en détail comment on en est arrivé là et ne farde pas la réalité.

Ils peuvent, associés à quelques délocalisations, annexions, prédations et décapitations pédagogiques, faire évoluer les mentalités.

Reste à trouver de nouvelles formes d'organisation, en France, en Europe et dans le monde.

Le temps des organisateurs et des réalistes est-il arrivé  ? Ou la nuit des démagogues ?

Difficile à dire.  Mais quelle dégringolade !

Aphorisme fiscal

"Si tu bouges, tu es mort. Si tu meurs, tout bouge. "

 

La France est à l'arrêt et certains pensent qu'elle se suicide. Mourir pour Bercy ! Une ambition nationale ?

Faut-il vomir les « élites » ?

Les Français sont fâchés. Des impôts confiscatoires et ruineux, une croissance inexistante, un chômage de masse, la crainte de l’avenir, pour eux-mêmes et surtout leurs enfants,  ont eu raison de leur sérénité.

Une bonne partie de cette mauvaise humeur se retourne contre les « élites » défaillantes, nécessairement défaillantes. N’était-ce pas leur rôle de faire en sorte que le navire national  navigue bien et arrive à bon port ? Et le voilà encalminé sur des hauts fonds, en attendant éventuellement de sombrer. L’annonce par l’INSEE d’une prolongation de la stagnation dans l’année qui vient et par l’Unedic de l’arrivée de 150.000 nouveaux chômeurs,  ne laisse aucun espoir. Nous aurons prélevé pour rien 60 à 70 milliards d’Euros sur les Français. La dette explose. Le taux de déficit public par rapport au PIB reste au-dessus de 4%.  L’impasse budgétaire est toujours aussi élevée. Aucune réforme de structure n’est engagée et le livre de Mme Trierweiler ne laisse aucun doute : M. Hollande ne veut pas se mettre à dos les organisations syndicales  et ne fera rien sinon de l’agitation  malsaine contre des boucs émissaires ou des groupes de Français diabolisés pour une raison ou une autre mais sans capacité de bloquer le pays.

On aboutit  à ce commentaire radical d’Éric Zemmour, dans une livraison récente du Figaro.

« Éric ZEMMOUR. - À mon sens, il y a un fil rouge de l'histoire de la France et de l'Europe depuis la Révolution de 1789 : les élites n'ont jamais digéré la souveraineté populaire. L'Europe a été le moyen de s'en débarrasser. Quand Philippe Séguin en 1992 explique que Maastricht sera l'anti-1789, il a raison. Qui gouverne aujourd'hui? Une oligarchie européenne façonnée par l'oligarchie française. Il y a derrière toute une élite. Il faut lire à ce sujet l'analyse de Rawi Abdelal de la Harvard Business School, qui explique que ce sont des Français, MM. Lamy, Delors, Camdessus, qui ont inventé cette libéralisation du mouvement des capitaux. Lawrence Summers, conseiller de Bill Clinton, décrit ce mouvement en des termes très clairs : «Ces élites sans patrie qui ont fait allégeance à la mondialisation économique et à leur propre prospérité plutôt qu'aux intérêts de la Nation.» À partir de là, les gouvernements ne peuvent plus gouverner. Ils n'ont plus la souveraineté monétaire et n'ont plus le moyen de contrôler le capitalisme libéralisé. Ils sont donc devenus des pantins. Donc quand on leur dit qu'il faut réformer, ils ne réforment que dans les intérêts de cette oligarchie. »   

Faut-il remonter ainsi jusqu’à la rupture qu’aura été la Révolution française ? 

Il suffit de prendre en compte le grand mouvement idéologique qui a embarqué la société française après mai 68, mélange d’influence américaine et d’idéologie marxisante libérée du communisme.

Du « ni Dieu ni Maître » pré-marxiste, on est passé à une théorie de la libération qui postule que toute répression et toute domination doit être condamnée ontologiquement, avec une traduction dans la condamnation du passé des « dominants », et élimination future de tout mécanisme de contrainte, au nom des dominés.

George Pompidou avait très bien perçu le danger du « non à toute répression ». On n’est pas sorti de Normale Sup sans quelques réflexes.  Dans un entretien à la télévision qui avait fait un flop mémorable, il avait rappelé que toute volonté implique une contrainte. Une volonté de civilisation entraîne une contrainte au minimum morale et éventuellement plus lourde encore lorsqu’elle est menacée.

Lors de son investiture, il s’était engagé à « maintenir la dignité de la France ». Comme animateur du conseil des ministres, il rappelait toujours qu’il ne fallait pas rapetasser  mais penser et anticiper les problèmes, avec la volonté d’agir fermement pour les surmonter. L’action supposait la réflexion collective dans la conception  mais l’unité dans l’exécution. A plusieurs reprises, il avait souligné que ce sont les Français qui font la France et que le rôle de l’Etat était d’abord et avant tout de les aider.

En résumé : un Etat décidé et actif dans ses attributions, dignes dans ses représentants mais au service des Français et de l’unité nationale. En cas de difficulté, tout le monde s’y mettait. Et en cas de succès tout le monde en profitait avec une prime pour ceux qui étaient le plus en difficulté.

Tout cela allait se dissiper après lui pour quasiment disparaître avec le président actuel.  Plus de cap, plus de dignité, plus d’unité nationale, les Français étant divisés entre bons et mauvais, au point que la répression fiscale chasse une partie des élites du pays.

La vraie question n’est pas de savoir, comme le pense Eric  Zemmour, comment de nouveaux vilains ont voulu se venger de 1789, mais pourquoi et par quels mécanismes nous avons sombré de 1974 et 2014, au degré d’abjection où se trouve désormais le pays.

La nouvelle théorie de la libération postulait au début des années 70,  que le faible avait toujours raisons contre le fort. Il fallait donc supprimer les structures de domination et empêcher leur « appareil de répression ».

C’est par la Justice que le pourrissement est venu. Elle ne devait plus être « au service de la répression bourgeoise ».

Nous avons eu l’avantage d’entendre une nouvelle race de procureurs et de juges expliquer qu’il fallait favoriser le dominé contre le dominant donc favoriser

-          la femme contre l’homme

-          l’enfant contre les parents

-          l’élève contre le maître

-          le salarié contre le patron,

-          le pauvre contre le riche,

-          le locataire contre le propriétaire

-          le fonctionnaire contre l’Etat

-          etc.

Les lois ? On s’en moque. On est passé de la Justice, juste appréciation de l’application des lois dans des cas d’infractions particulières, au justicialisme, emploi de la force publique contre des réprouvés idéologiques en fonction de leur condition.

La production culturelle a cherché à démontrer que le bourgeois était un simple « salaud au sens sartrien du terme ».

Tous les films des années 70 montrent des bourgeois corrompus qui évitent la sanction de leur faute, manipulent le pouvoir politique et les juges,  ou violent les petites filles.

En même temps des actions provocatrices se multiplient pour « supprimer le respect  dû aux valeurs et aux personnes bourgeoises ». Gramsci avec nous !  Dans l’affaire du paquebot France les syndicats piratent le navire et prennent en otage  les passagers.  Interdiction de sanctionner, même une prise d’otages, si elle est d’origine  syndicale. Rappelons que ce genre de comportement est condamné à la pendaison, cinquante ans plus tôt. Lorsqu’en Moselle, des syndicalistes violent deux touristes et mettent le feu à divers bâtiments, aucune sanction ne suit.  Un tribunal refuse de sanctionner un gréviste qui avait crevé l’œil de son patron pendant une « occupation » d’usine. « Sa colère était légitime ».  L’affaire Lip montre un Fred Lip  ridicule et odieux. Un véritable massacre d’image totalement abusif.  On s’amuse à encenser le vol des montres effectué par Piaget, un syndicaliste sympathique totalement dépassé par l’arrivée de dizaines d’intellectuels de gauche dans les locaux occupés. Le musée automobile des frères Schlumpf est littéralement volé. L’affaire du notaire de Bruay-en-Artois  présente un bourgeois caricatural comme un violeur de petite fille et un assassin. Un notaire !

Il ne faut pas croire que ce mouvement se soit arrêté.  Le film « Intouchables » montre un bourgeois rendu impuissant par sa propre sottise (donc tolérable)  et sauvé par un noir de banlieue, tous les infirmiers blancs étant profondément nuls et ridicules.  Un film sur les bonnes espagnoles montre des patrons bourgeois intolérables qui les laissent croupir dans la m…, l’homme bourgeois mais repentant, étant sauvé par l’amour d’une prolétaire espagnole.  La grève des intermittents et les élucubrations qu’elle a suscitée lors des différents festivals a permis d’entendre comment  les « cultureux conscientisés et subventionnés » voyaient leur rôle : « dénoncer la domination économique bourgeoise et émanciper le peuple de leur emprise ».  « Si tout cela n’est pas politique ! lance Olivier Py. Si le théâtre n’est pas une victoire sur le monde marchand, sur un monde qui ne donne pas la parole aux gens, qui ne sont que des objets qui achètent des objets ! »   (Avignon 2014).  « Ces gens-là » n’ont pas la parole mais doivent payer et vite et beaucoup ! Fournir la corde avec laquelle on va les pendre symboliquement !

Les hauts fonctionnaires créent de leur côté « l’énarchie compassionnelle ». Elle s’appuie sur le mouvement sous-jacent mais l’interprète à sa manière. Le haut fonctionnaire, et lui seul, est détaché des considérations malsaines de l’argent. Lui seul est en charge de l’intérêt général. Il lui revient donc d’arbitrer la société.  On va arbitrer donc tous les conflits  On retrouve la litanie des fausses oppositions :

- femmes contre hommes, jusqu’à l’aboutissement d’une parité  imposée

- pauvres contre riches : jusqu’au financement du non travail à vie

- voleurs contre volés : jusqu’à la non sanction jusqu’à deux ans de prison ferme

- salariés contre entrepreneurs, avec des lois qui finiront par bloquer l’entreprise et l’emploi

- locataires contre propriétaires, avec des lois qui finiront par tuer le marché de la location

- l’immigré contre le national, avec l’affaire Léonarda en point d’orgue

Etc.

L’énarchie compassionnelle permet à une minorité restreinte de hauts fonctionnaires de capter l’Etat et le politique. Naturellement, arbitrer veut dire arroser les tensions d’argent pris au citoyen.  Donc on développe  une fiscalité dévoyée qui finit par être confiscatoire et par faire fuir les entrepreneurs et les familles aisées.

La conjonction d’un mouvement idéologique post-soixante-huitard, de la cupidité d’une classe intellectuelle soucieuse d’argent public et d’une haute administration désireuse de prendre le pouvoir, explique l’évolution constatée. Inutile de remonter à 1789 qui avait vu le triomphe de la bourgeoisie contre la noblesse et le clergé.  Qui seraient donc les nostalgiques du pouvoir perdu ? Le clergé catholique ? Il n’existe presque plus, comme d’ailleurs la noblesse. Alors les bourgeois ? Alors qu’on est justement en pleine réaction anti-bourgeoise. Cela ne tient pas debout.

Un autre élément, extérieur celui-là, provient de la politique extérieure des Etats-Unis, voulue par Roosevelt, animée par Cordell Hull et mise en place par une administration sûre d’elle-même et dominatrice.  L’idée est de casser les puissances européennes. Elles doivent d’abord décoloniser. Puis se fondre dans un ensemble multinational qui privilégiera les régions. C’est le rôle assigné à Jean Monnet.  Il faut casser les anciennes « grandes puissances européennes ».  De même qu’on avait tué l’Autriche-Hongrie, il fallait dissoudre l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni dans un magma dont elles ne se relèveront jamais.

Le piège se referme doucement. Le referendum Ecossais, le mouvement des « Bonnets Rouges », les indépendantismes corse, basque, catalan, la liquidation de la Tchécoslovaquie, l’éclatement de la Yougoslavie, le séparatisme belge, sont renforcés par l’idéologie européiste et l’action de l’Union Européenne qui prétend avoir un rapport direct avec les régions par-dessus les Etats. On aboutit à la Commission actuelle où les grands Etats sont totalement noyés dans la représentation des petits. Le président de la commission et 7 vice-présidents sur 8, sont les mandataires de tout-petits pays sans aucune importance stratégique et capables de rien sur le plan international.  

L’Union Européenne a adopté l’idéologie américaine de liberté absolue des mouvements de marchandises, de personnes et capitaux. Les américains  n’appliquent pas cette idéologie pour eux-mêmes. Mais elle sert leurs intérêts à l’extérieur. Le tarif extérieur commun saute dès le début des années 70. On en est au traité de libre-échange transatlantique, dont les citoyens ne doivent rien savoir tant qu’il n’est pas arrêté.

L’affaire de l’Euro est plus complexe. Contrairement  à l’idée véhiculée par de nombreux commentateurs qui font de l’Euro une création de F. Mitterrand, l’Union Monétaire Européenne remonte à la conférence de La Haye, en 1969, si nous ne nous trompons pas. D’ores et déjà, on appelle dans les milieux européistes à l’unité monétaire. Le projet sera retardé par la rupture des Accords de Bretton-Woods. L’Euro n’est en rien une volonté américaine ou anglo-saxonne. C’est un levier voulu par les européistes qui savent que l’Union monétaire impliquera automatiquement, à plus ou moins long terme, l’union économique et donc politique. Il est clair que l’Euro a privé les pouvoirs nationaux de l’essentiel de leurs prérogatives régaliennes.  Un Etat qui ne contrôle ni son budget ni sa monnaie n’est pas un état mais un croupion.

Sur ce point Zemmour a parfaitement raison.

La conjonction des différents mouvements idéologiques, corporatistes, européistes, a fini par dissoudre toute volonté nationale.

Lorsque M. Hollande prétend « réconcilier » les Français, il commence par insulter différents boucs émissaires et prend à bras le corps le salut :

-          des homosexuels

-          des fusillés de la guerre de 14,

-          des prostituées dont il faut sanctionner le client

-          des délinquants prisonniers maltraités par la prison

-          des fainéants de l’administration libérés de la contrainte  d’une journée de franchise

-          des immigrés

-          des locataires indélicats

-          des roms

-          …

La relance politique de M. Valls vise à masquer de nouvelles hausses fiscales ciblées en s’attaquant directement aux taxis, aux notaires (encore), aux huissiers, aux pharmaciens et autres « salauds de riches ».

L’idée républicaine du « tous ensembles », à proportion de ses moyens, s’est vue abandonnée au profit  de l’idée fascisante  du : « seuls les riches paieront ».  La famille, vue comme une institution bourgeoise résiduelle, est la cible première des mesures de rabot. La famille, base de toute société ...

On aboutit à cette situation qu’une femme seule qui gagne 8.000 euros par mois termine avec 1000 euros disponibles et devra payer à Paris crèches, cantines et activités avec un surcoût lié à sa rémunération avant impôt…On brûle la chandelle fiscale par les deux bouts. Féminismes et socialisme, où est votre victoire ?

Dans le même temps le peuple a été privé du droit de décider lui-même du détail de l’application des droits de l’homme, au profit de la CEDH, constitué majoritairement de juges provenant d’Etats microscopiques, qui n’ont pas craint de juger contraire aux Droits de l’Homme la condamnation d’un quidam qui,  ayant insulté le chef de l’Etat, avait été "sanctionné" par une amende de 70 euros !

Comment s’étonner que la France connaisse un léger problème d’identité quand on demande aux Français qu’ils se repentent :

-          De la colonisation

-          Des guerres nationales

-          De l’esclavagisme

-          De la répression sociale

-          D’avoir été majoritairement catholiques

-          D’avoir été dominés par une classe bourgeoise abusive

-          De leur rejet des immigrés

-          De leur volonté de sanctionner les criminels

-          D’être des « Français de souche »

-          D’être des parents violents

-          Ou des maris tueurs

-          …

Il leur est demandé de ne plus avoir aucune volonté nationale.

Alors la délinquance explose, alors des musulmans exaltés coupent la tête d’un ressortissant français, alors la rue devient un lieu infect pourri de mendicité et de vols à la tire, alors il n’y a plus d’emplois, plus d’usines, plus de croissance, plus de fierté, plus rien.

Oui, on assiste bien au suicide d’une nation.

Mais s’agit-il d’une trahison des élites ?

Ce qu’une idéologie a fait une autre peut le défaire.

La dérive justicialiste  s’est brisée sur le « mur des cons ». Le culte des minorités s’est fracassé sur la défense de la famille,  venue d’un corps social qui considère qu’on ne peut pas trifouiller la millénaire filiation. L’abaissement devant les revendications multi-culturalistes se heurte aux décapitations musulmanes.  L’effacement national dans une Europe du « soft power », c’est-à-dire de l’impuissance essentialiste, révulse car l’action diplomatique traditionnelle des grands Etats n’est pas relayée. L’Union prétendument « européenne » qui laisse faire, sans pouvoir bouger autre chose que des lèvres gercées, les manœuvres de Poutine ou qui subit sans broncher les dictats américains (Fatca, Traité transatlantique etc.), n’a pas besoin d’élites. L’impuissance peut se contenter de tristes incapables, comme hier Mme Ashton ou M. Rompuy, et aujourd’hui deux nouvelles insignifiances, qui feront à nouveau rire le maître du Kremlin, le nouveau calife Musulman ou Obama.   

Le Français se retrouve nu et à découvert dans un monde où il n’a plus de rôle. Dirigé actuellement  par des fonctionnaires et des militants  socialistes pitoyables, des incapables verbeux et intolérants, bouffés par des ambitions misérables et les idéologies sus décrites, il se trouve ruiné et au chômage.  Avec aucune perspective sinon plus d’impôts, plus de chômage, plus de dettes.

Voici la France à nouveau en campagne électorale, avec des journalistes qui expliquent qu’il ne faut pas avoir de programme mais créer une belle image par un bon positionnement com’, des européistes qui expliquent que l’abaissement de la France est tout à fait normal ou qu’il faut créer Europa, des cultureux subventionnés qui expliquent qu’il faut encore et toujours en finir avec le bourgeois, et des fonctionnaires et des salariés sous statuts qui bloqueront toute réforme, crève le pays.

Refaire les élections de 2012 qui furent  les pires qu’on puisse imaginer et augurer malheureusement de la suite sinistre que nous connaissons ?

La vérité est qu’il faut reconstituer une élite et non pas la condamner comme coupable de la crise actuelle.  Il faut à nouveau accepter d’avoir des pouvoirs et de supporter les contraintes de leur exercice, pourvu que ce soit pour le bien général.  Donc qu’il y ait un cadre de responsabilité où ce bien général puisse être piloté.

La question des minorités agissantes n’est rien par rapport au retour d’une masse populaire en position de compétence et d’action.

L’hyper-protection de pseudo-dominés n’est plus la question du jour.  L’énarchie compassionnelle est hors sujet. Le développement d’un secteur public tellement hypertrophié qu’il dépasse désormais en taille le secteur privé puisqu’il s’assure de plus 100% de la valeur ajoutée des entreprises non financières de plus d’une personne, avec un million de fonctionnaires territoriaux recrutés pour pratiquement rien en quelques années, est hors-jeu. Le détournement des ressources nationales au profit d’immigrés ou d’étrangers toujours plus nombreux et souvent inemployables ne peut plus être une cause centrale.

Il faut donc régler deux difficultés cruciales : une faillite démocratique qui touche la France l’Europe et l’ensemble du monde ; une faillite économique qui touche également la France, l’Europe et  le monde.  

En France la question démocratique sera réglée en empêchant la haute fonction publique de coloniser le politique. Nul ne doit être élu dans une assemblée qui fixe son salaire et ses conditions de travail. Nul ne doit être élu plus de deux mandats. Nul ne peut toucher plus d’une seule rémunération publique. Il ne faut plus faire fuir les actifs qui réussissent, redonner du pouvoir aux décideurs, éventuellement en rognant sur les protections déraisonnables accordées abusivement aux salariés et à leurs syndicats et qui sont  vecteurs d’impuissance. Ceci est vrai dans le privé comme dans le public.

En Europe, il faut briser la surreprésentation des petits pays. La Commission doit être composée au prorata des populations et non pas selon la règle du « un pays, un commissaire ».  Les pays sans budgets de défense et sans armée doivent être tenus de financer la sécurité commune sur la base d’une contribution per capita.

De même le collège des juges de la CEDH doit être pourvu au prorata des tailles de pays. Il est intéressant de noter la composition de la présidence et des vice-présidents de cette institution : Président, Luxembourg, vice-président n° 1, Andorre, n°2, Italie, n°3 Lettonie, n°4 Liechtenstein, n°5, Monaco !  Toute ressemblance avec la composition de l’UE ne serait que pure coïncidence ! Evidemment, cela n’a aucune importance de mettre un juge du Syndicat de la magistrature qui joue aux fléchettes sur un « mur de cons » sous la dépendance d’un « juge » du Liechtenstein, nommé par copinage par Hans-Adam II, Prince  fantomatique d’un coin de terre vivant de la fraude fiscale.  Mais on comprend que le Premier Ministre britannique s’étrangle en voyant ce curieux aréopage décider du statut civil des criminels condamnés à des années de prison, en lieu et place du peuple britannique.  

A quel titre le microscopique Luxembourg préside-t-il la Commission et le CEDH ? En quoi un représentant du Liechtenstein est-il qualifié à imposer ses vues personnelles alors qu’il ne représente absolument rien, (pour le coup rien du tout), à des peuples de plusieurs dizaines de millions d’habitants ?

Qu’est-ce que l’on veut, à la fin : que la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni soient représentés par leurs régions principales dans une Europe à 100 membres ? Alors la Corse, la Bretagne, la Savoie, le Pays de Galles, la Bavière, la Sicile  etc. auraient un commissaire à Bruxelles et un juge à la CEDH ? Chaque représentant prendrait à son tour la « présidence de l’Union » ?

Le Royaume-Uni et la France, démembrés, n’aurait plus aucune armée possible, plus aucun poids diplomatique, plus rien d’états souverains mobilisant des élites.

Tout cela est risible. Et rendrait encore plus  l’Europe inexistante et impuissante. Atomisée façon puzzle.

Il faut réformer profondément les institutions Européennes. L’idée de Roosevelt d’édenter l’Europe en noyant les grandes nations dans une flopée de petites ne doit pas être conservée.

Dans la zone Euro, il ne faut plus admettre qu’on fonctionne sur la base de deux « normes » sans aucun instrument de pilotage et sans pilote. Nous appelons de nos vœux un « chancelier de la zone Euro », appuyé sur des instances de contrôle démocratique spécifiques.

Dans le monde, on ne peut plus admettre l’organisation monétaire actuelle. Les Etats doivent redevenir responsables vis-à-vis des autres de l’équilibre de leurs balances extérieures. Donc avoir des cadres compétents et responsables.

En un mot il faut des élites, les plus compétentes possibles. Oui des ELITES, des vraies ! Avec des pouvoirs. Les élites, qu’elles soient militaires, sportives, artistiques, médicales, scientifiques, administratives ou civiles,  sont faites pour progres

Xavier Fontanet : « Pourquoi pas nous ? »

Voici encore un excellent livre (Les Belles Lettres – Fayard), d’un excellent auteur. En un temps où le mépris des élites est un insigne qui se porte bombé sur la poitrine des imbéciles, il a tout pour être vomi : fils d’un Ministre du Général de Gaulle, chrétien démocrate quand il fallait être christo-coco-claveliste pour plaire à l’intelligentsia,  diplômé du MIT, patron à succès, professeur à HEC. Son livre est parfait. Pas une ligne qui ne soit frappée au coin d’un bon sens promu au rôle de pilote de la République.

L’auteur n’hésite pas à partir de l’observation des faits. Quel scandale ! De ce fait il recoupe des dizaines de points sur lesquels nous nous exprimons nous-mêmes depuis 1977.  Curieuse impression de se relire tant les propos qui sont tenus ont été les nôtres depuis 20 ans.

Il ne théorise pas l’Enarchie compassionnelle, mais il remarque que la dérive étatiste a commencé avec Giscard, même s’il ne le cite pas nommément.

Il voit bien qu’il y a eu un avant et un après la césure du début des années 70. Très justement il ne l’impute pas à la crise  pétrolière.  

Il remarque que le secteur public est désormais plus gros que le secteur privé et que cette dérive vers un Etat  obèse  et tentaculaire mais impotent a progressivement anémié tout le secteur marchand. Il montre bien la corrélation entre obésité publique et anémie marchande. En monopolisant les ressources l’Etat empêche l’innovation et l’investissement. L’emploi public tue l’emploi privé.    

Il sent bien  que l’hystérie fiscale récente, s’ajoutant au gonflement excessif précédent,  est en train de tuer le pays.

Il prend le temps  de démontrer avec soin que la plupart des arguments socialistes en faveur de la dépense publique, et contre l’entreprise ne mènent qu’à une société d’assistés de plus en plus dépendants, se partageant un gâteau qui diminue, dans une société de plus en plus divisée et haineuse.

Il refait l’histoire des pays qui justement ont pris le contrepied de cette approche délétère et ont été très loin dans la restauration d’une société de responsabilité et de dialogue. Les leçons du Canada, de la Nouvelle Zélande, de la Suède ou de la Suisse sont tirées avec beaucoup de précision.

Tout cela était parfaitement connu dès 1977. Et on a eu Jospin qui a tout aggravé. Et on a eu Chirac qui a dit non à toute évolution dans le sens indiqué et même Sarkozy, dont il note qu’il n’a pas donné suite au rapport Attali. Puis l’inconsistant  Hollande et sa fuite en avant dans l’hyper-fiscalité et la manœuvre politicienne de bas étage et l’abaissement abyssal de la dignité présidentielle.

On retrouve la grande question : pourquoi ces idées, élémentaires et constamment prouvées, n’ont pas de champ d’application en France ? Pourquoi crie-t-on au génie économique d’un DSK qui a théorisé et cautionné les 35 heures puis nié l’arrivée de la crise comme Président du FMI ? Pourquoi la télévision publique se croit-elle tenue de faire appel à des « penseurs » comme l’animateur d’On n’est pas couché et son faire valoir débile, qui cautionnent constamment  toutes les idées fausses ? Comment ce fait-il que la société se montre incapable d’assimiler un message aussi élémentaire, à droite comme à gauche ? 

L’auteur n’aborde pas ces questions. Il croit à la seule vertu de l’observation et du bon sens. Grave erreur.

L’explication est-elle sociale ? La société est désormais totalement dépendante de l’Etat et ne veut entendre que ce qui pousse à l’extraction de l’argent résiduels des « autres » pour survivre, sans se rendre compte que le boa se mange lui-même ?  En donnant une citation de F. Bastiat qui décrit ce processus, l’auteur semble pencher pour cette hypothèse

Est-elle économique : la France ayant fait le choix du tout Etat se trouve incapable d’affronter un monde ouvert et se recroqueville sur les impôts et les subventions pour tenir encore trois minutes de plus ?

Est-elle idéologique ? La France, terre ancienne d’un marxisme larvé, a-t-elle réellement  considéré au fond d’elle-même qu’il fallait se débarrasser des oripeaux de la bourgeoisie sûre d’elle-même et dominatrice, jusqu’en 68,  et qui est désormais présentée comme honnie, esclavagiste, colonialiste, nationaliste, belliciste, antisémite, raciste, méprisante pour les femmes, les pauvres, les immigrés, les délinquants et d’une façon générale « les autres » ?  En un mot : des fascistes ! C’est la France « Taubira-Belkacem » du Chagrin et de la Pitié. Sa repentance implique un repli morose sous la houlette de faux prêtres de la « réconciliation » et des tenants de la fin des « dominations ». Adieu le « pouvoir de la volonté ». Adieu la croissance criminelle qui tue la planète. 

L’auteur ne tranche pas ces questions fondamentales et prend soin d’indiquer « qu’il ne prend appui sur aucune théorie politique ou économique ». Le simple bon sens, voilà la clé.

Mais pourquoi diable le simple bon sens ne suffit-il pas ?

Suggérer que Giscard n’aimait que l’Etat et lui imputer personnellement  le tournant des déficits est tout de même un peu court, même si sa responsabilité dans certaines des décisions les pires (le non financement de l’Etat par la banque centrale, les accords de la Jamaïque)  est massive.  Critiquer le manque de courage des gouvernements de droite et le manque de sagesse des gouvernements de gauche ne nous avance guère.

Il faut faire à ce livre les mêmes reproches qu’à celui du petit De Closets. En ne contemplant que les faiblesses internes de la France on manque les conséquences dramatiques des séquences internationales qui se sont succédé depuis la fin des Accords de Bretton-Woods.  

L’analyse de la crise repose selon nous  sur trois piliers :

-          L’amoncellement de déséquilibres extérieurs monstrueux qui ont provoqué l’inversion de la courbe descendante de l’endettement global  et  le gonflement des dettes à des niveaux progressivement intenables.  Les crises périodiques de type décennal ont été de plus en plus graves.  74, 93 et 2008 sont d’intensité croissante. Pourquoi ? Le trend a baissé. Pourquoi ? Et pas seulement en France.

-          L’Euro n’a certes pas créé les conditions de la crise d’endettement mais en a terriblement compliqué la gestion jusqu’à l’aggraver. L’inorganisation de la zone Euro a imposé des politiques de déflation et de récession pour réajuster les économies, un processus qui n’est pas terminé.  Et qui est déprimant.

-          L’énormité de la dépense publique en France et le développement d’un secteur sous perfusion d’impôts de taille supérieure à celle de l’économie marchande est bien un aspect déterminant du drame français.  C’est un point que nous n’avons cessé d’illustrer.

L’auteur ignore bravement les deux premiers piliers.

Sans vouloir fournir trop d’excuses aux gouvernements français, il faut bien noter qu’ils ont été presqu’en permanence confrontés aux effets d’une récession forte. C’est vrai pour Chirac, trois fois, en 74, en 86 et en 95. C’est vrai pour Bérégovoy et Jospin en fin de mandat, pour Sarkozy puis Hollande.  

Bien sûr il y a eu les immenses erreurs  de Giscard, obsédé par l’impôt, qui signera un septennat fiscal et « sociétaliste »,  l’erreur cynique du Programme commun du lamentable Mitterrand  qui arrêtera définitivement le rattrapage par les Français du niveau de vie américain, et qui sera doublée par le même de deux drames majeurs : Schengen et l’Euro. Les mesures dommageables de Rocard (RMI et retour de l’ISF), celles de Jospin (complication inextricable des lois sociales et 35 heures) puis les gesticulations et l’hyper fiscalité de F. Hollande,  complètent un tableau  globalement étatiste, fiscaliste, antiéconomique  et aux résultats sinistres. 

Mais il est vrai que pratiquement six années sur dix pendant quarante ans ont été consacrées à faire face aux conséquences de crises périodiques toujours plus fortes, tout en considérant qu’il fallait laisser la liberté totale des mouvements de capitaux, de personnes, de marchandises et de services sans aucune instance de régulation européenne ou mondiale. Alors l’énorme bloc étatique français , ses dettes et  son arrogance, sont obligés de plier devant la compétition des pays développés dynamiques et des  pays en rattrapage, tout en accumulant les charges d’une immigration incontrôlable. Jusqu’ici, la réaction a été de le protéger le Moloch et de l’étendre en poussant les impôts  à des sommets impossibles à maintenir.  

On aimerait que l’auteur intègre ses raisonnements franco-français dans ce flux historique international.  Sa réponse implicite : ce n’est pas la peine puisque des pays, dans ce même cadre global, ont réussi  à s’en sortir par des mesures simples et adaptées. Alors « pourquoi pas nous ? ».

Il oublie de dire que les expériences canadiennes, suédoises et néozélandaises ont été  menées après la crise de 92, appuyées par une forte dévaluation et ravivée par l’expansion rapide de la fin des années 90.   La France ne peut pas dévaluer. Il n’y a aura pas de reprise mondiale forte avant un bon moment.

D’autre part, dans chacun de ces pays, un consensus a été créé en faveur des réformes, avec un fort support bi-partisan, notamment d’une partie des travaillistes.  Ils n’ont pas cherché à tergiverser comme le malfaisant Hollande, divisant gravement le pays, parfois de façon insultante, pendant deux ans et demi  et se déclarant in fine, contre une fraction notable de son parti et ceux de sa coalition, « social démocrate » et partisan de la théorie de l’offre, tout en rejetant sur l’entreprise, à qui on ferait « d’énormes cadeaux » , la responsabilité de la sortie de crise pour se refaire une virginité électorale en vue des prochaines présidentielles.

Alors que faire ? Bien sûr, toutes les mesures préconisées par Xavier Fontanet qui ajoute son livre aux 177 autres que nous avons recensés depuis 1976 qui disent exactement la même chose, sont parfaitement justifiées. 

Oui il faut un grand consensus national  en faveur d’une société des « devoirs de » et non plus des « droits à » ! Oui il faut « dégraisser le mammouth » ! Oui il faut casser le désir tentaculaire de l’Etat de prendre beaucoup à tous et presque tout à quelques uns  pour s’occuper de tout et plutôt mal ! Oui il faut une France d’entrepreneurs !

Cent fois oui !

Mais comment ?

Dans un affrontement droite-gauche s’appuyant sur l’effondrement du socialisme français ? Avec des grèves insensées comme celles de 97 ? Des mouvements de scolaires  excités ? Une surenchère lepéniste ? Des guerres extérieures ?

C’est, si on comprend bien, la perspective sarkosiste.  Permettre de reconstituer un mouvement de masse le plus large possible pour lancer une rupture véritable et passer dans un nouvel état de la société française fondée sur la responsabilité individuelle et l’abandon du non travail subventionné.  Les approches trop sages de Juppé et Fillon sont en effet incapables de créer le mouvement de fond capable de porter une pareille révolution.  Travail d’image pour l’un, de fond pour l’autre, avant un débat militant puis une campagne électorale nationale sont insuffisants pour créer le mouvement indispensable.

Sarkozy a-t-il l’élévation et la capacité de rassemblement nécessaire ?  Peut-on rassembler la partie  pragmatique de la gauche, alors que Hollande est en train de gâcher totalement cette perspective ?

La question n’est plus aujourd’hui de savoir ce qu’il faut faire.

On doit repenser le système monétaire international. On voit que la dernière réunion du G.20 sombre à nouveau dans l’insignifiance des grandes annonces et des réformes microbiques.

On doit repenser l’Europe des Etats minuscules paralysant les grandes Etats. La nouvelle composition de la Commission Européenne est l’exemple même d’une caricature d’Europe.  Si l’Europe doit être la dissolution des grands Etats dans un regroupement de 100 régions, elle est morte.  L’affaire Ecossaise a montré la résilience des grandes nations. Mais elle a lancé un cycle de revendications régionalistes particulièrement néfastes.  Le drame Ukrainien montre une Europe sans dents.  L’idée américaine portée par Jean Monnet d’une Europe éparpillée façon puzzle, sans grands états, mais divisée en une poussière de micro régions courant d’air,  fédérée dans une union Européenne faible et sans influence, sous protectorat militaire américain, est désormais « à portée de main ».   Est-ce bien cela que nous voulons ?

On doit aussi repenser la France. Et là, toutes les réflexions de Xavier Fontanet, redites parfaitement présentées  d’idées mille fois exprimées,  ont leur pertinence. 

La grande question est : COMMENT ! 

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Expédients ou vraies solutions ?

Nous avons choisi, en ce début septembre 2014, de laisser la priorité aux billets portant sur l'ambiance générale de la rentrée, marquée à la fois par un désastre de la gestion publique et un sentiment général de déchéance des institutions alors même que le choix a été fait par M. Hollande d'une rentrée exclusivement politicienne, dont le caractère sera encore aggravé par le retour de Nicolas Sarkozy et la conférence du Président de ce soir.

Ce choix du "tout politicien" pour purger les humeurs n'est pas sans avantages. On le voit avec les condamnations de Bonnets Rouges qui sont passées comme une lettre à la poste. Il est dans la continuité du même choix fait naguère pour la campagne électorale déprimante d'il y a deux ans et demi et annonce le renouvellement de l'exercice dans deux ans et demi.

M. Hollande sait très bien que, lors de ces élections, on élimine. En n'ayant pris aucune autre mesure que fiscale et en ayant fait porté l'essentiel de la spoliation sur "les riches", il lui sera facile d'annoncer que son adversaire veut s'attaquer aux pauvres et aux fonctionnaires, en plus des immigrés. Il se débarrassera du "bilan" sur le Medef qui "malgré un cadeau inouï n'a pas joué le jeu" et sur les boucs émissaires qui passeront par là (Mme Merkel, l'Europe, l'Euro etc.). C'est une stratégie politicienne personnelle mais qui peut être efficace. En tout cas elle est pensée et peut se décliner sous formes d'initiatives tactiques assez facilement. Ceux qui pensent le PS définitivement ratatiné se trompent. Ce n'est qu'en cas de crash financier violent, par exemple amorcé par une remontée des taux, que cette vision serait totalement condamnée.

Face à cette stratégie purement politicienne et qui ne tient compte en rien des nécessités nationales, Nicolas Sarkozy proposera une alternative de la même eau politicienne. Pour contrer la stratégie hollandaise, il ne présentera pas de programme seulement son corps, ses tripes et son âme. Il ne peut pas annoncer du sang et des larmes et n'en a nullement l'intention. Comme tous les moyens de la Justice seront déclenchés contre lui nous aurons droit à un corps, des tripes et une âme martyrisée par l'insolent ennemi mais aucun programme. Du bagout et de l'émotion.  

Deux mesures témoignent que nous aurons bien un combat de nains habiles indifférents à l'intérêt national.

M. Hollande, après M. Sarkozy, reprend l'antienne de la "suppression des charges patronales" et celle de la "première tranche d'impôt sur le revenu".

Comme nous n'avons cessé de l'affirmer ici, jouer ainsi sur ce genre d'instrument n'a strictement aucun sens économique. Il ne s'agit que de gris-gris démagogiques.

Pour les charges sur les salaires, nous avons proposé de supprimer la notion de charges patronales au profit d'une notion de revenu salarial différé. Naturellement tous les prélèvements qui n'ont pas le caractère d'un revenu individualisable (comme les allocations familiales) doivent être transféré sur l'impôt. La baisse du revenu différé au profit du revenu courant ne peut être obtenu que par la baisse du coût assurantiel puisqu'il s'agit de cela : chômage, maladie, invalidité, retraite. La revalorisation du net ne peut passer que par une réduction du chômage et de certains excès d'indemnisation, le déremboursement du petit risque, et le retard du départ à la retraite. C'est donc un arbitrage à faire entre deux formes de rémunération. Et il doit être fait par les salariés eux-mêmes.

Le corollaire est tout aussi clair : la compétitivité des entreprises ne peut provenir, en l'absence d'ajustement de la politique européenne, que par la baisse des salaires.qui ne peut s'opérer que de deux façons :

- en réduisant le revenu différé, sans le reporter sur le revenu disponible

- en réduisant le revenu brut.

Sans les masques de la dévaluation et de l'inflation, une baisse de près de 10% est nécessaire.  Il aurait mieux valu l'acter tout de suite et de regagner le salaire perdu en trois ou quatre ans plutôt que de se nourrir d'illusions et de mettre des millions de salariés au chômage.

 

Pour les impôts, l'exonération massive commencée par Balladur au début des années 90 est une folie. Elle a été tempérée par le fait que tout le monde paie au minimum les 15.5% de la CSG. Moins de la moitié des ménages français paie l'IR. Continuer de resserrer l'assiette fiscale en aggravant les taux pour ceux qui restent assujettis est contraire aux règles de l'équité démocratique en même temps qu'à une bonne gestion de l'économie. Elle pousse une partie de la population à croire que son sort dépends du tort qu'on fera à l'autre. C'est l'aspect d'abjection politique. Elle pousse la France qui crée de la valeur à cesser de pousser son avantage. C'est l'aspect de déréliction économique. Au total on a moins de ressources et plus de haine sociale.

La solution ici encore est assez simple : la baisse de l'impôt ne peut être financée que d'une baisse de la dépense publique. Pas de baisse de la dépense publique pas de baisse des impôts. C'est aussi simple que cela. En annonçant un jour qu'il ne touchera pas à la dépense publique et le lendemain qu'il supprime une tranche du barème, M. Valls commet une bassesse politicienne par jour. De le même façon que N. Sarkozy s'était abaissé de façon duale en supprimant l'IR et les charges sur les supplémentaires, et en baissant la TVA sur les cafés-restaurant.

En fait le choix de la bonne structure fiscale, en régime de croisière, doit s'appuyer sur la notion de constance et de neutralité. Les bons impôts sont larges, de taux raisonnable et ne provoquent pas de gros changements dans les comportements. Ils doivent porter le plus possible sur la valeur ajoutée. Nous préférons l'IR à l'ISF pour fournir la progressivité justifiable. Il vaut mieux supprimer l'ISF et les taux absurdes sur les plus values faites sur des transactions rares et concernant les investissements d'une vie, que de supprimer l'IR.  Si on supprimer l'ISF et qu'on transfère une partie de l'IR sur la TVA, on peut réajuster la grille de progressivité de l'impôt, de façon à rendre acceptable l'impôt pour tous et la justice de la progressivité.

De toutes les façons qu'on prenne le problème, il faut commencer par réduire la dépense publique. De la même façon qu'il va falloir réduire les salaires pour restaurer la compétitivité il faut réduire drastiquement les salaires des administrations et des salariés à statut. Un écrêtement de 10% à 15% est pratiquement inévitable. On voulait le faire par l'inflation. ce n'est plus possible. Reste la hache. Il faut restreindre le statut de la fonction publique aux militaires et aux fonctionnaires civils de catégories A. Il faut supprimer un échelon administratif et rendre impossible les doublons. Il faut encadrer les subventions et les réduire drastiquement. Il faut changer le périmètre des responsabilités de l'Etat etc.

La grande question est de savoir s'il faut réduire les allocations à ceux qui les touchent ? La réponse est malheureusement oui. Si vous réduisez la rémunération des actifs vous devez toucher automatiquement à celle des inactifs.

La grande question est de savoir comment on peut mettre une pareille politique en œuvre. Nous-mêmes ne pensons pas qu'un homme ou un parti puisse le faire. On voit que F. Hollande a carrément conçu de n'en rien faire. N. Sarkozy reprendra ses discours démagogiques sur la défiscalisation des heures sup et autres expédients.

A droite, avec Fillon, à gauche avec une fraction du PS raisonnable, une convergence se fait de façon latente sur ce qu'il serait indispensable d'essayer.

C'est cette convergence qu'il faut aujourd'hui appuyer tout en sachant que les efforts nationaux n'auront aucun sens s'il n'y a pas, parallèlement, un courant de réforme majeur en Europe  et dans l'organisation monétaire internationale.

Il faut que l'équipage fasse talonner ensemble le bateau pour qu'il reparte au large tout en régulant l'eau de la crique et en rendant l'océan navigable.

A partir de là, faisons confiance à notre jeunesse, à nos salariés et à nos entrepreneurs.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Scènes de la vie parisienne

Diverses comédies politiciennes suivent leur cours et quelques politiciens comédiens font leur cour. Les médias bruissent d'une agitation totalement décalée des préoccupations des Français : ils ont vu leur feuille d'impôts ! Des augmentations de 20à 40% sur toute l'échelle des revenus ! Le coup de matraque n'avait pas été claironné. On a attendu que les tondus le soient pour qu'ils réalisent. Le coup de rabot touche toutes les classes de la population, pas seulement les riches. On interroge à la sortie des centres d'impôt où des centaines de milliers de Français viennent demander des conditions pour payer cette augmentation inouïe. On leur avait dit que seuls les riches paieraient et qu'on leur ferait vite un cadeau à 4.5 milliards d'Euros. Les voilà obligés à réduire un train de vie déjà étriqué par 7 ans de crise. On leur offre quelques frondeurs  pour ne pas décourager totalement le vote socialiste. Cela ne suffira pas car ils savent bien qu'il n'y a rien à attendre de la gauche de la gauche. Les riches eux font leurs comptes : la hausse est prodigieuse et il n'y a plus aucune marge de manœuvre. Quoiqu'ils fassent, ils sont coincés. X qui payait 50.000 Euros en 2007, 80.000 en 2012 se retrouve avec 120.000 Euros d'impôts. Alors qu'il est retraité et que son revenu n'a pas changé ! Comment est-ce possible ? Très simple : il pioche dans son épargne pour payer les impôts. Casser son épargne crée de la plus value. La plus value est intégrée dans l'IR. Il recasse de l'épargne etc. Les plus riches s'en sortent mieux ! ils partent ou ils empruntent. Emprunter coûte moins cher que payer la plus value sur le cession d'un bien. Alors que le pays est surendetté…

La classe moyenne cherche à vendre les biens immobiliers trop coûteux pour leur nouveau revenu disponible amputé. Il n'y a pas d'acheteur ou à des prix cassés. A Paris la location de bureaux s'effondre mais les trois taxes sur le capital (taxe sur les bureaux, taxes foncières, taxe d'habitation) ont doublé ces dernières années grâce à Delanoë et Hidalgo. Il faut payer sans revenu. Donc il faut vendre et personne n'achète. Lorsqu'il ne reste qu'à peine 30% du revenu gagné, toute hausse de la fiscalité fait baisser le revenu disponible avec un effet multiplicateur. Si vous payiez 65 et que vous payez 75, sur un revenu de 100,  votre revenu disponible est passé de 35 à 25. Une baisse d'un tiers.

Pour répondre à la haine fiscale qui gagne le pays et se retourne contre "les élites", pour simplifier "les Enarques qui ont capturé le pouvoir et qui ne pensent qu'en terme de dépenses publiques et d'impôts", le gouvernement en vient à donner des explications dont il ne voit même pas le cynisme. "La perte de recette est due à la moindre inflation que prévue". Qu'est-ce que l'inflation ? Un impôt déguisé. Elle ampute directement le revenu réel. Alors on vous dit : "cet impôt là n'a pas marché, il va falloir compenser par un impôt non masqué". D'autant que l'inflation fait marcher la progressivité : une  croissance purement nominale de votre revenu fait jouer la progressivité. On a perdu l'impôt caché plus la progressivité cachée. Du coup la non-revalorisation des tranches de l'IR ne produit pas l'effet prévu. Zut alors ! Caramba encore raté ! Si on ne peut plus voler les gens sans qu'ils s'en rendent compte !

Au global cinq années de hausses continuelles des taux d'imposition aboutissent à une impasse : le déficit va croître à 4.4% d'un PIB qui comprend une grande part de dépenses publiques. En fait l'impasse budgétaire représente près de 10% de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand non financier et la dépense publique près 100% de cette même valeur. La dette publique, elle, en représente désormais à peu près 200%. Cela signifie que l'entreprise ne peut plus rien pour une France naufragée qui dévore désormais sa richesse accumulée et réduit sa population à une pauvreté aggravée.  

La "politique de l'offre" est un nuage de poudre de perlimpinpin. Même si l'entreprise générait par on ne sait quel miracle 10% de revenu en plus (on n'est toujours pas aux chiffres de 2007 en 2014), il faudrait qu'il soit intégralement capté par l'impôt pour simplement ne pas augmenter la dette. Et une toute petite variation du taux moyen de la dette éliminerait tout cet effort. Autant dire que les propos merveilleux sur une hausse du pouvoir d'achat sont ce qu'ils sont : des bobards pour imbéciles heureux. Il parait qu'il y en aurait encore 13% en France !

Comme le dit avec beaucoup de justesse le socialiste Le Guen, cumulard devant l'éternel, enrichi par son passage à la MNEF mise en coupe réglée par cet ancien créateur de l'UNEF ID, en liaison avec DSK et Cambadelis, de fâcheuse mémoire, et redressé de 50.000 Euros pour une sous-évaluation massive de la valeur des biens immobiliers qu'il a accumulé à Paris, en ne faisant que de la politique : "Le PS va s'en sortir en faisant de la politique. Hollande va faire de la politique. Nous allons faire de la politique". Du coup les Parisiens sont bien contents :  ils vont découvrir la politique participative à la Ségolène. Ils pourront choisir comment dépenser 430 millions d'Euros. Chouette ! La dépense publique n'a pas d'importance : la révolution participative permettra au citoyen d'en être le complice. On est sauvé.

Le PS déjouera la malédiction électorale en mettant deux fers au feu en même temps : le gouvernement et de prétendus "frondeurs qui sauvent l'honneur de la gauche" et auxquels les socialistes de médias comme un dénommé Ruquier donnent de la résonnance. Vive la politique !

Pendant ce temps là tout est arrêté en France. Tout se délite entre sinistrose et abus divers. La glissade tourne à l'effondrement.

Prenons les mastodontes quasi publics.

France-Telecom, ancien monopole public et qui reste sous la coupe des mêmes, en dépit des changements de statuts. C'est devenu le champion du n'importe quoi robotisé. Plus personne dans l'entreprise ne comprend rien aux divers sous-systèmes emboités qui se sont accumulés en strates réfractaires. Dans les magasins : des jeunes issus de la "diversité" (c'est moins cher) et des vieux recyclés (qui ne se sont pas encore suicidés). Ils vendent des contrats qu'ils ne comprennent pas et n'ont aucun pouvoir. Ils doivent appeler le même numéro que les clients pour obtenir des corrections et des remises en place. Ils n'ont même pas le pouvoir d'encaisser l'argent des clients. Ils sont tenanciers de show-rooms. Et le spectacle n'est pas triste. Il suffit de s'asseoir et d'entendre les jérémiades des clients pour se rendre compte du malaise. Les pauvres épaves électroniques qui s'échouent là après avoir pris leur numéro comme à la sécurité sociale vont perdre des heures pour rien sinon la compassion du personnel qui va pleurer avec eux sur la "fin du service public".

Juste une histoire comme çà, en passant. Ce "client" s'était vu proposer en avril 2014 de fusionner son contrat de portable et sa ligne ADSL pour un "forfait avantageux", permettant le passage à la fibre. De visites préparatoires en visites ans résultats, le nouvel internet sous fibre optique n'a été mis en place qu'en juillet  : quatre mois tout de même. On n'a pas précisé au client que toutes les options contractuelles et techniques précédentes étaient à reconfigurer. Par exemple; le prélèvement automatique s'est trouvé supprimé sans qu'on demande d'en souscrire l'option dans le nouveau  contrat.  Comme la mise en service a été décalée, la facture n'arrive qu'en plein mois d'Août, pendant les vacances. Quinze jours après le contrat est coupé et le vacancier se retrouve sans téléphone portable et sans internet !  Il pensait que le prélèvement se ferait automatiquement et n'a pas cru devoir faire suivre le courrier Orange. Il faut dire qu'un peu plus tôt son téléphone s'était trouvé arrêté parce que le changement de contrat supposait une réinitialisation technique qui avait été simplement omise. Plus tard il est apparu que rien ne marchait à l'étranger. Il fallait à nouveau remettre des paramètres techniques oubliés. Pire la ligne internet rétablie est constamment perturbée par des "réinitialisations de la liaison". L'avantage de vitesse s'avère nul. Le client a compté 16 "réinitialisations"  en 1 heure.  La fibre doit être pliée quelque part ! Il n'est pas vraiment content, le "client".  Surtout qu'il s'agit d'un contrat pro. Il pensait être servi plus vite à son agence de la rue de Rennes.  Mais "le système de priorité est arrêté quand il y a trop de monde pour éviter les émeutes".  Quand dix personnes attendent depuis une heure, elles deviennent un peu nerveuses quand on leur passe devant. Humain. De toute façon le préposé ne peut rien pour le client. Il faudra qu'il appelle tel numéro, en faisant bien attention aux horaires et en se munissant de ceci et de cela. Il pourra ainsi régler sa dette et voir ses services rétablis. "Nous, on ne peut rien". Pour les "réinitialisations pénalisantes", il faudra rappeler un autre numéro. Vous savez, ces systèmes à réponse vocale qui vous demandent  des tas de trucs dont votre numéro de ligne pour faire tourner le compteur des numéros surtaxés, et finissent par vous passer une téléopérateur dont la première question est : "quel est votre numéro de téléphone". Notons que tout cela doit se faire au téléphone et qu'on vous a coupé le téléphone.

Autre exemple : EDF. Ce mastodonte monopolistique dont les salariés se sont vu octroyer 1% de la facture des "usagers", et des conditions annexes totalement abusives qui sont un des scandales Français, considère qu'il a le doit de facturer des estimations de consommation maintenant qu'il ne vient plus relever les compteurs. Alors les clients se retrouvent tout soudain avec des factures monstrueuses. 3.500 Euros par exemple pour une maison de vacances utilisée deux mois par an. Appel pour contester la facture. Engagement est pris par un "téléconseiller" (non il ne s'agit pas de l'ORTF) de ne pas prélever la somme avant une visite contradictoire. Cause toujours : le prélèvement est fait aussitôt qui met le client en défaut bancaire avec blocage de son compte et signalement à la Banque de France. On va droit à l'interdiction bancaire. De crise d'hystérie téléphonique avec robots intercalés en crise d'hystérie téléphonique, sans robots intercalés, le rendez-vous finit par arriver. A quelle heure : "entre 8 heure et 12 heures". Vous n'avez qu'à prendre un jour de congé. Normal puisque vous allez dans votre maison de vacances. Au final c'est bien une erreur. La facture n'est que de quelques dizaines d'euros !

- "On s'escuse M'sieudam".

- "Le remboursement ? "

- "Cela se fera ne vous inquiétez pas".

- "Quand"?

- "Ah çà " ! …

Les mauvais esprits diront qu'au moins EDF produit de l'électricité. Les abus sont les mêmes à Gaz de France  et ces gens là ne produisent rien, sinon quelques explosions d'immeubles qui ravagent de temps à autres des familles incrédules. Tiens, il vient de s'en produire une à Paris. Quelques morts, quelques blessés graves, quelques familles traumatisées à vie. Quelle importance ?

Dernière aventure : une jeune femme est soudain inquiète pour son œil. Une douleur atroce. Elle est "en région" (on ne dit plus "en province"). L'ophtalmo le plus proche donne des rendez-vous à 3 mois et conseille d'aller aux urgences. Oui mais lesquelles ?

- "Vous avez le choix Nantes ou Paris, je ne vous conseille pas Saint Malo : ils ne sont pas bons !"

Appel aux Quinze Vingt à Paris. Réponse : on vous attend. En attendant il faut trouver un train. Pas de chance : le trafic Dol-Rennes est coupé. Pourquoi ? Nul ne sait. La SNCF n'a pas à donner de prétexte. Cette ligne est coupée de façon régulière sans qu'on ne sache jamais pourquoi, sauf si une voiture s'est fait amochée à un passage à niveau mal fichu ou si le groupe de Roms voleurs de cuivre a été arrêté sur le fait (et si on lit le journal local). Vite trouver quelqu'un pour vous emmener à Rennes en voiture. A Rennes, le train a trois quart d'heures de retard. Toujours pour les mêmes raisons indéterminées. Heureusement qu'on a encore le droit de prendre sa voiture. Mais là Paris c'est trop loin pour demander cela à un voisin. Alors on attend. A 23 heures arrivée aux 15/20. Suivent 5 heures de salles d'attente. Il n'y a pas de place assise. Va pour une attente assis par terre au milieu d'une population presque intégralement immigrée ! L'interne le dit en riant : "nous sommes un hôpital africain" !  Prélèvement dans l'œil : c'est bien une grosse infection sous la cornée, gravissime. L'œil risque d'être perdu.

- "Il faut attendre le résultat des cultures pour connaître le germe. Je vous prends un rendez-vous avec un médecin de jour pour demain après midi. Il verra avec les résultats en main".

- "Et qu'est ce que je fais maintenant ?"

- "Vous rentrez chez vous et revenez demain".

- "Mais je couche où ? Je n'habite pas à Paris".

- "C'est votre problème. On ne fait pas hôtel".

Il est quatre heures du matin ! Un parent compatissant fera l'effort d'aller chercher la malade, épuisée de douleur, d'inquiétude et achevée par les tribulations.  Le lendemain matin coup de téléphone du médecin avec lequel le RV a été pris.

- "J'annule le RV. Allez voir un médecin de ville".

La bataille commence. Appel au laboratoire pour connaître les résultats.

- "Nous ne les donnons qu'à un médecin".

Quelques hurlements plus tard :

- "C'est une amibe. C'est très grave. Venez immédiatement aux urgences".

Retour aux urgences. Six heures d'attente. Toujours pas de place assise. Pas de déjeuner. Bonne nouvelle, ce n'est pas une amibe. "La bactérie a des poils c'est pour cela qu'ils se sont trompés". Cela reste très grave.

- "Avec l'amibe l'œil aurait déjà été perdu. On va pouvoir essayer de sauver l'œil mais le traitement est très contraignant. Il faut vous hospitaliser pour quatre ou cinq jours. J'appelle."

- "Comment cela , il est impossible d'hospitaliser  mon malade ? Rien à faire ?".

Non il n'ya rien à faire. Alors "caltez volaille".  

- "On vous donnera demain matin le collyre correspondant à la bactérie. Revenez le chercher et vous vous appliquerez le traitement vous-même : toutes les deux heures, dans l'œil, de jour comme de nuit pendant six jours. Bon courage ".

Heureusement la patiente avait de la famille à Paris. Sinon quoi ?   

L'œil sera finalement sauvé. La facture EDF sera finalement régularisée. Les lignes Orange seront finalement restaurées. La ligne Internet sur la fibre coupe toujours toutes les 30 à quarante secondes. Le technicien ne comprend pas.

-  "Tout est correct pour moi".

Tout va très bien Madame la Marquise.

Ce matin, en plein centre de Paris, une altercation vient d'avoir lieu avec un clochard qui a traité un employé de magasin, noir lui aussi,  mais pas dans le même sens, de "gros trou du cul négroïde". Ce dernier lui a collé une baffe appuyée. Le clochard est en train d'appeler la police avec son téléphone portable (sic) ! Il faut dire que son "agresseur" travaille dans un magasin dans l'entrée duquel le clochard vient d'exprimer toute sa vessie vineuse. Au même endroit la police arrêtera dans l'après midi trois trafiquants de drogue. Ils étaient suivis et on attendait le flagrant délit. Un peu plus tard cela s'énerve devant la maternelle proche. Il y a du mou dans le périscolaire (un joli titre de roman). Il a fallu rechercher les enfants en quittant le travail trop tôt. Cela grogne sur les trottoirs. Pauvres trottoirs : ils sont couverts des déjections des clochards, des mégots des clients des boutiques , et de tout ce qu'on voudra. Cela fait des années que la propreté à Paris a été à peu près abandonnée. M. Delanoë, Maire honoraire, l'a constaté dès la fin de son mandat : "Je trouve Paris très sale" !  Le cynisme, il n'y a que cela de vrai.

Payer des impôts monstrueux, subir les dysfonctionnements continuels des molochs étatiques,  vivre "dans la m…" au milieu des clodos et des délinquants de tout poil !

Allons ne vous plaignez pas : les vilains sont arrêtés, comme la bactérie tragique. Les désordres n'ont pas été complètement réparés mais dans quelques semaines peut-être…  et votre enfant finira par savoir lire et écrire si l'enseignante n'est pas adepte de la méthode globale, interdite mais pratiquée malgré tout par des débiles mentales, et que vous y mettiez personnellement. "Do it yourself" est le slogan de l'époque.  Peut-être même que la Banque de France ne vous mettra pas au fichier des incidents de paiement. Ce n'est pas joué mais avec un peu de patience !

- "C'est la banque . Ah oui, on a oublié de vous dire : on a cassé votre placement d'épargne pour payer la facture EDF".

-  "Sans me le dire ?"

- "On a le droit Madame".

La banque a tous les droits : ruiner le pays par des placements indécents et tripoter vos comptes.

L'ennui c'est que ce vieux placement connait une plus value de 200%. Cela rentrera dans le revenu de l'année d'après et le revenu exceptionnel passera  dans la tranche maximale. 45+15.5, 60.5% d'impôt sur la plus value ! Salaud de riche !  

Comment oserait-on se plaindre ? Avoir perdu le tiers de son revenu disponible, la moitié de son épargne et un peu de son temps, n'est finalement rien. L'œil a été sauvé (de peu et dans quelles conditions !)  et cela seul compte.

Ce qu'il permet de voir n'est pas terrible.

Quel effondrement ! Que reste-t-il de la France sinon une trame usée jusqu'à la corde et qui menace de céder ?

Quo non descendat ?

Pantalonnade

"À l'origine, une pantalonnade désigne un canevas d'improvisation centré sur le personnage de Pantalon, célèbre Géronte de commedia dell'arte aux comportements ridicules1.

Un fait public, comme la visite d'un officiel, un spectacle de théâtre ou un film est traité péjorativement de pantalonnade lorsque son traitement, outrancièrement expressif, ne domine qu'imparfaitement ses effets et bascule dans l'exagération bouffonne, grotesque ou même macabre au détriment du ressenti et de la crédibilité du jeu. Contrairement au cabotinage, la pantalonnade est généralement un résultat collectif. Elle découle donc plus directement du script que d'initiatives venues des acteurs. C'est donc habituellement la direction d'acteurs qui est la vraie responsable d'une pantalonnade, bien que fort souvent ce soient les acteurs et les actrices qui en prennent directement le discrédit."  Wikipédia.

Que dire d'autre de la prestation de M. Valls 2 ?

Le scénariste pense élection présidentielle. Il calcule qu'il aura couvert tout le terrain de la démagogie ne laissant pas une herbe à brouter à son futur adversaire. Tout le champ du "sociétalisme" a été  soigneusement labouré. C'est le sens du maintien de Mme Taubira et Belkacem. Tout le champ du socialisme fiscal a été ensemencé avec des mesures qui liquident radicalement les Français aisés. Pour le reste, il suffit de se garantir. Deux moyens traditionnels : L'achat de vote ; le bouc émissaire. Après la frénésie fiscale, l'annonce avait déjà été faite qu'on redonnerait de l'argent aux classes qui votent. On commence. Des milliards pour des millions de votants. Le Medef et l'Union Européenne seront les boucs émissaires. C'était à eux de faire le travail. Si cela n'a pas été fait, ce n'est pas faute d'avoir crier dans les couloirs de Bruxelles  ni d'avoir fait des cadeaux aux entrepreneurs. Et surtout ne rien faire d'autre. Ne pas toucher aux fonctionnaires. Ne pas toucher à la dépense publique. Ne rien réformer, tout en tenant le terrain avec des mesures ruineuses touchant des minorités.  Les notaires, les vendeurs de lunettes, les huissiers, ... Quel impact électoral ? NUl ? On peut y aller. Cela laissera croire qu'on réforme. Les taxis, gare, ils peuvent faire du tort.

Lors des prochaines élections présidentielles Pantalon aura un langage, une défense. L'important c'est de pouvoir montrer que l'adversaire aurait été pire que lui. Ah ! Quelle chance si "Naboleon" pouvait revenir ! Il y a de quoi le faire judiciairement frétiller jusqu'au jour du scrutin. Il cristallisera à nouveau les tensions. Son équation personnelle a une pente négative. Pantalon redressera sa courbe d'autant en comparaison.

Et la France dans tout cela ?

Quelle France ?

 

Trois drames en cours.

Mugabe, sinistre vieillard, ancienne icône de la gauche conscientisée, et tyranneau sanguinaire, avait déjà défrayé la chronique en assassinant quelques blancs, en en volant quelques milliers d'autres, en créant les conditions d'une famine et en prenant la responsabilité de la dernière hyper inflation connue. Il vient de passer un contrat avec une société israélienne pour truquer les élections bidons qui donnent une apparence de légitimité à son pouvoir absolu. Ce contrat a été payé "rubis sur l'ongle"… en diamants volés. Le système monétaire international progresse.

Il est vrai qu'en Namibie, un exemple de démocratie à l'occidentale, la petite oligarchie formée au carrefour du tribalisme et du capitalisme entend bien désormais éviter les inconvénients de l'anarchie créative associée au libéralisme politique et économique. Son gouvernement vient de demander à la Chine, le pays bien connu des droits de l'homme, de construire son nouveau régime juridique. La Chine veut s'emparer des ressources de l'Afrique en utilisant les excédents majeurs de devises fortes accumulées grâce aux défauts du système monétaire international et qui représentent un multiple du PIB de nombreux pays africains. Pour cela elle est prête à rendre des services, comme celui de supprimer la démocratie. Le système monétaire qui a permis cela est sûrement parfait.

Puisqu'on parle de la Chine, notons qu'elle vient de passer avec l'Argentine des accords  bilatéraux à dimension monétaire, économique et politique marquée. On sait qu'une bizarrerie fait qu'un "hedge fund" qui avait racheté à bas prix de la dette argentine entend désormais se faire rembourser et a obtenu d'un juge américain une condamnation du gouvernement argentin à se faire. On se rappelle que l'Argentine, détruite par un péronisme irresponsable (il fallait éviter Evita !), avait tenté de s'en sortir en créant un "currency board", où sa monnaie était strictement liée à la monnaie américaine alors que le système mondial était fondé sur le change flottant.  Ce système aurait pu fonctionner dans un régime de changes fixes mais ajustables. Dans un système de changes flottants, la hausse verticale du dollar à la fin des années 1990 avait mis à l'arrêt les exportations argentines et brésiliennes. Le Brésil avait craqué le premier, dévaluant fortement sa monnaie, le Real. L'Argentine, dont le Brésil était le principal partenaire, s'était retrouvée à sec de devises donc en état de déflation monétaire radicale. Le "currency board" avait explosé et les créanciers de l'Argentine furent ruinés.  Voilà donc la Chine qui crée des accords de swap avec ce pays privé désormais d'accès au marché international des capitaux. Elle fournira des dollars à l'Argentine en contrepartie de quoi ? Ben heu ! On ne sait pas trop. L'explication publique : nourrir la Chine grâce aux exportations du "campo". Elle pouvait le faire en achetant directement en dollar la production. Alors quoi ?  Evidemment, le but est de sortir une partie des ressources de l'Argentine du "marché" pour le réserver à la Chine. Le système monétaire qui a permis cela est sûrement parfait.

Ces trois exemples sont pris dans le même numéro du Temps, journal suisse dont on ne dira jamais assez la qualité, du moins le lundi, jour des articles sur la finance et l'économie. Pour l'observateur le moins averti, ces signes témoignent que le système monétaire des changes flottants est non seulement responsable de la grande crise de la dette que nous connaissons mais destructeur de toutes les valeurs de liberté qui ont été portées par l'Occident.

On dira : vous exagérez l'exemplarité du Zimbabwe, de la Namibie et de l'Argentine ! Tout cela est du détail, et concerne des pays sans importance.

Tout de même. La Rhodésie était la Suisse du continent africain. L'Argentine est restée longtemps le symbole même de la richesse. La Namibie était le rare exemple d'une démocratie réussie en Afrique.  Avoir permis à une dictature communiste de capter les réserves de devises mondiales et l'industrie occidentale pour la laisser pourrir toutes les situations, ou autoriser un pays qui se réclame des valeurs occidentales, et vit du support américain, à pratiquer des transactions en diamants à finalité douteuse avec une dictature africaine caricaturale, sont la preuve d'un désordre international total.

Quand il n'ya plus d'ordre monétaire, il n'y a plus d'ordre politique. C'est une des lois de l'histoire.

La France au bord de la falaise grecque ?

Au bord de la falaise…grecque

 

la rentrée politique  baigne  dans le vaudeville. La réputation et la crédibilité du Président de la République ont sombré définitivement, selon les spécialistes. Que cela ne fasse pas oublier qu'une tragédie économique est en train de se jouer dans l'arrière plan, au moment même où le tissu national achève de se déchirer.

L'économie française est au bord de la falaise. Valls propose de faire un grand pas en avant …

Plus rien ne bouge en France dans le domaine économique. Tous les projets sont arrêtés depuis un an. L'immobilier a plongé. L'industrie complète sa récession profonde. Les services sont en berne. L'agriculture est en danger et crie à l'aide. Le chômage crève tous les plafonds. Le Ministère des Finances vient de déclarer qu'il renonçait aux économies prévues. Aucun des engagements européens ne sera tenu. L'Europe regarde la France avec inquiétude. Si elle sombre dans la situation grecque, tout le monde en est sûr, c'est la fin de l'Euro. Alors Mario Draghi ouvre les vannes d'un Quantitative Easing qui n'ose pas dire son nom. Alors Angela Merkel grogne, mais cède. Mais plus personne ne sait comment cela va tourner. La crise était finie. La voilà de retour, plus âpre que jamais. Le bord de la falaise est là, et c'est une falaise grecque. Comme George Papandreou, Hollande hésite à plonger et se tortille.

Sarkozy et Merkel l'avait finalement poussé dans le vide.

Personne ne poussera la France dans le vide.

Mais elle peut y tomber toute seule. La procédure budgétaire est bloquée. Plus personne ne sait comment la boucler. Tout le monde sait qu'il va falloir mentir, tricher, manœuvrer l'opinion et les organismes de surveillance. La France ne peut plus payer son train de vie étatique depuis longtemps, mais en dépassant 200% de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand, la dette est désormais incontrôlable. On a commencé à ruiner "les riches". Les vrais riches quittent le navire. Alors on va écraser la partie aisée de la population qui ne peut ou ne veut pas partir. Ce n'est qu'un leurre. Quand les Français aisés toussent, la France pauvre crache ses dents. Dix millions de Français à la gamelle et dans la dépendance de l'argent public sont en danger de perdre tout ou partie de leurs moyens de subsistance. On leur a livré en pâture une démagogie anti-riches. Cela ne nourrit pas. Ce qui reste de la classe ouvrière est chez Marine Le Pen. Les "sans-dents" ont des crocs politiques. En attendant les crocs de boucher ?

La question se déplace désormais de l'économique vers le national. La posture électoraliste de François Hollande était d'affirmer que les riches paieraient. Le mensonge se retourne contre le démagogue. Tout le monde paie et durement, dans son patrimoine mais aussi dans sa vie. Voici ce reliquat  de président qui déclare lors d'une réunion de l'Otan, le lieu rêvé pour ce genre de déclaration, qu'il est "le président des pauvres", sans doute pour faire pendant à la caricature qu'il a faite de son concurrent comme "président des riches".  Personne ne se veut pauvre en France. Les Français ont traduit : "je suis le président de la pauvreté pour tous". Ils n'ont pas besoin d'un succédané d'abbé Pierre pour diriger le pays. Mais cela fait tellement de temps que les socialistes se comportent en curé.  Drôles de curés, toujours en chaire, rarement au sacrifice. Deux ministres fraudeurs fiscaux tenaient pour le PS la commission de lutte contre la fraude fiscale. Normal ! Où auraient-ils été mieux protégés ? Le Parti Communiste, à la Libération, s'était ainsi gonflé de nombre de collaborateurs et d'attentistes douteux. Où pouvait-on être mieux protégés que dans le parti des 50.000 fusillés avec à sa tête un mécano de chez Messerschmitt ? Alors la piétaille se révolte contre le Pape indigne. "Il faudrait le destituer" affirme dans le privé un Ministre important du gouvernement Valls.  Comme si la question de l'homme était la plus importante, voire la seule importante.

En cultivant le dégoût de l'histoire et des composantes de la nation, la gauche socialiste n'a pas créé un nouveau monde français apaisé, pur et limpide. Lors d'une réunion d'adolescents la question est posée : "que comptes-tu faire plus tard ?" Tous, absolument tous, ont déclaré qu'ils chercheraient un avenir hors de France. Tous. On annonce que les Juifs français font leur Alya par gros bataillons et sont ceux qui alimentent le plus le "retour" vers Israël. Toute la couche entreprenante est en mouvement, pas seulement celle-là. La culpabilisation des Français comme nationalistes, impérialistes, colonialistes, antisémites, racistes, sexistes, esclavagistes, et capitalistes soucieux de faire suer le burnous d'une classe ouvrière dominée, a crevé le tissu moral de la Nation. Hyper fiscalité punitive, hyper protection punitive du salarié, hyper protection déraisonnable des fonctionnaires, des personnels à statut, des femmes seules, des immigrés, des laissés pour compte, des petites mains du spectacle, etc. ont créé une situation intenable. A force de voir les Français en victimes, le socialisme larvé à la française en a fait des victimes.

Tout le monde a compris que le vol définitif des classes aisées ne changera rien à la condition de toutes ces catégories. La "stigmatisation" d'un prétendue "islamophobie" tombe à plat devant l'évidence de la barbarie du nouveau Califat constitué avec l'argent de nos amis les Cheiks gavés de rentes pétrolières et  à qui nous faisons des ponts d'or noir en France, pendant que les banlieues islamisées trafiquent et nourrissent le djihad. De Kelkal à Merah, le chemin de la défiance française n'a pas longtemps sinué.    

En Grèce, les fonctionnaires ont vu leur salaires et pensions baisser de près de 40% ! Les femmes sont hagardes. Les hommes à la rue. La salariés ? A merci. Les dockers qui restent filent doux sous la férule chinoise au port du Pirée. Partout la haine : haine de l'Albanais immigré ; haine des élites gouvernantes ; haine des armateurs ; haine de Merkel, "la nazie". Certains sites la présente nue avec une petite moustache… Des partis extrêmes sont au bord du pouvoir et de l'affrontement. Seuls des aides européennes évitent la guerre civile.

La France peut-elle suivre ce chemin là ? Non, car l'Europe n'a pas les moyens de payer ce qu'elle paie pour la Grèce. L'effondrement de la France au bas de la falaise grecque signifie la fin de l'Euro et de l'Europe.

Alors l'Europe va céder. Le triomphe de Merkel est factice. La nomination de Moscovici  la Commission en est un marqueur. L'acceptation que Draghi viole tous les principes de la Buba, dévalue l'Euro fortement,  et se lance dans le "quantitative easing" en est un autre. Le renoncement à obtenir de la France qu'elle tienne ses engagements en sera un troisième.

France en déshérence, Europe qui renie tous ses principes et viole tous ses traités, nervosité militaire dans l'ancien bloc soviétique, Russe ou Chinois, auto-destruction des nations vivant de la rente pétrolière, Etats-Unis aux abonnés absents, avec aucune réforme d'envergure du système faussé et lui aussi auto-destructeur des changes flottants.

Le pire n'est pas encore là. Mais la menace du pire est désormais crédible.

On mesure à nouveau l'incroyable erreur des deux premiers G.20 qui n'ont pas compris les causes de la crise  et ont laissé croire qu'en réaffirmant sa foi dans le système intenable mis en place à Jamaïque, il se réparerait tout seul, pourvu qu'on ouvre grand les vannes monétaires, qu'on relance à tout va, qu'on châtie les traders et les banquiers et qu'on modifie les règles comptables.   

Le seul avantage de ce désastre est dans sa pédagogie : la malfaisance du système des changes flottants et de la liberté totale des mouvements de capitaux, d'hommes et de marchandises, alors que chaque pays fait ce qu'il veut,  est désormais prouvée même si elle n'est pas encore actée. Les absurdités du système monétaire de l'Euroland ne peuvent plus guère être cachées. Le cycle ouvert par Mai 68 se referme en France. Le socialisme, même dégagé du communisme et de ses crimes, cela ne marche pas et aggrave tout. La France finit d'en faire la preuve par zéro, alors que les pays anciennement socialistes l'ont compris depuis au moins tente ans. On progresse.  

Encore faudrait-il que ces leçons soient assimilées et les corrections nécessaires appliquées. On en est loin.

Le pire n'est jamais sûr.

Mais le drapeau noir flotte sur la marmite. Les sièges de commandement sont vides. La falaise approche.



Rentrée 2014 : les Français sidérés.

L’ambiance est un sentiment fugace. Il est nécessaire de le fixer avant qu’il ne s’évapore. Les historiens sont incapables de le reconstituer et quiconque a regardé une émission de télévision cherchant à faire revivre un moment du passé qu’il a vécu ne reconnait rien de ce qu’on lui présente.

Alors pour aider l’historien qui se penchera sur cette rentrée 2014, essayons de capter les effluves du sentiment général.

D’abord et avant tout, les Français qui viennent de recevoir leur décompte final d’impôt sur le revenu 2013 n’en croient pas leurs yeux. L’augmentation est terrible pour beaucoup d'entre eux. Déjà l’année dernière il avait fallu casser la tirelire pour payer et une révolte avait fini par se produire avec les "Bonnets Rouges". Cette année les tirelires cassées ont créé des plus values intégrées dans le revenu et  les Français découvrent que la tranche haute est à 45 + 15.5 de CSG soit 60.5%. Quand ils ne paient pas le surimpôt de 5%, ce qui porte le tout à 65.5% ! Comme ils ont  utilisé les premiers  40% pour payer l’accroissement massif des impôts votés en 2012, il ne leur reste plus rien de leur épargne ! Tout est parti en deux ans.  Beaucoup découvrent qu’il faut vendre leur immobilier. Ceux qui ont voyagé cet été l’ont constaté : partout des écriteaux « à vendre ».  L’immobilier de loisir est à l’encan.  Et quand il sera vendu, gare aux plus values et aux redressements d’ISF. L’épargne de précaution se vide à gros bouillon. Les mesures de 2013 permettent à l’Etat de la voler sans scrupules. Partout des familles partent à l'étranger, soucieuses de conserver un peu de leur avoir « pour finir » ou pour aider leurs enfants. On voit cette situation curieuse où des employeurs français qui faisaient travailler des Portugais se retrouvent au Portugal  pour fuir un pays malade de son hystérie fiscale et qui annonce de nouveaux prélèvements ciblés !

M. Hollande se retrouve avec 13% d’opinions positives. C'est tellement bas que personne ne parvient à y croire. Son ancienne compagne, traitée avec plus que de la désinvolture, de la goujaterie assumée, sort en librairie un témoignage qui ne fait pas du résidant de la rue du Faubourg Saint Honoré une figure bien honorable de notre Panthéon national. Quo non descendam ?

Ce « président » a tout raté et finalement ruiné un grand nombre de Français réduits au chômage de masse ou à des changements radicaux de conditions de vie pour aucun résultat national. La contradiction entre la jouissance manifeste  qu'il montre dans l’exercice de fonctions dont il se montre indigne et le mépris public pour sa personne et sa gestion, est une dimension charnelle de cette rentrée. Elle met en cause l’institution présidentielle elle-même. Si l’élection présidentielle est un simple cadeau fait à des ambitieux sans substance, elle devient peu pertinente. L’explosion du gouvernement Valls après quelques semaines de non-fonctionnement, traduit par des couacs, des pas de clerc, des silences gênés et des rodomontades, alors que la situation économique s’effondrait, a fait ressurgir les parfums délétères de la Quatrième république. Surtout qu'à peine nommé voilà déjà un nouveau membre du gouvernement, au demeurant parfaitement inconnu, renvoyé à la régularisation de ses fraudes fiscales...

L’impotence et la négligence hollandaises ont stimulé les ambitions présidentielles dans son camp comme dans les oppositions. Mais les Français découvrent qu’ils n’ont pas de leader du niveau suffisant.  Bayrou s’est tué en soutenant Hollande. Fillon s’est tué dans sa guerre avec Copé.  Sarkozy fatigue le pays avant même d’avoir officialisé son retour politique. Les autres sont un peu jeunes. Alors le ton est au soutien de M. Juppé, dont on juge que les condamnations pénales anciennes étaient  subrogatoires, la morgue, un pêché de jeunesse et le socialisme larvé, sans grande importance, compte tenu de ce qu’on vient de vivre. Malheureusement il n’a aucun programme et, hélas, aucune plénitude de vue. Une relance de l’énarchie compassionnelle, sans la compassion, et le souvenir des plus grandes grèves que la France ait jamais connues depuis un demi-siècle s’ajouteront à l’absence totale de plan d’action  pour dissiper l’illusion Juppé. En attendant M. Juppé vit son heure de délice, un moment rare pour « Amstrad »qui en jouit intensément. Allons, tant mieux !

Une impression de vide politique s’est créée qui n’est pas gommée par les palinodies de M. Valls, chargé de tenir l’estrade par tout moyen et de priver la droite d’arguments en lui prenant sa rhétorique. Entendre chaque ministre tenir un propos symbolique de la droite la plus caricaturale sur l’immigration, l’aide aux chômeurs, les 35 heures, en même temps qu’on recrute un jeune normalien, aimant la finance  et un temps courtisé par N. Sarkozy, pour gommer des slogans (« je n’aime pas les riches" ;"mon ennemi c’est la finance") signent l'abaissement de la France dans la manœuvre politicienne de bas étage. Les Français le ressentent.  

Il est vrai que le bilan, malheureusement prévisible, de la politique imbécile suivie depuis deux ans et demi est tragique. Chômage en pleine explosion ; dettes incontrôlables ; faillites au plus haut historique ; déficits internes et externes incontrôlables ; construction en régression ; niveau de vie par personne en baisse. Ce n’est plus un bilan, c’est un avis de décès national. Surtout quand on se comporte en renégat satisfait sur tous les engagements internationaux qu’on a pris. Notamment vis-à-vis de l’Europe.

On sait bien que les penseurs politiques du gouvernement ont préparé quelque chose et que la contre offensive va avoir lieu, probablement avec de nouvelles annonces chocs. Après avoir provoqué la droite avec la promotion de Mme Belkacem, promenée comme un toutou par le chef du gouvernement et la maintien de Mme Taubira, qui catalyse de nombreux rejets, et la gauche avec les boniments sur le social libéralisme, il est probable que la présidence a concocté un plan pour éviter que le débat budgétaire ne tourne à nouveau à la révolte et noyer le poisson. Attendons un peu pour savoir ce que les "spin doctors" ont imaginé. Il est toujours plus facile de remonter quand on a touché le fond.

Parlons de l'Europe .

La comédie européenne se déroule sous les yeux de spectateurs taiseux mais faussement impavides. On a changé de femme au « ministère des affaires étrangères européennes » (sic). La sortante était décidemment trop moche. Alors on a casé une jeune blonde. De toute façon, elle n’a aucune importance, les gouvernements européens étant en désaccord à peu près sur tout et n’ayant aucunement la volonté de mettre en commun des moyens militaires conséquents. Les Pays-Bas ont même poussé le chic jusqu’à supprimer leur armée, se contentant de loger de minuscules unités dans celle des autres !  Un Président européen et surtout polonais remplace le rompu Rompuy. Il n’y avait pas grand-chose à remplacer. On est heureux que des postes soient pourvus mais personne ne sait pour quelle politique ont été choisies les nouvelles éminences. C’est toute la beauté de l’Union Européenne. On élit des députés sans programme. On nomme des dirigeants sans feuille de route.    En attendant, comme l’affiche en première page The Economist, l’Europe sombre.

Au niveau mondial on découvre que le prix Nobel de la Paix, Obama, a abandonné le terrain. Partout des puissances néocoloniales exercent leur pression sans pitié ni réserve. La Russie veut recoloniser l’Ukraine de l’Est, en attendant de reprendre l’Ukraine de l’Ouest. Les imbéciles croient que les Ukrainiens sont des Russes et quand ils ne le sont pas, de vils fascistes : 75 ans de propagande soviétique jamais contredite en France, cela  crée des habitudes. La Chine réprime violemment les révoltes au Tibet et dans ses marges. Elle rétablit totalement son emprise sur Hong Kong. Israël étend ses colonies. Pendant ce temps là la folie djihadiste embrase les pays musulmans avec une sauvagerie médiévale.

La gouvernance économique mondiale est au point mort.  La présidente du FMI est mise en examen.  Les causes de la crise et l’étude sereine des moyens d’en sortir, eux, n’ont toujours pas été mises à l’examen.  Chacun fait ce qui veut et ce n’est pas la réunion au « trou du fils de Jacques » (la trop symbolique ville de Jackson Hole) des gouverneurs de banque centrale qui aura fait progresser quoi que ce soit. Croire que les banques centrales peuvent résoudre, à elles seules, les difficultés  du moment, fait partie de ces erreurs récurrentes qui pourrissent l’esprit des économistes et des politiques. Les banques centrales sont comme les psychanalystes : elles ne peuvent guérir que les maladies qu’elles provoquent. Et encore, avec difficulté. La vérité est que le monde est en croissance très faible sans réelle reprise des  échanges internationaux ou de mouvements de capitaux raisonnables. La panique reste la règle. Jouer avec le feu n’est pas investir. Alors diminuer le taux d'intérêt de la BCE à quasi zéro (moins que l'inflation) sera sans doute un coup pour rien. Quand l'économie réelle est à 100 et les dettes à 400, le taux d'intérêt ne sert qu'à faire survivre les spéculations anciennes et à en nourrir de nouvelles. 

Reste la parole des économistes officiels. Comme toujours elle est indigente, et stimule l’indigence des notables.

Le CAE a voulu faire sensation avec un rapport apocalyptique sur la baisse de la productivité conduisant à une France définitivement en faillite. La productivité est un ratio. Si la croissance baisse et que le nombre d’habitants augmente, la productivité globale baisse nécessairement. La productivité globale n’est pas la somme des capacités potentielles de productivité. Ce n’est pas un agrégat, seulement un rapport. La vraie question est de comprendre pourquoi :

-          Le trend baisse régulièrement  à chaque décennie depuis 1971

-          Chaque crise périodique est plus forte

-          L’endettement  global qui baissait depuis 1944 a commencé à augmenter à partir de 1972 et a atteint des niveaux intenables.

Cela n'a strictement rien à voir avec la productivité potentielle.

Ces éminents économistes n’ayant jamais posé la question et n’ayant pas prévu la crise de 2007-20xx se contentent de gloser sur des apparences.

L’informatique a eu des effets sur la productivité absolument majeurs  Pour avoir chevaucher ce courant pendant 40 ans, je crois pouvoir l’affirmer avec des exemples particulièrement significatifs.

Plus généralement, jamais n’a-t-on vu à travers le monde autant de gens travailler à tant de nouveaux produits, et ouvrir autant de nouveaux marchés.

L’agriculture a connu des progrès de productivité absolument gigantesques. Il n’empêche qu’en Union Soviétique, on n’ a jamais pu nourrir la population. Ce n’était pas une question d’absence d’outils de productivité mais d’organisation défectueuse. Le potentiel de productivité est illimité et croire que cela va s’arrêter est absurde.  Croire que la productivité ne produit des gains qu’au profit d’une toute petite minorité est également absurde. Les beaux esprits imaginent que la richesse ne « cascadera » plus du haut vers le bas. Ils n’en donnent jamais la preuve. Ce sont de simples affirmations. Toutes les grandes crises ont stimulé ce genre de commentaires sans fondement.

L’Expansion recense les suggestions faites pour sortir de la crise française et les mauvaises idées. La lecture n’est pas consternante. Tout le monde a un peu raison, sauf quelques déraisons militantes. Mais personne ne sait comment appliquer ne serait-ce que le millième des mesures proposées. Personne ne parle de l’essentiel : la France ne peut pas s’en sortir seule et l’économie mondiale et européenne ne peuvent pas repartir sans réorganisations profondes.

M. Fillon a parfaitement raison : il faut bien baisser la dépense publique en reformatant l’Etat français, transférer sur la TVA les mesures de solidarité qui dépendent  de la nation  toute entière, rendre à la négociation dans les entreprises le temps de travail et les autres questions d’organisation sociale. La réduction du nombre des régions en soi n’apporte rien de convaincant, c’est vrai. Il faut bien éliminer un échelon. 

M. Peyrelevade veut réformer la Constitution pour éliminer certains blocages. Il a bien raison même si on pourrait lui suggérer d’autres articles à modifier que ceux qu’ils proposent. Il n’a pas tort d’affirmer qu’utiliser le CICE à augmenter les salaires n’améliorera pas la compétitivité ! 

Le PDG d’Air France explique qu’il faut desserrer le nœud coulant qui étrangle la vie sociale et qu’il faut réduire les dépenses sans casser la croissance. Les vérités premières pleuvent dans le rouge tablier.

Mme Verdier-Molinié veut geler toute embauche dans les trois administrations  et renoncer à fixer une durée minimale de travail. D’accord, mais est-ce que c’est réellement suffisant ?

A Rexecode on veut dynamiter le « mille feuilles » et supprimer le tiers payant. Certes. 

Au mouvement « Nous Citoyens » on veut supprimer le motif de licenciement et interdire les emplois dits d’avenir. Il est vrai que tous les licenciements sont devenus contentieux et que les "emplois d’avenir" n’en ont pas.

Pour le Nouveau Centre, il faut revenir aux 39 heures et ne pas faire confiance à la négociation entre partenaires sociaux.

Pour un certain Piette, il suffirait de renvoyer l’essentiel des règles sociales à la négociation entre les patrons et les syndicats, sauf un petit noyau dur d’ordre public.  Et il faut arrêter de surtaxer les riches.  

Pour un certain Tétreau, il faut se garder de faire des économies sans stratégie et réformer la formation professionnelle. Ouvrez à nouveau vos rouges tabliers.

Etc. Etc.

Si on veut bien se pencher sur les questions de fond, on arrive à un plan profondément différent.

-          Il faut revenir aux changes fixes et à l’obligation d’éviter les déficits et les excédents monstrueux.

-          A l’échelon européen, faute de pouvoir casser la zone euro sans aggraver la crise et ruiner tout le monde, il faut créer un poste de chancelier chargé de la coordination économique et monétaire, avec dans sa dépendance la BCE. Il faudra bien que la BCE finance les Etats en faillite et que le change externe soit géré.

-          En France il faut reformater radicalement l’Etat, réduire le champ des gratuités, unifier, temporiser et conditionner les aides, cesser de piller le propriétaire, qu’il soit loueur immobilier ou actionnaire d’entreprise, surtout lorsqu’il est en difficulté,  et réduire les mille et une subventions qui arrosent le décor électoral.

Reformater l’Etat ne consiste pas seulement à réduire le budget militaire au point que les missions de défense ne peuvent plus être assurées pas plus que la présence de la France dans le monde.

Il faut tailler dans le vif aussi ailleurs, c'est-à-dire supprimer des missions actuellement financées sur fonds publics. Un exemple : supprimer les Frac ; interdire les subventions à des projets à l’étranger aux collectivités locales ; fusionner d’autorité des institutions ayant le même objet ; fusionner des subventions ayant des objets proches. Il y a 500 à 600 thèmes de ce genre à analyser. Tant qu’un candidat n’aura pas listé les missions trop coûteuses en l’Etat de nos finances, il ne se passera rien. D’autre part il faut empêcher les statuts qui interdisent toute reconfiguration de l’organisation de l’Etat. Le statut de fonctionnaire devrait être réservé aux fonctions de catégorie A. Tout le reste doit être contractualisé.

Dans la santé, la vraie question est celle du petit risque et du champ de la gratuité. La question de l’unification du système de retraite autour d’un système à point, avec départ général à 67 ans et un minimum d’années de cotisation est difficilement évitable. 

On voit bien qu’aux trois niveaux mondial, européen et national, ces réformes sont impossibles.

Les Etats-Unis ne veulent pas revenir aux changes fixes et imposer la fin des excédents et des déficits grotesques.

L’Europe se ridiculise et ne veut pas faire autre chose que semblant.

Le gouvernement Valls fait de la politique en essayant de priver l’opposition de programme. Mais la gabegie continue dans le détail. Celle du jour : on aidera aux études supérieures même les mauvais élèves. La condition de mérite est supprimée. Les palinodies politiciennes continueront jusqu’aux prochaines élections présidentielles en dépit du désastre général constaté, sans aucune vraie réforme sinon d’apparence.

Le citoyen aura l’impression justifiée que ceux qui font de la politique ne veulent qu’assurer leur petit avenir personnel en manipulant l’opinion. Son mépris ne fera que grandir à proportion de la diminution de son avoir.

Actuellement à droite on espère en Juppé. A gauche dans le succès d’une politique de droite menée par Valls et quelques gros coups de bluffs lancés par Hollande à la mi septembre. C'est-à-dire qu’on se cache une dernière fois derrière son doigt.

Cette rentrée 2014 est sans doute le dernier instant où le Français aura cru que la France pouvait s’en sortir. La France dopée de l’après guerre qui s’était remise au travail et avait commencé à rattraper ses retards est désormais définitivement cassée. Il aura fallu quarante ans, ce qui prouve la résilience française.  

Le temps de la résignation au pire et du chagrin national s'installe insidieusement. On peut craindre que les nouvelles manœuvres qui vont se dévoiler dans quelques semaines ne modifient pas cet état d'âme dépressif.

M. Hollande : "J'aime la droite". Vers un gouvernement Valls 3 ?

Après la déclaration d'amour de M. Valls aux entreprises ("j'aime l'entreprise") et celle de  M. Hollande ("j'aime la droite"), des discussions sont menées pour déterminer les contours du nouveau  gouvernement Valls 3 qui  devrait être annoncé après la nouvelle bérézina socialiste aux élections régionales. Il est vrai que 300.000 nouveaux chômeurs se seront ajoutés aux millions d'anciens , que le mur des 2.500.000.000.000 d'Euros de dette d'Etat aura été allègrement enjambé et que les taux d'intérêt auront commencé à remonter.

Nous avons récupéré chez Mediapart la copie volée du projet de discours de M. Hollande.

"Moi, Président, je reste Président de la République, mais pour inaugurer les  chrysanthèmes. J'ai découvert cela au printemps 2014 et , après plusieurs mois de cette intense activité, je confirme que j'aime cela. Bien sûr, j'animerai mon domaine réservé, mais je serai un Président normal au format Troisième  République, que j'ai aussi redécouvert en commémorant la guerre de 14. Oui on a calomnié le Président Deschanel !  On a bien le droit de descendre d'un train en marche ! On sait par ailleurs mon admiration pour mon exemple : l'exceptionnel procrastinateur, M. Queuille.

J'ai demandé à M. Valls de former un nouveau gouvernement de droite homogène. Il m'a proposé la composition suivante :

Ministre du Budget : Collomb (il va découvrir un nouveau continent de dettes) .

Ministre des finances,  de l'économie, de la fonction publique  et de la réforme de l'Etat : Fillon (il a des idées)  

Ministre de l'intérieur : Juppé (j'aime les bruits de botte)

Ministre de l'Education Nationale, des universités, de la recherche : Pécresse (sait faire)

Ministre des armées : Le Drian (sait faire)

Ministre de la population civile (famille, sport, anciens combattants etc.)  : Chatel (un job fait pour lui)

Ministre de l'Ecologie : Ségolène (je lève mon casque à la mère de mes enfants)

Ministre  des Affaires étrangères : Fabius (sait faire)

Ministre des relations avec l'Union Européenne : Wauquiez  (il rassurera sur notre dynamisme institutionnel  pour une Europe élastique)

Ministre des affaires sociales  et de la santé publique: Bayrou (peut faire ses preuves)

Ministre de l'industrie, de l'agriculture et de la pêche : Bertrand (il pourra arrêter sa cure d'amaigrissement)

Ministre de la Justice et garde des sceaux  : Bilger (Il saura effacer "le mur des c…" et restaurer un minimum la dignité de la fonction)

Ministre du commerce  et de l'artisanat : Placé (ainsi placé il ne peut pas faire de mal et pourrait cesser d'être déplacé)

Ministre de la Culture : Pellerin (elle joue d'un instrument de façon intermittente et il faut une place pour la diversité)

Porte parole du gouvernement  : Lemaire  (Le masque et la plume).

Les quatre anciens premiers ministres (Fillon Valls, Fabius et Juppé) auront naturellement rang de Ministre d'Etat.

Je promet que je ne me représenterai plus jamais à une quelconque élection, que j'ai vendu mon scooter  et que j'aurai  un rôle consensuel  et responsable  pour l'unité générale de l'équipe. Je m'engage à ne plus sourire comme un benêt à la moindre occasion et de changer de conseiller en tenues et maintien.

Une grande conférence va être réunie, un "grenelle de la droite efficace", pour détailler le contenu de la réforme constitutionnelle, et des quatre ordonnances indispensables.

Sarkozy gardera sa barbe de trois jours  et fera des conférences lucratives. Il aime tchacher et n'est pas Thatcher.    M. Mélenchon et Mme Le Pen aboieront au passage de la caravane. Et alors ?   

Quand nommerai-je le gouvernement Valls 3  : immédiatement après l'échec aux régionales du PS qui marquera une défiance définitive vis-à-vis de moi-même comme ancien président "de gôche" et amateurs de provocs minables. Il sera temps d'être moi-même, Président,  certes, mais de droite. J'assume.

Tous les ministres choisis  sont à peu près justifiés à leur poste. On n'aura plus l'impression pénible actuelle de ministres  qui flottent dans le costume.  Bilger est incontrôlable et incontrôlé mais il a du bon sens et se trouve hors du champ clos des conflits politiciens.  Tous et toutes ont les capacités et le bagage nécessaires pour travailler efficacement.  Ségolène est le maillon faible.  Mais j'ai bien le droit d'avoir des faiblesses résiduelles.  

Honnêtement, la France n'a pas besoin de Belkacem ou de Taubira, de Dati ou de Morano, de Sarkozy ou de Copé, de Montebourg ou de Hamon, d'Hortefeux ou d'Estrosi.

Moi Président de droite, je pourrai être moi-même, au lieu de me perdre dans les plans com' ratés, les petites manœuvres politiciennes de m…,  les arrangements de premier secrétaire de parti (sans laisser d'adresse), et les provocs inutiles.

On dira qu'on laisse le champ libre aux extrêmes. Que l'UMPS fantasmé deviendra une réalité qui fait le lit des Le Pen. Que l'extrême-gauche sera revigorée.  

Cette Union sera pour deux ans. Elle aura rasséréné le pays et permis probablement de prendre des mesures indispensables que tout le monde connait et attend et qui ne sont bloquées que par des positionnements politiciens ridicules.  

Je ne vois pas, dans cette équipe, de conflit potentiel insurmontable  sur la politique économique, sécuritaire, étrangère,  et européenne. Aussi bien, les questions de santé publique et d'éducation  sont quasi consensuelles si on supprime  les excès idéologiques.

Les principales difficultés porteront sur la nouvelle géométrie de l'Etat, la réduction drastique des dépenses publiques, la reconfiguration de relations plus sereines et équilibrées entre les différents acteurs économiques avec suppression des hystéries et des abus. 

Mais l'échec prévisible de l'action du gouvernement Valls 2 d'ici huit mois, forcera tout le monde  à de nouvelles concessions. J'aurai dfinitivement prouvé qu'une gouvernance de gauche  menait à la faillite. Cela dégage le terrain.

Oui il faut une révision de la Constitution pour restaurer la souveraineté nationale  sur les droits fondamentaux, comme en Allemagne et refuser "le gouvernement des juges" étrangers. Le Conseil Constitutionnel doit seul dire ce qui est conforme à notre Constitution.  Je soutiendrai les initiatives en ce sens de M. Cameron dans les instances concernées. Il faut réduire le mille feuilles administratif en supprimant des échelons ; interdire les rémunérations publiques multiples, assurer la priorité du droit à la continuité du service public  sur le droit de grève, introduire une responsabilité pénale des juges pour les actes répétés de violation du droit au nom d'un justicialisme de pacotille, ou pour incompétence notoire, forcer le regroupement des communes, interdire la compétence générale aux régions, et réduire l'ampleur des deux assemblées, tout en supprimant le CES. Nul ne pourra se faire prélever plus de 50% de son revenu. La Constitution le dira.  On peut espérer que les milliers de fortune qui se sont exilées pourront revenir. Nous avons besoin d’elles.

Oui il faut quatre ordonnances  :

- Une ordonnance sociale portera  sur l'organisation du travail et la retraite.  Un système de retraite unique   sans autre exception que le régime des militaires, sera mis en place. La retraite à point, avec départ  à 67 ans, à taux plein pour 45 années de cotisation, sera instaurée. La durée du travail sera portée à 40 heures par semaine, avec liberté de modification par accord de branche ou d'entreprise. Des mesures seront prises pour libérer l'emploi salarié des mille et une contraintes qui l'asphyxie. Les seuils seront naturellement revus. On a été beaucoup trop loin dans la protection du salarié qui désormais cherche à gagner de l'argent par l'abus et non plus par le travail. J'en suis le meilleur exemple.

- Une ordonnance fiscale permettra de remettre de l'ordre, de la simplicité , de la justice et de la continuité dans les règles fiscales. L'ISF sera supprimé. Une taxation appropriée de l'épargne et de l'immobilier sera recréée. Conformément à la nouvelle constitution, nul ne pourra plus se voir prélever plus de 50% de son revenu.  La question des revenus en provenance de pays multiples sera réétudiée.  

- Une ordonnance visant la réduction drastique et prolongée de la dépense publique stipulera une réduction de la couverture du petit risque, le plafonnement de la dépense par tête dans les collectivités locales,  la réduction de l'emprise des missions de l'Etat avec suppression de pans entiers de secteurs subventionnés, la spécialisation des subventions par étage administratif (pas de subvention conjointe), la temporalisation  et fusion des diverses  aides sociales, avec publicité des allocations et justification des décisions portant sur les dossiers d'aide, introduction d'une "entrance tax" ou d'un délai de contribution active,  avant de pouvoir bénéficier de secours publics.  Le plan portera sur une réduction de près de 120 milliards d'euros de dépenses publiques par an.

- Une ordonnance définira les nouvelles règles d'ordre public et de "retour à la civilisation". Elle empêchera tout risque de "justicialisme", cette doctrine empoisonnée qui veut que le juge n'applique pas la loi mais prend des décisions  en fonction de son idée des rapports de force nécessaires dans la société et de ses options politiques. L'entreprise ne doit plus être considérée comme une vache à lait judiciaire. Le champ pénal sera fortement réduit dans le droit des affaires.

Je donnerai mon accord à ces ordonnances si elles vont vraiment au fond des choses  et changent profondément la donne pour  revenir à plus d'indépendance, de prospérité et de sécurité dans le pays.  

Françaises, Français, Moi Président, j'ai l'impression de faire enfin mon boulot. Quand je regarde mes premières années aux manettes, je suis scandalisé de ce que j'ai fait. M. Depardieu, je vous demande de m'excuser d'avoir monter l'opération d'insultes qui vous a frappé. Je fait mes excuses à la Nation tout entière.

J'espère que le nouveau des choses rétablira autant que faire ce peut mon bilan aux yeux des Français et que la faillite de la France, que mon action initiale préparait, pourra être évitée. J'avais dit que je mettrai mes pied dans les traces de Mitterrand. Il s'est vanté d'avoir détruit le communisme. Moi-même j'aurais détruit le socialisme. Qui le regrettera ?

Voilà. Maintenant j'ai quelques emplettes à faire chez les fleuristes agréés de la Présidence de la République et je dois chercher un bon parapluie. J'en ai marre de dégommer un costume à chaque visite officielle. Il faut montrer l'exemple de la réduction de la dépense publique."

 

VZ

Le Grand Mensonge Immobilier

Pour l’observateur, l’économie de l’immobilier, dans ses  multiples  aspects, construction neuve et marché de l’occasion, « l’ancien »,  immobilier de bureau ou de logement, immobilier de loisirs professionnel et non professionnel, immobilier de propriétaire occupant et immobilier de propriétaire non occupant,  est un sujet de frustration constant.

Le mensonge, par abstention d’une façon générale,  prévaut systématiquement  dans la couverture médiatique dès qu’il s’agit d’immobilier.  Toute la presse est dépendante de la publicité immobilière. Le politique est constamment sollicité par la question du logement. Les intervenants professionnels n’ont qu’une crainte : que l’on dise que les prix baissent.  L’industrie, la politique et les médias sont donc tous unis dans la certitude qu’il ne faut rien dire ou écrire qui puisse « créer une psychose » sur le marché immobilier. Il est vrai que quand le « bâtiment va, tout va », la phrase type qui sert de couverture à tous les silences.  Il est rare qu’on puisse voir le puits s’ouvrir et quelques vérités s’échapper.  Les ambitions présidentielles d’une certaine Mme Duflot, ci-devant ministre du logement dans le gouvernement de M. Ayrault, ancien Premier Ministre de M. Hollande déjà oublié , oblige M. Valls, le nouveau,  et le PS à partir en guerre contre la « renégate ».  Donc à avouer quelques erreurs et annoncer quelques correctifs.

Peut-être est-ce l’occasion d’aller un peu au-delà de cet exercice politicien  et d’examiner  quelques  vérités qui mériteraient d’être aérées un peu plus souvent ?  

La première vérité est que le cycle immobilier existe.  Pour simplifier disons que l’immobilier connait un cycle de 20 ans.  La phase haute du cycle immobilier correspond très généralement à la phase finale du cycle court global  qui précède une crise sévère.  Pour s’en tenir à la France, le marché fonctionne de 1953 à 74 où il s’effondre.  Il repart jusqu’en 93, où il s’effondre. Il repart progressivement jusqu’à 2008 où il s’effondre. Le rythme de 20 ans est assez net.  Nous sommes donc au départ d’une phase basse. Il faudra maintenant plusieurs années pour que le marché retrouve une tendance haussière forte.

La seconde est de ne pas voir le rôle essentiel de l’immobilier dans « l’économie baudruche » qui s’est installée progressivement  depuis  le début des années 70.  L’immobilier est « une classe d’actifs » comme on dit maintenant. Lorsque la dette globale est à plus de 400% du PIB marchand, on a vu qu’elle ne pouvait plus être justifiée par des flux  de remboursements associés à la production.  Elle ne peut se nourrir que de plus-values potentielles.  Dans la pratique l’immobilier  va fonctionner   presque automatiquement selon un schéma  de bulles. Massives, elles sont  extrêmement dangereuses lorsqu’elles explosent.  La bulle sur le marché de l’immobilier de bureaux à Paris, avant le krach de 1992, était tout à fait extraordinaire. Les encours bancaires avaient été multipliés par…sept dans l’année précédant l’effondrement. Les banquiers finançaient, au départ de la bulle,  une fraction du prix d’achat de l’immeuble. Juste avant l’effondrement,  ils finançaient l’achat total, plus les frais, plus une partie de la plus-value  attendue de l’opération.  Certains immeubles étaient achetés le lundi et revendus avant la fin de la semaine. Nous avons le souvenir d’une opération dans le « Triangle d’Or » de Paris où l’achat a eu lieu le matin et la vente  le soir avec une plus-value consistante.  La crise de 93, la seconde « pire crise depuis 1929 », après celle de 1974, a une composante immobilière très importante. C’est vrai en France sur le marché du bureau mais le monde entier connait des variantes de cette crise au même moment. La Suède connait une crise gravissime, avec faillite de la quasi-totalité de son système bancaire,  qui lui imposera de revenir sur son « modèle social » et de mettre en œuvre un système de « bad banks » qui reste encore un modèle du genre. Le Portugal vit une expérience similaire  avec l’affaire de la banque portugaise EspiritoSsanto , dont les actifs pourris (largement liés à l’immobilier) se valoriseront à la Saint Glin-Glin.

La crise de 2007-20xx a une composante immobilière tellement galvaudée qu’il est inutile d’y revenir, même si nous combattons régulièrement l’idée qu’il ne s’agit que d’une crise de « subprimes américaines » qui aurait, par un effet papillon magique, tourné à la crise mondiale.

La troisième est de faire semblant de ne pas comprendre le rôle ambivalent de l’immobilier après que  le tourbillon de la crise monétaire et financière se soit installé. La fuite devant la monnaie, général depuis 2003, la peur de la faillite des banques, la peur de l’éclatement de la zone Euro, ont conduit à des comportements de défense patrimoniale qui ont fait la part belle à l’immobilier.  Les Grecs ont acheté à Berlin pour fuir la hantise de voir leurs biens happés par la crise ou le fisc, comme une bonne partie des Européens. Les Russes ont protégé leurs avoirs en investissant dans des biens de luxe en France, considérant que le plus haut de gamme ne verrait pas sa valeur trop chuter.  Les Portugais offrent une franchise fiscale sans égale à quiconque rachètera une partie des surplus immobiliers.  En France le maintien de certains niveaux de prix sur le très haut de gamme ne s’explique que par ce phénomène et non par les élucubrations habituelles sur le manque de biens à vendre etc. 

La quatrième est de nier que l’immobilier soit un marché en panique. Quiconque se promène en France voit des dizaines et des dizaines de maisons à vendre partout où il passe. De Metz à Paris, de Cancale à Deauville, du Touquet à Saint Jean de Luz.  Le marché de la maison de campagne, de montagne  ou de bord de mer est arrêté.  Les informations fournies par la presse et certains organismes, comme les notaires ou les agents immobiliers sont totalement à côté des réalités.  Des dizaines de milliers de maisons sont à vendre et ne trouvent pas preneurs. Les rares opérations qui se font voient une baisse de plus de 30% du prix courant en 2009. L’immobilier de loisirs, dans son ensemble est en catalepsie. 

Le marché du bureau est exactement dans la même situation. Celui de l’immobilier de placement pour location est désormais bloqué par la loi Duflot, un monument de stupidité élevé à la démagogie à courte vue, que nous avons dénoncé en son temps.  La construction neuve est stagnante à un niveau très bas.

La cinquième « vérité cachée »  est qu’en matière immobilière le prêt doit être manié avec beaucoup de prudence et de doigté.  Un prêt immobilier est par nature hyper dangereux. Le bien vaut cher. Le remboursement prendra du temps. Le taux d’intérêt ne peut pas être financé par la productivité du bien, sauf en cas de location. D’un point de vue macro-économique, on sait qu’il ne faut pas aller trop loin, car une place trop importante des loyers et ou de l’amortissement d’un prêt pèse sur la consommation et il faut une forte croissance pour permettre le paiement des taux d’intérêt, sauf inflation qui diminue le poids de la dette pour l’emprunteur. Même si le marché ne tombe pas dans l’enfer de la bulle, l’excès d’immobilier est nocif, sauf cas particuliers. Il n’y a pas de « normes » de taille de la dette immobilière globale. Nous même pensons que l’amortissement et le paiement des intérêts de la dette immobilière doit toujours rester inférieure à une petite fraction de la valeur ajoutée de l’économie  marchande. Cette remarque vaut aussi pour le crédit à la consommation qui lui aussi ne génère pas directement le moyen de son remboursement et du paiement des intérêts :(il faut de la croissance par ailleurs pour garantir la bonne fin du prêt).  

La sixième vérité cachée veut qu’en matière immobilière la fiscalité doit être extrêmement prudente et  neutre.  Pour le particulier, acheter un bien immobilier est l’acte d’une vie.  Beaucoup n’y parviennent  pas et restent locataires toute leur vie. Seule une fraction réduite de la population peut se permettre plusieurs achats ou plusieurs possessions, souvent grâce, directement ou indirectement,  à l’héritage.

Si l’on veut loger les gens,  il n’y a donc pas trente-six solutions :

-          L’accession à la propriété par l’emprunt (en général avec une aide parentale, car le prix est élevé alors que le besoin concerne des personnes jeunes)

-          La location à des investisseurs

-          Le logement social.

Considérer un appartement comme une boîte de haricots et les revenus immobiliers comme des salaires est une énorme sottise.

L’immobilier se doit d’avoir une fiscalité particulière et attentive.  En France, on a choisi de surtaxer l’immobilier. On taxe l’héritage ; l’achat et la vente ; la plus-value ; le capital, sous la triple forme  de l’impôt foncier, de l’ISF, de la taxe sur les bureaux. On taxe également  le revenu.

Le résultat est bien connu : louer un logement est une subvention au locataire.  L’inflation, l’IR (jusqu’à 45%), la taxe professionnelle et l’ISF suffisent à prendre non seulement le rendement brut de la location mais aussi à rendre le rendement négatif.  Sur les taux marginaux (45% IR, 1.5% ISF etc.), c’est manifeste : un rendement de 5% théorique (devenu rare) va être amputé de l’inflation (disons 1%) de 1.5% d’ISF, reste 2.5%. L’IR est à 2.4%. On est déjà presqu’à zéro. Ajoutez les impôts fonciers et autres, et vous arriverez au final à un rendement négatif.   Investir dans l’immobilier de location est donc clairement une folie. D’autant que si vous voulez vous dégager, la plus-value éventuelle entrant désormais dans l’IR, la taxation sera de 45% sur cette dernière.  Avec tous les frais de cession, vous vous retrouvez avec une fraction de la valeur du bien.  Ajouter les frais de recherche d’un locataire, les périodes sans location, les frais d’éviction du locataire indélicat, les contraintes  règlementaires absurdes qui s’accumulent, le rendement devient franchement déplaisant : entre moins 5 et moins 10% ! 

La loi Duflot a tout aggravé sans vergogne.  La fiscalité et l’idéologie qui veulent que l’Etat doit « libérer» le locataire de la contrainte indigne que lui fait subir le loueur dans le cadre d’une « relation inégalitaire »,  ont tué la location privée. La réglementation des loyers a fait le reste.

L’accession à la propriété est associée aux taux d’intérêt et conditions d’emprunt, au prix de l’immobilier, notamment neuf,  et à l’aide des parents.  On voit bien que tout se ligue contre ce marché. La peur après la spéculation a conduit les prix trop haut. La perspective d’une baisse entrave l’idée d’achat. Les parents écrasés d’impôts ne peuvent plus aider. Le passage d’un bien plus petit à un bien plus grand est rendu impossible par l’imposition des plus-values à l’impôt progressif sur le revenu, avec des taux marginaux effroyables.  C’est le blocage.  En ajoutant  des  kilogrammes de dossiers à remplir avant de vendre un bien, ce que les anglo-saxons appellent le « red tape »,  on n’a fait qu’aggraver le problème.

Un autre frein est la conséquence de la loi sur le logement social « mélangé ». La « mixité sociale » est une idéologie et ne correspond en rien aux désirs des acheteurs. En imposant, dans les mêmes locaux, des logements très aidés, des logements aidés et des logements à plein coûts, on crée des dissentiments et même des haines phénoménales.  Les copropriétaires sont obligés à une cohabitation avec des gens qui se fichent totalement de l’état de l’immeuble.  Les conflits sont continuels. Les locataires à 25 Euros le m2 ne peuvent pas comprendre pourquoi leur voisin de palier ne paie de 4 Euros, surtout quand il est adepte de la dive bouteille et s’exprime sous différentes formes et par divers effluents sur le palier commun.   L’immigration avec logement subventionné ne fait pas de bien non plus. On a vu la banlieue désertée par la demande solvable de la classe moyenne-moyenne et inférieure qui est partie en « péri urbain ».  Bonjour la mixité heureuse !

L’hyper fiscalité et le recul de l’emploi a bloqué l’immobilier de bureau. Les pancartes à louer et à vendre fleurissent partout en France, notamment à Paris.  Le doublement de la taxe sur les bureaux n’a pas fait de bien. Sauf pour quelques opérations, très limitées, où on compte obtenir une plus-value en revalorisant des biens bien placés mais mal gérés et sous rentabilisés, le  marché est atone. L’absence de reprise générale de l’activité pèse sur les gains escomptés.

Au total, le marché de l’immobilier, neuf comme ancien, est dans un état catastrophique.  L’idée traditionnelle du complexe administrativo-politique est de fabriquer des lois spéciales  qui permettent en partie de compenser les blocages. Elles sont  de plus en plus compliquées et d’un effet aléatoire, voire discutable. Mettre la tête des gens sous l’eau, en leur donnant une paille  pour respirer quand même, est une des bases de l’énarchie. Tout dépend de la profondeur où se trouve  la tête et quelle est la longueur de la paille. 

La démagogie signée Duflot, est  en ligne avec tout l’appareil mental des socialistes. Elle  n’a été qu’une couronne de plus tressée sur le cercueil du  secteur immobilier, qui s’enfonce doucement dans le néant sous les fleurs de rhétorique et les mesurettes insignifiantes, le tout  bercé par le silence intéressé des médias qui dépendent de la publicité immobilière.   

Le conflit politicien entre Duflot et le PS ne nous vaut aucune mesure sérieuse de déconstruction du système délétère qui empêche le bon fonctionnement des marchés immobiliers.  Les amateurs n’auront guère que des invectives à apprécier. Comme ce commentaire, entendu par hasard :  

« Duflot est une gourdasse effrontée. Son cerveau reptilien lui permet de naviguer dans le marigot de l’extrême gauche. Mais son intelligence s’arrête à son culot. Licenciée en géographie, elle voit le Japon dans l’Hémisphère sud ! On voit le niveau. »

Rendez-vous dans un an pour voir l’effet du nouveau cours des choses. Quelque chose nous dit que le redressement sera  peu perceptible. Mais on adorerait être surpris.

L'économie baudruche

Les physiciens admettent parfaitement qu’un même objet puissent avoir des états différents et que les lois qui règlent son comportement peuvent être différentes selon ces états. L’état solide à ses lois, l’état liquide un jeu nouveau de propriétés, l’état  gazeux  est spécifique.

L’ennui de la science économique est qu’elle postule un seul jeu de lois et ne distingue pas des états  différents, avec leurs lois propres et leur transition.

Nous prétendons ici que les lois économiques qui s’appliquent varient en fonction de certaines variables fondamentales. Prenons par exemple l’endettement global. Une économie qui présente un niveau d’endettement global de 50% ne se comporte pas comme une économie qui a atteint un taux de 400%. Ce sont deux mondes assez différents avec des comportements différents, des évènements différents,  des manifestations  diverses différentes.

L’équivalent de l’état gazeux pour une économie  est la forme très particulière que peut prendre le capitalisme lorsque la production et l’emploi cessent d’être le cœur des relations économiques.

Cet état se met en place lorsque la dette globale (la somme nette de toutes les dettes : secteur financier y compris l’institut d’émission, particuliers, entreprises, état) devient un multiple important  du PIB. On peut estimer qu’un ratio dettes sur PIB marchand de plus de 300% marque l’établissement de cet état  économique un peu particulier.

Lorsqu’on en arrive là, la dette ne peut plus être remboursée par les  revenus de production. En imaginant une maturité moyenne de la dette de 5 ans et un taux d’intérêt de 5%, il est facile de calculer qu’on devrait employer  75% de la production pour rembourser le capital et payer les intérêts. Ce qui est naturellement impossible.  Par conséquent le système financier, bien qu’en apparence gorgé de liquidité et de profits, est en faillite virtuelle.

Cette économie  gazeuse ou baudruche, comme on voudra,  est par construction instable et vouée à une forte correction.  Une des responsabilités publiques les plus importantes est donc, pour l’Etat, d’établir le ratio dette globale sur PIB marchand et de le  surveiller de près. Lorsqu’on entre dans l’état baudruche, il est tard pour éviter les risques d’explosion. On ne pourra que les atténuer par une succession d’artifices.

L’observateur constatera que ce chiffre n’est ni établi de façon certaine ni suivi de façon régulière. En France on connait la dette de l’Etat, selon diverses méthodes d’évaluation. On sait qu’il existe des techniques pour la réduire ou la masquer. Mais au final, dans la durée, on la connait bien, même si elle est dispersée entre de nombreux échelons administratifs et que la question des engagements à terme de l’Etat est en général passée sous silence.     Par exemple la retraite des fonctionnaires est une dette de l’état vis-à-vis de ses ayant-droits.  Toutes les obligations à terme de payer (définition élémentaire d’une dette) ne sont pas intégrées dans les chiffres de dettes publiés. On se contente en général de regrouper les engagements de rembourser aux banques. En un mot, la valeur des prêts.

Ce chiffre est important mais ne décrit qu’une partie de l’histoire.  Un pays peut connaître un en- cours de prêts de 200%  du PIB marchand et une masse d’obligations à terme  autres,  de valeur globale équivalente. 

En France la seule dette publique vis-à-vis des prêteurs  représente 200% de la valeur ajoutée annuelle des entreprises (de plus de 1 personne) du secteur commercial  non financier.  Il faut lui ajouter les dettes des particuliers, qui sont à peu près à 100%,  celles des entreprises elles mêmes et celles des institutions financières et de la banque centrale (sous forme de quote-part des dettes de la BCE). On dépasse allègrement les 400%. C’est à dire que la production marchande ne peut en aucun cas payer les intérêts et les remboursements.

Pour s’en tenir aux prêts du secteur bancaire, on peut s’interroger sur la possibilité qu’ils excèdent les capacités économiques d’un pays. Les banques ne sont pas folles. Elles ne peuvent pas sciemment créer les conditions de leurs propres faillites.  Pourtant elles le font. Par quels mécanismes ?  La réponse tient entièrement à la manière dont une banque envisage le remboursement.  Elle ne se préoccupe en rien de la valeur ajoutée de la production marchande. Elle regarde quelle sera la source du gain  potentiel et la nature des sécurités qu’elle va prendre sur l’emprunteur. Si, par exemple, l’emprunteur vise une plus value en capital et est prêt à donner une caution sur un bien « réel » en sa possession, un comité de crédit peut se laisser tenter.

La marque d’une économie baudruche est justement que la part des prêts consacrés à la recherche d’une plus value, et non pas à un profit sur production, gonfle considérablement jusqu’à devenir majoritaire. 

La spéculation immobilière est typique  comme le prêt pour investissement boursier. Mais il est des formes de recherche de plus value plus complexes.  Financer le rachat d’une société pour permettre son démantèlement  et l’exploitation des plus values comptables latentes,  racheter un portefeuille de créances douteuses dans l’espoir d’obtenir une liquidation favorable,  pratiquer le « day trading » sur toutes les classes d’actifs  qui s’y prêtent, notamment les devises et les matières premières, toutes ces activités ne se justifient que par la recherche d’une plus value, c'est-à-dire une variation de valeurs d’actifs, sans considération pour la production et l’emploi.

Ces activités sont licites et sont pratiquées à tout niveau de l’endettement global. L’économie baudruche est caractérisée par le fait qu’elles deviennent majoritaires. Elles ne peuvent devenir majoritaires que si un phénomène de bulle cumulative et généralisée s’est mis en place.

Une question fondamentale est de comprendre comment on entre dans une économie baudruche. S’agit-il d’un mouvement spontané ou d’un défaut d’organisation ?  Les acteurs de la transformation sont-ils des « salauds » ou des  « imbéciles » ?

L’histoire des cinquante dernières années donnent la réponse : un défaut d’organisation donne du champ aux comportements spéculatifs, sans pour autant qu’on  doive les juger comme fautifs : ils sont rationnels dans le cadre créé.

Les changes flottants ont eu cette double conséquence que se crée un moteur spéculatif automatique, puisque toutes les classes d’actifs voient leur valeur changer de milliseconde en milliseconde et qu’un carburant nourrit la hausse : l’apparition de déficits et d’excédents de balances de paiements colossaux  génère du crédit de façon incontrôlable. L’instabilité intrinsèque d’un tel système provoque des dégringolades qu’on a jugées bon de soulager par une création débridée de monnaie banque centrale.  La liquidité est partout. Elle permet des revalorisations d’actifs qui nourrissent à leur tour le crédit.  La production n’a pas de rapport direct avec cette création monétaire et financière permanente.

Comme nous n’avons cessé de le répéter le phénomène économique majeur sur lequel l’essentiel de la recherche économique devrait se pencher est la courbe en U de l’endettement global depuis 1944. On est passé au sortir de la guerre d’un état où l’endettement se trouvait autour de 400% pour retomber à moins de 200% en 1971. Puis on est repassé en moyenne au dessus de 400%   en 2006.

C’est l’abandon du système de Bretton Woods, le Gold exchange standard, où toutes les monnaies se définissent par rapport au dollar et le dollar est évalué en or, qui a provoqué le basculement des économies de production, caractéristiques des trente glorieuses,  vers l’économie baudruche.

Toute l’histoire économique internationale contemporaine est marquée par cette évolution de plus en plus intenable vers une économie financière déconnectée de la réalité productive. 

Comment sort-on d’une économie baudruche ? Par la crise. Comment sort-on de la crise ? Jusqu’ici on a tenté de le faire en regonflant artificiellement la baudruche, sans toucher aux défauts de construction qui lui ont permis de prospérer puis d’exploser.

Nous pensons cette politique erronée.

Il faut d’abord juguler les causes de l’entrée dans l’économie baudruche pour espérer en maîtriser la sortie.

Nous venons tout juste de fêter le septième anniversaire de l’explosion de la crise « chaude » avec le blocage du marché monétaire interbancaire de juillet 2007.

Sept ans de malheur !

Et aucune réforme n’est venue, sinon l’étouffement de l’amplificateur de création monétaire que sont les banques et une poussée irresponsable de la répression fiscale.  

L’économie baudruche, son mode de formation, son mode d’expansion, ses distorsions internes dans la répartition des richesses, et son mode d’explosion, restent un  secteur vierge de la science économique moderne. Alors qu’il s’agit de l’effort essentiel auquel  les économistes doivent s’attacher aujourd’hui. La recherche universitaire, et les travaux des grandes institutions (FMI, OCDE, INSEE, banques centrales)   devraient d’urgence s’orienter dans ce sens.

Pour notre part, nous avons  écrit un livre à paraître, « La Parabole de l’Esquimau - Les trois causes de la crise et autres vérités dérangeantes», dont c’est le thème principal.

Espérons que son message sera compris et que des travaux   plus officiels suivront. Il n’y a aucune raison pour que la crise dure 7 ans de plus ! 

 

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.

Les propos de Paul Volker sur l'esprit de Bretton Woods

Les remarques de Paul Volker lors de la réunion annuelle du “Comité Bretton Woods”, à Washington, le 21 mai 2014.

 

Les difficultés actuelles de la zone euro, (l’équivalent d’une zone de changes totalement fixes), offrent quelques leçons intéressantes. Une zone de monnaie unique avec des flux financiers libres ne peut tout simplement pas se passer d’un système bancaire unifié et  de mécanismes permettant de mener des politiques économiques disciplinées et cohérentes.

Voilà un bien longue introduction pour lancer notre appel en faveur d’un système monétaire international digne de notre temps.

Par quelle approche (ou mieux quelle combinaison d’approches)  peut-on le mieux concilier des marchés raisonnablement libres et des politiques gouvernementales indépendantes tout en obtenant, au passage, le niveau de stabilité des marchés et des économies qui est dans l’intérêt de tous ?

La création du G.20  à l’échelon sommital des chefs d’Etat et de gouvernement a été une prouesse. L’accord sur une réforme de la gouvernance du FMI  est important, car il permet de donner plus de légitimité aux décisions prises. Cela ne suffit pas. Tout cela n’a pas grand sens sans une réforme du système monétaire international  et la mise en place d’un processus en ce sens.

Nous en sommes loin. Ce qu’on peut faire immédiatement, c’est lancer les études qui permettront d’identifier  les causes des déséquilibres de balances de paiement  et les moyens d’y parer.  Nous devrions être en capacité de gérer, dans des limites larges, les taux de changes des six  monnaies principales et de décourager  les changements brutaux incompatibles avec l’ajustement ordonné des économies.  Nous devons trouver les moyens d’encourager, et même un peu plus, l’équilibre des balances de paiements.

Je ne pense pas illégitime de reconsidérer l’usage d’une monnaie nationale comme instrument de réserve et comme base monétaire des échanges internationaux. Par exemple, voulons- nous ou non encourager  des zones monétaires et commerciales régionales ?

Une nouvelle conférence de Bretton Woods est-elle souhaitable ? Nous en sommes très loin. Mais les événements récents, qu’on le veuille ou non, a reposé des questions fondamentales que nous évitons soigneusement depuis des dizaines d’années.

Ce qui s’est passé nous confirme dans notre crédo fondamental : il faut un système monétaire international  innovant et stable pour que  la liberté du commerce développe son potentiel de prospérité pour toutes les nations.  Participer à un système de libre échange, très bénéfique et désormais international, exige d’assumer certaines responsabilités.

Pour relever ce défi,  ne pourrions-nous pas nous inspirer de l’état d’esprit et des convictions  que j’ai connus ici,  il y a cinquante ans ? Ils ont caractérisé la préparation et la négociation des accords de Bretton Woods.  Notre hôte du jour, le Comité Bretton Woods, a allumé la première bougie.  Le chemin sera long.

 

Commentaires :

Ce texte éclairera ceux qui peuvent penser que nous proposons ici des idées farfelues et totalement hétérodoxes. Même aux Etats-Unis et dans la bouche de responsables de haut niveau, l’idée qu’on ne peut pas avoir de croissance équilibrée et durable sans un système de change rationnel et basé sur la coopération, est une évidence.

On peut même affirmer que l’idée que les changes flottants (autour d’un dollar géré uniquement dans l’intérêt de son émetteur)  sont à la source de la crise actuelle, est dominante. Pas marginale, dominante.

On voit bien, aux précautions verbales employées par Paul Volker, qu’une partie du problème réside dans le fait que tout le monde a un bœuf sur la langue. Jacques Rueff avait déjà dû remiser ses critiques au début des années 70. On sait ce qu’il est advenu de Maurice Allais quand il a sorti le lance-flammes.

Si on traduit en clair le message de Volker, cela donne aussitôt ceci :

-          Les Etats-Unis mésusent de leur monnaie qui ne doit plus être la base du système monétaire international.

-          Les excédents phénoménaux et les déficits colossaux doivent être proscrits. Ils sont la cause de la crise actuelle.

-          On ne peut espérer un retour à la prospérité que d’une réforme dans ces deux domaines et cette réforme doit s’inspirer de l’état d’esprit qui baignait la conférence de Bretton Woods.

-          On ne peut pas gérer une zone de monnaie unique  avec comme seuls instruments deux règles juridiques de déficit public et d’endettement public. Il faut une coordination forte des politiques économiques.

-          Il ne peut y avoir de liberté totale des échanges sans cadre monétaire et financier solide. Des atteintes momentanées  aux libertés commerciales et financières peuvent être nécessaires pour éviter les dérives monétaires.

On retrouve aussitôt les arguments qui sont constamment défendus sur ce site par les économistes du Cercle e-toile. Une fois encore, ces idées ne sont pas marginales. Elles sont au  cœur même des solutions à mettre en œuvre et à la base du consensus masqué  des meilleurs spécialistes.

Le vrai problème est de faire apparaître au grand jour ce consensus d’abord sur le plan intellectuel et ensuite de lui donner un débouché politique et diplomatique.

Le rôle des institutions internationales comme la BRI, le FMI, l’OCDE et même le Conseil économique et social français devrait être central.

Malheureusement pour être nommé et survivre dans ces instances il faut éviter de défendre ses idées communes et la fermer.

Ou, comme Volker, utiliser un langage tellement codé et diplomatique qu’on en retient généralement la force du couvercle qui le stérilise plutôt que celle des idées sous jacentes.

Jamais on n’aura autant parlé de stabilité, de coopération, d’ouverture alors que nous vivons très exactement dans un système fondé sur la dissymétrie, les abus de position dominante,  le chacun pour soi et l’absence à peu près totale de coopération. Avec à la clé un désastre économique durable.

L’Europe pourrait être autre chose que ce chat châtré qui se couche et accepte d’être le paillasson du monde et la variable d’ajustement des désordres internationaux.

Elle pourrait dire : pas de négociation commerciale sans réforme préalable du système monétaire international. Cette simple  prise de position entraînerait aussitôt un débat utile et probablement des modifications substantielles des comportements.

Mais qu’espérer d’une Europe, à on ne sait plus combien de pays, dirigée par l’insignifiant Juncker, dont même le petit Luxembourg ne veut plus comme premier ministre,  alors que des dizaines de commissaires vont être nommés et que la France propose sans rire JM. Ayrault comme nouveau président du bazar et M. Moscovici comme responsable des finances !

Mais qu’espérer d’une France dirigée par le médiocre et sinistre Hollande, tout heureux d’être là où il est et qui se moque comme de sa première maîtresse de ce qui peut bien arriver à la France ?  « Tiens, il n’y a pas de croissance et le chômage monte ! C’était la faute à Sarko. Argument usé ? Alors c’est la faute à la déflation. Terrible cette déflation. Je la dénonce, entre deux opérations image façon inauguration des chrysanthèmes ».

Après deux années de hausses hystériques des impôts, d’absence radicale de toute réforme significative, et de laisser aller général sur les dépenses, nous nous retrouvons avec des déficits aggravés et une dette qui va sans doute atteindre les 2000 milliards d’euros en octobre.

Alors la France ne peut que se taire.

La France sombre. L’Europe végète dans le n’importe quoi. L’Occident n’est plus véritablement dirigé par les Etats-Unis. Mais partout les abus perdurent, avec les mauvaises habitudes et les facilités qui vont avec.

Avec le recul, Obama apparait pour ce qu’il est : un bavard inconsistant, façon prédicateur d’église américaine qui embarrasse ses alliés sans faire peur à ses ennemis.  L’Europe est à peu près totalement décrédibilisée. La France est sortie de l’histoire et se contente de la compétition d’image de conducteurs de scooter, l’un casqué et l’autre pas.

Les vraies questions sont traitées par prétérition dans une langue de bois systématique. Nous l’avons vu avec la position de la Banque des règlements internationaux, nous le revoyons avec le texte de Volker.

Tout le monde sait ce qu’il faut faire. Mais chut il ne faut pas le dire. Ou de façon tellement édulcoré que cela devient gênant de lire ces afféteries prudentes.

Pendant ce temps là la Chine réarme en masse et se met en position d’influence militaire. Elle n’a choisi le capitalisme d’Etat que pour ne pas être dépassée par les Tigres  et les Dragons.  Elle était en train de devenir un nain en Extrême Orient.  Les imbéciles lui ont confié l’industrie du monde en affirmant que la Chine était de tout temps pacifique. La voilà qui se remet à la parade militaire.

Le Japon sort de sa léthargie et « réinterprète »  sa constitution avec un objectif à deux ans : avoir la bombe atomique.

Les pays du Bric créent une BIRD à eux, loin du grand frère américain.

La Russie retrouve son rêve impérial, annexe la Crimée et met l’Ukraine cul par-dessus tête.

L’islamisme remplace le communisme comme fléau du siècle.

En un mot nous avons cru qu’en dissolvant toute organisation, en supprimant toute discipline, en battant notre coulpe  et en glorifiant nos ennemis, nous triompherions, dans la gloire du politiquement correct.

 Le parcours solitaire des Etats-Unis n’a abouti qu’à un échec économique et diplomatique dramatique. Le n’importe quoi européen n’a abouti qu’à créer des situations économiques et sociales désastreuses. L’effondrement français était au bout de l’énarchie compassionnelle  aggravée par le socialisme fiscal  à la française.  

Au final Obama est désormais méprisé. On ne peut pas vouloir assurer le leadership du monde et ne rien faire. Ce leadership ne s’exerce désormais que contre ses alliés pour leur imposer des abus, comme le système monétaire international absurde qui est à l’origine de la crise.  

L’Europe de Bruxelles est méprisée. Elle est pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour. Son déficit démocratique est criant. On élit des gens qui en sont à se demander plusieurs mois après leur élection ce qu’ils pourraient bien  proposer. Sa carence face à la crise économique globale n’est pas seulement criante. Elle est d’une indécence rare. Capter les pouvoirs des nations et les abandonner au bord du chemin est plus qu’une sottise. Un crime contre l’Europe.

La France a fini par se mépriser tellement qu’elle met Marine le Pen et ses troupes en tête de tous les scrutins.

Le chagrin et la pitié, c’est ici et  maintenant.

Alors qu’on sait parfaitement ce qu’il faudrait faire  et qu’un coup de pied bien appliqué au fond où nous sommes nous permettrait de remonter très vite à la surface.

Cela fait maintenant dix sept ans que nous répétons sur tous les tons qu’il faut :

-          Réformer le système international en revenant à des changes fixes et ajustables, dans le cadre d’accords coopératifs  avec un FMI régulateur fort.

-          Réformer l’Europe dans un sens démocratique avec une véritable cellule de pilotage de la zone Euro maintenant qu’on a voulu cette organisation monétaire dangereuse

-          Faire sortir la France de l’hystérie fiscale et du malthusianisme  économique associé, dans lesquels elle de roule comme dans la fange depuis des années.

Au lieu de cela   nous ne cessons de subir les défauts irrécupérables du système des changes flottants, les inconvénients pervers d’une absence de gestion quasi-totale de la zone Euro et les conséquences dramatiques de la répression fiscale stupide qui détruit la France.

Comment s’étonner de la rupture entre les élites et le pays réel pratiquement partout en Occident ? Oui la politique est désormais vue comme un théâtre d’ombres où ne s’affrontent que des ambitions personnelles d’une extrême médiocrité (Sarkozy, puis Hollande, présidents successifs  de la France. Tout de même !).

L’Occident, L’Europe, la France ont perdu la volonté de créer une civilisation, ce  qui supposerait des disciplines et des résultats. Ils se contentent du statu quo et glissent sur le toboggan du déclin en savourant les délices propres à cet exercice.

Certains pensent qu’il faut attendre la décomposition totale pour espérer un sursaut salvateur. Cette position est cynique.  Que restera-t-il à sauver ?  

Aussi « techno » que cette proposition puisse paraître, l’acte un du renouveau serait  une conférence nouvelle à Bretton Woods  qui acterait comme sa devancière les erreurs dommageables de la situation actuelle, et proposerait les solutions associées à ce diagnostic.

Oui, le commerce international doit être le plus libre possible mais dans un cadre monétaire coopératif et le plus stable possible.

Oui ce cadre monétaire doit être structuré autour de changes fixes mais ajustables par consensus.

Non la monnaie internationale ne doit pas être une monnaie nationale.

Nul ne peut espérer bénéficier du commerce libre avec d’autres sans respecter certaines règles et en particulier celle de ne jamais accumuler déficits ou excédents monstrueux.

La rente pétrolière doit être contre balancée par des achats équivalents dans les pays sans pétrole. Accumuler des excédents et racheter le capital des victimes n’est pas la solution.

La Chine doit équilibrer sa balance commerciale comme les Etats-Unis, en sens inverse.

Le paritarisme doit être la base des statuts du fonds monétaire international, sans droit de véto ni pouvoirs spéciaux pour un pays donné.

La finance internationale doit être asservie à ces objectifs.

Ce qu’on aimerait c’est que même Paul Volker qui est totalement d’accord avec ce programme le dise clairement, haut et fort et même de façon tonitruante.  

Et que tous ceux qui craignent pour leur poste et leur carrière trouvent enfin le courage de dire : c’en est assez de ce silence embarrassé. Disons la vérité et agissons.  Ils constateront alors  qu’ils sont majoritaires et que les quelques nigauds qui croient encore aux vertus des changes flottants ne représentent qu’eux-mêmes, c'est-à-dire rien.

Didier Dufau pour le Cercle des economistes e-toile. 

Langue de bois à la BRI et économie-baudruche.

Nous aimons bien la Banque des Règlements internationaux qui a presque compris que l’économie mondiale fonçait dans le mur en 2007 et au premier semestre 2008, alors que le FMI s’enfonçait dans l’erreur, sous la tutelle nonchalante de DSK, entraînant la majorité des gouvernements dans la passivité morose.

L’ennui avec  les responsables de la BRI, est leur tradition de frôler l’essentiel sans jamais l’atteindre vraiment.

Le dernier rapport est de cette eau-là.  Il dénonce trois dangers qui sont réels.

Le premier est d’avoir peur de la finance et de retarder toute action visant à la mettre sous contrôle par peur des réactions sur les marchés.

Le second est pour les gouvernements d’espérer que l’argent presque gratuit des banques centrales leur permettra de retarder indéfiniment les réformes nécessaires, en maintenant un haut niveau de dettes publiques.

Le troisième est la surestimation du pouvoir des banques centrales et du potentiel naturel et automatique de sortie de crise.

Il signale que la seule solution est dans une collaboration très étroite et la prise de conscience que les relations économiques croisées des nations ont une extrême importance.

On reconnaîtra ici un certain nombre de nos thèmes préférés. Nous disons depuis longtemps que les banques centrales sont comme les psychanalystes : elles ne savent soigner que les maladies qu’elles ont créées. De même nous ne croyons pas à la bienveillante main invisible des marchés financiers et monétaires libres, en régime de changes flottants. Enfin nous développons l’idée que ce sont les énormes excédents et déficits croisés de balances extérieures qui ont provoqué la hausse du taux global d’endettement depuis le retournement de 1971-72.

Nous ne cessons d’affirmer que le G.20 a fait un pari pascalien en ne réformant rien du système monétaire international en 2008 et 2009. Et qu’il l’a perdu.

On ne sort pas de la queue de la comète récessive de 2008-2009 parce qu’aucune des mesures globales nécessaires n’a été prise.

Ce que le BRI n’ose pas dire, c’est que pour atteindre les trois objectifs qu’il se fixe il faut prendre une décision majeure : mettre fin aux changes flottants et réactiver les règles du traité de La Havane et du Statut du FMI,  qui interdisent les excédents et les déficits massifs de comptes extérieurs.

Si les Etats redeviennent responsables de la valeur externe de leur monnaie, alors ce ne sont plus les marchés qui s’en chargent. Et ils doivent être tenus en laisse. Le premier objectif est atteint.

Les grands équilibres macro-économiques n’ont jamais été de la responsabilité solitaire des banques centrales. Tous les moyens de l’Etat moderne doivent concourir à l’exercice. Un mix raisonnable entre politique monétaire, politique budgétaire et fiscale, et politique sociale doit être construit.

Le FMI redevient, dans un tel système, l’observateur naturel des déséquilibres croisés et doit y mettre fin.

Du coup la coopération internationale devient le mode de fonctionnement normal de l’économie monde.

Faute d’aller aussi loin qu’il serait nécessaire, la BRI passe pour un mauvais coucheur qui empêche les bonnes nations éprises de keynésianisme de créer de la monnaie et de la dette sans limite, seule solution pour redémarrer la croissance dans la joie et le bonheur pour toute une couche d’économistes de la facilité.

Nous proposons d’appeler « économies baudruches » les économies qui dépassent 300% de dettes globales par rapport au PIB. Dans de telles économies, rien ne se passe selon les théories valables pour des économies où on ne dépasse pas 100 à 150% d’endettement global.

Dans une économie-baudruche  les règles d’investissement habituelles ne fonctionnent pas. La raison en est simple : les gains de production (le compte d’exploitation) ne permettent pas de rembourser le principal et les intérêts. Par conséquent la dette qui est créée ne peut se justifier que de deux façons :

-          Par l’absence de tout espoir de remboursement : on crée de la dette perpétuelle par création monétaire

-          Par l’espoir d’une plus-value, ce qui suppose une bulle sur une classe quelconque d’actifs.

On comprend que tous ceux qui sont accrochés à des rémunérations d’Etat prêchent pour le financement monétaire de déficits publics de plus en plus monstrueux.

On comprend aussi que tous ceux qui ne peuvent espérer de gains sur crédits  que sur une plus-value d’actifs, poussent à un gonflement perpétuel de l’alimentation monétaire par les banques centrales.

Lorsqu’une récession cyclique « normale » touche une économie globale  non encore boursouflée, et organisée autour de changes fixes, ouvrir temporairement le déficit budgétaire et financer l’activité par la création monétaire est efficace.

Le faire dans un système de changes flottants où tous les mouvements de capitaux sont libres et les décisions portant sur les changes non coordonnées,  alors qu’on reste autour de 400% de dettes globales par rapport au PIB, comme dans le G7, ne conduit qu’à une fuite en avant sans fin avec des déséquilibres persistants.  Cela fait maintenant 7 ans qu’on a ouvert toutes les vannes. Sans autre effet que d’avoir stabilisé le taux de dettes global à son niveau le plus élevé tout en ayant mis les Etats sous oxygène fiscal pour ne pas être étouffés par des dettes qui continuent à croître.

L’économie réelle reste anémiée, asphyxiée par les dettes et la fiscalité. L’argent ne va pas vers la production. Seulement vers des potentiels de plus-values sur classe d’actifs sensibles à l’alimentation monétaire ou vers les Etats pour payer leurs dépenses courantes.

En indiquant que le maintien d’une politique de fuite en avant dans la dette et la dépense publique incontrôlée grâce à une  sur-alimentation en monnaie banque centrale, sans aucune vraie réforme,  ne conduit à rien de bon,  la BRI a raison et naturellement attire toutes les critiques des Martin Wolf, Krugman etc. qui voient de tout temps la solution miracle dans le déversement de milliers de milliards en  monnaie banque centrale dans les marchés et dans les budgets d’état.

Son tort est de ne pas aller jusqu’au bout du raisonnement : il faut mettre fin à la liberté absolue des mouvements de capitaux et la subordonner à la gestion ordonnée de changes fixes mais ajustables, avec interdiction des déficits et des excédents massifs de balances extérieures. A partir du moment où les Etats sont responsables de leurs comptes extérieurs, la fuite en avant dans les déficits n’est plus possible,  les gains de plus-value se réduisent, un horizon économique apparait qui permet d’envisager à nouveau des investissements et  une reflation coordonnée a une chance de fonctionner au service de l’activité et non pas de la spéculation.

La deuxième erreur de la BRI est de croire qu’il existe deux types de cycles différents : les cycles courts « commerciaux » de 8 ans et les cycles financiers » de 20 ans environ. En fait il n’y a qu’un mécanisme cyclique de 8 -10 ans avec des crises alternativement dures ou molles. Lorsque le souvenir d’une crise dure est dans la tête, les excès de crédit restent mesurés : la crise sera faible. Lorsqu’on a oublié ce qu’est une crise dure, et il faut 15 à 20 ans pour cela, soit l’apparition d’une génération ignorante aux commandes,  l’emballement des crédits devient extrême et le réajustement est important.  Cela fait plus de 200 ans que cela marche comme cela.

Les économistes et responsables de la BRI sont sur le bon chemin. Il faut qu’ils acceptent de faire un pas de plus en avant. On se souvient que dans le film « les aventuriers de l’arche perdue », l’accès au Graal supposait de marcher avec confiance sur une passerelle invisible.

Certains croient qu’abandonner les changes flottants  serait un saut dans le précipice.  Ce n’est pas le cas. Dès que le premier pas aura été fait, la passerelle s’illuminera et on sortira enfin de cette crise actuellement sans solution dans le cadre actuel.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

L'économie à l'abandon

Quelle crédibilité accordée aux travaux des économistes réunis à Aix en Provence sur le thème de l’investissement  ? Que dit la synthèse finale ?

  1. 1.       La première exigence serait de mettre en place un cadre réglementaire et fiscal clair et stable dans le temps.

Ce cadre, en France, est clair et totalement spoliateur. Il faut surtout ne pas le garder. Quand les familles aisées ne pensent plus qu’à se protéger et à partir, oubliez toute chance d’investissement !

  1. 2.       Les pays développés peuvent prendre exemple sur les « build-operate-transfers » du Royaume-Uni : l’administration publique délègue au secteur privé la conception et la construction d’infrastructures.

La France est gorgée d’infrastructures (ronds point, médiathèques, aéroports régionaux sous utilisés, etc.) et ne produit plus.  

  1. 3.       Nous avons trop d’épargne mal utilisée. Afin d’orienter celle –ci vers le financement des entreprises et des projets de développement, ayant un impact immédiat sur l’emploi, la croissance et l’innovation, il faut une fiscalité plus favorable pour les revenus des capitaux mobiliers et du travail, et au contraire une fiscalité plus forte sur le patrimoine non productif (immobilier, œuvres d’art, matières premières comme l’or, etc.). Le taux d’imposition des revenus de l’épargne dédiés à l’investissement productif  pourrait être forfaitaire, entre 30 et 35%. Développer la titrisation peut être un bon moyen de pallier la difficulté de financement des petites et moyennes entreprises redonner confiance aux jeunes et valoriser les seniors

La question est de comprendre pourquoi l’épargne est mal utilisée. Ce qu’on appelle l’épargne représente quatre fois la valeur du PIB ! Comment voulez-vous qu’elle soit bien utilisée ? La peur est partout. Ajouter la spoliation fiscale et vous obtenez une fuite vers la protection, le plus souvent illusoire. Tenter d’éviter de perdre tout est l’essentiel du travail des épargnants. Comme de toute façon l’économie est en croissance nulle, le besoin d’investissement est nul. Les banques ne savent pas quoi financer ; les particuliers n’ont pas de projets industriels à financer.

Ce qu’il faut, c’est comprendre pourquoi on vit avec une telle couche de dettes, de crédits,  d’épargne,  de liquidités, de classes d’actifs décalés et comment on peut espérer réduire tout cela par rapport au PIB.  

Accroître la pression fiscale sur l’immobilier est une folie quand on sait que les prix baissent fortement malgré les informations bidons qui règnent dans une presse qui ne veut pas contribuer à une psychose, alors que la peur de la disparition de l’Euro demeure, que l’affaire de chypre terrorise les détenteurs de dépôts, que des banques continuent à s’effondrer, au Portugal, en Espagne et que même la BNP est en danger.  Il suffit de constater les baisses de mises en chantiers de logements neufs pour comprendre qu’avec plus d’impôts cela ne va pas s’arranger. Construire du neuf, ce n’est pas investir. Chacune sait cela !

Quant aux œuvres d’art, elles quitteront la France en moins de deux ans si on en taxe la possession, alors qu’elles ne rapportent rien d’autre qu’un plaisir esthétique ! Et quelle inquisition à prévoir !

Ce n’est pas par des prélèvements marginaux de 60 à 75% sur le rendement de l’épargne qu’on attirera les épargnants vers les investissements productifs si tant est qu’il y en avait.  Au moins cela semble avoir été compris à AIX.  Mais ce n’est pas en jouant sur la fiscalité « incitative » qu’on arrivera à quoi que ce soit. Toute incitation, après tout, est une « niche fiscale » à proscrire…

  1. Adopter, au niveau européen, une politique d’investissements dans les infrastructures et les secteurs porteurs de croissance.  Pour cela on peut essayer d’appréhender, autant que faire se peut, les domaines d’activité susceptibles de se développer davantage, comme la France vient de le faire avec ses 34 plans de «reconquête industrielle ».  

On voit que cet effort administratif a tout changé en France ! La reconquista bat son plein… Bien sûr cela permet à des commissions et à des « experts » de se faire un peu d’argent. Rappelons que c’est le job des entrepreneurs de trouver des marchés  et qu’ils le font dans le contexte qu’on leur impose. Pas aux fonctionnaires. L’invocation de l’Europe comme cadre miracle est ridicule, sinon qu’on sait qu’il reste un peu d‘argent à prendre dans ce cadre-là pour des missions futiles.

  1. 5.       Allonger  la maturité de la dette publique Les positions sur les dettes dans le monde ne sont pas du tout les mêmes. Depuis le 19ème siècle, la dette britannique a une maturité beaucoup plus longue et pose donc moins de problèmes.

Quand la dette globale est à 400% du PIB, et la dette publique à deux fois la valeur ajoutée des entreprises de plus d’une personne du secteur privé non financier, vous pouvez l’allonger autant que vous voulez, vous aurez toujours des difficultés. L’important est d’abord de comprendre comment elle est venue, ensuite de cesser de l’accroître, et enfin de savoir comment la réduire. Les artifices c’est bien mais cela fait déjà 7 ans que le blocage du marché monétaire interbancaire a eu lieu.

  1. 6.       Assouplir les règles de l’immigration qualifiée.

Plus de producteurs nous permettra plus de production : avec 5 millions de chômeurs, et 7 millions de « disoccupati », c’est sûr.  Il n’y a pas d’immigration choisie possible avec les règles de l’Europe qui a interdit de sanctionner le vagabondage, de considérer les immigrants illégaux comme des délinquants condamnables, de renvoyer chez eux  les mendiants et petits délinquants, de cibler les aides sur les nationaux etc.

Mieux vaudrait essayer de comprendre pourquoi les jeunes sont dégoûtés de la France et la fuient.  

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Au total, on se retrouve dans l’incantation. Et les phrases creuses. Finalement un journal comme le Monde ne veut retenir que des projets d’impôts punitifs nouveaux.

L’explication de la situation est inexistante. Comme on attend, du côté des économistes officiels,  des subsides pour faire des conférences, des études, participer à des commissions, on caresse le pouvoir dans le sens du poil sans faire mal là où le bât blesse.

Tout cela est de la pensée mécanique : oui cela serait mieux si la croissance était là, la demande forte, les investissements productifs rentables etc.  Si ma tante en avait ce serait mon oncle. Oui. Et alors ?

Pour qu’il y ait de l’investissement, oui il faut de la croissance, de la stabilité, de la confiance,  mais  dans le monde, en Europe et pas seulement en France.

Si les balances de paiements de certains sont totalement déséquilibrées, dans le déficit ou l’excédent, si les monnaies flottent de façon totalement erratiques ou manipulées, si la création monétaire est massive, créant inlassablement de la liquidité, alors que les paquets de dettes ne sont jamais résorbés, il ne peut y avoir d’investissements productifs, seulement des placements spéculatifs à court terme.

Si l’Europe de l’Euro est acharnée à provoquer des déflations dans la moitié des pays  membres, il ne peut pas y avoir d’investissements. Seulement des rachats d’actions et des réductions de capital, pendant que l’Allemagne gorgée de liquidité ne sait pas quoi en faire et spécule sans investir l’essentiel de la manne accumulée.

Si la France continue à ne faire aucune réforme significative  de son monstre administratif par réduction massive du cadre et de l’ampleur  de l’action publique, avec un gestion purement politicienne et démagogique, tout en ruinant les « possédants » (ce sont eux qui ont des réserves pour investir) par une fiscalité spoliatrice qui tourne au vol et à la prédation caractérisés, il ne peut pas y avoir de reprise de l’investissement.

Comme les causes de la crise n’ont jamais été anticipées puis jamais explicitées à Aix, et que l’insignifiance y règne en maîtresse exigeante depuis toujours, ces vacances dans le midi sont d’abord de la  vacuité intellectuelle et de la posture politiquement correcte insignifiante.

On peut le regretter. La saison des festivals subventionnés  dans la région est tout de même bien agréable. Il suffit d’affirmer près d’Avignon qu’il faut taxer la possession « bourgeoise » de l’art et de subventionner la « culture vivante » de façon non intermittente  pour avoir la paix estivale méritée  de l’homme qui a « conscientisé les masses ».

Bonne sieste et bon pastis.

PS : Nous invitons ceux que cela intéresse à consulter les travaux de l’été 2008, juste avant la nouvelle « pire crise depuis 1929 ». Inconscience et prétention dans le néant total…

On se moque de ceux qui traitaient du sexe des anges avec les barbares à leur porte. Que dire de ce blabla ridicule juste avant l’effondrement ?

Les Actes des rencontres 2008.

Les nouvelles responsabilités de l’Entreprise

Le souci du développement durable s’est imposé dans la vie des entreprises comme au plan macro-économique, avec pour l’entreprise, plusieurs dimensions : allongement de l’horizon de décision et de gestion, contribution des firmes à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, développement des normes sociales et environnementales et de la notation extra-financière (à côté de la notation financière), importance de la qualité de la « corporate governance ».

Les marchés financiers et les analystes financiers tiennent-ils compte suffisamment de ces évolutions ? Faut-il choisir entre l’objectif de ROE à court terme et des objectifs de développement durable ? La dynamique de la « corporate governance » est-elle adaptée aux nouveaux objectifs, aux nouvelles contraintes et normes ?

L’Entreprise du 21e siècle

Les interrogations spécifiques à la période : aptitudes des entreprises à faire face au contexte de la mondialisation, dimensions stratégiques spatiale et temporelle des décisions, dualité micro locale et projections internationales, tension entre court terme et long terme.

Les entreprises productrices de biens immatériels, les activités immatérielles des entreprises, la protection des activités immatérielles, la concurrence entre modèles ouverts ou fermés, les conflits entre propriété intellectuelle et concurrence.

Aux frontières du savoir

L’entreprise produit-elle du savoir, ou est-ce le savoir qui bénéficie à l’entreprise ? Les rapports entre l’entreprise et la recherche fondamentale.

La nationalité de l’entreprise

Le concept de nationalité de l’entreprise a-t-il encore un sens ? Les liens entre les marques et la culture des pays - le « made in » a-t-il encore un sens ? Les liens entre la nationalité et la culture de l’entreprise. Nationalité et responsabilité sociale et environnementale.

Entreprises, nouvelles conquêtes et nouveaux conquérants

Les nouveaux entrants, la concurrence des émergents, la confrontation des univers régulés et non régulés.

L’entreprise face aux innovations financières

Les modes de financement modifient aujourd’hui l’économie réelle. Les entreprises profitent-elles des innovations financières : gestion des risques, titrisation, déconsolidation ? Les LBO, le private equity, les hedge funds, les fonds souverains, modifient-ils la stratégie et le fonctionnement des entreprises ?

Les nouvelles formes de gouvernance

Au-delà des débats usuels sur la corporate governance et son évolution : les questions de gouvernance posées par une série d’évolutions exogènes (internationalisation et fusions-acquisitions transfrontières ; déterritorialisation du financement ; normes comptables ; poids du capital humain ; private equity).

Les dimensions sociales de l’entreprise

Évolution des relations salariales dans les entreprises des pays industrialisés ; leurs répercussions sur la performance des entreprises, sur la qualité de vie des salariés. Selon les pays, l’État, les partenaires sociaux, les représentants des salariés, la loi et la négociation collective exercent des influences très différentes sur les relations salariales. Perspectives sur les évolutions des dimensions sociales de l’entreprise.

Performance et management : de l’art à la science ?

Aujourd’hui, les entreprises et leurs dirigeants sont confrontés à une véritable injonction de performance dont les déterminants sont à rechercher dans les mécanismes de gouvernance caractéristiques du capitalisme contemporain. Dans la conduite de la gestion stratégique et opérationnelle, cette injonction de performance détermine les processus et les critères de prise de décision, cette nouvelle donne influence également les techniques de management.

Le retour de Schumpeter

Le tissu des entreprises change constamment, mais la démographie de leurs dirigeants en Europe, en France notamment, va accélérer le processus dans les quelques années qui viennent. En même temps, d’autres entreprises françaises ou européennes pourront-elles assurer la relève et permettre de rattraper ce gap de taille ? Les fonds de « private equity » seront-ils assez présents, venant de collecteurs d’épargne française, européenne, ou bien de fonds souverains ?

Entreprises et politiques publiques

À l’heure de la globalisation, que peuvent bien attendre les entreprises des Etats ? Politiques publiques en phase avec les mouvements de l’économie mondiale, priorités d’investissements, capacités d’adaptation au changement, aptitude à saisir les opportunités pour soutenir les « gagnants » de la mondialisation tout en maintenant les équilibres, optimisation des infrastructures vitales, utilisation stimulante du capitalisme « réglementé ».

Quelle régulation internationale pour l’entreprise du XXIe siècle ?

La croissance en (faux) procès

Après que plusieurs indicateurs ont marqué définitivement la fin de l’espoir d’une croissance en France au premier semestre 2014, la presse ne désemplit pas d’hymnes aux théories de la décroissance heureuse. Comme si le moral des Français devait être préservé malgré les pires nouvelles, en cette période estivale caniculaire à Paris. « C’est moins grave que si c’était pire. Une croissance stoppée peut-être un bienfait ! ».

« Le 1 », le curieux journal de Fottorino, est allé le plus loin dans l’exercice en consacrant sa dernière livraison  à  la « Croissance, pourquoi il ne faut pas y croire ». Dans Le Point, ce sont les opus de Zygmunt Bauman, « Le coût humain de la mondialisation », « La vie liquide », « La société assiégée » et le dernier « Les riches font-ils le bonheur de tous » qui sont mis en vitrine.

 Il est amusant de se pencher sur les arguments avancés contre l’idée même de croissance.

-          La religiosité : la croissance serait une religion.

« La croissance. Mot fétiche qui résonne comme une incantation ».

« Ne pas troubler la communion des fidèles ».

« On se trouve face à une forme de religion ».

La croissance devrait « guérir tous les maux de la société ».

« La croissance fait office de panacée »

« La croyance en la croissance est plus forte que le savoir »

« Un faux Dieu »

« Elle a tout d’un dogme »

« Un mot magique » 

« Il faut dénoncer le culte de la croissance pour la croissance »

-          L’atteinte aux libertés et au vivre ensemble

« Parler de décroissance serait obscène », comme il l’était de parler de certains sujets au XIXème siècle pudibond.

« Il faut transformer en marchandise la nature et les relations sociales » pour obtenir de la croissance.

« Il faut oublier nos griefs, nos particularismes ». La croissance nous dépossède de nous-mêmes.

L’usine ou le bureau : « Un lieu carcéral »

« …dans le jeu sans fin du désir d’être au-dessus des autres, un jeu où se tenir les mains et se passer les menottes, où l’étreinte amicale et l’incarcération, tendent à se confondre ».

La croissance crée « des besoins qui nous asservissent ».

Il faut « défier une féodalité ».

« Elle traite le monde et tous ses objets animés ou inanimés comme autant d’objets de consommation ».

-          L’illusion

Une augmentation du PIB n’entraîne aucune amélioration du « bien être subjectif moyen », « alors à quoi bon ».

« La décroissance des ressources naturelles va faire décroître les productions qui entretiennent l’illusion d’un avenir meilleur ».

La croissance « a un coût exorbitant ».

Le goût de la croissance n’existait pendant les « 30 Glorieuses » que parce que « les privations de la guerre l’avaient exacerbé ».

« On ne peut croître à l’infini sur une planète aux ressources finies ».

En rajoutant dans le concept du PIB la prostitution et autres activités déplorables, on aura « 10% de PIB supplémentaire ». C’est bien la preuve d’une amoralité consternante du PIB, non ?

Si la croissance revenait, aurait-elle le même effet que celle des trente glorieuses : « certainement pas ».

« J’ai compris que nous menions un mauvais combat en chevauchant les illusions de la croissance ».

La croissance est « un alibi ».

-          La course à l’abîme

« Je suis un objecteur de croissance ».

« Vivre mieux avec moins ».

En arrière-plan de la croissance : « des injustices sociales dont l’ampleur s’étend, au milieu d’une nature amochée, de déchets à foison, de pollutions multiples ».

« La croissance des plus riches est au prix de la relégation humaine, du chômage et de l’exclusion »

« La grogne sociale et la mise en danger de nos écosystèmes seront accompagnées d’effets encore plus dramatiques » [famines, guerres].

« Avant le chaos qui s’annonce ». Il faut faire en sorte que « les gens cessent de dépenser l’argent qu’ils n’ont pas pour des choses dont ils n’ont pas besoin ».

« La frénésie suicidaire du productivisme ».

« L’autre défi est la menace de devenir un déchet ».

 

Comme on le constate, nous ne sommes pas dans l’analyse rationnelle mais dans la disqualification.

Les tenants de la croissance sont des agents du mal.

On utilise les ressorts de l’anticléricalisme pour les interdire de paroles et surtout isoler le bon peuple des mauvais prêtres. Pertinence ? Zéro.

On utilise le réflexe révolutionnaire contre l’Ancien Régime. Pertinence ? Zéro.

On utilise la crainte de l’apocalypse, ce qui est un outil habituel des religions, pour terroriser les craintifs.  Pertinence ? Zéro.

En qualifiant d’illusionnistes les tenants de la croissance, on les assimile à des charlatans et on les prive de crédibilité tout argument qu’ils pourraient présenter. C’était traditionnellement le rôle des imprécateurs. Pertinence ? Zéro.

En plus ce sont des « salauds » au sens sartrien du terme (voyez les inégalités) comme au sens propre : voyez les atteintes à l’essentiel de la vie. Pertinence ? Zéro.

En un mot tout économiste qui souhaite la croissance est un dévot, un pudibond, un antirépublicain, de surcroît antisocial, mal intentionné et stupide jusqu’à l’idiotie, et qui nous conduit tout droit en enfer.

Si ce genre de propos nourrissait la réflexion et la recherche de bonnes solutions, tous les lecteurs de ces articles anti-croissance seraient déjà au Paradis depuis longtemps.

Lancer des anathèmes, disqualifier des adversaires mythiques,  les vilipender sans retenue, sont de ces méthodes qui visent l’émotion plutôt que la raison,  et animent la guerre idéologique et psychologique.

Mais comment pourraient-elles convaincre ?

Tous les anathèmes se retournent comme des crêpes.

Religion ? Ce sont les religions qui ont toujours prôné la sobriété et les vertus dont l’abstinence. Jusqu’ici, c’était des prêtres ayant fait des vœux d’abstinence qui prêchaient, en mettant en avant leur exemplarité. Désormais ce sont des laïcs qui jouent les Savonarole.

Atteinte aux libertés : la décroissance organisée porte nécessairement atteinte aux libertés et notamment à tous les droits issus de la révolution française.

L’illusion : celle de croire que les problèmes de l’humanité se résoudront en réduisant la production et la richesse est sérieuse.

Course à l’abîme : engager le monde dans une décroissance volontaire est le faire retomber dans les abîmes d’où il a émergé. Le paradis perdu n’existe pas.

Faut-il répliquer comme dans les cours de récrés : « c’est celui qui le dit qui l’est ! ».

Les contradictions internes sont tellement nombreuses qu’on n’en citera qu’une poignée. Tous ces gens crient haro sur les riches qu’il faut naturellement tondre à zéro. Mais pourquoi si la richesse est un malheur ? Qu’on les laisse dans leur géhenne ! Et pourquoi donner aux moins riches, contraints à l’emballante sobriété qu’on nous prêche et qui ne connaissent pas leur bonheur ? A partir de quel revenu  s’embrasse-t-on sans se passer les menottes ? Et pourquoi diable une monnaie dite « locale » serait-elle meilleure pour l’humanité qu’une monnaie légale ? C’est l’émetteur de la monnaie qui construit le bonheur ou le malheur ? Ce n’est pas le bien qu’on acquiert et le service dont on bénéficie ?  Qui est empêché de vivre en phalanstère ou en anachorète ? Pourquoi faut-il libérer la femme de sa condition de mère au foyer, alors que la vie familiale, le gynécée, était le dernier berceau d’une économie du don et de la gratuité ? Oui ou non faut-il « marchandiser » la vie de la femme en la versant dans le circuit économique de production de richesses supplémentaires ?

Naturellement, tous les lanceurs d’alerte sont bienvenus. Personne ne défend la destruction des sols et des insectes à une échelle telle que la vie peut s’en trouver altérer. La surexploitation des océans est un scandale que nous-mêmes dénonçons depuis…1974 et les premiers ratissages des fosses profondes. La pollution de l’air et de l’eau sont des sujets sérieux. La société doit être observée et critiquée. Nous-mêmes ne manquons pas de contribuer à cet exercice. Toute pièce a toujours son revers et chaque étape du développement amène son lot de difficultés.

Reposer inlassablement la question des valeurs, du bien et du mal, de la nature et du destin de l’homme est parfaitement légitime. Comme l’écrit feu Dominique Venner,  Homère nous « a légué à l’état de condensé ce que la Grèce antique a offert par la suite à la postérité, le respect de la nature sacrée, l’excellence comme idéal de vie, la beauté comme horizon ».

L’homme doit se méfier de l’Hubris.

Mais qui parle aujourd’hui de détourner le cours des rivières à la bombe atomique,  de multiplier les cités dortoirs, d’enlaidir le monde ?

Le développement, c’est-à-dire la capacité d’aller aussi loin que possible dans le progrès matériel et l’accès au plein emploi des capacités individuelles et collectives n’est ni une illusion ni une religion. Simplement une application légitime du génie humain.

Chaque homme, chaque collectivité, chaque nation et l’humanité toute entière est à son tour  confronté à des défis qui demandent de lourds investissements. Etudes, travail, développement des capacités de relations humaines exigent des efforts. Construire une collectivité demande du temps et des ressources. Pensons à l’âge et aux maladies. Assurer un destin à l’humanité n’est pas sans frais. Qu’on pense aux activités spatiales. La paix coûte cher.

Sans développement, sans tension créatrice, rien n’est possible. Bien sûr il faut les asservir à un projet de civilisation. Mais pourquoi les diaboliser ?

Plus prosaïquement, il est impossible pour le monde de sortir de son sur- endettement actuel sans croissance.

La promotion des populations des blocs communistes réduites à la misère pendant 75 ans est nécessaire, en Bulgarie comme en Chine, en Ukraine comme en Pologne.

La démographie de certains pays, comme le Nigéria, qui sera plus gros que la Chine quelque part dans ce siècle, entraîne de lourdes difficultés ainsi que la croissance démographique globale.

La défense contre certaines entreprises mondiales contestables, comme l’hégémonisme américain, le nationalisme Han ou le goût de certains musulmans pour le califat  et sa violence coutumière, se traduit par de multiples combats dont aucun n’est gratuit.

Alors oui, le PIB est une notion compliquée à manier (nous l’avons expliqué ici cent fois : voir « la parabole de l’esquimau »), certains modes d’organisation sont délétères, certaines attitudes compliquent tout.

Mais la croissance est nécessaire, pour longtemps encore. Que ce soit une croissance « maîtrisée », « durable », « sociale »,  ou soumise à tout qualificatif utile, d’accord. Mais pourquoi vouloir absolument tout arrêter en multipliant les anathèmes et les propos à l’emporte-pièce ?  

Réfléchir, oui. Invectiver et dénigrer, non !

Nouvelle poussée du lectorat de ce blog

Le 7 janvier 2014, le nombre cumulé de lectures étaient de 500.000. Nous en sommes au 7 juillet à 580.000. Ces 80.000 lectures en six mois marque un nouvel accroissement de l'intérêt porté à des questions économiques plutôt austères.

Les élections municipales et européennes sont certainement une des causes de cet intérêt renouvelé.

Nous pensons que la persistance de la crise est la vraie raison. Une inquiétude grandit dans le pays que nous ne en sortions pas. Après les éruptions sociales de l'automne 2013, le Président de la république avait fait marche arrière toute, annonçant l'embellie de la conjoncture et un nouveau cours de son action.

L'embellie était fictive. Le changement d'orientation de la politique fiscale, sociale et économique est resté verbal.

Les Français se demandent si on ne va passer de l'échec répété au désastre définitif. Nous sommes conscient que l'augmentation des lectures est associée à celle de l'angoisse du pays.

De l'échec au désastre ? Est-ce là le destin qu'on nous prépare ? Sept ans de crises, de faillites en augmentation, de chômage en augmentation, de dette en augmentation, de pression fiscale en augmentation, de déficits jamais jugulés.

Et rien ne change. Mme Hidalgo élue à Paris sur la promesse : "plus d'augmentation d'impôts", annonce qu'il manque 400 millions pour boucler le budget, veut doubler la taxe de séjour hôtelière, veut doubler le taux des amendes, …

Le budget n'est pas tenu et les engagements solennels pris vis-à-vis de l'Europe ne seront pas atteints.

On songe à rendre progressive la CSG mesure qui, ajoutée à toutes les autres,  marquera la mort définitive non seulement des fortunes et de la bourgeoisie aisée en France, mais de tous les espoirs de renouveau de l'esprit d'entreprise.  Comme au RU à la fin des années 70, la France entre dans une spirale de suicide national.

La France est aujourd'hui sur le fil du rasoir. La situation politique est désastreuse. La droite est embourbée dans les différents chemins de traverses de la gestion Sarkozy. La gauche est prisonnière de la désinvolture du Président qu'elle a porté au sommet de la République et  de l'indigence sectaire des apparatchiks qui tiennent le Parlement. Le peuple se détourne vers les extrêmes, l'indifférence ou la révolte. La presse, ruinée par l'innovation qui touche le secteur,  ne s'intéresse qu'aux problèmes de communication et de personne . Elle refuse toute étude de fond.

On le voit à Aix.  Les économistes officiels parlent d'investissement à un pays où il a disparu sans qu'ils expliquent réellement pourquoi.  Il suffit de relire les minutes des débats de 2006 et 2007 pour vérifier qu'ils n'avaient rien prévus, rien compris à la crise qui nous a frappé.

Dans ce désarroi général, il ne reste qu'une voie de sortie par le haut : comprendre. La connaissance précède toujours l'action. Observer les faits sans a priori en remontant suffisamment haut dans le temps pour ne rien manquer.  Confronter les analyses pour gagner en justesse et éviter approximations ou courtes vues.

Tant qu'on en restera au niveau zéro de la pensée, les" élites" françaises de gauche ou de droite seront discréditées. Les causes de la crise ne sont toujours pas au centre du débat public. Les moyens d'en sortir ne peuvent donc pas être discutés et compris.

On laisse les pulsions politiques emporter tout. Malfaisance idéologique à gauche, idiotie aveugle à droite.

Il faut prendre un autre chemin.

Espérons que nous y contribuons à notre humble mesure.

En tout cas cette nouvelle croissance de notre lectorat nous y encourage.

Crise économique, guerres et révolutions.

L'histoire des années 30 est encore tellement prégnante que le lien entre dépression économique et guerre est presqu'automatique.

La crise que nous connaissons est indiscutablement très sévère. Elle dure. Elle est tout sauf terminée. Elle met en cause sinon le capitalisme du moins certaines de ses modalités.

Les "printemps arabes", pour autant que le concept soit totalement clair, ont été indiscutablement provoqués par la récession économique mondiale. Même les évènements ukrainiens, d'un genre tout à fait différent, sont les enfants de la récession et de la déréliction économique du pays, sous l'effet de la prédation Ianoukovitch. Les tensions en Extrême-Orient sont indiscutablement liées à l'accès au pétrole et à la rente correspondante qui devient vitale dès lors que l'expansionnisme par les exportations flanche.

Pour autant, les drames des années trente sont-ils à nos portes ?

Les deux déterminants majeurs de la situation qui prévaut au début des années trente sont d'une part les effets psychologiques et matériels de la guerre de 14-18 et d'autre-part la montée en puissance du socialisme violent vu par certains  comme l'alternative souhaitable au régime capitaliste.

L'Allemagne qui se donne à Hitler a perdu la guerre et a perdu son épargne lors de la grande inflation du début des années 20. Elle a subi une tentative de révolution socialiste. Elle doit des réparations importantes notamment à la France. Elle a des voisins qui sortent d'une guerre qui s'est terminée par le traité de Brest-Litovsk mais qui reste larvée. Le traité de Versailles a reconstruit de façon dangereuse les ruines de l'empire allemand et l'empire d'Autriche-Hongrie. Partout les nationalismes sont excités.

La violence en Union Soviétique n'est pas liée à la crise de 29. Lorsque les héritiers de Lénine finissent de se déchirer pour le pouvoir absolu et que Staline lance son grand tournant, Hitler n'est pas au pouvoir et la crise de 29 n'a pas commencé.  On sait que de 28 à 33, le "socialisme réalisé" va tuer près de 10 millions de personnes, dont le moitié en Ukraine  et dans le glacis européen. Le prurit socialiste, gratté par les révolutionnaires dépendant de l'URSS, saigne partout provoquant des réactions violentes.  Le fascisme comme le national socialisme repose sur les mêmes critiques du capitalisme que le communisme, avec le même goût pour la violence, le même soucis de l'agit-prop, l même contestation de la religion. Les hommes qui dirigent ces mouvements viennent presque partout du socialisme, à l'instar de Mussolini et de Doriot.   

Le monde a découvert le rôle de l'information de masse, le rôle de le puissance industrielle. Manipuler les masses et vaincre par la puissance industrielle devient l'axe de la réflexion politique.

L'Angleterre reste la principale puissance mondiale mais les Etats-Unis l'ont rejoint et ont le potentiel de la dépasser.  L'Allemagne et le Japon ont un potentiel industriel important. La France, au sommet de sa puissance n 1930, va tout perdre en 10 ans, minée par sa démographie déclinante depuis un siècle, les pertes de la guerre de 14, et son retard dans le commerce et l'industrie. C 'est encore un pays de paysans, avec une frange urbaine et industrielle brillante mais réduite. Elle vit sur l'élan de son passé.

La crise de 1929 a été provoquée par les conséquences de la guerre de 14. D'énormes paquets de dettes ont été accumulés. Les créanciers américains disposent de l'épargne du monde et ne savent plus trop quoi en faire. Ils vont se lancer dans la pure spéculation. Il n'y a plus de marché mondial suffisant pour que le placement de leurs réserves monétaires puissent rapporter suffisamment. L'argent se place là où des espérances de plus values semblent exister. La boule se met à rouler.  

Jusqu'à ce que cette effervescence se heurte au fait que la bulle se nourrit d'elle-même c'est-à-dire de rien. Et on aura le Krach de 29. L'épargne américaine est ruinée. La crise enchaîne ses effets sur un pays peu préparé et sans filet de sécurité sociale.

Par le biais des dévaluations compétitives et des fermetures de frontières  au commerce,  la crise se généralisera. Elle touche l'Europe durement seulement à partir de la dévaluation britannique. Le gros des difficultés  portera sur les années 33-35. Entre 30 et 32, on est dans une phase de contagion progressive. On croit encore en 32 que la France ne sera pas touchée !

C'est dans ce contexte que Hitler arrivera au pouvoir fin 32. En costume de ville. Les Allemands y voient d'abord une volonté et un potentiel de redressement national. Ils voient la revanche possible vis-à-vis d'une défaite refusée qui a rogné leur souveraineté sur des territoires majoritairement allemands, la fin des désordres intérieurs fomentés par les mouvements socialistes, anarcho-syndicalistes ou communistes, une protection contre la possibilité d'agressions venant de l'est.

Le national-socialisme et d'abord l'enfant de la défaite et de la crainte de Staline et du communisme. La crise de 29 n'a joué qu'un rôle d'adjuvant.

On voit qu'aujourd'hui la situation est très différente.  En dehors de quelques guerres marginales, chauffées par l'URSS, essentiellement dans les pays anciennement ou nouvellement  colonisés, le monde a connu la paix.

One ne peut comparer une époque où on venait de sortir d'une guerre mondiale "totale",  d'une intensité jamais vue, avec des destructions inouïes rendues possibles par la puissance  industrielle,  avec un monde qui a vécu en paix pendant 3/4 de siècle.  

L'hypothèque socialiste a été levée, avec la disparition par auto dissolution interne de l'URSS et la conversion de la Chine au capitalisme sauvage.

La crise économique sévère que nous connaissons touche un monde pour l'essentiel paisible et embourgeoisé, qui est dix fois plus riches et qui dispose de filets sociaux importants.

Le seul nationalisme dangereux est celui des Hans. La conversion de la Chine au capitalisme internationaliste tient plus à la montée en puissance du Japon, des Tigres et des Dragons  qu'à une conversion au libéralisme. Les dirigeants chinois ont compris que s'ils laissaient  faire, la Chine serait bientôt un nain économique et militaire dans la région. La conversion au capitalisme est d'abord une volonté de retrouver la place de la Chine dans la région. L'imbécillité européenne et américaine et d'avoir soutenu de façon exagérée cette passion nationaliste. En transformant la Chine en atelier exclusif  de l'occident, les Etats-Unis et leurs alliés ont commis une faute majeure par myopie et angélisme.  

La Chine est désormais en querelle avec les Tibétains, colonisés et martyrisés, les Ouïgours, colonisés, marginalisés et réprimés, avec la Russie du fait de la colonisation de l'Est russe par les paysans chinois et de difficultés territoriales traditionnelles et  avec  tous ses voisins. Le Japon "réinterprète" sa Constitution, avec une seule idée en tête : la bombe atomique ! 

En dépit de ce climat, on ne voit guère ce qui pourrait se traduire par une véritable guerre. Le Japon est surtout inquiet de relancer une économie qui se traîne depuis que ses créances en dollars ont été anéanties au début des années 90, ruinant son système bancaire.  La Chine tremble de voir ses réserves  en dollars disparaitre et sa situation intérieure se dégrader du fait de la stagnation du commerce international. Les deux pays sont en dénatalité accélérée. La démographie joue contre l'idée même de guerre. Reste l'imprévisible Corée du Nord, mais qui est désormais lâchée par Pékin.

La Russie ? C'est un nain politique et elle le restera. Elle n'a pas d'économie et son capitalisme de prédation ne marche pas. Sans la rente énergétique, le pays n'est rien.  Son immensité accuse ses difficultés démographiques. L'affaire Ukrainienne ne saurait masquer ces réalités profondes.

L'Inde et le Pakistan forme un couple en colère l'un contre l'autre avec des bombes nucléaires par-dessus le marché. Si le Pakistan se risque à une attaque atomique préventive, il disparait aussitôt. Une telle attaque ne sera de toute façon pas liée à la situation économique globale.

L'Afrique est traversée par des tensions très diverses,  avec un pays, le Nigéria, qui est en passe de devenir le plus peuplé du monde et le plus instable. Il ne semble pas qu'il puisse y avoir de terreau pour une guerre mondiale.    

Reste le Moyen-Orient et la folie religieuse qui domine tout, aidée par la rente pétrolière. L'IRAN, Israël,  bientôt l'Arabie saoudite, ont la bombe atomique.  Shiites, sunnites, et juifs, une fois dotée de la bombe, règleront-ils leurs problèmes en s'auto détruisant ? C'est possible, mais cela n'a rien à voir avec la crise mondiale. Au contraire, cette dernière, en réduisant la rente pétrolière, joue un rôle…pacificateur.

Que le monde reste une poudrière, avec des conflits un peu partout, c'est évident.

Que l'on soit dans une situation du même type qu'au début des années trente est une autre affaire.

La crise a multiplié ses effets politiques. Cela continuera.  Aucune des conditions ne sont remplies pour qu'elle provoque une déflagration mondiale comme celle de la fin des années 30.  Nous en sommes à la septième année depuis le blocage du marché interbancaire. L'équivalent de 1937, si on veut à tout prix faire un parallèle. Hitler était déjà au pouvoir depuis cinq ans !  Un accord militaire secret avait été noué depuis longtemps avec Staline pour contourner les effets du traité de Versailles. Staline avait déjà  pris le pouvoir de façon absolue. Le pacte germano-soviétique se préparait. Deux dictatures sanglantes  préparaient à marché forcée leurs futures exactions. Où sont les puissances équivalentes aujourd'hui ?  

On ne refait pas l'histoire.

Il faut dénoncer cette crise économique majeure qui n'en finit pas. Il faut surtout souligner quelles en sont les causes et pourquoi  elle dure ainsi.

Voir tous ceux qui ne l'avaient pas prévue jouer les super Cassandre du future conflit mondial comme exercice de rattrapage a quelque chose de désolant et de ridicule.

Cette crise était évitable. On peut en sortir. Il faut pour cela la comprendre et mettre fin aux sources réelles de difficultés.  On ne le fait pas pour des raisons politiques obsolètes. Le socialisme fiscalo délirant  "hollandais" n'est pas la solution. L'Europe de l'Euro sans organe de pilotage monétaire extérieur réel et sans concertation forte des pays membres n'est pas la solution. Les changes flottants et l'acceptation de déficits et d'excédents  monstrueux de balances extérieures  ne sont pas des solutions.

La réflexion économique et politique doit être concentrée sur les conditions d'une réforme sensée permettant de surmonter les problème d'organisation actuelle. L'architecture monétaire et financière mondiale doit être repensée et  reconstruite.  

Préparons- nous à cela plutôt qu'à la troisième guerre mondiale .

Le faux effondrement de la productivité

Toute personne qui s'attelle  à la tâche d'étudier les crises économiques périodiques constate  l'apparition récurrente de raisonnements stéréotypés. Ils refleurissent comme les marronniers. 

La fin du progrès de la productivité est une de ces lancinantes resucées.

En 1929, on expliquait que les chemins de fer, c'était fini et que l'automobile avec Ford avait atteint son Acmé. La mécanisation et l'électrification avaient fait leur effet et il était parfaitement normal que l'on entre dans une période de stagnation de longue durée aux Etats-Unis. La croissance, c'était fini.

Sautons en 1973-74 et donc à la "première grande crise depuis 1929". Là deux idées ont nourri les commentaires :

- La fin du pétrole et donc de la croissance. La projection des tendances était sans concession : tout s'arrêterait au plus tard en 1985. C'était la fin de l'aviation, du plastique et de l'automobile. Tous les gains avaient été trouvés dans l'agriculture. Il n'y avait rien à faire. La stagnation, au mieux,  était définitivement installée.

- L'informatique était désormais à saturation : tous les programmes nécessaires avaient été mis en œuvre dans les grands groupes. Il était même indispensable de cesser de former des informaticiens.

Allons maintenant à la crise de 93, la "seconde crise la plus grave depuis 1929". Là, c'était totalement clair. Le travail, c'était fini. Il n'y avait plus de boulot. Ce qui devait être informatisé et automatisé l'était. Ne restait plus qu'à réduire le temps de travail  et à s'adapter à une société sans croissance.

Voilà la crise de 2007-20xx, à nouveau "la pire crise depuis 1929" et ça y est : le progrès c'est fini ; la productivité, on est au bout ; le travail, y en a plus. Etc.   

Toutes ces réactions sont naturellement des foutaises.. La crise crée un climat qui pousse à extraire de la réalité des faits analysés à courte vue et qui n'ont pas de sens. La psychologie l'emporte sur la raison.

En 1929 plusieurs révolutions étaient en marche : le petit équipement électrique, la télévision, la radio et les communications en général, le pétrole et ses applications notamment pour l'aviation, le marché des produits d'hygiène etc.  Beaucoup des grands groupes mondiaux actuels datent des années trente. En France, l'Oreal, Publicis, les magasins à prix unique etc.

En 1974, l'informatique connait une révolution : le temps réel avec l'interaction entre un opérateur et un écran, puis les mini ordinateurs, puis les micro ordinateurs, puis les progiciels grands publics… Les tour opérateur naissent avec la révolution des avions gros porteurs et le tourisme de masse. La santé est à la veille de progrès décisifs à peu près dans tous les domaines. La grande distribution s'installe. Le pêche industrielle se généralise. Etc.

En 1993, l'informatique connait une nouvelle révolution. Les réseaux de PC avec interfaces graphiques multicolores s'établissent d'abord en local puis, grâce çà internet, ouverts sur le monde entier. L'interconnexion permet l'émergence de marchés inconnus jusqu'ici. Le téléphone devient portable. Les imprimantes couleur à bas prix se généralisent. D'énormes marchés mondiaux se mettent en place. La révolution du container change le transport maritime. Les grands groupes s'allègent des activités mineures pour atteindre la taille critique mondiale sur leur cœur de cible. L'organisation du travail change. L'aviation connait un boom sans précédent, le "bougisme" atteignant les populations du monde entier, aussi bien pour le tourisme que pour les voyages professionnels et les salons. Le luxe se mondialise. Tous les ex-pays communistes s'ouvrent.

Bref, à chaque fois , les jérémiades sur la fin du progrès, la fin de la productivité, la saturation des marchés et la disparition du travail se sont trouvées démenties dans des proportions …démentes.

En revanche la vraie cause des crises a toujours été évacuée plus ou moins brutalement. En 1929, la concentration d'un paquet de dettes effroyable en Europe et d'une richesse fortement accrue aux Etats Unis  a provoqué des déséquilibres  que la crise a résorbés dans la douleur. Déjà le monde ne savait pas que faire des milliards de dettes en papier monnaie. Ajoutons le prurit révolutionnaire socialiste qui a pourri totalement la situation politique. On aura les sinistres années trente.

En 1974 la gravité de la crise décennale est entièrement liée à un changement de système monétaire international désastreux, lui-même provoqué par le désir des Etats Unis et de ses alliés (volens nolens) de répondre aux défis de l'Union Soviétique sur terre et dans l'espace.

En 1993, le monde soviétique a cédé. Mais on ne sait toujours pas quoi faire d'un système monétaire qui génère de la dette a tout va, provoque des crises à répétition et aggrave les crises bancaires décennales tout en réduisant le trend.

En 2007, le système monétaire international explose, après avoir permis l'établissement de déficits et d'excédents monstrueux de balances extérieures et met l'économie mondiale à genoux.

La productivité est toujours le rapport entre production et population en âge de travailler ou au travail (il y a mille productivités !). Il est arithmétique que si la population augmente et le PIB ralentit ou baisse, la productivité s'effondre. Pendant les crises périodiques, les effectifs les moins productifs sont envoyés au chômage pour tenter de rétablir un niveau de productivité compétitif.  Mais pendant tout le temps du processus de réajustement l'entreprise se trouve avec une activité en baisse, des prix en baisse, des frais généraux disproportionnés.  La productivité globale (le CA par tête) baisse.  

Le monde a connu depuis l'écroulement communiste, l'arrivée de centaines de millions de producteurs sur le marché du travail. La mécanisation s'en est trouvée ralentie : il était plus rentable de rapprocher la production des producteurs disponibles (délocalisation), ou les producteurs disponibles des usines (immigration) . La productivité a beaucoup augmenté en Chine et dans les pays de l'est. Moins en Occident développé.

Rien de tout cela ne trahit une baisse du potentiel de productivité soit par hausse de valeur de la production soit par des économies de facteurs de production.  

Dans une économie de soufflé monétaire, où une couche de 300% de dettes flotte au dessus de 100% de PIB, toutes les relations de valeur sont faussées. La notion de productivité devient fuligineuse. Pour une banque, emprunter gratuitement à la BCE et replacer cet argent en finançant les Etats, plus cher, est d'une formidable productivité : il faut une poignée de personnes pour brasser des milliards d'euros. Mais elle n'a aucun sens économique réel. De même la hausse des prix des biens immobiliers n'apporte aucun gain de productivité : c'est toujours le même parc immobilier !      Dans le cas français où on a accablé de charges le travail marchand, tout en ouvrant l'économie à la concurrence mondiale, l'ajustement s'est fait en éliminant les postes à basse productivité dans l'entreprise tout en augmentant dramatiquement le nombre de fonctionnaires à hyper basse productivité. Alors on constate que seuls les postes à haute productivité existent dans l'entreprise privée du secteur marchand. Nous avons une excellente productivité privée en France. Mais 7 millions de français ne sont plus occupés, dont 5 millions au chômage.

Ce n'est pas le rythme de l'innovation qui baisse. Il n'y a aucune raison qu'il baisse. Dans dix ans ou quinze ans nous rirons des imbéciles qui croyaient l'emploi fini, l'innovation arrêtée, la productivité en berne. Comme on rit aujourd'hui des imbéciles de l'entre deux guerres, des prêtres écologistes qui annonçaient la fin du pétrole pour 85,  ou de Michel Rocard ou Rifkin  annonçant la fin de l'emploi juste avant que plusieurs centaines millions de travailleurs-travailleuses entrent dans le circuit de production mondial.

Surtout si on surmonte les vraies difficultés actuelles :

- Gestion du rattrapage des pays anciennement soumis au régime communiste (sans aucune productivité, sinon du côté des bourreaux).

- Réforme du système monétaire international

- Remise en place dans la zone Euro de mécanisme de croissance concertée

- Fin de la folie administrative et fiscale en France qui achève de détruire son système de production marchand.   

Seulement voilà : c'est plus facile pour les économistes officiels de gloser avec effets de manche sur la perte de productivité que de remettre en cause le système monétaire international, l'organisation de la zone euro et l'esprit de prédation fiscale  qui sévit en France depuis le septennat Giscard.  

Une erreur économique commune mais profonde

Lors d'une des émissions d'adieu de Philippe Bouvard aux "Grosses têtes", on parle monnaie avec Jean d'Ormesson.

Première erreur : "la monnaie date de 9000 ans".

La monnaie circulante date du 7-8ème siècle avant JC, soit moins de trois mille ans. La monnaie a été une invention, comme la roue et d'une importance cruciale sur l'évolution de l'humanité. Elle n'existe pas de toute éternité, ou même depuis 9000 ans.

L'idée de frapper d'un sceau officiel une pièce en alliage de métaux, de carat normé, n'est pas venue du commerce, mais "au carrefour du sabre et du goupillon" selon le terme employé dans notre livre sur la monnaie. Les trésors étaient dans les temples avec des obligations rituelles de donner. L'autorité royale les a monétisés pour payer des soldats. Qui les utiliseront immédiatement dans les temples où travaillaient les filles de joie.

Le prince, le curé, la prostituée et le soldat sont à la base du circuit monétaire moderne. Pas le commerçant.

Tout le monde sait que Sparte méprisait ces Athéniens qui utilisaient si vulgairement de l'argent. Les Phéniciens qui étaient les maîtres du commerce "mondial" de l'époque refusèrent longtemps d'utiliser ce "vil argent".

La dette et le prêt existent, eux, pratiquement de tout temps. Et le désir de mesurer la valeur relative des biens économiques également. Il est symptomatique que tous les noms de monnaies au départ sont des unités de poids.

La seconde erreur, tout aussi commune, est de croire qu'avant l'invention de la monnaie régnait le troc.

C'est une invention des premiers économistes. Personne n'a jamais pu trouver une société primitive fondée sur le troc. L'Egypte qui n'utilisait pas de monnaie, ne connaissait pas le troc. Pas plus que les civilisations amérindiennes. Toutes les enquêtes sociologiques de tribus primitives effectuées depuis 200 ans ont démontré qu'aucune d'entre elles ne pratiquait le troc.

Les sociétés hiérarchisées, primitives ou plus organisées comme Sumer, Ninive, l'Egypte des pharaons etc. n'étaient pas fondées sur le troc mais sur une division de la société. Chacun avait un rôle dans une hiérarchie stricte et le plus souvent inflexible. Le travail était fondé sur la contrainte, pas sur le libre échange. Le paysan devait porter son grain au collecteur qui le redistribuait selon des règles précises. L'artisan recevait sa pitance du prince. Certains biens étaient strictement réservés à l'aristocratie politique ou religieuse.

Le soldat était nourri et logé. Les extras étaient fournis par le pillage des peuples vaincus ou les razzias temporaires chez le voisin. Les survivants se voyaient dotés d'un champ ou d'une charge. De toute façon les objets produits étaient très peu nombreux. L'esclavage fournissait l'énergie, qui, de tout temps, a été le problème économique majeur de l'humanité. Les corvées, c'est-à-dire le travail forcé non rémunéré, étaient la base des travaux publics.

On mourrait tôt, de maladie ou de mort violente. Il n'y avait pas de notion d'épargne individuelle remplacée par celle de survie du collectif, de la race comme on disait à l'époque. Les dettes et les prêts portaient sur des aventures collectives ou sur des sanctions personnelles.  La sanction imposait une échelle de valeur. Le pénal est la base des barèmes d'indemnités ou de sanctions, donc des prix relatifs et par voie de conséquence des "mercuriales", sauf que ce n'était pas le dieu Mercure qui y présidait. Condamné à un bœuf, un coupable pouvait se libérer par des jours de corvées. On savait donc le rapport de la valeur du bœuf évaluée en jours ouvrés. Les rapports de valeur entre poulet et canard, ou entre or et argent, sont connus et (presque) stables pendant toute l'antiquité. Ils ne sont pas fixés par "le marché". Mais par décision de justice.

La monnaie permettra l'étagement des peines et la suppression des modes de paiement par "compensation", c'est-à-dire en nature ou en travail.  L'obligation et la dette ont grandement précédé la monnaie, mais ensuite la monnaie en a permis l'expansion.

La monnaie se développe essentiellement pour des besoins militaires dans la Grèce antique puis à Rome. L'accumulation de réserves monétaires et de dettes provoquent des crises monétaires et financières fort graves dès le début. La question du taux d'intérêt se pose très vite. Doit-on gagner de l'argent sur l'argent alors que seules la production et la consommation comptent ?

La circulation de monnaie ne deviendra réellement "commerciale" qu'à partir du moment où les productions se diversifieront et où les sociétés cesseront d'être hiérarchisées. La monnaie est bien de la "liberté frappée". L'indépendance des villes sera le maillon fort de cette chaîne d'évènements qui mènent à des sociétés "capitalistes", c'est-à-dire fondée sur l'accumulation de monnaie et de dettes, puis à la société de consommation. Tout cela est très récent. Quelques siècles à peine.

L'économie politique commence lorsque les manipulations monétaires des princes commencent à troubler la révolution industrielle. L'autonomie du monétaire vis-à-vis des Etats ne sera jamais obtenue.

Aujourd'hui encore, la monnaie est gérée par les Etats, malgré la grossière imposture de l'indépendance des banques centrales. Les désordres monétaires sont la source des plus grosses difficultés. La crise actuelle en est la preuve.

Nous ne savons toujours pas comment gérer une "fiat money", une monnaie de papier imprimée par des fonctionnaires. Surtout quand il y a plusieurs émetteurs et uniformisation mondiale des marchés.

La monnaie est de tout temps une affaire d'Etat, où l'Etat est à la fois nécessaire et partie du problème. Croire que c'est une affaire purement commerciale est une erreur historique et économique.

La crise actuelle étant d'essence principalement monétaire (un défaut du système monétaire international), elle ne pouvait pas être réglée simplement par les banques centrales.  De même la monnaie unique européenne est une absurdité parce qu'on a cru qu'elle pouvait être uniquement gérée par la BCE et des règles juridiques simplistes (qu'il a fallu violer en totalité par tout le monde…).

L'histoire comme toujours éclaire le présent. "C'est l'or de Philippe" qui a permis de vaincre Darius et Alexandre le Grand fondait l'or partout où il passait.  Le triomphe de Rome s'est assis sur la destruction des montagnes aurifères d'Espagne. La superpuissance américaine et les abus du dollar sont la cause des troubles monétaires, financiers et économiques actuels. Mais sans le dollar, il n'y aurait pas de superpuissance militaire américaine.

La difficulté de faire admettre une réforme du système monétaire international est justement là. Toucher aux changes flottants, c'est toucher à l'Impérium. Les dominés préfèrent filer doux. La première réunion du G.20 a servi à cela : réaffirmer qu'on ne toucherait pas à l'Impérium et à sa base monétaire, en dépit de la crise que cette dernière avait provoquée.

Voilà comment on passe des "Grosses têtes" aux "têtes basses" !    

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 



Le grand tournant de 1988 !

Nous faisons régulièrement des retours dans le passé. Il éclairent le présent. Prenons par exemple la campagne de Jacques Chirac en 1988. Elle est intéressante parce que nous sommes juste à la césure de l'histoire économique mondiale, européenne et française.

Mondialement :  La crise du début de la décennie 1980 a été sévère aux Etats-Unis du fait de la volonté de la FED et de son gouverneur de "casser" l'inflation. Thatcher et Reagan ont par ailleurs imposé un nouveau style à la gestion de l'Occident. L'Afrique et certains pays émergents comme le Mexique, sont encore dans les affres de la frénésie de prêts publics fondés sur la rente pétrolière recyclée, mais les Tigres et les Dragons asiatiques décollent. C'est le moment Japonais. Le monde entre dans la phase haute du cycle décennal.

En Europe l'idée de l'Euro comme monnaie unique s'est imposée et on la prépare. Ceux qui pensent que l'Euro date de la chute du mur et des accords entre Kohl et Mitterrand se trompent absolument. L'Euro monnaie UNIQUE est sur les rails dans les cénacles européens.

En France le gouvernement de cohabitation Chirac-Balladur a commencé à se débarrasser des pires dérives du désastreux Programme Commun de la gauche, avec des dénationalisations, la fin de l'IGF, l'ISF initial, et a commencé à stabiliser le chômage.

Nous sommes là réellement à un moment clé.

La croissance est là. Des réformes utiles vont devenir possible. La question monétaire internationale  est posée ainsi que celle de l'Europe.

Selon le diagnostic qui sera fait et en fonction des résultats électoraux, l'avenir sera très différent.

Si les Etats-Unis admettent de revenir à un système monétaire organisé qui proscrit les grands déficits et les grands excédents et assure la coordination des politiques économique dans le cadre d'un système de monnaies stables mais ajustables par consensus en cas de dérapage, l'économie casino qui s'est mise en place au milieu des années 70 cesse et une croissance régulière et équilibrée devient possible.

Si l'Europe dans ce cadre monétaire stabilisée, met en place un système de monnaies coordonnées avec des solidarités un peu plus serrées qu'à l'échelon international, elle évite le piège de la monnaie unique, qui interdit tout ajustement autre que par la déflation, sauf organisation fédéralisée des politiques économiques.

Si la France continue de se libérer des imbécillités du programme Commun et modernise son Etat, en stabilisant sa pression fiscale,  elle peut revenir dans la compétition internationale et réduire son chômage tout en améliorant sa croissance.

Quelles sont les propositions de Jacques Chirac lors de la campagne présidentielle de 88. Il suffit de relire son livre "Une ambition pour la France", publié par Albin Michel.

"Où que nous regardions nous ne voyons que désordre :

- Désordre commercial entre les pays riches qui accumulent des excédents gigantesques  et d'autres pays, tout aussi riches qui vivent dans le déficit chronique,

- Désordre monétaire  depuis que l'erreur de quelques techniciens et la faiblesse de certains Etats  ont ait entrer le monde dans l'ère des changes flottants qui ne valent rien de bon à personne".

Chirac refuse également la transformation de l'Europe en simple zone de libre échange ouverte à tout vent.

"Rien ne serait plus dangereux que d'offrir à nos concurrents, asiatiques ou américains, l'espace désarmé d'une vaste zone de libre échange."

Mais il annonce la monnaie unique étayée par une Banque centrale Européenne.

"La Communauté doit être un système monétaire complété et achevé  où circule peu à peu une monnaie unique émise par une banque centrale commune".

Pour qu'elle fonctionne, il faut " reconstituer un ordre international avec les disciplines, les automatismes et les sanctions que cela implique dans la gestion des parités monétaires".

Déjà le programme présidentiel annonce qu'il faut que l'Etat se renforce sur ses missions régaliennes et se dégage du reste. Il faut réduire le chômage qui est à 2.500.000 grâce à la formation et à la recherche scientifique. La compétitivité de la France, mise à mal, doit être restaurée (déjà).  

Arrêtons-nous là. Nous pourrions, de façon plus ou moins comique, monter que tout le programme actuel de Valls est une resucée verbale, presque mot à mot, du programme du candidat de droite de 1988 sur le plan intérieur. Ce n'est qu'anecdotique

Plus intéressant : pourquoi les aspects les plus bénéfiques de ce programme n'ont-ils pas accroché l'opinion et pourquoi le monde, l'Europe et la France se sont-ils enfoncés dans un système qui ne pouvait qu'exploser ?

Le bon virage n'a pas été pris.

Nous sommes certes à la veille de la crise décennale de 92-93, qui sera pire que sa devancière de 74 et prendra le titre de pire crise depuis 1929, avant que notre crise actuelle ne lui reprenne le ruban bleu.  Elle aurait pu servir de déclencheur. Mais c'était trop tard : Greenspan venait de se lancer dans un programme d'inondation monétaire après la prétendue "crise des ordinateurs" qui avait fait chuter lourdement le Dow Jones. La guerre du Golfe était gagnée. Les Etats-Unis étaient triomphants. La campagne pour Maastricht était partie.  

La chute de l'URSS, la conversion de la Chine et de l'Inde au capitalisme internationalisé, le triomphe du consensus de Washington, l'extension rapide du champ de l'Union européenne ont créé un "momentum" de fuite en avant qui interdira toute réflexion jusqu'au blocage du système bancaire international en 2007 et son effondrement en 2008.

C'était bien en 1988 qu'il fallait agir. La France s'étant sortie du grotesque retour en arrière mis en scène par Mitterrand pour se faire élire en 1981, elle avait encore de l'influence. Elle pouvait peser.  

Les Français décidèrent cette folie que sera la réélection de Mitterrand. Perseverare diabolicum. Les Français ont considéré qu'il fallait purger le syndrome socialiste français qui s'était enkysté puis enflammé après 1968, en laissant toutes ses chances à une variante partiellement atténuée, comme on désactive un virus. Mitterrand comprendra le message et "lèvera l'hypothèque Rocard".  On en est  désormais à la social-démocratie et au social libéralisme… Encore un effort et le socialisme aura été évacué.  Mais le processus va coûter cher à la France;

Le gouvernement Rocard bénéficie de la phase haute du cycle qui le gorge de ressources fiscales automatiques. Aucune réforme n'est faite. On remet en place l'ISF. On crée la CSG. On troue la coque avec des prestations qui enfermeront une partie des Français dans une trappe à pauvreté. Avec Delors et Beregovoy, on débloque l'option "finance folle" et on crée le chemin d'une liberté totale des mouvements de capitaux, de produits, de services et de travailleurs  en Europe. Le Traité de Maastricht est voté sans aucune réforme préalable du système monétaire international et sans institution de pilotage. Que des sottises !

A la fin du second septennat de Mitterrand, toutes les causes de l'effondrement futur sont réunies :

- Plus de réforme du système monétaire international

- Europe ouverte à tout vent et libéralisme absolu des mouvements sous domination allemande.

- Français fiscalisés à mort

- Préférence pour le chômage et l'assistanat.

Chirac se résoudra au "ni-ni". La violence de la crise de 92 le conduira à "réduire la fracture sociale". La cohabitation Jospin ajoutera les 35 heures et l'étouffement de l'entreprise. Sarkozy évoquera la "rupture" sans la faire. Hollande finira le travail dans le n'importe quoi délirant. L'Europe de l'Euro sombrera dans les politiques de récession et de déflation. Pendant que le monde passera de 250 à 400% de taux d'endettement global et finira par succomber sous le poids de la dette imbécile accumulée.

C'était bien en 88 qu'il fallait agir en profitant de la volonté de Thatcher de ne pas passer sous les fourches caudines de l'Allemagne, de la présence de Schultz aux finances américaines, qui n'était pas un partisan des changes flottants en dépit des rodomontades de Reagan (qui parlait plus qu'il n'agissait) , et en profitant de la phase de croissance du cycle pour réformer en profondeur la France.

Est-ce que Chirac élu aurait eu la force de ce changement de perspectives, à la tête d'une France qui n'était pas encore "sortie de l'histoire" et effondrée dans la gaudriole, le "sociétalisme" politiquement correct, la fiscalité confiscatoire et la paralysie économique ?  

On ne le saura jamais. Notons tout de même que les idées que nous défendons ici, le retour au changes fixes et ajustables, l'interdiction des déficits et des excédents monstrueux de balances extérieurs, la réforme d'un pays qui a développé de façon exagérée et intenable le champ de l'action publique tout en bloquant les processus productifs par une fiscalité délirante et un enfermement administratif incontrôlé et suicidaire, ne sont pas des idées saugrenues, sorties d'un esprit embrumé ou d'un soliloque atterrant.

Elles étaient au cœur du débat français en 88, avant d'être évacuées du discours public devenu un exercice de communicants au service d'écuries présidentielles où la posture et les petites ambitions l'ont emporté sur la recherche du bien commun et d'un avenir français digne de son passé.    

Remarquons aussi que les risques d'une zone Euro sans organes de pilotage dans un système global de changes flottants étaient totalement ignorés.  Nous en sommes encore là avec le traité Merkozy, 25 ans plus tard.

L'histoire est éprouvante !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Pénibilité intermittente et intermittents pénibles

La pénibilité et l'intermittence sont deux concepts du même aloi. Ils sont économiquement ineptes et politiquement plombés. Ils n'ont mené et ne peuvent mener qu'à des sottises coûteuses.

Le caractère pénible d'un emploi est hautement discutable car tout est pénible dans le travail, par définition, puisqu'il s'agit d'une obligation de survie, et qu'il faut ce qu'il faut en fonction des circonstances. Tout travail pénible est toujours moins pénible que se priver des revenus correspondants.

Le caractère intermittent ou non d'un travail est tout aussi discutable. Tout est intermittent dans la vie : le jour, la nuit, les saisons, les âges. La vie économique est saisonnière. L'organisation du travail dans la journée, dans l'année, dans la vie,  n'est pas simple. Tout acte économique est un acte fini, délimité dans le temps. On lance des séries de production. On monte des projets. On rend des services périodiques. Dans tous les métiers, les temps de latence existent. De la boutiquière qui attend le chaland qui ne passe pas, aux intercontrats du conseil et de l'informatique, à l'attente du retour sur un investissement  lourd après la fièvre de la réalisation initiale.

La question de la prise en charge des tâches pénibles et du financement des temps d'inactivité baigne toutes les entreprises, pour l'ensemble des métiers. Depuis le début de la création et jusqu'à la fin des temps, l'activité humaine sera marquée par la volonté d'éviter la pénibilité contrainte et de se garantir des pertes de revenus liées à l'intermittence des gains.  

Isoler des tâches définies comme pénibles et en faire financer les effets par la collectivité, est tout aussi arbitraire  que d'essayer d'isoler des métiers intermittents dont la carence de travail et de revenu  serait couverte par la même collectivité. La couverture socialisée des périodes de non revenu ne peut mener qu'à une énorme complexité, mère de gaspillages et de fraudes grandioses. Couvrir financièrement par l'impôt la souffrance au travail entraîne mécaniquement une formidable organisation bureaucratique dont le coût ne peut que déraper.

L'idée fausse n'est pas qu'il y ait de la pénibilité et de l'intermittence. On l'a vu, toute l'histoire économique a pour but de se couvrir contre ces deux difficultés avec des solutions très variables, dont les meilleures ont toujours été de limiter la pénibilité et de réduire les temps de latence. L'erreur est d'en chercher le financement par "les autres".

Tout a été fait pour réduire la pénibilité des postes de travail ou l'aménager spécialement lorsqu'elle était d'une intensité potentiellement dommageable (vie raccourcie ou maladie).  Dès les années 70 en France, le travail réellement et sciemment dommageable à la santé a quasiment disparu dans les grandes entreprises, grâce à la mécanisation qui a supprimé les tâches les plus dures, l'organisation du poste de travail en fonction des considérations d'hygiène et de santé publique  et l'aménagement des temps de travail. Bien sûr, il y a eu des loupés, comme l'amiante. Nier les efforts entrepris seraient stupides. 

Tout a également été fait pour réduire les temps de latence entre deux périodes d'activité productive.

L'industrie, à ses débuts, proposaient des contrats précaires de louage de services pour la durée de la production d'une série de pièces. Cela créait une intermittence de revenus certaine pour les ouvriers. La massification des productions et la concentration des entreprises ont permis des séries plus longues et d'enchaîner les séries. On est passé du discontinu au continu.  Nous eûmes le salariat. Puis la mensualisation. Personne n'a heureusement proposé que les intermittents de l'emploi industriel voient leur période d'inactivité payée par la collectivité. Sinon il n'y aurait jamais eu ni diversification, ni massification ni concentration : seulement la ruine de l'Etat.

Ce qui est vrai de l'industrie l'est aussi de l'agriculture, de la pêche, du bâtiment, des transports.

On dira : tout cela est vrai, mais la CULTURE !

Certes, on n'y parle pas (pas encore) de pénibilité et pourtant il y aurait tant à dire :

- Les transports innombrables, dangereux, usant.

- Les hébergements de fortune.

- Le stress d'attendre que le téléphone sonne.

- Le travail de nuit.

- La déception et l'inquiétude après les "bides".

- Les tournages à pas d'heures dans des conditions parfois dangereuses et souvent accablantes.

- L'égo insupportable des vedettes…

Un Intermittent sur le WEB pose la question :

"Je sais très bien que je vais en faire RUGIR certains qui bossent ailleurs, mais ceux qui exercent le même boulot que moi comprendront aisément . Hé oui , je suis intermittent du spectacle depuis 30 ans et même si ça dérange qqsuns je voudrais savoir ce qu'il en est de cette nouvelle loi quant à la pénibilité dans notre métier , à savoir ....Les déplacements (souvent très longs) , le décalage des horaires (la nuit , le jour , manque de sommeil), monter , régler et démonter le matos , la longueur des prestations (surtout en BALS...entre 5 et 6H d'affilé), fait-on un distinguo entre Musicien sec et Musicien -chanteur (beaucoup plus pénible), le bruit et les conditions de travail (très souvent lamentables)...etc. Est-ce que tout ça est ou sera pris en compte ou pas un jour ? "

L'espoir fait vivre.

Revenons à l'intermittence.

Même pour les acteurs, des formes d'organisation fort anciennes ont permis de la gérer au mieux. Au théâtre, cela s'appelle une troupe. Pensez à Molière. Un entrepreneur de spectacle recrute pour une durée fixe ou indéterminée un certain nombre d'artistes . Au cinéma, tout Hollywood est d'abord fondée sur la contractualisation des vedettes et le salariat des techniciens dans des structures intégrées. A la télévision, les techniciens et les vedettes sont d'abord contractualisés, comme à la radio.

C'est l'entrepreneur du spectacle qui paie l'intermittence de l'activité des vedettes. En  cumulant les projets on mutualise les ressources.  Un Orchestre est aussi une structure d'accueil fixe pour les musiciens. Les architectes créent des structures pour faire face à des commandes qui permettent d'employer régulièrement des dessinateurs et des techniciens. Mêmes les peintres ont connu les ateliers qui étaient des structures d'accueil pour de nombreux artistes. Beaucoup de peintres ont des contrats avec des galeries qui assurent la continuité de la ressource en dépit de la périodicité et de l'intermittence de la production.

Ces modes d'organisation sont parfaitement viables et n'exigent aucun contrat spécifique.

Naturellement lorsqu'un professionnel (acteur ou technicien)  considère que sa notoriété permet de mener une vie professionnelle indépendante, il peut se mettre à son compte. Il gère son intermittence lui-même, en espérant que les ressources obtenues permettront  de vivre correctement lors des périodes d'inter contrats.

Quelle différence sur ce point entre un comptable, un informaticien, un podologue, un dentiste et un acteur ? Une femme de ménage qui fait des heures, un coiffeur à domicile ou une couturière sans boutique  sont-elles dans une situation si différente ?

Chacun peut exercer en libéral s'il se croit assez fort ou se salarier dans une structure ou un groupe de structures.

Ces considérations expliquent que partout dans le monde ce sont ces dispositions qui s'appliquent et qu'il n'y ait pas de statut des intermittents !

L'évolution des sociétés modernes expliquerait-elle la volonté de recourir à une plus grande précarité professionnelle dont les coûts devraient être socialisés ?

- La hausse du revenu permet certainement à des jeunes d'attendre avec le soutien de la famille le moment où une carrière artistique peut commencer.

- La montée de la consommation culturelle multiplie les offres et donnent des débouchés à des artistes cherchant une carrière individuelle. Chaque ville a désormais sa politique culturelle et ses festivals.

- La multiplication des offres : un artiste a la possibilité de s'exprimer dans de nombreux médias. Le tourisme a permis une activité de rue dont la qualité n'est pas l'essentiel. C'est l'animation qui compte.

- L'hyper-protection salariale et le coût du salarié : le coût de la non activité temporaire devient très élevé pour un employeur.

Ces facteurs, non limitatifs, poussent à une offre surabondante d'artistes isolés.  

De même la tendance à l'externalisation dans les entreprises conduit à limiter le personnel permanent. Les grands magasins louent leur sol à des enseignes et ne conservent qu'un minimum de personnel propre. Le nettoyage et l'entretien sont en général externalisés. L'hôtellerie en arrive à sous traiter le ménage des chambres, la restauration, et même le personnel d'accueil.   Les grandes entreprises informatiques qui avaient des services d'impression et d'édition internes considérables sous-traitent désormais presque tout. L'intérim est devenu la clé de l'emploi dans pratiquement tous les secteurs.

Les prestataires eux-mêmes, soucieux de ne pas se retrouver "collé" avec trop de personnel sous-traite à des individuels.

Pourquoi le spectacle n'irait-il pas dans la même direction, avec une organisation qui permet aux entrepreneurs de spectacles de mieux cerner leurs coûts et d'obtenir des prestations spécialisées ?

Dans bien des cas il s'agit de contourner des réglementations devenues trop tatillonnes ou  trop dangereuses juridiquement. Mais parfois ce sont les professionnels eux-mêmes qui souhaitent disposer de cette souplesse : meilleure facturation ; plus grande liberté.

Ce sont les stars qui ont cassé le système des grands "majors" hollywoodien. Elles voulaient travailler avec les meilleurs metteurs en scène indépendamment de leur rattachement et renégocier leur salaire film par film. Les compagnies ont rapidement vu qu'elles pouvaient limiter la bureaucratie et les frais fixes en acceptant de céder.

Il est exact que l'évolution de l'économie  d'innovation pousse à la multiplication des "projets" qui rameutent un temps un groupe de professionnels qui sont disponibles "sur le marché"  lorsqu'il est fini.  On veut les meilleurs rapidement et pour la durée nécessaire et suffisante. Pas plus.

Du coup  plus de secteurs économiques sont désormais basés sur l'emploi de professionnels indépendants ou de petites structures très réactives.

Est-ce que ces évolutions justifient que la latence inter-contrat, l'intermittence, soit financée par la collectivité, dans quelques domaines que ce soit ?

Une entreprise ne participe à des salons qu'un ou deux fois par an. Les monteurs de stand sont des professionnels intermittents comme les autres. Doit-on considérer que les électriciens, les menuisiers, les décorateurs doivent s'inscrire au chômage  dès la fin d'un salon, en attendant le prochain ? Les paysans ont une activité presque nulle en hiver. Doit-on les inscrire au chômage entre chaque moisson ? Les sociétés informatiques qui détachent des spécialistes  doivent elles les mettre au chômage pendant leur inter-contrat ? Idem pour les sociétés de conseil ? Les journaux doivent-ils vraiment fonctionner uniquement avec des pigistes dont les périodes de latence entre deux articles seraient payées par la collectivité ?  Les chirurgiens doivent-ils compter leurs heures de non opération et exiger le paiement par l'Etat des intervalles entre deux opérations ?    

Ou doit-on laisser les différents secteurs s'organiser afin de faire face le mieux possible et de limiter l'intermittence du travail sans recourir à des fonds publics?

Les chaînes de télévision doivent organiser des milliers d'heures de spectacles en continu. Il parait ridicule qu'elles ne puissent pas s'assurer des compétences techniciennes nécessaires en continu, soit par recrutement interne soit par sous-traitance à des structures extérieures organisées.

On dira : le "spectacle vivant" (horrible vocable qui pue la bureaucratie triomphante) a ses spécificités et c'est pour faire face à des difficultés spéciales que l'intermittence a été inventée. Après tout, ce sont les studios de cinéma  qui ont inventé l'intermittence  lorsqu'ils se sont aperçus qu'ils ne parvenaient pas à obtenir pour le temps d'un tournage les techniciens nécessaires, notamment pour fabriquer les décors.  L'intermittence aurait été inventée par les "patrons" pour assurer un revenu aux techniciens spécialisés entre deux tournages.

La vérité est un peu moins prosaïque. Le spectacle est depuis les années trente un enjeux politique. Celui qui tient l'image tient le cerveau du spectateur. La propagande par l'image est cent fois supérieure à la propagande par le discours. Le génial  Willy Münzenberg a théorisé et mis en pratique ce concept au profit de l'Union Soviétique. Il fallait noyauter le cinéma, et l'ensemble du monde culturel. Les mesures prises en 1936 ont d'abord eu un but politique. L'industrie du cinéma devait être une arme pour l'extrême-gauche intellectuelle et "antifasciste". Les nouvelles formes d'organisation mises en place en 1936 ont permis une très forte syndicalisation de tous les métiers techniques du cinéma, sous l'égide des syndicats communistes, en même temps que les acteurs étaient embrigadées dans des opérations de propagande. Ce mouvement sera amplifié à la libération avec le théâtre dit populaire  puis  la télévision française, où la CGT communiste a "tenu" les "merveilleux techniciens" pratiquement depuis le départ (ils venaient du cinéma). Les réalisateurs communistes comme Marcel Bluwal furent nombreux. En tenant les techniciens les communistes savaient qu'ils pouvaient faire chanter tous les présentateurs, acteurs et cadres. De même le PC voulait que l'art et la culture servent la cause.  Depuis Aragon les bons étaient glorifiés et les autres vilipendés et exclus. Picasso encensé, faisant des colombes de la paix pour le "génial Staline" qui méditait d'envoyer une bombe atomique sur Paris ; Bernard Buffet, dénigré comme témoin d'une peinture bourgeoise dégoûtante dès l'instant où il a refusé de se laisser embrigader. Un exemple parmi plusieurs centaines d'autres du même tabac.

Cette emprise a duré longtemps et le marxisme culturel n'est toujours pas résiduel, même si le PC est aujourd'hui en déroute et a perdu tout pouvoir idéologique. Le mouvement des intermittents actuels est considéré comme un élément d'une action coordonnée contre la droitisation de Hollande et l'arrivée comme premier Ministre d'un social-libéral autoritaire, menée par les anciennes forces communistes, réduites à la CGT.

La garantie accordée à l'intermittence dans le spectacle est donc, depuis le départ, totalement politique et ne correspond à aucune réalité technique ni économique.  C'est un jeu politique qui dure depuis longtemps. Les socialistes et la CFDT  ont essayé de capter l'affaire au détriment de la CGT avec Mme Aubry. On a abouti aux débordements qui ont provoqué la première réforme du début du siècle. La droite n'a pas voulu se mettre à dos la Culture et les artistes trop radicalement.  La réforme  Chirac n'a eu aucun effet sinon de bloquer certains festivals. Le système après la fausse réforme Sarkozy (encore une !) a continué à dériver.

Aujourd'hui le système est tellement fou que plus personne ne peut plus le cautionner. Faire payer par les salariés du privé un abus de droit est totalement indéfendable, même si la "paix sociale", c'est-à-dire la maîtrise de la CGT dans le cadre de pratiques complexes et protéiformes, principalement fondées sur des rentes abusives accordées à des séides, a encore un prix.

La statut des intermittents, comme les subventions à la SNCM, comme le statut des cheminots, comme les comités d'entreprise abusifs, comme le statut des dockers, comme les ouvriers du livre, sont des survivances de la guerre froide  qui doivent purement et simplement disparaître au profit de solutions égalitaires, économiques, et financièrement tenables.

De même qu'il faut éradiquer la pénibilité dommageable plutôt que de la faire prospérer en lui accordant des avantages, il faut réduire par des formes d'organisation adaptées l'intermittence de production. Pas la subventionner.  

C'est vrai pour toutes les productions y compris la production culturelle.

L'art de la politique est d'obtenir des résultats raisonnables. Pas de céder systématiquement à des maîtres-chanteurs qui ont perdu leur voix et leur voie.

Mais que Münzenberg avait de talent !

Conjoncture mondiale flageolante

L'inquiétude que nous exprimions en décembre 2013 et en janvier 2014 sur l'état de la conjoncture, à contrecourant des propos très optimistes qui étaient répétés dans la presse et relayés par les politiques, était malheureusement fondée.

Il n'y aura pas eu de reprise générale mondiale au premier semestre. La croissance est partout plombée. Le stock de dettes douteuses est encore si élevée que les banques ne peuvent pas relayer la croissance. La perspective des stress tests "réalistes" en Europe pèse sur les comptes des banques. Les pénalités phénoménales imposées par le gouvernement américain plombent encore un peu plus la situation.

Le secteur financier a perdu en huit plus de 100.000 salariés à travers le monde. L'hémorragie continue.

Quelques pays ont tiré leur épingle du jeu du fait d'un certain besoin de renouvellement de l'équipement. Pour beaucoup, il s'agit d'un renouvellement de machines retardé par la crise. Après 8 ans d'immobilisme, il était impossible de conserver un parc de machines obsolètes. C'est le même mécanisme qui touche le parc des voitures. Il ne peut pas vieillir indéfiniment (sauf à Cuba !). Le commerce international reste bas. La reprise de 2013 était principalement due aux achats de précaution des détenteurs de dollars.

Les pays très exportateurs à natalité basse comme l'Allemagne et le Japon sont confrontés à des difficultés internes croissantes du fait du vieillissement de la population et désormais du risque de contraction démographique.

La rente pétrolière étrangle toujours l'économie mondiale, mais les bénéficiaires voient leurs revenus stagner.

Tous les facteurs qui militent contre la croissance, démographie, rentes abusives, paralysie bancaire, excès de dettes notamment publiques, ajustement par la dépression en Europe,  sont pleinement actifs.

Ils empêchent la phase haute du cycle de se matérialiser. Comme dans les années 2006-2008 en Europe, où cette phase a été très molle, mais cette fois- ci c'est le monde entier qui est frappé. On risque d'entrer dans la crise décennale après un épisode de "haute conjoncture" particulièrement médiocre. C'est ce qui s'était passé en 1938.

Vent de panique à Bercy ?

L'argent ne rentre pas. Les avertissements circulent tous azimuts. Les augmentations d'impôt ont "tué" la base imposable. On va vers six mois de stagnation économique presque totale au premier trimestre 2014 qui met sous pression toutes les bases imposables tout en poussant à la dépense publique.

Seul le retour des petites fortunes qui ne sont plus protégées par le secret bancaire apporte des recettes en hausse. Mais les grosses ne rentrent pas. Les gros détenteurs sont partis rejoindre leur magot. L'inverse aurait été de meilleure politique. On sait que 10% des détenteurs de comptes à l'étranger possède environ 90% de la valeur. On a fait revenir 90% des petits détenteurs avec à la clef, lorsque les décomptes seront définitifs, près de 10 milliards d'Euros d'impôts cumulés recouvrés. On a raté les 50 milliards qui étaient à portée de mains. Et quelques milliards sont partis avec les exilés. Résultats nets ?  Rassurez vous, ils ne seront JAMAIS publiés.

Les mesures démagogiques annoncées  par Valls vont encore compliquer l'équation, si elles sont finalement votées après les élections européennes.

Le collectif de juin 2014 s'annonce problématique. 

L'économie française semble continuer à virevolter dans la spirale : plus d'impôts, moins d'activité, moins d'assiettes, moins de rentrées fiscales, plus d'emprunts, hausse des taux etc. On va droit vers les 100% d'endettement public, sans moyen d'infléchir le courant, sinon en 2014 du moins en 2015. 2014 verra une nouvelle baisse du revenu par tête et une nouvelle baisse de l'emploi marchand privé. On bat tous les records historiques (faillites, salaires impayés, baisse des investissements étrangers, effondrement des constructions neuves, ...).

7 ans après le début de la crise !

A noter : nous entrons dans la phase "haute" du cycle !  Dans la décennie 2000, cette phase (2006-2008) avait été très médiocre en France et s'était fini en drame. Dans la décennie 2010, la croissance va être encore plus médiocre. Et le retournement de conjoncture, en général entre deux et quatre ans près l'entrée en phase haute, n'arrangera pas les choses, même si un nouvel épisode de type 2008 n'est pas probable.

Il faut une nouvelle architecture économique en France. Ce n'est pas l'équipe navrante de petits apparatchiks socialistes de cellule qui nous gouverne qui sera capable de la concevoir et de la mettre en oeuvre avec succès.

Elle va faire "de la politique" selon l'expression du secrétaire du PS. Ce n'est pas ce qu'on lui demande.

Les grelots sonnent à Bercy. Mais c'est le tocsin qu'il faut sonner en France.

Les élections au Parlement Européen en 10 questions

1. Citez dix mesures adoptées par le Parlement Européen lors de la dernière législature.

Si vous avez réussi à en citer

                -Aucune :                           vous marquez zéro

                - Une :                                 Vous marquez cinq

                - Deux                                  Vous marquez dix

                - Trois                                   Vous marquez trente

                - Plus de trois                    Vous marquez cinquante.

 2. Citez dix mesures qui seront en discussion lors de la prochaine législature

Si vous avez réussi à en citer

                -Aucune :                           vous marquez zéro

                - Une :                                 Vous marquez cinq

                - Deux                                  Vous marquez dix

                - Trois                                   Vous marquez trente

                - Plus de trois                    Vous marquez cinquante.

 

3. Quelles différences programmatiques voyez-vous entre MM. Schulz et Juncker ?

Si vous avez réussi à en citer

                -Aucune :                           vous marquez zéro

                - Une :                                 Vous marquez cinq

                - Deux                                  Vous marquez dix

                - Trois                                   Vous marquez trente

                - Plus de trois                    Vous marquez cinquante.

 4. Quelles ont été les actions du député Européen pour lequel vous aviez voté lors des élections précédentes

Si vous avez réussi à en citer

                -Aucune :                           vous marquez zéro

                - Une :                                 Vous marquez cinq

                - Deux                                  Vous marquez dix

                - Trois                                   Vous marquez trente

                - Plus de trois                    Vous marquez cinquante.

 

5. Quelles sont les mesures que s'apprêtent à voter le candidat que vous avez choisi pour les présentes élections européennes ?

Si vous avez réussi à en citer

                -Aucune :                           vous marquez zéro

                - Une :                                 Vous marquez cinq

                - Deux                                  Vous marquez dix

                - Trois                                   Vous marquez trente

                - Plus de trois                    Vous marquez cinquante.

 6. Une décision a été prise d'interdire l'arrestation des immigrés clandestins.

A-t-elle été prise :

- Par le Parlement Européen

- Par la Cour de justice Européenne

- Par la commission des droits de l'homme de l'ONU

- Par la CEDH.

Si vous êtes absolument sur de vous, marquez 50.

Si vous imaginez savoir, marquez 20

Si vous n'en avez aucune idée, marquez zéro.

 

7. Le Parlement Européen a décidé de refuser la qualification de génocide au massacre de plusieurs millions d'Ukrainiens au début des années trente au nom du "socialisme réalisé", ce qui n'est pas sans conséquences sur le crédit européen en Ukraine.

- Si vous avez entendu parler de cette décision, marquez 10

- Si vous savez quand elle a été prise, marquez 20

- Si vous savez ce qu'a voté le candidat que vous avez choisi, marquez 50.

- Sinon marquez zéro.

 

8. De quelles directives le Parlement Européen a-t-il pris l'initiative ?

- Si vous en citez  une ou plus  marquez 50.

- Sinon marquez zéro.

 9. Soucieuse de respecter l'idée de subsidiarité promue lors du traité de Lisbonne, La Commission Européenne a élaboré un modèle d'horodateur pour voiture, normalisé pour toute l'Europe.

 - Si vous savez quand le débat est passé au Parlement Européen vous marquez 50.

- Sinon vous marquez zéro.

10. Le Parlement s'est saisi des inquiétantes dérives bureaucratiques européennes et notamment du doublon entre établissements nationaux et institutions européennes ayant exactement le même rôle, provoquant l'apparition d'un mille feuilles administratif européen peu souhaitable

- Si vous savez quand le Parlement Européen a voté une motion demandant plus de sérieux vous marquez 50.

- Si vous ne savez pas,  vous marquez zéro.

 

Résultats du quiz :

 - Si vous avez zéro, vous êtes un européen normal

- Si vous avez 500 vous êtes un menteur compulsif

- Si vous avez entre zéro et 500 vous avez bien du mérite.

Eloge de l'écluse

La vie est un flux d'énergie. La vie économique est un flux de production, qui s'est transformé en flux de monnaie et en flux de consommation ou d'épargne. Un flux de production est lui-même un flux des facteurs de production : capitaux, travailleurs, matières premières ou intermédiaires. Freiner les flux réduit l'énergie et l'économie. Le froid absolu est quand rien ne bouge plus.

Le courant passe toujours lorsqu'il y a une différence de potentiel. Le courant économique n'échappe pas à la règle. Les facteurs de production sont aimantés vers les lieux où le besoin se fait sentir. La production s'aimante vers les lieux où les facteurs sont abondants et peu chers.

Les capitaux sont aimantés par les rendements élevés, tempérés par le risque.

Toutes ces images sont à la base de l'idée que la liberté absolue de circulation des biens, des capitaux et des personnes est le fondement d'une économie dynamique et prospère.  

Une autre image, parfaitement traduite par le modèle walraso-parétien, est que l'exercice libre des flux naturels réduit les différences de potentiel et ramène à l'équilibre. Si des blocages circonstanciels ont créé des différences de potentiel importantes, la libération des forces contenues sera bénéfique et amènera automatiquement un nouvel équilibre assurant le plein emploi des ressources.

Le rôle de la technologie et de créer de nouvelles différences de potentiel. Les start-up le savent bien. Il faut des barrière à l'entrée pour permettre de maintenir la différence de potentiel et produire les bénéfices escomptés suffisamment longtemps.

En économie la différence de potentiel est la plus value escomptée. Pas de plus-value en vue,  pas de flux économique.

La méta doctrine qui baigne depuis 40 ans les règles internationales est qu'il faut laisser entièrement libre les acteurs économiques, producteurs, consommateurs, épargnants, afin que la totalité des gains potentiels puissent être obtenue. Le guide, dans la recherche de la plus value, est naturellement le prix. Les marchés fournissent les prix qui orientent la recherche des plus values et ils doivent être laissés totalement libre. Le prix des facteurs de production (monnaies, capitaux,  salaires, matières premières, produits demi finis) doivent être laissés le plus libre possible ainsi que les prix des produits de consommation.

Alors la croissance sera à son optimum.

L'ennui est que depuis qu'on a entrepris de mettre en œuvre cette doctrine mondialement et surtout dans le cadre de l'Union Européenne, on constate qu'à chaque décennie le trend de croissance a baissé un peu plus. Les tenants de la doxa étaient prêts à accepter que leur doctrine se traduise par plus de volatilité. Pas à une baisse du rythme de la croissance qui devait être optimisé donc accru par rapport à la situation antérieure.

Quelle explication donner à cet inquiétant paradoxe ? Il n'y a que deux voies d'exploration possibles. Soit la doxa est fausse. Soit la pratique est entravée.

Il est parfaitement juste de penser que le flux est fonction de la différence de potentiel. Ce qui ne l'est pas est l'idée qu'il est inutile de canaliser l'énergie  et de la laisser libre de passer de son état latent à son état exprimé dans n'importe quelles conditions. Une libération trop violente de l'énergie latente est destructrice.

L'eau descend les pentes. Il n'y a aucun doute la dessus. Mais il vaut mieux la canaliser pour éviter que des événements torrentiels emportent tout. Un barrage est ennuyeux : il bloque. La vanne libère, avec le débit souhaitable.

Il faut exploiter les différences de potentiel mais éviter qu'elles ne deviennent explosives.

Naturellement si on  pompe l'eau du canal à des fins différentes de celles qui ont conduit à la création du canal, on l'assèche et il ne fonctionne plus. De même si on l'encombre de rochers qui empêchent l'eau de circuler.

L'exercice, difficile en économie, qui traite d'objets psychologiques et sociaux, est de bien identifier les prédateurs et les empêcheurs, tout en clarifiant bien la nature des pentes et des écluses. Et il faut veiller à ce que les dispositifs embellissent l'environnement et ne le détruise pas.

Promouvoir la liberté absolue des mouvements de capitaux, de personnes et de marchandises (qui comprennent aussi les services), en comptant exclusivement sur les différents marchés pour éclairer les rationalités nécessaires, est aussi stupide que d'espérer que la pluie fertilisera naturellement les cultures de façon optimum sans organisation de l'irrigation.

De ce point de vue le laisser-faire  promu et mis en œuvre par  l'Union Européenne est désastreux. Il empêche toute organisation rationnelle et confond ruissellement sauvage et irrigation.

Oui l'idéal de liberté qui veut que chaque pays de l'Union dise aux citoyens des autres pays membres : "Nous ne vous craignons pas et nous vous traiterons comme nous nous traitons nous-mêmes" doit être défendu. C'est un progrès humain extraordinaire.  Ne pas croire que ce progrès doive  être canalisé, et que la route doive être rendue carrossable, est la marque d'un juridisme absurde et destructeur.  

Le risque du n'importe quoi essentialiste est d'aboutir à des régressions de civilisation. Déstructurer une civilisation, qui a construit un jeu de règles sociales fondées presque toujours sur des solidarités et des respects, donc des contraintes acceptées du fait de l'affectio societatis,  base des nations, ne saurait être un progrès.

Il n'est même pas sûr que la convergence soit un objectif louable. Des collectivités peuvent souhaiter des règles qui leur soient propres. C'est la base même du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. La tolérance, qui est la faculté d'accepter que d'autres pratiquent d'autres règles, n'est possible qui si des flux torrentiels ne viennent pas tout emporter.  

On pourrait penser qu'une forme de neutralité sociologique et politique de l'économie rendrait la difficulté de la "mondialisation" moins grande dans ce domaine. Ce serait à nouveau une grave erreur. Toute économie est politique. Que reste-t-il de l'économie lorsqu'on enlève la dimension budgétaire et règlementaire de l'Etat, et les lois sociales ?

Dans la pratique, on voit bien les erreurs qui ont été faites.

Croire qu'on pourrait laisser les changes absolument libres et les taux d'échanges des monnaies guidées par les marchés, a été une erreur monstrueuse. Nous avons vu que cela permis à certains états d'accumuler des déficits ou des excédents illimités avec des conséquences immédiates sur le taux global d'endettement qui s'est mis à grimper jusqu'à dépasser les 400%, ce qui était intenable. L'inondation monétaire a fini par provoquer des dégâts irréparables.

Il faut une canalisation.  

Pour le monde, un système de changes fixes mais ajustables, avec interdiction des grands déficits et des excédents colossaux, est le seul convenable aujourd'hui.

Pour l'Europe une monnaie unique avec des Etats indépendants, poursuivant leurs politiques internes sans considération des autres, est une contradiction interne.  Soit on en revient à un système de monnaie de compte unique avec des monnaies nationales rattachées selon un mode fixe mais ajustables, la solution que nous défendions au moment de Maastricht, soit on crée un chancelier de la zone Euro, avec des formes de contrôles démocratiques à définir et une articulation à imaginer avec les politiques nationales.  Avoir supprimé les instruments de politique monétaire à l'échelon des nations sans les utiliser à l'échelon européen est une faute lourde. 

Dans les autres domaines de l'économie, notamment les mouvements des personnes, des marchandises et des capitaux, il faut également mettre en place des canalisations, éventuellement temporaires, mais qui évitent des concurrences intenables, des phénomènes de destruction sociale ou des régressions de civilisation.  

La France, elle, ne peut pas, dans le même mouvement, accepter l'ouverture totale des mouvements de personnes, de marchandises et de capitaux  et continuer à croire qu'elle peut construire un château de cartes social totalement contradictoire.

La notion de solidarité nationale s'efface dans un cadre  de liberté absolue des mouvements de personnes à l'échelon européen et mondial.

Une des victimes de la liberté absolue des mouvements de capitaux, de marchandises et des personnes est la gratuité institutionnelle. Le prix est un élément de canalisation. L'absence de prix crée un flux éventuellement torrentiel. La gratuité de l'école, la gratuité des soins, la gratuité de la vie des personnes en état d'inaptitude au travail et maintenant la gratuité de la vie des personnes en capacité de travailler, crée automatiquement des appels migratoires qui mettent à l'épreuve les systèmes concernés.

On voit bien que les défis du moment proviennent pratiquement tous de la nécessité de préserver le dynamisme associé aux libertés fondamentales, qui permet d'exploiter les différences de potentiel donc de créer du flux économique, tout en canalisant les forces qui s'exercent et remettent en question des modes d'organisation antérieurs qui peuvent être jugés légitimement comme nécessaires.

La désaffection profonde pour les élections au Parlement Européen provient naturellement du fait que l'institution joue contre toute canalisation et promeut un juridisme essentialiste destructeur sans jamais tenir compte des conséquences. Le fait que les partis n'ont pas proposé le moindre programme est révélateur. Personne ne sait de quoi le Parlement va causer, pas plus de quoi il a causé lors de la dernière session. Et pour cause : toute l'initiative des directives est entre les mains de la Commission. Cette initiative ne peut pas être attribuée au Parlement Européen. Les Parlements doivent  contrôler, améliorer et voter les textes. Ils ne peuvent en avoir l'initiative car cela tournerait aussitôt à la pétaudière. Peut-être faudrait-il la transférer au Conseil Européen, la Commission n'ayant qu'un rôle d'élaboration et de contrôle.

L'important est qu'il y ait en Europe un architecte, un constructeur des écluses nécessaires, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur.

L'organisation est aujourd'hui l'élément critique. Il faut défendre l'idée d'un système monétaire basé sur des monnaies fixes mais ajustable. Quelle est en Europe l'institution qui doit prendre en main ce projet et qui a la visibilité internationale nécessaire ?  

Qui est chargé de gérer les nécessaires convergences et qui garantit les nécessaires différences culturelles et civilisationnelles  issues de l'histoire des peuples et auxquelles ces peuples tiennent ?   

Le scrutin sera désastreux pour l'idée européenne parce qu'il n'y a pas de réponse à ces questions dans le champs politique et institutionnel actuel.

Les libertés s'organisent. Que vienne le temps des organisateurs  et vive les écluses ! 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

 

Effectif municipal comparé Paris et Tokyo

Tokyo : 13 millions d'habitants - 13.000 Employés municipaux soit    1 pour 1000

Paris    :  2 millions d'habitants - 54.000 employés municipaux. soit 27 pour 1000

Avec les associations gérant des missions de la Ville de Paris :  > 75.000

Mme Hidalgo :"«Dans certains secteurs comme la propreté, la petite enfance, la prévention et la sécurité, j'ai même l'intention de recruter. Il y aura des redéploiements au fur et à mesure des départs en retraite, mais il est possible qu'au final le nombre d'agents de la ville augmente».

 

Sans commentaire.

 

 

Crises périodiques et inégalités

Une des manières les plus anciennes et les plus fausses d'interpréter les crises périodiques est de penser qu'elles aient été provoquées par les inégalités de revenus.

Le raisonnement est toujours le même. Il part d'une forme ou d'une autre de la loi des débouchés de Say : le circuit économique de production secrète "normalement" le pouvoir d'achat nécessaire à sa consommation. S'il n'y a pas eu bouclage, c'est qu'il y a eu des fuites dans le circuit. La production ne peut plus s'écouler et on aboutit à une crise de "surproduction".

Toute la littérature sur les crises est pleine du mot surproduction jusqu'aux trente glorieuses.

Deux doctrines s'affrontaient alors :

- le malthusianisme implicite ou explicite qui expliquait qu'il fallait réduire la production jusqu'à ce que les prix remontent provoquant une nouvelle spirale haussière de la production. Cette pratique allait de pair avec le mot surproduction et paraissait "naturelle", surtout dans un monde dominée par l'agriculture. L'autre issue était l'aventure coloniale, censée apporter de nouveaux débouchés.

- le marxisme implicite ou explicite qui expliquait que la fuite provenait de la croissance des inégalités, structurelles dans le capitalisme,  source obligée d'une paupérisation absolue et relative du prolétariat.  La solution ne pouvait venir que de la redistribution des richesses.  

L'école malthusienne est aujourd'hui reprise par le mouvement écologiste  et les tenants de la décroissance. La crise est liée à une surconsommation frénétique qui nuit à la planète. Les "Trente Glorieuses" doivent être revues comme un crime contre l'humanité. L'Hubris d'une humanité aveuglée provoque des crises également démesurées. Revenons à la mesure et tout ira mieux.

L'école marxiste est reprise par les économistes socialistes de l'inégalité et de la fiscalité, qui examinent à la loupe les évolutions relatives des revenus et considèrent, que sauf guerres, la tendance à capter abusivement la richesse mondiale est structurelle et qu'il faut donc appliquer massivement des impositions punitives.

Jacques Attali va jusqu'à expliquer que le progrès technique est si rapide que désormais la richesse produite n'a plus le temps de "cascader" vers les classes laborieuses. Jospin a commis l'erreur d'écouter Fabius. Il aurait du augmenter les impôts plutôt que les réduire. Pick(pock)etty conclut une étude fouillée de l'évolution des avoirs sur plusieurs siècles par la nécessité d'un impôt sur le capital frénétique. Si on ne le fait pas, alors on se trouve dans la situation actuelle : panne de la consommation, sauf dette publique, et difficultés économiques récurrentes.

Ces doctrines sont étayées par des études d'ONG comme OXFAM qui publient des chiffres terrifiants sur la concentration de richesses.

Dans un cas comme dans l'autre, les solutions sont anti-productives. Qu'il y ait excès de revenus pour quelques uns ou excès de production, on en revient toujours à des formes de sanctions politiques provoquant des restrictions économiques.

Ces débats font obstacle à une véritable compréhension des mécanismes et donc à l'élaboration de solutions non pénalisantes.

Il est certain qu'une crise ne peut se produire que si la loi de Say est mise en défaut. Nous ne sommes pas des partisans farouches du modèle walraso parétien  qui suppose un équilibre, parfois troublé, mais qui se rétablit toujours si on laisse jouer les marchés sans entraves. Mais il est clair qu'il existe des circonstances où le circuit de production et de consommation est mis en péril.

De Copernic à Juglar, une lignée de penseurs ont constaté que les mécanismes de la monnaie et du crédit étaient  les  responsables majeurs des crises économiques.  Pour nous, ils ont parfaitement raison. La crise décennale est TOUJOURS provoquée par un excès de crédits  qu'il faut résorber d'une façon ou d'une autre.

Prenons la situation actuelle : l'endettement global est toujours autour de 400% du PIB en moyenne dans les pays de l'OCDE. Cela veut dire qu'au dessus de la couche de la production réelle (100%) flotte une super couche de 300% d'actifs financiers contreparties de l'endettement (ou du crédit, c'est la même chose).

Ce ne sont pas les 100% du bas qui font problème. Il n'y a aucune crise de surproduction. Mais les 300% du dessus.

Rappelons que si la maturité moyenne des emprunts est à 5 ans et le taux d'intérêt de 5%, un taux de 400% d'endettement par rapport au PIB implique que l'amortissement de la dette prenne 80% du PIB et les intérêts 20%. Il faudrait que toute la richesse produite serve à l'amortissement de la dette et au service des intérêts. Vous avez pensé : IMPOSSIBLE. Hé oui, c'est im-pos-si-ble.

La mousse de crédits, dès qu'on dépasse 200% du PIB, ne peut plus être amortie par le PIB. Par quoi alors ? Par la plus value sur actif, que l'on anticipe à tort ou à raison. Si la création monétaire permet de financer l'inflation des actifs, la plus value existera. Jusqu'au jour où les acteurs s'apercevront qu'ils ont fait pousser un monstre hors-sol et que le tout s'esclaffera dans un patatras désastreux.

Comme les pauvres n'ont pas d'épargne, la boursouflure des actifs concerne exclusivement les possédants.  La hausse de richesse est une pure apparence monétaire. Si vous possédez un appartement qui a triplé de valeur, vous avez toujours le même appartement. Un impôt sur le capital progressif vous ruine, c'est-à-dire vous force à vendre, car le revenu qui suit le PIB n'a pas évolué dans la même proportion.  La vente provoque une cascade  d'imposition sur les plus values monétaires. Au final vous vous retrouvez dans un appartement qui ne fait plus qu'une fraction  de la surface précédente, comme Françoise Hardy s'en est plainte chez Ruquier, provoquant force lazzis.

La grande question est donc de savoir comment peuvent se créer ces énormes bulles monétaires qui changent l'échelle des valeurs des actifs et qui, quand elles crèvent, viennent charger les flux  du PIB.

Notre explication : la bulle est provoquée par les changes flottants et l'abandon de l'obligation de maintenir les équilibres de balances de paiements et de balances commerciales. Il est bien certain que si la richesse part vers un pays qui replace les excédents dans le pays déficitaire, une double bulle de crédits s'amorce qui va faire monter indéfiniment le taux d'endettement global par rapport au PIB. Ensuite tout s'effondrera.

Il s'agit bien d'une rupture de la loi de Say : les biens entre pays structurellement déficitaires et excédentaires ne s'échangent plus contre des biens, ni le travail contre le travail. L'écart nourrit une enflure monétaire qui se retrouve dans toutes les classe d'actifs et accuse les différences monétaires de fortune entre riches pauvres.

La solution n'est évidemment pas de réduire la production ni de ponctionner les actifs réels, mais de faire progressivement dégonfler la liquidité abusive en mettant d'abord fin aux sources de déséquilibres.    

L'acte un n'est pas de mettre en œuvre un impôt sur le capital progressif et punitif, ni d'organiser la décroissance heureuse, mais de mettre fin aux déséquilibres de balances extérieures, et de résorber les excédents passés, ce qui ne peut se faire que par une doigt d'inflation et une forte croissance.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Indécrottables ?

Quel est le mouvement général de l'opinion, en ce printemps 2014  ? Mettre fin aux abus !

- Ras le bol fiscal !

- Ras le bol devant l'accumulation des normes, paralysantes et coûteuses

- Ras le bol devant le sans-gêne des politiques qui s'octroient  des sinécures grassement payées en multipliant les "mille feuilles".

Pas un jour sans qu'un politique vienne nous expliquer que désormais c'est différent ; qu'ils ont compris ; qu'on est entré dans un monde de simplification (on se tend pour faire faire face au choc de simplification !), de baisse des impôts et de réduction des échelons administratifs abusifs.

Et on regarde la réalité.

- On vient de voter une taxe sur les transactions financières, donc un impôt nouveau.  L'achat et la vente d'actions seront taxés. La belle affaire. Juste au moment où on se vantait de redonner du dynamisme aux entreprises. Un capitalisme sans capitaux et sans capitalistes, il n'y a que cela de vrai. Et les ONG qui espéraient la manne brament : "toujours plus  et pour nous svp !"

- Les sottises ahurissantes de la loi Duflot commencent à faire sentir leurs effets délétères depuis qu'une partie des décrets d'applications sont sortis. On savait que la Ministre était une incapable. Une licenciée en géographie qui place le Japon dans l'hémisphère sud ! Avec son armée de fonctionnaires et de partisans en folie elle a pondu une loi littéralement monstrueuse. Il faut un fournir un kilo de documents pour qu'une promesse de vente soit valable ; les syndics exigent d'augmenter de 20% leurs honoraires compte tenu des nouvelles charges qu'on impose aux copropriété ; le statut des concierges, pardon gardiennes, est devenu kafkaïen. Toute souplesse a disparu. Il va falloir investir dans de nouvelles normes comme des détecteurs d'incendie dans les appartements, les calfeutrements divers, les diagnostics de ceci et de cela…  En attendant la France est à vendre. Des dizaines de milliers de maisons et d'appartements sont à vendre partout en France notamment sur le littoral. Et la construction neuve est au plus bas des 25 dernières années.

- Les députés européen sortants non réélus vont disposer d'un golden parachute qui se situe entre 85 et 230.000 Euros, alors qu'ils ont gagné en moyenne 180.000 Euros nets d'impôts par an pendant leur mandat. Personne ne sait ce qu'ils ont fait à part voter des normes dont on constatera 5 à 10 ans après qu'elles sont catastrophiques. L'impôt ? Connait pas ! Pour peu qu'ils aient été fonctionnaires, ils reviendront dans l'administration d'origine avec tous les avantages afférents. Et ils cumuleront les retraites. Miam Miam ! Qui connait les sortants et les entrants ? Qui dénonce ce "régime spécial" très spécial ?

- La BCE double ses effectifs en doublon parfait avec les banques nationales. Le mille feuille a de beaux jours devant lui. Exemple à ajouter aux milles institutions européennes qui doublent ou qui triplent les mêmes instances nationales, régionales ou départementales.

La France a créé 4.500.000 postes de fonctionnaires et 1.000.000 de salariés dans les ONG financées par l'impôt et les subvention pour la quasi-totalité de leurs ressources pendant qu'elle perdait 2.500.000 postes dans l'industrie et il manque entre 5 et 10 millions de salariés dans le secteur privé.

La presse, pardon, le support de com', nous a mis en musique le retour en grâce du couple indispensable : Mme Sinclair a eu droit à une catharsis à la télévision où on a bien voulu faire croire qu'il s'agissait d'une oie blanche et d'une victime.  Les communicants de DSK eux ont fait le même travail avec leur client dont la tronche hilare s'étale en première page de l'Express.  C'est qu'il gagne beaucoup d'argent dans la finance, l'ennemi de son parti,  et peut se payer une campagne d'image.

M. Franz Oliver Giesbert, FOG pour les intimes, a bravement expliqué que quiconque n'était pas un fédéraliste européen était par nature un salopard indigne. L'Europe n'a pas un bonne image : c'est la faute de ce con de peuple.

M. Hollande après un joli couac du côté de Jaurès, et des ouvriers sacrifiés sur l'autel de la libre circulation des personnes et des biens, a monté une opération-image du côté des immigrés et ressorti son projet de quasi citoyenneté pour les immigrés. Au moment même où toutes les structures d'accueil sont saturées et que Pole Emploi croule sous les demandes d'inscription des Roms.

M. Hollande laisse passer ce message que si l'emploi venait à remonter alors il serait automatiquement le légitime candidat à sa réélection, une grosse astuce quand on sait que de tout temps l'emploi fluctue, comme l'économie.

Le Conseil d'Etat, lui, vient de prendre un arrêt qui remet en cause dix années de donations partage ! Au moment même où on dénonce l'instabilité fiscale.    

En vérité pour les hauts-fonctionnaires et les politiciens, le slogan reste : la crise connait pas.  

Un aimable salut à Mme Hidalgo qui a pris une mesure de bon sens en réduisant drastiquement, du moins en apparence, le "distributeur de pognon aux copains" à la Ville de Paris.  

"Une délibération prochainement soumise au vote des conseillers de Paris proposera de faire passer de 40 à 32 le nombre maximal de collaborateurs du maire, a affirmé à l’AFP le directeur de cabinet d'Anne Hidalgo, Mathias Vicherat, qui occupait déjà cette fonction auprès de l’ancien maire socialiste Bertrand Delanoë. Le nombre de collaborateurs des adjoints de la maire passe quant à lui de 130 à 99, a-t-il précisé. Comme elle s’y était engagée, Anne Hidalgo a réduit le nombre d’adjoints de 36 à 21, auxquels se rattachent cinq conseillers délégués. Un effort a également été demandé aux maires d’arrondissement, dont «l’enveloppe collaborateurs» a été réduite de 10%.Au total, ce resserrement de la masse salariale représente une économie d’au moins 25 millions d’euros sur la mandature."

Cela peut être lu à l'envers, comme les communiqués de guerre :

"On a gaspillé 50 millions pour des gens qui n'en valaient pas la peine pendant les deux dernières mandatures."

Un autre aimable salut rétrospectif à Robert Escarpit qui avait tout prévu, il y a un demi siècle,  avec son  Litteratron.  On se rappelle que cet ancêtre de la communication politique assistée par ordinateur avait déterminé qu'il suffisait pour entrer en résonnance avec l'électeur de répéter les phrases suivantes :

«La politique, plus ça change, et plus c'est la même chose. C'est tout copain, fripouille et compagnie. Les plus intelligents, c'est bien les plus bêtes. Les petits trinquent et les gros échappent. Si on en pendait quelques-uns, ça irait mieux...».

L'ennui c'est que le Litteratron avait raison !

BCE : le mille-feuilles après le champagne !

La BCE, comme organe administratif, est la grande gagnante de la crise.  

Son bilan a enflé dans des proportions inespérées, et avec lui, les recettes qui n’ont jamais été aussi hautes.  Champagne !

Surtout, la crise a servi de levier à une extension des pouvoirs de la BCE qui est désormais chargée de la surveillance des banques systémiques.  Ce travail était fait au sein des banques centrales nationales. Des effectifs lui étaient consacrés. La BCE, comme toutes les instances de niveau supérieur, n’a que faire de ces vieilles structures. Elle recrute donc des superviseurs. Par centaines. Probablement plus de deux mille. Avec un statut spécifique et une rémunération plutôt conséquente. Il n’est évidemment pas question de réduire brutalement les effectifs des banques centrales nationales. Mille feuilles !

Au même moment où l’on s’indigne des groupements de communes qui créent des structures supplémentaires sans réduire les structures antérieures et de l’empilement des fonctions identiques à de multiples  échelons administratifs, le mécanisme natif du mille feuilles s’étale à l’échelon européen sans aucune vergogne.

La crise ? Connait pas ! Des postes ! Des responsabilités arrachées aux nations ! De magnifiques rémunérations !

Une entreprise de 2.000 personnes dans le secteur commercial devrait avoir un chiffre d’affaire de 400.000.000 d’euros pour survivre. Elle produirait une TVA de 80.000.000 d’Euros et paierait quelques  milliers d’impôts divers autres.   C’est le montant du manque à gagner pour les nations de cette création bureaucratique supplémentaire.

Personne n’a jamais expliqué en quoi la supervision serait meilleure du seul fait de passer à l’échelon fédéral.

La ville d’accueil de la BCE va bénéficier de l’apport de ces centaines de cadres supérieurs de plus. Il fallait certainement que les pays du « Club Med »  subventionnent Francfort !

Mauvais esprit, diront certains : La BCE va doubler de taille mais vous pouvez être sûr que les banques centrales nationales vont réduire leurs effectifs de moitié !

On parie ?

L'Euro et le déficit d'organisation de l'Euroland

Les élections européennes vont remettre sur le devant de la scène la question de l'Euro. Le débat portera sur "oui à l'Euro", "non à l'euro".

L'Euro n’est pas actuellement menacé s'il l'a jamais été, et, en vérité, la question ne se pose pas.

En revanche, le mode d'organisation de la zone Euro, si poétiquement appelé Euroland, est une des questions difficiles qui se pose avec acuité et urgence.

Comme tous les "soft powers", la gestion de la zone Euro s'est révélée extrêmement inefficace et lente lorsque la tempête a soufflé.

L'Europe de l'Euro s'est découverte sans moyens d'action, sauf à violer tous ses principes.

Comment gère-t-on une crise de surendettement qui provoque une chute de l'activité ? Les économistes étaient à peu près d'accord depuis 1929 qu'il fallait agir par la création monétaire à tout va, coordonnée avec une relance budgétaire.

Plus doucement, on ajoutait :

- un peu de dévaluation mais pas trop pour ne pas indisposer les copains

- par un peu d'inflation, mais trop, pour ne pas euthanasier les rentiers complètement

- par un grand emprunt, pour assécher les excès de liquidité et financer le plan de relance.

Qui gère le cours du change en Europe ? Ne répondez pas tous à la fois. Juridiquement c'est l'Eurogroupe. Si vous l'avez entendu s'exprimer sur la question, bravo ! Si vous avez compris de quels moyens il dispose pour agir, encore bravo ! Dans la pratique le levier du change a été abandonné par les nations et non repris à l'échelon européen. Il est vrai que la doctrine dominante veut que le change varie en fonction du marché. Rions ensemble mes bien chers frères ! F. Fillon rappelle à juste titre que Maastricht permet de faire des recommandations à la BCE. Mais que l'Allemagne ne voulant pas, cette arme a été abandonnée.

La BCE a comme rôle statutaire de lutter contre l'inflation. Pas plus de 2 %.

Les budgets sont contraints par les deux normes européennes : 60 % de dettes et 3 % d'impasse par rapport au PIB.

Pour la relance, chacun fait ce qu'il veut.

En un mot, le mode d'organisation de la zone Euro interdit tout moyen d'action "normal" en cas de crise. Il faut que chacun mange son chapeau et viole toutes les règles, pour réagir.

Comment s'étonner que la réponse ait été tardive, hésitante, mal centrée et finalement désastreuse, plusieurs pays étant envoyés goûter l'enfer économique d'une dépression extravagante, avec quasi-liquidation de la classe moyenne.

L'ennui du viol de ses principes, c'est qu'il donne mauvaise conscience. Il faut tôt ou tard revenir à la norme. Le traité Merkozy est là pour cela. C'est bien par la dépression sélective à l'intérieur de la zone euro qu'on retrouvera les grands équilibres.

Pour la France les résultats sont cinglants :

- nous allons la queue basse devant les Commissaires faire valider notre plan de correction par la dépression.

- nous avons perdu toute autonomie et tout pouvoir sur les flux de populations, les flux commerciaux et les flux financiers.

- notre monnaie est grossièrement surévaluée par rapport à notre propre situation.

- nous allons vers les 100 % de dettes publiques par rapport au PIB

- les riches paient entre 80 et 1xx % d'impôts et ne songent plus qu'à partir en courant.

- la dépense publique et les prélèvements excèdent la production des entreprises de plus de une personne du secteur marchand privé.

- il nous manque entre 5 et 10 millions de salariés dans le secteur marchand.

- nous avons un mendiant devant chaque supérette et chaque boulangerie, en même temps que nos dispositifs d'accueils sont saturés de demandes impossibles à satisfaire.

- les vols explosent et la police est débordée.

- des milliers de bons Français vont faire le djihad et enlèvent d'autres Français contre rançon.

- la justice est en déshérence.

- l'enseignement national sombre.

- l'hôpital n'y arrive plus.

- notre armée fait rire même en Afrique pour des opérations humanitaires (l'affaire ukrainienne après la Syrie a montré notre totale impuissance en cas de conflits sérieux).

À chaque fois qu'on veut agir on tombe sur une impossibilité venant de l'Europe, soit pour des raisons de droit soit pour des raisons d'organisation. On dira : les Français sont capables de se suicider tout seuls. Les trente-cinq heures et les autres folies socialistes comme la retraite à 60 ans et le statut des intermittents du spectacle ou le "sociétalisme" délirant, ce n'est pas l'Europe mais bien le gouvernement choisi par les Français.

Ce que la crise a montré est qu'on ne peut pas conduire une politique par la norme. Ce concept est mort. Il faut, en matière économique, une action quotidienne et n'abandonner aucun levier de pouvoir. Il faut agir et réagir. Lorsqu'il n'y a ni cabine de pilotage, ni moteurs, ni gouvernes, ni pilote, ni plan de vol, il devient difficile d'atterrir en douceur en cas de crise et de redécoller avec énergie lors d'un nouveau départ.

La demande de "gouvernement économique" est générale, dès qu'on réfléchit à la manière dont la crise a été gérée. Giscard a proposé l'idée d'un Directoire. Fillon la reprend en la complétant d'un dispositif permettant d'assurer un correctif démocratique. Tout le monde sait bien que Mme Merkel, qui a imposé le resserrement des normes avec le traité Merkozy, n'en veut pas. La position de Mme Merkel est indéfendable. Elle traduit un mercantilisme hyper-nationaliste à la tudesque en même temps qu'elle détruit l'idée même de zone Euro avec liberté totale des mouvements d'hommes, de marchandises et de capitaux.

Soyons clair : il est impossible d'accepter que la nation la plus grande d'un ensemble de monnaie unique gonfle indéfiniment un excédent commercial délirant vis-à-vis des autres. La conséquence est immédiate : la monnaie se retrouve dans les mains allemandes. Il faut alors les replacer. Mais où, sachant qu'on est déjà en excédent ? Dans des sottises. C'est l'argent capté par les Allemands qu'on retrouve dans toutes les opérations immobilières des pays du "club med", du Portugal à Ibiza, de l'Italie à la Grèce, mais aussi dans les subprimes américaines et les placements abusifs en Irlande ou en Islande. Ce sont toutes ces opérations qui se sont révélées en danger. Les différents plans dits de sauvetage ont été largement destinés à renflouer les projets d'investissements allemands en grand danger de tout perdre.

Une zone de monnaie unique sans organisation et uniquement gérée par la norme est une curiosité.

La constitution d'un gouvernement économique pose deux grandes questions :

- Doit-on l'envisager dans le cadre de la Commission ?

- Quel doit être son champ d'action ?

Mme Merkel ne veut entendre parler que de la Commission dont la supranationalité, l'alignement européen et la faiblesse lui conviennent. Des personnalités aussi appuyées que Barroso, Ashton et Van Rompuy, c'est elle.

Résumons : pas de gouvernement économique et si un croupion est mis en place, que ce soit via la Commission.

Nous sommes radicalement opposés à cette vision.

D'abord parce que les décisions à prendre sont si précises et lourdes pour les citoyens que le simulacre de démocratie qu'est l'appareillage de l'UE ne convient pas.

D'autre part, l'UE n'est pas la zone Euro. Il n'y a strictement aucune raison pour que des pays qui ne participent pas jouent un rôle dans la gestion de l'Euro.

Notre préférence va à un Chancelier de la zone Euro qui aura pour fonction de piloter les changes et la politique monétaire , en liaison avec la BCE, dont l'objet sera modifié pour intégrer le plein-emploi et la croissance, de contrôler les compatibilités budgétaires et de vérifier la compatibilité des politiques sectorielles afin d'éviter les divergences de trajectoire.

Nous souhaitons lui associer trois comités ad hoc, avec les représentants gouvernementaux des pays concernés, et une chambre consultative restreinte avec des délégués des différents parlements nationaux.

La mission exécutive de ce Chancelier sera d'abord de gérer le change et de promouvoir un système de changes fixes et ajustables comme système monétaire international. Il définira la politique monétaire en liaison avec la BCE. L'indépendance de la BCE sera garantie, mais comme aux Etats-Unis et partout ailleurs la politique générale viendra des Etats. On peut également confier au Chancelier la gestion des mécanismes de solidarités financières et la résorption de la dette.

Pour le reste, il n'a qu'un pouvoir de suggestion avec droit de veto contre des mesures qu'il estime dangereuses. Il peut dire non par exemple à, un déficit budgétaire extravagant ou une mesure comme la réduction du temps de travail, si elle n'est pas prise par tout le reste de la zone. Etc.

La structure n'a pas à être lourde. Nous suggérons qu'elle soit installée à Paris pour compenser le fait que le siège de la BCE soit en Allemagne.

On dira : il faut un traité, alors que l'idée du directoire n'en impose pas. On le fait et on agit dans le cadre des traités existants.

L'argument a du poids. Et il évite une dépossession trop apparente des Etats.

En fait, la discussion sur une organisation plus serrée de la zone Euro serait bénéfique. Au moins seraient posées les questions clé :

- Gère-t-on le change et comment et pourquoi ?

- Comment évite-t-on les divergences d'évolution entre les membres de la zone et les déséquilibres naissants ?

- Comment assure-t-on la convergence des économies autrement que par la déflation et la dépression ?

- Comment lutte-t-on contre la spéculation internationale ?

- Quelle vision et quelles propositions porte-t-on à l'échelon international ?

- Comment élimine-t-on le stock de dettes ?

Et au moins on aurait une chance que ces problèmes cruciaux soient, un jour, traités autrement que par l'horreur économique.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

L'Union Européenne et le déficit démocratique

La campagne pour les élections européennes a commencé par le torrent d'inepties habituel. Le Parlement Européen, depuis l'origine, pose une véritable difficulté. Les Français ne savent pas ce qu'il s'est passé lors des sessions de la législature qui s'achève. Posez la question, ou posez-vous la question ! Quels sont les votes importants de cette législature ? Étiez-vous d'accord ? Vous a-t-on consulté ? Y a-t-il eu des débats dans les médias ? Ajoutez la question : donnez cinq mesures phares prises par le Parlement. Le constat sera bref : personne ne sait en donner ne serait-ce qu'une seule.

On apprend, en général dix ans après, qu'une norme a été fixée et qu'il s'agit maintenant de la retranscrire dans le droit national, que la France traîne et que cette norme a causé ou va causer d'énormes dégâts. Nous avons donné sur le blog plusieurs exemples de cette manière de faire. L'affaire la plus caricaturale concernait le "cul-de-poule". Une charte du cul-de-poule et du citoyen a été votée à la fin du siècle dernier. Elle impose d'élargir les cages de 10 cm au droit du cul de la poule. L'ennui : il faut changer des millions de cages à poules et les bâtiments qui les abritent et qui sont au modulo ancien des cages. Résultat : abandon de la production par des milliers de producteurs en Europe. Pénurie de jaune d'œuf pour les industries agroalimentaires. Licenciement de plus de 5 000 personnes à travers l'Europe, avec plusieurs grosses faillites de transformateurs. Recours massif à l'importation d'œufs produits en dehors de toutes normes. Aggravation du chômage et des déficits. La totale !

Sur un plan politique, les décisions sont également quasi secrètes. On apprend par exemple que le Parlement Européen a jugé qu'il ne fallait pas déclarer génocide l'élimination de 3 à 5 millions d'Ukrainiens au début des années trente au nom du "grand tournant" vers le "socialisme réalisé" par le "génial Staline". Ajoutez la famine qui avait fait 3 500 000 morts lors de la guerre civile provoquée par la révolution d'octobre et la famine de 1947, mélangez avec la centaine de milliers d'exécutions sommaires et des millions de déportations en Sibérie et on comprend aussitôt pourquoi les Ukrainiens de souche ont développé une haine de la Russie dont on voit les résultats tous les jours. Si l'URSS avait été déclarée puissance génocidaire, Poutine l'aurait moins facile. Quel français est au courant de la lâcheté générale du Parlement Européen ? Où le débat a-t-il eu lieu ? L'Europe avait bonne mine d'envoyer Mme Ashton à Kiev.

Que ce soit pour l'essentiel ou pour le dérisoire, le Parlement Européen donne du corps à la notion de démocratie purement formelle, déguisée en "soft democraty, soft power et soft diplomacy" par la grâce du frenglish.

Personne ne sait quel est "son" député européen. Au sein des états-majors des partis, comme dans toutes les élections à la proportionnelle, la sélection des candidats se fait exclusivement sur des jeux de pouvoirs et d'amitiés entre apparatchiks. On choisit ou "le plus européen", façon Lamassoure ou Moscovici, ou celui qui a besoin d'argent et qui a été recalé au suffrage universel national, quand il a réussi à garder des amitiés dans le parti. Les exemples sont dans la presse tous les jours. N'insistons pas.

Plus curieux encore, les députés sont élus sur des listes nationales qui disparaissent dans d'autres formations à l'échelon européen. Reposez la question : quels sont les groupes au PE ? Citez en trois. Et vous constaterez les dégâts.

Au total l'électeur vote pour des candidats d'appareil, qui n'ont pas de bilan passé ni de programme explicite pour l'avenir, mais seulement une étiquette. On choisit une "identité", une "couleur". À charge pour la combinaison des couleurs représentée au Parlement de se mettre d'accord sur quelque chose. Quelque chose, mais quoi ?

À la limite, tant qu'il s'agit de fixer des normes dans des domaines où l'unification européenne aurait un sens, un système de sélection d'étiquettes, avec un esprit de conciliation pro européenne, peut s'envisager. Mais voilà : tout le monde en a ras le bol des normes qui finissent par coûter cher en emploi et en dépenses et, pire encore, l'idée que la subsidiarité est indispensable a fini par l'emporter.

Il est vrai qu'employer des fonctionnaires pour définir un horodateur "européen" de couleur bleue normalisée est d'un ridicule achevé.

Si on s'en tient à la montagne de textes votés par le PE, environ 98 % d'entre eux devraient être écartés au titre de la subsidiarité. Et si on freine sur les normes, à quoi sert tout cet appareillage ?

Alors la tentation est d'accroître le rôle "politique" du PE. Une Quatrième République avec crise ministérielle périodique, voilà ce qui remettrait un peu de lustre dans la communication. Donc on a accordé au Parlement un rôle dans le choix des Commissaires européens et il peut renverser la Commission. On choisira le président de la Commission par accord des gouvernements mais en fonction des majorités parlementaires.

Les Européistes font le forcing pour que le président de l'Union (le charismatique Van Rompuy est cet homme actuellement) soit aussi le président de la Commission et que le tout soit désigné par la majorité parlementaire. Bien sûr on est en contradiction avec ceux qui veulent une élection au suffrage universel du Président.

Les dirigeants de chaque Etat ne seraient rien à côté de cette nouvelle puissance, adoubée par une majorité parlementaire ou par le suffrage universel.

Et quel serait le champ du pouvoir de cet homme fort ? La seule politique commune est la PAC qui a été démantelée. Le reste est de la gestion de normes, principalement environnementales, et du grignotage de pouvoir réglementaire au-delà du champ des traités. La codécision avec les gouvernements reste de règle. Il est vrai que les commissaires ayant seuls le pouvoir d'initiative, ils ont la capacité d'empêcher tout ce dont ils ne veulent pas et la capacité de faire passer à la longue tout ce qu'ils veulent. Ils sont aidés par la justice européenne qui pratiquement à chaque fois donne raison au fédéralisme contre les états. Une exception : l'aide alimentaire avec les excédents de la PAC. La charité est du domaine national qu'on se le dise !

Voter pour le PE est donc un exercice très spécial. Le thème et toujours le même depuis 20 ans : oui à l'Europe mais pas exactement celle qu'on connaît. Ou non à l'Europe, en tout cas celle qu'on connait. Jamais la moindre discussion de programme. Regardez ma belle étiquette : je suis de gôche et vous aurez avec moi une Europe sociale ; je suis encore plus de gôche et dites avec moi "non à l'austérité" ; je suis centriste, chrétien, fédérolâtre et le mieux disant européen ; je suis gaulliste souverainiste ; je suis à droite un "Européen mais" ; je suis de droite et européen sans mais ; je suis d'extrême droite et j'en ai marre des normes, de l'Euro et des immigrés. On ne garde pas les sortants parce qu'il faut bien faire tourner les cadres du parti dans le fromage. Et l'on s'ennuie à Bruxelles-Strasbourg. Demandez à Rachida ! Les journaux français n'évoquent JAMAIS ce qui se passe dans les enceintes européennes. On vous oublie sauf lorsque vous faites (un peu) scandale.

Au total la tendance identitaire nationale sera noyée dans une couleur européenne indéfinissable car les milles nuances d'étiquettes ne se recoupent pas d'un pays à l'autre. On aura choisi en fonction de dégoûts nationaux un vague ragoût international.

Et qu'est-ce que tout ce petit monde va bien pouvoir faire dans les années du mandat ? On ne peut pas vous le dire, Messieurs Dames, puisque les textes qui viendront à notre vue sont décidés par la Commission et plus ou moins avalisés par les Etats. On ne sait pas ce qu'on va nous présenter. Donc on ne sait pas ce qu'on va voter. Mais faites confiance aux étiquettes choisies. Elles réagiront en fonction de leur sensibilité et ce sera super-démocratique.

On va donc très naturellement en France vers un vote pour ou contre l'Euro, pour ou contre l'austérité, pour ou contre Hollande, avec une abstention record.

Déjà, on sait que le futur président de la Commission ne sera pas français. Si on a un papa Shulz, socialiste à l'allemande, les Français, qui majoritairement vomissent le PS, l'auront drôle, même si un socialiste allemand est plutôt à l'extrême droite par rapport à un Juppé. Si c'est un centriste fédéraliste comme Verhofstadt, ils constateront que le centrisme n'est rien en France mais tout en Europe, toujours sans comprendre ce que le terme veut bien dire. Si c'est le luxembourgeois Juncker, ils verront que celui qui présidait l'Eurogroupe avec l'efficacité et la visibilité que l'on sait (ou qu'on ne sait pas, c'est pareil en Europe) pendant la crise, est devenu le président du plus grand espace démocratique mondial alors qu'il a échoué à conserver un poste dans le plus petit pays de l'Union.

Bref, on sait qu'on aura un président de la Commission qui, comme le précédent, ne correspondra à rien de bien net, et une majorité parlementaire pas plus nette, pour voter des textes qu'on ne connaît pas.

Doit-on s'étonner si l'abstention monte à 40 ou 50 % ?

La question de la démocratie se pose en Europe.

L'exonération de charges : une fausse solution

Une fois de plus, on parle d'exonérer les "charges" sur les bas salaires. Cela fait des années que l'on considère que des exonérations de charges sont la panacée. Les candidats aux présidentielles avaient proposé d'exonérer les charges sur le premier recrutement supplémentaire fait par les PME, sur les jeunes, sur les vieux, sur les stagiaires, sur …

Nous avons toujours été très réservés sur le concept de charges, notamment sur celui de "charges patronales".  En maniant des concepts faux on ne produit que des politiques à courte vue.

Quelle est la vérité économique d'un salaire ? L'entreprise donne en contrepartie d'un travail de quoi vivre, faire face à certains accidents de la vie et partir à la retraite lorsqu'on ne peut plus travailler. Mieux la structure du bulletin de paie traduit cette réalité de base, mieux on peut raisonner et meilleures sont les décisions.

Dans la pratique, les syndicats patronaux et salariaux, aimablement poussés par les gouvernements, ont tout fait pour embrouiller la situation. On a multiplié les canaux de prélèvements et tordu les circuits pour que plus personne ne s'y retrouve.

En haut de bulletin, on doit faire figurer TOUS les revenus du salarié, salaire de base et prestations annexes.  Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Par exemple les tickets restaurants pour ne prendre que les petites choses ou les bénéfices d'un Comité d'entreprise pour prendre une affaire plus sérieuse sont absents.  Les avantages transports de la SNCF,  les réductions de factures électriques d'EDF, et tous les bénéfices annexes de ce type, doivent être pris en compte.

Si on supprime la notion de charges patronales, leur contre-valeur doit figurer en haut de bulletin.  

Cela fait des changements radicaux.

Les charges patronales et salariales représentent à peu près 100% du salaire net. Cela veut dire que le salaire de base affiché sera, pour simplifier, deux fois plus importants que le salaire net actuel.

Si on ajoute la quote-part de subvention au CE, par exemple le 1% de la facture d'électricité des Français chez EDF, le salaire brut augmente encore plus sérieusement.

La physionomie du haut de bulletin change radicalement.

Par exemple le brut mensuel d'un smicard sera dans une PME autour de 2.500 Euros.

Un salarié d'EDF qui a un salaire de base de 3.000 euros se retrouvera autour de 5.800 avec intégration des charges patronales. Il faudra ajouter les avantages en nature.

Sous cette forme la vérité du bulletin et la comparabilité des situations sont assurées.

En matière de prélèvements, on ne doit faire figurer que les cotisations servant à assurer un revenu de compensation :

- retraite

- Indisponibilité au travail, en séparant l'absentéisme normal et le sur absentéisme  (par exemple plus de 3% du temps de travail)

- chômage

Comme on a supprimé la notion de charges patronales, c'est sur le brut salarial que toutes les cotisations vont être prélevées.

Si le temps moyen à la retraite est de 20 ans et le temps au travail de 40 ans, le taux de prélèvement, pour faire simple, doit être de 50%.

Si le temps de chômage moyen sur une vie doit être de deux ans, alors la cotisation doit être 2/40ème du salaire brut, soit 5% .

Si le temps moyen d'indisponibilité médicale doit être de 10% du temps théorique sur une vie de travail, alors les charges doivent être de 10%.

Tous ces ratios sont connus et faciles à calculer et à actualiser.

Cela fait un taux de charges d'environ 80%.

Le net imposable sera donc de 20% du salaire brut globalisé comme dit.

Appliquons ces règles à un salarié EDF

 

Salaire de base :            3.000+ anciennes charges patronales 4.800 = 7.800

CE (quote-part)  :            4.000

Avantages divers :           1.000

Salaire brut :                                                                                    12.800

Revenu retraite différé - 50% SB                             6.400

Revenu chômage éventuel 5%SB                               640

Revenu compensatoire

d'indisponibilité

                Maladie 10% SB                                       1.280

                Surabsentéisme                                           500

                Formation                                                   500

Sous total revenu socialisé                                         9.420

Salaire net  :                                                                                        3.480

Impôts précomptés

                - CSG 15% SN                    522

                - IR 20% SN                        696

                                                                                                                    

Salaire disponible                                                                                2.262

               

Bien noter qu'il n'y a plus de charges patronales(restituées au salarié) . Tout ce qui concerne le salarié est sur sa feuille de paie.

Le "sur-absentéisme" est la quote-part des frais subis par l'entreprise du fait d'un absentéisme supérieur aux 3% moyens, devenus légaux.  

Cette présentation, qui est le reflet de la situation actuelle mais reclassé montre qu'on aboutit à un salaire disponible qui est à moins de 20% du brut. Ce qui est la réalité actuelle : la seule différence est que beaucoup des prélèvements ne figurent pas sur le bulletin soit qu'elles soient prises directement dans le compte d'exploitation de l'entreprise ou payé par des salariés ne travaillant pas chez EDF, ou facturé au client d'EDF. Trois abus !  

On dira : c'est affreux. Vous avz vu le taux de charges. Mais oui c'est affreux. L'avantage de cette présentation est qu'elle permet au salarié de raisonner.

Pour retrouver du disponible, il peut :

- Renoncer à la quote-part CE. Il verra ses cotisations et ses impôts baisser à proportion.

- Renoncer au sur absentéisme et pousser ses collègues à être sérieux

- Renoncer à partir à la retraite trop tôt.

En militant pour une baisse des dépenses publiques et des diverses allocations abusives, il pourra obtenir une baisse éventuelle de la CSG et de la retenue à la source.

Dans notre présentation la CSG ne sert pas à couvrir tous les frais de sécurité sociale puisque la maladie PENDANT LA PERIODE DE TRAVAIL  est couverte par une cotisation spécifique. Elle couvre le risque maternité, le risque de maladie hors période de travail, etc. C'est une dépense de solidarité.

Les salariés d'EDF deviennent une force militante pour des actions socialement utiles. Une nouveauté. On a pris EDF on aurait pu choisir la Sncf etc.

Pour un smicard de PME, le bulletin prend à peu près la figure suivante

Salaire de base :              1.550+ anciennes charges patronales hors exonération 1550 = 3.100

Avantages divers (tickets restaurants)                 500

Salaire brut :                                                                                    3.600

Revenu retraite différé -  50%SB                             1.800

Revenu chômage éventuel 5% SB                               180

Revenu compensatoire

d'indisponibilité

                Maladie 10%SB                                           360

                Surabsentéisme                                           100

                Formation                                                    100

 

Sous total revenu socialisé                                         2.540

Salaire net  :                                                                                     1.060

Impôts précomptés

                - CSG 15% x .SN                                         159

Salaire disponible                                                                                  901

 

On note qu'il n'y a pas d'impôts sur le revenu dans ce cas. Le net n'est que 25% du brut, ce qui correspond à la réalité une fois que tous les prélèvements sont ramenés au même endroit.

Là aussi, le salarié est mis en mesure de raisonner. S'il veut augmenter son net, il peut facilement mesurer l'impact de l'action sur les différents postes.

À lui et son syndicat de savoir s'il veut une retraite plus longue, se livrer aux joies de l'absentéisme militant, financer la solidarité via la CSG, se mettre au chômage de longue durée etc.

Il devient plus facile de déterminer qu'elles doivent être les revenus du non-travail au-delà des garanties moyennes assurées, si on veut maintenir la volonté de travailler.  Les diverses allocations ne peuvent guère aller au-delà de 60% du net smicard, soit au mieux 500 Euros. Actuellement on sait que le cumul des différents avantages fait qu'un RSiste est plus proche de 1.000 euros nets par mois d'équivalents revenus  que de 500

Autre avantage de cette présentation, on peut mesurer l'impact des mesures nationales. Supprimer ou réduire les charges sociales sur tout ou partie du salaire devient une notion absurde. Cela revient à écarter de la vue des parties prenantes des dépenses réelles qui correspondent à des nécessités et qui doivent bien être associées à l'emploi.  Du coup plus personne ne raisonne bien.  Ce n'est pas à l'impôt de payer le chômage ou la maladie ou la retraite des gens en possibilité de travail : l'assurance doit suffire.  

La montée du salaire net ne peut se faire qu'en permettant la croissance qui hausse le revenu salarial brut  ou en réduisant les dépenses socialisées en travaillant plus longtemps ou en réduisant le coût de gestion des prestations socialisées.

La compétitivité est fonction du salaire brut. Pas des charges qui en sont déduites. Dans la zone euro la comparaison des salaires bruts sera plus facile à faire s'ils sont complets.  Il appartient aux entreprises de savoir jusqu'où elles peuvent aller en matière de salaire brut, pas à l'Etat.

Les salaires minimaux doivent être définis en brut. On voit qu'avec un SMIC à 3.600 on est assez haut en France. Et qu'il ne donne que 900 euros nets disponibles.

Ces présentations éviteraient les sottises et les démagogies. On s'apercevrait que les salaires bruts sont trop hauts en France relativement à nos voisins, que la non-activité est top longue sur une vie entière,  que l'absentéisme est excessif, que les avantages hors salaires de base dans les entreprises publiques sont extravagants, etc.  Bien entendu le bulletin de salaire des fonctionnaires des différentes catégories  aurait exactement la même structure.  On constaterait alors les distorsions. Le budget de l'Etat devrait s'ajuster aux nouvelles réalités et faire apparaître la vraie valeur des bruts versés (à l'heure actuelle l'équivalent des charges patronales n'apparait pas).

Tout le monde serait à égalité avec des règles identiques pour le revenu brut et pour les salaires différés, ce qui paraît normal.

Plus personne ne prétendrait "supprimer" des cotisations sociales qui ne sont quez des revenus différés pour ceux qui paient les cotisations ou actuels pour ceux qui sont dans les cas qu'elles financent.

Chacun serait devant ses responsabilités. Et serait obligé de raisonner correctement.

Ah oui : on aurait fait disparaître la fiction de la cogestion patron-syndicat.  À partir du moment où les prélèvements sont des cotisations  assurancielles ou des impôts retenus à la source, leur gestion n'a pas à être prise en charge par les patrons. Ils ne doivent voir que le salaire brut et trouver le moyen d'employer le maximum de personne à ce coût.

Le reste est l'affaire des salariés qui doivent devenir sociétaires des organismes chargés de gérer les revenus assurantiels, sous la supervision de l'état.  Les syndicats patronaux et salariaux ne doivent travailler que sur les conditions de travail et le salaire brut. Pour le reste leur avis ne doit être que consultatif.  À terme les sociétaires devraient même avoir la possibilité de choisir leurs organismes afin de permettre une concurrence sur les frais de gestion.

On notera qu'on ne fait plus aucune différence entre cadre et non cadre.  Cette distinction n'a plus de sens aujourd'hui.  On laissera simplement aux personnes concernées le choix de sa formule de retraite et de garantie salariale en cas de maladie.  

Résumons : le salaire brut doit être le salaire brut total. Les cotisations doivent être réalistes et ne concerner que les aspects assurantiels mais tous les aspects assurantiels liés à l'emploi. La hausse du net disponible ne doit être liée qu'à des mesures précises portant sur le brut si la compétitivité le permet et l'organisation de la couverture des revenus d'inactivité.

Si ces mesures étaient aujourd'hui en place on constaterait :

- que le déficit de l'Etat est beaucoup plus important qu'on l'affiche (il faudrait qu'il intègre l'équivalent des charges patronales et des surcoûts d'absentéisme de ses salariés, et qu'il reprenne à son compte des charges qui ne figurent pas sur le bulletin). On ne serait pas à 4.3% d'impasse par rapport au PIB ! Une fiction totalement poétique…

- que les salaires bruts recalculés sont trop hauts en France par rapport à nos concurrents de niveau comparable. Notamment le SMIC brut est déraisonnable.

- qu'on a poussé beaucoup trop loin la couverture de la non-activité pour les salariés

- qu'on a poussé beaucoup trop loin la couverture de la non-activité pour les gens qui ne travaillent pas ou occasionnellement.

- qu'il y a un écart de salaire brut vertigineux entre le salarié de PME et celui des entreprises de type EDF ou SNCF, ainsi que de toutes les entreprises à CE.

Le plan de redressement prendrait du coup une allure totalement différente.

La réduction du champ de l'action budgétaire  serait autrement plus drastique. On ne peut plus avoir un Etat qui prend l'équivalent de la totalité de la valeur ajoutée des entreprises de plus de 1 personne du secteur marchand non financier !

Les salariés seraient obligés de faire des choix. Plus d'absentéisme ou moins ; plus de retraite ou moins ; plus de revenus indirects genre CE ou moins ; plus de temps de travail ou moins. Ce serait leurs choix, pas ceux de l'Etat.

En un mot on verrait clair et les responsabilités seraient prises par les payeurs.

C'est tout de même au salarié de décider s'il veut que l'on prélève 70% de son vrai brut  et c'est au citoyen de dire clairement s'il accepte que toute la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand non financier passe en dépense publique.

La discussion avec l'employeur ne doit porter que sur le salaire brut et les conditions de travail.

Faire de la lumière et non de la chaleur, voilà le but. Et le moyen.  Actuellement le langage est tellement codé et faux que tout ce qui est dit n'a pas de sens.

PS : les calculs ont été faits très vite. Que ceux qui ont le temps les corrigent éventuellement. Cela changera les paroles mais pas l'air de la chanson.

   

Mario Draghi et le cours de l'Euro

On connait la ritournelle qui prévaut dans les milieux économiques internationaux, notamment anglo-saxon :  le change d'une monnaie ne doit dépendre que l'offre et de la demande sur un marché des changes le plus parfait possible. On doit donc laisser les marchés de capitaux à court terme aussi libres que possible pour que la vérité économique des cours apparaissent. Du coup l'optimisation des placements sera quasiment automatique. Les taux d'intérêt et les prix des produits seront véritables et correspondront  bien  à l'équilibre souhaitable. Les chocs extérieurs, seuls envisageables, seront gentiment absorbés.  Le bonheur !  

Les Etats doivent ôter leurs sales pattes des marchés monétaires et financiers pour éviter les distorsions.  Les banques centrales ne s'occupent légitimement  que d'une chose : éviter l'inflation. On aura alors une bonne monnaie permettant des calculs économiques justes.

Cette théorie est une farce. En quarante de ce système, les déficits et les excédents monstrueux n'ont cessé de fleurir, l'endettement mondial de grossir, les crises ont été constamment plus dures et la croissance plus basse.

 Les monnaies ont effectivement flotté mais sans autre raison que la force des spéculations les plus moutonnières ou les plus informatisées, les effets de la fixation des marchés par quelques intervenants importants, ou l'intervention des banques centrales. Les transactions proprement commerciales ne représentent pas 1/10.000e des flux et ne les orientent pas.

La peur y est un facteur décisif. Les paniques sur les monnaies sont une constante depuis 1971.

La théorie est donc fausse et les pratiques ne correspondent en rien à ce qu'elle stipule. Les Etats usent et abusent de manipulations monétaires : le Yuan, le Won, le Yen, le Dollar, la Livre britannique, le Franc Suisse ont tous des cours artificiels liés aux pratiques des gouvernements.

Jusqu'ici le seul bon élève était l'Euro et la BCE. Il fallait voir les contorsions de JC Trichet dès que la question du cours de l'Euro venait sur le tapis ! C'était d'un comique achevé.  La langue de bois était polie comme un miroir.

Après un nouvel épisode de crispations monétaires, avec de lourdes dévaluations dans de nombreuses nations émergentes,  après les Abenomics théorisant la dévaluation du Yen pour lutter contre la déflation, après les mille manipulations de cours  que l'on constatent depuis le 1er janvier sur des marchés affolés,  voici que Mario Draghi explique qu'il fera baisser le cours de l'Euro !

On ne peut que se féliciter que l'Euro ne soit plus ce ballon crevé dans lequel tous les autres donnaient des coups de pied.  Et ricaner de voir qu'il ne reste plus rien des justifications théoriques qui "fondent"  le système monétaire international, malgré des justifications alambiquées qui ne trompent personne et n'ont pour but  que de faire révérence aux principes que l'on viole.  .

N'est-il pas temps de constater qu'une théorie constamment prise en défaut est fausse ?  Le marché libre et pur permettant en concurrence parfaite de déterminer le meilleur taux des devises n'existe pas, n'a jamais existé et n'existera jamais.

Si la théorie est fausse alors l'organisation monétaire internationale est également controuvée.

Plutôt que de violer au quotidien tous les principes affichés, il faudrait mieux réformer le système monétaire international.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Sociologie du nouveau gouvernement

Il est intéressant de voir qu'elle est  la formation des Ministres chargés de "redresser le pays" dans la situation périlleuse où il se trouve, après six ans de crise, et près de deux ans de sottises politiciennes  exacerbées.  

Le président et trois ministres sont des énarques : Hollande, Fabius, Royal et Sapin. Mme Philippetti est normalienne.

Tout le reste a fait de petites  études faciles (licence d'histoire, pour Valls, le Drian  et Hamon,  droit pour Belkacem, Paul Langevin, Pinel et Montebourg , sciences éco  pour le Foll, Taubira et Rebsamen, IEP Bordeaux pour Cazeneuve,  licence d'aménagement du territoire (?) pour Lebranchu).

Il est également intéressant de regarder leur carrière et en particulier s'ils ont contribué à la production . En un mot, ont-ils travaillé ?  La réponse est non. Aucun n'a jamais eu de postes dans le processus de production de richesses.

A quelques rares exceptions près où, un temps, souvent très court, ils ont exercé un métier, tous sont entrés pratiquement dès leur université dans le circuit politique et ils n'ont fait qu'une carrière d'apparatchik, d'abord à l'UNEF ou aux Cal  et  ensuite au PS, dans  des mairies de gauche ou dans les équipes ministérielles ou parlementaires.

Ce sont des politiciens purs et pour plus de la moitié d'entre eux, de très petit niveau intellectuel.  Le commentateur Zemmour remarque que le niveau est à peine au tiers de ce qu'on trouvait en 81. Il a raison.

Ceux de  ces Ostrogoths qui ont fait partie du Ministère Ayrault, petit prof d'allemand qui ne maîtrisait pas la langue et qui, lui aussi, n'avait fait qu'une carrière politicienne, avaient montré qu'ils étaient incapables de maîtriser leur administration, en général  assez méprisante pour qui ne leur impose pas, et n'avaient fait que compliquer et politiser de façon imbécile les textes dont ils s'étaient vus confier la charge.  La loi Duflot, une licenciée en géographie qui met le Japon dans l'hémisphère sud, et la loi Pinel sont exemplaires de cette débilité.  Le texte d'une extrême violence, quasi soviétique, pondu par Cazeneuve pour le rapatriement de l'argent conservé à l'étranger, ou les interventions de Belkacem, sont assez exemplaires d'un état d'esprit forgé dans les fumées des AG et de l'UNEF.

Fabius est un gosse de riche, intelligent, dandy, cynique et carriériste. Rebsamen est le  fils d'un" ex-agent de la Gestapo d'origine russe" (Wikipedia)  recyclé comme beaucoup par le trotskisme. Hollande est lui-même le fils d'un petit bourgeois d'extrême droite, défaut corrigé par une militance à l'UNEF communiste .  Michel Sapin est un fils de bourgeois recyclé par les CAL, les comités d'action lycéens. Valls et Belkacem sont d'origine étrangère et se sont francisés dans la militance à gauche, comme Hidalgo à Paris.

François Hollande a innové en inventant le "néo-népotisme pour toutes", en faisant monter Royal au gouvernement et Hidalgo à la Mairie de Paris. Avec Ségolène et le retour de "bobonne"  il tente de se faire pardonner l'affaire Trierweiler.

Aucun membre de cette équipe n'a jamais fait la moindre étincelle.

Hollande reste au plus bas dans les sondages pour des contorsions qui ne font plus rire personnes.

Cazeneuve a mis les Bonnets Rouges dans la rue et sur les bordures de routes à quatre voies. .

Pinel est  l'auteur(e) d'une loi débile.

Touraine a surtout montré qu'elle comprenait lentement et qu'elle n'aimait pas qu'on s'en aperçoive, se comportant alors en harpie bornée, là où il fallait des idées élevées, du courage et de la diplomatie.

Belkacem  a surtout montré un culot en béton armé de propagande débile pour des causes problématiques.

Sapin a enfourché la courbe du chômage avec le succès que l'on sait.

Lebranchu a expliqué aux fonctionnaires qu'on ne leur ferait aucun mal et leur a restitué le droit à des absences abusives payées par le contribuable.

Montebourg est un bavard théâtral.

Taubira est entre les mains de la Franc-maçonnerie et a milité longtemps contre la France. Les magistrats, même de gauche, n'en peuvent plus de son incompétence et de ses caprices.  Ses lois ont été et sont   plus que problématiques.

Hamon n'a rien fait sinon un texte bêtassin et sans importance.

Mme Filipetti n'a eu aucun courage face aux excès des "porteurs de grenades et de sébile". On ne voit guère ce qui plaide en sa faveur sinon d'être une ancienne ségoléniste, ce qui semble important pour le moment du côté du Président.

Manuel Valls est un communiquant.  Il a été un ministre de la parole plus que des actes et n'a rien pu faire contre la montée verticale de la délinquance.  Il a facilement le menton en avant comme Mussolini et une certaine violence ciblée. Il a été un Ministre de l'Intérieur partial et impuissant.  Avoir un style plus dynamique que celui, variante endive bouillie, de Ayrault, n'est tout de même pas un exploit.

En dehors de Fabius et Le Drian qui ont montré une certaine solidité ministérielle dans des postes régaliens, il est  exact de dire, sans vouloir être inutilement péjoratif, que l'équipe est assez en deçà du niveau nécessaire pour se colleter aux énormes difficultés du pays.  Une sorte de "nightmare team" en plain cauchemars économique et social national.  

Fabius n'a rien vu venir de la crise Ukrainienne. Le Drian gère une armée réduite aux bouts de ficelles.  Même les meilleurs de l'équipe actuelle ne sont tout de même pas brillantissimes.

Au total on ne voit aucune personnalité solide armée par une manipulation  prouvée et réussie  des grands leviers qui font bouger le monde.  L'aréopage choisie n'a pas de consistance sociale et aucune connaissance du monde du travail et de la réussite économique.

L'ancienne "énarchie compassionnelle" dirige. Mais elle est relayée par une couche sous-intellectuelle et sous-professionnelle d'apparatchiks qui savent ruser et survivre dans les arcanes du militantisme, mais guère plus.

Cette même couche se retrouve à l'Assemblée, composée à gauche d'activistes  et de militants de basse facture.

Il ne s'agit pas ici de snobisme méprisant pour  la valetaille politicienne issue du socialisme municipal. Juste d'une analyse  sociologique objective qui permet d'évaluer la capacité de l'équipe nouvelle à être à la hauteur des enjeux.  Cette France des petits bourgeois post- soixante-huitards,  marqués par un enseignement en déshérence  et des diplômes pseudo supérieurs,  accessibles à n'importe qui, on la retrouve dans l'administration et les entreprises où elle ne fait pas de merveilles.

En ce sens l'indigence du gouvernement nouveau est aussi l'image d'une France abîmée par la destruction de son instruction nationale et  l'incertain mais exalté  curetonisme gauchiste qui prévaut depuis 1968 à gauche et dans la frange urbaine  boboïsée de la population.

Le mélange d'incompétence, de militantisme partisan et  d'ambition cynique bornée par l'idéologie qui marque le parcours de nos nouveaux ministres peut-il donner de bons résultats ou va-t-il accuser la sortie de l'Histoire d'une France hexagonale en souffrance et  accro à la dépense publique hargneuse et délirante ?

En balayant le socialisme municipal, les Français ont montré qu'ils avaient compris le danger. Mais le gouvernement  nouveau ne fait droit en rien à leur message.  

Le nouveau gouvernement a commencé à s'écharper sur l'attribution du Commerce extérieur. On ne pouvait pas décemment laisser à un ministre de l'économie anti européen et anti libéral le soin de négocier en liaison avec la Commission un traité de libre échange avec les Etats-Unis. Surtout quand on sait que ce ministre de l'économie n'a aucune compétence économique et juste une "tchache" nationaliste.

Pourquoi  a-t-on déplacé ou éliminé les ministres chargés de trouver 50 milliards d'économies ?

Ce salmigondis politicien de bas niveau et illisible qu'est le gouvernement va-t-il être à la hauteur d'une remise en cause radicale de l'enfermement français dans la dépense publique et dans la répression des travailleurs, patrons et salariés réunis ?  

Où va-t-il être un vaisseau ivre, à la remorque du monde et de l'Europe,  ballotté par ses propres contradictions et miné par son tout petit niveau, comme on en a connu sous la Quatrième République, avec les conséquences que l'on a vues ?

Laissons-leur une chance.

Notons simplement que la France s'est drôlement amochée, et en profondeur,  dans les dernières décennies. Et qu'elle prend des risques en mettant à sa tête ce qu'il faut bien appeler, avec toute la bienveillance , la circonspection et le respect  nécessaires,  une bande de minables.  

Mauvaises nouvelles (suite)

4,3% de déficit public par rapport àun PIB qui comporte une grosse partie de la dépense publique.

93% de dettes publiques par rapport au PIB.

11% de taux de chômage.

Aucune perspective sérieuse de redressement.

Sept ans après le blocage du marché interbancaire.

La fiscalité excessive, le  "sociétalisme" agressif, et le discours méprisant contre des boucs-émissaires ont eu raison du "socialisme municipal". 

La fracture entre ceux qui paient et ceux qui reçoivent est devenue béante et publique,  créant des risques sociaux et politiques également béants.

Faire du tort aux Français, qui perdent revenu, emploi, espoir  et à la France qui ne tient aucun engagement et  s'efface dans la compétition mondiale, quel beau résultat !

La bataille se déplace vers l'Europe, le Traité, les trois libertés de circulation des capitaux, des personnes et des marchandises.

Personne ne regarde la vraie cause :

Sans retour vers un système monétaire international coopératif, à base de stabilité des changes , aucune solution n'est possible.

7 ans sans réflexion mais avec des réflexes politiciens minables.

Un désastre international, européen, français.

Un désastre intellectuel avant d'être économique et politique.

 

Prévoir les crises ou bâtir des scénarios ?

L’affaire est lancinante. La plupart des organismes officiels chargés de la prévision économique n’ont pas prévu la crise et ont même mis parfois du temps à reconnaître qu’elle existait : la notion de « trou d’air » n’est pas faite pour les chiens. 

Depuis la fameuse algarade lancée par la Reine d’Angleterre, nombreux sont les organismes ou les économistes qui se croient obligés d’aller de leur explication.

L’OCDE vient à son tour de faire son Mea Culpa Maxima, non pour la prévision de l’entrée de crise elle-même mais pour la suite des évènements, marquée  par une minoration de la prévision  des effets de la crise elle-même et une surestimation des possibilités de reprise.    

« Il a été extrêmement délicat de prévoir la chronologie, l’ampleur et les conséquences de la crise financière.  Parmi les difficultés spécifiques figuraient

 

-          L’identification des déséquilibres et autres phénomènes  non viables à l’entrée dans la crise,

-          La détermination du moment de leur résorption et des effets probables sur l’activité réelle.

 

Plusieurs éléments ont accentué ces difficultés :

 

-          L’interpénétration exceptionnellement rapide et profonde entre les sphères réelle et financière dans les différents pays,

-          La variabilité accrue de la croissance économique par rapport à la période antérieure à la crise, l’absence de données actualisées pour de nombreux facteurs financiers importants et la compréhension limitée des liens macro-financiers.

-          Tous ces éléments sont venus s’ajouter aux difficultés habituelles inhérentes à la formulation de prévisions autour des principaux points de retournement de l’activité économique ».

 

OECD (2014), “Prévisions de l’OCDE pendant et après la crise financière: un post mortem”,  Note de politique économique du département des affaires économiques de l'OCDE, No. 2, 3 février 2014.

 

 

En vérité l’OCDE, comme la plupart des institutions de prévisions, se sont trompés sur la sortie de crise pour les mêmes raisons qui expliquent qu’ils n’ont pas compris l’arrivée de la crise elle-même.

 

 

Prévoir l’arrivée de la crise n’était pas très difficile à condition d’avoir deux clés en main. La première est l’admission qu’il existe un cycle financier et bancaire quasi décennal ; la seconde qu’il est impossible de dépasser durablement un certain niveau d’endettement global. Une fois ces critères en tête, il était facile, comme nous l’avons fait, d’envisager une crise sévère en 2009-10 dès fin 2006, et dès le blocage du marché interbancaire en juillet 2007, de prévoir que la crise commencerait, plus tôt : nous avions écrit «  dès septembre 2008 ».

 

Avec un taux d’endettement global de plus de 400% pour l’ensemble des pays de l’OCDE et parfois de plus de 700%  et même de plus de 1000%, l’orage était inévitable. Un tel taux est parfaitement intenable. Il fallait simplement guetter les signes de l’explosion. On a su dès la fin 2006 que les prix de l’immobilier baissaient aux Etats-Unis une première depuis 1929, et que le marché hypothécaire, basé sur une hausse constante de ce prix allait être durement impacté. Dès l’été 2007 on pouvait constater que le marché interbancaire était arrêté. Les premières faillites bancaires ont commencé dès janvier 2008. Il ne fallait pas être grand clerc pour annoncer qu’une crise sévère allait frapper au plus tard en septembre 2008.

 

La vraie question devient : pourquoi les prévisionnistes officiels n’ont-ils pas eu ces réflexes et cette démarche ?

 

La réponse n’est pas non plus très compliquée.

 

-          La dette globale n’est pas un indicateur normalisé qui parait clairement avec toutes ses composantes dans les statistiques de base. Reconstituer la dette globale est un exercice difficile et le faire pour plusieurs états est encore plus redoutable. En France l’INSEE ne présente que des résultats partiels avec des échelles différentes. L’endettement des ménages sera rapporté au Revenu national. L’endettement de l’Etat au PIB. Celui de la banque centrale ne sera pas présenté du tout. Comment le rapporter au PIB national ?

 

-          Non seulement la dette globale n’est pas bien connue mais la théorie n’a pas donné d’outils pertinents pour en faire l’analyse. Quel niveau de dettes globales peut-on accepter ? Quelles sont les conséquences d’une dette globale trop haute ? La seule dette réellement analysée est la dette d’Etat. Pourtant il n’est pas indifférent de comprendre les effets d’une situation où la banque centrale possède une dette de 50% du PIB, le système financier à nouveau 50%, les ménages près de 100%, les entreprises 75%  et l’Etat près de 100%.

 

-          Il est de bon ton de nier l’existence du cycle décennal. Ce cycle existe depuis 200 ans et peut être décrit extrêmement facilement. Mais voilà : depuis le début des années 70, l’étude du cycle a disparu. Elle implique qu’il existe des facteurs endogènes, principalement dans le secteur financier, qui provoquent régulièrement des difficultés. On n’a voulu voir que des « chocs externes ». Imbibés du modèle walraso-parétien, les économistes en cour expliquaient comment, après un ébranlement extérieur, les choses revenaient miraculeusement à « l’équilibre » pourvu qu’on laisse libre cours aux forces du marché.

 

-          Le secteur financier et la banque sont des champs mal traités de la science économique. La plupart des économistes n’y comprennent exactement rien. La monnaie et notamment la monnaie internationale sont des mystères pour probablement 99% des économistes officiels qui ne savent même pas lire un bilan bancaire.  Les crises décennales se détectent d’abord dans les bilans bancaires qui ne sont qu’en apparence équilibrés. Bien sûr il y a toujours une créance en face d’une création de monnaie de banque. Mais que vaut-elle ?  Quand la valeur s’écarte d’un flux de trésorerie enraciné dans le PIB pour s’auto justifier par des anticipations de sur-valorisation d’actifs, on entre dans la fantasmagorie.  Le château de cartes devient de plus en plus branlant. L’économiste de base ne le voit pas et prend la carte branlante pour une brique solide.

 

-          Une des méthodes les plus sûres de ne pas comprendre le cycle est de s’asphyxier avec des constats idiots du genre : « Il y a eu 154 crises financières et boursières en 10 ans » ! Ce ne sont pas les aléas des bourses qui comptent mais le comportement global de l’économie. Le profil d’une crise décennal ne peut pas se manquer.

 

-          Le crédo en faveur des changes flottants, merveille des merveilles, et de la sagesse des marchés de capitaux flottants, interdit toute compréhension de la double pyramide des crédits mise en lumière par J. Rueff. Les flux sont bons et rationnels par nature et cette bonté ne peut être altérée que par de mauvais comportements.  Le FMI était organisé par pays. Les relations inter pays, notamment via la monnaie et les flux de capitaux, n’étaient tout simplement pas prises en compte car incompatibles avec l’organisation du travail des économistes de l’organisation de Washington.

 

Il est parfaitement normal qu’une crise décennale explicable par les désordres  monétaires internationaux  et l’enflure d’une dette croisée phénoménale, associés à des déficits et excédents eux-mêmes colossaux et jamais dénoncés, ne soit pas anticipée et comprise par des économistes qui ne croient pas au cycle et ne connaissent pas le monde bancaire.

 

C’est parce qu’ils n’ont rien compris aux causes de la crise que les experts de l’OCDE se sont si largement trompés sur l’évolution postérieure. Le crédit crunch international a été phénoménal. Le refinancement des banques entre elles s’est trouvé gelé. Le financement du commerce international s’est purement et simplement arrêté. Toutes les banques sont revenues à toutes jambes dans leur pré carré national. L’arrêt des financements et le blocage du commerce international n’ont pas été compris et leurs conséquences ont été minorées.  Les paniques successives n’ont certes pas rendu la prévision facile.  En considérant qu’il s’agissait d’une crise « comme les autres » qui se géreraient comme d’habitude avec des injections de monnaie et des déficits budgétaires, les experts n’ont pas vu la réelle nature de la crise.

 

Depuis 1974, on sait que les relances keynésiennes ne fonctionnent pas. Depuis les inondations Greenspan, on sait que juguler les crises par des émissions massives de liquidité ne fait qu’armer la prochaine crise. Tous les économistes officiels ont fait semblant de ne pas le voir.

 

Revenons sur l’auto diagnostic de l’OCDE.

 

 

-          « L’identification des déséquilibres et autres phénomènes  non viables à l’entrée dans la crise » a été défaillante ».

 

C’est de la langue de bois.  Un endettement global de 400% était clairement intenable. L’OCDE doit être plus explicite : pourquoi ne l’avoir pas compris et dénoncé ?  

 

 

-          « La détermination du moment de leur résorption et des effets probables sur l’activité réelle ».

 

L’arrêt du marché interbancaire signifiait une crise de liquidité phénoménale pour le système bancaire  en même temps qu’il annonçait un tout aussi phénoménal credit crunch. L’arrêt des crédits a une conséquence immédiate sur « l’économie réelle ».  

 

-           « L’interpénétration exceptionnellement rapide et profonde entre les sphères réelle et financière dans les différents pays »,

 

L’interpénétration est une constante depuis au moins 150 ans ! La réalité n’a pas foncièrement changée. Mais on ne voulait pas la voir, ce qui est bien différent.

 

-          « La variabilité accrue de la croissance économique par rapport à la période antérieure à la crise, l’absence de données actualisées pour de nombreux facteurs financiers importants et la compréhension limitée des liens macro-financiers ».

 

Phrase redondante vis-à-vis de la précédente. L’absence de compréhension des liens macro financiers se traduit en bon français par : « on ne connaissait pas l’économie de la monnaie que nous avons totalement sous estimée ».

 

-          Tous ces éléments sont venus s’ajouter aux difficultés habituelles inhérentes à la formulation de prévisions autour des principaux points de retournement de l’activité économique ».

 

Cette phrase est très discutable. Il est plus facile de repérer les changements de cap négatifs que quoi que ce soit d’autre. Nous-mêmes avons prévu sans difficultés les crises de 74, de 93, de 2001 et de 2008.  Pour cela il faut en guetter les signes en connaissant bien les causes du cycle décennal bancaire. 

 

Les méthodes et les modèles existants sont toujours des extrapolations de composantes majeures du PIB en partant pour l’essentiel du passé. On extrapole toujours une continuation jamais une rupture. La seule alerte valable aurait été de bien comprendre que les déficits et excédents massifs de balances extérieures  étaient condamnables « per se ». Du coup il fallait s’attaquer aux Etats-Unis. Qui aurait osé à l’OCDE ?

 

Quels conseils donner à l’OCDE ?

 

-          D’abord se doter des outils statistiques et intellectuels pour bien connaître la dette globale, son évolution et ses conséquences pratiques sur le cycle des affaires.

 

-          Ensuite réintégrer l’économie bancaire dans l’analyse de l’économie générale

 

 

-          Enfin faire justice des erreurs d’organisation : l’organisation des changes internationaux est un non sens économique dangereux, comme l’est l’organisation de la zone euro.

 

On ne peut pas être bon  prévisionniste si on n’est pas d’abord un économiste généraliste compétent.

 

La crise actuelle est d’abord une crise de l’intelligence. JP Robin dans le Figaro a ajouté quelques commentaires sur :

 

-          Le grégarisme des experts.

 

Pour m’être personnellement brouillé avec B. De Jouvenel parce que je contestais la méthode Delphi d’anticipation du futur par accord des experts, je ne doute pas que le grégarisme soit un défaut. Mais le grégarisme n’est pas la cause des erreurs. C’est l’ignorance et la méconnaissance qui sont ennuyeuses et qui doivent être corrigées.  On peut faire des diagnostics généralement partagés et justes !

 

-          Rôle des « cygnes noirs »

 

Il y a toujours eu des ignorants pour prétendre que le chaos règne et que les équations de Schrödinger seraient sans doute très utiles pour faire face aux situations détestables que nous vivons. La crise que nous connaissons serait en fait le fruit d’une « vague scélérate » imprévisible qui aurait tout balayé à l’improviste. Les faits explicatifs sont tellement évidents, patents, répétitifs et sans ambigüité que l’on préférerait que l’esprit s’attarde à l’examen des mécanismes simples avant d’aller chercher des aléas tarabiscotés comme facteur explicatif. 

 

 

-          L’imprévisibilité des politiques publiques. 

Dans un mode d’organisation  économique où les Etats capturent l’essentiel du PIB,  et concentre via la banque centrale, le budget et les actions sectorielles tous les moyens de la conjoncture,  ce qu’ils vont faire ou ne pas faire compte évidemment beaucoup.  Du coup ce n’est plus la prévision qui compte mais le scénario.

Là on touche l’essentiel. Le but de l’OCDE n’est pas de faire de la prévision mais de proposer des scénarios qui permettent d’éviter les conséquences d’erreurs d’organisation ou de politique. L’économiste ne peut pas ne pas être normatif. Prévoir pour prévoir n’a pas de sens pratique et n’a exactement servi à rien.

L’OCDE doit devenir un lieu d’intelligence économique, pas nécessairement de prévision.

Comme je l’ai dit lors d’une de mes conférences chez nos amis anglos-saxons il y a quelques années : « rebrain not retrain ». Le désastre ne servira à quelque chose que si on passe à niveau supérieur d’analyse et de connaissance. Les améliorations cosmétiques des méthodes de prévision n’ont aucune importance.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile

Sexe des anges bancaires européens et risques systèmiques

La zone Euro a unifié la création de la monnaie "banque centrale"  de ses membres. La crise financière a conduit a l'idée en apparence rationelle  d'une unification de la supervision de la création de la monnaie de crédit, qui est, en valeur, infiniment plus importante. On parle donc d'Union Bancaire Européenne, avec une supervision centralisée à la BCE et un mécanisme de résolution des difficultés bancaires.

La gestion de tous les types de  monnaies serait donc totalement fédérale.

A l'occasion de cet effort fédéraliste, conduit totalement à l'abri du regard des peuples, une idée a surgi : les banques doivent financer elles-mêmes la survie du système bancaire en crachant régulièrement  une forme de prime d'assurance tout en sachant que ce sont les actionnaires, les prêteurs obligataires et une partie des avoirs déposés qui seront impactés en cas de faillite.

On souhaite abonder un fonds de 50 Milliards d'euros à terme pour compléter le dispositif.

La bataille, essentialiste et non technique, oppose actuellement les Etats, et notamment l'Allemagne, qui souhaitent conserver un oeil sur l'avenir de ses banques et ne pas tout laisser à la BCE, sachant qu'in fine c'est le contribuable  qui servira  de financier de dernier ressort pour le système bancaire européen dans son ensemble, et les européistes qui veulent immédiatement un système totalement fédéral et mutualisé.

En un mot le Parlement crie "l'Europe, l'Europe, l'Europe" comme un cabri et comme un seul homme, alors que le Conseil est sur une ligne plus réaliste, compte tenu des enjeux.

Gardons quelques ordres de grandeur en tête :

- Le fonds de garantie vise à récolter ( à terme !)  50 milliards d'Euros.

- Les fonds d'Etat mobilisés depuis 2007 pour sauver le système bancaire européen : 1.600 milliards d'Euros.

- Sauver le système financier (banques, assurances, etc.) a mobilisé près de 15% du PIB européen et 20% du PIB marchand. 

- Essayer de mettre fin aux conséquences de la crise de la dette  aura mobilisé en pertes cumulées pour les ménages et les entreprises, sur la période 2007-2017, probablement l'équivalent global d'une année de PIB. 

Ce qui veut dire que tout ce qui se discute en ce moment et qui mobilise les idéologues, n'a strictement aucun sens pratique et porte un risque systèmique colossal.

Croire qu'avec le dispositif en cours de discussion on pourra réellement éliminer pour les Etats le soucis du système bancaire et d'un éventuel nouveau sauvetage est un énorme leurre. Croire que ce dispositif apporte une solution pérenne est une idiotie.

On l'a bien vu : la source de la difficulté n'est pas dans la banque mais dans un système global qui provoque mécaniquement un accroissement irresponsable de la dette. Ce sont les défauts cumulés d'un système monétaire mondial trop souple, basé sur les changes flottants et les marchés, sans contrôle des déficits et des excédents monstrueux de balances de paiement, et d'un système trop rigide en Europe qui ne permet pas les ajustements interétatiques dans la zone Euro, qui posent problème.

Ces deux causes majeures ne sont pas traitées. Et on croit que les mesures envisagées sont à la hauteur des risques ?

Les pertes  mondiales  associées à l'effondrement da la pyramide de crédits dégagés de tout rapport avec la production ont excédé 10.000 milliards de dollars.  Ce qui veut dire que tout le système bancaire a été et reste en faillite virtuelle. On évite par des procédés d'urgence que cette faillite soit actée. Mais le sousjacent est malheureusement fort clair. 

Les risques associés à une nouvelle crise sont de même ampleur voire plus élevés.On a vu que les mécanismes d'assurances crédit mis en place, notamment les CDS,  concentraient les risques chez les gros assureurs et les fonds de pension. Ce n'est pas la petite prime de risque envisagée, d'un niveau ridicule par rapport aux échelles de pertes potentielles, qui aura la moindre importance.

En revanche revenir sur la doctrine qui a été la base du FDIC aux Etats-Unis, à savoir que l'effondrement successif des banques est automatique si on ne garantit pas les dépôts, est extrêmement dangereux.

Considérons bien la situation :

- on ne traite pas les causes de la crise

- on met en place un cautère pour jambe de bois

- on supprime le traitement  qui avait montré son efficacité.

En revanche on s'affronte sur le sexe des anges européens, entre Etats qui savent bien qu'au final ce sont les contribuables qui seront sollicités, notamment dans les grands pays, et européistes à tout crin  qui veulent profiter de la crise pour créer un "fait accompli fédéral".

Cela rappelle facheusement tout le débat sur Maastricht. Pas une réflexion sur la manière dont une zone de monnaie unique peut créer des dangers supplémentaires et notamment comment on règle la question du change extérieur et des déséquilibres intérieurs. En revanche on livre farouchement une bataille essentialiste entre souverainistes et fédéralistes.

Naturellement, pas un vrai débat technique dans les média. Il ne faut pas ennuyer l'auditeur.

Disons le clairement : tout ce qui concerne l'Union Bancaire Européenne est pour le moment une énorme farce mais avec bombes à retardement incorporées.

Le seul vrai débat qui compte est de savoir comment on peut éviter à l'avenir qu'on se retrouve avec la valeur d'un PIB compromise par des défauts majeurs d'organisation  des systèmes monétaires. Se concentrer sur l'amplificateur des crédits, les banques, ne suffit pas. Il faut s'attaquer aux sources d'émission primaire de la dette globale. Et on ne le fait pas. En revanche, on crée de nouveaux risques pour permettre un accord fédéraliste.

Tout faux.

Comme pour Maastricht, c'est 20 ans plus tard qu'on s'en rendra compte. 20  ans trop tard.

 

 

 Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Croissance, vous avez dit croissance ?

Article paru dans le Figaro du samedi 19 -Dimanche 20 juillet 2003.

TENTONS UNE CROISSANCE RAPIDE

par

Didier Dufau - Economiste

Une croissance de 3% sur le long terme est facile à obtenir. Les trente dernières années perçues  comme catastrophiques par rapport aux trente précédentes qualifiées de "glorieuses" le prouvent : la croissance a été de 2,9%.

Et si on cherchait à faire mieux ?  Par exemple 3,5% ? ce taux assure un doublement tous les vingt ans. 25 millions de personnes au travail produisent dix mille milliards de francs par an , soit quatre  cent mille Francs par tête. Pas mal. Mais dans vingt ans nous en produirions, au taux proposé, huit cent mille puis un million six cent mille , etc. De quoi soulager quelques misères.

Cette croissance un peu rapide impose de desserrer trois freins catastrophiques :

- l'accroissement mécanique du poids des prélèvements

- le désordre associé aux changes flottants

- l'étroitesse de la population active.

En matière d'impôts il existe des lois incontournables. la première dispose que lorsque l'impôt est progressif  la croissance provoque mécaniquement la hausse de la part de l'Etat dans l'économie. Ce phénomène et aggravé par la caractère cyclique de l'activité qui produit, dans la phase de haute conjoncture, des recettes fiscales en très forte augmentation, alors que, dans la phase  de récession, l'Etat  refuse de voir sa dépense diminuer et hausse les prélèvements, effet de cliquet très bien illustré par le traitement Juppé des effets de la crise de 1993. Le pire, c'est lorsqu'on crée des impôts nouveaux aussi en période de forte conjoncture. Pensons à la création  de la CSG et à la "réhabilitation de la dépense publique" par le gouvernement Rocard et aux "cagnottes" du gouvernement Jospin.

Le résultat aura été, en France, où l'impôt est globalement progressif  et l'énarchie puissante, une montée extravagante de la dépense publique  et des taux de prélèvements.  Certains diront : ce taux n'a jamais dépassé les 46%, ce n'est donc pas si grave. Là, il faut bien comprendre que la comptabilité nationale enregistre les coûts de l'Etat comme de la production. Voyonbs les conséquences sur un exemple. Robinson, seul sur son ile, puis de l'eau au puits  et cueille des noix aux cocotiers du coin. Admettons que cette production vaille 100. Un fonctionnaire armé débarque  et prend tout. La comptabilité nationale dira :

- production marchande = 100

- prestation de sécurité de l'Etat = 100 (coût du fonctionnaire)

- PIB = 200

- Taux de prélèvement égale 100/200 = 50%.

Seconde loi : quand l'Etat prend tout, le taux de prélèvement est de 50%.

Les Français sont soumis à des prélèvements confiscatoires. Les petits salaires sont l'occ&asion d'une ponction globale de 55 à 60%. Les revenus modestes, spoumis à l'impôt sur le revenu, de 60 à 70%. les hauts revenus de 70 à 85%.

Si l'ISF s'ajoute, on atteint facilement 90%  et pour quelques dizaines de milliers de personnes plus de 100%. On oblige donc les plus taxé à vendre leur patrimoine. A qui ? A l'étranger.D'où la troisième loi : lorsque l'impôt force à céder des biens , il n'y a pas de redistribution mais financement  de l'Etat par vente à l'étranger  du patrimoine national.

La capitalisation boursière est actuellement à près de 40% dans des mains non françaises et chacun sait que des pans entiers de notre immobilier sont en train d'être transférés à des non-résidents.

En trente ans les taux de prélèvements ont été portés au maximum  et ont fourni à l'Etat des ressources gigantesques immédiatement dépensées. Ce qui ne l'a pas empêché de faire passer l'endettement de 20 à 60% d'un PIB qui a presque doublé  pendant la période concernée.

Un complète folie.

L'Etat devra admettre de n'augmenter les recettes que proportionnellement à l'accroissement de la richesse des Français. Il doit jouer la carte d'une croissance forte  mais en compensant l'effet de la progressivité sur l'accroissement de son poids dans l'économie.

Sinon l'asphyxie de la croissance , déjà trop visible, sera consommée.

Le choix de J. Chirac tel qu'annoncé le 14 juillet de baisser les impôts  et de ne pas faire jouer l'effet de cliquet est historique en France. Il va dans le bon sens.

Autre cause d'inquiétude pour la croissance : les changes flottants. Depuis l'explosion du système de Bretton-Woods, charpente des fameuses "trente glorieuses", le taux de croissance diminue chaque décennie sous l'effet de désordres monétaires répétées. Faire passer les lourds convois du commerce international sur des passerelles monétaires en caoutchouc mou est absurde.

Agitées de soubresauts incontrôlables, amplifiant tous les déséquilibres, ces passerelles saugrenues  envoient au fond du précipice  des pans entiers de la croissance mondiale.

Toutes les crises des trente dernières années  sont associées à des variations brusques  du cours des monnaies principales.  La crise dite à tort "des pays émergents",  comme l'explosion du "currency board" argentin, ont une origine monétaire. L'énorme bulle financière qui s'est créée  à partir de 1999 et dont l'explosion  réveille le spectre  de 1929, est un effet direct des changes flottants qui ont auto-entretenu une folle spéculation sur le dollar, se surajoutant à un "exubérance boursière" déjà excessive.  Les déficits américains s'accumulent, financés par la création monétaire et les déplacements de capitaux irrationnels.  Ils représentent, pour les Etats-Unis, un "plan Marshall à l'envers" très lucratif. Les créanciers, eux, sont régulièrement ruinés, explication principale de la stagnation japonaise et de la langueur allemande.

Il n'y aura pas de retour à une croissance mondiale forte  sans réforme équilibrée du système monétaire international.  la France est en pointe vers une gouvernance mondiale équilibrée. Elle doit l'être aussi dans le domaine monétaire.

Reste le frein démographique. Alors qu'au sortir de la guerre, les idées dominantes, merci Alfred Sauvy, ont été productivistes et natalistes, les trente dernières années  ont vu le retour des pratiques malthusiennes. Immigration zéro, indifférence à la dénatalité, réduction du temps de travail, préférence pour l'emploi public, ont dominé les pratiques gouvernementales.

Dans la durée ce petit jeu a été incroyablement délétère.  L'emploi salarié dans le secteur marchand atteint à peine 16 millions de personnes pour une population supérieure à 60 millions. Avec le ratio des Etats-Unis  ou de la Grande Bretagne, on dépasserait les 25 millions ! Un manque à gagner de 10 millions d'emplois ! Notre moteur économique concurrentiel est certes performant mais il est devenu ridiculement petit.

Croire que le départ à la retraite des "baby boomers" fera diminuer le chômage  est une de ces illusions arithmétiques qui font le charme de l'ignorantisme malthusien.  La réduction de la population active  va exaspérer  la compétition entre secteur public  et privé pour des ressources  rares et encore réduire  la taille du moteur.

Il faudra pour échapper à cette fatalité non seulement prolonger la durée du travail  mais faire basculer une part importantes des effectifs publics  vers le secteur marchand.  On voit comme les esprits y sont préparés !  

La France se retrouve devant des choix décisifs. les erreurs des trente dernières années  ne lui sont plus permises. Pourquoi ne pas virer de bord avec résolution ?  Pourquoi ne pas choisir les disciplines et surtout les promesses d'une croissance rapide ? Pourquoi ne pas tomber amoureux d'un taux de croissance ? Par exemple 3,5%...

Il semble que sous l'impulsion du Président de la République un changement radical soit en train de se produire en ce sens. Dans cette conjoncture déprimée, c'est une excellente nouvelle."

 

 

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Commentaires, 11 ans plus tard…

 

L'article précédent a été écrit en juillet 2003, après la crise dite des NTIC,  alors que J. Chirac, réélu, voulait donner à son quinquennat une dimension nouvelle. Dans la pratique, le quinquennat Chirac sombrera dans la "défense des avantages acquis", pendant que Schröder, en Allemagne, prendra les mesures nécessaires pour remettre l'Allemagne en état de réussir dans la mondialisation. La dette et l'emploi public ne cesseront d'augmenter en France. La question du système monétaire international ne sera pas posée. Il n'y aura aucun desserrement de l'emprise malthusienne avec maintien des 35 heures et de la préférence pour l'emploi public, notamment dans les régions. Les socialistes s'empareront de près de 60% des mairies et de la quasi-totalité des gouvernements régionaux Les effectifs municipaux grimperont sans aucun contrôle en 14 ans de près de 800.000 !Nicolas Sarkozy proposera une rupture qu'il ne fera pas ou à moitié comme on voudra.

La crise, à connotation 1929, ne pourra pas être évitée.

Elle aboutira à de nouveaux blocages en France, à une hausse délirante des impôts, et finalement à un total revirement qui voit M. Hollande, comme M. Chirac, évoquer une accélération de la croissance grâce à un nouveau "pacte".

 

Nous sommes, mutatis mutandis,  dans une situation un peu comparable à celle qui nous avait conduit à proposer cet article au Figaro.  Le G.20 vient justement , à Sydney, de proposer une relance de 2% de plus du 1.5% du moment, soit une croissance de 3.5%, le même chiffre que nous avions proposé en 2003.

Si nous avions à réécrire l'article pour soutenir cette ambition, on ne voit pas vraiment ce qui serait à en retirer.

L'absence de toute référence à l'Euro dans l'article de 2003  peut surprendre. La raison en est simple. A cette date, la gestion de l'Euro était naissante et on annonçait un relâchement des contraintes qui avaient été nécessaires pour instaurer la monnaie unique. On discutait d'une gestion expansive de la zone euro et on annonçait une vision plus ouverte des contraintes du traité de Maastricht. La question de l'Euro, du coup, se ramenait plus globalement  à celle des changes et du "malthusianisme" ambiant, la rigueur excessive de la BCE pouvant s'analyser comme un malthusianisme , associé à la défense des petits vieux, assis sur leur épargne sacrée, dans une Europe très vieillissante, notamment en Allemagne et en Italie. 

 

Aujourd'hui nous affirmons qu'il n'y aura de sortie de crise durable que si été seulement si

- Mondialement, on réforme le système monétaire international,

- En Europe, on dote la zone Euro d'un pilote et d'une cabine de pilotage, avec un œil actif sur le cours du change

- En France, on casse la croissance hyperbolique de la dépense publique, de la dette et des prélèvements.  

Il est intéressant de mesurer les chances d'une reprise de la croissance à cette aune. 

 

De son côté quelles mesures proposent donc  le G.20 ?

 

1.  "Les pays membres du G20, qui représentent quelque 85% de l'économie mondiale, se sont fixé pour objectif de doper la croissance de deux points de pourcentage supplémentaires d'ici à 2018, en "développant des politiques ambitieuses mais réalistes".

"Cela représente plus de 2.000 milliards de dollars en termes réels et permettra la création de nombreux emplois", ont souligné les ministres des Finances et les banquiers centraux lors de cette réunion préparatoire au sommet des chefs d'Etat qui se tiendra en novembre à Brisbane (Australie).

Pour la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, cet objectif "peut être atteint, voire dépassé" à condition "de mettre en œuvre les réformes identifiées" dans chacun des pays concernés."

La principale erreur ici est formulée par Mme Lagarde. La reprise serait l'affaire individuelle de chaque état faisant en son sein les efforts demandés.  On retrouve la folie d'un FMI dont les analystes sont cloisonnés par pays et ne voient rien du risque global. DSK en fera deux fois l'aveu. "Le FMI ne s'est pas intéressé aux interactions ni aux phénomènes de contagion".  Ce que dit Mme Lagarde est dans le droit fil des défauts déjà signalés. Cela tient à la structure par pays du FMI. Les décloisonnement n'ont pas eu lieu.

Du coup il n'y a aucune réflexion sur les défauts structurels du système monétaire international. En revanche on espère une coopération dans une structure non coopérative ! Ce qui est de l'ordre de l'oxymore.

«L’engagement pris à Sydney par le G20 à communiquer systématiquement les actions de politique monétaire pour mieux gérer leurs effets collatéraux est aussi capital. Un dialogue au niveau mondial et une meilleure communication sont indispensables pour préserver la stabilité financière. Les membres du G20 se sont aussi engagés à prendre les mesures qui s’imposent pour gérer les pressions déflationnistes et inflationnistes. Le FMI appuie ces efforts et se tient prêt à aider ses pays membres en offrant ses avis de politique économique ou, le cas échéant, un financement."

Les pays émergents sont priés de mettre fin à leur inflation, afin "de ne pas déstabiliser les changes". Ce qui signifie que les désordres monétaires en cours sont de la responsabilité des pays victimes pas des mouvements de capitaux erratiques et de la politique des banques centrales et notamment de la FED.  C'était exactement le discours de 1998 où les difficultés dans les pays émergents étaient mises sur le dos du "cronyism" des dirigeants de l'époque.

En revanche, il faut que les pays excédentaires relancent. Ce qui est juste. Mais pourquoi sont-ils excédentaires et qu'a-t-on fait pour empêcher ce mouvement ? Si la coopération est nécessaire pourquoi ne pas l'institutionnaliser ?  Les marchés règnent mais les gouvernements doivent être plus communicants plus transparents. A quoi tout cela rime-t-il ?

Certains observateurs ont parlé d'un changement de ton, de cap et même de logiciel avec l'introduction d'une dose de keynésianisme.

Il faudrait que l'investissement public et privé reparte à la hausse. Mais seulement dans les pays qui ne glissent pas sur la pente de l'inflation  et la lutte contre la déflation ne doit pas passer par plus de dettes…

Où sont les politiques "ambitieuses et réalistes " ?

La vérité du G.20 est ailleurs. Les autorités internationales s'inquiètent de voir se profiler un "triple dip". Le commerce international est à l'arrêt. Les achats de précaution stratégique de la Chine se sont arrêtés. Les crédits internationaux sont encore 40% plus bas qu'avant la crise.  La déflation menace en Europe alors que l'inflation s'est installée dans les pays dépendant des achats chinois. Nous sommes encore et toujours dans la gestion de la panique.

Le FMI s'est trouvé légèrement pris à revers par la découverte d'une erreur de tableur dans les démonstrations sur lesquelles l'institution se fondait pour demander plus d'austérité. Alors elle crie : "vive la croissance".

Les pays "émergents" s'indignent de voir que la politique de la FED a des effets immédiats chez eux. Il fallait les calmer. Ce qui est fait en parlant de croissance.

Le Japon avait inquiété avec sa politique d'intervention directe sur les changes. On lui demande d'être plus coopératif. Qu'au moins il prévienne ! Mais s'il prévient, rien ne marchera…

Il n'y a aucune mesure structurelle ni aucun changement d'idéologie. On pare au plus pressé politique. On espère doper le moral des uns et des autres.

Mais personne n'est tenu à rien et les défauts structurels perdurent. 

 

2.Le temps :  "La semaine dernière, le yuan chinois s’est déprécié comme jamais depuis septembre 2011. C’est le cas du moins pour le CNH, ou la version «offshore» de la monnaie qui est échangée à Hongkong, et qui a perdu presque la valeur d’un point de pourcentage face au dollar américain. Parallèlement, le yuan «onshore», ou CNY, la monnaie utilisée en Chine continentale, s’est aussi fortement déprécié, de moins d’un demi pour cent. Cette différence de fluctuation, du fait que l’écart entre CNY et CNH évolue rarement d’une semaine à l’autre, a peut-être été encore davantage perçue.

Qu’est-il en train de se passer? Tout le monde sait que, si les taux journaliers du CNH et du CNY peuvent librement légèrement fluctuer dans des fourchettes étroites, toute évolution plus importante des taux de change est le fruit d’une action tout à fait intentionnelle de la Banque populaire de Chine et du gouvernement chinois.

La réponse semble donc se trouver du côté du massif «carry trade» qui a vu le jour au cours des dernières années et que les autorités chinoises tentent d’éradiquer. Le problème, au vu du fait du large contrôle des capitaux chinois, est qu’il est très difficile pour les opérateurs chinois du continent d’obtenir des fonds en dollars américains pour effectuer un échange. Mais quand la volonté est présente, il existe un moyen. Et ce moyen implique toute une série complexe de transactions financières, dont des garanties stockées dans des entrepôts d’emprunts sur le continent chinois pour des emprunts en dollars américains. Ces marchandises, ayant ensuite fait l’objet de fausses exportations vers Hong­kong, ont été vendues là-bas à des entités offshore qui ont renvoyé les fonds en Chine. De cette façon, ces fonds pouvaient être ainsi détenus en CNY. Ce type d’opération est probablement à l’origine des indications erronées données par les chiffres importants de l’excédent commercial de la Chine ces dernières années.

Cette opération de carry trade contribue à expliquer pourquoi la monnaie chinoise a continué de s’apprécier ces derniers mois (avant son plongeon de la semaine passée), alors même que d’autres monnaies des marchés émergents se dépréciaient massivement. Pour l’instant, le yuan chinois est probablement l’une des devises les plus surévaluées du monde, jusqu’à 30% selon un des analystes de Lombard Street Research".

 

Si vous avez entendu le G.20 dénoncer la surévaluation du Yuan, vous avez gagné.

3. Au final :

- La France est toujours écrasée d'impôts et de prélèvements et aucune économie sérieuse n'a encore été annoncée précisément par M. Hollande ou son gouvernement.  Relance keynésienne en France par l'investissement public, à 100% d'endettement public ? Rions mes Frères !

- La zone Euro ne fait toujours pas l'objet d'une quelconque gestion. La BCE va s'amuser à teststresser les banques systémiques ! C'est poétique et c'est tout.   

- Le monde vit toujours dans le système de change désastreux qui a présidé à la terrible récession dont on peine à sortir.

Le G.20 qui s'était ridiculisé en 2009 en ne proposant que des mesures dérisoires (les bonus, la comptabilité, les agences de notation, les paradis fiscaux et autres babioles), cf nos articles de l'époque, en est toujours à la douce pusillanimité et aux paroles rassurantes "pour faire revenir la confiance".

Pendant ce temps là des écologiques injurient les "vieillards à cheveux blancs qui pensent encore en terme de croissance".

Zeus aveugle ceux qu'ils veut perdre. Il est sacrément efficace !

Paris : un déclin programmé ?

Paris : la mort lente.

 

Les recettes fiscales ne rentrent pas. Les projets cachés sortent à nouveau des tiroirs.

Depuis des lustres les plus excités des socialistes veulent rendre progressives la taxe foncière et la taxe d'habitation. Au lieu d'un droit proportionnel à la valeur du bien, ils veulent une taxation différentielle qui fait  payer beaucoup plus le "salaud de riches". Pour les socialistes de sous-section, aggraver sélectivement les impôts est, avec l'ouverture de "nouveaux droits à", le code génétique qui doit s'exprimer en priorité.

L'état d'esprit qui a conduit à inclure dans la base de revenu taxable annuellement les revenus de l'épargne et les plus-values des transactions lourdes et rares  portant sur des biens familiaux pérennes, exige d'aggraver la progressivité sur les impôts locaux d'usage qui sont détournés de leur mission, financer les services municipaux, pour participer à l'effort global de destruction des fortunes afin d'instaurer un socialisme de l'égalité par le bas. La préoccupation électoraliste de donner du revenu aux couches électoralement utiles, l'achat de vote, pour résumer,  n'est évidemment pas absente.

Actuellement les villes sont touchées par l'effondrement des commerces. Les boutiques tombent en faillite les unes après les autres. Les grossistes disparaissent. Tout le commerce lié à l'habitation est sinistré. L'alimentaire connait de graves difficultés, même dans les grandes surfaces, ce qui est une première depuis la guerre de 40.  

Paris a longtemps été épargné par la force de l'esprit centralisateur des Français. Maintenant ce n'est plus le cas. Au contraire, les évolutions négatives sont désormais voyantes.

Paris, devenue une ville de vieux encore un peu fortunés, en vérité une ville  de vieilles ayant récupéré la fortune familiale et la liquidant progressivement, au gré des augmentations d'impôts vertigineuses de M. Delanoë, voit disparaître progressivement toutes ses activités.

Les faillites de boutiques à Paris ont atteint des sommets historiques en 2013.    

Un parc de grands appartements à vendre, gigantesque si on le compare aux situations habituelles, s'est constitué dans les anciennes parties bourgeoises de la ville de Paris , notamment dans le XVIème arrondissement. L'étranger, qui achetait les plus beaux pieds à terre,  commence à refluer. Vivre périodiquement à Paris devient prohibitif en prix d'acquisition d'appartement d'une part, mais aussi en coût d'usage.

Ne parlons pas des entreprises. Elles fuient Paris à toutes jambes. Les sièges sociaux sont en constant repli. Les grandes entreprises partent en Hollande, les holdings au Luxembourg et les PME à Londres. Certaines activités qui prospéraient à Paris comme l'édition sont sinistrées.     

Paris est une ville de vieux et de touristes, et une capitale administrative stagnante, à proportion de la réduction et de la déconcentration des services centraux de l'Etat.

La seule branche d'activité qui prospère est l'administration locale et l'accueil des populations pauvres de France et du Monde. Plus de 10.000 emplois municipaux créés par Delanoë ; des centaines d'appartements rachetés parfois au prix de l'or, pour loger des copains et un électorat considéré comme captif ;  75.000 personnes directement payées par les impôts parisiens sur 2.000.000 d'habitants ! C'est comme si dans un ensemble immobilier de 400 personnes, il y en avait 15 pour s'occuper à plein temps  de la collectivité !  Lorsque les bornes sont franchies, il n'y a plus de limites.  Près de 300.000 familles dans des logements à statuts ou conditions spéciales, sur 800.000 mille ! Voilà pourquoi le PS croit dur comme fer à sa victoire : les ayants-droit voteront bien !

Moins de la moitié des Parisiens ont encore une voiture. Les enfants disparaissent progressivement des rues, les familles nombreuses ne trouvant plus à se loger à bon prix.

L'impôt local progressif va finir le travail d'éradication en cours.  Paris ne sera même pas Kyoto. On se dirige vers une ville poubelle. Elle est déjà d'une saleté répugnante, les socialistes ayant considéré comme honteusement bourgeoise l'idée de propreté et hautement antisocial d'exiger que le travail de nettoyage soit fait. Ils se sont amusés à faire tourner les voitures poubelles entre 6 et 8 heures du soir dans les rues les plus étroites, comme la rue de la Petite Roquette, pour ne citer qu'un exemple,  pour décourager l'usage de l'automobile. Les poubelles restent dehors toute la journée où elles sont fouillées par des milliers de pauvres hères. Plus personne ne songe à contrôler le travail des "techniciens de surface".  Pas de harcèlement anti syndical ! Voilà le mot d'ordre.

La part des subventions aux "associations", généralement des véhicules de la corruption municipale, est passée de 4% à la fin des années Tiberi à 28% aujourd'hui. Cela veut dire que l'on a multiplié par environ 14 en valeur les sommes versées compte tenu de l'augmentation phénoménale du budget parisien. On fait même porter par des associations les dettes de la ville pour les dissimuler. Alors que les effectifs cotisants du PS à Paris et le nombre des militants est très bas (le socialisme à Paris, c'est à peine 1.500 personnes), près de 15.000 familles sympathisantes ont touché des avantages de la gestion Delanoë. Du poste au service communication de la ville de Paris pour famille bobo socialiste en difficulté, à la subvention pour la fête des voisins, dans un immeuble tenu par des socialistes en carte,  en passant par le racket des activités "culturelles", le jet continu des subventions, des postes, des avantages, souvent croisés avec ceux offerts par la Région,  arrose tout un monde grouillant d'affidés.

Le sourire de Mme Hidalgo est là pour verrouiller médiatiquement le couvercle sur la soupière. Les vrais pouvoirs sont ailleurs.

Pour le PS la bataille de Paris est gagnée et il faut maintenant  s'assurer les places et les revenus de la nouvelle structure de gestion du Grand Paris, la Métropole. Encore des centaines de places en vue.

Il est fascinant de voir l'ancienne capitale du monde civilisée livrée ainsi à la rapacité d'un parti qui tourne à une forme de mafia vivant sur la bête et  uniquement intéressée à sa propre survie. Son programme consiste à gérer une image de bon samaritain,  facilitant la mendicité, laissant faire les syndicats et multipliant les mesures coûteuses donnant l'impression d'une action sociale et culturelle dynamique. L'économie ? Quelle économie ? Tous ces gens qui dirigent Paris  sont des fonctionnaires ou des professionnels vivant en liaison avec le pouvoir.  Ce n'est pas une situation propre à Paris. Depuis la dernière vague rose, 55% environ des postes de maires sont détenus par des fonctionnaires !  

L'impôt devient la seule préoccupation. Car seul l'impôt permet de maintenir un tel programme.

La progressivité devient l'arme essentielle. On voit donc revenir le projet d'une intégration du revenu dans la taxe d'habitation. Quid des étrangers qui possèdent une part très importante de certains quartiers ? On va leur demander leur déclaration de revenu ?   Les Quataris qui s'installent en masse dans les anciens palais parisiens ne paient pas d'impôts sur le revenu ! On fait quoi ?

Réponse : "On s'en fout des Quataris. De toutes façons ceux qui s'installent le font en vertu d'accord où ils ne paient pratiquement aucun impôt ! L'important est qu'on puisse faire un geste vers la catégories qui nous intéresse en frappant les riches. La baisse des uns ne compensera pas la hausse des autres. Mais ce n'est pas grave. On aura accru ou rassuré notre clientèle et c'est la seule chose qui compte".

Amuser la galerie avec l'installation de Roms dans le XVIème arrondissement ou la destruction de l'avenue Foch ne suffit pas. La provocation n'a pas d'effets durables. En revanche laisser croire à une partie de la population qu'elle va pouvoir mieux vivre avec l'argent des autres, c'est électoralement solide et durable, surtout quand on  sait la part des habitants parisiens qui dépendent des différentes fonctions publiques ou des subventions ou avantages. 

En attendant, pour le PS, il faut gagner les élections parisiennes. La candidate de droite, NKM, est passée à la télévision ce dimanche. 90% des questions ont porté sur autre chose que Paris. Surtout ne pas parler concrètement de Paris, avec, pour les "journalistes", un certain nombre "d'éléments de langage" qui ont pour but d'éviter tout débat : la sécurité, ce n'est pas l'affaire de la mairie ; la fiscalité ? Pas grave puisque le taux est moins élevé à Paris qu'ailleurs. Etc.

Rendre progressif les taux de la taxe d'habitation, en incluant les revenus, tout en réévaluant les assiettes, portera l'impôt sur les parisiens actifs à des taux encore plus insupportables. Tous les propriétaires d'appartement de valeur significative vont bientôt être au plafond de l'ISF. Les augmentations ne les toucheront plus sauf à faire sauter le plafonnement. Rappelons que les impôts indirects sont une part très minoritaires des impôts globaux. Lorsqu'on paie 75% d'impôt direct on dépasse automatiquement 100% d'imposition globale.

Alors il se produira ce qui est inévitable : l'aggravation de la fuite hors de Paris et probablement de la France d'une part croissante de Parisiens  qui iront chercher fortune ailleurs ou qui chercheront à maintenir leur fortune ailleurs. Des centaines d'appartements de plus de 250m2 sont actuellement à vendre. Avec la progressivité de la taxe d'habitation, le nombre va encore croître.  Les autochtones ont été pratiquement chassés d'une grande partie de la banlieue parisienne, où s'est produit une substitution de population. Une involution du centre ville, à l'américaine est en-cours, en même temps que le péri-urbain explose et les temps d'accès au travail.

Etat, région, département, métropole, ville et arrondissement sont accrochés fiscalement à la bourgeoisie parisienne  qu'ils détruisent à petit et à grand feu, dans une ville où on n'investit plus, où on ne construit plus, où plus rien ne se passe et qui perd progressivement tous ses centres d'activité à vocation nationale et internationale. Il ne restera bientôt plus que le tourisme, la politique et les activités subventionnées.

Paris est en danger de mort. De mort lente, certes, mais de mort certaine comme foyer de rayonnement créatif mondial et centre de pouvoir économique. 

Parions que cette campagne municipale éludera une nouvelle fois toute vraie question sur le développement de Paris, son rôle et son avenir. Comme la campagne électorale présidentielle a gommé toute préoccupation nationale (celui qui a gagné a nié la crise) et comme les élections européennes seront comme d'habitude un exercice de style entre fédéralistes et anti fédéralistes, sans que personne ne sache exactement quel aura été le travail fait lors de la mandature qui s'achève et sans savoir ce qui se fera dans la prochaine.

La vie publique en France est devenue intellectuellement vide, socialement illisible et économiquement déficiente.  Avec de tristes conséquences à tous les échelons.

Mauvaises nouvelles

1. La France voit ses exportations baisser en 2013.

Ce chiffre vient compléter la longue liste des échecs de François Hollande et de son gouvernement de fonctionnaires socialistes éperdus d'idéologie. La perte de compétitivité associée à l'absence de toute réforme, en même temps qu'on assommait d'impôts les producteurs, a réclamé son dû. Il est tragique.

2. Le commerce international est à l'arrêt. Le rebond de croissance du milieu 2013 n'a pas tenu. Le tableau ci-dessous est parlant, quelque soient les réserves que l'on porte à la pertinence du BDI index. Les prix du fret international sont au plus bas.  Il est clair que la pointe d'activité de 2012 a été totalement associée à la politique d'achat de la Chine, en grand danger de perdre ses réserves, et à la spéculation sur les matières premières. L'arrêt de cette politique a fait s'effondrer les marchés de matières premières et a bloqué la croissance des échanges. Il est juste de remarquer que ce phénomène explique aussi en partie la contreperformance de la France en matière d'exportation.

3. La spéculation sur les monnaies et les mouvements erratiques de capitaux à court terme entraînent à nouveau les devises et les économies des pays émergents vers le bas. M. Baverez commet, dans son dernier article, l'erreur de croire que ces mouvements sont sains et sont la traduction des difficultés des pays émergents, alors que ces derniers étaient encensés quelques mois auparavant. C'est l'histoire de 98 qui recommence : la crise était une crise des changes flottants, liées à une double spéculation sur le dollar et la bourse américaine ; on a parlé d'une crise des pays émergents accusés de "cronyism" chronique. Non Monsieur Baverez les mouvements de capitaux à court terme ne correspondent pas à des logiques de fond de l'économie mais à des lubies auto-réalisatrices. Dans un système de liberté totale des mouvements de capitaux à court terme, la recherche spéculative entraîne des mouvements endogènes particulièrement pernicieux. Cela dit, cela n'excuse pas l'Argentine !

4. Le referendum Suisse est un coup de tonnerre pour l'Europe en même temps qu'un mauvais signe pour l'économie Suisse. En souhaitant remplacer la liberté totale de travail et d'installation en Suisse par un système de quotas, la Suisse marque sa mauvaise humeur vis-à-vis de l'Europe qui a largement détruit son système bancaire et compliqué la survie de sa prospérité. Elle rappelle un principe qui nous  est cher : la régulation la meilleure est celle des écluses qui permettent à la fois de faire respecter des principes (l'eau coule) et des contraintes (elle n'emporte pas tout). Toute les agences internationales de l'eau le savent : la coopération et la régulation sont la seule méthode pour ne pas entrer en guerre le long du bassin. Maintenant tout est affaire de raison : il appartiendra aux Suisses de se montrer sages dans la manœuvres de l'écluse. Viviane Redding, l'épouvantable abrutie, qui est Commissaire  européen depuis trop longtemps et qui ne rate jamais une occasion de se taire, vient de menacer la Suisse de représailles. Cette posture est grotesque. Le PPE s'honorerait à n'en point faire sa candidate au poste de Commissaire Européen. Dans la phase délicate qui s'ouvre les excitées et les fanatiques sont à remiser dans un coin sombre.  La Suisse finira par entrer dans l'Union Européenne et même dans la zone Euro mais il faut pour cela qu'elles se réforment. Il nous faut plus de réformes sensées en Europe et moins de fédérolâtrie agressive.  

 

5. Le système bancaire européen sortira-t-il intact des stress tests organisés par la BCE ? Certains annoncent déjà que différentes banques allemandes seront en difficultés et qu'au final plusieurs banques européennes ne passeront pas le cap. Il est clair que le système bancaire des pays excédentaires est obligé de replacer les excédents quelque part et qu'il le fait généralement à risque. On se rappelle que les Landesbank avaient utilisé leur dotation de privatisation essentiellement en subprimes, l'affaire se cumulant avec la précédente pour rendre extrêmement vulnérable le système bancaire allemand. La Deutsche Bank semble pour sa part se faire une spécialité des coups douteux.  L'Allemagne se trouve donc en première ligne.  Rappelons tout de même que lorsque les en-cours globaux de dettes représentent plus de 4 fois le PIB, la "résistance" du système bancaire est illusoire. Le remboursement et l'amortissement d'un tel niveau de dettes est impossible.

Les stress tests seront donc une fois de plus de la poésie pure. Tout le jeu est de faire rouler la boule jusqu'à ce qu'elle diminue de taille. Pas de l'arrêter.

6. L'apprentissage aura été en forte baisse en France, du fait d'une part de la conjoncture et d'autre part d'une baisse drastique des financements (près de 20%) associée au dégoût traditionnel des socialistes pour les formations non intellectuelles. Pour eux : mieux vaut faire traîner des élèves incapables de lire et écrire dans le système classique  jusqu'à ce qu'ils décrochent définitivement d'eux-mêmes et se mettent à traîner. Argument imparable du bobo : est-ce que tu mettrais ton enfant dans le circuit d'apprentissage ? Non Alors ?  Le résultat est la baisse perpétuelle du niveau de l'enseignement et la sortie chaque année depuis la loi Haby de dizaines de milliers d'enfants du système scolaire sans aucune formation utile.

On aboutit à cette situation où la moitié de la population est à la charge de l'autre.  Pendant ce temps là l'urgence gouvernementale est à manipuler l'enseignement en maternelle pour que les petites filles puissent être des petits garçons comme les autres !  On ne veut pas que la moitié de la population soit à la charge de l'autre, sur la base du genre,  comme dans l'ancien régime de la famille traditionnelle.  Certains trouveront le paradoxe amusant.

6. Le revenu par tête a encore baissé en France en 2013.

Au total rappelons nos suggestions constantes depuis 5 ans :

Il faut mettre fin  aux changes flottants et à la liberté totale des mouvements de capitaux à court terme.  On voit qu'après avoir provoqué une crise gigantesque, le système persiste à exercer ses effets pervers et compromet les chances d'une sortie de crise réussie.

Il faut une gestion effective et quotidienne de la zone Euro avec des écluses intelligentes sur les mouvements de capitaux, de biens et de personnes.

La France doit sortir de sa folie anti-bourgeoise, anti-entreprise et antiéconomique qui se traduit par une dépense publique délirante, la dette et les impôts qui vont avec,  et une désocialisation rampante mais généralisée.

Il est intéressant de constater que si les dirigeants actuels paradent autour du Pacte de responsabilité, censé marquer leur virage vers plus de réalisme, aucun n'a donné la moindre indication sur la source des économies de 50 milliards d'Euros annoncées par le Président. Le temps passe ! En revanche on n'a jamais fait autant de chaleur autour de sujets sociétaux ou idéologiques de bas niveau.  

A force de faire l'inverse du nécessaire, on ne sort pas de la crise. A force de préférer la chaleur à la lumière on reste dans la sottise asphyxiante.



Le coût économique en Occident du socialisme violent

Pendant 75 ans  une partie des Terriens s'est occupée principalement de faire naître un "homme nouveau", échappant à la triple détermination dénoncée par Marx comme source de tous les conflits : la nationalité, la religion et la propriété. Cette utopie a été la plus tragique de toute l'histoire de l'humanité avec des milliards de vies gâchées par la pauvreté et le dénuement moral, des centaines de vies mutilées par la répression (spoliations, prisons, déportations, pertes de parents, etc.), et entre 100 et 150 millions de morts, dont près de la moitié dans des famines effroyables, la plupart du temps provoquées en toute connaissance de cause, qui ont touché hommes, femmes et enfants de façon indiscriminée.

Rien n'a poussé dans cette énorme flaque de sang.  Le système s'est effondré sur lui même et a disparu, détruit de l'intérieur  par les "socialistes réalisés de la seconde génération". RIP !

Une des questions qui n'est jamais posée est celle de savoir combien cette détestable expérience a coûté aux autres nations qui ont réussi à échapper, parfois de peu,  à cette malédiction.

Quel est l'effet du commerce international sur la croissance et celui de son absence sur de longues périodes ? En maintenant des millions d'êtres humains dans un niveau de pauvreté et de dénuement presque total, le socialisme a considérablement freiné, non seulement la production et la consommation intérieures mais aussi les possibilités d'importation et d'exportation des pays libres. Si la théorie qui veut que la croissance soit tirée par les échanges est vraie, et elle fonde aujourd'hui toute la mondialisation, cette asphyxie des échanges a nécessairement eu un effet sur la richesse globale.

- De combien la croissance européenne aurait-elle été accélérée si les pays de l'Est et la Russie avaient pu suivre la même courbe de développement que les pays européens occidentaux au sortir de la guerre de quatorze? 

- De combien la croissance mondiale aurait-elle été accélérée si la Chine et les autres pays de l'orient communistes avaient suivi la courbe de développement du Japon et des autres "tigres asiatiques" ?

- Que nous coûte aujourd'hui la brusque irruption de tous ces pays dans le concert des nations commerçantes et qu'est-ce que cela peut nous rapporter ?

Il est curieux que ces graves interrogations ne fassent jamais l'objet de la moindre investigation directe tant le manque à gagner pour l'humanité a été gigantesque et tant les difficultés résultantes restent fortes.

Les théories économiques portant sur les relations monétaires ou économiques internationales sont quasiment les premières à avoir été abordées par la réflexion économique et pourtant ce sont les parents pauvres aujourd'hui d'une discipline qui a réussi à approfondir beaucoup de concepts dans un cadre national sans parvenir à les étendre de façon convaincante à l'international. Cela se voit dans les niveaux de l'enseignement aussi bien en France qu'à l'étranger. Depuis 1960 tout ce qui concerne l'international dans l'enseignement est aussi nul que controuvé, le tout étant parfois enveloppé dans un vocabulaire abscons pour masquer le délabrement général.

L'échange per se ne crée aucune richesse puisque les valeurs qui s'échangent sont par définition de valeur identique : la désutilité marginale pour le vendeur équivaut à l'utilité marginale pour l'acheteur. Le commerce n'est utile à la valeur que parce qu'il est l'intermédiaire entre production et consommation. Comme la monnaie, qui en est le lubrificateur presqu'obligé, le commerce est un adjuvant. La théorie des adjuvants n'est jamais la plus fouillée.

La théorie du commerce international est presqu'entièrement fondée sur l'avantage comparatif et la spécialisation mis en avant par Ricardo.  En mettant sur le marché leurs avantages compétitifs les pays créeraient une richesse supérieure. Spécialisés, ils optimiseraient leur capacités de production et donc la richesse générale.

Dans la pratique les choses ne se passent pas exactement comme cela. Les marchés nationaux sont largement homothétiques, ou fractals, comme on voudra et non pas spécialisés. Dans un système de libertés économiques, l'imitation et la réplication sont des forces beaucoup plus actives que la spécialisation. Les pays passent par des niveaux de développement à peu près similaires, avec des effets de rattrapage. Les rattrapages permettent des croissances rapides. Lorsqu'ils faut trouver les chemins de la productivité par l'innovation, l'itinéraire est plus tortueux. L'innovation se produit par bouffées.

Le commerce international ne fait que très marginalement le jeu des spécialisations. En vérité il crée des effets de taille  et des contagions.  Le premier pays qui a réussi à atteindre un certain seuil d'organisation productive tire les autres.  La liberté permet à l'innovation de circuler.  Le libre échange est d'abord la libre circulation de l'innovation et de la productivité. C'est par ce biais qu'il contribue à la croissance. Et cette contribution est cruciale. Les remises en causes du libre échange sont justement condamnées car elles condamnent la productivité, l'innovation et le passage d'un niveau économique à un autre.

L'expérience socialiste violente et conséquente de 75 ans a bloqué la diffusion de l'innovation et de la productivité.

Son effet, notamment en Europe, aura été de freiner l'expansion potentielles des entreprises qui avaient une prise majeure sur l'innovation.  En utilisant le différentiel de niveau de vie, donc de consommation, donc de production, donc d'importation, on peut chiffrer le manque à gagner des entreprises de l'Ouest à près de 100%, rien qu'avec son plateau économique oriental.  Ce manque à gagner pèse extrêmement lourd dans la compétition mondiale actuelle.

On peut convertir le raisonnement sur le revenu induit. Compte tenu de la part moyenne des entreprises exportatrices dans le PIB, le revenu moyen n'aurait pas été le double de ce qu'il est. Mais l'effet revenu aurait été tel que le niveau de vie moyen serait supérieur d'un tiers au moins à ce qu'il est aujourd'hui dans l'Europe de l'Ouest.

L'ouverture brutale de ces marchés permet certes aujourd'hui d'énormes rattrapages. Mais l'ampleur des déséquilibres a un coût. On le voit particulièrement avec la Chine qui dispose d'une masse gigantesque de travailleurs disponibles bien que de faible productivité et qui de ce fait déforme le chemin vers la croissance global et le rend beaucoup plus âpre.

Le socialisme aura donc eu un coût du fait d'un manque à gagner prolongé de production dans les pays occidentaux et du fait de son effondrement brusque et des phénomènes de déséquilibres qui l'accompagne. Il a été une nuisance économique lors de sa formation, pendant son règne et après son effondrement ! La totale ! Tout cela se chiffre en milliers de milliards d'Euros. La quintette tragique, Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao, aura non seulement été la source d'un massacre ahurissant mais elle aura coûté presqu'aussi cher, en Occident,  que les effets des désordres du système monétaire international.

Reste à s'occuper du désordre du système monétaire international !   

Chomage : le pire est arrivé. Pourquoi ?

Comme prévu tous les indicateurs de 2013 qui nous arrivent sont catastrophiques. Celui du chômage tourne à la catastrophe incontrôlable.

461.380 chômeurs catégorie A de plus en deux ans.

2.000.000 de chômeurs de longue durée.

Durée au chomage : 555 jours.

Sorties du chômage en emploi : <50%

Près de 5 millions de chômeurs toutes catégories.

L'insee annonce un taux de chômage supérieur à 11% pour l'été 2014.

Nous finirons par avoir les taux d'emploi par classe d'âge. Ils seront catastrophiques. La France est parmi les pays industrialisés comparables le pays qui emploie la plus faible partie de sa population. 

Le blocage interbancaire s'est produit en juillet 2007. La crise ouverte s'est manifestée à la mi-septembre 2008.

La reprise artificielle de 2010 n'était pas durable et a conduit à une rechute sanglante. En système de change flottant les relances budgétaires et monétaires débouchent systèmatiquement sur des échecs :

- Relance Chirac après la crise de 73 aboutit au Plan Barre

- Relance Balladur après la crise de 92 aboutit au Plan Juppé

- Relance Fillon après la crise de 2008 aboutit au plan Fillon-Ayrault de 2012-2013.

A chaque fois on tape les 10% de taux de chômage, on fait grimper la dette et le taux de prélèvements explose.

A chaque fois les résultats sont plus graves : crise plus longue et plus profonde.

Ces crises ne sont pas innocentes : des millions de personnes au chômage, des dizaines de milliers d'entreprises au tapis, des dizaines de millions de personnes appauvries, en France.

Ne pas voir que ces phénomènes sont à analyser dans la longue durée, et non pas comme phénomènes de pure conjoncture est une grave erreur. Les gesticulations politiques sont un épiphénomène, même si, dans le cas Hollande, on ne comprend pas bien le prurit injurieux qui a marqué les premiers 18 mois de son mandat, pour aboutir à un revirement presque complet. 

Les graves quesstions économiques restent toujours :

- Pourquoi le trend est-il constamment ralenti ?

- Pourquoi les crises décennales sont-elles toujours plus violentes ?

- Pourquoi voudrait-on que cette évolution tragique change quand aucun dirigeant d'institutions nationales ou internationales ne cherchent à avancer d'explication de ces deux phénomènes ? 

Malgré tous le mépris affiché par certains sur la croissance et les relations à caractère économique d'une façon générale, la décroissance est un malheur certain qui touche des millions de foyers. Ces épreuves sont réelles pas virtuelles.On peut parler pour la France d'une tragédie nationale.

Rappelons que pour nous les trois causes de la situation sont :

- Pour le monde, un système monétaire défaillant qui permet des déficits et des excédents mosntrueux qui poussent à un gonflement démesuré de la dette globale ; la masse de ettes aventurées expliquent la sévérité des crises et la mollesse de laz croissance globale.

- Pour la zone Euro, un système de monnaie unique sans pilote ni cabine de pilotage est un non sens qui implique que tous les ajustements se fassent par la déflation et la récession.

- Pour la France, la préférence hystérique pour l'impôt et la dépense  pubique la rende plus vulnérable et provoque un chômage de masse et cette situation folle et incontrôlable d'un état qui consomme plus que ce que produisent les entreprises (de plus d'une peersonne et du secteur commercial) et qui a fini par créer une situation intolérable où la moitié de la population vit au crochet de l'autre et où la dette publique risque de dépasser rapidement 100%du PIB officiel et 200% de la valeur ajoutée des entreprises.

L' absence de toute réforme du système monétaire international, le renforcement de la gestion par la norme en Europe et la bouffée de folie fiscale supplémentaire française expliquent que la crise perdure et prend, pour la France, la forme d'une déchéance sociale aussi profonde.

Devises : un faux marché !

Combien de fois avons-nous entendu ou lu que le marché des devises, et a fortiori son résultat, les taux de changes, était le prototype d'un vrai "marché" où des millions de décisions venaient se confronter permettant aux libertés économiques de jouer pleinement et d'exercer leur pouvoir bienveillant, guidées par la "main invisible" de l'intérêt.

Les changes flottants, c'est-à-dire le cours des monnaies laissé à la libre appréciation des agents économiques "sans intervention" des Etats, sont désormais considérés dans la presse comme un état de nature, au-delà de toute critique. Aucune appréciation contraire n'est acceptée dans les médias de la PQN. Le sujet est non seulement peu vendeur mais tabou. Pas un "prix Nobel d'économie", pas un "grand économiste" qui s'écarte de cette idée : "nous ne sommes pas capables de définir à priori le cours d'une devise. Seul le marché a raison. Les Etats qui interviennent n'ont rien compris car on ne peut rien contre les marchés qui sont plus forts que tous les Etats, même le plus grand".

Ces doctrines tournent à la farce. Tout est faux, de A jusqu'à Z.

On le voit très bien en ce moment pour peu qu'on se donne la peine de regarder.

Il se trouve que les autorités de contrôle, un peu partout en Occident, ont fini par se rendre compte que tous les marchés monétaires et financiers avaient été largement manipulés. Ils ont enquêté et confirmé qu'il y avait bien eu manipulation. Tiens-donc : les "millions d'intervenants" pouvaient donc être  manipulés par quelques banques alors que les Etats seraient impuissants ?  Bizarre ? Non, pas bizarre. Car on s'est vite aperçu que le marché des changes était tenu par trois banques réalisant 50% des transactions et que 90% de leurs transactions étaient le fait d'ordinateurs et de progiciels de gestion instantanée des tendances. En un mot, trois gus avec leur ordinateurs réalisent 50% des transactions.

Là-dessus on a vu la BNS doubler ses encours d'émission de FS pour contrer la hausse de la devise, et la Banque du japon effondrer sa monnaie. On a vu qu'un seul propos de la FED pouvait amorcer une dégringolade des devises des pays émergents avec des chutes plus que significatives puisque dépassant 40% dans bien des cas comme la Roupie indonésienne ou le mois dernier le peso argentin, la banque centrale argentine intervenant pour mettre fin à la spirale descendante. On a vu qu'un discours de M. Draghi pouvait arrêter durablement un train de spéculation sur l'Euro. Une voix serait plus forte que "des milliards d'actes quotidiens".

Bref, on a vu que le marché des changes étaient tout sauf un marché parfait. C'est un marché de spéculateurs et de régulateurs où la manipulation est partout présente et qui ne correspond à rien sinon à donner l'exemple caricatural d'une instabilité chronique associée à des marchés purement spéculatifs et dotés d'instruments de spéculation concentrés entre quelques mains.

L'Europe a renoncé à utiliser le levier des changes et le change de l'Euro est la variable d'ajustement de toutes les spéculations et manipulations qu'elles proviennent des états ou des intervenants principaux.

Il s'agit d'une faute contre l'esprit autant qu'une sottise économique.

Certains ont affirmé que contrôler les grandes opérations contre les monnaies était impossible. Si la loi internationale  interdisait le "short" des monnaies à partir de fonds rassemblés à cet effet (en général des crédits bancaires atteignant des montants fous) avec des sanctions extrêmement lourdes pour tous les complices, il n'y aurait pas de nouveaux Soros se vantant d'avoir fait fortune sur le dos de la Livre anglaise.

L'examen de la réalité, et il n'y a pas besoin de microscopes, montre bien que toute la théorie qui fonde actuellement la gestion internationale des monnaie est substantiellement fausse et controuvée. Rappelons que la double hélice des crédits qui est à l'origine du gonflement maladif des dettes globales ans le monde, elles mêmes responsables du désastre économique actuel, est la fille des théories sur la nécessaire abstention des Etats dans la gestion des balances de comptes extérieurs.

C'est tout un pan du credo qui prévaut depuis 1971 qui est à démolir et à reconstruire sur des bases différentes.

Volcker vient de dire qu'il fallait une monnaie mondiale. C'est l'idée que nous avons exprimée dans notre article "en route vers le Mondio", il y a 5 ans maintenant. La monnaie unique montre bien que cette idée, pour être efficace, doit être complétée par des modes de gestion opérationnels permettant un pilotage au jour le jour. Les normes ne suffisent pas.

Malgré l'évidence, rien ne bouge sur ces sujets essentiels. La leçon fondamentale de la crise n'est pas tirée.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Dépenses publiques : les cinq non-dits

On pourrait penser que tout a été dit et redit sur la dépense publique, son mode de formation, les méthodes pour la maîtriser et le champ d'application des réductions. Il n'en est rien. Si la dépense augmente sans cesse au point de représenter l'équivalent de la valeur ajoutée des entreprises, situation absurde et dangereuse s'il en est, qui pousse en permanence à une spoliation fiscale exacerbée et sans issue, c'est bien parce que son mode de formation n'est pas réellement compris. Pas de diagnostic sur les causes, pas de thérapeutique efficace.

Comme dans d'autres domaines, c'est à la source qu'il faut réduire les dérapages. Considérer que la démocratie pousse les élus au n'importe quoi et que la démagogie est la seule cause de toutes les glissades  n'est pas nécessairement faux, mais l'idée est peu opérationnelle. On ne voit pas ce qui changerait la psychologie des élus ! Le péché originel peut être aussi mis en cause. Mais que faire ?

Depuis le premier livre d'alerte de Bloch-Morhange (La révolte des contribuables la fiscalité sous Mitterrand, Editeur : ALBATROS; Le Figaro (1983)), des centaines d'ouvrages ont tenté de cerner les causes de la dérive des dépenses publiques et ont proposé des solutions. Tous sont excellents, parfaitement documentés, rationnels. Et pourtant rien n'y fait. Cela grimpe sans fin.

N'y aurait-il pas quelques mécanismes sournois dont l'action ne serait pas bien perçue (ou négligée) et qu'il conviendrait de bien comprendre pour les mieux maîtriser ?

Nous en voyons  cinq.

L'effet conjoint du  trend et de la progressivité

L'effet complémentaire  du cycle  

L'effet de la financiarisation outrancière

Le goût pour les fausses gratuités

La confusion du pouvoir politique et du pouvoir administratif

Faute de s'attaquer à ces cinq causes, si possible en même temps, on n'aboutit à rien, comme l'échec de la RGPP et de son succédané "hollandais", la MAP,  l'a montré. On sait que le Président de la République  actuel a réussi, depuis 2006, l'exploit d'exalter l'esprit d'économie, sans en mettre en œuvre aucune, malgré des objectifs sans cesse revus à la hausse. A la dernière conférence de presse c'est 50 milliards d'Euros d'économie sur la dépense publique à trouver …d'ici 2017, qui ont été jetés à la crédulité de l'opinion,  alors qu'ils avaient déjà été annoncés aux autorités européennes il y a plusieurs mois.

Rappelons qu'à fin 2017 la dépense publique cumulée depuis janvier 2014 aura été de l'ordre de 5.000 milliards. S'il s'agit d'éviter 50 milliards en cumulé, cela fait 1% d'économie. Si on parle en glissement,  on aboutit à 100 milliards, soit 2%.  Grandiose ! Et il faut parler de "véritable révolution", "d'effort jamais vu" ou de "retour du complexe de Zorro" pour arriver à une résultat aussi minable !

Examinons les forces favorables à l'expansion de la dépense publique que nous sous-estimons généralement dans le débat français.

La croissance à long terme, qu'on appelle le trend, est une réalité. Au dix-neuvième siècle la croissance était d'environ 1% par an. Au XXème siècle, en dépit des deux guerres et de la crise de 1929, on a été plus près de 3.5%, même si les résultats des études divergent en fonction du champ de l'observation choisi.  3.5% représente à peu près  un doublement de la richesse en 20 ans.  Cette réalité se télescope avec  un fait majeur, notamment en France : l'impôt est progressif. La conséquence est simple : la croissance implique automatiquement, sans aucune décision de personne, une croissance plus rapide des recettes fiscales. La part de la recette publique croit constamment dans le PIB. On peut s'interroger sur ce phénomène : une mesure dite "de justice fiscale", statique ou instantanée comme on voudra,  a-t-elle pour but de transférer toujours plus de richesses vers l'Etat ? 

Notons qu'il suffit qu'un seul impôt soit progressif pour que la masse globale des prélèvements le soit. En France, nous avons multiplié les impôts progressifs : l'Impôt sur le revenu est violemment progressif. L'ISF est fortement progressif. La TVA elle-même est progressive puisqu'une part croissante de la consommation change de catégorie avec le développement de la richesse globale. En un mot, la part des produits dits "de première nécessité" diminue constamment en fonction de la croissance. Le résultat est une imposition nettement progressive qui "prend l'ascenseur quand le PIB prend l'escalier". D'une année sur l'autre, le mouvement est presqu'imperceptible, mais dans la durée, la capture par l'Etat d'une part croissante de la richesse supplémentaire produite devient majeure.

Ce n'est pas propre à la France. Tous les pays à fiscalité progressive sont dans cette situation. Beaucoup ont compris qu'il fallait "rendre au contribuable" la sur-rente provoquée par la progressivité. Les ressources de l'Etat doivent être proportionnelles au PIB et non pas progressives. L'effet de la progressivité doit resté cantonné à un arbitrage fiscal entre riches et pauvres plutôt que d'alimenter perpétuellement en hausse le moloch étatique.     

Cette idée est totalement absente en France où on considère que toute plus value fiscale est bonne à dépenser. C'est même très commode de le faire puisqu'il n'y a pas à changer les taux d'imposition et que l'argent est rentré tout seul. La procédure budgétaire institutionnalise la prise en compte de la rente de progressivité puisqu'on définit arbitrairement un chiffre de croissance, généralement surévalué, qui implique une hausse plus rapide des recettes que la croissance du PIB, et qu'on ajuste les dépenses aux recettes.

La seule solution : constitutionnaliser le fait que la progressivité ne doit pas servir à accroître le revenu de l'Etat et que les excédents doivent être rendus sous une forme ou une autre. On notera que depuis que la réduction de la dépense publique est en débat, cette déviance de la progressivité n'est jamais évoquée et ne fait l'objet d'aucune suggestion dans aucun parti.

L'effet complémentaire du cycle est évident. Le trend n'est pas constant. La conjoncture connait des phases molles et des phases d'accélération brutale. Lors de ces dernières la progressivité joue à plein. On voit alors le rendement de l'IR dépasser 7%, comme sous Rocard, rythme d'un quasi doublement en dix ans (et pas 20 comme le PIB). Des flots d'argent coulent dans les caisses. La tradition française est, pour le gouvernement, de tout dépenser de la manne en question.  

Le phénomène a pris un tour tangible pour l'opinion avec l'affaire de la cagnotte, à la fin du siècle dernier : après le coup de massue fiscale de Juppé, les socialistes arrivés au pouvoir de façon impromptue à cause d'une erreur politique majeure de J. Chirac, aggravent sans raison la fiscalité. Le cumul des deux hausses entraînent un afflux massif d'argent lors de la phase haute de la conjoncture mondiale à partir de 1997. Au lieu de rendre la plus value fiscale aux Français, DSK annonce que le taux d'imposition baissera avec la croissance qui diluera la cagnotte, c'est-à-dire énonce une énorme sottise, puisque l'impôt est globalement progressif et s'accroit avec la croissance !  Dire n'importe quoi n'a pas entaché sa réputation de grand économiste !

Un dernier aspect, lui aussi sous-jacent, automatique et donc mal perçu par l'opinion est la conséquence d'une économie de plus en plus financiarisée. Comme on l'a mille fois dénoncé ici, la dette globale s'est envolée à partir de 1971 et s'est déconnectée du PIB "réel". Ce n'est plus la valeur ajoutée de l'activité qui a fait la richesse mais les plus values sur la valeur des actifs. Appelons cela les bulles financières. Compte tenu de l'extension des impositions portant sur le capital, les plus values et les transactions sur le capital, les plus values fiscales se sont envolées pendant les phases d'ébriété des marchés. C'est ainsi qu'à Paris le maire a disposé d'énormes ressources liées à l'immobilier qu'il a dépensé sans vergogne ("et je ne m'excuse pas" ! dira Delanoë). Ce ne sont même plus des impositions sur le PIB mais sur la mousse des excès financiers.  Il est évidemment aberrant de financer des dépenses régulières sur l'effet provisoire des bulles financières. D'autant que, lorsqu'elles éclatent, les moins values fiscales deviennent également somptueuses.

Trend, cycle et financiarisation ont pour conséquence obligatoire une hausse constante de la pression fiscale. L'Etat engrange dans les phases hautes et …refusent de limiter la dépense lors des phases basses. Il augmente les impôts pour maintenir la dépense, qui est devenu le revenu d'une partie de la population. C'est le fameux effet de cliquet ("ratchet effect" en anglais).

Ces trois mécanismes dont nous devons rappeler qu'ils sont pratiquement invisibles et peu présents dans les esprits, sont la base même de la croissance des prélèvements, alors que personne n'a pris réellement de décision, sinon celle de se laisser glisser quand tout va bien et de maintenir la dépense quand tout va mal.  

Ces trois mécanismes étant compris, on peut évoquer les deux autres qui sont plus directement associés à des intérêts particuliers qui s'opposent à l'intérêt général.

La perversion de la fausse gratuité est un énorme vecteur de difficulté fiscale.  Nous appelons fausse gratuité le fait de dissocier l'acte de consommation de l'acte de paiement. Il y a bien consommation, donc coût et destruction de biens, mais ce n'est pas celui qui en tire le plaisir ou rassasie tel ou tel besoin, qui paie. La conséquence d'un système de fausse gratuité est toujours un coût exorbitant pour la collectivité.

La gratuité du pain institué par Fidel Castro à Cuba, peu après sa prise de pouvoir, est tout à fait exemplaire des effets pervers multiformes de la gratuité.  Le socialisme se devait de supprimer la faim. Tout le monde aurait du pain. Le pays était assez riche pour fournir du pain à tout le monde. Donc le pain est devenu gratuit. Qu'est-ce qui s'est passé ? En moins de quelques mois on donnait du pain aux cochons.  L'Etat qui achetait les grains et payait la transformation s'est vu confronté à des besoins de financement toujours croissants. Il a donc taxé le grain et commencé à réprimer les paysans qui, aussitôt, cessèrent de produire. Bientôt on eut des masses de prisonniers et plus de pain. La famine n'était pas loin. Il fallut abandonner la "gratuité" du pain.

Il n'est pas difficile de voir ces mécanismes à l'œuvre avec notre sécurité sociale, la gratuité des transports etc. La santé et les transports ont en France pris une part démesurée  du PIB. Plus personne ne pense même arriver jamais à l'équilibre. Il n'est pas un jour où une bonne âme ne songe à exiger une nouvelle gratuité. On aboutit à des déficits incurables et à un régime presque policier qui décourage tout le monde. Lorsque Madame Touraine explique aux médecins qu'ils doivent gagner, après dix ans d'études, le quart du taux horaire d'un plombier, le phénomène devient évident. La gratuité encourage les consommateurs indélicats et décourage les producteurs. Il faut donc être extrêmement prudent avec la fausse gratuité. L'essentiel des difficultés actuelles de la France vient du caractère devenu quasiment incontrôlable des dépenses dont le paiement est collectivisé. Le mécanisme introduit un effet politique déplorable : une partie de la société devient débiteur de l'autre et chaque partie du corps social entre en conflit avec l'autre.  Il faut naturellement associer à la gratuité totale, les gratuités partielles qui font, par exemple,  que dans le même immeuble certains auront le même appartement à des coûts de location différents. Pas de meilleur système pour engendrer la haine sociale !

Autre mécanisme délétère de grande importance en France : la capture du pouvoir politique par le pouvoir administratif. Il faut évidemment empêcher que les fonctionnaires qui bénéficient de l'argent public, votent leur budget. D'une façon générale il faut empêcher que ceux qui touchent de l'argent de la République votent leur propre rémunération ou leur propre chiffre d'affaire ou la rémunération de leurs collaborateurs.  

Sinon, les lois de Parkinson s'appliquent sans limite. Nous avons donné sur ce blog l'exemple des Frac. Il suffit de voir l'évolution comparée du nombre des agriculteurs et des effectifs du Ministère de l'Agriculture pour comprendre que la loi de Parkinson est une loi d'airain. On peut aussi méditer sur certaines administrations provisoires comme l'Epad, un "machin" qui survit à la disparition de son objet depuis au moins trente ans.

Plus grave encore est l'extension à l'infini du champ d'application des œuvres de l'Administration. Nous avons décrit et condamné ici trop souvent "l'énarchie compassionnelle" pour ne pas avoir à insister. Si les hauts fonctionnaires veulent "arbitrer la société" parce que, seuls,  ils se considèrent comme dépositaires  de l'intérêt général, il n'y a bientôt plus un geste de la vie courante qui ne dépende pas de leur vigilance intéressée. Arbitrer, c'est arroser les conflits d'argent public et créer des postes de fonctionnaires pour tenir l'arrosoir.

Une des difficultés actuelles de la réduction de la dépense publique est qu'il faut à la fois réduire le champ de l'action publique et réduire le coût des acteurs dans chacun des champs. La haute fonction publique qui a mis la main sur le pays ne tient ni à réduire ses prérogatives ni à augmenter la productivité des services, sources d'ennuis syndicaux dommageables pour une carrière sympathique.

Si on ajoute les institutions internationales, l'Europe communautaire, la décentralisation, la pression vers plus d'effectifs et plus de missions devient un enchevêtrement impossible à démêler. On ne peut pas réduire le mille-feuilles administratif avec les personnes mêmes qui en profitent.

On voit bien que le Parlement français est actuellement pour l'essentiel constitué d'élus qui dépendent quasiment tous, pour leur carrière,  de la dépense publique. Ne parlons pas du gouvernement actuel qui est presque pire, de ce point de vue, que le gouvernement Jospin.

Lorsqu'on laisse la politique économique de la France entre les mains d'un professeur d'allemand,  (qui le parle comme une vache espagnole) qui n'a pratiquement pas exercé (heureusement !)  et d'un prof de maths, M. Eckert, qui n'est toujours pas revenu d'avoir eu un diplôme universitaire avant de se lancer dans la politique, on est sûr que cela va être glorieux et parfaitement utile à la société et aux entreprises…

On voit que les mesures à prendre ne sont pas simples et qu'elles ne pourront l'être qu'après des ajustements institutionnels profonds.

Les règles constitutionnelles suivantes sont à créer :

- Nul ne peut être élu dans une assemblée qui vote sa rémunération

- Nul ne peut toucher deux rémunérations de l'Etat ou d'institutions dépendant de l'état pour son financement.

- Les dépenses budgétaires ne peuvent excéder le budget de l'année précédente augmenté du taux de croissance constaté, sauf vote à la majorité de 66% des membres du Parlement, et pour un temps limité.

- Les bonis de recettes fiscales doivent être restitués aux Français et ne peuvent être utilisés pour accroître la dépense publique.

Une fois ce cadre mis en place les recettes détaillées dans les milliers de livres qui suggèrent des réduction de dépense auront une chance d'être mises en œuvre.

Certains diront : encore des mesures institutionnelles alors qu'il aurait suffi d'un peu de vertu associée à un peu de courage ! D'autres ajouterons : les marchés sont impitoyables avec les démagogues. Laissons les faire !

Soixante années d'expérience démontrent bien que si on ne rectifie pas les institutions, tout continuera comme avant, quelque soit la supervision des Commissaires européens et la puissance des marchés.   Ce qu'on appellera "réduction de la dépense" sera seulement une réduction des allocations publiques pour les populations sans pouvoir de nuisance politique. Alors que la priorité absolue et immédiate est de ramener de 25 à 20% du PIB le coût de l'appareil d'Etat, en restituant ces 5% à l'entreprise.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

Big bang ou big flop ?

Nul doute que la conférence de presse du Président Hollande soit une forme de tremblement de terre politique. En s'annonçant comme "social démocrate" partisan "d'une politique de l'offre", il annonce la fin du socialisme pur et dur comme base fédératrice du "peuple de gauche".  

Bien sûr le socialisme était déjà mort. La disparition de l'URSS et la conversion de la Chine à une forme d'économie de marché, avaient signé la mort du socialisme révolutionnaire, et l'enterrement de Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao, dès 1989. Il n'aura fallu qu'un quart de siècle pour que le verbe du PS rejoigne la réalité.

En vérité, le socialisme français, en choisissant comme chef, en 1974,  F. Mitterrand,  grand pourrisseur devant l'éternel, s'était déjà suicidé. Le vieux cynique ruinera durablement  le pays et tuera à jamais la prétention "morale" du socialisme. La péripétie Jospin lèvera la dernière hypothèque, celle d'une régénération par le trotskisme apaisé.  Alors que tous les socialismes européens, de  Blair à Schroeder, avaient jeté aux orties toutes les références à un quelconque marxisme, même dans sa variante atténuée, réduite à la méthodologie, le révolutionnarisme verbal du socialisme français, était de plus en plus décalé.

En en jetant les derniers oripeaux par-dessus les moulins, François Hollande radicalise le constat. Le "peuple de gauche" aura du sociétalisme et plus jamais du socialisme, rendu impossible par le remugle intolérable des régimes socialistes sanglants et la conversion du PS à l'Europe mondialisée.

L'analyse politique de ce geste n'est pas l'affaire de ce blog. Est-ce qu'un Président déconsidéré et au plus bas dans les sondages peut être l'instrument d'une révolution mentale et politique du socialisme français ?  En associant le socialisme à  une forme d'illégitimité, F. Hollande assume son "complexe de droite", symétrique du "complexe de gauche" de la droite. En même temps, il tue Sarkozy une nouvelle fois. Il est vrai que c'est son obsession. En affrontant des décisions cruciales que Sarkozy n'avait pas eu le courage d'envisager, Hollande le rend caduque en assumant une rupture que son prédécesseur n'avait pas faite. Il fait de la politique politicienne qui ravira les analystes politiques, toujours prompts à apprécier les belles manœuvres, même si le revirement actuel rend également caduque les 18 premiers mois de la gouvernance hollandaise, morte en Bretagne avec la révolte des nouveaux Bonnets Rouges.    

Sur le plan économique, qui est celui des réalités lourdes, le Pacte de Responsabilité est-il à la hauteur des enjeux ? En annonçant qu'il allait supprimer  les cotisations familiales qui n'ont effectivement rien à faire dans les charges sociales entrepreneuriales, comme il est répété par à peu près tout le monde depuis au moins cinquante ans (on en discutait déjà à l'arrivée du général de Gaulle aux affaires… en 1958), le chef de l'Etat renverse-t-il enfin la table et amorce-t-il enfin un début de reprise en main de la compétitivité française ?

Le niveau de ces cotisations est selon les chiffres contradictoires publiés par la presse entre 30 et 35 milliards d'Euros, à comparer à la valeur ajoutées des entreprises de plus de 1 personne du secteur marchand non financier : 1.250 milliards d'euros. Le tout doit être étalé sur quatre ans (de 2014 et 2017). On aboutit donc à une baisse de charge de 1% par an, qui est presque ridicule par rapport aux besoins. L'affaire se corse si on tient compte que cette mesure remplacera le CICE, même si ce n'est pas dit comme cela. La "boite à outils" magique de l'ancien Hollande socialiste  a été jetée aux orties par le nouveau Hollande social-démocrate.  Le CICE devait fournir 20 milliards en année pleine. Les naïfs ont cru qu'on ajoutait les 30 milliards aux 20 milliards, chiffres à rapprocher des 50 milliards d'économie annoncés sur quatre ans sur la dépense publique, également de 1.250 milliards.  

La réalité est plus prosaïque. Rexecode a calculé que les 20 milliards après impôts du CICE équivalaient presqu'exactement aux 30 milliards des cotisations familiales avant impôts. Pour les entreprises, le nouveau plan est exactement équivalent au précédent et n'apporte aucun allégement supplémentaire. Il est simplement plus lisible. On a changé le ruban sur la boîte à outil.  

Le déficit de l'Etat devrait atteindre 74,9 milliards d'euros en 2013 alors que l'objectif initial  était de le ramener à 62,3 milliards d'euros. La politique suivie a donc été un échec tragique, alors même que la reprise mondiale s'est enclenchée et qu'on est entré dans la phase "haute" du cycle. En rebaptisant l'outil sans en changer  le montant, et en l'étalant sur quatre ans, se met-on en position de faire mieux ? Evidemment non.

Hollande joue sur les mots mais ne soigne aucun des maux de l'économie française. En revanche le gain politique est évident : c'est désormais aux entreprises, bénéficiaires d'un "incroyable cadeau", comme le dit l'inénarrable Mélenchon, d' "inverser la courbe du chômage".

Pour les amateurs d'histoire et d'idéologie, la social-démocratie est un mouvement qui a eu son heure d'efficacité en Allemagne entre 1890 et 1900. L'idée est que le travail et le capital, associés loin des foucades politiques, se mettent d'accord pour prendre, seuls,  des mesures concertées concernant les entreprises et leurs employés.  La forme atténuée de cette idéologie est, en France, le paritarisme. En enlevant au paritarisme la gestion des allocations familiales, l'Etat reprend la main. Le contraire exact de la social-démocratie. L'Unaf a parfaitement compris que l'étatisation complète des allocations familiales était le premier pas vers sa réduction et sa dénaturation, déjà fortement présente dans le projet du PS.  

C'est le côté magique de la politique en France. On fait le contraire de ce qu'on dit, et ce qu'on dit n'est pas ce qu'on dit. La personne qui le dit, élue alors qu'elle n'avait jamais travaillé de sa vie, entourée par l'équipe la plus nulle depuis Charles X,  a tout raté et se trouve complètement dévalué.

Mais tout est changé. Le big flop est devenu un big bang !

Le Français, né malin…



500.000 lectures sur ce blog

Nous avons créé ce blog en juin 2008, parce que nous étions lassés de voir que nos commentaires sur les forums principaux, notamment celui du Monde, étaient régulièrement purgés, ce qui rendait impossible ce à quoi nous tenions par-dessus tout : mettre les faits de notre côté alors qu'ils nous donnaient raison dans la durée.

Depuis 2006, sur ces forums et dans nos bulletins de conjoncture, nous annoncions l'arrivée d'une crise très sévère sur la base d'un raisonnement très simple : le cycle impose, tous les huit à dix ans, une crise qui est alternativement molle et sévère. Depuis l'abandon des disciplines de Bretton-Woods et l'installation d'un système de changes flottants, les crises ont tendance à être constamment plus fortes du fait du gonflement global de l'endettement. Avec des taux d'endettement supérieurs à 400% dans les pays de l'OCDE, taux intenables, les crises de crédit seraient nécessairement plus graves. La crise décennale du début des années 2000 avait été plutôt légère. Nous étions mûrs pour la crise sévère. Il n'était pas difficile d'annoncer, dès 2006,  avec logique et confiance, que nous allions traverser la plus grave crise depuis 1929, et nous avons correctement prévue dès l'été 2007 le déclenchement de la crise ouverte pour l'automne 2008.  

En juin 2008, les journaux s'interrogeaient enfin : allions-nous connaître une récession ? A tous nous avons écrit que "oui, nous allions avoir une récession", et qu'elle serait terrible. Auparavant nous avions écrit au candidat Sarkozy qu'il ne fallait pas annoncer une croissance accélérée pendant son quinquennat car sa mandature serait gâchée par la crise la plus sévère depuis la guerre.

Nous ne pensions pas à une crise de type 1929, mais plutôt à une crise de type 1992-93 aggravée. Ce n'est que si les Etats ne faisaient pas leur travail que nous risquions de voir revenir les années sombres de la décennie 1930.

Notre idée était qu'il fallait intervenir sur les trois causes majeures des difficultés :

- Mondialement, il fallait réformer le système des changes pour restaurer la responsabilité des Etats vis-à-vis de leurs grands déficits ou excédents ce qui impliquait un abandon au moins partiel des changes flottants et de la liberté totale des mouvements de capitaux à court-terme.

- En Europe, il était urgent de créer une instance de gestion de la zone Euro, dans un cadre plus directement démocratique que celui de l'Union Européenne, avec la création d'un poste de Chancelier de l'Union Monétaire, situé à Paris, et  disposant d'un pouvoir d'intervention sur les "trésors" nationaux  et les marchés des changes, en même temps qu'il s'assurerait que les économies locales ne divergent pas trop.

- En France, il fallait réduire le Moloch administratif mis en place depuis des lustres au nom d'une "énarchie compassionnelle" promue et imposée par des hauts fonctionnaires disposant à la fois du contrôle médiatique, du pouvoir bancaire, du pouvoir administratif et du pouvoir politique. Leur étiquette politique n'avait pas de réelle importance. Les alternances n'étant jamais de vraies ruptures, la France avait fini par devenir une société coupée en deux entre les bénéficiaires de rentes publiques et les productifs.

Aucun élément de ce diagnostic n'a été retenu par les responsables politiques, à aucun des trois échelons. Et aucune action dans le sens de nos recommandations n'a été mise en œuvre. Avec au bout du compte, cinq ans de récession ou de stagnation, et de nombreux drames sociaux.

La doctrine des changes flottants de monnaies administratives gérées par des fonctionnaires et  dont la valeur est étalonnée par les marchés reste la doctrine officielle, en dépit de sa responsabilité dans  la survenue et la gravité de la crise.

Les Européistes ont  profité des évènements pour dépouiller les pouvoirs de contrôle des banques anciennement exercés par les Etats membres au profit de la BCE. Etats membres ou Etats démembrés ? Rien n'a été fait pour empêcher la logique dépressive des réajustements intra-européens. Le change de l'Euro reste à la merci des initiatives des autres, sans réaction de l'Europe.  

Les hauts-fonctionnaires se sont appuyés, en France, sur la crise, pour aggraver dramatiquement la fiscalité au point de quasiment tuer le secteur marchand qui a subi seul, comme d'habitude, les conséquences de la récession.

Les résultats globaux, européens et français sont dramatiques.  L'échec des politiques menées n'a conduit à aucune remise en cause des comportements, des idées et des modes d'organisation responsables de la crise.

Pour autant qu'on la comprenne, car elle n'est jamais vraiment explicitée, la pensée des grands dirigeants mondiaux, européens et français est à peu près la suivante :

- Oui il faut un peu plus de coopération dans le monde. Les banquiers centraux se voient. Ils coordonnent leurs politiques en secret. Le G.20 permet des évolutions concertées. Le secret bancaire a été globalement levé. Les banques sont sous tutelle très étroite. Cela suffit pour que l'action des banques centrales soient seules nécessaires et efficaces. Donc ne changeons rien à notre chanson même si les paroles sont un peu décalées par rapport à la musique.

- Oui il faut un peu plus de coopération en Europe. Mais la discipline doit être la source du renouveau. D'où le traité "Merkozy". C'est la Commission qui fera régner un certain ordre dans les finances publiques des uns et des autres. Comme les banques sont ou seront sous tutelle de la Banque centrale, on peut désormais dormir tranquille. Il est parfaitement inutile de changer et de chanson et de musique.

- Oui il faut baisser les prélèvements en France. Les Vœux du Président, en ce début d'année 2014, sont explicites. Il y a trop d'impôts et qui pèsent trop sur les entreprises. La monnaie unique nous a "protégés". Nous n'avons plus à nous préoccuper de la défense de notre monnaie ni même de la défense de nos banques. Tout cela est parti vers les institutions européennes. L'énarchie pourra se perpétuer dans une certaine irresponsabilité pourvu qu'elle respecte grosso-modo le traité. Selon le clan au pouvoir on soulignera "l'efficacité économique" ou "la justice sociale", mais ce sera, comme depuis 1974, la même politique, d'abord "sociétaliste",  pour faire semblant d'exister. Giscard avait commencé ; Hollande a porté l'exercice à des sommets difficilement égalables.  Sur toutes les autres questions, et notamment le contrôle des effets pervers de la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux, qui est hors de portée des "dirigeants" nationaux, l'action politique se résumera  à de la com' et à la fiscalité.

Autant dire que rien n'a changé, sauf à la marge. Après six  ans de crise sévère qui a vu des dizaines de millions de personnes perdre leur emploi et des centaines de millions d'autres perdre une partie de leur épargne et de leur revenu, avec des pays entiers envoyés au tapis comme la Grèce et le Portugal, le taux d'endettement global des pays de l'OCDE a cessé de grimper mais reste autour de 420% du PIB. C'est un taux intenable. Comme nous l'écrivions, "le hanneton pousse sa boule de crottin mais se fatigue". Ce taux intolérable, pèsera comme d'habitude depuis 1971, sur le taux de croissance (le Trend) et sur la gravité des crises à venir.

Le cycle décennal n'en sera pas supprimé pour autant. Nous entrons aujourd'hui dans la phase "haute" du cycle. Comme nous étions entré dans la phase haute du cycle en 97, après la crise de 92-93, et en 2006 après la crise de 2001. Nous ne nous en apercevons pas car la reprise est très faible et ses taux de croissance associés, ridicules. En 97 la reprise avait été très forte parce que les besoins avaient été comprimés très fortement et que le système avait réagi par une croissance délirante de l'endettement global. En 2006 la reprise avait été médiocre, avec des taux de croissance sinistres en Europe et en France. Nous pensons que le scénario sera plutôt de ce type là, car l'envol du crédit n'est plus possible lorsqu'on traine une dette globale de 420% du PIB. Ceux qui disposent d'avantages compétitifs marqués et les pays en rattrapage,  en profiteront plus que les autres  !

Le Baltic Index marque une reprise du commerce mondial. Cette reprise est encore à un niveau très bas mais l'orientation est sans équivoque.

On va donc vers trois ans de croissance globalement molle avec une atténuation des stigmates de la crise précédente.

Rien n'ayant été réglé sur le fond, ce n'est pas le schéma de 1945 qui va se mettre en place. Rappelons qu'on 1945 l'endettement global était partout supérieur à 400%, sauf aux Etats-Unis qui avaient concentré les créances et les actifs monétaires du monde. En 25 ans, le taux d'endettement avait été réduit à moins de 200%.

Evidemment, pendant cette période, nous n'avions pas de changes flottants mais des changes ajustables mais administrés, avec contrôle par le FMI, sauf pour les Etats-Unis qui faisaient déjà ce qu'ils voulaient et allaient finalement faire sauter le système. Une Europe supranationale gérée par des fonctionnaires non élus n'existait pas, non plus que la monnaie unique.  La France bénéficiait d'un taux de prélèvement global inférieur à 35% du PIB ce qui permettait un dynamisme entrepreneurial réel et sérieux.

Toutes les leçons de cette période ont été oubliées.

Le capitalisme débridé mené par les Etats forts permettra une croissance mondiale faible et déséquilibrée mais réelle, bien que ponctuée de crises graves parfaitement inutiles et évitables. Les doctrines stupides et fausses sur la bonté naturelle des marchés monétaires et financiers resteront inentamées. Gare à ceux qui, dans l'économie officielle, prendraient le risque de s'y attaquer ! Fini les jolies carrières, les postes grassement rémunérés et les récompenses publiques !  

L'Europe continuera son chemin un ton au dessous. A la remorque des autres et sans politique économique extérieure, sa croissance sera faible et ponctuée de crises locales. La bureaucratie européenne ne lâchera rien. Personne n'a le pouvoir de lui faire lâcher prise.  

La France se félicitera de son "trip" à la Péron. On se souvient que cet abruti avait réussi l'exploit de transformer un des pays les plus riches du monde en cauchemar économique. La triste question est de savoir si nous vivrons un péronisme larvé façon Evita ou énervé façon Chavez. Les hauts-fonctionnaires français ne lâcheront rien. Personne n'a le pouvoir de leur faire lâcher prise.  

La reprise, même insignifiante,  gommera toutes les idées de réformes structurelles.

Paradoxalement, la crise n'a pas été assez forte pour que soient remis en cause les Credo  les plus  néfastes, à la différence de ce qui s'est passé après 1929. L'idéologie de base restera la même : "Vive les changes flottants ! Vive l'Europe supranationale ! Vive l'Euro ! Vive l'impôt ! "

Rendez-vous entre 2024 et 2027 pour la prochaine grande crise décennale !  2008-2009 avait été pire que 1992-1993, qui avait été pire que 1973-1974.  Il se peut que la sévérité radicale de ce qui se passera permette enfin un changement des doctrines et des organisations. Souhaitons le pour la fin de carrière de nos enfants, et pour l'avenir de nos petits enfants !  

Mais nous aurions préféré que la pédagogie de la crise actuelle suffise enfin et que les modes d'organisation néfastes soient éliminées avant un autre désastre.  

Nous espérons que ce blog, qui vient d'atteindre le nombre inespéré de 500.000 lectures, permettra aux économistes qui s'intéresseront à la période de découvrir que toute la séquence 2007-2014 était parfaitement prévisible et lisible, qu'elle porte des leçons importantes et qu'il serait bon d'en tirer parti.

Très modestement, nous pensons avoir eu constamment raison, parce qu'à chaque fois, sur toutes les questions clés, nous avons annoncé à l'avance des conséquences qui se sont effectivement développées selon les modalités et dans les délais que nous avions indiqués.

Nous avons voulu fournir des clés d'interprétation que la grande presse et la plupart des publications ou des économistes "autorisées" fuient comme la peste, soit parce qu'ils ne les comprennent pas (analyser les faits est très fatigant), soit parce que l'effort d'explication n'est pas danger pour des carrières ou des financements officiels.

Il est inutile d'avancer une quelconque théorie du complot. Il existe une pensée dominante, informe mais dominante. La crise est d'abord scientifique et intellectuelle avant d'être politique. Les erreurs sont souvent  le fait de "chevaliers du bien" qui n'ont pas compris que l'enfer est pavé des meilleures intentions. 

Oui les libertés économiques sont fondamentales. Mais il faut des écluses et des canaux pour éviter les débordements. Les mouvements de marchandises, de personnes et de capitaux  doivent s'inscrire dans des processus contrôlables. 

Oui l'Union Européenne est une idée généreuse et bien orientée, mais sa construction ne peut pas être fondée sur le démantèlement des Etats européens, et une pratique d'offuscation des peuples qui veut qu'on mette la charrue systématiquement avant les bœufs pour forcer des changements dont les peuples ne sont pas nécessairement friands. Au prix de désordres désastreux. 

Oui la solidarité est nécessaire. Mais aboutir à l'asphyxie économique n'est pas une solution et prendre plus de 100% du revenu d'un citoyen est la mort de l'idée républicaine. 

Il serait agréable de se dire qu'il suffit d'éclairer un camp politique et que sa victoire électorale permettra de passer de la connaissance à l'action. Le problème est que l'alternance est nécessaire et qu'il faut que les partis de gouvernement se convainquent, aussi bien l'un que l'autre, des remises en cause nécessaires. La pensée a fui aussi bien l'UMP que le PS.  L'idée d'intérêt général s'est évaporée. Les carrières politiques  sont devenues des affaires de  clans appuyés sur des hommes de communication exaltant des postures et manipulant de l'opinion.

Le "sociétalisme" et les chasses à l'homme, pas plus que le "complexe de Zorro",  ne font une politique.  

Ce qui est vrai pour les élections présidentielles le reste pour les élections locales.

On le verra lors des prochaines élections municipales. Lors des dernières à Paris, la campagne avait parlé de tout …sauf de Paris. Il est facile de prévoir que le "débat" portera sur ces questions fondamentales : "NKM fait-elle trop la sucrée ?", à gauche, et "Hidalgo n'est-elle pas une ex-inspectrice du travail qui a choisi de se sucrer", à droite. Attention les diabétiques ! Le tout sur fond de boboïsme militant et d'affaire Dieudonné. Passionnant !

L'Europe n'est plus, et depuis longtemps, un foyer de réflexion transnationale permettant de dépasser les clivages politiciens. Le budget spécifiquement européen qui intéresse vraiment les européistes est celui de la propagande. Tenir l'opinion tout en exploitant les occasions  pour arracher quelques pouvoirs aux Nations, voilà l'obsession. Quel intérêt pour les peuples ? Les élections européennes sont le plus souvent l'occasion de régler des comptes politiques nationaux, sur fond d'abstention record. Personne ne parle du bilan de la précédente législature et n'a la moindre idée du programme de la prochaine. La double question de l'organisation technique de la zone Euro et de la démocratie européenne devrait être au cœur des débats électoraux. Gageons qu'il n'en sera rien et que tout tournera autour de la question de savoir quel parti est le premier en France.

Quant aux cercles de discussion mondialisés, il sont entièrement dominés par les Etats-Unis d'un côté et de l'autre par les groupes de pression, sur le mode ONG, qui défendent leurs prés-carrés dans la mouvance des financements de l'ONU et/ou des lobbies.  Introduire de la lumière dans ces sources de chaleur intenses mais intéressées est quasiment impossible. Il n'y a plus aucune réflexion économique collective désintéressée.

Alors que réflexion collective et coopération rationnelle seront toujours les mots-clés d'une humanité supérieure.

La crise économique que nous avons annoncée et que nous commentons depuis cinq ans et quelques mois est le témoin le plus direct de l'échec d'une approche mondiale non coopérative fondée sur des intérêts mal compris et laissant de côté toute observation économique un peu savante, pour se satisfaire du statu quo pervers que des idéologies molles ou infondées mais politiquement pratiques, appuyant des relations de force, ont créé depuis 1971.  L'ineptie d'une telle démission morale, intellectuelle et politique est masquée par un activisme déplacé sur tout ce qui est facile, dérisoire et insignifiant.   

Tout reste à faire.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



RSA : la double escroquerie

Nous avons dénoncé sur ce blog, et cela dès sa création, l'erreur qu'était la création du RSA. Il n'y avait strictement aucune chance que ce système marche. Nicolas Sarkozy voulait une mesure sociale phare "de gauche", pilotée par un "homme de gauche" pour assurer sa réélection. Il avait recruté pour se faire une nullité ambitieuse, Martin Hirsch.  Ce dernier ne ménagera pas sa peine pour faire passer une mesure qui est en fait une double escroquerie.

La première escroquerie est fiscale. Pour financer le RSA, il fallait des recettes nouvelles. On a donc taxé un peu plus le revenu de l'épargne des Français. Les chiffres annoncés : 2.5 MdE. Dans la pratique la recette récurrente est de 6.5 MdE.  Comme d'habitude on a menti aux Français en minorant les conséquences d'un impôt nouveau. Et les dépenses effectives du RSA ne dépassent pas 1.5MdE. C'est l'histoire de la vignette pour les vieux qui recommence. L'argent est parti ailleurs.  

Deuxième escroquerie : celle qui a consisté à annoncer qu'on sortirait de la pauvreté 2 millions de personnes (propos tenus mille fois par Martin Hirsch). En fait on a presque doublé le nombre de personnes indemnisées. Actuellement on en est à 2.2 millions de personnes. RTL ce matin, interrogeait les intéressés : tous étaient au RSA depuis 3 ans ! Les statistiques évoquées parlent de 8% de sortie du RSA sans qu'on sache exactement les causes de ses sorties.

Tout cela était inscrit dans le code génétique de cette mesure politicienne faussement généreuse. Nous l'avons dénoncée dès le départ parce que les lacunes étaient manifestes. S'agissant d'une "mesure généreuse" les médias applaudissent, par principe, au départ et se taisent jusqu'à ce qu'un nouveau projet soit proposé quelques années ou décennies plus tard. Alors on se déchaîne sur les anciennes modalités pour justifier le changement.  

La radio cite ce matin deux  critiques …que nous retrouvons identiquement dans notre papier de l'époque.

- Il y a trop d'avantages connexes attachés au statut de RMiste ou de RSastre pour en sortir facilement. Nous ajoutions : c'est tellement difficile d'arriver à tout obtenir qu'une fois qu'on y a réussi, on ne va pas tout remettre en cause pour…gagner moins, de façon précaire, avec l'angoisse de recommencer tout le processus dans quelques semaines. RTL évalue l' avantage connexe entre 1.500 et 2.500 Euros par an, en  sus des indemnités du RSA.  La mendicité, le travail au noir et diverses activités délictueuses permettent éventuellement de compléter le tout (toutes les prostituées de la rue Saint Denis étaient au RMI à peine un an après la création de la chose par Rocard…).  

- Lorsqu'une crise décennale dure se profile, on sait que le nombre des indemnitaires va augmenter massivement. Lorsqu'on est sage, on s'arrange pour faire face à l'afflux et on ne s'occupe pas de revaloriser les rentes de ceux qui, déjà, ne travaillent pas.   

En fait, sous le couvert de bons sentiments, alors que l'ambition était politicienne chez Sarkozy (moi Président de gauche,  vous vous rendez compte !)  et carriériste chez Hirsch (moi, Ministre, vous vous rendez compte !),  on a enfermé des populations dans l'assistanat de longue durée, qui était déjà le défaut majeur du RMI, dont le "I" (pour insertion) a toujours été quasiment inexistant.

Rappelons que toutes les politiques de charité sont excellentes lorsqu'elles sont :

- Provisoires : elles aident à passer un cap difficile

- Ciblées : tout le monde ne mérite pas d'être aidé

- Assorties de conditions : la personne aidée doit y mettre du sien

- Modulées pour tenir compte de l'état de la conjoncture : les périodes de vaches grasses ne sont pas les périodes de vaches maigres.

- Différenciées en fonction des populations concernées : on ne doit pas traiter de la même façon des populations dont "l'employabilité" est très différente.

- Unifiées et globalisées : toutes les aides doivent être accessibles au même guichet avec une possibilité d'offrir le jeu le plus adéquat, dans le cadre d'un budget global.

- Décentralisées : les commissions d'attribution et de suivi doivent coller au terrain et connaître la clientèle.

- Transparentes : tout le monde doit pouvoir savoir ce qui a été accordé à qui.

- Contrôlées : les abus doivent être durement sanctionnés.

Sinon, on ne fait qu'affirmer un droit à vivre aux crochets des autres indéfiniment.

Il est à noter que F. Hollande ("Moi Président"… et je n'en suis toujours pas revenu !") a repris exactement le même schéma en créant la "garantie jeune" qui permet de rester désormais dans l'assistanat pendant toute sa vie.

"Plus ça change plus c'est la même chose" avait déjà  remarqué Jean-Baptiste Alphonse Karr il y a un siècle et demi . La démagogie parlementaire dénoncée du temps de la Troisième et de la Quatrième République est passée à l'échelon présidentiel, la réduction à 5 ans du mandat, confortant cette tendance.

Le Français, né malin et charitable, est content mais cocu, qu'il soit payeur ou bénéficiaire.

2013 : l'« annus hollandibilis »

Comme il était prévisible, l’année 2013 aura été, en France,  un complet désastre économique. Sur absolument tous les critères, on constate une aggravation.

Nous serons à très court terme, si nous ne le sommes pas déjà (les rectifications statistiques prennent souvent jusqu’à deux ans !), à près de 11% de chômeurs et de 100% de dettes publiques par rapport au PIB. La compétitivité française n’a pas été restaurée, stimulant les déficits extérieurs. L’investissement productif est au plus bas, la fuite des actifs au plus haut. La trésorerie des entreprises est quasiment inexistante, et les faillites ont explosé. Les grandes entreprises ont multiplié les licenciements collectifs, éliminant jusqu’à 4% des postes de travail.  Des secteurs économiques entiers sont sinistrés, avec des chutes de chiffres d’affaires  allant jusqu’à 30%.  Le revenu par tête a baissé.

Cette catastrophe prend tout son relief lorsqu’on compare cette macabre évolution avec celle des autres pays comparables de l’OCDE, où la tendance à la reprise est affirmée et où le chômage est repassé souvent sous la barre des 7%.  Les Etats-Unis ont connu une forte croissance.

Bref, dans une Europe qui est à la traîne du reste du monde, la France décroche.

Les prévisions 2014 sont dans la continuité : un décrochage aggravé. 

On peut expliquer ce mauvais résultat par les obligations dépressives du traité Merkel-Sarkozy, qui impose de revenir rapidement dans les règles de Maastricht au prix de sanctions aggravées et qui a donné à la Commission des pouvoirs de coercition nouveaux et difficiles à éluder. Quel que soit le clan au pouvoir, il aurait  bien fallu  respecter la parole donnée.

Par calcul politique, François hollande a tenu à prendre une posture hostile jusqu’à la vindicte aux 10% de la population qui forme le socle économique de la nation.  La tradition républicaine veut qu’on sorte collectivement d’un mauvais pas et qu’on n’insulte pas les citoyens. Hollande, appuyé par un gouvernement fantoche et une majorité parlementaire excitée, dont le parangon est M. Eckert, a voulu multiplier les mesures ciblées les plus odieuses. L’impôt a été le vecteur principal de cette vindicte, aboutissant à des prélèvements supérieurs à 100%  pour près de 10.000 Français.

Constamment bloqué par les instances de régulation juridique et notamment le conseil constitutionnel, F. Hollande  a voulu prouvé sa détermination hargneuse en contournant les jugements pour faire le tort qu’il souhaitait aux catégories ciblées. Il fallait que quelqu’un paie pour les 75% d’imposition promis aux hauts salaires. Réintégrer les plus-values latentes des contrats d’assurance vie dans les revenus à prendre en compte dans le plafonnement obligé de l’ISF est contraire à tous les principes, l’argent étant non disponible. Les juges ont sanctionné la mesure.  La vengeance est en cours d’élaboration.  La fiscalité est la kalachnikov de ces pseudos révolutionnaires qui sont de vrais populistes sectaires. François Hollande ne fait que suivre l’exemple de B. Delanoë le maire de Paris qui a doublé les impositions sur le capital en affirmant « et je ne m’excuse pas ».

Cette violence verbale et fiscale a bloqué le pays. Elle a compromis l’efficacité même des mesures d’austérité prises.

L’augmentation des impôts n’a pas eu le rendement espéré : il manque près de 10 milliards d’Euros au bout de l’année. L’argent a fui et s’est caché. On peut ruiner les gens une fois. Pas deux.    La trajectoire de réduction des déficits publics, bien orientée après les mesures fiscales déjà concentrées sur la population aisée, mais sans abus ni injures,  prises par l’équipe Sarkozy-Fillon,  a été bloquée.   

Le gros mensonge de l’innocuité de la politique fiscale pour les classes moyennes et populaires a volé en éclats, avec des millions de nouveaux contribuables à l’impôt sur le revenu et les hausses massives de TVA  (passer de 7 à 10% la TVA moyenne est une augmentation de  42,86%, pas de 3%).

Il a bien fallu en passer par là : saquer fiscalement les ménages pour tenter de restaurer la compétitivité des entreprises. Indiscutablement c’était nécessaire. Mais que de temps perdu et surtout, pourquoi avoir choisi des modalités aussi complexes que le CICE ?

La posture politicienne hystérique et l’esprit incroyablement administratif qui ont teinté de façon indélébile l’action du gouvernement, sous l’aiguillon de F. Hollande,  ont été totalement contreproductifs. Elle masque des évolutions certes insuffisantes mais utiles, comme l’assouplissement partiel des relations sociales ou la réforme minimaliste des retraitées du privé (qui n’a évidemment  rien touché aux avantages abusifs des retraites publiques). De même, on peut considérer comme un bon point l’obtention de délais pour revenir dans la norme européenne.

Sachant qu’il était prisonnier des traités, F. Hollande a choisi l’offensive et l’offense pour « tenir » le temps que l’austérité fasse un minimum son effet et que la reprise mondiale tire le pays hors du pire. Il a asphyxié le terrain médiatique avec des réformes sociétales ciblant de prétendues « victimes » du système capitaliste et bourgeois.

Il a donc pris des mesures en faveur :

-          Des Roms (la circulaire Valls)

-          Des homosexuels (en offrant le « mariage » à leurs organisations militantes les plus actives)

-          Des fonctionnaires abusant des arrêts de travail (alors que le jour de carence avait montré son efficacité)

-          Des élèves décrocheurs

-          Des drogués (en leur offrant une salle de shoot)

-          Des  présidents de collectivités locales abusifs

-          Des voleurs condamnés et emprisonnés

-          Des prostitués, « réifiées » par leurs clients

-          …

Ne fallait-il pas « pacifier » une société à domination bourgeoise « victimisant » ses enfants ?

Ce « sociétalisme » offrant à tous les groupes militants des satisfactions concrètes devait masquer la politique d’austérité et permettre la victoire aux municipales, où le PS est dès le départ en situation de force, d’une part en faisant monter le Front national et d’autre part  en s’assurant des clientèles.

En un mot François Hollande a fait de la politique en sachant qu’il n’avait aucune marge dans le domaine économique. L’ennui est qu’il a empoisonné l’esprit public et ses manœuvres politiciennes (imposées de facto sans jamais les justifier par une ligne ou un cap quelconque) ont fini par aggraver la situation économique.  

Le drame, pour la Nation, est que cette inspiration politicienne a fini par faire perdre deux ans au moins à la France. Il se peut qu’on découvre désormais le « nouveau Hollande », celui qui a compris qu’il fallait surtout reconstituer la société productive privée.

Les derniers dix-huit mois ne plaident pas pour une évolution de ce sens. On a concédé des mesures absurdes et dangereuses comme l’augmentation des effectifs publics, le compte « pénibilité » la « gratuité de la vie » entre 20 et 25 ans.  On a choisi de réduire la dépense publique non pas en s’en prenant à l’appareil qui le gère et qui est hypertrophié, mais en supprimant des allocations de façon ciblées. On n’a pas recadré le champ des missions de l’Etat qui s’est développé de façon excessive dans tous les azimuts depuis 50 ans. « L’énarchie compassionnelle » est toujours triomphante.  

Rappelons que pour nous la crise est due à trois causes :

-          Un système monétaire international défectueux. Le silence de F. Hollande a été sur ce sujet tonitruant.

-          Une gestion européenne par la norme qui transfère à des institutions non élues des instruments dont ils ne se servent pas. Où est la politique des changes ? Le silence de F. Hollande a été sur ce sujet tonitruant.

-          Une hypertrophie maladive de la fiscalité française liée à la capture du politique par la haute fonction publique. F. Hollande l’a incroyablement aggravée en la rendant encore plus anti productive.

Alors oui, la dimension proprement « hollandaise » de la gestion économique en 2013 en a fait inutilement une « annus horribilis ».

Il lui reste trois ans pour rectifier le cap. Mais en a-t-il seulement conscience et, si oui,  la volonté personnelle ?

Une gestion purement politique, avec comme seul objectif la réélection, n’est pas ce qu’il faut à la France.  Il est à craindre que l’esprit déplorable de l’élection présidentielle de 2012 persiste. Comment changer des travers qui vous ont fait gagner ?

Mais c’est la France qui perd.

 

 

 

 

 

 

 

Le blocage incompris du marché interbancaire Chinois

Le 8 mars 2009,  nous avions tenté de faire comprendre que la CHINE était plus un problème qu’une solution (voir   http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/3/8/Non-la-Chine-ne-nous-sauvera-pas-). A cette époque, dans le désarroi intellectuel général, certains commentateurs « autorisés » avaient repris les inepties de quelques analystes qui pensaient que les réserves chinoises allaient servir à relancer l’économie mondiale.  

Il y aura toujours, en toute époque, et à tout moment, de fins esprits pour croire que l’abondance de liquidité est la garantie d’une reprise rapide de l’activité. La Chine était gorgée de liquidités : la reprise serait là  et se ferait par-là ! En vérité, la Chine, après le Japon, après l’Allemagne, découvrait que l’accumulation d‘actifs en dollars la rendait vulnérable à des pertes abyssales. Elle allait donc gigoter dans tous les sens pour ne pas trop perdre, déstabilisant de nombreux marchés sans permettre de vraies reprises des échanges.

Il ne faut pas confondre panique et commerce.

Aujourd’hui les mêmes analystes restent sans voix : pourquoi le système bancaire chinois, gorgé de liquidité, est-il en grand danger ? Ils n’ont pas la clé d’interprétation d’un phénomène qu’ils ont pourtant devant les yeux depuis 2007, et qu’ils n’ont jamais voulu comprendre.

Alors ils développent les mêmes arguments que lors de la crise appelée à tort « des pays émergents ». On se souvient qu’à l’époque il était de bon ton de critiquer le « cronyism » supposé des systèmes financiers émergents. S’ils étaient en crise, c’était de leur faute et ils n’avaient qu’à mettre de l’ordre dans leur système. En fait la crise de 98 était une crise du dollar dans un environnement de changes flottants et de mouvements de capitaux à court terme totalement libres. Craignant l’Asie et surtout le Japon après le tremblement de terre de kobé, les spéculateurs étaient revenus en masse sur le dollar provoquant une double spéculation sur le dollar et sur la bourse américaine, notamment pour les valeurs technologiques. Rien à voir avec la gouvernance des banques des pays émergents qui seront VICTIMES dans cette affaire et traitées en voyous.

D’où la conclusion de l’article du Monde : « selon les analystes seules de vraies réformes structurelles du système bancaire…avec épuration des créances douteuses  et lutte contre la corruption, permettront d’éloigner vraiment le risque de crise ».

On a envie de demander à Marie Charrel, qui signe l’article, qui sont ces « analystes ».  On sait bien que ce sont les mêmes qu’en 1998 : les analystes des banques anglo-saxonnes en général et des banques américaines en particulier qui prêchent pour leur paroisse.

 

La crise actuelle en Chine est exactement du même type que la crise de 2007 dans les pays de l’OCDE. Le marché interbancaire s’est bloqué, comme en juillet 2007, au moment où les banques ont soudain compris que leurs partenaires étaient vulnérables et que tout prêt était en danger de ne jamais être remboursé. En 2007, après des mois d’incompréhension, la cause avait été trouvée : « ce sont les subprimes » !  Comme nous l’avons rabâché depuis, les « subprimes » ont joué le rôle d’allumettes mais la masse explosive venait d’ailleurs et était ailleurs.  

Notre thèse, reprenant les observations de Jacques Rueff, était que le blocage provenait de la double hélice de crédits qu’avaient permis le système des changes flottants, associés à la liberté totale des mouvements de capitaux.

Si un pays accumule des déficits colossaux, un autre pays accumule des excédents colossaux. Que faire de ces excédents ? La tentation est de les replacer dans le système bancaire du pays déficitaire. La nouvelle liquidité reçue génère une augmentation du crédit dans le pays déficitaire qui le devient de plus en plus. L’augmentation des actifs bancaires dans le pays excédentaire y permet le développement du crédit. L’endettement global ne cesse plus d’augmenter.

Pour les pays de l’OCDE, le taux d’endettement global est passé de moins de 200% à plus de 400%, créant une situation d’explosion, en dépit des purges périodiques provoquées par les crises décennales fortes (73-74, 92-93).

Regardons la réalité chinoise : le Monde du 24 décembre 2013, reprenant les informations du FMI,  la montre dans fard. « Les prêts classiques et les « crédits non traditionnels » s’élèvent aujourd’hui à 200% du PIB contre 130% en 2008 ». L’effet de la double hélice de crédits, en l’absence de toute réforme, continue à s’exercer. L’endettement américain a été soutenu par le « Quantitative Easing » aux Etats-Unis. La Banque de Chine  lâche 300 milliards de Yuan pour éviter le blocage du marché interbancaire Chinois. Le parallélisme est saisissant, même si les faits sont décalés du fait de l’administration stricte de la finance chinoise par les autorités.

La Chine confrontée à la fois aux risques de ses avoirs en dollars et aux effets de la création monétaire induite par les excédents est en difficulté.

Automatiquement en difficulté.

Il ne peut y avoir de surprise.

Les changes flottants sont un système nocif qui n’a jamais marché, ne marche pas et ne marchera jamais. C’est cela que la réflexion devrait commander d’écrire à Marie Charrel. Elle ne le fera pas. Elle tient à sa place. On peut la comprendre.

Mais quel désastre intellectuel !

Quand Mario Draghi joue à Trichet...

Question du JDD de ce dimanche 15 décembre 2013

 

"L'Euro a fortement augmenté face au dollar ? Que faites vous pour le faire baisser et le rendre plus compétitif ?"

 

Réponse de SuperMario :

 

" Je n'ai pas envie de spéculer sur la bonne parité euro-dollar. Nous n'avons pas d'objectif de change. Mais je reconnais qu'un taux de change élevé a des conséquences sur la croissance et sur l'inflation en Europe".

 

Nous revoilà dans la langue de bois qui était l'aspect le plus consternant des discours de M. Trichet.

 

Pour l'observateur, c'est plus qu'une leçon de chose.

 

On vous dit dans la même phrase :

 

- les changes c'est important pour la compétitivité et la croissance. Implicitement cela veut dire que le taux de change de l'Euro est surévalué.

- Mais je ne vais rien faire car ce n'est pas mon objectif statutaire, tout juste une préoccupation si l'inflation revenait. 

Les nations de la zone Euro se sont séparé d'un instrument de gestion de crise. L'Europe en a interdit l'usage et aucune institution n'en a plus la maîtrise.

Pour M. Draghi, c'est le marché libre des changes qui fixe la valeur des monnaies car le flottement des monnaies, c'est bien ! C'est sans doute pour cela que l'Europe de l'Euro a interdit toute possibilité de flexibilité monétaire en son sein !

On accumule les oxymores ou les contradictions : le flottement c'est bien mais l'unicité monétaire aussi !  Le change s'est important mais je ne dois pas m'en occuper. 

Pendant ce temps là le RU a dévalué et s'en tire pas mal ; les Etats-unis ont dévalué et ne s'en tirent pas mal. Le Japon vient de s'y mettre et ce n'est pas mal non plus.

 

Les autres,  ce sont les autres.

 

Combien de temps cette vision calamiteuse va-t-elle  continuer ?

 

Rappelons que la France ne suivra pas docilement l'évolution héllénique ou ou lusitanienne. 

 

Il faut que le noeud gordien qui entraine cette véritable anorexie mentale que l'on constate sur la gestion du change de l'Euro finisse par être tranché.

Qui osera ? 

 

 

 

Un très grand livre

L'Identité Malheureuse, d'Alain Finkielkraut, publié chez stock (novembre 2013) est un très grand livre.

Peut-être même un livre évènement, tant il est nécessaire.

On y trouvera notamment des explications de la crise intellectuelle qui est le soubassement de la crise plus générale qui frappe notamment la France.

L'économiste a besoin du philosophe.

A lire absolument.

Un article imbécile mais typique

La capacité de certaines Universités, ou structures associées, à produire des textes d'une sottise  impardonnable, à des millions d'années lumière de la réalité vécue, laisse songeur. Celle de la PQN à les reproduire avec complaisance, a quelque chose d'angoissant.

Prenons l'article du Monde intitulé " Prospérer sans croissance, c'est possible. Oublions les trente glorieuses" publié dans la livraison datée du 10 décembre 2013 (nous éviterons par charité de donner les noms des deux auteurs).

Au-delà de l'oxymore du titre, quelle est la thèse défendue ?

- La croissance ralentit depuis des décennies. Donc elle ralentira encore.

- Le bonheur n'est pas corrélé à la croissance du PIB.

Donc tout va bien. Acceptons une société économiquement stagnante et répartissons la richesse par l'impôt pour que tout le monde soit heureux.

Tout est absurde à la fois dans la démarche et dans les conclusions.

Il est vrai que la croissance diminue depuis la fin des "trente glorieuses". Mais en quoi est-ce une fatalité ? Plutôt que d'expliquer les causes anormales de cette décroissance, les auteurs préfèrent l'acter comme définitive et rationnelle. Le poids du vieillissement, le coût du pétrole et les nouvelles technologies excluraient toute croissance. On retombe sur les âneries d'un Rifkin qui voyait la fin du travail juste avant que plusieurs centaines de millions de terriens sortent de la misère et  entrent dans l'économie productive.

La croissance est le fruit de la productivité.  Considérer que tout gain de productivité est un frein à la croissance est une des erreurs économiques dénoncées par Alfred Sauvy et tant d'autres depuis des décennies. La machine n'a jamais tué l'emploi, même si elle a tué certaines formes de production. On retombe sur les dramatiques affirmations des Verts, encore récitées par Vincent  Placé lors de l'émission pilotée par MM. Zemmour et Naulleau  sur Paris Première, cette semaine : les technologies vertes coûtent plus cher, donc elles permettent de créer plus d'emplois !

Ah ! Si on pouvait avoir gardé les anciens centraux téléphoniques manuels. Je divise le nombre de communications actuel par la productivité d'une opératrice d'alors et j'arrive au moins à 300 millions d'emplois en France !

Les auteurs méconnaissent une réalité toute simple qui est la base de toute économie :  la création de richesses est un flux. Il n'y a pas de gâteau, immanent prêt à être partagé entre les convives pour leur plus grand bonheur. Cette vision féodale a du mal à disparaître des cranes embrumés.

Il est intéressant de constater combien les réalités françaises sont méconnues y compris par les universitaires chargées de les observer et de les analyser :

- la France n'est pas en stagnation. Le revenu par tête baisse continûment depuis cinq ans, après que sa croissance se soit pratiquement arrêtée après 93.  Ce n'est pas une stagnation. C'est une baisse.

 

Une B-A-I-S-S E !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

- Le merveilleux plan Hollande nous vaut, pour 2013, 300 à 400.000 emplois perdus et le double de personnes sorties des statistiques de demandeurs d'emplois en fin de droit. M. Larroutourou parle de 900.000 personnes exclus de l'emploi en 2013. On ne doit pas en être très loin.

- Malgré près de 80 milliards d'impôts nouveaux, les recettes ne sont pas au rendez-vous et nous ne respectons pas nos engagements internationaux. La dette monte vers les 100% du PIB et le chômage global va dépasser 11%, avec 25% des jeunes au tapis (50% dans les périphéries colonisées par des immigrants peu décidés ou peu aptes au travail). Les "riches" paient entre 80 et 120% d'impôts, si on prend tous les impôts en considération. Près de 8.000 d'entre eux paient plus de 100% en impôts directs.  Des centaines de grandes fortunes s'enfuient chaque années malgré des mesures de plus en plus attentatoires aux libertés. Les jeunes productifs fuient la France par dizaines de milliers.

- Nous aurons connu en 2013 l'année la pire en matière de plans sociaux dans les grands groupes  (près de 4% en moyenne de leurs effectifs ont été licenciés) et en matière de faillites de PME. Le petit commerce est à l'arrêt avec près de 8% du parc des boutiques en faillite et 40% du reste à limite. La construction comme de nombreux autres secteurs sont à moins 20, moins 30% de chiffres d'affaires. Les parts de marché internationales de la France s'effondrent.

 - Il nous manquait environ 5 à 7  millions d'emplois salariés dans le secteur privé. Nous avons dépassé les 8 millions ! Avec, e parallèle,  plus 5 millions de chômeurs toutes catégories confondues et plus de 3 millions  d'assistés complets qui ne recherchent pas de travail. Ajoutons que le nombre des fonctionnaires ou équivalent a explosé en 2013, avec plus de 50.000 nouveaux recrutés.

- Le nombre de familles qui vivent totalement de l'impôt des autres est quasiment égal au nombre de familles qui contribuent. Situation évidemment intenable.

- Si on ramène tous les grands agrégats à la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand les ratios deviennent terribles.

                Les prélèvement égalent 100% de cette valeur ajoutée ; la dépense publique est supérieure.

                La dette publique représente 200% de cette valeur ajoutée mais la dette globale est à 800%.  

S'il fallait compter sur les entreprises pour amortir cette dette et en payer les intérêts, il faudrait prélever 120% de sa valeur ajoutée. S'il fallait en plus que les entreprises paient les dépenses publiques , on ajouterait 120% de plus. 240% de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand, c'est possible, c'est raisonnable ? …

La France vit donc dans une perspective d'effondrement. Il n'y a pas de gâteau mais un flux de production menacé qui, déjà, ne permet pas l'emploi de la population.  Elle ne peut plus en sortir sans réduire drastiquement les versements aux secteurs et aux familles subventionnés, avec des conséquences sociales évidemment très lourdes. Il lui faut chercher sans relâche les moyens de la productivité et de la compétitivité pour retrouver une économies croissante et créatrice d'emplois.

On peut craindre que la France ne puisse rebondir, comme la Grèce , le Portugal ou l'Espagne, qu'au prix d'une restructuration très dure dont on retarde inlassablement le moment avec des expédients, mais seulement des expédients, en aggravant à chaque fois les contraintes du redressement ultérieurs.

Et voici que deux imbéciles nous expliquent qu'il faut révérer cette formidable situation, réduire la productivité et l'emploi marchand  dans la joie et la bonne humeur et répartir l'argent encore plus par l'impôt.

La première mesure à prendre est de cesser de subventionner l'institut où ils sévissent (L'IFFRI Sciences-po) , et renvoyer nos auteurs sur le marché du travail, afin qu'ils contribuent par la création de richesses à la solution des difficultés du pays.  Entendre des sous-intellectuels fonctionnarisés expliquer qu'il faut qu'on continue à les engraisser au prix de l'effondrement du pays est sans doute le genre de gouttes qui peuvent faire déborder n'importe quel vase.

Les contribuables peuvent-ils continuer à subventionner des "penseurs" dont le seul enthousiasme consiste à crier inlassablement : Vive l'impôt ! Vive la stagnation ! Vive l'assistanat ! Vive le chômage ! Vive la misère ! Vive le fonctionnariat moralisateur !  

L'importance négligée de l'Ukraine

La France, traditionnellement, néglige l'Ukraine. Elle s'est beaucoup focalisée sur la Pologne, à juste titre. Mais elle a généralement laissé l'Ukraine loin de ses considérations diplomatiques.

L'Ukraine est une grande nation qui a vocation à être une nation à part entière et qui le souhaite. Ouverte à tout vent, du fait de sa géographie, elle a toujours été une frontière, une bordure, que les armées voisines ont voulu traverser ou annexer. Grenier à blé facile d'accès, réservoir de main d'œuvre, l'Ukraine a connu de nombreuses vicissitudes historiques. Des découpes et des rattachements ont fait constamment évoluer ses frontières. Les influences ont été nombreuses.

Les Français, qui ne connaissent ni l'histoire ni la géographie, considèrent l'Ukraine comme une partie de la Russie. Certains croient, avec la propagande Russe, que Kiev est à la naissance même de la Grande Russie.

En vérité, jusqu'aux grandes conquêtes russes de la fin du 18ème siècle, l'Ukraine n'a strictement rien à voir avec la Russie. Elle est, en réalité, tiraillée entre les grandes monarchies du nord, Lituanie et Pologne, et les Asiates qui sont installées en Crimée. Elle est déchirée entre catholicisme et orthodoxie. Les pressions ottomanes se feront sentir plus tard.

Les deux derniers siècles ont été tragiques pour l'Ukraine.

Elle est sous domination de la Russie, de l'Autriche Hongrie et partiellement de l'empire ottoman pendant le XIXème siècle.  Le nationalisme culturel ukrainien est constamment soumis à la répression russe. Le régime Moldave et la tutelle de l'Autriche-Hongrie sont plus doux.   

La domination polonaise a conduit à un peuplement juif extrêmement important. De 600.000 au début du XIXème siècle, la population juive passera à près de 2 millions à l'aube du XXème siècle.  De nombreuses villes sont à majorité, absolue ou relative, juive.   

"72% de la population juive y vivait dans 262 communautés de plus de 1,000 personnes, ce qui voulait dire qu'en ajoutant les communautés de plus de 500 juifs, 37% de la population juive vivait dans des villes et bourgades dans lesquelles les juifs formaient la majorité absolue, et 22% dans les localités ou ils formaient 40–50% de la population totale. Par contraste, dans la partie de l'Ukraine au delà de la Dnieper, dans les provinces de Poltava et Chernigov (ou vivaient environ 225,000 juifs qui constituaient la majorité dans deux endroits seulement et seulement 40% de la population totale dans trois autres), 65% de la population juive vivait dans 39 communautés de plus de 1,000 personnes. On trouve une situation semblable dans la "Nouvelle Russie" (les provinces de Kherson, Yekaterinoslav, et Taurida) ou vivaient plus de 500,000 juifs : 76% de la population juive était concentrée dans 58 communautés de plus de 1,000 personnes et les juifs ne formaient une majorité que dans les implantations agricoles. En 1897, les juifs constituaient 30% de la population urbaine de l'Ukraine, 26% d'entre eux vivant dans 20 villes dans chacune desquelles il y avait plus de 10,000 juifs".

L'instauration des  zones de peuplement et des restrictions de circulation en Russie, les difficultés anti-juives en Pologne, ont conduit à un regroupement important de population juive dans les différentes régions ukrainiennes.

Cette histoire est importante pour la communauté juive. Une ville universitaire comme Czernowitz, ancienne capitale du Duché de Bukovine, est la capitale incontestée du Yiddish. Des mouvements religieux importants sont nés en Ukraine et font encore aujourd'hui l'objet de pèlerinage. L'Ukraine est également un des rares lieux lieu d'implantation agricole juive, vieille réclamation juive, dont la population avait presque partout interdiction d'acheter de la terre. Les concepts Kibboutsim sont largement nés en Ukraine.

Cette communauté juive  s'est largement heurtée  à la résistance des populations paysannes ukrainiennes pour des raisons multiples :

- Economiques : l'aristocratie polonaise et les boyards faisaient appel aux gestionnaires juifs pour tenir leurs grandes propriétés. Le négoce du blé était entre les mains des commerçants juifs ainsi que le commerce de tout ce qui était nécessaire aux exploitations agricoles. Une part très importante des industries étaient entre les mains d'entrepreneurs juifs. Les relations économiques extérieures  étaient généralement conduites par des entrepreneurs juifs.

- Religieuses : traversée déjà par un conflit entre christianisme, poussée par la Pologne et orthodoxie, l'Ukraine supporte difficilement la religion juive, ses particularités et son séparatisme.

- Politiques : la volonté "nationaliste" d'une partie des intellectuels ukrainiens, voient dans l'internationalisme puis le socialisme juif  un obstacle, même si, comme en Pologne, il y eut de nombreuses évolutions tout au long du XIXème. Les juifs sont parfois vus soit comme des auxiliaires de la Pologne, et surtout comme étant globalement en faveur des liens avec la Russie.   

La guerre de 14-18, en libérant les passions, et en déchaînant les conflits armés,  va avoir des conséquences désastreuses sur cette partie du monde.

Les Allemands avant d'être défaits et de développer le revanchisme qui mènera à Hitler et au nazisme, exportent Lénine et permet le déclenchement de la révolution bolchevique et de son impitoyable violence.  Les alliés détruisent l'Autriche-Hongrie lors des négociations  qui mettent fin momentanément à la guerre.

Tout est prêt pour un déchaînement dans les pays de l'Est.

L'Ukraine proclame la République Populaire Ukrainienne, reconnue par la France et la Grande-Bretagne en janvier 1918, et déclare son indépendance le 22 janvier 1918.

L'histoire de la nation ukrainienne indépendante aurait du commencer là.  Les bolcheviques ne le veulent pas. Lénine et Trotsky considèrent que sans l'Ukraine les chances de succès de la révolution socialiste sont minces. La guerre à outrance commence. Elle provoque une première famine désastreuse qui tuera près de 2,5 millions de personnes.  Elle attise les conflits ethniques. Une partie des forces nationalistes voient dans la communauté juive un foyer de partisans de l'Union Soviétique. Des massacres ont lieu qui se traduiront en France par l'assassinat de Petlioura, dont l'assassin sera gracié, action qui marque les débuts  de certaines ligues contre l'antisémitisme.

Finalement c'est une Ukraine démantelée qui sort de l'anarchie générale. La partie à l'est, avec Kiev, est désormais sous la coupe de l'Union Soviétique. La région de Lvov (Lviv aujourd'hui) va en Pologne. La Bucovine du nord est rattachée à la Roumanie.

Après la période de calme relatif de la NEP, qui voit, dans la partie soviétique, une certaine reconnaissance du nationalisme ukrainien et un réel dynamisme culturel,  en même temps que les paysans armés se sont appropriés les terres des grands propriétaires polonais ou boyards, arrive Staline et son "grand tournant" :  la dékoulakisation, l'appropriation publique de toutes les activités agricoles et l'utilisation des biens agricoles ukrainiens pour payer les importations nécessaires à l'industrialisation à marche forcée de l'Union Soviétique.

L'Ukraine est considérée par Staline comme une colonie dont les ressources sont à la disposition de l'URSS, en même temps qu'un glacis dangereux d'où peut venir la contre-révolution.  

La conjonction d'un projet socialiste de révolution totale avec élimination des "classes perdues" et d'une realpolitik sans pitié, qui considère les populations ukrainiennes comme un réservoir d'esclaves incultes et dangereux, va conduire au premier grand génocide en temps de paix de l'histoire de l'humanité. 

Une répression sauvage s'abat sur l'Ukraine. Toutes les populations "allogènes", grecs, polonais, tatars, sont considérées comme des agents potentiels de l'étrangers et massacrées. La population paysanne locale est réprimée et déportée par millions. L'échec de la collectivisation entraîne des réquisitions de plus en plus lourdes. La famine pointe son nez.  Staline décide que des millions de bouches à nourrir sont en excédent et compromettent le succès du plan quinquennal d'industrialisation à outrance.

Il provoque et maintient une famine exterminatrice en 32 et 33. Dans 10.000 villages ukrainiens la population est décimée ou disparait intégralement. Des villages entiers sont rayés de la carte.  

Au total, de 1928 à 1933 entre 20 et 25% de la population ukrainienne disparait dans des conditions abominables.

La répression continuera sans cesse jusqu'à la guerre. Des centaines de milliers d'Ukrainiens sont massacrés par les différentes organisations policières soviétiques. L'Ukraine se couvrent de charniers secrets où reposent ces centaines de milliers d'Ukrainiens.

Ce génocide, appelé Holodomor par les Ukrainiens, comme la répression qui a suivi, qui verra la destruction culturelle de l'Ukraine, ne sera jamais pardonné au "grand frère Russe". Et cela d'autant plus qu'il est dissimulé et que les occidentaux, et jusqu'à la Croix-Rouge, tâche indélébile sur son histoire, acceptent de jouer le jeu de la tromperie et de la dissimulation.

L'arrivée des Nazis au pouvoir en Allemagne conduit les Occidentaux à rechercher l'alliance avec Moscou. Donc les Occidentaux mentiront. La presse française mentira. La gauche mentira. Les gouvernements successifs mentiront.  C'est un régime génocidaire qui entre à la SDN dans le cadre d'un mensonge inhumain ("Il n'y a pas de famine en Ukraine") , lorsque l'Allemagne nazie en sort.

Tout cela pour aboutir au pacte germano-soviétique.  L'Urss annexe la partie polonaise et la partie roumaine de l'actuelle Ukraine. Lorsqu'elle entre à Cernauti, ex Czernowitz, elle liquide sur liste préparée plus de 1.200 personnes "ennemis du peuple et de la révolution", en un jour. Les méthodes qui sont connues depuis Katyn ont été employées de la même façon en Ukraine où toutes les élites ont été liquidées dans la partie annexée selon des plans préparés.

La population d'origine allemande est renvoyée chez Hitler. Elle représentait une partie importante et historique du peuplement de l'ouest de l'Ukraine. Elle est réinstallée de force pazr les Nazis dans la partie de la Pologne annexée par l'Allemagne, dans le cadre du partage de l'accord soviéto-nazi. Les Roumains , majoritaires en Bucovine, sont réprimés et déportés. La communauté juive, très présente dans de nombreuses villes de l'est ukrainien, se divise entre les industriels et les commerçants dépossédés dont beaucoup émigrent notamment aux Etats-Unis, une partie de la jeunesse qui fait fond sur la révolution et cherche à devenir des cadres du nouveau régime et les traditionnalistes qui cherchent à conserver leur vie dans les Shetl  ou à partir vers quelque Israël, qu'il s'agisse de la terre de Sion ou du Birobidjan.

L'opération Barbarossa va accroître les crimes immenses que subit sans cesse la région depuis 1917. Les quelques nationalistes qui ont cru qu'il serait possible de récréer une Ukraine indépendante dans les wagons nazis sont immédiatement déniaisés. Ils sont fusillés et rejoignent dans le charnier de Babi-Yar la population juive du Podl de Kiev et les pauvres enfants handicapés des hôpitaux de la région. Il est exact qu'une partie de la population ukrainienne a considéré que le génocide de 32-33 a été commis majoritairement par des juifs arrivés au pouvoir avec la révolution socialiste. Un sentiment antisémite extrême s'ajoute au ressentiment national  et à la tradition antisémite à base religieuse qui couve depuis la fin du XVIIème. Hitler et les Ersatz-gruppen trouveront sans difficulté de la main d'œuvre locale pour exécuter les basses œuvres. Souvent ce sont les exécuteurs soviétiques qui se sont reconvertis à ces tâches.

Hitler, comme Staline, considère que l'Ukraine est une terre d'expansion dont la population n'a d'autre vocation que celle d'esclave des nouveaux seigneurs teutoniques. L'Ukraine est le "pot de chambre de l'Europe", comme l'écrit un diplomate allemand. Elle est peuplée de sous-hommes qui doivent être exploités comme des esclaves et qui vont l'être.

Par chance, la fin des "territoires réservés", qui fixait la population juive, a permis aux juifs ukrainiens de se répandre un peu partout dans l'Union soviétique. Beaucoup ont quitté le pays avant l'entrée des Nazis. Heureusement, car ceux qui restent sont impitoyablement déportés dans des camps ou exécutés.

A Cernauti, le retour des roumains persécutés se traduit par une répression féroce de la population juive considérée comme complice des soviétiques et accusée d'avoir fourni les listes de personnes à exécuter. La répression est si féroce qu'à Cernauti il ne reste plus que deux médecins juifs, un accoucheur et un dentiste. Les Nazis ne sont pas là. Ils ont laissé faire les Roumains.

Inutile de dire qu'il y aura un retour de bâton tragique contre les Roumains  lorsque les soviétiques chasseront les Nazis et réoccuperont  la Bukovine. 

Que l'on considère un instant  la situation de la Bukovine nord. Jusqu'en 39, elle est composée de Juifs, d'Allemands et de Roumains, à 90%.  En 1945, il ne reste plus d'Allemands. Relocalisés en Pologne, Hitler refusera les moyens de les faire fuir lors de l'offensive soviétique. Ils seront impitoyablement liquidés par les Polonais et les Soviétiques. Les Juifs ont disparu. Les Roumains sont morts ou en fuite vers la Roumanie. Ils continueront à se battre jusqu'à ce que la Roumanie tombe sous la botte soviétique.

100% de nettoyage ethnique en Bukovine. Un remplacement total de la population ! L'abjection à l'état pur, au nom, alternativement,  du "socialisme réalisé" ou du "national socialisme".  

Staline s'occupe spécialement de l'Ukraine. Il a largement remplacé les paysans ukrainiens morts de faim par des paysans émigrés russes dans les provinces de l'est.  Il profite de l'invasion nazie pour détruire Kiev et Odessa. Ces épisodes ne sont pas connus en Occident, où l'occultation est totale.

Staline fait miner la plus grande rue de Kiev, l'avenue Kreshchatik.

Le prétexte est la lutte contre l'envahisseur. Mais ce n'est qu'un prétexte. Pourquoi sinon miner aussi la Laure de Petcheck haut lieu de l'orthodoxie ukrainienne et de l'histoire du pays où les armées allemandes ne sont pas installées ?

Staline veut profiter des évènements pour abaisser Kiev et conserver à la seule Moscou le prestige du passé.

Imaginons qu'on ait, à Paris, dans le même mouvement, miné entièrement les Champs Elysées et le Bd Saint Germain, plus la Sorbonne pour faire bonne mesure !  

L'explosion est infernale. La ville de Kiev est détruite. Des dizaines de bâtiments explosent. Des centaines d'autres brûlent. Jamais il ne sera possible de faire le décompte des victimes.  La destruction étant classée parmi les actes "héroïques", on ne compte pas. Les estimations vont de 20.000 à 60.000 victimes ukrainiennes, passées par pertes et profits. L'histoire recommence à Odessa avec des résultats moindres mais définitifs sur la qualité architecturale de la ville.

Les troupes allemandes sont-elles réellement touchées ? Oui. Quelques milliers de soldats sont tués ou blessés dans les explosions. A Kiev et à Odessa, les destructions sont mises sur le compte des commissaires politiques juifs et justifient le massacre de la communauté juive résiduelle. A Kiev le Podl est vidé de ses habitants juifs qui sont exécutés dans la fosse de Babi-Yar. Les nazis prennent des photos et font des décomptes précis. On sait exactement combien de victimes ont été exécutées. Un peu plus de 30.000 personnes à Kiev.  

L'Ukraine est mise en coupe réglée par les Nazis, après les Soviétiques. Ils s'empressent de conserver l'agriculture collectivisée. Ils n'arriveront pas plus que les soviétiques, à en faire des usines à blé. La population est réquisitionnée et envoyée un peu partout en Europe sur les chantiers du Grand Reich. L'organisation Todt les utilisera notamment pour construire le "mur de l'atlantique" en France.

La guerre finira par tuer à nouveau près de 2.000.000 d'Ukrainiens. Le retour de la dictature soviétique s'accompagne d'une nouvelle épuration farouche et finit à nouveau par une famine désastreuse  (près de 700.000 morts en 1947).

Staline accroit le drame des Juifs en pratiquant une nouvelle épuration, à la suite de l'option américaine prise par Israël.  Ceux qui ont fui l'invasion nazie essaient de retrouver leurs appartements en Ukraine. Ils n'y arriveront pas.

La mort de Staline allège à peine le fardeau soviétique en Ukraine qui n'est qu'une colonie tenue en main par les autorités de Moscou, et cette main est de fer.

On comprend que lorsque l'URSS s'effondre l'Ukraine soit un des premiers pays à déclarer son indépendance, le 24 août 1991.

L'Ukraine n'est décidemment pas une région russe, même si les historiens français et plus largement européens, souvent marxistes ou sous influence marxiste, ont choisi de ne pas séparer l'histoire russe et l'histoire ukrainienne. Ils ont passé sous silence l'histoire abominable de l'Ukraine au XXème siècle. On connait Babi Yar en France mais qui connait le sinistre charnier de Bikivnia dans la banlieue de Kiev ? Qui connait celui de Vynitssia ? Et tant d'autres.

Bien entendu, après tant de massacres et tant de mouvements de population, la situation intérieure ukrainienne est d'une extrême complexité. La région de Lviv n'a à peu près rien à voir avec celle de Kharkov. La Crimée est une  dépendance russe plus qu'Ukrainienne. On parle le russe à l'est. On parle l'ukrainien à l'ouest. La décomposition du soviétisme s'est faite en Ukraine comme partout ailleurs : des groupes parfois mafieux se sont emparés en même temps des richesses nationales et du pouvoir politique.  Les mafias locales guignent le pouvoir parce que seul le pouvoir central permet de capter les richesses naturelles du pays.  Il n'y a pas encore d'état de droit en Ukraine.

Il ne faut pas croire que Ioula Timoshenko soit d'une essence très différente de celle de l'actuel président Ianoukovitch. Ce sont tous des polichinelles aux mains d'oligarques animant  des mafias locales.

Le mouvement Orange  a échoué parce qu'il n'était pas lui-même totalement en ligne avec les principes qui ont conduit l'Occident à le soutenir.

L'Ukraine actuelle est souvent décourageante pour les occidentaux en mal de voir la démocratie s'épanouir dans ce pays martyrisé.

Un exemple, retenu lors de ma visite à Kiev : la gestion de la redevance des bateaux touristiques allait à un organisme dépendant du Parti Communiste. Un clan a voulu s'assurer de cette ressource. Il a fait déclarer dangereux les quais et a expulsé tout le monde. Pour revenir il fallait payer mais à ce clan là. Bravo pour l'état de droit !  

Entreprendre est très difficile en Ukraine compte tenu de l'insécurité juridique et administrative, même s'il y a quelques belles réussites.

Le pays n'a toujours pas réglé la question de la propriété de la terre.  Des droits d'exploitation sont  concédés soit à l'état soit aux régions soient aux paysans qui louent les terres à des exploitants souvent étrangers.  

Les Ukrainiens, eux, en ont par-dessus la tête des commémorations et des conflits. Ils veulent sortir de la pauvreté et sont près à tout pour cela.

Les oligarques ukrainiens vivent à la fois en symbiose avec les anciens colonisateurs russes, et en s'en méfiant terriblement. Ils savent que si l'URSS remet la main sur l'Ukraine ce sont les mafias russes qui reprendront le pouvoir économique. Pour en avoir rencontré un certain nombre, la chanson qu'ils chantent est toujours la même : "De bonnes relations avec la Russie oui, mais si l'Otan pouvait être là ce serait pas mal".   

La gestion économique globale est évidemment désastreuse. L'Etat est aux mains de clans qui sont là pour réussir et vite. Le nombre de millionnaires au Parlement (Rada) est une fable qui ne fait pas rire. Etre émissaire du FMI pour l'Ukraine est tout sauf une sinécure.

Est-ce une raison pour que la France soit TOTALEMENT hors du coup en Ukraine ? On laisse à nouveau ce territoire sous les influences croisées de la Russie et de l'Allemagne dont le bilan passé pour la nation ukrainienne est particulièrement lourd. Compte tenu des  massacres insensés commis par ces deux pays en Ukraine, sont-ils réellement les mieux placés pour conduire la politique dans la région ?

La France n'a-t-elle réellement aucun rôle à y jouer ?

L'Europe a commis une erreur grossière lorsque son Parlement a refusé de reconnaître Holodomor pour ce qu'il est, un génocide, comme l'avait expliqué l'inventeur du concept de génocide lui-même,le juriste polonais Lemkin.  Qui savait en France, lors des élections européennes,  que ses mandants allaient se comporter en négationniste ou révisionniste, comme on voudra ? Personne n'a évoqué la question du génocide ukrainien  ni avant, ni pendant, ni après les élections européennes. En niant le génocide, il s'agissait à la fois d'empêcher que le socialisme porte la responsabilité d'un génocide, au même titre que le national socialisme et de ménager la Russie. On retrouve les réflexes du début des années trente. Cachons ces massacres que nous ne serions voir !

Avoir laissé à la Commission, à Mme Ashton et à M. Rompuy  la tâche exclusive des rapports avec l'Ukraine était une énorme erreur. Lorsqu'on met des nains au milieu des géants, il est rare qu'ils gagnent. Poutine a triomphé sans gloire ni mérite contre d'obscurs bureaucrates européens.

L'Ukraine a vocation a entrer dans l'Union Européenne et il faut tout faire pour cela. Ce n'est pas le glacis occidental de l'empire russe. C'est une partie intégrante de l'Europe.  La CEI est un piège mortel pour l'Ukraine.

Bien sûr, les dirigeants actuels de l'Ukraine ne sont pas  particulièrement attrayants. Bien sûr le traitement infligé à l'égérie de la révolution Orange est regrettable. Bien sûr la gestion générale de l'Ukraine est un désastre.

Mais il est géopolitiquement indispensable d'arrimer l'Ukraine à l'Europe et de lui permettre un développement synchronisé au notre. Nous avons besoin de l'Ukraine. Elle a besoin de nous.

On ne peut pas rester sur l'échec actuel.

La France ne peut pas non plus continuer à s'en laver les mains, ni continuer à y être considérée, comme en Pologne, comme le dernier pays marxiste avec la Corée du Nord.  

Son avenir se joue plus dans les steppes ukrainiennes que dans ses anciennes colonies.

Il y a Lviv, à Cernivtsi (ex Cernauti, ex Czernowitz), à Kiev, de nombreux intellectuels qui comptent sur la France, pays des droits de l'homme, et qui s'étonnent de son absence quasiment totale.  Nos industries ont autant de débouchés potentiels en Ukraine qu'en Pologne ou en Roumanie.

Laisser totalement à l'Europe supra-nationale le destin de l'extension de l'Union pose problème. L'échec ukrainien se conjugue avec la volonté européenne, sous pression américaine, de faire entrer la Turquie dans l'Union Européenne, ce que littéralement personne ne veut. L'Europe n'a pas besoin de la Turquie.

On marche sur la tête.

Un changement majeur de la politique et de la diplomatie française est nécessaire.

Dans l'affaire ukrainienne, la passivité est un contresens économique et politique majeur.      

Paul Krugman : brutale arrivée au "terminal des prétentieux" !

Alors que le mort de Lautner remet en pleine lumière la farce des "Tontons flingueurs", film dont le titre initial était "le terminal des prétentieux", il est amusant de porter son attention sur le combat de coqs qui oppose Paul Krugman et un certain Niall Ferguson.

Niall Ferguson est un historien anglais de l'économie, spécialisée dans la finance. Il a écrit un texte fort critique sur la politique économique d'Obama. Pauf Krugman qui au NYT représente la tendance keynésienne anti-"Republicains" l'a vertement remis à sa place. En retour, Ferguson a commis une étude au vitriol en reprenant "post mortem" tous les textes de Paul Krugman et prouvant qu'il avait annoncé n'importe quoi et concluant que, vu le florilège de sottises et d'erreurs, la voix de Krugman n'avait aucune autorité et ne devait pas être écoutée.

Pourquoi entrer dans cette querelle ?  La raison est simple : les difficultés proviennent principalement d'un système de changes flottants et de domination assumée du Dollar roi, et donc pour une large part des Etats-Unis. Essayez de percevoir dans le champ du débat anglo-saxon, les éléments d'une prise de conscience, est un exercice nécessaire, même si les résultats sont consternants.

Bien sûr nous n'avons rien à faire du débat droite-gauche,  façon locale : je suis démocrate assumé et keynésien, je supporte Obama ; J'ai une vision un peu plus responsable de l'économie, je suis plus pour une nouvelle  sagesse américaine en matière de déficits. Donc je suis Bushiste. Le débat droite gauche américain est aussi pauvre que le débat droite-gauche français. Savoir qui est le vilain canard ne peut séduire qu'un vilain canard qui veut se voir en gentil canard.

Une des vraies questions est celle de savoir si Paul Krugman a bien vu venir la crise de 2007 puis l'éclatement de 2008. La réponse est non. Comme Stiglitz, Krugman prétend avoir tout compris d'avance parce qu'il était critique vis-à-vis des politiques économique républicaines. "Comme j'étais contre, j'étais nécessairement dans le vrai puisqu'il y a eu la crise".

En vérité ni l'un ni l'autre n'a vu venir quoi que ce soit. Il aurait fallu pour cela qu'ils aient une clé d'interprétation et qu'ils aient essayé de l'introduire en temps utile, c'est-à-dire avant la crise,  dans les mécanismes du réel.

Nous-mêmes avions fait l'effort de développer ces outils. Ils étaient basés sur deux constatations. La première était la réalité du cycle décennal. Depuis la révolution industrielle, un cycle de huit dix ans du crédit impose une succession des corrections légères et lourdes. La seconde était le mécanisme de double pyramide de crédit permis par les défauts du système monétaire international basé sur les changes flottants  et qui avait provoqué la montée du taux d'endettement global de moins de 200% à plus de 400% du PIB dans la totalité des pays de l'OCDE.

La superposition de ces deux analyses permettaient de voir que les crises périodiques étaient de plus en plus graves, alors que le trend s'affaiblissait continument. Cette clef d'interprétation  nous avait permis de contester l'idée de Maurice Allais que la crise de 97-98 était la grande crise qu'il craignait. Pour nous il s'agissait d'une simple crise des changes flottants, avec repli massif des capitaux flottants vers les Etats-Unis, laissant les pays émergents dans une grave crise de liquidité. Nous pensions que la crise décennale se déclencherait début 2000 et qu'elle serait plutôt "légère". Ce qui fut le cas.  Cette même clé d'interprétation nous a conduit a annoncer une crise très grave lors du quinquennat de Sarkozy, cette annonce étant faite publiquement sur le site du Monde (où une partie est encore lisible) et envoyée à M. Guaino et aux équipes du candidat. Sans réponse naturellement. Nous l'attendions pour 2009. A l'été 2007, nous avons compris que la crise du marché interbancaire impliquait un effondrement du système bancaire plus précoce et nous l'avons prévu pour septembre 2008 !

A partir du moment où les banques fonctionnaient sur un système de dettes pyramidales dépassant quatre fois la réalité de la production, en cas de blocage du marché interbancaire, qui avait été la base de nombreux refinancements spéculatifs, la crise décennale ne pouvait qu' être catastrophique. Nous avons annoncé une crise de type 1992-93 mais fortement aggravée par les en-cours monstrueux de dettes qui s'étaient accumulés depuis.     

On peut contester cette analyse. Certains économistes récusent la notion de cycle de huit dix ans. D'autres considèrent que les dettes sont toujours la contrepartie d'un actif et donc que leur niveau n'a pas d'importance. Nous croyons qu'ils ont tort et que notre clé d'interprétation fonctionne. C'est tout le débat de ce blog.

En revanche où sont les outils d'interprétation  de Paul Krugman ou de son contradicteur ?

Nulle part. C'est la raison pour laquelle ils n'ont rien prévus et rien compris. Ni l'un ni l'autre.

Ils s'envoient des horions idéologiques ou posturaux comme on voudra mais ne donne aucune clé, aucune explication, aucune solution.

Paul Krugman a expliqué qu'il fallait sauver la finance avec les deux leviers traditionnels : lâcher tout à la banque centrale, avec recapitalisation des banques ruinées ; utiliser la dépense publique et les déficits pour relancer l'économie.  Il l'a demandé sans nuance, justifiant des déficits publics qui sont devenus rapidement ingérables dans les pays faibles.  Il refuse tout plan d'austérité, considérant qu'en matière de déficit il n'y a aucune limite.

Paradoxalement, il pensait que la zone Euro allait immédiatement disparaître, reprenant les thèses de son ennemi Milton Friedmann.  Elle n'a pas disparu. Il donne aujourd'hui un satisfecit à la gestion Hollande pour n'avoir en rien réduit la dépense publique et pour avoir augmenté massivement les impôts. C'est une position purement idéologique. Il ne connait rien de la situation française, de la perte de compétitivité des entreprises, de la démoralisation fiscale du pays, de l'étouffement provoqué par les mesures haineuses de l'automne 2012.

Son adversaire relève ces contradictions et ces erreurs de jugements autant que de prévisions.

De toute façon, sans système de pensée précis avec un relais fort par l'observation des faits, les avis d'idéologues prisonniers de leurs postures n'ont strictement aucun intérêt.

Ce que marque cette querelle, c'est que les Etats-Unis ne disposent pas d'un corpus économique assez solide pour permettre à leurs universités de sortir des ghettos idéologiques sur lesquels elles prospèrent.

On en reste de toute façon à : "ce qui est bon pour les Etats-Unis est bon pour le monde et allez tous vous faire voir chez Plumeau pendant qu'on s'engueule entre Démocrates et républicains".  Un constat sinistre.  Presqu'aussi sinistre que la carence des économistes officiels français qui ne pensent qu'en terme marxiste de destruction du capitalisme par l'impôt, ou qu'en terme de  libéralisme folâtre qui évite toutes les questions difficiles.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Europe : la farce de la subsidiarité !

Après l'affaire des œufs, où une directive imbécile en provenance de l'Europe sur "les droits du cul de poule et du citoyen" a provoqué une pénurie d'œufs, une montée des importations des pays étrangers sans aucune législation sanitaire particulière et la faillite de plusieurs dizaines d'entreprises en Europe, avec l'envoi au chômage de plusieurs milliers de salariés, voici donc en majesté, le triplement de la TVA sur l'activité des manèges de poneys, imposé en plein délire fiscal général et lors que le rejet fiscal est à son maximum. Une activité déjà touchée par la crise est en grand danger de voir des milliers d'emplois s'envoler, en même temps que des dizaines de milliers d'enfants seront privés d'un passe temps aimé.

Sur quelle base l'Union Européenne se croit-elle autorisée à légiférer sur une activité sociale de sport loisir qui concerne des petits clubs de passionnés, où personne ne gagne réellement bien sa vie et où des petits clubs vivotent à la limite du dépôt de bilan depuis longtemps ?

La montée de la mode des clubs de poneys date du début des années 80. Elle s'est appuyée sur l'engouement des jeunes filles et des adolescentes qui ont envahi à plus de 90% ces activités. Ce passe temps est très riche en émotion mais n'est pas une activité de "petites filles riches".  L'accusation d'activité "bourgeoise" est une foutaise. La plupart des clubs sont tenus par d'anciens paysans qui ont reconvertis dans les zones de bords de mer ou de montagne, ou dans les champs pas trop loin des grandes villes, une exploitation qui ne donnait plus rien.  La plupart des propriétaires de ces clubs ne survivent que grâce à la revente de chevaux, lorsque l'occasion se présente. L'activité de club elle-même est peu rentable, sauf cas particuliers très rares. Il suffit qu'un animateur se décourage pour que l'affaire périclite aussitôt.  

Que dit la DIRECTIVE 2006/112/CE DU CONSEIL du 28 novembre 2006 :

"La réalisation de l'objectif de l'instauration d'un marché intérieur suppose l'application, dans les États membres, de législations relatives aux taxes sur le chiffre d'affaires ne faussant pas les conditions de concurrence et n'entravant pas la libre circulation des marchandises et des services."

 

Tel est l'exposé des motifs sur lequel se fonde  la Cour de justice européenne (CJCE) pour confirmer le bon droit de la Commission à imposer à la France un triplement d'impôt.

 

Tout est bidon dans le raisonnement suivi.

 

L'activité de cheval-loisir n'exporte ni n'importe quoique ce soit : c'est une activité de service, locale, à vocation sociale. On ne voit pas en quoi "les écuries de Saint Lunaire" causent un dommage quelconque en basse Valachie ni comment les gamines qui tournent en rond sur un manège de la basse Lozère, peuvent gêner qui se soit en Lotharingie.

En un mot cette activité n'a aucune importance en terme d'unification européenne, ne crée aucun dommage intra européen et fournit, marginalement du plaisir local à des enfants et des adolescents qui se moquent de l'Europe du grand marché  comme de l'an 40.

Pour faire avaler la pilule de la  pseudo "Constitution Européenne", les européistes avaient mis en avant le concept foireux de "subsidiarité". Il n'a y a aucune subsidiarité en Europe. Dès qu'un secteur est ouvert au champ communautaire, la Commission s'en empare intégralement et pousse son avantage jusqu'à la plus grande extension, en sachant bien que les juges de la CJCE lui donneront raison à tout coup.

En quoi un chat-fourré européen a plus de droit que le Parlement français de fixer les conditions fiscales d'une activité sociale de jeunesse-loisir ?  Complices de tous les "coups d'état" juridiques anti nationaux depuis des lustres, la CJCE n'est pas une cour de justice mais un levier européiste contre les nations européennes.    Gavés de prébendes à des niveaux auxquels ne peut rêver aucun membre d'un club hippique, ces satrapes sont pour l'essentiel exonérés d'impôts. On n'a jamais entendu personne exiger que désormais tous les personnels internationaux d'organismes de ce genre soient assujettis à l'impôt sans "niches fiscales" abusives !  Ils ont, il y a peu,  confirmé des hausses de salaires des fonctionnaires européens supérieures à 5%. Pourquoi se gêner ?

On dira : oui mais c'est le Parlement Européen et les Etats européens qui se sont permis d'accord sur la directive !  Cet argument n'a strictement aucune valeur.

Le Parlement européen est le prototype d'une fausse assemblée démocratique. D'abord les grands partis n'y envoient que leurs européistes. Ils sont là pour arracher aux Etats leurs responsabilités. "Vive l'Europe", "plus d'Europe", voilà le leitmotiv. Lors des élections européennes personne ne dit ce qui va se passer pendant la législature. Pas un mot ! D'ailleurs personne ne parle de ce qui s'est passé lors de la précédente. L'agenda des travaux du PE échappe totalement aux électeurs. Ils savent pour quelle étiquette ils votent, mais absolument pas pour quoi ils votent. Le contenu des textes ? Personne n'en parle jamais sauf au moment où la catastrophe de la mise en œuvre tombe sur la tête des victimes, des années plus tard.

Et les Etats, dira-t-on ? Ils ont leur mot à dire. C'est totalement faux. Allègre a vendu la mèche avec beaucoup de précision. Il a décrit comment lui et ses collègues de l'éducation nationale des différents pays étaient arrivés à élaborer un projet positif soutenu par tous. Le Commissaire "en charge" a déclaré qu'il n'en avait rien à battre et qu'il était seul maître de l'ordre du jour européen. Ce projet n'a jamais vu le jour. La Commission dans son domaine a, seule, l'initiative et s'est attribuée, seule, l'interprétation des traités, avec le soutien indéfectible de la CJCE.  Un Ministre national n'est rien contre un Commissaire. Ce dernier n'a de compte à rendre à personne, sinon à la "coupole européiste", sous influence américaine,  qui règne en mafia exigeante sur les nominations. Il a le temps pour lui.  Le Ministre finit toujours par céder "pour ne pas bloquer l'Europe" !

C'est comme cela que cinq ans , huit ans, ou dix ans plus tard les citoyens doivent avaler des pilules amères, sans que plus personne ne puisse rien pour eux. Tous les textes sont votés et cautionnés par la CJCE.  Quel est le ministre français  en cause ?  Va savoir. C'était il y a si longtemps !

Le Ministre Moscovici, longtemps européiste de service du PS, chante : c'est pas moi !

Alors qui ? L'évanescent Baroin ? Woerth ? Ou plus tôt encore Sarkozy, lorsqu'il était aux finances ?  

Comment ont voté les partis au Parlement ? Qui a été le porte parole en faveur du triplement de la TVA sur l'activité des chevaux de manège ? M. Bayrou dites-nous tout !  M. Copé dites-nous tout ! M. Hollande, dites-nous tout ! Tous aux abonnés absents. Les mesures se prennent  dans les rangs des regroupements européens sans que personne ne se sente le moins du monde responsable. L'électeur lui, n'est  même pas informé.

Il s'agit très clairement d'une fausse démocratie et d'une vraie dictature anti nationale. Dictature du détail ; dictature de la règle ; mais dictature tout de même puisque le souverain est entièrement marginalisé.  

Les activités de sport-loisir pour la jeunesse n'ont strictement rien à faire à l'échelon européen, qu'il s'agisse de musique, de sports, d'art,  ou d'activité d'éveils.  Il était parfaitement juste que ces activités, qui doivent concerner le maximum de monde et qui touchent d'abord des jeunes qui ne travaillent pas, ne soit pas surtaxées.

C'est le rôle de la représentation nationale d'affirmer : j'ai mon mot de législateur à dire la dessus et seuls les représentants élus de la nation peuvent en décider puisque cela n'interfère exactement en rien avec le reste de l'Europe.

Il faut réformer de fonds en comble le cadre européen et d'abord, ôter aux Commissaires le monopole d'initiative. Quand la CJCE, il faut en modifier totalement les statuts, fiscaliser ses membres et permettre un dissent national efficace lors de ses abus. L'affirmation de la supériorité du Conseil Constitutionnel sur les instances européennes, CJCE ou CDEH  est absolument indispensable.

Une Europe qui prive les Etats nations de leur pouvoir sans les exercer (comme pour la gestion des changes)  ou qui exerce des responsabilités d'états-nation par extension abusive de son pouvoir règlementaire dans des domaines où l'aspect communautaire est nul, va finir par être vomie par tous les européens. Mieux vaut une réforme démocratique qu'un rejet qui ferait disparaître le bébé avec l'eau du bain.  

Des idées qui font leur chemin ?

Comme chacun sait nous défendons ici trois explications de la crise et les solutions qui devraient être mises en œuvre :

- La crise du gonflement global des dettes des pays de l'OCDE au-delà de 400% est entièrement provoquée depuis 1971 par le système des changes flottants associés à la liberté totale des flux de capitaux, le pivot du système étant la double pyramide d'endettement théorisée par J. Rueff.

- La crise de l'Euro est entièrement dans l'utopie qu'il y a à créer une zone  de monnaie unique sans aucun organe de pilotage mais seulement deux normes. Des instruments essentiels de pilotage conjoncturel comme la politique du change ont été abandonnés sans raison. Une banque centrale autonome est incapable de sortir de la crise. L'absence de pilote conduit à des disparités intolérables et à des ajustements par la récession qui sont socialement intolérables.

- La crise française est entièrement due à son syndrome d'hyperfiscalité délirante qui fait que depuis maintenant des lustres les Français actifs paient en moyenne plus de 80% de leur revenu en impôts, et que la dépense publique correspond grosso modo à la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand, ce qui est une configuration structurellement intenable et qui a mis la France dans une situation presque désespérée lorsque la crise a éclaté en 2007.  

Ce diagnostic, formulé pour la première fois publiquement en 1997, n'a jamais été remis en cause.

A ces trois causes correspondent trois remèdes :

- Il faut mettre fin au système des changes flottants de monnaies administratives gérées de façon pseudo indépendante par des gnomes non élus et revenir à un système global coopératif, non fondé sur une monnaie nationale, qui exclut les grands déficits et les grands excédents, conformément aux règles définies après guerre, lorsque les leçons de la crise de 29 étaient encore chaudes. Les Etats doivent être à nouveau responsabilisés et les mouvements de capitaux à court terme doivent être contrôlés à cette fin autant que de besoin. Le FMI doit retrouver un rôle global et doit cesser d'être une institution sans objet qui travaille en contradiction avec ses statuts.

Nous avons souligné la faute inouïe du G.20 d'avoir écarté en novembre 2008 cette solution simple et efficace : les trente glorieuses ont montré qu'on pouvait éliminer un tas de dettes trop volumineux par la croissance coopérative.  On a préféré le chemin d'une relance débridée de la finance sans aucune réforme autre que de détail. 5 ans après, la crise est toujours là. La crise a été plus longue qu'en 1929 !

- La zone Euro a le choix.  Soit elle disparait et on revient au système sensé des changes fixes et ajustables avec unité de compte commune ; soit on crée ce que nous avons appelé un Chancelier de la zone Euro, supervisant les Trésors nationaux et la BCE. Cela suppose une construction démocratique renforcée que nous ne voyons pas dans le renforcement de la Commission, mais dans des organes ad hoc.  On s'est contenté d'un traité renforçant les normes, sans aucune option d'organisation. La zone Euro se porte mal et risque toujours gros 5 ans après le déclenchement de la crise.

- La France devait faire le choix de la production et de l'emploi privés en créant les conditions d'une économie entrepreneuriale renforcée. Il fallait supprimer l'ISF et faire rentrer l'argent qui avait fui à l'étranger (100 milliards d'Euros) et recréer les conditions d'une rentabilité des entreprises privées. Le transfert vers la TVA de l'essentiel des charges patronales était indispensable. En même temps il fallait réduire le champ des actions de l'Etat, spécialiser et réduire les institutions publiques, tout en se donnant des règles stables de construction des budgets à tous les étages. En particulier des normes auraient du être établies pour éviter les dérapages de dépenses et de prélèvements tels que ceux constatés à Paris.  Il fallait revenir au quarante heures et à la retraite à 65 ans. Seul le travail peut nous permettre de nous en sortir.

Malheureusement la Présidence Sarkozy n'a pas voulu voir venir la crise et a fait un plan de première année décalé par rapport aux nécessités. La suite a été une histoire de demi mesures et une gestion de la panique, finissant par une frénésie fiscale. La présidence Hollande est pire encore, le PS considérant qu'il doit profiter de la crise pour mener une politique de destruction sociale "définitive" absolument contraire aux besoins de la nation. On n'est même plus dans l'hystérie fiscale mais dans l'exaction et la destruction du pacte républicain, avec un début de révolte générale de la part des entreprenants.

Comme nous l'avons prédit l'absurde plan Hollande de l'automne 2012 a provoqué l'arrêt de l'économie française en 2013 avec un record de 40.000 faillites, 100.000 emplois perdus, le blocage du commerce et de la distribution, des baisses de 20 à 30%  dans la majorité des secteurs économiques, la fuite accélérée de milliers de ménages hors de France (100.000 depuis 2007), le gaspillage de l'épargne française, le non respect des objectifs sur lesquels la France s'était engagée, le gonflement de la dette à près de 100% du PIB, et deux fois la valeur ajoutée des entreprises et l'arrêt des transactions immobilières et de la construction. Naturellement aucune réforme permettant de réduire la dépense publique n'a été entreprise.  Le plan Hollande a sinistré le pays déjà durement frappé et a été à l'inverse exact des nécessités.

 

Sur ce fond désastreux, voit-on apparaître des fissures dans les blocs de certitude ou les habitudes de pensée acquises ?

Le drame qui se joue actuellement dans les pays dits émergents renforce le camp de ceux qui pensent que les changes flottants sont une mécanique suicidaire et incontrôlable. L'échec de la FED a sortir le pays de la crise montre bien que l'affaire n'est pas uniquement une question de banque centrale. La spéculation dirigée par les grandes banques américaines est partout revenue à des niveaux intolérables et dangereux et jouent contre la croissance mondiale.   

En quelques jours, un livre, une émission de télévision et un article ont bien montré que la source principale des difficultés actuelles est à chercher dans le grand tournant de 1971. On n'en est plus à l'explication par les subprimes et c'est un bien. Le seul inconvénient est que ces trois documents y voient essentiellement le début d'une finance débridée porteuse de tous les maux. Les mécanismes d'endettement croisés sont totalement ignorés. On retombe sur la condamnation de la vilaine finance sans compréhension des mécanismes globaux de la montée absurde de l'endettement global. Et naturellement, cette erreur ne permet aucune politique de sortie de crise.

ll n'y a donc pas de réel progrès dans l'idée qu'il faut mettre fin aux changes flottants. En revanche cette solution ne trouve plus de défenseur sur un plan purement intellectuel.

En Europe, plus personne ne nie les problèmes posés par la non gestion d'une zone de monnaie unique. Les excédents allemands commencent à faire mauvais genre.  Les fédérolâtres s'agitent en criant : il faut plus d'Europe. Mais les aspects techniques sont éludés. La question démocratique aussi. Tout le monde crie que l'Euro est trop fort, ce qui est vrai, notamment pour la France. Mais personne ne cherche à savoir qui est responsable du change de l'Euro. Normal, il n'y a  personne. 'idéologie des changes flottants s'établissant "librement" sur un marché parfait n'est pas remise en cause  dans les milieux européistes. On pleure donc des conséquences dont on chérit les causes. Comme d'habitude. L'impuissance et le déni de démocratie restent les deux mamelles du drame de la zone Euro.

Quant à la France, les évènements récents ont montré que le ras le bol fiscal devenait explosif. A-t-on pour autant renoncé au "vive l'impôt" qui est le leitmotiv de tous les énarques de gouvernement depuis des lustres ? Pas du tout. Le projet politicien de "grand soir fiscal" se place dans la même perspective démagogique perceptible depuis l'élection présidentielle : on va faire du tort aux riches pour calmer les autres. La reprise des idées folles de Picketty ne garantit rien d'autre qu'une nouvelle fuite  des entreprenants et une destruction quasiment définitive du système entrepreneurial français. On saccage la vie de boucs émissaires pour des raisons purement politiciennes sans aucun effet positif pour la nation.  1914 confirmera cette évolution délétère.  

Au final sur les trois fronts qui nous intéressent, on voit bien s'affirmer des "ça suffit comme cela", des "arrêtons ces sottises", des "cela ne peut pas marcher comme cela".  Plus personne ne croit qu'un approfondissement des changes flottants, qu'un surcroit de normes autour de l'Euro et qu'un surcroit d'impôts en France apporteront quelques solutions que ce soit. L'effondrement intellectuel qui est à la base des constructions délétères mises en place dans le monde l'Europe et la France est total et désormais irrattrapable.

Il n'y a plus d'avocats pour ces mauvaises causes. Mais il n'y en a pas non plus en situation d'influence pour construire un meilleur futur.

La politique du rat crevé au fil de l'eau continuera donc dans le monde, dans la zone Euro et en France.

Avec les résultats merveilleux que l'on constate depuis 5 ans.

2014 : septième année de crise avec aucune solution en vue.

Pour la France, c'est une décennie perdue qui s'annonce avec une véritable destruction du pays, probablement impossible à réparer tant la volonté rageuse de rendre définitives les destructions est forte au sommet de l'Etat.

 

Didier Dufau, pour le Cercle des Economistes e-toile.

Voltaire et l'éco-taxe

Extrait de Dialogue IV entre un Ministre et un Contrôleur général des Finances

 

 "Charger de taxes dans ses propres états les denrées de son pays, d'une province à une autre ; rendre la Champagne ennemie de la Bourgogne, et la Guyenne de la Bretagne, c'est encore un abus honteux et ridicule"

 

Il nous manque, celui-là !

Le centenaire oublié

Un des aspects oubliés du centenaire de la grande guerre n’est pas le moins important : le système monétaire multimillénaire basé sur les métaux précieux a été abandonné sans espoir de retour.

Depuis nous vivons dans des variantes de systèmes de « fiat money », de monnaies de papier. Plusieurs formules ont été envisagées qui n’ont en fait jamais fonctionné totalement bien, même pendant la période Bretton-Woods.  Le système actuel de changes flottants est déplorable et destructeur.

Alors que nous avons surmonté beaucoup des maux, causes ou conséquences, de la Grande Guerre, nous avons perdu 100 ans sur le front monétaire international.  

Curieusement personne n’en a parlé.

Un symptôme et un début d’explication de cette carence extravagante.

Désastreuse unanimité !

Règle : un vote unanime au Parlement est toujours une sottise.

Pourquoi ?

Il n’y a pas de pièce qui n’ait son revers. Le « logos » n’est utile que si l’esprit critique fonctionne. Toute mesure génère nécessairement son lot de critiques, de réserves, d’avertissements. Le propre de la raison est d’apporter une lumière partielle. Aucune théorie scientifique, même la plus étayée et la mieux  élaborée,  n’est à l’abri d’une remise en cause.  Alors, une mesure politique…

Quelle est la cause de l’unanimité ?

L’émotion.

Le cœur lie le cerveau et le paralyse. La peur de se « distinguer », de paraître comme une brebis galeuse,  de s’éloigner du groupe des gentils, de la collectivité du « politiquement correct » est le plus sûr moyen de ne pas réfléchir.

Application : l’unanimité pour l’écotaxe.  La pollution, c’est le mal. Les camions, ils ne sont pas sympas. Sauver la planète, quel idéal plus haut ?

Certes les Verts n’ont pas voté le texte mais parce qu’ils étaient plus d’accord que les autres avec la mesure.  Les médias ont mis en scène cette touchante unanimité. Le bien, le beau, le grand, ont dégouliné comme la lave de l’Etna dans la presse après le « Grenelle de l’environnement »  (« faire Grenelle », c’est beau, c’est bon, c’est généreux, c’est social, c’est chou tout plein…, alors que les décisions prises ont été catastrophiques).

Personne n’a rien dit des modalités exactes de la mesure.

-          Qui avait annoncé qu’on passerait un contrat de près d’un milliard d’euros à une firme italienne ? Qui l’a dit quand on l’a fait ?

-          Qui a dit que la maintenance du système couterait entre 30 et 40% des sommes collectées ?

-          Qui a parlé de la floraison de portiques de long des routes ?

-          Qui a parlé de la non-floraison des portiques dans les autoroutes à péages ?

Tout cela, les bons Français n’avaient pas à le savoir. N’y avait-il rien à dire ou à redire ?

Un impôt doit être large dans son assiette, de faible taux,  ne pas être cumulatif et finalement  perturber le moins possible l’économie.  Voilà un impôt étroit dans son assiette, lourd, car tous les va et vient sont taxés, d’un rendement minime.

On dit d’accord, on viole toutes les règles mais c’est pour obtenir un changement de comportement de l’économie. Si le changement est acquis la base de l’impôt se réduit. S’il ne l’est pas, c’est juste un impôt de plus.  Dans tous les cas, il y a des perdants.

 Le fondement politique et fiscal était donc parfaitement contestable.

Le choix de la technique de recouvrement aussi. Supprimer les frontières pour imposer des barrières d’octroi, était-ce bien le but de la construction européenne ?  Une vignette annuelle  à l’entrée en France aurait suffi.  Vouloir un traçage individuel de tous les mouvements  est une fois de plus très contestable sur plusieurs plans.

Le fondement économique d’une mesure malthusienne n’est pas plus assuré. Réduire la circulation des marchandises  alors que le fondement de l’Europe est La liberté de circulation est pour le moins un paradoxe.

Lorsque Sarkozy a choisi de tenter de mettre en œuvre la mesure, il est apparu tout de suite que ce serait impossible dans un contexte  de crise qui a vu l’activité baisser et beaucoup d’entreprises en difficultés, le tout s’ajoutant à une perte de compétitivité majeure depuis l’instauration des 35 heures.

Avoir voulu l’imposer,  150 mesures d’aggravation fiscale plus tard, sans aucune sérieuse réduction des dépenses de la sphère publique,  était délirant.

La Bretagne est en difficulté, mais ni plus ni moins que les autres parties de la France. Il se trouve que la Vendée et la Bretagne sont des pays excentrés qui ont beaucoup misé sur l’entreprise. La production doit être compétitive et s’exporter.  Le transport est critique.

Lorsque vous fabriquez des madeleines, il faut collecter des œufs et du lait, et ensuite il faut les diffuser partout en Europe.  Il faut des centaines de camions et de camionnettes pour que la logistique fonctionne. Vouloir taxer les allers et retours c’est vouloir taxer la respiration. Comme toutes les taxes sont cumulées, la marge trinque : Ouest France parle de 15 à 20%. A Paris on minimise : 10%.

Prendre 10% de la marge d’entreprises qui ont la marge la plus faible d’Europe, c’était de la folie.

Les bretons ont sorti les fourches.

On veut faire, avec le diésel,  ce que les Rois ont fait avec le sel : une gabelle.  Les bretons n’ont jamais accepté la gabelle et en ont été  historiquement exonérés !

La maladresse politique s’est ajoutée au reste.

On nous bassine sur le fait que la Slovaquie  a mis en place de système sans problème grave. Oui mais la Slovaquie a longtemps eu une flat-tax de… 19%.  Le gouvernement social-démocrate de Bratislava a certes décidé d’y  mettre fin mais les entreprises paient 23 %, les ménages les plus aisés 25 %.

Nous, on sait que les prélèvements sont égaux à la valeur ajoutée des entreprises !

Alors on accable les Bretons. Roland Cayrol, qui avec l’âge s’est découvert une passion pour Hollande (qui lui permet de conserver son fromage), a mis sa réputation une fois de plus au service du Président.  Naguère, il nous avait expliqué que l’image du gouvernement était atteinte mais pas celle du président, foi d’expert.  On a vu ce qu’il reste de cette affirmation.

Maintenant la crise est la faute des Bretons.

Quand une entreprise fait faillite, ce n’est jamais à cause du contexte créé par les politiques. C’est toujours de la responsabilité du patron qui sort de là essoré jusqu’à la moelle et en ayant perdu toutes ses économies.  La famille Peugeot a été injuriée par un ministre du redressement pour avoir laissé l’entreprise aller vers la faillite. 

Alors pourquoi pas les injures d’un Cayrol ? Les paysans bretons ont voulu faire du productivisme « cheap ». Ils polluent comme des malades. Ils sont responsables de leur modèle économique de voyous.

Toutes les bouches à feu du PS ont repris ces critiques acerbes et ces dénonciations, par exemple Bernard Maris, l’économiste tendance Charlie-Hebdo.

Pensez-donc : les Bretons élèvent des porcs qu’ils exportent ! Ah les salauds ! 300.000 porcs !  Ils ne sont même pas capables de les transformer sur place. Il faut que les usines issues des combinats soviétiques, énormes machines avec des  dispositifs écologiques embryonnaires, sauf quelques usines modèles, toujours citées, fassent le travail avec du personnel payé au lance-pierres.

Essayez-donc de créer quelque part en France une méga-usine de traitement de 300.000 porcs avec des milliers d’ouvriers venant de Roumanie ou de Tchéquie !

D’accord,  on peut mettre une puce sous la peau des travailleurs de l’est pour qu’on puisse les suivre sous des portiques adéquats.

On le voit bien : cette écotaxe aurait du faire l’objet d’un débat approfondi.

L’unanimité est un piège.

La leçon à tirer des événements : Il faut proscrire l’unanimisme.

Le logos est une dialectique. Les Grecs le savaient bien avant les Bretons !  

La révolte des « bonnets rouges » : un tournant ?

Depuis des mois, la question qui se pose est la même : comment sera arrêtée la descente aux enfers que conduit, avec un mélange inédit de désinvolture rigolarde, d’inconscience matoise, de malfaisance idéologique et de rouerie politicienne, un président d’une exceptionnelle médiocrité,  un gouvernement d’incapables, et un parlement d’apparatchiks socialistes excités et ivres de leur propre victoire.

Ce n’est pas tout d’aller dans le mur en klaxonnant et en plastronnant. Encore faut-il identifier le mur.

Beaucoup ont cru aux grandes manifestations syndicales menées par la CGT communiste contre l’austérité. Mais le Parti Communiste est mort. Les crimes des régimes dont il se réclamait et qui le finançaient sont désormais tellement connus qu'ils  lui interdisent tout retour.  L’abandon des ouvriers par les partis qui parlaient en leur nom a fait le reste. La conversion du PS au gauchisme soixante-huitard, s’appuyant sur les immigrés et les minorités agissantes,  dans l'indifférence  aux dures réalités du moment,  ne date pas d’aujourd’hui.  Depuis Jospin, le PS pense qu’il suffit de faire des « cadeaux aux salariés », sous forme de temps de travail réduit ou de surprotection juridique pour faire accepter la domination d’une classe de hauts-fonctionnaires sûrs d’eux-même et dominateurs.

Quatre millions de chômeurs et une dizaine de millions de pauvres à la dérive plus tard, le pseudo ouvriérisme socialiste n’est plus qu’une illusion évaporée.

L’assistanat ne permet pas la mobilisation. Ces masses paupérisées sont passives dans l’attente du chèque.  

La révolte ne pouvait pas non plus venir des quelques centaines de milliers de familles aisées volées au coin du bois, vilipendées sans cesse par des medias largement dominés par des bouches-à-feu partisanes  engagées à gauche, et traitées en boucs émissaires. Sarkozy, sans le dire, leur fera payer la crise en priorité, pour donner du corps à son « ouverture à gauche »  et ménager ses chances de réélection.  Sa prétention à tourner la gauche par la gauche sera réduite en poussière par le coup de la tranche à 75%. Hollande, lui, n’hésitera pas à affirmer que les « riches » paieraient et à mettre en œuvre ce joli programme, à la fois antirépublicain  et mensonger. Ceux qui en ont eu et les moyens et le courage, sont partis. Depuis le début de la crise, en 2007, plus de 100.000 départs !  

Il y eu la révolte des « pigeons » qui finirent par être pigeonnés.

Restait la France qui travaille et qui se lève tôt, pris en tenailles par la concurrence inégale organisée par l’Europe et ses folies réglementaires d’un côté et l’hystérie fiscale à motif idéologique des Verts et des Roses de l’autre.

C’est la Bretagne des paysans et des PME de l’agro-alimentaire qui a craqué en premier. L’impôt de trop sera l’écotaxe.  Quand on essaie de survivre par le travail dans le Finistère, Finis terrae,  mettre des barrières fiscales au transport est une provocation. Surtout quand on a mis ses productions et ses producteurs sous la pression des pays pauvres d’une Europe qui est, elle, centrale, et qui se moque bien des écologistes.  

Alors on a vu apparaître les Bonnets rouges.  Ils évoquent une révolte fiscale. Oui fiscale. Le cochon de payant, dépecé par des fonctionnaires  moralisateurs,  ne supporte plus les contraintes, le racket, la ruine d’efforts continuels.

Depuis des mois les préfets bretons  sont alertés. Ils ont  donné des ordres d’armement aux gendarmes mobiles.  On craint des jacqueries.  Voilà les forces de l’ordre tentant de sauver un portique fiscal, symbole parfait de l’oppression  et de l’enfermement.  « Tu as le droit de bouger mais sous un portique qui te trace et me permettra de te taxer ».  Les Bretons refusent de passer tête basse sous le portique. Deux hommes ont été gravement blessés : l’un voit son pronostic vital en cause ; l’autre a perdu une main.  

Nous disons ici, depuis longtemps, que la France n’est pas la Grèce et qu’elle n’acceptera jamais  la déflation  et la destruction de ce qui reste de son économie.

La révolte des Bonnets Rouges n’est pas qu’un incident. Il sera traité comme tel par les médias aux ordres.  Le gouvernement et Hollande vont lâcher du lest et arroser un peu la région pour faire croire qu’ils ont compris.  Ils pensent que la fermeté marchera, comme elle a permis de mettre fin aux marches d’opposants au mariage homosexuel.  En ajoutant quelques concessions de pure forme.

Ils confondent un mouvement moral et la défense de la vie quotidienne de dizaines de milliers de paysans et de petits entrepreneurs, dont les salariés sont proches et non pas hostiles comme des fonctionnaires socialistes l’imaginent.

Mutatis mutandis, la révolte des paysans et des PME bretons est de même nature que la révolte des « koulaks » ruinés par Staline.  Il faudra qu’il en massacre 10 millions et qu’il en déporte 30 millions, pour maîtriser la révolte. 

Le gouvernement ferait mieux de comprendre qu’il se lance dans un combat dangereux.

Il  assassine par bêtise, idéologie et combinaison politicienne, l’activité, le revenu et l’épargne  de travailleurs rudes et courageux.  La révolte a commencé.  Hollande et ses séides ont raison de s’inquiéter.  

Armer les garde-mobiles n’est pas la solution.

Nous sommes tous des « bonnets rouges ». 



Echos de la "Mhollandie"

Nous cherchons toujours à donner en temps réel des notes d'ambiance. Plusieurs années après, on a oublié  ce qui agitait l'opinion publique. Un "instantané" est intéressant à relire quelques années plus tard.

Ce qui ressort des conversations, des commentaires et des études témoigne toujours de la même colère : les secteurs publics protégés abusent et continuent d'abuser sans vergogne, les politiciens continuent de dépenser à tout va par idéologie ou clientélisme. Pendant ce temps là le secteur privé, soumis à des concurrences inégales compte tenu du poids des contraintes et des charges qui pèsent sur lui, se délite, avec un accroissement phénoménal des faillites et la destruction de centaines de milliers d'emplois, pendant que tous ceux qui contribuent encore à la réussite du pays sont ratiboisés par un fisc obsédant et sans pitié, chargé de voler l'épargne et le revenu des actifs pour satisfaire le complexe syndicalo-administrativo-politicien.  

Le terme de Mhollandie, repéré sur un site WEB est assez juste : il symbolise assez bien le mélange de mollesse et de comportement de  mollah qu'exprime la politique de M. Hollande.

Le vol fiscal est tel que la haine commence à affleurer dans les propos. Les Français ont compris que l'impôt confiscatoire n'est pas le fruit d'une nécessité nationale mais la conséquence d'un laxisme ou d'une volonté idéologique de prédation, quand il n'est pas la conséquence d'un abandon de souveraineté désastreux qui, en interdisant d'interdire, rend toute solution impossible.

Depuis septembre 2013 un tabou a sauté : les partis politiques et les télévisions évoquent le "ras le bol fiscal" des Français. La spoliation fiscale, appelée aussi répression fiscale, est telle qu'elle est  devenue un thème électoral.  Nous avons synthétisé ci-dessous une vingtaine de propos, d'articles, de commentaires radio ou télévisés du même jour, qui marquent bien ce qui est dans la tête des Français ou de l'opinion publique telle qu'elle s'exprime.  

"La France a cette caractéristique d'être gouverné par des fonctionnaires. M. Hollande, le Président, fils de bourgeois "fasciste",  selon la phraséologie de son camp, n'a jamais travaillé. Pour se dédouaner de ses origines, il adhère, étudiant, à la version communiste de l'Unef.  M. Ayrault, le premier ministre,  est un professeur d'allemand du secondaire, nourri au christianisme marxiste. M. Eckert est un fils de brigadier de gendarmerie qui ne s'est toujours pas remis d'avoir eu l'agrégation de mathématiques et qui, lui aussi, est un prof du secondaire. En tant que président de la Commission des finances de l'assemblée, il fait la pluie et le beau temps sur le budget. Visage lourd, esprit balourd, il porte la haine hargneuse sur son visage de socialiste vautour à tête de veau. Une seule certitude l'habite : il faut casser du bourgeois avec la Kalachnikov fiscale. Tout "avantage" qui baisse l'impôt des "riches" est une horreur. Le quotient familial : à supprimer pour les riches. L'exonération des biens culturels de l'ISF ? Un cadeau aux riches. Les facilités données à l'emploi domestique ?  Un super cadeau fait aux bourgeois esclavagistes. L'assurance-vie : encore un cadeau excessif. La justice fiscale, c'est quand il n'y aura plus de riches. L'impôt n'a qu'une seule fonction : détruire la bourgeoisie. C'est bien la fonction que Marx assignait à la progressivité."

 

"Hollande a multiplié à la fois les impôts et les subventions démagogiques. Sans réflexion sur les conséquences mais avec une cohérence venimeuse. Ce gouvernement de nullités hargneuses est quelque-part entre une Zazie, cette délicieuses peste qui voulait  "faire chier les mômes ", ici les "bourges", et un débile de cellule qui ne voit son engagement que dans la haine de l'ennemi social.  Ils veulent que leur passage crée des situations "irréversibles". Aucune idée du bien collectif sinon qu'il faut collectiviser les biens. "Savonarole", "Talibans", "Chemises roses", "Khmers verts", pour reprendre les quelques noms d'oiseaux que leurs excès leur valent un peu partout, ils ont toujours la bave aux lèvres dès qu'il faut parler de la droite (prononcer droââââte avec une moue de mépris  ) et considèrent qu'ils sont là pour faire le ménage dans les avantages honteux que le capital abusif et ses servants ont arraché au peuple, tout en servant les parties de la population que la bourgeoisie est censée exécrer : les homosexuels, les drogués, les condamnés multirécidivistes, les Roms, les beurs…".

"La crise n'a pas été pour eux un problème mais une opportunité : on pouvait utiliser l'impôt sans limite à des fins de destruction sociale et de construction du paradis socialiste."

"Après 18 mois de folie et deux budgets d'agression fiscale, les résultats commencent à se faire sentir. La sourde colère contre la répression fiscale qui mine la société française depuis longtemps déjà est désormais dans le domaine public. Elle a  conduit à l'exil nombre de "riches", pas si heureux que cela de se voir taxer entre 80 et 200% de leur revenu en attendant de se faire rafler une lourde part de leur patrimoine ! Les médias, jusqu'ici,  tentaient de cacher la spoliation fiscale en criant par la voix de quelques gugusses embossés dans le "service public" des "vive l'impôt"  aussi vibrants qu'hypocrites (ces socialistes de medias gagnent souvent plus 50.000 Euros… par mois !). Les invités de gauche, toujours majoritaires dans les débats des chaînes publiques, tentent toujours et encore, de justifier la dépense publique (productive, nécessairement productive) en se cachant derrière les infirmières et les agents de police. Cela ne marche plus. Quand un Vauzelle défraie la chronique par l'emploi fréquent, voire systématique, d'un hélicoptère pour ses déplacements, que partout l'argent public sert de petits intérêts au nom des grands principes, que le clientélisme outrancier a supplanté la recherche du bien commun, il est difficile de se cacher derrière son petit doigt social."

"L'hyper-fiscalisation française est le premier moteur du vote extrémiste.   La DGI est l'agent électoral de la petite entreprises familiale lepéniste. Même cette sonnette là n'est pas entendue."

"Alors la révolte commence à gronder. Et ces Messieurs n'ont plus qu'à lâcher des subventions pour calmer le jeu. La subvention d'aujourd'hui est le chômeur et/ou le spolié fiscal de demain. Une vis sans fin vers l'abîme."  

Un commentateur d'une radio du matin a fait, ce jour, exaspéré, la liste des gratifications nouvelles semées à tout vent par M. Hollande ou M. Ayrault.

"J'ai calculé que tout cela, décidé en moins d'une semaine, représentait plus d'un milliard d'Euros de dépenses nouvelles."

M. Eckert, lui,  a expliqué sur plusieurs média, qu'il fallait mettre les riches à la diète en supprimant "tous les immenses avantages" qui leur ont été concédés abusivement. "Toutes les prestations devront être sous conditions de ressources et tous les impôts, quels qu'ils soient, rendus fortement progressifs. Si on le suit, les "riches" paieront plus pour des prestations qu'ils ne toucheront plus".

"Un mur infranchissable sera ainsi dressé entre une France qui paie et une autre qui reçoit.  Pourquoi infranchissable ? Parce que le passage de la catégories des pauvres aidés à celle de cochon de payant, 100% pur porc,  sera tellement couteux et difficile que les bénéficiaires ne tenteront jamais de franchir l'obstacle".

Ce même jour, les médias et la gauche mobilisés contre l'ambitieux Valls, montaient en épingle l'expulsion d'une famille Rom, les Dibrani, couple avec 5 enfants, entré clandestinement en France et expulsé après épuisement de tous les recours.

Ecoutons la rumeur qui gronde :

"Personne, parmi les politiques,  n'a songé à calculer ce qu'une telle famille, logée, nourrie, vêtue, soignée, éduquée, assistée juridiquement, a coûté aux  Français. Les estimations faites sur différents sites, vont de 30.000 à 50.000 euros par an. C'est donc un séjour à 100 ou 150.000 euros qu'ils ont réussi à faire payer aux Français. Pas mal ! Le nombre de famille Kosovars actuellement en demande de statut de réfugié, est de 2.084, soit une dizaine de milliers de personnes. Deux à trois cent millions d'Euros à obtenir des imposables français, soit environ l'impôt sur le revenu du million de Français au plus bas de l'échelle fiscale. Et M. Hollande vient d'accepter le même jour d'accueillir 6.000 Syriens. Encore 200.000.000 d'Euros à prévoir."

"Les Français qui travaillent commencent à se lasser des prélèvements et crient  : "des sous, Hollande" ! Mais il a tout piqué et tout dilapidé. Il n'a plus rien à prendre dans les poches des Français"

"Les pompiers viennent d'obtenir quelques sucettes. Florange aura un institut de recherche sur une sidérurgie qui a quitté les lieux."

"Hollande a réussi à se mettre à dos la Bretagne, dont le conversion de la démocratie chrétienne au socialisme rosâtre de rosaire avait permis le succès du PS en région. De taxes en taxes et de règlements excessifs en règlements abusifs, les filières agro-alimentaires font faillite. 3000 salariés au chômage cette semaine ; dix mille personnes à la gamelle publique et… 15 millions d'euros versés en urgence".

Tout d'un coup, les medias se mettent à réfléchir, sous la pression de ces évènements lamentables :  

"C'est la faute à l'Allemagne ! Elle n'a pas d'enfants et fait venir dans les pays de l'est allemand, en reconversion d'années de communisme destructeur, des roumains travailleurs aux conditions roumaines pour exécuter les tâches nécessaires à l'élevage et à la transformation du cochon. Et l'agro-business breton, en perte de compétitivité,  s'effondre. "

"En France, on préfère vénérer des Roms kosovaro-je-ne-sais-quoi, comme le prouvent des scolaires manipulés et encadrés par les associations et les syndicats de gauche, stimulés en sous-main par quelques barons socialistes désireux de couper l'herbe sous le pied du Ministre de la parole intérieure. Que Walls valse !  Et il faut bien former les futurs leaders du PS de demain".  

"La France a choisi, en élisant le sieur Hollande, de perdre son leadership dans le vin : nous sommes désormais dépassés par l'Italie et l'Espagne. Son leadership dans la filière porcine s'évanouit : nous sommes dépassés par l'Allemagne. Dans le poulet, il y a longtemps qu'on a laissé le champ libre  au Brésil ; etc. "

"La Berezina n'est pas seulement industrielle ou agricole.  Nous battons les records de dépôts de bilan et de liquidations judiciaires dans tous les secteurs et même les services! "

"Surtout, ne touchons pas aux vaches sacrées !  Les régimes spéciaux qui bénéficient aux employés et aux cadres grassement rémunérés d'EDF sont totalement abusifs. L'abus résulte du chantage exercé par les syndicats de ce monopole longtemps de droit, aujourd'hui de fait, contre la nation. L'exemple même d'une abjection anti-démocratique, antisociale et antiéconomique".

"On sait que le régime spécial des salariés d'EDF a été intégré dans la CNAV. Le surcoût des avantages phénoménaux concédés aux retraités de cette entreprise devait être compensé par l'Etat. Il manque selon la Cour des Comptes 1.300.000.000 d'Euros ! Les privilèges sont donc payés par les plus pauvres retraités.  Les humbles qui reçoivent en retraite moins que les minima sociaux sont mis à contribution pour fournir aux maîtres-chanteurs le droit exorbitant de partir à la retraite à 55 ans, avec 75 à 80% de leur dernier salaire, contre 40 à 50% pour les salariés du privé, dont on prend  pour assiette la moyenne des 25 dernières années.   Quand ce ne sont pas les autres  retraités, ce sont les usagers qui paient, quelque soit leur revenu : la CTA est une taxe sur la consommation spécialement conçue pour financer les privilèges de retraite des maître-chanteurs. 

Et ce n'est pas tout. Le Comité d'entreprise se voit affecter 1% du chiffre d'affaire d'EDF ! Les coûts pétroliers se sont envolés et avec eux la prime, qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer. Rappelons que cette prime temporaire était la contrepartie d'un avantage donné aux emprunteurs nationaux. L'avantage aux épargnants a disparu depuis des lustres. Sa contrepartie perdure et elle n'est plus la contrepartie de quoi que ce soit".

"La Cour des Comptes a montré que le Comité d'entreprise, incontrôlé, gérait ces sommes principalement pour le compte des syndicats et du Parti Communiste. La CGT a été renvoyée en correctionnelle pour une gestion glauque qui a entraîné, en plus des 500.000.000 d'Euros par an de subvention, 150.000.000 d'euros de pertes.  Détournements de fonds et abus divers, comme dans tous les CE des entreprises publiques, sont la grande règle, jusqu'ici en toute impunité comme il se doit. La délinquance en col rouge ne pose aucun problème aux juges qui dressent des "murs des cons". Attendons le jugement ! "

"Les gouvernements auraient pu prendre des mesures simples pour mettre fin à ces avantages démentiels. Il faut voir qu'aux taux actuels de prélèvements, le revenu marginal taxable qui permettrait en net de disposer de 14% de revenu net en plus comme pour GDF, entre CSG et IR, serait de 25% supérieur au salaire effectif. Au lieu d'accorder que l'âge de la retraite EDF passe de 55 à 57, en 2023, date à laquelle la retraite à taux plein pour de nombreux Français sera à 67 ans,  il aurait pu établir une trajectoire de rattrapage qui fasse converger les dates en dix ans au lieu de maintenir l'avantage relatif.  Pour le 1% scandaleux, plusieurs mesures graduées auraient pu être prises. La plus simple est la fiscalisation de l'avantage.  On aurait pu compter la  CSG à 15,5% et un forfait fiscal global à 30%. L'Etat aurait récupéré 45.5 des sommes abusivement distribuées. Variante, l'avantage imposable des bénéficiaires aurait été calculé au prorata des salaires et ajouté à leur déclaration de revenu (+7% pour EDF et +14% pour GDF en moyenne). Là on serait à près de 50% de rattrapage. Une autre presqu'aussi facile à mettre  en œuvre est le plafonnement de l'avantage. On donne une norme unique pour tous les CE, par exemple un plafond de 2% de la masse salariale. On peut aussi et plafonner et fiscaliser. Ou supprimer totalement l'avantage en sachant que les avantages en nature (les tarifs électriques hyper-favorables : autour de 10% de la valeur normale et mille autres avantages, notamment le logement) coûtent déjà près de 200.000.000 Euros. Evidemment, des gouvernants qui n'ont que le mot justice sociale à la bouche, n'en ont rien fait malgré les objurgations de la Cour des Comptes. Les tarifs d'EDF explosent. Il est vrai que les rémunérations y grimpent à un rythme double de celui connu dans l'industrie et le commerce privée."

" Les fonctionnaires locaux ne sont pas affectés le moins du monde par la crise. On a vu, globalement, leur taux d'absentéisme progresser et dépasser les 20 jours par an. Le laxisme complet des municipalités et des régions,  en matière de gestion du personnel coûte à la Nation près d'un milliard d'Euros. Mais les centaines de milliers de fonctionnaires recrutés, prétendument pour assurer les fonctions décentralisées (il n'y a eu aucune réduction d'effectif en central) , sont un gaspillage pire encore. Ce sont des milliards d'Euros à prévoir pour nourrir cet excédent inutile de "Jean-foutre". Le calcul n'est pas difficile à faire : en moyenne 60 ans de versement d'un coût de 50.000 euros par an et par fonctionnaire. 700.000 x 60 x 50.000 = 2.100 milliards d'Euros. On est riche en France ! Le record est à Paris. Delanoë a recruté 15.000 fonctionnaires de plus pour une ville déjà totalement équipée, qui dispose maintenant de 55.000 employés municipaux là où 20.000 suffiraient selon les normes internationales. Naturellement la croissance de l'impôt foncier parisien a été gigantesque, le double d'une moyenne nationale déjà excessive. "Et je ne m'excuse pas" a déclaré cyniquement le satrape rose."

"On a organisé le temps des scolaires rendus libre par la réforme Peillon en mettant en place des "activités périscolaires" au nom ronflant mais au contenu débile. Mon enfant a désormais un cours de "nutrition". J'en suis à mon troisième dessin de carotte !"

Ainsi va la France en ce chaud mois d'octobre 2013.  

Nos enfants apprécieront.

A l'étranger, notre cote remonte fort, comme le montre cette caricature qui vient de nos amis Suisse.

Il s'est passé, pour la France, une véritable rupture d'image dans le monde et un rejet inédit du politique en général et du politique socialiste en particulier. L'ampleur de la colère et du rejet est devenu une variable économique importante.

 



Le FMI : pyromane devenu pompier ? Même pas !

Le FMI est une institution malade depuis la fin des accords de Bretton-Woods qui l'avaient instituée. Son rôle était de réguler les changes fixes en permettant à des pays dont la monnaie était attaquée de ne pas régler ses difficultés de paiements internationaux par la récession et la déflation, entraînant tous les autres dans ses problèmes. Ses statuts lui imposaient et lui imposent toujours de veiller à ce qu'aucun acteur international ne laisse filer ses déficits de façon astronomique ou accumule des excédents intolérables. 

Seulement voilà : les Etats-Unis ont un statut privilégié au FMI et ils ont un pouvoir de veto. Le dollar est devenu de facto la monnaie du monde avant de l'être de jure après les accords de la Jamaïque qui ont démantelé les dispositifs de coopération mis en place à Bretton-Woods.

Les Etats-Unis ont donc alimenté le monde en dollars, en creusant des déficits immenses. En contrepartie se sont créés des excédents immenses. Les déficits ont été comblés par la planche à billets aux Etats-Unis et par le replacement des excédents dans les banques américaines. Chaque goutte de déficit américain a donc permis une émission de crédit dans le pays créditeur et une émission de crédits dans le pays déficitaire. Cette double pyramide de crédits, sans frein depuis que les changes flottent, a fait passer la dette globale de moins de 200% à près de 400%  du PIB à peu près partout.

Il en est résulté des crises périodiques de plus en plus fortes et une baisse tendancielle du "trend", provoquant un chômage intense dans les pays développés et une dette publique considérable.

Jusqu'à la crise finale que nous connaissons.

Nous avons chiffré entre 8 et 16 mille milliards de dollars la perte à fin 2007 sur ces crédits de plus en plus artificiels car depuis longtemps déconnectés de l'économie de production.  Ce chiffre parait énorme. Il l'est par rapport au capital des banques. Le système bancaire mondial est virtuellement en faillite depuis 2006.  La crise a créé une nouvelle source de crédits défaillants ("non performants" en novlangue). On est passé d'un taux de 2 à 4% de crédits en difficulté à 8-12% selon les banques. Cela a créé une nouvelle bouffée de crédits défaillants.

Les Etats en ont absorbé une bonne partie. Le déficit budgétaire annuel américain a gonflé de 10.000 milliards de dollars. En six ans, les sommes ainsi cumulées représentent près de 40.000 milliards de dollars.  Le reste du monde, globalement, a généré à peu près les mêmes flux.

Une crise portant sur une dizaine de milliards de dollars a créé, par un multiplicateur tragique, dix fois la même somme en déficits variés financés par la planche à billets et la création de crédits ex-nihilo.

On demande aux peuples, dont aucun n'a été décisionnaire, de rembourser ces dizaines de milliers de milliards de dollars. Ils ne le peuvent pas.

Rétrospectivement, on voit l'absurdité de la politique conduite par le G.20, dont nous avions ici même dénoncé les dangers dès la première réunion en novembre 2008.

Il fallait sortir immédiatement du système des changes flottants avec liberté totale des mouvements de capitaux pour restaurer une coopération minimale autour de changes fixes mais ajustables, avec interdiction des déficits massifs et des excédents démesurés.

On ne l'a pas fait et nous sommes exactement au même point qu'en 2008, sauf que la déflation généralisée a conduit à des dommages considérables et aggravé les choses.

Cette décision devait être accompagnée par une ponction exceptionnelle et immédiate d'une partie des placements mondiaux. On sait que l'épargne mondiale placée est d'environ 250.000 milliards. Il fallait immédiatement éliminer 10.000 milliards de dollars de dettes perdues par prélèvement sur cette masse. Cela faisait une perte de 4%, parfaitement digeste.  Maintenant qu'on en est à 100.000 milliards, la solution est impraticable.

Pourquoi n'a-t-on pas effectué immédiatement cette ponction de 10.000 milliards de dollars ? Simplement parce que le gros de cette épargne est dans des mains où elle ne peut pas être facilement saisies. Les gros contributeurs auraient du être la Chine, les pays pétroliers, et les détenteurs de rentes de situation massives, notamment les propriétaires des plus grosses sociétés mondiales et les hyper milliardaires. Ils représentent à peu près 80%  de l'épargne mondiale.

On a préféré un gonflement massif des émissions monétaires et des déficits publics pour leur permettre de conserver en valeur nominale la valeur de leurs avoirs.

En Europe, et notamment en France, cela a conduit à une politique spoliatrice visant  les "petits riches" tout en envoyant des wagons de salariés au chômage.

Le FMI après des années d'errance intellectuelle, découvre, tout d'un coup, qu'après ne rien avoir compris à la crise, d'avoir raté toutes ses prévisions et d'avoir proposé des fausses solutions, il faut désormais faire porter le chapeau aux riches  grâce à un impôt important sur le capital. Comme les principaux  détenteurs de rentes sont à l'abri, cette suggestion revient à demander une aggravation de la taxation de ceux qui sont déjà surtaxés dans les pays où le fisc est fort.  C'est naturellement une fonctionnaire française du FMI qui fait cette recommandation...

Sans même évoquer les causes de la crise et le rôle du système international des changes.

Le FMI dans ce triste drame aura été défaillant avec une constance regrettable.

Le drame d'un organisme sans objet, et le FMI n'en a plus depuis 73, c'est que sa volonté de survivre en fait un dispositif pire qu'inutile : néfaste. Il est malheureux que ce soit des dames françaises qui en témoignent de la façon la plus criarde.

Soit on réforme le système monétaire international, soit on supprime le FMI !

Au moins on ne financera plus l'indigence.

 

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile   

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Hollandisme : l'analyse de Louis Pauwels !

"Les socialistes ne connaissent de l'argent que l'argent des autres : le vôtre.

Le socialisme n'est pas compliqué : de l'étatisme avec de la littérature égalitaire autour. Il ne s'agit pas, pour le socialisme, d'établir l'égalité. Il s'agit de prendre toujours plus aux gens qui produisent de la richesse., afin d'entretenir toujours mieux un nombre toujours plus grand de fonctionnaires et un secteur public toujours plus déficitaire. Toutes les expériences socialistes se résument à cela.

La littérature égalitaire sert à soulever l'opinion contre les gens qu'on pille. Au nom de la justice sociale on leur  dit : "Vous devriez avoir honte d'avoir travaillé pour l'argent que je vous prends".

Ces gens ne sont pas seulement les riches. On croit que le socialisme combat les riches au profit des pauvres. C'est en cela qu'il passe pour généreux et rend difficile la critique. Mais son principal objectif n'est pas de supprimer les riches. Il n'est pas non plus d'enrichir les pauvres. Il est de supprimer la résistance  dans les classes motrices. Le socialisme mène un combat contre tous les Français, gros , moyens, petits, qui appartiennent au secteur privé et dont le travail produit de la richesse  pour les contraindre à accepter qu'une part  toujours plus importante  du revenu de leurs efforts  aille à l'état, à ses bureaux, à ses organismes de contrôle et d'assistance, au fonctionnariat et au secteur public.

Il s'agit d'une lutte des classes, mais ce n'est pas celle qu'on dit.

Il y a aujourd'hui 4 millions de fonctionnaires dont plus de 3 millions sont syndiqués. Le revenu national est produit par les 20 autres millions de Français, dont moins de 20% sont syndiqués et les deux tiers de ces syndiqués sont dans des entreprises publiques.

Cela signifie qu'un énorme appareil, état, secteur public, et syndicat, prolifère, accroit sa puissance, son autorité et ses privilèges en exigeant toujours plus de prélèvements.  Il prétend incarner "le peuple de gauche". C'est une imposture et une manière d'idéaliser une vaste oligarchie pour laquelle étatisme et syndicalisme  sont les moyens  de confisquer, manipuler, absorber, sous prétexte de redistribution et d'égalité, le fruit du travail productif de la nation.

Sous le socialisme les classes motrices s'épuisent à tirer les classes remorques, de plus en plus lourdes. L'oligarchie publique et syndicale sera toujours plus puissante et prospère. C'est à elle que le socialisme promet de "changer la vie" en empoisonnant l'existence des Français productifs qui la font vivre. "

Louis Pauwels - Le Crapouillot - Octobre 1982

Ces lignes ont été écrites en 1982.  La dépense publique menaçait d'atteindre 50%. L'assemblée nationale était composée  de 270 fonctionnaires sur 481 députés. Le chômage, toutes catégories réunies, était autour de 1.000.000. La dette publique n'était pas significative.     

Aujourd'hui les chômeurs sont à plus de 4.000.000. La dépense publique est à 57% du PIB et correspond à la production des entreprises privées du secteur marchand non financier. La dette publique est à près de deux fois la valeur ajoutée des entreprises définies comme précédemment. Les effectifs publics ou associatifs vivant de subventions publiques dépassent les 7 millions. On prélève  100% et au-delà du revenu de milliers d'entrepreneurs ou de leaders de professions libérales,  des "salauds de riches".

L'énarchie compassionnelle, la forme actuelle du socialisme,  a gagné. Elle a réussi à gonfler ses rangs jusqu'à étouffer totalement la société. La crise a été un prétexte pour dépasser toutes les bornes en matière d'exaction et de répression fiscale.  Les pauvres et la pauvreté : au sommet des courbes historiques. Comme l'a vu justement Pauwels, ce n'était pas là un objectif pour le socialisme.

On a besoin de jeter des miettes  aux composantes de la société qui servent de prétexte à la capture de la richesse sociale par un groupe très minoritaire qui a détourné le pouvoir régalien de contrainte à son profit.  

Un commentaire signé Sirius, dans l'article précédent, localise très exactement les groupes  qui vont être chouchoutés :   
"

- Les syndicalistes violents
- Les fonctionnaires à l'absentéisme excessif
- Les drogués à qui on offre des salles de shoot avec gratuité de la drogue
- Les délinquants qui doivent échapper à la prison "criminogène"
- Les locataires qui ne paient pas leurs loyers
- Les homosexuels militants
- Les fusillés de 14-18 (comme Jospin)
- Les Roms avec la circulaire qui exige leur relogement décent et un traitement délicat
- Ses maitresses ou ex maîtresses.
Comment vouliez-vous qu'on oublie les zonards de 18 à 25 ans ? "

(…)

Hollande est le gestionnaire actuel de l'espoir de la classe des hauts fonctionnaires socialistes : avoir totalement jugulé les entreprises et les riches pour s'en nourrir et payer les dettes que le socialisme n'arrête pas d'accroitre".

L'idée est exactement la même que celle de Louis Pauwels.  Le socialiste Hollande sait qu'il a besoin de culpabiliser les victimes de sa politique fiscale en faisant, en creux, la liste de leurs "victimes".  Il s'agit de démontrer que la bourgeoisie égoïste et répressive fait des victimes et que le massacre fiscal en cours est légitime. "La bourgeoisie tient un discours de précaution contre tous ceux qui veulent la piller ou détruire la société  qui lui a permis de prospérer. A l'occasion, ce discours devient un discours de détestation, d'exclusion et de répression. Les socialistes doivent donc flatter, promouvoir, sacraliser  tout ce qui déchaîne les passions haineuses de la droite", disait Lacan. Le taulard, l'homosexuel, le traître, l'asocial, le vagabond ou le drogué, le syndicaliste violent, le fonctionnaire surnuméraire, deviennent des saints socialistes.

Une majorité d'électeurs doit être subventionnée en tout ou en partie par l'argent public. Dans un système démocratique basé sur l'élection, c'est la seule garantie de la pérennité du pouvoir usurpé de la nomenklatura publique. Le grand succès des socialistes français est municipal : l'arrosoir peut y être très vaste et toucher des clientèles très concrètes. Les journaux signalent que les impôts locaux ont augmenté d'un quart entre 2007 et 2012. "La crise, connait pas !".  Gageons qu'ils repartiront à la hausse dès le lendemain des élections municipales.

Hollande qui connait parfaitement la technique de l'arrosage municipal, départemental et régional (on voit ces derniers jours des rapports qui prouvent qu'il continue de l'Elysée ces bonnes pratiques sur ses terres électorales), les transpose à l'échelon national sur une échelle jamais vue, même du temps de Mitterrand. 

La crise n'est pas un frein mais une occasion.

Il est certain que les mesures d'écrasement fiscal et d'arrosage clientéliste  auraient été exactement les mêmes s'il n'y avait pas de crise. Michel Rocard, bénéficiant d'une phase de haute conjoncture mondiale qui emplissait naturellement les caisses plus que proportionnellement (l'impôt est globalement progressif en France), l'a bien montré  jusqu'à la caricature en créant une CSG qui passera rapidement de 2 % à 15% du revenu national, privant les Français des ressources équivalentes.  Le RMI était la couverture morale de ce sur-prélèvement intéressé. Le pauvre n'était qu'un prétexte. On attendait 100.000 Rmistes. Ils sont près de 2.400.000 au RMI-RSA. La multiplication des pauvres et des assistés est un moyen socialiste de permettre à la Nomenklatura d'écraser fiscalement la société.

Hollande, comme Rocard, comme Jospin, mais aussi comme Giscard, Chirac, Juppé, croit au rôle fondamental de la classe des hauts fonctionnaires étatistes qui ont intériorisé depuis longtemps qu'ils sont les seuls légitimes à gouverner les Français, dans une étroite tutelle fiscale et administrative. Le Général de Gaulle leur a donné un pouvoir sans partage. Ils l'exercent en allant jusqu'au bout des pouvoirs qu'ils ont arrachés au pays.

Ces gens ont besoin des entrepreneurs. Car sans eux ils ne sont rien. Ils ont besoin de pouvoir emprunter sans limite. Il leur faut donc donner des gages : la richesse accumulée des Français servira à payer les créanciers. Alors on enrêne l'activité. Le bénéfice des entreprises sera presqu'entièrement capté par l'état mais qui le restituera selon les règles de la Nomenklatura. C'était exactement la doctrine de l'agriculture soviétique avec les résultats que l'on sait.  La conséquence est la vente à l'encan du patrimoine français. Des Quatari achètent en franchise d'impôts le plus bel hôtel particulier de l'île Saint Louis.  Hollande et la nomenklatura qu'il représente ont besoin de l'étranger. Ah si la reprise mondiale comme sous Rocard, comme sous Jospin, venait au secours des politiques d'écrasement fiscal !  

Au moment même où la défection d'Obama a laissé seul M. Hollande agiter ses petits bras débiles en face de la Syrie, la décrépitude et l'impuissance de la France se sont trouvées soudainement mises en pleine lumière.  La France comme grande puissance autonome n'existe plus.  Comme puissance économique elle est désormais étrillée. Les actifs la fuit, à tous les étages de la vie économique privée.

L'Europe est nécessaire à l'énarchie compassionnelle. Elle permet de diriger loin du peuple et d'offrir des places rutilantes et dorées aux meilleurs de la classe. D'accord, les dirigeants français, en tant que tel, n'ont plus de pouvoirs réels. Tout est dicté de l'extérieur. Quand on perd le pouvoir sur les normes, transféré à 80% à Bruxelles, le pourvoir sur la monnaie, transférée à 100% à la BCE, le pouvoir sur les changes, transféré à personne, le pouvoir budgétaire, sous tutelle extrême, on ne sait plus que s'occuper que de l'écume des choses. La variable d'ajustement est l'armée que l'on resserre au point qu'elle tient désormais tout entière "dans le stade de France".  Pour le reste on augmente les impôts et on sert des clientèles, soit dans un but de diabolisation des "salauds de riches", soit dans un but clientéliste et électoraliste. Et cela suffit bien à la Nomenklatura pour persévérer dans son être.

La question principale est désormais : "sur quel mur la volonté de pouvoir de la nomenklatura des hauts fonctionnaires, socialistes ou non, se fracassera-t-elle ?"

La question subsidiaire devient :  "Est-ce que la société privée a encore une force suffisante pour faire valoir ses droits contre l'aristocratie publique qui l'a domestiquée ?"

Certains considèrent que c'est sur le mur des déficits et de la dette  que viendront se fracasser les illusions du socialisme fonctionnaire à la française. Il est vrai que les dettes continuent à croitre et qu'à quasi 100% du PIB et 200% de la valeur ajoutée des entreprises commerciales non financières, on est au-delà du rattrapable. On passe à 5% voire à 7% de taux d'intérêt sur cette dette et nous sommes morts. En vérité, ces drames permettent aux abusifs de l'être plus encore.

D'autres ont cru que le mur du chômage était infranchissable.  La fascination des chiffres ronds avait élevé la barre au million de chômeurs. On en est à 7 millions de personnes en âge de travailler sans activité. Pourquoi pas 8, 9 ou 10 ?

D'autres enfin pensent que l'élection sera la barrière ultime avec le triomphe du populisme. La France a vécu sans dommage, avec 25% des votes en faveur des communistes et vivra sans dommage avec 25% des votes en faveur de la petite boutique politico-familiale lepénienne.

Alors ?

Alors il n'y a pas d'autres limites à la descente aux enfers  qu'un sursaut intellectuel et social qui remette à sa place l'aristocratie  administrativo-politicienne, c'est-à-dire au service du pays et des citoyens, pour redonner aux classes productives, patrons, cadres, techniciens, salariés, ouvriers et paysans,  l'air dont elles ont besoin pour tirer le pays et desserrer le licol  qui les étouffent.

L'art, la littérature, la connaissance et l'ensemble des disciplines non marchandes sont importantes et n'ont pas besoin du carcan administratif et d'une tutelle d'Etat à ce point envahissante.

Il faut redonner leur plénitude aux "droits de" tout en jugulant les hauts-fonctionnaires qui ne croient qu'aux "droits à" exercés sous leur tutelle.  

La France est étranglée. La seule manière pour elle de s'en sortir est de couper et la corde qui l'étouffe et la main qui tient la corde. Cela ne sera possible que par un combat d'opinion et  une bataille politique. Ne comptons pas sur le fracas du véhicule France s'écrasant sur un mur.

Croyons plutôt au sursaut de la nation.  L'énarchie compassionnelle, variante dégénérée du socialisme mondialiste  qui ne croit qu'à l'impôt et à la dette,  doit être condamnée puis détruite par un surcroit d'intelligence et de démocratie.

"Delenda est".  Comme  Caton disait de Carthage.

Pcc Louis Pauwels   

La "gratuité" de la vie instaurée en France. Enfin...

Au début de années soixante, dans les meilleurs milieux de la gauche engagée (mais largement alternative au PC et au PS), trois utopies étaient à la mode qui allaient tenir le haut du pavé pendant les "évènements de mai 68".

On peut les classer en trois catégories :

- Les faits sont "fascistes".

- Il faut assurer la gratuité de la vie.

- Le travail, c'est fini

Les trois thèmes avaient une même source : la richesse est là ; elle est le produit de la productivité. Il n'est nul besoin de l'augmenter. Le rêve grec du bel esprit libéré par l'esclavage des servitudes quotidiennes se transposait par substitution des robots aux esclaves.

Si nous sommes riches, nul besoin d'accepter la tyrannie des "faits". Les choses de l'esprit doivent primer. Vive l'Utopie. Le "pseudo" réalisme doit laisser le pas à la tentative de réaliser les  grands espoirs de l'humanité. Parmi ces rêves, la fin de la pauvreté.  Il faut assurer la "gratuité de la vie", c'est-à-dire permettre à tous de vivre "dignement" sans travailler.

Pourquoi sans travailler ? Justement, parce que la fin du travail est arrivée. Il est inutile de chercher le stakhanovisme stalinien. Les robots sont là !

Il ne faut pas nier la cohérence de l'ensemble.  Les beaux esprits dont on parle affirmaient qu'à 1.000 Francs, nouveaux, comme on disait à l'époque, par mois, on pouvait être heureux. Il suffisait de diviser le PIB de l'époque par le nombre de ménages et on retombait à peu près sur ses pieds.

Ces idées n'ont pas vraiment vieilli dans les milieux de la gauche prospective et égalitariste.

Les écolos de gauche ont repris le thème de l'anti-croissance, en ajoutant seulement qu'il s'agissait de "sauver la planète".  

La nième gauche style Rocard, préface depuis longtemps des ouvrages du type de ceux de Rifkin sur la fin du travail.

Depuis des années, les champions du social exigent que l'on assure la gratuité de la vie en comblant le dernier "trou" de la couverture sociale : les 18-25 ans.

C'est presque fait. Une nouvelle allocation vient d'être annoncée qui boucle la boucle. Du berceau à la tombe, il est désormais possible de vivre aux crochets de la société sans travailler.

Cette gratuité s'appuie déjà sur une multitude de dispositifs :

- gratuité de la santé et de l'éducation

- exonérations massives d'impôts et de taxes

- gratuité partielle des transports et du chauffage.

- gratuité du logement

- gratuité de la "culture"

- subventions diverses.

Mais ces gratuités ne sont tolérables que si le "liquide" tombe sans travailler.  L'allocation est essentielle pour instaurer une "vraie gratuité de la vie". Les allocations familiales, de rentrée etc., permettent déjà la gratuité de l'enfance jusqu'à 18 ans. Les minimas sociaux prennent ensuite le relais. Mais impossible de toucher le RSA avant 25 ans.  C'est désormais possible sous une forme hypocrite et "contrôlée".

La porte est ouverte.

On peut le dire, la vie est désormais gratuite en France. On peut y décider de ne jamais travailler  et, pourvu qu'on se contente d'une vie  plutôt médiocre, aller jusqu'au terme de sa vie sans jamais "manquer".

Alors que nous sommes en pleine stagnation économique, que le chômage atteint des millions de ménages, que des millions de personnes ne vivent qu'au crochet de l'Etat et donc de l'argent saisi dans la poche des autres, F. Hollande a voulu clore ce chapitre en ouvrant un nouveau trou dans la ligne de flottaison de la nation.

La gratuité générale si on la ramène  au bénéficiaire moyen, représentera à peu près 1.500 Euros de consommation  par personne. Non pas que chacun des assistés reçoive cette somme en liquide. On l'a vu il s'agit principalement de gratuités et de subventions "en nature" (logement, scolarité, santé etc.).

Travailler devient un exercice d'un coût exorbitant. Réussir vous conduit à des tranches d'imposition supérieures à 100% du revenu.

Il faut réduire puis supprimer toutes les prestations aux "puissants" qui "savent profiter de la mondialisation".  On a donc rogné sur le quotient familial avant de le mettre plus tard  sous condition de ressources. La gratuité de la sécurité sociale ne sera plus acquise pour les riches "qui peuvent bien payer pour leur santé".  La scolarité deviendra payante pour les "riches" et le coût sera proportionnel au revenu dès qu'on dépasse certains plafonds de ressources. Ce travail d'élimination des prestations sociales aux riches est en cours.

Une des butées sur laquelle se briseront ces bonnes intentions est qu'il est impossible d'empêcher les citoyens du monde qui sont en Europe ou qui viendraient s'installer en France d'en bénéficier.  On le voit avec la question des Roms, qui comme l'ensemble des gens du voyage, ne considèrent pas que travailler soit une option. Il faut les loger ; scolariser les enfants ; garantir leur santé etc.  Déjà actuellement.

Comme le disait une adolescente algérienne interrogée il y a dix ans par la télévision lors d'un voyage de Chirac en Algérie :

- Question : que pensez vous de la France

- Réponse : formidable : c'est un pays où tout est gratuit et où on vous donne de l'argent pour ne pas travailler. Des visas ! Des visas ! "

Rien n'est fait pour réellement inciter à travailler. On supprime la peur du lendemain, à des gens qui ont bien compris qu'ils ne devaient rien et qu'on leur devait tout.  

Près de 7 millions de personnes en âge de travailler ne le font pas, dans la France de 2013. On va tout droit vers les 10-12 millions autour de 2025, avec un appel d'air mondial aux populations très pauvres mais mobiles.

Espérer vivre avec l'équivalent de 1.500 euros par mois sans travailler, lorsqu'en travaillant on ne gagne pas 150 Euros dans son pays, est une incitation phénoménale.

Associée à des théories anti-croissance et au mépris ontologique des réalités, la nouvelle mesure aura les mêmes effets que le RMI, les 35 heures, la super-protection des salariés, la CMU, l'AME, etc.

L'emploi va devenir rare ; la fiscalité sera abusive et spoliatrice pour ceux qui contribuent. La sortie du système perclus de dettes sera abominable.

Rappelons que lors de la crise du début du siècle, les autorités de sécurités sociales avaient décidé d'ouvrir un grand trou dans la coque sans aucun débat nulle part : le transport à l'hôpital devenait gratuit !  Dix ans plus tard, plus personne ne sait comment payer cette folie.

On recommence.

En France la vie est désormais gratuite pour ceux qui ne veulent pas travailler et qui viendrait à se trouver sur le territoire "national".

Pour corser l'affaire, on a supprimé le travail du week-end qui servait à de nombreux jeunes à se faire l'argent nécessaire pour suivre leurs cours de fac.

Au début des années soixante, les doctrinaires évoqués au début de ce billet avaient sous les yeux un formidable désastre de la gratuité. Fidel Castro, dont ils étaient tous amoureux, avait décrété la gratuité du pain. Bientôt on donnait du pain au cochon. On taxa les producteurs pour maintenir cette gratuité : les prix d'achat aux producteurs de pain devinrent ridicules. Le pain manqua. On exigea ; réquisitionna. On fusilla pour l'exemple quelques "affameurs". Puis on laissa tomber la gratuité.

La gratuité c'est toujours l'abus, la coercition, la répression, les tracas administratifs sans nom et au bout du compte un désastre social et économique. On le voit aujourd'hui : toutes les populations qui se sont laissé convaincre d'entrer dans ces systèmes sont totalement démunies si on arrête les frais. Les drames sociaux deviennent alors insupportables pour des millions de gens. Alors on ne fait rien car tout retour en arrière devient dramatique.  

Le bon sens est ne jamais mettre le pied dans ces pièges.  Et hop ! Voilà qu'on en ouvre un sous les pieds de centaines de milliers de jeunes qui n'auront plus aucune incitation à entrer dans la vie active. Qu'ils se rassurent : on a en même temps décidé que les périodes de non travail compteront pour la retraite ! Il ne reste qu'à considérer que le non travail ouvre un droit complet à la retraite et qu'il est une des pénibilités permettant de partir à la retraite plus tôt.  Nous vivrons alors dans le meilleur des mondes.

 

Les Français auront donc vu cette semaine les entreprises, dont la rentabilité est quasiment la plus basse du monde, obligées de payer une nouvelle imposition sur une partie de sa valeur ajoutée et à ne plus travailler le dimanche, pendant qu'on assurait la gratuité de la fainéantise et de la non solidarité familiale.

Un bel exploit. Encore bravo !

 

François Hollande : trois fautes qui augurent mal de la suite

Le nouveau budget est désormais connu dans ses grandes lignes. C'est le second de M. Hollande, compte tenu de l'énorme rectification budgétaire qu'il a effectuée en septembre 2012.

On en connait  aujourd'hui les résultats. Ils sont, sans surprise,  désastreux sur toute la ligne.

François Hollande a commis trois fautes lourdes vis-à-vis des Français et de la démocratie française.

La première est d'avoir expliqué en long et en large que les "riches" paieraient la crise et le redressement des comptes de la France. L'Economist s'inquiétait des dérives "démagogiques" que risquaient de stimuler la persistance de la stagnation économique en Europe.  Il pensait aux "populistes" de droite et de gauche.  Il n'est pas tellement glorieux de constater que la France est désormais dirigée par un président qui rentre dans cette catégorie.

George Pompidou, confronté à la crise de changes et de balances de paiements provoquée par les mesures "d'apaisement" de mai 1968, avait affirmé : "Tous ensemble, nous allons surmonter cette épreuve". En général, c'est la nation toute entière qui est mobilisée, pas une tranche stigmatisée ("je n'aime pas les riches") et frappée plus que proportionnellement au portefeuille. En envoyant M. Jean M.Ayrault, le très palichon professeur d'allemand, nommé pour son inexistence même, Premier d'une équipe de Ministres affolante de nullité,  expliquer "que neuf contribuables sur dix ne seront pas touchés" par les mesures fiscales prises, Hollande a pris ses distances avec le pacte républicain et  recherché un avantage politique de l'exploitation de boucs émissaires. Il a divisé le pays de façon détestable alors qu'il est chargé de l'unité nationale.

La deuxième faute est naturellement d'avoir menti sans vergogne.  Le monde signale qu'en 2013,  44% des Français ont vu leurs impôt sur le revenu augmenter, alors que des taxes nouvelles ou aggravées  se sont surajoutées en cascade (le même journal en avait dénombré plus de 80 entre Sarkozy et Hollande). Même des ménages à très faibles revenus sont devenus imposables avec pertes de l'exonération de toute la cascade d'autres impôts dont on dispense les non-imposables (la liste est longue).  Le nombre de ménages concernées s'évalue en… millions. Il faut dire que la non-prise en compte de l'inflation, la fin de diverses exonérations, comme celle portant sur les heures sup, l'intégration dans le revenu du produit de l'épargne, font nécessairement passer dans la frange taxable des nuées de contribuables.  Ce résultat n'étonnera pas ceux qui nous lisent. Nous l'avions annoncé il y a déjà un an. 

François Hollande est devenu pour les commentateurs "l'enfumeur", "l'homme qui ment dans les cimetières économiques", le "menteur compulsif", pour reprendre quelques phrases trouvées dans la presse.

La troisième faute est de n'avoir obtenu aucun résultat de ce déchaînement fiscal. La dette aura grimpé de 10% entre 91 et 94 et nous serons proches des 100% en 2015 ou 2016 !  On devait réduire l'impasse budgétaire à 3% ; on en est à plus de 4%. Au moindre accident sur les taux à dix ans et la France sombre.  Aucune réforme de structure n'a été faite. L'énormité de l'Etat Moloch n'a pas été réduite. Au contraire on a supprimé un grand nombre de mesures allant dans le bon sens tout en augmentant les effectifs globaux des différentes administrations.

Certains disent : "M. Hollande finit sa transition de candidat à président. Attendez la fin de la mue et vous verrez.  Sa première année a été terrible. C'était le prix de ses promesses électorales. Maintenant vous allez voir le "vrai" Hollande. Sa seconde année va être bien meilleure".

Ce que l'on voit est une attitude intolérante et intolérable de stigmatisation qui fera pincer le nez à ceux qui ont le goût de la démocratie et ne goûtent guère les "relents" que toute cette démagogie charrie.  Aucun autre pays réellement  démocratique ne s'est lancé dans une telle campagne de haine et de pillage fiscal ciblés.  Des milliers de Français paient plus de 100% d'impôts directs. Il faut avoir la haine chevillée au corps pour considérer cela comme normal.

Ce que l'on voit, c'est une incapacité à prendre la moindre mesure un minimum courageuse de restructuration de l'Etat-Moloch qui suce le sang du pays.

Ce que l'on voit c'est l'absence totale de résultats.

On espérait la compétence, après une malencontreuse singerie électorale. On a la com'. Et une pétaudière.  

Il faut revenir sur la "prestation" politique de F. Hollande devant le Medef. Formidable discours. "Je vais vous dire ce que vous pensez. Je vais vous décrire ce dont vous avez besoin". Au fil du discours, les réflexions allaient bon train : "Il a donc tout compris. Voilà un Président sur lequel on peut compter".  Jusqu'à la conclusion finale : "Je sais ce qu'il faut faire, mais je ne le ferai pas, parce que c'est politiquement impossible".

Il a  fait hier à Florange le même type de discours. "Je sais ce que vous voulez. Mais je ne le ferai pas, parce que c'est économiquement impossible".

Devant les écologistes, on recommence  :" Voilà le bien écologique auquel je pense et qui est aussi celui auquel vous aspirez. Mais je ne le ferai pas, parce que c'est politiquement et économiquement impossible".

A tous : "Je vous ai compris mais contentez vous des miettes d'action que j'ai entreprises et rongez votre frein en attendant des jours meilleurs".

Réaction d'un patron du CAC-40  : " Ce type est un impuissant qui rationalise ses pannes à répétition pour rassurer la belle".

Comme Allègre l'avait parfaitement annoncé, c'est " J'ai tout vu, tout connu, je t'embrouille" à tous les étages de la vie économique et politique du pays. "Je ne prends aucune mesure qui fâche vraiment ; je distribue la bonne parole à tous, en disant à l'un l'inverse de ce que je dis à l'autre ; je suis dans tous les camps à la fois. Tout pourrit mais, Moi-Je, Président du "n'importe quoi" et roi du "tout  pour ma pomme", je surnage, comme je surnageais en tant que Secrétaire du PS, en jouant les commentateurs amusés de ma propre habileté et de ma comédie politique. Un boulot de dingue, mais cela me fait bien rigoler ! Regarder le prestidigitateur : j'augmente les charges des entreprises et les étouffe par une augmentation des cotisations patronales et un nouvel impôt sur une nouvelle assiette. Mais je crie : vive l'industrie à tout bout de champ. J'augmente massivement les impôts sur les familles avec enfants, sur les retraités, sur les pauvres, tout en ruinant les "riches", et je leur parle de "pause fiscale", sans jamais m'expliquer sur la rationalité d'un pareil essorage. Comme c'est rigolo ! Quant aux Ministres, je les laisse dégoiser à leur guise. Qu'ils tirent la charrue à hue et à dia ! Qu'elle importance, puisque la charrue n'a pas de soc ? La seule chose qui m'importe est l'absence d'atteinte à ma personne. Avec les clans du PS, c'était déjà ma tactique".

Avec une telle "méthode" la Cinquième République est réduite à pire que la Quatrième : à un congrès de Rennes permanent.

Il ne faut rien attendre de la seconde année de François Hollande. Aucune réforme durable et utile, mais un abaissement général, politique, moral, économique.

Ce qu'il a révélé de sa personnalité laisse désormais craindre que cela soit comme cela pendant tout son quinquennat. On ne change pas un ego survolté qui a gagné l'élection suprême et qui ne s'intéresse plus qu'à lui-même, après avoir réduit la fonction présidentielle à sa taille, qui n'est pas grande.

Dommage. Dommages. Drames à venir.  

Dettes : requête à l'Insee, à Eurostat et au FMI

Le document affiché en bas de billet est une infographie du Figaro dont la source est la Deutsche bank. 

Merci et bravo au Figaro de l'avoir publiée.

Il montre l'évolution de la dette globale pour les pays du G7 de 2003 à 2012.

Première constatation : ce que nous n'arrêtons pas d'affirmer est confirmé. La dette globale, qui était inférieure à 100% en 1971 a progressivement explosé ses plafonds pour passer les 100, 150, 200, 250, 300, 400% et atteindre comme il est montré, en moyenne près de 440% du PIB.

Lorsque j'écrivais ma thèse de doctorat, on estimait qu'une dette d'Etat inférieure à 20%, une dette des particuliers inférieure à 25%, avec une part prudente pour l'immobilier, et une dette des entreprises non financières (plus de deux personnes) variant entre 30 et 50%, dans des économies où la valeur ajoutée des entreprises représenterait près de 75% du PIB, était raisonnable. La seule ambiguïté portait sur la dette de l'institut d'émission. Fallait-il l'ajouter ou non, en tout ou en partie,  à la dette globale, l'émission de monnaie banque centrale étant, comptablement,  une dette collective mais pouvant être considérée, avec l'abandon des monnaies métalliques, comme un fonds de roulement "technique" que l'on pouvait neutraliser dans les décomptes des dettes effectives : nul n'était besoin de la rembourser ! 

On peut se demander pourquoi cette évolution du taux de dettes globales est passée pratiquement inaperçue pendant des décennies, alors qu'elle représente une véritable révolution intellectuelle et économique. J'ai déjà présenté ce calcul élémentaire :

Si la dette est de 400% du PIB , avec un taux de 5% et une maturité moyenne de 10 ans, pour simplifier les calculs, l'amortissement  est de 40% du PIB et le versement des taux d'intérêt de 20%. Il faudrait donc que l'économie sorte 60% du PIB pour faire fonctionner un tel système à partir de la valeur ajoutée. Ce qui est impossible. Les banquiers ont cru pouvoir détourner cette impossibilité en  se remboursant nominalement sur les plus values de biens. Un banquier se moque d'être remboursé à partir d'une plus value ou de la vente d'une immobilisation, plutôt que d'un flux de revenu. Pas l'économiste.

Ce que montre le graphique, c'est qu'en moyenne les pays du G7 ont grimpé dans la folie des dettes jusqu'à l'explosion et qu'il n'ont réussi qu'à stabiliser le taux de dettes. Le graphique, ne montre ni le transfert des dettes vers les Etats ni le transfert vers les banques centrales.

Nous sommes toujours dans la situation intenable que nous avons matérialisée par l'image du "hanneton qui s'épuise à pousser devant lui sa boule de crottin".

La situation est plus simple pour les pays greffés sur la monnaie mondiale, comme les Etats-Unis qui en fournit 90% et le Royaume-Uni qui la fait tourner. L'explication des gros bénéfices des grosses banques mondiales est entièrement dans le fait qu'elles se sont débarassées du gros de leurs dettes et qu'elles continuent à fixer leurs honoraires sur une fraction démente du PIB des nations. La situation est dramatique pour les pays de la zone Euro,  contraints par l'absurdité du système de Maastricht qui a supprimé les possibilités d'action monétaire nationale sans transférer les mêmes moyens à l'échelon supérieur.

La grande question est de comprendre comment une évolution aussi néfaste et aussi massive que le gonflement gigantesque du taux de dettes a pu passer inaperçu et pourquoi les quelques lueurs qui ont percé le mur des ténèbres ont été considérées, par presque tous les économistes, sauf Maurice Allais, comme sans conséquences.

Une réponse est l'inadéquation des statistiques. Sur ce site, nous poussons à intervalle régulier un large cri d'alarme statistique et demandons à l'INSEE et aux medias, de remédier à des lacunes phénoménales.

- Nous souhaitons des séries longues, sur 50 ans minimum et sur 100 ans si possible. Pourquoi ? Parceque les évolutions étant incrémentales, elles ne prennent leur pleine expression que sur de longues plages de temps.  L'existence d'un cycle de 8-10 ans ne peux échapper à qui prend en compte l'évolution de la valeur ajoutée des entreprises depuis 1900 ! 

- Sur la dette globale la situation se double d'un probléme de définition. Quiconque s'est penché ne serait que trois minutes sur la question se rend compte qu'il est quasiment impossible de se faire une opinion fondée sur des informations solides. Tous les chiffres disponibles sont incompatibles entre eux. Les études sont faites, comme dans le cas de celle du Figaro, sur des enquêtes particulières dont la méthodologe est incertaine. Comparer les chiffres annoncées  par les uns et les autres, genre enquête Mckinsey, est IM-POS-SIBLE !

Dans le cas de la zone Euro le problème se corse du fait des dettes de la BCE ? Comment les réaffecter aux nations composantes ?

Le trouble est caractérisé quand on lit l'opuscule de l'INSEE sur l'économie française. Pour la première fois, l'édition 2013 donne des indications sur la dette relativement au PIB, alors qu'auparavant on donnait des chiffres sur des bases différentes : par exemple la dette des particuliers était rapportée au revenu disponible, pas au PIB, rendant les regroupements pénibles. 

Si on s'en tient aux chiffres données (particulier, état, entreprise), on reste dans des plages de dettes "acceptables" dont le total dépasse à peine 200%. D'où vient alors l'écart de 200% avec le chiffre de 440%  de la Deutsche Bank ?

Nous transmettons donc la supplique suivante à l'Insee (et par extension à Eurostat et au FMI)  : fournissez-nous une série longue recomposée au moins depuis 1945, donnant, sur une base normalisée, l'évolution de la dette globale française (européenne et mondiale pour les autres institutions).

Devraient  figurer EN TETE et en ENORME dès le début de l'opus sur l'économie française de l'INSEE, l'évolution des courbes suivantes :

- Valeur ajoutée des entreprises de plus de 1 personnes (en montant et en en pourcentage)

- Montant de la dépense publique

- Montant des prélèvements

- Montant de la dette globale et de ses principales composantes.

- part de la population globale  au travail

- ratio salarié des entreprises privées (hors associations et finance)/population totale ;

Dans la seconde qui suivra la lecture de ces courbes, le lecteur comprendra :

- que la crise de 2007-201x et sa dureté étaient entièrement prévisibles : télescopage de la crise décennale avec un encours de dettes intenables. C'est le moyen qui nous a servi à les prévoir dès Pâques 2006.

- que la montée du chômage est entièrement corrélée à celle de la dépense publique, avec ses deux compagnons prélèvements et dettes.

La crise de 1929 a permis de gros progrès statistiques. Il faut que la crise en cours provoque les mêmes progrès accompagnés d'une meilleure diffusion publique.

L'INSEE, malgré les pesanteurs politico-syndicales qui pèsent sur ses équipes (et qui était devenue évidente quand les syndicats ont exigé le renvoi d'un analyste qui niait l'effet bénéfique sur l'emploi des 35 heures), n'est ni au service de l'Etat, ni au service de la classe des fonctionnaires, ni au service du "peuple de gauche" ou de ses servants. Il est au service des citoyens et son monopole a pour contrepartie une diffusion neutre,  éclairée et éclairante. 

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 

 

 

 

 

 

 

 

 



J.C. Trichet - Un article au Monde tellement révélateur

Jean-Claude Trichet catalyse à lui tout seul toutes les ambigüités de la période de crise que nous traversons.

L'article qu'il vient de donner au Monde (daté du lundi 16 septembre 2013) a cette particularité de dire, en même temps, tout et rien.

Le rôle du commentateur est évidemment d'aller creuser la partie occultée.

Première affirmation excellente :

- Les prémisses de la crise datent de la fin de l'année 2006. Rappelons qu'à cette date, nous avions indiqué dans notre bulletin de conjoncture un avis de grosse tempête. En juin 2006, nous avions annoncé une grosse crise décennale pour 2010 (et envoyé cette prévision aux équipes de N. Sarkozy tout en lançant un avertissement public sur le site du Monde.fr (où il est toujours possible d'en consulter une partie). En décembre nous l'avons avancé à 2009.  Pour quoi ? Parce que  l'indice des prix de vente de l'immobilier aux Etats-Unis venaient de connaître la première baisse de l'histoire contemporaine et qu'une extrême nervosité touchait tout le secteur des prêts interbancaires. les premiers stigmates d'une crise de liquidité se faisait jour. Il faut se rappeler qu'à cette époque le bas de bilan des banques montrait presqu'un tiers de prêts interbancaires. Fanny Mae et Freddy Mac avaient connu de solides difficultés dès 2003 et semblaient devoir en connaître d'autres. Certaines banques comme Citigroup donnaient des signes de panique pendant que Bear-Stearns tombait en faillite (masqué par un rachat qui allait plombé bientôt les comptes du repreneur). La crise de liquidité frappera à mi juillet 2007, lorsque les adjudications sur le marché interbancaire ne trouveront plus preneur et que de nombreux fonds censés être liquides cesseront de l'être. En même temps de déclenche le sauve-qui-peut sur le marché monétaire. De très nombreuses banques sont étranglées.

Cessons donc de parler de la crise de septembre 2008, en la datant de la faillite de Lehman-Brothers. Déjà Northern-Rock faisait face à une ruée sur les dépôts et les banques Islandaises étaient privées de liquidités. Dès le fin 2007 nous annoncions la crise "chaude", c'est-à-dire l'impossibilité de sauver le système bancaire avec les moyens de marché pour septembre 2008.

L'énorme paquets de dettes, flottant à une hauteur stratosphérique par rapport à l'économie commerciale, après s'être effrité, commençait à s'effondrer.  

- L'article décrit très bien l'effondrement du "château de cartes" qui suit le constat que plus aucune banque ne veut reprendre Lehman-Brothers, la reprise de Bear stearns ayant compris les compte de la banque qui avait repris ses "actifs" à bas coût.  Ce que ne dit pas notre auteur, c'est que le lundi même où la faillite de LB a été prononcée, AIG était lui-même en faillite et exigeait une recapitalisation surprise de près de 900 milliards de dollars ! Les CDS n'étaient pas fait pour les chiens. le risque bancaire n'avait pas été disséminé mais centralisé dans les sociétés d'assurances !

- JC Trichet indique que "27% du PIB en Europe était le risque explicite du contribuable". On voit l'énormité de la dette portée par les banques : usuellement on essaie de ne pas dépasser 1 à 2% de risque sur un portefeuille de crédits, plus ou moins conforté par le capital des banques. C'est la démesure des crédits par rapport au PIB qui explique l'énormité du risque pris. les contribuables ont déjà payer près de 10% de PIB pour éviter le naufrage des banques. Comme le dit l'auteur, la crise n'est pas fini. Le hanneton pousse toujours devant lui sa boule de crottin,  et s'épuise dans cet exercice. Nous-mêmes avions évalué entre 8 et 15 mille milliards de dollars l'encours mondial de prêts sans flux de trésorerie suffisants pour les amortir et payer les intérêts. Ces chiffres sont cohérents avec ceux de JC Trichet.

- L'article montre que pour sauver le monde d'une crise pire que 1929, dont le potentiel était donc là, il a fallu sortir de toutes les conventions et de toutes les règles. C'est bien la preuve que le système globalement, dans ses règles ne fonctionnait pas. Et personne ne le disait réellement sinon Maurice Allais qui s'est fait injurié et traité de vieux fou gâteux.  M. Trichet explique qu'il a manifesté son inquiétude. Mais cette attitude a été constante depuis 1984  date à laquelle il a commencé à jour les père la rigueur sans jamais dénoncer dans le concret ce qui n'allait pas.

- Dernier aspect positif : l'article montre bien que rien de décisif n'a été entrepris et qu'il faut aller plus loin "sinon la période présente n'aura servi qu'à préparer la prochaine crise". Comme nous ne faisons rien de sérieux, nous préparons en effet la prochaine crise.

Tel quel cet article apporte beaucoup d'eau à notre moulin. La crise est bien systémique, c'est-à-dire provoqué par un système dysfonctionnel, qui a explosé après un long processus chaotique. Elle est toujours en cours. Elle peut rebondir à tout moment et nous armons la prochaine crise. le stock de dettes pourries est toujours gigantesques et sans rapport avec le capital des banques. En un mot : le système bancaire sans tuteur serait en faillite encore aujourd'hui. Et l'économie dite réelle, c'est-à-dire le commerce international et national est toujours stagnant à un niveau bas.

Où sont les déficiences de l'analyse-récit de Jean-Claude Trichet ? Elles sont toujours les mêmes et toujours béantes : il ne veut avancer aucune explication  du dysfonctionnement général des marchés monétaires et financiers.  Il constate lui-même que rien ne marchait comme prévu, qu'il a fallu faire l'inverse de ce que les "conventions" préconisaient et à une échelle inédite. Mais pourquoi ces dérèglements ?  La chape de plomb écrase la langue de bois de l'ancien gouverneur de la BCE.  Cela donne : "la réduction des risques par des mesures macro-prudentielles ne fait que commencer".  Traduction : cela ne marche pas et il faudrait peut-être commencer à s'interroger "des deux côtés de l'Atlantique".  Ben oui M'sieursdames ! Il faut réformer le système monétaire international.  

Sur l'Euro, autre source du désastre actuel,  il dit bien qu'il a été attaqué en 2003, 2001,2011 et 2012, avec à chaque fois un risque de destruction. Il affirme très justement qu'il distribuait à l'Eurogroupe, un organisme que nous dénonçons comme fantomatique depuis toujours, les courbes différentielles de compétitivité. Il dénonce bien le fait que tout le monde croyait que les écarts se corrigeraient d'eux-mêmes, illusion intéressée car elle permettait de ne rien faire.  

Mais, une fois de plus,  il ne dit pas qu'elle est la maladie qui ronge de façon "systémique" l'édifice. C'est bien de parler de "progrès de la gouvernance" quand justement il n'y a pas de cabine de pilotage, pas de pilote et même pas de moteurs. Du coup la seule solution devient la rigueur et la déflation, alors que toute la réflexion économique depuis la création d'un système de monnaies purement administratives après la guerre de 14-18, système qui permet toutes les créations de monnaies abusives, est de savoir comment on peut juguler les excès de création de liquidité sans avoir à recourir à la déflation.  

Malheureusement, il ne faut pas compter sur Trichet qui est prisonnier du système qu'il a contribué à mettre en place et qui est dysfonctionnel  pour parler clair et annoncer les réformes nécessaires. Pour les solutions on en restera toujours à la bouillie pour les chats grisâtres nourris dans la nuit noire.

Rappelons notre analyse habituelle :

- seule la croissance et non la déflation permettra de sortir de la crise de la dette

- la crise de la dette a été provoquée par le système monétaire international

- la gestion de l'euro exige un pilote doté des organes ad hoc.

- l'hyper fiscalité n'aboutira qu'à la stagnation et la course mortelle à plus de déflation.

Malheureusement aucun des Trichet qui ont géré la mondialisation économique et financière ne veut entendre parler de ces leçons. Il est exemplaire de la faillite intellectuelle des gnomes, qui certes se flattent d'avoir jugulé la crise mais sans comprendre que leurs idées sont à la source du désastre.

Quelques chiffres significatifs

C eux qui nous lisent savent que nous privilégions comme indicateur de production la valeur ajoutée des entreprises des secteurs non financiers ayant plus de 1 salarié.  Cet indicateur est fiable, connu vite, et peu corrigé. Il traduit bien l'idée de ce les Français considèrent être l'activité des entreprises du secteur marchand.

En 2012 le montant de cette valeur ajoutée est de 1250 Milliards d'Euros, en valeur courante non corrigées de l'inflation. La hausse vis à vis de 2011 a été de 1.5%.

Compte tenu d'une inflation proche de 2%, cette valeur ajoutée a baissé en valeur réelle. 

La même valeur ajoutée par tête a baissé encore plus.

L'emploi marchand a baissé.

Les déficits extérieurs se sont creusés.

La dette d'état s'est accrue pour atteindre 1833 milliards d'euros, soit 150% de la valeur ajoutée des entreprises.Les dettes globales approchent 300% de ce montant. Selon le Point les avoirs d'épargne des Français sont environ du même niveau.

Il est intéressant de noter que la valeur ajoutée du tourisme a représenté près de 10% de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand. Nous devenons un musée visité par le monde entier.

Ces indicateurs rangent la France dans la même catégorie que la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Italie. 

En 2013, il est probable que la dette atteigne 2.000 milliards d'Euros avec une valeur ajoutée marchande stagnante.

Tous les indicateurs seront dégradés et les engagements pris non tenus. Nous parlions d'un déficit/PIB de 4% pour 2013. Le gouvernement parle désormais de plus de 4%, au lieu de 3.7.

Entre 2009 et 1014, les gouvernements auront prélevé plus de 100milliards d'Euros d'impôts supplémentaires sur les Français, soit 10% de la valeur ajoutée des entreprises.

Tous ces chiffres montrent une situation intenable.

L'hystérie fiscale répressive et ciblée  a désormais un effet sur l'assiette des impôts,  qui baisse. Le serpent n'en finit pas de se mordre la queue. On arrive au moment où tous les incréments nouveaux de taux de fiscalité ont un effet négatif sur le rendement de l'impôt.La DGI a sonné l'alarme. Moscovici a parlé de "ras le bol fiscal". Le problème est que le bol fiscal se vide. 

Après avoir arrêté l'activité en France à l'automne 2012, Hollande, ne peut que constater les dégâts : recul de 25% des transactions immobilières au premier semestre 2013 selon la chambre des notaires avec probablement l'année où la construction aura été la plus faible depuis les début de la 5ème République. De nombreux secteurs connaissent des baisses de 20 à 30%. Les investissements sont historiquement bas. Les faillites sont à leur sommet comme le chômage qui atteint désormais des niveaux stratosphériques. 

La première année de Hollande aura été dramatique et totalement à côté des nécessités nationales.

On parle désormais d'un budget où d'importantes économies seraient prévues. Hollande aura réussi à tenir presque trois ans sans dire quelles économies il compte faire. Une fois de plus la Com' remplacera l'économie.

On est à peu près certain que 2013 aura été une année morte sur tous les fronts économiques, avec une dégradation de tous les indicateurs. 2014 en prend le chemin.

Hollande aura provoqué le plus grand exode de Français depuis la révocation de l'édit de Nantes, porté l'impôt à des taux insoutenables, privés de 100% de leurs revenus des milliers de familles et confisqué près du tiers  de l'épargne moyenne  des familles aisées.

La campagne électorale présidentielle, qui avait été abjecte, laissait craindre le pire. On l'a. L'ennui, c'est qu'il semble bien que pour les campagnes à venir, on ressorte les vieilles ficelles. 2014 va être encore un grand cru d'abjection.

Comment la France se remettra-t-elle de ce scénario désastreux ?  Où en sera-t-on dans quatre ans avec de tels dirigeants ?

 

 

 

 

 

 

Une si jolie petite crise de changes !

Rien n’est plus amusant que l’hypocrisie générale que l’on trouve dans la presse et dans les déclarations officielles des uns et des autres quand une crise concernant des monnaies, et mettant en cause directement le  système monétaire international basé sur les changes flottants, balaie le monde.

Dans les milieux anglo-saxons le commentaire est toujours le même : c’est la faute de la victime ! En 1998, la précédente crise des changes provoquée par une hausse rapide du dollar, l’explosion des systèmes de changes de nombreux pays  a été expliquée par le règne des « cronies » dans les gouvernements des pays concernés.  On l’a appelé : crise des pays émergents  alors qu’il s’agissait d’une crise liés  aux  capitaux mobiles dans un système de changes flottants, une nième crise du Dollar.

Dans les autres parties du monde on constate et condamne une instabilité « chronique », « dévastatrice », « incontrôlable », « irrationnelle », et on aspire à un peu de calme. Les plus audacieux parlent de « guerre menée par le dollar contre le monde », de « déviation non coopérative », « d’absurde guerre des monnaies ». Chacun de nos lecteurs remettra ces fortes assertions dans la bouche de leur auteur.  Il suffit de lire le journal. On en trouve tous les jours.

Et voilà qu’à Saint-Pétersbourg se tient un G.20, chargé de la prospérité économique du monde.

Devant la manifestation si éclatante que le système des changes flottants est dysfonctionnel,    il a sans doute mis immédiatement une réforme en chantier.

Pas du tout ! Après que le mot « stabilité » a été chanté dans les vingt langues avec la tête de circonstances, personne n’a cru devoir signaler que si les changes sont flottants, ils flottent, c'est-à-dire qu’ils subissent les foucades des capitaux à court terme qui vont et viennent dans l’irrationalité la plus totale.

 Il suffirait donc d’un mot de M. Bernanke pour que la crise frappe les pays dits « émergents », sans doute parce que leur monnaie plonge.  De même qu’une phrase de M. Draghi avait changé radicalement le climat financier en été 2012.

La langue qui tue et la langue qui adoucit seraient la « magna ratio » de l’économie mondiale. On voit comme tout cela est sérieux.

La Chine a confirmé qu’elle laisserait flotter un poil sa monnaie dans l’espace limité de la zone franche de Shanghai.

Vive les changes flottants et  à bas les changes qui changent brutalement !  Chantée dans la même phrase par les membres du G.20, la chanson est tout de même un peu contradictoire.

On nous disait : avec les changes flottants, on verrait des transitions beaucoup moins brutales. Jamais les transitions n’ont été plus brutales (voir le triste destin de la Roupie indonésienne) .

On nous disait : on n’aurait moins besoin de réserves de changes. Et voilà que les Brics veulent créer un fond commun de gestion de réserves de change, indépendamment du FMI. Et tous les commentateurs d’expliquer que la crise sera surmontée  parce que les pays en question ont accumulé, instruits par la crise précédente, d’énormes réserves de changes.

Comme tout cela est rationnel et cohérent.

Au passage, celui qui découvrira dans la presse française une observation sur les méfaits des changes flottants, en tant que système,  éprouvera la joie de la découverte d’espèces  hyper –rares.

Pour les amateurs de mythes et de tabous, la séquence monétaire en cours donne une leçon de chose particulièrement remarquable.

Les changes flottants, même en pleine crise mondiale des changes, ne peuvent pas être remis en cause dans un média qui a son quant-à soi.

Le système est au dessus de toute critique.  Cela ne trahit pas la nullité des journalistes mais le fait que personne n’a envie de colleter avec cette difficulté et qu’ils n’ont rien à colporter ni à commenter.  Le silence de l’Eurogroupe sur cette crise est tonitruant, comme d’habitude. M. Moscovici, lui a autre chose à faire : augmenter gravement les impôts en jurant que c’est pour la dernière fois et que cela ne touchera que 10% de la population.

Et on découvre que le nombre de personnes exonérées d’IR s’est fortement réduit et que des petits retraités qui tirent le diable par la queue vont devoir s’acquitter d’un impôt sur le revenu d’un mois de revenu.

Quelle est la bouche la pire : celle qui ment ou celle qui se tait ?

A notre avis les deux sont consternantes. Mais le cumul du mensonge et du silence pour un Ministre des Finances Français, ce n’est guère glorieux.

Encore quelques mois et on s’apercevra que la crise des « pays émergents » bis a eu quelques conséquences sur la situation française.  Sans  doute vers le moment où, ayant prélevé près de 100 milliards d’Euros d’impôts supplémentaires (10% de la valeur ajoutée des entreprises non financières) tout en laissant aller la dette publique à près de 100% du PIB et 200% de la même valeur ajoutée des entreprises non financières que nous aimons prendre en référence, les spécialistes de la Com’ gouvernementale  chanteront les immenses victoires  économiques  de la France.

Rappel : nous prétendons que nous sommes victimes de trois organisations dysfonctionnelles :

-          Un système de changes flottants structurellement néfastes

-          Une Europe de la monnaie unique sans organe de pilotage des changes et de la monnaie à l’échelon européen

-          Une France étouffée par une dépense publique et une fiscalité déraisonnables.

On notera que rien n’a été fait pour réduire les inconvénients de ces trois dérives. On compte plus que jamais  sur des  Commissaires  pour gérer l’Europe par la surveillance de normes.  Les impôts battent tous les records historiques en France. Les changes flottants ? Ah bon, ils flotteraient ? Et alors ?

A force de faire l’inverse de ce qu’il faudrait, on entre dans la septième  année de crise depuis le blocage du marché interbancaire en Août 2007 !  Bravo à tous !

Le hollandisme : sinueux ou destructeur ?

Après une première année détestable jusqu'à la honte, on pouvait penser que la politique de F. Hollande allait s'infléchir dans un sens plus digne et plus intelligent, en tout cas, plus compatible avec les nécessités françaises. L' électoralisme démagogique et les mépris idéologiques sont peut être nécessaires pour gagner des élections mais ne sont pas une obligation permanente de gouvernement.

Ce n'est pas l'idée du Président de la République que l'on découvre à nouveau comme un politicien froid et méprisant, bien décidé à casser les reins du capitalisme français en ruinant les entrepreneurs et leur famille, en empêchant toutes les mesures poussant à la production, et en aggravant toutes les charges.

La taxe nouvelle sur la pénibilité est infondée dans quelque perspective où l'on se place. Il est aberrant  de charger la barque pour rien, alors que les entreprises sont accablées de charges et qu'on a privé de ressources les investisseurs potentiels.

La fausse réforme des retraites est une honte.

Ce n'est pas de cela que la France a besoin.

On aurait aimé que F. Hollande soit un simple incapable. Mais c'est bien pire que cela : un pervers qui sait qu'il fait du tort et qui aime cela, car il croit que grâce à la communication  et à ses astuces politiciennes il tiendra jusqu'au bout et pourra être réélu sur la bassesse semée comme des cailloux électoraux sur le chemin du pays. 

On peut craindre que le budget soit à nouveau un exercice non seulement d'imbecillité économique et fiscale mais aussi de haine politicienne ciblée.

La seconde année risque d'être comme la première : un gâchis haineux et  destructeur qui aggrave la situation de la France et des Français.

Rarement on a eu en France  une équipe dirigeante aussi peu en ligne avec les exigences nationales. Et elle a les pleins pouvoirs .Il y a désormais deux France : celle qui travaille accablée sous les charges et qui paie l'autre France, à peu près égale en taille, qui dépend à 100% de la dépense publique et qui prend ses aises. 

Ces deux France sont au Prozac.  La première craint de ne plus pouvoir tenir. La seconde craint de ne plus pouvoir être payée.

En s'appuyant sur la seconde contre la première, F. Hollande fait un calcul détestable. Faire carrière consciemment sur la déréliction d'un pays est impardonnable.

Ce qui vient de se passer démontre que l'an deux du hollandisme, dont les deux mamelles sont la démagogie et la fiscalité, sera à l'égal de la première.

La question très clairement posée à la suite de la consternante palinodie sur les retraites et de la hausse nouvelle de la fiscalité, est de savoir si la France pourra supporter cinq années de  ce sinistre hollandisme. Partout on entend des voix autrefois modérées qui crient, en privé, "ce n'est pas possible" ; "ce n'est pas tolérable" ;" il est fou" ; "Il va falloir un "printemps français", contre ce Ceaucescu du néant qui promène sa petite taille hargneuse sur les ruines qu'il provoque". 

Les journalistes, eux, voient en F. Hollande un sympathique rigolo, qui de petite phrases en peties phrases, se tortille dans les difficultés françaises en évitant toutes les épines et les aspérités. Quelle habileté face à Mélenchon ; quelle subtilité face aux Verts ; quelle astucieuse virevolte face à Bruxelles ! Toute com' dehors n'a-t-il pas profiter de l'été pour monopoliser les medias ? Formidable non ? 

Et la France dans tout ce baratin pitoyable ?

La France ? Quelle France ?

 

 

Tout sauf Summers


 

 

 

Questions d’actualité – 22 août 2013

En économie politique, le mois d’Août est toujours plein d’enseignements.

Il est particulièrement riche, cette année, en questions déjà traitées sur ce site et qui refleurissent allègrement.


1.       Les pays en voie de développement vacillent

Dans plusieurs articles nous avons critiqué les essayistes qui tentaient de nous faire croire que le salut viendrait des pays en voie de développement. Comme toujours, c’est le centre qui compte et non la périphérie. La Chine connait de graves difficultés dont elle sort en boitillant. Les taux de croissance affichés ne doivent pas tromper l’observateur. La croissance chinoise est entièrement dépendante de la folie occidentale qui, un moment, a imaginé que tout devait être produit en Chine pour que leurs champions soient « leaders mondiaux » de leur spécialité. La stagnation européenne signe celle, relative, de la Chine. De même l’Inde se débat, comme d’habitude, dans des problèmes de balances commerciales et d’inflation qui déstabilisent les grands espoirs mis dans sa croissance. Le Brésil n’est guère mieux loti. L’Afrique commence à peiner. La Russie devient nerveuse. Le Mexique vient de connaître un trimestre de recul industriel.

Le Bric se délite un peu, beaucoup, passionnément.

Leçon : ce sont les Européens, les Américains et les Japonais qui font la conjoncture, pas la périphérie !

Rappelons que les « printemps arabes » ont tous été provoqués par la récession mondiale de ces dernières années. Quand le fort tousse, le faible meurt.

2.       L’instabilité monétaire aggrave tout

Depuis que la FED a annoncé un tournant moins laxiste dans sa politique monétaire, des tourbillons agitent le milieu de la finance et de la monnaie.

Le Japonais ABE a décidé de violer le faux consensus autour de l’affirmation que ce sont les marchés qui donnent la valeur des devises. Cette fiction a été écartée d’un revers méprisant de la main. Le Japon a fait sombrer sa monnaie pour reprendre la main dans le commerce mondial et mettre fin à 20 ans de stagnation déflationniste. Rappelons que cette déflation a commencé quand les énormes réserves en dollars ont été partiellement détruites par un mouvement de baisse soudaine du dollar lors de la crise de 92-93, en même temps que diverses bulles locales, dont l’immobilier, éclataient. Le système bancaire s’est trouvé ruiné et d’expédients en expédients, la crise a duré 20 ans.

Oh surprise, les "Abenomics" marchent au grand scandale du Financial Times !

Pendant ce temps-là,  la Roupie indienne sombre, comme la Lire turque, la Roupie indonésienne, ou le Rouble. La situation à Taïwan n’est pas meilleure.  Les taux d’intérêt montent partout pour défendre des monnaies en passe de se dévaluer trop fortement. Les réserves fondent. Les investisseurs qui avaient cherché de la rentabilité à court terme se replient.

Les changes flottants malheureusement flottent entraînant à leur suite des désordres aggravés. La liberté totale des mouvements de capitaux à court terme est  destructrice.

Une fois de plus la nocivité du système monétaire international explose à la figure de tous. Mais il est interdit dans la presse de le critiquer. Alors on cherchera des explications vaseuses. Comme d’habitude. Pourquoi pas les « cronies » pendant qu’on y est ?

3.       Le cycle existe même si la prétention du président Hollande de le chevaucher est ridicule.

Le cycle de 8-10 ans est une réalité. Il est attesté depuis deux siècles et demi. On a donc toujours une phase de reprise à un moment donné, tout simplement parce que la mauvaise graisse a fondu, que  la productivité des entreprises survivantes est meilleure, que des besoins de renouvellement se font jour et que la technologie offre de nouveaux débouchés.

Nous avons écrit ici, que le PIB était le pire indicateur de conjoncture. Nous renvoyons à cet article. Le PIB n’est pas un constat mais une évaluation en mouvement dont beaucoup de composantes sont purement et simplement estimées. Il faut attendre pratiquement deux ans pour avoir un PIB définitif. Et les corrections ne sont pas minces. 0.5% de PIB, dans ces conditions, cela ne veut très exactement rien dire. Il se peut qu’en 2015, date où les chiffres seront stabilisés, on soit à 0% ou à 1%. Compte tenu de ce qu’on connait de la saison touristique et de la production industrielle, il est probable que le chiffre sera rétabli à la baisse. Quand on gigote dans l’épaisseur du trait, tout est possible. 

Il y aura une reprise mondiale quelque part entre 2016 et 2018. La reprise est souvent forte après une récession forte.   Ce fut le cas après la crise sévère de 92-93, à partir de 97.  Cette année-là nous n’arrêtions pas de crier « la reprise est là », sur le Forum du Monde, au milieu des indécrottables sceptiques.

Prétendre qu’elle touchera la France de façon forte est une autre affaire. L’étouffement par la fiscalité est total. Une fois de plus les socialistes vont augmenter les impôts et rester, malgré les affirmations contraires, dans le régime : 90% d’effort fiscal, 10% de réduction de dépense publique, verbalement par diminution des libéralités prétendument faites aux « riches », mais on parle d’une hausse de la CSG et des charges salariales puir faire une réforme de façade des retraites, ce qui aura un effet direct sur le pouvoir d’achat de tous les Français.  Les retraités vont perdre plusieurs points de pouvoir d’achat avec les diverses mesures prises pour les faire cracher au bassinet, même si, comme d'habitude on annonce des prélèvements catastrophique sur lesquels on revient, tout en faisant passer une hausse drastique, lorsque tout le monde souffle.

L’étouffement de l’immobilier par la loi Duflot (un flot de bêtise crasse) va rendre ce marché encore plus étroit. Mettre en place une assurance-loyers forcée payée par les propriétaires est le type même de la fausse bonne idée politicienne. La rentabilité de la location, déjà ridicule, voire négative hors dispositifs ad hoc, s’en trouvera réduite. L’aléa moral sur le locataire va s’accroître.  On risque de voir une explosion des impayés. D’autant plus que le gouvernement a annoncé des mesures visant à empêcher les expulsions. On est dans la gaminerie gauchiste… et la disparition de l’investissement locatif. la baisse des mise en chantier est supérieure à 20%. Un désastre ! 

Sans investissement, sans immobilier, sans revenu, et sans pouvoir d’achat, sans compétitivité extérieure, une France accablée d’impôts ne saurait repartir allègrement. La « boîte à outils » de M. Hollande n’est pas grotesque, mais les tours de passe-passe qui consistent à dire « je te rends de la main gauche ce que je t’ai pris de la main droite » ont un sens modeste en économie. On peut même avancer que prendre l’argent des entreprises et leur dire : « Je vous le rends à conditions que… », tout en aggravant les charges sociales, est digne de Guignol.

La hausse des taux d’intérêts à long terme ne va pas arranger les choses.

Il faut un changement radical d’état d’esprit et de pratiques, et des réformes lourdes de l’Etat obèse.

On verra si cela se produit.

En attendant, on petu se tapoter légèrement le menton.

Mais oui, le cycle existe et il y aura sans doute une reprise forte dans les années à venir, …ailleurs.

4.       Le retour d’une escroquerie politicienne : retraite et pénibilité

A chaque fois que se profile une réforme un peu " pénible" , politiquement,  des retraites, les gouvernements sortent la négociation sur une prétendue pénibilité de leur boîte de farces et attrapes politiciennes. La pénibilité n’a strictement rien à voir avec les retraites. Lorsqu’un travail est pénible, la simple décence conduit à prendre trois types de mesures :

-          Le supprimer (presque toutes les tâches réellement pénibles ont disparu depuis longtemps) ou les aménager pour qu’elles ne soient plus pénibles.

-          Réduire le temps de travail aux postes difficile pour qu’ils ne pénalisent pas  la santé

-          Augmenter la rémunération pour compenser la difficulté résiduelle éventuelle.  

Ajouter un avantage de retraite n’a exactement aucun sens. Ce serait même parfaitement amoral : « je t’amoche mais tu pourras partir en retraite avant les autres, mais  bien amoché).

La retraite, avec les cotisations et les règles de solidarité qui vont avec,  compense une incapacité à produire donc à « gagner sa vie ».  En toute justice la retraite ne devrait être possible que lorsqu’une incapacité de travailler est devenue manifeste !

Il est clair qu’il y a eu longtemps une différence marquée entre l’espérance de vie des manuels et celle des employés de bureau. De même les femmes vivaient plus longtemps que les hommes. Les enseignantes, au début des années 60, atteignaient 80 ans quand les ouvriers agricoles ne dépassaient guère les 65 ans.  De même les cadres qui vivaient dans des bureaux, se soignaient nettement mieux que le reste de la population, mangeaient mieux et profitaient de leur retraite bien plus longtemps que les ouvriers.

Tant que les métiers les moins nobles ont eu pour seul objet de fournir de l’énergie, et qu’il fallait  trimer dur, avec des durées quotidiennes et hebdomadaires de travail longues, et avec de courtes vacances, la retraite des personnels concernés était courte, la résistance physique ayant ses limites.

Aujourd’hui pratiquement tous ces métiers ont disparu. La longévité est plus liée à des caractères génétiques ou à la consommation, notamment de vin ou de drogues douces ou dures, qu’à la dureté physique du travail. Les ouvriers ne travaillent guère plus de 1.500 heures par an, contre à peu près le double en 1935. L’hygiène et la sécurité ont été constamment améliorées.

Quel rapport entre un cheminot d’aujourd’hui et un chauffeur qui alimentait la chaudière en charbon avec une pelle pendant toute la durée d’un trajet, de nuit ou de jour, en plein air, qu’il fasse froid, qu’il vente ou qu’il pleuve ou neige ?  Il travaille à peine 29 heures par semaine, assis, à la température idéale. Il bénéficie de longs congés. Le faire partir à 50 ans est grotesque. Partout ailleurs dans le monde les conducteurs de locomotive conduisent jusqu’à 65 ans, si leur aptitude est confirmée. Comme les routiers. Comme les pilotes d’avion.

Pourquoi parle-t-on de « pénibilité » ? Pour une seule et unique raison : créer une nouvelle charge sociale pour doter un fond qui servira à protéger les adhérents des syndicats les plus durs, notamment ceux de la SNCF et d’EDF, voire de l’Education Nationale. C’est si pénible de s’occuper des mioches des autres ! Aucun autre pays au monde n'a créé un droit à une retraite compensatrice de pénibilité. Cela devrait faire un peu réfléchir les gogos.

Les privilèges de la caste des super-syndiqués des entreprises publiques ou de l’Etat ne peuvent plus être aussi facilement justifiés quand tous les autres voient leur retraite fondre en montant et en durée.

Alors on a inventé la pénibilité, pour maintenir des avantages indus et des retraites longues, aux super-syndiqués.  Une superbe escroquerie politique. Et on peut parier que le gouvernement ne touchera pas aux privilégiés de la retraite !

5.       La subite gloire médiatique du Bitcoin

Nous avons récemment écrit un article de fond sur « les monnaies électroniques sans intermédiaire de confiance » et notamment le Bitcoin. Il est amusant de voir quelques semaines plus tard le Figaro et le Canard Enchaîné s’emparer en même temps de ce sujet.

Avec un peu trop de sensationnalisme. On  exagère un peu en prétendant que les banques centrales s’inquiètent du phénomène. Ce sont plutôt le fisc et la police qui s’interrogent.

6.       La fatigue du hanneton

Alors que gouvernement et Président rabâchent ad nauseam que la crise de l’Euro et des banques est derrière nous, la réalité prend constamment sa revanche. Le gouvernement allemand constate qu’il faudra encore un nouveau plan pour sauver la Grèce qui ne parvient naturellement pas à faire face à un endettement colossal avec une économie en récession depuis quatre ans. Le gouvernement espagnol est bien obligé de noter que les banques du pays sont gavées de mauvais crédits qu’il faudra bien passer un jour en pertes et profits. Il s’agit de solides dizaines de milliards d’Euros, venant après d’autres et qui en précèdent d’autres.

Nous avons comparé la gestion des excès de dettes à la stratégie du hanneton qui pousse sa boule de crottin devant lui. Périodiquement, il fatigue. Rappel : dès août 2007 il était devenu clair que le système bancaire mondial était en faillite « virtuelle » : entre 8 et 15.000 milliards de dollars de créances étaient douteuses, un chiffre sans comparaison avec le très faible montant du capital des banques. Grâce à l’inflation et aux pertes constatées, on a déjà réduit la dette globale de quelques milliers de milliards.  Il reste encore une bonne partie des pertes initiales auxquelles se sont ajoutées les pertes de crédits liées à la crise.  Au rythme actuel, etdans le système actuel, il faudra trente ans pour se débarrasser du fardeau !

Il faut s’attendre encore à quelques crises de fatigue du hanneton, de ci de là.

 7.       Les effets de bord désastreux de l’Exit-tax

Nous devons cette taxe idiote à M. Sarkozy. Le résultat, non annoncé lors de la discussion parlementaire, est d’imposer des à des taux inouïs, pouvant aller jusqu’à 63% des investissement, à toute entreprise qui veut implanter une filiale  à l’étranger. L’Exit-tax conduit mécaniquement à l’impossibilité de croissance des PME-PMI françaises. Encore bravo !  Le principe même de l’Exit-tax est absurde. Ce qui explique qu’on n’ait pas créé son pendant logique : l’Entrance tax, qui aurait plus de justification (en Suisse, il faut acheter sa « bourgeoisie »). Les taux d’imposition sont devenus tellement hauts et la complexité fiscale si intense, que toute création d'impôts nouveaux  conduit inéluctablement à des conséquences aussi imprévues que désastreuses.

8.       Quand  « notre Gégé » redeviendra  « national »

 

Avec l’arrivée des rôles d’imposition définitifs pour 2012, qui marquent une perte de pouvoir d’achat pour des millions de foyers, les grandes manœuvres de communication du pouvoir  socialiste se déploient sur toutes les chaînes médiatiques. Bientôt, le PS sera le parti des anti-impôts ! Comme il se prétend le parti de la « vraie » sécurité publique. Les quelques impôts qu’il a dû levés, c’était uniquement pour solder des sottises du vilain Sarko. Mais maintenant, on va voir que la reprise est là et que « la boîte à outils du Père François » est d’une efficacité parfaite. Non seulement on rasera gratis et  le bonheur reviendra dès 2025, avec la joie d’entrer dans ses meubles garantie par Mme Duflot, mais les impôts seront fortement diminués, sauf pour les riches naturellement. 

Gérard Depardieu, en pleine opération de reconquête de l’opinion, après les quelques secousses que l’on sait, en a rajouté une couche en douceur, sur sa protestation de l’automne. Désormais il en est à 102% d’impôts et ce n’est pas tenable !  Il le dit et il a parfaitement raison.

Mais puisqu’on vous dit que ce n’est pas le socialisme hollandais qui y tient et qu’il a augmenté les impôts à l’insu de son plein gré ! Ah ! S’il n’y avait pas eu cette droite inconsciente ! On n’en serait pas  à créer une taxe carbone de plus, à prendre  une fraction de point de plus de CSG, et à chercher les quelques milliards de plus de prélèvements qui permettront de calmer une Commission européenne, accommodante mais pas au point de laisser perdurer un an de plus un déficit à 4% du PIB et monter le taux de dettes publiques aussi près des 100%, alors que lems taux d'intérêt à 10 ans remontent.

Le taux des dettes françaises à 10 ans  a pris 1 point de plus. Il aura doublé à l’automne sur ce qu’il était un an avant. Payer nos dettes publiques risque de coûter 1 à 2 % de PIB de plus. 

Il va falloir que les « spin doctors » soient super doués pour gommer ces réalités de l’esprit des Français.

Faisons leur confiance. Encore un an de communication imaginative de tous et de chacun et Gégé sera à la « garden-part(ie)y de l’Elysée », et vantera les mérites du grand rédempteur fiscal !  

Mondialisation et fiscalité : éviter l'hystérie nationaliste !

Nous sommes en crise. Les Etats du sud de l'Europe sont à court de ressources pour couvrir leur énormes dettes et déficits budgétaires.

La France va atteindre en 2014 ou 15 les 100% de dettes d'état par rapport au PIB, se rapprochant des situations définitivement ingérables. Elle se signale par une hystérie fiscale de circonstances qui fait suite à l'accroissement continu de la part de l'Etat dans l'économie qui est telle que les prélèvements excédent notablement la valeur ajoutée des entreprises non financières et que des milliers de contribuables paient plus de 100% de leur revenu en impôts.

La voilà à la chasse aux revenus et aux avoirs de ses ressortissants hors de l'Hexagone et aux recettes fiscales des étrangers exerçant en France via internet.

L'urgence est là. Soit !

Si on regarde un petit peu plus loin que ces mesures d'urgence, peut-on imaginer un système fiscal mondialisé coopératif qui nous sorte de l'hystérie et permette la fin de nombreux abus, tout en assurant un financement régulier et raisonnable des Etats ?

Un tel système ne sera stable que s'il s'appuie sur des principes eux-mêmes solides, non contradictoires, non offensants  et donc susceptibles d'être reconnus par tous.

L'hystérie fiscale nationaliste n'est pas un tel principe

Le premier principe est que tout individu a un droit naturel au monde et que le développement de l'exercice pacifique de ce droit est un progrès. La civilisation mondialisée se construira sur la possibilité croissante pour chacun, d'aller et venir et de contracter au civil et au commercial où il l'entend. Il faut donc admettre que le citoyen d'un Etat pourra consommer, résider, être propriétaire, faire des affaires hors de son pays et même dans plusieurs pays étrangers simultanément. Les nouveaux acteurs économiques du monde ouvert, du village global, exercent leurs droits économiques où ils le veulent et gagnent leurs ressources et l'emploient là où ils le souhaitent.

La question posée aux Etats est de savoir s'ils vont courser leur nationaux à travers le monde pour tout connaître de leurs actes économiques, afin de les taxer selon les règles nationales.

Les Etats-Unis ont répondu oui à cette question :  du coup ils sont obligés de mettre en place un système totalitaire vis-à-vis de leur citoyen et impérialiste vis-à-vis des pays où un américain viendrait à exercer un pouvoir économique (posséder un bien ou générer un revenu). Le système Fatca ne concerne que les banques mais est la marque évidente de la tentation tentaculaire du fisc américain. Pour tracer tous les mouvements de revenu et de patrimoine de ses nationaux, ce pays impose à tous les autres des règles de notification administrative extravagantes. Elle le fait au nom de son impérium.  Il est évident que si tous les pays du monde faisaient de même, les banques seraient toutes obligées de se conformer en même temps à toutes les législations nationales et à s'adapter en permanence à leur évolution.

Ce serait de la folie pure. Le système américain n'est donc pas généralisable et ne peut pas servir de base à un  système mondialisé.  Il entrave les libertés des citoyens américains  tout en faisant peu de cas de la souveraineté des autres pays.  On voit que la surveillance généralisée exercée par les Etats Unis sur les communications notamment téléphoniques et Internet va dans le même sens et pose le même problème de respect de la vie privée des citoyens et de la souveraineté des nations. Quand on cède à la tentation de Big Brother et du Big Stick, on le fait malheureusement  totalement.

L'affaire est d'autant plus curieuse que l'administration américaine a séparé complètement la solution pour les particuliers et celle appliquée aux  entreprises. Elle a autorisé les entreprises américaines, bancaires comme commerciales, à conquérir le monde hors fiscalité à partir de plateformes off-shore en les laissant utiliser tous les moyens rendus possibles par la technique pour fuir les impositions nationales. La tentation impérialiste a été ici encore la plus forte.

Les Etats étrangers sont, pour les Etats-Unis, une terre de conquête économique pour les entreprises américaines, tout en devant être les auxiliaires du fisc pour les particuliers américains.

Ce système doit-il être la base de l'organisation du village global ?

Nous, nous répondons non.

Absolument et résolument non ! Le flicage bureaucratique généralisé des citoyens,  associé à la guerre économique basée sur des paradis fiscaux,  ne peut être le pilier d'un système durable et concerté de fiscalité coopérative mondiale.

On sent dans la France socialiste actuelle des pulsions pour aller dans le sens américains.  Comme Poutine avec les Tchétchènes, les socialistes au pouvoir souhaitent aller chercher le revenu et le patrimoine des Français jusque dans les "ch…." étrangers où ils pourraient se trouver. M. Attali souhaite qu'on en vienne à une fiscalité attachée non plus à la résidence mais à la nationalité. Les règles applicables pour toutes les situations économiques rencontrées à l'étranger seraient celles de la France. Les accords récents avec la Suisse dans le cas de l'héritage vont dans ce sens. Vous êtes résident suisse de nationalité française. Vous mourrez. La loi sur l'héritage français doit s'appliquer aux héritiers. De la même façon qu'à la mort d'un américain résident en France, le droit qui s'applique n'est pas le droit français.

Le seul ennui est qu'un tel principe ne peut pas s'appliquer à tous les actes économiques. Un principe qui n'est pas généralisable n'est pas un bon principe.

L'essentiel de la fiscalité est basé, partout, sur la consommation. Elle représente entre 50 et 80% des ressources taxées partout dans le monde. Le national qui réside à l'étranger et le simple touriste, supportent les impositions du pays de consommation pas celles du pays de sa nationalité. Changer cela est impossible.  Nous avons obligatoirement une imposition "démembrée" pour la consommation. Le citoyen  paie les impôts sur la consommation là où il consomme. Il est un sujet fiscal multiple, sans centralisation nationale.

Tant que citoyenneté et résidence étaient pratiquement synonymes et que le cas d'une consommation extérieure était marginal, le problème fiscal était mineur. Il ne l'est plus depuis que le tourisme, les mariages internationaux avec multi résidences, les fonctions itinérantes, le business à cheval sur les différents pays, se sont généralisés. On voit de plus en plus de retraités chercher du pouvoir d'achat en fuyant les pays fiscalement chers. Des parents de couples composés de deux nationaux différents passent désormais du temps chez l'un ou l'autre. Un commercial international passe plus de temps hors de son pays que chez lui. Etc. Etc.    

La conséquence : il est impossible d'imposer la consommation d'un citoyen avec les règles nationales partout où il consomme. La règle fiscale du pays de consommation s'exerce seul. La fiscalité sur la consommation est bien "dénationalisée" et le restera.

La consommation n'est pas le seul acte ayant une dimension fiscale. Les pays dirigés de facto par des fonctionnaires comme la France, ont pratiquement taxé tout ce qu'ils pouvaient taxer, notamment les différentes formes de revenu, les plus values, les cessions de biens, les successions, la possession de biens etc.  

De plus en plus de nationaux ont des biens et des revenus  à l'étranger, soit qu'ils résident à l'étranger, soit qu'ils séjournent à l'étranger soit qu'une partie de leur épargne se trouvent à l'étranger, soit qu'ils travaillent pour partie à l'étranger, soit qu'ils gèrent des entreprises qui ont une activité à l'étranger.

Pour les pays qui ont fait des choix spoliateurs pour leurs nationaux taxant tout de façon non pas proportionnelle mais fortement progressive, ces avoirs et revenus étrangers posent obligatoirement des difficultés sérieuses. S'ils ne sont pas déclarés volontairement, la recherche de la preuve doit se faire via les opérations bancaires, tout finissant ou commençant dans une banque.  Ces pays sont donc à la fois tentés par des sanctions disproportionnées pour terrifier autant que possible les non déclarants volontaires, et désireux de  mettre un système d'échange de données bancaires le plus automatique possible.

Si toutes les sources taxables doivent être contrôlées, on entre rapidement dans un enfer législatif et règlementaire d'autant plus complexe et désespérant que les pays où l'acte économique a lieu ont leur propre mode de taxation. Il faut que les agents économiques puissent produire les bases nécessaires aux états fiscaux  des deux états concernés et que des conventions évitant les doubles-impositions existent. Et qu'il existe des moyens de contrôles et la volonté de les exercer.

Dans un état qui ne taxe pas les plus values, les banques ne fournissent aucune information utile sur les bases taxables françaises. Dans un état où il n'y a pas d'impôt foncier, la valeur locative des biens est inconnue ou improuvable. De même l'estimation d'un bien immobilier détenu à l'étranger est souvent impossible ou improuvable.

Chercher pour chaque nation à imposer ses règles propres à ses nationaux pour tous les actes économiques faits à l'étranger impose de telles contraintes qu'elles entravent les libertés.

Le cas de binationaux se pose immédiatement. De qui dépendent-ils ?    

Quelle serait la règle intelligente  ?

Il n'y en a qu'une qui soit simple, d'application facile, et respectueuse de tous les pays : les bases fiscales suivent les règles fiscales du lieu où le fait générateur s'est produit.

Si vous avez démembré votre activité et votre patrimoine à cheval sur plusieurs pays, chaque éléments suit la règle du pays d'exercice.

Vous consommez à l'étranger : vous payez les taxes du pays étrangers sans autres questions.

Vous disposez de revenus à l'étranger : ils suivent les règles du pays étranger tant que le produit reste à l'étranger.  Tous les détenteurs de revenus à l'étranger doivent donc être connus de l'état concerné. Il importe que chaque état impose de façon identique nationaux et non nationaux. Le forfait fiscal suisse par exemple qui avantage les étrangers par rapport aux nationaux serait interdit.

Vous disposez d'avoirs à l'étranger :  ils suivent la législation étrangère sur les droits de mutation, les impôts fonciers, les taxes d'habitation,  la fiscalité des plus-values et du patrimoine.

Lors du votre décès les règles qui s'appliquent sont celles où le bien se trouve. Vos héritiers éventuels disposeront à leur tour de biens à l'étranger subissant les lois fiscales étrangères.

Cette solution valable pour les particuliers doit l'être aussi pour les entreprises. La fiscalité des actes commerciaux doit être celle du pays où ils se produisent et où ils ont généré de la valeur. Il n'y a aucune raison pour avoir deux systèmes de valeur différents, deux jeux de principes fiscaux différents lorsqu'il s'agit  de particuliers ou d'entreprises.

On voit que l'avantage de ce système outre sa cohérence et sa stabilité est sa simplicité qui pousse à plus d'échanges, à plus d'ubiquité  et à plus de respect des libertés. La souveraineté des Etats est respectée autant que les droits individuels.  Il ne peut pas y avoir d'hystérie et de conflits effroyables. Fini le totalitarisme fiscal et l'impérialisme des plus forts.

Chaque état régit les actes qui ont lieu sur leur territoire quelque soit la nationalité de ceux qui les exécutent et se moque de ceux qui ont eu lieu ailleurs.

Quels sont les inconvénients ?  Ils ne sont réels que pour les nations qui ont décidé de frapper fiscalement les revenus et les patrimoines de façon fortement progressive.  Les revenus extérieurs  ne viennent pas s'agréger aux revenus intérieurs pour faire monter les taux d'imposition dans les hautes tranches. Tout le monde sait que les impôts progressifs sur le revenu sont littéralement mités par des niches fiscales et des exemptions pour éviter leur caractère structurellement néfaste : la progressivité casse la croissance et la détourne automatiquement vers la dépense publique tout en stérilisant les efforts supplémentaires de ceux qui peuvent en faire.

De même les impositions sur la fortune sont problématiques et à terme néfaste.

Nous avons déjà démontré cent fois que les impositions fortes sur le patrimoine avaient trois inconvénients inévitables : ils ne peuvent se boucler que par la vente du patrimoine national à l'étranger ; ils  font grimper les taux  d'imposition globale au dessus des seuils de spoliation, ils poussent les citoyens riches à fuir le pays. Par conséquent "l'inconvénient" concernant ce type d'imposition n'en est pas un. Dans tous les cas, un ISF est un mauvais impôt qui doit être proscrit.  Les taxes foncières, les droits de mutations, les droits de cession, les droits de successions peuvent être modulés de façon suffisante pour que l'équité fiscale soit obtenue. Qu'on abandonne mondialement les impositions sur la fortune globale n'a aucune importance et n'empêchera nullement la justice sociale. Rappelons que 99% des pays n'ont pas de fiscalité globale sur le patrimoine !

Passons à l'impôt sur le revenu. Il est clair qu'il est facile de faire naviguer d'un pays à l'autre le revenu des placements. Il suffit qu'un accord international définisse un taux forfaitaire global minimum. On ne voit pas trop ce qui pourrait rendre l'affaire difficile. Certes on supprime partiellement le rendement marginal de la pyramide des revenus taxable progressivement, là où ce système existe. Mais la forfaitisation du revenu des placements a été la règle pratiquement tout le temps et partout. C'est l'intégration dans le revenu global taxable qui est l'anomalie. Autant la supprimer.

Reste finalement les revenus du travail. Ils doivent suivre les règles du pays où le travail est exercé, soit sous forme d'un forfait prélevé à la source, soit sous une forme déclarative contrôlée par l'employeur.

Un patron qui dirige "n" filiales de son entreprises à l'étranger pourra disposer des "n" salaires  taxés n fois selon les règles de chaque filiale. Et alors ? S'il veut rapatrier ses revenus nets, on peut les intégrer dans le revenu taxable. S'il souhaite les laisser à l'étranger libre à lui et grand bien lui fasse.

On ne le taxera pas à75% et plus ? Et alors ? Que les nationaux ouvrent milles entreprises à l'étranger et le pays n'en sera que plus puissant ! Les taxations débiles sur une minorité ne provoquent aucune recette importante et constante, mais justifient des comportements anti nationaux ou anti économiques.

Dans la durée, l'application du principe de taxation dans le pays d'exercice du droit économique  conduira presque nécessairement à une certaine harmonisation. C'est le principe le plus constant, le plus positif, le plus productif fiscalement, car tout finira par se compenser, les fuites vers l'extérieur subies étant équilibrées ou à peu près par les arrivées fiscales de l'extérieur.

L'homme libre devient la base de la société globale et pas le serf fiscal national traqué mondialement.

 Un grand progrès.

Fréquentation de juin 2012 à juillet 2013

Qu'est-ce qu'une monnaie électronique ?

Nous continuons l'examen de certains concepts bancaires qui sont souvent mal compris. Après nous être interrogé sur la nature assez particulière du contrat de dépôt bancaire, nous examinons ici la "monnaie électronique". C'est un terme que l'on retrouve un peu partout cet an-ci avec des emplois parfois incertains voire carrément fantaisistes.

Une monnaie électronique est une monnaie scripturale dont la preuve de la valeur est enregistrée sur un support magnétique.

Une monnaie est dite scripturale quand le témoin de valeur n'est pas un objet ayant une valeur intrinsèque, c'est-à-dire un bien consommable ou tangible. Un lingot d'argent a une valeur indépendante de tout rôle monétaire. Une pièce de monnaie en or, en argent, ou en alliage comme l'électrum, est depuis son invention par les Rois Lyciens au septième siècle avant JC, le prototype d'une monnaie métallique.

C'est avec la lettre de change et le billet de banque que nait la monnaie scripturale. Le billet est une reconnaissance de dette d'une banque. Le transfert du billet transfère la reconnaissance de dette. L'obligation de la banque vis-à-vis du déposant de pièces métalliques est consignée sur le billet.  La signature de la banque sur le billet légitime la valeur. Le mécanisme est le même pour la lettre de change, sauf que les dépôts n'ont pas été faits au même endroit.

Dans les deux cas le témoin de valeur est une écriture certifiée  sur un papier.

L'invention du chèque et du virement ne change pas fondamentalement le mécanisme : le témoin de valeur reste simplement dans les comptes de la banque. Pendant tout le temps où ces comptes ont été tenus manuellement, il s'est agi de lignes d'écritures sur un support papier. Les dépôts étaient des "monnaies de papier".

L'informatisation des comptabilités bancaires transforme le support du témoin de valeur : la ligne est stockée sous forme d'abord de cartes perforées puis de supports magnétiques. A partir de là, la monnaie est électronique car stockée sur un support électronique. L'informatisation permet de faciliter les virements de comptes.

L'arrivée de la carte bleue ne change rien. La carte fournit un élément prouvant la légitimité du débiteur, puis, avec le développement de la télétransmission, il permet de certifier la réalité du stock de valeur dont le virement est demandé et d'activer l'opération.

Ni le chèque, ni la carte bleue ne sont de la monnaie. Ce sont des instruments qui permettent de donner des ordres sur le compte où est stockée la monnaie.

L'arrivée des téléphones portables, dans la mesure où ils sont des terminaux de paiement, ne change pas non plus le fond des choses. La monnaie est toujours stockée sous forme de ligne magnétique sur les ordinateurs du banquier. Seul le moyen de passage d'ordre est modifié.

Si on s'arrête ici, on constate :

- que pratiquement toute la monnaie est désormais scripturale. Même la monnaie divisionnaire l'est : le support métallique qui porte le symbole témoin de valeur  n'a pas réellement de valeur intrinsèque. Il arrive que la pièce coûte plus à produire que sa valeur faciale mais la rondelle métallique n'a en elle-même qu'une valeur monétaire et pratiquement aucune valeur de consommation ou d'industrie. C'est, pourrait-on dire,  un billet non pas en papier mais en métal pas cher.

- que l'essentiel de la monnaie, celle qui se trouve sur les dépôts bancaires, est magnétique  et cela grosso modo depuis les années soixante.

On voit bien que la "monnaie électronique" existe déjà depuis plus d'un demi-siècle et qu'elle forme depuis cette date le gros de la monnaie.

Ceux qui parlent d'une innovation récente sont-ils des ignorants ? Au-delà de l'abus de mot, ce que recouvre généralement le vocable de monnaie électronique innovante est d'une part le porte-monnaie électronique et d'autre part les monnaies scripturales qui ne dépendent pas d'un intermédiaire de confiance.

Ne confondons pas portefeuille électronique  et moyen de paiement passant par l'électronique. On l'a vu dans le cas du téléphone portable, ce n'est qu'un terminal permettant de passer des ordres. Il ne contient pas de monnaie.

En revanche on peut imaginer que le témoin de valeur ne soit plus stocké dans les ordinateurs de la banque mais sur une ligne électronique contenu dans un dispositif extérieur à la banque. Dans ce cas la monnaie quitte bien la banque pour se retrouver sur le dit support.

Il faut alors bien distinguer deux modes de gestion de cette monnaie voyageuse.  Dans le premier cas, le dispositif est mis à disposition par un intermédiaire de confiance qui garantit le paiement effectif qui sera fait en cet monnaie. C'est le cas de toutes les cartes à puces, émises par un organisme bancaire,  sur lesquelles un transfert de valeur, garanti, a été fait à partir d'un compte de banque. Le récipiendaire de l'écriture électronique pourra faire valoir son droit à conversion dans son compte auprès de l'intermédiaire de confiance.  Des banques ont mis en place pour de petites sommes des systèmes de ce genre à travers le monde. L'idée est de diminuer au maximum le besoin pour elle de convertir en monnaie banque centrale (disons pour simplifier des billets) les dépôts dont elles ont bénéficié.    

Ces systèmes connaissent à ce jour un rôle marginal pour des besoins souvent liés au transport (exemple de la carte Monéo en France). Le terminal de paiement mobile est probablement la solution que préféreront les banques. Elles n'aiement pas que la liquidité sorte de leurs comptes ! 

Une idée plus originale en cours d'expérimentation est de créer une monnaie électronique sans intermédiaire de confiance. L'originalité ne tient pas au fait que la monnaie soit électronique mais qu'elle se dispense d'un intermédiaire de confiance.

Comment rendre crédible, pour un tiers, le témoin de valeur dont se prévaut un payeur et que le tiers va recevoir sous une forme électronique, si une institution de confiance ne garantit pas peu ou prou la réalité des droits de tirage ? Cela parait une gageure et pourtant des systèmes sont en cours de mise en place, sans qu'on sache s'ils prendront réellement de l'extension.

L'idée de manœuvre est de remplacer la banque par un logiciel sinon inviolable du moins suffisamment sûr, logé avec ses fichiers sur le WEB d'une façon insaisissable et indestructible, qui permette non pas de conserver mais d'authentifier les témoins de valeur libellés et les titulaires de comptes dans l'unité de compte gérée par le système. Le témoin de valeur serait une ligne conservée sur n'importe quel dispositif pouvant accéder via Internet au programme de validation des droits et d'exécution des ordres.

Au moment d'une transaction, la ligne serait présentée au programme qui serait à même d'attester que le titulaire est légitime et que le montant est bien disponible. Les difficultés techniques sont redoutables. Car la confiance ne pourra venir que de procédés cryptographiques particulièrement pointus.

Il n'est pas question ici de rentrer dans le détail des techniques utilisées. Ces techniques sont de toute façon les mêmes ou presque que celles qui sont utilisées pour sécuriser les cartes bancaires et les portemonnaies électroniques mis à la disposition par les groupements bancaires.

En revanche il est intéressant d'analyser les différents défis qu'il faut relever pour mettre en place un tel système.

- Le premier est évidemment qu'il ait un intérêt quelconque pour des utilisateurs. A quoi peut bien servir  un système totalement décentralisé, sans intermédiaire de confiance ?  

Il n'y a que trois justifications importantes.

La première est d'éviter un risque sur la banque.

La seconde est de parer un risque sur la monnaie.

La troisième est de se prémunir d'un risque sur la confidentialité de la transaction. 

Une banque peut faire faillite et ses dépôts peuvent être saisis en tout ou en partie comme on l'a vu à Chypre il y a quelques semaines. La confiance dans l'intermédiaire de confiance est relative.

Le risque sur la monnaie est assez clair aussi : les monnaies officielles, qu'ils s'agissent de monnaies nationales, comme le Dollar ou la Roupie,  ou de monnaies plurinationales comme l'Euro, sont gérées directement ou indirectement par des Etats qui les manipulent.

L'affaire Argentine de la fin du siècle passé a montré qu'un compte bancaire pouvait être bloqué avec conversion obligatoire (l'affaire du Corralito). On parle régulièrement du risque d'éclatement de la zone Euro. La sécurité des systèmes de monnaies étatiques n'est pas assurée, sans même parler de l'inflation.

La confidentialité des transactions bancaire n'existe plus. Les Etats peuvent suivre à la trace tout ce que vous faites de votre argent. Il n'y a plus de vie privée. On sait que le secret bancaire est désormais une vieille lune.

L'idée d'échapper à Big Brother ou à des banques qui font n'importe quoi de votre argent et ne sont plus capables de satisfaire à l'obligation de restitution de votre dépôt à première demande, sous une forme qui vous agréé  et dans une monnaie sûre, n'est donc pas absurde.

- Une deuxième question est le caractère licite des transactions faites. Sur ce point, il faut noter que la licéité d'un achat tient au produit ou au service payé pas au moyen de paiement. Si vous troquer de la cocaïne contre des voitures de luxe, vous n'avez pas utilisé de monnaie, mais vous avez conclu une affaire illégale. Le troc n'est généralement pas interdit. On ne peut pas interdire en démocratie un outil sous prétexte qu'il peut faire l'objet d'utilisation illicite. Sinon il faudrait interdire tous les couteaux au prétexte qu'ils servent à des meurtres et des assassinats et les voitures parce qu'elles participent à des braquages.  Le raisonnement vaut pour la fraude. Ce n'est pas le transfert monétaire qui est le fait générateur d'une fraude, par exemple à la TVA, mais l'achat lui-même.

Conclusion : il est impossible de condamner a priori un système de paiement alternatif sans intermédiaire de paiement sous prétexte qu'il pourrait servir à des fraudes, sauf à éliminer jusqu'à l'idée qu'une société puisse être libre. Le fiscalo-fascisme est une tendance forte des sociétés dites libres, à Etat surdimensionné, qui doit être fermement combattue.

- Le véritable enjeux est la "faisabilité" du système. Comme jeu intellectuel et pédagogique sur la monnaie, l'exercice est excellent car il permet de passer en revue toutes les dimensions de la monnaie.

Le plus amusant est qu'un tel système a été mis au point et a déjà derrière lui plusieurs années d'existence : le système "Bitcoin".

Des spécialistes des logiciels cryptés ont créé une nouvelle unité de compte, le Bitcoin, monnaie sous forme de zéro et de un,  qu'il est possible d'acheter et de vendre sur des bourses et avec laquelle on peut transférer de l'argent d'un point à un autre du monde en toute confidentialité et éventuellement acheter et vendre des produits et des services.

La liaison avec des monnaies officielles se fait comme les autres devises sur une forme de marché de change : l'offre et la demande de Bitcoin en devise autre sont arbitrés sur une plateforme de marché.  La question cruciale : est-ce que le marché va être assez liquide pour que puissiez à tout moment récupérer tout montant de Bitcoin en monnaie officielle qui a seule cours légal dans les différents Etats. Rappelons que le cours légal est le dispositif de droit qui permet à une monnaie d'éteindre toute forme de dettes y compris fiscales. On ne peut pas payer ses impôts dans une unité de compte qui n'est pas légale et dans une forme monétaire non réglementaire.

Ces bourses sont le point faible du système. Dans la pratique plusieurs bourses de Bitcoin ont explosé provoquant des pertes financières et de confiance. Elles ont un coût. L'argument selon lequel le virement en Bitcoin ne coûterait rien est faux. L'accès à l'achat et à la vente du Bitcoin coûte, même si le transfert électronique des fonds est effectivement peu gourmand en ressource marginale.  C'est celui du transfert d'une ligne de texte sur Internet !         

Le risque technique n'est pas non plus totalement négligeable. Les programmes de cryptage ont été faits par une collectivité de programmeurs qui en connait les algorithmes et qui peut à volonté vider les portefeuilles en ligne. L'algorithme est de confiance mais pas le groupe qui le met en œuvre.  On retrouve le problème des cartes de crédit. La fraude peut exister et c'est l'organisme qui gère le système qui assume le risque et le répercute aux usagers sous forme d'un coût d'abonnement à la carte. Personne n'est là pour faire face aux fraudes dans le système Bitcoin et il y a eu quelques cas de pertes de Bitcoins de ce fait.

Le risque légal n'est pas non plus négligeable. Le principe du système est de reposer sur une relation entre particulier sans intermédiaire. La loi ne peut donc saisir un intermédiaire et doit, comme tous les systèmes "Peer to peer", entrer dans l'intimité des foyers si elle veut contrôler. L'exemple est la loi Hadopi qui interdit l'échange sous forme électronique des copies achetées de films et de musiques, alors même que la copie privée est autorisée.

La loi peut interdire d'échanger des Bitcoins. Dans un système de liberté, c'est difficile à envisager. Sur quelles bases juridiques interdire à deux personnes consentantes qui peuvent ne pas ressortir d'un même Etat, d'échanger des signes électroniques dont la valeur n'est pas fixée en monnaies légales ?  Aucune loi n'existe dans le monde en ce sens dans les pays démocratiques. Mais comme on y constate  l'expansion continue du "fiscalo-fascisme", on peut se demander : jusqu'à quand ?  Big Brother grandit toujours !

Le dernier risque est que ce marché soit tellement incommode et volatile qu'il décourage les usagers. Le côté pédagogique du Bitcoin a stimulé diverses formes de spéculations. On a vu se développer un marché des options sur ce marché des changes très particulier et apparaître des spéculateurs très techniques. Le résultat a été une bulle des cours  qui a fini par exploser, avec une perte de confiance  du "marché". La technique d'émission des Bitcoins, la délivrance d'un paquet de Bitcoin à chaque nouvel entrant jusqu'à un nombre fini de Bitcoins, est très pensée mais folklo. Elle privilégie de façon excessive les premiers entrants  et elle crée une rareté artificielle sur la fin. C'est malin pour faire venir les "prime movers" et retenir les "late movers" mais finalement cela limite gravement le système. Il faudrait à terme créer des Bitcoins2 et 3 etc. On sait depuis Copernic que les mauvaises monnaies chassent les bonnes.

Les monnaies électroniques sans intermédiaire de confiance autre qu'un logiciel libre permettant des transactions "peer to peer" resteront encore des phénomènes limités pour longtemps mais ce sont un laboratoire pour ceux qui s'intéressent à la monnaie et au logiciel libre.  

Pour terminer rappelons l'essentiel  : la monnaie sous forme de ligne sur support électronique n'est pas nouvelle et représente l'essentiel de la monnaie en circulation.  C'est la monnaie électronique sans intermédiaire de confiance autre qu'un logiciel libre mettant en relation  des individus sur une base paritaire,  qui est l'innovation.  

Au passagerappelons notre  propre définition de la monnaie : une monnaie est un dispositif permettant de stocker et d'échanger de la valeur de façon liquide. La liquidité du dispositif est définie par sa commodité dans les transactions, commodité elle-même définie par la sécurité de la preuve de la valeur et la facilité d'usage. Le Bitcoin par exemple est bien une monnaie mais dont la liquidité peut-être problématique. La monnaie la plus liquide est celle qui n'exige aucune conversion pour éteindre la plupart des dettes.  En France c'est le billet de banque émis par la BCE.  Compte tenu des limitations portées à l'usage du billet il serait faux de donner une définition du type : "qui permet toujours d'éteindre toute dette sans aucune conversion". Il faut convertir le billet en monnaie de compte pour payer de grosses sommes.

Les puristes qui veulent que le terme de monnaie ne doive s'appliquer qu'à une forme monétaire totalement  liquide (le reste étant de la quasi monnaie) ont une difficulté : il n'y en a plus aucune !

 

Didier Dufau pour les Cercle des économistes e-toile

Bêtise et sottises

La bêtise est la chose au monde la mieux partagée, comme chacun sait. Elle demande un petit effort de définition. Le concept dérive de l'observation de comportements dont les résultats sont négatifs, et de qui supporte les mauvaises conséquences.

Vous pouvez prendre des décisions

- qui vous font du mal mais qui ne nuisent à personne d'autre.  C'est le crétinisme.

- qui font mal aux autres et qui vous font du bien. C'est la délinquance

- qui font mal aux autres sans vous faire du bien : C'est la malveillance.

- qui vous font du mal et du mal aux autres. C'est la vraie bêtise.

La question qui se pose aujourd'hui est de savoir dans quelle case placer la politique suivie par M. Hollande.

Difficile de ne pas remarquer que pratiquement toutes les mesures prises depuis un an entrent peu ou prou dans l'une ou l'autre de ces cases, avec une nette prédilection pour la dernière.

Juste pour clarifier les choses avec des cas concrets :

- L'affaire Cahuzac est l'exemple parfait de crétinisme (mettre un fraudeur fiscal  à la tête de la lutte contre la fraude fiscale  restera dans l'histoire)  .

- L'affaire Depardieu  est un cas de délinquance (injure publique… pour tenter d'exploiter politiquement  un bouc émissaire récalcitrant)

- L'imposition à plus de 100% de 8000 Français est de la malveillance pure, comme les 75% (gain national  ridicule pour la collectivité, conséquences majeures pour les intéressés; la bonne règle est de faire l'inverse : minimum de peine pour les contribuables maximum de résultats pour la nation).

- Casser l'économie pour faire grimper le chômage me parait exemplaire  de la dernière catégorie. Dans le cas des Verts, à qui il fallait réserver un peu place dans le palmarès : Bloquer les loyers avec tous les effets pervers connus  est pas mal non plus dans le genre.  

Quelles sont par ailleurs les sottises les plus manifestes que l'on entend aujourd'hui ? Le Palmarès est difficile tant les propos candidats sont nombreux.

- La crise a été provoquée par les subprimes

- Les énergies vertes étant plus coûteuses, elles créeront de l'emploi

- La réforme des régime spéciaux a été faite. Circulez il n'y a plus rien à voir

- Les déficits américains et les excédents chinois sont un bienfait pour le monde

- Les pays émergents tireront l'Europe de sa léthargie

- Le day-trading informatisé est excellent car il crée de la liquidité sur les marchés

- Delanoë n'a pas augmenté les impôts à Paris

- La crise financière est terminée

- La crise de l'Euro est terminée

- Hollande a un cap et un plan mais ils sont  si subtils qu'il faut beaucoup de finesse  pour les percevoir.

La France est mal arrivée

François Hollande croit dur comme fer qu’il a « apaisé et pacifié » la société française. La gauche intellectuelle socialiste et son bruit de fond médiatique partagent cette foi, ou le font croire. Cette aberration est un des aspects les plus étonnants de la situation morale détestable qui sévit en France aujourd’hui.  Curieux pacificateur que ce président qui, à peine élu, parvient à mobiliser la défiance de  77% des Français et rassembler des foules immenses dans la rue contre ses projets. L’écart est si grand entre la prétention affichée et son résultat social qu’il devient un sujet de réflexion intéressant.  Comment peut-on se tromper à ce point là ?

L’explication simpliste insiste sur la faiblesse insigne de François Hollande, faisant du président actuel de la France soit un incapable notoire qui n’a jamais travaillé, soit un petit malin hâbleur qui a toujours tout embrouillé  à son profit, soit un rigolo désinvolte  s’amusant à faire carrière sans trop s’inquiéter des moyens ni des fins.  Il est vrai que sa prestation comme conseiller à la Cour des Comptes aura confiné à l’inexistence absolue et que celle de premier secrétaire du PS n’a pas laissé que de bons souvenirs.  Ce fut un Président de Conseil général dispendieux  qui a laissé son canton dans les affres d’une dette excessive. Il a rassemblé autour de lui et au gouvernement une bande d’ambitieux d’une homogénéité dans la nullité tout à fait saisissante et envoyé au parlement des militants grossiers et arrogants, pourris de certitude et nourris d’idéologie délétère.   

La première mesure de ce groupe dirigeant fantomatique sera d’imposer, au milieu d’un concert d’injures,  un coup de gourdin fiscal tellement massif à la France qui travaille, qu’il tuera en un seul coup et l’envie et les moyens d’investir et de recruter. Un an après, le niveau de vie a baissé et le nombre de chômeurs a grimpé de 300.000 pour la catégorie A, dépassant pour la première fois dans l’histoire du pays les 5 millions pour l’ensemble des catégories de chômeurs.  Aucun des objectifs annoncés n’a été tenu. 30.000 Français sont partis à l’étranger ou en train de s’y préparer. Il faut dire que 8.200 Français ont vu leur imposition les priver de la totalité de leur revenu. Et parfois beaucoup plus.  Des centaines de faillites jettent chaque jour des milliers de salariés à rue. Chaque jour.

Alors que des dizaines de livres et des centaines de rapport ont démontré que la France souffrait d’une bureaucratie  disproportionnée (deux fois plus de fonctionnaires que les Allemands par tête d’habitant, ce n’est tout de même pas invisible ni négligeable), François Hollande  n’a jamais voulu reconnaître le problème publiquement et depuis trois ans maintenant, deux ans de campagne et un an d’exercice du pouvoir, n’a jamais esquissé la moindre mesure pour faire face à ce drame qui pèse sur l’emploi et la compétitivité française, sans profit pour les grandes missions régaliennes. La police ne parvient plus à dominer la délinquance. La Justice est un ministère effondré, abandonné à des militants qui considèrent qu’être père d’une victime est l’occasion d’être gravement injurié. L’armée fonctionne avec des bouts de ficelle. L’éducation nationale ne permet même pas d’assurer le socle de l’instruction minimum. La santé publique est à l’encan. Ne parlons pas de notre diplomatie et de l’influence française à l’étranger.

Le pire est qu’aucune vraie mesure n’est envisagée pour faire face à cet amoncellement de difficultés  sinon de voler un maximum de Français sous les vivats d’une frange (fange) haineuse de la population dont même ce site porte les stigmates.  

Claude Allègre avait raison. Avec Hollande c’est toujours « oui, non, mais oui, mais non, mais bien sûr ». Sur les retraites du secteur public, honteusement avantageuses,  on entend : « il faudra que tout le monde s’y colle et il faut plus de justice », puis «  la réforme des retraites publiques a déjà été faite ». Il parait que c’est une méthode.

Il reste que F. Hollande a été élu. Il est donc en partie en résonnance avec l’électorat qui vote en France.   

Sur une radio pas particulièrement socialiste mais où les journalistes ne veulent pas passer pour honteusement de droite (une carrière est si vite brisée !), on donnait, le jour du bac, une interview d’une jeune fille qui n’avait pas eu le bac.  Toujours cette même idée qu’il ne faut pas exclure et que le bac finalement n’a aucune importance. L’élitisme, quelle catastrophe ! Pourquoi ne l’avez-vous pas passé ce bac ? « Parce que j’étais en révolte contre la société  ». Et qu’est devenue cette révoltée ? Fonctionnaire catégorie B. Félicitations générales. Quel parcours ! De révoltée à fonctionnaire, sans passer par le bac, quel encouragement pour tous ceux qui passent l’examen. Toute la presse a souligné combien ce bac était obsolète, coûteux, inutile. Maintenant on affirme que ce n’est même plus un instrument de promotion sociale.

On est passé de « toute une génération au bac », à «  toute une génération sacrifiée en fonctionnaires B ».

Les derniers glouglous de la contre-société post soixante-huitarde emplissent tout le bocal politicien et  médiatique.

On a voulu mettre fin à la répression et à l’exclusion.  On a entrepris de libérer l’enfant de la tyrannie des parents et des maîtres (et du Bac), l’épouse de la tyrannie du mari, l’adulte de la tyrannie du travail, l’homosexuel de la tyrannie des hétérosexuels, les minorités de la tyrannie de la majorité, le salarié de la tyrannie des patrons, le délinquant de la tyrannie de la société, le consommateur de la tyrannie du producteur, le malade de la tyrannie du scientisme médical, l’individu de la tyrannie de la collectivité, le citoyen de la tyrannie de la nation, de toutes les nations, et finalement on a voulu sauver la nature de la tyrannie des hommes.

Une quarantaine d’années après la France se découvre ruinée, chômeuse, endettée jusqu’au cou, sans industries, dévorée par une administration pléthorique, inculte, en proie à une délinquance incoercible, dépouillée de son indépendance par l’Europe et soumise à des forces étrangères qui s’exercent sans frein à son détriment. 

En parachevant le travail de destruction des derniers vestiges « du monde bourgeois », Hollande croit avoir fait œuvre historique. Il ne fait que prouver qu’une anti-société de Bisounours n’est pas une société. Une civilisation n’atteint des objectifs de progrès qu’au prix d’un certain niveau de contraintes, de sélections et d’efforts.

Avec Hollande, la France est en train d’atteindre un niveau culturel et économique série B. Mais il n’est pas seul en cause. Les Français l’ont voulu. Ils l’ont eu.  Reste à savoir combien de temps ils se satisferont de cette désolante médiocrité.

Les Frac et les lois de Parkinson

Tout le monde connait les lois de Parkinson qui régissent l'accroissement continue des effectifs administratifs, même si l'objet du travail en question  a disparu.  

Il était parti d'un constat simple : les effectifs administratifs de l'Amirauté britannique avait cru notablement alors même que le tonnage géré avait été réduit des deux tiers. De même le département colonial qui ne comprenait que 372 personnes en 1932 au moment de la plus grande extension de l'Empire Britannique faisait travailler 1661 personnes quelques années après la fin de la colonisation.

Ses observations avaient montré que l'expansion administrative n'était pas liée à un besoin quelconque., légitime ou non, et à son évolution, mais à des forces internes qui agissaient d'une façon telle qu'on pouvait prévoir une croissance automatique des effectifs. Les études mathématiques ultérieures semblent avoir montré, par application de la formule x= (2Km+p)/n, que le taux de croissance se situait quelque part entre 5 et 6%, ou, pour simplifier encore, doubler tous les 15 ans.

Ces lois ont eu de nombreuses confirmations françaises. Le Ministère de l'agriculture voit ses effectifs augmenter indéfiniment alors que le nombre de paysans baissent chaque année.  Le Ministère des anciens combattants ne suit pas le diminution du nombre d'anciens combattants. L'EPAD, à la Défense est un autre magnifique exemple d'une administration qui a survécu à la disparition de son objet par mutation spontanée de son rôle.

Dès qu'on parle de restrictions de la dépense publique aussitôt mille voix s'élèvent contre le risque de diminution des policiers, des professeurs et des infirmières. Jamais  personnes ne pensent à ces dizaines de milliers de postes totalement inutiles qui  ont été créés que par la routine parkinsonnienne.

Nous avions déjà annoncé que la RGPP était une plaisanterie, car on ne peut pas "rationaliser" un phénomène qui est parfaitement scientifique et rationnel : la pression parkinsonnienne. La RGPP a été un échec. Les socialistes ont voulu  changer le nom de l'exercice en le modifiant au moins verbalement. Il sera tout aussi vain.   

Il ne faut pas rationnaliser. Il faut revenir à la source même de la politique publique menée et si elle n'est pas absolument nécessaire, il faut supprimer les services concernés. A la hache.  Sinon la volonté des cadres de multiplier leurs subordonnés (et pas leurs rivaux)  et leur capacité de se donner mutuellement du travail l'emporteront toujours.  Ajoutez le pouvoir syndical, et la règle qui veut que le travail occupe tout le temps qu'on veut bien lui accorder s'exprimera sans limite.

La curiosité du phénomène est qu'il est pratiquement insensible à la conjoncture. La crise la pire pourra bien frapper un pays sans que le petit monde protégé de l'administration publique ne se sente le moins du monde concerné. Au contraire il se mobilisera pour démontrer que son rôle est encore plus crucial que jamais et …exigera des hausses d'effectifs et de budgets

La confirmation des lois de Parkinson est particulièrement évidente lorsqu'on se penche sur ce cas admirablement symptomatique : les FRAC !  

Pour qu'un centre de dépense publique puisse inlassablement perdurer dans son être et dans se croissance budgétaire, il faut lui donner des objectifs tellement élevés que les remettre en cause serait du plus mauvais esprit. Bien sûr, des objectifs élevés on peut en trouver des millions. Le plus dure est de l'accrocher dans le décor budgétaire. Après,  cela va tout seul.

L'inénarrable Jack Lang, chargé de faire passer la culture de la nuit à la lumière en doublant le phare budgétaire, et en associant étroitement les cultureux subventionnés à l'électoralisme du PS, sera naturellement à l'origine du projet.  Arroser "l'art contemporain" d'une manne bienfaitrice, donc des artistes contemporains,  d'une recette sympathique, tel était le projet.  L'Etat se substituant à l'infâme bourgeois et aux condottiere allait montrer toute sa capacité à "créer un riche terreau de créateurs". Lla Genèse avec nous !

Qu'on était loin de Maurice Druon se moquant des pseudos artistes   faisant chanter l'Etat avec d'une main une grenade dégoupillée et l'autre une sébile ! L'argent allait couler à flot sans même qu'on menace qui que ce soit.

Pour éviter les complexités et rigidités des schémas publics traditionnels , les astucieux promoteurs choisirent la voie la plus simple : des associations, qui ont pratiquement le droit de tout faire sans aucun contrôle, alimentées de façon croisée par les Régions et  L'Etat.

La mode était à la "décentralisation culturelle". L'intérêt aussi. La régionalisation permettait d'obtenir tout de suite une vingtaine de sites et de mettre à l'abri les rigolos qui seraient nommés à la tête des nouveaux machins,  de la surveillance trop aigues des superviseurs parisiens.  Une association peut nommer directrice la femme d'un fonctionnaire dans le besoin ; pas une administration en règle. Ou le petit copain homosexuel d'un conservateur de musée bien implanté.  La souplesse procédurale et le statut d'association permettaient tous les abus. Qui irait jamais mettre le nez dans toutes ces planques ?

L'argent se mit à couler à flot. Les places se firent de plus en plus nombreuses.  Partout on investit  dans des installations coûteuses. Il fallait ce qu'il fallait pour l'ART. Interdit naturellement de concurrencer les musées. Attention : des gardiens du temple administratif de la culture veillait courageusement à éviter toute interférence avec leur boulot.

Au musée d'acheter les trésors immémoriaux de l'art, même contemporains.  Alors quelles acquisitions pour les Frac ? Euh ! Euh !  On trouva vite : ce n'était pas l'œuvre qui compterait mais l'artiste local. On lui permettrait de s'épanouir et de voir son œuvre connue et reconnue. N'était-ce pas là le rôle du privé : les galeries d'art ne sont pas fait pour les chiens ?  Les promoteurs  privés prennent le risque de leur sélection.  Elle rencontre ou non le succès. En quoi l'Etat devait-il mettre son nez dans ce marché fort actif en France ? Personne ne répondra jamais à cette question.  On achètera aux galeristes une partie de leur production : l'argent public suppléera  l'indifférence du public. Tout le monde serait content.

Tous les intérêts étant bien bordés de toute part, la machine se mit en route avec un indicateur de "succès" très particulier : le nombre d'œuvres acquises et le nombre d'auteurs aidés.

Dès 1986 on achetait 5.438 œuvres de 1327 artistes. on est aujourd'hui autour de 25.000 œuvres et de 4200 artistes. En trente ans, on a bien vu l'application presque mathématique de la loi de Parkinson du quadruplement.

En même temps que se constituait  cet invraisemblable fatras, les difficultés de stockage et de manipulation devenaient gigantesques.  Qu'en faire et comment le faire "vivre".  D'abord en multipliant les budgets et les subventions. Opportunément les Régions  ont multiplié les impôts. L'argent était là. On l'a dépensé sans compter et sans même chercher à savoir si on contribuait le moins du monde à la richesse artistique du pays.

Comment surtout juger de la valeur de ce stock imbécile ? Le seul moyen serait de le vendre. Mais là les galeristes ne sont pas d'accord.  Tout le marché de l'art contemporain en serait perturbé.  Quant à la mettre à la poubelle !  Pourquoi ne pas le restituer aux "artistes" qui ont tapiné avec les Frac  ?

Tout le monde le constate : la France n'a plus de grands artistes internationaux comme on en a connu pendant la majorité du XXème siècle.  Et ceux qui restent ne connaissent pas les Frac.  Lorsqu'on pose la question : citer 10 peintres Français contemporains importants, votre interlocuteur aura du mal à trouver deux noms.  De même que les budgets du ministère des colonies augmentait quand les colonies disparaissaient, le budget des Frac augmente alors que le nombre de peintres français célèbres diminuent, si on en croit les spécialistes.

Même la place de Paris, comme plateforme central  de l'art contemporain,  est en train de craquer.

 Les Frac ne connaissent pas la crise. Pensez : il faut fêter dignement les trente ans de l'institution. Des budgets énormes se sont donc déversés sur de multiples "évènements", avec des opérateurs publics comme la SNCF, les régions, les Centres d'art contemporains . On allait voir ce qu'on allait voir et surtout ce qu'il fallait voir.

On reste toujours ahuri par la nature de la prose de ces organismes.  Selon la règle parkinsonnienne qu'il faut qu'on décentralise avant de centraliser, pour coordonner bien sûr, les Fracs se sont unis autour d'un machin chose appelé "platform", un barbarisme en Français mais qui fait tendance.  Ce merveilleux texte nous dit tout :

"Structures légères et réactives, les FRAC sont résolument un dispositif d'aménagement culturel du territoire. Ils ont su répondre tant aux mutations de la création contemporaine et aux projets des artistes qu'aux attentes et besoins de chaque contexte régional en inventant des manières efficaces et uniques de «conquérir les territoires». Postulant dès le début des années 1980 une articulation entre le local et le global, signe distinctif d'une scène artistique mondialisée, les FRAC ont permis la constitution de collections singulières d'envergure internationale. Elles témoignent de leur activité artistique propre et aussi de celles des centres d'art et des musées avec qui les FRAC entretiennent des relations soutenues. En retour, leurs œuvres ont nourri les programmations de chacun et les regards de tous. Si les FRAC participent de l'écriture d'une histoire mondiale de l'art de ces trente dernières années, ces collections sont les premiers outils d'actions dans des établissements scolaires, universitaires, des communes rurales, des prisons ou encore des hôpitaux. En 30 ans, les 23 Fonds régionaux d'art contemporain ont acquis plus de 26  000 œuvres réalisées par 4 200 artistes (dont 56,5% français) et chaque année, l'ensemble de leurs projets (environ 600) atteint plus d'un million de personnes.

On notera le vocabulaire : "dispositif d'aménagement", "conquérant de territoire", "articulant le local et le global", nourriture du regard de chacun et de tous", "participant à l'écriture de l'histoire mondiale", "outils d'action".

Tout cela pour "atteindre" un million de personnes.

Ce verbiage ne correspond naturellement qu'à un exercice de narcissique intéressé.  Aucun critère de qualité dans tout cela. Seul la quantité compte et les ambitions politiquement correctes.

D'autre documents nous apprennent que des évolutions sont en cours pour 'atteindre les créateurs de la "diversité" et "mettre fin à la relative sous représentation des femmes".

L'Europe, l'international, les échanges avec les autres pays, sont  au cœur des nouveaux développements. Justifiant de nouveaux budgets. En même temps qu'on veut de nouveaux temples pour permettre  "aux masses" d'être "en contact"  avec les projets des principaux artistes contemporains exerçant en région,  et  l'évolution de leur projets, parfois très pointus".

Un projet est dit pointu quand il est totalement abscons et ridicule.  Faire acheter un échafaudage pour le montrer  quelques heures avant de le remballer et de le mettre "dans les collections", est une "approche pointue et événementielle" qui plairait beaucoup dans les prisons :" le prisonnier a le droit à la culture , quoi merde !"  (propos entendu lors d'une conférence dans un "évènement" Frac.)

Bref ! Tout un monde grouille dans le mépris le plus total du "bourgeois" avec de l'argent public dépensé sans contrôle à des fins incertaines et sans véritables résultats, sinon de faire vivre sans des cloportes, comme disait Alphonse Boudard, des copains et des coquins. La présence d'art ne serait être que strictement accidentelle et une coïncidence qu'on imagine heureuse (sans en être plus très sûr). A ajouter à ces amusants gestionnaires de Maison de la Culture qui voulaient supprimer la scène pour que la création des artistes de théâtre  ne soient pas gênés par le public (authentique).

La RGPP n'a évidemment pas touché les quelques milliers de braillards et de rigolos qui vivent de cette escroquerie. La Modernisation des politique Publique ne fera pas mieux. On ne va pas revenir aux ténèbres pré-djack. Fichons en l'air la politique familiale, dégommons les riches (tiens un de mes voisins déménage pour Genève pendant l'écriture de ce texte). Mais ne touchons pas au Frac.

Au fric-frac à coloration culturelle.

Laissons donc la parole aux triomphateurs de notre porte monnaie, qui font des jeunes Roms parisiens des amateurs un peu médiocrtes :

"Un anniversaire prospectif" (très bien ce prospectif !)

"Sous l'intitulé Les Pléiades, un titre en écho à l'idée de collection et d'un regroupement d'éléments autonomes lisibles par la force d'une même dynamique, cet anniversaire prend comme principe fondateur le regard des artistes sur les collections des FRAC. Cette référence stellaire et littéraire exprime l'unité dans la diversité qui est la nature profonde des FRAC."

Ah ce " regroupement d'éléments autonomes lisibles par la force d'une même dynamique" et cette "nature profonde" des Frac  . Edgar Faure aurait ajouté que l'indépendance des Frac dans leur interdépendance  était la garantie d'un succès pérenne. Mais il n'aurait pas su lire "des éléments autonomes".  Comme quoi même les experts les mieux cotés en verbiage amusant ne tiennent pas la route comparés à nos frac-tionnaires.

Et on voudrait des infirmières et des policiers !

Ce texte est un hommage à M. Moscovici qui a déclaré qu'en matière d'économie, désormais,  on avait atteint l'os, alors qu'on n'a même pas commencé à épousseter là où le gaspillage était le plus évident et qu'on n'envisage pas du tout de le faire.

Nous fêterons dans 30 ans un nouvel anniversaire des Frac, qui auront acheté 80.000 œuvres à 6.500 "artistes".  Mme Taubira aura sans doute vider les prisons mais la politique d'animation culturelle des Frac n'y aura pas cessé : on y aura surement des salles d'expositions permanentes, à côté de la salle de shoot.    Et pourquoi ne pas mettre en œuvre des Fdac, les fonds départementaux d'action culturelle ? Tout en créant un Fonds Européen  d'action culturelle avec des agences dans tous les pays du monde ?

Ce n'est pas un million de pauvres Français qu'il faut "atteindre" mais un milliard d'humains privés d'accès à la culture et aux tendances récentes des meilleurs créateurs.

 

PS : dites à l'agence de ménage de ne pas utiliser le seau peint en bleu  ni de laver la serpillière dégoutante  qui l'accompagne à l'entrée à gauche de la nouvelle salle d'exposition : c'est une acquisition qui doit atteindre son public et qu'on stockera dès que le nouveau palais sera fini de construire.  

Le démon du bien

Le démon du bien

 

Depuis le début de la crise nous prétendons qu’elle n’est pas le fruit de l’action de « vilains » mais plutôt d’erreurs globales commises par des élites animées par la recherche d’un bien supérieur. La durée de la crise et l’absence de vraies solutions proviennent justement de ce caractère très particulier : personne ne veut renoncer au bien !

Cette situation rappelle l’Union soviétique et ses politiques agricoles. Le système ne marchait pas. Mais il était parfaitement conforme à la doctrine considérée comme « indépassable » du socialisme agraire.  A chaque début de famine ou de disette, on criait aux nécessaires réformes et on en lançait une. Qui marchait parfaitement. Allait-on la généraliser ? Non ! Aussitôt les défenseurs de la bonne pensée socialiste veillaient et  interdisaient la prolongation de la réforme.

Nous avons proposé une explication de la crise en trois éléments :

-          Le système des changes flottants a provoqué une baisse tendancielle de la croissance mondiale, aggravé l’ampleur des crises décennales et finalement explosé. Le mécanisme principal est la montée délirante et généralisée de l’endettement global, du fait des doubles pyramides de crédits permises par ce système monétaire particulier et jamais décrit en bien par la doctrine jusqu’à sa mise en œuvre de facto sous la pression intéressée des Etats-Unis.

-          L’organisation de l’Euro, fondée uniquement sur une norme, sans aucun organe de pilotage, est un système fragile incapable de faire face à une crise autrement que par des déflations.

-          L’hyperfiscalité française, constamment aggravée, a progressivement paralysé l’économie marchande qui  souffre d’un manque à employer de près de 10 millions de salariés, permis une hypertrophie délirante du secteur public  et créer une situation insoluble où les prélèvements excédent la valeur ajoutée des entreprises.

Il n’est pas difficile de comprendre que la France, baignée dans la mondialisation financière basée sur les changes flottants,  membre fondamental de  la zone euro en déshérence et noyée dans son propre vomi fiscal, ne peut pas s’en sortir facilement.

Le premier choc fiscal, dû à  Sarkozy, doublé par le délire fiscal et les injures sociales de Hollande,  ont aggravé la cause spécifiquement française de nos malheurs économiques. L’année 2012 a vu un recul global de PIB, la baisse du pouvoir d’achat (par tête et global), la spoliation des entrepreneurs et des épargnants pour obtenir au final plusieurs centaines de milliers de chômeurs de plus,  avec en vue le record de chômage à plus de 11%, de très nombreuses faillites,  le  blocage de l’immobilier, et…un déficit public et un endettement public  aggravé.

Dirigée par un fils de famille aigri contre la bourgeoise et l’extrême droite de son enfance, haut fonctionnaire qui n’a jamais travaillé, ni dans la fonction publique ni ailleurs, qui a fait une carrière d’apparatchik malin  mais méprisé par tous ceux qui l’ont approché du fait de sa méthode qui consiste à toujours donner raison au dernier interlocuteur et d’éviter à tout prix de se faire coincer par l’énonciation d’une idée quelconque,  la France économique  a été abandonnée aux vaticinations et improvisions d’un professeur d’allemand et d’un professeur de maths.  Ces excellences de préau d’école n’ayant jamais vu une entreprise de leur vie ne pouvaient que prendre des décisions déplorables. Elles l’ont fait avec une incompétence à la hauteur de leur engagement socialiste.

Bien sûr, dans un moment de dépression économique, il faut à tout prix réduire les frais généraux de la nation et conforter autant qu’on peut le tissu des entreprises. 

Comment faire quand la classe gouvernante depuis 1974, l’énarchie compassionnelle, promeut l’idée généreuse, bien que controuvée, selon laquelle  seul le haut fonctionnaire voit juste et qu’il est seul  désintéressé, qu’il doit arbitrer la société,  qu’il faut crier en permanence « vive l’impôt » et que la dépense publique est le seul bien collectif qu’il faut à tout prix protéger, et ses servants avec ? Seule la séparation de la politique et de la haute fonction publique permettrait d’en sortir.  Cela supposerait deux mesures constitutionnelles évidentes :

-          Nul ne peut recevoir deux rémunérations de l’état

-          Nul ne peut être membre d’une assemblée ou d’un exécutif qui fixe sa propre rémunération.

Seulement voilà, il faudrait s’attaquer à un « démon du bien », comme disait Henri de Montherlant.  Et ce démon  tient les institutions politiques, l’Etat, la banque, et … la presse.

L’Europe de l’Euro a elle aussi ses démons du bien.  Ils suggèrent que l’Europe c’est la paix, que seul l’abaissement des Etats la permettra, qu’il faut mettre fin à toutes les barrières, à toutes les frontières et que l’individu européen, enfin libéré des contraintes artificielles mis à son bonheur et à son action par  les nations, pourra montrer toute sa fécondité.

Les Européistes ont considéré qu’il fallait créer  l’Euro sur une base purement contractuelle.  Que les sinistres moignons d’Etat fassent ce qu’on leur demande, à savoir conserver leur déficit dans la limite de 3% du PIB et l’endettement public en deçà de 60% du PIB et tout irait bien.  Jusque-là les Etats avaient des armes conjoncturelles, taux de change, politique monétaire et financière.  Dans le cadre de la zone Euro ces pouvoirs sont supprimés. La BCE n’a qu’un rôle vis-à-vis des prix qui doivent rester en deçà de 2%. L’objectif statutaire est unique.  Que se passe-t-il en cas de crise conjoncturelle mondiale ? Silence.  Que se passe-t-il en cas de distorsions internes ?  Silence.  On a mis la charrue avant les bœufs. Les bœufs ont naturellement piétiné la charrue qui ne marche plus.

On change ? Non. L’approche juridique et l’option européenne de principe sont des démons puissants. Tout cela a été fait (ou défait comme on voudra) pour la paix et le bien commun. Cela ne marche pas ? Tant pis ! On ne revient pas sur d’aussi beaux principes.

La dernière classe de démons du bien se trouve aux manettes de l’organisation monétaire internationale. Seuls les polémistes à courte vue peuvent prétendre que l’organisation qui a été mise en place est le fruit pourri d’une malveillance organisée.  Empêcher les Etats de venir gêner voire empêcher des relations économiques mondialisées par des contraintes abusives est un objectif défendable et même souhaitable.  La liberté n’est pas une contre-valeur.  Faire en sorte que chaque individu à travers le monde puisse aller et venir librement, s’établir librement, contracter librement,  au civil comme au commercial, acheter et vendre librement,  ce n’est que reconnaître un droit naturel de l’homme au monde. 

Construire un tel monde n’est pas une œuvre vaine et démoniaque.

Le diable une fois de plus n’est pas dans l’objectif mais dans les modalités.  L’organisation monétaire est  contingente. Ses modalités doivent être d’abord efficaces.  Pour servir une même fin,  une organisation peut s’avérer meilleure ou pire qu’une autre. Chercher la meilleure n’est pas  un exercice indifférent.

En voulant construire un système de libertés concrètes sur une organisation non coopérative, le monde occidental s’est trompé. Malheureusement les tenants de cette politique non coopérative et déséquilibrée assimilent l’organisation qu’ils ont choisie et les objectifs poursuivis.  Jupiter aveugle ceux qu’il veut perdre.

Le résultat est qu’il est impossible de mettre en cause le système des changes flottants qui est la base du G.20 et de toutes les relations internationales. Essayez, pour voir, de faire passer un texte qui remette en cause les changes flottants dans un cénacle international, dans un média qui se veut sérieux,  ou même auprès d’un éditeur : impossible !  Le tabou est trop fort.

Système monétaire malfaisant, système de l’Euro absurde, hyperfiscalisme français aberrant sont autant de montagnes impossibles à gravir car gardées par des démons du bien.

La crise entrera dans sa septième année en juillet 2013. Sept ans de malheur. Il est temps de jeter le miroir cassé de nos bonnes intentions  détournées de leur véritable finalité!  Les changes flottants ne sont pas la condition du  libéralisme économique international. L’Européisme aventuré n’est pas la condition de la construction européenne.   Le socialisme bureaucratique n’est pas la condition du social.

Il faut vaincre le démon du bien qui est en nous, même si l’enfer, c’est les autres, comme disait Sartre, un spécialiste.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.  

Mai 2013 : note d'ambiance

On se souvient que la conjoncture immobilière a basculé en septembre 2006, que les premières banques ont commencé à vaciller fin 2006-début 2007, que les marchés s'agitent dans tous les sens entre mars et mai 2007, signalant que les derniers feux de la flambée spéculative étaient en train de briller de la façon caractéristique d'avant explosion  : de brusques lueurs et un noir d'encre se succédant rapidement.

On vit même le directeur du FMI expliquer que les quelques tensions constatées étaient désormais résorbées. La folie sur certains marchés de nourriture essentielle  avait provoqué quelques émeutes. Certains y voyaient des signes de la bonne santé générale de l'économie.

 La BCE resserrait les conditions de crédits à peu près il y 7 ans,  jour pour jour, pour faire face "aux risques de dérapages inflationnistes" et d'exubérance des marchés. .

C'est l'époque où nous crions dans le désert : attention, la crise décennale arrive et elle sera : en avance, sévère, et mondiale.   

Le marché monétaire se bloque  fin juillet 2007 : la crise était lancée. Nous y sommes encore.

Sept ans !  Nous avons écrit à cette époque :" la crise sera sévère. Nous ne prévoyons pas une dépression de type de 1929, sauf si les Etats multiplient les erreurs économiques" (juin 2007).

Les erreurs vont se multiplier.

Aucune des causes de la crise n'a toujours  été publiquement diagnostiquée. Aucune mesure structurelle permettant de les juguler n'a été prise. Aucune.

Pour le monde, il fallait constater l'échec du système non coopératif des changes flottants associé à une liberté quasi-totale des mouvements de capitaux. C'est la double pyramide de crédits que cette organisation stupide a permise qui a ralenti le trend mondial régulièrement pendant quarante ans et aggravé les crises décennales.  C'est l'abandon des objectifs collectifs de limitation des déficits et des excédents de balances extérieures qui a fait passer les pays de l'OCDE de 150 à 400 ou 500% d'endettement global para rapport au PIB.

On a cru que les deux règles habituelles fonctionneraient : des déficits budgétaires associées à un relâchement monétaire important.  On n'avait pas vu que les relances keynésiennes ne marchaient plus de l'introduction des changes flottants. : trop de fuite dans le bocal !

Quant aux banques centrales, cela faisait tellement d'années qu'elles relâchaient de la monnaie à gros bouillon qu'on ne pouvait espérer une réponse particulière.

Le résultat : après avoir transféré  aux Etats les pertes des banques et donner un coup de fouet artificiel à l'activité en creusant tous les déficits publics,  le paquet invraisemblable de dettes non recouvrables de l'avant crise, entre 10 et 15 mille milliards de dollars, s'est accru des dettes de la crise elle-même, faisant peser sur tous les Etats un fardeau intolérable, en même temps que les banques étaient obligées de dégonfler leurs bilans, et que la panique déréglait tous les comportements.   

Sept ans après, Le commerce extérieur mondial a explosé. Il suffit de regarder la courbe du Baltic index pour voir qu'on est toujours au plus bas. La Chine est malade de son système financier et social déséquilibré.  Elle cherche toujours désespérément comment ne pas perdre l'essentiel du tas de dollars papier qu'elle a accumulé. 

Le Japon a compris que dans le désordre général des esprits et la débandade américaine il pouvait retrouver une bonne partie de son autonomie. Il vient de lancer une dévaluation compétitive majeure. Les journaux financiers anglo-saxons font semblant de ne pas être impressionnés. Tous leurs clichés apparaissent pour ce qu'ils sont : de la foutaise. La dévaluation japonaise marche et la croissance est un peu repartie, au détriment des autres pays du monde.

Les Etats-Unis sont englués dans des déficits intérieurs et extérieurs  gigantesques. La croissance et minable. La moindre crainte d'un abandon de l'alimentation en drogue monétaire par B. Bernanke provoque un sursaut hystérique du malade.

Les pays émergents longtemps soutenus par les replacements de dollars chinois en terrains agricoles, terres rares, commodities divers ( pétrole, charbon) , produits agricoles,  voient le bout de ce replacement. On n'était pas dans une croissance féconde et équilibrée, mais dans un spasme de précaution.   

L'Europe est en Berne. L'Allemagne qui est plus sensible à la conjoncture mondiale que la France commence à souffrir.  Les pays du sud talonnent après une violente dépression. Les banques espagnoles, on le voit, n'ont toujours pas digéré l'énorme excédent de placement immobilier des 20 ans précédents. L'Italie est atone.  Les politiques d'austérité sont remises en cause mais les outils qui ont été abandonnés par les états individuels ne sont toujours pas utilisés à l'échelon européen. L'arme des changes est purement et simplement ignorée.  La fragilité d'une zone euro sans armes ni pilote apparait pleinement.  La gestion par la norme sans instance de pilotage  conduit à la déflation généralisée.

Quant à la France !  Glacée par la dégelée fiscale accompagnée d'insultes que lui a infligé Hollande entre juillet et novembre 2012,, alors qu'elle était déjà au sommet des prélèvements et de l'étouffement administratif, la France s'est bloquée.

L es Français découvrent avec stupeur les taux d'imposition qu'on leur inflige. Le commerce est partout à l'arrêt. Les boutiques ferment les unes après les autres. les PME s'arrêtent. Le tissu industriel et commercial se défait. Le chômage explose.

L'économie française est en chute libre, tirée vers le pire  par une équipe dont la nullité satisfaite, agressive, idéologique  et désinvolte  a tout aggravé.  

Pour corser le tout, la météo française est pourrie depuis un an. Il n'a cessé de pleuvoir depuis le début de l'année. Le moral des Français est dans les chaussettes. Ils regardent leur bas de laine et se demandent combien de temps ils vont pouvoir tenir.  Ils voient bien que leurs ressources, volés par l'Etat sans la moindre vergogne,  s'épuisent.  Les jeunes s'expatrient.   Les plus âgés s'inquiètent  de ce qu'ils vont pouvoir laisser à leurs enfants si le grand âge n'a pas conduit à épuiser les réserves.  

Les voyous triomphent, bien aidés par un large partie du monde judiciaire  dont "le mur des cons" a largement révélé la mentalité. Ils n'ont pas pour mission de protéger la société mais de l'apaiser en étant durs au bourgeois et tendres au délinquant.

En ce mois de mai 2013, la France ne se révèle pas seulement bougonne, mais nerveuse et prise d'une colère rentrée contre toutes les bouches médiatiques qui lui demandent d'aimer les causes de leurs misères.

Nos commentateurs des médias , toujours positifs dès qu'il s'agit de leurs amis socialistes,  parient sur la conversion de F. Hollande. Ce serait un Schroeder et on ne l'aurait pas compris. Il n'a pas la majorité parlementaire de sa politique "sociale démocrate". Mais il y aura une recomposition politique : le hollando-bayrouïsme  est dans les tuyaux et va conduire le pays à l'extase. Le spectateur se tapote le menton.

Le citoyen, contribuable et homo economicus, lui, caresse des rêves de revanche électorale sévère.  

En attendant la France coule comme un fer à repasser, dans une Europe qui sombre doucement, au sein d'un océan mondial toujours déchaîné.  

Mai 2013 : un moment de la déprime française qui restera gravé dans la mémoire collective.

ISF : ils avaient bien menti !

Nous défendons depuis toujours l'abrogation de l'ISF, impôt abject dans ses motivations et ses modalités et déplorable dans ses conséquences.

L'ISF pose un problème national grave.

Il ne peut se déboucler que par la vente d'une partie de la fortune française à l'étranger. Est-ce réellement un objectif pour une nation ?

Il provoque,  pratiquement mécaniquement , la confiscation totale du revenu de certains contribuables.  Nous prétendons qu'utiliser la force publique pour saisir la totalité du revenu d'un citoyen est un abus de pouvoir et une déchirure du pacte social. Nous ne sommes plus face à une "contribution" mais à une spoliation et disons le tout net à un vol.

Nous avions chiffré entre 10.000 et30.000 les familles concernées par ce vol chaque année, l'ampleur des chiffres dépendant des impôts pris en compte et des chiffres de référence. Comme toujours, la réalité est compliquée et on peut jouer sur les bases, le champ d'impôts pris en compte, etc.

Il faut bien garder à l'esprit que les impôts directs ne représentent qu'une fraction minime des prélèvements totaux. Si on prend l'ensemble des rémunérations et qu'on leur rapport les impôts taxes et charges sociales directement à ceux qui font le chèque, nous pouvons aboutir à des nombres de Français payant plus de 100% d'impôts et de prélèvements très supérieurs à 30.000.

Les Echos puis le Monde ont publié le chiffre de 8200 foyers fiscaux  imposés à plus de 100% en 2012. Ce chiffre est dit "confirmé par le Ministère du Budget".

Notons au passage qu'aucune information n'est fournie régulièrement par les pouvoirs publics sur ce sujet sensible. Comme pour les départs à l'étrangers, le silence administratif et gouvernemental est d'or.  Ce qui est tout simplement une honte. S'agissant d'une spoliation manifeste, tous les députés de tous les bords devraient être vent debout pour obtenir toutes les clarifications nécessaires. Silence dans les rangs : il s'agit de "riches". N'allez pas salir votre image !  A droite comme à gauche.

Dans le cas d'espèce on n'a pris que les bases déclaratives (revenu  fiscal de référence et revenu s pris en compte dans le calcul du plafonnement).  Ce sont celles qui minorent le plus le phénomène en s'encadrant dans le processus fiscal étroit  de l'ISF.  On trouve 8010 foyers fiscaux entièrement spoliés  avec une hausse de 1. 610  foyers fiscaux entre 2011 et 2012 ou 2.789, selon les assiettes.

Ce qui veut dire que, avant même 2012,  et les saloperies électoralistes socialistes de M. Hollande, des milliers de Français payaient déjà plus de 100%, comme nous ne cessions de le dire et de l'écrire.

En supprimant le plafonnement en 2012, Hollande a sciemment aggravé les spoliations.  Mais, le système précédent n'était pas plus juste. Juppé avait même supprimé le plafonnement en 95 !  

Si on ajoute les autres prélèvements, le nombre des Français qui paient plus de 100% d'impôts est supérieur à 30.000.  Ce qui explique l'exode des fortunes depuis des années.

 

Ce premier aveu t public depuis quarante ans est pour nous une grande avancée.  Car nous vivons depuis quarante ans dans le déni.

La première réponse, lorsque nous parlions de ces milliers de Français, était toujours la même : ce n'est pas vrai. Ce n'est pas possible.

Les intervenants ou les interlocuteurs de gauche ne voulaient pas d'une qui leur posait tout de même un problème. Prendre 100% du revenu d'un citoyen est intolérable quelque soit le bord politique.

Même à droite, on ne voulait pas entrer dans ce débat. Surtout parce que les dirigeants de la droite, Juppé et Chirac en premier, mais Sarkozy  a mis ses pieds dans leurs traces,  avaient décidé que cette mesure "symbolique" avait un coût d'abrogation trop lourd électoralement.  

Sur ce blog lorsque nous avons écrit que l'abjecte  mesure Hollande allait multiplier les familles spoliées entièrement de leur revenu par l'impôt, beaucoup des commentaires ont nié cette possibilité, vue comme une outrance polémique.

Il n'y avait aucune outrance polémique.   La réalité, simplement la réalité.

Lors de l'affaire Depardieu , le Parti socialiste a menti sur cette question. L'abruti malsain qui dirige le PS comme factotum du déplorable Hollande, a crié que personne ne pouvait payer 85% d'impôts en France.  Ayrault , Moscovici et toutes les bouches à feu du PS ont embrayé le pas. Même M. Zemmour a considéré que M. Carrez en faisait trop en parlant de "quelques centaines"  de spoliés complets, dont "la veuve de l'entrepreneur".

La vérité est désormais partielle mais acquise.

Une dizaine de milliers de foyers sont spoliés de tout leur revenu., selon les critères les plus étroits.  Nous affirmons que plus de 40.000 foyers fiscaux ont payé en 2012 plus de 75% d'impôts sur les mêmes bases (les estimations vont de 40 à 100.000 selon la manière dont on les prend).  

 Hollande, Ayrault, Eckert et Moscovici ont tenté de tourner le jugement du Conseil Constitutionnel en augmentant artificiellement les bases du revenu (il suffisait d'y faire entrer les plus values non réalisées). Ce dispositif a été à son tour retoqué.

Mais jugeons ces hommes  : ils veulent de toutes leurs forces, prendre plus de 100% de leur revenu à des milliers de Français ! Ils ne méritent qu'une chose : l'inéligibilité à vie,  la privation totale de revenu pendant 5 ans et l'indemnisation des victimes sur leurs biens propres..

Il n'y a pas de démocratie possible quand 100% du revenu  est prélevé sur une famille en temps de paix. Il n'y a même plus de liberté. On fait jouer aux fonctionnaires de la DGI un rôle abject d'auxiliaire de la prédation. C'est abaisser l'administration fiscale que de leur demander de voler tout le fruit du travail des citoyens.

Le problème de l'abjection violente d'Etat, c'est qu'elle gangrène tous ceux qui y prennent part.

Il en faut pas croire que tous les fonctionnaires des impôts sont heureux d'augmenter leurs primes en volant la totalité du revenu de quidams qu'ils ont devant les yeux.  La gestapo et le NKVD ne sont pas les idoles des contrôleurs fiscaux !

Le fait qu'une personne, une seule, puisse être victime de la capture de tout son revenu devrait être un scandale national et provoquer une véritable insurrection des consciences.

"NON NOUS NE VOULONS PLUS DE CELA. JAMAIS ! L'ETAT NE SERT PAS A CELA"

Même George Marchais dans ses envolées pré-mélenchonesques n'évoquait de "prendre tout" qu'au-delà d'un certain seuil.

Comment la droite réagit-elle à ce qu'elle a sciemment fait en le cachant ?

Comment la gauche réagit-elle maintenant que les chiffres sont publics ?

La presse va-t-elle engager le débat ?

Le Conseil Constitutionnel peut-il désormais ignorer que les mesures qu'il accepte conduisent à la spoliation totale du revenu des citoyens ?   

Gageons qu'une fois de plus le silence retombera. L'injustice sera minimisée et évacuée.

En 2013 un dispositif de plafonnement va être rétabli. On tombera à 5-600 foyers spoliés à 100%  dans l'indifférence générale.  On sera toujours entre 40 et 100 000 foyers payant entre75 et 100% de prélèvements de toute nature. La France sera toujours à l'encan.  

Maintenant que la vérité est établie et incontestable, même pour le plus borné des croyants socialistes,  disons le crûment :

Il n'existe aucun fondement d'aucune nature  à un prélèvement de 100% du revenu d'un citoyen. Quiconque détourne la puissance publique pour  priver un citoyen de son revenu commet un abus de pouvoir.  Il doit être condamné et exclu définitivement  de la communauté des citoyens Français : perte de toutes décorations ; perte de l'éligibilité ; perte de la nationalité française. 

En maintenant un tel système et en l'aggravant à plaisir, M. Hollande est dans la délinquance politicienne  obscène et infâmante, pas dans la République ni la démocratie.

La triomphale première année de M. Hollande

La campagne électorale de 2012 avait été lamentable. Les deux  camps avaient fait assaut de démagogie et cherché l'avantage par la stigmatisation de boucs émissaires.

"Moi président" l'avait emporté, non pas du fait de propositions particulièrement adaptées à la situation, mais parce que Nicolas Sarkozy avait été usé par la crise, dévalorisé par son style, et décrédibilisé par trop de demi mesures. En terme d'emploi, de dépenses publiques, de dettes  et de pression fiscale, son quinquennat se terminait sur un grave constat d'échec.  On ne peut pas venir au pouvoir en annonçant une rupture et ne pas la faire.  On ne peut pas venir au pouvoir en annonçant une hausse de la croissance et prendre en pleine figure la plus grave récession depuis 1929.  

Le programme de M. Hollande avec son fatras d'imprécations et de mesures "sociétalistes" et socialistes n'augurait rien de bon.  Il était totalement incompatible avec la situation de l'économie française, au sein de l'Europe et de l'Economie mondiale.

Un an après, le dit sociétalisme a dominé toutes les préoccupations du Président.

Conformément  à une idéologie larvée depuis 1968 et dite "de la libération",  F. Hollande, totalement ficelé par l'Europe sur le plan économique et budgétaire, enserré dans le corset de l'Euro, a joué la carte de la "réconciliation et de l'apaisement de la société française", qui aurait été brutalisée par les "réactionnaires" conduits par Nicolas Sarkozy.

M. Hollande a  fait sa révérence successivement :

- aux homosexuels et à la poignée de militants des mouvements "gays" d'origine anglo-saxonne et qui ont commencé à se faire entendre avec le Sida.   

- aux Juifs avec des commémorations renouvelées

- aux africains puis aux noirs en général, en s'appuyant sur la CRAN

- aux délinquants, "victimes de contrôles au faciès" et de prisons "criminogènes".

- aux arabes victimes de la colonisation .

- aux syndicalistes violents et condamnés qu'il s'agissait soudain d'amnistier.

Pour les Roms, qui exaspèrent les Français,  on a d'abord voulu une démarche "humaniste", puis on les a utilisés pour montrer que Valls ne badinait pas avec  leur forme de délinquance, et finalement, on se retrouve avec des condamnations  judiciaires qui conduisent à leur verser 75 Euros par jour par personne tant qu'on ne les héberge pas.  

On ne voit guère de minorités agissantes qui n'auraient pas été honorées et dont les revendications n'auraient pas été satisfaites.

On glosera pour savoir s'il s'agit d'une diversion  politicienne qui permet de camoufler un échec économique sensationnel, ou encore de concessions à son extrême gauche, tendance gauchiste,  ou de la réelle conviction qu'en donnant des gages à d'anciens "dominés"  on faisait œuvre d'apaisement.

Toujours est-il qu'en servant à ce point les minorités, Hollande posait la question de ses relations avec la majorité de la population française, qui accepte ou revendique ses racines "chrétiennes", qui considère  que l'ampleur de immigration commence à poser la question de l'identité nationale et qui travaille généralement plutôt dur en s'inquiétant de son patrimoine écorné par la crise et de son emploi ou de celui de ses enfants.

Une première réponse a été la répression des manifestations contre le mariage homosexuel et la dénaturation du sens de la filiation. Elle s'est accompagnée d'une propagande féroce via les médias publics aux ordres et des relais d'opinions habituels. L'attitude politique personnelle de M. Hollande est marquée par la provocation.  Il aime narguer. Aucune dialogue présidentiel avec les représentants des manifestants ; examen de la loi  promulgation avec une rapidité exceptionnelle , à peine un jour après la décision du Conseil Constitutionnel ; Décret d'application promulgué précipitamment afin de permettre le premier mariage homosexuel avant la fin mai.

La "bourgeoisie honnie", qu'en effet il dit "ne pas aimer", a été massacrée fiscalement en même temps que le gouvernement, lui-même,  menait une campagne de haine et d'insultes. Pendant des mois  on a vu des membres du gouvernement prendre à parti "les patrons voyous", nécessairement voyous,  les licenciement "boursiers", nécessairement boursiers,  les patrons menteurs comme Lakshmi Mittal, les repreneurs  inconvenants, comme ce M. Taylor qui se permettait de traiter de fainéants les Cégétistes  d'une entreprise de pneus qu'ils avaient consciencieusement ruinée par leurs exigences.  

Déviance rarissime, des attaques "ad hominem" ont été menées non seulement par la presse "amie", mais montées directement  de l'Elysée. Les "éléments de langage" contre la révolte à grand spectacle de  Depardieu ont été élaborés par la cellule de l'Elysée sous la direction directe de F. Hollande. On a vu pratiquement tous les ministres,  et le Premier d'abord, se livrer aux joies de l'insulte coordonnée contre le plus grand de nos acteurs nationaux.   Il semble que F. Hollande ait considéré qu'il avait gagné les élections présidentielles grâce aux injures anti-Sarkozy  et que la formule lui permettrait de redresser son imageen dressant l'opinion contre un opposant médiatique qui faisait de gros dégâts dans l'opinion.

Patatras ! La campagne d'injures s'est retournée contre son auteur qui est passé aux yeux des Français pour un politicien sans scrupule et indigne de la fonction. On ne gouverne pas en déchaînant la haine contre des individus. La famille Peugeot avait été insultée peu avant, comme  Bernard Arnaud, le patron de LVMH.

Les Français ont découvert que M. Hollande n'était pas "Flanby le gentil mou de Corrèze" adepte de la social-démocratie. Les spécialistes se sont rappelé qu'il militait à l'UNEF communiste et pas à l'UNEF socialiste. Ils ont su que son père était  bourgeois et riche, adepte de Tixier-Vignancourt et de l'OAS. Lui-même avait été élevé dans la soie. L'absence de scrupules se doublait d'un problème de personnalité œdipien à l'adolescence.   

Le trait de caractère le plus net  de F. Hollande se découvrait en entier : une désinvolture faussement rigolarde et passablement aigrie.  Désinvolte avec ses compagnes,  désinvolte vis-à-vis du Parti socialiste qu'il a mené à la confusion, désinvolte vis-à-vis des méthodes employées, désinvolte vis-à-vis des engagements les plus solennels pris  au nom de la France avec des instances qui la contraignent.

Nombre d'analystes découvrent que le portrait de lui-même que dessine sa première année de présidence n'est pas celui d'un politicien social-libéral obligé de composer avec sa gauche débile ,  ou d'un tacticien sympathique sachant se faufiler entre les gouttes. Ils ont vu  apparaître un Narcisse  aigri contre sa classe et  cherchant à s'assouvir dans des destructions symboliques et fiscales.

Désormais ils l'écrivent sans fard. L'intérêt général ? Aucune importance pour M. Hollande. Il a le pouvoir ; des communicants à sa botte ; une masse de fonctionnaires et de pauvres dans la dépendance directe de ses décisions et sensibles à la démagogie.  Pourquoi s'occuperait-il d'autres chose que de son nombril et de ses passions ?

Espérons que ces analystes ont tort.

Sur le plan économique, en revanche, il n'y a pas discussion. Son action a été doublement désastreuse.

Il a commencé par un immobilisme destructeur. Il fallait défaire tout ce qu'avait fait son prédécesseur, sans se rendre compte que la crise s'accélérait et exigeait une réponse immédiate et ferme.  

Puis il a décidé de faire payer à "10% de la population 90% du coût du redressement des comptes de la nation". Le choc fiscal, associé aux propos haineux, a créé une telle glaciation des comportements que la France s'est littéralement arrêtée. La perte de pouvoir d'achat global a été amplifiée par une stupeur qui a bloqué tous les investissements.  En six mois la France retrouve la récession. Cinq ans après le déclenchement de la crise décennale. Du jamais vu !

On connait les résultats : des centaines de milliers de chômeurs en plus ; la fuite des cerveaux et des jeunes dynamiques. L'explosion des faillites, la montée des impayés à des sommets ravageurs. L'expatriation des familles fortunées. Les projets démarrent ailleurs. Aucun des objectifs annoncés n'a été tenu.  Le Président Hollande n'est plus soutenu que par  20 à 25% des Français et ne fait plus que de la Com' et des opérations images.  Les relations avec l'Allemagne sont  au point mort.  Le moteur de l'Europe est à l'arrêt.  Le déréliction de la France devient le point de mire du monde entier. Si la France finit par sauter, l'Europe saute et le monde entre dans la dépression.

Un désastre comme la France en a peu connu en temps de paix.

Si nous nous en tenons à nos propres analyses et clés d'interprétation, la première année Hollande a tout d'une année perdue, voire régressive.

Notre théorie veut qu'il faut réorganiser le système monétaire international, donner un pilote et une cabine de pilotage à la zone Euro et revenir sur la folie fiscale française.   

Sur le front international Hollande n'a rien dit, rien fait et convaincu personne de quoi que ce soit. Le monde continue son chemin et se moque bien des fadaises hollandaises. La dévaluation sauvage du Japon lui permet d'arracher de la croissance aux autres pays (3.5% ce n'est pas rien). Le gaz de schiste honni en France permet le redémarrage ds Etats-Unis.

Sur le Front Européen, les manquements successifs aux engagements pris ont fait perdre tout crédit à la France. Hollande est un sujet de désolation  après avoir été celui d'une curiosité distante.

Sur le front français, c'est Gamelin , le bravache, capitulant en rase campagne après avoir fait tout ce qui fallait pour aggraver tous les maux de la France et n'en avoir corriger aucun.  Le cœur de l'affaire est pourtant simple : la France ne peut pas continuer à dépenser et prélever plus que ce que les entreprises produisent.    Nous avons deux fois plus de fonctionnaires que les Allemands,  ramené à le tête de citoyen, alors que plus aucun ministère  ne fonctionne.  Les entreprises accablées de charges et de rigidités, perdent constamment des parts de marché. Il fallait donc continuer avec la TVA sociale et redimensionner le secteur public, dans toutes ses composantes.  Hollande a fait l'inverse.

Avec les résultats monstrueux que l'on sait. La France est désormais très clairement menacée dans son avenir économique.  La "boîte à outils" du président socialiste n'a qu'un intérêt de propagande : redonner, sous conditions, aux entreprises ce qui leur a  été pris pour qu'elles disent merci, n'a pas de sens autre que politicien !Employer l'argent public à sortir des statistiques des centaines de milliers de chômeurs pour pouvoir crier victoire à la première baisse des chiffres n'a de sens que politicien

Pour le reste la hausse fiscale va continuer. Elle prendra la forme de suppression de "dépenses fiscales"  ou de prestations "aux riches". On va faire payer de plus en plus ceux qui seront privés de plus en plus des prestations publiques.  On parle non seulement de supprimer les allocations familiales pour "les riches" mais aussi les remboursements maladie. On évoque la progressivité de l'impôt aussi bien pour le foncier que pour l'habitation. Les retraités, considérés comme des riches, seront plumés : augmentation de la CSG, suppression des emplois de service partiellement dégrevés de charges,  impôts et taxes rendus encore plus  progressifs, perte de pouvoir d'achat des pensions.

Actuellement  la France a un nombre de salariés égal au nombre des retraités (autour de 16 millions).

Elle a le double du nombre de fonctionnaires que la plupart des autres pays, rapporté à sa population.

Sa dépense publique et ses prélèvements dépassent la valeur ajoutée produite par ses entreprises du secteur marchand industriel et commercial.

Elle est dirigée par un homme imbu de lui-même, pervers, désinvolte jusqu'au sardonique et qui fait exactement l'inverse de ce qui serait nécessaire.   

L'anti-société qu'il veut achever de mettre en place  n'est pas une société.

Le culte des minorités agissantes ne saurait être confondu avec celui de l'intérêt général.  Une politique fiscale répressive, une politique économique dépressive, une politique budgétaire laxiste, et un discours haineux  ne font pas une politique  de redressement national.  75 à 80% des Français ont le sentiment d'être sous la coupe d'un pouvoir spoliateur  qui leur est étranger et ennemi.

Les pessimistes penseront  qu'on en est revenu au temps du chagrin et de la pitié.  Les optimistes penseront qu'il reste quatre ans, que la sortie de la crise mondiale finira bientôt par se produire, que des réformes en Europe permettront de remonter le courant, qu'il fallait bien laisser le temps à M. Hollande d'apprendre son métier de président et de comprendre la gravité de la crise,  que si  ses calculs initiaux ont été  démentis par les faits,  la gauche de la gauche est désormais muselée, que les promesses aux uns et autres sont désormais tenues. On peut désormais  jeter par-dessus les moulins la phraséologie électorale….

En un mot, Hollande serait un comédien et un joueur qui aurait raté le premier acte mais qui se rattrapera dans le second, l'acte où le livret n'est pas écrit et qui permet donc toutes les improvisations utiles.  

Après avoir été offensant, il deviendrait offensif.

Pour ces amateurs de politique fiction, la dernière conférence de presse  aurait marqué un tournant "pro business".  Bien sûr la parole est toujours socialiste mais ce serait un masque pour faire tenir tranquille les forces obscures du socialisme attardé, et, spécifiquement, M. Mélenchon.

Sur l'Europe, la France reviendrait dans le jeu par une promotion  du  fédéralisme permettant la création d'un "véritable gouvernement économique". 

Dans le monde la voix de la France se ferait entendre grâce … Grâce à quoi ? On ne sait trop.

F. Hollande aurait de toute façon bien raison de faire des plans sur la reprise mondiale qui tirera la Franc de l'ornière : toutes les crises ont une fin.  Maintenant que les Etats-Unis repartent, que les bourses sont au plus haut,  laissons l'énorme pompe fiscale mise dans la poches des Français aisés cracher les ressources nécessaires  à la consolidation budgétaire.

Et on verra bien.

Une France sans capitalisme, sans capitaux, sans capitalistes, et totalement immobile, où les investissements purement français sont impossibles faute d'investisseurs,  où il n'y a plus de familles capables de prendre en main des secteurs de croissance, où les entreprises du CAC font l'essentiel de leur chiffre d'affaire à l'étranger, où le capital risque est mort à peine né, va certainement redémarrer sur les chapeaux de roue.  Les canards dont la tête est coupée continuent bien à courir !

Selon  ces voix, la France ne serait  dans un an qu'à 100% de dette publique/PIB.  Le secteur marchand ne devrait perdre que 300 à 400.000 salariés. 

Le nombre de Rsa-rmistes ne devrait dépasser que de peu les 2.200.000.

Les camps de Roms qui sont passés d'environ 250 en 2007 à 575 en 2011, ne devraient atteindre que le millier, avec en moyenne 500 personnes par camp.  Ceux  qui agitaient la peur de voir les 10 millions de Roms devenus  européens et disposant de la libre circulation accourir en France, en seront pour leurs craintes.

Il est peu probable que l'on parvienne à dépasser les 13.000 vols, les 2.000 agressions et les 200 viols par jour  qui sont la marque française depuis plusieurs années maintenant  et dont finalement on se satisfait.  Qui peut vraiment croire que les cambriolages à Paris croitront à nouveau de 40% dans l'année à venir  ? N'aurait-on pas confiance dans l'excellente politique carcérale de Mme Taubira. ?  

Le bilan sociétaliste de la seconde année sera certes moins brillant, maintenant que les homosexuels militants  peuvent parader en mairie,  avec un chiffon de papier "bourgeois" que méprisaient les soixante-huitard primitifs et que l'actuel Président regarde avec les distances nécessaires.  On se souvient du film de Bunuel où une bande avinée de clochards profanaient une robe de mariée, symbole par excellence de l'aliénation bourgeoise.   

La seconde année de gestion socialiste assumée du pays sera certainement un grand moment d'intelligence gouvernementale et de renforcement de la nation.

Nous allons finir de passer de la nuit à la lumière.

Rendez-vous en mai 2014, mais avec les lunettes spéciales qui permettent de suivre les éclipses solaires.   

L'étrange nature du dépôt bancaire

Le dépôt bancaire est, partout, une curiosité juridique. Les débats purement juridiques sur sa nature sont d'une complexité rebutante. S'agit-il d'un contrat spécifique ? Entre-t-il dans la législation générale sur les dépôts mais avec des variantes ? Les arrêts pris par les plus hautes autorités du droit  sont contradictoires. Un jour il s'agit d'un prêt, un autre d'un dépôt mais avec des règles spéciales, un autre d'un contrat implicite sui generis. On peut ratiociner à l'envie sur les différences entre compte courant, dépôt à vue, compte bancaire etc. Un véritable marigot.

Les seules caractéristiques qui soient claires :

- Le déposant perd la propriété de son "dépôt". La banque peut faire ce qu'elle veut de la liquidité qui figure dans ses comptes. Le bénéfice lié à l'usage de ce bien rentre dans le compte de résultat de la banque, pas dans celui du déposant. Il y a bien dépossession du déposant. Même si c'est une commodité de langage, on ne peut parler de prêt à la banque puisqu'aucune rémunération du déposant n'est prévue.

- En contrepartie, la banque se fait obligation de lui rendre son dépôt sur première demande.

Le déposant est bénéficiaire d'une obligation de la banque. Obligation qu'elle pourra, ou non, respecter.

On distingue traditionnellement deux circonstances où la banque ne peut s'acquitter de cette obligation :

- La crise de liquidité : la banque se voit sommée de restituer le dépôt sous une forme monétaire dont elle ne dispose pas en assez grand nombre. C'est généralement le cas quand une ruée des déposants se produit à la suite d'une perte de confiance générale dans la solidité du système bancaire.

- La faillite : la banque a placé de façon aventurée les sommes qui ont été mises dans ses comptes. Le capital ne suffit pas à éponger la perte. Le déposant ne reverra son argent que si la liquidation permet de solder une partie des obligations de la banque.

L'Etat et la banque ont des intérêts liés. Ce sont les banques qui font la trésorerie de l'Etat. Les opérations de paiements étant traçables via les banques, la surveillance des revenus et des avoirs des contribuables est grandement facilitée par la tenue de comptes bancaires. L'économie elle-même ne peut fonctionner correctement que s'il n'y a pas trop de thésaurisation. Si la production ne voit pas sur les marchés la demande équivalente se présenter sur les marchés, des pertes se produiront.

Au nom de l'intérêt général de l'économie et de son intérêt propre, l'Etat a complètement organisé le "dépôt" en limitant les libertés des déposants.

L'Etat, au nom de la transparence des revenus et de leur contrôle, impose le paiement bancaire, alors que le chèque et le virement n'ont pas cours légal. Désormais il est impossible de payer un bien au-delà d'une certaine somme sans passer par une opération de compte. En France, le niveau est de 3.000 Euros. De même il est interdit de se promener avec de la monnaie dans ses poches au-delà d'une somme de 10.000 Euros. On ne peut solder un compte bancaire que dans un autre compte bancaire. Les salaires doivent désormais être virés sur un compte bancaire.

Cette dernière opération s'analyse comme l'extinction de l'obligation de l'entreprise de payer un travail par transfert vers une obligation de la banque de fournir le service du compte ou de la liquidité banque centrale sur simple demande. Il s'agit d'un transfert d'obligation.

Les banques ont, à loisirs, rendu complexe le retrait bancaire. Les GAB, les automates bancaires, ont la double fonction d'économiser des employés en renvoyant le travail ancien du guichetier sur l'usager, et de les empêcher de récupérer trop de liquidités d'un coup. Certaines d'entre elles, en violation de la loi, imposent de passer par le GAB, c'est à dire par une carte bancaire payante pour effectuer un retrait. D'autres fournissent une simple carte de retrait mais sans pouvoir sortir de grosses sommes. Des formes plus subtiles consistent à renvoyer sur une agence centrale la sortie de liquidité au-delà d'une certaine somme. Cette agence pourrait être au milieu de l'océan et uniquement accessible à la nage au milieu des requins que les dirigeants de la banque n'hésiteraient pas. Il faut en plus faire une demande plusieurs jours à l'avance, afin de préparer la sortie de fonds. Tout est fait pour rendre  non liquide le compte bancaire.

En 2008, après l'affaire Lehman-Brothers, nous avons assisté à ce spectacle : un client de la banque postale dans un guichet du XIVème arrondissement exigeait qu'on lui verse aussitôt les 300.000 Euros de son compte. Ce tempétueux sexagénaire, inquiet pour l'avenir de son épargne, n'obtint du chef d'agence que cette réponse : nous ne sommes pas habilités à vous verser une telle somme qui imposerait un transport par une société de sécurité !  Par faveur spéciale, le chef était prêt à lui faire un versement de …mille Euros !

Vous avez dit "droit de propriété" !   Vous n'avez plus aucun droit de propriété sur votre "dépôt". La banque n'a qu'une obligation de vous rembourser selon les modalités qu'elle décide ou que la loi, généralement obtenue par le lobby des banques, lui "impose".

Le système bancaire reçoit donc chaque mois la totalité des salaires et revenus versés par les employeurs ou les caisses de retraite et restitue cet argent au fur et à mesure des paiements et des retraits. Les paiements généralement reviennent aussitôt dans le système bancaire, dont la trésorerie nette est quasiment constante. Les fuites, sous forme de détention de monnaie banque centrale (disons pour simplifier les billets et les pièces) sont réduites au strict minimum.

Pendant longtemps la liquidité était une monnaie métallique ayant valeur propre (or et/ou argent). Les Etats ont démonétisé l'or et l'argent, et rendu impossible la création de billets par les banques. Le billet n'est plus un titre échangeable contre de l'or ou de l'argent. Et il ne dépends plus de la plus ou moins grande confiance que l'on a dans l'émetteur privé du billet.  Il n'y a plus en général qu'un seul institut d'émission qui est en même temps la banque centrale.

Rien n'imposait vraiment l'existence d'une banque centrale. Une crise de liquidité des banques pouvait se traiter par l'intervention d'organismes de second rang permettant le réescompte des titres de placements des banques primaires, en contrepartie de liquidités gérées par l'organisme de second rang.

Une très forte tradition, notamment aux Etats-Unis, persiste à considérer que l'étatisation complète de l'émission de billets ayant seuls cours légal,  et de la gestion par une banque centrale publique de la liquidité du système bancaire, est une exaction pure et simple. L'Etat  exploite son avantage. Les banques gèrent le reste. Le citoyen est à la merci des deux grands prédateurs.

Les banques expliquent le prodigieux avantage que lui confère le droit d'user à sa guise de dépôts quasiment obligatoires par la gratuité des services qu'elle rend :

- La "sécurité" des fonds déposés.

- Les facilités de paiements

- Les autres services financiers qu'elle peut rendre comme les placements de trésorerie ou la gestion de placements à plus longs terme. .       

Notons que cette notion de sécurité est particulièrement ambigüe : la banque garantit contre les risques de vol mais pas contre ceux de sa propre faillite.

La notion de gratuité est également sujette à caution. Pratiquement tous les moyens de paiement sont désormais payants à l'exception du chèque et du retrait par le GAB (dans la mesure où il est fait en France dans le réseau de la banque). Sinon les frais s'accumulent. Une grande partie des économies de personnel des agences bancaires ont été obtenues en renvoyant vers le client le travail effectué précédemment par le guichetier. C'est le cas aussi bien pour les opérations aux Gab qu'aux opérations par l'intermédiaire du WEB.

Les banques recevant des dépôts en quantité significative sont très peu nombreuses. 10 banques s'en partagent 95% et les quatre premières quasiment 60%.  

Le sommet absolu de ce système serait qu'il n'y ait plus qu'une banque de dépôt unique avec interdiction de toute transaction en liquide. Les citoyens ne disposeraient que d'un droit de faire circuler des traces électroniques de leurs avoirs liquides  de leur compte à celui d'un tiers. 

La fusion de cette banque centrale des dépôts avec la banque centrale, donnerait le sommet de la rationalité bancaire : une banque faisant ce qu'elle veut quand elle veut sans jamais aucun risque de liquidité.

Mais pas sans risque de faillite. Car que se passerait-il si l'enflure conjointe des crédits et des dépôts finançait des opérations irrécouvrables ? La superbanque irait-elle se refinancer directement dans la poche du contribuable ? Ou provoquerait-elle une inflation phénoménale ? Le régime soviétique a montré la voie : on donnait des signes monétaires et on bloquait les prix. Mais il n'y avait rien dans les magasins. L'ennui : le papier monnaie n'est pas comestible. Dans la pratique, la monnaie ne jouait plus de rôle et c'est un quasi système de rationnement qui était mis en place.

Dans notre système capitaliste bancarisé actuel, les contradictions sont partout.

Le schéma précédent ne tient pas compte d'une des fuites principales : les échanges internationaux. Les monnaies nationales ou plurinationales comme l'Euro n'ont aucune autre valeur d'échange entre elles que ce que le cours des marchés de devises fait apparaître. les Etats ne garantissent plus rien. Ils se sentent entièrement dégagés des obligations anciennes des traités. Excédents gigantesques et permanents cohabitent avec des excédents symétriques. Comme le compte électronique de devises ne se mange pas, il faut bien en faire quelque chose d'autre.  On a vu sur ce blog qu'on le replace chez le débiteur et qu'on force un gonflement systémique de la dette qui finit par exploser et provoquer une gigantesque récession.

A l'intérieur de la zone Euro, les déséquilibres commerciaux entraînent ipso facto une concentration de la monnaie dans les comptes du pays excédentaire. Les banques des pays déficitaires s'assèchent et doivent emprunter leurs liquidités pour survivre sur le marché international ou chercher des dépôts en proposant des avantages (secret bancaire comme à Chypre, haut taux d'intérêt ailleurs en contrepartie d'opérations de prêt dangereuses).

Les déséquilibres deviennent tellement forts qu'une tempête est inévitable.

Que font les Etats quand elle survient ? Dans un premier temps ils pensent que les bonnes recettes du temps des changes fixes mais ajustables suffiront. Ils laissent filer les déficits publics et ouvrent les vannes monétaires des banques centrales. Pour éviter la panique, ils renflouent les établissements bancaires en crise de liquidité et garantissent les "dépôts". En un mot ils se portent caution des obligations de leur système bancaire.  

La récession va tellement gonfler les déficits budgétaires que ce sont des milliers de milliards supplémentaires de dettes supplémentaires qui s'ajoutent aux dettes irrécouvrables et menacent la stabilité de l'ensemble.

La réalité est que le système bancaire mondial est actuellement en faillite virtuelle mais qu'il ne faut pas le dire.

L'affaire de Chypre a démontré que les Etats abandonnaient désormais les banques y compris les "déposants".

On arrive à cette situation psychédélique où les Etats, pour leur intérêt propre, imposent le recours au compte bancaire sans plus le garantir, sauf pour de petits montants. Les citoyens doivent, de force, mettre leurs liquidités sous forme de compte-courant, c'est-à-dire même pas de prêts à la banque, mais en contrepartie d'un simple droit de virer la valeur du compte à des tiers ou à retirer des liquidités banque centrale dans des conditions compliquées et restrictives, si la banque le peut !

En même temps la banque dispose d'énormes liquidités banque-centrale qu'elle replace à la banque centrale ou qu'elles utilisent pour faire des prêts aux Etats. Une ressource quasi gratuite avec un réemploi quasi automatique permet une gain facile, tout en ruinant les Etats, sans rassurer les déposants.

Les banques centrales sont gavées de collatéraux d'une qualité pour le moins problématique.

Tout cela est incohérent et branlant.

Tout le système monétaire et de crédit est à reconstruire sur des bases plus sérieuses et plus solides.

Tel qu'on est parti le risque est celui d'une explosion radicale et d'une crise sauvage pire que celle de 1929.  Car les Etats désormais seraient impuissants à juguler un nouveau tsunami bancaire. L'affaire de Chypre a montré qu'ils s'y préparaient, au moins en Europe, en acceptant la faillite de banques et la perte non seulement du capital mais à due concurrence des obligations de la banque, dont l'obligation de rendre l'argent déposé sur première demande.  

L'ennui, pour sortir de ce marigot, c'est qu'il faut résoudre trois problèmes en même temps.

- Sortir des effets de la crise actuelle

- Mettre en place un régime "normal" du système bancaire mondial

- S'assurer des mécanismes de gestion de crise bancaire, notamment à l'occasion des crises décennales.

La seule chose qui soit sûre est qu'il vaudrait mieux :

- au sommet, mettre en place un étalon global de référence avec des monnaies aux changes fixes mais ajustables avec interdiction des gros excédents et des déficits symétriques.

- à la base, instituer un contrat de dépôt sans perte de propriété, qui ne permettent pas aux banques de faire ce qu'elles veulent des sommes versées. Cette notion de banque de paiement est réfutée totalement par les banquiers qui préfèrent disposer d'une ressource assez peu chère et jouer sur tous les tableaux. Mais en forçant les banques à disposer de liquidité uniquement par l'emprunt (placement de titres de trésorerie, comptes à terme, fonds divers etc.), elles seraient obligées de proposer avec clarté l'emploi qu'elles comptent faire des sommes prêtées. Le risque serait étalonné comme dans tous les placements et apprécié par le déposant. Alors qu'un dépôt est aujourd'hui un chèque en blanc donné à la banque.  

les Etats ne seraient plus obligés de garantir les dépôts.  En cas de crise les particuliers et les entreprises garderaient au chaud leur épargne liquide. Les banques ne pourraient pas faire trop de "transformation" et seraient surtout amenées à vérifier la rentabilité des projets financés et d'ajuster les durées d'emprunts et les durées de prêts.

Bien sûr un tel système n'éviterait pas les crises périodiques. Le risque d'un "credit crunch" lié à la méfiance des particuliers et à leur préférence pour la liquidité serait fort. Mais la stabilité globale étant meilleure, il n'y n'aurait pas de risques de très gros dérapages. La banque centrale pourrait de toute façon faciliter temporairement le financement à court terme des banques ou celui des Etats pour compenser les défiances.

Le coût du système des paiements deviendrait apparent. Une concurrence plus claire sur les services permettrait de faire baisser les coûts de transaction, mais cette fois ci au bénéfice du client , pas de la banque. L'internationalisation des moyens de paiement serait facilitée, car le bon fonctionnement d'un système de banques de paiements n'imposent pas de banques centrales ni de surveillance des crédits. Il s'agit de pur service.

Actuellement la gestion sécurisée des crédits cannibalise l'organisation des systèmes de paiement. Il faut libérer le système de paiement du système des crédits.

Les crédits doivent être fondés sur le placement pas sur le dépôt.

Une jolie révolution, dont personne ne parle publiquement, évidemment. Toute la presse est dans les mains des banques !

Que faire de la SNCM ?

L'avenir de la SNCM est engagé. Depuis trop longtemps cette entreprise est une vache à lait. Elle est envahie par toute sorte de mafias.

Une seule anecdote : chargé par l'actionnaire principal de l'époque, la société SOFIA avais équipé une société sous-traitante chargée de découper la viande afin de tenter de limiter les vols à bord. Peu après le lancement de cette société le personnel de garde s'était retrouvé attaché à un arbre, nus, dans l'arrière pays. Et l'usine avait sauté.

La société a évidemment disparu.

Entre les syndicats, les mafias corses et la législation française, il est impossible de faire fonctionner une ligne normale entre le continent et la Corse. Corsica Ferry  est soutenu par certains "milieux" corses. Et souhaitent la fin de la SNCM. D'autres et parfois les mêmes souhaitent que la SNCM deviennent une seconde Corsica Ferry avec des connivences ou des compromis utiles.

Au nom de la continuité territoriale, qui, dans le cas précis, n'a d'autre sens que de pomper le maximum d'argent aux Français, on a couvert de nombreux abus.

La seule alternative est

- soit de considérer qu'il y a une importance nationale à la desserte de la Corse. Il faut rendre d'ordre public les deux bouts des lignes de ferry (en excluant les autorités régionales ou locales corses) et mettre en concurrence libre autant de lignes que la concurrence voudra en présenter. Les quais de débarquements seront nationalisés et seront gérés avec des personnels des compagnies sans autres interférences. Les contrats seront des contrats internationaux et libres. Une prime de continuité territoriale sera versée par la nation toute entière  au prorata de l'activité réelle constatée à condition que le trafic n'ait pas été perturbé par des grèves ou des incidents à quai, notamment en Corse.  En cas d'incident, le coût de ces incidents sera payé par la Région Corse de rattachement du port de destination ou du port de départ selon le lieu des incidents, et consigné pour faire face à toute défaillance par retenu sur les primes de continuité territoriales.

- soit de considérer que la desserte est une affaire Corse. Il appartiendra à la Région Corse concernée de faire son affaire de la gestion des lignes et du versement éventuel d'une prime de continuité territoriale, tout en respectant les règles de concurrence européenne.  

Il faut dans tous les cas interdire une gestion directe par les régions ou les salariés. On sait que dans ce cas c'est la poche profonde des contribuables qui sera inlassablement sollicitée.

Compte tenu de l'état du pays une solution serait de concéder le port de Marseille et tous les ports corses aux Chinois. On a, de temps en temps, une grosse envie que les "politiques" corses et la CGT aillent se faire voir un peu chez les Grecs, notamment au Pirée…

La crise, les experts et la télé

Le premier anniversaire de l'élection du président Hollande stimule les émissions de télévision. Il faut esquisser un premier bilan.  On a donc vu Jean-Luc  Mélenchon discuter avec  Jacques Attali sur une chaîne. Le même soir, sur une autre chaîne, l'émission d'Yves Calvi a fait se confronter les "experts"" habituels, c'est à dire Yves Thréard, chargé de la pensée de droite, M. Philippe  Dessertine, chargé de défendre les positions européistes, M. Todd, chargé de lui-même  

Nous n'évoquerons pas la philosophe de service qui n'avait rien à dire d'utile et qui s'acquittera de cette mission avec l'air pincé et sévère que les femmes philosophes affectent à la télé.

Le thème était toujours à peu près le même dans les deux cas : les hommes politiques sont-ils devenus impuissants ?

Il faut noter que tous ces intervenants sont des experts médiatiques répertoriés depuis bien avant la crise et qu'aucun n'avait eu la gentillesse de nous prévenir qu'elle arrivait. Le fait d'être incompétent et aveugle n'entraîne aucune conséquence médiatique. L'important est d'être "institutionnel" et d'avoir une "gueule" qui passe bien. Après cela, le fait d'avoir été vu à la télé vous classe parmi ceux qui doivent être éternellement revus à la télé.

Ces personnes étant intelligentes, on trouve toujours un ilot d'observations justes dans le flot de paroles qui se déverse sur le spectateur. Mais comme elles ont été totalement aveugles et incapables de comprendre les évènements, le fond manque. Un océan d'inepties se déverse alors, censées justifier les a priori politiques des "posturants", choisis justement pour ce qu'ils  représentent.

Le "talk-chaud" de Mélenchon n'avait pas pour but de faire de la lumière mais de la chaleur. Une chaleur froide et stérile. C'est qu'il est pris dans une contradiction fondamentale, dès qu'on aborde le fond des choses. Il est pour l'Europe qui peu ou prou conduit la politique économique déflationniste de la France, mais croit qu'un "rapport de force " établi en France permettra de retourner la situation. Pourquoi ? Parce qu'en menaçant de ne pas payer la dette, tout le monde se mettra à genoux.  Et de citer l'Argentine qui n'a pas remboursé ses dettes et "s'en sort très bien". Le défaut de paiement, voilà la solution.  Face à ces rodomontades, Attali, constamment coupé,  se contente de répéter inlassablement la même phrase. Vous n'avez pas tort mais la solution n'est pas en France mais en Europe. C'est l'Europe qui doit mener la politique que vous défendez pour le trop petit hexagone.

L'Europe ? Organiser la cessation de paiements ?

La situation de l'Argentine n'a rien de comparable à celle de l'Europe. Les dirigeants de ce pays, depuis Péron, conduisent des politiques démagogiques qui ont fait passer l'Argentin du statut d'oncle d'Amérique doré sur tranche à celui de membre paupérisé d'un pays enchaînant les crises et ne parvenant pas à en sortir.  L'Argentine est un cas typique de ruine par la démagogie. Lorsqu'il s'est agi d'en sortir, les réformateurs ont choisi une solution baroque : un "currency board" basé sur le dollar. Jamais cette solution technique, utilisée principalement dans les colonies  des grandes puissances et par des micro-états ne pouvant assurer la crédibilité d'une monnaie locale, n'avait été expérimentée par un grand pays indépendant. Dans un système de changes fixes, de type Bretton-Woods, le dispositif aurait pu fonctionner. Les changes flottants le mettait en danger dès lors que le dollar montait sur les marchés et que la monnaie de ses partenaires économiques majeurs baissait.  La forte dévaluation du Real brésilien, alors que le dollar grimpait à des sommets, a fait exploser le "currency board".

L'Argentine s'est alors débarrassé de ses dettes en décidant un défaut de paiement et a dévalué très fortement sa monnaie. Comme elle dispose d'un secteur agricole exportateur important, le "Campo" et que la Chine au même moment avait des besoins explosifs de nourriture et les moyens de payer, la balance commerciale s'est fortement redressée et l'argent a commencé à affluer dans les caisses des sociétés exportatrices du Campo. Echaudé par les manipulations monétaires constantes et séculaires du pays, le Campo n'a fait revenir qu'une fraction des revenus gagnés qui sont partis dans les paradis fiscaux ou aux Etats-Unis.  Le résultat est connu : les Kirchner, après s'être personnellement enrichis par tous moyens, se sont trouvés sans ressources nationales pour faire face aux besoins généraux du pays. Comme plus personne ne veut y investir depuis le vol des créanciers et des investisseurs étrangers, l'Etat s'est  retrouvé sans moyen pour faire vivre les grandes villes du pays et son administration pléthorique. On a alors volé les réserves de la banque centrale, mis en place des taxes intolérables sur les exportations et, à nouveau, tout bloqué. La situation argentine est toujours aussi lamentable alors qu'il s'agit d'un des pays les plus riches en ressources naturelles. La politique des coups d'éclats est un miroir aux alouettes. C'est la leçon argentine. Qu'elle soit reprise par Mélenchon ne saurait étonner.  Ses solutions sont les mêmes : on annule unilatéralement les dettes ; on relance à tout va la dépense publique en imprimant des billets ; on taxe à mort tout ce qui bouge. Le désastre est au bout. L'exemple argentin est plus que parlant. 

Dans ce cas il n'y aurait naturellement plus d'Euro ni d'Europe.

La chaleur Mélenchon ne réchauffera que les cruches et les imbéciles.

La position d'Attali est-elle plus claire ?  Il affirme : la solution sera européenne ou ne sera pas. Très bien. C'est une évidence si l'Euro doit être conservé. Mais  comment  sortir des ornières actuelles ? Grand silence. L'Europe, l'Europe, l'Europe ! Seulement voilà : les européistes ont mis en place l'Euro sans nous dire comment cela marchait si on se contentait d' un jeu de règles simplistes, sans cabine de pilotage et dans un monde de changes flottants.  M. Attali n'a rien à nous dire sur les solutions permettant de dépasser cette carence.

Finalement l'échange Attali-Mélenchon ne débouchera sur rien.  Sinon de l'audience pour les organisateurs et un peu de "revu à la télé" pour les protagonistes.  Aucun intérêt.

Tournons-nous vers Yves Calvi. Sa question sur l'impuissance des politiques a-t-elle trouvée une réponse convaincante ? Disons le tout de suite : non ! Un concours d'inepties dans un flot de truismes n'apporte rien à la réflexion.

Examinons quelques thèmes.

Pourquoi le Président de la République Française, qui a plus de pouvoirs que n'importe lequel des dirigeants des grands pays , est-il, de fait, aussi  impuissant que le président le plus faible, qui doit être celui d'Italie, avec ses 88 ans chevrotants ?

C'est "la faute aux grands corps de l'Etat" affirme Todd. Ces vilains sont en fait des banquiers et comme la finance règne en malfaisante, ils règnent comme des malfaisants. Le Premier Ministre n'a pas de pouvoir. les Ministres encore moins. Ils ne choisissent même pas leur cabinet. Thréard surenchérit : les Ministères sont pléthoriques et impossibles à bouger.  Mais" je déteste qu'on mette les hauts fonctionnaires en situation de boucs émissaires".   On bascule alors sur le rôle des parlementaires, leur impuissance, la nécessité des mandats multiples pour qu'ils ne s'ennuient pas complètement. 

Quelle est notre propre position sur cette question cruciale ?

La France n'est pas responsable de la crise mondiale qui s'est déclenchée fin juillet 2007 avec le blocage du marché monétaire interbancaire.  Pas plus que l'Europe. La crise va révéler la formidable faiblesse de la zone Euro et la vulnérabilité d'une France qui a choisi la course folle au non travail et à l'impôt.

Sortir de nos difficultés supposent qu'on ait une vision des causes de la crise globale et de la fragilité de la zone Euro. Si on n'en parle pas, on cause dans le vide.

Le Président de la République Française a un rôle à jouer et dans le monde et en Europe. Mais encore faut-il  qu'il ait une vision des problèmes et des solutions. Nicolas Sarkozy a eu une intuition des problèmes  et une envie d'agir. Mais pas de levier intellectuel pour être efficace. Son action a largement été une agitation, même s'il a réussi à faire bouger des gens qui ne voulaient rien voir ou rien faire. La difficulté avec M. Hollande, c'est qu'il n'a aucune vision de rien et qu'il ne bouge sur exactement rien. Il ne tient aucun discours utile parce qu'il n'a ni diagnostic ni solution.

Ce n'est pas son impuissance institutionnelle qui compte en premier. Le  président qui a plus de pouvoirs que quiconque serait prisonnier d'une Europe trop forte, d'une décentralisation non maîtrisable ou d'une Administration incontrôlable ? L'impuissance est d'abord intellectuelle. Hollande ne sait pas. Il n'a pas réfléchi au-delà des slogans et des éléments de langage de communicants. Il n'a rien à dire, rien à proposer. Les évènements sont plus forts que son babil de démagogue. Et il s'en fout. Il est là où il voulait être. Le reste compte peu. Sa désinvolture est un peu trop visible.   

Les invités de M. Calvi ne pouvaient pas s'engager sur la voie de ce diagnostic simplement parce qu'ils sont exactement dans le même cas. Aucun n'a un vrai diagnostic de la crise, aucune réflexion réelle sur la faiblesse européenne, et seulement des lueurs partisanes sur le cas français.

M. Hollande a été assez puissant pour asséner un choc fiscal et un choc moral si fort au pays qu'il l'a mis à l'arrêt et  a tout aggravé. Il n'a eu aucune impuissance à faire l'inverse de ce qu'il fallait faire. S'il ne renverse pas la vapeur c'est qu'il ne le veut pas, non qu'il ne le peut pas. Il est un président puissant et catastrophique. Les vaticinations sur son impuissance supposée sont ridicules.

La vraie question aurait du être  de savoir si, ayant un diagnostic et une volonté positive, il aurait pu la faire prévaloir. La carence de curiosité a tué le débat.

On retrouve la même impuissance sur la question européenne.  L'européiste Dessertine sort son apologie. L'Europe c'est la paix. L'Euro vient de loin et c'est la sagesse car le commerce basé sur une bonne monnaie unique c'est la paix.  Si cela ne marche pas, ce n'est pas la faute de l'Europe ou de l'Euro mais des dirigeants nationaux qui n'ont pas compris que le monde a changé.  Il énonce une théorie curieuse et nouvelle : ce sont les dirigeants occidentaux qui, en 1990,  ont choisi d'ouvrir les vannes monétaires et de débrider le crédit pour maintenir la croissance et les systèmes trop généreux de Welfare state mis en place à la Libération. L'endettement aurait  été volontaire et concerté. "Fait pour". On paierait cette erreur aujourd'hui.

Cette théorie est fausse. La courbe en U de l'endettement atteint son point bas en 1970 et commence sa remontée à partir de cette date. La libéralisation des mouvements de capitaux n'a pas été décidée en 1973 pour libérer la dette, mais parce que les changes flottants imposent, pour avoir un minimum de cohérence, que ce soit les marchés qui fixent la valeur respective des devises, les banques centrales se contentant de stabiliser la hausse des prix entre 0 et 2%. Pour cela elle devait être indépendante des Etats et ne pas les financer directement. Les accords de la Jamaïque ont créé une mauvaise solution qui n'a jamais marché, mais ils étaient un minimum cohérents avec la doctrine qui les justifiait.

On espérait de la libération des mouvements de capitaux à long comme à court terme qu'elle permette une allocation optimale des capitaux vers les meilleurs investissements. Pas qu'elle augmente la dette ! Les salles de marché pléthoriques datent des années 70, pas 90.

Cet espoir sera déçu et le système en fait ne marchera pas. Il sera la source de déséquilibres croissants qui alimenteront la dette mondiale  jusqu'au point où elle deviendra insoutenable.  Comme Dessertine est en faveur des changes flottants et qu'il n'en a jamais analysé les dangers, il ne peut qu'inventer une scénographie historico-politique aventurée  qui doit être mise à la poubelle des hypothèses farfelues.

Les gentils diront : au moins il avait une idée. Elle est fausse. Mais c'est un début.

On sait que M. Todd a une marotte : expliquer l'impossibilité de l'Euro par la sociologie et le régime matrimonial. Nous avons déjà démonté cette idiotie sur ce blog. N'y revenons pas.

La crise a révélé la faiblesse de la zone Euro qui est d'être gérée par la norme (3% de déficit d'état dans le PIB et 60% de dettes publiques cumulées  par rapport à ce même PIB). La gestion par la norme est une utopie qui a été balayée par la crise. Une zone monétaire unique doit avoir des organes de pilotage au jour le jour. Elle n'en a pas. Elle n'en veut pas. Elle crève. Stop !

M. Thréard n'a aucune idée particulière sur toutes ces questions. Il est pour l'Euro. Point."Credo ergo sum".

Reste le grand débat sur le monde qui aurait radicalement changé. Les gouvernements occidentaux, européens, français n'auraient pas pris la mesure des "changements de paradigmes" (élément structurant de la novlangue de bois) et auraient conservé les voies et moyens de l'immédiate après guerre.  

Depuis Alvin Toffler et la "première crise la plus grave depuis 1929", la mode, pour les penseurs cosmoplanétaires,  est de voir des chocs du futur assommer les pauvres gouvernants qui ne voient rien venir malgré les brillantes analyses de leurs  causeurs de télévision.

Pour Todd, le monde est peuplé de nullités qui ne savent pas les beautés de la sociologie. S'ils s'occupaient un peu plus du régime des naissances, ils comprendraient enfin ce que lui a compris depuis longtemps : Todd est un immense scientifique qui détient la vérité.  S'il a une tronche sinistre et un comportement d'imprécateur, c'est parce qu'il est le seul à dire le vrai, la tête dans les berceaux.

Pour Thréard c'est naturellement le modèle social français qui est décalé. Trop de dépenses publiques associées  à pas de production et voilà le résultat. Vision idéologique à courte vue mais cohérente avec les positions de son journal.

Pour Dessertine il faut s'adapter à un monde nouveau et les Allemands ont montré le chemin.   C'est facile. Vive l'Europe à l'Allemande pour tous. Sauf que le mercantilisme allemand ne fonctionne que si les autres n'ont pas de politiques mercantilistes 

Aucun ne veut voir ce fait crucial : un produit doit s'échanger contre un produit et le travail contre le travail. Avoir mis en place, contre les statuts du FMI, contre la  Charte de la Havane, un système qui fait que les produits et le travail s'échangent contre du papier, en laissant les déficits et les excédents grimper  à des niveaux intolérables, a provoqué une montée faramineuse du chômage, cassé la croissance mondiale, désorganisé les échanges et les décisions d'investissements et finalement fait sauter tout le système financier.

Comment faire comprendre  à M. Yves Calvi qu'il faut qu'il sorte un peu des analyses éculées de ceux qui n'ont pas vu venir la crise, ne la comprennent pas et disent encore et toujours n'importe quoi ?

Margaret Thatcher, Jacques Delors et l’Euro : le malentendu

La disparition de Margaret Thatcher a stimulé la haine des dévots socialistes injurieux.  Le jour de sa mort, la recherche sur Google avec les critères « Thatcher+Salope » donnait 3.500 réponses. On en est déjà à 6.910 deux jours plus tard. On atteindra assez vite  les 10.000 au moment de l’enterrement.

La chasse aux sorcières était naguère critiquée par la gauche, celle de Voltaire, comme une infamie. Depuis que le socialisme a squatté la gauche, chasser la sorcière est devenu un jeu nécessaire. Ceux qui comme Eric Zemmour considèrent les socialistes comme l’équivalent des « djihadistes » musulmans trouveront tous les exemples qu’il leur faut dans cet indécent déchaînement. Que des cultureux « de gauche » puissent s’associer à ces ignominies est une marque de plus de la déchéance des intellectuels socialistes européens.

Il est intéressant, dans une optique purement économique, de relever dans ce dégueulis général  une erreur curieuse. On charge Margaret Thatcher d’avoir été avant même Reagan, à la source des "dérégulations sauvages" dont certains voient la cause unique des nos malheurs économiques actuels.   

Il suffit de lire les mémoires de Mme Thatcher (The Downing Street Years), et dans le même mouvement le rapport Delors, pour comprendre la fausseté presqu’absolue de ce crédo mille fois répété.

Que demande le rapport Delors : la libéralisation totale des mouvements de capitaux ; l’interdiction pour les banques centrales de prêter aux Etats ; L’indépendance de la banque centrale.

Que dit Mme Thatcher : “No ! No ! No !”

C’est donc l’ex Ministre des Finances socialiste de Monsieur Mitterrand qui propose le système fragile qui vient de montrer sa dangerosité : un système de libre circulation des capitaux à court terme avec une BCE indépendante ne prenant en considération statutairement que des questions d’inflation moyenne en Europe.  C’est lui qui créé un système monétaire européen où le taux de change n’est plus piloté.

La responsabilité de Delors et de ses amis dans la construction d’un système bancal donnant aux banques et à la finance un rôle hypertrophié est première.

Margaret Thatcher, beaucoup plus pragmatique, était contre.

Elle l’écrit clairement : "l’EERM (l’European Exchange Rate Mechanism) conduit le Royaume-Uni à être sous la domination de l’Allemagne ! "

Il ne faut pas confondre Thatcher et « Merkozy » ou « Merkollande » !

Elle parle de Delorsian Socialism, avec des extensions à l’échelle du continent. « Rien de cela n’était acceptable pour moi ».

Le malentendu est complet : l’idéologue est Jacques Delors. Il est directement responsable du système imbécile qui nous vaut la déflation actuelle et le passage de la France sous la férule de l’Allemagne.  Margaret Thatcher, prudente et attentive à la rationalité des décisions, est beaucoup plus sage et ouverte.  « Je veux un bénéfice prouvé, pas de risque excessif et aucune dépossession de la légitimité que je tires de mon élection». Pas de bénéfice, pas d’accord.  Trop de risques, pas d’accord. Trop de renoncements de souveraineté, pas d’accord !

Jamais Delors et ses amis n’ont averti de la fragilité et des dangers de leur système. Aucune discussion pratique n’a eu lieu en public sur ces questions clefs. Le débat s’est concentré, lors du referendum de Maastricht, sur les abandons de souveraineté, qui ont été minimisés ou niés. Thatcher, oui.

Elle a montré beaucoup de courage parce que son propre gouvernement était plutôt en faveur de l’ERM. Elle a été confrontée à une pression énorme de son Ministre des finances associé à son Ministre des affaires étrangères qui, la veille de la conférence de Madrid qui devait mettre l’ERM en marche, ont mis leur démission dans la balance.  

Le résultat est que le Royaume Uni n’est pas, aujourd’hui,  à la remorque de l’Allemagne et de ses désirs déflationnistes. Il est vrai que Cameron a lancé son propre plan déflationniste avec des résultats peu probants.

Cameron n’est pas Thatcher.  

Rendons à M. Delors ses propres créations et à Mme Thatcher l’honneur de son bon sens  d’épicière.

Le démagogue et la PME

Le démagogue est un certain Jean-Louis Destans, énarque, député socialiste de l’Eure. Pressé par la direction de son parti  et par les équipes de l’Elysées de faire valoir aux entreprises que la « boîte à outils » du président Hollande est un merveilleux cadeau qu’on leur fait, il envoie, sous en-tête de l’Assemblée Nationale et aux frais du contribuable, une circulaire selon laquelle « les entreprises sont la priorité de la puissance publique » et  peuvent se saisir de mécanismes « particulièrement simples d’accès ». Il s’agit naturellement de tout l’attirail de mesures artificielles prises en urgence  après qu’un choc fiscal hystérique ciblé sur les entrepreneurs et les investisseurs eût arrêté net l’économie en septembre-octobre 2012 :

-          Le CICE : le crédit d’impôt compétitivité emploi,

-          La BPI : la banque publique d’investissement

-          Le CIR : crédit impôt recherche et le JEI : statut des jeunes entreprises innovantes

-          Le Contrat de Génération (sans sigle. Dommage ! Avec Contrat Génération Travail, on aurait eu CGT ce qui aurait passionné les patrons). 

On sait que le gouvernement a prélevé entre 25 et 40 milliards d’euros sur les entreprises avant d’envisager d’en rendre une partie avec le CICE, sous des formes absurdes.

La BPI est la fusion de deux organismes existants et dont la vice-présidente est l’ex-compagne du président de la république, vice-présidente dont les investissements, en tant que présidente de la région Poitou Charente, ont été pratiquement tous perdus. Népotisme et nullité réunis en bouquet, cela vous classe tout de suite une politique. 

Le CIR existait déjà.

Le contrat de génération est une usine à gaz qui donne de l’argent public pour créer des binômes entre un jeune et un vieux. Effet d’affichage politique  sans rationalité économique.

Les quatre mesures sont la marque indélébile d’une énarchie compassionnelle qui vous vole votre montre, la porte ostensiblement, et entend vous donner l’heure, à ses conditions et pourvu qu’on lui dise merci.

Comment le Monopoly grotesque imaginé par le leader méprisé de ce que la presse appelle désormais ouvertement un groupe de ripoux socialistes, est-il apprécié par les PME ?

Voici la réponse du patron d’une PME de Saint-Pierre de Bailleul, M. Hughes Leblanc, visiblement insensible à la compassion des énarques qui nous gouvernent:

« Monsieur le député,

J’accuse réception de votre lettre et vous remercie pour votre sollicitude. Je serais tenté de vous répondre comme les bourgeois de Calais visités par Louis XIV et à qui celui-ci demandait ce qu’il pouvait faire pour eux : « SURTOUT, SIRE, NE FAITES RIEN ».

Quand on voit le rapport qualité prix des services rendus par la mafia Parlementaires + Fonctionnaires + Syndicats, on a tendance à vouloir changer de fournisseurs.

Jugez le résultat :

-          La France a des coûts de fonctionnement dépassant de 20% ses revenus

-          Avec les 35 heures, les 5 semaines de congés payés, la retraite à 60 ans, la France est la risée de la terre entière.

-          Un nombre de fonctionnaires double, par habitant, de celui des Allemands

Ce que propose Monsieur le Président de la République :

-          Augmentation de 65.000 du nombre des fonctionnaires

-          Création de 150.000 postes de jeunes aides fonctionnaires (sans formation)

Quant à vos usines à gaz, crédit d’impôt, banque d’état etc.

Remisez-les  simplement et diminuez :

-          Les charges sociales (les plus élevées du monde)

-          L’impôt

MEFIEZ VOUS DE LA COLERE DU PEUPLE  (DANTON)

Meilleures salutations »

Ruiner les gens et leur tendre quelques-unes des pièces volées pour qu’ils vous lèchent la main est une attitude déplorable et un détournement de la République par ce qu’il faut bien appeler aujourd’hui des incapables malintentionnés dont l’honnêteté est douteuse.


Puisqu’on évoque aujourd’hui la question des incompatibilités avec la fonction d’élu, la première mesure à prendre et d’interdire qu’on puisse être élu dans une assemblée ou membre d’un exécutif qui fixe votre rémunération. Ce qui veut dire que tout fonctionnaire ne peut être éligible au Sénat, à l’Assemblée nationale, qu’après avoir démissionné de la fonction publique.

Adieu les Hollande, Aubry, Ayrault, Moscovici, Eckert, Fabius, Royal, Destans,  Juppé, et tous ceux qui croient qu’ils doivent compléter leur concours de l’ENA ou compenser l’ennui de leur fonction  administrative par une compétition politique « à qui volera le plus le citoyen », pour son bien naturellement. Voir deux excellences de préau d’école comme MM.  Ayrault, professeur d’allemand, et Eckert, professeur de maths,  s’occuper, sous la direction d’un membre de la Cour des Comptes qui n’a, lui, jamais exercé le moindre travail statutaire (pourtant bien modeste),  à « dynamiser » avec des gadgets administratifs et fiscaux, les entreprises qu’ils se sont employées à ruiner,  n’amusera que ceux que l’effondrement français excite.

En tout cas, on le voit bien :  cela n’amuse pas les patrons de PME.

En lisant M. Lemaire

Monsieur Lemaire, comme Monsieur Baroin, a  écrit un livre sur son expérience ministérielle,  aussitôt dans l'opposition. Ces livres n'ont aucun caractère informatif. Ils ont uniquement pour but de promouvoir la personnalité de leur auteur et de leur donner une épaisseur que leur action politique n'a pas véritablement permis d'étalonner.

Disons le d'entrée de jeu : le livre est plus dense et mieux écrit que celui de F. Baroin qui l'avait coiffé pour le poste de Ministre des Finances. M. Lemaire a un bagage intellectuel, une culture générale et une réflexion politique plus étoffée.

Malheureusement les deux livres ont le même défaut : ils montrent tous les deux l'impuissance des ministres.

M. Baroin flottait comme un ludion et s'agitait en tentant de faire le moins de vagues possible tout en restant dans le plus grand vague possible.

M. Lemaire est plus volontaire mais son rôle aura été  celui d'un commis voyageur. Il s'est épuisé en avion, et en réunions où il faut convaincre. Convaincre de quoi ? Convaincre qui ? Pour quels résultats ?

La Cour de Justice Européenne ayant décrété que la politique d'aide sociale n'était pas de la responsabilité européenne  selon les traités, il s'empresse de convaincre qu'il faut  garder une politique mutualisée  de charité publique alimentaire en Europe. Le rôle du dirigeant est d'arroser la clientèle. Mais voilà : la charité doit se faire sur une base nationale. Au lieu de le comprendre, le voilà en guerre. En vain.  C'est bien de déclarer que l'Allemagne est bloquée par son prurit juridique, mais considérer qu'on doive violer les traités pour faire la charité avec l'argent des autres était absurde. Il aurait dit : je veux faire la charité un peu plus avec l'argent des Français, on l'aurait au moins entendu.

Plus sérieux est la question de la régulation des marchés agricoles. Nicolas Sarkozy voulait asseoir sa posture comme grand dirigeant mondial promouvant la bonté vis-à-vis des pauvres du monde et avait ouvert cette tête de chapitre. Pourquoi pas ? Même si le côté Sœur Theresa de nos politiques fait toujours un peu rire. De négociations épuisantes en négociations épuisantes on aboutit à un texte du G.20 dont l'effet aujourd'hui est … Est quoi justement ?  Personne n'en sait rien et tout le monde s'en fout.

Tout le livre est ainsi empli de cette vacuité insidieuse qui fait du ministre non pas l'homme d'un diagnostic fort et d'une politique effective mais un négociateur, un homme lige, un représentant de catégories électorales chargé de les mettre en condition pour les prochaines élections. Il défend la dépense, la subvention, le mécanisme d'arrosage des intérêts, toujours compatissant, indéfiniment compatissant. .

Bruno Lemaire fait beaucoup parler Nicolas Sarkozy. S'est-il rendu compte qu'il en a fait une sorte de neu-neu incapable de parler un français un minimum correct ? On découvre que, dès la moitié du quinquennat, il a pris le style qu'on découvrira lors des élections de 2012 : faussement patelin ; centré sur lui-même ; pleurnicheur ; faux copain ; hagard. L'homme ne s'est jamais remis d'avoir été élu Président. Pathétiquement il essaie d'entrer dans le costume et s'épuise dans l'exercice sans réellement peser sur les choses, ouvrant inlassablement des têtes de chapitres, souvent avec une excellente intuition, et ne faisant que des courants d'air.

Comme on n'est jamais mieux servi que par soi même, M.Lemaire dresse son propre  portrait, flatteur, en faisant parler les autres.  Tous disent qu'il est un grand espoir, qu'il est le presque meilleur d'entre nous, qu'il doit se construire sa stature car elle sera formidable, qu'il aurait du être Ministre des Finances à la place du Ministre des finances, qu'il ne l'a pas été parce qu'il travaillait trop et qu'il était trop bon à l'Agriculture, et que et que.

Au final le livre de M. Lemaire pose la question de l'impuissance gouvernementale française et de son rôle de pure défense de la dépense publique.

Il est vrai qu'à la fin de la mandature Sarkozy, la question a été posée d'un recadrage massif des dépenses publiques. M. Lemaire agite les grelots sur un thème que nous avons traité sur ce blog : "faisons ce qu'il faut même si cela nous coûte l'élection ; au moins on aura fait notre devoir". Pourquoi ne pas supprimer les 35 heures ? Sarkozy refuse.   Fillon fait remarquer à Lemaire qu'il y a dans les tiroirs un plan à 90 milliards d'économies. Et c'est lui qui lui dit : chiche !

Sur 2.000 milliards de dépenses, une réduction de 10%, absolument nécessaire,   représente 200 milliards, sauf erreur de calcul. 90 milliards, ce n'est rien, quand on se tient à la hauteur des problèmes. Réduire de 4.5% la dépense publique est possible et nécessaire. Mais non. La peur électorale et le poids de la fonction publique dans les hautes sphères politiques fait qu'on s'en tiendra à un plan qui fait la part belle à l'impôt et exige pratiquement rien en matière de réduction de la dépense publique, comme nous le constaterons aussitôt sur ce blog.  

Si bien que le père de famille nombreuse qu'est Lemaire en vient à exiger la dénaturation du système des allocations familiales française et à abandonner son statut de fonctionnaire pour prouver sa bonne volonté.

On ne demande pas aux hommes politiques des sacrifices personnels mais de créer des systèmes politiques et fiscaux durables et n'empêchant pas toute croissance. Le contre exemple est la mise en place de système comme le RSA qui fixe dans le non travail des centaines de milliers de personnes qui ont vite fait leur calcul, même si l'intention et inverse, ou comme celui des intermittents du spectacle, où des subventions à la presse en contrepartie du monopole des ouvriers du livre, où la PAC, ou la gratuité de l'université dans la misère de l'université ou  etc.

Que Monsieur Lemaire nous dise : oui il faut mettre fin au blocage du développement portuaire français  en supprimant le statut des dockers ; oui il faut mettre en faillite la SNCM et supprimer le statut des marins français ; oui il faut mettre fin aux statuts des cheminots qui rend absolument impossible toute rentabilité d'une compagnie de chemin de fer ; oui il faut réserver les statuts publics uniquement aux fonctions régaliennes (militaires, policiers, juges, haut fonctionnaires,) mais pas aux auxiliaires professionnels qu'ils emploient ; oui il faut supprimer la gratuité du petit risque, en ne subventionnant de dispensaires que pour les plus pauvres.  Là il va toucher à des vaches sacrées qui coûtent des dizaines de milliards d'euros à la collectivité. Sans aucune contrepartie positive. Aucune.

Il ne suffit pas, Monsieur Lemaire, d'avoir été un excellent élève, d'avoir des capacités à l'évidence au dessus de la moyenne et même une haute idée de l'Etat et de la France. Il faut avoir du courage et accepté d'être vilipendé et traîné dans la boue par des cloportes.  Regardez Charles de Gaulle, traîné dans la boue tous les jours par les socialistes et que le minable Hollande a voulu réduire à Pétain et Hitler via Papon avec sa commémoration de la provocation du FLN de 1961.  Regardez Mme Thatcher que l'on enterre aujourd'hui sous les injures en France sous les fleurs au Royaume Uni en dépit du mépris de la gauche cultureuse  anglaise. Le film qui la montre détruite par la maladie d'Alzheimer est une ordurerie comme on en voit peu.  Laisser à jamais de la "Femme de Fer" l'image d'un "déchet" comme on dit au parti socialiste ! Et de crier à la délicatesse du traitement. Toutes les télé ont titré "mort d'une femme exceptionnelle mais  contestée".  Contestée !

Elle a dit à l'IRA : vous tuez. Vous voulez mourir une fois mis hors d'état de nuire. Mourez !*

Elle a dit aux syndicats qui avaient ruiné le pays : " Vous n'aurez pas ma peau. J'aurai la vôtre et le pays s'en trouvera mieux".

Elle a dit aux mineurs : "je ne subventionnerez pas malgré vos manifestations une activité sans espoir de rentabilité".

Elle a dit à l'Europe : "OK pour toutes vos conneries mais je ne réduis pas mes fonctionnaires pour nourrir ceux de la CEE". En ajoutant :  "je veux qu'on me rende mon argent".

  Elle a dit à ses fonctionnaires : "Vous êtes trop nombreux. Je n'en garderais que 700.000, en attendant 500.000".

Elle a dit aux Argentins : "Pas touche aux propriétés de la Couronne".

Et elle a mis ses actes en rapport avec ses paroles. Elle a eu une volonté. C'est cela que l'on conteste.

Elle a eu une volonté vis-à-vis de tous les prédateurs abusifs et a redonné  une vitalité au Royaume-Uni.

C'est intolérable pour la gauche socialiste qu'elle soit anglaise ou française. Une volonté ! Vous vous rendez compte. C'est du fascisme.

Alors Thatcher est devenue dans tous les forums pratiqués par des gens de gauche "Thatcher la Salope", "Lady  Pinochet" etc.

Que M. Lemaire s'inspire de l'exemple de Charles de Gaulle et de Margaret Thatcher.  Il faut annoncer ce qu'on veut faire. Et le faire. En acceptant la boue qui sera répandue sur vous par toutes les forces de gauche et du centre coalisées.

Il ne suffit pas d'être grand, d'avoir des yeux bleus, de porter une haute ambition pour soi même. Il faut accepter d'être piétiné et vilipendé en clamant haut et fort les nécessités nationales, en les prenant par le bon bout.

Cher M. Lemaire, nous vous avons envoyé un petit livre qui résume les sept péchés capitaux de la politique française. Nous ne saurions trop vous conseiller de le lire. Vous verrez combien vous êtes loin de ce qu'il faut annoncer à la nation.

Vos indéniables qualités méritent d'être encouragées. Encore un effort !

La grande tristesse des étudiants français en économie

Nous souhaitons exprimer ici toute notre sympathie aux étudiants en économie qui depuis des lustres se désespèrent de leur discipline et de son enseignement.

Ce blog a été mis en place largement pour eux. Pour qu'ils puissent se rendre compte qu'une analyse en temps réel de la réalité est un exercice économique possible et sans doute souhaitable.

Il est arrivée à la discipline économique trois évolutions fâcheuses :

- d'abord elle a été captée par les Etats-Unis. Tout ce qui vient des Etats-Unis est béni. Le reste ne compte pas. On le voit par exemple à l'Insead où l'économie est confiée à un américain, qui au demeurant à une belle voix mais aucune idée juste sur quoi que ce soit. Mais il est américain et possède les diplômes correspondants. Qu'importe que la soupe soit insipide.  

- Ensuite la discipline et devenue matheuse à l'extrême. Les économistes avaient besoin que leur science qui est en fait politique et sociologique soit une science dure à base de mathématiques incompréhensibles pour le commun des mortels.  L'ennui des maths, c'est que pour s'appliquer à la réalité, il faut avoir des mesures et des concepts clairs de ce qu'on mesure. Si on applique brutalement des mathématiques à des statistiques incertaines ou même carrément fausses, on n'aboutit à rien. On construit des modèles souvent extrêmement complexes sur des hypothèses exagérément fragiles.

- Enfin la fracture entre micro économie et macro économie n'a jamais été réellement réduite. L'accusation que nous avions portée il y a quarante ans contre le manuel de Raymond Barre qui se contentait dans le livre 1 d'expliquer que la microéconomie, débouchant sur le modèle walraso parétien, aboutissait à l'impossibilité des crises, le retour à l'équilibre étant quasiment automatique et qui exaltait, dans le livre II, les nouvelles possibilités de lutter contre les crises depuis que le keynésianisme s'était installé dans les esprits et que les Etats maitrisaient la dépense globale.

Ce trois évolutions se composent. Les Etats-Unis ayant opté pour une économie idéologiquement fondée sur la bienveillance des marchés, les économistes américains ont développé le modèle micro-économique en tentant, avec des équations complexes, de lui faire expliquer les faits macroéconomiques. Une bouillie politique, idéologique et  mathématique a remplacé l'examen objectif des faits.

La crise que nous vivons remet totalement en cause cette tentative : les modèles mathématiques n'ont pas prévu la crise, au contraire, ils ont empêché de la voir, ce qui est tout de même un comble. Tout simplement parce qu'ils ne peuvent pas anticiper des ruptures et se basent sur des continuités.  La puissance américaine aussi bien politique qu'idéologique et économique a mis un bœuf sur la langue de tous les économistes officiels. Du coup on a cherché les causes de la crise dans des épiphénomènes mais surtout pas là où elles étaient.  L'autisme et la soumission font qu'aucun économiste français n'ose véritablement aller au fond des choses, car il ne veut pas prendre le risque de se faire marginaliser et perdre les fonctions paraétatiques ou étatiques qui le font vivre.

La lâcheté et la bêtise crasse, assise sur un suivisme médiocre règnent dans les circuits universitaires d'enseignement de l'économie, le seul endroit où les élèves sont de plus en plus mauvais au fur et à mesure que l'on monte dans les années universitaires. Evidemment ! Les plus intelligents sont partis ailleurs.

Certains domaines comme la monnaie, les échanges monétaires internationaux, les changes sont des disciplines quasiment à l'abandon, avec des cours qui parfois confinent à l'ignorance totale.

Donc oui, l'économie est une discipline en crise, les économistes français actuels sont en dessous de tout, les économistes officiels sont stipendiés par les banques et l'Etat, ce qui fait perdre à leurs analyses pratiquement toute valeur,  et l'enseignement économique est un mort vivant.

Les étudiants ont donc bien raison de s'attrister.

Nous ne saurions trop leur conseiller d'éviter trois tentations :  

- La tentation de "l'économiste mais" et de l'économisme anti libéral à teinture marxiste  ou socialiste de mauvais aloi, ne mène à rien. Les économistes universitaires français ont tenté de masquer leur évacuation du haut niveau en montrant leur belle âme bien rose ou bien rouge selon les tempéraments. Mais le monde se fout bien de ces belles âmes. Elles se sont épuisées à creuser le néant et y ont trouvé rien d'autre que le néant, ce qui était assez naturel.

- La tentation de se référer constamment aux contestataires américains, maniaque de l'hyper keynésianisme comme Krugman ou du n'importe quoi émotionnel comme Joseph Stiglitz. La marginalité hargneuse ne signifie par la vérité.

- La tentation de s'amalgamer à divers meutes d'économistes qui sont si nuls qu'ils n'osent rien affirmer seul mais le font comme pétitionnaires dans des groupements marqués politiquement. C'est peut être utile à la carrière, mais inutile à la science.

L'économie n'a d'intérêt que comme science de l'observation des faits économiques. Les faits doivent être connus. Il faut des concepts pour les isoler et les comprendre. Il faut des statistiques pour les mettre en relief. Il faut même des modèles pour les interpréter. Mais surtout il faut voir, voir, voir, sans lunettes déformantes.  Regarder les faits à la seule lueur de la raison et non des idéologies, des pressions de carrière, du goût pour la participation à des cénacles confortables.

Ce blog est vu parfois comme agressif tout azimut parce qu'il  attaque des erreurs qui sont partagées par tous les bords, donc des attitudes et des comportements erronés qui touchent tout l'échiquier politique et intellectuel français.  

Il faut parfois répéter que l'eau mouille et que le feu brûle à des gens qui devaient tout de même le savoir.

L'étudiant doit avoir à la fois de l'admiration pour les grands penseurs et les grands observateurs de l'économie, notamment Français (il y en a eu beaucoup) et d'autre part rester vigilant et critique. Il doit penser par lui-même à la hauteur de sa propre raison. Et garder à l'esprit que si l'enseignement actuel de l'économie en France ne leur dit rien de la réalité c'est d'abord parce que leurs professeurs ne la connaissent pas et seraient terrorisés à l'idée de l'expliquer. Les meilleurs se contentent donc d'enseigner les thèses du passé qui ont un minimum de cohérence. Et à encourager les maths pour faire sérieux. Lorsqu'ils s'expriment c'est toujours après coup, lorsqu'il n'y a plus de danger à prévoir et à annoncer.

Il ne doit pas pour autant se décourager. L'économie est un champ de ruines et un champ de mines. Mais le terreau est là sur lequel on peut construire de belles moissons pourvu qu'on s'en tienne à ces règles simples : des concepts précis, des observations justes, des raisonnements solides. Il découvrira alors qu'on peut comprendre et qu'on peut prévoir. Donc être un scientifique utile.

Cercle des économistes e-toile

Choc à Chypre !

La nouvelle est tombée et a mis en émoi la planète finance :  Les banques chypriotes, exsangues après avoir déprécié d'énormes quantités d'actifs grecs, et autres,  ne verraient pas les dépôts de leurs clients garantis. Ceux-ci perdraient jusqu'à 10% de leurs avoirs. Les déposants se sont rués aux guichets de leurs banques qu'ils ont trouvées closes.

Du jour au lendemain, sans que leur responsabilité soit le moins du monde engagée, ils sont passés de créanciers de leur banque  à débiteurs de l'état chypriote. Bien sûr la démagogie ambiante a voulu qu'on évoque un traitement différent entre "riches" et "pauvres". Mais pour la première fois depuis des lustres, un système bancaire organisé sur l'engagement implicite que les dépôts sont peu ou prou garantis, affirme : je m'assoies sur le principe de base qui me fonde.  Et c'est l'Europe qui s'y colle.

Naturellement pour masquer la trahison des déposants, les communicants ont bien travaillé. Ce ne sont pas de gentils déposants qu'on a dépouillé au coin d'un bois. Mais de vilains oligarques russes, fraudeurs, nécessairement fraudeurs. Voler un voleur n'est pas du vol. On n'a d'ailleurs pas appelé cela un vol ; juste une taxe. Si on ne peut plus taxer le capital !

Même les Argentins avaient mis des formes avant de voler les déposants.  Ils avaient eu la gentillesse de bloquer les comptes de dépôt mais en créant un "corralito", un sous dépôt en accès libre.  On pouvait sortir l'argent de ce sous compte. Au compte goutte. Ensuite on avait converti tous les avoirs en dollars en pesos sur la base d'un cours fictif. C'était du vol et il avait ruiné de nombreux usagers des banques argentines, notamment les entreprises françaises. Mais les principes avaient été respectés :  la valeur faciale des dépôts  était respectée.

Ici on ne ruse pas. On prend et on empêche le client de se retourner contre sa banque : ce n'est pas elle qui a pris ou perdu l'argent déposé. Mais l'Etat qui a taxé.  La réputation de place de Chypre est en même temps sauvée (momentanément)  et anéantie (durablement). Ce qui entraînera à terme la faillite de toutes les banques qui y travaillent et il faudra soutenir l'île à nouveau !

L'affaire éclaire plusieurs aspects importants de notre système financier.

- D'abord, on a laissé les banques chypriotes engager des actifs qui représentent 8 à 9 fois la valeur du PIB de Chypre. C'est la même histoire qu'en Islande ou en Irlande.  L'Etat est dans l'incapacité de garantir quoi que ce soit.  Normalement le capital des banques aurait du servir d'amortisseur pour les pertes éventuelles, avant que l'on s'en prenne aux dépôts.  Les pertes ont été tellement énormes que même les nouvelles règles prudentielles de Bâle III n'auraient pas permis de faire face. Aucune garantie implicite ou explicite n'aurait permis de faire face.  Ruiner les Chypriotes pour qu'ils couvrent les dettes des banques aurait été vain. Les Islandais et les Irlandais  doivent ruminer leur haine, puisqu'eux y sont tenus, du moins en partie. De même que les citoyens qui contribuent partout par leurs impôts à sauver leurs banques nationales. Il serait normal que dès que les actifs des banques d'un Etat représentent plus de deux fois le PIB du pays, une procédure d'alerte soit mise en place.  On s'est attaqué aux banques dites systémiques. On voit bien que même les banques chypriotes inconnues le sont.

- L'affaire relance l'idée de banques de paiements se substituant aux banques de faux-dépôts. Actuellement un dépôt bancaire n'est pas un dépôt. Mais un prêt fait à la banque de façon implicite. La banque utilise pratiquement comme elle veut cette liquidité. En général elle profite d'un dépôt pour multiplier les prêts et recréer de la monnaie de crédit, ou pour investir dans des actifs dont elles espèrent une plus value. Ou elles créent de la monnaie ou elles spéculent.  Si le portefeuille de prêts est non performant ou si les actifs perdent de la valeur, les dépôts de la banque sont en danger.

On fait une distinction théorique entre crise de liquidité et crise de rentabilité. Dans la pratique les deux mécanismes jouent ensemble.

Pour limiter les risques de panique et de ruées sur les guichets, les Etats se sont organisés. On a créé des banques centrales étatisées qui doivent faire face aux crises de liquidités. La loi a imposé le recours aux comptes de dépôts  et aux paiements bancaires pour pratiquement toutes les dépenses un peu importantes (versement des salaires, gros achats, etc.). Le fisc ne vous rembourse que par virement.  Il est désormais quasi impossible de vider un compte en monnaie banque centrale : on exige de faire un virement dans une autre banque. Les banques, aux limites de la loi, imposent de retirer du liquide à leurs guichets automatiques. Les sommes sont limitées. Les ruées sont rendues impossibles. De toutes façons, il est interdit de se promener avec de grosses sommes : 10 mille euros maximum.

Les Etats ont donc créé le besoin de passer par une banque et l'obligation de déposer. En laissant entendre que le dépôt était sûr. Si un mouton noir venait à ternir la place, la solidarité des autres acteurs joueraient à plein. Et l'Etat serait là !

"Soyez confiants !"  ont dit les Etats Européens : vos dépôts ne risquent rien. Et voilà que cyniquement on en prélève le dixième à Chypre !

Lorsque la confiance dans un système aussi trompeur et branlant est ébranlée, les conséquences peuvent être rapidement dramatiques.

Nous réitérons pour notre part notre suggestion de banques de paiements.

Une banque de paiements reçoit vos dépôts, mais ce sont de vrais dépôts. L'argent est consigné et vous appartient. Vous l'utilisez comme bon vous semble. Vous pouvez le laisser là : c'est la thésaurisation en espace protégé ; vous pouvez l'utiliser, la banque de paiement offrant tous les services correspondants (chèques, virements, retraits d'espèces, etc.).  Vous pouvez le placer et investir. Les produits financiers sont achetés à ceux qui les proposent qui  statutairement ne peuvent pas être des banques de paiement mais des établissements financiers et qui travaillent sans filet public. Si vous avez mal investi c'est pour votre pomme. A vous de choisir l'établissement et le produit financier qui vous convient. En cas de problème vous perdrez tout ou partie de vos placements. Pas vos dépôts. Il y a plus qu'une nuance.

Il y a aura compétition sur le service et son coût entre banques de paiements qui deviennent des sociétés de service comme les autres. On veillera à ce qu'aucune banque de paiement ne dépasse 5% de la collecte pour éviter oligopoles et monopoles.

Les institutions de placement seront en concurrence pour séduire l'épargnant et proposeront une gamme de produits plus ou moins longs plus ou moins risqués.  A cette épargne ciblée correspondront des activités de prêts et de spéculations également ciblées, avec un rapprochement des durées d'immobilisation des ressources et des emplois. Le système financier sera beaucoup plus stable et plus honnête.   

- Troisième aspect de l'affaire chypriote : la crise bancaire n'est pas terminée. Le hanneton continue à pousser devant lui sa boule de crottin. Des milliards de dettes irrécouvrables sont recyclées jusqu'au jour où le recyclage ne marche plus. La pyramide de dettes continue à s'effondrer mais de ci de là par petits paquets. Il en reste pour 10 à 15.000 milliards de dollars.  

Seulement.

Super-Mario vs super-Mariolle ?

Le "clown" Beppe Grillo et le "golden-boy" de Goldman-Sachs, Mario Draghi, donnent à la querelle de l'Euro comme un air de Commedia dell'Arte.

Faut-il en rire ou en pleurer ?

Alors que la crise entre dans sa cinquième année, les grands pays sortent les armes du râtelier. Le Japon montre les dents pour répondre à la Chine, qui derrière un sourire énigmatique, construit un arsenal sur la capture de l'industrie mondiale. Les Etats-Unis ne savent plus où ils en sont, pris entre la gabegie monétaire et budgétaire et la volonté de puissance. L'Allemagne profite de la sous-évaluation de l'Euro par rapport à ce qu'aurait été le DMark pour engranger les excédents. L'hostilité des autres membres de l'Union commence à se faire farouche.

Mario Draghi est vanté comme sauveur de l'Euro pour avoir affirmé qu'il lâchera autant d'euros qu'il sera nécessaire pour faire face à toute panique sur la dette. Mais la réalité des pays du sud, dont la France, est une régression économique déflationniste majeure qui casse tous les codes, y compris ceux de la démocratie.

Les milieux traditionnellement pro-européens ou même européistes crient au populisme mais se taisent sur le fond. Ils sont bien obligés de constater que l'Euro, "cela ne marche pas".  Ils n'ont pas de solution.

Les partis anti-système s'en donnent à cœur joie, partout, et spécialement en France,  au point que le Front National, sous la houlette de Marine Le Pen croit pouvoir atteindre 50% aux prochaines élections européennes…

François Hollande, avec sa triple personnalité, un tiers vipère socialiste, un tiers anguille désinvolte, un tiers couleuvre indécrottable, s'enfonce dans le discrédit avec son gouvernement de guignols et sa majorité parlementaire d'excités. Ils ruinent consciencieusement le pays avec une absence de vergogne tout à fait remarquable.

La droite de gouvernement a disparu des radars.

Manuel Barroso est, comme toujours, parfaitement inexistant.  La Commission ne sait plus si elle doit être molle ou dure.

Le FMI est aux abonnés absents, ce qui est normal pour une institution créée pour accompagner des changes fixes et ajustables et qui se retrouve avec un système de changes flottants qui ne lui laisse qu'un rôle subalterne.  

Mme Merkel est obligée de faire profil bas et pourrait bien être la prochaine victime électorale de la crise.

Plus personne n'ose indiquer un chemin de sortie.   

Le vide politique en Europe est désormais évident. Le monde s'ébroue dans un sens pas nécessairement très réjouissant.

La situation commence à pourrir sérieusement avec des risques désormais grands de dérapages irrémédiables. S'ils se réalisent, l'Euro sautera comme un bouchon de champagne. Le retour de la panique n'est pas loin.  Dans ce contexte la France est incroyablement vulnérable, avec un gouvernement dont les motivations et les pratiques sont totalement contraires aux nécessités du moment.

Le constat est facile. Des solutions sont-elles envisageables ?

Mais oui, bien sûr !

En France, on sait que le secteur privé marchand a été tellement réduit qu'il ne peut se reconstituer qu'avec de la patience et du temps. Il faut revenir progressivement sur toutes les dérives commencées en 74 avec la présidence Giscard, accélérées par la présidence Mitterrand et confortées par les présidences Chirac et Sarkozy.  Il faut restaurer un secteur marchand important en le libérant des 15 points de PIB  qui l'ont assommé et rétréci, en mettant fin à trop de gratuité et en dégonflant progressivement un secteur public hypertrophié. Evidemment, on ne le fera pas en injuriant les patrons, en faisant fuir les fortunes et les jeunes énergies par des impositions spoliatrices, et en paralysant la société. Il faut revenir en France à une société socialement équilibrée et qui travaille. Est-ce que le PS est capable de prendre en charge ces nécessités ?

On peut en douter. Mais le chemin d'une amélioration interne de la situation française est parfaitement clair.

En Europe, on sait également de façon parfaite qu'on ne peut mettre en place une zone monétaire unique sans institutions appropriées. Il faut un gouvernement économique de la zone Euro qui ne doit pas fonctionner pas du tout sur les bases de la Communauté de Bruxelles. Il faut à la zone Euro un Chancelier Européen  qui impose les politiques monétaires, financières, budgétaires et sociales qui permettent l'unité de comportement de la zone vis-à-vis de l'extérieur et celles des gouvernements membres dans un sens non déflationniste. La BCE doit dépendre du Chancelier. L'Euroland cessera d'être un zombi sur la scène internationale et pourra proposer autre chose que la déflation aux pays du sud.

Pour le monde, il n'y a pas plus de doute sur l'action prioritaire à mettre en place : il faut supprimer les changes flottants et revenir à une système monétaire international basé :

- sur la parité des nations

- sur la fixité de principe des changes avec des souplesses pour sortir des situations de blocage

- sur le contrôle qu'il n'y a ni déficits ni excédents monstrueux.

- sur un désir de coopération véritable.

Avec ce système, le monde est sorti en 20 ans, avec une forte croissance, de l'endettement provoqué par la guerre de 40.

Dans le seconde où ces trois mesures seront en capacité de se conjuguer, la crise sera terminée.

Et on pourra comprimer les diablotins à ressort pour qu'ils rentrent dans leur boîte.

Si on continue en France, en Europe et dans le monde à faire exactement l'inverse de ce qui est nécessaire, alors les plus grands désordres sont à anticiper, à commencer par l'explosion de la zone Euro. Car il est sûr, comme nous le répétons depuis toujours, que les solutions grecques ne pourront pas s'appliquer à la France, alors que F. Hollande pointe le navire France vers les rochers du cap Sounion.

Le reste suivra. La tendance géopolitique n'est pas à la sérénité.

Ces idées ont-elles une chance de s'imposer ?

"Donnez moi un levier", aurait dit Archimède.

La pédagogie de la crise ne suffit pas.

Le FMI devrait être ce levier.  Et au sein de l'Europe, c'est le couple Franco-Allemand qui devrait être l'axe agissant.

Est-ce que Mme Lagarde est au niveau des nécessités internationales ?

Est-ce que Mme Merkel et M. Hollande peuvent s'élever au niveau des nécessités européennes ?

Est-ce que M. Hollande peut se faire violence à lui-même pour monter sa réflexion et son action à la hauteur de l'urgence française ?

L'UMP aurait pu être un facteur de maturation au moins de la réflexion sur les solutions. Il fallait pour cela qu'elle fasse vite sa rupture avec Nicolas Sarkozy qui manifestement n'avait pas su comment faire. Sa réflexion en est toujours restée aux têtes de chapitre, son action se diluant dans l'insignifiance dès qu'il a fallu passer aux actes. L'arrivée immédiate d'un Fillon comme Président aurait pu permettre cette réorientation en douceur.  Les jeux d'appareil frénétiques de JF Copé ont cassé cette dynamique qui aura bien du mal à repartir.

On voit que la poursuite de la crise tient plus à des interrogations politiques qu'économiques.

En attendant, Super Mario et Super-Mariolle sont dans un bateau. Qui va tomber le premier à l'eau ?

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

 

La terrible réalité française

Ordres de grandeur significatifs :

- Valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand hors finance :  950 milliards d'Euros

- Dépenses publiques : 1.300  MME - Prélèvements : 1.100 MME.  (soit plus que la valeur ajoutée des entreprises)

- Dettes publiques : 1.800  MME, soit deux années de valeurs ajoutée, avec un besoin de financement annuel de 180 MME . Dettes privées, hors système bancaire et banque centrale 2.700 MME. Total : 4.500 MME.

Ces trois horreurs sont à rapprocher des autres grandes estimations :  

Effectifs du secteur marchand :

                Propriétaires, dirigeants et cadres supérieurs : 300.000, dont gagnant plus de 200.000 Euros /an : 30.000.

                Salariés : 16.000.000

Résidents français dépendant  quasi entièrement de l'Etat pour leur revenu : 20.000.000 (dont 4.5 millions de chômeurs déclarés et 7 millions de fonctionnaires ou personnels à statut).

En 2012 les dirigeants privé ont payé entre 75 et 100% de leur revenu en impôt. Plus de 5.000 ont payé plus de 100%. Une cinquantaine de chefs d'industrie se sont exilés.

Les différentes mesures prises ont préempté à peu près 40% de leurs avoirs, qui ira à l'Etat encas de vente ou de succession. La motivation d'investir à disparu.

 

Conclusions :

Les entreprises du secteur marchand sont dans l'incapacité absolue de résorber le chômage. Il faudrait qu'elles augmentent leurs effectifs de près de 4 millions de personnes ce qu'elles n'ont pas fait en 50 ans ! Compte tenu de la compétition et des gains de productivité, il faudrait  un croissance globale de 30% à 50%  de leur chiffre d'affaire dans les cinq ans à venir. . Alors que beaucoup d'entre elles sont à moins 20%, moins 30%.

La France ne peut pas rembourser sa dette. En imaginant une maturité moyenne de 10 ans et un taux de 5%,sachant que le besoin de financement serait stabilisé à 180 MME, on aboutit si on veut amortir la dette actuelle sur 10 ans, on aboutit à un flux de paiement de près de plus  500 MME par an, soit 50% de la valeur ajoutée des entreprises du secteur privé, dont 100% sont nécessaires pour équilibrer la dépense publique, même réduite de 25%

Impossible.  

Les perspectives sont donc entièrement bouchées, sauf, changement de cap radical.

Si la France avait été  bien gérée depuis 1974 elle aurait 25 à 30.000.000 de salariés, 500.000 chômeurs et 2.500.000 fonctionnaires ou assimilés. Et pas plus de 200 MME de dettes globales

Sa préférence pour l'emploi public, l'impôt, le chômage, l'assistance, la gratuité généralisée et la dépense publique, l'a amputée des deux bras et d'une jambe.  

MM. Hollande et Eckert sont en train d'écraser les moignons d'économie dynamique qui nous restent, et tentent d'arracher la dernière patte valide.

La jeunesse diplômée et active est désespérée.

Le revenu par tête baisse.

Bravo à tous.  

 

La France : un pays socialiste ?

Les faits électoraux sont clairs.  Pour la première fois de son histoire, le Parti socialiste a tous les pouvoirs en France : la Présidence de la République, l'Assemblée Nationale, le Sénat (avec d'incommodes alliés), la quasi-totalité des Régions, la plupart des grandes villes y compris celles qui étaient considérées naguère comme imprenables comme Paris ou Lyon.

Pour la première fois un Président socialiste a pratiquement tous les pouvoirs avec la durée pour les exercer.  Après une phase où il a consciencieusement démoli tout ce que son prédécesseur avait tenté de construire ou d'empêcher, il a asséné un tel  choc fiscal ciblé sur les familles aisées, les entrepreneurs et  les cadres supérieurs qu'il a bloqué net l'activité économique et démoralisé la nation toute entière.

On mesure aujourd'hui l'intensité de ce choc qui voulait frapper 10% de la population pour épargner les autres 90%  et qu'on a aggravé par le climat insultant et haineux qui l'a accompagné. Le bâtiment s'est arrêté net. Les projets d'investissement ont stoppé.  Les plans sociaux se sont  accélérés. Les boutiques ont vu leur clientèle disparaître. Les gros investissements dans les voitures et l'ameublement ont été remis à plus tard. Le personnel de maison a été licencié. On a cessé d'embaucher. En six mois, des centaines de milliers de chômeurs en plus.

L'échec de cette politique a eu comme conséquence de rendre caduques toutes les prévisions du gouvernement et les engagements du Président. Il avait promis d'inverser la courbe du chômage fin 2013 : on sera bientôt à 11% avec  près de 10 millions de foyers  vivant en France uniquement de secours publics ou ses succédanés. Il s'était engagé à revenir sous la limite des 3% du PIB pour le déficit public à fin 2013. On sera plus près de 4%, annihilant les sacrifices fiscaux faits par les Français les plus actifs. Voilà maintenant qu'on va tenter de les priver en partie de ce pourquoi ils ont cotisé à taux majoré : les allocations familiales ; la retraite, les déductions pour enfants scolarisés etc.

Les promesses hollandaises de relance de la croissance ont tenu ce que durent les roses.

Du coup les Français commencent à s'interroger sur qui est vraiment ce François Hollande, grossier et désinvolte, qui rigole sur les ruines de leur patrimoine, de leur emploi et de leurs espoirs.

Est-il un simple fumiste qui a réussi un coup politique en bénéficiant des circonstances et qui fait n'importe quoi en ricanant une fois sur le trône républicain ?

Est-il un énarque politicien, culotté mais  mal préparé, qui découvre les réalités et qui panique.

Est-ce un simple opportuniste qui joue la démagogie à fond, appuyé sur un quarteron de communicants ?

Est-il un socialiste conséquent, conscient qu'avec les moyens que la 5ème République lui donne, il peut profiter de la crise pour créer un vrai régime socialiste où la "bourgeoisie" serait balayée par l'impôt.  Il entrerait ainsi dans le "Panthéon socialiste" pour avoir réalisé une révolution de velours par l'impôt, sans toucher aux droits fondamentaux, sauf celui de la propriété.  L'article de Zbig Brataniec, sur ce site, évoque les ressemblances entre le discours Hollandais et celui qu'il a connu en Pologne au temps du "socialisme réalisé", façon soviétique. Va dans ce sens le fait qu'à 20 ans, F. Hollande, fils de "fasciste", adhérait à l'UNEF-Renouveau communiste et pas à l'UNEF socialiste.

La vérité est probablement un mélange des quatre, ce qui n'est pas reluisant. Et pose la question de savoir si les Français veulent réellement vivre dans une société socialiste.

Après avoir été débarrassée de la guerre d'Algérie, la France a voulu montré sa volonté d'en finir avec les tensions qui avaient marqué les 100 années précédentes et conduit à des catastrophes humanitaires sans précédent.  En risquant la simplification, on peut affirmer qu'elle a considéré qu'elle devait pacifier ses relations  avec tout ce qu'une société qualifiée de "bourgeoise" avait défendu avec une certaine énergie. Elle a voulu faire droit  aux revendications :

- de la communauté juive, martyrisée par les Nazis, mais avec la complicité de Vichy et qui se considérait encore victime d'un certain antisémitisme latent en France

- de la communauté homosexuelle, mis au ban de la bonne société pendant longtemps et qui se présentait comme persécutée

- des femmes qui revendiquaient la parité, et présentaient également une réclamation victimaire

- des noirs et des arabes victimes du racisme et de la colonisation

- des classes sociales défavorisées qui exigeaient une meilleure prise en considération

- des travailleurs travailleuses, avec qui on cherchait la paix et la fin de la lutte des classes en acceptant la promotion du discours syndicaliste, une grande mansuétude devant la délinquance en col rouge et un arrosage systématique d'avantages divers et pas toujours justifiés

- de la demande de paix générale en Europe via la construction de l'Europe  communautaire.

- de la nature martyrisée par les pollutions diverses.

- des délinquants "victimes d'une société répressive"  

En gros, les Français ont voulu couper avec une tradition de bourgeois mâles blancs, dominants, productivistes,  n'hésitant pas à la conquête et, s'il le fallait,  à la répression.

Presque tous les films français depuis 70 montre des bourgeois corrompus, assassins à l'occasion, prêts à tout pour du fric.  Il est intéressant de noter que les deux grands succès récents montrent pour l'un que la vraie vie se passe  à l'étage des bonnes espagnoles, pas à l'étage du bourgeois sordide et son épouse lamentable et, pour l'autre, que le blanc riche, paralysé à la suite d'une activité sportive à haut risque, choisie probablement pour masquer la vacuité d'une vie bourgeoise et friquée, avait besoin d'un noir de banlieue pour retrouver une existence humaine.

Le Français a voulu devenir politiquement correct, gentil, prêt à toutes les bonnes actions et prêts à encaisser tous les coups que pourraient lui asséner ses anciennes "victimes", du moment que cela ne lui coûte pas grand-chose d'autre que de modestes génuflexions et un peu d 'argent.

Fini le bourgeois, le beauf, le fasciste. La France a vécu 40 années de réaction anti-bourgeoise, dans un consentement progressif mais finalement assez général. Il a été rendu plus facile par l'effondrement du communisme. On oublie souvent que, malgré bien des apparences, Mai 68 a été un mouvement largement anti-communiste.

Nous pouvons apporter ici une explication à Zbig Brataniec de la raison pour laquelle les drames  qui ont ravagé les Pays de l'Est, et notamment son pays , la Pologne,  ont été gommés. On ne pouvait pas à la fois "pacifier" nos relations avec les syndicats et la classe ouvrière tout en assimilant la droite à l'antisémitisme d'Etat et au génocide, en ouvrant un front moral contre les génocides commis au nom de l'instauration violente du socialisme. On les a donc escamotés.  

On dira : vous décrivez la tentative de la gauche et généralisez abusivement à la France entière !

Certes la gauche actuelle couvre assez bien l'ensemble du champ de cette réaction antibourgeoise, et on a vu M. Hollande réactiver tous ses codes, avec le droit de vote aux étrangers, le mariage homosexuel, la politique laxiste de Mme Taubira vis-à-vis des criminels, le discours vis-à-vis de l'Afrique et de l'Algérie etc.

En fait, elle été plutôt absente sur la question des femmes et le mouvement homosexuel ne sera pris en compte qu'assez tard : l'affaire du sang  contaminé et l'inculpation de Fabius marque la césure. De même la conversion écologique a été lente.

La gauche politique a été plus opportuniste que motrice. La gauche culturelle a été à la manœuvre.

Rappelons que G. Pompidou, jeune, se voulait socialiste, comme le révèle d'Ormesson dans un livre récent ; R. Barre déclare dans ses mémoires avoir mené une politique "social-démocrate". J. Chirac voulait illustrer un "travaillisme à la Française". Giscard prétendait avoir un cœur, et a inventé "l'énarchie compassionnelle", tout en interprétant mieux que les socialistes nombres d'éléments d'une politique d'ouverture sociétale, notamment vis-à-vis des femmes. L'église elle-même s'est voulue repentante et décidée à se montrer ouverte à bien des nouveautés qu'elle combattait jusque là.  

On traite parfois de bobos tous ces Français bien intentionnés, qui grosso modo ont adhéré plus ou moins consciemment à cette réaction anti-bourgeoise. Ils n'aiment pas cela parce que justement ils ne se croient pas bourgeois et ils sont rarement bohèmes : le plus souvent ils sont fonctionnaires ! Le PS est indiscutablement plus en phase avec leur sensibilité aujourd'hui, surtout depuis que Nicolas Sarkozy a décidé, en partie, de revenir sur certains de ses développements. Il amorcé une réaction contre la réaction. Il n'est pas difficile de constater que de l'UDI de Borloo aux différents courants anti-sarkosistes de l'UMP (Mme Bachelot, la dénommée NKM, …),  il existe une forte assimilation des thèmes de la réaction "anti-bourgeoise" et anti répressive  au sein même de l'UMP. Cette contre réaction ne passe pas facilement au sein de la droite de gouvernement.  

Nous assistons depuis une quinzaine d'années à une prise de conscience progressive que cette attitude bonasse a favorisé des abus et des dérives qui deviennent criants. Beaucoup se demandent si le balancier n'a pas été trop loin.

Renoncement au nationalisme d'accord et vive l'Europe ! Mais depuis Maastricht la rupture entre l'Europe des fédéralistes et le peuple est devenue une véritable fracture.  On le voit en Italie, ce jour même, avec le résultat des élections, mais c'est la même chose en France.

Renoncement à l'antisémitisme d'accord, mais nous ne pouvons plus suivre la politique d'Israël quand elle alimente une guerre perpétuelle avec le monde musulman ponctuée de crimes et de massacres.  Le succès phénoménal du  livre de Hessel, mort aujourd'hui,  est là pour témoigner de ce revirement. La compétition mémorielle qui sévit désormais entre noirs, arabes, juifs, homosexuels, etc.,  toujours sur le dos de la France, commence à sévèrement agacer les Français. 

L'insécurité est devenue incontrôlable. Un livre récent (Orange Mécanique : l'ensauvagement de la France) révèle que "l'ensauvagement de la France "est désormais sans solutions.

La paix sociale est plébiscitée, mais pas quand elle est détournée pour simplement donner des avantages extravagants aux diverses fonctions publiques, et laisser se développer des pratiques choquantes (Ouvriers du Livre, Marins de Seafrance, Dockers, intermittents du spectacle etc.).

La générosité sociale est admise mais pas quand toute la charité publique est faite sur emprunt tout en créant une fiscalité confiscatoire. L'hyper-fiscalité française ne passe plus. Le sondage de Marianne de cette semaine le montre bien.

Quant à l'altération de règles millénaires comme celles de la filiation pour complaire à 0.3% des couples, parce qu'ils sont  homosexuels, elle a fait réagir des centaines de milliers de Français.

Nous sommes certainement en plein retour de bâton, le fameux "backlash" des anglo-saxons.  La politique de Hollande n'est plus en phase avec l'opinion. Il en fait trop. L'effondrement économique français et le climat d'hystérie qu'il entretient vont accélérer "la réaction contre la réaction".

Le mouvement "pacificateur" n'a en fait rien pacifié. Il a multiplié les contradictions  et créé les conditions de nouvelles tensions.

Pacifier les relations avec les ouvriers ? Il n'y a plus d'ouvriers. En revanche le chômage va dépasser 11%  de la population active.

Pacifier les relations en Europe ? Jamais elles n'ont été plus tendues.

Etc.

Les Français s'aperçoivent qu'on leur demande de refaire des combats historiques clos depuis des décennies. L'esclavage ? Le colonialisme violent et répressif? L'antisémitisme génocidaire nazi ? Toutes ces batailles sont closes depuis des lustres sans que personne ne demande à les reprendre. C'est à l'époque qu'il fallait se battre contre les idéologies ou les intérêts qui les avaient suscités.

La France qui avait été de toutes les percées technologiques, automobile, cinéma, aviation, grande distribution, banque est incapable désormais de se hisser en tête des combats de titans de la mondialisation. Nos grandes réussites, L'Oreal, Publicis, LVMH,  sont toutes des entreprises qui sont nées avant guerre.

La France bourgeoise a été d'un dynamisme industriel, commercial, militaire, intellectuel, culturel extrêmement fécond. En 1930, la France était la première nation du monde. Aujourd'hui elle est insultée par le premier histrion venue et fait rire dans tous les cénacles.

En voulant pacifier, harmoniser, tranquilliser, on a fini par châtrer le pays.  La castration a été d'abord fiscale mais aussi morale : on a cultivé la volonté d'impuissance, au prétexte que  la puissance froissait des élytres et réprimait.

Maintenant nous en sommes au point où nous constatons l'impuissance de la volonté.

Oui nous sommes impuissants contre la délinquance, nous sommes impuissants contre les mouvements migratoires non désirés, nous sommes impuissants contre l'Europe de Bruxelles ou contre la politique impossible de Mme Merkel, nous sommes impuissants face au délire monétaire américain, nous sommes impuissants face au mercantilisme de la Chine, nous sommes impuissants face à la toute puissance des hauts fonctionnaires, nous sommes impuissants contre les nouvelles oligarchies régnantes, nous sommes impuissants dans la mondialisation.

Nous-mêmes, nous défendons depuis près de 20 ans toujours les mêmes trois grands thèmes :

- l'organisation monétaire internationale défaillante et voulue par les américains tue le capitalisme. Mais la France est muette.

- l'inorganisation de la zone Euro et sa gestion par la norme et la déflation tuent l'Europe. Mais la France n'a aucune doctrine à opposer.

- l'hyper-fiscalité française et la captation du pays par l'énarchie compassionnelle forment les conditions d'un drame qui voit la France sortir des pays dynamiques. Mais la dénonciation des entrepreneurs et des fortunes attise la haine fiscale contre les entreprenants et ceux qui réussissent.

C'est parce que la France a cessé de vouloir et de combattre que nous nous sommes laissés enfermer. C'est parcequ'elle récuse la nécessité d'un corps important de "bourgeois" efficaces, c'est à dire de personnes qui gagnent et investissent et qui sont prêts à prendre des risques pourvu qu'on ne les plume pas,  qu'elle s'enferme dans le recul et le déclin.

Le refus d'une structure sociale complète et d'une société sans trop de complaisance,  explique la déchéance de la volonté française. Elle est la base de sa déréliction économique.

La médiocrité des présidents récents et notamment celle de N. Sarkozy et de F. Hollande sont des marqueurs de l'effondrement de la volonté française.

La France n'est pas socialiste. La suite le montrera.

Mais en voulant faire l'ange, elle a fait la bête. Et elle le paie.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

L'impayable Monsieur Peillon !

Que le Ministre de l'Education Nationale s'inquiète de constater, après tous les autres ministres qui l'ont précédé, qu'il dirige un ministère effondré et que L'Education Nationale, a renoncé à éduquer et surtout  à fournir l'instruction publique élémentaire, on le comprend.

Ce n'est pas le seul ministère effondré  : la justice l'est totalement, sans espoir de redressement depuis maintenant des décennies.

Les Affaires étrangères sont devenues des affaires étranges, avec un effondrement sans précédent de la pratique du Français dans les pays qui le pratiquaient naguère.

Les Affaires sociales sont également dans le trente sixième dessous et s'effondrent dans le néant avec une belle régularité. La gestion de type soviétique du Ministère fait désormais rire. Un rire de cheval.  

Nos Armées, sollicitées beaucoup, sont dans un état plus que préoccupant. Nous n'avons plus de moyens de transport et de projection, et sommes en retard sur tout ce qui est information, drones, guerre électronique.

Ne parlons pas de la police qui est totalement débordée et qui ne peut plus faire face à la marée de la délinquance. Un livre récent, qui sera occulté, nécessairement occulté, le démontre facilement : la "France Orange mécanique" de Laurent Obertone :" Enquête sur un sujet tabou ; l'ensauvagement d'une nation. Toutes les 24 heures : 13 000 vols, 2 000 agressions, 200 viols".

Si les chiffres sont multipliés par 365 on aboutit à des dizaines de milliers de viols, à des millions de vols, à des centaines de milliers d'agressions. Et Mme Taubira songe à renouer avec l'excellente mesure proposée par son collègue Valls dans la chaleur communicative des élections : demander aux policiers de s'excuser de vérifier l'identité de personnes suspectes  avec fourniture d'un bon de vérification !

Nous avons la plus grosse administration du monde par rapport à notre population, les impôts les plus hauts, les dépenses sociales les plus élevées, une dette incontrôlable et …rien ne marche.

F. Hollande arrive : il recrute des fonctionnaires et favorise leur absentéisme ; il augmente sauvagement les impôts et réduit le revenu disponible des gens qui contribuent encore, il laisse les Francs maçons, via la sœur Taubira, ruiner définitivement le système pénal. Il aggrave tout.

Et voici notre Ministre Peillon qui geint dans les médias qu'on n'a pas compris l'urgence qu'il y avait à refonder l'école primaire et ses rythmes. Il en profite pour éditer un livre sur le sujet : il est bien normal qu'un Ministre se fasse un peu d'argent avec sa mission : commenter de façon lucrative, c'est bien mieux que de gouverner. C'est qu'il craint qu'il ne reste rien de sa réforme rêvée, pourtant absolument nécessaire et ayant retenu un large "consensus" chez les experts, de droite et de gauche.

Comme toujours F. Hollande laisse tout le monde devenir fou en disant oui, non, peut-être ou rien du tout, parfois dans la même phrase. C'est sa méthode.

 

Une question préalable aurait du être posée : pourquoi le primaire s'est-il effondré ?

N'espérez aucune réponse. C'est un sujet tabou. Les syndicats pointent le manque de moyens. Le PS le manque de formation des maîtres car il n'a pas digéré la suppression des IUFM qui étaient pourtant une fumisterie. Les maîtres affirment : "ne vous en prenez pas à nous, on fait ce qu'on peut avec des classes de plus en plus étranges voire étrangères et des directives imbéciles et contradictoires en provenance du Ministère". Les syndicats d'élèves sont pris dans leurs engagements politiques et leur consumérisme.

La vérité est toute simple : le sociétal l'a emporté sur le scolaire ; le politiquement correct sur l'instruction ; le n'importe quoi bien intentionnée sur la raison.

La suppression de l'examen de sixième, "instrument de la reproduction sociale des riches", à gauche, redoutable barrage, à droite, a été le premier clou dans le cercueil. Il était la justification de tout le travail fait dans le primaire. Il bandait toutes les énergies. On ne pouvait pas rire avec cela. Un instituteur nul ne pouvait pas trop durer : par respect général pour l'institution , le corps des enseignants restait attentif à ce qu'il n'y ait pas trop de dégâts fait par des incompétents : on risquait de leur imputer des échecs un peu trop massif à l'examen de 6ème.  Composé pour l'essentiel dans les villes de femmes consciencieuses et raisonnables, le corps des instituteurs du primaire  était respecté.

Anecdote : lorsque l'auteur de ces lignes avait passé cette épreuve, on avait demandé d'expliquer le mot "abnégation". Les journaux populaires de l'époque, France-soir, Paris Presse l'Intransigeant, s'étaient scandalisés. Déjà la pression consumériste des parents s'enflammait contre des programmes trop sélectifs et trop difficiles. Seuls quelques dizaines de milliers d'élèves avaient le précieux sésame vers les études "classiques".

Dès que la motivation de l'examen a disparu, tous les chants des sirènes ont été entendus avec délectation.

L'école était "une caserne" où on enfermait les enfants pour en faire des soldats disciplinés du capital et de futurs ouvriers obéissants. 

L'orthographe était le moyen trouvé par les riches pour leur reproduction sociale.  

La méthode  globale a commencé ses ravages.

Puis le pédagogisme.

Puis la volonté de couper la relation coupable entre l'enfant et ses parents. On a réorganisé totalement la grammaire et l'arithmétique pour rendre tout incompréhensible aux parents et pour qu'ils ne puissent plus aider leurs enfants. La maison ne devait plus être un lieu d'enseignement qui aurait accusé les inégalités. On supprima les devoirs à la maison, source de reproduction sociale bourgeoise scandaleuse. Finies les récitations et les pages d'écritures à la plume sergent major imposées pour le lendemain à l'élève insouciant!  

L'école devait devenir un lieu de vie, où les enfants, tous les enfants quelques soient leurs diverses qualités, s'épanouiraient. Elle devint une garderie.

Maintenant c'est le système de notation qu'on veut changer pour ne pas "traumatiser les nuls".

Au gré des humeurs, on exigeait de l'école primaire de nouvelles fonctions : enseigner le français ne suffisait plus. J. Lang imposa l'étude de l'anglais, sans aucun moyen pour le faire. Il fallait que les jeunes pousses sachent un peu d'informatique. Ne pas oublier le civisme, le code de conduite, Etc.

Les livres devenaient gratuits. Certains exigeaient que les cahiers et les crayons le soient aussi. C'est laissé à l'initiative des maires et des conseils régionaux. Mais il n'y avait pas de papier dans les toilettes !

Tant que le corps des institutrices formées jusqu'aux années 50 fut là, les choses ne se dégradèrent pas trop vite. A partir de 85, la débandade devint visible et commença à inquiéter.

Le changement sociologique de la population aggrava les choses : les classes devinrent des tours de Babel avec de nombreux enfants étrangers ne connaissant aucun mot de français. Un seul élève de ce type dans une classe, et il est assimilé en trois mois. 90 % d'élèves de ce genre et plus rien ne se passe comme prévu.

L'EN veillait à ce que les handicapés ne viennent pas troubler la classe "normale".  Ce n'était pas gentil. Voilà qu'il fallait maintenant intégrer des handicapés légers puis lourds  dans des classes d'enfants pas toujours très gentils à cet âge là.  

Au fur et à mesure que le désastre devenait impossible à cacher on surenchérissait dans les solutions "bourgeoises" mais socialisées : on allait donner des "petits cours" payés par l'état à ceux qui trainaient. Les bons élèves se voyaient sortis de la classe pour permettre aux cancres de bénéficier de légitimes compléments. Faire le mal ce n'est pas bien mais dégoûter du bien c'est pire que tout.  

Les préoccupations "sociales" ont envahi la périphérie de l'école communale : on a commencé à accueillir les enfants de plus en plus tôt.  M. Peillon se flatte de la généralisation des maternelles à trois ans. Pourquoi pas à deux ans voire à un mois ? Les femmes veulent travailler que diable et elles ne veulent plus s'occuper des "chiares" à la maison. Elles en sont à exiger qu'on n'appelle plus ces classes la "maternelle".  Tout le monde sait après Mme Badinter que le sentiment maternel n'existe pas et qu'il s'agit d'une convention bourgeoise pour enchaîner la femme au foyer. Pourquoi pas une Burka pendant qu'on y est !

Les communes ont été sollicitées, pour la même raison, d'organiser le périscolaire : les cantines d'abord et toutes les activités ludiques, sportives etc.  La famille n'existant plus pour garder les enfants il fallait que la collectivité s'en occupe. Sauf le Week-end, sacré, où les familles ne voulaient  pas être gênés par l'école.

Evidemment tous les rythmes scolaires ont été désorganisés pour permettre aux parents et aux instituteurs de prendre leurs aises. Pas pour que l'enfant apprenne mieux.

Les maires le savent bien : il faut beaucoup de crèches ; il faut des systèmes de cantines scolaires et la gratuité des transports; il faut des stades, des activités, des ludothèques, des médiathèques, des parcours etc. Les maires socialistes l'ont compris mieux que ceux de droite : ils ont été à fond dans l'encadrement périscolaire.

Attention : pas question de ne pas recevoir un enfant à l'école alors que les parents ne veulent pas payer la cantine ; pas question de ne pas recevoir à l'école l'enfant ne parlant pas un mot de français d'un immigré clandestin ; pas question de renoncer aux "voyages découvertes" ; pas question de revenir sur l'absentéisme délirant de certains instituteurs ni aux décharges syndicales absurdes ; pas question de toucher au Week-End ; pas question de toucher aux longues vacances scolaires. Pas questions de revenir sur les journées surchargées avec des cartables qui pèsent deux tonnes.

Un système de gratuité généralisé devient fou par construction.  Il est totalement irréformable sans émeute.

Si un vieil idiot en vient à proposer de revenir sur tous ces "acquis sociaux" en expliquant qu'il faut exercer d'abord la mémoire, la main, les neurones, le calcul mental, la discipline, le respect (ah le cadeau à la maitresse à la Saint Charlemagne !),  avec des classes courtes, jamais plus de 5 heures par jour, trois le matin, six jours de la semaines  et deux l'après midi, quatre jours,  et du temps à la maison, que le temps extra scolaire est à la charge des familles pas de la société,  des vacances plus fréquentes mais plus courtes et que tout le système doit être mis sous tension avec un examen des collèges à la fin de la septième, alors c'est l'émeute. Vous êtes le diable : vous êtes contre la révolution féministe et l'égalité des droits, vous êtes pour la reproduction des élites, vous êtes contre la socialisation intégrale de l'enfant que vous voulez torturer par des tensions folles.  Vous êtes donc un "salaud" au sens sartrien du terme.

Alors crève l'école primaire plutôt que de sombrer dans de telles horreurs. Nous avons l'école primaire la plus déliquescente qu'on puisse imaginer. La plus coûteuse de surcroît car la socialisation tous azimuts dans la gratuité quasi-totale est la source d'énormes gaspillages.  

Vous ferez donc une réforme en trompe l'œil, Monsieur Peillon, comme tous vos prédécesseurs. Les instituteurs et leurs syndicats, les maires et les parents d'élèves ne vous laisseront aucun répit.

Vous aurez écrit un livre et gagné un peu de sous. C'est déjà cela.

Requiescas in pace !

 

Sylvain

Zbig Brataniec : "Je suis inquiet pour la France"

Il est toujours délicat pour un observateur étranger de s'immiscer dans les débats internes d'un pays ami. En tant que citoyen polonais, puis-je réellement comprendre les subtilités françaises ?  Le fait d'être un francophile de toujours et membre de la même Union Européenne m'encourage à m'exprimer, bien que je craignes de n'avoir rien de trop agréable à dire et de ne pas être parfaitement compris.

Vue de Pologne, la France est devenue un pays socialiste. Un de nos Présidents l'avait dit en son temps à J. Chirac avec un peu de provocation. A l'époque, je n'étais pas d'accord. Aujourd'hui je m'inquiète car les ressemblances avec ce que nous avons connu pendant des décennies s'accentuent de jour en jour.

Je vois l'objection : "votre régime était communiste pas socialiste ; il n'y avait pas de liberté ni de démocratie". Elle est traditionnelle en France dès qu'on compare les deux régimes.

La réalité que nous avons vécue est assez différente de l'idée dominante qu'on s'en fait dans les milieux de gauche français. Personne n'employait jamais le mot communiste en Pologne sauf pour qualifier le Parti. Le vocable employé en permanence dans les médias écrits, radiodiffusés et télévisés, ainsi que dans tous les discours politiques, les cours universitaires, les livres et les essais était, exclusivement et inlassablement : socialisme.  Cela était vrai dans tous les pays colonisés par l'URSS et dans l'URSS elle-même. Nous jouissions, à notre grand avantage selon la propagande, d'un régime pleinement socialiste, grâce au père de la nation soviétique, à qui nous devions notre "libération" et "l'avènement du socialisme", prêché par Marx et Engels, rendu possible par Lénine et réalisé par Staline.  

Nous étions des élus, car nous vivions dans l'espace du socialisme réalisé. On nous le répétait tous les jours. Finies les distinctions de fortune, de religion ou de nationalité. Comme Marx l'avait prévu scientifiquement, la suppression de ces diviseurs de la société permettait enfin de réaliser le rêve d'une humanité unie et apaisée.

Bien sûr, "les forces populaires" veillaient à ce que la bête immonde, pour simplifier, le capitalisme occidental, souvent caricaturé sous l'expression d'impérialisme yankee, ne relève pas la tête qu'on lui avait opportunément coupée en URSS. Mais l'ennemi ne pouvait être qu'à l'extérieur. Même si des imperfections restaient toujours à gommer, notre système socialiste était le meilleur et promettait des lendemains qui chantent.

Nous autres Polonais, Tchèques, Roumains, Ukrainiens, sommes souvent ahuris du peu de connaissances des Occidentaux sur ce qui se passait exactement chez nous pendant la période socialiste.

A partir du moment où vous acceptiez le système et ne cherchiez pas à le déstabiliser, la vie y était plutôt tranquille. Médiocre mais tranquille.  Un espace d'économie privée subsistait aussi bien en ville qu'à la campagne.  Bien sûr, rien ne marchait bien. Mais pourquoi ?

Cette question n'est jamais abordée en France par les socialistes. Pour avoir essayer mille fois dans des réunions de stimuler ce débat, la réticence à le mener est toujours la plus forte.

La réponse est pourtant fort simple : il était impossible de gagner de l'argent, de capitaliser, de placer, d'investir. Il existait deux mondes : un monde de privilèges réservé aux hauts fonctionnaires et aux élites politiques du régime, deux groupes très interpénétrés, qui permettait d'accéder à des biens, y compris immobiliers, et un train de vie qui était hors de portée des autres.

Le reste du pays formait l'immense marais socialiste.  Les salaires, même ceux des cadres, ne correspondaient pas à grand-chose. S'il n'y avait rien dans les rayons, il n'y avait rien dans les rayons quelque soit le nombre des billets que vous aviez en poche. La corruption régnait certes dans les régimes socialistes parce qu'aux étages inférieurs les fonctionnaires étaient paupérisés et que les mafias savaient y faire, alors qu'aux étages supérieurs il fallait valoriser rapidement les places durement acquises.  L'histoire du clergé d'avant la Révolution française s'accorde assez bien à ce que nous vivions : une grande masse de prêtres en loques et une haute hiérarchie vivant dans un luxe insensé. La foi, tout le monde s'en fichait,  même si elle était affichée avec componction.

L'expression un peu usée "on faisait semblant de travailler et l'Etat faisait semblant de nous payer" est assez juste.  A partir du début de l'après midi, la majorité des gens cherchaient à manger en faisant des queues interminables dans des magasins mal approvisionnés. On disait : "les soviets c'est l'électricité et les files d'attente".

Quand on compare la situation de la Pologne d'alors et de la France de ces derniers mois, beaucoup de points de ressemblance frappent.

Première ressemblance : dans les deux cas l'Etat et les hauts fonctionnaires régentent tout à leur avantage et dans le détail.

Seconde ressemblance : Les médias et l'enseignement sont largement verrouillés et instrumentalisés.

Les nouveaux impôts qui ont été mis en place en France interdisent de s'enrichir et ont vocation à liquider le patrimoine des familles disposant d'un capital en l'espace d'une génération. Le Point de cette semaine fait apparaître un graphique très parlant : il faudrait un rendement moyen du capital investi de 9% pour pouvoir le conserver avec les impositions maximales actuelles, alors que le rendement moyen de longue période est de 3%. Le lessivage du patrimoine d'une famille ne demandera pas plus de 10-15 ans. C'est évidemment ce qui explique que les jeunes ne veulent plus s'investir en France. Les socialistes français font par une imposition confiscatoire ce que les socialistes polonais, à la botte de Moscou, ont fait par la force et la collectivisation du capital.

Le résultat est le même : la volonté de partir ; le travail au noir ; les mafias, le désinvestissement, l'absence de croissance etc.  Un pays dont les élites ont été exterminées est évidemment dans une pire situation qu'un pays qui n'a perdu que son élite fortunée par confiscation étatique. Le résultat  escompté est tout de même très proche.

Dans ces conditions, il n'est plus possible d'avoir une trajectoire personnelle et de participer à des aventures d'entreprises libres et conquérantes, sauf à s'expatrier.

Certains Polonais, enrichis dans les 20 dernières années, ont acheté des biens immobiliers à Paris. Ils commencent à les revendre. C'est un signe qui devrait inquiéter. Ils ne veulent plus payer ce qu'on leur demande désormais de payer en France.  Quand ils comprennent ce que les Français entreprenants paient comme impôts ils pensent que la France est devenue totalement folle. Aller vers le socialisme, sans même y avoir été contraint par un puissant et impitoyable voisin, leur parait inimaginable.

L'affaire de l'accueil détestable du film Katyn a fait comprendre aux Polonais francophiles que l'emprise des intellectuels socialistes sur la pensée et les médias français était encore très forte.  Ils ont été également alertés par l'affaire de la "lustration", où des politiques et des intellectuels français s'enflammaient contre les autorités polonaises dès lors qu'elles voulaient sanctionner les dirigeants polonais communistes et leurs collaborateurs.  Déjà l'affaire d'Auschwitz les avait courroucés. Ils constataient que personne n'avait l'air de savoir en France que ce camp de la mort avait reçu beaucoup de Polonais dans la période allemande et  avait été rouvert par Staline qui y avait aussitôt expédié à son tour des milliers de Polonais,  ennemis du peuple et de la révolution,  qui, pour la plupart y ont trouvé la mort. Leurs tombes sont enfouies et cachées sous des rangées d'arbres, selon la méthode éprouvée employée partout en Union soviétique pour cacher le cadavre des innocents massacrés.

Qui savait et disait que les Communistes  avaient fait exécuter des dizaines de milliers de Polonais d'Ukraine et de Biélorussie avant même le pacte germano-soviétique ?  

L'histoire enseignée en France et commentée dans les médias est mensongère dans le sens de l'occultation et de la minimisation dès qu'il s'agit de l'Union soviétique. Les Français vivent dans la fiction dès lors qu'on aborde le sujet du socialisme historique tel qu'il a été pratiqué chez nous.  

Comme dans la Pologne de l'époque socialiste, les gens qui ne veulent pas du socialisme et qui s'expriment en ce sens sont subtilement étouffés en France. Dans beaucoup de média, s'affirmer contre le socialisme, est considéré comme  malséant. Le "bourgeois", comme en Pologne aux temps socialistes, est un coupable permanent : coupable comme colonialiste, coupable comme égoïste  anti social, coupable ici, je transpose,  comme pétainiste dans l'âme voire antisémite et raciste (on disait  Hitlériens hystériques chez nous) , coupable comme catholique, coupable d'absence de sens moral et patriotique etc.

Nous avons entendu toutes ces fariboles à en vomir pendant des décennies.

Comme en France aujourd'hui, c'était un bruit de fond véhiculé par les enseignants, la presse, les politiques, les pseudo-intellectuels. Quiconque regimbe en France contre le socialisme sort de la communion des gens de bien. Ce fait surprend toujours les Polonais en France. En Pologne, la rancune contre l'occupant Russe et le socialisme permettait de ranger ce prêchi-prêcha au chapitre de la propagande socialiste obscène.

Il me semble qu'il y a clairement une relation entre la propagande permanente qui se déverse sur les Français et le fait que les fonctionnaires socialistes qui dirigent la France comme ils ont dirigé la Pologne pendant des décennies, se croient aujourd'hui tout permis. La peur d'être classé réactionnaire, bourgeois, fasciste,  paralyse la réflexion en France. L'intimidation socialiste y fonctionne à plein comme elle n'a jamais réussi à le faire en Pologne.

Pour un Polonais qui s'est sorti de cette horreur, la voir ressurgir en France sans que personne, parmi ses grands intellectuels n'ose réagir, est un cauchemar.

Il sait que lorsqu'on sale son champ on ne le remet en état que très difficilement.

F. Hollande est en train de liquider trois siècles d'entrepreneuriat français. Ce qu'il a mis en place n'est pas une France juste mais un France qui n'aura plus d'entrepreneurs et d'entreprises d'importance dans 10 à 20 ans. Sinon des médiocres cherchant à bénéficier de subventions en concubinage avec l'Etat, le reste de la population vivant dans la débrouille et les combines. Quelques grands groupes, là aussi associés aux princes du régime, pourront exercer sans trop de difficultés.

Notre expérience est qu'il faut fuir au plus tôt ce type de régime. J'espère que l'électeur français saura le voir. Hélas il vit presque majoritairement aux crochets de l'Etat et donc dans la dépendance politique de la dépense publique. De pertes de pouvoir d'achat en longues périodes de chômage il sera le dindon de la farce.

Le socialisme ne fait pas que démoraliser la population, il l'a ruine. Il n'y a pas de bon socialisme. Tous les peuples d'Europe centrale vous le diront et pas seulement pour des questions de dictature. C'est une régime économique lamentable et impossible.  

J'ai toujours été frappé que personne ne remarque en France que si les pays d'Europe centrale avaient continué sur leur lancée capitaliste d'avant guerre, au lieu de sombrer dans le socialisme, les entreprises européennes en général et françaises en particulier auraient eu pendant des décennies des débouchés importants qui leur auraient permis de grandir et de se fortifier très au-delà de ce qu'elles sont aujourd'hui.  L'Union des républiques socialistes a été un calamité aussi pour l'Europe de l'Ouest qui doit faire face aujourd'hui  à des concurrents mondiaux qui sont devenus plus gros et compétitifs  que ses meilleures firmes, presque dans tous les domaines et rapidement,

Si la France opte de son plein gré pour "un socialisme réel", alors elle est perdue.  Ce ne sera pas une perte seulement pour elle.

Pour avoir suivi les élections présidentielles françaises et tout ce qui se passe en France depuis, je ne vois pas tellement de différence entre le discours de M. Hollande et ceux de nos bien aimés dirigeants de l'époque socialiste. On ment tout le temps. On parle de courage et de patriotisme "à tour de bras". On n'atteint jamais aucun objectif. On lâche constamment des avantages à ceux dont on a besoin. On saque les autres. On joue en permanence avec des boucs émissaires. On n'hésite pas à injurier ceux qui résistent. Mais on exalte la jeunesse, qui sera l'avenir glorieux de l'humanité socialiste. Cela a été notre lot et pensum pendant des décennies.  

M. Hollande  avait annoncé qu'il inverserait la courbe du chômage en 2013, qu'il reviendrait à 3% de déficit à la date prévue, que les hausses d'impôts ciblées et sauvages,  étaient les dernières etc.  Tout cela est balayé en rigolant sur un coin de stand au Salon de l'Agriculture. Pendant ce temps là, on soigne les vaches sacrées du régime, comme l'atteste la suppression récente  du jour de carence instauré pour mettre fin à l'absentéisme excessif qui sévit un peu partout dans les différentes fonctions publiques.  

Ce comportement nous l'avons connu pratiquement en permanence. Jamais un socialiste n'a été capable de tenir un objectif économique. Il sait prendre et détruire. Il ne sait pas créer.

Les Français se sont félicités d'avoir une Constitution qui donne un pouvoir quasi dictatorial au président s'il a la majorité à l'Assemblée nationale.  L'arrivée de M. Mitterrand, un vieux briscard de la politique qui a utilisé le socialisme comme marchepied, a abimé la France mais les politiciens socialistes, soumis à  leur "Dieu", n'ont pas osé aller trop loin et il y avait le risque de la cohabitation. En alignant la France sur le néolibéralisme européen, M. Mitterrand donnait un coup de poignard dans le dos des socialistes sectaires.  M. Jospin, lui,  était dans la dépendance du Président Chirac. Il a du composer. Aujourd'hui M. Hollande et les socialistes les plus sectaires qui l'entourent, ou l'assiègent comme à l'Assemblée nationale, n'ont rien à craindre sinon de perdre des élections intermédiaires sans grande importance politique. F. Hollande n'a rien à craindre d'un échec électoral en 2017. Il vivra comme, un satrape avec sa cour jusqu'à la fin de ses jours. Il peut jouer au "grand socialiste dont on se souviendra" et à qui on vouera un culte, une autre tradition française.

Il a donc les pleins pouvoirs sans autre limite que les réserves du système fédéral européen dans lequel il est inséré ; comme nos dirigeants n'avaient pas d'autres contraintes que les pressions de notre grand "sauveur" russe.  

Un socialiste avec les pleins pouvoirs ne sait faire qu'une chose : tenter de briller au Panthéon socialiste quitte à avilir et ruiner son pays.

Alors, oui,  je suis inquiet pour la France.

 

Zbig  Brataniec, invité à s'exprimer en son nom propre par le Cercle des Economistes e-toile.

Quelle organisation nouvelle pour la zone Euro ?

Pour répondre à cette question il faut lever deux préalables :

-          Déterminer les objectifs de cette organisation

-          Savoir si elle doit être gérée dans le cadre de la Commission ou de façon autonome vis-à-vis des institutions de Bruxelles.

Une zone de monnaie unique impose une gestion politique centralisée forte.

Cette réalité a été entièrement gommée lors des discussions qui ont mené au vote de Maastricht. On pensait qu’il suffisait de créer des normes que devraient respecter les Etats.  Tout se passerait au mieux.  La monnaie unique comme par magie nous « protégerait ».  L’union faisant la force, comme chacun sait, l’union monétaire ferait la force des pays membres de la zone euro.

Le résultat on le connait :

-          Devenus libérés de la contraintes de change, les états traditionnellement irresponsables se mirent à emprunter sans limite : ce n’était pas cher.

-          Aucune coordination des politiques économiques et sociales n’ayant été prévue, on a vu l’économie des pays membres diverger  et d’énormes déséquilibres internes apparaître.

-          Les autres pays gèrent le cours de change de leur monnaie. Pas l’Europe. Une monnaie unique dans un ensemble flottant était une gageure. Finalement l’Euro sera presque toujours trop fort pour la majorité des pays de la zone Euro, aggravant leurs difficultés récurrentes.

Lors que la crise de la dette mondiale a éclaté, dette qui n’était pas fondamentalement de la responsabilité de l’Europe, la zone Euro et ses faiblesses se sont trouvées en première ligne.

L’impossibilité de dévaluer  ne laissait la place qu’à des politiques déflationnistes désastreuses, sauf à laisser la dette de chaque état en face d’une spéculation acharnée sur les taux d’intérêt qui ne pouvait qu’aboutir à la destruction de l’Euro.

Cette analyse conduit obligatoirement à la conclusion qu’il faut soit abandonner l’Euro soit créer une gestion centralisée des grands déterminants de la compétitivité : politique budgétaire, politique économique et sociale générale, politique monétaire et de change, politique de crédit, politique de redistribution interétatique.

Certains ont cru qu’on pouvait limiter la coordination aux seuls aspects monétaires. C’est une grave erreur. On ne peut pas laisser un pays passer aux 35 heures et maintenir une retraite à 60 ans avec des exceptions à 50 ans, pendant que d’autres passent à 65 voire 67 ans, en maintenant une durée de travail importante.  Les législations sociales comptent autant que le budget.

Les Européistes le savaient parfaitement. La mise en place de l’Euro devait tôt ou tard provoquer cette prise de conscience et forcer le passage vers un centralisme européen supplémentaire.  Ce sont les mêmes qui  affirment maintenant  que la crise est formidable parce qu’elle fait avancer la construction européenne.  Qu’importe si le système bancal mis en place a fait des dégâts colossaux. L’important est dans le fédéralisme européen arraché à la mauvaise volonté des Etats et des peuples.

Eh oui ! L’Euro suppose plus d’Europe institutionnelle.  On a mis exprès la charrue devant les bœufs. Certes ils ont piétiné et cassé la charrue mais il suffit de réparer et de la mettre à nouveau à sa place. C’est comme cela que l’Europe avance !

La position est cynique mais efficace : si on ne détruit pas l’Euro, il faut créer des institutions de gestion de la zone euro.

Par calcul et devant la résistance de certains états, on ne parle que de coordination budgétaire avec une sorte de Ministre des finances de l’Union européenne. En fait il faut aller beaucoup plus loin. Tout le monde le sait et fait semblant de ne rien voir.

Nous nous préférons dire qu’il faut un Chancelier de la zone Euro avec des pouvoirs dans trois domaines :

-          La coordination budgétaire

-          La coordination économique et sociale

-          La politique monétaire et de change.

Commençons par cette dernière :

-          Il n’ya pas actuellement de responsable du niveau de l’Euro sur le marché des changes. La BCE, qui dispose des principaux leviers pour agir sur les changes n’a pas dans ses statuts d’autre mission que de conserver, à l’échelon de la zone,  la stabilité relative des prix d’un échantillon de produits de consommation.  L’Eurogroupe était censé s’occuper des changes. Il ne l’a jamais fait.  La raison en est simple : les Européens croient, à l’échelon mondial,  à la justesse de la théorie des changes flottants  qu’ils ont récusée  à l’intérieur de leur zone.  Cette contradiction est insurmontable. Elle consiste à affirmer que les marchés fixent le cours de l’Euro  mais ne doivent en aucune façon fixer le cours respectif des monnaies nationales.

-          Le résultat est connu : les autres pays manipulent TOUS leur monnaie et l’Europe est la seule zone où on accepte de prendre tous les coups sans réagir.

Il est clair que le nouveau Chancelier doit :

-          Conduire la politique de change

-          Conduire la politique monétaire

-          Conduire la politique de crédit intra-européen.

Les statuts de la Banque centrale doivent être modifiés pour d’une part compléter l’objectif de stabilité des prix par un objectif de croissance et d’autre part l’associer fortement à la politique générale du chancelier.

On voit l’énormité du saut conceptuel qu’il faut faire.

Le Chancelier aura également comme mission de proposer une réforme du système monétaire international afin de revenir à un système de changes fixes et ajustables raccordées à un étalon extérieur à la monnaie d’un seul pays.

 

La seule existence de ce poste avec cette mission provoquerait une immense vague de fond dans le monde de la finance et des états. L’Europe serait là comme joueur et non plus comme ballon crevé dans lequel tout le monde peut frapper à loisir !  

Le Chancelier aurait naturellement en charge le soin des dettes globales des états et de la coordination des budgets.  Fini le mercantilisme des uns et le laxisme des autres. Il lui faudra s’assurer que les déficits structurels internes à la zone soient corrigés.  Associée à la politique monétaire cette politique pourra ne pas être purement déflationniste.

N’allons pas plus loin. L’essentiel est dit même si dans le détail, il y a de quoi écrire un livre entier sur la nouvelle institution.

La seconde question se pose aussitôt. A qui doit être rattaché le chancelier nouveau ?  L’Allemagne, on le voit bien, comme beaucoup de fédéralistes européens, veut renforcer la Commission Européenne qui est devenue avec le temps l’organisme gestionnaire d’une simple zone de libre échange, à l’exception notable de l’agriculture, en même temps qu’une machine à casser et sanctionner les nations composantes.

Le nouveau traité lui donne un pouvoir de sanction et d’intervention sur les budgets.  On fixe des normes drastiques et on donne à La Commission les moyens par des amendes gigantesques de les faire respecter.  On aggrave le système défaillant précédent tout en aggravant également la perte de moyen d’action au jour le jour. La gestion par la norme est une catastrophe. La crise l’a bien montré.

Faut-il que le chancelier soit une émanation de la Commission et fonctionne en liaison avec les Parlement Européen ?

Nous pensons que non.  Le Chancelier doit être une émanation  du conseil des gouvernements des pays de la zone Euro, avec des organes consultatifs et délibératifs propres, associés largement  aux parlements nationaux des seuls pays membres. Sans cela le déficit démocratique serait béant et de toute façon on ne voit pas pourquoi des institutions qui concernent des pays hors zone Euro devraient s’occuper de questions relatives à  cette zone.

Angela Merkel en proposant un saut  fédéral à l’échelon de l’Union Européenne tout en imposant une gestion par la norme confiée aux flics de la Commission fait une fausse proposition.

La réponse de la France devrait être :

-          Nous voulons des organes de gestion de la zone euro qui soient propres aux pays de la zone avec un pouvoir exécutif permettant une action au jour le jour sur le change, l’émission de monnaie, la gestion de la dette.

Une telle proposition, détaillée et construite sur des bases logiques et appropriées au problème à résoudre, aurait un énorme impact en Europe comme à l’international.

C’est la meilleure initiative qui peut être aujourd’hui envisagée.  Ce serait un véritable pavé dans la mare.

Elle ferait apparaître pour ce qu’elle est l’hypocrisie américaine, l’abus chinois, coréen et japonais et le désordre intellectuel mondial en matière de change.

Elle ferait apparaître le déficit démocratique de la commission et des institutions de Bruxelles.

Elle permettrait d’envisager autre chose que des politiques de déflation pour rééquilibrer les finances et la compétitivité des pays au sein de l’Union.

Il faut au monde un choc financier et à l’Europe un choc démocratique. 

On aurait les deux !

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Changes et libre échange

Jamais la faille institutionnelle européenne n'aura été plus béante.

Nos lecteurs savent que la crise économique absurde dans laquelle nous nous débattons a été provoquée par les défauts structurels du système monétaire international et l'absurdité des changes flottants de monnaies administratives.

Les produits ne s'échangent plus contre des produits mais des bouts de papier dont le commerce interdit de juguler les déficits et les excédents monstrueux que le système génère. On n'échange plus de l'emploi contre de l'emploi. L'échange mondialisé n'est pas l'occasion d'une création de richesses mais d'un transfert de travail en contrepartie de dettes incertaines.

Créer les conditions d'une liberté totale des échanges alors que les économies sont très différentes, tout en laissant s'échanger en apparence librement les monnaies-papier, n'aboutit qu'à des déséquilibres plus graves.

Le libre échange est une excellente chose mais pas à n'importe quelles conditions. La convertibilité des monnaies est une excellente chose mais pas à n'importe quelles conditions.

Dans le domaine du monde physique, ce genre de remarques ne poserait aucune difficulté. L'eau est une réalité merveilleuse. L'inondation ne l'est pas. L'irrigation, avec ses canaux et ses écluses est une des activités géniales de l'homme depuis des millénaires. Il ne viendrait à l'esprit de personne de casser les digues et les écluses au prétexte que la fluidité de l'eau est par nature bienfaisante.

Dans le domaine économique, qui suppose un peu plus d'abstraction, on ne peut pas compter sur l'évidence. La bêtise et l'incompréhension restent de règle car elles accompagnent des phénomènes de puissance et d'idéologie.

Que constatons nous en ce début 2013 ? Cinq ans après le début d'une crise qui n'en finit pas, l'économie mondiale est en pleine difficulté, stimulée à la baisse par la récession européenne volontaire. Tous les Etats qui le peuvent manipulent à nouveau leur monnaie. Les Etats-Unis font plonger le Dollar. Les Japonais ont non seulement renoncé au Yen fort mais le font sombrer dans des proportions jamais vues. La Livre est maintenue aussi bas que possible. La Suisse renonce à son "peg" et voit sa monnaie s'envoler. L'Euro, monnaie d'une zone en crise gravissime,  passe de 1.25 dollar à 1.35 et hop !  

La récession européenne en est aggravée. Le commerce mondial ne reprend pas. L'Inde est en difficulté conjoncturelle alors qu'on la présente comme la future troisième puissance économique mondiale en construction. L'Argentine s'effondre. Le Brésil tousse.  L'Indonésie triomphe grâce à une monnaie gardée très faible par un gouvernement nationaliste.

L'Europe devrait réagir.

Certes on s'agite un peu. M. Hollande,  ce politicien malin qui dit tout et son contraire dans la même phrase et persiste à s'égosiller à ne rien dire de concret tout en lançant à la cantonade l'expression de ses meilleurs intentions, n'a pas tort de préciser à Strasbourg qu'il faut réformer le système monétaire international. Nous l'avions d'ailleurs félicité il y a cinq ans quand il avait dit la même chose. Comme Nicolas Sarkozy en son temps.  Mais comme Sarkozy il ne précise ni le sens des réformes voulues ni leurs modalités.  On applaudit du bout des doigts, en espérant mieux sans trop y croire.  

Que font les pouvoirs européens à Bruxelles ?

Ils font ce qu'ils veulent et ce pourquoi ils sont programmés dans l'indifférence totale des nécessités de chaque état et des préoccupations de leurs dirigeants légitimes : ils négocient des abaissements de droits de douane et l'élargissement du libre échange. Après l'Afrique du Nord, nous voici en pourparlers avec la Corée du Nord et on parle d'une grande zone de libre échange avec les Etats Unis.

Il devrait être  parfaitement clair que la négociation commerciale doit être synchronisée avec la négociation monétaire. Si les Etats Unis font sombrer le dollar et privent les détenteurs d'avoirs en dollars de la réalité de leur avoir, s'ils imposent une compétition-prix faussée, à quoi sert le libre échange ?

La France, en déficit effroyable, sera mise en compétition  aggravée du fait de conditions monétaires déloyales. Aucun des bénéfices réels de l'échange économique libre ne pourra apparaître.

La raison voudrait que les autorités économiques européennes négocient avec en main les deux cartes : libre échange et système monétaire. Ces autorités n'existent pas. La BCE ne s'occupe que du niveau de prix interne de la zone Euro. Ce sont ses statuts. Les changes ne sont gérés par personne. La négociation commerciale est monopolisée par des personnes nommées qui vivent en vase clos et sont baignées par une idéologie d'ouverture à tout crin. Les travaux au sein de l'Assemblée Européenne ne sont qu'un cache misère, destiné à faire valoir un faux semblant de démocratie. Le lien avec les peuples européens est nul.  

Une institution de pleine souveraineté économique n'aurait de toute façon de sens que si elle s'appuyait sur un projet et une doctrine.  Pour nous, ce projet est le retour à une gestion concertée des monnaies dans un système de type Bretton-Woods amélioré par la suppression de toute référence à une monnaie nationale dominante. Comme tous les traités d'après guerre le prévoient, les excédents et les déficits excessifs seraient purement et simplement bannis. Les changements de parité monétaire seraient modestes et concertés. Il appartiendrait aux Etats de maîtriser la valeur externe de leur monnaie et le caractère raisonnable de leurs déficits ou excédents extérieurs.  

L'idéologie malsaine des changes flottants interdit de comprendre la crise actuelle tout en empêchant la conception de solutions efficaces.

Comme des zombies, les institutions partielles qui sévissent en Europe s'activent dans le néant intellectuel et dans la catastrophe économique, accumulant contradictions insolubles, passivité et désastre social.

On ne sortira de ce désordre délétère qu'en agissant sur deux fronts :

- doter l'Europe d'une politique intégrée de change et de relation économique extérieure, avec les organes ad hoc

- refonder la doctrine économique fondamentale dans un sens qui élimine les changes flottants et les guerres de monnaies au profit de solidarités monétaires et commerciales actives et concertées.

Il est extraordinaire qu'en bientôt six ans de crise désastreuse, strictement aucun progrès n'ait été fait en ce sens.

Zeus aveugle ceux qu'il veut perdre. Cela fait 2500 ans qu'on sait cela ! Et la pauvre Europa ne s'est pas si bien trouvée que cela de la rencontre avec le Grand Dieu. Elle ne sera honorée par les autres Dieux qu'à sa mort, ce qui n'est pas terrible comme perspective. 

En attendant les déficits se creusent, les dettes ne baissent pas assez, les entreprises ferment et le chômage grimpe à raison de 60.000 chômeurs de plus par trimestre.

Et les Ouvriers du Livre ruinent les journaux de la PQN. 

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile

  



Honni soit qui Mali pense ?

Une grande manifestation se prépare contre la destruction de l'institution du mariage  traditionnel et la France entre en guerre au Mali.

L'attention du public va être sollicitée sur autre chose que nos malheurs économiques et fiscaux.

La diversion est utile pour le Président Hollande. La première était préparée depuis longtemps. La seconde est un peu improvisée mais attendait dans les couloirs.  Les hommes de la com', récemment renforcés, doivent être contents.

Mieux vaut un chef de guerre qu'un chef de guère.

Alors que l'argent public va couler avec le sang des militaires français, rappelons tout de même que nous sommes le seul pays au monde où l'Etat prélève plus que la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand, tout en maintenant les systèmes sociaux et publics en déficit permanent, avec un endettement public qui représente environ deux années de valeur ajoutée des dites entreprises et un endettement privé qui n'est pas loin d'en valoir trois ans.  

Autrement dit,  si nous avions à rembourser toutes nos dettes en un an et payer nos dépenses publiques de l'année,   il faudrait y consacrer SIX ANNEES PLEINES de l'activité de nos entreprises. En un mot, il faudrait six France et, à ce prix là,  on ne mangerait pas !  

Première conclusion : ce ne sont pas les recettes qui manquent mais la dépense qui est excessive. On ne peut pas développer des coûts publics qui égalent la production des entreprises privées.

Deuxième conclusion  : si on veut que la population consomme la moitié de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand non financier et cesser d'emprunter, tout en ne remboursant rien de nos dettes, il faut diminuer de 50% la dépense publique annuelle.

Troisième conclusion : si on ajoute au cas précédent la volonté de réduire la dette de moitié en dix ans, c'est-à-dire amortir la contrevaleur de trois productions marchandes privées annuelles, il faut baisser de 80% la dépense publique.

Quatrième conclusion : il est strictement impossible de simplement stabiliser la dette publique sans toucher lourdement la consommation et l'épargne.

L'hyper fiscalité mise en place par Sarkozy puis fortement aggravée par Hollande,  a volé les familles aisées de leur épargne. Elle a permis une baisse minimale de la dette publique qui n'est qu'un simple effet d'affichage pour continuer à emprunter et montrer qu'on est prêt à revenir dans les normes européennes. On va continuer dans cette voie. Mais l'ennui du vol c'est que la matière à voler disparait vite.

Elle a entraîné des chutes d'activité massives dans de nombreux secteurs. La baisse des transactions immobilières en deux ans dépassera 33%, en dépit des décisions de précaution vis-à-vis de la monnaie. Les boutiques sont à l'arrêt dans l'habillement et l'équipement de la maison. Des secteurs entiers de l'économie sont à l'arrêt.

Quatrième conclusion : il va bien falloir s'attaquer  significativement à la dépense publique. François Hollande et ses conseillers pensent qu'il suffira de réduire les prestations sans toucher aux effectifs statutaires. Affirmons ici que c'est une illusion.  

Au terme des quarante années qui ont suivi la disparition des disciplines de Bretton Woods et qui ont mis la France dans l'obligation de se battre avec le monde entier, l'option du tout Etat, de la dépense publique à tout va, du "vive l'impôt" et de l'endettement illimité  l'a conduite dans l'impasse, avec très peu de marges de manœuvre pour en sortir.

S'agit-il d'une intoxication idéologique, la France restant un des derniers bastions d'un marxisme intellectuel ? S'agit-il d'une déviation sociologique, avec la prise du pouvoir par la classe sociale des fonctionnaires ? S'agit-il d'une défaillance géo-politique, la France n'ayant plus les moyens de perdurer dans ses habitudes de grande puissance du fait de sa petite taille et du versement d'une rançon pétrolière excessive ? S'agit-il d'un échec industriel, du fait d'un défaut de structure ne lui permettant plus de  faire face efficacement ?  S'agit-il d'un échec politique, le peuple français faisant confiance à des incapables et des démagogues qui l'ont finalement tué à petit feu, un peu à la manière du péronisme qui a liquidé la prospérité de l'Argentine ?    

L'actualité donne quelques clés d'interprétation.

Prenons la grève des taxis qui a encombré Paris le 11.01.2013.

Le thème de la protestation est la volonté de la Sécurité Sociale Française de passer un appel d'offres pour le transport des malades non couchés entre leur domicile et le centre hospitalier . On apprend alors que près de 40% du chiffre d'affaire des taxis de province provient de ce trafic ! Dans certaines villes comme à Nantes on met en avant des chiffres encore plus important. Il est intéressant de se rappeler que la décision de financer par la collectivité ces accès à l'hôpital ou à la clinique n'est pas venue des politiques. Les instances  qui gèrent les décisions sont pratiquement totalement indépendantes même si on a fait voter par l'Assemblée nationale une enveloppe budgétaire globale dont à peu près tout le monde se moque. La décision de rendre  "gratuite" les allers et retours vers l'hôpital a été prise loin des politiques et de l'opinion publique.  Intéressant détail, elle l'a été  en pleine crise de 2001-2002 ! Le petit monde de "l'économie sociale", comme il aime à se définir, se moque de la conjoncture générale et vit sa vie dans sa sphère, comme hors sol.

Dans ce milieu fermé,  jamais étudié ni présenté dans la presse, et largement gangrené par les Francs Maçons, on raisonne selon des logiques étranges qui vont du misérabilisme inspiré à la technocratie la plus débridée, avec une pléthore de cadres intermédiaires issus du n'importe quoi universitaire de deuxième zone.  On y trouve quelques saints, qui, aux grands carrefours de la bêtise, permettent tout de même au système de fonctionner, au milieu d'un monde grouillant d'incapables et d'abusifs de toute nature.   

En haut de l'échelle, des technocrates ont décidé que la réforme de l'hôpital public se ferait sur la base de la concentration dans d'énormes usines à soins, comme en Union Soviétique on avait considéré qu'il fallait construire d'énormes combinats industriels et des grands Sovkhozes agricoles.  Ils ont décrété sans aucune raison valable qu'un spécialiste n'était compétent que s'il faisait un minimum d'actes par an : concentration et spécialisation seraient les mamelles du progrès technique, indépendamment de la psychologie et de la mentalité des acteurs. Du coup on a vu dans toutes les villes moyennes et grandes se construire d'énormes hôpitaux qui sont souvent, avec les immeubles de la Sécurité sociale, les seuls énormes bâtiments de la ville.  Et symétriquement on a fermé toutes les petites unités dispersées sur le territoire, en dépit des protestations, pas toujours légitimes d'ailleurs, des maires locaux.

Dans ces énormes concentrations, le pouvoir est passé des médecins, les experts,  à la technostructure, les gestionnaires. On a de moins en moins entendu parler de médecine et de plus en plus de "management". Naturellement ces énormes combinats fonctionnent mal, prisonniers qu'ils sont de pesanteurs qu'aucune autorité n'a le moyen de vaincre : rejet du corps médical ; conflits entre spécialités ; pressions syndicales ; statuts divers ; méthodes de gestion centralisées ; organes d'administration composites et divisés ;  influences politiques etc.

Puis on s'est avisé que si on éloignait trop les médecins des malades on créait une difficulté d'accès au soin. Et hop on a décidé de rembourser les trajets domicile-hôpital et retour.  A la différence du  Sapeur Camembert qui créait des trous pour en boucher d'autres, on complète le champ de trous par de nouveaux trous.  

On a vu alors des artisans taxis de province avec une voiture, devenir des chefs de flottes de taxis médicalisés et finir même par ajouter des ambulances. Les consommateurs ont vite "entravé la coupure" comme on dit dans le milieu.  Les complicités locales jouant à plein, dès qu'on avait des courses à faire à la grande ville, on allait voir le médecin qui prescrivait des examens et des traitements en ville. On prenait le taxi médicalisé aller et retour.  Les maires pour conserver leur école créaient parallèlement des villages de femmes "seules" subventionnées, avec enfants à charge. Tout ce petit monde vivait sur les subventions et les allocations de l'économie sociale. Les CAF, dans le cadre de leurs aides sociales, n'hésitaient pas de leur côté à subventionner l'achat d'équipement de la maison (machine à laver etc.). Du RMI, du travail au noir, peut être même un peu de RSA, mais pas trop,  et voilà un village qui renait.  Plus tard les enfants trouveraient du travail dans les administrations locales,  avec des postes enviables de cadres sans mérite dans les communautés de communes pour les plus malins.  Une belle pharmacie au centre du village et un supermarché discount pas trop loin et  tout irait pour le mieux.  

C'est ainsi créé partout en France et dans les Dom Tom une  société entièrement réglée par les subventions.

Le clientélisme proprement politique s'est greffé sur cette "économie sociale" prédatrice sans aucune difficulté, ce qui explique que le PS ne craigne pas trop les futures élections locales en dépit des effets de la crise.

Une anecdote qui dit bien l'esprit général du nouveau système : aux urgences des Enfants Malades à Paris vers 1 heure du matin un grand noir très agité, après avoir attendu plusieurs heures,  fait du scandale et exige de voir le directeur. Il prétend avoir un cafard dans l'oreille et exige qu'on le lui enlève tout de suite "avant qu'il ait totalement mangé mon cerveau". Le personnel lui explique qu'il s'agit d'un hôpital pour enfants et qu'on ne traite pas les adultes, il faut aller à Laennec (qui existait encore) à 200 mètres à pied de là. Rien à faire : le dément qui avait du fumer un bon bout de moquette n'en démords pas : il veut qu'on lui arrache la bestiole tout de suite. On cède et on regarde pour constater qu'il n'y a pas de cafard. Que faire ? Simple : on mobilise un taxi médicalisé pour emmener l'importun à …Charenton "où il y a tout le matériel spécialisé"!

Il va de soi  qu'au bout de 10 ans de ce merveilleux système plus personne ne peut payer cette miraculeuse "gratuité".  La technocratie réagit comme toute technocratie : plutôt que de remettre en cause un système de fou et intolérable, on va le "rationaliser". Fini les taxis privés. On aimerait bien créer un "grand service public des allers et retours à l'hôpital", mais Bruxelles ne serait peut être pas d'accord. Va pour un appel d'offre en vue de créer une concession qui "coutera nécessairement moins cher". Exit les taxis privés. Et voici tous les Parisiens bloqués dans leur voiture jusqu'à ce que des "apaisements" soient donnés aux chauffeurs de taxis.

Vive la gabegie !  

Nous avions eu avec les merveilleux efforts de Mme Bachelot-Narquin vis-à-vis du vaccin contre le H1N1 un autre exemple de gestion soviétique de l'économie sociale. Surtout ne pas permettre aux médecins de ville d'inoculer le vaccin :  une administration spéciale dans des gymnases avec une gestion centralisée des convocations ; une pagaille monstre ; un gâchis phénoménal. Des milliards d'Euros dépensés en pure perte.

Cet exemple caricatural n'était pourtant rien par rapport à la gestion des transports médicalisés qui coûtent des milliards d'euros chaque année et qui dans la grande majorité des cas n'ont aucune cause médicale réelle.  

La vérité est toute simple : c'est déjà formidable que la collectivité finance la couverture de la maladie. Il appartient tout de même au citoyen capable de marcher de se rendre par ses propres moyens aux lieux de soins et d'en revenir, sauf naturellement pour des cas difficiles où il y a répétition de traitements dans des lieux lointains qui excéderaient les moyens du patient. Ces cas existent. Ils ne sont pas légion.

Mais voilà : s'il faut maintenant faire 40 ou 60 km pour aller à l'hôpital, c'est une tout-autre affaire.

Les décisions technocratiques ont engendré des décisions sociales qui à leur tour générent des décisions technocratiques. Une vis sans fin.

La gabegie est systémique et touche aussi bien les structures, la technostructure, les intermédiaires  et les consommateurs.

De même que l'Union Soviétique s'était enfermée dans un système agricole qui ne permettait pas de faire manger la population, la France s'est enfermée dans une "économie sociale" débridée qui ne peut pas fonctionner correctement et qui épuise la Nation.

La minuscule "affaire des taxis" est finalement un formidable  révélateur et illustre comment la France s'est fourvoyée dans un système sans issue.

Un second exemple peut être ?

Le même jour la presse indiquait que les deux marques phares de l'automobile allemande avaient connu de formidables expansions de chiffres d'affaires en 2012 pendant que notre industrie nationale, et notamment Peugeot, s'effondrait. Explication : la France avait fait le choix construire des voitures de basse et moyenne gammes, facilement concurrencées par les pays émergents, alors que les Allemands avaient poussé la technologie  et leurs bureaux d'études étaient bien trop en avance sur les efforts Coréens et Japonais, voire Chinois,  pour être facilement attaqués. Exit la France de l'automobile ! RIP !

La bonne question : pourquoi diable avons-nous refusé de pousser la technologie et de construire des voitures de haut de gamme qui étaient pourtant notre spécialité avant guerre ?  La question est d'autant plus intéressante que nous sommes très bien placés dans toutes les autres industries du luxe. Elle induit aussitôt une autre question : qu’est-ce qui nous empêche de créer une industrie de la voiture de haut de gamme ?  

La réponse est simple pour le technicien : nous n'avons pas de moteur ! Toute la technologie des moteurs pour voiture haut de gamme nous échappe. Bernard Darniche, une ancienne célébrité du milieu de la course automobile,  le rappelait très justement lors d'une émission de radio du jour.

Pour l'économiste, la réponse est tout aussi simple : une fiscalité infernale depuis des lustres. La voiture est au sens large une vache à lait fiscale. Les grosses cylindrées ont été ciblées.  

Pour le sociologue : un esprit "anti-bagnole" et des législations visant à brider son emploi au maximum.  

La France s'est donc échiné à produire des voitures de basse ou moyenne gamme avec des frais de construction hors normes du fait de charges sociales écrasantes, des 35 heures, et des diverses sujétions administratives et fiscales.  

Malthusianisme fiscal et gabegie généralisée lorsqu'ils agissent de concert  pendant des décennies aboutissent NECESSAIREMENT à des destructions industrielles.

Revenons à notre dette. Bien sûr on ne la remboursera pas. On va la pousser devant nous pendant des lustres en priant que les taux d'intérêts ne flambent pas.

Il restera ce chiffre absurde d'une dépense publique qui égale la production des entreprises du secteur marchand privé non financier. On a bien vu que la minuscule  RGPP n'était pas à la hauteur du problème. Ce que les socialistes nous promettent, une RGPP allégée, ne le sera pas plus.

Ce sont des systèmes entiers qu'il faut détruire, un peu comme l'Union soviétique a du détruire son système de gestion agricole absurde et inefficace.  Pour reconstruire sur des bases entièrement différentes.

Le drame actuel est que le PS de M. Hollande est incapable de concevoir des réformes qui vont  à l'opposé de son idéologie et de sa clientèle. Ce qui explique leur silence : depuis deux ans M. Hollande  n'a toujours pas précisé comment il comptait s'y prendre pour tenir les engagements de limitation de déficit qu'il a pris. M. Moscovici, ci-devant Ministre de l'économie et des finances, vient d'expliquer dans un grand journal que les réformes à la hache ne pouvaient pas marcher du fait des oppositions qu'elles stimulaient. Il a été incapable de proposer une voie alternative.

On ne peut pas jouer le jeu communautaire de liberté totale des échanges avec des fers au pied et en continuant de détourner les ressources de ce qu'il reste du secteur privé vers le financement d'engeances publiques ou sociales vouées aux déficits constamment aggravés.  Puiser dans l'épargne des "riches" n'aura qu'un temps. Les expédients s'avéreront ce qu'ils sont : du temps gagné et de l'argent perdu.  

M. Hollande compte sur 5 ans d'expédients et une relance mondiale de la conjoncture.

Cela ne suffira pas. Une restructuration massive des systèmes publics est indispensable.

"Ici et maintenant" comme disait l'Autre.  Mais le débat est encore clos pour longtemps.

Hollande  a préféré jusqu'ici les opérations de com' et de diversion, masquant le vol de l'épargne des Français et la disparition de leurs entreprises. Le voici parti en guerre au Mali. Mitterrand avait fait le coup avec l'Irak. Alors "pourquoi pas Moi-je ?" dit son plat imitateur, qui, après avoir lu sa cote dans les sondages,  a du revoir mille fois le diabolique film "les hommes d'influence".

La France s'effondre faute des réformes nécessaires.

Les médias ne bruissent plus que de bruits militaires.

Honni soit qui mal y pense ou honni soit qui Mali pense ?

Une poussée de lectures significative (2)

Nous avions fini l'année 2011 avec  une fréquentation record : 115.123  lectures cumulées, un doublement chaque année. 2012 a vu une véritable explosion du lectorat : 382.400 lectures à ce jour soit 267.277 lectures de plus en un an.  Merci à tous ceux qui nous encouragent de leur lecture. Ils nous laissent penser que ce blog n'est pas totalement inutile et permet, comme c'est notre objectif, de fournir une information complémentaire de celle des médias officiels.

L'explication de cette hausse importante tient probablement à l'élection présidentielle française. Beaucoup, à gauche comme à droite, ont voulu aller au delà des explications très partielles données par les candidats.  La campagne a eu pour principale caractéristique que les deux candidats ont tu la réalité économique du pays et ont caché leurs véritables intentions. Nos lecteurs ont cherché dans une source non officielle de quoi nourrir leurs réflexions et nous sommes heureux de leur avoir fourni quelques éléments d'appréciation. Dès que l'élection a été "pliée" la fréquentation du site a baissé revenant à un étiage plus "normal" (80 à100.000 lectures an tout de même !).  

La campagne a été largement une opération de diversion menée par les deux candidats avec des moyens proches et peu recommendables : cadeaux au peuple et dénonciation de boucs émissaires.

Comme nous l'avions écrit à chaud F. Hollande s'est bien égosillé à ne rien dire. Près de deux ans après le lancement de sa propre campagne, on ne sait toujours pas comment il prétend réduire la dépense publique aux niveaux requis par l'engagement d'un déficit à 3%.

Il est vrai que Nicolas sarkozy a été dans le même déni de parole. Toute l'année 2011 et le début 2012 n'ont été que des remises sur l'établi des lois de finances pour aggraver l'imposition, provoquant une vague de chômage intense.

Au total l'année 2012 aura été comme gommée du fait de l'élection présidentielle : il n'y a plus eu de recul jusqu'à l'élection. Et après l'élection la période d'euphorie suivie par le brusque retour aux réalités n'ont pas permis de réaliser ce qu'il se passait : une croissance extravagante du nombre des chômeurs dans toutes les catégories. 

Commencée dans la panique, la période a été nourrie d'augmentations d'impôts continuelles. La France n'a cessé de voir sa croissance baisser et son chômage augmenter jusqu'à ce que l'hystérie fiscale socialiste ne vienne bloquer l'économie toute entière. Ce choc fiscal extravagant et accompagné de propos haineux ne lui a pas permis de bénéficier de la détente provoquée par les prises de position de M. Draghi et le vote du traité budgétaire européen.

M. Hollande semble penser qu'il pourra  faire payer quasi totalement la crise aux classes aisées d'une part en les assomant d'impôts et d'autre part, on va bientôt le voir, en leur coupant toutes les allocations qui ne sont pas sous conditions de ressources.  En faisant bruler la chandelle par les deux bouts, il peut effectivement récupérer les milliards de revenus et d'épargne des familles jusqu'ici aisées.   Ce faisant, il casse toutes les solidarités mises en place à la Libération. La question est de savoir s'il ne bloque pas aussi pour longtemps toutes les perspectives  d'investissement et donc de croissance et d'emplois.

Les économistes socialistes n'ont cessé de lui répéter qu'en prenant "le superflu" aux riches, sans toucher au revenu des moins fortunés, il ne modifierait pas réellement la demande globale et donc limiterait les risques de récession.  En même temps ils savaient très bien que les mesures confiscatoires n'ont qu'un rôle marginal dans les recettes. On le voit bien avec la mesure de l'effet des annulations de recettes budgétaires associées aux décisions du Conseil Constitutionnel.

La vérité est qu'il ne pouvait échapper à une hausse généralisée des impôts et que tout le reste est de la com'. Les mesures confiscatoires "symboliques" n'ont comme but que de faire passer la pilule :"Bien sûr la pilule est amère mais voyez comme nous avons assomé les riches : soyez donc contents !".

La Com' est véritablement la maladie honteuse de la politique moderne. On ne cherche même plus à savoir quelle doit être la bonne solution pour régler un probléme. On cherche seulement la recette magique pour parer par la com' les conséquences des inconséquences. 

Le dernier truc suggéré à "moi je président", à part de rectifier la cravate par un double noeud, une mesure cruciale tant le débraillé présidentiel est une cause nationale de premier plan,  est de se muer en grand chef de la lutte contre le chômage. La route du chômage comme celle du fer, naguère, va être coupée. Nous sommes en pleine gesticulation.

Il est rarissime dans l'histoire économique qu'une courbe de chômage croissent pendant plus de cinq ans avant de s'inverser un temps soit peu.  M. Hollande se souvient de 1997 et la baisse imprévue du chômage que personne ne semblait voir venir.  Son pari repose sur une idée du cycle que nous défendons par ailleurs. Nous ne saurions la laisser totalement de côté. Il est parfaitement possible maintenant que le gros de la panique est passée qu'il y ait un redressement rapide des circuits financiers complètement  chamboulés par la peur.

Tout le monde se moque de l'objectif de 3% qui lui ne sera probablement pas atteint.

L'important est dans la baisse du taux d'endettement qui crédibilise une sortie non explosive de la crise de la zone Euro.Même si on en reste à un chiffre entre 3.5 et 4.0%, il n'y aura pas péril en la demeure.

La seule question reste de savoir si l'effet dépressif des mesures fiscales prises et du climat presque obscène qui a été créé par le "socialisme du symbole" permettra d'éviter une vraie récession. La procrastination et la passivité ne peuvent rien laisser espérer. Les mauvaises nouvelles risquent de s'enchaîner sur tous les fronts. Les communiquants l'ont bien compris. Des dizaines de projets de lois sont sur l'établi, nous fait-on comprendre. Tout dépendra de leur contenu. 

F. Hollande semble décider à ne toucher à aucun poste de fonctionnaires. Il n'y aura pas de "dégraissage". L'anomalie française du sureffectif public ne sera pas corrigée. On phosphore pour savoir comment réduire la dépense sans toucher aux effectifs. Il ne reste que la voie des prestations et des reversements. Les investissements publics sont déjà au plus bas aussi bien à l'échelon national qu'à celui des régions et des collectivités locales. Et il va bien falloir annoncer quelques grands projets pour faire croire au redémarrage de la croissance.Comme on l'a vu la suppression des allocations aux familles aisées ne suffira pas.

Alors ?

Alors il ne reste qu'à croiser la doigts et espérer une reprise de l'économie mondiale. La fin de la panique peut être l'occasion d'un redressement conjoncturel. Les liquidités, énormes, sont là et le coût de la thésaurisation n'est plus justifié par le risque. Des occasions peuvent être saisies à l'échelon international   et l'Allemagne peut relancer un peu. Bien sûr il reste un stock de dettes impressionnant. Mais le cantonnement a été à peu près fait et son dégonflement est une affaire de longueur de temps et de croissance organisée collectivement.

Il se peut que F. Hollande ait de la chance. Il criera à une "victoire" qui ne lui devra rien.

Il se peut aussi qu'un incident de parcours se produise qui mette en excergue la précarité de la situation française.  La crise de l'Euro est loin d'être finie et le choc fiscal asséné aux Français a été si rude qu'il peut avoir découragé profondément les investisseurs. Le poids d'une administration non reformatée et de dépenses non maîtrisées, associé à la ruine des possibilités d'investir des familles aisées,  à d'une conjoncture européenne capricieuse et à une conjoncture mondiale non maîtrisée, peut donner un coup de ciseau définitif dans les ambitions socialistes.

En juin 2013 le taux de prélèvement sera entre 46 et 47%. La dépense publique avoisinera les 57% du PIB. Les chômeurs catégories A seront malgré les mesures statistiques sur le chômage autour de 3.5 millions et le non emploi à près de 8 millions.  Le taux de dettes aura certes baissé mais peu. La fuite des cerveaux et des entrepreneurs sera à son maximum. La France sera alors sur le fil du rasoir. Il y a  peu de chances pour que 2013 ressemble à 1997.

Nous ne saurions trop conseiller à M. Hollande d'oublier ses hommes de communication pour se concentrer sur trois politiques : 

- Obtenir des pays des différents G.xx le retour à une concertation véritable basée sur la disparition des grands déséquilibres mondiaux. L'idéal serait d'obtenir une restauration des obligations monétaires grâce un arrangement de type Bretton Woods. Après tout F. Hollande a un temps déclaré qu'il y était favorable. A lui de trouver les voies et moyens de cette politique en s'appuyant si c'est possible sur Lagarde et le FMI. Il doit se souvenir que DSK avait mis à l'étude un retour aux changes fixes et ajustables basés sur une monnaie internationale non associée à une monnaie nationale.  Qu'il réactive ces travaux !

- Obtenir une relance interne de la Chine et de l'Allemagne,  tout en poussant au niveau de l'Euroland à la création d'un poste de chancellier économique  de la zone Euro avec de véritables pouvoirs de politique monétaire, budgétaire et sociale, orientée vers le plein emploi et pas seulement vers la stabilité des prix internes d'un échantillon de produits de consommation.

- Profiter des décisions du Conseil Constitutionnel pour se réconcilier avec les Français méritants qu'il a inutilement saqués et désignés à la vindicte fiscale et publique, même si ses communiquants, quand ils ne lui parlent pas de sa cravate, lui conseillent de garder au chaud des boucs émissaires pour les temps difficiles. Il y a du gras un peu partout dans l'économie subventionnée. Même s'il ne veut pas trop toucher aux postes de travail existants, qu'il évite au moins toute nouvelle embauche publique aussi bien dans les régions qu'à l'échelon de l'Etat français et de l'Europe. Qu'il supprime les 35 heures dans la fonction publique et laisse les partenaires sociaux définir les durées de travail entreprise par entreprise.  Qu'il passe la retraite à 65 ans  avec harmonisation des régimes  sur celui du privé. Qu'il supprime le système aberrant des intermittents du spectacle. Qu'il mette fin à mille abus, avant même de gratter l'os de l'Administration centrale. Qu'il réduise les étages du mille-feuilles administratif  et les spécialise.  Tout cela peut être fait sans hausse d'impôts et sans réduction d 'effectifs. Qu'au moins au sortir de 2013, des réformes fondamentales et réclamées à cor et à cri depuis des lustres soient fortement engagées !

S'il se contente d'astuces de communiquants, de faux semblants, de mesures dilatoires, de dénonciations de boucs émissaires, et d'une aggravation de l'agression fiscale, en gros s'il se contente de ce qu'il a fait en 2012, le désastre est au bout du chemin. 

Le pire n'est pas toujours le plus sage.

D'autant plus que, comme lui, nous pensons qu'il y a un bout du tunnel et qu'il est possible sinon à l'automne en 2013 du moins au printemps 2014.

Mais qu'il change ! Ici et maintenant !

Sinon gare à l'accident ! 

 

Didier Dufau pour le cercle des Economistes E-toile.



Bilan 2012 – Perspectives 2013

Pour juger d’une situation, il faut d’abord des critères.  Nous-mêmes défendons sur ce blog (inlassablement, mais quitte à lasser !)  trois thèses :

-          La crise est née d’un défaut constamment aggravé du système monétaire international qui a conduit à la création de déficits et d’excédents monstrueux, et, finalement,  d’un orage de dettes généralisées  gonflées  par le jeu des doubles pyramides de crédits.

-          L’Euro a été déstabilisé par cet orage de dettes, qu’il n’a certes pas provoqué,  et ne pouvait pas résister sans changer de mode de gestion. La gestion par la norme, avec une banque centrale ligotée par un seul objectif de niveau de prix interne et l’absence de toute politique de change faute des organes nécessaires, n’offrait pas le moyen de faire face à la tourmente sinon par une déflation dommageable.

-          La France, à cause de son système fiscal outrancier, finançant sans limite des dépenses publiques elles-mêmes sans limites, était mal placée pour résister à la tourmente, qui en aggravant et même en exacerbant tous les défauts préalables risquaient de la faire sortir de l’histoire par la petite porte.

Notre solution, développée dès avant la crise, a toujours été articulée autour de trois axes :

-          Mettre fin aux changes flottants et en revenir à des disciplines internationales interdisant les déficits et les excédents monstrueux, et permettant de revenir à un système coopératif  orienté vers le plein emploi.

-          Donner à la zone Euro un cadre permettant de diriger au quotidien une politique globale visant le plein emploi et la résorption des déséquilibres internes à la zone Euro. Les règles de la BCE nous paraissaient inadaptées et l’absence de tout pilote dans une cabine de pilotage elle-même inexistante, extrêmement dommageables.

-          Faire sortir la France de sa névrose fiscale, en mettant l’accent sur la création de richesses et non sur la dépense publique débridée et associée à des impôts spoliateurs, revanchards et confiscatoires ainsi qu’à une dette constamment aggravée.

Le bilan que nous voulons tirer est nécessairement associé aux plus ou moindres grandes avancées dans ces trois domaines, avec toujours en arrière plan, la certitude que si rien n’est fait sur ces aspects stratégiques, la crise perdurera et provoquera un sinistre social désastreux.

Le premier constat à mettre en exergue est que la crise économique ne s’est pas calmée en 2012. La France a vu son chômage croitre de près de 300.000 pour la catégorie A,  portant le tout probablement à fin décembre au dessus de 3.200.000 chômeurs alors qu’avec les autres catégories on arrive à des chiffres stupéfiants, probablement autour de 4.500.000 ! Ce qui et une véritable folie et un déshonneur pour les dirigeants français. L’Europe est globalement en stagnation avec tout le sud en forte récession. Quant au reste du monde, l’année 2012 aura été particulièrement médiocre, notamment aux Etats-Unis qui n’ont pas connu une vraie reprise.

Or nous sommes en décembre 2012 soit 5 ans et demi après le déclenchement de la crise, fin juillet 2007 !   

Il n’y a  aucun signe de reprise en vue pour 2013 en France, ni en Europe. Pour le reste du monde, les perspectives restent anormalement faibles par rapport au trend habituel.

Une première conclusion est que les causes de la crise n’ayant pas été bien comprises, les solutions ont été partout inefficaces, aux Etats-Unis comme en Europe, pour ne pas parler de la France qui entre dans sa douzième année de régression du revenu par tête !

1. Sur le front de l’organisation monétaire internationale, on ne constate aucun progrès dans la compréhension des mécanismes qui ont conduit à la crise.  Personne ne parle de supprimer les changes flottants et encore moins de revenir à des disciplines de coopération et de responsabilité.

Les rares progrès que l’on peut citer proviennent :

- de la prise de conscience que les politiques mercantilistes sont condamnables, se traduisant par des demandes de relance en Allemagne et en Chine, qui eux, ne parlent que compétitivité. Dialogue de sourds, mais néanmoins constat qu’il y a là des positions intenables.

 - de l’incapacité des Etats-Unis de se reprendre sur les bases anciennes. Les politiques de QE ne fonctionnent pas. La relance par la dette n’est plus possible ni pour les individus ni pour l’Etat fédéral. La FED et le Trésor sont tous les deux « pat » comme on dit aux échecs.  

- du quasi arrêt des relations financières internationales du fait de la rétractation de chaque système bancaire sur son pré carré, ce qui montre bien que l’ancien modèle ne peut plus fonctionner.  

Ces petits signes sont-ils avant coureur d’une prise de conscience plus large et de mesures internationales concertées ? Tout montre le contraire. Si un début de reprise se produit à l’automne prochain, les velléités de réformes constructives s’évanouiront.

2. Sur le Front Européen, l’abandon par la BCE de tous ses principes après les déclarations de son gouverneur à l’été 2012,  a changé la donne psychologique. Les spéculateurs seront amenés à y réfléchir à deux fois à jouer contre l’Euro. Magie du verbe, le climat a totalement changé en quelques semaines, plus personne ne croyant à la dislocation de l’Euro par la spéculation sur les « spreads ». 

En revanche le traité Européen a consacré une gestion de la crise par la déflation dans les pays en difficulté et notamment en France.

Il n’y a toujours pas d’organes de gestion de la zone Euro permettant une politique coordonnée de changes, d’émission monétaire, et de co-développement harmonisé.

La principale conséquence est le renforcement de la stagnation globale et de la récession dans les pays du sud.   2013 sera une année terrible pour l’emploi et la prospérité.

3. Sur le front français, l’élection d’un dirigeant socialiste haineux et d’une équipe incapable, a tout aggravé.

Le refus initial de faire réellement baisser la dépense publique et de redonner des moyens de compétitivité aux entreprises, associé à un langage de haine et des mesures fiscales coercitives et revanchardes contre les familles aisées, faisant de la spoliation fiscale une fête politique,  a littéralement bloqué le pays. 

Les entrepreneurs, les investisseurs, les consommateurs, tout le monde a été saisi d’une forme de sidération devant les excès de langage et le délire fiscal d’équipes socialistes en pleine exaltation de leur pouvoir de nuisance. Un « racisme social » hideux et officiel  a gouverné la France. 

L’arrêt immédiat de l’économie du pays qui en a résulté,  a conduit le président Hollande à prendre des mesures de sauvegarde des entreprises menacées de syncope fiscale immédiate. Mais le mal était fait. Des secteurs entiers de l’économie ont connu des pertes de chiffres d’affaires colossaux parfois jusqu’à 35 ou 40%. Le bâtiment est sinon à l’arrêt du moins en régression massive. Même la grande distribution alimentaire est fortement atteinte. Partout les plans sociaux se développent à toute allure.

Les socialistes ont cassé l’espoir de toute réussite en France et atteint les tréfonds de l’âme française. Désormais ce sont les jeunes qui partent et qui ne veulent plus rien avoir à faire avec un pays où un climat épouvantable s’est installé. Les ministres et le premier d’entre eux en particulier, n’ont pas hésité à insulter collectivement des citoyens  fuyant leurs exactions fiscales. Mesures confiscatoires anticonstitutionnelles et insultes ad hominem, rassemblées et diffusées comme « éléments de langage »,  ne font pas une politique.

Le coup d’assommoir porté par le Conseil Constitutionnel à la politique du gouvernement Ayrault, qui a liquidé certains des dispositifs les plus haineux de la loi de finances votées par une majorité socialiste où un p’tit prof de maths du secondaire, un certain Eckert,  a montré un zèle digne de la Corée du Nord, donne à F. Hollande le moyen de reprendre la main avant le désastre total. 

Vivre enfermé avec des conseillers en communication et multiplier les opérations image pour tenter de faire remonter la défiance abyssale qui s’exprime dans les sondages, n’est probablement pas la meilleure solution.  Le pays n’attend pas de lui qu’il se mette en blouse blanche pour pérorer sur l’emploi en visitant des entreprises comme il l’a fait à Rungis.

Mais qu’il respecte les Français et qu’il évite les dérives sectaires  et les mesures haineuses que les dirigeants de sa majorité parlementaire ont multipliées. 

Les résultats de 2013 pour la France dépendront largement de cette capacité de réorientation de la politique française vers plus de raison, moins de haine, moins de déflation et moins de chômage.  2012 a vu les prélèvements dépasser la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand. L’étouffement du secteur marchand va encore aggraver ce phénomène en 2013. Voler les familles aisées n’aura qu’un temps. Il va bien falloir un peu gouverner. Les budgets sociaux s’enfoncent dans le rouge, l’âge de la retraite ne pourra pas rester là où il est, la durée de travail non plus, les dépenses publiques régionales et nationales non plus.

La France est désormais vulnérable à n’importe quel incident. L’équipe gouvernementale actuelle est totalement décrédibilisée. Le groupe parlementaire est trop souvent en rupture avec le gouvernement et joue la surenchère. Au Sénat, c’est le chaos dans la « majorité ». Le Président n’a exactement aucune autorité. 

Si la conjoncture internationale connait un des cahots dont elle est coutumière, et l’absence de toute réforme structurelle laisse la porte ouverte à de tels incidents, la France sera embarquée dans des traverses sinistres.

Alors, oui, M. Hollande, il faut changer d’orientation  et que le changement soit maintenant !   

         

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.  

Une fausse réforme bancaire

On connait la méthode Hollande : "j'ai dit, mais je n'ai pas dit, tout en disant. Mais oui mais non mais oui mais bien sûr". L'ambigüité permanente lui a permis d'être là où il est. Il ne changera plus.

Il avait promis de lutter contre son ennemi, la "phynance" impie, indigne et désastreuse. Il lui fallait mettre en œuvre cette "promesse de campagne". L'exercice s'achève sur un salmigondis de mesures sans effets et sans vraie importance qui compliqueront un peu la vie des banques et surtout permettront au Président de dire qu'il a tenu ses promesses. Enarque aux milieux des énarques qui gouvernent les banques, il ne pouvait en être autrement. Il a suffi que ses copains de banc d'école hurlent qu'ils avaient mal avant même qu'on les frappe pour que tout tourne en eau de boudin.

Il ne peut y avoir de bonnes réformes sans intentions positives et sans analyse approfondie des difficultés rencontrées, s'il y en a. Il aura manqué les deux ingrédients.

1.  La première question à se poser était la suivante : on a vu pendant 40 années les bilans des banques enfler sans limite raisonnable, au point que la plupart des pays de l'OCDE ont dépassé 300% de ratio endettement global sur PIB.  La simple observation des réalités auraient du faire comprendre aux dirigeants que les banques n'ont pas été la source de ce gonflement. Les banques ne créent de la dette et de la monnaie que si elles ont des entrées de trésorerie. Rappelons que si elles avaient seules le pouvoir de créer de l'argent elles ne seraient jamais en faillite. En revanche, dans des cadres conjoncturels, législatifs et règlementaires  favorables, elles multiplient les apports par un effet multiplicateur bien connu.

Il fallait sans doute agir sur l'amplificateur. Divers mécanismes ont permis aux banques et institutions financières d'élargir leurs possibilités d'action au-delà du raisonnable. Revenir sur des pratiques dangereuse était nécessaire. Les banques l'ont d'ailleurs fait toutes seules. Le gonflement des capitaux nécessaires à garantir certains risques importants est une prudence opportune. On va beaucoup trop loin actuellement, au point d'étouffer en partie des financements souhaitables. On a vu par ailleurs la capacité des banques à éluder ces contraintes en utilisant des procédés juridiques astucieux. Il n'y a pas de raison que cela s'arrête. Le rôle du banquier est de prêter de l'argent contre des risques qui justifient sa rémunération. Sauf à tuer en lui toute envie de réussite, et à bloquer le système, il cherchera l'investissement rentable par tous les moyens, supervision renforcée ou non.

Comme dans le même temps on n'a rien fait pour mettre fin aux excès de l'émetteur, le système monétaire international, basé sur une monnaie nationale de référence et des devises flottantes, système qui a entrainé la fameuse double pyramide de dettes et l'amplification de tous les déséquilibres, le résultat est incertain.

On agit comme le gamin qui crée des châteaux de sable au bord de la mer pour voir s'il va résister à la marée. Ou comme le clown qui déplace  le piano pour le rapprocher du tabouret.

2. La seconde question à poser était celle de la taille. Doit-on accepter qu'un pays voit un quarteron de banques enfler leur bilan au point qu'elles mettent en danger le revenu de la Nation en cas de faillite ?  L'Islande l'a fait avec les résultats que l'on sait. La Suisse le fait, mais avec de facto  le back-up des pays arabes du golfe.   

La réponse est non !

Il est indispensable de démanteler les molochs de la banque universelle pour restaurer de la liberté économique et permettre de mieux garantir la solidité globale du système bancaire.

En France, les molochs en question ont refusé et tout le monde s'est couché. En revanche on a fait passer la supervision à l'échelon de l'Euroland pour que ce soit le PIB global qui cautionne le système. Au lieu de réduire les géants, on leur a donné un cadre plus grand pour exercer...

Donc on a rien fait de sérieux. Certaines banques universelles sont trop grosses en France et elles y ont trop de pouvoirs. Elles forment un oligopole fonctionnant en symbiose avec l'Etat, avec qui elles partagent leurs cadres supérieurs. Au nom de la sécurité d'ensemble, on a aggravé le phénomène plutôt que de le réduire. Bravo aux associations bancaires nées de l'époque Pétain qui ont permis ce noble résultat !

La banque universelle de taille monstrueuse a également l'avantage de permettre à une poignée de dirigeants de s'attribuer directement ou indirectement une part démesurée de la rente de monopole sous forme de rémunération démente (via des bonus, des rentes de participations aux conseils d'administrations, des commissions diverses internes ou externes, des stock-options etc. ).  Cette rente étant uniquement liée à la taille et non au mérite particulier du dirigeant, elle s'assimile à un enrichissement sans cause réelle. On peut parler d'une forme de parasitisme exacerbé.

3. La troisième question est le corollaire des précédentes : les conflits d'intérêt possibles non seulement avec la Nation tout entière mais avec la clientèle des banques.

Rappelons que tout le système bancaire est fondé sur un mensonge. On parle de dépôts quand on devrait parler de prêts. Le dépot est un prêt déguisé à la banque. L'Etat administrativo-financier, ce sont les mêmes dirigeants, a imposé le recours aux banques pour toutes les transactions de paiement ou presque. On ne peut plus "vider son compte" en liquide. Il faut le virer dans une autre banque. On ne peut plus payer ses salariés en liquide : seulement par chèques ou virements. Le fisc impose le règlement des impôts par virement à partir d'un certain niveau. Il ne rembourse plus que par virement. Tout a été fait pour limiter l'usage du billet.

Inlassablement les banques reviennent à la charge pour que les chèques deviennent payants et elles multiplient les approches pour limiter l'emploi du chèque au profit de moyens qui leur coûtent peu comme les puces sur cartes ou bientôt sur téléphone.

Bientôt la totalité des fonctions de tenue de comptes et paiements seront payantes, alors que les transactions sont prtiquement toutes automatisées et les saisies déportées sur les usagers.

En sus de ce premier revenu, l'argent déposé sert à justifier la création de monnaie de crédit, avec récupération par les banques de la rente de création monétaire, et le bénéfice des activités commerciales lucratives correspondantes. En cas de pépin c'est soit le client, soit l'Etat qui paie. Merveilleuse disposition que l'on souhaite à toutes les PME.

La vraie réforme est de permettre la constitution de vrais établissements de paiement, uniquement chargés de la garde et de la mobilisation de la monnaie thésaurisée par les agents économiques. Les dépôts seraient de vrais dépôts, en ce sens que l'argent ne pourrait pas servir de ressources financières pour les établissements de crédit. On a créé un cadre limité en ce sens pour permettre certaines formes de paiements nouveaux. Il faudrait aller beaucoup plus loin.

Dans des banques de paiements véritables il appartiendrait au client de faire fructifier ses réserves inutilisées en les plaçant auprès d'institutions financières de son choix. Ces institutions devront faire l'effort de les attirer, en faisant valoir leurs qualités, leur solidité, leur sagesse ou leur rendement. A elles de proposer des placements variés, contreparties d'activités de prêts elles même diversifiées.

Ce n'est plus une poignée de banquiers cooptés dans le vivier des Inspecteurs des Finances qui décideraient souverainement de ce qu'ils veulent faire des sommes qui circulent dans leur comptes, en toute liberté. Mais milles institutions capables de proposer diverses formes d'activités donc d'investissements en fonction du risque.

L'activité de prêt à trois mois sur créances quasi certaines, comme l'escompte, rapportera moins que la spéculation à risque et avec effet de levier sans garantie réelle.

A chacun de savoir de ce qu'il veut faire de son épargne.

Il va de soi qu'il faut éviter tout conflit d'intérêts entre le gestionnaire de placement et l'émetteur des placements. La BNP a bourré les comptes de ses clients sous mandat entre juin et août 2008 au moment où ses cours chutaient à la verticale. A la protestation que nous avons vue d'une cliente, la réponse a été : "il est normal d'avoir dans son portefeuille des actions des grandes banques françaises".

Le système de la banque universelle est un nid de conflits d'intérêts permanents.

La loi passée ne supprime aucun conflit d'intérêts. Elle les institutionnalise.

Une loi n'est utile que si une réflexion approfondie a permis de déterminer les voies et moyens d'un changement qui permette d'atteindre des objectifs.

Ici la loi a l'objectif minimal de permettre à un président élu de dire qu'il applique son programme. Une fois de plus on est dans la com' et pas dans l'économie.

Pour masquer le tour de passe-passe on a joué sur les mots. Au lieu de séparer les banques de paiements, les banques de crédits,  les banques d'investissements, les gestionnaires de fonds et les gestionnaires de fortune, on a indiqué qu'on isolait les activités utiles à l'économie des autres.  Une distinction qui n'a pas de sens. Ces "éléments de langage" ont été répétés ad nauseam par tous les journalistes-perroquets.  

Les vrais problèmes restent intacts. Ils n'ont même pas été effleurés pendant les discussions.

Un exemple parfait du mode de fonctionnement de l'énarchie qui nous gouverne.

François Baroin : léger, léger, léger…

Le Ministre des Finances du gouvernement français pendant la période chaude de la crise écrit un "journal de crise". Naturellement on se précipite. Comment les plus hauts dirigeants ont-ils compris, anticipé, corrigé les causes de la crise ? Comment les ont-ils parées ? Ces questions sont importantes. Un éclairage de l'intérieur aurait pu l'être. Aurait du l'être.

Hélas, hélas, hélas !

On sait tout ce que la carrière  de François Baroin doit au féodalisme politique propre à la France. Parrainé par J. Chirac qui avait promis à Michel Barouin, son père, Grand Maître du Grand Orient, de s'en occuper, le jeune François, malgré la légéreté de ses titres, allait connaître une carrière accélérée, quasi météoritique. Robert Galley lui offre la ville de Troyes. Après un succès électoral sans risque dans une circonscription acquise à la droite, il devient Maire de la Ville.

Son talent personnel n'est sans doute pas mince puisqu'il y résiste aux différentes tempêtes politiques et qu'il siège depuis plus 15 ans comme député de la troisième circonscription de l'Aude. Il est vrai que Robert Galley, avait siégé de 1968 à 2002 dans la seconde : 34 ans. Ces circonscriptions ne sont pas politiquement dangereuses.   

Son talent n'est sans doute pas mince puisqu'il a fait son travail sans aucune aspérité aux différents postes secondaires confiés par Jacques Chirac. Au point de devenir un éphémère Ministre de l'Intérieur lorsque Nicolas Sarkozy se lance dans la campagne présidentielle, ce qui n'était plus secondaire du tout, même si ce fut bref.

L'arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence pouvait lui valoir des ennuis. L'obligation de resserrer les rangs de sa majorité et de mettre fin à la mésaventure de l'ouverture aux socialistes donnent l'occasion aux ex Chiraquiens de revenir au pouvoir. Au prix d'un caprice qui le ridiculisera un tantinet, il devient Ministre du Budget. L'affaire DSK et le départ brusqué de C. Lagarde le propulse au Ministère des Finances. 

Ce jeune homme a non seulement du talent et des soutiens  mais aussi de la chance.

En politique il en faut.

Aujourd'hui dans l'opposition il n'est certes pas devenu un ténor. Mais il joue un rôle. Il sera un des négociateurs de la sortie du conflit Fillon-Copé. Il passe désormais souvent à la télévision. Son livre lui a valu une forte exposition médiatique. Certains pensent qu'il pourrait se présenter aux élections de l'été 2013 à la tête de l'UMP.

Sa troisième compagne est charmante.

Tout baigne. 

Malheureusement, il y a ce livre. Ce livre où tout baigne aussi, mais dans un "politiquement correct" et une légèreté de fond confondants. Monsieur a pris la plume, mais elle est légère, légère, légère.

Elle tombe là où la pousse le vent.  Surtout ne rien penser. Surtout ne rien dire. Le Ministre qu'il fut, aura été un commentateur. Des événements extérieurs se produisaient, jamais anticipés, jamais compris. Les services proposaient des solutions. L'Elysée donnait des orientations puis des arbitrages. Le Ministre les défendait.  Voilà comment une vie politique passe.

M. Baroin a cela de commun avec Mme Alliot-Marie : tous deux  n'ont aucun mérite apparent mais ils savent durer politiquement parce qu'ils sont lisses,  sans que personne ne se pose trop de questions sur leurs compétences réelles.  Robert Boulin était aussi une personnalité de ce type. Il ne faisait peur à personne. Il était toujours là. Quand les grands sauriens se battaient, il était  fidèle à tout et à tous. Un peu aussi comme Bérégovoy.

Le dernier a fini près d'un canal, le précédent dans les étangs de Hollande (non, non pas celui que vous croyez). Mme Alliot-Marie, elle, a été la malheureuse victime collatérale de la révolution tunisienne. Si on ne peut même plus avoir d'amis !  

Peut-être le jeune et séduisant François devrait-il se méfier. Il ne faut pas trop monter pour rester en sécurité quand on est pas doté d'une armature intellectuelle et politique plus solide. La faveur et la prudence reptilienne ne permettent pas tout. Pas de vagues, dans les actes, et beaucoup de vague, dans la pensée,  ne suffisent pas toujours. Même quand on est bien implanté dans une circonscription en or massif et imperdable. Même quand on a le soutien affectueux de la Franc-maçonnerie.

La lecture du livre est consternante. Les évènements se produisent. On ne sait pas pourquoi. Ou on en donne des explications tellement courtes que cela confine à la gaminerie.

On imaginerait que le Ministre des Finances va nous donner une vision profonde et travaillée de la crise mondiale. Rien du tout. La crise, c'est la faute des subprimes. Point barre ! Elle est tombée du ciel comme cela. Un beau jour. Il a fallu faire face. Après une autre crise est arrivée du même ciel : la crise des banques. Il a fallu faire face. Ensuite on a eu une récession économique. Il a fallu faire face. Après on a eu la crise de la Grèce. Il a fallu faire face. Après il y a eu la crise de l'Italie, du Portugal et de l'Espagne. Il a fallu faire face.  Puis la France a été sommée de tenir des engagements budgétaires, il a fallu faire face. Puis cela n'a pas marché alors il a fallu faire face. Etc. Ad libitum.

Comme si un mauvais génie s'amusait à glisser sur le bureau du Ministre des dossiers surprises chaque matin. Le Ministre des Finances attendait alors les directives de l'Elysée, en fait de M. Musca. Et on mettait au travail les cellules du ministère. Des types formidables, nécessairement formidables. Ensuite le premier Ministre rendait les arbitrages. Formidable, tout était toujours bien.

Rien ne marchait mais tout était parfait. On faisait tout puis le contraire de tout : aucune importance, c'était toujours parfait.

Exemple : on commet l'immense erreur de ne pas supprimer l'ISF et on crée le bouclier fiscal. C'était parfait. Tout tourne au vinaigre. On fait une réforme tardive et controuvée. C'est tout aussi parfait. 

A l'échelon européen tout semble se faire ailleurs. Il ne s'agit pour le Ministre que de participer aux réunions et de commenter les arbitrages.  Pas une idée, pas une critique, pas une suggestion. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. "Je préfère mettre de l'huile dans les rouages pas sur le feu".

A l'échelon mondial, rien à dire. Absolument rien. Sinon des anecdotes sans intérêts sur des réunions du G.20.

Le malheureux est, à l'insu de son plein gré, surpris "par une suite ininterrompue d'événements imprévisibles".

Les évènements forcent à agir, et la réponse produit des résultats merveilleux. Sauf que la crise est toujours là.

Pour l'Europe, les résultats sont pour l'auteur  inespérés  : " le chemin accompli dans les esprits est déjà conséquent. Si nous allons au terme de cette réforme, il sera immense".  La Grèce est à genoux et sa population au chômage et paupérisée, comme celle du Portugal et de l'Espagne. Tous les pays de l'Euroland sont saignés à blanc et en récession. Pas d'importance ! 

Pour la France, nous avons réussi à stabiliser la dépense publique et même à la réduire d'un quart de chouïa, affirme notre grand ministre.  Du jamais vu !  En fait la dépense publique est restée très haute et n'est jamais descendue au dessous des 50% du PIB. Là où il fallait une hache, on a eu la douceur angevine et consensuelle de la RGPP. Les banques : nous avons un modèle de banque universelle formidable. Et Dexia ? Dexia heu !  heu ! Pour les impôts : nous avons taxé les riches de plus en plus en multipliant les lois de finances rectificatives au fur et à mesure que nos prévisions de croissance se révélaient en décalage avec les réalités. N'est-ce pas formidable ? Un vrai social démocrate qui ne verrait sans doute avec la politique Hollande qu'un soupçon de verbalisme excessif mais une pratique en continuité avec la sienne !

Pour le monde. Pour le monde rien !

La France a été gouvernée par des hauts fonctionnaires en fonction de leurs intérêts : taxer à mort ; ne pas réduire trop la dépense publique ; ne pas faire de vagues.

M. Sarkozy s'est agité en haut de tout cela en faisant croire qu'il agissait beaucoup alors qu'il n'agissait qu'un peu.

Les ministres, comme M. Baroin, ont été les Messieurs bons offices entre le Président et les services.

Pas d'idée ; pas de diagnostic ; pas de pronostic ; pas de vrais traitements ; un politiquement correct permanent (Ah ! la nomination de Lagarde au FMI, "victoire des femmes" :! on aurait préféré une victoire de la France et des idées justes). 

Résultat : pas de résultats probants ; une France au chômage et déjà menacée par l'asphyxie fiscale avant même l'arrivée de M. Hollande.

M. François Baroin aura été un gentil garçon. Son influence personnelle sur les évènements, à le lire, aura été quasi nulle. Aucune élytre n'aura été froissée. Nulle part.

La droite a perdu les élections. La France a perdu son industrie et ruiné ses ménages.

Mais tout va pour le mieux.

La carrière de Monsieur peut continuer avec les perspectives les plus heureuses.

Plus diaphane on ne peut pas.   

C'est vrai, il est bien sympathique François Baroin. Alors bonne chance !

Tout de même. Est-il vraiment impossible de gouverner la France autrement que dans la niaiserie ?

Nouvelle supplique à l'INSEE

Nous avons naguère demandé à l'INSEE de bien vouloir rendre publiques des séries statistiques longues. Parmi les causes de l'aveuglement général et du désastreux "courtermisme" on trouve la difficulté à constater facilement des évolutions longues. Le cycle décennal n'apparait clairement que si les séries couvrent au moins 50 ans.  De même le grignotage fiscal n'apparait pas sur des statistiques annuelles. Mais sur 50 ans les résultats sont plus que frappants.

Merci à l'INSEE d'avoir commencé ce travail.

Maintenant il faut aller un peu plus loin.

Une des causes de la crise provient de la méconnaissance totale par les gouvernements, les économistes officiels et les commentateurs de l'évolution de la dette globale depuis la guerre.

Par dette globale nous entendons toutes les dettes :

- dettes publiques (Etats et collectivités locales de tout poil)

- dettes de l'institution d'émission

- dettes du secteur bancaire

- dettes des entreprises

- dettes des ménages

On peut même signaler les engagements publics ou privés hors bilan ou hors budget. .

Bien entendu il faudrait pouvoir comparer ces séries avec celles, calculées de la même façon, des pays de l'OCDE.

Actuellement ces chiffres ne sont pas faciles à obtenir de façon strictement comparable. Par exemple la dette des ménages est présentée en fonction du revenu des ménages qui n'est pas le PIB.  Celles des entreprises est souvent connue par rapport à leur capital ou à leur chiffre d'affaires. Etc.

Avoir un tableau clair et homogène de l'évolution respective des différentes dettes est d'une urgence nationale.

Rappelons qu'en économie la nature de l'émetteur n'a pas une importance cruciale : la dette agit de façon globale. C'est le PIB qui doit fournir le paiement de l'intérêt et le remboursement du capital. Globalement.

Naturellement il serait bien que la statistique donne également la maturité moyenne de la dette et son intérêt moyen. Ce n'est pas la même chose d'avoir une dette de maturité moyenne de deux ans avec un intérêt moyen de 3% et une dette de maturité moyenne de 10 ans avec un intérêt moyen de 6.5%.  On pourrait ainsi produire un indice de la charge de la dette en pourcentage du PIB (montant global de l'amortissement et des intérêts).

Par exemple un endettement global de 400% du PIB avec une maturité à 10 et un intérêt à 5% entrainerait une charge de 60% du PIB.  Un endettement de 200% du PIB avec une maturité de 2 ans avec 5% d'intérêt, donnerait 110%  du PIB  etc.  

On voit que ces chiffres sont extrêmement critiques pour comprendre la situation économique d'un pays.

Et ils ne sont pas connus, encore moins publiés. Ils ne peuvent être appréciés dans la durée via une série longue.

Donc personne ne comprend rien.

Nos propres calculs nécessairement imparfaits laissent entrevoir que le taux d'endettement global était de près de 400% à la Libération, qu'il est redescendu à moins de 150% en 1967, et qu'il a commencé à rebondir avec les évènements de 68 et surtout après l'éclatement des changes fixes et ajustables définis à Bretton-Woods. On a alors commencé à monter la pente : 150 puis 200, puis 250 puis 300%. Pour finir nous nous sommes retrouvés en 2011 quelque part entre 300 et 400%.

L'affaire est sérieuse, car évidemment de tels taux d'endettement sont intenables.

Faire apparaitre de façon scientifique cette courbe en U est indispensable à une étude correcte du phénomène et de ses causes.

L'INSEE est seule capable de produire et de publier ces chiffres.

Notre supplique est qu'elle le fasse et si elle ne le peut pas qu'elle dise pourquoi et comment remédier à cette situation fâcheuse.

Merci d'avance.

Merci d'avance également à Eurostat de faire le même travail pour les 27 pays de l'Union Européenne.   

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile

Le mensonge

M. Gérard Depardieu a décidé de quitter la France. Entre autres raisons, il évoque le fait qu'il aura payé en 2012, 85% d'impôts. 

Entre autres raisons, car la mort de son fils Guillaume, grave traumatisme de sa vie, et la manière dont il a été traité par la justice et les médias du fait de la notoriété de son père, avait créé une rancune profonde.  La France politique et médiatique haït ceux de ses enfants qui réussissent. Ils doivent payer d'une façon ou d'une autre. Toujours se rappeler que la France pendant l'Occupation a été le pays qui a produit le plus de lettres de dénonciation à la Kommandantur. La jalousie sociale est en France une dimension déterminante. On ne produit plus d'électronique depuis longtemps mais pour de la bassesse nous restons très productif.

La fortune de G. Depardieu n'a pas été volée.

Il est parti de rien. Il est arrivé en tête du palmarès des acteurs simplement parceque les Français l'ont bien voulu en allant voir les films qu'il anime de son talent. Il a employé une partie de sa fortune à créer du boulot autour de lui. L'argent des prélèvements divers sur son revenu, ses dépenses et sa fortune  a permis de financer les besoins de l'Etat à une hauteur qu'il évalue à 145 millions d'Euros.

Quasiment à lui tout seul.

Car on ne peut pas dire qu'un acteur fait suer le burnous et pèle la valeur sur le dos des travailleurs. C'est à dire que sa contribution fiscale à la France a été supérieure de plusieurs milliers de fois à celle d'un Ayrault et d'un Eckert, petits profs du secondaire sans mérite particulier,  n'ayant pas travaillé longtemps (et probablement mal : Jean marc Ayrault parle allemand comme une vache espagnole !),  et coulant dans les ors de la République sur l'argent des impôts une vie de politiciens nuls et aigris. 

La France aurait-elle produit 1000 Depardieu qu'elle aurait reçu 145 milliards d'Euros de bénéfices fiscaux.

Avec mille Harlem Désir, dont on ne se souvient pas qu'il ait jamais travaillé à produire quelque chose de consommable pour les Français, on n'aurait qu'un gros trou dans la caisse. Il semble bien que son association ait été prise carrément la main dans la caisse. Vous avez dit "emploi fictif". On préfère les emplois d'un acteur de talent. 

Cet Harlem Désir en service commandé à la radio ce matin même a déclaré : "M. Depardieu ment en déclarant qu'il paie 85% d'impôts. C'est impossible". Il a répété ce mensonge à satiété pour bien l'imprimer dans l'esprit des auditeurs et le journaliste interviewer n'a pas été capable de lui dire qu'il mentait.

Alors faisons le à sa place.

Nous avons montré sur ce blog  que ce taux de 85% était malheureusement extrêmement fréquent  et que désormais des milliers de Français allaient payer 100% et plus. Nous avons démontré chiffres en main que la discussion sur le taux marginal de 75% était une farce sachant que des dizaines de milliers de Français paient EN MOYENNE 75% et plus. Ici et maintenant et encore plus demain en 2013.

Les lecteurs de ce blog savent que les prélèvements en France sont supérieurs à 100% de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand non financier. Mais oui supérieurs à la production de ce qu'on appelle communément "les entreprises".  La dépense publique, elle, est très supérieure. En 2013 on en sera sans doute à 110%.

Les lecteurs de ce blog savent aussi que lorsque l'état prend la totalité des ressources du pays pour lui même, le taux de prélèvement est de 50%, car ce qu'il prend pour lui même est compté comme une partie du PIB. Et les mesures Hollande vont faire approcher le taux de prélèvement par rapport au PIB du chiffre historique de 48%. 

Les lecteurs de ce blog savent également que nous sommes le pays où la dépense publique est la plus forte du monde avec le secteur protégé le plus hypertrophié du monde.

Gérard Depardieu ne ment pas.

Harlem Désir ment. Le parti socialiste et les éminences du parti socialiste mentent. Comme Radio Paris sous l'Occupation, ils "mentent tout le temps", comme le chantait Pierre Dac.

Harlem Désir est un menteur. 

Un menteur qui sait qu'il ment.

Un menteur toute honte bue.

Un menteur qui se roule dans le mensonge sans la moindre vergogne.

Les Français doivent refuser le mensonge et chasser les menteurs. Ils ne doivent pas accepter que sous des monceaux d'injures on fasse fuir ceux d'entre eux qui, par des mérites exceptionnels, ont réussi, parcequ'ils ne veulent pas qu'on leur prenne tout et qui le disent. 

La France est le seul pays au monde qui fasse fuir ses élites et qui découragent dans sa jeunesse l'idée même de la réussite. Une exception française exécrable.

J'espère qu'il y a encore une presse libre en France qui fera éclater publiquement l'indésirable  mensonge en service commandé de ce monsieur Désir, ci-devant premier secrétaire du PS et premier des menteurs.

En attendant merci à Gégé d'avoir le courage physique et moral de dire la vérité et d'en tirer les conséquences publiquement en se moquant des quolibets intéressés de moralistes spécialistes de l'amoralité. 

Quant aux Français qu'ils lisent le livre  d'Ayn Rand,  la Grève. Ils verront dans quelle dynamique on s'inscrit quand on décourage et on accable d'insultes ceux dont la réussite est aussi celle du pays.

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des Economiste E-toile.

 

Champagne à la Kaiserstrasse !

A certains grands moments de la crise que nous subissons depuis 2007 l'avenir dépends des décisions  des pouvoirs publics. Une mauvaise appréciation, l'inconscience de la réalité des choses, le poids des impuissances peuvent conduire à en prendre d'exécrables.

On l'a vu lors des G.20 de 2008 et 2009. Il fallait comprendre que la crise provenait du système monétaire international et y porter remède. On ne l'a pas fait. On a conservé le système non coopératif des monnaies administratives gérées par des gnomes et dont la valeur se fixent sur les marchés de devises, avec liberté totale des mouvements de capitaux. Malgré toutes les exemples historiques qui démontraient que dans ce cadre les relances keynésiennes ne marchent pas,  on a fait le pari que cette fois-ci on verrait ce qu'on verrait. On a vu : quatre ans après le désastre économique continue (Cf. sur ce blog :   G.20 un pari très dangereux)

Pour la France, on savait que le danger venait de sa surfiscalité aberrante provoquée par le développement d'un secteur public  de proportion exagérée, dont l'ampleur et les besoins de financement avaient  créé un sous-investissement massif et une précarité maximum dans un secteur marchand laminé, sans capitaux, sans marge, sans compétitivité et  incapable de pourvoir aux besoins d'emplois du pays. La décision tragique sera celle des Français portant au pouvoir de façon totalement décalée une équipe socialiste de fonctionnaires qui allait tout aggraver au lieu de commencer à remonter la pente. Le climat de haine sociale entretenue contre les patrons et l'annonce de mesures spoliatrices allaient dès l'été 2012 bloquer le pays.  50.000 chômeurs plus tard, la France est confrontée à la perspective d'une année noire en 2013.

Restait l'Europe. On savait que la zone Euro était structurellement malade. Elle n'avait aucun instrument pour faire face à une crise mondiale. De paniques en expédients on en est arrivé au  TSCG, traité budgétaire renforcé qui sacralise les règles  de Maastricht. Restait à savoir si dans ce cadre malsain, car uniquement déflationniste, allait se mettre en place d'autres organes de gestion que les croupions actuels. Certains célèbrent aujourd'hui l'accord "historique" qui voit les responsabilités de supervision bancaire glisser des banques centrales et des organes de contrôle bancaire nationaux  vers la BCE. Crier au miracle et à l'avancée déterminante comme Le Monde du jour est tout à fait excessif. Y voir la fin de la menace contre la zone Euro est risible.  L'idée sous-jacente est traditionnelle au  sein du fédéralisme européen  : cette étape permettra d'en atteindre une autre etc. On dépouille les Etats nationaux  et c'est déjà cela de pris.  Les résultats sur la réduction du chômage, la gestion des écarts de productivité,  la vulnérabilité spécifique aux systèmes nationaux seront pratiquement nuls.

Christian Noyer, qui parle certes en son nom mais qui est trop fin connaisseur de ce qui se passe à la BCE, a tué toute perspective positive en ce sens. Sa dernière intervention laisse entendre que la politique de la BCE a été formidable car elle a permis de maintenir l'inflation dans les limites statutaires de la BCE (on retrouve l'hymne à la gloire de Trichet : cf sur ce blog l'article La "victoire" à la Pyrrhus de Jean claude Trichet). Il est inutile de prévoir de grosses modifications dans la gouvernance européenne. Si la politique monétaire a été handicapée, la faute en revient à "l'indiscipline" des Etats. Il suffit de renforcer les normes et la sanction des normes pour que tout aille pour le mieux. Au passage renforçons les pouvoirs de la BCE. Un plaidoyer pro domo ;  de la plus belle eau.

Cette vision est totalement controuvée et lourde de nouvelles difficultés. Elle confirme l'amour éternel porté par les banquiers centraux européens, contrairement à leurs devanciers,  à un système de monnaies administratives gérées par eux-mêmes et dont la valeur externe est laissée aux forces du marché. Que le système ne marche pas et soit structurellement déséquilibré ne les gênent pas : on ne touchera pas à la source, à l'émetteur des déséquilibres mais au transmetteur et à l'amplificateur, le système bancaire, qui passera sous le contrôle des gnomes. Si les Etats sont par ailleurs contraints, tout ira bien.   

On notera que toutes ces erreurs majeures se complètent : on ne souhaite pas traiter le mal à la racine alors on s'énerve sur les symptômes.

Un exemple historique nous rappellera comment on gère normalement une crise économique. Après l'échec  de la relance de Chirac en 74, on a appelé Raymond Barre. Il explique très bien ce qu'il a fait (cf : "en relisant Raymond Barre" sur ce blog) : il a piloté la sortie de crise en jouant  sur la monnaie, sur les changes, sur le budget et sur les règles du jeu social (désindexation compétitive , fin de l'autorisation administrative de licenciement, etc.). Heureux homme qui avait encore une cabine de pilotage totalement équipée des instruments de bord nécessaires.

On voit bien que les Etats européens n'ont plus accès aux instruments de pilotage anticrise. Les changes ? Plus personne ne s'en occupe sinon un fantomatique Eurogroupe dont Juncker va quitter la présidence et qui ne fait exactement RIEN en la matière. La politique monétaire : la BCE s'en charge avec une seule boussole : les prix. Le budget : il est désormais contraint. Restent les règles du jeu social qui dans le contexte général ne peuvent être réorientées que dans un sens restrictif.

L'urgence aujourd'hui, si on veut que le système de l'Euroland marche et que l'on sorte de la crise , est de recréer une possibilité de pilotage global à l'échelon de la zone. Il faut une cabine de pilotage, la centralisation des instruments, et une action coordonnée sur les intérêts, les changes, les financements globaux, les budgets et les mesures sociales.  Bien sur il faut refuser le saut fédéraliste total avec création d'un budget fédéral gigantesque s'amusant à effectuer des transferts massifs entre pays européens.  Noyer a raison de dire que les opinions publiques ne le permettront pas.  

Cela implique un poste de "Chancelier de l'Euroland" doté de moyens légers mais cohérents et démocratiques d'agir sur les manettes économiques, y compris les changes et y compris la politique monétaire.

La BCE serait dans ce cadre partiellement  subordonnée à ce Chancelier. L'Europe renoncerait  à être la seule puissance du monde qui joue réellement le jeu faussé des changes flottants.

On pourrait envisager une sortie de crise par le haut en renonçant au chemin débile de la déflation et de la dépression dans les pays en décalage de compétitivité.

Dans la pratique on tourne le dos à cette orientation.

Nous nous retrouvons donc à la fin 2012 avec

- un monde dominé par les changes flottants et les attitudes non coopératives des Etats

- une Europe de l'Euro sans pilotage mais étouffée dans un système anti démocratique et lacunaire de contrôle et  de restrictions en tout genre.

- une France dans la folie fiscale aggravée par un socialisme sûr de lui et dominateur qui a fait de la Kalachnikov fiscale le moyen du" grand soir" de la ruine de sa bourgeoisie, au milieu des injures mille fois répétées contre les entrepreneurs (les patrons sont des "patrons-voyous", les chefs des entreprises du CAC "les douze salopards". M. Mittal" n'a rien à faire en France". "Casse toi pauvre con" lance-t-on à M. Arnault.   Et quand Depardieu "se casse", c'est un" traitre" à la patrie, alors que le droit d'établissement où l'on veut en Europe est la conquête  principale de l'Union Européenne pour ses citoyens) .

Autant dire qu'il n'y a rien à attendre de bon de 2013. Le problème des grandes erreurs, c'est qu'elles ne se rattrapent jamais.  

La crise entrera dans sa sixième année, du jamais vu depuis 1929.

Le Bilan de la BCE et ses gains n'ont jamais été aussi élevés.  Voilà ses pouvoirs élargis.

On doit faire livrer les bouteilles de champagne au 29 de la Kaiserstrasse à "Eurofort sur le Moins", comme disait Séguin.

Mais ce sont les peuples qui trinquent.

Deux mots à la revue Commentaire

La revue Commentaire est fort intéressante. Elle a son influence. Elle mérite d'être soutenue. Mais elle souffre d'un léger complexe : celui de l'officialité. On donne la parole a des auteurs "reconnus" et on ne prend aucun risque intellectuel. Le sérieux veut cela. Comme toujours, la méthode a des limites. Celle de produire des articles sinon insignifiants du moins largement à côté de la plaque chaude.

Prenons celui de M. Robert Barro. Ses "credentials" sont impeccables. Il est professeur à Harvard donc ipso facto "parmi les plus réputés du monde", même si personne n'en a jamais entendu parler.  Il est spécialiste de la croissance et des crises.  Là cela devient intéressant : il a du prévenir le monde qu'une crise mondiale allait survenir très tôt avant 2007 ou au moins début 2008.  Il a du en comprendre les mécanismes.

Naturellement il n'en est rien. M. Barro est un de ces professeurs rétrospectifs qui ne voient jamais rien venir mais qui commentent parfaitement quatre à cinq ans après les évènements qui l'ont surpris et que sa spécialité lui commandait de prévoir.

Donne-t-il  pour autant un diagnostic exact ? Même pas. Il en est resté à l'explication par les subprimes.  La crise de 2008 est un peu plus grave que la crise de 1992 parce qu'il y a eu la bulle des subprimes et des produits financiers complexes.  Cinq ans après,  quelle grande nouvelle !

Nous avions donné cette explication le lendemain même de la chute de Lehman-Brothers sur ce blog. Mais en précisant bien qu'il ne s'agissait que de l'allumette qui avait mis le feu.  Le combustible s'était accumulé en quantité désastreuse bien avant.  Et nous avions essayé de comprendre pourquoi et comment. En 2008, pas en 2012.

Toute cette explication des causes profondes est absente. Nous développions  à l'époque cette image : un énorme nuage orageux s'st accumulé au dessus de Paris. Il a explosé d'abord sur la tour Eiffel. Est-ce une crise de la Tour Eiffel ?  Non. L'important c'est le nuage. En l'occurrence le nuage de dettes qui s'était accumulé depuis 1971 par étape, l'endettement global passant de moins de 200% du PIB à près de 400 dans la majorité des grands pays industriels.

Parler de l'éclair qui a frappé la tour Eiffel, c'est-à-dire des subprimes et leur diffusion dans des véhicules financiers controuvés, n'est pas à proprement parler faux. C'est grossièrement insuffisant.  Et comme les banques en ont tiré les leçons, on n'a guère de suggestions à faire pour sortir de la crise.

En revanche, un professeur à Harvard  peut critiquer tout ce qui a été fait pour juguler la crise. Plans de relance et augmentation d'impôts ne permettent pas de sortir de la crise,  dit notre économiste. Il aurait mieux valu laisser Général Motors faire faillite. Les incitations marchent mais elles ont des effets pervers.  L'extension de la couverture chômage selon l'auteur se retourne contre les chômeurs qui restent beaucoup plus longtemps au chômage.  Bush est présenté comme un Obama, à l'opposé de Clinton et Reagan. Ce qui surprendra les lecteurs français. Ils ont l'un et l'autre multiplié les effectifs des administrations et lancé des plans grotesques. L'auteur cite notamment le plan Ethanol et la prime à la casse des voitures.  Le qualificatif employé pour ces actions est sévère, dans le propos lissé et conventionnel d'un professeur de Harvard : "débile".

En gros toutes les mesures de relance et  de protection sociale  se sont retournées contre leurs auteurs et leurs bénéficiaires.  

Dans cette ligne d'esprit il déclare que toutes les politiques de Quantitative Easing n'ont pas eu beaucoup d'impact. Le Trésor aurait pu intervenir sans que la FED ne le fasse.  De toute façon "les marchés financiers en savent plus que moi" et naturellement plus que les gouverneurs de la FED et le gouvernement.

L'auteur parle alors de la "crise des gouvernements".  La crise de l'Euro est vue comme une crise d'irresponsabilité budgétaire.  L'indiscipline est la source de la crise. Et il faut surtout éviter toute politique d'unification budgétaire car elle n'aura pour effet que d'attiser l'indiscipline.

Aux Etats-Unis la solution c'est de tailler dans Medicaid et Medicare. Et supprimer l'impôt sur les bénéfices des entreprises et l'impôt sur les successions. Mais il faut y instaurer une TVA.

L'auteur conclut que finalement il est pessimiste compte tenu que trop de politiques à effets pervers ont été menées mais que les marchés sont néanmoins optimistes. Wait and see.

Que tirer de cet article ? Pas grand-chose sur  le fond de la crise. A partir du moment où l'on considère que les marchés libres sont la seule solution et que la crise est due à un disfonctionnement bancaire limité et déjà corrigé, on ne peut conclure que dans une seule direction :  si la crise continue c'est la faute des Etats qui font l'inverse de ce qu'ils devraient.  N'aurait-on rien fait, nous serions déjà revenu dans le bonheur économique.

On est dans l'affirmation idéologique, pas dans l'économie d'observation.

Dressons un tableau de ce qui nous sépare de l'interprétation de Robert Barro :

Nous : la cause de la crise est le système monétaire international, ayant créé une double pyramide d'endettement, des déséquilibres massifs et explosifs, une complexité croissante  et une économie internationale casino.  Corolaire : les subprimes sont une allumette. Elle a mis le feu à une montagne de dettes qui ne pouvaient plus être remboursées. Solution primaire : changer le système monétaire international ; revenir à des garanties d'état sur la valeur des monnaies. Pronostic : mauvais car les causes n'étant pas comprises on ne prend pas les bonnes mesures.

Barro : crise d'exubérance des marchés notamment des subprimes qui s'est auto corrigée. Corolaire : pas d'intervention des Etats. Solution primaire : empêcher les banques centrales et les Etats de gâcher tout en créant de la monnaie de façon folle, en augmentant les impôts de façon folle, en solidarisant trop les budgets et les dettes. Laissons les mauvais faire faillite. Pronostic : mauvais car les Etats en font trop par les impôts et par les banques centrales.

Derrière ces différences fondamentales, nous nous rejoignons sur certains points :

- Les relances keynésiennes ne peuvent pas fonctionner en change flottant. Nous le savons depuis celle de Chirac en 74. Elles entraînent en fait des effets pervers qu'il faut immédiatement corriger à coup d'impôts et de plans de rigueur qui retardent la sortie de crise. On l'a vu en France dès 76, leçon répétée avec le Plan Juppé de 95 puis avec la folie fiscale en cours de Hollande.  Les crises se résorbent en partie toute seule et dans certains cas il est nécessaire de ne rien faire. Nous l'avions expliqué sur ce site au moment où de nombreuses voix s'élevaient pour relancer à tout va par le déficit public. On voit où on est.

- Il faut un amortisseur social en cas de crise mais il doit fonctionner ainsi : moins de ressources élevées mais pour un plus grand nombre de personnes.  L'histoire sociale récente en France a fait que le système d'indemnisation du chômage est extrêmement généreux, avec des rentes très élevées dans certains cas et fort longues. Le RSA qui a surtout servi à donner plus aux chômeurs de longue durée était totalement inopportun en pleine crise.  Il faut des allocations mais non pas basées sur l'idée qu'il faut prolonger les rémunérations habituelles pendant pratiquement deux ans, mais sur une idée forte de solidarité : on fait face à l'urgence en payant le nécessaire à ceux qui en ont besoin pendant leur période de chômage. Payer des allocations à vie et à tous ceux qui les demandent est ridicule. De même que payer des indemnités de 6.000 euros à des cadres qui de plus ont négociés leur départ avec leur employeurs et possèdent des biens par ailleurs est un véritable scandale.  L'indemnité chômage doit être un dispositif de sécurité pour les plus pauvres frappés momentanément par le chômage.  

- la solution de sortie de la crise de l'Euro par la mutualisation totale des ressources  avec une gestion centralisée et fédérale de transferts gigantesques est une folie.  

- On ne peut pas sortir d'une crise profonde en volant les "possédants". L'hyper fiscalité est un leurre. Sarkozy a commencé à aller en ce sens et Hollande a fait exploser le déconomètre. Ils n'ont fait que bloquer la reprise d'abord, l'interdire ensuite.

 - La discipline en matière de dépense des Etats est indispensable. La mise en place de programmes administratifs énormes et incontrôlables, ou la gestion par des normes intenables, sont également à proscrire.  Le plan Ethanol aux Etats Unis était stupide. Mais le plan européen pour les énergies renouvelable l'est tout autant. La meilleure preuve c'est que nous sommes obligés de revenir sur toutes les mesures prises (éoliennes, panneaux solaires, carburants agricoles  etc.).     

En revanche nous divergeons de façon forte et formelle sur d'autres points :

- Il était inévitable que les banques centrales tentent de juguler le "credit crunch" associé à l'évaporation d'une partie bien supérieure à la normale des créances bancaires. Sinon tout le système bancaire aurait explosé partout et les agents économiques auraient perdu instantanément toute leur épargne !  Ce mécanisme avait été à la base du drame de 1929.

- la crise de la zone Euro ne peut pas  être jugulée sans créer une instance de gestion de la zone euro (gestion de la monnaie, des changes, de la coordination budgétaire et sociale). Si on ne le fait pas, la zone explosera.  Profitons en pour dire que la solution de Noyer, Gouverneur de la Banque de France QUI CONSISTE SEULEMENT A RENFORCER DES NORMES, est injouable. Il ne reste plus qu'à subir des déflations provoquées qui sont terribles pour tout le monde.

Au total l'article choisi par la revue Commentaire est de peu d'intérêt car il ne va pas au fond des choses. L'a priori qui consiste toujours à chercher la vérité aux Etats-Unis est ridicule. Les économistes de Harvard ne sont en rien des lumières qui éclairent le monde.  Je suggère un peu de nationalisme sur ce sujet. La France a des choses à dire au monde et n'a pas constamment à se rouler aux pieds des Etats Unis.  Bien sûr ce qui a séduit c'est l'orientation libérale de l'auteur qui tranche avec le dirigisme inouï que l'on subit en France et les mille voix qui le supportent pur avoir leur place au soleil médiatique. 

Nous ne pouvons nous empêcher de penser qu'il  y a des questions plus graves à soulever et des solutions plus positives à faire valoir que celles évoquées dans l'article de ce Monsieur Barro. La crise doit être mieux comprise pour que des politiques meilleures soient conduites.  C'est à cela que la revue Commentaire devrait s'attaquer.

Conseil d'ami bien sûr.

PS : le texte mis au concours du jeu "de qui est-ce" page 1026 est de Furet.

 

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes E-toile.  

Laurent Mauduit et les "économistes imposteurs"

Dans son dernier ouvrage Laurent Mauduit, journaliste de gauche et longtemps au Monde, analyse l'activité de certains des "experts" de l'économie que le monde de la presse écrite, radiophonique et télévisée invite prioritairement depuis des années. Ils ont tous en commun de n'avoir pas vu venir la crise et même pour plusieurs d'entre eux de l'avoir niée, quitte à se rattraper ultérieurement par des prévisions apocalyptiques.

La thèse du livre est assez simple : si ces faux gourous se sont trompés c'est d'abord parce qu'il s'agit d'affairistes, parfois même condamnés en justice pour divers délits, qui vivent le nez dans leurs intrigues de cour, un pied dans la charité, un autre dans l'expertise, la main droite dans l'argent et la main gauche dans la politique.

Ces expert sont d'abord et avant tout des stipendiés du "système" , et notamment des banques, et à ce titre ils ont d'abord une fonction de défense et illustration du système qui les nourrit et même, pour certains, qui les gavent.

L'auteur n'a pas besoin de forcer son talent pour développer sa démonstration avec Alain Minc et Jacques Attali.  Il n'a pas de mal à prouver qu'ils se sont constamment trompés et que leur affairisme a été le moteur essentiel de leurs commentaires. De toutes façon ce ne sont pas des économistes, au mieux des essayistes, plus surement des affairistes.  Ils représentent, pour Mauduit,  la fameuse "pensée unique", née de Thatcher et Reagan. Leur coloration de gauche est d'une pigmentation faible et dans la réalité ce sont, pour l'auteur les pires "néo-libéraux" qu'on puisse trouver, néo libéral étant vu non pas comme le représentant d'un courant de pensée estimable mais comme une injure.  

De Boissieu et Lorenzi, eux, sont  des économistes  professionnels. Mais ils sont devenus des économistes officiels, prêts, pour les honneurs et pour l'argent, à servir tous les maîtres qu'on voudra . Pour l'auteur Lorenzi est doublement coupable : non seulement il a sombré dans le néolibéralisme mais il fait semblant d'être de gauche avec une redoutable duplicité, travaillant au grand jour pour Hollande et en secret pour Sarkozy (ce qui a pour notre auteur tout d'une horreur apocalyptique qui exigerait qu'on se pince le nez).  Laurent Mauduit prend un malin plaisir à faire l'inventaire des "ménages" que ces deux compères multiplient  avec les grasses rémunérations qui vont avec, et en parallèle, des bêtises qu'ils ont pu dire inlassablement.  La cupidité aveugle. L'aveuglement est la marque d'une imposture scientifique. Ces deux là sont pour Mauduit des nuls qui ont profité de leur position officielle non pas pour éclairer les gouvernements et l'opinion  mais pour cautionner l'inadmissible.

Le jeu de massacre continue avec une grande partie des économistes autoproclamés ou universitaires qui accableraient les médias de leurs absences  de compétences réelles symbolisées d'abord par leur incompréhension totale des événements qui vont conduire à la crise actuelle et ensuite par leur dépendance du système financier et leurs courbettes au néolibéralisme ambiant.

Laurent Mauduit avertit que les lois Pécresse conduisent à un financement de plus en plus intime de la recherche économique par la finance qui de ce fait perdra définitivement toute pertinence, toute indépendance et même toute honnêteté scientifique.

Que tirer d'un tel livre ?

D'abord un sentiment de malaise, car fouiller ainsi l'activité des gens avec un souci accusatoire constant donne une impression de voyeurisme malsain. 

Que les Minc et les Attali gagnent beaucoup d'argent, qu'elle importance ?  Ce sont des Bellemare de l'économie, qui cumulent le "vue à la télé" et un entregent médiatico-politique dont l'aloi est certes  peu reluisant mais qui n'ont que l'importance que l'on veut bien leur accorder. Pour notre part nous ne leur avons en avons jamais accorder beaucoup.

De même c'est  faire un procès bien pauvre à un de Boissieu que d'avoir fait des "ménages"  répétés  auprès des gestionnaires de fortune. Pour avoir assisté à certaines de ses interventions, il n'y a pas de quoi crier au charron. Les boursicoteurs adorent croire ou faire croire que leur action se situe dans le cadre d'une connaissance économique sérieuse. Alors on paie des paravents choisis sur titres officiels ronflants pour dire des niaiseries. Et ils les disent très bien.  En général ils se contentent de commenter les dernières nouvelles  qui s'étalent dans la presse en faisant semblant d'être dans le secret des Dieux, mais "Chut je n'ai rien le droit de vous dire", mais pensez bien que j'éclaire de mes lumières les gestionnaires de votre argent.

Ce genre de comédie n'a strictement aucune importance. La qualité du cocktail est autrement  critique pour la satisfaction des invités. Depuis Hollande on remplace  ce genre d'économistes par des fiscalistes.  Nécessité fait loi.

Plus grave est le constat que la presse et les gouvernements font appel à ces conseillers là, dont l'incompétence économique est flagrante, au moins si onla juge sur la manière navrante dont ils ont analysé la situation économique depuis une quinzaine d'années (et parfois plus).

Ils n'ont effectivement rien vu venir. Ils se sont trompés lourdement et constamment. Ils sont aujourd'hui encore des sources largement stériles.  Nous avons sur ce blog pris à partie certains de leurs écrits au jour le jour pour démontrer à quel point il s'agissait de postures et non d'analyses économiques sérieuses. Les attitudes sont importantes en économie et l'aveuglement quand il est aussi général et aussi diffusé est un fait économique majeur.

Notre différence avec Laurent Mauduit est qu'il considère que leur erreur provient de leur inféodation plus ou moins larvée à un système qualifié de "néolibéral", dicté par leur affairisme et leur cupidité  et que la vérité ne peut venir que de prises de conscience socialistes.  Nous n'avons pas d'a priori idéologique de ce type. Nous pensons même que beaucoup de dispositifs mis en place par les socialistes ont eu des effets néfastes et sont condamnables. Les différents économistes pétitionnaires" de gauche", Gracques, atterrés , comités et collectifs divers, sont dans un jeu de rôle politique. Pas dans l'analyse économique utile.   

Si ces économistes étaient riches, beaux, pleins d'entregent, baignés par la réussite et même socialistes,  et qu'ils observaient bien la réalité économique et en faisaient une analyse juste, nous serions très contents même s'il est probable que Laurent Mauduit se pincerait le nez.

Le vrai problème est qu'ils se trompent plus qu'ils ne nous trompent. Les journalistes, et c'était le cas de Mauduit comme de tous les autres journalistes, font appel à ceux des intervenants qui présentent des "références" de sérieux : publications, références universitaires, postes officiels etc.  Si globalement la discipline économique est malade, l'expression médiatique des économistes est douteuse, même sans théorie du complot "néolibéral".

Lorsque Maurice Allais a fait une critique extrêmement juste du système,  le Monde de Mauduit a refusé de l'entendre même si les colonnes du journal lui ont été ouvertes.  L'article du Monde qui ironisait sur les conclusions de notre seul "prix Nobel",  est dans toutes les mémoires. Maurice Allais disait : "ce qui doit arriver arrive". Le Monde se moquait: "Nous voilà prévenu". Il est vrai que Jospin était au gouvernement et qu'il était inimaginable qu'on critiqua sa gestion dans les colonnes du Monde.

Une des difficultés françaises est  dans  l'énormité de la contradiction entre une classe politico médiatique où le socialisme dogmatique est incroyablement pesant (nous sommes quasiment le dernier pays où les intellectuels socialistes ont un tel poids et où les vaches sacrés du socialisme le pire sont encore choyées) dans les partis de gauche et de droite de gouvernement,  et une pratique européenne et mondiale de l'économie fondée sur le n'importe quoi général, l'absence de vraie coopération et les relations de force.

Il n'y a plus guère de sciences économiques dans un monde où les puissances ont décidé d'une foire d'empoigne générale, sans Dieu ni Maître et encore moins de rationalité économique.

Les économistes officiels ne peuvent avoir de postes et d'honneurs  que s'ils acceptent cette situation d'irrationalité. Ils deviennent au mieux des commentateurs d'une pièce dont le théâtre, l'auteur et les acteurs leur échappent. Ils prospèrent presqu'automatiquement comme la moisissure sur la confiture.

S'il fallait qu'ils observent et qu'ils analysent, ils mettraient aussitôt des bâtons dans les roues de ceux à qui ils doivent plaire.  Insurmontable !

Il faut un courage fou aujourd'hui pour remettre en cause les changes flottants et le système monétaire international, en plus de quelques connaissances techniques.  On a vu ce qu'il est advenu de Maurice Allais.  Il faudrait un talent phénoménal pour vaincre le conformisme intéressé d'une presse qui est entièrement entre les mains des banquiers et d'une classe administrativo-financière oligarchique.

De ce point de vue, Laurent Mauduit voit juste : comme nous le disons depuis des lustres l'information économique est entre dix mains,  pas plus,  en France. Et ces mains ne sont pas libres. Il montre très bien comment sont sélectionnées les nouvelles têtes qui montent dans les médias.  On ne passe pas dans les médias parce qu'on a raison ou des raisons mais parce que les réseaux le permettent ou non.  La connivence est en effet de règle.  C'est l'inconvénient d'un pays devenu petit et sans importance mondiale stratégique.  Les grands débats ont lieu aux Etats-Unis. Et encore, dans la mesure où on ne remet pas en cause le rôle du dollar roi.

La solution de Mauduit,  soutenir d'abord les thèses socialistes, n'en est pas une. Le vrai débat n'est pas entre socialisme et un néo-libéralisme plus ou moins fantasmé. Nous l'avions dit à Sorman. Nous le répétons à Mauduit, sur l'autre rive. L'important est de discerner la nature des réalités du monde et leur dynamique pour évaluer les institutions et les législations.

La crise mondiale actuelle est entièrement compréhensible  par une analyse économique non idéologique même si elle incorpore l'analyse de certains phénomènes indus de domination.  La grande question est de comprendre pourquoi cette analyse n'est pas faite par les institutions économiques qui devraient  être en pointe sur ces sujets : le FMI, l'INSEE, les instances économiques créées par le gouvernement.

L'explication par la cupidité et la connivence financière n'est pas entièrement fausse mais elle est un peu courte.  Celle par l'ignorance et la prévalence d'ambitions prudentes  l'est moins. La crise actuelle est intellectuelle et géo-politique.

Que l'on garde toujours à l'esprit les trois causes principales de nos malheurs :

1 - Le système de monnaies administratives flottantes, sous la domination du dollar roi est la source principale de la crise, causée par une montée mondiale de l'endettement global à des niveaux insoutenables.  Les faits sont impossibles à nier. La séquence explicative est totale et parfaite.  Si elle n'est pas faite en France c'est simplement parce que les gouvernements se sentent impuissants devant cette réalité et ne veulent pas que cette impuissance se voient. Et ils ne souhaitent pas avoir affaire à des économistes qui les mettent constamment devant leur propre impuissance.  Alors ils s'entourent de zombies qui feront de la chaleur mais peu de lumière. On peut appeler cela des économistes ou des clowns comme on voudra. Mais le cœur du réacteur, ici, est l'impuissance.

2 - La zone Euro est une erreur de construction majeure. Mais aucun politique ne veut  prendre la tête d'une croisade pour créer les conditions d'une zone monétaire unique orientée vers le plein emploi compte tenu de l'ampleur gigantesque des modifications à mettre en place.  Le poids de la France est devenu si faible que de toute façon les chances d'une telle politique serait faible. Ce qui n'empêche pas de l'exposer et de la défendre.

3. La France s'est perdue dans un système oligarchique ridicule dominé par une idéologie de la dépense publique et de l'hyper fiscalisation totalement aberrante. Elle a perdu en quarante ans de singerie énarchique compassionnelle, sa version propre du socialisme étatiste, plus de 7 millions d'emplois salariés et se retrouvent à brader ses trésors à l'étranger et à ruiner ses élites parce qu'il faut financer coûte que coûte un secteur public démesuré et unique au monde dans sa démesure, et une dépense publique qui dépasse la production de son secteur marchand !  Sur ce thème, Laurent Mauduit est naturellement  totalement muet !

Le seul conseil que l'on puisse  donner aux journalistes et aux organes de presse  qui ne sont pas totalement inféodés à des groupuscules et à des petites mafias affairistes conniventes, c'est de donner la parole à ceux des observateurs qui attaquent bille en tête ces trois aspects de la réalité économique.

Il faut admettre qu'ils vont avoir du mal à en trouver d'officiels. F. Hollande a remodelé son CAE en s'appuyant moins sur les petits maître controversés que dénonce Mauduit  et plus sur les universitaires.  Malheureusement aucune des personnes choisies n'a prévu la crise et n'a poursuivi d'études dans aucun des domaines cités. La nullité universitaire française en matière d'économie vient de trop loin et est bien trop ancrée pour qu'il puisse en être autrement.

La seule solution intéressante aurait été pour le Président, de revenir aux pratiques des siècles précédents : organiser des compétitions et donner des prix aux meilleures réponses aux questions fondamentales du moment.  

Cela vaudrait effectivement mieux que de donner le prix du meilleur économiste à…Michel Pébereau.  Sur ce point M. Mauduit a parfaitement raison.

Au total un livre à lire mais  avec des pincettes  pour avoir un petit aperçu du dessous des cartes, quand il n'a pas été trop fardé par l'auteur. Tout en gardant à l'esprit que la pure dénonciation peut permettre de se faire un peu d'argent mais qu'elle n'éclaire pas beaucoup.  Mieux vaut dire ce qui est faux ou contestable dans les écrits des uns et des autres, tout en proposant des solutions, que de faire des procès en intéressement sordide.  On lira la réponse de certains intéressés  à l'adresse :  http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20120401.OBS5185/les-economistes-sont-ils-des-imposteurs.html.

L'observation de JH  Lorenzi n'est pas totalement fausse quand il dit ne voir dans le livre de Mauduit qu' : "Attaques et amalgames haineux, produits de la répulsion quasi physique de ce journaliste pour tout économiste modéré".

Il faut bien admettre que les attaques ad hominem dont Mauduit se fait le continuateur proviennent à l'origine d'Attac, un repaire  de spécialistes du genre,  éduqués dans la grande tradition du stalinisme le plus pur.

Comme disait Willy Münzenberg, le grand génie et précurseur de la propagande politique moderne, le plus facile pour gagner dans un débat c'est de décrédibiliser l'adversaire. Même pas besoin d'idées.

On peut préférer les idées.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Les craques des "Gracques"

Les craques des Gracques

 

Une grande tradition de l'Administration française veut que, dans les plus ou moins  hauts rangs de sa hiérarchie, des demi-penseurs engagés à gauche mais qui sont tenus à l'obligation de réserve, s'expriment derrière des masques pour dire le vrai, le grand, le beau, le bien. 

Ces hauts fonctionnaires sont "naturellement  de gauche", car le choix de l'intérêt général ne peut que les guider et seule la gauche pense en terme d'intérêt général, c'est bien connu. Mais ils sont d'une gauche "intelligente", "moderne",  "résolument tournée vers l'avenir".

Rien, à voir avec la gauche dépoitraillée et légèrement odoriférante des syndicats et des prolos, toujours prompte à des formes de populisme inadmissibles et désobligeantes pour le pays. 

Rien à voir non plus avec les députés socialistes, qui sont soit des ignares arrivés là par le jeu du militantisme le plus plan-plan et des courants les plus sectaires, soit des tenanciers de fiefs bien décidés à le rester quitte à se transformer en démagogues à tout crin.  

Même un Président de la République énarque de gauche   ne peut être totalement immunisé contre les servitudes électorales et pourrait bien se laisser glisser dans la pure démagogie.

Heureusement, au dessus des partis, au dessus des servitudes électorales, au dessus des ambitions médiocres de la bourgeoisie d'argent, les gardiens de la vraie volonté générale nationale veillent : les Gracques.

Depuis le Club Jean Moulin, c'est une forme de tradition  que des tenants de la gauche sublimée par les grands concours administratifs se réunissent en cénacle pour donner les leçons les plus élevées au monde et au Monde, voire au Point.

Cette gauche est toujours à la recherche de son numéro dans l'échelle des gauches : deuxième, troisième, quatrième gauche ? On ne sait plus trop.  Depuis la déception Rocard, la deuxième gauche est un  peu passée de mode.  Il paraitrait selon les Gracques que le "destin historique de François Hollande" soit celui de "fédérateur entre première et deuxième gauche" et que la vocation des Gracques soit de l'aider sur ce chemin escarpé.  Comment doit-on appeler cette gauche : la gauche une et demi ?

On a les ambitions historiques qu'on peut.

D'autres diraient que Hollande doit faire passer le PS du socialisme à la sociale démocratie, mais ce dernier vocable est tellement décrié qu'on n'ose pas prononcer un vocable  si sale.  Pas un jour à la télévision sans qu'un des innombrables histrions de la gauche médiatique ne vienne nous asséner que "ce n'est pas le moment de parler de social-démocratie juste au moment où elle vient d'échouer". Bad Godesberg, c'est vieux et c'est loin.

Va donc pour la gauche synthétique et demi.

Ceux qui seraient intéressés par les productions du Club Jean Moulin seront très surpris : ce sont des livres illisibles aujourd'hui et même des livres qui font rire. "Pour une réforme de l'entreprise" de Bloch-Lainé est  un bouquin aujourd'hui totalement désopilant.

Les Gracques sont ils plus sérieux ?

- Ils reconnaissent que les premiers six mois de Hollande ont été calamiteux et qu'heureusement il y a eu le tournant de la conférence de presse sur le renforcement de la compétitivité française.  Dommage qu'ils se soient tus pendant six mois.  Mais accordons le point.

- Ils signalent que "le pays pâtit toujours du laxisme passé, de l'excessive  fiscalité des entreprises et du surendettement". Cela fait 40 ans que cela dure.  Qui a promu la TVA sociale  ces dernières années chez les Gracques ?  Qui a tenté de réduire l'effarante croissance des dépenses de personnel dans les différents administrations locales ? Le constat est aujourd'hui d'une banalité écrasante.  Le débat n'est plus là.

-"La gauche a été élue pour apaiser le corps social, redonner espoir à la jeunesse, favoriser l'initiative et ouvrir des espaces de liberté".

Elle a pris des mesures de pure démagogie contre les "riches" que le Président a déclaré "ne pas aimer".  Elle a annoncé qu'elle avait des ennemis et qu'ils feraient bien de se tenir à carreau. Qu'il s'agisse de "la finance" ou de Lackmi Mittal.  

Les jeunes dynamiques et diplômés   n'ont plus aucune confiance dans leur avenir en France et cherchent ailleurs, suivant le chemin pris par les sans grades universitaires qui sont partis déjà depuis un moment chercher fortune ailleurs.

On ne voit pas les nouveaux "espaces de liberté" alors qu'à la justice a été nommée Mme Taubira dont tous les textes connus réduisent la liberté de parole.

Quant à l'apaisement du corps social, interdit de rire , mais tout de même.

-"Redisons le : la plus grande des inégalités est de ne pas avoir d'emploi".

Méritoire cette affirmation de la part de gens qui ont la sécurité absolue de l'emploi et la font payer très cher au populo.

 - "Ils nous faut redevenir compétitifs"

Eh oui. Mais est-ce en taxant à mort les revenus du capital qu'on favorise les investissements ? Est-ce en prenant 100% de leur revenu aux 30.000 familles qui ont contribué aux succès économiques de la France  qu'on le fera ?  Les Gracques disent : " ce sont des mesures de justice fiscale permettant de relégitimer l'action publique".  Le vol serait légitime ?  De qui se moquent  les Gracques ?

Tout le monde sait que les Inspecteurs des Finances, comme corps,  et les dirigeants de la DGI, dans leur haute sagesse, ont décidés de payer la dette qu'une Administration pléthorique a contribué à creuser inlassablement depuis des lustres,  en obligeants les familles aisées à vendre leurs biens et à vivre sur leur épargne, elle-même hyper taxée, après leur avoir saisi l'essentiel du revenu du travail.

Le but : éviter toute remise en cause de leurs rémunérations, de leur pouvoirs, de leurs équipes et du quasi monopole qu'ils ont acquis non seulement sur l'Administration mais aussi sur toutes les institution de l'Etat y compris les Assemblées et les différents exécutifs.

Rappelons qu'il n'y a au gouvernement actuel que des fonctionnaires ou équivalents, comme à l'époque Jospin Aubry,  que les question économiques se règlent entre Eckert, prof de maths du secondaire et Ayrault prof d'allemand du secondaire.

Les Gracques qui vivent dans les palais nationaux veulent le beurre et l'argent du beurre. Avoir tous les pouvoirs, taxer à mort les réussites et perdurer dans l'être.

Ils savent malgré tout qu'il ne pourront vivre en parasite durablement que si la bête ne meurt pas.

Il leur faut conserver vivante l'économie privée qui les nourrit.  

Rappelons que la dépense publique, où la part qui revient à l'Administration elle-même est une des plus fortes du monde, est supérieure à la valeur ajoutée par  les entreprises du secteur marchand. Oui supérieure, la première étant largement supérieure à 1000 milliards et la seconde légèrement inférieure.

On ne peut pas être compétitif sans confiance, sans profits, sans investissements, sans risque donc sans récompense. C'est une triangulation impossible.

Du coup ils sont obligés de s'opposer verbalement à bien des débordements du gouvernement.

- Il n'a pas tenu le langage qu'il fallait aux entrepreneurs . OK ! Mais  S'il n'y a que des "patrons voyous"  ou des patrons étrangers indésirables en France quel dialogue est possible ?

- Il a fait le crédit d'impôt, mais ce n'est pas assez. Il ne faut pas de conditions. Ok ! Mais les conditions absurdes viennent d'être votées !

- Des simplifications administratives massives sont nécessaires. OK. Mais la RGPP a été abandonnée et elle était tout sauf massive. Ce n'est pas des simplifications qu'il faut mais des suppressions pures et simples. Sur les 1600 mécanismes d'intervention qui se chevauchent et s'emmêlent, il faut probablement en supprimer 1000.    Que les Gracques disent lesquels et comment. ils deviendront audibles.

- "L'effort vers les sociétés innovantes. Ok ! Mais la manière dont on traite les starts-up  (malgré les Pigeons)  et ceux qui ont réussi, rend cet espoir totalement vain.

- "L'inertie des Administrations" serait la cause du dévoiement du budget.  Ok. On fait quoi ?

- "La négociation autour de Michel Sapin est fondatrice" dans le domaine de l'emploi. Tout a été gelé dans ce domaine d'une part par les lois Auroux en 81 ensuite par tout le fatras de textes bloquants de Jospin.  Il ne faut pas employer le mot de flexibilité "chiffon rouge pour les syndicats" selon M. Sapin lui-même. La" judiciarisation" abusive des licenciements est un des problèmes récurrents : pas touche.   On aimerait que les Gracques nous disent concrètement qu'elles sont les mesures qu'ils attendent au lieu de dire qu'ils sont simplement pleins d'espoir.

- "Le changement dont le président est porteur n'est pas seulement celui qui résulte de la victoire sur la droite. Il est aussi celui de la réinvention de la gauche". Tout cela est du bla bla. Il n'y a pas trente six évolutions possibles. Ou la gauche parvient à expulser le socialisme agressif de sa doctrine et de son langage et se convertit à un social-libéralisme rigoureux et intelligent, ou elle reste sous dépendance du socialisme spoliateur. C'est le seul vrai débat. Et ce que vient de faire Hollande pendant six mois est exactement l'inverse.

La gauche non communiste  s'est réinventée mille fois depuis 1944. Anti communiste jusqu'en 1964. Puis on a eu le programme commun. Puis on a vu la gauche passer à l'austérité, à l'Europe financière et libérale. Puis la gauche asphyxiante des "cadeaux  au peuple" a pris le pouvoir avec Jospin Aubry. Nous en sommes à la gauche hollandaise du massacre fiscal et du n'importe quoi sociétal.

Croire que le problème français est  de  changer l'idéologie des énarques socialistes est une sottise. Il faut surtout les écarter définitivement du pouvoir.  

On sait que le problème français  est la résultante de ce triple désastre  :

- Une organisation des échanges mondiaux basée sur les changes flottants et la compétition frontale des systèmes sociaux a provoqué une crise majeure et longue. Pas un mot chez les Gracques.

- Une Europe qui ne fonctionne plus en accord avec les peuples et qui, loin des votes, fait ce qu'elle veut dans l'indifférence générale aux réactions des victimes , avec en prime une zone Euro mal organisée qui implique  une gestion de crise uniquement par la déflation. Pas un mot chez les Gracques, sinon pour crier comme un cabri "vive l'Europe" "Encore plus d'Europe".  

- une Administration française dévorante qui mange l'économie nationale et l'étiole. Critiquer simplement " l'inertie" des administrations ne suffit pas. Il faut aujourd'hui une chirurgie dont les Gracques n'ont ni la volonté ni même l'idée.

Au total les Gracques sont une imposture. D'accord une petite imposture. Une imposture sans grande importance ni théorique ni pratique. Une mignonette imposturette.

On commencera à sortir la France de son marasme quand les Gracques seront au travail dans leur Ministère pour augmenter massivement et fébrilement  la productivité des services et ficheront la paix au secteur marchand.  Prendre la pose en tant qu'arbitre des deux gauches socialistes est la preuve que tout reste à faire pour leur mettre la tête dans le guidon et leur botter les fesses avec toute l'intensité nécessaire pour qu'ils pédalent un peu, beaucoup, passionément.

UMP : une tension normale

Comment s'étonner des tensions extrêmes qui se manifestent à l'UMP ? En lançant une bataille de personnes avant une remise à plat des idées et doctrines du parti, il était évident qu'on assisterait à un conflit de postures. Alors qu'une certaine remise en cause des politiques suivies depuis quatre ans était nécessaire, elle n'a pu avoir lieu, l'un des candidats en ayant été l'exécuteur principal et l'autre se réclamant à corps et à cri de son amour du président sortant mais  battu, N. Sarkozy.

L'un a joué la pugnacité de l'opposant, l'autre la sagesse du recours.

Mais un opposant pour quelle alternative ? Mais un recours pour quand ? Cinq ans c'est long.

Il eût mieux valu commencer par faire l'aggiornamento de ce que pourrait être une alternative de droite républicaine à la sociale-démocratie-qui-n'est-pas-une-sociale-démocratie-mais-un-socialisme-intransigeant-mais-tout-de-même  de Hollande. Etant entendu que le gouvernement lui  est obligé à un aggiornamento  qui, volens nolens, ne fait que commencer.

Face à  la pédagogie par l'épreuve des faits qui va conduire la gauche républicaine, aurait du s'épanouir une réflexion à la fois critique et positive de la droite républicaine.

Sur quels thèmes ?

La droite républicaine a commis un certain nombre de pêchés capitaux. Sept comme il se doit.

- elle  n'a pas pris soin de moderniser la République, qui tourne à l'oligarchie, clientéliste et démagogique.

- Elle n'a pas pris soin de consolider la liberté d'expression, qui se judiciarise, donc se réduit, à toute vitesse

- Elle n'a pas cru devoir donner une explication convaincante de la crise globale , qui se poursuit et s'aggrave  sans remède annoncé

- Elle n'a offert aucune véritable perspective vis à vis de l'Union Européenne, qui est en crise et en phase de rejet populaire, en dépit de son activisme pour le Traité de Lisbonne.

- Elle n'a offert aucune véritable solution institutionnelle pour éviter une aggravation de la crise de l'Euro

- Elle n'a pas su juguler la dérive française vers une fiscalisation excessive et une dépossession des Français sur fond de dépenses publiques non contrôlées

- Elle n'a pas su marquer sa distinction ou sa rupture avec le  mélange d'énarchie compassionnelle et de travaillisme à la française qui est avec la prolongation du Ni-Ni, la marque de sa reddition intellectuelle et morale à son opposant  socialiste.

A ces sept pêchés capitaux correspondent sept piliers de la sagesse nationale à construire pour s'opposer à la dépression générale à laquelle nous convient malheureusement François Hollande, le PS et ses alliés, qui n'ont, sur ces sujets graves aucunes propositions convaincantes, du moins pour le moment. 

L'ennui, c'est que désormais on ne voit pas comment mettre réellement les partis de droite et de centre au travail sur des questions fondamentales qui exigent des critiques qui doivent être exprimées certes de façon modérée dans la forme mais qui conduiront nécessairement à des ruptures fortes.

Les futures élections risquent alors d'être du niveau des récentes présidentielles : moralement pitoyable, économiquement à côté de la plaque et politiquement sans orientation nationale, européenne et mondiale claire. 

Le voyage au bout de la nuit

Ainsi, nous avons un cap.

La France en 2013 vivra une "Annus Horribilis" avec  une hausse du chômage, massive, une hausse des impôts, massive, dans toutes ses composantes, IR, CSG, TVA etc.

Tous les Français souffriront. La France s'étiolera.

Pourquoi ? Pour qui ?   

L'espoir est parti.

Nous souffrons de trois maladies :

- un système monétaire international absurde : pas un mot.

- une gestion de l'Europe et de l'Euroland absurde : pas un mot.

- une surfiscalisation absurde dans un pays alourdi par le non travail et un secteur public démesuré : aggravée.

Notre nouveau  Captain Cap', tout à sa com',  a mis le cap sur le Cap de Mauvaise Espérance.

Il avait l'air content. De plus en plus content au fur et à mesure qu'il s'enivrait  de sa propre parole, de la jouissance d'être là, au point qu'il s'est fait rigolard sur la fin. Il était bien le seul à rire.

Les socialistes se déclarent ravis  du "courage" qu'ils montrent à faire ce qu'ils avaient dit qu'ils ne feraient pas. Il fallait comprendre que leur cap était subliminal puisqu'il n'y a pas de tournant ni de virage. Simplement le cap est passé de la nuit à la lumière.

La droite est heureuse car c'est "Sarkozy qui avait raison". Elle est tout juste  un peu triste que l'on fasse du Sarkozy sans Sarkozy en un peu moins bien. Encore un effort M'sieur le Président !

Quelle folie !



Cotisations sociales : charges ou salaires ?

Le rapport Gallois, dont l'auteur parait être de facto  le vrai  Premier Ministre, voire le Vice-président, préconise une baisse "du coût du travail" afin de restaurer la compétitivité française. En langage clair l'idée est de baisser les charges qui pèsent sur le travail.

Les Communistes et les adeptes du Front de Gauche  ainsi qu'une partie des socialistes crient à l'imposture. Il ne s'agirait pas de charges "mais de salaires".

Le Président Hollande aurait donc réussi à imposer aux socialistes une baisse des salaires !

Quand une question sémantique devient politique, elle peut avoir des conséquences économiques.

N'hésitons pas à entrer dans la querelle !

Il est parfaitement exact qu'on pourrait d'un tour de main décréter que désormais les charges patronales et salariales s'appellent Salaire différé.  Cela peut être décidé en une seconde en Conseil des Ministres.

Conséquences économiques ? Nulles. Un changement de mots n'a pas d'effet économique direct.

Serait-ce légitime ?

La question est de savoir si  les prestations peuvent être individualisées pour le travailleur qui, du coup en serait, le principal bénéficiaire. Cela pourrait être  vrai pour plusieurs sortes de cotisations :

- les cotisations retraites

- les cotisations chômages qui sont une assurance

- les cotisations maladie qui sont une assurance.

C'est moins vrais pour toute une série de prélèvements comme ceux relatifs aux allocations familiales.

Les trois prélèvements cités représentent entre 80 et 100% du salaire net. Ils forment le fameux "double du salarié français". On paie à chaque fois qu'on emploie un quidam son salaire net et son double pas net.

On pourrait parfaitement décider que le salaire net est le salaire immédiat et le reste un salaire différé.

Pour être cohérent il faudrait  dès lors considérer que le salaire global moyen n'est plus de 2.000 Euros par mois mais de 4.000. Pour être plus juste encore il faudrait ajouter le revenu collectivisé correspondant aux différentes gratuités accordées. Le revenu brut moyen effectif passerait alors à 6.000 Euros par mois.  

Il est d'ailleurs regrettable que l'INSEE ne calcule pas ce montant de façon officielle. Cela améliorerait les discussions.

Le salarié serait amené à se poser la question :  est-il légitime que les deux tiers de mon revenu global soient gérés par des tiers et non par moi ?  Il s'agit en effet d'une totale dépossession. Certes il en profitera peut être. Mais il sait que, sur ces sommes énormes qui lui sont prélevées de force, l'essentiel ne lui reviendra pas. 

Pour ne donner que quelques exemples archi-connus :  les régimes spéciaux,  les agriculteurs et les intermittents du spectacle détournent des montants exorbitants qui devraient lui revenir.  La solidarité a bon dos.

Ces définitions font prendre conscience de la séduction du travail au noir : on économise la moitié du salaire global pour l'employeur  en sachant que de toute façon le travailleur gagnera la même somme et que la solidarité fonctionnera via les minima sociaux et les différents dispositifs d'aide.  

Elles ont également l'avantage de prouver que le partage entre "salaires" ainsi définis et revenus du capital n'a pas pratiquement évolué ces cinquante dernières années, alors qu'une distorsion apparait lors qu'on prend le net disponible.

Il est vrai que le smicard serait assez étonné d'apprendre, qu'en son nom, on a versé l'équivalent de 72.000 Euros de salaires  indirects et de gratuités alors qu'il a à peine vu la couleur du tiers.

Ce débat  est évidemment faussé, parce qu'en fait personne ne parle de diminuer la rémunération globale (gratuités, salaire net, salaires indirects ou différés) mais d'en transférer la charge d'un agent économique à un autre.  L'entreprise ne veut plus payer tout le salaire indirect sous forme de compléments du salaire mais sous forme de TVA.  C'est une simple transfert du bénéficiaire du chèque.    

Elle y voit l'avantage d'être libérée de ce poids lorsqu'elle exporte.  Pour les entreprises qui n'exportent pas, le dispositif n'a strictement aucun intérêt. L'augmentation prévue  de près de 50% de la TVA  sur la restauration la santé  et les entreprises du bâtiment, qui n'exportent pas, est de ce point de vue là totalement loufoque !

La question de fond est de réduire les primes d'assurances versées au titre de la maladie et  du chômage.

Ces primes sont délirantes. Naturellement personne n'a envisagé la moindre baisse. Bien au contraire.

L'autre question est d'obtenir un meilleur rendement des cotisations retraites.

Dans les deux cas, les prélèvements sont gérées collectivement loin des yeux des cotisants forcés.. Une bonne solution serait qu'ils puissent avoir leur mot à dire sur la question, en individualisant mieux la gestion.  Ne suggérez pas cela, vous seriez un vilain canard noir poussant à la "privatisation de la sécurité sociale" !

Un des inconvénients du transfert sur la TVA du salaire indirect est d'en désindividualiser un peu plus la gestion et d'ouvrir la porte à de nouveaux abus.

Quelque soit les vocables employés, on parle pour ne rien dire !

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes E-toile.

La Chine et l'or

L'attitude des autorités chinoises vis-à-vis de l'or est une des clés de l'avenir du système monétaire international.

Le premier stade de la stratégie chinoise a été la capture de l'économie mondiale par une politique de monnaie alignée sur le dollar à un niveau très bas. L'entrée dans l'OMC lui a permis l'accès aux marchés occidentaux sans trop de contreparties ni  sans grandes obligations. La Chine n'est pas un état de droit et permet de ne pas respecter les règles usuelles de propriété industrielle. Elle protège efficacement son pré carré en privilégiant ses sociétés nationales et en forçant les entreprises étrangères à prendre des associés locaux qui n'hésitent pas à voler à l'occasion leurs partenaires.

Les excédents étaient replacés majoritairement en bons du trésor américain où il dopaient les prêts qui permettaient d'acheter en Chine. Cette spirale a provoqué l'émergence de déséquilibres mondiaux intenables. On lui doit la croissance globale de l'empilement de dettes de plus en plus fragiles et l'effondrement du système.

La Chine se retrouve avec une masse de dollars dont elle craint une perte de valeur verticale. Elle est soumise à la pression des Etats-Unis pour faire monter le cours de la monnaie chinoise à un niveau qui évite les excédents trop massifs.  Comme tous les créanciers elles craint la carence de son débiteur. Elle suit donc une politique de louvoiement, espérant pouvoir se décrocher un jour du dollar, mais le soutenant pour éviter les pertes radicales.  Elle cède,  tout en ne cédant en fait rien sur le cours de sa monnaie qui s'est à peine appréciée en 10 ans.

Comme le commerce international est stagnant, la stratégie de l'emploi des réserves devient crucial. La Chine achète du solide : des terres, des mines, des infrastructures.

Le cœur de la nouvelle étape est de mettre l'or au cœur de son système monétaire.

L'or permet de faire face à deux évolutions contraires.

Soit la Chine cède aux sirènes de l'internationalisation de sa monnaie, auquel cas elle aura besoin de plus des 1000 tonnes d'or  et quelques qu'elle possède pour stabiliser la confiance internationale.  

Soit on va vers une réforme du système monétaire international et l'or y jouera un rôle crucial.

Son intérêt stratégique est donc d'accumuler de l'or, en forçant sa production qui est déjà la première du monde, en achetant des mines étrangères,  comme Barraks Mines, en permettant à ses particuliers de détenir de l'or, en convertissant ses réserves progressivement en or. 

On peut penser que la Chine vise un stock d'or de près de 4 mille tonnes avant de faire quelques pas que ce soit sur le plan monétaire.

Le taux des intérêts versés par le Trésor américain est si faible que le potentiel de plus value sur l'or  rend équivalent le rendement à moyen terme.

L'Euro joue un rôle marginal dans l'affaire. La Chine sait qu'à terme il faudra pour maintenir ses relations avec une Europe malade accepter une hausse de sa monnaie par rapport à l'Euro.  Actuellement elle agit pour éviter que l'Euro s'effondre. Il s'agit de tactique.

On va donc quasi mécaniquement  vers un cours de l'or au dessus de 2.000 dollars l'once.

La question qui est posée aux Etats Unis et à l'Europe est de savoir qu'elle est LEUR stratégie. Pour l'Europe, c'est simple, elle n'en a aucune. Ce qui peut être considéré comme fâcheux. Pour les Etats Unis la question est de savoir si elle a encore le pouvoir de ruiner ses créanciers sans conséquences.  Il semble bien que non. La folie d'un système de déséquilibres cumulatifs entre la Chine et les Etats-Unis n'est pas viable. Il a explosé. Il marche sur une jambe et celle-ci est malade.

Cette analyse souligne la carence du G.20 dans la conception d'un nouvel ordre monétaire international.

Le système non coopératif actuel a échoué.  Les stratégies  actuelles des grands blocs  sont lourdes de conflits explosifs.

L'heure est-il à la réforme du système monétaire international ?  

La Chine n'est pas prête. Elle considère ne pas disposer d'assez d'or et  ne veut pas être prise immédiatement dans la nécessité de rééquilibrer ses balances extérieures.

Les Etats-Unis ne le sont pas plus. Ils espèrent encore imposer le dollar au monde et ne veulent pas entendre parler d'un rééquilibrage de leurs balances extérieurs

L'Europe est inexistante, comme d'habitude.

Elle est pourtant la clé de voute de la solution.  Si l'Euro s'effondre, alors l'or prendra tout son sens dans le sauf qui peut général.  Les banques américaines seront ruinées. La Chine sera durement touchée.  Si l'Euro perdure ce ne peut être que par la création de ce que Didier Dufau dans son nouveau livre, Le Manifeste, appelle une "Chancellerie de l'Union Monétaire Européenne".

Il deviendra évident qu'il faut que les trois blocs s'entendent et coopèrent pour éviter l'effondrement définitif du commerce mondial .

Le temps sera venu pour une conférence de type Bretton-Woods qui acte la fin des monnaies administratives flottantes et marque la volonté de restaurer la confiance, la croissance, le plein emploi et la liquidation des dettes globales accumulées.

Il se peut que la pédagogie de l'aggravation de la crise en 2013 permette cette évolution en 2014-2015.

En attendant que la Chine accumule un peu d'or monétaire ne peut qu'aller dans le bon sens.

L'Europe en revanche et particulièrement la France peut regretter d'avoir galvauder ses réserves.

 

 Lewis Holden pour le Cercle des Economistes E-toile.

Le cycle : mythe ou réalité ?

Il aura suffi que le Président hollande déclare que le cycle existe et qu’il permettra à un moment de son quinquennat une belle reprise pour que les analystes y aillent de leur raillerie contre une idée aussi saugrenue.

Le cycle existe. Nous avons abordé de nombreuses fois ce sujet sur ce site.  Un cycle des affaires quasi décennal existe depuis que l’économie est devenue une économie basée sur le crédit. Son moteur est l’oubliant optimisme qui se saisit des acteurs après quelques années de vaches grasses qui  laissent croire que le ciel bleu est pour toujours et que l’on peut investir en se fondant sur des tendances lourdes de croissance. Le crédit accompagne cet optimisme. Il dépasse sa cible. Un « crédit crunch » plus ou moins violent, qui est la phase de crise du cycle, s’ensuit. Il faut quelques années pour le digérer et le cycle repart.

Le cycle quasi décennal est un cycle du crédit et de l’optimisme. Maurice Allais assimile le taux d’intérêt à la fonction d’oubli : géniale intuition ! Elle explique que les retournements n’ont pas la même intensité : une crise dure suit une crise molle et inversement. Les excès sont modérés quand on a encore en tête les difficultés de la crise dure. Ils sont plus forts lorsque les excès ont été oubliés.

Pour s’en tenir aux derniers spasmes du cycle, on constate : crise dure en 73-74, crise molle au début des années 80, crise dure au début des années 90, crise molle au début des années 2000, crise dure depuis 2008-2009.

La crise commence toujours aux Etats-Unis, percole via les pays exportateurs et se généralisent notamment en France. La mondialisation a accéléré la séquence : les crises font le tour de la terre en moins de 2 à3 ans et ont tendance à devenir synchrones.

Pourquoi les économies repartent-elles ? Parce que même en cas de crise dure et générale il reste toujours un fond d’entreprises dynamiques, que pour beaucoup d’entre eux les agents sont d’abord paralysés par la crainte et qu’elle finit par diminuer supprimant les excès de précaution, et parce que les banques débarrassées du poids des dettes aventurées sont de nouveaux attirées par les nouveaux projets, qui eux ne manquent jamais, car l’innovation est incessante.

Cette mécanique est mondiale. On peut la suivre sans arrêt depuis le 18ième siècle.

Nier le cycle est un obscurantisme.

Il se trouve que beaucoup d’économistes ont abandonné l’étude du cycle parce qu’ils ont cru, dans le camp keynésien qu’il suffisait de contrôler la demande globale pour en éviter les effets, dans le camp monétariste, qu’il suffisait d’éviter le « crédit crunch » par une inondation en monnaie banque centrale. Les deux camps se sont réconciliés autour d’un concept vague de chocs « externes » auxquels il fallait faire face. Le débat est devenu celui de la résilience au choc, vue dans l’ampleur d’un secteur non concurrentiel dans le camp keynésien et dans la souplesse monétaire et les changes flottants dans le camp monétariste.

 

Les praticiens eux se voulaient pragmatiques : va pour la souplesse des changes flottants et l’émission de monnaie en cas de besoin d’un côté, et les dépenses publiques de l’autre. On savait juguler les crises. Inutile de s’embarrasser d’une notion de cycle.

Horreur : à partir de 1974 ce schéma ne fonctionne plus. La relance keynésienne de Chirac sombre dans les déficits extérieurs et budgétaires. Il faut y renoncer.  Rebelote en 92 où il faut mettre en 95 un plan fiscal tel qu’il provoque la récession de 96.  Rebelote en 2009 où le plan de relance aboutit à une crise budgétaire sévère et à un plan de rigueur qui entraîne à nouveau une récession.

Même les pratiques de Quantitative Easing monétariste échouent. Bien que les banques centrales ont, à chaque récession, émis plus de papier monnaie, leurs surenchères successives se soldent par des échecs.  

Le cycle s’en trouve aggravé. Comme chacun a pu le voir chaque crise décennale est plus aigue et chaque reprise plus spéculative et précaire, avec une baisse continue du trend.

On dira : il y a eu 1929 : la dépression est d’une autre nature que le cycle décennal. Nous sommes aujourd’hui, comme en 1929, non plus dans un cycle normal mais dans autre chose. On va parler de changement d’époque, de crise de civilisation, d’un monde nouveau en train d’éclore dans la douleur.

Pour un économiste ce charabia n’a pas de sens.

Même pendant la crise de 29 le cycle sous jacent existait. La reprise aura lieu en 1938 et passera largement inaperçue. Elle sera tuée en France par les erreurs de politique économique du Front Populaire et notamment les 40 heures.

La crise de 1929 est une crise de la dette due au fait que la guerre avait entraîné l’émission de masses de dettes hors du commun, que la richesse s’était concentrée aux Etats-Unis et qu’un système monétaire bancal a été institué. Le Gold Exchange Standard de l’époque avait l’effet de créer des doubles pyramides de crédits, concentrées largement aux Etats-Unis et qui y explosèrent gaiement.  Le reste de l’histoire est une mauvaise gestion de la crise provoquant son aggravation et sa longue durée par des politiques inadaptées.

La crise de 2009 est une crise de la dette due au fait que le système aventuré des changes flottants de monnaies administratives a provoqué une boule de dettes intolérables qui a fini par s’écrouler sur la tête des peuples. Le système n’a pas tué le cycle : il l’a aggravé. Aujourd’hui la profondeur et la durée de la crise sont liées au fait que les bonnes mesures n’ont pas été prises et que la procrastination ne paie pas.   Le cycle en lui-même n’en est pas affecté.

Il y a bien eu une reprise en France entre 2005 et 2008. Mais elle a été faible, principalement du fait du trop gros poids de l’économie publique, du poids fiscal intolérable et des blocages administratifs comme les 35 heures.

Il n’est que trop clair que la politique de déflation menée en Europe et d’hystérie fiscale menée en France peut étouffer tout espoir de reprise un peu net.  Nous sommes en récession à nouveau quatre ans après le pic psychologique de crise. Ce qui est indécent et aurait pu être évité.  Comme en 1996.  

 Ce qui est absurde, ce n’est pas de penser qu’il pourrait y avoir une reprise dans les quatre années à venir. Il devrait en y avoir une. Mais d’imaginer qu’elle se produira sans rien faire ou en l’étouffant.

Sarkozy a eu tort de ne pas écouter ceux qui comme nous l’avertissaient qu’il subirait une crise forte pendant son quinquennat. Hollande n’a pas tort de penser qu’une reprise pourrait bien être « round the corner ».  Après tout  tous les grands changements de majorités politiques ont eut lieu en synchronisation avec le cycle, du fait de la mort prématurée de George Pompidou. Crise de 74, le pouvoir quitte l’UNR pour les Giscardiens. Crise du début des années 80, le pouvoir passe aux socialistes mitterrandiens. Crise de 93, le pouvoir est repris par les Chiraquiens. Crise du début des années 2000 : échec de Jospin. Crise de 2009, Hollande arrache le pouvoir à Sarkozy.

Son erreur est de ne pas prendre les meilleures mesures pour que cette reprise soit nette et active. Il ne le fait pas en France où sa politique sinueuse ressemble à celle du sapeur camembert qui fait des trous pour boucher ceux qu’il vient de creuser et qui a démarré par un choc fiscal irrattrapable. Il ne le fait pas en Europe où l’absence d’institution spécialisée pour gérer l’économie de l’Eurozone est devenue criante, entraînant le maintien d’une gestion par la norme surveillée par un gendarme au lieu d’une politique  dynamique au jour le jour de la monnaie, des changes, des budgets et de l’amortissement de la dette globale de la zone.  Il ne le fait pas au G.20 où la voix de la France est nécessaire pour mettre fin au système non coopératif de monnaies administratives flottantes.

Il ne le fait pas. Comme nous l’avons déjà répété, cela ne veut pas dire qu’il ne le fera pas. Après tout il avait plaidé en 2008 pour un nouveau Bretton-Woods !

Les reniements électoraux récents vont dans le bon sens. Enfin ! Il en faut encore quelques uns pour se hisser à la hauteur de la situation. Mais pourquoi pas ?

S’il prend dès maintenant les bonnes options il pourra effectivement bénéficier de la reprise possible et même probable en 2014-2015 si le G.20 intervient dans le bon sens, c'est-à-dire celui de la réduction concertée des dettes dans le cadre d’une politique de stabilité monétaire et de croissance globale et si l’Europe choisit enfin une gestion active des en-cours financiers, de  la monnaie et des changes.

Ses erreurs initiales en France ne le mettent malheureusement pas en bonne posture pour parler à l’Europe et au monde. Il peut encore revenir sur les erreurs des six premiers mois. Mais peut-il réellement retrouver une crédibilité européenne et mondiale si la récession française dure et que tous les indicateurs virent au rouge du fait de sa lenteur à abandonner les mesures du « moi je candidat » pour celles exigées par la situation ?

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Jour de Vérités

Il arrive toujours que la réalité se venge de ceux qui la nient, l’ignorent ou simplement ne la comprennent pas. Il suffit généralement d’attendre.

Pour Sarkozy, Hollande et Obama, l’heure de vérité  sonne avec une certaine stridence.

Pour Sarkozy, on pourrait croire l’affaire réglée depuis la perte des dernières élections. La question de l’inventaire a été éludée. Les deux candidats à la Présidence de l’UMP font des concours  à celui qui sera le plus sarkoziste. Une certaine affection lui reste acquise dans des plages assez larges de l’électorat de l’UMP.

Le rapport Gallois signe néanmoins une forme d’enterrement de première classe pour la prétention de la droite à avoir  bien géré le pays depuis 10 ans.  La dérive de la dette, de la dépense publique, de la fiscalité s’est accompagnée d’un effondrement de nos positions économiques et de notre compétitivité.  

On s’aperçoit bien qu’en l’absence de toute prise de conscience suffisante des contraintes internationales, du danger des fausses facilités de l’Euro,  et de la perte progressive de notre industrie,  nous avons eu d’abord le lamentable « ni-ni » chiraquien puis la fausse rupture de Sarkozy.

On aurait attendu traditionnellement d’une droite proche du « business », de la croissance, du respect des initiatives entrepreneuriales qu’elle mette la France en ordre de marche dans la compétition internationale.  Elle n’en a rien fait.

Comme nous n’avons cessé de l’écrire, le « trop peu trop tard » a été la règle.

Aucune des trois anomalies françaises, un secteur public hypertrophié, une économie vacancière, des prélèvements hystériques et bien trop concentrée sur l’entreprise, n’a réellement été traitée avec l’énergie nécessaire.

La RGPP était un gratouillis ridicule là où il fallait la hache de guerre. Le mille feuilles administratif n’a pas bougé sinon à la marge.

La retraite à 60 ans et les 35 heures, ainsi que le carcan de législation sociale aberrante, n’ont pas été modifiés assez tôt et assez fort. Finalement, le rapprochement entre retraite publique et retraite du privé n’est toujours pas fait, l’allongement de deux ans seulement de l’âge légal de départ à la retraite ne résout rien durablement. Et on a laissé filer la productivité et la compétitivité.   

On n’a pas osé mettre en œuvre la TVA sociale et conservé sur le travail l’essentiel du poids de notre système de sécurité sociale.

Les grandes réformes : transformation de l’ISF en tranche supplémentaire de l’IR, système unifié de retraites, avec retraite à taux plein à 67 ans, durée légale du travail à 40 heures, suppression du régime des intermittents du spectacle, restriction des facilités syndicales bloquantes, réduction de l’absentéisme du secteur public,  TVA sociale, suppression du département, limitation de la couverture socialisée du petit risque, réduction de l’économie publique à 20 au lieu de 25% du PIB, maîtrise de la dépense des régions et des municipalités,  ont été éludées pendant 10 ans,

Ces mesures auraient du être prises même si la crise mondiale ne s’était pas déclenchée. Elles devenaient absolument criantes avec la crise.

C'est ce manque de courage politique qui est devenu, aujourd’hui, criant. Le temps perdu ne se rattrape jamais.

Pour Hollande et le PS l’heure de vérité sonne aussi. Le programme électoral était totalement contraire à l’intérêt national. Il niait la crise. On prétendait donner du temps au temps et attendre la production de rapport pour « réformer en profondeur ».  Les rapports arrivent et on « ne se sent pas engagé » par leur contenu. Le matraquage fiscal des « riches » et des entreprises se voyaient comme une formidable diversion qui aurait permis de rendre heureux les masses tout en remboursant la dette et en évitant de réduire la dépense publique. On a bloqué toute l’économie et toutes les décisions d’investissements. Et pour une part désespéré le pays tout entier.  Ce dynamisme fiscal socialiste outré et ciblé doublé d’une inaction totale sur le reste du spectre de l’action gouvernementale possible, rend la suite quasiment impossible. On ne peut pas tuer l’entreprise et les entrepreneurs tout en misant sur une reprise de l’économie et des emplois « round the corner » !

On a tellement rétréci la couverture que dès qu’on la tire dans un sens on découvre le lit dans l’autre. Dette, emploi, exportations forment désormais un triangle impossible. Hollande est dans une impasse totale qui fait hurler même les économistes officiels. Aucune des mesures indispensables n’est plus possible soit pour des raisons politiques, soit pour des raisons psychologiques, soit par l’effet des contradictions majeures des politiques suivies. La France avait besoin de tout sauf de Hollande et du PS dans sa fâcheuse situation actuelle. L’impasse est totale.

Oublions un instant l’Europe, au moment même où la crise s’aggrave partout dans les pays dits du « club med’ ».  

Les agences de notation qui avaient distribué des notes totalement irréalistes à des produits financiers totalement artificiels et trompeurs, connaissent aujourd’hui même leur jour de vérité : elles devront payer pour leurs fautes d’appréciation !

Même Obama est dans la seringue. Il sera sans doute réélu mais il faudra bien qu’il explique un jour pourquoi en 5 ans, il n’y a pas eu de reprise. Et ne rien faire d’autre que ce qu’il a fait ne mènera à rien.  Il appartenait aux Etats unis de mettre fin au système des changes flottants. Ils ne l’ont pas fait. Les différentes reprises annoncées se sont trouvées chimériques et le taux de chômage est toujours historiquement élevé. Sa seule chance c’est que Romney (imitant Hollande)  ne dit pratiquement rien sur rien et notamment pas sur ce qu’il faut faire en matière de coopération économique internationale. Autant dire que ces élections américaines sont en fait des élections pour rien malgré le tapage fait en France par des médias couchés devant les Etats-Unis.  Comme Hollande les deux candidats espèrent que la reprise est « round the corner » sans n’avoir rien à faire sinon un peu de chaleur électoraliste.

Les dirigeants du monde, de droite ou de gauche, américains ou non américains, français ou européens, croient qu’il est encore possible de fonctionner avec leurs petits réflexes politiques habituels dans un système de liberté absolue des mouvements de capitaux, de prêts régulés par l’avis des agences de notation, de monnaies administratives flottantes permettant des déficits et des excédents monstrueux, de gestion de zone de monnaie unique par une norme renforcée. Ils se trompent.

Rien de tout cela n’est possible. La durée de la crise le prouve, en même temps que l’inanité des politiques menées depuis 2007. Les contradictions sont désormais nouées autour du cou des nouveaux responsables. La suite montrera que faute de dénouer les nœuds gordiens là où ils sont, les politiques fondées sur les habitudes politiciennes traditionnelles ne mèneront à rien de bon.

Les Etats-Unis seront bientôt paralysés par leurs déficits monstrueux.  Si on contraint les agences de notation à dire la vérité alors elles devront conclure à la faillite virtuelle de tout le système financier mondial.  L’Europe est en train de sombrer dans un cercle vicieux.  La France est plantée dans un mur fiscal dont les éboulis écrasent tout ce qui reste d’un peu vivant.

Le blocage est désormais presque total, presque partout.

C’est cette vérité qui s’est faite désormais jour.    

L’autre vérité qui elle se révélera plus tard est que cette situation est extrêmement dangereuse pour tout le monde et que de gros dégâts sont à venir si on ne parvient pas à surmonter les différents blocages américains, européens et français.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

La transcription des débats de Bretton Woods retrouvée

Grâce aux effort de Kurt Schuler et d'Andrew Rosenberg nous disposons désormais de la transcription des journées de travail de la conférence de Bretton Woods.   L'essentiel peut être consulté sur le site du  Center for Financial stability  à  l'adresse http://www.centerforfinancialstability.org/brettonwoods_docs.php

 

Nous invitons les curieux à s'intéresser à ces textes qui prouvent qu'en 1944 on avait une claire conscience des nécessités de la stabilité financière et de la coopération interétatique.

Le refus d'excédents ou de déficits excessifs est absolu.

Le FMI est bien une institution keynésienne mise en place pour à la fois éviter les erreurs de la fin de la première guerre mondiale et surtout éviter une seconde crise de 1929.

Le tout a fonctionné cahin-caha  pendant 26 ans pour le bien commun.  Jusqu'au jour où le chacun pour soi a été rétabli avec la mise en place du système absurde de monnaies administratives  dont la valeur externe est laissée aux pulsions de marchés financiers et monétaires prétendument libres.

L'introduction des changes flottants est une des erreurs majeures de notre temps.

Relire les motivations qui ont poussé à créer un système de changes fixes et ajustables de façon concertée  est la manière la plus sûre de comprendre pourquoi le système actuel ne fonctionne pas et pourquoi le  retour à une concertation des Etats autour de changes fixes mais ajustables, sans déficits et excédents majeurs, est la priorité absolue.

Faute de l'avoir compris les dirigeants qui se rencontrent en vain au G.20 ont empêché toute solution de la crise économique actuelle.

Il faut en revenir à un Bretton Woods, mais sans monnaie nationale pivot, et sans droit de veto des Etats-Unis.

 

Cercle des économistes E-toile.   

 

 

A lire :

The Bretton Woods Transcripts

Edited by Kurt Schuler and Andrew Rosenberg

 

Un billet d'humeur

Ce billet d'humeur représente le sentiment de son auteur et ne reflète pas une position officielle  du Cercle des économistes e-toile. Nous l'avons publié car il représente assez bien l'humeur du moment qui est aussi un fait économique.

 

 

"Les plaisirs de l'abjection

 

L'économie Française est désormais en chute libre. On aimerait dire : à l'arrêt. Mais non, ce n'est plus  seulement un blocage, c'est une dégringolade.  Les chiffres publiés dans la presse ne rendent pas compte de la situation. Certes il est bien dit que l'automobile voit ses ventes chuter de près de 20%, que l'immobilier est en baisse radicale dans les mêmes proportions, que les en cours de crédits aux particuliers s'effondrent, là encore de 15 à 20%.

Les indicateurs privés donnent des résultats pires encore.  Le rapport entre entreprises dont les commandes haussent et celles dont les commandes baissent qui, en période de croissance molle  se trouve autour de 60/40 est désormais de 25/75.  Cette bascule s'est faite en moins de quatre mois. L'été a été meurtrier.

Cela veut dire que les entreprises françaises sont globalement  dans la spirale descendante propre à la récession.  Lors de la crise de 92 on n'était jamais descendu au dessous de 40/60 et même en 2009, au fond du fond,  on était à 30/70.

A l'effet des  prélèvements nouveaux décidés par le gouvernement Fillon et de la mollesse de la conjoncture internationale s'est ajoutée l'incroyable gabegie haineuse  et vindicative voulue par François Hollande.

Les journaux parlent d'amateurisme, d'impréparation,  d'incompétence voire de nullité. Ils se trompent. Les Français découvrent une réalité qu'on croyait disparue en France depuis les années trente : la haine sociale ; la volonté de mal faire ; l'occasion saisie d'une vengeance sociale de la part de fonctionnaires socialistes constamment bridés dans la mise en pratique de leur idéologie  depuis des années. La crise est vue comme une occasion d'imposer au pays des mesures de coercition sociale  qui semblaient inenvisageables en France et en Europe.

François Hollande n'est pas un imbécile dépassé par les évènements. C'est un socialiste saisi par son prurit socialiste et qui fait son petit djihad socialiste personnel, accompagné dans cette sarabande par des excités ivres du pouvoir qu'ils ont pris et par les occasions de faire n'importe quoi que leur offre la crise.

On cherche une rationalité dans tout cela. Il n'y en a pas. Il faut parler de défoulement, d'expression du refoulé. La vraie comparaison est à chercher avec cette scène d'un film de Bunuel  où on voit un groupe de clochards avinés souiller une robe de mariée, symbole évidemment atroce  de bourgeoisie et de catholicisme.

Le gouvernement actuel ne gouverne pas : il souille.

Il n'a pas le soucis des conséquences simplement le  plaisir de faire du tort à ceux qu'il exècre.  Partout ce n'est que lutte des courants pour les places et les sinécures. Jamais un mot sur l'intérêt national. L'ivresse est telle qu'on voit un ministre dit du redressement national  injurier les patrons et faire le clown avec une marinière pendant que sa compagne exhibe des lunettes à 15.000 euros la pièce tout en déversant sur les chaînes publiques avec l'argent du contribuable l'ampleur de ses partis pris idéologiques et politiques. Pourquoi se gêner ?

L'état de la France ? On s'en fout. Laissez nous jouir !  Laissez nous nous lâcher comme on n'a jamais pu le faire.   

Alors par centaines, en un flot qui se gonfle tous les jours, les cadres de la France s'exilent. Les jeunes se désespèrent : quel avenir dans une telle France ? Aucun sauf pour une poignée de fonctionnaires politiciens pourris d'idéologie socialiste  délétère et qui ne se posent  qu'une question : comment se faire réélire ; comment garder nos places.

L'affaire du rapport Gallois est effarante. On vous explique avant l'été que la nouvelle méthode consiste à prendre son temps pour bien établir le diagnostic et élaborer les meilleures décisions. On multiplie les commissions. Les rapports arrivent ? Et on annonce fièrement que l'on ne se sent pas engagé par leurs conclusions.

Pas une réforme utile, en six mois. Pas une.   

Pas une seule mesure entraînant une perspective positive.  Simplement une fête sauvage où on pille les entreprises françaises et les familles aisées qui ont permis de bâtir l'économie française, au cri mille fois répété de "Ce n'est qu'un début continuons le combat" !

Les résultats sont déjà là : la défiance ; le mépris ; l'arrêt de tout investissement ; les plans de départ.

Ce ne sont plus les patrons âgés en mal de succession qui quittent la France, ou les rejetons des anciennes grandes familles industrielles  ni même les grands dirigeants des grosses entreprises. Ce sont leurs cadres qui exigent qu'on aille voir ailleurs comment on peut échapper à tout ce délire anti entreprise, anti patron, anti capitaliste, anti tout.  C'est la jeunesse accablée par la déréliction générale  et l'ambiance de haine socialiste qui veut se trouver un destin ailleurs.

François Hollande aura beau multiplier les commentaires oiseux sur la responsabilité de son prédécesseur, il ne peut plus désormais convaincre qui que ce soit. Il est sorti de l'été déconsidéré par sa passivité et ses opérations de communications à côté de la plaque. Il sort de l'automne méprisé.

Qui peut regarder l'équipage Hollande  Ayrault- Désir sans être consterné par la veulerie qui s'en dégage ?

On ne peut même plus parler d'économie, de plans plus ou moins efficaces.  Le n'importe quoi socialiste porté par des "khmers roses"  de bas niveau règne sans entrave.

Le réveil sera dur.

Les plaisirs de l'abjection n'ont qu'un temps.

 

Sylvain Dieudonné."

Un débat et une prévision de 2009 vus avec quatre ans de recul

Il nous a paru amusant de reprendre ici un dialogue  de février 2009 que nous avions eu sur le site de Guy Sorman (http://gsorman.typepad.com/guy_sorman/2009/02/crise-qui-est-coupable.html)  à propos d'un intéressant article qui s'interrogeait sur les coupables d'une crise qui devenait visible et qui regrettait que les théories étatistes  l'emportent sur une vision plus libérale des choses.  Il concluait :  

"Au nom du bonheur commun, souhaitons que les politiques de relance  en cours aux Etats-Unis comme en Europe réussissent ;  on sait d’expérience,  qu’un succès à court terme est possible mais qu’ il serait certainement suivi d’un retour à l’inflation. Il reste donc indispensable de préparer une alternative , ce que Hayek appelait, une utopie de rechange."

On a vu dans les faits que la relance a effectivement réussi à court terme, mais qu'elle s'est rapidement effondrée  peu après.  En revanche il n'y a pas eu d'inflation.  On sait pourquoi : la crise était due (et reste active) du fait d'une accumulation de dettes et de crédits insupportable. Ajouter de l'activité par de la dette nouvelle ne pouvait que mettre les Etats en difficulté.  La destruction de monnaie privée étant supérieure à la création de monnaie banque centrale, il n'y a pas eu de vrai inflation. En revanche les effets de paniques ont été aggravé par la liberté totale de mouvements de capitaux aves des comportements de précaution qui ont fait aller l'économie dans tous les sens sauf celui de la croissance. Et nous voilà avec des impôts monstrueux pour essayer de payer la facture.

Dans les faits Guy Sorman a eu raison sur un point clair : les relances keynésiennes ne sont pas efficaces et faux sur un autre : ce n'est pas l'inflation qui est arrivée mais l'hystérie fiscale. Dans un système où les banques centrales ont un objectif de stabilité des prix seuls l'impôt permet de solder une crise de dettes partiellement transférée sur l'Etat.

Il nous paraissait que l'a priori doctrinal ne suffisait pas et qu'il fallait aller à la racine de la crise de la dette pour comprendre pourquoi les mesures engagées ne fonctionneraient pas.

Il nous semble que nos observations ont été totalement validées par les faits.   

Nous renvoyons le lecteur  au texte de Sorman et présentons le dialogue qui a suivi :

Notre réponse  :  

"L'ennui de cet article est qu'il ne comporte pas de vrai diagnostic et donc aucune vraie solution.

"La crise dite des "subprimes" n'a été que l'allumette qui a fait sauter la vraie bombe : le désastre des changes flottants qui ont permis la constitution d'un endettement si colossal (pour les Etats Unis plus de 3 fois le PIB) que plus personne n'aurait pu payer les intérêts. Ce à quoi on assiste c'est l'effondrement de cet endettement phénoménal et sans cause sérieuse depuis qu'il ne sert qu'à alimenter la fuite devant les monnaies et le gonflement du prix des biens dits réels.

"Depuis 1971 date où le dollar est détaché de l'or son prix en or est passé de 35$ l'once à plus de 900 et s'oriente vers les 1000. Une dévaluation de près de 97%. Est-ce que Friedman, le seul théoricien des changes flottants avait prévu cela ? Non évidemment. Il avait déclaré que les changes et les taux d'intérêt s stabiliseraient. Le dollar a perdu la moitié de sa valeur puis a doublé puis a reperdu la moitié de sa valeur désagrégeant les échanges et ralentissant la croissance. Du coup on est passé des trente glorieuses à une période bien moins tonique. Quant aux taux d'intérêt unifié, il suffit de regarder le désastre actuel pour voir à quel point un prix Nobel peut se fourvoyer.

"Le système des changes flottants a permis au pays dont la monnaie était dominante de creuser des déficits colossaux et perpétuels qui ont généré avec une fréquence de 3 à 5 ans des crises financières répétées. Pour sortir d'une crise on gonflait le ballon de liquidités en dollars qui venait crever lors de la crise d'après avec une aggravation constante. Jusqu'à l'explosion nucléaire finale.

"Dire : il faut laisser faillite se faire est amusant. L'ensemble du système financier mondial est en faillite. Le capital global des banques est d'environ 1/20 des pertes encourues ou potentielles ! Si on laisse tomber les banques c'est l'ensemble des dépôts mondiaux qui s'évaporerait. On sait que la perte de 30% des dépôts entraîne une récession d'environ 50% du PIB. Bonjour les suites heureuses de l'irresponsabilité conduite par l'idéologie.

"Actuellement crédit est mort parce que les banques sont des mort-vivants. Tout le système mondial des échanges est quasi à l'arrêt. Les flux commerciaux ne savent plus comment s'orienter.

"La seule solution n'est pas de gloser sur libéralisme ou non mais de mettre fin sans délais aux changes flottants afin de stopper les guerres de dévaluation qui se mènent tous les jours, de supprimer l'alea sur les changes (qui explique la complexité des CDS et autres produits dérivés) et de rétablir un horizon économique stable pour le commerce international.

Tout le reste n'est que ruine de l'âme et de l'esprit."

 

@didier dufau:
Et concretement, comment fait-on pour mettre fin aux changes flottants?
On revient a un systeme ancre sur l'or?

@avidadollar

La première question est de savoir si les changes flottants sont bien en cause dans la crise actuelle, nième épisode depuis 71. Apprécions qu'on le pense suffisamment pour poser une seconde question : comment en sortir ?

Un système monétaire international correct suppose l'égalité des nations et des règles élémentaires. La première : tenir sa monnaie et faire en sorte que les déséquilibres qui se produisent ne soient que temporaires. La seconde : solder ses comptes internationaux. La troisième : au cas où on ne le peux pas, accepter une aide temporaire moyennant une action correctrice forte imposée par la communauté.

Faut-il une monnaie comme l'or pour ajuster les soldes ? Non. N'importe quel système est possible. L'important est de revenir à une balance suffisamment équilibrée pour ne pas poser de problème.

Ce peut être des DTS, une monnaie de compte internationale comme le Mondio, un système de régulation fort (les excédents impliquent aussitôt des mécanismes de taxes compensateurs si le pays ne relance pas en interne son économie).

Cela peut même être l'or. On n'a jamais extrait autant d'or. On est sur une tendance de 3% par an de croissance des productions ce qui le rythme à long terme d'une croissance soutenable.

La ringardisation de l'étalon or après en avoir fait la seule solution libérale orthodoxe est une curiosité intellectuelle.


L'important dans l'affaire c'est de cesser de pleurer sur les conséquences sans jamais voir la cause.

Les américains ne croient pas au plan de relance parce qu'ils on peur pour le dollar et craignent sont effondrement. Merci les changes flottants.

L'Islande n'a plus de monnaie après avoir pu prendre des engagements multiples du PIB. merci les changes flottants.

Le RU dévalue à mort : merci la libre concurrence saine avec une gain immédiat de près de 5à% de compétitivité !

Les fluctuations des monnaies font courir un risque tel que le commerce international est arrêté. Merci qui ?


Les pays baltes voient leur monnaie s'effondrer. Cela effondre les bourses un peu plus. Merci qui ?

Il est stupéfiant de voir décrit cent fois dans les journaux des malheurs liés aux changes flottants sans que JAMAIS ils ne soient mis en cause.

La relance keynésienne ne fonctionne pas en change flottant. Pas de chance. Keynes était CONTRE les changes flottants.

Les relances monétaires par les banques centrales ne fonctionnent pas en mode changes flottants. Keynes l'avait bien vu en 1921.

En fait rien ne marche en change flottant.

le seul théoricien des changes flottants Milton F. avait prévu :

- une harmonisation des taux d'intérêt
- la convergence des taux de change.

Tout faux.

Rien ne marche en changes flottants même pas les théories des pères du système.

Il serait peut être bon de le comprendre avant que l'échec de tous les plans lancés depuis 6 mois ne deviennent encore plus patents !

 

Avec le recul on ne voit pas trop ce qui devrait être changé dans notre position.

L'or est passé à 1750 dollars au lieu des mille que nous envisagions à court terme, preuve de la panique générale et de la fuite des monnaies  créées par les plan de Quantitative easing  ont été dans les marchés de biens durables pas dans l'activité.

Nous disions que la relance keynésienne ne marcherait pas, ce qui a été le cas. L'expérience Chirac de 1974 avait déjà prouvé qu'une relance keynésienne en change flottant finissait par…un plan Barre de relèvement des impôts sans réellement changer quoi que ce soit.

Comme rien ne marche en changes flottants et qu'on n'a même pas envisagé une seule seconde de simplement discuter de la question, la crise perdure près de quatre ans après cette petite discussion.  

L'utopie de rechange dont parlait Hayek est bien la suppression  du système des changes flottants, un système qui ne marche pas, qui n'a jamais marché et qui ne marchera jamais !  

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

Le TSCG : nécessaire mais insuffisant !

Le TSCG : nécessaire mais insuffisant !

Que penser du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) appelé usuellement Pacte budgétaire européen ?

Si on considère que la zone Euro est non viable par nature, la réponse est simple : à rien sinon à aggraver l’état du malade.

On sait qu’une partie des économistes se fondent sur l’idée des zones monétaires optimales pour bannir jusqu’à l’idée qu’une zone de monnaie unique entre nations ne respectant pas ces règles optimales soient tenables.

Milton Friedman avait annoncé de son côté l’éclatement de la zone Euro pour une raison différente : seuls les changes flottants fonctionnent.

Nous-mêmes, comme nous l’avons répété ici dans plusieurs articles considérons ces deux thèses comme fausses.

La théorie des zones monétaires optimales est tautologique.  Elle revient à dire : si la zone est possible alors elle est possible. Et aucune des zones monétaires uniques, comme les Etats-Unis ou celle du Franc CFA ne sont « optimales » au sens de cette théorie. Ce qui revient à dire : même impossibles, elles sont possibles.

Quant aux prévisions de Milton Friedman, elles ont toutes été démenties. Les changes flottants devaient :

-          Unifier les taux d’intérêt et réduire les spreads : ils n’ont jamais été plus divergents

-          Réduire les besoins de réserves : ils n’ont jamais été si importants

-          Adoucir les transitions de change : jamais elles n’ont été si explosives.

La théorie des changes flottants de Milton Friedman est simplement fausse, et a été infirmée par les faits constatés. Il ne peut y avoir de bonne théorie qui dise le contraire de la réalité observée.

On peut donc écarter ces deux théories et revenir à l’idée qu’une zone monétaire unifiée comme l’Euro est possible.

Nous même ne la pensions pas souhaitable mais possible à certaines conditions.

Le traité de Maastricht et le pacte de Stabilité et de Croissance de 1997 n’ont pas prévu ces conditions, ce qui explique que nous avons été à l’époque extrêmement critiques sur les modalités prévues. Aujourd’hui le débat n’est plus sur l’opportunité de la zone Euro qui est un fait accompli, mais sur les conditions de son bon fonctionnement après qu’une crise sévère ait montré ses faiblesses.

Pour prendre une analogie, il ne serait pas souhaitable qu’un individu se coupe une jambe. Mais maintenant qu’elle est coupée et que la gangrène s’est mise dans le moignon, l’urgence n’est plus de revenir sur la décision initiale mais de sauver le malade. On peut vivre avec une jambe coupée mais pas sans hygiène et seulement après avoir guéri l’infection.

Le TSCG doit s’apprécier dans cette double perspective :

-          Permet-il d’enrayer l’infection ?

-          Est-il capable une fois la survie assurée de garantir un bon fonctionnement de la zone Euro ?

Pour répondre à ces deux questions il faut au préalable avoir compris les causes de la crise actuelle.

-          Cause interne : quel que soit le système monétaire, un système de libre échange ne fonctionne durablement que si les grands équilibres financiers et commerciaux sont préservés.  Dans un système de monnaie unique, il importe qu’il y ait une gouvernance centrale qui évite les divergences entre les membres ou qui les compense. Rien de tout cela n’a été prévu. Chaque pays a donc géré son économie de façon divergente et on a abouti aux écarts insurmontables de compétitivité actuels. Si la France réduit son temps de travail et aggrave ses coûts de production pendant que l’Allemagne prend des mesures strictes de compétitivité, on va au-devant de graves distorsions. On les a.

-          Cause externe : la zone de monnaie unique est baignée dans un système global de changes flottants avec liberté des mouvements de capitaux. La crise économique globale actuelle a été provoquée par le système monétaire international vicieux, , pas par les défauts de la zone Euro. Mais elle a révélé les défauts de la zone Euro, confrontée aux endettements différentiels de ses membres, qui sont exploités sans scrupules par la spéculation internationale, ou disons plus clairement, par la finance anglo-saxonne.

Les pays de la zone Euro, comme tous les autres, se sont retrouvés avec un double fardeau : le transfert sur le budget de la dette aventurée des banques surexposées aux différentes bulles monétaires ou immobilières,  le financement des conséquences de la crise. Que leur système bancaire ait enflé de façon excessive comme en Irlande ou en Espagne ou au Portugal, ou qu’ils aient adoré la dépense publique comme la Grèce, la France et l’Italie, le taux d’endettement public est devenu insoutenable.

Toutes les bornes du Pacte de Stabilité et de croissance de 1997 ont sauté en même temps, exposant toute la zone Euro.

Comme la Banque centrale européenne n’a d’autre objectif que de maintenir l’inflation à moins de 2%, globalement, ce qui n’a qu’un sens très relatif, et qu’elle ne doit pas financer les Etats en dernier ressort, l’application stricte des traités rendaient la sortie de crise impossible.

Gérer une zone de monnaie unique dans un système global de changes flottants avec une banque centrale indépendante et corsetée dans des règles absurdes, le tout  par l’intermédiaire de normes fixées dans des traités sans aucun organe de pilotage sinon le fantomatique Ecofin du non moins fantomatique Juncker, était une gageure. Cette gageure n’a pas été tenue. Elle ne pouvait pas l’être.

Il a fallu agir. Cette action a été entièrement conduite par la panique et l’urgence de tenir en respect « les marchés ».   

La Banque centrale européenne l’a fait en violant toutes les règles qui la corsètent et prévoit d’agir encore plus loin des règles en question en cas de besoin. Les « marchés » ont apprécié.

Son bilan boursouflé d’une façon jamais vue commençant à prendre mauvaise mine, elle a exigé des garanties des Etats. Comme ils sont à peu près tous insolvables, sauf l’Allemagne,  on a créé des organes communs de riposte aux  spéculateurs, mais l’Allemagne a posé ses conditions.  « Je paie mais vous devenez vertueux ».

Le TSCG n’est donc pas une réforme de fond mais un acte politique transitoire ayant pour but de calmer les marchés et de décoincer les libéralités allemandes. Cet acte était-il évitable ? La réponse est clairement non.

Sans le TSCG la zone Euro éclatait. En ce sens la déclaration des « 140 économistes contre la TSCG » n’aurait de sens que si ces économistes étaient pour la dissolution de la zone Euro. Le paradoxe est qu’ils sont pour !

Quand on voit des glorificateurs du traité de Maastricht comme un certain Pr. Aglietta, qui cumule un amour immodéré pour la zone Euro, avec une justification des changes flottants et une passion inextinguible pour la dépense publique,  et qui condamne le TSCG parce qu’il contraint cette dernière, on croit rêver. Dire tout et son contraire pour des raisons de postures idéologiques, politiques et de prospérité personelle (ce Monsieur est membre du CAE et d’autres cénacles) fait partie du décor général, ces derniers temps.   Disons que le spectacle est consternant.

Au-delà de l’urgence politique, le TSCG est-il durablement efficace ?

La réponse est non.

Rappelons encore une fois que la gestion d’une zone monétaire unique est une affaire politique qui exige qu’il y ait une instance de pilotage dotée des moyens ad hoc.  Le TSCG le prévoit de façon beaucoup trop embryonnaire. Ce n’est qu’un durcissement du PSC.

Les défauts du PSC restent : comme nous l’avons répété sur ce blog il existe un cycle économique ; le budget doit jouer un rôle contra cyclique. Il aurait mieux valu organiser cette souplesse plutôt que de fixer une règle fixe  inapplicable dans la durée.  On comprend l’effet d’affichage. Il faudra évoluer.

D’autre part, une zone de monnaie unique n’a pas comme contrainte uniquement l’harmonisation des budgets. C’est l’ensemble des politiques sociales, fiscales et économiques qui sont en jeu.

Enfin, une zone de monnaie unique doit avoir une action extérieure et un pilotage de son change, même et surtout  dans un système nocif de changes flottants. Cette action doit englober celle de la BCE qui ne peut garder comme seul objectif la stabilité des prix.  

Il faudra sortir de la gestion par la norme et par des zombis non démocratiques. Le TSCG en s’appuyant sur l’inter-gouvernementalité et non sur un super-fédéralisme  bruxellois va dans la bonne direction.

Reste pour la zone Euro à créer une cabine de pilotage, nommer le pilote et doter le véhicule de moteurs puissants.

Le TSCG est une étape.  

Une étape nécessaire et insuffisante.

On a passé les Pyrénées, il reste les Alpes !

Le choix du vélo, du dérailleur et du plateau sera critique.

Rien n’est fait.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile 

Contradictions

Il faut le dire. Pour un non spécialiste, écouter ou lire les économistes officiels a de quoi laisser perplexe.  Non seulement ils se contredisent en permanence, surtout sur les chaînes télévisées, laissant entendre que la science économique n’existe pas, mais lorsqu’ils sont d’accord, la contradiction règne en maîtresse exigeante au sein même de leurs propos.

Prenons cet exemple.

Pas un de ces économistes professionnels pour nier que l’Europe est en difficulté à cause de la montée des pays pauvres devenus des tigres économiques. La Chine et ses centaines de millions d’esclaves pas chers, pas chers, représentent un danger mortel pour nos emplois et notre prospérité. Ne parlons pas du Brésil ni même de l’Afrique qui est désormais « bien partie ».

Parlent-ils de l’Europe et voilà que le schéma s’inverse : l’Allemagne est puissante et va tout manger, car le renard a toujours l’avantage sur le tendre poulet dans le poulailler européen.  

Il faudrait se décider : ou le fort est toujours le plus fort dans le libre échange ou le faible a l’avantage de compétitivité sur le fort, mais on ne peut pas énoncer ces deux « règles » en même temps.  

A moins qu’il y ait deux sphères économiques avec deux jeux de lois économiques différentes selon qu’on se trouve dans la zone Euro ou au dehors. 

Comme cette assertion est un peu difficile à avaler, la contradiction montre l’espèce de déchéance intellectuelle qui a frappé le petit monde des économistes universitaires ou professionnels, déchéance qui est confirmée par la nécessité pour ces malheureux de se grouper car la force de leur raisonnement est si faible qu’il faut toujours l’étayer soit en se cachant derrière des titres et des fonctions,  soit en se groupant à quarante ou à cent quarante.     La posture et l’engagement  ont remplacé la rationalité de la science. On affirme absolument n’importe quoi ; on ne voit rien ; on ne comprend rien ; on se rattrape aux branches comme on peut. Mais on cause ; en groupe. Comme les bandes de loubards de banlieue, l’homo economicus officialis se sent si lâche et si faible qu’il ne retrouve des dents qu’en meute.

Des dents, mais pas de cerveau.

La contradiction est facile à lever. La science économique est unique et s’applique à la zone Euro comme au monde entier.

La règle du commerce international et de son système de paiement est qu’ils ne peuvent fonctionner durablement au bénéfice commun que si et seulement si les déséquilibres majeurs sont empêchés ou rapidement corrigés. Tous les traités, comme nous l’avons montré dans un article précédent, prévoient que l’ouverture mondiale du commerce, nécessaire, et le libre-échange, souhaitable, ne sont possibles que si les partenaires à l’échange respectent les grands équilibres. Il ne faut pas qu’un des acteurs accumule des dettes et qu’un autre accumule des créances indéfiniment. Il faut interdire les déficits commerciaux ou les excédents commerciaux permanents et vertigineux.

Dans un système de monnaie unique, l’empêchement est réalisé par la gouvernance et s’il n’y en a pas par la déflation dans les pays déficitaires, qui est politiquement inacceptable.

Dans un système de monnaie internationale contrôlée, où les monnaies sont rattachées à une valeur de référence commune mais où des ajustements concertés des changes peuvent être effectués, c’est l’altération des valeurs monétaires qui assurent la réalisation de l’objectif, en association avec tous les moyens de politique économique aussi bien dans les pays excédentaires que déficitaires.

Dans un système monétaire de monnaies administratives dont la valeur externe est laissée aux forces des mouvements de capitaux alors que la puissance des partenaires à l’échange ou leur situation respective sont très différentes, rien ne peut s’ajuster et on aboutit  à des déficits et des excédents cumulatifs noyés dans une création monétaire hystérique qui provoque crise sur crise.  

L’équilibre des échanges, qui, en mode de croissance,  s’analyse comme une succession de déséquilibres nécessaires mais maîtrisables et corrigés, n’est possible :

-          Ni dans un système de flottement généralisé

-          Ni dans une zone monétaire unique sans institution de pilotage.

Nous vivons dans un système mondial où le flottement est généralisé et dans une Europe où il n’y a pas d’institutions de pilotage

Il est parfaitement normal que nous soyons  dans la difficulté, avec une prime à l’Europe qui subit les deux défauts.

La solution est limpide comme l’eau de roche :

-          A l’échelon mondial revenir à un système de monnaies coordonnées avec référentiel non national commun et une instance de coordination et de sanction.

-          A l’échelon européen, créer une institution de pilotage disposant des pouvoirs de réguler les écarts de croissance, d’échange et de taux d’intérêt, ou renoncer à l’Euro pour le système précédent.

Il n’y a qu’une seule science économique.  Nul besoin de se mettre à quarante, à cent quarante ou à quatre cent mille pour le comprendre et énoncer diagnostic et solutions.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile

Un début de révolte des économistes officiels ?

La présente réflexion est née d'une remarque entendue sur une chaîne de télévision. Un économiste qui monte dans les médias, un certain Daniel Cohen, expliquait doctement que la grande différence entre la crise de 29 et la récession actuelle tenait au fait qu'à l'époque on ne comprenait pas la crise, donc on faisait n'importe quoi, alors qu'aujourd'hui on connait les causes de la crise et que malgré tout on persiste à ne pas faire ce qu'il faudrait.

De même qu'on a les "motards en colère" il va bientôt surgir  du côté de l'économie officielle des "économistes en colère".  Comme nous le sommes nous-mêmes quelque peu devenus, en colère, cela pourrait nous aller très bien.

Sauf qu'on sait que les économistes tenant des postes universitaires n'ont pas prévu la crise et certains ont même nié qu'elle fut en train de se former. Il faut y regarder à deux fois, lorsqu'ils s'expriment. Il apparait alors que la phrase en question est sujette à caution et n'est confortée par rien.

Il n'est pas du tout vrai que la science économique ait, maintenant, compris les causes de la crise de 1929.  Pour avoir dépouillé toute la littérature correspondante lors de la rédaction d'une thèse de doctorat, je peux même affirmer que la crise de 1929 est une grande incomprise. Comme aujourd'hui où les sots croient avoir tout dit de la crise  en évoquant les subprimes et les contrats bancaires compliqués, les analystes de l'époque ont réagi à des aspects symptomatiques mais ont rarement été jusqu'au bout de l'explication.   

La vulgate keynésienne est venue bien plus tard de même que les critiques de Milton Friedman sur le comportement de la FED. Elles n'ont pas permis d'apporter une explication de la crise mais souligné des erreurs de politiques économiques. Keynes a montré que l'inaction donnait du champ à un mécanisme auto entretenu de récession. Milton Friedman a expliqué que la FED aurait du lâcher la création monétaire au lieu de la restreindre. Toute le monde a compris que les dévaluations compétitives entraînaient l'ensemble du monde dans une guerre économique stérile. Bref, on a tiré les leçons de la crise : importance de ne pas étouffer la demande ; offre de monnaie abondante ; coopération internationale ; stabilité monétaire  avec quelques souplesses. Cela donnera le système de Bretton-Woods et les trente glorieuses, jusqu'à ce qu'on le démonte à partir de 1971 pour un système dangereux qui montre tous les jours sa nocivité.   

En revanche pourquoi la crise de 1929 avait-elle pris initialement cette ampleur dépassant les effets habituels du cycle ? Là, c'est le grand silence.

Peut-on avancer une explication ?  La nôtre est simple : la guerre de 1914 avait fait sauter le système de l'étalon-or, le seul dont la vulgate soit connue et dominante dans le monde des dirigeants (du moins une petite partie)  et des économistes. Des masses de dettes immenses avaient été émises. La planche à billets avait fonctionné à plein régime. Partout. Les Etats-Unis avaient centralisé la richesse du monde. Les empires français et britannique étaient frappés au cœur, même si personne n'en avait conscience.

Les tentatives de restauration d'un système monétaire international avaient toutes échoué. On vivait dans une espèce de n'importe quoi avec un Gold exchange standard à deux monnaies. La France avait, avec Poincaré, établit sa monnaie sur une base dévaluée très profitable. Winston Churchill et les conservateurs anglais avaient fait l'inverse : la Livre était surévaluée. Les Allemands avaient connu une hyper inflation destructrice qui avait provoqué la révolution spartakiste puis la montée d'Hitler. Ils ne payaient plus leurs dettes.  Les capitaux étaient drainés vers les Etats Unis. Un phénomène de double hélice de crédits, très bien décrit par J. Rueff s'était mis en place. Au bout d'un moment la bulle de crédits a explosé, entraînant le monde dans la récession.

Les erreurs sont alors venues. La théorie économique correspondant à une système monétaire de Gold exchange standard n'était pas disponible (elle ne l'est toujours pas). On raisonnait avec la théorie du système d'avant qui n'existait plus. On a de ce fait commis des erreurs qui ont en effet transformé une crise systémique mais maîtrisable en drame mondial de longue durée.

Quelles différences avec la situation d'aujourd'hui ?  Il suffit de lire les écrits des uns et des autres pour constater que les causes de la crise ne sont pas comprises, à l'instar des racines de celle de 29.  Si la totalité des économistes officiels, dans les agences économiques de l'état ou à l'université, a oublié de prévoir la crise, ce n'est pas sans raison. Ces économistes n'ont pas voulu comprendre malgré les avertissements, notamment de Maurice Allais (et des nôtres…) , que le nouveau système monétaire international fondé sur des monnaies internationales de papier, gérées par des organismes "indépendants", et dont le change flotte au gré des pulsions de mouvements de capitaux totalement libérés, ne marchait pas et conduisait à l'abîme.

La focalisation des raisonnements sur des artefacts secondaires comme les subprimes, les contrats complexes, les bonus,  au lieu de se concentrer sur les mécanismes essentiels, prouve que contrairement aux affirmations de M. D. Cohen, les économistes en charge officielle n'ont toujours rien compris. Comme en 1929.

Et comme en 1929 les erreurs s'enchaînent parce que la vulgate appliquée est en contradiction avec la nouvelle réalité. Dès la crise de 74 il était clair, notamment en France, que la double solution d'une relance "keynésienne" et d'une ouverture des robinets de la Banque de France était devenue inefficace.  En système de changes flottants, cela ne marche pas. On a tenté le coup à nouveau en 2008-2009 : on voit le résultat.  

Oui, on peut-être en colère. D'abord contre les économistes taiseux qui refusent de voir les réalités et de fournir des éléments permettant de mettre en place des correctifs. Ils n'ont pas vu s'accumuler les nuages noirs ; ils ont été surpris par l'ouragan ; ils ne comprennent toujours pas la situation et ils réagissent par réflexes ou par postures.

Grâce à leur incompétence la crise dure depuis 2007 sans que les grandes mesures utiles ne soient prises faute d'une explication rationnelle et fondée des défauts du système monétaire international.

Sans surprise on a vu le gros de ce troupeau d'incapables se regrouper dans des coteries politiques pour survivre professionnellement et financièrement  aux risques que leur fait courir leur propre carence. Les voilà cachés sous le parapluie Hollande, après avoir cueilli pendant des années les grasses rétributions que leur offrait le secteur bancaire. "Vive l'Europe ! Vive l'impôt ! Morts aux riches" ! Mais que les banques étaient sympas !

Ce petit marigot n'est pas à la hauteur de la crise. Mieux vaut mépriser et regarder la "big picture" : comment faire bouger les instances internationales et notamment le G.20 ? Comment faire comprendre que la poursuite et l'aggravation de la crise 5 ans après son démarrage fin juillet 2007, provient de l'énorme erreur de diagnostic faite lors des G.20 de 2008 et 2009 ? 

Qu'on ne dise pas que nous sommes devenus clairvoyants  après la bataille : nous ne faisons que répéter les mêmes choses depuis 5 ans.  On lira avec profit  sur ce blog par exemple ces trois articles du premier trimestre 2009, trois ans déjà :

* Le faux précédent de 1929  ou comment gagner la guerre d'avant en perdant la guerre en cours.

 http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/1/7/Le-faux-prcdent-de-1929-ou-comment-gagner-la-guerre-davant-et-perdre-la-guerre-en-cours

* La crise s'approfondit : pourquoi ?

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/2/26/La-crise-sapprofondit--pourquoi-

* Un pari très dangereux

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/4/3/G20--un-pari-trs-dangereux

Le nouveau traité européen nous mène nulle part. Certaines de ses clauses sont carrément intolérables. Le rythme de remboursement de la dette est absurde ; l'obligation de passer sous les fourches de la Commission une grave erreur (il fallait de la souplesse et une organisation ad hoc). Tout cela est tellement rigide et attentatoire à la plus élémentaire souveraineté que cela ne peut mener qu'à des désordres encore plus graves. L'objectif "de rassurer les marchés" est inepte.

On ne gère pas une telle crise avec des traités de ce genre. Il faut un pilote et qui sache conduire une politique monétaire de longue durée en agissant sur toutes les manettes, changes, monnaie, budget, contrôle des capitaux et capable de négocier une réforme du système monétaire international.  

Nous avons toujours affirmé qu'il y aurait une crise sévère mais nous avons inlassablement refusé d'utiliser le mot dépression. Nous ne la pensions possible qu'en cas d'erreurs répétées des gouvernants.

Les erreurs sont là. La dégelée fiscale et le très clivant discours anti-riche de Hollande, associés à son absence de toute réforme d'envergure de la dépense publique et à son choix de laisser filer les dépenses régionales et locales jusqu'aux élections municipales,  a arrêté net l'économie marchande du pays tout en laissant filer l'économie publique, rendant impossible l'atteinte des objectifs affichés.  

Le vol du patrimoine des Français en capacité d'investir est une voie sans issue sinon d'autres vols encore plus radicaux. Le capital ne sera plus disponible au moment d'une éventuelle reprise mondiale. Tout paysan sait qu'il ne doit pas manger ou vendre ses semences s'il veut une récolte dans le futur. En quatre mois l'espoir d'une sortie de crise a disparu et le risque d'une vraie dépression apparu.

Mettre à la tête de la France un énarque fonctionnaire qui, étudiant, était membre de l'UNEF-Renouveau, communiste (pas socialiste, communiste), et aux finances, un énarque fonctionnaire fils d'une famille d'Europe centrale baignant traditionnellement dans le communisme (pas le socialisme, le communisme), avec comme premier ministre un prof d'allemand falot dont la pointure économique est ce qu'on imagine, était la garantie d'une grande politique économique.

On est passé en quatre mois du discours électoral si intelligent : "Il n'y a pas de crise, seulement le sous-Le Pen Sarkozy, président des riches" au si intelligent  programme de gouvernement : "La crise existe ; c'est la faute à la droite fascisante, on va faire payer les riches et les entreprises".

On aura donc une année 2013 sinistre avec un décrochage définitif des opinions publiques. Une situation qui n'est pas sans risques.

Ce n'est pas la colère des économistes officiels  qu'il faut craindre et notamment pas celle des économistes universitaires qui n'ont rien vu venir. Mais le désespoir de la Nation.  

Cercle des économistes e-toile

Deux mots à M. François Fillon

L'avantage d'une vraie campagne pour la direction d'un parti est qu'elle force les candidats à traiter des grandes questions du moment.  Nous devrions préciser : d'un parti d'opposition, car on voit bien que dans le camp socialiste, l'avenir de M. Désir a été réglé entre grands Mamamouchis loin de tout débat d'idées. Il est vrai que les "désirs d'avenir" socialistes avaient été satisfaits  lors de l'élection présidentielle. Enfin, certains.

M. Fillon donne donc dans le Figaro du 17 septembre un intéressant aperçu sur ce qu'il faut faire de l'Europe sous le titre "Dépasser le compromis de Maastricht". L'exercice est d'autant plus difficile qu'il fut un séguiniste anti-maastrichtien et qu'il dut subir comme Premier Ministre les difficultés liées à la mauvaise organisation de la zone Euro.

Au milieu d'intéressants développements , elle contient pas mal d'approximations qui méritent d'être relevées.

* "C'est pour s'en libérer [[de la pression lancinante de l'inflation et des crises monétaires NDLR]]  que les dirigeants de l'époque proposèrent aux peuples européens d'unir leurs destins en se donnant une monnaie commune".

- L'UEM a défini par un accord en 1969 ! Bien avant l'éclatement du système de Bretton-Woods !

- Le traité de Maastricht n'a pas proposé une monnaie commune mais une monnaie unique. C'est très différent et largement une des sources des difficultés.

- Chaque peuple n'a pas plusieurs destins ; cette faute d'orthographe est espérons involontaire : le communautarisme est un problème pas une solution.

"Faute d'une vision partagée de l'avenir…ils ne purent bâtir les institutions pourtant indispensables".

- Les européistes, Mitterrand en tête, décidèrent de mettre comme d'habitude la charrue devant les bœufs en sachant pertinemment  que les désordres consécutifs forceraient à une marche en avant institutionnelle supplémentaire. Il y a eu calcul pas désaccord. Les "institutions pourtant indispensables" n'ont jamais été évoquées à cette époque.

- L'Euro était nécessairement "une vision partagée de l'avenir". Sinon quoi ? Malheureusement tous les débats sur cet avenir ont été impossibles. Les européens découvriront les défauts sur le tas, pas dans les prévisions de leurs hommes politiques même si certaines voix s'étaient fait clairement entendre …dont celle de Seguin (voir son discours sur ce blog), mais plutôt orientées sur la question de l'indépendance nationale et de la souveraineté pas sur l'organisation heureuse d'une zone de monnaie unique. Toutes les autres ont été marginalisées ou ignorées dans le débat médiatique.

* "Protégés par leur monnaie unique, nombreux ont été les Etats  et la France en fit malheureusement partie, qui pouvaient sans risque laisser filer leurs déficits et creuser leurs dettes".

- Il est clair que la France sans Euro aurait du dévaluer sa monnaie dès que les effets des 35 heures sur sa compétitivité se seraient révélés patents.    

- Le choix a été fait par Chirac et…Sarkozy qui Ministre des Finances n'a pas cessé de moquer les contraintes budgétaires de Maastricht et de plaider pour …les subprimes à la française, avant d'être rattrapé par la crise.

- Parlons donc de "l'illusion de l'aspect protecteur de l'Euro", mais rappelons que tous les pays occidentaux ont depuis 1971 vu leur endettement global qui avait décru de 1945 à 71 jusqu'à passer en dessous de 200% du PIB repasser cette borne puis les 250, 300, 350%  etc. L'Euro n'est qu'une cause très indirecte de l'endettement européen. L'endettement se fera d'ailleurs en monnaie étrangère avec les conséquences que l'ont sait. Et la tentation dépensière des politiques n'a jamais faibli non plus que la pertinence des Lois de Parkinson et l'impudence des administrations.

* Il faut "plus de nation" et "plus d'Europe".

Parfait oxymore. Il faut dire que José Manuel Barroso qui est Commissaire européen et qui signe en dessous de l'article de Fillon dans la même livraison du Figaro  se révèle également un excellent spécialiste du genre avec son titre : "Vers une fédération d'Etats-nations". Vive la supra nationalité nationaliste  !

 *  Il faut "s'assurer que les politiques budgétaires de chaque Etat et la politique monétaire européenne marchent enfin d'un même pas".

- Il n'y a plus de politique monétaire nationale mais il n'y a pas non plus de politique monétaire européenne. On ne connait qu'une seule politique : celle de la BCE dont l'objectif unique est de maintenir l'inflation en dessous de 2% et qui est indépendante.  Avant de songer à synchroniser il faudrait d'abord faire exister. Où donc se définit et se pilote une politique monétaire européenne et avec quels objectifs ?  A demander à M. Juncker, Président, pendant la période,  de l'Euro-groupe. S'il veut bien car il a le sommeil discret, discret, discret.

- Au cas où on trouverait le moyen de mettre en œuvre une politique monétaire (les changes en font partie selon la théorie sauf qu'en pratique ils flottent sous la pression  tout aussi théorique des "marchés" tant les interventions des Etats non européens sont flagrantes), pourquoi y associer la seule politique budgétaire ?  Les 35 heures ont eu autant d'impact sur l'effondrement des parts de marché mondiales de la France que son seul budget même si celui-ci a été impacté par la mesure.  C'est toute la politique, le "policy mix" comme on dit à Bruxelles qui est concerné et tous les fédéralistes le savent bien.

- Fillon a expérimenté l'impuissance du premier Ministre qui ne dispose plus d'aucun levier sur la finance, le change et la monnaie. Qu'on veuille pardonner cette expression un peu outrée mais dans l'affaire c'est l'histoire d'un cul de jatte qui voudrait donner des jambes à un zombi.  

* Cette Europe politique se confond avec le patriotisme éclairé que j'appelle de mes voeux"  

- Hollande en appelle au patriotisme pour faire passer son coup de massue fiscale

- Fillon en appelle au patriotisme pour faire passer un abandon définitif de toute souveraineté. Le Président et son gouvernement n'auront plus aucun levier sur la monnaie, le budget, les changes, et ..le reste. Car une grosse partie des textes qui nous régissent sont écrit à Bruxelles. On sait que l'empilement des pages dépasse désormais le million    

En général quand on ajoute des adjectifs à un nom c'est pour lui faire changer de sens ; exemple : démocratie populaire.

Cela dit, retenons que François Fillon reconnait qu'on ne peut avancer sans détruire une partie de ce qui existe en Europe, en gros le système de la Commission peuplés d'européistes nommés qui n'en font qu'à leur tête, puisqu'ils ont le monopole de l'initiative des lois. Il faut pour construire une politique européenne mise en commun inventer de nouvelles institutions européennes et modifier celles qui existent. Le déficit démocratique de l'Union Européenne est aussi intolérable que l'inexistence d'une gouvernance de la zone de monnaie unique.  Sur ce constat là, s'il était précisé, nous serions pleinement d'accord.

J.M. Barroso, à l'article du dessous de celui de F Fillon,  parle, lui,  d'une coopération "véritable" entre le Parlement européen (avec majuscule) et les parlements nationaux (sans majuscule). C'est trop peu. Nous avions été beaucoup plus loin lors du débat sur la pseudo constitution européenne, suggérant soit que le parlement européen soit flanqué d'un Sénat constitué de représentants des parlements nationaux, (l'idée de Maurice Allais), soit que les députés européens soient une émanation de chaque parlement national.  Il faut également introduire la subsidiarité non pas sur les nouvelles mises en commun mais aussi sur le passé et supprimer le monopole d'initiative de la Commission.

L'Euro, Schengen, l'extension  excessive et trop rapide de la surface de l'Union Européenne ont été des actes d'Hubris et non pas de rationalité. Ne créons pas trop vite de nouvelles institutions sans réelles discussions sur la réorganisation des anciennes.

Les difficultés que F. Fillon a rencontré à la tête du pays n'ont pas pour cause principale l'Europe mais le système absurde et destructeur des changes flottants. Il n'en dit pas un mot.

Il est vrai que la stature présidentielle exige que l'on se taise sur les changes flottants et qu'on adhère au projet européen. Ce qui est navrant.

Nous n'avons pas besoin de postures mais d'idées justes. Surtout à la tête d'un parti d'opposition qui aura à reprendre un pays ravagé par la crise et les "mesures symboliques" du démagogue qui dirige actuellement la France. 

Cher François Fillon, le travail reste encore à faire. Oublier les opérations-images pour privilégier le débat de fond est un préalable à toute candidature présidentielle en 1917. Et cela évitera que M. Balladur trouve la campagne "terne".

Nous ne prenons naturellement pas parti pour M. Copé en le disant. Ce spécialiste averti de la langue de bois n'a encore rien dit sur rien, sinon sur la Burka et sur l'ampleur de son ambition politique. En matière d'opérations-image, ce n'est pas un débutant. Et comme apparatchick c'est un maître : le verrouillage du fichier des membres de l'UMP en est le plus parfait témoignage.

Nous espérons qu'il fera également un peu mieux. Une prise de position détaillée sur l'Euro et son avenir  ne serait pas de trop. On serait ravi de la commenter.

Enrichissements abusifs et richesses légitimes

Cette question est devenue obsessionnelle depuis que le démagogue socialiste Hollande a décidé pour se faire élire d'instiller dans le cerveau des électeurs qu'en créant une tranche de taxation à 75% on fera rendre gorge à des profiteurs abusifs et on paiera les dettes du pays.

Les explications données de la hausse réelle des rémunérations des dirigeants dans quelques revues, par exemple la dernière livraison de Commentaire, paraissent peu convaincantes.  La plupart insistent sur les aspects psychologiques de la question : les patrons seraient devenus spécialement cupides ou plus sensibles qu'avant à la rémunération  de leurs confrères maintenant qu'on les force à les afficher, ou encore plus tentés, du fait de la mondialisation, de les aligner sur ce qui se passe ailleurs.

Tout n'est pas faux. Mais cette insistance à l'explication psychologique, qui voit une cupidité qui se serait enflammée tout soudain la cause de tout,  est excessive.  En général lorsqu'on dispose d'un pouvoir, la tentation de l'exercer jusqu'au bout est la règle, en matière de rémunération pus qu'en toute autre.   S'agissant de celle des patrons salariés, Il ne s'agit pas tellement de savoir si leur envie, de tout temps aiguisée, s'est accrue et mais de comprendre ce qui a  leur a permis de la satisfaire.

Il est facile de constater qu'un certain nombre d'évolutions ont permis de concentrer dans un très petits nombre de main l'accès à des fortunes colossales qui ne se sont pas toujours faites dans les conditions les plus légitimes.  Les exemples valent mieux que de longues explications.

Au milieu des années 70 un scandale éclate. Une poignée de banquiers et d'assureurs se partageaient un gigantesque pactole dans une absence de transparence quasi totale.  Les gens ne savent pas que les tables de mortalité utilisées pour l'assurance vie sont totalement bidon.  On exige des taux de cotisation tout à fait excessifs. Des petits malins se sont avisés qu'on pourrait demander à quelques banques qui détiennent à trois ou quatre 60% des dépôts de mettre en place un système d'assurances collectives basé sur le solde moyen des dépôts. Compte tenu de l'énormité des sommes en jeu, la cotisation mensuelle par détenteur de comptes pouvait être quasiment insensible  et  ignorée ou négligée par le détenteur.  Les successions étant généralement ignorantes de l'existence du contrat, à l'époque implicite,  les sinistres n'étaient pas déclarés. On pouvait donc envisager des gains phénoménaux. La particularité de l'assurance collective est qu'elle permet de gagner des commissions d'apports initial, en général très fortes, car on a amorcé une flux régulier de recettes qui mérite récompense  et des commissions régulières sur les recettes annuelles. Merveille des merveilles il était même possible d'établir des fonds d'assurance dont le bénéfice iraient à ceux qui les gèrent et non aux cotisants !

Comment activer cette merveilleuse corne d'abondance ?  Mettre en cheville une poignée de PDG de compagnies d'assurances et de banques (à l'époque nationalisées, ce qui rendait la consanguinité des Conseils d'administration encore plus grande).  Il suffisait qu'ils se définissent comme apporteurs pour toucher les commissions d'apports et les commissions annuelles et comme administrateurs des fonds pour cumuler ces rémunérations avec les bénéfices rendus possibles par les tables de mortalité biaisées et la faiblesse des déclarations de sinistres.   Dans la pratique il a fallu "mouiller" plus que la dizaines de personnes nécessaires au fonctionnement de cette pompe à fric. On a donc associé des cadres et des politiciens à l'opération pour que tout le monde se taise et fasse perdurer l'affaire. Au   total ce sont des centaines de millions de Francs qui ont circulé dans un très petit nombre de poches.  Vers 1975 certains de ces "courtiers" gagnaient déjà l'équivalent de 10..millions de Francs par an, même si la majorité  se trouvaient plutôt entre 1 et 3 millions de francs, en plus de leurs rémunérations autres et sans rien faire!   Grâce à l'informatique la gestion du système ne coutait pratiquement rien ni aux banques ni aux assurances.  En Euros d'aujourd'hui, il faut pratiquement multiplier par 6 pour avoir une idée des gains.

Il fallut la dénonciation du Canard Enchaîné pour que l'abus devienne public. Mme Scrivener si mes souvenirs sont exacts intervint pour atténuer le scandale en rendant obligatoire le consentement effectif du client et en exigeant que les bénéfices des fonds soit restituer aux cotisants. Depuis le système a quitté la page des scandales mais il continue et permet à une poignée de personnes de gagner beaucoup d'argent sans aucun travail réel.

Nous avons exprès choisi un exemple ancien, près de 40 ans et dans le secteur du public pour échapper aux réflexes habituels sur le néo capitalisme et la dénonciation de ses acteurs.  

La concentration financière, et la centralisation entre quelques mains de plusieurs milliers de milliards de flux d'argent, peut être la cause de gains indus qui doivent être régulés par la puissance publique. Dans le cas d'espèce l'activité n'est légitime que si les commissions entrent dans le chiffre d'affaire des sociétés qui contractent et  ne sont pas  démembrées en faveur de leurs dirigeants, que si le contrat est réellement signé par le détenteur du compte avec une information correcte sur le bénéfice qu'il peut tirer du service, que si les règles prudentielles et les lois de mortalité sont honnêtes,  que si le bénéfice du fond est reversé aux cotisants, et que si les banques sont obligées de rechercher les ayant droits en cas de décès d'un titulaire  et de comptes orphelins et si on empêchent de créer des filières de rémunérations qui pompent le compte (commission de gestion des excédents des fonds par exemple) abusivement.  La concentration financière sans réglementation précise n'est que vol du client par les petits malins créatifs. L'abus de bien social, c'est-à-dire le détournement d'une recette qui appartient à l'entreprise, ou à ses clients, par ses dirigeants doit être précisément définis et effectivement contrôlés.  

L'introduction des changes flottants à partir de facto de 71 et de jure de 73 a créé un immense casino qui a permis à quelques mains de jouer avec des fortunes colossales qui ne leur appartenaient pas et à en concentrer les gains sur très peu de personnes. Le développement des salles de marché date du milieu des années 70.  Il n'a pas cessé depuis. L'activité spéculative s'est concentrée et informatisée autour d'un nombre extrêmement faible de personnes. Naturellement les grands chefs ont tenté de récupérer dans leurs mains les bénéfices de cette activité dangereuse mais extrêmement rentable dès lors que les banques centrales alimentent en permanence en liquidité les marchés et que ceux-ci couvrent le monde entier. Seule la législation est de nature à éviter que les gains ne soient privatisés et les pertes socialisées. La dérégulation et l'opacification du monde de la finance spéculative dans les paradis fiscaux a permis à certains de se faire des fortunes colossales. La généralisation des bonus a permis l'appropriation par un petit nombre de dirigeants de bénéfices qui en vérité devraient être reversés aux actionnaires. Le jeu des filiales, des sociétés connexes etc. a permis de renforcer le détournement de la manne. Il est parfaitement normal que le législateur intervienne pour éviter que, dans les grandes concentrations financières, le gain des actionnaires soient récupérés astucieusement par les dirigeants.  Dans le cas de Goldman Sachs on a vu que quelques dirigeants jouaient les clients contre les uns contre les autres, et profitaient de leur information privilégiée pour en tirer de fabuleux bonus directs et indirects.

D'une façon générale lorsqu'une économie ne fonctionne plus à partir du compte d'exploitation mais sur des opérations de haut de bilan,  le risque de voir des fortunes se faire non plus sur la satisfaction de besoin humains,  mais sur des opérations portant sur le nominal du capital, sans gain social,  augmente. En introduisant un système de monnaies administratives dont la valeur est libre et d'établit sur des marchés alors qu'elles sont émises par des banques centrales théoriquement indépendantes, mais créant volens nolens toujours trop de liquidités,  on a fabriqué une machine gigantesque à manipuler des signes. L'enflure financière et le gonflement outrancier des balances des banques a conduit une concentration tout aussi outrancière de la richesse dans les mains des financiers. La concentration du secteur liée à la mondialisation et la suppression de nombreux garde-fous a permis la création de fortunes  basées largement sur des gains fictifs.  

Elle n'a pas seulement concerné les joyeux présidents du Crédit Local ou d'UBS qui vivent des retraites dorées alors que le caractère fictif de leurs gains est bien compris par les actionnaires et les  contribuables qui paient aujourd'hui les pertes réelles.

Nous avons montré ici comment par exemple en Chine des banquiers astucieux ont créé des milliardaires de papier pour faire des gains éclairs sur les marchés. Trouver d'abord un chinois jeune et bien en cour capable d'obtenir des autorisations ; lui prêter tout le capital nécessaire pour mettre en place un gigantesque programme immobilier. Introduire alors le papier sur la bourse de Shanghaï avec une formidable plus value pour profiter de la bulle spéculative !    Il faut à peine dix personnes pour monter un coup pareil.  Certains financiers ont constitué des fortunes absolument invraisemblables avec  cette baguette magique. Elles sont à Jersey ou dans des îles exotiques et ne paient aucun impôt.   On peut dire bien joué. Surtout quand ils ont su s'arrêter à temps ! L'art d'utiliser des taux d'intérêts très bas et des bulles de marché n'est pas accessibles à tout le monde !

Nous avons dénoncé ici les stocks options pour les cadres supérieurs et les dirigeants des grands groupes côtés. Ces systèmes, absolument sans mérite ni risque pour les bénéficiaires, ont fait l'objet trop longtemps de législations laxistes. Ils ont permis des enrichissements aussi massifs que sans cause concentrés sur très peu de personnes. Les stocks options doivent être réservés aux start-up.

Signalons une dernière cause de concentration de la richesse entre quelques mains : la tendance de la technologie à créer des monopoles. Sur les marchés technologiques le gagnant n'emporte pas simplement la mise, il empêche les autres de jouer et créer les conditions d'un bénéfice de monopole qui gruge les consommateurs. Bill Gates fut le plus conséquent et le plus constant des monopolistes. Mais on retrouve les mêmes mécanismes avec E Bay, Amazon, Google, Apple la téléphonie ou le marché des tablettes, et Facebook, qui a vu lors de son lancement toutes les manipulations possibles s'exercer au détriment des investisseurs.  Il est absolument nécessaire d'avoir une législation sur les brevets et les monopoles qui soient un peu plus en faveur des consommateurs. Les brevets sont des monopoles concédés permettant des gains de monopole destinés à permettre la création et l'innovation.  Mais il faut aller dans cette voie avec précaution. Si on peut breveter la forme d'un rectangle on aboutit au procès Apple - Samsung qui est tout sauf raisonnable.

On voit donc que si l'innovation, le risque et l'expansion des productions  génèrent des profits justes et éventuellement très importants, qui à notre sens sont légitimes et méritoires, d'autres phénomènes d'essence parasitaire peuvent se faire jour qui, lorsqu'ils se généralisent, peuvent fausser toutes les perspectives. Et qu'il ne s'agit pas simplement des rétro-commissions sur les grands marchés publics et internationaux. Ni des astuces fiscales façon Lafonta et Seillières.

Les limiter impose de réfléchir au cadre global de l'activité : la création d'un système financier délirant et auto destructeur basé sur les changes flottants de monnaies créées de façon surabondante n'a pas seulement provoqué la baisse du trend et  l'aggravation des crises décennales. Associée à des législations défaillantes elle a permis un gonflement des fortunes acquises de façon légale mais illégitime ce qui, maintenant que le système explose, remet en cause l'ensemble des mécanismes de création de richesses et conduit à des matraquages fiscaux contreproductifs.

Le retour à un capitalisme légitime passe par la suppression du système des changes flottants et d'économie financière et spéculative associée. Le haut de bilan doit laisser la priorité au compte d'exploitation. C'est la production qui doit être à la source de la richesse, pas les opérations artificielles sur les images papier du capital ni les captations par une poignée de managers de l'argent  des clients ou des actionnaires.

 A partir du moment où la richesse est légitime la spoliation fiscale n'a plus aucune justification.

S'attaquer aux gains illégitimes : parfaitement d'accord. S'attaquer "per se" aux créateurs, aux entrepreneurs, aux producteurs, par la voie d'une fiscalité  dévoyée par l'idéologie, la démagogie et  la haine sociale : décidemment non !

Eviter la dépression : VITE !

Alors que beaucoup croient que nos thèses sont "exotiques" voire bizarres, il est intéressant de noter que tous les traités signés après guerre et qui tenaient compte des leçons de la crise de 29 s'appuient sur les principes que nous défendons : 

Charte de la Havane

- L'intégration du plein emploi dans ses objectifs « Atteindre les objectifs fixés par la Charte de nations Unis, particulièrement le relèvement des niveaux de vie, le plein emploi et les conditions de progrès et de développement. » (article 1)

- L'Équilibre de la balance des paiements: aucun pays ne doit être en situation structurelle d’excédent ou de déficit de sa balance des paiements. (article 3 et article 4)

Cette Charte signée au sortir de la guerre par beaucoup de pays énonçait une vérité économique fondamentale : il faut que les états se gardent d'accumuler des déficits ou des excédents  excessifs. Le système de Bretton Woods allait dans le même sens : les états devaient veiller à garder des fondamentaux économiques propres et tenir leur monnaie. 

Cela nous a valu les trente glorieuses.

Les Etats-Unis n'ont jamais voulu jouer vraiment le jeu. Ils ne signent pas les accords de la Havane.

Mais ils signent les accords de Bretton-Woods qui stipulent dans leurs statuts toujours en vigueur

..."dispositions en vertu desquelles tant les États membres dont la balance des
paiements est excédentaire que les États membres ayant une balance des
paiements déficitaire doivent prendre des mesures rapides, efficaces et
symétriques afin de parvenir à l’ajustement ...

C'est clair, non ?

Les accords de Bretton Woods étaient bancals du fait du rôle excessif du dollar et du droit de véto donné aux Etats-Unis.Une organisation "asymétrique" comme on dit très diplomatiquement ne peut pas fonctionner durablement, le bénéficiaire allant généralement jusqu'au bout de son abus.  Mais comment dénoncer cet abus quand on a été le second bénéficaire du Plan Marshall avec 2,7 milliards de dollars et que nous avons reçu 4 milliards de dollars d'aide au titre des accords militaires. Au total à peu près 100 milliards d'aide en Euros actuels. 

L'explosion de 1971 a conduit aux changes flottants c'est à dire à un système où les déséquilibres étaient non seulement possibles mais obligatoires. Les déficits américains constants sont équilibrés par des excédents allemands excessifs, puis des excédents japonais excessifs, puis des excédents chinois excessifs.Au point que quelques économistes américains mal inspirés parlent, extatiques, à la fin des années 90,  d'un nouveau paradigme économique source d'une croissance perpétuelle. En un mot ces abrutis encensaient la violation de tous les traités internationaux en prenant la cause du mal pour un bienfait phénoménal.  Malheureusement des politiciens français comme Madelin chantèrent et chantent toujours la même chanson. 

Inondation monétaire constante avec acceptation que les pays excédentaires replacent dans le pays principalement déficitaire la monnaie obtenue par les excédents de balances de paiement, amorçant la double pyramide de dettes dénoncée par J. Rueff : voilà ce que sera le régime économique mondial pendant 40 ans. 

Une économie spéculative remplace l'économie basée sur la production et les échanges. Le haut de bilan l'emporte sur le compte d'exploitation.  Les produits ne s'échangeant plus contre des produits, le chômage enfle dans les pays déficitaires, sans possibilité d'en sortir sinon par l'emprunt ou une déflation.  Au total on voit un gonflement incoercible  des en-cours de crédits donc des dettes  qui se retrouvent sans flux de trésorerie crédibles pour les rembourser.

La crise actuelle est toute entière dans l'oubli des règles de la Havane donc dans l'oubli des leçons de la crise de 1929. On a créé un système impossible.  Créer une OMC sans encadrement des balances de paiements donc des devises,  était une gageure. 

Les solutions que nous proposons ne sont donc pas curieuses, anormales, non conventionnelles, dissidentes ou aventurées.

Elles s'appuient sur les règles de base de la coopération économiques et elles figurent encore dans tous les traités qui ont été violées simplement parcequ'une puissance y a trouvé son compte. Des perroquets intéressés ont constamment défendus le système impossible mis en place à la suite de l'effondrement des coopérations économiques. Ils ont réussi à faire taire la presse et les gouvernements tiers. Mais l'anomalie, l'excentricité, la bêtise et l'ignorance crasse ne sont pas dans nos thèses, qui figurent en vérité en excergue de tous les traités internationaux .

Le viol de ces règles expliquent la crise, la violence de la crise, la durée de la crise et pourquoi on n'en sort pas.

Il est totalement illusoire d'attendre des banques centrales seules la sortie du marasme actuel.  M. Bernake vient d'annoncer un tour massif  de planche à billets verts, peu après M. Draghi qui a ravi tout le monde en affirmant qu'il ferait de même en violant toutes les règles écrites de la BCE. Il est vrai que le dégonflement du secteur bancaire mondial provoque chaque année un "crédit crunch" de plusieurs milliards de dollars qu'il faut bien compenser pour la faillite du système bancaire mondial ne se voit pas trop. 

Comme les plans de relance budgétaires ne sont plus possibles et que les plans de rigueur entraînent le monde dans la récession, on voit que le risque d'une grande dépression menace. Car on ne règle pas un problème de solvabilité par un programme chargé de règler une question de liquidité. 

Le seul moyen d'en sortir est donc de revenir aux règles centrales qui ont été intégrées dans les traités au sortir de la guerre et dont le viol a fini d'entraîner le monde dans la catastrophe.

Dans l'instant où les grandes puissances se seront réunies pour rebâtir un système monétaire fondé sur la parité flexible mais contrôlée des parités, où les excédents massifs et les déficits massifs sont purement et simplement interdits, y compris pour les Etats-Unis et la Chine, avec un rôle accru du FMI, la panique cessera et un plan de croissance mondiale coordonné sera possible permettant de liquider la dette sans éliminer tout espoir de croissance.

Il aurait fallu le faire il y a quatre ans, quand l'effondrement du système absurde des monnaies administratives flottantes gérées par des gnômes est devenu certain.

Les politiques récessionnistes entraînent immanquablement le monde dans l'approfondissement de la crise. Il faut réagir maintenant.

C'est à Mme Lagarde qu'il appartient de prendre la parole la première  haut et fort puisque DSK ne l'a pas fait, même s'il se susurre qu'il avait mis à l'étude un plan de retour aux partiés fixes. Après tout elle parle l'anglais.

C'est à l'Europe d'élever la voix, en rappelant que la politique mercantiliste de l'Allemagne est intenable et ne mène à rien, qu'il faut une monnaie internationale différente du dollar et que les excédents de la Chine et des pays pétroliers ne sont pas acceptables.

Contrer l'Allemagne alors que son argent est partout réclamé, cela parait impossible. Contrer les Etats-unis alors que se prépare de nouvelles guerres, cela parait incongru. Contrer la Chine qui vit dans l'hubris et l'exaltation de la grande domination possible des Hans, cela parait risible. 

L'Allemagne n'a pas d'avenir sur l'effondrement européen et est déjà obligé de manger son chapeau monétaire tous les jours. Les Etats-Unis ne parviennent pas à sortir de la crise. La Chine est à deux doigts d'une catastrophe conjoncturelle. Leur intérêt est d'agir donc de changer un système qui les a mis dans cette situation.

Le rôle des politiques et de rendre possible ce qui est nécessaire. Au possible tout le monde est tenu. 

Didier Dufau pour le Cerle des économistes e-toile

 

 

 

 

 

 

 

Une nouvelle erreur à la mode

Cette réflexion a été inspirée par la lecture dans Commentaire N° 139, d'un article de Jean Serisé. Jean Serisé fait partie de cette cohorte hauts fonctionnaires qui, portée par la Libération, a imposé une autre conception plus économiste de l'Administration et qui, via le Plan et la Direction de la Prévision du Ministère des Finances, a cru à la possibilité d'une gestion keynésienne de l'économie. le Club Jean Moulin portera largement les réflexions de ce groupe.

Que d'illusions !

On a quelques scrupules à s'attaquer à ces monuments de la Haute Administration d'après guerre qui sont aujourd'hui morts ou dans le très grand âge. Mais enfin, il faut bien le dire, la lecture de certains livres de l'époque laisse rêveur. "Pour une réforme de l'entreprise" de F. Bloch Lainé, une figure emblématique de cette confrérie, est totalement illisible aujourd'hui et, dans bien des pages, frise le ridicule. La "planification" est morte et aujourd'hui encore la direction de la prévision ne sait toujours pas combien il y a de fonctionnaires en France, soixante ans après que ces préoccupations aient été exprimées.

L'économie française et mondiale, comme l'Administration, sont des haridelles capricieuses, difficiles à monter et à dresser.  

Parti de l'économie dirigée keynésienne, Jean Serisé finira dans le giscardisme et le néolibéralisme : une carrière !

Nous avons un petit peu asticoté sur ce site L. Stoleru, membre du groupe,  qui avait écrit un article hélas légèrement délirant. Si nous critiquons ici son confrère qu'on n'y voit pas d'esprit de système. Son texte n'est d'ailleurs pas ridicule. Simplement il porte une affirmation que nous croyons inexacte : l'Europe serait vouée à la stagnation ou à la croissance très lente, d'une façon structurelle. Il faudrait que tout le monde s'y prépare dans la tristesse et l'affliction.  L'équipe de Giscard en 1975 disait déjà la même chose, ce qui explique en partie les mesures idiotes et intenables de Chirac pour lutter contre un chômage massif qu'on voyait permanent (en particulier les 2 ans d'indemnité à salaire égal voire supérieur du fait d'un effet fiscal) .

On connait les arguments stagnationnistes des tenants de "l'économie réelle". Les aspects monétaires ne sont pas importants. Des pays vieillissants et nantis, ne peuvent pas connaître une croissance rapide.  La capture de richesses par les pays détenteurs de ressources rares nous imposera de payer une rente, voire une rançon, qui nous privera des ressources nécessaires à l'investissement. La préoccupation écologique nous impose de tout freiner. La montée des pays émergents nous  contraint et pèse sur l'emploi.  

Serisé les reprend en partie, en cherchant à démontrer que les politiques monétaires sont finalement vaines et que les facteurs structurels joueront leur rôle en Europe.

Nous croyons cette vision fausse. L'Europe n'est pas vouée à la stagnation et la France aux déficits perpétuels et à un chômage de masse.

Cette théorie fait l'impasse sur les trois sources de la crise :

- Un système de changes flottants de monnaies administratives qui empêche le bon fonctionnement de l'économie mondiale

- Un système monétaire européen mal fichu qui force à des adaptations par la déflation

- Un système français asphyxié par les sureffectifs administratifs et la captation de l'économie par l'Etat, dont le chiffre symbole est le fait qu'il manque désormais entre 5 et 10 millions de salariés dans l'économie marchande française et que la dépense publique représente aujourd'hui plus de 100% de la valeur ajoutée des entreprises de ce secteur.

On voit que l'économie "réelle" a peu de rapports avec ces défauts de structure et que la monnaie joue un rôle central. 

L'ouverture des pays communistes à l'économie de marché est une grande chance pour l'économie européenne, pas un problème.  Le développement des pays africains ou sud américains également. La contrainte écologique existe bien ainsi que la rente pétrolière. Mais la productivité permettrait d'y faire face si on lui laissait ses chances.

Il n'y a aucune fatalité du sous emploi et de la faible croissance en Europe. Il faut simplement revenir sur des erreurs d'organisation économique et commerciale qui rendent impossible l'échange du travail contre du travail.  

On a commenté ici mille fois la baisse universelle des taux de croissance décennaux depuis l'instauration des changes flottants. Sa cause principale est la violence constamment aggravée des crises décennales qui est directement liée à l'économie casino et à la surfinanciarisation de l'économie par le mécanisme des doubles pyramides de crédits décrit depuis longtemps par J. Rueff.  Quand le haut de bilan l'emporte sur le compte d'exploitation, le chômage global suit immanquablement.

Un système de monnaies administratives flottantes n'a jamais marché, ne marche pas et ne marchera jamais. Delenda est !

En escamotant ce problème central en jugeant les aspects monétaires secondaires, on décrédibilise totalement sa démonstration.  Nous ne vivons pas depuis 2007 une crise écologique ou démographique ou pétrolière. Nous subissons une crise monétaire et financière carabinée avec l'obligation de liquider un monceau de dettes accumulées depuis 1971 dont près de 15% n'a en face d'elles aucun flux réaliste de remboursement.

Que l'on dise : la liquidation de cette dette aberrante va peser longtemps sur la croissance mondiale, peut-être. Mais on peut dire aussi : la croissance est un des moyens de liquider ces pertes comme les trente glorieuses l'ont montré.  Les dettes globales européennes étaient partout redescendues en dessous de 200% du PIB.

Les conseillers de Giscard n'ont rien compris des malheurs que recelaient les accords dits de la Jamaïque. Ou s'ils les ont compris ils se sont montrés incapables de les exprimer et de  faire prévaloir une vision différente. Maintenant qu'ils sont évidents il n'est pas juste de les escamoter sous le tapis.

Les hauts fonctionnaires giscardiens ont été également été pris en défaut lors de la discussion sur la création de la zone Euro. Ils constatent aujourd'hui le lait versé mais où étaient-ils et que disaient-ils lors du traité de Maastricht ? La zone Euro, sans organisation ad hoc,  a été une erreur économique majeure et l'instabilité monétaire mondiale a fini par servir de révélateur de sa nocivité.

Quant au problème spécifiquement Français de sur-administration  on le doit largement à la captation du système politique par la haute fonction publique.  "L'énarchie compassionnelle", ce système d'étranglement de la société par des fonctionnaires juges et parties,  est largement due à la génération de hauts fonctionnaires, sur d'eux-mêmes et dominateurs, qui s'est installée juste après guerre, même si c'est la génération suivante d'énarques "politiques" qui gouvernent aujourd'hui.

Si on revient à un système monétaire qui pousse à la croissance concertée, sans délires monétaires ni accumulation de déséquilibres commerciaux ou financiers aberrants, si on règle la question d'organisation d'une zone de monnaie unique en Europe et si on réduit fortement la suradministration française avec son hyperfiscalisation, ses sureffectifs de personnels sous statuts,  son amour pour la dépense publique et son endettement endogène, il n'y a strictement aucune raison pour que le monde dans son ensemble, la zone euro et la France en particulier ne retrouvent pas des formes de plein emploi et une croissance soutenue.

L'ennui, c'est que sur ces trois sujets, on ne va pas dans le bon sens. L'organisation monétaire mondiale n'a pas changé d'un pouce depuis 2007. Les déséquilibres se sont aggravés et la dette insolvable aussi.  Les mesures prises en Euroland sont à mille lieux du nécessaire et conduisent invariablement à la déflation. La France de l'énarque politique Hollande a fait le choix d'aggraver encore sa fiscalité sans réellement toucher à la dépense publique.

Nous ne serions trop convier la revue Commentaire à se focaliser sur ces trois sujets plutôt que de se ringardiser avec des auteurs dépassés qui ne voient d'autres perspectives qu'une lente dégradation  structurelle de l'économie européenne.   Avant guerre toutes les revues de réflexion militaire avaient banni les questions d'offensive parce que les grands anciens ne croyaient qu'à la défensive. Parler d'offensive, de divisions mécanisées intégrées, de forces d'attaque stratégique, de mouvement,  était interdit. Et les vieux généraux venaient y  crier leur foi dans la Ligne Maginot.  

On a vu le résultat.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

Fonctionnaires : une victoire à la Pyrrhus ?

L'énarchie compassionnelle dirige la France depuis Chaban-Delmas et sa nouvelle société, façon Delors. La crise de 1974 a liquidé les anciennes équipes gaullistes et Giscard est venu : la gauche n'avait plus le monopole du cœur.  On eut droit à un septennat fiscal. La crise du début des années 80 balaiera Giscard et nous vîmes arriver les joueurs de flutes socialistes qui asphyxièrent l'économie à force de mesures fiscales et d'étouffement économique. Après que l'énarque Rocard eût fini de gaspiller tous les bénéfices du cycle haut de conjoncture de la fin des années 80, il fallut faire face à la crise sévère de 92-93. Les socialistes furent balayés et Juppé vint qui assomma la France d'un violent coup de massue fiscale, parvenant à créer en 1996 une récession sui generis. Nous eûmes alors Jospin qui comme Rocard gaspillera tous les bénéfices de la phase de haute conjoncture de la fin des années 90. Il sera balayé par la crise du début des années 2000 laissant la France totalement engluée dans des prélèvements phénoménaux et déclassés dans la compétition mondiale par l'hyper réglementation du marché du travail et les 35 heures. Nous eûmes alors la gestion prudente de Chirac, avec des réformes homéopathiques puis la promesse de rupture de Sarkozy. La promesse ne sera pas tenue et le coup de balai sera inévitable après que la crise ait de nouveau soufflé les braises du déclin français.

Voici venu le temps de l'énarque Hollande, qui se saisissant du gourdin de Juppé et dans la continuité de la politique initiée par Sarkozy vient d'asséner à nouveau un énorme coup de massue fiscale sur les Français. Aucun énarque ne voulant jamais s'attaquer à la muraille de Chine française, un secteur public hypertrophié qui asphyxie l'économie, ce Monsieur Hollande après quatre mois de villégiature heureuse, s'est décidé à en faire l'aveu public.  

Frais et dispos il vient le 9 septembre 2012  d'expliquer que contrairement à ce qu'il avait pu laisser croire, la crise était sérieuse, qu'elle s'était même aggravée pendant qu'il prenait le soleil, que la disparition du diable Sarkozy et le détricotage de sa politique ne suffiraient peut être pas pour passer des "ténèbres à la lumière",  que les "riches" ne pourraient pas tout payer et que son "sens des responsabilités" lui commandait de prélever 20 milliards de plus sur les Français, après les 8 milliards  de juin. Il est vrai que les cadeaux au peuple pour se faire élire représentaient à peu près vingt  milliards  et qu'il y a surement un plaisir pervers  à faire payer son élection aux électeurs.

Il annonça fièrement que le secteur public et sa dépense phénoménale, seraient intangibles. Nous aurons en 2013 la même dépense publique exactement qu'en 2012. Sarkozy par prudence électoraliste avait dit exactement la même chose un an plus tôt. La dépense publique est, en France, sanctuarisée. Elle l'a été sous tous les Présidents de la République successifs, sauf les gratouillis de la RGPP et le remplacement d'un fonctionnaire sur deux  sous Sarkozy. On sait qu'il ne s'est agi que d'un très léger sillon. Les gains, presqu'infimes,  seront redonnés à 60% non pas au pays mais au secteur public.

Toutes les gazettes ne cessent de rappeler que nous dépensons 600 milliards de plus que les Allemands, bien plus nombreux que nous. Attaquer ce monceau de gaspillages éhontés et de captations intéressées ?  Vous n'y pensez pas ! Jamais le cynisme des hauts fonctionnaires n'a été aussi évident, aussi assumé, aussi contraire à l'intérêt national.

Alors on va assommer le reste des Français comme l'avait fait sans aucun scrupule M. Juppé après la crise de 93.  

Nous avons déjà évoqué sur ce blog le fait que quelques milliers de Français vont avoir la joie de voir leur revenu totalement confisqué, une pratique qui signe la mort du pacte républicain.

Signalons que désormais on va taxer des revenus qui n'existent pas. Montrons le sur un exemple :   

Les intérêts du capital seront fiscalisés jusqu'à 45%. Seulement voilà : les intérêts actuellement servis sont inférieurs à l'inflation. Ils sont, au réel, négatifs.  Ce n'est pas grave : on taxera le nominal comme si c'était une richesse réelle. La rentabilité du capital sera négative pour l'investisseur. Pour les "salauds de riches" on ajoutera l'ISF doublé. Cher capitaliste, n'oubliez pas d'investir : vous aurez une perte garantie de 2 à 3%, plus si la planche à billets de M. Draghi relance l'inflation. Heureux ?

Pendant ce temps là on empruntera l'argent libéralement mis à disposition des banques et des Etats par le Super-Mario de la BCE. La dépense publique sanctuarisée sera financée, n'en doutons pas, et les Allemands marginalisés.  La déclaration de cet ancien de Goldman Sachs ne laisse aucun doute : on financera bien, contre la lettre des traités, les déficits publics. Nécessité fait loi.

Est-ce que les fonctionnaires sont gagnants dans l'opération ? Globalement leur emprise sur la société reste assurée mais individuellement, chacun d'entre eux est une cible fiscale de choix.   

Les fonctionnaires ont obtenu un salaire moyen supérieur au reste des Français. Ils paient pratiquement tous l'impôt sur le revenu. La conjonction du maintien du niveau global de la dépense publique à sa valeur de l'année passée et du fait qu'on ne revalorise pas les seuils de l'IRPP progressif, fait que leur pouvoir d'achat baissera du montant de l'inflation et de l'effet de la progressivité. On laisse entendre qu'on ne fera pas jouer les mécanismes de progression plus ou moins automatique de la rémunération des fonctionnaires, glissement catégoriel, ancienneté, etc. C'est normal : compte tenu des augmentations de postes envisagées l'équation financière ne peut se résoudre en laissant jouer ces mécanismes.  

A cela s'ajoute la CSG. On n'a pas dit de combien elle va augmenter : 2, 3, 5% ? Nul ne sait. Il faudra encore quelques mois pour que M. Hollande dise la vérité aux Français sur ce sujet. 

On sait que cette politique dite "de redressement", pour ne pas dire de rigueur, va durer au moins jusqu'en 2014.

De 92 à 94, les fonctionnaires auront donc perdu entre 6 et 10% de leur pouvoir d'achat. Sans trop le dire.  

En contrepartie on n'aura fait aucune réforme du secteur public.

En votant Hollande, les fonctionnaires ont organisé leur Fort-Chabrol. Derrière les murs, c'est la régression qui s'installe.

Entre 2009 et 2014, inclus, la population active des non fonctionnaires  aura perdu, en moyenne,  environ un cinquième de ses ressources. C'est que le chômage et les fermetures d'entreprises les concernent eux et que désormais c'est la Bérézina. Pendant qu'on augmente de plusieurs dizaines de milliers le nombre des emplois précaires publics, c'est par centaines de milliers qu'on aura compté les pertes d'emplois du secteur privé.

Des secteurs entiers de l'économie française voient leur chiffre d'affaire baisser dramatiquement. Ne parlons pas de l'immobilier, qui est désormais sinistré. De la construction automobile, qui est au désespoir. De la mécanique, qui s'effondre après s'être effritée. Même le tourisme est en baisse. Paris a connu son pire été depuis la guerre ! Tous les produits de consommation qui marchent viennent de l'étranger : nous ne savons même plus les fabriquer !

2013 sera une année de récession, comme 2012. Cinq ans après le début de la crise en été 2007 !

Notre sort est désormais entièrement entre les mains de l'étranger.  Si l'Europe continue sa descente aux enfers, elle ne nous aidera pas. Aucune réforme n'a été faite au niveau mondial. Les causes de la crise sont toujours là, immuables et figées, sanctuarisées elles aussi  par ceux à qui elles profitent.

Le seul espoir, c'est le cycle. On sait qu'après 5 à 6 ansde crise d'adaptation les forces de l'économie reprennent spontanément si on ne les étouffe pas.  

Si l'économie mondiale repart,

Si l'Europe ne se disloque pas,

Si le déchaînement fiscal n'étouffe pas totalement la France,

Alors  le marécage dans lequel on patauge connaîtra quelques vibrations positives.  

Le bloc des fonctionnaires pourra pavoiser avec son chef : il aura pu comme dans les années 90 faire porter le gros du poids de la crise aux non fonctionnaires sans pratiquement rien changer des abus qui ruinent la France.

Mais l'Europe peut se disloquer.

Mais la récession peut s'aggraver ou s'éterniser à la mesure de la dette colossale qui pèse sur le monde et dont plusieurs milliers de milliards de dollars ne sont  toujours pas recouvrables.

Alors la France figée dans sa graisse administrative, sa haine de l'entreprise, le boboïsme ambiant et le politiquement correct absolu  de ses pseudos élites intellectuelles, sortira de l'histoire, vieux ballon crevé qui recevra tous les coups de pieds et de crampons du monde. Sa jeunesse aura été désespérée et  le noyau dur de la nation détruit.

Rappelons ces faits aussi cruels que honteux :

- Les dépenses publiques dépasseront en 2012 et encore plus en 2013  le montant de la valeur ajoutée du secteur marchand.

- Il manque entre 5 et 10 millions d'emplois salariés privés en France.

- Notre dette publique est supérieure à 100% de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand.

A fin 2012 cette situation se sera aggravée par rapport à 2011. En 2013 elle sera encore aggravée par rapport à 2012.

La victoire des fonctionnaires sera une victoire à la Pyrrhus. Peut-être vaudrait-il mieux que cette collectivité, ses syndicats  et ses chefs commencent à comprendre qu'il est de leur intérêt bien compris de restructurer complètement l'immense bloc administratif français. Nous avions écrit en 1997 : "Ffonctionnaires n'oubliez pas que si vous n'êtes pas en première ligne sur le front de la mondialisation vous serez en première ligne si l'Etat ruiné ne peut vous payer". Il suffit de regarde ce qui se passe en Grèce, en Espagne ou au Portugal pour le vérifier.  M. Hollande et les énarques du PS vous ont laissé croire qu'en taxant les riches à mort vous éviteriez le pire. Et que leur ennemi était la finance. En fait vous êtes les compagnons de route de la finance internationale. L'un comme l'autre vous êtes des créanciers du système en grand danger de perdre votre mise.

Il faudra bien un jour que la classe des fonctionnaires comprenne qu'elle a besoin non pas d'un Draghi qui garantit leur paie mais au nominal,  ou d'un Hollande, qui les protège mais au prix d'une régression de leur niveau de vie, ni des Verts qui veulent installer leur décroissance sur des bases durables, mais d'un secteur productif fort et dynamique. Comme il ne peut l'être que si l'anomalie administrative française disparait, son vrai combat devrait être de réussir sa restructuration pas de la bloquer.

Le PS est incapable de porter ce message que beaucoup plus de fonctionnaires que l'on croit sont à même de capter et de faire leur.      

L'UMP le peut-il ?

Ce parti n'a pas plus compris que le PS dans les années 2000 qu'il fallait qu'il recompose entièrement sa philosophie politique. Il ne suffira pas d'attendre que la crise balaie à nouveau les équipes en place.

Le PS, faute d'avoir fait sa mue, se retrouve au pouvoir comme il était dans l'opposition :  à côté de la plaque, hors sujet et finalement exclusivement préoccupé par la guerre de places et, pour le gagnant du loto électoral, par la com'  chargée de maîtriser l'opinion publique pour durer le plus longtemps possible, à la tête d'une France qui se ridiculise à l'international et s'effondre à l'intérieur.

De même que le PS aurait du avoir un projet pour le secteur productif, l'UMP doit avoir un projet pour le secteur administratif.  Ce n'est pas en annonçant une purge et des mesures draconiennes contre lui qu'on le rendra réceptif aux réformes nécessaires. Mais on lui montrant qu'il a un rôle éminent et des responsabilités fortes qui lui imposent des réformes certes considérables mais globalement positives et congruentes avec un sursaut national. Tout vaut mieux pour elle que de devenir une masse pléthorique, bloquée, démotivée et paupérisée,  inutile voire néfaste à l'Etat, et à la Nation.

Taxation des transactions financières : la farce continue !

Le sujet de la Taxe dite Tobin du nom de son promoteur n'est pas anodin. Il touche au cœur même du système monétaire international, de facto détruit dans sa variante Bretton Woods depuis 1971 et de jure depuis 73 , et qui est à la source même du désastre économique général que nous connaissons comme nous l'avons inlassablement démontré.

Tobin avait parfaitement compris que les changes flottants apporteraient une instabilité et un manque de contrôle dans la mondialisation économique. Ils craignaient à juste titre les effets d'une dérégulation totale des mouvements de capitaux, notamment à court terme, dans un système de compétition débridée des Etats. Afin de rendre impossible une économie financière "casino" qui n'était que trop prévisible, il a proposé une massue : un taxe de quelques points de base permettant d'empêcher les opérations purement spéculatives sans toutefois  empêcher les opérations financières basées sur l'investissement. Fini le Day Trading sur n'importe quoi et notamment sur les monnaies. Fini la spéculation perpétuelle sur des valeurs nominales dans le cadre de contrats n'ayant que le sens qu'on voulait leur donner.

La position de Tobin était parfaitement rationnelle. Nous lui avons toujours reproché d'être un expédient : la solution était dans le retour à un étalon monétaire international (cette fois ci détaché d'une nation, fut-elle la plus importante du monde) et un système coordonné de changes fixes mais ajustables sous le contrôle d'une puissante institution comme le FMI (détachée également du véto américain). On notera en passant que dans un tel système, la crise actuelle de l'Euro n'aurait pas l'intensité destructrice  de ces derniers jours.  

Le débat est réellement crucial. Il est de ceux qui conditionnent  notre avenir et celui de l'économie européenne et mondiale.

Comme on le sait ce débat est impossible. Les médias n'en parlent pas. Les économistes officiels regardent obstinément ailleurs. Pourquoi prendre le risque de se colleter avec les idées dominantes en provenance des pays anglo-saxons qui croient pouvoir prospérer sur la base débilitante des changes flottants ?  Finis alors les jolis et juteux postes nationaux et internationaux, les cercles internationaux ou nationaux plus ou moins confidentiels, comme celui qu'on reproche aujourd'hui à M. Draghi !

Honneurs, carrière  et argent sont dans le silence. Il est de fait assourdissant.

Attac, un charmant organisme communiste cherchant à survivre à l'effondrement de l'Union soviétique a mis le thème à la mode. Attaquons la "finance", celle que n'aime pas le Président Hollande, et pour cela brandissons l'épée de la taxe.  Il est vrai que Tobin  avait imaginé de donner le produit de la taxe aux ONG internationales. Alors on avait vu un certain nombre d'idiots utiles expliquer qu'avec une taxe infime on obtiendrait des sommes pharamineuses qui en un tour de main règleraient tous les problèmes du tiers monde.

Evidemment on était dans le mensonge  intéressé et l'agit-prop : si une taxe est d'un rapport pharamineux c'est que la taxation est elle-même pharamineuse. Il n'y a pas de miracle.

Tobin se fendit alors d'un communiqué pour expliquer qu'il n'avait rien à voir avec ce ramassis de communistes en rupture de ban et en espérance de subventions phénoménales, cachés derrière le faux-nez de l'éducation populaire.

Nicolas Sarkozy, toujours à l'affût quand il s'est agi de piquer une idée à la gauche, annexera la Taxe Tobin mais en totale rupture avec l'idée de réforme du système monétaire international. Pour lui il s'agira simplement de politique politicienne et de fiscalité facile, à la Chirac avec son système de taxation des billets d'avion.

Les différents lobbies politiques commencèrent à se déchirer le pactole. On vit la taxe servir à réduire la fracture Nord-Sud, puis la fracture numérique, puis la conversion verte  des pays en développement puis celle des pays européens. Mme Lagarde et Kouchner d'un même élan se fendirent d'un article ridicule que nous avons commenté en du temps sur ce blog. M. Douste-Blazy, l'évanescent on-ne-sait-plus-quoi, étonnant voyageur chargé à New York des ressources non conventionnelles, comme il y a des armes non conventionnelles, faisait du lobbying sur le thème "moi vouloir ces sous et vite".

Le produit de la taxe était convoité par tout le monde pour des prétextes divers (charité internationale, écologie, …) et n'avait plus aucun rapport avec la question du désordre monétaire international.

Finalement Nicolas Sarkozy, dans la précipitation d'une campagne électorale délirante, fit voter une taxe sur les transaction financière de 0,1%, soit 20 fois plus importante que le projet Tobin mais portant sur presque rien.  Il ne s'agissait plus que de collecter des ressources fiscales nouvelles pour l'Etat. Les Inspecteurs des Finances veillaient. 

L'énarque Hollande devait faire encore plus fort encore plus nul.

Nous voici donc avec une taxe 40 fois plus forte que la taxe Tobin, totalement déconnectée des questions monétaires internationales, portant sur les achats d'une liste d'actions en bourse et rapportant prétendument un peu plus d'un milliard d'Euros, ce qui nous sauvera face au 1.700 milliards de notre dette (qui augmente régulièrement de quelques dizaines de milliards par an).

Pour satisfaire  les lobbies du day-trading sur ordinateur, notamment la branche spécialisée de l'Ecole Polytechnique, avec des dépendances du côté de HEC, dont le président est "alumnus" on a décidé que la taxe ne s'appliquerait pas … aux spéculateurs.  Les ordinateurs qui sont la source de 80 à 90% des ordres d'achat pourront continuer à chauffer. Ils sont responsables de ce yoyo à fortes variations (2 à 3% à la baisse, deux à trois % à la hausse) et du vol caractérisé des intervenants non informatisés ? On s'en fiche.   

Les CDS : on ne touche pas.

La monnaie : pas touche non plus.

Ce n'est finalement rien d'autre qu'une taxe nouvelle et ciblée sur le déplacement de capital d'une forme à une autre. On a créé un type d'impôt inédit pour gagner six francs six sous.  Effets pervers : les actions des titres concernés ne seront plus négociées à Paris ou si elles le sont, avec des coûts supplémentaires qui limiteront l'accès à l'épargne. Tout le monde s'en fiche.  Du moment que l'épargne va dans les poches qui financent la dette, le reste n'a pas d'importance.  

Le plus drôle est la tête déconfite des ONG. M. Hulot proteste au nom de l'écologie. D'autre au nom de la lutte contre le Sida, d'autres enfin par habitude de quémandeurs frustrés. On attendait des milliers de milliards et voici qu'on nous fait l'aumône d'un misérable 10% d'une collecte fiscale minable.  Comme si 100 millions d'Euros ce n'était rien en ces temps de disette. Citoyens ne vous attendez pas à savoir où cette manne ira. Personne ne vous le dira dans le détail. Copains et coquins vont se régaler en faisant semblant de pleurer pour réclamer plus, plus tard. Il n'y a pas que les cultureux de gauche pour manipuler la sébile et la grenade.   

La taxe sur les transactions financières a été détournée de son rôle théorique pour devenir un impôt de plus, de justification incertaine, avec une distribution affectée abusive bien que modeste de son produit à des quémandeurs professionnels.

Une parfaite farce. Tout  fait dans le genre de M. Hollande, le roi du nègre-blanc, qui doit bien rigoler en pensant aux petits calculs désespérés de N.Sarkozy pour "faire gauche". Il a tant d'humour.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

ISF : la névrose fiscale qui détruit le Pacte Républicain Français

La France souffre de névrose fiscale aggravée et depuis bien longtemps. Dirigée par des fonctionnaires pour des fonctionnaires, la France voit l'idéologie socialiste la plus haineuse récupérée par des énarques de gauche ivres du pouvoir de la République, sous l'œil complice des énarques de droite, qui ont substitué la compassion au socialisme ouvertement assumé et qui veillent à ne jamais prendre le risque de se faire traiter de "fascistes inféodés au Medef et au Figaro magazine".

Le septennat fiscal de Giscard, les errements de Mitterrand, le désastre du ni-ni chiraquien  et finalement la fausse rupture Sarkozy ont conduit à une situation unique et inique. La totalité de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand ne suffit pas à couvrir les dépenses de l'Etat ! La dette d'état monte vers les 100% du PIB global et dépasse 125% du PIB purement marchand (hors prestations des services administratifs). Nous atteignons les 3 millions de chômeurs, bientôt le 5 millions d'inscrits à l'ANPE, les 10 millions de pauvres. Nos entreprises font faillite à répétition. Le commerce extérieur est entré dans l'ère des déficits insoutenables et cumulatifs. Une nouvelle récession est à nos portes si elle n'est pas déjà là.

La déroute de "l'énarchie compassionnelle", avatar grotesque du socialisme marxisant qui domine les classes intellectuelles françaises depuis la guerre, est totale. La France n'a plus d'indépendance et est désormais privée de tous les leviers économiques nécessaires à une politique adaptée à la situation actuelle (Elle est à saturation fiscale, en voie d'effondrement social, sans monnaie, sans gestion des changes et bientôt avec un budget sous contrôle extérieur). 

La seule chose qui intéresse le gouvernement Hollande est de trouver un bouc émissaire pour évacuer les tensions que cette situation désolante crée dans le pays. Il s'est fait élire sur la base d'un racisme social assumé. La France s'est bercée sur l'idée que les "riches paieront".  Hollande aurait-il affirmé : "les juifs paieront !", ou "les musulmans paieront" ou les "noirs paieront" qu'il serait aujourd'hui en prison.  Mais les riches ! Là on peut y aller.  L'idée qu'une minorité pourrait payer pour les masses a toujours été un grand must dans tous les épisodes socialistes du 20ième siècle, avec les résultats que l'on sait.

Quelle différence entre Pétain et sa révolution nationale, singularisant les Juifs pour expier la défaite et la propagande de ce M. Hollande clouant "les riches" au pilori fiscal ? Les mécanismes sont exactement les mêmes et ils sont à vomir.

Tout est absurde et mal inspiré dans le plan que les  parlementaires socialistes viennent de voter.

Nous étions contre la détaxation des heures supplémentaires. Nous pourrions applaudir à la disparition de ce gadget plein d'effets pervers.  Mais voilà : il a largement servi à faire baisser le coût du travail nécessaire à la survie des industries françaises.  Le supprimer sans redonner les moyens équivalents aux entreprises (au contraire on les accable à nouveau)  revient à simplement charger la barque un peu plus alors qu'elle sombre.

Nous étions pour la TVA sociale. La voilà enterrée. Une fois encore une mesure en faveur de l'exportation et de la compétitivité est abandonnée.  Une erreur absolue.

Et voici qu'on triple les impôts sur la fortune. L'ISF sera de retour aux taux confiscatoires d'avant mais sans le bouclier qui permettait à certains d'éviter de dépasser les 100% d'imposition. Le Monde laisse passer une opinion d'un "chercheur au CNRS" qui doit probablement son poste à ses amitiés socialistes ou communiste qui explique doctement que le nouveau régime est plus favorable  que celui de 2007 en oubliant justement le plafonnement fiscal qui est une grande partie du problème. On dirait du Picketty : regardez ce que je vous montre et oubliez ce que je ne vous montre pas.

Cet acte de haine sociale et politique est une faute économique grave (l'argent du capital part dans les dépenses courantes tuant toute perspective d'investissement) , une faute nationale dramatique (un impôt sur le capital à taux prohibitif se boucle nécessairement toujours par une vente des meilleurs biens nationaux à l'étranger) et surtout un détournement de pouvoir démocratique qui devrait être pénalisé.

Posez-vous  la question :  est-il normal qu'un citoyen se voit privé de la totalité de son revenu par l'état ? Constitutionnellement l'impôt est contributif, pas confiscatoire. Il n'est du qu'à proportion du revenu et pour les tâches régaliennes. Prendre la totalité du revenu d'un citoyen revient à détourner le pouvoir de coercition de l'Etat pour voler les citoyens.

On n'est plus dans la politique nationale mais dans le brigandage électoral mafieux.

Les mesures prises ces derniers jours vont permettre à l'état-PS de l'énarque socialiste Hollande de prendre la totalité du revenu d'environ 10.000 personnes à court terme, 30.000 bientôt. On spolie en toute connaissance cause une minorité nationale qui non seulement n'est coupable de rien mais n'a réussi à disposer du revenu que l'on saisit que par sa réussite économique.

Quelle différence avec la politique anti-koulak de Staline ? Minorité dont la propagande socialiste tendance bolchevique avait fait le bouc émissaire des échecs de la Révolution d'octobre, chaque jour vilipendée, chaque jour agressée, chaque jour mise au pilori, les anciens propriétaires de champs (0.5 à 20 hectares)  seront bientôt privés de tout revenu au point de mourir de famine par milliers puis par millions dans l'indifférence générale.

Certes les victimes de la confiscation socialiste à la française ne mourront pas de faim. On leur demande de se dépouiller du patrimoine que leur efficacité économique leur avait valu.  Vendez si vous voulez vivre ! On massacre leur vie mais on ne la prend pas. Il faudrait s'extasier de ce progrès humanitaire ?

On viole impunément toutes les règles constitutionnelles : droit à la propriété ; droit à un espace personnel à l'abri de l'état ; droit à la juste jouissance de son revenu. 

Il n'y a aucune solidarité seulement un vol. Un vol haineux qui doit donner de la joie mauvaise aux masses et garantir l'élection de la petite coterie des énarques socialistes et son maintien  au pouvoir.

La degré zéro de la démocratie.

Nous sommes au niveau du Zimbabwe de l'immonde Mugabe, l'hôte de l'assassin génocidaire Mengistu, celui qui tuait les enfants errants à la mitraillette et les laissait pourrir sur le trottoir pour l'édification des masses, ou du Venezuela de Chavez.    

Les médias français, dont selon les études, 80 à 90% des journalistes se déclarent "de gauche", s'extasient. Et ils ne cessent de surenchérir sur toutes les radios, dans toutes les télés. Pensez : les riches ! On peut y aller. On ne va pas les plaindre ces "dégueulasses". En plus ils devraient être heureux de contribuer. Qu'ils se plaignent est réellement honteux. 

Dans "Je suis partout" le journal de la collaboration sous Pétain, on affirmait déjà que les juifs contribuaient "enfin" à la solidarité nationale, parce qu'on leur saisissait leur appartement et autres biens en attendant pire. Et qu'ils avaient bien peu de vergogne à se plaindre d'être "enfin" utile à la Nation dont ils avaient sucé le sang. Beaucoup de Français jouissaient des tracas et spoliations qu'on leur faisait subir, en rêvant qu'ils pourraient bien en profiter un peu.

Combien de Français jouissent aujourd'hui du plaisir du tort fait aux "riches" ?

Qui osera faire un sondage sur le thème : "on va prendre à 30.000 Français la totalité de leur revenu : êtes vous d'accord oui-non". Personne. La presse socialiste n'osera pas assumer un crime qu'elle nie. La presse de droite a trop peur de constater que les Français aiment çà.  

L'UMP toute à sa guerre des chefs, n'a eu aucune réaction. Comment en aurait-elle alors qu'elle n'a pas eu le courage de supprimer l'ISF ? C'est l'énarque Juppé, qui se voit déjà en suprême recours du combat des deux prétendants principaux, qui avait supprimé le petit bouclier fiscal de Rocard tout en criant "vive l'ISF, impôt que l'on aurait du créer". C'est lui qui le plus officiellement avait permis au nombre des contribuables privés par le fisc de la totalité de leur revenu d'enfler démesurément, jusqu'à ce qu'on constate que les RMIstes de l'île de Ré étaient privés de tout revenu et devaient vendre leur ferme familiale emportée par la bulle immobilière.

Dans ce parti tenu par les hauts fonctionnaires au sommet, et à la base peuplé de chefaillons cherchant d'abord l'enracinement local en se gardant bien de toute position sur une question nationale quelconque (la crotte de chien semble leur horizon majeur), il ne se sera dégagé aucune voix pour dire que cette exaction doublé du viol du pacte républicain devait être impitoyablement condamnée.

Défendre une minorité honnie ? Vous n'y pensez pas ! La "classe moyenne", paravent commode, utilisé à droite comme à gauche, d'accord, mais les riches ? "Mon image serait irrémédiablement salie. L'homme du grand capital; moi ? Vous rêvez !"

Trouvez un simple démocrate qui tient qu'on ne peut pas prendre la totalité du revenu de quelqu'un, qui n'a commis aucune faute et en temps de paix,  est impossible à l'UMP, comme d'ailleurs dans aucun  parti. De la même façon qu'on ne trouvera aucun musulman prenant la défense de la minorité chrétienne honnie au Moyen-Orient, qu'on ne trouvait aucun allemand pour soutenir ouvertement les juifs dans les années hitlériennes, qu'on ne trouvait aucun "homo sovieticus" pour prendre la défense des Koulaks, aucune voie ne s'élèvera pour dénoncer une exaction innommable commise contre une frange de Français considérés comme coupables et à merci.    

Pauvre France. Elle perdu toute indépendance. Son industrie n'est plus que l'ombre de ce qu'elle fut.  Elle est absente de tous les marchés porteurs d'avenir et ne se bat à aucun avant poste de la technologie. Elle qui fut à l'avant garde de la révolution industrielle, qui fut dans la bataille de la voiture, de l'avion, du cinéma, de toutes les grandes innovations du XIXème et de la première moitié du XXème n'est plus rien. Le français n'est plus enseigné à l'étranger. On vient même de supprimer la gratuité de l'enseignement secondaire des Français de l'étranger.  Ils n'ont qu'à apprendre l'anglais ces salauds. L'aura de la France est devenue presque nulle et se survit à elle-même par inertie, pas par ses grandes réalisations actuelles.

La voilà dirigée par une petite oligarchie de hauts fonctionnaires qui se partagent les restes en ruinant à qui mieux-mieux les témoins d'un autre destin français.

M. Hollande avec son sourire mécanique et son profil de serpent à sornettes, un tiers vipère, un tiers couleuvre, un tiers anguille,  symbolise assez bien la décrépitude française.

Programme économique imbécile et assumé comme tel ("certes nous marchons dans la mauvaise direction mais nous ne faisons que des petits pas, donc ce n'est pas grave et il faut bien qu'élections se passent") ; mesures confiscatoires indignes ; souci perpétuel de la communication et de l'image ; nombrilisme exacerbé, clanisme et démagogie à tous les étages.

Pendant ce temps là l'Europe frôle l'explosion, les comptes nationaux rougissent, la récession s'avance en majesté.

Jamais la contradiction entre les nécessités nationales et la mentalité des équipes chargées de les défendre n'a été aussi grande. 

Ce n'est même pas leur infirmité économique (majeure) qu'il faut condamner en premier. Mais leur forfaiture vis-à-vis du pacte républicain.  Ce faisant les fonctionnaires socialistes ajoutent au drame économique l'abjection anti-démocratique et font de la France un objet de répulsion.

Quel parti osera ce programme minimum ?  

- Nul ne peut se présenter à une élection ou diriger une institution publique qui fixe sa propre rémunération.

- Nul ne peut recevoir plus d'une rémunération publique.

- Tout président, ministre ou parlementaire qui contribuera à des décisions qui conduisent à la confiscation par la force publique de la totalité du revenu d'un citoyen sera poursuivi pour viol du pacte national et détournement de pouvoir. Il sera condamné :

                * A l'indignité nationale et la perte de toutes décorations.

                * A l'inéligibilité à vie à toute élection locale, régionale ou nationale

                * A subir sur son propre revenu et ses propres biens les mêmes confiscations qu'il a lui-même imposées, au taux maximal constaté et pour la durée de l'effet des mesures prises, dès lors que les mesures ont conduit à dépouiller ne serait-ce qu'un citoyen de la totalité de ses revenus. 

Jamais il n'a été plus nécessaire que toutes les forces nationales, toutes et spécialement les forces motrices,  soient associées à une œuvre de redressement et qu'un programme économique national, européen et mondial efficace soit clairement élaboré et mis en pratique.

Jamais on n'en a été plus loin.

La France et les Français auront mérité la débâcle qui les emporte pavillon bas.   

En relisant Raymond Barre

Raymond Barre, "le meilleur économiste de France" est arrivé au pouvoir à la suite d'une série d'évènements majeurs.

En été 1971 Nixon a mis fin au système de Bretton Woods. En 1973 à la Jamaïque, Valéry Giscard entérine toutes les modalités nouvelles du système des changes. Ils flotteront. Les monnaies seront désormais rattachées à rien. Des banques centrales "indépendantes" seront chargées de veiller sur elles. Les "marchés" font leur apparition en majesté. Le dollar s'effondre et tombe rapidement en Franc à 3.50, contre 5 à 6 jusque là. Les pétroliers s'affolent. Leurs recettes diminuent presque par deux. La crise décennale se produit dans ce chaos. Il s'y ajoute la guerre au Proche-Orient. Le cartel pétrolier décuple le prix du pétrole. La stagflation s'installe.

La mort brutale de George Pompidou met Valéry Giscard au pouvoir avec Jacques Chirac comme Premier Ministre. Ils veulent démontrer que la gauche n'a pas le monopole du cœur. Ils font naître l'énarchie compassionnelle qui va envahir le pays pour quatre décennies. Ils tentent une "relance keynésienne". Ils n'ont absolument pas compris qu'en régime de changes flottants ces relances ne fonctionnent pas tout en mettant un régime de licenciement fou : autorisation administrative de licenciement d'un côté (ce sont les fonctionnaires qui décident si les entreprises du privé doivent ou non licencier)  et indemnités licenciement économiques follement généreuses : 90% du salaire pendant deux ans. Certains jeunes cadres diplômés demandent à être licenciés !   

Qu'on ne vienne pas dire que c'est faux. Ingénieur en chef d'une société de conseil américaine l'auteur de ces lignes voit un de ses alter égo se battre pour être ainsi licencié : il reprend des études de doctorat tout en alternant des activités de moniteurs de voile près de Nantes en été et de moniteur de ski en hiver. Il est vrai qu'avec le nouveau régime il gagne plus qu'avant en salaire net ! A ne rien faire…La génération de mai 68 aime les vacances au soleil et les activités ludiques. Que ce soit avec l'argent des autres ne gène pas. "Tout pour ma gueule" aura été le vrai slogan implicite des "évènements".    Heureusement "cet avantage acquis" ne tiendra pas. Mais d'autres tout aussi extravagants ne tarderont pas (intermittents du spectacles, 35 heures etc.).

Quand Raymond Barre est appelé, la situation est catastrophique. L'inflation est à deux chiffres. Le chômage atteint des niveaux inconnus (la barre du million de chômeurs fait frémir). La croissance est très faible par rapport aux années 50 et 60 mais reste à des niveaux qui nous emballeraient aujourd'hui. Le commerce extérieur est plombé et pas seulement par le poids de la facture pétrolière. L'endettement qui était pratiquement nul en 1973 n'a pas cessé de croître. L'économie financière se met en place subrepticement. Les banques ont compris après une période d'incertitude que les "marchés" sont une opportunité. La Société Générale ouvre à la défense sa salle des marchés emblématique. Le "Crazy Lyonnais" commence son "trip". Les énormes mouvements de monnaies et de capitaux dégagés par la hausse de pétrole se mettent en place. Il faut recycler des masses financières énormes. On distribue du crédit à-qui-mieux-mieux notamment en Afrique. La crise financière d'après se met en place.

Dans le monde entier l'endettement global commence à grimper. Tout le monde s'en moque.

En revanche l'inflation inquiète. Les Etats-Unis se décident avec Volcker à mettre de l'ordre. Tous les économistes le savent. Raymond Barre, membre de sociétés de pensée qui sont largement alignées sur les Etats-Unis, le premier.   Il arrive dans une phase de reprise mondiale partiellement gâchée par un second choc pétrolier. Bien qu'il soit, nominalement, plus fort que le premier, il ne provoque pas du tout les mêmes conséquences qu'en 1974. La raison, méconnue, est qu'on n'est pas dans la même phase du cycle quasi décennal. La récession décennale classique a en 1974 été aggravée par le désordre monétaire international provoqué par le flottement des monnaies et super aggravé par l'action du cartel pétrolier.  En 1978 nous sommes plutôt en phase haute du cycle qui ne se retournera qu'en 1981. La hausse des prix pétroliers est absorbée sans trop de drame.

Volcker va se trouver confronté à un bouillonnement financier de haut de cycle qui aggrave tous les déficits américains. Il va aggraver la récession de fin de cycle par une politique monétaire très restrictive qui va progressivement  casser l'inflation mondiale à deux chiffres,… et mettre aussitôt en danger tous les pays notamment africains qui avaient emprunté comme des malades.

En revanche l'Europe subira une crise plutôt douce, conformément à la règle qui veut qu'après une crise dure succède une crise de moindre intensité. La crise de 92-93 sera en revanche extrêmement forte, confirmant la règle.

Lors du mandat de R. Barre l'Allemagne est dans une bien plus mauvaise situation financière que la France. Principale créancière des déficits américains, elle a été largement ruinée par les aléas de la valeur du dollar. C'est elle qui parait "l'homme malade de l'Europe" ce qui ferait sourire aujourd'hui. Le Japon prend le relais de l'Allemagne dans les années 80.. Le pays est au firmament. On copie ses méthodes de gestion. Il sera ruiné à son tour en 92-93, quand les énormes réserves en dollars qu'il aura accumulées seront dévaluées. La Chine prendra alors le relais…

Personne ne voit le système malsain des doubles pyramides de crédits qui se mettent en place sans gardes fous depuis que le système des changes flottants s'est installé.  Qui dit pyramide de crédits dit pyramides de dettes. Les pays commencent à dépasser les 280% de dettes globale et approchent des 300%.

On voit déjà clairement apparaître le triptyque :

- Une France noyée de dépenses publiques avec une grosse poussée de dettes et d'impôts. Le septennat Giscard sera d'abord un septennat fiscal (aggravation de tous les impôts, fin du forfait et généralisation de la TVA, impôt sur les plus value,  etc.).

- Une Europe embarquée dans une forme d'unification monétaire poussant à la contraction monétaire voire la déflation. Trichet pointe son nez.

- Un monde totalement désorganisé par les changes flottants et une finance débridée qui entre dans des formes de folies financières qui aboutiront à la dénonciation de "l'horreur économique".

Ces trois tendances seront fortement aggravées dans les décennies suivantes mais resteront en ligne avec ce qui est déjà évident en 1978-1980.

Nous-mêmes discutions déjà dans notre enseignement e ces questions centrales : L'Europe s'est elle perdue sans retour dans son modèle finalement social-démocrate d'hyper fiscalité et de faible compétitivité ?  Vivons nous une crise du modèle européen d'abord, les tigres d'Orient montrant notre décrépitude de pays paresseux et vieillis ?  Les pays occidentaux sont ils victimes du chantage des pays pétroliers et faut-il comprendre que ce chantage va nous ruiner progressivement ?  Sommes-nous victimes d'un système monétaire international dont déjà on voit les faiblesses et les dangers ?

Le livre de Raymond Barre, "Une politique pour l'avenir", Plon, 1981,  permet de constater comment un chef de gouvernement de l'époque, féru d'économie,  percevait ces problèmes.

Sur les changes flottants :

"Le premier [facteur de la crise] est le dérèglement du système monétaire international qui a commencé vers 1968 mais dont les manifestations les plus aiguës se sont produites à partir de 1970. Il a entraîné une instabilité du dollar qui était et qui reste la monnaie pivot du système économique , monétaire et financier international".

Jean Boissonnat qui sert de  faire valoir dans ce chapitre du livre pose alors une excellente question :

" Depuis ces dérèglements monétaires on a vu se généraliser le flottement des monnaies. Le libre jeu du marché est censé conduire au prix d'équilibre pour chaque monnaie. Or il n'en est rien. N'est-ce pas la preuve que les mécanismes de marché ne peuvent pas résoudre tous nos problèmes ?"

Réponse de Raymond Barre : "Le régime des changes flottants n'exprime pas un choix libéral. Il traduit plutôt l'incapacité où se trouvent les responsables des diverses économies de faire face à de profonds déséquilibres. Je suis un partisan très ferme des changes fixes sur le plan international. Cependant à partir de 1973, après l'échec du Smithonian Agreement, je suis arrivé à la conclusion que le maintien des changes fixes n'était plus possible".

Note : le Smithonian Agreement avait suivi la décision de Nixon de ne plus rembourser de dollars en or. On bricola alors un arrangement permettant une réévaluation de toutes les autres monnaies avec un change fixe pour le dollar détaché de l'or. La défiance fut telle que le système explosa et que les accords de la Jamaïque mirent en place les changes flottants.    

Raymond Barre avance trois raisons :

- "Pour qu'un système monétaire fonctionne il faut que tous les pays  qui y participent respectent un certain nombre de disciplines. Or ce n'était plus le cas"

- "En deuxième lieu l'excès de liquidités internationales, c'est-à-dire de dollars, qu'il n'était pas possible de maîtriser".

- "En troisième lieu la hausse du prix du pétrole qui a provoqué des déséquilibres supplémentaires et massifs des balances des paiements".

Il conclut : "Aucune monnaie ne flotte au seul gré des forces du marché". "Quand vous me dites que l'actuel régime des changes flottants est un système libéral, je vous réponds non". "Le taux de change du dollar n'est pas un prix comme un autre; il ne peut être assimilé […] au prix du chocolat ou de la cacahuète."

 

Le professeur Barre dans son manuel n'évoque pratiquement pas les changes flottants. Il professe comme toute la génération des professeurs d'économie de l'époque que les changes flottants de monnaies administratives sont un machin exotique et dangereux et que la rationalisation ex post de Milton Friedmann ne tient pas la route. La monnaie n'est pas une marchandise comme les autres.  Il constate simplement que les Etats-Unis n'en veulent plus par commodité nationale. Ils souhaitent abuser de la position dominante du dollar. Ils ont fait sauter les règles de Bretton-Woods. Ils inondent le monde de liquidités. Ils ont provoqué une réaction mercantiliste chez les producteurs de pétrole.  C'est comme cela. Inclinons nous et taisons nous.

Nous affirmons ici que le désastre économique continu que nous vivons depuis 1971 est du au système des changes flottants. Retenons que cette idée n'est ni nouvelle ni saugrenue. Les changes flottants, cela ne marche pas, cela n'a jamais marché et cela ne marchera jamais. Raymond Barre s'est couché devant une réalité qui s'imposait à lui, tout en n'en pensant pas moins. Comme tous ses successeurs sans exception. La seule différence est qu'il disait encore, de façon subliminale, qu'il s'agissait d'une folie venant des Etats-Unis qui imposaient une relation de force au reste du monde. Plus personne n'osera agiter ce chiffon rouge. Le tabou des changes flottants allait s'installer avec la seule rébellion de Maurice Allais qui sera évacuée sans douceur à la fin des années 90.

 

On trouve dans le livre un autre aveu, totalement différent celui là: son "libéralisme ne diffère pas beaucoup de ce que pensent et ce que font les gouvernements socio-démocrates". Chirac avait voulu un "travaillisme à la française". Barre lui est carrément social-démocrate. Les deux chefs du gouvernements de Giscard, le père de "l'énarchie compassionnelle", se présentent ouvertement comme "de gauche". Barre n'hésite pas une seconde à considérer que l'Etat doit assurer une distribution des revenus par la fiscalité et une politique de prestations sociales. Il n'hésitera pas plus à ouvrir grand les portes de la gestion de Lyon, longtemps la ville la plus conservatrice de France, au Parti socialiste. On est là à l'origine d'un grand mouvement qui verra plus tard Alain Juppé expliquer que le RPR aurait du lui-même proposer le RMI et l'ISF et Sarkozy se défendre d'avoir été de droite lors des élections de 2012 en prouvant qu'il avait pris aux riches pour donner aux pauvres, ce qui est parfaitement exact. Il glorifie "le dialogue social qui a pu  s'instaurer en France" et qui conduire le gouvernement Fillon à sacraliser le dialogue préalable avec les syndicats avant de prendre toute mesure.

Raymond Barre, comme Giscard, comme Chirac est un fonctionnaire qui considère comme normal d'aggraver constamment la pression fiscale, ce qu'il fera sans vergogne et par tous les moyens. Et qui ne limitera en rien la dépense publique bien au contraire.

Comment, dira-t-on, se fera-t-il le parangon de la "rigueur" et suscitera-t-il autant de "porteurs de pancartes" avec ces "Barre-toi" si caractéristiques de l'époque ?

Il a compris qu'il fallait lutter contre l'inflation, contrôler l'évolution de la masse salariale, mettre fin au contrôle des prix, rétablir la balance du commerce extérieur. Ce qu'il fera. Et bien. Il a défendu une politique d'économie d'énergie drastique appuyée par le recours au nucléaire qui limite la dépendance extérieure. Il a libéré de tutelles excessives les grandes entreprises "qui se sont fixé comme objectif d'occuper une part significative du marché mondial".

Deux phrases intéressantes : "La politique budgétaire doit être conduite en étroite liaison avec la politique monétaire".  "La politique du taux de change doit être soutenue par la maîtrise de la dépense publique et de la création monétaire interne". Elles devraient pousser à la délectation morose tous ceux qui constatent que la France n'a plus  ni politique monétaire, ni politique de change et depuis le traité récent, même plus de politique budgétaire !

En un mot la France n'a plus aucune possibilité de conduire une quelconque politique économique. Ce n'est même pas sa volonté d'indépendance qui est en cause : elle n'a plus de volant, de boîte de vitesse ni de frein et d'accélérateur.

On comprend mieux pourquoi le mariage des homosexuels et l'impérieux devoir d'équiper les voitures d'éthylotests sont les préoccupations principales du moment.

Sur l'Europe, Raymond Barre a tout du cabri : Vive l'Europe. Vive l'Europe. Vive l'Europe.  Aucune discussion. Il faut y aller et c'est tout. "On entend souvent dire que la Communauté est en crise. On stigmatise, c'est un thème facile, sa prétendue incapacité à régler les problèmes auxquels elle doit faire face et on déplore son enlisement".  Après avoir ridiculisé, sans réelles preuves, ces vilaines idées, Il développe ses propres principes cardinaux :

- la consolidation d'un grand marché industriel"

- la survie de la PAC grâce à une politique "équilibrée et efficace".

- La réalisation d'une zone de stabilité monétaire. "Il n'est pas indifférent pour l'avenir que ce pôle de stabilité tende à attirer nos voisins suisses autrichiens et scandinaves".

- Des liens privilégiés avec soixante états d'Afrique et des caraïbes.

- La coopération politique en Europe.

- L'existence d'un système institutionnel européen original

- La pierre angulaire est la relation étroite avec l'Allemagne.

- Le budget européen n'a pas vocation à grandir et les nouvelles coopérations ne peuvent être imaginées à partir de ressources fiscales affectées. 

- On ne peut éluder les problèmes posés par l'élargissement de la communauté à …12 pays. "ne devons nous pas nous interroger sur la façon d'organiser la solidarité financière entre les pays membres de manière à éviter à la fois des situations intolérables pour certains états membres et le "juste retour" contraire à la notion même de communauté?".

 

Sur ce sujet européen contentons nous de constater qu'il n'y a aucune réflexion de fond. L'Europe "fara da se". Point final. C'est un credo.  La fuite en avant sera donc la solution, toujours et encore. Mettons la charrue avant les bœufs  et allons y. C'est ainsi qu'on en viendra à un élargissement totalement incontrôlé et à l'Euro.

L'Europe est avec les changes flottants et  la social-démocratie de droite,  une des trois vaches sacrées qui vont dominer la politique française les trente années suivantes avec les résultats déplorables que l'on sait.   

Finissons par quelques recommandations Barristes qui ne manquent pas d'intérêt et parfois de sel.

" Le "rédéploiement énergétique" sera la "nouvelle frontière" des "années 80"".  Encore un effort et on affirmera après un Grenelle de l'environnement que la croissance sera verte ou ne sera pas !

"Un autre important défi des "années 80" sera la stabilité monétaire au plan national et international". On verra comment le "programme commun de la gauche" relèvera ce défi à l'intérieur et ce que la dérégulation financière à l'international fera de la stabilité monétaire à l'extérieur. Il est vrai que Raymond Barre prudemment explique  : " je n'esquisserais pas devant vous un plan de réforme du système monétaire international".  On peut être courageux sans être téméraire. Surtout ne rien dire qui fâche nos grands amis américains et la finance internationale.  On parlera donc de "stabilité monétaire" à préserver ou instituer, c'est selon. On a vu ce qu'il en est advenu. A chaque G.20 on chante encore trente ans plus tard un joli couplet sur la stabilité à venir.

Il faut éviter les tentations de la facilité : "la première est la tentation de l'endettement extérieur massif et continu".  Bien vu professeur. "La relative facilité du recours à l'emprunt peut créer des illusions. Aucun pays ne peut à moyen terme se dispenser de politique d'ajustement indispensables au rétablissement de l'équilibre extérieur". Si M'sieur : il suffit de créer l'Euro. Les déficits deviennent internes et la valeur de la monnaie n'est plus affectée. Alors pourquoi se gêner ? D'autant plus que la libéralisation complète des mouvements de capitaux permet de s'endetter partout et à de bonnes conditions si l'Euro est fort.

Que conclure de ce petit retour sur le passé ?

D'abord que M. Giscard a fait une politique de gauche : dépenses publiques, dettes, impôts qui a été menée par ses deux Premiers Ministres. Le premier l'a menée dans l'inconscience la plus superbe, croyant encore qu'on pouvait faire de la relance keynésienne à tout va.  Le second a été plus prudent, conscient qu'il fallait lutter contre l'inflation et revenir aux grands équilibres.  Mais il avoue sa vocation social-démocrate. Philippe Némo a écrit un fort bon livre sur "la France aveuglée par le socialisme" (François Bourin éditeur- Novembre 2011) . Le septennat Giscard lui offre un chapitre complet. Les Français choisiront bientôt l'original par rapport à la copie et on lâchera tout ce que Barre avait essayé de fixer.

Puis ce sera le ni-ni chiraquien puis la fausse rupture sarkozienne puis le socialisme fiscalement matraqueur hollandais.

La France est devenue la patrie de la dépense publique, du déficit et de la dette.

L'Europe est depuis toujours un must qui ne se discute pas. On ira vers Maastricht les yeux bandés en même temps que l'élargissement deviendra phénoménal. Rien n'a été discuté au fond. Aucune difficulté n'a été anticipée. Ceux qui s'y sont essayé ont été chassés de l'espoir du pouvoir.  Seul le peuple finira par dire non. Il sera contourné.

Les changes flottants sont une catastrophe. Mais il ne faut surtout pas le dire et ne pas s'insurger. Les socialistes finiront d'entrer dans le système en intégrant toutes les législations laxistes en matière de finance avec M. Bérégovoy.  La décennie 80 verra une croissance encore plus faible que celle de 70. Celle de 90 sera encore plus nulle, en attendant les premières dix années du siècle. Et les 10 suivantes qui seront catastrophiques. Quo non descendam ? La crise de 93 sera la plus dure depuis la crise de 29, délogeant la crise de 1974, avant d'être délogée à son tour par la crise de 2008-200x. 

Certes il y aura un rébellion contre les changes flottants après la crise financière de 1998, et l'annonce par Maurice Allais d'une crise mondiale du type 1929. Il sera d'abord moqué, puis amalgamé à Le Pen, puis enterré. Le tabou  des changes flottants reste coulé dans le bronze de la lâcheté européenne et française.

On continue comme cela, perinde ac cadaver?

Un document explicite de mai 2007 : la crise était bien prévue !

Face à la prochaine récession
[re: ]

DidierDufau

 

01/05/2007 00:36

 

On sait qu’il existe un cycle économique qui entraîne en moyenne tous les dix ans une récession. Pour en rester à l’après guerre, ces crises se sont produites en 1952, 1963, 1974, 1982, 1993 et finalement 2002. L’histoire nous dit qu’une crise légère succède à une crise grave et réciproquement qu’une grave succède à une légère. Les récessions de 74 et 93 ont été très prononcées. Celle de notre début de siècle a été plutôt modérée. Le scénario historique est donc orienté vers une crise sévère entre 2009 et 2012.

Le nouveau président doit donc se préparer à affronter une récession majeure pendant son quinquennat.

Aucun des deux candidats n’en parle. Evidemment. On ne peut pas jouer les Cassandre en réclamant la confiance des électeurs.

 

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Ce texte a été récupéré dans les archives du forum du journal Le Monde où il peut être consulté.

 

Il démontre de la façon la plus claire que dès mai 2007, bien avant le blocage du marché interbancaire, il était possible de prévoir la récession de 2009.  Ce texte a été rédigé en même temps qu'un envoi était fait fait au bureau du candidat Sarkozy l'implorant de tenir compte de la crise à venir et de ne pas annoncer n'importe quoi en matière de croissance.

Indiquer que personne n'avait prévu la crise est donc inexact. Affirmer que les économistes officiels et notamment l'Insee et le FMI n'avaient pas prévu la crise serait plus juste.

Ce thème a été répété dans de nombreux messages dont seulement quelques rares ont été conservés. On trouve par exemple un peu plus tôt ce commentaire :

"C'est le scénario le plus probable. Et si ce phénomène n'est pas anticipé, cela aura des conséquences aussi en politique notamment sur la prochaine élection présidentielle".

Ou encore :

"Comme une récession est probable entre 2010 et 2011, Sarkozy président risque d'avoir à gérer une remontée du chômage au delà de 10%, deux fois au dessus de son objectif".

Rappelons que toutes ces prévisions datent du début 2007.

En septembre 2007 après analyse du blocage du marché interbancaire nous annoncions le départ de la crise violente pour septembre 2008 en pointant qu'elle serait plus sévère que la crise de 93 compte tenu de la masse de dettes accumulées et durerait plus longtemps.

Nous avons choisi d'intervenir sur un blog pour éviter les effacements d'archive. Par chance Le Monde a conservé certains messages relatifs à la période de l'élection présidentielle de 2007.  Dommage que les autres ont été effacés. Ils auraient permis de prouver de façon très objective que les trois défauts majeurs (défauts du système monétaire international conduisant à une montagne de dettes, système européen de l'Euro régressif, France noyée dans sa dépense publique) que nous dénonçons continument sur ce blog l'étaient déjà depuis...1997.

Il n'y a aucune surprise dans les évènements actuels. Les clés d'explication ont été élaborées depuis longtemps et ont été exposées en long et en large des dizaines de fois publiquement sans être constestées dans les quinze dernières années.

Faute que les instances officielles françaises, européennes, et internationales s'en soient saisies, nous sommes en cet été à la veille d'une nouvelle  récession,  avec la même impuissance à comprendre que la source de tous les maux est d'abord à chercher, pour le monde,  dans les dérèglements du système monétaire international qui a permis le gonflement d'une bulle d'endettement mondial phénoménale, maux dont personne ne parle et qui ne font même pas l'objet d'une analyse publique , encore moins d'une esquisse de solution,  pour l'Europe dans des défauts de structure et de gouvernance de l'Euroland  dont on n'a toujours pas compris l'importance et qui restent sans solution, pour la France dans une dérive de dépense publique ahurissante qui a cassé le marché du travail, ruiné l'industrie, endetté les Français fiscalisés au maximum, dont on voit que le gouvernement actuel n'a toujours pas pris la mesure.

La crise actuelle, à ses trois niveaux, est d'abord une crise intellectuelle et politique. Les politiques français s'avèrent incapables de comprendre ce qui détruit l'économie du pays et persistent dans des erreurs monstrueuses. Les politiques européens ne savent pas gérer le monstre qu'ils ont enfanté sans réellement y réfléchir. Le G.20 est incapable de revenir sur les idées et  les mécanismes qui sont responsables du désastre actuel.

 

 

 

 

 

Euphorie, inconscience et procrastination

On sait que le monde doit réformer son système monétaire international, source principale de la crise, que la zone Euro telle qu'elle est conçue conduit à une impasse dangereuse, et que la France submergée par ses dépenses publiques doit les maîtriser.

En cette veille de l'été  qui est aussi la veille d'une stagnation voire d'une récession mondiale, il est intéressant de voir si les gouvernants vont dans la bonne direction.

Sur le système monétaire mondial, la réunion récente du G.20 a montré qu'il n'y avait non seulement aucun progrès dans le diagnostic mais pire encore que les solutions étaient tout simplement tabous. Vive les changes flottants ; vive les capitaux flottants ; vive les effets pervers de l'ensemble. Pas d'importance, circulez il n'y a rien à voir. Il suffit de corseter les banques et tout ira bien. Les banques sont en fait en plein dégonflement. Les licenciements dans cette industrie se comptent en centaines de milliers. C'est le sauve qui peut général. Cela durera jusqu'à ce que l'endettement global redescende autour de 200% du PIB. On en est loin.

Pendant que le secteur se décompose, on ne fait aucune réforme globale, faute d'esprit de coopération entre les états.  Le blocage intellectuel et politique est total.

Ce qui n'empêche pas les gros malins qui règnent en maître dans les institutions mondiales de chercher encore et toujours des ressources pour nourrir leurs satrapes. Après les "financements non conventionnels", comme la taxe Chirac sur les voyages en avion, il y a eu la taxe sur les transactions financières. Mais elle a été annexée par les gouvernements pour faire baisser la dette. Alors on suggère une taxe sur les très riches directement affectée aux organisations humanitaires rattachées à l'ONU.   

En Europe la dernière des réunions "de la dernière chance" a été l'occasion de voir une Allemagne prêchant la rigueur aux pays qui n'avaient plus de crédit, la France expliquer qu'il fallait un pacte de croissance et l'Espagne et l'Italie affirmant "On s'en fout de tout cela, nous ce qu'on veut c'est faire baisser tout de suite nos taux d'emprunt sans qu'on nous mette sous une tutelle déflationniste".  On a expédié l'affaire avec des expédients. La France s'est couchée devant les exigences allemandes : il n'y aura aucune renégociation du Pacte de stabilité et le gouvernement français sera tenu à la règle d'or. Tout le monde a, bien entendu, accepté de faire une révérence verbale à la croissance alors qu'aucun moyen réel de croissance n'a été dégagé. Il faut bien sauver la face. L'Espagne et l'Italie ont obtenu ce qu'elles voulaient parce que leur glissement dans la situation grecque marquerait la fin de l'Euro. On a donc géré l'urgence, comme d'habitude en permettant à ces deux pays d'étaler la rigueur et de recapitaliser leurs banques sans mouiller trop les Etats. Miracle, même plus de Troïka pour surveiller les déviances.

A-t-on pour autant régler les défauts  de structure de l'Euro-zone ? On sait que les pays ont dévié et que la convergence offerte par la dévaluation ne leur est pas possible. Comment retrouver l'homogénéité nécessaire sans dévaluation ? Ce fut le grand silence. Le rééquilibrage ne peut se faire que par la déflation contrôlée et différentielle. Chut, il ne faut pas le dire.  Reste à savoir comment on réussit une telle politique. Pour le moment personne ne se risque à en faire la théorie.

Rassurons-nous, les fonctionnaires européens ont réussi à sauver leur hausse massive de salaires un moment contesté.  Tout va bien.  

Pour la France les choses au moins sont claires : tout le programme de Hollande va à l'envers du nécessaire. Sur tous les fronts économiques il fait des pas dans la mauvaise direction mais il prétend que ce ne sont que des petits pas donc que ce n'est pas grave. Les nécessités nationales auraient voulu qu'on fasse de grands pas dans la bonne direction.

On sait que les effectifs publics sont trop élevés et qu'il faudrait les réduire du quart en quelques années. On annonce que les effectifs resteront stables mais qu'on ne détaxera plus les heures supplémentaires et qu'on ne restituera plus les gains d'effectifs éventuels de-ci de-là aux fonctionnaires des services concernés. Le point d'indice ne sera pas réévalué et le glissement des carrières contrôlé.

Cela aboutira à une baisse globale du pouvoir d'achat des fonctionnaires importante :  probablement de 10-12% sur les 5 ans à venir. Il semble que les syndicats ne s'en soient pas encore émus. Les dirigeants du PS pensent qu'il sera toujours temps de lâcher quelque chose aux approches d'élections importantes.

En vérité la bonne politique aurait été de réduire de 2% par an les effectifs globaux. En cinq ans on aurait obtenu une baisse de 8 à 9% qui, s'ajoutant aux mesures précédentes, aurait permis d'attaquer sérieusement la surcharge qu'impose au pays une administration pléthorique.

On ne dit rien de la fonction publique territoriale, des empilages administratifs, de la dépense de fonctionnement excessif des services, de leur trop grand nombre. Alors que la grande chasse aux prébendes et sinécures est en cours dans le marigot des dirigeants socialistes, en réduire la valeur et le nombre serait inconcevable.  Les grandes villes socialistes conserveront leur ribambelles de vice-président payés à prix d'or, les innombrables "machins" continueront à vivre sur un grand pied comme si de rien n'était.

Une nouvelle affaire de l'Epad sortie cette semaine dans la presse illustre l'absolue impossibilité pour des satrapes branchés sur l'argent public de se contraindre. On y apprend qu'une brochette conséquente des membres de cet organisme s'est fait payer au prix fort un somptueux séjour à Venise pour la biennale de l'architecture. Des dizaines de milliers d'Euros totalement stériles dépensés  pour le plaisir de quelques uns en pleine crise des finances publiques. Pourquoi se gêner. Et personne ne se gêne nulle part.  On bloque toute discussion en affirmant "vous voulez supprimer des infirmières et des policiers", pendant qu'une privilégiature inutile se gave sans complexe.  Rappelons que l'EPAD est une administration provisoire créée pour gérer la  construction de la Défense et qui devrait avoir disparu depuis au moins vingt ans.  Des cas de ce genre il y en a littéralement des milliers en France.

Rassurons tout le monde : le scandale des intermittents du spectacle n'est pas près de cesser. Pressez-vous donc dans les festivals pour voir se pavaner toute cette engeance pseudo culturelle qui se paie sur le dos des autres travailleurs et travailleuses.

Quant au moteur de l'économie : les entreprises, les épargnants, les salariés, qu'ils aillent se faire voir dans l'office du fisc le plus proche. Le "choc fiscal" sur les entreprises a déjà été beaucoup décrit dans la presse. N'y revenons pas. Les "riches" c'est-à-dire ceux que leur succès économique a doté d'une réserve de capitaux seront hyper taxés. Sur l'ensemble de l'année 2012 environ 30.000 d'entre eux auront vu leur imposition globale dépasser 100%. C'est une insulte faite au pacte républicain. Partout on vend le capital national à l'étranger. Ce n'est plus Rothschild qui possède sur l'île Saint Louis, mais le Qatar en franchise d'impôts. La presse du jour rappelle que le haut patrimoine français est racheté à 85% par l'étranger. Nos châteaux, nos meilleurs lieux de plaisance, nos plus belles propriétés passent au mains de Russes, de Chinois qui ne paient aucun des impôts qui nous accablent. 

Tous les joyaux de l'économie passent également à l'étranger. On dresse des piloris contre les entrepreneurs français. Un suicide dans votre entreprise : vous voilà inculpé.  Doux, Richard remplacent le notaire de Bruay et le président de Lip des belles années 70. L'abjection règne relayée par des médias totalement dans l'euphorie du triomphe socialiste et qui en rajoute dans le commentaire "de gauche".  

Pendant ce temps là les faillites se multiplient, des pans entiers de l'économie s'arrêtent, les jeunes ne trouvent plus de moyens de s'insérer.

On bloque les loyers tout en rendant la vie impossible aux bailleurs. En revanche on rachète à 16.000 Euros du m2 des logements qu'on attribuera à des "pauvres" dans les meilleurs sites de la Capitale. Les "riches" des beaux quartiers doivent les quitter pour qu'y habitent des "pauvres" subventionnés avec leur argent. La Cour des Comptes proteste. Elle n'a pas fini de protester.

Et, à l'instar de Poutine, on va aller chercher l'argent des émigrés "jusque dans les chiottes" suisses ou Belges. 

Evidemment les entreprises surtaxées, sur-contraintes, dont les dirigeants sont volés fiscalement comme les épargnants qui leur fournissaient des capitaux, bloquées par une perte de compétitivité  significative, s'étouffent.  L'espoir disparait.

Mais les équipes socialistes et vertes françaises  vivent un rêve éveillé et se saoulent du bonheur du pouvoir, des postes  et de l'argent avec une indécence de nouveaux riches rarement vue. 

Telle est l'ambiance en ce début d'été 2012, pourri en France par les trombes d'eau. Euphorie et inconscience sont les maître-mots de la France politique, procrastination et faux semblants sont ceux de l'Europe. Quant au monde et à son organisation économique et monétaire elle sont en déshérence.  

Pendant ce temps là l'économie française brûle, l'économie européenne brûle, l'économie mondiale brûle.



Explosion du lectorat de ce blog : 336.000 lectures cumulées

Effet probable de la conjonction d'une crise dont on ne sort pas, faute d'avoir pris les mesures qui s'imposaient comme nous le répétons inlassablement, et d'une élection présidentielle désastreuse tant elle a été biaisée par l'électoralisme le plus cynique, le lectorat de ce site a littéralement explosé dans l'année écoulée.

Depuis sa création en juin 2008, le nombre de lectures cumulées des articles de ce blog a évolué comme suit :

- Juin 2008-Juin 2009 :                   11.300 lectures

- Juin 2009 - Juin 2010 : 35.000 lectures

- Juin 2010- Juin 2011 :                  81.800 lectures

- Juin 2011 - Juin 2012 :             336.800 lectures.

Les articles les plus lus ont connu entre 2000 et 4000 lectures. Chaque article a été lu en moyenne par presque mille internautes différents.

Au total près de 35.000 lecteurs différents ont lu au moins un article. Une centaine de lecteurs ont lu tous les articles. Sur cette seule année le site a connu plus de 255.000 lectures, dont 221.000 ont eu lieu au premier semestre 2012.

Marquée par de lourdes inquiétudes économiques, l'élection présidentielle a probablement exacerbé un besoin de comprendre hors des canaux habituels les explications qui n'étaient pas données dans la presse et les médias audiovisuels. Notre lectorat est retombé à ses étiages habituels dès la fin du premier tour, lorsque tout était joué.

Beaucoup ont désormais intégré que la blogosphère était une source d'expertise plus ouverte et moins manipulée que la presse. Les journaux sont sensibles à leur positionnement et à leur viabilité économique. Le conformisme et l'urgence y règnent en maîtresses  exigeantes. Ces défauts deviennent criants lors des périodes électorales.

L'inconvénient des élections, pour les rédacteurs d'un blog économique qui entend d'abord décrypter les phénomènes économiques constatés  sans se préoccuper des positionnements partisans, c'est que des observations libres peuvent être justement considérées comme partisanes. Compte tenu de l'importance prise par l'Etat dans l'économie, cette dernière peut pâtir de mauvaises politiques. Elles sont portées par des partis. Les critiquer peut naturellement froisser ceux des lecteurs qui les soutiennent par principe. Il va de soi que les programmes électoraux sont le plus souvent parfaitement cyniques. Il faut tout de même dire que l'on a atteint lors de ces élections un sommet dans le genre. Comment ne pas les dénoncer ?

Le plus grave reste l'inconscience. Lorsque, sur la durée, les gouvernements et la cohorte de leurs conseillers ne comprennent pas le pourquoi ni le comment d'une crise économique gravissime et que le milieu médiatique, en France entre quelques mains seulement, ne fournit pas à l'opinion publique les explications qui lui permettraient au moins de savoir où l'on va, un sentiment d'accablement et de colère vous envahit.

Pendant quatre ans nous avons fait la chronique de cette inconscience.

Qui se rappelle qu'au début de l'été 2008  le monde politico médiatique dans son ensemble considérait qu'il n'y aurait pas de crise et que de nombreux économistes officiels niaient qu'il puisse seulement y en avoir une, écartant d'un revers de la main tous les indices, alors que nous égosillions à dire que la crise était pour septembre et qu'elle serait très grave ?  Après avoir annoncé que la crise était localisée sur une toute petite partie de la finance américaine, ils ont affirmé que la crise était purement américaine, puis purement anglo-saxonne, puis purement immobilière, puis…

Puis rien. Par un changement totale de perspectives les mêmes ont alors déclaré que la crise était inévitable, que la zone Euro était une structure malade etc.  

Nous avons été le miroir, autant que les contempteurs,  de cette ineptie récurrente dominante dans les médias.  

Qui se rappelle qu'à l'automne 2008 et au premier semestre 2009 le nouveau G.20 ne se préoccupait que du bonus des "traders", des règles comptables bancaires, des "subprimes" et autres fariboles ?

Qui se rappelle que certains voulaient des plans de relance gigantesques sans avoir fait le diagnostic que la crise était déjà une crise de la dette et que l'accroissement de la dette globale et son transfert sur les états les mettraient en grand danger?

Qui se rappelle…

Ce blog n'aura été qu'une longue chronique d'un désastre annoncé. Après quatre années de mesures d'urgence, de tentatives de calmer des paniques au lieu de régler les problèmes de fond, des pays entiers vivent un enfer économique. La France prisonnière d'une dépense publique démente et d'un sous emploi massif sort de l'histoire par la petite porte. L'Euro est à deux doigts de éclatement du fait de ses défauts de structure qu'il était interdit de signaler dans la presse tant la pression européiste était forte, juste qu'au virement de bord à 180°. Le monde stagne alors que des déséquilibres phénoménaux se sont accumulées et que la puissance américaine interdit qu'on en discute au fond.

Pour faire apparaître un minimum de vérité, il faut vaincre toutes les bouches à feu qui crient en France "vive la dépense publique, vive l'impôt", c'est-à-dire tout le bloc de l'énarchie compassionnelle , en Europe "vive l'euro", "vive le plus d'Europe", c'est-à-dire toute l'influence européiste dominante dans les médias,   dans le monde "vive la liberté totale des mouvements de capitaux", "vive les changes flottants", c'est-à-dire la toute puissance américaine mobilisée autour du dollar et du triomphe de la finance anglo-saxonne.

C'est beaucoup. On peut même dire que la tâche est impossible.

La seule solution était de prendre l'histoire à témoin, de la mettre avec soi au service de la vérité. Les résultats économiques ne mentent pas. Les erreurs de diagnostics et les mesures improvisées à courte vue ont été le quotidien de ces quatre dernières années. On voit les résultats aujourd'hui :

- La rigueur sans espoir en France, avec en prime  la destruction fiscale de la classe de ses entrepreneurs sous les applaudissements des imbéciles,

- Le désastre de la zone Euro, engagée dans une spirale déflationniste dans fin, avec des fédéralistes à la manœuvre pour rendre l'affaire définitivement intolérable.

- La stagnation et la récession menaçante partout dans le monde faute d'avoir réformé le système monétaire international et mobilisé les Etats sur des objectifs communs, avec la persistance d'une vulgate économique intéressée et débile imposée par les Etats-Unis et les anglo-saxons en général. .   

Aujourd'hui le Cercle des économistes e-toile, comme annoncé, prend un peu de recul. Nos thèses sont connues. Elles ont, croyons nous, reçu une confirmation expérimentale pendant ces quatre années. Nos billets sur ce blog  vont s'espacer en même temps que nous allons chercher d'autres formes d'influence.

Nous remercions les centaines d'entre vous qui nous ont soutenu par la fidélité de leur lecture pendant ces quatre années.   

Nous espérons que ceux qui voudront se pencher sur ces quatre années désespérantes et chercheront à comprendre ce qui s'est passé trouveront dans nos billets des éléments de réflexions et des constats intéressants. Nous avons à plusieurs reprises essayé de traduire le sentiment public tel qu'il était perceptible à certains moments de cette longue crise. Ces sentiments sont fugaces et si rapidement oubliés qu'on n'imagine pas qu'ils aient été possibles. Oui, à un moment, les Français regardaient la crise comme on regarde un défilé d'un balcon : les yeux étaient écarquillés mais le spectacle ne les concernait pas vraiment. Aujourd'hui alors qu'ils sont étrillés fiscalement, que le chômage atteint à nouveau 10% d'une population ,active comptée au plus juste,  que leur épargne est par terre, que même les fonctionnaires vont subir dans leur pouvoir d'achat une érosion certaine,  le sentiment de la crise devient psychose. Ceux qui étudieront la crise dans les années prochaines ne pourront pas percevoir ces évolutions de l'air du temps. Nous en avons conservé quelques volutes.

Nous avons pris à partie un certain nombre de personnalités, non pas pour elles-mêmes, mais pour la pédagogie que pouvaient recéler leurs erreurs manifestes. Quand on expose on s'expose et quand on se trompe parfois de façon caricaturale le commentaire critique peut être un peu raide. Qu'ils sachent tous ici que ce sont les idées exprimées qui ont été critiquées et non pas leur personne, pour laquelle nous avons presque toujours la plus grande considération.

Merci enfin à ceux qui nous ont encouragés de leur commentaires parfois depuis les tout premiers articles.

Didier Dufau économiste en chef du cercle des économistes e-toile.



La science économique en défaut ?

Notre trajet personnel nous a mis très tôt en contradiction avec la manière dont l’économie était enseignée et plus généralement  traitait ou ne traitait pas les faits économiques observables.

Une passe d’armes avec Raymond Barre, à la fin des années 60, alors enseignant d’économie à Sciences-po, a marqué le début d’une certaine réticence à prendre pour argent comptant même ce que le futur « meilleur économiste de France » avait à enseigner.

J’avais posé à cet éminent professeur la question suivante : « Je ne comprends pas. Dans le volume un de votre Thémis vous expliquez toutes les théories classiques et notamment son aboutissement, le modèle Walraso-parétien, qui décrète que les crises sont impossibles. Et dans le tome deux vous évoquez dans la lignée de Keynes toutes les méthodes employées pour lutter contre les crises. Où est la cohérence entre les deux volumes ? ».

Comme tout bon professeur compilateur, Raymond Barre avait empilé toutes les théories qu’il jugeait nécessaire que les élèves connaissent sans trop se préoccuper de faire le lien entre elles. Son manuel était une encyclopédie basée sur la juxtaposition pas une synthèse explicative convaincante.

La question posait un problème réel qui méritait une réponse circonstanciée. Raymond Barre choisit d’imaginer qu’il s’agissait d’une provocation  et fit plus de chaleur que de lumière.

45 ans plus tard on en est toujours là. Les tenants du néoclassicisme le plus pur ont tenté de démolir les apports de Keynes et formulé des modèles d’extension de la micro-économie à la macro économie. Tous ces modèles ou à peu près sont des dérivés du modèle Walrasien.  Et se sont révélés incapables de prévoir la crise de 2007 et suivantes. Les néokeynésiens sont eux pris dans le piège de la dette et des états devenus obèses. On en arrive aux délires de Krugman voulant remédier à une dette intenable par des dettes encore plus intenables.

Il y a une vingtaine d’années ou un peu plus les étudiants en économie s’étaient légèrement révoltés : on leur faisait gober des théories de plus en plus mathématiques mais aucune explication du réel n’était jamais tentée. Avoir fait de l’économie un salmigondis non opérationnel  les gênait. On les comprend.

C’est ce qui nous avait conduits à l’époque à modifier l’enseignement que nous exercions  à Sciences-po en orientant de plus en plus les réflexions vers l’observation du réel et son explication. 

Du coup nous avons formulé des critiques fondamentales aux idées dominantes de l’économie politique telle qu’elle était et reste  pratiquée et  enseignée.

Résumons-les :

Nous constatons qu’il existe des cycles et notamment le cycle de 8-10 ans. C’est une réalité indiscutable. Depuis 200 ans on peut tracer ce cycle avec une grande précision.  Un modèle qui explique qu’il ne peut y avoir de crise est en contradiction  avec les faits, donc faux. Le modèle Walraso-parétien est faux.  Partir d’une idée d’équilibre impose un raisonnement déviant : toute perturbation devient un choc externe qui vient perturber un état d’équilibre initial imaginaire. On ne s’intéresse plus qu’aux mécanismes du retour à l’équilibre, état normal de l’économie.  L’économie serait comme une blanche colombe que des vilains chercheraient à salir et qu’il conviendrait de défendre.  Il n’est même plus possible d’imaginer que les crises du système soient endogènes. L’observation montre qu’elles le sont pratiquement toutes. Alors des niais ne cessent d’expliquer les récessions par des évènements politiques ou des comportements déviants. La baisse des bourses de 87 : une crise des ordinateurs mal programmés. La crise de 73 : effets de la guerre au Moyen-Orient. La crise de 92-93 : effet de la guerre en Irak.  La crise de 98 : l’effet d’un régime de « cronies » dans les pays émergents.  La crise des NTIC : l’effet des patrons malhonnêtes spéculant à tout va. La crise de 2008 : les vilaines « subprimes ».  La crise en Europe : les vilains Grecs.  Etc.

La vulgate qui découle de l’idéologie de l’équilibre walraso-parétien, veut qu’une situation irénique soit constamment soumise à des chocs externes mal venus dont il convient de parer les conséquences en revenant à l’idéal initial. Sus aux vilains et tout ira bien !

En réalité l’économie capitaliste est en constant mouvement et comme un flot de lave se fige, repart, fait exploser des bouchons,  etc.

Le moteur du cycle est la monnaie et le crédit. Des théories économiques qui ôtent toute place autonome à la monnaie et au crédit sont fausses.  Si on définit la loi de Say comme indiquant que les acteurs économiques échangent des produits contre de la monnaie mais que cette étape est transparente, la monnaie servant uniquement à acheter des produits, les produits finissant toujours par s’échanger contre des produits, alors la loi de Say est fausse. La monnaie n’est pas qu’un  voile ou un intermédiaire dans les échanges.  Elle tient un rôle spécifique comme variable d’ajustement et elle n’est pas gouvernée principalement par le taux d’intérêt.  Plus le niveau de vie augmente, plus l’épargne devient importante, plus les effets du crédit et de l’épargne deviennent cruciaux.

Autre aspect central : les théories qui oublient que l’Etat moderne joue un rôle majeur dans les économies où il dépense plus de 50% du PIB,  produit 20 à 25% du PIB et prélève la majeure partie de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand  sont dès le départ mutilées.

Les théories qui oublient que les entreprises recherchent d’abord un surcroît de profit, donc une combinaison de facteurs de production qui en génère un sont des plaisanteries. Tous ceux qui sont habitués aux « business models » savent que les entreprises cherchent un profit en créant des barrières à l’entrée des concurrents, que ce soit des protections  liées à la taille, à l’innovation, à l’aide des états ou autres.  Leur « valeur » est pratiquement toujours définie par la garantie d’un flux régulier de recettes protégées par quelque chose.

Les théories qui font l’impasse sur l’incertitude, le risque, les démons psychologiques, comme la peur, la cupidité, ou tout simplement l’oubli  ne peuvent s’attaquer au réel.

Toute théorie qui croit qu’une nation est toute seule dans son coin et qu’il n’existe pas des mondes en coexistence et en conflit est par construction fausse.

Toute économie est un système et chaque système possède sa dynamique. Comprendre ces dynamiques, leurs interactions dans l’espace et dans le temps est l’objet même de la connaissance économique.

Toute économie est un système qui entre en réaction avec d’autres systèmes, l’écologie, la démographie, l’économie non monétaire de la gratuité, etc. Apprécier ces interactions et juger de leur capacité à porter la croissance ou au contraire la freiner est ici encore au cœur de la préoccupation économique.

Tout développement économique est un changement de structure qui peut être très lourd ! On n’est pas riche des mêmes choses dans tous les états économiques successifs. Une économie agricole fermée et sans innovation n’est pas une économie ouverte de l’information.

Même si la recherche de lois qui transcendent les structures est toujours souhaitable, il n’est pas sûr qu’il puisse y avoir de loi générale et encore moins exclusivement des lois générales unifiées.  Même les sciences dites dures n’y parviennent pas.

 Le lecteur vérifiera que ceux qui professent ou qui exercent professionnellement l’économie sont bien loin de ces préoccupations. Ils ne font que répéter une vulgate admise tout en se complaisant dans le commentaire après coup des grands évènements.  Surtout pas de risque.

En cas de crise ils parlent, après coup, de choc surprise, comme si la main invisible d’un troll avait asséné traitreusement  un coup de massue sur la tête de l’économie.  Face au choc il faut de la vertu. Le merveilleux système était à peine en train de se remettre du précédent mauvais coup quand il a dû en subir un autre. De nouveaux  vilains qui ne comprennent  rien à l’économie ont  de nouveau sapé les bases du retour à la santé.  Revenons vite à l’équilibre sacro-saint  et tout ira mieux et surtout n’y touchez plus vous pourriez le casser.

 Sur des théories fausses on a superposé des mathématiques de plus en plus complexes.  On arrive désormais à des modèles à plusieurs milliers de variables et d’équations mais qui sont fondés sur des prémisses fausses et parfois ridiculement loin de la réalité. Compliquer une erreur ne la rend pas juste.  C’est la raison pour laquelle aucun des modèles n’a prévu la crise. 

Le pire dans le domaine est l’apparition d’une science financière pratiquement déconnectée de l’économie générale  qui à force d’algorithmes complexes  et d’ordinateurs a cru pouvoir se substituer au moignon d’économie monétaire.  De modèles alambiqués en modèles faux on en est venu à ne même pas voir que la dette globale par rapport au PIB arrivait à des sommets intenables dans tous les pays développés. Un risque systémique énorme et évident a échappé aux observateurs qui plongés dans les efforts mathématiques les plus subtils croyaient gérer le risque au plus fin.  Des illusions microscopiques ont évité de voir l’énormité macroscopique de la dette globale !

 On dira : « qui êtes- vous donc pour contester aussi fortement des pans entiers de la vulgate économique dominante.  Nous avons des universitaires éminents, évidemment éminents. Et des professionnels que l’on voit partout, ils doivent donc être les représentants qualifiés d’une science reconnue.  Certes ils se battent   à chaque fois qu’ils passent à la télévision et il  semble  y avoir autant de vérités que d’économistes (sans compter Monsieur Keynes aurait dit Churchill), ce qui laisse craindre que leur science soit bien incertaine ou contradictoire. Mais enfin, vous ne pouvez être seul à jouer ainsi les francs-tireurs ».

On pourrait ajouter que trop souvent nos propres thèses se mêlent avec les élucubrations de mouvements  parfois parfaitement détestables.  « Ne craignez-vous pas la marginalité sectaire ? » nous a écrit un lecteur de ce blog.

Non !  N’appartenant à aucune mouvance, à aucun groupement d’intérêts, à aucun parti, nous ne comptons que sur notre capacité d’observation  et d’analyse. Et n’avons rien d’autre à proposer que la comparaison entre prévision et réalité. L’histoire qui se réalise est notre seule preuve.

Maintenant, il existe beaucoup d’ouvrages qui contestent la vulgate sur un point ou sur un autre. Le  livre de Steve Keen, « Debunking economics – The naked emperor dethroned », chez Zed- books, 2011 est un effort intéressant.  Il est malheureusement en anglais,  difficile à trouver, coûteux  et d’un accès technique que beaucoup trouveront rebutant.  

Nous ne connaissions pas cet auteur et il faut dire qu’il réussit à localiser beaucoup des anomalies théoriques et pratiques que nous ne cessons de dénoncer.  Un bon auteur étant un auteur qui pense largement comme vous, c’est un livre remarquable.

Inutile d’essayer de résumer les 500 pages très théoriques et parfois mathématiques. Notons simplement que l’auteur prouve sans trop de difficulté qu’on ne peut pas passer d’une loi de l’offre et de la demande concernant deux personnes à une loi identique pour « n » personnes. La généralisation ne marche pas. De même il dénonce, comme nous, le réductionnisme qui veut que le tout s’explique par les parties. En un mot les lois de la microéconomie ne sont pas nécessairement vraies en macro économie, ou, autre manière de dire la même chose, la macro économie n’est pas la consolidation de la microéconomie.   Il a la bonne idée de noter que la loi de Say ne tient pas compte du crédit et de la monnaie et qu’il existe une dynamique monétaire qui a ses lois propres.

Les étudiants découvriront ce qu’on ne leur dit pas toujours, à savoir que Hicks, base de tous les modèles IS/LM réputés keynésiens, a largement trahi Keynes et qu’il finira par le reconnaître.  Ils comprendront pourquoi les modèles sont généralement stériles et ne prévoient pas les crises.

L’ouvrage tombe un peu trop  facilement dans le ton  racoleur, et cherche parfois  à trop prouver. Dans son approche  « marketing » de démolir la vulgate en cours il oublie  de proposer des substituts et il rate beaucoup d’observations utiles.  Le lecteur finit par considérer qu’on a cassé ses jouets sans rien proposer pour les remplacer, ce qui est désagréable.  L’auteur l’écrit sans ambages : « A complete ready made replacement doesn’t exist ».   Pas de théorie générale de substitution : le lecteur n’aura droit qu’à des pistes de réflexion, autour :

 

-          de Minsky, le premier à avoir réellement intégré la monnaie et les comportements financiers réels dans ses analyses, 

-          d’une certaine prise en considération de  Marx pour  son mérite de proposer une vision dynamique et non statique du capitalisme, même s’il a tiré des conclusions fausses et cautionné des régimes abjects.

-          de l’économie politique évolutionniste qui ne part pas de postulats d’identité comportementale des agents mais de leur diversité, de leurs interactions avec l’environnement, de leurs conflits. Pour un évolutionniste il n’y a pas « un chemin » mais une variété de solutions contingentes.  Adieu la pensée unique.

En revanche, en montrant ce que la vulgate américaine néoclassique  a de controuvé, (le reste du monde est  ignoré comme toujours par les auteurs américains, dont l’américano centrisme est le moindre défaut), il permet de comprendre les propos conventionnels tenus pour acquis dans les cénacles comme le FMI, les banques centrales ou la presse anglo-saxonne. Il révèle un monde assez monstrueux de perroquets à côté de la plaque que l’on retrouve dans le suivisme des économistes officiels et des hommes politiques  européens et français, ces derniers ayant, en plus, une tendance à la pensée-zéro (en Kelvin).

Il est clair qu’une pensée dominante fausse a enfanté les institutions de la crise, la crise, la non solution de la crise, la permanence de la crise et son amplification.

On ne sortira pas de l’énorme crise de la dette qui nous ensevelit sans un changement de conceptions économiques. Nous avons la faiblesse de penser que nombre des modestes  idées que nous avons exprimées pendant quatre ans sur ce blog en réaction immédiate aux faits constatés  sont des briques utiles à cet aggiornamento.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Hommage à Christian Saint-Etienne

Il nous arrive ici de critiquer vertement certains économistes "officiels" ou parlant ex cathedra.  Raison de plus pour rendre hommage à la démission parfaitement justifiée de Christian Saint Etienne du CAE, ce machin créé  par Jospin pour amuser ses copains.

Il critique le retour aux 60 ans pour une partie des retraités. Il a raison.

Il critique l'abandon de la TVA sociale : il a raison.

Il critique la relance par la consommation avec le paiement cash de la rentrée. Il a raison.

Il critique le "choc fiscal" que prépare Hollande et son équipe dans un pays qui est au sommet de l'imposition possible : il a raison.

Il critique l'impôt "symbolique"  à 75% (110%) sur les "riches". Il a raison. 

Il est inquiet et attristé par les perspectives françaises. Il a raison.

Il le dit : il a raison.

Il en tire les conséquences : il a raison.

Il donne par constraste une image totalement irresponsable de Christian de Boissieu, Patrick Arthus, JP Berbèze, A.Bénazy-Quéré, Michel Didier, Jean-Paul Fitoussi, Michel Godet (qu'on avait connu mieux inspiré), Mathilde Lemoine et l'inénarrable Jean-Hervé Lorenzi. Faute de pensée enracinée dans les faits, faute de capacité d'analyser les causes de la crise, ils ont été absents de l'alerte en temps utile. Le plus souvent stipendiés par des banques, ils ont préféré la bonne soupe grasse et les postes officiels à la simple vérité depuis longtemps. Aujourd'hui ils cautionnent le plan Hollande qui est grotesque, politicien  et totalement contreproductif.  Honte à eux !  Et bravo à Christian Saint Etienne.

Mais l'alouette ne fait pas le printemps.

Les limites de la méthode Hollande

L'ancien ministre Allègre avait très bien décrit la méthode Hollande : on ne prend parti sur rien ; on dit oui et non en même temps ; on affirme très fort mais une pensée si faible et si contradictoire que l'auditeur ne finit par retenir que ce qu'il veut entendre, tout en ayant des doutes. Au bout d'un court moment rien d'utile ne se passe et tout le monde devient fou. Au bout d'un long moment, plus personne ne sait qui il est et tout le monde a perdu son temps.

Cette méthode a très bien marché pour Hollande : il s'est égosillé à ne rien dire. Tout en manipulant des "symboles" très forts comme la confiscation des avoirs des "riches" ou le retour à la retraite à 60 ans. J'ai dit mais je n'ai pas dit cela exactement mais je répète que je ferai ce que ne n'ai pas dit clairement mais avec fermeté etc. Les Français sont devant 5 ans de "oui mais non mais oui mais non mais bien sûr".

La réunion du G.20 a été un nouvel exemple de cette méthode. 

Le G.20 ne sert à rien. Les Etats ayant décidé de ne rien réformer des causes réelles de la crise, les défauts du système monétaire international, et au contraire de les aggraver, un tel conclave n'a strictement aucun intérêt. M. Hollande n'ayant présenté aucune explication de la crise sinon que la finance était son ennemi et aucune solution, il n'avait rien à dire. En proposant une politique intérieure incompatible avec celles des autres voire carrément contradictoire, il se mettait en position d'être brocardé. Il l'aura donc été. Sous le forme d'un appel du voisin britannique aux entreprises françaises : venez donc chez nous, l'air fiscal est plus agréable !  

Le discours final du représentant français sera donc pathétique :  "bien sûr notre projet de taxe sur les transactions financières ne figurera pas dans le communiqué du G.20 mais il ressortira ailleurs plus tard".  Et c'est tout.  En un mot : "je n'ai pas été écouté ici mais je le serai ailleurs un jour peut-être et je m'en fous, j'ai été élu président, je n'en reviens pas et je suis bien content de m'agiter ainsi malgré mon impuissance et mon ridicule".

Pourquoi ce projet de taxe financière serait-il la solution ?  Et la solution à quoi ? On retombe dans le sarkozisme pur et dur, cette forme de sauve-qui-peut permanent en piquant n'importe où les idées qui plombent l'air du temps mais qui donnent l'impression qu'on fait quelque chose.

Ce G.20 aura été navrant. Sa principale conclusion est qu'il faut séparer les banques et les états. Les banques doivent mettre des pare-feux contre les états et les états des pare-feux contre les banques. Seulement voilà, les banques sont virtuellement en faillite, les dettes globales irrécouvrables dépassant leur capital de plusieurs multiples. Partout. Et les Etats sont tous en faillite virtuelle, leurs recettes étant insuffisantes pour faire face à leurs engagements surtout si la faillite des banques est actée. Les Etats qui disposent d'une banque centrale se sentent un peu plus fort car l'imprimerie peut suppléer les ressources que la production et les impôts ne donnent pas. Les banques centrales nationales fourniraient la "liquidité des banques". En vérité elles permettent aux banques de gagner du temps et de récurer progressivement leur bilan avec des gains purement artificiels. Et elles permettent aux banques de financer des états quand la législation ne permet pas un financement direct.   Autant dire que les états ont besoin des banques et les banques de l'état comme jamais.

Quant à l'Europe, elle a été délicieusement absente du G.20 comme acteur mais horriblement présente comme bouc émissaire honteux de la poursuite de la crise, mise en accusation par tous pour son incohérence, son incapacité à se structurer et la pression que le risque de son éclatement fait peser sur l'économie du monde.  En un mot tout le monde s'est essuyé les pieds sur l'Europe, vue comme l'homme malade du monde qui contamine le monde.  On a alors entendu les présidents Van Rompuy et Barroso riposter vigoureusement : attendez le sommet de Bruxelles  et vous verrez ce que vous verrez. D'accord rien ne sera décidé mais le rythme n'a pas d'importance ; c'est l'objectif qui est beau. Ce ne sont plus les états qui seront responsables des banques mais l'Europe. Il n'y aura plus de "place" nationale mais une place européenne.

Et hop sous prétexte de la crise on démantèle un peu plus les institutions nationales. En France où banque et état forment un couple fusionnel sous la houlette de l'Inspection des finances,  on attend la réaction de ce corps. Va-t-il demander la création d'un corps européen d'inspecteurs des finances où ils pourraient persévérer dans l'être malgré l'évanouissement de la nation ?    

A noter au passage que M. Barroso persiste à donner l'explication débile de la crise mondiale que nous dénonçons depuis le début : la crise est américaine et liée à l'effondrement des subprimes.

On en est toujours au niveau zéro absolu de la pensée économique.  

Une France ridiculisée et mal représentée, sort de l'affaire à la remorque de cette Europe supranationale là, nulle sur le fond  mais  contente d'agrandir son pré-carré. Le Président français ne se glorifie pas en se contentant de renvoyer lui aussi au sommet de Bruxelles, et en annonçant de nouvelles taxes, son dada habituel.

Que reste-t-il de la France, de son ambition de comprendre le monde, d'y jouer un grand rôle, de participer utilement à sa gouvernance ?

Au terme d'une campagne électorale tragique car entièrement basée sur les "cadeaux au peuple" et la dénonciation de boucs émissaires, un cocktail dont l'abjection est une tâche indélébile sur l'électorat et les élites politiques  qui le représentent, un président manœuvrier qui a aligné le pays à contre courant de tous,  cède à l'Europe fédérolâtre  et se terre dans l'insignifiance sous les quolibets lors  d'un sommet mondial, en comptant sur la com' pour que cela ne se voit pas trop.

Disons-le clairement : la France s'extirpe de l'histoire par la toute petite porte et les Français tout à la joie de ruiner fiscalement leur élites applaudissent des deux mains avant de danser de joie le 14 juillet sur leur pays disparu.  

C'est "l'hénaurme Bérurier", personnage bien de chez nous créé par Frédéric Dard qui avait raison : "quand on se roule dans la fosse à purin on ne sent plus la m…".  

On peut craindre que la méthode Hollande ne  conduise qu'à se pincer le nez de plus en plus fort. Allègre avait raison.   

Post scriptum : il parait que le G.20 a envoyé un message rassurant aux "marchés"

Remarques sur quelques propos récents d'économistes

Nous faisons sur ce blog une part importante aux attitudes. Dans les études du passé cette dimension manque toujours.  Les historiens se penchent sur les chiffres, les courbes, les livres, les déclarations publiques.  Ils restent généralement impuissants à détecter les courants de pensée, les attitudes, la psychologie des intervenants au moment des évènements.  Comme l'économie est largement politique  et qu'il y a qu'on le veuille ou non une sorte d'alchimie entre l'opinion générale et les politiques suivies, même si la rupture entre le peuple et les élites soit une caractéristique majeure des trente dernières années et a pris une dimension historique lors des dernières élections (l'abstention a battu tous les records au premier tour des présidentielles de 2012), il est important de savoir comme la réalité est perçue par le terrain. 

Parmi les acteurs de terrain les économistes sont  intéressants. Certes ils ne produisent pas , ni n'exportent mais ils trahissent peu ou prou l'explication qu'un observateur obligé de l'économie se donne des problèmes du moment.

A la veille d'une élection qui pourrait signifier la fin de la Grèce dans l'Euro et même la fin de l'Euro, alors que le système bancaire espagnole est en feu et  que l'électoralisme impénitent du nouveau président Hollande met à mal la relation avec l'Allemagne, sans que cela ait l'air de troubler trop ni le marché des changes ni celui des actions,  nous avons choisi de commenter l'analyse d'un économiste de la banque Oddo, une institution financière qui a réussi à trouver sa place dans la restructuration générale du métier d'agent de change et sa bancarisation, mais dont la note vient juste d'être dégradée par une agence de notation et de relever un article d'économistes paru dans le Monde.

Que dit notre économiste bancaire ?  

1. "la trajectoire de la dette espagnole est insoutenable. Quand nous parlons de dette espagnole, il s'agit de la dette globale, publique et privée. A partir d'un certain niveau, la distinction dette publique / dette privée perd de sa pertinence, car la dette privée devient publique."

Cette phrase est amusante parce que nous l'avions pratiquement écrite en…2006, non pas pour l'Espagne mais pour l'ensemble des pays de l'OCDE.  Comme nous l'avons fait si souvent remarquer, depuis 1971 l'ensemble de la dette globale qui était redescendue en dessous de 150% remonte dans ces pays, passe les 200 puis 250 puis 300 puis 350%.  Cette trajectoire était "insoutenable" et il nous paraissait qu'au prochain retournement du cycle ce nuage de dettes éclaterait. C'est pourquoi nous avions annoncé dès cette date une récession de grande ampleur pour 2009.

Nous sommes de ceux qui indiquent depuis toujours que la distinction dette publique /dette privée n'a pas de sens.  L'économie globale ne connait qu'une créance ou qu'une dette globale. Si elle est globalement irrécouvrable, elle l'est,  même si les aspects juridiques et techniques des deux dettes sont différents.

Ce qui est intéressant c'est de voir qu'après 5 ans de crise une vérité élémentaire GLOBALE commence à être comprise à un échelon NATIONAL, celui de l'Espagne. La Grèce était jusqu'ici considérée comme un cas particulier  où la malhonnêteté publique et le clanisme étaient seuls en cause.

Combien d'années supplémentaires faudra-t-il pour que même dans les services économiques des banques on en vienne à penser que tout le système est insoutenable ?  D'accord il ne faut pas décourager la clientèle…mais tout de même.

2. "Commençons par dire que nous ne savons rien de ce qui peut se passer dans les prochains jours".

Tous les économistes qui conseillent les sociétés de placement ont renoncé à faire quelques prévisions que ce soit.  Pourquoi ces sociétés recrutent-ils des économistes  ? Pour faire des prévisions. La situation est paradoxale.  

Une occasion de plus de rappeler qu'ils n'avaient pas vu la crise de 2007 venir (le blocage du marché interbancaire sera considéré comme "du jamais vu qu'on avait le plus grand mal à comprendre") et pire encore de 2008-2009.

Il suffit de se rapporter au paragraphe précédent pour comprendre que cette crise était facile à prévoir.

Le renoncement à la prévision et au conseil de la part des économistes est une des réalités à laquelle il serait bon de réfléchir. Pourquoi cette impuissance ? Un défaut structurel de la vulgate économique dominante ? Le poids des intérêts qui scelle les bouches ? L'indigence de la profession  ?

Cela dit, l'auteur réalise que tout dépendra des politiques et il est vrai que la dimension politique ne permet pas toujours de faire une prévision sensée.  Mais au moins on peut dire  "il se passera ceci si, et cela sinon".

3. "En parcourant les blogs économiques qui fleurissent sur la toile, on voit bien que les solutions à la crise ne manquent pas"

Il est tout à fait intéressant de voir que la blogosphère est devenue la source de l'expertise. Ce ne sont plus ni les articles de presse, ni les discours officiels qui font référence. Il est vrai que la presse en général et les officiels en particulier ont montré une indigence tellement consternante aussi bien dans la prévision de la crise, de la compréhension de ses causes, de l'anticipation des mesures prises et surtout non prises, qu'on comprend que plus personne n'y cherche de solutions. Y compris les économistes de banques qui considèrent que leur science ne leur apporte pas de solution et qui la cherchent ailleurs.

4. "Toutes ces solutions ont en commun de s'apparenter à l'un des trois types cités plus haut : la mutualisation, la monétisation, le défaut".

Ce qui est drôle est que la mutualisation est le principe même des "subprimes" : je mélange allègrement de la bonne dette avec de la mauvaise dette et je crois que tout va aller très bien.  Il est toujours curieux de voir des organismes qui se sont fait piéger par les "subprimes" et Oddo est une banque qui a collé des subprimes sans vergogne dans tous les portefeuilles gérés, de trouver qu'une solution de "subprime" mais à l'échelon européen serait fantastique. 

Tout aussi drôle est de consacrer comme panacée la monétisation de la dette comme si elle n'était pas interdite  par le traité de Maastricht. Il y aurait donc quelques défauts de structure dans la zone Euro ? Il ne s'agit plus seulement de l'Espagne. On ne nous en avez rien dit ! On découvre soudain.  On n'en tire quelle conclusion ?   Vive la planche à billets, les autres nations , ceux qui peuvent laisser aller leur banque centrale, allant tellement bien !

Quant au défaut, il veut dire que les portefeuilles gérés par Oddo sont en très grand danger car un défaut général de tous les pays qui ont dépassé 350% de dette globale les mettrait totalement à sec.  Que faut-il comprendre ? Qu'il faut vite sortir ses fonds d'Oddo pour courir les mettre dans une banque allemande ou suisse ou dans du bien réel déjà surévalué ?

Ce court examen démontre plusieurs de nos assertions récurrentes.

Oui il fallait regarder la dette globale et cette remontée fantastique depuis 1971 de son encours et le fait qu'un peu partout elle dépassait 350% du PIB, un taux intenable. Corollaire : il fallait comprendre pourquoi cette hausse a eu lieu. Faute de ce minimum d'analyse, les écrits économiques flottent comme les yeux dans le bouillon. On sait que pour nous la cause est à chercher dans les défauts du système monétaire international. La création de liquidité s'est faite par cette porte là et n'a pas cesser depuis. La première solution à évoquer est donc la réforme du système monétaire international.

Oui le système de l'Euro est incohérent. Nous avons essayé inlassablement de montrer pourquoi. Il valait mieux une monnaie de référence avec des monnaies nationales à taux fixe mais ajustables. La vraie question est de savoir comment on réforme la zone Euro pour qu'elle cesse de souffrir de ses défauts de construction. Des expédients à court terme ne suffisent pas. Il faut une CONCEPTION explicite et solide,  à la fois économique et politique.  Sans cette conception, rien ne peut se faire. Où est elle décrite ?

Oui c'est la panique générale, et on ne cherche depuis 5 ans, au G.20, comme en Europe, comme en France, à gagner du temps, à masquer que la faillite générale est là. Il ne reste plus que des expédients. Faute de réforme du système monétaire international, faute de réforme du système monétaire européen,  les peuples n'ont qu'à subir les foucades des politiques nationales hébétées (La Grèce)  ou inconséquentes (la France)  et les réactions des marchés et des autorités dites de régulation qui ne régulent rien du tout.

Il est amusant que l'économiste d'Oddo n'ait pas cité une source de sortie de crise : la croissance. Ne croirait-il pas notre président  qui en a fait sa mantra ? Il est vrai qu'en mettant en œuvre la politique "d'achat de l'électeur" par de la dette et de la dépense publique gagée sur le vol des "riches", dont Oddo gère l'épargne, le fumet Hollandais n'est pas particulièrement ragoûtant.  

Tout cela donne une image tragique de l'impuissance et du décalage qui frappe les économistes professionnels français face à la crise mondiale qui frappe.

Incapables de comprendre que la cause est dans le système monétaire international, ils ne comprennent pas qu'il faut complètement repenser le secteur "des marchés" financiers. Ceux-ci sont mythifiés et considérés comme des bazars incontrôlables par personne. Billevesées !  Lorsque le monde s'est retrouvé en 1944 avec un tas de dettes vertigineuses, il a été compris qu'il fallait un effort ordonné de croissance qui passait par des changes fixes, des responsabilités d'état sur le change des monnaies, une coopération surveillée par un organe sévère, le FMI. Dès qu'on a démantelé ce dispositif, tout s'est mis à chanceler jusqu'à l'écroulement actuel.

Il faut donc reconstruire un système monétaire international mais sans les défauts rédhibitoires du précédent, dont le principal était l'absence de paritarisme.  Cela réduira drastiquement de nombreux marchés financiers. Et alors ? La spéculation sur le Forex de robots qui génèrent des millions d'ordres sans aucun rapport avec les flux économiques réels est-elle à ce point merveilleuse ?

Cela permettra que tous les pays repartent vers la croissance de façon coordonnée avec interdiction de trop gros déficits et de trop gros excédents de balance commerciale.

Vous avez dit croissance ? Alors il faut lire le journal Le Monde (daté du 15 juin) où Jean Gadrey et Florence Jany-Katri, professeurs d'économie à Lille et Dominique Méda  professeure (beurk ce "e" inutile et hideux)  de sociologie  à Paris Dauphine, d'illustres inconnus n'ayant jamais annoncé ni éclairé la crise actuelle, se croient obligés d'expliquer qu'il ne faut pas faire l'apologie de la croissance.

En général quand des économistes universitaires se mettent à plusieurs, c'est mauvais signe. Quand en plus ils s'adjoignent un sociologue (ou un philosophe)  on est à peu près sûr du désastre. Si les idées sont bonnes elles n'ont pas besoin du support du nombre. L'accumulation des titres universitaires rend plutôt suspect le moindre articulet.

Ces athlètes de la pensée économique ont donc uni leur force pour pondre cette phrase positivement géniale qui mériterait qu'ils se fassent vider de leur université avec un magistral coup de pied au bas du dos. Nous citons sans rire :

"Cet argument (en faveur de la croissance NDLR) intègre dans la période récente  la conviction que la crise des dettes publiques exigent le retour d'une croissance aussi forte que possible  oubliant que cette crise est apparue aux Etats-Unis …au terme d'une période de croissance ! "

Imagine-t-on que deux puissants agronomes soutenus naturellement par une professeur(e) de sociologie aient écrit dans le journal Le Monde : " Ceux qui demandent le retour du beau temps  le font en oubliant que le mauvais temps est apparu … après une période de beau temps". Très probablement les paysans du coin les auraient balancés dans la mare la plus proche.

On se pince. On relit la phrase. Mais non on n'a pas rêvé !

Là on est au sublime de la pensée économique lilloise et on met en jeu, sans hésitation,  la réputation de Paris-Dauphine pour expliquer que la récession suivant une période d'expansion la période d'expansion est malvenue. Faut-il en rire ou en pleurer ? On sait que malheureusement de nombreux professeurs d'économie français sont très au dessous du niveau minimum souhaitable, surtout en matière monétaire. C'est une affaire qui date des années 60 mais qui n'a fait qu'empirer.

L'enseignement universitaire de l'économie comme la Justice en général, sont deux administrations effondrées où le niveau des personnels est devenu absolument consternant. .  

Mais là on touche le fond.  Et un journal national ose publier de pareilles âneries ?

Evidemment nous ne rapprochons pas les sottises de ces trois olibrius (l'article baigne dans la même bêtise crasse de la première à la dernière ligne)  avec le bulletin d'Oddo.  Ce dernier démontre le temps qu'il a fallu pour qu'un peu lumière finisse par filtrer et la difficulté qu'il y a à étendre à la réalité globale les lueurs entre aperçues avec l'Espagne. Le second témoigne de la nullité universitaire ambiante.

Dans les deux cas on voit combien les journalistes , hommes politiques et finalement, le peuple lui-même, sont mal aidés par les professionnels qui auraient du prévenir et éclairer au moins l'aspect économique de la politique française.

On dira : ce n'est pas proprement français. Voyez le plan de Lisbonne qui devait faire de l'Europe en 2010 la partie du monde la plus compétitive. L'échec n'est pas léger : il est total. Cela n'a pas empêché de créer un nouveau plan 2020 présenté  par Barroso.  Que de l'émotion ! Que du politiquement correct ! Et un vide économique abyssal,  garantie absolue d'un nouvel échec total

On a souvent répété que la crise de 1929 était due à l'incompétence des hommes politiques et des citoyens en matière d'économie.  C'est exactement pareil pour le drame économique actuel. Sauf que cette fois-ci les économistes professionnels sont aussi en tête de cortège !  

 

 

Châteaux en Espagne

Comme nous l'avons expliqué depuis 5 ans le gonflement artificiel et monstrueux de la dette mondiale du fait des défauts du système monétaire international est la cause principale de la crise. La dette est en fait de la monnaie de banque, dont la contrepartie est l'épargne des citoyens. La déflation, c'est à dire la réduction de la dette, des dépôts et de la monnaie, peut toujours prendre un caractère cataclysmique et entraîner une grande dépression mondiale. Il est donc normal qu'on fasse extrêmement attention à la manière de liquider les excès de crédits.

Pour donner une mesure de la difficulté, la dette globale mondiale actuelle doit se situer autour de 100.000 milliards de dollars, dont environ 10% n'est gagée sur rien. C'est à dire qu'il n'y a aucun flux de trésorerie à espérer dans le futur pour rembourser.  Pour faire large, cela représente à peu près le PIB de la France.

Le capital des banques mondiales étant très inférieur à cette somme, on peut dire comme nous l'affirmons depuis le blocage de l'été 2007 du marché interbancaire que le système bancaire mondial est virtuellement en faillite.

D'astuces en ficelles, de contournements en expédients, les états essaient de masquer la réalité. En vain. La panique est partout qui entraîne des mouvements de protection de la part des épargnants qui aggravent les difficultés.  L'immobilier a doublé de valeur, comme l'or.  Les Grecs comme les Espagnols ont leur épargne en Allemagne ou en Suisse.

Madame Lagarde, du FMI, donne trois mois à l'Europe pour sauver l'Euro alors que la sortie de la Grèce du système pend au nez de tous.

Aujourd'hui les banques espagnoles sont en premières lignes. On "débloque" par des moyens peu clairs 100.000.000.000 pour les recapitaliser.  En un mot on ne constate pas la perte de 100 milliards d'Euros du système bancaire espagnol (en fait la perte est à peu près trois fois cela si on actait la décote de tous les actifs immobiliers à une valeur de vente possible). On fait de la dette masquée pour combler des pertes.   

Cinq ans déjà que l'on joue à ce petit jeu aux quatre coins de la planète.

Et toujours pas une seule analyse des mécanismes de cette dette fantasmagorique  et aucune mesure prise contre ses causes !

Le plus poétique dans l'affaire auront été le résultat des "stress tests" et les notes données par les agences de notation. Mensonge ? Illusion ? Bêtise ? Cynisme ?

Pendant ce temps là,  la presse s'occupe des "Tweets" du harem. On a Les lettres Persanes qu'on peut.   

On ne peut même pas dire qu'on danse avec grâce sur un volcan.   Le Fandango a du plomb dans l'aile.

Les thèses du Pr. Antal Fekete

Singulière expérience que de retrouver dans un livre récent presque mot à mot les thèses que nous défendons inlassablement dans la blogosphère depuis 1996. Ce livre est "le retour au standard or" du Pr Antal Fekete.  

Il tient, comme nous, que les crises ont une source principale : des dérèglements monétaires.

Il signale, comme nous, que le début de la crise est la décision de Nixon de couper le cordon entre or et dollar, introduisant un cours forcé de la monnaie administrative sur sa zone  et des cours flottants entre les différentes monnaies administratives.

Il montre, comme nous, que le FMI a perdu progressivement tout son rôle statutaire.

Il critique comme nous la Doxa imposée aux Universitaires qui veulent enseigner et aux économistes de cour et de média. Il montre la quasi impossibilité de faire carrière sans soumission à cette doxa imposée par les banques et les Etats.  Il charge les économistes officiels d'être des taiseux intéressés quand ils ne sont pas "vendus" aux intérêts bancaires et étatiques.

Il est très clair sur le fait que la  crise qui s'est étendue depuis la chute de Lehman-Brothers n'est pas une crise des subprimes,  des règles comptables ou des bonus et qu'on n'a toujours pas pris la moindre mesure  correctrice utile ce qui explique la durée de la crise. Une thèse que nous serinons sans relâche et qui et une des vocations de ce blog.

Il démontre facilement, comme nous-mêmes,  que la production d'or aurait permis de garder le rythme d'une croissance équilibrée dans les 50 dernières années, sans les pénuries annoncées par les sectateurs de la monnaie administrative à cours forcé.  

Bref l'auteur est de ceux qui comme nous considèrent que nous sommes arrivés à une forme d'explosion du système de monnaies administratives, gérées par des gnomes,  et s'échangeant entre elles sur des marchés à cours flottants.

Bravo et merci !  On se sent moins seul. Peut-être ceux qui nous lisent auront moins l'impression que nos thèses sont trop personnelles et aventurées, malgré leur rigueur intellectuelle et leur adaptation aux faits . Des économistes regardant les faits et eux seuls arrivent aux mêmes conclusions, ce qui est plutôt réconfortant.

Quels sont les points où l'auteur va plus loin que nous et ceux où nous divergeons ?

Sur le passé, l'auteur remarque que le 19ème siècle a été pendant tout le temps où l'or a continué à circuler librement nationalement et internationalement, un moment de croissance régulière globale de 5% l'an.  Certains calculs aboutissent plutôt à 3%. L'auteur oublie le cycle et les crises récurrentes qui étaient à l'époque particulièrement forte. On pouvait subir des reculs de PIB de 30 à 40% !  

Il attribue la responsabilité de la guerre de 14 aux mesures de 1909 sur le cours forcé/cours légal des principales monnaies. En fait c'est la crise de crédit terrible qui touche les Etats-Unis un peu avant qui expliquent les mesures prises et la guerre a des causes externes à la question monétaire. En revanche il voit juste lorsqu'il signale que la monnaie administrative à cours forcé a permis de maintenir la guerre totale pendant très longtemps, alors que faute d'or, elle se serait arrêtée plus tôt.   

Il analyse l'échec du retour à l'étalon or de la fin des années 20 par le refus de recréer un marché des créances obligataires  ou d'escompte rattaché à l'or. Cette décision aurait été  secrète. le but était de dégager les Etats de leur sujétion vis-à-vis de l'or. Les états ne voulaient pas que l'épargnant privilégie les créances privées remboursables en or pour fourguer son papier monnaie.  Du coup la licence de création de monnaies administratives a créé un emballement des dettes qui a fini par exploser en 29, alors que les dettes de guerre restaient énormes et généralement irrécouvrables. Nous sommes plus nuancés : la crise est directement liée au gold exchange standard et aux doubles pyramides de crédit qu'il a permis. Mais il était à peu près impossible de revenir à un pur étalon or, ce dernier ayant été capté par un seul pays, les Etats-Unis.  

Il est vrai qu'il défend le rôle des effets-or (titre à trois mois gagés sur l'or et pouvant se négocier internationalement)  avec des raisonnements très clairs et démontre qu'en l'absence de ce mécanisme de produits dérivés de l'or, un système d'étalon or ne peut pas fonctionner bien. L'auteur croit au rôle indispensable d'une chambre de compensation de créances-or à 90 jours, sur une base nationale et internationale.

A contrario le développement des effets-or permettait de financer les salaires et le plein emploi. L'auteur associe chômage structurel et monnaies papier à cours légal exclusif.  "L'évidente porte de sortie est la résurrection du Fonds des salaires qui permettrait la circulation spontanée des Effets réels qui ont été utilisés pour la dernière fois en 1914". "Un vrai effet-or pour être utile doit mûrir en un instrument financier supérieur. Sinon il ne circule pas. Par conséquents la réhabilitation des effets signifie la réhabilitation simultanée du standard-or les deux allant ensemble comme une main et un gant".

Sans nier le moins du monde la réalité de ce raisonnement, il convient de noter que les trente glorieuses ont été possibles sans ce mécanisme. Mais il y avait une certaine forme de rattachement général des monnaies à l'or, même si c'était via le dollar lui-même rattaché, et les changes étaient fixes même s'ils restaient ajustables. Bien sûr comme nous l'avons expliqué dans différents billets  ce système finira par exploser. Mais, corrigé, il nous semble devoir rester un bon système, sans nécessairement passer par un étalon-or pur et dur.

Antal Fekete défends aussi l'idée que les taux d'intérêt très bas sont destructeurs de l'emploi et de la prospérité. Nous avons-nous-mêmes défendu cette thèse contre Alan Greenspan dans les années 90 et au début des années 2000. Une sorte de croyance populaire assimile  taux très bas à prospérité. En vérité les taux très bas anéantissent le capital  qui disparait. Pourquoi conserver du capital stérile ? Les taux d'intérêts trop bas ne peuvent que financer des bulles qui explosent au final.    On répète dans les cours d'économie que la baisse du taux d'intérêt fait hausser les cours d'action.  Il suffit de constater aujourd'hui que les taux sont historiquement bas EN MEME TEMPS que les bourses sont au plancher ! Paradoxe ? Non, normalité.  Les taux d'intérêt trop bas poussent les banques à enflammer le marché des prêts donc des dettes pour se rattraper sur la quantité. Les risques augmentent. Ensuite elles réclament des taux de refinancement nul ou même négatif pour refinancer leur dette, ouvrant un cercle vicieux mortifère.

D'où cette phrase à donner à méditer aux étudiants en économie : "Le secteur financier a siphonné les capitaux des comptes de production". Puis  : "La crise bancaire actuelle est le résultat du nettoyage des capitaux du secteur financier, par le même processus qui a anéanti les capitaux du secteur de production".

Au passage l'auteur aborde une question que nous avons également traitée : la vente au plus bas de l'or de la France par Nicolas Sarkozy. Cette mesure incompréhensible et dommageable n'a, pour l'auteur, qu'une raison : complaire aux Etats-Unis décidés à éviter que le dollar se fracasse sur le mur de l'or. " En vendant le patrimoine de la France , Sarkozy s'est exposé comme le petit caniche du gouvernement américain".  Un peu plus tard il voudra imposer les "subprimes à la française" sur le modèle américain… RIP !     

Point intéressant, notre professeur attire l'attention sur les conséquences d'une augmentation de la dette au delà de 100% du PIB en système de changes flottants de monnaies administratives.  Alors qu'en régime d'étalon or un accroissement de 1% de la dette entraînait un accroissement de 3% du PIB, ce chiffre est devenu de plus en plus faible pour devenir négatif en 2006, précédent et annonçant la crise. Au fur et à mesure que la dette globale dépassait  250 puis 300 puis 350% du PIB l'ajout de dette entraînait progressivement non plus une croissance du PIB mais un recul !  

Rappelons que pour nous l'observation du gonflement de la dette globale a été le moyen le plus simple de prévoir la crise. "la production marginale de la dette est un tyran sans imagination"."Les débuts discrets de la dette irrécupérable se sont transformés en un édifice colossal".  

Finalement comme en sortir ? La solution du professeur Fekete est moins simpliste que le simple retour à l'étalon-or.  Elle consiste à permettre d'ajouter à la circulation monétaire papier une circulation de monnaie d'or et surtout de papier commercial rattaché à l'or.

C'est là une question  majeure : faut-il par exemple en Europe où les défauts de l'Euro sont patents et étouffent certains pays ajouter une autre monnaie de papier, l'Euro jouant dans ces pays  le rôle de réservoir de monnaie forte et tenant en quelque sorte le rôle de l'or ?  Ou faut-il carrément mettre l'Euro en concurrence avec l'or permettant à la fois d'assécher une partie de la dette grâce à l'or monétisé, d'augmenter la liquidité disponible et de rétablir la confiance dans les transactions ?

On reprochera à ce livre une tendance à voir des complots et à traiter de voleur une partie des élites monétaires. Mais il met sur la place publique des réflexions fondamentales et qui, de surcroît, corroborent sur beaucoup de points notre propre réflexion publique, même si elle diffère sur d'autres.

Nous ne saurions donc trop en recommander la lecture.  

 



Economie et politique

Un de nos lecteurs nous envoie un texte incendiaire sur le thème suivant : "tant que vous traitiez d'économie je vous lisais avec plaisir. Vos articles étaient originaux et m'apprenaient différentes choses qu'on ne trouve pas dans la presse. Mais lors des élections vous avez pris parti contre le Parti Socialiste, et vous faites de la politique. Vous vous êtes mis hors jeu".

Cette attitude est tout à fait classique. Nous l'avions déjà remarquée, dans le sens inverse, lorsque nous intervenions sur le forum du Monde. En 1997, c'était un gouvernement de gauche qui tenait les manettes et qui enchaînaient les erreurs. La dénonciation de ces erreurs plaisaient aux intervenants de droite. Lorsqu'on est passé à un gouvernement de droite, la critique est passée à droite, au grand dam des précédents.

Les erreurs ne sont ni de droite ni de gauche, ou si l'on préfère, elles sont  de droite et de gauche.

Il faut avoir une grille de lecture dégagée des engagements partisans. On peut heurter les partisans des deux bords sans avoir d'a priori pour un clan ou un autre.

En 1997, lorsque nous avons commencé à intervenir publiquement,  la difficulté provenait de ce que la France ne se remettait pas du coup de massue fiscal gigantesque de M. Alain Juppé rendu obligatoire par les folies Rocard, la crise de 93 et les obligations de Maastricht.  Pour l'observateur indépendant, les remarques à faire étaient importantes :

- Au nom de l'Europe de Maastricht la politique monétaire était trop restrictive en France

- Personne n'ayant conscience du cycle, on ne voyait pas que la croissance repartait dans le monde et qu'elle était à nouveau  créatrice d'emplois

- La révolution économique chinoise et ses conséquences n'étaient pas perçues.

- Les effets pervers du gonflement global de la dette et de la création monétaire  étaient masqués par les conséquences de la récession de 93.

- La crise en France avait été payée par le secteur marchand et l'énorme bloc de l'emploi public au contraire du nécessaire s'était renforcé.

L'erreur était  patente dans le camp socialiste.

Le camp "néolibéral" n'était pas indemne.

Aux Etats-Unis et dans le monde anglo-saxons on commençait déjà à tresser des couronnes de lauriers totalement abusives à M. Greenspan. Le déversement de liquidité paraissait fabuleux. La faillite de LTCM avait été mise sous le tapis.  Les défauts du système monétaire international étaient glorifiés comme des avancées déterminantes. Clinton venait de déverrouiller les subprimes. On discutait de nouvelles avancées dans les produits dérivés.

L'Europe rêvait de l'Euro et le préparait sans que le débat ne vienne jamais sur la complexité de la gestion d'une zone monétaire.

La France de Jospin pensait que "la fin du travail" était arrivée et qu'il fallait accroître encore les impôts tout en réduisant la durée du travail.

Lorsqu'on quand on critiquait la politique monétaire globale anglo-saxonne on était un "communiste", un anti européen maléfique si on évoquait les contraintes excessives de Maastricht et les illusions associées et un "fasciste" si on osait critiquer les mesures malthusiennes prises par le gouvernement Jospin.

En vérité, avec le retard classique, les esprit baignaient encore dans les affres de la crise de 92-93 ("Horreur économique", "fin du travail", etc.) et personne ne comprenait ce qui se passait sur le terrain, malgré des avertissements solides :

- L'affaire LTCM montrait qu'on ne maitrisait plus la finance.

- La crise dite des pays émergents allait montrer que le système monétaire international était en capilotade et ne survivait que par une fuite en avant permanente.

- L'affaire de la cagnotte montrait que les mesures prises par DSK allaient complètement à contrecourant du nécessaire.

Démontrer tout cela était difficile du fait des aspects en apparence contradictoires de la réalité :

- Comment dénoncer le gonflement démentiel de la liquidité internationale alors que les prix à la consommation n'augmentaient pas massivement et que Trichet menait une politique presque déflationniste ?

- Comment dénoncer les effets des 35 heures alors que le dispositif mis en place décalait dans le temps les conséquences (l'étouffement viendra en 2000 pas en 1997) et que la phase haute du cycle entraînait une hausse globale de l'emploi partout dans le monde et donc aussi en France ?    

On voit bien aujourd'hui que c'était à ce moment là qu'il fallait prendre de nombreuses mesures correctrices :

- Comprendre les méfaits des changes flottants et de la licence monétaire internationale et y mettre fin

- Arrêter le processus de Maastricht en privilégiant une monnaie de référence commune à une monnaie unique et en évitant l'abaissement totale des barrières douanières et en limitant les mouvements de capitaux à court terme

- Réformer en profondeur la France en dégonflant le secteur public, en réduisant dépenses publiques dettes et impôts, notamment dans les régions et en réformant drastiquement le système des retraites et la sécurité sociale.

C'est exactement l'inverse qui a été fait.

Toute dénonciation de ces erreurs se heurtait directement  aux choix idéologiques et politiques des uns ou des autres , voire parfois de tous les camps réunis.

Pour un socialiste le non travail et la surimposition c'est bien par nature. L'étouffement de l'entreprise sous un flot de contraintes légales, pénales, fiscales, écologiques, c'est formidable. Contredire cette vision était un acte d'hostilité.

Pour un libéral de droite, "qui connait l'économie", les folies boursières, les changes flottants, tout ce qui vient des Etats-Unis, Greenspan, c'est le bien. Contredire ce crédo était là encore  un acte d'hostilité. Avoir dénoncé par exemple les stocks options pour les entreprises du CAC sera considéré par nos soutiens du forum du Monde  comme une concession horrible à l'esprit "socialo-communiste".

Faut-il s'arrêter à ces considérations politiciennes ? Nous avons toujours pensé que non. La vérité n'est ni de droite ni de gauche.  Pas plus hier qu'aujourd'hui. Il y a fort à parier que dans quelques temps nos commentaires actuels passeront pour une évidence dont on comprendra mal qu'elle ait pu échapper à qui que ce soit.  

La politique pose à l'économie une grave question :  si les politiques ne comprennent pas ce qui se passe et prennent des mesures mal inspirées, est-ce le fait des électeurs qui exigent ce qu'ils attendent ou est-ce un problème d'expertise absente de la part d'une élite défaillante ? La démocratie joue-t-elle contre elle-même, si tant est que la prospérité soit un élément souhaitable de la démocratie ?

Les périodes électorales sont intéressantes de ce point de vue.

En 2007 nous avertissons Nicolas Sarkozy et son clan que la crise est à nos portes qu'elle sera grave, qu'il faut s'y préparer et qu'il faut surtout éviter d'affirmer que l'on gonflera le taux de croissance alors qu'on sera en pleine tempête. Il gagne en faisant campagne pour la rupture avec le "roi fainéant". Très bien. L'ennui c'est qu'il ne la fait pas et qu'il prend la crise en plein visage.

En 2012 c'est une campagne ignoble qui se met en place. Les deux camps considèrent qu'il ne faut rien dire des réels problèmes  et des politiques réelles qu'ils mèneront.  On sombre dans la chasse aux boucs émissaires et on multiplie les "cadeaux" débridés au peuple.

Désolé, à droite. L'absence de toute compréhension de la crise, de toute solution annoncée pour les problèmes mondiaux et européens, et le déversement de mesures catégorielles pusillanimes, ajoutés à une campagne de stigmatisation des étrangers, boucs émissaires de la crise, formaient un cocktail nauséabond.

Désolé, à gauche. L'absence de toute notion de ce qu'il faut faire pour réformer l'économie mondiale, notamment en matière monétaire et  l'absence, autre qu'incantatoire, de toute politique de réforme européenne, ajoutées à une chasse aux sorcières menées contre les "riches" qui paieront la crise au prix de mesures vexatoires et confiscatoires, formaient un cocktail nauséabond.

Oui nous trouvons abject, positivement abject,  la stigmatisation  éhontée de boucs émissaires. Les "ratonnades" qu'elles soient fiscales ou xénophobes, sont insupportables et doivent être dénoncées.

Oui nous trouvons consternant l'absence totale de compréhension des défectuosités françaises, européennes et mondiales et qu'on ne songe qu'à les aggraver ou à ne rien faire.

Bien sûr la politique c'est la capacité d'un clan à porter sur le pavois le plus malin des petits malins du groupe.  Cette logique là est rarement celle de l'intérêt national. Entre "que dois-je annoncer pour être élu" et "que faut-il faire pour le bien public", toute ressemblance ne saurait être que le fruit du hasard et d'une coïncidence improbables et involontaires.

"Cadeaux au peuple" et "dénonciation hargneuse de boucs émissaires" ont été les deux mamelles des élections présidentielles de 2012. Ces élections auront été les pires qu'on puissent imaginer de ce point de vue et déshonorent les deux candidats, M. Sarkozy dont on espère maintenant un long silence et M. Hollande,  dont on ne peut espérer qu'une chose : qu'il trahisse ses promesses inconsidérées.

Oui, nous le disons, ni M. Hollande, ni M. Sarkozy ne sont à la hauteur du poste.  La campagne victorieuse du premier en 2007 laissait voir que son quinquennat serait raté. Il l'aura été. De demi mesures en demi reculs, il ne sera arrivé à rien. La campagne victorieuse de M. Hollande fait craindre le pire.  Il a une personnalité à la Janus : une face aimable et virevoltante qui lui vaut ses succès féminins et l'aura rigolarde du turlupin sympathique prêt à toutes les farces ;  une face dure, volontiers cynique et sectaire, manipulatrice et fuyante, qui  justifie qu'on emmêle tout et rende tout inextricable.

Ceux qui ont été ses maîtres dans le supérieur ou ses superviseurs à la Cour des comptes disent : une couleuvre qui travaille peu et se défile brillamment.  Ceux qui ont subi sa gestion comme Premier secrétaire du PS gardent le souvenir d'une anguille, compliquant tout, divisant pour régner et pourrissant le reste pour se dégager de tous les pièges de la rue de Solferino.

Hollande a le côté Jocrisse de ceux qui fréquentent les riches en prétendant les détester. Il a une passion de lui-même et de sa réussite qui est la même que celle de Sarkozy. Il n'en revient toujours pas d'avoir été élu président, comme Sarkozy après son élection.  Autant dire que la compétence, la sérénité et la hauteur de vue ne seront pas plus au rendez-vous de cette élection qu'elles ne l'ont été de la précédente.

En revanche on continuera de faire feu de tout bois en croyant que l'assommoir fiscal fera passer tous les reniements.

Rappelons notre grille de lecture :

- Il faut réformer le système monétaire international et revenir à un système interétatique concerté de monnaies stables entre elles et ajustables par consensus sous la supervision d'un arbitre fort.

- L'Europe de Maastricht ne marche pas et doit être profondément remaniée avec une réforme radicale de la gouvernance de la zone Euro qui évite de sombrer dans la gestion par la dépression. Sinon ce sera l'explosion de l'Euro et probablement un recul définitif de l'idée européenne.  

- La France doit démanteler son moloch public et baisser radicalement dépenses publics, impôts et dettes, tout en faisant la paix avec son secteur marchand.

Si la politique va dans ce sens, elle est bonne. Sinon, elle aggrave la situation.

On aimerait que F. Hollande nous surprenne avec ce qu'on attend.

Quelles couronnes ne lui tresserions pas !   

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.  



Le chômage structurel en France

Il existe en France un chômage structurel important qui a commencé à s'installer à partir de 1968 et qui a atteint aujourd'hui des proportions gigantesques.

Si on regarde le cycle économique de 8-10 ans, on s'aperçoit que désormais, en phase haute, on ne parvient pas à descendre au dessous de 7% de chômage (définis en termes officiels). En phase de récession on monte à 10%.  En un mot les taux de croissance les meilleurs ne permettent pas de baisser de plus de trois points le chômage. Les catégories au chômage sont toujours les mêmes : les faibles (jeunes, vieux, immigrés, femmes).

Autre regard sur la même réalité, le nombre de salariés dans l'économie française se situe entre 15 et 16 millions selon les statistiques et les définitions. Pour une population de 65 millions d'habitants nous devrions, aux taux usuels rencontrés dans les pays comparables, en avoir entre 22 et 27 millions. Il nous manque donc structurellement entre 5 et 10 millions d'emplois salariés.

Dernier regard sur la même réalité, on constate qu'il y a en France environ 7 millions de personnes en âge de travailler qui vivent en général dans la pauvreté aux marges du système, le plus souvent aux crochets de l'état.

Cette situation est évidemment dramatique et explique en partie le poids de la dépense publique, de la dette, des déficits extérieurs, etc.

Quelles sont les explications possibles de ce chômage structurel ?

1. La préférence pour le non travail et le travail public

- La préférence pour le non travail

Bien que l'habituelle compassion explique que le chômage est toujours subi, il est tout à fait clair que la décision de travailler ou non est largement rationalisée par les ménages concernés. On l'a vu avec l'échec du RSA. Différentes populations préfèrent une vie certes modeste mais sans travail, plutôt que les risques et peines d'une situation où l'on travaille sans gagner plus et en perdant divers avantages. On évoque des ménages étrangers qui viennent pour les allocations diverses : ils gagnent généralement plus à ne rien faire en France qu'à travailler dans leur pays. Mais la majorité des ménages qui font ce calcul sont bien français.  Une des catégories les plus importantes est formée par les femmes isolées avec enfants qui s'installent dans une vie presqu'entièrement subventionnée sans chercher de travail sinon au noir.

A l'autre bout de l'échelle on trouve des ménages qui font le choix temporaire de la non activité en profitant des allocations reçues. Il est devenu très rentable en France de se faire licencier avec des fortes indemnités, qui jusque récemment n'étaient même pas considérées comme des revenus dont non soumises à impôt. On voit donc des cadres même supérieurs, même sur-diplômés, même dans des âges de pleine activité, se mettre en année sabbatique payée par les indemnités  pour une voire deux années.

- La préférence pour l'emploi public

C'est devenu depuis la crise de 74 la tare française. L'essentiel des gros bataillons de l'université cherche son salut dans l'emploi public. Le clientélisme régional et le népotisme jouent dans le même sens dans les provinces. Le député, le conseiller général, le conseiller régional, le maire sont devenus les pourvoyeurs d'emplois locaux où l'on travaille peu pour des rémunérations plus que sérieuses. On sait qu'à Paris les fonctionnaires travaillent environ un jour ouvrable sur deux et qu'on peut se poser des questions sur la réalité de ce travail. Quand on est 50.000 à faire un travail qui n'exigerait pas plus de 15.000 emplois, on ne se foule pas trop. Mais le jardinier municipal de Toulouse n'est pas non plus cassé par un travail excessif. Surtout quand la chasse est ouverte ou quand il faut aller aux champignons.

Cette préférence est symbolisée par le nombre des candidats, et leur niveau, qui concourent aux examens pour certains postes publics. L'ampleur des candidatures pour être postier, avec de nombreux bac+4 ou 5, en témoigne. On forme jusqu'à 25 ans et à grands frais des gens dont l'aspiration est de porter des lettres de boîte en boîte. Du temps de "jour de fête", c'était l'idiot du village qu'on mettait à ce travail par compassion. Maintenant à moins d'une maîtrise de psychologie, il n'y a rien à faire pour avoir le poste !

Une règle de pouce veut qu'un emploi public tue deux emplois privés. Il faut évidemment le financer et qui paie sinon in fine le système non public ?  Le secteur public ne se nourrit pas en autarcie.

Le résultat est connu : nous avons un secteur public totalement disproportionné qui consomme  une part déraisonnable de nos ressources.  La régionalisation a de plus permis un empilement de doublons administratifs sans limite.  Près de deux millions d'emplois publics ont été créés depuis 1974 quand on tient compte des postes dans les associations directement subventionnées par les politiques. En même temps l'emploi marchand a quasi stagné.

 

2. Le SMIC et la surfiscalité

 - Le Smic et les coups de pouce

Nous renvoyons aux autres articles que nous avons écrit sur ce blog sur la question du SMIC.  Un salaire minimum n'est pas en soi une catastrophe. S'il a pour but la protection contre certaines formes de prédations, il est même indispensable. La France avait mis en place, sous l'influence de la droite, un salaire minimum garanti, qui était indexé sur l'inflation et régionalisé. Ce système ne posait pas de problème. En maintenant un avantage de compétitivité il favorisait la décentralisation. Et l'abus restait sous contrôle avec une borne suivant l'inflation. Ce filet de sécurité n'était pas le plus important. Ce sont les accords de branche qui fixaient, en fonction des réalités du terrain, les salaires minima professionnels qui étaient réajustés par négociation en cas d'accord général des parties prenantes.

Le drame viendra du changement de philosophie : le salaire minimum ne devait plus être simplement une sécurité mais un moyen de politique de revenu et un élément majeur de l'énarchie compassionnelle et de la démagogie politique avec les célèbres "coups de pouces". La droite, car c'est toujours la droite qui a été à la manœuvre dans ces affaires, a alors pris toute une série de mesures dramatiques pour l'emploi. L'indexation n'a plus été faite sur les prix mais sur la croissance. La salaire minimal est devenu national. Chaque élection a été l'occasion d'un cadeau national aux salariés. Du coup près du tiers des salariés du privé se sont retrouvés au SMIC ! Toute la hiérarchie des salaires s'est trouvée écrasée. Les conventions collectives se sont trouvées déclassées, les salaires conventionnels trainant  très loin en dessous des valeurs du SMIC. Le dialogue social sur les salaires a disparu. "Tous smicards", tel était le slogan vécu par les salariés.

L'ennui c'est que le salaire étant l'assiette de très forts prélèvements, le salaire net du smicard était accompagné d'un coût du même montant en charges. Le "double fiscal  du salarié français" coûtait aussi cher que le travailleur.

Pour le politique c'était tout bénéfice : il passait pour un gentil et "achetait" le vote des petits salariés. Dans le même temps il réduisait les déficits de la sécurité sociale et engrangeait des ressources fiscales.

Le coup de ciseau sur l'emploi était phénoménal. Pendant trente ans, jusqu'à la détaxation partielle des bas salaires, cette machine à créer du chômage structurel a fonctionné à plein régime.

 

- L'hyper fiscalité

Nous venons de voir que l'emploi salarié était, de tradition en France, surtaxé. La France ruinée par la guerre ne pouvait prélever que sur la richesse en train de se faire. Elle a pris l'argent à la source : sur l'entreprise.

Tant que le prélèvement global est resté à 30-35% du PIB, l'effet sur l'emploi n'était pas trop grave. Mais nous sommes passés après le septennat fiscal de Giscard et après le programme commun de gouvernement socialo communiste à 45% du PIB. L'énormité de ce prélèvement, compte tenu de sa concentration sur l'entreprise et l'entrepreneur, a rendu impossible toute politique de développement économique et réduit comme une peau de chagrin les capacités d'emplois nouveaux.

Compte tenu de son coût le poste de travail devait désormais  être fabuleusement productif pour se justifier.

Et l'entrepreneur avait de moins en moins de ressources disponibles pour son entreprise.

Le capitalisme français était devenu un capitalisme sans capitaux et sans emploi. Inutile d'aller très loin pour comprendre pourquoi il manque 5 à 10 millions d'emplois salariés en France et que nous n'avons pas de Mittelstand à l'allemande, un réseau serré de grosses PME de 500 à 5000 emplois.  Et oublions les PME exportatrices.

 

5. La surprotection de l'emploi salarié et les 35 heures

Une des curiosités françaises est le goût pour le salarié, objet de toutes les tendresses alors que le travailleur indépendant est laissé à la dureté des conditions. L'idée, grotesque, que la salarié est dans une situation de domination et doit grâce à la puissance publique se dégager de ce servage par des mesures outrancières de protection a fait des ravages.  Au lieu que l'entreprise soit un lieu de contrat libre, entre un employeur disposant temporairement d'un emploi possible et d'un employé désireux de le satisfaire pour la durée possible,  c'est devenu un enfer où tout engagement vaudrait à vie sauf indemnisation délirante, étant bien entendu que le salarié aurait toujours raison et ne pourrait pas être réellement commandé, sous peine de risquer la prison pour harcèlement moral.    

La situation est d'autant plus grotesque que l'emploi est concentré pour les raisons dites plus haut sur la qualification, seule condition de la compétitivité, et que le drame des entrepreneurs a toujours été et reste de trouver des collaborateurs compétents et motivés, alors que les talents ont tendance à sauter d'une entreprise à l'autre. La mondialisation a aggravé le phénomène, la compétition pour les talents devenant mondiale.  

Un chef d'entreprise aujourd'hui n'est pas un garde chiourme s'appuyant sur des porions pour exercer d'abusives pressions sur de malheureux esclaves.  Il remet sans arrêt sur le métier la composition d'une équipe gagnante sur des marchés en hyper concurrence.

Les tracasseries administratives et sociales sans limites qui accablent l'entreprise ont eu immédiatement un effet pervers : la fin des CDI ! Les contrats à durée indéterminée ont rétréci au profit des solutions temporaires : CDD, intérim, faux stagiaires, travail au noir etc.  

Quand l'emploi  est laissé à l'appréciation des fonctionnaires-juges, il n'y a plus de politique de l'emploi, mais un sauve qui peut général.

Du coup on retrouve à la marge des conditions d'exploitation exécrables, l'absence d'emplois conduisant les candidats au travail à accepter l'inacceptable.  Qui ne connait des stagiaires (le stage est devenu obligatoire dans le cursus universitaire, fournissant une masse de candidats) travaillant 12 heures par jours et sollicités sous peine d'exclusion de venir travailler gratuitement la nuit, le samedi, le dimanche et les jours fériés ?  Certaines entreprises ont ainsi créé des parcs à stagiaires corvéables à merci faisant du travail à bas prix à la place d'emplois normaux. Quel progrès !  Ne parlons pas des parcs à intérimaires etc.

Sur les 35 heures, mesure dramatique et dont nous ne cessons de payer le prix, nous ne reviendrons pas ici. Tout est dit et connu.

Encore bravo à tous ceux qui ont conduit ses politiques! Le non-emploi  a gagné : le manque à gagner en création d'emplois se compte par millions, pas par dizaines. Mais les manques à gagner ne se voient pas et sont donc hors du champ médiatique et politique.   

 

4. Les conséquences d'une mondialisation sans écluses

L'ouverture totale à la concurrence des pays à bas salaire qui a été le credo invincible des européistes depuis 1973 a été particulièrement problématique pour la France dont la fiscalité pesait majoritairement sur les entreprises. Elle s'est retrouvée sans possibilité de combattre à armes égales avec les autres.

Ajoutons les contraintes d'un Euro globalement flottant et néanmoins globalement surévalué et le drame de l'emploi français est noué.

Il nous reste un quarteron d'entreprises internationales qui font l'essentiel de leurs bénéfices à l'étranger, avec des rémunérations folles pour leur dirigeants. Et une cohorte éparse d'entreprises étranglées, globalement sans trésorerie, avec des taux de marges très faibles, harassées par les normes, les contraintes, les règlementations, les surprotections, dont les propriétaires sont accablés d'impôts qui les force à vendre leurs biens et à ne pas investir, alors que la crise les ruine et que le crédit devient impossible.

Alors les usines ferment les unes après les autres. Le patrimoine français passe aux mains de l'étranger.

Le Français, né malin applaudit des deux mains et crie vive l'impôt !,  non à l'entreprise privée ! , vive l'état !, vive les postes de fonctionnaires !

La France, elle, crève.

 

Peut-on hiérarchiser les causes du non emploi massif que connait la France avec ce manque à gagner colossal de 5 à 10 millions d'emplois marchands ?  

On l'a vu. Toutes ces causes se combinent pour créer un chômage structurel que même la croissance ne pourrait entamer sérieusement.

Pour le réduire il faudrait donc frapper tout azimut et simultanément.

- Il faut revenir à une notion de salaire minimum de protection négocié par branche et hors des pattes des énarques qui nous gouvernent. La politique salariale doit être laissée à la libre négociation entre les partenaires sociaux sans intervention de l'état.

- Il faut revenir à une notion de l'emploi très simple : l'entreprise ne doit que le salaire du salarié tant qu'elle peut l'employer. Les indemnités de licenciement, qui sont une aide sociale au reclassement, doivent être fixées nationalement à trois mois indépendamment de toute autre considération. Si l'entreprise veut aller plus loin pour finaliser une sorte de "golden hello" propre à fidéliser les talents qu'elle emploie, c'est son choix et cela doit rester à la libre appréciation des parties.     

- Il faut indemniser le chômage de façon temporaire et non pas pérenniser les aides permanentes au non emploi.   

- Il faut transférer sur la consommation l'essentiel des charges qui pèsent sur l'emploi

- Il faut réduire la part du secteur non marchand dans l'emploi et donc impôts et dettes.

- Il faut revenir aux quarante heures,, ne pas hésiter pour une retraite par points à 67 ans et laisser le reste aux discussions au sein de l'entreprise.

- Il faut un tarif extérieur commun intelligent aux frontières de l'Europe

- Il faut un euro compétitif.

- Il faut réduire massivement l'état (central et région)  et les institutions de sécurité sociale. Faisons baisser les besoins de financement public qui capturent l'essentiel des ressources du pays et le forcent  à vendre ses actifs à l'étranger.

- Il faut arrêter la gestion par des normes absurdes qui, comme dans le cas de la poule pondeuse, conduise à casser l'emploi pour rien de sérieux.   

Diverses mesures ont été dans le bon sens ces dix dernières années. Mais il y en a eu si peu et si timides !

Le nouveau gouvernement arrête toutes les mesures timides prises par le gouvernement précéédent ou en prend leur contrepied  (retour sur la retraites à 62 ans, fin de la RGPP, recrutement massif dans l'éducation nationale etc.). On accélère la décentralisation. On reparle des coups de pouces "raisonnables" au SMIC. On se lance dans des "ratonnades fiscales" contre les "riches". 

Personne n'a honte.

Nous allons donc consolider le non-emploi en France, sur fond de crise aggravée. Certains croient que la pyramide des âges, marquée par le vieillissement de la population,  va nous sauver. Moins de candidats à l'activité donc plus de chances de trouver du boulot pour ceux qui restent ! C'est exactement l'inverse. Sauvy l'a parfaitement démontré.

Le chômage structurel  va donc encore croître et embellir, désagrégeant le tissu social.

L'oeuf, la poule, la crise et les droits de l'homme

"Du jamais-vu. Biscuitiers, pâtissiers, fabricants de pâtes alimentaires et industriels de la panification sont confrontés à une pénurie d'œufs en Europe. La situation va continuer de s'aggraver, pour atteindre un déficit de 20% en juin, selon le Comité européen de gestion des produits avicoles".

«Malgré les difficultés rencontrées par de nombreux éleveurs pour s'y conformer, la Commission européenne ne tolère aucun assouplissement quant à l'obligation depuis le début de 2012 de mise aux normes des cages des poules pondeuses », regrette la Coordination rurale (CR) dans un communiqué diffusé mardi. Le syndicat « dénonce l'irresponsabilité de cet entêtement, qui conduit aujourd'hui à une pénurie d'œufs en Europe sous prétexte de mieux-être de nos poules européennes».

"La mise aux normes européennes «bien-être» des cages de poules a provoqué une crise de pénurie et logiquement une flambée des prix dans la filière œufs. En raison du coût des investissements, une partie des éleveurs a préféré jeter l'éponge. D'autres ont pris du retard et certains ont opté pour la retraite un peu plus tôt que prévu."

«Il manque 10 % de la production. Le pire est à prévoir au mois d'avril et je ne pense pas que la situation redeviendra normale avant octobre-novembre», commentait, début mars, Alain Le Pimpec, le dirigeant de la casserie d'œufs, Atlantic Ovo. Ses estimations se sont révélées exactes : son entreprise de Kernascléden (56) a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce. Selon le Syndicat national des industriels et professionnels de l'œuf (Snipo), Atlantic Novo traite 200 millions d'œufs par an pour un chiffre d'affaires de 12 M€. Entre 35 et 40 personnes travaillent dans cette société du centre-Bretagne.
La crise est européenne. La première casserie espagnole est en liquidation et deux casseries allemandes en redressement."

"Le Copa-Cogeca attire également l'attention de la Commission, du Parlement européen et des gouvernements de l'UE sur la cherté des aliments, qui représentent plus de 60 % du coût de production d'une volaille. Pour passer cette période difficile, l'industrie demande des mesures exceptionnelles, le temps que le marché retrouve son équilibre".

"Les organisations agricoles et coopératives européennes (Copa-Cogeca) ont averti, le 16 mars 2012 dans un communiqué, que la pénurie actuelle d'œufs dans l'UE accroît le risque d'importations en provenance de pays tiers qui ne respectent pas les nouvelles normes européennes de bien-être des poules pondeuses".

« Alors que 20% des besoins de l'UE ne peuvent plus être satisfaits à ce jour, la Commission évoque la possibilité de recours à des importations de pays tiers (Etats-Unis, Mexique, Turquie), mais relativise en précisant avec légèreté qu'il s'agit « sans doute d'une tendance de court terme, pour répondre à la pénurie sur le marché, plutôt que d'un changement permanent ». Ainsi, les consommateurs devront donc consommer des œufs produits avec des normes de bien-être animal et sanitaires bien inférieures à celles qui étaient jusqu'alors pratiquées en Europe ! Est-ce cohérent  ?», interroge la CR.

"Alors que les éleveurs européens ont investi plus de 5 milliards d'euros dans la mise aux normes de leurs installations et que l'UE bannit la production de ceux d'entre eux qui ne l'ont pas fait, il est absurde de ne pas appliquer les mêmes standards de production aux importations".

"Tous les opérateurs sont exposés au manque de production et subissent de plein fouet la hausse de prix de matière première. On pourrait assister à des défauts de paiement ou à des ruptures de livraisons. Les entreprises qui exportent sur les pays tiers sont les plus touchées car elles subissent une concurrence déloyale". .

On pourrait ainsi continuer les citations de la presse de ces dernières semaines. Toute l'industrie agroalimentaire basée sur la transformation des œufs est en difficulté. En France, la pénurie a déjà coûté plus de mille emplois. Et plusieurs règlements judiciaires s'annoncent après déjà trois ou quatre faillites.

L'affaire est tellement représentative de l'esprit du temps qu'elle en devient exemplaire. Pendant la campagne, tous les candidats la main sur le cœur ont crié "l'emploi, l'emploi, l'emploi". Entre celui qui voulait aller chercher l'emploi avec les dents et l'autre qui voulait le financer avec l'argent des autres, c'est à qui irait le plus loin dans la surenchère.

On a même un Ministre du redressement productif, accordé à un "bavard" professionnel qu'il importait de neutraliser avec un maroquin. C'est dire l'importance du sujet.

Qui parle du redressement de la production d'œufs, protéine peu coûteuse pour temps de crise et de l'emploi des éleveurs ? Parions qu'on ne fera pas du redressement productif au cul des poules !

Et comment le pourrait-on puisque le sujet est hors de portée du gouvernement national.

Nos casseries sont à la casse du fait des tracasseries de la Commission de Bruxelles.

Monsieur "moi président", le très honorable Hollande, n'a rien à en dire, rien à en faire. Ce n'est plus son boulot.

Ah qu'elle était belle cette initiative qui a poussé au vote  unanime de la reconnaissance des droits de la poule. Pendant tout le temps où on discutait de la nouvelle "constitution européenne", les thuriféraires de la chose n'arrêtaient pas de bassiner l'électeur avec la "subsidiarité". L'Europe, c'est pour les choses cruciales disaient-ils. Pas pour les détails auxquels la dimension européenne n'apporte rien.

Nous vivons des temps où la compassion exige la multiplication des "droits à". Pour avoir des "droits de" il fallait une conscience et une autonomie d'action. Pour les "droits à",  la volonté du sujet de la législation n'est pas nécessaire. Alors on a inventé les "droit à" des animaux, à l'image des "droits à" des hommes.  Nous avons depuis 48 une charte internationale pour la prévention et la sanction des génocides. Pourquoi n'aurions pas une charte des droits des animaux  et une charte de la poule pondeuse ?

Quelques philosophes, sans doute ringards, se tuent à répéter qu'il faut hiérarchiser. Mais dans notre relativisme général, la poule vaut bien l'homme. L'examen des questions au gouvernement pendant les années 2000 sur cette question grave des droits de la poule pondeuse à 25 cm2 de plus dans sa cage, montre qu'il n'a pas manqué un parti pour "exiger" du gouvernement qu'il montre dans cette affaire toute sa diligence à faire passer dans les actes internes la merveilleuse directive de 1999.

Ah ! Quelle est belle, qu'elle est généreuse, la voix émue de l'élu(e) prenant la pose à la tribune devant un hémicycle vide pour crier ses exigences, son impatience, sa vertueuse indignation; devant les retards mis à satisfaire la poule pondeuse !

"La puissance de l'homme sur la poule lui commande des devoirs. C'est à la manière dont on traite la poule qu'on mesure le degré d'humanité d'une nation, d'un état, d'un régime. Voici venu le temps des droits de la poule et du citoyen ".  Voici venu le temps des Déroulède volaillers !

Le plus comique dans l'affaire est de voir la Bretagne, anciennement MRP et convertie désormais au socialisme européiste de rosaires et de rosières, frappée la première (mais hélas pas la seule) par l'effondrement de la filière. Le pays de l'or jaune rie jaune, à la grande joie mauvaise des Verts. La madeleine est à un carrefour, en croix et en pleurs.

Quelle serait touchante l'amicale claque du député "farouchement mobilisé pour l'emploi" sur le dos du patron ruiné et l'épaule de ses salariés au chômage et émouvant son discours : "Grâce à nous les poules ont Poule emploi, une jolie norme que nous avons voté à l'unanimité et qui prouve notre souci humanitaire. Elles auront désormais 25cm2 sous les pattes dans les cages agréées. Et vous vous aurez Pôle emploi et 25 cts de l'heure au RSA pour ranger les cages déclassées. Ne dites pas qu'on ne fait rien pour un monde meilleur".

Oh ! La normalisation de la cage n'a pas été une mince affaire. Il fallait au moins trente énarques, une centaine de spécialistes des 2x pays, et quelques Mamamouchi d'importance pour en valider les contours.

-"Mon cher je crois que l'orientation du cul des poules dans cette cage n'est pas absolument optimale"

-"Ma chère, votre sens des droits de l'homme est au plus haut. Comme vous avez raison. Le cul de poule c'est farouchement tendance pour un œuf constitutionnel et garanti par la charte".

- "Mon cher, vous parlez d'or mais je me demande si votre bouche ne commence pas, elle aussi,  à prendre un drôle d'air."

- "Ma chère, me prendriez-vous pour Balladur ? "

Bref, alors que la crise la plus grave depuis 1929 frappe la France, l'Europe, le Monde,  nous, nous cherchons la gloire dans l'affirmation rigoureuse et impitoyable des droits "humains" de la poule pondeuse, au prix du chômage de milliers de personnes dans l'Europe, d'une aggravation de la fiscalité, de la ruine de familles d'entrepreneurs, de l'inflation des prix à la consommation et de déficits extérieurs aggravés.

20% des poules pondeuses ont été abattues en Europe, le plus beau massacre de poules depuis le début du marché commun.

Sûrement en totale conformité avec la charte européenne de l'abattage des  gallinacées.

Quelle belle âme européenne nous avons !

Miam ! Miam ! (en toute subsidiarité).



Palmarès des incapables : deux mots à Franz Olivier Giesbert (FOG)

Alors que FOG annonce son retrait progressif d’une carrière réussie de commentateur politique, il ouvre ses « dernier carnets » de souvenirs et de commentaires qui a pour nous un intérêt particulier parce qu’il cherche à répondre à une question que nous avons-nous-mêmes abordée sur ce blog et qui n’est pas sans importance : comment en sommes-nous arrivés là et qui sont les gouvernements les plus responsables ?  

FOG fait partie de ces auteurs qui ont été surpris par la crise et ses conséquences. Il ne comprend pas comment on n’a pu se laisser aller à une pareille dette. Il découvre aussi que la zone « euro », cela ne peut pas marcher telle qu’elle est construite. Encore un effort et il réalisera que le système monétaire international est la source principale de nos maux et que le change flottant de monnaies administratives gérées par des gnomes vivant en symbiose avec un système bancaire cartelisée nous a conduit au drame. Et hop ce sera la retraite !

Pour des gens qui comme nous cherchons à faire prendre conscience depuis 15 ans des trois niveaux de faiblesse qui mettent la France en difficulté, la dépense publique éhontée et débridée de « l’énarchie compassionnelle », les défauts de gouvernance de la zone Euro et la catastrophe des changes flottants, traduisant l’abandon de toute coopération internationale en vue d’une croissance équilibrée et durable, il est toujours réjouissant de constater que ces idées finissent, la réalité aidant, par parvenir au cerveau de ceux qui tiennent l’information en France.

L’ami FOG voit bien que la campagne électorale présidentielle et législative  actuelle est à côté de la plaque et que les mesures proposées, notamment du côté de Hollande, sont contraires à l’intérêt national. Revenir sur les minuscules avancées du quinquennat de Nicolas Sarkozy en matière de retraite ou de réduction de dépense publique, et relancer la machine à dépenser dans le sens de la débauche, devient une sottise évidente même pour les journalistes politiques les plus enclins à enjoliver les grandes heures politiques de la vie nationale.

Une hirondelle ne fait pas le printemps. Soulignons cependant que dans la partie la moins sectaire de la presse (FOG est passé de la presse de gauche au Figaro et au Point, ce qui prouve une certaine ouverture d’esprit) commence à comprendre que le n’importe quoi des politiques, leur ignorance en matière d’économie ou leur mensonge quand ils ont quelques lueurs de la matière, posent à la France un problème quasiment vital.  C’est un début, hésitant et difficile, mais tous les débuts ne le sont-ils pas, hésitants et difficiles ?

On ne saurait trop conseiller aux autres commentateurs de s’engager sur le même chemin : constater l’inacceptable et dénoncer les politiques qui l’aggravent au moment où elles sont exposées avant même qu’elles ne soient  mises en œuvre.

Le péché mignon des commentateurs politiques qui veulent durer est de charger les politiciens qui partent  tout en se montrant immensément patients et tolérants avec ceux qui percent. Il ne faut jamais insulter l’avenir.   Il est aggravé par l’inclinaison idéologique : la tentation d’éliminer toute idée ou tout constat qui fait de l’ombre au camp que l’on a choisi de défendre est envahissante. Il ne s’agit pas nécessairement de l’idéologie de gauche ou de droite. Comment obtenir de M. Alain Duhamel, un autre diplodocus du commentaire politique,  autre chose qu’une défense « perinde ac cadaver » de l’Euro ?

L’information en France, c’est à peine vingt personnes, et sur ces vingt à peine deux ont des lumières en matière d’économie, ces lumières étant tamisées par des partis-pris et par les nécessités de survie commerciale des journaux et medias auxquels ils collaborent. 

Que l’un des plus libres d’entre eux commence à s’insurger contre certaines dérives au nom de l’intérêt général est  important.

Néanmoins nous formulerons quelques réserves sur le classement qu’il fait des ânes de la gestion passée.

FOG ne tient pas compte du cycle économique. Il compare des performances qui ne sont pas comparables : ce n’est pas la même chose d’être premier ministre pendant une phase haute du cycle où la croissance est intense et de gérer les effets d’une récession. FOG trouverait parfaitement injuste de comparer la vitesse d’un cycliste dans la montée du Tourmalet avec celle d’un autre dans la descente.   Comme il ne connait pas le cycle décennal, sa tendance est d’accabler ceux qui ont été au pouvoir pendant les phases de récession et d’encenser ceux qui l’ont été pendant les phases de croissance rapide.

Giscard et Chirac ont été totalement pris au dépourvu par la crise de 74 qu’ils n’ont pas comprise et leur politique de relance a été un échec total. Malgré le second choc pétrolier le gouvernement Barre a plutôt été servi par la conjoncture internationale. Le gouvernement Mauroy a fait exactement l’inverse de ce qu’il fallait faire avec le programme commun de la gauche, une catastrophe dont la France n’arrive pas à se remettre.  Rocard a été servi par une haute conjoncture inespérée comme plus tard Jospin. Bérogovoy, Balladur et Juppé ont été pris dans la nasse de la crise de 92-93 qui a été très dure, comme le sera d’abord le gouvernement Raffarin puis le gouvernement Fillon. En revanche  de Villepin sera aussi également par la conjoncture.

Comme nous l’avons écrit dans notre article de juillet 2008, cinq ans déjà,  sur « le palmarès des incapables »  http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/7/18/Economie-Franaise--le-palmars-des-incapables, ce sont les gouvernements ayant eu la chance d’une haute conjoncture qui pouvaient réformer. Compte tenu du caractère progressif des recettes fiscales, ils ont bénéficié de mannes financières extrêmement importantes.  Ils pouvaient agir sans trop frapper la population.   Jospin et surtout Rocard automatiquement sont les deux gouvernements qui ont le plus de responsabilités dans la non réforme des finances publiques et dans l’accablement qui frappe actuellement le pays.

FOG suit ses détestations plus que la logique économique  dans les jugements qu’il propose. Beregovoy et Balladur sont saqués alors qu’ils ont été confrontés à la pire crise depuis 1929 avant la crise actuelle. Certes Balladur  a laissé filer les rubans et les déficits pour des raisons électoralistes et de candidature présidentielle. Mais qui a fait autrement face à une récession qui paralyse toute envie de réforme et qui voit tous les « amortisseurs sociaux se mettre en place» ?  Toute récession importante amplifie la dette et les déficits de façon presqu’automatique. Les gouvernements ne peuvent avoir une politique pro-cyclique  dans ces phases de la conjoncture, en un mot ils ne peuvent pas aggraver la crise, on le voit bien aujourd’hui.  

Barre, Rocard et Villepin s’en sortent plutôt bien dans le jugement de Fog alors qu’ils ont été du bon côté de la conjoncture.

Mauroy est sauvé parce FOG l’aime bien et qu’il a résisté à Mitterrand qui voulait, soumis aux « visiteurs du soir », sortir du mécanisme de change européen.  Il a préparé ce qui deviendra l’Euro sous la pression de Mitterrand, et cautionné la politique structurellement déflationniste de JC Trichet d’abord en France puis en Europe. Pas de quoi pavoiser !

Les seules réformes utiles ont été faites par les gouvernements Barre, avec notamment la fin du contrôle des prix,  Chirac 2 avec la suppression de l’ISF, le redressement des finances publiques de la première cohabitation et le début des dénationalisations, et Fillon avec le début de la réforme des retraites. Tous les autres gouvernements ont mené des politiques de dépenses publiques éhontées, d’endettement catastrophique, de clientélisme électoral sans limite, d’abandon total de la souveraineté française et d’acceptation d’un système économique mondial totalement artificiel et dangereux basé sur les marchés et la finance plus que sur la production et la compétitivité.  

C’est peu. C’est très peu. C’est ce qui explique qu’il nous manque entre 5 et 10 millions d’emplois salariés, que les faibles (jeunes, vieux, femmes et immigrés) connaissent un sur-chômage, que notre dette publique soit démente et notre taux d’imposition aberrant, que l’état dépense la contre valeur exacte de la valeur ajoutée du secteur marchand et que nous sommes menacés gravement par les conséquences des incohérences de la zone Euro et des effets délétères des changes flottants.

Allons, Fog, encore un effort ! Quand on a pris la route de la vérité il faut la parcourir jusqu’au bout, même si on considère que sa carrière est au bout de son chemin.  

La panique s'installe

L'Europe et le monde en général n'ont jamais quitté la situation de panique depuis la chute de Lehman-Brothers. Plus aucune décision financière n'est prise de façon rationnelle depuis cette date. La peur conduit les comportements. Faute de toute solution collective réellement adaptée aux causes réelles des difficultés, les différents sparadraps mis à la hâte sur les plaies se décollent aussi vite qu'ils ont été posés.

La panique est à son maximum en Grèce où le spectre d'une sortie de l'Euro a pris de la densité après les élections de colère qui viennent d'avoir lieu. Pas de majorité ; pas de gouvernement ;  pas de solution à la crise de la dette grecque. La peur panique est là qui stimule le goût de la sanction électorale et d'une forme de nihilisme.

Que faire de ses actifs liquides en Grèce ? Tout l'immobilier européen est dopé par les fuites de capitaux grecs qui tentent de s'investir dans quelque chose d'un peu solide. Les banques de dépôt grecques voient les déposants retirer leurs avoirs à flot continu. Ils craignent à juste titre la solution expérimentée lors d'une crise similaire en Argentine. La monnaie y était alignée sur le dollar et les Argentins avaient le droit de disposer de comptes en pesos et en dollars, la parité étant assurée dans le cadre d'un "currency board".  

Lorsque cette parité n'a plus été tenable, les autorités ont mis en place un "corralito" c'est-à-dire un droit à un montant minimum de tirage sur les comptes qui couvrait à peine les besoins de subsistance, puis on  convertit le reste en monnaie dévaluée.

Menacé d'un pareil blocage avant spoliation les Grecs sortent tout de leur banque aggravant la situation du pays et amplifiant la menace. 

C'est la caractéristique propre de la panique.

Il ne faut pas croire que cette panique ne concerne que la Grèce. La "décollecte" de l'assurance vie, en France, un joli mot pour une fuite devant la monnaie, correspond aux mêmes ressorts. Quant aux banques italiennes, leur bilan est maintenant à 80% accoudé à la BCE. Une situation jamais vue nulle part.  Le Franc suisse est à nouveau sous pression, en même temps qu'une fuite généralisée  fait chuter le cours de l'Euro contre toute monnaie

Il y a trois ans nous avions sur ce site dénoncé le risque créé par l'impatience des peuples devant la déflation et déjà évoqué la peur panique du "corralito". L'absence à peu près totale de réponse cohérente aboutit au pire. Que de temps perdu !  Que d'argent perdu ! Que de risque pris !

Et aucune proposition sérieuse pour en sortir.

Rappelons que le seul moyen de sortir de cette crise mondiale  est de rétablir une monnaie de référence internationale avec laquelle les différents pays s'engageront d'avoir un taux de change fixe bien qu'ajustable par accord général. Chaque pays aura alors à défendre son cours de change par tout moyen quitte à mettre certaines barrières aux mouvements de capitaux à court terme.

Seul ce cadre général a permis de liquidité l'endettement massif global hérité des années trente et quarante.  Aujourd'hui encore, il forme la SEULE solution pour une sortie concertée de la crise globale de la dette.

C'est la seule qui permette de jouer sur tous les leviers de réduction de dettes à la fois : un peu d'inflation, un peu de relance, un peu de restructuration de dettes, un peu de rééchelonnement. Cette politique ne peut réussir que si elle est concertée et que si tous les états jouent le jeu. Et elle demandera de la durée.  

Une totale liberté des mouvements de capitaux et des changes flottants ne permettent aucun ajustement réel. La formation des prix sur les marchés monétaires et de capitaux en cas de panique ne réponds à aucune rationalité et au contraire amplifie la panique. Un passerelle en caoutchouc en cas de panique ne fait qu'éjecter ceux qui s'y sont aventurés. Un pont en béton est nécessaire mais avec des joints de dilatation résistants.

Tout le monde devrait comprendre aujourd'hui que l'introduction dans le monde des changes flottants, associés avec une liberté quasi totale des mouvements de capitaux, d'un côté, et la mise en place d'une monnaie unique en Europe, ont été les deux mesures tragiques qui ont conduit l'économie mondiale là où elle est.

Aurait-on gardé le système de Bretton-Woods et mis en place en Europe une monnaie de référence avec un rapport fixe mais ajustable des monnaies nationales, nous n'en serions pas là.

Après avoir mis la charrue avant les bœufs en créant une monnaie unique les fédérolâtres européistes hurlent : "fédéralisme, fédéralisme, fédéralisme", comme des cabris, comme si plus de poison avait jamais guéri un intoxiqué.  

Une monnaie unique européenne a-t-elle une chance dans un système mondial de changes flottants sans coordination générale et centralisée des politiques nationales de la zone euro ? La réponse est non.

Une monnaie unique européenne a-t-elle une chance dans un système mondial de changes flottants avec coordination générale et centralisée des politiques nationales de la zone euro ? La réponse est aussi non.

Une monnaie unique européenne a-t-elle une chance dans un système mondial de changes fixes sans coordination générale et centralisée des politiques nationales de la zone euro ? La réponse est "probablement pas".

Une monnaie unique européenne a-t-elle une chance dans un système mondial de changes fixes avec coordination générale et centralisée des politiques nationales de la zone euro ? La réponse est "peut-être".

Le coût élevé à tout point de vue de la perte quasi-totale de souveraineté ne garantit rien. A peine un "peut-être" si les autres veulent bien réformer le système monétaire international.

Il valait bien mieux laisser chaque état défendre la valeur externe de sa monnaie dans un système de changes fixes mais ajustables. On aurait aujourd'hui la possibilité de rétablir les différences de compétitivité intra européenne par un réajustement des taux de changes au lieu de chercher indéfiniment à obtenir la même chose par une déflation mortifère.

Pour l'Italie et la France, ce sont des dévaluations de 15  et 12% qui seraient nécessaires, pas beaucoup plus, sachant que l'Allemagne réévaluerait de 10%.  Pour la Grèce, on sait qu'il faudrait plus de 50% de dévaluation, 30 pour le Portugal et 20 pour l'Espagne. Ceci ne serait efficace que si dans le même temps le dollar était légèrement dévalué (environ 7%) et les  monnaies des pays fortement excédentaires  réévaluées (Yuan de 25 à 30% , Won de 15 à 20%).

Ces mesures monétaires accompagnant le passage à un système généralisé de changes fixes mais ajustables par concertation générale, avec surveillance des situations d'excédents ou de déficits massifs par le FMI, est la SEULE chance de voir le monde repartir en croissance effective avec élimination progressive de la dette accumulée.

2007-2012 : déjà cinq ans de panique et de régression globale. Et cette vérité toute simple n'est même pas  entraperçue !  De quoi vont parler les différents G.x qui ont lieu actuellement ? De rien d'utile naturellement sinon des vœux pour plus de flexibilité des changes ! Zeus c'est bien connu aveugle ceux qu'il veut perdre.

Faut- il attendre encore cinq ans de demi mesures et d'expédients pour que le monde comprenne ? Où est-ce la réalité qui par des explosions successives va imposer dans la douleur les réformes nécessaires ?

 

Didier Dufau pour le Cercle des économsites e-toile



Une analyse brève du scrutin présidentiel français

Les Français avaient à choisir entre le ridicule et la rigueur. Ils n'ont pas choisi la rigueur. Ils auront le ridicule et la rigueur.

La crise ? Connais pas !

Une des curiosités de toutes les phases de récession est l'impertubable avancée des lobbies et grands prédateurs qui vivent de leur liens avec l'Etat.

Le grand public est en général peu au courant car la Presse  parle peu de ces institutions et presque toujours dans le sens du poil quand elle le fait.

Prenons l'Europe.  Si vous fouillez le net pour savoir combien il y a de fonctionnaires européens, il est impossible d'avoir une idée précise. Les dénombrements vont de 32.000 à 44.000.

On sait que ces gens sont très bien payés : près de 80.000 Euros annuels en moyenne, avec des hauts postes entre 200 et 500.000 Euros voir plus (comme le président de la BCE).  Période électorale aidant les gouvernements ont fait semblant de bloquer une hausse des émoluments de près de 3.5% . Ils n'ont accepté que 1.7%. En vérité l'affaire a été portée comme lors de la dernière fantaisie de ce genre devant les juges européens qui donneront totalement raison aux fonctionnaires.  Non seulement ils toucheront un rattrapage pour 2011 mais repartiront sur les nouvelles bases pour 2012 et 2013.

N'oublions pas que ces fonctionnaires ne paient pas d'impôts nationaux. La flambée fiscale française par exemple ne les atteindra pas. Le bouclier fiscal européen est en titane.

Les Eurocrates sont si sûrs de leur succès qu'ils ont prévu pour 2013 une hausse de 3.2% des frais de fonctionnement, ce qui portera à 213.000 Euro le coût du poste de travail européen.  Et cela tout en proposant une réduction de 5% des effectifs. On ne se serrera pas la ceinture à Bruxelles, au Luxembourg et autres lieux-dits de l'Union Européenne, pour ceux qui restent.

A Paris on va vers un effectif de 52.000 personnes, soit 1/3 de plus que les effectifs européens. On sait qu'avec M. Delanoë le slogan est : "pourquoi se gêner ; je ne m'excuserais pas !"

Qui sait en revanche que les directrice de crèche se sont vu subrepticement accorder le statut de fonctionnaire catégorie A ?  Une mesure incroyablement coûteuse qui déséquilibre tous les financements de crèche dans toute la France à un moment où on les multiplie.  Citation dans la presse ? Aucune. Discussion lors de la campagne électorale ? Néant. Des exemples comme celui là il y en a des centaines. Le Moloch adminsitratif marche en avant sans s'occuper de l'environnement. Vive la tranche à 75% de l'IR !

Dans un genre différent constatons en pleine campagne électorale la parution d'un énième rapport Pauget exigeant la disparition du chèque "gratuit". L'organisation des banques françaises, corporation pétainiste de façon certaine, celle-là, veut rendre payant l'ensemble des moyens de paiements.  Elle ne veut plus ni du chèque ni de la monnaie en pièces et en billets.

On sait que les dépôts dans les banques ne sont pas des dépôts mais des prêts gratuits.  Les banques utilisent immédiatement toute trésorerie qui lui est confiée pour leur compte propre, les mettant aussitôt en danger.  Elles ont une peur panique des rushs vers  la liquidité. Elles ont obtenu des avantages dérogatoires du sens commun pour essayer de ne jamais subir les foucades de la clientèle. 

Vous voulez quitter la banque ? D'accord mais après avoir viré votre argent dans une autre banque. Pas question de vous fournir votre solde en liquide. Prisonnier des banques vous devez rester prisonnier des banques.  Vous voulez retirer de l'argent liquide de vos comptes ?  Désolé on ne le peut plus au guichet : il faut passer par l'automate. Mais je n'ai pas de cartes de crédit ! Souscrivez c'est payant. Je dois payer pour retirer l'argent que je met en dépôt chez vous ? Euh oui mais non mais bien sûr. On fera pression sur vous jusqu'à ce que vous craquiez et vous dotiez d'une carte.  Payez et faites le travail vous-même. Votre argent m'intéresse à condition que j'en fasse ce que je veux et que vous ne puissiez le retirer qu'avec les plus grandes difficultés. Quelques oiseaux rares résistent. On leur donne des cartes à retrait unique ! A chaque retrait il faut redemander une carte. Pratique, non ?  Les mêmes banques ont obtenus le droit en cas de déficit du compte-chèques de casser vos instruments de placements et de se servir eux-mêmes sans même vous avertir.  Le droit de propriété ? Il n'existe pas pour les clients des banques.

Mais voilà : il reste le chèque, le maudit chèque. Il est d'usage gratuit alors que tout le reste est payant. Insupportable, non ?  Inlassablement le Moloch monte à l'assaut. Il faut réduire l'usage du chéquier et le rendre payant.  Evidemment il faudra trouver un autre nom pour le compte-chèque.  Le plus drôle est que l'Etat, phagocité depuis longtemps par les Inspecteurs des Finances qui règnent en maîtres sur la banque a imposé le chèque comme moyen de paiement obligatoire pour certaines opérations et en tout cas pour tout paiement supérieur  à une certaine somme (de tête 5000 euros).  Va-t-il inventer le virement payant obligatoire pour tout paiement à partir d'un compte-carte ?

Pour qui suit la guerre d'usure menée par les banques depuis des décennies contre le chèque l'aspect comique provient des justifications avancées qui changent en fonction de la mode. Aujourd'hui on nous dit qu'il faut supprimer le chèque gratuit pour payer la modernisation des paiements par cartes. Si ces nouveaux systèmes sont productifs pourquoi devrait-on payer plus cher que pour ceux qu'ils remplacent ? 

Et la Presse obligée de survivre dans la mouvance des banques de chanter les louanges de ces rationalisations putassières. Et gare à leur direction si elle n'obtempère pas.

Eric Fottorino, l'ancien directeur du journal le Monde, raconte dans son dernier livre (Mon tour du Monde) comment il a été viré par M. Pébereau, le président infatué et gonflé de primes et bonus de la BNP. La raison : il avait montré que ce M. Pébereau était comme une pieuvre dans la quasi totalité des conseils d'aminsitration des grandes entreprises françaises, cumulant les jetons de présence et les pouvoirs.

Plus rien ne peut se faire dans la presse ou dans l'industrie sans ce M. Pébereau qui touche à tous les rateliers et dispose d'un pouvoir de nuisance absolue en cette période de crise.

Mérites : nuls. La BNP comme toutes les grandes banques "généralistes" ologopolistiques françaises multiplient les conflits d'intérêt et en tirent profit. En plus, actuellement, la BNP emprunte à 1% et replace en bons d'état à 3 ou 4. Des dizaines de milliards d'Euros. Il faut deux personnes à la banque pour ces opérations d'une technicité redoutable : il suffit de savoir faire des additions et des soustractions, et de savoir remplir les imprimés.  Et le bonus va au dirigeant sous forme d'argent et de pouvoir. Ils ont tellement de talent !

Les portefeuilles sont remplis de crédits problématiques ? Pas d'importance. Une grande banque en général se refinancait à hauteur de 15 ou 20% auprès de la banque centrale. Pour certaines grandes banques on en est à 80%. Il y a tellement de mistigris dans les portefeuilles que plus une banque ne fait confiance à une autre banque. Ils savent, eux, que leurs directions ont fait gonfler les bilans au delà de toute mesure et de toute sécurité. Ils pourraient tous être poursuivi pour faillite par moyens ruineux.  Alors la BCE dirigée par l'un des leurs fait tourner la planche à billets pour les sauver. Et protéger les dépôts qu'ils ont employés à mauvais escient au risque de leur faire perdre toute valeur. 

Le plus drôle est de voir certains cumuler leurs rentes de satrape sans mérite  avec ...leur retraite de l'Inspection des finances. Pourquoi se gêner  ? 

Pourquoi se gêner ! La crise n'existe pas. Les grands prédateurs et les petits, bien embossés dans les arcanes des institutions nationales et internationales savent qu'ils peuvent tout se permettre  en se moquant totalement des électeurs et de la conjoncture. 

 

Sylvain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elections, sociologie et nécessités nationales (2)

La France doit impérativement "dégraisser le mammouth" comme le disait maladroitement le mais de façon imagée le ministre Allègre, et rétablir une balance normale entre emplois marchands et emplois financés par les prélèvements.  

Les populations concernées ne le veulent pas. Les élections actuelles le montrent bien. Elles ont voté massivement pour celui qui annonce qu'il les protégera. Les votes Mélenchon et Hollande sont des votes urbains et concerne des familles dont le revenu est fourni par la collectivité.  En revanche le vote des familles exposées au grand vent de la compétition mondiale, et subissant la crise, ouvriers et paysans en tête, ont voté pour les partis de droite, avec une nuance protestataire de plus en plus marquées dès lors que cette compétition internationale biaisée était plus mal ressentie.

Sans être marxiste la sociologie politique est largement dominée par les structures sociales. Mais la division n'est pas là où on met usuellement la distinction gauche droite.

Lorsque tout va à peu près bien le bloc marchand s'unit et donne la victoire à la droite. Quand tout va mal il se divise et donne paradoxalement la main à ceux qui vont protéger le secteur massif qui lui nuit par l'excès de sa masse et des prélèvements qu'il exige.

Nicolas Sarkozy a compris qu'il fallait réduire tant faire se peut la masse des secteurs non marchands. Derrière la tête de chapitre il n'y a pas eu de gros paragraphes :

- La RGPP était un gratouillis là où aurait fallu une tronçonneuse.

- Le non renouvellement d'un fonctionnaire sur deux était à la fois trop simpliste et mal conçu puisqu'on restituait la moitié des gains potentiels au secteur non marchand. En fait on a donné plus au secteur non marchand que prévu comme l'a reconnu la Cour des comptes.

- On a laissé en dehors du mouvements tout le para étatique et les collectivités locales.

Le résultat est là : tout a continué. Il n'y a pas eu de redressement. Simplement un ralentissement des dérives.

D'autant que derrière l'aspect purement quantitatif des effectifs, il faut tenir compte du niveau des rémunérations. Depuis 1970 le niveau moyen des salariés du public est passé de 15% environ en dessous la moyenne des employés du secteur marchand à 15% au dessus, avec le maintien de l'essentiel des avantages acquis qui se justifiaient plus ou moins du fait de la moindre rémunération moyenne du secteur public.

Les politiques n'ont plus barre depuis l'émergence de l'"énarchie compassionnelle" sur leur secteur public qui vit sa vie, pour son compte en oubliant qui le paie et en l'asphyxiant en faisant croire que les prélèvements sont pour les petits pauvres.   

Appréciation trop générale et arbitraire ? Que nenni ! Prouvons-le sur un exemple récent et en apparence minuscule. Qui sait qu'une "norme" a soudain édicté que les directrices de crèches devaient être classées dans la catégorie A des fonctionnaires. Aucun débat. Aucune publicité. Au nom du compassionnel bobo il fallait pousser à mort la constitution de crèches. Et voilà que l'administration créait une nouvelle catégorie de fonctionnaires à salaire multiplié.  Le coût des crèches publiques est désormais devenu exorbitant. Pour des raisons d'équité sociales on demande leur gratuité. Et voici comment les prélèvements augmentent massivement sans aucun débat public. Tout cela en pleine crise de la dette évidemment.

Des exemples comme celui là on en ramasse des centaines chaque année pour peu qu'on soit au contact des réalités.

Ce qui est vrai dans les régions l'est aussi à Bruxelles. On se souvient que soudain il est apparu avec bien du retard que les fonctionnaires européens s'étaient vu gratifiés d'une hausse massive de leurs émoluments, largement défiscalisés, bien entendu. Cette annonce avait conduit les politiques a faire semblant de dire non. Mais la négociation avait déjà eu lieu et semble-t-il, puisqu'on en parle plus, la hausse  a été appliquée.

 

Pour en terminer avec le candidat Sarkozy, on voit qu'il veut continuer dans la bonne direction mais toujours avec des demi mesures. C'est insupportable pour le gros quart  de la population qui vit directement de l'Etat.  Il prouve qu'on ne pourra pas effectuer de façon graduelle le nécessaire réajustement entre secteur marchand et secteur non marchand.  La Grèce qui s'était laissé aller aussi au développement d'un secteur non marchand délirant, associé à une économie largement "grise", se trouve obligé par la nécessité à réduire dans la douleur et souvent dans l'imbécillité  sa "graisse" publique. Pourquoi dans l'imbécillité ? Parce que ce n'est pas toujours la graisse qui est touchée mais la chair. Réformer dans la panique créée par les marchés financiers est nécessairement un désastre. Il faut réduire à froid et si possible pendant les phases d'expansion : d'où la culpabilité des gouvernements qui ont bénéficié des phases de haute conjoncture internationale et qui ont fait le contraire de ce qu'ils auraient du faire (Jospin et surtout Rocard).

 

La candidat Hollande a choisi de conforter le moloch. On supprime la RGPP. On abandonne la règle du non remplacement d'un départ à la retraite sur deux. On titularise à tout va. On recrute à nouveau massivement dans le fief socialiste de l'EDUNAT. On rassure les régions en leur promettant des ressources affectées et des responsabilités nouvelles. On ment un peu en laissant entendre qu'on stabilisera seulement la part respective des secteurs marchands et non marchands. On supprime l'allégement de charges patronales qui devait redonner un peu d'air aux entreprises du secteur marchand. Une hausse fiscale massive, voire délirante, sur les parties dynamiques et prospères du secteur marchand financera tout cela.

Tout cela est contraire à l'intérêt national bien compris de la France et se heurtera automatiquement à la question de la dette. Quelque soit la tuerie fiscale à laquelle se prépare Hollande, il est impossible de réduire l'impasse budgétaire de 25% environ chaque année depuis quarante ans en maintenant la disproportion caricaturale en France entre secteurs marchand et non marchand.

Hollande est un danseur de corde obèse qui s'arrête lors de la traversée d'un précipice en criant : je ne bouge plus. On lui crie : il faut maigrir un peu. Il ne veut pas et commence à manger le bras qui tient le balancier.

L'ennui du moment tient à l'incapacité du Français à imaginer qu'il danse sur un fil. Aucun des millions de fonctionnaires et de personnels à statut n'a perdu dans la crise.  Toute la charge de la crise est sur le dos des populations qui ne peuvent plus trouver d'emplois et des vaches à lait fiscales, c'est-à-dire le haut des classes moyennes. Les fonctionnaires et les personnels à statut hurlent : "qu'on prenne l'argent des riches et qu'on continue à nous payer et plus vite que cela".

Quand la sociologie urbaine fait apparaître une classe dépendant presque totalement de la dépense publique elle vote en ayant droit pour le seigneur dont la main les nourrit en frappant les manants. L'énarque Hollande a la prime. Il le sait. Son clientélisme est parfait : "je ne vous donnerai rien de plus. Mais je maintiendrai".

Je maintiendrai : une belle devise hollandaise !

Et le taux de prélèvement passera à plus de 46% du PIB, c'est-à-dire plus de 100% de la production marchande française résiduelle, en attendant un miracle une fois que la spoliation de l'épargne des Français aura vidé les dernières réserves.

Cette politique est suicidaire.

La seule solution est dans une économie solide et compétitive. Elle suppose des entrepreneurs, des profits, de l'emploi dans les secteurs marchands. Il faut sortir de l'urgence et cesser de manier l'assommoir sur les boucs émissaires.

Cette politique ne peut malheureusement pas être uniquement "nationale".  Il faut une route pour la croissance mondiale et l'expérience a montré que ses lourds camions ne passent pas sur les passerelles en bambou  et en caoutchouc des changes flottants. Mieux vaut un pont solide qui ne fait pas verser régulièrement les charges dans le vide.

Il faut que sur le pont solide des changes fixes et ajustables, dans le concert des nations, les camions aillent dans les deux sens et avec des valeurs proches. Les déséquilibres doivent être corrigés par des écluses ou des péages comme on voudra.

Malheureusement on voit que ni le monde, ni l'Europe ni la France n'ont encore compris la leçon.

Les anglo-saxons croient au dollar et aux changes flottants. Du coup Cameron se débat dans une récession qu'il a lui-même provoqué. Les Etats-Unis ne décollent pas. Leur système bancaire est en faillite virtuelle. Que la France et les autres grands débiteurs européens viennent à faire défaut, et il le sera de façon formelle.  Leur persistance dans une erreur idéologique et leur aveuglement de puissance ne peut conduire qu'à une grande dépression.

L'Europe des cabris, de la Commission, des eurolâtres, est en capilotade.  Mais elle persiste dans son être : vive les changes flottants ; vive les conventions qui abaissent unilatéralement toutes les frontières de l'Europe. Comme un canard à la tête coupée, la Commission court à toute jambe dans la cour sur la seule force de l'habitude tout en sachant que l'effondrement économique de la zone la remettra totalement en cause. La BCE de Draghi ne sait plus quoi faire et se démène dans l'urgence en violant toutes les règles. Que la France tombe en cessation de paiement, avec le sud de l'Europe, qu'en restera-t-il ? Son énorme bilan est totalement composé de produits "toxiques".

On voit que la France dans ses profondeurs  ne veut pas bouger non plus.

Le monde, l'Europe,  la France, attendent en espérant un miracle une reprise spontanée des affaires comme à chaque fois. Cinq ans déjà ! Le RU, l'Espagne, la Grèce sont en récession franche et nette. Le commerce mondial est arrêté. La panique et les changes libres et flottants rendent impossible l'ajustement des balance des paiements. Le Franc suisse est sous pression. La recherche de la précaution est partout. Mais il n'y a nulle part où se cacher et le fisc prend tout ce qu'il peut.

Quelle est la chance d'une reprise mondiale dans un tel contexte ?

Quelle est la chance d'une reprise européenne entravée par un euro flottant toujours au-delà de cours permettant aux pays de la zone d'équilibrer leurs comptes extérieurs ?  Compter sur la déflation pour rééquilibrer les échanges intérieurs à la zone et les différences de compétitivité, est-ce raisonnable ?  

Quelle est la chance d'une reprise française des affaires si on maintient une dépense publique supérieure à la valeur ajoutée du secteur marchand et des taux d'imposition déments ? On veut rendre l'impôt encore plus progressif. Ce qui veut dire qu'en cas de redémarrage de la croissance le taux de prélèvements AUGMENTERA encore plus que d'habitude étouffant tout espoir de reprise durable.   

Alors on entend la sinistre chanson de la politique du pire. "Ce qui doit arriver arrivera. A l'impossible personne n'est tenu. Quand nous ne pourrons plus emprunter les fonctionnaires ne seront plus payés. Il faudra bien faire quelque chose. La dépense publique devra bien être contenue et les réformes faites".

Illusion. La politique du pire est la pire des politiques.

Qu'on regarde l'histoire récente de l'Argentine. Quand il n'y a plus eu de dollars, on a créé des monnaies fantaisistes, genre "Argentino". L'épargne des Argentins qui n'avait pas fui a été ratiboisée. L'inflation a tout dévasté.  Certes le Campo dans ce désastre général a retrouvé des capacités d'exportation compte tenu des cours très bas d'une monnaie fortement dévaluée. Mais l'Etat était en loque. Les expédients se sont succédés. On a fait défaut sur la dette extérieure transférant la crise vers l'Europe. Merci !  Mais le pays n'a plus de crédit. Alors il a eu recours à tous les expédients. Le plus simple était de voler les compagnies étrangères. Depuis dix ans on les ratisse. La dernière expropriation concerne le secteur pétrolier. L'Espagne ne dit pas merci.  On s'est saisi des réserves de la banque centrale qui maintenant est nue comme un ver.

On nous a dit avec une fougue toute mélenchonesque : "faites comme l'Argentine". Ou "essayez Chavez". Le pire est qu'on y va tout droit. Il ne peut y avoir de fonds de sauvetage comme pour la Grèce. Quand la politique d'immobilisme figé aura échoué, les créanciers seront floués ; une monnaie dévaluée circulera achevant la ruine de l'épargne. Les réserves des la Banque de France seront mobilisées.  L'ennui est qu'il n'y a pas d'actifs étrangers en France à saisir. L'Europe explosera et le monde entrera en dépression.   

Le problème des Français et du reste du monde est qu'Hollande, qui a toutes les chances d'être élu, est un inconnu.  On sait qu'il a l'esprit alerte, le goût des jolies femmes, un solide talent d'apparatchiks, une ambition démesurée.

Mais au fond de lui-même ?  Fils d'un adepte de Tixier-Vignancourt, donc de la plus extrême droite, il s'est dédouané par un engagement socialiste sans faille. S'agit-il d'une faille familiale  lourde de conséquences oiseuses ?  On se souvient de Raymond Barre, fils de failli, en perpétuelle grogne  et incapable de dépasser une haine rance qui imbibait de sarcasmes tous ses propos. S'agit-il d'un opportuniste intelligent et séducteur, habitué à ruser, plus léger et bordélique que véritablement sérieux ? On sait qu'à la Cour des comptes il passe pour un rigolo incapable d'un travail lourd et consciencieux.

Ceux qui l'ont connu comme dirigeant du PS ont vu une anguille capable d'embobiner, de fuir, de se dégager, de n'être jamais pris dans rien. Et une couleuvre fuyant le travail trop lourd et les dossiers trop difficiles. Aucun effort de rénovation du PS, aucune ligne claire. Monsieur nageait et surnageait avec un petit sourire faussement niais.

P'tit gros alopécien,  il a accumulé les succès auprès de jolies femmes qu'il s'apprête à récompenser. Pas mal non ?

Fils de notable d'extrême droite rouennais, le voici en socialiste héritier de Jaurés, Blum et Mitterrand, sans avoir perdu la fortune héritée. Sans jamais avoir travaillé. Pas mal non ?

Il va gagner pour avoir imprimé dans l'esprit public  le retour de la retraite à 60 ans, la protection de la sphère publique, et l'idée que les "riches paieront".

En vérité il a dit tout, sans dire rien, tout en disant n'importe quoi.

Le Hollandisme est un don-juanisme qui ne se donne comme fin que la victoire d'une séduction passagère. En annonçant sa filiation mitterrandienne il en fait l'aveu fort clair.

Il a compris après l'effondrement de son principal concurrent socialiste que les attitudes de Matamore de son adversaire, associées aux ressentiments nés de la crise,  lui permettaient de séduire la belle sans trop avoir à se forcer ni à s'engager.

La bague de fiançailles sera payée par d'autres.

Il pense savoir surnager comme pacsé de la République à force de virevoltes et de belles paroles.

La nation voit arriver un Bel-ami  à tête de notaire rafraîchie et à ventre dukkanisé, l'œil  astucieux et le discours enveloppant, comme le propriétaire d'une entreprise en difficulté voit s'imposer un candidat gendre incertain, pas trop scrupuleux, qui n'a jamais rien prouvé dans sa vie mais qui a des diplômes et de la jactance.

 Seule certitude : cela va coûter cher. Et la faillite n'est pas impossible.

Elections, sociologie et nécessités nationales (1)

Les programmes des deux candidats sont explicites sur au moins un point : ils vont faire exploser le taux de prélèvements. Pour 2016 ou 2017, selon les plans, il dépassera dans les deux cas 46% du PIB.

Le problème est que les Français ne comprennent pas ces deux chiffres et on se garde bien de les déniaiser sur ce sujet.  Si vous leur posez la question ils vous répondront : "42 ou 46 c'est presque pareil ; c'est pas trop grave. Il nous en restera tout de même la moitié".

C'est faux.  Nous l'avons souvent démontré depuis 15 ans avec la fable de l'esquimau. Cela vaut la peine de recommencer de temps en temps surtout en période électorale. .

Un esquimau pêche un poisson dans le trou qu'il a percé dans la glace. Le comptable national local énonce : PIB (en poisson) = 1.

Un type arrive avec un fusil, le braque et lui prend le poisson. Le comptable national énonce :

-Prestation de gestion et de sécurité de l'Etat estimé à son coût = 1 poisson. PIB global 2 poissons (la production du pêcheur et celle du fonctionnaire). Taux de prélèvement = 50%.

Autrement dit quand l'Etat prend tout pour lui-même, le taux de prélèvement est de 50% et non de 100% comme on pourrait le penser et comme la majorité des Français le pensent.

Quand vous augmentez les prélèvements de 42 à 46%, le disponible diminue de 8 à 4% (50-42 contre 50-46) , donc baisse de moitié. Avec les hauteurs de prélèvements que l'on connait en France toute variation de la charge des prélèvements a des effets multiplicateurs terrifiants.

La comparaison entre dépense publique et valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand confirme cette réalité. La dépense publique en 2011   est supérieure à la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand. Cela veut dire que s'il n'y avait qu'un seul impôt; la TVA, le taux devrait être supérieur à 100% pour équilibrer les comptes publics.

Le nœud du problème tient à la part de la production du secteur non marchand (dans la pratique les fonctionnaires et personnels à statuts des services non marchands) dans la production globale. On répute que leur action a une valeur que l'on estime à  son coût, faute d'un marché pour faire apparaître un prix.  L'arbitraire est ici total. Nous l'avons accusé dans notre exemple de l'esquimau  en assimilant l'Etat à un pur prédateur ce qui est évidemment exagéré. Il faut bien voir que si on augmente les fonctionnaires sans changer leur effectif ni leur production, quelque soit ce qu'on pense de cette production, l'augmentation de coût entraîne directement une augmentation du PIB.

Il faut être très attentif à la part de la population active qui se trouve ainsi compter dans le PIB à son coût sans constat réel de la valeur de ce qui est produit. Les pays nordiques redistribuent beaucoup mais conservent une administration peu coûteuse et restreinte. La France redistribue un peu mais surtout sert un énorme effectif de personnels qui ne sont pas dans le secteur marchand.

On aboutit en France à une structure de l'emploi réellement très bizarre, et totalement exceptionnelle dans le monde : 7 millions de personnels à statuts, 7 millions de chômeurs ou de personnes en âge de travailler exclues du marché du travail, 16 millions de salariés du secteur marchand.

Si on compare avec la moyenne des pays de l'OCDE, approximativement car les comparaisons internationales sont très difficiles dans ce domaine, on devrait avoir :

2 millions de personnels à statut (exclusivement dans la fonction publique centrale et territoriale), 25 millions de salariés du secteur marchands et 3 millions de personnes laissées en dehors du marché du travail dans les phases de mauvaises conjoncture.

L'anomalie française n'est pas mince.

Le secteur hors emploi étant largement financé par l'Etat et les personnels dont la production est non marchande aussi,  on voit la pression qui est mise sur le secteur marchand. On demande à un secteur qui emploie 16 millions de salariés de porter l'effort principal du coût de près de 14 millions de personnes.

Ainsi s'explique la hauteur des charges sociales en France et le niveau hystérique des impôts et autres prélèvements.

Ainsi s'explique aussi l'impact de mesures comme les 35 heures. Dans le secteur protégé les 35 heures n'entraînent aucune baisse du PIB bien que la production de service ait baissé de 11%. En vérité on va recruter pour compenser. Il faudra financer cet accroissement. On aura une hausse concomitante obligée du PIB et de la dette. Dans le secteur marchand  elles provoquent une forte hausse des coûts dont une baisse des résultats et des ventes. Pour financer les surcoûts du secteur non marchands on va forcer sur l'imposition du secteur marchand au moment où il se contracte. Compte tenu du volume respectif des deux mondes, l'effet serait massif.

Comme il est impossible de forcer l'imposition sans limite, , on comprend mieux le rôle de l'endettement. Celui de l'Etat français approche des 100% du PIB comme nous l'avions annoncé il y a quatre ans. Pour ne pas voler totalement le revenu des Français l'état a du emprunter à mort. Les particuliers eux ont emprunté environ la valeur d'un an de PIB. Comme les banques et les entreprises ont du faire de même, on voit où l'on en est : dans la quasi impossibilité de rembourser nos dettes.  Ni de maintenir notre pouvoir d'achat si les emprunts régressent ou si leur coût augmente.  

Les Français ne peuvent plus à la fois rembourser leurs dettes privées, rembourser les dettes de l'état et payer les dépenses publiques. Leur impôt sur le revenu paie à peine l'intérêt de la dette publique. On ne parle pas du remboursement du principal. 1700 milliards de dettes ; 180.milliards chaque années  pour renouveler l'en-cours (emprunter pour rembourser les précédents emprunts) et  55 milliards d'intérêts.  Cela veut dire au passage que la maturité de la dette publique française est de près de 10 ans et son intérêt moyen de 2.5% environ. Comme si elle était constituée d'obligations à 10 ans que nous venions de souscrire.  Si on voulez rembourser la dette pour la ramener à zéro, il faudrait tripler l'impôt sur le revenu ce qui est physiquement impossible. On ne parle que de stabiliser la dette, alors qu'il faudrait pour le seul Etat la faire reculer à moins de 60% du PIB pour respecter Maastricht.

Ceux qui croient qu'on pourra  faire cela en comptant soit sur l'imposition des "riches" soit sur des expédients sont des menteurs sans scrupules.

 

La France doit s'interroger sur son modèle  qui a provoqué un chômage structurel par gonflement prodigieux et excessif de son secteur non marchand. Si on prend sur les quarante dernières années la tendance, on s'aperçoit que le nombre des salariés du secteur marchand n'a augmenté que très faiblement (environ 3 millions) et que celui du secteur non marchand a grimpé à peu près du même nombre.  Les deux secteurs se sont à peu près partagé à 50% la création d'emplois.

Le secteur marchand pour supporter le poids du secteur non marchand a du se résoudre à ne créer que des emplois hyper productifs. C'est ainsi que toutes les populations faibles (jeunes entrants sur le marché du travail, femmes, personnes âgées, immigrés)  se sont retrouvées largement exclues de l'emploi ou obligées à un parcours du combattant pour obtenir le droit d'entrer dans le monde des CDI.

Pour corser l'affaire on a abaissé toutes les frontières et obligé le secteur marchand à lutter contre des productions étrangères qui ne supportaient pas les mêmes contraintes. Tout en créant deux bureaucraties nouvelles, les fonctionnaires de Bruxelles et ceux de la décentralisation.

La France doit impérativement "dégraisser le mammouth" comme le disait maladroitement le mais de façon imagée le ministre Allègre, et rétablir une balance normale entre emplois marchands et emplois financés par les prélèvements.  

 

A suivre...

Les deux non-dits du premier tour

Les commentateurs restent toujours dans l'analyse des thèmes de campagne et en fonction des résultats cherchent les thèmes qui ont triomphés au vu des résultats. Les motivations des électeurs sont souvent beaucoup moins explicites que cela.  Le non dit est aussi important que le dit.

Sarkozy a perdu les élections. C'est presqu'inscrit dans les résultats du premier tour et les sondages pour le second : depuis un an il y est donné perdant avec 45% des voix. 

La raison "non dite" qui explique cette constance dans le rejet est fiscale. La convention dans le monde médiatique c'est que les impôts ne doivent jamais être évoqués. Mais les Français sont tondus ras et menacés de l'être encore plus. Sarkozy a taxé à mort sa clientèle et annoncé qu'il ferait encore pire à l'avenir. Sa clientèle a fui pour Mme Le Pen et pour faire "turbuler" le système. La droite est majoritaire et désormais un rapport 1/3, 2/3 entre ses deux composantes s'est institué qui peut monter à 50/50.  Sarkozy en donnant l'impression de privilégier quelques dizaines de super-riches et en écrasant d'impôt la classe moyenne l'a chassée vers le Front National.

Le second non dit est que les Français sont désormais prêts à faire sauter l'Europe si la politique européenne doit les conduire à une situation à la grecque. De toute façon la solution appliquée à la Grèce est impossible à appliquer à la France. Il y faudrait plus de 1.000 milliards d'Euros ! On pense les marchés forts. Ils sont faibles et en grand danger de perdre l'argent placé en France.  C'est pour cela que quelque soit le résultat final nous ne croyons pas trop à un troisième tour "sur les marchés" pas plus qu'un troisième tour social.

L'Europe et les marchés vont plutôt soutenir F. Hollande. C'est leur intérêt.  Ils ont besoin de l'argent des Français pour survivre. On pillera donc "les riches" et la classe moyenne pour rembourser les dettes et éviter l'éclatement de la zone Euro. Cela durera ce que cela durera. A terme cela signifie une recomposition forte des droites et peut être l'éclatement de la zone Euro.

 

Sylvain

Collectif d'économistes en faveur de Hollande : opportunisme ou imposture ?

Pourquoi cette gêne persistante après l’annonce d’’un groupe d’économistes de soutenir un des candidats à la présidentielle française ? On imagine bien que dans toute profession on trouve des supporters dans tous les camps politiques. Le candidat le mieux placé dans les sondages draine presque mécaniquement les opportunistes. Pourquoi jouer les moralistes au bruissement des vestes qui se retournent  ou des ambitions qui s’aiguisent ?

Le malaise ne vient ni de l’engagement politique ni du carriérisme des signataires mais du fort sentiment qu’au-delà de « l’opération image », on se trouve en présence  d’une  réelle imposture.

« A quoi servent les économistes si leur science ne leur permet pas d’éviter une crise grave ? », disait la Reine d’Angleterre avec un grand bon sens.  Au moment où le monde connait, depuis quatre ans déjà une crise sévère, et où la France est en très grande difficulté,  les économistes ne peuvent pas s’engager publiquement  comme experts confirmés parlant  ex cathedra en toute neutralité politique sans  avoir donné quelques preuves de leur clairvoyance passée et de la justesse de leurs avertissements.

 Hélas, hélas, hélas !

 Tous les signataires de l’appel à voter pour la candidature du candidat socialiste aux présidentielles publiés dans le journal Le Monde,  sont des économistes officiels dont la charge aurait dû être de prévoir la crise, d’en expliciter à l’avance les mécanismes, de définir les mesures d’urgence propres à éviter la catastrophe.  Ils n’en n’ont rien fait.

Ont-ils, dès les discussions sur l’Euro, prévenu des conséquences dramatiques possibles ? Ont-ils proposé les ajustements de gouvernance nécessaires ? Ont-ils montré que les divergences de croissance interne au sein de la zone étaient dommageables ? Ont-ils prévenu que la monnaie unique impliquait des contraintes voire des sacrifices ? Les a-t-on entendus sur ces sujets dans les années 90 et 2000 ? Ce furent non seulement les silencieux du sérail mais pire encore pour la plupart de lourds propagandistes des défauts que l’on constate aujourd’hui, défauts qui sont niés encore aujourd’hui par certains d’entre eux qui doivent leur carrière  à leur européisme bêlant.

Ont-ils à un moment quelconque prévenu que la France ne pouvait pas, seule au monde, s’enfoncer dans le non travail, avec des systèmes de retraites intenables,  des durées de travail  trop basses, des charges excessives et pesant trop sur le travail, des dépenses publiques hystériques, des impôts intolérables et des dettes intenables ? Au contraire. L’un d’entre eux s’est même fait le chantre énamouré d’une dépense publique encore plus grande et d’une fantastique augmentation des impôts.  Nous avions dénoncé ici les sophismes  qui avaient permis à cet escroc intellectuel de tromper le pays.

Ont-ils compris la source même des difficultés internationales ? Ont-ils condamnés toute l’évolution monétaire et financière que l’on a vu se développer depuis l’erreur magistrale de la suppression des contraintes de Bretton-Woods ?  Ont-ils dénoncés l’Europe passoire qui a renoncé à être quelque chose dans un système de monnaies flottantes en folie ?  Ont-ils dénoncé les choix socialistes de foncer dans une mondialisation dérégulée en contrepartie de quelques places en vue pour certains de leurs hiérarques ?   Ont-ils vu arrivé le surendettement global et l’ont-ils dénoncé ? Ont-ils avec courage remis en cause les thèses anglo-saxonnes d’une finance triomphante et demandé des corrections urgentes ?

Aucun des signataires, aucun, n’a eu la clairvoyance d’analyser la situation ou le courage de proposer les changements nécessaires.  Ils ont tous été des économistes façon « rats crevés au fil de l’eau », jugeant prudent de ne rien dire qui pourrait affecter leur carrière officielle.   De leur carence est née l’affirmation des politiques que cette crise terrible « était imprévisible ».

Ils donnent la même impression pénible, mutatis mutandis,  que ces généraux défaits honteusement en mai 40 du fait de conceptions fausses et de lâchetés carriéristes en tout genre et qui ont ralliés sans ambages  leurs vainqueurs pour perdurer encore un peu dans leur  pontificat officiel malgré l’effondrement  militaire qu’ils avaient mission d’éviter.

Lisons-les, ces Gamelin économistes de la trente-cinquième heure.

« La crise de l’Euro montre que le pire est encore possible ».

Que n’ont-ils dénoncé à temps les fragilités qu’ils ne constatent qu’avec quatre ans de retard (au moins).

« La croissance de la dette publique rend indispensable l’assainissement des finances publiques ».

Quand ont-ils dénoncés cette République qui depuis 1974 vote des budgets en déséquilibre massif, gonfle inlassablement la dette, provoque une hausse continue des prélèvements sociaux au point que nous en sommes  devenus les champions du monde toutes catégories ?  A-t-on lu une seule fois sous leur signature qu’un pays dont l’Etat  dépense l’équivalent de toute la production du secteur marchand avait quelques soucis à se faire ?  Ont-ils dénoncé le drame structurel qui fait que désormais qu’il manque entre 5 et 10 millions d’emplois salariés en France du fait des erreurs invraisemblables accumulées depuis le septennat Giscard, renforcées par le lamentable programme commun de la gauche,  aggravées par la gestion inique de la crise de 92-93, encore aggravées par les 35 heures et le malthusianisme Jospinien, non corrigées par la passivité chiraquienne et finalement  impossibles à rattraper  par l’activisme brouillon  d’un dernier président  finalement frappé d’incapacité par la crise ?

« Il faut mettre un terme à la sous taxation du capital et des rentes ».

Nous sommes le pays qui a la taxation la plus phénoménale du capital et des rentes.

On sait que le rendement du capital est en moyenne de longue durée de 3%. Avec une imposition de près de 50% des revenus et une tranche à 1.8% de l’ISF on atteint un rendement marginal  négatif du capital en toute circonstance. Avec la crise, ce sont des baisses énormes qui frappent les détenteurs de capitaux. Nous avions un capitalisme sans capitaux (voir l’absence de la France dans le domaine des grosses PME). On nous propose un capitalisme sans capitalistes.

On sait que les grandes fortunes sont tellement privilégiées qu’elles sont parties en masse  (près de quarante mille depuis l’instauration de l’ISF (ou équivalent) en 81. Plus de 600 milliards d’euros en fuite.

Quiconque possède  des bureaux qu’il loue sait qu’après déduction des charges, de la taxe sur les bureaux (doublé à Paris), des taxes foncières, de l’ISF et des autres impôts directs et indirects, il ne reste pratiquement rien.

Quiconque loue des logements sait qu’il en est de même.

C’est pourquoi les gouvernements confrontés à l’absence d’incitation à construire multiplient les mesures fiscales incitatives.  La plupart des niches fiscales datent du gouvernement Jospin !

On sait que depuis 74 et surtout 81 l’investissement en France est beaucoup trop faible.  On sait aussi que le capital français passe, en masse, dans des mains étrangères. Près de 50% des actionnaires du CAC 40 sont des étrangers et tous nos biens immobiliers de luxe suivent le même chemin.  Un impôt très fort sur le capital et l’ISF progressif jusqu’à 1.8%  impliquent automatiquement un bouclage par la vente d’une partie du capital à l’étranger. C’est mécanique.

« La sous taxation conduit « aux excès spectaculaires à l’origine de la crise financière »

On a vu qu’il n’y a aucune sous taxation et au contraire une sur taxation délirante et contreproductive.

Et voici que ces messieurs nous offrent enfin l’explication de la crise qu’ils n’ont pas vu venir. Quatre ans après, ils savent : ce sont les excès  de Français sous taxés qui nous ont mis dans ce mauvais cas ; on va leur faire passer le goût du pain à ces « salauds » au sens sartrien du terme et tout ira enfin bien dans le meilleur des mondes possibles.  Quand des économistes se mettent à dresser des gibets de boucs émissaires, on sait qu’on est dans l’ignominie et pas la science économique.  Mais là on dépasse toutes les bornes.

Même si on adhère à la thèse (totalement fausse comme on l’a mille fois démontré)  que la crise actuelle est le fruit d’une trop grande spéculation sur les subprimes américaines, en quoi sont-elles liées à la taxation des quelques fortunes françaises ? Les principales victimes des subprimes ont été les trésoriers des entreprises qui plaçaient leurs excédents temporaires dans des Sicav de trésorerie « dynamiques »  et à qui on n’a jamais dit les méthodes choisies pour obtenir ce dynamisme.  Les particuliers qui conservaient également une partie de leur trésorerie en Sicav ont été pratiquement tous remboursés par les banques.

Si ce ne sont pas des subprimes, de quoi parle-t-on? Des collectivités locales qui se sont engagées dans des emprunts à risque ?  Quel rôle là-dedans des « grandes fortunes françaises sous- taxées » ?

L’affirmation, qui n’a qu’un seul but, surenchérir sur l’accusation de « président des riches » portée contre le président sortant, n’a aucune réalité. Il s’agit d’un mensonge caractérisé.  On dit n’importe quoi après avoir pratiqué le silence le plus épais.  

Le plus drôle est que le Journal le Monde qui a cru devoir jouer le jeu de ce collectif publiait dans le même numéro un supplément « votre argent » qui démontrait à chaque ligne exactement l’inverse que ce qu’affirmaient de mauvaise foi ces « économistes » félons aux obligations minimales de vérité et de bonne foi de leur charge. 

On y voit une épargne française depuis toujours à la recherche d’un maximum de sécurité et ne la trouvant pas dans les tourments financiers qui secouent le monde depuis 1971.  Nous plaçons dans l’or, dans la pierre, dans l’assurance vie défiscalisée. Tout le reste nous fait peur.  Où sont les riches cascadeurs sous taxés  lancés dans les pires virevoltes financières et faisant basculer l’édifice ? En revanche combien de gogos anesthésiés par le silence des économistes officiels qui découvrent soudain que les dettes d’état sont dangereuses et que leur assurance vie a été bourrée de dettes grecques, espagnoles, italiennes, portugaises. Les gouvernements l’avaient exigé !  Nos économistes trouvaient cela très bien.

Arrêtons-nous là : ces Gamelin qui vont à la gamelle n’ont rien à nous dire. Ils n’ont acquis aucune crédibilité par  leurs écrits techniques ni leurs conseils dans les dix années passées.  Au contraire, ce furent des nuls taiseux, des potiches heureuses de jouer les utilités, des incapables vaniteux, des nocifs par abstention.  Ils mentent et trompent aujourd’hui avec une absence de dignité presqu’équivalente  au néant de leur  contribution économique  utile dans un passé récent.

Un signe ne doit pas tromper. Ils se cachent derrière leur titre. Ils évoquent les institutions qui les emploient. Ils invoquent des principes d’autorité pour prétendre à la pertinence. Faute de tout prestige personnel associé à leurs études et à leur pensée,  ils engagent celui des institutions qui les ont, bien à tort, recrutés.  Ils s’abaissent ainsi à les instrumentaliser. Et ils les abaissent.  Faute de toute crédibilité personnelle ils se groupent en espérant que la masse de la meute cachera la maigreur intellectuelle, étique, de ses membres.

Ils ne font que rappeler le sinistre exemple des « 127 économistes pour les 35 heures » de 1997,  dont tous les noms sont aujourd’hui oubliés et qui eux aussi avaient publié dans le Monde un appel pour expliquer que les socialistes avaient la chance inouïe de bénéficier de la confiance du gros des économistes.  On sait quelle sinistre erreur sera cette mesure lamentable.

Jospin avait  la même époque  créé le CAE pour donner un terrain de jeux aux collectifs d’économistes  qui le soutenaient.  On retrouve d’ailleurs dans la liste des pétitionnaires actuels un des membres éminents de cet organisme, présent depuis l’origine,  qui naturellement condamne la spéculation financière après avoir servi de caution bourgeoise chez Rothschild avec de lourds honoraires à la clef.  

Notons aussi  que  le Monde qui aère les ambitions de notre collectif est entre les mains de deux des milliardaires sous-taxés les plus remarquables, MM.  Bergé et Pigasse. Une sacrée spéculation, au passage.

Défense de rire.

L’épisode fera sans doute comprendre pourquoi la France est désormais considérée comme un trou noir en matière de sciences économiques, après des siècles à l’avant-garde.  

On est passé de l’économique au comique.

Mais qui a envie d’en rire ?



Monnaies et banques centrales

La monnaie s'invite enfin dans la campagne électorale française. Le président sortant, M. Nicolas Sarkozy, a lancé le thème de la réforme de la Banque centrale européenne (BCE) lors d'un discours le 15 avril 2012.

 

Il est vrai que la monnaie s'était invitée dans toutes les pages économiques des journaux de la semaine : nième effondrement boursier généralisé, nouveaux plans de "Quantitative Easing" (cad de création débridée de monnaie banque centrale) aux Etats-Unis, annonce d'un flottement de 1% du Yuan, surveillance du cours du Franc Suisse, testé par "les marchés", critique des pays du sud vis-à-vis de l'hégémonie malsaine du dollar.

 

L'actualité suggère de s'intéresser aux monnaies et aux banques centrales.

 

Il coexiste deux grandes conceptions de la monnaie, depuis l'abolition généralisée  des monnaies métalliques.

 

La première propose que l'on mette en place des "monnaies de confiance" multiples et largement décentralisées dans leur émission et sous la responsabilité pleine et entière de leur émetteur qui peuvent en cas d'erreurs disparaître. L'autre veut que la monnaie soit d'abord administrative, la question étant le mode d'administration.

Il existe dans la société d'échange capitaliste un besoin naturel de disposer d'un instrument qui permette de se procurer des biens et des services sans recourir au troc, de conserver de la valeur (cad du pouvoir d'achat), au moins un temps  et qui assure le moyen de se libérer de ses dettes notamment vis-à-vis des grands prédateurs étatiques.

Les économistes libéraux de la fin du XVIIIème et du XIXème ont glorifié essentiellement l'approche marchande de la monnaie.  En vérité la monnaie est née au 7ième siècle avant JC au confluent du sabre et du goupillon. Avant d'être un instrument d'échange commercial, la monnaie a été "le sang des Dieux" et "le nerf de la guerre". Le mort (voir la cérémonie mortuaire de l'obole sous la langue) et le prêtre, le soldat et la prostituée du temple, virent naître la monnaie bien avant les marchands.

Ils se sont rattrapés depuis.

La première théorie dispose qu'une monnaie ne fonctionne que si celui qui la reçoit croit qu'elle va lui permettre d'en faire quelque chose de valeur au moins équivalente à ce qu'il a cédé.  Toute monnaie est basée qu'on le veuille ou non sur un forme de confiance. Elle est toujours fiduciaire. La confiance est toujours modeste. On sait que le temps est mauvais maître en matière monétaire. Le risque que l'instrument ne serve plus ou perde de la valeur est latent.  On doit confier à des banques décentralisées le soin de fournir les instruments ad hoc sous la forme souhaitable. Cela peut être des billets, ou des comptes.

C'est la confiance des acteurs qui conduira  à  choisir la banque et les instruments de paiements qu'elle propose. Bien sûr le choix se portera sur une banque dont la signature est généralement admise. Une bonne concurrence et la peur de la perte de la confiance régulera l'ensemble.

Si plusieurs monnaies de banques circulent, se pose naturellement la question de leur valeur relative. Comment vont-elles se "compenser" ? Si la confiance est différenciée, il peut y avoir surcote ou décote sur la valeur réciproque des monnaies. J'accepte un virement sur la banque X mais pas à la valeur nominale proposée parce que ma monnaie à moi est plus sérieuse que la monnaie qu'on me propose.

On retrouve la théorie bien connue de Milton Friedman : la monnaie est une marchandise comme les autres. Comme toute marchandise elle a son prix.

Il appartient aux banquiers de réguler leur création monétaire en fonction des vrais besoins rentables. S'ils vont trop loin ils risquent deux tourments : la crise de liquidité (les anciens croyants changent leur préférence et veulent convertir leur monnaie de confiance), la crise de rentabilité (les pertes sur prêts mettent en cause la survie de l'entreprise si le capital n'est pas suffisant pour l'étaler). En fait les deux vont toujours ensemble.

L'ennui c'est qu'il y a un type d'acteur un peu particulier les Etats, toujours impécunieux et toujours à la recherche de ressources nouvelles. Leurs manipulations monétaires douteuses est à la source de la création de la science économique. Il fallait montrer que ces manipulations étaient sans objet.  La valeur réside dans la production pas dans l'instrument qui fluidifie les échanges.

Cette conception s'oppose radicalement à l'existence d'une banque centrale. C'est parce qu'il n'y a pas de filet de sécurité  que la monnaie est gérée sainement par les banques décentralisées. Et l'absence de banque centrale interdit à l'Etat de faire marcher "la planche à billets". Donnez moi une monnaie saine et je vous ferai de la bonne finance.

Ces idées se retrouvent encore aujourd'hui. Glen Paul aux Etats-Unis s'en fait souvent le propagandiste. Il poursuit une longue tradition aux Etats-Unis. L'hostilité à une banque centrale aux y était si forte qu'il a fallu créer la FED au début du 20ème siècle  sous un nom obscur et presque dans la clandestinité.

   

Un système de monnaies multiples, polycentrique,  sans banque centrale, dont la valeur réciproques seraient laissées au marché n'a jamais réellement existé dans les frontières d'une nation. A notre avis il est vain de croire qu'il puisse être mis en place jamais.  L'exemple du Canada (ou de l'Ecosse) souvent cité, revient en fait à un système de banque centrale privée.

 

La raison en est très simple : personne ne veut avoir à manipuler en permanence plusieurs monnaies. Une monnaie l'emporte rapidement sur les autres. L'institut qui le gère devient central dans le système économique et sa défaillance serait  "systémique" comme on dit aujourd'hui, en un mot inadmissible. Pour faire simple on ne peut le laisser faire faillite car alors tous les billets et tous les dépôts libellés perdent immédiatement leur valeur.

 

L'histoire a montré  que tout système bancaire a tendance à créer périodiquement trop de prêts et de dettes, donc trop de monnaie. Le cycle décennal y trouve sa cause principale.

 

Un système de monnaie décentralisée a tendance naturellement à se concentrer et à provoquer des crises. Les dégâts sont trop graves pour qu'on laisse ce genre de fonctionnement perdurer.

 

Au fur et à mesure des crises économiques on a constaté l'obligation  d'unifier l'unité de compte et de créer une monnaie unique permettant la gestion de la liquidité interbancaire  et de faire face à toute crise de liquidité.

 

La création de monnaie de dépôt était laissée libre et décentralisée mais une monnaie banque centrale était instituée, à qui l'émission sous forme de billets, liquidité ultime, était réservée.

 

Tous les systèmes monétaires actuels sont désormais construits sur ce modèle.

 

La banque centrale doit veiller à la stabilité et la sécurité du système monétaire : surveillance des banques ; contrôle de la liquidité et de la rentabilité ; contrôle de la quantité de monnaie en circulation.    

 

On est donc passé d'un système de monnaie de confiance à un autre purement administratif. La monnaie centrale a seule directement cours forcé et peut servir à tout aussi bien aux règlements entre particuliers et entreprises que les paiements de taxes à l'Etat.  Il n'est même plus nécessaire d'avoir confiance : l'usager n'a pas de choix.  Pour obtenir une meilleure traçabilité fiscale le fisc a reconnu et imposé l'usage de la monnaie de crédit émise par les banques. En contrepartie l'Etat a verrouillé largement le système bancaire.

 

Le système des banques de dépôts en France est resté constitué de quelques mastodontes gérés pour l'essentiel par des hauts commis de l'état.  Aucune ne pouvait faire faillite. On séparait clairement le domaine du spéculatif domaine de banques d'affaires qui pouvaient sombrer sans dommage, et le trivial, laissé aux grandes banques de dépôt.

 

Comment éviter que la banque centrale, démembrement de l'Etat, de jure ou de facto, ne fasse tourner honteusement la planche à billets pour ses besoins propres provoquant des comportements contre-productifs des agents économiques? 

 

Jusqu'en 1971, la réponse était simple : la contrainte de change pesait sur les banques centrales et les états. Certes l'étalon or était mort mais il subsistait une forme d'étalon de change or, où le dollar servait de monnaie internationale mais rattaché à l'or.  Chaque état étant responsable de son change, le trésor comme la banque centrale faisait en sorte de ne "pas faire plus de bêtises que les autres".  La tentation de créer de la monnaie banque centrale était contrebalancée par la crainte d'un dérèglement des changes, de l'inflation et du déficit extérieur, entraînant la défiance des marchés et donc des conséquences.

 

Mais voilà que les Etats-Unis commencent à se moquer du lien avec l'or, au point que les autres ne veulent plus accumuler des dollars et demandent le remboursement en or. Ils répondront en interdisant la conversion en or.

 

Le monde s'engouffre dans un système jamais vu : des monnaies administratives émises sans aucune contrainte.

 

On en revient sur une base internationale à la solution qui n'avait jamais marché sur une base nationale : des monnaies multiples dont le cours varie au jour le jour.  Dans ce cas là la monnaie dominante l'emporte. Le dollar l'emporta toujours géré avec la plus folle inconséquence par la banque centrale américaine.  

 

On cherchera à solidifier l'ensemble. On acceptera le flottement des monnaies en contrepartie de l'indépendance des banques centrales. Celles-ci ne devaient plus avoir pour autre boussole qu'une dégradation lente  d'un indicateur de prix.  Le lien avec l'Etat sera coupé. Seules les banques pourront prêter à l'Etat, si tant est que celui ci doive financer des déficits.

 

Lorsqu'on crée l'Euro pour des raisons qui restent encore largement à expliquer, (simple Hubris européolâtre d'un côté ou volonté de contrer le dollar de l'autre, volonté de domination allemande ou désir de l'empêcher), cette doctrine est gravée dans la pierre des traités.

 

La vérité éclatera assez vite : lors que les mouvements de capitaux sont libres  et la finance déchaînées, on assiste à un yoyo général des monnaies  qui transforme l'économie en immense casino. La création monétaire est partout et nulle part. Les changes ne régulent rien  et accroissent les variations. L'instabilité devient de règle. Les banques centrales ne peuvent plus individuellement contrôler la création monétaire : il est toujours possible de chercher de l'argent ailleurs.

 

Les banques ne peuvent pas créer seules la monnaie banque centrale  dont elles ont besoin pour multiplier les crédits mais peuvent moyennant un risque de change s'approvisionner partout dans le monde. Il faut simplement croire que les signatures qu'on échange ont la moindre valeur. Le collatéral prend le dessus. Mais on ne sait plus trop ce qu'il contient.

 

Le système devient instable. Les banques centrales sont constamment confrontées à des crises de liquidité des banques qu'elles surveillent, qui sont si grosses et si opaques qu'elles ne savent pas les contrôler.  Les banques centrales sont comme la psychanalyse : elles ne savent guérir que les maladies qu'elles créent.

 

Il suffit qu'à un seul endroit un délire de création monétaire s'installe et le risque de chaos financier s'installe. Les Etats-Unis ont décidé de jouer à fond la diplomatie du dollar. Sa création monétaire débridée est aggravée, amplifiée par la politique de la Chine et des pays à excédents commerciaux : ils replacent leurs excédents en dollars. Une double pyramide de dettes se crée automatiquement.

 

L'interconnexion des marchés financiers amplifie le mouvement : l'endettement global qui avait baissé jusqu'en 71 recommence à grimper. 150%,200%,250%,300%, bientôt 400%, 700%, 1400% pour certains pays.

 

La catastrophe finale peut arriver après que le trend ait été ralenti et les crises décennales aggravées.

 

Le système de monnaies administratives gérées par des banques centrales censées être indépendantes et  avec un objectif de stabilité des prix, avec des changes flottants sur des marchés totalement libres, a prouvé qu'il ne marche pas. Il n'a jamais marché. Il ne marchera jamais.

 

La fuite devant les monnaies est permanente. Personne ne sait plus ce sur quoi chaque  monnaie de dépôt repose. La défiance se porte sur toutes les banques. Le marché interbancaire se grippe.  La panique règne. Les Etats craignent pour le refinancement de leurs dettes, les banques craignent pour le refinancement de leurs crédits, les particulier cherche à fuir les risques sur les monnaies en allant vers des refuges instables, comme la pierre ou le Franc suisse.  L'urgence devant la méfiance devient la règle.

En fait il n'y a plus qu'une monnaie d'échange dont on cherche à se débarrasser au plus vite contre quelque chose de plus solide.  Sans confiance pas d'expansion du commerce, pas d'investissement.

 

L'urgence ponctuelle devient une urgence permanente et universelle.

 

Les pays qui disposent de leur banque centrale et d'un minimum  de surface peuvent tenir en respect leur créanciers : la banque fournira toujours autant de monnaies administratives qu'il sera nécessaire pour payer les intérêts des dettes régaliennes même si c'est théoriquement interdit. Tant pis pour le cours du change. Il se tiendra si tous les autres font pareils. On voit les marchés financiers triomphants alors qu'ils sont dans le plus total désarroi, les prêteurs ne sachant plus comment récupérer leur argent.  

 

La BCE prive les état de l'Euroland de cette menace. Alors voici les Etats membres pris au piège. Ils ne peuvent qu'augmenter les impôts, choisir la déflation et la rigueur.

 

Ils ont à financer le poids de leurs propres erreurs, celui de la récession et celui du sauvetage de leur secteur bancaire. Ils n'en peuvent plus. Dès que les taux d'intérêt montent ils sont asphyxiés.

 

Alors dit M. Sarkozy il faut que la BCE prête aux Etat, que les marchés sachent qu'ils auront toujours des euros nominaux en remboursement. Mais alors tout le système devient fou : car où serait les limites ?

 

Le modèle de banque centrale de 1973 est cohérent au moins en théorie avec un système de monnaies administratives dont le change fluctue.  Certes on a vu qu'il ne marchait pas. Mais supprimer la règle du jeu n'est un expédient qui se comprend quand on a la menace aux fesses d'une situation à la grecque mais qui n'a aucune rationalité à moyen et long terme.

 

C'est le système global de monnaies administratives à valeur externe dérivante qu'il faut changer.

 

Et il n'y a pas d'autres solutions que de revenir à une système de changes fixes reliés à une base de référence hors de portée des états individuels. L'obligation de tenir son cours de change et ses grands équilibres, pourvu qu'elle soit générale (les Etats-Unis étant tenu de s'y soumettre) suffit pour éviter les trop grand dérapages de crédit.

 

Dans une telle optique la banque centrale est un des organes (n'est qu'un des organes )  qui permettent , en convergence d'objectifs et en union de moyens, de tenir les engagements monétaires externes de la zone monétaire.  Son indépendance n'a plus tellement d'importance.  Elle peut même devenir contreproductive si les pouvoirs de politique économique sont employés de façon incohérente (on l'a vu en France peut avant 1936 où la banque de France faisait tourner la planche à billets pendant que le gouvernement tentait une …déflation).

 

Ce n'est pas du statut des banques centrales qu'il faut parler mais de la réforme du système monétaire international.

 

Des monnaies administratives flottantes gérées par des instituts d'émission dont le seul voyant est l'inflation des prix à la consommation des articles d'un index ne constituent pas une solution sérieuse.   

 

Cela ne marche pas, n'a jamais marché et ne marchera jamais.

 

Delenda est !

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Crise, Etats, Nation.

Nous vivons depuis le début des années 50 en Europe, des années 70 dans le monde occidental et des années 90 dans le monde entier, dans l'idée d'un monde où les nations ne sont plus le creuset de la vie sociale et les Etats des touche à tout dangereux qu'il importe de contenir.

L'Europe de Monnet est une Europe supranationale. La CEE est une organisation où l'on prive les Etats de tout droit d'initiative dans les domaines mis en commun.  On cherche d'ailleurs à les affaiblir en poussant des régions, historiques dans certains cas, totalement artificielles dans d'autres.  Le pouvoir quitte les Etats pour une commission d'experts européistes par construction (ils ne seraient pas choisis dans le cas contraire). Le renoncement à toute volonté nationale est sacralisé comme "devoir européen". Un Parlement problématique sert de caution démocratique à une gestion loin des nations. On gère par la norme. La réglementation est pointilleuse et tombe dans un détail invraisemblable. C'est qu'on a accepté l'intervention des lobbies.  Tout le monde fait ce qu'il veut à condition qu'il respecte la norme.  Un tribunal européen s'inscrit au dessus des nations et de leur souveraineté pour sanctifier la règle et condamner les dérives nationales éventuelles. Il n'y a aucune subsidiarité dans les domaines concédés.

En perdant leur droit d'initiative, les Etats perdent en vérité tout pouvoir puisqu'il ne leur reste que celui de dire non et on ne peut pas dire non tout le temps surtout si la majorité des autres a dit oui.  M. Allègre a parfaitement montré qu'un Commissaire européen pouvait s'assoir sur un projet présenté par la totalité des ministres des états européens et considéré comme très utile par tous les chefs d'Etat.  Résultat les ministres, c'est-à-dire chaque état, regarde ailleurs et attend de voir ce qu'on a concocté en dehors de leur vue.  La nation est totalement laissée hors du coup et ne peut que réagir dans la rue quand elle découvre dans les faits une réglementation conçue ailleurs par des fonctionnaires qu'elle ne peut pas sanctionner.  Les élections au Parlement européen sont organisées pour sanctifier cette dépossession. La proportionnelle intégrale évite qu'il y ait un vote tranché. Les élus se regroupe dans l'assemblée européenne selon des bannières différentes de leur étiquette électorale.

Cette gestion par la norme a été étendue par le traité de Maastricht à la sphère financière. La Banque Centrale Européenne est gérée par des experts sans aucun contact constitutionnel ni avec les états ni avec les nations.  Les états européens ont perdu le pouvoir monétaire et, dans la pratique,  la gestion des changes.

Par une interprétation extensive de la politique de concurrence les fonctionnaires de Bruxelles et de la Haye ont prétendu détricoter toute possibilité rapide de politique fiscale et industrielle. On l'a vu dans l'affaire de la TVA sur la restauration et dans le blocage de la création d'entreprises européennes de dimension mondiale.  Ne parlons pas de l'agriculture.

L'idée européenne est que des individus, jouissant de libertés protégées, les exercent librement dans le cadre d'une règlementation détaillée.  Et adviennent que pourra.

La suppression des changes fixes  et ajustables comme mode de fonctionnement monétaire international, au début des années 70 correspond aux même principes. Les Etats sont contents de se débarrasser de la terrible contrainte des changes. On peut laisser filer les déficits commerciaux et de paiements. En vérité ils se sont débarrassés en même temps de leur souveraineté. Les conditions de leur compétitivité seront dictés désormais par "les marchés".  Certes comme pour l'Europe, on a défini des règles et des organismes pour les élaborer ou les faire respecter. Mais c'est une gestion par la norme sans le pouvoir étatique pour les faire respecter.  La liberté totale des mouvements d'hommes, de marchandises et de capitaux tournent automatiquement à la foire d'empoigne. Plus personne n'est là pour corriger des déséquilibres dangereux. Ceux-ci peuvent exploser à l'envie.

On peut voir cette organisation comme le triomphe des droits de l'homme. Après tout chaque homme a un droit naturel au monde et à faire ce qui lui plait dans le cadre des règles.

On peut aussi la voir comme un complot des plus forts pour imposer leur pouvoir aux Etats et au monde, sans être sous la pression des peuples et des nations.

Dans un cas comme dans l'autre la crise démontre au prix fort que cette forme d'organisation est impossible en cas de crise systémique, d'abord parce qu'elle en permet l'émergence, ensuite  parce qu'elle ne permet pas d'y faire face et enfin parce qu'elle crée la condition de mouvements de foule populistes qui peuvent transformer en drames le conflit entre peuple et marchés.  

Il faut acter la réalité des Etats.  La politique européenne ne peut pas s'imaginer et s'exercer en dehors des Etats.  La norme n'est pas tout. Il faut le pilotage. Et le pilotage ne peut pas être confié soit à personne soit à des fonctionnaires ou des experts, la facture étant présentée aux peuples sous forme de chômage et d'impôts .

Le salarié qui perd son emploi, l'entrepreneur qui perd son entreprise, l'épargnant qui perd son épargne, le retraité qui voit son niveau de vie altéré parfois gravement, ne se sentent en aucun cas responsables de la crise. Ils la subissent sans la comprendre. Les gouvernements n'ont d'autres moyens d'action que la fiscalité. Ils assomment les citoyens parce qu'au fond ils ne savent plus faire que cela, tout le reste leur étant interdit, y compris celui de "faire de la dette" en distribuant des amusettes électorales.

Le grand débat aujourd'hui n'est pas de renoncer aux droits de l'homme, à l'idéal européen, à l'ouverture du monde.  Il est d'en fixer les conditions d'exercice. On connait désormais ces conditions.

Il faut d'abord créer les conditions monétaires d'un échange équilibré à long terme entre les nations.  Ceci ne peut se faire que par des accords de responsabilité des Etats sur des taux fixes et ajustables des monnaies.  Redonner une responsabilité aux Etats dans ce domaine entraîne par capillarité une reprise en main totale des mécanismes économiques, qu'il s'agisse des mouvements de personnes, de biens ou de capitaux. Certes il faut continuer à promouvoir des normes communes mais tout dérapage sur les comptes extérieurs doit être rattrapé.  

Dans un monde de changes fixes mais ajustables les structures de l'Europe paraissent totalement décalées : il n'y a pas de pilote dans l'avion. L'illusion d'une gestion par la seule norme éclate au grand jour. S'il doit y avoir une gestion pluri-étatique des grands équilibres, elle ne peut se faire qu'en responsabilité. Les instances de pilotage commun doivent dépendre directement des chefs d'états et des instances intergouvernementales. La Commission doit être laissée totalement en dehors du coup. Il ne s'agit pas de priver les Etats de leur prérogative mais d'agir au jour le jour avec le contrôle du peuple et non d'une instance judiciaire. Les schémas européistes repris par Mme Merkel sont inopérants.

Bien sûr il y aura de facto des limitations apportées au mouvements de personnes, de marchandises et de capitaux. On sera obligé de gérer des écluses à chaque fois que nécessaire.  Et alors ?

La crise force automatiquement à repenser l'organisation mondiale du commerce et des monnaies. Elle force automatiquement à repenser les institutions européennes. Non pas par l'abandon des principes mais par le retaillage des modalités et en basant l'ensemble sur la responsabilité des Etats et le pouvoir d'adhésion des peuples et pas seulement des individus.

Ce que montre les présentes élections présidentielles ce sont des tiraillements en ce sens. Les foules dans la rue trahissent la volonté des peuples de ne pas être totalement impuissants dans un misérabilisme consterné et délétère. L'échec des écologistes trahit le rejet d'une gestion par la seule norme poussée aux extrêmes. Le renversement des équipes en place est de règle depuis 1974. Le peuple français ne veut pas de dirigeants élus impuissants. Le peu d'appétence pour Hollande ou Sarkozy traduit bien ce rejet de l'impuissance hâbleuse d'un côté, de l'impuissance couleuvrine de l'autre.

La crise réhabilite automatiquement les Etats et mobilise les nations.

La difficulté c'est qu'enserrés dans des traités et des habitudes, les élus sont strictement incapables de tenir un langage cohérent et crédible dans la reconstruction d'un monde qui ne peut plus être fondé sur la seule norme et le laisser faire, laisser aller de forces internationales incontrôlées.

Qui est capable de porter le projet d'une réforme du système monétaire international ? Qui est capable de porter le projet d'une réforme profonde de la gouvernance de l'Europe ?
 
Nicolas Sarkozy a largement compris ces nécessités. Il s'est tapé contre les vitres de verre pendant cinq ans comme une guêpe prise au piège. Mais on voit l'extrême limite de son discours en la matière. On ne peut pas proposer un nouveau Bretton-Woods et dans la même phrase indiquer que le dollar conservera ses privilèges et que les changes seront flottants.  On ne peut pas dire qu'on a créé une gouvernance européenne économique alors qu'on a signé un traité purement déflationniste qui laisse  les états encore plus impuissants qu'avant.  Il s'est cassé les dents sur ces contradictions. François Hollande a-t-il seulement des dents ? Les habiletés tactiques d'un apparatchik de parti socialiste lui permettront sans doute d'atteindre la présidence, de confier le Parlement à la mère de ses enfants et la mairie de paris à une ancienne bonne amie.  Mais où sont ses idées, ses leviers, ses plans pour résoudre les difficultés évoquées ?

Jamais crise n'aura autant parlé sur ce qu'il faut changer et jamais elle n'aura révélé l'absence d'hommes d'état capables de porter les nécessaires changements.

Il faudra donc attendre encore les malheurs provoqués par la pesanteur des choses pour que cela bouge.

Une politique du pire per abstentio. La pire des pires politiques.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Pendant les élections la crise continue (bis)

Pendant les élections la crise continue (bis)

Les élections ont toujours leur caractère de purge caractérielle nationale. Le défouloir est nécessaire pour évacuer des tensions et des frustrations accumulées. Tensions et frustrations sociales ? Pas vraiment. Plutôt des tensions et des frustrations personnelles dont le cumul donne un comportement de masse.  

La notion de "troisième homme" est toujours la même : le paratonnerre n'est jamais celui qu'on croit. Il canalise les pulsions de haine et de refus. Et s'évapore au bout de quelques années.

 Un jour ce fut Chevènement ; un autre Bayrou ; aujourd'hui c'est un certain Mélenchon. On se défoule toujours là où cela gratte. Chevènement  était un exutoire pour le prurit national, alors que la France abandonnait son indépendance pour l'Europe. Bayrou capitalisait l'opposition au bipartisme qui ignore tant de sensibilités particulières, après que le passage au quinquennat eût renforcé à outrance la "présidentialisation" des institutions donc son bipartisme obligé. Mélenchon est le symbole des gratouillis qui marquent l'abandon de notre avenir "aux marchés", c'est-à-dire à des forces incontrôlables dont la rationalité n'a rien d'évident et les dangers tout de manifeste.

Cette phase de purge des humeurs est l'apanage des premiers tours. Elle ne se termine pas avec lui. "Au second tour on élimine" dit le dicton politique.  La France ne va pas choisir un programme, une réflexion, une expertise. Elle ne va pas rechercher son intérêt, choisir son avenir, envisager des solutions, s'ouvrir à des opportunités. Plus personnes ne croit que le Président de la République Française, dépourvu de tout pouvoir, peut avoir le moindre volontarisme convaincant.

Tout le monde se moque des programmes. Annoncer des pluies de dépenses et d'avantages catégoriels ciblés sur des populations segmentées par des politologues mercenaires, le tout basé sur des taux de croissance désincarnés, est un exercice méprisable. Qui y croit ? Personne. Jamais programmes n'ont été si bien chiffrés et aussi vains.

M. Hollande en chef de guerre économique, entouré de Mme Aubry, la dame des trente cinq heures, de M. Mélenchon, le révolutionnaire à voix gaulliste, attitude mussolinienne et moue veule, de Mme Joly, la Savonarole  pilotée comme une marionnette par des verts bien rouges, est aussi crédible qu'un guignol à sabre de bois.  Il parait qu'il et rigolo dans le privé.

M. Sarkozy, le moi-je en bandoulière, équipé d'un volontarisme de tempérament mais aussi de façade, dont la vanité a été évidente pendant cinq ans, s'est voulu l'homme de toutes les transgressions. Il a voulu tout oser. Braver à droite, baver à gauche, taxer le tout en disant qu'il n'en faisait rien. Les évènements ont été plus forts que lui et le resteront.  Il parait que Carla est fort charmante.

Le second tour arbitrera des détestations plus qu'il ne validera des programmes. Sera élu, dit-on, celui qui aura assis le mieux sa crédibilité. Foutaises. M. Hollande n'a aucune crédibilité. M. Sarkozy n'en a pas plus.  Sera élu celui qui sera le moins méprisé, momentanément ou celui qui laissera le plus indifférent.

Car la crise qui frappe le monde depuis 2007 ne connait pas de pause. Aucun des deux candidats ne l'a comprise. Aucun des deux n'a même la moindre conscience des causes et des remèdes.

Le 10 avril 2012, à quelques jours du premier tour,  les bourses mondiales ont connu une baisse qui en d'autres temps aurait été considérée comme un krach calamiteux augurant du pire.  Près de 4% : ce n'est pas rien. Les marchés des changes ont recommencé à bouger. La spéculation teste le Franc Suisse et la résolution de la BNS de veiller sur un cours de 1.2 par rapport à l'Euro.  L'Euro est attaqué comme toute la zone en prenant appui sur une spéculation cette fois effrénée sur la dette espagnole. Après la Grèce et l'Italie, l'Espagne est dans le collimateur.

Depuis 5 ans nous expliquons qu'il est strictement impossible de sortir de la crise sans revenir à une collaboration internationale sur les changes qui impliquent des disciplines collectives, la maîtrise des mouvements de capitaux à cout terme, et des objectifs globaux de croissance.

Une fois de plus la crise redémarre après que le feu ait couvé dans l'indifférence générale ou plutôt le sentiment que "ouf elle était passée cette fichue crise".

La vraie question n'est pas de faire un pacte de stabilité et de monter des pare feux pour "rassurer les marchés" ou les emplir de craintes.  Les marchés financiers sont une boule de lave qui brûle les enveloppes en papier qu'on leur oppose et s'insinue dans tous les interstices qu'on laisse ouverts.

Il faut faire sauter le couloir de lave. Le bloquer à la racine.

Les marchés ne peuvent pas grand-chose contre une coalition d'états décidés à briser dans l'œuf toute spéculation sur les monnaies et les taux d'intérêts. Mais il faut que les Etats aient une discipline commune et des objectifs uniques et coordonnés. Où est la coopération internationale ?

En annonçant que l'on renonce à l'idéologie de la finance et des marchés libres dans un monde où cette liberté ne peut s'exercer valablement, faute, à ce stade,  d'un environnement unique et propice, que les Etats se retrouvent sur un objectif commun de stabilité des changes, qu'ils mettront tous les moyens, réellement tous les moyens, pour briser tous les mouvements ou attitudes qui viendraient contrevenir à cet objectif, la spéculation s'arrête dans l'instant.

Il devient alors possible d'envisager la liquidation du legs tragique du système précédent : une dette insoutenable qui sera éliminée progressivement par les trois moyens habituels : des pertes, de l'inflation et de la croissance.

On verra alors que la croissance mondiale, durable, est possible même dans les pays développés et que la sinistrose grotesque de commentateurs qui ne comprennent rien ni à la crise ni aux solutions de sortie de crise, ni aux conditions d'une croissance forte qui sauvegarde la planète, est sans objet.  L'Europe ruinée par la guerre ne pouvait pas se relever. Et nous eûmes une série de "miracles", allemands, français, italien etc. Le Japon ruiné ne s'en sortirait jamais. On a vu. La Chine ne pourrait jamais croitre. les pays de l'est étaient voués à la misère. l'Afrique était mal partie. La farandole des vues basses ne date pas d'aujourd'hui.

Il n'y a pas de miracles. Seulement les conditions à créer d'une croissance possible.

Non le monde n'est pas voué à la déréliction.

Non l'Europe n'est pas vouée à la décroissance morose.

Non la France n'a pas plus que les autres à devenir le champs clos de forces incomprises la plongeant dans le marasme.

Cette crise mondiale à rechutes chroniques aurait pu être arrêtée dès octobre 2008. Nous devrions déjà en être sortie.  Nous en sommes à prévoir 7 ans de nouveaux malheurs.

Sur ce sombre volcan nos nains éructent et dansent. L'un crie : "Vive l'impôt Vive l'impôt ; les riches paieront" dans un pays sans investissement depuis des lustres, où il manque entre 5 et 10 millions d'emplois salariés, et dont la dépense publique représente plus que la totalité de la valeur joutée par les entreprises du secteur marchand.  L'autre crise "Vive moi", "Moi Je" après avoir refusé pendant la campagne de 2007 de voir venir la crise et pendant 5 ans de porter les solutions nécessaires, avec une force de conviction suffisante.

Nous avons écrit d'abord sur ce blog une chronique de la catastrophe annoncée puis une chronique de la poursuite de la catastrophe faute des solutions appropriées.  Dans quelques semaines cela fera 5 ans que nous prenons les faits à témoin et que nous annonçons les conséquences de décisions et de non décisions inconséquentes et inappropriées. Prévoir les évènements avant est toujours plus fécond que nier les réalités ou se taire avant et pendant et commenter les échecs après.

Nous arrêterons ce blog à la date de son cinquième anniversaire, c'est-à-dire en juin 2012.

Nous le ferons avec la colère au ventre. Celle de n'avoir pas réussi à convaincre à temps ; à faire bouger les lignes ; à provoquer les prises conscience nécessaires.

A la fin d'un cycle politique quinquennal, synchrone avec ce blog, nous voici Gros Jean comme devant, avec les mêmes mensonges, les mêmes erreurs, la même classe politique sourde et aveugle, les mêmes médias asphyxiés par des experts stipendiés par la finance, l'Europe et l'état.  Vive la finance libérée et les changes flottants, vive l'Euro malgré les malfaçons, vive l'impôt et la dépense publique.  Sinon plus de charges honorifiques ou grassement rémunérées, plus de prébendes, plus de "vu à la télé".

Ces cinq années auront vu des confirmations éclatantes :

- l'effondrement des économistes officiels roulés dans le néant de leur esprit de cour et d'idéologies partielles et à courte vue qui s'apparentent plus à une vulgate socio-politique  mal digérée qu'à une véritable réflexion scientifique.

- l'effondrement d'institutions qui auraient du jouer leur rôle comme le FMI et accessoirement des dirigeants de cette institution ( on en  attendait aucune rigueur et on en a eu aucune) ; comme la Commission européenne, organisée contre les états et incapable de s'y substituer ;  de l'Eurogroupe, dont le vide et la superficialité est devenue criante ;  comme le G.20 structure qui aurait du agir et dont la passivité est la marque même de l'impuissance collective

- l'impossibilité d'une croissance durable dans un système de changes flottants, alors qu'on a voulu une libéralisation totale des mouvements d'hommes, de marchandises et de capitaux dans un cadre non préparé. Le trend s'est d'abord ralenti avant de se bloquer ; le cycle décennal s'est d'abord aggravé avant de s'emballer.

- l'impossibilité de gérer une zone de monnaie unique avec des institutions inexistantes  ou paralytiques, dans un monde  de changes flottants.

- L'impossibilité d'atteindre croissance et plein emploi quand l'état dépense 56% du PIB, capte la contrevaleur de la valeur ajoutée des entreprises privées, et ne pense qu'à servir des clientèles en commençant naturellement par la classe des hauts fonctionnaires. La France a voulu servir de témoin à cette inconvenance. Elle est à la fois ridicule, ruinée et sortie de l'histoire. Encore bravo !

Le seul vrai programme électoral serait :

- de proposer de sortir des changes flottants et de reconstruire un système de changes fixes mais ajustables, dans un but de croissance globale et de réduction de la dette excessive qui paralyse le monde, avec une libéralisation contrôlée par des jeux d'écluses raisonnables.

- de réformer les institutions de la zone Euro, en dehors de la calamiteuse Commission Européenne et des idées détestables qui la sous-tendent, afin qu'il y ait un véritable pilotage de la zone dans le concert des nations.

- de réformer lourdement l'état Français pour que l'on sorte de la maladie fiscale et démagogique qui le mine.    

On vérifiera que ceux qu'on propose aux Français préparent l'exact contraire. La soumission aux marchés, la soumission à l'Euro, la soumission à l'énarchie perpétuellement à la manœuvre fiscale, sont des axes communs aux deux programmes. Les différences sont de degré. L'énarque Hollande ne reniera pas sa caste, ni l'Euro ni les marchés (ce sont ses amis qui ont fait le travail de soumission à cette organisation à partir de 83).  Sarkozy au fond s'en fiche pourvu qu'il ait un tourniquet où s'agiter et donner du grain à son égo.  Après avoir annoncer un nouveau Bretton-Woods, il est venu à Canossa, précisant bien qu'il voulait que le dollar reste la monnaie mondiale et que les changes flottants soient la règle. Quelle cohérence ?  Après avoir annoncé qu'il baisserait les impôts il a multiplié les taxes et les lois de finances pour aggraver la pression fiscale. Il se vante maintenant que le taux de prélèvement aura finalement légèrement augmenté pendant son quinquennat. Quelle cohérence ? Quant à l'Europe, il l'a voit dans les jupes de Mme Merkel après avoir cherché à mener une politique franco anglaise en début de mandat, sans avoir jamais compris ce qu'il fallait réformer dans la zone euro. Quelle cohérence ? On ne peut pas dire tout et faire son contraire.   

Oui, cette élection est une élection pour rien, désobligeante pour les Français,  à qui on fait jouer le rôle d'une peuplade débile réduite à vivre dans une France descendue quelque part entre le Vénézuela de Chavez et le Zimbabwe de Mugabe.

Non la crise n'est pas finie.

Oui les forces délétères qui sont à l'origine de la crise sont toujours en pleine action. Et cette action est désastreuse.

Non, personne ne les arrêtera à court terme.

Une fois encore on ne peut compter que sur la pédagogie d'un désastre.

D'un désastre hélas annoncé. Alors qu'on devrait être en pleine sortie de crise.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Nouvelle brève

La presse américaine cite le cas de cette ville du nord des Etats-unis qui est au bord de la faillite. Sa population : un million d'habitants ; le nombre de ses employés municipaux : 11.000.

 

Prenons le cas de Paris : un peu moins de deux millions d'habitants ; effectif municipal : 50.000 ! Deux et demi fois plus d'employés par habitant.

Pourquoi pas cinq, dix, vingt fois plus ? Comme dit M. Delanoë : "et je ne m'excuse pas". Pourquoi se gêner , en effet.

 

Sylvain

 

L'Europe est-elle sortie d'affaire ?

L'affaire Merah, un "beur déclassé" devenu tueur islamiste pour devenir quelque chose sinon quelqu'un, a tué la campagne électorale en même temps que quelques innocentes victimes. Monsieur le Ministre de l'intérieur va maintenant sortir une affaire de "beur déclassé" tous les trois jours jusqu'au premier tour des élections. Les questions difficiles avaient déjà été expulsées de la campagne. Il n'y a maintenant plus aucune chance qu'elles soient jamais discutées.

Quelles sont les causes de la crise dans laquelle nous sommes plongées ? Silence. Pourquoi l'Europe est-elle si touchée ? Silence. Quelles réformes à faire en Europe ? Silence. Comment sortir de l'urgence ? Silence. La France peut-elle passer en première ligne de la crise  avec devant elle des mesures drastiques et douloureuses ? Silence. Les plans Hollande et Sarkozy ont-ils la moindre chance de réussir ? Silence. Va-t-on vers un déchaînement fiscal alors que nous sommes déjà au plus haut ? Silence. M. Hollande s'éraille la voix à ne rien dire. M. Sarkozy n'a plus besoin de rien dire : il n'a qu'à laisser faire M. Guéant, le Ministre de l'intérieur.

Raison de plus, puisque la Presse va maintenant entrer dans le dérisoire final pour aborder quelques questions difficiles. La première : l'Euroland est-elle sortie d'affaire ?

Pendant 12 ans plus personne n'avait compris ni expliqué que cette institution était bancale et dangereuse. L'explosion grecque, l'effondrement portugais, le glissement de terrain italien,  le tremblement espagnol et les lézardes françaises, ont eu le douteux mérite de soudain mettre sur le devant de la scène les faiblesses structurelles de la zone Euro :

- des politiques divergentes avaient été conduites par chacun des gouvernements de la zone avec comme conséquences des écarts de compétitivité que l'on compensait auparavant par des dévaluations. Avec l'Euro, plus de dévaluations possibles ? Ne rien faire et laisser les béances s'élargir encore ?  Impossible. La seule solution était la déflation c'est-à-dire  la récession contrôlée.  Cette politique est très difficile à réussir. Il faut en effet obtenir une diminution des salaires et des coûts de production qui tue beaucoup d'entreprises et met un grand nombre de salariés au chômage. Lorsque l'écart n'est pas trop grand, c'est une politique qui peut réussir. S'il faut baisser les salaires de plus de 10%, la potion devient dangereuse pour l'équilibre social et politique.

- l'endettement global dans tous les pays de l'Euroland était devenu insupportable. Le "bouclier" imaginaire de l'Euro a certes assuré dans un premier temps la confiance des prêteurs. Il ne faut pas exagérer ce rôle de l'Euro. L'endettement était devenu partout dans les pays de l'OCDE  littéralement fou. En tout cas insupportable à court terme. L'explosion du nuage de dettes global et le risque de liquidation brutale du système bancaire mondial a frappé très durement les pays du "club med" mais de façon très différente.

La France, au sommet des prélèvements et des dettes d'état dès avant la crise, s'est retrouvée avec l'obligation de sauver ses banques, de participer au sauvetage de la zone Euro et  de faire face à l'explosion de son endettement public qui est passé d'obscène à hyper dangereux. Mais il n'y a pas eu de vraies réformes. Les régions ont fait flamber la dépense sans réaction  suffisante de l'Etat central. Les réformettes qui ont été faites ont certes permis d'atténuer le choc social mais tout le monde a compris que les vraies réformes restaient à faire, qu'aucune des forces politiques en présence n'était prête à baisser la dépense publique et que toutes espéraient s'en sortir en surtaxant les contribuables. Une solution suicidaire compte tenu du taux de prélèvements déjà inouï atteint.  Compte tenu que la dette de la France est principalement étatique et qu'elle est portée aux deux tiers par l'étranger, on peut s'attendre à une réaction très dure "des marchés financiers" dès l'été.

L'Espagne a du faire face à l'explosion de la bulle immobilière absurde qu'elle avait laissé gonfler (plusieurs millions d'appartements, figurant au bilan des banques,  sont vides, comme autant de valeurs fictives) et aux conséquences de la décentralisation excessive du pays. La régions comme en Argentine à la fin du siècle dernier sont le creuset des déficits clientélistes de la politique. Tout le système bancaire régional est perdu de dettes impossibles à rembourser. Certaines des régions ressemblent à la Grèce. L'Etat ne peut que réduire son moignon. Il le fait. Bientôt il ne restera plus que les régions malades. La situation est en trompe l'œil. La politique gouvernementale centrale de l'Espagne avait été plutôt bonne : pas de déficits budgétaires excessifs ; réforme des retraites avec des excédents dans les caisses ; investissement dans les infrastructures avec l'aide de l'Europe (près d'1% de PIB par an tout de même) ; système de production sans charges excessives. Le redressement des comptes extérieurs s'est produit assez vite preuve d'une certaine efficacité de la déflation des salaires pratiquées. Mais les bombes à retardement régionales sont là.

L'Italie est dans une situation paradoxale. Elle dispose encore d'une belle industrie mais elle s'est laissée dépassée par ses coûts et n'est plus compétitive. Elle aussi devait passer par une déflation faute de pouvoir dévaluer comme d'habitude.  Et surtout dégonfler des coûts politiques absolument monstrueux. Réforme de l'état et déflation étaient les mots clé. Mario Monti s'est attaché à ces deux tâches. Il est au milieu du gué.  L'Italie s'en sortira d'autant plus facilement que la reprise mondiale aura lieu.  Rien ne la garantit. La fragilité reste de règle. 

La Portugal est mort, comme la Grèce. Comme l'économie du pays est minuscule, cela ne gênera personne. D'immenses investissements immobiliers sont en jachère. On fait semblant de croire qu'ils finiront par se vendre. L'industrie a disparu frappé par la dérive des coûts. La déflation nécessaire pour revenir à la compétitivité est telle qu'on ne voit pas qu'elle puisse réussir. L'agriculture est insuffisante. Il faut réduire globalement les prix de plus de 30% pour espérer revenir à la compétitivité. L'émigration des habitants a reprise. Un échec lamentable.  Comme la Grèce le Portugal aurait du être laissé hors de la zone Euro pendant une période beaucoup plus longue ou intégré avec un avantage de change beaucoup plus important.

De tous les pays du sud c'est la situation de la France la plus grave. Parce qu'elle n'a pas compris l'ampleur des difficultés qui étaient devant elles et qu'elle sait laissé aller trop longtemps à la facilité de la dépense publique. La sirène d'alerte est son commerce extérieur. La France n'a pas retrouvé sa compétitivité. La travail reste à faire. Et la dévaluation lui est interdite. Il reste devant elle un travail de déflation particulièrement délétère.  La France reste dans l'urgence et ne peut en sortir. Elle a peur de ses créanciers. Elle est tenue de gesticuler pour éviter qu'ils ne se fâchent.

Si on contemple l'ensemble de la zone sud de l'Europe on s'aperçoit qu'il y a des faiblesses partout et que le retour à compétitivité par rapport aux pays du nord n'est pas là, malgré quatre années de crise.  C'est la France qui est le pays le plus en retard. La perspective déflationniste et récessive y est la plus probable.

Dans la zone nord, la question de la compétitivité est entièrement liée au cours du change. Comme il n'y a pas de politique de change en Europe, c'est la bouteille à l'encre. Europe reste à la remorque des pays qui ont une politique de change, c'est-à-dire tous les autres. Le surendettement et la quasi faillite du système bancaire sont identiquement valables dans le nord et le sud de l'Europe. La banque allemande est extrêmement faible, notamment les Landesbank, proches de la faillite réelle. La première place de la Deutsche Bank ne pas faire illusion. En imposant une politique de rigueur aux pays du sud l'Allemagne pense avoir gagné le temps de restructurer son secteur bancaire hors de la pression des marchés.  Toutes les banques du nord bénéficient également des conditions monétaires nouvelles mises en place par Mario Draghi à la BCE : 1.000 milliards d'Euros empruntés à 1% et replacé à 4% garantissent au moins pour deux ans la crédibilité de l'Euro… et l'amortissement progressif des pertes des banques, en même temps qu'ils garantissent le financement des états du sud à des taux raisonnables.

Globalement l'Europe est à la merci des marchés des changes et du potentiel de croissance mondial. Faute d'avoir  effectué aucune réforme du système monétaire international, le fait que tous les pays de l'OCDE sont gorgés de dettes, des Etats-Unis au Japon en passant par le RU,  et que les pays émergents commencent à sérieusement tousser, de la Chine à l'Inde en passant par le Brésil, ne crée pas les conditions d'une reprise saine de la croissance du commerce international.

Dans un monde en voie de stagnation le nord de l'Europe est voué à une croissance quasi nulle et le sud à une récession plus ou moins importante.  Ce qui ne permettra en aucun cas de régler la question de la dette globale et risque de susciter des épisodes de paniques et des troubles politiques.

La question reste posée des réformes à appliquer à la zone Euro et au système monétaire international.  Peut-on rester sans faire la moindre réforme  et espérer qu'on sorte progressivement de la crise de surendettement global ?

Pour l'Europe la question est de savoir si on persiste à jouer le jeu d'une zone Euro sans institution de gouvernance, au sens pilotage, l'essentiel reposant sur une banque centrale déconnectée de la politique, mais capable de jouer le jeu de l'inondation monétaire,  et un jeu de règles durcies s'imposant aux états dispendieux. La zone Euro resterait sans gestion de son taux de change, seule dans son genre. Les Etats pourraient faire ce qu'ils veulent pourvu qu'ils respectent des règles globales. Les marchés seraient tenus en respect à la fois par un fonds d'action richement doté et une banque centrale décomplexée.  

Les banques étouffées par des règles d'encadrement très strictes seraient désormais empêchées d'enfler leur bilan de façon excessive avec un risque systémique pour les contribuables, sauf que naturellement elles auraient à financer inlassablement les Etats.

Notre position est que cette solution est une illusion. Comme d'habitude on se réveillera de cette illusion d'une façon extrêmement dure soit par de nouveaux phénomènes de panique, soit parce que l'absence de croissance et l'obligation pour certains pays de faire des sacrifices réitérés deviendront politiquement insupportables.

L'Europe et notamment la zone Euro ne peuvent pas rester en l'état. Ses institutions doivent changer et le "logiciel" qui va avec aussi.    

L'Europe ne s'en sortira dans un système mondial basé sur des monnaies administratives en folie censées s'ajuster sur le marché des changes sans intervention politique.

Il faut donc que l'Europe se construise autrement et prenne place dans le concert mondial des monnaies comme la première zone économique du monde avec des représentants ad hoc et une politique ad hoc.  Elle doit imposer un réforme indispensable du système monétaire international et donc, dès maintenant en élaborer le projet, au lieu d'être la muette du sérail. 

Sinon elle restera "l'homme malade" du monde et sera en grand danger d'éclatement sans retour.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile. 

Une campagne d'une exceptionnelle médiocrité

Les sondages confirment ce que tout le monde pouvait sentir depuis le démarrage de cette campagne électorale : elle est d'une absolue médiocrité et ressentie comme telle.

Démagogie et foire d'empoigne sont certes une dimension du genre qui n'est jamais particulièrement séduisante.  Mais là, on est vraiment tombé au fond du panier.

C'est assez désobligeant pour l'électeur français, considéré comme de la chair à canon électorale sans cerveau ni dignité.

La survenue d'un crime innommable aurait pu susciter comme un réflexe de hauteur. Mais non. Rien à faire.

Si on s'en tient au président sortant, il aurait pu défendre l'axe de réflexion suivant :

"J'avais en 2007  un plan pour temps calmes. Il aurait pu fonctionner. Mais dès juillet 2007, à peine quelques semaines après mon élection, la tempête a commencé à souffler. Aucun des conseillers officiels de la République de l'avait vu venir. Toute la France économique officielle a été prise à revers.  Il faut que nous nous interrogions sur les raisons de cet échec des économistes officiels. Nous avons du conduire une politique différente fondée sur la défensive. Tout mon quinquennat a été ainsi marqué par l'urgence.

Le diagnostic que j'avais fait en 2007 était globalement bon.

Oui la France travaille trop peu ; dépense trop pour des corporations à privilèges et peu productives. Oui la pression fiscale est trop élevée. Oui la pression syndicale et les corporatismes étouffent la France. Oui la politique coûte trop chère. Oui il faut que les Français soient propriétaires de leur logement. Oui il faut qu'ils augmentent leur pouvoir d'achat par un surcroît de travail. Oui il faut que l'état réduise sa voilure. Oui il faut un pacte avec les plus fortunés pour qu'ils cessent de fuir la France et qu'ils retrouvent le chemin de la confiance et de l'investissement. Oui il faut pousser le plus possible d'indemnisés vers l'emploi. 

Je ne regrette aucune des intentions exprimées avec constance depuis cinq ans. 

J'ai fait des erreurs. J'aurais du supprimer l'ISF et convertir euro pour euro cet impôt en une tranche supplémentaire de l'impôt sur le revenu.  J'aurai du créer immédiatement la TVA sociale.  J'aurai du aller plus loin dans la convergence entre les systèmes de retraites afin de mettre fin aux privilèges énormes et injustifiés qui lèsent les salariés du secteur privé et pénalisent la nation.  J'aurai probablement du aller plus loin dans l'élévation de l'âge légal du départ à la retraite, le passage à 65 et bientôt 67 ans étant pratiquement obligatoire.

Bien sûr j'ai payé trop cher des réformes nécessaires qui ne méritaient pas autant de douceurs distribuées aux privilégiés dont on changeait les habitudes. Jamais je n'aurai du supprimer les charges sur les heures supplémentaires ni redonner aux fonctionnaires l'essentiel des gains liés aux suppressions de postes effectuées. De même augmenter la rémunération des chômeurs au moment où leur nombre allait être multiplié était absurde. J'ai été trop gentil.

Mais tout le reste, les 150 réformes achevées et qui ne seront sans doute jamais remises en cause, je les assume et les porte au crédit d'un bilan qui est un des plus riches de l'histoire récente de notre pays.

Quant à la défense de la France et des Français dans les cinq années de crise que le monde vient de connaitre de 2007 à 2012, que me reproche-t-on ? La France n'est pas seule au monde. Elle a supporté beaucoup de coups qui venaient de l'extérieur. La gestion laxiste de ces quarante dernières années ne la mettait pas en situation de résister facilement.  Bien sûr notre endettement est devenu  problématique mais il reste maîtrisable si nous sommes sérieux et prenons les bonnes mesures. Bien sûr notre chômage est important mais il reste contenu dans des limites connues.

Il faudra en interne un effort de réduction très important des dépenses publiques nationales et régionales. Leur niveau est insupportable et intenable. La crise nous impose d'aller plus vite et plus loin que ce nous avons fait jusqu'ici. S'il est nécessaire d'augmenter temporairement les impôts il doit être bien clair que la règle qui doit nous guider est la suivante :  90% de réduction de dépenses pour 10% d'augmentation des impôts. Et non pas l'inverse.

C'est dans nos relations extérieures que les réformes à faire progresser par la négociation sont les plus indispensables. La crise n'est pas venue de nulle part et le fait que l'Europe soit la partie du monde la plus touchée nous interpelle particulièrement.

L'Europe a montré ses lacunes. La gestion de la zone euro est problématique. Qui a pris les initiatives pour faire face aux dangers les plus immédiats ? La France.  Des progrès ont été faits dans la douleur. Il faut aller plus loin. Bien plus loin.

 

La zone Euro ne peut plus voir ses membres mener des politiques contradictoires qui creusent les écarts de croissance alors que la monnaie est unique. La convergence ne se fera pas toute seule. Alors il faut des institutions intergouvernementales fortes pour assurer que tout le monde marche d'un pas compatible avec une monnaie unique. Naturellement nous sommes ici dans l'inter-gouvernementalité et pas dans la supranationalité. Il n'appartient pas à la Commission, dont le rôle est de gérer des espaces mutualisés par la norme,  de faire ce travail qui implique une forte responsabilité politique.  La Banque Centrale Européenne ne doit pas non plus avoir comme seul objectif la stabilité des prix mais aussi la compétitivité de la zone et le plein emploi. La déflation n'est pas une solution. Ce sont des changements majeurs qui impliquent fortement l'avenir. L'édifice européen a failli s'écrouler. Il faut agir et vite.

Nous ne pouvons pas non plus accepter un monde où les monnaies font le yoyo au détriment de l'épargne mondiale et des échanges.  Chaque pays doit devenir responsable vis-à-vis des autres de la croissance harmonieuse des échanges. Il faut pour cela des changes fixes mais ajustables et un rôle accru du FMI comme chien de garde des grands équilibres. Le rattrapage de croissance des pays figés trop longtemps dans la misère est une chance aussi bien pour eux que pour le reste du monde. Il doit se faire de façon coordonnée sans déséquilibres permanents et guerres économiques et monétaires.

La France se battra sur ces deux fronts pour faire évoluer les mentalités, les pratiques et les organisations. L'urgence est d'aboutir à un diagnostic partagé, avant que des mécanismes structurels  d'harmonisation soient mis en place.

En cas d'échec l'Europe devra prendre acte de l'impossibilité d'échanges loyaux et constructifs et cesser d'être le ventre mou du monde, qui prend tous les coups sans jamais en rendre un seul.  L'Europe devra prendre des mesures conservatoires fortes tant en matière de droits de douane que de monnaie.

Si nous parvenons à avancer sur tous ces sujets, nous serons un pays plus fort dans une Europe enfin solide et dans un monde plus équilibré. La croissance aura reprise et les entreprises françaises pourront jouer pleinement leur jeu en faveur du pouvoir d'achat, de l'emploi et de la richesse générale.

Si, par malheur, nous revenions en Europe à la politique autiste, passive et suiviste qui a été trop longtemps poursuivie, et en France aux expériences déphasées, laxistes et aventuristes  conduites par démagogie, nous irions vers des dommages irréparables.

En corrigeant les erreurs commises et en engageant résolument les réformes proposées nous sortirons d'affaire et profiterons de la reprise mondiale des affaires qui ne manquera pas de survenir.  La pertinence dans la pensée  et le courage dans les actes ne garantissent pas nécessairement un total succès. Leur absence valent certitude de l'échec".

Ppc Nicolas Sarkozy

M. Hollande peut d'ailleurs faire exactement le même discours, en attribuant simplement les erreurs à son adversaire… 

Il appartient aux candidats à la présidence de la France de parler d'abord de la France et de son bien commun, de sa place dans l'Europe et dans le monde, de ses chances en tant qu'aventure collective. 

Cela serait tout de même plus digne que d'essayer d'acheter des cohortes d'électeurs avec des promesses électorales monétisées, tout en permettant à l'électeur de se défouler sur des boucs émissaires et des minorités.

Un président n'est pas là pour faire des cadeaux à des catégories en prenant l'argent de tous, à des fins purement électoralistes. Il n'et pas là non plus pour vouer aux gémonies des catégories sélectionnées de la population.

Au-delà des deux grands partis, la décrépitude de la politique française se lit clairement partout.

Prenons le programme du Parti Radical de M. Borloo.

"1. Donner une seconde chance aux ménages surendettés"

"2  Soutenir les élèves en difficulté dans le primaire"

"3. Aider les salariés précaires à accéder au logement"

"4. Accueillir des apprentis dans la fonction publique"

"5. Aider les territoires fragiles".

Les intentions sont louables. Mais enfin, c'est un programme pour un sous-secrétaire d'Etat à la population, pas pour un président de la République. On se souvient du programme de Jacques Chirac : "réduire les accidents de la route et lutter contre le cancer". C'était déjà une vision excessivement médiocre du rôle du dirigeant suprême. Jacques Chirac laissera l'impression d'une fin de règne stérile.

On sait bien que ce programme qui "touche la vie quotidienne des Français" selon la phrase imbécile à la mode,  a un but de communication. Il faut que l'image de ce M. Borloo soit gentille et sociale pour que son ralliement au second tour soit utile en terme d'électorat.

Malgré tout quelle médiocrité.

Dans les oppositions marginales, c'est pire encore.

Les pitreries à la Goebbels du sénateur à vie (ou presque) Mélenchon, saisie par une débauche tardive,  enchantent la classe médiatique : quel tribun ! Comme il ose injurier ! Comme il  ment bien ! Comme il sait accabler des boucs émissaires ! Quels beaux coups de menton ! Presqu'aussi fort que Mussolini dans cet exercice, c'est dire..  Comme si la famille le Pen ne suffisait pas.  Voilà l'élection qui entre dans le langage violent (si amusant, au début) et la grossièreté absolue. Voilà les promesses d'exactions.

Ignoble.

Quant à M. Bayrou, l'espoir du catho-fédéralisme européen, et de lui-même, il ne dit rien et il le dit mal.

Quant aux prétendus écologistes, ils sont travaillés par leur européisme fédérolâtre qui nie les problèmes, les tares de leur origine d'extrême gauche sectaire, leurs luttes de clans, et leur proposition de décroissance au moment où justement les peuples voient les conséquences en Grèce et ailleurs d'un recul du PIB. 

Ne parlons pas des autres.

D'un bout à l'autre de l'échiquier politique, cette campagne est jusqu'ci un désastre qui n'ouvre vers aucunes perspectives utiles.

Il reste un mois.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Non la crise actuelle n'est pas d'un type nouveau !

Non la crise actuelle n'est pas d'un type nouveau !

Une des curiosités de la crise actuelle  est la surprise générale des économistes devant un évènements qu'ils n'avaient généralement pas prévu ni même envisagé.

Il suffit de livre l'excellent livre de Catherine Nay, toujours parfaitement informée et capable de rendre excellement les situations passées pour se rendre compte de l'impréparation  mentale générale. En mai 2007, cela turbule déjà beaucoup sur le front des refinancements bancaires.  La chute des prix immobiliers, la première depuis la guerre, provoque dès le début 2007 des secousses sur les marchés de trésorerie. Les grands groupes américains ont fourgués à toute vitesse des centaines de milliards de CDS aux Européens, trop content de voir leur intérêts bonifiés, pardon "dynamisés".  La dynamite en question était légèrement explosive et en mai les premières tensions sont perceptibles.

Nous même avons averti : une grande crise arrive. Elle est pour le second semestre 2008.  Gare ! Nous avons même envoyé une lettre ouverte à MM. Sarkozy et Guaino pour les avertir et réfréner leur foi dans une accélaration impossible de la croissance.

"Le Ministre des Finances , Thierry Breton, estimait en quittant Bercy que la croissance dépasserait 2.5% et atteindrait êut être même 3%. Ce que personne, Commission européenne comprise,  n'avait mis en doute". L'illusion règne en maîtresse sauvage dans les palais de la rRpublique.  

Cette surprise quasiment totale des politiques et de leurs nombreux conseilleers  pose au moins deux questions. La première est la réalité de l'économique en tant que science.  La seconde est l'observation de la Reine d'Angleterre dès 2008 : "à quoi servent les économistes s'ils sont incapables de prévoir une crise ?"

S'ils sont les tenants d'une science, faut-il incriminer la discipline ou les disciples ?

Une des manières de répondre à cette redoutable question est de relire les anciens. Pour avoir trainé mes études de longues heures dans la salle Leroy-Beaulieu, à l'Institut d'études politiques de Paris, j'ai une particulière prédilection pour les écrits de cette figure d'"économiste distingué", une formule qui semble avoir été créée pour lui. Aujourd'hui il est universellement décrié par ceux qui croient le connaitre, c'est-à-dire pas grand monde. L'ignorance et l'idéologie conduisent à des jugements du type : petit penseur bourgeois sans importance.

En vérité le "Traité théorique et pratique d'économie politique" de ce professeur au Collège de France est une mine d'or à la fois sur la manière dont on concevait l'économie à la fin du XIXème siècle et aussi sur la manière d'expliquer de nombreux phénomènes économiques.  Il était de la race des économistes sans préjugés ni connaissances mathématiques, ce qui lui évitait de modéliser sur du sable. Il avait l'œil. Il regardait. Et lui, n'hésitait pas à prendre parti sur les questions du jour.  Un parfait honnête économiste comme on les aime et que détestent les économistes asservis à une idéologie. On s'expose à exposer : il fut la tête de turc de pas mal d'humoristes dont un Allais, Alphonse,  qui lui n'aurait pas pu prétendre au "Nobel d'économie". Il y a beaucoup à prendre de ses observations.

Il savait, lui,  qu'il y avait des crises périodiques et il en avait précisé avec une grande justesse la dynamique.

"Les crises de la seconde catégorie, la plus nombreuse et la plus fréquente, sont celles qui portent spécialement le nom de crises commerciales quoiqu'elles soient souvent d'origine financière et qui ont leur cause dans les entraînements du public et dans les abus de crédits".

Déjà le monde de la finance n'aimait pas être mis en première ligne et imposait des appellations neutres : crise de surproduction ; crise commerciale. On dit aujourd'hui crise de la mondialisation ou de la civilisation ou du capitalisme. Cela permet de rester imprécis.

"Leurs causes, leur périodicité, leur évolution sont parfaitement connues".

"Les crises de cette catégorie proviennent d'une certaine disposition d'esprit exagérément optimiste et audacieuse où se trouvent placés et maintenus pendant un temps de quelque durée non pas certains hommes mais la généralité du public et qui poussent les entrepreneurs, les commerçants, les capitalistes à développer outre mesure leurs opérations sans proportion aucune avec un débouché probable en faisant un usage excessif du crédit".

Le suroptimisme et l'emballement du crédit sont la cause des crises périodiques.

"L'engouement et la crise reviennent à des intervalles assez rapprochés tous les dix ans".

Voici notre cycle quasi décennal bien cadré. Il faut dire qu'il a été mesuré pendant tous le dix-neuvième siècle et qu'il n'est pas  bien difficile de le voir se déployer au vingtième.  Pour s'en tenir aux quarante dernières années : 1973-19674, 1982-1983, 1992-1993, 2001-2002, 2008-200x.

"Certaines circonstances sont particulièrement propices à l'éclosion des crises notamment la baisse des intérêts des capitaux". Ses conséquences "poussent à chercher des gains chimériques"…"On cherche à compenser à compenser la modicité du revenu par de rapides plus values sur le capital lesquelles quand elles se produisent sont alors considérées par beaucoup de gens comme une sorte de supplément consommable de revenu. Le besoin s'allie alors à la cupidité pour propager le goût des entreprises hasardeuses".

Difficile de ne pas voir l'application de ces mécanismes à notre économie contemporaine basée sur l'accroissement de la valeur pour l'actionnaire, c'est-à-dire la plus value.

En termes actuels,  l'économie cesse de s'intéresser au compte d'exploitation au profit des opérations de haut de bilan.  La finance cesse d'être connectée au réel.

"Cette extension des opérations de production dont les unes sont sérieuses mais exagérées et les autres complètement chimériques s'effectue en grande partie avec le crédit".  "Les encaisses des banques se vident chacun usant dans la limite possible" les capitaux dont il dispose ou qu'il emprunte.

On voit se profiler ici la crise de liquidité des banques : il faut constamment se refinancer.

" Au fort des crises commerciales et financières de cette catégorie le portefeuille et les escompte des banques montent à un chiffre très élevés". Le bilan des banques  "dépasse énormément les chiffres habituels". 

L'auteur rappelle que c'est sur l'observation du gonflement des bilans bancaires que Juglar a basé sa théorie du cycle.  L'accroissement anormal est le signe précurseur de la crise. Quand les encaisses se sont reconstituées et les bilans dégonflés, la reprise devient possible.

Au début 2007 les encaisses des banques sont au plus bas et les besoins de refinancement gigantesques. 

Qui ne voit l'application directe des observations de Juglar, reprises par Leroy-Beaulieu ,  sur le désastre  qui s'annonce ? 

L'ennui c'est qu'alors, plus personne ne s'occupait plus d'économie bancaire et que tous les économistes officiels regardaient ailleurs. Quand aux grands manitous de la finance modélisée et hyper- mathématifiée, qu'ils appartinssent à l'école micro-économique ou aux sous produits keynésiens, l'idée même de s'intéresser à des choses pareilles ne leur seraient pas venue. 

Lisons la suite :

" A un certain moment quand tous les ressorts du crédit sont au maximum de tension un incident quelconque  atteint une des pièces de tout cet échafaudage et le fait s'écrouler".

Subprimes, Islande, Grèce, tous ces secteurs à l'extrême limite du crédit possible ont vascillés en 2007 se sont effondrés en 2008.

"Une grosse faillite, comme celle de L'Union Générale et de la Banque de Lyon et de la Loire en 1882  rappelle à la prudence ceux des prêteurs qui ont encore quelques réflexion".  Eh oui : Baring, ou LTCM ou Lehman Brothers…

"De proche en proche le crédit se restreint et il se produit une panique". 

Ces temps de panique imposent une grande libéralité dans l'approvisionnement monétaire pour éviter la ruine des épargnants et les conséquences du "crédit crunch".

On constatera qu'on na pas attendu Milton Friedman pour proposer des politiques de "quantitative easing" ! Bagehot l'avait fait dès les crises du milieu du XIXème siècle ! Et cela faisait partie de la vulgate.

"Les crises se dénouent en une période de 18 mois à 2 ans en général, quelque fois trois ou quatre". 

Comment ? Toute seule. Il faut laisser la réduction des bilans bancaires se faire, tout en assurant la liquidité générale et en engageant de façon raisonnable des travaux publics pour réduire les effets du chômage de façon utile à l'avenir et soutenir l'activité.  Pas de protectionnisme ni trop d'interventionnisme de l'état qui a tendance à en faire trop et mal.

Bien entendu  ces observations doivent être actualisées. Nous sommes dans un monde où la monnaie métallique a disparu au profit de monnaies administratives pilotées par des experts. Les gouvernements prennent une part colossale de la richesse produite. Les changes sont flottants.  Des institutions comme la zone Euro ont été créées.  L'Union soviétique s'est effondrée. Des pays immenses se sont ouverts au commerce mondial.  L'informatique a changé les conditions des transactions financières.

Nous n'admettons plus des récessions de 30 à 40% du PIB industriel, tempérées partiellement par la prédominance de l'économie agricole.

 

Mais le moteur reste à peu près le même que celui montré par Leroy-Beaulieu. Ses leçons ont été perdues au moment où par Hubris les économistes et les dirigeants politiques ont cru qu'ils savaient juguler les crises.  On a créé alors les conditions d'un retour aux crises toujours aggravées par le désordre monétaire et amplifiées par la mondialisation, avec une gravité croissante  aboutissant au chaos actuel.

La science économique existe. Encore faut-il la pratiquer !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



La fin du secret bancaire suisse

Une des victimes collatérales de la crise mondiale qui sévit depuis la fin juillet 2007 aura été le secret bancaire suisse.

La Suisse s'était mise dans une situation impossible. Ses grands établissements, UBS et Crédit Suisse, collectaient une épargne démesurée par rapport aux ressources du pays et devaient pour se développer et concurrencer les monstres américains employer leurs ressources aux Etats-Unis. Trop gros à l'échelle suisse et trop petits à l'échelle mondiale : la vulnérabilité était patente. UBS a voulu grossir aux Etats-Unis. La grenouille se voulait bœuf. Elle a avalé tous les mauvais risques qui passaient par là.

Le retour de bâton a emporté le secret bancaire suisse vis-à-vis des Etats-Unis. Il est impossible de gérer un secret à dimension variable. Le secret bancaire suisse est donc une espèce en voie de disparition.

D'ores et déjà des masses financières colossales ont émigré sous d'autres cieux. Les petites banques qui un temps avaient bénéficié de la fuite des clients UBS  voient leurs encours gérés baisser et avec eux leurs revenus, la baisse de rentabilité des capitaux investis n'arrangeant rien. L'obligation, imposée par les autorités, de renforcer les capitaux propres afin que l'Etat suisse n'ait pas à financer une déroute, complique encore les choses.  La place suisse voit la perspective d'une forte restructuration s'imposer à elle.

Bien sûr elle a réagi. Sa migration vers l'Orient et notamment Singapour a pris de l'ampleur. Sus aux nouveaux riches. Il faut aller chercher l'argent là où il est.  Mais l'Orient est compliqué, surtout quand il est extrême.  L'idée que la place est d'une technicité magnifique  et qu'elle survivra à la fin du secret bancaire en profitant de la liberté accordée aux mouvements de capitaux légaux parait pour ce qu'elle est : un pansement affectif.  La finance représente près de 15% du PIB suisse. Les difficultés annoncées du secteur vont faire mal.

Bien sûr elle finasse. On demandera aux déposants de déclarer qu'ils sont blancs comme neige. Alors on ne pourra plus poursuivre les gentils banquiers pour sollicitations abusives et complicité d'évasion fiscale. Elle veut bien que les déposants paient collectivement et anonymement un impôt. Mais les autres veulent un échange automatisée d'information. Et Rubik a du plomb dans l'aile.

Les Suisses commencent eux-mêmes à se lasser de leur politique de refuge pour riches en rupture de confiance avec leur nation au fisc cupide.

Ils en donnent des signes multiples.

Une votation pour introduire un impôt sur les succession de 20% par ci ; une interdiction de construire des résidences secondaires par là ; une réduction des appartements et maisons disponibles à la vente pour les étrangers par ci ; des demandes d'abandon du régime fiscal spécial des étrangers (le forfait).  par là.

L'immobilier est asphyxié par le trop plein de demandes et les prix sont devenus inabordables. Le bon Suisse natif a du mal à se loger.  Les paysages sont menacés.

L'économie est asphyxiée par le Franc trop fort obligeant la BNS a des actes d'une violence inouïe pour tenter de casser les afflux.

Les accords de Schengen lui ont valu l'arrivée massive de délinquants des pays de l'est et des banlieues lyonnaises.

Les frontaliers agacent.

Le discours flamboyant de Nicolas Sarkozy contre le secret bancaire a amené à commander les pales Grippen. 

C'est dire que la tentation d'une forme de repli sur soi est plus que perceptible.

Si le rôle de refuge fiscal  n'est plus possible il faut pourtant s'ouvrir au monde.

La contradiction est terrible.

Il ne faudra pas dix ans pour que la Suisse entre dans l'Europe.

Et c'est très bien ainsi.

Une méthode de suicide économique : la surtaxation du capital

Dans les programmes des candidats on retrouve partout la même antienne : les revenus du capital doivent subir la même taxation que les revenus du travail. M. Hollande développe cette idée dans pratiquement chaque discours. En résumé  : "les riches tiennent le capital, donc les revenus du capital ; les riches doivent payer la crise ; donc je taxe le capital, les plus values du capital, les revenus du capital, la transmission du capital".  Dans le concours des "cadeaux au peuple", généraux ou ciblés sur des cohortes particulières, M. Sarkozy n'est pas en reste. Le financement du RSA a été gagé sur une augmentation de la fiscalité sur les revenus du capital pendant son mandat. Dans le cadre de la présente campagne il propose de "donner" "jusqu'à 1000 euros pour 9 millions de personnes" en réformant la prime pour l'emploi et en complétant par le produit d'un nouvel impôt sur les revenus du capital.

Le capital serait une espèce de niche fiscale dans laquelle on n'aurait pas assez puisée et qui pourrait nourrir tous les fantasmes électoraux.

Une fois de plus le problème est mal posé.

Tout le monde sait que le travail est trop taxé en France, la gauche depuis la Libération ayant fait valoir de façon ininterrompue qu'il fallait prendre l'argent là où il était créé, dans l'entreprise, provoquant au fur et à mesure des décennies une surcharge fiscale sur l'entreprise tout à fait insupportable dans une économie ouverte où la majorité des autres états ont joué un jeu différent.    On sait que lorsqu'on paie 100 euros à un salarié, l'entreprise est obligée de donner 100 euros à l'Etat (au sens large). Et il va falloir payer l'IS et la TVA et les charges locales et les taxes spécialisées …

Il est vrai qu'au sortir de la guerre, il n'y avait plus en France de capital. Les actifs des entreprises françaises avaient été pillés par les Allemands. L'épargne des particuliers avait fondu.  S'attaquer au capital et aux intérêts  aurait été une politique totalement stérile : il n'y avait pas de capital ni de revenus du capital.

Le "miracle économique français" des "trente glorieuses" a donc été financé par des dons en capital, le Plan Marshall, des dettes importantes (dont le coût était gommé par l'inflation) et par un traitement fiscal favorisant l'épargne.

Cette situation n'était pas tenable dans la longue durée. Le surfiscalité des entreprises a provoqué une évolution structurelle particulièrement néfaste : la France dispose d'un capitalisme sans capitaux ! Les entreprises françaises, trop taxées, n'ont jamais pu grossir comme il aurait fallu. Jamais nous n'avons pu faire éclore une forte nichée de PME importantes, à l'image des Allemands ou des Suisses ou même des italiens du nord. Pas de "Mittelstand" en France. Merci la fiscalité de la quatrième république. Le capitalisme français s'est donc développé dans une symbiose avec l'état, seule capable d'apporter les capitaux,  pour les grandes entreprises, à l'abri de la concurrence internationale, en liaison avec notre "Empire" ou du moins ce qu'il en restait.

Le vol de l'épargne par l'inflation n'était pas plus bénéfique à long terme. L'accès aux capitaux via la bourse française a toujours été très insuffisant. Jusqu'à la fin des années soixante la bourse française a toujours été désespérément plate. Il est vrai que l'état se réservait l'essentiel des capitaux disponibles par des emprunts qu'il fallait rendre attractifs.  L'emprunt défiscalisé gagé sur l'or de M. Pinay reste le symbole  de cette politique.

L'effondrement du système colonial et l'ouverture à l'Europe via le marché commun mettait en défaut ce système précaire.

Les gouvernements du général de Gaulle ont donc mis en place une série de mesures destinées à atténuer le choc : les budgets ont été votés et réalisés pour l'essentiel à l'équilibre. On a réduit l'endettement public en supprimant les déficits budgétaires. La fiscalité sur les particuliers a été aggravée, en même temps que la TVA a été imaginée. En un mot, on a commencé à basculer une partie de la fiscalité des entreprises sur le consommateur et sur le particulier.
 
Un autre phénomène a été la conséquence du baby boom : pendant une longue période l'épargne retraite des français n'a pas trouvé à s'employer. Les salariés partaient à la retraite à 65 ans mais une grande partie d'entre eux n'atteignait jamais cet âge. Les réserves servaient pour l'essentiel à financer l'état qui lui-même finançait via des banques d'investissement spécialisés, des entreprises sans capitaux.

Un troisième phénomène a été la bancarisation forcenée des années 60. Tout le monde devait passer par la banque et le chèque est devenu quasiment obligatoire. La collecte de l'épargne par les banques nationalisées, entre les mains des Inspecteurs des finances, était ramenée ainsi vers l'Etat.

Des dévaluations régulières avaient permis pendant tout le temps de la Quatrième République le maintien d'une compétitivité externe, certes artificielle, mais possible.
 
En 1970 la France est un pays paradoxal. Une certain épargne s'est reconstituée avec la hausse du niveau de vie et une fiscalité favorable. Mais elle ne va pas vers l'entreprise. Des secteurs entiers sont en pleine capilotade du fait de l'ouverture des frontières ou de l'évolution des technologies. Le Nord perd ses filatures et son charbon. Les aciéries lorraines sont problématiques.  Des secteurs entiers se développent dans le monde, notamment aux Etats unis et nous n'y sommes pas. C'est par exemple le cas de l'informatique. Le seul secteur où nous sommes en pointe, après avoir été cherché les idées aux Etats-Unis, est la grande distribution.

Le Japon, l'Allemagne, dégagés de tout soucis de budgets militaires, ont joué la carte inverse de la France. L'accent est mis sur la création d'un maximum de PME capables de grossir et de prendre des positions sur le marché international. En 1970 on voit déjà les résultats. La France a perdu toute son industrie photographique, mécanique,…

Et voilà que trois évènements majeurs frappent le monde :

- le système de Bretton-Woods est abandonné. C'est la loi du plus fort qui sera désormais de règle dans le domaine des monnaies.  La force du Franc après 30 ans de dévaluations systématiques et l'évacuation de la politique du général de Gaulle après les évènements de  68 est plus que problématique.   
- le coût du pétrole commence sa hausse continue, alors que la France n'en a pratiquement pas.
- la récession de 73-74 est la première d'une série de "plus graves crises économiques depuis 1929".
La France ne s'est pas relevée de ces trois chocs.
M. Giscard, "le plus intelligent de nos dirigeants", ne comprend pas la situation. Il accepte à la Jamaïque de jouer le jeu des changes flottants. La banque centrale n'a plus le droit d'alimenter directement l'Etat. Le règne commence des monnaies administratives "gérées" par des banques centrales indépendantes dont le change est laissé aux "libres forces des marchés financiers". Les premières mesures de dérèglementation financière sont prises. L'économie casino se met en place. La Société Générale ouvre sa grande salle des marchés dans une tour à la défense. Tout un symbole.  

La relance keynésienne menée par Chirac en 1974  est un échec. En changes flottants, cela ne marche pas. Les déficits explosent que M. Giscard comble par une hausse des impôts en aggravant de façon constante le taux de prélèvement global :  impôt sur les plus values et généralisation de la TVA. Les grands plans d'état (téléphonie, TGV, aviation) ne concernent pas les PME- PMI qui sont taxées au maximum, privées de capitaux, éloignées de l'exportation.   

Le programme commun de gouvernement de M. Mitterrand charge un peu plus la mule. On taxe le capital avec l'Impôt de solidarité sur le fortune, sauf celui de l'entreprise si l'assujetti la gère lui même. Tous les impôts sont aggravées. Après l'intermède du gouvernement de cohabitation, M. Rocard lance la CSG, un moyen de frapper les revenus du capital en plus de leur taxation habituelle.

A la veille de la grande récession de 92-93, la seconde "plus grave depuis la crise de 1929", la finance a été libérée par M. Beregovoy pour se mettre en ligne avec le système mondial imposé par les Anglo-saxons. La France doit se financer à l'étranger. Ses déficits sont constants. Sa compétitivité a été éliminée par le programme commun. D'un point de vue fiscal,  la technique a basculé : on ne cherche plus à obtenir tout de l'entreprise, défavorisée dans la compétition internationale. On recherche des ressources nouvelles sur le capital et ses revenus.  

Là où MM. Giscard et Mitterrand auraient du proposer une conversion fiscale : réduire l'imposition sur les sociétés et notamment les PME, en rééquilibrant, sans hausse des prélèvements globaux, en frappant les revenus du capital et la consommation, afin de permettre la reconstitution d'une industrie exportatrice forte, ils ne font que chercher par tout moyen des ressources nouvelles.

La hausse constante du SMIC aggravée par des coups de pouces démagogiques et absurdes, la réduction du temps de travail (39 heures et retraite à 60 ans), l'étouffement administratif  de la gestion des effectifs, la pénalisation de la vie économique avec mise en prison systématique des dirigeants pour un oui ou un non,  la spoliation totale des propriétaires de PME en faillite, ont provoqué un déséquilibre structurel du marché du travail : il manque bientôt plus de 5 millions d'emplois salariés. De même un déséquilibre structurel du commerce extérieur est désormais en place.

Dès 1990 la France est morte en tant que grand acteur de la vie économique internationale.  Elle n'est plus présente dans aucun des grands secteurs technologiques qui se développent (Internet, téléphonie, numérique etc.).  Son Etat est devenu démesuré. La décentralisation provoque une croissance incontrôlée des dépenses des collectivités publiques. Les béquilles sociales voient leur coût s'emballer. La préparation de l'Euro conduit à un Franc fort et à une stagnation financière partiellement déflationniste en France.

Le choc de la crise de 93 est terrible. Les déficits s'envolent. M. Juppé est obligé de donner un coup de massue fiscale d'une violence jamais vue. Il est vrai qu'on lui lègue les conséquences du traité de Maastricht. Il faut bien satisfaire les critères de convergence.

Dès ce moment là les grandes erreurs structurelles qui mettent la France en danger sont  évidentes.
- Le monde est victime du système monétaire international des changes flottants qui éteint progressivement la croissance et provoque des crises mondiales de plus en plus violentes.
- L'Europe, et singulièrement l'Euroland, ne sont pas structurés pour lutter dans un tel environnement. Créer une zone monétaire non pilotée  avec une monnaie unique, alors que le monde est partout en change flottant, et que les pays gardent la liberté de gérer leur économie sans aucune concertation avec les autres, est une aventure. Aucun raisonnement économique n'est possible face à un dogme politique. Aucun avertissement ne sera entendu.
- La France surfiscalisée et étouffée de toute part ne peut pas lutter même dans l'Euroland. Le fait est masqué par la réunification allemande qui laisse penser que ce pays aura des soucis pour longtemps. Mais nous sommes déjà une proie potentielle pour l'industrie allemande qui commence à racheter les PME françaises en masse.
La politique Jospin est contradictoire. Elle aggrave le déficit de compétitivité avec les 35 heures et les différentes lois qui pénalisent un peu plus la relation avec les salariés. Elle laisse se développer la folie des créations d'emploi administratifs en région. On multiplie les emplois aidés. Mais on comprend dans les hautes sphères, les élites mondialisées socialistes, qu'il faut permettent aux entreprises du Cac de gagner dans la mondialisation. Stocks options; parachutes dorés ; golden hello ; tout est bon pour mettre les entreprises du CAC et leurs dirigeants à la hauteur de leurs concurrents mondiaux.
M. Fabius réalise même, pour des raisons purement électorales, que le choc fiscal risque de faire perdre les socialistes. Une baisse des impôts bienvenue est lancée.  Malheureusement elle et inefficace : On privilégie la baisse de la TVA  et la "prime à l'emploi", c'est à dire un chèque direct payé à la clientèle électorale. Rien de tout cela n'est en mesure de reconstituer la compétitivité des entreprises. Sauf une mesure importante : la suppression partielle des charges sur les salaires proches du SMIC. Malheureusement cette mesure est financée par la dette !

Comme on le sait M. Chirac ne fait rien ou presque. M. Sarkozy lui prend des mesures contestables : la détaxation des charges sur les heures supplémentaires ; la réduction de la TVA sur la restauration. La baisse des impôts sur les petits successions est démagogique mais reste insignifiante sur l'état de l'économie. Son quinquennat va être une suite ininterrompue de créations de taxes et d'aggravations de l'imposition des revenus du capital. L'ISF n'est pas supprimé, son effet sur les très grosses fortunes est simplement diminué sans réels bénéfices globaux.
 
On a donc bien depuis 1974 tenté de basculer une imposition excessive sur l'entreprise vers les particuliers,  leur revenu, leur consommation, leur épargne, leur capital.  Mais l'enfer de la dépense publique toujours augmentée sans mesure et l'effet de crises mondiales constamment aggravées ont fait que ces efforts n'ont conduit qu'à une élévation de la pression fiscale de plus de 10 points de PIB. Nous habitons sur les sommets mondiaux de la fiscalité.  

Les grandes entreprises travaillant à l'international ne sont pas taxées. Mais les PME sont écrasées. Le capitalisme français sans capitaux est désormais un capitalisme sans entrepreneur. Les chiffres de création d'entreprises ne doivent pas tromper. Ce sont le plus  souvent des retraités ou des chômeurs qui se lancent dans des entreprises en général sans lendemain. Parfois les grandes entreprises se débarrassent sur des entreprises sans avenir des activités qui peuvent valoir des ennuis à leur dirigeants ou qui ne correspondent plus à leur stratégie mondialiste.  Le bénéfice global pour la France est quasi nul.   

Et voilà qu'une nouvelle crise "la plus grave depuis 1929"  creuse tous les déficits publics. Et les deux candidats de fanfaronner : les riches paieront !

Surpris sur sa gauche le candidat socialiste lance son double slogan : 75% de taux marginal sur le revenu et intégration des revenus du capital dans l'assiette de l'impôt.

Indépendamment du taux marginal d'imposition, peut-on considérer tous les revenus et capitaux comme absolument identiques comme base fiscale ?

Prenons le cas d'un entrepreneur : il a créé sa boite avec quelques dizaines de milliers d'Euros. En cinquante ans il en a fait une petite PME qui vaut, disons, 10 millions d'Euros. Lorsqu'il l'a vendra la valeur qu'il a créée sera considérée comme une plus value taxable comme tout revenu. A 75% ? Cela signifie que tout acheteur achète en vérité les entreprises… au fisc. L'entrepreneur est spolié d'une vie de travail qui devait lui permettre de prendre sa retraite confortablement après réussite (monter de rien une PME qui tient des années et finit par valoir quelque chose est un exploit en France). D'où viendra l'argent de l'acheteur ?  Seulement de l'étranger. Ou de l'emprunt. Mais on a vu où on en était avec les LBO financés par la dette.    
La surtaxation des plus values  occasionnelles sur le capital, sur la même  base que celle  d'un revenu récurrent et à un taux confiscatoire mettra aussitôt fin au moignon de capitalisme familial qui survit en France. Elle viendra s'ajouter à des mesures qui ont déjà des effets dévastateurs : l'impôt progressif sur les successions entraîne déjà la vente à l'étranger de nos fleurons industriels (voir L'Oréal et Nestlé après milles autres cas) ; l'entrée dans l'ISF du propriétaire de son capital dès qu'il cesse de diriger son entreprise est mal vécu et entraîne des exils fiscaux.

La majorité des expatriations n'ont pas pour cause l'intensité de l'impôt sur le revenu mais la taxation sur la transmission du patrimoine ou de la direction de l'entreprise.       

Dans tous les cas, la surfiscalité portant sur le capital de l'entreprise entraîne une expulsion tendancielle vers l'étranger.

C'était évident pour les entreprises du Cac 40 qui n'auraient eu qu'un pas à faire pour se délocaliser. On les a soigné fiscalement très favorablement.

C'était tout aussi clair pour les autres entreprises qui n'ont pu dans cette perspectives qu'à se vendre à l'étranger ou voir les propriétaires s'expatrier pour ne pas tout perdre. En quarante ans, c'est près de 20.000 entrepreneurs français qui ont émigrés et dans la plupart des cas il s'agissait des plus grosses PME-PMI françaises.

L'application de taux confiscatoires à ces opérations finira sans aucun doute possible à faire que le capitalisme français n'ait plus ni capitaux ni capitalistes du tout.

Plus généralement l'épargne est née de la non consommation d'un revenu taxé, c'est-à-dire d'un reliquat après impôts. On a fiscalisé sa propriété, sa cession, ses plus values éventuelles,  son rendement, sa transmission. On veut maintenant avec la taxe sur les transactions financières taxer son simple déplacement. Avec des taux progressifs coercitifs et prédateurs il n'est même plus envisageables de capitaliser son épargne sachant qu'à la vente finale la spoliation sera quasi-totale, sauf niche fiscale, comme l'assurance vie.    

Au point où on en est arrivé, une dépense publique qui représente globalement 100% et plus de la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand (il faudrait une TVA de 100%  pour les financer si cette impôt était unique !), un manque à gagner de 5 à 10 millions de salariés,  un déficit extérieur structurel et des comptes sociaux totalement dégradés, l'assimilation fiscale pure et simple des revenus du capital et des revenus du travail conduirait à la quasi disparition du tissu d'entreprises français.  Avec les taux envisagés, cette élimination se ferait en moins d'une génération.

Plutôt que de suivre la voie délétère qui nous fait sortir de l'histoire économique depuis 1974, les politiques devraient comprendre trois choses essentielles  :

-  La France est surfiscalisée, suradministrée et étouffée par les règlements. Aller plus loin est suicidaire. Ni l'extension des assiettes ni l'aggravation des taux ne suffiront jamais. Il n'y a pas de choix : il faut réduire à la hache les dépenses publiques et recréer les conditions d'un capitalisme avec des capitaux et des entrepreneurs français.  Une fois le champ salé rien ne repousse. Voyez les pays de l'ex bloc soviétique. Seuls des transferts d'assiettes sans alourdissement de la fiscalité  sont acceptables. Ces transferts doivent favoriser l'entreprise et l'emploi.
 
- La dite France n'a aucune chance dans une Europe à monnaie unique où les autres pays ont pris les bonnes mesures. La situation vis-à-vis de l'Allemagne devrait éclairer.  L'ambiance déflationniste détestable qui préside au système de l'Euroland conduit de toute façon à la stagnation donc à affaiblir les plus faibles et à nourrir les plus riches. les entreprises allemandes sont contentes ; les entreprises françaises sont à merci.

- L'Europe, et à l'intérieur d'elle la France,  n'a aucune chance dans le système fou des changes flottants qui provoque depuis quarante ans le ralentissement constant du trend et la survenue de crises financières mondiales toujours plus graves tous les 8-10 ans.

La France est actuellement au bord du gouffre et on lui propose de faire allégrement un grand pas en avant fiscal.  Si elle le fait, c'est un suicide.

Après tout la France est le pays où l'on se suicide le plus. Alors : tous ensemble; tous ensemble ?

Vraiment ?

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 

Un grand discours de campagne ? Presque !

Le discours de Nicolas Sarkozy à Villepinte est, enfin, un grand discours de candidat aux présidentielles.

La phrase clé :

 

"Entre les scènes nationale, européenne et mondiale, il n'y a pas de cloison".

 

Nous ne cessons ici de répéter que les crises françaises, européennes et mondiales sont strictement emboîtées et qu'il est totalement vain d'essayer de résoudre l'une sans s'attaquer aux autres.

Ce n'est pas par l'électoralisme, l'attitude politique qui consiste à acheter des clientèles électorales avec des promesses qui parfois risquent d'être tenues, et l'accumulation d'opérations "image" ou de catalogues de mesurettes que l'on pourra dessiner un chemin de sortie de crise aux Français. Ce n'est pas non plus en stigmatisant des boucs émissaires.

Tout candidat crédible doit tenir un discours qui dégage des politiques permettant de traiter en même temps les difficultés apparues dans les trois sphères.

Oui, l'absence de système coordonné en matière monétaire permet à quelques grandes puissances de commettre des abus dangereux qui ont été à l'origine de la crise et qui demeurent, faisant courir les plus grands risques pour bientôt.

Oui face à ces abus et leurs conséquences, une gestion européenne par la norme en fonction d'une idéologie simpliste n'est qu'une impuissance dangereuse. Il faut des organes exécutifs et un pilotage très proches des gouvernements et des parlements nationaux capables de réagir vite. La zone Euro est actuellement un déni d'organisation sérieuse.

Oui la France ne peut pas être empêchée de mener des politiques adaptatives par des organes de contrôle européen qui laissent jouer les autres grandes puissances à leur guise en Europe. 

Le monde doit coopérer, l'Europe doit revoir sa gouvernance, la France est impuissante à agir seule si les deux préalables ne sont pas levés mais garde encore quelques leviers qu'il importe d'actionner avec la vigueur nécessaire.

Une personne intelligente et sympatique étant celle qui pense comme vous, nous aurions la plus grande mauvaise foi à  ne pas saluer ce passage là du discours de Nicolas Sarkozy.

Celà dit, il reste à savoir si le  Nicolas Sarkozy qui "a appris", a compris dans le détail ce que cette triple politique implique.

Il voit bien que la crise est mondiale, mais où sont les causes ? En parlant de plusieurs crises successives, il masque l'unité fondamentale des évènements qui viennent de se produire et suggère qu'il n'a pas vraiment compris ce qui s'est passé. La ficelle de propagande est un peu voyante (le héros a terrassé plusieurs Gorgone ; il est plus fortiche que s'il en avait terassé une seule). Mais l'impuissance intellectuelle est flagrante.

Il remet en cause les manipulations monétaires. Mais il ne dit pas l'essentiel : il faut aller vers un système de changes fixes et ajustables étalonnés sur une valeur externe indépendante des banques centrales. Mais à ce moment là la taxe sur les mouvements financiers n'a plus d'intérêt technique et apparait pour ce qu'elle est : une pompe de plus dans la poche des Français.

Il remet en cause la gestion par la règle qui prévaut en Europe avec des politiques confiées à Bruxelles qui les exerce contre les Etats et de façon idéologique, avec la complicité bienveillante de la Cour de justice.  Mais il faut dire quels organes on veut mettre en place pour obtenir quels résultats avec quels moyens. Là c'est le silence.

Peut-être que la fin de la campagne nous éclairera-t-elle...

Pour la France le candidat est singulièrement muet. Certes on vise l'équilibre budgétaire en 2016, en continuant les réformes.  Très bien. Mais jusqu'en 2016 les budgets vont continuer à être déficitaire et la dette va arriver aux 100% du PIB que nous craignons depuis le début.  On voit qu'il va y avoir un tour de vis fiscal. Mais la réduction de la dépense publique est évacuée. Où sont les nécessaires "commissions de la hâche" ? On note avec plaisir qu'une des voies que nous avons évoquées sur ce blog (la réduction du coût des institutions démocratiques notamment par réduction des postes d'élus)  apparait dans le discours. Mais il en faudrait 20 comme cela.

La nécessaire réconciliation de l'Etat avec les "forces vives" qui nous parait indispensable n'est même pas évoquée.

Monsieur Sarkozy voit bien les têtes de chapitres. Son problème est la déclinaison qu'il en fait ou qu'il n'en fait pas. Sa candidature, dans le contexte sondagier hyper négatif, est peut-être la manifestation ultime du "complexe de Zorro" diagnostiqué par M. Allègre. Mais son approche va au fond des choses. Les solutions aux difficultés qui nous assaillent  sont presqu'exclusivement collectives. Un plan français interne ne suffit pas.

Pour avoir une crédibilité internationale il faut s'appuyer sur un corps d'analyses extrêmement solides qui puissent être partagées.  Quand on n'a pas le pouvoir suprême d'imposer il faut convaincre. Faute de proposer avec l'appui des experts un corpus indiscutable et partagé, Nicolas Sarkozy en est réduit à menacer :" je ferai si vous ne faites pas".

 

L'ennui avec le candidat François Hollande est qu'il a choisi une tactique du silence, où des catalogues de mesurettes catégorielles d'inspiration électoraliste jouent le rôle de cache-sexe troué d'une stratégie pour la France non exposée sinon inexistante.  Pas un mot sur la mondialisation, pas un mot sur l'Europe. Et sur la France, malheureusement, une mesure symbolique qui va directement à l'encontre de ce qu'il faudrait faire. 

Il sait avec Mitterrand, qu'on ne sort de l'ambiguité qu'à son détriment. Il devrait aussi remarquer que le silence est peut être d'or mais pas le vide, même s'il est tactique. Le Président de la 5ième République est nécessairement un stratège.  "Tactique sans stratégie et stratégie sans tactique  ne sont que ruine de l'armée" disait Bonaparte.  

Hollande a gagné jusqu'ici la vaine bataille de la tactique électoraliste. Mais il n'a développé aucune idée claire sur sa stratégie pour la France dans les trois domaines mondial, européen et français. Il serait bon qu'il le fasse désormais. On peut craindre que bien installé avec près de 10 points d'avance dans les sondages au second tour, il trouve astucieux de n'en rien faire.  Dommage ! Avant dommages.

Sarkozy gagne actuellement la bataille stratégique mais risque de tout perdre par une tactique incertaine, brouillonne et parfois révulsive.  Il serait bon qu'il réagisse dès maintenant. Va-t-on contre son tempéramment ?

La campagne a fait à Villepinte un saut qualitatif. Espérons que  ce n'est qu'un début. Pour être au niveau des exigences, il reste encore bien du travail. 

Aux deux candidats principaux, il reste à définir dans leurs grandes lignes  à la fois une tactique et une stratégie gagnante pour la France (pour eux mêmes on s'en fiche un peu, il faut bien le dire !) dans le monde où nous sommes.

Avec un degré de précision qui permet l'analyse et le pronostic du succès.

On est loin du compte.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

 

 

 

 



Pendant les élections la crise continue.

La campagne électorale française est à peu près totalement nulle. Aucun des candidats n'a la moindre proposition sérieuse et il ne s'agit plus que d'un combat douteux de "communicants" pris dans un jeu de rôle  débile.  Le vent mauvais détecté il y a quelques semaines est devenu pestilentiel. 

La France est «un pays de collabo néo-fasciste» affirme un bobo qui rêve de faire fortune dans le cinéma avec un talent minuscule  tout en conservant son aura "de gauche". "On sombre dans le communisme pur et dur qui ruinait les malheureux qui subissait le régime en leur donnant la satisfaction des exactions faites aux autres :  tu ne manges pas mais regarde ce qu'on fait aux paysans", affirme un partisan de l'autre bord. Nous revoici à la guerre entre fascistes et communistes, entre chemises brunes et chemises rouges, des années trente. Presque cent ans déjà.

Chacun des candidats en est à essayer à surprendre l'autre "pour prendre la direction de la campagne sur ses thèmes" en lâchant des énormités.  Le candidat de la "normalité" trouve "normal" d'avoir une fiscalité   hors norme, une durée de travail  hors norme,  un taux de dépenses publiques hors norme, une position européenne contraire à l'avis de tous les autres.  Dans l'autre camp on explique que les citoyens devront désormais avoir un éthylotest dans leur voiture,   les élèves un uniforme, et que les pratiques bizarres de préparation de la viande dans les religions juive et musulmane pourraient tout de même disparaître.  Bientôt on vérifiera la manière de se gratter le nez.

Chacun s'essaie à trouver ses boucs émissaires. Entre les "mauvais Français" qui n'acceptent pas d'être tondus ras sans autre raison que l'arbitraire politicien, et les "mauvais étrangers" qui nous font tant de mal,  choisissez M'sieurs-dames, le marché de la haine est ouvert.

En un mot, le niveau zéro de la politique qui n'échappe pas d'ailleurs au public que la campagne dégoûte après l'avoir déçu. Il faut dire que les deux personnalités qui combattent sont des nains médiocres sortis au forceps  du ventre de partis  intellectuellement et socialement moribonds et devenus de simples écuries féodalisées.

Pendant ce temps là, le monde chemine.

 "D'après les chiffres cités par les deux journaux, l'avis d'imposition du fondateur du réseau social Facebook pourrait afficher neuf zéro. Le Fisc devrait en effet lui réclamer cette année la coquette somme de 1,5 à 2 milliards de dollars."

Ah si cette innovation avait eu lieu en France !  Mais non. La France n'innove plus depuis longtemps. Elle a voulu, sous la houlette de hauts fonctionnaire, généralement socialistes, un capitalisme sans capitaux et sans capitalistes, avec une surfiscalisation délirante.

 Elle est sortie de l'histoire économique. 

Mme Bettencourt ? Une survivante des années trente. Il n'y aura pas de nouvelle madame Bettencourt en France. Impossible. M. Arnaut ? Un malin qui a fédéré les industries du luxe avec l'aide de l'état et des banques.  Mais les acheteurs du luxe n'existent plus en France. On fait avec de l'ancien non renouvellable.

Glencore va de son côté ramener des centaines de millions de francs suisse au fisc suisse.  Aurait-on pu avoir un Glencore en France. Non. Evidemment non. 

La France est sortie de l'histoire économique après avoir fait partie de toutes les révolutions et les créations  industrielles pendant 200 ans.  Il est  vrai que nous aspirons d'abord à "casser du riche" et à devenir une exemplaire démocratie non populaire qui régente la vie des citoyens  dans le détail  en l'empêchant de vivre sa vie dans un monde qui s'ouvre.

La Suisse et la Belgique sont agacées par l'arrivée ininterrompue de riches fuyant la France.  Sévèrement prise à partie par les américains,  elle supprime progressivement son secret bancaire, qui est presque mort. On n'en est  plus à Rubik. Les déposants devront dire qu'ils sont en règle. Comme cela s'ils sont pris, ce ne sera pas la faute de la Suisse mais du vilain menteur. Une votation propose de créer des droits de succession à 20%. On interdit de  plus en plus aux étrangers de s'installer en Suisse ou d'acheter des biens immobiliers. Les prix de toute façon sont devenus tels que seuls les plus riches peuvent envisager de payer des fortunes pareilles.  Les frontaliers sont en ligne de mire.

La Suisse s'ouvre à la moralité internationale en se repliant, une figure de style assez curieuse.

La Belgique suit le même chemin. La hausse du prix de l'immobilier est mise toute entière sur les dos des déménageurs français.  Et si la Wallonie était rattachée à la France ?

Les étrangers contemplent avec mépris ou étonnement, ce pays, autrefois leader du monde,  qui se suicide avec frénésie et le sauve qui peut qui s'en suit.  Et tentent  d'en profiter mais sans être submergés.

La conjoncture mondiale, elle, s'effondre. La Chine n'exporte plus. En janvier et février et mars , elle aura connu une baisse de ses exportations.  L'Allemagne en subit le contrecoup. Les voitures allemandes ne se vendent plus comme des petits pains. Le repli est partout.  Les Etats-Unis sont sous perfusion  monétaire comme les européens.

Des milliers de milliards de Dollars et d'Euros sortent des imprimeries, dopant artificiellement non pas les économies mais les bourses et les marchés de matières premières. Pardi, on n'a fait aucune réforme du système monétaire international !  Mais les flottes de "freighters" restent à quai.  Les pays "émergents" piquent du nez, alors qu'on envisageait de se refaire en attaquant vigoureusement ces marchés.  

Les causes de la crise ne sont toujours pas comprises. Les mesures curciales ne sont toujours pas prises.

Le réveil post électoral sera saumâtre.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes é-toile.



L'Europe déraille. La France s'éteint.

Les années trente avaient déjà montré qu'en cas de crise économique durable les élections aggravaient la situation et retardaient les solutions.

Nous voyons en temps réel la confirmation de cette triste règle.

L'Europe n'arrive pas à sortir de l'urgence. Pendant que la Banque Centrale Européenne achève son plan de sauvetage des banques et des états, avec la création de 1.000.000.000.000 d'Euros de monnaie centrale (une paille !),  la zone entière entre en récession.

Le plan de Mme Merkel et de M. Sarkozy de renforcement de la discipline budgétaire que deux pays ont déjà refusé est un peu plus fragilisé par  l'annonce d'un référendum en Irlande.  Le candidat français favori des sondages au second tour a déjà annoncé qu'il en demanderait la renégociation et qu'il ne le ratifierait pas.  Il n'est plus sûr  que les élements constitutionnels qui doivent être acceptés par le Parlement français soient votés.

L'idée allemande qui veut que la monnaie unique suppose non pas des institutions de gouvernance unique mais une austérité unique est incompatible avec l'appel aux électeurs.

Le plan de "sauvetage" de la Grèce, (on sauve le système bancaire grec, largement possédé par des banques étrangères)  qui a déjà coûté quatre années de récession et un appauvrissement dramatique du pays, est menacé par les élections grecques. Personne ne croit plus qu'il sera réellement appliqué.

Comme nous l'affirmons depuis quatre ans, la banque centrale ne peut à elle seule, sortir de la crise. Et l'Europe n'a aucune politique économique, aucune politique monétaire, aucune politique commerciale extérieure et aucune politique de change commune. La "gestion par la règle" est une ineptie. Il faut un pilote dans l'avion commun. Ou alors il faut revenir à des politiques nationales intégrées.
 
Quant à la France ! On sait qu'elle souffre d'un délire chronique de dépense publique associé à ses deux conséquences, un endettement massif et une névrose fiscale tournant à l'hystérie permanente.  Malgré tous les ouvrages qui depuis  trente cinq ans expliquent que les politiques français conduisent le pays dans le mur, malgré des institutions qui devraient  responsabiliser les dirigeants en les forçant à assumer leur démagogie donc à la maîtriser,  la campagne électorale pour les présidentielles françaises marque un dévoiement  inoui.

Désormais on cherche de façon explicite à "acheter" des cohortes d'électeurs en leur proposant quasiment de l'argent liquide et comme ces "cadeaux au peuple" ne suffisent pas  on fournit de la haine à consommer de suite, sous forme de stigmatisation fiscale ou autre de minorités.

Au delà de l'abjection morale et civique que traduit cette évolution méphitique,  on voit se profiler un n'importe quoi économique qui va rendre toute sortie de crise impossible.

Cette crise demandait dès 2008 que les grands pays se concertent pour mettre fin aux changes flottants et à l'absence de système monétaire international, afin de coordoner l'élimination du surdendettement global par une croissance concertée. Les théories dominantes et les intérêts nationaux mal compris ont interdit cette inévitable solution qui avait pourtant montré sa pertinence dans le passé. 

Sur un fond monétaire mondial stabilisé et orienté vers la croissance, l'Europe aurait pu mettre en oeuvre des plans de gouvernance raisonnables sans obliger tout le monde à une austérité intenable.  On a choisi la panique et le n'importe quoi tout en laissant la BCE arroser les banques.  Aucune confiance n'a été rétablie et la perspective de l'éclatement de la zone n'a jamais été si grande.

La France aurait pu à son tour mettre fin à sa névrose fiscale par des réformes simples mais efficaces orientées toutes vers la croissance et l'élimination des excès perpétuels de ses politiques en matière de dépense publique.

On voit qu'on en est à proposer de taxer marginalement les revenus à près de 90% rien qu'avec les deux impôts les plus faibles en matière de rendement !  On surenchérit dans le confiscatoire en espérant quoi ?

Le monde  en crise durable et sans espoir, l'Europe en voie de dislocation, la France réduit au niveau du Zimbabwe de Mugabé ou du Vénézuela de Chavez, voilà  où on en est après quatre ans de sottise et d'aveuglement général.

Qu'on ne nous dise pas que ce n'était pas prévisible !

Que la France est moche dans cette Europe zombie et ce monde sans direction !  La campagne électorale actuelle, un combat de nains démagogues entourés de clowns grotesques,  marque sa disparition comme nation qui compte. 

Quelle tristesse pour notre génération qui aura vu le suicide d'une grande nation !

Le Français né malin est en train de mourir de bêtise. 

RIP.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Une erreur ancrée dans la population

On sait que nous sommes favorables depuis des lustres à ce qu'on appelle la TVA sociale (ou TVA anti délocalisation) et que nous essayons de populariser ce concept depuis 1977 en public. A cette date nous étions bien seuls. L'application de la solution par les Allemands et quelques autres a fini par changer la donne. Aujourd'hui peu de personnes ayant quelques compétences dans ce domaine la rejette.


En revanche, l'opinion publique, les médias et ce qu'on sait des réactions populaires critiquent la TVA sociale au prétexte qu'il s'agirait d'une simple augmentation des impôts et d'une perte immédiate de leur pouvoir d'achat.

Il faut dire qu'ils ont quelques raisons de se méfier des prétextes donnés par l'Administration pour charger la mule un peu plus.      

Au-delà des aspects psychologiques ou politiciens il est tout de même important d'aller au fond des choses. La TVA sociale est-elle inflationniste ou plus inflationniste que toute autre solution fiscale ?
Il va de soi que la TVA sociale va grever les produits qui sont importés et qui ne souffrent pas de la concurrence des productions françaises (15 à 20% de la consommation).

Il faudrait avoir la foi chevillée au corps pour croire que cela va permettre une production en France (créée ou relocalisée). Une hausse de quelques % de la TVA ne changera rien dans ce domaine. Ce qui a été perdu est probablement perdu pour longtemps. Est-ce que cela changera les prix ? La réponse est non pour tous les produits technologiques dont la tendance est à la baisse (ordinateur, téléphone, etc.). Sauf dans les segments où la compétition est faible, la politique des prix n'est pas déterminée automatiquement par la TVA.  On dira : qu'est-ce qui vous permet de l'affirmer ? Un fait tout simple : la variation des changes. On sait que les changes varient constamment et dans des amplitudes qui n'ont rien à voir avec une hausse de quelques pourcent. L'effet théorique sur les prix est donc bien plus fort que ne le serait la hausse de la TVA. On l'a vu avec la baisse de l'Euro qui a dépassé 10% ces dernières semaines. Effet prix : zéro !  Les politiques de prix sont établis dans la durée en fonction de la concurrence et de mille facteurs. Le marché est constamment alimenté en nouveaux produits et les prix de ces nouveaux produits sont gérés dans une optique purement marketing.  Une hausse de TVA de moins de 2% n'aura exactement aucune influence.

Pour les produits fabriqués en France, il faut regarder l'ensemble du prix de revient. Si on considère que le coût salarial est d'environ 66% de la valeur ajoutée, avec un partage 50/50 entre salaires nets et charges, les charges sociales représentent 33% de la valeur ajoutée. La TVA même augmentée ne dépassera pas dans l'hypothèse Sarkozy 22%.  Cela veut dire que l'impact sur le prix des charges est moitié supérieur à celui de la TVA.


Lorsqu'on augmente les charges patronales le bon peuple croit que l'on pique l'argent aux propriétaires. Lorsqu'on augmente la TVA il croit qu'on le lui pique à lui.  En vérité les deux assiettes jouent exactement le même rôle : ce sont des charges de productions qu'il faut amortir d'une façon ou d'une autre dans les prix.  Il vaudrait évidemment mieux augmenter la TVA de 10% que les charges sociales du même taux ! L'impact sur les coûts serait moitié moindre et celui, potentiel,  sur les prix également diminué. 


Cette idée qui ressort de l'arithmétique élémentaire n'est pas comprise.
Si on remplace euro pour euro une charge sociale patronale par une TVA, l'effet global sur les coûts est nul. L'effet prix est nul. 


La situation est différente si on diminue les charges salariales contre une hausse de TVA.  Les salariés profitent d'un avantage mais les entreprises doivent gérer une hausse des coûts. Il y a pression sur les prix.  Au total les non-salariés transfèrent du pouvoir d'achat aux salariés. Où est le logique économique et même sociale ? Il vaudrait mieux que les hausses de salaires soient gagées sur une hausse de la production et des profits.


La pression sur les prix est sans doute  la raison pour laquelle le candidat Sarkozy propose de financer la mesure par une hausse de la CSG.  Mais là le transfert des non salariés vers les salariés est évident.


Pour mesurer l'effet prix de la TVA sociale il faut également tenir compte des circonstances. Aujourd'hui nous luttons contre la déflation et le niveau des prix est contrôlé par la banque centrale dont c'est la seule mission. Une hausse de TVA contre une baisse des charges patronales n'aura aucun effet significatif sur les prix quelque soit l'importance du transfert.


La vraie question est plutôt de savoir si les mesurettes envisagées auront un effet quelconque sur l'emploi.  La réponse à court terme est non.  Il aurait fallu déplacer toutes les charges patronales, sauf celles relatives à la retraite et aux maladies professionnelles, vers la TVA.  Lorsque la TVA était à 15.6%, le passage à 21,6% en réduisant d'autant (en valeur) les charges patronales, aurait eu du sens.  On a préféré comme toujours en France augmenter la TVA inlassablement 16.6, 18.6, 19.6, 20.6 puis faire un retour inopiné vers 19.6, une grave erreur au demeurant, toujours sans aucune contrepartie.


Résultat, la France est bloquée pour faire des réformes significatives.  On fait donc avec la TVA sociale un tout petit pas dans la bonne direction, avec des effets bénéfiques très dilués dans le temps et très modestes en volume.


La France doit diminuer d'environ 10 points de PIB sa dépense publique. Pas la stabiliser.  A partir de là les réformes d'assiettes pourront avoir un effet. Sinon on fait de l'irrigation en période d'inondation, ou de la politique politicienne, comme on voudra.


En attendant espérons que les médias cesseront de laisser croire qu'une hausse des charges patronales est neutre au point de vue prix alors que la TVA serait hyper sensible sur ce même indicateur.


Surtout quand les candidats se livrent à une sorte de compétition dans l'exonération ciblée des charges patronales sans jamais préciser la ressource de substitution. Jusqu'ici toutes les exonérations ont été financées par la dette…
Il est vrai que  M. Hollande hier à la télévision a évoqué une tranche de 45% à l'IR sur les riches et de 75% sur les super riches. Il ne fallait pas laisser le terrain de l'hyper démagogie fiscale  à un certain M. Mélenchon, candidat d'un Front de gauche comprenant les communistes, ni même à M. Sarkozy, ci devant homme de droite anti élite, qui propose de donner du pouvoir d'achat en taxant les revenus de l'épargne.


Comme si les électeurs pouvaient croire qu'il allaient s'enrichir sur le dos de quelqu'un maintenant qu'ils savent qu'ils ne pourront pas s'enrichir par le travail pendant de longues années !


Jamais campagne électorale n'aura été plus sinistre et plus injurieuse pour l'intelligence française. On stimule la haine en comptant sur l'ignorance.


Que fera-t-on lorsque les conséquences seront là ?


On le sait. On mentira.

Que faire d'autres ?

Jusqu'ici ce sont des mensonges par omission. On oublie de dire aux Français les vrais taux de prélèvements pratiqués. On oublie de dire aux Français qu'il manque 10 millions d'emplois salariés. On oublie de dire aux Français que la dépense publique est supérieure à la totalité de la valeur ajoutée du secteur marchand. On pleure simplement sur les conséquences en prétendant les régler en aggravant leurs causes.


Pauvres Français, figés dans le mensonge et l'auto mutilation  fiscale comme un papillon épinglé, et qui à qui quelques abjects politiciens  veulent faire croire  qu'ils voleront quand eux-mêmes voleront un peu plus  d'autres Français en leur nom ! 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Leçons sur l'évolution du PIB français sur 40 ans

Le Monde a produit une belle infographie donnant l'évolution du PIB depuis 1970. Nous conseillons depuis des années à l'INSEE, à Eurostats d'abord, et aux grands organes de la PQN, de produire et de publier des séries longues.

Ce sont les plus instructives.  Alors MERCI !

Que permet de voir ce beau graphique  ?

- Il existe un cycle quasi décennal : tous les huit-onze ans se produit une récession. Cela fait 200 ans que cela dure. Ce cycle très étudié à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème est aujourd'hui négligé, parfois même nié. C'est une grave erreur. Le cycle existe : vous l'avez sous les yeux !

- Dans ce cycle, il y a alternance d'une crise dure et d'une crise molle. 1992 et 2009 sont des récessions sévères. 1982 et 2001 sont des crises plus légères.  

- Si on avait pu surimposer la courbe des Etats-unis on la verrait exactement parallèle. Le cycle est mondial. Simplement la crise commence un peu plus tôt aux Etats-Unis et finit également plus tôt.

- Quant on regarde les taux de croissance moyen pour chaque décennies on voit que la décennie 80 baisse par rapport à la décennie 70 (qui était déjà en forte baisse par rapport à la décennies précédente), que la décennie 90 voit une croissance moyenne encore plus basse et c'est la même chose pour la première décennie du 21ème siècle.  Cela ne va pas s'arranger.

- Cycle à part nous sommes en décroissance de trend continue depuis 1971.

Depuis l'instauration des changes flottants le trend baisse et les crises s'aggravent ! Un fait qui mériterait d'être pris en compte par tous et qui ne l'est pas, notamment par les économistes américains qui du coup sont totalement à côté de la plaque. 

- Il n'y a eu que deux bonnes périodes de croissance pendant ces quarantes années :


    - celle qui correspond au gouvernement Rocard
    - celle qui correspond au gouvernement Jospin.

Les comparaisons internationales montreraient que ces périodes sont exactement les mêmes ailleurs. Elles correspondent à l'emballement de fin de cycle. qui prend toujours le caractère de bulle.

- Nous avons ajouté les taux de prélèvements. On les voit grimper presque continûment pour atteindre un sommet historique absurde en 1999.  C'est pratiquement 10 points de PIB qui a été piqué par l'Etat. Mais comme la dépense de l'état est partiellement comptée comme faisant partie du PIB, le tableau n'est pas totalement exact. En fait le taux de prélèvement par rapport à la veur ajoutée des entreprises du secteur marchand  est passé de 60% environ à 80% environ. Ce qui est colossal. Compte tenu que la dépense publique est plus de 10 points au dessus du taux de prélèvements, elle égale voire dépasse la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand !

- On voit que les récessions sont le moteur de la hausse des prélèvements. Le mécanisme est toujours le même : les gouvernements dépensent tout le surplus des périodes fastes et ensuite, le cliquet à la baisse des dépenses se met en place et on aggrave les impôts pour maintenir le financement des dépenses.  Les gouvernements  Rocazrd et Jospin, au lieu de freiner les dépenses massivement et de faire les grandes réformes qu'on ne peut faire qu'en période faste laissent filer  lorsqu'ils ne "réhabilitent" pas la dépense publique tout en aggravant les impôts.

- Ces erreurs conduiront au coup de massue fiscal de Juppé et à l'inexcusable cagnotte de 1999 avec un record de prélèvements que Fabius commencera à résorber.

- On voit que le septennat Giscard a été un septennant fiscal, aggravé par le Plan Barre.
 
- On voit que la croissance française ne s'est jamais totalement remise du programme commun de la gauche.  On ne retrouvera plus jamais les taux de croissance connus depuis 1945.

- On voit que le gouvernement Jospin n'a rien compris aux nécessités économiques.  Les 35 heures ont  cassé la reprise qui aurait du se produire entre 2005 et 2007. Les fers aux pieds la production française ne parvient pas à exploiter la période de croissance mondiale.  Elle perd inexorablement des parts de marché dans le commerce mondial.

- On aurait pu surimposer la courbe de la dette globale . On verrait le passage des 200%, puis des 300% et enfin des 400% avec à chaque fois le coup d'accélérateur des récessions décennales.  Cette courbe n'étant pas publiée personne ne la connait ni ne prend conscience qu'elle est tragique : elle marque que quelque chose va casser car le taux d'endettement global est intenable.

En fait la crise du marché bancaire de 2007 marque le début de la fin de la période de croissance (molle mais croissance tout de même) : la crise décennale arrive et fait sauter le nuage de dettes.  C'est aussi simple que cela.

Nous y sommes encore.

Il nous faut réduire les dépenses publiques, purger nos dettes, et revenir à un taux de prélèvements qui ne dépasse pas 35-37% du PIB en fonction de la conjoncture.

Une fois de plus nous félicitons le Monde de sa bonne initiative. Nous lui suggérons deux tableaux de même durée :

- l'emploi salarié rapporté à la population totale

- le taux d'endettement global (banques, particulierrs, état, entreprises) par rapport au PIB.

Ses lecteurs pourront lire les paroles de deux chansons économiques sinistres :

- la sortie de la France de l'emploi salarié (25% là où buien d'autre sont au dessus de 30%). Il manque environ 10 millions d'emplois salariés en France, fait entièrement correlé à la hausse des prélèvements.

- la montée du nuage de dettes qui vient de nous tomber sur la tête et le rôle du cycle dans ce mécanisme.

Ajouter des courbes portant sur nos principaux partenaires est également très instructif.

Observer les faits avant de les commenter est toujours mieux que ne pas les voir ou ne pas en parler ou dire n'importe quoi.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.    



L'argument de campagne le plus consternant

On le doit à une palette de candidats allant d'Eva Joly à François Hollande. Il consiste à dire :

"Dans l'affaire de Fessenheim les ouvriers ne doivent pas s'inquiéter, on les paiera à démolir leur usine".

Qui aurait pu imaginer qu'un jour on en viendrait en France à proposer aux salariés de les employer à démolir leurs usines dans la joie et l'allégresse ?

Avant,  on affirmait que des investissements amélioreraient l'emploi grâce à une meilleure productivité et à des productions plus adaptées au goût du jour.

Cette période honteusement "productiviste" est terminée. Nous eûmes le Ministère du Temps Libre, puis les 39 heures payées 40 puis les 35 heures payées 39, donc 40, en attendant que Rocard finisse de convaincre ses amis qu'à 32 heures, payées 40 ce serait encore mieux (surtout à l'hôpital).

Nous eûmes bientôt les théories sur la "décroissance heureuse" : demandez aux Grecs ce qu'ils en pensent, de la décroissance ! Le bonheur est visible sur tous les visages.  Il est vrai que personne ne nous a encore chanté les vertus de la récession grecque du point de vue de la sauvegarde de l'air pur et de la planète.

Nous connûmes il y a peu cette idée grandiose que tout ce qui était improductif et plus coûteux qu'avant était une chance pour l'emploi ! Mme Joly donna de l'écho à cette idée neuve : les nouvelles technologies "douces" sont plus chères dont elles emploient plus de monde donc elles sont favorables à l'emploi.  Augmenter la production en augmentant les coûts !

Une nouvelle théorie de la gestion et du management est en gestation.

Et voilà qu'on arrête des productions dont la contre valeur se compte en milliards d'Euros et en milliers d'emplois, pour des raisons de magouille électorale autour de sièges ("tu arrêtes tant de centrales, et tu nous donnes tant de sièges, et on fait cause électorale commune, car sans nous, tu es dans les choux"), en chantant l'air de la victoire de l'emploi.

Quand même : oser dire au peuple français : "ne vous inquiétez pas ;  vous allez avoir de l'emploi puisqu'on va arrêter des usines qu'on vous demandera de détruire", cela dépasse l'imaginable.

Qualifier des coûts… de chiffre d'affaire et  des pertes… de profit,  n'est-ce pas tout de même aller un peu loin ?

A quand un gros malin qui indiquera que si on déconstruisait la Tour Eiffel cela ferait de l'emploi ? On peut aussi reboucher les canaux ; défaire les jetées des ports et les digues.

A quand un gros malin qui proposera aux Grecs de déconstruire le Parthénon pour booster l'emploi et sortir de la crise ? Quitte à le reconstruire après. Sûrement en mieux.

Que d'emplois ! Que d'emplois ! 

Au moins Mac-Mahon qui disait "que d'eau, que d'eau"  en contemplant les inondations voyait de l'eau. Son propos était ridicule mais exact.  Où voit-on des emplois quand on détruit des usines et leur production ?  

Si la campagne continue à ce niveau, elle va être grandiose.

Le bilan de Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy est depuis ce soir candidat à sa réélection comme Président de la République Française. Il est naturel de tirer le bilan de sa mandature. Nous ne cherchons ici qu'à juger la partie économique.

On pourrait se contenter des résultats constatés en fin de mandat en terme de chômage, 10% de la population active et à peine 16.000.000 de salariés actifs (sur 65-66 millions de résidents, soit à peine 25% de la population…), d'endettement public, qui se rapproche des 100%,  de commerce extérieur, fortement déficitaire, de budgets  étatique ou sociaux, toujours fortement déficitaires, de part de marché mondial, en régression, de taux d'insertion des jeunes, calamiteux.

En face de ce désastre on peut citer que les banques ont résisté, sauvegardant l'épargne des Français, qu'il n'y a pas eu de véritable plan de rigueur avec même une hausse du revenu des personnes au travail. Ce n'a pas été le cas partout.

Mais après quatre ans de crise ouverte, nous entrons à nouveau en récession.

Compte tenu de la crise mondiale qui a frappé fort les économies depuis 2007, il s'agit d'un bilan navrant mais dans la bonne moyenne. Il y a fort à parier que le débat électoral verra les oppositions évoquer le bilan "inexistant" et les gouvernementaux mettre en avant cette bonne moyenne.  Et tous deux auront raison en même temps. La situation est navrante et les gouvernements français de M. Fillon ont géré la crise avec prudence en aboutissant à des résultats qui sont loin d'être pires que ceux de nos voisins d'économie comparable.

La vraie question est plutôt de savoir si on aurait pu faire mieux et précisément comment. Pour cela il faut une grille d'analyse de la situation économique en 2006 et analyser si les questions pendantes à ce moment là ont commencé à connaître un début de réponse. Après tout, si malgré la crise mondiale, on avait réellement progressé dans la résolution de difficultés récurrentes, ce ne serait déjà pas si mal. Si en plus on avait traité aussi bien les causes que les conséquences de la crise, ce serait parfait. L'état de l'économie ne serait sans doute pas excellent mais au moins on aurait fait au mieux et préparé l'avenir.

Qu'espérer de plus d'un président ?

 

Quels étaient les défis connus en 2006 ?

Pour la France :

- Structurellement la France était bloquée par un excès majeur de dépenses publiques. Cet excès avait comme corollaire  une fiscalité excessive, pouvant dépasser 100% du revenu des contribuables, et portant beaucoup trop sur l'entreprise, perpétuant un capitalisme sans capitaux et avec des capitalistes stigmatisés et tentés par le départ. 

Il était indispensable d'arrêter l'arrosage général de subventions aussi bien en terme de budget national, de budget des collectivités locales, que de budget de la sécurité sociale. Et réformer la structure fiscale à la fois pour éviter des exactions dommageables et une sous-compétitivité permanente.

- Politiquement l'optique du "ni ni"  poursuivie par Chirac faisait que toutes les mesures malthusiennes qui s'étaient accumulées depuis trente ans,  notamment les 35 heures, la pénalisation totale de la vie de l'entreprise, l'accumulation des règlementations tatillonnes, la rigidité invraisemblable des relations sociales, se conjuguaient pour rendre extrêmement difficile l'investissement et l'embauche. La sanctuarisation des "avantages acquis", notamment en matière de retraites, le refus de toutes réformes d'envergure "du fait de la fragilité du tissu social français" créait des situations intenables, alors qu'on avait sous traité à l'Europe les relations économiques extérieures et que l'Union avait quasiment supprimé toutes les écluses vis-à-vis des concurrents du monde entier.

On demandait à un obèse entravé de gagner les jeux olympiques.

Pour l'Europe.

Il était clair que la vision opérationnelle était celle d'une Europe lavette ne prenant parti sur rien et zone d'ajustement de toutes les pressions des autres. L'Europe empêchait mais ne stimulait point tout en mettant tout le monde sous le feu de règlementations tatillonnes en internes et laxistes s'agissant de l'entrée de produits et de services provenant d'ailleurs.

La grande difficulté était surtout les défauts de la gouvernance de l'Euroland. Le système mis en place était une gestion par la norme sans aucune instance de pilotage et d'ajustement aux conditions extérieures ou intérieures. Tous les avertissements donnés lors de la campagne de Maastricht avaient été repoussés du pied.  Les politiques en étaient à rire des contraintes du traité et proposaient de s'en affranchir gaiment, notamment M. Sarkozy en tant que Ministre des Finances.  L'inconscience en matière de gestion d'une zone monétaire unifiée était absolument totale aussi bien dans le monde politique que dans la presse, en dépit de la poussée de "nonisme" qui avait entraîné le blocage du projet de "constitution".

On sentait bien que le monétarisme absolu intégré dans les statuts de la Banque Centrale Européenne, avec un objectif exclusif de stabilité des prix d'un panel de produits de consommation,  associé à une ouverture totale des frontières aux mouvements de capitaux, de marchandises et de personnes, laissait entrevoir bien des difficultés.  Mais l'Euro "nous protégeait" et il n'y avait rien à redire, rien à analyser, rien à faire. Les divergences de compétitivité à l'intérieur de la zone n'étaient jamais évoquées. Chacun faisait ce qu'il voulait.

Rétrospectivement le refus absolu de réfléchir sur la question du mode  de gestion d'une zone monétaire unifiée alors que les politiques restaient totalement libres sauf deux objectifs statutaires portant sur les déficits publics et l'endettement global, reste ahurissant. Toute critique était considérée comme indigne et son auteur voué aux gémonies. Pauvre Maurice Allais  qui avait osé à pas d'âge lancer d'ultimes avertissements !   

Ce blocage intellectuel n'était cependant rien devant le néant absolu de la réflexion sur les défauts du système monétaire international. Là on est dans le monde du tabou invincible. Le système des monnaies administratives gérées par des banques centrales indépendantes et dont la valeur respective serait déterminée par les marchés financiers libérés de toutes entraves en dépit des différences de systèmes et de politiques, était bon et le seul bon. Il était hors du champ de la critique et de la réflexion. Chacun faisait ce qu'il voulait et que le meilleur gagne, étant bien entendu que le dollar était la monnaie mondiale et que la FED considérait que le "benign neglect" était la bonne attitude à avoir.  

Ce système de cinglés avait comme conséquences, visibles comme le nez au milieu de la figure, une baisse du trend de croissance mondial et une amplification massive du cycle quasi décennal, amenant des crises périodiques dont chacune était "la plus grave depuis 1929" (74,92,2009). Il permettait par le mécanisme de la double pyramide de crédits une hausse permanente dans les pays développés du taux d'endettement global vis-à-vis du PIB. On avait passé les 200% puis les 300% et on commencait EN MOYENNE à atteindre les 400%, certains pays aventureux caracolant bien au-delà.

Pendant 10 ans de 1997 à 2007 nous n'avions pas nous-mêmes cessé de crier casse cou haut et fort, annonçant que la crise à venir serait extrêmement sévère car cette situation était impossible à maintenir. Mais là, rien à faire.  La France des économistes officiels était muette. Le monde anglo saxon avait imposé son credo. La presse refusait tout article sur le sujet. Le système monétaire international était une vache sacrée, chiante et compliquée de surcroît. Silence.

Au total on demandait aux entreprises françaises de financer un état obèse, alors qu'elles étaient entravées de partout, dans un système européen ouvert à tous les vents mais sans réflexion ni politique autre que monétariste, aboutissant à une Euro surévalué empêchant largement la croissance, dans un système monétaire international fou et conduisant le monde à une crise majeure, mais chut il ne fallait pas le dire.

Honnêtement une telle conjonction n'offrait à aucun candidat en 2006 des perspectives affriolantes. Impuissants intellectuellement et pratiquement sur les deux aspects les plus graves, la réforme de la gestion de l'Euroland et celle du système monétaire international, il ne leur restait guère qu'à libérer un tant soit peu la France du fardeau de ses dépenses publiques et de ses blocages,  à mettre fin aux situations intenables et à accroître sa compétitivité, tout en se préparant à une crise très dure.

La France a choisi celui qui lui proposait la "rupture".

Au terme de son mandat, sur les trois terrains de jeu, français, européen et mondial, quel aura été l'impact de Nicolas Sarkozy, compte tenu qu'il n'a pas voulu voir venir la crise et qu'il devra s'y adapter en urgence ?

Le système monétaire international n'apparait dans le champ de vision de Nicolas Sarkozy qu'en septembre 2008, alors que le blocage du marché monétaire date de fin juillet 2007. Comme la majorité des analystes il ne comprend pas ce blocage. C'est une crise américaine qui restera cantonnée aux Etats-Unis.  Pas la peine de s'en préoccuper, même s'il ya des effets de bords pour les banques et les épargnants français.  La brusque réalisation en septembre 2008 qu'on est à la veille d'une crise majeure le pousse, justement, et avec une rapidité d'analyse qu'il faut louer, à créer le G.20 et à demander un nouveau "Bretton-woods".

Mais ce ne sont que des mots. Il n'a pas de projets réels de transformation du système des monnaies administratives et des changes flottants. Privé de doctrine son discours flanche dans le moralisme à trois sous : la finance c'est mal ; il faut changer les règles comptables, la rémunération des traders et le rôle des agences de notation. Haro contre les paradis fiscaux ! Sus aux vilains. Il rend les armes sur les trois questions clefs :

- le rôle du dollar et du "benign neglect"

- les mercantilismes chinois et allemands

- la liberté absolue des mouvements de capitaux et les changes flottants.

Finalement le G.20 choisira le statu quo et l'espérance que la crise se résoudra toute seule avec les moyens classiques (plans de relance et laxisme monétaires des banques centrales). Nicolas Sarkozy endosse cette politique.

C'est la cause principale du fait que nous sommes toujours en crise et que nous abordons la quatrième année avec la perspective d'une nouvelle récession.

On peut choisir deux explications : Sarkozy n'a rien compris ; il a compris mais il n'a rien pu faire.

Admettons qu'il n'a pas aidé par ceux qui auraient du lui fournir une armature théorique et pratique solide. Le FMI a été au dessous de tout. Dominique Strauss-Kahn était manifestement surévalué comme économiste. Il a montré dans l'affaire une incompétence effarante qui, personnellement, ne nous a pas surprise : depuis des lustres à chaque fois qu'une grande sottise économique a été annoncée, ce garçon était pour,  voire à son initiative ! La réputation économique de ce Monsieur nous a toujours paru totalement étrange. Il n'a pas vu venir la crise ; il ne réagira que très tard ; il ne proposera rien d'utile et surtout il ne donnera pas au monde le canevas essentiel qu'aurait été un bon diagnostic et une cap.

Quant aux autres économistes officiels français, ils n'ont pas vu venir la crise et ils en sont resté pendant des mois à l'idée qu'on ne leur avait pas dit combien les subprimes étaient oiseuses. On leur avait tout caché à ces malheureux. Le résultat ils ont chanté la fausse chanson : c'est la faute à Wall Street ; c'est la faute aux subprimes. Comme s'il était difficile de voir qu'avec 400% de taux d'endettement global vis-à-vis du PIB, une masse énorme de dettes était privée de toute réalité économique et qu'elle s'effondrerait avec la puissance d'un tsunami !

Oui il y avait bien tabou et blocage intellectuel général. Constatons que Nicolas Sarkozy n'a rien fait pour lever ces blocages bien qu'il en ait été averti (nous avons écrit en ce sens au Président de la République en juillet 2009 ! ). Il devrait réaliser maintenant où cela l'a mené et il gagnerait à ramasser le flambeau maintenant qu'il est à nouveau candidat. M. Guaino, pourriez vous faire quelque chose en ce sens ? Je sais, c'est emmerdant...  Mais vous auriez pu prendre date dès 2009 et vous auriez de meilleures armes pour infléchir la politique internationale dans ces domaines si NS était réélu !

L'Europe sera comme le système monétaire international un désastre intellectuel doublé d'un désastre pratique. Pendant deux ans on croit à l'Elysée que l'Euro nous protège. On se félicite de ne plus avoir de Franc qui aurait été balayé dans la tempête de septembre 2008 provoquant une hausse terrible et probablement insurmontable de la dette étrangère, convertie en Franc. Le défaut de paiement était possible. Vive l'Euro !   On relance, en déséquilibrant massivement des comptes publics qui l'étaient déjà lourdement,  et on sauve les banques en cautionnant leurs dettes les plus dangereuses. La BCE lâche suffisamment de liquidité pour passer un temps le "crédit crunch" provoqué par l'effondrement du système international de dettes qui s'était mis en place. Mais on ne voit pas qu'on a ainsi rendu extrêmement vulnérable la dette d'état qui gonfle de façon telle qu'un doute s'installe sur son caractère soutenable.

C'est d'autant plus étrange que la crise dite  "grecque" a commencé dès 2009. Alimentée artificiellement par l'Europe depuis des années, la Grèce, pays sans Etat et sans moralité publique, fondée sur les clans et la culture des "coups", où l'industrie est très faible et le clientélisme clanique très fort, vit à crédit depuis 1981. Tout le monde, à commencer par les fonctionnaires, s'est gobergé sans limite. On a multiplié les salaires, les avantages, les droits acquis. Merci l'Europe, merci les financements internationaux créatifs. La Grèce est KO et en grand danger de faire défaut. 

On mettra tout de même deux ans à constater que les statuts de la BCE ne permettent pas de financer des états, que la devise de la Grèce ne peut être dévaluée. Le seul chemin qui reste est la récession contrôlée, une déflation sévère avec remise en cause radicale de toutes les fausses "avancées" arrachées pendant 20 ans de tricherie généralisée. Trois ans après on en est encore à discuter de l'ampleur du défaut déguisé en "hair cut",  et à faire admettre aux Grecs l'amère potion, condition d'un financement de sauvetage.  

Et la France, comme la Grèce, le Portugal, l'Espagne, et l'Italie se trouvent exactement dans le même cas.  En cas d'asphyxie du refinancement, la dépression  est la seule voie.

Que faire ? Réformer la zone Euro ? Constater que son organisation est fautive ? Remettre en cause les statuts de la BCE ? Admettre l'exclusion de la Grèce et éventuellement du Portugal  de l'Euroland ? Les milieux européistes ne le veulent pas. L'Allemagne ne veut pas payer et demande un renforcement des corrections  d'attitudes et de pratiques dans les pays en cause.  La France, donc Nicolas Sarkozy, refuse de prendre la tête d'une croisade qui démontrerait que la voie proposée est sans issue. Il emboîte d'autant plus vite le pas de l'Allemagne que la note de la France est en cause. Elle sera finalement dégradée. 

Nous en sommes à essayer de sacraliser un nouveau traité marqué par la rigueur et les promesses de vertu avec sanctions internationales à l'appui.

Le bilan est tragique.  Voici la France à la remorque de l'Allemagne, sommée de trouver des dizaines de milliards pour sauver l'idée européiste de la monnaie unique et sans aucun levier pour faire face aux conséquences de la crise : la BCE ne s'occupe toujours pas des Etats et la gestion externe de la valeur de la monnaie échappe à tout le monde. 

Quant au nouveau candidat Sarkozy  à part crier Vive l'Euro, vive la BCE et vive les changes flottants que peut-il dire ? La question de la gestion de la zone monétaire unique est posée. Sauf dans le débat présidentiel, sinon, jusqu'ici, par des candidats marginaux. Celle du système monétaire international ne l'est par personne. C'est encore plus simple. Et on s'étonnera que la crise dure !  

Reste la France.

Nicolas Sarkozy aurait pu et du prendre dans le domaine fiscal les mesures qu'au fond tout le monde attendait de lui et qui n'auraient pas générer plus de criailleries que celles qu'il a du entendre.

Il fallait :

- faire la paix avec les entrepreneurs et les Français fortunés en :

               - supprimant l'ISF, en le remplaçant "franc pour franc" par une ou plusieurs tranches surtaxée de l'Impôt sur le revenu.

               - faisant revenir en France les capitaux qui avaient fui depuis 1981 grâce à une très large amnistie et une taxation non spoliatrice (on attire pas les mouches avec du vinaigre), le terrain étant dès lors clarifié pour permettre à la, Suisse et d'autres paradis fiscaux de sortir dans l'honneur de leur secret bancaire abusif.  

Au total le trésor s'y serait retrouvé et le terrain du financement de l'entreprise aurait été nettoyé.

En matière de compétitivité il fallait :

- Transférer sur la TVA l'essentiel des charges sociales (autres que celles correspondant à un revenu différé), le solde étant prélevé sur les revenus de l'épargne directement ou via la CSG.

Il ne fallait évidemment pas diminuer aussi drastiquement la TVA sur la restauration ni détaxer les heures supplémentaires, deux mesures absurdes qui n'ont pas eu d'effets significatifs sinon celui d'accroitre la dette, avec un solde nul en matière de chômage.

Le pari de "ne pas augmenter les impôts" était, avec la crise, une gageure. On le fera hypocritement via des dizaines de taxes nouvelles, en associant la réforme du RMI avec une création d'un impôt nouveau sur les recettes des placements (3.5 milliards d'Euros de recettes annuelles !),  et en 2011 on finira par  lâcher tout avec des hausses directes de TVA et de l'impôt sur le revenu.

Au final lorsque les comptes de 2012 seront définitifs, on constatera que le taux de prélèvement n'aura pas diminué d'un poil de pourcent et qu'on a retrouvé les hauteurs phénoménales et intenables de 2000.

Le quinquennat fiscal de Nicolas Sarkozy aura été d'abord un leurre puis un échec cuisant.

Côté dépenses, le bilan de sa gestion n'est guère plus favorable.

Au lieu d'attaquer les abus et les inconséquences à la hache d'abordage, on a opté pour la RGPP. Nous avons écrit dès le premier jour que c'était insuffisant. Cinq ans après on voit bien que même s'il y a eu des économies, même si des tabous sont tombés, comme celui de la réduction des effectifs publics, on n'a pratiquement rien gagné.

La machine à arroser a fonctionné à plein dès la première demande. Les marins souffrent ? Arrosons. Les journaux souffrent ? Arrosons. Etc. La dépense publique est toujours à 56% du PIB, ce qui est extravagant. Elle dépasse toujours la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand. Même avec une TVA à 100% on ne couvrirait pas les dépenses !

Quant aux grandes réformes, on voit qu'elles ont toutes été des demi mesures.

Oui il fallait unifier les conditions de retraites. On l'a fait à moitié en alignant celles des anciennes sociétés nationales sur la fonction publique qui elle-même a perdu quelques privilèges particulièrement douteux.  Mais pourquoi n'a-t-on pas unifié réellement toutes les conditions ? Pourquoi conserver des privilèges pour les personnels non exposé à la compétition mondiale ? Les accords partiels obtenus ont de toute façon été l'occasion de marchandages occultes qui ont parfois aggravé les coûts !

Oui il fallait retarder l'âge de départ à la retraite ou tout du moins le nombre d'annuités pour partir en année pleine. Mais pourquoi avoir frémi : il fallait aller à 67 ans dès le départ pour tous.

Sur les 35 heures que de palinodies ! Il fallait revenir à 40 heures immédiatement surtout dans le secteur hospitalier.  Au lieu de cela !

Pour le reste des dizaines de réformettes ont été faites qui ont eu un effet très limité, souvent du fait des conditions de leur négociation. La réforme de la carte judiciaire a fait droit à tellement de demandes qu'elle coûte probablement plus cher que le système précédent.

Quant aux grands abus, on s'est bien gardé de les attaquer de front (dockers, ouvriers du livre, intermittents du spectacle, absentéisme monstrueux dépassant 30% dans certains organismes publics ou administratifs, comme à la Direction du Patrimoine…).

Le refus de mettre un terme à la gabegie dans les finances des collectivités locales qui se sont livrées, l'exemple de Paris étant le plus délirant, à des recrutements inutiles et souvent maquereautés, et à des dépenses sans rapport avec la croissance du pays, est également une faute impardonnable. On dira que les textes ne le permettaient pas. Et bien il fallait proposer de nouveaux textes.

Au terme du quinquennat de Nicolas Sarkozy la France se retrouve Gros Jean comme devant. La réforme fiscale reste à faire ; le dégonflement de la dépense publique reste à lancer sur des bases sérieuses ; l'élimination des abus les plus manifestes est toujours dans les limbes ; les réformes à moitié faites restent à finir.

On dira que ce faisant les deux gouvernements Fillon ont évité une récession qu'une politique à la Cameron aurait rendu quasi certaine dans le contexte général de crise. Ce n'est qu'à moitié vrai. On aurait pu aller beaucoup plus loin dans la réduction des dépenses publiques qu'on ne l'a fait sans que cela ne se ressente en négatif sur la croissance très faible que l'on a connue et dont une trop grande partie est le seul fruit d'un accroissement de la dette.

Que conclure ?

Ces cinq années n'ont pas été totalement perdue pour la France. Les erreurs "actives" de Sarkozy sont toutes réversibles sans grands dommages et ont commencé à être corrigées. La crise a eu sa pédagogie : la dépense publique a tout va c'est fini. Il faudra bien persister dans les réformes.

La France a été en fait gérée avec douceur, surtout à partir de 2009. L'essentiel de l'action gouvernementale a visé à calmer la panique et à permettre de surmonter sans trop de casse les effets successifs de la crise.  On a préservé les banques et l'épargne globale des Français. On a évité des paniques pires.  On a maintenu par la dette un niveau d'emploi bas mais pas plus bas que d'habitude malgré la sévérité de la crise (on avait dépassé les 10% en 93). Les transferts sociaux n'ont pas été touchés.  Les salaires ont été maintenus.

Ces résultats sont notables mais largement artificiels et intenables car trop liés à l'emprunt et à la dette et pas assez fondé sur l'activité fondamentale des entreprises et de leur compétitivité.

Intellectuellement et pratiquement les défauts du système monétaire européen et du système monétaire international ne sont pas en voie de réforme ni même malheureusement en voie d'être compris.  Les blocages intellectuels demeurent.

Le navrant constat est qu'en 2012 les mêmes questions qui étaient posées à la France, à l'Europe et au monde en 2006 le restent à peu près dans des  conditions aggravées par la crise.

On a vu que le programme de M. Hollande n'abordait aucune de ces questions. L'organisation de l'Euroland ? Connait pas. La réforme du système monétaire international ? C'est quoi cela ?  Réduire les dépenses publiques ? Non ! Réformer là où c'est le plus criant ? Pas du tout. Revenir à une fiscalité efficace, rationnelle et favorable à l'emploi ? Jamais ! C'est presque pire que Ségolène Royal.

On verra celui du candidat Sarkozy. Mais honnêtement, si on commence par un referendum pour contraindre les chômeurs à suivre une formation,  on peut se tapoter le menton.

Les Français sont certainement très malins, mais la France, décidemment est mal partie (comme l'Europe d'ailleurs et un monde dominé par les changes flottants et la guerre des monnaies).



L'explosion de la "pensée magique"

Les campagnes électorales sont ainsi faites. Les arguments les plus irrationnels sont employés sans pudeur. Qu'on affirme n'importe quoi pendant ces bacchanales n'a pas d'importance sauf si on constate qu'un argument erroné se fixe dans l'esprit public  et  risque de polluer longtemps l'action publique et de bloquer indéfiniment  des solutions utiles.

On l'a vu avec l'ISF, mesure stupide, qu'on n'a jamais osé supprimer depuis 25 ans.

On l'a vu avec les 35 heures, mesure stupide, qu'on a jamais réussi à supprimer depuis 15 ans.


Dans le passé on avait eu le blocage des prix, mesure stupide qui a duré des décennies avant d'être supprimée, on espère sans espoir de retour, le blocage des loyers, l'autorisation administrative de licenciement etc.

A chaque fois on bloque, on confisque, et la mesure se retourne contre tous par un effet pervers imprévu.

Ou alors on lâche des libéralités qu'on ne parvient plus à contrôler : intermittents du spectacle, RMI, gratuité du petit risque  etc.

L'intérêt général passe par des idées justes. 


On dira : où serait le plaisir de la démocratie, la loi du plus grand nombre, si le plus grand nombre ne pouvait pas se faire plaisir sur le dos du plus petit nombre, en particulier la tranche des plus fortunés ?

On aurait raison.

La démocratie réussie reste l'art de ne pas tuer la poule aux oeufs d'or et de ne pas faire mal au plus grand nombre en essayant de nuire à des minorités.  Ce qui suppose un minimum de réflexion collective.  Puisque le terme de populisme revient à la mode, tentons cette définition : en démocratie le populisme est l'attitude qui consiste à faire croire au plus grand nombre qu'il tirera un bénéfice durable des exactions menées contre une minorité ou que des gratuités non finançables pourront être indéfiniment multipliées sur le dos des autres .

 
S'il était possible de tirer un bénéfice durable des exactions commises contre des minorités, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus de minorités.  Les régimes qui s'y sont essayés s'en sont tous mal trouvés.

Notons que le concept de corps social qui implique qu'une société forme un tout et qu'il est peu expédient pour le bras de s'en prendre au pied, pour l'estomac de s'en prendre au coeur, à la colonne vertébrale de s'en prendre au cerveau, ou toute combinaison qu'on voudra,  est tout sauf récent.  Les maladies les plus graves de la démocratie sont toujours "auto-immunes".

Une conception veut qu'au fond tout est permis en période électorale et que l'élu, en général  en France un énarque, sera raisonnable une fois au pouvoir, le haut fonctionnaire étant par nature soucieux au plus haut point et lui seul de l'intérêt général. En gros : les propos attrape-couillons n'engagent que ceux qui croient. Ils ne sont pas graves pendant les campagnes électorales car on sait que ceux qui y ont cru seront de magnifiques cocus.  Tous les ethnologues savent que les sociétés les plus corsetées  ont besoin de soupape où tout ou presque est permis. Un court instant.

Permettre à la bêtise et à la violence de s'échapper, après tout pourquoi pas ?  On connait cette île où coexistent depuis la nuit des temps deux tribus en détestation permanente. Une fois par an la guerre est déclarée. Et s'arrête au premier mort, la famille du mort étant prise en charge à vie par la communauté après de très belles fêtes, fort émouvantes.

Oui mais voilà : la gueule de bois suit la fête et comme nous l'avons vu bien des mesures absolument contraires au bien commun ont été prises qu'il a été très difficile de supprimer.  Ces mesures soit proposent de fausses solutions qui se retournent contre leurs bénéficaires théoriques, soit bloquent des solutions qu'il aurait fallu prendre absolument mais qui sont devenues tabous dans l'imaginaire politique.

Serait-il donc donc du devoir des experts d'alerter sur les erreurs qui se retrourneront contre leurs auteurs même en période électorale, même si le risque est alors d'entrer dans des polémiques sans fin ?

Finalement, et à regret, nous ne le pensons pas.  Il faut laisser à la pensée magique et aux passions diverses  l'occasion de se déchaîner.  Les discours  sur la tempérance n'ont pas de sens lors des fêtes de Bacchus.

Cette élection est bien partie pour être un grand cru  question exaltation de la sottise. Haro sur les riches, haro sur la finance, haro sur l'Europe, haro sur les immigrés,  haro sur les fonctionnaires ! Et tout cette hargne et ces mauvais sentiments fonderont des opinions pour lesquelles un simple coup de doigt règlera toutes les difficultés pourvu qu'il fasse du tort à quelqu'un d'autre.
Les Français se sont largement mis dans la nasse eux-mêmes. On voit qu'ils sont strictement incapables d'annuler les mesures  qui les y ont précipités ou d'envisager celles qui leur permettraient d'en sortir. 

Mais les plus grosses difficultés sont extérieures : défauts de construction de la zone Euro,  système délétère des changes flottants.  Leur faiblesse leur interdit tout langage ferme dans le concert des nations pour faire changer les choses.  Ils n'ont d'ailleurs aucune idée des mesures qu'il faudrait prendre.

Ils ne sont pas responsables de la crise européenne et mondiale. Mais rarement les a-t-on vu si peu aptes à affronter la tempêt

e, compte tenu de l'épaisseur des semelles de plomb dont ils se sont affublés.
Rappelons que lors de la crise de 1929 c'est la France qui a payé le coût le plus élevé à la crise : la récession lui a coûté autant que la guerre de 14-18  et sa place de première puissance mondiale (qui se rappelle aujourd'hui du rang qui fut celui de la France ?).  Si le Français, né malin comme chacun sait, ne comprend pas qu'il ne peut pas aujourd'hui sombrer dans le populisme et la pensée magique, alors il finira de sortir de l'histoire.

Par la petite porte.  La porte grecque. 

A moins qu'on ne mérite un Chavez qui lui achète directement l'électeur. 

Après tout, au point où on en est.



L'effondrement du Baltic dry index

Le Baltic dry index qui donne le coût du frêt est passé d'un plus haut de 12800 à 647, soit une baisse de 95%.

La reprise qui s'annonçait a été cassée et désormais tout est à l'arrêt côté commerce international. 

On dira : l'index n'a plus de valeur. La production massive de "freighters" en décalage avec la conjoncture a créé un marché du frêt en crise de surproduction de moyens de transport. Les cours ont de ce fait cessé d'être significatifs.

Nous pensons que cette explication est fausse. Il a bien arrêt du commerce mondial. Cet arrêt est l'explication majeure de l'effondrement de l'indice. Les difficultés du transport maritimes se retrouvent dans le transport par avion. Les compagnies fragiles font faillite les unes après les autres.  Le blocage de la croissance dans les pays en développement en Afrique et en Amérique du sud n'est pas un mythe.

Comme en automne 2008, le commerce international est bloqué par les différentes incertitudes financières et la rétractation des politiques des Etats, y compris celle que l'on constate en Chine.

Tous ceux qui croyaient trouver de la croissance dans les pays en rattrapage sont obligés de tourner les yeux vers les Etats-Unis. Une légère reprise y a lieu. Mais elle est financée à nouveau par des déficits extérieurs et intérieurs.

Les schémas déflationnistes, l'absence de réelle coopération internationale, le désordre des changes flottants, ont bloqué la reprise modiale des affaires.

La masse des dettes accumulées dont chacun sait qu'elle n'est pas totalement remboursable pèse sur tous les marchés.

La machine s'arrête.   



Un vent mauvais électoral en France

Un mauvais vent souffle sur les élections présidentielles françaises

La crise économique date de la fin juillet 2007 avec le blocage du marché interbancaire et la prise de conscience progressive que toutes les banques et d'une manière générale tout le système financier mondial portaient un niveau de dettes sans rapport avec le niveau PIB mondialni avec sa croissance.  L'endettement global des pays occidentaux était passé de 200 puis 300 et enfin 400% du PIB. Ces taux sont incompatibles avec un remboursement assuré. La crise de liquidité cachait une énorme crise de solvabilité. Celle-ci éclata avec la faillite de Lehman Brothers. Le blocage bancaire entraînera un "credit crunch" phénoménal et la plus grosse récession depuis 1929. La récession à son tour mettra les Etats en déficits massifs générant massivement de la dette publique par transfert partiel des dettes bancaires vers le contribuable, par application de plans de relance et par le jeu des pertes de recettes.

La solvabilité des  Etats s'est retrouvée en première ligne, accusant la différence entre ceux qui disposaient d'un soutien de leur banque centrale  et ceux, notamment tous ceux de la zone Euro, qui n'en disposaient pas. Les premiers ont fait tourné la planche à billets à haute dose pour se refinancer. Les autres se sont trouvés bien dépourvu. La seule solution pour eux était la déflation et éventuellement la faillite, selon la force de leur économie, le niveau de leurs dépenses publiques et la structure de leur endettement.

Pendant ce temps là le commerce international devenait totalement chaotique et dépendait uniquement des spasmes des politiques publiques de la Chine et des Etats Unis.

En dépit des plans de relance engagés en 2009-2010 aucune reprise durable n'est parvenue à s'enclencher.

Le cas de la France est emblématique. Pendant toute l'après-guerre elle a choisi de faire porter sur la production l'essentiel des impositions. A partir de 74 elle se met à accroître massivement ses dépenses publiques et ses prélèvements. Elle fait grimper à toute vitesse ses minima sociaux notamment le SMIC. Le septennat de M. Giscard sera essentiellement un septennat fiscal avec une telle hausse de la dépense publique que l'endettement public décolle. La folie du "programme commun de gouvernement" proposé par l'union des gauches communistes et socialistes casse la croissance française. Il n'y aura plus de croissance forte en France qu'associée à des périodes de hausse encore plus forte de la conjoncture internationale (à peine 4 ans sur trente ans). Les entrepreneurs se voient prélever entre 75 et 100% de leur revenu. Les fortunes commencent à quitter le pays. L'investissement s'effondre.

Les élites socialistes décident néanmoins  d'accepter la compétition mondiale et se rallient à la mondialisation financière et commerciale proposée par les pays anglo-saxons et  l'Europe. Les exigences déflationnistes de la construction de l'Euro, la dislocation du bloc communiste, la conversion de la Chine et de l'Inde à l'économie de marché, provoquent des mouvements contradictoires mais qui, tous, touchent la France.

La France a cessé d'être compétitive en Europe. Elle ne l'est plus du tout dans le monde. Son industrie est entravée. Son Etat est grossièrement dilaté et dépense près de 56% du PIB, PIB qui comprend pour partie les dépenses du secteur public ! En fait l'Etat français dépense plus que la valeur ajoutée de son secteur marchand…une totale folie. 

Après trente ans d'errances de ce genre, les résultats sont là :

- le chômage est devenu structurel et il manque près de 10 millions d'emplois salariés en France. Dix millions ! 

- L'industrie perd des centaines de milliers d'emplois depuis 2000 et les lois Aubry.

- Les entreprises françaises sont absentes de la plupart des nouveaux marchés. Un capitalisme sans capitaux et bientôt sans entrepreneurs ne peut pas triompher !

- Le commerce extérieur français s'embourbe. Les parts de marché à l'international régressent constamment.

Dès la fin des années 90 les grands choix de la France sont connus :

- il faut réduire de 10 points de PIB la dépense publique

- il faut transférer les impositions de l'entreprise vers la consommation.

- il faut mettre fin à des "cadeaux sociaux" gagés sur rien : augmentation de la durée du travail et abandon de la mesure folle des trente cinq heures ; retraite à 67 ans ;  suppression des privilèges aberrants de la fonction publique et de certaines catégories de la population (intermittents du spectacle, salariés d'EDF, de la SNCF, de la RATP, des chantiers navals, dockers, ouvriers du livre,  parlementaires, fonctionnaires, personnels excessifs des collectivités locales, …).

- il faut arrêter d'"arroser" de subventions tous les secteurs économiques : presse, spectacle, agriculture, pêche, transport, énergie, etc. 

Il le faut d'autant plus que ces réformes sont faites à l'étranger notamment à l'intérieur de la zone Euro, par exemple  en Allemagne confrontée à l'intégration de la partie orientale a été ruinée par quelques décennies de communisme.

Après que le gouvernement Jospin ait achevé de bloquer l'économie française, le gouvernement Chirac pratique le "ni ni".  Nicolas Sarkozy est élu sur la promesse de la rupture. Il ne l'a fait pas. La crise est là.  La dégringolade commence, symbolisée par la perte du triple AAA par une agence de notation, la mise en remorque de la France derrière l'Allemagne, la prise de conscience qu'une évolution à la grecque est possible en France. 

Et voici venir des élections présidentielles essentielles. 

Les Français et la France ont-ils compris ce qui leur arrive ?

Le slogan des socialistes est clair : on fera payer la crise aux riches. Un mouvement de fuite des classes possédantes se déclenche, de la même ampleur qu'en 1981. Ces familles ont fait leur calcul : ils paient entre 75 et 100% d'impôts. On veut leur prendre environ  10 points de plus. Cela les laissera avec entre 15% et -15%  de ce qu'ils gagnent.  Ils partent. Normal.

De toute façon ils savent que Nicolas Sarkozy n'a même pas eu le courage élémentaire de supprimer l'ISF et les 35 heures,  de mettre au pas les collectivités locales, ni de mettre fin autrement que par des mesures d'apparence, aux excès de la gestion publique.  Ils savent que la phraséologie de gauche lui sied dès qu'il est en besoin de recettes fiscales. Présenté comme "le président des riches" il est devenu le président méprisé des riches tout en restant méprisé à gauche pour son style et les aberrations "bling bling" de son début de quinquennat.

Quels sont les thèmes électoraux  qui se dégagent ? 

- "Produire français".  Ce slogan est vide de sens dans un monde où la sous-traitance est généralisée et où les composants de la plupart des produits proviennent en majorité de l'étranger, européen ou extra européen. Bien sûr il faut égaliser la compétition en évitant de charger notre production de contraintes tout en acceptant qu'elle soit concurrencée par des produits qui ne respectent pas ces contraintes. Bien sûr il faut mettre fin aux baisses volontaires de devises de pays concurrents, bien plus anticoncurrentielles que les écarts de coûts de production.  Mais le protectionniste n'est pas la solution. Il porte atteinte au moteur de notre future croissance. Ce sont nos entreprises capables d'affronter le monde qui seraient pénalisées dans l'espoir insensé de sauver nos industries dépassées. Une folie absolue.

- "Sortir de l'Euro". Ce slogan est tout aussi  vide de sens. Au point où on en est il est impossible de revenir à un Franc gaulois sans faire défaut sur toutes nos dettes en Euros et en devises étrangères. Faire faillite n'est pas le solution. Tout du moins pas encore. Il y a d'autres voies. La première est évidemment la réforme de l'Euroland et des mécanismes de l'Union Européenne. Elle doit être associée à une action  vigoureuse de l'Union pour la réforme du système monétaire international.

La France malthusienne, cartellisée, assommée de prélèvements, envahie par la dépense publique, et incapable de se réformer, est mal partie.

Croire qu'elle va s'en sortir en "faisant payer la finance" ou "en faisant payer les riches", ou en sortant de l'Euro, ou en mettant en place un protectionnisme fort, est une illusion.

Si l'élection présidentielle conforte ces illusions La France est sur le chemin de la décrépitude et de la marginalisation définitive.

On dit : la France ne voudra pas de Margaret Thatcher ! La France n'a pas besoin d'homme providentiel ! La France n'a pas besoin de croquemitaine !

On veut dire : pitié monsieur le bourreau encore un instant avant le grand saut.

Ce sont des pleurnicheries grotesques.

Il faut retrouver un avenir, disposer d'un horizon. On sait ce qu'il faut faire. Il suffit d'avoir le courage de le faire.

Mais oui il faut casser les reins aux dockers qui ruinent consciencieusement nos ports depuis des décennies. Et alors ?

Mais oui il faut supprimer toutes les subventions à la presse et casser les reins aux ouvriers du livre. Et alors ?

Mais oui il faut contrôler la dépense publique dans les régions et les collectivités locales. Et alors ? 

Mais oui il faut que la croissance des recettes  publiques soit strictement limitées à celle de l'économie, en tenant compte du cycle économique. Et alors ?

Mais oui il faut que l'âge de la retraite pour tous, dans un cadre unifié, soit portée à 67 ans. Et alors ?

Mais oui il faut supprimer la couverture publique du petit risque. Et alors ?

Mais oui il faut réduire le nombre de députés, de sénateurs, de conseillers régionaux, de conseillers départementaux, de conseillers municipaux. Et alors ?

Mais oui il faut revenir au 40 heures. Et alors ?

Mais oui il faut renoncer à subventionner aussi massivement le secteur de la culture et mettre fin au statut des intermittents du spectacle. Et alors ?

Mais oui il faut réformer les subventions agricoles. Et alors ?

Mais oui il faut fiscaliser les recettes des comités d'entreprise et contrôler leurs dépenses. Et alors ?

Mais oui il faut transférer sur la consommation les prélèvements qui touchent la production. Et alors ?

Mais oui  il faut renoncer à mille subventions tout en fusionnant mille autres afin de les réduire et de les contrôler plutôt que de les accumuler. Et alors ?

Mais oui il faut supprimer l'échelon du département. Et alors ?

Mais oui il faut provoquer un choc fiscal en supprimant l'ISF en contrepartie d'une hausse temporaire de l'IR et en garantissant les Français susceptibles d'investir qu'ils pourront le faire sans être tués fiscalement. Et alors ?

Mais oui il faut mettre fin au RMI et au RSA et revenir à un système de palettes de subventions temporaires gérées au plus près des besoins. Et alors?

Mais oui il faut réduire les charges pesant sur les entreprises en évitant de les transférer sur la dette. Et alors ?

Laisser croire  qu'on pourra conserver toutes ces anomalies, pour certaines honteuses, en taxant la finance,  en ruinant les riches, en quittant l'Euro et en élevant des frontières commerciales est une mauvaise action contre la France.

La rupture avec les anomalies est indispensable. Désintoxiquer la France et les Français des subventions est crucial. Oui il faut une rupture ciblée, sinon c'est une rupture globale qui se produira, nous laissant dans une situation de pure ruine.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Le programme de M. Hollande

Comme toujours le programme d'un candidat socialiste à la présidence de la république contient :

- la dénonciation d'un bouc émissaire : ici c'est "la finance", vocable suffisamment lâche pour ne fâcher personne individuellement. Comme en France la finance est essentiellement entre les mains des hauts fonctionnaires et d'anciennes entreprises d'état vivant en concubinage avec lui, cela risque d'être drôle. Il faut traduire : on va frapper l'épargne et les retraités.

- la sanction contre les vilains riches : on va à la fois augmenter l'ISF et la tranche haute de l'IR. Les 200.000 familes concernées apprécieront. La fiscalité des placements sera alignée sur l'IR. Le tout représente une perte de revenu disponible pour cette tranche de population, déjà taxée entre 80 et 90%, d'environ 10% soit la moitié du revenu disponible. Les départs sans  fanfare vers l'étranger ne peuvent que reprendre puisqu'en sus il n'y a plus de "bouclier fiscal" ni de niches. On va donc droit vers l'existence à nouveau d'une dizaine de milliers de personnes frappées à plus de 100% sur leur revenu. 

- quelques cadeaux ciblés à la clientèle. On abandonne la RGPP, pourtant si molassonne, pour ne pas indisposer les fonctionnaires.  On augmente le nombre des enseignants, clientèle de base du PS. On joue avec le Livret A pour faire cadeau de quelque chose à l'épargnant qu'on accable par ailleurs.  On augmente la dette garantie par l'état, ce qui est de circonstance. Quand on sait qu'actuellement le Livret A ne rapporte rien et même perd vis à vis de l'inflation, les pauvres sont sûrement super heureux. On remet à 60 ans le départ à la retraite des cotisants ayant commencé jeunes. On frappe les communes qui ne font pas assez de logements sociaux. On crée des emplois jeunes par dizaines de milliers.

On se demande où est passée la crise.

Non pas que toutes les mesures soient intrinséquement mauvaises.

Oui il fallait augmenter provisoirement la tranche haute de l'IR mais en contrepartie de la suppression de l'ISF. Euro pour Euro. Et en créant une tranche à 50% au delà de 500.000 Euros.

Oui il faut séparer l'activité pour compte propre des banques et la gestion des dépôts. D'une façon générale il faut mettre fin au modèle de banque universelle qui débouche sur la multiplication des conflits d'intérêts.  Mais faire des financiers des boucs émissaires n'a pas de sens. Ce ne sont pas les "financiers" français qui sont à l'origine de la crise actuelle.

Non on ne peut pas accepter de ne rien réformer ni de ne rien trancher à la hâche dans les dépenses publiques nationales et régionales.  Le retour du ni-ni est décourageant.  On regonfle l'état au moment où on devrait le dégonfler.

Si on considère les priorités affichées depuis des lustres par notre Cercle, le dégonflement de l'Etat, la réforme des institutions européennes, le retour à un cadre fixe des changes, il n'y a exactement rien dans le programme de M. Hollande en ce sens.

Attendons le programme du candidat de la droite. On verra sans doute que sur ces mêmes critères les mesures concrètes seront faibles voir inexistantes.

Pendant ce temps la crise continue. La dette grecque, problèmatique depuis 2009, en crise ouverte depuis 2010, sans solution en 2011, bouillonne dans l'arrière salle.  Encore un effort et le "hair cut" sera de 100%, quelques milliards piqués aux épargnants français, auxquels s'ajouteront les mesures Hollande s'il est élu. La dette française continue à augmenter, merci ! La récession avance majestueusement. On va frapper les épargnants qui auraient pu refinancer la dette et financer un plan de sortie de récession.

Tout cela est parfaitement incohérent.

Est-il si difficile d'exiger des politiques un peu de respect pour les habitants et les citoyens, un peu de clairvoyance économique, et même tout simplement un peu de raison ?

Dette : deux mots à Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro.

Les lecteurs du Figaro connaisse bien Ivan Rioufol ainsi que les spectateurs des diverses chaînes de débats télévisés de la TNT (télévision numérique terrestre). Cet éditorialiste aime bien fustiger les politiques. Il n'aime pas leur "droit de l'hommisme", leur "politiquement correct", leur trop grand souci vis-à-vis des immigrants, leur incapacité à voir les dangers de l'islamisme, leur peu d'ardeur à identifier les vrais problèmes de la société et à les corriger. Pour lui les Français sont des "citoyens abandonnés" par les vilaines élites politiques mondialisées. Zemmour-Rioufol même combat !

Dans son éditorial du 20 janvier 2011 il s'en prend violemment aux politiques à qui "il reste à affronter leurs erreurs passées" en matière de libéralités diverses qui ont conduit à un endettement suffocant. C'est un thème que nous explorons si souvent que nous ne saurions lui en faire grief.  La charité publique sans limite avec l'argent des autres qu'il soit prélevé ou emprunter a bien  mis la France dans une situation impossible.

Nous aimerions même qu'Ivan Rioufol et ses amis du Figaro aillent plus loin : qu'ils comparent sur les quarante années passées la croissance de la valeur ajoutée des entreprises privées et celles des dépenses publiques. Ils verraient que nous en sommes arrivés au point où la dépense publique dépasse la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand privé !  Cela veut dire que même si les entreprises cessaient d'amortir leurs machines, les salariés de toucher leurs salaires, les capitalistes de toucher leurs profits, et donnaient tut à l'état, absolument tout, cela ne suffirait pas à payer les dépenses publiques.

Il est sûr qu'on est dans le mur et que pour en sortir il n'y a qu'une solution : diminuer drastiquement la dépense publique. Le dernier plan Fillon qui propose 10% de réduction de dépenses publiques contre 90% d'augmentation d'impôts n'est visiblement pas dans le bon axe. Il est vrai que  Le Figaro malgré son optique pro gouvernementale l'a remarqué.

Il faut bien à la France la "kartoffelkur" que les Danois ont réalisé, après les Canadiens, les Suédois, les Néozélandais, et même les Allemands dans une certaine mesure.  Pendant près de 20 ans ces succès ont été totalement passés sous silence  dans la presse nationale quotidienne. Qu'ils viennent aujourd'hui à la surface de leurs pages, bravo ! Ils n'avaient aucune vocation à rester dans la seule blogosphère.

Vous avez raison M. Rioufol. Il serait absurde pour les politiques  des partis de gouvernement de  "faire taire les enquiquineurs à calculette".  Nous en sommes ! Dénoncer publiquement les "vérités interdites" est une excellente initiative.
Nous avons décidé de vous y aider en abordant un aspect qui vous intéresse et que vous n'avez pas encore traité, sans doute par simple oubli : les subventions à la presse.  Ces subventions sont vertigineuses par leur nombre, leur ampleur, leur croissance. Elles ont largement contribué à la dérive de la dépense publique  et de la dette que vous dénoncez de façon si juste.  Le président Sarkozy, en dépit de sa volonté de rupture et M. Fillon son premier Ministre, malgré l'état de faillite qu'il avait diagnostiqué, n'ont pas remis en cause ces libéralités. Au contraire ils ont massivement activé la "pompe à phynances" pour vous gorger de subventions.

Il n'y a pas un seul acteur de la vie d'un journal, qu'il s'agisse de ses propriétaires, de ses journalistes, de ses ouvriers, de ses distributeurs, de ses supports qui ne soit grassement subventionné.

Pourtant lorsqu'on regarde le capital des grands journaux on ne voit guère la justification de ces libéralités. Le Figaro est détenu par M. Serge Dassault, très estimable milliardaire, vivant encore largement en symbiose avec l'Etat. Le Monde est entre les mains de M. Lagardère dont la fortune s'est constituée également dans les canons et la connivence publique et d'un trio de milliardaires moins marqués dans les armes mais tout aussi milliardaires. M. Xavier Néel a fait fortune dans les messageries pornographiques  et le Minitel, la plus belle innovation technocratique française, avant d'investir dans le téléphone et désormais Internet. M. Bergé est un socialiste milliardaire anciennement spécialisé dans l'exploitation et la promotion des grands talents artistiques comme MM. Bernard Buffet et Yves  Saint-Laurent. M. Pigasse est un candidat milliardaire façon Lazard, avec tonalité Rocker. Libération est amicalement soutenu par un Rothschild  peu connu pour son manque de moyens. Le Nouvel Obs est entre les mains d'un milliardaire discret mais puissant, Claude Perdriel. L'arrivée de Mitterrand lui a permis de racheté le Vivier, cette belle propriété qui a servi à tourner le film Le Président avec Jean Gabin et dont la valeur aujourd'hui doit tourner autour de 10 millions d'Euros. On pourrait continuer ad libitum avec les autres magazines (Marianne, …) et la presse régionale (Jean Michel Baylet, le fameux "veau élevé sous sa mère", et son groupe politico capitaliste de la Dépêche), dont aucun des propriétaires n'est spécialement pauvre. Les saga Amaury ou Hersant, le "papivore", prouvent qu'on a pu encore faire fortune en partant de rien dans le domaine de la presse.  Pourquoi des subventions ?

L'observation des rémunérations des journalistes n'inspire guère plus de pitié. Le temps du journaliste famélique est terminé depuis longtemps. Le recrutement ne se fait plus dans les rangs anciennement innombrables des non-titulaires du Baccalauréat et des farceurs à belles plumes.  Sortir de "Normale Sup" est désormais de mise pour diriger une rédaction que ce soit de la variante Saint Cloud pour Nicolas Demorand ou Sèvres pour Christophe Barbier.  Les meilleurs éditorialistes ou chroniqueurs ont rapidement compris les énormes possibilité du multimédia et du "vu à la télé".  On voit leur "bobine" partout. Leurs livres sont partout en devanture des librairies.  L'exemple d'Alain Duhamel participant allègrement aux médias écrits (livres et un nombre étonnant de journaux en province, radios, télévision) a été suivi par pratiquement tout le monde, y compris les belles plumes du Figaro. Où ne voit-on pas Yves Thréard ? Le succès poly médiatique récent  d'un Eric Zemmour est tout à fait spectaculaire. Vous-mêmes M. Rioufol… Rassurez vous, nous ne visons pas le Figaro spécialement  : ce fut pareil pour le Monde  et les fortunes de Jean Marie Colombani ou de son mauvais diable, aujourd'hui à Médiapart, Edwy Plenel,  sont là pour le confirmer.

Cet enrichissement est une excellente chose. Il est du largement aux talents des journalistes concernés. Mais en quoi justifie-t-il que ces activités soient subventionnées par l'Etat et les revenus des journalistes détaxés, ces avantages étant payés notamment par les pauvres qui paient la TVA?

On pourrait dire la même chose des non journalistes travaillant pour les journaux. Les ouvriers du livre sont une catégorie de salariés particulièrement chouchoutée avec un temps de travail très réduit, parfois nul, des avantages innombrables et des salaires souvent mirobolants. Les propriétaires des journaux ont choisi de pactiser avec le Syndicat du Livre en s'entendant sur le dos des contribuables pour faire financer une partie de leurs abus par l'impôt.
Un seul propriétaire s'est révolté contre les abus du Livre CGT :  Emilien Amaury, il y a bien longtemps.  Il n'a pas été soutenu et au contraire condamné par tous les autres propriétaires,. Son combat a sans doute un lien avec sa mort. Le Parisien aura le lendemain de son décès ce titre éloquent : "le cheval d'Emilien Amaury sort indemne d'un accident".  Rappelons que la CGT fera de ce combat une bagarre de chiffonniers allant jusqu'à la mort d'autres hommes.  Le courage d'Amaury aura été bien solitaire.

On pourrait légitimement penser que parmi les erreurs passées des gouvernements successifs vous alliez dénoncer, M. Rioufol, cette abondance de subventions aussi  massives que dénuées de justification.  On attendait des articles vengeurs avec des titres comme : "Non l'état n'a pas à payer pour les riches quand ils sont propriétaires de journaux" ; "Non ce n'est pas à l'état de payer la conversion au numérique de la presse", "Non ce n'est pas à l'état de nous aider à financer les contrats fous que nous avons passé avec les ouvriers du livre", "Nous ne voulons plus de subventions à la distribution des journaux",  etc.  Vous auriez pu tenir au moins un an avec un philippique de ce genre chaque semaine.

Mais là, rien. Le silence complet. On regarde ailleurs en sifflotant. "Les pratiques frauduleuses à la limite de la voyoucratie" des Ouvriers du Livre ne méritent pas d'être aérées dans votre éditorial. Le "frein à la modernisation libérale du pays" que constituent les impôts versés aux journalistes et aux  propriétaires de journaux n'existe pas. Serait-ce une de ces "vérités interdites" ?

La cohérence voudrait que vous auto-dénonciez les subventions et avantages publics qui baignent votre activité. Mais vous ne le faites pas M. Rioufol. Partout dans la presse ou dans les médias radio télévisés on n'entend parler que de la spécificité de la culture, qui doit être massivement aidée, de la fragilité des journaux, qui doit être compensée par l'impôt, pour que le débat public ait lieu. La collectivité des journalistes considère que l'Etat doit avoir une politique de soutien "à la démocratie", c'est-à-dire à eux.  Les journaux ont un "droit à" la subvention publique sans limite.  Leur pouvoir de nuisance  est très bien compris par les politiques qui de tout temps et en particulier dans la période récente de surendettement des Etats ont multiplié les arrosages fiscalisés ou pris directement sur la dette.

L'endettement de la France provient pour partie de l'acharnement des journalistes et des propriétaires de journaux à obtenir des subventions et des avantages.  La désintoxication générale passe aussi par le démantèlement de tous ces dispositifs.

On s'attend d'ailleurs à ce que le Figaro commence une campagne en ce sens dès lundi prochain. Merci de vous atteler Monsieur Ivan Rioufol à l'éradication de  ce compartiment du "modèle français" dont vous dénoncez si bien les autres composantes. Nous, ici, on vous soutiendra

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.



Mondialisation fiscale genre "Fatca" : refuser la tentation "totalitaire" !

Chaque personne dispose d'un droit naturel au monde et à la protection de ses droits dans le monde. La liberté est d'abord individuelle. L'organisation d'un monde où chacun a le droit d'aller et venir, de contracter, de s'installer, de se marier, de travailler, dans le respect des lois locales démocratiquement débattues et soumises à la censure des droits fondamentaux de l'homme tels que définis dans une charte universelle, reste un des grands enjeux de l'humanité. La mondialisation, c'est-à-dire principalement le droit protégé  pour les hommes à une certaine ubiquité indépendante du pays de nationalité est dans cette perspective un progrès.


Les aspects économiques du comportement humain, la production, le travail, la consommation, l'épargne, l'achat, la vente, ne sont plus centrés sur une zone géographique ou politique donnée. L'homo économicus est devenu polycentrique et en décalage avec le citoyen.

En un mot il est désormais possible de disposer de sources de revenus partout dans le monde, de travailler simultanément en plusieurs endroits du monde, de produire en plusieurs endroits du monde, de dépenser en plusieurs endroits du monde, de posséder de l'immobilier dans des pays différents etc.

Cette nouvelle réalité qui concerne maintenant des cohortes importantes de citoyens pose de difficiles problèmes de philosophie fiscale qui méritent qu'on s'y arrête un instant.

Deux conceptions peuvent être envisagées :


- La centralisation fiscale : on organise la dépendance fiscale universelle rattachée principalement à la citoyenneté, qui correspond à une vision agrégative et totalisante  des comportements économiques. C'est l'agent économique qui est taxé où qu'il s'agite.

- La décentralisation fiscale (ou polycentrisme fiscal) : ce sont les actes économiques qui sont taxés et ils le sont dans le pays où ils ont lieu.
 
Il est intéressant de constater les principes appliqués  aujourd'hui selon les différents types d'actes économiques.

Pour la consommation, dont l'imposition représente une très forte proportion de des prélèvements globaux, la règle qui s'applique le plus souvent est celle du lieu de consommation. Un citoyen qui voyage beaucoup paiera donc des taxes un peu partout à des fiscs différents. C'est le principe du démembrement fiscal polycentrique qui prévaut.

Pour le travail, on a vu lors des polémiques sur la directive Bolkenstein que de nombreuses chapelles politiques ou syndicales  ont plaidés pour que la taxation qui s'applique soit également celle du lieu de l'acte.  Tout non résident qui peut être amené à travailler temporairement ou durablement dans un pays suit les règles sociales et fiscales du pays où il travaille. Le travail transfrontalier, l'activité des  saisonniers est typique de l'application de ce principe.  Ce qu'on appelle les charges sociales, en fait les charges sur le travail, sont généralement celles du pays d'exercice du travail. Même si le travailleur n'est pas résident. 

Le principe polycentrique régit donc des impôts qui en France représentent les deux tiers du prélèvement global.

En revanche, le revenu du travail est considéré par les pays qui le mette en œuvre comme devant être centralisé et taxé par le fisc de la résidence fiscale.

Pour les impôts immobiliers, la règle effectivement appliquée est moins claire. Les taxes locales sont évidemment attribuées au pays où se trouve le bien.  Mais que se passe-t-il s'il y a un impôt collectif sur la fortune ? Là les promoteurs de ce type d'imposition exigent l'approche centralisée qui pose le problème de la connaissance du bien par le fisc de la résidence alors qu'il n'a pas de moyens de contrôle direct.  Il est vrai que le nombre de ces pays est peu important.

Pour les gains financiers et les placements, la plupart des fiscs ne veulent pas entendre parler d'une optique de fiscalité par pays de détention. Cela parait naturel à beaucoup de Français mais il est des pays où le revenu externe n'est taxable dans le pays de résidence qu'à partir du moment  où il y retourne. Tant qu'il reste "hors les murs" il n'entre pas dans la sphère fiscale de la résidence. 

C'est ce qui se passe au Royaume Uni et c'est ce qui a fait la fortune des îles anglo-normandes. Les groupes de chanteurs pop par exemple laissent le revenu de leurs tournées à l'étranger à Jersey où ils ne sont taxables que selon les règles de Jersey. Lors que l'argent entre en Angleterre il devient taxable. Aussi bien, un écrivain qui vendrait partout dans le monde pourrait parfaitement disposer d'un yacht ou de propriétés un peu partout et de revenus d'épargne ou de droits d'auteur non taxés et non déclarés sur son lieu de résidence, tant qu'il n'utilise pas son revenu dans son pays de résidence.

La conception centralisatrice veut au contraire que tout bien possédé et tout revenu qui lui soit associé  servent d'assiettes fiscales dans le pays de résidence et doivent y être déclarés avec toutes les difficultés de contrôle afférentes.

Entre centralisation et décentralisation pratiquement tous les systèmes fiscaux  hésitent  et les plus souvent mélangent allégrement les deux conceptions centralisatrice et décentralisatrice.  Il n'y a aucun principe ni aucune autre rationalité que l'opportunité.

Est-il possible de sortir de cette ambiguïté  et d'arrêter des principes fiscaux stables et uniques s'appliquant à toutes les formes de comportements d'un individu ? En un mot faut-il choisir entre une approche centralisée de la fiscalité ou une approche décentralisée et polycentrique, sachant que le progrès dans l'exercice des libertés n'est pas le moindre objectif ?

De plus en plus les nations vont se trouver confronter à des cohortes grandissantes de ressortissants "mondialisés" pour tout ou partie de leurs activités économiques. La question n'est pas sans importance et grossira avec le temps.

Pour les personnes morales, les entreprises,  l'affaire est déjà pratiquement classée : ce sera l'optique décentralisatrice. On a vu avec l'affaire Total et c'est vrai pour les grandes entreprises du Cac 40 et en vérité pour  toutes les entreprises à développement international, que la France n'impose plus les résultats obtenus hors de France. L'optimisation fiscale entre filiales marche à fonds. On a renoncé à l'identité fiscale unique de l'entreprise. Certaines forces politiques veulent revenir sur ce renoncement. Ils se heurtent à une réalité : il suffit de changer le lieu de résidence  fiscale du siège et le fisc  se retrouvera uniquement avec les filiales françaises. Alors à quoi bon rechercher l'impossible ? Le débat est ouvert et "chaud". Mais il est clair que la nationalité fiscale de l'entreprise devient une notion un peu fuligineuse.


Pour les personnes physiques la question est moins évidente et peut conduire des conséquences ubuesques. 

On le voit avec le choix américain du citoyen fiscal "universel".

Ce système "nationalise" toutes les actes d'un individu où qu'il les exerce et les totalise. On en arrive à des situations étranges qui n'ont rien de théoriques. Vous êtes né américain et vos parents vous ont emmené jeune hors des Etats-Unis. Vous avez été élevé à l'étranger où vous vous êtes mariés et travaillez. Adulte fiscal vous devez faire néanmoins une déclaration au gouvernement américain de vos avoirs et de vos revenus, alors que vous êtes éventuellement resté 5 jours (ou jamais)  dans votre pays de rattachement,  il y a peut-être quarante ans.  On n'échappe pas à la nationalité américaine.


Cette vision est parfois et  justement appeler "totalitaire". Elle entraîne le monde dans une logique folle.  Tout Etat où un citoyen étranger est ainsi taxé est sommé, lui ou des intermédiaires,  de déclarer les éléments taxables au gouvernement de son hôte sous peine de sanctions. Naturellement  les petites nations n'ont aucune chance de pouvoir jouer ce jeu là. Les grandes puissances, oui.

Les Etats Unis s'y essaient en ce moment avec une violence sans limite. La loi Fatca,"Foreign Account Tax Compliance Act",  qui va être mise en œuvre au 1er janvier 2013, est le prototype de ces machines menaçantes autant qu'extravagantes. L'état américain exige de toute institution financière à travers le monde, où qu'elle soit, qu'elle isole dans sa clientèle les nationaux américains et qu'elle fournisse les éléments déclaratifs qui permettront de vérifier leur déclaration annuelle. Faute de quoi tout mouvement financier que voudra effectuer cette institution  avec les Etats-Unis sera taxé à 30%, la taxe sur les transactions financières la plus extravagante que l'on ait jamais conçue. Le "totalitarisme" fiscal conduit à imposer des règles au monde entier, violant l'autonomie règlementaire et fiscal des autres nations.

Tout acte commercial d'achat, de vente, de versement de salaire ou d'honoraire, de transfert financier d'un national peut désormais impliquer des obligations déclaratives, administratives et fiscales qui s'imposent à l'ensemble des autres nations ou à leurs agents en contravention ou non avec les règles locales.  Accueillir un étranger, son travail, sa consommation,  ou un de ses avoirs revient à accueillir avec lui sa législation fiscale.

La logique absolue de cette théorie liberticide mènerait à considérer qu'une dépense dans un pays étranger devrait être chargée de la TVA du pays de nationalité et reversée à ce pays.  Pourquoi alors que la fiscalité touche toutes les dimensions économiques d'un homme voudrait-on qu'une seule forme échappe à l'Etat totalitaire ?


Corolaire intéressant, dans les pays qui imposent un impôt religieux cela voudrait dire qu'un agnostique émigré devrait tout de même fournir son du à une église qu'il ne fréquente pas. Cela veut dire que s'il faisait, hors de son pays de nationalité,   un mariage ou tout acte qui génère une donation religieuse taxée dans son pays d'origine il faudrait qu'il verse quelque chose à sa paroisse "nationale" ou au fisc !  

Si tous les pays adoptaient le régime fiscal centralisé il faudrait que fisc, entreprises, banques et commerces identifient la nationalité de leur client et adaptent leurs pratiques à toutes les législations particulières des nations existantes (il doit y avoir 193 nations membres de l'ONU).

Sombre folie qui n'a pas retenu le bras du législateur américain.

Cela signifie que la théorie fiscale centralisatrice  tue l'indépendance des nations et en même temps  asservit les libertés essentielles  de contracter, d'aller et venir etc. Tout acte d'un citoyen à l'étranger devient  suspect et déclarable. Les libertés se doivent d'être traçables pour être taxables.   La surveillance individuelle  de tous les actes économiques devient une règle absolue. Big Brother est là.  Il est partout. Plus le Brother est Big plus l'indépendance des autres Brothers plus petits est remise en cause. Les petits flics sont englobés par les grands flics.

Ce nationalisme  fiscal pose de nombreuses difficultés aussi bien pratiques que théoriques. Outre qu'il impose à chaque état d'avoir une législation fiscale pour tous les non nationaux qui ont une action économique chez eux,  il crée des effets de bord particulièrement choquants. Que faire des multinationaux ? Peut-on renoncer à sa nationalité ? Que faire des apatrides ? Comment articule-t-on droits propres à la résidence et droits nationaux en matière fiscale ?  Sur tous ces sujets on arrive souvent à des situations indéfendables. Si un national américain décède alors qu'il est résident ailleurs le fisc des Etats unis est en droit d'exiger 30% de la valeur de ses biens immobiliers sis hors des Etats-Unis !   

Il faut  rejeter cette approche hystérique.  La solution la plus stable et la moins conflictuelle est de considérer que si vous avez des activités multiples assises sur plusieurs zones fiscales, alors votre activité est démembrée par zone fiscale. Chaque entité paie son écot local. Si vous rapatriez vos biens et revenus dans votre zone de résidence la législation de votre résidence s'applique.

Ce schéma "polycentrique" est simple et rationnel : il distingue entièrement le sujet fiscal du citoyen. On peut être sujet fiscal sans être citoyen de sa résidence ; on peut être citoyen sans être sujet fiscal. On peut être un sujet fiscal multiple en étant un citoyen unique ;  un sujet fiscal unique en étant un citoyen multiple.

L'homme a le droit de bouger et d'être multiple. Cette liberté générale de mouvement et d'action économique  marque  le progrès de l'humanité dans son ensemble vers un stade supérieur d'organisation. Avoir un système fiscal qui reconnait cette multiplicité et l'organise sans flicage insensé est parfaitement admissible. Tout ce qui va dans le sens inverse, peut être assimilé à une forme d'assignation à résidence qui est toujours mortelle pour les libertés et les droits de l'homme.

Le droit fiscal ne peut être distingué du droit général à la liberté.

L'inquiétant est de voir des Etats affolés par des besoins de dépenses publiques insatiables quitter ces territoires de liberté pour aller vers une idée totalitaire de la fiscalité.  Le moteur de ce totalitarisme est l'assimilation entre citoyenneté et fiscalité. Chaque individu appartient, comme un esclave, totalement à son pays de citoyenneté. Chaque propriété est assortie d'une clause de propriété dérivée de l'état de citoyenneté. Chaque revenu est d'abord un droit de l'état de rattachement qui en concède ce qu'il veut bien.  Ce totalitarisme fiscal fait de l'individu un concessionnaire précaire et à merci de sa nation de rattachement.

La fiscalité totalitaire va considérer que tout revenu ou tout capital, où qu'il ait été perçu et où qu'il se trouve est une base fiscale nationale déclarable et éventuellement taxable. Elle va considérer que toute dépense, où qu'elle ait été faite devrait payer les mêmes taxes que celles que le citoyen aurait du payer dans son pays de rattachement national, puisque sinon il échappe à l'équilibre subtil établi entre les différentes taxations. Elle va considérer que tout mouvement de capital ou de revenu entre diverses zones fiscales doit être taxé au profit de la nation. En cas de décès, les biens d'un national reviendront en tout ou en partie à sa nation.

Lorsqu'on s'est lancé dans ce totalitarisme fiscal on emmêle la pelote de façon rapidement inextricable et toutes les solutions deviennent  arbitraires, choquantes, liberticides. Au nom du contrôle universel de l'action économique d'un individu comme assiette fiscale on tue les libertés essentielles et on suscite des fraudeurs par millions tout en créant une multitude de tensions entre les différents pays "souverains".

Il ne faudrait pas croire que ce débat ne concerne que la loi FATCA et les Etats unis.

La mauvaise coexistence des droits fiscaux entre voisins européens est manifeste et conduit à des solutions parfois démentes. Que l'on regarde simplement la formule du calcul des droits de Rubiks !  Le désir de voir établi des "exit tax" particulièrement attentatoires au droit élémentaire à la propriété ne concerne pas que les Etats Unis. La France s'y est essayée avant d'être retoquée par la justice européenne. On entend des candidats prétendre que toute personne cherchant à quitter la résidence française ou la nationalité, ces gens là ne font pas de différence, seront obligés de s'acquitter de toute une série de droits, y compris le remboursement des apports sociaux de la nation (par exemple rembourser tout ou partie des gratuités reçues ou des apports légués par la collectivités).
 
Le globalisme  fiscal nationaliste  ne concerne pas seulement les propriétés et revenus acquis ou gérés  à l'étranger. Il est souvent associé à des thèses qui prétendent que le citoyen n'a qu'un droit de propriété révocable.  Le revenu maximal ou la propriété de valeur maximale sont des compagnons de cette attitude répandue en france. Ces mesures violent sans pudeur le droit des gens à leur propre revenu et à leur propre propriété.  Il ne s'agit plus de contribution à des frais communs nationaux, d'ailleurs restrictivement définis, et qui dans certaines constitution ne concernent que des politiques de défense (police, diplomatie, guerre). La collectivité s'arroge le droit de fixer une limite à votre revenu et à vos propriétés. On vous concède vos droits sous réserve et dans la précarité. Il va falloir aller chercher si à l'étranger vous n'avez pas tenté d'éluder des règles que certains jugeront avec justesse comme contraire au droit des gens et spoliateurs.

Les Etats qui se sont laissés glisser sur la pente fatale de la dépense publique outrancière et de la  dette perpétuellement accrue (tant que le prêteur croit à la perpétuité) sont tentés par le totalitarisme fiscal. La France y succombe progressivement en s'appuyant sur l'exemple américain. L'Europe est coincée entre son légalisme qui fait la part belle aux libertés individuelles dans le cadre européen et l'interdiction des législations nationales visant à les brider,  et sa volonté de puissance, notamment vis-à-vis de ses voisins les plus faibles comme la Suisse.

Le totalitarisme fiscal conduit à des conséquences multiples et universellement fâcheuses, dont l'une des plus graves est l'apparition d'une société internationale policière, soumise à la loi de la nation la plus forte. Tout le contraire d'un système de droit et d'une mondialisation heureuse poussant à la paix et à la fraternité universelle.

Il y a fort à parier que le totalitarisme fiscal sera un des grands drames de ce siècle. Il serait bon que les penseurs de la liberté s'en inquiètent un peu plus. Un des points d'applications immédiat pourrait être le refus par les Etats européens de la loi funeste que l'on appelle FATCA alors qu'on voit que l'ambition fiscale totalitaire américaine ne rencontre aucune résistance ni auprès de la Commission, ni au Parlement Européen, ni dans les instances nationales. Ne parlons pas des grands médias français qui ne sont jamais intéressés à cette question.

Les principes de la loi fiscale ne sont plus discutés en France sauf entre quelques députés et sénateurs  spécialisés et les experts du Trésor. Dix personnes, peut être,  guidées généralement plus  par l'opportunisme qu'autre chose. Ils méritent pourtant  un large débat. Nous mêmes au Cercle des économistes e-toile nous sommes pour le principe que les droits s'appliquent là où les activités  s'exercent sauf pour des dérogations (temporaires ou pragmatiques vu les sommes concernées comme dans la directive Bolkenstein) et pour une fiscalité seulement contributive et non pas concessive. Nous nous opposons absolument au "totalitarisme" fiscal. 

Nous militons pour la rationalité en matière fiscale contre l'opportunisme irrationnel des hauts fonctionnaires et des parlementaires (et qui sont largement les mêmes personnes). Il faut que la loi fiscale parte de principes, respecte des normes qui en découle simplement et soit protectrice des individus. Sinon on sombre dans la confusion, le n'importe quoi généralisé, l'insécurité juridique et fiscale,  et la prédation pure et simple.  Avec des effets pervers économiques désastreux.
 
Sans compter la guéguerre perpétuelle entre les différentes nations. La mondialisation est à la fois la condition et la résultante d'une plus grande extension des libertés. Elle implique pour bien fonctionner que la fiscalité d'un pays s'applique aux actes économiques qui se sont produits dans le pays quelque soit la résidence fiscale de l'acteur  et non pas à tous les actes économiques faits dans le monde par ces citoyens. En un mot il faut appliquer les principes actuellement en œuvre pour les taxes à la consommation. Sinon sur le modèle de Fatca ou de Rubiks on va vers une véritable folie hystérique et contentieuse destructrice des libertés, faisant la part belle à l'arbitraire des plus forts et rendant la vie impossible à tous.



"La Grève" de Ayn Rand

Il est des conjonctions amusantes.

La campagne américaine pour les présidentielles fait apparaître la France comme une sorte de repoussoir. Obama c'est la "social-démocratie à la française", la haine de l'entrepreneur, le mépris du succès, le triomphe des "pillards" qui exploitent les masses pour satisfaire des désirs qu'ils seraient incapables d'envisager sans le vol de la création des autres. En un mot l'horreur absolue. Réciproquement les journalistes de tout bord en France  font des "Tea Parties" qui ont secoué l'Amérique, le témoignage d'une sorte d'effondrement moral de la droite américaine qui aurait cessé de consentir au "politiquement correct" social nécessaire à la perpétuation du système.

Un film sur la Dame de Fer met dans la bouche de Mme Thatcher le même mépris : "vous voudriez imposer les Britanniques à 85% comme les Français". Qu'elle a été haïe Mme Thatcher, injuriée de toutes les façons par ceux-là même qui ont fait de la prédation fiscale et la récupération personnelle de l'argent des autres leur seul crédo ! "Reagan le clown et Thatcher la salope" ont été la manière convenue , on n'ose pas dire "de gauche", d'évoquer ces deux dirigeants sur les forums du net. Le film en question est magnifiquement interprété par Méryl Streep, il faut le reconnaître et techniquement sans faille. Mais il est oiseux. Laisser de Mme Thatcher l'image d'une femme touchante mais lamentable accablée par l'âge et abimée  par la maladie d'Alzheimer est une atteinte à la dignité essentielle d'une personne publique.  Si on tournait un film sur Léon Blum en pitoyable vieillard égrotant et troublé par les fuites de sa couche "Confiance", nous aurions une émeute dans tous les médias de gauche. Mais bon !

Et voici le bouquet : la parution en France, enfin  dans une excellente traduction,  du livre majeur d'Ayn Rand, La Grève (Atlas Shrugged) aux éditions Les belles lettres  grâce à la fondation Andrew Lessman (ISBN : 978-2-251-44417-8).

Ce livre n'est pas récent : il date de 1957, année de sa parution aux Etats-Unis. Il a connu un succès universel et immense. Les sondages  montrent que les américains y voient le livre  qui les a le plus influencé après la Bible, ce qui est curieux vu l'absolu athéisme de l'auteur.  Depuis qu'Obama a été élu le livre s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires aux Etats-Unis, succès renouvelé qui a conduit à sa parution en France, avec (seulement) 54 ans de retard.

Il est vrai que ce livre sera probablement reçu par la majorité des lecteurs français comme le serait en Corée du Nord un livre qui ne considérerait pas les KIM comme des dieux vivants. Il prend à revers tout le prêchi-prêcha qui justifie en France la détestation des entrepreneurs, les impôts spoliateurs, la multiplication indéfinie des "droits à", le justicialisme à la petite semaine qui veut que le faible ait raison contre le fort, le public contre le privé, le salarié contre l'entrepreneur, le client contre le fournisseur, le malade contre le bien portant, le piéton contre l'automobiliste, le fainéant contre le travailleur, l'abusif contre l'abusé, l'immigré contre le "petit blanc", le squatter contre le proprio, le délinquant contre l'honnête homme ("beauf" nécessairement "beauf"), le faucheur d'OGM contre le paysan…

Le livre n'est pas un roman mais ce qu'on pourrait appeler un conte ou une parabole philosophique. Il appartient plus à la catégorie de livres comme "Candide" ou "Les Lettres Persanes". En plus long : 1168 pages serrées !

Les personnages et les situations sont définis en fonction des thèses qu'ils doivent justifier. Ayn Rand est une intellectuelle de haute volée. Wikipedia indique justement :"Ayn Rand a, au fur et à mesure de ses écrits, constitué un mouvement philosophique intitulé l'« objectivisme » reposant sur le postulat selon lequel « ma philosophie conçoit essentiellement l'Homme comme un être héroïque dont l'éthique de vie est la poursuite de son propre bonheur, la réalisation de soi son activité la plus noble, et la Raison son seul absolu »".


Il ne faudrait pas croire que cette préoccupation philosophique rend le livre pénible et verbeux. Au contraire. Il se lit d'une traite avec de nombreux "morceaux de bravoure".


Nous n'aurons pas ici la prétention de le résumer.  Nous conseillerons plutôt de le lire, car indiscutablement l'œuvre est majeure et d'une grande actualité. 


Ayn Rand considère comme amoraux les cyniques qui, au nom de la haine de soi, essaient de détruire ceux qui méritent, par leur succès, l'estime de l'humanité, provoquant une totale inversion des valeurs. Elle juge intolérable ceux qui utilisent la force, non pas pour protéger la société, mais pour satisfaire les désirs de groupes prédateurs sur le dos des producteurs compétents, généralement en prenant la défense des besoins de la masse des incapables frustrés et envieux qui attendent des autres des satisfactions qu'ils seraient bien incapables de s'offrir sur leurs seuls mérites.


En un mot une forme d'égoïsme est salvatrice. Si les héros qui portent le monde à bout de bras, Atlas dans son image figurée, faisaient grève (d'où le titre) , la collectivité des pillards en serait pour sa violence stérile. Elle crèverait la bouche ouverte.  Sans la gamelle remplie par ceux qu'ils méprisent tous les grands prêtres du pillage organisé de ceux qui travaillent et réussissent seraient réduits au néant.


Ayn Rand frappe les religions toujours promptes à condamner "le profit" et à culpabiliser la vie, et les adeptes d'un pouvoir politique imposant le vol systématique des individus méritants. Disons que ce qu'on appelle parfois les "christo-cocos" n'ont pas particulièrement les faveurs de Mme Rand, juive agnostique qui a réussi à s'échapper d'Union soviétique au milieu des années 20 !


L'originalité de l'œuvre de Rand est justement qu'elle ne cherche pas à faire la critique facile d'un enfer mythifié dans le répulsif comme l'URSS. Ce sont les forces internes mortifères qui selon elle travaillent la société occidentale qu'elle met en scène pour démontrer leur caractère intolérable. 


Elle ne condamne pas "les autres", mais ce qui en nous trahit la vie et la grandeur de l'humanité et pour commencer la raison. "La Grève" est un immense salut à la puissance créatrice de l'homme rationnel qui dompte la nature et se construit un destin. Le savant qui a trouvé, l'entrepreneur qui a innové, l'ouvrier ou le cadre qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes dans le cadre d'un projet qui exige qu'ils se dépassent et qu'ils fassent preuve de compétences rares, sont les héros de l'humanité, pas les curés ni les commissaires politiques qui ne pensent qu'à les entraver. Ils ont droit à la juste rémunération de leurs apports et la force publique n'a aucun droit de les spolier.


On pourrait citer des dizaines d'extraits et il est difficile de trouver la citation courte qui permettrait de bien introduire à la pensée d'Ayn Rand. L'auteur est prolixe et dans ce conte, lorsqu'un personnage réponds à une question, il peut le faire sur 10 pages !


Essayons avec ces quelques lignes (p.1062 de l'édition française) :


"Un gouvernement qui emploie la force  sans être agressé et sans la contrainte par les armes contre de victimes désarmées est un cauchemar, une machine infernale conçue pour annihiler la morale. Ce gouvernement niant sa légitimité passe du rôle de policier protecteur à celui de criminel, ennemi du genre humain, investi du droit d'exercer la violence contre des victimes privées du droit de se défendre. A la morale, ce gouvernement substitue une règle de conduite selon laquelle tout est permis à condition d'être du côté du plus grand nombre. Il faut être une brute, un fou ou un lâche, pour accepter de vivre dans ces conditions, pour signer des chèques en blanc sur sa propre vie et son propre esprit, pour admettre que certains aient le droit de disposer des autres à leur guise, que le désir de la majorité a force de loi, que la brutalité se substitue à la justice, à la réalité, à la vérité. Nous les hommes de l'esprit qui ne sommes ni maîtres ni esclaves mais qui vivons du commerce avec autrui nous n'émettons ni n'acceptons de chèques en blanc. "


Ayn Rand condamne aussi de façon sévère les profiteurs qui font du business en liaison avec l'état en profitant de leurs relations au sommet pour se créer des occasions de profits indignes sur le dos des autres. Les "brillantes réussites" construites dans la coulisse des palais nationaux sont pour elle méprisables. Elles sont factices et n'appellent que "des approbations qui ne reposent sur aucune valeur, des hommage sans contenu, des honneurs sans cause, une admiration sans raison, …".  Toute ressemblance avec la situation oligarchique française ne saurait être qu'une coïncidence, bien sûr.


L'actualité d'Ayn Rand en France est certaine. La France est le pays qui a trouvé normal de confisquer la totalité du revenu d'une vingtaine de milliers de ses citoyens pendant trois décennies, où le petit salarié est l'occasion d'un prélèvement fiscal de près de 60% et où les entrepreneurs et les cadres dirigeants voient leur rémunération subir une amputation souvent supérieure à 85% (Thatcher avait raison !).  C'est le pays où hauts fonctionnaires et camarillas politico-bancaires ou politico industrielles se gavent, se nomment et se répartissent des gains douteux qui doivent plus au soutien de l'état qu'à leur talent propre.  


Arcboutés sur leurs privilèges ils multiplient les "cadeaux" démagogiques aux masses et s'acoquinent avec les syndicats dans leurs pratiques les plus douteuses. Ils sanctifient, la bouche pleine,  les Restos du cœur. Ils crient inlassablement Vive l'impôt (des autres, car stock options et parachutes dorés bénéficient d'une fiscalité favorable). Ils massacrent le train de vie de la population moyenne aisée tout en organisant des sources de revenus dégrevées et massives pour quelques happy few, dont eux, en premier.


On a d'un côté le Baron Seillières qui organise sous l'aile de l'état ce qu'il faut, semble-t-il, appeler le pillage de sa parentèle et des contribuables, de l'autre des Pérol qui à prix d'or font des allers et retours entre le public et le privé, cumulant les avantages en fraude des règles, des syndiqués de la Sealink qui volent impunément, des comités de grandes entreprises ex publiques qui sont dans la délinquance perpétuelle payée comme pour EDF par un impôt sur les pauvres, des sénateurs qui se sont organisés une pantoufle en or massif, des oligarques qui ont créé leur fortune lors des dénationalisations  et qui vivent en symbiose avec le pouvoir, quand ils ne se battent pas comme des chiffonniers (voir l'affaire Areva ou l'affaire Renault). 


Les honnêtes entrepreneurs privés du bénéfice de leur travail ne pensent qu'à partir ailleurs devant la perspective effarante de nouvelles spoliations, cette fois ci définitives. Ainsi que les générations nouvelles talentueuses (cuisinier ou diplômé de grande école) qui rêvent d'un ailleurs où la vie réelle et morale serait possible par le travail, le talent, l'énergie, l'esprit d'entreprise. 


Ayn Rand a écrit un roman pour montrer ce qui adviendrait si ceux qui font marcher la machine cessaient de jouer le jeu et d'accepter le viol continu de leur vie. Il n'était pas trop difficile de prouver que l'incompétent et le parasite ne font pas couler des "fleuves de lait".   La France, dont les dépenses publiques excédent la production de ses entreprises privées du secteur marchand , et les Français, nés malins, essaient de prouver la même chose sur la base de travaux pratiques exaltés depuis 30 ans. Ils y arrivent très bien.  la France  vient de perdre son triple A !  Surement un coup des Tea-Parties et une manœuvre occulte du fantôme de Mme Thatcher!


En dehors du plaisir de la lecture de ce livre, souvent jubilatoire,  diffuser la pensée de Ayn Rand ferait beaucoup de bien en France où l'on préfère la chaleur du prêche à la lumière de la raison. Même si naturellement nous ne partageons pas toutes les théories de l'auteur, allant très au-delà de la simple économie, la dénonciation du tout état, tout impôt, tout dette, tout copain, ne saurait faire du mal à ce stade de l'effondrement français.  


Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile


PS : la sortie de ce livre a été pratiquement occultée en France dans les grands médias nationaux.

Note à l'éditeur : l'abréviation de Monsieur en Français est M. (M point). Mr (sans point), abréviation de Mister,  serait un anglicisme, parfois toléré.  Mais Mr. (Mr point) est un solècisme qu'on regrette de voir répété ad infinitum dans l'ouvrage. On met un point à une abréviation en Français si et seulement si la dernière lettre du mot abrégé ne figure pas. Mme, Mlle, Mgr n'ont pas de point car la lettre terminale apparait.

Euro : une question amusante.

Lorsqu'on regarde les numéros portés sur les billets de banques libellés en Euros, on constate qu'il y a une lettre devant le numéro proprement dit.Cette lettre indique qu'elle est la banque centrale nationale qui l'a émis, selon le codage suivant :

L Finlande, N Autriche, R Luxembourg, S Italie, T Irlande, Y Grèce, M Portugal, P Pays-Bas U France, V Espagne, X Allemagne, Z Belgique.

Chacun dispose donc dans sa poche de billets de différentes origines. Personne n'y prend garde car tout le monde croit que ces billets sont parfaitement "fongibles", c'est à dire ont exactement la même valeur d'usage et de réserve.D'aute part la thésaurisation est faible même en ce moment. La quantité de billets dans la masse monétaire est faible, même si elle est en augmentation constante depuis 2007.

On peut donc penser que tout cela n'a aucune espèce d'importance.

En fait un billet est une créance sur son institut d'émission. Un billet portant un x est une créance sur la BUBA allemande. Celui qui porte un u est une créance sur la Banque de France.

On se souvient que sur les premiers billets la signature avait un sens : elle garantissait la conversion en or des billets.  Aujourd'hui la créance du billet ne peut être exercé puisque la liquidité suprême est justement le billet. Si vous allez à la banque centrale exercer votre créance vous risquez d'être un peu surpris. Le trésorier de ladite aussi d'ailleurs.

C'est vrai si et seulement si cette monnaie n'est pas convertie ou échangée. Lors du passage à l'Euro tout billet en Franc pouvait être converti en billet en Euro.  Le billet porte un droit de conversion. Mais en quoi et à quel taux ?

La question n'est pas que théorique. Si l'Euro vient à être supprimé et que chaque nation retrouve sa souveraineté monétaire qui convertira quoi en quoi ? Cas plus réduit : si seulement un petit groupe de pays conservent l'Euro et que les autres reviennent à leur monnaie, comment la conversion se fera-t-elle ?

Prenons le cas de l'abandon général.

La France revient au Franc et l'Allemagne au Deutchmark.Vous avez dans votre poche des billets marqués U et d'autres X.On imagine que le cours du DM augmente sensiblement par rapport au Franc, soit dans le cadre d'un système de change fixe mais ajustable soit du fait du marché si les changes sont flottants.

En droit "normal" seul l'institut qui a émis le billet est responsable de sa conversion.  Par conséquent les billets codés X peuvent être présentés à la BUBA qui donnera des marks à charge pour vous de convertir en Franc si cela vous chante. Dans une telle hypothèse, il serait intéressant de conserver tous les billets marqués X dans l'espérance d'une plus value lors de l'explosion de l'Euro. Si tout le monde connaissait le truc on assisterait à une fuite devant la monnaie codée u qui seule circulerait. La monnaie codée x serait thésaurisée. C'est l'application du principe de Copernic (appelée à tort loi de Gresham qui n'a fait que recopier le texte de Copernic) qui veut qu'une mauvaise monnaie chasse la bonne des marchés.

Différentes théories circulent sur le net qui exploitent cette idée.

Sont-elles crédibles ?

En cas de disparition concertée de l'Euro (on voit guère qu'il puisse y avoir une disparition "sauvage") il est plus que probable que les autorités définiront le cadre d'échange. Elles fixeront très probablement un taux de un pour un avec les nouvelles monnaies. Les banques nationales n'auront pas le choix : elles remettent leur billets à la banque centrale pratiquement quotidiennement. On ne tient pas compte de la lettre. Elles se retrouveront immédiatement avec un compte en Franc ou en DM à la banque centrale de leur pays. Pour les particuliers la chose est plus compliquée : devront-ils donner à convertir  tous leurs billets quelque soit le code d'origine à leur banque habituelle ou à l'agence de leur banque centrale, à charge pour les banques centrales d'effectuer les conversions nécessaires ? La Banque de france émettra uniquement des Francs en contrepartie d'euros codés france ou allemagne. Que fera-t-elle des euros en X ? Peut-elle les annuler alors qu'elle ne les a pas émis ? Normalement non. Elle devra les présenter à la Buba qui lui donnera en contrepartie des DM qui entreront dans ses réserves. Si le change du DM monte par rapport au Franc, la plus value ira automatiquement à la Bdf.

Les particuliers français pourront-ils demander la conversion en Allemagne et se retrouver avec des DM ? Est-ce que la Buba convertira tousles billets ou seulement ceux codés X ?  Si toutes les lettres sont convertis le fait de stocker du X n'aura servi à rien. La Buba se retrouvera avec des Francs après que la compensation des billets en X et en U aura été faite. Avec un risque de perte en cas de baisse du franc.

On peut considérer que si la baisse du franc est certaine la Buba ne voudra pas prendre ce risque.

Dans ce cas elle ne convertira que les billets en X en DM et les autres en Franc avec accord réciproque de swap entre banque centrale. Elle donnerait alors des francs contre des billets codés U. Symétriquement la Bdf donnerait des DM contre les billets codés X. Comme il a y a beaucoup plus de billets codés X que codés U en circulation, du fait des déficits de paiements français vis à vis de l'Allemagne, les Français se retrouveraient avec une masse de DM dans leur poche.On aurait un manque de liquidité en Franc sur les marchés !

A chacun de faire ses calculs.

NB : Les instituts d'émission ont la responsabilité de la qualité physique de leurs billets. Lorsque les billets leurs reviennent tous les soirs, ils sont vérifiés et les billets U abimés sont remplacés par la BDF. Les billets X abimés sont renvoyés vers l'Allemagne qui doit en fournir des neufs. La BDF n'a normalement pas le droit de fournir des U neufs contre des X usagés. Il serait intéressant de savoir si cette règle est bien celle qui s'applique (impossible de le savoir semble-t-il avec les textes publiés. En tout cas on ne les pas trouvés). En tout cas la BDF a le moyen de connaître la ventilation par lettre de la masse de billets en circulation en France. On aimerait bien avoir ces chiffres. A votre bon coeur messieurs-dames !

Remarque : le fait que les billets soient codés indique qu'il y a bien en circulation des euro-DM, des euros-Francs etc. Il ne serait pas nécessaire d'imprimer de nouveaux billets si la fantaisie venait de créer explicitement des euro-francs convertibles en d'autres euro-monnaies. Pour les malvoyants, cela risquerait seulement d'être un peu pénible, sauf naturellement si on profite de leur retour en banque centrale popur les perforer donnant ainsi un moyen de reconnaissance tactile.

TVA "sociale" : la position du Cercle des économistes e-toile".

Nous sommes parmi ceux qui dès le milieu des années 90 ont fait la promotion du concept de TVA sociale.  On ne l'imagine pas aujourd'hui mais à l'époque la majorité des commentateurs et des économistes officiels prétendaient que la TVA était "neutre".

Il était très facile de démontrer le contraire.

Imaginons un pays A qui a choisi de mettre l'ensemble de sa pression fiscale sur l'entreprise et un pays B qui l'a mise sur la TVA. Admettons que ces charges doublent les coûts dans le pays A et portent à 25% la TVA dans le pays B.

Les entreprises du pays A sont obligées de répercuter dans leur prix les prélèvements. Pour un produit donné, le prix sera Prix de revient + marge + prélèvement vendu  dans le pays A et Prix de revient + marge + charge + TVA dans le pays B.   On voit que le prix du produit A dans le pays B comprend à la fois les prélèvements du pays A et les prélèvements du pays B.

En sens inverse le produit venant de B vendu en A ne supporte AUCUN prélèvement puisqu'il n'y a pas de TVA en A  et pas de prélèvement sur la production en B.

L'avantage compétitif des entreprises du pays B est extrême vis-à-vis des entreprises du pays A. Il n'y a aucune "neutralité" mais un avantage abusif. Il va de soi que si le pays A s'est de surcroit laissé aller à des prélèvements massifs, son désavantage s'accroit d'autant plus quand il voudra exporter.

Si on ajoute que le pays B a des salaires bien plus bas et jouit d'un taux de change manipulé à la baisse, et si on imagine que par des manipulations artificielles le coût des bas salaires a été gonflés pour des raisons politiques dans le pays A,  on aboutit pour le pays A à une situation désespérée. Il est voué au chômage, aux déficits extérieurs, à l'emprunt pour compenser ses déficits de paiements extérieurs.

Les Français, nés malins, n'ont jamais compris ces mécanismes élémentaires et se sont vautrés dans cette sottise. 

Les socialistes du "programme commun" ont hurlé : "l'entreprise paiera, nous prenons l'argent là où il est". La droite dirigée par des hauts fonctionnaires a crié : "socialistes vous n'avez pas le monopole du cœur" !  Le Smig est devenue SMIC puis de coup de pouce en coup de pouce il a exclu de l'emploi des millions de français fragiles. UMP et PS ont augmenté de 10 points de PIB les prélèvements en 40 ans. La dépense publique dépasse la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand. La dette globale a atteint les 400% ou à peu près. Le gouvernement Jospin a par des mesures malthusiennes lourdes paralysé la production (rigidité administrative, 35 heures etc.).

Les deux partis de gouvernement  ont adhéré à une Europe qui a supprimé le tarif extérieur commun qui compensait partiellement les écarts de niveau de vie et de contraintes de production et qui a voulu un Euro fort.

La perte de compétitivité a été totale :

- perte de compétitivité fiscale
- perte de compétitivité douanière
- perte de compétitivité monétaire
- perte de compétitivité de production.

Les résultats étant désastreux on a choisi non pas de prendre le taureau par les cornes et de remettre en cause toute cette folie mais de prendre des mesures circonstancielles non financées. La principale a été  naturellement le transfert d'une partie des charges sur les salaires au SMIC. Transfert sur quoi ? Sur la dette…

Il faut dire que de coup de pouce en coup de pouce on était arrivé au point où tous les entrants sur le marché du travail devaient avoir une productivité telle que les postes permettant d'accueillir les non qualifiés étaient trop rares. On vit alors le taux de chômage ou de non emploi  des jeunes, des femmes, des immigrés, des vieux atteindre des sommets historiques. Pour ceux qui arrivaient à être employés le salaire net disponible avant impôt et taxe était dérisoire : la moitié du coût total charge comprise.

En panique on a supprimé des cotisations sur les smicards, baissant radicalement le coût d'emploi. Mais on a renvoyé le financement sur la dette tout en chargeant les non smicards et en augmentant de 11% le coût du travail par les 35 heures !
Certaines entreprises ont encaissé le bénéfice d'opportunité et dès que les temps sont devenus durs ont délocalisé. Le petite flambée d'emploi initial s'est retournée en blocage de l'emploi dans la longue durée et chômage structurel.

Ces expédients n'ont évidemment aucun sens. De même qu'il est absurde d'avoir créé un "double fiscal" du salarié, qui fait que ce dernier ne reçoit que la moitié des coûts salariaux que l'entreprise engage pour son emploi.

L'empilage grotesque des expédients et des mesures démagogiques s'ajoutant à l'empilage des impôts, des taxes et entraves diverses, a abouti à la situation kafkaïenne qui est celle de la France et que nous dénonçons, avec tant d'autres, depuis, pour nous 15 ans, pour d'autres près de quarante !

Faut-il mener dans l'urgence une réforme des impôts permettant la mise en œuvre de la TVA sociale ?

Oublions les postures politiciennes et électorales pour se concentrer sur l'aspect purement économique  :

- Nous avons un tel déficit de nos balances extérieures qu'il est indispensable de freiner nos importations. La hausse de la TVA est malheureusement le seul moyen rapide et efficace en ce sens. La hausse des taux "réduits" et des taux "normaux" est un moyen efficace à court terme.

- Une hausse de 5 points de la TVA correspond à une baisse de 10 à 15 points des charges.  Compte tenu de l'importance des charges (100% du salaire net, 50% des coûts) c'est une baisse sensible mais pas gigantesque. Pour obtenir un véritable effet de compétitivité Il aurait fallu diminuer de façon drastique les charges elles mêmes. En un mot il aurait fallu remettre en cause le niveau de la protection sociale (chômage, retraite et santé)  pour obtenir un quantum significatif.  Suppression de la couverture du petit risque, retraite à 67 ans, plafonnement des niveaux d'aide au chômage étaient les corollaires obligés (avec liquidation de tous les privilèges sans justification : alignement de la retraite des fonctionnaires, suppression du statut intermittents du spectacles, dockers, etc.). Le  retour aux 40 heures et la suppression des RTT auraient par ailleurs permis un gain de productivité d'une dizaine de pour cent.

- La mesure ne peut avoir de sens que si l'effet sur la compétitivité extérieure n'est pas compensée par des variations de changes défavorables. N'oublions pas qu'avec les changes flottants les prix extérieurs peuvent varier du simple au double. Actuellement l'Euro est en baisse. Il a perdu près de 10% par rapport au dollar et au Yuan en quelques jours.  Compte tenu des délais de réalisations de changement de la TVA si elle et votée, probablement pas avant les élections générales de mai 2012,  des variations peuvent avoir lieu.

On dira : c'est vrai sauf pour les pays de la zone Euro. C'est vrai. Mais l'Euro peut soit disparaître soit s'effondrer soit se reprendre.  C'est la bouteille à l'encre.

Dans ces conditions la proposition d'une TVA sociale fait surtout partie des effets d'annonce électorale. On risque de gâcher une bonne réforme et comme on l'a fait pour tant d'autres réformes utiles, de l'utiliser comme source fiscale supplémentaire évitant des mesures de réduction de coûts mal perçues par leurs ayant-droits embossés dans le système d'état.

Si au lieu de faire voter le plan TEPA, Nicolas Sarkozy avait fait passer en début de mandat un plan cohérent de réforme fiscale et sociale visant la compétitivité et le désendettement, il ne serait pas dans le pétrin actuel.

Le plus probable est que la réforme n'ait pas lieu et qu'on retombe dans la politique Juppé ou Jospin de hausse massive des impôts sans aucune reconstitution du potentiel compétitif de l'industrie française.  Dans ce cas on n'aurait fait qu'aggraver la fiscalité avec un poids majeurs sur le niveau de vie des français, notamment les retraités, dont on sait qu'il s'agit du réservoir de ressources privilégiés du gouvernement. 

N'est-on pas est dans la même démarche que pour la taxe sur les transactions financières. Vite des impôts qui nous permettent de ne faire aucune vraie réforme ! 

Dommage : la TVA "sociale" est une vraie réforme qu'il aurait fallu réussir.  Plus exactement avoir une fiscalité globale compétitive est aussi important que d'avoir une industrie compétitive ou une monnaie compétitive.

Nicolas Sarkozy a au moins le mérite de poser partiellement la question. François Hollande lui se tait sur son programme en critiquant tout ce que le camp adverse propose. Ils feraient mieux vu l'urgence générale de se mettre d'accord sur un fiscalité compétitive admissible pour tous.


Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Un témoin de la crise : la fréquentation de ce site s'envole !

Le nombre de lectures des articles de ce site a dépassé en 2011 le total des trois précédentes années.  En cumulé nous avons dépassé  les 100.000 lectures  pour atteindre 115.000. Compte tenu de l'austérité des thèmes abordés c'est un résultat étonnant qui s'explique principalement par l'intensité de la crise et la faiblesse des explications rapportées dans les grands medias.


D'erreurs de diagnostics en absence de solutions précises et adaptées on voit une crise que nous avions annoncée comme exceptionnellement grave dès 2006 tourner à la catastrophe.


Les optimistes pourront dire : c'est dur mais au moins les idées progressent.


Beaucoup des sottises prononcées par les meilleurs experts de la sphère officielle apparaissent pour ce qu'elles ont été et ce qu'elles sont souvent encore.  Malheureusement on est loin du compte. Nous avons essayé de donner  des aperçus des véritables âneries prononcées encore aujourd'hui par des "experts reconnus".  Nous ne l'avons pas fait par goût iconoclaste ou de la critique facile. Il fallait montrer à quel point l'absence de réflexion, la méconnaissance historique, les jugements sans réels fondements, dominent dans les sphères dont on attendrait une meilleure compréhension de la situation.


Si nous avions véritablement eu envie de "faire un carton" nous aurions repris les propos de 2007 des experts les plus verbeux dont les textes sont encore consultables sur le net. Les perles sont nombreuses.


Nous n'avons aucune vocation à écrire ce bêtisier économique. On sait que notre vocation est d'alerter sur les thèmes qui, selon nous,  ne sont pas abordés clairement ou de façon pertinente dans les médias.
Depuis la création de ce blog n

ous ne cessons de dénoncer  les trois drames qui gâchent notre existence :


- Pour la France, l'aberration et l'indécence qui consiste à accumuler la dette, l'impôt, la dépense publique dans la bonne conscience générale.  Nous sommes un pays malade de l'impôt, de la dette et de la dépense publique. Malade. Très malade. Nous avons tenté de montrer par quels mécanismes cette maladie à métastases s'était emparée du pays et le ruinait en profondeur.


- Pour l'Europe une construction bancale  qui conduit désormais à gérer la déflation partout, dans la haine des peuples, et en l'absence totale de regrets de ceux qui ont construit ce monstre et qui paradent encore en demandant plus d'Europe et de fédéralisme alors que leur précipitation a conduit l'Europe à être un ectoplasme voué à recevoir des coups sans réagir.


- Pour le monde, un système monétaire international absurde, permettant des politiques dangereuses de la part de la Chine et des Etats unis et conduisant à l'effondrement général.

Sur le premier thème de cette trilogie tragique des progrès ont été faits. 


Chacun voit bien que les déficits et les délires de dépenses ont été indécents en France. Mais on est loin d'en tirer les conséquences. A-t-on vu un Delanoë fortement mis en cause à Paris alors qu'il s'est comporté en véritable sagouin gaspillant sans vergogne l'argent des Parisiens  ?  Voit-on remettre en cause les plus grandes gabegies (SNCF, AREVA, EDF...) ? Non : on leur permet d'augmenter leur tarif de plusieurs fois le niveau d'inflation ! Comme d'habitude.  


Les prochaines élections malheureusement vont voir une surenchère parfaitement imbécile d'impôts sans aucune réforme d'envergure permettant de juguler nos dépenses. Les fonctionnaires et les bobos vont  ruiner la France des petits riches, des entrepreneurs  et des retraités pour rien. Pour rien du tout. On va se retrouver avec 15 millions de Français sous le seuil de pauvreté et plus aucune entreprise capable de fournir de l'emploi. L'image qui vient à l'esprit est celle du film de Bunuel, Viridiana où on voit des clochards faire ripailles en s'amusant avec des robes de mariées trouvées je ne sais où.  Que reste-t-il de la France ? 


En Europe la compréhension des défauts du système a largement progressé. Les mouvements nonistes et souverainistes ont de la force et ont permis de relayer au moins la description des défauts. Tout le monde comprend aujourd'hui que l'Europe telle qu'elle est construite est absurde. Bien sûr le rigorisme d'Angela Merkel est dramatique et bloque ou retarde bien des évolutions nécessaires. Mais chacun voit que l'Euroland est grevé de handicaps moins personnels ou conjoncturels que la simple personnalité de la chancelière allemande. 


Comment faire marcher ce bazar sans réguler les écarts de croissance et d'inflation  par la seule déflation ?  Comment piloter une zone monétaire dont les changes ne sont gérés par personne ? Ces deux questions, les plus importantes, ne sont pas réellement posées dans le débat général ou de façon très partielle.  La question européenne restera donc en 2012  grevée de non dits et de sous entendus.


Sur l'organisation générale du monde et notamment la question cruciale de l'organisation des changes et de la création de monnaie internationale,  rien n'a bougé en 2011. Rien ne bougera en 2012. Les esprits sont bloqués et les idéologies mises au service des intérêts des grandes nations prédatrices que sont la Chine et les Etats unis.  Il faudrait une aggravation dramatique de la crise pour que quoi que ce soit bouge. 

Personne n'a voulu dire d'où venait le gonflement monstrueux de la dette mondiale globale depuis 1971.

Personne n'a voulu remettre en cause le dogme affligeant des changes flottants.

Autant dire que pour une France malade de ses dépenses publiques et de son "vive l'impôt" au sein d'une Europe malade de l'organisation foireuse de l'Euroland, et dans un monde livré aux mécanismes  désastreux des changes flottants, l'année 2012 ne sera pas gaie.

Nous savons d'expérience que les années électorales voient une régression du débat intelligent sur les grandes questions économiques. Les philippiques passionnelles vont bientôt remplacer le débat serein. Au moment même où les dégâts économiques vont s'amplifier.


Cette contradiction risque d'être la caractéristique particulière de l'année 2012.

Quand on pense que 2012-2013 aurait pu et du  être les années du retournement de la conjoncture si les bonnes mesures avaient été prises dès 2007 et le blocage des marchés monétaires mondiaux !

La tentation de devenir vraiment méchant avec les clercs qui sont sensés nous diriger, nous informer ou nous instruire risque de devenir irrépressible. L'histoire, elle, sera impitoyable pour l'époque.

 

Cercle des économistes e-toile

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Lionel Stoleru : un article délirant !

En cette période d’incertitude maximale nous fermerons l’année 2011 sur une nouvelle analyse des attitudes « autorisées » telles qu'elles  se manifestent dans les médias, ici l’article signé Lionel Stoleru.

Politicien versatile passé de Giscard à Mitterrand puis à Sarkozy, les idées de cet économiste certes un peu  secondaire, bien que polytechnicien et chef d’orchestre, auraient pu être intéressantes du fait de son indépendance des partis.

Qu’écrit-il dans l’article que Monde du 30 décembre 2011 publie dans sa page « décryptage ».

« Nous sommes dans l’œil du cyclone »

Le cyclone a un gros œil !

Il aurait mieux valu dire que d’erreurs de diagnostic en erreurs de politiques économiques nous sommes arrivés au bord du chaos.

«  Une crise du chômage due depuis des années aux fermetures d’usines et délocalisations issues de l’invasion des produits asiatiques ». 

Il est vrai que nous vivons un chômage structurel en France. Mais il aurait été bon d’en donner les vraies explications.  Tout mettre sur le dos du « péril jaune » est un peu court. Cet échec structurel date de la politique de Giscard et a été aggravé par celle de Mitterrand. Les blocages malthusiens de Jospin et l’immobilisme du "ni ni" chiraquien ont fait le reste. La composante nationale est donc très importante. La perte de compétitivité par rapport à l’Allemagne est tout aussi importante, en volume et en valeur,  que celle que l’on constate avec la Chine.

Quant au problème Chinois il est largement monétaire. M. Lionel Stoleru n’en dit rien.

L’auteur n’a en fait aucun diagnostic sérieux. On enfile les perles les plus banales sans chercher à regarder l’huitre.

«  Une crise conjoncturelle des dettes souveraines qui auraient pu être jugulées dès le début de l’alerte grecque ».

Cette remarque aurait eu du sens si l’article avait proposé une explication du gonflement des dettes souveraines. Là encore, c’est le vide absolu. L’auteur n’a pas compris que depuis 1971 le monde est dans un gonflement des endettements globaux tout à fait délirant et n’en perçoit pas les causes. Il se contente de voir la résultante actuelle après qu’une partie de la dette privée ait été refilée aux états et que de nouvelles dettes se soient accumulées du fait de la récession.  Du coup on est sûr qu’il ne proposera rien d’utile.

Il est vrai qu’on aurait pu « tuer » la crise grecque dans l’œuf. Mais il aurait fallu pour cela avoir un vrai diagnostic de la crise, une vision à terme, des institutions ad hoc et des mentalités en ligne. Rien de tout cela n’existait. La crise a apporté une pédagogie que les économistes officiels  auraient du fournir. Mais les  économistes comme M. Stoleru regardaient ailleurs.

« L’économie française ne survivra pas sans réformes draconiennes  au premier trimestre ».

La France se serait mieux trouvée de réformes draconiennes dès 1974 lorsque M. Stoleru est venu assister M. Giscard et où les plus grandes erreurs ont été commises sans que le secrétaire d’état qu’il fut ne les dénonce.  La France se serait mieux trouvée si les réformes stupides du programme commun de gouvernement, cautionnées par M. Stoleru, n’avaient pas été faites et s’il n’avait pas accompagné la politique dramatique de M. Rocard qui avait les moyens, après le redressement du Gouvernement Chirac et dans la conjoncture mondiale très porteuse de l’époque, de faire aboutir de nombreuses réformes utiles.  Au lieu de cela il a chargé la mule de façon indécente et une bonne partie de nos problèmes actuels viennent du gouvernement dont il animé le secrétariat au Plan.

Il n’a exactement rien vu venir, rien compris, rien annoncé, rien condamné.   La France prendra la crise de 92-93 dans les dents avec une violence formidable. Merci qui ?

Il est donc très surprenant de voir un « économiste » qui a cautionné toutes les erreurs et n’a anticipé aucune des difficultés prévisibles pendant des décennies, se réveiller soudain pour exiger un plan pour le prochain quart d’heure !

Celui qui n’a cessé d’ajouter bug sur bug veut maintenant « changer le logiciel » dans l’urgence.

 « M. Fillon n’a pas la moindre marge de manœuvre politique à quatre mois des présidentielles ».

Donc il faut le virer. Le mauvais logiciel c’est Fillon.  Ah mais oui mais c’est bien  bien sûr ! C’était lui ! Ce satané Fillon.

« Il n’a pas l’autonomie par rapport au président de la République qui n’a pas su s’entourer comme Barak Obama d’un Council of Economic Advisers ».

Que le Premier Ministre n’ait pas d’autonomie par rapport au Président de la République sous la Cinquième République, on le sait bien et on ne voit pas en quoi cela devrait changer à quelques mois de la fin d’un mandat.  Le CAE, conseil d’analyse économique existe.

Son président M. De Boissieu le présente ainsi : « Placé auprès du Premier ministre, le Conseil d’analyse économique a pour mission « d’éclairer, par la confrontation des points de vue et des analyses, les choix du gouvernement en matière économique ». Le CAE est une instance pluraliste composée de 28 économistes reconnus et de sensibilités diverses et de six membres de droit qui représentent les grandes administrations économiques et sociales. En quatorze ans, le CAE a déjà publié 100 rapports demandés par le Premier ministre et s’apprête à en présenter plusieurs autres. »


On sait que nous avons parfois la dent dure vis-à-vis des économistes officiels qui n’ont rien vu venir et sont souvent totalement à côté de la plaque. Nous n’avons pas manqué de les égratigner sur ce site à l’occasion. Mais de là à nier leur existence !


Que l’on dise : ils se sont trompés ; voilà où ; et ce qu’il faut faire. D’accord. Mais là on est réellement dans la critique sans fondement.


«  D’où un G.20 raté »


C’est Sarkozy qui a créé le G.20 et s’ils ont tous été ratés, cela demande des explications un peu moins courtes que celles proposées. Quelles étaient les propositions du FMI ? Quelle latitude laissaient les politiques de la Chine et des Etats unis ? Où était l’Europe ? Pas un mot.


« Je pense »


Tant mieux.


« Que le Président serait bien inspiré de changer de gouvernement ».


Une crise ministérielle est bien la solution qu’il nous faut juste avant une élection… 


 « [le premier ministre] doit être quelqu’un d’une compétence  économique et d’une crédibilité  internationale reconnue » 


Incompétent et nul serait en effet  peu opportun.


Mais quels sont les critères de compétences en question ? Quelqu’un qui aurait annoncé la crise, prévenu inlassablement des causes et des conséquences, aurait indiqué publiquement les solutions ?   


Qui nous propose-t-on ?


Michel Camdessus, « sœur Théresa » quand il était au Fmi,  et qui n’a absolument rien compris et rien vu venir. C’est un des concepteurs de l’Euroland telle qu’on la connait. Bien sûr il a repris du service sous Sarkozy pour remettre en cause les 35 heures et proposer le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, preuve au passage que le président s’est bien  entouré de conseiller « compétent » (selon les règles Stoleru) comme M. Obama. Mais c’est un de ceux qui ont construit ou admis que l’on construise le système global absurde dans lequel on se débat.  MM. Trichet et Lamy sont sans doute des gens très distingués mais ils sont eux aussi totalement mouillés dans le système mis en place et qui tourne de l’œil. Quant à M. Bébéar, astucieux profiteur des faiblesses de la gestion énarchienne de l’UAP, on ne voit pas trop ce qu’il vient faire dans cette galère. 



Il nous faudrait un Barre « mais il n’est plus là ». On a eu un Barre et rien de fondamental n’a changé (sauf une excellente mesure : la fin du contrôle des prix.).


«  La démocratie est incapable de secréter et de soutenir des dirigeants politiques qui ont le courage de prendre des décisions populaires mais nécessaires ».


Comme aux temps antiques donnons nos pouvoirs à un Tyran, mais propre sur lui, bien aimé de l’Europe car européiste, connu dans les milieux internationaux et ceux de la finance,  mais pour quelques mois et après, Hop !,  des élections sympas après que les écuries d’Augias auront été nettoyées.


On a fait l’Europe de l’Euro en catimini en mentant au peuple. Quand il a dit non on lui a refilé le projet en douce sans le consulter. Maintenant on voudrait lui fourguer une politique d’hyper rigueur en loucedé avec un « super technicien » complice de ses malheurs, sans qu’il ait son mot à dire.  Et après la politique reprendrait ses droits !


Et M. Stoleru serait prêt naturellement à se sacrifier et  à mettre toute sa volatilité politique personnelle au service de qui voudra bien gagner le jackpot électoral !


Comment peut-on écrire autant de sottises !

Lettre ouverte à M. Guaino seconde partie - la France

Reste la France dont nous affirmons depuis 14 ans qu’elle file un mauvais coton.  Qu’en dit le discours de  Toulon 2 ?

« Je ne crois pas qu’il serait économiquement juste, ni moralement acceptable d’imputer aux Français les difficultés que nous vivons. » « Nous ne sortons pas de trente années où les Français auraient refusé de faire le moindre effort pour faire face à la concurrence des pays émergents.»

Flatter les électeurs fait partie du jeu. Nous ne nous offusquons pas. Une fois de plus vous ne considérez que les aspects commerciaux de la compétition internationale. Comme si la compétition sur les marchés de biens avait été l’essentiel. Grave erreur d’appréciation ! La compétition sur les marchés de biens a été totalement faussée par le développement des bulles financières  successives liées aux défauts de structure du système monétaire international et à ceux de l’Euroland. Depuis la crise de 92-93, il n’y a plus de développement régulier du commerce mais des emballements déséquilibrés arbitrés par la crainte et aggravés par la panique.  Comme nous l’avons vu c’est le développement d’un énorme nuage de dettes sur la sphère économique mondiale, représentant en moyenne, rappelons le, près de 300% de crédits par rapport au PIB global, qui a provoqué la crise et la pousse continuellement vers la dépression généralisée.

Les Français dans tout cela n’ont rien vu, à l’exception de Maurice Allais qui seul et sous les quolibets a expliqué que ce nuage de dettes exploserait et ferait couler le système. Les dirigeants français, de droite comme de gauche, par confort intellectuel se sont accommodés des défauts du système quand ils ne les ont pas aggravés. La gauche socialiste a créé le système déséquilibré de l’Euroland et sous Jospin ne s’est pas gênée de bloquer le système de production interne à la France  par des mesures malthusiennes paralysantes.  Chirac s’est endormi dans le "ni ni" et la défense des avantages acquis. M. Sarkozy en plein philo-américanisme businesso-fouquétien   voulait des subprimes à la française et trouvait que les contraintes de Maastricht étaient excessives. Son action en 2007 a été calamiteuse alors que la crise avait commencé. Il n’a commencé à réagir qu’en septembre 2008.

Les Français sont-ils responsables de la politique irresponsable des dirigeants qu’ils ont élus ? Ils les ont chassés chacun à leur tour pendant trente ans. Personne  ne leur a tracé un véritable parcours économique.

Bien sûr ils ont aimé la retraite à 60 ans, avec des avantages acquis à cinquante pour de nombreux salariés du public. Bien sûr ils ont aimé les postes publics inamovibles où on peut glander sans trop s’inquiéter de la suite. Bien sûr ils se sont calfeutrés pour beaucoup dans des situations où sans travailler ils ont profité de la charité publique. Bien sûr ils ont joué avec la sécurité sociale au-delà du raisonnable. Trop de Français ont cru que la gratuité de la vie à ne rien faire était acquise pourvu qu’on se contente de peu.  Bien sûr ils ont aimé le politiquement correct, cette bonne conscience à peu de frais apparents pour chacun et beaucoup de frais pour tous.

Mais ont-ils réellement marqué une préférence pour cet effondrement moral, intellectuel et économique qui caractérise le pays ?

Les « élites mondialisées », une petite camarilla de hauts fonctionnaires et de dirigeants riches, même pas 2000 personnes, se sont enfoncées dans la recherche du profit rapide sur fond d’abandon de morale personnelle et de souveraineté nationale.  Les aventures du Baron Seillères, pris les deux mains dans les combines pour accumuler les milliards au détriment de sa cousinade, voire du fisc,  sont tout aussi exemplaires que l’enrichissement sans cause réelle des manitous de la politique locale ou  les rétro-commissions nourrissant les plus hautes autorités de l’état. 

La France du haut comme du bas s’est vautrée dans la bonne conscience du politiquement correct tout en cherchant la récupération maximale avec les moyens du bord, sans trop se demander si cette absence de rigueur intellectuelle et morale pouvait avoir des conséquences. Cupidité et pensée zéro auront été les maîtresses exigeantes de la France de ces quarante dernières années. Doit-on en accuser le peuple ?  Doit-on l’en exonérer ?

Il aurait mieux valu l' instruire et le conduire.  Car le réveil va être sinistre. Il l’est déjà.

En conclusion, je vous invite à réfléchir à l’échec du discours de Toulon 1. Trois ans après, la crise est là et l’Euro est à deux doigts de mourir. La croissance est arrêtée. Les bourses sont au plus bas. Les banques sont au ras de la faillite généralisée.  Les épargnants sont à la veille d’être ruinés. L’ascenseur social ne marche plus. Les faibles, jeunes, vieux, femmes, immigrés de fraiche date, sont massivement au chômage. Les petits riches sont en grand danger de tout perdre. Les grands riches ne sont plus en France.  Les jeunes se désespèrent de trouver un emploi sérieux et des perspectives de carrière.

Faute d’avoir entamé une vraie rupture en France et faute d’avoir brandi en Europe et dans le monde l’étendard de la révolte contre les institutions, les idéologies et les pratiques qui sont réellement à l’origine de la crise, se contentant de multiplier les déclarations moralisatrices et les rodomontades sans suites pratiques, Nicolas Sarkozy a ruiné un crédit déjà entamé par quelques  lacunes de tempérament et des écarts de comportement qui auraient du être évités.

Il est aujourd’hui impuissant à redresser le cours des choses. Vous-même ne savez plus où le guider. Les redites de Toulon 1 dans Toulon 2 témoignent de cette impuissance.

Vous direz : nous n’avons pas fait beaucoup de fautes depuis la faillite de Lehman-Brothers. Nous avons maintenu l’activité, sauvé nos banques, garanti l’épargne, gardé le chômage dans les limites habituelles.  Nous avons constamment asticoté l’Europe pour qu’elle bouge.  Est-ce notre faute si Angela Merkel est à chaque fois si longue à se porter au niveau des enjeux ?  Est-ce notre faute si le FMI a été un si mauvais guide ? Est-ce notre faute si la BCE est si bornée qu’elle risque de disparaître elle-même avec la zone Euro, en une sorte de suicide par la vertu ?  Est-ce notre faute si les Etats-Unis sont irresponsables et la Chine saisie par le vertige de la gloire déplacée des Hans ? Est-ce notre faute si le G.20 est vain ?

Vous pouvez légitimement plaider ainsi. Vous ne serez pas écouté, encore moins, entendu.

La rupture était le bon thème. Vous vous êtes contenté d’une fausse rupture. Et vous êtes en grand danger d’être rompu par les évènements que vous n’avez ni vu venir ni compris ni domestiqué.

Que faire ? Nous n’avons qu’un conseil à vous donner : avouez tout ! 

N’essayez pas de vous accrocher à de tristes branches. Oui la situation des Anglais est pire que la notre. Oui les américains sont plus responsables que quiconque de ce qui arrive.  Oui, les socialistes de M. Hollande seront pires que vous. Non, Madame le Pen n’a pas de vraies solutions. Non Monsieur Bayrou, le fédérolâtre euro et égo -centré n’est pas l’homme de la situation.

Avouez que vous n’avez pas compris que depuis 1971 les conditions du gouvernement n’étaient plus celles d’avant. Avouez que vous n’avez pas assez tenu compte de la leçon terrible des crises de 93, 98, 2001.  Avouez que vous n’avez pas compris combien le gonflement permanent des dettes globales depuis 71 était dangereux. Avouez que vous n’aviez pas vu à quel point les institutions de l’Euroland étaient mal conçues.  Avouez n’avoir pas reconnu que la crise de 2007 était si grave qu’il fallait dès l’été de cette année là renoncer à tout votre programme et commencer autre chose.

Cet aveu fait, vous auriez la conscience tranquille pour annoncer tranquillement au monde cette vérité d’importance : si le monde ne renonce pas aux défauts de son système monétaire international, si l’Europe ne remet pas dans l’ordre ses institutions bâclées, si la France ne renonce pas au tout-état, au tout-subvention, et à la défense « perinde ac cadaver » des avantages acquis mal acquis par des catégories sociales abusives,  alors le pire arrivera.

Annoncez à la BCE que si elle ne fait pas son devoir et vite, alors la Banque centrale Française sera réquisitionnée pour battre monnaie à nouveau.  Annoncez à la Chine que si les déséquilibres commerciaux gigantesques perdurent avec la France, une double barrière tarifaire et monétaire sera mise aux frontières. Annoncez aux Etats-Unis que si le « benign neglect et la non coopération continuent, vous ferez défaut sur la dette des créanciers en dollars. 

Vous verrez la panique s’allumer dans tous les yeux. Et les consciences s’ouvrir aux vraies solutions.

Ces solutions faites en votre leitmotiv :


-    Oui il faut revenir à une coopération entre les états basée sur des changes fixes, rationnels et défendus par les états, à charge pour eux d’éviter les déficits et les excédents monstrueux.


-    Oui l’Euroland doit retrouver une gestion financière complète où trésor et banque centrale sont dans la main des dirigeants effectifs, responsables et démocratiquement élus avec un objectif de plein emploi.


-    Oui l’Europe doit retrouver son tarif extérieur commun et doit être pilotée politiquement et économiquement  autrement que par des directives pointillistes et majoritairement inutiles, une Commission anti-états,  et la Cour de justice européenne.S'ouvrir à tout vent et empêcher avec ténacité toute réaction n'est pas une politique.


-    Oui la France doit abandonner le mode de fonctionnement qu’il connait depuis 1974. L’énarchie compassionnelle doit disparaître et la séparation de la haute administration et de  la politique prononcée. La paupérisation par l'hyperfiscalité et la dépense publique folle doit cesser.

Vous ne serez peut être pas réélu.  Mais vous aurez pris date pour après le désastre. Et il faudra bien quelqu’un pour reconstruire.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

La zone Euro va-t-elle éclater ?

"Au lieu de lire des vers de mirliton nous préfèrerions savoir concrètement si la zone Euro peut exploser et si oui ce qu'il faut faire pour se protéger". 

La question est si franche que nous y répondons :

- Oui la zone Euro peut exploser

- Non il n'y a pas grand-chose à faire pour se protéger.

Vous voilà bien avancé,  cher lecteur.

Nous ajouterons : il n'est pas certain qu'elle explose. Il n'est pas obligatoire de chercher à tout prix des protections.

Nous n'avons jamais cru, au Cercle des économistes e-toile, les théories qui expliquaient que la zone Euro n'avait aucune chance de vivre ou de survivre. Nous ne croyons pas à la théorie des zones monétaires optimales, pour des raisons si souvent expliquées ici que nous y renvoyons le lecteur. Nous ne croyons pas à l'existence d'un vice absolu vouant l'édifice aux poubelles de l'histoire.
 
En revanche nous considérons que la zone Euro, zone politique, est grevée de nombreux défauts de construction qu'il importe de comprendre avant de savoir s'il faut et s'il est possible de les corriger.

Une zone monétaire ne peut pas fonctionner durablement sans qu'une politique économique complète soit mise en œuvre. Une politique économique possède quatre dimensions indissociables :

- Le budget
- La banque centrale et la politique de crédit
- Le change
- la législation économique, sociale  et fiscale .

Pour conduire une politique il faut des organes coordonnés vers un même but.

La zone Euro a été construite en refusant ces réalités.

Il n'y a pas d'objectifs globaux explicites. Les budgets restent nationaux, comme la législation économique, sociale et fiscale.

La banque centrale conduit une politique qui lui est propre avec un objectif de prix des biens de consommation tels que définis dans un indice composite européen.

Le change est laissé à l'abandon. M. Juncker, Président de l'Eurogroupe, est théoriquement en charge de la politique de change, selon les traités. En vérité l'idéologie dominante veut que ce soit les marchés qui fixent "librement" les cours de change.
 
Le système actuel repose sur des normes de déficits et d'endettement contredites par  des politiques disparates.

Il s'inscrit par ailleurs dans un système monétaire international sans règle, chaque pays étant libre de faire ce qu'il veut : lier sa monnaie à une autre, la laisser flotter, la diriger.   En revanche les capitaux sont libres de se déplacer à travers le monde sans aucune supervision internationale et d'agir pour ou contre la politique de chaque banque centrale,  c'est selon. 

Autant dire que la zone Euro était un accident dans l'attente de se produire.
 
On dira : l'accident conjoncturel qui frappe la zone n'est pas de son fait et on n'envisageait pas de telles tempêtes. La crise actuelle est de type centennal et le fait qu'elle survienne dix ans seulement  après les débuts de l'Euro tient à la malchance et non  à ses faiblesses structurelles.
 
Les deux affirmations sont justes. Ce n'est pas la zone euro qui est à la source de la crise mondiale et la gestion "par la norme" n'était pas faite pour le gros temps.

Le très gros temps est de la partie. Les défauts deviennent criants.

Pour chacun des états de l'Euroland la pression est sévère.

Leurs dirigeants ont laissé leur pays s'endetter au long cours et les solutions à court terme apportées à la crise mondiale  (sauver les banques et laisser jouer les "amortisseurs sociaux")  ont fait  déborder des bassins déjà trop pleins.  Ils sont à court de ressources et à la merci des prêteurs.  L'Euro n'a pas de responsabilités directes dans l'affaire, sinon en ayant laissé croire à la force du bloc et permis des taux d'intérêt bas pendant un temps trop long.

La difficulté est que les politiques  n'ont plus rien entre les mains pour faire face. La monnaie ? Ce n'est pas eux ? Les changes ? Ce n'est pas eux ?

Restent les budgets et la législation.
 
Dans plusieurs pays de la zone Euro la dette est devenue impossible à rembourser et même à proroger. Les taux d'intérêts sont devenus prohibitifs. Les budgets ne peuvent plus être bouclés et les déficits ne peuvent plus être financés. Ils sont en état de faillite virtuelle.

La seule solution était la solidarité des pays de la zone monétaire  par l'appui de la Banque centrale et la mutualisation des dettes. En un mot la Banque centrale aurait fait chauffer la planche à billets autant que de nécessaire pour financer les états en détresse ; le trésor commun aurait fait rouler la dette, en en purgeant un petit bout au passage. Seulement voilà : les statuts de la BCE interdisent ce genre de politique et les traités précisent bien que les états nécessiteux ne doivent leur salut qu'à eux-mêmes.

Pendant que les pays de l'Euro tergiversent, les banques porteuses des dettes concernées sont considérées comme en grand danger de faillite. Depuis juillet, date où des décisions rapides s'imposent sur la Grèce, puis l'Italie, rien n'a été fait. Alors la croissance s'est arrêtée. Les banques ont vu leurs liquidités s'assécher. La panique s'est installée dans une sorte de sauve qui peut général.

Faute d'autre moyens tous les états se sont lancés dans la contrition budgétaire. Pour contrer les effets déflationnistes les banques centrales se sont concertées. Elles ont  sauvé les banques en panne de dollars puis toute celles en panne de liquidité.

Un énorme coup de frein budgétaire et les plus grandes libéralités monétaires coexistent. Manier le frein et l'accélérateur en même temps provoque généralement des dérapages.

La question est de savoir si la tentation du cavalier seul monétaire, en un mot permettre à un état de produire autant de monnaie qu'il le veut en quittant l'euro et en laissant plonger sa monnaie , l'emportera dans l'esprit des principaux dirigeants européens.

En raison, ils ne sont pas obligés par la crise d'aller à cette extrémité là.

On a vu avec l'Islande, avec le RU et avec bien d'autres pays qui ont leur monnaie propre, que le privilège de pouvoir jouer avec le change et l'offre de monnaie ne changeait pas fondamentalement les choses. Le coup de massue budgétaire au RU est plus sévère qu'en Europe continentale. Il n'y a guère de différences entre l'état de l'Islande et celui de l'Irlande.

Il va de soi que si la zone Euro disposait d'une structure de commandement économique centralisé, d'un trésor central, d'une banque centrale assujettie aux ordres de la gouvernance économique, d'une politique offensive des changes, ainsi que de tous les instruments financiers centralisés, la situation serait meilleure.

Eusse-t-elle été dotée de ces outils en 2008  la politique aurait été sensiblement différente. On aurait laissé filer l'Euro, géré sans effort le cas grec qui aurait disparu des radars,  et prouvé aux marchés que la banque centrale était prête à financer inlassablement tous les déficits qui apparaîtraient et à fournir de quoi rembourser au nominal toute forme de prêts privés ou publics.

La crise n'aurait pas été réglée pour autant. Le Japon, les Etats-Unis  et la Chine auraient été immédiatement gênés par la politique de la zone Euro. Un Euro faible ne les arrange pas. Leurs dettes sont aussi là. Une guerre des changes aurait été possible bien pire que celle que l'on connait.

On aurait craint d'en arriver là. Entre puissances il aurait bien fallu vaille que vaille aboutir à un compromis sur les monnaies.

Eh oui, un compromis sur les monnaies ! Car une guerre de changes ne mènerait nulle part.

Le plus grave dans l'organisation zombie de la zone Euro c'est que sa faiblesse même interdit la seule solution globale. On craint qu'elle ne s'effondre mais on ne la craint pas. Zone d'ajustement elle est et doit rester.

Le RU dévalue à tout va comme la Corée. La Chine ne sait plus où elle va. L'épargne mondiale en folie cherche où se cacher et ne trouve pas. On fuit l'Euro sans tête mais on craint le dollar.

Si la zone Euro casse, tout cassera. Le "credit crunch" sur les dettes sera tel qu'on va directement à la dépression auto entretenue.

2012 est l'année de tous les dangers parce que les décisions politiques qui devraient être prises ne le sont pas. Peuvent-elles l'être ?
 
On entre ici dans la prévision politique. Le tu-me-tiens-je-te-tiens par la barbichette est un jeu difficile à arbitrer. L'issue dépends de la résistance des barbichettes et de la force ceux qui tirent dessus.

Si la guignolade continue au G.20 comme devant et si l'Euroland persiste dans le tempo actuel alors oui il y aura explosion de la zone euro et dépression générale. Oui. Et désolé, il n'y aura aucun endroit où se cacher. Environ 10% du capital mondial disparaîtra ce qui est le coût d'une guerre.


Nous sommes aux extrêmes limites.

Le conseil que nous donnons à la zone Euro est de nommer immédiatement un "chancelier de l'échiquier de la zone euro" avec pour mission de négocier le retour à système monétaire international où les états auront des responsabilités et le pouvoir d'utiliser tous les instruments nécessaires pour éviter l'explosion de la zone Euro.

Le conseil que nous donnons à la Chine et aux Etats Unis, c'est de se préparer à un nouveau Bretton-Woods qui les verra solidifier avec l'Europe  la solidarité des grands pays du monde autour d'objectifs de vraie stabilité  et de coopération équilibrée.

Allons, donnons les parités souhaitables : 1 Euro = 1 Dollar = 5 CNY = 100 Yens.

S'ils avaient mis en œuvre cette politique dès l'explosion du marché interbancaire de 2007, nous n'en serions pas là. Quatre ans ont été perdus. Parions qu'une cinquième année de n'importe quoi ne restera pas sans conséquences gravissimes. 

Revenons à nos questions initiales :

- La zone Euro va-t-elle exploser ? La solution ne dépends pas d'elle seule et suppose qu'elle change profondément ses pratiques. Elle est donc très mal. D'autant que pas une bouche officielle ne tient le discours qu'il faudrait et que les économistes officiels pro-euros sont cachés sous le tapis.

- Peut-on se protéger ? Non. La fuite est en cours depuis des mois et des années. Les actifs gonflés par la fuite s'effondreront plus encore que les autres en cas de dépression généralisée.

La meilleure protection est de militer pour des idées justes et de voir les bonnes politiques triompher.

La chance de Sarkozy serait d'emboucher les bonnes trompettes. Mal conseillé, il tergiverse. Il doit dire à Mme Merkel que les structures de la zone Euro doivent changer et pourquoi, sans cacher qu'un refus de sa part signifie la mort de l'Euro.  Il doit affirmer haut et fort à la Chine et aux Etats unis que les politiques aventurées, le n'importe quoi pour les Etats-Unis et le mercantilisme pour la Chine, se heurteront de plein fouet à la réalité d'une grande dépression. Mme Lagarde doit jouer son rôle qui n'est pas seulement de Cassandre mais de proposition.

Ni Sarkozy ni Merkel  n'ont les conseillers, le bagage économique et la force de conviction pour porter ce message. Qu'ils prennent enfin conscience des efforts qu'il leur faut faire sur eux-mêmes et sur leurs équipes !
 
Si chacun des dirigeants des grands pays  continue à creuser la tombe de l'économie mondiale avec ses petites dents, prisonnier de ses petits calculs, de ses lobbies et des grandes ambitions de son pays, entourés d'idéologues qui les trompent et qui se trompent, alors oui 2012 verra un désastre économique de première grandeur.

Le pire n'est pas sûr.  Le monde est résistant. Les quatre années de pensée zéro et de contre politique  qui viennent de passer le montrent.  Mais le compte à rebours est désormais  enclenché.

Joyeuse année 2012 à tous. 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Poésie de Noël

Quelle est donc cette Europe, devenue aventure,
Qu'une monnaie unique trahit et dénature ?
Avoir perdu les peuples, abaissés les Etats,
et les avoirs réduits à ce sinistre état !


Faut-il incriminer les idées délétères
d'hommes dénaturés oublieux de leur terre ?
Ou l'Hubris exalté d'esprits désincarnés
ivres d'une utopie qu'ils croyaient bien née ?


Une banque centrale peut-elle unir les peuples,
et prévenir les guerres qui parfois les dépeuplent?
Ah que la paix est belle ! Faut-il une monnaie,
un métal frappé fort, des signes engrainés,


pour que  l'espoir vive d'une paix si certaine ?
Aux voisins oublieux  de guerres si peu lointaines,
L'Euro seul suffirait, comme grand  capitaine?
On a voulu des Pères, sacraliser Monnet
en bâtissant soudain une belle  monnaie.


Vois comme en peu d'années elle a sur les marchés
perdu son auréole et son halo sacré.
Partout les peuples souffrent sous une bannière
qui leur fait regretter les bonheurs d'hier.


Les Grecs n'ont ni Délos ni Dieux à  pleurer,

Ils désertent souvent  les charmes du Pirée.

L'Italie, endettée, maintenant sent le souffre

priant pour échapper à l'appel du gouffre.

Où sont des Espagnols les châteaux en Espagne,

Leur immobilier et toute leur épargne?

 

La France attend son tour, sinistre et résignée,
lassée d'avoir trop  cru à ce qu'elle a signé :
un traité mal fichu  au nom imprononçable
illisible et obscur, qui la met sur le sable.

.
De la crise aujourd'hui rien ne parait trop clair.
Contre quoi s'insurger et partir sabre au clair ?
Demain l'élection aux présidentielles
promet de beaux discours, démago, irréels.


Les Français choisiront dit-on un président,
un programme soigné pour tous les résidents,
où fleurent abondamment, l'amour des épargnants,
le souci de l'Euro et les propos gnans-gnans.


Craignez-en la colère  et leur dédain des urnes.
Les impôts, le chômage ça leur casse les burnes.
Les peuples à qui l'on ment et à qui l'on s'en prend,
sont capables tout seuls, de se revoir en Francs.

Lettre ouverte à M. Guaino

Cher Monsieur Guaino,

En juin 2006 nous avions écrit au candidat Nicolas Sarkozy sous forme d’une lettre ouverte publiée sur le forum du Monde.fr.  Nous l’avertissions qu’il allait rencontrer une crise terrible en cours de mandat et qu’il fallait qu’il tienne compte de cette réalité difficile dans son discours de candidat.

Nous pensions qu’il fallait qu’il renonce absolument à ses promesses de croissance accélérée qui se briseraient sur le mur des réalités.

Cinq ans après, voilà Nicolas Sarkozy fracassé par la crise annoncée. Lors du discours de Toulon n°1, il nous avait semblé rester trop décalé face aux réalités. Trop de condamnations globales pas assez d’analyses précises. Trop de morale de tribune. Pas assez d’actes concrets permettant de faire face aux évènements.

Voici qu’à Toulon un second discours est censé marquer les esprits, lancer les accords de Bruxelles sur un nouveau traité européen, mettre le candidat en meilleure posture pour la nouvelle élection présidentielle qui se profile.

On attendait qu’il explique pourquoi Toulon 1 n’avait pas marché, pourquoi la crise était au bord d’un nouvel épisode encore pire que le précédent, pourquoi l’Europe était désormais en pleine discorde, pourquoi la zone Euro était en grand péril d’éclatement, pourquoi la récession s’annonçait à nouveau dans le monde en 2012.

Gouverner c’est prévoir. Avoir raté le coche une première fois lors des élections présidentielles précédentes était pardonnable. La situation était si peu analysée par les économistes de cour qu’on comprend que les politiques aient été pris de court.  Avoir raté le coche une seconde fois à Toulon en 2008 était plus grave. Mais rater le coche une troisième fois  maintenant est dramatique.  


Analysons ensemble certaines assertions du discours de Toulon 2. 

« En septembre 2008, ici, à Toulon, au cœur de la tourmente, j'avais tracé une perspective : celle d'un capitalisme de production, d'une mondialisation régulée, d'une finance encadrée, d'un développement durable, d'un nouveau rôle pour l'État dans l'économie, d'une nouvelle gouvernance européenne et mondiale. »


-    Le capitalisme récent a toujours été un capitalisme de production. Il n’a d’ailleurs jamais atteint de meilleures performances. La difficulté est pour la France en particulier que la production a eu lieu ailleurs et que la croissance de la valeur ajoutée française a été de plus en plus médiocre et dépendante de la dette.


-    La mondialisation, s’il s’agit du commerce international  n’a jamais été autant régulée et surveillée par des organismes ad hoc comme l’OMC.


-    La finance a toujours été extrêmement encadrée. Les règles de Bâle existaient en 2008. Et les nouveaux produits financiers avaient tous été avalisés par les autorités compétentes. Aucun n’a d’ailleurs été interdit depuis.


-    Le développement durable n’est pas seulement le développement qui ne consomme pas les ressources rares de la planète.  C’est celui empêche des bulles de  gonfler qui exploseront nécessairement un jour ou l’autre. Mais les bulles n’ont pas été dénoncées. Elles ont explosées et la croissance n’a pas été durable.


-    Le rôle de l’Etat dans l’économie est en France excessif. C'est la coopération des états dans le monde qui est insuffisante.


-    La nouvelle gouvernance mondiale en Europe et dans le monde n’a de sens que si on précise bien les politiques ou les absences de politiques fautives.

Ces têtes de chapitre en elles-mêmes ne sont pas suffisantes. La question fondamentale reste : qu’est-ce qui était mal fichu dans le système précédent et comment le réparer ? Le diagnostic précède toujours la thérapeutique. Sans diagnostic de détail on reste dans des généralités stériles. 

Vous le faites dire d’ailleurs très bien : « Il faut chercher les causes communes qui ont conduit le monde dans la situation où il se trouve aujourd'hui. »

Et vous continuez de façon excellente :

« C'est dans l'instauration, à partir de la fin des années 70, d'une mondialisation sans règle autre que celles qui garantissaient la liberté du commerce que se trouve l'origine des difficultés actuelles. »


Ce qui nous gêne ici c’est l’emploi du mot mondialisation. Il est trop vague.

 

Ce qui s’est mis en place en 71 c’est une liberté du commerce sans politique monétaire internationale. On a prétendu que les monnaies pouvaient varier l’une vis à vis de l’autre dans un rapport quelconque (on a été du simple au double)  mais qu’un demi pourcent de droits de douane était une honte inacceptable. 

Baisser la TVA sur la restauration de quelques points était un sujet de discussion décennale mais perdre 50% de compétitivité vis-à-vis du Yuan ou du Dollar était « normal » et hors du débat entre nations. 

Ce qui a changé en 1971, c’est le système monétaire international. Le système fautif et l’idéologie qui va avec, auront été que les monnaies, gérées en Occident par des banques centrales plus ou moins indépendantes,  devaient flotter au rythme des pulsions du marché alors que les biens, les capitaux et les personnes pouvaient courir le monde sans entraves.


Il n’est donc pas tout à fait exact de dire que le système monétaire nouveau était sans règle.


Les accords de Bretton-Woods comme vous le savez ont été la victime à la fois des Allemands qui du fait des arrivées de liquidités excessives en provenance des Etats-Unis ont décidé de cesser d’en appliquer les règles et des Etats-Unis qui n’ont pas voulu défendre la parité de leur monnaie en or et qui ont finalement refusé de livrer leur or aux détenteurs de dollars.


Le flottement des monnaies a bien été subi. Aucun économiste sérieux n’avait fait une théorie complète et convaincante des changes flottants, à part quelques bribes dans Milton Friedman.


Mais de mauvais esprits ont fini par théoriser un état de fait et rendre tabou toute tentative de le modifier. Le rôle, pour la France,  de M. Giscard et de son conseiller Pébereau ont été à cet égard parfaitement délétère.  Dès 1972 le tarif extérieur commun de la Communauté européenne est abandonné (sans discussion auprès du peuple ni même des forces politiques), la banque centrale se voit interdire de prêter directement aux états et le principe d’indépendance de sa gouvernance est gravée dans le marbre. 

Depuis la zone Euro a été construite sur les mêmes bases d’une banque centrale qui n’est pas responsable de la valeur externe de la monnaie et qui n’a d’autre boussole que les prix moyens d’une sélection transnationales de produits de consommation.


Banques centrales indépendantes, ne finançant pas les états, marchés de capitaux à court et long terme libres, changes flottants, stabilité interne des prix de consommation sont devenus des idées et des institutions  sacralisées.


L’ennui, c’est que ce système n’a jamais fonctionné, ne fonctionne pas et ne fonctionnera jamais. Il est bien à la source de nos difficultés actuelles.


Il faut donc explicitement le condamner ou se condamner au verbiage. 


Voici la phrase que vous auriez du prononcer : « C'est dans l'instauration, à partir de la fin des années 70, d'un système général de monnaies administratives dont la valeur externe flotterait au gré des pulsions des marchés financiers et des manœuvres des banques centrales que se trouve l'origine des difficultés actuelles. »


L’auriez-vous fait qu’il vous aurait  fallu expliquer pourquoi et  dire comment on devait changer le système, mais vous auriez pu prendre date  et démontrer que faute de réforme on allait tous dans le mur.

Nous reviendrons dans cette grande faute intellectuelle de départ. Continuons à lire votre discours.

« La globalisation financière s'est installée pour compenser artificiellement les ravages que la mondialisation sans règle provoquait dans les économies des pays développés.
C'était nécessaire pour que les excédents des uns puissent financer les déficits des autres. »


Ici, vous allez un peu trop vite.  Dans le nouveau système rien en apparence ne laissait penser que les déficits et les excédents excessifs devaient être la règle. Les cours du change des pays en excédent auraient du monter et ceux des pays en déficits baisser. Les mouvements de changes auraient été stabilisateurs. C’était la théorie de Friedman : les ajustements auraient plus petits, plus constants, moins destructeurs. A terme le monde aurait connu une égalisation des taux d’intérêt, une baisse des réserves nécessaires, et des variations modestes de cours de change.  Pour Milton Friedman les changes flottants comme tous les systèmes de prix étaient stabilisateurs. 


On aura vu exactement l’inverse.


Le système ne devait pas provoquer de « ravages ».  Il n’aurait donc pas du être nécessaire d’effectuer des compensations sous forme de dettes.


Votre propos n’a de sens que si on explicite pourquoi en fait dès 1971 a été mis en place un système voué aux déficits et aux dettes en excédents contrairement à la vulgate qui a fini par le justifier.  

Vous ne le faites pas.


Est-ce la libre concurrence qui est le moteur du déficit, les pays pauvres et peuplés emportant progressivement tout le commerce mondial et toute la production ? La régulation doit-elle être commerciale d’abord ? Faut-il donc revenir sur le libre échange quasi intégral qui prévaut aujourd’hui ?   Ou sont-ce les défauts structurels du nouveau système monétaire international de facto qui doivent être incriminés ?


Le discours ne donne pas de clé sur ces questions cruciales.


En revanche il esquisse une explication fausse de l’accroissement de la dette globale. En considérant que la liberté du commerce implique que les pays riches soient mécaniquement  obligés de s’endetter pour continuer à consommer, on se trompe totalement de diagnostic.  Vous semblez croire qu’un pays pauvre a toujours l’avantage sur un pays riche en matière de productivité et qu’il lui prendra nécessairement sa production.

C’est évidemment faux. Sinon il n’y aurait plus de pays pauvres depuis longtemps et la Grèce triompherait en Europe.   Ce que vous oubliez c’est le taux de change. C’est lui qui régule les vannes.  Au sein de la zone Euro il n’y a plus de vannes. Dans un système de changes flottants les vannes sont chaotiques et irrationnelles. L’ennui c’est que le taux de change est un sujet tabou, aussi bien au sein de l’Euroland depuis que la monnaie unique a été choisie de préférence à une monnaie commune mais ajustable, que dans les instances internationales où les changes flottants sont le dogme absolu.


Ce que l’on a vu c’est une panne généralisée de quarante ans dans le fonctionnement des écluses monétaires. C’est sur ce défaut majeur que l’on aurait du se pencher. Mais au G.20, on a considéré,  que les changes étaient un non-sujet. Tragique méprise.
L’ouverture du commerce international et son développement n’est pas la source des difficultés. Au contraire, ils ont été une force de croissance constante et puissante jusqu’à ce que désordres financiers finissent par l’étouffer.


En revanche le pseudo-système, qui s’apparente à un non-système du point de vue technique, qui consiste à laisser une monnaie nationale jouer le rôle principal dans le système monétaire international soit comme monnaie de transaction soit comme monnaie de réserve, en sachant que les autorités dudit pays annoncent qu’elles se moquent de la valeur externe de leur devise, et qui laisse toutes les monnaies flotter ou non selon les stratégies des états, est une absurdité calamiteuse qui a fait tout sauter.

C’est cette absurdité qu’il faut dénoncer. Oui il  importait dès 2007 de prendre date en assénant que l’absence de réforme dans ce domaine provoquerait une crise plus grave encore et dès 2008 qu’elle ne permettrait pas de sortir de la crise qui avait explosé.

Bien sûr la France aurait rencontré des oppositions. Ni la Chine ni les autres pays mercantilistes n’auraient accepté sans réagir la remise d’un système dont ils croient tirer avantage. Les Etats-Unis n’auraient pas lâché leur privilège monétaire d’un tour de main.  Le Royaume-Uni, poumon financier et principale passerelle de recyclage des excédents et des déficits de balances de paiement  n’aurait pas non plus pavoisé.


Mais en indiquant que le prix à payer de l’inaction était une crise mondiale pire que celle de 1929, on se positionnait pour la suite.


Toulon 2011 n’aurait pas été cette pale copie de Toulon 2008.  Le Président aurait pu dire : « Nous nous enfonçons dans la crise comme nous l’avons prévu et annoncé faute de toucher au moteur de la crise. Voulons-nous attendre la vraie grande dépression mondiale pire que 1929 pour agir ? ».


Au lieu de cela vous avez rendu les armes par avance. En annonçant qu’il ne s’agissait pas de remettre en cause le rôle du dollar comme monnaie internationale et qu’on ne reviendrait pas sur les changes flottants et que la Chine était notre amie malgré sa politique mercantiliste agressive,  vous vous êtes privé de tout levier pour faire changer quoi que ce soit. Et vous avez aggravé le tout en affirmant qu’il n’était pas question de revenir sur l’indépendance totale de la BCE.


Que vous reste-t-il comme issue sinon subir l’aggravation de la crise en secouant des petits poings impuissants ? Alors que le Président de la République Française aurait  pu prendre la stature du commandeur.

« L'Europe sans politique, l'Europe en pilotage automatique qui ne fait qu'appliquer aveuglément les règles de la concurrence et du libre-échange est une Europe qui ne peut pas faire face aux crises. »

Nous retrouvons ici une variante de la même analyse : l’Europe serait victime de la liberté commerciale et d’elle seule.  En vérité ce sont les changes de la zone euro qui sont en déshérence.  Lorsque le dollar a été faible ainsi que le Yuan entre 1997 et 2000, la croissance a été forte. Lorsque l’Euro a été trop fort, elle a souffert.

Les déséquilibres internes à la zone  ne sont pas non plus pris en compte. L’Allemagne a conduit une politique « mercantiliste » fondée sur la retenue salariale et une moindre croissance, mais sans trop de dettes, pendant que la France prenait un autre chemin, basé sur la consommation, le farniente et la dette à outrance.  Quant aux autres ! Chacun a fait ce qu’il voulait.

Entre le défaut de construction de la zone Euro qui laisse sans gestionnaire le taux de change (M. Juncker aura été un président fantomatique de l’Eurogroupe) et la politique foldingue de la France fondée sur le vive l’impôt, vive la dépense publique, vive la dette, vivent les avantages acquis, on a assez d’explications des difficultés particulières qui nous assaillent sans remettre en cause exclusivement le libre échange. 

« La croissance extravagante du secteur financier qui a disséminé d'invraisemblables quantités de dettes a eu pour conséquence la financiarisation de l'économie. Elle l'a mise sous la domination exclusive de la logique spéculative et l'obsession du court-terme. On en connait les conséquences dramatiques sur l'industrie, sur l'environnement, sur les inégalités et sur la dégradation de la valeur du travail ».

La question est de savoir quelle est la source de cette « croissance extravagante ».  Vous n’en esquissez aucune description dans le discours. On pourrait penser que votre idée sous jacente est que les pays développés, perdant dans la compétitivité mondiale, se sont lancés dans une course folle volontaire à la dette et que les banques en auraient rajouté pour arriver à la catastrophe que l’on connait.

La vérité, à laquelle vous faites si souvent référence dans ce discours,  est un peu plus précise que cela.

Les banques ne peuvent pas enfler leur bilan toute seule. Si elles avaient le pouvoir individuel de créer de la monnaie à volonté, aucune d’entre elle ne risquerait la faillite.  La dette créée par les banques est toujours un produit dérivé. Il faut une source nette de liquidité pour que la banque prête plus.  Cette source de liquidité à l’échelon d’un pays ne peut venir que de la création de monnaie banque centrale ou dans un afflux net de monnaie internationale, dans la pratique de dollars.

Chaque zone monétaire est donc dans la dépendance des balances qu’elle entretient avec les autres et de la politique de sa banque centrale « indépendante ». 

Dans un système de changes flottants où personne n’est responsable ni des cours des devises, ni des niveaux de balances de paiements, ni des niveaux de balance commerciale, laissés à la libre évaluation ou évolution des marchés, tout va dépendre de la politique monétaire des grands acteurs et principalement de la banque centrale du pays qui émet la monnaie mondiale et qui ne peut alimenter la liquidité mondiale que par des déficits de balances extérieures.

Après dix années d’inflation à deux chiffres et de déficits monstrueux, Volcker aux Etats Unis a donné à la fin des années 70 un énorme coup de frein qui a aggravé fortement aux Etats-Unis la dureté de la crise cyclique décennale. Ensuite Greenspan a repris dès 1987 la politique de Benign neglect et d’injection massive de liquidité à chaque chute de bourse ou début de récession. Lorsque les dettes devenaient trop grandes on ruinait le créancier comme le Japon dans les années 80. Ils ont accumulé des avoirs en dollars replacés aux Etats Unis selon une spirale sans fin (la double pyramide de crédits décrite si bien par jacques Rueff) avant de subir des très graves dépréciations dont ils ne sont toujours pas remis. A partir des années 90 la Chine s’est ajoutée.  Et elle proteste en voyant qu'elle prend le même chemin si lme dollar s'effondre. 


Les pyramides de déficits de la balance dollar des Etats unis ont donc été depuis 1971 la source des pyramides de dettes quiont été certes  partiellement purgées après chaque accident conjoncturel.mais qui ont chjaque fois repris de plus belle.


On a vu ainsi les dettes globales moyenne des Etats industrialisés qui étaient redescendues à moins de 200% du PIB remonter dès 1972.  Partout. On a dépassé  200% puis 250% puis 300% puis 350% de ratio dette/PIB pour atteindre souvent 400 et plus. L’Irlande ira vers les 1000%, l’Islande les 1400% !


Nous avons décidé au Cercle des économistes e-toile d’intervenir quand beaucoup de cs pays ont dépassé les 300% en 1997.  Depuis cette date nous appelons les dirigeants à réfléchir aux défauts d’un système qui ne pouvait qu’exploser de façon cataclysmique. Et on a passé les 300% pour aller vers les 400%  dans le silence absolu des économistes officiels et des politiques !


Le cœur de votre réflexion devrait être fixé sur cette explication : pourquoi et comment depuis 1971 le monde a-t-il vu l’endettement global des pays développés remonter alors qu’il baissait continument depuis la guerre ? 


 « L'Europe sans politique, l'Europe en pilotage automatique qui ne fait qu'appliquer aveuglément les règles de la concurrence et du libre-échange est une Europe qui ne peut pas faire face aux crises. C'est une Europe désarmée. C'est une Europe qui est condamnée à subir. Cette Europe-là, nous n'en voulons pas. »


Ce n’est pas nous qui vous contredirons. Nous affirmons que la gestion par la norme est la grande victime de la crise.  Ce n’est pas vrai seulement pour l’Europe : à partir du moment où il n’y a plus de discipline internationale d’état autour des taux de change, le monde vit dans le spontanéisme corrigé théoriquement par la norme et les institutions juridiques mais en vérité exploité par les puissances en vue de leur propre intérêt. Au darwinisme microéconomique réponds un darwinisme macro économique qui a permis aux Etats unis et à la Chine de tirer au moins provisoirement et en apparence leur épingle du jeu. Mais au prix de la faillite générale. 


Il est clair que dans ce choc des puissances la France n’a pas  fait le poids et l’Europe n’a pas existé.


A l’intérieur de la communauté, sur trop de sujets, la commission européenne dicte sa loi contre les états. Le ministre socialiste Allègre a écrit que la collectivité des ministres de l’éducation n’a rien pu faire pour imposer à un Commissaire un projet que tous les ministres européens avaient accepté. Le Commissaire a dit : niet. Et rien ne s’est fait.  Seule la commission a l’initiative. Et sur certains thèmes un grignotage perpétuel soutenu par la Cour de Justice Européenne a été mené sans résistance réelle de la France.

Dans tous les secteurs communautarisés via la Commission les gouvernements et donc leurs électeurs ont perdu tout pouvoir de contrôle et surtout de changement. Le Parlement européen a toujours été une farce démocratique et le restera.

Avec la BCE la perte de pouvoir est encore plus radicale. Non seulement le pouvoir a échappé aux Etats mais ils sont condamnables s’ils prétendent remédier à ce triste état de fait.  L’indépendance des banques centrales est une fiction idéologique. Ne donner à cette fiction qu’une mission de stabilité d’une liste de prix de produits de consommation plus ou moins arbitraire et moyennée sur une zone aussi grande n’a pas de sens.

Vous venez de prendre des décisions qui mèneront à la perte de la responsabilité budgétaire. La « règle d’or » cela consiste à créer une condition de plus de « pilotage automatique pendant la crise ».

Les Etats européens ne disposent plus du volant règlementaire et législatif dans aucun des domaines communautarisés, n’ont plus de gouvernail monétaire et désormais sont contraints à faire avaliser leurs budgets par la Commission.

C’est une Europe dont les états sont condamnés à subir.

Vous affirmez : nous ne voulons pas d’une Europe passive.  Très bien. Parfait. Mais quels sont les leviers qui restent à disposition du Président de la République Française ?

En revanche des pouvoirs transférés ne sont pas exercés.

Qui était responsable de la politique de change en Euroland ? Pas la BCE, on le sait. On a statutairement mis hors jeu l’institution qui a le plus d’influence sur les changes. Les états de la zone Euro ? Aucun pouvoir.  Les traités disaient : c’est l’Euro-groupe.

Cet Euro-groupe a été présidé par un fédéraliste européen, le luxembourgeois Juncker,  quasiment depuis sa création. Qui a entendu sa voix ? Qu’a-t-il fait ou dit dans ce domaine ? Rien.   Et pourquoi rien ? Parce que l’Euro-groupe et les états de l’Euroland n’ont exactement aucun pouvoir sur les changes externes et qu’ils sont totalement impuissants à contrer les forces centripètes à l’intérieur de la zone Euro.  De toute façon son président n’a même le pouvoir de parler au FMI !

On ne voit pas que ces institutions partiellement informelles, divisées et croupions, ait un rôle quelconque sinon de dialogue entre ministres européens, façon club.

L’Europe a désarmé les états pour tout ce qui concerne les mouvements de personnes, de capitaux et de produits au sein de l’Union.  Et elle ne produit aucune politique dans ces domaines. Les armes mises au râtelier européen ne servent plus.

Votre discours n'est pas faux. Il ne fait guère avancer les choses. On en reste à l’incantatoire. Que faire sans sortir de l'Euro ou sans créer à côté de la Commission un centre opérationnel réel de l'Euroland piloté par la réunion des états concernés ? Surtout comment faire si Mme Merkel ne veut pas  ?

Les erreurs incroyables de M. Michel Pébereau

Le banquier Michel Pébereau a commis un discours à l'Institut de France le 25 octobre 2011 qui illustre de façon presque parfaite l'incompréhension de la situation économique qui prévaut aujourd'hui dans les milieux huppés de la finance et de l'administration françaises.

Les contresens commencent à la première ligne et se poursuivent jusqu'à la fin du texte (publié dans Commentaire n°136).

Nous n'avons pas ici la place pour en faire une critique détaillée complète. Allons à l'essentiel :

"C'est la décision de la communauté internationale dans les années 70 de s'en remettre au marché pour fixer la valeur des monnaies qui est à l'origine du basculement dans un nouveau monde financier. "

C'est vrai sauf qu'il ne s'agissait pas d'une décision. Les Allemands ont cessé en 70-71 de jouer le rôle prévu par les accords de Bretton-Woods provoquant la réduction rapide des stocks d'or des Etats-Unis.  Ceux ci ont réagi en abandonnant unilatéralement la conversion des dollars en or. Cette voie de fait n'a rien à voir avec une "décision de la communauté internationale".  Elle traduisait que justement il n'y avait plus de "communauté internationale" et chacun était libre de faire ce que bon lui semblait avec sa monnaie et sa politique monétaire. Cela revenait à un étalon dollar compte tenu de la place de cette monnaie dans les transactions internationales.  Aucun livre d'économie n'avait explicité ce nouveau modèle. Au contraire les changes flottants étaient considérés dans tous les grands manuels comme une fantaisie qu'on signalait en passant pour être complet.  On est donc entré de force dans un système inconnu à cette échelle là et dont les inconvénients allait bientôt se faire sentir.

" Ce système (les changes fixes NDLR) a éclaté à la suite des bouleversements provoqués par le choc pétrolier de 1973".

Parfaite inversion des causes. Les changes flottants apparaissent en…1971, pas en 1973. L'énorme dépréciation du dollar engendrée par le détachement du dollar à l'or a provoqué la colère des pétroliers, payés en monnaie de singe.

Ils ont profité de la guerre perdue lancée contre Israel par les pays arabes en vue de récupérer les territoires occupés depuis la guerre précédente pour  provoquer une hausse massive des tarifs.  La crise de 74 n'est pas "le premier choc pétrolier", mais "la première crise des changes flottants", la première des crises les plus graves depuis 1929. A l'époque on s'interrogeait sur les risques imminents d'une dépression de type 1929.

Face à la récession divers pays comme la France jouent la politique habituelle : relance keynésienne pilotée par les déficits étatiques. Mais là, surprise, cela ne marche pas. La relance Chirac est un échec et il faut vite appeler Raymond Barre.

Les relances keynésiennes ne fonctionnent pas en changes flottants.   La leçon sera réitérée après la récession de 1992 et celle de 2009.

"Elle (la nouvelle sphère financière) a aussi aidé les pays avancés à maîtriser le fléau de l'inflation".

Comment peut-on écrire des bêtises pareilles?  Pendant 15 ans les changes flottants ont été à la source d'une inflation à deux chiffres partout. Jusqu'à ce que Volcker siffle la fin de la récréation, au prix d'une violente récession aux Etats-Unis.  L'auteur passe d'un trait de plume sur toute la période de stagflation qui a suivi la décision américaine de 1971. Puis sur la terrible récession de 93, la véritable première récession mondiale depuis la guerre de 40 et la nouvelle "crise la plus sévère depuis 1929". 

Après cette crise  se produit un phénomène important : la chute du mur de Berlin et l'accès de la Chine au commerce mondial. Les terribles effets des doubles pyramides de crédits  ne se verront plus dans les chiffres des prix à la consommation mais dans ceux des biens durables et dans les bulles qui enflent sur tous les marchés de valeurs.  Les prix de l'immobilier s'envolent, comme les cours des bourses de valeurs, des commodities, de l'or et des métaux précieux etc.  Le dollar perd 99% de sa valeur en or.  Ces bulles explosent entre 1998-2001 provoquant une terrible secousse et parfois de véritables tsunamis financiers comme en Argentine, en Russie, et un peu partout en Extrême-Orient.

"Dans l'enthousiasme de ces années de croissance"…

La croissance mondiale moyenne baisse dans la décennie 70, puis baisse à nouveau dans la décennie 80, baisse encore dans la décennie 2000, puis baissera encore dans la décennie 2010 compte tenu de ce que l'on sait. C'est la fin des trente glorieuses et l'arrivée des quarante minables.  En attendant mieux.

Enthousiasmant ? Vraiment ?

" Par ses excès la finance porte une lourde responsabilité dans la crise".

Une fois encore, une banque ne crée pas de monnaie par elle-même. Il faut au système bancaire une impulsion, une arrivée nette de liquidité. D'où est donc venu cet apport net de liquidité ?  Là il n'y a plus personne. M. Pébereau est absent. 

Elle  n'a que deux sources principales : la politique des banques centrales et les excédents de balances de paiement. Quand la FED alimente en permanence le marché de liquidités alors que les partenaires des Etats-unis replacent leurs excédents aux Etats unis eux-mêmes, elle crée un cercle vicieux, une vis sans fin de création de crédits. Il n'y a pas d'autres explication au gonflement monstrueux des encours de dettes qui passent les 200% du PIB, puis les 300, puis les 400, presque partout, sans que personne ne rugisse de colère. Si : Maurice Allais avant de mourir pousse un cri d'alarme. Il est marginalisé de façon incroyablement grossière. Où était Monsieur Pébereau pendant ce temps là ? Quand a-t-il dénoncé ce système délétère qui ne pouvait qu'exploser. "Ce qui doit arriver, arrive " disait Maurice Allais.

Ce qu'ont fait les acteurs financiers, c'est introduire, avec la caution des autorités, et des agences de notation,  des outils permettant de tourner les règles prudentielles habituelles. A-t-on jamais entendu M. Pebereau se plaindre et demander la mise hors la loi de ces dispositifs ? Ils ont permis une certaine augmentation du "leverage", de l'effet de levier, du ratio capital-dette. Mais c'est marginal par rapport à l'enflure de crédits induite par les alimentations massives et constamment accélérées  de liquidités primaires.

"Les Etats ont un rôle à jouer pour que toute la finance soit au service de la croissance et de la stabilité financière. Maîtrise des finances publiques et coordination des politiques économiques sont les conditions de l'indépendance des états par rapport aux marchés".

Les accords de Bretton-Woods, aussi imparfaits qu'ils étaient avaient pour mission principale de forcer les états "à ne pas faire plus de bêtises que les autres" et à s'assurer d'un minimum de coopération. Pas d'excédents commerciaux monstrueux ; pas d'excédents monstrueux de balances commerciales ou de paiements.  Ce ne sont pas les marchés qui peuvent mettre en branle les mécanismes législatifs et budgétaires et monétaires, qui permettent de maintenir les parités arrêtées en commun. Au contraire les changes flottants et la liberté complète des mouvements de capitaux permettent des crises de crédits endogènes. Ils sont déstabilisateurs par construction. Toutes les hypothèses contraires ont été démenties par les faits.

"Pour que toute la finance remette ses virtualités au service de la création de prospérité réelle, il faut encadrer la liberté du marché par le contrôle et la régulation de ses acteurs".

Le seul mécanisme assez puissant c'est l'obligation faite aux Etats de surveiller leurs balances extérieures et la valeur externe de leur monnaie. C'est-à-dire le retour à un système de changes fixes, concertés et de règles puissantes de surveillance des politiques d'états.  Tout le reste est du pipeau grec  et peut même être contreproductif. Réguler les bonus et le capital des banques et les règles comptables et les agences de notation, tout cela c'est de la blague.  Si on laisse en place un système qui dans les trente ans à venir fera baisser à nouveau le dollar de 99% pour sa valeur en or, qui permettra à la Chine la poursuite des excédents monstrueux qu'on connait, empêchant que "le travail s'échange contre le travail",  avec une liberté totale des mouvements de capitaux qui peuvent contrarier toutes les politiques nationales ou régionales , on n'aura exactement rien fait.  Et il faut liquider les milliers de milliards de dettes créées par le système précédent.

L'illusion que les changes flottants et la complexification des méthodes techniques de la finance sont une bonne chose est tenace.  C'est cette illusion là qu'il faut vaincre. Et celle de croire qu'en régulant uniquement le secteur financier par des taxes et des règlements, sans changer le cadre global où il s'agite, on aura réglé tous les problèmes, est tout aussi puérile.  


Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.



Nouveau traité européen : quel impact ?

Pour connaître l'impact d'un train de mesures comme celui qui vient d'être mis sur les rails par l'Union Européenne moins le Royaume-Uni il faut avoir une grille de jugement.

En temps de crise, la préoccupation est toujours double :

* sortir du mauvais pas où l'on s'est fourré
* éviter de recommencer.

Il faut donc, d'abord, avoir une idée des causes de la crise.

Nous défendons ici que le monde souffre d'une erreur de conception du système monétaire international fondé sur les changes flottants et une monnaie de réserve internationale gérée par un seul pays à son seul profit apparent, que l'Euroland est mal conçue avec notamment une banque centrale à la vocation atrophiée, et que la France a sombré à son détriment dans le tout état, tout impôts, tout dépenses publiques.

L'accord européen n'apporte aucune solution directe aux malheurs liés aux changes flottants et à "la guerre des monnaies".

Les statuts de la banque centrale reste ceux qu'ils sont et la gouvernance de la zone euro reste bancale, du fait d'une gestion par les principes, par la norme, et non par une gouvernance capable de piloter. Si la convergence des politiques budgétaire est acquise, tous les autres éléments sont libres. Une politique sociale effrénée mais sans effet sur le budget (jouer sur la durée du temps de travail, les salaires etc.) a autant d'effet que la politique budgétaire. De même que les politiques de crédits peuvent être très différenciées indépendamment du budget. La convergence budgétaire ne garantit aucune convergence générale. D'autant plus que les déficits peuvent être subis et non décidés, comme on vient de le voir du fait du sauvetage presqu'obligé des banques et la mise en œuvre des "stabilisateurs automatiques" en cas de récession. 

Pour la France l'obligation d'être raisonnable était souhaitable. Mais les mesures prises ignorent une réalité que nous soulignons inlassablement : l'existence du cycle. Le budget doit être contra-cyclique. Il ne doit pas être a-cyclique.  Excédentaire pendant les phases de croissance forte il doit redevenir déficitaire pendant les creux. L'équilibre budgétaire doit être dosé finement en fonction des fluctuations générales. L'anomalie est dans l'effet de cliquet des dépenses publiques en cas de baisse de recettes et la reprise immédiate des libéralités financières dès l'arrivée des excédents des vaches grasses.

Toute cette rigidité introduite sur le sable mouvant des changes flottants, renforçant la sous-compétitivité lié à l'Euro fort et confirmant l'absence de politique des changes ne garantit rien du tout pour l'avenir. On a mis une camisole de force à un épileptique jouant au trampoline.

Permet-il au moins de sortir de la crise de financement propre à la zone Euro ?

On sait que la difficulté est lié à un excès de dettes. Les banques sont virtuellement en faillite et les états ne peuvent plus les soutenir sans paniquer les prêteurs, ni même se financer à des taux raisonnables.

Pour liquider des dettes en excédent il n'y a que quatre manières :

- Constater la perte d'une partie des créances : en un mot une faillite organisée ;
- Faire fondre la dette par l'inflation ;

- Pousser la dette devant soi en réduisant à rien les taux d'intérêt voire en les rendant négatif ;

- Accélérer la croissance pour trouver les ressources nécessaires au paiement des intérêts et au remboursement du principal.

Sur le premier point il est annoncé qu'il n'y a aura plus de faillite organisée. En revanche on corsète à ce point les banques qu'elles doivent liquider en masse leur portefeuille et limiter drastiquement le financement...des états. La taxe sur les opérations financières achèvera le travail. C'est du "deleveraging" au forceps.  Mais si on brade des dettes sur le marché secondaire, ces dettes ne sont pas pour autant réduites.

L'inflation est interdite par les statuts de la BCE.
 
Pousser la dette devant soi n'est possible que dans la mesure où il y a refinancement. C'est-à-dire qu'il faut des banques désireuses et en situation  de prêter, si possible dans la zone monétaire elle-même et non pas à l'étranger avec risque de change. Mais les mesures de compression bancaire ne le permettent pas.

Accélérer la croissance est impossible dans le cadre des plans d'austérité nécessaires pour revenir dans les clous des normes fixées par l'accord.

Au total force est de constater que ces accords ne règlent rien pour le futur et ne permettent pas de sortir du trou où on est tombé.
 
Ils rassurent à moyen terme les porteurs de dettes européennes hors de la zone Euro. Mais ils n'empêcheront pas la dégradation générale des notations. Ils donnent à penser que l'Europe  a choisi son avenir politique de façon si forte que la panique s'arrêtera et l'intendance suivra. Mais le temps constitutionnel n'est pas celui de la finance.
   
Sauf si la BCE, "rassurée" sur le sérieux de ses mandants par ses beaux principes gravées dans le mou des parchemins, décidait unilatéralement et en toute "indépendance" de lâcher les liquidités massivement ce qui est actuellement possible sans déclencher une forte inflation, il est plus que difficile de déterminer en quoi les mesures prises peuvent véritablement avoir un effet positif pour la prévention des crises futures comme pour la résolution des conséquences de la crise mondiale en cours.

A entendre les débats qui ont suivi dans les médias, les défenseurs de l'Euro semblent pris au dépourvu. Ils en sont à acquiescer avec ceux qui pensent que l'Euro ne passera pas l'hiver si, au-delà des mesures prises, un "projet vraiment européen" n'était pas mis en place accompagné par un déversement de liquidité de la BCE rendu actuellement impossible par la constitution allemande, verrou qui doit sauter.  Les européistes ont finalement intégré  que l'Euro tel que conçu n'était pas viable. Après avoir crié sans réfléchir que l'Euro était la seule solution, celle qui allait faire naître solidité financière et 5 millions d'emplois nouveaux, comme disait Mitterrand, qu'il s'agissait d'un bouclier dont la construction valait bien quelques sacrifices, manifestations d'un acte de foi plus que d'un raisonnement économique,  les voilà devenus incrédules ou apostats au moment même où l'on créée une nouvelle étape de la fusion économique : l'Europe budgétaire.  

Pendant ce temps là la Grèce s'enfonce dans la récession, comme peu ou prou l'Espagne, le Portugal, l'Irlande et l'Italie. La France ne sait plus si elle dans le camp des forts ou des faibles. L'Europe tout entière perd en compétitivité globale.

Ce n'est plus qu'un cri presqu'unanime : que la BCE lâche la liquidité nécessaire et que l'Euro baisse.

On vote un traité qui dit le contraire : pas de gabegie et pas de dévaluation compétitive. 

La postérité risque d'être un peu dure lorsqu'elle examinera la manière dont l'Europe et le Monde auront géré la crise depuis 2007.

 
Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Du côté des gestionnaires de fortune

En attendant que les états se soient mis d'accord sur quelque chose, aussi bien dans le cadre de l'Europe que dans celui plus général du G.20, il est intéressant d'aller tâter le pouls des épargnants et des gestionnaires de leur épargne.

Comme le dit si bien le CEO d'UBS au journal suisse Le Temps, la question est savoir si on fait du conseil en placement ou si on gère la relation avec le client. En ces temps d'incertitudes majeures, l'accent est partout mis sur la relation avec l'épargnant. Imaginez qu'il retire sa confiance au vu des résultats navrants de l'année 2011 !

On sait que de tradition un bon gestionnaire de fortune est un homme émotif et convivial qui sait pleurer avec le client. Lors que les résultats sont bons, le gestionnaire dit "je". Lorsqu'ils sont mauvais, il dit "nous". En 2010 : "je suis content de mes performances." En 2011 : "nous avons souffert cette année". Enfin, surtout vous, car nous cela va encore bien merci. Surtout si vous restez.  

Il faut être capable en toute circonstances de débiter les plus plates banalités, en général pêchées dans le journal du jour si tant est que "des éléments de langage" n'aient pas été distribués par une obligeante direction générale. Le chef du département "retail"  de Blackrocks  en Suisse va par exemple se fendre d'un article, toujours  au Temps,  pour expliquer que "la stratégie doit privilégier les entreprises en bonne santé". C'est sage en effet.   

Le bon gestionnaire doit sans farder la "difficulté exceptionnelle du moment" faire valoir qu'il fait tout de même mieux que les autres. Il doit utiliser la méthode "Hervig von Hove" telle que démontrée dans le même journal Le Temps, une vraie mine d'or : "Depuis le début de l'année la performance de nos fonds se situe entre -2% et -6.5%, des chiffres à comparer à des chutes bien supérieures des principaux indices boursiers".  Variante : à ceux de nos principaux concurrents. Toujours garder prêt à servir le résultat particulièrement désastreux d'un fonds même inconnu qui servira de repoussoir. L'important est de faire prendre conscience au client à quel effroyable destin il a échappé en restant sagement auprès des "bons gestionnaires".

Une des règles de fer est de jamais parler de la rentabilité de l'entreprise gestionnaire.  Inutile de rappeler au lourdeau que les marges s'étaient envolées jusqu'à 180 points de base dans certains  cas de mandat entre 2005 et 2007 (nous ne parlons évidemment pas de la gestion de la fortune de la malheureuse Mme Bettencourt !).  Et de ne jamais présenter  de comparatifs explicites sur plusieurs années. Les résultats globaux sur l'année en cours, n'espérez rien de mieux. Quant au prix de revient unitaire moyen d'un actif comparé à sa valeur du jour, ne rêvez pas.  Les pertes apparaîtraient si bien que même le plus langoureux roucoulement ne servirait à rien.  Evitez les aveux dérivés comme celui  du "Head of discretionary portefolioManagement du Crédit agricole suisse private equity" : "La performance moyenne sur trois ans sur les dix dernières années est de +3.6%".  Si l'inflation prend 2,1% et le gestionnaire 1.8%, le gain avant impôt est nul.  

Le Cabinet Deloitte qui conseille le secteur de la gestion de fortune indique qu'il est l'heure de "changer de modèle", une des phrases creuses à la mode dans tous les domaines du management. Il faut mettre en avant les notions "d'asymétrie, de liquidité et de dynamisme". Avec de tels conseils nous sommes sauvés. Surtout si on y ajoute l'avis déterminant du responsable de la gestion de portefeuilles pour la clientèle privée chez Lombart Odier : " Une gestion active avec conviction s'impose".  On apprend donc que jusqu'ici la gestion n'était pas active et manquait un tant soit peu de conviction.

Lors d'une récente enquête, la BNP demandait à ses clients ce qu'ils espéraient d'une bonne gestion de fortune. De beaux locaux et des invitations à des "events" de prestige dans des endroits sélectionnés pour happy few ont été des réponses fort nombreuses, à ce qu'on dit. Cela prouve que les épargnants sont des sages. Quitte à se faire légèrement piller, autant que ce soit dans une ambiance sympathique et exclusive. Il faut le dire les vrais gestionnaires de fortune spécialisés dans la clientèle riche sont autrement plus "dynamiques" et montrent une autre "conviction"  dès lors qu'il s'agit du traitement du client (par traiteur)  que les mercenaires des banques commerciales.  

L'un d'entre eux organisait son raout annuel ces derniers jours.  L'endroit choisi est magnifique : un hôtel particulier place Vendôme, avec des salons luxueusement décorés et la vue féérique sur les illuminations de Noel. Le champagne, Henriot, servi frais est excellent.  Côté petits fours cela manque un peu de classe. Mais les temps sont durs. On ne va pas chipoter.  L'important, ce sont les discours. On a fait venir "un économiste officiel". Pas n'importe qui.   

On ne fera pas grâce d'un de ses titres à l'auditoire lors de sa présentation. Il s'agit de montrer que décidemment, on choisit les meilleurs, les mieux en cour. L'intervenant  entend lui même faire savoir combien il est important. Il énumère ses postes de conseiller. Il indique qu'ayant été choisi pour un poste dans un "machin" public, les conflits d'intérêts possibles l'obligeront à quitter certains d'entre eux. En un mot : quelle chance nous avons qu'il ne se soit pas encore démis de ses fonctions chez ce gérant de fortune ! Profitons donc encore un instant de son grand savoir et de son entregent. Un homme si proche du pouvoir, si influent, si présent dans les médias, cela vous pose. C'est tellement vrai que nous avons vérifié qu'il intervenait partout. Trois invitations à des manifestations de ce genre reçues en quelques semaines portent son nom.

L'augure va parler. Nous, on est un peu sceptique.  Ce garçon est le roi de la banalité. Il est le parfait représentant du "parler économie pour ne rien dire", le prince de la "pensée zéro". Nous l'avons égratigné sur ce site justement pour cette incapacité à assumer ce que devrait être le "devoir des économistes" : alerter sur les défauts des systèmes et sur les contradictions des politiques ; faire savoir les conséquences des actions et des inactions. Il n'a jamais proféré la moindre prévision juste. Il n'a pas vu venir la crise. Au contraire il l'a toujours minimisée. C'est un européiste. L'Europe c'est toujours bien. Sinon il ne serait pas aux postes qu'il occupe.

L'Europe,  il va en parler. C'est le "sujet de la semaine".  Lui qui n'a jamais, au grand jamais, éprouvé la nécessité de faire valoir qu'il y avait quelques difficultés de structure dans la construction de l'Euroland de Maastricht depuis 20 ans, trouve que ce petit sujet pour semaine creuse  n'est pas grave.  La théorie du complot qui voudrait que de vilains américains chercheraient noise à l'Euro est ridicule.  L'Europe a toujours avancé par crise. Nous sommes au bord du gouffre mais l'Europe avance toujours le dos au mur. Il ne peut rien dire des résultats des conférences qui s'annoncent en fin de semaine pour recadrer l'Euroland et ne peut préjuger des résultats (on n'est jamais trop prudent) mais il pense que cela va bien se passer. "L'Europe est  le dos au mur et au bord du gouffre mais elle va faire un grand pas en avant", volens nolens. Pas sûr que l'orateur ait bien vu le côté comique de son discours.

Pour le reste, on n'aura droit qu'à des airs inspirés pour énoncer des banalités et vite parce que "le temps nous manque".

Des explications de la crise ? Aucune. Satané manque de temps …Des solutions concrètes ? Néant absolu.  Toujours ce sacré manque de temps.

Alors quoi ? Monsieur a un scénario. D'une originalité exemplaire ! L'expansion sera molle en 201. Pareil pour 2013. Aucune catastrophe à prévoir. Et surtout pas d'inflation, en tout cas pour les deux prochaines années. Donc inutile d'investir dans l'or ou l'immobilier. La panique actuelle qui fait fuir vers le Franc suisse, les actifs réels en Allemagne, etc.? Rien à battre.  Comme il n'y aura pas de crise de la zone Euro ni d'inflation, pourquoi s'inquiéter ? Il est vrai que si  le président du CAE auprès du Premier Ministre faisait du catastrophisme, il ne le serait plus longtemps.
 
Molle l'économie sera mais positivement tirée par les pays émergents. Le ralentissement au Brésil, en Chine, le début de crise en Argentine, ce n'est rien du tout. Leur croissance restera forte et tirera l'économie des pays développés. Pas de soucis à se faire sur le long terme.

On ne peut rester totalement dans cette ambiance béni-oui-oui. Il faut alerter sur des aspects  ciblés.   Voici notre sommité alertant sur des "points à surveiller".

Le dollar risque de baisser et les chinois de leur emboiter le pas. Une critique du système monétaire international ? Que nenni. Les changes flottants c'est tabou. Il faut les surveiller c'est tout. D'autant plus qu'il n'y a personne en Europe chargée de la politique de change. Une critique ? Mais non. C'est normal ou tout du moins c'est comme cela.
 
Il faut surveiller les matières premières qui risquent de grimper de façon asphyxiante pour l'économie française et européenne.  

Un krach obligataire est possible car les taux longs sont négatifs ce qui ne pourra pas durer éternellement. On fait quoi ? Silence. Mais il l'aura bien dit si cela arrive.

Même discours depuis quatre ans selon les habitués de ces agapes. Il n'y a pas que le président Sarkozy pour resservir tel quel d'anciens discours !

L'auditeur n'aura rien appris.  Espérons qu'il pensait pendant ce pensum à la flûte de champagne à venir.  Comment des nullités pareilles qui n'ont rien vu venir et absolument rien compris à la crise peuvent-ils continuer ainsi à truster, avec de grasses rémunérations, le discours économique ? Un expert qui se trompe en France reste un expert. Ce n'est pas ce qu'il dit qui compte mais qui il est. Enlever l'armature des titres il ne reste rien. On nous joue "l'être et le néant".   Et pendant ce temps là l'avoir se carapate (alexandrin).

Mais voici que les gestionnaires prennent la parole. La durée de possession d'une action est …de 22 secondes. La volatilité est structurelle. Les marchés de valeurs sont déconnectés des réalités et vivent leur vie propre. Tous les placements ont vu leur rendement baisser et se rapprocher de presque rien. La crise va durer longtemps sans doute une décennie ou deux. Par conséquent il faut de superbes gestionnaires de fortune. La "gestion directionnelle" c'est finie. Il faut une gestion "opportuniste" afin de résister aux baisses et exploiter toute occasion de gains de valeurs.

Nos dynamiques gestionnaires vont donc aller "chercher l'argent là où il est" (phrase citée une bonne demi douzaines de fois par les orateurs, un "élément de langage", probablement conçu par un ancien fiscaliste socialiste converti à la gestion de fortune). Le mauvais esprit pensera que c'est bien ce qu'ils font avec la clientèle qui les écoute. Mais non : on parle de l'intérêt des épargnants.  Par chance il reste des gisements de profits certes lointains et dangereux mais prometteurs : les pays émergents. la Chine nous sauvera donc ainsi que le sud saharien ! Les atterrissages en cours se feront sans drame. Ce qui est bien le moins quand la piste se trouve au bord du gouffre !

Et l'or dans tout cela ? Un des gestionnaire n'est pas du tout d'accord avec Monsieur l'économiste (avec tout le respect qu'on lui doit naturellement). Non pas que la panique généralisée doive fausser le jugement. Monsieur aime les courbes longues (nous sommes comme lui) et il nous sort une des courbes que nous aimons beaucoup : celle de l'évolution du ratio dette/Pib des Etats unis. C'est un des éléments qui depuis 1997 nous a fait considérer la possibilité d'une crise d'une exceptionnelle gravité.  La revoir ici est une bonne nouvelle. On s'intéresserait donc à cet aspect critique de la situation : le gonflement inimaginable des dettes par rapport au PIB dans la majorité des pays développés ?
 
En vérité la courbe est exploitée en association avec une autre qui donne le cours de l'or en fonction des encours de dette.  Il y a corrélation. Donc l'or a encore de beaux jours devant lui et le cours de 1750 dollars l'once n'est qu'une étape. L'or reste un placement important non lié à l'incertitude ou à l'inflation. C'est inscrit dans les courbes. C'est structurel. Monsieur le président du CAE peut aller se rhabiller.

Au passage on donne un état de l'endettement des pays européens. Mais là, surprise : les chiffres sont tronqués. Ils ne font apparaître qu'un endettement à peine supérieur à 2 fois le PIB. En fin de séance la remarque en sera faite en privé. Réponse : "on ne peut tout de même pas faire paniquer la salle, on lui a déjà dit assez de mauvaises nouvelles comme cela" !  Si en effet il fallait dire toute la vérité au malade, où irait-on !
 
Notons une fausse note : devant un parterre de personnes plus qu'aisées on  laisse glisser que la crise française "c'est la faute des politiques qui ont voulu  sauver notre modèle social".  "D'ailleurs plus d'un million de travailleurs allemands gagnent moins que notre Smic et le coût horaire en France est supérieur à celui des Allemands".  

Allons donc vite aux buffets installés dans les jolis salons plongeant sur  la place Vendôme  méditer sur ces pauvres qui nous font tant de mal. Heureusement que les marchés veillent pour mettre un peu de plomb dans la tête de nos démagogues. Même si, actuellement, ils ruinent proprement la petite foule qui se presse autour des buffets.

Ainsi vagabondaient en ce début décembre 2011 l'esprit des gestionnaires de fortune.  En 2012 c'est sans doute la fortune qui va vagabonder !

 



Economie amusante : un scénario intéressant !

Que se passerait-il si un état, par exemple la France, qui dispose d'une fabrication des billets de banques coûteuse mais puissante  décidait le créer unilatéralement des Euros ?

Le mécanisme pourrait être celui-ci :

- L'état français crée la Banque d'amortissement  de la dette française.

- L'état ferait imprimer pour 1000 milliards d'euros de billets.

- La Banque de France les monétiserait en achetant pour mille milliards de titres émis par la banque d'amortissement.

- Le bilan de la banque centrale française serait équilibré : 1000 milliards d'émission contre 1000 milliards de titres.

- Le bilan de la banque d'amortissement le serait aussi : 1000 milliards de cash contre 1.000 milliards d'obligations.

- La Banque d'amortissement  dispose maintenant de la trésorerie pour intervenir par mille moyen sur les différents marchés financiers (marché interbancaires, marchés secondaires des dettes d'états etc).

- Les banques commerciales peuvent à nouveau financer l'économie et éventuellement souscrire de nouveaux bons du trésor.

- La spéculation sur les taux d'intérêt français s'arrête aussitôt après avoir essuyer de lourdes pertes.

- L'économie repart à proportion des injections de liquidités.

-  Loin de la dictature de la BCE et des marchés l'état peut organiser une croissance vertueuse en étalant les réformes visant à amaigrir l'état et les collectivités locales.

- A terme la banque d'investissement rembourse  la banque centrale et les écritures inverses sont passées.

- Nous sommes revenus à la situation ex ante avec des économies encore dynamiques (pas de  déflation,ni de récession) et une situation budgétaire assainies.

- Bien sûr on aurait violé les traités. Mais sans le dire. En quelque sorte on auraiot  péché contre la règle mais pas contre l'esprit, puisque l'Euro, dégagé du besoin de faire sortir un pays du club de l'Euro, serait naturellement sauvé.

- Du faux monnayage d'état n'est pas du faux monnayage, mais de la politique monétaire.

- Et depuis quand l'hypocrisie ne figure plus dans les armes de la politique nationale ?

Au lieu d'être maltraité par les marchés, on aurait marché sur les traités.


Maintenant la BCE peut décider de son côté et d'un seul élan de créer 2500 milliards d'Euros (1.000 milliards pour la France, 500 pour l'italie,  300 pour l'Espagne, 150 pour le Portugal, la Grèce, l'Irlande, etc.)  et de les mettre à disposition d'un fonds de solidarité financière  Européen.

On ne parlerait pas de faux monnayage et les traités seraient respectés.

L'inflation ? A voir.

Quant à l'hypocrisie ....

Valentin Zeldenitz

Quelles leçons tirer du discours Seguin ?

Un des aspects du discours est purement politique : la souveraineté comme la virginité ne peut pas se perdre à moitié. Ou on l'a gardée ou on l'a perdue ! Perdre sa souveraineté monétaire revient à perdre sa souveraineté politique. Nous nous concentrerons sur l'économie.

"Que l'on ne s'y trompe pas la logique du processus de l'engrenage économique et politique mis au point à Maastricht est celle d'un fédéralisme au rabais fondamentalement anti-démocratique, faussement libéral et résolument technocratique".

Comme nous l'avons répété mille fois ici la politique européiste consiste à mettre constamment la charrue avant les bœufs pour prouver à terme, quand la charrue est bien piétinée,  qu'il faut aller plus loin. Aujourd'hui le fédéralisme est proposé comme solution à la crise de l'Euro. C'était entièrement prévisible et prévu. Tous ceux qui avaient affirmé péremptoirement le contraire ont menti.  Dont acte. Construire l'Europe par le mensonge, en manipulant ou en contournant les peuples, nous est présenté comme la seule solution pour la construire. C'est une idée affligeante et totalement anti démocratique. 

Nous voici donc en train de quémander la grâce du soutien de l'Allemagne, au moment où des commentaires "germanophobes" se multiplient à gauche, faisant pendant aux caricatures présentant en Grèce la chancelière en Hitler en jupons.

"…le conformisme ambiant, pour ne pas dire le véritable terrorisme intellectuel qui règne aujourd'hui, disqualifie par avance quiconque n'adhère pas à la nouvelle croyance, et l'expose littéralement à l'invective."

Ce mécanisme est typique de l'époque. Le caractère néfaste des changes flottants, impossible à contester si on s'en tient aux réalités, est tout aussi  impossible à critiquer pour un économiste officiel.  Il porte atteinte à une croyance. Comme personne ne peut ni ne veut remettre en cause cette croyance, ce qui impliquerait trop de lourdes conséquences, théoriques, économiques,  diplomatiques, organisationnelles, une chape de plomb pèse sur les lèvres. Tenter de la lever voue vous au silence, à la marginalisation,  voire aux gémonies.

"Tout se passe en réalité comme si personne n'avait vraiment envie de débat" constate Philippe Seguin. C'est une évidence. Dès qu'une idée gène l'oligarchie administrativo-médiatique, le silence s'installe. La presse écrite et audio visuelle est tenue par 10 personnes en France. Leur consensus s'impose. Sur les sujets techniques, il s'impose toujours par le silence. Le terrorisme intellectuel en France ne passe pas seulement par la bastonnade médiatique. On aime surtout taire et ignorer, chasser du débat et faire oublier. C'est la source principale de sa dégringolade intellectuelle et de sa marginalisation dans le débat d'idée mondial.

"on peut toujours prétendre - on commence à le faire çà et là - que la question est beaucoup trop technique pour être valablement abordée lors d'un débat public, dans un climat passionnel, à un moment dans la conjoncture qui ne s'y prêtent pas et devant des électeurs dont il est avantageux de postuler l'incompétence".

Nous pouvons témoigner avoir entendu mille fois cette même réponse : la monnaie, mon bon ami mais personne ne comprend rien : Le système monétaire international ? Mais vous voulez endormir la salle !

Cantonné le débat et faire taire le technicien, c'est tellement plus facile. La panne est au bout du chemin.

En tout état de cause l'économie, elle, ne supporte jamais longtemps le mensonge et se venge toujours à un moment ou un autre. Les mauvaises constructions économiques se délitent toujours. Il est tout de même de la responsabilité des économistes d'alerter sur les vices cachés de certains échafaudages. 

Ce que nous apprend la confrontation entre les prévisions faites par M. Seguin et la réalité d'aujourd'hui, c'est que les défauts sont toujours visibles pour ceux qui veulent bien regarder. Le système de Maastricht était gravement fautif et les défauts parfaitement clairs.  Mais ceux qui tiennent les médias en France n'ont pas voulu la clarté.

"La mise en commun des faiblesses et des défaillances de chacun n'a jamais amélioré les performances de tous".

L'idée que la taille est la solution de tous les problèmes est une illusion d'optique qui a gâché bien des projets politiques ou économiques.

"Redoutable contresens économique, d'ailleurs, que cette « harmonisation » à laquelle nous devons déjà des centaines et des centaines de directives et de règlements communautaires ! L'harmonisation sera un échec et l'harmonie disparaitra de la zone Euro".


Il est bien temps de découvrir que ce n'est pas l'unification de la taille des prises électriques qui permet la coordination critique des actions budgétaires et des dispositifs sociaux. M. Sarkozy vient d'annoncer que désormais laction devait se concentrer sur la nécessaire harmonisation au sein de l'Europe ! 20 ans après le démarrage du processus. Cherchez l'erreur.


"On nous dit que la monnaie unique va favoriser nos exportations, mais les échanges intra-européens sont déjà considérables et I'unification de la monnaie ne supprimera pas les risques de fluctuation vis-à-vis du dollar et du yen. Mieux : dès lors qu'il y aura trois pôles monétaires comparables, les arbitrages triangulaires iront se multipliant, avec tous les risques de change y afférent."

Jamais les déficits commerciaux extérieurs français n'ont été si hauts. Ils n'ont pas cessé de progresser depuis lm'instauration de l'Euro.

Pour le reste nous ne cessons de répéter qu'une zone monétaire fixe dans un océan de monnaies flottantes est une gageure.  Une des conditions de l'Euro était qu'on en revienne à un système de parités fixes mondialement.

"On nous dit que la monnaie unique fera baisser tes taux d'intérêt, mais cela est plus que douteux dès lors qu'il va falloir intégrer des pays plus sujet à l'inflation et ensuite tout dépendra de la politique de la Banque centrale européenne qui sera indépendante, c'est-à-dire incontrôlable."

On ne saurait mieux dire.

"dans le SME, la France choisit librement les contraintes qu'elle s'impose jusqu'à ce qu'elle décide de s'en affranchir. Au contraire, avec la monnaie unique, nous abandonnons définitivement ou presque le droit de choisir notre politique monétaire. Toute la différence est là !"

Il aurait mieux valu pouvoir décrocher la Drachme que de vivre ce que nous vivons depuis deux ans. Et devant le mercantilisme allemand la France aurait pu décrocher de 7 à 10% le Franc.

"En tout cas, rien n'impose aujourd'hui à la France la politique monétaire qu'elle s'est choisie, qui joue au détriment des salariés, qui disqualifie les investissements à long terme et qui a des effets tellement désastreux sur l'activité qu'ils finiront de toutes les façons par faire fuir les capitaux étrangers."


Près de 100 milliards d'euros de dépôts étrangers ont quitté la France en quelques semaines ! Il y a eu désinvestissement dans l'industrie et le niveau global des investissements réellement productif a été très faible.

"Quant à ceux qui voudraient croire qu'une politique bud­gétaire autonome demeurerait possible, je les renvoie au texte du traité, qui prévoit le respect de normes budgétaires tellement contraignantes qu'elles imposeront à un gouvernement confronté à une récession d'augmenter les taux d'imposition pour compenser la baisse des recettes fiscales et maintenir à tout prix le déficit budgétaire à moins de 3 p. 100 du PIB. Enfin, et je souhaite insister sur ce point, la normalisation de la politique économique française implique à très court terme la révision à la baisse de notre système de protection sociale, qui va rapidement se révéler un obstacle rédhibitoire, tant pour l'harmonisation que pour la fameuse « convergence » des économies."

La démonstration en est faite.

"II est temps de dire que bâtir l'Europe des Douze sur la peur obsessionnelle de la puissance de l'Allemagne est tout de même une bien étrange démarche, proche de la paranoïa. D'autant qu'à force de vouloir faire cette intégration à tout prix, on va finir par faire l'Europe allemande plutôt que de ne pas faire l'Europe du tout, ce qui serait un comble."

C'est un comble. On y est.

Nous avons insisté sur l'étude de ce texte pour montrer que "ce qui doit arriver arrive". les défauts de la construction de l'Euroland étaient parfaitement connus. Le débat n'a pas eu lieu. Ceux qui le portaient ont été éliminés de la vie politique. Même le peuple a été éliminé du jeu : son non au référendum "constitutionnel" à été éliminé par le traité de Lisbonne signé loin de son approbation. Et voici qu'on propose déjà un nouveau traité de Lisbonne.

Est-ce à dire qu'une zone de monnaie unique est impossible en Europe et qu'elle va exploser ou qu'elle doit exploser ?

Nous ne le pensons pas.  Mais il faut pour cela ne pas cacher la réalité : une zone monétaire unique implique des disciplines monétaires budgétaires, et sociales coordonnées.  On ne peux pas décider d'un côté d'augmenter les déficits, de l'autre de les réduire, d'un côté d'aggraver les charges sur le travail, de l'autre de les réduire, d'un côté de réduire la durée de travail, de l'autre de l'augmenter.

Réduire les écarts une fois creusés impliquent en monnaie unique  une politique déflationniste dans l'urgence qui tourne à la panique inefficace.

Une zone monétaire unique suppose qu'une politique commune soit conduite avec tous ces leviers monétaires, financiers, budgétaires et sociaux. Une banque centrale ne disposant que de l'objectif de maintenir la stabilité interne des prix et se moquant du reste est un défi au bon sens.

Les projets transnationaux à long terme y doivent être financés par des empruntés globaux, en l'occurrence des eurobonds. Les investissements nationaux doivent pouvoir être financés par des prêts de la banque centrale., sans imposer le versement d'intérêts aux banques privées qui reçoivent là une manne totalement incompréhensible. En revanche le déficit primaire doit être solidement encadré.

La double question du tarif extérieur commun et de la valeur externe de la devise commune doit être gérée. Il est évidemment impossible d'admettre l'environnement international de changes flottants avec ses déficits exorbitants et ses accumulations absurdes de créances. Les mouvements de capitaux à court terme doivent être contrôlés.

Bref, on est très loin de ce qui a prévalu à la suite de Maastricht et de ce qu'on nous propose aujourd'hui.

L'ennui est que la crise actuelle est une panique monétaire  à court terme qui doit être contrée par des mesures institutionnelles qui exigent du temps et qui supposent une unité de conception qui n'existe pas et l'abandon de lambeaux d'idéologies mal fondées considérés malheureusement comme des tabous à ne jamais remettre en question.

Ce n'est pas en priant pour que la BCE fasse ce qu'il faut, tout en confiant à la Commission des pouvoirs de police budgétaire contrôlée  par la Cour de Justice Européenne, qu'on évitera les conséquences  des défauts criant du système actuel.

La solution Merkel n'en est pas une. Une gouvernance économique, budgétaire et monétaire effective à l'échelon des chefs de gouvernements est clairement la solution cohérente avec le choix de l'Euroland, si on souhaite conserver cette option qui n'est que POLITIQUE.

Si on veut garder l'Euroland, il faut mettre en place une structure spéciale située à Strasbourg chargée sous le contrôle des chefs de gouvernements concernés, de définir et de mettre en œuvre les politique ad hoc.

Cela veut dire mettre fin à l'indépendance totale de la BCE et l'élargissement de sa responsabilité ; cela veut dire que l'instance commune aura à gérer la valeur externe de la monnaie et disposer du pouvoir de négocier des accords avec les trésors étrangers  et notamment négocier un nouveau Bretton-woods.

Ce chancelier financier de l'Euroland aura à sa disposition quatre organes : la BCE (membres nommés selon les règles actuelles, vocation élargie); le Trésor européen (directeur nommé par le Chancelier chargé des changes et des financements collectifs) ; le comité budgétaire européen ; le fonds monétaire européen (membres nommés pour cinq ans par la conférence des premiers ministres des pays de la zone Euro) .

Le comité budgétaire sera composé des ministres du budget de chaque pays de l'Euroland et du représentant de la commission des finances de chaque parlement. Il aura pour vocation de voter les enveloppes budgétaires nationales des pays de la zone Euro proposé par le Chancelier, après négociation avec les différents gouvernements et d'en suivre l'exécution.

Le fonds monétaire a vocation d'intervenir au cas où un gouvernement ne respecterait pas ces engagements. Il pourrait à la fois mettre sous tutelle un pays en défaut ou le maintenir sous perfusion financière le temps du retour à la normale. Il sera chargé de toutes les investigations sur les conditions d'exécution des budgets et notamment de la garantie des statistiques.

Ces instances seront totalement déconnectées des institutions de l'Union Européenne et notamment de la Commission et du Parlement, chargées des politiques communes et pas de l'Euroland.

On sait que les Allemands sont profondément opposés à toute institution qui divergeraient de la Commission et de l'Union européenne globale.

Mais il n'y a strictement AUCUNE raison de donner à la Commission des responsabilités sur un domaine qui n'est pas de sa compétence et qui ne concerne qu'une partie des membres de l'UNION. Elle est d'essence technocratique et foncièrement hostile aux états. Alors que les nouvelles instances doivent un rôle de gestion positif en liaison étroite avec les instances élues et non pas contre elles.

Cela vaut pour la cour de Justice Européenne qui n'a rien à dire sur l'application de mesures de gestion qui dépendant directement du législatif élu pour le contrôle et des exécutifs pour l'initiative et l'exécution. 

Si les blocages institutionnels et idéologiques persistent, la zone Euro éclatera ou sera ravaudée avec un sparadrap de tellement mauvaise qualité qu'on ira de crise en crise. 

Si on profite de la crise pour créer une Europe fédérale par la bande, les peuples  ne l'accepteront pas. Déflation plus fédéralisme égale troubles assurés et révolte des peuples.

Maintenant on peut préférer des états nations retrouvant toute leur souveraineté monétaire et financière, l'Union Européenne étant juste une zone de coopération.

L'important est qu'il  est cohérence entre institutions et règles de base de l'économie.

Actuellement il n'yen a aucune.

Article Collectif - Cercle des économistes é-toile



Discours de Seguin (fin)

Il reste à répondre à une ultime question qui donne toute la mesure de notre responsabilité : existe-t-il une alternative à la démarche de Maastricht?

La réponse est claire et nette : oui, bien sûr et à l'évidence ! Mais, certes, il y faut de la lucidité et du courage.

De la lucidité d'abord pour comprendre les difficultés que nous vivons, car ce n'est pas le sentiment de la crise, comme on l'entend dire, qui crée la crise. La crise est une réalité profonde qui s'appelle nouvelle pauvreté, exclusion, ghettos, chômage, désespérance des jeunes, inégalités des chances, insécurité, déculturation, perte de repères, dérive du système éducatif.

Il serait vain et dangereux de continuer de répéter que la France se porte bien. Si l'on ne répond pas au désarroi des Français, ils continueront à se laisser aller vers les extrémismes et vers les intégrismes qui minent déjà le sentiment national. De renoncement en renoncement, nous avons nous-­mêmes contribué à détourner le peuple de la chose publique et à ruiner le sens civique. A force de laisser entendre que tout se vaut et que l'action est impuissante face aux contraintes de l'économie et de la technique, nous avons accrédité cette idée dangereuse que la politique ne peut rien changer à rien, que ce qui arrive doit donc arriver et que nul n'en est responsable ni coupable.

On ne pourrait rien contre la conjoncture internationale, rien contre la concurrence du Sud-Est asiatique, rien contre les feuilletons américains, rien contre le drame des banlieues, rien contre le progrès technique, prétendument seul à l'ori­gine du chômage. Bref, tout cela serait inscrit dans la nature des choses.

La référence constante à l'exemple des taux d'intérêt pour justifier de tels comportements vaut qu'on s'y arrête à nou­veau, car elle n'a pas seulement des conséquences économiques ou sociales, elle contribue à la démoralisation de la nation. Il y a quelque chose de pourri dans un pays où le rentier est plus célébré que l'entrepreneur, où la détention du patrimoine est mieux récompensée que le service rendu à la collectivité.

Ce que cache la politique des comptes nationaux, ce que cache l'obsession des équilibres comptables, c'est bien le conservatisme le plus profond, c'est bien le renoncement à effectuer des choix politiques clairs dont les arbitrages bud­gétaires ne sont que la traduction. Que penser d'une politique économique qui se contente de guetter la reprise américaine ou la récession outre-Rhin ? Que penser d'une politique éco­nomique qui se résume à l'indexation de notre monnaie et de nos taux d'intérêt sur le deutsche mark et les décisions arrêtées par la Bundesbank, au moment où l'Allemagne fait l'objet de critiques convergentes et croissantes au sein du G7 pour la manière dont elle gère les conséquences de la réunification? Quelle est la logique d'une politique qui oscille au seul gré des parités monétaires, indifférente à l'économie réelle.

Ce n'est même plus de l' « économisme », c'est de l' « économétrisme » ! Et n'est-il pas paradoxal de voir l'État, plus myope encore que les marchés, se déterminer au rythme de la publication de quelques indices financiers ?

Oui, la libéralisation et l'internationalisation des activités économiques sont à la fois souhai­tables et inéluctables ! Oui, elles entraînent une redéfinition du rôle économique de l'État ! Non, il n'en résulte pas que l'État n'ait désormais d'autre logique de fonctionnement que celle d'une entreprise - au reste plus mal gérée qu'une véritable entreprise. Et oui, l'État conserve une fonction d'arbi­trage dans le partage de la valeur ajoutée, une fonction de régulation et d'anticipation, dont l'efficacité détermine la compétitivité des économies comme le montrent à l'envi le Japon, l'Allemagne ou les pays d'Asie du Sud-Est

Mais le premier alibi de tous nos renoncements, c'est indubitablement la construction européenne. Nous ne pouvons rien faire, nous dit-on, puisqu'il faut harmoniser, Bruxelles en ayant décidé ainsi. Nous ne pouvons pas réformer la fis­calité puisqu'il faut soi-disant uniformiser les taux de T.V.A.

Nous ne pouvons pas baisser les taux d'intérêt puisqu'il nous faut soi-disant rester accroché au mark en vue de l'union monétaire. Nous ne pouvons rien pour notre industrie puisque le commissaire à la concurrence y fait obstacle. Nous ne pouvons rien faire pour l'aménagement du territoire puisque nos marges de manœuvre sont mises à la disposition de la Communauté.

On voit bien l'avantage politique à transférer sur Bruxelles ou sur les collectivités locales la responsabilité de ce que l'État n'a plus le courage d'assumer. A commencer par l'impôt, dont on veut bien désormais qu'il soit local ou même européen, pourvu qu'il ne soit pas national et qu'il n'en soit pas tenu compte dans les statistiques de la politique fiscale.

Mais cette Europe alibi est pleine de dangers car il est vain d'espérer que nos problèmes seront résolus par ce qui n'est au fond qu'une fuite en avant. Il est illusoire de chercher ailleurs qu'en nous-mêmes les réponses à nos difficultés. Il est faux de penser qu'en mettant en commun nos problèmes nous allons miraculeusement les résoudre mieux, nous tous, Européens de l'Ouest qui, pris séparément, n'avons eu jusqu'à présent pour leur faire face ni la volonté ni l'imagination nécessaires.

Comment peut-on croire que l'intégration apportera une meilleure sécurité à un moindre coût - alors que la défense, c'est d'abord la volonté de se défendre ! - qu'elle permettra d'augmenter les salaires tout en produisant moins, que la libre circulation des chômeurs autorisera la réduction de leur nombre, que les finances publiques seront mieux gérées à onze ou douze que dans le cadre national ? Il s'agit là de paris insensés ! D'autant plus insensés que le temps passe sans que personne cherche à résoudre des problèmes en voie d'aggravation rapide. Il faut dire qu'à force d'additionner une mauvaise conception de la décentralisation et l'affaiblissement délibéré de l'État, l'idée suivant laquelle la France n'est plus capable de se gouverner finit par acquérir quelque crédit. Est-ce là le fruit d'une stratégie politique ? Nul ne saurait le dire à coup sûr. Mais ce qui est certain, c'est que ceux qui ne voient plus d'autre solu­tion pour la France que de se fondre dans l'Europe intégrée et rétrécie de Maastricht sont précisément ceux qui préfèrent douter de la France el des Français plutôt que d'admettre que leur incapacité pourrait être seule en cause.

On prétend - que n'a-t-on pas dit ? - qu'en refusant de ratifier Maastricht nous déciderions de fait, et peut-être même de jure, notre sécession de la Communauté.

Voilà le plus infondé des procès d'intention, alors que, précisément, nous souhaitons conserver les acquis de la Communauté et la chance qu'ils représentent pour l'Europe, en la remettant sur les rails et en la remettant en perspective ! Car beaucoup de choses ont été accomplies au .sein de cette Communauté, qui ne sauraient être effacées. Beaucoup de liens ont été noués, qui ne sauraient être rompus. Beaucoup de coopérations ont été engagées, qui ne sauraient être arrêtées.

Mais il nous faut redéfinir les règles du jeu pour que la souveraineté reste où elle doit être, c'est-à-dire dans les nations. Dès lors, il ne saurait plus y avoir aucun transfert Irrévocable de souveraineté, mais seulement des délégations de compétences, qui pourront tout naturellement être réinterprétées, reformulées ou amendées dès lors que ce Parlement le décidera, dans l'intérêt national.

Alors, si nos partenaires font de même, la coopération entre les Douze fonctionnera comme elle fonctionne aujourd'hui dans le S.M.E., c'est-à-dire par consensus, sans que, ni en droit ni en pratique, aucun État  ne se dessaisisse de façon irréversible de son pouvoir de décision.

 

Mais dans la redéfinition des règles qui régissent la coopération communautaire. il n'y a pas que la question des souverainetés nationales à résoudre; il y a aussi la lancinante question du déficit démocratique. Or, pas plus après Maastricht qu'avant,  le Parlement européen ne sera un véritable législateur et il n'exerce aucun contrôle effectif sur les décisions communautaires. Le gadget de Maastricht s'appelle la « codécision », qui succède à la coopération de l'Acte unique, la codécision n'étant guère que le pouvoir reconnu au Parlement, au terme d'une procédure qui relève du parcours du combattant, d'enterrer les textes sur lesquels il ne parvient pas à se mettre d'accord avec le Conseil.

Pour combler le déficit démocratique, en fait, Il faut rendre leurs prérogatives. aux parlements nationaux.

Cela ne veut pas dire qu'il faut se contenter d'associer les parlements à la discussion, ni même faire semblant de les faire participer aux décisions, et encore moins introduire dans notre Constitution la formulation théorique du principe dit de subsidiarité pour empêcher que le droit communautaire n'empiète sur les compétences du législateur national.

Espoir vain si les traités internationaux ne sont pas modifiés ou si l'interprétation de l'article 55 de la Constitution n'est pas précisée. Le principe de subsidiarité n'est pas, en effet, un principe juridique : c'est un principe d'efficacité. Et il n'appartient pas aux juges d'apprécier subjectivement l'efficacité comparée des organes nationaux et des organes communautaires.

En réalité, si l'on veut rendre sa dignité à notre Parlement, il faut, dans un contexte radicalement différent de celui de Maastricht et de ce que vous proposez avec la monnaie unique que nous inscrivions dans Constitution que la loi nationale prime dans l'ordre juridique interne tout texte communautaire dès lors qu'elle est postérieure à celui-ci.

Ce principe juridique fondamental, dit de la loi écran, que reconnaissaient la Cour de cassation jusqu'en 1976 et le Conseil d'État jusqu'en 1989 doit entrer dans l'ordre constitutionnel pour qu'il soit possible à la majorité parlementaire de suspendre l'application d'une norme communautaire par le vote d'une loi contraire, qui s'impose à nouveau aux juges.

Compte tenu des dérives récentes, il est également nécessaire que, pour toutes les matières qui relèvent du domaine législatif, aucune mesure ne puisse être introduite dans le droit interne sans qu'une loi l'autorise expressément ; de même qu `aucune contribution ne doit pouvoir être versée par la France sans l'autorisation du Parlement  Il appartient bien, en revanche, au Parlement européen de voter les dépenses de la Communauté, d'exercer éventuellement à cette occasion un droit de veto et d'amendement ou de mettre en jeu la responsabilité de la Commission.

Dès lors, on cessera de prendre à Bruxelles, entre gouvernements, sur proposition d'une commission de technocrates, des décisions qui relèvent exclusivement des Parlements de chaque État.

Encore faut-il, pour que l'ensemble .soit cohérent, que la Commission perde son monopole de l'initiative pour ne plus être que l'organe de préparation et d'exécution des décisions du Conseil. Voilà qui remettra à sa place la technocratie, pour le plus grand profit d'une démocratie qui n'en finit pas d'être vidée de sa substance.

Reste la question monétaire.

Ce n'est certainement pas l'Instabilité des monnaies appar­tenant au S.M.E. qui étouffe la croissance européenne, Aussi, quand on se pose la question de la monnaie européenne, on doit se poser en rait la question d'une amélioration marginale de l'efficacité de notre système monétaire, certes significative, mais certainement pas décisive pour la compétitivité de notre économie.

Écartant le fantasme de puissance qui sous-tend le projet de monnaie unique, que reste-t-il pour améliorer le système actuel sans renoncer ni à notre souveraineté, ni à la souplesse d'adaptation que procurent les parités ajustables ?

Eh bien, il reste l'intelligente proposition défendu au Royaume-Uni par John Major et, en France, par Édouard Balladur, et sur laquelle s'accordent de nombreux économistes, je veux parler de la création d'une monnaie commune circulant parallèlement aux monnaies nationales, une monnaie commune qui serait l'aboutissement logique du S.M.E.

Celle-ci serait émise en contrepartie des monnaies nationales par un institut d'émission européen dont le pouvoir de création monétaire serait strictement limité pour éviter toute dérive Inflationniste.

Quels services rendrait-elle ? Elle intensifierait la concurrence monétaire en incitant chaque pays à une meilleure gestion de ses liquidités. Elle offrirait aux entreprises un instrument efficace pour mieux gérer leurs risques de change. Elle pourrait rivaliser avec le dollar et le yen sur les marchés internationaux de capitaux.

En adoptant la monnaie commune au lieu de la monnaie unique, on choisirait, je crois, l'efficacité contre l'idéologie.

Tout le reste est l'affaire de la coopération entre États. On observera d'ailleurs que ce qui fonctionne le mieux aujourd'hui en Europe se situe souvent en dehors de l'orbite communautaire, qu'il s'agisse d'Ariane espace, du GIE Airbus ou du CERN.

Donc, la stratégie est claire : il ne faut pas forcément des politiques communes, avec leurs programmes lourds, leur opacité, leurs procédures inextricables, leur arbitraire, leurs gaspillages, mais plutôt un cadre souple permettant des regroupements en fonction des moyens et des intérêts réels de chacun, des priorités et des circonstances.

Mettons en place un cadre souple qui favorise des coopérations efficaces mais aussi un cadre ouvert où chacun pourra maintenir les solidarités qu'il entretient avec le reste du monde et qui sont souvent une part de lui-même.

Un cadre ouvert pour intégrer au plus vite les nouvelles démocraties de l'Europe de l'Est et pour Ies associer aux programmes européens qui les Intéressent directement. Un cadre ouvert pour éviter que le repli de certaines nations sur elles-mêmes ne débouche sur celui de l'Europe tout entière.

Cette communauté-là est, en tout cas, la seule susceptible de s'ouvrir rapidement aux autres nations européennes. A partir d'elle, grâce à elle, nous pourrions construire une Europe plus réaliste, une Europe rendue à sa dimension véritable, une Europe plus démocratique, une Europe plus sûre et, je n'en doute pas, une Europe plus prospère.

Convenons d'appeler ce nouveau système de relations la Confédération européenne puisque les nations y resteront souveraines, tout en gérant ensemble et d'un commun accord leurs interdépendances chaque fois qu'elles le jugeront utile ou nécessaire. Mais ce ne sera pas la Confédération que nous propose M. Mitterrand - conçue comme un noyau dur et formée d'une communauté de nantis autour de laquelle gravitent des États subordonnés ! Les pays de l'Est en ont déjà refusé le principe à Prague il y a un an à peine ; ils ne l'accepteront pas davantage demain. Celle conception n'est pas la bonne. Elle est inadaptée et même dangereuse.

Et c'est précisément parce que nous sommes pour l'Europe que nous sommes contre l'Europe de Maastricht.

Ainsi conçue à partir des États, c'est-à-dire sur une base qui pourra être démocratique, l'organisation de l'Europe permettra d'assurer à tout le moins et sans délai l'entente, la détente, la coopération, ce qui n'est déjà pu si mal,

Que sera cette Europe ? Ce sera une Europe enfin réunifiée, dotée d'un système de sécurité collective et d'un grand marché commun. Car il l'agit tout à la fois de conjurer de conjurer des risques et de garantir des chances.

Les risques tiennent à la prolifération nucléaire, balistique et chimique. Ils sont technologiques et environnementaux. Les chances ce sont celles de la paix et de la prospérité à l'échelle du continent.  

Comment concevoir ce système de sécurité collective européen en faveur duquel la France doit agir de toutes ses forces, tout en modernisant sa propre défense ?

Il s'agit de bâtir une organisation régionale conforme à ce qui est prévu par la Charte des Nations unies. Elle serait essentiellement fondée sur un Conseil de sécurité composé pour partie de membres permanents, car l'Europe a besoin au plus vite d'une instance d'arbitrage capable de prévenir les affrontements et, le cas échéant, de les circonscrire et d'en limiter les effets. Il existe, en effet, au sein de l'Europe actuelle une multitude de conflits potentiels, d'autant plus à redouter que le principe de l'intangibilité des frontières est souvent intenable, s'agissant de tracés imposés arbitrairement par les vainqueurs des deux guerres mondiales, au mépris souvent des réalités historiques, culturelles et politiques.

Là est la voie, la seule voie d'une réelle indépendance européenne. J'oserai dire au passage que, dans les diverses célébrations de Maastricht, rien ne m'a choqué davantage que d'entendre quelques atlantistes patentés reprendre à leur compte la perspective d'une Europe indépendante, contribuant A un rééquilibrage politique et offrant un autre modèle au monde que le modèle actuellement dominant. Comme si cela était leur véritable objectif !

A l'inverse, un conseil de sécurité européen permettrait de signifier que si d'aucuns sou haltent organiser sous leur drapeau, comme on le dit, une gendarmerie mondiale, il faudrait lui trouver d'autres terrains de manœuvre que le continent européen.

Pour indispensable qu'il soit, ce système de sécurité ne suffirait pas à empêcher les tensions, les affrontements et les mouvements de population incontrôlés, sans un traitement simultané de la question économique., Et l'on ne pourra pas progresser sur le terrain de l'économie si, au nom du « gradualisme» et des nécessités de la transition, on inflige aux anciennes démocraties populaires ce qu'on a fait subir aux pays du tiers monde depuis trente ans, à savoir la fermeture de nos frontières à leurs produits.

Il faut donc songer à réaliser au plus tôt un grand espace européen à l'intérieur duquel serait progressivement garantie la liberté des échanges. Certes, l'état actuel des législations ne permet sans doute pas d'envisager l'ouverture très rapide d'un marché unique comportant la reconnaissance mutuelle de toutes les réglementations sur l'ensemble du continent, En revanche, rien ne s'oppose à la mise en place d'un grand marché commun dans l'esprit du traité de Rome, avec la libre circulation des marchandises. Rien ne s'oppose non plus à ce que soit signé un accord européen unique portant sur la protection des investissements, avec la création d'une instance arbitrale unique pour régler les litiges en la matière et la mise au point d'une assurance unique destinée à garantir les investissements étrangers contre le risque politique.

Et pour éviter que ne le referme une fois de plus le piège de la dette extérieure, peut-être faut-il admettre, pour apurer les comptes, que les créances publiques soient remboursées en monnaie locale et réinvesties sur place.

Remarquons à ce propos que si la libération des échanges doit être réalisée au plus vite, le passage à la convertibilité monétaire demande moins de hâte et ne pourra s'opérer avant que les banques centrales nationales aient rétabli l'équilibre entre la circulation fiduciaire et le niveau des transactions.

Enfin, un vaste plan de protection de l'environnement et du patrimoine est à mettre en œuvre dans cette Europe centrale et orientale qui est au bord du désastre écologique. Sans doute, une haute autorité de l'environnement aux compétences bien définies, pouvant statuer dans certains cas à la majorité, est-elle nécessaire pour préserver ou restaurer un patrimoine que l'Europe tout entière considère comme un bien commun.

Dans cette Europe-là, la France trouvera naturellement sa place, Elle a un grand rôle à y jouer et rien ne sera sans elle.

Voilà, en tout cas, un projet qui appelle à I'enthousiasme plutôt que de se nourrir de frayeurs et de fantasmes.

II est temps de dire que bâtir l'Europe des Douze sur la peur obsessionnelle de la puissance de l'Allemagne est tout de même une bien étrange démarche, proche de la paranoïa. D'autant qu'à force de vouloir faire cette intégration à tout prix, on va finir par faire l'Europe allemande plutôt que de ne pas faire l'Europe du tout, ce qui serait un comble.

Il ne servira à rien de tenter de ficeler l'Allemagne. Car l'Allemagne, et c'est bien naturel dans sa position, et avecles moyens dont elle dispose, ne renoncera à sa souveraineté que si elle domine l'ensemble, certainement pas si elle lui est subordonnée.

Le débat qui se développe en ce moment en Allemagne à propos de Maastricht en fait la démonstration : les Allemands veulent bien d'une banque centrale européenne, mais seulement si celle-ci est peu ou prou entre les mains de la Bundesbank, et d'une monnaie unique, si celle­-ci s'appelle le mark.

Et comment peut-on imaginer que l'Allemagne va renoncer à jouer son jeu en Europe centrale ? N'a-t-elle pas d'ailleurs clairement annoncé la couleur quand elle a reconnu unilatéralement la Croatie, sans se soucier des engagements communautaires qu'elle avait pris quelques semaines auparavant ?

Une fois de plus, il nous faut considérer le monde tel qu'il est et non tel qu'on voudrait qu'il soit. Et dans ce monde-!à, ce que la France peut apporter de plus précieux à l'Europe, c'est de trouver en elle-même assez d'énergie et de volonté pour devenir un contrepoids, pour équilibrer les forces en présence, pour peser lourd face à l'Allemagne, sinon pour faire jeu égal avec elle.

Le meilleur service que nous pouvons rendre à l'Europe, c'est donc de nous engager résolument sur la voie du redres­sement national, c'est de restaurer la cohésion nationale et l'autorité de l'État.

Encore faut-il que nous gardions les mains assez libres pour cela.

Pour autant, il ne s'agit pas de rompre l'axe franco-allemand, qui est essentiel, mais au contraire de le consolider en le rééquilibrant, en redevenant un partenaire crédible, un associé influent, un interlocuteur valeureux. Un couple franco-allemand où l'Allemagne serait tout et la France plus grand-chose ne serait pas un couple heureux.

Derrière la question de savoir quelle Europe nous voulons, se pose donc fatalement la question cruciale de savoir quelle France nous voulons.

Bien sûr, la France est solidaire du reste de l'Europe, bien sûr, sa participation à la construction européenne est un grand dessein.

Bien sûr, elle se doit en particulier de rassembler l'Europe méditerranéenne. Bien sûr, elle se doit de retrouver ses responsabilités vis-à-vis de l'Europe danubienne.

Mais la France ne saurait avoir l'Europe comme seul horizon, comme seul projet, comme seule vocation. Il suffit de regarder la carte de la francophonie pour comprendre combien la vocation de la France va bien au-delà des frontières de l'Europe.

Tant pis pour les intellectuels de salon qui montrent dédaigneusement du doigt ceux « qui ont cette conviction obsessionnelle que la nation française est porteuse d'un message universel de valeur supérieure et d'une mission civilisatrice ». Oui, la France a une vocation messianique, elle doit assumer et même y entraîner l'Europe, en particulier dans la coopération Nord-Sud pour prévenir les grands exodes que nous préparent la misère africaine.

Encore faut-il que, chez les hommes d'État, le visionnaire l'emporte encore un peu sur le gestionnaire, l'idéal sur le cynisme et la hauteur de vue sur l'étroitesse d'esprit. Car pour donner l'exemple aux autres, il convient d'être soi même exemplaire. Il faut, pour que la France soit à la hauteur de sa mission, qu'elle soit, chez elle, fidèle à ses propres valeurs.

Et la France n'est pas la France quand elle n'est plus capable, comme aujourd'hui, de par­tager équitablement les profits entre le travail, le capital et la rente, quand elle conserve une fiscalité à la fois injuste et inefficace, quand elle se résigne à voir régresser la solidarité et la promotion sociale, quand elle laisse se déliter ce qu'autrefois on appelait fièrement le creuset français et qui était au cœur du projet républicain.

Les défis que nous avons à relever sont immenses, Jamais ils n'avaient touché aussi profondément ce que nous sommes et ce que nous voulons devenir. Ils tiennent en une seule et même obligation : rompre enfin avec des schémas de pensée, des modes d'approche totalement dépassés du fait de l'évolution de nos sociétés. Et c'est parce que nous nous y accro­chons contre toute raison que nous donnons cette impression d'impuissance. A nous de savoir nous en dégager au lieu de nous y résigner ! Quel meilleur service rendre à l `Europe que nous voulons construire !

Sachons, par exemple, prendre la vraie dimension de la crise. Elle n'est pas seulement économique et sociale. Elle est aussi et probablement surtout culturelle. Elle tient à l'incapacité de nos sociétés à s'adapter aux conséquences de la révolution technologique et de l'évolution des mentalités.

Ainsi la lutte contre le chômage passe-t-elle par une meilleure égalité des chances. La reproduction sociale quasiment à l'identique n'est plus seulement intolérable en termes moraux, elle est un handicap insupportable en termes d'efficacité!

La mutation de notre système éducatif est elle-même une clef essentielle, car le problème culturel, le problème des mentalités, le problème de l'adéquation de la modernité à son rythme trouveront leur solution d'abord dans les repères intellectuels et les modes de pensée que nous saurons donner à nos enfants.

La grandeur éducative des débuts de la IIIe République avait su donner à l'immense majorité des Français les moyens d'affronter le grand basculement de la modernité urbaine, industrielle et scientifique de la fin du XIXe siècle. Un siècle après, voilà la République à nouveau confrontée aux mêmes grands défis. Il n'y a plus aujourd'hui aucun grand projet politique qui ne commence par là.

Il est temps de comprendre aussi que la compé

Discours de Seguin (suite)

Chacun a en mémoire l'absence radicale de la Commu­nauté de tous les événements majeurs de la fin des années quatre-vingt et du début des années quatre-vingt-dix : libération de l'Europe de l'Est, éclatement de l'Union soviétique, guerre du Golfe, tout s'est passé sans elle, lorsque ce n'est pas malgré elle !

Même le conflit yougoslave qui, tant par sa situation géographique que par la dimension de son territoire, semblait constituer un terrain d'exercices idéal pour la diplomatie communautaire, s'est transformé en un stand de démonstration de l'impuissance et de la désunion, impuissance qui, dans ce cas, ne tenait pas à l'absence d'une organisation intégrée, mais aux légitimes différences d'approche entre les pays membres - et je souhaite, s'agissant de la France, qu'elle puisse continuer à les exprimer,

La crise des euromissiles apporte une autre éclatante démonstration du poids d'un vieil État-nation dans des circonstances critiques.

Le président Mitterrand croit laisser sa marque dans l'his­toire de ce pays comme le héraut de la cause européenne. Oserai-je dire qu'à mon avis, il s'agit d'un contresens? Car, si cette empreinte historique existe, elle est à chercher plutôt dans son discours au Bundestag, qui a infléchi de manière décisive la position allemande devant la crise des euromissiles dans le sens de la fermeté! Par là même était ouverte la voie aux événements de la fin des années quatre-vingts, qui ne le virent malheureusement pas faire preuve de la même lucidité.

Ce qui fit peser en 1983 la balance dans le sens de la résistance, et donc de la liberté, ce ne fut certes pas l'intervention d'une communauté hétéroclite, ce fut le représentant d'un vieil État-nation, sûr dans le cas d'espèce de sa légitimité et du soutien des citoyens français, fort de l'opposition résolue du corps social et politique aux sirènes pacifistes,

Qui ne voit, à la lumière de ce qui s'est passé lors de la crise du Golfe, que l'Europe de Maastricht, qui se serait probablement préférée plutôt rouge que morte en 1983, s'acceptera demain verte ou brune au gré des conjonctures, privée qu'elle est de ces garde-fous fondamentaux pour la démocratie que sont le sentiment national et la légitimité populaire.

L'histoire, loin d'être achevée, est plus que jamais en marche et elle demeure tragique.

Oui, nous sommes en guerre économique! Oui, l'effondrement de l'Union soviétique ne signifie pas la paix mais la montée de nouveaux risques qui ont pour nom prolifération des armements nucléaires et classiques, multiplication des zones grises échappant à tout contrôle étatique, dangers tech­nologiques, menaces majeures pour l'environnement, extension des trafics de stupéfiants!

La conjuration de ces nouveaux périls demande évidemment un renforcement de la coopération interétatique. Elle ne demande nullement la disparition des États-nations dont la légitimité est plus que jamais requise pour intervenir efficacement contre ces fléaux.

Alors, qu'on veuille bien cesser de considérer les réfractaires et les adversaires du traité comme autant de fauteurs de guerre et d'irresponsables! Comme s'il n'y avait pas d'ailleurs quelque chose de choquant dans cette suspicion mal dissimulée vis-à-vis de partenaires, d'une partenaire dont nous devrions ainsi ignorer les évolutions politiques, économiques, sociales, culturelles intervenues depuis un demi-siècle, dont nous devrions ignorer l'amitié retrouvée, comme si, en tout état de cause, la France après de Gaulle était aussi vulnérable qu'avant lui, comme si, depuis 1945, l'Europe de l'Ouest n'avait pas connu la paix avant même que le Conseil européen ne se donne rendez-vous à Maastricht, comme si enfin l'Europe se réduisait à douze pays.

Car, si l'on veut aller sur ce terrain, est-on sûr que la démarche de Maastricht soit bien la plus prometteuse de paix pour l'ensemble du continent européen ? C'est une erreur de prétendre que l'on pourra réaliser en même temps ce que l'on appelle à tort « l'approfondissement » et ce qu'on nomme, sans mesurer tout ce que ce terme peut impliquer de morgue  et de condescendance, «  l'élargissement ». Oh ! bien sûr, l'in­tégration progressive des pays de l'A.E.L.E. est déjà pro­grammée avec la création d'un grand espace économique européen, même si la neutralité de certains États constitue encore un frein politique. Il n'en va pas de même, chacun le sait bien, en ce qui concerne l'Europe orientale et centrale, Car, en vérité, les contraintes qu'impose par exemple la mon­naie unique aux économies des États membres excluent de toute évidence, et pour des décennies, tout rapprochement avec le monde de l'Est,

Alors, qu'est-ce donc que cette conscience européenne qui laisse de côté la moitié de l'Europe? Qu'est-ce donc que cette morale politique qui nous parle sans arrêt de démocratie et ne fait rien pour elle là où elle tente de naître ou de renaître ?

Qu'est-ce donc que ce «sens de l'histoire » qui ne tire aucune conséquence de la levée du rideau de fer et reste crispé sur un projet dépassé par des événements formidables ? Qu'est-ce donc que cette attitude de fermeture, d'égoïsme, de repliement, d'aveuglement qui constitue pour le stalinisme, pour l'Europe de Yalta une extraordinaire victoire posthume ?

Oui ! C'est d'abord la morale qui devrait nous conduire à ne pas rejeter les pays d'Europe centrale et orientale.

En effet, il faut le dire tout net, ces pays ont des droits sur nous. A deux reprises, ils ont payé pour nous. Ils ont tout d'abord payé notre libération au prix fort de leur asservissement, car la victoire sur le nazisme passait par leur invasion. Ils ont ensuite payé notre sécurité au prix fort de leur abandon. Nous les avons laissés à leur sort car nous ne voulions assumer aucun risque politique ou militaire face au totalitarisme soviétique.

Nous sommes nombreux, ici, à appartenir à une génération qui a été bouleversée par les évé­nements de Hongrie en 1956 et ceux de Tchécoslovaquie en 1968. Et nous savons que c'est faire un mauvais procès à M. Claude Cheysson que de lui reprocher d'avoir résumé plus tard à propos de la Pologne ce qui fut notre attitude constante des décennies durant : « Évidemment, nous ne ferons rien. »

Et aujourd'hui que, sans nous, presque malgré nous, ils accèdent à la liberté, nous laisserions, pour reprendre la belle expression de Jacques Chirac, un mur de l'argent se substituer au rideau de fer ? Sommes-nous à ce point oublieux que nous puissions tolérer une telle perspective? Et si la morale ne suffit pas à nous réveiller, ne voyons-nous pas où est notre intérêt ?

Elles sont loin d'être assurées, ces démocraties balbutiantes d'Europe centrale et orientale aux prises avec la grande misère de l'après-communisme. Elles sont loin d'être assurées parce que le désordre, le chômage et la pauvreté auxquels nous sommes en passe de les condamner engendreront plutôt le populisme, le nationalisme et peut-être le fascisme. Le pitoyable spectacle de l'exode des Albanais vers Bari nous donne quelque idée de la formidable poussée migratoire qui pourrait s'effectuer d'Est en Ouest et s'ajouter à l'irrésistible pression qui s'exerce déjà du Sud vers le Nord. Qui ne voit, dans ces conditions, que l'Europe risque d'être autrement plus dangereuse, plus explosive que du temps des certitudes tranquilles de l'équilibre Est-Ouest. Est-ce bien là le chemin le plus sûr pour la paix ?

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Extrait du discours fondamental de Philippe Seguin du 5 mai 1992

Alors que M. Sarkozy va prononcer à Toulon un discours qui se veut "capital", il est intéressant de relire ce que M. Seguin annonçait en mai 92 lors de la discussion de l'exception d'inconstitutionnalité du traité de Maastricht.  La perte de souveraineté monétaire disait-il est le garant de la perte de toute souveraineté. Le faux fédéralisme est la garantie qu'on anoncera l'arrivée du vrai fédéralisme lorsque les défauts en seront devenus insupportables. Il annonçait un pouvoir national ligoté obligé de quémander pour faire face et se livrant à la fujite en avant institutionnelle faute de pouvoir élaborer un semblant de politique.

Il faut bien le dire : près de 20 ans plus tard, nous y sommes!

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"Les choses vont-elles donc continuer à se défaire sans qu'a aucun moment le peuple français ne soit consulté ? (...)

Mais voilà qu'on nous assure que Maastricht serait la condition de la paix et de la prospérité, ce qui signifie par là même que son échec équivaudrait à la régression et, j'ima­gine, à la guerre. C'est l'une des idées reçues du moment : les nations seraient inévitablement condamnées au déclin par le progrès de la civilisation matérielle. Leur souveraineté serait incompatible avec le renforcement inéluctable des interdépendances écono­miques et techniques. L'évolution des choses conduirait nécessairement vers un monde sans frontières, chacune de celles-ci constituant un obstacle à l'efficacité, une entorse à la rationalité, une entrave à la prospérité.

Ce sont là des affirmations qu'il nous faut vérifier avec soin car ce qu'on nous demande d'abandonner, pour atteindre la prospérité, ce n'est pas seule­ment le droit de battre monnaie, c'est la possibilité de conduire une politique économique qui nous soit propre.

Suffirait-il de constituer un grand ensemble intégré pour brusquement et sûrement accroître ces performances ? On en douterait au spectacle de grands ensembles existants qui péri­clitent ou se divisent. L'ancienne Union soviétique, la Chine, l'Inde sont-elles à ce point prospères qu'il nous faille à tout prix les imiter ?

Les États-unis eux-mêmes sont-ils à ce point heureux dans la gestion de leurs affaires intérieures qu'il faille les prendre pour modèles ? N'observe-t-on pas à l'inverse des réussites éclatantes qui ne doivent rien à l'immensité au Japon, à Taiwan, en Corée du Sud, voire dans les villes­États, comme Singapour ou Hong Kong?

    Comment s'en étonner? La mise en commun des faiblesses et des défaillances de chacun n'a jamais amélioré les performances de tous.

Si l'argument de la taille ne convainc pas, on tient en réserve l'une de ses variantes : elle consiste à condamner la tentation de l'autarcie. C'est ce qu'a fait M. le Premier ministre cet après-midi. L'autarcie est-elle la plus sûre façon de ruiner l'économie, d'étouffer l'initiative, d'appauvrir la culture ? Certes oui, mais qui dit le contraire ? Qui parle de replier le pays sur lui-même? Qui parle de renoncer à la liberté des échanges ? Qui donc ici prône l'exclusion, la fermeture aux autres ? Personne! En tout cas pas moi! Mais en quoi donc le rejet de l'autarcie a-t-il quelque chose à voir avec la prétendue nécessité d'une Europe fédérale ? La réponse est simple: cela n'a rien à voir !

Il y a des siècles que les échanges internationaux se déve­loppent et depuis 1945 ils ont enregistré une formidable progression, contribuant à la prospérité et à l'accroissement des niveaux de vie. A-t-on eu besoin pour cela de réduire le nombre des nations ? Leurs frontières politiques ont-elle fait obstacle à cette évolution ? Les particularismes nationaux ont-ils compromis l'allocation des ressources, freiné l'innovation, ralenti la croissance ? Dans les faits, n'est-ce pas tout le contraire qui s'est passé, et n'est-ce pas le pays qui en a le plus profité, le Japon, qui est aussi le plus rebelle à tout sys­tème qui l'intégrerait ? Il est vrai que, pour échanger, il faut avoir quelque chose à échanger. Il est donc autorisé d'être différent et il est même plus souhaitable d'être complémen­taire que semblable.

L'avenir n'est donc pas contradictoire avec la volonté des peuples de garder leur caractère, de tirer le meilleur parti de ce qu'ils sont, de leurs atouts, de leurs spécificités pour donner au monde la plus belle part d'eux-mêmes.

La compétition, la concurrence, c'est d'ailleurs cela : c'est le jeu où des producteurs placés dans des situations particulières, avec des capacités et des savoir-faire différents, s'effor­cent en permanence de se dépasser afin de produire à moindre coût et de vendre davantage.

Gardons-nous donc de la vision angélique et réductrice d'une internationalisation économique dégagée de toute référence aux nationalités ! Pour garder leur efficacité, les entreprises ont à prendre en compte les caractéristiques des marchés locaux, des mentalités, des comportements, des langues.

Tenir l'économie mondiale pour un système unitaire et indifférencié procède à l'évidence d'une analyse superficielle. En réalité, un espace de concurrence est un espace d'échange libre et non un vase clos dans lequel une bureaucratie tatillonne s'efforce de gommer toutes les différences en imposant avec obstination ce que les auteurs de l'Acte unique ont appelé « l'harmonisation des conditions de la concurrence ».

Redoutable contresens économique, d'ailleurs, que cette « harmonisation » à laquelle nous devons déjà des centaines et des centaines de directives et de règlements communautaires ! Mesurons l'absurdité d'une telle démarche en posant, comme le fit un jour un économiste, cette impertinente mais judicieuse question : « Puisqu'il faut harmoniser les conditions de la concurrence, pourquoi, comme sur le nez de Cyrano, ne pas poser des petits parasols sur les tomates cata­lanes, gorgées d'un soleil qui fait si injustement défaut aux tomates néerlandaises ? »

Ne rions pas, nous ne sommes pas loin de cela! Nous n'en sommes pas loin quand on se met à réglementer, pour toute la CEE, les conditions de production pour les chasses d'eau, les survêtements, les fromages. Croyez-vous que cela a quelque chose à voir avec la vitalité des marchés, avec la force créatrice de la libre entreprise, avec le stimulant de la concurrence ?

On nous fabrique aujourd'hui en Europe un espace écono­mique plus uniformisé que le marché intérieur américain lui-même, qui vit et prospère très bien sans même l'harmonisa­tion des fiscalités, alors que, pour créer un marché unique, on pourrait s'en tenir à la libre circulation des biens et des personnes et à la reconnaissance mutuelle des réglementa­tions, en limitant l'effort d'harmonisation à ce qui relève de la santé publique et de la protection de l'environnement.

Mais ce n'était pas assez pour nos eurocrates qui veulent supprimer la concurrence en prétendant la préserver. On met en avant de prétendus impératifs de concurrence pour réglementer, centraliser, diriger l'économie européenne, à la seule fin, non d'accroître l'efficacité et la prospérité communes mais de forger à la fois l'instrument et la raison d'être d'un futur gouvernement fédéral, un gouvernement fédéral qui ne pourra certainement pas souffrir l'existence d'une réelle concurrence entre les États fédérés.

La monnaie unique qu'on nous propose maintenant est la conséquence logique de cette stratégie. Voyons ensemble ce que vaut cette touche finale.

On nous dit que la monnaie unique est la clé de l' emploi. On nous annonce triomphalement qu'elle créera des millions d'emplois nouveaux - jusqu'à cinq millions, selon M. Delors, trois ou quatre, selon le Président de la République. Mais que vaut ce genre de prédiction, alors que, depuis des années, le chômage augmente en même temps que s'accélère la construction de l'Europe technocratique ? Par quel miracle la monnaie unique pourrait-elle renverser cette tendance ? Oublierait-on que certaines simulations sur les effets de I'union monétaire sont particulièrement inquiétantes pour la France puisqu'elles font craindre encore plus de chômage dans les années à venir ? En vérité, tout ce que notre économie doit d'incontestablement positif à la construction européenne, c'est la fin du protectionnisme intracommunautaire, ce qui n'a rien à voir ni avec I"harmonisation à tout prix ni avec la monnaie unique.

On nous dit que les risques cambiaires tendent à limiter les transactions. Mais les échanges internationaux n'ont souffert d'aucun ralentissement notable après la généralisation des changes flottants, moyennant la mise au point de techniques de couverture fort élaborées.

On nous dit que la monnaie unique va favoriser nos exportations, mais les échanges intra-européens sont déjà considérables et I'unification de la mon­naie ne supprimera pas les risques de fluctuation vis-à-vis du dollar et du yen. Mieux : dès lors qu'il y aura trois pôles monétaires comparables, les arbitrages triangulaires iront se multipliant, avec tous les risques de change y afférent.

On nous dit que la monnaie unique favorisera les investis­sements français dans les autres pays de la Communauté. Or aucune statistique ne permet de conclure à un effet significatif du risque de change sur I"investissement.

On nous dit que la monnaie unique fera économiser d'énormes coûts de transaction, mais personnes n'est réellement capable d'évaluer ces coûts et tous les chiffres cités à ce sujet, y compris les vôtres, sont le plus souvent totalement fantaisistes.

M. Rocard nous dit que, si Louis XI n'avait pas eu raison de Charles le Téméraire, la Bourgogne d'aujourd'hui vivrait dans la hantise de voir se détériorer sa balance des paiements avec l'lIe-de-France et l'Aquitaine.

Et il nous prédit que la monnaie unique mettra fin à ce genre d'archaïsme, entrave à la crois­sance. Mais qui donc est obsédé par le solde des paiements courants sinon ceux-là mêmes qui confondent les conséquences et les causes, qui confondent les écritures comp­tables avec les mécanismes économiques et qui sont paralysés par des contraintes imaginaires?

Comment peut-on penser en effet que la balance des paie­ments est en elle-même une contrainte économique bien réelle et croire qu'il suffit de ne plus libeller les transactions que dans une seule monnaie pour qu'elles s'envolent miracu­leusement ?

On nous dit que la monnaie unique fera baisser tes taux d'intérêt, mais cela est plus que douteux dès lors qu'il va falloir intégrer des pays plus sujet à l'inflation et ensuite tout dépendra de la politique de la Banque centrale européenne qui sera indépendante, c'est-à-dire incontrôlable.

On dit encore, en effet, que la monnaie unique entre les mains d'une banque centrale indépendante permettra de mieux assurer la lutte contre I"inflation : mais nul ne peut garantir que les dirigeants de cette banque, qui n'auront de comptes à rendre à personne, feront toujours la meilleure politique possible! Ou alors doit-on considérer l'irresponsabilité comme le gage le plus sûr de l'efficacité ?

L'expérience de la FED aux États-unis est-elle à cet égard concluante ? Le comportement actuel de la Bundesbank est-il si encourageant ? Certes non, d'ailleurs les plus grandes figures de l'orthodoxie monétaire, comme l'Américain Milton Friedman ou le Français Maurice Allais, sont farouchement opposés au principe de l'indépendance de la banque centrale.

En vérité, il n'y a pas de meilleure incitation à bien gérer la monnaie que la concurrence moné­taire même si cette incitation est loin d'être sans défaut.

Or, que nous propose-t-on, sinon de supprimer la concur­rence entre les monnaies européennes?

 

Alors on vient nous dire, argument ultime et présumé décisif, que nous n'aurions plus d'autre choix qu'entre « subir » et « co-décider ».

Que répondre à ceux qui nous disent qu'en acceptant de participer au SME, notre pays a déjà renoncé à sa souveraineté dans ce domaine? Que c'est oublier un peu vite qu'il existe des marges de fluctuation significatives. Que nous gardons, c'est vrai, la possibilité de dévaluer si nous le décidons et que nous pouvons sortir du système si nous le jugeons nécessaire. Que, dans le SME, la France choisit libre­ment les contraintes qu'elle s'impose jusqu'à ce qu'elle décide de s'en affranchir. Au contraire, avec la monnaie unique, nous abandonnons définitivement ou presque le droit de choisir notre politique monétaire. Toute la différence est là !

Alors on objecte encore que, même si elle le voulait, la France ne pourrait pas exercer sa souveraineté, qu'elle n'aurait d'autre possibilité que celle de s'aligner sur les décisions des autorités allemandes afin d'éviter la fuite des capitaux flottants et l'effondrement de sa monnaie.

C'est oublier, me semble-t-il, que le maintien à tout prix d'une parité arbitraire entre le franc et le mark est un choix politique qui n'a rien d'inéluctable. C'est oublier qu'une monnaie qui ne se maintient qu'en s'appuyant sur des taux d'intérêt réels exorbitants ne peut pas être considérée comme une monnaie forte et qu'en adoptant une telle politique, la France a permis d'accentuer la sous-évaluation du mark au sein du SME où tous les experts s'accordent pour constater qu'il est déjà sous-évalué depuis 1979, ce qui est un comble puisque nous donnons ainsi à l'Allemagne une prime supplémentaire de compétitivité. Et quand j'entends dire, comme hier, qu'on veut réévaluer le franc par rapport au mark, je me demande si on ne nage pas en pleine folie !

En tout cas, rien n'impose aujourd'hui à la France la poli­tique monétaire qu'elle s'est choisie, qui joue au détriment des salariés, qui disqualifie les investissements à long terme et qui a des effets tellement désastreux sur l'activité qu'ils finiront de toutes les façons par faire fuir les capitaux étrangers.

Et puisque rien n'impose à la France cette politique, rien ne l'empêche non plus d'en changer !

Que ceux qui me disent qu'en ne nous alignant pas systématiquement sur l'Allemagne, nous rejetterions la rigueur et choisirions l'isolement me comprennent bien : il ne s'agit pas à mes yeux de prôner le retour au contrôle des changes, au laxisme budgétaire, à l'inflation, ni même de recommander la sortie du SME, encore moins de la CEE. Mais enfin, le SME a bien survécu à onze ajustements depuis 1979 ! Et ce n'est pas parce que le franc a été dévalué en 1986 et le mark réévalué en 1987 qu'on peut dire que la gestion d'Édouard Balladur n'a pas été rigoureuse !

Dans le domaine monétaire comme dans les autres, il faut se plier aux réalités. Il faut donc savoir ajuster les parités quand c'est nécessaire, non pour faire de la dévaluation compétitive, mais pour éviter la déflation.

Eût-il été déraisonnable de laisser le mark se réévaluer quand la Bundesbank décida de relever ses taux d'intervention pour gérer les conséquences de la réunification ? On pourrait en discuter, mais le choix existait pour la France, Il n'en sera plus de même quand elle sera emprisonnée dans le système de la monnaie unique, Dans ce système, en effet, on chercherait en vain la présence du pouvoir national au milieu des mécanismes de codécision.

Une véritable codécision exigerait l'unanimité, ce qui, bien sûr, paralyserait une institution qui doit en permanence composer avec la conjoncture, les décisions seront donc prises à la majorité, non par des représentants des États, mais par des personnalités indépendantes, qui ne recevront pas d'ordre de leurs gouvernements respectifs. Donc, la France, en tant qu'État, n'aura absolument aucune part à l'élaboration de la politique monétaire. C'est cela, sans doute, qu'on appelle la « souveraineté partagée ». Curieux partage qui tendrait à priver la France de toute liberté de décision !

Et ne négligeons pas les conséquences de ce qui se prépare : conséquences économiques et conséquences politiques.

Conséquences économiques d'abord. Il n'est de politique économique cohérente que dans la mesure où elle dispose de l'ensemble des moyens d'intervention sur l'économie : budget, fiscalité, actions structurelles en faveur des entreprises, monnaie. L'aliénation de notre politique monétaire entraîne donc l'impossibilité de conduire une politique économique autonome, processus que l'Union économique et monétaire recon­naît d'ailleurs, en le qualifiant joliment de « convergence ».

Dès lors, le processus de l'union économique et monétaire mérite trois commentaires.

En premier lieu, il renouvelle le choix d'une politique qu'on pourrait qualifier de « monétarienne », qui est syno­nyme de taux d'intérêt réels élevés, donc de frein à l'investissement et à l'emploi et d'austérité salariale. Notons à ce propos l'hypocrisie fatale qui consiste à parler de « franc fort » lorsque le refus de la dévaluation se paie du blocage de l'investissement et de l'explosion du chômage. C'est très exactement la réédition de la «politique du bloc-or » qui a conduit l'industrie française à la crise au cours des années trente. Bonjour la modernité!

Maastricht, c'est ensuite la suppression de toute politique alternative, puisque la création d'un système européen de banque centrale, indépendant des gouvernements mais sous influence du mark, revient en quelque sorte à donner une valeur constitutionnelle à cette politique de change et à ses conséquences monétaires.

Quant à ceux qui voudraient croire qu'une politique bud­gétaire autonome demeurerait possible, je les renvoie au texte du traité, qui prévoit le respect de normes budgétaires tellement contraignantes qu'elles imposeront à un gouvernement confronté à une récession d'augmenter les taux d'imposition pour compenser la baisse des recettes fiscales et maintenir à tout prix le déficit budgétaire à moins de 3 p. 100 du PIB.

Enfin, et je souhaite insister sur ce point, la normalisation de la politique économique française implique à très court terme la révision à la baisse de notre système de protection sociale, qui va rapidement se révéler un obstacle rédhibitoire, tant pour l'harmonisation que pour la fameuse « conver­gence » des économies.

Que la crise de notre État providence appelle de profondes réformes, je serai le dernier à le contester. Que cette modernisation, faute de courage politique, soit imposée par les institutions communautaires, voilà qui me semble à la fois inquiétant et riche de désillusions pour notre pays. Il suffit d'ailleurs de penser à cette «  Europe sociale» qu'on nous promet et dont le Président de la République, lui-même, inquiet, semble-t-il, des conséquences de la monnaie unique, cherchait à nous convaincre, à l'aurore de ce 1er mai 1992, qu'elle aurait un contenu, qu'elle nous assurerait un monde meilleur,

Hélas, quand on lit les accords de Maastricht, on ne voit pas très bien où est le progrès social! On voit bien, en revanche, qu'on ouvre la porte à l'harmonisation, c'est-à-dire à un processus où, comme en matière fiscale, on cherchera au mieux à se mettre d'accord sur une moyenne plutôt que sur un optimum et où, chaque fois que nous voudrons faire une innovation dans notre législation sociale, il faudra aller demander la permission de nos partenaires.

Les conséquences politiques à escompter du processus ne sont pas moins importantes. Rappelons-nous une évidence. Dès lors que, dans un territoire donné, il n'existe qu'une seule monnaie, les écarts quelque peu significatifs de niveau de vie entre les régions qui le composent deviennent vite insupportables. L'expérience des États fédéraux, mais aussi celle de la réunification allemande devraient dissiper tous les doutes à ce sujet.

Or, si l'on veut, comme l'affirme le traité, imposer une monnaie unique à tous les pays membres, un effort colossal devra être consenti pour réduire les écarts actuels, qui sont immenses, un effort colossal sans commune mesure avec ce que nous réclame présentement Jacques Delors pour doter ses fonds de cohésion.

Il sera sans doute nécessaire de porter progressivement, comme le pensent assez raisonnable­ment, me semble-t-il, certains experts, le budget communau­taire jusqu'à 10 p. 100 du produit national brut, c'est-à-dire huit fois plus qu'aujourd'hui. On n'imagine pas un budget de cette ampleur sans un contrôle politique. Cela ne s'est jamais vu. Il faudra donc bien qu'un Parlement européen vote le budget comme un parlement national et qu'un gouvernement, responsable devant lui, l'exécute. C'est ainsi que la nécessité budgétaire engendrera tout naturellement les organes fédé­raux appelés à gérer un gigantesque système centralisé de redistribution à l'échelle de la Communauté.

Et puisqu'il s'agira de redistribuer, ce sera bien entendu aux pays les plus avancés d'en supporter la charge. C'est dire combien la France devra payer, elle dont la contribution nette à la Communauté s'élève déjà, d'après la commission des finances du Sénat, à 25 milliards de francs pour 1991.

C'est ainsi que la France, qui ne trouve déjà plus les moyens de financer pour son propre compte une vraie politique d'aménagement du territoire et d'aménagement urbain, devra demain engager des ressources considérables pour financer l'aménagement du territoire de ses voisins!

C'est ainsi que la France, qui verse déjà un tribut à la réu­nification allemande sous la forme de taux d'intérêt exorbi­tants, devra demain débourser une deuxième fois pour l'Allemagne de l'Est par le biais de sa contribution au budget communautaire.

Alors, bien sûr, on peut se rassurer à la pensée que, d'ici à l'an 2000, certains parmi les dix autres pays qui ont accepté le principe de la monnaie unique seront amenés à y renoncer et que l'union monétaire se limitera, au moins provisoire­ment, à ceux d'entre eux bénéficiant du niveau de vie le plus élevé, de finances publiques en ordre et de prix stables. Mais, dans un noyau dur où ne figuraient ni l'Angleterre ni l'Europe du Sud, que pèserait la France?

Bref, ou bien l'union monétaire se fait à dix ou à douze, et nous voilà payant très cher, au profit du budget communautaire, des interventions largement inutiles, ou bien elle se fait à six, et nous voilà réduits à un statut proche de celui d'un Land !

Dans tous les cas, la monnaie unique, c'est l'Europe à plu­sieurs vitesses : à trois vitesses si on la fait à six puisqu'il y aurait alors une Europe du Nord, une Europe du Sud et une Europe de l'Est. A deux vitesses si on la fait à douze puis­qu'on continuerait à exclure les pays de l'Est. Et, dans tous les cas, la monnaie unique, c'est une nouvelle division entre les nantis que nous sommes et les autres, c'est-à-dire les pays de l'Europe centrale et orientale.

On nous sert déjà, en effet, un autre plat que celui de la prospérité assurée : la ratification des accords de Maastricht, nous dit-on, serait la seule assurance de la paix, argument déjà entendu en 1954 à propos de la CED. Alors, comme vous, monsieur le ministre d'État, on nous presse de nous souvenir des conflits qui ont ensanglanté notre continent. La seule manière d'empêcher leur renouvel­lement, nous assure-t-on, c'est de signer des deux mains, sans maugréer ni rechigner.

En fait, tout procède de la même erreur d'analyse et, à trop vouloir nous démontrer les dangers des nations, on débouche sur l'absurde.

Certains théoriciens de l'Europe fédérale, qui ont du moins le courage d'aller au bout de leurs idées, nous assurent que l'humanité entre désormais dans une ère nouvelle, où la nation n'aurait plus sa place, parce qu'elle n'était dans l'avancée des civilisations qu'une étape historique, une sorte de maladie infantile, une phase nécessaire - et le temps serait enfin venu de la dépasser.

On retrouve là ces vieilles obsessions post-hégéliennes qui nous annoncent toujours pour demain la « fin de l'histoire ». Ces vieilles obsessions, c'est un comble qu'elles reprennent du service au moment même où les doctrines politiques qui reposaient sur le « sens de l'histoire » se dissolvent. Il s'agit d'ailleurs plus d'une idéologie que d'une philosophie de l'histoire, et d'une idéologie qui, comme toutes les autres idéologies, tourne le dos à l'observation du réel.

La réalité, c'est que, le plus souvent, les empires sont nés avant les nations et non après elles. Certes, on peut trouver des régions où les nationalités s'imbriquent trop pour qu'il soit possible d'organiser des États mais, partout ailleurs, les ensembles transnationaux qui ont précédé les nations ont dû leur céder la place quand les peuples, enfin, ont revendiqué leur droit à disposer d'eux-mêmes, car il est clair, il est avéré que, dans l'histoire du monde, l'émergence des nations est allée de pair avec l'émancipation des peuples.

Et puis les nations sont bien loin d'avoir été la cause principale de nos épreuves. Force est ainsi de reconnaître que, dans notre siècle, plus de malheurs nous sont venus des grandes idéologies et des impérialismes dominateurs que des ambitions nationales.

Donc, finissons-en avec cette vue naïve des choses qui voudrait nous faire croire que la disparition des États-nations signifierait la fin des conflits armés, « la paix perpétuelle », pour reprendre cette fois la terminologie d'Emmanuel Kant, lequel ne la concevait d'ailleurs que comme une paix entre nations souveraines.

Et à ceux qui entendraient dauber encore sur les passions nationales et leur opposer la sagesse millénaire des commis­sions et autres conclaves technocratiques et supranationaux, je voudrais rappeler quelques exemples de l'histoire récente. Ils méritent qu'on s'y arrête avant de passer par pertes et profits la possibilité de conduire une politique étrangère nationale.

.../...



Les vannes sont ouvertes


Il est intéressant de fixer l'esprit public qui prévaut lors du moment particulier de l'histoire économique du monde que nous vivons. L'oubli et l'accumulation des faits nouveaux que l'actualité économique charrie à gros bouillons ne permettent plus de s'en souvenir déjà quelques semaines après et ne parlons pas de plusieurs années plus tard.

Fin novembre 2011 aura été le moment exact où les vannes psychologiques  se sont ouvertes et où nombre de sujets tabous ou tout simplement hors des préoccupations de l'opinion publique se sont trouvés tout soudain abordés sans réticence.

Dans la presse comme dans les débats télévisés la disparition de l'Euro est ouvertement abordée comme un évènement non seulement possible mais probable et même inéluctable.
Les entreprises s'interrogent sur leur stratégie de défense contre les risques que leur fait courir la disparition de l'Euro.  Les entreprises grecques le faisaient depuis deux ans déjà : refus de laisser leur trésorerie dans des banques grecques et en Euro (asséchant la liquidité en Grèce et mettant les banques en question en crise de liquidité gravissime) ; déplacement des sièges sociaux hors de la zone euro ; arrêt des investissements ...Le risque est de voir  ces pratiques se généraliser dans les jours et les semaines à venir poussant l'Euro vers le bas et faisant tendre  la liquidité des banques françaises vers zéro. Les étrangers fuyant vers le dollar, les banques européennes sont à sec de cette devise. Les marchés interbancaires étant déjà bloqués, il appartiendra à la BCE de faire marcher la planche à billets pour ce qui concerne l'euro mais il lui faudra aussi trouver avec la FED à nouveau un accord de swap. Sinon des banques européennes vont rester sur le carreau pour illiquidité manifeste en toute monnaie de réserve.
 
Les particuliers ne sont pas en reste. L'assurance-vie voit son en cours fondre en France.  Les tourments de Groupama forcé à vendre en catastrophe une partie de ses actifs vient donner du corps  la terreur qui s'emparent des épargnants craignant cette fois ci pour le cœur de leurs économies.  L'immobilier de luxe flambe : il restera toujours une demande solvable pour ces biens là ! Même le mauvais immobilier grimpe à Berlin. Il sera temps de revendre une fois la crise passée et en DeutschMarks. 

Nous sommes en pleine panique. L'Europe annonce des mesures en partie institutionnelle pour début décembre ce qui est bien tard. "Dix jours pour sauver l'Euro" déclame un commissaire européen. Si même les officiels annoncent que la mort de l'Euro  est possible !

L'homme de la rue reste tout de même étonné. Il ne croit pas à la ruine de la zone euro ni à l'effondrement général. Il s'étonne des mouvements de panique.  "Ils savent, là haut. Ils disposent de personnes intelligentes qui trouveront une solution. Bien sûr ils tiennent un discours conservateurs. Mais ils vont agir. La BCE va agir. Ils ne laisseront pas tout tomber comme cela".

Sagesse populaire ?

Les vannes psychologiques sont ouvertes. Mais celles de la BCE ne pourront pas rester longtemps aussi fermées.

Ainsi va le monde en ce mardi 29 novembre 2011 et l'opinion, assommée par des nouvelles certitudes opposées à 180% à ce qu'on leur a rabâché pendant  deux décennies, garde l'espoir que "ils", les vrais, les dirigeants qui savent, feront ce qu'il faut faire pour éviter l'effondrement général.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Un graphique fort inquiétant

Nous reprenons ci-dessous le graphique publié par le Financial Times qui donne l'évolution des taux d'intérêt des différents pays de l'Euroland de 1990 à aujourd'hui. Son analyse peut faire grincer les dents.

Que constate-on ?

Avant la mise en place de l'accord de Maastricht, les taux sont totalement dispersés. "Les spreads", comme on dit, sont considérables, traduisant la crainte différenciée des investisseurs devant les risques souverains encourus.

L'obligation de respecter les conditions d'entrée dans l'Euro provoque d'une part une certain stagnation relative en Europe, corsetée par ces obligations et la convergence des taux d'intérêt. Le tremblement de terre de Kobé fait soudain fuir les capitaux d'Extrême-Orient et provoque une ruée sur le dollar. La crise qui s'en suit, appelée à tort crise des pays émergents, après un à coup conjoncturel initial fort,  est très favorable à l'Europe qui se retrouve avec un Euro dévalué et une meilleure compétitivité. On entre également dans la phase forte du cycle. L'Europe retrouve une forte croissante créatrice d'emplois.  L'optimisme gagne les marchés financiers, facilite la satisfaction des critères de Maastricht et crée les conditions d'un lancement réussi de l'Euro.

La crise décennale de 2001 -2002, de faible intensité, (selon le schéma des crises décennales qui veut qu'une crise faible succède à une crise forte, la récession de 92-93 ayant été forte), n'a pas d'effet sur l'Euro d'une part parce que les finances des Etats de l'Euroland sont assainies et d'autre part parce que Greenspan ouvre grand les vannes du crédit aux Etats Unis. Cela renforce la crédibilité de l'Europe et permet aux marchés de considérer que l'ensemble de la zone est homogène. Les taux d'intérêt sont convergents dans l'Euroland et ils sont bas.

L'inconvénient, c'est que le dollar baisse et la zone Euro commence à perdre des parts de marché. Elle entre dans une période de quasi stagnation. les états traditionnellement irresponsables, comme la France, l'Italie, la Grèce, bénéficient de taux d'intérêt dont ils n'ont pas l'habitude. Creuser les déficits ne coûte pas cher. On laisse monter la dette alors que la dette accumulée initiale était haute.

Passons sur le cas de la Grèce où les chiffres annoncées étaient mensongers. La France et l'Italie ne bouclent aucun budget en équilibre. 
 
L'Allemagne confrontée à une perte de compétitivité réagit par le plan Schröder qui rétablit la compétitivité par une austérité salariale et budgétaire progressive, continue et finalement forte. Le déficit des comptes publics allemands a été éliminé en 2008 (-0,1%), alors que la France s’enfonçait à la même époque à -3,4%. Notons qu'à cette date la crise n’avait pas encore frappé.
 
Le Traité de Maastricht avait confié à l'Ecofin le soin de coordonner les politiques budgétaires et économiques des pays de l'Euroland, Aucun avertissement n'est lancé sur les risques de différenciation des fondamentaux des différents pays. 

Même l'Eurogroupe présidé par le luxembourgeois européiste Juncker sans interruption depuis 2005 se tait.   On voit même différents pays à partir de 2005 discuter du bien fondé des critères de Maastricht et proposer de laisser filer un peu plus la dette.  La France participe à ces demandes par la voix de son ministre des finances.  En même temps l'habituel  chœur des vierges économiques  médiatiques exige une politique libérale de la BCE à l'instar de la FED. Les habitudes laxistes françaises sont invétérées.
 
Le cas de l'Espagne, du Portugal et de l'Irlande doit être disjoint. Dans ces pays la flambée immobilière est le moteur de la croissance et de l'emploi. Cette bulle est rendue possible à la fois par les libéralités de la FED qui inonde les marchés financiers de liquidité, les fonds structurels européens, et l'apparence de solidité de la zone Euro.

La France pour sa part entre dans la stagnation chiraquienne aggravant l'effet des mesures malthusiennes prises par le gouvernement Jospin à la fin de la décennie précédente. Sa compétitivité s'effondre ; son industrie part en morceau ; l'investissement productif devient minuscule ; le déficit du commerce extérieur s'aggrave constamment. Assommée par les prélèvements fiscaux, l'Euro fort, le sous investissement, le chômage structurel élevé, la France voit tous ses voyants économiques passer à l'orange et au rouge. Bien qu'on entre dans les années 2005, 2006 et 2007 dans la partie prospère du cycle, la croissance est en France d'une extrême médiocrité.

Dès 2006 on voit les taux d'intérêt dans l'Euroland commencer à diverger, reflet des différences de taux d'inflation. A titre d'exemple rappelons que cette année 2006, le taux d’inflation en Espagne a atteint 3,6% contre 1,9% en France. La crise est encore dans les limbes et ne peut être mise en avant comme cause des dérapages.  Juncker laisse faire. L'Ecofin se tait.
 
Le blocage des marchés interbancaires en 2007 accélère le phénomène. La bulle d'endettement mondial commence à exploser. Un an plus tard ce sera la faillite de Lehman-Brothers et la "grande récession". Les écarts de taux d'intérêt s'aggravent à la mesure du transfert vers les états d'une partie des dettes privées aventurées et la création de nouvelles dettes publiques liées à la récession.

L'absence de gestion sérieuse des causes de la crise et la mise en place de mesures de sécurité financières excessives entraînent un dégagement de la part des banques qui vendent leurs paquets d'obligations d'état douteuses. Les taux d'intérêt sur le marché secondaire des dettes souveraines connaissent des spreads de plus en plus importants en même temps que certains taux montent à des niveaux intolérables. Il suffit en effet que les banques vendent leur dette pour faire baisser le cours des obligations et mécaniquement augmenter les taux d'intérêt réels. Via les CDS qui n'ont fait l'objet d'aucune législation malgré leur rôle majeur comme moyen de spéculation malsaine, certains  "hedge funds" mobilisent des sommes colossales et s'en donnent à cœur joie.
 
Les défauts de construction de la zone euro apparaissent en pleine lumière : pas d'institution réelle de coordination des politiques économiques, Ecofin s'avérant une institution zombie et l'Eurogroupe un club européiste dominé par la puissance de la BCE tempérée par le laxisme des gouvernements, donc une maison du silence ; impossibilité de monétiser la dette souveraine ; absence de toute gestion de la valeur externe de l'Euro ; absence de mécanisme de solidarité financière, chaque état étant laissé structurellement responsable de ses dettes. Sans l'appui d'une banque centrale, tout désajustement vis-à-vis du reste de la zone ne peut se faire que par la récession ou l'austérité. L'austérité avec une monnaie forte et une spéculation sur les taux de la dette, dans une ambiance de crise mondiale des échanges ne peut rien donner sinon du chômage et de nouveaux déficits. Il faut ajouter la panique des épargnants qui se ruent sur les actifs sûrs (Francs suisses, actifs immobiliers en Allemagne).

Les Etats et les institutions européennes en sont réduits à courir après les conséquences.  "Trop peu trop tard".

La course à l'austérité des Etats en mal de refinancement de leur dette souveraine ne peut que provoquer mécaniquement une récession en Europe  et aggraver la panique générale sur les perspectives de l'Euro.

Mais  comment faire rentrer à nouveau dans le tuyau les courbes de taux d'intérêt écartelées façon éventail ?

Si on n'y parvient pas comment assurer la poursuite de la zone Euro et d'une monnaie unique ? Comment le faire surtout dans un monde sans aucune concertation économique internationale réelle comme l'a montré le dernier G.20 ? Comment le faire sans mettre fin à la guerre des monnaies ? Comment le faire sans croissance du commerce international ? Comment le faire au moment où la crise et les régulateurs contractent massivement l'enveloppe bilancielle des institutions financières obligées à licencier massivement ?
 
Si la panique reste la maîtresse du jeu, si les idéologies et les contraintes diplomatiques et géopolitiques diverses rendent inopérantes les seules solutions efficaces, on va directement vers l'explosion de la zone Euro et une grande dépression de type 1929.C'est le sentiment général qui s'installe en cette fin de mois de novembre 2011. On entend partout  des remarques du genre : "Mais il doit bien y avoir des gens intelligents au sein de ces équipes gouvernementales".  Ou encore : "Non décidemment non, ils doivent garder quelques atouts dans leur manche. Ils ne vont pas laisser tout exploser".  C'était le genre de remarque qu'on entendait lorsque Guderian avait percé le front  à Sedan en mai 40.

La suite ne fut pas fameuse. 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile
 
Post scriptum  : les obligations non respectées du conseil Ecofin et de l'Eurogroupe- Les projets d'évolution.
 L'Ecofin


"Les domaines de compétence du Conseil ECOFIN concernent plus particulièrement :
o la coordination des politiques économiques générales des États membres et la surveillance économique
o le contrôle de la politique budgétaire et des finances publiques des États membres
o certaines questions relatives à l’euro : en particulier, le Conseil adopte après consultation de la BCE des règlements concernant le cadre juridique de l’euro ; il peut également, après consultation de la BCE, formuler les orientations générales de politique de change (dans ces cas, les droits de vote des Etats membres n’ayant pas adopté l’euro sont suspendus –art. 122.5 du Traité instituant la Communauté européenne -) ; ces orientations générales ne peuvent affecter l’objectif principal du SEBC, à savoir le maintien de la stabilité des prix.
o le suivi des questions relatives aux marchés financiers
o les relations économiques avec les pays tiers"

Si vous avez entendu parler des mesures de l'Ecofin en vue d'effectuer une vraie surveillance économique et contrôler les politiques budgétaires, bravo ! Vous avez l'ouïe fine. 

L'Eurogroupe

"Au Conseil ECOFIN informel de Scheveningen du 11 septembre 2004, les ministres des finances ont décidé d’introduire d’ores et déjà, avant même l’entrée en vigueur du Traité, le principe d’une présidence stable de l’Eurogroupe pour une période de 2 ans. Jean-Claude Juncker, Premier ministre et ministre des finances du Luxembourg, a été choisi comme premier président de l’Eurogroupe, pour une période de 2 ans, du 1 janvier 2005 jusqu’au 31 décembre 2006 ; un vice-président lui a été adjoint (pour un an et demi) en la personne du ministre des Finances autrichien Karl-Heinz Grasser.

Des consultations régulières avec la Commission européenne et la Banque centrale européenne font également partie du mandat du président de l’Eurogroupe. M. Juncker, en tant que président de l'Eurogroupe, pourra assister, sans droit de vote, aux réunions du Conseil des gouverneurs de la BCE. Inversement, le président de la BCE continuera à être invité lors des réunions de l'Eurogroupe. "

M. Juncker est toujours aujourd'hui le président de l'Eurogroupe.  Si vous avez entendu sa voix dénonçant les risques que faisaient courir à la zone euro les politiques divergentes des états de l'Euroland, pour provoquer les réflexions propres à éviter des vulnérabilités nouvelles, pour gérer mieux le cours du change de l'Euro vis-à-vis du dollar, il vous faire don de votre oreille à l'Institut de Sèvres : c'est un maître étalon !  Le bon Jean Claude s'est surtout préoccuper de conserver ses prérogatives administratives contre la volonté notamment de la France de faire remonter l'Eurogroupe à l'échelon non plus des ministres des finances mais des chefs d'Etat de l'Union.   Il s'est en vérité opposé à la gouvernance économique de la zone euro !  Il va bientôt s'écarter pour laisser la place à une autre personnalité chargée d'un rôle plus proactif à l'échelon de la présidence permanente de l'Union.  On a songé à DSK pour ce rôle, mais le Sofitel plus les affaires suivantes ont rendu vaine cette hypothèse.  On pense maintenant à Van Rompuy. Mais quel pouvoir et quelle doctrine aura ce nouvel animateur de la coordination des politiques européenne si la BCE n'est pas réformée et si on considère que le cours de l'Euro est l'affaire des marchés ?

Aux dernières nouvelles, on assiste à une bataille institutionnelle en Europe non pas sur les Eurobonds et sur le rôle de la BCE, mais sur qui donnera les coups de gourdin sur les méchants pays déficitaires qui mettent l'Euro en péril. La commission veut absolument récupérer ce pouvoir. On voit donc M. Barroso, dont la parole a été inexistante pendant toute la crise jusqu'ici, se démener pour obtenir ce pouvoir. L'Ecofin est dans les choux et M. Juncker, après l'effondrement de l'Eurogroupe  songe à les cultiver, ses choux,  dans son propre jardin. Le projet français d'Eurogroupe à la hauteur du conseil européen est retoqué.  Les optimistes croient que le gouvernement allemand cédera sur le rôle de la BCE et les eurobonds dès qu'il aura obtenu satisfaction  sur le transfert à la commission d'un rôle de père fouettard  aidé dans cette tâche par la Cour de Justice européenne chargée de condamner les désobéissants. On ne peut pas dire que ce débat crucial fasse l'objet de beaucoup de commentaires dans la presse quotidienne française. Les Français verront apparaître tout à coup dans les débats parlementaires une modification constitutionnelle créant de facto la perte de la souveraineté budgétaire, après la perte de la souveraineté monétaire. On leur dira : il n'y a pas de choix.

Au total l'Europe aura été pratiquement paralysée depuis que la situation de la Grèce est devenue incontrôlable, entraînant dans le maelstrom l'Italie, l'Espagne, le Portugal, et la France.  Sans parler des périphéries : Pologne, Hongrie…

Quant au Monde, laissé à l'abandon par le G.20 ?  Les Etats-Unis sombrent un peu plus dans les déficits et la désunion, la Chine voit son économie s'arrêter progressivement, le Brésil sent le vent du boulet.   Attachez vos ceintures !



La désespérante pédagogie par la crise

Lorsque nous avons décidé fin 1996 d'intervenir dans le débat économique public via le WEB, d'abord en intervenant sur le Forum du Monde, un de nos premiers débats avait concerné un sujet tout simple : peut-on convaincre avec des arguments ou faut-il constamment attendre que des évènements dramatiques viennent confirmer les avertissements lancés inlassablement pour que les esprits se débloquent ?

A cette époque la France se relevait à peine du coup de massue fiscale asséné par Alain Juppé, l'Europe vivait une stagnation forte entraînée par la construction de l'Euroland, et le monde venait de connaître la plus grande récession depuis 1929. La décennie en cours menaçait de connaître une croissance mondiale plus basse que celle de la décennie précédente qui avait été déjà plus basse que celle de la décennie d'avant.

Nous avions commencé à dénoncer la trinité fatale :

- Pour le monde, la tragédie des changes flottants et de la liberté absolue des mouvements de capitaux
- Pour l'Europe, les conceptions déséquilibrées de la construction de l'Euro
- Pour la France, la folie de la dépense publique, de la dette et de l'impôt, folie non seulement continue depuis le septennat de Valérie Giscard mais constamment aggravée, avec, pointant à l'horizon une autre folie, les 35 heures soutenues par un certain DSK. 

Toutes ces sottises étaient parfaitement intentionnées. L'extension des libertés économiques dans un monde largement libéré des servitudes soviétiques était un progrès. Unir l'Europe et parvenir à un ensemble cohérent et pacifique n'est pas une vision malsaine. Mettre en place une société moins dure aux faibles et plus équilibrée entre loisirs et travail, qui peut souhaiter le contraire ?

L'enfer est pavé de bonnes intentions et le diable dans les détails. Tout le monde sait cela.

La simple observation économique permettait déjà de constater que les changes flottants "cela n'a jamais marché, cela ne marche pas et cela ne marchera jamais".  La conjonction de ce système faux et d'une monnaie internationale, le dollar, utilisée à des fins stratégiques et non de croissance mondiale équilibrée, avait déjà provoqué la crise de 73-74, la première "plus grave depuis 1929", la crise de 92-93, la seconde "plus grave depuis 1929", un ralentissement significatif du trend de la croissance mondiale, la remontée après trente ans de décroissance, du taux d'endettement mondial, l'apparition d'une "économie casino" insupportable pour beaucoup.

Le chantier de Maastricht avait également démontré que le projet européen était totalement aventuré. La technique qui consiste à mettre la charrue avant les bœufs était employée, cette fois ci, d'une façon excessive. Certes la question était posée, mais de façon non technique : la perte de souveraineté. Techniquement  il était déjà clair que l'organisation médiocre et pourrie de défauts annoncée ne pourrait à terme que provoquer une crise  sévère. Certains l'espéraient comme levier pour aller un pas plus loin dans le fédéralisme.

Toute zone monétaire, disions-nous, est une affaire politique qui implique une organisation stricte pour éviter les divergences d'évolution des pays membres. Il n'y a pas d'autres solutions que la récession pour rétablir les écarts.  Mettre en place un "ilot de fixité dans un océan de flottement", avec une BCE indépendante, dont le seul objectif est le niveau de prix, une insouciance assumée en matière de cours de change, des états contraints à emprunter exclusivement aux banques sans garantie croisée des états, une liberté totale des capitaux et l'absence de tout tarif extérieur commun, constituait un pari absurde.

Quant à la France,  le choix du tout état, du tout fonctionnaire, du tout impôt et de l'endettement continu et massif,  aggravé par la perspective des 35 heures, était purement et simplement suicidaire. Alors que pas un seul budget n'avait été voté à l'équilibre depuis 1973, le déséquilibre s'avérant tous les calculs faits significativement plus importants que l'impasse initiale votée, contrairement à la période De Gaulle, que les smicards étaient l'occasion d'un prélèvement de 55% de leurs revenus bruts, que les classes moyennes étaient taxées à 65% et que les classes moyenne élevées pouvaient subir jusqu'à 80% de prélèvement moyens, l'impôt sur la fortune entraînait, pour quelques dizaines de milliers de personne une confiscation totale des revenus. Et là-dessus arrive par surprise un gouvernement Jospin qui aggrave les impôts sans utilité, impose les 35 heures et endette la France de 1.000 milliards de Francs supplémentaires !

Les forums ont ceci d'amusant qu'ils permettent de faire apparaître des attitudes mieux que la presse,. La spontanéité et la fraîcheur des réactions des internautes offrent un miroir plus net de l'état d'esprit qui prévaut dans les diverses  couches de l'opinion. Elles forment une espèce de mousse au dessus des clivages plus feutrés que révèlent les médias et les milieux politiques.

Quelles étaient ces attitudes ?

Sur le système monétaire international, le grand silence. Les changes flottants sont un tabou pour ceux qui pourraient en parler et une énigme pour les autres.

Sur l'Euro, un clivage purement politique entre souverainistes et europhiles supra-nationaux. Aucune réflexion sur les conditions pratiques d'une union monétaire. Aucune discussion possible sur les dangers strictement économiques. Maurice Allais, qui avait tout de même quelques "credentials" sera marginalisé et injurié (notamment par Le Monde) pour ses positions alarmistes. Bernard Connolly, dont le International Herald tribune  du 18 novembre rappelle l'histoire (après avoir tu ses thèses pendant 15 ans), était un économiste de la CEE inquiet des dangers du projet d'Euro. Il écrira un livre terrible publié en Français chez Albin Michel : "l'Euro cœur pourri de l'Europe - La sale guerre de la monnaie européenne". Il sera jeté dehors sans ménagement avec même une enquête judiciaire aux basques qui heureusement ne donnera rien. Il deviendra un "prophète de malheur" (doom sayer)  écouté notamment par les "hedge funds" qui commenceront sous son impulsion à jouer l'éclatement de la zone euro dès 2005.  

Il est amusant rétrospectivement de voir comment ce livre a été accueilli en France. Citons Libération :

"Fonctionnaire de catégorie A4 (560.000 francs par an), il a même dirigé pendant six ans la petite équipe chargée du suivi du Système monétaire européen. Jusqu'au jour où il a décidé de faire un bon coup d'édition, en publiant la Sale Guerre de la monnaie européenne, un livre rageur et d'une parfaite mauvaise foi".

Critiquer de façon technique un projet européen ne peut être que le fruit des passions d'un riche renégat d'une parfaite mauvaise foi décidé à s'enrichir encore plus !

Sur la question française, la presse et l'opinion dominante criait "Vive l'impôt" jusqu'à s'époumoner. Tant qu'on aurait pas dépassé le taux de prélèvements du plus dépensier des pays nordiques, nous serions coupables de préjugé  anti-social. Et on allait tomber dans l'absurde politique de Jospin-DSK-Aubry de surimposition, de blocage juridique de la vie économique, de trente cinq heures payées 39, d'endettement acharné, de décentralisation à coûts débridés. Tout avertissement sur les conséquences était immédiatement contré par des adjectifs déplaisants : néolibéral, fasciste etc.

Les quinze ans passés n'ont fait que confirmer les conséquences lamentables de ce blocage intellectuel et de ce verrouillage idéologique.

L'entrée en jeu de la Chine va donner aux défauts du système des changes flottants et du dollar fou une ampleur inégalée et entraîner la crise de 2007-201x, la troisième "la plus grave depuis 1929" avec désormais, faute de politique adaptée, un vrai risque de dépression mondiale.  Mais la pensée est restée totalement bloquée et la presse muette. Il reste impossible de discuter d'une réforme sensée du système monétaire international. 

L'explosion maintenant entrée dans le champ des possibles de la zone Euro a fait voler en éclat tous les blocages à la réflexion. Tous ceux qui le veulent bien peuvent constater que les institutions et les règles du jeu telles qu'elles sont ne peuvent pas faire fonctionner à long terme une zone monétaire. 

Quant à la dette, et ses risques mortels, dans un pays qui n'a plus de politique économique propre, une administration gourmande, des politiques devenus une classe à part fonctionnant sur la dépense publique en symbiose avec le secteur public (qui se souvient que le Parlement avait pour but de contrôler les dépenses du pouvoir exécutif ?), qui doute désormais de la folie des politiques suivies depuis près de 40 ans ?   

Seule la crise grave est pédagogique. Il faut la souffrance des conséquences avérées pour allumer un début de réflexion.

Et peut être un moignon de réflexion aimerait-on ajouter. Las !  Sur le réforme du système monétaire international, c'est toujours le silence de plomb. Sur la réforme de l'Euroland, la réflexion est biaisée par l'idéologie européiste et par les dissensions diplomatiques au sein de l'Europe. Au lieu d'être centré sur les moyens, la bataille s'égare  ou dans l'idéologie ou dans la politicaillerie. En France, les élections présidentielles et les programmes qui s'esquissent montrent que les partis n'ont toujours rien compris. Coincés, entre impuissance intellectuelle et impuissance économique, les grands acteurs politiques enchaînent postures et impostures.

Conclusion : il faudra encore plus de désastres économiques pour que toutes les leçons soient tirées. Il a fallu attendre 1944 pour que les conséquences de la crise de 1929 soient tirées, et 1968 pour constater qu'elles avaient été totalement oubliées.   On peut enrager de constater qu'on recommence ce cycle infâme.

La politique du pire est la pire des politiques. Surtout lorsqu'elle est inconsciente.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Qui donc a voulu l'Euro ?

Alors que la zone Euro est désormais en sursis, le projet d'unification monétaire manque aujourd'hui de parrains motivés mais aussi de père. Alors qu'il était présenté naguère comme allant tellement de soi qu'il n'était même pas la peine d'en discuter le fondement, on voit maintenant les thuriféraires d'hier devenir les procureurs d'aujourd'hui, souvent avec la même absence d'arguments.

M. Slama dans le Figaro du jour (16.11.2011) stigmatise une erreur évidente parce qu'on aurait pas respecté les règles économiques pourtant si claires et si bien établies des "zones monétaires optimales".  Que ne l'avait-il pas dit avant ! 

Le destin des économistes de la monnaies est d'être récupérés par des ignares en économie, semble-t-il.  Après Tobin, c'est le tour de Mundell.

M. Slama ne sait sans doute pas que Mundell trouvait que les Etats-unis n'étaient pas une zone monétaire optimale, ce qui n'a pas empêché que le dollar y règne en maître depuis des lustres. Il sait sans doute encore moins qu'il était pour une monnaie unique mondiale !

La théorie des zones monétaires optimales  est en vérité sans grande portée. Comme nous l'avons écrit à plusieurs reprises sur ce blog, la monnaie unique est une opération politique et marginalement économique.  Mundell fait de ce préalable politique un élément de cet "optimum" introuvable.  En vérité la règle d'optimalité "spontanée" est quasiment tautologique : elle suppose le problème résolu : si ma tante etc.

Une zone monétaire ne peut certes réussir que sous conditions. La première est d'avoir une banque centrale qui s'occupe de la monnaie aussi bien du point de vue de sa valeur interne que de celui de sa valeur externe. La seconde est une unification ou au moins une coordination très forte des politiques économiques de la zone. La troisième est l'existence d'instruments collectifs d'intervention en cas de difficultés. On peut ajouter un tarif extérieur commun pour assurer la cohésion prioritaire de la zone et le rattrapage des différences de niveaux de vie. Et il vaut mieux que le système monétaire international soit de type "changes fixes et ajustables".

Ce n'est pas tant le fait qu'on ait créé une zone monétaire qui est problématique. C'est de l'avoir fait sans mettre en place les institutions et les instruments correspondants.  La BCE a comme seul objectif de maintenir la valeur interne de l'euro en terme de pouvoir d'achat. Les états ont interdiction formelle d'emprunter auprès de la BCE. Il n'y a pas de coordination du contrôle et du pilotage économique, en dépit d'Ecofin et de M. Juncker. Il n'y a pas d'Eurobonds, chaque état étant responsable seul de sa dette.  Nous vivons globalement dans un système de changes flottants. Les droits de douane ont été pratiquement supprimés unilatéralement avec les pays hors zone. La liberté de mouvements des capitaux est totale. Cela ne peut pas marcher durablement.

Au lieu d'attaquer ces questions de front, les gouvernants de l'Euroland ne pensent qu'à "rassurer les marchés". Il vaudrait mieux leur faire peur. Si la BCE avait le pouvoir de créer autant de monnaie qu'il est nécessaire pour faire baisser les coûts d'emprunts des états attaqués, la spéculation s'écarterait immédiatement des marchés publics obligataires.  Elle serait sûre de perdre. La preuve ? La Livre anglaise n'est pas attaquée alors que les fondamentaux du Royaume Unis sont tragiques et que le succès du coup de massue du gouvernement conservateur se traduit surtout par un risque de récession aggravée.  Tout le monde craint Mervyn King, le gouverneur de la Banque d'Angleterre,  qui peut lâcher les chiens quand il veut autant qu'il veut pour contrer toute attaque. Dans l'autre sens on a vu la Banque centrale helvétique se déchaîner pour faire baisser le cours du franc suisse et réussir son coup à contrecourant des marchés. D'accord c'est un trader de l'UBS qui a dégusté ! Les marchés savent retenir des leçons à plusieurs milliards de dollars (d'euros ou de francs suisses) de pertes.
 
Au lieu de discuter de ces questions fondamentales on s'acharne désormais sur ce qu'on avait adoré. Pour le lecteur la situation devient comique. L'un dit : "salauds d'Allemands : l'Euro c'est eux qui l'ont voulu réalisant le rêve d'Hitler". L'autre réplique : "c'est cet idiot de Mitterrand dont les connaissances économiques ont toujours été un peu juste qui a imposé l'Euro pour donner son autorisation à l'unité retrouvé de la nation allemande".

Comme si le projet d'union économique et monétaire datait de ces 20 dernières années !  Qui se souvient que le projet "d'union économique et monétaire" (c'est nous qui soulignons), date du 2 décembre 1969, par des décisions des pays membres de la CEE réunis à la Haye.  Que l'on sache, ni Mitterrand ni Kohl n'étaient aux affaires. Il faudra trente ans pour le faire passer dans les faits.

Voici l'article 8 du communiqué final :
 
" 8. Ils [les chefs d'état européens ]ont réaffirmé leur volonté de faire progresser plus rapidement le développement ultérieur nécessaire au renforcement de la Communauté et à son développement en une union économique. Ils sont d'avis que le processus d'intégration doit aboutir à une Communauté de stabilité et de croissance. Dans ce but, ils sont convenus qu'au sein du Conseil, sur la base du mémorandum présenté par la Commission le 12 février 1969, et en étroite collaboration avec cette dernière, un plan par étapes sera élaboré au cours de l'année 1970 en vue de la création d'une union économique et monétaire.  Le développement de la coopération monétaire devrait s'appuyer sur l'harmonisation des politiques économiques.  Ils sont convenus de faire examiner la possibilité d'instituer un fonds de réserve européen auquel devrait aboutir une politique économique et monétaire commune".

On s'appuie sur le "plan Barre", qui explicite  les mécanismes de la "convergence des politiques économiques et la coordination des politiques monétaires".  Le 6 mars 1970 on créé un groupe de travail pour élaborer un programme de réalisation du plan Barre. Le 8 octobre 1970 voit la remise du rapport final du Groupe Werner. On y propose : "une union monétaire caractérisée par la convertibilité totale et irréversible  des monnaies, l'élimination des marges de fluctuations, la fixation irrévocable des parités". La monnaie unique est considérée comme l'option préférable. Le rapport peut être lu ici (http://ec.europa.eu/economy_finance/emu_history/documentation/chapter5/19701008fr072realunionecomon.pdf).

On y trouve cette phrase qui, aujourd'hui, prend un air tout à fait épatant :
"L'union économique et monétaire permettra de réaliser une zone à l'intérieur de laquelle les biens et les services, les personnes et les capitaux circuleront librement et sans distorsions de concurrence, sans pour autant  engendrer des déséquilibres structurels ou régionaux. La mise en œuvre d'une telle union améliorera de façon durable le bien-être dans la Communauté et renforcera la contribution de cette dernière à l'équilibre économique et monétaire du monde."

On constatera que le rapport ne met pas véritablement en garde sur les conditions du succès d'une union monétaire. Il affirme qu'il apportera le bonheur. Les raisons techniques  invoquées pour progresser sur cette voie sont très légères : l'interpénétration des économies et la gestion des politiques communes rendent possible et souhaitable l'union monétaire.
 

On retrouve ici le caractère d'acte de foi ou de pur slogan comme on voudra de la création d'une zone monétaire européenne. On doit la faire parce qu'il le faut. Il le faut parce que c'est un progrès "décisif" sur la voie de l'intégration.  L'intendance suivra. L'orientation générale est politique, plus économique. On considère l'économique comme le levier de l'union politique.


Pas de chance, les allemands las des excès américains  déclenchent en 71  les manœuvres qui aboutiront à l'inconvertibilité du dollar en or et au flottement généralisé des monnaies.

 
Il devient pratiquement impossible de mettre en œuvre un ilot de fixité dans un océan de flexibilité. Personne ne le voit dans les instances européennes. Au contraire on considère qu'il est d'autant plus important de créer un bloc fixe que le reste du monde devient flexible. Il s'agit ici encore d'une croyance, ou d'un postulat.  Elle n'est fondée sur aucune analyse économique sérieuse.  Le rapport Marjolin plaide pour la construction de l'union monétaire à l'horizon 1980 en dépit des difficultés posées par les changes flottants.


Il est vrai que le "serpent monétaire" mis en place à la suite du rapport Werner passe son temps à exploser. Les Allemands pendant toute la période considèrent qu'il appartient aux pays en difficulté de faire les efforts nécessaires pour recoller au peloton. Déjà. Ce sont exactement les mêmes considérants qu'aujourd'hui. Sans en changer une virgule.


Et pourtant Valéry Giscard, devenu Président,  va convaincre Helmut Schmidt de créer le SME, premier pas vers Maastricht. 
Pourquoi ? La réponse est donnée par Jacques van Ypersele  : "Le soutien accordé par le chancelier Schmidt à la création du SME fut partiellement motivé par son désir d'atténuer l'impact de la faiblesse du dollar en étalant sur une zone monétaire plus large ".


Le bon Helmut voit d'abord l'intérêt allemand.


Toute la contradiction des positions d'Angela Merkel est déjà présente à la fin des années 70.  Les Allemands sont prêts à une union monétaire à la condition que "les pays du club med" se comportent comme des Allemands et font les efforts nécessaires. L'Allemagne ne sera plus en butte aux dévaluation compétitives de la France et de l'Italie. Et la nouvelle monnaie sera moins forte que n'aurait été le DM qui cessera de ce fait d'être constamment enquiquiné par des apports de capitaux cherchant la sécurité. En un mot, les Allemands veulent le beurre et l'argent du beurre : une monnaie suffisamment faible pour exporter dans le monde entier et des partenaires suffisamment raisonnables pour que la supériorité industrielle allemande puisse s'exercer pleinement en Europe sans qu'ils dévaluent.


Heureux allemands qui disposent d'un Chancelier qui fait ses comptes et caresse des arrières pensées.  Giscard n'a jamais expliqué pourquoi l'Euro serait favorable aux français. Il l'a décrété. On attend toujours la justification pratique de l'intérêt français.


La terrible stagflation des années 70 a conduit les gouvernants français et européens à comprendre que la stabilité des prix et la modération des salaires était nécessaire.  Giscard n'a pas de véritable dessein pour la France dans l'affaire du SME, sinon l'idée que la France doit jouer un rôle pilote dans la construction européenne. Se débarrasser du risque d'être jugé sur un Franc toujours sous la menace d'une dévaluation a certainement joué.


La crise de 1992 a failli tout faire capoter. La chute de l'URSS et l'élargissement de l'Europe à de nouveaux pays poseront de nouvelles questions.  Mais jamais le projet d'union économique et monétaire ne sera abandonné. Il sera mis en œuvre en 1999.


La crise de 2007- 201x va faire éclater toutes ses faiblesses structurelles et l'inconscience  des différents dirigeants devant les contraintes réelles d'une monnaie unique dans un monde de changes flottants et sans remplir aucune des conditions que nous avons rappelées au début de cet article.


Les fédéralistes européens comme Delors ont considéré que les avertissements techniques n'avaient pas leur place devant l'énormité grandiose de la tâche à accomplir : faire naître  les Etats-Unis d'Europe en réduisant les réticences des peuples,  en créant des états de fait successifs. En un mot ils ont repris la méthode Monnet consistant à constamment mettre la charrue avant les bœufs. Il serait bien temps lors que la charrue serait trop piétinée de faire les sauts institutionnels supplémentaires. L'article récent de Joschka Fischer exigeant le passage au fédéralisme maintenant est typique de la démarche des europhiles absolus, qu'ils soient allemands ou français.


On comprend leur panique devant la demande de referendum de Papandréou et leur soulagement de voir  la nomination rapide en Grèce et en Italie d'eurocrates pur jus.  L'Europe a toujours eu une horreur absolue du peuple et M. Giscard amuse son monde en prétendant fort hypocritement dans un article récent  que le referendum grec  aurait du être mené à son terme et que les Grecs auraient voté OUI pour une austérité phénoménale.


Les gouvernements du "sud" découvre le piège allemand. Face au mercantilisme allemand et à la spéculation sur leur dette ils n'ont que le choix de la déflation ou de la faillite. Cela vaut naturellement pour la France.


Et les Allemands découvrent que l'avantage qu'ils ont réussi à obtenir n'est durable que si l'Euro n'éclate pas car sinon le DM repartira vers les sommets avec un double effet : la perte d'une partie de ses positions fondamentales en Europe et une perte de compétitivité très forte dans le monde malgré ses décentralisations en Mittel Europa.  Sans compter sur les effets dépressionnistes de l'éclatement de la zone Europe sur l'économie mondiale.


Tout le monde est donc coincé y compris les Etats-Unis, le Japon et la Chine qui seraient gravement touchés par un effondrement de l'Euroland.

  
La solution "organisée"  passe obligatoirement par la recréation d'un système monétaire international basé sur des changes fixes et ajustables, dont la monnaie étalon ne serait plus le dollar et, en Europe, par l'élimination des possibilités de spéculation sur les dettes souveraines  et l'abandon de certaines créances irrécouvrables sur les pays les plus mal lotis, pour y limiter l'ajustement par la déflation.


Sinon les réalités étant plus fortes que les petits calculs, on aura l'explosion de la zone euro, une revalorisation massive du nouveau Mark,  l'effondrement du commerce international, la ruine des créanciers en dollars (mais oui messieurs les Chinois et les Japonais), des dévaluations massives en France et partout ailleurs avec une faillite avérée du système bancaire international  et la perte de l'épargne mondiale.  


Epatant, non ?


Quatre ans déjà que nous répétons cette  antienne, pardons pour cette antiphoné (respectons le grec sinon la Grèce !).  Mais qui avait raison ?


La question du bien fondé de l'Euro, des conditions de son sauvetage, des réformes nécessaires à sa poursuite devrait être au cœur de la campagne électorale présidentielle française. 


Souhaitons qu'on ne se contente pas des vaticinations (contre) et des prêches (pour) habituels. Il faut être un peu plus précis que cela.  L'Euro est actuellement un objet politique fort et un objet économique faible.  On peut légitimement défendre l'Euro pour des raisons politiques sensées  et même enthousiasmantes. Mais il faut alors en faire une réalité économique solide, comprendre comment, formuler et assumer les réformes indispensables.


Si l'Euro devait exploser juste avant la date de l'élection du président français, que resterait-il de MM. Sarkozy et Hollande ?


Il serait bon également de dire à M. Joschka Fischer que le saut vers le fédéralisme total n'est pas la solution, mais qu' il faut parvenir à un nouveau Bretton Woods,  une nouvelle définition des rôles et moyens de la BCE, et la fin du mercantilisme unilatéral allemand.


Karl Peiper pour le Cercle des économistes e-toile

De la nature monétaire de la crise

Il n'y a qu'une seule crise, depuis 2007 et elle est d'origine monétaire. Cette thèse nous la défendons depuis que ce blog est né.

Nous étions tellement effaré du manque de connaissance en matière de monnaie que nous avons totalement réécrit l'article Monnaie de Wikipedia pour qu'au moins les personnes qui seraient tentées de comprendre ces questions puissent le faire. A ce qu'il semble cet article a été lu en moyenne 25.000 fois par fois depuis 4 ans. On ne doit pas être loin du million de lecteurs. La pédagogie est nécessaire.

Elle ne suffit pas. Il fallait mettre avec soi la force des évènements. Démontrer au gré de l'histoire qui se fait que si on ne corrige pas les défauts moéntaires qui accablent notre époque, aucune solution ne serait trouvée.

Nos idées progressent non pas pas leur force intrinsèque mais par le poids des désastres successifs.  Le magazine l'Express titre cette semaine sur la crise de "2007-2011", alors que les journaux faisaient jusqu'ici partir la crise de la chute de Lehman-Brothers.  Les Etats-Unis se fâchent contre les cours trop bas de la monnaie chinoise. Après que la Suisse ait pris des mesures jamais vues pour enrayer la hausse du franc suisse.  Les pays émergents se retrouvent avec des parités de monnaies qui risquent de devenir défavorables si le cours de l'Euro s'effondre et protestent.  L'Euro est en première ligne avec des affirmations continuelles dans tous les medias sur la certitude de son éclatement.

La monnaie est bien aujourd'hui au coeur des débats.

Le glissement d'opinion le plus spectaculaire touche en effet la construction de l'Euro : tout le monde réalise soudain qu'une banque centrale vertueuse qui prive les états de son secours direct les met en situation de dépendance absolue des "marchés". Il suffit de faire monter les taux d'intérêt sur le marché secondaire des dettes souveraines pour mettre tout l'édifice en difficulté.  Les Etats sont totalement impuissants à faire face. La dette souveraine étant dans la pratique constamment renouvelée, bloquer le renouvellement revient à bloquer le pays. Il faudrait alors une solidarité considérable des pays pour contourner la difficulté. Mais justement elle est inexistante ou faible comme on voudra. Une zone de monnaie unique est une affaire ultra contraignante qui ne peut marcher sans au moins trois ingrédients :

- une structure centrale forte, disposant d'une puissance d'emprunt centralisé, en un mot un trésor public et une poids directif dans la conduite des politiques économiques et budgétaires des membres, en un mot un directoire économique.
- un banque centrale accommodante capable de soutenir financièrement les Etats
- une solidarité sans faille des pays membres.

On a privé les nations des moyens de faire face à certaines situations graves sans rien créer en compensation.

Toute ces considérations ont été inlassablement répétées  lors du débat sur Maastricht par des techniciens mais également par des politiques.  Elles ont toujours et perpétuellement rejetées d'un simple revers de la main. La socialiste Guigou, par exemple, exécutait cette figure de style avec beaucoup de naturel. Il manquait juste l'éventail.  L'Euro était bon en soi ; le fait d'être arrimé à l'Allemagne serait une garantie ; les règles de sérieux finiront le travail. Tout se passera bien.  Les nations de l'Euroland constatent aujourd'hui qu'elles ont été mises dans la dépendance des banques internationales et qu'elles n'ont de voie de sortie qu'un long purgatoire récessionniste et déflationniste dont on ne voit pas le bout.

Un souvenir personnel : lors de la campagne de Maastricht la station de télévision  FR3 interview une dame âgée dans le jardin du Luxembourg. "Pourquoi voulez -vous que je vote pour une affaire où je ne comprends rien".  Vieille dame indigne ! L'ennui c'est que les promoteurs eux-mêmes de Maastricht ne comprenaient rien et criaient "l'euro, l'euro, l'euro" comme des cabris sans jamais entrer dans une quelconque réflexion.  Les spécialistes du complot évoquent aujourd'hui de sombres  arrières pensées. L'idée du complot n'est pas nécessaire. La simple inconscience suffit. 

On dira : la situation progresse. Pour l'Euro on sait désormais à quoi s'en tenir. D'accord les conditions d'une véritable novation dans la gestion de la zone euro ne sont pas réunies. D'accord les peuples risquent de payer très cher cette paralysie. Mais au moins on sait ; le débat est sur la place public. Que l'on aille vers un éclatement de la zone ou vers son renforcement, la question du rôle d'une banque centrale est maintenant au cœur des discussions.  La gestion de la monnaie est devenue une variable critique fondamentalement politique.

En revanche il n'en ait pas de même du tout pour le second aspect de la crise monétaire : les défauts du système monétaire international. C'est lui le plus important. Nous croyons avoir démontré que c'est lui et lui seul qui est la cause de la crise majeure que nous traversons. Là, nous sommes dans le silence. Même pas dans le déni. Dans la "pensée zéro" comme dirait Emmanuel Todd. 

La "communauté internationale", disons le G.20, est strictement incapable de porter publiquement un diagnostic et d'annoncer des réformes. La presse internationale est muette ; la presse française inexistante sur le sujet.

S'il y a bien une évidence qui s'impose en ces temps de folie, c'est bien que la monnaie n'est pas une "marchandise comme les autres".  Le système américain fondé sur un dollar monnaie mondiale dont on abuse par "benign neglect" est à bout de course. Le mercantilisme chinois ne peut plus guère durer. La crise immobilière spéculative déclenchée par le relâchement à contre temps de la politique monétaire intérieure a explosé, provoquant des baisses de prix sur le marché immobilier de près de 30%.  Le commerce international ne parvient pas à reprendre sur des bases continues et saines.

Le G.20 de Cannes a été comme prévu un non évènement.

Toutes les conditions d'une relance de la crise sont donc réunies et cette fois ci c'est la dépression qui est au bout.

Il est navrant qu'il faille s'appuyer sur la pédagogie du désastre pour faire comprendre les faits économiques les plus simples. 

L'Euro tel qu'il est construit ne peut pas fonctionner durablement sans entraîner les peuples dans une spirale déflationniste et malthusienne intolérable.

Le système de changes international basé sur la liberté absolue des mouvements de capitaux et les changes flottants ne fonctionne pas n'a jamais fonctionné et ne fonctionnera jamais.

La crise étant d'essence monétaire ne pourra être surmontée que par des réorganisations monétaires fondamentales. Force est de constater que si la prise de conscience progresse on est encore loin du but.

Continuons le combat ! Après tout nous ne l'avons commencé publiquement qu'en 1997, presque rien quand on considère les enjeux…

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Mairie de Paris : pillages et gaspillages

Nous avions déjà sur ce blog critiqué les "folies Delanoë" (voir http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/10/24/Comment-nos-impts-augmentent-massivement--lexemple-de-Paris) en notant que les effectifs étaient passés de "40 à 43.000" sans aucune nécessité" (aujourd'hui, trois ans à peine après, nous en sommes à 50.000 !), que l'augmentation des dépenses avaient été catastrophiques, que la hausse des prélèvements en pleine crise était irresponsable.  Nous y voyions l'exemple le plus caricatural des débordements budgétaires d'une collectivité locale importante.

Le livre de Dominique Foing, "Comptes et légendes de Paris", "Bilan de la gestion Delanoë",  chez Denoël, dont nous conseillons à tous la lecture urgente, va bien au-delà de ces constats faits à la volée. On découvre une gestion cataclysmique et une communication efficace mais basée entièrement sur le mensonge et l'esbroufe.

Le caractère terrible du livre de Foing est qu'il n'est en aucun cas polémique : on prend les promesses affichées, les justifications avancées, les annonces faites. On les compare avec la réalité. On tombe de haut. De très haut ! Il ne s'agit plus d'un simple écart entre objectifs et réalité. Piloter une ville est difficile. Il est normal qu'entre le programme annoncé et les réalisations sur le terrain il y ait quelques divergences. Elles sont telles qu'on peut parler ici de moquerie pour ne pas dire d'escroquerie vis à vis des Parisiens.

Nous n'extrairons que quelques exemples, renvoyant les lecteurs à l'ouvrage lui-même qui fourmille de détails plus accablants les uns que les autres.

"Depuis qu'il est élu, Bertrand Delanoë fait exploser les dépenses municipales".  Les chiffres sont donnés avec précision : 44,45% de hausse ! Pendant ce temps-là le PIB national a stagné. A ceux qui se demandent comment des pays comme la Grèce ont pu tomber dans le piège de la dette impossible à rembourser, il suffit de regarder le comportement d'un politicien comme ce Monsieur Delanoë. On dépense ; on dépense; on ne cesse de dépenser.

On a vu que les effectifs de la ville déjà considérés comme pléthoriques se sont accrus massivement.  Alors que le nombre d'habitants n'a pas varié sensiblement. 

A la tête de la municipalité un véritable "spoil-system" a été mis en place. Tous les cadres dirigeants ont été changés. "Tous les directeurs centraux sont remplacés. 22 sur 23 des directeurs de société d'économie mixte le sont également". Les nouveaux venus se sont vus attribuer des rémunérations inespérées. Elles sont si grasses que malgré son affichage de transparence le Maire refuse de donner tous les éléments qui permettraient de savoir qui a été "servi" sans vergogne au plus haut de la pyramide de la mairie. 

Sans surprise "le produit fiscal collecté sur les contribuables parisiens est passé de 1.7 milliards d'Euros au budget 2001 à 2.5 milliards au budget 2008 soit 47% d'augmentation". Et cela n'a pas arrêté depuis puisqu'on va dépasser les 3,1 milliards pour 2011. Pourquoi se gêner ?

Il suffit d'affirmer qu'on n'a pas augmenté les impôts et qu'ils restent les plus bas de France pour que le forfait soit accompli sans conséquences électorales.

En vérité la hausse des impôts sur les ménages parisiens a été de 70% entre 2001 et 2011 ! Que le ménage qui a vu son revenu augmenter dans la même proportion lève le doigt il n'a rien perdu à venir à Paris.  A part les copains de M. Delanoë grassement augmentés, on peut craindre qu'on n'en trouve aucun. Delanoë a fait plus perdre de pouvoir d’achat aux Parisiens que la crise ! 

Si on s'en tient aux seules dépenses de fonctionnement elles ont cru de 2 milliards d'euros en 10 ans !  Il s'agit bien de folie furieuse dans la dépense irresponsable.

La dette, faible à l'arrivée du nouveau maire, s'est accrue également d'un milliard d'euros. Une fois encore pourquoi se gêner ?

Faire valser les milliards pris dans la poche des administrés n'est-ce pas la preuve du plus grand dynamisme ? "Et je ne m'excuse pas" dit Bertrand Delanoë.

Si on ajoute l'absentéisme, trois fois supérieur à celui des personnels des entreprises privées parisiennes, aux jours non travaillés pour mille et une raisons, "un employé de la mairie travaille en moyenne un jour sur deux !"

Arrêtons-nous là : nous avons l'exemple même d'une gabegie totalement débridée. Rappelons qu'elle s'est développée en plein marasme général et dans la stagnation et la crise économique.

Tout cela pour quoi ?

Le lecteur trouvera tout le détail sur les improvisations, les erreurs, les légèretés coupables qui émaillent  le parcours de B. Delanoë. 

Investissements culturels aberrants et déficitaires.

Opération de rénovation des halles tournant au délire et à la spoliation des Parisiens.

Politique de "mixité sociale" fleurant bon le ridicule. Le dernier exemple qui ne figure pas dans le livre est de transformer à prix d’or l'immeuble de la marine situé en plein cœur de Montparnasse en refuge pour ex taulards et SDF de tout poil.

A coûts de centaines de millions d'euros on fabrique des appartements labellisés "sociaux" en maintenant dans les lieux les anciens locataires qui profitent du coup d'un loyer modéré ! 

Le blocage de la circulation à Paris continue bon train avec l'élimination des voies sur berge, un projet  tragiquement malthusien. 

Et voici notre Maire saisi de la maladie de la pierre à la George Frèche de si belle mémoire !  A nous les nouvelles tours, les projets extravagants.

Pendant ce temps-là le promeneur habituel dans Paris n'aura pas beaucoup de mal à confirmer que Paris est devenu une des villes européennes les plus sales.

Le citoyen s'inquiétera de constater que tous les indicateurs qui pouvaient donner une idée des résultats tangibles des politiques menées ont été peu à peu supprimés.  L'auteur en donne la longue liste. Le "baromètre propreté est abandonné dès 2008".  Le "bilan des déplacements" est arrêté la même année.  Etc. Etc. Etc.

Il ne reste que les "éléments de langage" qui sont en général autant de trompe-couillons qui ne résistent pas aux plus petites vérifications.
 
La nuée de parasites qui s'agitent autour de la mairie centrale et des mairies d'arrondissement n'a jamais été aussi vibrionnante. Jamais le clientélisme n'a été poussé aussi loin. L'information sur les subventions est carrément inexploitable. L'argent part on ne sait où. Mais il n'est pas perdu pour tout le monde.

Le plus accablant est que cette gestion proprement ahurissante n'est pratiquement pas dénoncée par l'opposition, qui dans le genre "taiseux" est plus que remarquable. Les media font silence. Il est plus que significatif de voir que le livre de Dominique Foing est pratiquement passé sous silence dans la presse et les médias, voire même les librairies. L'information en France est tenue par dix personnes.  Elles soutiennent Delanoë comme précédemment DSK et elles le feront jusqu'à ce que décidemment ce ne soit plus possible.

Le bon peuple est tenu d'accepter cette gabegie insensée. On viendra nous expliquer que faire des réformes est inutile et des économies impossible : voudriez- vous supprimer policiers et infirmières ! Il n'y a pas de policiers ni d'infirmières dans le budget massivement augmenté de la Mairie de Paris.

Avoir commis ce pillage et ces gaspillages ou les avoir laissés faire sont le signe d'une forme d'effondrement moral et politique français.

Que faire ?

Il faut passer une camisole de force aux petits potentats médiocres qui comme ce Monsieur Delanoë ont appauvri leurs administrés et endetté leur collectivité locale dans des proportions aussi indécentes.  

La décentralisation ne peut pas servir à quelques satrapes sans honte ni scrupules de dépenser autant, de gérer aussi mal des effectifs pléthoriques constamment gonflés, de servir des rémunérations si élevées à tant de petits marquis incompétents, de piloter si mal tant de projets mal inspirés, et d'endetter in fine la France entière. 

Au moment où la France titube sur le bord du précipice de la dépense publique et de la dette, le comportement du maire actuel de Paris doit servir de repoussoir.

Ce genre de dérive n'est plus admissible. Il faut légiférer pour empêcher que cela ne se reproduise, avec de lourdes sanctions pénales pour ceux qui seraient tentés de passer outre, dont l’inéligibilité à vie. 

L’exemple de Paris est loin d’être le seul. Un rapport récent du Ministère du Budget rappelle que les collectivités locales auraient créé 262.000 postes entre 2002 et 2009. En vérité depuis 1981 on a dépassé allègrement le million de fonctionnaires locaux supplémentaires. La loi de Parkinson joue à plein, crise ou pas crise. On a substitué sans vergogne des emplois de fonctionnaires aux emplois industriels.

Le plus dramatique est la manière dont la presse rend compte de ces débordements tragiques qui font de la France le pays où il y a le plus de fonctionnaires ou assimilés par rapport à la population active et le moins de salariés dans les activités productives.

Nous n’en donnerons qu’un exemple pris cette fois-ci dans la presse régionale, en l’occurrence Ouest France (du vendredi 4 novembre 2011). Le journal est, comme chacun sait, de tendance socialiste et chrétienne-démocrate.  Donc il faut défendre la dépense publique et s’agissant de la presse locale, très proche du socialisme municipal, la dépense des collectivités locales. On cite donc un Jacques Pallissard, président de l’association des maires de France, UMP, ainsi qu’un Laignel, vice-président, PS, qui expliquent que les collectivités locales sont « exemplaires ». L’argument clef : « 262.000 postes en 7 ans ça fait 37.500 par an, un par collectivité, toutes tailles et toutes catégories confondues ». Nous sommes le pays au monde qui a le plus de collectivités locales et donc les plus petites. Des milliers d’entre elles n’ont pas 1000 âmes.

Le vice sert à justifier le vice.

En vérité la France ne devrait pas avoir plus de 6.000 collectivités locales pour être efficace et aux ratios habituels. Mais, comme le rappelle opportunément le Canard enchaîné de la même semaine, les regroupements de communes ont été souvent l’occasion de multiplier les postes de fonctionnaires et d’élus rémunérés au lieu de les réduire, avec dans des villes moyennes comme Rouen des dizaines de vice-présidents grassement défrayés, équipés, transportés et aérés dans des voyages d’études sympathiques,  et dont la plupart cumule leur fonction avec des présidences de sociétés d’économie mixte.
 
On voit donc que s’est établi en France une espèce de complicité entre média, fonctionnaires et élus  (de tous bords politiques) pour que rien ne change et que le maximum de parasites se servent sur la bête, indéfiniment, dans un « toujours plus » mortifère.

Casser cette connivence est une priorité nationale. 

Alors que les présidentiables préparent leur programme, qu'ils se rappellent qu'il faut créer la règle d'or suivante pour les collectivités locales : pas de croissance des dépenses supérieures à la croissance générale. Toute exception, dans le cadre d'une enveloppe nationale maximale, devra être votée par le parlement, dont les députés devront être empêchés naturellement de cumuler emplois nationaux, régionaux et locaux. 

Même si ce sont les dépenses de sécurité sociale qui, nationalement, poussent le plus aux déficits et aux dérives de l'endettement, nos bobos soixante-huitards reportant sur les générations futures le paiement de leurs bobos, il n'y a aucune raison de laisser le champ libre aux excès démagogiques ou simplement délirants des collectivités locales ou territoriales.

 

Sylvain Dieudonné

Demos et Economos sont dans un bateau. Economos tombe à l'eau…

Demos et Economos sont dans un bateau.  Economos tombe à l'eau…

…et il faut se pincer pour éviter de rire aux éclats au spectacle des  Dieux du G.20  constatant avec horreur que Demos risque de se retrouver seul avec le bateau (le plus drôle étant qu'un certain Papademos tient désormais la barre à Athènes en remplacement de Papandréou !).
 
L'épisode de la menace d'en appeler à un referendum populaire  proférée par l'ancien chef du gouvernement socialiste grec, devant l'impossibilité d'accepter sans autre forme de procès les pressions déflationnistes de plus en plus pressantes  de la "troïka" formée par le FMI, la Commission Européenne et la Banque Centrale Européenne, restera un temps fort de la "chronique d'un désastre annoncé" que nous tenons maintenant depuis bientôt cinq ans.

Rappelons que le mot troïka a été utilisé par Staline pour qualifier les groupes de trois apparatchiks envoyés avec pouvoir de vie et de mort dans les campagnes ukrainiennes pour mettre au pas les "koulaks". Une famine atroce et  5 millions de morts plus tard, le mot troïka avait perdu un peu de son charme.
 
Rappelons aussi le plan en 15 points dont on parle :

1.    Coupes dans les effectifs – saisonniers ou fixes – dans toutes les administrations, y compris les enseignants.
2.    Etendre le chômage technique à l'ensemble du secteur public et application immédiate du système.
3.    Egalisation de la taxe sur le fuel domestique sur celle du gas-oil.
4.    Permettre la retenue sur salaire de l'impôt de solidarité destiné à financer les caisses de chômage.
5.    Baisse des retraites pour les marins et les anciens employés de l'opérateur téléphonique OTE.
6.    Suppression des subventions à la Poste pour la distribution de la presse.
7.    Nouveau cadre juridique dans le secteur public pour réduire les indemnités de départ et les heures supplémentaires.
8.    Gel des retraites primaires et complémentaires jusqu'en 2015.
9.    Augmentation des amendes pour les constructions illégales.
10.    Fusion ou fermeture de 35 agences d'Etat.
11.    Fusion ou fermeture de 10 autres structures: agence nationale de la jeunesse, organisme de télévision publique, société de l'immobilier public, société des biens immobiliers touristique, etc.
12.    Recensement des biens mobiliers et immobiliers sous le contrôle de l'Etat.
13.    Recenser tous les avantages sociaux et prestations de santé; signature de négociations collectives dans 16 hôpitaux privés ; signature de contrats entre hôpitaux privés et publics pour la locations de lits.
14.    Nouvelle loi pour réduire les retraites agricoles.
15.    Réduire les prix des médicaments en passant des accords avec les laboratoires pharmaceutiques.
16.   
Ce plan, sorte de bric-à-brac de mesures diverses à l'impact économique incertain et d'ailleurs non chiffré mais politiquement ultra sensible, est typique des actions moralisatrices du FMI qui lui ont valu la réputation flatteuse que cette institution connait dans la plupart des pays où elle est intervenue. En fait on affiche des aspects du clientélisme politique particulièrement honteux  et on demande une action immédiate.  L'aspect économique est secondaire. 

Que le chef de la majorité politique du pays ait voulu se dédouaner d'un plan aussi connoté n'est pas tellement surprenant. La manœuvre est légèrement narcissique : assumez, vous, puisque vous me faites la leçon si bruyamment ! Moi je me retire sur l'Aventin ou plutôt sur le Mont Philippapou, restons local.  "Je serai le recours. Celui qui n'a pas eu peur du peuple". A quelqu'un d'autre de subir la honte d'avoir à démonter 50 ans de bricolages politiciens de bas étages.

La seconde victime de ce happening à la grecque aura été le G.20 de Cannes. Là aussi on était dans l'affichage et le bricolage géo-politicien. Il fallait masquer le sentiment qui domine : chacun pour soi les Dieux de l'Olympe (ou d'ailleurs)  pour tous. Toujours aucun diagnostic avoué de la crise. Toujours aucune solution organisée. Seulement, à prix d'or, des débats totalement stériles tant les positions de force des pouvoirs de fait l'emportent sur la réflexion économique élémentaire.  Depuis le premier G.20 la crise n'a pas cessé de s'approfondir au milieu des déclarations ronflantes censées prouver la parfaite maîtrise des dirigeants. On reste sur le même schéma de pur affichage.

La semaine flamboyante ne pouvait se terminer sans un dernier effort.  On a donc vu M. Sarkozy annonçer, à la veille d'une élection, un plan Fillon qui comme le Canada Dry, se doit d'être un plan Juppé avec le goût d'un plan Juppé, l'effet d'un plan Juppé mais sans être un plan Juppé modèle 1995. 

Rappelons que M. Juppé, deux ans après la récession de 93,  avait assommé le pays d'un tel coup de gourdin fiscal, qu'il y avait provoqué une récession sui generis en 1996 et …fait perdre les élections suivantes, provoquant cinq années de cohabitation  entre MM. Chirac et Jospin.

Comme toujours avec M. Sarkozy, les préoccupations électorales et d'amour propre l'ont emporté sur tout le reste. Jamais un candidat n'a été si bas dans les sondages à la veille d'un scrutin présidentiel. Sa seule carte est de jouer la "responsabilité et le courage " contre "l'irresponsabilité socialiste traditionnelle". C'est un gambit politique de belle ampleur façon Papandréou. S'il tombe ce sera en "père la rigueur" maître de l'intérêt général français. S'il ne tombe pas, il est maître des lieux pour cinq ans.

Le plan Fillon, c'et vrai,  essaie de tenir compte de l'expérience Juppé. On n'y va pas "droit dans ses bottes". On finasse. On contourne. On cherche à conserver des "éléments de langage".  Démos est si fragile et son ouïe est si délicate ! 

Quels sont les éléments du plan d'équilibre des finances publiques, présenté lundi 7 novembre par François Fillon ? Il prévoit "7,9 milliards d'euros de hausses d'impôts supplémentaires en 2013, dont 5 milliards pèseront sur les ménages de façon directe et 6,8 milliards au total, en intégrant l'effet indirect sur les consommateurs du relèvement des taux réduits de TVA."

Ces dispositions s'ajoutent aux mesures prises précédemment, notamment lors du premier "virage-de-la-rigueur-qui-n'était-pas-un-virage-de-la-rigueur" de juillet 2011. 
1) "La mesure qui rapporte le plus, est le gel en 2012 et 2013 du barème de l'impôt sur le revenu (IR), et partant de celui de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), et des donations et successions. Ce gel rapportera 3,4 milliards d'euros en année pleine".

Il s'agit d'une hausse d'impôts déguisée puisqu'on ne tient pas compte de l'inflation. On taxe à l'impôt progressif un revenu nominal dans la réalité inexistant.  Les 10% des ménages les plus aisés paieront 90% de la facture.  Si la mesure est maintenue alors que la planche à billets déclenche une inflation forte, ce sera du vol pur et simple. Notons que l'ISF n'est pas ajusté à l'inflation et que ce type de vol y est pratiqué de façon régulière. 

2).Le relèvement de la TVA à taux réduit de 5,5 % à 7 %  sur tous les produits, "à l'exception des seuls produits de première nécessité  (produits alimentaires, abonnements au gaz et à l'électricité ainsi qu'à des réseaux de fournitures d'énergie, équipements et services à destination des personnes handicapées), rapportera 1,8 milliard en année pleine. Le nouveau taux de 7 % s'appliquera au secteur de l'hôtellerie-restauration mais aussi à la restauration rapide".

1.5 sur 5.5, cela fait une hausse d'impôt de 27,3%. Notons au passage les errements de la fiscalité sur les travaux d'entretien. Pour éviter le travail au noir, on décide qu'ils seront déductibles de certains impôts. On supprime cet avantage pour les assujettir à une TVA réduite. Et on augmente peut après la TVA en question. L'incohérence est frappante ainsi que l'instabilité fiscale qui perturbe toutes les décisions.

Nous avions critiqué ici la baisse de la TVA sur la restauration. Nicolas Sarkozy semble n'avoir porté à terme cette mesure que pour faire pièce au "roi fainéant Chirac". Ces réformes partielles incohérentes sur lesquelles on revient par nécessité ou par opportunisme sont une plaie française particulièrement détestable et une signature dans le cas Sarkozy, as du deux pas en avant trois pas en arrière.
 
Précisons que la taxe équivalente en Grèce est de 13%...
 
3). Les mesures de réduction des niches, "dont le rendement sera d'1 milliard en 2013, concerneront aussi, pour l'essentiel, les ménages avec en particulier le coup de rabot transversal supplémentaire, la suppression en 2013 du dispositif Scellier sur les investissements locatifs, le recentrage du prêt à taux zéro (PTZ) sur le neuf et une diminution du  crédit d'impôt développement durable".

Nous avons déjà dit mille fois sur ce blog que la notion de niche fiscale n'avait pas de sens. Si l'exonération consentie a un sens, ce n'est pas une "niche" mais une bonne mesure.  Avec l'envolée des prix de l'immobilier et la hausse de toutes les impositions du patrimoine, le tout enveloppé dans une justice entièrement du côté du locataire déloyal, la location d'habitation ne permettait plus de loger les Français.  On a donc poussé par mille procédés artificiels  successifs les épargnants à construire pour le logement. On cesse d'aider. Comme on cesse d'aider les investissements sur les économies d'énergie. Soit ! Le saupoudrage de mesures fiscales de ce type est néfaste.  Reste à gérer la hausse des coûts de l'énergie  et l'insuffisance des constructions de logements. On en entendra à nouveau parler… 

4)Au nom de la réduction des écarts de taux d'imposition entre les revenus du travail et ceux du capital,  le prélèvement forfaitaire libératoire sur les dividendes et les intérêts, mis en place en 2004 par la droite,  est relevé de 19 % à 24 %. Matignon affirme que, pour les personnes les plus aisées, imposées jusque dans la dernière tranche du barème, les dividendes supporteront désormais le même niveau d'imposition, quelle que  soit l'option choisie par le contribuable (prélèvement libératoire ou taxation au barème de l'impôt sur le revenu).

5/24 = 20,8% de hausse. Une bagatelle. On a choisi de frapper les revenus du capital au nom d'un légitime rééquilibrage de la fiscalité entre revenus du travail et revenus de l'épargne. Il ne faut pas oublier que la CSG et le CRDS frappent également ces revenus qui ont fait lors de la création du RSA l'objet d'une imposition nouvelle. Le tout se cumule.

Ce qui est dommage c'est qu'une fois encore on préempte une mesure qui aurait du être prise dans un cadre d'ensemble de réorientation de l'imposition.  Elle aurait du servir à par exemple baisser les prélèvements sur le travail. Une fois de plus on attend un prétexte pour aggraver les impôts (et avec quelle violence) mais sans contrepartie de réforme utile.  Le tonneau des danaïdes recevra une pluie de prélèvements nouveaux.  Les revenus du capital servaient largement à augmenter la formation de capital brute en France. Associés à diverses facilités comme le Scellier ils permettaient notamment le financement des entreprises et de la construction. Les voilà mobilisés pour financer des déficits.   Le court terme l'emporte sur le long terme.

5)Le montant de l'impôt sur les sociétés, "qui est dû au titre de 2011 et de 2012 par les grandes entreprises réalisant un chiffre d'affaires supérieur à 250 millions d'euros, sera majoré de 5 %. En comparaison aux mesures pesant sur les ménages, le rendement de la mesure est estimé à 1,1 milliard soit 14 %  seulement du total des nouvelles hausses d'impôt prévues dans le deuxième plan Fillon pour 2011".

Ici encore on prive les investisseurs du rendement de leur capital.  La France est le pays où les entreprises sont sous capitalisées à l'extrême. L'épargnant est la cible privilégiée du plan Fillon.

On cherchera en vain la réduction des dépenses publiques dans ce plan. Dans le plan de juillet nous avions 10% de réduction de dépenses publiques pour 90% d'augmentation d'impôts.  Ici il n'y a qu'une augmentation d'impôts.

Le gouvernement a choisi de frapper les classes moyennes supérieures, déjà fortement touchées par la chute de la valeur de leur épargne et étrillées par les hausses des impôts locaux.  Nicolas Sarkozy pense qu'elles se laisseront faire sans réagir et qu'elles n'auront pas de choix que de voter pour lui plutôt que pour Hollande. On n'est pas dans l'économie mais dans le calcul politicien.

Economos s'en sortira un peu plus meurtri mais on croira avoir neutralisé Demos. D'autant qu'on a baissé ou bloqué les salaires des hauts dirigeants publics et incité les patrons privés à en faire autant.  L'ennui de ce genre de gesticulations c'est qu'elles laissent généralement totalement froids les électeurs qui attendent des réformes de fond et non des expédients.

Il aurait mieux valu  remettre à plat le système fiscal pour diminuer la fiscalité portant sur le travail et cesser de subventionner les importations. Comme Rocard,  comme Juppé, comme Jospin, Fillon gaspille les cartouches qui auraient pu servir à des réformes fondamentales et durables. Et la chancelière allemande Merkel, qui, elle, bénéficie du fait que l'Allemagne les a faites, baisse la fiscalité de ses entreprises !

Pendant ce temps là, la crise, incomprise dans ses causes, laissée à elle-même faute de mesures adaptées, s'approfondit. Demos paie pendant qu'Economos se noie.

Tableau.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

La faillite nous voilà !

Un des aspects de l'Euroland qui devient évident aujourd'hui, est qu'une banque centrale indépendante et exogène par rapport à un pays souverain lui fait perdre  le privilège  de ne jamais être mis en faillite. 

Si les dettes souveraines sont appuyées sur une banque nationale, il est toujours possible de fournir au nominal l'argent des intérêts et le remboursement du principal. Ce qu'on appelle la monétisation de la dette a des inconvénients majeurs : on crée de l'inflation ; on ruine le créancier en le remboursant en monnaie dévaluée, mais doucement ; le change de la monnaie s'effondre ; les voisins peuvent prendre des contre mesures pour éviter une concurrence déloyale. Le crédit devient difficile.  L'avantage est évidemment que tout est très facile pour les gouvernements : c'est la banque centrale qui fait tourner la planche à billets. Les ministres n'ont rien à faire d'autres que le train train habituel.  Et il est inutile de tout bloquer, d'imposer des impôts nouveaux, de  revenir sur des avantages acquis etc.

L'externalisation de la banque centrale rend impossible ces expédients. C'est comme si les emprunts étaient faits en monnaie étrangère. Il faut rembourser les dettes dans une monnaie dont on ne tient pas le robinet. On est tenu par les créanciers. Il faut soit faire défaut soit rembourser en se serrant la ceinture, si tant est que le dit serrage de ceinture ne casse pas définitivement la croissance.

On a conçu la banque centrale européenne comme le prêteur de dernier ressort des banques soumises à une crise de liquidité. On a strictement refusé le rôle de financier en dernier ressort des dettes souveraines. La BCE ne devait pas financer les états qui étaient tenus de conserver leurs dettes au dessous de 60% du PIB et leurs déficits budgétaires au dessous de 3%. C'était monter un barrage en papier contre le risque de défaut sur les dettes souveraines.

Le vice caché est que rien n'était stipulé pour les dettes des autres agents économiques. Or on a vu l'endettement des autres agents s'emballer à un niveau qui rendait la pyramide de crédits si fragile qu'elle ne pouvait que s'écrouler. Il est vrai que les mouvements de capitaux ayant été totalement libérés les agents étaient capables de ponctionner toute la liquidité mondiale sans trop se soucier des directives de la BCE.  L'Europe devenait tributaire des politiques monétaires des autres.

Une des conditions du succès de l'Euroland était évidemment de limiter l'accès aux marchés financiers internationaux. Sinon on pouvait voir se gonfler un surdendettement privé qui lors de son implosion entraînerait aussitôt un dépassement de toutes les normes de papier mis en opposition aux déficits et à l'endettement publics.

Sauver les banques pour sauver l'épargne et l'économie, amortir la récession par des stabilisateurs budgétaires, relancer l'investissement, toutes ces mesures ne pouvaient que faire exploser les déficits et l'endettement souverain.

Endettement qui dans l'Euroland ne peut être monétisé statutairement. Donc le système revenait à admettre froidement des défauts sur la dette souveraine des états composant l'Euroland.  La faillite nous voilà ! Les Etats Unis admettent parfaitement qu'un Etat puisse faire faillite. Ou une ville, ou un comté. La Fed n'intervient pas.

Pourquoi alors ne pas accepter la faillite de la Grèce tout en la conservant au sein de la zone Euro ?  C'était la pure logique de Maastricht. Les détenteurs de la dette grecque auraient perdu sauf si des CDS leur permettaient de reporter sur d'autres le fardeau. Les montants n'avaient pas de niveau "systèmique", même à 200 milliards.  Faite il y a un an cette opération d'apurement n'aurait d'ailleurs pas atteint ces montants. La Grèce soulagée d'un poids de dettes excessif n'auraient pas été sauvée d'une période d'adaptation lourde, ses déficits structurels  étant devenus impossibles à financer par des emprunts externes. 

L'autre solution était la sortie de la Grèce de la zone Euro.  La première conséquence aurait été immédiatement un défaut complet sur la dette souveraine mais aussi sur toutes les autres dettes internationales de la Grèce. Il est peu probable que qui que ce soit se soit intéressé, à l'achat de Drachme pendant un certain temps. Donc la dévaluation du Drachme aurait été très forte.  On aurait eu à peu près la situation de l'Argentine lors de la sortie de son currency board.  Sauf qu'en dehors de son tourisme, la Grèce n'a pas grand chose à exporter, contrairement au "campo" argentin. Le système bancaire grec aurait été lessivé.  Un contrôle des changes draconien aurait été mis en place. L'hypothèse de la faillite du Portugal voire de l'Espagne ou de l'Italie serait devenue une certitude. Le risque d'une panique générale se serait ajouté. 

On peut comprendre qu'on n'ait pas voulu choisir entre le diable et Satan.

On a choisi entre 2008 et 2011  la voie du faux semblant et de la solution d'attente jusqu'à ce que l'absence de politique sérieuse soit devenue impossible.

La solution retenue hier par les pays de l'Euroland est en fait une faillite organisée de la Grèce, sans le dire pour ne pas faire jouer les CDS,  avec pare feu pour éviter la contagion aux autres pays menacés.  Elle est à la fois dans la logique du rôle de la banque centrale maastrichienne et un expédient.

Le malheur c'est qu'il reste dans le monde plusieurs millers de milliards de dettes irrécouvrables qu'il faudra bien nettoyer un jour ou l'autre. La Grèce comme les subprimes ne sont qu'un détail de la pyramide de dettes sans contrepartie réelle qui pèsent sur le monde. 

La crise de la Grèce comme la crise de l'Euro ne sont que des vues sur la crise globale de l'endettement accumulé depuis 1971. 

L'organisation de la zone euro et les statuts de sa banque centrale interdisent une des voies d'élimination de ce surendettement (la monétisation et un certain niveau d'inflation). Le système monétaire international des changes flottants interdit largement la solution d'une croissance concertée.

Le monde se met donc en place pour une réduction générale de la dette par la perte directe, par la faillite. C'est le chemin de la dépression et de la guerre économique.

Sans remédier aux défauts structurels de la zone Euro et sans refonder une coopération internationale basé sur un système de changes concertés, il n'y a pas de solution.

Nous sommes dans la même situation qu'après guerre où il fallait éliminer collectivement  une masse de dettes nées du conflit. Nous y sommes parvenus en moins de 15 ans, avant de repartir dans un dérèglement majeur et l'absurde système des changes flottants. Les modalités de Bretton Woods  ont permis de sortir du gouffre.

On ne veut ni changer le système de Masstricht ni revoir le système monétaire international.  En dépit des chants de victoire qu'on entend après l'accord de faillite masquée en Euroland, on n'échappera pas à une aggravation de la situation globale. Alors que tout était en place pour une croissance mondiale concertée.

2012 : l'année de tous les dangers

Comme en rugby, le scénario de la crise connait ses temps faibles et ses temps forts.  2010, comme nous l'avons déjà écrit,  était un moment d'illusion. La reprise artificielle liée à des plans de relance massifs a masqué la gravité des faits  : un endettement partout monstrueux entraînant la faillite virutelle des banques et des états. 

Les dirigeants du G.20 ont cru qu'il suffirait "de rassurer l'épargnant" , de sauver les banques en leur permettant de faire rouler leur paquet de dettes, et d'amorcer des réformes sur des points mineurs pour que la crise soit en quelque sorte suspendue.

Chacune des deux  grandes puissances a essayé de se débarasser du fardeau en haussant les épaules et en se pensant plus fort qu'il n'était. Les Etats-unis étaient heureux de mettre l'Euro sous pression afin de retrouver toute la puissance exclusive du dollar.  La Chine se sentait assez forte pour maintenir des taux de change historiquement au plus bas vis à vis de l'Europe et à peine réévaluée par rapport au dollar.

Bien sûr ni l'un ni l'autre de ces grands pays n'avaient l'esprit complètement libre.  Les Etats Unis se savaient vulnérables à un effondrement de l'Euro.  La Chine se savait vulnérable àun effondrement du dollar.

L'Europe, quant à elle, était en proie au désamour des peuples, aux défauts structurels de l'Euroland et à l'inorganisation complète de ses institutions, à la fois en compétition et impuissantes, miracle du traité de Lisbonne signé en franchise de l'opinion des citoyens.   Qu'elle ait servi de "zones d'ajustement" n'est pas surprenant. 

Ce que personne n'a bien vu, c'est que la reprise de l'économie des échanges commerciaux internationaux n'a pas eu lieu en 2011.  L'asthénie presque complète du commerce mondial (on finira l'année sans doute autour de +5% , alors qu'on espérait 7% et que le taux de croissance normal devrait être entre 10 et 15%) )a été masquée par les effets de différents plans locaux. La Chine a débridé son crédit intérieur provoquant de l'achat d'équipement en Allemagne et pour le reste converti une partie des dollars engrangés en constituant des réserves et en  faisant monter les cours de matières premières.  

En vérité il n'y a eu aucune reprise saine nulle part. 

Les Etats-Unis ont découverts qu'il y avait un plafond à l'endettement indéfini.  Ils ont passé toute l'année avec un chômage à près de 10%, une réalité qu'ils n'avaient pas connu depuis les années trente.  Le modèle de rechange n'est pas apparu. Ils savent que si la Chine garde sa monnaie collée au dollar et si l'Europe explose ils entrent dans une récession de longue durée.

Les Chinois n'ont aucune des structures économiques qu'il faudrait pour gérer sainement une reprise de leur économie intérieure.  Ils continuent de compter sur l'accumulation mercantisliste de dollars en contrepartie  du bradage de leurs ressources infinies en hommes.  L'économie publique chinoise est largement basée sur  la corruption et l'argent de la corruption vient principalement de ce que les bureaucrates tiennent : les permis de construire.  La relance a entraînée une bulle des dettes des collectivités locales et une flambée immobilière excessive. 
 
Certes les entreprises mondialisées ont continué à investir  dans "l'usine du monde" de peur  de perdre toute chance d'être "leader sur son marché". Mais en réduisant drastiquement la voilure ailleurs  et en rachetant massivement leurs actions.  

L'Europe a constaté que la Commission était non pas le ferment de l'Europe Uni mais un dispositif bureaucratique anti-état, indifférent aux conséquences des politiques de laisser faire intégral  qu'il promeut .   L'assemblée européenne s'est révélée un "machin"  incapable d'être le creuset de la moindre politique économique.  Ces deux institutions ont été les deux grandes muettes européennes pendant toute la crise.  On ose presque dire : tant mieux, tant elles ne sont là que pour produire du "politiquement correct"  anti national. 

Le couple franco-allemand, en tension depuis longtemps,  du fait du laxisme français et du mercantilisme allemand,  et la BCE empêtrée dans des objectifs exclusifs de  stabilité des prix  n'ont pas véritablement de politique. Ils veulent conserver.  Conserver l'apparence du succès de l'Euro. Conserver l'Euroland.  Conserver leur banques. Conserver l'épargne des déposants.  Pas de grandes mesures. Du conservatisme prudent et des opérations images rassurantes. 

L'ennui c'est que la Grèce ne peut  s'en sortir par une déflation à caractère atomique.  L'ennui c'est qu'à défaut de réformes sinon de pure forme ou de constructions en papier à peine glacé, on résiste mal à une tempête internationale qui n'est toujours pas calmée.

Qu'attendre alors du G.20 de Cannes ? Les Etats Unis attaquent la Chine. La Chine réplique. L'Europe dit qu'elle veut garder le statut du dollar et qu'elle ne veut pas indisposer la Chine.

Partout le désastre des monnaies flottantes est patent mais il ne faut surtout pas aborder la question. Parlons environnement. Parlons taxes nouvelles dopées verbalement sous le vocable de "ressources innovantes".  D'un coup de baguette magique en ne faisant aucune autre réforme qu'une taxe sur les opérations financières l'économie et la planète seront sauvées pour toujours.

En fait chacun fera ce qu'il veut en attendant...en attendant quoi justement ? Un miracle spontané ?  L'effacement miraculeux de la dette sans conséquences sur l'activité ? La continuation de systèmes inefficaces et dangereaux  qu'on ne veut surtout pas toucher dans le bonheur et la prospérité ?

Surtout ne pas perdre la face. Surtout donner le sentiment que tout est organisé. La faillite de la Grèce sera donc déguisée en triomphal succès de la coopération internationale. Alors même que les Etats-Unis refusent de doter le FMI pour qu'il continue à violer son rôle statutaire qu'il n'exerce plus depuis 1971.

Le rôle théorique mais aussi statutaire du FMI  était d'éviter les mercantilismes et les laxismes monétaires et d'agir pour permettre à un pays en difficulté de balances de paiements de ne pas mettre tout le système par terre par une déflation excessive.  Il ne le joue pas. A la place on tente de lui faire assumer le rôle de banquier de dernier ressort des états surendettés !   Sur quelle base théorique ?  Le refus américain n'est pas totalement sans fondement.

Déçus les européens veulent faire une banque européenne de soutien aux pays endettés.  Mais statutairement la BCE ne peut pas jouer son rôle normal en cas de graves difficultés de financier de cet organisme.  On ne peut rien monétiser des dettes que cette banque fera.  Donc on ne peut qu'accroître la dette pour règler une question d'excès de dettes ou faire payer par les impôts les citoyens qui ne comprennent pas qu'on les rende solidaires de cigales irresponsables.

Rien de tout cela n'a de sens.  Tout le monde vit d'expédients.  En attendant la bourrasque suivante.

Le plus curieux c'est que l'économie réelle internationale commence à se réveiller, alors que tous les indices qui arrivent concernent le passé. C'est traditionnel : on commente toujours ce qui s'est passé il y a six mois ou un an. Prévoir le présent reste l'exercice le plus difficile !

L'aspect le plus navrant de la situation est qu'une réforme de fond faite maintenant accélèrerait le mouvement et permettrait d'entrer dans une phase de consolidation.   C'est maintenant qu'il faut faire les réforme nécessaires.  L'erreur des premiers G.20 qui n'ont rien réformé  est encore rattrapable. Mais une nouvelle erreur provoquera un ensemble de réactions qui peuvent nous envoyer pour le coup dans la dépression de longue durée.

Nous n'avons jamais voulu jouer les Cassandre ici au Cercle des économistes e-toile.  Nous avons préféré le débat autour des causes réelles des difficultés et l'examen des solutions rationnelles qui sont à portée de main.  Mais si on reste dans l'état de catalepsie mentale associée à un bras de fer politique entre les acteurs majeurs, la dépression est au bout. 

Surtout que les élections s'approchent partout et que la tentation du n'importe quoi est grande.  On l'a bien vu lors des débats pour la primaire socialiste en France.  Et l'impatienc e des peuples grandit qu'il ne faut pas confondre avec les petits cris aigus des "indignés".

On peut craindre qu'il ne se passe rien à Cannes durant un nouveau G.20 de façade.  Mais l'absence de mesures se fera sentir en 2012 qui devient l'année de tous les dangers.  Alors qu'elle aurait du être la première année de franche reprise spontanée des affaires dans  un cadre monétaire international et européen rénové.

Emmanuel Todd : l'ethnographie instrumentalisée en économie

L'anti européisme est à la mode et les tenanciers de ce  fonds de commerce commencent à être nombreux. Emmanuel Todd a  le privilège, au moins sur les plus récents, d'une certaine antériorité. Fin de l'Euro, imposition de barrières douanières, ses thèses sont dans le ton d'un moment où la perspective d'avoir à "payer pour la Grèce" prend les résonances du "mourir pour Dantzig" d'avant guerre.  

On connait Emmanuel Todd pour ses nombreuses apparitions dans les débats télévisés. Sombre, habité, volontiers excessif et même, souvent, carrément insultant, il se veut intransigeant. Pourquoi ? Il pense sa démarche morale et scientifique. Il est rare que ce mélange n'aboutisse pas à certains excès. Cette violence verbale ne nous gênerait pas si la qualité du fond était à la hauteur des moyens dialectiques mis en œuvre. Il est si difficile en France de dépasser certaines conventions, notamment dans les médias qu'on se demande comment on peut se faire entendre sans crier un peu.

En un mot : oui pour frapper fort à condition de frapper juste.

Nous avions pour notre part un a priori plutôt favorable aux thèses de l'auteur. On sait que nous ne défendons le libre échange que dans le cadre de règles forts précises qui si elles n'existent pas  laissent le champ à des effets indésirables. Nous sommes de ceux qui inlassablement ont défendu le tarif extérieur commun de l'Union Européenne et la TVA sociale. On sait que nous considérons que la construction de l'Euro a été faite sur de mauvaises bases et qu'il importe d'apporter des réformes fondamentales.

Notre préjugé était d'autant plus favorable que, semble-t-il, nous partageons avec E. Todd le même respect pour Alfred Sauvy et l'importance des dimensions démographiques sous-jacentes dans les faits sociaux en général et en économie en particulier. Nous ne pensons pas en effet que l'économie soit la seule résultante des comportements individuels rationnels des "agents". La société est traversée de forces diverses qui jouent un rôle majeur.

Que l'on mette à profit des connaissances sociologiques et ethnographiques pour tenter de donner des clés d'interprétation voire de réorganisation de notre monde ne nous choque pas le moins du monde.

Comme en psychologie, l'ennemi de ce genre d'approche est le simplisme. Pour avoir lu et relu "L'illusion économique", dans la version actualisée (Folio actuel- avril 2008) du livre de 1999, nous sommes obligés de le constater : les raisonnements sont courts, désespérément courts.

On ne peut certainement pas résumer en deux mots la pensée de l'auteur. Disons simplement que pour lui il existe des forces  subconscientes et inconscientes qui agissent sur la longue durée  et contre lesquelles il importe de ne pas lutter. Le noyau de la doctrine porte sur la distinction entre famille souche et famille atomique ou moléculaire ou "nucléaire absolue", les trois expressions cohabitent, entraînant la création de deux capitalismes, la capitalisme souche  et le capitalisme individualiste.

L'Euro en mélangeant sous une même monnaie les deux structures ethnographiques antagonistes serait voué scientifiquement à la catastrophe.  Et voilà pourquoi la marquise est malade !

Todd ajoute aux lois de Mundell sur les zones monétaires optimales   la condition ethnographique de la structure familiale homogène, ou souche ou atomique. Nos lecteurs savent les réserves que nous faisons à la théorie de Mundell : elle suppose le problème résolu.  La seule vérité incontestable en matière de monnaie unique est qu'elle n'est possible qu'au prix d'une force centrale politique forte. Si elle existe le système se moque à peu près complètement de l'ethnographie familiale. L'URSS a imposé le Rouble pendant des décennies à toute ses composantes sans trop se soucier d'ethnographie. De même il faudrait être un champion du microscope sociologique pour savoir si toutes les tribus qui utilisent le Franc CFA sont de type atomique ou souche.     

Tout le problème avec ce livre, est qu'il affirme plus qu'il ne prouve.

Il est arbitraire dans ce qu'il présente comme scientifique, il est banal dans le reste.

Alan Greenspan, il y a deux jours sur la chaîne CNBC a expliqué qu'au départ il ne croyait pas à l'Euro, puis qu'il avait été sidéré de voir que cela fonctionnait, qu'il est aujourd'hui surpris que cela ne fonctionne plus, tout en notant que la crise actuelle est celle des pays endettés et non pas celle de l'euro,  et qu'il se demande si un euro nordique ne serait pas  plus crédible parce que culturellement les nordiques raisonnent en économie de façon plus semblables. L'idée est effroyablement banale. La Suisse, l'Allemagne, la Suède et la Hollande ont traditionnellement recherché une monnaie forte.  Ils pourraient avoir une monnaie unique. L'ennui c'est que et la Suisse et la Suède sont hors de la zone Euro.  Pas de chance.  Et les Allemands et les Hollandais sont de plus en plus hostiles à l'Euro.

Ceux qui pourraient faire une monnaie unique ne le font pas avec leurs partenaires "culturels" ou "ethnographiquement homogènes" comme on voudra et s'accoquinent avec de vilains canards qui "trahissent leur nature".

"Comment la France, lieu de naissance de l'une des grandes traditions libérales, décontractée dans sa gestion monétaire jusqu'au début des années 80, a-t-elle pu changer de camp, abandonner l'individualisme du monde atlantique pour suivre les disciplines de l'Europe centrale ?"

Quand on connait l'histoire du Franc, de Napoléon à Poincaré, puis du Bloc-or des années 30  on rira de cette affirmation de "décontraction monétaire".  Le "sado-monétarisme" est une tradition française ancrée.  La frénésie monétaire inflationniste  a commencé en 1934 et s'est arrêté en 1974 faute d'efficacité.  Cela n'a guère de rapport avec le caractère souche ou atomique de la famille française !

A trop prouver on ne prouve rien.  De nombreuses descriptions de dysfonctionnements sont exactes mais ils sont quasiment toujours expliqués par de mauvaises causes.

Par esprit de système l'auteur a construit une rationalisation ex post avec de petits cordages et de grosses ficelles.

Comment s'étonner qu'on lie le tout par l'outrance verbale ? Quand les idées sont branlantes il faut un principe d'autorité pour les faire tenir ensemble.

Eructation n'est pas raison.  

L'absence de finesse de l'analyse commande la lourdeur des adjectifs et des néologismes : "Antinationisme", "pensée zéro" ou mieux encore "noyau mou de la pensée zéro", "combine politique", "passivisme","frénésie panglossienne d'acceptation de tout ce qui arrive", "purée globale", "germanolâtrie" , "attitude française névrotique"…

"Marx", écrit l'auteur, "aurait détesté la pensée zéro".  Nous voilà bien tristes. Si la suite n'était pas formidablement porteuse d'espérances : ""La masse placide qui règne sur la société, nos 20% de privilégiés du diplôme et du revenu" sera bientôt pulvérisée par "les masses", les autres, les vraies.

Tout cela parce que nous n'avons pas compris pauvres Français que bien que nous ayons une forte composante de famille souche notre patrimoine ethnographique aurait du nous conduire aux changes flottants et non à l'Euro, au protectionnisme et non au libre échange.  Alors que l'Amérique, elle, conforme à la nature nucléaire de sa famille,   "a cessé de fabriquer de la frustration économico-culturelle"(sic: parlons en aux manifestants "indignés" devant Wall Street !).

Arrêtons-là : on aura compris qu'on se trouve dans le domaine de la diatribe plus que de la réflexion scientifique.

C'est dommage. Car de nombreux faits sont bien exposés et de nombreuses attitudes clairement analysées. L'important est de ne pas se tromper sur l'explication des mécanismes et dans le choix des solutions efficaces. Top d'approximations gâchent la démonstration qui ne se trouve  relevée ni par le galimatias pseudo scientifique ni par l'injure.

Tout en partageant beaucoup des observations faites, nous préférons aller à l'essentiel : déterminer les mécanismes fondamentaux ; aller aux solutions concrètes.

Chacun sa voie.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



La "victoire" à la Pyrrhus de J.C.Trichet

 

M. Trichet quitte la présidence de la BCE sur un triomphe : l'inflation sous son mandat n'a pas dépassé 2,1%. Il a raison de pavoiser : c'était son seul objectif statutaire.

Tout autour, ce n'est qu'un champ de ruines. Les bourses sont effondrées, les banques en faillite, les états asphyxiés par leurs dettes, les chômeurs partout, la peur enveloppant l'ensemble.

Le seul contraste entre l'objectif atteint de la BCE et la désolation de l'Euroland devrait faire réfléchir.

Il doit y avoir une erreur quelque part !

Des deux côtés de l'Atlantique on a cru que des monnaies administratives flottantes gérées par des banques centrales indépendantes seraient bénéfiques si ces dernières contenaient les prix  à la consommation dans des limites raisonnables. 2% d'inflation est considéré comme raisonnable.

Cette idée est fausse. Alan Greenspan l'a reconnu. Cela aurait été a la gloire de JC. Trichet de le reconnaitre aussi.

Etats, banques, monnaie,changes, commerce extérieur, balance des paiements forment un tout. L'objectif global raisonnable est  le plein emploi dans une économie en bonne santé. Dissocier les objectifs et les moyens est une sottise. Avoir globalisé les institutions en découplant les politiques était une erreur majeure. 

Reconsolider les politiques à l'échelon national ne donnera rien.  Il faut donc reconsolider a l'échelon européen et mondial.

La consolidation mondiale ne peut se faire qu'autour d'une monnaie internationale étalon et de changes concertés. La consolidation européenne ne peut se faire qu'en coordonnant budgets, changes, crédits et monnaies.

Coller au statu quo dans la morosité de l'entêtement ne mènera a rien.

 

 


Que faire ?

Sur la nature des mesures à prendre, il n'y a guère de difficultés. Sur la faisabilité politique de leur mise en œuvre, rien n'est joué.

La crise a révélé trois défaillances.

A l'échelon mondial, le système de monnaies administratives dégagées de toutes référence à un étalon quelconque, mais censées trouver leur valeur externe par le jeu de mouvements de capitaux totalement débridés  et maintenir leur valeur vis-à-vis d'un indice de prix (ou d'un groupe d'indices de prix disparates)  par la grâce d'une banque centrale indépendante  dont l'objectif principal est cette seule stabilité, a montré qu'il ne fonctionnait pas.  

En Europe la construction de l'Euro s'avère bancale et les distorsions de toutes natures qui s'y exercent rendent ces défauts rédhibitoires.

En France, la politique du chien crevé au fil de l'eau  qui par facilité ou impuissance a vu depuis 1971  les prélèvements passer de 35 à 45% du PIB, la dette d'état grimper  de 5% vers les 100% du PIB et la dépense publique dépasser les 55% du PIB  ne pourra pas être poursuivie.   Nous ne passerons pas à 55% de prélèvements, à 200% de dette d'état et à 65% de dépenses publiques par rapport au PIB !  Mettre à la cape dans la tempête ne suffira pas.

Il faut donc réorienter radicalement la politique française, restructurer la zone Euro et réorganiser le système monétaire mondial sur des bases nouvelles. Ces trois mouvements doivent être synchrones. Une politique purement française n'a aucune chance. Restructurer l'Euro ans changer l'organisation générale des monnaies dans le monde est quasiment impossible.  L'idéal serait de réformer le système monétaire international puis de restructurer l'Euroland puis d'ajuster les politiques proprement françaises, chaque réforme cautionnant l'autre.  

La réforme du système monétaire international passe par le retour à un étalon collectif mondial. Il faut rendre les états responsables de la conservation de la valeur de leur monnaie vis-à-vis de cet étalon et de l'équilibre de leurs balances extérieures. Seules les politiques étatiques peuvent agir suffisamment fort et avec la nécessaire variété de moyens pour atteindre cet objectif. Les banques centrales sont impuissantes à elles seules à gérer la stabilité externe des monnaies.  

Il faut un esprit de coopération internationale pour réussir cette mutation. La guerre des systèmes ne mènent à rien.  Faute d'un leader incontestable comme les Etats unis en 1944, la solution est plus difficile à trouver.  Les Etats Unis perdront de leurs privilèges ; la Chine ne pourra plus accumuler des excédents monstrueux. Mais la poursuite de la crise et son aggravation n'est pas la solution. Si la Chine veut perdre son trésor accumulé, tout en connaissant une crise financière interne incontrôlable, qu'elle continue comme maintenant.  Si les Etats-Unis veulent se retrouver ruinés, sans industries, et avec un chômage de masse durable, qu'ils continuent comme maintenant.  En fait l'intérêt bien compris de tous est que la désorganisation malsaine actuelle cesse et qu'on crée un système où les doubles pyramides de crédits ne soient plus possibles et où les déséquilibres massifs de balances commerciales ou de balances de paiements ne peuvent plus perdurer.  

Dès que ces décisions structurelles seront prises les entreprises retrouveront aussitôt un horizon et la panique générale sur les monnaies, les banques  et l'épargne cessera.  Il sera possible de commencer à amortir le surendettement global accumulé pendant les quarante années précédentes.
 
La réforme de l'Europe est plus complexe à imaginer compte tenu des deux options radicalement différentes qui s'affrontent. Le saut dans un fédéralisme pur,  haï des peuples et qui serait un simple acte de foi (tel que Juppé l'a exprimé dans une récente interview) est une voie trop dangereuse pour être empruntée. Le démantèlement pur et simple de l'Euro n'est pas plus réaliste. Mais il faut agir puisque le statu quo s'avérera intenable.   

L'idéal serait qu'une fois la réforme internationale du système monétaire faite, l'Europe s'engage sur une gestion de parités fixes mais ajustables des principaux blocs qui la composent :  Royaume Uni, zone Euro, pays candidats etc. Dans la zone Euro une possibilité de sortie temporaire, avec restauration d'une monnaie transitoire gérée par la BCE, serait permise.  Les monnaies en transition ne seraient pas négociables sur le marché monétaire et la transition serait gérée par une tutelle européenne provisoire.   Ce mécanisme jouerait aussi bien pour les économies ayant un avantage compétitif  grossièrement surévalué par des politiques mercantilistes  ou pour celles qui seraient en déficit grave de compétitivité.  Une harmonisation plus poussée des politiques générales (budgétaire, sociale, règlementaire)  est nécessaire mais elle doit être conduite et pas seulement postulée par des normes. L'organisation de ce pilotage n'a pas une importance cruciale. Plusieurs formes sont possibles. L'important c'est qu'il y en ait une.

Le schéma idéal de réforme de l'Euroland intégrerait la Suisse, calant définitivement l'édifice en supprimant jusqu'à l'idée de spéculer contre l'Euro.  Un tarif extérieur commun serait remis en place notamment avec pour mission d'ajuster les décalages commerciaux excessifs ou de tenir compte des différences de réglementation. Ce TEC doit être défensif et non pas offensif. Il redonnera un sens à l'adhésion à l'Union, puisqu'il ne restera pas beaucoup d'espoir de croissance pour les pays hors Union, alors qu'aujourd'hui c'est l'inverse. La Banque centrale européenne se verrait attribuer un triple objectif : stabilité des prix ; stabilité des changes ; plein emploi.  

La France dans un tel cadre ne peut plus espérer continuer à produire un budget dont à peine plus que la moitié des dépenses soit couverte par l'impôt. Comme nous sommes au sommet de l'imposition possible cela passe par une rupture complète du schéma "prélèvements massifs - redistribution par subventions ou par niches".  Tous les secteurs économiques marchands actuellement financés par l'impôt doivent s'attendre à un assèchement  des financements publics. On ne peut pas à la fois financer la presse, l'agriculture, l'ensemble des activités culturelles, le transport, le bâtiment, diverses industries, la banque  etc.  Chaque secteur doit trouver son équilibre naturel hors de l'interventionnisme brouillon de l'Etat. L'anomalie qui veut qu'il y ait en France 25% de la population active dans des statuts protégés et peu productifs, là où nulle part on ne dépasse 20% doit disparaître.   L'action sociale doit être totalement repensée : des instances sociales unifiées doivent pouvoir au plus près du terrain jouer sur un panel de moyens pour aider temporairement les familles à passer une difficulté (fusion de toutes les aides au logement, aux études, au chômage etc., les instances d'instructions dans le cadre d'un budget global gérant au mieux les diverses possibilités).   La sécurité sociale  ne pourra plus financer aussi généreusement le petit risque. Les aides devront être recentrées et probablement fortement réduites. Les hôpitaux seront certes gérés à l'acte mais sur la base d'un budget régional unique et fixé. Le prix de l'acte pourra être ajusté pour rester dans le cadre du budget global.

Cet énorme redéploiement de ressources passera par une baisse massive de l'imposition globale après la phase initiale de reprise en main des finances publiques qui suppose de toute façon une hausse de la TVA et une baisse de même montant des charges sociales.

Au final Il faut récupérer 8 à 10 points de PIB.

La politique coûte trop cher en France. Il faut réduire le nombre de députés et de sénateurs, supprimer le Conseil économique et social et une bonne centaine d'observatoires ou de "machins" plus ou moins bucoliques. On doit interdire les cumuls de rémunérations publiques et plafonner les doubles rémunérations publiques et privées, aligner les impositions et les retraites publiques sur le reste de la population. Les régions doivent perdre toute initiative sur les recettes. Les dotations doivent venir de l'Etat et être calculées au prorata de la population. La région aura la charge exclusive de certaines prestations et s'organisera comme elle l'entend.  Elle ne pourra emprunter que dans le cadre de plans adoptés par le Parlement. Le département disparait. L'Europe ne pourra pas être mise à contribution pour financer les projets dont la responsabilité exclusive appartient à la région. La mise en application de politiques européennes ayant des effets en région sera gérée par le gouvernement.  Les municipalités devront se regrouper afin d'atteindre une taille critique minimale. Elles seront également dotées en fonction du nombre d'habitants et perdront le pouvoir de création de taxes spécifiques. Elles cesseront d'être bénéficiaires d'impositions affectées, à l'exception de la collecte de certains droits associés à l'exercice de différentes activités économiques sur leurs territoires.  Il va de soi qu'on oublie les réductions de temps de travail, les conventions dans ce domaine étant restituées au domaine de la négociation de branche  et la retraite passera partout à 67 ans pour le taux plein. Le SMIC redeviendra un SMIG. Les allocations chômages publiques seront plafonnées, à charge pour les entreprises et leurs salariés de définir des politiques particulières. Les stocks options seront réservées aux cadres de start-up. L'ISF sera supprimé. En revanche l'ensemble des rémunérations quelle qu'en soit la nature (salaires, revenus financiers, etc.) sera traité de façon identique.  L'impôt sur le revenu sera partiellement retenu à la source. La CSG et l'impôt sur le revenu ne seront pas fusionnés.

Ce plan ne prévoit pas de hausse des impôts dévolus à l'Europe. Il ne prévoit pas de taxe carbone sinon en élément du TEC. Il ne prévoit pas la couverture du "quatrième risque" laissé à la responsabilité des familles dans le cadre d'un régime général adapté (les sommes versées au titre de ce risque seraient déductibles de l'impôt sur le revenu et de la CSG à hauteur d'un maximum dépendant des conditions de revenu du bénéficiaire).

On constatera que ce plan n'est pas exactement dans les esprits en France. Le bal des prétendants socialistes a montré une absence à peu près totale de prise de conscience et de l'ampleur de ce qu'il faut faire et des points d'application vitaux des réformes nécessaires. Les Verts n'ont aucun diagnostic et aucune perspective sinon celle d'une décroissance malthusienne dans l'aigreur. La droite gouvernementale mène une politique qui contrairement à la "rupture" annoncée continue grosso modo le laisser-aller précédent et surtout ne comprend pas les enjeux globaux.  On tente de conserver ce qui existe en faisant un peu mieux. Et on est constamment dépassé par les évènements.

Inutile de dire qu'annoncer du sang et des larmes n'a rien de réjouissant pour un candidat à l'élection présidentielle ni pour le parti qui le soutient. La faisabilité politique du programme évoqué n'a rien d'une évidence.  Mais sans un cap clair et une volonté d'airain, comment progresser ?

Le spleen du hanneton fatigué de pousser sa boule de crottin

Nous avons toujours défendu ici que la crise que nous connaissons est une crise de  la dette.  La plupart des pays riches ont développé une dette globale qui représente un multiple excessif de leur PIB.  Nous avons montré qu'un pays qui s'est laissé glisser à porter une dette de plus de 200% de son PIB était dans une situation impossible.  Nous avons constaté que certains pays avait dépassé les 350, les 400 et même les 1000% de dettes par rapport à leur PIB.   Nous avons expliqué que cette évolution devait faire exploser  le système et elle l'a fait effectivement.

L'idée générale exprimée dans les médias a d'abord été qu'il s'agissait d'une crise limitée au secteur du bâtiment puis une crise limitée à l'Amérique qui ne traverserait pas l'océan,  puis une crise bancaire internationale liée aux produits toxiques,  et enfin on en est arrivé au constat de la réalité : il s'agit bien d'une crise de la dette.  Quatre ans  de perdus !

Malheureusement personne ne s'est enquis des mécanismes de cet énorme gonflement de la dette.  Nous avons nous-même proposé très vite un diagnostic très précis, lié au dysfonctionnement du système monétaire international.  Au contraire l'idée générale  véhiculée par les dirigeants et la presse aura été qu'il suffisait de revoir les bonus des traders et les règles de comptabilité, tout en mettant fin à certains contrats complexes de mathématiciens fous  pour que tout aille mieux.  Les banquiers n'avaient qu'à bien se tenir.

Le même manque de vision s'est attachée aux remèdes.  Les  états sont venus au secours des banques  en reprenant une partie de la dette,  car sinon le système bancaire entier entrait en catalepsie.  Et ils ont cru qu'en laissant glisser les déficits et en effectuant une relance concertée par les banques centrales tout se passerait bien.

Ils avaient oublié qu'en système de changes flottants les relances keynésiennes ne marchent pas.     D'autre part  il était certain que le double mouvement de récupération des dettes des banques et du creusement des déficits provoquerait automatiquement une hausse massive de leur propre endettement.  Pouvait-on règler une crise de dettes par un accroissement de dettes  en changeant de débiteurs ?  Nous l'avons écrit ici il y maintenant près de quatre ans : la réponse est non ! 

Tous les pays qui s'étaient laissés glisser sur la pente fatale des déficits publics permanents et massifs se sont retrouvés avec des dettes encore plus massives. La peur s'est installée partout.

A-t-on pris des mesures contre les causes de la crise ? Non. L'absence de diagnostic ajouté à la certitude "qu'on savait faire"  pour sortir d'une crise, a conduit à une passivité absolue.

Lorsque la dette globale s'est retrouvée ainsi  aggravée, on s'est posé la question de savoir ce qui fallait en faire.  On connait la solution retenue :imiter  le hanneton et pousser la boule de crottin devant soi inlassablement.

Reporter inlassablement le problème à plus tard était une facilité qui se donnait l'air de la responsabilité.

Nous-mêmes avons expliqué dès 2007 qu'il fallait restructurer le plus vite possible.  Restructurer ? On veut dire admettre la perte en partie et ne pas tout différer.  Et nous avions noté que le report des dettes n'avait de sens qui si une croissance forte  était organisée en solidarité des états.  Comme les relances ne fonctionnent pas en système de changes flottants, il fallait se réunir comme à Bretton Woods, recadrer les parités monétaires  de façon à éliminer les grands déséquilibres à la base du gonflement de la dette mondiale,  et mettre un gendarme permettant de s'assurer que les déséquilibres restaient bien sous contrôle.

Restructuration partielle de la dette , suppression des causes structurelles du gonflement de la dette mondiale,  fixation d'un cadre  monétaire mondial  raisonnable avec un cap de croissance visé collectivement , permettant des anticipations économiques rationelles pour les entreprises, étaient les trois axes de solution.

On n'en a suivi aucun.  Quatre ans après on se retrouve gros jean comme devant.  Les dettes d'état des pays les plus endettés ne peuvent plus être remboursées et elles s'aggravent. Les aides ponctuelles associées à des programmes déflationnistes n'aboutissent à rien.  Cameron provoque une récession en Grande Bretagne. Les créanciers de la Grèce provoque une récession en Grèce.   Aucune réforme n'ayant été faite, la peur s'installe et provoque des comportements récessifs qui minent les relations d'échange.  Les perspectives d'une reprise de la récession  s'accroissent.

Le hanneton est fatigué. La boule de crottin a grossi.  Et la dysentrie qui le mine n'a pas été soignée.

Les peuples s'impatientent, comme prévu. La sinistrose s'installe comme en 1929 avec le développement de systèmes de pensée entièrement négatifs.  Et les gouvernements comme à Londres à cette époque considérent qu'ils n'ont rien d'autre à faire que de se débrouiller comme ils le peuvent sans coopération.  C'est à dire que nous sommes  dans les conditions où une grande dépression peut s'installer.

Le cadre de la solution est bien le G.20. Mais le G.20 n'a pas été le fer de lance du diagnostic de la crise car le FMI n'a pas joué son rôle.  La réunion des ministres des finances du G.20 vient de se terminer par un échec.  La réunion de Cannes ne promet rien que la manifestation de l'égoïsme de fond des grands acteurs  sous halo d'unanimisme de façade.

Il n'y a toujours pas de diagnostic, donc pas de mesures adaptées qu'un consensus pourraient faire avancer.  On écope dans l'urgence.  C'est le sauve qui peut.

Rappelons qu'il y avait à peu près 10.000 milliards de dettes sans contrepartie permettant de la rembourser en 2007.  5.000 milliards de ces dettes ont été purement et simplement perdus.  Mais on a ajouté 10.000 milliards de dettes sans contrepartie de plus.  Nous avons donc en circulation  15.000 milliards de dettes ne correspondant à aucun rendement futur.  Ce qui veut dire en clair que le système bancaire mondial est en faillite car le capital des banques ne peut en aucun cas faire face à cette masse de pertes potentielles.

Comment faire ? 

D'abord il faut un diagnostic. Pas de médecine sans compréhension de la maladie.  Ce diagnostic doit être fait et acté internationalement.  Il  implique  la mise en cause du système monétaire international et l'accord sur des changements radicaux .

Ensuite il faut restructurer. A quel niveau ? Probablement autour de 5 000  milliards de dollars de dettes.   Enfin il faut éviter toute politique récessive et déflationniste. 

Un peu d'inflation mondiale permettra de réduire la dette globale de façon certes non indolore mais régulière.  

Depuis 2005 le rendement moyen des portefeuilles en Occident  a été de 1.7% soit la moitié de l'inflation.  Donc l'épargne a fondu régulièrement de près de 1.5% par an en moyenne.  Il faut à peu près doubler le taux de fonte pour qu'en dix ans on obtienne un dégraissage significatif de la dette.

Ce qui n'a pas été restructuré et ce qui n'aura pas fondu dans l'inflation, devra être remboursé par la croissance pour la moitié et repoussé pour une autre moitié.  Le hanneton poussera toujours une  boule de crottin mais elle restera proportionnée à ses forces.

On dira : vos ordres de grandeur sont grossiers. Ils le sont.   Mais il faut simplifier les grandes masses pour les rendre compréhensibles. Aux instituts statistiques de faire mieux s'ils le peuvent. Actuellement ils regardent ailleurs.  

Le plus navrant est que le mouvement des affaires est plutôt solide. Il est entravé et cassé par les mauvaises politiques suivies et la panique qui s'est installée partout.

Tant que la crise intellectuelle n'aura pas été surmontée alors la crise économique ne le sera pas.  Pensée zéro égale volonté zéro égale résultats désastreux.  Sinistrose et désorganisation internationale égalent panique et effondrement.

C'est un chemin sans issue. Si Cannes est un G.20 pour rien une fois de plus, tout risque d'être emporté.  Pensons à la Conférence de Londres  du 12 juin 1933. Là, déjà, les états ont décidé de se battre dans un chacun pour soi qui est devenu une désastre pour tous.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Retour vers le futur : 1935 (suite)

Intéressons-nous à ce que publiait la Revue d'Economie Politique en 1935, au beau milieu de la grande dépression née en 1929. Les rédacteurs étaient Charles Rist et Gaëtan Pigou, des économistes de grande qualité. Une revue telle que celle là manque aujourd'hui. C'était le temps où les économistes n'étaient pas encore vilipendés et où on croyait qu'une approche scientifique de l'économie était possible. Les meilleurs auteurs n'hésitaient pas à prendre partie sur les questions d'actualité. Une vie intellectuelle économique grouillait en ce temps là, loin des caricatures de débats actuels entre ignorants médiatiques ou entre partisans de champs clos idéologiques.

En 1935 la Revue avait pris pour cible, entre autres, deux erreurs qui lui paraissaient graves : la perte de confiance dans les progrès possibles de l'économie et les limites des dévaluations compétitives.

Dans le premier cas la cible était les écrits de Werner Sombart, un économiste socialiste allemand qui glissera vers un léger national-socialisme plus ou moins de circonstance mais tout de même, un peu le même mouvement que le père de Jospin vers le pétainisme, pour des raisons finalement assez proches. Werner Sombart était un auteur très prolifique et très connu à l'époque. Il est à peu près oublié aujourd'hui. Comme quoi ! Méfions nous des auteurs qui tiennent la côte dans nos médias : cela pourrait bien ne pas tenir la distance…

"L'homme a été séparé de la nature. L'enfant des villes ne sait plus rien des charmes intimes que celle-ci prodigue. …Sa pensée est un mélange compliqué d'enseignement scolaire, de montres, de journaux, de parapluies, de livres, de canalisation, de politique et de lumière électrique".

Qui ne voit la ressemblance avec tous nos bons auteurs qui se plaignent aujourd'hui d'une jeunesse déboussolée par le téléphone portable et internet ? Cette rengaine est de tous les temps. On a toujours perdu le paradis d'avant et la jeunesse est devenue bizarre. Dans les années soixante c'était "la bagnole et la téloche"  qui signaient le déclin immédiat de la civilisation par contamination de notre belle jeunesse, hélas si mal traitée.

Le rejet d'une société matérialiste  de consommation était déjà très fort :

" …trop de céréales, d'autos, de bananes et de chocolat, réclame diurne et nocturne, film parlant, W.C. et eau courante et mille volumes par jour ; engrais artificiels, avions et moyens anticonceptionnels, torpilles et hauts parleurs, tracteurs et phonographes, petites boules dans le potage et eaux dentifrices,  gaz toxiques et aspirateurs de poussière, palace-hôtels sur terre et sur l'eau"…

Nous voici dans une société gâtée par l'abondance et qui a perdu ses repères. Et on ne connaissait ni le Bolino ni le Coca Zéro !

Les écologistes modernes n'ont rien inventé. On parle aujourd'hui de destruction de la terre et plus seulement des hommes ou du moins de l'humanité. Cela a un côté plus laïque.

Depuis la "révolution industrielle", si ce terme a un sens, nous vivons de façon croissante dans un monde artificiel qui correspond à notre propre création.  Werner Sombart rêvait qu'on revienne à une forme de société hiérarchisée non matérialiste où les valeurs de l'esprit ne seraient pas contaminées par la chair, ici la consommation. Comme aujourd'hui certains rêvent de démondialisation et de décroissance.  La blonde au 4x4 a remplacé la ménagère à aspirateur. La femme est depuis JC et même sans doute quelques milliers d'années précédemment, vue comme l'inspiratrice de la débauche irresponsable.  Zémmouriens de tous les temps, donnez-vous la main !

Pour les amateurs nous conseillons de faire le parallèle entre la condamnation de "l'ère économique" par Werner Sombart et les critiques de la "mondialisation".

Toutes les crises  conduisent à des formes de remise en cause de la modernité et favorisent les idées qui suggèrent qu'on est tombé dans une sorte de précipice sans fond dont il faut sortir avant qu'il ne nous engloutisse à jamais.  Il faut lutter contre ces inepties comme le faisaient les auteurs de la Revue d'économie politique de 1935 : il n'y a aucun chemin dans cette direction !

Revenons à la seconde critique : celle des dévaluations compétitives. Nous sommes revenus plus près de la terre. Mais en fait on est toujours dans la condamnation du rêve. La crise de 1929 a connu les développements tragiques que l'on sait à cause des dévaluations compétitives. Ce point est très généralement admis et ne mérite pas de longs développements. Les spécialistes de l'histoire économique de l'entre deux-guerres savent très bien qu'au bout du compte, toutes les monnaies ont retrouvé en 1938 peu ou prou les parités d'avant la crise. On s'est battu pour rien.  

René Courtin, l'auteur de l'article voit bien les deux limites de la dévaluation :

- elle ne donne un avantage compétitif que dans la mesure où les autres ne dévaluent pas à leur tour. Cet avantage est provisoire, les importations devenant plus coûteuses et entraînant des hausses internes qui progressivement gommeront l'avantage initial.

- en cas de dettes, la dévaluation alourdit la facture de remboursement et entraîne un risque de pertes encore plus grand pour les prêteurs.  

Ces idées n'ont rien d'original : elles seront à la base des accords de Bretton Woods de 1944. Oui une dévaluation peut être efficace mais à deux conditions : qu'elle soit faible donc acceptable par tout le monde, accompagnée d'un plan de stabilisation des prix pour éviter qu'on ne revienne immédiatement à la situation précédente et que les effets sur la dette soient limités par des formules de prêts internationaux, dont le FMI doit être le vecteur.

Elles sont totalement en contradiction avec les idées actuelles sur l'organisation monétaire internationale où le flottement généralisé des monnaies induit des dévaluations incontrôlées ou des réévaluations incontrôlables sans des mesures gigantesques (voir les récentes mesures prises par la Suisse, qui ont abouti à …ruiner UBS, seconde banque…suisse, prise à revers dans ses spéculations).

Elles sont également complètement en contradiction avec l'idée de monnaie unique partagée par des pays ayant gardé leur liberté de politique budgétaire, économique et sociale. Le bénéfice d'une dévaluation concertée n'est plus possible et laisse la place à des aventures.

On voit bien que pour la Grèce la sortie de l'Euro qui mettrait la nouvelle Drachme dans un système de changes flottants, provoquerait une dévaluation massive (très au-delà des 7 à 10% qu'on s'autorisait dans un cadre de changes fixes mais ajustables par accord général), la ruine des banques et de l'épargne privée, et un défaut gigantesque sur les prêts consentis en Euro.  Les pays européens se retrouveraient aussitôt avec un compétiteur dopé et un trou dans la caisse au moins doublé.

Limite des comparaisons, René Courtin évoque le bénéfice de la dévaluation du fait de l'effet revenu provoqué par la diminution de la teneur métallique de la monnaie.  Il en attends un poussée de la production d'or génératrice de revenus créant une dynamique de croissance générale. Le problème : l'or n'est plus monétisé. Nous sommes dans un système de monnaies administratives…

Au total on voit bien que personne ne sait gérer ni des systèmes de monnaies administratives flottantes, ni des zones monétaires non pilotées, représentant des ilots de fixité dans des océans de flexibilité.

Ce que les économistes de 1935 écrivaient, à savoir qu'il faut croire en l'avenir et s'organiser pour connaître un nouvel élan, reste aujourd'hui d'actualité.  

Il faut croire en l'avenir et s'organiser ! 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.



Retour vers le futur : 1935 ?

La tentation des comparaisons historiques plus ou moins bancales est toujours grande lors des crises un peu sévères. Quand l'avenir est incertain, on aime se raccrocher à quelque chose de familier même si le passé lointain est généralement plus fantasmé que connu.

On l'a bien vu hier soir dans un de ces débats télévisés où deux intervenants censés avoir des connaissances économiques solides se sont empoignés pour affirmer, pour l'un que la déflation était la raison de l'arrivée d'Hitler au pouvoir, pendant que, pour l'autre, c'était la déflation.

La minuscule affaire grecque, une perte sur crédit d'une centaine de milliards d'Euros (à rapprocher des quatre mille milliards d'Euros sur crédit perdus depuis fin 2006 dans le monde entier), fait renaître les pires fantasmes d'une montée prochaine du fascisme pour un camp, du socialisme violent pour l'autre.  Avènement d'un nouvel Hitler ou nouveau Front Populaire, tel serait le choix !

Il faut dire que les difficultés économiques stimulent les extrêmes. Mme Le Pen et M. Mélenchon tiennent désormais des discours  économiques que les tenants des principes qui nous gouvernent et qui nous ont mené là où nous sommes ne peuvent plus réellement juguler.

Dans ce maelström toutes les postures deviennent des contorsions. La droite libérale en vient à défendre les suggestions d'Attac, le mouvement post communiste bien connu. La gauche plaide pour l'austérité et la militarisation du redressement des jeunes délinquants.  Les keynésiens d'hier plaident pour une réduction drastique des déficits et de la dette. Les libéraux d'hier suggèrent qu'on pourrait nationaliser les banques, temporairement bien sûr.  Les européistes d'hier ne se souviennent plus très bien  pourquoi ils ont voulu l'acte unique et l'Euro.  Les souverainistes plaident pour un tarif extérieur commun renforcé. La BCE viole ses statuts tous les jours.

La crise a bousculé cul par-dessus tête les discours figés du politiquement correct d'avant.  L'Europe, c'était bien et cela ne se discutait pas. On pouvait l'étendre ad libitum : le mouvement d'élargissement se justifiait par le seul fait qu'il avait lieu.  L'Euro c'était bien et cela ne se discutait pas.  L'impôt: super ! La dette : pas grave ! Le désordre monétaire international  : la marque de la vitalité des marchés, à qui il aurait été stupide de s'opposer !

On s'aperçoit toujours de la fragilité des vulgates lorsque les populations s'affolent.  

Surtout quand on les laisse sans perspectives.

Mettons nous tout de même un instant dans la peau d'un chômeur qui a été licencié en 2008 et peine à retrouver un emploi trois ans plus tard, de parents dont les enfants ne trouvent pas à s'employer au sortir d'études immensément rallongées, d'accédants à la propriété à bout de ressources (ils se sont endettés pour trente ans !) à qui on a doublé la taxe foncière et fortement grossi la taxe d'habitation. A tous  on affirme : vous allez payer pour la Grèce ; vous allez payer pour sauver l'Euro et si on n'y arrive pas vous perdrez vos plans d'épargne ; vous allez payer parce que vous n'aviez pas assez payé encore alors que la France est au sommet des prélèvements.  Et à tous ces gens, une littérature pressée d'extraire le jus de la crise explique qu'ils n'ont encore rien vu, que le pire est devant eux.

Pas une explication des différentes crises qui nous frappent. Pas la moindre perspectives sérieuses de s'en sortir.  Et des élections en vue, partout, qui ont l'énorme inconvénient d'interdire la seule vertu utile en temps de crise : la constance.

Ce qui nous ramène à 1935.  La confusion la plus totale régnait comme aujourd'hui. La crise avait également quatre ans en France.  La reprise n'avait pas eu lieu. Les politiques fondées sur des a priori qui faisaient consensus ne marchaient pas.  La politique de déflation qui avait sa chance se trouvait confrontée aux perspectives d'élections perdantes. On allait sombrer dans le n'importe quoi et aggraver tout. La France sortirait des années trente en ayant perdu autant que pendant la Grande Guerre. Il lui faudra quarante ans pour se remettre avant d'oublier les leçons si durement apprises.   
   
Quant au monde ! Il a absolument tout oublié. On a voulu créer en 1971 un monde basé sur les relations de force entre les états, systèmes sociaux  contre système sociaux , politiques contre politiques, puissance économique contre puissance économique en supprimant toutes les écluses, tous les canaux, toutes les pompes aspirantes et refoulantes.  Les américains croyaient qu'ils gagneraient facilement. Les Allemands et les Japonais étaient sûrs d'eux.  Les nationaux communistes Han ont vu la faille et ont cru qu'ils pourraient manger l'économie du monde et assurer leur domination. Les pays pétroliers pensaient pouvoir s'en sortir sans problème grâce à la manne pétrolière.      

Les Français, eux, réglaient de vieilles querelles du dix-neuvième siècle, sans se rendre compte de rien.

Nous sommes au bout de ce chemin là.  On redécouvre qu'il n'y a pas de solution sans une coopération entre les états ; qu'on ne peut pas assumer des libertés économiques sans monnaie de référence et sans politique harmonisée des changes ; que la concurrence des systèmes ne fonctionnent qu'avec des pare-chocs et des écluses.

En sécurité routière on sait bien qu'un tank aussi blindé soit-il, n'est pas sûr, pas plus qu'un cerf volant allégé à l'extrême . Il faut  éviter les chocs et en cas de choc évacuer un maximum d'énergie pour protéger les passagers.

Eviter les chocs en économie mondialisée, c'est déjà éviter les systèmes instables comme les monnaies flottantes en organisant de surcroit l'irresponsabilité totale des gouvernements vis-à-vis des conséquences de cette instabilité.  Instabilité structurelle plus irresponsabilité structurelle, les deux mamelles du désastre économique.

En 1935 tous les pays ont voulu s'en sortir par eux mêmes, ayant désespéré de toute coopération internationale, tout en ouvrant la porte à leur démons intérieurs (communismes staliniens, socialismes divers , fascisme et national socialisme).  Aujourd'hui les démons intérieurs n'existent pas : il n'y a pas de grande idéologie en attente de s'imposer. Les socialismes nationaux ou autres ne sont plus dans les esprits ni les espoirs. Les nationalismes  flamboyants ont disparu au moins en Europe même si les égoïsmes et les petits calculs demeurent.

Ce qu'il faut donc craindre c'est d'abord le n'importe quoi spontanéiste né de la peur.

Car la solution existe.  

En 1935 il était impossible d'assurer la coopération internationale autour d'un projet commun. Hitler et Staline imposaient leur loi. Des professions de foi violentes courraient le monde  et elles étaient militantes.  Les grandes puissances imposaient leur loi à de nombreuses colonies et des nationalismes s'exacerbaient, comme celui des Japonais ivres de "lebensraum".

Rien de tout cela aujourd'hui : l'islamisme radical n'est pas mort mais il est sans influence mondiale et incapable de faire lever des masses ni de proposer un  système d'organisation un  minimum sexy.  L'islamo-nationalisme iranien est contraint par les révoltes qu'il est obligé de réprimer et son isolement international.  Les rebonds de nationalisme dans les pays de l'ex URSS ou sous sa domination n'ont pas d'importance cruciale. Il faut bien retrouver un peu de quant à soi.  Le nationalisme Han est le seul qui soit réellement dangereux. Mais il est totalement dépendant de la bonne volonté occidentale. Que la Chine soit exclue de la mondialisation et le système s'effondre ! Ce sera un nationalisme prudent.
Nous sommes donc dans une situation totalement différente de 1935. Il suffirait de sortir de la confusion pour que les voies d'un redressement général apparaissent ouvertes.

Comment faire ? Il n'y a qu'un seul chemin : le G.20 annonce que les états membres  coopèrent pour mettre fin aux causes du désastre économique en cours clairement identifiées et pour créer les conditions d'une croissance dans la coopération, seule capable de liquider l'accumulation des dettes constatées depuis 40 ans.

Les causes des désordres financiers et de l'accroissement global sont parfaitement connues : laxisme financier des uns  et mercantilismes divers dans un système de changes flottants de monnaies administratives où personne n'est responsable de ses équilibres extérieurs, alors que les mouvements financiers sont totalement libérés.

Une fois le système mondial stabilisé avec des changes fixes et ajustables, une instance internationale disposant de pouvoirs réels de régulation, une coopération explicite des nations , le sauvetage de la zone Euro devient un jeu d'enfants.  

Les états redeviennent responsables de leurs comptes extérieurs et de la valeur externe de leur monnaie, tout autant que de leurs équilibres intérieurs, le plein emploi étant un des équilibres majeurs dont on parle. Ils sont obligés de coopérer pour la croissance et l'amortissement des dettes monstrueuses accumulées par le système de double pyramide de crédits Rueff-Allais.

L'absence d'idéologies délétères permet de reprendre progressivement le chemin d'une mondialisation plus heureuse sans sombrer dans les expériences mortifères.  

En 1935, les auteurs ne voyaient plus d'avenir. On croyait à la fin du cycle d'expansion appelé révolution industrielle.  Le slogan n'était pas "no future" mis c'était dans les esprits. On sait ce qui est advenu : la plus grande mutation de toute l'histoire de l'humanité !  

Ne tombons pas dans ce travers. Il est parfaitement possible de préparer un avenir intéressant et progressiste pour l'humanité.

Mais il ne faut pas se tromper de chemin.

Comment se réveiller d'un rêve ?

Depuis toujours nous défendons l'idée que les difficultés que le monde, l'Europe et la France traversent ne sont pas le fruit de l'action de diables et de vilains mais plutôt celui des contradictions sévères entre rêve et réalité.

Cette thèse est moins facile que celle qui consiste à charger des boucs émissaires. La sortie de crise est également plus difficile : comment renoncer à un rêve ?

Le rêve mondialiste  aura été que l'on puisse abaisser toutes les frontières dans la sphère économique, sans pour autant mettre en place les coopérations d'états minimales qui auraient permis de canaliser et de garantir ce processus de libéralisation quasi intégrale des échanges de biens et de capitaux. 

Pour ses promoteurs, le libéralisme débridé de l'économie  aurait du conduire presque mécaniquement à une libéralisation politique générale des peuples.  L'individu aurait transcendé les nations.  A terme, les droits naturels à voyager, à s'installer, à contracter seraient devenus universels.  Bonheur et prospérité, en même temps qu'un progrès décisif de l'humanité, auraient été au bout du chemin.


Pour cela il fallait deux conditions :


- La liberté du commerce. Elle serait mise hors de portée des états : une organisation mondiale, l'OMC, permettrait de réguler ce qui doit l'être afin d'éviter les distortions de concurrence.


- La liberté des mouvements de capitaux : compte tenu que chacun conservait sa monnaie, il importait de mettre en place un système de changes tels que les monnaies s'échangent librement. Le cours de change des monnaies serait "naturel", loin des manipulations des états.  

Les Etats ainsi mis entre parenthèse, ne s'occuperaient plus que de questions internes et en particulier de traiter des conséquences de la "globalisation" ainsi mise en place.

Ce beau rêve s'est fracassé pour une raison simple : les changes flottants de monnaies administratives ne marchent pas.  Une organisation du commerce sans état de droit réel chez certains partenaires et sans rapprochement  des politiques générales (environnement, sécurité des produits etc.) n'aboutit qu'à des distortions et des déséquilibres insupportables surtout si elles s'accompagnent de distortions monétaires.

Les Etats-Unis ont cru qu'ils seraient assez puissants pour dominer le jeu.  Ils se sont trompés.  Londres a cru qu'il lui serait possible de devenir le centre de la pulsation financière sans qu'il y ait de conséquences négatives.  Londres s'est trompé. L'Europe a suivi mollement en pensant que tout irait bien. L'Europe s'est trompée.

Le rêve n'était pas "de droite" ou "de gauche", démocrate ou républicain, travailliste ou tory.  Il aura été général dans les pays occidentaux. Il a tourné à la catastrophe.

Face à cette situation désobligeante pour les promoteurs de ces idées,  la tentation est de revenir à l'idéologie.  La révolution libérale a échoué à cause des états et de leur socialisme primaire dira-ton d'un côté. La révolution libérale a échoué à cause des marchés dérégulés diront les autres. En route pour une guerre idéologique sans intérêt. Et même dangereuse.  Rappelons que les objectifs étaient un rêve. Faut-il tuer le rêve ?

Permettre à chacun l'exercice de libertés essentielles à travers le monde est nécessaire. Ce sont les conditions de cette liberté qui posent problème.  La liberté exige un état fort, et non faible, une coopération forte des états, et non une absence totale de coopération.

La victime de la crise est d'abord l'idée d'un gouvernement par des normes  alors qu'il n'y aurait pas de norme de gouvernement.

Techniquement le maillon faible aura été, comme toujours, la monnaie.  Les changes flottants sont une erreur conceptuelle. Ils n'ont jamais marché. Ils ne marchent pas. Ils ne marcheront jamais. La monnaie n'est pas "une marchandise comme les autres".  Curieuse marchandise que ces créances sur l'économie mondiales produites par des imprimeries contrôlées par des gnômes !

Le rêve de libéralisation n'est possible que si les états tiennent la valeur externe de leur monnaie et qu'il existe une force capable de leur faire respecter leur engagement.  Monnaie et crédits sont des dimensions essentielles de la politique économique des nations. Croire qu'on pourrait passer outre est une utopie.

Nous affirmons qu'il faut conserver l'objectif tout en réformant le moyen.  Il ne peut y avoir de régulation en changes flottants où des puissances peuvent soit pratiquer le laxisme monétaire total soit le mercantislisme absolu.   Il ne peut pas y avoir de solution sans collaboration des états.  On pensait qu'on pourrait les mettre de côté, ces satanés états mais en leur laissant toutes leurs capacités de faire ce qu'ils voudraient.  Les marchés les tiendraient en respect.

Cela ne marche pas. Les états ont un rôle. Ils doivent coopérer. Ils doivent accepter des sanctions extérieures en cas de manquement.  En matière monétaire qui, dans l'espèce, est la partie défaillante, cette coopération s'appelle : changes fixes, autorités de tutelle, étalon indépendants des états.  En un mot un Bretton-Woods réellement paritaire sans monnaie pivot.  Pas de Gold exchange standard, plus de véto américain,  mais une parité organisée avec des responsabilités àassumer par chaque état.  La liberté des capitaux doit être pilotée et pas seulement confiée à des normes.

Bien sûr  il y a aura régression partielle dans les libertés totales de faire bouger ses capitaux où on veut, quand on veut.  De même que des glissières de sécurité empêchent l'automobiliste d'autoroute d'aller où il veut quand il veut. Il faudra rester dans les clous.

Et alors ? Tout vaut mieux qu'un système qui ne marche pas.

Le rêve européen est tout aussi fracassé.  Et il s'agit du même rêve. Permettre aux citoyens européens d'exercer librement toutes les libertés.

Le moyen est totalement inverse que celui choisi pour la globalisation : pour l'essentiel on met en oeuvre une monnaie unique et commune.   Les états sont privés du pouvoir monétaire confié à des gnômes rendus totalement indépendants.  La puissance des traités fixe les règles.  

Nous retrouvons notre vielle amie : la gestion par la norme sans pilotage politique.  Mais l'unicité monétaire européenne est totalement en contradiction avec la solution globale de changes flottants généralisés.  Un ilôt de fixité dans un océan de flexibilité met le chêne à merci des roseaux !

Une double  question cruciale se pose au monde  : une zone monétaire unifiée est-elle possible sans instance de pilotage et sans unification des politiques économiques et sociales ?  Est-elle possible dans un monde de liberté de capitaux avec changes flottants ?  

Les fédéralistes européens à l'origine de l'Euroland et toujours préoccupés de mettre la charrue avant les boeufs, se sont échinés à éluder la double problématique.  La réponse est venue de la première grande crise suivant l'établissement de l'Euro :  non, cela ne marche pas !

Une fois encore les idéologues ressortent leur massue. Si cela n'a pas marché c'est qu'on n'a pas été assez loin disent les fédéralistes.  Vite une véritable fédération européenne avec gouvernement fédéral etc.    Les souverainistes éructent : la ruine est là et vous voulez l'aggraver.

La question reste : comment fait-on fonctionner une monnaie unique entre pays souverains dans un système mondial de changes flottants ? Surtout lorsque l'absence de tout pilotage de l'échanges des biens, l'Europe ayant sans contrepartie renoncée au tarif extérieur commun, conduit à un sous emploi chronique et fait de l'Europe un "machin" qui sert de tampon facile entre les grands joueurs ?

Le dernier rêve est le rêve français.  Vive l'impôt, vive la dépense publique, vive la dette, vive la gratuité généralisée, vive le non travail et le temps libre ! Ole !   Et vive le politiquement correct qui fait chanter la belle chanson en coeur dans tous les médias de droite et de gauche.  La France aurait trouvé le truc : 35 heures et bientôt 32 heures de travail pour ceux qui ont du travail  ;  des charges sur le travail supérieures à tout le monde ; des règlementations toujours poussées à l'extrême ;  les sébilles partout tendues ; des "droits à" toujours plus étendus.  La politique d'énarchie compassionnelle transcende les vieux clivages droite gauche.  Le haut fonctionnaire est juste et pense au bien commun. Lui seul. Il va arbitrer la société. C'est à dire contraindre sur les recettes et lâcher systèmatiquement sur les dépenses.   

La question ici est très simple : comment maintient-on   ce rêve de Capoue  dans une Europe sans frontières et dans un monde globalisée ?  La réponse a été : en s'endettant. Nous voici au bout du chemin.  Le clientèlisme politique de Zombis sans pouvoirs sur rien puisqu'ils ont tout cédé à l'Europe ou à la globalisation  apparait pour ce qu'il est : une imposture démocratique.   Et voici qu'on explique à l'UMP comme au PS qu'il suffirait de perdre le pouvoir budgétaire   au profit de l'Europe, tout en gravant dans le marbre la vertu, pour que le clientélisme et l'achat sectoriel de votes ne puissent continuer. Pensez ! Il suffirait de "prendre l'argent aux riches". 3 ou 10%  de la population paiera. Et pour le reste ce sera le secteur financier avec la taxe sur les transactions financières.

Zeus aveugle toujours ceux qu'il veut perdre.

Le Français né malin pense qu'en ne gouvernant plus mais en ruinant ses riches et ses banques, qui le sont déjà,  il va pouvoir continuer à vivre à l'oeil !

Notons que le drame français est plus grave que le drame européen ou mondialiste.  On n'est plus dans le rêve mais dans l'illusion fatale.  Le concours de démagogie qu'aura été ce 15 septembre le débat des socialistes en vue de  leurs élections primaires montrent que les mentalités publiques ne sont pas près de changer.

Nous voici donc dans un monde ruiné financièrement  alors que s'évanouissent les trois rêves  d'une mondialisation inorganisée mais  heureuse, d'une Europe ectoplasmique mais gérée par la norme,   et d'une France surendettée et surfiscalisée, mais  gavée de gratuités et de loisirs.


La solution n'est pas d'abandonner le rêve.  Mais de comprendre que les libertés ne s'exercent que dans des cadres précis et efficaces.  La gestion par la seule norme est morte. Il faut une gestion par le pilotage.  C'est à dire des instances responsables à chacun des niveaux d'organisation nécessaires.

Le monde doit renoncer aux changes flottants. Les Etats doivent coopérer autour d'un étalon et faire especter la valeur externe de leur monnaie, l'équilibre de leurs balances commerciale, la santé de leur balance des capitaux.  Et il faut un gendarme fort pour imposer aux Etats le respect de leur engagement.

L'Europe ne peut pas être un ilôt d'unicité monétaire dans un monde de changes flottants.  Elle ne peut plus être la variable d'ajustement des combats de titans que se livrent les autres grandes puissances.   Si l'Europe ne peut pas mettre en place une structure centrale de pilotage économique  il faut abandonner l'Euro.   Et bonjour les dégats.

La France ne peut plus chanter vive l'impôt (des autres) ; mort  (fiscale)  aux riches ; travaillons moins ;  vive les gratuités !   La dette c'est fini pour un moment.  Où la France  s'aligne sur une politique auropéenne pilotée par une instance européenne,  ou elle reprend  son autonomie en cherchant à s'en sortir par le dynamisme et le courage. Quelque soit l'issue de la querelle institutionnelle  elle devra couper avec le compassionnalisme énarchien et un néo socialisme de la dépense publique  illimitée.

Ou elle sortira de l'histoire.  Et par la petite porte.  La toute petite porte.

Conserver ses rêves tout en jouant le réalisme et en abandonnant les peaux mortes d'une mutation bien intentionnée mais  ratée : tel est l'enjeu pour le monde, l'Europe et  la France.


Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

La curieuse crainte d'une monnaie mondiale

Un des aspects les plus curieux de la confusion  mentale qui s'opère sous la pression de la crise est la montée d'une forme d'éructation  hystérique contre l'idée d'une monnaie mondiale dans le petit monde altermondialiste dont on sait qu'il est contitué pour l'essentiel d'anciers communistes, cégétistes, troskistes, gauchistes, en mal de repères  et de rôle depuis la chute de l'URSS.

Une monnaie mondiale est vue dans ces groupes comme le summum de la dépossession des peuples, un tout petit clan  coopté de capitalistes devenant le maître du monde en s'arrogeant à nouveau le pouvoir monétaire et en mettant les peuples sous tutelles.  De toute façon une monde sans monnaie serait un monde meilleur basé sur le don et l'échange coopératif positif.  

Une banque centrale, c'était déjà le mal ; indépendante des politiques, c'était l'enfer anti démocratique, dont la manifestation est la BCE  Indépendante des nations. Alors une monnaie mondiale ce serait l'abomination des abominations et l'incarnation absolue de Big Brother.  

Cette critique nous interpelle puisque nous proposons de recréer un système monétaire international fondé sur des monnaies  rattachées à un étalon monétaire mondial. Chaque état aurait la responsabilité de faire en sorte que la valeur externe de sa monnaie soit stable vis à vis de l'étalon ainsi constitué.  L'organisme de régulation, en l'occurence le FMI, aurait la possibilité de créer de la monnaie internationale pour faciliter les ajustements en cas de besoin.  Il le ferait pour éviter le retour des récessions importantes liées à des crises de changes excessives et des guerres de dévaluations.

Ce que nous appelons Mondio, que Keynes appelait Bancor, que certains appellent OR tout court, a essentiellement pour but de permettre une croissance économique mondiale équilibrée et maîtrisée avec un objectif principal de plein emploi.

La croissance et le plein emploi sont  ce dont les couches laborieuses de la population ont le plus besoin soit pour échapper à la misère dans les pays du tiers monde soit pour  progresser et vivre mieux dans les pays développés.  La solution que nous proposons devrait donc être soutenue par les organismes "de gauche" si tant est que cette qualification ait encore un sens.

L'ennui vient que la gauche extrême est maintenant non seulement contre les riches mais aussi contre la richesse, donc contre la croissance et partiellement contre le travail vu comme avilissant et pénible.  L'écologisme pétainiste déprimant des années 40-44  a été récupéré par la gauche écolo.

Les objectifs du CNR (conseil national de la résistance de 1945)  : plein emploi, création de richesses, dynamisme industriel, croissance, productivité,  plus grand bien être pour tous, sont ignorés alors même que dans ces milieux on croit à une mystique du CNR dont le message aurait été bafoué.

La contradiction est énorme et rédhibitoire.  

La question est importante. Quelles sont les finalités de l'économie ? Quels sont les objectifs qu'on assigne à la nation ?  Quel est le sens d'un coopération internationale ? L'économie est toujours politique en ce sens qu'il s'agit d'un moyen pour une fin. La question des fins est cruciale.

Nous mêmes au Cercle des économistes, nous pensons que les objectifs de croissance, d'augmentation du bien être général, de la socialisation réussie par le plein emploi, de la pacification du monde par les échanges  sont fondamentaux.  Il n'y a pas de décroissance heureuse ni de repli sur soi exaltant.

L'organisation monétaire doit être un moyen de cette fin et on voit bien que seule la coopération internationale rationelle permettra d'y arriver.  Cela passe par la suppression du rôle du dollar comme monnaie de réserve et par la suppression des changes qui flottent sans que personne n'en soit responsable.

La responsabilitsation des Etats dans un cadre coopératif est la seule solution aux difficultés du monde actuel.  Un étalon monétaire mondial et une régulation autour de cet instrument sont la condition du plein emploi et de la croissance.   La gauche devait se mobiliser sur cette solution si elle tient encore au bien être des couches populaires et au développement des pays pauvres.  La droite aussi d'ailleurs, qui est censée tenir  au succès des entreprises privées et à la garantie de l'épargne.

Les deux regardent ailleurs.  Par ignorance.  Par paresse.

Du coup l'élection présidentielle française dont la campagne commence perd tout sens.  Ni le pourquoi ni le comment d'une politique d'avenir ne sont évoqués. Des questions économiques aussi cruciales que le système monétaire international sont évacuées pour excessive technicité et ennui général. La communication a remplacé la réflexion.  

On se souvient que lors des deux dernières élections muncipales à Paris jamais les questions cruciale du rôle, de la vocation et de l'avenir de la capitale n'avaient  été évoquées.  Une capitale : pourquoi faire ? Pour aller où ? Et pour y aller comment ?  C'était de bonnes questions qui sont restées au frigo.  On se retrouve avec une ville sale jusqu'au dégoûtant, où le coût de possession d'un local a quadruplé, où le patrimoine de qualité est désormais  largement en possession de  l'étranger,  et dont la vocation économique et sociale est incertaine.  

On se souvient que lors des dernières élections européennes tout sauf l'avenir de l'Europe, l'examen de ses objectifs communs,  les faiblesses de ses institutions vis à vis de ces objectifs,  avait fait l'objet de la morne campagne électorale, centrées sur des querelles de personnes nationales ("donner une leçon à Naboléon" !).

Nous voici devant une échéance où le même phénomène va se produire. Et où gauche et droite, dans leurs extrêmes ne mènent à rien et dans leur partie "gouvernementale" ne pensent à rien.

L'exécration à  gauche de solutions qui vont pourtant dans le sens de ce qu'on pourrait iméginé que sont leurs objectifs sociaux,  l'agnosie morose tournant à l'aphasie  à droite  aussi bien sur les buts que sur les moyens,  conduisent à une campagne sans intérêt qui débouchera sur des politiques à l'envers.

Dans le monde tel qu'il est est il faut pourtant aux nations des objectifs et une bonne compréhension des moyens.  Cela passe nécessairement par une certaine technicité. Et des  compétences. Pas seulement des postures et de la jactance. Surtout quand la jactance devient incompatible avec la posture.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

BDI-SP500 : le grand écart s'achève


Nous avions signalé dans plusieurs articles précédents l'écart croissant entre l'évolution de l'indice BDI et l'indice SP500.  Cet écart était surprenant car jamais il n'avait atteint une telle ampleur. Les deux indices se croisent et se recroisent depuis des lustres. Jamais ils ne s'étaient éloignés loin de l'autre à ce point.

Il y a deux explications possibles :

- La première voudrait que l'indice BDI ait perdu de sa pertinence pour signaler l'état du commerce mondial. La construction navale a été tellement active qu'elle a pris le caractère d'une bulle. Les tarifs de frêt en auraient été durablement déprimés.  Les difficultés de certains armateurs chinois, qui ont clairement surinvesti, seraient le témoignage de ces excès.  Le BDI n'étant plus corrélé à l'activité ne pouvait plus donner d'indication notamment pour la gestion boursière.

- La seconde serait plutôt de constater que les cours de bourse avaient flambé du fait  des politiques de "quantitative easing", sans rapport avec l'activité économique de fond.  Il fallait en déduire que le niveau des cours ne serait pas maintenable et qu'un jour ou l'autre une correction aurait lieu.  L'ennui c'est que la correction s'est faite attentdre longtemps. Mais elle prend ces derniers jours l'allure d'une déroute.

Le croisement des courbes est là. Mieux encore, l'indice BDI repart à la hausse certes faible mais à la hausse ce que corrobore des chiffres de croissance assez forts dans pas mal de secteurs commerciaux.  Obsédé par les évaluations de PIB dont nous avons déjà dit qu'elles étaient les pire indicateurs de conjoncture,  l'observation économique officielle aurait raté le fait que 2011 aurait plutôt été une année de commerce international plutôt poussif, les améliorations constatées étant plutôt le fruit des bricolages  étatiques que du mpouvement de fond des économies. Elle raterait le fait qu'il se reprend maintenant, ce qui serait une excellente chose.

Naturellement les évolutions nouvelles du BDI  étant faibles et naissantes il est très difficile de savoir s'il s'agit d'autre chose qu'un feu de paille qui sera vite éteint par les crises monétaires, budgétaires et financières qui s'enchaînent.

Pour notre part nous pensons que si les réformes structurelles nécessaires avaient été faites, nous serions à l'heure actuelle en phase de reprise importante de l'activité mondiale et à la veille d'une croissance par l'export plutôt soutenue.  Les facteurs de croissance sous jacents sont toujours là.  La croissance potentielle est trahie et corsetée par les désordres des politiques économiques et l'absence de réforme structurelle du système monétaire international. Mais elle est là.

Il n'est pas du tout exclu qu'on assite à une remontée parallèle du BDI et des indices boursiers dans les douze mois qui viennent si un accident  monétaire ou budgétaire ne vient pas tout gâcher, comme d'habitude. 

Si on entre en dépression en 2012 cela sera uniquement la faute de politiques économiques absurdes qui conduisent à maintenir des structures monétaires et financières  qui ne fonctionnent pas bien et qui conduisent à tuer tout espoir de reprise par la surimposition et la déflation.  Comme en 1929 on aura une dépression provoquée par la politique  et non  par l'économie.



Titriser les dettes européennes

On pourrait titriser la dette des banques européennes vis à vis des Etats.  On sait que globalement on dispose d'un flux de recettes  continues  faciles à prévoir. Chaque banque pourrait alors créer un Special Investment  Véhicule,  qui émettrait des titres négociables replacés dans le grand public mondial notament dans les sicav monétaire qui seraient ainsi un peu dopées. On profiterait ainsi des différences entre taux longs et courts.     

En mélangeant dettes grecques et allemandes on pourait imaginer que les agences de notation donnerait un triple A aux nouvelles obligations ainsi crées, sur la base d'un pet d'hirondelle dans un gros tas de purin de cheval.  Leur gentillesse vaudrait à ces institutions un crédit qu'elles ont perdu.Les banques qui auraient vendues leurs créances au titrisateur pourraient augmenter très facilement leurs capitaux propres et retrouver une capacité de prêts à l'économie réelle, importante en ces temps de "double dip".  Elles poruraient même financer les états en difficultés.

On pourrait appeler les obligations de ces SIV des  "Eurobonds" . La technicité ainsi que le sens de l'histoire européenne y trouveraient leur compte.  Ce sont les riches qui souscriraient, pas les pauvres.  On ne parlerait plus d'impôts.  Si le shadow market veut s'attaquer à ces titres, il serait toujours possible de demander à la BCE d'assurer leur liquidité.  C'est  astucieux de financer des instruments complexes avec une  planche à billets toute simple.  

L'Euro ne serait plus sous menace d'explosion. Les marchés seraient rassasiés et rassurées.


Et où serait l'inconvénient ? On se le demande bien.


Bien sûr les esprits malins pourraient appeler cela des "eurostatessubprimes". Laissons les dire !

Karl Peiper

L'article d'Henri Guaino dans le Monde du 9 septembre 2011

Alors que les bourses rechutent vers leur plus bas, que l'Euro est menacé, que les banques françaises sont fuies par  les investisseurs pour cause  d'excès de prêts à des états fragiles,  que les échanges internationaux se tassent, que les projets sont partout révisés à la baisse, que les acteurs anticipent que la chute boursière va avoir à peu près les mêmes effets que la faillite de Lehman Brothers,  que la Grèce ne parait plus capable du moindre effort sérieux, que la Chine hoquète de plus en plus, que la Suisse prend des mesures extrêmes pour faire chuter le franc suisse,  que les Etats-Unis sont au bord du "double-dip", il est intéressant de prendre connaissance de ce que Monsieur Henri Guaino principal conseiller de la Président de la République Française a à nous dire.

Première remarque le journal ne pose pas la seule vraie question qui vaille actuellement : pourquoi  la sortie de récession n'a-t-elle pas eu lieu ? Nous sommes quatre ans après le blocage du marché interbancaire international et l'effondrement des subprimes. Des plans ont été définis et mis en oeuvre. Ils n'ont pas marché. Pourquoi ?

On se rappelle que M. Guaino avait déclaré dans l'interview qu'il avait donnée au Figaro le 25 janvier 2009 et  que nous avions commenté sur ce blog  (http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/1/26/Des-dirigeants-et-des-conseillers-dpasss--Henri-Guaino)   «  L’histoire n’est pas écrite d’avance et la mondialisation prépare peut-être une sortie de crise inédite. »

Pas de chance c'est une "non sortie inédite" qu'elle a préparée et réussie.

Allons les journalistes ne posent décidemment jamais les bonnes questions !  Voyons tout de même si les réponses aux questions posées par le journal montrent une évolution.  

1. Un plan de rigueur  peut-il tenir lieu de projet pour 2012 ?

Réponse : Il faut avoir conscience que la crise est mondiale et frappe plus les pays fragilisés.

Traduction : La France est fragilisée par 46 ans de déficits publics continuels. Nous sommes sous la menace des marchés. Nous n'avons plus d'autonomie  pour établir un projet.

Commentaire : C'est vrai que la France s'est fragilisée par des déficits constants qui avec la récession ont pris des ampleurs effarantes (voir les déficits de la SS annoncés par la Cour des Comptes ce jour même ; notons que l'info est donnée par un organisme de contrôle et non par le gouvernement ou les instituts de statistiques, ce qui est très anormal).   On ne voit pas cependant ce qui empêcherait de donner une perspective aux Français. Cela passe par l'énonciation d'une explication de la crise et de l'échec des politiques menées   et une annonce très ciblée sur ce qu'il faut désormais faire pour qu'on s'en sorte.

Le Président ne s'étant jamais exprimé sur ces sujets cruciaux, la première chose qu'il a à faire est de s'y coller. Peut être que son conseiller va nous dire ....

2. N'est-ce pas d'abord une crise de la dette publique ?

Réponse : C'est une crise de l'endettement privé et public dans tous les pays développés.  La cause : dumpings, distorsions de concurrence, dérèglementation.  le corollaire de cette ouverture sans règles a été la mondialisation financière.  Le système financier a recyclé les excédents des pays émergents  et fabriqué des montagnes de dettes.

Commentaire :  C'est bien dès le départ une crise globale de l'endettement  des pays développés, entreprises, banques, particuliers et états. Nous n'avons cessé de l'écrire.  Ce n'était donc pas une crise des subprimes, comme on l'a répété pendant deux ans.  Ce n'était donc pas une crise "américaine".  

Nous sommes d'accord la dessus : la mondialisation a bien été  conçue depuis 40 ans (et non 30 ans) sur la base de principes d'organisation intenables.

Ce n'est pas tant le dumping et les distorsions de concurrence commerciale qui ont créé des difficultés que le dumping monétaire et les distorsions permises par le système  des changes flottants.  Il serait important que M. Guaino le précise bien.  Dumping et distorsions de concurrence commerciale n'ont pas d'effets globaux sur le niveau général d'endettement des économies si le système des changes est correct.  D'autre part on parle des excédents Chinois, Allemands et Japonais. Laissons les pays sous développés à leurs difficultés propres sans leur imputer la crise, svp !

M. Guaino poursuit : "la crise de 2008 a été la prise de conscience qu'une partie de cette pyramide de dettes n'était pas remboursable. Les états ont pris le relais".  

 Nous dirions : "La crise de 2007 a été le premier symptome de l'effondrement de la pyramide de dettes globales permises par les défauts du système monétaire international . Les Etats ont récupéré les dettes des banques pour sauver le système bancaire . Mais ils n'ont rien fait pour mettre fin aux causes.  Les dettes se sont creusées et faute de réformes ciblées il n'y a aucune perspective ce qui affole tout le monde et explique que la crise traîne en longueur voire s'aggrave".

 M. Guaino , soyez plus précis : démonter le mécanisme de la création de la pyramide de dettes. Là est le noeud du problème.  Et concentrez vous sur le système de monnaies administratives gérées par des banques centrales indépendantes dont la mission est de maintenir la valeur interne de la monnaie alors que la valeur externe est établie sur des marchés libres.  Si vous êtes précis et pertinent sur ce sujet vous aurez même les éléments de politique à mener !

Pour vous aider vous pouvez lire, cher  M. Guaino,  l'article suivant sur ce blog : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2010/7/12/Comment-des-conomies-mondiales-majeures-peuventelles-sendetter-au-del-de-300-du-PIB-

Je tiens à vous rappeler que nous vous avons envoyé ce texte personellement dès qu'il a été écrit (ainsi qu'aux principales rédactions de la PQN).

Et pour comprendre pourquoi les politiques suivies n'ont pas eu d'effet vous pouvez lire toujours sur ce blog l'article suivant :

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/1/7/Le-faux-prcdent-de-1929-ou-comment-gagner-la-guerre-davant-et-perdre-la-guerre-en-cours

3. Faut-il désendetter ?

Réponse : oui mais en évitant d'entrer dans la dépression !

Commentaire : certes !  Mais il faut aussi réformer les systèmes qui ont provoqué la crise et notamment le gonflement de la dette. Et là...

4. L'Europe est en crise sauf l'Allemagne.

Réponse : l'Allemagne se prépare à une crise encore plus grande liée à sa dénatalité. Pas de leçon à recevoir.

Commentaire : l'Allemagne a fait de bonnes réformes de structure que la France devrait imiter (TVA sociale, modération des dépenses publiques, des salaires etc.). Mais elle poursuit une politique mercantiliste qui n'est pas seulement liée aux perspectives de la  démographie et qui est dangereuse à terme et inapplicable par la zone euro dans son ensemble.

Réponse trop hâtive.

5. Le plan de 12 miliards d'économie est-il dangereux.

Réponse : c'est un plan d'ajustement et non de rigueur.

Commentaire : LOL.

6. Ne faut-il pas réduire la dépense publique ?

Réponse : Le problème n'est pas de couper  les dépenses de réparation du tissu social mais de recoudre le tissu social et de retrouver le plein emploi.

Commentaire : la RGPP était une blague.  Et si vous ne vous saisissez pas d'une hache pour couper drastiquement dans certains budgets vous courrez toujours après la dette et les déficits.

Un des points qu'on peut reprocher à N. Sarkozy est justement d'avoir été plus que mou dans la chasse à la dépense publique malgré quelques réalisations intéressantes.

7. Votre projet pour 2012 : le travail. Comment baisser son coût : par la TVA sociale ou la taxe carbone ?


Commentaire : le plein emploi est le premier objectif national. Il passe par une réforme du système monétaire international et la mise en place de niveaux de changes qui permettent d'équilibrer les échanges  et faire en sorte que du travail s'échange contre du travail.   Parler de travail dans le système de change actuel n'a exactement aucun sens.  Et la fiscalité n'est pas le principal levier.

8. Etes vous sensible au débat sur la mondialisation

Réponse : le contrat social ne doit pas être asservi à la liberté du commerce.

Commentaire : ce n'est pas la liberté du commerce qui est en cause mais un système monétaire international qui ne fonctionne pas et qui empêche la sortie de crise après l'avoir provoquée.

9. Pourquoi Nicolas Sarkozy n'a-t-il pas pris le temps d'expliquer la crise aux Français

Réponse :  Il le fera !

Commentaire : quatre ans de retard déjà ! Mais quelle bonne question !

Didier Dufau  pour le Cercle des économistes e-toile



Un article remarquable de Ph. Simonnot

Nous allons faire ici une chose que nous ne faisons jamais : recopîer honteusement un article entier qui nous parait excellent en espérant que son auteur nous pardonnera. 

Il est vrai que nous répétons que les medias ne font pas leur travail et ne laisse pas passer de lueurs sur les vrais problèmes économiques qui se posent. Cet article est la preuve que l'exception peut confirmer la règle.

Naturellement on peut contester que l'étalon or soit la seule solution. On sait que nous sommes plus ouverts à des variantes d'organisation moins sommaires.  Mais en centrant la crise sur sa cause principale c'est à dire les dérèglements devenus incontrolables d'un système monétaire défectueux, on va au fond des choses.

"La règle d'or, ersatz d'étalon-or
par Philippe Simonnot, directeur de l’atelier de l’économie contemporaine


Les petits génies du marketing politique qui ont lancé l'expression "règle d'or" ont fourni aux princes qui nous gouvernent une occasion supplémentaire de montrer à quel degré d'impudence ils sont capables d'accéder. En dernier recours, le dos au mur, menacés d'une dégradation de la note de la dette publique sur les marchés, nos gouvernements essaient de vendre au bon peuple ainsi qu'aux méchants marchés quelque chose qui brille dans la nuit de cette crise interminable, quelque chose d'inaltérable comme l'or qu'on essaye de faire revenir dans le système au moins sur le plan symbolique – bref un ersatz papier d'étalon-or.

Le plus cynique, dans cette imposture de Nicolas Sarkozy, qui a déjà fait plusieurs émules en Europe, est que le général de Gaulle, dans sa célèbre conférence de presse du 4 février 1965, après avoir célébré les vertus monétaires de l'or, "tenu, éternellement et universellement, comme la valeur inaltérable et fiduciaire par excellence", avait lui aussi employé le vocable galvaudé aujourd'hui par son lointain successeur. "La loi suprême, la règle d'or – c'est bien le cas de le dire – qu'il faut remettre en vigueur et en honneur dans les relations économiques internationales, avait-il déclaré, c'est l'obligation d'équilibrer, d'une zone monétaire à l'autre, par rentrées et sorties effectives de métal précieux, la balance des paiements résultant de leurs échanges." Ces quelques mots suffisent cependant à montrer la distance, pour ne pas dire l'abîme qui sépare le pseudo-étalon-or, que l'on cherche à nous vendre, de l'étalon-or authentique qui, lui, règle non seulement les budgets des Etats mais aussi leur balance des paiements.
La "règle d'or", telle qu'on ose nous la proposer, est une promesse sur le papier d'équilibrer le budget de l'Etat (on ne dit rien des collectivités locales dont beaucoup sont proches de la faillite). Promesse d'ivrognes ! Songeons au Pacte de stabilité européen de 1997 trompeté avec quelle solennité ; il avait acquis une valeur normative par deux règlements du Conseil de l'Union européenne la même année. Cela ne l'a pas empêché d'être violé quelques années plus tard par ses signataires les plus "honorables", au premier rang desquels l'Allemagne qui fait figure aujourd'hui de pays vertueux, et la France dont l'Etat s'est montré incapable d'équilibrer son budget depuis 37 ans. Que le papier sur lequel sera couchée la règle d'or soit constitutionnel ne change pas grand-chose. On sait sa valeur d'un tel papier dans un pays comme le nôtre.
Supposons même que cette règle d'or soit vraiment, par miracle, respectée quelques années ; elle ne règlerait qu'une partie du problème. Car la crise actuelle ne vient pas seulement des manquements des Etats aux règles de l'équilibre budgétaire. Ces manquements ont été appelés à cors et à cris par tous ceux qui nous serinent depuis le début de cette crise – trois ans déjà - qu'on a fait mieux qu'en 1929 grâce à plus d'Etat. Keynes, le grand retour ! clamaient-ils. Ils ne voyaient pas, ils ne voient pas, et ils ne veulent pas voir que la crise est d'abord d'origine monétaire, qu'elle est l'ultime accès d'une fièvre qui s'est emparée du système capitaliste depuis qu'a été fermée la fenêtre d'or le 15 août 1971 par Richard Nixon, alors président des Etats-Unis. Ce jour-là, on le sait, le dernier lien qui existait entre le métal jaune et une monnaie (et pas n'importe laquelle puisqu'il s'agissait du dollar) a été rompu. Depuis, le système de réserve fédérale, libéré des contraintes de la convertibilité métallique, n'en a fait qu'à sa tête, générant un "aléa moral" qui pousse les banquiers du monde entier, et donc aussi leurs clients, à prendre des risques bien supérieurs à ceux qui auraient été pris dans un système régulé – non pas symboliquement, non pas sur le papier, mais réellement – par l'or-étalon.


La solution existe, elle est simple, pratique, à portée de main. Le seul problème – et il est politiquement de taille - est que les privilégiés du système actuel, gouvernants, banquiers et autres ubuesques "phynanciers" proches du pouvoir de création monétaire, leurs profits abusivement gonflés par cette proximité, feront tout pour ne pas l'adopter.


Dernier ouvrage publié : Delenda America, éditions Baudelaire, 2011."

"L'échéance" de François de Closets

François de Closets s'est fait une spécialité de livres sérieux, consciencieux  et honnêtes sur des sujets de société fondamentaux qui marquent des évolutions majeures et potentiellement dangereuses pour les Français.

On ne pouvait échapper à un livre sur "la crise".  "L'échéance" est là qui est un livre sérieux, consciencieux et honnête. Il passe en revue tous les évènements économiques qui nous assaillent en remontant suffisamment loin pour ne pas commettre une analyse sans racines et en couvrant la plupart des domaines qui "font problème" : dettes, Euro, produits financiers complexes, dérégulation, finance incontrôlée etc.   A ce titre il permettra au lecteur de se remettre en mémoire bien des faits qui doivent être connus pour comprendre la situation actuelle.

La difficulté, c'est que le livre reprend toutes les banalités qui sont généralement exposées pour expliquer la crise.  L'auteur n'est pas économiste.  Il ne peut pas creuser. Alors il répète souvent les phrases creuses et parfois vides de sens qui trainent dans tous les commentaires qu'on entend dans les médias audiovisuels ou qu'on lit dans la presse.   Alors on retrouve ces idées courantes qu'il y a une bonne et une mauvaise monnaie, une bonne et une mauvaise dette, une bonne et une mauvaise finance,  une bonne et une mauvaise protection sociale, un bon et un mauvais protectionnisme,  de bons impôts "pour les riches" et de mauvaises charges sociales excessives, les mauvais Islandais et les bons Canadiens, etc.

Jamais on ne retrouve la moindre précision analytique qui permettrait réellement de comprendre et de maîtriser les phénomènes.

La dérive budgétaire depuis 1974 n'est pas réellement comprise.  On voit bien que la pression des prélèvements passe de 34% à 43% du PIB.  Que la droite et la gauche se partage également la dérive.  Qu'on est arrivé à un sommet insurpassable sauf à s'enfoncer dans l'asphyxie définitive.  Mais pourquoi est-on parti sur ce chemin sans issue ?  Et pas seulement la France ? Là,  silence ! L'explication par la démagogie politique est un peu courte.   

L'auteur  rate les conséquences du changement systèmique qui s'est produit à partir de 71.  Il voit bien que la crise de 73-74 est la première grave crise depuis la guerre, mais il ne comprend pas pourquoi elle survient. De même qu'il ne fera aucun lien entre les différentes crises décennales.

L'absence de toute prise de conscience du cycle et de l'aggravation progressive des phases majeures de récession  (1974, 1993, 2009) ne lui permet pas de formuler une explication, encore moins une explication convaincante.

De même, il n'a pas compris qu'on est entré depuis 71 dans un système monétaire international qui n'a exactement aucun rapport avec le précédent et qui rend caduques bien des politiques. L'échec particulièrement démonstratif  de la relance keynésienne de J. Chirac en 74-75 n'est pas compris.  A partir de là comment comprendre l'échec de la relance keynésienne globale de 2009 !

Nous prétendons sur ce site que sans compréhension du cycle décennal et sans analyse de la situation nouvelle que représente un système monétaire mondial basé sur des monnaies administratives gérées par des banques centrales plus ou moins indépendantes  et s'échangeant librement sur des marchés de devises,  il est strictement impossible  d'analyser correctement  ce qui se passe depuis quarante ans en matière économique.

Nous le vérifions une fois de plus.  Pour François de Closets les difficultés ne viennent pas de défauts systèmiques mais du comportement des acteurs.  La "crise" est toujours la faute à "Jules", le vilain polymorphe et polyvalent.  Voici le trader cupide, la banque dévoyée, les mathématiciens fous, les agences de notation sous influence, les règles comptables  foireuses, les ordinateurs déréglés,  les politiciens hagards et démagogues, le populo inconscient qui vote pour eux, etc.

La nature humaine semble soudain s'être  aggravée spontanément dans des proportions jamais vues.

Parfois l'auteur frôle la vérité. Il détecte bien que c'est après 1971, la rupture de tout lien entre le dollar et l'or et  la flottaison des monnaies,  que les banques commencent à spéculer sur les marchés et que les produits complexes apparaissent.  Mais il n'en tire pas parti.  Oui les techniques de hedging et les moyens de spéculation sophistiqués sont bien nés et se sont généralisés à partir du moment où les devises sont devenues flottantes.  Et alors ? On fait quoi ? On abandonne la flottaison ? Silence absolu de l'auteur.

Du coup le livre manque totalement d'idées pour éviter que les désordres ne se poursuivent et pour en sortir.  On retombe dans les mille et uns conseils moraux qui embuent les médias sans donner prise sur la réalité. Oh oui il faudrait être raisonnable, gentil et tout quand on est banquier.  Oh oui il faudrait éviter d'être démagogue quand on fait carrière politique.  Oh oui !

Les explications "comportementales" finissent toujours par un prêchi-prêcha sur les beautés à venir du comportement des acteurs politiques et économiques.

Donc sur rien.

Non pas que la vertu ne soit pas importante. Mais les exhortations de ce type ont un caractère plus religieux  qu'autre chose. Pourquoi ne pas tuer quelques milliers de moutons, quelques centaines de boeufs  et quelques dizaines de vierges en sacrifice aux Dieux pendant qu'on y est, pour expier le pêché originel  et parer aux conséquences ?

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Qui crée et détruit la monnaie ?

La mécanique de le création monétaire est compliquée et source de beaucoup d'erreurs.  La monnaie est un des "trous noirs" de l'enseignement de l'économie et beaucoup de manuels sont d'une nullité crasse sur la question et diffusent de nombreuses erreurs souvent absolument ahurissantes.   C'est vrai en France mais aussi à travers le monde.  On peut relever le caractère paradoxal de cette situation puisque la science économique commence pratiquement avec des ouvrages sur la monnaie et la politique monétaire des rois ! 

Penchons-nous donc une fois de plus sur la question cruciale : qui crée de la monnaie (et en détruit) et quelles sont les conséquences dans l'interprétation des phénomènes économiques actuels.

Comme nous sommes aujourd'hui dans un cadre où la monnaie est gérée de façon administrative  par des organismes ad hoc, en particulier  la BCE pour l'Europe ou la FED pour les Etats-Unis, avec un marché libre des devises,  les conditions de la création monétaire sont différentes des périodes précédentes où la monnaie était basée sur une certaine valeur d'or ou d'argent.

L'erreur principale est de croire qu'une banque individuelle  peut, à son gré, créer de la monnaie ex nihilo.  Si c'était vrai, aucune banque ne serait jamais en faillite : elle pourrait en permanence créer la liquidité dont elle a besoin.  On voit bien que ce n'est pas le cas.  En cas de difficultés elle doit être renflouée soit pas les Etats soit par la banque centrale qui émet la liquidité ultime.  Tout banquier sait que son principal problème est de se refinancer. Il le fait soit par les dépôts qui'il reçoit soit par l'emprunt soit par l'augmentation de capital.  

Un erreur comparable est de croire que le système bancaire dans son ensemble peut, ex nihilo, créer de la monnaie et enfler son bilan ad libitum.

En fait le système bancaire amplifie une augmentation de la liquidité primaire par le double mécanisme de l'effet multiplicateur et des réserves fractionnaires.

L'expression "la banque ne crée pas de monnaie" est fausse. Mais c'est une simplification d'une autre phrase qui elle est juste : "la banque et le système bancaire ne peuvent pas créer de la monnaie ex nihilo".  Inversement, le remboursement des dettes conduit à une réduction de la monnaie en circulation  et la perte de confiance dans la monnaie  de crédit des banques entraîne la volonté des détenteurs de la convertir en monnaie primaire ou dans un actif considéré comme moins vulnérable. "Crédit crunch" et panique bancaire  ont aussi des éffets cumulatifs mais en sens inverse de la création de monnaie primaire.  Pour sauver les dépôts et l'activité économique on voit alors les états creuser leurs déficits et activer leur création de monnaie banque centrale.   

Ces notions sont importantes pour comprendre comment les pays développés ont pu faire gonfler l'endettement global à la hauteur de plusieurs fois leur PIB, une situation intenable dont on voit aujourd'hui les effets, et comprendre les mécanismes de la crise d'ajustement qui suit généralement les période d'euphorie monétaire incontrôlée.

 Affirmer : "ce sont les banques à cause des traders fous et des dirigeants cupides, pilotant des agences de notation aux ordres et dans le cadre de règles comptables autogérées et donc inadéquates,  qui sont la cause de tout"  n'a pas de sens.  Sans augmenttion de la liquidité primaire elles n'auraient rien pu faire. 

Les "banksters" sont des produits dérivés !

Qui a donc augmenté la liquidité primaire à des niveaux intenables et par quels mécanismes cette création s'est elle propagée ? Ce sont les deux questions clés.  On sait que  la FED  en est le principal responsable du fait que le dollar est la monnaie mondiale de facto, le système s'étant emballée par la mécanique de la double pyramide de création de monnaie et de dettes  décrite par J. Rueff.  Les déficits américains  émettaient de la monnaie primaire vers l'extérieur qui était immédiatement replacée  par les récipiendaires dans le système américain où elle servait par amplification bancaire à créer à nouveau de la monnaie et de la dette, des déficits, de l'expansion extérieure de la monnaie et de la dette etc.

C'est cette spirale qu'il faut bien comprendre.  Si on a fait cet effort alors l'explication de la crise et de sa gravité vient immédiatement à l'esprit et surtout on comprend les mesures à prendre : empêcher ce mécanisme de perdurer. On ne peut le faire qu'en réformant le système monétaire international :  définition d'une monnaie internationale de référence qui ne peut pas être augmentée ad libitum par un état spécifique ; changes fixes mais ajustables avec régulation par une instance de contrôle puissante ; états responsables de la valeur externe de leur monnaie et du contrôle de leurs balances extérieures.

La création de monnaie primaire n'est  pas en Europe entièrement pilotée par la BCE : les mouvements de capitaux internationaux en monnaie de valeur aléatoire ont eu un rôle crucial comme déclencheur des phénomènes d'amplification bancaire.   L'alea propre aux changes flottants explique la complexification des mécanismes de prêts et des produits financiers échangés, loin des yeux (et du cerveau) des régulateurs et des  banques centrales.

L'erreur actuelle est de ne pas prendre la mesure de la faillite du système  qui veut que des banques centrales "indépendantes" produisent de la monnaie administrative librement échangeable sur des marchés flottants , sans que les états n'aient d'autres préoccupation que leur intérêt national (benign neglect aux Etats unis ou mercantilisme chinois par exemple).

On a cru qu'il suffisait d'encadrer les banques  plus strictement, changer les règles comptables, revoir la rémunération des traders, mettre la préssion sur les agences de notation, revoir les formes des contrats de prêts,  augmenter encore les conditions de capital, pour sortir de la crise. On voit que cela n'a rien donné. 

Ce n'est pas l'ampli qu'il faut régler mais la source primaire.

Là rien n'a été fait, faute d'accord entre puissances aux intérêts apparents divergents, mais aussi faute d'un cadre conceptuel solide et partagé.  Cette défaillance intellectuelle des économistes officiels est  cruciale.  Sans elle la défaillance politique des états n'aurait pas été aussi durable et tant qu'elle dure il n'y aura pas de solution convenable.

Les conditions de la création et de la destruction de la monnaie sont critiques aussi bien pour comprendre les causes de la crise que les condtions de sortie de la crise.  Les aspects monétaires sont absolument centraux.    Dans un cadre d'échanges financiers libres et dérégulés à travers le monde,  c'est bien le système monétaire global qui est problématique.

Les banques collectivement, à partir d'une impulsion interne par création de monnaie banque centrale ou externe à partir d'un excédent de devises, créent de la monnaie et ont le pouvoir d'en détruire.   

Mais une banque individuelle ne peut pas ex nihilo ni créer de la monnaie ni en détruire.  Elle travaille toujours à partir d'une trésorerie alimentée soit par les dépôts, soit par des emprunts, soit par du capital.

"Ex nihilo" est le terme critique.

Didier Dufau pour le Cercle des économsites e-toile.

 



Jacques Julliard et "la fin du système"

Fleurissent un peu partout les analyses sur "la fin d'un système". Jamais le mot système n'aura connu un tel succès que pour prévoir sa fin.  La difficulté : système est un mot valise qui ne veut rien dire.  Son emploi répété marque une impuissance : impuissance à comprendre ; impuissance à envisager la suite.

Nous avons choisi ici d'analyser l'éditorial de Jacques Juilliard  dans le Marianne du 13 Août 2011 : "C'est le système qui est à bout de souffle". Pourquoi lui et pas un autre parmi la dizaine qui ont commis des articles  du même tonneau ?  Sans doute parce qu'il symbolise une certaine idée de la gauche chrétienne socialisante et européenne mais pas gauchisante qui a accompagné si longtemps l'air du temps médiatique en France.  

Première assertion :  les pays riches ne cessent d'emprunter aux pauvres. 

En vérité les Etats-Unis ont émis de la dette pendant des décennies, dette  qui s'est retrouvée dans tous les pays en excédent de balance des paiements.   Ce fut le cas d'abord de l'Allemagne, puis du Japon, puis aujourd'hui de la Chine.  Si la Chine accumule tant de dettes du trésor américain c'est du fait de sa volonté mercantiliste.  Ce n'est donc pas une affaire Nord contre SUD, riches contre pauvres, mais une question de système monétaire international.

Le dollar doit-il rester la monnaie internationale par excellence avec des privilèges extravagants ?  Les pays mercantilistes doivent-ils continuer à mener leur politique dangereuse ?   Evidemment notre auteur évite d'aborder ces deux questions qui sont les seules pertinentes dans l'affaire.

Seconde assertion : l'autonomisation du système financier a rendu impuissant les états.

Où a-t-on vu que la finance était "autonome".  Les états ont mis en place une organisation monétaire internationale basée sur l'idée que des organes spécialisés, créeraient de la monnaie administrative  dont la valeur externe apparaîtrait par le jeu du marché des devises.  Ils l'ont fait selon un plan doctrinal minimal mais assumé.  Les institutions financières se sont coulées dans ce moule. 

Rappelons qu'aucune banque n'a le pouvoir de créer de la monnaie à elle seule, ex nihilo.  Les changes flottants de monnaies administratives  sont ils une bonne solution ? Nous affirmons que non et que là se trouve la source de la suite de crises de plus en plus graves que nous traversons depuis 1971.Nous sommes convaincus qu'il faut renoncer à ce système là pour sortir de la crise actuelle.

L'ennui c'est que J. Julliard ne dit rien de tel. Le plus probable est qu'il n'a pas la moindre lueur sur ces questions.

Il porte une accusation globale qui n'a pas de sens pratique, là où il faudrait entrer dans les détails.

Troisième assertion : le système capitaliste est devenu incapable de fonctionner.

Une fois encore, est-ce le "capitalisme" ou une forme d'organisation particulière, récente, incertaine techniquement et mise en oeuvre par défaut,  qui a cessé de fonctionner ?

De même que nous avons repris l'ami Sorman qui commettait l'erreur inverse en défendant globalement le capitalisme sans reprérer les points d'organisation  défectueux, nous sommes amenés à faire la critique symétrique à J. Julliard : ce n'est pas "le capitalisme" qui est en cause mais un de ses sous-systèmes : le système monétaire international.

Quatrième assertion : Il n'y a pas d'issue "pour le moment".

Quand on ne comprend rien, on ne sait pas trouver de solution. Une critique détaillée du système monétaire international défaillant conduit à un plan d'action.  Une critique globale indifférenciée est la voie de l'impuissance.   Et Julliard  la voix de l'impuissance grincheuse.

Cinquième assertion : Ne comptons pas sur les économistes  oracles qui défilent à la télévision  pour nous proposer des issues.


Evidemment puisqu'il n'y a pas d'issue !


N'ayant rien compris et n'ayant rien voulu apprendre, comme la totalité des responsables des rédactions en France, qui vivent dans un univers purement idéologico-politique,  notre auteur reprend une antienne bien connue : les économistes "ont autant de crédibilité que les météorologues... La prétention de l'économie à devenir une science prédictive  est pour le moment un échec complet".


Haro sur l'économiste. A gauche de toute façon un économiste est un suppôt du capitalisme qui veut donner des leçons au socialisme. Donc un ennemi de classe.   Tous les économistes qui passent dans les médias, majoritairement à gauche,  sont donc des "économistes mais", des garçons qui savent que leur analyse doit d'abord cadrer avec une option idéologique. Voir M. Maris sur France-Inter pour la forme la plus caricaturale du phénomène.

Ils ne sont recrutés ou  consultés que pour leur optique politique pas pour leurs compétences. Ce qu'on appelle un économiste de droite est de toute façon un truc bizarre qui n'est là que pour dire que la bourse c'est bien et qu'il y a trop d'impôt ! 

Caricature contre caricature. On fait de la chaleur et aucune lumière.  Spectacle éminemment grotesque qui marque la descente aux enfers de l'intelligentsia médiatique.

Nous ne saurions mieux conseiller  J. Julliard qu'en lui demandant d'avoir la patience de lire ce blog. Il verra que la crise était annoncée. Que ces mécanismes étaient prfaitement clairs avant même qu'elle ne commence. Que l'absence de réformes adéquates a été dénoncée avec force et précision. Que l'échec était parfaitement prévu. Qu'il y a des solutions. Qu'il suffit de les mettre en oeuvre, même si chaque mois qui passent rend les choses plus graves et plus compliquées.

Nous enverrons ce texte à J. Julliard et nous verrons probablement ce que nous avons vu depuis 15 ans :  les éditorialistes  ne veulent en aucun cas  en France quitter les abris idéologiques où ils ont fait carrière. "Je ne suis pas là pour la vérité mais pour l'énonciation d'une posture. Dis moi d'où tu parles et je te dirais si je peux t'écouter".

Sixième assertion : "Le libéralisme absolu ce vieux machin poussièreux sorti des armoires de l'économie politique classique" a eu une nouvelle chance. 

Là on est dansl'ignorance économique pure et simple. Si J. Julliard croit que F. Bastiat  et J.B.  Say étaient pour une monnaie administrative  et des changes flottants,  qu'il les lise !   Ce genre de phrase est une insulte à la connaissance élémentaire de la pensée économique.

C'est justement parcequ'on est entré depuis 1971 dans un monde inconnu qu'on ne sait pas maîtriser et qui ne fonctionne en aucun cas comme ses promoteurs l'ont décrit  que nous sommes dans les difficultés actuelles.

Que J. Julliard fiche la paix à Say et Bastiat "et oublie un peu Proudhon, son amour de jeunesse.  Les économistes à problème sont Greenspan, Friedman, Summers, des garçons qui ont cru que les Etats unis pouvaient pratiquer le Benign neglect dans un système d'inondation permanente de dollars et de changes flottants, avec des dérégulations bancaires féroces.

Aujourd'hui A. Greenspan dit : "je me suis trompé. Ce système ne marche pas". Il a raison. Tout le sujet est dans son remplacement par autre chose. C'est de cela qu'il faut parler M. Julliard. Mais là cela demande un peu plus que les facilités de l'idéologie recuite : le risque de la connaissance et des idées nouvelles.


Septième assertion : l'avenir est au socialisme.


Bien sûr, bien sûr ! Sauf que le système des monnaies adminsitratives gérées par des banques centrales indépendantes dans le cadre d'un système de change flottant est le crédo de tous les partis socialistes en Europe !

Ce genre de phrase doit rappeler à l'auteur le bon temps de l'Unef d'il y a cinquante ans ! Attention au retour d'âge !

Huitième assertion  : le progrès de l'humanité s'identifie à l'extension du concient, du volontaire, du concerté.

Là nous sommes d'accord.  

Le conscient pour nous est la bonne compréhension de la réalité.  Ce qui implique de l'observer, d'en voir les mécanismes, d'en détecter les défauts, d'en proposer la réforme.  Mais toute la méthode Julliard est inverse. On ne regarde rien. On ne comprend rien. On ne propose rien.

Le volontaire ne peut s'appuyer que sur le conscient. Sans compréhension , sans connaissance, pas d'action.  La volonté doit avoir un but et des leviers.  Sans le levier de la connaissance, point de salut.  Sans but raisonnable donc raisonné, pas de volonté utile.

La concertation est aussi cruciale. L'organisation du système monétaire international demande une concertation forte des états. Le seul avantage de Bretton Woods était qu'il forçait les Etats à tenir compte des règles qu'ils s'étaient imposées les uns vis à vis des autres.

Demander aux Etats de s'accorder sur le fait minimum de garantir la valeur de leur monnaie et d'éviter les déséquilibres majeurs des balances commerciales et des balances des paiements,  est absolument central dans la sortie de crise.  C'est la faillite du G.20 dans ce domaine qui est la cause de l'aggravation der la crise.  Nous l'avons écrit en temps réel sur ce blog.  Il suffit de lire, dans ce site,  ces textes de 2009.  

G.20 : un pari très dangereux.
L’évidence s’impose : le G.20 n’a pas fait les réformes nécessaires.

Malheureusement pris dans son vague idéologique et sans aucun repère technique auquel se rattacher, J. Julliard va au plus près de ses réflexes de jeunesse : " le triomphe de la volonté s'appelle d'ordinaire une révolution".


La vraie révolution serait que des éditorialistes comme J. Julliard abandonne leur fonction idéologique pour essayer de comprendre, d'expliquer, d'alerter, de proposer.  
Il y a vraiment des "coups de pied au culte" de la révolution qui se perdent.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Sarkozy et Merkel : parler pour ne rien dire.

Le marché interbancaire se bloque encore. Les banques ont peur des banques. Qui a donc des dettes gouvernementales des pays  du "club Med" ? Les déposants commencent à paniquer et à fuir.  

La peur pousse le Franc Suisse si haut que la BNS lance 200 milliards  dans la bataille pour éviter une hausse trop rapide de sa monnaie (1/3 de son PIB !) .  L'or bas ses records (à plus de 1800 $ l'once) . Les cours de bourse des banques s'effondrent. Le reste tient dans la mesure où l'on croit les entreprises capables de résister à la nouvelle récession qui s'annonce.

La nouvelle court les salles de marché : une banque est en perfusion à la BCE ! Pour un demi-milliards d'Euros. Mais laquelle ?

C'est la panique.

Il est vrai qu'Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont parlé.

Pour ne rien dire.

Comme d'habitude.

On a évoqué la taxe Tobin avec gourmandise :  des impôts et vite, que le bon électeur croira ne pas payer. La taxe devait aider à développer le tiers-monde ; puis à sauver le monde menacé par le réchauffement climatique ; maintenant il s'agit de sauver l'Euro.  Des centaines de milliards on vous dit et que personne ne paiera parceque la taxation est infime. Magique.  Et si nouveau ! On se rappelle le papier dans le Monde des ministres Lagarde et Kouchner  sur cette même taxe... en 2009 http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2011/8/20/Sarkozy-et-Merkel---parler-pour-ne-rien-dire

Les marchés ont alors dévissé. Bravo  aux duettistes !  

Le marché attend le nom de la future Lehman-Brothers. Le dimanche sera long. Attention aux lundis blèmes dans le ciel bleu de la canicule !

Lagarde est aux manettes au FMI,  sans aucune connaissances économiques, sinon le fait qu'elle est une femme et qu'elle parle anglais.  Barouin est aux Finances. Sans aucune connaissances économiques, sinon qu'il s'est roulé par terre pour avoir le poste.  Trichet triche tant qu'il peut avec les règles de Maastricht et des traités suivants  pour sauver l'Euro.  Mais commence à trouver que les Etats membres devraient le couvrir un peu car il est désormais tout nu et il sait que cela fait jaser, une tenue si lâchée, pour un père la rigueur.  

Pas un mot sur les vrais sujets. Pas un diagnostic. Pas une perspective.

La France est gouvernée. L'Allemagne est dirigée. L'Europe est à la hauteur. L'Euroland à son joker, Juncker, l'homme des junk bonds européens. La BCE est exaltante.

Mais tout fout le camp.

Les médias convoquent Delors et Soros.

Ce dernier réclame une porte de sortie de l'Euro. Mais la monnaie unique c'est justement qu'il n'y a pas de porte de sortie. C'est la monnaie commune qui laissait une porte de sortie. On repasse à la monnaie commune puis on ouvre les portes de sorties ?  Bien vérifier les positions personnelles des fonds Soros avant de répondre.

Delors  sonne le tocsin : la situation est gravissime. Les cours s'effondrent un peu plus ! Si c'est le plus europhile des Europhiles qui le dit !  Et propose ses Eurobonds "60% du PIB" !  L'idée n'est pas de lui mais d'un Think Tank financé par l'Europe pour lui donner des idées fédérales médiatisées par des "experts".

Il est clair que la mutualisation des dettes actuelles dans un fonds européen d'amortissement est la seule solution d'une efficacité immédiate.  On savait dès Maastricht dans les milieux fédralistes européens que la défense de l'Euro serait le prochain front qui permettrait de forcer le passage vers un fédéralisme refusé par les peuples.

Nous y voilà. Mutualiser les dettes c'est créer de facto un gouvernement économique européen fédéral avec  la perte de la souveraineté budgétaire, la perte de toute   latitude nationale dans pratiquement tous les domaines.   L'Euro était le char d'assaut caché de l'Europe fédérale.  La Constitution devait être le véhicule public...  

Delors accepte donc le déguisement des eurobonds à 60%, limite de Maastricht pour faire semblant d'être sérieux. Mais son propos n'est pas la crise mais la création d'une structure de facto fédérale en Europe.

Notons que les deux solutions, Delors et Soros,  sont totalement incompatibles. Pas besoin d'Eurobond si la monnaie cesse d'être unique pour devenir commune avec porte de sortie pour les vilains.  Pas besoin de porte de sortie si on dispose d'Euro bonds.

Merkel et Sarkozy ne peuvent suivre ni Soros ni Delors.

Impuissants au G.20 ils le sont tout autant au sein de l'Euroland.

Alors on fait semblant.

Alors on parle pour ne rien dire.  

La posture a remplacé la pensée. Les investisseurs voient l'imposture et regrettent l'absence de pensée et de perspectives.  

Cela fait jamais que quatre ans que cela dure.

Alors la peur devient panique.

Nous avions écrit  que 2011 serait l'année de la peur.  La peur est là avec son cortèges de catastrophes auto réalisées.  

Et il n'y a toujours personne au volant sinon des arrières pensées : profitons pour faire une plus value pense Soros. Profitons pôur faire l'Europe fédérale pense Delors.  Profitons pour durer encore un peu pense Merkel. Profitons pour se faire une statue de capitaine courage pour les prochaines élections, pensent Sarkozy.  Espérons partir de la BCE avant que tout le système explose pense Trichet.  Profitons de l'occase pour faire avancer l'impôt sur les transactions financières  pensent les fonctionnaires, qui supposent que cela retardera d'autant le moment où la faillite générale fera tailler dans leurs émoluments et effectifs.

Quand il n'y a pas de dessein mais seulement des petits calculs,  alors que la peur est partout , on multiplie les risques d'un vrai drame durable.

Pendant ce temps là les Chinois chinoisent et Obama fait la découverte des abysses sondagières.

Quelle incroyable nullité générale !  

Quatre ans déjà de nullité générale.  Absolument générale.  Avec les résultats qui correspondent  et qui ont malheureusement été annoncés avec constance ici depuis quatre ans.

Alors qu'il suffirait de si peu de chose pour renverser la tendance : un accord général sur le diagnostic ; la volonté sans faille et collective d'agir en fonction de ce diagnostic.

Mais quelques imbéciles croient encore que la crise est "la faute des subprimes"  et des banksters,  ou de la Grèce malhonnête.     Et aucun politique n'a accepté le vrai diagnostic dont la presse d'ailleurs refuse de parler obstinément ("Vous avez peut être raison  mais c'est compliqué et cela n'interesse pas les Français !  D'ailleurs, qui vous êtes vous, vous  ? ") .

L'histoire sera dure avec  la stupidité de l'époque.

Elle sera dure avec  Sarkozy et Merkel.  Ils ont tout de même mieux à faire que ce qu'ils font et surtout que ce qu'ils ne font pas.



Jouer au nouveau RUBIK's Game ?

L'Allemagne et la Suisse ont mis en place le dispositif RUBIK qui stipule que la Suisse garde son secret bancaire mais que le revenu des placements faits par des résidents allemands en Suisse de façon anonyme seront taxés assez fortement. Cette convention va être bientôt acceptée par le Royaume Uni. Le France refuse absolument d'aller dans ce sens.

A-t-elle raison ?

Aucun débat n'ayant lieu sur ce sujet dans la presse française, saisissons-nous de ce sujet intéressant.

Les avoirs évadés des résidents Français en Suisse sont estimés à 90-100 milliards d'Euros. Si on ajoute les avoirs dans les autres paradis fiscaux on aboutit une fourchette plus large située elle entre 150 et 200 milliards.  A ces capitaux devraient s'ajouter pour être parfaitement clairs ceux des exilés fiscaux légaux qui représentent entre 3 et  5 fois cette somme selon les estimations très approximatives qu'on en a.

Il va de soi que si la France voyait revenir 75 milliards de capitaux cachés et 75 milliards de capitaux exilés, ses difficultés conjoncturelles pourraient être grandement réduites.

Pour la Suisse, victime d'entrées de capitaux excessives ce ne serait guère un problème sinon pour les banques où les sommes sont déposées. Des restructurations importantes en résulteront. Elles ont largement lieu dès maintenant. 

L'avenir de la Suisse de toute façon ne passe pas par le secret bancaire vis-à-vis de ses voisins européens. On sait que nous même au Cercle des économistes e-toile, nous militons pour l'entrée de la Suisse dans l'Union Européenne. Cela implique à plus ou moins long terme la fin du secret bancaire dans sa forme actuelle.

La vraie difficulté se trouve donc en France qui ne rêve que d'impôts, que de justicialisme fiscal, que de sur-taxation des riches. On sait que Nicolas Sarkozy a eu peur de supprimer l'ISF, qu'il a pris vis-à-vis des capitaux exilés une position franchement hostile, allant jusqu'au projet immonde d'EXIT TAX et qu'il refuse absolument RUBIK.

Tous les candidats aux élections présidentielles renchérissent sur la nécessité de taxer les riches et tentent de faire croire qu'on pourra faire payer la crise à cette seule partie de la population. L'affaire Bettencourt leur a donné des munitions dans ce combat en même temps que l'extravagance de certains comportements comme celui du dénommé Ernekinne Sellières, héritier du Comité des forges,  symbole des 200 familles,  pillant allègrement son cousinage pour s'accaparer des sommes ahurissantes.

Le nouvel épisode de récession qui s'annonce, avec son cortège d'aggravations mécaniques  des dépenses publiques, dans un contexte  électoral présidentiel, laisse peu de chances à un débat serein en France sur ces questions.

La France dépasse dès aujourd'hui la Suède et les pays nordiques pour le taux de dépense publique par rapport au PIB. Le prêchi prêcha socialiste, universel dans les médias,  y est tellement prégnant qu'il envahit même le discours des partis dits de droite.

Autant dire qu'il n'y a aucune chance pour qu'un langage un peu sérieux ait une chance d'être entendu sur ces sujets.

Quel serait l'intérêt de la France ?

Elle ne peut compter que sur la croissance pour rembourser ses dettes. La croissance ne peut être que le fait des entreprises. Le capitalisme français est déjà un capitalisme sans capitaux et hyper vulnérable. Du fait des contraintes fiscales et réglementaires il n'a pas pu développer un "Mittelstand" comme l'Allemagne. Un énorme trou isole les entreprises du CAC 40 des myriades de sociétés de moins de 50 personnes, en fait de moins de 5 personnes. C'est aussi un capitalisme sans salariés, le nombre de salariés rapportés à celui de la population totale étant le plus faible de tout le monde développé. On sait qu'avec 66 millions de résidents la France devrait avoir entre 25 et 30 millions de salariés. On est quelque part entre 15 et 17 !

Le résultat est désastreux : nous régressons partout. Nous perdons des parts de marché en France en Europe et dans le monde. Les jeunes élites ne pensent qu'à faire des carrière là où on peut gagner sa vie. Le chômage des jeunes, des femmes, des immigrés, des travailleurs âgés, est beaucoup plus haut que partout ailleurs. Le patrimoine français passe entre des mains étrangères. Notre commerce extérieur devient exsangue. Les entreprises françaises disparaissent de secteurs entiers de l'économie. Elles sont absentes des nouveaux marchés qui se créent. Plus personne ne voit comment nous allons nous en sortir à terme, alors que nous n'avons pas cessé de vivre aux crochets des marchés financiers mondiaux depuis 40 ans. Victimes d'une administration centrale et locale hypertrophiée qui écrase la société et les entreprises de normes exclusives et intenables, en même temps que d'impositions extravagantes (augmenter de 100% des impôts ne gênent personne, comme on l'a vu à Paris avec M. Delanoé), envapés par le discours des médias totalement engagés   dans un socialisme résiduel aigri et sectaire, les Français sont en train de se suicider d'une façon aussi radicale que politiquement correcte.

Les centaines de milliards partis légalement ou non à l'étranger ne sont que le reflet en creux de cette situation folle.

La vindicte verbale et fiscale  de Nicolas Sarkozy vis-à-vis des détenteurs de ces capitaux n'est que la traduction ou le reflet, comme on voudra, de sa volonté de renoncer à toute rupture dans la gestion économique de la France. De ce point de vue il n'aura guère fait plus que J. Chirac qui avait déjà  poussé "l'énarchie compassionnelle" aux frais du contribuable  jusqu'aux limites du supportable.

Une nouvelle attitude vis-à-vis des centaines de milliards détenus à l'étranger par des Français impliquerait une véritable révolution dans la manière de concevoir l'avenir de la France.  Une France de plein emploi, de salariés et d'entrepreneurs ne peut pas naître sans une énorme rupture dont il n'y a aucunes prémisses. 

Donc les capitaux en reviendront pas.

Imaginons une situation totalement improbable où les Français auraient renoncé à s'auto-détruire, où on ne compterait pas seulement sur les entreprises du  Cac 40 pour faire illusion, où les PME pourraient grossir, où l'espoir d'une vie meilleure pour le plus grand nombre ne passerait pas par l'attente d'une planque dans la fonction publique locale, régionale ou nationale, où les politiques ne remâcheraient pas constamment un discours basé sur le cadeau au peuple et la dénonciation des nouveaux Koulaks que sont les "riches", où l'avenir politique ne serait pas encombré par la possibilité de l'arrivée aux manettes d'un Chavez franchouillard.  Il n'y aurait plus d'ISF. Les charges sociales ne porteraient plus majoritairement sur l'entreprise. La fonction publique locale et nationale serait réduite de près d'un tiers. Les prélèvements ne dépasseraient pas 35 à 38% du PIB.  

Faudrait-il alors accepter Rubik ?

A notre avis : NON !

Il vaudrait bien mieux annoncer une amnistie fiscale totale avec des contraintes partielles de réemploi de l'argent rapatrié dans des fonds spécialisés.

Imaginons que l'on dise aux détenteurs de capitaux expatriés : vous pouvez revenir sans aucune fiscalité ni pénalité si vous mettez vos avoirs soit dans un fonds de recapitalisation des banques françaises, soit dans des fonds de financement de la relance par des grands projets industriels, soit dans des fonds de financement de la croissance de PME françaises  de taille moyenne ; En revanche vous devrez payer 10% sur les fonds dont vous voulez la pleine disposition, sachant que de toutes façon au moins 50% des fonds rapatriés devront aller dans les fonds obligatoires et y rester bloquer pendant 5 ans.

Rêvons un peu et imaginons que 150 milliards reviennent :

20 milliards d'euros iraient à la recapitalisation des banques et à une caisse d'amortissement des dettes européennes.

35 Milliards d'euros iraient au financement d'un plan d'investissement national et/ou européen.

20 Milliards iraient à la consolidation des nouvelles PME françaises dispensées de tous les effets de seuils qui les paralysent.

7.5 milliards de recettes fiscales seraient engrangées.

67.5 milliards se placeraient librement ou iraient à la consommation.

Quel coup de fouet pour l'économie et l'emploi ! 

Et quelles recettes fiscales pour le futur !

Le Français, né malin, préférera sa passion mauvaise pour l'impôt et la haine des autres. Il renoncera même aux recettes faciles et immédiates permises par Rubik.

Et la France continuera de sortir doucement de l'histoire pour devenir au mieux une super Grèce, vendant le charme de son histoire et de ses paysages, dans la dépendance servile vis-à-vis du reste du monde, en se rappelant ce qu'elle fut.  Naguère.

Suicide programmée d'une nation autrefois bénie des Dieux. 

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile

Vérités premières et…erreurs secondes

L’avantage des crises violentes est qu’elles décillent en partie les yeux médiatiques et font tomber les inhibitions traditionnelles de la presse !

La crise de panique boursière et financière qui une nouvelle fois parcourt le monde permet ainsi à des idées considérées comme marginales ou contre le consensus de s’exprimer avec force.  L’ennui c’est que, le plus souvent, elles sont insuffisantes.  On passe d’un credo à un autre, d’une éructation à une autre et on ne réfléchit pas vraiment. Le résultat : pas de véritables perspectives.

Prouvons-le avec quelques exemples pris dans la presse rapportant des postures politiques et des propos d’économistes.  

Il est amusant que tout d’un coup les marginaux passent en première ligne. Alors qu’on n’a entendu personne du côté de l’UMP et du PS, la parole est aux Cassandre, ceux qui « l’avaient bien dit».

Dupont Aignan reprend ses antiennes habituelles : c’est la faute à l’Euro et à l’abandon absolu de toute défense vis-à-vis de la Chine.  Délocalisation et désinvestissement  sont provoquées  par la sous-évaluation de la monnaie de la Chine, « de 50% ».  On a compensé les pertes de croissance par l’endettement. Le pari était sans issue. Sans industrie pas de croissance. Sans croissance pas moyen de réduire la dette.   On est dans la nasse. Il faut se défendre contre la Chine et sortir de l’Euro. Le sauvetage de l’Euro, « c'est-à-dire des banques qui ont prêté follement à la Grèce, à l’Italie,  à l’Espagne et au Portugal » conduit à aggraver l’endettement de 45 milliards alors qu’il faudrait le réduire.  Ce n’est pas en réduisant les policiers, les enseignants et les infirmières  qu’on sortira du gouffre.  Les pays du sud de l’Europe doivent dévaluer pour retrouver le moteur de leur croissance.

La plupart de ces assertions sont justes.  Il manque simplement l’avant et l’après. L’avant : pourquoi diable sommes nous dans cette situation ? Un simple manque de vigilance occidentale vis-à-vis de la Chine ?  L’après : d’accord on dévalue partout et on « se défends » contre la Chine. Dévaluation et protectionnisme individuel des nations en cas de crise : on connait. Cela a donné la grande dépression des années trente.  Explosion de l’Euro ? Il faut dire qu’on ne peut le faire sans ruiner les créanciers des pays qui sortiront et dévalueront leurs monnaies massivement, car leur dette sera multipliée nominalement d’autant.  Et si les pays du Club Med dévaluent tous en masse, comment la France exportera-t-elle ?  Où en seront les deux moteurs de croissance : l’investissement et l’exportation ? Quant à la consommation !

Remarquons que la bonne partie de l’analyse met l’accent sur les aspects monétaires. Il n’y a pas de solution sans une gestion nouvelle des changes et de la création monétaire.  C’est là que ce jeune homme s’arrête. C’est là où on l’attend.

Marine Le Pen  tient à peu près le même langage. C’est la faute à la Chine et à l’Euro. Dévaluons et protégeons.  On retombe dans les mêmes analyses et le même travers : quid si les autres font pareils ?  Elle a ajouté hier un élément comique qu’il faut souligner : supprimons les accords de  Bretton-Woods ! Malgré ses efforts pour assoir sa crédibilité économique elle ne sait toujours pas que les accords de Bretton-Woods sont morts et enterrés depuis … 1971 et le refus des Etats-Unis de convertir leur monnaie en or.  Comme pour les analyses de Dupont-Aignan, on voit bien que les siennes se concentrent sur la question monétaire,  et que le sauve qui peut général ne peut rien donner dans cette matière. Il faut un nouvel ordre mondial dans les changes et les monnaies. Il faut donc un … nouveau Bretton-Woods ! CQFD !  L’économiste Marine doit encore grandir un peu.

Avec Mélenchon, on retrouve le même discours sur la vanité des réductions de  dépenses publiques, sur l’impossibilité de sortir de la crise sans la croissance mais s’ajoute deux mesures phares : l’imposition des « riches », massive comme il se doit,  et le financement direct des états par la planche à billets.  Il est vrai que le spectacle de banques qui se financent à presque rien et qui prêtent aux Etats qui les sauvent  à plusieurs fois le taux de la BCE a quelque chose de psychédélique facile à dénoncer.  Il faut à Mélenchon des « vilains »  et des prédations violentes.  La difficulté de ce langage « populiste » est qu’il esquive  les deux difficultés majeures de ce raisonnement. La première est que la BCE finance déjà directement les Etats en difficulté et que son bilan devient aussi beau « qu’un mur de chiottes de lycée de banlieue », comme l’a décrit récemment  et élégamment un économiste peu regardant sur l’euphémisme.  Et que la BCE exige des Etats qu’ils…la refinancent !  La seconde et que nous avons déjà l’imposition la plus forte de l’Euroland et une des plus forte du monde.  L’asphyxie fiscale est une des difficultés françaises.

On aimerait entendre les Verts. Ils sont totalement silencieux. Il est vrai que maintenant que le risque de décroissance est là,  c’est  rien moins que problématique. Applaudir  aujourd’hui serait mal vu.  Et la « Torquemada en jupons » qu’ils se sont choisie a les mêmes  connaissances  économiques que Marine le Pen, ce qui est peu dire.

On aimerait entendre le PS dont le candidat Hollande vient de se faire adouber par le journal le Point au nom de la « responsabilité » et de la « crédibilité économique ».  Mais ici encore c’est le silence.

On aimerait entendre l’UMP, de Copé à qui on voudra, mais là encore c’est le silence sinon une « opération image » du Ministre des Finances « rassurant l’opinion » sur la santé générale de la France, et une autre « opération image » du président Sarkozy  présidant une réunion exceptionnelle de crise avant de rejoindre le porte avion Charles de Gaulle. Il s’agit de montrer qu’on est sur le pont.   

En attendant les épargnants ont perdu 20% de leur avoir en action. On peut ne pas croire à l’effet Pigou mais on ne peut pas croire que cela n’aura pas quelques effets  surtout à un moment où la conjoncture s’avère totalement étale en France et dans le monde.  

Les politiques étant radicalement à côté de la situation, comme ils le sont depuis 40 ans et la crise de 1974, toujours pas surmontée, il est intéressant de se tourner vers les déclarations d’économistes.

Le Point fait parler les morts en l’occurrence Jacques Marseille, « qui l’avait bien dit ».  Avec Jacques Marseille nous avons tenu des discours parallèles pendant près de dix ans sur la folie de la dépense publique  et de l’endettement français.  Nous sommes donc parfaitement heureux que son discours, vilipendé, comme le fut le nôtre sur le site du forum du Monde, soit aujourd’hui reconnu.  Le journal est bien forcé d’admettre aujourd’hui qu’il n’y a pas eu de « rupture » avec Nicolas Sarkozy, question que nous avions posée dès juin 2006 (article : quelle rupture ?)  et que nous avons reprise sur ce site dans plusieurs textes, mais  sous une forme moins interrogative.  Il n’y a pas eu de rupture et le délire de dépense publique a continué presque sans infléchissement, les mesurettes prises étant totalement insuffisantes, qu’il s’agisse de la RGPP (réduite aux fonctions centrales)  ou du non remplacement d’un fonctionnaire d’état sur deux, dont le gain a été redistribué aux fonctionnaires pour 66%, et annulé par les créations d’emplois dans les autres secteurs protégés dans les collectivités locales et autres institutions dépendantes à 100% de l’état.

Le problème c’est qu’on ne réforme pas bien en période de décroissance et que la réduction massive des dépenses de l’état en phase de récession est un désastre annoncé.

Le journal le Point reprend le thème d’un de nos articles de ce blog (« qui a cassé le vase de Soissons ? ») en dressant le tableau de l’endettement français depuis 35 ans.  Mais il exploite mal cette question.  Première erreur, il ne fait pas démarrer la montée de la dette au bon moment : 1971.  Deuxièmement il ne remarque pas que la dette est toujours et d’abord la conséquence des récessions décennales.  

La dette commence avec Giscard et Chirac qui ne maîtrisent pas la crise de 74, s’enfle avec Mitterrand et Mauroy, avec la crise du début des années 80,  puis avec Bérégovoy et Balladur lors de la crise de 92-93, puis avec Chirac et Jospin lors de la crise du début des années 2000. Elle explose maintenant avec la récession de 2008-2009.

Il devrait donc y avoir une réflexion sur ces crises décennales et leur gravité constamment aggravée. Mais là : stop !  C’est la paralysie intellectuelle.  

De même qu’il devrait sauter aux yeux que les grands « criminels » sont les premiers ministres et les présidents qui ont laissé filer la dépense après la crise, lors de la phase de haute conjoncture : Rocard et Jospin sont ici en première ligne. Surtout Rocard. C’est à ce moment là qu’il fallait réduire la voilure et alléger le bateau.   Au contraire on a profité d’impôts alourdis et de recettes fiscales grimpant plus vite que la croissance pour dépenser à mort sans rien réformer, sinon dans le sens de l’aggravation des charges et du malthusianisme.

Résultat : toute cette information, indispensable, est largement perdue pour une bonne compréhension du passé et une politique  utile pour l’avenir. Le « Vous vous rendez compte Mme Michu » fait peut-être vendre des journaux mais n’apporte rien à la nation.  Et une fois de plus on se contente de la dette publique sans tenir compte des autres formes de dettes (particuliers, entreprises et banques) qui chantent également une belle chanson dont il importe de comprendre les paroles.

Le moment est venu de parler de Kenneth Rogoff.  Il annonce que la crise est d’une espèce différente, jamais vue  et conteste le terme de « grande récession » avancé par un de ses confrères (Stiglitz).  C’est  une fois de plus un des thèmes que nous avons traité (il y a trois ans !) dans ce blog.  Comme nous,  il arrive à cette idée qu’il s’agit d’abord et avant tout d’une crise de la dette.  Bravo ! Dommage qu’il n’en donne pas exactement la cause.

L’ami Rogoff s’était commis dans une erreur majestueuse en tant qu’économiste du FMI en déclarant que les crises périodiques étaient terminées et que désormais leur gravité était négligeable. Nous avions critiqué inlassablement cette bévue.  Il passe à l’excès  inverse.  Décidément il ne peut pas se résoudre à l’idée du cycle décennal.   Les crises décennales d’avant n’étaient pas graves et en voie de disparition, la crise décennale encours  est d’un genre nouveau.  Donc il n’a jamais eu tort ! CQFD !

C’est amusant. Est-ce vrai et surtout porteur de solution ?  La réponse est non. Parce que Rogoff ne comprend pas la situation qui exigerait de sa part une révolution copernicienne dont il est actuellement incapable.

Le phénomène des crises décennales (ou quasi décennales) est tellement ancré dans l’histoire économique de ces 200 dernières années (pour le moins) qu’il est parfaitement vain d’essayer de le nier.  Toutes ces crises ont en commun d’être « des crises de la dette ».  Un moment d’euphorie associé à la phase de croissance rapide de fin de cycle pousse les agents à aller trop loin dans les projets et l’endettement.  Jusqu’au moment où ils constatent qu’ils sont « un pont trop loin » et qu’il faut vite replier la voilure pour éviter la grosse mésaventure.

Le cycle décennal et un cycle du crédit et de l’endettement.  Affirmer que la crise actuelle est d’abord une crise de l’endettement n’en fait pas une crise différente. C’est la règle.

En revanche le contexte change.  Entre un moment de système monétaire bi métallique et une production majoritairement agricole,  un autre d’étalon or et de poussée des industries primaires, un autre de n’importe quoi monétaire après une guerre mondiale dévastatrice, avec une poussée de l’économie pétrolière,  un autre de Gold exchange standard et la poussée du tertiaire, une dernière avec comme toile de fond un système de changes flottants et de monnaies administratives, avec l’émergence d’une économie de l’information,  les différences sont nombreuses et sensibles.

L’analyse économique expérimentale doit à la fois observer les forces constantes qui agitent l’activité et les variations de contextes qui  provoquent des conséquences différentes.

Nous vivons depuis 1971 de facto et 1973  de jure dans un système de monnaies administratives  dont la majeure partie s’échange dans le cadre de  changes flottants sans aucune régulation internationale, l’ensemble des transactions financières ayant été libérées.  En même temps un libre échange de principe a été décrété.  Que constatons-nous ?  Les crises décennales n’ont cessé de s’aggraver  et le trend de croissance global de baisser !

La crise de 73-74 a été la « plus grave depuis 1929 ». Puis la crise de 92-93, plus grave que celle de 74,  a été à nouveau « la plus grave depuis 1929 ». La crise actuelle est à nouveau « la plus grave  depuis 1929 ».  Les crises décennales mineures (celle du début 80 et celle du début 2000) ont été également plus sensibles que celles qui les ont précédés (notamment celle de la fin des années 50 et du début des années soixante).

Il n’y a donc pas changement de nature mais aggravation. Pourquoi ? Parce que, dans le cadre monétaire et financier global nouveau,  les moyens des sorties de crise précédentes ont aggravé les conditions de la crise suivante.  La fuite en avant monétaire dans un système propice a permis de crises en crises le gonflement d’une dette mondiale insupportable jusqu’au point où maintenant les recettes de 73 et de 92  ou de 2000 cessent d’être opérantes.  Jacques Rueff avait parfaitement identifié le mécanisme de la double hélice de crédit et Maurice Allais clairement indiqué qu’on arrivait aux limites du système.

On a cru bien à tort à la toute puissance intellectuelle des économistes américains et on constate aujourd’hui qu’ils étaient nuls ou de parti pris pour le système.

Nous sommes dans un processus continu d’aggravation de crises récurrentes, pas dans la quatrième dimension économique.

La question est devenue systémique : le système mis en place en 1973 ne fonctionne plus et ne plus être sauvé en le conservant tel qu’il est.

Pascal Salin a parfaitement raison de signaler (dans un article récent  donné à la PQN) que la vulgate qui veut qu’il suffise de laisser filer les déficits et la création monétaire pour sortir de la crise est inefficace.  L’ennui c’est qu’il ne voit pas la responsabilité du contexte.  Il parle comme nous de « crise intellectuelle »  et de redéfinition d’un cadre global. Mais faute de critiquer le système monétaire des changes flottants (comment le pourrait-il, il est pour !) tout cela reste suspendu dans le  vide.

Autant dire qu’on ne peut compter ni sur les politiques ni sur les économistes de média pour nous sortir du marasme.  Tous ces discours, toutes ces prises de positions sont trop partielles et partiales pour avoir le moindre sens pratique.

On ne pourra pas sortir de la crise sans casser le cadre global dans lequel on fonctionne depuis 1971.  Il faudra nécessairement  conduire la sortie de crise par la coopération entre les états,  la suppression des causes de déséquilibres majeurs et la restauration d’une perspective de croissance.  

Oui il va falloir destituer le dollar de son rôle de réserve mondiale. Oui il va falloir arrêter la Chine dans sa politique mercantiliste de monnaie faible et de sur excédent de ses balances extérieures.   Oui il va falloir en revenir à un étalon monétaire extérieur aux nations. Oui il va falloir que les états qui se sont laissé aller sur le chemin de l’obésité intenable, avec dettes monstrueuses, développements monstrueux des emplois financés par la dépense publique,  impôts monstrueux,   prennent une nouvelle voie. Oui il va falloir dégonfler le système financier mondial et mieux le canaliser, après avoir restructuré les amoncellements de dettes irrécouvrables.

Oui, eh oui, il va falloir mettre fin au système des monnaies administratives laissées à l’appréciation de gnomes  plus ou moins bien inspirés.

Tout cela est politiquement lourd et économiquement sévère   Avoir tant tardé n’est pas à l’honneur des « élites mondialisées » et encore moins à celles des économistes qui se sont laissé prendre notamment à l’Europe à la douceur du commentaire ex post et au suivisme des économistes américains.

Mais qu’au moins aujourd’hui, au pied du mur, on comprenne et qu’on agisse enfin dans la bonne direction.

L’humanité a toujours un avenir économique.  Mais il faudrait peut être qu’elle montre qu’elle a toujours un cerveau !  Surtout maintenant que l’on sait qu’il n’est pas aux Etats-Unis !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.


Sortie de récession : ce qui n'a pas marché

Cette période de crise devrait être le grand moment des économistes.  L'ennui, c'est que la majorité d'entre eux, et tous ceux qui ont des positions officielles, n'ont pas vu venir la crise, n'en comprennent pas la cause et évidemment ne parviennent pas à en maîtriser l'issue, même si, avec le temps, ils finissent par en découvrir les différents aspects.


Dès lors, on s'en tient à la vulgate. Que disait-elle ? Qu'en cas de crise il fallait maintenir la demande globale et éviter un "crédit crunch".  Si on maintenait la demande globale à un bon niveau, la crise n'aurait qu'un impact momentané et si on éviter de faire sauter les banques par une politique monétaire restrictive, alors on se dispenserait d'aggraver les choses.  On pensait savoir qu'il fallait éviter les dévaluations compétitives et les replis protectionnistes.


Les gouvernements ont appliqué cette méthode presqu'à la lettre. Les budgets ont été sollicités en même temps que les banques centrales créaient de la monnaie à tout va.


Le résultat que personne n'anticipait est qu'on se trouve aujourd'hui, quatre ans exactement après les premiers stigmates de la crise,  avec la perspective d'un nouveau plongeon  


Qu'est-ce qui n'a pas marché ?


L'ennui de toute vulgate est qu'elle est généralement des plus floues. Toutes les crises économiques sont différentes même si il y a des typologie partiellement répétitives et elles frappent des économies dans des situations différentes.

Il était important de connaître exactement la nature de la crise, ses ressorts, et de bien  fixer la nature du terrain.  Une  maladie sur un sujet usé jusqu'à la corde ne se soigne pas exactement comme une maladie sur un sujet jeune et sain.  La grippe n'a pas le même traitement que le cancer.

On a considéré depuis l'été 2008 qu'il n'y avait qu'une politique possible et qu'elle n'avait pas à tenir compte des circonstances spécifiques où elle se produisait.

Le résultat : on va de crise en crise sans voir le bout du tunnel. Cette imprécision et cet aveuglement fera les gorges chaudes de ceux qui analyseront la période dans quelques années.

Quelles sont les circonstances particulières qui expliquent les difficultés d'application de la vulgate ?

* Keynes avait parfaitement vu que le maintien de la demande globale ne pouvait se faire que par une intervention publique portant principalement sur les investissements et accessoirement sur le maintien au moins partiel des revenus de ceux touchés par la crise.  Mais il raisonnait à une période où la dépense publique n'excédait pas 15 à 25% du Pib et où l'orthodoxie voulait des comptes équilibrés.  Quid si les comptes des principaux états sont totalement déséquilibrés et si l'endettement et la dépenses publiques atteignent déjà des sommets préalablement à la crise?

Ne pas tenir compte de la situation de départ avant de lancer une relance keynésienne était-il raisonnable ?  

* Nous vivons dans un système de monnaies administratives gérées comme ils l'entendent par les différents pays ou blocs économiques, avec une part de flottabilité et des ilots de fixité plus ou moins artificielle.  Une politique keynésienne peut -elle fonctionner en système de changes flottants ?  Une politique de "quantitative easing", de planches à billet en folie,  a-t-elle une efficacité quelconque en système de changes flottants ?

Ces deux questions ont été totalement éludées.

On voit à quel point la doctrine était en porte-à-faux. Sans réponse à ces questions il était  impossible d'apprécier la validité des options de relance Keynésienne ni de génération de liquidité à outrance. Mais on a cru qu'on était très intelligent et qu'on savait tout !

Le second aspect critique est qu'il aurait fallu avoir une vision analytique des causes de la crise. En un mot : avoir un diagnostic. Quelle était la maladie exacte de l'économie mondiale ?
Nous avons dénoncé inlassablement depuis trois ans l'imbécilité qui consistait à croire que la crise était due aux subprimes, à la cupidité bancaire, à la mathématique financière, à la comptabilité, aux agences de notation et aux traders. L'invocation de la vertu est courante lors des crises mais elle montre rarement son efficacité.

Nous avons prouvé que le système de double pyramide de crédits permis par "le système monétaire international non coopératif et non régulé  des changes flottants de monnaies administratives artificielles" avait créé une spirale d'endettement insupportable. Partout.  Une fraction considérable des prêts en cours et de la monnaie créée n'avait aucun support.  En un mot : le système financier était mort et son explosion pouvait déclencher une récession très sévère.

Comment pouvait-on faire face à une pareille énormité ?  Il n'y avait, il n'y a encore, qu'une seule solution  : restructurer de façon ordonnée la dette (les dettes)  et créer par la coopération internationale un contexte de croissance fort. Seule la croissance permettra de limiter la casse.

Peut-on gérer les dettes dans un système de monnaie administrative en folie ? Non.

Peut-on gérer la croissance avec un pays comme la Chine qui dispose d'une monnaie dévaluée de plus de 50% par rapport aux parités envisageables et qui truste les investissements et la croissance des emplois ? Non.

La seule solution passe donc et de façon obligatoire et sine qua non par la remise en cause des monnaies administratives, leurs unification autour d'un système central mondial de valeur, la fixation des taux de changes sur une base rationnelle permettant d'assurer les grands équilibres, et le respect de discipline permettant de garantir que chaque pays respecte les règles du jeu.

Nous avions appelé de nos vœux un nouveau Bretton Woods, mais pour appliquer une solution différente de celles de 44. Le dollar aurait perdu son rôle de monnaie de réserve et de pivot d'un Gold exchange standard. Les Etats Unis auraient perdu leur droit de veto au FMI. La Chine, le Japon et l'Allemagne aurait du revoir leur politique mercantiliste.  Une monnaie de compte mondiale, le Mondio, fixée de façon indépendante de chacun des membres du FMI, aurait servi de référent. Les Etats auraient eu la responsabilité d'assurer la valeur de leur monnaie en Mondio, des ajustement restant possibles avec l'autorisation des autres. La spéculation sur les monnaies aurait été interdite.

Dans un tel cadre, nous n'aurions pas vécu la fuite devant les monnaies et le constat qu'avec les taux de monnaie pratiqués aucune solution d'avenir n'était plus envisageable. La forte dévaluation du dollar par rapport aux monnaies abusivement basses comme le Yuan aurait permis une reprise économique aux Etats Unis. On n'en serait pas au "double-dip" actuel. L'Europe dans une moindre mesure aurait également retrouvé des couleurs, ne serait-ce que parce que l'investissement y serait redevenu possible. La Chine aurait été obligée de relancer sa consommation afin de rétablir ses comptes extérieurs trop excédentaires. ET il lui aurait bien fallu se fournir quelque part !

On dira : et la dette ?  Notre solution aurait déjà eu l'avantage de ne pas la multiplier. En transférant la dette privée aventurée aux institutions publiques (budgets et banques  centrales) qui étaient déjà trop exposés on n'a fait que compliquer le problème.  La dette de l'Etat américain est passé de 4 à 14 mille milliards de dollars de 2007 à aujourd'hui ! Le bilan de la FED et de la BCE est à peine regardable.  Les dettes des pays périphériques sont devenus ingérables.  Il aurait été possible en évitant tous les travers des changes flottants et de la finance qui lui est associée, de restructurer en douceur la dette privée quitte à passer provisoirement par une nationalisation des systèmes bancaires.

On n'a rien fait de tout cela. Aucune réforme du système monétaire international  permettant une vraie coopération des Etats n'a été entreprise.

Alors la peur s'est emparée de tous. Le Franc Suisse et le Yen se sont envolés comme l'or. La belle affaire. les banques n'ont plus confiance dans leur bilan et encore moins dans le bilan des autres banques. Résultat : le marché interbancaire est toujours aussi bloqué qu'en 2007.  Les déséquilibres monstrueux demeurent. Que va devenir le dollar ? La zone euro va-t-elle exploser ?  La peur monétaire est partout.

On ne peut pas envisager une croissance mondiale et la sortie de la crise de la dette sur ces bases.

Croire qu'en mélangeant une orthodoxie budgétaire impossible à un laxisme monétaire total on en sortira  tient de la folie furieuse.

Et l'Euro ? N'est-ce pas aujourd'hui le nœud du problème ?

L'Euro n'est un problème que parce que le système monétaire international n'a pas été réformé. Bien sûr il aurait été plus sage de prévoir un système de monnaie européenne pivot et des monnaies nationales rattachées mais un tant soit peu flexibles pendant tout le temps de la convergence des économies, si tnt est qu'elles dussent converger. Mais l'Euro, dans un environnement de changes fixes et ajustables, avec une fixation raisonnable par rapport au Yuan  faciliterait la résolution de tous ses problèmes périphériques, ceux qui restent étant purement institutionnels et politiques.

La situation actuelle n'est grave que parce qu'en l'absence de toute réforme de fond, on laisse les "forces du marché" et les Etats  s'épuiser en vain dans des politiques sans espoir.  

Il faut d'urgence réformer le système monétaire international, abandonner le système des monnaies administratives en folie,  encadrer la restructuration financière globale et remettre les économies dans le sens de la marche avant, d'un même pas, tout en éliminant les peurs parasitaires.

Tant qu'on ne voudra pas comprendre cette nécessité on verra les évènements négatifs se précipiter, les politiques absurdes se durcir, la crise s'approfondir.  Attention à l'impatience des peuples !

Cela fait quatre ans qu'on le répète. Que faut-il faire pour être entendu ?

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Deux mots à J. J. Rosa ("L'euro, comment s'en débarasser")

Le livre de J.J. Rosa «  L’Euro, comment s’en débarrasser ?  » chez Grasset est significatif du « triomphe des eurosceptiques ».  L’Euro était une démarche déraisonnable, sans réel objectifs utiles pour les populations et qui va mal tourner.

Il est clair que les désordres actuels renforcent l’euroscepticisme. Pour avoir dénoncé mille fois  le caractère incohérent de l’Euroland depuis 1997, il serait curieux de notre part de réfuter les thèses de JJ. Rosa.

Nous allons néanmoins apporter certains correctifs.

JJ. Rosa s’appuie comme la plupart des contempteurs de l’Euro sur la thèse des zones monétaires optimales. En gros cette thèse de Wicksell déclare que seule des zones monétaires présentant certaines caractéristiques économiques peuvent réussir. En déclarant les pays de l’Europe hors de ces caractéristiques, on condamne ipso facto l’Euro.  Nous contestons cette analyse parce qu’elle est tautologique. Il n’y a pas d’exemples de zones réellement optimales.  Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais. La question n’est pas là.  Une monnaie unique est POLITIQUE. Les conditions du succès sont politiques et non économiques.

Si l’Euro a été une initiative problématique c’est essentiellement pour trois raisons que nous avions développées lourdement lors de la discussion sur Maastricht et qui restent d’actualité :

-    Développer un ilot de fixité dans un système global de changes flottants est naturellement problématique.

-    Créer une banque centrale chargée de gérer une monnaie administrative avec un seul objectif de niveau de prix sans aucune considération sur la valeur externe de la monnaie laissée à la seule évaluation des marchés, et sans se soucier du plein emploi,  correspond à une idéologie fausse et dangereuse.

-    Créer une zone monétaire sans mettre en place aucun des organes de pilotage et de contrôles nécessaires était une gageure. Même pour une zone de changes fixes mais  ajustables, il fallait un FMI. Croire en la vertu d’un simple traité était pour le moins audacieux.

On voit que le caractère « optimal » de la zone européenne n’est pas le vrai problème. Les arguments contre l’Euro sont autrement plus graves.

Faute d’analyser la réalité, l’auteur est contraint à une gymnastique peu convaincante.

-    Il fait un procès d’intention : l’Euro sert des intérêts et représente un calcul de dominants pervers. Les gros emprunteurs ont besoin d’un Euro cher et de taux d’intérêt bas. Voici les grandes entreprises du CAC, les hauts fonctionnaires et les banquiers en ligne de mire et complices objectifs. En fait le cours de l’Euro a fait le Yoyo en passant du simple au double vis-à-vis du dollar.

-    Il est contraint de se faire l’avocat des changes flottants sans en voir aucun des inconvénients ni la responsabilité de ce système dans les difficultés actuelles.  

-    Il laisse entendre que la situation d’endettement des pays est liée à l’appartenance à l’Euroland. Le RU n’est pas dans l’Euro : sa situation n’est pas meilleure que celle de l’Espagne !    Alors ?

-    On donne à la dévaluation des effets magiques qui n’existent pas à ce point-là.

En vérité JJ Rosa fait à l’Europe une critique politique, plus qu’une critique économique de l’Euro.

Ses raisonnements et critiques seraient tout aussi valables pour le traité de Rome que pour le traité de Maastricht.  Oui, c’est vrai, les promoteurs politiques de l’Europe ne sont pas très scrupuleux sur l’argumentation  proposée au peuple pour la justifier. Des mensonges, il y en a eu et beaucoup. On peut contester l’intérêt de politiques communes qui éloignent la décision du peuple et la retarde en l’obscurcissant tout en donnant aux lobbies un rôle excessif.  Le « fédéralisme appauvrit » écrit l’auteur. C’est une thèse politique  parfaitement défendable.

Mais l’économie n’a pas grand-chose à voir avec elle.

On le verrait si l’Europe se donnait des institutions compatibles avec une monnaie unique, si le monde revenait à une forme moderne des accords de Bretton Woods, des changes fixes et ajustables garantis par les états et surveillés par une vraie instance de contrôle, si les règles de la BCE était profondément changées, avec pour objectif le respect de la valeur des changes, le plein emploi et la stabilité des prix.

Cela signerait certainement une sortie économique par le haut de la crise des changes et de la dette. Et une aggravation du « fédéralisme honni ».

Mais sur un plan strictement économique cela vaudrait mieux que la solution préconisée : une sortie de l’Euro après une forte dévaluation de la monnaie unique dont les conditions pratiques, faute d’accord général sur les monnaies, sont impossibles à réunir.

L’économie est au service de la politique et réciproquement. Mais il ne faut pas utiliser l’économie à tort et à travers.

« L’or des fous » de Gillian Tett.

Nous conseillons de lire le livre en anglais, (Fool’s gold - 2010)  la traduction française étant totalement illisible.  Il n’est pas parfait. L’auteure est journaliste au Financial Times. Le style est facilement familier, perclus de tics et de redites. On sent qu’elle a hésité entre plusieurs sujets. Elle avait suivi pour son journal le développement des outils financiers nouveaux. Elle a voulu en faire l’histoire vue de l’intérieur dans l’intimité des acteurs. Ou alors elle avait commencé un livre sur JP Morgan et les évènements l’ont fait dériver vers la compréhension de la crise bancaire.

Le livre est un peu composite. Il mêle des faits connus et même ressassés sur les CDO et les CDS, en même temps que des descriptions originales du comportement et des propos des acteurs.

La naissance du contrat Bistro au sein de JP Morgan, les hésitations des créateurs devant les dangers de leur œuvre, leur relative prudence à l’égard des outils qu’ils avaient imaginés, tout cette partie  est d’une lecture neuve et utile.  De même la manière dont d’autres acteurs vont se ruer sur les nouvelles techniques sans tenir compte le moins du monde des réserves des concepteurs est parfaitement décrite.

La chronique détaillée de la débandade qui a suivi le blocage du marché interbancaire début Août 2007 jusqu’à la chute de Lehman Brothers est intéressante et parfois nouvelle. On voit bien qui a pensé et fait quoi.  

Du bon travail de journaliste travaillant à chaud.

En revanche on reste sur sa fin dès que l’on gratte un peu.

Comme toute la presse économique anglo-saxonne, Gillian Tett pense que la crise est due à la faillite de pratiques bancaires certes novatrices mais finalement désastreuses. Ce serait un accident du progrès. Comme tous les accidents il doit être médité mais en essayant de ne pas remettre en cause le progrès lui-même. Un accident de voiture ne condamne pas la voiture.  

La myopie d’une telle analyse est confondante. Mais interpelle justement par le fait qu’elle est très révélatrice des attitudes qui dominent dans le monde de la finance anglo-saxonne et par mimétisme dans la presse continentale.  

Ce que Mrs Tett ne comprend pas c’est pourquoi on a eu recours à ces techniques et pourquoi elles se sont développées aussi vite. Les fonds nécessaire à toute cette expérimentation ne sont pas tombés du ciel. Les banques ne peuvent pas créer individuellement de la monnaie. Les banques ne se sont pas détournées du financement de l’économie réelle pour se lancer dans des spéculations hasardeuses avec un très fort levier  sans raison. Tout ce contexte est purement et simplement gommé.

 Si les banques se sont lancées en masse et comme des cinglées dans les CDS et les CDO, décuplant en quelques années les sommes en jeu, ce n’est pas dans un accès de folie.  Les logiques sous- jacentes n’apparaissent que marginalement dans le livre. On laisse croire que  seuls l’esprit techniciste et la cupidité sont les moteurs de cette évolution.

Parfois on touche à la vérité. La structure Bistro a bien été inventée pour tourner les règles de Bâle.  Mais pourquoi a-t-on imaginé qu’il fallait le faire ? Là c’est le silence. De même les effets de levier se mirent à s’amplifier les banques recourant de plus en plus à l’emprunt pour financer des opérations spéculatives sur des produits complexes.  Mais pourquoi l’a–t-on fait, partout et avec une telle ampleur ? Aucune de ces questions ne trouvent de réponse parce qu’elles ne sont même pas posées.  

Le résultat est que Gillian Tett ne voit pas la crise arriver et ne la comprend pas. Tout se met à tomber en capilotade mais on ne sait pas pourquoi. D’une façon générale elle décrit bien le comment mais jamais elle n’aborde les causes.

Du coup la grande question devient celle-ci : la finance complexe, les produits dérivés, les CDS et autres CDO sont-ils des formes condamnées du crédit ? La régulation doit-elle mettre fin aux « excès ». Tout deviendra-t-il meilleur dès que ces excès auront été jugulés ?

Dans la pratique rien n’a été fait pour réduire les causes. Les CDO sont morts au champ d’honneur parce que plus personne n’a confiance dans ces machins-là. Mais les CDS triomphent. La spéculation n’a jamais été aussi forte sur les matières premières, les devises, les dettes d’état, etc. On force les banques à se surcapitaliser mais on les laisse vivre dans le même cadre monétaire international délirant.

Finalement le livre de G. Tett a surtout comme intérêt de nous montrer les mécanismes d’une myopie qui dure et dont il est l’exemple type.

Les économistes, les commentateurs et les hommes politiques anglo saxons n’ont pas compris la crise et s’agrippent à ce qu’ils peuvent pour masquer ce fiasco intellectuel. Les économistes, les commentateurs et les hommes politiques non anglo-saxons ont renoncé depuis longtemps à penser et souffrent des affres du perroquet qui n’a plus rien à répéter.

L’anecdotique finit par l’emporter sur tout le reste. C’est le cas de ce livre. Mais c’est aussi le cas de toutes les institutions chargées de réfléchir à la crise et aux moyens de la prévenir pour le futur.

Quatre ans après le blocage de l’été 2007, et alors que partout les signes d’une aggravation de la situation se multiplient, cette incapacité radicale a quelque chose de fascinant.

De la crise intellectuelle, à la crise économique et à la crise politique

2011 sera l'année de la peur écrivions nous au 31.12.2010. Les secousses actuelles donnent malheureusement de la résonnance à cette prévision.

 

En cette veille de bataille politique pour sauver l'Euro, alors que la Chine est paniquée par les risques qui pèsent sur ses réserves, que les Etats-Unis relancent un plan de "Quantitative easing", le troisième, ( en clair ils font à nouveau fonctionner la planche à billets de façon frénétique, provoquant la hausse de l'or et du Franc suisse),  alors que trois ans après le début de la crise, la stagnation perdure, que faire sinon rappeler ce que nous écrivions il y a six mois ? 

 

 

 

 

"Aujourd'hui nous sommes dans une situation où tous les agents économiques souffrent à raison des conséquences  des politiques structurellement fausses suivies depuis 1973.  Alors que le trend de croissance est toujours là et aussi puissant.  Les pays qui comme la France ont fait le choix de l'étouffement fiscal  stagneront dans la durée.  L'Europe  prisonnière de ces contradictions essaiera de manœuvrer pour essayer de dégager la charrue qui est désormais bien calée sous les pieds des boeufs.  Les Etats-Unis  n'ont pas défini de stratégie alternative : leur horizon est médiocre. La Chine ne pourra pas indéfiniment poursuivre une politique mercantiliste. Le Japon ne peux plus laisser sa monnaie s'apprécier plus avant tout en laissant l'endettement interne atteindre des sommets phénoménaux.  

 
Donc quelque chose cèdera.  A l'impossible nul n'est tenu .


2006 avait été l'année de l'illusion : on était sorti de la crise de 2001-2002. Mais dès juillet aux Etats unis la construction avait baissé ainsi que les prix de l'immobilier. Et le marché des CDS s'emballait.


2007 aura été l'année de l'incompréhension.  Le marché bancaire s'était bloqué. On ne comprenait pas pourquoi.  Les banques tentaient de se passer le mistigri des mauvaises dettes. Mais l'économie était en pleine phase de haute conjoncture. Le petit nuage noir du marché interbancaire surprenait dans le ciel grand bleu de la croissance.


2008 aura été l'année de la stupeur : une crise de type 1929 était finalement possible alors que tout allait si bien.


2009 aura été l'année du choc. L'effondrement économique est énorme. Du jamais vu depuis les années trente. Les banques centrales sont débordées. Les Etats entrent en jeu. Tout le monde fait ce qu'il s'était juré de ne jamais faire.  


2010 aura été l'année de la faillite des illusions. La guerre des monnaies, la déréliction des finances publiques des Etats sont venus à bout des certitudes.  Les banques centrales vertueuses se mettent à faire tourner la planche à billets. Les politiques ne savent plus à quel saint se vouer. Partout dans le monde les Etats tirent à hue et à dia en se moquant des "consensus"  dont on se repaissait naguère.


2011 sera l'année de la peur.  Normalement l'année devrait être une année de consolidation avec un rattrapage faible mais réel .  Comme tout peut arriver, les agents vivront dans la peur. Peur de l'explosion des prix des matières premières et notamment du pétrole ; peur de l'explosion de la zone Euro ; peur de perdre toute son épargne ; peur de perdre son emploi ; peur que sa progéniture n'arrive pas à s'insérer dans les nouveaux  courants économiques ; peur de mouvements sociaux destructeurs ; peur de l'effondrement des banques… et le H1N1 revient !  


Si les Etats se concertaient autour d'une réforme structurelle des changes et du système financier mondial, montrant à la fois qu'ils avaient compris la crise et mis les moyens d'en sortir dans la durée, toutes ces peurs s'évanouiraient en un instant.  
Notre vœux pour 2011 est tout trouvé :

Sortir de la peur !


                           par la réforme du système monétaire international.
"

 

Il suffit de lire des articles comme le suivant dans la presse britannique pour se rendre compte qu'aujourd'hui la foi dans un système de monnaies administratives liées par des changes flottants a disparu y compris au pays qui pensait en bénéficier le plus.

 

 http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/ambroseevans_pritchard/8638644/Return-of-the-Gold-Standard-as-world-order-unravels.html


Dommage qu'il faille la pédagogie des catastophes pour faire pénétrer un peu de lueur dans les esprits des dirigeants.

 

La presse nationale française, elle, reste muette ainsi que les difigeants politiques de tous bords.

 

 

Didier Dufau pour le  Cercle des Economistes E-toile.

 

Une traduction scandaleuse : lettre ouverte à l’éditeur !

Nous donnons par ailleurs une analyse du livre de Gillian  Tett, l’Or des fous, paru au « Jardin des Livres ».

Nous voulons ici pousser un cri d’alarme devant la dégradation de la qualité des traductions en français des livres économiques et financiers anglo-saxons.  On comprend l’urgence. On comprend la nécessité de contenir les coûts. Mais avec la traduction du livre de Gillian Tett, on atteint réellement le bout du chemin vers le n’importe quoi. Le traducteur ne connait rien à la finance. Il ne comprend visiblement pas l’anglais. Quant au français ! Le résultat est encore pire que ce qu’un cauchemar effroyable aurait pu vous faire craindre.  

Passons sur le fait que le traducteur ait cru devoir remplacer toutes les prépositions du français par « au niveau de » ce qui donne au texte la grâce qu’on imagine. Passons aussi sur les mots à mots approximatifs, les lourdeurs de style qu’on reprocherait à un enfant de huit ans, les répétitions inlassables.  Le traducteur n’aurait jamais réussi l’examen de sixième du temps où on le faisait passer. C’est tellement nul qu’on penserait que le traducteur l’a fait exprès pour protester contre la rémunération sans doute modeste qu’il a reçu.

Là où cela devient non seulement affligeant mais scandaleux, c’est lorsque les contresens et les erreurs de traduction s’accumulent au point de rendre le texte de l’auteur incompréhensible. S’agissant d’un sujet technique, les produits financiers complexes, où l’auteur recherche une forme de pédagogie, on peut parler de trahison complète. Le lecteur est volé dans  l’affaire.

On pourrait rire, devant le comique de certaines traductions. Mais c’est la colère qui au final l’emporte car le traducteur, et l’éditeur français, nous font perdre notre temps en même temps que notre argent.

Quelques exemples :

« Un produit dérivé n’est rien de plus qu’un contrat dont la valeur provient d’un autre atout ».   Formidablement clair, non ? Il est vrai qu’à travers tout le livre le traducteur va traduire Asset par atout ! Ce qui nous vaudra la phrase tout aussi éclairante : « La façon de s’isoler par rapport à cette volatilité extrême consistait à acheter un fonds diversifié  d’atouts ».  Et dix de der !

Plus étonnant encore le verbe « achieve » (réaliser)  est traduit par « réduire ». D’où cette phrase exemplaire : « L’équipe réduisit une série de transactions de milliards de dollars ».  Syntaxe créative fournie gratuitement en sus.  Ou aussi : « La municipalité s’était rapprochée de JP Morgan pour lui demander de réduire une transaction similaire ».   

Un « exchange » en anglais est normalement traduit par le mot bourse. La London Stock Exchange est la bourse de Londres. Pas pour notre traducteur pour qui un « exchange » est naturellement un échange.  La « sécurisation » n’est plus la titrisation mais la sécurisation. Les « billions » deviennent des « billions » (sic). Le « revenue », chiffre d’affaire,  devient le bénéfice. « Complete » (finir, achever)  devient compléter. Les « politicians » (hommes politiques) deviennent des politiciens.   Barbarismes, mots pris pour d’autres, faux sens, inversions de sens, rien ne rebute notre apprenti traducteur qui a dû confier le travail à son outil de traduction automatique pour aller plus vite.   

On dirait ces versions latines où le malheureux a découvert dans le Gaffiot  que tous les mots ont plusieurs sens et a choisi au hasard les termes qu’il a retenus sans même chercher à savoir si la phrase résultante avait finalement le moindre sens.  

N’insistons pas sur les phrases  dont les verbes n’ont pas de sujet, ou sont au singulier lorsqu’il y a plusieurs sujets, ou sont au passé en début de phrase et à l’imparfait en fin. La concordance des temps n’a pas plus de réalité pour le traducteur que la banque et la finance moderne. Les pronoms sans antécédent sont de règle.

A la limite la lecture devient un jeu pour essayer de déterminer le mot anglais mal traduit et  le sens probable de la phrase source en anglais.

Mais rapidement on est terrassé par des phrases sans queue ni tête : « La question cruciale qui se posait se situait au niveau du temps ». Le soleil ne se lève il est vrai jamais sur la traduction ! « Le panorama est désorientant ». Mais pas autant que la traduction !   « Les fonds spéculatifs avaient tendance à être alloués ». Mais la traduction n’est pas à louer. « Les banquiers se consolaient  en pensant que les transactions ne s’élevaient pas au montant de la nationalisation  actuelle ».  Le lecteur aura, lui,  du mal à se consoler de son achat.

La fin du livre comporte un glossaire donnant le sens des concepts les plus complexes de la finance moderne. Il est à fuir absolument dans sa traduction française où le niveau de grotesque atteint le firmament.

Un exemple : « Corrélation : niveau auquel le prix de l’actif, les évènements ou les risques bougent de la même façon ».  Quillet, Robert et Larousse sont enfoncés !  Il est vrai que la corrélation entre le texte original et la traduction, pardon « le niveau où ça bouge de la même façon »   n’est pas perceptible.

Vous serez très avancés en lisant que le « marché repo » « est une façon d’emprunter ou de prêter des tires (sic) en échange d’argent ». La casse de Saint Ouen  n’a qu’à bien se tenir !

Qui saura ce que signifie le galimatias suivant : « Les organes d’investissement structuré sont étroitement liés aux conduits » ?  

Le conduit d’égout est certainement l’endroit où la traduction de cette madame Anne Confuron (Âne Confusion ? ) devrait finir. Le plus vite sera le mieux. Même si elle a commis cette provocation pour se venger des clopinettes qu’elle a reçues pour traduire (l’interprétation la plus favorable).

Mais quelle responsabilité a pris l’éditeur, Le jardin du Livre, Boîte postale 40704 Paris 75827 Cedex 17,  01.44.09.08.78, pour accepter de publier un tel torchon.

N’achetez pas la traduction française.

Ce n’est pas une traduction.

Et elle n’est pas écrite en français !

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Le pire des spéculateurs

Toute une série de livres, parfois d'une extrême médiocrité, essaient d'exploiter la crise que nous venons de traverser en chauffant le ressentiment des lecteurs et leur goût du sensationnalisme. Un des filons exploités par ces auteurs est de "stigmatiser" la cupidité de certains intermédiaires financiers qui auraient sciemment plumés le grand public en réalisant des spéculations totalement folles avec l'accord des autorités publiques et des régulateurs.
 
Nous pensons ces rationalisations moralisatrices, un cocktail dangereux dans toutes les disciplines, particulièrement peu significatives.
 
Lorsqu'on regarde avec un peu de soin où se cache les plus grosses pertes, on se rend compte que les plus grosses spéculations se cachent dans les placements les plus classiques et dans des constructions para étatiques censées être stables et sereines.
 
Prenons l'assurance-vie en France. C'est une construction entièrement artificielle  construite en collaboration entre les grandes banques et l'Etat. La dimension fiscale est primordiale. La collecte concerne des sommes considérables. On constate aujourd'hui qu'une bonne partie des dettes dangereuses des états du sud de l'Europe sont nichés dans ces contrats.  Pourquoi ? Simplement parce que les banques et assurances ont voulu doper un petit peu leur rendement apparent pour appâter le client potentiel. On sait que le "marketing"  de ces produits est parfaitement trompeur. On laisse les vendeurs exalter le taux d'intérêt des premiers mois pour les nouveaux souscripteurs , dont la rentabilité est de ce fait totalement artificielle,  tout en taisant qu'après le rendement chutera et qu'une partie des intérêts seront prélevés pour doper le taux  des nouveaux souscripteurs. Comme la différenciation se fait uniquement par le taux d'intérêt, sur des pouième de pourcent, il importe néanmoins de doper le rendement moyen.  C'est ainsi qu'on a vu tous les gestionnaires d'assurance vie se gorger de dettes grecques qui peut représenter sur certains contrats plus de 10% de la partie Euro.

Venu là uniquement pour des raisons fiscales et dans un souci de conservation patrimoniale, le souscripteur se découvre spéculateur sur des dettes irrécouvrables. Globalement cela représente des centaines de milliards d'euros. Madoff est enfoncé.  Evidemment le gouvernement en profite pour supprimer une partie des avantages fiscaux.  L'épargne gérée en symbiose par l'Etat et les grandes banques, sur des contrats qui n'ont d'intérêt réel que pour eux, s'avère dramatiquement spéculative !

Si la zone euro explose les épargnants plus que les banques seront impactés.

Rappelons que le mécanisme a été tout à fait le même pour les produits de trésorerie "dynamiques".  Le cadre ici encore est totalement étatique.  L'épargnant de base ne sait rien du produit sinon le taux d'intérêt versé. On lui fait miroiter un taux marginalement  meilleur que celui du voisin. Sans lui dire qu'on lui a collé des milliards de subprimes hyper-spéculatives mais cautionnées par les agences de notation et admises par les régulateurs. Les pertes pour l'épargnant ont la aussi été largement supérieures aux folies Madoff.

Pour finir gardons à l'esprit que les "fonds de fonds" ont souscrit à du Madoff pour la même raison : doper un petit poil les rendements pour séduire le petit épargnant.

Le pire spéculateur n'est donc pas le petit vicieux qui cherche par des tours de passe-passe a gagner des sommes ahurissantes ou le spéculateur éhonté qui utilise un levier gigantesque pour doper ses gains potentiels, mais la coalition état-banques-assurances qui par la législation et la fiscalité monte des cadres de collecte d'épargne censés être stables et sans grands risques et qui s'avèrent en réalité exclusivement rentables pour leur promoteurs et dangereux et trompeurs pour le grand public.
 
Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.



Crise mondiale : trois ans de blog , 277 messages et 81.800 lectures après !

Cela fait exactement trois ans que le Cercle des économistes e-toile a ouvert ce blog pour faire entendre des analyses solides qui ne se retrouvent généralement pas dans le débat public, soit parcequ'elles sont réputées trop techniques, soit parce qu'elles ne correspondent pas à l'esprit du temps ou aux idées des puissances dominantes.

Exposer c'est s'exposer. Nous n'avons refusé aucun débat, aucune prise de position. Notre originalité c'est de l'avoir fait avant que l'histoire ne tranche les questions posées.

En juin 2008 la question était de savoir si nous allions vers "une crise". Nous avons répété que bien sûr nous y allions et qu'elle serait exceptionnellement sévère, tout en refusant de parler de retour à 1929 et à la dépression.  

Nous en avons donné le diagnostic dès avant que la chute de Lehman Brothers ne vienne déclencher la prise de conscience générale que nous n'échapperions décidemment pas à une récession  mondiale.

Nous ne lassons pas de le répéter car il n'est toujours pas compris ni exposé dans les grands médias ni lors des grandes réunions internationales.

La grande récession est à la fois une récession classique du cycle quasi décennal qui existe depuis plus de deux cent ans,  et la conséquence des défauts rédhibitoires  du système monétaire international des changes flottants, aggravés par les politiques détestables suivies d'une part par les Etats unis, dont la FED a pratiqué un "benign neglect" monétaire dramatique  et d'autre part  par des pays mercantilistes comme la Chine, le Japon et l'Allemagne.

Elle comporte donc un aspect cyclique dont l'étude n'est plus faite  depuis des lustres, tant la conviction abusive et illusoire s'est installée  qu'on avait trouvé le secret d'une croissance sans crise, un aspect institutionnel, le désordre monétaire international des changes flottants, et un aspect géopolitique, les pratiques inconsidérées des puissances.

Nous prétendons qu'un régime de monnaies administratives nationales ou régionales, dont les états ne sont pas responsables, et dont la valeur s'établit sur des marchés dérégulés de changes ne fonctionne pas. La théorie proposée par Milton Friedman s'est révélée désavouée par les faits.  Alan Greenspan après avoir beaucop fauté l'a finalement reconnu.  Rien ne marche comme la théorie le laissait entendre et au contraire les effets pervers se sont multipliés et ont manqué emporter l'édifice.

L'Europe qui a cru pouvoir établir une zone monétaire sur la force d'un simple traité et d'une banque centrale indépendante, dont l'objectif est exclusivement le niveau des prix,  s'est retrouvée structurellement  en défaut.  Sans une politique et sans doute des institutions centralisées aptes à prendre des décisions au jour le jour, dont celle d'émettre des emprunts collectifs en Euro, l'Euroland, dans un système de changes flottants est une institution fragile, vouée au sous emploi et aux tensions internes et externes.

On a bati l'Euro sur une théorie fausse et on essaie de colmater les brèches institutionnelles sans discuter la théorie sous-jacente.

On a admis d'échanger des biens et des services, de même que des produits financiers,  dans le cadre des changes flottants sur une  théorie fausse qui montrent tous les jours ses lacunes gravissimes.

Depuis 1971 ce système absurde va de crises en crises. Chaque crise est réglée  en créant les conditions d'une crise plus grave un peu plus tard. Vous aviez aimé 1974, vous avez eu 1993. Vous n'aviez pas encore digéré ni 74 ni 92 et vous avez eu 2009 !  A chaque fois la récession a été "la pire depuis 1929".

Et qu'avez-vous fait ? Rien.

Pas le moindre diagnostic, pas la moindre réforme de structure.  Les gouvernements ont géré l'urgence. Les déficits publics ont explosé. Les dettes qui avaient grossi de façon monstrueuses depuis trente ans  ont atteint un tel niveau du PIB   que partout, on ne sait plus comment s'en débarasser.

Les pays qui comme la France sont en déficit publics depuis 1974 , ont constamment augmenté impôts et dépenses publiques tout en chargeant la barque des emprunts,  et appartiennent à une zone monétaire  déflationniste  se retrouvent sans emplois, suradministrés  et surdendettés.  

Malheureusement la classe politique toute entière en France reste intoxiquée à la dépense publique ; ses medias crient sans arrêt : vive l'impôt. La justice est assimilée à la sanction des riches et des entrepreneurs.  Le désastre est assignés  à tort sur des fantômes vides de sens concret comme "l'étranger", "la compétition internationale" et "la mondialisation libérale".  Et on veut instituer un salaire maximum ! La "loi du maximum" devrait plutôt rappeler de vilains souvenirs en France !  

Faute d'avoir des idées claires et précises sur des défauts cruciaux et des processus délétères bien cernés, intellectuels et politiques se concentrent sur des débats idéologiques absolument fumeux et sans  pertinence.

Ce n'est guère mieux ailleurs.

Le G.20 et ses dépendances ont établi un diagnostic faux. La crise serait  le fait des banques. Donc on doit réformer les banques. On a insisté : c'est le marché des subprimes qui a mis le feu partout.  Mais a-t-on réformé le marché des subprimes aux Etats-Unis ? Pas du tout.  On donne des contraintes de capîtal aggravé aux banques en tentant d'en limiter la croissance.  Sus à la "grande banques systèmique".   Sus aux bonus des traders.

A-t-on remis en cause les monnaies adminsitratives errantes ?  Chut ! N'en parlez surtout pas.

A-t-on acté que les changes flottants sans concertation d'aucune sorte sinon des jeux de puissance délètères étaient désastreux et devaient être supprimés ? Chut ! N'en parlez surtout pas.

Pas un jour sans qu'un responsable n'évoque d'un air pénétré "la stabilité" financière si nécessaire. Mais il accepter sans bargouiner  des mouvements erratiques de change pilotés par des programmes informatiques   qui auto entretiennent l'instatibilité.

Pas un jour sans qu'un homme politique européen ne critique la valeur trop haute de l'Euro (tout en s'inquiétant de la fragilité de l'Euro, dire deux choses absolument contradictoires dans la même phrase ne semble inquiéter personne).  Mais pas un mot sur les changes flottants qui expliquent cette hausse.

Pas un jour sans qu'un homme politique européen n'affirme que le Yuan est sous évalué de façon grotesque, provoquant délocalisation et stagnation de l'emplopi et du revenu en Europe. Pas un seul qui critique réellement le mercantilisme chinois et qui s'étonne qu'on puisse pratiquer le mercantilisme et la monnaie administrée dans un pseudo système monétaire international de changes flottants.

Pas un jour sans qu'on s'étonne de la dette grecque et de son ampleur par rapport au PIB du pays. Mais en valeur relative elle est du même ordre ou inférieure à celle de pratiquement tous les autres pays industrialisés du monde (Japon, Etats Unis, etc.). Et en valeur relative elle est d'un montant ridicule.

On nous explique que par un effet papillon un pays qui représente un pouième de PIB mondial va mettre le sytème par terre, de même que par le même effet papillon le marché des subprimes américains, quelques pouièmes du marché immobilier mondial, avait déclenché la pire crise depuis 1929 !

Tant d'ignorance et de sottise finit par agacer.

La seule méthode pour sortir d'une crise mondiale de surdendettement (environ 2.000 milliards de crédits sont aujourd'hui gagés sur aucun retour suffisant pour payer principal et intérêt),  est la croissance, après avoir jugulé les causes du désastre.  C'est la croissance qui permettra d'amortir les pertes. C'est la croissance qui permettra de rétablir la rentabilité de certains projets.  Et il faudra bien ruiner partiellement les créanciers. L'euthanasie du créancier doit être douce et progressive.  La  croissance sera l'anti douleur.

Il n'y aura pas de décroissance  heureuse. Il n'y aura pas de solution par la déflation.

Il n'y a aura pas de solution durable sans revenir à la garantie par les états de la valeur extérieure de leur monnaie par rapport à un étalon international  et par des engagements fermes d'équilibres de balances commerciales.  

Des changes fixes et concertés, éventuellement modulables par accords conjoints, surveillés par un FMI rénové et retrouvant son rôle de Bretton Woods, mais épuré des anomalies de 1944 (le droit de veto américain, l'hypertrophie du rôle du dollar), la maîtrise des mouvements de capitaux à court terme, ces mesures seules et seulement ces mesures, permettront de faire face à la situation.

Dans la seconde où un tel système sera mis en place la peur cédera au calcul économique.  La reflation concertée des économies par les états, les banques centrales étant associées a mouvement et se voyant attribuées de nouvelles règles de gestion,  entraînera une croissance non pas sectorielle mais générale.

Malgré la contrainte éconologique qui existe mais qui doit être traitée sans malthusianisme, une nouvelle période de "trente glorieuses" s'ouvrira pendant laquelle les dettes des trente minables seront progressivement éliminées, comme le monde avait&éliminé en trente ans les dettes de la guerre de 40.

A un moment où l'Europe se déchire, où la France se défait, où les Etats Unis vascillent, où les pays émergents voudraient bien confirmer leur sortie de chrysalide, où la Chine abuse,  où les institutions internationales sont frappés par le discrédit et l'impuissance,  faute de diagnostic clair et de volonté d'assumer des solutions pertinentes ,   rien ne dit qu'on ne retombe pas sur une période troublée du style de l'entre deux guerre qui avait coûté le même prix à la France que la guerre de 14-18, rappelons le.

Ce n'est pas le scénario le plus probable. Il est même très facile à éviter.

Que l'ont sorte enfin de la sclérose intellectuelle qui fait taire les vraies causes de la crise et interdit de construire les solutions durables dont le monde a besoin !

Depuis trois ans la pédagogie tragique des réalités aurait du faire son oeuvre.  Combien de désastres faudra-t-il encore subir, combien de centaines de millions d'emplois gâchés, de centaines de millions de carrières brisées, de centaines de millions de pauvres  désespérés, pour que la cécité qui frappe nos élites fasse place à une minimum de courage, de compétence, de pertinence et de connaissances ?

Oui nous déclarons que le G.20 est composé de lâches et d'incapables qui ne voient pas plus loin que leurs idéologies, leurs espoirs nationalistes et leurs petits calculs géostratégiques.   Non Monsieur Sarkozy, il ne fallait pas en même temps parler d'un nouveau Bretton Woods et affirmer qu'il fallait garder le rôle du dollar et les changes flottants. Non Monsieur Obama, il ne fallait pas  prétendre que le flottement général des monnaies dont la monnaie chinoise règlerait la question de l'avenir des échanges financiers internationaux.  Non, Monsieur Hu Jintao  il ne fallait pas déclarer  que la Chine avait le droit d'accumuler des milliers de millards de dollards d'excédents monétaires sans les remettre en circulation dans les économies partenaires en les dépensant au lieu de les placer avec la trouille au ventre que ces trésors se dévaluent.  L'Europe pour sa part s'est tue. Elle se tait tout le temps et accepte d'être la 27ième roue du carosse, alors que tous les fédérolâtres expliquent que sans l'Europe notre voix ne serait pas  entendue !  

Oui nous déclarons que cette crise immense, déclarée sottement imprévisible, n'a pas fait l'objet du diagnostic qu'il convient et que de ce fait toutes les poilitiques lancées n'ont pas de pertinence ni même de sens commun .

Le monde s'engage dans le n'importe quoi  comme en 1974, comme en 1993.  Il espère un miracle. Il ne viendra pas.  

On peut craindre que dans trois ans on ne soit amené une nouvelle fois à le constater si ce blog dure jusque là.

En attendant merci à ceux qui ont eu le courage de ces 80.000 lectures qui nous honorent et qui nous obligent.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Les eunuques et le Lupanar

La crise économique majeure commencée avec le blocage du marché interbancaire fin juillet 2007, aggravée par la chute de Lehman Brothers en septembre 2008 et approfondie en récession lourde en 2009, peut être désormais considérée avec un recul de quatre ans.

Quelles réformes a-t-on fait ?

Pratiquement aucunes et le peu qui a été décidé ne concerne que le secteur bancaire.

Il est vrai que comme dans toutes les récessions décennales le dérèglement du crédit est une des sources majeures des difficultés.  Mais est-il juste d'affirmer que le comportement spécifique des banques ou de certaines banques est à l'origine de la crise ? Est-il approprié de mettre une camisole de force aux banques après les avoir consiencieusement sauvées ?

Rappelons que malgré toutes les sottises qu'on écrit sur la question, les banques ne peuvent pas individuellement créer de la monnaie et enfler seule leur bilan.  Or la caractèristique propre de cette crise est qu'elle a vu dans le monde entier et en particulier dans le monde développé le gonflement aberrant de l'endettement privé et public.

L'endettement global qui oscillait entre 80 et 150% du PIB a progressivement fait sauter tous les verrous.  Des pays comme l'Islande ou l'Irlande se sont mis à supporter des endettements supérieurs à 1000% du PIB. Les Etats Unis ont dépassé les 400%. L'Europe est à peine en dessous de ces chiffres.

Il va de soi que les banques sont par nature les manipulateurs de cette dette. Mais sont-elles responsables de leur niveau par rapport au PIB ? Evidemment non.  En revanche la carence de remboursement de ces dettes les met en première ligne. L'effondrement des banques signifierait l'effondrement de l'économie.  Nous sommes donc dans cette situation paradoxale où les banques sont désignées comme les responsables de la crise et sauvées énergiquement...par l'endettement public, porté par ces mêmes banques.

La décence intellectuelle aurait été, pour les économistes, de comprendre et d'expliquer pourquoi les taux d'endettement globaux avaient autant augmenté et le caractère insoutenable de cette hausse.  Dans le monde officiel personne ne s'y est risqué et rares sont les voix qui expriment encore aujourd'hui une explication analytique de ce phénomène.  

Nous avons essayé de le faire ici et on connait notre explication. La conjonction d'une politique monétaire  laxiste  aux Etats-unis et du mercantilisme Chinois a conduit à une double pyramide d'endettement d'une hauteur phénoménale. Les changes flottants et les dérégulations financières ont brouillé et aggravé la situation, empêchant les acteurs de voir les réalités.  Ce théâtre d'ombres a fini par s'effondrer sur la tête des acteurs lors d'un épisode traditionnel du cycle décennal.

La seule réforme qui vaille est naturellement celle du système monétaire international, source principale du désastre.  Un système de monnaies administratives, gérées par des banques centrales plus ou moins autonomes, et dont la valeur s'établit au jour le jour sur le marché flottant des changes, ne fonctionne pas. Point stop.

Dans un tel système plus personne n'est responsable de rien et  les papiers financiers qui s'échangent finissent par n'avoir que le sens qu'on veut bien leur prêter.  Les déficits américains, alimentés par une création monétaire absurde par A. Greenspan et désormais Bernanke, ont été à l'origine d'un gonflement permanent des liquidités mondiales d'autant plus violent que la Chine replaçait systèmatiquement ses excédents eux-même absurdes...sur le marché américain.

La stagnation économique provoquée par la perte  d'industrie en Occident a été partiellement masquée par une politique de crédits intenable dans les domaines de la consommation et de l'immobilier, crédits dont les dangers sont connus.  Et par l'acceptation de déficits publics faciles et peu couteux à financer. Le crédit n'a de sens que si une source de richesse future permet de le rembourser.  L'ennui c'est que le déficit public, la consommation et même l'immobilier n'apportent aucune augmentation de richesse solvable permettant de rembourser. Ils doivent au contraire être financés par une création de richesses exogène.

Le flottement général et l'internationalisation de mouvements de capitaux absolument libres de leurs mouvements, aggravés par la cotation continue des valeurs, qui fait la part belle aux ordres artificiels des ordinateurs, commandés par la seule force interne  de l'évolution du marché, interprêtée  par des algoritmes  et non plus par les besoins des agents,  a littéralement asphyxié toutes les réflexions réelles sur la nature du sous-jacent.

Il va de soi que la seule solution durable était de mettre fin aux changes flottants et de rendre aux Etats la responsabilité de veiller à la fois à la valeur externe de leur monnaie, à l'équilibre de leurs comptes extérieurs  et au plein emploi chez eux.  Ce système esquissé  à Bretton-Woods sur une forme biaisée par la surpuissance américaine de 1944 avait donné les "trente glorieuses". Pas si mal !


La seule solution efficace à la crise supposait des changements radicaux d'attitudes. Les Etats-Unis devaient sortir du Benign neglect ; la Chine, le Japon et l'Allemagne d'un mercantislisme forcené.  Les capitaux courts ne pouvaient être laissés totalement libres. Et les sources de création monétaire exogènes devaient être aussi bien contrôlées que les sources internes.  Des changes fixes, des cotations périodiques et non plus continues, une surveillance par les Etats de leurs principaux indicateurs économiques, un meilleur encadrement du crédit,  n'empêcheraient pas totalement les crises décennales. On sait que leur mécanisme est latent.  Mais elles seraient plus courtes, moins profondes et surtout encadrées par des périodes de croissance plus fortes.

Et tous les agents auraient la tête tournée vers l'avenir.

Les seules réformes faites auront eu pour but de châtrer les banques, après les avoir sauvées, sans changer d'un pouce le système institutionnel global dans lequel elles évoluent.  

En un mot, on veut désormais des eunuques pas trop gras  dans un  lupanar inchangé.  

Mieux vaut en rire.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.



Dire non à la déflation

Depuis les décrets Laval nous savons en France que la déflation, "cela ne marche pas".  La phase d'hyper gonflement des dettes qui a marqué le passage aux changes flottants  à partir de 1973 est évidemment arrivée à son terme. Une page se tourne. L'inconscience, dans ce domaine n'est plus de mise.  La récession de 2009 a provoqué un surgonflement des dettes publiques qui a encore aggravé les choses.  Nous sommes devant une montagne de dettes dont il va bien falloir se débarrasser. Toute la question est de  le faire sans faire exploser ce qu'il reste du système. 

Notons d'abord que les dettes non gagées sur un flux de valeurs futures réelles se situent mondialement dans l'ordre de grandeur de 3.000 milliards de dollars, venant fin 2008 de 3.500 Md$.  On en a donc déjà éliminé une partie.  Et qu'on peut assez facilement en éliminer encore une bonne partie en mettant le temps de son côté. Le hanneton pousse sa boule de crottin devant lui mais elle se réduit progressivement.

L'important c'est qu'il y ait de la croissance. Donc qu'on évite à tout prix la déflation. Le prêchi-prêcha moralisateur  sur la vertu de la cigale qui doit se transfromer en fourmi est parfaitement ridicule. Valable pour les individus il est décalé pour les peuples.

Seule la croissance permettra de se débarrasser de la  pyramide de dettes qu'on a laissé gonfler pendant trente ans de désordres du système monétaire international.

La première urgence est de réformer le système monétaire international. La seconde de mettre le monde dans une perspective de croissance non spéculative.

L'affaire Grecque est le comble du ridicule. Tout le monde s'amuse à se faire peur. Mais quelques chiffres donneront la mesure du dérisoire de ce débat. En un an les réserves de changes de la Banque Centrale Suisse ont  grimpé de 150 milliards de FS.  Uniquement par panique. Les besoins de refinancement vraiement chauds de la Grèce sont de l'ordre de 50 milliards. Il suffirait que la BCS prête son excédent de devise à la Grèce pour qu'il n'y ait même plus de soupçon de crise. Et il lui resterait encore 100 milliards dont elle ne sait que faire.  En un an ses réserves ont perdu plus de 30 milliards. C'est à dire plus que la perte qu'elle pourrait envisager au pire sur les prêts à la Grèce !

Si on prend la Chine, c'est maintenant des chiffres 10 fois plus forts qu'on manipule.  Et les pertes de change de la Chine se comptent en centaine de milliards de dollars.

L'Europe elle-même pourrait résoudre l'affaire en trois secondes. Il suffirait d'émettre des bonds européens à bas taux. Evidément établir une zone monétaire sans la gouvernance qui va avec était une absurdité. Mais les solutions existent. 

Un article du FT nie cette réalité. Il évoque le dégoût des européens pour l'Europe. Le rejet serait social et moral.  En vérité les Européens sont lassés qu'on leur mente. Une europe passoire et zone d'ajustement des puissances extérieures dans la confusion totale et  maintenant la crise économiqe suivie d'une déflation organique, les désespèrent. C'est clair et c'est normal.

Mais ce n'est pas une fatalité.  Les désordres monétaires internationaux, l'erreur conceptuelle des changes flottants, la soumission de l'Europe aux Etats-Unis, le grégarisme de ses hommes politiques, la déréliction de sa presse, tombée si bas qu'on se demande comment elle pourra un jour remonter, sont des défaillances graves que les peuples ont raison de critiquer.

Il n'y a pas d'avenir dans la déflation, la surtaxation générale, les restrictions permanentes, la guerre ouverte des monnaies, la fin du libre échange, la destruction de l'Europe.Il n'y a pas de décroissance heureuse.  Chassons les bonimenteurs !

Il faut organiser une croissance mondiale équilibrée et durable. Cela suppose le retour aux changes fixes et la responsabilité des Etats sur la valeur externe de leur monnaie, un étalon international, des échanges équilibrés, la maîtrise des mouvements de capitaux à court terme, la fin du "day trading" et des cotations continues par ordinateur.

Malgré un système  déséquilibré par la surpuissance américaine et la primauté du dollar, les accords de Bretton Woods avaient permis les "trente glorieuses" et surtout l'élimination des dettes énormes de la guerre.

Aujourd'hui c'est le même mécanisme international qu'il faut mettre en place. Bien sûr la Chine, le Japon et la l'Allemagne devront partiellement abandonner leur mercantilisme. Bien sûr les Etats-Unis perdront l'avantage indu du dollar.  Bien sûr l'Europe devra régulariser sa gouvernance.

Mais trente nouvelles glorieuses  seront devant nous. Alors que nous nous dirigeons vers une grande dépression du type de celle qui a frappé la fin du XIXème siècle.

Il n'ya pas d'avenir dans la financiarisation  débridée d'un monde de monnaies administratives laissées à des gnômes ou à des Etats irresponsables.  Il n'y a pas d'avenir dans la déflation. 

Il existe un chemin. Mais aucune personalité politique d'envergure pour le  montrer.

C'est consternant.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



FMI : le navrant consensus, de Rogoff au Figaro

K. Rogoff est un économiste qui lorsqu'il était au FMI avait annoncé que le monde était entré dans une phase nouvelle où les récessions seraient désormais bannies. Son graphique bien connu qui montrait que "les crises étaient de moins en moins graves" est sans doute le cas le mieux documenté d'inconscience totale de la part d'un économiste officiel. 

Nous avions lourdement critiqué ce rapport à l'époque, montrant que les déséquilibres absurdes liés aux changes flottants et au benign neglect des Etats-Unis chargeaient tellement la barque qu'elle allait sérieusement tanguer. Nous eûmes alors la crise dite, à tort, des pays émergents, puis la récession décennale de 2001 puis la grande récession actuelle. 

Il ne faut pas croire que ces énormes erreurs aient le moins du monde entâmé la passion des médias pour la pensée de cet expert.  Expert un jour, expert toujours.

Le voici prenant position sur les candidatures à la présidence du FMI. Evidemment il soutient à mort le candidat mexicain, ancien collègue, formé à Chicago, dans la mouvance américaine depuis toujours. Un monétariste américanisé, il n'y a que cela de vrai !  Il regrette naturellement la sur-représentation de l'Europe  et se désole de voir que ces satanés "frenchies" aient trouvé, avec le thème de la promotion féminine, un biais pour donner toutes ses chances à Mme Lagarde. 

Pas un mot naturellement sur le droit de véto américain, dont on attend encore une seule justification, ni sur la contrepartie du "deal" de Bretton-Woods, la dévolution à un américain de la direction de la Bird.  Là, les questions de "compétence" ne se posent pas !

Pas un mot non plus siur la crise du système monétaire international et la crise existentielle qui frappe le FMI depuis qu'ils ont été institués.  S'il fallait qu'un économiste réfléchisse aux questions de sa discipline, cela se saurait. Partisan des changes variables et de la financiarisation à outrance de l'économie mondiale, et valet au petit pied de la triplette tragique (Rubin, Greenspan, Summers) il n'a strictement aucune vision des difficultés actuelles que non seulement il n'a pas vu venir mais dont il a fardé l'analyse.

Pour ce partisan de la finance débridée, le FMI a perdu tout rôle structurel et il le sait. Pour lui ce n'est qu'un sous machin permettant aux Etats unis une diplomatie pas chère avec l'argent des autres.

On rira donc de sa conclusion  : "ce n'est pas parceque le FMI et en crise de vocation qu'il doit avoir une mauvaise gouvernance". 

On rira moins qu'on aura constaté le sondage du Figro expliquant que les Européens et les Français en particulier considèrent comme des moutons qu'il faudrait être gentils avec les pays pauvres et leur donner plus de droit, en cédant ceux de l'Europe et seulement ceux de l'Europe.  

La presse française est une presse de moutons bêlants dans la mouvance américaine. Le Financial times ou le Wall Street Journal déclarent le bien penser. Ils suivent comme des Panurge. Pourquoi s'étonner que l'Europe soit devenu la variable d'ajustement des autres. De tous les autres. 

Voir les Français, peuple un moment fier et capable de rebellion, transformés ainsi en moutons tondus ras et contents de l'être a quelque chose de tragique.  D'autant plus que pas un d'entre eux ne comprend à quoi sert le FMI ni les drames provoqués par les défauts du système monétaire international. Nullité et humilité d'esclave consentant, voilà nos vertus modernes !

Quelle honte.

 

 

 

 

 

 

 

Quel modèle de relations économiques internationales ?

Comme toujours après une récession décennale la mode et l'esprit ambiant sont  à la remise en cause du libre échange.  Le chômage est élevé et les gouvernements sont sommés d'agir.  Restreindre la concurrence  étrangère est quasiment un réflexe.   Le rejet porte aujourd'hui sur la "mondialisation" et même sur la simple construction européenne.  Les mouvements de capitaux, d'hommes et de marchandises deviennent suspects.  Toute récession est d'abord porteuse d'une régression de l'humanisme  et d'un repli identitaire.

Les "élites mondialisées" deviennent de sombres suspects.

Faut-il réellement revenir sur les libertés internationales nouvelles qui se sont épanouies dans les trente dernières années  et notamment les libertés économiques fondamentales ?

La réponse est naturellement non mais cette position doit s'accompagner immédiatement d'un important codicille : les libertés s'organisent.  Une organisation peut être bonne ou mauvaise. Une mauvaise organisation des libertés peut conduire à des  catastrophes  ou tout simplement à de mauvaises performances. Une bonne organisation peut être bénéfique.

Prenons la liberté des mouvements de capitaux. Permettre aux capitaux de s'investir là où des perspectives sont intéressantes  ne saurait être considéré comme contre productif.  En revanche  une organisation monétaire de changes flottants où 98% des mouvements de capitaux sont déterminés par des ordinateurs à des fins de pure spéculation à court terme permet-elle d'assurer le meilleur emploi de la liberté des mouvements de capitaux ? Nous pensons que non.

De même la liberté des échanges de biens et de services ne peut se concevoir que dans un cadre adéquat. Imposer des contraintes de production phénoménales dans un pays tout en admettant la concurrence de pays qui n'ont pas ces contraintes ne peut pas être sans conséquences. Le cas de l'industrie du médicament  en France et en Europe est significatif. Elle s'est intégralement  délocalisée en Inde et en Chine. Intégralement. On n'est plus dans l'échange mais dans la perte de substance radicale.  Assurer la gratuité du médicament pour les consommateurs, encadrer toute l'activité de production avec des contraintes de prix et derèglementation,  favoriser les génériques, bloquer au nom du principe de précaution pratiquement toutes les recherches et les expérimentations,  tout en ouvrant intégralement les frontières, tout cela ne pouvait qu' aboutir à un pareil désastre.  

Il est tout aussi évident que la mise en place d'un système d'aide à la personne fondé sur la gratuité et la subvention  indifférenciées  aura un effet polarisateur direct  sur les mouvements de migration.  Dire à un pauvre d'un pays pauvre : si tu arrives à venir en France tu auras le droit à un logement, à l'éducation, à la santé, et même un revenu minimum sans travailler que tu pourras compléter par la mendicité  ou le travail au noir  a un effet magnétique dont les conséquences sont évidemment plus que sensibles.

Les expériences de liberté  totale ont eu lieu d'abord au sein des nations, en sachant que les tensions seraient arbitrées par une puissance centrale légitime.  On voit bien que l'Europe qui est une zone d'extension des libertés totales  ne peut bien fonctionner qu'avec une certaines centralisation de la gouvernance et une harmonisation des réglementations et des conditions de vie.  Nous vivons aujourd'hui  dans le domaine monétaire avec la Grèce et les pays de l'Euroland surendetté,  dans le domaine commercial avec  le mercantilisme allemand, dans le domaine des mouvements de personnes avec l'éparpillement des ROM  hors de Roumanie et de Bulgarie, des tensions qui ne peuvent pas être calmées par les bons sentiments ou les pétitions de principes.  Il faut un cadre de fonctionnement différent de ce qui est en place.  

Prétendre qu'une expérience de liberté totale peut fonctionner pour le monde entier sans qu'aucune des conditions de bonne organisation de ces libertés et de bonne gestion des tensions qu'elles génèrent ne soit  mise en place est du domaine de la gageure.

La méthode qui consiste à dire : mettons en place les liberté et les structures devront s'adapter de crises en crises  a des adeptes.  Les conséquences peuvent être désastreuses mais, diable, le désastre porte sa pédagogie.  C'est en gros la méthode employée en Europe. Mettre systématiquement la charrue avant les bœufs  c'est bien sauf quand les bœufs ravagent la charrue en la piétinant.  On voit aujourd'hui que cette méthode a provoqué un véritable rejet dans les différentes opinions publiques européennes  et  qu'elle suscite des effets délétères pour l'avenir de l'Union Européenne.

Nous préférons pour notre part un système d'irrigation avec écluses et pompes à une force brutale de torrents alternativement secs  ou bouillonnants.  Bien sûr  qu'il faut que  l'eau circule. Mais pas en n'importe quelle quantité et pas n'importe comment.

Des libertés totales avec un simple système de normes  gérées par des organismes genre OMC, cela ne marche pas.

Oui il faut un système monétaire international organisée.

Oui il faut  tenir compte des différences de conditions de production dans les échanges de produits.

Oui il faut faire attention à l'ouverture des "droits à" dès qu'il a des possibilités migratoires.

Cela peut conduire à des positions en apparence contradictoires. Nous avons été en faveur de la circulaire Bolkenstein  et en même temps nous regrettons la suppressions du tarif extérieur commun de l'Union européenne.  Nous sommes contre la taxe sur les transactions financières tout en étant pour des changes fixes.  Nous sommes pour l'exercice en Europe de toutes les libertés publiques indépendamment de la nationalité des membres de l'Union, mais pas à l'ouverture à tout va de l'Europe à qui en fait la demande  sans organisation des transitions nécessaires.  

En vérité le débat doit être sur les modes d'organisation des libertés  économiques pas sur les libertés elles mêmes



FMI : les St-Jean-Bouche-d'or anglo-saxons

Pas un jour depuis que DSK ait déshonoré sa personne, la France et l'Europe, sans que la presse anglo-saxonne par la voix de ses meilleurs "columnists" explique que le temps de la présidence européenne et plus généralement française du FMI est passé.  Il appartiendrait maintenant à l'Europe et notamment à la France de cesser de vouloir une présidence qu'un consensus ancien leur concédé au profit des élites formées aux Etats Unis et qui ont fait carrière dans les pays émergents.

Bien entendu ces amoureux tardifs du tiers monde n'évoquent absolument jamais deux autres anomalies de l'organisation du FMI :

- Le droit de veto des Etats Unis qui crée une dissymétrie des droits autrement choquante

- La sur-représentation des Etats Unis dans le capital de l'institution.

On glisse sur le fait que symétriquement les Etats unis se sont vus attribuer la présidence de la BIRD.

Si on veut jouer une "nuit du 4 août" dans les institutions de Bretton-Woods, faisons le jusqu'au bout.

Créons un fonds monétaire international  :

- Décentralisé : avec plusieurs institutions régionales intermédiaire (fonds monétaire nord américain, fonds monétaire sud américain, fonds monétaire européen, fonds monétaire africain et fonds monétaire  asiatique. Ces fonds auront la responsabilité primaire des ajustements monétaires régionaux.  Un fonds monétaire international coordonnerait les actions des différents fonds et servirait de fonds de fonds pour atténuer les déséquilibres entre grandes zones monétaires régionales.

- Censitaire mais avec des droits et des devoirs égaux pour tous. Le cens devrait être calculé sur le poids respectifs des économies ou des zones dans le commerce mondiale et les mouvements financiers mondiaux. Avec une procédure régulière de rajustement des quote parts.

Faisons la même chose pôur la Bird.

Au passage, il ne serait pas mauvais de définir le rôle et les missions de ces institutions ainsi que les pouvoirs qui leurs sont dévolus.

Rappelons qu'un fonds monétaire international n'a pratiquement pas de rôle théorique dans un système de changes flottants. Les ajustements doivent se faire par l'évolution des cours de change.

Le FMI après des années d'errance et d'incohérences a retrouvé un rôle ponctuel  comme super banque des pays endettés.  Est-ce au FMI de régler des questions de surdendettement de pays petits?  Et si le surendettement cesse, on supprime le FMI ?  Et si le surdendettement ravage comme actuellement de très grands pays comme les Etats Unis et le Japon, sans parler du Royaume Uni et de l'essentiel de l'Europe, que pourra faire le FMI ? Chercher l'argent au Zimbabwe ?

La vraie question n'est pas aujourd'hui de priver l'Europe d'un de ses droits acquis, mais de réformer le système international et de définir en accord avec cette réforme les institutions qui permettent de le réguler, en s'assurant de la parfaite égalité (censitaire) des parties prenantes.

La presse anglo saxonne qui mourrait plutôt que de reconnaître que le système des changes flottants est la source des difficultés actuelles et que la domination des Etats Unis et du dollar  est   "over due" et depuis longtemps  devrait commencer par accepter qu'on aborde le fonds des questions monétaires internationales avant de réclamer la destitution institutionnelle de l'Europe en général et de la France en particulier.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Martin Wolf et DSK

C’est toujours un plaisir de commenter un article de Martin Wolf : lorsqu’on est d’accord sa réputation donne du tonus aux thèses qu’on défend ; quand on ne l’est pas, on sait qu’on aborde une question importante où l’absence d’arguments sérieux serait dommageable.

Martin Wolf dans sa livraison au Monde du 24 mai 2011 rejoint le camp des thuriféraires de DSK. On sait que nous n’en sommes pas. Que  motive ses louanges extrêmes : « décideur audacieux », « politicien efficace », « économiste compétent » ?  Déception : il n’y a aucun argument à l’appui des qualificatifs ;  juste des affirmations.

Et des contradictions. Martin Wolf explique que DSK a été le grand architecte de l’aide aux pays du « Club Med ».  Et il ajoute aussitôt : le programme n’a pas donné les résultats escomptés ». Et que sa poursuite n’en aura pas. DSK aurait donc fourvoyé l’Europe dans une politique impossible ?

Comme nous l’avons mille fois répété, le FMI était une institution chargée de réguler les changes fixes. Lorsqu’un pays menaçait par ses déséquilibres la croissance générale, on lui prêtait les ressources de changes nécessaires le temps que des mesures de redressement soient prises. Le FMI disposait pour se faire de ressources mises en commun et du pouvoir de créer de la monnaie sous forme de DTS. Il s’était doté  d’experts en redressement de politique économique aventurée. Institution keynésienne, le FMI contraignait mais pour permettre la croissance globale la plus élevée, en évitant les guerres de monnaies.

Les changes flottants ont privé le FMI de tout rôle sinon d’acteur complémentaire de la Bird pour les pays sous-développés.  D’où la noria de directeurs temporaires démissionnant dès que leurs objectifs d’image avaient  été atteints et qu’il leur était permis d’atteindre d’autres postes prestigieux.

La chance de DSK est venue d’une crise que le FMI n’a pas voulu voir et dont il n’a toujours pas donné la moindre explication.  Cette cécité et cette absence de diagnostic sont  certainement à porter au passif de DSK. « L’économiste compétent » aurait dû se manifester. On l’attend toujours.

DSK est certes un politicien pragmatique : il saura flotter comme un bouchon sur les pressions des uns et des autres et en particulier des américains.  Mais il n’a pas su « impulser une réflexion ». L’opportunisme suffit-il ?

On le voit bien avec l’Euro. La zone euro n’est pas en crise de change. Le FMI n’a normalement aucun rôle à tenir en Euroland.  Les instances dirigeantes de l’Euroland ont toutes les ressources nécessaires pour faire face à une éventuelle crise de change. Et l’Euro est si fort que c’est sa force qui fait problème.

En intervenant à l’intérieur de l’Euroland, contre l’avis de Trichet, le gouverneur de la BCE,  DSK viole les statuts du FMI. Il prête non plus à une zone monétaire en difficulté mais, dans le cas de la Grèce,  à un pays qui a des difficultés budgétaires. Les pays non européens ont raison de s’indigner de l’emploi de leur contribution à cette tâche. Les politiciens européens ont été heureux de trouver des ressources disponibles et des compétences pour encadrer l’économie de pays surendettés. DSK s’est engouffré dans la brèche dès que les américains  le lui ont demandé pour faire céder Angel  Merkel.

Utiliser les réserves monétaires du FMI pour limiter les pertes des grandes banques mondiales qui ont fait des prêts excessifs et complexes à des pays sans rigueur budgétaire  n’est pas le rôle du FMI.  Martin Wolf a raison de rappeler que cet opportunisme est de surcroît inefficace.

Il appartient à l’Europe de corriger les défauts de la zone Euro (gestion par traité, aucune instance de coordination, aucune instance d’intervention).  Pas au FMI. Les Etats-Unis ont trouvé en lui un moyen diplomatique simple d’éviter l’éclatement de la zone euro qui aurait automatiquement fait remonter le dollar et ruiner un certain nombre de banques américaines. Contrairement à ce que beaucoup écrivent,  les Etats-unis n’ont strictement aucun intérêt à la rupture de la zone Euro dans les circonstances présentes même s’ils peuvent théoriquement craindre la concurrence de l’Euro comme monnaie de réserve.  En revanche la voir sous tutelle ne peut leur déplaire.

Il appartient au FMI de poser la question de la pertinence d’une conception qui voit des monnaies administratives concurrentes s’affronter dans le cadre de marchés dérégulés  sur une toile de fond de compétition féroce entre les grandes nations et notamment entre la Chine et les Etats unis.

Alan Greenspan a eu le courage de répéter il y a quelques jours : «  J’ai cru que cela marcherait ; je me suis illusionné sur les premiers résultats ; mais aujourd’hui la leçon est claire : cela ne marche pas et cela ne marchera jamais ».  C'est maintenant qu'il faut l'écouter : il parle enfin clair et, de plus, vrai….Une nouveauté !

Cette remise en question d'un système pervers  devrait être le rôle de son successeur.  Mme Lagarde n’est pas une économiste. Elle est une juriste et une « suiveuse » qui écoute d’abord et essaie de concilier les points de vue, travail qu’elle sait faire avec beaucoup de talents. Elle n’aura pas, sauf surprise, de rôle « proactif » dans la conception d’un nouveau système monétaire international.   Martin Wolf a raison de dire que personne n’a cette compétence aujourd’hui.   Ce que nous avons exprimé nous même  dans un post récent.
 
Or tout le monde voit bien qu’il va falloir s’élever au-dessus des intérêts divergents de la Chine, des Etats unis et de l’Europe. Cette élévation ne peut s’envisager sans la compétence économique et la capacité de poser un vrai  diagnostic de la crise et de  déterminer une politique de réforme audacieuse qui ne peut être que le retour à la responsabilité des Etats vis-à-vis de la valeur externe de leur monnaie et l’abandon d’un pseudo étalon dollar sur fond de changes flottants.

Sur ce terrain, c’est le vide. Martin Wolf a raison de le souligner.  Mais c’était déjà le vide avec DSK. DSK se contentait de servir les intérêts principalement américains et d’exploiter les  opportunités de renforcer le rôle de son organisation avec le dilettantisme de quelqu'un qui savait qu'il ne resterait pas. Martin Wolf aurait du s'en apercevoir.

Aujourd'hui près de 85% des ressources du FMI sont utilisées pour gérer les risques d'éclatement de la zone Euro, parce que les réformes institutionnelles nécessaires pour gérer une zone monétaire unifiée sont politiquement impossibles.  Sans doute faut-il louer un tel pragmatisme. Mais où est la cohérence de l'ensemble ? Une politique d'expédients est rarement efficace à long terme. Le jour de vérité finit toujours par arriver.  

 Il est arrivé pour DSK.

Anatomie de la crise décennale, à la lumière des évènements récents.

Comme nous l'avons écrit dès la fin 2006 et répété ensuite, la crise de 2009  serait du type 74, ou 93, mais en plus grave. Il s'agit d'une crise décennale classique aggravée par les défauts du système monétaire international et la dérégulation financière en absence de toute référence fixe de la valeur des monnaies.

L'épisode qui s'est déroulé de septembre 2008 à nos jours  permet de préciser le schéma de la crise décennale, crise périodique dont la mécanique est souvent niée depuis la fin des années soixante et   dont la théorie n'est plus faite aujourd'hui alors qu'elle garde toute sa pertinence.

La physionomie d’une crise décennale est certes chaque fois  un peu différente. Le contexte économique global  finit par changer et le système, consciemment ou non,  tient toujours plus ou moins compte de l’expérience du passé. Mais le schéma sous-jacent est solide et constant.

La confiance disparait d’abord chez les opérateurs financiers et les boursicoteurs. Les bourses s’effondrent. Les banques s’inquiètent. A juste titre : des tensions se font jour partout.   Les refinancements deviennent difficiles. Des crédits jusqu’ici considérés comme sûrs apparaissent  aventurés. Les particuliers paniquent. La traditionnelle distinction entre crise bancaire de liquidité et de solvabilité perd toute signification : les deux se conjuguent.  Les banques restreignent violemment le crédit : le fameux «crédit crunch » a bien lieu.

Les entreprises désinvestissent brutalement, volontairement  ou non. L’embauche s’arrête. La consommation n’est pas atteinte au départ. En début de crise les consommateurs regardent un peu la crise comme un défilé au balcon : la crise, quelle crise ? Retraités et fonctionnaires se sentent peu concernés. La plupart des postes en entreprise sont solides ou considérés comme tels.  Le chômage monte plus par arrêt des embauches que par les licenciements. 

Les épargnants en revanche paniquent. Vont-ils pouvoir conserver leur avoir ? Le taux de possession d’actions baisse  immédiatement et rapidement.   La course à la liquidité s’emballe.

Arrive le moment de vérité : les entreprises fragiles craquent. Les autres prennent des mesures conservatoires souvent exagérées par rapport au nécessaire ou au contraire résistent de façon irréaliste : elles ont eu tant de mal à constituer des équipes solides ! Toutes voient leur trésorerie s’effondrer au moment où le système bancaire cesse de vouloir les aider. On se finance sur le marché obligataire loin des banques, devenues simples courtiers.  Quand on le peut, car toutes les entreprises ne le pourront pas, notamlment les PME.  Le  chômage explose, alimenté désormais à la fois  par le non recrutement et les licenciements.

L’Etat est toujours pris par surprise. La croissance rapide de la fin de cycle l’a gorgé de recettes et les dépenses vont bon train. Partout les administrations centrales ou locales se sont endettées pour profiter des taux bas de la période joyeuse finissante.  Et tout soudain la mécanique s’enraie. Les recettes baissent plus vite que le PIB : un système fiscal progressif accélère les recettes fiscales pendant la phase de croissance mais provoque une dégressivité symétrique quand la récession frappe  On verra le taux de prélèvements baisser. Les gouvernements s’empresseront de prétendre que c’est grâce à leur bonne gestion !  Alors qu’il s’agit d’un effet mécanique.  Les dépenses explosent car il faut indemniser et relancer.  Généralement on indemnise et on rlance trop depuis Keynes. Les déficits deviennent abyssaux.  L’endettement public  grimpe.

Les banques centrales depuis 1929 et Milton Friedmann savent qu’elles doivent faire marcher la machine à imprimer les billets. Elles créent de la liquidité à tout va en reprenant au départ  les meilleurs actifs des banques. Ensuite elles avalent un peu n’importe quoi. Elles y gagnent beaucoup d’argent ce qui surprend toujours. Pourtant, tout le monde sait que les docteurs gagnent toujours plus en temps d’épidémie.  L’inondation monétaire permet de sauver les banques et d’éviter les paniques de déposants. Au nom  de la sauvegarde des déposants on protège les banques et leurs dirigeants, cas classique où une minorité est sauvée abusivement au nom du groupe.

La part du PIB qui a disparu est partiellement compensée par ces mécanismes efficaces. Il est rare que la crise entraîne des baisses de PIB très importante comme au XIXème siècle.  Les prix à la consommation ne bougent pratiquement pas sauf dans des cas très particuliers. La bourse finit par rebondir. L’immobilier tremble sur ses bases mais ne lâche jamais complètement, sauf sur les créneaux les plus aventurés. 

La vie reprend. La crise aura duré deux ans. Il faudra près de 5 ans pour s’en remettre totalement.  Les faillites arrivent en général en fin de crise, à partir de la troisième année.  L’état augmente les impôts sans se rendre compte que la progressivité suffira à rétablir le niveau de recettes voulus. La pression fiscale devient rapidement insupportable ce qui pèse sur la reprise. Le coup de gourdin fiscal « Juppé » de 95 provoquera même une récession sui generis en France en 1996.  Les banques sont désorganisées pour un moment. En fait le système bancaire est en faillite mais personne ne tient à le savoir. Le temps et quelques restructurations permettront de voir venir.

Puis l’oubli fait son œuvre et l’industrieuse humanité, ses désirs et ses besoins, reprend son élan. Jusqu’à la crise suivante. Si la crise précédente a été forte elle sera plutôt douce. Si elle a été faible elle sera violente car les ajustements n’auront été faits qu’à la marge lors de la précédente purge et l’oubli, une des causes majeures du cycle, aura été plus complet.

La crise nouvelle s’annoncera par différents signes qui seront ignorés : l’industrie automobile commencera à proposer des modèles foldingues d’un luxe inouï ;  certains économistes  expliqueront que le cycle est désormais vaincu et qu’on a trouvé le chemin de la croissance perpétuelle ; les banquiers en arriveront à penser  qu’ils font un réel travail pour le bien de l’humanité, certains estimeront même qu’ils font « le travail de Dieu », ce qui expliquerait des bonus ridiculement élevés  ;  les grandes entreprises annonceront des taux de croissance intenables basés sur des plans sur la comète euphoriques. Zeus aveugle ceux qu’il veut perdre.  En vérité en fin de cycle de croissance  le système de crédit est en totale surchauffe et finance beaucoup plus la spéculation que l’investissement durable.  Le court terme emporte tout. Les « bulles » sont partout.

D’amusants coquins prétendront qu’elles ne peuvent qu’exploser. Personne ne les écoutera. Elles ne sont que le signe d’une vitalité économique intense et de l’existence de liquidités abondantes prêtes à se placer.  La crise venue on prétendra de toute façon qu’elle était imprévisible et on cherchera un bouc émissaire facile comme une guerre, une catastrophe naturelle, une fraude massive pour expliquer qu’on se soit à ce point trompé. Les économistes de cour, qui auront inlassablement expliqué que  le cycle n’existe plus,  seront pris une fois de plus à contrepied par le retournement. 
Peut-être la reine d’Angleterre les tancera de n’être que les commentateurs mal inspirés d’évènements qui ne sont pour eux que des pochettes surprises. 

C’est que l’épisode aura été sévère.

D'autres surpris de s'être retrouvés si bêtes au milieu d'évènements si peu anticipés jurent mais un peu tard qu'on ne les reprendra plus.  En général ils se mettent à annoncer pour les prochaines semaines, les prochains mois ou les prochaines années une crise colossale, un peu comme si une "vague scélérate" à caractère magique et en voie de formation secrète  avait enfin illuminée leur sagacité. Ils confondent les conséquences de la crise avec la crise elle-même qui en fait est derrière eux. Mais à leur tour "ils l'auront bien dit" si des erreurs économiques viennent compliquer la sortie de crise.

Depuis la fin des accords de Bretton Woods chaque crise décennale est plus grave et ses conséquences plus difficiles à maîtriser.  Kenneth Rogoff qui prétendait le contraire au FMI s'est trompé dans les proportions les plus délirantes.  Il pensait que les dérégulations financières, les marchés, les changes flottants avaient permis de vaincre le cycle. C'était le crédo de ses maîtres, Rubin, Greenspan et Summers.

La vraie question aujourd'hui n'est pas de nier le cycle. Il y aura toujours des cirses quasi décennales qui correspondent en fait à une donnée psychologique : l'oubli. Maurice Allais avait décrété que le taux d'oubli était équivalent au taux d'intérêt. L'intuition était géniale, même si elle reste aujourd'hui oubliée ou méprisée.

La science économique doit principalement comprendre pourquoi depuis 71 les crises s'aggravent et les sorties de crise sont plus difficiles et  plus aléatoires.  Nous-mêmes, au Cercle des économistes e-toile,  prétendons que la cause majeure est dans le système des monnaies administratives dérégulées que traduit  le système des changes flottants et la guerre des économies sans aucune procédure réelle de concertation efficace.  Ce système ne marche pas et a provoqué une baisse tendancielle de la croissance mondiale, avec des écarts de plus en plus massifs selon les distorsions de concurrence,  en même temps qu'une plus grande cyclicité.

Prisonnier de postures idéologiques  le débat économique public est inexistant sur ces questions cruciales.

Nous dirions bien" indignez vous !". Mais le slogan est pris. 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Retours de manivelles (sévères)

Le plus souvent, il suffit d'attendre : les erreurs et sottises dénoncées dans la solitude au moment où elles sont commises  deviennent en du temps des évènements médiatiques.  Nous le voyons aujourd'hui dans au moins trois domaines d'importance inégale.

- Nous n'avons jamais compris la gloriole médiatique qui accompagne depuis déjà longtemps les actes de M. Strauss-Kahn.  Nous avions vu dans ce personnage, en examinant les faits et seulement les faits, une personnalité glauque et un économiste incertain voire incompétent.  Dès son passage comme Ministre des Finances ces deux aspects étaient facilement décelables.   L'affaire de la cagnotte et celle des trente cinq heures, manifestation de deux erreurs majeures, ne laissaient guère de doute sur la superficialité économique de l'homme politique. Il ne suffit pas d'être péremptoire et plein e morgue. Il faut aussi raisonner juste.  L'affaire de la MNEF même si les poursuites ont finalement tourné court était tout sauf glorieuse.

La droite ploutocratique  s'est convaincue que son goût de l'argent le rangeait dans leur camp et qu'il ferait un président complice.  La gauche bobo s'est dit qu'il pourrait arriver à la présidence et que c'était bien l'essentiel. On a vu avec la commémoration absurde de type tontonmaniaque  des années Mitterrand  que la seule vertu qui était honorée était celle d'avoir gagné en trompant tout le monde.

La nomination au FMI, institution malade, était une erreur de casting profonde qui allait handicaper les possibilités de réforme.  M. Strauss-Kahn n'avait aucune idée sur les questions posées et étaient bien disposé à n'en avoir aucune et à flotter comme un bouchon pour durer en attendant d'autres opportunités de carrière.  On le vit donc pleurnicher sur les pays en voie de développement dans le style Delarosière,, tout en rassurant les Etats-Unis sur la flexibilité de son échine. Et comme ses deux prédécesseurs il s'est mis à attendre un retour en fanfare à la présidence de son pays.

Résultat : aucun discours convainquant, aucune idée exprimée. On vend l'or du FMI pour payer les frais des licenciements.  Lorsque la crise frappe, M Strauss Kahn n'a rien vu venir. Pendant des mois il se tait pendant que les prévisions du FMI tournent au fiasco général. Des mois !  Nous avons souligné en temps réel les analyses totalement débiles qui seront livrées  ultérieurement, la dernière il y a quelques mois.

On voit le résultat aujourd'hui : il n'est plus directeur du FMI ; la France voit sa réputation entachée ;  On n'a toujours aucune idée de réforme sérieuse du système monétaire international.

Tout cela aurait pu et du être évité.

-Plus surprenant a été la remise en cause brutale du RSA par un ministre du gouvernement Sarkozy.

Nous avons écrit dès le départ que cette réforme était bien intentionnée comme toujours mais contreproductive et qu'elle serait un échec.  Pour des raisons parfaitement claires :  tous les agents économiques, même pauvres, font un calcul économique.  La complexité du RSA et en fait son intentionnalité pure d'affichage politique  ne pouvait pas provoquer les bénéfices attendus.  Aujourd'hui les media admettent  que les avantages annexes reçus par les personnes aidées sont trop importants et trop difficiles à obtenir pour qu'un Rmistes prenne le risque de quitter sa condition, certes triste, mais dont il connait les possibilités et dont il se contente.  La réforme faite à la va vite n'a eu aucun des effets bénéfiques attendus, comme il était prévisible.

L'assistance aux personnes ayant la capacité de travailler  mais momentanément empêchées, est un vrai problème. Elle doit être ciblée, unifiée, provisoire et dégressive. 

Politiquement il doit être rappelé que toute personne en possibilité de contribuer doit le faire et qu'on ne peut pas vivre indéfiniment aux crochets de la société. 

Administrativement il faut que les aides qui se déclenchent soient unifiées, surveillées au plus près, et contrôlées. 

En revanche vouloir imposer aux personnes aidées des corvées est absurde et inefficace.  Il faut plutôt que la dynamique des aides unifiées les pousse vers le travail.  Et le caractère provisoire de l'aide est essentiel dans cette fonction. 

Le RSA doit être remplacé par deux aides ciblées :

- l'aide temporaire d'urgence qui permet de faire passer un cap à un individu ou une famille en jouant sur un panel d'aides circonstancielles  

- L'aide temporaire de soutien qui permet d'orienter des personnes éloignées de l'emploi depuis longtemps d'être accompagnées vers un retour à l'emploi. Le quart monde, cela existe et on est pas loin de l'invalidité sociale.

En outre il faut mettre au programme du gouvernement deux politiques globales :

- changer le système de change qui aboutit à une déflation permanente et au sous emploi

- prendre en compte les réalités du cycle qui imposent une politique non pas permanente mais circonstanciée.



- Dernier point,  le retour de la crise Grecque et la comédie autour de l'Euro soulignent une fois de plus que l'irrationalité économique n'a pas de chance de réussir.  Une monnaie unique est un acte politique qui implique des unifications économiques majeures. On a mis la charrue avant les bœufs et les bœufs piétinent la charrue. On dit : oui mais cela va dans le bon sens d'un fédéralisme européen. Juste au moment où les opinions décrochent du projet européen fédéraliste (aucune des politiques européennes ne fonctionne plus !) . On ne peut pas avoir un ilot de fixité européenne au milieu d'un flottement général dominé par le laxisme américain et le mercantilisme chinois.  On n'a pas voulu faire de réforme du système monétaire international.  L'Europe en est réduit aux plans de sauvetage et à la déflation générale. Tout cela est absurde et désastreux pour l'emploi.

 

Comme disait Maurice Allais, "ce qui doit arriver arrive".



Dans les trois cas cités, un peu de réflexion aurait permis de prendre des décisions plus fondées et plus efficaces.  Observation et réflexion, réalisme et compétence, sont les vraies mamelles de l'économie. Tout le reste est ruine de l'âme et perte de temps.

 

Autrement dit :

 

Les conneries c'est comme les impôts, on finit toujours par les payer. (Michel Audiard)

 



Monnaies : quatre personnages en quête d'auteur

On dira ce que l'on veut d'Alan Greenspan, et nous ne nous sommes pas privé de critiquer se gestion de la FED au moment où il était sacré génie  monétaire de l'histoire de l'humanité,  mais il sait reconnaître ses erreurs et en tirer les conséquences jusqu'au bout.  Dans une récente interview à CNBC il n'a pas caché qu'il pourrait tirer argument des quelques succès de sa période, comme l'accès à un niveau de vie décent pour des centaines de millions d'habitants de pays considérés jusque là comme structurellement pauvres.  Mais il et bien décidé à n'en rien faire : le système auquel il a cru ne marche pas. Il le dit et il le répète. Donc il faut imaginer autre chose.

Quel est donc ce système qui ne marche pas ? C'est celui qui veut que les monnaies soient désormais uniquement des monnaies de papier, des monnaies administratives, dont la valeur absolue  est intrinsèquement nulle et dont on attend que "les marchés" donnent la valeur relative, dans le cadre d'un système de changes flottants.

La libéralisation totale des mouvements de capitaux, sous la supervision de banques centrales chargées uniquement de surveiller la valeur interne de leur monnaie (mesurée par un indice des prix à la consommation plus ou moins arbitraire) devait permettre l'allocation optimale des ressources, unifier les taux d'intérêt, limiter les réserves de devises, faciliter les transitions en cas de déséquilibres, permettre une croissance accélérée.  Non seulement on a vu se produire exactement l'inverse mais en plus une crise ravageuse  a mis par terre les finances publiques de tous les grands pays.

A. Greenspan en prend acte et c'est tout à son honneur. Ce faisant il rejoint ceux qui comme nous font cette analyse depuis des lustres non pas par combat idéologique ou théorique, mais par la simple observation des faits.

Si on se place résolument dans cette perspective, la situation actuelle des acteurs principaux qui s'agitent sur le front des monnaies prend un caractère particulièrement psychédélique. La FED, la BCE, le FMI et les autorités monétaires chinoises sont dans des situations fausses caractérisées.

Si on considère qu'un système de monnaie administrative gérée par une banque centrale indépendante  "ne marche pas",  la BCE se retrouve dans un position légèrement étrange.  Elle a le double inconvénient de gérer une monnaie transnationale mais sans que les conditions politiques en soient réunies,  et d'être le prototype même d'une institution indépendante correspondant à un modèle faux.  Personne n'étant en Europe responsable de la valeur externe de l'Euro  la compétitivité globale de la zone est en deshérence. L'Europe se retrouve seule à jouer le jeu d'un système "qui ne marche pas" alors que tous les autres acteurs trichent.

La Chine mène une politique mercantiliste. Le strict alignement sur  le dollar d'une monnaie fortement sous évaluées (50 à 60%) lui permet de voler l'industrie du monde occidental.  Mais là voilà qui accumule des réserves potentiellement sans valeur, la voilà  qui doit faire face à l'inflation chez elle, et à des remarques de plus en plus acerbes à l'extérieur. Le temps de l'impunité pour la Chine est fini. Celui des relations de pouvoirs commence. Une dynamique de conflits s'est mise en place. Il va lui falloir céder sans perdre la face.  

La FED, auxiliaire d'une diplomatie du dollar et d'une gestion en force de l'économie mondiale basée sur "le benign neglect" monétaire, est tout autant en porte à faux. Cette fois ci il n'est plus possible d'accuser les "cronies" des pays tiers pour expliquer les désordres monétaires. En dépit de la force traditionnelle de l'économie américaine, la peur du dollar est partout et le rejet d'une politique irresponsable manifeste. Et il est impossible de faire sombre plus un dollar déjà au plus bas.  

Quant au FMI il n'est pas seulement malade des frasques habituelles  de son directeur irresponsable. En régime de changes flottants, le FMI n'a aucun rôle. C'est pourquoi depuis quatre mandats les directeurs quittent leurs fonctions avant terme et que les discours tenus par ces dirigeants sont aussi nuls, en particulier ceux de DSK, comme nous l'avons plusieurs fois relevés.  Le rôle du FMI était de permettre à un pays souffrant d'une crise de confiance en système de changes fixes, de réajuster son économie avec un moindre "credit crunch".  Pour cela on lui imposait quelques contraintes de bonne gestion tout en lui donnant des facilités de tirage en devise.  Une crise de change ne devait pas tourner à la crise mondiale.

On lui fait jouer abusivement aujourd'hui un rôle de financier des dettes souveraines. L'Europe, sans pouvoir économique central, n'a aucun moyen de contraindre les pays membres à une dure ascèse. On a été chercher le FMI  uniquement pour son rôle de père fouettard.  Le but n'est pas de minimiser une déflation visant à rétablir la compétitivité et le change, mais de financer des dettes exorbitantes générées par le système monétaire malsain des changes flottants  pendant la période Greenspan.  Ce pragmatisme a certainement des vertus, mais où est la cohérence ?

Tous les grands acteurs monétaires sont aujourd'hui en porte-à-faux. L'édifice restera dangereusement branlant tant qu'une construction solide ne sera pas bâtie sur une base théorique solide.  Il faut reconstruire un système de changes fixes en établissant la responsabilité des états dans la défense de la valeur externe de leur monnaie. Il faut que l'ensemble du système soit rattaché à une ancre monétaire solide.  

On n'en prend toujours pas le chemin. Ce qui donne son fumet pirandellien à la situation ( on a le choix entre "ce soir on improvise et six personnages en quête d'auteur) . Et qui rend l'avenir si hasardeux. C'est aujourd'hui qu'il faut écouter A. Greenspan, un grand spécialiste de l'Actor's studio monétaire.

 Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



"La fin du dollar" de Myret Zaki

La crise qui s'est déclenchée fin juillet 2007 et dont le monde commence à peine à sortir a favorisé la publication de livres plus ou moins "définitifs"  remettant en cause radicalement le monde d'avant.  Le livre "La fin du dollar" de Myret Zaki, Editions Favre à Lausanne,  est de ceux là.  

Tout le monde a  bien compris que la crise venait des Etats-unis et que la politique de puissance menée avec le billet vert entraînait le monde vers des crises répétées et toujours plus graves.  Montrer à quel point  la politiquefinancière et monétaire des Etats unis était intenable est une œuvre salutaire.  Alerter sur le fait que les Etats Unis eux-mêmes in fine pourraient en être la victime la plus durement touchée  ne peut que faire du bien.

On n'en est plus au temps de la crise de 98, crise typique des changes flottants et du dollar fou de Greenspan,  qui était "expliquée" par la faute des pays émergents et des "cronies"  qui étaient censés, au dire des anglo saxons, fausser l'économie du monde.

On n'en est plus non plus au temps où les grands économistes qui dénonçaient le caractère foncièrement dangereux des institutions et des pratiques imposées en matière monétaire par les Etats-Unis étaient sommés de se taire (comme Jacques Rueff)  et se retrouvaient marginalisés s'ils ne le faisaient pas (comme Maurice Allais).  La désinformation en matière  monétaire et financière a été extrêmement forte pendant des décennies et il est bon qu'on puisse désormais briser  la langue de bois qui a été imposée dans la presse et l'édition pendant si longtemps.

De ce point de vue là le livre est à lire et à recommander. Il reprend d'ailleurs des chiffres que nous nous sommes pas  privés de donner depuis 15 ans, comme la perte de valeur du dollar calculée en or (près de 98% désormais en attendant mieux), et que la presse quotidienne en France par exemple s'interdit bien de publier.  Nous ne pouvons que trouver cela sympathique.

Les limites du livre tiennent à ce qu'il veut trop prouver et qu'il manque un peu de fond dès qu'on en arrive aux explications.  C'est un livre de journaliste avec les avantages et les inconvénients du genre.  Il brasse bien l'air du temps. Il passe à côté des aspects techniques essentiels.

Une critique possible est de souligner la dénonciation d'un certain "conspirationnisme" anglo saxon. Bien sûr il a la volonté du puissance des Etats Unis, nous l'avons-nous même  souvent affirmé. Bien entendu  il y a l'espèce de colonisation des esprits en matière économique en provenance des Etats unis.  Mais nous sommes plus dans le domaine de l'erreur que dans celui du complot.  Les théories américano centrées qui dominent depuis la fin de la guerre de 40 et qui se sont exaltées après 1971 conviennent à "l'impérialisme américain". Mais ce n'est pas un calcul qui les fonde. Simplement la facilité. On est dans l'opportunisme de bas étage, pas dans le complot.

La défaillance américaine est intellectuelle  ; il se trouve que pendant des décennies elle allait dans le sens de la puissance américaine.  On se trouve un peu dans la même situation du colonialisme français dans les années 50 : tout le corpus intellectuel français condamnait le colonialisme incompatible avec les principes du droit des peuples à disposer d'eux même.  Mais qu'il est dur de renoncer à un empire et à accepter les difficultés de la décolonisation ! Alors avait développé tout un corpus de raisonnements biaiseux pour justifier l'injustifiable, corpus qui s'est évaporé depuis.  

Les Etats-Unis se sont trouvés bien d'une pente de pratiques monétaires et financières aventurées parce que cela leur évitait de regarder la réalité en face : leur habitude de facilité les conduisaient à une fuite en avant dans tous les domaines qui ne pouvait déboucher que sur de sérieux revers.  

Sortir de la situation suppose que les économistes américains eux-mêmes  et pas seulement les plus gauchistes,   dénoncent l'erreur intellectuelle commises et que les réalités finissent pas border le chemin suffisamment pour amener les corrections d'attitudes nécessaires.   L'aspect géopolitique est important ; l'aspect intellectuel l'est plus encore. La politique menée par les Etats Unis était erronée et l'est encore. Elle n'était pas nécessairement mal intentionnée.  Greenspan et ses amis Rubin et Paulson n'ont pas voulu "faire le mal pour le mal". Ils croyaient dur comme fer dans leur vision.  Greenspan est réellement "détruit" selon ses propres mots par le constat qu'il s'est trompé et que les faits lui ont donné tort.

La principale faiblesse du livre est dans le fait que l'auteur n'a pas réellement d'explication  des mécanismes de la crise et n'explique pas où était l'erreur.  Beaucoup de formules  sonnent le creux faute de s'appuyer sur un schéma économique solide.  

 Un exemple : "Le pays a besoin de 6 dollars de dette pour produire 1 dollar de richesse".  Cette phrase n'a pas de sens.  La réalité : les Etats Unis ont vu leur endettement global  monter à 600% de leur PIB.  La dette n'est pas un besoin.  C'est un cancer qui s'est développé par des mécanismes.  Quels sont ces mécanismes ? L'auteur n'en sait visiblement rien.  On en revient à la méchanceté des vilains dirigeants du monde politico bancaire américains. C'est un peu court.  La montée de la dette a été générale dans le monde  dépassant les 1000% du PIB dans certains pays comme l'Islande ou l'Irlande.  Les mécanismes sont donc globaux. C'est là que la réflexion doit porter. C'est là que nous avons  concentré nos analyses. Le livre est muet sur la question.

De même, l'auteur "voit court" aussi bien dans le passé que dans le futur.  

"La dette connait une hausse exponentielle depuis 2001".    Elle connait une hausse exponentielle depuis …1958 et le cycle a ses conséquences : chaque récession décennale  impose un gonflement de la dette selon des mécanismes que nous avons longuement détaillées ici.  Rappelons qu'il y a eu six récessions depuis cette date.

Dans l'autre sens, l'annonce d'un krach imminent  du dollar sous forme "d'un krach de la monnaie ou de celui du marché obligataire ou de tous les marchés en dollars"  sous estime le fait que le krach…vient d'avoir lieu.  La crise de 2007-2009 s'est bien produite. Elle a provoqué une purge importante. Certes il rester de nombreuses difficultés  mais le krach principal est derrière nous, pas devant. On est,  comme on dit pour  les tremblements de terre,  dans les répliques.  

Ce manque de profondeur historique explique que l'auteur ne voit pas que les Etats unis sont confrontés au même problème qu'actuellement depuis des décennies. A chaque fois ils s'en sont sortis en ruinant les créanciers en dollars.  La difficulté actuelle est que les créanciers en dollars sont moins dociles que ne le furent les Allemands et les Japonais.    Croire que ces créanciers, notamment la Chine, sont des exemples de vertu et qu'ils vont forcer une solution générale satisfaisante est une illusion. L'auteur ne voit pas que les mercantilismes chinois et  allemands, comme les excédents structurels des pays pétroliers, sont des effets miroirs des dettes américaines.

Là où il faudrait, pour aboutir à un bon diagnostic et à des solutions,  une bonne connaissance du cycle et des méfaits du système de changes flottants de monnaies administrées,  ,  on ne trouve qu'une volonté de prouver que tout est de la faute des Etats-Unis.

Du coup la partie solution est quasiment vide et rassemble des idées qui flottent dans l'air et qui sont jetés  sur le papier à la diable.

Le livre reste  à lire pour les éclairages qu'il donne sur bien des aspects  de la crise actuelle et mais il est malheureusement sans valeur inutile s'il s'agit de comprendre  ce qui s'est exactement passé, pourquoi et comment.  Il est vide de toute solution.

Il reste  un livre de sensibilisation opportun en ce qu'il brise une forme de plafond de verre  qui interdisait de mettre en cause les doctrines dominantes en provenances des Etats Unis et reprises de façon moutonnière par la presse britannique et française.  



Le fantôme de Nankin

Ainsi la réunion de Nankin aura été selon l'expression de la délégation chinoise," une affaire française", juste un séminaire d'experts agréablement organisé dans une ville touristique. Encore un peu et on aurait fini en réunion de club dans une ville d'eau. Française naturellement.  Et cela aurait presque mieux valu compte tenu de la couverture médiatique nulle et du résultat, nul également.
L'intuition du président français, Nicolas Sarkozy, qu'il faut réformer le système des changes est indiscutablement juste et des experts comme Mundell sont indiscutables.  Comment expliquer ce "bide" ?  Echec dangereux justement parce que  la question est juste et qu'il ne faut pas gâcher ses cartouches !

La réponse automatique est : c'est la faute aux grandes nations qui en fait ne sont d'accord sur rien. M. Geithner veut plus de flexibilité, en fait la réévaluation du Yuan. La Chine procrastine en donnant des gages mais avec une lenteur exaspérante.  Le Japon est out pour quelques temps pour raison de tsunami. L'Allemagne ne veut pas d'augmentation de liquidités internationales, considérant que le déluge monétaire et d'endettement vécu depuis des décennies suffit comme cela. La proposition minimale française consistant à élargir le panier de monnaies servant aux réseves du FMI  et à augmenter le niveau des réserves et le rôle du FMI n'a donc exactement aucune chance d'aboutir, malgré son ambition plus que modeste.

DSK, toujours aussi médiocre, en affirmant à Nankin, que l'objectif aurait du être encore plus modeste et en jugeant la demande française trop vaste, se ridiculise. On n'a pas besoin d'une réforme microscopîque.

Donc il ne s'est rien passé à Nankin sinon un constat de plus  par des voyageurs "lost in translation"  que personne n'était d'accord sur rien.  Une initiative originale comme dira Mme lagarde, Ministre des finances sans connaissances économiques  mais parlant l'anglais.  

Etait-il possible de s'y prendre autrement et d'obtenir d'autres résultats compte tenu du contexte effectivement accablant de zizanie générale ?

La réponse est oui.  Le seul levier pour faire bouger les choses était d'établir un diagnostic  ferme et clair des causes de la crise. On sait que cette crise est entièrement due au système des changes flottants et aux différents mécanisms de gonflement des pyramides de crédits qu'il permet, compte tenu du rôle du Dollar.  Ces mécanismes ont conduit  à un gonflement ahurissant des dettes, finissant par dépasser de plusieurs fois le niveau du PIB des principales nations. L'effondrement de cette masse instable et douteuse a été la raison de la crise et compte tenu du transfert d'une partie de cette masse aux Etats, de la situation dépressive de plusieurs d'entre eux.  

Pour faire bouger les choses il fallait imposer ce diagnostic.  D'abord en faisant jouer  les experts et ensuite en faisant endosser ce combat par le FMI. Mais il aurait fallu à cette institution autre chose qu'un guignol politique en transit comme président.  C'est le FMI qui aurait du jouer le rôle du père fouettard dans cette affaire.  En rappellant en permanence le rôle néfaste du système actuel, en stigmatisant des politiques qui n'ont conduit à rien de bon pour personne, en se plaçant au dessus des mêlèes nationales,  en appliquant les statuts qui lui donnent déjà de très larges pôuvoirs, le FMI pouvait jouer un jeu bénéfique d'abord dans la prise de conscience  et ensuite dans la solution.

Est-ce que la Chine se trouve bien d'avoir son tas de dollars de valeur incertaine avec comme contrepartie la colère de ses partenaires commerciaux  pour le vol de leurs industries  ?

Est-ce que les Etats-Unis se trouvent bien d'une crise qui pour la première fois a emmené le chômage autour de 10%, a ruiné ses industries et mis l'Etat dans une situation intenable ?

Est-ce que le Japon se trouve bien de son endettement public à 200% ?

Est-ce que l'Euro et l'Euroland sortent triomphants de la crise ?

Est-ce que le RU est dans un brillant état ?

Tout le monde est perdant.  Absolument tout le monde.

C'est ce message qui aurait du être porté par le FMI appuyé sur des études incontestables.  Tant que ce diagnostic n'est pas devenu la charte incontournable de toutes les réflexions,  on ne trouvera que les intérêts à court terme des états.

L'erreur de Nicolas Sarkozy est d'être parti plume au vent sans aucun diagnostic sérieux et étalonné. Résultat : confronté aux postions étatiques blindées des Etats unis et de la Chine, il a baissé pavillon avant même de combattre.  En chantant avec Geithner "vive les changes flottants" il a tué son discours. En calinant la Chine sans fournir le moindre levier pour qu'elle change de politique, il s'est retrouvé à faire le clown blanc à Nankin.

Tout cela est très regrettable. La pensée doit toujours précéder l'action, comme la stratégie doit précéder la tactique. Jouer les chevaliers blancs avec une tête vide et sans armes est au mieux du registre de la posture politicienne étroitement nationale.

Au mieux, car même sur ce minuscule terrain cela n'a pas marché.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Une réforme évidente… qui ne se fera pas.



On reste toujours stupéfait en France de constater que les réformes les plus simples et les plus évidentes ne se font pas.

Le cas exemplaire du jour est offert par la médecine du travail en France.

La médecine du travail a été un grand progrès et une institution plus que nécessaire. Forcer les entreprises industrielles a prendre le plus grand soin de leurs salariés est absolument naturel et normal.  

D'où vient la nécessité de réforme ?  D'une évolution extrêmement simple  à constater : le passage de l'emploi primaire et secondaire à l'emploi tertiaire pour parler techno. En clair l'essentiel des employés travaillent dans des bureaux qu'il s'agisse du secteur privé ou de l'administration.

Pour le personnel de bureau les maladies professionnelles sont quasiment inexistantes.  Les visites médicales imposées dans des services spécialisés n'a donc aucun sens. La salarié rencontre un médecin qui ne le connait pas et qui n'a pas son dossier.  Le médecin rencontre un homme sain qui ne demande généralement rien sinon que cela se termine le plus vite possible.  L'entreprise paie dix fois le prix d'une consultation  normale auprès d'un généraliste  pour un service inexistant.

En général la surmédicalisation associée à la gratuité des visites au généraliste fait que le personnel salarié urbain est vu plusieurs par an par un médecin pour des affections généralement bénignes.  Il est parfaitement inutile d'ajouter à cette surmédicalisation par une visite qui ne sert à personne.

Aucun médecin digne de ce nom n'aime cette médecine à la chaîne sans visée médicale concrète exécutée sur ordre et par routine.  Le personnel de ces centres qui est rarement de la meilleur qualité vieillit.  Les jeunes générations refusent  de s'investir dans ces tâches idiotes et déprimantes.

La solution d'une suppression pure et simple de ces visites obligatoires s'impose aussi bien du point de vue du médecin que de celui du client (on ne parle pas de malade ici).

On garderait  une spécialité de médecine du travail qui serait sollicitée soit par la sécurité sociale pour le contrôle des arrêts et des reprises de travail ,  soit par le médecin généraliste qui devant le constat d'une pathologie à caractère professionnelle pourrait orienter le patient vers la médecine du travail  pour une analyse de causalité (mais pas de traitement)  et la définition d'une prophylaxie collective.

Ayant dirigé une entreprise de conseil dont l'effectif a flotté pendant  25 ans entre 8 et 20 personnes,  l'expérience m'a prouvé que la médecine du travail n'a jamais servi à détecter quoi que ce soit qui aurait mérité qu'on en tienne compte pour la santé générale.  La seule vraie mesure de santé publique qui a affecté l'entreprise a été l'interdiction de fumer dans les bureaux.  

La seule et unique fois où la médecine du travail est entré en jeu , ce fut pour une grotesque sottise.  Notre chauffeur-livreur ayant été atteint d'un cancer incurable,  la question de son retour en entreprise après un début de traitement purement symptomatique s'est posée.  Le poste consistait à livrer des ordinateurs  et à la installer chez les clients. Le malheureux ne pouvait plus utiliser son bras droit paralyser par l'action de la tumeur et un acte chirurgical maladroit qui avait couper un nerf critique.  Le chauffeur ne pouvait plus toucher un volant. Le livreur ne pouvait plus porter quoi que ce soit.  L'homme était donc condamné et inapte à tout travail.

Qu'a fait la médecine du travail : elle l'a déclaré apte !  Ce brave garçon restait assis le bras pendant sur un siège toute la journée. Mais il devait se taper deux trajets par jour particulièrement pénibles.  Le temps de prendre conscience de la situation (on marche sur des œufs dans ce genre de cas) il fallut bien téléphoner à la médecine du travail pour demander des explications. Après quelques rugueuses  passes verbales téléphoniques qui n'avaient rien donné (le secret médical, vous comprenez) , une visite au centre s'imposa. La directrice du centre admit bien volontiers que le cas paraissait bizarre mais qu'en vérité c'est l'épouse, qui ne voulait pas de son mari dans ses pattes  à la maison, qui était intervenue pour qu'il retravaille et que vu la nature explosive de la dame il valait mieux qu'il reste tranquille dans l'entreprise.  De toutes façons il n'en avait plus pour longtemps, alors, si nous voulions prendre ce malade en patience….

Pendant ce temps là l'entreprise payait un livreur et ne faisait plus de livraison !

Au même moment la concierge, pardon la gardienne, de l'immeuble où étaient logés nos bureaux et qui  en faisaient le ménage nous demandait si nous serions d'accord pour que son mari fasse le travail à sa place pendant les périodes de vacances, mais sans le dire : ce brave garçon était en arrêt maladie de très très longue durée pour mal de dos, le fameux "mal des Portuguais" qui avaient trouvé ce moyen pour cumuler deux rémunérations.  


La médecine du travail  était donc  capable de sortir du travail des salariés qui pouvaient travailler et de rétablir dans le travail des salariés qui ne pouvaient plus travailler.

Tableau !

Oui décidemment, il faut, pour tout le secteur tertiaire, supprimer la médecine du travail au profit d'une cellule réduite d'épidémiologistes, chargé d'orienter la politique de santé publique au travail  et de  véritables médecins contrôleurs  chargés de recevoir les malades prétendant à un arrêt maladie ou à une invalidité. Les médecins généralistes perdraient le pouvoir de déclencher des arrêts maladie  mais récupéreraient la visite obligatoire annuelle, et tout dans tout ne perdraient rien s'ils sont honnêtes dans leur travail ).  Evidemment les voyous qui se font une clientèle actuellement en distribuant généreusement les arrêts maladie seraient affectés. Et alors ?

Cette réforme est si simple qu'elle ne sera naturellement pas faite.  Le paritarisme permet à des syndicats salariaux et patronaux  de faire rémunérer des permanents pour gérer ce système gigantesque  et  inutile (pensez : près de 15.000.000 de visites inutiles à 300 euros l'unité). De nombreux centres agréés vivent de ce petit négoce futile et malsain.  Tout ce petit monde se cache derrière la mission de santé publique de protection du salarié, sans y contribuer le moins du monde et pour un coût astronomique.

Ainsi va la France entre Ubu et abus de toutes sortes.

Indignez- vous ? Révoltez-vous ?

Allons, allons. Vous êtes en France le pays où le faux semblant et les fausses réformes sont de règle, les ministres les interlocuteurs des lobbies, les parlementaires des zombis, et les entreprises des vaches à lait.   Enfin, tant qu'il y en aura.



Comment sommes nous gouvernés !

Comment sommes nous  gouvernés !

Depuis 2007 nous nous interrogeons sur la réalité du concept de rupture cher Nicolas Sarkozy. Dès la campagne électorale d'alors nous avions posé la question "vraie ou fausse rupture" ?  Les Français aspiraient à une vraie rupture.  Une rupture franche. Une rupture définitive. Mais avec quoi ?

Les années suivantes ont assez bien montré l'ambiguïté du concept.  

Les Français ont vu que le moloch politico-administratif vivait sa vie dans l'indifférence presque complète de leurs aspirations et dans une irréalité dangereuse.

Produire chaque année un budget hypocrite en hausse massive mais déguisée (la procédure budgétaire est totalement mensongère) et dont à peine plus de la moitié est financée par l'impôt est du charlatanisme pur et simple. Et cela fait presque quarante ans que cela dure.  

Constater que malgré ces dépenses ahurissantes qui nous mettent maintenant en tête du monde développé sur ce critère,  tous les ministères importants sont en déshérence  est un véritable supplice civique.  

L'éducation nationale  publique est en train de devenir un égout que fuient tous ceux qui le peuvent et en particulier la progéniture de nos ministres.  Que les sept lycées en tête du classement des meilleurs établissements soient privés  est tout de même un signe et un symbole qui gifle tous ceux qui ont connu la situation telle qu'elle était ne serait-ce que dans les années 50 ou 60.

La justice est effondrée depuis longtemps. Mais on atteint maintenant des niveaux dans l'abaissement qui sont tels que le redressement parait presqu'impossible. Que l'on ait décidé d'exonérer de toute peine de prison effective  les condamnés à moins de deux ans de …prison est plus qu'un signe.  Surtout pour ceux qui se rappellent que lorsqu'on volait une bouteille de lait consignée à 5 Francs (anciens) on faisait 15 jours de prison ferme avec en prime un joli tabassage par les citoyens énervés et les policiers habitués.  

L'armée tient avec des bouts de ficelles. 

La police désorganisée par les 35 heures et  débordée par la délinquance se délite. L'hôpital public commence à s'enfoncer. 

Ne parlons pas de notre diplomatie et de la place de la France et du français dans le monde !

On a dit aux Français : l'Europe ! L'Europe ! L'Europe ! Ils ont dit d'accord mais on veut des résultats positifs. Ils ont eu l'Euro et une stagnation économique de longue durée, d'abord pour réunir les conditions du passage à l'Euro, ensuite pour défendre l'Euro dans une Europe totalement désorganisée et tirant à hue et à dia alors que le monde lui avait opté pour les changes flottants.  Ils ont vu tout le système de tarif extérieur commun démantelé.  L'Europe n'a pas seulement été libérale. Elle a souhaité en finir avec  les actions de politique industrielle des états.  L'Europe a cédé sur tout dans les négociations internationales.  On a fait entrer en son sein des pays sous développés connaissant de graves difficultés ethniques et sociales.  Et on a ouvert l'espace à tous les mouvements de population, presque sans entraves.

Les Français ont fini par se rebiffer. Ils ont voté non à un référendum crucial sur la Constitution européenne.  On leur a refourgué la marchandise sous forme d'un traité de Lisbonne dont ils n'ont pas eu à connaître.

De partout des mesures "politiquement correctes" sont venues corseter leurs libertés.  Toujours au nom des meilleures intentions mais avec des effets pervers évidents.  

Les Français sont devenus des citoyens traqués et sommés d'être des  héros ordinaires ou des saints, comme on voudra.  

L'énormité des flux migratoires , cachés et avec interdiction formelle d'en détailler la nature et les composantes, a fini par tellement transformer leur cadre de vie qu'ils se demandent même s'ils sont encore en France.  Et le système ne cesse de leur répéter que se poser ce genre de question est mal et de leur imposer des mesures qui les indisposent.  Il faut accepter avec le sourire les Roms  et leurs pratiques.  Il faut financer des mosquées. Il faut accepter des minarets.

Des syndicats mafieux ruinent encore et toujours des parties entières de notre économies.  Il ne faut surtout rien faire.  Le spectacle honteux du port de Marseille en particulier et de l'ensemble des ports français en général est  laissée à la délectation citoyenne des Français écœurés.

Alors nous voyons des élections où à peine un électeur sur deux se déplace.  Pour voter protestataire.

Alors on voit une réaction médiatique que traduisent des journalistes comme Eric Zemmour et quelques autres.  Le leitmotiv ? Arrêtons de céder ! Arrêtons le politiquement correct !  Défendons nous ! Laissons la réalité guider nos politiques !

Jamais les effluves frelatées de l'énarchie compassionnelle n'ont été plus critiquées et même plus vomies.  Des dirigeants qui sont implacables dans le contrôle  des citoyens  (il ne faut plus fumer, plus dépasser des limites de vitesse, plus mettre de voile,  plus boire ni d'alcools ni de sodas sucrés, bien payer ses impôts et en disant merci avec componction etc. ) ont vu leur pouvoir dépecés par l'Europe et par les collectivités locales.

Les oukases européens descendent sur les pays sans que personne  ne sache quand ils ont été pris. Et sans que les citoyens n'en ait jamais débattu.

Les roitelets locaux n'en font qu'à leur tête et gaspillent à qui mieux mieux dans une ambiance clientéliste tellement minable que le dégoût  vient immédiatement  dès qu'on s'y penche.    

L'Europe sait qu'elle est désormais en ligne de mire de la désespérance des européens. Elle fait faire de coûteuses enquêtes pour mesurer l'ampleur de ce désamour.  Le gouvernement sait qu'il est en ligne de mire des citoyens français. Il n'a pas de besoin de faire des enquêtes pour le savoir : les élections suffisent.

Et que constate-t-on ?

Mme Ashton, parait-il, ministre des affaires étrangères de l'Union,  propose de supprimer  tout droit de douane avec le Maghreb.  Pour favoriser les délocalisations d'entreprises européennes dans ces pays. Sans doute pour éviter qu'à Lampedusa …

On apprend que les députés européens sont souvent des lobbyistes ou qu'ils acceptent assez régulièrement d'être stipendiés par des lobbyistes.

On est averti une nouvelle fois que les comités d'entreprise de nos grands groupes nationalisés ou ex nationalisés sont entièrement maquereautés et servent de façon honteuse des mafias syndicales sans scrupules.

Mme Lagarde, censément ministre des finances nous annonce avec componction qu'elle n'interdira pas encore l'emploi des chèques !  Comme elle est gentille et énergique !  Quel est le citoyen qui a demandé la suppression des chèques  ? Aucun assurément. Mais voilà que le groupement pétainiste des banques françaises (la FFB) veut supprimer le chèque, le dernier moyen de paiement non taxé. Il a déjà réussi à faire qu'on ne puisse plus vider ses comptes en liquide (il faut faire un virement à une autre compte).  Il ne veut plus du risque que fait courir les rushs vers la liquidité lors des crises de confiance.  Ils souhaitent que les français paient par carte de crédit (payante) ou par virement (payant).  Et que fait la Ministre ? Elle donne un rapport à rédiger à l'ancien président de la ...FFB.  Qui exige la suppression du chèque puisqu'on veut conserver sa gratuité !  A force de rapports la mesure tombera comme un fruit mûr en dû temps.

Mme Bachelot Narquin elle se lance à la demande de trois associations  et de deux comités,  dans la pénalisation du recours à des prostituées. Le plus vieux métier du monde n'a qu'à bien se tenir.  Les prostituées sont des victimes. La marchandisation du corps des femmes est un scandale. Pénalisons. Encore et toujours.  La réalité et la nature humaine n'ont qu'à s'aligner sur le politiquement correct féministe.   On se souvient des exploits de type soviétique de la dame lors de l'affaire des vaccins contre la grippe porcine "tueuse".  

On apprend que la taxe sur les bureaux à Paris qui avait subrepticement augmenté de 44% en 2010 devrait encore augmenter de 58%. Pour financer le grand Paris. 100% de hausse, comme les 100% de hausse de la taxe foncière du foldingue Delanoë. Pourquoi se gêner. Il n'y a pas de crise, n'est-ce pas ?    

La machine contre laquelle la révolte gronde continue à fonctionner sans varier d'un pouce.  L'Europe passoire agrandit les trous de la passoire et accentue le dessaisissement des citoyens absolument sans vergogne.  Tout en exigeant des impôts spécifiques qui s'ajouteront naturellement aux autres.

On nous chante des airs de victoires parce que notre déficit public n'atteindrait que 7,5%  du PIB au lieu de 8.  Amère victoire. Et on se flatte d'atteindre 7% en 2011.

Les Ministres complètement coupés des réalités et incapables d'entendre les bruits de bottes électoraux continuent à servir les lobbies  et à menacer les citoyens de mesures d'empêchement.

Et nous n'avons fait ici que reprendre des informations d'un seul jour entendus à la radio ou lues dans le journal.  

Pendant ce temps là les déficits publics sont au plus haut ; le chômage est massif ; la désespérance  touche toutes les classes sociales.  Sauf les très riches qui commencent à repartir quand ils ne sont pas déjà expatriés.

Il n'y a eu aucune rupture.

La France marche sur la tête.

Tout le monde le dit ou en convient.  La Président dont les zigzags et les attitudes de Matamor ont fini par indisposer  est tellement bas dans l'opinion qu'on commence à juger que "la page Sarkozy est tournée", comme le dit justement Hollande, un énarque compassionnel comme on en connait peu et roi du politiquement correct… une vraie alternative !

Certains disent qu'ils attendent Godot.  Alors qu'on sait que DSK a commis les pires erreurs et que sur un plan éthique, il y a plus qu'à redire.

En un mot, il n'y a pas eu de rupture. Il n'y en aura pas. La situation est lamentable.

Nous ne sommes plus gouvernés. Mais notre vie est régentée au millimètre.  

Et ce qui nous attend est parfaitement glauque.

Comment sortir de cette spirale mortifère ?

 Sylvain Dieudionné



La Chine change-t-elle de modèle de développement ?

La Chine n'a pas renoncé aux plans quinquennaux.  Elle vient de définir le nouveau (le douzième). Il marque  dans les intentions une considérable évolution par rapport au modèle de développement précédent et à la politique suivie depuis 20 ans.

Rappelons que la Chine est un pays communiste avec  des reliquats d'organisation propres à cette organisation.  Les hommes sont attachés à leur lieux de naissance et les mouvements de population sont rendus complexes par les mesures administratives.  Ces dispositions sont entièrement  contradictoires avec la flexibilité nécessaire pour soutenir la croissance économique et pour mettre en place un régime minimal de sécurité sociale.  Les rendements agricoles sont très faibles. La part de la consommation dans la production est d'environ du tiers.  La retraite est si basse qu'il vaut mieux considérer qu'elle n'existe pas.  En un mot la population est encadrée et sacrifiée, la particularité des régimes communistes.

Le modèle de développement a donc été conduit presqu'entièrement sur une base mercantiliste : exploiter une main d'œuvre surabondante pour fournir le monde et accumuler des devises.   Une monnaie artificiellement basse, des salaires de misère, une discipline de fer et l'absence de lois sociales ont  permis  de capturer  une part croissante de la production mondiale et de doter la Chine de réserves monétaires  gigantesques.   

La crise de 2001-2002 et surtout la crise de 2008-2009 remettent en question ce modèle.  Le nouveau plan traduit cette remise en cause.

les dirigeants ont parfaitement compris les points suivants :

- La valeur des réserves accumulées  est largement nominale. Que le dollar s'effondre et il n'en restera pas grand chose.  La diversification de ce patrimoine s'avère extrêmement difficile et aléatoire.

- L'acceptation par les pays occidentaux de la sous évaluation massive du Yuan est menacée.  La Chine est sommée de cesser sa politique mercantiliste et la promesse d'une croissance interne plus forte est la seule raison qui maintient ces pressions  à un niveau agréablement diplomatique. 

- La dépendance aux exportations a montré son danger avec la récession qui a privé d'emplois des millions de Chinois et déstabilisé la société.  Obligés de rentrer dans leur campagne, là où ils peuvent trouver un minimum de sécurité sociale  et où ils sont  administrativement  rattachés, ces millions de chômeurs présentent une menace pour le régime.  Car il n'y a strictement rien à faire dans ces campagnes pour eux.  Des dizaines de  millions de "disoccupati" risquent de devenir incontrôlables. Quelques incidents sont venus le rappeler aux dirigeants chinois.

- Les mouvements de capitaux étrangers sont instables et généralement orientés vers les profits à court terme de la bourse et de l'immobilier. Ils provoquent des bulles qui en éclatant désorganisent le pays.

- La politique de relance suivie par la Chine a été brutale et indiscriminée.  Basée sur les instances du parti plus que sur les entreprises elle a provoqué un gaspillage de ressources, de la corruption et une solide inflation qu'il est désormais difficile de calmer et qui risque d'engendrer à nouveau des troubles sociaux.

Les orientations du plan annoncent donc une remise en cause de ce modèle.  La Chine déclare vouloir s'appuyer sur une meilleure croissance interne, fondée sur une hausse du revenu et de la consommation  des populations. Certaines des mesures d'encadrement administratifs de la population seraient revues, permettant une plus grande souplesse du marché du travail. La productivité agricole serait fortement améliorée, entraînant  l'émigration d'une forte partie de la population paysanne qui serait accueillie en zone urbaine.  Le système da retraite  serait rebâtie sur des bases un peu moins illusoires.  La Chine ferait même des efforts d'écologie.

La consommation pourrait ainsi augmenter de 10 points dans le PIB ; le taux d'épargne des Chinois pourraient baisser ; les excédents commerciaux seraient limités , la Chine voyant ses importations fortement augmenter en produits de consommation et pas seulement en matières premières et équipement.

Reste à voir si ce plan sera effectivement mis en place.  On sait déjà qu'il sera mis en place avec la sage lenteur propre à la culture locale.  Les financiers occidentaux en sont restés à la pure spéculation vis-à-vis des marchés chinois, pendant que les entreprises mondialisées rêvent encore des perspectives glorieuses de croissance qu'offrent "le plus gros marché du monde".

Ce qui veut dire que les occidentaux participeront au maintien du modèle d'avant avec une belle frénésie.  Et cela malgré le fait que les Chinois veulent des entreprises leader chinoises sur leur marché local et feront beaucoup de difficultés à laisser quelques géants mondialisés dominer leur propre marché intérieur.

La Chine participera plus à l'aggravation de la hausse des cours des matières premières qu'au rétablissement de courants commerciaux équilibrés pendant bien des années encore.

Les Etats unis souhaitant continuer à inonder le monde de dollars via un système de changes flottants biaisés pour financer le "rule américa", favorisant le mercantilisme chinois, il y a peu de chance  que les bonnes intentions affichées donnent les résultats escomptés. L'Occident aurait du accompagner l'esquisse de changement du modèle Chinois  par un large changement de leur propre modèle.

Le moyen le plus simple était de commencer par revenir aux changes fixes avec des obligations d'équilibres fortes pour toutes les parties prenantes et d'abord les Etats-unis et la Chine. La Chine aurait alors été tenue de mettre en œuvre son plan sous l'œil des autres.  Bien sûr cela cassait ce système idiot et destructeur qui voulait depuis 20 ans que les déficits américains  fussent financés par des excédents  produits par des politiques chinoises destructrices de l'industrie occidentale.

Mais au total qui en est sorti  gagnant ? La "grande récession" l'a montré : personne.  Le créneau des réformes en Occident s'étant désormais refermé,  le scénario le meilleur pour le retour à une croissance équilibrée et durable dans le monde ne peut plus jouer dans les meilleures conditions.

Et on aura créé les conditions de la prochaine crise économique, mais pas seulement. 

L'impatience des peuples  est immense comme l'ont montré les troubles dans les pays arabes qui vivent en fait en symbiose avec l'Europe.  Et rien ne dit que la politique déflationniste menée en Europe n'aggravera pas les choses. Déjà l'idée européenne est la principale victime collatérale de la Grande récession.Les mouvements "anti mondialistes" prennent une place politique croissante.  On en vient un peu partout en Europe  aussi bien à droite qu'à gauche à considérer désormais que la vraie  la ligne de partage est entre ceux qui veulent revenir à une logique économique fermée et ceux qui veulent garder une ligne ouverte.   Le protectionniste recommence à devenir à la mode dans les medias.

Il eut mieux valu élargir la vision , prendre la mesure des grands enjeux mondiaux en cours et proposer les solutions qui réellement permettent de trouver des solutions gagnantes-gagnantes pour tout le monde.  La Chine montre qu'elle aurait pu accepter de jouer le jeu de relations plus normales et équilibrées.  On serait passé plus vite du verbe à la réalité.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



C'est fini : les leçons de la crise ne seront pas tirées.

C'est fini : les leçons de la crise ne seront pas tirées.

Les crises ouvrent des fenêtres  par lesquelles l'esprit de réforme peut s'engouffrer. Les désastres sont parfois  propédeutiques.  Des idées longtemps bloquées peuvent trouver un auditoire plus attentif.  Des leçons longtemps ignorés peuvent être tirées.  On peut même parfois changer totalement de paradigme.  La crise de 1929 avait dynamité l'orthodoxie précédente, basée sur l'étalon or et la sagesse budgétaire.  Elle avait profondément secoué le corpus d'interprétation économique et provoqué des vagues de changements un peu partout : la statistique économique avait explosé ; le rôle de l'état s'était étendu etc.

La crise de 2007-2010 n'aura pas eu cette vertu. La fenêtre de réforme qui s'était timidement ouverte est maintenant refermée.  Elle aura de ce point de vue suivi  le modèle de la crise de 92-93 dont strictement personne n'avait voulu tirer les conséquences.  On se rappelle que cette crise fut carrément niée. Pour les économistes américains la crise de 92-93 est un non évènement.  Elle sera classée parmi les conséquences désagréables de la" guerre du golfe".   L'accident boursier qui l'avait précédé était "un e crise des ordinateurs", donc un épiphénomène.   La crise qui suivra, en 98 sera considérée comme une "crise des pays émergents" liée au fait que ces pays étaient dirigés par des gouvernements pourris et leurs "cronies".

C'est le moment ou Kenneth Rogoff, économiste en chef du FMI,  expliquera que les crises étaient de moins en moins graves  et qu'une mode stupide laissera croire que  nous étions désormais entré grâce à la mondialisation financière et aux NTIC (les nouvelles technologies de l'information et de la communication)  dans une période de croissance indéfinie.   Ces inepties sombreront avec la crise de 2001-2002. Mais cette fois là encore on esquivera toutes les questions qui fâchent.  Pour mieux préparer la "Grande récession".

La volonté de ne pas voir, de ne pas comprendre est absolument gigantesque. L'aveu par Alan Greenspan qu'il s'était trompé et avait surestimé la capacité des marchés à s'autoréguler ne changera finalement rien à l'affaire.  Une réforme minimale du système bancaire  aux Etats unis ; quelques règles sur le capital des banques en Europe ; et ce sera tout.

Après tout  la vulgate qui veut qu'on sache maîtriser les crises grâce à du déficit budgétaire et une ouverture totale des vannes monétaires a marché. Alors pourquoi remettre tout en cause ? Certes, la masse des dettes et des déficits et impressionnante et il ne faudrait pas qu'une crise se produise trop vite.   Certes l'Euro est écartelé et  en risque d'explosion.  Certes les circuits commerciaux internationaux sont  brouillés. Certes on ne voit plus trop quels sont les ressorts de la croissance possibles dans bien des régions.  Certes !  certes !  certes !


Mais grosso modo le système a tenu, alors reprenons le cours de nos vies antérieures en pensant à autre chose.  Le chômage comme après 92-93 ne diminuera qu'au bout de quelques années. Il avait fallu attendre 1997, soit quatre ans après la crise, pour qu'il baisse.  Attendons donc avec confiance 2013-2014. Les pays développés connaîtront une croissance faible mais le Bric continuera sur sa lancée.  Pour les banques et les entreprises mondialisées, l'important est de ne pas rater les positions à prendre sur ces marchés.  Alors que les états nous fichent un peu la paix avec leur réglementations ridicules.  Les pays développés sont surtout des pays de vieux  qui ne nous intéressent plus trop.

Le temps des Cassandre est passé. Comme toujours les délais de l'édition vont nous valoir une série de livres sur la fin du capitalisme au moment même où il va reprendre  à peine moins "unfettered".

Jusqu'à la prochaine crise.

Personne finalement n'aura réalisé qu'une meilleure compréhension des causes réelles de la crise aurait permis  de l'éviter ou de la réduire de façon moins coûteuse, sans créer les conditions de la crise d'après.   Ni qu'il serait possible de viser le plein emploi même en Europe et une croissance mondiale harmonisée.  

L'occasion aura été perdue.  

Lors de la prochaine explosion des analystes diront : c'est curieux, personne n'a tenu compte des leçons de la "grande récession". Au premier rayon de soleil toutes les réflexions se sont envolées.  On s'étonnera avec componction.

C'est maintenant qu'on devrait s'étonner. Et même remettre en cause cette passivité dommageable.
 
Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Restructurer l'information économique en France

La crise de 1929 a eu une conséquence imprévue mais majeure : la naissance de la statistique économique. C'est l'apport majeur de Keynes. La nécessité de connaître et de contrôler certaines variables globales  a conduit les états et les organisations internationales à collecter une information largement normalisée.

Cinquante ans après cet effort s'avère largement caduque. Les différents organes chargés de la prévision économique ont été incapables de prévoir la crise de 2007-2009 et d'alerter les politiques. Les méthodes ont cessé d'être pertinentesLes causes sont multiples.

La principale est la sclérose d'administrations fermées sur elles même et incapables de se remettre en cause. A-t-on vu ne serait-ce que le début d'un frémissement à l'Insee ou  à la direction de la prévision du ministère des Finances ?  Ceux qui sont chargés de la méthodologie économétrique paradent toujours alors que leurs modèles ont montré leur vacuité. En France on peut être indéfiniment mauvais tant qu'on a un titre. Le système est quasi féodal.

Se cumulent en fait une défaillance de l'observateur et de l'observatoire. Depuis 1974 il est clair que le modèle keynésien ne fonctionne plus. En système de changes flottants les actions sur la demande globale s'avèrent inefficaces. Le pilotage de la monnaie s'avère également fort compliqué, les mouvements de capitaux notamment à court terme ne suivant en rien les canons des doctrines précédentes. En laissant s'exercer des forces débridées sans aucune forme d'organisation concertée, on a laissé le champ libre à des phénomènes qui n'étaient pas compris dans les modèles et ne figuraient même pas dans les esprits.  

Les changes flottants apportent une complexité nouvelle. Cette complexité s'est aggravée constamment au point que plus personne ne sait en vérité à quoi correspond les biens financiers de plus en plus abstraits qui s'échangent.  La théorie des changes flottants à peine esquissée par Milton Friedman et laissée en jachère depuis, a avancé des postulats qui se sont tous révélés entièrement faux. Pas un peu faux : la réalité a été exactement l'inverse de la prévision.  Il ne peut pas y avoir de prévision et d'économétrie sans doctrine ni théorie un minimum en ligne avec les faits.

La financiarisation a donné la place principale à un secteur bancaire habitué au secret et au corporatisme. Les économistes de banques centrales sont totalement déconnectés des économistes qui s'occupent de la consommation et de la production. Chacun est à un bout de la lorgnette et ne sait pas ce que l'autre regarde.  Il suffit de constater comme il est difficile de savoir l'encours de la dette d'un pays dans toutes ses composantes, tableau qui devrait figurer en bonne place dans l'information de base fournie par l'Insee. Quelle est la maturité moyenne de la dette globale ? Comment évolue-t-elle par rapport au PIB. Il faut à chaque fois soit attendre des études spécifiques soit se plonger dans mille endroits sans jamais savoir si les termes de comparaisons sont cohérents.

La seule solution est de démultiplier les  lieux d'analyses et d'ouvrir l'information tout en lançant des programmes de rechercher remettant en cause les méthodes actuelles. Les séries longues doivent être gratuites et publiées sur internet sur tous les sujets importants. L'Etat seul collecteur de l'information économique doit la mettre gratuitement à la disposition de tous en la formalisant le mieux possible.

L'Etat doit mettre en œuvre des prix richement dotés sur des thèmes économiques majeurs afin de faire concourir le monde à la compréhension de la situation actuelle. Il faut à la fois plus d'information et plus de compétition sinon entre les sources du moins entre les lieux d'analyse.

Il n'y a aucune raison pour que l'information économique reste en France aussi fractionnée, aussi asservie aux besoins de l'Etat, aussi concentrée aux mains de quelques incapables. Il n'y a aucune raison pour la réflexion économique ne se trouve qu'aux Etats Unis où elle est certes largement nobélisée mais en général nulle et sous influence. La France ne doit pas admettre de sombrer dans la médiocrité, le suivisme et l'erreur.

Il faut stimuler, il faut aérer, il faut alimenter la réflexion économique de notre temps. Et il faut complètement repenser, actualiser, étendre, rendre gratuite,  l'information disponible. Après l'effroyable échec qu'aura été l'incapacité générale des structures publiques et officielles à prévoir la Grande récession, on ne peut pas se contenter de l'attitude des légionnaires romains démolis par Astérix et Obélix : se rajuster en sifflotant au milieu des décombres. On notera que ce sujet crucial n'est JAMAIS traité dans les médias généraux ou spécialisés.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

L'aphorisme économique le plus stupide

Combien de fois lisons-nous ou entendons-nous que le change entre deux monnaies "représente la valeur respective de deux économies".

Le graphisme donné ci dessous, réalisé par le journal Le Monde, nous indique  une autre chanson.  La valeur respective de deux économies aussi grosses que la zone Euro et les Etats unis ne changent pas du simple au double toutes les trois minutes.  Les changes  oui.

En changes flottants le cours de deux devises est déterminées par des humeurs (à5%)  qui sont amplifiés par des ordinateurs (à 95%). Le résultat est une forme de mouvement brownien activé par la peur.

A chaque fois que la bêtise est répétée par les mille et un perroquets de la presse, de l'enseigmenet ou de l'économie en générale il faudrait prélever 10 Euros.

Avec cette cagnotte le monde ne mettrait guère de temps à rembourser ses dettes.



FMI : un rapport d'une rare sévérité !

Personne en France ne semble avoir porté le moindre intérêt à un rapport indépendant portant sur la pertinence de l'action du FMI dans les années précédents la crise.


Ce rapport peut être lu en français ici :
http://www.ieo-imf.org/eval/complete/pdf/01102011/Crisis_Main_Report_FRENCH.pdf
Il est d'un extrême sévérité et rejoint les critiques que nous faisons inlassablement  et publiquement au FMI depuis 1996 et dont on trouvera  un exemple dans l'article paru sur ce blog en 2008 avant même la chute de Lehman Brothers (voir ici : . http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/7/22/Le-FMI--Formation-Manifestement-Inutile-, ou encore ici : http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/4/23/FMI--un-an-de-retard).
Rappelons rapidement nos critiques vis-à-vis du FMI telles que nous les exprimons de façon courante et comparons les à celles du rapport.

Nous disons :

- Le FMI a été créé dans le cadre des accords de Bretton Woods pour faire fonctionner un système de  changes fixes.  L'objectif visé est le plein emploi partout. Un pays qui a dérapé est remis en selle par le FMI en évitant des mesures trop déflationnistes.   Le passage aux changes flottants a privé le FMI de tout rôle organique.  L'objectif est désormais la stabilité des prix internes des grands émetteurs de monnaies. Les changes flottants pourvoiront au reste.  Ni les états ni le FMI n'ont  le moindre rôle à jouer. Bien sûr les objectifs anciens n'ont pas été gommés des textes. Dans la pratique on ne fait rien pour les atteindre.

- Privé de rôle, le FMI est une sous succursale du Département américain, pour opération au rabais vis-à-vis des pays en développement.  Les présidents sont des potiches qui démissionnent en général avant la fin de leur mandat et qui sont là en attendant des positions honorifiques plus flatteuses dans leur propres pays. Cela vaut naturellement pour DSK, le troisième du genre.

- Pour occuper l'énorme machinerie qui perd de l'argent à gros bouillon, on fait de la statistique, mais en employant des modèles keynésiens anciens qui n'ont pas de sens.  Résultats les prévisions sont généralement fausses lorsqu'il y a des ruptures et le FMI est incapable d'alerter sur la formation d'une crise.

- Dans le cas de la crise actuelle le FMI n'a rien vu venir et il a fallu un temps fou pour qu'il corrige ses estimations  et ses prévisions.  Il faudra attendre mi 2009 pour que la crise commencée en 2007 apparaisse sous ses couleurs réelles.

- Alors que de tout temps le rôle du FMI est de regarder avec soin les risques de changes et les questions financières internationales, toutes les innovations y compris les plus dangereuses ont été présentées comme formidables et aucun des risques énormes que faisait courir au monde le gonflement hystérique de la dette partout dans le monde  n'a été dénoncé.  

Le rapport dit :

-  Faiblesse analytique : pensée doctrinaire et autres postulats intellectuels; méthodes d’analyse/connaissances incomplètes.


La croyance se retrouve sur trois sujets critiques :  la foi dans l'auto régulation des marchés ; l'idée que les pays développés échapperaient désormais à toute crise, l'illusion techniciste que la complexité des méthodes confirmait leur valeur. "Les services du FMI étaient fondamentalement en accord avec l’opinion des autorités des États-Unis, du Royaume-Uni et d’autres pays avancés qui estimaient que leurs systèmes financiers étaient foncièrement sains et résistants." "Il s’agit-là peut-être d’un cas de mise sous tutelle intellectuelle".

Notre commentaire :

Tout ce bloc de sottises est en fait la doctrine qui justifie la fin des changes fixes et la bonté des changes flottants.  Pour les tenants de cette doctrine les pays développés avaient désormais réglé la question monétaire internationale. Grâce à la technicité financière, tous les risques étaient contrôlés. Et seul le libre marché donnerait la vérité des cours.  Le FMI adhérait aux changes flottants (bien que le système lui fasse perdre tout rôle). Point stop !   Et il s'agit à la fois d'une défaillance politique (le droit de veto donne aux idées américaines un privilège écrasant) et d'une défaillance intellectuelle (nous n'avons cesser de l'écrire).

Le rapport continue :

"Le lien entrel’analyse macroéconomique et celle du secteur financier restait insuffisante, bien que les séries d’évaluations réalisées depuis la crise asiatique aient mis l’accent sur la nécessité d’examiner les liens macrofinanciers dans le cadre de la surveillance du FMI. Ceci est révélateur de l’absence d’un cadre conceptuel adéquat pour l’analyse de ces liens chez les économistes en général, et de l’opinion répandue chez les économistes du FMI, selon laquelle les questions financières sont secondaires"

Notre commentaire : le rapport reprend l'un de nos dadas. L'absence de réflexion monétaire et financière dans l'analyse économique d'une façon générale est navrante. C'est ce qui avait conduit notre ami Didier Dufau a réécrire totalement l'article Monnaie sous Wikipédia  pour qu'au moins on ne dise pas dans une encyclopédie des bêtises ahurissantes.  Toute la théorie du cycle économique est fondée sur les causes monétaires. Sauf que depuis les années soixante les économistes ont cessé d'étudier le cycle  et que beaucoup prétendent qu'il n'existe pas.  Il est difficile d'observer quelque chose dont on nie l'existence.  

Le rapport cite avec délectation les propos inconscients du FMI  en 2007 et surtout en 2008. Rappelons que dès le début 2007 le marché interbancaire  était en train de se figer et qu'il se bloquera fin juillet 2007 ; que le marché immobilier s'était retourné dès le troisième trimestre 2006 et que les subprimes se retrouvaient à découvert par la baisse de prix  au premier semestre 2007 entraînant des dégagements massifs chez Goldman Sachs. A la mi 2008 la crise était clairement là avec des faillites de banques à répétition dès le début de l'année.

"Selon le FMI , les perspectives économiques mondiales étaient «parmi les plus favorables» depuis une décennie (Printemps 2004), qui devait être «l’une des plus fortes années de croissance», à moins que les événements ne prennent une tournure «catastrophique» (Automne 2004); «au coeur d’une trajectoire  extraordinairement porteuse» (Printemps 2006); et «forte» (Automne 2006); jusqu’au printemps 2007, lorsque le rapport prévoyait que «la croissance mondiale restera forte» et affirmait que les risques pour l’économie mondiale avaient fléchi depuis septembre 2006. Les déclarations publiques de hauts responsables du FMI  réitéraient ces messages; jusqu’en août 2007, la direction estimait que les perspectives économiques mondiales étaient«très bien orientées». Même à l’été 2008, la direction du FMI se montrait prématurément rassurante en estimant que «…les États-Unis avaient évité un atterrissage brutal» et que «le plus dur était passé». Entre temps, lors de la séance WEMD de juillet 2008, le message était que «les risques de débâcle financière s’étaient estompés»".


Rappelons que notre génie économique, DSK, est arrivé au FMI en 2007 et va donc participer à cette désinformation systématique qui va durer pratiquement jusqu'à mi 2009, une des raisons sans doute pour laquelle on ne fait pas beaucoup de publicité au rapport que nous commentons dans la presse française.  L'auréole de Saint DSK est pourtant particulièrement mitée ce qui explique en partie pourquoi il risque de ne pas être reconduit pour second mandat.  

On pourrait continuer à lire ainsi longtemps ce rapport hyper critique.  


Un des aspects politiques de l'affaire est que le FMI avait abandonné de fait tout examen bilatéral des politiques en cours aux Etats Unis. " Le FMI n’a pas réalisé de PESF pour les États-Unis, les autorités américaines n’y ayant pas consenti, malgré les demandes répétées". De même la zone Euro était considérée comme hors  la vue.


Les techniques financières les plus controuvées ont toujours eu grâce aux yeux du FMI, sous l'influence du trio Rubin, l'homme de Goldman Sachs, Greenspan le grand prêtre de l'arrosage monétaire  et Larry Summers l'aboyeur de service. .


Même pour les pays occidentaux partis dans des dérives folles, le FMI reste sourd et aveugle. Le cas de l'Islande est extravagant. Les banques de ce petit pays se lance dans une politique d'endettement avec effet de levier massif  afin de spéculer sur des actifs de plus en plus risqués. Les encours de dettes dépassent 1000% du PIB.   La moindre réflexion ferait frémir devant tant de folie. Pas au FMI  

«Heureusement, dans le cas de l’Islande et selon le constat de la mission de 2006 au titre de l’article IV, les comportements de couverture des risques, les bilans généralement sains  la gestion des actifs et des engagements ont rendu le système financier relativement robuste et résistant aux chocs»,  écrit le FMI qui ajoute : «Les perspectives à moyen terme de l’Islande restent enviables. Des marchés ouverts et souples, des institutions saines… ont permis à l’Islande de tirer parti des possibilités offertes par la mondialisation.»

On croit rêver.  En fait la conclusion est logique : les changes flottants et la spéculation moderne, avec ses garanties et autres  "hedging techniques" est parfaitement stable. Un petit pays dynamique peut tirer son épingle du jeu sans qu'on ait à s'inquiéter.  On doit même admirer.

Alors les Etats Unis, le Royaume Uni, l'Espagne, l'Irlande, …

Le FMI en vient même à faire la leçon aux pays "sages" comme le Canada qui refusent d'entrer dans la spirale.  Au nom de la "promotion de l'innovation" le FMI critique leur frilosité.

"Les conseils du FMI ont été concentrés sur les réformes axées sur le marché afin desurmonter les «entraves» structurelles dont certaines ont contribué à protéger ces pays des facteurs qui ont déclenché la crise".


Le FMI n'a pas seulement été aveugle. Il a poussé au crime.

Quelle est la principale lacune de ce rapport fort important au demeurant ?

Il s'attaque à l'écume des choses.  Oui l'organisation est cloisonnée et la bureaucratie du FMI sclérosée ; Oui les méthodes sont dépassées ;  Oui on ne laisse pas passer beaucoup d'air intellectuel dans les neurones de l'organisation ; oui on s'occupe trop des pays émergents sans regarder ce qui se passe dans les pays développés ; oui on est aveuglé par les doctrines de Wall Street et la puissance américaine en générale.

Ce n'est pas l'essentiel.  Comme nous cessons de le répéter, le FMI ne sert à rien en système de changes flottants et de liberté absolue des mouvements de capitaux.  La sclérose du FMI est venu uniquement du fait qu'il n'avait plus de rôle réel, plus de fonction organique.

Il a repris un rôle aujourd'hui parce que trop de pays sont à la limite de la rupture financière et qu'il fournit des fonds et des experts pour serrer la vis.  On lui demande aujourd'hui de ramener des idées pour éviter les déséquilibres majeurs.  On notera cependant qu'on le fait sans dire dans quel cadre global on se fonde.  

C'est toute l'ambiguïté du G.20. On ne veut pas doctrinalement s'écarter de la vulgate qui a mené à la catastrophe tout en tentant de prendre des demi  mesures de régulation pour contrer les principaux déséquilibres auxquels cette vulgate mène mécaniquement.

De ce point de vue  le rapport dénonce bien un aveuglement idéologique mais ne prononce pas non plus les mots qui fâchent.

Il faudra bien un jour que tous sortent du faux semblant.

Lewis Holden pour le Cercle des économistes E-toile.

Pi(ckpoc)ketty

Rien de plus significatif que le succès du simulateur d'impôts mis en place par le socialiste Thomas Piketty en vue de la présidentielle prochaine. Les impôts sont la passion et le traumatisme français. Demander plus aux impôts des autres en  échappant soi-même à la charge, quelle plaisir ! Ruiner  plus favorisés que soi quel bonheur !    

Et il faut crier vive l'impôt ! Avec extase ! Surtout quand on y échappe. L'hypocrite tennisman devenu chanteur, millionnaire à ses heures, Yannick  Noah, était hier à la télévision : il expliquait qu'il payait ses impôts en France et qu'il adorait cela. Et les spectateurs dans la salle de déchaîner ses applaudissements.  Oui, il faut crier vive l'impôt mais en mentant sur les bords. M. Noah paie non pas SES impôts en France mais DES impôts en France, en fait juste la retenue à la source  sur ses cachets.  Personne n'a naturellement pris le soin de le lui faire remarquer.  Un planqué fiscal qui ment et qui fait la leçon aux abrutis saignés à blanc par l'impôt mérite bien des applaudissements.

Chanter la chanson que les "riches" paient moins d'impôts que les autres est en train de devenir un leitmotiv.  Pour le socialiste Piketty c'est un fond de commerce.  Mais cela va au-delà : on entend toujours cette chanson avant les mesures fiscales les plus dures.  Tout le monde paiera plus mais on vend le paquet avec un peu de haine : les riches vont trinquer. Bien fait !

Pour Piketty, l'argent n'appartient pas aux Français mais à l'état.  Le revenu disponible est ce que l'Etat consent à bien vouloir leur laisser.  Un impôt direct de 60% pour qui gagne 100.000 Euros par an  est normal. Si on y ajoute toutes les autres impositions on arrivera à 90-100% : c'est bien normal après tout.  On y est déjà pour l'essentiel. Ce sera moins hypocrite et c'est tout.

De même pour ces braves gens la dépense publique est le BIEN.  Le seul bien. Il est normal qu'elle augmente en permanence.  Donc il faut augmenter les impôts tout le temps. En ayant un système fiscal très progressif la croissance assurera l'augmentation permanente de la pression fiscale.   On ne nous dit pas où il faudra s'arrêter : 100% pour 3. 000 euros par mois ?

Ces singeries sont intéressantes pour l'ampleur des mensonges et truquages qui sont employés.

La vraie question est de savoir qui paie quel impôt. La propagande insidieuse du complexe politico-administratif est de toujours masquer  la réalité.

Qui paie la TVA ? Le consommateur ? ou l'entreprise ?

Qui paie les charges patronales ? Les actionnaires ou l'entreprise ? Ou les salariés ?

Qui paie l'IS ? Les actionnaires ou l'entreprise ?

Les deux impôts les plus lourds sont   la TVA et les charges sociales.  Si on les attribue aux actionnaires, alors il est totalement faux que les riches paient moins d'impôts que les pauvres.

Si vous attribuez la TVA, l'IS, les milles taxes  qui touchent l'entreprise et les charges patronales aux 500.000 français qui possèdent les entreprises (en laissant aux étrangers la part qu'il leur revient)  et que vous ajoutez l'impôt sur le revenu et  les différents impôt sur le capital, l'affirmation que les riches paient moins d'impôts que les pauvres devient absolument ridicule.

On retombe dans la manipulation qui avait frappé Chaban Delmas qui "ne payait pas d'impôts"  simplement parce que l'impôt sur ses revenus d'actionnaires avait été précomptés (notion d'avoir fiscal).

Dans le cas de Mme Bettencourt, le raisonnement est exactement le même : on voit les impôts payés sur ce qu'a touché  in fine  l'actionnaire mais pas les impôts payés par l'entreprise  dont elle possède les actions.  Si on avait attribué à Mme Bettencourt sa quote-part des charges sociales, taxes diverses, impôts sur les sociétés, TVA, de l'Oréal, on aurait vite vu qu'il lui restait des miettes.  De jolies miettes mais des miettes tout de même : à peine 5% de ce qu'elle aurait touché si tous ces impôts n'existaient pas ! 

Le capital français ayant été détruit par les deux guerres et la crise de 1929 (dont le coût global pour la France rappelons le à été équivalent à celui de la guerre de 14), les gouvernements ont fait  le choix d'imposer d'abord l'entreprise. "Les patrons peuvent payer. Prenons l'argent là où il est". Tel était le slogan.  Et c'est que l'on a fait de façon massive.  Au point que tout le monde constate aujourd'hui que les prélèvements sur l'entreprise française sont  extravagants  par rapport aux autres pays ce qui  ruine notre compétitivité.

Grâce à cette fiscalité démagogique et imbécile le chômage est devenu structurel en France.   Nous avons inventé le capitalisme sans capitaux et sans salariés.

Alors on a dit : on va frapper les ménages. Ce sera la CSG, CRDS etc.  l'Etat récupérera 10 points de PIB en 25 ans avec ce gentil mécanisme.  La croissance s'est arrêtée.

Maintenant on dit : ruinons les riches qui se cachent derrière les épargnants.

C'est de la pure folie.

La seule vérité est que lorsque les bornes sont franchies il n'y a plus de limite.  Un pays dont le gouvernement dépense plus, non seulement de ses recettes fiscales, mais pire encore, plus  que ce que son secteur privé produit est un pays mortellement atteint.  Un pays  qui reprend les thèses communistes de l'élimination de toute rémunération au-delà d'un certain plafond est un pays fini.

Dans les dix dernières années le journal les Echos a calculé que la croissance moyenne de la France a été de 1,1% par an, une augmentation qui est dans l'épaisseur du trait de l'incertitude statistique. Ce qui veut dire qu'on n'est même pas sûr qu'il y a eu une croissance quelconque.   En même temps le complexe politico administratif a chaque année fait semblant de croire que la croissance de l'année suivante serait systématiquement un point au dessus du réel.  Dix ans de mensonges systématiques et volontaires, toujours dénoncés, jamais   corrigés.  Pendant dix ans on a voté des budgets psychédéliques  révisés à la hausse en permanence et exécutés à la hausse en permanence. Un des exercices les plus déprimants est de reprendre tous les budgets puis de regarder les lois de finances rectificatives puis la réalité de la dépense publique.  Tout le processus  budgétaire est un simulacre.

Rappelons que le système global de notre fiscalité étant progressif  le fait de calculer les recettes sur une fausse croissance induit une  croissance des recettes théoriques encore plus forte.  Si sur 10 ans on annonce un croissance de 25% alors qu'on ne constate que 10, on aura prévu des recettes en augmentation de 30  et obtenu une impasse de 20% à financer par la dette.

La présentation trompeuse est aggravée  par des techniques connues, comme celle qui consiste à ramener l'impasse au PIB pour ne pas avoir à dire que les dépenses  ne sont financées qu'à moitié par les impôts. Il vaut mieux afficher un chiffre bas, par exemple 3%, plutôt que 20,30 ou 50% qui feraient désordre. Mais le désordre est là !

Le monde n'a pas besoin de la France. Comme il n'a pas eu besoin des pays communistes .  Sur le bord de la route de la prospérité nous restons comme des idiots.  Comme les  citoyens soviétiques sont restés au bord du chemin de la croissance pendant 75 ans.  Jusqu'au jour où ils ont dit : c'est grotesque  et cela suffit. 

La passion délirante de la France pour l'impôt et la dépense publique l'a ruiné dans ses profondeurs. Et lui interdit de redémarrer. Les brevets s'effondrent. L'investissement s'effondre. l'emploi s'effondre. L'industrie s'effondre.   Aucune des grandes administrations pléthoriques ne fonctionnent plus.  La justice est effondrée depuis au moins trente ans. L'hôpital sombre. L'éducation nationale n'est plus nationale et n'éduque plus.  L'armée fonctionne avec des bouts de ficelles.  Nos grandes entreprises publiques quand elles fonctionnent ne sont plus françaises et quand elles le sont ne vendent plus rien à l'étranger.

Le Français né malin crie à s'époumoner : "vive l'impôt" (des autres) ; ruinons les riches (mais pas moi) !  Et la France sombre et sort de l'histoire.

En faisant joujou avec des simulacres de modèle fiscal sur Internet.

Suicide d'une nation.

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.



Deux mots à Nicolas Baverez

Depuis 1996 nous avons développé de nombreux thèmes que Nicolas Baverez a lui même détaillés avec talent. Cependant nous ne partageons pas toute la démonstration de cet excellent auteur et  il nous parait intéressant de bien localiser nos divergences.

Nous analysons ici le texte "France ton économie fout le camp" donné au Point ( n°2003  du 3 février 2011).  http://www.lepoint.fr/editos-du-point/nicolas-baverez/france-ton-economie-fout-le-camp-03-02-2011-135167_73.php

1. Première idée de NB  : "la pseudo  réhabilitation du modèle français fondé sur l'intervention de l'Etat dans l'économie n'est que billevisée".

Il est clair que sans l'intervention de l'Etat par son budget et différents processus d'adaptation législative, la crise aurait eu des conséquences sociales beaucoup plus importantes.  Le choc social a été très atténué et les banques ont été sauvées par le soutien massif de l'Etat.  On peut regretter que l'état n'en ait pas fait assez; on ne peut nier qu'il a joué son rôle dans l'atténuation de la crise et l'empêchement d'une situation de dépression.

Sans les actions à peu près coordonnées de l'état et de la banque centrale (le premier acceptant de s'enfoncer dans la dette et le second de la financer par la planche à billets)  nous aurions eu une dépression à la hauteur  du "crédit crunch" formidable qui se mettait en place. Critiquer l'état au moment où il vient de jouer son rôle, est-ce réellement  pertinent ?  On peut débattre du rôle de l'état pas de la nécessité d'une action de l'état. L'important est qu'elle soit pertinente.

2. Un des aspects qui aurait pu être plus légitimement relevé est que le secteur global de l'état compte en France pour près de 25% du PIB là où il ne contribue ailleurs qu'entre 15 et 20%. Ce secteur n'est pratiquement pas touché par les crises conjoncturelles. On a donc traditionnellement une baisse du PIB moindre que les autres.  Il ne faut pas s'en féliciter. En général la crise est dans le secteur marchand pire que chez les autres.   Un défaut  de structure peut fausser les interprétations.  Cela n'a pas manqué.  Il faut le condamner.  Ce secteur sur protégé et sous productif pèse tout le temps, en haute comme en basse conjoncture.  Revenir à un secteur public ne dépassant pas 20% du PIB est une nécessité en France.

3. "Le retour à la croissance molle n'a été obtenu qu'au prix d'une relance de la consommation financée par la dette publique".  C'est parfaitement vrai mais cela n'est pas nouveau : nous sommes dans cette situation depuis 1974 !  Nous ne sommes pas arrivés à un taux de 400% d'endettement par rapport au PIB en cinq minutes.   Et l'état n'est pas seul en cause puisque l'essentiel de la dette est privée.  Depuis 1974 nous n'avons plus de modèle de croissance.  L'énarchie compassionnelle de droite et le socialisme de gauche se sont conjugués pour chercher la solution dans la dette et la dépense publique. Ce modèle est à bout de souffle. Mais ce n'est pas un projet intellectuel puissant et assis sur des analyses ; juste une facilité politique. qui d'expédients en expédients nous a mis dans la nasse.

4. Nicolas Baverez serait plus pertinent s'il cherchait les sources réelles de cet endettement massif, un point qu'il élude et qui est fondamental. La France est une partie d'un ensemble qui a connu le même schéma.  Nicolas Baverez ne comprend pas les causes monétaires de la crise permanente qui s'est installée depuis 1974 et l'abandon des changes fixes.  Du coup il reste dans le constat des conséquences sans pouvoir préciser les causes ni les remèdes.

5. Les chiffres donnés sur les conséquences de la crise sur fond de politique économique multi décennale absurde  ne sont pas tous incontestables (en particulier ceux des coûts salariaux respectifs français et allemands)  mais ils donnent  une image vraie de la réalité. La France est mal partie.  La rupture promise par Nicolas Sarkozy n'a pas eu lieu.  Et on s'enfonce dans la médiocrité d'un pays drogué à la dépense publique et pourris d'impôts.  

6. "Le redressement de la compétitivité constitue la priorité nationale"

Ici il faut faire attention aux mots. La France a une économie très compétitive mais beaucoup trop étroite et qui rétrécit comme une peau de chagrin.

La valeur ajoutée du secteur marchand ne suffit pas à couvrir les dépenses publiques !  Même en rendant encore plus productif notre moignon nous n'arriverons à rien. Ce qu'il faut c'est évidemment trancher  dans les dépenses improductives et les comportements  de dépenses incontrôlables.  Oui il faut supprimer l'ISF. Oui il faut supprimer les 35 heures et repasser aux quarante heures dans les Hôpitaux et les administrations centrales et locales. Oui il faut supprimer la couverture du petit risque médical .  Oui il faut supprimer le mille-feuilles administratifs . Oui il faut transférer une partie des charges sociales sur la TVA ; oui il faut réformer à la hache les grandes administrations et les administrations locales. Oui il faut remettre en cause les privilèges aberrants des ouvriers du livre ou des grutiers et des dockers. Oui il faut remettre en cause les indemnisations des intermittents du spectacles.

En un mot il faut revenir entièrement sur le mode de fonctionnement de la société française  et son intempérance fiscale et dépensière.

Nous devons changer de modèle économique.

Mais cette politique réussira d'autant mieux que le système monétaire  international  sera de nouveau  basé sur la coopération des états en vue du plein emploi général. Eviter les doubles pyramides de crédits, les gonflements incontrôlable d'une dette elle-même  incontrôlable, les politiques laxistes ou mercantilistes est la première priorité.  

Finalement la critique principale que nous faisons à Nicolas Baverez est son impuissance à comprendre qu'un changement de système monétaire pourrait nous remettre très vite dans la bonne direction. Le déclin n'est pas une fatalité !  La situation est catastrophique mais pas désespérée. Encore faut-il quitter les visions trop générales et s'attaquer précisément aux blocages cruciaux avec un minimum de sens de l'observation, de compétence et d'énergie.

Un avis de Mervyn King,Gouverneur de la Banque d'Angleterre

Mervyn King a fait un aveu intéressant. Il a reconnu que sa banque centrale ne pouvait pas seule combattre les effets induits de la récession. Il a reconnu que le prinicpal problème provenait du fait que les bilans des banques sous son contrôle dépassait de 4 à 5 fois le PIB du Royaume Uni.

Cet avis recoupe l'article que nous avons écrit bien avant la chute de Lehman-brothers (voir ;: quatre erreurs à éviter) et la thèse que nous défendons depuis l'origine à savoir que cette crise est entièrement liée au gonflement absurde de l'endettement. C'est parceque partout l'endettement a dépassé les 300% puis les 400% du PIB allant parfois jusqu'à 1000% que la crise était inévitable et qu'elle serait très dure.

Comprendre l'origine de cet endettement ahurissant et intenable est le thème de recherche économique fondamental  que suscite cette crise.  Nous avons essayé de répondre à cette question dans un article fondamental.

On ne peut que regretter que cette question ne soit pas à l'agernda du G.20.

King reste à la surface des choses : il dit vrai mais ne cherche aucune explication. la thèse de la cupidité des banques stimulés par la dérèglementation n'est pas la meilleure. il faut aller plus loin que la question des comportements et des régulations.

Si la Vieille Dame, la Banque d'Angleterre n'a pas pu empêcher les banques sous son contrôle d'enfler leur bilan à ces hauteurs vertigineuses, alors que c'est son rôle, c'est que des mécanismes puissants étaient à l'oeuvre et que la Banque était impuissante à juguler.

Comprendre ces mécanismes puissants est la première priorité. Mais là on touche au tabou : le système monétaire international basé sur la libre circulation des capitaux et les changes flottants.

 

 

 

 

 

 

 

Déficit et Constitution

Peut-on concilier morale et efficacité  en fixant des normes économiques dans la Constitution ?

La tentation de gommer la politique en imposant une gestion par la norme est extrêmement forte.  On la retrouve dans toute l'action de l'Union Européenne qui est une énorme machine à fixer des normes et à ne pas faire de politique ! Les  citoyens sont désormais enserrés dans un tissu de normes de plus en plus contraignantes et coûteuses.  Les élus sont d'autant plus tentés d'en introduire de nouvelles que cela ne coûte rien à l'Etat et que cela leur permet de prendre la pose.  L'Europe, en vidant le champ des politiques nationales  a poussé les politiques à rechercher du pouvoir dans la définition  de règles bien intentionnées de la vie quotidienne.

Voici donc les Français sommés d'être bons et vertueux  par des curés auto proclamés mais  élus. Tu entoureras ta piscine ; tu ne fumeras point ; tu feras attention à ton ascenseur ; tu ravaleras tes façades ; tu conduiras doucement ; tu feras du vélo ; l'énergie tu conserveras ; tu feras attention aux accidents domestiques ; tu mettras une alarme incendie chez toi ;  tu ne boiras pas ; tu ne mangeras pas trop, en tout cas ni gras ni salé  ; Jouer oui  mais  attention les jeux sont addictifs ;  etc.

La Constitution est devenu le réceptacle des vœux pieux.  Les "doits de", qui fondent les libertés, ont été remplacés par des "droits à" qui génèrent des contraintes.   Le principe de précaution a été inscrit dans  la Constitution, une des erreurs les pires qu'on ait jamais faite et comme toujours l'unanimité a été de règle. Pour les sottises bien intentionnées et politiquement correctes on trouve toujours une unanimité. L'unanimité en politique est le marqueur de la sottise.

"Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil", article unique de la Constitution des Bisounours !

Depuis la crise de 1974, incomprise  (c'était la première grande crise des changes flottants ; on y a vu une crise du pétrole, confondant cause et conséquence), les gouvernements français créent des déficits publics par facilité et amour de la dépense publique.  Tout le monde reconnait que nous sommes le champion du monde de la dépense publique.  Un maire qui dépense comme un malade et considéré comme un héro : voir Delanoë, le fou fiscal qui assume sa folie.  Un ministre qui dépense comme un malade est un héro : voir Djack Lang et son doublement du budget de son Ministère.  Un premier ministre qui crée des trous impossibles à aveugler sous la ligne de flottaison budgétaire est un héro qui se croit naturellement le champion de la catégorie : voir Rocard son RMI  et sa réhabilitation de la dépense publique.  On peut avec les trente cinq heure augmenter de 10% des coûts salariaux des entreprises  en passant pour un économiste surdoués : voir DSK !

La droite, depuis qu'elle croit que son salut passe par l'énarchie compassionnelle n'a pas été en reste.

Les cadeaux au peuple financés par la dette sont une règle de comportement politique généralisée, surtout depuis qu'on s'occupe non plus de l'état mais de la "vie quotidienne des citoyens".

En un mot la lâcheté et la démagogie sont générales.    Croire que cela va changer parce qu'on va inscrire dans la constitution qu'il faut ne pas l'être est au mieux une naïveté.   

Cela ressemble assez  au joueur invétéré qui se fait interdire de Casino.

Sauf qu'il n'y a pas de physionomistes  musclés en politique.  Croire que le Conseil Constitutionnel  peut jouer ce rôle et faire descendre son rôle à celui d'un surveillant général de cour de récréation.

Les bonnes politiques économiques se conduisent et se prouvent par des actes. Pas en portant un tee- shirt disant combien on va être bon et vertueux.  

Si on s'en tient à un raisonnement purement économique, la mesure n'a aucun sens.

Pourquoi ? Parce que le cycle décennal existe. On a donc tous les huit- dix ans un effondrement des recettes fiscales  et avec une belle régularité des flambées de croissance qui compte tenu du caractère progressif des impôts  génèrent des recettes fiscales à rythme encore plus élevé.

Plutôt que d'affirmer un principe d'équilibre permanent, il faudrait acter que les recettes fiscales et la dépense publique  en tendance ne doivent pas croitre plus vite que l'économie, ce qui signifie qu'on accepte des déficits lors des phases récessives et  des excédents  lors des années de haute conjoncture.

On sait que les politiques dépensent tous les excédents de recettes pendant les phases hautes (voir Rocard, voir Jospin pour en rester aux périodes récentes) et qu'ils refusent de réduire  les dépenses  pendant les phases de conjoncture basse. Le cliquet à la baisse des dépenses publiques est d'une solidité à toute épreuve.

Le démembrement de l'Etat en faveur de l'Europe et des collectivités locales a encore aggravé la situation. On a vu que l'Europe augmente le salaire de ses fonctionnaires  dans des proportions intenables en pleine récession. Et quelle exige avec une insistance qui sera récompensée, soyons en sûrs, que ces budgets soit triplés, quintuplés, décuplés. Le ciel est la limite.  Quant aux régions et mairies, c'est la gabegie absolue.

Une politique se conduit.  Une politique économique  exige des connaissances et une compétence.  Croire qu'on pourra substituer à ces deux exigences  l'affichage vertueux des articles de la Constitution est une illusion.

Qui dira la rage et la tristesse qui saisissent ceux qui cherchent à comprendre  et à trouver des vraies solutions  quand ils constatent que les milieux politco-médiatiques ne comprennent rien, absolument rien , glorifient les comportements destructeurs et ne cherchent qu'à se parer de vertu en triturant des grimoires !

Didier Dufau pour le Cercle des Econoimistes e-toile.



Les leçons de la retombée britannique dans la récession

Le Royaume-Uni va mal.  L'inflation est désormais certaine, avec une taux de montée des prix qui court vers les 4-5% en attendant mieux. L'activité est au plus bas avec un dernier trimestre 2010 en baisse et un premier trimestre plus que palot.

Ce résultat étonnera ceux qui pensent qu'il suffisait de dévaluer comme un malade pour s'en sortir mieuxc que les autres.

En dépit des dévaluations compétitives Londres  ne s'en sort pas. 

On dira que Cameron a lancé un plan capable de plomber la croissance pour au moins cent ans.

Mais les mauvais résultats ont commencé avant même que les premières idées aient été lancées. Et il suffit de regarder le Baltic Dry index pour vérifier qu'il est redevenu dans ses plus basses eaux.

Le leçon est claire : les à coups donnent des coups de fouets ou des coups de déprime mais ne changent pas grand chose dans la durée aux difficultés de fond.

Le leçon devrait être méditée pour la Grèce. Rien ne dit que restructuration de dettes et dévaluation massive auraient eu un meilleur résultat que ce qu'on voit actuellement. 

 

Karl Peiper

 

G.20 et réforme du système monétaire international : l'ambiguïté demeure

Comme toujours Nicolas Sarkozy expose très clairement les têtes de chapitres mais dès qu'on rentre dans le concret les frustrations s'accumulent.  Lors de sa conférence de presse du 24 janvier 2011 il a à nouveau présenté comme évidente un certain nombre de réalités et d'orientations qui font effectivement consensus. Mais faute de gratter  un peu plus profond dans les solutions, on aboutit à des contradictions  qui laissent sceptiques sur le débouché des processus engagés.

Prenons cette affirmation :" nous sommes depuis 1971 dans un non système monétaire international". C'est une phrase que nous prononçons avec la plus grande régularité depuis...1971 !  Attention à ce qu'elle veut dire.  Pour nous cela signifie que le système de Bretton Woods a été détruit par voie de fait. Ce qui s'est substitué ne correspondait à aucune doctrine précise, exhaustive et consensuelle.  Avec le temps une vulgate issue des propositions de Milton Friedman s'est tout de même mise en place.  

On peut la résumer ainsi :

- Pas de changes fixes

- Les monnaies administratives nationales sont gérées par des banques indépendantes.

- Le cours des monnaies administratives entre elles se déterminent sur le marché des devises et de ses dérivés.

- Il est vain, d'intervenir sur les marchés de change.

- Il appartient aux banques centrales de gérer la valeur intrinsèque de leur monnaie comptée en prix à la consommation , si possible dans le sens d'une inflation faible.

- Tout contrôle des changes et des mouvements de capitaux est à proscrire.

Cette doctrine s'accompagnait d'un certain nombre de prévisions :

- Les mouvements de capitaux libres auront vite fait d'homogénéiser les changes et les taux d'intérêt

- Tout choc externe  sera digéré beaucoup plus souplement et progressivement.

- Les pays qui se laisseraient aller seraient immédiatement  corrigés par les marchés

- Le besoin de réserves serait pratiquement éliminé, remettant du capital en circulation pour investir

Toutes ces prévisions se sont révélées vaines.  Les changes sont d'une volatilité dommageable. les "spreads de taux d'intérêt"  les plus larges .  Les chocs externes provoquent une guerre des monnaies. Les réserves sont gigantesques. Les mouvements de capitaux génèrent des crises financières à répétition. Le tout a conduit à trois récessions de plus en plus graves (74, 93 et 2009).

La vulgate est fausse.  

Le paradoxe est de dénoncer les effets mais, dans la même phrase, de déclarer que les éléments clefs de la vulgate doivent demeurer.

Qu'a-t-on entendu ?  


- Que les changes fixes n'était pas un objectif. Il faut de la souplesse, c'est évident. La présidente du Medef renchérira sur ce thème un peu plus tard.

- Qu'il faut laisser les monnaies adminisratives trouver leur valeur sur le marché des changes (Chinois faites votre devoir !).

- Que tout contrôle des mouvements de capitaux est à proscrire.

- Que le rôle des banques centrales reste le  même (heureuseument sinon il faudrait réformer la BCE  et l'Euro !).

-"Je garde les causes mais je m'indigne des conséquences ! " semble affirmer Nicolas Sarkozy.

On va définir ce qu'est un déficit. Formidable !  On va se donner des règles en matière de déficit. Formidable ! Pour stabiliser les monnaies. Formidable ! Tout en mettant sous contrôle la "hot money". Très bien !   Et en renforçant le rôle des DTS (quel nom horrible). Très très bien !  Et en donnant au FMI des poàuvoirs (qu'il a déjà) en matière de contrôle des déficits et des politiques de change.  Whaou on et sauvé !

C'est une politique  formidable de changes variables mais ajustés qui condamne les changes  fixes et ajustables !

Si les Etats-Unis étaient gentils et n'accumulaient pas les déficits qu'on connait, si la Chine était moins mercantiliste, tout le monde il serait beau et serait gentil.  Et puis on va mettre une taxe indolore qui nous donnera d'amples ressources pour sauver le Monde, voire l'Univers tout entier.

Qu'est-ce qu'était le système de Bretton Woods : un système qui imposait aux Etats de faire attention à la valeur externe de leur monnaie pour que les produits s'échangent d'abord contre des produits, avec un régulateur qui était le FMI.  Malheureusement, le dollar jouait un rôle disymétrique qui a fait sauter le système. après 25 ans de croissance modiale presqu'ininterrompue.  

Là, on veut nous faire un Bretton-Wwoods version  "Canada dry" : cela ressemble à un système coordonné des changes, celà en a le goût mais ce n'est pas un système coordonné de changes.

On garde tous les défauts structurels mais on mesurera les conséquences pour qu'elles soient réduites par consensus.

Cela ressemble beaucoup au traitement de l'héroïnomanie par la Méthadone.  Drogues toi toujours mais prends des précautions pour que cela ne te tue pas complètement.

Nous, au Cercle des économistes e-toile,  on se tapote légèrement le menton.



ISF : un impôt irréformable à jeter aux poubelles de l'histoire

Nous avons toujours et inlassablement combattu l'ISF qui est un impôt indéfendable, quelque soit l'échelle de critères que l'on retient. Impôt basé sur la haine, impôt honni par ceux qui le subissent,  l'expérience a montré qu'on ne pouvait pas le réformer.  Dès qu'on essaie de le faire on stimule la haine et on ne diminue en rien la rancœur des assujettis.   Il faut donc jeter intégralement l'ISF dans l'enfer des impôts immondes et passer à autre chose.

Il serait bon que cette leçon soit comprise par Nicolas Sarkozy et son équipe.  Comme on le sait Nicolas Sarkozy aime ménager la chèvre et le chou et "faire semblant  de réformer sans réformer tout en réformant". C'est tout le thème de la "fausse rupture".   Les yeux rivés sur les sondages lui et son équipe  adorent s'emparer d'un sujet et se lancer dans des réformes qui ensuite, lors des négociations, finissent par aller dans le sens inverse de ce qui serait souhaitable et même des objectifs annoncés.

Le livre de Sophie Coignard, "Le Pacte Immoral" chez Albin Michel, le démontre abondamment dans le domaine de l'enseignement.  Mais sur tous les sujets, c'est la même chose : un diagnostic en général clair et vrai, généralement partagé par la majorité des gens qui réfléchissent,  mais une pratique de réforme ondoyante, même pas arbitrale, plutôt de type tango, un pas à droite, deux pas à gauche,  et au final on ne sait même pas ce qui a été réellement fait tant le brouet est confus  et les vraies décisions de détail occultées.

Le calendrier de Nicolas Sarkozy étant uniquement électoral, il s'agit de donner des gages et des moyens à la Com'.

Cette méthode  a inspiré la première réforme de l'ISF. Elle a abouti à un discrédit supérieur.  Inutile de persister.  On a voulu pérenniser l'impôt, considéré comme intouchable pour des raisons électorales depuis l'échec de Chirac aux élections présidentielles qui ont vu la reconduite de  François Mitterrand, tout en  supprimant la partie à vrai dire abjecte  de l'ISF, la confiscation de la totalité du revenu de milliers de contribuable et la vente forcée de leur patrimoine.  Comme pour les 35 heures, on a gardé le système en tentant de le vider partiellement de l'intérieur.  Rapidement les faux semblants sont devenus  évidents et au final la confusion s'est imposée.

Lors que M. Baroin explique qu'il n'est pas question de supprimer l'ISF mais de le réformer, conformément à l'optique sarkozienne du "mais oui, mais non, je t'embrouille", il s'engage dans une voie sans issue. Exclure la résidence principale ? C'est créer une niche de plus sans rien changer de fondamental.  Réduire le nombre d'assujettis ? On reviendrait aux "200.000 familles" là où l'absurdité de l'impôt avait fini par en  créer 500.000. Quelle est la valeur morale et républicaine d'un impôt qui cible et stigmatise  un extrême minorité ?  Est-ce qu'une abjection de principe est réduite parce qu'elle s'applique à moins de victimes et qu'elle sera honnie par moins de monde  ?

Le débat entre fortune acquise et fortune en voie de constitution est sans objet. Toutes les fortunes acquises ont été en voie de constitution.  Il vaut mieux frapper une fois le revenu lorsqu'il se crée que l'emploi de ce revenu indéfiniment et à des taux qui peuvent priver le contribuable concerné de la totalité de son revenu résiduel.  Tous les  ménages subissant l'ISF vous le diront : on préfère un impôt initial, même s'il nous force à canaliser notre consommation, plutôt qu'un impôt polymorphe qui  tente de vous faire vendre votre capital, une fois constitué, à la première difficulté.  Toute forme d'ISF restera honnie par ceux  qui le subissent et provoquera des décisions  antinationales : fraude, évasion, expatriation.  

La raison en même temps que le sentiment républicain et national suggèrent de supprimer l'ISF et de créer un jeu d'imposition conforme à la règle d'or de la bonne fiscalité :

- Une imposition large, sans échappatoire, à faible taux et acceptée par les citoyens.   

Nous avons à trouver en recettes alternatives un pourcentage infime de la collecte fiscale. Les prélèvements obligatoires ont du se situer en 2010 autour de 850-900 milliards d'Euros.  Il faut trouver 3 milliards d'Euros,  soit 0,3% de la masse globale.  C'est un chiffre ridicule.

Il faut trouver des assiettes larges qui concernent effectivement "les possédants".  La solution est évidente : augmenter faiblement les impositions  portant sur le revenu, en agissant sur les tranches hautes et rétablir plus d'égalité entre les rémunérations du capital, détenu en France par une minorité de la population, et la rémunération du travail.

Créer une tranche supplémentaire  sur les très hauts revenus avec un taux de 45% environ, augmenter d'un point ou deux la tranche précédente, ne pose strictement aucun problème.  Payer IR et CSG sur ces très hauts revenus aboutira à un prélèvement de 55%. C'est beaucoup. L'effet d'affichage n'est pas beau. Mais les assujettis préfèreront toujours cela à l'ISF.

Faire en sorte que des rémunérations  régulières (dividendes, intérêts etc.)  soient taxées au-delà des forfaits organisés jusqu'ici ne posent  pas plus de problèmes.

Supprimer les diverses solutions mises en place pour ne pas faire fuir les plus riches (droits à l'image, stock options,  fiscalité particulière des parachutes dorés, etc.) , pouvait de faire sans drame dans la mesure où la contrepartie était la suppression d e l'ISF. La meilleure preuve c'est qu'on l'a fait.  Mais sans contrepartie !  

Il eut mieux valu faire un paquet de toutes ces mesures  et équilibrer ainsi la suppression de l'ISF.

Certes, on s'apercevra au bout du processus que l'imposition en France est absurdement haute.  Il faudra bien un jour décider de réduire à la hache et pas de façon cosmétique les dépenses publiques.

Mais au moins on aura supprimé de la fiscalité française une verrue hideuse  et anti républicaine par sa volonté  de stigmatisation, et destructrice  et antinationale dans ses déplorables modalités.

Quand une mesure permet d'allier et la morale républicaine et l'efficacité économique , il ne faut surtout pas se priver.



A propos d'un livre remarquable de J.P. Chevènement

"La France est-elle finie ? " de Jean Pierre Chevènement est un livre rare, un de ceux dont on ne croyait plus les politiques capables : profondeur de l'analyse historique, qualité de l'observation économique, hauteur de la réflexion géo-politique, souci de conserver une certaine cohérence idéologique, préoccupation de l'avenir national. ..   L'ouvrage est presque trop riche. Chaque thème aurait pu faire l'objet d'un livre à lui seul.

L'auteur est un témoin  : il a été au gouvernement , entre deux démissions, pendant l'essentiel des gouvernements dirigés par les socialistes au moment où le socialisme s'effondrait. Il est aussi un penseur et un théoricien qui via le CERES a toujours tenté d'inscrire son action politique dans un cadre de réflexion plus générale.

Le lecteur trouvera à la fois un fourmillement  de détails sur ce qui s'est passé et les attitudes des uns et des autres, en même temps qu'une vision plus générale de l'évolution économique, diplomatique et sociale de la période.

La force de ce témoignage et de cette analyse tient au fait que J.P. Chevènement est un vaincu.  Sa fraction a été marginalisée dans le mouvement socialiste et le socialisme lui-même  s'est dissous dans un social libéralisme  qui le rend, pour le socialisme de gouvernement, indiscernable de la droite "compassionnelle" de gouvernement.

Les livres de vaincus sont toujours les  plus intéressants. La défaite force à réfléchir et à en appeler à l'histoire.  Triompher a posteriori avec l'appui des évènements est plus qu'une consolation.

Un homme politique marginalisé et même jusqu'à un certain point ridiculisé par la frange dominante de son parti  est  bien placé pour tirer les leçons des échecs de son camp.  

Comme la politique de ce dit camp se confond pratiquement avec la politique qui a été appliquée depuis 30 ans, tous bords politiques confondus,   la critique est globale et concerne  la France dans son ensemble.  Comme dans le même temps, le monde a connu un changement de paradigme général avec la mise en place de la mondialisation  libérale  et l'Europe a changé de nature avec le vote du traité de Maastricht, on ne peut parler de la France sans parler de l'Europe et du monde.  

La critique va obligatoirement porter sur les grands changements de cap. La conversion libérale des socialistes est-elle une bonne chose ?  L'Euro est-il une bonne solution ? La financiarisation du capitalisme mondialisé est-elle la meilleure évolution ?

L'auteur avait manifesté qu'il était contre toutes ces évolutions. La crise la plus sévère depuis 1929 lui permet de répondre non à toutes ces questions. Mais lui donne-t-elle raison ? Et a-t-il les vraies solutions ?  C'est tout l'enjeu du livre.

Notre réponse est  indubitablement non, même si on retrouve dans le livre en mains endroits des développements que nous avons faits à longueur d'article sur ce blog.  L'observation honnête des faits ne permet guère de s'égarer sur ce qui ne va pas. Il est plus difficile de s'accorder sur les causes et les solutions.

Ce qui nous plait dans l'analyse de l'auteur c'est qu'il met l'accent sur la question des changes.  Globalement il a compris que le mercantilisme chinois et le laxisme monétaire américain sont à la source de l'essentiel des difficultés. Pour l'Europe il a compris qu'un système de monnaie unique avec des politiques non coordonnées  et un mercantilisme allemand délétère ne pouvaient mener qu'à la catastrophe..

Sans être un théoricien de la monnaie Jean Pierre Chevènement a parfaitement compris que le double système mis en place, liberté totale des mouvements de capitaux, de marchandises et d'hommes  dans des marchés laissés à eux même  et en même temps carcan européen se retournait contre la prospérité en général et celle de la France en particulier.  

Nous n'avons pratiquement rien à redire à la description qu'il fait des difficultés rencontrées et l'inanité des politiques suivies pour y faire face. Nous aurions pu écrire des pages entières du livre et nos lecteurs y seront surpris de trouver des pages qui sont pratiquement des décalcomanies des nôtres. Non pas que nous ayons été copiés, mais les faits s'imposent dès qu'on prend la liberté de les regarder en face.

En revanche, nous avons un désaccord majeur  sur les causes. J.P. Chevènement date les difficultés  au tournant "néo-libéral" de  Reagan- et Thatcher. Pour lui la source de la crise est purement politique et idéologique. Un "cycle de pensée néolibérale" s'est mis en place qui a tout emporté.  En 2003 F. Mitterrand s'est également laissé emporté pour ne pas se couper du reste du mouvement social démocrate gagné lui aussi par ce changement radical.   Du coup la solution pour notre auteur  est de changer à nouveau de doctrine en revenant en arrière. On entre en plein dans la querelle idéologique "altermondialisme" ou "néolibéralisme" qui en vérité n'a pas le moindre intérêt.

Ce que l'auteur ne comprend pas, c'est pourquoi on a changé ce fameux "paradigme". Comme beaucoup il se trompe d'une dizaine d'années.  Le vrai changement date de l'effondrement du système de Bretton Woods.   On est passé d'un système de changes fixes et ajustables où chaque pays avait une certaine responsabilité vis-à-vis de son taux de change  et développait des politiques de plein emploi en tentant de "ne pas faire plus de bêtises que les autres" à une période de désordres intellectuels, politiques et pratiques.  Le nouveau système n'a pas été imaginé, conçu, armé par des raisonnements fondés sur des théories. Il est survenu par voie de fait.

Il a fallu dix ans pour se rendre compte que le keynésianisme plus ou moins larvé qui nourrissait les politiques  économiques des Etats ne marchait plus.  La relance Chirac et la relance Mauroy furent deux échecs apocalyptiques et propédeutiques. En système de changes flottants le keynésianisme ne marche pas. Inflation et stagnation succédèrent à 25 ans de croissance rapide.

Les conditions géopolitiques n'étant pas là pour comprendre les raisons de l'échec de Bretton-Woods   et y remédier, et le keynésianisme s'avérant inopérant,  il a bien fallu trouver autre chose.  Cet autre chose a été l'ouverture générale des marchés. Le contrôle étatique des marchés n'avaient en réalité qu'une seule fin : contrôler les déséquilibres des balances commerciales et de capitaux.  A partir du moment où les monnaies flottaient et que tout le monde s'était accordé à la Jamaïque sur le fait qu'on allait jouer la carte du flottement généralisé dans la durée, faute d'alternative politique du fait de la volonté américaine,  il fallait en tirer les conséquences.  Ce que la gauche appelle le "néolibéralisme", c'est-à-dire en fait le démantèlement des encadrement s financiers et commerciaux rendus nécessaires en changes fixes par le contrôle de la valeur externe de sa monnaie, est la conséquence directe  des accords de la Jamaïque. Le monde a joué une carte nouvelle de liberté économique généralisée.  En espérant que Milton Friedman avait raison. L'ennui c'est qu'il va être entièrement démenti par les faits.

On attendait que se déchaînent des forces longtemps comprimées.  Cela n'a pas manqué.  La liberté de circulation  presque totale des hommes, des marchandises et des capitaux  a provoqué des mouvements très violents qui, en l'absence de toute règle et  du fait des rapports de forces devenus sans limites,  ont commis des dégâts irréparables chez les plus faibles et ralentit globalement le trend de croissance mondial, tout en rendant l'ensemble du système vulnérables à des crises de plus en plus graves.  L'instauration  d'un ilot de fixité des changes dans un océan de flottement dans une zone Euro sans gouvernance  réelle pour des raisons purement politiques  a révélé son caractère de pari éthéré et  de réalité  fragile.

Faute de comprendre la source des évolutions économiques constatées, J. P. Chevènement ne sait plus quoi proposer.   Abandonner l'Euro en soit n'est pas une réponse.  Règlementer les mouvements de marchandises ? C'est revenir au protectionnisme pour le protectionnisme avec toutes ses conséquences fâcheuses.  Règlementer les mouvements d'hommes ?  Eric Zemmour a bien noté que l'auteur s'en gardait, dans la confrontation avec Chevènement qui a eu lieu sur une chaîne publique ce dernier samedi..  Alors que lui a franchi le cap depuis longtemps et s'en ai fait une spécialité.   Règlementer les mouvements de capitaux ? Là tout le monde est d'accord. Les banquiers sont des vilains et les mouvements de capitaux profondément malsains par nature.  Mais les investissements ?   Mais les nécessaires investissements dans les économies en développement ?

Du coup le livre finit dans l'impasse. Oui l'emploi doit être le guide suprême de la politique. Oui la croissance est nécessaire  et les doctrines de la décroissance heureuse  sont dangereuses. Il suffit de regarder ce qui se passe en Tunisie pour s'en rendre compte.  Oui le rôle des Etats est bien d'assurer l'emploi et la croissance.   Mais on ne peut pas le faire en figeant le monde et en bridant toutes les libertés individuelles et collectives.

La question n'est pas  : capitalisme ou socialisme et encore moins "néolibéralisme" et "étatisation".

La meilleure analogie est agricole.  Tout le monde sait qu'un système d'irrigation ne fonctionne que dans la mesure où il n'ya pas d'inondation. Il faut mettre à son service les forces de la nature mais en les canalisant. Il faut des vannes et une politique d'ajustement  astucieuse et savante, ennemie des à coups.

En supprimant les changes fixes et l'obligation pour les états de faire attention à leurs équilibres généraux, on a supprimé le jeu de vannes qui permettait une certaine stabilité du système dans un courant général vers le plein emploi et la croissance.

La vraie solution aux difficultés des accords de Bretton Woods était dans la réforme de leur défaut structurel : le rôle exagéré du dollar comme monnaie mondiale et les déficits perpétuels de balances des paiements qu'il permettait et même imposait .  le blocage de cette solution par les Etats Unis a provoqué une fuite en avant qui finit en désastre.  Il faut non pas fantasmer sur des changement de paradigmes ou  de société mais en revenir à un système de canalisation monétaire  qui permette une gestion harmonisée de la croissance mondiale bénéfique pour tous.  

Il faudra  des écluses aussi bien pour les mouvements de capitaux, de marchandises et d'hommes tant qu'il n'y aura pas de gouvernement mondial unique de l'humanité. Ce qui n'est pas pour tout de suite.

Croire que l'absence  totale de canaux et d'écluses permettra d'irriguer la croissance mondiale  est une foutaise. L'affaire est désormais réglée. Bien dimensionner ces écluses pour qu'elle laissent passer ce qu'il faut de courant de liberté et d'énergie  pour conserver le dynamisme partout , voilà  le défi.  

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Les économistes rassemblés par Nicolas Sarkozy en vue du G.20

L'équipe d'économistes rassemblés par Nicolas Sarkozy a au moins un caractère commun : aucun n'a prévenu de la grande crise qui se préparait !  Au delà de cette carence initiale, examinons ce que les choix faits nous révèlent dès maintenant.


Jean Paul Fitoussi  : Cet économiste français de gauche se situe dans la mouvance du keynésianisme.  Il explique la crise par l'insuffisance des salaires et le transfert de la richesse nouvelle vers les hauts revenus qui  épargnent plus qu'ils ne consomment.  Cette explication est sans réelle valeur comme nous l'avons démontré.


Francois Bourguignon est un ancien de la Bird et le directeur de  l'école d'économie de Paris. Spécialiste du "développement" et du tiers monde.  Il est là pour ses titres et pas pour la force de ses démonstrations économiques.


Joseph Stiglitz  : nous avons analysé ici ses positions.  Il a visiblement été choisi pour son bagout, son dynamisme et  ses attitudes de dinamitero.  Et il est prix Nobel et un  américain plutôt de gauche.  On en attend qu'il stimule du buzz aux Etats-unis.


Lord Nicholas Stern,  est un britannique prototype de l'économiste distingué. Il explique que  la crise économique de 2008-2009  est liée à trois facteurs : «  le premier est la déréglementation du secteur financier, qui a permis de forger des instruments financiers extrêmement risqués sur des marchés incontrôlables », « le deuxième est le gonflement de la bulle immobilière » de nature cyclique et le troisième est l'accumulation d'une épargne très forte par les pays asiatiques qui a permis de financer les déficits américains et la bulle du crédit.  Incontestable mais un peu court.

Tim Besley  a été conseiller pour la politique monétaire de la banque d'Angleterre. Il a surtout une activité éditoriale qui peut donner un certain écho aux travaux du G.20 au Royaume Uni. 

Il fallait, couple franco-allemand oblige, un représentant de l'Allemagne. Curieusement on a été chercher une députée de gauche (SPD) sans réelle compétence économique  mais pétulante :  Heidemarie-Wieczorek Zeul. C'est sans doute une erreur de casting.

Marcello de Cecco est un économiste italien  de grande qualité, une des qualités en question étant l'humour.  Derrière une vraie bonhomie, il dit des choses vraiment méchantes.  Une de ses thèses qui a pris du poids ces derniers temps auprès des autorités françaises, est que l'Allemagne conduit une politique incompatible avec l'Euro et que, pour les autres pays européens, suivre l'exemple allemand conduirait à une impasse :  une course à la déflation entre tous les pays européens  pour prendre à l'autre des parts de marchés ne mène qu'au précipice.  Le mercantilisme allemand vaut bien le mercantilisme chinois.   Malheureusement il n'aura en face de lui aucun économiste allemand sérieux qui aurait pu conforter ou informer cette position et rendre l'affaire intéressante.

Yu Yongding est chinois. Il possède tous les titres qu'on puisse imaginer pour être qualifié comme interlocuteur compétent dans le comité.  Il s'intéresse à la mondialisation et il a conseillé la Banque de Chine  pour la politique monétaire.  Il a été au première loge pour observer la politique suivie par la Chine.  Il sera en première ligne pour répondre à l'accusation de mercantilisme (présentée de façon douce comme "un excès d'épargne").  Il accompagnera Sakakibara, le représeentant Japonais, pour dire que les DTS ont un rôle futur à renforcer  mais qu'"il ne faut pas effondrer le dollar". Il annoncera aussi que l'économie chinoise doit aller "progressivement" vers plus de consommation et pas seulement compter sur les exportations. 

Un représentant du Japon était également indispensable . Ce sera Eisuke Sakakibara, un économiste intéressant et parfaitement au courant des questions économiques qui se posent au monde et au Japon.  Il a énoncé les phrases exactes que Nicolas Sarkozy a répété à Barak Obama : il faut maintenir pour les années qui viennent le rôle du dollar et  prévoir que dans quelques années des DTS prendront la relève.  Compte tenu des réserves japonaises il s'oppose à toute baisse du dollar…et à toute hausse du Yen. Il souhaite structurellement convertir l'économie japonaise afin de mettre plus l'accent sur la consommation intérieure et moins sur les exportations. Il ne veut plus d'accumulation de réserves. Et il a été l'un de ceux qui se sont fait l'avocat d'un fonds monétaire régional en Asie.    

Jose Antonio Ocampo  est un économiste colombien familier des milieux économiques internationaux. On peut le créditer  d'une intervention faite en tant que sous secrétaire de l'ONU aux affaires économiques et sociales  en janvier 2006, la date est importante, dans laquelle il avertit que les prix de l'immobilier baissent et que la bulle est désormais mure pour éclater et que les déficits abyssaux américains posent une vraie menace pour la stabilité économique du monde.  Il est de ceux qui ont compris avant bien d'autres que ce qui se passait était insoutenable dans la durée, même s'il n'a pas annoncé la crise.  Au moins a-t-il attiré l'attention sur des symptômes graves qui auraient du entraîner une action correctrice qui n'a pas eu lieu.


Les autres membres ont été visiblement choisis ès qualité officielle et pour leur représentativité de diverses parties du monde. Andrei Bougrov est l'ancien directeur  exécutif  du FMI et de la Bird en Russie.  Avinash Persaud représente la Barbade, Louis Kasekende, ougandais, l'Afrique, Akhtdar Aziz Zeti,  venant de Malaisie, représente l'Asie du sud-est contestataire du FMI, l'équatorien Perez Pedro Paez, représente l'Amérique centrale (et une politique particulière : la dollarisation). 

On ne sait pas grand-chose de leur pensée profonde sur les sujets du temps. 

La composition de ce conseil économique est assez fortement marquée "à gauche" et fait la part belle aux pays émergents.  Les économistes français choisis manquent de personnalité et de punch. Il est clair que J. Stiglitz en sera l'animateur principal et Sakakibara le modérateur principal.  Il en sortira une contestation "soft" de la domination du dollar et de la politique monétaire américaine ; une contestation soft de la politique mercantiliste des Allemands et des Chinois.  Le thème "moins de monnaie  de réserve plus de consommation" devrait être à l'honneur.

L'ennui c'est qu'aucun des invités n'a un diagnostic solide de ce qui s'est passé. La plupart se contente de la vision "crise américaine, impulsée par les subprimes et généralisée au reste du monde par la crise bancaire et l'arrêt des exportations vers les Etats-Unis".  Cette vision ne conduit à rien sinon au préchi-précha sur les bonnes pratiques bancaires et le vœux pieux sur la réduction des déséquilibres financiers. 

Nicolas Sarkozy semble avoir intégré ces limitations avant même que le groupe de travail ne se soit mis en place.  Il n'est plus question d'un grand "Bretton Woods" ni de remettre en cause le rôle du dollar.  L'une des lacunes du "casting" de ce comité  est l'absence d 'une personnalité allemande réellement de poids pour défendre la thèse d'un changement de la politique allemande d'une position purement mercantiliste vers une solution plus équilibrée.

Tout cela est un peu trop : les Bisounours font de l'économie.  Les Américains y verront, peut-être l'avertissement que les engagements pris auprès de Tim Geithner par la Chine et le Japon de continuer à financer les déficits américains  ne seront pas éternels.

A court terme il ne se passera rien. Il serait bien étonnant que le rapport des économistes prévu pour dans quelques semaines marque une orientation précise vers la correction des défauts structuraux du système actuel.  On marchera sur des oeufs.

Etait-il nécessaire de monter une pareille mécanique pour un si faible résultat ?  Les aspects de pure politique intérieure sont ils les seuls motifs de toute cette opération pour Nicolas Sarkozy ?

Ces questions sont posées.  Attendons la suite

Mauvais départ de Sarkozy pour le G.20

La question de la réforme du système moéntaire international étant portée par Nicolas Sarkozy au G.20 nous avons décidé de rédiger plusieurs articles sur cette question qui est au centre de nos préoccupations et de suivre les travaux avec soin.

Nous allons produire deux articles préalables :

- une synthèse sur les grands problèmes économiques mondiaux

- une réflexion sur la composition du comité d'esxperts rassemblés par Nicolas Sarkozy.

 

Notons  dès aujourd'hui que cela part plutôt mal. Selon le Monde datée du 12 janvier 2011 une source française indiquait : 

 

"On leur a expliqué (à Obama) qu'il n'y a pas de volonté de revenir aux changes fixes, pas de volonté de destruction du dollar, pas de suppression du marché des matières premières, pas de désignation d'un grand fauteur des troubles mondiaux".Nicolas a insisté : " je connais (il aurait du dire : je reconnais et me soumets) le rôle du dollar comme monnaie principale dans le monde", monnaie qui va rester "la devise de réserve principale". 

Aller à une réunion de réforme en précisant dès le départ qu'on ne traitera d'aucun des sujets qui fâchent , c'est se moquer du monde.

On n'imagine pas le Général de Gaulle aller ainsi s'agenouiller devant le Président Américain pour y recevoir des compliments de bonne vassalité  comme ce  "remarquable ami du peuple américain".

On peut craindre qu'une fois de plus, à partir d'une bonne intuition, tout dégénère dans la gesticulation életoraliste de tout petit niveau. Ce serait réellement dommage et il faudrait alors se détourner en haussant les épaules. 

Pour le moment nous ferons comme si ce mauvais départ était motivé par le soucis de ne pas braquer les parties prenantes pour permettre le dialogue.  Mais tout de même : exclure a priori des solutions  avant d'avoir posé un diagnostic, quelle erreur !

 

 

 

 

Un vrai débat : les exonérations de charges sociales

Le débat sur les 35 heures est assez largement un faux semblant dans la mesure où l'essentiel n'est pas la durée du travail, sauf dans le secteur public,  mais la question des exonérations de charges. A l'occasion des trente-cinq heures le gouvernement a exonéré de charges sociales les bas salaires.

La formule était alambiquée. En juillet 2002, c'est-à-dire juste avant les exonérations Fillon, elle se présentait ainsi  :

·    1 114,35 € / rémunération mensuelle - 3 238,57 €) / 12".

Comme les charges patronales représentent près de 50% du coût des salariés de cette catégorie,  cela revenait à baisser fortement  le coût du travail, même si, on le voit,  la réduction n'a pas porté sur la totalité des 50% dont on parle,  alors que la hausse nominale liée aux trente cinq heures était de 11%.   Compte tenu de la stagnation des salaires qui a suivi le passage aux 35 heures et aux nouvelles facilités d'organisation qui ont permis bien souvent de supprimer bien des empilages de règles paralysantes, les entreprises s'en sont bien trouvées.    

On n'aurait très bien pu  effectuer ces transferts  de charges sans imposer une réduction du travail.  Juppé l'avait fait pour essayer de freiner le chômage liée à la récession de 1993. La loi Aubry II fusionnera ce dispositif avec le sien.

Comme toujours le cadeau était provisoire : 5 ans. En 2003 Fillon pérennisera le dispositif d'exonération.

Depuis  le double choc pétrolier, la question des charges sociales payées par l'entreprise est posée. Moi-même avait écrit à cette époque sur ce que certains avaient appelé à l'époque "la marche de Dufau", c'est-à-dire l'incroyable différentiel de charge nette entre un chômeur et un employé. Le retour à l'emploi représentait pour le gouvernement le passage d'une situation où la personne concernée était entièrement aux allocations à une autre où son emploi était l'occasion d'un prélèvement  du double du salaire net.  Pour un retour à l'emploi l'Etat gagnait de quoi financer deux chômeurs !  Je préconisais des transitions plus douces …

La poussée de la gauche allait mettre un terme aux réflexions sur l'abolition du "double fiscal du salarié français" qui continuera à cheminer et sera reprise sous la notion de "TVA sociale", c'est-à-dire du report des charges sur le consommateur pour égaliser la concurrence entre fournisseurs internes ou étrangers.

Le retour des énarques au pouvoir avec Chirac puis Rocard posera à nouveau  la question de la diminution des charges sur l'entreprise.  On ne bruisse dans ces milieux que des moyens de réformes fiscales  permettant de transférer  l'impôt de l'entreprise et de la consommation sur le revenu des Français mais sans passer par l'impôt progressif sur le revenu qui est totalement mité et que la réforme Balladur va concentrer sur une fraction minime des ménages.  

L'erreur de Rocard est d'avoir envisagé la CSG comme moyen de financement du RMI et des déficits sociaux. Au lieu de transférer des charges on en a ajoutées.  La CSG sera le moyen de  prélever 10% de PIB de plus, sans aucun transfert. Une erreur formidable.  Si une partie des charges sociales avaient été transférées à ce moment là sur la CSG cela aurait eu du sens.  Mais Rocard a eu peur que, dans son camp, l'on dénonce un "cadeau au Medef" dont la contrepartie serait une perte de revenu de l'ensemble des Français.

Juppé, pour faire face au chômage résultant de la crise de 93, fait voter les premières réductions de charges patronales.  Il assomme le pays d'impôts  et crée, tout seul, la récession de 96 propre à la France. On ne peut pas dire qu'il a transféré les charges patronales sur la dette bien que celle-ci se soit immensément gonflée comme d'habitude du fait de la récession. Les exonérations ont  été largement couvertes par les hausses d'impôts.


Depuis centre, droite et gauche  ont considéré qu'on pouvait allègrement dégrever les charges sociales patronales pour des raisons d'opportunité.  Après les exonérations Aubry,  liées aux 35 heures, une flopée d'autres exonérations a fleuri.  La dérive culminera lors de la campagne présidentielle de 2007  lorsque le président du Modem proposera de supprimer les charges sociales sur chaque nouvel embauché dans les PME-PMI, pendant que le président de l'UMP préconisait l'exonération des charges sociales sur les heures supplémentaires.

Aujourd'hui  la liste des exonérations est sans fin  :

Allègement général sur les bas salaires    
Réduction générale des cotisations patronales de sécurité sociale ("réduction Fillon")  


Apprentissage, qualification et stages    
Contrat d'apprentissage  Contrat de professionnalisation  Parcours d’accès aux carrières de la fonction publique territoriale, hospitalière et de l’Etat (PACTE)


Stagiaires en entreprises  


Titulaires de minima sociaux, publics fragiles    
Contrat d’accompagnement dans l’emploi    Contrat d’avenir    Convention de reclassement personnalisé    Contrat de transition professionnelle    Structures d’aide sociale    Associations intermédiaires  


Services à la personne    
Aide à domicile employée par un particulier fragile    Aide à domicile employée par une association ou une entreprise auprès d’une personne fragile    Aide à domicile employée par une association ou une entreprise auprès d’une personne non fragile  Abattement de 15 points en faveur des particuliers employeurs cotisant sur l’assiette réelle.


Secteur agricole    
Contrat vendanges    Taux de cotisations réduits pour l’emploi de travailleurs occasionnels agricoles    Suppression de la cotisation de solidarité pour certains associés de sociétés de personnes non affiliés au régime des exploitants agricoles    Embauches de salariés sous CDI par des groupements d’employeurs agricoles    Transformation de CDD en CDI par des employeurs de main d’œuvre agricole    Embauche de jeunes travailleurs occasionnels de moins de 26 ans  


Exonérations ciblées sur certains territoires    
Création d’emplois en zones de revitalisation rurale (ZRR) ou urbaine (ZRU)    Organismes d’intérêt général et associations en zones de revitalisation rurale (ZRR)    Zones franches urbaines (ZFU)    Associations en zone franche urbaine (ZFU) ou en zone de redynamisation (ZRU)    Contrat d’accès à l’emploi dans les DOM    Contrat d’insertion par l’activité dans les DOM    Entreprises implantées dans les DOM  


Exonérations ciblées sur certains secteurs d’activité    
Avantage en nature repas dans les hôtels, cafés, restaurants    Jeunes entreprises innovantes    Exonération de cotisations d’allocations familiales pour certains régimes spéciaux de sécurité sociale    Exonération de cotisations patronales dues pour les marins salariés    Exploitation de l’image collective du sportif.


Exonérations applicables aux travailleurs non salariés non agricoles    
Aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise (ACCRE)    Aide aux salariés ou aux titulaires de l’allocation parentale d’éducation, créateurs ou repreneurs d’entreprise    Exonération pour travailleurs indépendants en ZFU et ZRU   

Exonération pour travailleurs indépendants dans les DOM    Correspondants locaux de presse  


Volontariat    Volontariat pour l’insertion    Volontariat dans les armées    Volontariat civil    Volontariat de solidarité internationale    Volontariat associatif  


Avantages directs consentis aux salariés, entrés en vigueur postérieurement à la loi n° 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’assurance maladie    Aide du comité d’entreprise ou de l’entreprise pour le financement d’activités de service à domicile – CESU pré-financé    Attribution d’actions gratuites    Bonus exceptionnel 1 000 euros (mesure exceptionnelle 2006)


Dispositifs résiduels  Dispositifs résiduels porteurs d'effets au-delà du 31 décembre 2006    Contrat de retour à l'emploi    Entreprise d'insertion    Entreprises de travail temporaire d'insertion    Contrat emploi-solidarité (CES)    Contrat emploi consolidé (CEC)  Dispositifs résiduels clos au 31 décembre 2006    Aide incitative à la RTT (dite Aubry I)    Réduction des cotisations patronales en faveur de l'aménagement et de la réduction conventionnelle du temps de travail (dite De Robien)    Abattement 30 % pour les emplois à temps partiel    Contrat de qualification    Contrat d'insertion – revenu minimum d'activité (CI-RMA)    Zone franche de Corse


Dispositifs anciens  Participation financière et actionnariat salarié    Intéressement    Participation des salariés aux résultats de l’entreprise    Plan d’épargne d’entreprise (PEE)    Plan d’épargne pour la retraite collectif (PERCO)    Stock-options  
Participation financière et actionnariat salarié    Titres restaurant    Chèques vacances    Avantages accordés par les comités d’entreprise dans le cadre de leurs activités sociales et culturelles  Participation financière et actionnariat salarié    Retraite supplémentaire et prévoyance complémentaire    Indemnités de rupture du contrat de travail

Le catalogue de La Redoute est battu à plates coutures.

Le seul ennui, c'est que ce bal des exonérations n'a pas été financé. La perte de recette a été immédiatement et en très grande partie reportée sur la  dette  !

La dette ne coutant pas cher à l'époque compte tenu de la politique de Greenspan à la FED, cela ne paraissait pas grave.  L'euphorie de la fin des  années 90 puis les urgences de la récession de 2001 se sont conjuguées pour que le transfert des charges viennent constamment aggraver les dettes sociales et fiscales.

On n'a jamais vraiment souligné l'importance de la réduction de coûts pour les entreprises.  Elle est très importantes compte tenu que les charges sur salaires sont  pratiquement équivalentes au salaire net pour les smicards, dont le nombre a été artificiellement enflé par la pratique systématique du coup de pouce au SMIC.

Toutes ces exonérations  renvoient sur la dette des sommes extrêmement importantes : plus de 12.milliards d'euros par an depuis 10 ans , plus de 150 milliards de dettes cumulées depuis la loi Aubry II.

Que faire de cet avantage non financé qui plombe nos finances publiques alors que nous devons absolument entreprendre une réduction de notre dette ?

Le Medef souligne "que la suppression des allègements de charges liés à la durée du travail aurait un effet désastreux sur l'emploi".  C'est sûr : si on revenant à la situation antérieure les entreprises subirait une hausse de près de 25 % de leur coûts salariaux pour les salariés concernés !

Les faire supporter par le salarié ? Impossible.  Sur la TVA ? Ce serait la meilleure solution, mais la hausse serait telle que cela générerait une baisse du pouvoir d'achat intolérable.

La question  reste non tranchée à ce jour. On se contente de grignoter. Une partie des transferts vont être rognés, comme par exemple pour l'emploi domestique.  On va augmenter les impôts directs.  On tente de limiter la hausse des dépenses.

Autant dire que le problème reste entier . Il est dommage qu'il ne soit posé qu'à travers la question des trente-cinq heures.  La France est obligée de trancher. Et le débat doit s'ouvrir spécifiquement sur cette question.

Espérons que les médias s'en saisiront. Mais on peut en douter.  Les socialistes n'aiment pas rappeler qu'ils ont fait un énorme "cadeau au patronat"  et la droite ne souhaitera pas apparaître à contre-emploi comme le groupe politique qui aura renoncé à ce cadeau. 

Alors on glosera  sur les mfits, réels, du passage aux 35 heures, dans la lumière des médias, mais en cachant la face fiscale obscure. Ce qui permet à chacun de se trouver dans son rôle politique naturel. 

On laissera  dans la pénombre  la question essentielle :

Doit-on réellement continuer à transférer sur la dette une partie des charges patronales ?   

Didier Dufau pour le Cercle des économistes  e-toile

Guy Sorman et le discours purement idéologique

On est toujours un peu gêné dans ces colonnes d'évoquer les articles de Guy Sorman qui a une bouille si sympathique.  Puisque nous avons entrepris de donner en ce début d'année 2011 une image de l'opinion économique à travers les débats dans les médias, nous sommes bien obligés de commenter sa dernière livraison dans le Figaro du 6 janvier 2011 qui témoigne d'un des péchés mignons français : le discours purement idéologique.

Il va de soi que Guy Sorman n'est pas seul responsable de ce tropisme idéologique. C'est parce que le discours idéologique socialiste est très fort en France qu'une expression  contraire s'exprime dans le camp du libéralisme, expression dont notre auteur s'est fait la spécialité et qui lui vaut sa carrière nationale et internationale .

Nous avons critiqué à quelques reprises les discours idéologiques de gauche, avec leur prétention à une bonne compréhension des mécanismes économiques., en fait totalement déviés par les a priori. Nous ne pouvons que critiquer les discours idéo
logiques de droite lorsqu'ils prétendent également à un discours économique sensé.
La thèse générale de notre auteur,  qui ne surprendra personne, est  que le capitalisme se nourrit  de crises, qu'il est vain de tenter d'y faire face,  et qu'il suffit d'attendre pour voir tout se remettre en place tout seul. Les Etats qui ont cru devoir intervenir sont finalement ceux qui sortent le moins bien du trou d'air. L'action des états est au mieux une gesticulation, au pire une nuisance.  On passe du "laisser faire, laisser passer" au "laisser faire, laisser casser".

Inutile donc d'essayer de prévoir quoi que ce soit.  "Prévoir n'est pas le point fort de la science économique".  Il est vrai qu'il n'a rien prévu ni rien vu venir.  L'auteur théorise ses propres lacunes.

Pour se faire il commet un première erreur : "tout évènement local peut désormais  provoquer un ralentissement global".  Guy Sorman prend indirectement à son compte l'explication de la crise par un évènement fortuit  qui se serait propagé par une sorte d'effet papillon à travers le monde. Il confirme son analyse en précisant : "toute innovation est risquée et aucune innovation n'est assurée du succès".   Les financiers américains ont innové. Cela n'a pas marché. Cela a provoqué une crise qui s'est propagée.  C'est dans l'ordre des choses  et après quelques ajustements le système est si résistant qu'il repart de plus belle.

Des chaudrons de Goldman Sachs and co seraient sortis de mauvaises idées. On y a cru un temps et maintenant on sait qu'elles sont mauvaises et on est passé à autre chose. "les banques sont spontanément devenues prudentes  parce que tel est leur intérêt".  Il y avait naguère les"Mao-spontex", on a aujourd'hui les "Libéro-spontex". 

L'économiste n'a aucun rôle. Il regarde passer les trains. Il ne prévoit rien. Il ne réfléchit à rien.  Il contemple les flux et reflux de la marée en s'extasiant.

Qu'il y ait des "systèmes", que ceux-ci  aient un rôle plus ou moins bénéfique, qu'ils changent avec des effets heureux ou pervers,   rien de tout cela n'a d'importance.  Nous sommes passés d'un régime d'étalon or à un système de monnaies administratives théoriquement reliées à l'or puis à un système de monnaies administratives  dont les changes sont laissées à la libre circulation des capitaux et aux marchés. Ces systèmes sont fondamentalement différents et provoquent des comportements ou déclenchent des mécanismes radicalement différents.

Inutile selon Sorman  de se pencher sur ces détails.

Le capitalisme est un bloc indifférent à ses sous systèmes. Il est bon par nature et résistant par construction.  Circulez il n'y a rien à voir !

On est aux antipodes de nos propres analyses. Les échecs ont toujours deux composantes : 

- une composante systémique : selon le système le comportement des agents  n'est  pas le même. Les mauvais systèmes provoquent les mauvais résultats.  Pour avoir pendant trente ans réorganisé des entreprises  je crois pouvoir affirmer qu'il n'y a jamais de difficultés qui n'aient pour origine au moins en partie une mauvaise organisation et un mauvais corpus de concepts et d'attitudes.  Il suffit de regarder l'histoire du système soviétique pour vérifier qu'un mauvais système global a toujours  eu et partout des résultats désastreux. 

- une composante politique : des erreurs sont faites et qu'il faut payer "cash"

Examiner inlassablement et en détail les systèmes bancals et les politiques erronées est une part absolument indispensable de la critique économique.  Globaliser le capitalisme  comme le fait Guy Sorman sans s'inquiéter de son contenu, c'est-à-dire de ses différentes  structures et des politiques qui y sont menées,   est une fuite dans le néant.  Ce néant de réflexion détaillée a été  la première cause de son incapacité de prévoir la crise.  Réciproquement, une analyse attentive des structures et des mécanismes permet de prévoir les crises, ce site en est la preuve.

Guy Sorman croit qu'il  est encore nécessaire de monter une défense globale du capitalisme. Oui "l'innovation, les profits et l'échange restent  les seuls moteurs connus du développement".   Qui, à part quelques officines recyclées du communisme, et quelques régimes autoritaires fermés,   croient autre chose ?  Ce débat a été tranché par la chute de l'URSS.  Et les reliques de ces idéologies mortes n'ont aucune importance, même si, malheureusement en France, elles conservent  sinon une influence, du moins des leviers d'expression.

La question aujourd'hui est "quel capitalisme ? ", pas "capitalisme ou  socialisme ?". 

Et les variantes d'organisation sont importantes.

"Les technocrates à l'affût de nouveaux pouvoirs  promettaient une nouvelle économie sous contrôle".    Il faut certainement dénoncer certaines formes d'emprise technocratique sur la politique des états. Nous ne cessons de critiquer l"énarchisme compassionnel" qui anime nos élites dirigeantes depuis 1974.  Mais face à l'effondrement du système bancaire puis de l'économie dans son ensemble on a vu les "technocrates"  employer des pouvoirs qu'ils n'étaient pas censés avoir pour tenter d'éviter la catastrophe.  Si les banques centrales et les états n'étaient pas intervenus pour sauver les banques que ce serait-il passé ? Guy Sorman peut critiquer les plans de relance. Mais une fuite généralisée  des dépôts hors des banques aurait entraîné la faillite généralisée du système bancaire et la perte de l'épargne mondiale.  Nous avons subi la plus grande crise économique depuis 1929. Elle aurait été pire sans aucune intervention des "structures technocratiques", élues ou non élues.

Quand un sous système est victime d'une organisation et de politiques erronées, ses crises ont des conséquences . Se dispenser de comprendre les défauts ; ne rien dire sur les solutions à court terme ni sur les réformes de structure à y apporter est une démission pure et simple.

Cette démission est inacceptable.  Nous sommes entrés depuis 1973  par des choix structurels erronés  en matière de monnaie et de change  dans un système qui génère des crises  constamment plus graves. Il faut comprendre le mécanisme des erreurs  et effectuer les réparations indispensables.

Guy Sorman voit bien que le prix à payer de la crise est d'abord le chômage. Il invite donc  à s'interroger sur cette question avec l'assertion suivante : " La croissance sans emploi devient chez nous une norme regrettable essentiellement parce qu'une partie de la population n'est pas qualifiée pour des emplois complexes".

Il reprend une erreur commune : L'emploi serait une dimension de la formation.  Plus on aura d'ingénieurs hyper pointus mieux on se portera. Ce sont les états qui sont responsables du chômage (pas le capitalisme) car c'est à eux d'assurer la formation, globale des individus.  Dans une génération, tout sera parfait si on fait les efforts nécessaires.  Et nous voilà parti sur un délire sur les nano technologies et sur le reverse engineering  qui feront sourire les spécialistes. 

Pour avoir pratiqué le "reverse engineering", je me permettrais d'indiquer à Guy Sorman, qui aime le mot sans comprendre la chose, que ce concept date du début des années 80 et est mis en pratique depuis 30 ans ! Cette notion de micro économie n'a aucun effet en macro économie.

D'autre part si la formation a un intérêt  économique certain, il n'est qu'indirect. On peut avoir, comme à Cuba, un système éducatif intense avec un niveau de vie ridicule et une stagnation  dans la misère de longue durée.  Dans nos pays occidentaux ont voit aujourd'hui que des diplômes supérieurs ne sont pas la garantie d'une entrée sereine dans la vie professionnelle.  Encore moins dans les pays  en rattrapage économique  qui ont suivi le modèle occidental et qui se trouvent avec une pléthore de diplômés supérieurs dont ils ne savent pas quoi faire faute des structures économiques pour les utiliser.

Le vendeur de journaux en bas de chez moi est un ivoirien ayant fait Normale supérieure  !  La plupart des médecins africains  ayant appris leur métier en Europe ne retournent pas en Afrique. On forme des ingénieurs maghrébins en France et on leur interdit d'y exercer. Ils font des carrières souvent minables dans leur pays et se noient dans le ressentiment . C'est particulièrement sensible au Maroc. Il ne se passe pas un jour sans un article dans la presse sur le spleen des  diplômés chinois de l'éducation supérieure qui est encore pire que celui de nos doctorants.

L'emploi se crée dans les entreprises; Pas d'entreprises, pas d'emplois. Pas de compétitivité, pas d'emploi. Le téléphone portable a créé beaucoup d'emplois en France. Pour l'essentiel il s'agit d'emplois de vendeurs non qualifiés.  Le luxe français a créé des dizaines de milliers d'emplois à l'étranger. Pour leur très grande majorité, il s'est agi d'emplois non qualifiés. Nespresso est un formidable succès. Il a créé en France quasiment exclusivement des emplois non qualifiés.

Le chômage des personnels n'ayant pas un diplôme de technicien supérieur ou d'ingénieur n'est en aucune façon une fatalité.  Les exemples donnés montrent bien  que ces emplois non qualifiés  ont été créés grâce à la mondialisation. La technique vient d'ailleurs. Les conceptions aussi.  En France on a mis en musique la commercialisation.

Le chômage a une composante  conjoncturelle extrêmement forte.  Si Guy Sorman voulait bien se pencher sur les théories du cycle il verrait que l'emploi ne se remet d'une crise qu'assez tard en fin de cycle.  L'emploi n'a repris  et encore timidement après le choc de 74 qu'à partir de 78.  Après le choc de 93 il faudra attendre 1997 et encore personne ne s'en est aperçu pendant presqu'un an.

La reprise sera créatrice d'emplois , si elle se maintient, à partir de 2012 et 2013. 

Il a également une composante structurelle. Si le trend de croissance se ralentit les taux de chômage structurels augmentent.  Le trend de croissance s'est ralenti à cause du passage aux changes flottants en 1973 et provoque un chômage structurel plus important en Occident.

Les politiques locales ont évidemment un poids considérable sur l'emploi. La haine de l'entrepreneur et du profit si caractéristique de la France,  l'étouffement entrepreneurial par l'impôt et la réglementation qui s'y manifeste depuis si longtemps, des politiques démagogiques comme les coups de pouce au Smic, les cadres contraignants comme les 35 heures, ont évidemment un effet sur le sur-chômage structurel français.

On ne peut donc pas parler d'emploi sans regarder les systèmes et les politiques.  Il faut un bon système global et pour chaque région et chaque pays de meilleures politiques.  L'analyse qualitative des sous-systèmes est cruciale. On ne peut en rester à une apologie globale du capitalisme et à une dérision  pour le reste.

Guy Sorman conclut par un petit problème qui le gratte quelque part.  "Le système monétaire international ne risque-t-il pas de faire chavirer le capitalisme ?" Le risque est plus qu'avéré puisque justement il a fait chavirer non pas le capitalisme (toujours cette vision macroscopique inutilisable) mais le système financier international  sauvé par la création monétaire sauvage et la fiscalité d'Etat. Et à quel coût social et économique !

A cette question mal posée mais fondamentale, il fait une réponse minuscule : les marchés ont fait baisser l'Euro donc tout va bien.  L'Euro et le dollar n'ont pas cesser de faire le yoyo. Pas un yoyo de faible ampleur : des variations du simple au double ! Et très rapides.  Il est plus bas aujourd'hui il sera plus haut demain.  Des programmes informatiques génèrent à peu près 80% des ordres sur les marchés de devises en fonction de leurs algorithmes propres qui n'ont généralement rien à voir avec la réalité économique sous jacente.

Il ne faut pas tenter de réagir à des questions structurelles avec des éléments purement conjoncturels.

Nous conclurons que Guy Sorman en refusant l'analyse détaillée des sous systèmes et en prétendant subliminalement qu'ils sont tous équivalents et forcément bons en mode capitaliste,  produit un discours purement idéologique coupé des réalités et des analyses dont la pertinence peut être mise  en cause. 

Nous préférons pour notre part examiner en détail les systèmes et les politiques et apprécier leurs forces et leurs faiblesses.  Le combat idéologique a peut être un sens en France où le marxisme reste ancrée dans certains milieux intellectuels et politiques.  Cette pertinence est purement politique.

Si  on s'en tient à l'économie : observons , prévoyons, suggérons les réformes ponctuelles ou globales nécessaires. 

Et notons que ce travail n'est pas fait dans les médias français qui sont une sorte du miroir de la nullité de la réflexion économique théorique et pragmatique en France.



Zermmour-Domenach : démonstration parfaite de la carence médiatique française en matière d'économie.

Le 31 décembre 2010 une bonne partie du dialogue Zemmour-Domenach a traité de l'économie. 

L'un et l'autre sont d'excellents journalistes, sympathiques de surcroît.  Lorsqu'ils ne sont pas corsetés par les contraintes obligées  de  leurs postures idéologiques et politiques, ils ont de l'indépendance d'esprit et une bonne intelligence générale des phénomènes de société.

Les voici donc en train de discuter Euro et mondialisation.

La phrase juste et fondamentale : la crise a télescopé les idéologies  qui désormais sont caduques mais personne n'a la moindre proposition  ni même l'esquisse d'une idéologie de substitution.  A droite comme à gauche la paralysie est totale, personne ne souhaitant embrasser d'une seule politique alternative complète les méfaits de la mondialisation des mouvements de capitaux, des mouvements de marchandises et des mouvements d'hommes.  Trop de tabous à droite comme à gauche empêchent tout mouvement.

Nicolas Sarkozy a été pris à revers par la crise.  C'est un point sur lequel nous avons alerté dès sa campagne électorale pour l'élection présidentielle de 2007.  Nous lui recommandions de ne pas parader sur la hausse possible de la croissance alors qu'il subirait de façon certaine une crise extrêmement sévère pendant l'essentiel de son quinquennat. Nous lui demandions de prévoir "du sang et des larmes".  Il a annoncé du dynamisme, du travail et de la croissance. Cette contradiction lui coûte aujourd'hui extrêmement cher. Gouverner c'est prévoir, tout le monde sait cela.  Et son "américanisme postural" du départ,  dont le comble aura été une défense des subprimes à la française, se retrouve  frappé de plein fouet par les nécessités du moment.

La gauche, si tant est qu'on peut parler d'une seule gauche alors qu'on trouve tant de chapelles dans le socialisme, est bien paralysée par ses tabous.  La démagogie des "cadeaux au peuple", des 35 heures, de la radicalisation des législations paralysantes, de la dépense publique locale régionale et nationale totalement débridée,  tout en accompagnant une idéologie européenne de libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux non plus seulement dans l'Union mais dans le monde entier , est une des recettes du désastre économique français.

La France des dirigeants est donc bien paralysée. C'est vrai.  Et tout le débat qui décline les signes de cette impuissance est parfaitement bien venu.

Oui l'Europe met bien la charrue systématiquement devant les bœufs.  Oui les bœufs sont maintenant bien installés sur la charrue. Nous ne cessons de le dire et de l'écrire depuis des lustres.  Oui Seguin l'avait bien dit comme beaucoup au moment du référendum de Maastricht.  Quand Zemmour parle d'un cercle vicieux implacable et sans fin, il a raison.  L'Europe est une fuite en avant vers…  Vers quoi justement ? 

Oui les gouvernements se sont bien trouvés des amas de liquidités disponibles sur le marché mondial et ont dépensé sans limite en empruntant sans limite. Les états d'Europe, "sauf l'Allemagne depuis trois ans", se sont bien gorgés de dettes.

Oui, des écarts colossaux se sont bien produits dans l'évolution  d'une zone monétaire sans politique économique commune et  fondée  sur des "contrats" qu'aucun gouvernement "souverain"n'a voulu  respecter. "La gouvernance économique par la norme" est une des idées sinon mortes du moins très malades  de la construction européenne.

Doit-on se féliciter d'une pareille lucidité journalistique, certes un peu tardive mais finalement bien venue ?

La réponse est non.

Pourquoi ?  Parce qu'il n'y a aucune espèce de début d'explication du pourquoi  des phénomènes sous jacents.  Ces phénomènes ne sont pas connus et ne sont donc pas expliqués. On n'évoque que les conséquences et encore en terme d'erreurs politiques ou comme conséquences des grands enjeux idéologiques et de société alors que cela n'est pas nécessaire. 

Pourquoi avons-nous connu une période de taux d'intérêt si bas que tous les états pouvaient se gorger de dettes à bon compte ?  Pas de réponse.  Aucun des deux commentateurs ne fait observer que la dette n'est pas principalement celle des Etats à l'orée de la crise.  Nul n'évoque le gonflement de la dette du système financier qui s'est envolée à partir de 1973 et surtout de 1985. Nul n'évoque le gonflement frénétique du crédit à la consommation.  Spécialistes des Etats nos deux compères ne voient que les Etats.

Aucun des deux n'est en mesure de citer les vrais chiffres significatifs, c'est-à-dire un endettement global de tous les acteurs économiques qui partout se met à dépasser des multiples du PIB.  Pas seulement en Islande ou en Irlande. Absolument partout.

Cet aspect de "crise mondiale de la dette" passe totalement au dessus de la tête des deux commentateurs et de leur arbitre. Il faudrait expliquer comment , par quel mécanisme,  il a été possible.  Et là il faudrait rentrer dans le dur de la science économique et dans la question monétaire globale. 

On a assisté à la faillite d'un système, c'est vrai. Mais lequel ? 

Nous prouvons depuis maintenant près de quinze ans que le coupable est un système monétaire international  scabreux et déficient.  Avoir mis en place un système de monnaies administratives, gérées par des banques centrales  indépendantes chargées uniquement de leur valeur  en terme de prix à la consommation,   dont la valeur respective est laissée aux marchés dans le cadre d'un libéralisation complète des mouvements de capitaux , alors que la monnaie mondiale est la monnaie d'un pays qui a décidé de la gérer à son bénéfice exclusif, était une farce.

La farce s'est révélée sinistre.  Après trois crises d'importance à chaque fois plus grande, 73-74, puis 92-93, puis 2008-2009, plus personne ne peux croire à la validité de ce modèle.

C'est lui la première victime de la crise de l'endettement.

Faute d'avoir les connaissances techniques nécessaires et surtout d'avoir été suffisamment alertés par les économistes officiels,  Zemmour et  Domenach  en sont réduits à frapper trop large et finalement à brasser de l'air.

Les solutions leurs sont interdites.   Sans diagnostic pas de thérapeutique.  Là où le vrai débat se trouve,   la réforme du système monétaire international, la création d'une monnaie de réserve mondialisée, l'abandon des changes flottants et les restrictions aux mouvements de capitaux, la responsabilité des états dans la valeur externe de leur monnaie par rapport à la monnaie de compte mondiale,  on ne retrouve ni Zemmour ni Domenach. Ils ne savent pas. Ils ne veulent pas mettre les pieds dans ces questions prétendument "techniques".  

Au lieu d'un débat technique et géopolitique sur un sujet cerné, on en vient à tout critiquer donc à ne rien proposer.  Et on retombe dans la toute petite politique : le conflit entre Islam et code Napoléon pour Zemmour ; le vilain Sarkozy  et" la soumission à la logique du fric" pour Domenach.  On a fait de la chaleur, excellente pour l'audience d'I-télé et sa santé financière , mais aucune lumière.  

Pendant ce temps la crise continue.

 Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Le Bilan de 2010

Ce blog a connu un record d'affluence en 2010.  Avec  55.555 lectures cumulées au 31.12.2010, à 20 h30. Il a pratiquement doublé son rythme de croissance par rapport à 2009, en faisant une des sources de réflexions économiques françaises  indépendantes les plus lues.

Comment expliquer cette poussée de lectorat ?

L'article le plus lu, avec près de 1900 lectures, concerne Maurice Allais. La mort de notre seul prix Nobel d'économie est certainement la raison de cet intérêt soutenu. Le fait que nous avons toujours défendu Maurice Allais, tout en précisant avec soin les points qui nous séparent,  et l'actualité de ses réflexions dans la crise actuelle ont certainement joué un rôle.  La manière dont les médias français ont traité Maurice Allais est en tout point exécrable.  Sa mort a permis de corriger un tant soit peu cette situation. Tout le monde aujourd'hui s'accorde sur l'originalité et la force de son apport à la science économique.  Il faut dire que la réalité de la crise lui a donné largement raison : ce qui devait arriver est arrivé !


Cette fin d'année nous conduit à nous pencher sur une certain nombre de prises de positions faites précédemment sur ce blog et qui ont trouvé leur confirmation factuelle en 2010.

Nous avions annoncé que le RSA serait un échec. L'échec est aujourd'hui patent. Personne n'en tirera de conclusion malheureusement.

Nous avions affirmé que l'ISF et le bouclier fiscal ne pourraient pas rester en l'état. La réforme est désormais annoncée pour le collectif de juin 2010 mais le temps perdu ne se rattrape jamais. On peut craindre que la réforme soit bâclée.


Lorsqu'on recense les prédictions faites par les grandes institutions aucune n'avait mis le risque de dislocation de l'Euro en tête de leur préoccupation.  Nous-mêmes avons souligné inlassablement que le système monétaire international était en première ligne aussi bien comme cause de la crise que comme élément de la solution.  Nous alertions sur la question Espagnole et Portugaise.  C'est la Grèce qui a commencé le bal. Et nous en sommes maintenant à "la guerre des monnaies" avec un risque structurel sur la zone Euro.

Après la récession de 2009, contenue au prix d'un endettement phénoménal et historique des états, nous pensions qu'il n'y aurait pas de grande reprise.  En France la production industrielle s'est maintenue à 90-92% des valeurs de 2007.  Dans la mécanique où le coup de massue avait été sévère, avec un recul de près de 30% du CA pour 80% des entreprises du secteur, le chiffre s'est stabilisé à moins 15%.

La bourse  a stagné en France. Les prévisions de Goldman Sachs qui voyait le CAC 40 à 4800 se sont révélées totalement fausses.

Le commerce international  a repris par bouffée.  Une bonne fin de premier trimestre, puis un bon début de second trimestre , ont donné l'illusion d'une vraie reprise. Mais tout cela a fait long feu.

La Chine a certes libéré une partie de ses réserves de changes d'une part en faisant des stocks de précaution, d'autre part en activant le crédit en Chine. Cette pratique du stop and go est désastreuse.  Il eût bien mieux valu qu'elle libère le crédit au fur et çà mesure et qu'elle n'accumule pas des réserves absurdes en maintenant un cours du Yuan dévalué. Le résultat a été des achats spéculatifs au Brésil et dans de nombreux pays sous développés qui ont connu ainsi une certaine expansion.   Mais le boom du crédit interne se heurte à un phénomène d'inflation.

L' Allemagne dont les exportations ont été tirées par ce dégagement chinois  a connu un rattrapage plus rapide que le reste de l'Europe après une récession plus profonde. Mais on voit que les circonstances de cette poussée ne sont pas reproductibles.

Les grandes réformes mondiales concertées ont porté uniquement sur des broutilles : le capital des banques,  les bonus, la comptabilité.  

En l'absence de réforme du système monétaire international , la spéculation a repris de plus belle et les dangers multiples du système actuel pèsent sur l'avenir.
Le surendettement global n'a été diminué qu'à la marge. Aucune restructuration n'a été faite. On refinance indéfiniment avec des liquidités banques centrales des crédits qui ne correspondent plus à aucune réalité économique.  Comme le Scarabeus Sacer le monde des banques roule sa boule de crottin devant elle en priant pour que cela dure.

Comme en 93 les états se retrouvent avec des finances publiques désastreuses et ont la tentation du coup de massue fiscal.  En 96, trois ans après la crise de 93, Alain Juppé avait appliqué cette méthode provoquant une récession  induite.  La leçon a porté. On a choisi cette fois-ci le grignotage fiscal et la réduction des dépenses publiques.  On peut déjà prévoir le résultat : dès que la croissance reprendra un peu de vigueur, la France va connaître le joie d'un taux de prélèvement record. En surajoutant à un impôt progressif de nouveaux impôts on obtient un  effet de double croissance des prélèvements.  Faire jouer la progressivité aurait suffi

Les prélèvements vont être augmentés sur toute la partie épargne et patrimoine.  Les entrepreneurs français qui sont déjà dans une situation structurelle de manque de capital  vont voir leur situation s'aggraver. Les cadres qui avaient réussi à accumuler du capital vont être sanctionnés.  Le fisc français va saccager l'épargne de précaution des Français,  un peu comme les soviétiques avaient fini par confisquer les semences et pas seulement la production de grain consommable lors de la dékoulakisation.

La paralysie française a de nouveau  de beaux jours devant elle.

Partout on reprend des refrains sur la fin d'un monde, d'un système, d'un modèle de développement et on recherche de nouveaux paradigmes.

Tout le monde a désormais compris que pour les Etats-Unis gonfler les déficits et  soutenir la consommation par le crédit international  était une voie sans issue. C'est mieux que dans les années 90 où on nous expliquait bêtement que ce système était le moteur de la croissance indéfinie.  Mais faute d'avoir compris le pourquoi de cette situation et d'avoir entrevu les solutions à apporter, ce constat reste vain. 


Tout le monde a désormais compris que  le mercantilisme  débridé d'un état anti démocratique et basée sur le nationalisme voire le racisme Han, dont le seul attrait est la masse de la population  éveillée à la consommation, ne servait pas les intérêts bien compris du monde.  Mais lorsqu'on a choisi un système monétaire basé sur le n'importe quoi et les relations de puissance et de force, comment s'en plaindre sans changer le système monétaire international ?


Tout le monde a désormais compris qu'un système de monnaies administratives gérées par des institutions techniques spécialisées n'ayant comme seul objectif que de maintenir la valeur de la monnaie par rapport à un indice de prix à la consommation  était une catastrophe intellectuelle et pratique. Passer de l'analyse à l'action sera plus dur.  


Tout le monde a compris qu'il ne s'agit pas d'une crise des" subprimes". Les subprimes n'auront été qu'un détail dans le tableau général de la dette débridée dépassant plusieurs fois le niveau du PIB des Etats.  Ce ne sont pas les subprimes qui expliquent les difficultés de refinancement de la Grèce et les risques d'éclatement de la zone Euro !  Mais comme la crise des subprimes est facile à comprendre (après coup), les nuls  (notamment dans la presse et l'enseignement) continueront à  s'accrocher à cette explication qui n'en est pas une.

L'amusant est de comparer les politiques alternatives annoncées dans chacun des pays.  Partout le même triptyque apparait : recherche, enseignement, écologie.  C'est mobilisateur, politiquement correct  et parfaitement vain.

La croissance dans un monde où des millions d'ingénieurs et de techniciens passent leur temps à améliorer tout et à imaginer de nouveaux produits,  n'a aucun besoin de coups de fouets artificiels ni de plans mirifiques.  Il n'y a aucune raison que les forces qui soutiennent le trend  faiblissent. Au contraire le monde peut connaître une phase de croissance considérable, en tout cas aussi considérable que celle que l'on a connu depuis deux cent ans.  Jamais il n'y a eu autant de nouvelles opportunités, de nouveaux consommateurs, de nouvelles opportunités d'innovation.

La véritable urgence est de réformer ce qui blesse la croissance et l'organisation pacifique du monde.

Il faut réformer le système monétaire international. C'est la priorité des priorités.   Dès qu'une monnaie réellement internationale aura vu le jour avec un système de changes fixes mais ajustables de façon concertée,  la spéculation s'effondrera, l'horizon économique des entrepreneurs  réapparaîtra, la croissance reprendra.

Est-ce que sans cette réforme la reprise est impossible ? Non. Le monde s'est remis de la crise de 74, de celle du début des années 80, de celle de 92-93, de celle de 2001-2002. Mais on a vu qu'à chaque fois elle en sortait plus mal et plus déséquilibrée, les conditions de la sortie de crise devenant les causes de l'entrée dans la crise suivante.

Aujourd'hui nous sommes dans une situation où tous les agents économiques souffrent à raison des conséquences  des politiques structurellement fausses suivies depuis 1973.  Alors que le trend de croissance est toujours là et aussi puissant.  Les pays qui comme la France ont fait le choix de l'étouffement fiscal  stagneront dans la durée.  L'Europe  prisonnière de ces contradictions essaiera de manœuvrer pour essayer de dégager la charrue qui est désormais bien calée sous les pieds des boeufs.  Les Etats-Unis  n'ont pas défini de stratégie alternative : leur horizon est médiocre. La Chine ne pourra pas indéfiniment poursuivre une politique mercantiliste. Le Japon ne peux plus laisser sa monnaie s'apprécier plus avant tout en laissant l'endettement interne atteindre des sommets phénoménaux.  

 
Donc quelque chose cèdera.  A l'impossible nul n'est tenu .


2006 avait été l'année de l'illusion : on était sorti de la crise de 2001-2002. Mais dès juillet aux Etats unis la construction avait baissé ainsi que les prix de l'immobilier. Et le marché des CDS s'emballait.


2007 aura été l'année de l'incompréhension.  Le marché bancaire s'était bloqué. On ne comprenait pas pourquoi.  Les banques tentaient de se passer le mistigri des mauvaises dettes. Mais l'économie était en pleine phase de haute conjoncture. Le petit nuage noir du marché interbancaire surprenait dans le ciel grand bleu de la croissance.


2008 aura été l'année de la stupeur : une crise de type 1929 était finalement possible alors que tout allait si bien.


2009 aura été l'année du choc. L'effondrement économique est énorme. Du jamais vu depuis les années trente. Les banques centrales sont débordées. Les Etats entrent en jeu. Tout le monde fait ce qu'il s'était juré de ne jamais faire.  


2010 aura été l'année de la faillite des illusions. La guerre des monnaies, la déréliction des finances publiques des Etats sont venus à bout des certitudes.  Les banques centrales vertueuses se mettent à faire tourner la planche à billets. Les politiques ne savent plus à quel saint se vouer. Partout dans le monde les Etats tirent à hue et à dia en se moquant des "consensus"  dont on se repaissait naguère.


2011 sera l'année de la peur.  Normalement l'année devrait être une année de consolidation avec un rattrapage faible mais réel .  Comme tout peut arriver, les agents vivront dans la peur. Peur de l'explosion des prix des matières premières et notamment du pétrole ; peur de l'explosion de la zone Euro ; peur de perdre toute son épargne ; peur de perdre son emploi ; peur que sa progéniture n'arrive pas à s'insérer dans les nouveaux  courants économiques ; peur de mouvements sociaux destructeurs ; peur de l'effondrement des banques… et le H1N1 revient !  


Si les Etats se concertaient autour d'une réforme structurelle des changes et du système financier mondial, montrant à la fois qu'ils avaient compris la crise et mis les moyens d'en sortir dans la durée, toutes ces peurs s'évanouiraient en un instant.  
Notre vœux pour 2011 est tout trouvé :

Sortir de la peur !


par la réforme du système monétaire international.



Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



DSK : un nouvel article consternant.

M. Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI, est coutumier des articles à la presse donnés à la fin de l'année.  On se souvient de son article du 24 novembre 2009. Rétrospectivement il apparait pour ce que nous avions écrit qu'il était : du sirop indigne d'un directeur du FMI.  

Il annonçait que la reprise aurait lieu au second semestre 2010 et que la baisse du chômage commencerait alors.

La réalité a été toute autre : une bonne activité entre la mi janvier et la mi mars et une poussée à la fin du printemps.

En revanche le second semestre a mal commencé et n'a pas montré d'accélération.

DSK a donc raconté n'importe quoi.

De même il annonçait que sur le plan financier tout allait bien, que la crise était derrière nous. Et on a vu exploser la crise grecque puis la crise de l'Euro en même temps que démarrait une guerre des monnaies.

DSK a donc raconté  n'importe quoi.

Ce n'était pas la première fois.

Dans un article du 2 avril 2008 il faisait déjà ce qu'il sait le mieux faire : des phrases et de la politique.  Mais l'aveuglement était déjà complet.

Alors que la crise de liquidité était en train de faire exploser le système il trouvait alors tout à fait bien la politique de la BCE qui visait à "lutter contre l'inflation" alors qu'on voyait un début de contraction du crédit tout à fait nouveau et important.   Cette politique aggravera la situation.

DSK n'avait  rien compris, rien prévu.

DSK a raconté n'importe quoi.

Pour ceux qui aiment rire, notons cette phrase : "Le FMI travaille sur ce qui nous paraît aujourd'hui le plus important, c'est-à-dire les canaux de transmission entre la sphère financière et la sphère réelle". Nous étions en 2008. Il y travaille encore. Cette phrase sera le leitmotiv de pratiquement toutes ses interventions.

Pendant qu'il travaillait l'endettement de 200 à 700% par rapport au PIB de bien des pays a fini par exploser.

DSK  n'avait rien vu. Rien compris. Pourtant quand un pays comme l'Islande voit ses banques enfler leur bilan à hauteur de 700% du PIB du pays, le FMI dont c'est le rôle officiel, aurait du intervenir depuis longtemps.

DSK est aveugle mais il travaille et il étudie. "Nom d'un chien les systèmes financiers mondiaux sont interconnectés et ils ont une influence sur l'économie réelle !  Comme c'est étrange !.  Il va falloir qu'on regarde cela de près".

Cela ne faisait que trente cinq ans que la sphère financière avait été libérée de toutes contraintes (notamment par son ami Bérégovoy) et que les mouvements de capitaux internationaux avaient été totalement déréglementés !

DSK n'avait rien vu et on doit comprendre qu' il pensait que les deux sphères économiques et financières vivaient dans des mondes parallèles "qui ne se rencontrent jamais".  

Il est vrai que dans un article de septembre 2009, DSK affirmait avec un sens de l'observation qui fait chaud au cœur : "la crise est mondiale". Et il montrait qu'il était à la hauteur de la situation en soulignant que par la maîtrise des bonus, de nouvelles règles comptables et un renforcement des règles de capital des banques, la solution était enfin trouvée.

Autant dire qu'on attendait peu de l'article qu'il vient de signer dans le Figaro.

On n'a pas été déçu. DSK enfile les perles avec de belles phrases vides de sens et accumule les bourdes.

"Il faut changer de raisonnement économique" indique le titre.  Ce qui est indiscutablement vrai mais mérite quelques précisions.

DSK s'explique : "Certains défauts  majeurs de la pensée conventionnelle sont apparus au grand jour , notamment à quel point nous comprenons mal les liens entre le système financier  et l'économie dans son ensemble". DSK nous ressort ce qui faisait déjà rire …en 2008.

Quelle est donc cette théorie dominante qui aurait expliqué que les banques et la finance n'avait aucun rôle dans l'économie réelle  et que sphère financière et sphère économique étaient deux mondes se côtoyant mais ne se touchant pas ?

Il n'y en a pas. En revanche il y avait une théorie économique dominante qui expliquait qu'en libérant toutes les entraves financières on déchaînerait la croissance, que les changes flottants c'était très bien et que les marchés devaient fixer la valeur respective des monnaies ! Doctrine que DSK, après Bérégovoy  a mise en pratique lorsqu'il était ministre des finances.

Il ajoute que  Bâle III est une formidable avancée.  Alors que Bâle II n'avait rien fait pour empêcher la crise. Et il faut mettre des surveillants partout. Alors que tous les organismes de supervision ont laissé les banques endetter les pays très au-delà de leur PIB !

Tout ce cela est insignifiant.

Plus significative aurait pu être la phrase suivante : "La politique monétaire doit aller au-delà de son objectif central : une inflation faible et stable et donner plus d'attention à la stabilité financière".  L'ennui c'est que le vague couvre le concept de stabilité financière. DSK évoque plus de règlementation bancaire.  S'il avait dit : stabilité des changes on aurait compris. C'est un vrai enjeu. La règlementation bancaire est de tout temps une fonction des banques centrales. En France on a pour cela la Commission bancaire. On a vu qu'elle n'a pas empêché la France de s'endetter au-delà de trois fois son PIB, une proportion intenable.

Faute de comprendre pourquoi les superviseurs n'ont pas supervisés, DSK parle pour ne rien dire.

Le reste est du blablabla insignifiant du genre "mais oui mais non mais bien sûr". Il faut ne pas s'endetter mais s'endetter quand même tout en s'endettant peu. Il faut redresser les comptes sans redresser le chômage tout en se redressant.

Il conclut sur la nécessité de s'intéresser aux effets de la mondialisation sur les mouvements de capitaux "dont nous devons mieux comprendre ce qui les motive". Et sur l'imagination nécessaire et qui a si cruellement manqué. Mais tous ensemble nous y arriverons !

Imaginons et cherchons, mes très chers frères.  

Plus nul on ne peut pas.

Ce qui irrite le plus c'est la constance dans la nullité.

DSK flotte comme un bouchon pour durer en répétant des fadaises.  Les mêmes fadaises qu'il y a trois ans. On croirait un début de gâtisme.

Et la crise perdure.

En attendant l'Europe a perdu de son influence au FMI lors de la réforme des statuts sans aucune contrepartie.  Désormais l'Europe cède et cède seule sur tous les sujets. C'est la variable d'ajustement entre les Etats-Unis et le monde qui émerge.

Qui osera dire dans la presse que DSK est une des pires erreurs de casting de Nicolas Sarkozy

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.



Quelle réforme du système monétaire international ?

Toute réforme doit être associée à un diagnostic de ce qui ne va pas et à des objectifs clairs. Sinon, il ne s'agit que d'un jeu d'esprit ou d'une aventure.  L'objectif ne peut être que le plein emploi généralisé basé sur la croissance durable la plus rapide possible.

Allons à l'essentiel.

1. La question de la monnaie de réserve internationale

L'utilisation d'une monnaie nationale comme monnaie de réserve internationale a été la source de la plupart des difficultés depuis la fin des années cinquante. Rien ne vient garantir que la nation disposant de ce privilège considérera avoir la moindre responsabilité dans la prospérité générale. Le "benign neglect" dans la gestion du dollar a été de règle depuis le milieu des années 60 et a pris un aspect cynique avec la mandature de Reagan aux Etats unis.  Quelles sont les conséquences ? La nation concernée paie tout dans sa propre monnaie et se moque de ses déficits extérieurs. Ses déficits extérieurs sont structurellement le seul moyen que l'on peut trouver pour créer de la liquidité internationale.

Ce mélange de nécessité et d'arbitraire est par nature explosif.
 
Les pays excédentaires, globalement pour le même montant que les déficits, peuvent replacer leurs réserves dans cette monnaie.  Le déficit extérieur du pays émetteur de la monnaie internationale entraine ipso facto chez lui une création monétaire induite par le ce replacement des réserves.  Les banques centrales des pays excédentaires peuvent à leur choix créer en contrepartie de leur réserve des liquidités banques centrales  provoquant par le mécanisme du multiplicateur de crédit une hausse importante de la création monétaire et de la dette. On se trouve donc dans la situation où une double pyramide de crédits se met en place et le cercle vicieux de la création de dettes s'enclenchent, modéré par des crises périodiques de liquidité et de solvabilité  d'ampleur croissante.

Ces crises sont obligatoires.

Le taux de rendement marginal moyen des placements de la monnaie en excédent baisse et une masse croissante de crédits est aventurée. Une crise de solvabilité se déclenche qui enraîne la méfiance et une crise de liquidité. Ou la monnaie excédentaire part dans une bulle spéculative qui finit par éclater. Ou encore l'inflation galope sans pour autant pousser à la croissance de la production. 1974 et la stagflation, 1993, et l'explosion de la bulle immobilière sur les bureaux, 2000-2001 et l'explosion de la bulle sur les NTIC, 2007 et le blocage des liquidités puis l'explosion du système bancaire : chacun reconnaîtra la force du mécanisme sous jacent à l'oeuvre depuis les années 60. 

Ce mécanisme a d'abord fait sauter les accords de Bretton-Woods (les Allemands n'acceptant plus de créer de la monnaie chez eux du fait de leurs excédents). Ce fut la crise de 74. Finalement il a fait sauté le système mondial  quand la dette accumulée a fini par valoir des multiples du PIB des états. Nous avons le privilège de vivre ce moment intéressant. 


Si on accepte ce diagnostic, la solution devient simple : il faut renoncer à utiliser une monnaie nationale comme monnaie internationale.

Comment faire ? Là les solutions sont extrêmement nombreuses et il serait présomptueux d'en choisir une parmi plein d'autres. Il appartient à la négociation de faire apparaitre le champ des possibles.

L'étape obligée  est le passage par une unité de compte internationale indépendante d'une monnaie particulière. 

Il faut éviter évidemment de l'appeler DTS, chef d'œuvre de terminologie hypocrite. Nous  avons suggéré depuis le milieu des années 90 le nom de  Mondio. Mais nous n'avons pas de vanité d'auteur.  Le Bancor fait une référence obligée à l'or. Le Mondio  laisse plus de portes ouvertes.  

Sur la définition du Mondio plusieurs théories s'affrontent.

Certains pensent que le rôle de l'or doit être central.  Avec lui on est sûr de ne pas être dans la dépendance pour la création monétaire des bonnes idées intéressées des états.   Il est vrai également que le risque mille fois dénoncé d'une pénurie d'or ne s'est pas réellement matérialisé.   Les arguments en sens inverse  sont nombreux, à commencer par l'inégalité de la répartition du stock d'or et de la production d'or, donnant des privilèges  immédiats ou durables à certains,  dont la justification n'est pas évidente.  

En vérité un système de compensation des balances de paiements basé sur l'or est parfaitement possible.  Car l'or en fait ne circulera pas. On n'est nullement obligé de monnayer l'or pour les transactions courantes.  Il s'agit d'unité de compte. L'important c'est que les compensions se fassent dans une unité indépendante des parties et qui les obligent.

On peut  aussi  réserver une place à l'or dans un panier d'actifs comprenant d'autres ressources naturelles comme le pétrole, les métaux rares ou ce qu'on trouvera expédient d'intégrer. Ici encore le but est d'obtenir une référence théorique indépendante de la volonté et du pouvoir d'influence d'un seul acteur.

L'utilisation d'un panier de devises est également envisageable.  L'inconvénient est de fonder une construction administrative sur d'autres constructions administratives. La somme d'arbitraires est nécessairement arbitraire. Le ciment c'est bien. le béton armé, c'est mieux. Mettre quelques poutrelles  dans le mélange ne serait pas du luxe.  Et la discussion sur le panier de monnaies peut être âpre si certains ont des politiques monétaires agressives. Le Yuan sous évalué est mal venu.  Le dollar à l'abandon pose problème.

Notre solution préférée est un mélange entre monnaies et  biens réels dans une alchimie qui laisse la majorité aux biens réels.

L'important est de rendre impossible le replacement des réserves des créanciers vers les débiteurs. Celui qui veut accumuler des réserves ne gagnera rien. Il aura des réserves. Elles ne pourront servir qu'à augmenter la création de monnaie chez lui, stimulant l'activité et les importations , donc pesant en faveur d'un rééquilibrage de la balance commerciale et de paiement.  Le pays déficitaire de son côté ne bénéficiera plus d'un retour automatique de la monnaie internationale  perdue. Obligé de tenir un tant soit peu ses réserves, il sera obligé de freiner ses importations et de rétablir ses grands équilibres.

Ce mécanisme général doit s'accompagner de multiples réformes annexes  comme l'impossibilité pour les banques centrales de conserver dans leur réserve plus qu'un stock outil de devises autre que la monnaie de compte internationale.

Le FMI jouerait le rôle prévu par Keynes : il aide les pays qui se sont laissés prendre dans une glissade monétaire à sortir de la crise de liquidité sans passer automatiquement par une  déflation et une récession.  Rappelons que le but est toujours le plein emploi. Il faut éviter les ajustements durs et traumatisants.

Au total les déficits excessifs comme les excédents excessifs sont bannis. Mais les transitions pour un retour à la normale sont adoucies.

2. La question d es changes flottants.

On peut parfaitement imaginer qu'une fois la monnaie de compte internationale définie, on laisse les monnaies flotter.  Dévaluation  des uns et appréciations des autres auront tendance à s'équilibrer sans remettre en cause la valeur pivot de l'unité de compte.  Les mouvements de capitaux n'auront plus la même capacité à contrarier le retour à l'équilibre des balances  déséquilibrées.

Néanmoins nous sommes favorables  à une système de change fixe et ajustable par consensus.

La raison en est double.

L'engagement des états dans la stabilité de leur monnaie, définie par rapport à l'unité de compte internationale et non pas en comparaison avec un indice des prix  plus ou moins arbitraire, est nécessaire. La monnaie n'est pas uniquement le fait des banques centrales. C'est un bien d'état et sa valeur dépends non seulement des politiques monétaires mais aussi du budget et des politiques économiques suivies.   Le double engagement des banques centrales et des états sous la supervision d'une autorité internationale  est de nature à mieux garantir la pérennité du système. On a vu que les banques centrales, garantes de la solidité de place des banques n'ont pas été capables de juguler l'immense gonflement des bilans des banques  et que les états ont été obligés de sauver le système avec l'argent des contribuables.

Le système qui veut que les banques dépendent exclusivement des banques centrales et de leur surveillance,  et que le seul  objectif des banques centrales soit la valeur interne de leur monnaie par rapport à un indice des prix à la consommation  a montré ses déficiences structurelles.

On ne peut pas le sauver.

L'autre raison est que les changes flottants entraînent l'ensemble des économies dans la spéculation et fondent l'économie-casino.  La double spéculation sur l'objet du contrat et la monnaie dans laquelle il est libellé implique des montages complexes et rapidement indéchiffrables. La plupart des spéculations  faites par des opérateurs suréquipés d'ordinateur et de logiciel ad hoc n'ont aucun intérêt collectif et créent  des mouvements parasites extrêmement dangereux.

On n'a pas le chiffre car il  n'est pas, hélas,  collecté par les instituts de statistiques.  Mais l'impression qui se dégage des discussions avec les opérateurs laissent penser qu'environ 80 à 90% des transactions sur les marchés des changes sont déclenchées non pas par des ordres des acteurs de l'économie réelle mais par des ordinateurs programmés pour jouer sur les écarts permis par la flottaison et la continuité des cotations. La spéculation robotisée n'est pas l'avenir de l'économie mondiale mais une source d'inquiétude. Comme le recommandait Maurice Allais il faut aller  sur tous les marchés vers la cotation unique quotidienne et réduire d'une magnitude la complexité  des contrats.

Le monde a les moyens de casser les reins de la spéculation mondiale sur les monnaies. On peut notamment interdire la spéculation sur le cours des monnaies et les dévaluations. Le "short" sur les monnaies façon Soros avec la Livre sterling naguère doit simplement être interdit. Ce genre de mesures ne doit pas faire peur.   

La question qui demeure est la faisabilité géopolitique  d'un schéma allant dans le sens de nos préconisations.

Les Etats-Unis  ne veulent pas perdre le privilège du dollar qui signerait pour eux une double défaite économique  et politique.  Les Etats Unis jouent largement les gendarmes du monde avec du dollar galvaudé.  Sans dollar ils sont impuissants à continuer dans ce rôle. L'Occident qui a délégué aux Etats Unis leur défense sont-ils prêts à changer de politique ? Les Etats-Unis sont ils décidés à abandonner ce rôle ?  Ces questions ne sont pas minces et pèsent sur l'acceptabilité de nos solutions.  On voit que partant de la monnaie on aboutit à rééquilibrer l'OTAN et ses financements.  La question de la monnaie a  des ramifications surprenantes.

La Chine est-elle prête à abandonner sa politique mercantiliste d'accumulation de réserves  tout en freinant  son expansion intérieure ou en la gérant avec des stop and go perturbateurs ?  Dans un accord général elle serait doublement obligée de changer de politique : elle ne pourrait plus accumuler des excédents imbéciles ; elles ne pourrait plus garder une monnaie dévaluée de façon caricaturale.  Elle doit être mise devant cette réalité incontournable : pas d'accès au monde sans respecter les autres et se plier aux  règles communes  !  Le monde a le pouvoir de faire plier la Chine.  Si le monde établit un droit de douane augmenté de 50% sur les produits exportés par la Chine et interdit les mouvements de capitaux vers la Chine,  après avoir redéfini leur propre système de relation monétaire sur une base très dévaluée, la Chine fait quoi  ?  Elle perd ses réserves et le moteur de sa croissance.  Et la face.

L'Europe  est très mal placée dans la nouvelle donne. Son schéma d'organisation est défaillant. La monnaie est extra nationale, fondée sur un seule objectif de niveau des prix à la consommation,  et il n'y a pas de gouvernance économique européenne.  La réforme que nous proposons met à nu ces carences. Il est vrai qu'elles sont tout aussi à nu dans le système actuel.  Mais s'il faut une conjonction harmonisée des politiques d'état et de banque centrale pour maintenir stable la valeur externe  d'une monnaie , le cadre européen  actuel est totalement antinomique.

La stabilisation générale des monnaies dans le système proposé serait pourtant  très utile à l'Euro, un ilot de fixité dans un océan de fixité vaut mieux pour cette monnaie qu'un ilot de fixité dans un océan de flottement.

La défense extérieure d'une monnaie étant l'affaire conjointe de la banque centrale et de l'état, l'Europe ne saurait échapper, sauf à en finir avec l'Euro, à une forme de gouvernance  économique européenne. La gestion par les normes ne suffit plus. C'est l'ensemble des moyens étatiques qui sont mobilisés dans une politique de défense de la valeur externe d'une monnaie.

En contrepartie l'Europe cesserait d'être" l'homme malade" du monde et victime expiatoire  du combat Chine- Etats-Unis.  Les produits devant finalement s'échanger contre des produits , son industrie cesserait d'être  perdante.

Au total ces réformes donnerait un monde fondé sur la parité des états et non plus sur l'affrontement des grands sauriens.

Elles permettraient de restaurer presqu'aussitôt le commerce international.  

Elles éviteraient le gonflement indéfini des endettements.

Elles mettraient fin à l'économie casino. 

Elle interdirait les grands déséquilibres commerciaux et financiers internationaux.

On notera qu'on ne revient en rien en arrière. Il n'y a pas régression vers un état antérieur mais construction de l'avenir.

Ces débats devraient former le cœur des discussions internationales et être au centre des débats nationaux.

On vérifiera qu'on en est loin. Et il est triste d'avoir à compter sur la loi d'airain de l'échec pour voir ces idées avancer.  Rappelons que nous entrons dans la quatrième année de crise.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



La crise est-elle causée par la stagnation des salaires

La grande question des relations entre salaires et crise mérite quelques éclaircissements. Elle donne lieu à des analyses qui sont souvent  fuligineuses.

  Le meilleur exemple est sans doute le texte suivant extrait d'une interview  au journal Le Monde d'un certain Gérard Cornilleau, directeur adjoint au département des études à l'OFCE, centre de recherche économique de Sciences Po.

" Dans quelle mesure la question des salaires a-t-elle pu contribuer au déclenchement de la crise ?

Le facteur de crise, c'est le fait que ces dernières années, les hauts salaires ont fortement augmenté, et cela à peu près partout dans le monde, au détriment des bas salaires, particulièrement ceux qui sont juste au-dessus du salaire minimum, mais en dessous du salaire médian, qui ont stagné. Car d'un côté on a donné beaucoup plus à ceux qui avaient déjà de hauts revenus, donc ceux qui logiquement ne pouvaient pas consommer beaucoup plus que ce qu'ils consommaient déjà – il y a un moment où la consommation sature, pour caricaturer, il est rare que celui qui a déjà une Porsche, en achète une seconde et encore moins une troisième... – et de l'autre on a rationné la consommation de ceux qui en avaient un fort besoin.


Aux Etats-Unis, on a cru un temps avoir résolu la quadrature du cercle en disant "pour consommer, les bas salaires peuvent s'endetter"et c'est comme ça que ce système bancal a été maintenu en vie par des crédits à la consommation et des taux d'intérêt peu élevés. Le résultat de ces logiques, c'est d'un côté des hauts revenus qui ne sachant plus quoi faire de leur argent se mettent à spéculer, et de l'autre des bas revenus qui se sont surendettés pour pouvoir consommer. C'est la crise de 2008. Ce qu'elle a démontré c'est qu'on avait gaspillé de l'argent à donner plus à ceux qui avaient déjà trop. Et qu'il fallait absolument remettre en ordre la hiérarchie salariale pour qu'elle soit efficace du point de vue économique."

Nous citons entièrement parce que ces raisonnements se retrouvent à peu près partout sous cette forme chez les tenants de cette doctrine. 

La première thèse est que la stagnation des salaires est Le facteur de la crise.

C'est la thèse copie conforme qui s'était également développée lors de la crise de 29.  Le déplacement des revenus vers les hauts salaires qui épargnent plus détruit la demande globale et détruit  la croissance. Tout cela a un gentil parfum de keynésianisme élémentaire avec un semblant opportun de macro économie. Celui qui veut être convaincu à de quoi s'accrocher aux branches.

En vérité cette "explication" n'a strictement aucun sens.

D'abord parce que les rémunérations  basses et moyennes n'ont pas baissé. En France, de coups de pouce au Smic en coups de pouces au Smic,  les basses rémunérations ont très fortement augmenté. Elles ont même tellement augmenté que les jeunes, les femmes, les immigrés, les vieux et d'une façon générale tous les faibles sen sont trouvés progressivement écartés en masse de l'emploi. Il a fallu le transfert sur la dette d'une partie des charges sociales sur les smicards pour enrayer (d'une façon peu durable) l'effondrement structurel  de l'emploi dans ces catégories. Evidemment pour le groupe immédiatement supérieur qui n'a pas bénéficier de ces mesures, la pilule a été dure à avaler. Leur coût relatif est devenu plus important.


Ensuite parce que le revenu des personnes au travail a continué à augmenter. On parle de "stagnation" mais c'est totalement faux. J. Marseille a donné les chiffres et a montré que dans les "trente piteuses" les salariés avaient augmenté leur revenu net de l'inflation  (je cite de mémoire) autour de 25%.  

Enfin parce qu'il y a les transferts. Environ un tiers du PIB français est transféré. Pour les hautes rémunérations, les taux d'imposition moyen sont de l'ordre de 80 à 90%, si on n'emploie pas les dispositifs d'évasion fiscale ou les niches fiscales qui sont une dépense  forcée. (au sens qu'on ne l'aurait pas faite s'il n'y avait pas la sucette fiscale).

Si on raisonne en salaire net des transferts et impositions, choses que personne ne fait jamais naturellement, la situation n'est plus du tout celle que ce M. Cornilleau décrit.

Tout cela dérive de la conception marxiste d'un capitalisme dont le taux de profit baisserait de façon tendancielle et provoquerait naturellement  la crise finale imposant le passage au socialisme, théorie qui s'est trouvée contredite systématiquement par l'histoire.


Si on regarde la situation proprement française on constate que le revenu disponible des salaires a été amputé par les cotisations sociales et les impôts locaux (que l'on pense à la taxe d'habitation à Paris) , et que cette perte a été partiellement  compensée par les transferts eux même financés par la dette.


Si on prend la Chine, l'Inde, le Brésil, etc.  alors on ne constate aucune baisse des salaires médians mais au contraire une forte hausse.  Un exemple : un informaticien roumain coûtait autour de 1000 F par mois en 1980. Aujourd'hui il est à plus de 1000 euros. En trente ans son salaire a été multiplié par 7 !  Situation exactement la même en Inde.  Le "Tata boy" a vu son salaire exploser. Les masses qui sont sorties de la pauvreté ces trente dernières années se comptent par centaines de millions.


On voit donc que les théories de la crise générée par les salaires n'ont strictement aucun fondement autre qu'idéologiques avec des raisonnements d'apparence qui ne résistent pas à la plus légère observation des faits.
Ajoutons que l'on sait parfaitement que la crise est lié à un gonflement insupportable de la dette qui a dépassé les 300 voire 400% du PIB dans trop de pays en même temps que les réserves monétaires étaient stockées de façon mercantiliste en Chine.  


On a donc d'un côté une explication par la monnaie qui est totalement convaincante et conforme aux faits et de l'autre des élucubrations.


Il est absolument certain que si on laisse un pays d'un milliards et quelques d'habitants entrer en compétition sans limite avec le reste du monde avec une monnaie dévaluée, il y aura pression sur les salaires dans les pays riches. Si en plus ce pays ne réemploie pas systématiquement ses réserves de changes pour stimuler sa propre consommation, alors il bloque la possibilité que les produits s'échangent contre les produits, donc le travail contre le travail.

Ce système asymétrique pousse au chômage et à la stagnation salariale en Occident.   Si le pays mercantiliste replace en plus ses réserves dans le pays déficitaire, il y crée un cycle d'endettement supplémentaire qui fait que la consommation des dits pays devient de plus en plus dépendante du crédit.


Les salaires sont une résultante pas une cause de ces mécanismes monétaires.

La seconde thèse est justement de prendre une des conséquences du système monétaire foireux comme le fruit d'une politique volontaire.  


"Aux Etats-Unis, on a cru un temps avoir résolu la quadrature du cercle en disant "pour consommer, les bas salaires peuvent s'endetter".


Qui est ce "on" ?

Où cette volonté s'est elle exprimée et développée en politique consciente ? Et pourquoi seulement aux Etats Unis ?


Le système monétaire pourri qui nous est imposé a provoqué une montée effarante des dettes et en contrepartie de la masse monétaire.   Les taux d'intérêt ont été maintenus si bas par la FED qu'emprunter était facile.  Lorsqu'un taux d'intérêt est presqu'à zéro, beaucoup se précipitent, en particulier les gouvernements, leurs agences de sécurités sociales, les collectivités locales et les entreprises et les particuliers. 

Tout le monde s'est mis à emprunter.  Pas "on". Tout le monde. Pas les Etats unis seulement. Tous les pays.


Le mauvais système monétaire a induit des comportement sous forme de spirale intenable.  Les banquiers ont indexé leurs rémunérations sur cette spirale et ils ont connu d'excellentes années parfaitement injustifiées économiquement et non durables.  La mondialisation a conduit les grosses entreprises à homogénéiser les  rémunérations des cadres supérieures vers le haut en même temps que la surface des responsabilités devenait gigantesque.  On n'a pas le même salaire lorsqu'on vend des chemises à Romorantin ou lorsqu'on dirige le marketing mondial d'Apple !  


La hausse des rémunérations n'est d'ailleurs pas venu du salaire mais des participations au capital. Dans le système monétaire que nous connaissons, l'inflation étant bridée par la concurrence déloyale de la Chine et ses salaires bas doublés d'une monnaie artificiellement dévaluée, la masse monétaire créée est allée sur les biens réels (immobiliers et actions).  Les stocks options ont permis de gaver les dirigeants de la plus value boursière artificielle nourrie par l'accroissement indécent de la monnaie en circulation.  


Cet argent n'a pas été "gaspîllé".  Il s'est fixé dans des valeurs nominales qui n'avaient pas plus de sens que le reste.

Partir dans une lutte des classes entre une classe populaire paupérisée et une classe dirigeante surenrichie n'a strictement aucun sens et ne ménera à rien de bon. 

C'est le système monétaire international qu'il faut réformer. on verra alors que la rémunérations des dirigeants sera liée désormais à la croissance de leur entreprise non à celle de la valeur boursière de leur entreprise ; que les prêts iront d'abord aux investissement utiles et moins à la spéculation. Que la croissance de la  Chine et de l'Inde, comme des autres pays à fort développement potentiel sera une bénédiction pour l'Europe.


L'art de toujours se tromper de cibles et de ne rien comprendre est en France poussé à des hauteurs difficilement dépassables .

Un débat révélateur de l'inconscience générale dans "ce soir ou jamais" (FR3-F. Taddei)

Nouveau  groupe de commentateurs dans la même émission "ce soir ou jamais", pilotée par le cravaté subtilement décravaté Frédéric  Taddéi ,  qui mélange  les genres, avec des commentateurs économiques comme Nicolas  Baverez ou Philippe Manière, des femmes "prétextes" comme la communiste aux yeux bleus  Clémentine Autain ou la fantaisiste Frigide de Koch, un comique de gauche pas drôle, Christophe Alévêque,  l' essayiste de gauche Bernard Ziegler et un éditeur de musique silencieux mais content de se montrer, Pascal Nègre.

Le choc droite gauche est censé créer la tension qui fait l'audience. En France seule l'idéologie intéresse. Ce qui frappe c'est l'absence à peu près totale de compréhension des causes de la crise. Faute de comprendre que c'est un défaut du système monétaire international qui est en cause, chacun va prendre dans la réalité le petit bout qui sert ses convictions.  Au lieu de se concentrer sur un point technique et géo politique :  par quel miracle on a pu  faire gonfler à ce point l'endettement mondial,  et fausser à ce point la concurrence entre les économies, chacun va essayer de tirer l'affaire au profit de sa boutique.

Le résultat : des coups de projecteur sur la réalité qui sont incontestables ; une absence totale de solution ; un échauffement sur des aspects idéologiques parasites ; parfois des propos totalement psychédéliques.

Oublions  M. Alévêque qui explique doctement que les taux d'intérêt sont de 18 à 19% et que 8% est un cadeau ahurissant fait aux banques,   il joue son rôle de comique, mais involontaire.

Passons rapidement sur les tentations exprimées de gonfler encore indéfiniment la dette pour assurer la reprise. Donner du sucre à un diabétique est certainement la clé du succès ! Diafoirus avec nous !

Retenons peut être la tentative d'explication du dénommé Bernard Ziegler penseur de gauche, père du Care aubriesque et qui voit dans la crise actuelle la fin d'un modèle né en 1908 : le consumérisme serait mort !  L'ère ouverte par le fordisme se refermerait.

Air inspiré, mots compliqués choisis avec soin,  on n'est pas dans l'économie mais dans le théâtre philosophique, ses concepts vaseux,  son air d'avoir "décrypté" le monde, sa prétention d'avoir  découvert ses ressorts cachés.  La conclusion : naturellement la révolution. Pas de gardes rouges ni de bolcheviques.  Mais le constat qu'un monde est révolu et qu'il faut entamer autre chose. Sous les peaux mortes du capitalisme financier nait une nouvelle perspective, blablabla.

Et blablablabla.

L'épuisement du modèle consumériste serait à la source de la consommation par l'endettement, dont on voit qu'il est une impasse. C'est la faute à Thatcher ; c'est la faute à Reagan.  

Evidemment rien de tout cela ne tient la route.

Si l'économie et devenue un casino cela tient à une mesure et une seule : les changes flottants associés à la liberté des mouvements de capitaux.  

Si les états occidentaux ont eu recours progressivement à un endettement phénoménal, c'est lié au phénomène de double pyramide de crédits  alimenté par l'attitude des détenteurs de dollars qui  le replacent aux Etats Unis, détenteurs de la monnaie mondiale, qui créent à nouveau de la monnaie par l'effet multiplicateur. De la monnaie donc de la dette.
 
Alors oui ces deux mécanismes ont entraîné le monde dans une spirale qui a fini par l'explosion que l'on sait.  Thatcher n'y est pour rien. Reagan non plus. C'est Nixon le vrai coupable qui a considéré que les Etats Unis avaient la force de garder ses privilèges avec un système de changes flottants contraints pour ses partenaires.   Ce qu'il n'avait pas prévu c'est qu'à l'horizon pointait la Chine armée d'une volonté mercantiliste absolue.

C'est le conflit sino américain qui, dans un non système monétaire international pourri de défauts, a provoqué l'évolution du système bancaire et partant de là de l'ensemble du système économique. Le système bancaire est un mort vivant maintenu comme Franco dans un apparence de vie par les subventions des états et des banques centrales occidentales. L'économie réelle s'en trouve asphyxiée.  Aucune mesure n'étant prise pour sortir de cette horreur, la crise perdure et les menaces enflent.

Rien à voir avec le fordisme. Ou une quelconque crise de la consommation.   Ce matin même les radios annonçaient que le nombre de téléphones portables en France dépassait le nombre de Français ! Croire qu'il n'y a pas de demande solvable en France est grotesque et c'est vrai partout dans le monde.  

Il faut sortir du système monétaire international inefficace et dangereux qui ruine l'occident et corriger les politiques du tout état qui ont atteint leur quasi maximum.

Oui M. Ziegler ce système est "révolu".  Reste à l'abattre. Mais dès qu'on reviendra à un système de changes fixes avec des règles et des régulations fortes, et l'obligation pour les états de défendre la valeur extérieure de leur monnaie ,  on verra que l'aspiration au bien être des populations pauvres et à la consommation des populations plus favorisées se manifestera aussitôt.

Evidemment, il n'y avait personne sur le plateau pour le dire et l'expliquer, un exemple de plus du décalage total entre ce qui fait l'opinion publique exprimée dans les médias et la réalité.  

Avec le stockage des émissions de télévisions, il est possible que  dans quelques années quand la réalité aura fini par démontrer l'inanité des raisonnements dominants actuels, on se repasse ce genre de débats  en ironisant sur  la quasi-totale inconscience de l'époque.

Les économistes médiatiques français totalement dépassés

Ecouter les émissions radiotélévisées où s'expriment les économistes français reconnus dans les medias est un exercice déprimant.

Ils n'avaient pas vu la crise venir et ils continuent de rien comprendre.

Le nœud du problème : ils expliquent la crise  par l'endettement américain ; Et ils sont bien embêtés quand il faut expliquer que c'est l'euro qui trinque.  

Un certain Sapin expliquait hier soir sur une télévision publique que la crise était due  uniquement et exclusivement  à l'insolvabilité des consommateurs américains.   Comment alors expliquer que les grecs sont en déficits colossal, l'Espagne à la limite de la solvabilité et l'Irlande  incapable de refinancer ses banques ?

Essayer de  décrire un effet papillon  venant des Etats Unis avec une onde de propagation ailleurs est une tentative vaine.

La vérité est que la spirale de crédits a touché tout le monde.  De très nombreux pays se sont retrouvés avec plus de 300% d'endettement global. Pas seulement les Etats unis.  Si l'explosion a été générale c'est que le gaz explosif de la dette s'était insinué partout à un taux intenable.

Ce n'est une crise américaine que dans la mesure où la cause du gonflement de la pyramide est dans le  rôle de monnaie internationale du dollar dans un système de changes flottants.   Mais les mécanismes de double pyramide de crédits ont touché tout le monde.

La crise est plus grande partout où l'endettement a été exceptionnellement important, qu'il s'agisse d'un endettement d'état, de l'endettement du système bancaire et financier ou de l'endettement privé des particuliers.

L'Islande et l'Irlande ont été  assommée par leur système bancaire qui avait fait gonfler ses bilans de façon extravagante. La Grèce est dans le désordre des finances publiques. L'Espagne est frappée par l'ampleur de la bulle immobilière, tout comme le Portugal.  Le Royaume uni a été atteint et par l'enflure de son système bancaire et par l'ampleur de la bulle immobilière et par la croissance non maîtrisée des dépenses publiques.

La dette étant portée par les banques l'insolvabilité globale met en cause leur viabilité. Toutes les politiques menées ont pour but de faire rouler la dette pour éviter la faillite. L'absence de restructuration est évidemment le problème le plus évident. On est dans le faux semblant. le canard continue à courir alors qu'on lui a coupé le cou. Mais il ne faut pas dire que le roi est nu parce que sinon c'est la panique généralisée sur les dépôts.  

Si les commentateurs économiques avaient un peu mieux réfléchis ils constateraient que la seule solution est :

- dans la réforme du système qui a permis ce gonflement indécent des dettes.  La réforme du système monétaire internationale est la première mesure à prendre. Le fait de n'avoir rien fait pendant trois ans  explique que la crise perdure.

- Il fallait également restructurer les dettes d'une façon ou d'une autre, en protégeant l'épargne liquide et en sanctionnant les décideurs des prêts aventurés et leurs bénéficiaires.

- il fallait enfin réorganiser le système bancaire pour que les dépôts cessent d'être  des prêts occultes à des banques qui peuvent en faire ce qu'elles veulent.

Naturellement ces thèmes sont à peu près totalement esquivés dans les débats publics.

Le plus drôle est de voir des économistes qui n'avaient rien vu venir organiser en quelque sorte une session de rattrapage et prophétiser désormais  le pire "inéluctable".  Décidemment le ridicule ne tue pas.

L'Euro éclatera donc de façon "certaine".  La crise va durer 10 à 20 ans. Il va y a voir des explosions sociales et peut être des révolutions et des guerres  etc.

Bref, la fin du monde est pour demain.

La vérité est beaucoup plus simple : si les réformes qui doivent être faites le sont, on sortira assez vite de la crise.  Si on ne les fait pas alors tout est possible.

Le rôle des économistes n'est pas de jouer le rôle de cassandre tardif  mais d'indiquer le vrai diagnostic et les vrais remèdes.  Ce n'est pas la peur qu'il faut stimuler mais la raison. Ajouter la peur à l'incompréhension , c'est être deux fois irrationnels et jouer le rôle déplorables des  prêtres ignorants d'il y a deux mille ans.  

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.



BDI et SP 500 : le grand écart continue

Le Baltic Index qui donne une indication sur les cours du frêt donc de l'activité internationale et l'index SP 500 ont une particularité : ils s'écartent parfois l'un de l'autre mais au bout d'un moment les courbes de rejoignent.

La courbe du BDI est déprimée et le reste depuis quelques mois. En revanche on constate un gros rebond du SP 500 et des bourses en général. Après une hésitation les bourses remontent fortement.

Deux explications :

- une fuite devant les monnaies conduit à privilégier les biens "réels". L'or, l'immobilier et les bourses flambent.  Mais tout cela est fondée sur la peur. A terme il y aura une correction.

- Les marchés anticipent une hausse de l'activité en partant des rapports d'activités des entrerpises cotées.  Le frêt redémarrera en 2011.

Les paris restent ouverts.

Mais tout cela donne une idée  du climat général trois ans et demi après le déclenchement de la crise avec le blocage du marché interbancaire.

 

 

 



La Banque de France et son stock d'or

Il est intéressant de constater l'état des conceptions de la Banque de France vis à vis de son stock d'or. Personne n'en parle aujourd'hui dans les milieux politico-médiatiques.


 On se souvient qu'un accord international de 1999 interdisait de vendre plus de 400 tonnes par an (avec des quota par pays). Pourquoi ?  Parce que  par un de ces mouvements plus ou moins occultes, les autorités monétaires étaient désormais convaincues qu'elles avaient trouvé grâce à Greenspan, le secret de la croissance perpétuelle. Tous étaient bien d'accord qu'un système de monnaies administratives gérées par des banques centrales indépendantes dont l'objectif serait de maintenir la valeur interne de la monnaie calculée par rapport aux prix à la consommation, les changes étant laissés à la libre appréciation des marchés, était un magnifique réalisation.

L'or, dans cette conception, n'est qu' une "matière première". La stocker dans des caves est parfaitement ridicule et fétichiste. En plus cela ne rapporte rien. Mieux vaut remplacer dans les réserves  des banques centrales ces matières premières par des dévises replacées sur leur marché internationalisé avec de solides intérêts à la clé.

On était si sûr que toutes les banques centrales allaient se débarrasser de leur or qu'un accord international fut signé en 1999 pour éviter que des ventes précipitées ne fassent baisser le cours de l'or avec des conséquences fâcheuses sur la contrevaleur des réserves des banques centrales.

L'arrivée de l'Euro en Europe avait un effet cumulatif, puisque la monnaie était unique des stocks d'or nationaux n'avaient plus grand sens.  On pouvait réduire les stocks sans dommage, de même que lorsqu'on fusionne plusiseurs comptes bancaires, on réduit les besoins d'encaisse de précaution.

Comme toujours les belles pensées des hauts fonctionnaires internationnaux touchent les politiques avec quelques retards.

Si le FMI commença assez vite à vendre son or pour financer ses pertes et sa restructuration, bel exemple de vente des bijoux de famille pour faire face à des frais de fonctionnement,  les milieux politiques ne commencèrent à se saisir de la question que vers 2003- 2004.

Qui se souvient que Nicolas Sarkozy, "l'Américain",   lors de son passage au Ministère des finances, n'arrêtait pas de rêver à ce qu'on pourrait faire  du tas d'or que la modernité vouait aux utilités budgétaires d'urgence. Mme Pécresse, déjà, y voyait le principal moyen de financer le grand plan de relance de la recherche.

L'appêtit ne vint pas qu'en France. En Suisse une votation fut organisée pour savoir comment utiliser "les réserves d'or non utiles à la politique monétaire".  Les Suisses s'opposèrent à l'affectation facile des sommes en question à un projet circonstanciel.

Naturellement personne n'avait compris que le système monétaire en question était totalement en deshérence et qu'après avoir provoqué la crise de 2000-2002, il allait générer la Grande Récession actuelle et menacer l'Euro.

Un des aspects intéressants de la question c'est que la France va se débarasser de près de 700 tonnes d'or, au moment où le cours de l'or va plus que doubler. L'impact sur les réserves de de la BDF sera invisible : l'effet des ventes sera toujours masqué par la hausse de la valeur du stock.

Si ces 700.000 kilos n'avaient été vendus, sachant que le kilo est à 38.000 Euro, la valeur du stock de la BDF serait supérieure de 700.000 x 38.000 = 26.6 milliards d'Euros.  C'est la valeur perdue par la vente prématurée de l'or de la  Banque de France.  Comme nous n'avons aucun moyen de connaître la recette effective de la vente, nous ne pouvons calculer la perte nette.  On peut seulement l'estimer quelque part entre 8 et 11 milliards.

Question  1 :  qu'a-t-on fait  des recettes de l'or vendu ? Acheter du dollar ?  Financer les restructuration de la BDF ?

Question 2 : n'aurait-on pas mieux fait de conserver cet or pour  décider aujourd'hui de son emploi optimum : le conserver dans une optique de réorganisation du système moéntaire itnernational  ; ou financer explicitement le plan d'investissement  exceptionnel de soutien de la conjoncture par l'investissement ?

 Naturellement ces questions n'apparaitront ni dans la presse ni dans le débat politique.

Pour ceux qui, comme nous, sont passionnés par ces questions, nous attirons l'attention  sur le rapport  d'un certain Laurent Ferrara (et de quelques autres) , de la Banque de France, sur la question d'un retour à l'étalon-or  paru dans Banque de France • Focus • n° 5 • 22 novembre 2010. Il illustre de façon presque parfaite (ou caricaturale comme on voudra)  le décalage entre les conceptions dominantes et la réalité.


"Dans le contexte macroéconomique actuel, un des risques souvent mentionnés est celui d’une expansion monétaire excessive à l’échelle mondiale accompagnée d’une grande volatilité des taux de change. Une alternative évoquée repose sur un possible retour d’une référence à l’or".


L'expansion monétaire  excessive serait un "risque souvent mentionné".  Nous vivons la plus grande crise de la dette de l'histoire de l'humanité et un analyste officiel de la Banque de France y voit seulement un risque souvent mentionné.


M. Ferrara  ce n'est pas un risque mentionné mais une réalité sinistre : la bulle des crédits représentant plus de 300 ou 400% des PIB des états a explosé entraînant des conséquences isaumâtres pour des millions de personnes !


On n'est plus dans l'euphémisme mais dans l'inconscience pure et simple.


La question n'est évidemment pas la personne de M. Ferrara. Il ne fait que retranscrire l'état d'esprit de son institution. Ceux qui à la BDF aurait du alerter en permanence sur les risques d'un gonflement de la dette interne globale insoutenable ne s'en sont même pas souciés. C'était le chemin de prévision quasiment assuré de la crise de 2007 2008. Personne ne l'a emprunté. Et la crise a frappé ces enfants du bon Dieu par surprise.


De même le "risque" d'une certaine volatilité des taux de change est plus que réalisé. Depuis quarante ans le rapport entre les principales monnaies varie quasiment du simple au double : une paille !


Assimiler la réalité à un risque minimisé, c'est aller assez loin dans le produit dérivé intellectuel passablement toxique.


Les auteurs s'emploient alors à éliminer l'idée de l'étalon or comme solution réaliste. Cette solution "s'avérerait très dangereuse et déstabilisante pour l'économie mondiale".


On vit une crise née entièrement du caractère très dangereux et déstabilisant pour l'économie mondiale des changes flottants, mais cela ce n'est pas grave. En revanchje pour les solutions alternatives, cela le serait. Ben voyons ! 


Les arguments sont les suivants :


- si la quantité d'or venait à baisser il y aurait contraction de l'économie mondiale. On n'a jamais produit autant  d'or qu'aujourd'hui. Si l'or était monétaire, il prendrait plus de valeur provoquant plus d'extraction. Ces quarante années ont montré qu'on n'a jamais manqué d'or et que l'étalon or aurait très bien fonctionné avec une alimentation en ligne avec la croissance mondiale.   Là on remplace la réalité par le risque qu'elle soit contraire un jour ou l'autre. On ne voit pas au moins à court terme la réalité de ce risque.


- En cas de choc négatif sur la compétitivité d'un pays, il devrait recourrir à la déflation ce qui induirait pendant un moement un chômage aggravé.  Cette théorie des chocs est une des plus ridicules de la théorie économique. On imagine que comme une météorites, des chocs se promènent dans le ciel de l'économie et tout à coup : boom !  En vérité pratiquement tous les mouvements de la conjoncture sont endogènes, les phénomènes exogènes genre crises politiques ou climatiques, étant des plus rares.


Les rapporteurs n'ont pas l'air de se rendre compte que la monnaie unique provoque au sein de l'Euroland exactement les mêmes mécanismes  d'ajustement par la baisse d'activité et le chômage que l'étalon or. La fixité serait mauvaise au dehors et bonne au dedans ? On entre dans des contradictions insolubles. 


- Pire encore, dit le rapport, l'étalon-or n'aurait pas les vertus qu'on dit. Le pays accumulant des réserves  pourrait les conserver et ne pas les remettre
dans le circuit économique national.  Dans ce cas il n'y aurait pas de redressement des balances commerciales puisque le crédit ne serait pas augmenté  chez le mercanitiliste.

Une fois encore, la situation du mercantiliste dans le système actuel est bien plus claire : il peut non seulement ne pas investir chez lui mais replacer l'argent auprès de l'émetteur de la monnaie internationale, nomément le dollar.  Il y gagne en intérêt. Et celui qui en cas de perte d'or aurait eu  à réduire son en cours de crédit  peut ne rien en faire bien au contraire. L'argent replacé dans le pays déficitaire sert à financer des importations qui font indéfiniment grossir le déficit. Le cercle vicieux devient rapidement explosif. Il a d'ailleurs explosé !

Par rapport à la situation actuelle, les risques évoqués sont mille fois moindre.  Et le risque qu'un vilain accumule tout l'or du monde et fasse exploser le système est exactement nul : il perdrait ainsi instantanément  toute la valeur de ses actifs !



La conclusion des auteurs est  en ligne avec toutes ces erreurs d'appréciation : "l'étalon or n'est pas aujourd'hui une solution praticable".  Le directeur de la BIRD qui vient d'affirmer le contraire est sûrement un parfait abruti !


Parti sur de telles bases on imaginait bien que la conclusion serait croquignolesque : elle l'est.

"Au niveau de chaque pays, les cadres institutionnels mis en place depuis vingt ans, fondés surl’indépendance des Banques Centrales et un mandat centré sur la stabilité des prix nationaux, ont permis d’ancrer les politiques monétaires et d’assurer leur crédibilité".

Oublions le style : ce n'est ni du Voltaire ni du Chateaubriand. L'emploi de "au niveau de " signe le degré d'inculture assez généralisée dans les officines financières.

Cette phrase est écrite au moment même où le système monétaire de la zone Euro est en passe d'exploser et que son système bancaire est en état de mort latente. La restructuration des créances est désormais  quasiment inévitable. Non seulement le système des monnaies administratives gérées par des organismes indépendants avec indifférence complète vis à vis du change a montré sa nocivité structurelle  in vivo, mais il démontre depuis trois ans qu'il est incapable d'assurer la sortie de crise.


La fuite devant la monnaie est universelle et tourne à la panique.  Et on nous parle d'un système qui aurait fait ses preuves. on croit rêver. Où vivent donc ces gens là ? Dans quelle bulle  sont-ils enfermés ?


On voit la BCE s'agiter dans tous les sens avec des "mesures non conventionnelles", c'est à dire faisant tout et n'importe quoi dans la panique la plus complète et "tout le monde il est est beau tout le monde il est gentil" !


M. Trichet mange son chapeau tous les jours et la taille du chapeau grandit chaque jour ?  Et alors ?  Circulez il n'y  a rien à voir sinon la preuve manifeste de la crédibilité du système !

 
Il est vrai que tout ne serait peut-être pas parfait. Pas dans l'Euroland où naturellement  tout baigne. 


"Au plan mondial, les modalités d’une coopération permettantd’atteindre le même résultat, sans compromettre l’indépendance des politiques monétaires nationales, restent à définir."

Tiens tiens : il faudrait ,tout de même voir à voir si une coopération internationale ne serait pas utile.

Une fois de plus les contradictions s'accumulent :

- le système veut que les monnaies adminsitratives gérées par les diverses banques centrales s'ajustent par les changes flottants.  Les banquiers centraux sont censés s'interdire d'intervenir sur le marché des changes. Le G.20 l'a fortement rappeler en Corée.  A quoi servirait la "coopération internationale"  ? Les auteurs ne nous le dient pas. Ils sont si timides ! Si on entre dans un système où les changes sont organisés, nous ne sommes plus dans le système actuel qui perd toute sa justification doctrinale.

 
- l'indépendance des politiques monétaires ne doivent pas être "compromises". Où a-t-on vu que la politique monétaire de MM. Noyer et Trichet était "indépendante". Elle est totalement à la remorque des évènements. Ils font l'inverse de cequ'ils ont toujours affirmé qu'il fallait faire. Ils courent après la conjoncture, les crises des marchés, les faillites bancaires réelles ou potentielles.  On voit que l'Euroland est sans la tête nécessaire à l'administration d'une zone de monnaie unioque et que l'idnépendance des états est en contradiction totale avec les besoins de la zone euro.  On voit que partout  les politiques et en particulier les politiques monétaires ne sont pas indépndantes mais "contraintes".


Tout cela est accablant. Mais témoigne assez bien du courant d'air qui circule dans les cerveaux qui nous dirigent et explique pourquoi toute idée contraire à ces sottises sont interdites de presse.

Le système monétaire actuel est intenable. Il est la cause principale de la crise et la cause principale de notre impuissance à en sortir.  C'est lui qui fait peser les risques les plus graves... d'aggravation.

De toutes façons l'alternative n'est ni un étalon-or ni un étalon de change or.  Mais un système de changes fixes et ajustables basés sur une référence monétaire mondial  qui ne soit pas une monnaie nationale.  Que ce soit le Mondio, comme nous le préconisons, ou une forme de Bancor n'a pas une importance cruciale. L'important est que les états redeviennent responsables de la valeur externes de leur monnaie.

L'important est d'en finir avec le système impossible qui a fait baisser le taux de croissance mondiale de longue durée depuis 1973, qui nourrit des crises financières de plus en plus graves et qui interdit toute sortie de crise rapide tout en faisant peser des risques gigantesques sur l'avenir de la zone Euro.


Didier Dufau pour le Cercle  des économistes e-toile



La crise a-t-elle ébranlé la pensée économique dominante ?

Avant la crise prédominait et depuis très longtemps, probablement depuis l'après guerre en en tout cas dans les années soixante, j'en témoigne,  l'idée confiante que le monde saurait faire face à une crise "de type 1929".  En mêlant le message de Keynes et celui de Milton Friedman, on pensait que la crise de 1929 était surtout due à des erreurs majeures  de politique économique et monétaire :

- Il ne fallait pas attendre que la reprise soit "round the corner" mais au contraire relancer l'économie par les investissement pour maintenir la demande globale quitte à aller assez loin dans les déficits

  Il était impératif que la banque d'émission relâche les disciplines et compense  la monnaie de crédits détruite par la crise par une libération de liquidité primaire et qu'on évite à tout prix la faillite des banques et la disparition des dépôts et de l'épargne qui leur est confiée. 

Si les états évitaient le chacun pour soi, les dévaluations compétitives et l'enfermement  dans une politique protectionniste,  alors le choc serait surmonté sans dommage.

Ces certitudes sont ébranlées. On a vu que la défense des banques  a bien eu lieu. Les déposants à  quelques exceptions près n'ont rien perdu. Mais au prix d'un transfert vers les états et la banque centrale d'une grosse partie des dettes.

Les plans de relance ont enrayé l'effondrement vertical du PIB  mais n'ont pas empêché une baisse importante. La production, notamment industrielle et les échanges ont été gravement atteints.  La conjonction de la récession, et donc de recettes fiscales en forte baisse et d'un accroissement de la dépense,  a crée un gouffre budgétaire financé par l'emprunt et donc un gonflement intense de l'endettement des états, alors que la cause de la crise était un sur endettement général. 

On a vu la dépense de certains états dépasser de plus de moitié  leurs recettes.

Le problème, c'est que pendant quarante ans les états ont pratiqué un keynésianisme larvé qui a vu la part de la dépense publique dépasser la moitié du PIB, là où elle s'établissait au quart un siècle auparavant.

La France a malheureusement joué ce jeu là de façon aventurée. En déficit permanent depuis la récession de 1974, la France avait déjà accumulé une dette  d'état intolérable.  Elle n'a jamais  joué le jeu des pays qui à la suite de la crise de 93 avaient mis un peu d'ordre dans l'exaltation dépensière générale.

Ceux des pays qui avaient cru devoir leur croissance essentiellement à la finance, comme l'Islande, à l'immobilier comme l'Irlande, certains pays baltes l'Espagne et  le Portugal, ou aux deux, comme l'Angleterre, se sont retrouvées à la fois avec des dettes privées impossibles à rembourser et des déficits publics difficiles à refinancer.  Ne parlons pas de la Grèce  qui a cumulé tricheries d'état et n'importe quoi démagogique  généralisé.

Le résultat est aujourd'hui clair : compte tenu du poids des dettes privées et publiques cumulées  personne ne voit plus de solutions à court terme. La perspective d'une crise longue, de 6 à 10 ans, comme la crise de 1929, s'installe. 
 
Certes l'effondrement total du système de production et de l'organisation bancaire a été conjuré. On n'a pas connu des baisses de 40% du PIB ou des chômages à 25% de la population active. La production industrielle s'est effondrée  tout de même de 20%  à 30% dans bien des pays occidentaux et le commerce mondial après avoir brusquement décru, ce qui ne s'était jamais vu depuis la guerre, n'a pas refait le terrain perdu trois ans et demi  après le début de la crise.

Et la peur est partout.

Pourquoi ? On a magistralement traité la crise de 1929, sans se rendre compte qu'on n'était plus en 1929.

La crise de 1929 est la fille tardive de la guerre mondiale de 1914 et des énormes déséquilibres politiques et économiques qu'elle a créés. L'écart était trop grand entre une Amérique  enrichie et concentrant tout l'or du monde et une Europe convulsive  et ruinée.  Le retour à un certain ordre économique et monétaire international  s'avérait très difficile.  La guerre de 14 était d'un nouveau genre. : totale, mondiale, industrialisée.  On ne pouvait pas en sortir par le versement d'un tribut  comme celui payé par la France à Bismarck. 

On a voulu revenir trop vite à une orthodoxie monétaire, basée sur l'étalon-or.  La finance était concentrée aux Etats-Unis.  Un Gold exchange standard à deux monnaies de références, le dollar et la livre sterling,  s'est mis en place qui était intrinsèquement pervers.  L'énorme bulle financière qui s'est développée aux Etats unis a fini par exploser.  Personne n'a compris ce qui se passait. Et d'erreurs en erreurs la dépression s'est généralisée.

Notre Grande récession se produit dans un contexte extrêmement différent.  Il n'y a plus de guerre mondiale depuis 65 ans. La guerre froide a disparu depuis 20 ans. Le monde s'est mis au commerce pacifique et régulé par des instances internationales ad hoc.  De "miracles" économiques en miracles" économiques à peu près toutes les nations  ont vu leur richesse fortement augmenter, y compris celles qui avaient connu la pauvreté socialiste de longue durée.

Et voilà qu'au lieu de connaître le bonheur d'une croissance stable et de longue durée, ce monde apaisée sombre dans la récession la pire depuis 1929 ! Et voilà que la vulgate économique consensuelle née de  1929, enfin appliquées en vrai, aboutit à une impasse !

On comprend la perplexité des élites et des économistes de cour qui les éclairent.   Non seulement il ne devait y avoir de crise, non seulement la crise n'a pas été prévue mais les moyens  de faire face à une récession dans lesquels  on avait placé la plus grande confiance  s'avèrent plus que problématiques.

La perplexité n'est pas de mise.  Si le système a explosé c'est qu'il était voué à exploser.  Ceux qui avaient localisé précisément les failles du système économique et financier savaient qu'il exploserait et l'on d'ailleurs écrit. Pensons à Maurice Allais et son "Ce qui doit arriver arrive".  les autres n'ont rien vu venir et s'avèrent totalement impuissants à guider la sortie de crise.

La crise remet en cause la confiance naïve qui s'était installée depuis les trente glorieuse dans la capacité de la sciences économiques de  guider utilement les politiques pour maîtriser  une récession grave et  l'empêcher de tourner à la récession.  Trois ans après la première explosion, le blocage du marché interbancaire de juillet 2007, deux ans après l'explosion de Wall Street et la faillite généralisée du système financier mondial,  un an après la première crise de l'Euro, on en est toujours à  craindre la prochaine explosion financière et à constater des niveaux de chômage intenables, des endettements intolérables, des échanges qui ne redémarrent pas.

En revanche la crise n'a toujours pas remis en cause les pensées économiques fausses  qui ont permis la création d'un système taré dont les graves infirmités ont causé la crise et empêchent la sortie de crise.

 Comme en 1929 où on a cherché à sortir d'un système  avec  des idées décalées de la réalité. On croit pouvoir guérir  la crise  avec un référentiel idéologique  totalement décalé par rapport aux réalités et aux besoins. 

Le système de monnaies nationales artificielles, gérées par des administrations extra politiques inféodées au système bancaire, dont le cours respectif serait flottant dans un monde sans aucune régulation financière, a explosé. 

En 1929, c'était un système à la va comme je te pousse lié aux désordres d'après  qui avait fini par  craquer aux coutures.  Là c'est une système voulu et construit dans la durée qui s'effondre.  On a voulu et construit un monstre inefficace et dangereux.   Pendant quarante ans !  A chaque crise, chaque fois plus grave,  on a cherché à ne pas voir ce qui venait du système.  On a inventé des explications fumeuses et parfois injurieuses. Rappelons nous les "cronies" de 1998 !

Aujourd'hui le roi est nu. Le système des changes flottants et des monnaies nationales  totalement artificielles gérées par des banques centrales indépendantes est mort au champ du déshonneur de la pensée économique  inconsistante.

Reste à signer l'acte de décès.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile



Attention à l'impatience des peuples !

Une maladie non soignée se complique.  Faute d'un diagnostic clair et précis, la crise économique déclenchée en 2007 se développe indéfiniment avec ses phases d'accélération et ses périodes de rémission où l'on croit au miracle d'une guérison spontanée.

L'examen des "explications de la crise" telles qu'on peut les trouver sur le WEB montre que la très grande majorité des commentateurs n'a strictement rien compris, peu aidés par des "experts" qui se contredisent quand ils disent quelque chose.

L'idée dominante et presqu'exclusive est que la crise est due aux subprimes et que le monde paie les conséquences de la diffusion mondiale de "produits financiers pourris, emballés dans de la complexité et de la mathématique déviante.  C'est une idée facile, immédiatement compréhensible.  On a construit des millions de logements à crédit pour une clientèle inexistante. Les prêts ont été saucissonnés par la titrisation et  vendus aux épargnants du monde entier. L'ennui, c'est que tout cela était aventuré. On a les maisons et les dettes. L'ennui c'est que l'écart de valeur entre la masse du patrimoine ainsi créé et la masse de dette est considérable et  qu'il faut bien que quelqu'un paie la différence.

Les gouvernements ont donné du crédit à cette interprétation.  En France Mme Lagarde comme feu son ministre du budget ont toujours expliqué qu'il s'agissait d'une crise "américaine" que le monde subissait et en particulier la France, pays merveilleusement géré et qui subissait injustement l'effet des bêtises étrangères.

Le G.20 s'est concentré sur les responsabilités bancaires  sur le thème général : on vous renfloue avec l'argent des contribuables et  la monnaie de singe créée  par les banques centrales,  mais il va falloir  vous dresser un peu. On s'est focalisé sur les conditions d'activité des banques  comme si c'était des diables ayant créé  dans leurs antres maléfiques des  produits infects et dangereux.  Alors on a diabolisé les traders, tout en leur donnant des moyens décuplés de faire de l'argent facile entre des ressources devenues gratuites et des  possibilités de spéculations inchangées.

En vérité la crise des subprimes n'était qu'un élément du tableau général. Les quelques centaines de milliards  d'actifs concernés n'ont pas la quantum permettant d'expliquer la récession majeure qui a suivi. Les pertes ont été assez vite cantonnées et restructurées. C'est le gouvernement américains qui a pris l'essentiel du choc en sauvant AIG et les deux  organismes immobiliers particulièrement en cause, Fanny Mae et Freddy Mac.  Et pratiquement rien n'a été changé dans les conditions de fonctionnement du marché immobilier américain.

Si la crise avait été principalement celle des subprimes, on en serait sorti depuis longtemps.

Cette gigantesque erreur de diagnostic a conduit à  conserver le cadre structurel dangereux qui est la vraie cause de la crise : un système monétaire  mondial basé sur le sauve qui peut, les changes flottants, les relations non coopératives, avec une monnaie de réserve mondiale nationale dont l'émetteur ne se considère pas c omme responsable.

Nous l'avons dit et répété ici : sans une action concertée des états visant à remettre en place une système monétaire basé sur des changes fixes, où chaque état (ou zone monétaire)  est chargé de défendre la valeur externe de sa monnaie, il n'y a aucune solution à la crise. 

Seule une action concertée dans un tel cadre permet de réinflater l'économie mondiale, remettre la priorité sur les échanges, éviter les crises de spéculation et amortir intelligemment l'hyper dette qui s'est accumulée PARTOUT.  

Aujourd'hui le monde fait avec l'énorme masse de dettes ne correspondant à aucune réalité,  ce que le bousier fait avec sa boule de crottin. Il l'a roule devant lui indéfiniment. Mais le crottin continue à s'accumuler.   La valeur actuelle de l'ensemble des dettes mondiale est négative.  La croissance se dérobe sous les pieds à chaque fois qu'on tombe sur un trou plus ou moins caché sous un tissu d'apparences.

Aujourd'hui, au lieu de relancer globalement un système réparé  afin de créer les richesses nécessaires à combler les trous passés,  on demande aux peuples de souffrir et de prendre à leur compte les pertes accumulées.

Nous disons depuis le début : attention à l'impatience des peuples !  La crise de 1929 avait montré que la patience des peuples ne dépasse pas quatre à cinq ans.  Après, faute d'une vraie politique qui donne au moins l'espoir que cela ne recommencera pas, qu'on a compris et que l'on va dans le sens du progrès à nouveau , tout est possible. Et n'arrangera rien. 

Si après trois ans d'échec il reste un économiste en charge d'une responsabilité de conseil et un dirigeant pour croire que la crise est  due au marché immobilier américain, aux traders, et aux agences de notation,  il faut le pendre à un croc de boucher  ! De toute façon c'est comme cela que les peuples finiront par conclure.

Il n'y a aucun chemin de salut par la récession et la déflation.  Il n'ya aucune voie sans coopération internationale forte.

L'urgence aujourd'hui comme hier, après avoir perdu trois ans dans le n'importe quoi théorique et pratique, c'est de recréer un système monétaire mondial qui permet de recadrer  un plan de croissance internationale.  Il faut mettre en œuvre un système monétaire mondial dont la monnaie de référence n'est plus celle d'une nation négligente. Il faut rétablir les changes sur la base de parités réalistes. afin d'éliminer les immenses déséquilibres qui génèrent indéfiniment de la dette par les mécanismes bien connus des "doubles pyramides de crédits".  Et il faut conjointement  relancer l'économie mondiale.

C'est la seule voie,  la seule solution.  Avoir renvoyé sur les états les pertes bancaires et demandé  aux citoyens de payer,  sans rien changer aux causes de l'incendie, était la politique bien connue du sapeur Camembert.  Au moins lui bouchait un trou. Dans notre cas on laisse l'incendie continuer en demandant simplement que d'autres bâtiments soient envoyés dans la fournaise comme acte sacrificiel.  Le monde économique ressemble aujourd'hui à Carthage menacée par les Romains et qui brulaient ses enfants comme victimes expiatoires pour le Dieu Baal  en espérant qu'il finirait par envoyer la pluie  qui embourberait les agresseurs.  On sait comment cela a fini.

Messieurs les gouvernants du monde, attention à l'impatience des peuples.

Didier Dufau pour le Cercle des économsites E-toile.



Quand Patrick Arthus et Olivier Pastré jouent les nègres du Premier ministre

Nous qui aimons parfois nous amuser à ce genre d'exercice  cela nous intéresse que P. Arthus et O. Pastré se soient collés à la tâche de proposer le discours de politique générale de M. Fillon, premier ministre renouvelé.  Ne venons-nous  de proposer  le discours de Sarkozy au prochain G.20, reliquat d'une activité de porte plume  pratiquée dans une vie antérieure ?


Une première remarque de forme : le discours est bâclé et le style peu recommandable.


Occupons nous  pudiquement  du fond.


L'idée clé est qu'il faut stabiliser les monnaies et donner à la BCE la responsabilité du taux de change de l'Euro.


L'objectif est en effet souhaitable. Nous le défendons becs et ongles depuis …40 ans, comme enseignant,   depuis 1997 comme membre du cercle des économistes " e-toile", depuis 2008 sur le présent blog.  Nous sommes bien contents de voir qu'au moins l'objectif se généralise.


Mais comment être d'accord sur les moyens  proposés par nos deux "nègres" ? .
La BCE «doit être chargée de la stratégie de change sans pour autant modifier les traités existants».


C'est tout à fait impossible. Les traités ne donnent aucune latitude à la BCE de gérer les changes.  Les taux de changes sont laissés par une doctrine inepte devenue consensus international  à la liberté des marchés. Le G.20 de Séoul  a encore rappelé que les manipulations de change étaient malvenues et que c'est le marché libre qui doit déterminer la valeur des monnaies entre elles.


Un porte plume du chef du gouvernement qui se permettrait de faire dire à son commanditaire une incongruité constitutionnelle serait immédiatement mis à la porte !  Aurait-il prononcé ces mots qu'il aurait été immédiatement repris par la BCE elle-même et les autorités de Bruxelles.


Par construction aucune autorité n'est responsable en Europe de la valeur externe de la monnaie qui est un "non sujet" (En fait c'est l'Eurogroupe de M. Juncker qui est responsable : personne ne l'a jamais entendu !).


Cette situation est naturellement détestable étant donné que les autres acteurs pratiquent, pour ce qui est de la monnaie de réserve principale, le dollar, un "benign neglect" criminel et intéressé, pour le Yuan un dumping systématique, et pour  les autres un sauve qui peut général.


Constater que l'Europe  va toute nue à la "guerre des monnaies" est tout à fait vrai. Prétendre que la BCE pourrait se saisir de la mitrailleuse sans changer les traités est  tout à fait faux.


La seconde erreur serait d'attribuer à une banque centrale le soin de gérer le change externe d'une monnaie.  Elle dispose il est vrai de moyens qui ont des effets sur le change.  Si la BCE décide d'acheter des dollars en émettant de l'euro par centaines de milliards et de replacer ces dollars aux Etats unis, sans ouvrir de possibilités de crédits nouveaux aux banques, comme le fait la Banque de Chine, on aura une jolie baisse de l'Euro. Si elle monte les taux d'intérêt massivement elle obtiendra une jolie hausse de l'Euro.


Mais les conséquences sur l'économie seraient telles qu'il serait impossible de laisser cette politique à un comité de gnomes indépendants.  L'indépendance de la BCE ne s'explique que dans le cadre d'une doctrine qui veut qu'elle n'a qu'un rôle : la stabilité de la monnaie évaluée en prix à la consommation ; en fait un objectif de monnaie fondante avec un taux d'attrition ne devant pas dépasser 2 à 3% par an.


Une politique de change suppose une politique économique et une relation économique extérieure.


Pour mener une politique de taux de change il faudrait donc :


- L'abandon de la doctrine qui veut que les changes soient déterminés par le marché.


- L'abandon de l'autonomie de la BCE


- La création d'organes de directions économiques fédéraux pour l'Union Européenne


Et il resterait la question internationale.


Si l'Europe se présente en guerrier de la guerre des monnaies que va-t-il se passer ?  Cela ferait sans sauter l'hypocrisie des Etats Unis qui, détenteur de la monnaie de réserve mondiale de facto, influent sur les changes en prétendant jouer le jeu des marchés et celle de la Chine qui administre son lien avec le dollar sans le moindre scrupule tout en laissant croire qu'elle va se joindre aux règles du jeu généralement admises en dû temps. 

Mais cela entraînerait aussitôt une flambée de guerre des monnaies dès que la nouvelle structure prendrait ses premières décisions, guerre que les Etats européens ne  peuvent pas regarder du balcon en laissant s'agiter la seule BCE.  

Peut-on proposer au Premier Ministre d'être le chevalier en charentaise  qui va observer  une guerre des monnaies sans pouvoir agir ? Il est vrai qu'il est à la tête d'un pays ruiné par la démagogie et l'endettement depuis 1974.  Mais tout de même. Et que devient son président qui  va présider le G.20  ?


Tout cela est  totalement inconséquent.


Rappelons une fois de plus que la seule solution est dans l'engagement des Etats à défendre une valeur mutuellement acceptée de leur monnaie  afin que toutes les mesures de reflation des économies puissent se faire en concertation sans fuites ni conflits.


Pour aboutir à ce résultat il faut renoncer à la théorie des changes flottants, mettre en place des institutions de coopération économique solides en Europe mais aussi dans le monde et redéfinir la monnaie de réserve internationale.  Il faut en sus un gendarme puissant qui peut être l'or ou un FMI musclé et autrement dirigé qu'il l'est actuellement.


Et c'est le Président de la République  qui doit mener cette politique, pas le premier ministre.


Voilà pourquoi nous préférons notre projet de discours pour le Président au prochain G.20 à la tentative d'Arthus et  Pastré pour le Premier Ministre.

 


 
PS : rappelons qu'Arthus n'a pas prévu la crise et l'a même niée au moment même où  elle se déclenchait. Il symbolise le règne des "experts" qui se trompent aussi effroyablement que continûment et qui survivent à toutes leurs erreurs, les médias étant absolument insensibles à ce qu'ils publient mais seulement aux titres de ceux à qui ils donnent la parole.



Le remaniement : l'expert et le politique

L'avantage des changements de gouvernement, c'est qu'il faut bien faire un bilan et annoncer une orientation. Il faut à la fois tirer les leçons du passé et donner un minimum d'espoir que les mesures prises ou à prendre auront un impact positif. Lorsqu'on vient de vivre trois ans de crise économique majeure, il est indispensable de donner une explication économique de la crise en même temps qu'il faut prouver que les mesures économiques que l'on va prendre sont pertinentes.

La grande difficulté aussi bien de l'intervention du Président de la République sur trois chaînes de télévision que de la déclaration de politique générale du premier ministre renouvelé, M. Fillon, tient toute entière dans leur carence sur ces deux sujets.

Aucun des deux n'a même tenté d'expliquer la crise. L'évènement  leur est tombé dessus à l'improviste dans un ciel bleu sans nuage  et il faut bien faire face. De toute façon, la  crise mondiale, ils n'y sont pour rien.

Quand on ne comprend pas un désastre, la solution pour en sortir devient problématique. Alors on n'en parle pas. Les orientations prises indiquent un calendrier politique. En aucune façon le calendrier économique n'est abordé. Le "quatrième risque", la dépendance, sera après le RSA l'occasion de prouver que la gauche n'a pas le monopole du cœur. Le bouclier fiscal étant le justificatif permanent de l'accusation de ploutocratie, il va falloir le supprimer, sans le supprimer tout en le supprimant. En un mot les politiques au pouvoir sont entrés en campagne électorale présidentielle, en nettoyant le décor des scories négatives et en plaçant quelques pots de fleurs.

L'opposition n'est guère plus brillante. On glose sur l'épatant président que ferait M. Strauss-Kahn, alors qu'il aurait été de son rôle d'apporter l'expertise sur les causes de la crise et les chemins de la reprise. Il ne l'a pas fait. On se prosterne devant un général putatif qui n'a gagné aucune bataille et dont tous les actes connus (les 35 heures, la surfiscalisation de 1997, le déflationnisme partout où le FMI intervient) ont été des erreurs majeures. Depuis le début de son mandat il suit le flot en prenant la pause alors que chaque année la preuve est faite plus complètement de l'inanité des politiques internationales menées. Près de trois ans et demi après le blocage du système bancaire international, nous en sommes à "la guerre des monnaies".

La secrétaire générale du PS, Mme Aubry bâtit un programme trompe couillons autour du concept infantile du "Care", la forme ultime de l'énarchisme compassionnel. Les candidats à la candidatures socialistes travaillent leur "look" mais pas leur programme. Voici M. Montebourg expliquant que le dépassement du capitalisme était à chercher dans la mutualité. Il est toujours important de "dépasser le capitalisme" chez les socialistes. Rocard en son temps avait bien fait rire avec l'autogestion à la Yougoslave. Cela ne l'a jamais découragé. Son dernier livre explique comme cette idée déjà débile dans les années 60 est toujours merveilleuse en 2010.  Que faire : s'il faut dépasser le capitalisme il faut bien annoncer un nouveau système.  M. Moscovici dont les prétentions à la présidentielle sont connues veut lui "matraquer les riches"  Il faut frapper lourdement les successions, rendre encore plus progressif l'impôt sur le revenu, et ne pas hésiter. Vive l'impôt ; vive la haine ; à mort les boucs émissaires, les hyper riches, ces koulaks modernes ; la Kalachnikov fiscale remplacera les violences physiques  comme moyens de changer "vraiment" le capitalisme. Il parait qu'il s'agit d'un socialiste modéré ! 

Dans les deux camps on glose sur un système social français qui serait magique et que tout le monde nous envierait. Qu'est ce que ce système ? Tous les problèmes doivent être réglés par l'Etat. La responsabilité individuelle ? Connais pas ! Ce système est par terre. Et alors ? Il ne fonctionne pas. Et alors?

Le résultat est que le gouvernement se met dans des contradictions insolubles : il ne faut pas augmenter les impôts  ni la dépense publique mais il faut couvrir le quatrième risque et c'est 40 milliards d'euros en perspective à prélever sur les  Français.  Pour le RSA déjà il ne fallait pas augmenter les impôts mais on a tout de même créé divers impôts pour trouver 1.5 milliards d'euros dans la poche des Français (dès qu'il y aura reprise on sera à 3 milliards).  Et que signifie ne pas augmenter les impôts quand on crée plus de quarante taxes (depuis le gouvernement Raffarin), quand on supprime ou gomme  les exonérations inventées en leur temps pour rendre tolérable de nouveaux impôts, quand les régions et les collectivités territoriales font danser l'anse du panier avec une irresponsabilité absolue, comme M. Delanoë à Paris ? Que signifie ne pas augmenter les impôts quand pour éviter la faillite de banques dont on nous dit qu'en France elles n'ont rien coûté à l'état,  on parle de financer à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d'Euros le sauvetage de certains pays ?  Les Français savent bien que tout cela ne sera pas gratuit. Ils voient que la réforme des retraites est provisoire. Il voit que les délocalisations continuent. Ils voient que l'inactivité ne baisse pas et que l'avenir se bouche.

Voici donc la France en panne, coincée dans une Europe où l'Allemagne a choisi l'optique de la déflation et qui est composée de pays qui sont à la limite de l'asphyxie financière, alors que dans le monde des états Moloch qui ne respectent aucune règle sinon la poursuite de  leur seul intérêt s'apprêtent à ne faire qu'une bouchée d'une région vieillissante et repliée sur la défense acharnée de ses avantages acquis.

Comme école de la désespérance on ne peut guère faire mieux. La France est au plus haut pour les prélèvements et la dépense publique, au plus bas pour l'emploi des jeunes, des vieux, des femmes, des immigrés. On s'étonne que la France soit le pays de la surconsommation des anxiolytiques !

Le spectacle des discussions sur ces sujets dans les télévisions est tout aussi désespérant. N'en retenons qu'une seule, l'émission de M. Taddei (ce soir ou jamais, sur Antenne 2 du 24 novembre 2010 (.http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/ ?page=emission&id_rubrique=1214) Le plateau n'était pas nul :  le chef du Conseil d'analyse économique, M. Lorenzi, professeur d'économie ; M. Emmanuel Todd, contempteur du Sarkozisme ; un illustre inconnu mais considéré comme "porte plume de Fillon" et présenté comme "connaissant le dessous des cartes", une journaliste de Elle et la très charmante Macha Méril connue pour ses positions sur le libertinage indispensable des séniores.

Qu'a dit M. Lorenzi : rien ! Pas un petit peu. Rien de rien. Sauf si on considère que son propos sur la nécessité de rassurer les marchés et de démontrer la sagesse du gouvernement en matière de dépenses et de volonté de ramener les déficits dans des limites acceptables est la marque d'une pensée structurée et majeure, à la hauteur de la situation. 

Qu'a dit le porte plume : rien. Plus diaphane on ne peut pas. Si c'est cela la source du discours politique de Mme Lagarde on comprend qu'elle n'ai jamais rien dit sur rien. Il est vrai que cet illustre inconnu est "philosophe".  Il nous a réécrit une page de  "l'être et le néant".

Passons sur le babil de ces dames. Macha a été charmante. C'est bien le principal. L'autre a parlé de son livre. C'était également le principal.

Reste Emmanuel Todd.  Au moins lui n'a pas parlé pour ne rien dire et l'a dit avec une violence dont il commence à faire sa signature télévisuelle.

On ne le remerciera jamais assez d'avoir tenté de démontrer qu'il y avait un blocage intrinsèque dans le système de pensée où les élites européennes se sont enfermées qui les empêchaient en même temps de formuler le vrai diagnostic et de prendre les mesures qui s'imposent. Les gouvernements de l'Europe sont "dans la seringue". Tant qu'on ne change pas de logiciel alors on aura les bugs, c'est-à-dire la destruction de l'emploi en France, le démontage de tout système social organisé et  un drame pour la jeunesse qu'on ne laisse pas entrer dans l'économie et à qui on propose désormais de financer non seulement les dettes de leurs aînés mais leur retraite et aussi leurs infirmités finales.

L'ennui c'est que M. Todd n'est pas économiste mais plutôt démographe et politologue. Et que du coup il se trompe.  Ce n'est pas en renforçant le protectionnisme qu'on sortira de la crise mondiale et ce n'est pas la liberté des échanges commerciaux  qui en est la source.

 Comme nous l'avons démontré ici la cause est dans le système monétaire des changes flottants habillant une monnaie de réserve nationale non gérée comme telle, le dollar.  Ce système ne résulte pas d'une forte pensée économique mais d'un état de fait qui s'est accompagné d'une vulgate complaisante, fournie pour l'essentiel par Milton Friedman et qui s'est révélée intégralement fausse.  Cette vulgate justifie des institutions insensée comme une Banque centrale Européenne n'ayant pour fonction que de gérer l'inflation dans la zone Euro et se retrouvant à faire tout et n'importe quoi, faute de toute institution unifiée dans la conduite économique de la zone.  Elle explique que l'on sacralise les changes flottants  et les mouvements de capitaux incontrôlables, et qu'on explique doctement qu'en les laissant encore plus et mieux flotter ils reflèteront encore mieux  "la santé d'une économie".   Les changes flottants sont la résultantes pour l'essentiel (80%) d'ordres d'achats et de ventes pilotés par des programmes informatiques qui ont leur propre logique et qui engendrent une instabilité profitable pour les propriétaires de ces outils et totalement débilitante pour tous les autres agents économiques.

S'il n'y a personne pour casser cette vulgate alors l'Europe et la France seront prisonniers d'une  déflation larvée,  permanente et destructrice.

Emmanuel Todd est bien conscient qu'il faut casser ce  qui emprisonne la pensée et l'action des décideurs.  Mais il ne casse pas à l'endroit où il faut.

Nous n'avons pas à craindre la prospérité de l'Inde, de la Chine ou du Brésil, pas plus que la France n'a eu à se plaindre de la prospérité des Etats unis et des succès économiques de l'Allemagne. Les marchés prospères ouvrent d'autres marchés prospères. Les entreprises françaises ont tout à gagner à l'expansion générale. Mais il faut que les produits s'échangent contre des produits et non pas contre des monnaies qui font le yoyo, des monnaies dévaluées artificiellement, des monnaies dont personne n'est responsable. On ne peut commercer équitablement qu'avec des pays qui équilibrent leurs échanges autour d'une valeur internationalement reconnue de leur monnaie. Equité et équilibre vont ensemble. Stabilité des changes et croissance générale aussi.

 Les états doivent donc avoir la responsabilité collective de défendre la valeur de la monnaie ce qui implique un contrôle bien plus étroit du crédit et des échanges purement financiers. 

Non il ne faut pas abandonner le capitalisme pour on ne sait quoi. Pas plus qu'il ne faut élever des murailles dans le commerce international des biens et des services. A une muraille correspondra une autre muraille et à la fin tout le monde sera pauvre.

En revanche il faut bien comprendre pourquoi l'organisation monétaire internationale ne fonctionne pas  et la réformer durablement.

Alors des états responsables pourront mettre l'emploi en tête de leurs objectifs  et les pays intelligents pourront sortir sans drame d'un "tout état " étouffant  et débilitant, en même temps que la jeunesse et la population émergeront de la désespérance actuelle. 

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile. 



Les voies de la réforme

La réforme est un chemin vers un but. 

Si le but n'est pas clair et s'il n'est pas souhaitable, il faut parler de destructions plus ou moins gratuites, plus ou moins circonstancielles, plus ou moins idéologiques. Et nul n'a de raison de s'enthousiasmer pour des destructions, quelqu'en soit le motif.

Le seul objectif national d'importance aujourd'hui est de revenir à une croissance rapide et au plein emploi.  On peut le contester. On peut ajouter des adjectifs comme "soutenable" ou "éconologique".  Mais proposer la décroissance  avec égalitarisme "réel" , "care" et sanctuarisation "des avantages acquis", selon l'insoutenable verbiage  qui envahit nos medias est la mort de la Nation, la ruine du plus grand nobmre  et la sortie de l'histoire pour la France et les Français. Delenda est...

La France est un pays ramassé sur son noyau dur, perdu dans une Europe stagnante et sans ambition, et rétracté face à une monde mené par des idées fausses et des rapports de force stérilisants.

La réforme en France ne peut pas être uniquement centrée sur elle même. Elle doit s'accompagner de réformes en Europe et dans le monde.

Sans vision mondiale et sans vision européenne, la réforme  d'un pays européen n'est que ruine de l'âme et de la nation.

Le monde s'est installée dans une organisation économique malsaine depuis 1971 qui provoquent des crises, des comportements anormaux et des mesures contraintes qui ne mènent qu'à d'autres mesures contraintes dont aucune n'est une réforme souhaitable.

Le monde a oublié le message de la crise de 1929 : la prospérité mondiale est au bout de la coopération économique des états en vue d'un but commun qui ne peut être ici encore que la prospérité partagée ,  sans trop d'à-coups cycliques.
Malgré certains défauts structurels, comme la référence à une monnaie nationale  en tant que base monétaire et un rattachement trop théorique à une valeur de référence extérieure, les accords de Bretton Woods avaient permis trente années de croissance généralisée et rapide avec un quasi plein emploi.

La première des vraies réformes consiste à reconstruire  le système monétaire international avec abandon du système néfaste et débilitant des changes flottants. Il a été essayé. Cela n'a pas marché. Dont acte ! "Errare humanum est ; perseverare diabolicum".  Si tous les états sont contraints de défendre la valeur extérieure de leur monnaie et l'équilibre de leurs comptes,   ils sont aussi obligés de coopérer et de penser aux autres. En conrepartie ils disposent de moyens de n'être pas trop exposés à des crises de liquidité et peuvent pousser la croissance de leur économie vers le plein emploi.

La seconde réforme concerne l'Europe. On a voulu une monnaie unique. Soit. Mais la banque centrale doit être asservie aux objectifs généraux de croissance et de plein emploi, à la défense de la valeur externe de la monnaie et pas seulement à la défense de sa valeur interne calculée en terme de pouvoir d'acaht de biens de consommation.   Et elle ne doit pas être seule. Il faut une direction économique européenne. Un système de règles contractuelles plus ou moins contraignantes ne fait pas l'affaire.  La grande affaire de l'Europe ce n'est pas d'avoir une monnaie stable en pouvoir d'achat mais de retrouver la croissance et le plein emploi.
Il faut donc réformer la gouvernance européenne et les status de la BCE. Ces réformes sont immédiatement exigibles.  Ce qui se passe actuellement est loin du minimum nécessaire.

La troisième réforme concerne la France. Fragilisée par la première guerre mondiale, par la crise de 1929 dont le coût a été pour elle du même ordre de grandeur et par la défaite et l'occupation qui en a résulté, la France a eu le plus grand mal à se remettre. Elle est sortie des trente glorieuses enrichies et redynamisée avec une démographie largement assainie. Mais son tissu d'entreprises était faible, trop lié à l'état, et sous capitalisé. La politique suivie après la dure crise de 74, dont la France ne s'est jamais totalement remise, a été aussi absurde que débilitante. L'énarchie compassionnelle de Giscard et de son septennat fiscal, les folies Mitterrand et le programme commun de la gauche, le ni-ni des années subséquentes aggravé par le malthusianisme du gouvernement socialiste de Lionel Jospin, ont eu les pires résultats possibles.

L'état est obèse et inefficace ; il s'est démembré en pouvoirs locaux qui tournent également à l'obésité  compulsive et qui sont encore moins efficaces ;  accablée d'impôts la nation  n'investit plus et vend progressivement son patrimoine à l'étranger.  Sous capitalisé de tout temps faute de pouvoir constituer des fonds prorpes à partir de leurs résultats, les entreprises françaises sont des cibles faciles dans la mondialisation.  Seuls quelques molochs le plus souvent en symbiose avec l'état ont pu prendre le grand virage.

Au lieu d'avoir 25 à 30 millions de salariés, ce qui correspondrait à nos 66 millions d'habitant, elle n'en a qu'entre 15 et 17 millions selon les chiffrages. Les jeunes, les vieux, les femmes, les immigrés, tous les acteurs faibles sont en grave difficulté car l'emploi s'est réduit à ce que les meilleurs peuvent obtenir en étant compétitifs en dépit de toutes les entraves que ls politiques ont accumulés sur eux et leurs entreprises.

Briser toutes les sédimentations fiscales, réglementaires, sociales et autres est indispensable. Cela veut dire que des réformes sont absolument nécessaires et elles seront rudes.

Mais elles doivent être inscrites dans un plan d'ensemble d'une grande cohérence et portée de façon claire.

Il faut produire ce plan d'ensemble maintenant et le porter sur tous les fronts avec le maximum de hauteur de vue et de conviction.  La première voie de la réforme c'est la voix du dirigeant. Mais les paroles ne suffiront pas.  Il faut mobiliser l'expertise pour lui donner la consistance indispensable aussi bien en France que dans les instances internationales ad hoc.  Il faut savoir que le combat sera long et faire savoir qu'il sera poursuivi sans défaillance.


Oui la France doit avoir un message qui va au delà de son propre intérêt national.  Débarasser le monde des changes flottants et des théories fumeuses qui ont échoués et conduit le monde au marasme généralisé est un cadeau fait au monde.

Remettre les boeufs devant la charrue et non l'inverse comme actuellement en Europe est strictement nécessaire.  Si l'Europe ne veut pas de direction économique elle ne pourra pas garder l'euro.  Et il n'est pas si difficile de définir les axes d'une politique économique commune et les axes de la réforme de la BCE.

Désentraver l'économie française pour lui permettre à nouveau de combattre à armes égales avec le monde n'est pas une nécessité seulement pour les Français. Tous les européens ont besoin de pays associés forts et agiles.

Allons, courage ! Il y a un chemin pour la réforme.

Que se passerait-il si ...l'Europe dévaluait l'Euro de 50% ?

Que se passerait-il si ...

A force de faire des comparaisons avec la crise de 1929, on va finir par constater des ressemblances remarquables.

La politique de James Cameron commence à diablement  ressembler à celle de Laval.

Et après trois ans de crise, on en arrive à une grande dévaluation d'un des acteurs majeurs qui traine comme la comète une queue monétaire chionoise de plus en plus visible, car injecter 800 milliards de dollars de monnaie, en changes flottants, cela revient à une dévaluation.    

L'Europe comme le bloc or des années trente fait figure de victime expiatoire.

Ceci conduit à s'interroger ; que se passerait-il si l'Europe décidait de dévaluer aussi  sa monnaie disons de 50%  ?

Strictement rien ne l'en empêche. Il n'y a pas de système moéntaire international, les exemples conjoints de la Chine et des Etats Unis le montrent bien. La foire d'empoigne est institutionnalisée avec les changes dits flottants, en fait "non cconcertés entre les nations".

La justification serait toute trouvée : la situation de l'emploi et la prolongation d'une crise qui tourne à la stagnation de longue durée.

La Chine, l'Inde et le Brésil  perdraient aussitôt l'avantage des prix de dumping permis par des monnaies artificiellement faibles. Ils garderaient des avantages de coût de revient.  Malgré tout ils perdraient beaucoup en volume d'affaire.

Ils seraient obligés de se retourner vers l'autre grand marché, les Etats-Unis mais qui lui aussi serait sur la sellette.

Les Etats Unis perdrait de son influence sur les grands marchés mondiaux où l'Europe a une offre sérieuse.  Et pour beaucoup des produits innovants qu'elle vend surtout en Europe, ce serait autrement plus difficile.

Pour la Suisse et le Japon la pression monétaire deviendrait insupportable. Le  Franc Suisse et le Yen seraient soumis à une pressionénorme à la hausse  rendant leur situation très difficile.

La fuite devant la monnaie (les monnaies) deviendrait sauvage, avec très certainement une reprise à la hausse  des biens immobiliers et de la bourse.   

En Europe les emprunts faits en monnaies étrangères seraient fortement pénalisés mais comme ils le sont dans des monnaies que leurs autorités monétaires laissent fondre, ce n'aurait que des conséquences passagères.  

L'inflation partirait-elle  fortement en Europe  ? Par le biais des produits importés , oui. Mais les coûts salariaux sont verrouillés par la crise. Et les Etats n'auront de toute façon pas le moyen d'augmenter les salaires des fonctionnaires. Or toutes les grandes inflations d'après guerre ont eu, dans les pays "sérieux", ont eu besoin du relais des hausses de coûts salariaux.

Les pays endettés européens trouveraient un bol d'air.  Les banques aussi. La thésaurisation serait aussitôt remise en cause : mieux vaut investir quand l'inflation est là.

Les balances de paiement en Europe se redresseraient.  L'Allemagne aurait un très gros bénéfices pour ses exportations. Ce qui tirerait le reste de l'Europe, au lieu que sa politique de déflation salariale la bloque.

L'or verrait son cours monter vers le 2000 à 2500 $ l'once.  Les matières premières suivraient (elles précèdent déjà !).  Tout cela freinerait la consommation de pétrole en Europe et réduirait les ventes des émirats.  

Une bonne partie de la valeur nominale de la monnaie de singe qui a été créée avant la crise de 207 s'évaporerait, réduisant le fardeau de la dette.

L'agriculture européenne s'en trouverait très bien.

Le bilan pour l'emploi serait sans doute favorable. Au moins un temps.

Surtout les grandes puissances comme les Etats Unis, la Chine, le Japon, le Royaume- Uni se trouverait confrontées, enfin,  à l'existence de l'Europe.   Et l'absurdité du système de changes actuel sauterait aux yeux.  

On en viendrait très vite à une concertation sur les changes et à la mise en place d'un nouveau Bretton Woods sans dollar pivot sans véto des Etats unis au Fmi, sans mercantilisme chinois.

Notre scénario n'a donc rien de catastrophique. Ce n'est en rien une politique du pire.  En fait l'Europe n'a le choix qu'entre deux attitudes utiles :

- subir en prenant date (c'est le thème de la proposition de discours de Sarkozy au G.20 lorsqu'il en prendra la présidence) tout en préparant les conditions intellectuelles et pratique du retour à une politique concertée en matière de taux de change.

- dévaluer à mort pour mettre le reste du monde devant ses responsabilités.

Malheureusement l'Europe ne fera ni l'un ni l'autre.

Son organiation interne est basée sur l'idée que les changes ne sont la responsabilité de personne et que la monnaie unique doit simplement conserver sa valeur en prix de vente de produits de grandes consommation.

Il n'y a donc personne pour définir et encore moins appliquer une politique de change aggressive (voire une politique de change tout court).  La BCE crierait au charrond evaznt les risques, certains d'une inflation supérieure à 3%. L'Allemagne ferait un collapsus d'indignation. Le Royaume Uni verrait ses chances de reprise définitivement perdue. L'Europe serait à feu et à sang.

La France avec ses économistes de cour autistes, oublieux de leurs grands ainés et incapables de toute influence en dehors  de leur minuscule milieu médiadico politique, n'est plus capable de parler  au monde clair et fort avec un langage technique  précis et solide.   Lors que des économistes français finissent par prendre des positions dans les institutions internationales ils se coulent dans le verbiage débilo-américano-centré  qui y règne ou font le bouchon comme DSK.

Donc l'Europe est vouée à la stagnation, la régression, le sous emploi permanent  et à la colère des peuples.  Jusqu'à ce ce cela casse. En général cela casse là où cela n'aurait pas du casser. Et les pertes deviennent irréparables pour au moins une génération.

Jamais l'idée Européenne  n'aura été plus basse. Que l'Euro vienne en plus à exploser, ce qu'une politique de déflation généralisée au sein d'un monde qui dévalue de toute part rend presque nécessaire, et elle sera morte pour une génération.

Que faire ?

Le futur discours inugural de Sarkozy au G.20

Mesdames, Messieurs,

Nous sommes réunis à un moment très particulier de notre histoire récente. Depuis juillet 2007 et le blocage du marché interbancaire, le monde est en crise. Les troubles financiers ont culminé en septembre 2008 entraînant la plus grande récession depuis les évènements tragiques de 1929.  Les conséquences ont été dramatiques : des millions d'hommes ont été confrontés à un changement majeur de leurs conditions de vie. Les Etats sont désormais alourdis par des endettements colossaux  et ont perdu beaucoup de leur marge de manœuvre.  L'activité est basse et incertaine partout dans le monde et inquiétante dans les pays développés.   

Ce G.20 a fait preuve  dès qu'il a été réuni  après l'éclatement financier, du meilleur esprit de coopération. Tous ses membres ont parfaitement compris que sans coordination et sans esprit d'unité, la récession tournerait à la dépression. Nous avons évité à ce jour cette funeste évolution.  Mais rien n'est gagné. L'inquiétude est partout devant une reprise économique réelle qui ne vient pas. Des tensions peuvent être constatées partout et sur tous les fronts.

Notre mission aujourd'hui est d'éviter que la stagnation s'installe dans l'instabilité générale avec des risques évidents de crispation et de mesures à l'emporte pièce destructrices du fragile équilibre actuel.  C'est notre urgence d'aujourd'hui. En même temps, nous devons absolument éviter le retour d'une pareille crise et corriger tout ce qui est à la source du malheur qui nous frappe depuis maintenant trois longues années.

L'explication de la crise doit être au cœur de nos raisonnements.  Sans diagnostic exact pas de thérapeutique efficace, ni à court, ni à long terme.

Ce diagnostic peut-il être formulé avec un certain degré de certitude ? Heureusement oui. 

Le monde a essayé depuis 1971 et la destruction du système de Bretton Woods une formule d'organisation monétaire nouvelle, qui jamais dans l'histoire n'avait été essayée : les changes flottants avec une monnaie de réserve internationale appartenant à une nation particulière.

Dès l'instant où cette formule a été mise en place, les "trente glorieuses" de la croissance presque continue, se sont évaporées.  Les années 70 verront ce qu'on a appelé la stagflation, c'est-à-dire une inflation à deux chiffres avec une stagnation économique de longue durée et de très graves difficultés pour ne nombreux états.  Tout cela se terminera au début des années 80 par une récession provoquée afin de mettre fin à  la dérive des prix.

Les années 80 ne seront guerre meilleures. Certes, on constatera pendant deux trois ans une forte reprise économique mais elle débouchera sur une bulle financière et immobilière de grande ampleur  qui finira par exploser et entraînera la crise de 92-93 qui, déjà, était la plus violente depuis la crise de 1929.

La décennie 90 sera traversée de crises financières et monétaires violentes, dont la crise dite "des pays émergents" fut l'acte le plus représentatif.  Des politiques monétaires laxistes ont permis  alors de surmonter ces crises mais au prix de nouvelles bulles et d'une nouvelle récession internationale au début des années 2000.

A nouveau il a fallu ouvrir toutes les vannes de la création monétaire pour tenter de la  surmonter. Nous avons à peine eu le temps  de revenir à une certaine normalité que cette fois ci le système financier et monétaire mondial explosait.

Le système de monnaies administrative et de changes flottants que nous avons mis en place de façon un peu aventurée à partir 1971 n'a jamais fonctionné. Et après quatre décennies d'échec, on peut légitimement craindre qu'il ne fonctionne jamais.  

Il est vrai que l'abandon  des dispositions de l'accord de Bretton Woods n'a pas été provoqué par des considérations doctrinales. Les changes flottants n'étaient pas un système recommandé par la science économique unanime. La simple consultation des grands manuels d'économie de l'époque montre que l'hypothèse des changes flottants était à peine évoquée, jamais conseillée.  On se contentera donc des affirmations d'un seul auteur qui affirmera que ce système aurait de merveilleuses conséquences : diminution des réserves de changes et moindre stérilisation du capital ; répartition optimale des capitaux mondiaux ; convergence des taux d'intérêt,  absorption plus souple des chocs externes, stabilisation d es taux de changes.
    
Ces  prévisions apparaissent aujourd'hui comme des fariboles. Jamais les réserves de changes n'ont été aussi hautes dans tous les pays ; jamais les écarts de taux d'intérêt n'ont été plus importants ; jamais les capitaux ont été plus dévoyés qu'aujourd'hui dans des opérations purement spéculatives  au détriment de la création de richesses ;  jamais les changes n'ont été plus volatils.

Les changes flottants n'ont jamais produit les effets heureux annoncés. En revanche, que d'effets pervers !

La conjonction des changes flottants et d'une monnaie internationale de facto basée sur une monnaie nationale a entraîné l'apparition de mécanismes délétères qui ont sapé l'équilibre de l'économie mondiale.

Le phénomène le plus grave est celui de la double pyramide de crédit décrit par le grand économiste Jacques Rueff et confirmé par le prix Nobel d'économie Maurice Allais.  La monnaie dominante pour  être utilisée mondialement supposait des déficits extérieurs permanents de balance de paiement , dont le financement ne pouvait se faire que par des souscriptions venant  de pays excédentaires.  Un tourbillon s'est ainsi créé où les pays excédentaires recevaient  des avoirs contre lesquels ils battaient monnaie locale mais ces réserves étaient aussitôt replacées dans le pays émetteur où ils justifiaient une nouvelle création monétaire.  

Cette valse dangereuse a eu des conséquences mortifères :  la première est le gonflement partout de l'endettement. A la veille de la crise de 2007, l'endettement global dans la majorité des pays importants dépassait les 300% et pouvait atteindre de taux encore plus importants chez certains.  Il est évidemment impossible de gérer durablement des taux d'endettement pareils.

Le système financier a, au moins dans un premier temps, fortement bénéficié de ce gonflement gigantesque de l'endettement : c'est lui qui le sert !   On a vu les résultats du secteur s'envoler et avec lui le niveau des rémunérations de ses personnels qui est devenu rapidement  indécent.  En même temps les changes flottants ouvraient la possibilité d'une économie casino  d'une  complexité toujours croissante.  La spéculation et l'importance des aléas nouveaux  ont entraîné une imagination technique non maîtrisée avec la création de  contrats de plus en plus obscurs et dangereux.     

Plus on augmente les prêts, plus ceux-ci sont spéculatifs, moins ils n'ont de sens dans l'économie réelle.  On ne peut pas avoir un système financier qui prend l'ascenseur pendant que l'économie réelle prend l'escalier.

Tous ceux qui avaient observé et compris ces mécanismes, à la vérité tellement massifs qu'on se demande comment ils ont pu être ignoré par le plus grand nombre des observateurs,  ont annoncé que l'explosion arriverait et qu'elle serait terrifiante.

Si le marché interbancaire s'est bloqué c'est bien entendu parce que chaque  banques savait que ses consœurs étaient comme elle-même gorgées de prêts aventurés, complexes, à l'issue incontrôlable.  Du jour où le système bancaire fut miné par la méfiance il était voué à s'écrouler et il le fit en moins d'un an.

Le monde ne peux plus fonctionner sur la base des changes flottants et d'une monnaie internationale qui soit celle d'une seule nation, qui a  théorisé la négligence qu'elle affecte et qu'elle pratique des conséquences internationales.  Quarante ans d'échecs et de crises pour aboutir  finalement à  une explosion dévastatrice  jugulée à grand peine  ont tranché la question. Cela suffit ! Stop !

Bien sûr, "la tyrannie de l'existant" pousse en ce sens, on peut essayer de juguler les conséquences sans travailler sur les causes.

C'est ainsi qu'on peut essayer d'encadrer le système bancaire pour que les prêts ne gonflent pas dans la double spirale décrite par J. Rueff.  C'est essayer de mettre un couvercle sur un volcan en gênant les financements d'investissements utiles sans empêcher les financements spéculatifs inutiles.

C'est ainsi qu'on peut tenter de réduire le caractère spéculatif , complexe et obscur de la finance internationale.  Mais cette complexité est liée à la complexité intrinsèque d'un système où les monnaies valsent en permanence. et où pour chaque transaction il faut s'inquiéter de l'évolution d'un marché particulier et des monnaies impliquées dans la transaction.  La complexité est un produit dérivé des changes flottants.

C'est ainsi qu'on peut tenter de fixer des règles quantitatives pour éviter que les déséquilibres dans un sens où un autre 'ne dépassent pas une certaine proportion du PIB, par exemple 4%. Mais si on conserve une monnaie nationale comme monnaie internationale , la nation concernée sera en déficit de paiement permanent et  de grande ampleur à proportion de la croissance mondiale. On sait que la crise est au bout. 

Toutes ces mesures trouveraient leur pleine efficacité si on supprimait d'abord la cause des difficultés.  Mettre en place un système de change fixe attaché à une monnaie internationale qui ne soit pas en même temps  une monnaie nationale,   avec des disciplines de type du premier accord de Bretton Woods, mais cette fois ci effectivement  supervisées, voilà la vraie solution.

Dès qu'un pareil système sera mis en place nous verrons disparaître l'économie casino, la guerre des monnaies, le gonflement imbécile de l'endettement, la complexité des  produits financiers, les sur rémunérations du secteur financier et l'instabilité générale .

Aussitôt la coopération remplacera les différentes guerres commerciales et monétaires et aussitôt le plein emploi partout pourra être recherché collectivement.

Oui, le G.20 a une fonction essentielle  : permettre la coopération en vue du plein emploi. Partout. Croire qu'on pourra gagner durablement des emplois en les arrachant aux autres est une folie.  Croire qu'on peut installer durablement le monde dans un sous emploi chronique sans conséquences, une faute morale et intellectuelle. Il faut une croissance concertée avec une responsabilité des états  vis à vis des engagements internationaux.   Cela passe aujourd'hui  prioritairement par la réforme du système monétaire international.

En s'attachant dès aujourd'hui à cette tâche exaltante le G.20 enverra quelques signaux forts au monde.  Il prouvera qu'il a compris les causes de la crise actuelle. Il prouvera que la solution est à portée de la main. Il rétablira immédiatement la confiance tout en mettant fin aussitôt à la spéculation effrénée et mortifère que nous connaissons sur les monnaies.  

Notre responsabilité est grande. Exerçons là, pleinement, avec courage et lucidité, ici et maintenant !

pcc  Didier Dufau



Les paris sont ouverts

Non, nous n'allons pas évoquer le choix du nouveau gouvernement maius attirer l'attention sur une position intéressante des courbes respectives du BDI et du Stanard et Poo 500.

Jamais l'écart  d'évolution n'a été si grand. Le BDI stagne alors que la bourse grimpe sous l'effet du plan de "Quantitative Easing" de M. Bernanke. La planche à billets fume. La peur vis à) vis de la valeur des monnaies explose. Le bâtiment voit ses prix se redresser et les bourses reprennent du poil de la bête.

Mais on sait que Jamais le BDI et le SP 500 ne divergent longtemps. Il va donc y avoir une correction.

Soit c'est l'activité qui repart avec un temps de retard et nous allons voir le BDI "skyrocketing"  soit c'est la bourse qui va connaître un ressac soit les deux mouvements vont avoir lieu en même temps. 

Les paris sont ouverts.

 

 



Le mythe de la Grande Réforme Fiscale (suite)

5. Un système fiscal en France absolument complet


On touche le patrimoine quand il nait, quand il est cédé, quand il est transmis, et simplement quand il est possédé. Tout le cycle de la richesse est verrouillé. On touche la consommation par la TVA et mille taxes spécialisées. On taxe le revenu du plus petit nombre mais frénétiquement.  Que reste-t-il qui ne soit pas taxé ?

Après s'être concentré après guerre, sous la pression socialiste, sur l'entreprise, avec une frénésie qui a provoqué la panne industrielle française depuis 1974, on se concentre maintenant sur les revenus de l'épargne et les pensions.

D'ores et déjà le revenu net d'impôts de nombreux placements est négatif.  Pensons à un beau local à Paris qui coûte 1 millions d'euros et rapporte, au mieux, du 3% en loyer. L'inflation entre 2 et 3 % prend déjà tout le gain. Mais ces trois pour cent entre  dans l'assiette de l'Impôt sur le revenu.  Prenons le cas d'une tranche marginale à 40% ! Le revenu net est maintenant négatif de 2.5%. Ajoutons l'ISF en tranche maximale : 1.8% = on perd 4.2% !  Après on plante de jolies tentes rouges sur la passerelle du pont des Arts à Paris pour se plaindre qu'il n'y a pas de logement.  Et les politiciens chantent : nous avons fait la loi Scellier, c'est-à-dire une "niche fiscale". Et les crétins la bouche en cœur expliquent qu'il y en a que pour les riches qui se goinfrent sur la misère du pauvre monde.

Soyons clair : si un investissement doit être fait à perte, il n'est pas fait. Point stop !


6. Un système fiscal irréformable sans en changer la structure

Lorsqu'on atteint un prélèvement moyen sur les grands cadres et entrepreneurs de 80%, il faut voir qu'une augmentation de 5% de la pression fiscale sur  le revenu de ces gens aboutit à une baisse de 20% du revenu disponible après impôt. Cet effet multiplicateur s'aggrave au fur et à mesure que le taux moyen s'élève.

Dire :" les riches paieront, il n'y a qu'à augmenter de 10% leurs impôts ; avec ce qu'ils gagnent cela ne changera pas grand-chose", est une immense sottise. Dans ce cas le taux moyen passera à 90% et le revenu disponibles des dits aura été réduit de moitié.  Personne ne souhaite ne conserver que 10% de son revenu. Cette considération explique pourquoi un nouveau train d'expatriation est en route. Il est dramatique de quitter son pays mais si cela permet de n'être taxé qu'à trente pour cent au lieu de quatre-vingt-dix, il  est difficile de résister.

Dans ces conditions aucune vraie réforme n'est possible.

Quelle serait l'objectif d'une "vraie" réforme ?  D'un point de vue économique ce serait de favoriser l'emploi, la croissance, la vitalité économique. D'un point de vue social ce serait de permettre la croissance du revenu disponible des ménages, et le retour de l'ascenseur social tout en permettant les aides temporaires au retour à l'activité en cas de malheur. Du point de vue écologique, ce serait de limiter les consommations polluantes ; du point de vue national ce serait d'éviter tout désavantage fiscal dans la compétition économique.   

Le dynamisme économique suppose que l'investissement soit facilité, le développement des entreprises possibles. Accabler les dirigeants, accabler l'épargne et l'investissement, accabler les salaires, accabler la valeur ajoutée, accabler les mutations, accabler les profits n'a aucun sens. On l'a fait pourtant. Et pour éviter le pire on a donné des avantages à des dispositifs qui n'intéressent que les dirigeants des très grandes entreprises et on a subventionné massivement des secteurs entiers comme la presse, l'automobile, la construction navale et aérienne, l'agriculture, la pêche, les transports, le syndicalisme etc.


Depuis 74 tous les économistes un peu sérieux disent qu'il faut transférer les charges qui portent sur le travail vers la consommation. Rocard a prétendu s'inscrire dans ce mouvement avec la CSG. Sauf que la CSG n'est pas un impôt sur la consommation et qu'il n'a rien transféré du tout. On a créé un prélèvement supplémentaire aujourd'hui à 12% du PIB tout en accroissant massivement la dépense publique   qui est la source de tous les maux actuels !   

La TVA sociale puisque c'est le nom actuel de cette suggestion est impraticable parceque nous avons déjà une des TVA les plus hautes d'Europe  et que pour avoir un effet sensible, aux niveaux de prélèvement concernés (60% de la masse salariales des entreprises), il faudrait une hausse si importante que l'on arrêterait la consommation et provoquerait une hausse des prix incontrôlable.

L'ascenseur social ne peut se remettre en marche que si le SMIC n'est pas augmenté de façon telle qu'il mange toute la hiérarchie des salaires et si le franchissement de seuils n'entraine pas des hausses subites et massives de la fiscalité.  Les mêmes raisons qui expliquent l'échec du RSA expliquent aussi pourquoi  bien des ménages ajustent leur quantité de travail pour ne pas entrer dans les cases fiscales confiscatoires.

La taxe carbone, la solution fiscale aux questions d'écologie, se heurte aux mêmes difficultés que la TVA sociale.  

Une vraie réforme ne serait possible qu'après avoir baissé les dépenses publiques structurelles d'au moins un tiers et l'endettement de l'Etat des deux tiers.  On pourrait alors mettre une place une fiscalité plus juste (aucune exonération d'aucune sorte, progressivité moins déraisonnable), moins cachée, plus régulière et ne nuisant ni à la compétitivité des entreprises ni au développement durable.

Une fois de plus la récession décennale nous met dans le chemin inverse : endettement explosif ; dépenses en forte croissance ; aggravation de la pression fiscale pour payer la facture de la récession. Et dès qu'on en sera sorti, on croira qu'on peut à nouveau dépenser à tout va.

Alors Messieurs les journalistes et Messieurs les politiciens, merci de ne JAMAIS parler de grande réforme fiscale "juste et efficace" qui serait "round the corner".  

Elle est en l'état impossible.

 

Didier dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Le mythe de la Grande Réforme Fiscale

 

Cela fait maintenant plus de quarante ans que le mythe du grand soir fiscal, de la grande réforme fiscale, de la remise à plat général de la fiscalité, du "grenelle de la fiscalité", enflamme l'imagination des journalistes et de certains politiciens.

Ce marronnier refleurit après chaque récession décennale. Les déficits se sont creusés : il faut trouver des recettes nouvelles car le cliquet joue à la baisse pour la dépense publique. Surtout il faut faire croire que "cette fois ci" le système enfin juste sera mis en place et que sont "les autres" qui paieront la hausse.

Personne ne regarde les dépenses publiques qui se sont gonflées les dix années précédentes dépassant largement le rythme de croissance du PIB et ont aggravé l'endettement. Ce sont les impôts qui doivent augmenter.

Cette augmentation doit être "juste", c'est-à-dire  grossièrement inégalitaire.
Mais cette augmentation doit être efficace, c'est-à-dire toucher tout le monde.
Cette contradiction conduit au mensonge, à la manipulation, à la démagogie, à l'ignominie.

Et suscite des vocations de Pic de la Mirandole de la fiscalité avec leurs facétieuses solutions de réformes fiscales  qui résoudraient tout en ne frappant personne. C'est si facile de prétendre tout demander à la fiscalité sans rien demander au contribuable !

Afin de permettre à chacun d'affronter ce débat biaisé et miné avec un peu de hauteur, voici quelques réalités le plus souvent ignorées ou occultées qu'il importe de garder en tête.

1. L'impôt est globalement progressif en France . Le taux de pression fiscale hausse rapidement pendant les phases de haute conjoncture mais baisse tout aussi rapidement pendant les phases de récession. La baisse de la pression fiscale depuis 2008 est due à 80% à la récession et à 20% à la loi Tepa. Ce qui veut dire qu'elle est provisoire même si on ne change pas les règles fiscales. Dès la reprise on retrouvera les taux intenables de la fin des années 1990.  

Il suffit de regarder la récession de 93, la première récession sévère depuis la guerre : le taux de pression fiscale baisse sous Balladur. Juppé se saisit d'une matraque fiscale que complète Jospin. Dès que la reprise se sera un peu établie entre 1997 et 2000 (en dépit de l'accident monétaire de 98) la pression fiscale explosera, dépassera les taux d'avant crise et  provoquera la querelle dite "de la cagnotte".

Le petit jeu politicien débile sera à droite de prétendre être responsable de la baisse de la pression fiscale et à gauche de prétendre qu'on a des marges de manœuvres.

2. Le leurre de la notion de "dépenses fiscales" ou de "niches fiscales".

La gouvernement a jusqu'ici  choisi d'augmenter les impôts de trois façons :

- en créant une nouvelle assiette fiscale : l'impôt sur les revenus du capital devant théoriquement financer le RSA

- en multipliant les taxes et le facturant de plus en plus cher les actes faits par la puissance publique ou les entreprises qui en dépendent.


- et en "limant" les niches fiscales.

L'ensemble de ces mesures sont supérieures en coût pour le citoyen moyen que les réductions de la loi TEPA qui étaient très ciblées et touchaient des circonstances (le petit héritage à la mort d'un parent, les intérêts d'emprunt).

Il faut au passage dénoncer avec force la notion de "dépenses fiscales" qui est le langage intéressé de la DGI, pas celui de la vérité.

A chaque création d'impôts nouveaux on limite sciemment l'assiette de l'impôt pour le rendre "acceptable". Lorsque l'ISF a été créé on a tout de suite vue que si on mettait le patrimoine artistique dans l'assiette il disparaîtrait aussitôt à l'étranger. On l'a donc exclu de l'assiette de l'impôt. On a eu raison. L'exemple de l'immobilier de luxe qui a été vendu pour 50 à 60% à des étrangers et des actions françaises, également détenues maintenant pour 60% par les étrangers, montre suffisamment qu'un impôt sur le patrimoine ne peut se boucler que par la vente d'une partie du patrimoine à l'étranger.  En terme fiscal, l'exonération des œuvres d'art est une dépense fiscale ! Alors qu'il ne s'agit que d'une mesure de sauvegarde.

D'autre part la pression fiscale est tellement énorme en France qu'on ne peut chercher à résoudre un problème criant qu'en la réduisant ponctuellement là où elle étouffe toute solution. Considérer ces mesures de sauvegarde comme des "dépenses fiscales" et des niches est absurde. Les éliminer revient à rétablir les difficultés qu'on avait essayé de limiter.

On comprendra que le vrai problème est le niveau ahurissant de la pression fiscale en France qui paralyse la pays. Au lieu d'augmenter la pression globale et de mettre un filet protecteur  là où cela crie le plus fort, il vaudrait mieux réduire globalement la pression fiscale. Mais les hommes politiques aiment bien créer de nouveaux impôts et de nouveaux dégrèvements. Ils montrent ainsi leur pouvoir à la montée et à la descente. Et ils tuent le pays !

3. Un niveau de pression fiscale aberrant.

On a l'habitude de mesurer la pression fiscale en rapport avec l'ensemble des prélèvements au PIB. On aboutit selon la conjoncture à des taux situés entre 42 et 45%.  Il faut rappeler encore et encore l'apologue de l'esquimau et de l'homme armé.

Un esquimau sur sa banquise pêcha un poisson. Pib de l'esquimau (évalué en poisson) =  1.
Un homme armé vit a passé et dit : "je suis l'état et je te protège!".  Il prit le poisson.
L'Insee des esquimaux compta :
- production pêcheur = 1
- prestation de sécurité de l'Etat = 1
- pression fiscale = 1 sur 2 = 50%.
Quand l'état prend tout et le dépense pour lui-même, le taux de prélèvement est de 50%.

Nous pouvons maintenant apprécier un taux de 45% !

Il veut dire que l'Etat prend "presque tout".

Nous avons démontré déjà plusieurs fois que les taux de prélèvements actuels par groupes sociaux sont à peu près les suivants :

- Travailleurs à 2.000 Euros par mois : 60% de prélèvements
- Travailleurs à 5.000 Euros par mois : 70% de prélèvements
- Indépendants, entrepreneurs, dirigeants à 15.000 euros par mois : 80% de prélèvements.
Selon la composition du patrimoine , l'ISF vient aggraver  en moyenne de 9% du revenu la situation (avec le bouclier actuel). On aboutit dans le dernier groupe  en moyenne à un prélèvement de près de 90% avec des pointes au dessus de 100% pour quelques dizaines de milliers de personnes.

Autre chiffre qui permet de confirmer cette réalité : les dépenses publiques sont en France depuis 1993 légèrement supérieures à la valeur ajoutée des entreprises privées du secteur marchand. Si on prend uniquement les prélèvements on abouti à un taux de 80%.

C'est un système intenable qui contribue à la stagnation de longue durée qui accable la France depuis 74 et l'explosion de "l'énarchie compassionnelle". 81 et le sinistre Programme Commun de Gouvernement ont achevé le travail.

4. Une pression fiscale habilement "cachée".

Comment a-t-on pu aboutir à un tel niveau de pression fiscale, spoliateur à l'extrême, sans révolte générale ?

La solution est très simple : complexité, concentration, habillage.

Tous les prédateurs qui prennent beaucoup d'argent pour peu de retour le savent bien : tout doit être si complexe et obscur que personne ne pourra voir la réalité. Le droit fiscal est d'une complexité effarante. Personne ne peut le dominer sans se spécialiser dans un secteur très délimité. Il devient donc impossible de faire des calculs simples présentant pleinement les réalités : trop de cas particuliers et de subtilités découragent.

Les impôts voyants et qui font mal sont tous concentrés sur une partie très étroite de la population. 600.000 personnes en France, soit moins de 1% de la population, paient 80% de l'Impôt sur le revenu et la totalité de l'ISF. Les autres ne voient pas ces impôts et n'imaginent même pas ce que paient "les riches". On leur laisse penser qu' "ils", les salauds, ont les moyens de se défiler pour ne rien payer. L'affaire Bettencourt ne va pas arranger les choses.  "Ils peuvent payer".  En vérité seuls une poignée de très grandes fortunes a l'entregent et les moyens d'organiser leurs relations aveec l'Etat. Les autres sont matraqués.

Pratiquement tous les autres impôts sont pour la grande masse des ménages invisibles et indolores.
.
Les prélèvements salariaux et patronaux sur les salaires ?  Ils sont énormes puisque l'entreprise donne en moyenne aux prédateurs étatiques 60 quand elle donne 40 au salarié.  Le salarié qui raisonne toujours en "salaire net" ne voit pas que ce qu'on lui donne est inférieur aux prélèvements auxquels il donne lieu. Le salarié crie : regardez mon salaire de misère ! Il ne se rend même pas compte qu'on a fait disparaître plus que l'équivalent de son salaire en charges. On a essayé de l'avertir en mettant la somme sur sa feuille de paie. Cette dernière est devenue tellement longue et complexe qu'il ne peut rien y comprendre. Le double fiscal du salarié français est une de ces réalités fondamentales que la presse et le monde politique tait avec obstination.  

La TVA ? C'est avec les prélèvements sociaux sur le salarié et l'entreprise, l'impôt principal. Il est invisible dans les prix de vente. Personne n'a le sentiment de le  payer, sauf l'entreprise qui doit faire à ce titre des paiements gigantesques. La peur de ne pas y parvenir est la hantise de tous les patrons de PME. Mais les bons esprits ont dit : vous n'êtes que collecteur ; vous ne payez pas ! C'est le consommateur qui paie. 

Les deux impôts principaux ainsi cachés et les autres concentrés sur 1% de la population on peut monter la pression fiscale sans trop de crainte de révolte.

Bien sûr les plus riches partent. Des milliards d'Euros en capital ou en revenu ont ainsi quitté la France. Pas un grand artiste, ou grand sportif, qui ne soit résident à l'étranger. Certains vont même jusqu'à venir crier "vive l'impôt" en France. pour bénéficier de l'ondoiement du politiquement correct fiscal majoritaire dans la presse. Alors les dégâts sont minimisés et on prétend qu'il s'agiit d'un phénomène marginal et immoral qui ne mérite pas de considération.  Et l'investissement national dans les entreprises s'effondre.

(à suivre)

Lâchetés

Il est toujours intéressant de faire retour sur quelques questions brûlantes sur lesquelles nous avions pris position au Cercle des économistes e-toile et d'en tirer leçon.


- ISF et bouclier fiscal

Voir ici

et là

Nous défendons depuis toujours la suppression de l'ISF, l'impôt le plus injuste, le plus néfaste, le plus ruineux et le plus stupidement idéologique qu'on ait jamais imaginé. Le bouclier fiscal a été conçu par MM. Chirac et Villepin pour ne pas avoir à toucher à cette vache sacrée du pseudo égalitarisme républicain. N. Sarkozy avait l'occasion de le supprimer. Il s'est contenté d'augmenter le bouclier. Tout lui retombe sur la tête aujourd'hui et les voix qui demandent la suppression conjointe de l'ISF et du bouclier fiscal sont majoritaires non seulement dans les rangs de la majorité mais également, selon les sondages, dans le pays.

On annonce cette suppression pour le collectif de 2011. Tout dépendra des détails. Si c'est pour taxer à nouveau le patrimoine , cela sera de la magouille politicienne sans intérêt.  La bêtise et l'ignominie  font souvent chemin ensemble avec le mensonge.

L'affaire Bettencourt sert de prétexte à faire croire aux Français que "les riches" ne paient pas d'impôts ou disposent de pleins de combines pour échapper au fisc. Rien n'est plus faux. Les beaux quartiers de France passent aux mains de l'étranger. Car des impôts sur le patrimoine se soldent nécessairement par la vente du patrimoine à l'étranger puisqu'ils ne sont plus liés au revenu et il faut bien trouver les ressources quelque part.

Déjà l'île Saint Louis appartient aux étrangers ainsi qu'une bonne partie du sixième et du septième arrondissement. Dans l'immense projet immobilier qui se commercialise à côté du Bon Marché sur l'emplacement d'un ancien Hôpital, plus de 75% des acheteurs sont étrangers. Paris devient une ville de pieds à terre et de touristes. Une frénésie s'est emparée des services fiscaux qui redressent à tout va les estimations en profitant des niveaux de prix de bulle de l'immobilier. Les Français fortunés recommencent à s'exiler. Tous les champions sportifs sont résidents hors de France. Tous les grands managers ne pensent qu'à s'exiler.  Et Nicolas Sarkozy pérorait il y a peu de temps : "La droite veut supprimer l'ISF ; la gauche veut supprimer l'ISF. Mais moi je conserve l'ISF" !  

Il n'y a pas pire sourd que celui que ne veux rien entendre. En attendant les idées que nous défendons depuis maintenant des lustres, le changement d'assiette de l'ISF,  sont reprises par tout le monde, le dernier en date étant Nicolas Baverez. Il y a 5 ans nous étions presque seuls.  Désormais c'est N. Sarkozy qui est seul.  En prime les étrangers qui achètent ces biens exigent et vont obtenir le bénéfice du bouclier fiscal dont ils étaient privés ! Tableau !  
Toutes nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.
 
- TVA sociale

Nous avons développé cette idée à la fin des années 90. Nous sommes parmi les premiers à l'avoir fait en démontrant que cet impôt permettrait de décharger le travail et donc favoriserait l'emploi. Depuis l'idée a été mise en place en Allemagne. La France après l'avoir caressée y a renoncé. pourquoi ? Parce que les charges sont si élevées que les taux de TVA deviendraient exorbitants. Une chose est de passer de 16 à 18% de taux de TVA pour supprimer deux points de Pib sur la production. Une autre est de passer de 20 à 28% de taux de TVA pour réduire d'à peine la moitié les charges sociales sur le travail. Si on se trouve en période de crise, la perte de pouvoir d'achat et de demande globale est immédiate et le gain potentiel ne peut être exploité par les entreprises privées de demande. Si, en prime, on vit une période de guerre des monnaies, les variations monétaires peuvent neutraliser tout le gain possible en une heure. Comme toujours ce genre de mesure ne peut pas s'improviser et impose une vision globale qui n'est pas possible en l'état actuel de l'organisation économique européenne et internationale. Rappelons que si nous devions, en France,  transférer tous les prélèvements sur la TVA collectée par les entreprises du secteur marchand nous aurions une TVA à près de 100% !

Toutes nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.  

- Echec du RSA

Voir nos trois artilces sur cette question ici, ici et.


Nous l'avions annoncé dès l'institution de cette fausse bonne réforme évidemment votée, comme toutes les sottises, quasiment à l'unanimité. Improvisée à la hâte, conçue par un sous ministre de piètre qualité, faussement testée, ne tenant pas compte de la psychologie des personnes concernées, cette réforme ne pouvait qu'échouer. La presse se remplit d'articles constatant que ce dispositif est sans intérêt. Il n'aura servi qu'à créer un impôt nouveau très lourd qui a plombé définitivement l'image de Fillon et de Sarkozy. Mesure politicienne visant à doter le candidat Sarkozy d'un argument social lors des élections présidentielles, elle n'aura même ce rôle médiocre.

Toutes nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.

- Echec de la RGPP

Voir notre article ici.


Nous avions expliqué dès le début que cette mesurette était une plaisanterie. Qui en doute aujourd'hui ?  Pas plus aujourd'hui qu'hier on ne peut réduire les dépenses publiques significativement par ce genre d'exercice.  La dépense publique quand elle est comme en France aussi gigantesque ne peut pas être "rationalisée". Elle ne peut être réduite qu'à la hache d'abordage et au bulldozer. D'autant plus qu'il ne se passe pas un jour où par clientélisme social, la maladie parasitaire de la droite et de la gauche dite "de gouvernement" en France mais aussi en Europe, on n'annonce pas un nouveau "cadeau peuple".

- Echec de la fausse réforme des 35 heures.

Au lieu de prendre la question bille en tête on a voulu finasser. Le résultat :  les dégrèvements fiscaux sur le SMIC sont toujours là et sont financées par la dette. La perte de compétitivité est également toujours là et se retrouve dans l'écart de croissance avec l'Allemagne et le gonflement de nos déficits commerciaux.

Toutes nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.

- Echec de la fausse réforme territoriale

Le "mille feuille administratif", la liberté totale laissée aux régions de faire ce qu'elles veulent en matière fiscale et de dépenses, une décentralisation non maîtrisée, ont conduit à des recrutements débridés dans les régions, sans compensation dans les services centraux et une floraison sans limite de "cadeaux de proximité au peuple".  Aucune réforme n'a été mise en place pour contrer ces évolutions désastreuses. La réforme envisagée intrinsèquement  indigente sera massacrée par les élus-édiles locaux pour la rendre totalement inopérante.

Nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.  

- Echec de la réforme des régimes de sécurité sociale.

Voir notre article ici.
On a vu que la remise en cause du petit risque et du traitement beaucoup trop généreux (remboursement à 100%) pour les maladies de longues durée n'a même pas été envisagée. La réforme était interdite. En même temps que la gestion de type Gosplan du Ministère de la santé et des Hôpitaux donnait à voir ses résultats dans l'affaire du H1N1.

Voici que le Parlement Européen, ce machin méprisé des peuples et qui veut redorer son image, décide d'accorder des congés maternité monstrueux  et aux seuls salariés (les travailleurs indépendants n'existent pas pour les fonctionnaires politiciens qui font les lois en France et en Europe) et qu'aussitôt notre Ministre de la Santé crie aussitôt qu'on va le faire et tout de suite encore. Coût ?  Entre deux et trois milliards d'Euros ! Deux fois la hausse d'impôt justifiée par le prétexte du RSA !  On est riche. Nous n'avons aucun problème. "Travaillez plus pour gagnez plus". Enfin quand vous pourrez. Pour le moment faites-en le moins possible et continuons à emprunter pour payer nos feuilles de soins. Nos enfants paieront.  

Toutes nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.

- TVA réduite sur la restauration : une mesure non durable

Voir notre article ici.

Nous avions montré que cette mesure n'aurait pas les effets escomptées et serait forcément remise en cause.  Nous y sommes.

Toutes nos félicitations aux lâches qui nous gouvernent.

Sur tous ces sujets sur lesquels nous avons prix position il y a maintenant deux ans, la réalité a été conforme à nos prévisions. Rien n'était fondé. Rien n'était solide. Rien ne pouvait être efficace.

La leçon de ces échecs : on ne peut pas faire semblant.   Quand on a choisi la lâcheté, il est impossible d'en sortir.  L'avilissement mène toujours à une avilissement plus grand.  

On dira : "lâcheté, mais c'est un mot bien laid".  C'est le mot qui convient. La France aujourd'hui a sombré dans la lâcheté qu'on croit compenser par des opérations image et une bêlante démagogie. C'est vrai à droite comme à gauche.  C'est vrai pour les dirigeants comme pour la plupart des commentateurs des médias principaux. C'est vrai pour les élus comme pour les électeurs.

Tout le monde savait quelle était la vérité sur les questions que nous venons de passer en revue. Tout le monde. Nous ne prétendons à aucune originalité ni aucune pertinence particulière. Jamais dans un conversation avec un seul élu, un seul dirigeant, et même un seul citoyen de base, les arguments que nous avancions n'ont été réfutés. Ils ont même toujours été largement admis.  Le propre du lâche en politique est de tenir deux discours. Dans le privé, la vérité. En public et au moment de la décision le faux semblant et la mesure démagogique nuisible mais facile, si facile.  

C'est la même chose pour les retraites dont une réforme timide, provisoire et insuffisante, a entraîné les mouvements ruineux et débilitants que l'on connait.  Tout le monde sait qu'il faudra monter l'âge où on peut solliciter une retraite à plein tarif à 65 ou 67 ans. On ne peut pas financer 40 ans de vie au crochet de la société avec 30 ou 35 ans de vie au travail trouée de périodes de chômage. Tout le monde sait que l'iniquité fondamentale du système actuel est entièrement due à la lâcheté gouvernementale qui accepte de payer à ses élus, ses fonctionnaires et aux troupes des syndicats qui cogèrent la nation,  des avantages extravagants qui écrasent le reste de la société et effondre ses capacités productives.

Oui il s'agit bien de lâcheté. Il faut voir l'étonnement glacé de tout ce petit monde devant les mesures prises sans frémir par David Cameron ou devant la réaction libertaire aux Etats-Unis face au risque de sombrer dans le socialisme à l'européenne que symbolise Obama et qui est un chemin effectivement sans retour.

Comment ? Un peuple, dans ses profondeurs, pourrait ne pas être intéressé par des cadeaux et des gratuités ? Comment ? Un gouvernement pourrait tenter vraiment de redresser une situation réellement compromise ?

Pour le lâche invétéré le simple courage est une curiosité qui le laisse perplexe.

Vive l'impôt ! Vive la dette ! Vive le chômage structurel ! Vive la grève !  Vive le déclin !  

Pendant ce temps là la France sort de l'Histoire et les Français de leur histoire.

 

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.

Monnaies et G.20 : ni guerre ni paix à Séoul, seulement la confusion.

Le 11 novembre 2010 se tiendra à Séoul une réunion du G.20 qui ne résonnera pas dans l'histoire comme une victoire. La réunion préparatoire des Ministres des Finances qui vient de se tenir à  Gyeongju, en Corée également, pour la préparer a démontré, une fois de plus, à la fois l'irréalisme doctrinal et l'emprise des relations de force nationalistes dans le domaine des monnaies.

Il existe chez certains une doctrine subliminale : les états sont mauvais ; ils ne font que des bêtises ; ils doivent laisser les marchés monétaires fixer librement le cours des changes et  aucun droit de douane ne doivent empêcher la libre concurrence partout et sur tous les marchés de biens et de services. Que la Chine laisse flotter le Yuan et que tous les autres s'abstiennent de lutter contre la hausse de leur monnaie et tout ira bien. Et continuons le cycle de Doha ! Au milieu du désastre général…

La suite logique de cette doctrine est que la Chine est la seule cause de la crise et que les licences prises par certains pays pour gérer leur cours de change sont une erreur qui doit cesser.  

Tout cela se passe dans un pays qui a choisi une politique "win-Won" comme disent les humoristes monétaires (il y en a), c'est-à-dire qui a dévalué tellement fort sa monnaie au début de la crise qu'il a mis en difficulté le Japon et bon nombre de ces concurrents en gagnant des parts de marchés dans un commerce international brusquement freiné.  

Tout cela se passe au moment où les Etats Unis qui possèdent de facto la monnaie de réserve internationale se lancent dans une politique de création monétaire à tout va et font flamber la planche à billets entraînant à la baisse le cours de sa monnaie, tout en exprimant, par la voix de Timothy Geithner, qu'on devrait réguler les changes avec des normes.

Autrement dit, les monnaies ne peuvent pas être laissées à la seule discrétion des marchés et des politiques nationales égoïstes. La norme, si elle a un sens, obligerait les états à prendre des mesures pour les respecter. C'est donc qu'ils en ont le pouvoir. Et qu'ils peuvent effectivement mener des politiques efficaces en ces sens.  

Voici donc les Etats-Unis qui expliquent que les forces du marché ne peuvent pas jouer librement et qu'il faut que les Etats fassent leur devoir pour respecter leurs partenaires ! Au moment où la FED fait exactement l'inverse. Défense de rire !

La Chine pour sa part explique, à juste titre,  que les dérèglements viennent de la politique monétaire américaine qui inonde de liquidité le monde entier  provoquant des bulles de crédits qui explosent pour le grand dommage de tout le monde et que de toute façon, ce grand pays a besoin d'une croissance forte pour des raisons intérieures et qu'il compte toujours l'obtenir par une politique mercantiliste d'exportation favorisée par un Yuan sous évalué.

"Puisque nous sommes dans une foire d'empoigne dans le domaine des monnaies", semble dire la Chine , "voyez mes muscles ! Mon marché intérieur est l'espoir de vos entreprises ! En attendant vos marchés intérieurs sont la réalité de mes industries. Comme je suis immensément bonne, je vous consentirai, peut être, si vous êtes bien gentils, une minuscule hausse du Yuan pour calmer le jeu et marquer ma bonne volonté".  

Défense de rire jaune.

L'Europe est complètement coincée dans des réunions de type G.20 où elle est minorée, divisée, et prisonnière d'un système de pensée qui veut que les changes ne flottent pas chez elle mais que le cours de l'Euro ne soit la responsabilité de personne !  Elle n'a pas de doctrine ; elle n'a pas de politique ; et les intentions des états constitutifs sont divergentes. L'Allemagne est pour la déflation compétitive. Le Royaume Uni pour la dévaluation compétitive. La France elle est pour l'agitation verbale sans but et sans moyen.  L'Europe dans sa configuration actuelle est donc toujours sûre de perdre au G.20. Le président Français peut toujours croire qu'un activisme fondé sur aucune doctrine et aucune base politique ferme, peut être l'occasion d'opération image bénéfique.

On est dans l'illusion. Une politique réussie suppose TOUJOURS  des idées claires (et donc une base doctrinale précise) et des institutions idoines. La France et l'Europe n'ayant ni l'un ni l'autre sont les victimes désignées du G.20.

Le G.20 n'a pas plus les idées claires. En contradiction totale avec ses recommandations de non intervention sur les marchés de biens et de monnaie, il augmente les réserves du FMI et lui demande "de contrôler les comptes courants de chaque pays, pour s'assurer que les surplus commerciaux se maintiennent à un niveau soutenable".

Alors que cette mission est déjà dans les statuts du FMI mais qu'il n'a plus aucun moyen de faire respecter des "niveaux soutenables" depuis l'abandon des disciplines du système de Bretton-Woods.

"Statuts du Fonds monétaire international
ARTICLE IV - Obligations concernant les régimes de change
Section 1. Obligations générales des États membres

Reconnaissant que le but essentiel du système monétaire international est de fournir un cadre qui facilite les échanges de biens, de services et de capitaux entre nations et qui favorise une croissance économique saine, et qu'un objectif principal est d'assurer de façon continue les conditions de base ordonnées nécessaires à la stabilité économique et financière, chaque État membre s'engage à collaborer avec le Fonds et avec les autres États membres pour assurer le maintien de régimes de change ordonnés et promouvoir un système stable de taux de change"

En un mot les statuts du FMI sont totalement en contradiction avec les objectifs de non intervention qui viennent d'être rappelés à Gyeongju ! Mais on lui demande malgré tout de s'en inspirer pour conseiller le G.20 !

Comprenne qui pourra !

Rappelons une fois de plus que la Grande récession que nous vivons, troisième  épisode d'une genre de plus en plus catastrophique après 1973-1974 et  1992-1993 est entièrement due aux conséquences d'un système de changes flottants non régulés où les puissances économiques dominantes exercent des politiques nationalistes exacerbées au détriment du monde entier, où l'émetteur de monnaie mondiale se dit indifférent aux conséquences de sa politique monétaire, où la création monétaire sans objet  créée ex nihilo par les défauts même du système, où le mécanisme de la double pyramide de crédit décrite par J.Rueff s'emballe périodiquement par sa propre dynamique, où la spéculation née de la complexité ainsi créée et d'une déréglementation folle de la finance fabrique un monde artificiel entièrement décalé des échanges de biens.

Ce qui veut dire qu'on aurait pu éviter la crise en revenant aux disciplines de Bretton Wood, corrigées des défauts que les déséquilibres de la guerre avaient rendu inévitables, et qu'on ne pourra en sortir qu'après l'avoir fait.

Pour l'Europe le choix est clair. Ou elle en vient à des structures de décision de politique économique unifiée en accord avec une monnaie unique et à une politique unifiée, où elle se morfondra sans l'impuissance et la stagnation.

La France, elle, enfoncée dans un anarcho-syndicalisme débile doublé d'un état obèse et impuissant et d'un amour exclusif pour l'impôt confiscatoire et la dette, mais incapable d'en voir les conséquences mortifères,  continuera à sortir de l'histoire par une porte toujours plus petite.   

Rendons en passant  un petit hommage à Maurice Allais qui avait bien compris tout cela et il y a longtemps : " ce qui doit arriver arrive". Tout aurait pu être évité. Rien ne sera évité. Et des milliards d'hommes souffriront plus que nécessaire.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

 

Maurice Allais : convergences et divergences

Maurice Allais était de la race des économistes qui s'exprimaient et qui considéraient que l'économie politique devait aider à éviter les catastrophes. Sa voix a été étouffée dans la presse et les médias radiotélévisés. Mais elle comptait pour les économistes qui pensaient que tout n'est pas indifférent en économie et que les erreurs se paient cher.

Une crise comme celle que nous vivons a un prix extravagant, en perte de richesses et en drames humains. Elle aurait du être évitée. Le devoir des économistes existe. Le devoir des médias aussi. Avoir étouffé les débats économiques essentiels, s'être couverts du ridicule d'aller chercher des économistes anglo-saxons sans consistance réelle, transformant la France en toutou des médias américains, restera la honte indélébile des responsables des grands médias français.

Le débat se réfugie dans les blogs. Les questions posées par Maurice Allais étaient essentielles. Ses solutions étaient problématiques. Ce n'est pas en les enterrant dans le silence puis sous les fleurs nécrologiques  qu'on a fait avancer quoi que ce soit.

Le Cercle des économistes e-toile a toujours eu avec Maurice Allais des convergences mais aussi des divergences. Lesquelles ?

Maurice Allais considérait que la monnaie, ce qu'il appelait la dynamique monétaire, était absolument centrale en économie. Il y voyait la clé de bien des phénomènes et en particulier des cycles économiques. Nous partageons entièrement ce constat.
La monnaie est à la source même de la science économique. Les premiers livres d'économie se sont tous concentrés sur la question monétaire.  Ce domaine est actuellement en déshérence et la nullité règne dans notre enseignement économique sur tout le champ des questions monétaires et plus encore dans celui des relations financières internationales.  Malheureusement toutes les questions du temps se concentrent sur le problème institutionnel des relations économiques internationales et des changes !

Maurice Allais l'avait parfaitement compris et associait  réflexions institutionnelle, économique et monétaire. C'est absolument indispensable.  On voit aujourd'hui que ces questions ne peuvent plus être cachées sous le tapis  et combien les réflexions officielles sont pauvres pour ne pas dire inexistantes.  Quand DSK en est réduit à avouer que le FMI va désormais s'intéresser aux conséquences des contagions monétaires et financières, il ne fait que confirmer ce que tout économiste un peu sérieux ne pouvait que constater : une longue et  effroyable carence de la pensée a frappé les institutions économiques internationales.

Rendons grâce à Maurice Allais d'avoir inlassablement attiré l'attention du monde sur cet état de fait même si son combat a été mené en vain. Ce combat doit continuer et il importe que les économistes éclairent le chemin avec pertinence.

Est-ce que Maurice Allais avait raison sur tout dans le domaine de la réforme des finances nationale et internationale ?  Certainement pas.  

Une divergence fondamentale avec nous porte sur la création de monnaie. Maurice Allais en était arrivé à croire qu'une banque pouvait créer de la monnaie et enfler son bilan de son seul mouvement. Cela est faux et l'a conduit dans l'outrance.  C'est le système bancaire qui crée de la monnaie à partir d'un delta de création de monnaie qui provient soit de la banque centrale soit de la balance des paiements. L'intérêt doit donc se concentrer sur la politique des banques centrales et l'ajustement des balances de paiements, tout en empêchant les banques de dépôts de mettre en danger l'ensemble de l'épargne par des politiques aventureuses. Nous sommes, comme ce blog le montre dans de multiples articles, pour une certaine forme de spécialisation bancaire et quelques interdictions. Mais nous ne sommes pas pour l'étouffement de la création monétaire ni le blocage total de la transformation des dépôts en financements longs. Maurice Allais était trop systématique et allait trop loin dans le contingentement monétaire.  

Il voyait très bien que l'énormité des encours de dettes était insoutenable. Mais ils pensaient que cette énormité était le fait principal des banquiers. Le mécanisme principal, la double pyramide de crédits décrite par Jacques Rueff, lorsqu'une monnaie nationale à l'abandon devient la monnaie internationale, est autrement décisif dans l'étude de le gonflement délirant de la dette globale que l'action des banques. Diagnostic un peu décalé, mesures correctrices partiellement en porte à faux : Maurice Allais ne pouvait pas être totalement suivi.

Maurice Allais croyait aux cycles économiques. Nous croyons aux cycles économiques. Mais nous en avons une vision plus précise. L'observation nous laisse voir depuis plus de 200 ans un cycle quasi décennal à deux temps, un temps fort et un temps faible. Nous avons constaté depuis quarante ans que nous pratiquons cet exercice que ce concept cyclique était parfaitement opérationnel pour anticiper les crises majeures. Nous ne nous sommes jamais trompés depuis 1987.  Maurice Allais n'avait pas une boussole aussi précise. Il en est résulté des erreurs d'analyses. La crise de 1987 qu'il avait qualifiée de début de la grand crise monétaire inévitable n'était pas sur la courbe cyclique. Nous l'avons écrit. Nous pensions qu'une crise sévère arriverait plus tard au début des années 90. C'est bien ce qui s'est passé. Et Maurice Allais est passé pour une Cassandre qui prenait ses désirs pour la réalité. Même chose en 98 où nous avons écrit que la crise du dollar (appelée ridiculement la crise des marchés émergents) était un épiphénomène et que la vraie crise cyclique aurait lieu en 2000-2001 et qu'elle serait modérée. Ce qui fut le cas. Cette deuxième erreur de diagnostic a coûté beaucoup de crédibilité à Maurice Allais. Du coup, l'âge aidant également, il n'a pas vu venir celle de 2008 que nous avons annoncée avec force coups de trompettes.  

Lorsque le système monétaire international débile que nous subissons  a conduit les principaux pays à accumuler des dettes globales supérieures à 400% du PIB et qu'approche la crise périodique sévère, il est certain que la crise va être très grave. Quand partout des bulles absurdes menacent d'éclater, le doute n'est plus permis. Maurice Allais avait globalement raison : ce système ne pouvait que finir en récession mondiale majeure. Mais il lui manquait  la finesse du conjoncturiste pour voir la vraie échelle de temps et il a raté la synchronisation de ses analyses  avec la réalité.

Un autre point clé de la pensée de Maurice Allais est la question du libre échange. Son combat l'a emporté très loin sur ce sujet où sa pensée était plus subtile que ce que les groupes divers qui se sont emparés de ses idées en ont fait. Il n'était absolument pas opposé au libre échange, bien au contraire. Mais il considérait à juste titre que le libre échange avait des conditions. Crier comme un cabri "libre échange, libre échange, libre échange", sans jamais discuter des conditions d'efficacité de ce libre échange n'est que ruine de l'âme et pas que de l'âme. Sur ce point Maurice Allais avait entièrement raison. Nous avons nous même inlassablement défendu l'idée que le tarif extérieur commun européen était une absolue nécessité et que son démantèlement pratiquement unilatéral fut une énorme erreur.  En économie, comme en hydrologie, la brutalité des chocs est l'ennemi. Il faut des digues, des vannes et des canaux. Sinon le délicat dispositif des échanges se perd, emporté par un bouillonnement tumultueux d'eau sauvage.  C'est vrai aussi bien pour les échanges commerciaux que pour les échanges financiers. Les tempêtes ne sont pas meilleures en économie qu'en transport maritime.

La contradiction presqu'indécente entre une philosophie qui faisait d'un écart de 5% sur le front des droits de douane une horreur effroyable pendant que les monnaies voyaient leur change changer en quelques semaines de 50%, restera le symbole de la bêtise crasse du consensus de Washington.

Une politique de commerce international durable doit être nécessairement fondée sur un système monétaire international concerté, stable et durable.  Affirmer la liberté totale d'un commerce dégagé de toute contrainte  et d'une finance internationale sans entraves et contrôles, sans système monétaire international organisé,  est une totale absurdité.

Il fallait créer des blocs économiques et monétaires assurant leur convergence progressive. L'objectif était la liberté complète. Mais le chemin aurait du être balisé. Il doit d'ailleurs toujours l'être. L'absence de système organisé des changes a provoqué la crise et empêche actuellement la sortie de crise. On doit dépasser les querelles de puissance pour aboutir à une construction rationnelle. On n'en est loin.
En contrepartie, lorsqu'on est dans un système organisée, la liberté économique doit être totale. Nous avons défendu mordicus la directive Bolkenstein au sein de l'Union européenne.  Et il faut lutter fermement  contre les pratiques monopolistiques et oligopolistiques. Notre position sur ces point est autrement ferme que celle de Maurice Allais. L'espace économique européen doit être libre de toutes entraves. En même temps qu'une monnaie unique suppose une convergence économique bien plus grande sur presque tous les domaines. C'est la direction à suivre. Il faut construire l'Union, même si cela doit être fait sur une base confédérale et non fédérale.

Avec les autres blocs il faut être beaucoup plus circonspects. De ce point de vue là Maurice Allais a parfaitement raison.

Malheureusement son message a été brouillé par les récupérations auxquelles il a donné lieu. Maurice Allais a été imprudent. il a laissé des groupuscules ou des partis politiques plus ou moins douteux reprendre son message sans qu'il se distancie suffisamment.

Nous préférons mille fois l'attitude de James Tobin qui avait eu la surprise de voir son idée de taxe sur les transactions financières récupérée par des groupements soit disant "altermondialistes".  Il a pris ses distances de la façon la plus formelle avec l'idéologie, les objectifs et la pratique de ces instances qui lui répugnaient profondément.

Privé d'accès aux médias, irrité de constater que le seul prix Nobel français était privé de tribune sur des sujets où il avait conscience d'avoir parfaitement raison et où les enjeux étaient majeurs, il a accepté de se laisser non pas embrigader mais au moins associer aux campagnes de mauvais goût d'un Larouche et d'un Cheminade ; il n'a pas marque de réticence à voir Mme Marine le Pen emboucher son message avec les objectifs qui étaient les siens.  Il l'a payé d'un discrédit largement injuste. Ces idées valaient mieux que cela.

Nous mêmes au cercle des économistes e-toile, qui professons sur de nombreux sujets des idées qui vont à l'encontre des idées dominantes (ou de l'absence d'idées) prenons bien soin  d'expliquer en détail les différences qui nous séparent de groupes extrémistes qui peuvent avoir sur tel ou tel sujet des idées similaires.

La France est malheureusement le terreau des batailles idéologiques les plus sottes. Les faits ne sont plus étudiés pour ce qu'ils sont mais pour le degré de confirmation qu'ils donnent à des pulsions fumeuses. Les réflexions sont embrigadées pour leur faire dire bien d'autres choses de ce qu'elles veulent dire.  Nous contestons bien des analyses d'un Sorman ou d'Attac. Mais il nous arrive d'être d'accord avec des points exprimés par Sorman ou Attac.  

Pour eux ce ne sont pas la valeur intrinsèque des analyses qui comptent mais le degré de virulence qu'elles permettent à l'expression de leurs articles de foi. Pour nous c'est justement cette valeur intrinsèque qui nous intéresse et nous voulons qu'elle féconde les partis de gouvernement et l'opinion dominante, pas seulement les extrémistes de tous les bords.

Nous sommes certains que si Maurice Allais n'avait pas été mis sur la touche aussi grotesquement,  c'est au coeur de la réflexion politique et économique qu'il se serait adressé. C'est là qu'il fallait qu'il expose et s'expose. C'est là que le débat aurait du être ouvert.  C'est là que la France aurait pu apparaître comme en pointe sur des sujets cruciaux ignorés par les économistes américains qui tiennent le haut du pavé mais y disent à peu près n'importe quoi.    

Une dramatique occasion manquée.

Le débat continue.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Maurice Allais : souvenir d'une conversation aux effets durables

J'ai rencontré Maurice Allais une fois.

J'élaborais  alors une thèse de doctorat sur la "prévision à long terme". Je rencontrais des difficultés croissantes avec mon responsable de thèse, Bertrand de Jouvenel, car plus j'avançais plus je constatais qu'elle était impossible, cette prévision à long terme. Finalement nous nous séparerons lorsque je proposerais le titre "la prévision à long terme : un impossible espoir". Mais avant cela il fallait épuiser toutes les sources disponibles. Un collègue me dit : "Va voir un certain Maurice Allais. C'est un original. Mais au moins il te dira si les mathématiques sont capables de régler la question des prévisions à long terme : c'est un polytechnicien".

Par acquit de conscience je me présentais un matin à l'école des Mines où on m'avait dit qu'il exerçait. Nous étions début 1968, à une époque où le système de Bretton Woods commençait à se défaire mais avant les "évènements" que personne à ce moment là n'imaginait. Maurice Allais n'était pas très connu du grand public.  Je voulais simplement déposer le mot que j'avais préparé pour solliciter un entretien. L'appariteur me dit d'attendre un moment. Quelques instants plus tard Maurice Allais était là.

Il était dans la force de l'âge mais son port était déjà celui d'un académicien.  Il n'avait pas lu mon texte et me demanda ce que je lui voulais. Je l'expliquais en deux mots.

"Alors marchons", dit-il. Nous sortîmes sur le boulevard St Michel et prîmes la petite porte qui ouvre sur le Luxembourg, un peu plus bas.  Nous fîmes en 20 minutes un tour qui nous vit sortir par la porte donnant sur l'Observatoire avant de revenir à l'entrée de l'école des Mines.

Maurice Allais était à la fois impressionnant et extrêmement civil, sévère et accueillant. Tout était paradoxe en lui. Je souhaitais lui poser des questions. C'était lui qui ne cessait de me questionner.  On m'avait parlé de son approche mathématiques, il parlait psychologie et sociologie.  Il était de réputation  un théoricien et il abondait en réflexions pratiques. Son apparence était hiératique mais ses propos étaient emplis de passion.

Quelles sont les leçons que j'ai consignées après cette péripatétique expérience ? Elles me paraissent encore aujourd'hui d'une brulante actualité.  J'en cite quelques unes :

- La prévision à long terme est impossible même avec des outils mathématiques sophistiqués (il m'annonçait cela benoitement après que je lui ai indiqué  mon sujet de thèse : la vérité n'avait pas à s'encombrer de contingences aussi minces que mon désespoir devant le temps perdu !).

- La méthode Delphi est une sottise : concaténer des opinions fausses ou incertaines ne donnent aucune vérité (elle est aujourd'hui utilisée sous la forme du "consensus d'experts" dont on sait ce qu'il vaut notamment pour les prévisions boursières et les prévisions conjoncturelles).

- L'économie est une affaire de sociologie et de psychologie. Mais la sociologie et les comportements peuvent être mis en équation.

- La monnaie est l'affaire économique centrale et ses lois sont liées à la nature humaine profonde qui prise collectivement présente des constantes mesurables.

- La monnaie est une affaire trop importante pour être confiée aux banquiers et aux inspecteurs des finances qui monopolisent le domaine en France. Exception : J. Rueff, lui aussi polytechnicien...

- Le cycle des affaires existe ; il est une fonction de la capacité d'oubli des agents économiques. Son relais principal est la monnaie  via le comportement des offreurs de crédits bancaires et des porteurs d'encaisses.  

- L'économie ne saurait être une science sans quantification et sans abstraction. Elle doit fonctionner  comme toutes les autres sciences. Partir des faits est essentiel. Mais les faits ne sont perçus qu'à travers des concepts. Des concepts faux donnent une statistique inutilisable.  

Ceux de nos lecteurs fidèles reconnaitront sans difficulté  certaines de nos idées force...Elles murissent depuis 40 ans !

On présente parfois Maurice Allais comme un penseur sectaire. C'était tout le contraire. Il voulait que le modèle coïncide avec la réalité. Sans preuve expérimentale une théorie ne vaut rien. Beaucoup se sont mépris du fait du caractère volontiers altier et catégorique  de sa manière d'exposer les certitudes nées de ses travaux. On lui fait procès de théories un peu tirées par les cheveux ,"far fetched" disent les anglo saxons,  voire complètement lunatiques. Il est vrai que lorsque je l'ai entendu expliquer que les structures foncièrement périodiques de la nature conditionnaient notre manière de se souvenir et que les ondes dans lesquelles nos cerveaux baignent étant périodiques, c'est elles qui influencent le caractère cyclique de l'économie, j'ai senti en moi comme une réticence. Mais il admettait qu'il s'agissait d'hypothèses. La science n'est qu'une suite d'hypothèses dont seules celles qui fonctionnent demeurent. Sans hypothèses imaginatives pas de sciences.

C'est la seule rencontre que j'ai eu avec Maurice Allais. J'abandonnais peu après le sujet de thèse que m'avait suggéré  Bertand de Jouvenel : Allais avait raison, la prévision à long terme n'avait aucun sens ! La discipline finira par tomber dans l'oubli. Maurice Allais avait raison.

J'ai acheté tous les ouvrages d'Allais accessibles en librairie au fur et à mesure de leur parution. Son prix Nobel ne m'a pas surpris. Il était amplement mérité par ses travaux sur la théorie quantitative de la monnaie, même si les Nobels se sont décidés sur d'autres travaux, qui, à mon sens n'ont pas la même portée.  

Bien qu'il ait connu tous les honneurs, j'ai été surpris de constater qu'en France il n'était reconnu en rien, pour ainsi dire marginalisé. A un âge où beaucoup s'écartent des soucis de la vie publique, il a accepté d'entrer dans la mêlée.  Il l'a fait de façon tonitruante avec la certitude d'avoir raison et une profond dégoût de voir que, lui, le seul Nobel Français, était tenu pour un hurluberlu.  Sa contestation des changes flottants, de certaines pratiques des banques, de la disparition du tarif extérieur commun a toujours été parfaitement documentée et argumentée. C'est ce que j'aimais en lui : la capacité d'oser anticiper sur le futur, de prendre le risque d'être désavoué par les faits. Nous avons une collection d'économistes français ou taiseux ou champions de la rétrospective sans risque qui ne méritent que le dédain. Allais aura été quasiment le seul à prendre le risque d'annoncer des scénarios avant qu'ils ne produisent leurs effets. Grâce lui soit éternellement rendue pour ce courage.

Il n'a pas été compris. Bientôt des excités  ont exploité la réputation du Nobel pour cautionner leurs petites boutiques. On l'a vu Lepéniste, Larouchien,... En vérité il était Allais, un penseur libre mais qui avait compris que la profonde césure idéologique en France ne rimait à rien.  On se méprend généralement sur sa formule, tardive,  selon laquelle il était un libéral socialiste. Il voulait simplement dire que ce qu'il enseignait était indifférent aux doctrines et aux idéologies dominantes.  Si la monnaie était un bien collectif qui ne devait pas être laissée entièrement aux mains des banques, cela ne voulait pas dire qu'il était collectiviste. Si un certain protectionniste était nécessaire pour éviter des effets contreproductifs d'un commerce entièrement libre entre pays de niveaux de vie totalement différents et de niveaux de règlementations également différents, cela ne voulait pas dire qu'il était pour les monopoles et les mauvais coups portés au commerce par des gouvernements favorisant ses champions et des structures nationalisées obsolètes.      

Maurice Allais voulait le bien commun ; il était insensible aux idéologies ;  il pensait que l'observation était la seule maîtresse acceptable ; il croyait que lorsqu'on était sûr de ses théories il fallait en faire profiter le plus grand nombre.

Bien sûr il pouvait se tromper. Nous avions relevé en 1998 qu'il se trompait une fois de plus  sur la date de la grande crise qu'il prévoyait, comme il s'était trompé sur la nature de la crise boursière de 87. Nous pensions que cette grande crise surviendrait 18-20 ans après la crise de 1991-93, en application de notre théorie du cycle.  Mais qu'elle était en effet inévitable pour les raisons qu'il professait, et d'autres qui l'avaient été par J. Rueff. Curieux que les deux penseurs en économie dont les observations sont critiques pour mener une analyse pertinente de la situation d'aujourd'hui soient deux Français, polytechniciens et académiciens, qui ne furent des économistes qu'autodidactes et par passion personnelle et non de formation. Curieux que l'un comme l'autre attinrent les honneurs les plus élevés mais furent pratiquement rejetés, niés, oubliés par les médias saisis tout à coup par ce réflexe de dominés d'aller chercher leurs auteurs économiques à l'étranger, un des signes les plus sûrs d'une décadence dans l'ambition et la vitalité nationales.   

La crise qu'Allais anticipait parce qu'en effet "ce qui doit arriver arrive", est survenue en 2008. Nous l'avons prévue  et annoncée en détail aussi bien dans son calendrier que dans sa force dès 2006.  Maurice Allais s'était trompé deux fois. Il s'est tu cette fois là, concentrant son combat, à plus de 90 ans, sur le libre échange. Dommage ! Il aura fallu qu'il meurt pour qu'on s'aperçoive tout à coup que tout ce qu'il enseignait était au cœur des problématiques actuelles.

Le traitement infâme et injuste  de la presse quotidienne nationale nous avait conduit à stigmatiser assez durement l'article du Monde de 98  rendant compte du livre d'Allais  annonçant une future crise de type 1929  et qui se concluait sur un "nous voilà averti" bêtement ironique. Les mécanismes décrits par Maurice Allais étaient peu contestables même si nos explications étaient sur certains points divergentes. Ils ne méritaient ni ironie facile ni mépris. Le Figaro lui ne risquait pas d'être attaqué sur ses commentaires  : il avait retiré à Maurice Allais la tribune qu'il lui avait offert un temps et ignorait superbement ce qu'il avait à dire. L'occultation est toujours plus efficace que la critique morveuse.

Allais  a découvert la force terrible des tabous que même un Nobel français couvert d'honneur ne pouvait vaincre. Sa dernière interview à Marianne est terrible : le bal médiatique des économistes ignorants existe bien. Le fait qu'ils n'aient rien vu venir de la crise ne les empêche pas de pérorer toujours et encore. Et parfois ils ne sont pas seulement ignorants : ils trompent le monde sciemment.

C'est un thème qui nous est familier.

Que les médias aient réduit Maurice Allais au silence, notamment la télévision qui forme désormais l'opinion , est une grande faute.

Qu'on nous permette d'affirmer que c'est une des raisons de la création de notre Cercle et de notre blog. Il importe que des questions clés non abordées dans la presse ou travesties soient discutées par des économistes indépendants dans le langage du grand public.

Nous admettons avec plaisir et même honneur que nous nous situons dans le sillage de Maurice Allais, même si nos thèses sont parfois  différentes et à l'occasion opposées.

Quarante ans après, le tour du jardin du Luxembourg avec Allais produit encore sa petite musique.

FMI : l'incroyable aveu de DSK !

L'aveu fait par DSK dans son interviex au journal le Monde datée  du 8 octobre 2010 est tout à fait extraordinaire.

"Le FMI va commencer des études de contagion", dit-il. "Jusqu'à présent le FMI étudiait la politique monétaire des Etats Unis principalement en analysant ses effets sur l'économie américaine elle même".  Et il continue en remarquant qu'il procèdait de même sur la question des excédents Chinois.

On relit en se pinçant.  L'analyse des déficits américains et des excédents chinois n'était même pas unifiée !  La stratigraphie des services bureaucratiques  remplaçait l'analyse économique du monde par  des analyses exclusivement pays par pays.

Comment détecter alors ce qui est pour nous le source principale de la crise : la double pyramide de crédits  s'emballant entre la Chine et les Etats Unis, provoquant partout une inflation de dettes intenables, aggravées par l'instabilité structurelle des changes flottants. ?

Ainsi s'explique la complète faillite du FMI à comprendre et à prévoir quoi que ce soit. Nous avons dénoncé cette carence dans plusieurs articles sur ce blog dès 2008. Il faudra plus d'un an au FMI pour se re synchroniser avec la réalité.

Ce compartimentage absurde de l'observation et de la réflexion n'est pas le seul fait de la bureaucratie du FMI. Sa composante idéologique est évidente.  C'est le décalque d'une organisation qui veut que les banques centrales n'ont d'autres préoccupations à avoir que le niveau des prix de leur zone monétaire.

Les évolutions de changes et les mouvements financiers internationaux, qui sont justement  les vecteurs de la "contagion" dont parle DSK,   sont idéologiquement hors du champs  de l'observation économique et d'une quelconque responsabilité politique.  Les effets multiplicateurs croisés d'une monnaie de réserve américaine non gérée comme telle, d'une politique monétaire mercantiliste en Chine et de l'instabilité des changes flottants,  qui sont le coeur même des désordres ayant provoqué la crise  n'ont pas été observés parcequ'ils n'avaient pas à être observés pour des considérations idéologiques.  Nous retrouvons là la force destructrice du tabou.  Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

C'est sur cet aveuglement volontaire  que la postérité économique sera sans doute le plus critique. Il accompagne l'autre immense sottise qui veut qu'on se batte comme des chiffoniers sur un demi pour cent de droit de douane mais qu'on trouve normal et hors de discussion qu'une monnaie perde 50% de sa valeur par rapport à une autre.

DSK aurait voulu démontrer la nullité effarante des conceptions économiques dominantes, qui s'apparentent plus à la pensée magique qu'à une analyse scientifique des causes et des conséquences, il n'aurait pas fait mieux.  Il serait sot de croire que le changement d'attitude du FMI correspond à une prise de conscience radicale des changements de méthodes et de perspectives qui s'imposent. C'est bien là le plus grave.  La réflexion menée s'inscrit dans une école de pensée qui fait des subprimes la cause de la crise  qui se serait amplifiée par des phénomènes de contagion sous estimés.  DSK confirme cet aveuglement lorsqu'il dit : "il ne faut pas oublier le secteur privé qui est à l'origine de la crise". 

On reste dans ce charabia débile qui veut que par un effet papillon magique  le comportement de certaines firmes sur le marché immobilier américain aurait "par contagion" gangrené le monde entier.   On ne veut pas voir que la crise est systèmique  ; que les "subprimes" ne sont qu'un détail infime dans le décor de dettes immense qui s'étaient  accumulées  progressivement  du fait du comportement de certains Etats.  La non gestion du dollar bien que monnaie de réserve et le mercantilisme du gouvernement communiste chinois dans le chaos des changes flottants  n'ont strictement rien à voir avec le comportement d'entreprises privées.

L'erreur conduit DSK à une contradiction immédiate puisqu'il finit par admettre que "la surévaluation du Yuan est à l'origine de tensions sur l'économie qui sont en train de devenir une menace".   Comme si cette menace était nouvelle !  Elle l'est depuis 20 ans. Seulement voilà : les changes ne pouvant pas être un problème, il était interdit d'envisager la responsabilité du système des changes.  Rappelons le : la crise des changes flottants  de 1998, improprement appelée la crise des pays émergents, n'était que le fait du comportement de "cronies" dans la bouche des économistes de cour américains et de leurs suiveurs dans les organismes internationaux comme le Banque Mondiale et le FMI.  Ajouter l'injure à la bêtise n'a jamais gêné qui que ce soit dans le domaine de l'analyse économique et monétaire internationale.

DSK n'a toujours rien compris. Il flotte comme un bouchon au gré des pulsions de ses mandants principaux.  Il fait de la politique. Rien d'autre.  A cause de cela le FMI est toujours à côté de la plaque. Son explication de la crise est nulle. Ses méthodes sont encore paralysées par l'idéologie des monnaies administratives gérées par des banques centrales indépendantes se concentrant sur l'inflation dans leur zone monétaire et dont la valeur est déterminée par "les marchés financiers".   Dans cette optique, la seule réforme demandée est que le Yuan flotte.  Pendant qu'on s'enquiert des phénomènes de contagion des crises bancaires et des moyens de les enrayer.  On a pourtant vu que tout le vacarme sur les bonus, la comptabilité, les agences de notation  n'ont abouti à rien de décisif.

L'interview de DSK montre qu'alors que le système des changes est partout sous tension et que les politiques monétaires désormais s'écartent sans honte du consensus de Washington,  le FMI traîne encore à l'arrière du front, alors que sa mission originelle dont il n'aurait jamais du s'écarter, était de conduire les états à s'inquiéter du potentiel de désastre contenu dans des politiques monétaires et de changes non synchronisées.

Le pompier n'est pas devenu pyromane.  Il avait la tête ailleurs.  Il vient de découvrir que quand le champ brûle il est bien possible que la forêt d'à côté peut aussi flamber.  Grands Dieux : il y a eu contagion ! Est-ce possible !  Et le village a fini par flamber aussi ? Tiens donc, quel intéressant  champ de nouvelles réflexions !  Alors que le climat avait été sec  depuis des années et que tous les campeurs du coin multripliaient les  barbecues !   Ne serait-ce pas ce barbecue à mergez qui aurait mis le feu en premier autour duquel s'agitent des types avec de drôles de têtes patibulaire ?  Sûrement si. Attaquons nous au goût pour les mergezs,  à la norme du barbecue et à l'organisme qui donne des notes de sécurité au barbecue.

La sécheresse ? L'inflamabilité générale ? L'absence de tout mécanisme permettant de contrôler les évolutions du feu entre les champs et le village ?  Allons : cela notre idéologie nous interdit d'y penser.

Et on en est encore là trois ans après une crise  qui a fait des dégâts gigantesques et dont la sortie n'est pas encore acquise.

Et pendant ce temps là en France les nigauds dressent un autel à DSK !

Le Français né malin ...

 

Didier Dufau pour le Cercle des économsites e-toile.

Psychologie de la crise : le tournant de l'automne 2010

L'automne 2010 restera comme la période de la faillite des illusions.

Pour les économistes, l'idée reçue était qu'en laissant filer les déficits et en gavant l'économie de monnaie, on éviterait mécaniquement la récession intense et longue, menant à la dépression. Il n'était nécessaire d'avoir ni  un diagnostic précis de la crise, ni une analyse soignée des mécanismes de sortie de la récession. L'important était de prendre des mesures ensemble et de rassurer l'opinion, cette chose si fragile dont il faut en prendre un soin constant par des mesures d'affichage.  On vit donc les pays du G.20 se refuser, dans les mots,  à la guerre commerciale et envoyer leur plan de relance commun.  

Deux ans après l'effondrement de Lehman Brothers le système bancaire a été certes partiellement pansé et les économies ont talonnés. Mais la reprise n'est pas là. La stagnation s'est installée. Le chômage est très élevé et ne régresse pas.  Les Etats sont paralysés : relance folle ou sagesse déprimante de la restriction budgétaire ?

Les économistes officiels et universitaires qui n'avaient rien vu venir de la crise et qui même l'avaient niée, sont perplexes. On voit un keynésien comme Krugman, célèbre simplement comme éditorialiste économiste de gauche, décidé à jouer une espèce de va-tout budgétaire qui va bien au delà des idées de Keynes et tueraient les Etats.  La rive des économistes de Chicago glose sur la glorieuse incapacité de l'Etat à agir durablement sur l'économie et exige  un état léger avec des potions libérales qui appliquées  tueraient le malade. En un mot les économistes de média et de cour qui s'expriment ne savent plus quoi dire.  Ils n'avaient rien compris à la crise ; ils ne comprennent toujours rien à la sortie de crise. Et la crise a maintenant trois ans, car les Etats Unis sont entrées en récession en 2007, rappelons le et le premier épisode du blocage général a été le verrouillage des marchés interbancaires  en juillet de cette là.   

Tout le monde voit bien qu'on vivait dans un système impossible. Aucune réforme n'a été faite. La reprise s'avère tout aussi impossible.

Alors des pans entiers de conceptions purement idéologiques s'effilochent quand ils ne tombent pas dans un grand fracas.   

La monnaie et les devises, ce n'était pas important. Il fallait se battre pour un demi point de droit de douane mais on pouvait dévaluer sa monnaie de 50%,  ce n'était  pas grave. Cette immense sottise , confinant au grotesque pur,  commence à apparaître pour ce qu'elle est. Il n'y a pas de marché libre des devises. Il n'y a jamais eu de changes  réellement libres. On faisait semblant d'y croire.  Martin Wolf parle de guerre des monnaies comme si c'était une nouveauté. La guerre des monnaies est permanente depuis 71. La seule chose, c'est qu'on regardait ailleurs et on faisait semblant de ne pas la voir.  Personne ne jouait le jeu pas plus les Etats-Unis et son "benign neglect" que la Chine dont on acceptait tout par fascination de son marché intérieur. Les changes étaient devenus un lieu de pure domination et de conflits de pouvoirs. La double spirale de création monétaire aux Etats-Unis et en Chine  qui provoquait un effroyable gonflement des endettements partout dans le monde était jugée "naturelle", alors qu'elle était entièrement artificielle et malsaine. Certains parlaient même d'un nouvel équilibre économique du monde, un nouveau paradigme comme disaient les pédants. Comme si un médecin déclarait qu'une tumeur cancéreuse était la marque d'un développement sain et la preuve d'une santé de fer.  

Toute cette sottise est désormais appréciée pour ce qu'elle est : une ânerie et un danger.  Les relations de puissance dans le domaine monétaire qui s'étaient substituées aux relations de coopération de Bretton Woods,  prennent un tour voyant.  Il faut dire que jamais les prévisions de Milton Friedman ne se sont révélées plus fausses.  Les réserves monétaires des Etats sont au plus haut historique. Les changes ne sont pas stabilisés mais en pleine folie. Les écarts de taux d'intérêt sont les plus hauts jamais enregistrés. Les changes flottants, c'est à dire laissés aux relations de puissance et à la spéculation, sont au cœur du déclenchement de la crise et maintenant empêchent la reprise. Et les gouvernements ne se cachent même plus d'intervenir massivement  sans faire semblant que ce sont "les forces du marché" qui forment les cours.  

La complainte monétaire est partout : la Suisse et le Japon sont asphyxiés par la pression qui s'exerce sur leur monnaie au moment où la panique conduit à planquer son épargne dans des monnaies sûres.  Le Brésil découvre que son miracle était d'essence essentiellement monétaire : les effets de la dévaluation du Real se terminent. “Nous sommes en pleine guerre des monnaie, un affaiblissement général des devises. Cela nous menace parce que cela nous prive de compétitivité internationale dit Guido Mantega, le ministre des finances du Brésil.  Qui disait que le Brésil était un paradis sans nuage ?

La Chine tremble de plus en plus pour son indécent  magot mercantiliste, au point d'en investir un bout en junk-bonds grecs !  L'Europe qui avait bénéficié au second trimestre d'un petit coup de fouet monétaire lorsque l'Euro était redescendu à 1.25 dollar est à nouveau étouffée par un dollar à près d'1.40.  

Plus personne ne croit que les changes fixent leurs cours de façon naturelle et que la main invisible représente la sagesse économique dans ce domaine. Le tabou des changes flottants n'est pas tombé. On n'entend encore aucune voix officielle pour annoncer la mort de cette catastrophe idéologique.  Mais la foi dans cette religion est morte. Personne n'y croit plus.  

La conception selon laquelle il fallait abaisser tous les droits de douanes jusqu'à un niveau proche de zéro, empêcher toutes les restrictions aux services, en même temps qu'on laissait à des banques centrales indépendantes le soin de produire de la monnaie administrative dont la valeur s'établirait librement sur un marché libre, cette conception là est morte.  

L'ennui pour l'Europe c'est qu'elle a bâti son architecture monétaire sur cette erreur monstrueuse.  Si la valeur des devises doit désormais être défendue par les états dans le cadre d'une coopération structurée, la BCE se retrouve toute seule dans le froid avec une mission totalement décalée. Personne n'osera le dire car c'est tout le projet Européen qui serait en balance au dessus du vide.  L'Europe n'a plus le choix : soit c'est la fuite en avant vers des éléments d'état fédéral dans la gestion économique, avec la création d'instances qui pourraient dans le cadre d'accords internationaux monétaires garantir des engagements de stabilité, soit c'est l'éclatement. Naturellement cette énorme problématique n'est discutée nulle part aussi franchement.  Mais l'opinion diffuse est que les structures européennes sont maintenant caduques.  On fait encore semblant de croire que la BCE indépendante,  chargée seulement de contrôler que les prix moyens à la consommation en Euroland ne dérapent pas, est une bonne institution. Ici encore la foi a évacué l'église.

Comment réagit l'opinion ?  Depuis le début de la crise nous disons : attention à l'impatience des peuples après deux ou trois ans de crise. On se rappelle qu'à l'automne 2008 la majorité des gens regardaient la crise comme un spectacle extérieur qui ne les concernait pas. Deux ans plus tard le décor a entièrement changé.

Les populations protégées voient bien que les protections dont elles bénéficiaient sont largement illusoires. Un peu partout les fonctionnaires voient leurs privilèges gravement érodés. On n'hésite plus à revoir leur durée de travail, journalière, mensuelle et la date de leur départ à la retraite. Pire, les niveaux de rémunérations et de pensions deviennent des variables d'ajustement budgétaires. Les populations qui pouvaient se croire totalement à l'abri intègrent tout à coup qu'elles sont aussi concernées.

Les familles voient leur moral attaqué à la fois par la perspective d'une aggravation fiscale importante, des possibilités de chômage de longue durée incontrôlables et surtout par le sentiment que leurs enfants feront partie d'une sorte de génération sacrifiée. Plus de 30% de la classe des élites universitaires et des grandes écoles restent à quai à la fin d'études de plus en plus longues et coûteuses. Les plus dynamiques ont cru qu'en toutes circonstances ils s'en sortiraient, grâce à leur savoir faire, leur réseau, leur ouverture au monde et leur bonne volonté.  Cette foi vacille.

Les épargnants sont tétanisés.  Leurs gestionnaires croient que la licence monétaire de la FED va entraîner une formidable inflation. On ne cherche même plus le rendement. Seulement la protection. Comment ne pas tout perdre ? C'est la fuite généralisée devant les monnaies. L'or vient de passer au dessus de 1300 dollar l'once, venant de 800 au début des désordres.  La fiscalité sur l'épargne est clairement la voie choisie par les gouvernements pour trouver de l'argent frais.  Pour tous c'est la perspective non seulement d'une stagnation mais de la confirmation des pertes acquises et de prélèvements nouveaux.  

Les salariés européens et notamment français voient leurs perspectives se boucher chaque jour d'avantage.  Personne ne voit poindre la reprise. On tremble pour son emploi. On tremble pour la réduction de certains avantages acquis.  En même temps qu'on parle d'une retraite plus tardive on craint qu'elle finisse amputée.  A la peur du lendemain s'ajoute la peur du surlendemain.

Le monde, l'Europe, la France sont désormais dans une psychologie de crise avec à la fois un basculement des idées dominantes dans le discrédit,  une peur réelle et un début d'intolérance. Bientôt on verra apparaître la haine, dont les titres des magazines donnent en France un avant goût.

Nous entrons dans la période de tous les dangers.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Baltic dry index et lecture de la conjoncture

Nous avons toujours été ici des avocats de la lecture du Baltic dry index pour comprendre vite ce qui se passait à l'échelon mondial. Ce n'est certes pas un instrument de prévision mais il donne des tendances qui lorsqu'on les examinent avec le recul  s'avèrent très significatives.

Qu'on examine le tableau donné ci dessous produit par Investment tools. com, la providence des économistes indépendants.

 

On voit parfaitement :

- l'effondrement vertical du commerce mondial à partir de fin juillet 2008, avant même la chute de Lehman Brothers.

- lla stabilisation à un niveau bas du début 2009.

- la reprise due aux reconstitutions de stocks et aux plans de relance du printemps 2009 qui s'effrite pendant l'été.

- le très bon automne 2009 lié aux plans de relances, notamment en Chine

- le très mauvais premier trimestre 2010

- la bonne surprise du second trimestre 2010 qui s'épuise en juin.

- la stagnation actuelle à un niveau décevant qui explique les inquiétudes générales sur l'avenir. 

 

On voit bien que les reprises ont été purement et simplement techniques ou artificielles. Le commerce international n'a pas retrouvé un vrai moteur et de vrais courants. 

Les Etats ne sont plus en état d'envoyer des plans de reprise importants. Si les Etats Unis le font ils font provoquer une telle baisse du dollar que le système risque de s'effondrer et que l'inflation pour le coup risque de réellement menacer. L'angoisse monétaire bloque la conjoncture mondiale.

On ne sortira pas de la crise sans stabilisation immédiate des monnaies et sans supprimer la panique destructrice qui règne depuis 2007 sur les marchés moéntaires et financiers. 

 

Sinon le profil en L que le BDI index nous montre a quelquies chances de durer encore, sans préjuger d'un retour de la récession.

 

Didier Dufau popur le Cercle des économistes e-toile.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Commentaires sur le manifeste en 22 mesures des "économistes atterrés"

Des économistes se prétendant "atterrés" ont présenté un programme de 22 mesures. Les économistes officiels ne le commenteront pas.  C'est dommage. Il faut toujours débattre en économie.


Voici nos commentaires.  


Nous rappelons d'abord le texte du manifeste (fausse évidence et mesure proposée)  puis nous donnons notre réponse

Fausse évidence n°1 : Les marchés financiers sont efficients
·    Mesure n°1 : cloisonner strictement les marchés financiers et les activités des acteurs financiers, interdire aux banques de spéculer pour leur compte propre, pour éviter la propagation des bulles et des krachs


Le vrai problème est d'éviter que les dépôts des particuliers et des entreprises servent à des spéculations pour compte propre.  Il ne faut pas interdire les opérations pour compte propre mais elles doivent être effectuées par des organismes financiers distincts des banques de dépôts et  qui travailleraient sur leur capital. En cas de faillite, ces organismes ne seront pas sauvés par l'état au nom de la défense des dépôts.
 
·    Mesure n°2 : Réduire la liquidité et la spéculation déstabilisatrice par des contrôles sur les mouvements de capitaux et des taxes sur les transactions financières

Les contrôles financiers n'auraient de sens que dans le cadre d'une défense concertée des valeurs des devises dans un système de change fixe. Le but serait alors de réduire des déséquilibres temporaires. Nous avons déjà dit ce que nous pensions de la Taxe sur les transactions financières.

·    Mesure n°3 : limiter les transactions financières à celles répondant aux besoins de l'économie réelle (ex.: CDS uniquement pour les détenteurs des titres assurés, etc.)

Certains types de contrats peuvent être réglementés. Mais limiter les transactions financières parce qu'elles seraient "le mal" n'a pas de sens. Notons qu'on ajoute à une taxe de type Tobin des interdictions physiques de contracter. On bloque totalement les échanges. 

·    Mesure n°4 : plafonner la rémunération des traders
La rémunération des traders est une conséquence pas une cause. On entre dans la chasse aux rémunérations : on commence avec les traders et on finit où ? 

Fausse évidence n°2 : Les marchés financiers sont favorables à la croissance économique
·    Mesure n°5: renforcer significativement les contre-pouvoirs dans les entreprises pour obliger les directions à prendre en compte les intérêts de l'ensemble des parties prenantes


Il n'y a pas de pire contre pouvoir que les consommateurs eux mêmes : s'ils ne sont plus là  il n'y a plus d'entreprise. La responsabilité de l'avenir économique d'une entreprise doit rester entre les mains de sa direction.  Il existe toujours pour ceux qui le veulent de monter des coopératives. 

·    Mesure n°6: accroître fortement l'imposition des très hauts revenus pour décourager la course aux rendements insoutenables

Les prélèvements représentent en France plus que la valeur ajoutée des entreprises privées. Avec des taux d'imposition pour les hauts revenus entre 80 et 100% si on prend toutes les charges en considération. Mesure d'affichage politique populiste comme pour la rémunération des traders. Aucun effet bénéfique pour personne. En revanche il faut unifier la taxation de toutes les rémunérations et éviter que certaines d'entre elles aient des fiscalités dérogatoires trop favorables. 

·    Mesure n°7: réduire la dépendance des entreprises vis-à-vis des marchés financiers, en développant une politique publique du crédit (taux préférentiels pour les activités prioritaires au plan social et environnemental)

Cela existe ; cela s'est toujours fait. Cela continuera à se faire. Les "activités prioritaires au plan social" sont un concept politique vague et ouvrant la porte au n'importe quoi.  
 
Fausse évidence n°3 : Les marchés sont de bons juges de la solvabilité des Etats
·    Mesure n°8 : les agences de notation financière ne doivent pas être autorisées à peser arbitrairement sur les taux d’intérêt des marchés obligataires en dégradant la note d’un État : on devrait  réglementer leur activité en exigeant que cette note résulte d’un calcul économique transparent.


C'est bien sûr en cassant le thermomètre qu'on fera tomber la température.  

·    Mesure n°8bis : affranchir les États de la menace  des marchés financiers en garantissant le rachat des titres publiques par la BCE.

Les Etats ont bien d'autres moyens de se défendre.  Engager structurellement la banque centrale à cautionner les emprunts d'états est la porte ouverte au n'importe quoi.
 
Fausse évidence n°4 : L'envolée des dettes publiques résulte d'un excès de dépenses
·    Mesure n° 9 : Réaliser un audit public et citoyen des dettes publiques, pour déterminer leur origine et connaître l'identité des principaux détenteurs de titres de la dette et les montants détenus.


La connaissance précède l'action : chercher les propriétaires des créances sur l'état a simplement pour objectif de permettre de leur nuire en faisant à l'occasion de la démagogie sélective.

En revanche il est intéressant de savoir quelle est la part de la dette contractée en devise et l'importance des porteurs nationaux. Le Japon est lourdement endetté mais vis à vis de lui même (c'est l'épargne japonaise qui finance les déficits publics). La France a pris le risque de se financer beaucoup hors d'Europe.  Des règles en la matière seraient sans doute utiles.  
 
Fausse évidence n°5 : Il faut réduire les dépenses pour réduire la dette publique
·    Mesure n°10 : Maintenir le niveau des protections sociales, voire les améliorer (assurance-chômage, logement…) ;


Nous avons déjà le niveau de protection sociale le plus élevé au monde ce qui explique que la récession ait de son seul mouvement mis tout notre système public en énorme déficit.  Aller plus loin est un voeux pieux alors que nous sommes déjà le pays qui a la proportion la plus faible de sa population au travail.  Il faut au contraire réduire la possibilité de vivre aux crochets de la collectivité indéfiniment en rendant les aides temporaires, avec une forte incitation à travailler. Mais cela veut dire une politique d'expansion et le rejet du malthusianisme. La politique de logement doit être centré sur les jeunes ménages qui ont des enfants.

·    Mesure n°11 : accroître l'effort budgétaire en matière d'éducation, de recherche, d'investissements dans la reconversion écologique... pour mettre en place les conditions d'une croissance soutenable, permettant une forte baisse du chômage.

On retrouve toute l'ambigüité du discours politiquement correct sur l'écologie : on veut aggraver durablement tous les coûts au nom de l'écologie et on croit qu'avec cela on va réduire le chômage. On n'augmente pas la vitesse en montant sur les freins. Les mots sont impuissants à résorber cette contradiction.

Les économies à faire sur la nature sont des emplois de la richesse et de la productivité pas  leur moteur
 
Fausse évidence n°6: La dette publique reporte le prix de nos excès sur nos petits-enfants
·    Mesure n°12 : redonner un caractère fortement redistributif à la fiscalité directe sur les revenus (suppression des niches, création de nouvelles tranches et augmentation des taux de l’impôt sur le revenu…)


La fiscalité directe sur le revenu est payée par 500.000 personnes en France sur 66 millions de résidents. Le cumul des prélèvements et des impositions sur ces ménages aboutissent à des taux d'imposition de plus de 80% même avec le bouclier fiscal (qui laisse passer les deux impôts les plus importants : les charges patronales et la TVA). Croire qu'en finissant de ruiner ces moteurs de l'économie on va s'en sortir est (au mieux) une escroquerie morale et politique. 

·    Mesure n°13 : supprimer les exonérations consenties aux entreprises sans effets suffisants sur l'emploi

Si on veut dire que la subvention au 35 heures doit être supprimée, il n'y a aucun doute. Le gros problème est dans l'exonération des charges sociales des smicards actuellement reportée sur la dette. Comme système de croissance durable, il y a mieux. Il faut certainement réfléchir intensément à une meilleure solution.  Cela dit les interventions économiques des collectivités locales et de l'Etat sont très généralement des échecs effroyables.
 
Fausse évidence n°7 : Il faut rassurer les marchés financiers pour pouvoir financer la dette publique
·    Mesure n°14 : autoriser la Banque centrale européenne à financer directement les États (ou à imposer aux banques commerciales de souscrire à l’émission d’obligations publiques) à bas taux d'intérêt, desserrant ainsi le carcan dans lequel les marchés financiers les étreignent


La BCE a financé les Etats et indiqué qu'elle le ferait en cas de crise extrême. Que la planche à billets ne soit pas le mode de financement naturel des déficits publics est tout à fait normal. Qu'on y recourt en cas de crise exceptionnelle n'a rien de choquant.

·    Mesure n°15 : si nécessaire, restructurer la dette publique, par exemple en plafonnant le service de la dette publique à un certain % du PIB, et en opérant une discrimination entre les créanciers selon le volume des titres qu'ils détiennent: les très gros rentiers (particuliers ou institutions) doivent consentir un allongement sensible du profil de la dette, voire des annulations partielles ou totales. Il faut aussi renégocier les taux d’intérêt exorbitants des titres émis par les pays en difficulté depuis la crise.


La ruine du rentier a été tentée par les gouvernements Laval et suivants : généralement accompagné d'une réduction de revenu des fonctionnaires, c'est une mesure de déflation. Elle n'a de sens que si les prix baissent ou ont baissé.  Si l'endetté est dans une position dangereuse il lui sera difficile quoi qu'il arrive de trouver des bailleurs.  Le transfert du risque qu'il crée sur d'autres ne peut être envisagé que comme une mesure transitoire accompagnant un fort plan de retour à l'équilibre des finances publiques. C'est d'ailleurs ce qui a été fait. 
 
Fausse évidence n°8 : L'Union Européenne défend le modèle social européen
·    Mesure n°16 : remettre en cause la libre circulation des capitaux et des marchandises entre l'Union européenne et le reste du monde, en négociant des accords multilatéraux ou bilatéraux si nécessaire


La vraie question est celle des taux de change et des politiques de changes mercantilistes, plus que celle du libre échange.  On ne peut garantir le libre échange que dans un système concerté de changes fixes avec des obligations réciproques, afin que les produits s'échangent effectivement contre des produits, rendant l'affaire bénéfique pour tous.  Des échanges structurellement déséquilibrés avec des aberrations constantes dans les changes ne conduit qu'au vol de l'emploi en Europe. La question est l'organisation monétaire. Cela dit un tarif extérieur commun était utile en Europe et aurait du servir de soupape tant que le désordre monétaire n'aurait  pas été réglé. L'Europe est le dindon de la farce. Mais les solutions proposées n'ont aucun sens.  

·    Mesure n°17 :  au lieu de la politique de concurrence, faire de « l'harmonisation dans le progrès » le fil directeur de la construction européenne. Mettre en place des objectifs communs à portée contraignante en matière de progrès social comme en matière macroéconomique (des  GOPS, grandes orientations de politique sociale).

La tendance de la mondialisation est de créer des monopoles et des oligopoles. Une politique de lutte contre les concentrations abusives est donc strictement indispensable. Sinon les Etats et les consommateurs se retrouveront nez à nez avec des monstres plus gros qu'eux et capables de leur imposer leur loi. De même la notion d'industrie stratégique a un sens. En revanche les grands programmes multilatéraux fondés sur le politiquement correct n'aboutissent généralement qu'à des résultats foireux s'il n'y a pas d'organisme supranational imposant l'application des règles par la contrainte. On voit que l'Europe qui propose ce genre de cadre a déjà le plus grand mal à imposer des politiques limitées et précises. Des grands machines vagues aboutiront à des grandes bêtises inefficaces.

En revanche, il faut que la politique mondiale vise à la croissance et au plein emploi. Ce qui implique un cadre monétaire international le permettant. Les changes flottants sont l'exact système qui ne le permet pas. Rappelons que Bretton Woods avait pour but de permettre une politique expansionniste internationale.
 
Fausse évidence n°9 : L'euro est un bouclier contre la crise
·    Mesure n°18 : assurer une véritable coordination des politiques macroéconomiques et une réduction concertée des déséquilibres  commerciaux entre pays européens


Les déséquilibres commerciaux intra européens ne sont pas un problème. Pas plus que les déséquilibres commerciaux intra-français entre l'Auvergne et la Lozère.

En revanche une monnaie unique suppose une politique économique coordonnée. Là, les bœufs ont été mis avant la charrue. des corrections institutionnelles s'imposent. 

·    Mesure n°19 : compenser les déséquilibres de paiements en Europe par une Banque de Règlements (organisant les prêts entre pays européens)

Cela revient à mutualiser les dettes d'état. Certainement pas une bonne idée à terme. Chaque état est responsable de son équilibre macro économique. Les mesures de mutualisation n'ont à être envisagées que dans un cadre de secours exceptionnels. Que cela puisse être  mieux fichu qu'actuellement, c'est sûr. De là à institutionnaliser la mutualisation, certainement pas tant qu'il n'y a pas unification des politiques économiques.
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·    Mesure n°20 : si la crise de l'euro mène à son éclatement, et en attendant la montée en régime du budget européen (cf. infra), établir un régime monétaire intraeuropéen (monnaie commune de type « bancor ») qui organise la résorption des déséquilibres des balances commerciales au sein de l'Europe

Le système de type bancor doit être mis en place à l'échelon mondial. Il permettra à l'Euro de fonctionner bien plus confortablement.
 
Fausse évidence n°10: La crise grecque a enfin permis d'avancer vers un gouvernement économique et une vraie solidarité européenne
·    Mesure n°21 :  développer une fiscalité européenne (taxe carbone, impôt sur les bénéfices, …) et un véritable budget européen pour aider à la convergence des économies et tendre vers une égalisation des conditions d'accès aux services publics et sociaux dans les divers États membres sur la base des meilleures pratiques.


Des taxes ! Des impôts ! Encore, encore, encore. Toujours, toujours, toujours. Les impôts c'est bien. C'est le bien suprême.

On a inventé en France la liberté fiscale régionale via la compétence universelle sans régler la compensation par des pertes de recettes nationales. On a eu la taxe sur le  beurre et la taxe sur la taxe sur le beurre. 1 millions d'emplois inefficaces dans les régions plus tard nous sommes obligés de revenir sur cette imbécilité et cette licence.  Et on veut faire la même chose en Europe. Qu'on nous dise quelles taxes nationales on veut supprimer en compensation ! 

Quand au vieux serpent de mer des "services publics" qu'il faudrait égaliser, cela recouvre la vieille réclamation des syndicats du secteur public de perdurer dans l'être sous le couvert de  monopoles inefficaces et couteux  garantissant à ses salariés des avantages extravagantes dans de multiples domaines. L'obligation de service public peut très bien être pris en charge dans un système concurrentiel. Réclamation corporatiste d'anciens apparatchiks cégétistes et communistes dans un but exclusivement clientéliste. A condamner absolument.
 
·    Mesure n°22 : lancer un vaste plan européen, financé par souscription auprès du public à taux d'intérêt faible mais garanti, et/ou par création monétaire de la BCE, pour engager la reconversion écologique de l'économie européenne.
 
La "reconversion écologique" est un mythe. Financer un mythe par la planche à billets une parfaite foutaise.   Halte au feu !

Au total comme dans toutes les productions d'Attac, ou équivalents, on retrouve les mêmes articles de foi :
- l'impôt c'est bien :
- la planche à billets c'est formidable
- les monopoles publics  c'est délicieux.
- les banques c'est horrible
- les riches c'est détestable.
- le libre échange c'est mal
- les transactions financières c'est parasite.
- le malthusianisme écolo c'est bien.
- l'inflation c'est ce qui nous faut
- l'Europe c'est bien si cela taxe et accepte les monopoles publics. Sinon c'est mal.

Un tel catéchisme est au mieux débile. L'économiste-cureton cégéto-trotsko-communiste  pourra parfois, comme un Le Pen, poser de "bonnes questions". Il lui apportera toujours de mauvaises réponses. En tout cas une bonne réponse, comme les ressemblances au cinéma,  "ne saurait être que le fait du hasard".

Les changes flottants sont morts. C'est l'heure d'un nouveau Bretton Woods.

Certes une hirondelle ne fait pas le printemps. Mais l'article d'un certain Anatole Laletski,  notre alter ego, chief economist d'une institution de Hong Kong, sur quatre colonnes de la page Editorial Opinion du New York Times du 28 septembre 2010 marque plus qu'une inflexion vers les thèses que nous ne cessons de défendre ici.

Que dit-il ?

Que désormais les changes ne sont plus fixés par le marché mais par les Etats.

Que la domination intellectuelle de l'idéologie des marchés financiers internationaux libres et sans entraves est terminée.  

Que cette réalité est irréversible.

Qu'il y a un avant et un après Lehman brothers et que plus aucun Etat notamment en Asie ne fait confiance  aux spéculateurs internationaux pour offrir une rationalité économique  quelconque. Si les marchés sont incapables de régler la petite question du marché hypothécaire aux Etats Unis, pourquoi voudrait-on qu'ils soient à même de résoudre les mille difficultés de la croissance mondiale ?

Donc les Etats sont là pour intervenir et ils le font en masse. Et ils continueront à le faire en masse. Ce n'est pas la Chine qui cessera de "manager" la valeur externe de sa monnaie. Mais l'ensemble des autres qui s'y mettront.

La preuve : après la Corée qui a (dès septembre 2008 NDLR ) dévalué massivement sa monnaie, après Singapour qui a une politique monétaire très précise, voici que le Japon n'hésite plus à braver les interdits américains et vient de faire baisser sa monnaie en mettant en ligne des moyens colossaux.

Nous avons écrit nous même il y a déjà quelques temps que les Etats seraient très naturellement au cœur des nouveaux processus économiques extérieurs ( voir http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2010/5/16/Crise-mondiale--pas-de-vraie-solution-sans-les-Etats.).  Nous voyons bien que la valeur de l'Euro est entièrement entre les mains des différents Etats qui mettent des moyens colossaux pour éviter son éclatement avec comme résultat une nouvelle hausse, d'ailleurs totalement contreproductive. Nous constatons que les Etats-Unis laissent à nouveau filer leur monnaie.

En un mot, la monnaie et le change sont des réalités trop importantes pour faire semblant de croire qu'on peut les laisser aux seules forces de la spéculation.

L'ennui c'est que l'auteur, après avoir justement décrit les nouvelles attitudes et les nouvelles pratiques, oublient de dire  que ces actions de pure guerre économique ne peuvent conduire qu'à un renouvellement du drame de 1929.  Oui les monnaies sont et seront managées mais elles doivent l'être de concert.

Les Etats-Unis avaient imposé un non système par voie de fait : je laisse flotter ma monnaie, je suis le plus fort, adaptez vous, moi je m'en fiche.  Finalement la Chine a répliqué en imposant sa politique mercantiliste : "tu fais ce que tu veux mais moi je m'aligne sur toi à un niveau de dumping".  Le "benign neglect" fait boomerang et les Etats Unis se retrouvent sans compétitivité internationale et sans emplois industriels avec des dettes colossales et  un chômage jamais vu depuis la crise de 1929.  La Chine ne sait plus quoi faire de ses réserves et commencent à prendre peur. Elles réagit en puissance et non pas en économie mondiale diversifiée dont les entreprises travailleraient leurs différents marchés. Elle achète des immensités agricoles ; elles verrouillent ses ressources rares ; elles paye la corde du futur pendu.

En même temps l'Europe s'est enfermée toute seule dans une pseudo doctrine qui voudrait que la monnaie est le fait d'une banque centrale indépendante chargée uniquement de veiller sur les prix de consommation, les Etats étant là comme caution bourgeoise et étant priés de pratiquer une politique de sous emploi pour crédibiliser l'affaire.

Nous avions écrit dès janvier 2008 qu'il fallait d'urgence stabiliser le système monétaire international avant que cette effroyable machine à fabriquer des déséquilibres n'entraine le monde vers la panique et la dépression (voir par exemple http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/10/1/Panic-will-be-the-rule-and-depression-the-only-result). Nous avons suggéré dès l'explosion du système en septembre 2008 qu'une des première mesure à prendre était de réunir d'urgence une vraie conférence de type "Bretton Woods".

Les Etats n'ont voulu jouer que sur leur propre sphère de pouvoir : manipuler leur monnaie et leurs budgets.  Résultats tous les Etats sont en déficits incontrôlables exigeant des mesures correctrices d'urgence. Le commerce mondial n'a toujours pas repris sur une base saine et dépends des plans de relance des uns et des autres, avec des pénuries et des hausses spéculatives partout, car la spéculation n'a pas été jugulée.  Pratiquement partout on craint pour sa monnaie. La Suisse et le Japon ne veulent plus de leur super monnaie qui tue leur économie.  L'Euro craint sa dislocation et l'Europe se maintient dans un déséquilibre de sous emploi massif pour le sauver.  Les américains fuient à nouveau en masse le dollar qui s'effondre à nouveau.

En un mot le front monétaire international est au centre de la poursuite de la crise mondiale. Nous ne sommes pas des partisans farouches des comparaisons historiques. Mais on notera tout de même que c'est exactement ce qui s'est passé en 1932-33. Le jeu de quilles sur les devises allait faire sombrer l'économie mondiale.

Il faut acter que la théorie bidon des changes flottants ne marche pas. Les changes flottants ne marcheront jamais. Ils ne l'ont jamais fait. Ils sont à la source de la majorité des difficultés que l'on connait. La praxis  ignore désormais ses recettes.  Le système de devises flottantes gérées par les marchés sous la houlette de banques centrales  prétendument indépendantes est mort comme modèle.   

Il faut accorder le droit à la pratique. S'il n'y a plus de marchés libres de devises, c'est qu'il faut créer autre chose. Car la guerre des Etats via leur monnaie n'aboutira à rien de bon. Seule la coopération des Etats autour d'une système de changes fixes mais ajustables remettra l'économie sur les rails.

Dès que les Etats partageront les même objectifs (croissance et emploi d'abord, pas de déséquilibre monstrueux, par de politiques mercantiliste, pas de benign neglect, nulle part)   et des principes sains (pas de déséquilibre des droits dans les institutions, pas de politique bonne pour, les uns et pas pour les autres, sanctions identiques pour tous), alors le commerce mondial reprendra une direction, alors les produits s'échangeront contre des produits et non contre du papier toxique,  alors les politiques seront au service des économies et de l'emploi et non pas de la spéculation.  

Le 13 juillet 2008 nous écrivions sur ce blog :

"Nous répétons aujourd’hui : la conjonction du retournement cyclique et du pourrissement des institutions financières et monétaires internationales  créent une situation explosive.
On ne peut en sortir qu’en RECONSTRUISANT  le système monétaire international. Et en s’accordant sur d’autres schémas de développement que la capture de l’industrie mondiale par la Chine et symétriquement  de la consommation par les Etats-Unis,    en faisant fondre le couple monétaire dollar-Yuan.  Espérons que la leçon sera comprise avant qu’une crise majeure force la réforme au prix de grandes souffrances dans le monde entier.  Il faut mettre fin au système des changes flottants, au dumping chinois et à la folie financière des Etats-Unis. Un nouveau « Bretton-Woods » est nécessaire. Maintenant. Pas dans dix ans."

Oui, vous avez bien lu. Ces recommandations datent du début de l'été 2008. Elles ne faisaient que reprendre avec une intensité plus grande et un sentiment d'urgence plus aigu  des avertissements répétés depuis le début de 2008. Elles n'ont pas été faites après  coup. Les prévisions sont tout de même plus sérieuses quand elles sont faites avant ! Autant pour ceux qui nous expliquent  comme dans Le Monde de ce Lundi via plusieurs articles que la crise était vraiment imprévisible. Quelle ignorance ! Quelle nullité !   

Nous sommes en septembre 2010. Les idées qui justifiaient (pour les peu exigeants) le système ancien sont mortes. Mais la reconstruction n'a toujours pas commencé.  Les réunions du G.20 ne devrait pas avoir d'autre objectif que cette reconstruction. Le FMI ne devrait pas avoir d'autres ambition que d'en être l'architecte.  La France présidente du G.20 ne devrait avoir qu'une seule obsession :  construire une concertation économique mondiale via les changes et le respect des grands équilibres.  Et pour cela il faut éviter d'affirmer en déclaration liminaire  : "Je n'ai pas dit que je voulais des changes fixes " !   

Ces réformes auraient du être faites dès septembre 2007 lorsque le marché interbancaire s'est révélé bloqué. On a raté l'étape cruciale de 2008, provoquant des désastres sociaux évitables. Alors que l'on agisse maintenant : tout est désormais clair ! Les peaux mortes du non système actuel flottent à la surface. Il faut les arracher définitivement et refaire l'habillage de l'économie monétaire mondiale. Le ridicule de la politique qui a simplement consisté à toiletter  les agences de notation, les primes de banquiers, et les règles comptables est achevé.  

Il faut aller à l'essentiel.  Maintenant. Que le G.20 recrée un système de changes fixes et ajustables sur les bases nouvelles requises par la situation ! Il n'y a rien au monde de plus urgent !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Bilan du gouvernement Fillon (2)

Nous avons examiné la politique suivie à l'aune des promesses initiales. La Grance récession est survenue, remettant tout en cause et offrant un défi  considérable. Peut-on juger la politique qui a été suivie pour le relever ?

Lorsqu'une catastrophe frappe, on demande aux autorités d'une part de faire face à l'urgence et d'autre part de se mettre en position de ne jamais plus subir, si possible, sinon des évènements du même genre mais des conséquences aussi fâcheuses.

Paradoxalement, si le gouvernement a été totalement inconscient de la crise jusqu'au début de l'été 2008, les remontées vers la tête de l'état du drame qui commençait à se jouer dans les banques se sont multipliées à partir de ce moment là.  On a vu les principales banques vendre en masse leur titre dans les comptes qu'elles géraient pour les particuliers dans l'espoir de tenir leur cours qui commençaient à dégringoler.

L'hystérie qui avait frappé les marchés mondiaux de capitaux au premier semestre se retournait à toute vitesse d'autant plus qu'en Europe la BCE avait remonté ses taux (une mesure qui restera dans l'histoire comme l'exemple du plus manifeste contre temps). La BCE avait cru qu'il y avait une simple effervescence spéculative alors qu'il s'agissait d'un épisode de plus du tremblement de l'immense masse de dettes accumulées partout par les mécanismes pervers du système monétaire international actuel et les réponses délirantes d'Alan Greenspan et de Bernanke.  Il n'y avait pas liquidités en trop en Europe qu'il aurait fallu freiner, mais un glissement de terrain. La panique devant la monnaie n'avait jamais été aussi haute depuis les premières faillites bancaires du début 2008. Les banques trouvaient de moins en moins à se refinancer. La BCE a encore compliqué le processus.

Aux Etats-Unis le processus d'effondrement des "subprimes" commencé fin 2006 avaient conduit les banques américaines à se débarrasser d'une partie de leur engagement sur l'étranger. On avait vu ainsi les Landesbank allemandes gorgées de capital par le gouvernement à la suite de leur changement de statut en acheter des paquets colossaux. Mais tous les gestionnaires de fortunes en Europe s'en sont également gavés pour tenir leur rang : les trésoreries "dynamiques" gagnaient en apparence plus sans qu'on sache de quel risque se nourrissait ce plus.  En 2008 la question était de savoir qui avait le mistigri. Le marché interbancaire était à sec, ravagé par la méfiance.

Dès juillet 2008 cela craque de partout. La consternation s'installe dans les conseils d'administration des banques. Puis la peur. La peur du gros krach commence à devenir palpable malgré la moiteur de l'été dès la mi août et gonflera pendant la première semaine de septembre.  

Jusque là le gouvernement français a été totalement inconscient de ce qui se passait. Son "agenda", comme disent les américains,  en début de mandat, n'était pas nourri de ce genre de considérations et d'observations. Le Président Sarkozy était en plein dans sa politique de réconciliation avec les Etats Unis et se préoccupait surtout d'être invité par les Bush ; il passait ses vacances aux Etats Unis. Ou et quand aurait-il pu prendre la stature du commandeur pour dénoncer la catastrophe financière qui arrivait et demander d'urgence des mesures correctrices et préventives ? Il ne savait même pas que la crise décennale usuelle frappait à la porte. Le ciel économique était bleu et le soleil brillait.  

Du côté des éminences conseillant le premier ministre ce n'était pas mieux. Pris dans une floraison de réforme poussées souvent à l'emporte pièce, concentrés sur le budget depuis juin, les conseillers du gouvernement ne regardaient pas spécialement du côté des banques et ne nourrissaient aucune inquiétudes économiques fondamentales. Les banques d'ailleurs leur mentaient en cœur. Alors que la crise des "subprimes" commençaient à mordre très sérieusement dans leurs comptes et que de nombreux prêts paraissaient de plus en plus aventurés, elles prétendaient toutes être totalement indemnes ou si peu touchées que cela ne méritait même pas qu'on en parle.  Les Américains, les Espagnols, les Irlandais et les Islandais, d'accord, ils étaient mal partis avec tout leur immobilier. Les Anglais peut-être un peu. Mais pas nous les banques françaises, voyons !

Personne, strictement personne, ne raisonnait en masse globale de crédits et ne voulaient voir que cette montagne instable était en train de glisser.  On croyait à une crise technique limitée avec "découplage" du reste du monde.  Le FMI se montrait particulièrement grotesque dans cet exercice de fausse explication. Pendant tout l'été la tension monte dans les banques et commence à filtrer vers le gouvernement. Certains hauts responsables bancaires commencent à confier leur inquiétude "sur ce qui se passe aux Etats unis". Pas question de laisser penser qu'en France cela tangue.  Les banques françaises qui se sont engagées dans des opérations excessivement dangereuses pour grossir vite et entrer dans des marchés qu'elles ne connaissaient pas,  sont violemment frappées par ce qui se passe aux Etats unis, à l'instar d'UBS en Suisse qui ne peut plus cacher ses misères : Natixis, Dexia, etc..

Mais rien ne bouge dans le programme du gouvernement. Les souris dansent sur un volcan. Qu'on se le rappelle : toute l'affaire du moment, c'était le Grenelle de l'environnement. La loupe médiatique était sur le réchauffement médiatique, les voyages de M. Borloo au Groenland, les vacances écologiques de M. Hulot. La vertu écologiste suintait de partout. Les plans sur la comète prenaient une ampleur rarement vue.

Gouverner c'est prévoir. Sur ce plan le gouvernement Fillon a entièrement failli.  De même que le candidat Sarkozy n'avait pas compris qu'il subirait une crise en plein milieu de son mandat, de même aucune des instances gouvernementales n'a perçu que le jour J était arrivé. La faillite de  la Northern Rock, un an auparavant, menaçait maintenant tout le monde, partout.

Et Lehman Brothers explosa en plein vol.

En un jour ce fut une panique générale. Tout le système bancaire mondial était menacé et l'ampleur de la menace globale n'était même pas vue  : on croyait toujours a un effet dérivé des subprimes. On ne voyait pas que c'était un glissement global de la mondiale pyramide des dettes qui démarrait.  Cela suffisait malgré tout à laisser prévoir le pire. Dans son discours de Toulon  quelques jours après le Krach,  le président Sarkozy décrivait bien les choses :
"Une crise de confiance sans précédent ébranle l’économie mondiale. De grandes institutionsfinancières sont menacées, des millions de petits épargnants dans le monde qui ont placé leurséconomies à la Bourse voient jour après jour fondre leur patrimoine, des millions de retraités qui ont cotisé à des fonds de pension craignent pour leurs retraites, des millions de foyers modestes sont mis en difficulté par la hausse des prix. Comme partout dans le monde, les Français ont peur pour leurs économies, pour leur emploi, pour leur pouvoir d’achat".

Une partie de la réalité avait fini par percer dans l'esprit des plus hauts dirigeants français. Elle était si grave que l'idée même de la farder n'était plus de mise.  Au moins les réflexes de survie de N. Sarkozy ont évité qu'il ne tergiverse.  Il a vu vite qu'il fallait parler haut et fort et si possible ensemble.

Il faut dire que le tableau international à cette date était pitoyable.

Paulson, le responsable de la politique américaine, était complètement dépassé par les évènements.  Il avait laissé Lehman s'effondrer sans même se rendre compte que dans la seconde il mettait en faillite AIG.  

La faillite d'AIG pour la France signifiait l'effondrement des plus grandes banques françaises qui étaient gorgées de CDS dont AIG était la contrepartie. Le gouvernement français n'avait plus la maîtrise de rien. Tout dépendait désormais de la BCE, de la FED et du gouvernement américain.

Les Européens continentaux étaient totalement pris par surprise. La chancelière allemande a cru un temps que son pays n'était pas touché. La réalité n'a pas tardé à la rattraper.   Quand tout le monde fut bien convaincu qu'il fallait rassurer les particuliers pour éviter des ruées bancaires, une organisation collective fut mise en place.

Tout reposait sur le sauvetage d'AIG. Si AIG tombait le monde entier perdait son architecture bancaire ! Il s'agissait de centaine de milliards de dollars avec des effets induits multiplicateurs.  Quelque soit les reproches faits à Paulson,  le fait d'avoir tenu sur ce point a évité d'ôter une ancre essentielle à l'avenir du système. Personne n'avait dénoncé, sinon la BRI (BIS), le gonflement inouï de ces contrats dans les quatre années précédentes. L'explosion de ce sous système aurait emporté tout.

Sans cet acte crucial aucune des politiques mises en œuvre en Europe n'aurait pu fonctionner.  Avec lui, le cadre de réponse international mis en place, beaucoup sous la stimulation du gouvernement français, s'avéra suffisant pour éviter une panique générale. Quelques ruées eurent lieu dont celle qui emporta Northern Rock mais dans l'ensemble les particuliers cessèrent assez rapidement de vouloir sortir leur encaisse des banques.

Le reste de la politique gouvernementale ne fut pas, après cela, particulièrement original. Gérer un effondrement de conjoncture ne demande pas finalement beaucoup de mesures particulières. On soutient quelques secteurs critiques ; les banques, l'automobile, le bâtiment.  Pour le reste on laisse jouer les amortisseurs sociaux.  Le plus dur est d'arrêter les bêtises en train de se faire. Il y a une inertie d'environ 9 mois avant que tous les acteurs comprennent que le temps des cerises est passé.

Bien décidé à suivre une politique de juste milieu, où on ne casse rien par un comportement paniquard ou aventuré, le gouvernement Fillon fera une relance modérée, et aucune réforme. Aucun discours sérieux ne sera tenu pour éclairer les Français sur les causes de ce drame économique : on affirmera qu'il vient des Etats Unis ; que c'est la faute des banques, des polytechniciens de la finance, des bonus des traders, des agences de notation inconsciente, de la comptabilité. La question du plan de relance sera le seul point un peu discuté : fallait-il le faire ? Si oui à quelle hauteur ? La question de l'endettement futur du pays ne fut pas posé.  Finalement ce plan repris un certain de projets dans les tiroirs et servit surtout de paravent politique.  La France ne pouvait pas s'endetter plus longtemps à marche forcée !

Deux  ans plus tard, on se retrouvait avec un déficit public de près de 8% : du jamais vu même près la crise de 92-93. Et l'inquiétude sur l'Euro provoqua un retour de bâton sévère qui allait pousser le gouvernement à des mesures drastiques d'économie

Aurait-il été possible de faire mieux ?

A partir du moment où on n'avait rien vu venir de la récession décennale et du risque associé au monceau de dettes accumulées dans le monde, représentant plusieurs fois la valeur du PIB global, il n'y avait guère qu'à fermer les écoutilles et à voir venir. C'est ce qui a été fait. Les banques qui depuis le Front populaire puis  Pétain sont une excroissance de l'Etat avec lequel elles vivent en consanguinité ont été sauvées, au nom de la protection du déposant et de l'épargnant.  

Aucune réforme n'a été faite sinon sur des faux semblants commodes comme les rémunérations variables. On a sacrifié deux boucs émissaires, les présidents de la Société générale et du Crédit agricole, qui n'en reviennent toujours pas d'avoir été jeté ainsi hors de leur fromage. Un conseiller bien en cours a pris la tête d'un regroupement bancaire. Bref on est dans la petite manip et non dans la grande politique.

Aucune des réformes indispensables à court terme, notamment la fin de la banque universelle et la mise en place d'une politique de séparation des grandes classes de banque et de responsabilité, n'a été mise en place, ni même esquissée. Le lobby bancaire est trop induré dans l'Etat pour qu'on puisse  espérer quoi que ce soit dans ce domaine. Le gouvernement Fillon fera valoir qu'on ne réforme pas en pleine tempête.  Comme on ne réforme pas non plus un système qui marche, il est clairement jamais le temps en France de réfléchir à des structures bancaires moins oligopolistiques où quelques hauts fonctionnaires se gavent avec le filet de sécurité de l'état derrière eux, tout en grugeant d'importance le déposant et l'épargnant.  Le secteur en est à nous expliquer que le système bancaire français est magnifique et n'a coûté rien et à personne. Alors qu'il vit entièrement en perfusion depuis deux ans et qu'il serait mort sans ces artifices.  

Pour le reste l'Etat s'est appliqué à tenter de faire conserver le maximum d'effectif dans les entreprises par des mécanismes d'aides au maintien dans l'emploi. Cet effort a été totalement contrebalancé par les décisions de licenciements immédiats et massifs pris dès l'automne par de nombreuses entreprises, la reconstitution des stocks se faisant par des heures supplémentaires consenties à des équipes réduites.

Le résultat global est ce qu'on constate :

* un taux de chômage près de 10%, contenu grâce en partie au départ en retraite de nombreux Français ; du coup c'est le système de retraite qui est menacé et il a bien fallu agir.
* une endettement massif et jamais vu depuis la guerre qui va peser pendant des années sur la croissance.
* la confirmation de l'écart de croissance avec l'Allemagne.
* un retour de balancier fiscal qui n'est qu'à ses débuts alors que la France est en tête pour les impôts et la dépenses publiques.
* la part de la France a reculé sur le marché mondial.

En même temps certaines faiblesses européennes ont été mises à nu. A force de mettre la charrue devant les bœufs, les bœufs ont fini par piétiner la charrette !

Une France vieillie s'est calfeutrée dans les déficits et l'absence de réelles réformes de fond, dans un système global désastreux et un système européen en danger. Tout cela sent la charentaise et l'effacement, malgré les gesticulations sur la scène internationale.

Imaginons simplement que la campagne présidentielle se soit construite autour de la nécessité de sortir  la France, l'Europe et le monde des vices qui les empêchent de fonctionner correctement.

Imaginons un président qui aurait tenu un discours d'une extrême fermeté sur les défectuosités gravissimes du système monétaire international et les risques pesant de son fait sur le monde et qui aurait décidé de mettre son économie en défense face à la crise à venir en engageant des réformes réellement fortes : suppression des 35 heures, suppression de l'ISF dans sa forme débilitante actuelle, retraite à 65 ans, blocage des délires régionaux et municipaux, réforme des banques, réduction massive des dépenses dès 2007 et en 2008, transfert d'une partie de la fiscalité des entreprises sur la consommation.  

Imaginons un président remettant en cause une banque centrale européenne fonctionnant sans coordination économique et sans objectif de croissance, plutôt que de refaire un traité constitutionnel européen au rabais.  

Imaginons un président avec déjà deux de réformes lourdes derrière lui  aussi bien sur la dépense publique d'Etat que sur les dépenses régionales et locales !

Imaginons un président avec déjà une réforme des retraites acquise en 2008 et valable pour 50 ans !  

Imaginons un président qui n,'aurait pas fait toutes les erreurs passées en revue dans la première partie de cet article.

Quelle aurait été sa force en septembre 2008 ! Quel serait son poids dans les réunions monétaires internationales ! Quel serait son poids en Europe !  On n'en serait pas à 8%  de déficit public  avec un endettement cumulatif de près de 100% du PIB. On n'en serait pas à 10% de chômage ! On n'aurait pas reculé à ce point dans l'économie mondiale.  

Le chef du gouvernement pourrait se prévaloir d'avoir agi, agi, agi. Il fallait un de Gaulle et un Debré, recréant un cadre français et européen durablement différent et prenant à partie le monde sur certains sujets graves.

Le premier des ministres pourrait alors se prévaloir d'avoir construit l'avenir avec fermeté et précision, à l'ombre d'un grand président.

Au lieu de cela, François Fillon risque de rester comme le second d'un trublion qui n'avait rien vu venir et qui s'est écartelé dans toutes les directions sans creuser profondément un sillon dans un axe précis, à la chasse aux modes et aux opportunités politiciennes. Certes il conservera l'image du calme qui dans la tempête aura gardé un cap sage et prudent  tout en modérant  et canalisant les Cieux.  Mais cette image de sagesse ne risque-t-elle pas de passer avec le temps pour un certain manque de caractère, d'imagination, de combativité  et ne lui reprochera-t-on pas d'avoir été le collaborateur plutôt passif d'une entreprise présidentielle manquant de réalisme et de pertinence ?    

Le quinquennat de J. Chirac avait mal fini, sur une accusation assez largement vraie de passivité générale. J.P. Raffarin n'avait pas démérité mais dans un champ de vision tellement étroit qu'il en paraissait dérisoire, à l'exception du début de réforme des retraites de F. Fillon. D. de Villepin n'avait pas convaincu avec des réformes micro-partielles, à la va comme je te pousse,  plus faites pour montrer qu'on faisait quelque chose que pour réellement changer les choses. Le CPE a été le symbole de cette orientation matamore et superficielle, agitant les principes mais pas la réalité, l'exact contraire de ce qu'il faut faire.   

Le quinquennat de N. Sarkozy est réellement à un tournant.  Il n'aura à présenter à  l'automne 2010 comme bilan d'ensemble qu'une réforme partielle et à courte échéance des retraites par répartition. Il lui faudra quelque chose d'autrement consistant à montrer pour se trouver en position sinon de force au moins de combat en 2012.

Remplacer Fillon par un Juppé façon 1996  est la certitude de l'échec. Ne rien faire, façon Mitterrand sur la fin, englué dans la maladie et le nini,  ou comme Chirac soignant sa sortie comme "brave type", est aussi une garantie d'éviction.

Alors ?

Faut-il spéculer simplement sur l'idée qu'on parera une nouvelle catastrophe socialiste  ? Ou faut-il se mettre en position d'avoir un vrai bilan ?

Même si le temps perdu ne se rattrape jamais, c'est la seconde position qui est la bonne. Reste à lui donner du contenu. Ce n'est pas si difficile que cela.   

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.



Bilan économique du gouvernement Fillon (1)

Au moment où de nombreux signes laissent penser que François Fillon va bientôt être remplacé à la tête du gouvernement, il est intéressant de s'intéresser au bilan économique de son gouvernement. Un gouvernement se juge toujours selon deux critères :
- A-t-il répondu aux attentes qui prévalaient au moment de sa mise en place ?
- A-t-il fait face au mieux aux évènements extérieurs qui ont affecté l'économie ?

Un premier article répond à la première question. Un autre se consacrera à l'autre.

La France en 2007 est un pays qui ne va pas bien.

Il est trop lourdement imposé et taxé ; les charges portent trop sur le travail ; un petit monde s'est développé qui vit entièrement aux crochets de l'état sans aucune contrepartie ; le temps de travail est trop bas ; l'état est trop gros et dépense trop ; l'endettement public est excessif  suite à 35 ans de déficits budgétaires, la dette privée des entreprises, des institutions financières et des particuliers est trop importante,  la part de marché de l'économie française dans le commerce mondial baisse, il y a décrochement par rapport à l'Allemagne, la croissance est très faible alors même qu'on vit la phase haute de la conjoncture, la bulle immobilière  est au bord de l'explosion, la part des salariés actifs dans la population active, à 15-16%,  est bien trop basse, les faibles (jeunes, femmes, immigrés, seniors) sont sortis en trop grand nombre du marché du travail ou ne peuvent y entrer qu'à dose homéopathique, le marché du travail est devenu incroyablement rigide, les collectivités territoriales et locales font croître de façon aberrante leurs dépenses et augmentent de façon absurde leur recrutement.

La France est un pays qui stagne en valeur absolue  et qui décroche dans la compétition mondiale. Depuis le désastre du gouvernement Rocard avec le RMI, la CSG, l'augmentation massive de la dépense publique, qui a placé la France, après le programme commun de gouvernement sur une orbite intenable, on vit dans la démagogie des "cadeaux au peuple" et la passivité sur les sujets difficiles, tout en digérant de plus en plus mal les crises itnernationales.

La candidat Sarkozy a bien vu certains thèmes :

- Il lance l'idée d'une rupture avec le passé. Finie la démagogie socialiste, finie la passivité chiraquienne. On va agir.
- Le slogan "travailler plus pour gagner plus" n'est peut être pas le meilleur, mais l'orientation est la bonne. On travaille trop peu en France et le chômage devenu structurel est trop haut.
- L'idée de la TVA sociale chargée de rééquilibrer le fardeau de l'entreprise vers le consommateur est excellente.
- L'objectif  de faire baisser de 10 points de PIB les prélèvements pour revenir au niveau moyen de nos concurrents ne saurait trop être encouragé.
- L'affirmation qu'on ne pourra pas  baisser les charges sans réduire les effectifs de la fonction publique est juste. La volonté de le faire est ferme.
- La volonté de mettre en place un système plus rigoureux de contrôle de l'envolée des dépenses sociales est également parfaitement exprimée.

Il manque quatre  analyses :

- Sarkozy malgré les avertissements ne voient pas que l'on va droit à une récession majeure et fait des prévisions de croissance intenables.
- Le problème de la dette globale et de la dette de l'état n'est pas compris. Au contraire on pousse par démagogie et inconscience à la création de "subprimes à la française"...
- Les aspects monétaires internationaux ne sont pas compris.
- Le contrôle de l'activité des régions et des collectivités locales n'est pas au programme.  

En un mot, Sarkozy ne regarde pas au dessus de lui, ni en dessous de lui. Le casse noisette va le broyer. On peut cependant juger son action dans la sphère même qu'il visait et sur laquelle il avait la main.

1. En matière de fiscalité le gouvernement va faire de nombreuses erreurs bien qu'en visant dans la bonne direction.

* Chaque ministre se décide à financer des bouts de quelques choses en créant des taxes nouvelles. C'est la poursuite de la politique Chirac qui en avait créé un très grand nombre. Le pire dans ce domaine est évidemment tout ce qui tourne autour de l'écologie. Alors que la crise financière gronde déjà, la perspective d'un sommet écologiste mondial à Copenhague et la mise en avant d'un "grenelle de l'environnement" conduisent le gouvernement  à fantasmer sur des taxes et des taxes et encore des taxes, tout en prenant des mesures de détaxation ciblées qui vont se révéler extrêmement coûteuses.   Tout cela finira par l'abandon de la taxe carbone et un retour à un minimum de sagesse en matière de dépense environnementale.

* Nous avons déjà écrit plusieurs fois notre opposition farouche au système qui consiste à maintenir l'ISF, le pire des impôts, tout en instituant un bouclier fiscal. Cette fausse réforme marquera la fin de l'espérance de la "rupture" chez les Français fortunés.

* La baisse de la TVA sur la restauration était certes une promesse de J. Chirac. Mais compte tenu de l'état des finances du gouvernement, les avantages étaient plus minces que les inconvénients.

* La baisse de la fiscalité sur les petits héritages était un "cadeau au peuple" en remerciement d'avoir été élu. Son importance économique est nulle. Il aurait sans doute fallu regarder ailleurs.

* La déductibilité des intérêts d'emprunts était également une mesure controuvée dans le cadre d'une folie d'endettement et de bulle immobilière.  On voit, aujourd'hui qu'on est obligé d'y revenir.

* Plus grave, le gouvernement Fillon accepte de créer une nouvelle filière d'impôt sur le capital pour financer le RSA.

* Plus grave encore il est obligé de renoncer à la perspective d'une TVA sociale sur laquelle on aurait pu redistribuer une partie des charges sociales pesant sur l'entreprise.

Le seul point fort pourrait bien avoir été la "suppression" de la taxe professionnelle. La grande difficulté pour porter un jugement tient au fait que personne ne comprend vraiment ce qui va se passer et les déplacements de taxes qui vont avoir lieu. Mais il est clair qu'on a fait basculer une partie des recettes d'un prélèvement sur les entreprises vers un prélèvement sur la consommation ou les particuliers tout en mettant la pression sur les collectivités territoriales et locales.

Faute d'avoir repris la main plus directement sur les dépenses des collectivités territoriales et locales, on a vu celles-ci exploser pendant la mandature Fillon. Notamment à Paris où folie des folies les effectifs déjà pléthoriques passent de 40 à 49.000 ! 23% de hausse rien que cela pour une population stagnante ou en hausse minuscule, pourquoi se gêner ? Avec des hausses d'impôt démesurées sur la taxe foncière et la taxe d'habitation, en pleine récession !  Le gouvernement n'a rien fait pour arrêter ces dérives dramatiques.

On ne peut pas manquer de penser que l'action dans tous ces domaines a été brouillonne, mal centrée et plus politique que véritablement économique. Au global les Français ont bénéficié d'une toute petite fenêtre de baisse fiscale qui est déjà entamée et qui risque de disparaître très vite.

La crainte de ses créanciers a conduit le gouvernement, sur la fin, à toute une série de gesticulations fiscales  qui aggravent les prélèvements soit en limant des prétendues "niches fiscales", soit en revenant sur des tas de mesures qui permettent certes de prétendre qu'on ne touche pas aux impôts mais qui gonflent néanmoins les recettes.

Et la France a devant-elle un programme de réduction de dette tellement important que tout le monde pense qu'il faudra encore des années de hausse d'impôts pour en sortir.

On peut donc dire qu'en matière d'impôt, la rupture n'a pas eu lieu. En courant derrière les thèmes à la mode sans se concentrer sur les aspects les plus fondamentaux, le gouvernement s'est dispersé et a bâti dans le sable.

On dira : les taux de prélèvements ont baissé. Cela est vrai. Mais cela est du presqu'intégralement à la récession : le système fiscal étant progressif, l'impôt croit plus vite que l'économie en phase de haute conjoncture et baisse plus vite en cas de récession.  Dès que l'activité reprendra on constatera qu'on est à nouveau revenu à des taux prohibitifs de prélèvement.

Sur le plan de la maîtrise de la création fiscale, le gouvernement Fillon est plutôt un échec, même si cela aurait pu être pire avec d'autres.

2. Sur l'emploi, la démarche du gouvernement a été plus affirmée mais ici encore personne ne peut vraiment dire si les mesures prises ont eu ou auront un impact réel.

La défiscalisation des heures supplémentaires a permis d'affirmer que les 35 heures n'existaient plus. Mieux aurait valu supprimer les 35 heures notamment dans les services publics qui ne sont jamais remis de cette mesure absurde qui avec la récession a créé des effets d'aubaine détestables. Les grandes entreprises ont licencié en masse et compensé les effectifs manquants par des heures supplémentaires. Injuste dans son principe (pourquoi une rémunération marginale ne serait pas taxée ? ) elle s'est révélé contreproductive avec la récession.

La réforme des retraites était indispensable. Mais pourquoi ne pas l'avoir dit et entrepris dès le départ ?  Il est sûr qu'il fallait un faire un paquet global de la durée de travail journalière annuelle et sur le cycle de vie.  On fait enfin la réforme nécessaire mais sous la pression "des marchés" et dans l'espoir de pouvoir se targuer d'une victoire politique essentielle en se calant sur la stratégie Obama en matière de sécurité sociale (qui devraient lui faire perdre les élections de "midterm". A ce jour, on ne sait pas encore çà quoi on aboutira. Imaginons que cela fonctionne : on aura fait un pas dans la bonne direction. Mais contraint et forcé. Et en laissant de côté les pires régimes spéciaux de retraite qui grèvent lamentablement les finances de l'état et pèsent indûment sur la collectivité. Et en ne s'interrogeant en rien sur des régimes plus responsables et plus souples.

Le RSA aura été une erreur de bout en bout. C'est le plus terrible échec du gouvernement FIllon. Lorsqu'une récession menace on ne fait pas de réforme alambiquée de ce genre. Bien sûr les intentions étaient louables. Mais en vérité les Rmistes le sont restés et le RSA n'avait aucune chance de démarrer avec une récession aussi profonde.  La contribution du RSA pour sortir les populations prises dans la trappe du chômage a été nulle. En revanche on a fortement augmenté les impôts sur les revenus du capital donc la pression fiscale. On est dans l'affichage politique mais pas dans la bonne politique économique. Que Fillon ait accepté le RSA et son impôt nouveau a considérablement atteint sa crédibilité pour le futur.  Il aurait du et pu résister. Ce qu'il fallait c'est supprimer le RMI et  créer deux allocations temporaires : l'allocation temporaire d'urgence pour ceux qui non couverts par le chômage ou en fin de droit se seraient trouvés démunis. Et l'allocation temporaire de soutien accompagnant la reprise de travail.

Au total, la récession venue, il était illusoire que l'emploi s'améliore. L'ennui c'est qu'on n'a pas du tout préparé l'avenir. On ne s'est donné qu'un argument pour campagne future à l'élection présidentielle.

3. La dépense publique

Nous avons déjà dit tout le mal que non pensons de la RGPP, ce grattoir à économies minuscules, là où il fallait tailler à la hache.

En revanche, le gouvernement s'est attaqué à plusieurs tabous.

La baisse des effectifs de fonctionnaires y compris dans l'éducation nationale a été effective même si elle ne représente qu'une fraction minuscule de l'effectif. L'ennui c'est que dans le même temps le gonflement des effectifs dans les régions et les municipalités n'a pas été bridé et représente plus d'emplois créés que les réductions nationales.

Les régimes spéciaux qui coûtent une fortune à l'état ont été partiellement réformés. L'ennui c'est que les mesures prises ont coûté parfois plus cher que les mesures précédentes comme à la SNCF  ou  qu'elles ont été transférés sur d'autres régimes. C'est ainsi que les provisions  d'EDF-GDF pèsent sur le régime général où elles aggravent les déficits et lèsent les autres assurés.   

La dépense publique n'a pas été globalement réduite, le gouvernement ne cessant d'accorder des petits bénéfices à des catégories de population excipant de difficultés particulières.  Faute de réduction réelle des dépenses, elles ont continué à croître. Les déséquilibres des comptes ont persisté (déduction faite des effets de la crise).

Il n'y a pas eu de rupture en matière de dépenses publiques. Seulement un certain freinage.

Cela ne veut pas dire que tout a été négatif : la partie du plan Attali qui a été mise en œuvre ne fera pas de mal.  Mais globalement, même sans la crise, les mesures prises n'ont pas véritablement marqué un changement profond pour l'emploi, les prélèvements, la dépense publique et la dette.

La grande erreur est de ne pas avoir pris en compte la crise à venir qui était certaine et dont l'ampleur pouvait être mesurée dès 2007. Il aurait fallu annoncer "du sang et des larmes" et mettre un plan de sauvetage en place par ordonnance dès le collectif de juin 2007.

Celui que nous avions décrit en 2006 avec le recul n'était pas si mal.  Il prévoyait :

- Une hausse de la TVA et le transfert vers cet impôt d'une partie des charges sociales.
- Le retour aux quarante heures dans le secteur privé avec une possibilité pour les branches et les entreprises de passer des conventions ad hoc.  Le retour pour les professions où le temps partiel n'est pas de rigueur des 40 heures dans le public
- La suppression du RMI  et son remplacement par deux allocations temporaires : allocation d'urgence et allocation de retour à l'emploi.
- Le changement d'assiette de l'ISF, sous forme d'une imposition à large assiette comprenant tous les revenus (retraite chapeau, golden hello et golden parachute, intéressements, plus value etc.).   
- Le transfert partiel de la taxe professionnelle vers une taxe spéciale sur la valeur ajoutée gérée centralement.
- Le blocage des ressources et des recrutements dans les régions, en les alignant sur le rythme de croissance des populations concernées. .
- La suppression du mille feuilles administratif en spécialisant les actions des différents échelons et en réduisant les échelons.
- Le passage à la retraite à 65 ans avec alignement des retraites privées et publiques dans un grand service des retraites unifié, et retraite à taux plein à 67 ans.  Pas de prise en charge de cas particuliers. Possibilité de compléments selon des règles nouvelles basées largement sur la capitalisation.
- La suppression de toutes les restrictions à l'impôt sur le revenu, dans la perspective d'une baisse générale en temps voulu. .
- Réduction drastique des avantages fiscaux variés avec mise en place à chaque fois que nécessaire d'une seule subvention et non plus des mille feuilles de subventions qu'on trouve dans tous les domaines d'intervention de l'Etat.
- Révision de la méthode budgétaire pour aligner les recettes non pas sur la croissance mais sur  un taux de variation des dépenses annoncés à l'avance et non lié au PIB. La surindexation sur la croissance (compte tenu de la progressivité globale de l'impôt)  aurait été supprimée. Au lieu de dire que  la croissance va être de 2.5%, ce qui me fera 3% de croissance des recettes, donc je dépense plus à hauteur de 3%, on aurait dit : je dois réduire l'endettement d'une valeur de X donc je dépense moins que l'année précédente de x%.
- Essayer de convaincre l'Europe de mettre en place d'une taxe d'égalisation monétaire avec les pays avec lesquelles l'Europe aurait un commerce trop déséquilibré, de donner à la BCE une objectif de croissance et de plein emploi, et de mettre en place un gouvernement économique européen sérieux. Militer pour la réforme du système monétaire international (retour à un système de changes fixes et ajustables, suppression des privilèges du dollar et création d'une monnaie de réserve mondiale,  réorganisation des institutions financières internationales et mise en place d'un embryon de gouvernance économique mondiale).
- Supprimer l'extraordinaire rigidité du marché du travail et revenir sur les blocages Jospin.
- Mener une politique forte contre les monopoles et les oligopoles dans de nombreux domaines comme les transports, la banque, l'assurance, les télécommunications, ... La tendance à créer des blocs qui maltraitent les consommateurs s'est aggravée au confluent du mouvement traditionnel "de gauche" de constitution et de défense de monopoles fortement syndicalisés, et du mouvement récent du capitalisme qui voit des monopoles se créer dans les secteurs nouveaux.

L'idée était d'aboutir à un état moins hégémonique, une économie plus concurrentielle, une pression fiscale diminuée, un coût pesant sur la production moindre, une réorientation vers l'emploi de toutes les couches de la population, dans une économie européenne réorientée vers la croissance et dans un système monétaire international non destructif.

On voit bien que le gouvernement Fillon était largement inspiré par les mêmes thèmes. Mais il n'a pas voulu ou pu encadrer réellement la décentralisation. L'Europe, pour sa part,  a continué sa vie comme devant. Heureusement le gouvernement Fillon n'a pas cédé devant les exigences répétées chaque années d'augmentation massive du budget européen. L'ISF et le RSA auront été ses deux faiblesses spécifiques. Les effets d'affichage politiques l'ont emporté sur la sagesse économique et sociale. Comme dans trop de domaine. Du coup il ne restait plus que la réforme des retraites , non annoncées au départ, pour avoir un bilan.  C'est beaucoup. Mais on comprendra qu'une vraie politique de rupture aurait été beaucoup plus radicale dans sa méthode  et pérenne dans ses résultats.

Au total une politique bien orientée mais dont on peut dire : trop peu, trop brouillé, trop compliqué, trop incertain, trop peu durable, trop tard.

Et la crise prévue est venue. A-t-elle été bien gérée ?



Les échanges commerciaux = un vingtième des mvts financiers internationaux. Et alors ?

Nous sommes de ceux, au Cercle des économistes e-toile,  qui ne chargeons jamais trop la barque des journalistes. Ils ont des obligations : faire vivre le journal ; intéresser le lecteur. L’économie, c’est plutôt lourdingue  et la clientèle  est peu à même de comprendre exactement de quoi on parle sur la majorité des sujets économiques, les questions monétaires  surtout internationales représentant le pire dans ce domaine. Non seulement les lecteurs et les journalistes ont du mal à y comprendre quelque chose mais c’est un des trous noirs de l’enseignement de la science économique.   


Les journalistes font rarement avancer le « schmilblick » mais révèlent des attitudes et en ce sens ils sont irremplaçables.


Prenons l’article de JP Robin dans le Figaro de ce lundi.  Il montre de façon amusante que les chiffres économiques ont remplacé les chiffres astronomiques  pour les exa et les tera. On crée autant d’information tous les deux jours que le monde en avait créé  depuis l’origine de la terre.   Pour la monnaie et les déficits c’est encore pire.  
Les devises échangées quotidiennement représentent vingt fois la valeur des échanges commerciaux l


C’est un chiffre qui fait frémir et beaucoup de politiques aiment à le répéter avec des multiplicateurs variables :  5, 10, 15, 20, voire 100 fois plus.  On vous glisse ce chiffre sur l’air du « vous vous rendez compte Madame Michu ».  Mais on se garde bien de l’exploiter réellement. Quelle est donc la signification de ce ratio ?


Pour une monnaie le ratio traditionnel est de rapprocher la masse monétaire et le PIB pour obtenir la vitesse de rotation de la monnaie. C’est un outil qu’aime bien les banques centrales qui croient un peu à la théorie quantitative de la monnaie qui laisse entendre que l’inflation va être générée par un écart entre les vitesse relatives d’évolution de la masse monétaire, du PIB et de la vitesse de rotation.  En vérité ces ratios sont extrêmement difficiles à manier.


D’abord le PIB est connu très tard et on utilise pratiquement en permanence des estimations-projections. Pour celui qui consulte les statistiques la surprise est de voir les chiffres du PIB d’un exercice  bouger encore trois ans plus tard.
La masse monétaire est une notion tout aussi complexe même si elle est beaucoup plus facile et rapide à connaître.  Si on considère que la monnaie est une marchandise comme les autres, ces variations de valeur font donc partie du PIB et l’équation de vient passablement compliquée.


L’inflation pour sa part est définie uniquement avec le prix des biens de consommations et sur des bases ouvertement politiques (compte tenu des effets de bords sociaux des indices).  Certains comme la BCE utilise l’agrégeât M3 dont la statistique a été abandonnée par la FED pour …manque d’intérêt !


Autant dire que la vitesse de circulation de la monnaie est un ratio si difficile à analyser qu’il ne sert à pratiquement rien.

 
Rapprocher les flux de trésorerie et les flux de marchandises  a encore moins de sens. Dans une sphère monétaire donnée on ne se donne même pas la peine d’établir ces chiffres.
Le seul intérêt de comparer ces deux flux est de porter un jugement sur le fonctionnement du marché des changes.


Le taux de change dépendra d’abord des contrats financiers et très accessoirement des transactions commerciales.  Or la majorité des raisonnements sur l’intérêt des dévaluations  porte sur leur rôle comme  incitation à exporter.  Et on oublie royalement l’effet sur les contrats financiers qui sont 20 fois plus importants. Ce qui explique des incohérences de commentaires étonnantes comme lorsque le dollar s’envole en  même temps que les déficits commerciaux  comme à la fin du siècle dernier.


Les changes flottants tiennent un rôle gigantesque dans ces contradictions et paradoxes.  La peur a plus d’importance sur un taux de change que les perspectives commerciales bilatérales. Demander à la Suisse actuellement ou au Japon. Les comportements bancaires prennent la place principale : les CDS se sont mis à pousser comme des champignons 10 puis 20 fois plus vite que le commerce mondial  au début de ce siècle.  


La variabilité des changes compriment les transactions commerciales mais enflent les transactions financières.  On essaie de profiter de tout, tout en se protégeant au mieux d’une erreur de calcul.  L’épargne est mondialisée mais avec des monnaies dont la valeur change à chaque instant. Il faut donc bouger à chaque instant.


Les politiques des banques centrales sont le plus souvent dépassées par ces mouvements browniens.  On en vient à s’en désintéresser et on ne voit pas se créer des bulles phénoménales.


L’empilement des dettes mondiales est assis sur des sables mouvants faits de millions de micro ajustements et de brusques mouvements moutonniers qui en général n’ont rien à voir au moins à court terme avec la situation des  échanges.  On dirait un énorme steak bougeant sur un fond d’asticots.


Les passerelles du commerce mondiale avec les changes flottants ne sont pas seulement en caoutchouc (amplifiant toutes les déstabilisations) mais une multitude de mains les  secouent  de toute  leur force parfois du même côté.  Leur force conjuguée est 20 fois plus forte que celle des moteurs des camions. Comment s’étonner que les lourds transports du commerce mondial finissent périodiquement par tomber dans le gouffre.


Le système est ainsi fait que les mouvements de la passerelle ne sont la responsabilité de personne.  Nul ne viendra jamais au secours des pilotes de camions en danger. Parce que les mouvements  de la passerelle aussi dangereux soient-ils, sont considérés comme normaux !   Y toucher serait même coupable !


JP Robin aurait du conclure aux dangers des changes flottants dans un système de mouvements financiers libres.  Il ne le fait pas. Il ne tire pas les graves leçons dans la perspective du G.20 des chiffres qu’il cite.


Dommage. Une prochaine fois peut-être, si le tabou qui entoure les changes flottants venait à s’effilocher sous le poids des nécessités..

Un éditorial extraordinaire du journal le Monde

Si un jour un économiste veut faire l'histoire des blocages intellectuels de ce début de siècle en matière d'économie, il lui faudra lire l'extraordinaire éditorial du journal le Monde n°20420 datée du 18 septembre 2010 et doté du titre prometteur : 

 

Le G20 et la grande bataille des taux de changes.

 

Enfin on aborde la réforme du système monétaire international. Enfin on va s'attaquer aux causes de la crise sinistre qui nous accable. Enfin les journaux de la PQN française s'empare de cette question fondamentale.

Que ceux qui nous lisent depuis deux ans imaginent notre joie, nous qui brocardons cette presse pour être passé radicalement à côté des apcts monétaires de la crise !

Et  notre déception !

Bien sûr on parle de l'énorme sous évaluation du Yuan mais on se contente de dire que les Etats Unis sont de ce fait désavantagés ce qui fait réagir leurs dirigeants. Et l'Europe ? Elle n'est pas concernée du tout ?

Bien sûr on évoque Fernand Raynaud, un grand économiste, pour signaler qu'il y a comme un défaut dans un système de dette en Occident et de surépargne en Chine.

Bien sûr on donne raison à M. Sarkozy de chercher à rempacer le dollar comme monnaie de réserve mondiale. Et on invite même à le soutenir dans cette bataille, ce qui de la part du Monde est une rareté qu'il faut savoir apprécier.

Mais ! Car il y a un gros, un très gros Mais !

On ne dit pas un mot des changes flottants.

Changer de monnaie de réserve dans un système de changes flottants n'est pas une mesure insignifiante. Elle interdit aux Etats Unis d'utiliser le dollar pour financer indéfiniment les déficits de sa balance des paiements. Mais en quoi interdit-elle les fluctuations aberrantes des monnaies? Le Franc Suisse et le Yen en seraient-ils assagis ? Les déséquilibres chinois en seraient-ils limités ? La dette grecque en serait-elle soulagée ? L'Euro en sortirait-il moins menacé ?

Il faut que tous les états soient rendus responsables de l'équilibre de leurs comptes extérieurs avec des disciplines très fortes. Sinon les échanges réels deviennent secondaires dans les cours des devises et tout devient un casino financier. Il faut que les produits s'échangent contre les produits, et non pas contre des dettes volatiles qui font le tour du monde plusieurs fois par heure. 

Il faut que l'accent soit mis sur la croissance pas exclusivement sur la stabilité des prix à la consommation et donc changer la perspective de la gestion de la monnaie par les banques centrales.

Pour cela il faut revenir aux disciplines d'un système de changes fixes et ajustables et mettre fin aux changes flottants.

Une fois de plus on voit que malgré l'évidence des besoins et des faits qui ne sont plus esquivés, la question des changes est posée, et on voit bien qu' elle est centrale, le tabou des changes flottants est toujours aussi absolu.

Terrible tabou.

Qui osera dans la PQN le faire sauter ?

Ce n'est visiblement pas pour demain.

Les discussions du G.20 risquent  d'être totalement stériles avec une Europe muette et un conflit Etats-Unis Chine qu'ils ne voudront pas régler au G.20. Pourquoi le feraient-ils ? 

Sauf divine surprise. On peut toujours rêver.

 

 

 

Paul Krugman invente le keynésianisme ascensionnel "no limit"

Personne n'a très bien compris ce qui a valu à Paul Krugman son prix Nobel ou ce qui en tient lieu, faute d'une œuvre théorique particulièrement remarquable.

Les mauvaises langues disent que sa longue critique de George Bush dans le NYT est la seule justification de cette distinction qui parait d'autant plus étrange que, malgré son flot de critiques acerbes,  P. Krugman est de ces experts médiatiques qui n'ont pas vu venir la crise et qui ont le plus grand mal à en faire l'analyse.

Le résultat est une course de rattrapage qui conduit à la surenchère dans le keynésianisme débridé,  désormais vis à vis de l'Administration Obama elle-même (horresco referens !). 

Voici donc que notre auteur compare la situation de 2010 à celle de 1938  et propose pour en sortir qu'on ne refasse pas les erreurs du passé et qu'on n'hésite pas à s'endetter aux hauteurs astronomiques qui permirent de financer la guerre de 40. En temps de paix !

Alors que la situation de l'endettement des Etats-Unis, dont plus personne ne sait dire s'il se situe au dessus de 400% ou de 600% du PIB, est littéralement du jamais vu en temps de paix, il faudrait encore surenchérir.  Finançons par la planche à billets la paix comme nous avons financé la guerre et tout ira mieux. "La crise peut être vaincue", dit notre auteur. Au prix d'un aventurisme qu'il faudrait admirer.

Paul Krugman ne comprend pas ce qui est arrivé au monde en général et aux Etats-Unis en particulier. Il raisonne comme si l'économie avait été soumise à un choc externe si violent (dont on se garde bien de proposer un scénario)  qu'il devait conduire à la dépression et qu'il suffit d'éviter les grandes erreurs de 29 pour conjurer le malheur. 

La Doxa depuis les années 60 est que la crise de 29 en elle même, n'était pas dramatique et qu'il eut suffi de prendre les bonnes décisions pour éviter les tourments de la dépression. Milton Friedman avait pointé les erreurs de la FED qui avait contracté l'offre de monnaie, accélérant le "credit crunch" : depuis Greenspan on lâche les vannes monétaires à tout va à chaque ralentissement. Keynes avait souligné que la trappe monétaire rendait cette politique de toute façon inefficace : l'investissement public devait venir en support de la "demande globale".  

On a donc laissé filer les déficits publics et conçu des "plans de relance".

Divers économistes ont souligné les erreurs du New Deal mais aussi que la récession de 1938 avaient été partiellement provoquée par l'arrêt du soutien de la conjoncture. On entend donc des voix soutenant que les plans de relance seront nécessaires tant que la récession ne sera pas vaincue.

Mais personne n'avait proposé d'entrer en temps de paix  dans une économie de guerre avec ses endettements pharamineux.  

Le gros défaut de bien des économistes universitaires est de toujours lire l'actualité avec l'œil dans le rétroviseur (c'est très rassurant). Bien sûr il faut retenir les leçons de l'histoire.

Mais il faut aussi regarder les réalités du moment.

Nous sommes de facto depuis 1971, de jure depuis 1973, dans un système de changes flottants et d'ouverture totale des mouvements de capitaux à court et à long terme qui est totalement différent de ce qu'on a connu précédemment et qui implique d'une part de comprendre les mécanismes propres de ce système et aussi la manière dont il remet en cause les pratiques et les idées précédentes.

Il n'y a aucune base qui permette de justifier l'efficacité du keynésianisme en système de changes flottants. Au contraire depuis 1974 on sait que cela ne marche pas comme avant. Alors un keynésianisme fou sera-t-il la solution ? Il faudrait au moins entrer dans le détail. Citer la guerre de 40 ne suffit pas.

La crise actuelle est la crise d'un endettement colossal et mondial alimenté par le mécanisme de la double pyramide de crédits et permis par les changes flottants et le rôle du dollar comme monnaie de réserve.

Evoquer la relance massive de l'endettement à des niveaux de guerre sans attaquer au fond les difficultés du système monétaire et ses conséquences est indéfendable.  Quand on n'a rien compris on ne lance pas dans des suggestions folles sur la seule foi d'une comparaison historique biaiseuse.

Car elle est biaiseuse. Si Krugman avait la patience d'étudier les cycles économiques décennaux, il s'apercevrait que la crise de 1938 est mondiale et qu'elle a frappé partout, chacun s'attachant à donner une explication "nationale" parfaitement controuvée. Krugman relève des mesures spécifiquement américaines comme Alfred Sauvy avait pointé du doigts quelques mesures irréfléchies du Front Populaire (et notamment les 40 heures). Les deux visions sont trop courtes.

On ne peut pas comparer la situation de 1938, pratiquement dix ans après le déclenchement de la crise, et celle de 2010, deux ans après le début de la récession. Le tout à 80 ans de distance !

Oublions la théorie économique. Visiblement P. Krugman a voulu encourager Obama à prendre  des mesures fortes de relance. Elles sont certainement nécessaires. Mais elles sont loin d'être suffisantes et P. Krugman commet l'erreur, générale chez les économistes qui tiennent le haut du pavé aux Etats Unis, de ne pas regarder avec assez de précision la question du système monétaire international.

Et il n'est pas sûr qu'il soit très pédagogique de proposer des bonnes mesures avec de mauvaises raisons.   

Lewis Holden pour le Cercle des Economistes E-toile

Non l'Allemagne n'est pas un paradis économique !

Si les Allemands lisaient la presse française ils seraient terriblement étonnés. Partout ce n'est que louange pour la sérieuse et vertueuse Allemagne déjà sortie du trou de la Grande Récession et déjà sur le rythme d'une croissance endiablée. La belle monture serait si fringante qu'elle aurait laissé toutes les autres sur place et que tout cela menacerait gravement l'Euro et l'Union Européenne.

Ils semblent que les analystes qui se sentent saisis d'une telle frénésie au seul vue des statistiques de croissance du second trimestre aient oublié quelques réalités de base :

- Le système bancaire allemand est globalement très fragile. Il ne s'agit pas seulement des banques spécialisées dans le crédit immobilier. Les Landesbanken sont très sous capitalisées, trop petites et en proie à mille soucis.  Presque toutes les grandes banques sont porteuses de crédits qui en cas d'effondrement de l'Euro deviendraient irrécouvrables.

- L'Allemagne de l'Est est à la fois un boulet et une opportunité. Le choix d'Helmut Kohl d'une parité monétaire immédiate a créé une pression déflationniste en Allemagne qui se traduit principalement sur les salaires. De ce point de vue, l'Est de l'Allemagne est exactement dans la même situation que la Grèce. Elle ne peut pas jouer sur le change pour créer un appel d'investissement et de dépense. Il faut donc partout en Allemagne freiner les salaires. La retenue qu'on applaudit en France est plus le fruit de la réunification que celui d'un calcul de domination de l'Europe par une compétitivité antisociale voulue.    

- Les Allemands admettent les contraintes par solidarité nationale avec l'Est. Ils l'admettent à l'Ouest avec plus que des réticences. Cela grogne.

- L'économie allemande, exportatrice par construction grâce à son Mittelstand, bénéficie formidablement de l'Euro qui évite une dérive de la monnaie du type de celle qui frappe le Yen et le Franc Suisse. Merci l'Europe.

- La démographie allemande est un désastre. Au rythme actuel les plus pessimistes prévoirnt qu'il ne restera plus personne en Allemagne avant la fin du siècle... En tout cas plus un seul Allemand. Le malthusianisme démographique allemand est un drame dont les Allemands n'ont pas encore pris la mesure. D'autant qu'il s'accompagne d'un vieillissement rapide de la population restante.

- Les entreprises allemandes ont été durement touchées par la crise et le restent. Le nombre des faillites n'a jamais été aussi haut. Si le marché international global a chuté de 12 % selon les statistiques du FMI, la sphère de la demande intéressant l'économie allemande a chuté de plus de 15%. De très nombreuses entreprises moyennes ont vu leurs ventes chuter de plus de trente pour cent (certaines jusqu'à 80% !).

- L'embellie du commerce mondial constatée au second trimestre 2010 a fait long feu et on assiste actuellement à une stagnation plus qu'à une croissance. Les entreprises allemandes craignent que l'économie mondiale n'ait pas rétabli sereinement ses circuits commerciaux. Tout cela est très fragile.

Décidemment non ! L'Allemagne n'est pas un îlot de prospérité dans l'océan du marasme européen. Elle souffre comme les autres. Elle bénéficie plus que les autres de la baisse relative de l'Euro.  Et elle dépends de l'Europe pour son avenir économique, pas seulement du stop and go chinois en matière d'investissement.

Il n'y a pas de paradis économique allemand.

Karl Peiper pour le Cercle des économistes e-toile

Nicolas Sarkozy et la réforme du système monétaire international

Comme souvent, Nicolas Sarkozy  donne le sentiment qu'il a une  claire conscience de ce qu'il faut faire.  La difficulté est parfois de déterminer s'il se coule dans une ligne de pensée toute prête et politiquement correcte dont il cherche à s'approprier les effets d'image ou si véritablement la pensée sous jacente est enracinée et peut servir de terreau à des réformes réelles.  On l'a ainsi vu balayer tout le champ des diverses démagogies à la mode : le réchauffement climatique ; les RSA  y compris pour les moins de 25 ans, la pénibilité pour les retraites, la baisse de TVA pour la restauration, ...
Evidemment, un politique fait de la politique et il est difficile de le lui reprocher.

S'il est toutefois un domaine où l'opportunisme a peu de chance de donner des résultats, c'est bien celui des questions monétaires internationales.

Nous avons écrit et répété ici que la taxation des transactions financières était une mauvaise idée surtout si on ne lui donnait pas un rôle précis. Pour "faire gauche" on peut  piquer un thème  aux vieilles barbes du communisme cachées sous le masque de l'altermondialiste en reprenant l'idée d'une taxe Tobin.  Mais il fallait choisir. S'agissait-il d'une taxe :
-  pour faire face au sous-développement ?
- pour financer les politiques contre le réchauffement de la planète ?
- pour garantir que les banques se sortiraient toute seules de la prochaine crise financière ?
- pour sortir de la crise de la dette ?

La taxe Tobin n'avait aucun de ces buts. En avoir fait une espèce de couteau suisse permettant d'ouvrir toutes les boites de pandores et avoir développé des raisonnements changeant en fonction des besoins de dépenses les plus criants ou des thèmes les plus médiatiques du moment, on allait droit à l'échec.

Cet échec est désormais patent. L'initiative franco-allemande ne tenait pas la route et est en train de dérailler.
Il ne faut pas jouer avec les mots et les concepts.

Il n'y avait qu'une manière de traiter de la question d e la taxe Tobin : c'était celle de Tobin.  On mettait un gourdin de grosse dimension en place pour bloquer les mouvements spéculatifs à court terme sur les marchés de changes.   Cela impliquait d'avoir des réponses solides sur des tas de questions difficiles :

- fallait-il réellement bloquer les transactions financières d'horizon court sur les marchés des changes ?
- ce blocage aurait-il un effet quantifiable et serait-il favorable ?
- n'y aurait-il pas d'autres moyens de faire pour résoudre des difficultés qu'on aurait bien pris le soin  de préciser ?

Ne présenter aucune réponse publique à ces questions  était la certitude de l'échec.  Les gouvernements, surtout lorsqu'ils se réunissent, ne peuvent se mettre d'accord sans un minimum de rationalité.

On notera que depuis que Mme Lagarde et M. Kouchner ont lancé la campagne sur la taxation des  transactions  financières, dans un article ambigu et vide,  il n'y a eu aucune explication  et aucun débat dans la presse sur aucune des questions clés qui auraient mérité quelques développements.

Croire que l'on peut faire de la politique aussi technique sans le moindre débat public, en s'appuyant sur des intuitions et des experts à toutes mains et à toutes fins, est une illusion. 

Comme nous l'avons toujours expliqué, Tobin était un économiste très fin et un connaisseur hors pair des questions monétaires internationales, ce qui, dans le petit monde des économistes, est une rareté.  Il n'y a aucun doute que sa proposition s'appuyait sur un diagnostic et un pronostic  exact et grave : les changes flottants sans contrepoids quelque part aboutirait à une série de catastrophes. Il fallait refroidir la spéculation pour que les changes respectent d'abord les conditions d'ajustements des balances commerciales.  Des changes entièrement libres dans un système de changes flottants aboutirait rapidement à ce que les transactions purement financières  deviennent  de multiples fois plus importantes que les transactions commerciales ; la migration de capitaux courts moutonniers  de dimension mondiale auraient le pouvoir de tout dévaster périodiquement empêchant toute politique économique et mettant en défaut les moyens d'action des banques centrales.

Ce raisonnement est parfaitement juste. Il n'a cessé d'être confirmé. James Tobin a eu raison contre Milton Friedman qui prétendait que les marchés  s'optimiseraient tout seuls et que bientôt les taux d'intérêt seraient lissés et les capitaux dirigés de façon optimale vers les meilleures opportunités. 

La question technique difficile était double : à quel niveau de taxe le freinage de la spéculation commencerait à être efficace ? A ce niveau là, la solution n'aurait elle pas des effets collatéraux aussi néfastes que le mal à traiter ?

La question politique, elle, était sans réponse : comment espérer mettre en place une solution exigeant un haut degré de coopération entre les Etats au moment où on venait de mettre un système qui mettait fin à toute coopération organisée des états en matière monétaire ? Et si on en revenait à une forme de sagesse internationale et qu'une coopération devenait possible est-ce qu'il n'y avait pas mieux à faire qu'à essayer de gérer les inconvénients d'un système foireux.  Les changes flottants, cela ne marche pas et ne marchera jamais. Pourquoi tenter un cautère sur une jambe de bois ? Il était sans doute bien préférable de changer le système lui même.

En s'écartant de la technique et en n'offrant aucun raisonnement, aucune formulation un minimum technique, sur toutes ces questions, on tombait automatiquement dans la politichiennerie, style Attac : tout dans les apparences rien dans le dur des problèmes.
La  taxe Tobin n'était pas un "must" politique qu'on devait ressortir en changeant la sauce au fur et à mesure que les circonstances imposaient une recherche de ressources fiscales et que la mode suggérait des emplois nouveaux. C'était une manière de corriger un système déplorable. Il fallait donc d'abord faire la critique d'un système déplorable et d'autre part prouver que la solution en serait véritablement une.  Cherchez bien : si vous trouvez dans la presse un début de commencement de cela, vous avez gagné.

On peut craindre  que la recherche d'un thème d'animation de la présidence française du G.20 ne soit l'occasion d'un nouveau malentendu.

Nicolas Sarkozy a parfaitement raison de mettre en avant la nécessité d'une réforme du système monétaire international. Il a parfaitement raison de pointer du doigt les déséquilibres désastreux qu'on y constate. Il a encore raison d'attirer l'attention sur l'obligation où sont les états de constituer des réserves de change stériles pour faire face à des coups de chiens du marché monétaire international et des spéculations organisées. Tout cela est parfaitement exact et bien vu. Mais il gâche tout et d'un coup en affirmant devant les réticences que ces analyses provoquent qu'il n'est pas pour un retour à un système de changes fixes et ajustables.

Du coup on entre à nouveau dans les déclarations opportunistes sans cohérence technique qui n'ont d'autres vocations que d'aller à l'échec, surtout dans le cadre d'un G.20 qui est un trompe couillon chargé de "dresser la façade" comme disent nos amis anglo-saxons.

Si l'objectif n'est pas d'occuper le terrain politique par une agitation médiatico-narcissique et des opérations-image (nous ne jugeons pas de l'opportunité des opérations politiques) mais de résoudre les problèmes de fond, nous suggérons à Nicolas Sarkozy et à ses équipes de changer totalement de méthode.

Pour obtenir un résultat la France seule ne peut rien. L'affaire est claire depuis les tentatives du Général de Gaulle de 67-68. Le couple franco allemand n'est pas lui même suffisant. Il faut avoir le soutien de toute l'Europe et de ses institutions financières. La BCE, la Commission, la présidence permanente de l'Union doivent faire partie du jeu, autant que chaque présidence des pays membres. La grande question ici est le Royaume Uni.  Si au sein de l'Europe on ne parvient pas à convaincre le RU, comment espérer convaincre le monde ?

Ce travail n'a pas été fait.  

Il faut par ailleurs associer à ce projet des pays non européens et des institutions monétaires internationales.

Quelles institutions internationales ? Naturellement en premier le FMI et la BRI, mais aussi l'OCDE. Touts ces organes disposent de nuées d'économistes auprès de qui, moyennant les ordres nécessaires, ont peut obtenir de l'expertise et des conclusions. Et sans doute du consensus.

Ce travail n'a pas été fait.

Quels pays ?  Contrairement à ce qu'on croit de très nombreux pays sont frontalement opposés à une système de changes flottants qui leur a nui durablement. Aucun des pays en voie de développement n'est content d'avoir à gérer des mouvements de capitaux à court terme dont ils ne peuvent maîtriser la direction et qui à l'occasion peuvent devenir dévastateur. Le Japon vit un drame constant du fait de la surévaluation du Yen qui n'a aucune justification économique saine. La Suisse est dans le même cas. Même la Chine est inquiète pour ses réserves.  Les deux seuls pays qui défendent les changes flottants sont le Royaume Uni qui pensait être la plaque tournante des mouvements de capitaux libres et qui vient de recevoir le pire démenti qui soit sur la validité de cette stratégie et les Etats-Unis par passion impérialiste, alors qu'eux même sont désormais à la recherche d'une croissance qui se dérobe.

On voit que jamais les circonstances n'auraient été meilleures pour une offensive efficace contre les changes flottants et les privilèges douteux du dollar roi. Pour aboutir à un résultat il aurait fallu faire présenter par des économistes un travail de fond sur les causes de la crise actuelle.

Il fallait démontrer que la crise était un épisode de plus de la faillite du système des changes flottants. Il fallait démonter très précisément les mécanismes  du gonflement des dettes internationales et leur effet sur le déclenchement de la crise. Il fallait sortir de la bouillie infâme d'une explication de la crise par les surprimes et les comportements voyous des banques. Il fallait démontrer que les relances keynésiennes n'avaient aucun effet durable dans un système de changes flottants. Il fallait démontrer que les Etats Unis s'étaient mis dans le cas d'une stagnation de longue durée. Il fallait démontrer qu'un système du chacun pour soi signifiait la crise pour tous.  Bref il fallait démontrer qu'on ne s'en sortirait pas sans rien réformer sinon des broutilles.        

Si ces démonstrations étaient portées par l'OCDE, le FMI, la BCE, la conférence des ministres des finances de l'Europe, la nouvelle diplomatie commune de l'Europe, le nouveau président européen, le président de la commission européenne, le couple franco-allemand, alors on verrait le bout du tunnel.  Le RU n'est plus aujourd'hui en situation de s'opposer durablement à une réforme du système monétaire international. C'est un pays ruiné par la ruine même du système financier international qu'il prétendait régenter.

Les Etats-Unis seraient restés seuls face à tous. Avec une économie au bord d'une rechute sévère dans la récession et obligés à faire face à des critiques et des objections dont ses experts auraient eu du mal à se défaire.

Rien de ce travail n'a été fait. Ni DSK ni son principal économiste, Blanchard, n'ont fait le moindre effort intellectuel en ce sens. L'Europe n'est pas mobilisée. Les experts officiels français, à leur habitude, n'ont produit aucun travail convaincant (ont-ils produit un travail quelconque ?).

Le président français se satellise dans le froid sans qu'on sache bien quels sont ses objectifs.

Le G.20, sauf miracle, ne produira rien, sinon peut être un début de prise de conscience. La France risque de paraître un fois de plus comme isolée et rétrograde.  Une occasion majeure aura été perdue.  Au mieux,  on aura pris date.

C'est rageant. Il n'ya rien de plus important et urgent  aujourd'hui que d'obtenir une réforme du système monétaire international.

Didier Dufau pour le Cercle des Economsites E-toile



Une poussée de lectures révélatrice

 

 

 

David Ricardo avait raison. Ecoutons le !

En économie comme ailleurs il faut toujours lire les grands auteurs. Même si les conditions économiques du moment sont très différentes de celles qui prévalaient lorsqu'ils les observaient, il est bien rare que certaines de leurs observations majeures n'aient pas une pertinence pour notre temps.


Ainsi David Ricardo,  l'économiste anglais qui est à l'origine de la pensée classique avec Adam Smith et Jean-Baptiste Say. C'est un homme qui s'est colleté avec les questions monétaires (bien qu'en général on considère que les classiques tenaient la monnaie pour un voile sans grande importance). A l'époque le billet était l'innovation principale. C'était ce qu'on appellerait aujourd'hui un "produit dérivé" dont la maîtrise sollicitait déjà la sagacité  des économistes.


Que dit Ricardo ? D'abord que la monnaie papier doit être émis par l'Etat par le moyen d'un organisme spécialisé et non pas par les banques.  Il le démontre d'une façon limpide et irréfutable.  Autant pour ceux qui bataillent encore pour la création d'une monnaie privée.


Il va plus loin en s'interrogeant sur les conditions de la création de cette monnaie.   Et très vite il montre que les dérèglement dans l'émission aurait des conséquences fort désagréables comme  l'inflation (tout le monde connait la thérorie quantitative de la monnaie) mais aussi le grossissement de la dette qui pour lui est annonciateur d'une hausse des impôts.  On est en plein dans l'actualité !


Il ne croit pas du tout à une émission libre, même alignée sur l'inflation.  Il pense qu'il faut équilibrer la création monétaire par de puissants contrebalanciers.  La convertibilité en Or est, à son époque, le contrebalancier naturel.  A partir du moment où cette convertibilité existe les erreurs des émetteurs de monnaie n'ont guère d'importance car des réactions vont avoir lieu pour rééquilibrer le cours des choses.


Ce que nous avons fait en 1971 et systèmatisé en 1973, c'est supprimer le contrebalancier, en laissant les monnaies administratives s'échanger librement sur les marchés.  Ce que Ricardo a démontré c'est qu'un tel système ne peut pas marcher. Et en vérité il ne marche pas.   


Si on ne veut pas une contrainte de convertibilité en or il faut une autre forme de contrainte.  Ce peut être une contrainte de convertibilité en un unité monétaire composite comme le Bancor de Keynes  ou pour nous le Mondio.  Mais il faut cette contrainte.


Avoir cru avec Milton Friedman que les grands classiques comme Ricardo avaient tort est hautement dommageable. Rien de ce qu'a écrit Milton Friedman ne s'est réalisé : au contraire tout s'est passé à l'inverse de ses prévisions. En revanche les défauts étudiés par Ricardo  se sont déployés à leur aise.


La sagesse des économistes est de rappeler au gouvernement qu'ils ont une responsabilité monétaire et qu'ils doivent l'exercer sous contrainte.  Leur avoir fait croire que l'émission de monnaie se règlerait toute seule  grâce à la sagesse de quelques commis les yeux fixés sur l'inflation et incapables de stabiliser la valeur de leur devise sur les marchés mondiaux est la plus monstrueuse des erreurs.


Non il ne faut pas avoir peur des monnaies administratives. En matière monétaire on ne revient jamais en arrière. Mais il faut les gérer avec des contrepoids solides.  Les changes flottants ne fonctionnent pas. Ils ne peuvent pas fonctionner. Ils ne fonctionneront jamais durablement  à la satisfaction générale.  Ce ne sont pas des contrepoids mais au contraire des accélérateurs de déséquilibres.

La question n'est pas si M. Trichet ou M. Bernanke sont des gens bien. Ce sont des gens bien. Mais ils jouent leur rôle dans un système déficient. Le reproche qu'ont doit leur faire est de ne pas le dire.

Des banques d'émission sans contrainte sur la valeur d'échange de la monnaie qu'elles gèrent ne sont que ruine de l'économie, même si elles ont les yeux rivés sur l'inflation.  C'est la leçon de la crise actuelle. Mais il aurait suffit de lire Ricardo pour l'apprendre sans ruiner la planète.

Que la parole des classiques soit écoutée si on n'accorde aucun crédit à la nôtre.

Erreurs fatales : le rôle fondamental du tabou.

Le 10 mai 1940 la France est encore considérée comme la première puissance militaire mondiale. La nation vainqueur de la guerre de 14 dispose d'un Empire, l'Empire Français, sur lequel le soleil ne se couche jamais. Bien sûr la dénatalité la frappe. Bien sûr elle a subi de plein fouet la crise de 1929, au point d'être le pays qui en a le plus souffert avec des pertes économiques égales à celles de la guerre. Bien sûr elle est travaillée par le prurit socialiste et le vertige de la lutte des classes. Mais partout en Europe, en Orient, en Afrique, en Amérique du sud, on parle français, la langue de culture du monde. Sur tous les fronts de l'industrie, elle est là, ingénieuse et féconde.  

Une semaine après, les forces de Guderian ont passé la Meuse et le général George s'exclame : "la guerre est perdue". Tout l'acquit des rois, des empereurs et des républiques se trouve compromis et bientôt tout l'édifice sera à bas.  

"L'étrange défaite", écrira-t-on. Par quelle inconscience peut-on perdre tout sans avoir jamais eu l'intuition que cela soit possible ? Cette question, celle des erreurs fatales,  est fascinante. Elle mérite qu'on s'y arrête un instant.

La guerre de 14 avait fait apparaître deux innovations phénoménales :  la force mécanique ; les transmissions rapides. L'avion, le char et la téléphonie puis la radio téléphonie changeaient tout. On entrait dans un nouveau monde où le choc et  la vitesse, bien coordonnés, pouvaient tout emporter. L'ère des systèmes d'armes et d'information s'ouvrait. Hitler et ses généraux comprirent tout cela. Et ne s'en cachèrent pas. On savait tout des intentions du premier depuis Mein Kampf et tout des conceptions des seconds dès les premiers défilés et dès les premiers discours. Le Reich millénaire comptait sur la science et sur la technique pour s'imposer au monde. Les attachés militaires et le renseignement n'avaient pas à multiplier les exploits pour comprendre que la Luftwaffe s'équipait à la fois pour des succès stratégiques et tactiques, protégés par une chasse capable de créer la supériorité aérienne et que les colonnes mécanisées, basées sur le char et protégées par une "flak", une défense contre avion, particulièrement bien équipée et ingénieuse, seraient le fer de lance des batailles.

Que fit la France pour se préparer à cette nouvelle bataille mécanique ? On sait qu'elle construisit la ligne Maginot.  On sait aussi qu'elle construisit des chars et des avions. Beaucoup de chars et pas mal d'avions. Tous ces moyens furent gâchés.

Pourquoi ?  A cause d'un tabou.

Le mot offensive devint tabou.  Pas un peu tabou. Totalement tabou. Un tabou ne concerne pas que les politiques. L'opinion politique échappe largement aux politiques. Il devint indécent de parler d'offensive partout et en particulier dans les medias. La presse ne manquait pas d'adjectifs pour qualifier tous ceux, rarissimes, qui auraient bien aimé qu'on tienne compte du monde tel qu'il se faisait et de ses conséquences en matière de concepts et de réalisation militaires. Aventuriste ; inconscient ; insensible ; etc.   

La glue intellectuelle et morale de la défensive contre "un feu qui tue", embourba à ce point tous les débats qu'aucune décision correcte ne put être prise de 33 à 40. Non pas que la France ait manqué d'énergiques dirigeants. Mais à tous les niveaux les discussions tournaient mal.

L'aviation ? Elle devait être le soutien des armées terrestres et dépendre de l'armée de terre. On voyait bien que sa dimension stratégique (offensives au loin, supériorité aérienne) imposait des réformes profondes. On créa un ministère de l'air. On songea à construire des unités de bombardement à distance. Certes pas pour accompagner une offensive mais pour servir de force de dissuasion.  On sépara un peu l'armée de terre et l'armée de l'air.  Mais partout l'état d'esprit était à la protection des armées de terre. L'avion était un canon comme un autre qu'un divisionnaire devait mobiliser "pour le bien du champ de bataille terrestre". De tiraillement en tiraillement, aucune doctrine correcte ne fut mise en place et tout sombra dès l'offensive allemande.

Pour le char, l'affaire fut la même. Il était au service du régiment. Il accompagnait les troupes à pied, à cheval et un peu en voiture. Il ne faut pas croire que nous ne construisîmes que des mauvais chars.  Un des Somua était une petite merveille et gagna quelques batailles contre les unités blindés nazies.  Là encore c'est le logiciel plus que le matériel qui flancha.  Les armées terrestres étaient derrière la ligne Maginot. Infranchissable, comme on le sait.  Le char et l'avion étaient là pour protéger le front si une percée, peu envisageable, se faisait.  

Des dizaines de micro décisions baignant dans l'esprit général de défensive s'employèrent à rendre inefficace toutes les innovations qu'on voulut bien mettre en œuvre. Par exemple on fit des chars à deux places et non à trois, et sans communication par radio entre eux. Le chef de char était également le tireur. Le chef d'unité pour communiquer devait sortir de son char et se ruer à pied vers les autres chars pour passer ses consignes ! Impossible de commander une attaque de chars coordonnée  poussant sur plusieurs kilomètres.  Et on avait oublié de régler bien la question du ravitaillement. On n'approvisionnait pas les chars en mouvement. Il fallait qu'ils reviennent à la pompe !

Naturellement on avait oublié la défense contre avion. Alors que les nazis avaient inventé une arme terrible, un quadri tube de 88 à haute fréquence de tir, associé à une tactique bien rôdée (le mur d'obus et non pas le tir sur cible individuelle),  les Français avaient une dotation de mitrailleuses pour les unités terrestres (en générale jamais complète sur le terrain) et rien pour les concentrations de chars qu'ils finirent par rassembler pressés par la nécessité.  

Le tabou avait faussé toute la chaîne des décisions, de la conception des matériels à celle de leur emploi.

Alors on courut de désastres en désastres. Faute de défense contre avion les troupes terrestres se firent étrillées par l'aviation adverse. En revanche notre aviation tactique fut dévastée par la flak allemande à chacune de ses sorties. Faute de supériorité aérienne stratégique, notre chasse courut d'une crise à l'autre en état permanent d'infériorité.  La formation des pilotes avait prévu des combats aériens entre petites unités. Que faire contre des escadres de bombardiers de plusieurs dizaines ou centaines d'avions ?  Le mystère prit la vie de quelques dizaines d'aviateurs courageux mais impuissants.  On demanda aux bombardiers dits "horizontaux", chargés des bombardements lointains de jouer au chasseur de char là où les trouées se faisaient. Naturellement sans aucun résultat.

Bref, en quelques jours, tout était par terre.

L'histoire de la défaite de quarante est toute entière celle de la force destructrice du tabou dans un monde qui bouge.

Quand la pensée est inhibée aussi bien dans les étages de décision que dans les médias et dans l'opinion, on n'obtient, au fur et à mesure que l'écart entre les réalités et leur perception grandit, qu'une suite incohérente de décisions qui paraissent toutes sur le moment parfaitement justes mais qui sont en fait des cautères sur des jambes de bois. 

Quand le malheur frappe tout est dépeuplé. Et la panique s'installe.

Les grands tabous qui peuvent à certains moments s'emparer des peuples sont les pires maladies sociales qu'ils puissent subir. Quand ils deviennent mondiaux, les catastrophes sont sans limite.

Dans les années 1870 l'orthodoxie de l'étalon or s'est généralisée. Enseigner une idée contraire ou simplement un peu critique dans les universités et les cénacles économiques n'était pas simplement vertueusement condamnée : son auteur était chassé pour inconvenance. La suppression de l'argent monétaire lorsqu'on se décida à un monométallisme-or provoqua un "credit crunch" si considérable que pendant 25 ans le monde occidental connut "la grande dépression". Même encore aujourd'hui la force du tabou sur cette période reste si forte qu'il est presque considéré comme inconvenant de rappeler cette évidence dans les cénacles universitaires (si tant est qu'il en reste encore un qui s'intéresse à la question).

La crise de 1929 a été souvent décrite comme la marque d'une fixité idéologique libérale face aux évènements.  La vérité est un peu différente :  personne n'avait réellement compris le monde de monnaies administratives qui s'était mis en place et dont il était devenu presqu'impossible de sortir.  Des océans de dettes, des organisations de faits ou de droit nouvelles et non éprouvées, le désordre dans les esprits avec la révolution soviétique et les poussées socialistes en Occident, la situation était si bouleversée que les esprits n'étaient pas préparés à faire face. On fit glorieusement n'importe quoi avec les résultats que l'on sait.

Dans le cas de la crise actuelle, on voit revenir la force démoniaque du tabou. Les changes flottants sont couverts par un tabou absolu depuis 40 ans. Impossible de faire valoir aucun argument, aucune observation. La presse quotidienne française, à la remorque de la presse anglo-saxonne, n'attaquera JAMAIS le tabou des changes flottants et de la monnaie de réserve américaine. C'est IMPOSSIBLE.

Aussi impossible que d'évoquer les contraintes et nécessités de l'offensive dans les années trente en matière militaire.

Tout le monde sait, et il suffit de regarder pour voir, qu'aucune des assertions de Milton Friedman sur les changes flottants, le seul auteur à avoir élaboré des bouts de doctrine sur ce système, ne s'est réalisée. Les intérêts devaient converger : nous vivons les "spreads" les plus épatants qu'on puisse trouver. Les taux de change devaient converger : c'est la danse de St Guy la plus parfaite. Les réserves monétaires devaient diminuer partout : elles n'ont jamais été aussi hautes. Rien, rigoureusement rien, n'a marché selon la théorie. Elle est donc fausse.

- Vous avez dit : fausse ?

- Elle l'est en effet. Irrémédiablement.

- Et vous dites : destructrice ?

- Mais oui.  Chaque crise, 74, 93,  2007-201x, est plus destructrice que la précédente. Les trente glorieuses sont mortes et enterrées depuis la destruction des accords de Bretton-Woods.  Ce que nous vivons depuis deux ans est une tragédie : des millions de chômeurs ; des états au bord du gouffre, le progrès économique et social partout en régression ou  à l'abandon. 

- Et vous savez faire le lien entre système monétaire international défaillant et la crise ?

. Bien sûr.  C'est même si simple à faire que la prévision de la survenue de la crise  et de sa dureté était un enfantillage.

- Alors tout cela, c'est à cause des changes flottants et de l'utilisation d'une monnaie nationale comme monnaie de réserve ? 

- Evidemment oui !  On a tout : les causes lointaines et immédiates ; les mécanismes détaillés. Tout. Vraiment tout. Même un enfant de 10 ans maîtrisant les pourcentages pourrait voir et comprendre.

- !?!

- Vous allez donc faire droit à ces analyses ? Tenter de convaincre les gouvernements ? Faire bouger l'opinion ?

- Oh non. Tout cela est trop technique. On ne veut pas passer pour des ringards. De toute façon aucun économiste ayant une position un peu établie ne défend ces thèses, à part quelques vieux fous  considérés comme vaguement sectaires.

Voilà la force du tabou. 

Comme le militaire qui dans les années trente parlait armée mécanisée et offensive  était aussitôt cantonné et marginalisé dans les armées françaises , l'économiste qui remettra en cause le tabou des changes flottants sera aussitôt banni des bons cénacles par les économistes nullissimes mais sûrs d'eux qui ont si bien expliqué que la crise était "imprévisible" et qui n'ont aucune solution pour en sortir, sinon le polissage de leur mythologie idéologique personnelle ou collective.  

Dans les années trente, une presse confite dans ses postures et ses clientèles ne disait rien des risques de la défensive et des atouts de l'offensive. La PQN d'aujourd'hui se tait avec ostentation dès qu'il faut remettre en cause les changes flottants.

Le blocage intellectuel des "élites" est total.

Les hommes eux souffrent.

L'Occident recule. Les Etats unis se lézardent.  L'Europe se ridiculise. La France s'enfonce dans le rien du tout !

Quel spectacle !



Les mécanismes de la dette à plus de 300% du pib (fin)

Qu'elle serait l'inconvénient de revenir à un système régulé des changes avec une monnaie de réserve mondiale indépendante d'un pays national ? Les Etats Unis se trouvent-ils si flambants  aujourd'hui ?  Et la Chine ? Elle tremble de tous ses membres devant son tas de dollars qui risque de lui claquer dans les doigts.  L'économie casino était elle aussi belle que cela ?  Bien sûr les financiers ont gagné des sommes gigantesques mais au prix de la ruine du secteur bancaire qui sans le secours des Etats serait aussi radicale que définitive.  Bien sûr les Etats unis ont financé leur déficits monstrueux sans avoir à faire le moindre effort pour les réduire. Mais au prix d'une crise dont ils sont loin d'être sortis et dont ils ne sortiront pas seuls.  Le "moteur américain" n'existe plus. Il était entièrement alimenté par la dette. Et la dette aujourd'hui, mon bon Monsieur !

Le seul vrai risque est de croire qu'une fois de plus après un temps de difficultés tout va reprendre comme avant, avec des accords Bâle III, IV ou XIX, des restrictions de bonus  et un petit coup de trique sur les agences de notations. La pyramide de dettes est encore là, même si on la "roll over" avec ténacité . Les mécanismes dangereux aussi. Tout peut encore exploser.  Si l'Euro disparait  nous aurons le fameux effondrement des monnaies européennes non plus voulu mais de facto.  Et bonjour l'effondrement des dettes donc des créances partout où elles sont. Le nouveau "crédit crunch" sera encore pire que celui que nous venons de vivre. 

On ne peut pas aujourd'hui penser la dette sans penser le système monétaire international.   C'est là qu'il fallait agir il y a trois ans, quand le marché interbancaire s'est bloqué. C'est là qu'il fallait agir en septembre 2008, quand le système bancaire a explosé. C'est là qu'il fallait agir quand les états sont arrivés en première ligne avec leurs dettes intolérables.  C'est là qu'il faut agir aujourd'hui.

Pendant que les dirigeants mondiaux, repliés sur eux mêmes et leurs petits calculs,  font perdre son temps au monde entier, les peuples souffrent. Ils ne seront patients qu'un temps. Craignons l'impatience des peuples.  C'est un risque bien plus grand que celui d'une réforme du système monétaire international.

Comment des économies mondiales majeures peuvent-elles s'endetter au delà de 300% du PIB ?

L'épisode de crise  économique sévère que nous vivons depuis le blocage du marché interbancaire en juillet 2007 et surtout l'effondrement bancaire de septembre 2008, présente une caractéristique originale : la dette globale des premières économies mondiales a soudain dépassé les 300% de leur PIB.  

De tels taux sont intenables. On peut faire toutes les hypothèses que l'on veut sur le taux d'intérêt moyen comme sur la maturité moyenne de la dette, on trouve toujours pour l'amortissement du principal et le paiement des intérêts un prélèvement sur le PIB intolérable.  Si on prend un taux d'intérêt moyen de 3% et une maturité moyenne de 9 ans, deux hypothèses très favorables, un endettement de 270% du PIB exigera une prise sur la richesse produit annuellement de 30%  pour l'amortissement et de 7.1% pour l'intérêt. Si on pousse la dette à 360% du PIB avec un taux d'intérêt de 5%, avec une maturité de 5 ans, les chiffres passent respectivement à  72% et 18% soit 90% de la richesse produite !

Les chiffres différent selon les sources. Les chiffres donnés par McKinsey et cités dans l'Economist sont plus bas que ceux du FMI. On voit la dette du Japon à près de 450% du PIB.  Celles de la Grande Bretagne, de la Corée, de la Suisse et de l'Espagne au dessus de 300%. Celles des Etats Unis, de l'Italie et de la France  un peu au dessous de 300%. En fait on sait que le FMI a calculé la dette américaine à près de 360% du PIB des Etats Unis en 2008.

Notons au passage que ce chiffre critique de l'endettement global d'un pays n'est pas une statistique facile à obtenir et ne fait pas partie des indicateurs généralement suivis. Ce qui est une très grave erreur et une lacune que nous invitons Eurostat et l'Insee à corriger d'urgence, en donnant la maturité moyenne et le taux d'intérêt moyen.  Cet index a une importance critique. Faute de l'avoir suivi avec soin au cours des années la plupart des économistes n'ont pas vu venir la crise.

Un simple calcul, nous l'avons vu, permet de conclure que dès qu'on dépasse 150 à 200% on entre dans une situation intenable dans la durée.  On parle de ratios de dettes pour les banques, il faut étendre ce concept aux économies.

Quand s'est donc produit le gonflement (inouï en temps de paix) des dettes globales ? La situation commence à s'aggraver après la rupture des accords de Bretton-Woods. Une accélération majeure se produit après la crise boursière de 1987   et le relâchement général de la création monétaire à l'arrivée de Alan Greenspan à la tête de la FED. La crise de 92-93 donne un coup de fouet à l'endettement  : celle de 2001-2002 l'aggrave. Pendant des mois la FED pratique des taux d'intérêt négatifs. Et tout le système s'emballe en 2006 et 2007 jusqu'aux  premiers accidents de juillet 2007. La phrase que l'on entend dans les milieux spécialisés : "un blocage de ce genre du marché interbancaire cela ne s'était jamais vu". On vient d'entrer en terra incognita.

Pourquoi les marchés interbancaires se bloquent-ils ? Essentiellement parce que le remboursement de la dette n'est plus possible. La seule technique pour faire face à cette dette monstrueuse c'est le "roll-over". On refinance indéfiniment la dette.  Le refinancement devient difficile pour nombre de banques dès que la FED remonte ses taux directeurs. Toute la pyramide de dettes vacille, entraînant les banques dans le développement à toute vitesse des CDS et de la titrisation. On se débarrasse d'une partie de la dette menaçante sur des tiers : épargnant, gestionnaire de trésorerie, assurance...

Mais les marchés de dérivés titrisés se bloquent bientôt. La méfiance s'installe partout. Les banques les plus fragiles, celles qui ont cru devoir essayer de rattraper les "gros" commencent à fléchir puis les banques de l'immobilier. La panique s'installe bientôt. Des ruées ruinent certaines banques sauvées par les Etats.  Jusqu'à l'effondrement final.  Rien ne pouvait empêcher que ce scénario se produise.

Le grossissement indécent de la finance ne se mesure pas seulement par l'en cours de dette. La part du secteur financier  dans les bénéfices globaux s'envolent au détriment des autres secteurs. Le secteur financier recrute en masse et verse des rémunérations chaque années plus faramineuses depuis ... 1975. Ce ne sont ni un accès subit de cupidité, ni des pratiques déloyales des banques, qui expliquent ces largesses. Les gains sont là parce que le secteur financier prélève une part constamment plus grosse du PIB, à proportion du gonflement de ses bilans.  Les agences de notations, les contrats alambiqués, l'emploi des mathématiques et la rémunération sans limite  des directeurs de banques  jouent un rôle secondaire. Le levier de ces gains est dans l'accroissement indéfinie (pensait-on) de la dette. Les servants d'une dette de 300% du PIB sont aux premières loges pour confisquer l'essentiel des gains de PIB. Et le font. Toutes les enquêtes montrent notamment aux Etats-Unis (en France, on a des pudeurs...) que la part prélevée par le secteur financier est devenue excessive  dès la fin des années 70 et hégémoniques dès la fin des années 90.

L'accroissement indéfini de la dette est bien le cancer qui depuis le début des années 70 a attaqué l'ensemble de l'économie mondiale et, de crise en crise, a fini par créer la plus forte récession depuis 1929.  Lorsqu'on dit : un cycle se termine, on veut dire : il est impossible que les quarante années que l'on vient de vivre se perpétuent sur le modèle absurde et voué à l'explosion  qui s'est installé après 71.

Quel est donc le virus qui a provoqué cette cancérisation par la dette ?

On peut résoudre cette énigme comme toujours en l'abordant par ses composantes. L'endettement global est composé de quatre parties qui ne vivent pas selon les mêmes règles.

Prenons les entreprises. A-t-on vu une augmentation massive de l'endettement des entreprises depuis 1971 ? Pas vraiment. En fonction des taux d'intérêt et des modes, les entreprises se financent plutôt par le recours aux actionnaires, ou au marché obligataire ou au crédit bancaire.  On sait parfaitement que l'endettement devient rapidement un problème si son ratio avec le capital devient excessif.  Les trésoriers savent qu'il faut emprunter lors que les taux d'intérêts sont au dessous du rendement interne des capitaux investis. Ou lorsque les épargnants ont été douchés par une crise boursière. Mais que dès que le taux d'endettement s'élèvent au dessus de 50% de l'actif, les banquiers deviennent nerveux. Alors on ne voit les taux d'endettement s'envoler qu'en fin de cycle, dans les deux-trois ans euphoriques qui précédent les récessions décennales. Dans la phase qui suit, la contraction est immédiate et souvent sévère.  On retrouve ce mécanisme d'entraînement entre 1998 et 1991, puis de 2005 à 2008, avec les contractions violentes subséquentes. Ce n'est pas l'endettement des entreprises non financières qui est à la source du gonflement global de l'endettement.

Prenons maintenant les particuliers. L'endettement des particuliers est directement lié au niveau des taux d'intérêt et de la propension à prêter des institutions financières. C'est vrai à l'évidence pour le financement de l'immobilier qui, de plus, à son cycle propre  sur 15- 20 ans.  Déprimé à la suite du renversement du début des années 70, il renait à partir du milieu  des années 80 et s'emballe avec les taux bas qui suivent la crise du débat des années 90. On croit que la crise de 2001 va assécher la rivière. Pas du tout : les taux négatifs de Greenspan  relance la machine. Compte tenu du poids dans un budget du logement, l'enflure de la dette des particuliers dans le total de la dette est progressivement plus visible. En 2008, elle représente pratiquement 100% du PIB avec de fortes disparités (l'Espagne, la Grande Bretagne, comme certains pays de l'Est fraîchement arrivés dans l'économie mondiale  sont plus touchés, de même que les Etats unis via les subprimes).

Suivons maintenant la dette des Etats.  Elle est directement liée au financement des déficits budgétaires. Il va de soi que des taux d'intérêt bas stimule les possibilités d'emprunter à bon compte et donc de soulager le besoin d'augmenter les impôts. Mais le cœur du mécanisme est ailleurs. Comment la France a-t-elle fait pour passer d'une situation assainie de ses finances publiques au sortir du septennat raccourci de Gorges Pompidou, malgré les folies de mai 1968, au désastre actuel ?

La première raison du gonflement de la dette, celle que tout le monde évoque, est naturellement la tendance des dirigeants à dépenser toujours plus pour complaire à leur électorat. En France, le développement de "l'énarchie compassionnelle, sorte de compromis historique entre la haute fonction publique et des formes larvées de socialisme, a été une force permanente derrière le gonflement injustifié des effectifs de fonctionnaires  et la mise en place de systèmes de subventions perpétuellement en besoin de financements complémentaires. La pression sur les recettes a été permanente. Le grignotage insidieux finit, au bout de trente ou quarante ans, par représenter des masses financières colossales.  La dépense publique qui représentait 35% du PIB à la fin des années 60 est ainsi passée à plus de 55%.  

A raisonner ainsi on perd l'essentiel. Après tout, si ces dépenses avaient été financées par l'impôt, il n'y aurait pas dettes. Tout le monde peut constater qu'il y a eu une hausse fabuleuse de la pression fiscale en même temps qu'un gonflement déraisonnable de la dette. Il faut donc creuser un peu plus.

Le mécanisme fondamental qui est à l'œuvre est tout simple : l'impôt est progressif. Le seul fait du trend de croissance provoque automatiquement un accroissement de la pression fiscale. Il va de soi que comme tous les chiffres économiques critiques, la propension marginale des impôts à croitre avec la croissance n'est pas rendue publique. C'est le principal moyen des états pour vider les poches de leurs concitoyens sans qu'ils en aient conscience. Les états voient donc spontanément la part de leurs recettes dans le PIB augmenter s'ils ne contrarient pas le mouvement d'une façon ou d'une autre. En France où l'amour pour l'impôt (des autres) est un fait culturel fort, personne n'a jamais songé, à gauche mais aussi à droite, à faire apparaître le phénomène et à le corriger. La progressivité de l'impôt est peut être un élément de justice fiscale mais n'a jamais été prévue pour accroître indéfiniment la part de l'état dans le PIB.

Le phénomène est aggravé par le cycle économique de 8-10 ans. Pendant la phase de croissance rapide les recettes "prennent l'ascenseur"  pendant que le PIB "monte l'escalier".  La pression fiscale augmente rapidement mais personne ne le voit ni se plaint parce que le revenu général est en hausse.  Lors du retournement de conjoncture, le mécanisme joue dans l'autre sens. L'état perd plus que le PIB ne se réduit. Mais ses dépenses sont devenues "structurelles" et il ne peut augmenter les impôts à proportion des besoins. La dette enfle. Le cliquet à la baisse des dépenses publiques est un phénomène trop connu pour qu'on insiste plus. Il suffit de regarder ce qui se passe avec la préparation du budget 2011 pour se rendre compte de la force de résistance des subventionnés.

L'histoire de la dette récente de la France est entièrement écrite par les récessions successives de 74; 1982, 1993, 2001 et 2009. A chaque fois le gouvernement laisse filer la dette que ce soit Chirac, Mauroy, Béregovoy puis Balladur, Jospin puis Raffarin et aujourd'hui Fillon.  

On dira : vos mécanismes sont permanents. Qu'est ce que la période récente a de particulier ? Pourquoi est-ce que partout la dette publique a dépassé les 100% du PIB ?

Lors qu'on observe les courbes on voit en effet qu'avant 1971, le taux d'endettement des états baissent continûment. La guerre est un facteur d'endettement certain. Il faudra du temps pour amortir le coût de la reconstruction suivant la guerre de 40.  Mais la croissance est forte  et le cycle peu marqué pendant tout le temps du plein fonctionnement du système de Bretton Woods. Les recettes sont donc extrêmement abondantes pendant toute cette période ce qui permet un désendettement massif notamment des économies d'Europe occidentale.

L'ennui c'est que les trente glorieuses s'arrêtent avec l'introduction des changes flottants. La croissance (le trend mondial) est freiné de presque 0.5% et les crises  décennales deviennent de plus en plus sérieuses. Chaque crise cyclique (74,  93  et la crise en cours) est  "la plus violente depuis 1929".  Les gouvernements se retrouvent avec une moindre croissance structurelle de leurs recettes et des effets cliquets beaucoup plus violents. Partout les dettes s'envolent dans la foulée des ralentissements et des récessions.  

Simultanément sous l'influence d'Alan Greenspan, des flots de monnaies sont créés à chaque récession. Les taux d'intérêt sont historiquement bas. Les Etats insouciants comme la France y voient une aubaine. Vive la dépense publique, Vive l'impôt et Vive la dette ! On commence à s'inquiéter uniquement lorsque les taux d'intérêts à verser représentent la totalité de la valeur de l'impôt sur le revenu ! Sinon les malheureux qui du bout des lèvres appellent à un peu de restrictions se voient interpeller : dites-nous où vous trouvez vos économies : sur les enseignants et les infirmières ? Il est interdit non seulement de réduire la dépense publique mais même de l'envisager sans être aussitôt taxer d'être un "salaud" au sens sartrien du terme.

D'autres sont plus raisonnables. Des réformes profondes permettent de casser la spirale de hausse des prélèvements, de la dette et des dépenses publiques, en Australie, au Canada, en Hollande, dans certains pays nordiques. La Grande Bretagne après le coup d'arrêt Thatchérien, commet l'erreur avec Tony Blair de gaspiller progressivement les bénéfices engrangés. Le New Labor après avoir concédé que jamais il ne reviendrait au temps du "brownisme" étouffant de l'ancien labour, réhabilite progressivement la dépense publique notamment dans les hôpitaux et le système scolaire.

L'histoire de la dette publique est-elle dite ?  Non. Une autre force essentielle de l'accroissement de la dette publique est dans les sauvetages à répétition du système financier. Et pour le comprendre il faut maintenant s'intéresser au secteur des banques et autres institutions financières.

Jusqu'à l'explosion du système de Bretton Woods et au passage aux changes flottants, le secteur financier et notamment bancaire compte pour presque rien dans l'endettement global des pays. Compte tenu de l'inflation rampante lors des trente glorieuses, les dépôts sont constamment rognés. Les prêteurs ne sont pas à la fête.  Les banques non plus. Tenues pour responsables de la crise de 1929, elles sont corsetées dans une législation contraignante.  On gagne péniblement sa vie dans les banques de dépôts sur des crédits à l'industrie  et on fait très attention aux crédits aux particuliers. La monnaie est régulée par les banques centrales nationales et la discipline de Bretton-Woods impose de "ne pas faire plus de bêtises que les autres". Les bilans des banques sont sous contrôle.  Les Etats se financent en cas d'urgence par la création monétaire, provoquant de l'inflation mais évitant le gonflement de dettes publiques permanentes.  

Tout change avec la disparition des contraintes de Bretton-Woods. Il n'y a plus de système monétaire international. La contrainte des changes disparait. Que l'imbécile qui s'est fait prendre avec une monnaie qui s'effondre pleure tout seul dans son coin. Simultanément sous la pression idéologique de Milton Friedman on supprime tous les obstacles à la circulation financière et la majorité des barrières douanières : ce sont "les marchés" qui fixeront tout : le taux d'intérêt et la valeur respective des monnaies. Il fait bien prendre conscience de ce qui s'est passé : on a supprimé le cadre de coopération internationale des états et laissé aux seules forces individuelles des marchés le soin de trouver les chemins d'ajustements nécessaires.

Tout est biaisé dans le nouveau "non système" qui s'implante. D'abord, contrairement aux apparences, il n'y a pas de forces intellectuelles directrices derrière les nouvelles règles. Les Etats Unis ont déclaré une forme de chacun pour soi et tous pour l'Amérique tout en laissant les autres faire ce qu'ils veulent. Les pays serfs comme le Japon et l'Allemagne sont priés de faire gonfler la valeur externe de leur monnaie. Les autres ? Qu'ils se débrouillent !   Bien sûr, la nature ayant horreur du vide, on fera semblant de s'appuyer sur une doctrine économique solide. A nous Milton Friedman ! Or rien ne marche comme Friedman l'a écrit. La liberté économique transcontinentale  devait permettre aux financiers d'envoyer les capitaux là où ils sont le plus rentables, attisant la croissance. Pas de chance : le trend mondial baisse ! On devait avoir une convergence des taux d'intérêt : jamais on a vu autant de "spreads". Les devises devaient se stabiliser : elles grandes devises varient entre elles du simple au double !

En même temps on assigne aux banques centrales le soin de gérer des monnaies devenues à 100% administratives tout en leur assignant un seul objectif : pas d'inflation ! Le résultat sera risible : évalué en or le dollar et avec lui les principales monnaies perdra 98% de sa valeur entre 71 et 2010. L'once d'or passe de 35 à 1250 dollars !

Dès le milieu des années 70 le rôle des banques change. La variabilité des monnaies offrent des possibilités de spéculation phénoménales. D'énormes masses financières peuvent se déplacer à travers le monde. Les banques mettent un peu de temps à comprendre les nouvelles possibilités. Mais dès 77-78 on voit les salles de marché grossir à marche forcée. Spéculer sur des différences de taux et  de changes devient une source de profits démesurés. Il suffit pour cela d'accroitre le levier. Les banques commencent à devenir des emprunteuses. On crée de la dette pour pouvoir spéculer à court terme. Lorsque la spéculation ramène du 100% par an pour un intérêt de quelques pour cent, pourquoi se priver ?   

Nous voilà au cœur du système : une banque n'a pas les moyens seule de créer de la dette. Le multiplicateur de crédits ne fonctionne qu'à partir d'un apport initial de liquidité. Où se trouve la source de cette création nette de liquidité ?

Cette question est toujours très mal comprise et donne lieu à toute sorte de fantasmagories. Pourtant les aspects techniques ne sont pas très compliqués. Dans notre système de monnaie totalement administrative l'apport de monnaie est toujours le fait des banques centrales. Les banques centrales créent de la monnaie selon plusieurs schémas :  soit parce que les devises qui remontent dans ses comptes sont abondantes, soit parce qu'elle accepte de gonfler son bilan de dettes bancaires en plus grand nombre. Ou de dette d'état quand cela n'est pas interdit.  

Dans un système non régulé de n'importe quoi  structurel en matière de change chaque pays est soumis aux conséquences des décisions de la banque centrale du voisin. S'il resserre sa politique monétaire rien n'interdit à un agent d'aller chercher des capitaux ailleurs.  Bien sûr il ya le risque de change.  Mais on a des polytechniciens de la finance pour régler ces menus soucis.

La clef du système se trouvera nécessairement dans la gestion du pays qui a l'importance économique la plus grande. Si en plus il a imposé sa monnaie comme monnaie de réserve, l'importance de la politique suivie  par les autorités de ce pays devient cruciale. Si celles-ci se déclarent en faveur d'une doctrine de "benign neglect", tout est en place pour une catastrophe majeure.  

Les Etats-Unis n'ont pas voulu se contraindre pour sauver Bretton Woods. Ils ne vont pas plus se contraindre après que la flottaison du dollar a été décidée.  Le mécanisme de la double pyramide de crédits décrit par J. Rueff et quelques autres prend soudain l'allure d'un tourbillon incessant. Les déficits américains créent inlassablement de la monnaie dans les pays exportateurs qui la replace aux Etats unis. La spirale gonfle et se termine comme toujours en tornade. Où se constate le gonflement? Evidemment au sein des bilans des institutions financières. Dès 1985 l'endettement des banques représentent près de 50% du PIB des Etats Unis, contre  environ 20% en 1971.   Plus il monte, plus le risque global d'une rupture grossit. La première grosse explosion se produit en 92-93. L'ensemble du système bancaire explose et est virtuellement en faillite !  Il est sauvé par une inondation de création de monnaie et un nouveau gonflement de l'endettement des banques.  

C'est là qu'il faut regarder la situation du Japon. Dix ans avant c'était le grand gagnant de la mondialisation. Mais le voilà avec un système bancaire moribond que l'état doit sauver. En système de change flottant, les fonds courent vers les pays à fortes exportations dont la monnaie est solide. Le Yen s'est envolé. Pour faire face à cette hausse, qui asphyxiait le pays, les autorités n'ont pas su quoi faire. Entre carry trade plus ou moins aventuré, investissement des réserves dans des placements étrangers calamiteux, gonflement de bulles diverses notamment immobilières,  la crise de 92-93 allait avoir des effets dévastateurs.  L'état ne trouvera d'autre moyen que de venir au secours des banques pour éviter la spoliation totale des déposants et la ruine des entreprises.  En un mot le Japon a connu avec 20 ans d'avance ce qui est aujourd'hui le lot commun.  Le Japon est aujourd'hui à 450%  d'endettement par rapport à son PIB !  La Grande Bretagne qui a voulu jouer le deus ex machina derrière toute cette folie financière alimentée par les déficits américains et la politique monétaire foldingue de Greenspan se retrouve avec une dette globale de près de 400%. Ne parlons pas de l'Islande !

Les taux d'endettement étatique les plus monstrueux ne proviennent pas  "des enseignants et des infirmières" mais des conséquences d'un système monétaire et financier fondé sur les changes flottants et une monnaie internationale...nationale utilisée sans frein ni complexe.

Lorsque l'on dit : la crise actuelle vient indiscutablement des Etats-Unis, c'est vrai. mais c'était tout aussi vrai de la crise de 74 et de celle de 92-93.

Lorsque nous écrivions il y a deux ans que la crise faisait peur parce que les recettes frelatées de Greenspan ne pouvait plus s'appliquer, nous ne faisions que constater que le système mis en place de facto en 1971 était arrivé à son terme. La création de dettes nouvelles n'étaient tout simplement plus possible. Le système bancaire était au plafond.  Les états aussi.

La malédiction  des changes flottants et d'une monnaie mondiale à l'abandon avait fini par déclencher une des pires crises de la dette de toute l'histoire économique et en temps de paix !

La seule solution pour en sortir n'est pas principalement dans la refonte des banques, bien que la restructuration de la dette l'impose de toute façon. Mais dans le retour à un système organisé des changes et de la responsabilité des Etats dans la valeur externe de leur monnaie. Tout le monde convient que le Yuan est grossièrement sous dévalué et entraine des conséquences désastreuses pour les économies concurrentes.  Mais comment imposer une gestion des devises  sans système international contraignant. Si les Etats-Unis ne veulent pas se contraindre, pourquoi la Chine le ferait-elle ? Les Etats unis ont imposé un jeu de puissance. Comment se plaindre que d'autres s'y essaient aussi ?

L'Europe structurellement impuissante fait semblant de croire que les changes flottants, les banques centrales indépendantes chargées exclusivement de l'inflation, la liberté totale des mouvements de capitaux, est doctrinalement satisfaisante. Pratiquement elle signe son retrait du monde. Sa croissance est infime et menacée. En même temps que son système monétaire et bancaire est à deux doigts de l'implosion.    

La solution, la seule solution, est parfaitement connue.  les Etats ne peuvent commercer dans la liberté presque totale du commerce et des capitaux, que s'ils s'entendent sur un cadre monétaire et de changes où chaque pays a des responsabilités et peut être contraint à les respecter. Jamais les Etats Unis n'auraient du être autorisés à accumuler pendant des décennies des déficits absurdes.  Jamais la Chine n'aurait du être autorisée à pratiquer un mercantilisme aussi caricatural. Jamais le Japon n'aurait du être enfermé dans un système qui a tué" son système bancaire et malgré cela porté le Yen à des sommets injustifiables.  

La folie des endettements monstrueux que l'on constate est le fruit pourri mais inévitable du système des changes flottants et du dollar monnaie de réserve mondiale. Il faut donc renoncer à ce système.

La crise sévère que nous traversons aurait du être le levain de ce changement fondamental. C'est un système où tout le monde est perdant.  La dernière réunion du G.20 est calamiteuse parce qu'elle prouve qu'on en est toujours au chacun pour soi tout en faisant semblant de maintenir des libertés économiques dans un cadre tellement biaiseux qu'elles ne peuvent avoir aucun effet bénéfique de long terme.  

Il appartenait à l'Europe de dire stop. Elle pouvait le faire en laissant filer l'Euro tellement bas que les Etats Unis auraient pris peur. Et en augmentant de 200 à 300% le coût des importations  en provenance de Chine et des pays pratiquant le dumping monétaire en instituant une système non pas de taxes douanières (les traités ne le permettent pas et nous sommes totalement ligotés)  mais de béquilles monétaires visant à rééquilibrer les balances extérieures mutuelles.    

La simple menace aurait suffit pour être entendue. La Chine privée du marché américain et européen serait extrêmement mal. les Etats unis confrontées à une Europe compétitive seraient encore plus mal, à l'agonie.  

Qu'elle serait l'inconvénient de revenir à un système régulé des changes avec une monnaie de réserve mondiale indépendante d'un pays national ? Les Etats Unis se trouvent-ils si flambants  aujourd'hui ?  Et la Chine ? Elle tremble de tous ses membres devant son tas de dollars qui risque

Les deux statistiques qui expliquent tout !

Depuis des lustres nous prétendons que l'empilement continu partout dans le monde et sur une longue période de paquets de dettes de plus en plus aventurées annonce avec certitude des difficultés gravissimes.  Nous l'avons écrit dès que nous avons commencé à intervenir  publiquement sur des forums, c'est à dire dès 1996 ! La courbe qui avait déclenché notre inquiétude était le gonflement historique de l'endettement des institutions financières un peu partout dans le monde et spécialement aux Etats Unis.  Les banques sont normalement les dispensatrices du crédit et non des émetteurs de dettes. Il était curieux de les voir tout à coup devenir les emprunteurs les plus importants.

Il faut se méfier des statistiques paradoxales. Elles prouvent en général un disfonctionnement. C'est à partir de ce moment là que nous avons cherché l'origine de ce gonflement qui n'avait qu'un précédent historique : 1929 ! Il n'a pas fallu cherché très loin : l'empilement des dettes était du au mécanisme bien connu de la double de pyramide de crédits si bien explicité par Jacques Rueff. Il avait été aggravé de façon directe par le passage aux changes flottants.  Il était devenu explosif à partir du moment où Alan Greenspan, pour atténuer la crise boursière de 87,  s'était lancé dans la création monétaire à tout va.  

Nous avons dès 1996 expliqué la dureté de la crise de 92-93 par la conjonction d'un épisode du cycle décennal et de la fragilité financière  liée à l'empilement excessif des dettes  dans un système de changes flexibles où une monnaie nationale, le dollar, jouait le rôle de monnaie de réserve, sans que son émetteur s'imagine la moindre responsabilité collective ("notre monnaie, votre problème"). Il est "amusant" de constater rétrospectivement que cette crise a été niée aux Etats unis et notamment par le FMI (pauvre K. Rogoff que nous avons durement pris à partie à cette époque). Alors qu'elle était parfaitement révélatrice d'un nouvel état du monde.  Lors que la crise de 98 est survenue, dite, faussement, "crise des pays émergents", nous avons affirmé, contrairement à notre prix Nobel Emile Allais qu'il ne s'agissait que d'un soubresaut monétaire lié à l'instabilité générale du système de dettes alors qu'il voyait lui se dessiner la grande crise finale. Bien sûr nous avons vivement réagi contre l'article du Monde qui se moquait ouvertement des conclusions d'Allais. "Nous voilà prévenus" écrivait ironiquement le Monde ! Mais oui, nous étions prévenus. L'erreur d'Allais est d'avoir eu raison trop tôt.  Nous pensions que la crise importante viendrait plus tard. Nous avons écrit à cette époque que la crise cyclique prochaine aurait lieu début 2000 mais qu'elle serait de moyenne importance et que le vrai drame était à prévoir lors de la crise cyclique suivante qui, elle est traditionnellement forte. Compte tenu du rythme de gonflement des bulles monétaires on risquait le pire.

En 1999 nous avons passé un papier que nous jugions à l'époque important qui expliquait que l'inflation inouïe des moyens de paiements ne se retrouvaient pas dans les prix des produits de consommation du fait de la Chine. Mais ces moyens de paiements excessifs se retrouvaient dans les biens réels (bourses, oeuvres d'art, pétroles et ressources naturelles,  et surtout immobilier). C'était la première fois à ma connaissance que cette thèse devenue banale était développée publiquement.  Nous précisions que la crise cyclique frapperait en seconde partie de l'année 2000. Sûrs de notre diagnostic, nous avons vendus notre propre entreprise en juin 2000 ! Nous avons bien fait. La conjoncture sera terrible pendant plusieurs années.

C'était l'époque où certains racontaient qu'on avait trouvé la méthode miraculeuse de la croissance continue sans crise ! Alors que l'empilement de dettes devenait colossal.

Dès juin 2006, il y a quatre ans déjà, nous avancions notre prévision sur le moment du renversement du cycle de 2010 à 2009.  Le dérapage de l'endettement prenait une ampleur jamais vue.  Des trimestres de crédits à taux négatifs (du fait de la politique de Greenspan et de l'inflation)  avaient permis de créer des liquidités phénoménales qui prenaient désormais des chemins nouveaux et imprévus.  On voyait dans les statistiques du BRI se gonfler les CDS au rythme de 40% par an puis 100% !  En décembre 2006 nous constatons que les prix de l'immobilier baissent aux Etats unis pour la première fois depuis la guerre. Tout l'empilage des dettes immobilières américaines menaçait de s'effondrer.  Nous annonçons alors dans notre bulletin de conjoncture que la crise se déclencherait en septembre 2008 et provoquerait une récession sévère en 2009 probablement plus radicale encore que celle de 1993.

Nous avertissons de cesser les gros investissements et de vendre biens immobiliers ou entreprises si nécessaire sans attendre.

Dès le début de 2007 des banques se trouvent en difficulté pour se refinancer. Pourquoi le refinancement est-il indispensable ? A ces niveaux d'endettement, il est impossible que l'économie rembourse l'intérêt et le principal. Il est indispensable de faire rouler les crédits afin de n'en pas demander le remboursement immédiatement. Le risque ayant été dispersé sous des formes nouvelles qui prennent soudain le devant de la scène, comme les CDO, le marché interbancaire se ferme progressivement. En juillet 2007 les adjudications de CDO ne trouvent plus preneurs. des fonds sont bloqués. C'est déjà l'ensemble du marché monétaire mondial qui se crispe. Les banques étant devenues des institutions  emprunteuses de masse, et ayant pris une part tellement disproportionnée dans l'économie, elles sont en première ligne dans la défiance générale. Pas de remboursement possible et pas de refinancement possible ? La faillite est en vue ! . Cette équation est imparable. On voit les  premières banques s'écrouler début 2008.   Au milieu de l'étonnement général : nous sommes en pleine phase finale de croissance du cycle global. Comment une banque peut-elle s'écrouler alors que tout va bien ?  C'est d'autant plus paradoxal que les grandes institutions qui dirigent la spéculation mondiale lance une vaste opération sur les matières premières et les grains.  Alors que le château de cartes s'effondre, l'esprit général et à l'hyperspéculation !  Elle s'arrête au début de l'été 2008. Il est vrai que les banques centrales annoncent un resserrement du crédit et ...bloquent les moyens de refinancement des banques déjà fragilisées.

C'est l'époque où le New York times lance sa question centrale : va-t-on vers la récession ? Nous répondons oui avec quelques arguments. Aux voix qui expliquent qu'il y a une difficulté dans l'immobilier américain qui a commis "des excès"  mais que jamais elle ne s'étendra aux autres secteurs, nous répliquons que la crise est mondiale et va frapper tout le monde. L'idée absurde du "découplage" domine dans les médias mondiaux et séduit jusqu'au FMI qui va être complètement dépassé par les évènements. Nous dénonçons cette fantaisie.

Arrive alors l'inévitable :  le blocage du marché interbancaire associé au resserrement de la politique des banques centrales aboutit à la faillite générale du système bancaire. On connait la suite.

Le fil conducteur de toute cette histoire c'est la hausse  colossale des encours de dettes depuis la fin des accords de Bretton Woods et surtout le changement de politique de la FED avec l'arrivée de Greenspan.  

Nous ne cessons de conseiller aux journaux français de produire une infographie montrant l'évolution des dettes depuis 71. De la totalité des dettes : banques, entreprises, particuliers et états. Car tout devient immédiatement clair dès que ces courbes sont devant les yeux !

La revue l'Economist vient de produire deux courbes de ce genre : l'endettement des Etats  et l'endettement des Etats unis par grandes composantes. Nous les affichons au bas de ce document.

Que voit-on ?

Les Etats qui se sont désendettés pendant toute la période des accords de Bretton Woods se remettent à accroître leur dette à partir de 71-72  et surtout de 74. Le mouvement ne s'arrêtera plus. On passe d'une moyenne de 30% du PIB à plus de 120% ! En moyenne, donc partout !

L'autre tableau montre de façon évidente qu'après la stagflation des années 70 et la stabilisation Volcker, les banques se mettent à accumuler l'endettement. Tout le monde se focalise sur l'immobilier. Mais que l'on contemple un peu plus l'endettement des banques. Il s'envole jusqu'à des sommets jamais vus. Alors que les banques sont normalement ...prêteuses.

La dette globale aux Etats Unis avant la crise atteint 360% du PIB. S'il fallait que l'économie la rembourse, intérêt et principal, et en supposant une maturité moyenne de 5 ans et un taux d'intérêt de 5% (pour simplifier les calculs),  il faudrait continûment 20% de 360% pour l'amortissement et 5% de 360% pour l'intérêt, soit 90% du PIB. C'est évidemment IMPOSSIBLE.

La pyramide ne pouvait que s'effondrer.  Comme les crédits correspondent au financement d'activités, l'effondrement contracte l'activité de façon considérable. La production industrielle baissera de près de 20-25% en moyenne mondiale. Plus joli "crédit crunch" on ne peut pas.

Certains économistes de cour, plus habitués à prendre des postures automatiques liées à des camps idéologiques, ce qui leur vaut les faveurs des medias et des pouvoirs,  qu'à regarder les séries statistiques les plus parlantes, ont prétendu qu'il était impossible de prévoir la récession. S'ils avaient eu la curiosité de regarder l'endettement global et le soin d'analyser les causes de l'envolée des en-cours, ils n'en seraient pas à la jérémiade exonératoire. La crise ne pouvait pas ne pas éclater et elle ne pouvait pas ne pas être d'une extrême sévérité.

La crise mondiale est une crise de la dette. Nous ne cessons de le dire. Il fallait à l'évidence, après en avoir compris le mécanisme, mettre fin au moteur maléfique qui la gonfle. La mesure importante était le retour aux changes fixes et l'instauration d'une monnaie de réserve mondiale gérée en tant que telle et indépendante des foucades d'une nation particulière. Naturellement l'organisme de gestion aurait du être paritaire et non pas comme actuellement dominé par une nation ayant des droits particuliers, comme le véto. La restructuration de la dette était la seconde mesure d'urgence avec la restructuration du secteur financier.

On n'a fait ni l'un ni l'autre. L'opinion a été sollicitée de s'intéresser à des sujets mineurs comme les bonus, les agences de notations, les bourses d'échange de CDS et autres fariboles.  Trois ans exactement après le blocage du marché interbancaire, l'Europe sort sa législation malthusienne contre les bonus. Un cautère sur une jambe de bois en même temps qu'un coup d'épée dans l'eau.  Une mesure prise isolément n'a aucun intérêt en la matière et le G.20 a renoncé à recommander des règles uniques.  Jamais un seul "responsable" n'a pris le temps d'expliquer au monde pourquoi les banques avaient pris une part aussi importante de la richesse. Si les bonus sont "monstrueux" c'est parce que cette part est elle-même monstrueuse. Il fallait dégonfler le secteur financier hypertrophié par l'accumulation de dettes. Donc comprendre où était le gonfleur. On a préféré sauver les banques et conserver le gonfleur tout en limitant les bonus. Politique plus sotte, on ne peut pas.

Comme nous l'avons immédiatement  indiqué à l'automne 2008, le simple transfert de la dette aux Etats ne changerait fondamentalement  rien. Ce sont eux qui se retrouvent désormais en première ligne sur le front du refinancement. C'est tout. Le beau traitement de la crise !

Pour agir, il fallait comprendre comment le monde a pu accumuler partout des dettes supérieures à plusieurs fois le niveau du PIB.  C'est cette question que les économistes et les grandes institutions  devraient s'attacher énergiquement à éclairer. Aucune ne le fait.  Une fois de plus on se concentre sur l'accessoire ou le visible au lieu d'aller à l'essentiel :  

- Comment un secteur financier peut il devenir débiteur net et dans des proportions aussi vertigineuse alors qu'il est censé mettre l'épargne à la disposition des  agents économiques qui en ont l'emploi ?

- Comment un pays peut-il s'endetter au delà de la valeur de son PIB ?

- Comment l'ensemble du monde peut-il créer de la dette au delà de plusieurs fois la valeur du PIB global ?

Un économiste qui ne connait pas les chiffres de l'endettement global et qui n'a pas de réponse à ces trois questions devraient être mis à la porte des institutions privées ou publiques qui le nourrissent. Et expulsé des médias.  

Et on devrait interdire de réunir un G.20 tant que cette question n'a pas fait l'objet d'une réponse collective cohérente et globale.

Et un ministre des finances qui n'aurait pas cela en tête,
Et un premier ministre qui ne connaîtrait pas ce débat,
Et un Président qui oublierait la question centrale qui devrait le préoccuper jour et nuit,
devraient tous  être renvoyés dans l'instant à la vie civile.

La nullité économique générale et continue, cela commence à fâcher !

Messieurs Robin pour le Figaro et Delhommais pour le Monde, pourquoi ne vous saisissez-vous  pas de ce thème fondamental ?. Faites établir une infographie complète de l'évolution de la dette globale dans les grands blocs économiques mondiaux depuis 1945.  Et expliquez à vos lecteurs comment on a pu en arriver là et si de tels niveaux d'endettements globaux sont durables. Ce n'est pas dur. Cela ne demande pas d'efforts intellectuels transcendants.  Et au moins on pourra dire que la PQN aura concentré le débat là où il faut.

Bien sûr cela va vous emmener dans des endroits où vous n'aimez pas aller : les changes flottants ; les mécanismes de double pyramide de crédits ; la malfaisance d'un système financier libre sans mécanismes concertés de régulation des excédents et des déficits des états ; le piège  de banques centrales gérant de façon indépendante la création monétaire avec le seul but de ne pas avoir d'inflation.

Là, d'accord, il va falloir braver des idées fausses mais dominantes. Lutter contre une vulgate nocive mais généralement admise, même quand les faits les plus terribles viennent d'en démontrer l'inanité, demande du courage. Les ricanements ne manqueront pas. Cela doit-il vous arrêter ?

Au moins le débat économique se sera recentré sur l'essentiel au lieu de continuer à se perdre dans la pusillanimité.   

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.



G8 et G 20 : des instances sans intérêt pour l'économie et désastreuses pour l'Europe et la France

Nous sommes très fiers en France d'avoir été, par l'entregent de M. Giscard, créateur du G7 devenu G.8 et par la grâce de notre président actuel, M. Nicolas Sarkozy, celui du G.20.

Il faut rappeler  qu'au bord de la piscine où VGE se montrait avantageusement avec G. Ford, il a pris la décicion funeste d'entériner la décision de mettre à la poubelle les accords de Bretton Woods.  Les sinistres accords de la Jamaïque allaient être la source d'un changement radical du rythme de la croissance mondiale et la porte ouverte aux dérèglements monétaires qui de crise en crise ont fini par provoquer la plus belle récession depuis la crise de 1929.   

Depuis les débuts de la récession ouverte par la chute de Lehman brothers, l'effondrement des bourses, le blocage des marchés interbancaires, à quoi auront servi les Gxx ? A montrer la détermination de lutter contre la crise pour calmer les marchés ? A définir de nouvelles règles du jeu ?

Aucunement. Les réunions n'auront servi qu'à la parade et aux démonstrations de force.

De toute façon pourquoi voudrait-on qu'une organisation mondiale soit le fruiit d'une réunion partielle des nations ?

Partout l'intérêt national l'a emporté sur toute autre considération. A aucun moment les aspects techniques n'ont été réellement évoqués.  Le G.20 n'a fait aucun diagnostic de la crise ; les généralités du genre "plan de relance" et "sauver le capital des  banques" ne mangeaient pas de pain, croyait-on, jusqu'à ce que le transfert sur les Etats des empilements de dettes privées apparaissent pour ce qu'ils étaient : de la fuite en avant dans une joyeuse cavalerie.

L'échec de cette politique en l'absence de toute restructuration des dettes et de toute réorganisation  réelle du sysème monétaire et financier  mondial est patent. Le G.20 de Toronto constate l'impasse. Nous voilà bien avancés. 

On voit bien que la stabilité mondiale ne peut dépendre de réunions de ce type. Si le système de Bretton Woods n'avait pas été enterré puis détruit pour complaire aux folies américaines et à son goût du leadership payé par la création monétaire sans limite en dollars, chaque état aurait eu à rendre des comptes sur ses excédents et déficits sans que cela soit une affaire diplomatique. Les comptes auraient du être rendus au FMI avec des sanctions graves à l'appui, comme l'éviction éventuelle du commerce international ou du marché des capitaux. 

Un système basé sur une monnaie nationale comme le dollar comme monnaie de réserve mondiale  et sur les changes flottants , c'est à dire l'irresponsabiité générale, ne pouvait que conduire au désastre. Il a été mille fois annoncé.  A quoi sert de réunir les Etats Unis, principaux responsables de cette situation inique et désastreuse et la Chine dont la politique mercantiliste est un autre abus ?  L'un comme l'autre de ces pays a les moyens diplomatiques de réduire au silence  les autres participants. Tout G20 est d'abord un G2.

Voilà les euroépens cois ou sur la défensive.  La créateur célébré du G.20 est aux abonnés absents.  L'Europe, nain politique, est mise dans l'embarras (il parait qu'elle a un président !). Alors qu'il lui aurait suffi de suivre la voie de la Chine pour mettre tout le monde devant l'absurdité du système.  L'Europe aurait-elle maintenu un Euro très faible (entre 50 et 70) que l'industrie américaine aurait pour le coup totalement disparu. De même la Chine aurait-elle connu le rattrapage trop rapide qui a été le sien si l'Europe décidemment offensive avait taxé de 200 à 400% ses exportations pour contrecarrer son dumping ? 

L'Europe a fait semblant de croire que des marchés monétaires et financiers totalement libres, avec des échangers commerciaux sans droits de douane, tireraient la croissance globale et la sienne vers le haut.  Des économistes ont sacralisé cette chanson idiote.  Mais ne les accablons pas : ils n'ont aucune influence ; l'ignorance économique est crasse. Seules les relations de puissance comptent.

L'Europe, comme le Japon, se sont soumis.  Malheureusemenbt, ceux qui ont vu dans la construction européenne une muselière pro américaine ont eu raison.

La France s'est couchée : VGE a commencé. Mitterand et Chirac ont suivi. Sarkozy après avoir pris une posture totalement pro américaine en rupture avec l'héritage gaulliste  est paralysé.La France subit le double inconvénient des changes globaux flottants et des changes européens intégrés dans l'Euro.  Elle n'a plus aucune autonomie politique ni économique. 

Les G8 et  G.20 ne sont plus qu'une cage dorée, où les lions dominants assouvissent leur goût pour l'étalage de leurs muscles et qui de surcroit,   excitent les ONG les plus cupides ou les plus engagés.

Si, comme il est probable, rien ne bouge, la seule solution pour la France est probablement de marquer son "dissent" vis à vis de tout cela et de prendre date pour la suite.  Cela implique de dire à la Chine que son dumping monétaire ne sera plus toléré longtemps et aux Etats Unis que son laxisme monétaire est la cause de la crise et ne sera plus toléré indéfiniment.

Cela implique aussi de dire à l'Europe qu'on sortira de l'Euro et d'un certain nombre de traités  si l'Europe ne force pas la création d'un ensemble monétaire international sain où les Etats garantissent la valeur de leur monnaie. 

Le système actuel est IMPOSSIBLE. Il ne peut que ruiner le monde. Après trois crises gravissimes, chaque fois plus grave, la leçon est dite.   Il est hors de question d'attendre passivement la suivante.

La France doit reprendre un leadership intellectuel même au risque de voir son discours  ringardisés un temps par des puissants ayant les moyens de tenir l'information mondiale. Jamais elle n'aurait du souscrire aux accords de la Jamaïque ; jamais elle n'aurait du accepté l'Euro avant que la stabiité mondiale des changes soit garantie. Jamais elle n'aurait du souscrire au "consensus" de Washington.

Aujourd'hui la voilà stagnante, sans industrrie, endettée jusqu'au cou, structurellement incapable d'assurer le plein emploi, et réduite au silence.  

En fait c'est la seule leçon de Toronto. Il suffit de relire ce que nous avons écrit après les précédente réunion du G.20 pour constater que tout ce que nous avons écrit s'est intégralement réalisé.

Cette institution ne sert à rien. 

La France va en prendre la direction provisoire après la prochaine et vaine runion de Séoul. La belle affaire. Si à Paris, les autorités françaises ne prennent pas à  bras le corps l'étendard de la révolte contre un système déplorable qui ruine le monde en général, l'Europe en particulier et la France en prime,  ce n'est pas la peine de subir ni les coûts ni les inconvénients. (les ONG violentes vont s'en donner à coeur joie) d'un tel rendez vous.  Même si l'affaire peut être détournée en médiocre opération image pour présidentiable en recherche de crédibilité. 

Sinon, gare à l'impatience des peuples.

 

 

 

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes

 

 

 

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Ce blog a deux ans et 35.000 lectures

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Comme toujours nous continuerons à aborder des thèmes que nous pensons mal couverts ou non traités par la presse et les médias audiovisuels. De même nous persisterons à corriger les erreurs économiques qui sont véhiculées dans les medias ou dans certains livres  lorsqu'elles peuvent avoir des conséquences funestes.

Le Cercle des économistes e-toile.

Le Baltic index en très forte baisse

Après deux mois de trafic soutenu, témoignant de la bonne activité générale  dans le monde, et notamment en France où la conjoncture s'est redressée dans nombre de secteurs, particulièrement la mécanique,  en avril et mai, on entre mal dans l'été. Le recul et violent et laisse présager un troisième trimestre difficile.  Depuis l'hiver 209, on assiste à des bouffées de reprise plus ou moin forte mais aucune tendance n'est réellement établie. Le nouvel étouffement du marché interbancaire associé à la find es plans de relance et à la  perspective de plans de redressement drastiques un peu partout, laisse envisager une reprise de la récession sur la fin d'année, balayant toutes les perspectives de croissance effriolante dont parlent les petits bleus budgétaires. 



Un impôt supplémentaire sur les banques : pour quoi faire ?

Depuis des mois l'idée de frapper les banques d'un nouvel impôt circule dans les milieux internationaux et dans les officines gouvernementales. Le FMI recommande d'en mettre un en place, uniforme de par le monde. L'Allemagne et la France se sont mis d'accord pour en présenter un projet au G.20. Le Royaume Uni est favorable et l'a déjà institué. Bref l'impôt sur les banques est une idée à la mode qui va entraîner de vastes discussions dans les mois à venir et qui débouchera un peu partout.

D'où la question : un impôt pour les banques, pour quoi faire ?

L'impôt sanction.

Une première conception est d'affirmer que les banques sont responsables de la crise et qu'elles doivent être sanctionnées. Dans nos mentalités modernes, l'impôt est une sanction doublement utile puisqu'elle frappe le méchant tout en fournissant des ressources aux gentils. La méchante banque va donc être frappée et les milliards de prélèvements vont faire du bien à tout le monde. Cette vision morale est politiquement correcte. Le dégoût général vis à vis des banques la favorise. Frappons donc à coups de gourdin fiscal cette vile engeance qu'on a sauvée à coups et à coûts de centaines de milliards. Reprenons de la main gauche ce que la droite a donné.   

Cette conception nous parait, au Cercle des économistes e -toile,  aussi vile que vaine. Le populisme cupide des états n'est pas notre tasse de thé.  Autant les actes individuels délictueux doivent être pénalement poursuivis, autant les punitions collectives nous paraissent déplacées. Surtout si elles ont des effets de bord déplaisants pour la collectivité.  Et l'accroissement de la pression fiscale a toujours des effets de bord déplaisants pour la collectivité.

L'impôt assurance.


Là au moins on part d'une idée fonctionnelle : les banques manipulent du risque. Elles sont devenues trop grandes pour qu'on les laisse tomber, ce qui implique des plans de sauvetage coûteux pour l'Etat.  Donc préparons un fond mutuel de secours financé par le secteur lui même qui permettra de faire face à la prochaine alerte.  De nombreuses professions gèrent des fonds mutuels de secours pour faire face à des risques de place : les avocats, les agences de voyage, les notaires etc.  Pourquoi pas les banques ?

La solution existe déjà dans certains pays. Aux Etats Unis le FDIC, l'agence fédérale qui garantit les dépôts des banques  est alimentée partiellement par les banques. Les bonnes banques paient pour les mauvaises. Et si cela ne suffit pas, l'Etat, c'est à dire le contribuable, est mis à contribution.  Ce fonds est actuellement en détresse aux Etats Unis du fait des centaines de banques qui ont fait faillite (et dont on ne parle jamais).

La question est en effet de déterminer ce qu'on assure et pour faire face à quel risque. Sont-ce les dépôts ? Ou le capital des banques ? Ou les crédits ?

Le capital des banques est normalement l'amortisseur des pertes des banques. Les provisions que les banques font, qui diminuent les bénéfices, sont normalement là pour étaler les risques principaux. Et si la banque est mal gérée et que ses crédits s'avèrent aventurées au delà des provisions, c'est sur le capital que les pertes sont débitées et au delà en cas de faillite, les créanciers de la banque  Si on ponctionne les bénéfices ou ce sont les provisions qui ne pourront être dotées au niveau convenable, ou c'est le rendement du capital qui va diminuer entraînant une sous capitalisation des banques. Si l'impôt a pour but de créer une cagnotte collective, cela veut dire que les provisions sont partiellement transférées sur une instance extérieure ou que l'on crée une super provision collective.

La difficulté est alors l'emploi de cette cagnotte.  Si on la place, la cagnotte devient de la dette  (créances et dettes sont les deux faces d'une même réalité) : en cas de crise financière quelle sera la valeur de la cagnotte ?  Si on ne la place pas, cela veut dire que la recette entre dans le budget général et ne sera pas disponible en cas de crise. On n'en reviendra au problème initial : les grandes poches du contribuables. Sans compter la question pénible : pourquoi un fond souverain gérerait-il mieux la cagnotte que les banques ? Et si elle est gérée par les banques qu'est-ce qui garantit qu'elle sera mieux récupérable que le reste du portefeuille des banques ?

Reste une solution : assurer les crédits ! Mais c'est exactement le système largement pervers que les banques ont mis en place avec les agences de notation et les CDS.  On "objective" le prix du risque en en faisant un marché. Les spéculateurs  agiotent sur les risques via des instruments ad hoc. Tous les flux de trésorerie sont plus ou moins titrisés et ces actifs, notés, font l'objet de spéculation. Les bons spéculateurs font du profit. Les autres perdent leur mise. C'est un jeu apparemment à somme nulle.  Pendant des années les bons apôtres nous ont expliqué que cette nouvelle technicité financière était la marque d'une organisation supérieure enfin rationnelle  et que grâce à la nouvelle finance mathématifiée, sous la surveillance des agences de notation, le risque était minimisé et diffusé intelligemment de façon à stabiliser l'ensemble des flux économiques.  

Le problème, c'est que les CDS ont une responsabilité large dans la crise actuelle. A la fin des fins il y a toujours un risque global de contrepartie. Quand ce risque est intenable le système s'effondre.
L'histoire de la faillite conjointe de Lehman brothers et d'AIG est assez claire. Dès la déclaration de faillite de la banque, l'assureur, AIG, s'est retrouvé avec des engagements se comptant en centaines de milliards de dollars. Les banques françaises ont été sauvées par la décision des Etats Unis de garantir les CDS, CDO et autres véhicules "d'assurance".

Les blocages successifs du marché interbancaire qui sont la marque spécifique de la crise que nous connaissons, sont entièrement expliqués par l'inquiétude sur la localisation du risque, dans un système mondialisé où il est diffusé de façon obscure.  La folie de la construction financière mondiale actuelle est qu'elle cache le risque global de contrepartie qui finit par exploser dans les budgets des états,  et qu'elle rend tous les acteurs financiers suspects. Qui a le mistigri ? L'effondrement du marché interbancaire provoque instantanément des conséquences économiques gravissimes et longues à guérir. Et le mistigri n'est pas constitué des "crédits pourris" mais de TOUS les risques, et dans la banque le risque est partout.   

Si on parle d'assurance des crédits, il faut d'abord  essayer de comprendre comment un impôt nouveau se lierait avec ces mécanismes d'auto assurance du secteur et de diffusion du risque. Si vous avez eu le moindre écho de ce genre de discussion merci de nous le signaler. Nous sommes preneur. On a parlé de faire transiter les CDS et autres contrats de ce type par des bourses ouvertes afin d'éviter le secret des opérations de gré à gré. Et c'est tout. Ajouter un impôt à ce système gigantesque de masquage et de diffusion du risque est-ce réellement la solution ? Surtout lorsqu'on sait que les transactions concernées sont mondiales ?  Ou ne vaudrait-il mieux pas taper dans la fourmilière et  mettre de l'ordre dans ces fausses sécurités, dont le but principal a tout de même été de sortir des règles de Bâle ?    

L'impôt de régulation ?    

Nous retrouvons l'aimable professeur Tobin et sa taxe sur les transactions financières. Rappelons que pour cet économiste d'une grande finesse, le but de la taxe, dans un système de change flottant et de liberté totale des flux de capitaux à court terme, était d'empêcher les opérations à court terme répétitives, les allers et retours sur les marchés de change, fin de stabiliser la valeur des devises et d'éviter les paniques dévastatrices qui ne manqueraient pas de se produire au terme d'épisodes spéculatifs excessifs.

Remarquons que cette solution est totalement contradictoire avec l'organisation mondiale du risque via les CDS. Selon les promoteurs de cette science nouvelle du risque c'est la liquidité des marchés du risque qui permet l'ajustement constant de la valeur individuelle de chaque risque et la bonne orientation du marché. Tout blocage direct ou indirect  entraine ipso facto  un dysfonctionnement du système global. C'est la critique majeure  qu'ont faite  les théoriciens  de la nouvelle finance mondialisée basée sur les changes flottants, la liberté totale des mouvements de capitaux, et les contrats complexes.

Nous même considérons que c'est un palliatif imaginé pour corriger un système qui ne devrait pas exister : les changes flottants. Dans un système de changes fixes garantis par la politique économique des états et surveillés par un superviseur supra national disposant de pouvoirs sérieux, on réduit le risque donc la nécessité de se prémunir. La taxe Tobin est un adjuvant mais pour un mauvais système. Mieux vaut ne pas mettre en place le mauvais système.

La question de la taxe Tobin est compliquée par la récupération qu'en ont faite des ONG cupides sensibles à l'idée que le produit de la taxe pourrait leur être réservé.   La taxe Tobin a été promue moyen simple et efficace successivement pour régler le problème de l'eau dans le monde, puis celui des maladies infectieuses, puis celui de la fracture Nord Sud, puis la question du réchauffement climatique.  La taxe a quitté le monde de la finance pour celui de l'écologie. Son succès de presse et de populisme repose sur un aphorisme débile mais séduisant : une toute petite taxe insignifiante  et insensible permet de résoudre tous les grands problèmes du monde. Pourquoi se priver ? En vérité comme nous l'avons montré plusieurs fois, cette taxe n'a rien d'insignifiant : c'est plutôt la bombe atomique pour les spéculateurs. Le comprendre exige un minimum de technique. Alors vive le populisme !

L'impôt camisole de force.

Certains n'ont pas manqué de remarquer que le secteur financier était légèrement hypertrophié. Il ponctionne une part excessive de la valeur ajoutée. Il permet à quelques satrapes de se constituer des fortunes indécentes. Il est même devenu si gros qu'il peut ruiner tout le monde lors de ses hoquets, comme en Islande.  

Dégonflons donc cette outre immonde. Quoi de mieux qu'un impôt pour empêcher le développement d'un secteur économique ? Si nous le surtaxons, il manquera de bénéfices et de capitaux. Et il sera bien obligé de maigrir, ce maléfique obèse.  Une camisole fiscale permettra de contenir ce cancer financier qui nous ronge.

Ne relevons pas que pendant ce temps là, tous les politiques  crient d'une même bouche, comme un cabri particulièrement bondissant : du crédit, du crédit, du crédit. Du crédit pour les états, du crédit pour les entreprises, du crédit pour les particuliers.   Ce genre de contradictions flagrantes font le charme pervers de la politique.

Mais notons tout de même qu'il serait important de comprendre pourquoi l'endettement global est passé en trente ans de quelques dizaines de pourcent du PIB à plusieurs centaines de pourcent dans de nombreux pays. C'est la source principale de la crise que nous connaissons. Nous avons mille fois expliqué comment le système actuel de changes flottants avec une monnaie nationale servant de monnaie de réserve nourrissait perpétuellement l'accroissement de la dette globale mondiale par le phénomène de la double pyramide de crédits. Au lieu d'aller à la source de l'inondation, on préfère agir sur les symptômes avec des mesures malthusiennes.

On a tout faux.  

On voit bien que cette affaire de sur-fiscalité pour les banques n'a strictement rien à voir avec une mesure technique capable de résoudre les difficultés actuelles, ou de faire face aux sources de désordres qui sont la cause de la récession en cours. Comme on se sent incapables de traiter les racines (lorsqu'on n'a pas simplement refusé de voir et de comprendre où elles se trouvent), on s'attaque aux feuilles, en espérant que le mildiou fiscal régulera la production bancaire tout en satisfaisant l'avidité des Etats en recettes fiscales.

C'est une attitude désespérante de bêtise et d'impuissance.  

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Quand Obama dérape.

Obama a une formation de prédicateur religieux, pas d'économiste. On peut lui pardonner d'avoir assez peu de connaissances dans une matière qui échappe en général à ce cursus particulier.  Le voici donc qui exige de la Chine qu'elle fasse flotter sa monnaie. Pour lui, comme pour d'autres, hélas, le flottement serait la source d'un prix "naturel" des devises  correspondant à la vérité des marchés et comme tel inattaquable.  

On comprend  qu'avec son passé il ait fait sien cette antienne. Elle sent la sacristie :  c'est un article quasiment religieux de la bible friedmanienne.  Mais c'est un des contresens les plus majestueux que l'on puisse trouver sur le marché mondial des pensées toutes faites malfaisantes.

Observons un point tout de même fondamental. Les Etats-Unis, en renonçant sous la pression de l'Allemagne au système de Bretton Woods, ont dit au monde : débrouillez-vous, nous renonçons à un monde monétaire organisé et que le meilleur gagne.  Il n'y a plus d'accords intergouvernementaux ou supranationaux pour guider et canaliser les marchés de devises. Nous vivons depuis 1971 sous la règle du chacun pour soi. Depuis des décennies maintenant les Etats Unis ont expliqué que le dollar était leur monnaie et que s'il faisait problème, c'était aux autres de s'adapter. Nous vivons dans un "non système monétaire international" sans aucune obligation pourquiconque.  Alors chacun fait ce qu'il veut ou ce qu'il peut. La Chine  a développé une politique mercantiliste  de Yuan bas et aligné sur le dollar. Depuis 20 ans cela fausse totalement les règles du commerce international et vide notamment l'Europe de son industrie et de ses emplois.  Bravo ! Mais comment parler organisation quand on défend l'inorganisation ?

Il était absurde d'ouvrir totalement le commerce mondial et d'abaisser toutes les frontières économiques dans un non-système. Voilà qu'une taxe douanière de 3% devient un drame  alors qu'un effondrement monétaire de 50% n'en serait pas un ! Cette contradiction est insurmontable. Ou on organise les monnaies en imposant que les excédents et les déficits soient corrigés par une action économique globale des pays en cause, et alors on peut mondialiser les échanges. Ou on ne le fait pas et la mondialisation devient automatiquement déséquilibrée et dommageable.

Une fois les déséquilibres installés il ne reste plus que les rapports de force politiques.  Avec l'Allemagne et le Japon, les Etats-Unis étaient en situation de force. Pas avec la Chine. Le seul pouvoir des Etats Unis vis à vis de la Chine c'est sa faiblesse de débiteur. La Chine craint que la valeur de ses réserves libellées en dollar ne s'effondrent ! En revanche l'Europe est totalement désarmée. Elle est victime et du dollar bas et du Yuan bas. Et se tait. Avec des institutions aussi volontairement faibles l'autisme est la seule solution. Pendant que son industrie disparait et que les déséquilibres intra européens la ravagent.

Espérer qu'on puisse créer une solide organisation du commerce mondial dans le chaos monétaire fait partie de ces paris fous qui naissent de l'impuissance intellectuelle et politique et qui deviennent des articles de foi malheureusement tabous, car les dénoncer revient à démontrer cette impuissance intellectuelle et politique.
 
L'idée sous jacente, développée par Friedmann et constamment démentie par les faits, est que la liberté totale des changes, laissés à la libre appréciation des marchés, apporterait la stabilité des changes, l'unification des taux d'intérêt, l'atténuation des "chocs"  éventuels, et l'optimisation de l'allocation des ressources. Cette théorie n'a aucun fondement théorique réel et confrontée depuis 40 ans maintenant à la réalité  a démontré sa nocivité. Non seulement les changes ne se stabilisent pas mais les variations s'amplifient. Rappelons tout de même que depuis 71 le rapport entre Dollar et Euro (ou panier de monnaie correspondant) a varié deux fois du simple au double et ne s'est jamais stabilisé. Celui qui prétendrait que les "spreads" se soient réduits entre les nations ferait rire tout le monde : parlez en aux Grecs !  Quand aux marchés ils ont été ravagés périodiquement pas des épisodes de paniques qui ont désorganisé et partiellement ruiné bien des pays.

Comme nous l'avons mille fois démontré la conjonction d'une monnaie mondiale de facto, le dollar et d'un non système monétaire international aura été la source des déficits monstrueux  et continus aux Etats Unis et les excédents ailleurs, principalement en Chine aujourd'hui, au Japon et en Allemagne hier. Le mécanisme de la double pyramide de crédits  a entraîné une hausse vertigineuse de la création monétaire et le gonflement de bulles d'endettement phénoménales.  L'effondrement périodique de ces pyramides de dettes  a aggravé l'importance des crises cycliques en ralentissant le trend de la croissance mondiale.  Nous en vivons un épisode particulièrement sinistre.

Le déficit des Etats Unis est structurel et volontaire. Il ne dépends qu'à la marge des politiques des autres pays. Le Japon a accepté le flottement de sa monnaie (enfin, presque). Cela ne l'a pas empêché d'accumuler de la créance en dollar et d'être périodiquement ruiné quand ces avoirs ont été dévalués par un mécanisme ou un autre. Le secteur bancaire nippon est en ruine et l'endettement public du Japon, un des pires du monde,  peut lui être directement associé. Dire à la Chine : suivez cet exemple est d'un cynisme parfait.

Depuis au moins deux décennies les Etats Unis jouent à plein du bénéfice que le dollar, monnaie de facto mondiale, lui apporte : ils paient leur dette dans leur monnaie. Vive la planche à billets verts.  Et ils accumulent sans vergogne et sans frein les déficits de balance de paiements et de balance commerciale. Périodiquement ils expliquent que c'est aux pays créanciers de diminuer leurs excédents. Mais leur déficit étant structurel les excédents des autres le sont aussi. Ces tensions ne peuvent pas déboucher sur autre chose que des psychodrames nationalistes.

La seule solution est de revenir à un système de changes stables et coordonnés, où il n'y a pas de monnaie mondiale nationale, ou toutes les nations sont à parfaite égalité de droits et de devoirs, et ou les gouvernements sont responsables du respect des grands équilibres. C'est la condition sine qua non d'un commerce mondial entièrement libéré des contraintes étatiques défensives ou offensives.  

L'OMC n'est possible qu'avec un système organisé des changes. La doctrine : liberté totale des changes et des mouvements de capitaux  plus liberté totale des échanges commerciaux  a été essayée. Elle a donné des résultats désastreux. Les monnaies ne sont pas des "marchandises comme les autres".  Ce sont des biens publics administrés. Laisser leur valeur à la merci de mouvements financiers à court terme totalement erratiques n'a créé que des difficultés pour aucun bénéfice réel.


Bien sûr que le Yuan est grossièrement sous évalué et que la politique de la Chine est ridiculement mercantiliste ! Bien sûr que la politique d'Euro fort a tué la croissance et l'emploi dans la zone Euro ! Bien sûr que le "benign neglect" des Etats Unis vis à vis du dollar est à la source du gonflement démesuré de l'endettement privé et public de ce pays, de la création d'un secteur bancaire monstrueusement disproportionné et  dont l'explosion n'était qu'une question de temps ! Bien sûr que le Yen stratosphérique pose au Japon des problèmes non désirés et  insurmontables !

Quand tous les acteurs sont ainsi contraints à vivre des situations inacceptables c'est qu'un défaut structurel gâche le fonctionnement de l'économie mondiale. Le flottement généralisé ne serait aucunement une solution mais au contraire aggraverait la situation. Certes le Yuan exploserait à la hausse, comme au Japon et en Allemagne. Mais est-ce que la hausse du Mark et du Yen a empêché l'Allemagne et le Japon de continuer à engranger des excédents massifs et les Etats Unis des déficits à proportion ?  Qu'est-ce qui garantit que le mécanisme de la double pyramide de crédits ne s'enclencherait pas à nouveau  ? Absolument rien.

Le système actuel est intenable et tenter de le perfectionner en aggravant son irrationalité et sa dimension anti-économique fondamentale  est une sottise.   

La seule solution est une organisation monétaire stable et concertée, engageant les nations. Une nation qui ne respecterait pas ses règles devrait  être exclue du jeu du commerce mondial. On verrait alors un certain nombre de disciplines se mettre en place qui éviteraient le gonflement démesuré de la masse monétaire mondiale et des monceaux de dettes qui en sont la contrepartie, et l'apparition de déséquilibres de balances de paiements parfaitement démentiels et ingérables.

Que les Etats Unis ne l'aient toujours pas compris en dépit de la crise qu'ils traversent et dont ils sont loin d'être sortis est un désastre intellectuel. Que les Européens ne leur fassent pas remarquer est la marque d'un nain intellectuel et politique. Que le Japon se taise est la preuve qu'il reste un pays soumis. Que la Chine se contente de gérer le rapport de force est dans la nature du régime. Rien de tout cela ne pousse à l'optimisme.

Le G.20 sera à nouveau une parade coûteuse de dirigeants qui n'ont rien compris et qui voient depuis deux ans la réalité fuir leurs espérances dans la plus totale impuissance.   Obama a montré que malheureusement sur le terrain économique il en était resté au niveau zéro de ses prédécesseurs. Il suffirait qu'il dise : "Ok cela ne marche pas. Organisons nous. Revenons à un système stable de responsabilité des Etats en matière monétaire, avec une monnaie de réserve internationale indépendante et de garantie d'un jeu loyal en matière économique".  On verrait alors dans l'instant tout le système se ré-emboiter.  Il ne le fera pas. La crise la plus forte depuis 1929 n'aura servi à rien et n'aura dégagé aucune leçon.

Au prix du malheur des peuples.   

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Retraite : la clé d'un système de répartition est l'emploi et la croissance.

Un des points qui échappe largement au débat actuel sur les retraites est qu'un système de répartition ne peut fonctionner qu'avec une politique de plein emploi et de croissance, dans une ambiance démographique dynamique.

Dans un système de retraite par  capitalisation, les choses sont relativement simples. Chaque citoyen  décide de son taux d'épargne annuel et de la durée de sa vie active. Il n'a pas pour autant la pleine maîtrise de ses choix. Le niveau de la pension et l'âge de son départ à la retraite va dépendre de variables  qu'il ne maîtrise pas. Le taux d'intérêt qui sera servi à son épargne et qui allègera son effort personnel lui est inconnu. Le capital accumulé et son  pouvoir d'achat reste un pari. De même son taux d'épargne va dépendre des aléas de sa carrière productive. Longuement au chômage il ne va pas pouvoir épargner autant que nécessaire. Néanmoins le reste de l'équation est simple. S'il commence à travailler à 25 ans,  à 60 ans il aura eu 35 années d'épargne. Si son espérance de vie est de 25 ans à cet âge là et s'il veut maintenir son revenu net pendant sa retraite à la moyenne de ses rémunérations acquises, il sait qu'il va lui falloir épargner trente à quarante pour cent de ce revenu net tout le long de sa vie active.  Pour le maintenir proche de la moyenne de ses dix années les meilleures, on dépasse les 50%.  Pour optimiser sa retraite, il lui faut espérer une carrière sans trous trop longs ou trop graves, des taux d'intérêts élevés, pas trop d'inflation, et une pression fiscale modérée qui lui laisse un revenu net suffisant pour épargner. En fait il sait qu'il devra partir entre  65 et 70 ans. Dans ce cas le rapport durée au travail durée en retraite prend une valeur moins élevée : 15/45 au lieu  de 25/35. Et la prédation pendant la carrière sur les revenus est plus supportable.  

Les pays qui ont choisi la capitalisation ont donc une tendance naturelle à viser la stabilité des prix, une bonne rentabilité financières du capital et une pression fiscale raisonnable. Si l'épargne peut être rentabilisée hors du pays, on fait payer les pays jeunes qui rattrapent leur retard économique. On poussera donc à la liberté des mouvements de capitaux en espérant une optimisation des rendements. En revanche il faut éviter toute imposition sur le capital qui vous confisque sur la longue durée le rendement du capital constitué.

Le risque est la trop faible épargne pour les petits salaires  et  la destruction de l'épargne. Si l'épargne accumulée est anéantie dans des crises financières, les années de sacrifice sont perdues.  Si le citoyen  a choisi de dépenser plutôt que d'épargner la fin de vie risque d'être un peu difficile.  Si sa carrière a été médiocre avec de faibles rémunérations, de longues périodes de chômage ou de maladie, ses possibilités d'épargne auront été faibles et son revenu à l'âge de la retraite quasiment nul.

Un des paradoxes des pays à retraite par capitalisation c'est qu'ils ont intérêt  à la stabilité financière de longue durée, y compris à l'échelon international. Il devrait donc être particulièrement vigilants sur la question des changes flottants et de la stabilité des banques. Dans le cas des Etats Unis ce n'est visiblement pas le cas. En Allemagne, où on pratique un système mixte,  le système bancaire est particulièrement fragile.  Il n'y a pas en fait de stratégie économique coordonnée aux décisions structurelles prises pour gérer les retraites.

On comprend que l'idée se soit imposée d'essayer de limiter ces risques. Le système par répartition réduit le risque d'évaporation du capital épargné.  Mais il fait désormais dépendre  les retraites directement du rapport personnes employées/personnes non employées.  Le paradoxe en France, c'est que la politique suivie depuis des lustres va entièrement dans le sens d'une diminution de ce ratio.

Pour fonctionner bien un régime de retraite par répartition a besoin de beaucoup d'actifs. Un pays qui choisit ce système doit promouvoir une forte natalité pour maintenir une structure favorable de la pyramide des âges. Il a besoin d'immigration.  La France dans ce domaine est assez cohérente avec elle même, même si, depuis le début des années 70, le "natalisme" a été largement condamné au nom des libertés nouvelles de la femme (on se souvient de Michel Debré affublé d'un entonnoir dans la presse satirique et ridiculisé dans l'émission de Polac pour ses positions pro natalistes au nom de l'avenir... des retraites. Parions que personne n'osera repasser ces images à la télévision)  , et même si toujours depuis la même période, les accès de phobie anti immigration sont forts et structurent le paysage politique. L'administration aura résisté sur les deux sujets (100.000 milles naturalisations par an, soit plus de 10%  du chiffre des naissances,  ce n'est pas mal !). Tant mieux pour le système de répartition.

En revanche il fallait viser un taux d'emploi le plus important possible. Or la France a le taux d'emploi le plus faible. Les jeunes, les personnes de plus de 50 ans, les femmes, les immigrés, ont le taux de non emploi quasiment le plus fort de tous les pays d'économie comparable. Nous nageons ici en pleine contradiction.  Les tenants de la retraite par répartition devraient être en plein combat  pour l'arrivée rapide sur le marché du travail, un Smic raisonnable ne bloquant pas l'accès des plus faibles au travail, des charges faibles pour les entreprises, la mondialisation par les exportations, les durées de travail compatibles avec un taux d'emploi important.  Au contraire on voit que la durée de travail a été réduite, l'âge de la retraite avancé, le poids des prélèvements sur la production indéfiniment aggravé, à l'exception des dégrèvements de charges pour les smicards, l'âge de l'entrée dans la vie active retardée, les loisirs favorisés, des systèmes d'aides sociales pour personnes ne travaillant pas indéfiniment multipliés.

La France a donc mené des politiques incompatibles avec son système de retraite par répartition.

Le dernier volet crucial pour un système de répartition est naturellement la croissance sinon  le système par répartition devient ingérable dès lors que le ratio actif /non actif se dégrade.  Or on voit la mode de la décroissance heureuse s'emparer des Verts et d'une bonne partie de la gauche française. Où est la logique ?

Les commentateurs médiatiques français semblent obsédés par l'égalitarisme (qui ne va tout de même pas jusqu'à demander la suppression des subventions à la presse ni des avantages fiscaux des journalistes. L'égalitarisme a ses limites !).  Le système par répartition est nécessairement le plus injuste parce qu'il repose sur des décisions d'en haut et prive chaque citoyen de sa liberté. L'arbitraire et le rapport de force politique y règnent en maître.

Là où un système par capitalisation obligerait les fonctionnaires voulant cotiser moins de 35 ans soit à fournir plus de la moitié de leur rémunération en cotisation pour conserver leur dernière rémunération  soit à conserver ses cotisations de 7-8 % et partir avec des clopinettes, on les voit bénéficier des avantages les plus grands avec les cotisations les plus faibles. Ne parlons pas des régimes spéciaux qui sont financés par les tiers et offrent des avantages indéfendables.  En France le caractère institutionnellement inique du système pendant les trente glorieuses a été illustré par un autre fait, encore plus grave :  ceux qui cotisaient le plus longtemps étaient aussi ceux qui profitaient le moins de la retraite. Les énormes excédents des caisses liés à cette ignominie et  au baby boom a permis de servir généreusement des catégories sociales qui n'avaient pas cotisées puis à financer l'énorme sottise de la retraite à 60 ans.

Lorsque ces excédents gaspillés se sont épuisés, c'est l'emprunt qui a pris le relais. Est-il absurde de régler par l'emprunt le financement des retraites ?   D'une certaine façon, si l'emprunt est souscrit par l'épargne étrangère cela revient à faire payer les retraites françaises par le travail des étrangers, mais à transférer à terme le remboursement avec les intérêts aux futurs Français. C'est totalement absurde dans la durée. Ce n'est acceptable que pour lisser une difficulté démographique temporaire. La lâcheté des gouvernants depuis 81 a été presque totale. Les réformettes n'ont fait que confirmer les injustices les plus criantes. La réforme en cours n'y manque pas sauf quelques retouches cosmétiques.

Et globalement la politique qui vient d'être validée par Sarkozy, à la remorque de l'Allemagne, n'a de sens que dans le cadre d'un régime de retraite qui fait une part importante à la capitalisation, alors que la natalité décroche. C'est bien pour l'Allemagne. Mais pour la France  et ses retraites par répartition ?

Au total tout le monde nage en pleine contradiction et on prend des mesures à la va comme j'te pousse en perdant de vue constamment les cohérences nécessaires.

La vision sociale doit être assujettie à une vision économique globale et à la démographie. Il y a un trend et un cycle.  Si le trend s'affaiblit et si les cycles sont plus prononcés notamment à la baisse,  alors le système par répartition est menacé.  Si les calculs du Cor tiennent bien compte d'une sorte de trend elles gomment entièrement le cycle et les défauts d'équilibres qui se présentent lors des récessions. Si on penche vers le malthusianisme alors il faut cesser de vouloir faire vivre un système par répartition. Si on tient absolument à un système de répartition il faut admettre qu'il doit être dur pour ceux qui ne travaillent pas et développer des incitations fortes à travailler tôt, longtemps et continument. Il faut tenir un discours productiviste et nataliste. Il faut évoquer les bienfaits de l'immigration. Il faut rompre avec le système allemand. Et finalement il faut desserrer l'étau qui permet à certains groupes sociaux d'imposer leur volonté aux politiques et au reste de la nation.

On jugera aux positions qui s'expriment actuellement  à quel point on nage dans l'incohérence.

L'avenir de la Suisse est dans l'Union Européenne

Une telle assertion passera probablement aujourd'hui pour une provocation. Jamais il n'y a eu en Suisse une telle détestation vis à vis du reste de l'Europe et jamais l'Euro n'a été plus menacé. "Nous, avec notre monnaie forte, aller se fourvoyer avec les gestionnaires fous de l'Euro, et qui en plus nous ont montré du doigt et ont porté atteinte à notre système bancaire, assimilé à un vulgaire paradis fiscal ? Vous êtes fou !".


Il est sûr que les épidermes helvètes ont eu de quoi se froisser ces dernières années. Qui sera séduit par  l'incohérence de la gestion de la zone Euro, dont la banque centrale en plus n'a qu'un objectif de stabilité des prix alors que les Suisses ont demandé aux "gnomes de Zurich"  d'ajouter un objectif de croissance et de plein emploi depuis quelques années déjà, et dont les gouvernements se chamaillent, trichent, et laissent globalement la gouvernance sinon en déshérence du moins dans les mains déflationnistes de Mme Merkel ?

Autant dire que pour les Suisses, sur la question de l'adhésion à l'Union Européenne, il n'y a pas le feu au lac. Quant aux Européens unionistes leur intérêt pour la participation suisse a été singulièrement faible ces derniers temps.

Nous pensons que cette double méfiance est contre productive. C'est l'intérêt commun de la Suisse et de l'Europe que la Suisse entre dans l'Union et rejoigne l'Euro.

La Suisse ne peut plus compter sur le secret bancaire pour disposer d'un système bancaire hypertrophié et fiscalement prédateur vis à vis de ses voisins. De plus en plus de voix autorisées l'affirment en Suisse même. Les meilleurs considèrent que la technique et la compétitivité protégeront plus la banque Suisse qu'une lutte constante contre les grands états et notamment les Etats-Unis. On sent que la bonne solution est de permettre à la Suisse de sortir du piège dans l'honneur c'est à dire en offrant une voie de retour digne aux détenteurs de comptes secrets. Le démantèlement doit se faire dans l'honneur. C'est une exigence raisonnable. Compte tenu qu'à Londres, Jersey, Guernesey et au Luxembourg demeurent des possibilités fiscales favorables alors même que ces pays sont au sein de l'Union, il n'y a aucune raison que la Suisse ne parvienne pas à y faire également son nid, cette fois-ci sans la réprobation générale.


Les capitaux moyens-orientaux qui forment l'essentiel des dépôts ne partiront pas. Les facilités de la place pour nombre d'opérations resteront.
Pour les régulateurs monétaires suisses, le fait de ne plus risquer de voir le Franc suisse jouer de valeur refuge et se surévaluer à des niveaux pénalisants pour le tourisme et l'industrie, l'avantage est certain. De même les mammouths bancaires que sont le Crédit Suisse et l'UBS (si elle survit à l'offensive américaine) sont trop gros pour les seuls moyens de la petite Suisse en cas de défaillance. Le risque de devenir une nouvelle Islande  n'est pas immédiat, du fait du support des pays du golfe, mais tout le monde a senti le vent du boulet. La faillite d'UBS et du Crédit suisse aurait mis la Suisse à genoux ! L'entrée dans l'Euroland fait disparaître cette menace. Les régulateurs suisses ont été totalement dépassés par les opérations complexes faites aux Etats-Unis par UBS. Elles n'y ont rien compris. Formés à la surveillance des crédits cantonaux, les superviseurs se sont trouvés totalement dépourvus. On dira : ce fut le cas aussi des régulateurs européens.  C'est vrai. Mais l'Europe est tout de même mieux armée pour se doter d'institutions de contrôle efficaces que la Suisse.

Les milieux d'affaires suisses ont pas mal oscillé dans leur vaillance pro européenne traditionnelle. Mais leurs marchés sont principalement en Europe et la stabilité monétaire est pour eux un grand avantage, alors que de toute façon ils sont obligés de se soumettre à toutes les règlementations européennes.
La paysannerie suisse a également tout intérêt aux programmes de solidarité de l'union Européenne, généreux pour la moyenne montagne.
En stabilisant un peu plus l'Europe, la Suisse stabilise aussi son principal partenaire commercial et se fait du bien.
On cherchera en vain  les secteurs qui souffriraient réellement d'une entrée dans l'Europe.

Pour l'Europe la situation est comparable. L'entrée de la Suisse dans l'Union et dans l'Euro serait un coup de tonnerre dans le monde de la finance. Attaquer l'euro deviendrait tellement coûteux que ce genre de fantaisie serait extrêmement difficile à monter. La Suisse hors Union est tout de même une jolie verrue dans le modèle d'intégration européen. Avant de penser à intégrer des états dont le caractère européen est des plus douteux, il vaudrait mieux commencer par créer une zone homogène et sans exception.
Bien sûr l'importance industrielle de la Suisse ne changera qu'à la marge le PIB global de la zone. Mais il ne lui fera pas de mal tout en permettant des échanges plus clairs et plus sains entre acteurs suisses et leurs contreparties dans l'Union.

Il va de soi qu'une telle évolution suppose que quelques préalables soient levés.

On a vu qu'une sortie décente du secret bancaire est indispensable.

L'essentiel serait tout de même que la zone euro redevienne attractive dans un monde stabilisée. 

Il va de soi que le retour à un système de changes fixes mais ajustables basé sur une monnaie de réserve internationale ad hoc est l'ancre indispensable à un retour à une croissance durable et rapide dans le monde et assurerait à la zone euro un môle sur lequel se fixer au lieu de dériver dans des flots déchaînés
Un zone de monnaie unique saine suppose également un changement dans les objectifs de la BCE qui doit viser la stabilité des prix mais aussi la croissance et le plein emploi.
Il faudra bien qu'une coordination économique se mette en place, notamment pour les grandes masses budgétaires  et les grands équilibres extérieurs.
Une certaine forme de mutualisation du financement des déficits publics temporaires via un Fonds monétaire européen serait également utile. Il assurerait les relations avec le FMI pour faire fonctionner le système des changes fixes mais ajustables.

Galvauder le crédit de la Suisse si ces préalables ne sont pas levés serait absurde.

On remarquera que ces préalables sont de toute façon globalement nécessaires à l'Europe et au monde. Les bonnes orientations stratégiques sont la condition des évolutions tactiques efficaces.

Dans un monde dont les monnaies seraient stabilisées et la finance maîtrisée, une Europe mieux pilotée avec des objectifs de plein emploi et pas seulement de stabilité des prix, aurait intérêt à l'entrée de la Suisse. La Suisse n'aurait quasiment rien à y perdre. Une évolution gagnante pour tout le monde.

Dans le désordre actuel la Suisse ne peut que fuir la perspective d'entrer dans l'Union et dans l'Euro, mais c'est le signe que le monde va mal et que  son organisation monétaire actuelle est désastreuse.

 

Karl Peiper pour le cercle des économistes e-toile

La dévaluation : un instrument de moins en moins efficace

On se rappelle que dans les années 1920 Churchill fit une grossière erreur en appréciant trop et trop tôt la Livre, accélérant le déclin du Royaume Uni comme puissance économique conduisant le monde. Les Français bénéficièrent longtemps d'une stabilisation Poincaré beaucoup plus raisonnable mais tardèrent à dévaluer quand l'Angleterre le fit au début des années 30.  Depuis on rabâche aux étudiants que la volonté bornée de conserver la valeur d'une monnaie est antiéconomique et que la dévaluation doit être un article religieux et doit être envisagée sans faiblesse si la nécessité s'en fait jour.  

Comme toujours le balancier est revenu trop haut. Un culte à la dévaluation panacée s'est répandue dont on voit aujourd'hui qu'il est servi par de nombreux prêtres. Nous ne sommes plus en 1929. Les structures économiques ont changé. Le pouvoir bénéfique des dévaluations est de moins en moins évident.

Puisqu'on évoque la crise de 1929 il convient de se souvenir qu'au bout du compte, de dévaluations compétitives en dévaluations compétitives, les monnaies s'étaient retrouvées...dans les ratios d'avant crise. C'était bien la peine !

Entrons dans le vif du sujet.

On raisonne toujours en matière de dévaluation sur les effets sur la balance commerciale. Une dévaluation abaisse le prix international des biens d'un pays et donne un coup de fouet aux exportations. Toujours ? Plus nécessairement aujourd'hui du fait de l'interconnexion des économies. Tout produit est une composition d'ingrédients qui viennent du monde entier.  Ils ne sont fabriqués nationalement comme il y a 50 ans. L'effet prix de la dévaluation sera grandement conditionné par la part d'ingrédients provenant de l'extérieur de la zone monétaire, dont le prix va immédiatement augmenter. Plus le produit est un composé d'éléments provenant du monde entier moins il est soutenu commercialement par une dévaluation.  Dans nos sociétés développés la part de ces produits composites dans le PIB augmente.

Un autre effet est la spécialisation régionale des productions. Si certains produits indispensables ne sont plus fournis dans le pays qui dévalue la dévaluation va renchérir tout un pan de l'économie et freiner la croissance. Le cas évident pour l'Europe est celui du pétrole mais ce n'est pas le seul. C'est vrai également pour les produits techniques dont les composants essentiels proviennent de l'étranger. La dévaluation renchérit le produit et en réduit la compétitivité. Il ne faut pas penser qu'à la main d'oeuvre, surtout quand l'essentiel des industries de main d'oeuvre a déjà  quitté le pays par délocalisation.  Une marque française de Blue Jean's qui achète le tissu aux Etats unis, qui réalise la façon au Maghreb et qui ne garde en France que la conception et la logistique sera pénalisée par la dévaluation, car la façon ne sera de toute façon jamais rapatriée en France compte tenu de la différence des coûts salariaux.  

Le changement structurel  du contenu des produits remet également en cause le bénéfice possible d'une dévaluation. De plus en plus de produits ont un coût d'investissement initial fort et des coûts marginaux décroissants. Prenons un parfum. Le produit est en lui même constitué pour l'essentiel dans sa partie physique d'excipients sans valeur. Les principes actifs sont minoritaires et ne concernent pas 1% du poids. En revanche les frais de publicité et de marketing vont être terrifiants. Si la séduction agit, le produit se vendra et deviendra hyper rentable, sinon on a perdu l'investissement. Effet d'une dévaluation ? Nul. Tout était dans le coût de l'investissement initial et la réussite de la conception du produit.  

C'est la même chose pour un film ou un logiciel. Un bon progiciel de gestion intégré coûte à produire près de 2 millions d'euros et à lancer mondialement plus de cinq. S'il est excellent et lancé au bon moment il va s'imposer et tout emporter.  Chaque vente supplémentaire ne coûtera pratiquement rien. Les bénéfices exploseront. Importance d'une dévaluation ? Nulle.  Quand un logiciel est devenu leader il marginalise toute la concurrence : même gratuits les autres produits ne se vendent pas.  

Une autre manière de dire la même chose est de constater que les exportations sont de moins corrélées aux changes et de plus en plus à la croissance des marchés extérieurs. Les exportateurs de produits techniques dominants se moquent assez largement du prix, au moins dans une fourchette de 15 à 30%. Ce qui comptent c'est la croissance des marchés globaux et la part de marché. Si les pays cibles prospèrent alors l'entreprise prospère quelque soit le niveau de change. Apple se moque assez de la valeur extérieure du dollar.  L'indifférence à l'Euro fort de l'Allemagne et au Franc  fort de la Suisse s'explique exactement par cette raison. La capsule suisse Nespresso se vendra en France quelque soit le cours de l'Euro. Et l'Allemagne saura imposer ses scies industrielles hyperproductives partout où l'efficacité est requise. De même les fabricants d'appareils de photos nippons sont presqu'indifférents au cours du Yen.   

Les flux de marchandises ne sont plus aussi directement qu'avant corrélés au cours du change d'un pays, sauf s'il vend des produits bruts.

Un autre aspect majeur est que  les flux de marchandises comptent pratiquement pour rien dans l'évolution des changes, en système flottant.  Pour un  mouvement physique de marchandise on va compter 10 ou 100 fois plus de mouvements financiers à court et à long terme. Comment la dévaluation va-t-elle affecter ces mouvements browniens ? Personne ne le sait du fait de la variété des transactions en cause et de l'état où les changements de valeurs laisseraient les contractants.

Un contrat de produit dérivé  qui vous permet d'avoir des taux bas  pour une valeur du rapport de change entre deux monnaies, peut stipuler qu'en cas de changement de ce rapport les intérêts s'envolent !  Personne ne collationne tous ces contrats qui sont en général de gré à gré. Toute dévaluation aura des effets de bord de type "pochette surprise".  
 
D'un façon générale les effets sur le système financier d'une dévaluation sont imprévisibles et non quantifiables.

On comprend la panique en cas de désagrégation de l'Euro !

Personne ne nie qu'une dévaluation peut avoir son intérêt. Mais il faut bien regarder : il est de plus en plus rare qu'elle apporte à des pays économiquement développés une solution durable et de plus en plus fréquent qu'elle provoque une situation déplorable à moyen et long terme.

Crise de type 1929 ou 1993 ?

La crise économique que nous traversons depuis le blocage du marché interbancaire en juillet 2007 n'a pas encore livré tous ses secrets.

En 1929 après le choc de la chute boursière et les désordres qui ont suivi, il a fallu attendre 1932 et 1933 pour voir tout à coup l'ensemble du système financier  s'effondrer, au milieu des réactions désordonnées des états et des banques centrales.

Il y a vingt ans, la crise commence en 91 aux Etats-Unis arrive au RU et dans les pays exportateurs en 92 et frappe de plein fouet la France en 93. La reprise est là dès 95. Le coup de massue fiscal d'Alain Juppé en 1996 provoque une récession  qui ne dure pas. La phase de reprise arrive début 1997 grâce à une forte dévaluation du Franc vis à vis du dollar.

Comme nous l'avons souvent écrit, une crise de type 1929 n'est pas prévisible. Elle dépends trop étroitement des réactions des Etats. La seule chose que l'on peut faire est de signaler les erreurs majeures et espérer qu'on sera compris et entendus, ou que les états ne feront rien de dramatique.

La crise actuelle peut déboucher sur le pire si les mesures ad hoc ne sont pas prises. Nous l'avons écrit dès 2007 et répété en 2008. Faute d'un vrai diagnostic on a vu que le G.20 a pris des options purement d'attente ou cosmétiques et qu'aucune action internationale d'envergure n'a cherché encore à traiter les causes. Nous avons alors expliqué les risques courus et  signalé que le développement du désordre viendrait des monnaies et du crédit. Nous y sommes en plein.

S'il est impossible de dire dès aujourd'hui si on entrera dans une crise de type 1929, on peut déjà signaler les ressemblances avec la crise de  1993.

Rappelons que cette crise avait été la première vraie récession d'après guerre (la première depuis 1929) ; elle avait fait baisser les PIB de façon significative (de 2 à 4%) ; le système bancaire était ruiné par la spéculation immobilière notamment sur les bureaux ;  le commerce international fut fortement ralenti pendant près de deux ans ; l'endettement des états est monté à des sommets ; le chômage est passé  dans beaucoup de pays par des pics au dessus de 10% de la population active ; les banques centrales ont ouvert grand les vannes de la création monétaire ; des plans de soutien aux secteurs industriels les plus importants ont été mis en place (juppette après la balladurette) etc.

Bref, en première analyse la crise actuelle est très semblable à celle de 93 sauf qu'elle est plus forte, frappe des états en bien plus mauvaise situation financière, dans un monde où le nombre des acteurs est plus important avec un déplacement du centre de gravité de l'économie mondiale vers l'Extrême-Orient.

On pourrait dire : la crise de 2007-2010 sera de type 1991-1993, en plus grave,  si les politiques des états ne la transforment pas  en crise de type 1929.

Il est toujours amusant et instructif de relire les livres ayant traité de la grande crise économique  d'avant. Michel Albert et Jean Boissonnat avaient fait paraître au Seuil "Crise Krach Boom"  juste après le krach boursier de 1987 , éclair dans un ciel tranquille qui avait tout à tout interrogé sur la fragilité du nouveau système mondial qui se mettait alors en place, après la correction du début des années 1980 et la fin de la stagflation (surpris par le nouveau système de changes flottants les états avaient persisté pendant les années 70 dans un keynésianisme de façade qui avait eu des résultats désastreux).

Le texte comprend de nombreux passages qui pourraient être repris aujourd'hui sans en changer une ligne.

"Au banc des accusés on voit défiler l'informatique, la dérèglementation, les nouveaux instruments financiers, les "golden boys" et autres "raiders", dans un cortège multicolore où les techniques les plus sophistiquées semblent avoir pactisé avec la perte du sens moral pour se mettre au service d'un nouveau capitalisme sauvage".  

La notion de "raiders" a été remplacée par celle de Hedge Funds. A part cela quelle actualité ! Il ne manque que la dénonciation du "court termisme" pour faire un article de 2010.

Cette crise boursière n'a pas été réellement comprise. A la fois très violente et sans grandes conséquences sur l'activité elle a laissé les analystes  un peu perdus. Personne n'avait alors compris que dans un système de changes flottants, de dérèglementation et d'ouverture forcenée des échanges financiers,   où les banques centrales cherchent à maîtriser les prix et où les salaires sont comprimés, l'épargne et le crédit se déplacent de l'industrie vers la spéculation. Une grosse partie de la création monétaire se retrouve dans les prix des biens durables et non plus dans les produits de consommation. Le double accélérateur de la spéculation sur les monnaies et les actifs provoque alors des montées de prix vertigineuses qui ne peuvent pas durer et entraînent de sévères corrections.

Rappelons qu'en quelques heures le 19 octobre 1987 le Dow Jones avait perdu 22.6% de sa valeur soit près du double du vendredi noir de 1929 ! La correction sur le dollar sera également très forte.

Faute de comprendre ce mécanisme fondamental Greenspan qui vient d'arriver à la tête de la FED va changer radicalement la politique suivie jusqu'ici par Volcker et ouvrir toutes les vannes de la création monétaire. Le résultat : la défiance vis à vis de la bourse reporte les déséquilibres vers l'immobilier. De 88 à 91 se développe une spéculation notamment sur les bureaux comme on n'en avait jamais vu. Les banques y vont à fond parce que , déjà, la rentabilité des prêts classiques à l'industrie est très faible et que la spéculation est la seule source d'argent facile.  En France les crédits à l'immobilier de bureau sont multipliés par 7.

La bulle explosera à partir de 91 et ravagera le monde jusqu'en 93.

Nos auteurs ont bien vu un aspect critique  du phénomène : "La désorganisation du système monétaire international depuis l'abandon des règles instituées à Bretton Woods au lendemain de la dernière guerre a contraints les marchés à se garantir contre certains risques. A la plus forte fluctuation des titres qui a résulté de l'intervention des investisseurs institutionnels, s'ajoute la fluctuation des changes et des taux".

Sous l'influence de Milton Friedman, malgré l'échec de ses recommandations monétaristes au début des années 80, l'idée s'est installée que les mouvements de capitaux pouvaient être entièrement libérées sous réserve de laisser fonctionner les changes flottants.  La limitation de l'inflation a permis de reconstituer un peu partout une forte épargne qui auparavant était érodée par l'inflation.  Des masses énormes de capitaux pouvaient désormais courir le monde mais le monde était devenu plus dangereux.  Ces énormes masses, gérées dans peu de mains, et désormais sans contrôle national, se déplacent par spasmes.   Henry Kaufman, une des grandes écritures de l'époque résume les causes  de la crise de 87 dans un article dans le Herald Tribune le 8 février 1988  : "la dérèglementation, l'innovation financière, la mondialisation des marchés de capitaux, l'institutionnalisation de l'épargne qui concentre les décisions entre quelques mains, la mobilité des actifs financiers que l'on a tendance à transformer en titres négociables comme on le voit aussi bien avec la dette du tiers monde. Un prêt bancaire devient ainsi un titre négociable comme une simple obligation".

On ne parlait pas encore de "subprimes" et peu de titrisation, mais la technique était déjà là. Dans le marché mondial on achète de tout sous des formes de plus en plus techniques et on a peur de tout ce qui implique le développement de protection plus ou moins illusoires et surtout de paniques auto entretenues lorsqu'une classe d'actifs (ou de dettes, c'est la même chose dans le monde bancaire) vient à être suspectée.

Le mouvement, qui était en route depuis la fin des années 80 (c'est à ce moment que se développe les salles de marchés dans les banques) va alors constamment se perfectionner. On allait voir la constitution des hedge funds,  externalisation de la fonction de spéculation hors des banques, puis le développement de la titrisation, jusqu'au CDO, et de l'assurance crédit sous forme de CDS.   Ajoutons que la notation de tous ces produits est indispensable et que les agences spécialisées vont désormais prospérer.

Le seul ennui c'est que cette maison est en papier. Elle va bruler à plusieurs reprises et devra être constamment sauver par les Etats, comme le rappelle très justement Joseph Stiglitz. La crise de 91-93 puis la chute de LTCM, puis la panique devant le risque oriental, puis la crise de 2001-2002,  voient les énormes masses flottantes canalisées dans des "véhicules" de plus en plus complexes et obscurs dévaster le monde. A chaque fois Greenspan ouvrira les gros robinets monétaires. Comme le disent nos deux auteurs "quand l'économie flambe on l'éteint avec de la monnaie. Personne ne se préoccupe de savoir si cela ne ressemble pas finalement à tenter d'éteindre le feu avec de l'essence".

La panique devant la dette grecque ou hongroise , après la panique sur les crédits immobiliers, répondent exactement aux même mécanismes, aggravés et amplifiés.

On retrouve même l'explication que nous donnons nous même de cette série de crises : les auteurs comprennent que le système monétaire international basé sur le principe des changes flottants et d'une monnaie de réserve nationale (le dollar) dont les autorités ont décidé de ne pas se préoccuper (le Benign neglect) est à l'origine des déséquilibres. De même qu'aujourd'hui on pointe le couple Chine excédentaire et Etats Unis en déficits, les deux balances jouant en même temps et en sens inverse pour déverser des liquidités gigantesques sur le monde, les auteurs suspectent la relation Japon-Etats-unis qui entraînent le Japon vers une surépargne qui sera périodiquement ruinée (provoquant l'installation d'une dette d'état colossale pour sauver les banques) en même temps que l'économie des Etats-Unis n'épargnent plus et comptent sur le crédit pour sa consommation. Il note bien que la croissance, quand elle est là, puisque le trend est ralenti par rapport aux trente glorieuses,  est partout correcte,  sauf en Europe, dindon de la farce et surtout en France, entravée par le "programme commun de la gauche", les 39 heures, la retraite à 60 ans et autres démagogies.   

Il faut être aveugle pour ne pas voir les ressemblances avec la situation d'aujourd'hui. On lira le reste : le chapitre sur la "montagne de dettes", l'autisme des Etats, la désinformation dans les médias appelée le "krach de la communication", "le Rubicon monétaire".  Les auteurs en appellent finalement  à une refonte institutionnelle : la création d'un état minimum mondial.

La mondialisation par les changes flottants, la dérèglementation, la concentration des intermédiaires financiers, cela ne peut pas marcher.

C'était déjà parfaitement clair en 1988.

On voit que rien n'a été fait pour que les changes flottants soient abandonnés, que le dollar cesse d'être la monnaie de réserve internationale, que les mouvements de capitaux  soient mis sous un strict contrôle, et que la convergence des politiques nationales s'institutionnalise au moins a minima.   

L'Europe a unifié sa monnaie mais sans comprendre les nécessités institutionnelles d'une zone de monnaie unique ni les dangers d'un oasis de fixité dans un océan de flottement monétaire.

La Chine a relayé le Japon et l'Allemagne comme créancier des Etats Unis.

La double pyramide de crédits a atteint des sommets monstrueux.

Nous en sommes là. Avec des économistes de cour à côté de la plaque, des journalistes qui regardent du mauvais côté, un krach de l'information toujours aussi profond, un silence total des états sur le tabou des changes flottants., une accumulation de dettes dont plus personne ne sait comment se débarrasser.

Et pourtant tout est clair. Depuis des décennies !

Des décennies !

Quelle honte !

Banques : moutons et pirates

Lorsque j'ai commencé ma carrière dans la banque, mon patron m'a dit : "dans ce métier, tu verras, il n'y a que deux profils : les pirates et les pétochards. Où veux-tu aller : dans le suivisme ou dans l'offensive ? ". Que répondre d'autre que : dans l'offensive. On est jeune et audacieux quand on commence ! Résultat,  il m'a collé un an au recouvrement des créances douteuses...

Avec le recul je crois qu'il avait parfaitement raison. Il y a bien d'un côté les moutons, propres sur eux, rassurants, portant particule (moins depuis qu'on privilégie le féminin et le télégénique), qui parlent sécurité, investissement responsable, politiquement correct, image, bonne intégration dans le tissu social et autres amusantes fadaises.  Et de l'autre les prédateurs, l'oeil rivé sur les lois de finances, les trous dans la législation, l'analyse des failles diverses, l'observation psychologique et  qui ne pensent qu'à faire des coups.  La fusion assez générale de la banque de dépôt et de prêt avec la banque d'affaire et les anciennes sociétés de bourse a posé quelques problèmes de culture à la direction des nouveaux groupes, sommés de fabriquer quelques chimères de carpe et de lapin.

Le résultat a été assez curieux.

Tout d'abord les banques ont externalisé leurs cow-boys. Ce sera le développement des Hedge funds.  Des gestionnaires qui travaillaient précédemment au sein des banques se sont retrouvés à gérer des fonds pour les banques et de gros investisseurs. Les pétochards sont toujours cupides, mais ils veulent que la cupidité soit assumée par les autres. A partir du moment où  les moutons pouvaient s'assurer que leur choix était partagé par d'autres moutons et qu'ils pouvaient  mutualiser la piraterie, le commerce avec les pirates pouvait se développer. On soutint en coeur du côté des banques mammouths vivant en consanguinité avec les  Etats que la meilleure gestion ne pourrait se faire que dans des paradis fiscaux, l'absolue obscurité et l'impunité pénale, avec les instruments les plus controuvés. Quand les moutons cherchent à fabriquer des loups, ils sont capables de leur donner un enclos d'importance. La législation suivit.

Mais un pétochard reste un pétochard. Alors les moutons ont développé le recours aux agences de notation. Ils étaient prêts à payer pour ce genre d'organismes qui leur permet d'exercer leur fonction de mouton avec une plus grande tranquillité. Ils se sont donnés comme seule priorité de "coller à l'indice". On est mouton, donc faire mieux que l'indice n'est pas un objectif. Mais faire moins bien serait inconvenant. On a sa dignité tout de même. Les grandes banques polyvalente ont réduit leurs analyses dans la partie placement à la sélection des fonds communs de placement et dans la partie prêt à la sélection des dossiers en fonction de risques notés.

L'ennui de cette stratégie de mouton c'est qu'elle ne rapporte rien. Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, certains en ont conclu qu'une banque polyvalente devait avoir "la taille critique", une notion assez dangereuse. Une course à la taille s'est développée, surtout chez les petits ou moyens. Plusieurs moutons-grenouilles(UBS, DEXIA, SocGen) se sont vus en moutons-boeufs.

Mais comment croitre quand on est grenouille ?  Evidemment en cherchant l'argent où il est c'est à dire dans le risque. Le risque capable de fournir du cash étant dans les opérations de marchés du fait des conséquences des changes flottants qui ont transformé toute l'économie mondiale en vaste casino. On a vu soudain les moutons devenir enragés de salles de marché, d'installation au plus près des marchés sauvages. Les voilà à Wall Street et à Londres. Les voilà spéculant sur les denrées et les matériaux, les devises et l'or et les matières premières. Pour leur compte propre. Un agneau déguisé en loup est encore plus dangereux qu'un loup déguisé en agneau.

Une autre solution était de développer une grosse activité de prêt et de s'en débarrasser à bon compte pour consommer le moins de capital possible (il fallait grossir que diable mais sans les moyens ad hoc).  Voilà nos banquiers transformés en courtiers en prêts et transférant leurs risques à d'autres pour continuer leur fuite en avant.  Formidable ces CDS !  En plus les courtiers ne gagnent pas sur le rendement net de leur prêts mais sur leurs commissions. Nos banquiers de dépôt deviennent des milords au même titre que les banquiers d'affaires qui marchent à la commission et aux honoraires. Sur des sommes pharamineuses. Où est parti le risque ? "On s'en fout" dit le mouton cupide. Le risque de contrepartie des CDS ? Pas notre problème. Nous sommes dans la microéconomie brownienne pas dans le pilotage macroéconomique. Il n'ya personne pour ce pilotage là ? Ah bon ! Comme c'est bizarre.

Les moutons se trouvaient bien. Tous les risques étaient pour les autres et les gros bonus pour les maîtres du troupeau.

Mais les autres, c'était eux.  Les pirates ne se sont pas faits prier de fournir aux moutons tous les produits frelatés qu'on peut imaginer. Les moutons ont donc ratissé toutes les subprimes foireuses, tous les madofferies.  Et ils ont découverts que les notes sur lesquelles ils s'appuyaient étaient en vérité des paris stupides, l'évaluation étant de fait rendue impossible par la masse et la complexité des opérations. Le propre des paris stupides est évidemment de foirer en dû temps.

Les portefeuilles se trouvèrent soudains surévalués et parfois dans des proportions considérables. Il fallait passer tellement de provisions que la faillite générale était inévitable. Nos moutons ont alors considérés les autres moutons comme enragés. Le marché interbancaire s'est bloqué. L'assurance a failli ne plus jouer : les assureurs étaient ruinés. L'économie est entrée en récession remettant en cause les portefeuilles les plus sains.

Les états sont venus au secours des moutons pour les sauver de l'abattoir en accusant les pirates.

Mais il n'y a pas pire pirate qu'un mouton cupide et inconscient qui a organisé une fausse cabane en paille en croyant se protéger.

Alors bien sûr il faut lutter contre les pirates.  Mais il faut surtout s'occuper des moutons. C'est eux qui font les immenses mouvements qui fichent tout par terre. Prenez l'affaire de l'assèchement des crédits à la Grèce. On accuse les pirates. Il y en a et ils se sont mis en chasse. Mais lorsque les moutons tous ensembles se sont d'un seul pas retirés de tous les marchés de la Grèce, ce sont eux qui ont asséché le marigot. Pas les pirates. Rien de pire qu'un mouvement de foule de moutons. Panurge l'a déjà dit depuis longtemps.

Le rôle du G20 est bien de démolir le château fort en carton-pâte que les moutons ont édifié autour d'eux pour s'installer dans une fausse tranquillité. Certains parlent de supprimer purement et simplement les CDS et les agences de notation. Au fond pourquoi pas ? Ce sont en fait des leurres si on leur fait jouer le rôle d'avertisseur et de garantie des risques. Mieux vaudrait garder les risques au sein de banques plus petites. En cas de grave manquement la solidarité de place jouerait et en cas de sinistre irrattrapable  la faillite serait prononcée, tout en sauvegardant les dépôts.  Laisser des mastodontes se constituer qui ont le droit de tout faire dans l'obscurité plus ou moins totale avec la fausse assurance que quelqu'un fera la contrepartie des erreurs, a été une sottise majeure. Croire qu'avec des régulateurs (dont on a vu qu'ils ne régulent rien) et un impôt spécial sur les banques (qui devient drôle s'il est replacé et détourné de son but s'il est donné à l'Etat) , les mêmes intervenants vont changer de comportement est une illusion.

Il faut retailler les bergeries et réduire l'aire des loups. 

 

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.

 

 

Crise : Les faiblesses du débat médiatique en France

Ceux qui ont étudié la crise de 1929 et plus particulièrement l'histoire économique de la France entre 1929 et 1940 savent à quel point le débat médiatique avait été alors décalé des réalités. Les journaux  n'ont donné alors qu'une couverture anecdotique des évènements sans jamais fournir à leur lecteur la moindre clef utile d'interprétation.

Il est vrai qu'à cette époque les journalistes n'avaient strictement aucune connaissance en économie, une caractéristique qu'ils partageaient avec le personnel politique. Au final la France sera le pays qui aura le plus souffert de la récession qui lui coûtera autant que la guerre de 14-18.

L'ignorance crasse ne paie pas.

Il y eut une énorme remise en cause après guerre et de gros efforts pour assurer non seulement qu'une partie des élites aient des notions d'économie  mais que le public cultivé puisse accéder à un niveau suffisant de connaissances pour éviter les pièges les plus grossiers.

 Alfred Sauvy fit notamment à gauche un travail pédagogique excellent et un temps efficace.  Fourastié joua un rôle certain pour éviter qu'au moins les journalistes qui s'informent des faits économiques ne disent pas absolument n'importe quoi.

Cet effort s'est effondré à partir de 1968 et surtout de 1974.

Toutes les idées malthusiennes ont progressivement repris leur place détestable sur l'échiquier politique, à droite comme à gauche. Le clientélisme politique est redevenu la base des politiques gouvernementales, détournées largement par les hauts fonctionnaires au profit de l'Etat.

La presse a assimilé l'économie à la bourse. Nous sommes retombés dans le trou. L'émergence des nouveaux médias télévisés où les débats sont nombreux a accentué la dérive vers le n'importe quoi. Malheureux téléspectateurs ainsi empêchés d'avoir accès à une information pertinente et gavés de sottises toutes plus grosses les unes que les autres, comme dans les années trente.

Quelles sont les énormes faiblesses qui défigurent les débats médiatiques ?

- La première est la dérive idéologique.

La question n'est pas de savoir si le libéralisme à la Sorman est contredit par la crise ou l'étatiste révolutionnaire façon socialisme violent est la solution imminente. Pourtant, que de débats passionnés sur ce thème inutile ! Il n'y a pas besoin d'être socialiste pour admettre que les banques puissent être nationalisées si nécessaire ni membre d'Attac pour prétendre que le rôle des états est d'une importance critique. Il n'y a pas besoin d'être maoïste néo-néospontex pour comprendre que la croissance et le plein emploi sont deux objectifs politiques vitaux, ni adeptes de Déroulède ou des Croix de feu pour savoir qu'on ne résoudra rien par une nouvelle fiscalisation outrancière de la société ni une fuite en avant dans la dette.

Aucun des problèmes qui nous affligent sont dans l'analyse de leurs causes ni dans la recherche des solutions une affaire droite- gauche.  Les réflexes conditionnés sont trop forts. La crise est un enjeu de lutte de  partis alors qu'il devrait être un moment de recherche commune d'une explication et d'une politique nationale efficace.

- Proche mais distincte est la fuite dans l'abstraction plus ou moins lyrique. Entre la psychanalyste de service qui explique la faiblesse de la consommation par l'affaiblissement de l'appétence sexuelle dans une Europe vieillissante, le sociologue en émoi qui croit deviner des tendances si profondes  qu'il ne les précise jamais et le philosophe en rupture d'idées mais pas de vocabulaire, les soirées télévisées prennent dans les émissions cultureuses des allures souvent tragi-comiques.  Les pires sots  sont souvent les philosophes. Ils ne savent rien mais avec un aplomb digne de meilleures causes. Comme quoi, savoir qu'on ne sait rien n'apporte pas toujours de grands éclairages sur le reste.

- La faiblesse technique reste la difficulté majeure. Ne comprenant pas les concepts, les intervenants se ruent sur des apparences. Ainsi on voit M. Attali prendre la pause et expliquer la dette par le seul gonflement spontané des crédits bancaires privés aux Etats Unis. Aucun économiste sérieux ne prétendra que les banques privées peuvent créer de la monnaie à volonté. Alors comment ont-elles fait pour que leurs bilans atteindre 400% du PIB  ? Les journalistes pourraient poser la question. Mais c'est trop technique et n'intéresse pas le téléspectateur moyen et la ménagère de 17 à 47 ans. Aucune infographie n'a repris l'évolution des quatre dettes (entreprises, particuliers, banques, états) depuis 1974. Elle serait pourtant édifiante. La seule édifiante.

Rappelons que pour un économiste la dette joue par sa masse plus que par ses composantes. Que Le Monde ou Le Figaro fassent enfin l'effort de sortir les courbes pour la France, le RU, l'Espagne, les EU, le Japon et l'Islande ! Et ils verront les contours de la vérité et pourront se poser la question : comment en arrive-t-on à une telle pyramide de dettes à l'échelon mondial !  Et tout à coup, par miracle, on verrait que la source internationale de la dette est le dérèglement du système monétaire international. Mais comment faire ? Ecrire aux journaux reste sans effet. Ils ne croient que dans les experts qu'ils fréquentent habituellement et qui non seulement n'ont pas prévu la crise mais affirment qu'elle était imprévisible !

Cela permet à des politiques comme Mme K.Morizet d'affirmer cent fois ce dimanche l'imprévisibilité de la crise "que les économistes eux mêmes n'ont pas vu venir". Si elle était imprévisible c'est qu'elle est magique non ? Ou diabolique, comme on voudra.

Alors pourquoi pas un peu de Vaudou médiatique ?

La réponse est peut-être dans le tableau publié en page 17 du International Herald Tribune de ce jour. On y voit la croissance française sur l'année passée à -2.5% (MOINS 2,5%), contre une croissance de +0.6 pour l'Europe entière, +8.1 pour la Corée et zone Euro, +3% pour celle des Etats Unis, +4.9 pour le Japon, +11.9 pour la Chine.

Comme on nous le répète : la France a été moins touchée que les autres ...  Nous sommes repartis pour faire la pire performance de tous les pays industrialisés comparables. Certes le Français est né malin et peut résister et aux mauvais résultats et aux débats débiles, mais tout de même.

Ne serait-il pas temps de soulever un peu le couvercle de conformisme et de bêtise sous lequel la France cuit à petit feu ?  


Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile

 

Obama : un plan de réforme bancaire correct mais (très) insuffisant.

- Interdiction de la spéculation pour compte propre directe ou via des produits dérivés.

On ne voit pas pourquoi les banques de dépôts, qui reçoivent des prêts forcés de la part de tous ceux qui doivent utiliser la banque pour conserver leur épargne liquide et effectuer certaines formes de paiements, pourraient utiliser cet argent pour effectuer des spéculations pour compte propre qui, quand les banques gagnent, alimentent les bonus des hauts dirigeants et ,quand elles perdent, imposent un refinancement par le contribuable. C'est une idée de bon sens que nous défendons ici depuis toujours. Alors bravo ! Pourquoi ne fait-on pas de même en Europe et en particulier en France ?

- Transparence accrue des fonds spéculatifs :  l'idée qu'il n'y aurait de bonnes finances qu'à partir du moment où des fonds spéculatifs cachés dans des paradis fiscaux  pourraient loin de toute fiscalité et dans le secret total lancer des raids dévastateurs sur les marchés financiers mondiaux est aussi folle que celle qui considèrerait que le summum du capitalisme est le brigandage maritime en Somalie. Si les opérations sont propres et saines elles peuvent être faites en pleine lumière et dans la clarté fiscale. Il faudrait peut être tenir compte maintenant de la faillite de LTCM, 15 ans après !

- Création d'une autorité de protection des emprunteurs. Il est certain que plus aucun épargnant de comprends quoi que ce soit aux placements qu'il fait ou surtout qu'on lui fait faire. Créer une "autorité" est la vision bureaucratique de la solution. Il faut surtout renforcer la règlementation sur ce qui est autorisé ou non. Les boites noires doivent être démontées et les ventes de chimères pénalement poursuivies. On ne peut qu'espérer que cette autorité aura la capacité d'orienter la législation en faisant un inventaire détaillée des pratiques.

- Limite à la croissance des bilans bancaires. Là on confond macro économie et micro économie. Les bilans bancaires ne grossissent pas tout seul.

- Plus de pouvoirs pour la FED et plus grande transparence. Là encore les modifications institutionnelles  n'ont d'intérêt que si elles servent un projet. Quel est le projet ? La FED a des responsabilités majeures dans la crise actuelle.

Le plan Obama est finalement modeste, certainement pas à la hauteur des évènements, mais au moins il va dans la bonne direction.

Que manque-t-il ?

D'abord une vision des causes de la crise et une idée majeure de ce que serait le cadre de fonctionnement financier et monétaire de la mondialisation. A partir du moment où on se contente de croire que la crise est due à un simple dérèglement du comportement des acteurs financiers, sans se préoccuper du contexte, on bâtit sur du sable. Le plan Obama peut faire un peu de bien mais il ne règle rien. Rappelons le une fois de plus : la crise n'est pas due principalement aux subprimes. Elle a certes frappé particulièrement le marché immobilier. Mais la victime n'est pas l'assassin, même si elle a mis du sien.

Ne comprenant pas pourquoi les bilans des banques se sont mis à gonfler démesurément sur une longue période, on essaie de leur mettre une camisole. On ferait mieux d'agir sur les causes plutôt que sur les symptômes.

Il n'y a aucune mesure proprement monétaire, notamment dans le domaine de l'organisation monétaire internationale. C'est une erreur colossale d'analyse et la condition de l'impuissance.

La réforme Obama est donc bien orientée. Aucune mesure n'est absurde. Mais elle est si partielle qu'elle n'a au fond pas grand intérêt et n'est pas en mesure d'atteindre son but affiché : empêcher qu'une crise du même genre ne se reproduise.

De toute façon une crise du système financier international ne peut pas avoir de solution nationale. C'est vrai pour le plan Obama, encore plus vrai pour les gesticulations d'Angela Merkel, ou l'immobilisme de N. Sarkozy qui n'a toujours pas proposé trois ans après le début de la crise (qui commence avec le blocage du marché interbancaire de juillet 2007)la moindre proposition de réforme financière (les banques en France SONT l'état et ne permettront rien).

Quant à M. Barnier, c'est à dire l'Europe, on attend toujours. La question du passeport européen pour les hedge funds, cela reste tout de même de l'anecdotique.   
Cercle des économistes e-toile

Crise mondiale : Pas de solutions en dehors des états ( suite)


On ne sortira pas plus des monnaies administratives que le monde ne s'est débarrassé des billets après la faillite de Law. 

L'horloge monétaire ne revient pas en arrière. Jamais.  Le nouvel ordre monétaire mondial doit être fondé sur des changes fixes mais ordonnés sur une référence mondiale non nationale (ce que nous appelons le Mondio), avec l'engagement des Etats non pas "de ne pas faire plus de bêtises que les autres",  mais de respecter des règles précises sous risques de sanctions sévères librement consenties ou exclusion de la mondialisation.

L'Europe pourrait dans un tel cadre remettre les boeufs devant la charrue et repartir du pas lent mais sûr des bons laboureurs, en mettant fin aux excès gouvernementaux actuels.


La France devra renoncer à son "toujours plus" étatique et social, à sa folie fiscale et à ses dépenses publiques démesurées. Mais au moins elle bénéficiera d'un retour à une croissance durable et d'un assainissement progressif de son passif. 


Les Etats Unis, tenus de garantir la valeur externe de leur monnaie ne pourront plus faire n'importe quoi en même temps que la fixité des changes et le durcissement des règles de la spéculation et de la régulation bancaire éviteront un retour aux extrémités que l'on connait encore en ce moment. En contrepartie le dynamisme de sa création économique trouvera un meilleur emploi.


La Chine devra mieux équilibrer et plus durablement sa croissance extérieure et intérieure. Elle y gagnera plus que ne le croit les partisans d'un mercantilisme sauvage.


Les guerres monétaires du type de celle que vient de gagner la Corée du sud ne seront plus permises. Ici encore, l'accès au marché mondial impose des disciplines.


La Grèce aura une perspective qui soit autre que la catastrophe, même si elle n'échappe pas à quelques ajustements nominaux des prix et des salaires. Une déflation conduite de façon raisonnable dans un cadre global pacifié à toutes les chances de réussir.


On dira : si on ne l'a pas fait c'est que c'était impossible !


Peut-être ! Mais au moins que la pédagogie de la crise serve. Une fois pour toute !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Crise mondiale : pas de vraie solution sans les Etats.

Les difficultés de l'Euro permettent à deux camps d'exulter.


Le premier est celui des adeptes de Milton Friedman et de la libre flottaison des monnaies. Le maître avait dit que l'Euro ne se ferait pas et si par impossible il se faisait il éclaterait rapidement. Pendant dix ans il a eu tort et voilà que sa capacité d'analyse et de prédiction est magnifiée. "On vous l'avait bien dit que cette construction était impossible. Et maintenant sa défense vous entraîne dans des complications bancaires et sociales insurmontables. Revenez à la raison et sortez de l'Euro ! Les monnaies s'échangeront alors à leur vraie valeur respective et tout sera bien. Les marchés resteront la loi du genre humain comme il se doit. Les gouvernements seront hors jeu et obligés d'être sérieux."


Le second, radicalement opposé en apparence, postule que les monnaies administratives créées à la fin de la première guerre et qui sont devenues totalement erratiques depuis 1971 sont ingérables, que le système des changes flottants est intrinsèquement pervers car il offre trop de possibilités à la spéculation tout en créant des risques immenses, que les banques centrales sont des organismes creux qui ne savent rien contrôler et qui créent plus de problèmes qu'ils n'en résolvent, et que seul l'étalon-or est de nature à faire revenir tout le monde, états, banques et agents économiques, à la raison. S'il y a étalon or, la notion même d'Euro n'a plus de sens.


Ces deux philosophies, en apparence totalement antagonistes, se rejoignent pour fêter la mort annoncée de l'Euro.


En vérité ces deux doctrines ont un autre point commun : la haine de l'état qu'il s'agit de contraindre le plus possible, soit par les disciplines de l'étalon or, soit par la sanction des marchés. L'état est l'ennemi, celui par qui tous les malheurs arrivent. Il ne doit pas avoir de responsabilités dans la gestion de la monnaie qui doit être le plus possible une monnaie privée indépendante de la gourmandise étatique. Aux entreprises le soin de découvrir des nouvelles opportunités de croissance ; aux banques de les financer si elles croient aux projets qu'on leur propose. Si elles se trompent qu'elles meurent !  Et l'excès de monnaie sera automatiquement purgé. L'Etat ne sait faire rien d'autre que de générer de l'inflation ou de la crise économique.
L'ennui, c'est que l'histoire a condamné chacune de ces deux options.


L'étalon-or n'a duré que quelques années, de 1873 à 1914. Et qu'a-t-on vu ? Ce qu'on appelait "la grande dépression" qui a duré la majeure partie de la fin du XIXème siècle, ponctuée de grands scandales comme Panama,  et une période faste au début du XXème  qui s'est brutalement terminée par la crise boursière de 1907. L'étalon or n'a pas été un chemin de roses.
Quant aux changes flottants on a vu que de crises en crises ils viennent de nous faire basculer dans une situation plus que périlleuse qui peut bien déboucher sur une nouvelle grande dépression.


Par conséquent ceux qui exultent n'ont rien à proposer de solide pour l'avenir.


Pour une raison simple : ni l'un ni l'autre n'ont compris pourquoi leur système respectif a explosé. Ni l'un ni l'autre n'a compris le caractère indispensable des états pour assurer croissance et plein emploi.  Non pas que l'état, par nature, soit capable de déterminer les bonnes politiques, tout démontre le contraire. De mauvaises politiques économiques, on en a connu de multiples. Mais parce que toute bonne politique passe nécessairement par une intervention de l'état et toute mondialisation heureuse par une collaboration inter étatique solide et consensuelle.


Mettre hors jeu les états qui emploient directement 20 à 25% de la population active et dépensent entre 35 et 55% du PIB est totalement irréaliste. Croire que le chacun pour soi  et l'or ou les marchés pour tous donneront des résultats merveilleux est une farce.


La question n'est pas de mettre les états hors jeu, mais de faire qu'ils jouent bien. L'orchestre jouera-t-il mieux sans chef, en espérant que la sélection individuelle des meilleurs solistes  suffira à créer la qualité ?  C'est l'idée des changes flottants Chaque banque centrale maintient la valeur intrinsèque sur son marché de la monnaie dont elle a la charge et le bonheur suivra. Ou faut-il lui laisser un chef mais sous la tutelle  d'un ordinateur qui dira si la qualité est bonne ? C'est un peu l'idée de l'étalon or.
Nous nous pensons qu'il faut un bon chef d'orchestre travaillant sur de bons principes avec d'excellents solistes.


Quelle aura été la force de l'Euro ? D'abord de permettre à l'ensemble économique européen de s'unifier mieux. Le fait de passer d'un pays à l'autre sans changement de monnaies a permis une fluidité des échanges des capitaux, de marchandises et de services propices à une meilleure intégration et un rattrapage des économies pauvres.  Quelle aura été la faiblesse de l'Euro ?  Le fait d'avoir laisser les état maîtres de leurs politiques économiques, mais sans possibilités de politiques monétaires et sans autres contraintes que celles d'un traité.  Si le monde n'avait pas baigné dans le flottement généralisé et la liberté totale des mouvements de capitaux , cette politique avait sa chance. Mais on n'a pas voulu comprendre qu'un îlot de fixité dans un océan de flottabilité serait durement battu par les flots.  L'Hubris politique l'a emporté sur la sagesse économique. On a mis la charrue avant les bœufs et une fois de plus en Europe on voit les boeufs piétiner la charrue.


L'Euro n'est pas possible sans une coordination des politiques économiques et budgétaires (ce que tout le monde a désormais compris), et sans une certaine fixité des changes dans le monde (ce dont personne n'a conscience). C'est ce que nous avions écrit au moment de Maastricht.


On était un peu dans la situation qui a prévalu lorsque la France a adopté le système de Law sur la généralisation du rôle du billet de banque. Le billet de banque est un formidable progrès mais son succès suppose que différentes conditions soient remplies. On a voulu passer outre : on a eu la faillite.  L'Euro a voulu passer outre. Et on risque la faillite de l'ensemble. Mais cela n'empêche pas que l'Euro soit globalement une excellente solution pleine d'avenir. Mais pas organisée comme cela et pas dans un monde de changes flottants. Tous ceux qui ont prétendu que l'intendance suivrait ont sauté "un pont trop loin", pour reprendre une image célèbre.


Imagine-t-on une seconde que la Grèce serait sauvée par le retour immédiat à l'étalon or ? Elle n'a pas d'or. Et un record de dettes. Voudrait-elle saisir le trésor de la banque centrale comme en Argentine il y a quelques semaines, elle n'y trouverait rien.
Imagine-t-on que la Grèce soit sauvée immédiatement par le flottement de sa monnaie ?  Cela supposerait un défaut quasi total sur sa dette et un effondrement des changes tel qu'aussitôt le monde entier se vautrerait sur ses plages et dans ses criques. Elles ne sont disponibles que quelques mois par an et ne génèreront jamais de quoi faire vivre le pays et rembourser ses dettes. La Grèce serait un pays sans capitaux, sans monnaie et probablement sans client car l'explosion de la zone euro aurait la conséquence de ruiner beaucoup d'épargnants sans parler des Etats.   


Même à titre de transition la flottaison ou l'étalon or ne sont pas des solutions.


Quelle est donc la solution ?


La solution est la même que celle que nous proposions dès le blocage des marchés interbancaires en juillet 2007, la même que celle que nous proposions au moment de la chute de Lehman-Brothers.


Nous sommes dans une crise mondiale de la dette que seule la croissance mondiale permettra de surmonter.


La seule solution est dans la coopération totale interétatique pour une croissance mondiale générant suffisamment de ressources pour rétablir les équilibres essentiels. Aucune autre solution n'existe qui évite de grandes souffrances. Qu'on se rappelle les âneries qui étaient répétées par les perroquets sur la crise des subprimes qui n'était qu'un problème américain ! La crise était déjà globale et ne pouvait que recevoir un traitement global. On n'a rien fait.  Quand en septembre 2008 c'est l'ensemble du système financier mondial qui s'est effondré, on a bien compris que la crise était globale mais on a considéré qu'il suffisait de transférer les actifs pourris des banques aux Etats, en laissant les banques centrales lâcher les rênes monétaires,  sans autre réforme que de microbiques remises en cause sur des sujets annexes comme la comptabilité, les primes  et l'organisation des marchés de CDS.


Nous avons crié au fou pendant toute cette période devant cette indécence intellectuelle.  


Pendant ce temps là la récession s'est installée, la crise de la dette s'est amplifiée, les banques sauvées et gorgées de liquidités dans un marché totalement libre s'en sont donné à coeur joie dans la spéculation imbécile, chaque pays a poursuivi sa petite cuisine sur son petit réchaud. Aucun diagnostic réel de la crise n'a été fourni. Le commerce international ne s'est jamais remis totalement en place, répondant plus à des politiques étatiques égoïstes ou à des pulsions de la spéculation qu'aux nécessités d'une reprise générale de relations économiques saines entre les états.


La solution était évidemment ailleurs. Il fallait d'abord acter la faillite des changes flottants, de la "dissymétrie" des institutions internationales, de l'égoïsme globalement destructeur  des politiques nationales américaine et chinoise  et reconnaître que cet ensemble était la cause principale de la crise. Puis faire le constat que seule un ressaut de la croissance pourrait sortir  le monde de l'embarras ainsi créé.


Si les nations s'étaient réunies pour d'une part annoncer que désormais le système des changes serait stabilisé sur des valeurs de change correspondant aux parités de pouvoir d'achat, que la spéculation internationale sur les changes serait immédiatement interdite et sanctionnée pénalement, que les banques en faillite seraient immédiatement nationalisées et restructurées en attente d'une solution plus durable,  que le FMI, rendu égalitaire dans la composition de sa gouvernance assurerait la discipline de l'ensemble avec l'aide de fonds monétaires régionaux, que les excès de dettes seraient restructurées, que les déficits publics ne pourraient pas dépasser certaines limites en dépit des plans de relance, et seraient plutôt financé par la création monétaire directe que par l'intermédiaire de banques en faillite alimentées par des avantages indus, le coût de la crise aurait été bien moindre et aucun des ferments qui l'avaient créées ne seraient demeurés.


Cela supposait un changement d'attitude politique de la part des Etats unis, sommés de renoncer au privilège douteux du dollar, de la Chine, sommée de mettre fin à son mercantilisme, de l'Europe, sommée de mettre fin à l'incohérence entre des états généralement laxistes et une BCE astringente.


On n'aurait pas fait l'économie d'une récession mais on en serait sorti aujourd'hui car les courants commerciaux auraient repris et l'angoisse sur l'avenir aurait cessé. Les citoyens américains n'auraient plus de panique sur la future dévaluation de leur monnaie. L'Euro ne craindrait plus le feu des marchés et pourrait sortir en douceur de la double contrainte d'une monnaie trop fortement défendue et d'un dérèglement général des finances publiques de ses membres . La Chine n'aurait pas à prendre des mesures déraisonnables sur la confiscation prudentielle de certaines ressources mondiales et des relances du crédit interne totalement aventurées.


Décidemment non, cette exultation générale devant la crise de l'Euro n'est pas porteuse d'avenir. On ne sortira pas de la crise en l'aggravant. La seule solution est dans l'engagement des états vis à vis de la valeur respective de leurs monnaies et leur retour à la sagesse budgétaire.


On ne sortira pas plus des monnaies administratives que le monde ne s'est débarrassé des billets après la faillite de Law.  L'horloge monétaire ne revient pas en arrière. Jamais. 



Les sept vies des banques

On dit depuis les Grecs que les chats ont sept vies, mais heureusement les Egyptiens savaient qu'ils en avaient neuf.

Combien de vies ont les banques ?

Après les hauses de prix du pétrole elles furent gorgées de liquidités qu'elles prêtèrent à qui mieux mieux et notamment à des Etats qui ne purent jamais rembourser.

Il fallut les sauver. Cela pris plus de dix ans.

Ensuite elles s'engouffrèrent dans les milles spéculations financières de la fin des années 80. Dès 93 le système bancaire s'est retrouvé ruiné. Il fallut intervenir.

Quand la faillite de LTCM mença tout le système financier, il fallut une fois de plus intervenir.

Et ne disons rien de la crise des "pays émergents" qui faillit à nouveau tout mettre par terre.

La crise de 2000, avec la très belle faillite d'Enron, remit l'ensemble des banques sous l'ombrelle des Etats.

Puis vint les subprimes et le blocage des marchés interbancaires. Asphyxiées, les banques ne furent sauvées que par l'intervention des Etats qui décidémment n'ont rien d'autre à faire.  


Mais voici que Lehman Brothers explose en vol. Heureusement il y avait les CDS. AIG qui en était la contrepartie principale s'avèra incapable d'assurer ses garanties. L'Etat américain renfloua l'institution et avec elle toutes les banques, dont de nombreuses grandes banques françaises, qui sinon seraient dans les affres du redressement judiciaire.

Les prêts aux Etats fragiles furent bientpôt attaqués. L'Europe et la BCE vinrent une fois de plus sauver les pauvres banques.

Nous voici donc à 8 vies consommées.

Sans vouloir appeler un chat et une banque un chat presque mort, il demeure qu'on est arrivé tout de même presqu'à la fin d'une histoire, non ?



Un mythe économique : la thèse des zones monétaires optimales

Les efforts d'unification économique qui se sont multipliés dans la seconde partie du XXème siècle ont provoqué de nombreuses réflexions sur les conditions du succès de ces tentatives.  Certains économistes ont recherché par exemple dans quelles conditions économiques un groupe de pays avait intérêt à unifier sa monnaie et réciproquement quand il devait l'éviter à tout prix.

Cette démarche est parfaitement vaine. Il n'y a pas de facteurs économiques spécifiques qui poussent ou non à l'unification monétaire. Dans cette affaire ce n'est pas l'économie qui mène le bal mais uniquement la politique.  Et le vrai débat porte sur les conditions POLITIQUES du bon fonctionnement d'une union monétaire.
 
S'il existait des conditions économiques de ne pas rejoindre une zone monétaire cela voudrait dire que certaines économies, par nature et non pas par politique, aurait besoin structurellement de changer régulièrement de taux de change. On peut en effet inverser la proposition en l'exprimant ainsi : dans quelles conditions économiques est-il préférables de pouvoir modifier incessamment son taux de change ? Et quand on pose la question ainsi les réponses se font rares. Car il n'y a aucune conditions structurelles proprement économiques qui invitent à faire varier fortement et constamment le taux de change d'un pays.

La politique de change offre des avantages pour régulariser les déséquilibres créés en général par des politiques économiques et sociales différentes. Mais dans une zone politiquement intégrée on n'a jamais vu une partie de la zone réclamer son indépendance monétaire pour des motifs exclusifs de rationalité économique. L'Auvergne, pour donner un exemple, n'a jamais demandé l'instauration du "Fouchtra", si on veut donner un nom à une monnaie qui serait propre à la région, pour régler ses difficultés de développement. Les libertés politiques et économiques d'aller et venir, de contracter, de posséder, dans l'ensemble monétaire français provoqueront des évolutions conduites par l'intérêt économique et social. Certaines seront favorables à l'activité locale d'autres non. Pays hercynien de faible rentabilité agricole, de possibilités de transport limitées  et de ressources minières peu significatives, la région a connu une très forte émigration. Il est à noter que l'existence du "Fouchtra" n'aurait en rien empêcher l'affaire.  Ce sont des politiques de développement à l'intérieur de la zone monétaire qui ont conduit à modifier le cours naturel des choses et à essayer d'optimiser les chances économiques de l'endroit.
 
En d'autres termes les conditions économiques dictent leur loi indépendamment des régimes de change.
 
De même que la psychanalyse ne guérit que les maladies qu'elle a elle même provoquée, les manipulations de change ne guérissent que les désordres qu'ils ont permis.
 
La plupart des arguments économiques avancés pour déterminer une zone d'union monétaire optimale sont des tautologies.
 
- Le degré d'ouverture des économies. Il est évident qu'un pays qui vit en autarcie et entend continuer ainsi n'a strictement aucun intérêt à rechercher une union monétaire.
 
- La flexibilité des salaires.  Partout les salaires sont devenus inflexibles. Nulle part on ne les baisse sans drame.
 
- La diversification des productions. L'argument est peu convaincant : un pays de monoproduction aurait immédiatement intérêt à s'ouvrir sur l'extérieur pour trouver les produits qui lui manquent  et la valeur de sa monoproduction  sera directement liée à la demande extérieure. La manipuler périodiquement via un taux de change n'aurait aucun intérêt durable.

- La distance entre les pays concernés.  La colonisation a prouvé qu'une union monétaire était possible avec des pays forts lointains pourvu qu'il y ait une unité politique de gouvernance.

- Le désir des hommes de changer de domicile et de s'expatrier. Nécessité fait loi. Indépendamment de toute considération sur le système des changes.
 
Arrêtons là : il n'y a pas de conditions économiques optimales structurelles pour créer une zone de monnaie unique.
 
En revanche il y a de fortes conditions de gouvernance POLITIQUES.
 
La souffrance actuelle de l'Euro ne provient pas  de conditions structurelles incompatibles entre ses composantes, mais du non respect des conditions de gouvernance d'une telle zone.  Dans le cas de la Grèce, le cycle de convergence préalable n'a pas été respecté dans des proportions qui laissent tout de même assez pantois.  Et la philosophie générale qui fait d'un traité, Maastricht, l'alpha et l'oméga de la conduite des affaires, est une erreur politique majeure, en l'absence de toute structure de pilotage économique de la zone. Cette erreur a été dénoncée cent mille fois et la relever ne présente strictement aucune originalité.
 
Elle a été d'autant plus dangereuse que l'Europe a cru qu'une monnaie artificielle pourrait être gérée dans un système de changes flottants par la seule BCE.  Une déficience structurelle régionale dans un système non fonctionnel global ne peut mener qu'à des catastrophes. On retrouve là notre combat permanent.

La question de la zone Euro est purement politique. Est-on décidé d'aller vers une union générale en Europe ou non. Cette option est la notre. Mais cela a des conséquences de structure et de gouvernance globale.  L'Europe a, une fois de plus, mis la charrue avant les boeufs et les boeufs piétinent actuellement la charrue avec une grande gaité. Ce système implique des crises qui rendent inévitables des ajustements précipités ultérieurs. Certains pensent que la méthode est la seule possible.  
Il ne faut pas pousser trop loin la rationalité de l'irrationalité.
 
Admettons que ce soit bien le mode de progression de l'intégration européenne.

Alors il faut aujourd'hui (avec une vingtaine d'années de retard), sous le feu, mettre en place les institutions congruentes avec la monnaie unique. Un traité ne suffit pas.
Il  faut aussi s'assurer que le système monétaire global qui présidera à la volonté également politique de libérer les échanges à travers le monde ne soit pas maladif.
L'Europe n'a donc aucun choix :
- elle doit opter pour l'approfondissement de l'union et parer sa dislocation.
- elle doit militer pour une réforme du système monétaire international.
La grande erreur des fédéralistes est d'avoir privilégié le débat purement institutionnel  en matière politique tout en abandonnant les grandes questions économiques pour la résolution européenne de problèmes microbiques. Ce grand écart était d'autant plus absurde que l'Europe abandonnait tout discours sur le système monétaire mondial et acceptait dans le silence une globalisation effrénée et sans cadre.

Elle s'est donnée tous les moyens de se faire fouetter de l'extérieur et d'être écartelée de l'intérieur.

Les pays de l'Euroland aurait du dès le départ  mettre en oeuvre une structure de coordination économique, sociale et fiscale avec un bras supranational fort pour le contrôle et l'intervention coercitive en cas de dérive, et un autre bras supranational fort pour les actions conjointes pan Euroland. Les traités n'auraient fixés que les principes généraux et l'orientation de l'Union monétaire :  dans la pratique la cohérence budgétaire et la coordination fiscale et sociale.

L'erreur pour l'Europe n'est pas d'avoir créé une union monétaire alors que les conditions économiques "optimales" n'étaient pas réunies dans la zone  comme on le lit un peu trop dans la presse ces temps-ci, mais d'avoir inséré la démarche de la monnaie unique dans le cadre du consensus de Washington sans ce donner les moyens organisationnels de sa politique.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

C'est l'heure de sonner le tocsin

La panique qui a gagné les Grecs disposant de comptes bancaires pourrait paraître paradoxale. Pourquoi transférer ses comptes libellés  en euros en Grèce pour les retrouver en euros ailleurs dans l'Euroland ? Il est vrai que beaucoup ne les ont pas simplement transférés hors de Grèce et les ont converti, principalement en Franc Suisse. On a donc vu le Franc Suisse s'apprécier notablement. Par spéculation pure ? Peut-être mais plus surement par peur de la sortie de la Grèce de l'Euroland. 

Que se passerait-il si la Grèce sortait de l'Euro ? Aussitôt les autorités devraient prendre une décision sur la transformation des actifs libellés en Euros. Il faut bien voir que les comptes en euros sont de simples lignes d'écritures et pour obtenir de la liquidité en euros il faut que les autorités y consentent. C'est la banque centrale qui les fournit sur demande aux banques.

Elles auraient deux possibilités :

* Faire comme l'Argentine et créer un "corralito" : les Grecs pourraient obtenir de la liquidité en euros mais à concurrence d'un maximum.

* Imposer une conversion forcée des comptes avec contrôle absolue des changes, les euros restant à la banque centrale comme réserves.  Un blocage temporaire des prix éviterait une hausse corrélative immédiate des valorisations en Drachmes.

Dans tous les cas les Grecs ont intérêt à utiliser les facilités actuelles de convertibilité totale pour aller se protéger en Suisse ou ailleurs. Ce qui est intéressant c'est de voir comment réagira un pays où ce mécanisme se généraliserait. Les banques se retrouvent aussitôt sur le sol grec en crise de liquidité.  Il n'y a pas de différence avec une panique bancaire classique où on craint pour sa banque. Cela force donc la BCE à alimenter en liquidité toutes les banques grecques.  Il n'y a plus de marché interbancaire pour les dites banques qui ne peuvent trouver aucun secours des marchés européens ou mondiaux .  On se retrouve avec la situation nées des subprimes. Le "crédit crunch" est inévitable. Crédit est mort en Grèce.

Si on regarde maintenant les acteurs du jeu économique, ils sont dans la même situation qu'en cas d'hyperinflation. Tout argent qui entre est menacé de façon plus ou moins imminente si on le dépose en compte en Grèce. Dans l'industrie et le grand commerce la solution est facile : l'argent est viré directement de compte étranger en compte étranger sans repasser par les banques locales, même si les prestations sont locales. On a dissociation du circuit physique et du circuit financier.  Dans le petit commerce la situation est plus compliquée. Il faut bien encaisser de la liquidité. On ne la dépose simplement plus en banque pour qu'elle reste insaisissable. On pense qu'on pourra toujours recycler ses billets dans le reste de la zone euro si la Grèce sort de l'Euroland.

Dans tous les cas la monnaie ne retourne plus aux banques et les difficultés se cumulent.A quand une belle faillite de banque en Grèce ?

Ceux qui pensent que le seul problème grec est de nature budgétaire se trompent radicalement. Il est budgétaire et bancaire et la source des tourments conjoncturels est directement liée au système monétaire international, même si la gabegie budgétaire grecque est évidente (elle est à peine supérieure à la gabegie  française...).  

Si on généralise à l'Espagne et au Portugal, le tournis arrive très vite. Ce n'est plus 120 milliards qu'il faut mobiliser mais dix fois plus. Si les Portuguais et les Espagnols vident leur compte pour les mettre en Suisse, l'Euro s'effondre et le Franc Suisse gagne les sommets.

La BCE ne pourra plus suivre et des faillites bancaires sont inévitables. On verra alors que la prétention des banques françaises à avoir été  des modèles de sagesse volera en éclat avec l'accumulation des prêts non recouvrables. D'où nouveau crédit crunch, nouvel arrêt du marché interbancaire . Le Mistigri est revenu. 

Au passage la situation commencer à ressembler étrangement à celle qui prévalait au début des années trente.  La relance de la récession vers la dépression s'est faite par des crises monétaires pas par des phénomènes commerciaux.

Juste pour mémoire rappelons que la France fut de tous les pays industrialisés celui qui perdit le plus à la crise de 29. Pourquoi ? Parce qu'elle a simplement manqué de sang froid. Enchaîner déflation, sans la patience du résultat, agitation politique extrêmiste, dévaluation sans aucune politique d'accompagnement, dérives budgétaires, réduction du temps de travail, luttes sociales, a littéralement sabordé la France. La crise y coûtera l'équivalent de la guerre de 14 !

On voit aussi l'énorme erreur qui a été commise entre 2007 et 2008 de ne pas changer radicalement le système monétaire international avec une mise au pas tout aussi radical des mouvements de capitaux. Ce qui n'a pas été fait de façon concertée et rapide à l'époque se fait au fil de l'eau et par des crises à répétition.

On s'est contenté de lâcher les vannes de la monnaie banque centrale et de dévergonder les déficits bugétaires. Et le monde se retrouve grosjean comme devant avec des financiers molochs en pleine forme destructrice, qui sont capables de mobiliser des centaines de milliards en quelques semaines,  et qui depuis longtemps ne s'intéressent plus au commerce et à l'industrie  mais aux gros coups spéculatifs potentiels.

L'Euro peut-il exploser ? A l'évidence oui. Si la réaction en chaîne de la méfiance se met en marche cela peut même aller très vite.  Il ne faut pas croire que seul l'Euro serait touché. La réaction en chaîne toucherait le monde. Et à coup sûr on entrerait en dépression généralisée pour de nombreuses années.

Cela est d'autant plus dommage que sur le front de l'activité économique  avril a été même en Europe un mois de reprise forte.  On commençait partout à sortir du marasme.  La casse monétaire entraînerait aussitôt un casse écoomique et sociale renouvellée.

Que faut-il faire ?

Certainement pas essayer de convaincre "les marchés" par des mobilisations factices et des jolis mouvements de mentons. La potion qui aurait été douce en 2007 sera plus dure en 2010.  Mais c'est la même.

L'Europe doit laisser filer l'Euro par rapport à toutes les monnaies afin d'atteindre  .80 pour un dollar. Un contrôle des changes concerté doit être mis en place entre tous les pays de l'Euroland en même temps qu'un tarif extérieur commun doit être dressé  pour faire face aux importations des pays qui ajoutent dumping social et monétaire. Vis à vis de la Chine il faut arriver à quasiment un doublement du coût des importations. 

L'Euroland étant la plus grosse économie mondiale aura montré sa force et acquis une position de négociation internationale. Elle est assez robuste et diversifiée pour soutenir le choc.  La spéculation  internationale sera totalement désarmée.  Les mouvements de capitaux à court terme seront provisoirement réduits aux opérations associées au commerce.  L'Europe n'a pas besoin des capitaux américains ou chinois et encore moins de leur offrir les joies faciles des gains spéculatifs extrêmes.  En même temps doivent être créées deux structures européennes :

* La haute autorité européenne de gouvernance éconoimique et budgétaire avec comme pouvoir de déterminer les éléments globaux des budgets nationaux des pays de l'euroland (masses et impasse),  de faire tous les contrôles nécessaires en liaison avec Eurostats et de définir les politiques globales à suivre pour l'ensemble de la zone.  Les assembléees nationale peuvent débattre du contenu des budgets pas de leur volume ni de leurs déficits.

* La délégation à la réforme du système monétaire international avec comme mission d'obtenir une réorganisation globale du système sur la base d'un système paritaire sans monnaie nationale servant de pivot ni droit de veto d'un des membres, étant entendu que seuls des blocs monétaires seraient représentés à chaque pour chaque sphère économique de s'auto organiser. 

La BCE se verrait pour sa part doter de la supervision d'un Fonds monétaire européen avec pouvoir discrétionnaire sur l'ensemble des banques et des institutions financières. C'est ce fonds qui représenterait l'Europe au sein d'un FMI restructuré chargé simplement de faire respecter les grands équilibres entre blocs  et d'assurer la liquidité mondiale en monnaie de comptes de type Mondio en gérant la compensation entre les grands  blocs. 

Les grands pays pétroliers ou gaziers seraient contraints à négocier des contrats d'approvisionnements à long terme avec l'Europe, étant entendu que le Mondio aurait une composante pétrolière. 

L'autre solution est de continuer comme actuellement avec les simagrées et les rodomontades habituelles, du genre "l'euro vaincra car il est le plus fort". On aboutira à la dislocation de la zone Euro et au blocage de la reprise en cours. On achèvera de mettre en l'air le commerce international mondial, et on ouvrira une période de  dix ans de chaos monétaires financiers et sociaux avec une perte de confiance totale dans les perspectives à long terme. 

Il est l'heure de sonner le tocsin !

 

Sylvain

 

Jacques Rueff et la double pyramide de crédits

Jacques Rueff ne figure dans pratiquement aucun livre actuel  d’économie. Il est vrai qu’il n’était pas véritablement un économiste. Polytechnicien et inspecteur des Finances, il a le profil d’un notable le de la République comme la France sait en produire et un financier au sens le moins technique du terme. Le rapport Rueff-Armand reste dans les mémoires comme l’exemple même de la justification technocratique d’un retournement politique  en vue de redresser un pays et de le mettre sur la voie de la modernité.   Cette démarche, voulue par le général de Gaulle, sera souvent imitée par les politiques désireux de montrer qu’ils parcourent à nouveau le champ du progrès, en se dégageant des miasmes et rigidités d’un passé sclérosant.  Nicolas Sarkozy essaiera la formule avec le rapport Attali en début de quinquennat.

Bref, J. Rueff est considéré comme exemplaire des élites administratives  à la Française, mais pas du « Nobel » de l’économie.  

C’est bien dommage. J. Rueff était un observateur extrêmement fin des réalités monétaires et  financières.  Son témoignage est d’autant plus précieux qu’il a couvert de ses observations toute la période de 1929 à 1973. Il a donc vu se créer la bulle qui allait faire exploser l’économie américaine et à sa suite l’économie mondiale. Il a connu tous les aléas monétaires de l’entre deux guerres.  Il a vu la lente dégradation du système de Bretton Woods puis sa crise brutale à partir de 1967 menant à l’instauration des changes flottants et à un système monétaire dont les devises n’étaient fondées sur rien (monnaie entièrement administrative)  et établissaient leurs valeurs respective sur les seules forces de l’offre et de la demande.

Que découvre-t-il dès ses premières fonctions comme attaché économique à l’ambassade d’’Angleterre.  Que le système monétaire de Gold exchange standard   mis en place au début des années 20 a un comportement curieux très différent du système des points d’or que l’orthodoxie avait mis en œuvre en 1873.   La monnaie pivot d’un système de GES devient automatiquement  une monnaie de réserve.  Cette monnaie n’est pas conservée mais placée dans le pays de la monnaie pivot où elle produit des intérêts. Ce replacement crée de la monnaie qui par le mécanisme du multiplicateur  gonfle les en-cours de crédits. La balance des paiements du pays émetteur de réserves  tend à devenir déficitaire et un cycle auto- aggravé se met en place.  Du côté du pays dont les réserves en monnaie pivot se gonflent la banque centrale émet à proportion de la monnaie banque centrale et pousse donc au développement du crédit. Mais comme les réserves sont replacées dans le pays d’origine, elles servent à nouveau à justifier un nouveau round de création monétaire et de dettes.

Le mécanisme de la double pyramide de crédits était décrit.

Il observe alors le gonflement vertical de l’encours de dettes aux Etats unis et la poussée corrélative de la bourse, dont les transactions sont entièrement soutenues par le crédit et non par l’épargne.  Le crédit va de moins en moins à l’économie mais de plus en plus à la spéculation.  La dette appelle la dette de plus en plus loin des réalités.  Tous les circuits d’épargne mondiaux entrent dans la danse.  Lors que la bulle éclate ce ne sont pas seulement les Etats-Unis qui sont  frappés mais l’ensemble des circuits financiers mondiaux. Un terrible « credit crunch » se produit qui assèche les échanges. La récession violente  se produit et gagne le monde entier. Les banques font faillite partout.  Les finances publiques des Etats sont ravagées. Les troubles sociaux commencent.   

Ce mécanisme fondamental est ignoré de la quasi-totalité des ouvrages  consacrés à la crise de 1929 qui  généralement ne voient pas que la cause principale de la crise de 1929 tient aux défauts du système monétaire international.  Milton Friedman aura raison d’affirmer que la réaction de la FED face au « credit crunch » sera l’inverse de ce qu’il aurait fallu faire. Mais lui-même n’a pas d’explication de la crise elle-même. On affirmera donc aux Etats Unis : la crise de 1929 était une crise comme une autre transformée en désastre dépressionnaire par de mauvaises politiques.  Exit le système monétaire international et les conséquences drastiques de ses défauts.

On recrée un système de gold exchange standard à Bretton Woods.  Va-t-on revoir le même scénario se produire ? Pendant 10 ans il y a une telle famine de dollars qu’elle masque tout. Mais  à partir de l’arrivée de Kennedy et surtout son remplacement par Lyndon Johnson  on voit se multiplier les Eurodollars. La double pyramide de crédits est en train de se reconstituer.  Dès 1967 les observateurs commencent à se rendre compte que le système ne pourra pas durer.  A nouveau J. Rueff explique ce qui se passe. Mais on lui demande au nom de  la solidarité occidentale de ne pas attaquer la monnaie américaine, alors que le général de Gaulle ne se prive pas de demander le retour à l’étalon or au milieu des lazzis des commentateurs anglo-saxons et de leurs suiveurs en France.

On aboutit alors aux changes flottants. Le Dollar reste la monnaie de réserve dominante.  La double pyramide de crédits  n’est pas liée au Gold exchange standard mais au fait qu’une monnaie nationale devient la monnaie de réserve du monde.   Trente ans de dollar pivot ont créé un « fait accompli ».  Les désordres monétaires qui s’enchaînent jusqu’en 1985 masquent les mécanismes de fond. Mais après la stabilisation Volcker,  et la prise de conscience générale qu’on obtenait directement inflation et  dégringolade de la monnaie  en menant une politique nationale keynésienne,  on entre dans un système de monnaies stabilisées par les banques centrales (elles ne conservent qu’un objectif  de  stabilité des prix).  Circonstances particulières : l’ensemble des économies ex-communistes entrent progressivement dans le jeu économique mondial.  Les prix des objets fabriqués ne peuvent plus augmenter.

Jaques Rueff n’est plus là pour signaler le fonctionnement pervers de la double pyramide de crédits.  Mais la réalité demeure. Les déficits américains nourrissent des excédents majeurs notamment en Allemagne et au Japon.  L’argent replacé aux Etats unis alimente le cycle infernal.  Les purges périodiques  sont de plus en plus brutales.  91-93 est la plus grave crise depuis 1929.  Les Etats unis en sortent par une fuite en avant  après avoir ruiné son créancier principal le Japon, qui ne s’en remettra jamais tout à fait.  Alimentée par les libéralités de la FED  la dette mondiale commence à enfler de façon incontrôlable, l’inflation ne liquidant plus une partie de l’excédent de monnaie qui gonfle en revanche tous les actifs immobiliers.   Le couple Chine-Etats unis se met en place avec des déficits géants d’un côté et des excédents géants de l’autre.  
 
On retrouve le schéma de 1929 mais dans un contexte très différent avec des montants supérieurs de plusieurs magnitudes.  Et on retrouve le même « credit crunch » à compter de juillet 2007 puis surtout de septembre 2008.
Ne pas comprendre que J. Rueff a mis le doigt sur un moteur essentiel des dérèglements qui ont gâché les cent dernières années est une des lacunes les plus graves de l’économie moderne telle qu’elle est décrite et enseignée.

La leçon de Rueff a une conséquence immédiate : il faut supprimer tout système qui fait d’une monnaie nationale la monnaie du monde.  Il ne reste alors qu’une alternative : ou le retour pur et simple à l’étalon or ou un système de monnaie de réserve multilatérale  du type du Bancor de Keynes ou de ce que nous appelons le Mondio.
Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



Le tabou des changes flottants

Le Cercle des économistes E-toile m’a confié une mission  un peu particulière : essayer de comprendre pourquoi les changes flottants sont un sujet absolument tabou alors que leur responsabilité dans les crises qui se succèdent  ne peut pas être niée, constat qui forme un bonne part de notre apport à la discussion économique depuis près de 15 ans.

Il n’y a pas trente six possibilités : ou les changes flottants sont un désastre comme nous essayons de le prouver de façon constante et leur non dénonciation  est une attitude collective malsaine dont il faut tenter de comprendre les ressorts. Ou c’est nous qui nous trompons.

Le point de départ incontestable est le fait qu’il n’y a pas dans la presse, dans la littérature économique, dans les débats télévisés, lors des travaux des instances économiques officielles internationales et même nationales, la moindre référence à un débat sur le flottement des monnaies.  Jamais. Et lorsqu’on essaie de forcer le débat il s’arrête aussitôt. Lorsque vous développez une critique des changes flottants dans de petits cénacles, la conversation s’arrête. Il n’y a jamais de relance. C’est comme si on avait prononcé une énorme grossièreté et commis une inconvenance.

Les politiques se taisent en général en arguant que la question est complexe et ils indiquent que par honnêteté ils ne veulent pas discuter d’un sujet trop technique. Ils se contentent de renvoyer sur « le silence des techniciens ».  Combien de fois avons-nous entendu cette phrase : cette question n’est jamais abordée par nos conseillers économiques ni par les responsables des grandes institutions économiques. En un mot : vous vous lancez dans un débat technique auquel nous n’avons pas les moyens de participer mais vous êtes totalement isolés et seuls de votre espèce. Si les maîtres auxquels nous nous adressons se taisent sur cette question c’est que vous devez avoir tort.  Tilt !  

Essayons  alors de débattre avec les économistes ou les détenteurs d’un éditorial économique dans les grands medias.  La réaction est immédiate : une sorte de sourire et…le silence.  Faites vous-même l’expérience : envoyez un texte nourri de détails explicites mettant en cause les changes flottants dans un journal ou comme proposition d’intervention dans un symposium économique. On ne vous répondra même pas.   

Nous sommes bien confrontés à un mur du silence, un trou noir du débat, un tabou.

Existe-t-il alors un texte incontournable qui  ferait des changes flottants un monument insurpassable de la science économique, une sorte de « théorie générale »   à la Keynes qui règlerait définitivement la question ?   
 Evidemment non.  Comme nos différents articles l’ont souvent souligné, les changes flottants ont été imposés au monde sans aucune théorie généralement acceptée. Les changes flottants des débuts de la science économique jusqu’à la fin des années soixante tiennent une place presque nulle dans les manuels d’économie,  et lorsqu’on trouve quelques lignes, le flottement est présenté comme une réalité accidentelle et malsaine.  Le consensus des économistes n’est pas à la source de l’implantation du système.  Depuis 1973, date des derniers efforts  pour créer un semblant  d’unité monétaire international, aucun livre magistral  de grand économiste n’est venu justifier techniquement la supériorité des changes flottants.  Nous trouvons là une première raison du silence des économistes : ils n’ont aucun texte fondamental auquel se raccrocher  pour  faire taire le vilain canard qui ose troubler le marigot.

On dira : vous exagérez, il y a tout de même Milton Friedmann.  Il a expliqué que les monnaies étaient « des marchandises comme les autres », dont le cours devait s’apprécier et se déprécier en fonction de l’offre et de la demande.  Que la prétention keynésienne au contrôle du plein emploi par les états était un leurre.  Que la libre circulation des capitaux à long et court termes  nivellerait les taux d’intérêt et optimiserez la répartition du capital pour une croissance optimale.  Que les changes flottants en plus éviteraient aux Etats de conserver des réserves de changes trop importantes : du capital ne serait pas stérilisé inutilement et ce serait à nouveau bon pour la croissance. Que les corrections de changes se feraient de façon incrémentale donc de façon indolore,  Qu’en  l’absence de tout choc extérieur le système tendrait à la stabilité. Seule l’indécence des Etats, en poursuivant des politiques obscènes, pourrait troubler les changes. La sanction des marchés serait immédiate et ferait rentrer le goujat dans les clous.  De façon fort convaincante il ajoutait que tout effort de fixité donnait un avantage au spéculateur puisqu’il n’avait aucun risque à « shorter » une monnaie sur la sellette puisque  si  la monnaie résistait à une dévaluation le  spéculateur  n’aurait rien perdu et sinon il allait gagner beaucoup.  Les gains prodigieux de grands spéculateurs  lors des tentatives de retour à la fixité de certaines monnaies ont donné plus que du crédit à cette thèse.  La spéculation étant invincible dans un monde de libre circulation des capitaux  toutes les digues nationales ou internationales qu’on voudra bien mettre en œuvre  céderont  rapidement. L’Euro pour Milton Friedmann ne se ferait jamais et disparaîtrait presqu’aussitôt sous cette pression  incontrôlable.  

Le seul ennui est que quarante ans de fonctionnement chaotique des changes flottants ont  prouvé que ces hypothèses ne rencontraient pas  la réalité.

La croissance globale a ralenti depuis l’instauration des changes flottants.  Les « spreads » de taux d’intérêt n’ont jamais  cessé  et ils n’ont jamais  été aussi grands.  La flottaison a vu les grandes monnaies  s’échanger avec des valeurs passant en quelques mois du simple au double  sans jamais se stabiliser.  Les états ont accumulé comme jamais des réserves monétaires et stérilisé une part croissante du capital. Les crises sont devenues de plus en plus violentes et comme annoncée (notamment par nous)  l’endettement global a atteint des sommets intenables en même que la spéculation sur tout, l’économie casino, l’emportait sur l’économie réelle. Les déséquilibres des balances de paiement n’ont jamais été plus forts.  Les faits ont démenti la totalité des prévisions de Milton Friedmann.   Le système n’a jamais fonctionné comme il avait dit qu’il le ferait.  

Sauf sur un point : l’absence de toute législation globale permet en effet à la spéculation de faire de jolis coups contre les Etats en mobilisant des sommes colossales entre les mains de quelques grands manipulateurs  qui « créent la tendance du marché » et peuvent  faire des gains prodigieux  au détriment des nations.  Ce qui se passe aujourd’hui avec la Grèce en est la preuve manifeste.  Du coup on en revient à crier au génie de Milton Friedmann qui aurait prévu l’éclatement de l’Euro et son impossibilité constitutionnelle.  Sans ce rendre compte que lorsqu’on fait sauter la banque, la banque c’est l’économie globale et tout le système bancaire avec les conséquences que l’on voit.  

Nous commençons à nous rapprocher de la vérité : la solidité théorique de l’économie des changes flottants est nulle.  La réalité a constamment contredit ses postulats.  C’est pour cela qu’il n’ya pas de « théorie générale  » : elle ne résisterait à la critique et aucun économiste ne veut  se coller à une entreprise vaine.  En revanche l’impuissance des Etats devant la spéculation en cas de liberté totale des mouvements de capitaux  est réelle.  Elle correspond à l’impuissance des Etats, souverains par nature, à s’accorder.  L’échec de Bretton Woods l’a bien montré : les Etats unis devaient gagner  la guerre  contre le monde soviétique. La place de sa monnaie lui permettait l’inonder de dollars la planète quitte à provoquer partout de l’inflation. Les autorités monétaires allemandes n’ont pas voulu de cette inflation. Le système s’est effondré.  En dehors de toute coordination  économique étatique aucun système de monnaie à rapport fixe ne peut résister.  Comme elle est impossible oublions  tout système monétaire organisé.  Laissons faire et subissons. Pour le meilleur et pour le pire.  

Les politiques et les économistes ont intériorisé cette impuissance.  L’explication du tabou est là et pas ailleurs.  Les économistes  voient bien qu’ils ne peuvent pas construire une théorie générale de la croissance et de l’emploi basée sur les changes flottants : cela ne marche pas.  Mais ils ne peuvent rien contre l’impuissance politique. Alors ils se taisent.  Ou au mieux tentent d’habiller cette impuissance en sagesse. Au milieu d’un champ de ruines.  Les politiques ne peuvent pas reconnaître leur impuissance.  Alors ils se taisent aussi et refusent de prendre part au débat au prétexte que les économistes eux-mêmes n’en parlent pas.  Pourquoi le feraient-ils?

Le résultat : alors que nous vivons la crise  la plus grave depuis 1929, on s’agite autour de mesurettes  plus ou moins ridicules sans rien changer de fondamental pendant que la spéculation internationale ratiboise tout ce qui dépasse en se moquant bien des conséquences sociales.

L’échec des changes flottants est un échec technique alors que celui d’un système monétaire organisé  est un échec politique.  L’impuissance  politique conduit  à tenter de vivre malgré tout avec un système  qui ne marche pas en collant des rustines.  Personne ne veut reconnaître  son impuissance.  Personne n’ose trop dire que les rustines sont des faux semblants.

« Voilà pourquoi votre fille est muette » et les changes flottants un tabou presqu’absolu.

 

Lewis Holden pour le Cercle des économistes e-toile

Une difficulté non surmontée : l'interdisciplinarité en histoire économique.

La lecture frustrante, et même franchement agaçante,  du livre de Jacques Le Goff "le moyen âge et l'argent" (Perrin) est l'occasion de rappeler combien l'histoire économique a du mal à décoller, notamment en France, et, au sein de  l'histoire économique, celle de la monnaie.

Nous ne souhaitons pas particulièrement pointer du doigt le livre de Le Goff dont le crédit comme historien et médiéviste n'est plus à faire. Nous ne voulons que souligner, à partir d'un texte écrit par un bon historien, comment la faible interdisciplinarité entre historiens de différentes spécialités et économistes continue à être dommageable.

Le symbole de cette incompréhension presque structurelle se retrouve dans le vocabulaire employé par Le Goff. Le mot "argent" n'a pas de sens en économie et le langage trivial est trompeur. Avoir de l'argent n'est pas un concept économique. Parce que l'économie connait des réalités différentes qui sont représentées par des concepts différents et des mots différents. Avoir de l'argent cela peut vouloir dire qu'on a un bon revenu, ou du capital, ou de la monnaie en compte ou un stock de monnaie métallique, ou de l'argent métal non monétaire. Revenu, capital, monnaie sont des réalités liées mais différentes. Le Goff ne fait aucune différence et même reproche au meilleur livre (anglais) sur la monnaie au moyen âge d'être trop "monétariste".  L'abus du terme "argent" sans précision devient rapidement insupportable pour le lecteur qui a un minimum de connaissance économique.

Un autre exemple, aussi manifeste qu'élémentaire, est la confusion qui fait entrer la monnaie de billon dans une notion totalement controuvée de trimétallisme. Mono métallisme or ou bimétallisme  or argent sont deux systèmes parfaitement classés par la doctrine économique et chacun se moque totalement de la forme que prend la monnaie de poche. 

En Italie, dans les années 60, la dévaluation de la lire avait été si forte que la petite monnaie (les pièces de 1 à 10 lires) avaient purement et simplement disparues. Sur les autoroutes elles avaient été remplacées ...par des bonbons. Le plus drôle c'est que toute une production de bonbons acidulés d'extrême mauvaise qualité s'était alors développée (sans doute sur le principe qu'une mauvaise monnaie chasse la bonne...). Personne n'est venu expliquer que le bonbon était une monnaie et qu'il fallait intégrer le bonbon dans la définition du système monétaire, avec intervention de la banque centrale d'Italie. Les petites monnaies divisionnaires, dont la valeur est essentiellement symbolique et pratique, ont de tout temps été constituées d'à peu près tout et n'importe quoi. Si l'on veut un autre exemple, pensons à la cigarette en Allemagne à la Libération !

Lors que Le Goff écrit : "le bimétallisme fut rétabli ou plutôt selon le terme judicieux d'Alain Guerreau, le trimétallisme car les historiens de la monnaie ont trop peu tenu compte de l'importance des monnaies de faible valeur" en cuivre, il ne fait que signaler que les deux auteurs n'ont aucune connaissance en économie monétaire. On ne dit pas aujourd'hui qu'on vit dans un multi métallisme monétaire parce que la monnaie divisionnaire utilise une infinité de variantes d'alliages ! Ce genre d'affirmation est simplement grotesque, le terme de ce M. Guerreau est tout sauf judicieux et la caution que lui donne le Goff plus que regrettable si on pense aux reprises qui seront faites de cette ineptie par les élèves perroquets.

On en finirait pas de relever des impropriétés de ce type. Comme d'habitude le rôle de la monnaie au haut moyen âge est totalement sous estimée. S'il est vrai que la chute de Rome sous le poids des "barbares" a entraîné de multiples régressions, il est faux de croire que la monnaie a quasiment disparu. La monnaie d'or reste la base du système byzantin et du monde musulman tout autour du bassin méditerranéen et les échanges n'ont jamais cessé, ni les liens monétaires et financiers, avec l'Europe. Les syriaques (même pas cités dans le livre)  font des prêts à intérêts partout dans l'Europe médiévale avant même les juifs, car ils disposent du numéraire. L'histoire de Venise qui en liaison avec Florence (et le Vatican) s'arroge le trafic or contre argent, ne commence pas au XIIIème siècle.

Une autre erreur classique est de croire que la monnaie suit bêtement et méchamment  le développement économique. C'est totalement faux. L'erreur est le miroir d'une autre erreur cette fois ci véhiculée par les économistes non historiens qui ont toujours voulu croire que la monnaie était une excroissance  symbiotique du monde marchand. La vérité historique est totalement différente : la monnaie est née au confluent du "sabre et du goupillon", d'un accord entre temple et rois, et a été plus utilisée au départ pour financer les dames de petite vertu qui vivaient autour des temples et les soldats que le commerce international.  Les Phéniciens, principal peuple marchand de cette période, refusèrent avec obstination d'utiliser le monnaie métallique pendant près de cinq siècles avant de se rallier au "système athénien" qui avait codifié son usage et sa doctrine. Le haut moyen âge a toujours eu recours à la monnaie parce que rois et empereurs puis papes en avait besoin.

Arrêtons là. Tout le monde aura compris que l'absence de fécondation entre l'histoire religieuse et des temples, l'histoire des mœurs, l'histoire des rois et des guerres, l'économie et la connaissance des numismates,  produit de mauvais résultats.  

Le livre de Le Goff est très consciencieux ; il apporte un nombre considérable d'éclairages à partir soit de textes de l'époque soit des livres existants sur la période. Mais il a un gros défaut : il n'est pas réellement pertinent. L'histoire de la monnaie, du revenu, du capital ou de ce qu'on voudra au moyen âge reste encore à faire. Lorsque l'éditeur écrit à propos du livre :  " Une telle mise au point, conçue pour le plus large public, n'existait pas sous cette forme. Elle redresse bien des idées reçues", il se trompe et trompe le lecteur. Le livre traduit les idées recues habituelles et, pire,  cautionne  des idées fausses !  

Si économistes, numismates, historiens de différentes spécialités voulaient bien se donner la main (ou la connaissance), l'histoire monétaire deviendrait autrement convaincante. Qui a dit qu'il ne restait pas de terres vierges pour la connaissance ? Ici, tout ou presque reste à faire.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.



Qui a tué Keynes ?

Qui a tué Keynes ?

Keynes est justement honoré pour avoir changé la manière de considérer l'économie. Jusqu'à Keynes les économistes étaient "une secte" comme on disait à la fin du 18ème siècle. Une secte intéressante mais une secte tout de même dont les membres étaient aussi distingués que loin des affaires et du gouvernement. Les crises se succédaient et personne ne contestait leur caractère naturel ni le fait qu'il faille laisser faire la nature. L'important était de ne pas en fausser les mécanismes. La politique était l'ennemi de l'économie. Il fallait apprendre à l'Etat à être sage et absent, afin de laisser se développer les forces créatives de richesses.

Tout allait changer sous la double pression de la montée des socialismes, dont certains décidés à la violence révolutionnaire totale, et de la guerre de 14-18. Les Etats occidentaux se trouvent conduits à essayer d'apaiser la violence sociale et son débouché politique par la dépense publique et des lois plus ou moins contraignantes pour les affaires. Ce mouvement commence dès la fin du 19ème siècle  avec les premiers appels à un impôt progressif sur le revenu, à une organisation de prévoyance, à la constitution de filets de sécurité contre le chômage, la maladie, la vieillesse.  Arrive alors la catastrophe effroyable que fut la guerre de 14 qui littéralement change tout. Le monde découvre la mort industrielle, l'importance des médias et du contrôle de l'opinion, ainsi que la force des capitaux lorsqu'ils sont concentrés, en particulier dans la main de l'Etat, mais aussi dans les trusts.

Le domaine du plus grand changement est celui de la monnaie. Depuis deux siècles toute l'évolution bancaire évolue vers un moindre rôle de la monnaie métallique (or et argent). Le billet et le compte de dépôt supplantent progressivement la circulation de l'or, resté seul en piste depuis 1873 avec la démonétisation assez générale de l'argent. La guerre achève le mouvement : pendant des années, la monnaie sera purement administrative. Ce n'est plus rien d'autre que du papier avec un nombre imprimé dessus par le gouvernement.  Bien sûr, on essaiera de revenir à l'étalon or. Mais personne ne veut renoncer aux facilités de la planche à billets. La révolution russe multiplie le papier qui finalement ne vaut plus rien. L'Autriche et l'Allemagne connaissent au début des années 20 une hyper inflation désastreuse qui fixera longtemps les mentalités.

L'après guerre n'est qu'une suite de déséquilibres et de crises. La crise de 1929 et la dure dépression qui suit marque définitivement la fin d'une époque.

Keynes sera celui qui fera la nécessaire synthèse entre capitalisme orthodoxe, aspiration sociale et ordre monétaire éloigné de l'étalon-or.

Etayée par les faits vécus par des millions de personnes et la sorte de scandale que fut l'appauvrissement général des années 30, sa pensée balaie l'orthodoxie classique. L'important, c'est la demande globale et si pour une raison quelconque elle vient à être insuffisante il appartient à l'Etat de fournir la demande manquante par ses investissements. La monnaie est un instrument au service de la croissance. Elle doit être fournie avec un certaine abondance et les pays en rupture de balance de paiements doivent être assistés par la collectivité, au prix de mesures de redressement, pour que leurs difficultés n'entraînent pas  l'ensemble des autres dans la déflation.

En un mot Keynes supprime la déflation des radars politiques. Le débat après la guerre de 40 portera sur la manière de réguler inflation et emploi.  Ce qu'on appellera les trente glorieuses sera une période de plein emploi, alimentée par une abondance monétaire constante, provoquant une inflation permanente. Le seul frein, ténu, était le rattachement du dollar à l'or et la définition des autres devises par rapport au dollar. Les Etats-Unis ne dévaluaient jamais mais les autres pays à l'occasion rectifiait la valeur de leur devise par rapport au dollar et donc indirectement à l'or.  En vérité le Gold Exchange standard était trompeur. Le dollar était déjà une monnaie administrative entièrement gérée par une puissance nationale ayant assuré son leadership sur le monde libre après la victoire sur les puissances de l'axe. Dès que des Etats décidèrent de rompre le pacte non écrit qu'on ne convertirait jamais ses dollars en or, le caractère artificiel du système s'imposa.

On entra dans le système des changes flottants, avec monnaie de réserve américaine, sans doctrine mais par voie de faits. Désormais l'ensemble des monnaies étaient purement administratives. Après l'argent, l'or était démonétisé. Les devises auraient comme valeur ce que le marché voudrait bien dire.  Les Etats ne comprirent pas les effets de la nouvelle situation. Ils continuèrent leur politique "keynésienne"  et, oh surprise, plus rien ne fonctionna comme avant. Le monde connu la stagflation. On mit évidemment toute l'affaire sur le compte du cartel du pétrole : il ne s'agissait que des conséquences des chocs pétroliers successifs. On ne se rendit pas compte que la valeur des choses s'ajustaient à nouveau à un nouvel étalon "réel". Jacques Rueff avait justement calculé qu'il fallait dévaluer le dollar dans un rapport de dix par rapport à l'or pour tenter de conserver un juste rapport entre la valeur des monnaies, dans un régime de changes fixes mais ajustables. On n'en fit rien. Ce sont les prix des matières premières internationales qui s'ajustèrent, peu ou prou dans la même proportion.

Une chose était sûre : dans le nouvel ordre économique, le keynésianisme ne fonctionnait plus. C'est l'époque où on en appelait à "un nouveau Keynes". Dans un système de change flottant les politiques nationales de dépenses publiques entraînent aussitôt des effets non pas sur l'emploi et l'inflation mais sur la valeur de la devise. Si on ajoute un régime général de libre concurrence mondiale, la compétitivité n'est possible qu'avec une certaine rigueur salariale.  Libre échange absolu et monnaie administrative dans un système général de changes flottants conduisent à la nécessité d'une politique presque constamment déflationniste. M. Trichet fut un de ceux qui le comprirent le plus vite.  

L'inconvénient des changes flottants avec un situation asymétrique pour le dollar, monnaie de réserve, est le déversement indéfini de dollars sur le monde avec une instabilité générale permettant mille spéculations. La double pyramide de crédits démontrée par J. Rueff, présente sous le régime du gold exchange standard, devient encore plus grosse en mode change flottant. Les Etats sont obligés d'emprunter massivement. Le sous emploi devient structurel un peu partout qu'il faut financer par l'Etat. Partout on voit les dépenses publiques grimper à des niveaux intenables. Une première rectification se fait à partir de 90. Des Etats dégonflent leurs dépenses publiques en comprenant qu'ils ne pourront pas aller plus loin. D'autres, comme la France ou la Grèce, ne le font pas.  Le taux de croissance mondial de longue période baisse (d'environ 1/2 point), le phénomène étant partiellement masqué par le rattrapage des économies libérées du joug communiste.

Le grossissement de la dette globale aboutit à des crises de plus en plus fréquentes et violentes. Le phénomène est d'abord nié : voir les observations absurdes du FMI à la fin des années 90. Les explosions successives en 2000-2002 et 2007-2010 ont fait litière de ces illusions.

Aujourd'hui le monde est gros Jean comme devant. Le recours à l'esprit de Keynes ne fonctionne toujours pas, puisqu'on a gardé les changes flottants et  les monnaies administratives non corrélées. Les taux de dépenses publiques et de prélèvements sont si hauts dans certains pays qu'il n'y a aucune chance qu'on puisse aller plus loin. C'est pour cela que l'appel à un retour durable de l'Etat est un voeu pieux. Quand vous dépensez 55% du PIB, dont 10% en permanence en empruntant, vous ne pouvez pas aller plus loin et vous êtes même obligés de rétropédaler.

L'effondrement financier du système des monnaies administratives en régime de change flottant est irrémédiable.  Le dollar et les principales monnaies ont perdu 98% de la valeur en or depuis l'instauration du système. Les banques centrales sont gorgées de "collatéraux non conventionnels" c'est à dire de cochonnerie. Les Etats sont en faillite.

Croire une seule seconde que tout va se remettre en place sans rien faire d'autre que de "réguler" la finance par des règles prudentielles est une incroyable bévue. Croire une seule seconde que l'état va pourvoir de façon keynésienne à une insuffisance de demande globale est ne rien comprendre aux quarante ans d'histoires économiques qui viennent de se dérouler.

On peut donc facilement répondre à la question : qui a tué Keynes ? Les changes flottants, l'hégémonie du dollar  et  l'appétit sans frein de certains états pour la dépenses publique.

L'unique question est de déterminer s'il faut ou non revenir à des changes unifiés et défendus de façon concertée par les Etats, l'émission de monnaie globale étant rattachée à quelque chose de plus ou moins fixe,  à l'abri desquels les Etats peuvent maintenir le plein emploi.  Nous avons expliqué mille fois ici pourquoi nous étions pour cette solution. Dans un système d'échanges mondialisés, celui qui reçoit de la monnaie doit savoir ce qu'il reçoit. Pour que la boucle des échanges réels puissent se fermer. Au final les produits s'échangent contre des produits, du travail contre du travail.

On notera que cette question fondamentale n'est traitée nulle part. Les changes flottants sont un sujet totalement tabou. Il est vrai que les Etats Unis ne veulent pas perdre le bénéfice à court terme ou apparent d'une monnaie de réserve, malgré la preuve actuelle de ses inconvénients. Les Chinois se moquent de leur population et peuvent bien troquer du travail serf contre de la monnaie dévaluée si cela leur permet d'imposer certains de leurs objectifs nationaux socialistes. L'Europe a créé une monnaie unique mais sans gouvernement unique pour la gérer. On ne gère pas une monnaie par un traité. La situation est donc totalement bloquée. Les boeufs piétinent allégrement la charrue qu'on leur a mis sous le nez.

Nous sommes donc dans un contexte de trouble idéologique proche de celui où était le monde en 1932. Une conjonction bloque les mesures qui s'imposeraient. Résultats : les solutions proposées sont dérisoires ; la crise dure ; les querelles s'aiguisent.

Keynes est mort. Il faut sans doute ressusciter une partie fondamentale de son message : le plein emploi seul compte et la défense déflationniste par chaque état livré à lui même  et aux caprices de sa monnaie flottante, alors qu'il dépense une part  démesurément grande des ressources de son pays est une voie sans issue. Mais ne voir dans le message de Keynes que la gestion d'un surcroît de dépense publique est aujourd'hui absurde et à côté de la plaque. C'est sur la partie organisation générale du système monétaire international qu'il faut se pencher. La proposition keynésienne du Bancor est toujours une excellente base de discussion, même si elle doit aujourd'hui être améliorée en fonction des leçons récentes de l'histoire économique.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.



ISF-Bouclier fiscal : une double erreur qui ne doit pas perdurer.


L'ISF est né avec un bouclier fiscal à 70%. Les socialistes s'amusent lorsqu'ils condamnent le bouclier fiscal. Le bouclier fiscal socialiste a été supprimé par...Alain Juppé, après avoir expliqué que l'ISF était une excellente mesure que la droite aurait du imaginer et mettre en œuvre elle même bien avant ! La droite s'amuse lorsqu'elle prétend avoir rétabli un peu de raison sur ce sujet controversé.

Le débat sur les méfaits de l'ISF a été fait mille fois. N'y revenons pas. Attachons nous un peu à la question du bouclier.

Notons d'abord que le bouclier est une passoire. En matière de prélèvements les éléments qui sont pris en compte dans le bouclier fiscal  sont très minoritaires : environ 1/3. C'est comme la ligne Maginot qui ne protégeait qu'un tiers de la frontière nord !  Ce qui veut dire que si l'on prend l'ensemble des prélèvements,  parler d'un plafond à 50% est une escroquerie. Comment calculer ce beaucoup plus ? Très difficilement puisqu'il va dépendre de la structure du patrimoine et des revenus. Sans aucun bouclier fiscal, le prélèvement global (tous prélèvements confondus) pouvait avec l'ISF dépasser allègrement les 100%.  Des milliers de résidents avaient ainsi la joie de donner tout son revenu annuel à l'Etat et de vendre progressivement son bien pour le satisfaire, au milieu des commentaires haineux sur la légèreté de l'ISF et la mauvaise volonté manifeste de privilégiés qui se plaignaient sans honte. 

On peut estimer à près de 20 000 les Français qui ont quitté la France pour échapper aux effets confiscatoires de l'ISF dans la contexte du surimposition générale en France, qui est devenu un leader mondial du prélèvement. Ce n'était pas les moins entreprenants. Certains sont revenus après avoir caché une partie de leurs avoirs et assuré une transmission sans impôt de leurs biens à leurs descendance. Mais la majorité est restée au loin. On s'étonne, ou plutôt on feint de d'étonner qu'ils ne soient pas revenus après l'instauration d'un bouclier à 50%. Quelle hypocrisie ! Pourquoi voulez vous qu'ils reviennent dans un pays qui chante Vive l'impôt en permanence dans le chœur réuni de la droite et de la gauche, maintient des niveaux de prélèvements ahurissants et stérilisants, et ne parle que d'augmenter les impôts des riches. Croit-on qu'ils n'ont pas vu M. Delanoe augmenter de près de 50% l'impôt sur l'immobilier parisien, un chiffre dément, au milieu des applaudissements, après qu'il eût affirmé "et je ne m'excuse pas" ?  Croit-on qu'ils n'ont pas entendu les vaticinations d'Eric Woerth et ses menaces contre ceux qui ont de l'argent "à gauche" ?    

Le bouclier de l'énarque Villepin n'a pas plus convaincu que le bouclier de l'énarque Rocard. La mesurette démagogique de l'avocat conciliateur Sarkozy  n'a eu pour effet que d'exciter et la gauche, rapide à expliquer que plus jamais l'impôt des riches n'augmenterait (quelle horreur !)  et la droite, qui a bien vu qu'il ne s'agissait que de rendre l'affaire pérenne au prix d'une pirouette électoraliste.

En vérité l'ISF et le bouclier fiscal doivent disparaître en même temps, pour être remplacés par un surtaxation  temporaire basée sur les hauts revenus, les bénéfices des stocks options des grandes entreprises, les retraites chapeau démesurées, les golden hello et parachute, les bonus, les très hauts revenus etc.  Compte tenu de la situation des dépenses publiques la conversion d'assiette se ferait euro pour euro. L'Etat n'y perdrait pas un centime. Les assujettis seraient d'accord (quand on a l'argent en main et en liquide on est prêt à payer).

Nous avons de tout temps proposé que cette mesure de bon sens et d'équité soit accompagnée d'une large amnistie pour les capitaux rapatriés de l'étranger, avec un impôt sur le capital rapatrié de par exemple 10% (environ 10 ans d'ISF).  Elle serait d'autant plus réussie que les deux grands partis de gouvernement assureraient qu'ils n'ont aucune intention de rétablir l'ancienne assiette. Les propos de MM. Walls et Peillon, rejoignant celles de M. Méhaignerie et de mille autres dans la majorité de droite,  vont heureusement dans ce sens.  On pourrait de ce fait ramener dans les caisses tragiquement vide de l'état un nombre conséquent de milliards d'Euros.

Au total ces mesures ne feraient que des gagnants et seraient parfaitement bien accueillis par l'opinion. Les riches auraient payé plus en cette période difficile, mais auraient la garantie d'une certaine sérénité fiscale et de ne pas se voir confisquer leur avoir. L'Etat aurait récupéré des milliards. L'investissement serait incité et avec lui l'emploi, donc les revenus des travailleurs.

La paralysie purement politicienne qui frappe les partis sur le sujet depuis que Chirac a perdu les élections peu après avoir supprimé la première imposition sur la fortune doit s'évaporer devant les nécessités nationales.

Le moment est on ne peut plus favorable.

Un peu de courage, M. Sarkozy et Mme Aubry.

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile.

Le retour des politiques de déflation

Il est tout de même troublant de voir revenir la déflation comme moyen de gestion normale des récessions.

Au XIXème siècle, la monnaie était principalement métallique. L'argent et l'or étaient les références monétaires. A partir de 1873, l'étalon-or fut le système de référence. Dans ces conditions il était impossible de manipuler les changes. Les « points d'or » qui se déclenchaient en cas de déséquilibre lourd des balances de paiements entraînaient des sorties d'or et une restriction de crédit qui freinait l'activité.

Les crises financières qui étaient déjà régulières (tous les huit à dix ans) étaient vécues comme des moments de purge nécessaires. Le PIB (qui n'était pas calculé à cette époque) reculait fortement, souvent entre 20 et 30% (d'après les estimations les plus vraisemblables). Les docteurs Purgon s'en donnaient à cœur joie. Les plus faibles tombaient dans la misère et les révoltes éclataient, voire les révolutions. Dans des économies principalement agricoles, on parlait de crise de surproduction dont la résorption passait par des baisses de prix, de salaires et des restrictions malthusiennes. Jusqu'à ce que les prix remontent et entraînent à nouveau une phase d'expansion et d'investissements.

Ce système a volé en éclat en 1929 avec l'orthodoxie mentale qui l'accompagnait. L'or ne jouait plus de rôle majeur (il s'était concentré aux Etats-Unis et les autres états en manquaient). Partout le billet de banque et les dépôts bancaires l'avaient emporté sur la monnaie métallique. La crise de 1929 s'est produite dans un système tout à fait nouveau et mal maitrisé de gold exchange standard qui permettait déjà des doubles pyramides de crédits.

Ce système avait donné une ampleur toute nouvelle à la crise périodique de crédit. Les structures industrielles et agricoles s'étaient concentrées, ne permettant plus des ajustements faciles par les prix. Les mentalités étaient en retard sur les faits.

La gestion de la crise par la déflation fut partout un terrible échec entraînant des conséquences sociales et politiques qui à leur tour eurent leurs effets délétères.

Influencée par Keynes une nouvelle orthodoxie se mit en place qui renonçait aux déflations et tentait de mettre en place une organisation internationale ordonnée avec des changes fixes mais ajustables et une institution, le FMI, qui avait pour but d'éviter que des guerres de changes se mettent en place au détriment de la communauté. Chaque pays « ne devait pas faire plus de bêtises que les autres » et en cas de dérapages, le soutien du FMI devait éviter une chute verticale mais au prix d'un retour dans les rails de la politique économique du pays concerné.

Ce système a explosé en 1971 avec la promotion des changes variables et la création de monnaies purement administratives dont la responsabilité était confiée à des banques centrales « indépendantes ».

Premier résultat : les monnaies ont perdu en moyenne 98% de leur valeur en or bien que l'or fut démonétisé.

Second résultat : les déséquilibres sont devenus gigantesques (voir les déficits cumulés des Etats unis et les excédents cumulés de la Chine et du japon).

Troisième résultat : les crises décennales sont devenues de plus en plus dures en même temps que le taux de croissance de longue période était ralenti : adieu les trente glorieuses !

Quatrième résultat : la variabilité généralisée a entraîné le développement d'une économie casino et l'apparition de produits complexes de moins en moins maîtrisés.

Cinquième résultat : le mécanisme de la double pyramide de crédits s'est amplifié entraînant la hausse de la dette partout jusqu'à un niveau intolérable qui ne pouvait se régler que par une crise d'envergure, comme en 1929. Et qui a éclaté en 2008.

Les états ne pouvaient avoir recours qu'à deux politiques :

- Continuer dans le keynésianisme. On eut la stagflation. Exit Keynes.

- Laisser filer la monnaie avec des crises de changes successives et des risques d'exclusion du système d'échange mondial.

Cette politique ne pouvait être menée que par les Etats-Unis.

- Fixer sa monnaie sur le dollar à un taux favorable et se laisser porter.

La Chine avec ses réserves d'hommes pauvres et disponibles pour un bol de riz a pu s'en sortir.

L'Argentine et son « currency board » explosera début 2000.

L'Europe a tenté une unification monétaire évitant les risques de spéculation sur le cours des monnaies de ses membres. Mais sans « peg » sur le dollar. Il lui a fallu mener une politique de compétitivité salariale sur un fond de très faible croissance. Sous le parapluie de l'Euro les pays du Sud (France, Grèce, Portugal), ont conduit des politiques laxistes, en même temps que les capitaux à court terme s'investissaient en masse dans les pays émergents (Irlande, pays baltes, Espagne) sur une base purement spéculative. Le RU faisait lui le pari du « tout finance » et du « tout spéculation ».

L'explosion financière a eu les conséquences qu'on pouvait envisager.

Les capitaux à court terme ont fui l'Europe de l'est , l'Irlande , l'Espagne ; les pays à bulles immobilières ont été ruinés. Et on a vu que malgré l'unification monétaire, la spéculation s'attaquait aux pays par le biais des taux d'intérêt et des « spreads » faute de pouvoir le faire sur les taux de devises.

En dehors des Etats unis et de la Chine le système monétaire international ne laisse plus aux autres comme alternative soit une politique de déflation lente de compétitivité par les salaires et la technologie soit une politique de déflation violente lorsqu'on s'est laissé glisser trop longtemps.

La déflation est redevenue le mode de gestion de crise. Ce qu'avaient montré la crise de 29, c'est qu'elle était socialement inacceptable et finissait dans des extrémités encore pires que le mal. L'affaire Argentine a confirmé le fait. On peut craindre que cette impatience sociale se manifeste à nouveau avec des conséquences destructrices.

La déflation peut marcher. Mais c'est si douloureux que l'on peut considérer que ce remède de cheval est d'un maniement extrêmement dangereux.

Il vaudrait mieux réformer le système global et enfin constituer le système qui aurait du être mis en place à Bretton-Woods si les Etats unis n'avaient pas été un géant au milieu de "nains" ruinés.

Un Bretton- Woods paritaire, avec une monnaie mondiale de réserve de type Mondio, est  la bonne solution. Espérons qu'il ne faudra pas dix ans de soubresauts pour qu'on s'en aperçoive.

Depuis 2007 et le blocage du système monétaire et du marché interbancaire, on a déjà perdu trois ans. Et on n'en sort pas.

La confusion s'installe

La confusion s'installe

La confusion est le compagnon de l'inquiétude. Les deux s'installent en même temps. Résultats : les faits les plus simples sont ignorés et les discussions se perdent en diatribes inutiles.

* La confusion de l'opinion.

Elle était visible comme le nez au milieu de la figure lors du débat stérile chez Arlette Chabot sur A2.

Qui est en crise ? Depuis quand est-on en crise ?

Ces deux questions firent débat bien inutilement, faute une fois de plus de ne rien comprendre à la notion de cycles. Il y a un cycle de 8-10 ans.  On a donc une succession de crises et de périodes moins difficiles. Les points bas des récessions récentes : 74, 83,93,2001,2009. Chaque phase de récession a sa séquence : bourse et banque sous tension ; puis activité générale en berne -déficits extérieurs ; déficits publics-chômage-faillites ... La crise part toujours des Etats Unis et se répand dans le monde en 2-3 ans. Dans chaque zone atteinte successivement, Il faut près de trois ans pour que le scénario se déroule. Le chômage baisse en dernier et la reprise de l'emploi est en général ignorée puis niée puis minimisée avant d'être finalement reconnue...juste avant le début de la récession suivante.  Si tous les participants avaient eu ce schéma répétitif en tête le débat aurait pu progresser au lieu de s'enliser.  

Il est clair que l'année 2010 va être celle où beaucoup d'entreprises vont craquer au moment où l'Etat n'a plus les moyens de les sauver compte tenu des déficits accumulés. Les résultats apparaîtront en 2011. Au moment où la question d'un sauvetage des finances publiques sera  au plus chaud.  En 96, trois ans après le pic de la récession de 93, Alain Juppé avait assommé le pays par un coup de massue fiscal inouï...et avait cassé la reprise qui se dessinait. On recommence ? Le calendrier électoral ne s'y prête pas. Les élections présidentielles éviteront ce scénario, sauf si évidemment un épisode à la grec précipitait les évènements. En revanche, gare à la préparation du budget 2013 !

Il aurait pu être intéressant aussi de souligner que depuis 1974, la solution choisie par la France aura été "le tout Etat" et le privilège donné à la dépense publique. Tout le monde constate que nous sommes arrivés déjà endettés au stade où il a fallu laisser se creuser tous les déficits. Personne n'a voulu donner les chiffres ni préciser les processus (nous l'avons fait ici dans une dizaine d'articles). Quelques mots  auraient  été bienvenus sur le désastre qu'aura été "l'énarchie compassionnelle" de droite et de gauche et la tendance bien pensante répandue dans le peuple que par l'impôt et la dépense, en ne faisant aucune réforme douloureuse, chacun pourrait s'y retrouver. Nous nous sommes fourrés dans le piège avec une constance admirable. De vrais Grecs, en moins imaginatifs.

* La confusion politique française autour de  la "rupture"

L'impression de fausse rupture avec un passé de laxisme et de facilités est tout aussi clairement à la base de l'énorme abstention constatée aux dernières élections régionales et la cause du désamour cinglant qui frappe le Président de la République. Lors de la campagne de 2006 nous avons écrit moult articles sur le forum du Monde pour avertir N. Sarkozy de ne pas faire le Matamore en affirmant qu'il allait faire reprendre à la France le chemin de la croissance ultra rapide. Nous avons même multiplié les courriers aux différents instances de l'UMP ! Avec toujours le même thème : vous allez avoir à affronter une crise très dure en milieu de mandat alors que la France est très mal préparée à la subir.  Annoncez plutôt du sang et des larmes !

D'accord les corbeilles à papier ne sont pas faites pour les chiens, mais tout de même, les faits évoqués et les arguments étaient si forts, qu'il est déraisonnable que personne n'ait pris le temps de lancer l'alerte. Ou révélateur.

Du coup toutes les mesures du début du quinquennat ont été à côté de la plaque, en même temps que Nicolas Sarkozy révélait son vrai tempérament : non pas un coureur de fond (au sens fond des choses) mais un homme politique n'ayant qu'une boussole électorale à la main et faisant des sprints successifs sous des banderoles politiquement correctes. En vue de l'élection de 2012 il fallait montrer qu'on n'avait pas créé un "état Ump" et qu'on était "socialo compatible", contrant à la fois le PS et Bayrou : voilà l'ouverture à des personnalités socialistes.  En vue de satisfaire la tentation écologique bien pensante, il fallait le Grenelle de l'environnement, une hyper présence à Copenhague et... la Taxe Carbone.  En vue de se couvrir de l'accusation toujours proche pour un élu de droite d'indifférence aux pauvres il fallait Martin Hirsh et... le RSA, au prix d'être renégat sur la promesse de ne pas créer de nouvel impôt majeur.

En même temps on multipliait les taxes (depuis la chute de Jospin, on doit être à la quarante cinquième taxes "de droite"!). Et on laissait s'en profiler d'autres. Indépendamment de la taxe Carbone, flottaient dans l'air la taxation des transactions financières et la taxation des banques, tout en criant qu'on n'augmenterait jamais les impôts.

On avait la lâcheté de ne pas mettre fin à l'ISF, impôt absurde et destructeur (que même les économistes de gauche qui pontifient dans les medias avaient renoncé à défendre) et la stupidité politique de laisser croire que les riches ne seraient plus jamais solidaires en cas de besoin grâce au bouclier fiscal. Au lieu de la grande réforme d'apaisement fiscal qui aurait vu la fin de l'ISF comme on le connait (son assiette aurait été transférée sur les très hauts revenus, les stocks options et un certain nombre de dispositifs choquants comme les retraites chapeau et autres golden hello ou parachutes), une large amnistie permettant de faire revenir des dizaines de milliards d'euros de l'étranger tout en renflouant les caisses de l'état, on a vu Eric Woerth jouer les épouvantails et les grands moralisateurs (ici encore pour complaire à la sondagite de Nicolas Sarkozy et son goût pour le politiquement correct populiste).  Puisqu'on parle d'Eric Woerth notons que lors du débat chez Arlette Chabot il a eu une défense pitoyable du bouclier fiscal. Il n'a même pas osé dire que les éléments d'imposition pris dans le fameux bouclier ne représentent que le tiers des prélèvements obligatoires (les deux grosses parts sont les charges patronales et la TVA à la quelle il faut ajouter toutes les taxes). Ce qui fait qu'un "riche", selon la structure de son activité va payer entre 80 et 90% d'impôts. Ce qu'a fait le bouclier c'est simplement d'éviter que l'ISF ne fasse passer le taux d'imposition de dizaines de milliers de Français au dessus de 100%, taux qu'on peut juger légitimement comme "anti républicain". Seulement, s'il avouait cela, E. Woerth perdait toute crédibilité à droite, enfin ce qu'il en reste.    

En même temps on lançait mille réformettes n'allant jamais au fond des choses et dont beaucoup suspectent qu'elles ont finalement coûté plus cher que les gains obtenus. L'effet d'affichage a semblé toujours l'emporter sur la réalité concrète. On n'a pas voulu affronter les syndicats, comme du temps de Chirac. Sur les retraites, la prise en compte de la "pénibilité", ce concept totalement infondé, leur annonçait qu'on ferait semblant de réformer mais que des arrangements seraient possibles pour les noyaux durs de la clientèle syndicale.

La confusion était entretenu par les contradictions entre mots et faits :

- Plus de sécurité ? Mais moins de fonctionnaires de police et aucun abandon des 35 heures qui a vidé les commissariats. Et une hausse des violences urbaines.

- Priorité à l'éducation ? Non seulement moins de professeurs mais aucun réel changement lourd assurant la reprise en main du bateau ivre. Le symbole : le maintien d'un système démagogique qui conserve dans la scolarité classique des gamins qui ne savent ni lire et écrire au nom d'un égalitarisme de façade.

- Priorité à la santé ? Mais on n'a pas supprimé les 35 heures dans les hôpitaux. On a préféré un bureaucratie de type soviétique à des formules plus souples. Le symbole : la grippe A  où une ministre censément de droite décrète le Gosplan, met en place une usine à gaz et lance des dépenses pharaoniques, bloquant mille projets utiles, indispose l'ensemble de la communauté médicale, pour quasiment rien. Ici encore la volonté de N. Sarkozy, l'oeil rivé aux sondages, de coller à l'opinion publique, et de montrer sa complaisance aux idées politiquement correctes, a détourné le gouvernement d'agir raisonnablement.

Dans la pratique tous les services majeurs de l'Etat sont en aussi mauvais état qu'avant. La Justice est toujours effondrée, noyée sous une délinquance traditionnelle si massive qu'elle déborde les moyens de répression,  mais aussi par la multiplication des nouveaux délits pénaux dits "de société".  Dirigée par des fonctionnaires de la filière juridique qui n'ont exactement aucune notion de gestion et qui sont totalement incapables de maîtriser les processus informatiques et logistiques, la justice c'est le Haïti de notre Administration bien aimée.  Nous laissons au lecteur le soin de compléter la liste.

- la rupture s'est réduit à l'illusion de la RGPP, gratouillette à dépenses publiques là où il fallait sortir la charrue pour déraciner toutes les sources de dépenses inutiles  et surtout boucher tous les trous en dessous de la ligne de flottaison. Pendant qu'on enlevait les mauvaises herbes au sécateur, on n'a pas vu que tout le terrain glissait.  Le jardinier est désormais assis, son sécateur à la main, dans la gadoue en contrebas.  

- Un autre symbole aurait été une vraie réforme de la SNCF. On sait qu'il est impossible de faire fonctionner cette société avec le statut actuel des cheminots et dans le sureffectif perpétuel. Nous avons déjà raconté ici que dès 1970 le fret SNCF était considéré comme "perdu" et irréformable. Depuis quarante ans on fait semblant de le réformer. A chaque fois on déverse des milliards en essayant de les associer avec des thèmes à la mode (le dernier mot clé était "ferroutage"). Résultats : la perte cumulée de 2008 et 2009 pour le fret égale le chiffre d'affaire !  Où est la rupture ? Où est la raison ? Dans un pacte secret entre le Prédisent et les leaders syndicalistes sur autre chose, par exemple la réforme des retraites ? On disait bien que de Gaulle, l'épée, et Pétain, le bouclier, était secrètement d'accord...Pendant ce temps là, la Deutsche Bahn, frappée tout aussi durement par la crise, n'annonçait pas de pertes ; juste une baisse de ses bénéfices.

La vérité qui tout à coup est apparue en plein jour est que Nicolas Sarkozy était dans le calcul et la manœuvre de l'opinion, pas dans les réformes dures qui font mal mais redressent durablement un pays qui s'est laissé glissé. N'est pas Thatcher ou Reagan qui veut.  Si on ajoute que le "matamore" s'est révélé aussi un parfait "m'as-tu-vu" (je reprends ici des mots entendus dans les médias), au moins selon les critères de son électorat de base, on peut difficilement être surpris par l'incroyable et historique abstention qui a gâché les élections régionales.  

La difficulté pour N. Sarkozy est qu'il peut difficilement revêtir maintenant le costume de Churchill ou le tailleur de Thatcher. Avec son style faubourien il ne peut pas non plus être de Gaulle, même en s'agitant sur le front extérieur, censé doter de la stature à ceux qui n'en ont pas spontanément.  Sarkozy il est et il restera.

Notre conseil : oublier les aspects "images" et "sondages" pour se concentrer, avec vérité et efficacité,  sur les chantiers essentiels sans plus se préoccuper de l'élection de 2012.

Il est encore temps d'être utile au pays.



L'Ipad va-t-il changer le monde ?

Il est rarissime que nous traitions sur ce blog des questions qui relèvent de la micro économie et des productions commerciales. Néanmoins l'énorme campagne publicitaire qui est en cours au tour de l'Ipad, la tablette de la société Apple, l'hypertrophie des qualificatifs qui entourent sa sortie et la prétention affichée par ses évangélistes que l'appareil va changer le monde méritent quelques commentaires.

Il se trouve que nous avons été confronté dans notre vie professionnelle depuis le début des années 80 à la série interrompue des innovations informatiques qui devaient stupéfier le monde et que nous avons vu tous les projets de tablettes...tourner au fiasco général.

La question qui est posée : pourquoi l'Ipad serait-il différent et en quoi ses chances sont-elles réelles ?

le fond de l'affaire est aussi vieux que l'informatique : comment peut-on dialoguer avec la machine sans passer par le clavier ?  Dès le début des années 70 et de l'informatique "en temps réel" avec écran et clavier, la question se pose. Les salariés équipés ne veulent pas "être des secrétaires". Sauf les dactylos spécialisées, personne ne sait taper à la machine. On verra même de grands groupes inventer une prime spéciale pour encourager  les employés et les cadres à utiliser leur clavier. Lors que l'on passe à l'informatique grand public à la fin des années 70 et surtout au début des années 80 avec le lancement du PC, la question est reposée avec insistance.  

On règlera partiellement la question avec les interfaces graphiques ( le Mac puis Windows) mais on rêve d'autre chose. La conduite vocale de l'ordinateur est mythifiée mais ne réussira jamais. Arrive alors les ordinateurs transportables puis portables avec leur caractère nomade. On les appelle Laptop aux Etats Unis parce qu'en effet on ne peut pas les utiliser à deux mains comme un livre : il faut les poser sur les genoux ou sur une table. Déjà on commence à évoquer la possibilité de supprimer le clavier. Les premières "tablettes" informatiques apparaissent à la fin des années 80 (nous avons commercialisé une "plate" de Convergent technologies à cette époque) et l'idée est constamment reprise  dans les années 90. Les "flops" se succèdent.  

La technologie "touchscreen" redonne du tonus à l'idée, en même temps que le succès des petits appareils genre Palm Pilot anime une nouvelle voie de faire de l'informatique personnelle. Les voies convergent avec l'arrivée du téléphone portable. Il devient terminal internet en même temps que téléphone. Il passe au  graphique, utilise les technologies "touchscreen". L'i-pod d'Apple fait époque.

Mais l'écran du téléphone portable est petit. La consultation de page WEB, de photos ou de film n'est pas confortable. La lecture de livres impossible.

Simultanément un autre grand succès transforme le marché des ordinateurs : le petit ordinateur portable ultra léger.  Il permet de faire l'essentiel : naviguer sur le Web, gérer ses sites de communications personnelles (Face book, Twitter, Messagerie), stocker images et musiques. D'ores et déjà les promoteurs de concepts  ont imaginé qu'il s'agirait d' un e-book : un dispositif permettant de lire des livres de façon interactive. Mais ce n'est pas l'emploi qu'en feront les utilisateurs.

Avec l'i-pad l'idée renait que la fusion entre la filière informatique (devenue légère et court vêtue)  et la filière téléphonique (devenue lourdement informatique) va permettre enfin le développement d'un outil révolutionnaire qui va "engendre un nouveau monde".  

En fait l'Ipad est un ultraportable sans clavier, donc qui peut se tenir comme un livre.

Assis dans un fauteuil ou demi couché dans son lit, on pourra alors utiliser son appareil comme un livre sans avoir à le poser l'appareil sur les genoux. Conduite au doigt (et peut être plus tard à l'oeil), la machine permettra confortablement de faire tout ce qu'on veut sauf écrire facilement et rapidement ...avec ses doigts.

Comme toujours en matière d'ordinateur, on cherche ce que sera la "killer app" qui lancera la machine, c'est à dire le programme qui par ses spécificités engendrera des emplois inédits clairement appréciés par les consommateurs  et qui imposera l'achat du nouveau matériel. C'est rarement celui qu'on a prévu au départ qui s'impose. Quelle sera donc la "killer app" ? Les évangélistes ressortent tout l'argumentaire des machines qui ont connu l'échec précédemment. Les argumentaires sont déjà disponibles et ne demandent que de faibles retouches.

L'Ipad sera le domaine nouveau et exclusif de la lecture intelligente des livres électroniques. Le livre électronique est une merveille : il ne coûte pas cher. Il contient des liens qui permettent des approfondissements faciles. Il est multimédia. On peut inclure non seulement des photos comme dans un livre papier mais aussi des vidéos. Il devient donc confortable d'utiliser un instrument de détente et de savoir d'une richesse inégalable pour un prix très raisonnable. L'Ipad serait une super liseuse. Les humoristes dans des conversations privées évoquent l'avantage de l'Ipad pour l'emploi numéro 1  d'Internet, la consultation enfin confortable de vidéos légères. Les chemins de la culture sont impénétrables...

L'Ipad pourrait aussi être un support privilégié de la "réalité augmentée". On connait le principe : vous passez devant un tableau, un monument, une boutique et aussitôt votre machine vous livre le "push" (l'information complémentaire qui a été rendue disponible à cet endroit). La marche à pied dans un musée ou dans la rue ou au marché pour peu qu'on ait branché son Ipad et mis ses oreillettes deviendra aussitôt une source d'informations locales merveilleusement ciblées.  Les plus grisés imaginent les applications les plus étonnantes : à l'église vous auriez immédiatement le dernier sermon prononcé, en plus de l'histoire du lieu ; devant la boulangerie la voie suave de votre conjoint vous rappellerait qu'il faut acheter le pain. A la gare l'application SNCF de billetterie serait aussitôt disponible, évitant la queue aux bornes.    Les plus cyniques envisagent la généralisation de la publicité non sollicitée. Le panneau publicitaire traditionnel serait remplacé par des bornes de "push".  Vous passez devant la borne et "Dim Dim Dim" ou "on se lève tous pour ..." ou "Du Bo, Du Bon Dubonnet".

L'ennui pour l'Ipad est que la réalité augmentée est aussi vue comme la "Killer app" des nouveaux téléphones terminaux, tout de même plus facile à mettre dans sa poche qu'un Ipad.

Pour assure le succès de l'Ipad il ne faut pas qu'une Killer App. Le succès de l'Ipod a montré qu'il fallait des centaines d'applications plus saugrenues les unes que les autres. On a donc fait en sorte que les applications de l'Ipod soient transportées sur Ipad.  Et on cherche à monter des ligues avec des émetteurs d'informations.  L'avenir de la presse passerait donc par l'Ipad. Le kiosquier disparaîtrait au profit du journal électronique facile à consulter sur sa tablette avec tous les effets multimédias possibles, l'instantanéité  des mises à jours etc.  Les éditeurs se demandent s'ils ne vont pas se faire encore plumer par les fournisseurs de tuyaux et de pommes d'arrosage... Ils ont quelques raisons de s'inquiéter.

La difficulté, c'est que tout cela sera disponible sur le téléphone mais aussi sur l'ultraportable.

Alors révolution globale permettant le saut souvent imaginé mais jamais réalisé  vers une information individualisée, nomade, communicantes, multimédia,  électronique, riche,    reléguant le papier et le livre  au rang des accessoires ? Ou produit de niche apportant dans certains cas un plus pour certains utilisateurs et certaines utilisations (ce qui serait un "bide" pour les promoteurs de l'Ipad) ?

L'histoire le dira. Nous, nous avons l'impression que le marketing est un peu en avance sur le produit.

A suivre !

Les monnaies et les changes, ce serait important après tout !

Alors que 30 mois se sont écoulés depuis le blocage du marché interbancaire, en juillet 2007, et 18 mois depuis la chute de Lehman-Brothers, nous sommes dans cette période trouble où des éléments de reprise existent mais où l'image globale est celle de la stagnation et l'inquiétude. On voit bien que les Etats sont au bout des solutions faciles, celles qui consistent à lâcher les déficits publics et la création de monnaie par les banques centrales. Le chômage continue à croitre. Les faillites s'annoncent, masquées seulement par les créations d'entreprises individuelles plus ou moins artificielles.  

L'absence de vraie reprise du coup stimule les réflexions. Et on commence à poser les vraies questions qui auraient du l'être dès le départ et auxquelles on s'était bien décidé de ne rien dire.  

Un bon point : on ne parle plus des subprimes. Comme nous l'avons toujours dit la faillite des prêts subprimes est un élément du décor, pas une cause. On voit bien aujourd'hui que la sortie de la crise mondiale ne passe en aucun cas par la résolution des problèmes associés aux subprimes. Les subprimes étaient un symptôme pas la cause de la maladie. Curer le marché des prêts hypothécaires américains n'a pas fait avancer d'un pas la solution de la crise mondiale.

Si on ose le dire de cette façon : l'hypothèque que faisait peser les subprimes sur la compréhension de la crise est levée !  Ce n'est pas trop tôt. On peut  aborder maintenant les vraies questions et les vraies solutions.

Un premier constat est l'évanouissement de la crédibilité du modèle implicite sur lequel l'économie mondiale est bâtie.  Après le détachement du dollar de l'or, et une phase d'une dizaine d'années de chaos, l'idée s'est répandue, basée, pour simplifier, sur les bribes d'analyses de Milton Friedman, selon laquelle l'économie mondiale bénéficierait d'un abaissement concerté important des barrières douanières (libre échange intégral), de la convertibilité générale des monnaies, de la liberté totale des mouvements de capitaux, à court comme à long terme, du développement des instruments financiers spéculatifs permettant d'assurer "la liquidité" des marchés, et d'une création de monnaie de base totalement administrative assurée par des banques centrales le mieux possible isolées des gouvernements et dont l'objectif serait de limiter l'inflation.

Ce système devait apporter la conciliation nécessaire entre impéritie des états (dressés par les marchés financiers en cas de dérapage) et nécessité d'une bonne gestion durable, égalisation des taux d'intérêt à travers le monde, diminution du besoin de réserves de changes, stabilisation des cours des devises, si chaque pays faisait un minimum attention, optimisation de l'allocation des ressources, croissance maximum et plein emploi.
 
Ce modèle d'organisation n'était en rien fondé sur une modélisation généralement admise par la théorie économique. Il s'est imposé de facto après que les Etats Unis ait cessé de rattacher sa monnaie à l'or. La justification psychologique (plus que technique) est venue après : on a fait semblant de croire que cela avait du sens. D'autant plus que beaucoup de gens y trouvaient leur intérêt, notamment un secteur financier totalement libéré qui considérait, à juste titre, que ce désordre consensuel lui offrait des gains illimités, pourvu qu'on libère la finance de toute contrainte.

Ce système n'a jamais marché. Jamais ! L'évidence en était acquise dès la crise de 93.  Elle a été confirmée par la crise de 98 puis la récession de 2001. La crise actuelle n'en est que l'aboutissement logique. Les changes flottants, comme le socialisme, cela ne marche pas. Pas du tout. Ils ont fait passer le monde des trente glorieuses à une croissance mondiale lente et déséquilibrée. Ils ont aggravés le cycle. Ils ont désarmés les Etats, chargés de jouer les nounous auprès des victimes et de renflouer périodiquement les joueurs du grand casino financier. Jusqu'au jour où ils ne pourraient plus y parvenir. On y est.

Alors çà y est ? Les changes flottants sont en ligne de mire et avec eux  toute l'idéologie de pacotille et les institutions branlantes  qui les accompagnent ?

Vous n'y êtes pas. Vous ne trouverez pas la moindre critique des changes flottants nulle part dans la presse ou dans la littérature économique spécialisée. Le tabou est trop grand. Remettre en cause l'ensemble du pseudo système qui veut que les changes n'ont pas d'importance pourvu que les prix soient stables dans chaque zone monétaire surveillée par une banque centrale autonome et qu'on laisse libre cours à tous les mouvements financiers est aujourd'hui encore IMPOSSIBLE.

Mais l'eau passe partout par les digues effondrées et il faut bien réagir. Le déni de réalité ne peut pas être total. Alors les problèmes de changes passent de plus en plus au premier plan.

L'économiste américain Krugman, le moins mérité et le plus récent des "Nobel" d'économie, signe dans le NYT un article ahurissant qui demande une taxe de compensation de dumping monétaire de 25% contre la Chine. Soucieux de complaire à son maître américain, DSK, le patron évanescent du FMI surenchérit.

La France met en cause l'Allemagne pour ses excédents commerciaux et sa politique de dumping salarial.

L'Allemagne remet en cause la gestion des pays du sud de l'Europe et envisage rien de moins que l'éviction de la zone monétaire des pays à déficit (la Grèce, le Portugal, l'Espagne...).

Le RU malgré une très grosse dévaluation ne s'en sort pas mais se voit contestée d'avoir engrangé un avantage de change indu.

La dévaluation du Won coréen lui a permis de sortir de la crise plus vite que les autres. Le Japon qui a subi à son corps défendant une hausse abusive du Yen n'est pas d'accord pour avaliser cette "agression".  

Bref, les changes, finalement, cela compte. L'idiotie qui considère qu'un droit de douane de 5% est un problème et une dévaluation monétaire de 20% un fait indifférent commence à être relevée partout.

L'occident ne veut plus voir son industrie disparaître du fait du mercantilisme de la Chine.  Partout l'idée fait son chemin que le commerce international qui a reculé pour la première fois depuis la guerre doit repartir sur des bases moins biaisées par les politiques de change des uns et des autres. Partout les Etats regimbent devant l'impuissance qui les tient si la banque centrale est entre les mains d'une administration indépendante  et les changes laissés à la libre circulation de capitaux à court terme.

Les pays qui ne peuvent pas dévaluer sont contraints à une déflation mortelle. Les pays qui ont profité du système pour accumuler des réserves de change sans les remettre dans le circuit économique se sentent menacer de perdre une grosse partie de la valeur de ces réserves. La peur est partout ; la suspicion est au plus haut. Les tensions inter-étatiques prennent de l'ampleur. Rappelons que c'est exactement le schéma de 1929 : les tensions sur les changes sont arrivées deux à trois ans après la crise boursière, et l'absence de toute idée de cohérence internationale a abouti à la grande dépression.

On voit bien la limite des prises de conscience actuelles :  faute d'avoir une vision globale, les critiques ne mènent nulle part sinon à des guerres ou des guéguerres économiques. Cette vision globale existe. Nous la développons depuis 20 ans avec une grande constance et sans jamais être désavoué par la réalité des évènements.

Article 1 : la cause des crises à répétition que nous connaissons est principalement monétaire et son moteur est le système de double pyramides de dettes décrit par J. Rueff permis par le rôle central du dollar dans un système de change flottant inepte.

Article 2 : les défauts du système permettent la création de bulles financières qui explosent régulièrement avec un coût démesuré sur les taux de croissance globaux.

Article 3 : la flottaison des changes n'a apporté aucun des avantages que ses promoteurs ont envisagés : les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi éclatés ; les réserves de change ont augmenté ; les changes ne se sont pas stabilisés. Au contraire les effets de yoyos monétaires ont accentués la dimension "casino" de l'économie.

Article 4 : l'idée que des monnaies administratives non reliées entre elles par la volonté des gouvernements de contenir excédents et déficits puissent être la source d'une croissance équilibrée est fausse.

Article 5 :  la seule solution est la constitution d'un système de changes fixes et ajustables, façon Bretton Woods mais corrigeant les défauts majeurs du système de 1944.
    - La monnaie mondiale n'est plus le dollar mais le Mondio, fondé sur un panier de références comprenant l'or, le pétrole etc.
    - Les Etats Unis perdent leur statut extraordinaire et deviennent un pays comme les autres. Plus de droit de veto ; plus de passe droits.
    - Le FMI a réellement pour but d'éviter les excédents et les déficits extrêmes, même quand ils concernent des grands pays comme les Etats Unis ou la Chine ou le Japon ou l'Allemagne.
    - L'objectif central de l'économie dans chaque état et zone monétaire est le plein emploi.
    - La finance mondiale n'est pas libre. Les opérations à court terme peuvent être légitimement contrôlées. Le "short" sur les monnaies est interdit. Les fortunes faites sur la spéculation sur les monnaies sont confisquées et leurs bénéficiaires pénalement poursuivis.
    - Les mammouths financiers sont cassés. Le but de la finance est de financer l'économie pas d'obtenir des rémunérations spéculatives avec renflouement périodique par le contribuables.
    - Si un pays veut jouer avec sa monnaie pour obtenir des avantages industriels indus, des taxes de compensation monétaire automatiques joueront contre eux.
    - Les pays qui voudront gagner de l'argent en permettant d'échapper aux règles communes sont purement et simplement exclu des marchés internationaux de capitaux.

En un mot, tous les pays doivent jouer le jeu de la concurrence et du plein emploi. Mais dans un environnement stable et régulé où chaque intervenant partage la même philosophie. S'il s'en écarte, il est exclu en tout ou en partie du jeu international.

La difficulté de ce plan est sa faisabilité politique, non sa cohérence économique. Il faut profiter du désastre actuel pour faire constater que les idées contraires sont totalement inefficaces et ne mènent qu'à des guerres commerciales ou monétaires désastreuses.

Non le dollar ne peut plus être la monnaie du monde. Et alors ? Le privilège du dollar a-t-il été aussi bénéfique que cela aux Etats Unis qui atteint pour la première fois depuis 1929 un taux de chômage supérieur à 10%, qui a perdu l'essentiel de sa production industrielle, qui voit sa classe moyenne se paupériser ?  Non la Chine ne doit pas pouvoir mener une politique mercantiliste. Et alors ? Les paysans pauvres ne mangeront pas en Chine les réserves de papier accumulées. Le Japon a-t-il réellement bénéficié de ses réserves accumulées et de son Yen surévalué ?  L'Allemagne est-elle si fière de sa consomption démographique qui va la voir disparaître des écrans radar dès 2050 ?

Il faut supprimer les changes flottants, revenir à un système organisé qui permet de pousser les feux de la croissance réelle (non financière) et de viser partout le plein emploi, supprimer les facteurs de déséquilibres, qu'ils soient techniques ou politiques. Les monnaies doivent être rattachées à un point fixe extérieur commun.

Il n'y a pas d'échappatoire.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

L'inquiétude s'installe

Observer en temps réel l'état de l'opinion est important. Les commentateurs qui feront plus tard l'histoire de la période n'auront pas l'aide (et éventuellement l'inconvénient) qu'offre la perception des attitudes et des sentiments.

En France, pratiquement jusqu'à maintenant, les Français n'ont pas ressenti la crise. L'importance du nombre des fonctionnaires et des retraités, indifférents aux questions d'emplois, ajoutés aux filets de sécurité, qui permettent même à certains licenciés de se faire un pécule inespéré, l'usage massif cette fois-ci du chômage partiel, qui a retardé nombre de licenciements, se sont conjugués pour anesthésier l'opinion.

Pendant des mois, la crise fut sans victime au moins en apparence. Donc sans indignation.

Bien sûr il y eût un début de psychose en septembre 2008 : les Français ont eu une peur bleue pour leur épargne et leurs comptes en banque. Mais elle n'a pas duré.

Traditionnellement l'inquiétude s'installe après un exercice de crise plein. A ce moment là les résultats publiés des entreprises sont désastreux. Les impayés s'accumulent.  Les faillites commencent à enfler. Les jeunes qui apparaissent sur le marché du travail ne trouvent pas d'emploi ou dans des conditions très dégradées (stages, salaires en baisse, petits jobs). Après l'inquiétude un peu résignée vient l'impatience.

Nous entrons dans cette phrase en France et dans la plupart des pays à travers le monde. C'est celle de tous les dangers. La crise est installée. Elle est perçue comme devant durer. La crainte de l'avenir s'accentue en même temps que la tentation de rechercher des boucs émissaires se gonfle.

Voici venu le moment des dissensions internationales :
- La Grèce a du mal à financer sa dette : c'est de leur faute. Qu'ils se débrouillent.  Qu'ils se serrent la ceinture bien étroite. Nous ne paierons pas pour les "pays du Club Med".
- L'Islande ne veut pas payer pour les clients lésés de banques situées sur son territoire.
- La Chine et les Etats-Unis commencent leur ballet d'accusations réciproques.
- Et voici que la France met en cause l'Allemagne pour se désinflation compétitive et ses excédents.

L'enfer, c'est toujours les autres.
Voici venu aussi le temps des dissensions nationales.

Partout les gouvernements en place sont contestés. Mais les oppositions ne sont pas pour autant considérées comme crédibles. Plus personne ne croit plus dans la capacité des politiques de faire face à la situation.  L'abstention aux élections régionales françaises restera comme un des témoins phare de ce phénomène : 53% de non votants, une première !
 
En 1974 la crise avait frappé en même temps qu'un nouveau président se mettait en place. VGE et J. Chirac paraissaient des hommes neufs aptes à faire face à la situation nouvelle. Ils ne l'étaient pas. La sanction viendra en 81. En 1981 le changement de majorité a là aussi masqué la traduction politique de l'inquiétude du pays : le tourbillon du "passage de l'obscurité à la lumière" a occupé les esprits dans un sens ou dans un autre pour quelques temps. Jusqu'au tournant de l'austérité de 2003 jamais déclaré mais bien réel.  En 93, la crise frappe en pleine période de transition électorale avec une cohabitation qui pousse à tout repousser à plus tard. Cela finira avec le coup d'assommoir fiscal d'Alain Juppé. En 2000, la transition politique correspond également à l'éclatement de la crise.

Cette fois ci, la crise se produit en plein milieu d'un quinquennat laissant le pays sans exutoire autre qu'une abstention massive. C'est une situation dangereuse. D'une certaine façon le roi est nu et seul devant l'impatience du pays. Ses positions électorales, qui avaient fait son succès, sont désormais totalement dépassées. N. Sarkozy a été pris à revers sur pratiquement tout son programme affiché.  Ses actions passent pour de l'agitation. Son impuissance face à des problèmes qui le dépassent totalement devient apparente. Le verbe parait décalé des résultats.

L'Europe entre en crise. On voit les grosses ficelles de son assemblage et l'absence totale de réalisme de ses politiques vis à vis de la crise. Bruxelles n'a rien à dire. Les dissensions sont partout et sur tous les sujets. La politique d'ouverture généralisée des frontières sans considération pour les réalités vécues par les acteurs, la destruction de la PAC, l'impuissance généralisée faute de pouvoir bâtir de vraies politiques ajustables, a découragé les européens. L'abstention aux européennes  était déjà massive.
 
Toutes les institutions flottent en apesanteur.
 
Plus personne n'est en charge des  seules choses qui comptent : l'emploi ; les perspectives de croissance.

En revanche tout le monde voit bien que pour les impôts et les mesures draconiennes, on trouve toujours des volontaires, à droite comme à gauche.
 
Aujourd'hui les Européens en général  et les Français en particulier ont désormais compris que la crise était installée pour longtemps et que l'austérité était pour demain. Que faire contre la concurrence "déloyale" des pays à bas salaire et sans protection sociale ? Que faire contre les manifestations de puissance de la Chine et des Etats Unis ?  Où est la source de notre prospérité future ?
 
En plus voici l'écologie et son message malthusien. Sauver la planète, rien de moins, en entrant dans l'abstinence et en portant le cilice, est-ce une perspective ?
 
L'horizon est totalement bouché dans l'esprit de la majorité des Français. Les retraités savent qu'ils sont en première ligne et qu'ils vont être durement frappés (ils ne manifestent pas et vivent de l'argent de la solidarité). Le blocage des retraites en Grèce les fait réfléchir. Les parents voient leurs enfants en danger de mauvaise insertion dans la vie professionnelle. Les mauvais départs sont souvent de mauvaises arrivées !  Les jeunes ne pensent qu'à partir. Partir là où au moins luit une petite lueur d'espoir.
 
La seule courbe que regardent désormais les citoyens est celle du chômage. Il faut généralement trois à quatre ans pour qu'elle s'inverse (si la récession ne tourne pas à la dépression) après le pic de crise. Ce sera bien si elle le fait avant 2012 !  Tout le monde s'attend en 2010 à une Saint Barthélémy des PME françaises. Sous capitalisées la plupart d'entre elles sont incapables de vivre deux exercices successifs comme 2009. Le premier trimestre n'a vu aucune reprise. Tout stagne aux niveaux de 2009. Encore deux trimestres comme cela et la vérité s'imposera : la crise sera pire que 74 et 93. Il n'y a plus de réserves. Nulle part.

Alors oui l'inquiétude gagne. Et s'approfondit. L'insouciance s'est envolée. On s'attend à pire. On anticipe le pire.

Cela peut créer le pire.

Peut-on sortir de cette spirale ?

La réponse est oui. A une condition : le retour d'une politique du plein emploi crédible animée par des responsables disposant des moyens de la mener. Cela suppose d'abandonner le modèle d'une économie mondiale laissée aux seules forces du marchés et de la finance, avec des Etats aux abonnés absents, en attendant une miraculeuse reprise spontanée, une fois les banques sauvées et les déficits creusés.

Si les Etats ne reprennent pas la main de façon concertée pour changer le cours des choses et remettre l'emploi et la croissance au cœur de la politique mondiale, on va droit vers la dépression.

Quel est le levier à leur disposition ? Il n'y en a qu'un seul. Pas trois, pas deux. Un seul.

En annonçant que désormais on en revient aux changes fixes avec élimination des déficits et des excédents aberrants, chaque état étant responsable du plein emploi chez lui en agissant sur tous les leviers possibles mais agissant collectivement dans le sens d'une montée vers plus de croissance, la finance étant désormais strictement contrôlée (avec notamment interdiction du "short" sur les devises, on met fin à la spirale déflationniste qui s'amorce.

Bien sûr la Chine sera obligée de revoir sa politique mercantiliste de captation de l'emploi mondial et de se préoccuper de créer un vrai marché intérieur.

Bien sûr les Etats Unis perdront leur leadership monétaire et devront dévaluer assez fortement.

Bien sûr il faudra découpler d'une façon ou une autre les pays de la zone euro qui ne peuvent s'en sortir qu'avec une dévaluation.  

Bien sûr les banques perdront une grosse partie de leurs gains spéculatifs.

Bien sûr il faudra organiser le commerce mondial des produits agricoles en ne considérant plus le marché mondial comme une poubelle.

Mais un horizon aura été recréé qui permettra aux entreprises de reprendre les investissements.

Cette politique nous l'avons proposée dès les premiers jours après l'explosion du système bancaire mondial. Nous n'avons pas à en changer une virgule, 18 mois plus tard.

La seule différence vient du changement de psychologie des populations : désormais elles s'inquiètent ; demain elles peuvent déprimer ou s'emballer. La crise de 29 s'est emballée en 1932-33 devant l'impatience des populations relayées par les politiques. Tout s'est alors crispé. Et il faudra attendre la guerre pour mettre fin à la spirale des grosses bêtises.

Il est encore temps de prendre la situation à bras le corps. Espérer comme la BCE dans l'application des seuls traités sans politique économique concertée est une absurdité. On ne pilote pas l'économie d'une zone monétaire par les seuls traités.  Aucune relance individuelle dans un système de changes flottants n'est efficace, l'expérience le 2009 le prouve. La finance mondiale ne jouera pas la croissance et l'investissement. Mais les gains spéculatifs. Il n'y a strictement rien à attendre d'elle.

Rien ne se dénouera tout seul. Il n'y aura pas de reprise spontanée.

Mais il n'y a pas de pilote dans l'avion, ni même de logiciel pour guider l'avion. L'essentiel de l'inquiétude qui s'exprime désormais vient de là.

Elle est légitime.



Pour ou contre le Fonds Monétaire Européen ?


L'attaque concertée de quelques Hedge-funds contre la Grèce spéculant sur l'impossibilité du pays à refinancer une dette extravagante a soudainement activé une volonté réformatrice insoupçonnée : on songeait donc à créer un FME, un fonds monétaire européen, sur le modèle du FMI mais régional, comme l'idée en est caressée depuis plusieurs années (en fait depuis 1998) par l'Asie. Qui y songeait ? Qui en parlait ? Mystère ! Le diable sort de sa boite à l'improviste mais il a déjà de forts parrains puisque le couple franco allemand serait d'accord. Sur quelles modalités ? On se ne sait pas. Mais ils sont d'accord tout de même !

Nous n'avons nous-mêmes jamais proposé une telle structure. Nous sommes donc un peu pris au dépourvu. Il faut se remettre en cause. A-t-on raté une bonne idée qu'on aurait du imaginer il y a longtemps ? A l'inverse cette nouvelle institution est-elle surtout le fruit le l'impuissance et de l'improvisation ?   

* Pour le FMI, le FME, comme le fonds oriental, est une gigantesque gifle.

Cela fait des années que l'institution est malade. Conçu à l'origine comme une institution de régulation des changes fixes mais ajustables mis en place à Bretton Woods, le FMI était une institution principalement keynésienne. Il fallait éviter qu'une crise financière et monétaire impose une déflation dans les pays soumis à une crise de paiement. Alors on dévaluait un peu, de façon concertée, et, pour éviter que le bénéfice de la dévaluation ne soit totalement perdu, on encadrait assez fortement la politique de l'Etat défaillant pour que le sauvetage ne devienne pas une habitude.  Rappelons ce fait majeur : le FMI avait pour but d'éviter la déflation.

Le passage aux changes flottants a supprimé tout rôle utile au FMI. Si les changes flottent, la dévaluation est quasiment automatique en cas de difficulté de paiement et la messe est dite.  Comme une organisme public ne meurt jamais et que la soupe y est plus que bonne, personne n'a voulu acter la mort clinique du FMI qui s'est survécu à lui même dans l'artifice et le faux semblant. Le coup de grâce a été porté par la création de l'Euro.

Le FMI contrairement à ses statuts, avait renoncé  depuis longtemps à s'occuper des grands équilibres et donc des déficits américains et des excédents japonais et chinois. L'Europe cessait d'être une terre de mission. Restait le tiers monde. C'est comme cela que le FMI est devenue une Bird bis. L'une donnait aux pays impécunieux de quoi investir et l'autre les devises nécessaires pour participer au commerce international, mais moyennant des modalités de garde chiourmes. Comme la vocation de ses personnels était de remettre dans le droit chemin des pays ayant un peu dérapé, on a considéré que le sous développement était un dérapage qu'il fallait traiter avec la même dureté. Le FMI a fini par être vomi par ceux auxquels il proposait ses services.  

Une autre vocation résiduelle était d'aller au secours de pays qui avaient décidé de conserver des changes plus ou moins fixes et dont le "peg" menaçait de voler en éclat. Jamais personne n'a défendu le système du "currency board" dans aucune institution  internationale. Ce système exotique avait été retenu par l'Argentine avec des résultats d'abord intéressants. Mais la hausse du Dollar et la dévaluation du Real avait fini par faire exploser le système. Le FMI s'était cru autorisé à venir "au secours" de la monnaie devenue surévaluée qui provoquait une déflation terriblement douloureuse... en faisant de la surenchère dans la douleur ! On a vu le résultat. Quand rien n'a de sens, rien ne marche. Accumuler les contradictions en faisant jouer les uns et les autres à contre rôle est absurde. Ce qui est vrai pour l'Argentine l'est également pour tous les pays asiatiques pris dans le tourbillon de la crise du dollar de 1998.

On a alors vu s'accélérer la valse des directeurs du FMI : depuis la démission de M. de la Rosière ("Sœur Theresa" dans le langage des initiés), tous les directeurs ont été des politiques faisant un petit tour valorisant et rémunérateur à la tête du FMI en attendant des positions plus honorifiques encore dans leur pays d'origine.  DSK fait partie de ce Wagon.

La crise actuelle a en apparence donné plus d'importance au FMI. On a augmenté les droits de tirage. On lui demande un peu d'expertise dans la définition des nouvelles régulations.  Dans la pratique son rôle est resté cantonné aux pays assommés par la crise comme l'Islande (dont le FMI n'avait rien dit au temps des folies), aux pays émergents (pour qu'ils aient quelques devises pour continuer à participer au commerce mondial) et aux pays ayant choisi de conserver une certaine fixité de leur change, notamment parce qu'ils étaient dans l'espérance d'intégrer l'Euro. C'est ainsi qu'on a vu des pays de l'est plongé dans les griffes du FMI et d'une impitoyable déflation, mais sans dévaluer ! Le contraire même de la vocation initiale de l'institution !  

La Grèce entre désormais dans la catégorie des pays dont l'Etat est de moins en moins capable de se refinancer.  Plutôt que d'emprunter sur le marché pourquoi ne pas demander de l'argent au FMI qui en a trop et ne sait qu'en faire ?  D'autant que les Allemands ont toujours fait la leçon aux "pays du club med" et ne veulent pas payer un point de base de trop sur leurs propres emprunts.

Les Européens veulent un bras armé pour imposer des mesures déflationnistes à la Grèce tout en assurant la survie de l'ensemble de l'Euroland, sans évidemment que le FMI ne vienne mettre ses gros doigts dans le système.  Comme toujours l'Europe a mis le chariot avant les boeufs et on s'aperçoit bien que l'absence de gouvernance économique globale, comme celle d'une institution supranationale de contrôle et d'intervention était une faiblesse structurelle.

Si le FME est effectivement créé cela signifiera le cantonnement définitif du FMI a un rôle de club de riches, discutant du monde autour de quelques statistiques, et donnant chichement des leçons à quelques pays en perdition pour qu'ils ne sortent pas définitivement de la mondialisation.

Ubuesque situation de celle de DSK, européen chargé de défendre la vocation incertaine du FMI contre l'Union Européenne !  Mais l'ubuesque a commencé lorsqu'on a conservé le FMI tout en tuant les autres parties du pacte de Bretton-Woods !  Un canard qui a la tête coupée peut courir encore longtemps en battant des ailes. Mais quel triste spectacle !

* Pour l'Euroland, le FME se trouvera dans la même situation que le FMI vis à vis des pays qui souhaitent conserver une monnaie fixe : il ne pourra aller que dans le sens de la déflation autoritaire puisqu'il n'y a plus de possibilités d'agir sur la monnaie.  Si la zone euro avait été une mini zone de type Bretton Woods avec des changes fixes mais ajustables à l'intérieur de la zone, un FME aurait eu du sens. Il aurait fourni des réserves de changes pour atténuer le choc tout en pilotant un retour au sérieux des finances publiques du pays fautifs.  On se rappelle que lors de la campagne pour le traité de Maastricht tous les bien pensants européens avaient expliqué qu'une monnaie commune  devait être unique et fixée pour la continuation des temps.  Les distorsions à l'intérieur de l'Euroland ne peuvent donc que se régler par la déflation.

* Pour l'économiste la vraie question est celle de savoir si la déflation est une bonne politique à recommander. Notre réponse est évidemment NON.

L'économie a pour vocation la croissance et le plein emploi. La déflation ne permet JAMAIS de trouver le chemin de la croissance et du plein emploi. Nous sommes donc totalement opposés à la déflation comme mode de fonctionnement de tout ou partie d'une zone monétaire. Nous sommes aujourd'hui en Europe dans une situation de fuite en avant totalement négative et socialement dangereuse. Les institutions européennes finiront pas être aussi méprisées que ne l'est aujourd'hui le FMI.  

Nous condamnons cette fuite en avant dans la stagnation et la déflation.

* La vraie solution est ailleurs.

Elle est au retour d'un système global de changes fixes et ajustables, avec l'assistance d'un FMI rénové.

Le FMI doit être égalitaire et non plus censitaire. Le dollar doit perdre sa vocation de monnaie de réserve ; les réserves doivent être poolées et non plus gérées pays par pays avec une stérilisation de capitaux qui seraient utiles ailleurs. Il doit être régionalisé avec quatre cinq fonds continentaux: européen, nord américain, sud américain, africain et asiatique.  Le FMI central joue un rôle de fonds de fond et joue avec la monnaie de réserve mondiale, le Mondio, monnaie centrale dans laquelle l'ensemble des monnaies sont définies selon un change fixe mais ajustable.  L'objectif global est d'obtenir la meilleure croissance globale possible avec un taux d'emploi optimisé.  Les pays qui dérapent sont d'abord traités par le fonds continental de rattachement sous la supervision générale du FMI central.

* En imaginant qu'on garde à l'esprit la mise en place à terme de notre plan, comment les mesures envisagées viendraient-elles s'imbriquer ?

Notons tout de même et en préalable que s'il avait été adopté en 1971, ce plan aurait sans doute évité que l'on songe à créer l'Euro. Mais bon !

Une zone d'unité monétaire dans un système général  de changes fixes est plus facile à gérer. Il est peut probable qu'un Fonds monétaire européen (Euroland) soit nécessaire s'il y a un fonds monétaire continental européen.  Il serait donc souhaitable que le FME Euroland soit étendu à l'ensemble de l'Europe hors Euro.

Cela souligne au passage que l'instance de pilotage de l'Euro ne peut pas être un FME mais une structure politique de gouvernance de l'Euroland à définir puisqu'on a oublié de le faire.

Puisque les changes seraient fixes l'obsession de la BCE pour une monnaie "forte" serait très amoindrie.  On pourrait donc mettre fin à ce système démoniaque qui veut que le monde marche moins bien que pendant les trente glorieuses, que l'Europe marche moins bien que le reste du Monde, et que chaque pays européen soit pris dans une logique dépressionnaire, en particuliers ceux qui ont sombré dans le malthusianisme économique, social et fiscal comme la France.

Rappelons une fois de plus que les institutions sont au service de l'homme et non l'inverse. L'objectif de la politique économique est le plein emploi et la croissance.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

Stiglitz et l'organisation bancaire

Pour notre auteur la question est vite vue : la cause du mal est toute entière dans la consanguinité entre Wall Street, les institutions de contrôle et les gouvernements. Les mêmes hommes ont eu les mêmes intérêts et la même vision qui a détruit toutes les règles prudentielles qui existaient. Ils savaient que les gains seraint pour eux, les pertes pour les contribuables, car leurs banques sont "too big to fail". "On n'a pas tant sauvé les banques que la fortune des hauts banquiers et porteurs d'obligations bancaires au moment où le système malhonnête a explosé".

L'originalité de Stiglitz  est dans l'extension de la critique à Obama qui n'a pas su remettre en question ni les hommes ni leurs pratiques.

J. Stiglitz entend enfoncer le clou et rien n'est laissé sous silence de l'histoire de la dérèglementation, et des méthodes de sauvetage biaisées qui ont été employées. Nous laissons le lecteur découvrir ces développements qui sont très éclairants.  

L'alternative ?

Il aurait fallu nationaliser temporairement et prendre la main sur la gestion des différents molochs malades après avoir chassé les dirigeants faillis.

Il aurait fallu casser le secteur bancaire en plusieurs morceaux spécialisés.
Il aurait fallu réduire la taille des grands acteurs dans chaque morceau.

Il aurait fallu ridiculiser l'idée fausse que la finance internationale libérée de toutes contraintes optimisent l'allocation des ressources ; au contraire, elle l'a perturbe.

Il aurait fallu corriger la pratique qui veut que les banques ne stockent plus les risques mais les transportent, généralement en les camouflant, vers les épargnants qui ne savent pas ce qu'on met dans leurs comptes.

Il aurait fallu empêcher "des conflits d'intérêts géants".

Il aurait fallu remettre en cause toute une série d'innovations financières qui ne servent en rien l'économie et la prospérité générale mais seulement les intérêts de leurs concepteurs.

"Si faire le lien entre les nouveaux produits et les échecs économiques est d'une extrême facilité, on a du mal à repérer le moindre rapport entre les "innovations financières" et une hausse de productivité".

"Les grandes banques ont joué un rôle marginal dans la vraie création d'emplois. Elles excellaient à détruire des emplois."

Le diagnostic est implacable et presqu'évident. Mais rien n'a été fait. Ce que regrette vivement J. Stiglitz.

Ceux de nos lecteurs fidèles retrouveront intégralement ce que nous ne cessons d'affirmer depuis 18 mois. Il n'y a pas une feuille de cigarettes entre les conceptions de Stiglitz et les nôtres, publiées à chaud et sans délai.

La situation de consanguinité et de conflits d'intérêts  est encore pire en France où une demi douzaine d'oligarques règnent sur la quasi totalité des dépôts des Français. Les effets de la crise y ont été moins forts qu'ailleurs pour des raisons qui ne tiennent en rien aux banques elles mêmes.

La législation des prêts immobiliers est en France beaucoup plus contraignante qu'aux Etats Unis.

Les Hedge-funds y sont interdits.  

Cela n'a pas empêché les banques de noyer le pays sous les dettes et de prendre des risques excessifs. Les groupes trop petits ont cherché à tout prix d'obtenir une taille suffisante pour pouvoir résister.  Comme en Suisse où UBS a surenchéri dans la croissance risquée pour contrer les grands établissements américains on a vu par exemple en France Natixis et les Banques populaires associées aux Caisses d'épargne se lancer dans une course désastreuse à la croissance oiseuses du bilan.

Même si quelques gros poissons ont l'air aujourd'hui de se porter à merveille, et ont même forci, le système bancaire français en octobre 2008 était globalement en faillite. Elles ont été sauvées par les moyens suivants :

- La Trésor américain, donc le contribuable américain, a accepté de renflouer à coup de centaines de milliards de dollars  AIG  et différents établissement porteurs de CDS  : du coup les banques françaises ont pu exercer des contrats qui sinon étaient sans effet. Personne n'avait imaginé en France qu'il y avait un risque de contrepartie. Les sommes versées par le contribuable  américain excède le cumul des bénéfices annoncées par les 6 plus grands groupes bancaires français pour 2009 !

- La BCE en fournissant de l'argent quasi gratuit aux seules banques, les taux d'intérêt payés par les clients restant pratiquement inchangés, a offert des gains aussi faciles que mirifiques aux banques et permis d'enfler sans mérite  les bonus des banquiers. L'ennui c'est que cette gratuité du crédit n'est qu'apparente. Au final comme tout a un coût, il faudra bien que quelqu'un paie d'une façon ou d'une autre.  

- Les grandes banques ont pu continuer à spéculer pour compte propre avec des gains d'autant plus facile que l'argent ne coûtait rien.

- Le portage des prêts aventurés a vu son coût baisser fortement, et la possibilité des revenir à une comptabilité historique (et non plus à la valeur du jour) a permis de planquer les pertes et de les renvoyer à plus tard.  

- Les banques ont supprimés en un clin d'oeil toutes les facilités de crédits et tous les découverts. Il est totalement hypocrite de la part des banques d'affirmer qu'elles n'ont que "très peu" diminué leurs encours de crédits. Elles ont totalement empêché  les entreprises d'utiliser les facilités de crédits sur lesquelles elles comptaient en cas de conjoncture difficile ! C'est exactement comme si tout le secteur des assurances avait aussitôt et comme un seul homme résilié toutes les polices d'assurances à un moment où on sentait des risques venir !  

- Les opérations bancaires ont été taxées en même temps que la majorité des opérations ont été renvoyées sur le client. les clients ont donc du payer pour faire les opérations eux mêmes !  

- Les produits toxiques ont été impitoyablement renvoyés sur l'épargnant captif et berné, après que les banques se soient octroyées de juteuses commissions.

Il n'y a pas un jour sans qu'une nouvelle affaire montre combien les conflits d'intérêts ont été importants.

Un jour c'est une banque qui a financé d'une part une bateau pour un affrêteur, avec les gains afférents et qui peu après place les quirats correspondant à la valeur du bateau y compris les coûts bancaires, dans leur réseau d'épargnants, avec les commissions afférentes. Le bateau en fait ne vaut rien car il n'a pas d'utilisation rationnelle. Tant pis. L'armateur et la banque se sont partagés le bon argent des épargnants qui n'ont que leurs yeux pour pleurer.

Un autre jour c'est un promoteur immobilier qui a vu la même banque financer son projet de local défiscalisé dans les Dom Tom et prêter de l'argent à ses épargnants pour commercialiser le programme. Le placement se révèle désastreux. La banque a gagné deux fois. Et elle vire les grincheux qui n'ont qu'à aller ouvrir un compte ailleurs maintenant qu'ils ont été grugés.

Toute la défiscalisation a marché sur des bases douteuses de ce type et a été l'occasion de milliers de combines et de conflits d'intérêts.

Les gains frauduleux se sont ajoutés aux libéralités de l'Etat (des Etats devraient-on dire) et de la BCE.

Le tout sera payé par le contribuable, les entreprises, l'emploi, le déposant et l'épargnant. Au prix fort ! Alors que les oligarques ont sauvegardé presque tous leurs situations et leurs prébendes.

La situation en France est exactement celle que décrit J. Stiglitz. Mais n'espérez rien lire dans les medias français : financièrement à l'agonie, ils ont besoin des banques...  

Joseph Stiglitz valide la totalité des idées que nous avons émises sur ce sujet depuis 18 mois.  Certains de nos lecteurs ont cru que nous étions peut être un peu marginaux, radicaux et même excessifs.  Et bien non. Alors nous persistons et signons :

- Nous avons payé un prix excessif le sauvetage des grands banquiers

- L'oligarchie aurait du être  brisée et le secteur bancaire totalement réorganisé.  

- Une occasion unique a été perdue. Elle ne se reproduira pas de sitôt.

- Le citoyen et l'acteur économique  paieront les coûts de cette erreur pendant que la valse des bonus reprendra.

N'avoir fait AUCUNE REFORME est une faute impardonnable.

Didier Dufau pour le cercle des économistes E-toile.

J. Stiglitz et les causes de la Grande Récession

Nous poursuivons ici l'analyse des thèses du livre que le "prix Nobel" de l'économie vient de faire paraître (Le triomphe de la cupidité).

L'auteur n'oublie pas l'inévitable passage sur les subprimes, traitées en profondeur, mais aussi avec le souci de marquer des points dans son long combat idéologique  avec les purs libéraux. Ces derniers ayant beaucoup insisté sur le fait qu'il s'agit d'une politique d'état qui a dérapé, il tente d'annuler cet argument en montrant que tous les marchés hypothécaires ne sont pas aussi morbides que celui des Etats Unis et que ce sont les lobbies bancaires qui ont fait échouer toutes les législations qui auraient permis de mettre en œuvre des solutions plus profitables aux consommateurs qu'aux distributeurs de crédits. Il cite le système hypothécaire norvégien comme exemple à suivre. 

Cela aurait pu être le système des Etats unis. Interdire les taux variables, les solutions de prêts pochette surprise, les prêts à plus de 100%, la titrisation abusive, le transport de produits financiers incompréhensibles vers l'épargnant qui ne sait pas ce que les banquiers ont collé dans ses produits d'épargne, sont du ressort du politique et des institutions de contrôle.

Elles ont toutes failli parce que les intérêts de Wall Street et la consanguinité entre ses hauts dirigeants et ceux des institutions de contrôle, plus son lobbying massif, ont interdit toute réflexion indépendante et toute législation défensive du consommateur. Tout le monde a validé l'idée qu'il fallait laisser faire et que les "innovations" proposées étaient utiles et sans danger.  

Contrairement à la plupart des autres auteurs récents de livres sur la crise, il ne se contente pas d'une explication de la crise par l'abus des crédits dits "subprimes". Comme c'est notre thèse depuis le début, nous buvons du petit lait lorsqu'on rencontre les mêmes idées dans la prose d'un prix Nobel, même si c'est dix-huit mois plus tard,.  "L'universalité du problème indique qu'il y a des vices fondamentaux dans le système" écrit-il. Le style n'est pas terrible, il faut en convenir. "Y a un blème dans l'système" c'est au mieux un thème de rappeur déchaîné. Cela manque un peu de précision.

Et justement, le style révélant l'homme, on touche une limite du livre. L'auteur sent bien que l'organisation générale de l'économie est fautive quelque part, mais il a le plus grand mal à cerner l'endroit où cela pêche et à identifier le Deus ex machina. "Il ne s'agit ni d'une question d'individus corrompus ni d'erreurs spécifiques, ni de petits problèmes à résoudre ou de petits ajustements à opérer".  Evidemment cela met en pièce le titre du livre. Mettons qu'il s'agisse d'une accroche marketing dont les éditeurs sont seuls responsables !  J. Stiglitz ajoute : "Pour quelques observateurs c'était un cas d'école parfaitement prévisible et d'ailleurs prédit".  La raison : un niveau d'endettement intenable !  "Les prétendues innovations financières ont permis à la bulle de grossir d'avantage". Il met alors les CDS en première ligne des innovations fâcheuses et explique parfaitement comment ils ont permis de tromper les règles prudentielles, et autorisé un gonflement presque sans limite des bilans, tout en accélérant la contagion de la crise de la dette dès qu'elle a démarré. Le contribuable a été le payeur de dernier ressort pour éviter que tout explose.  

On reconnaîtra ici toutes les thèses que nous défendons depuis dix huit mois.


* Les subprimes ont joué leur rôle mais ne sont qu'un détail de la crise globale

* L'endettement intenable est la source principale de la crise : il avait atteint des niveaux totalement intenables et l'effondrement était prévisible.

* Nous l'avons d'ailleurs prévu : après avoir alerter sur le caractère intenable de la dette mondiale rapportée au PIB mondial, nous avons annoncé dès 2006 un récession sévère pour 2009-2010. Dès le blocage du marché interbancaire en juillet 2007 nous avons révisé cette annonce en prévoyant l'effondrement en septembre 2008 et le gros de la crise en 2009.

* Le 22 septembre 2008 nous publions deux articles :

- l'indispensable  explication technique de détail 
- Un tableau statistique qui dit tout

qui résument tout ce que Stiglitz démonte sur 200 pages en janvier 2010.

La grande faiblesse de J. Stiglitz est , qu'après avoir, avec raison, détaillé les mécanismes de la crise, il ne parvient pas à comprendre la source même de ce surendettement. C'est comme si au billard un physicien analysait parfaitement les trajectoires des boules et leur incapacité d'aller à l'endroit espéré sans voir la queue de billard qui a imprimé l'impulsion initiale.

Souvent il frôle la bonne explication, mais jamais il ne parvient à la saisir.

C'est particulièrement clair sur la question du cycle de 8-10 ans.  On sait que nous sommes des tenants de la théorie du cycle et que nous mettons l'accent avec insistance sur cette question fondamentale qui a été sortie à tort des préoccupations des économistes à partir des années 60. Elle donne des éléments critiques de prévision. Ses ressorts étant toujours principalement financiers, elle aide à observer ce qui se passe dans ce secteur critique de l'économie qui est malheureusement l'un des enfants quasiment abandonnés de la science économique moderne, les rares auteurs qui s'y consacrent cautionnant généralement les innovations financières  ou se contentant d'analyses purement rétrospectives et sans danger.   

J. Stiglitz voit bien qu'il se passe quelque chose dans ce domaine du cycle : il évoque les travaux de Kindelberger sur le cycle  et ses explications purement financières. Cela vient tard dans le livre (P. 384) et il n'en tire pas vraiment parti.

Au contraire il commet des erreurs étonnantes. Il affirme par exemple que c'est la première fois qu'une crise américaine  secoue le monde entier. Et la crise de 73-74, alors, due exclusivement à l'abandon de la référence à l'or pour valoriser le dollar et aux méfaits jusqu'ici inconnus  des changes flottants voulus par les Etats-Unis  ?  Et la crise du début des années 80, qui touche le monde après que Volker ait décidé de casser l'inflation  née des déficits américains ? Et la crise de 91-93 qui part des Etats Unis puis touche le RU et la Hollande en 92 puis la France en 93 ?  Et la crise de 2001-2003 qui provient d'une hausse massive du dollar et des bourses américaines qui provoquent une bulle énorme qui s'effondre en entraînant toute l'économie mondiale ?  

Cette myopie se révèle aussi par le fait qu'il date le début des dérèglements au mandat de R. Reagan (le diable en personne avec la diablesse Thatcher en prime !), alors que tout se met en place à partir de 1971. (Lire notre article : sortir de la crise la crise de 1973-2010).

N'ayant aucune explication technique de la surgescence de la dette, il en revient à des explications comportementales et politiques. Il ne connait pas le mécanisme de la "double pyramide de crédits" détaillée par Jacques Rueff et reprise par Maurice Allais.

Comme c'est un bon observateur, il frôle souvent la vérité mais à chaque fois il s'en tient à l'analyse des effets sans trouver la cause. 

Il voit bien que les déficits et excédents jumeaux sino américains sont une anomalie intenable et que désormais il va falloir trouver un nouveau modèle des échanges internationaux.

Il voit bien que contrairement aux affirmations de Milton Friedman les changes flottants n'ont provoqué nulle part une diminution des réserves de change, mais exactement l'inverse. Il indique à juste raison que cela réduit la demande globale mondiale.

Il voit bien que les CDS et autres artifices financiers ont une dimension internationale et que ce risque empaqueté a joué un rôle fondamental dans la propagation de la crise.

J. Stiglitz nous rejoint pour affirmer que la première victime de la crise a été le commerce international , le principal moteur de la croissance depuis 1944 !Mais il ne voit pas  que ces évolutions sont l'enfant naturel des changes flottants :

* les variations incessantes des valeurs relatives des devises  imposent des réserves de change surdimensionnées 

* les mécanismes de couverture vis à vis des risques de changes viennent compliquer tous les contrats primaires sur les taux d'intérêts, les placements boursiers, les prêts internationaux, le financement du commerce mondial.  

Résultat : il ne parle jamais d'une réforme des changes flottants. Mettre en place une monnaie de réserve internationale en conservant les changes flottants, des banques centrales uniquement centrées sur l'inflation, des nations désarmées dans leur politique de plein emploi, ne sert strictement à rien. J. Stiglitz dit bien que " la question n'est pas de savoir si le monde va se retirer complètement du système de réserve fondé sur le dollar mais s'il va le faire de façon prudente et réfléchie". Mais lui même ne fournit pas d'explication sur  cette "façon prudente et réfléchie".

Il faut en effet revenir à la responsabilité des Etats sous la tutelle d'une organisation internationale fondée sur la parité des devoirs et des droits (fin des privilèges des Etats Unis et du Dollar). Il appartient aux Etats de défendre la parité de leur monnaie et les grands équilibres extérieurs de leur pays. Le FMI est là pour éviter les dérapages et rendre les corrections les moins lourdes possibles en cas de dérapage (alors qu'il fait exactement l'inverse en système de changes flottants).

Ce dont nous avons besoin  aujourd'hui ce sont des architectes pour bâtir ce nouvel ordre économique mondial basé sur le plein emploi et la croissance.

J. Stiglitz est parfait en dynamiteur de l'ordre ancien mais un peu faible sur la construction du monde nouveau.

Nous pensons qu'au Cercle des économistes nous déjà au stade de la reconstruction avec un diagnostic plus précis et des suggestions plus concrètes que ce que nous dit Stiglitz dans son analyse qui est une étape intéressante de la prise de conscience mondiale de ce qu'il faut faire mais qui malheureusement s'arrête brutalement au bord du  chemin.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Joseph E. Stiglitz et "Le triomphe de la cupidité"


Avec ce livre, "Le triomphe de la cupidité" (LLL -  les Liens qui libèrent - éditeurs - Février 2010) , nous avons l'analyse d'un des ténors actuels de l'économie.

Disons le tout de suite, ce n'est pas la "Théorie générale" de Keynes. Les politiques n'y trouveront pas ce changement de cadre intellectuel qui avait entraîné une refonte complète de la manière de voir le rôle de l'Etat dans la lutte contre les crises et pour la prospérité générale.  En revanche, l'esprit acéré de l'auteur et sa culture économique lui permettent de balayer des pans entiers de l'histoire économique récente et de trancher quelques débats.

Pour le Cercle des Economistes E-toile, c'est aussi l'occasion de confronter ses propres analyses publiques avec les réflexions d'un des rares prix Nobel  dont les honneurs ne sont pas totalement usurpés.

Ce premier article donnera un avis général sur le livre. Les deux suivant examineront ce qu'il faut penser de son explication de la crise et  des réformes à apporter au système bancaire, les deux questions qui font l'objet des développements les plus importants.


J. Stiglitz ne s'est pas totalement élevé au niveau des enjeux. Son livre souffre de quatre défauts chez lui traditionnels :

* Une certaine tendance au narcissisme.  L'auteur a une haute idée de lui-même, en même temps qu'il considère ses pairs comme des nains englués dans le "consensus de Washington". Il se met en scène parfois abusivement. Il prétend avoir prévu la crise. Ce n'est pas vrai. Il a critiqué inlassablement le système et il a été conforté par les évènements. Ce n'est pas exactement une prévision. N. Roubini qui manque certes d'une vision économique globale avait, lui, fait une prévision très précise  qui s'est révélée opérationnelle. J. Stiglitz s'est contenté de répéter ses philippiques permanentes depuis 20 ans contre Wall Street, la  FED et le FMI, sans donner une véritable analyse prévisionnelle : nature de la situation ; déroulement de la séquence ; intensité de la crise ; date de l'explosion etc. Sa petite déviation narcissique entrave son discours en le tordant vers le pamphlet répétitif. Admettons cependant que le conformisme ambiant et la force médiatique de certains acteurs imposent qu'on tape longtemps sur les mêmes sottises. Dans cet exercice J. Stiglitz est inlassable...

* L'américano centrisme.  Nous avons quelques scrupules à insister sur ce point car l'auteur est sans doute l'économiste américain qui a le plus de connaissance du monde extérieur. Son livre reste centré sur l'opinion américaine à travers ce qui s'est passé aux Etats unis. L'avantage est une excellente description de l'histoire économique récente  des Etats Unis. L'inconvénient est une certaine fragilité  dans ses analyses de la situation globale.  Ce défaut se conjugue avec le précédent : J. Stiglitz s'est manifestement convaincu que puisque la crise était américaine, sa pensée, très critique des politiques suivies et donc assez marginalisée, allait pouvoir y devenir dominante. Cette ambition n'a pas d'intérêt pour l'observateur non américain. En revanche il est utile d'étudier si les critiques faites au système américain s'appliquent en Europe et particulièrement en France. C'est ce que nous ferons dans les deux articles suivants.

* L'insuffisance théorique en matière de système monétaire international.  Cette lacune est traditionnelle en économie où le champs des relations monétaires internationales est une jolie friche soigneusement non entretenue. Il faut attendre la page 365 pour voir enfin surgir du néant les questions monétaires internationales. Leur rôle crucial dans l'explication de la crise n'est pas compris. J. Stiglitz se contente d'une analyse très superficielle de la question des réserves monétaires internationales, en lançant des idées générales appuyées sur peu de véritables analyses.

* Le militantisme politique. J. Stiglitz se "pose en s'opposant" depuis bien des années. Il symbolise aux Etats-Unis une certaine forme de posture "de gauche" opposée à la politique de G. Bush, à celle de Milton Friedman et favorable à un tiers-mondisme certes très différent de sa variante marxiste française, mais plutôt rare aux Etats Unis.

Le titre de l'ouvrage révèle le moteur pamphlétaire qui anime l'auteur. La cupidité, c'est tout de même un peu faible comme explication de la crise. A bien des moments on sent une certaine outrance et la volonté de faire coller les faits à la posture à laquelle il se tient depuis longtemps et qui constitue son image dans les medias.

Ces défauts ne sont pas tels qu'ils fassent perdre tout intérêt aux démonstrations de J. Stiglitz.

Comme toujours avec lui, on sort à demi convaincu.

La bonne moitié vaut la peine.

Didier Dufau pour le cercle des économistes E-toile.

Jean Claude Trichet, prisonnier d'un système et des traités.

Il fallait bien qu'il sorte du silence et se présente devant les foules apeurées : la spéculation attaquait la Grèce donc l'Euro. L'Euro, c'est lui, Jean Claude Trichet, l'homme qui a reçu le prix "de la carpette anglaise" pour s'être présenté comme n'étant pas français lors de son intronisation à la tête de la BCE. Cette fois il lui  fallait affirmer qu'il n'était pas grec non plus.

L'interview sera exactement la même que les précédentes. Tout alla bien jusqu'au question sur les devises et les cours de change. On vit alors le dos se vouter un peu, les yeux se rapprocher, les mains se joindre, la bouche devenir un peu torve. On imagina que les fesses se serraient aussi. Il fallait y aller : il y alla.

Il asséna avec énergie que M. Geithner avait affirmé que le dollar devait être une monnaie forte, que cela lui allait très bien et qu'il n'en dirait pas plus. On l'interrogea sous plusieurs angles. Rien n'y fit. Après avoir répété avec force "vous avez entendu ce que j'ai dit, j'ai été très net", il se contenta de ne rien dire du tout, comme d'habitude. Après tout les silences font partie de la musique et sont souvent indiqués sur les partitions. Il y en a plein dans la partition de la BCE, des silences.

Que voudriez-vous qu'il réponde ? La BCE n'a qu'un seul objectif : maintenir la hausse du niveau des prix pas trop loin de 2%. Le reste ? Ce n'est pas son problème. Revoir SVP le traité de Maastricht.  Le traité institutionnalise une vision anglo-saxonne, friedmanienne, de la monnaie.  Les mouvements de capitaux sont libres. Les devises flottent en fonction des pulsions des opérateurs. Les banques centrales, indépendantes des pouvoirs, veillent à maintenir le niveau des prix dans une dérive limitée,  un point c'est tout. Et c'est François Mitterrand, l'homme de la rupture avec le capitalisme, qui a fait voter cela aux Français...


L'Europe comme d'habitude a mis la charrue avant les bœufs et bien sûr, les bœufs marchent sur la charrue et la cabossent. Alors les meilleurs voix, comme celle de M. Balladur dans un grand article, se font entendre pour exiger que ce qui n'avait pas été fait il y a 20 ans doit être fait maintenant.  Il faut former un gouvernement économique européen.


Mais alors, M. Trichet aurait tort ? Il a expliqué dans sa conférence de presse que le gouvernement économique existait : c'était le traité de Maastricht pour la charte et l'Eurogroup pour l'application de la charte.  Il suffisait que l'Eurogroup impose à la Grèce et aux autres le respect des engagements pris par les états pour que tout aille bien.


La politique économique des états repose sur trois pieds : la monnaie, les changes et le budget. Depuis Maastricht, la monnaie est dans la main de la BCE, le budget reste dans celle des états pourvu qu'ils respectent la charte (3% et 60% du PIB pour les déficits publics et l'endettement respectivement). Les changes sont à l'abandon. C'est un terrain vague. Un "res nullius". Une zone de non droit.  


La France vient de perdre un énorme marché : leur projet de centrale nucléaire à Abu Dhabi coûtait 35 milliards de dollars contre 20 pour celui des Coréens. Ces derniers ont profité de la crise pour dévaluer de façon fantastique leur monnaie. Ils n'ont pas considéré que les changes étaient une vache sacrée. Résultats : la perte de dizaines de milliards pour la France. Un exemple parmi mille autres.


La politique doit nécessairement avoir comme objectif principal le plein emploi et la croissance. Chaque état est comptable devant son peuple  de ses résultats sur ces deux sujets majeurs. Faire la leçon à la Grèce ou à la Lettonie ou à l'Islande et leur demander de sombrer dans la déflation, une solution théoriquement efficace mais socialement inacceptable est une erreur majeure.


La première urgence est de revenir à un système où les Etats sont responsables de leurs changes et de leurs balances extérieures. C'est la conditions sine qua non du retour à un minimum de stabilité dans le monde. S'il faut pour cela brider la course folle des capitaux flottants, cela n'a aucune importance.


Pour l'Europe, le seconde urgence est de faire un choix définitif. Si on considère que la BCE gère une monnaie commune alors il faut bien une instance responsable de la prospérité et de l'emploi en Europe qui jouera sur les budgets, les changes et l'inflation pour atteindre ses objectifs principaux. Pourquoi sur les changes s'ils sont fixes ? Parce que les changes doivent être fixes mais ajustables en fonction des nécessités.  Cela a très bien marché pendant les "trente glorieuses". Soit on défait l'Euro et on restaure la souveraineté monétaire de chacune des composantes de l'Euroland. La transition risque d'être catastrophique. Elle le sera tout autant si la spéculation actuelle réussit à casser l'Euro.


En tout état de cause il faut flanquer à la poubelle l'idée que les changes n'ont pas d'importance et que la finance doit être libre dans un système totalement déséquilibré et fou de changes flottants et de spéculation tout azimut.


Si l'Europe renforce son union alors elle doit peser de tout son poids pour une réforme préalable  du système monétaire international. Le levier : un système de taxes qui sanctionnerait les dévaluations génératrices de déséquilibres extérieurs. Jusqu'à ce que tout le monde comprenne qu'il faut en revenir à des échanges internationaux équilibrés et donc à une gestion collective d'un espace de changes fixes mais ajustables.
En revanche faire de la relance de l'Europe fédérale alors que des peuples européens commencent à vomir la potion de la déflation, c'est de la pure folie.


La politique européenne ne peut se dispenser d'avoir une pensée économique et une vision du système international des changes.  Affaiblir le politique sans aucune vision des structures  économiques nécessaire est plus qu'un contresens, c'est une faute.  La pensée doit précéder l'action après avoir féconder les organisations.



Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.

Quel nom donner à la crise économique en cours ?

Pour qu'un événement important prenne sa place dans l'histoire, il lui faut un nom. Quel nom donner à la crise qui s'est déclenchée avec le blocage du marché interbancaire en juillet 2007, s'est approfondie avec la faillite de Lehman Brothers à la mi septembre 2008 et a entraîné une vaste récession mondiale dans le monde entier en 2009 ?  On dira : attendons un peu : seul le recul historique permettra de vraiment fixer la nature de la crise et donc son nom.

Le besoin d'identification n'attend généralement pas. Les médias ont besoin d'un nom. Les économistes ont également besoin de comparer des périodes historiques de crise économique. Ne pas avoir de nom rend les choses pénibles. Le besoin est si pressant qu'en général un nom s'impose sans savoir qui l'a vraiment choisi. Et il est souvent mauvais. La tentation médiatique est d'associer une crise économique et un évènement extérieur que tout le monde se rappelle.

La crise de 1973-74 fut appeler "la crise du pétrole" puis "la première crise du pétrole", parce que la guerre israélo-arabe avait entraîné une réaction de pays producteurs de pétrole particulièrement virulente. En fait la crise avait commencé bien avant cette hausse et ne peut s'analyser de bonne foi aujourd'hui que comme la première crise du dollar flottant, la baisse extrême du dollar ayant, associée au prétexte de la guerre, justifié la hausse des prix du pétrole à des niveaux antiéconomiques qui ont profondément aggravé la situation.

 La crise de 1992-1993 fut associée à la guerre en Irak, comme d'habitude à tort, mais finalement ne reçut aucun nom qui soit resté dans les mémoires. Pourtant c'était la plus grosse récession depuis la guerre. Elle resta incomprise et innommée !  La crise de 98 fut appelée, totalement à tort, "la crise des pays émergents".  Le nom vint des Etats-Unis qui considérèrent de façon inique et malsaine  qu'elle était due à des régimes pourris de "cronies". En fait tout le monde voit aujourd'hui que c'était une crise des changes flottants et de la spéculation associée qui a vu, après une poussée spéculative excessive sur des marchés extérieurs, les capitaux flottants se rapatrier à toute vitesse vers les Etats Unis, entraînant la catastrophe  dans toutes les économies neuves qui avaient été dopées par un endettement excessif crée artificiellement par la spéculation financière internationale dans un environnement de changes flottants.  Certains l'avaient appeler un temps "la crise de Kobé", le tremblement de terre de Kobé ayant entraîné  la première crise de confiance (qui mit par terre les spéculations du trader fou de la Baring) qui se généralisera par la suite : toujours cette bonne vieille tendance à expliquer tout par un "fait de Dieu" :  accident, guerre, tremblement de terre, épidémie...

La crise démarrée par l'effondrement des valeurs boursières liées au NTIC, et qui se développa en une récession de moyenne importance fut  appelée "crise des NTIC" ou "crise des nouvelles technologies".  Ce ne sont évidemment pas les nouvelles technologies qui sont la cause de cette récession et  la récession ne fut pas que boursière.  Ce fut une vraie récession mondiale. On ne retînt que le plus spectaculaire, comme d'habitude.

Si on remonte un peu plus haut dans le temps on voit des conflits de dénomination assez gênants. La "crise de 1929" est maintenant généralement appelée "la grande dépression" alors que ce nom avait été donné à une période particulièrement difficile de la fin du 19ième siècle, à partir de 1975 jusqu'à pratiquement l'an 1900.

A l'idéal, les grandes crises devraient être nommées en fonction de leur cause principale, ne serait-ce que pour rappeler que les mêmes causes ont souvent les mêmes effets.  Quand ce sont les vraies causes. La terminologie de "seconde crise du pétrole" est tout aussi fausse que la première : il y eût bien une hausse massive des prix du pétrole, mais aucune crise mondiale d'importance en 1978 !   

Dans cet esprit, il faudrait dissocier les crises liées au cycle de 8-10 ans et les accidents qui ont leur logique propre et n'entraînent pas de récession mondiale généralisée. Pour s'en tenir au demi siècle passé, on trouve :

1974 : crise mondiale cyclique forte
1982-84 : crise mondiale cyclique faible
1993 : crise mondiale cyclique forte
2001-2002 : crise mondiale cyclique faible
2008-2009 : crise mondiale cyclique forte.


Et, dans ce schéma fort, se loge des crises particulières, généralement financières mais pas toujours :


- 1989 : crise boursière dite "des ordinateurs"
- 1996 (en France seulement) : crise liée au coup de massue fiscale d'Alain Juppé.  
- 1998 : crise du dollar et de la spéculation financière.

Les aspects structurels sont également importants. Depuis 1971 nous vivons dans un système de changes flottants et de monnaies totalement administratives.  Pratiquement toutes les crises citées ont une composante monétaire et financière forte.  La crise de 74 aurait du être appelée : "la première crise des changes flottants". Au moins on saurait qu'on est entré dans une nouvelle génération de crises pouvant se superposer au cycle.

Pour donner un nom à la crise actuelle, il faut également tenir un raisonnement économique.  Y-a-t-il eu une seule crise ou plusieurs crises emboîtées ? On voit bien le problème si on regarde les transes que traversent Wikipédia. La volonté de coller à l'actualité a entraîné la description de plusieurs crises : crise des subprimes, etc.
 
En fait, il n'y a qu'une seule crise. Nous avons déjà abordé, à chaud, cette question dans notre article "Une ou plusieurs crises".  

Alors comment l'appeler ? Joseph Stiglitz a proposé dans son dernier livre  (Le triomphe de la cupidité - LL Les liens qui libèrent, éditeurs- janvier 2010) de la nommer "La grande récession". Ce nom aura du succès dans la presse. Peut-être restera-t-il.

L'avantage de ce terme est qu'il règle justement la question de l'unicité ou de la multiplicité des crises. Il n'y a qu'une crise et Stiglitz le démontre très bien.

En fait, dans le détail,  il se trompe un peu. Comme d'habitude il ne convainc qu'à moitié. C'est son Karma !  Par exemple la première phrase de sa préface commence par : "Dans la Grande récession qui a commencé en 2008". En fait, s'il est vrai que la récession mondiale va s'établir en été 2008, la crise a commencé un an avant, en juillet 2007 avec le blocage du marché interbancaire qui va provoquer une vague de faillites bancaires pendant les douze mois suivants, le tout culminant avec le lâchage de Lehman brothers. Il l'admet un peu plus loin :  "J'ai regardé le monde glisser vers la crise en 2007".  Péché avoué est à demi pardonné.

Un autre point qui nous réjouit est qu'il signale avec raison que "l'universalité du problème indique qu'il y a des vices fondamentaux dans le système".  Il s'agit bien d'une crise du système global. Quel système ?  L'ennui des mots système et problème est qu'ils cachent la misère des raisonnements et la faiblesse du diagnostic. Ce sont des "mots valise". La phrase est sympa parce qu'elle marque bien qu'il ne s'agit pas d'un incident localisé. Elle est trop vague pour être utile.  Heureusement, la suite est plus précise : " La croissance reposait sur une montagne de dettes". Là nous sommes totalement d'accord ! C'est le fond de notre thèse.

L'inconvénient du livre, c'est que JAMAIS Stiglitz n'aborde  avec pertinence la question obligatoire du "comment". Comment cette dette a-t-elle été rendue possible ?  Là,  il dérive, comme d'habitude dans la poursuite de ses ennemis fantasmatiques personnels et on retombe dans le combat idéologique et le positionnement politique.

Stiglitz a un autre défaut : il n'a aucune vision du cycle de 8-10 ans, thèse commune avant guerre et que les économistes de sa génération a repoussé avec un pied négligent sous l'influence des keynésiens, très influents avec Samuelson et Hansen aux Etats Unis. Il mélange un peu tout : En citant l'étude de Luc Laeven et Fabian Valencis pour le FMI "systemic banking crisis : a new database" 2008, il dénombre 124 "crises" depuis 1970 ! Ce qui revient à ne plus rien distinguer du tout et à noyer le poisson.  Toutes les crises financières n'ont pas la même gravité et leur association avec une récession mondiale doit être pris en considération. Ne pas le faire revient à tout mélanger et à ne rien discerner, même si cela permet de faire un procès global à Wall Steet.  

En revanche nous buvons du petit lait quand il écrit : "La seule surprise de la crise économique, c'est qu'elle ait tant surpris. Pour quelques observateurs c'était un cas d'école tout à fait prévisible et d'ailleurs prévus".  Merci de le reconnaître !  Ce qu'il oublie de préciser c'est pourquoi elle était prévisible. Son idée est que la finance mondialisée et dérèglementée était un fruit pourri qui ne pouvait que tomber de l'arbre et faire chuter l'arbre avec lui. On est dans l'idéologie et la grande querelle, pas dans  la technique économique. Roubini était plus précis : certains prêts étaient tellement aventurés et atteignaient grâce à des techniques de dissémination du risque de tels volumes  que l'explosion serait aussi sévère qu'inévitable.  Au moins il savait ce qui se passait au sein des banques. Quelques économistes vexés de n'avoir rien vu venir se sont plaints d'avoir été laissés dans l'ignorance de ce qui se passait dans les fourneaux de la finance internationale et ont immédiatement exigés des fonds pour la création d'observatoires plus fins. On ne se refait pas ! La limite de l'analyse de Roubini est qu'elle est justement bien trop partielle. Il voit la paille mais pas la poutre.


La crise est d'abord celle d'une accumulation mondiale d'un niveau de dettes privées et publiques intenables. Cette accumulation disproportionnée a une cause : la double pyramide de crédits de type Rueff-Allais.  Les techniques bancaires de diffusion du risque n'ont fait qu'amplifier un phénomène fondamental.  Les niveaux atteints étaient tels que tout devait éclater. Quand ? Lorsque le retournement du cycle se ferait. Il fallait donc guetter les signes du retournement conjoncturel global en même temps que l'évolution les bulles spécifiques.


Nous mêmes avons fixé le début de l'alerte au moment où les prix de l'immobilier ont baissé aux Etats Unis, à la fin 2006.  Compte tenu qu'on en était à la phase haute du cycle, le mouvement des affaires ne romprait pas immédiatement.  Nous avons simplement conclu que la rupture  aurait lieu plus tôt que ce que nous le pensions (notre prévision début 2006 était une récession en 2010).  Dès l'été 2007 nous avons annoncé une crise très sévère avec un basculement en septembre 2008 avec une année 2009 sinistre.  Notre bulletin de conjoncture du début de l'année 2007 conseillait de dénouer toutes les opérations immobilières au plus tôt et de ne plus investir en masse dans quelques projets que ce soit pour éviter d'être pris financièrement à la gorge lors de la crise.


Quand Stiglitz écrit : "la bulle de l'immobilier qui devait nécessairement éclater était le symptôme le plus évident de la "maladie de l'économie". Mais derrière ce symptôme il y avait des problèmes plus fondamentaux", il a raison. L'ennui c'est qu'il se réfugie encore dans le mot valise "problème".  Et quand il s'emploie de le préciser, il joue petit bras : la titrisation, symbole de la "dérèglementation"  n'est pas la cause fondamentale de la crise économique mondiale. Ce n'en est qu'un détail.  

Il redevient pertinent lorsqu'il met en cause la mise en réserve excessive de ressources monétaires par certains pays échaudés par la crise de 1998.  Mais là encore, il ne pèle pas l'oignon (c'est son expression !) suffisamment. Cette mise en réserve a quatre causes très différentes :

* les changes flottants
* le mercantilisme chinois
* le suivisme américain du Japon
* la rente pétrolière des pays producteurs.

La première est de loin la plus permanente et la plus importante. Contrairement aux affirmations de Milton Friedman les changes flottants n'ont pas entraîné la limitation des réserves, la stabilisation des devises et l'unification des taux d'intérêt. Cela a été tout le contraire.

Le constat, exact bien que peu original, de Stiglitz sur la montée des réserves aurait du le conduire à aller un pas plus loin dans la déconstruction du système des changes flottants. Il serait alors remonté à la crise de 74 etc. Il ne le fait pas.  Les considérations idéologiques, qui forment son identité, l'obligent à ne revenir qu'aux aspects politiques de la dérèglementation des années Reagan-Thatcher. Grave erreur  dans le réglage du microscope, ou du macroscope, comme on voudra.

La dérive idéologique de Stiglitz est particulièrement visible lorsqu'il en vient à parler des déséquilibres mondiaux : "Ce système où les pays pauvres prêtent aux riches  est très spécial".   L'accumulation de dollars est un effet direct des changes flottants avec une monnaie mondiale de facto, le dollar. Il faut des déficits américains mais aussi des créances de la part de tous les autres.  La monnaie est à la fois un actif et une dette, comme tous les crédits (actifs pour les uns, passifs pour les autres).  Le Japon vient de redevenir premier détenteur de la dette du trésor américain. Ce n'est pas spécialement un pays pauvre.  Et le recul de la Chine est principalement politique, pas économique.

On revient toujours à la même question lancinante : quel système économique mondial avons-nous créé en 1971 lorsque les monnaies sont devenues des monnaies administratives sans rapport avec une valeur intangible extérieure et qu'on a laissé flotter la principale monnaie du monde en lui  accordant des privilèges exceptionnels. Mais là Stiglitz est aux abonnés absents.

Revenons à notre propos initial : quel nom donner à la crise ?  La proposition de Stiglitz s'imposera sans doute, bien qu'elle ne soit pas analytique et préjuge que la crise actuelle ne va pas dégénérer  en dépression, ce qui n'est pas absolument certain bien que probable. Elle aurait le mérite d'éviter le mauvais vocable de "crise des subprimes" qui reviendrait à qualifier le tout par la partie.  

Le vrai nom devrait être : La grande crise d'endettement mondial de 2007-201x".  On voit bien aujourd'hui que la crise des banques est devenue la crise des états endettés. Le simple transfert de la dette du privé au public n'a pas réglé la crise globale.  La terminologie proposée ne préjuge pas de la suite.  Et elle aurait l'avantage de fixer l'attention sur les mécanismes de cet immense gonflement de dettes, sur les moyens d'y faire face et sur ce qu'il faut faire pour que cela ne recommence pas. .  

On peut toujours rêver.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

La gratuité, avenir inéluctable de l'économie post moderne ?

Une idée qui commence à prendre toutes les caractéristiques d'une idée reçue, notamment à gauche, est que nous entrons dans une nouvelle dimension du monde et de l'économie dont la gratuité serait une dimension structurelle.

Illusion dangereuse ou gentille réalité à conforter ?

Pour l'économie classique, la gratuité  correspond à l'absence de coût. Est gratuite toute ressource dont l'abondance est telle qu'elle ne demande aucun effort pour se la procurer. L'histoire ne donne pas beaucoup d'exemples de telles ressources. On évoque l'air et l'eau. Il n'est pas difficile de prouver que la préhistoire de l'homme est entièrement conditionnée par l'eau et que la période moderne voit plutôt une aggravation des coûts d'accès à une eau propre. Pour l'air la tendance à se réintégrer la sphère des coûts est plus récente mais on voit bien qu'un air pur demandera des efforts croissants à l'humanité à l'avenir.

Aucune autre ressource utile ne se présentant de façon évidente comme abondante au point d'être gratuite, la gratuité ne semble pas avoir l'avenir qu'on lui prédit. Au contraire la nature devient chère, tous les écologistes vous le diront.  

Resten t les biens non naturels. Il y a Internet qui révolutionne au moins l'accès à l'information, à la musique, au film , à l'image : là serait le gisement futur de gratuité.  Il est vrai que l'informatique a étendu de façon importante la sphère des coûts décroissants. Le coût marginal de la consommation d'une unité supplémentaire  d'une ressource accessible sur le net n'est pas nul mais il est très faible et indifférencié. Combien coûte, c.a.d. consomme de ressources rares, le téléchargement d'une chanson ou d'un programme sur le net ? Quelques secondes d'électricité et des fractions de coûts fixes amortissables. Le coût est si faible que pour une unité de consommation il devient pratiquement négligeable. Il n'est pas rare de voir des usagers téléchargeant des centaines de musiques en quelques minutes pour les consommer plus tard pratiquement sans frais pendant des heures voire des jours. Certains ont voulu voir dans le développement de cette économie immatérielle et sans stock  la promesse d'un monde sans récession : cette théorie était à la mode en 1999 avant que la crise dite des NTIC ne vienne balayer ces chimères.

En vérité, il faut parler d'une économie où les producteurs font un gros investissement initial et espère un retour sur le nombre des amateurs du produit créé. Le fait qu'il y ait un rendement croissant n'est pas sans conséquences mais ne change pas la nature de l'économie.  Une voie de chemin de fer en 1880 est un pari sur le nombre d'usagers futurs d'une ligne. On gagnera beaucoup si le taux de remplissage est fort, on perdra s'il est faible. Un film coûte à fabriquer. On gagnera beaucoup d'argent s'il marche ; on perdra si c'est un échec. Un logiciel est très couteux à produire, débugger et imposer sur le marché. Si on y arrive, le gain sera fantastique, comme pour les produits Microsoft pendant 15 ans, si on n'y parvient pas c'est la catastrophe.  Il n'y a pas de gratuité  mais toujours le vieux schéma  : un investissement qui se rentabilise ou non.

Pour l'analyse économique rien de fondamental n'est changé. Mais les formes de la croissance et diverses aspects de la vie économique et social changent :

* il y a tendance au monopole en cas de succès ce qui implique des formes nouvelles de régulation.

* l'emploi est plus précaire : on participera à plusieurs aventures dont certaines seront réussies et d'autres non. L'intermittence de l'emploi est aggravée ainsi que l'irrégularité des carrières.

* la question de la progressivité des impôts se pose dans des conditions nouvelles, car il y aura de très forts gains  succédant à de fortes périodes de vaches maigres. L'annualisation de l'impôt est une difficulté.   

* La part variable de la rémunération tend à augmenter. En cas de succès, les bonus seront gras ; en cas d'échec l'investisseur ne peut se permettre de payer trop cher ses collaborateurs.

* Les mécanismes permettant les start-up et les introductions d'activités nouvelles prometteuses et à risque sont à mettre en œuvre. L'Europe et particulièrement la France ont encore un retard considérable dans ce domaine.

Un des aspects économiques de cette situation nouvelle est qu'une partie de la production et de la consommation échappe désormais à la statistique. Un livre générait de la valeur ajoutée au stade de sa fabrication physique et  à celui de sa distribution. Sa revente produisait également de la valeur.  Les droits d'auteur étaient comptabilisés.  Une grande partie de ce qui est produit et distribué sur le "net" échappe désormais à toute comptabilisation, alors que la consommation de ces biens vient en compétition avec d'autres biens eux mêmes comptabilisés (cinéma, restaurant  etc.). Les tableaux économiques sont donc de plus en plus faux.  Au fur et à mesure que la croissance concerne des biens immatériels à coûts décroissants virant au quasi nuls, elle devient de plus en plus difficile à calculer ! Pour parler branché, le PIB est plus facile à calculer pour le "push" que pour le "draw".  Un ascète qui passe sa vie devant son ordinateur en vivant sur les réserves accumulées par ses parents est quasiment invisible dans les statistiques. Et pourtant il se rassasie au même titre que s'il abusait des bananes et des voyages, eux inclus dans la statistique.  S'il est "producteur" sur le WEB, mais sur le principe du don gratuit de son temps, de son expertise, et de sa créativité, il n'apparait pas plus dans le PIB.

On aborde ici le dernier aspect de la gratuité : l'économie du don, comme disait F. Perroux, une contradiction dans les termes.   

La sphère de l'économie du don augmente-t-elle d'une façon significative ? On pourrait le croire si on admet que le temps libre et l'enrichissement global  ouvre un espace pour les activités charitables ou ludiques fondées sur le don de son temps et de son argent. Mais en même temps la sphère traditionnelle de l'économie du don, la famille, voit le renoncement de la mère à une vie économique non monétarisée disparaître de façon rapide.  Le bilan des plus et des moins est impossible à faire.

Reste alors les fausses gratuités qui sont en fait des distributions publiques financées par la collectivité. Le coût existe mais il est masqué aux usagers et il n'y a plus de rapport entre la décision de consommation et son coût. Pour le bénéficiaire l'accès à la ressource est en apparence gratuite ; dans les faits le coût pour la collectivité est considérable.  Il faut ajouter à la gratuité totale la subvention, gratuité partielle,  qui fait que tout ou partie de la population ne paie pas directement le vrai prix au moment de la consommation du produit ou de la prestation.

En France, au fur et à mesure que l'Etat a été dépouillé de ses fonctions régaliennes, les politiques ont axé leurs actions sur la fourniture de services gratuits et subventionnés de plus en plus nombreux et diversifiés.  Pas une réunion publique où un intervenant ne demande pas une subvention ou une gratuité.  Ce système a abouti à ce que les dépenses publiques dépassent la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand et que la majorité des gratuités et subventions ont été financées par l'emprunt donc par les générations futures.

Alors que l'Etat est désormais étranglé par la dette, on pourrait penser que ce schéma est désormais impossible. Les collectivités locales ne peuvent plus financer un flot massif d'avantages et gratuités plus ou moins ciblées. L'Etat n'arrive même plus à faire fonctionner ses ministères les plus importants.

Les mauvaises habitudes ne se perdent pas facilement. Chaque ministère se croit obligé d'avoir une mission de redresseur de torts qui ne peut s'exercer que par la subvention ou des gratuités sélectives, financées par des taxes nouvelles ou par l'emprunt. Le dernier exemple en date est la subvention accordée pour le raccordement à l'ADSL dans certaines zones pour certaines populations pour réduire une prétendue "fracture numérique" totalement imaginaire mais très "mode".

En conclusion on voit bien que l'évolution de la société entraîne des évolutions contradictoires qu'il est bon d'observer. Pour l'économiste et le statisticien, ces évolutions sont importantes et doivent être observées et comprises.

Mais il faut se méfier comme la peste des gratuités. Elles ne sont pas inscrites dans le patrimoine génétique de l'économie mais plutôt dans celui des démagogues. Au nom de la gratuité s'est créée en France une situation intenable dont on aura le plus grand mal à sortir. Il faudrait que les politiques se réveillent et évitent de s'embarquer trop lourdement dans l'idée que la gratuité est l'esprit du temps et qu'il faut lui accorder des espaces nouveaux.  La gauche doit faire extrêmement attention : la pratique du "cadeau électoral au peuple visible et valorisant" qu'elle a pratiqué sous Rocard puis  Jospin était une erreur dramatique. Il apparait dans certains travaux que "le thème de la gratuité est le vrai clivage post moderne entre droite et gauche".  Ce n'est pas vrai : la droite politique aime tout autant la distribution d'avantages démagogiques que la gauche...

L'importance de la dette  a été en France aggravée par l'extension à l'infini des gratuités publiques collectivement très coûteuses. Elles rendent la sortie de récession plus que problématique. Une trop grande part de la production et de la consommation est entièrement dépendante de l'accroissement de la dette. Dès qu'on voudra réellement la réduire ce sont des millions de personnes qui vont souffrir.

Le vrai slogan des politiques devrait être : gratuité aujourd'hui,  souffrances intolérables demain (matin). Un changement de perspectives et de mode de pensée est absolument nécessaire. La France n'échappera pas à un grand débat sur la gratuité.

Didier Dufau et Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes e-toile.

Le glas sonne pour le pari inepte de sauver la finance mondiale sans rien réformer .

On voit depuis quelques semaines une focalisation sur l'endettement des Etats. La spéculation en cours sur l'éclatement de l'Euro y contribue largement. Les contribuables sont également légèrement soucieux de connaître la manière dont les gouvernements vont se débarasser de déficits historiques.

Pour l'économiste l'endettement public n'est qu'une composante de l'endettement global et c'est l'endettement global qui a une influence déterminante.

Tout le monde sait qu'en matière d'inondation il faut d'abord regarder l'état des sols : sont-ils secs ou gorgés d'eau  ? Ensuite on regarde les précipitations nouvelles et la fonte des neiges.  L'eau retenue dans les barrages publics est importante mais n'est pas tout.

La crise actuelle est une crise de l'endettement global provoqué par la double pyramide de crédits générée par le système de change flottant.  Cet endettement global a fini par s'effondrer sur la tête des marchés financiers. Les banques ont été les premières victimes, le marché interbancaire se bloquant quasiment totalement puis les marchés financiers liés à l'immobilier puis tout le système financier.

Les Etats ont repris une bonne part des dettes pour sauver les banques et le système financier dans son ensemble ; les banques centrales ont fait de même et créé de la monnaie ex nihilo  comme jamais pour compenser les effets du credit crunch.

Et ils se sont dit : avec nos plans de relance, la crise est finie. Nous sommes formidables ! Cela marche !  Et ils se sont  pressés de de rien réformer sauf des broutilles qui leur permettaient de faire semblant d'agir ou de renforcer leur puissance d'état. 

Comme nous l'avons écrit il y a maintenant près de 17 mois, le transfert de dettes des particuliers à l'état ne change rien à l'état de l'endettement global. Comme il n'y  eu aucune restructuration fondamentale de la dette et que le système financier reste totalement incontrôlé, dans un système où l'épargne flottante, dirigée par quelques centres de spéculation, peut balayer le monde sans que rien ne résiste, au lieu de voir les ressources se concentrer sur la création de richesses, on a vu un regain de spéculation sur les monnaies et les taux d'intérêts, visant carrément  cette fois-ci  des Etats.

La bouée de sauvetage étatique menacée,  laissant le monde sans défense  devant le risque de dépression si l'attaque "réussit".

Nous pouvons relire sans hésitation ce que nous disions en septembre 2008.

Il fallait, disions-nous,  restructurer immédiatement  la dette et la cantonner tout en réorganisant totalement le système bancaire et financier mondial pour redonner aux Etats la responsabilité de l'action en faveur de la croissance et de l'emploi.

Croire que les marchés financiers consolidés par la dette des Etats allaient faire le travail était inepte.

Il fallait, immédiatement rétablir un système cohérent de changes fixes dont les Etats auraient la responsabilité pour permettre de redonner un horizon aux vrais investisseurs : ceux qui créent de la richesse et non des plus values temporaires sur des marchés flottants. Il fallait redonner un horizon, très différent, au commerce international, en réévaluant très fortement le Yuan, et en dévaluant du pourcentage nécessaire le Dollar. Il fallait fournir une perspective de réduction des déficits américains et des excédents chinois et japonais.

Seul ce combat pour la reprise des marchés de biens réels pouvait fournir les ressources nécessaires au désendettement global.  Que ceux que cette question intéresse relise notre article :

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/4/3/G20--un-pari-trs-dangereux

"Le pari très  dangereux" a tourné court, comme il était évident qu'il le ferait. 

Alors on va faire le gros dos. On va essayer de "calmer les marchés financiers".  La politique de la patience pleine de sang froid pour ne rien casser en laissant tout filer et en ne réformant rien  n'a mené qu'à différer les difficultés.

On a perdu un an et de demi et le temps ne se rattrape jamais.

 

Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.

 

 

 



Méfaits des changes flottants

Si quelqu'un avait le moindre doute sur les effets nocifs des changes flottants et leur rôle dans les mouvements spéculatifs déséquilibrants, il lui suffirait de se souvenir de cette première semaine de février 2010 où le cours du dollar en euro  est passé de 1.50  à 1.36 en quelques jours au fur et à mesure que l'argent spéculatif parti des Etats Unis y est rentré précipitemment  devant l'évidence que les bulles chinoises allait éclater et que les positions ailleurs devenaient plus qu'aventurées.

Le cours des devises n'a plus qu'un lointain rapport avec les mouvements réels d'échanges.  Et ceux-ci sont les premières victimes des mouvements irrationnels   des capitaux flottants nourris par une création monétaire débridée aux Etats Unis et au RU  qui finissent par déstabiliser tous les marchés.

Le mouvement actuel est quasiment de même nature que celui de 1998 appelé à tort "crise des pays émergents" alors qu'il s'agissait de la nième crise des changes flottants depuis 1971 !

Ces phénomènes accusent le fait qu'aucune réforme n'a été faite.  Les mêmes causes provoquent les mêmes effets. La crise commencée en 2007 et qui développe ses méfaits depuis n'a toujours pas été comprise. Et la danse macabre continue.

Cet accident rappelle aussi que rien ne dit réellement que nous ne tomberons pas dans une vraie dépression malgré les annonces prévisionnelles triomphantes du FMI. En 1929 la vraie crise commence en 33-34 et durera jusqu'à la reprise avortée de 38. 

Ce n'est pas le scénario le plus probable, mais qu'on mesure le coût social et économique  de la crise et  des moyens mis en oeuvre pour éviter l'effondrement du secteur bancaire,  au regard de la précarité générale de la situation des Etats confrontés désormais à des échéances désastreuses.

Alors ATTENTION  !

 

 

 

 

 

Le cycle immobilier dans le cycle général : une force fondamentale.

Nous sommes, au cercle des économistes e-toile, favorables à l'idée que les cycles existent et que leur observation est critique pour une bonne administration des affaires du monde. 

Depuis les années 70 les théories du cycle ont été pratiquement abandonnées. Puisque Keynes avait donné la solution pour éviter les récessions, l'idée s'est installée que les crises résiduelles étaient toujours dues  à des chocs externes.

C'est ainsi que la crise de 1974 est devenue la crise du pétrole, celle de 92 la crise de la guerre en Irak, celle du début des années 2000 la conséquences des attentats contre les tours jumelles de New York etc.  

La réalité est toute autre. La simple observation montre qu'il existe depuis au moins deux cent ans un cycle des affaires de 8-10 ans, avec une récession plus grave tous les 18-20 ans, une crise grave succédant à une récession molle.

Pour s'en tenir aux dernières décennies :

1973-1974    : crise grave

1982-1983    : crise molle

1992-1993    : crise grave

2000-2002    : crise molle

2008-2010    : crise grave.

On se souvient que ce schéma avait été nié par le FMI (Kenneth Rogoff) qui avait décrété à la fin des années 90 que les crises économiques étaient de plus en plus faibles, stimulant l'idée qui s'était répandue comme une trainée de poudre que nos économies ne risquaient plus les cycles et qu'une croissance permanente était à venir. On voit ce qu'il en est.

Le caractère cyclique de l'activité permet d'anticiper les récessions sans avoir à entrer dans les détails techniques. Les signes avant coureur sont faciles à percevoir. Nous n'avons eu aucun mérite à annoncer dès la fin 2006 que la bascule de coinjoncture aurait lieu en 2008 avec un pic de la récession en 2009-2010 et qu'elle serait sévère.

Les économistes qui expliquent qu'ils ne pouvaient pas savoir ce qui se tramait au sein même des banques et du système financier et s'exonèrent ainsi de leur inconscience de la crise montante sont des nigauds.La crise actuelle n'est pas fondamentalement un crise des comportements bancaires. C'est une phase classique du cycle décennal, dans sa version dure, mais aggravée par des défauts structuraux du système monétaire international et des réactions inappropriées des banques centrales, notamment de la FED.

L'avantage de la crise est qu'elle stimule à nouveau les réflexions sur le cycle. Nous signalons ici une étude récente qui recoupe parfaitement nos propres analyses.  Rappelons qu'une des explications de la sur-gravité du cycle tous les deux crises que nous avons donnée depuis que nous écrivons publiquement sur ce sujet (1997) est le cycle du bâtiment (ou de l'immobilier comme on voudra). 

1974 marque un coup d'arrêt brutal du marché immobilier : pour la, première fois les gens s'interrogent sur la possibilité d'une baisse prolongée des prix, inconcevable jusque là depuis la guerre. 1992 est principalement une crise de l'immobilier d'entreprise qui était devenu totalement fou. Sur la fin on achetait un immeuble le matin pour le revendre avec plus value le soir même ! La crise actuelle a une dimension immobilière évidente.

L'article de Fred E. Foldvary, The Business Cycle: A Geo-Austrian synthesis,http://www.foldvary.net/works/geoaus.html, donnera à ceux que cela intéresse un coup de projecteur intéressant sur cette question. On y trouve une description très précise du cycle de 18 ans (deux fois le cycle de 8-10 ans) qui caractérise bien ce qui se passe depuis deux cent ans dans le domaine de la construction. L'expression "quand le bâtiment va tout va" n'est pas née par hasard.

Ce cycle peut être contrarié ou aggravé par les politiques gouvernementales ou celles des banques centrales. L'école autrichienne depuis les années 20 et la grande inflation, est particulièrement sensible aux défaillances des banques centrales.  D'autres pourront mettre l'accent sur les débordements des gouvernements : les subprimes sont d'essence politique !

Mais il est là, le cycle immobilier. Fondamentalement.

Il faut éviter naturellement d'en conclure que les politiques n'ont pas d'importance et que les institutions économiques sont indifférentes. Les erreurs de politique économique sont fréquentes et certaines institutions sont dramatiques. L'organisation soviétique de l'agriculture ou les changes flottants sont des exemples typiques d'institutions qui ne marchent pas et ne marcheront jamais !

C'est bien le rôle des économistes de partir des faits et d'en tenir compte. Oui ils ont bien vocation à prévenir des risques de récession. Oui ils ont bien à dénoncer les politiques dangereuses. Oui ils ont bien à éclairer l'opinion sur le danger de certaines institutions créées par idéologie ou par ignorance et qui ont une influence néfaste.

Nous croyons être dans notre rôle en attirant l'attention constamment sur la réalité du cycle et sur la nécessité d'accepter cette réalité et d'en tenir compte. Chacun voit que l'on ne le fait pas et qu'on se contente de la recherche de boucs émissaires faciles dans un débordement de moraline tapageuse.

Nous croyons être dans notre rôle en avertissant les Français que "l'énarchie compassionnelle" qui nous gouverne depuis 1974 a étouffé le pays par le niveau de ses dépenses publiques et de ses impôts.  Chacun voit que le "vive l'impôt" reste le mot d'ordre à gauche et "vive les taxes" le mot d'ordre à droite.Alors que la dépense publique dépasse la valeur ajoutée des entreprises et que même en prenant tout le revenu des Français on n'arriverait pas à payer nos dépenses et à rembourser nos dettes !

Nous croyons être dans notre rôle en condamnant inlassablement  le non-système que sont les changes flottants, une aberration qui a coûté des points de croissance pendant quarante ans et nous a fait passé des trente glorieuses à on ne sait trop quoi.

De meilleures politiques et de meilleures institutions n'empêcheront pas les forces souterraines à la base des cycles de s'exercer. L'intelligence est de s'adapter et d'en limiter les effets néfastes.  Et de faire en sorte qu'on n'aboutisse pas  à 1929 ni à...2010.

Nous sommes ou inconscients ou outrecuidants mais nous croyons que c'est possible.

 

Didier Dufau pour le Cerle des économistes e-toile.

Pourquoi Nicolas Sarkozy n'a pas convaincu à Davos

On sait que Davos n'est rien d'autre que le grand festival des "m'as-tu vu". On y va pour voir et être vu. On y revient pour communier entre "importants". Les nouveaux "bourgeois gentilshommes" veulent se pénétrer de leur statut : ils ont de l'argent, de la bonne conscience, et se croient un rôle mondial.  Les organisateurs ont compris depuis longtemps qu'il fallait leur faire payer très cher le droit d'être là, mais qu'en contrepartie il fallait présenter du lourd, du connu.

Un important ne l'est que s'il côtoie de plus importants encore. Davos c'est Versailles mais avec un gros péage aux grilles. Le candidat grossium se console de la dépense en disant : cette sortie m'offrira des entrées. Comme Courbertin,  il répète : l'essentiel c'est de participer.

Qu'attend-il de sa présence ? D'être conforté dans l'idée qu'il se fait de lui même. N'est-il pas un homme d'élite et qui compte ? On le flattera donc. Indéfiniment. Des experts lui diront combien il est grand, combien il est généreux. Il façonne le monde ; rien de moins. Le voici au milieu des stars de la politiques et du commerce.

Parfois au détour d'un couloir on lui mettra devant les yeux une reine, une vraie ou une vedette plus vulgaire mais planétaire. Toujours au nom de la charité. Car à Davos les bons sentiments coulent comme les torrents locaux : sous la glace mais avec le bruit cristallin des pièces d'or utilement consacrées à forger l'image bienveillante du Mamamouchi. .

Alors il ne faut pas aller à Davos en croyant qu'un discours d'expert pointu pourra alerter les élites sur les difficultés du monde et les réformes nécessaires. Et il est encore moins sérieux d'y intervenir pour narguer vulgairement le grossium sûr de lui et de son portefeuille.

Le banquier veut qu'on lui dise : il y a eu des difficultés mais ce sont les mauvais, les idiots, les irresponsables qui ont fait dérailler un train merveilleux. En contrepartie il offrira son expertise pour réparer le monde un peu amoché dans l'accident. Sa phrase fétiche sera : il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain.  Et il ajoutera : "Après tout regardez nous : nous sommes là, vivants parmi vous et nous gagnons des masses d'argent. Alors ? C'est bien que nous sommes indispensables. Et notre prospérité garantit la votre. car sans nous que feriez-vous ?"
 
Le pubeux viendra faire des arabesques pour démontrer que les premières positions mondiales ne peuvent être arrachées qu'avec son concours. Ah ! Etre numéro 1 mondial !

Et ainsi de suite.

Aux tables de restaurant on se gardera bien de la moindre originalité. On communiera dans la banalité bien pensante. Très bien l'écologie, mais cette taxe carbone quelle idiotie ! Greenspan, l'ancien Dieu ? On évoquera son nom avec un brin de condescendance : il nous a vraiment mis dans la m... celui là. Et on s'accrochera aux quelques phrases refuges complaisamment offertes par les organisateurs pour que tout le monde se sente bien. Les subprimes, ce sont les politiques, hein ! La crise ? Quelle crise ? Elle est déjà finie la crise. On méprisera un peu le vieux continent. Certes les Etats unis et leur mentalité "business orientated" ne brillent plus au firmament. Cet Obama, finalement c'est un socialiste, non ? Peut-être même un communiste.   La Chine et Lula, voilà les nouvelles vedettes.


Voici notre président Sarkozy en "keynote speaker".  Et qui croit malin de se transformer en "qui dénote" speaker. Ce qu'il dit est parfaitement exact : la question monétaire est essentielle ; oui, il faut réformer le système monétaire international ; un nouveau "Bretton Woods" est bien indispensable. Les déficits ou les excédents massifs sont au cœur des dérèglements.

Mais il ajoute : la question n'est pas technique mais politique. Voici donc qu'on défie les grands, les vrais grands. Cela les fait bien rire les auditeurs : la Chine et les Etats unis sont incontournables. Pas un des grands patrons dans la salle qui ne savent qu'il faut convaincre les analystes des grandes banques américaines et trouver des ouvertures pour capter une partie du marché chinois. Alors il décroche notre congressiste. Qu'est ce qu'il nous raconte ce freluquet arrogant et qui se croit drôle ?

Le discours sera accueilli froidement : "pfff".

Des idées indispensables, mal argumentées, dans le mauvais lieu et sous une forme inadéquate auront glissé dans le vide, comme un pet sur une toile cirée. Des cartouches importantes auront été tirées en vain.

Un discours plus technique, montrant avec précision les ressorts de la crise, le rôle d'institutions dangereuses, les effets pervers de certains mécanismes aurait-il eu plus de chances d'intéresser ? Oui s'il avait été un message d'espoir : la crise ce n'est pas vous ; vous vous êtes des types épatants ; mais vous êtes victimes de mécanismes qui vous échappent mais aussi qui vous écharpent. La responsabilité des gouvernements est de vous fournir de bonnes infrastructures. Alors vous pourrez foncer et tout le monde sera content.

Compétent au lieu d'être bravache ; solide au lieu d'être bêtement moralisateur, éclairant au lieu d'être culpabilisateur,  un discours sur les désordres du système monétaire international aurait eu sa chance.

Peut-être.

Après tout la Reine Noor, Mickael Jackson, Bill Gates et la Cicciolina n'étaient pas là.

A Davos les anges sont dans la salle. Leurs ailes sont fragiles. Il faut indéfiniment les caresser avec tout le tact nécessaire. On peut évidemment penser que ce faux paradis est de la foutaise et que ces anges font la bête comme il se doit. Alors on ne s'y produit pas. On méprise.

Y aller pour tendre un  miroir où l'ange se verra en démon rouge vif n'a aucun sens.
 
Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile



Obama a raison

Oui il faut interdire certaines opérations aux banques recevant des dépôts du public. Oui il faut réduire la taille des banques. Nous ne cessons de l'expliquer ici.

Obama a raison.

La France muette et colbertiste croit encore au gigantisme de quelques molochs vivant en consanguinité avec l'Etat.

Elle a tort.

Liberté des échanges et fausse liberté des changes sont-elles compatibles ?

Alors que s'annonce le forum de Davos il est intéressant de définir quelles sont les grandes questions qui se posent au monde et dont notre manière de trouver ou ne pas trouver de réponse aura des effets structurants pour notre avenir.

L'une d'entre elle porte sur la compatibilité entre libre échange sans limites et un système monétaire théoriquement basé sur des changes flottants mais qui en fait comporte des éléments de non convertibilité très important.  

Que veut dire libre échange si un pays de plus d'un milliard et quelque d'habitants pratique un dumping extravagant de sa monnaie et prétends capter la majeure partie de l'industrie mondiale sans contrepartie ? Faut-il renoncer au libre échange ou revoir le système monétaire ou les deux ? Les pays européens ont-ils les mêmes intérêts dans cette affaire ? Et un consensus est-il possible au sein du G.20 sur ces questions ?

On connait la théorie du libre échange entre deux pays de niveaux de vie différent : le pays le plus riche verra une partie de ses productions aller dans le pays le plus pauvre pour bénéficier des bas coûts de main d'œuvre ; mais c'est le pays riche qui fournira d'abord les machines et le savoir faire, puis le niveau de vie augmentant le pays en cours de rattrapage importera les produits avancés du pays riche. Au final les niveaux de vie se rapprocheront et l'émergence de marchés plus amples et plus diversifiés permettra des économies d'échelle, des opportunités de consommation nouvelles  et une hausse globale des niveaux de vie.

Le processus est certes douloureux. Des activités vont être déplacées du pays riche vers le pays pauvre. Des investissements vont également se déplacer. Mais globalement, tout le monde s'y retrouve et on chantera une belle solution "win-win" comme on dit maintenant.

Tout ceci est vrai dans la mesure où in fine le travail s'échange contre du travail, des produits contre des produits. Et on en a eu mille confirmations dans l'histoire économique. Le rattrapage historique des économies européennes puis japonaises, puis asiatiques, ces dernières décennies en ait un bon exemple. Depuis la guerre il n'y a guère d'années où le commerce international ne croit pas plus vite que les croissances internes des pays.  Le libre échange a été le moteur d'une croissance rapide et continue depuis 1945.

La question qui se pose aujourd'hui est la validité de ce modèle dans la mesure où le pays pauvre est le plus peuplé de la planète dont le gouvernement est une dictature impitoyable et qui ne respecte en rien les règles d'un système de convertibilité généralisée des monnaies.

Depuis 1971 le monde est entrée dans un système non régulé de changes dits flottants. Ce système s'est créé de facto sans théorie préalable généralement acceptée par les économistes, sinon des écrits de Milton Friedmann dont toutes les prévisions ont été démenties par les faits. Mais en vérité il n'y a pas de système. Chaque pays fait comme il le veut. On n'a pas exigé que le libre échange soit conditionné par les mêmes pratiques, droits et devoirs,  en matières de change. Ce qui fait que le dollar, monnaie internationale de facto flotte mais que le Yuan, monnaie du pays leader des exportations ne flotte pas. La dictature chinoise impose sa fixité par rapport au dollar, à un niveau très bas. Comme le dollar a perdu à peu près 97% de sa valeur (calculée en or) depuis 71, le Yuan déjà intrinsèquement décoté, a connu la même évolution. Tous les pays hors zone dollar sont ratiboisés. L'Europe connait par exemple depuis que la Chine a décidé de jouer ce jeu là en symbiose avec les Etats-Unis une croissance extrêmement faible, une désindustrialisation rapide, une faiblesse récurrente des salaires, et un chômage devenu structurel.

La Chine de son côté, en fixant administrativement un taux de change ridicule pour le Yuan capte une part croissante de la production mondiale, vide partiellement l'Europe de son industrie lourde et légère, et bénéficie de courants financiers spéculatifs extravagants. L'ennui c'est que la dictature chinoise bloque l'échange produit contre produit : elle accumule des réserves de changes qui ne sont pas dépensées régulièrement. Cela crée une énorme fuite dans le système économique mondial. Il s'agit en fait d'une pure politique mercantiliste qui nous ramène au XVI et XVIIème siècle européen.

Comme les réserves monétaires mondiales sont désormais en papier, elle accumule du papier.  Et elle a peur. Troquer l'esclavage de ses populations contre du papier, serait-ce considéré comme raisonnable dans tout pays démocratique ? Le phénomène est amplifié parce qu'en occident, le système des changes flottants a provoqué l'émergence d'une économie financière de type casino basée sur l'endettement. La double spirale des dettes provoquée par l'existence d'un pays dont la monnaie est celle des échanges mondiaux et qui finance ses déficits dans sa monnaie, associée à une liberté totale des mouvements de capitaux,  a provoqué un double phénomène d'endettement global majestueux et intenable et d'instabilité généralisée.

En Chine ces mécanismes ont un effet pervers renforcé : l'accumulation de réserve de change ne vient pas seulement de l'excédent artificiel de la balance commerciale mais se grossit d'arrivée de capitaux spéculatifs à court terme gigantesques visant essentiellement des plus values en capital, via la bourse de Shanghai et surtout l'immobilier corrompu des oligarques adoubés par la bureaucratie communiste locale.

Au lieu d'avoir une croissance régulière au fur et à mesure du rattrapage  des niveaux de vie, le système de change crée des perturbations énormes qui ont failli mettre tout le système bancaire occidental par terre. Des spéculations douteuses de taille effarantes ont lieu en Chine et les délocalisations sans contrepartie se multiplient. Pourquoi sans contrepartie ? Parce que l'échange ne se fait plus travail contre travail ou produit contre produit, mais travail contre papier fou.

Ce système laisse les économies occidentales sans perspectives. les Etats Unis ne pourront plus se remettre à emprunter pour alimenter leurs déficits avec la Chine. L'Europe entre en stagnation de longue durée sans voir aucune perspective positive à moyen terme. La Chine est en proie à des mouvements spéculatifs tourbillonnaires qui peuvent se révéler explosifs, même à court terme.

En un mot le système de libre échange, dans un système de change partiellement flexible mais dont le principal acteur par la taille de ses effectifs et de son commerce extérieur ne suit pas les règles, ne marche pas. L'intérêt général n'y trouve pas son compte.

Peut-on en sortir ? Une des solutions serait de dire aux Chinois : d'accord pour que vous jouiez avec nous, mais alors laissez flotter librement votre monnaie. Le seul problème c'est que le système des changes flottants ne produit aucun effet stabilisateur contrairement à ce que Milton Friedmann pensait. Au contraire il accuse les oscillations et peut les rendre incontrôlables. La Chine pourrait elle supporter des variations incessantes du simple au double de sa monnaie vis à vis de ses principaux clients avec les conséquences internes que cela supposerait ?  Déjà ce serait difficile en démocratie. Un régime de dictature a besoin de fixité.  Cette voie est fermée.

Alors que faire ?  Les nations occidentales notamment en Europe ne peuvent pas accepter de voir leur industrie partir sans réagir et leur patience vis à vis du mécanisme de paupérisation en cours est peut être  déjà légèrement entamée. Le risque est de voir le libre échange remis partiellement en cause, hypocritement bien sûr, sur le mode taxe carbone aux frontières par exemple, mais sûrement. Elles voient bien que l'économie casino liées aux changes flottants et que les spirales de déséquilibres qui se sont accélérées avant d'exploser ne sont pas saines.

La seule solution réelle est de changer globalement le système des changes et de libre échange. Il faut un système de changes basées sur des parités fixes garanties par les états qui font ce qu'ils faut pour ajuster leurs déséquilibres lorsqu'ils sont excessifs.  Le sophisme qui consiste à dire : vous n'avez pas le droit de mettre 10% de droits de douane mais vous devez supporter une dévaluation de 50% de la monnaie d'un pays avec qui vous commercez, deviendra de plus en plus insupportable.

On ne peut accéder au commerce mondial que si les règles sont communes et les responsabilités partagées. L'utopie d'une régulation par les mouvements de capitaux  dans un système où tous les acteurs ne jouent pas le même jeu est totalement absurde. La crise actuelle l'a démontré définitivement.  

Le G.20 en annonçant que le libre échange ne serait pas touché a bien fait. Mais il ne s'agissait que d'une demi mesure. Il devait du même mouvement faire valoir, la coresponsabilité des acteurs pour faire du commerce international un juste échange non biaisé par les problèmes de changes et les déficits chroniques de grande ampleur.

L'erreur des Etats Unis est de croire que la solution doit venir du seul flottement du Yuan. Il doit venir d'une réorganisation complète du système des échanges et des changes dans un Bretton-Woods nouvelle manière où  la fixité des changes est associée à la responsabilité des Etats  vis à vis de leurs déséquilibres, où il n'y a que des égaux et non pas un acteur plus égal que les autres et disposants de privilèges absurdes et où la régulation de la monnaie et des changes se fait en même temps.

Ce sont les lignes de fractures autour desquelles le colloque de Davos devrait s'organiser. Parions qu'il ne le fera pas. Dommage.

Didier Dufau et Karl Peiper pour le Cercle des économistes E-toile.

Quelques questions pour Davos

Dans le cadre d'une réunion informelle avec quelques économistes allemands amis, en vue de préparer le sommet de Davos, la question a été posée de savoir quelles étaient les questions, même éventuellement polémiques, qu'il fallait absolument voir abordées. Il s'en est suivi un débat assez passionné.

Il y eu bien entendu une part de banalités sur les thèmes éculés avant même d'avoir été réellement traités, de la "régulation financière", termes d'autant plus commode qu'il n'a pas de signification précise (en anglais comme en allemand ou en français). Va donc pour les "subprimes", les produits dérivés, les agences de notations, le renforcement du capital des banques, la fiscalité des bonus, le contrôle des hedge-funds, la fin du secret bancaire etc.

Le miracle, c'est qu'assez vite l'accord s'est fait sur le constat qu'aucune des mesures prévues n'avaient la moindre chance de changer quoi que ce soit car on agissait sur des symptômes et non sur des causes. Au contraire il avait grand risque que les mesures prises n'aient pour seul but que de raffermir le pouvoir fiscal des Etats et pour seules conséquences la recherche de schémas encore plus obscurs et plus complexes pour les éviter.

Du coup le colloque a évolué de façon impromptue vers l'examen de questions sévères :

1. Que veut dire libre échange si un pays de plus d'un milliard et quelque d'habitants pratique un dumping extravagant de sa monnaie et prétends capter la majeure partie de l'industrie mondiale sans contrepartie ? Faut-il renoncer au libre échange ou revoir le système monétaire ou les deux ? Les pays européens ont-ils les mêmes intérêts dans cette affaire ? Et un consensus est-il possible au sein du G.20 sur ces questions ?

2. Les malheurs du système des changes actuels est-il à rechercher dans les ilots de fixité qui y ont été conservés, auquel cas il faudrait se faire l'avocat d'une variabilité des changes librement fixés sans intervention étatique, ou justement dans sa variabilité incontrôlable ? Y-a-t-il un chemin politique qui permette réellement de faire évaluer les choses ou le tabou actuel est-il si profond que ces questions resteront sous le tapis ?

4. La crise actuelle est-elle la fin d'une époque, comme le fut la crise de 1974, qui ouvrira après quelques années d'incertitudes deux ou trois décennies de développement sous un modèle totalement nouveau ? Est-elle simplement une crise conjoncturelle de type décennale classique, façon 92-93, qui sera surmontée de la façon habituelle.

5. Le potentiel explosif de la crise est-il réel avec possibilité d'un passage à une dépression après que les gouvernements aient été obligés par les masses à changer de cap plus radicalement qu'aujourd'hui ?  Ou va-t-on vers une sortie de crise très lente mais finalement classique. Où l'économie mondiale est-elle vulnérable à un mauvais coup surgissant d'on ne sait où mais déréglant définitivement le système.

6. D'un point de vue strictement économique l'hystérie écologique en cours a-t-elle la moindre importance économique réelle mais si elle va envahir le langage et alimenter les postures ?

7. Est-ce que les économistes ont quelques choses à apporter ?

Nous évoquâmes aussi le  débat inévitable sur les bienfaits ou les effets pervers de la taxe Tobin, mais cette question a déjà été traitée par le cercle des économistes.

Je me demande s'il ne faudrait pas que nous abordions successivement tous ces thèmes quitte à comparer ensuite comment ils ont été abordés à Davos.

Karl Peiper pour le Cercle des économistes e-toile

PS : voici donc que Sarkozy ouvre Davos ! On n'imagine pas tellement le général de Gaulle dans un tel lieu !



Dix huit mois de récession vus au travers du Baltic Dry Index

L'un des apports méthodologiques de la crise aura été le succès du Baltic Dry Index, inconnu de tous et qui a soudain pris un  certain relief. Pour avoir été le premier groupe d'économistes à attirer l'attention sur cet indice, nous en sommes évidemment très heureux. Avec un  peu de recul, que nous a-t-il appris ?

* La première leçon est à chercher dans le déclenchement précoce de l'effondrement vertical de l'indice. Le retournement se produit en juin-juillet 2008. Pas en octobre. Les contrats commerciaux internationaux s'arrêtent à la suite de la flambée "incompréhensible" des trafics relatifs aux grains et denrées alimentaires du premier semestre 2008. La bulle spéculative correspondant à une fuite devant la monnaie éclate fin juin. Le commerce international se bloque. Rien à voir avec les subprimes.

* La seconde leçon est la chute verticale de l'indice qui perd près de 90% de sa valeur en quelques semaines. Du jamais vu. On sait que la crise sera sévère.

* La troisième leçon est la plus visible et la moins exploitée : c'est le commerce international qui s'effondre. Un mode de fonctionnement non durable de l'économie mondiale disparait. Un pilier se désagrège. Au lieu de s'attacher à cet aspect fondamental, l'opinion et les medias se concentrent sur les subprimes et les défauts de comportement de certains banquiers. Cette myopie évite de regarder l'essentiel : l'économie mondialisée basée sur le gonflement indéfini de l'endettement global, des échanges déséquilibrés et les gains spéculatifs à court terme ne fonctionne plus. Les courants commerciaux et financiers internationaux se bloquent.

* La quatrième leçon est l'indication sur la nature de la reprise. L'indice talonne en février 2009, huit mois après le début de la chute, et marque une reprise très timide. La vraie reprise a lieu à la fin du printemps mais elle s'épuise très. Une nouvelle bouffée a lieu à l'automne et s'épuise presque aussitôt.  En ce début d'année 2010 le trafic est très mou. Il correspond à un fonctionnement réduit des usines et aux cahots de la spéculation.

* La cinquième leçon est comparative. Los de la crise de 2001-2002, les trafics commerciaux avaient été déjà fortement ralentis : l'affaire Enron, la spéculation sur le pétrole et les matériaux stratégiques qui s'était effondrée avait provoqué une stagnation de moyenne durée. Les containers  en avaient pris un coup. Ainsi que le commerce des grains et autres denrées alimentaires. Mais l'activité d'échanges de biens finis et semis finis n'avaient pas cessé, tirés par la croissance du Bric.   D'une certaine façon la crise actuelle est plus brutale mais moins longue que celle de 2001-2002, avec le retour à un niveau de prix des affrètements plus solide et plus rapide.  Mais cela ne correspond pas à une continuation des flux habituels et plus à l'effet des plans de relance.

Est-ce que le BDI permet de faire des prévisions sur 2010 ?  Certainement pas. Il a surtout pour intérêt de "prévoir le présent". On entre dans l'année 2010 sur un rythme très faible. Les courants commerciaux n'ont pas été rétablis. Les déséquilibres infernaux demeurent et devront bien  être contrariés d'une façon ou d'une autre. La réaction de relance des Etats ne pourra pas être aussi forte bien longtemps. On a utilisé un fusil à un coup. On entre dans une zone de turbulence forte où tout reste possible d'une reprise tranquille et constante à une dépression et des actions désordonnées des Etats confrontés à des situations sociales intolérables.

Tout est centré sur la machine infernale des changes flottants et des déficits abyssaux qu'ils permettent. L'intolérance à un Yuan grossièrement dévalué et à des créations monétaires américaines sans limites générés par des déficits extérieurs eux-mêmes sans limites ne peut que croître.

On n'a voulu faire aucune réforme. Les changes flottants sont toujours un mot tabou. Les conséquences de ce système malsain continueront à se faire sentir. Cette fois il n'y aura plus de marges de manœuvre. Le système bancaire a vu le coût de portage de ses dettes réduit et ses facilités de gains spéculatifs accrues. Mais les dettes irrécouvrables sont là et le stock augmente du fait de la crise. Certains Etats sont au bout du rouleau.  Les entreprises qui vivent sur leurs réserves ou sur les obligations qu'elles ont souscrites pour se substituer aux emprunts bancaires et aux rentrées commerciales vont être progressivement plus mal. On sait qu'en général le pic du chômage et des faillites arrivent deux ans après le déclenchement de la crise ouverte. 2010 et 2011 vont donc être des années de très haut chômage et de destruction d'entreprises partout dans le monde, en même temps que les Etats seront asphyxiés.

Lors de la crise de 92-93, la plus proche de la crise actuelle, l'emploi et l'investissement ne sont repartis qu'en 1997.  La situation sera la même, au mieux, pour cette récession-ci.

Beaucoup va dépendre de la patience des peuples.

Le gouverneur de la BCE, M. Trichet, croit à un scénario peu probable : on garde les changes flottants, des banques centrales uniquement focalisées sur l'inflation et le sauvetage des banques, et on se moque de tous les déséquilibres internationaux.  Et on crie Confiance ! Confiance ! Confiance ! comme un cabri.  Les Etats épongent les dégâts financiers et sociaux. Et la reprise viendra qui financera tout cela.

C'est le scénario de 1993 et de 2001. Est-il encore jouable ? On dit jamais deux sans trois, mais aussi une fois cela passe, deux fois cela lasse et trois fois bonjour les dégâts !

Notre petit doigt d'économistes inquiets nous dit que quelque chose devra bien céder quelque part. N'avoir fait aucune réforme et avoir acheté l'arrêt de la crise globale à grands frais est une chose.  Sortir spontanément  du marasme en est une autre.

2010 et 2011 seront des années intéressantes. Rappelons-nous qu'après 1929, les années de transformation de la crise en désastre international furent 32 et 33. 

Mieux vaudrait que les bonnes réformes soient entreprises immédiatement. Il faut supprimer le système des changes flottants et revenir à une croissance forte, concertée et équilibrée, sous la responsabilité des Etats, dans un cadre multilatéral réformé dans le sens de l'égalité des droits et des devoirs, et imposant que les déséquilibres excessifs soient drastiquement réduits.   

Didier Dufau pour le Cercle des économsites E-toile.



Un chiffre cruel

En France en 2008, la valeur ajoutée par les entreprises, tous secteurs confondus et évidemment  administrations exclues, a été de 998 milliards  d'euros. La dépense publique, elle, a atteint 1.027 milliards d'euros.

Il en résulte que si  on n'avait en France qu'un seul impôt, la TVA, le taux en serait supérieur à ... 100%.

Chiffre cruel. Curieux que la presse ne le publie absolument jamais ! Il est vrai qu'il est de bon ton de crier Vive l'impôt dans les médias français.

En un mot, même en confisquant toute la valeur ajoutée par les acteurs économiques privés, on ne parvient pas à payer nos dépenses publiques.

On sait qu'en 2009 les chiffres ont évolué de façon néfastes : baisse de la valeur ajoutée et hausse des dépenses publiques. Il sera intéressant de les comprer dès qu'ils seront pubiés. Ils montreront probablement qu'une TVA à 110% serait nécessaire pour équilibrer la dépense publique et si on veut rembourser nos dettes disons en 5 ans, il est probable qu'il faudrait une TVA à 140-150%.

Les "sages" nous expliquent qu'il va bien falloir augmenter les impôts. La seule question qui se pose esst la suivante : comment fait-on pour payer plus d'impôts que nous ne créons de valeur  ?

On sait qu'on va faire payer le carbone  et  la spéculation, ces grands vilains.

Mais tout cela est-il bien sérieux ?

La cruelle vérité est qu'il faut retrancher entre 30 et 40% de la dépense publique ou accepter de descendre dans les enfers de la dette éternelle non remboursable et de nous jeter dans la stagnation de longue durée.

Qui osera le dire ? Qui osera le faire ?

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

 

 

 

Les deux erreurs majeures du gouvernement Jospin

Alors que Lionel Jospin publie ses mémoires, avec ce titre plus que révélateur (Lionel parle de Jospin (sic)) de la schizophrénie  et des affres très protestantes du personnage, que penser de la politique économique qui fut celle de son gouvernement ?

Une fois de plus il faut se placer dans le cycle économique. Jospin arrive au moment de la phase haute du cycle. Et il ne s'en rend pas compte. Pendant tout 97 nous nous égosillons sur le site du Monde.fr pour signaler que l'emploi est en pleine expansion et que partout dans le monde les courbes économiques se redressent.  L'ombre portée de la récession de 93, la première depuis la guerre,  est si forte que personne ne veut y croire. C'est l'époque où l'énarque Seguin parle du Godot de l'emploi qu'on attendrait en vain, alors qu'il se manifeste déjà avec une grande force démonstrative.  C'est l'époque où l'énarque Rocard préface le livre ridicule de Rifkin qui prétend que c'est la "fin de l'emploi". Eternel décalage entre la réalité et l'hystérésis des sentiments.

Cette myopie, encouragée par un enveloppement idéologique particulièrement brumeux dans le camp qui est le sien, est la cause de deux erreurs absolument délirantes qui disqualifient radicalement son expérience de chef de gouvernement.

* Il ne voit pas que la croissance a sa conséquence habituelle : compte tenu de la progressivité globale du système fiscal les recettes augmentent plus vite que le PIB !  L'incroyable coup de massue fiscal de l'énarque Juppé est considéré comme insuffisant alors qu'il était déjà surdimensionné. On aboutira à l'affaire dite "de la cagnotte"  qui parait secondaire alors qu'elle est fondamentale. Nous en sommes arrivés à de tels taux de prélèvements que la conjonction d'une haute conjoncture internationale et d'une aggravation des impôts a des conséquences immédiates et terribles : l'Etat dépense tout sans se rendre compte qu'il étouffe le pays. Lors de la récession suivante, non prévue elle non plus par Jospin et qui le frappe avant la fin de son quinquennat,  l'étranglement fiscal du pays sera total. Seul Fabius, pour des raisons électorales, verra le danger. Mais il était trop ,tard. Et le choix de réduire la TVA sera une grave erreur. C'est pendant le gouvernement Jospin que le taux de prélèvement atteindra son sommet historique.

* Ne voyant pas la reprise très forte de l'emploi partout dans le monde, il se trompe, ici encore lourdement, de politique du travail. Il multiplie les emplois administratifs précaires, contribuent à stériliser une part notable des réserves de productivité française et il bloque pour l'avenir la croissance avec les 35 heures. La manière presque fasciste avec laquelle l'affaire des 35 heures est menée est révélatrice de l'état de la gauche. Le socialisme est mort. Il n'y a plus de programme. On n'a plus d'idée, alors on choisit en urgence avant une élection un gadget qui peut plaire aux masses, un "cadeau au peuple", et lorsque la surprise d'une élection donne le pouvoir on passe outre à tous les avertissements pour mettre en œuvre la promesse honteuse de façon autoritaire. Les 35 heures sont un nœud coulant autour du cou de l'économie française. Qu'on  ne dise pas que les conséquences ont été une surprise. Nous n'avons cessé de batailler contre cette chimère d'un présupposé idéologique et d'une manœuvre électoraliste démagogique.   La mesure est mise en place d'une façon très progressive qui fait qu'elle ne fera sentir ses pleins effets qu'à partir de 2000, c'est à dire à l'arrivée de la phase de récession du cycle.  La France ne parviendra pas à sortir de la crise de 2001-2003 : "la haute conjoncture de 2005,6 et 7"verra des taux de croissance infimes.

Accessoirement, mais pour donner sa pleine mesure sociale, Jospin, très trotskiste dans ses appréciations, considère qu'il doit mettre la force de l'Etat au service des "faibles" contre les "vilains capitalistes". Le droit social devient une jungle. Tout est bloqué.  Adapter le tissu économique aux nouvelles réalités devient ou impossible ou tellement coûteux que personne ne veut plus se risquer à l'investissement.

Au total le gouvernement Jospin bénéficiant d'une conjoncture internationale jamais vue depuis 1974 écrase le pays d'impôts à contretemps, laisse filer la dépense publique d'une façon telle qu'il aggrave l'endettement de mille milliards de Francs, crée un chômage structurel phénoménal, bloque l'investissement productif et étouffe pour longtemps l'économie et les relations sociales.

Il s'agit bien d'un désastre. Mais qui n'est pas perçu à la hauteur de ce qu'il est parce que Lionel Jospin a exercé sa gestion au meilleur moment de la conjoncture. 

Alors c'est bien beau de toujours se présenter comme "un grand honnête homme" qui aurait fait une politique "digne".  Jospin est un ignorant un peu trop torturé par sa prédestination et ses nombreuses contradictions (révolutionnaire mais énarque, trotskiste mais secrétaire général du PS, modeste mais candidat à la présidence de la République, honnête mais menteur pour sa tranquillité, socialiste mais ne détestant pas les facilités de l'argent, aimant les intellectuelles mais à peu incapable de parler un français correct etc.), qui a mené une politique suicidaire pour la France.

Est-ce que cela aurait pu être pire ?

Oui, assurément.  Notamment si DSK avait pu se maintenir au pouvoir. Heureusement ses turpitudes dans les milieux de l'assurance des étudiants, tondus ras par des voyous sans aucun scrupule, l'ont écarté du pouvoir, permettant, trop tard mais tout de même, une certaine correction de trajectoire. Les juges comme dans l'affaire Dray ont considéré qu'on pouvait piller la jeunesse sans conséquences pénales. Mais au moins ont ils permis  un temps qu'un changement d'homme génère une réorientation utile de la politique.  De même on créditera Jospin d'une certain réserve dans l'expansion des dépenses des administrations centrales. Les débordements les pires concerneront les collectivités locales (qu'on ne cherche pas à brider), le monde associatif subventionné (les copains et les coquins) et la sécurité sociale, où aucune réforme n'est engagée malgré l'urgence.

Au total Jospin a fait perdre son temps à la France tout en l'enfonçant dans l'endettement et le chômage structurel, alors qu'il bénéficiait d'une période hyper favorable pour résoudre à l'intérieur certains des problèmes structuraux provoqués par "l'énarchie compassionnelle" et le socialisme mitterrandien et à l'extérieur pour faire prendre conscience des dangers du système monétaire et financier international basé sur les changes flottants. On ne peut pas en même temps faire rire de sa ringardise dans les congrès socialistes internationaux et avoir un poids économique quelconque dans les instances économiques mondiales. 

Il est un des symboles de l'effondrement intellectuel français, dont les élites sont désormais incapables de se porter à la hauteur des enjeux nationaux et internationaux. 

Monsieur Jospin vous vous considérez dans l'article donné ce dimanche au JDD, comme un protestant ayant su gardé toute sa dignité et son quant-à-soi. Votre troisième place à l'élection présidentielle de 2002 aurait du vous prévenir contre cette forme de narcissisme extrême. Votre échec tient entièrement au fait que les Français dans leurs tréfonds ont parfaitement compris que vous avez gâché les quelques chances de la France qu'il aurait fallu à tout pris sauvegarder.

Votre pas de danse avec Chirac marque la fin de l'imposture de l'énarchie compassionnelle, lancée par le couple Giscard - Chirac en 1974,  qui a vu des hauts fonctionnaires s'emparer du pouvoir en croyant qu'ils sauraient apaiser la société  par leur arbitrage alors qu'ils n'ont fait que la châtrer. Vous êtes le dernier maillon d'une chaîne délétère qui a vu la France sortir de l'histoire faute d'avoir tiré toutes les conséquences du renversement des équilibres mondiaux qui se sont produits en 1974.

Vos mémoires, comme celles de J. Chirac, sont le témoin du chemin de croix qu'a suivi la France sans nécessité aucune.

Vraiment pas de quoi pavoiser !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile



Economie et constitution

Le petit monde politico médiatique a bruissé ces derniers jours d'une proposition magique : il suffirait de constitutionnaliser l'obligation de maintenir l'équilibre budgétaire de l'Etat pour que tout aille mieux.


Dans la lignée des "droits à", le bon, peuple aurait un droit constitutionnel à ce qu'on ne reporte pas indéfiniment sur les générations futures le fruit de nos lâchetés. 

Laissons le côté moral et politique de côté pour se contenter d'une appréciation économique.

Ceux qui lisent régulièrement ce forum ont déjà la réponse. Ils savent qu'il y a un cycle économique de huit à dix ans. Très régulièrement l'activité s'effondre entraînant déficits budgétaires et endettement. Nous avons eu l'endettement Chirac après la crise de 74, l'endettement Fabius après la crise de 82-83, l'endettement Balladur, après la crise de 92-93, l'endettement Jospin après l'éclatement de la bulle des Ntic et aujourd'hui l'endettement Fillon à la suite de la récession actuelle.


Si nous devions mettre en place un cadre constitutionnel interdisant le gonflement de la dette nous créerions un système parfaitement procyclique : en phase haute le gouvernement verrait ses ressources s'accroitre et pourrait dépenser plus sans craindre de s'endetter ; en phase de vaches maigres il lui faudrait réduire drastiquement les dépenses publiques pour ne pas emprunter. On aggraverait tout dans un sens et dans l'autre.

La suggestion est donc une parfaite idiotie comme peuvent en émettre des ignorants complets de la chose économique.

La réduction de l'endettement est une question de courage politique pas de Constitution.

En revanche deux principes devraient être constitutionnalisés :

- on ne peut pas taxer les fausses apparences de gains liés à l'inflation.

- l'Etat doit restituer aux Français le produit de la progressivité globale de l'impôt, principe d'équité fiscale qui est malheureusement transformé en principe d'accroissement perpétuel des prélèvements du fait de la croissance et des phases hautes de conjoncture.


La Constitution doit dégager des principes qui  protègent les citoyens contre des abus permanents et manifestes. Pas se mêler de la gestion du cycle économique.


On a vu que la loi oblige les communes à avoir des comptes équilibrés. Cela n'a pas empêché des fous furieux comme Delanoë de faire passer les effectifs déjà pléthoriques jusqu'à la caricature de la mairie de Paris de 40 à 49.000 simplement en exploitant à mort une bulle financière sur l'immobilier. Et de matraquer ensuite les Parisiens sans mesure. 


Le budget devrait à tous les niveaux être calculé sur la base du trend de croissance, soit  entre 2 et 3% d'augmentation par an. Toute augmentation par rapport à ce trend devrait faire l'objet de procédures contraignantes avec justifications exceptionnelles.  Le système actuel qui consiste à anticiper de la croissance, à en tirer des recettes qui tiennent compte de la progressivité de l'impôt (c'est à dire qui montent plus vite que la croissance) puis à fixer le niveau des dépenses, avec des astuces pour qu'on aille toujours trop loin dans le dépassement (les dépenses dépassent régulièrement de 25 % des recettes qui en phase de croissance sont déjà calculées trop larges) est à jeter à la poubelle. 


Un exemple de plus que malgré tous les efforts, des notions aussi simples que celle de cycle économique ou de progressivité marginale global de l'impôt ne sont  pas prises en compte dans les raisonnements politiques.


Mais là la faute des médias peut et doit  être soulignée : on les avertit et ils ne disent rien et ne publient absolument rien sur ces sujets.

On peut souvent défendre que les journalistes ne sont généralement pas aidés par les économistes sur bien des sujets.


Mais là ils n'ont pas d'excuses.


Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

Un an après...

Selon le New York Times, la SEC a ouvert une enquête, soupçonnant Goldman Sachs et d'autres institutions financières d'avoir vendu à leurs clients des placements «subprime» dont eux-même se débarrassaient

 

Confirmant ce qu'on écrivait il y a plus d'un an. Les banques mammouth multiplient les conflits d'intérêt. Nous ne cessons de le dire. Il ne fallait pas se réjouir du triomphe de son président. Il fallait casser le groupe.

2010 : la suite mais pas la fin d'un désastre intellectuel

En 2007, les défauts du système monétaire international ont entraîné un blocage des marchés monétaires. Aucune réforme n'a été entreprise.

En 2008, les défauts du système monétaire international ont provoqué la plus grave crise bancaire et financière depuis le crise de 1929. Aucune réforme n'a été entreprise.

En 2009 les défauts du système monétaire  n'ayant toujours pas été pris à bras le corps il a fallu laisser filer la création de monnaie par les banques centrales et les gouvernements. Alors qu'une magistrale récession étranglait le monde, que les dettes publiques dépassaient toutes les limites de l'histoire connue, aucune réforme du système monétaire international n'a été esquissée. Quelques pays voulant montrer leur activisme ont taxé les bonus des banquiers, ouvrant la voie à d'autres augmentations fiscales.

En 2010 les défauts du système monétaire international seront toujours là, ne seront pas discutés, encore moins traités. On vivra les inconvénients d'un système "qui ne marche pas" conjugués avec ceux des politiques inutilement coûteuses qui ont servi des substituts à des réformes de fond.

Les Etats cupides voudront imposer, imposer, imposer. Par tous moyens. En cherchant les méthodes d'imposition quasi invisibles et en frappant des boucs émissaires pour ceux qui sont visibles. La chasse fiscale aux "vilains" déjà bien entâmée en 2009, reprendra de plus belle.

Plutôt que d'observer et de traiter le malade, les Diafoirus se répandront en "purgare ! purgare !" aussi sonores qu'exaltés.La haine sociale servira plus que l'inteligence économique.

Les économistes de cour une fois de plus se tairont. Ils accompagnent les gouvernements. Ils accompagneront la course aux impôts. Ils chanteront avec les Purgon : mais oui il faut des impôts. Après tout, presque tous vivent de l'impôt.

Cela ne demande aucun courage, aucune pertinence. S'il fallait se colleter avec les mystères des systèmes monétaires internationaux, les différents intérêts, les Etats, les collègues, en allant contre le courant de la bêtise et de l'ignorance qui emporte tout, en plus d'avoir à apprendre, à connaître, à percer à jour ! Impensable ! Et avoir du courage en plus ? 

Chut ! Le système monétaire international des changes flottants ne marche pas. Depuis 1971 il n'a provoqué qu'une succession de crises toujours plus graves. La politique d'expédients menée par des sots et des lâches a aggravé encore la situation et plus personne ne sait comment en sortir ? Qu'importe : il suffit d'espérer un miracle. En hurlant avec les loups.

En 2010 le système monétaire international débile qui nous régit  ne sera pas réformé.

Sur Sirius il y a surement un observateur découragé qui murmure : "décidemment, il n'y a rien à faire avec ces idiots : quarante ans que le système les ruine et ils n'ont toujours pas compris !".

Crions aux étoiles : bonne année ! En sachant qu'elle sera mauvaise. Alors qu'on voudrait crier "au secours !".

Le crier aux hommes ne sert à rien.

 

Lewis Holden pour le Cercle des Economistes E-toile

 

 

 

 

 

 

 

 



Le site dépasse les 20 000 lectures

Le site a désormais dépassé les 20.000 lectures. Il a doublé en six mois le lectorat acquis lors de sa première année d'existence. Un peu plus de 2500 lecteurs différents ont lu au moins un article, contre 1300 il y a six mois.

Il est intéressant de constater que des articles anciens continuent d'être très régulièrement consultés.  Les cinq articles les plus lus excèdent désormais les 600 lectures.

Le Cercle des économistes E-toile en profite pour souhaiter à tous de joyeuses fêtes et une bonne année 2010.

 

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Taxe Tobin : la position du Cercle des économistes e-toile

Cela fait dix ans que nous nous exprimons publiquement sur la taxe Tobin et nous n'avons en rien varié sur le sujet.  Notre position se définit ainsi :

1. Nous avons la plus grande estime pour Tobin qui était un économiste très fin, toujours articulé dans ses raisonnements, et  avec qui nous avons correspondu lors de la rédaction de notre thèse de doctorat à la fin des années soixante. Mais sa pensée a été détournée, d'abord par les ONG soucieuses de se voir doter de fonds indépendants des Etats, puis par les réseaux communistes métamorphosés en "altermondialistes", puis aujourd'hui par les Etats  en quête de nouvelles ressources fiscales dont le prélèvement serait indolore.  Nous n'avons cessé de montrer l'imposture de ces détournements. Il est lamentable de voir une question technique difficile transformée en n'importe quoi politique par des gens qui ne comprennent même pas ce dont ils parlent. Pas eux ! Pas ça !

Le succès de la taxe Tobin n'a rien à voir aujourd'hui avec la préoccupation de Tobin. Il s'agit simplement de taxer pour taxer. La "finance" étant chargée de la responsabilité de la crise sur une base comportementale, elle offre le prétexte à une "sanction" fiscale. Tout est faux dans le décor dans lequel on se meut dans les media lorsqu'on parle de la taxe Tobin. L'ignorance crasse et l'hypocrisie y règnent en maîtresses exigeantes.

Sous prétexte que le sujet est "technique" on se croit justifié de ne rien expliquer. Et du coup on écrit n'importe quoi sans aucune pudeur. Cela sombre souvent dans le burlesque : il suffit de lire les variations du simple au centuple sur le taux de la taxe ou sur celui des sommes qu'elle permettrait de récolter pour constater qu'on n'est pas dans la réflexion mais dans le délire de sots intéressés spéculant sur l'ignorance des masses.

2. La principale erreur est de considérer que Tobin avait en vue le financement des ONG et qu'il avait trouvé le moyen de fournir beaucoup d'argent avec un impôt minuscule.  Tobin voulait mettre en place un marteau pilon pour écraser tout espoir de gains spéculatifs sur des marchés de capitaux devenus totalement libres. La taxe Tobin n'est pas une "plume" duveteuse que l'on peut arracher du dos de la finance mondiale sans conséquence. C'est un système extrêmement contraignant qui interdit dans la pratique toute spéculation à court terme.

3. Le problème qui pousse Tobin à proposer son système, au début des années 70, est l'instabilité probable liée aux changes flottants. Ce débat fondamental est toujours esquivé par ceux qui parlent de la taxe Tobin. S'il fallait en plus s'embarquer dans une discussion technique sur les changes flottants, où irait-on ? La vraie question pour Tobin est : que faut-il faire pour éviter que les changes flottants ne deviennent une catastrophe ?  Cette question n'a jamais été posée dans la presse et les milieux politico administratifs. Et généralement esquivée dans les instances économiques et financières internationales. C'est comme cela qu'on a quitté "les trente glorieuses" pour entrer dans un cycle de crises financières à répétition, d'économie casino, avec ses neuvaines catastrophiques.

4. Discuter de la taxe Tobin revient donc à traiter la question du système monétaire international. Faut-il laisser les changes flottants entraîner leurs conséquences maléfiques sans rien faire ? C'est ce qui a été fait depuis 1971 sans aucune discussion nulle part. Les changes flottants sont un tabou et il est de ceux qu'il est pratiquement impossible de lever.

Ou faut-il supprimer les changes flottants  et revenir à un système de changes fixes et ajustables ?

Ou faut-il conserver les changes flottants mais avec des béquilles comme la taxe Tobin qui interdit de fait les mouvements spéculatifs à court terme ?

Juger la taxe Tobin c'est d'abord répondre à ces trois questions fondamentales, ce que personne ne fait.

Encore faudrait-il que la question soit posée. Elle ne l'est jamais. Au contraire les difficultés sont niées là même où elles devraient être traitées avec le plus grand soin. N'oublions pas que le FMI par la voix de son économiste en chef considérait à la fin des années 90 que les crises économiques étaient de plus en plus rares et de moins en moins graves et que les banquiers centraux comme Greenspan et son adjoint Bernanke professaient que les instruments complexes mis en place pour faire face à la volatilité des changes et de l'ensemble du monde financier étaient formidables. 

5. Le Cercle des économiste e-toile est pratiquement le seul lieu où la nocivité constitutionnelle des changes flottants est régulièrement dénoncée. Naturellement nous avons notre solution de préférence : le retour à un système de changes fixes et ajustables dans le cadre d'une institution mondiale égalitaire qui fait disparaître les privilèges des Etats-Unis et du Dollar et de la promotion d'un cadre règlementaire qui interdit les déséquilibres durables de balances de paiement.

Nous pensons que la doctrine qui veut que des zones monétaires gérées par des banquiers centraux avec comme seul objectif la stabilité des prix et  dont le cours des devises respectives s'ajusterait par le seul jeu des forces du marché, est fausse et a produit depuis 40 ans les pires ennuis.

Dans ces conditions nous ne sommes pas des supporters de la taxe Tobin qui est un expédient pour tenter de rendre tolérable l'intolérable. 

Nous pensons que les Etats doivent être responsables à la fois de leur niveau de prix, de leur niveau de chômage et des équilibres extérieurs. Les trois vont ensemble. Cette responsabilité globale doit s'exercer dans le cadre d'une coopération internationale étroite.

Croire que les prix sont de la responsabilité de la banque centrale, le chômage de l'Etat et les changes des marchés financiers internationaux, c'est à dire croire à notre organisation actuelle, est pour nous un article de foi, genre charbonnier, sans aucune justification rationnelle. Les conséquences sont désastreuses depuis le début et n'ont jamais cessé de l'être.

L'irresponsabilité des Etats est si confortable qu'il ne faut espérer aucun changement. Les Etats unis ont cru que le "benign neglect" serait sans conséquence. Ils se sont trompés. Mais ils croient encore que le maintien du système vaut mieux que son abandon. La Chine pratique un dumping monétaire effrayant mais tout le monde fait semblant de croire que ce sont les marchés qui imposent le cours du Yuan. L'Europe... Quelle Europe ?

5. On peut considérer que la vraie solution est impossible à mettre en œuvre en l'état des mentalités et des rapports de force. Le pragmatisme ne conduit-il pas à chercher des solutions de fortune, sachant que celles que la rigueur de la réflexion suggère sont impossibles à imposer ?  C'était bien la position de Tobin. Laissons les changes flotter, laissons les déséquilibres enfler, mais au moins bloquons les crises artificielles de change liées à des mouvements de capitaux à court terme. On stabilisera les changes et du coup on "refroidira" les mouvements browniens de la finance avec leurs effets perturbants. Les banques centrales verront leur tâche simplifiée. Les chocs endogènes seront réduits. Le système sera moins mauvais.

La taxe Tobin est donc par nature un renoncement, un pis aller. En un mot un expédient. Au nom du réalisme et du pragmatisme. "Après tout", disait Tobin, "voyons ce que cela donne avec ma taxe. Si on a la stabilité des changes avec la liberté totale des mouvements financiers, sachant que les banques centrales contrôlent les prix, ce ne sera déjà pas si mal" .

6. Faut-il donc, faute de mieux, soutenir par pragmatisme l'expédient Tobin ? Les principaux opposants étaient les banques : elles gagnent des fortunes en spéculant sur les monnaies et les taux d'intérêt à travers le monde ; elles ont tout à gagner à fournir des services visant à se prémunir contre les risques de change ou les variations de taux. La taxe Tobin, sous réserve des modalités, peut en effet assécher ces sources de gains faciles. Les banques étant dans un rapport de force défavorable par rapport aux Etats, il est en effet possible que la faisabilité d'une taxe Tobin n'ait jamais été plus grande. Encore faudrait-il que la question monétaire soit mise en première place et qu'on mette bien les Etats en face de leur responsabilité dans l'organisation financière du monde.

C'est loin d'être le cas. La taxe Tobin est envisagée pour financer l'écologie, la santé publique, le tiers monde, pas comme moyen de réorganisation du système financier mondial. Les Etats qui la proposent ne sont intéressés que par les possibilités fiscales nouvelles ; les ONG que pour les ressources internationalisées nouvelles. La question fiscale a cancérisée la question économique.


7. En l'état, la meilleure chose que peut faire un cercle de réflexion économique est :

- De dénoncer le système monétaire international actuel dont la perversité est avérée de façon DEFINITIVE.

- D'orienter la réflexion internationale vers des solutions de fond et non des expédients.

- De ridiculiser le détournement de la taxe Tobin par les ONG cupides et les Etats rapaces.

C'est ce que nous continuerons à faire.

Didier Dufau pour le Cercle des économiste E-toile

Qu'est-ce qu'une "transaction financière" ?


Voilà que les Etats-Moloch veulent exploiter la crise pour trouver d'autres ressources fiscales. Après avoir taxé la consommation, la production, le travail,  les échanges, les revenus, le capital, la valeur ajoutée, le produit du capital, les plus values, ils viennent de découvrir une nouvelle source de recettes miracles : les transactions financières.

Le mot est compliqué. Transaction : qu'est-ce que cela veut bien dire ? Et ce qualificatif de "financier", il n'est pas simple non plus.

En droit une transaction est un arrangement entre les parties à un conflit qui acceptent de céder sur leurs exigences pour éviter l'aléa et les frais de la Justice. Le Quillet donne une bonne définition de la transaction : "contrat par lequel les parties terminent une contestation".  

Le mot finance lui, identifie la somme d'argent qu'il fallait verser au Trésor Royal pour acheter une charge. On disait : "acheter une charge pour le prix de la finance". Dans un système de vénalité des charges, il y avait nécessairement un Surintendant des finances. Pardi  !

Il faut toujours se méfier quand l'Etat emploie des mots qui ne sont manifestement pas pris dans le sens du dictionnaire, surtout pour lever des impôts nouveaux.

On peut difficilement envisager que nos princes imaginent taxer les transactions juridiques entre l'Etat et les bénéficiaires de charges vénales disparues depuis 1789.

Alors de quoi s'agit-il ?

C'est d'autant plus important de le savoir qu'on accorde au futur impôt des vertus magiques : un prélèvement ridicule mais tellement productif que la faim dans le monde cesserait aussitôt, que le Sud pourrait rattraper le Nord, que les questions de réchauffement de la planète en seraient totalement réglées, que les relations monétaires internationales seraient aussitôt "régulées" et la prospérité mondiale retrouvée.  Véritable couteau suisse de la survie bienheureuse du monde et de la justice  distributive généralisée, solution facile et immédiate de toutes les difficultés sociales et écologiques, panacée contre les rhumes bancaires, on se languit de bien comprendre cette imposition des déjà fameuses mais toujours fumeuses  "transactions financières" qui ne seraient ni production, ni vente, ni consommation, ni revenu, ni capital, ni plus value.

En lisant bien les textes on trouve quelques éléments. On va taxer le change des devises. Vous disposez de 100 Euros. Vous voulez transformer ces cent euros en monnaie marocaine. On va vous taxer sur cette transformation.  Vous vous êtes  donc enrichi dans cette métamorphose ? Non. Le coût de transformation existe. Il est assez élevé. L'Etat, toujours goulu, se sert au passage. Le service rendu crée une valeur ajoutée qui est taxée. Le revenu des intermédiaires est aussi taxé. Bref le change vous appauvrit et nourrit l'Etat. Ici et maintenant. Et on se propose d'aggraver ce coût par une taxe nouvelle, non plus assise sur la valeur ajoutée par les intermédiaires mais sur le mouvement lui même dont l'assiette est vingt fois plus importante.

Voilà qui est concret. Aussitôt la réflexion peut partir sur des bases solides.

Première question : pourquoi faut-il taxer un change de monnaie qui n'a pour but que de pouvoir acheter quelque chose mais dans une autre zone monétaire ? S'agit-il de privilégier les achats fait dans la zone monétaire de son pays de résidence ? D'une mesure protectionniste ? En quoi une mesure protectionniste pourrait-elle fournir les moyens magiques sus évoqués ?

Pourquoi dois-je payer une nuit d'hôtel surtaxé au Maroc et pas en Allemagne ? On va changer le monde avec ça ? Vraiment ? Des taxes j'en ai déjà payé au Maroc : à l'aéroport, à l'hôtel lui même où chaque nuitée exige de payer sa taxe de séjour. On va ajouter une taxe nouvelle pour sauver le Maroc de la pauvreté au moment où je vais changer ma monnaie avant de payer ?  Et le miracle va s'accomplir ?  Surtout que tous les immigrés marocains qui envoient une partie de leur salaire au pays vont être taxés. Cette redistribution  du Nord vers le sud était donc si injuste qu'on la surtaxe ? Et comment le produit de cette taxe va-t-il rétablir l'équilibre Nord Sud si on pénalise les transferts qui y contribuent actuellement ?  

Décidemment, vous direz-vous, cela ne tient pas debout. On a déjà grâce à J. Chirac prélevé une taxe spéciale  sur chaque passage en avion sans que la face du Monde en soit foncièrement changée. Pourquoi à ce compte là ne pas ajouter un péage à l'entrée de l'aéroport de départ et à l'entrée de l'aéroport d'arrivée ?  Et une taxe à l'entrée et à la sortie de la porte de l'hôtel ?  Une toute petite taxe : par exemple 1 cent. Vous vous rendez compte des sommes incroyables que cela ferait si on l'applique à tous les hôtels et à tous les voyageurs ?  Vous direz : ce serait encore plus rentable si on payait la taxe à chaque fois qu'on fait un pas, mais hors de sa zone monétaire naturellement...

Décidemment on y voit plus clair : l'impôt souhaité est un péage sur les mouvements de fonds. Oui mais hors de sa zone monétaire.

Il faut dire que si on étend la taxe à sa zone monétaire  de résidence, la nouvelle taxation devient étrange. Vous virez de l'argent à un de vos enfants : taxe sur le virement . On vous paie votre salaire : taxe sur le  versement. Vous achetez un produit : taxe sur le mouvement physique (l'achat du bien) et sur le mouvement d'argent associé (le paiement). En dissociant l'aspect monétaire et économique d'un même acte, on double la base fiscale. Finaud, non ?

- "Mais si vous avez besoin d'argent, chers Etats, pourquoi n'augmentez- vous pas les impôts existants ?"

- "Vous n'y pensez pas ! On est au maximum tolérable. Songez qu'en France non seulement l'Etat dépense plus que la valeur ajoutée de la population  mais qu'en plus il a endetté tout le monde chaque année depuis 1974.  Un ouvrier est l'occasion d'un prélèvement de 60%, un employé de 65%, un cadre de 70%, un cadre supérieur de 75 à 80%. Avec l'ISF on atteint allégrement les 100% malgré la "bouclier fiscal". Comment voulez vous qu'on ose encore aggraver les choses ?"

- "Mais c'est bien ce que vous allez faire !"

- "Oui mais en douce. Les idiots vont croire que les "transactions financières" ce n'est pas eux mais les "financiers", des zombies quoi  et moralement condamnables en plus.  Tout va se passer à la source sans qu'ils ne s'en aperçoivent. Elle est là la magie : on taxe deux fois la même chose et personne ne s'en rend compte".

- "Vous êtes cyniques, pervers et hypocrites !".

- "Oui, bien sur. Comme d'habitude. Et alors ? Imaginez qu'on soit honnête et qu'on mette tous les prélèvements sur la TVA : on aurait un taux de 110%-120% ! Et comment on ferait-on pour sauver le monde, la nature, le système bancaire, la justice sociale, l'équilibre Nord Sud, tout en payant nos fonctionnaires et nos associations ?"

- " Je ne sais pas : un grand emprunt, par exemple" !

- "Alors vous, comme cynique...".

Plaidoyer pour une croissance forte

Le Cercle des économistes  e-toile s'est réuni en séance plénière pour fixer son attitude sur un sujet crucial : la croissance est-elle encore possible en Occident et particulièrement en Europe et en France. Les exigences écologiques nous entraînent-elles nécessairement dans une spirale de  baisse de la valeur ajoutée et dans la régression économique ? Doit-on céder aux sirènes moralisatrices qui prêchent la pénitence et la fin du festin ? En un mot la croissance est-elle encore souhaitable et est-elle encore possible ?

La réponse a été unanimement OUI.

Voici pourquoi.

L'économie, par construction, est basée sur des ...économies. La croissance n'est possible que parce qu'une économie a été faite quelque part qui permet au système d'évoluer vers de nouvelles productions et consommations.  Une économie en croissance est pratiquement toujours une économie qui trouve sa valeur ajoutée dans des modes innovants de produire et de consommer. En un mot, il n'y a pas de croissance sans productivité, c'est à dire sans diminution, à un stade où un autre, de la part de ressource détruite par rapport au besoin satisfait.


La croissance est le produit d'une énorme machine à trouver des économies. Les voitures consommaient 20 à 25 litres d'essence en 1930. Nous en sommes autour de 5 litres. On pourrait donner mille exemples de ce type dans tous les domaines, que ce soit la quantité de kérosène au kilomètre parcouru pour les avions, la quantité d'acier dans une voiture, le coût de vente d'un article ou de diffusion d'un message  via Internet etc.  Les gains sont souvent spectaculaires : le coût d'un message a diminué par exemple de près de 95%. De même pour le coût d'une transaction financière. La croissance économique n'est rien d'autres que l'ensemble des gains de productivité, résultant de notre capacité à détruire moins tout en ajoutant plus de valeur.

Appeler à l'économie dans l'économie, c'est formuler une tautologie. Tout l'effort des entrepreneurs et de leurs cadres est de trouver des ratios coûts/valeur ajoutée  favorables. Les campagnes se sont vidées parce que la productivité agricole a incroyablement augmenté ce qui a permis de diversifier les productions et les consommations. La démocratisation du transport a été aussi le fruit de gains de productivité considérables.

Partout des milliers d'ingénieurs cherchent des solutions avantageuses qui permettront de créer de la valeur. Jamais il n'y a eu autant de produits inventés ou améliorés qui n'ont de clients que s'ils ont un meilleur rapport entre coûts et valeur ajoutée.
Les produits qui n'améliorent pas leur ratio productivité/valeur ajoutée diminuent ou disparaissent.

La grande vérité qui est ignorée par tous les philosophes, énarques, journalistes, politiciens ignares en économie, c'est que la croissance n'est JAMAIS le gonflement de l'existant. Des produits disparaissent pendant que d'autres apparaissent. Le contenu de la croissance est éminemment variable. On se satisfait d'autre chose d'une génération à une autre. Le PIB de 1909, n'a rien à voir avec celui de 1959, qui n'a rien à voir avec celui de 2009.

Si on considère un produit considéré, il n'est pas rare qu'on soit plus pauvre en ce produit que nos prédécesseurs, alors qu'il y a eu croissance globale.  Par exemple le coût du travail a considérablement augmenté réduisant drastiquement le marché du personnel de maison. Là où une famille bourgeoise employait au milieu du XIXème siècle une nuée de serviteurs, un petit riche moderne se contente d'une fraction de journée de femme de ménage.

L'économie étant en permanente adaptation, la population passe son temps à réduire sa consommation de certains produits au profits de nouveaux qui le satisfont mieux.  L'économie ne cesse de réduire la consommation de facteurs de production. Le nombre des faillites est là pour prouver que la lutte pour la survie n'est pas facile. Car justement le capitalisme a un aspect destructeur. 

Mais la destruction a un bon motif : la substitution.
Si on prend à un instant donné la structure des coûts d'un niveau de production et qu'on prolonge les tendances dans la durée, on aboutit TOUJOURS sur une impossibilité. La mésaventure est arrivée aux petits maîtres du Club de Rome.  Ils ont poursuivi des tendances et ne sont arrivés ...qu'à des sottises.

Comprendre que la croissance n'est pas l'augmentation indéfinie des mêmes productions mais une transformation, une métamorphose permanente, éviterait les pires contresens.
Dans les années 50 le saumon était un plat de fête réservé à une élite qui ne le consommait que dans des circonstances bien particulières, notamment les réveillons de fin d'année. Aujourd'hui c'est un plat de base de la consommation populaire.  A l'inverse les crevettes étaient un plat extrêmement peu cher (à peu près le même prix qu'une entrée de radis dans un restaurant). Aujourd'hui manger des crevettes grises est un luxe.

Une des caractéristiques principales de l'évolution des produits est la part croissante de leur contenu psychologique. Le téléphone portable, Internet, ne satisfont pas des consommations physiques importantes. On consomme une information, une chaleur humaine, dont le coût unitaire a baissé de façon gigantesque.  Le succès n'implique même plus de productivité décroissante.

Si un logiciel plait, il va s'imposer sur le marché avec un coût marginal presque nul par client nouveau. Un film coûte la même chose qu'il fasse 100.000 entrées ou 20 millions. Le rendement marginal du spectateur supplémentaire est considérable.  Son coût marginal en facteurs de production ou de diffusion  plafonne à niveau très bas.

Une vidéo qui va être vue par des millions d'internautes ne coûte pas plus qu'une vidéo  sans aucun succès.  Le temps passé à la regarder ne va pas être utilisé à autre chose. Il y aura donc des perdants : une partie de la valeur ajoutée en terme de plaisir et de satisfaction de l'internaute va être prise sur d'autres consommations qui vont baisser.

Actuellement personne n'est en mesure de dire si les effets de substitution de la croissance ont un impact positif ou négatif sur la planète. Personne ne s'est jamais enquis de faire un calcul sérieux de la propension marginale de l'économie à ruiner l'écologie de la planète. Pour une raison simple : c'est impossible.

Une ville comme Paris voyait sa population rechercher l'ouest  pour se loger parce que les vents dominants venant de l'ouest , toutes les fumées de la villes allaient à l'est. Il n'y a pratiquement plus de fumées industrielles en ville aujourd'hui : la ville s'est rééquilibrée à l'est où le facteur terrain était moins cher pour une santé identique.

La valeur ajoutée est toujours d'essence psychologique. C'est l'arbitrage de millions de consommateurs qui font la valeur ajoutée. Le PIB n'existe pas en soi.  Cet arbitrage dépends des prix, normalement le reflet du coût des facteurs de production.
Le coût de la nature va continuer à considérablement augmenter. La croissance future contiendra de moins en moins de ce facteur là. Mais elle continuera tant que les entrepreneurs trouveront des modes nouveaux de satisfaire des besoins, avec des consommations réduites de facteurs de production.

Au début des années 70 deux dossiers écologiques étaient particulièrement forts : d'énormes usines à pêcher étaient envoyées par les Japonais pour ratisser avec d'immenses chaluts l'incroyable richesse des fosses de l'ouest africain. En dix ans ils ont tout nettoyé. Le port d'Abidjan était un formidable spectacle de poissons de toute nature et de toute taille. C'est largement fini. Tout le monde savait le crime écologique qui était en cours. Tout le monde s'est tu, la corruption et le laxisme des lois maritimes internationales permettant tous les abus.  La forêt amazonienne était en train d'être détruite. De nombreuses voix s'élevaient contre  la destruction de la forêt primaire. Pendant quarante rien n'a été fait. La forêt de Bornéo offre le même spectacle.

Dans tous ces cas il s'agit de prédation politique. Des élites corrompues jusqu'à l'os se sont enrichies vite et bien sur le dos de trésors de la nature qui n'étaient absolument pas nécessaires à la croissance. La forêt amazonienne n'aurait pas été touchée, la croissance mondiale n'aurait pas changé d'une décimale.

Est-ce que le capitalisme est vierge de toute critique ? Certainement pas. Les entreprises ont à leur disposition mille manières d'organiser rentes de situation et monopoles. Il n'y a pas de dossier de start-up sans un chapitre sur les barrières à l'entrée permettant de protéger le marché des nouveaux produits envisagés. La banque, l'assurance, la téléphonie, offrent mille exemples de manipulations visant à se préserver de la concurrence et à tromper le client.  Le consumérisme est un mouvement indispensable ; la législation anti trust également.
La recherche véritable de la satisfaction des utilisateurs passe nécessairement par un encadrement des pratiques permettant à la vérité des marchés de s'établir.

Mais il faut noter que les principaux pollueurs sont des secteurs entièrement financés ou presque par l'Etat. L'agriculture en donne un parfait exemple. Par démagogie on a dressé un système en trompe l'œil où les prix ne guident plus les productions et ou la pollution fait partie du jeu. Qu'ont fait les autorités pour éviter qu'en Bretagne l'élevage intensif du porc ne pollue gravement les rivières et le littoral ? Ils ont subventionnés les éleveurs !

Les systèmes de production de type soviétique ont de tout temps été les plus polluants.  L'indifférence aux facteurs de production  a fait que l'on a tué des millions de personnes tout en saccageant la nature. Lorsque le communisme s'est effondré on s'est aperçu de l'ampleur du mensonge que l'Occident avait accepté de gober.

Le désastre écologique soviétique et plus généralement communiste n'a aucun rapport avec les pollutions du capitalisme.
Alors oui, le politique doit fixer le cadre et les objectifs.  Il a certes le devoir de faire en sorte  que tous les coûts soient correctement prix en compte.

Il doit le faire en évitant plusieurs écueils.

Le premier est la politique de gribouille : j'augmente les coûts de plusieurs magnitudes immédiatement parce que je sais que plus tard il est possible qu'ils coûtent plus chers en se raréfiant. Plonger dans la piscine toute de suite parce que la pluie menace n'est pas des plus intelligents.  Les taxes sur l'essence n'ont exactement aucune fonction écologique. Elles ont été créées pour donner à l'Etat un maximum de ressources faciles. En multipliant par cinq fiscalement le coût du pétrole combien d'activités ont elles été bridées ou rendues impossibles ?  Combien d'emplois perdus ? Ces chiffres là ne seront jamais publiés. Les manque à gagner ou à produire n'émeuvent jamais personne.

Le second est le privilège donné aux consommations collectives. Les biens collectifs ne sont pas pour la plupart tarifés à leur coût réel et ils sont considérés dans la comptabilité nationale du PIB non pas en fonction de la satisfaction apportée mais à leur coûts de fabrication.  Dans bien des cas ce sont des consommations forcées ou des consommations tellement subventionnées qu'elles n'ont plus de sens. La prise en compte des coûts écologiques n'est pas automatique et peut être contournée.

Le troisième est l'intervention directe sur la consommation elle même. La stigmatisation des "blondes en 4x4" par Denis Baupin et sa clique à Paris est un bon exemple de ce qu'il ne faut pas faire. La liberté de consommer ce qu'on veut, quand on veut, est fondamentale dès lors qu'on l'obtient de façon licite. Si on entre dans la culpabilisation des comportements et des achats  on n'en sort pas. Pendant le "grenelle" de l'environnement en septembre 2008, deux congressistes évoquaient leurs vacances  à une terrasse d'un bistrot proche. "Moi disait l'une, cet hiver je vais en montagne dans un hôtel qui a un spa formidable : piscine extérieure chauffée à 30%, sauna, hammam. Pour la santé, c'est parfait". " Tu as raison disait l'autre, donne moi l'adresse, j'adore cela".  Chauffer une piscine extérieure en montagne par moins 5 ou 6 degrés est bien agréable. Mais quel est le bilan carbone ? Que fait-on ? On interdit ? Bien sûr que non. Contingenter de façon malthusienne des consommations serait se lancer sur un terrible toboggan.

Le quatrième écueil est d'imposer des restrictions inutiles et sans quantum d'action sur les problèmes écologiques mondiaux. Le problème s'est posé exactement dans les mêmes termes lors des querelles sur le malthusianisme des naissances. Il est clair que la natalité était trop forte en Inde et en Asie, comme au Maghreb. De là à prendre des mesures malthusiennes...en France, qui souffrait déjà d'un déficit des naissances !  La guerre de 14 venant après des décennies de réduction volontaire des naissances a ruiné la France. Heureusement, il y a eu sursaut après la guerre.  Malheureusement ce sursaut s'est partiellement enlisé à partir des années 70. La leçon des désastres de l'avant guerre commence à être oubliée. En Europe de nombreux pays sont menacés par le dépeuplement. La Russie, l'Allemagne, l'Italie ont des perspectives démographiques déplorables. Va-t-on commencer à s'en réjouir au nom de l'écologie et de la sauvegarde de la planète ?

Le cinquième écueil est la suite logique du précédent. L'homme risque de devenir l'ennemi d'une nouvelle religion. Maltraitons l'homme pour sauver la planète. Pénitence, restriction, culpabilisation commencent déjà à apparaître.  Il y a quelques jours dans un media français les intervenants ne l'envoyaient pas dire : l'homme est un loup pour l'homme mais pire encore pour la planète. il va falloir le dompter, volens nolens.

Nous ne disons pas ici que les marchés s'équilibrent tout seuls  en optimisant satisfaction et prédation écologique. Seuls les sots pensent qu'une économie totalement spontanée fonctionne sans difficulté. On n'en a aucun exemple historique. En revanche nous affirmons qu'il n'y a pas d'économie sans liberté, que la valeur apparait dans des processus d'échange libres,  et que cet ajout de valeur peut se faire même en réduisant la prédation sur tel ou tel facteur de production sensible.


En un mot une croissance non prédatrice est possible. Indéfiniment.  Il ne faut pas, au nom de la sauvegarde de la planète, détendre le ressort fondamental qui voit des millions d'hommes chercher les chemins du futur. Il faut investir. Il faut innover. Il faut supprimer les sources de gaspillages. Il faut réformer les systèmes qui ne marchent pas. Il est illusoire de croire que l'on pourra redistribuer les richesses  pour résoudre les problèmes sociaux sans croissance. Une double redistribution entre pays riches et pays pauvres d'un coté et entre riches et pauvres de l'autres, est strictement impossible dans une ambiance de décroissance.

Il n'y a pas de décroissances heureuses. Le moteur de la croissance est forcément inégalitaire : la création de valeur ne se fait pas partout en même temps. Des disparités se créent sans cesse puis la richesse diffuse.  Mais le moteur administratif de la décroissance sera encore plus inégalitaire, chacun se crispant sur ses situations acquises et excluant gaiment tous les nouveaux entrants.


Nous n'avons aucune expérience des décroissances volontaires. Mais nous connaissons bien le mécanisme des décroissances involontaires.  Ce ne sont pas les consommations qui baissent dans un premier temps mais les investissements. Les nouveaux entrants dans le circuit économique voient les portes se fermer devant leur nez, en même temps que les fragiles sont éliminés.

Toute décroissance planifiée génère des inégalités sociales d'autant plus épouvantables qu'elles sont sans remèdes. Lors d'une récession classique, le mécanisme s'enclenche mais on espère la reprise de la croissance. Il y a aura une solution. Mais si la récession est voulue ? Si les perspectives de chaque entreprise est une réduction de son activité ?  On cherche désespérément des gains de productivité et on désinvestit. On licencie plus que la baisse de croissance décidée et on va accélérer les efforts de réduction de coûts et de productivité. Alors la décroissance s'accélère et provoque la destruction de la base sociale.

Oser proposer un tel désastre est incompréhensible et en dit long sur l'indigence économique des politiques et leur indifférence sociale au delà des slogans.

Une bonne politique écologique passe par une bonne politique économique de croissance, pas de décroissance. Eliminer les freins à la croissance, faire valoir les coûts externes réels non pris en compte, harmoniser les droits commerciaux aux frontières en fonction des efforts écologiques des uns et des autres, stimuler l'inventivité, rechercher la productivité, récompenser l'innovation utile et la création de valeur, empêcher les monopoles et les pratiques anti concurrentielles, réformer les sous systèmes qui fonctionnent mal, aider à la création d'un vivier d'entrepreneurs, stimuler l'investissement, éviter les décisions purement politiques catastrophiques pour l'environnement par démagogie ou corruption, voilà le rôle des dirigeants.

Casser les énergies, accabler l'homme du poids de son péché écologique originel, réduire la population dans les pays européens, faire décroître la satisfaction des besoins par des mesures administratives, attacher un boulet écologique à toutes les initiatives de progrès, tous ces comportements dont on voit se déchaîner actuellement les promoteurs au nom des petits oiseaux et de l'effet de serre, n'est pas seulement ridicule. C'est la voie du déclin, du malheur et de la servitude.

Si le déclin devient un objectif alors toutes les fautes,  toutes les horreurs deviendront des bienfaits pour la planète. Staline a massacré 10 millions de Koulaks ? Il a bien fait : cela a préservé la planète. L'économie est totalement désorganisée par des mouvements sociaux alimentés par les pénuries. C'est formidable : pendant les désordres la terre s'est mieux portée. 

Toutes les erreurs aboutissant à des reculs économiques seront sanctifiées : ne mènent-elles pas à une meilleure santé de la terre. On en viendra à considérer 20 millions de chômeurs comme une bénédiction pour la planète : au moins pendant qu'ils chôment ils ne polluent pas.  


Cette voie est sans issue.


Restons mobilisés. Faire constamment mieux et plus est indispensable. Tout en déformant nos consommations vers des produits et des processus plus économiques et moins agressifs pour la planète.  C'est la vocation de la civilisation.  On ne peut pas dire à un médecin : on va se satisfaire d'une décroissance médicale. Finis les produits nouveaux ; Adieu les progrès thérapeutiques ; Revenons à un niveau passé compatible avec la santé de la planète.  On ne peut pas dire à une civilisation : arrête-toi !  On ne peut pas dire à une économie : décroît ! On ne peut pas dire à ses enfants : tu auras moins et on t'accablera de demandes de repentance et de sanctions si tu entreprends quoi que ce soit.


L'humanité s'en tirera par l'économie, la créativité, le dynamisme. L'horloge du temps humain ne recule pas. Et on ne peut pas la retarder artificiellement.

Vive une croissance économique de moins en moins gourmande en ressources naturelles. C'est souhaitable. C'est possible.

Didier Dufau au nom de l'ensemble des membres du Cercle des économistes e-toile.

Article connexe :"le devoir des économistes" .

La controverse Pierre-Antoine Delhommais-MichelRocard


La controverse qui anime ces derniers temps le petit monde des média nous intéresse car elle touche un sujet que nous avons abordé ici de multiples fois.

Pour ceux  à qui peut échapperce genre de guéguerres picrocholines, rappelons que dans un article très exact, Pierre-Antoine considérait que  "M. Rocard serait bien inspiré de relire Montesquieu, qui, dans De l'esprit des lois, s'en prenait à ceux qui "ont cru qu'il était bon qu'un Etat dût à lui-même et qui ont pensé que cela multipliait les richesses"". Et il ajoutait : "Rocard ..., qui il est vrai avaient pratiqué avec brio l'art du déficit quand ils occupaient leur poste".

M. Michel Rocard ,n'a pas apprécié. Il est vrai qu'à plusieurs reprises il a expliqué au monde ébahi qu'il avait été "le meilleur premier ministre" depuis longtemps et probablement dans son esprit toujours. Se voir rabaisser à un simple flambeur public  à crédit l'a heurté au plus profond de son ego, qui, comme chacun le sait, n'est pas mince. Il a donc vertement répliqué.  

"Je suis nommé le 10 mai 1988. Le budget de cette année a été arrêté par le gouvernement et la majorité précédente avec un déficit de 135 milliards de francs. Je l'exécute au milliard près. Je fais adopter pour 1989 un budget au déficit de 115 milliards, puis pour 1990 un budget au déficit de 100 milliards, tous deux exécutés au milliard près. Je fais adopter le budget pour 1991 avec un déficit de 90 milliards. Je quitte mes fonctions en mai, ce dernier budget sera exécuté avec un déficit majoré de près de 4 milliards. La récession de 1992 commençait en effet à se faire sentir fin 1991.Ref 2

La querelle ne peut être vidé que si on fait intervenir plusieurs notions cruciales qui ont le malheure de ne jamais être développées publiquement.

La première c'est que le cycle économique de 8 - 10 ans existe.

La seconde est que l'impôt est globalement progressif.

Cela veut dire qu'en phase de haute conjoncture (en général les 3 ou 4 dernières années du cycle) les recettes fiscales augmentent plus vite que le PIB. En revanche les périodes de vaches maigres, souvent les trois premières années du cycle, voient les recettes fiscales attaquées.

La qualité de la gestion des finances d'un pays  n'est pas la même en début et en fin de cycle : dans le premier cas il est nécessaire de laisser filer les déficits et dans le second il faut profiter de la croissance pour revenir à l'équilibre.     

M. Michel Rocard a eu la chance insigne de devenir premier ministre pendant une phase de forte croissance. Il fallait donc anticiper la récession prochaine et pratiquer une ascèse budgétaire telle que le budget repasse au positif et permette de dégager des excédents utilisables pendant la phase difficile à venir.

Il nous explique lui même qu'il n'en a rien fait. Alors qu'il a bénéficié d'une croissance extrêmement forte des recettes fiscales, il s'est contenté de freiner l'ampleur du déficit en utilisant pratiquement tout l'excédent fourni par la croissance pour des dépenses nouvelles. Ce fut une attitude irresponsable et même criminelle. Dans bien d'autres pays occidentaux, la période a été utilisée pour revenir à des budgets excédentaires.  

M. Michel Rocard aurait le droit de se vanter s'il avait conduit une politique faisant apparaître un excèdent de 90 milliards en 89, de 115 en 90 et de 135 en 91. En amassant  près de 300 milliards de Francs d'excédent, il aurait bien mérité de la Nation. Mais pas en accumulant 300 milliards de Francs de dettes nouvelles en pleine croissance !

Le plus incroyable, c'est qu'il ne réalise même pas l'inconvenance de sa défense !

Nous avions déjà fait cette remarque il y a bien des mois dans notre article  sur le plamarès des incapables.

Le pire est que cette période de forte croissance a été employée à créer le RMI, dont toute la discussion sur la transformation en RSA a montré qu'il s'agissait finalement d'une trappe à pauvreté inacceptable à réformer d'urgence, donc à créer un nouveau trou dans la coque des finances publiques, tout en créant un nouvel impôt, la CSG dont la montée  en puissance explique celle du taux de prélèvement et le passage de la France en tête de la spoliation fiscale de ses citoyens.

La gestion de Michel Rocard a été détestable et nous l'avons mis en tête du palmarès des pires premiers ministres pour cette raison.

On verra le même phénomène se reproduire à la fin du cycle suivant, où le gouvernement Jospin accroitra la dette cumulée de 1000 milliards de Frances pendant la meilleure phase de conjoncture mondiale depuis les trente glorieuses, tout en bloquant l'économie avec les trente cinq heures et la législation sur les licenciements.

Ce qui est vrai pour la nation toute entière  se retrouve à l'échelon régional. On a vu le Maire socialiste de Paris, M. Delanoë, se gaver de 400.000.000 d'Euros de recettes inopinées dues à la flambée des prix immobiliers, les dépenser intégralement et dès la récession venue déclencher les hausses d'impôts les plus phénoménales jamais vues à Paris, aggravant la situation des parisiens déjà durement touchés par la crise et contribuant à la hausse des prélèvements globaux, à l'instar de tous ces collègues dans les régions, les départements et les villes.

M. Rocard a donc entièrement tort dans cette controverse.

M. Pierre Antoine Delhommais verrait sa cause mieux servie s'il voulait bien populariser dans sa chronique le fait qu'il y a un cycle et que la progressivité globale de l'impôt implique qu'en période de vache grasse on crée de l'excédent budgétaire pour permettre des déficits supportables dans la période de vaches maigres. Le budget doit être contra cyclique sans accroissement perpétuel de la dette. Cette règle de base devrait être affiché à l'entrée du Sénat et de l'Assemblée nationale. Et au fronton de Matignon.

Je lui rappellerai que notre premier article sur le sujet date de septembre 1997 et qu'il a été publié sur le forum du journal... le Monde. Treize ans déjà.

Allons, encore un effort !

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

copie à delhommais@lemonde.fr

Références

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/7/18/Economie-Franaise--le-palmars-des-incapables

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/11/28/j-emprunte-donc-je-suis-par-pierre-antoine-delhommais_1273508_3232.html

http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2009/12/12/michel-rocard-nous-repond_1279850_3208.html

 

Martin Hirsch et le RSA : un bien étrange "succès"

Le 1er décembre 2009, le Figaro a la bonne idée de donner à Martin Hirsch, sur cinq colonnes et quasiment une page entière, l'occasion de faire le point sur le fonctionnement du RSA, voté à l'été 2008 et  lancé en juillet 2009.

Vous imaginez sans doute que le Haut Commissaire est un peu gêné aux entournures.  Il avait annoncé des chiffres de retour à l'emploi extrêmement faibles compte tenu des sommes engagées, avec création d'une imposition nouvelle sur les revenus de l'épargne des Français, mais la crise était venue. Et on se doutait bien que même ces résultats minimes n'auraient pas été atteints.  Avoir ajouté un nouveau trou dans le tonneau des Danaïdes  pouvait rendre notre Haut commissaire un peu déprimé.

Pas du tout.  Ce qu'il nous annonce, c'est un grandiose triomphe.

Vous pensez avoir mal lu. Alors vous vous penchez fébrilement sur l'article pour trouver la trace des centaines de milliers de retours à l'emploi promis et du dégonflement du nombre de malheureux au RMI. Avoir réussi à obtenir de tels résultats en pleine récession, alors là, oui, ce serait un immense triomphe.

Mais de retours à l'emploi, on ne trouve nulle trace.  Au contraire, là où on avait 1.300.000 Rmistes, on trouve désormais 1.26 million de RSA "socle" et 370.000 RSA "activité",  soit 300.000 allocataires de plus. Et on ne nous cache pas que le désastre continu : 30.000 demandes de RSA sont enregistrées chaque semaine.  Au 31 décembre 2009, nous serons donc à 400 ou 500.000 allocataires de plus.

Catastrophe ? Pas du tout ! A lire notre Haut Commissaire, c'est un formidable succès.  Rendez vous compte : "Le RSA a atteint le quart de sa cible en quatre mois". Quelle cible ? Le retour à l'emploi ? Mais non : le but n'est pas l'emploi  mais que les intéressés touchent bien leurs nouvelles allocations.  Et la "montée en charge" est  excellente.  On assiste à "une nette progression des bénéficiaires  de 4.4% entre juin et septembre".  Ce qui est encore plus formidable c'est que qu'on a réussi à dépenser au rythme annuel de 1.2 milliards d'auros pour le seul RSA activité (20% des bénéficiaires).  Et qu'on va pouvoir financer une prime de Noël !

L'avenir s'annonce radieux. M. Martin Hirsch  : "on va étendre la clientèle du RSA à de nouvelles couches de la population", les moins de 25 ans, les bénéficiaires de l'Allocation spéciale de solidarité.   La croissance va donc être très satisfaisante. Bien sûr il faudra une légère augmentation des impôts en 2011. La nouvelle imposition est là pour cela : on va augmenter "légèrement" les taux. Comme pour la CSG, partie de 2% et maintenant avec le RDS à plus de 10%, la taxation des revenus de l'épargne va grimper progressivement.  Mais Martin Hirsch suggère que les assujettis se doivent d'être contents : il n'a pas réclamé de hausse  pour 2010.

Certains esprits rétrogrades pourraient s'exclamer : nous sommes en pleine inversion des valeurs !  Un désastre est habillé en triomphe. Le but d'une allocation de retour à l'emploi est le retour à l'emploi.  Il n'y en a pas et au contraire on se vante d'une croissance du désastre.

Que ces idiots se calment. Nous vivons dans un système d'énarchie compassionelle. Pour un haut fonctionnaire énarque, l'important est le succès des formules administratives qu'il crée, indépendamment de leur objet.  Plus il y aura de bénéficiaires du RSA plus M. Hirsch sera content. Et plus il faudra augmenter les impôts pour financer le dispositif plus  M. Hirsch s'extasiera sur son incomensurable succès.

L'application de ces sompteux principes depuis 1974 a fait que la France en âge de travailler est pour l'essentiel  au RSA, en formation bidon,  au chômage, au SMIC, en stage, ou en train de  courir de petits boulots en petits boulots via l'intérim.  Quand elle ne cherche pas des compléments dans les milles "défenses" des trafics et travaux au noir.  

Nous avons de formidables taux d'inactivité pour les jeunes, les vieux, les femmes, les immigrés réguliers.

Nous sommes au sommet des taux de prélèvements sociaux et la dette est dans la stratosphère.

Jamais nous n'avons pu depuis 1974 exécuter en équilibre une loi de finances.  

Tous nos services publics sont dans la plus profonde détresse. L'école laisse sortir des centaines de milliers de jeunes sans aucune qualification.  Le taux de disponibilité de nos avions militaires est si bas que personne ne sait vraiment quand une opération décidée aura lieu. Nos centres culturels à l'étranger disparaissent.  L'insécurité repart à la hausse, à des niveaux déjà très élevés.  Nos enfants n'ont d'espoir que dans une carrière hors de France, qui s'est figée dans la stagnation.

Et pour couronner le tout voici que nos énarques bien aimés, comme Alain Juppé,  cet homme politique de droite réjoui par l'ISF, le RMI et maintenant le RSA, et qui reste celui qui a le plus augmenté les impôts en temps de paix de toute l'histoire nationale, évoque les délices nécessaires d'une décroissance volontaire.

Allons, vite, créons un poste de Haut Commissaire à la Décroissance Heureuse.  Qui se réjouira comme son homologue aux "Solidarités Actives"  des triomphes de son activité quand le PIB baissera encore plus que prévu.

Ajoutons un Haut Commissaire à l'Ecologie Punitive, et nous serons enfin ce que nous aspirons à être : un peuple né malin et qui le prouve tous les jours.



Lagarde et Kouchner, futurs prix Nobel d'économie ?

M. Kouchner et Mme Lagarde ont signé conjointement une libre opinion dans le journal le Monde (daté du 1er décembre 2009). Les interventions de ministres en exercice sont déjà exceptionnelles, mais signées en duo, elles sont rarissimes. Le sujet devait donc être d'importance et mériter le détour, même si le titre, bien trop long, était en lui même plutôt inquiétant :

"Des financements innovants pour aider au développement, l'idée fait son chemin ; pour une taxe sur le secteur financier mondial".

On apprend donc que "ces derniers temps la notion de financement innovants, stables, prévisibles" complémentaires de ceux qu'on connait "flottait dans l'air".

Tiens, se dit le lecteur, nos Ministres captent l'air du temps, maintenant. Comme c'est bien ! Désormais toutes les semaines un ou deux ministres écriront aux journaux pour dire ce qu'ils ont trouvé dans l'air du temps. Comme cela, pour le plaisir de causer bagatelles et fanfreluches qui passent dans le ciel des bonnes idées aériennes et mobiles. "Ici l'ombre : voici quelques messages personnels".

Des ministres medium de l'air du temps, vraiment cela nous manquait grave !

L'article nous rassure tout de suite : l'air du temps qu'ils ont capté à deux avec leurs petites antennes magiques, ils l'ont mis "à l'agenda international au printemps 2009". Au nom de la France. C'est formidable un ministre français : cela capte l'air du temps, le met à l'agenda international et l'indique six mois plus tard aux Français ébaubis. Par voie de presse.

On sait que Mme Lagarde parle anglais et que cette capacité lui a fait atteindre les sommets de crédit auprès des anglo-saxons justement lors des sommets (là où circule l'air du temps). C'est sans doute pour cela qu'elle ne craint aucun anglicisme : ce sont en effet les anglo-américains qui "mettent à l'agenda". Exiger des ministres français innovants qu'ils écrivent en bon français serait sans doute outrecuidant et de mauvais goût. Surtout quand on complète les anglicismes de charabia administratif de compétition : "Cette idée s'inscrit au confluent des problématiques" lit-on un peu plus bas. Qui saurait mieux dire ?


Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Le charabia technocratique cache généralement une grande misère de la pensée ou de vilaines intentions. Parfois les deux. Faisons taire le mauvais esprit qui souffle des idées aussi négatives.


L'air du temps, nouvel ange Gabriel, a révélé à nos deux Ministres qu'une taxe de 5 centimes pour 1000 euros sur le système financier mondial apporterait au monde 35 milliards d'euros de recettes annuelles régulières (autant que le grand emprunt, c'est dire) ce qui permettrait de régler d'un coup de baguette magique tous les problèmes qui se posent : la soif et la faim (calmées avec des produits purs et accessibles), l'accès à l'énergie et à l'économie propre, et même, cerise sur ce gâteau magique, la sécurité financière. Les budgets des Etats n'auraient plus à se préoccuper de cautionner les bilans des banques.


Vous vous rendez-compte Mme Michu ! C'est bien l'ange Gabriel, en grandes pompes, missionné par Dieu le Père et le Saint esprit réunis (et le fils ne devait pas être très loin) qui ont introduit l'air du temps dans les neurones de nos deux ministres.


Ils en ont été tellement éblouis que l'article ne cesse de nous faire part de leur enthousiasme de catéchumènes : la solution est évidente ! Et on n'hésite pas à marteler cette évidence.


"Les financements innovants sont donc une évidence. Défi majeur du nouveau siècle, les financements innovants  ne sont pas une simple option, ils sont devenus une évidence.  Cette évidence, la France...". 

Les règles du beau style suggèrent d'éviter de répéter deux fois la même chose à la suite. Alors trois ! Mais il s'agit des règles du nouveau siècle portées par l'air du temps. Alors les plus lourdes répétitions ne sauraient poser problème. Les auteurs ont été timides en nous indiquant que "l'argent doit contribuer à la satisfaction des besoins primaires".  Ils auraient du énoncer : "l'argent doit contribuer d'abord et en premier à la satisfaction évidente des besoins primaires de ceux qui sont évidemment prioritaires".  Les lecteurs du Monde ont l'esprit si volage qu'il aurait mieux valu prendre toutes les précautions.


En classe de quatrième des collèges, lors des premières dissertations, on vous invite à ne pas employer des termes comme "c'est évident" qui ressortissent du bourrage de crâne le plus primaire et de la position d'autorité un peu injurieuse (si tu ne vois pas l'évidence c'est donc que tu es un abruti)  et de développer un argumentaire un minimum rationnel et convaincant.  Peut être que "le nouveau siècle" a changé tout cela.

On reste toujours songeur lorsqu'on entend des phrases du genre :"C'est-y pas malheureux de voir cela en l'an 2000". Ces temps nouveaux sont si exigeants ! On ne voit pas que la faim dans le monde, l'accès à l'eau potable, le recul de la pauvreté, l'égalité devant la maladie soient des thèmes particuliers à notre siècle. Déjà en 1999...


Mais bon ! N'insistons pas. L'air du temps du 21ème siècle semble avoir une texture particulière propre à imposer les évidences dans le style tautologique.


La France peut s'enorgueillir de disposer de Ministres aussi doués à capter l'air du temps. "La France est à l'avant garde". Elle a porté la bonne parole "dès le premier jour"  Son "activisme n'a pas cessé de porter". "La France sera alors parvenue une nouvelle fois à faire bouger les lignes". Même  "la communauté des grands argentiers"(probablement un avatar très "nouveau siècle" des gnomes de Zurich) est d'accord. C'est dire. Et si bien dire : porter une parole qui porte, c'est le summum. Surtout sur une portée dont les lignes bougent. Même si cela fait un peu escargot qui porte un autre escargot sur sa coquille en montant sur une partition de musique crayonnée un peu vite. 


Quelle lecture réconfortante pour un Français, lecteur du Monde de surcroit , et appartenant au nouveau siècle : deux ministres français font bouger les lignes avec des évidences que même les sectes les plus saugrenues reconnaissent ! En ces temps de centralisme présidentiel extrême, savoir qu'il laisse ceux de ses chevau-légers les plus sensibles aux courants d'airs (purs) courir si loin en tête des communautés internationales, sans lui même capitaliser sur cet héroïsme mondialiste d'avant garde est bien sympathique et de nature à corriger une image trompeuse.
5 pour mille, c'est 0.5 pour cent. les financiers qui n'aiment pas manipuler les fractions appellent 0.01% un "point de base".  0.50% = 50 points de base. 

L'article prend bien soin de nous indiquer que la taxe "sur le secteur financier" (admirez la précision ! ) n'est pas une matérialisation de feu la Taxe Tobin. On sait que ce financier subtil décidé à empêcher les mouvements spéculatifs à court terme sur les marchés des changes avait imaginé un énorme mur anti spéculation : une taxe de 5 points de base. Soit dix fois plus petite que la Taxe Lagarde-Kouchner.

Il faut savoir que le taux de l'argent pour un jour est en ce moment autour de 0.25 points de base. La Taxe Tobin était 20 fois plus élevée. Sachant qu'il faut pour une opération de spéculation dénouée quotidiennement au moins deux opérations, il aurait fallu avec la taxe Tobin que le spéculateur trouve des rendements quotidiens supérieurs à 40 fois le taux de l'argent emprunté le matin. Impossible. Aucune opération spéculative d 'horizon inférieur à deux trois mois n'était plus possible.

Mme Lagarde, toute auréolée de ses titres de meilleure ministre des finances cosmoplanétaire  (Mme Ceaucescu est battue), est bien plus forte que cet idiot de Tobin. Avec une taxe de 50 points de base, on arrive à une pénalité de 400 fois le taux de rendement de l'argent emprunté. Toute spéculation à moins de deux ans est totalement éliminée. Il fallait se mettre au moins à deux pour atteindre un tel résultat !

Notre couple de super-économistes précisent bien : "il ne s'agit pas de réguler les changes trop erratiques" !  Un peu plus haut il est pourtant écrit : "cette contribution serait assise sur les changes". Mais "sans perturber les marchés financiers".
Comprenne qui pourra.


Peut-être la main gauche de M. Kouchner n'avait-elle pas connaissance de ce que la main droite de Mme Lagarde voulait écrire, et réciproquement. Le résultat est fameux : il est "évident" qu'une taxe "non Tobin" de type Tobin de dix fois le poids de la taxe Tobin n'aura aucune influence sur les changes tout en s'appliquant au marché des changes.

Faut-il en rire ? Faut-il en pleurer ?

Nous laisserons le lecteur en juger.

Grand moment de solitude garanti...

Peut-être que "l'esprit-sain-de-l'air-du-temps-du-nouveau-siècle" le prémunira-t-il contre l'évidence que l'article de nos deux interprètes avant-gardistes est un tissu de sottises ahurissantes et, compte tenu des postes tenus par les auteurs, impardonnables.

Cercle des Economistes E-toile

PS : quelle honte tout de même !

JF Copé et la crise financière

Il est toujours instructif d'observer des attitudes politiques en période de crise. Jean François Copé est un des grands "espoirs de la droite" en France.  Chassé du gouvernement par Nicolas Sarkozy alors qu'il se considérait inamovible, il s'est retrouvé président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale.

Il y mène un combat politique alambiqué entre pilote parlementaire aimant frôlé les rochers et critique constructif.  Il a créé un groupe de soutien, Génération France, qui est à la fois un centre de réflexion, un réservoir de groupies, une menace politique (il faut bien avoir un certain pouvoir de nuisance quand on n'est pas dans les petits papiers du chef) et un lieu de préparation de son éventuelle candidature à la présidentielle de 2012.

Comprendre ses positions face à la crise, alors qu'il a une certaine liberté de parole, et des possibilités de distanciation vis à vis des positions de l'Elysées pouvait paraître intéressant.

Nous avons donc fouillé son site internet et y avons trouvé un texte d'un certain Lebeau, animateur d'un atelier nommé "confiance", traitant des leçons à tirer de la crise économique majeure dans laquelle nous nous trouvons. Texte disponible à l'adresse :  http://www.generationfrance.fr/editos/lebeau_crise_financiere.php

Hélas ! Hélas ! Hélas !

Le texte commence par faire un rapprochement absolument sans pertinence entre le 11 septembre et la crise actuelle, comme si terrorisme et krach financier était de même nature.

"Car la crise économique qui nous touche est avant tout une crise d'intelligence de l'Economie. Elle est révélatrice de notre incapacité à déceler des signaux faibles. Or ces signaux étaient perceptibles depuis des mois, épars et confus. Faute de capteurs organisés et d'outils de traitement de l'information, nous n'avons pas su les interpréter, les analyser et surtout les partager." L'auteur utilise le mot intelligence au sens d'Intelligence Service.
"Pour relever le défi de la mondialisation, il appartient aujourd'hui à l'Europe et en particulier à la France de se doter d'une réelle capacité publique à déceler les nouvelles menaces et à agir sur elles".
..."la crise actuelle plaide pour, entre autres choses, la création d'un centre d'évaluation intégrée et de décèlement précoce appliqué à la sécurité de l'Economie"...

En un mot l'énarque Copé, via son club, tire la leçon de la crise : il faut créer un observatoire voire d'une haute autorité.  De plus.

Il y a près de 400 observatoires de toutes natures rattachés au Premier Ministre et quelques centaines d'autres rattachés de ci de là. Le voudrait-il que la Premier Ministre n'aurait même pas physiquement le temps de les rencontrer tous une fois par an, sauf à cesser toute autre activité !  L'Ifrap avait fait campagne contre la prolifération de ces "machins" qui ponctionnent sérieusement les finances publiques pour un résultat pratiquement jamais évalué et font vivre une belle brochette de copains et d'affidés divers, heureux d'être quelque chose et de toucher à bon compte des honoraires parfois coquets, quand il ne s'agit pas purement et simplement de financer des structures politiques personnelles.

On dira : l'énarchie est indécrottable. Elle ne propose jamais que ce qu'elle maîtrise : des impôts et des dépenses superfétatoires justifiées par des lobbies. Cet exemple supplémentaire ne fait que confirmer une tendance lourde. Il n'y a rien d 'autre à faire d'utile que de refuser d'élire un énarque.

Sans doute.

Mais ce qui nous choque c'est l'affirmation que les causes de la crise furent à ce point sournoises et cachées qu'il faut de nouveaux instruments pour les apercevoir. A-t-on besoin d'un microscope pour voir l'énorme poutre que l'on a dans l'oeil ?

Coïncidence amusante, Robin dans le Figaro du jour raconte les difficultés de Trichet et de quelques autres à faire face à d'énormes bulles qui percent la surface à répétition un peu partout dans le monde à la suite des injections gargantuesques de monnaie effectuées depuis septembre 2008.

Les déséquilibres qui ont fini par faire exploser le monde de la finance n'étaient pas microscopiques : ils étaient énormes, colossaux, hymalayesques.

Leur énormité même explique que la crise était assez facile à prévoir.

Il suffisait de regarder et de se poser quelques questions simples. Pas besoin d'un bureau de renseignement économique organisé de façon militaire pour traquer de minuscules arroyos.  

Monsieur Copé est membre de droit du Bureau du comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques. Nous suggérons une première décision : ne pas créer un machin qui se révèlera ensuite impossible à évaluer. Comment évaluer les évaluateurs et observer les observateurs ? On crée deux autres "machins" ?

On n'attend pas des espoirs politiques qu'ils formulent des suggestions aussi inutiles et aussi caricaturales.

Vous avez mieux à faire, M. Copé, comme par exemple réfléchir à la réforme du système monétaire international et à la restructuration sévère du système bancaire et financier français.

C'est sur ces sujets là qu'on attend les conclusions de vos comités de réflexion.  Selon plusieurs estimations le montant de l'excès de dettes restant encore à purger se situe pas loin de deux mille milliards de dollars. Laissez donc le microscope dans son placard. Faites atterrir vos avions renifleurs. Et posez-vous la question : comment a-t-on pu en arriver là ? Vous verrez : ce n'est pas si difficile de trouver la solution à ce mystère qui n'en est pas un.

Supprimer la langue de bois, c'est bien.  Mettre au rencart la pensée de plomb, c'est mieux.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

DSK : entre posture et imposture.

Nous sommes de ceux qui n'ont jamais compris l'auréole dont  les médias coiffent Dominique Strauss-Kahn. 

En dehors des aspects de personnalité  souvent cités (cupidité,  gourmandise, esprit de domination allant du péremptoire au méprisant sans beaucoup d'étapes) , le jugement qui s'applique aux mesures qu'il a prises ou aux propos qu'il a tenus doit presque toujours  être extrêmement négatif.  Et ce ne sont pas les éloges récents du Financial Times qui nous pousseront à  changer cette appréciation.

Promoteur de l'énorme erreur des 35 heures , il aggrave son cas en 1997 en ne voyant pas la reprise et aggrave les impôts déjà violement augmentés par  Alain Juppé, envoyant le taux des prélèvements obligatoires  dans la stratosphère et générant l'affaire de la cagnotte. Il prononce à cette occasion une contrevérité flagrante : la croissance diluera l'impôt et le taux de prélèvement  baissera. On sait, et on l'a encore vérifié dernièrement, que la loi d'airain de notre économie est que l'impôt est progressif en France et donc croit plus vite que le PIB en phase de croissance.  Lorsqu'un Ministre des Finances dit une pareille bêtise et fait de pareilles erreurs, où est son mérite ?

Pendant le premier quinquennat Chirac,  il ne fait rien pour rénover le PS  et, faute de présenter le moindre programme, se fait battre à plates coutures par  Ségolène Royal, dont les limites sont pourtant  bien établies.  A force de jouer une partition d'extrême gauche au sein du parti, tout en laissant entendre par ses goûts et fréquentations qu'il est du côté de l'argent,  il n'a jamais pu  convaincre les militants du PS, réduits à une analyse  schizophrénique de son image.

Tout cela pour choisir la collaboration avec Nicolas Sarkozy afin de toucher les énormes rémunérations défiscalisées  du poste de directeur du FMI. Là il se distingue par un comportement sexuel débridé qui passe mal.  Mais en fin politicien il sait ménager les pouvoirs réels qui dominent l'institution  et la crise économique qui remet les questions monétaires internationales au centre des réflexions du G.20  le remet en selle sans grands mérites.

En interne, il réorganise le FMI de la façon la plus facile : il vend l'or de l'institution pour financer les licenciements ! Pas trop difficile, comme gestion.

En externe il accompagne les pensées dominantes en cherchant à pousser le rôle du FMI.  Aucun diagnostic réel : de la complaisance aux puissants tout en caressant les pays émergents dans le sens du poil.

Sa récente interview dans un grand quotidien français est truffée d'erreurs. Il se présente comme ayant été parmi les premiers à alerter sur la crise. C'est totalement faux.  Nous l'avons écrit sur ce blog en temps réel à l'époque. Le FMI a eu un an de retard dans la compréhension de la crise et a produit des prévisions fausses pendant plusieurs trimestres.  On retrouve la propension à la contre vérité déjà montrée lors de sa gestion du Ministère des Finances du gouvernement  Jospin.

Jamais le FMI n'a fait la moindre analyse des causes de la crise, se contentant de la bouillie pour les chats qu'est  l'histoire de la crise immobilière qui se  transforme en crise  bancaire locale  puis en crise financière mondiale  puis en crise boursière puis en crise économique et désormais en crise sociale.

DSK se contente d'enchaîner les banalités :  il faut que les banques puissent re-prêter pour sortir de la crise ; il ne faut pas relâcher  les plans de relance tant que la crise n'est pas finie.
Bref l'eau mouille, le feu brûle,  etc. Ouvrez le rouge  parapluie, il pleut des vérités premières.

Tout son discours est désormais égotiste :
" - j'annonce le risque du pire pour être paré si la situation s'aggrave
"-  Je fais preuve d'optimisme en laissant entendre que les plans marchent et que la reprise est là, grâce à mon auguste vigilance.

Je suis donc bordé de tous côtés et n'ait qu'à attendre en laissant filer et en laissant courir. Pourquoi prendre le moindre risque intellectuel  ou politique ? ".

On croyait que les prêts douteux, c'était les subprimes : et voilà que Dubaï tombe en faillite menaçant à nouveau toute la planète bancaire.  Il avait prévenu, M. DSK ? Rien du tout !  N'ayant jamais voulu comprendre que la crise est due à un gonflement global inouï et insupportable des encours de prêts  et pas seulement du développement des crédits subprimes, comment voulez-vous qu'il imagine que la crise puisse affecter tous les gros emprunteurs  ?  Nous l'avons déjà écrit ici : la notion de" prêts toxiques" est vide de sens.  Ce qui est toxique ce n'est pas la nature des prêts mais leur ampleur et l'impossibilité globale de tout  rembourser.

Que vaut l'idée consensuelle mais totalement creuse qu'il suffirait d'une assurance pour que le secteur financier soit considéré comme sain ?  Rien naturellement.  Que sont donc les CDS sinon des assurances sur le crédit ?  On en a émis des millions de milliards. Et quand il a fallu payer les pots cassés l'assureur en est mort. Il a fallu d'urgence aller chercher les Etats et plonger les mains dans les poches profondes des contribuables.  La seule assurance contre la prise de risque excessive par une banque  c'est la certitude  qu'elle fera faillite si elle se trompe.  le meilleur gendarme de la banque c'est le risque de la faillite (avec mise en cause pénale de ses dirigeants : la capitaine doit sombrer avec son navire, chacun sait cela !).

Mais pour cela il faut que les banques ne soient pas trop grosses pour éviter les risques "systémiques" et les effets de dominos incontrôlables.

Monsieur DSK est donc en faveur de la diminution des tailles de banques et leur spécialisation ?  Pas du tout. Vive les mastodontes et la confusion des activités.  Mélangeons allégrement assurance et crédit, placement et prêt, dépôts et spéculation pour le compte propre de la banque.

Il suffit que chaque activité soit saine car bien régulée pour que le global soit sain et sans danger affirme DSK.   Est-ce sérieux quand on sait les conflits d'intérêts et les possibilités d'interférences qu'offrent ces conglomérats incontrôlables ?
Mais les changes flottants n'entraînent-ils pas l'ensemble des banques dans une économie casino par nature instable et totalement orientée vers les gains spéculatifs à court terme et à la complexité des contrats ?  Pas du tout.  Il suffirait que la Chine laisse flotter le Yuan pour que tout aille le mieux possible dans le meilleur des mondes.  Vive le flottement généralisé !

"DSK" est un marchand d'illusions. Mais surtout un Narcisse qui ne voit guère au delà de son intérêt propre et ne souhaite pas prendre à sa charge les lourdes querelles  qui seules permettraient d'envisager les vraies solutions :  la restructuration complète des secteurs financiers en distinguant bien les activités, la responsabilisation des Etats dans un système de changes fixes et ajustables, sans monnaie nationale dominante et de nation disposant  de droit de veto ;  la prohibition de certains types de spéculation. .

Tommaso Padoa-Schioppa, ancien Ministre des finances du Gouvernement Prodi, le DSK italien, est autrement plus convaincant.  Dans son livre "Contre la courte vue,  entretiens sur le grand Krach , il écrit  à propos de l'introduction des changes flottants en 1971 : Ce virage " a privatisé les changes et a nationalisé les monnaies".   Il faut revenir sur ce choix malsain. On ne saurait mieux dire.  Ce nouveau système ne marche pas.  Il n'a jamais marché. Il ne marchera jamais.

A-t-on jamais vu M. Strauss- Kahn  prendre ainsi le risque d'une idée forte et dérangeante afin de viser un résultat bénéfique pour l'ensemble de la collectivité ?  Faites vous-même le test  en demandant autour de vous de citer une idée forte, une initiative personnelle, une décision courageuse et utile prises par DSK au cours de sa carrière !  Vous serez sidéré : personne n'est capable d'en citer une seule.

DSK ne pèse sur rien. C'est un bouchon qui essaie de flotter le plus haut possible en s'appuyant sur n'importe quelle vague,  en enveloppant dans le baratin distancié  et la morgue pateline des positions exclusivement tactiques visant à des objectifs rigoureusement personnels. Aucun intérêt.

On dira : oui d'accord, mais pourquoi s'attaquer particulièrement à DSK alors que les médias ont  tressé une couronne de "meilleur ministre des finances du Monde" à Mme Lagarde qui a constamment été dépassée par les évènements . Et on se souvient que les sondages avaient fait de M. Mitterrand le meilleur économiste de France !

Mieux vaut rire de la comédie humaine et médiatique, dira-t-on avec le cynisme enjoué de ceux à qui on ne l'a fait pas.
 Mais c'est comme cela que le programme commun de la gauche a assommé la France et l'a fait entrer dans la sous croissance, le sous investissement, le sous emploi permanent, la dette à jamais, les dépenses publiques incontrôlables.  La France ne s'en ait jamais remise.

Mais c'est comme cela que la reprise mondiale de 1997-2000 a été perdue pour la France, aucun des problèmes de fond n'ayant été pris à bras le corps et  les 35 heures ont bloqué l'économie.
Mais c'est comme cela que les institutions qui devraient être en pointe pour l'avertissement, le diagnostic, l'élaboration des vraies  solutions,  sont  silencieuses et en fait quasiment inutiles.

Il aurait mieux valu mettre à la tête du FMI une personnalité ayant développé une pensée, sachant discerner les vraies solutions et capable de les imposer aux Etats.

On a préféré, pour la troisième fois de rang,  choisir une politicien en transit et surtout  soucieux de durer sans faire de vagues.  
C'est à cela qu'on voit qu'une institution est malade.  Le FMI est gravement malade.

Deux chiffres clé

chart gold

- L'once d'or a atteint 1180 dollars  lors des cotations d'hier (24 novembre 2009). Depuis que le dollar flotte (1971), il a perdu 97% de sa valeur exprimée en or.  On parle de "changes flottants" ; on devrait parler de changes fondants !

Question : est-ce qu'un système monétaire international qui suppose la dévaluation continue et massive de sa monnaie pivot est un bon système ?

Question subsidiaire : avez-vous entendu qui que ce soit demander un abandon du sysème des changes flottants qui depuis le début ne marche pas ?

- Le Baltic dry index s'est violemment redressé après des mois de stagnation. L'écart impossible entre le SP500  et le BDI ne pouvait perdurer. L'intéressant est que le SP500 a simplement stagné et que le BDI lui a grimpé pour le rejoindre.

Cela signifie qu'il y a une reprise du commerce international. Mais ce n'est plus le commerce international qui tire la croissance globale mais les politiques d'hyper relance de chaque état et la spéculation sur les ressources essentielles.  Les liquidités délivrées en abandance ont commencé par s'investir en bourse puis désormais sur les matières premières.  Mais il y a dans ces mouvements à nouveau comme début 2008 une fuite devant les monnaies et particulièrement le dollar.

Dans cette reprise les aspects monétaires sont déterminants. 

C'est une reprise fragile et menacée par l'instabilité générale du système.

L'économie mondiale tourne toujours à une fraction de ses capacités, ce qui imposera de nouvelles faillites et de nouveaux licenciemments.

L'impatience des peuples peut générer à tout moment des désordres qui aggraveront les choses. Et un accident sur le front de la finance ou des monnaies peut toujours survenir.

La sortie de crise ressemble plutôt à celle de 2003, mais sans réserve de manoeuvre.  Une collection de bulles au milieu de la crainte générale ne fait pas une reprise solide.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

 

 

 



La santé publique entre laisser faire et Gosplan : les leçons du H1N1.

L'économie de la santé est une partie de l'économie générale.  La question est de savoir si elle doit être organisée de la même façon que le reste de l'économie ou faire l'objet d'un traitement particulier.

Le virus H1N 1 a au moins l'avantage de mettre à nu les mentalités qui fertilisent les politiques actuelles dans ce domaine.

En Italie, le gouvernement a décidé qu'il fallait laisser la grippe se développer.  On ne ferme aucune école . Les médecins ne se déplacent même pas en cas de déclenchement de la grippe. Rien n'est remboursé à personne.  Tout le nord de la péninsule a été infecté en quelques semaines à partir du début novembre 2009. 

Il n'y a eu  aucune information sur les victimes éventuelles, comme il est d'usage pour la grippe saisonnière.  L'économie ne s'est pas arrêtée. Pour la quasi totalité  des victimes trois jours de fortes fièvres puis quelques semaines de toux.  On peut parler d'une véritable politique de laisser faire et laisser passer.  Et à Dieu va !

Le résultat a été le déclenchement rapide de la grippe en Suisse qui a été contaminée à partir du nord de l'Italie et une exportation en France. qui est désormais soumis à la contamination exponentielle et incontrôlable.

En France la santé est un secteur qui répond en partie au canon de l'économie administrée façon Gosplan.

On a donc fait face à l'épidémie façon Gosplan.  Le Ministère a pris les choses en main avec les méthodes d'un ministère.

Premier objectif : protéger le ministre.  Pas question de se retrouver devant un tribunal comme pour le sang contaminé dès que l'épidémie aura fait quelques victimes.   Donc on a  fait des stocks de Tamiflu, rapidement devenu introuvable en pharmacie et on a commandé des millions de doses de vaccin.

Second objectif : éviter les procès d'intention  sur les inégalités devant le traitement.  On met donc en place un système de rationnement avec des règles de priorités.  Façon 1940 !

Troisième objectif : éviter de payer trop cher malgré tout.  Si le milliard d'euros payé pour les vaccins et les études doit se doubler d'un enrichissement des médecins libéraux  remboursés par la Sécurité sociale, cela ne saurait être accepté.

Les modalités  du plan d'action vont se dégager par la vertu propre des décisions administratives de ce type.
Les vaccins seront disponibles en emballage pour dix doses. 

C'est moins cher.

La vaccination aura lieu dans des gymnases ou des centres de vaccination.

La population sera convoquée et devra se rendre  avec cette convocation au centre indiqué.

Des vagues successives de strates de la population seront traitées au fur et à mesure.

On peut être sûr que dans les bureaux se merveilleux plan  a empli de fierté tous ceux qui l'ont conçu.  En Union soviétique les plans agricoles étaient toujours merveilleusement calculés  et faisaient l'objet des déclarations les plus tonitruantes.  Des experts dans les bureaux faisaient les plus subtils calculs, prévoyant tout dans le plus petit détail. Pas un unité de tracteur, de pneu, d'engrais ne manquaient sur le papier, et les matrices faisaient apparaître des flots de blé et d'avoine.

Et tout le monde, en bas,  a toujours crevé de faim dans le paradis socialiste réalisé.

Le plan Bachelot suit la même logique fatale. Rien ne se passe jamais comme prévu.

Les centres de vaccination sont d'abord restés vides.  Les informations contradictoires sur les dangers respectifs de la grippe et du vaccin avaient troublé les pauvres citoyens.  Il n'y avait même pas sur le net une liste par ville des centres de vaccination.  A Paris, le 23 novembre, le seul centre documenté sur internet, par une association, pas par le gouvernement, était le centre du 14ième arrondissement.

Puis les centres  furent brusquement saturés.  On s'aperçut qu'il fallait faire la queue des heures et qu'aucune chaise n'avait été prévue.  Les femmes enceintes  convoquées prioritairement se retrouvèrent donc debout dans le froid à attendre l'éventuel vaccin.    Le Gosplan décida qu'il fallait "cadrer le dispositif" : un plan central "chaises" fut aussitôt  concocté !  Mais comment disposer de chaises sur les trottoirs ?  Heureusement le temps était plutôt doux. On échappa à un plan "poêles et braseros".

En même temps ceux qui n'avaient pas reçu le sésame administratif commencèrent à s'inquiéter.  Pourquoi pas moi ?  Les médecins généralistes ne tardèrent pas  à être accablés de coups de téléphone de clients inquiets se sachant gros, en difficulté respiratoire, diabétique, etc.  Comment les bureaux ont ils fait pour déterminer les  personnes prioritaires ?  Qui les a informé ? Comment faire rectifier les erreurs  éventuelles ?  Chut !!!!!!!!!!!!!

Les médecins qui venaient en général de recevoir leurs bons de vaccination  avec convocation dans les gymnases (à la queue comme tout le monde)  répondirent qu'ils n'étaient pas concernés par la vaccination et qu'il fallait regarder le journal télévisé et attendre son petit papier.  Ils confirmèrent que les papiers reçus étaient bourrés d'erreurs.  Noms écorchés, prénoms fantaisistes, âges flottants, sexe pas toujours très conforme, adresse incertaine.

Personne n'eut le culot d'expliquer à la population comment on avait fait pour déterminer dans les fichiers de la SS les prioritaires et les autres.  Les gens commencèrent à téléphoner en masse pour savoir pourquoi ils n'étaient pas encore convoqués alors que leur médecin leur avait déclaré qu'ils étaient en effet plutôt à risque. 

Ils se demandaient pourquoi ceux qui sont chargés de les suivre au jour le jour,  et étaient les seuls aptes à un jugement éclairé,  avaient été éliminés du circuit.  On leur répondit, avec la bonne conscience du nomenklaturiste  habitué à répondre aussitôt à toute demande : "y-a-ka aller dans votre centre d'allocation familial, on vous répondra" !  Evidemment personne ne fréquente cet endroit là de façon générale et faire les recherches  pour savoir où aller était au dessus de la force de la majorité des intéressés.   Nul doute que ceux qui se sont risqués à cette aventure auraient des choses intéressantes à raconter.

Pendant ce temps là des centaines d'écoles étaient fermées pour une semaine pour ralentir le développement de l'épidémie. En vain naturellement.  Et à la grande joie des personnels syndicalisés qui aussitôt décidèrent d'une grève.

Certaines voix s'étant élevées pour s'étonner de l'absence des médecins généralistes dans le système, en même temps que les files d'attente se développaient,   le Gosplan sut réagir avec célérité.  Pas questions de vacciner en cabinet. Mais si certains généralistes voulaient bien se présenter aux gymnases, on trouverait bien à leur donner quelques compensations financières.

On s'aperçut alors que le Gosplan avait planifié de longue date la réduction du nombre des médecins et que le numérus clausus avait parfaitement fonctionné : le malthusianisme est la seule chose que le Gosplan sait gérer.  Depuis longtemps les délais s'allongent pour les spécialistes et depuis quelque temps pour les généralistes. La plupart essaient de ne plus se déplacer, de prendre leurs week-end et leurs vacances,  d'éviter les gardes de nuit.  Aucun n'était prêt à abandonner leur cabinet et leurs patients habituels  pour aller faire le vaccineur public occasionnel  de gymnase.

Le ministre, Mme Bachelot, connue pour ses tailleurs aux couleurs explosives et  ses réparties sympathiquement décalée,  se répandit dans les medias.  Les vaccins étaient sans danger. Il y avait un pilote dans l'avion.  La logistique était parfaitement sous contrôle.  La France et son gouvernement, une de fois de plus était exemplaire et pouvait en remontrer au monde entier.
Heureusement, la grippe était virulente mais assez bénigne. 
Le laisser faire total des Italiens et l'inefficacité totale du gosplan français étaient l'un et l'autre sans réelle importance.

Tant mieux.

Personne ne saura ce qu'aurait été la maîtrise de l'épidémie si on avait laissé les médecins  traiter leurs patients.  Si les doses avaient été individuelles.  Si les pharmacies avaient eu le contrôle de leurs stocks.  Si le rôle de l'état avait été incitatif et non pas logistique.

Mais quel coup de projecteur sur la mentalité française !

Et quelle cacophonie en Europe !

Les belles histoires de George Pauget (président de la FBF) sur Europe 1

L'interview de George Pauget sur Europe 1, haut dirigeant du Crédit agricole et président de la Fédération bancaire française,  ce jour, 6 novembre 2009, est l'exemple frappant des conséquences d'un mauvais diagnostic de la crise sur le dialogue entre journalistes et banquiers. Et sur la désinformation du grand public qui en résulte.

On sait que la banque est en France complètement cartellisée depuis Pétain.  L'Association professionnelle des banques était l'organisme chargé de piloter le faisceau de l'organisation oligopolistique bancaire française sous la tutelle bienveillante de l'Etat Français. Il manquait les mutuelles : on a donc créé la Fédération bancaire française qui regroupe tout le monde. Ces organisations, en totale consanguinité de ses  dirigeants avec l'Etat (on l'a encore vu avec les dernières nominations à la tête du groupe Caisse d'épargne-banque populaire), tiennent l'Etat et le législateur dans une main de fer obtenant après tout ce qu'elles veulent.

Lors de la crise récente, elles n'eurent aucune difficulté à se faire cautionner et subventionner à des hauteurs vertigineuses (plusieurs centaines de milliards d'euros), alors que l'ensemble du secteur bancaire était de facto en faillite.

Les réponses de George Pauget illustrent parfaitement comment un tel mastodonte est capable de traverser les pires crises sans se considérer le moins du monde responsable et en renforçant ses prérogatives.

La crise ? Les banques américaines ! Les banques françaises furent d'une sagesse exemplaire et d'ailleurs si elles sont revenues si vite à de bons résultats c'est qu'elles étaient très sainement gérées...

Qu'ont fait les banques américaines ? Elles ont pris des risques sur les marchés très rentables. Les banques françaises ne sont pas comme celà. Les activités de marché  ne représentent que 8% de l'activité du Crédit Agricole et entre 10 et 20% des autres.  Car les banques sont désormais d'énormes mécannos avec des divisions multiples et différenciées. La gangrène ne pouvait toucher qu'une part minime de l'activité bancaire.

Avons-nous des responsabilités dans les prêts à risque aux collectivités locales ? Pas du tout. Les directeurs financiers des collectivités locales étaient des spécialistes. Nous n'étions que des intermédiaires vers les solutions qu'ils ont choisies et qu'ils pensaient les meilleures pour leurs mandants.  Le casino ne force personne à jouer et à perdre !

Si la question lui avait été posée de la gestion de fortune catastrophique pour la clientèle (à qui on a fourgué du Madoff et du subprimes sans aucun scrupule, et à qui on a fait avaler dans les comptes sous mandat des masses d'actions du secteur bancaire juste avant leur effondrement) il aurait sans doute rétorqué que les clients étaient rois et que c'est eux qui voulaient de la performance !  Même pour les comptes sous mandat !

En revanche sur le changement de rémunérations des traders, M .Pauget se lâche : bien sûr il fallait  faire  une réforme; d'ailleurs nous l'avons fait les premiers ;  cela ne changera pas tout, mais comme c'est bien !  On se rappelle que l'autre grand acteur du changement de statut des rémunérations des traders était Baudoin Prot, président de l'AFB. AFB et FBF, main dans la main, crient au charron sur les traders et chantent leur merveilleux courage de mettre fin à des situations qu'ils considéraient avant la crise comme "de chantage" vis à vis d'eux.

On voit tout l'inconvénient d'avoir donné une explication "comportementale" à la crise d'une extrême gravité que nous subissons.  Si la crise est comportementale il suffit de dénoncer les moutons noirs (les banques américaines)  et de mettre des muselières  aux boucs émissaires (les traders).  Et Hop ! Passez muscade !

Ce que M. Pauget ne dit pas, c'est l'énorme gonflement des crédits y compris en France, qui fait que le secteur bancaire gère désormais des encours de crédits qui représentent près de trois fois le PIB !  Ce M. Pauget ne dit pas, ce sont les énormes profits de monopole permis par la constitution d'institutions monumentales de banque-assurance incrustées dans l'Etat,  ce qui permet au prix de conflits d'intérêts majestueux, d'extraire de la clientèle des gains astronomiques. Ce que M. Pauget ne dit pas, c'est quasiment la refrancisation presque complète du secteur financier, les organismes étrangers étant ramenés à des activités marginales.

En un mot le secteur oligopolistique franco-français des banques a réussi à se constituer en énorme cancer dans la société française, bloquant l'activité des banques étrangères et donc la concurrence, utilisant toutes les facettes de métiers accolés dans d'immense cartels horizontaux et verticaux,  et servant exclusivement les intérêts de ses directions générales, qui concentrent des parts extravagantes de la création de richesses en France.

Dès qu'il y a un problème : vite l'Etat ! Jamais on n'a vu de façon plus cynique la privatisation des profits et la collectivisation des pertes.  Jamais une crise n'a été autant exploitée pour renforcer les défauts pourtant patents du système.  En se jetant sur l'os misérable qu'est la réforme de la rémunération des traders, qui redonne du poids aux directions des banques contre leurs professionnels de haut rang, les banques font coup double : elles évitent toute réforme de fond ; elles se donnent le beau rôle.


L'ennui, c'est que la crise n'est pas comportementale. Elle est structurelle. Le gonflement de la masse des dettes à des niveaux insoutenables par rapport au PIB  explique à la fois :

* la perte de rentabilité marginale des nouveaux crédits puis l'effondrement des valeurs de portefeuilles de dettes

* la violence de la perte de liquidité du marché interbancaire

* l'importance disproportionnée des gains bancaires et donc  des rémunérations du secteur (contrairement à ce qu'affirme George Pauget, ces gains ne sont pas liés à la prise de risque mais au gonglement exorbitant des activités bancaires avec le financement d'une dette d'Etat qui croit de façon exagérée au seul profit des banquiers, et à l'excès de crédit dans des domaines comme l'immobilier et le crédit à la consommation qui peuvent faire prélever aux banques une part excessive du PIB au détriment des autres activités).  

Rappelons tout de même que malgré les progrès de la productivité dans la banque de paiement grâce à une informatisation forcenée et au renvoi sur le client de la majorité des actes,  le secteur bancaire français a augmenté ses effectifs de 11% en 2007  et de 8% en  2008.

La vérité est qu'il faut dégonfler massivement la taille du secteur bancaire, le spécialiser et le décartelliser. Il y a eu trop d'émission de dettes en France, comme dans le reste du monde.  La singularité de la situation française est que ce gonflement excessif  a provoqué la faillite du système bancaire mais que le transfert des actifs excédentaires  vers l'Etat et la BCE lui a permis non seulement de ne  sentir que le vent du boulet mais  aussi de ressortir plus monopolitistique et protégé que jamais.

L'interview de M. Pauget montre seulement l'impudence d'un secteur monopolistique privé entièrement cautionné par l'Etat et tenant l'Etat à sa pogne, l'absence de grille de lecture chez les interviewers, et les conséquences d'un faux diagnostic  sur les débats en France.

L'anomalie, c'est que les journalistes ne veulent absolument pas faire droit à des analyses précises et extrêmement rigoureuses dès lors qu'elles sortent du champ d'une explication officielle aussi controuvée qu'elle soit.


Platitude et serviture vont toujours de paire.


Sylvain Dieudponné pour le Cercle des économistes E-toile.

L’évidence s’impose : le G.20 n’a pas fait les réformes nécessaires

En économie les faits sont têtus et ceux qui les ignorent sont systématiquement rattrapés par leurs erreurs d’interprétation et de politique.

Le Cercle des Economistes E-toile, après avoir parfaitement prévu et la date de la crise et son intensité,  a développé dès la faillite de Lehman-Brothers  une explication détaillée de la crise et en a tiré un plan d’action précis.  Le G.20 ne l’a pas fait et s’est perdu dans la pusillanimité. Cela commence à se voir.

Résumons notre diagnostic et notre thérapeutique pour ceux qui découvriraient ce site maintenant et qui ne souhaiteraient pas parcourir les dizaines d’articles que nous avons publiés sur ces deux thèmes.

La crise est due au développement de deux institutions désastreuses :

1-    Le système de changes flottants mis en place lors de la rupture du lien entre or et dollar, système de fait qui n’est cautionné par aucune analyse économique généralement admise,  est la source de tous les maux. Par le mécanisme fondamental de « la double pyramide de crédits », il a provoqué une hausse continue du taux d’endettement global des économies,  en même temps qu’il a offert l’occasion de gains spéculatifs gigantesques et sans intérêt collectif.  Le système a conduit à un empilage de dettes aboutissant à des niveaux d’endettement rendant impossible le remboursement et le versement des intérêts, et   dont une grande partie ne finançait que des anticipations à la hausse sur les divers marchés et rendait l’édifice d’une grande fragilité.

2-    La concentration du système bancaire et la fusion avec le monde de l’assurance  aggravent encore les choses. Les ensembles monstrueux  de la banque-assurance ne peuvent plus être mis en faillite. Les opérations croisées rendent les marchés illisibles. Les conflits d’intérêt deviennent systématiques.  La captation de richesses par les états-majors des banques a abouti à des résultats socialement inacceptables.  La course à la taille mondiale des nouveaux monstres a mis  en danger les systèmes nationaux de contrôle de la stabilité financière et les liens avec l’assurance ont  court-circuité les schémas prudentiels classiques permettant de tourner toutes les lois de renforcement de la sécurité des banques.

Ce système diabolique  après avoir provoqué la crise de 1974, puis celle du début des années 80, puis celles de 92-93, puis celles dites à tort « des pays émergents » puis celles dite à tort des « NTIC », chaque fois aggravées par des inondations monétaires plus importantes, un accroissement de la dette globale mondiale, des déséquilibres de balances de paiement,  a fini par explosé en septembre 2008, comme nous l’avions précisément annoncé.

Dans cette optique  le cas particulier des subprimes, la complexité  des produits dérivés,  le délire des agences de notation, les règles  comptables n’ont eu qu’un caractère anecdotique.  Nous avions prévenu que les autorités se concentreraient sur ces aspects mineurs et laisseraient l’essentiel dans l’ombre.  C’est exactement ce qui s’est passé.

Nous proposions des mesures  radicales pour faire face à la crise :

* Restructuration immédiate de la finance.

- Actant la faillite des banques et du système bancaire dans son ensemble,  il fallait nationaliser le secteur afin de le restructurer.
- Les secteurs assurance et banque auraient été structurellement disjoints
- Un système de banques de paiement aurait été mis en place et mis sur le marché par enchères publiques.
- Les mondes du placement, du crédit, de la gestion de fortunes, de l’intermédiation financière, auraient été isolés les uns des autres et régulés par des instances ad hoc.  Les morceaux auraient été mis sur le marché après nettoyage.
- Le produit des ventes auraient servi à payer éventuellement les actionnaires  des institutions financières nationalisées.

* Réorganisation immédiate du système monétaire international

- Restauration d’un système de changes fixes mais ajustables dont les Etats seraient responsables sous l’œil d’un FMI totalement rénové, sur la base de l’égalité absolue des droits et des devoirs des membres (fin du veto des Etats unis, fin du rôle du dollar, fin de l’acceptation de déficits  ou d’excédents massifs perpétuels).
- Mise en place d’un système de réserves internationales gérées par le FMI basé sur le « Mondio » et non pas le dollar.
- Dévaluation du dollar et réévaluation du Yuan par rapport à l’Euro.
- Interdiction des techniques de « short » sur les monnaies.
- Suppression de la cotation en continu.
- Réorganisation des bourses de matières premières (pétrole etc.) pour un système de cote en Mondio.

* Lancement immédiat d’un grand emprunt dans chaque grand pays
- Pour essorer toutes les liquidités tentées par la thésaurisation
- Pour financer  immédiatement des plans de relance

* Interdiction des stocks options sauf pour les start-up.
* Baisse concertée des taux d’intérêt pour refinancer la dette et faciliter l’investissement.
* Restructuration des crédits manifestement irrécouvrables

Au lieu de cela, le G.20 s’est réuni essentiellement pour tenter de démontrer qu’il y avait un consensus international. La seule mesure concrète a été la lutte contre les « paradis fiscaux » et l’autorisation pour le FMI de multiplier les DTS.  Tout le reste est resté du domaine du verbal.

Les autorités monétaires des Etats Unis et de l’Europe ont ouvert en grand les vannes de la création monétaire et fait fumer la planche à billets.
Les autorités budgétaires ont creusé les déficits.

Le bilan des banques centrales est désormais farci à des niveaux jamais vus d’actifs de qualité plus que douteuse, le cantonnement des dettes pourries ayant largement eu lieu en leur sein, ce qui est extrêmement discutable.

Les Etats sont désormais endettés à des niveaux jamais vu. On est entré dans un monde inconnu. L’histoire ne fournit pas de précédent sur lequel s’appuyer.

15 mois plus tard, il y a eu une seconde  bouffée de reprise qui vient relayer celle du printemps.   Des chiffres de hausse  significative du PIB ont été publiés en Chine, aux Etats Unis,  au Brésil.  Divers pays de la zone Euro ont vu également la décroissance s’arrêter et  une timide reprise s’installer.  Les plans de relance massifs ont bien eu  un effet là où ils ont été mis en œuvre.

Point noir, le commerce international est toujours à l’arrêt, les principales industries travaillent à un niveau situé entre 20 et 30% plus bas qu’à leur pointe d’activité de 2008, le chômage explose, les faillites se multiplient.  Des marchés entiers sont en grave souffrance.

Le monde de la finance allégé de ses  dettes les plus scabreuses, favorisé par des taux d’intérêt quasi nuls,  cautionné de toutes parts, a repris ses entrechats sur le même rythme qu’avant. Comment s’en étonner ? Aucune réforme n’ayant été faite, que voudrait-on qui se soit produit de différent ?

Paradoxalement l’activité de crédit aux entreprises est fortement pénalisée par les taux bas et la récession.  Les banques ont besoin d’un bon différentiel entre le coût de leurs ressources et leurs recettes. Même si le taux de refinancement est bas, l’activité de crédit n’est pas très rentable et impose de forcer sur la taxation abusive des opérations liées à la gestion de compte. Les emprunteurs étant déstabilisés par la crise, ils deviennent suspects.   On prête donc moins. 


En revanche la spéculation pour compte propre devient très rentable puisque le joueur dispose d’argent quasiment gratuit.  Et l’intermédiation financière offre des gains d'autant plus faciles que les énormes banques sont incontournables. Les grandes banques se sont donc branchées sans vergogne sur la bulle des émissions obligataires des entreprises,  sur le placement des emprunts d’état,  sur les augmentations de capital  à prix bradé des actions et sur les courtages de la reprise boursière.  La spéculation a alimenté la spéculation.


Jamais les banques n’ont été moins utiles à l’économie des entreprises  et ont bénéficié autant des facilités de la spéculation.  La concentration bancaire s’est accentuée.  Les mastodontes sont encore plus gros et leur taille interdit qu’on les laisse tomber en  faillite. 

La masse globale de la dette s’est à peine réduite pesant de façon excessive sur les acteurs.

Quant aux monnaies, tout le monde s’inquiète. Le dollar est au plus bas et menace comme toujours depuis quelques années de s’effondrer.  La Chine ne cesse d’accumuler des excédents  liés à la sous évaluation du Yuan. L'or flambe.


En un mot l’économie mondiale est stabilisée à un niveau très inférieur à celui qu’elle  avait atteint. Le crédit utile aux entreprises est congelé. Le moteur du commerce international est grippé.  Tous les facteurs des déséquilibres préexistants sont là et persistent à produire leurs effets délétères à la grande interrogation de ceux qui ne les ont jamais dénoncés et qui maintenant nagent dans les contradictions lorsqu'il faut interpréter les faits.

La France bancaire, cartellisée soigneusement depuis Pétain et vivant en consanguinité totale avec la haute administration,  chante les louanges du modèle  oligopolistique de la banque-assurance omnipotente. 

Le Crédit agricole ne pense plus qu’à une chose : sécuriser son accès aux dépôts en croquant la Société générale et créer des liens fusionnels avec  le petit monde de l’assurance mutualisée.

Bientôt les cinq grands réseaux  se partageront la quasi totalité des dépôts, des placements, des crédits et des opérations d’intermédiation. Le Crédit Agricole (sans la Société Générale) se vante de gérer les comptes de 20 millions de personnes, le tiers de la population française en comptant les bébés ! Et de s'extasier au lieu de s'inquiéter !

Nous sommes déjà parmi les pays d’Europe où les frais bancaires sont les plus élevés.  Cela ne va pas s’arranger.  Comme au temps des grands financiers du passé, les Fugger, les Médicis, les Law,  on n’est pas loin d’avoir affermé l’impôt à  quelques grandes banques.  Les intérêts de la dette d’Etat consomment désormais plus que le rendement de l’impôt sur le revenu. 

Certes les banques françaises ne sont pas les seuls prêteurs du trésor.  Mais leur part est prépondérante.  Une poignée de ce qu’il faut bien appeler des larrons  voient leurs rémunérations gargantuesques  directement branchées sur la collecte fiscale.  Pour des mérites d’apparatchiks, pas pour ceux de grands capitaines d’industrie.
Et on n’a pas encore lancé le Grand Emprunt Juppé-Rocard !


Pendant ce temps là l’Europe démantèle ING qui se voit obligé de vendre ses assurances. Comprenne qui pourra !

Avec retard et dans la foulée des journaux anglo-saxons, le Monde du vendredi 30 octobre s’interroge : spéculation financière, comment contrôler les banques ?   Le bandeau barre sur quatre colonnes la première page.  En page 13 sur cinq colonnes cette fois ci la question est posée autrement : faut-il interdire aux banques de spéculer ? 

Quinze mois après  la faillite de Lehman-Brothers on en vient enfin à poser les questions que nous posons depuis cette date.  Lire enfin  dans la presse quotidienne nationale que  « les institutions attrape-tout sont souvent l’objet de conflits d’intérêt » est des plus réconfortants même si le style laisse à désirer.  Les banques polyvalentes  sont TOUJOURS  en tentation de profiter d’une situation qui les fait juge et partie tout au long de la chaîne financière.  Plus le Moloch est gros plus les conflits d’intérêts deviennent choquants et plus le risque global pour la nation s’accroit.  Et plus les sur-rémunérations des dirigeants sont scandaleuses et contiennent d’argent finalement capté et non pas gagné.  Nous aussi  nous avons nos oligarques !

Le même exemplaire du Journal intervient pour signaler via une tribune de Nouriel Roubini  qu’il faut réduire les déséquilibres macroéconomiques.  Eh oui ! Mais pourquoi ne pas avoir lancé l’affaire dès juin 2008 ?  Le seul problème est que l’auteur ne remet pas en cause le moteur essentiel des déséquilibres : les changes flottants.  Il faut supprimer les effets mais ne pas s’attaquer aux causes !  Du coup l’article perd de sa force. 

Un peu plus loin Nicolas Baverez évoque l’impasse des politiques de sorties de crise.  Il pointe très justement les défauts que nous cessons de commenter depuis des lustres.

*Les politiques économiques ne sont pas coordonnées. C’est vrai ! Mais le seul moyen de les coordonner c’est de leur imposer la défense d’un taux de change internationalement agréé.  Il faut donc nécessairement et préalablement réformer le système monétaire international. 

*Le modèle économique des banques n’a pas été modifié. Encore vrai. Mais il faut avoir un schéma de restructuration. Il manque. Nous, nous  l’avons inlassablement exploré. 

*Le refus du G.20 de se saisir du système monétaire ? C’est notre dada depuis que le G.20 existe.  Mais Baverez, s’il constate les anomalies,  ne propose rien.

On peut se satisfaire de voir que les analyses que nous avons faites à chaud  deviennent les banalités du jour.  Il était absurde de ne pas réformer immédiatement  le système des changes et le secteur de la finance. Les faits sont là et la réalité s’impose.  Mais quel désarroi dès qu’on veut passer à la recherche de solutions.  On en reste aux vœux pieux sur les résultats attendus et les méfaits à éliminer.

Les mots-clé arrachent la bouche et ne sont pas prononcés.

Oui il faut démanteler les molochs de la banque assurance, sans avoir peur d’affaiblir le secteur financier. Mieux vaut des roseaux  nombreux  que des chênes rares et énormes,  en matière de finance.    Oui il faut revenir aux changes fixes dans un système régulé par un FMI où il n’y aurait que des égaux et  pas de veto.


Ces mots ne sont pas prononcés. On tourne autour dans le non dit.  Quinze mois après le déclenchement de la grande faillite bancaire universelle,   l’évidence qu’on a tourné le dos aux vraies solutions commence à s’imposer. Mais on ne fera rien  pour aller vers des solutions concrètes.

Que de temps perdu ! Que d’argent perdu ! Que d’emplois perdus ! Que de souffrances évitables !

Nous sommes toujours à la merci d’un rebondissement  catastrophique qui nous laisserait sans solution.  Et personne ne sait comment sortir de l’impasse du surdendettement d’Etat ni comment dégonfler les bilans  des banques centrales de leurs actifs dits non conventionnels (en fait : anormaux).

Peut-être que dans quinze mois…

Didier Dufau pour le Cercle des économistes  E-toile

Un débat stérile ce matin sur France Inter

Débat révélateur mais stérile sur France Inter, ce matin,  avec deux économistes, Christian  de Boissieu et Charles Wyplosz qui n’avaient ni l’un ni l’autre prévu la crise et qui naturellement  sont restés les « experts »  sollicités par les médias au moment de l’expliquer.

Il est difficile de critiquer M. de Boissieu : il ne dit jamais rien d’autre que les banalités consensuelles du moment et ne porte jamais  les raisonnements à leur conclusion logique.  Aujourd’hui il nous indique que la finance est moins « bordée »  par la réglementation prudentielle qu’elle ne devrait l’être,  ce qui l’a surpris. Mais qu’il ne croit pas à la spécialisation des banques et au découpage de l’activité financière en tranches car les frontières sont selon lui artificielles.  Conclusion : rien, sinon le ronron  habituel sur l’encadrement des bonus , la suppression du secret bancaire et le contrôle des produits toxiques (non définis).

M.  Wyplosz a déjà fait sur ce site l’objet d’une analyse critique (Réfutation de l’article de M. Charles Wyplosz http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/10/12/Rfutation-de-larticle--de-M-Charles-Wyplosz). Il reprend son thème favori :  les banques ont trop de pouvoir , jouent totalement anormalement avec les dépôts des déposants et doivent être mises au pas politiquement , alors que c’est l’inverse qui se produit partout. Les profits bancaires naissent d’opérations rentables pour les banques et sans intérêt social.  Mais le système des changes flottants est parfait et les déficits de balances de paiements n’ont pas d’importance.   On se demande alors comment les banques peuvent avoir les comportements anti sociaux et générer les gains immenses qui suscitent les bonus  gigantesques qui sont distribués.

L’un et l’autre se retrouvent sur des explications comportementales  de la crise.  Aucun des deux ne veut voir les aspects systémiques qui expliquent à la fois la prévisibilité des grandes récessions et  leur répétition.  Résultat : aucun réel diagnostic et aucune solution pratique.

Nous disons depuis le départ que la crise est une conséquence du système des changes flottants, qui ne marche pas et que les monnaies sont au cœur du problème.  L’avantage avec la réalité c’est qu’elle finit toujours par s’imposer. Paradoxe,  ces deux économistes ont été sollicités par France Inter parce que le tourbillon des monnaies s’accélère avec le risque d’un effondrement du dollar et d’une relance de la crise (risque  qui est latent depuis au moins deux ans et que nous dénonçons continument)  alors que ni l’un ni l’autre ne croient à une origine monétaire de la crise  ni  ne remettent en cause les changes flottants de façon explicite…

Rappelons que les comportements s’exercent dans un système global.  Une crise économique nait  rarement exclusivement  de facteurs comportementaux déviants.  Les actions des uns et des autres se comprennent dans le système qui les conditionne.   
Jacques Rueff le premier a démonté le mécanisme de double pyramide des crédits que le système de gold exchange standard puis de changes flottants a permis.  Les déficits gigantesques du pays dont l’économie (et la position politique) est dirigeante alimentent une pyramide de crédits et de création monétaire  internationale qui finit par faire écrouler l’édifice.   Il a démontré l’application du mécanisme en 1929, puis en 1971 lorsque le dollar est détaché de l’or.  Il est très facile de voir le réarmement successif de  l’empilage de dettes  qui va expliquer la crise de 1993 puis celle de 2001 puis la crise actuelle.  

D’autres économistes comme Maurice Allais ont confirmé le raisonnement et l’application aux faits.  C’est le gonflement d’une énorme dette globale qui explique les revenus bancaires excessifs et les  bonus extravagants (ils en sont les servants) ;  ce sont les changes flottants qui donnent l’occasion de gains spéculatifs  constants dans une économie-casino pilotée par les salles de marché ; ce sont les aléas de l’économie casino qui expliquent  le développement de produits complexes.

On n’a rien fait pour remettre en cause ces mécanismes. Ils s’exercent à nouveau depuis que les Etats ont pris à leur charge les pertes bancaires  tout en s’agitant  leurs petits poings nerveux sur des questions secondaires.

Il faut bien le dire : interroger  C. de Boissieu et C. Wyplosz, et d’une façon générale tous les économistes qui n’ont rien vu venir,  n’a strictement aucun intérêt.  Ils ne peuvent que déblatérer des propos contradictoires qui ne mènent à rien.  D’accord les medias ne sont pas aidés par les économistes officiels. Mais ils ne sont tout de même pas obligés de toujours se contenter  du son des mêmes cloches, venant des mêmes clochers.


Sylvain Dieudonné pour le cercle des économistes E-toile

Une loi d’airain de l’économie française



Lors de l’interview du premier ministre  M. Fillon à RTL,  il y a deux jours, il a indiqué que le taux de prélèvement  avait baissé en France en 2008 en soulignant que la baisse venait principalement de la récession et très accessoirement des baisses d’impôts qu’il avait mises en œuvre.  Naturellement ce discours a une finalité politique : « nos baisses d’impôts n’ont pas généré le déficit ni l’endettement ».  Mais nous le considérons comme juste et bien venu parce qu’il met en lumière une loi fondamentale de l’économie française qui n’est pas assez connue et dont on ne tire jamais les leçons.

Cette loi veut que l’impôt en France soit globalement progressif ce qui explique qu’il croit plus vite que le PIB pendant les phases de croissance et moins vite que le PIB pendant les phases de récession.  

Une loi à graver sur le fronton de l’Assemblée nationale et du Sénat.

DSK, au joli  temps de la cagnotte,  avait nié de façon bien cavalière cette loi fondamentale en disant cette idiotie caractérisée selon la quelle les impôts supplémentaires se dilueraient dans la croissance et qu’on aurait une baisse des  taux de prélèvements. Naturellement la forte croissance mondiale de 1997 à 2000 a provoqué des hausses massives d’impôts qui se sont ajoutées à l’effet du coup de massue fiscal de M. Alain Juppé et des augmentations d’impôts parfaitement inutiles imposées par le gouvernement Jospin à l’initiative de M. Strauss-Kahn.  L’affaire de la cagnotte fera beaucoup de mal au gouvernement.

 Il est donc bon pour un homme politique de dire la vérité.  M. Fillon l’a fait.

La loi étant bien établie dans un sens comme dans l’autre par les expériences  du boom de 1997-2000 et la récession en cours, il importe d’en tirer la leçon, ce que naturellement personne ne fait, ni du côté de l’Administration, ni du côté du personnel politique, ni du côté des médias, encore moins du côté des économistes officiels ou de ceux des experts  qui côtoient les allées du pouvoir.

Leçon  numéro 1 : la croissance de longue durée provoque ipso facto un accroissement naturel du taux de prélèvement.  Depuis la guerre de 40 il n’y a eu que quelques rares années de récession noyées dans des dizaines d’années de croissance.  Le résultat a été une hausse perpétuelle  du taux de prélèvement. Faut-il qu’un dispositif de « justice fiscale » serve à donner à l’Etat de façon invisible une part croissante des ressources produites ?   Qui parle d’un mécanisme automatique pour effacer cet effet ?  De même qu’on considère normal de ne pas tenir compte de l’inflation pour augmenter les impôts, il devrait être tout à fait admis qu’on ne tient pas compte de la progressivité du système pour privilégier les ressources de l’Etat.  L’INSEE devrait mesurer chaque année l’effet global de sur-taxation du à la progressivité de l’impôt  et le gouvernement devrait le restituer aux Français, ou au moins le mettre de côté pour faire face aux phases de récession.   Ce mécanisme devrait être institutionnel et même constitutionnalisé. Sinon cela veut dire que la République accepte de privilégier indéfiniment et structurellement  l’Etat dans ses rapports avec les citoyens.  Bien la peine d’avoir fait la Révolution.

Si vous avez entendu parler de ce débat sur les média ou dans les discours politiques, vous avez gagné le premier grand prix de l’ouïe  fine !

Leçon  n° 2 : les dépenses publiques n’étant pas soumises  à la même variation cyclique, il faut limiter la hausse des dépenses en phase de croissance rapide  et éviter qu’elles ne baissent pendant les récessions.  Depuis quarante ans nous faisons l’inverse : tout le surcroît de recettes permis par la croissance est immédiatement dépensé  en général en rajoutant de la dette par-dessus le marché ; en cas de crise un cliquet à la baisse sur les dépenses se met bien en place (comment faire autrement) mais on aggrave les impôts pour payer le trou de recettes de la récession, comme par exemple sous les gouvernements  Barre,  Mauroy, Juppé, avec un petit coup de pouce sur la dette en prime comme d’habitude.

La mauvaise gestion du  cycle économique conduit  à une aggravation de la situation et à une double poussée conjointe de la pression fiscale et de l’endettement.

A cela s’ajoute la dérive permanente des dépenses des collectivités locales.  La gabegie honteuse d’un Delanoë à Paris, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, en est une bonne illustration.  Ce monsieur a bénéficié de la bulle immobilière pour engranger des sommes colossales en supplément du trend normal de la croissance longue.  Il les a entièrement dépensées, en général pour des sottises et pour satisfaire des groupes clientélistes, aboutissant à faire passer les effectifs de la Mairie de Paris de 40.000 (ce qui faisait déjà rire les cyniques) à près de 50.000. Lorsque la bulle a éclaté il a massivement augmenté les impôts soit par hausse démente des taux (taxe foncière)  soit par création de taxe.  Naturellement on a ajouté l’abjection du  mensonge à celle de la gabegie.  La brochure envoyée aux frais  Parisiens, à leurs frais,  pour chanter les mérites de la municipalité ne dit pas un mot des …dépenses.  On ne fait que la comparaison avec les autres villes de France : Paris a des taux plus faible donc c’est une ville de privilégiés. On peut frapper.  Bien évidemment on n’insiste pas sur le fait que les prix de l’immobilier  n’ont pas tellement de rapport avec les villes en question et que le surcroit de richesse des parisiens leur fait payer globalement des masses d’impôts sans comparaison.

On est ici dans la malhonnêteté politique caricaturale.  Elle est parfaitement acceptée. Le mensonge politique en matière de fiscalité est tout à fait normal en France et les manipulations de l’opinion sont constantes. On en trouvera la preuve dans une sortie étrange de la présentatrice  blondinette du journal de TF1 qui tout à coup, sans aucune raison d’actualité, sans transition, éructe deux phrases : la hausse des impôts à Paris n’est pas celle qu’on a dite ; les taux sont les plus bas de France. Cela venait comme un cheveu sur la soupe.   Il est vrai que ce perroquet ridicule est classée journaliste et qu’elle bénéficie ainsi de niches fiscales très privilégiées.  Une rédaction de droite  qui tient le maximum d’audience  télévisée cautionne ainsi  le maire de gauche  le plus catastrophique et le plus cynique que la Capitale ait jamais eu.   Ici et maintenant !
 
Le principe correct de finance publique devrait être d’aligner les dépenses sur la croissance  avec un taux de hausse aussi proche que possible du trend.  On gommerait ainsi les effets  pervers signalés.  Cela n’a jamais été fait depuis 1945 !  La France est glorieusement parvenue à se glisser dans le top 3 des pays où les prélèvements sont les plus forts tout en accumulant les déficits de tout genre (balance commerciale, budget, endettement).  

Tout en quittant le peloton de tête des pays en croissance.  La bêtise a son prix.  Nous sommes en tête pour le chômage des jeunes, des femmes, des vieux, des immigrés, en un mot des faibles  entrant sur le marché du travail.  Nos administrations sont presque toutes en grave difficulté, voire pour certaines effondrées.  La sécurité sociale est en faillite.

Si la France, une fois de plus, augmente les impôts au sortir de la crise actuelle, pour pouvoir  pérenniser le niveau de dépenses publiques  intolérable atteint,  elle sortira de l’histoire.

Il vaudrait peut être mieux comprendre et  tirer définitivement  les enseignements de la loi d’airain  dont on parle.  Elle est au cœur de l’avenir de la Nation.  Et elle s’impose à tous les partis.

Didier Dufau pour le cercle des économistes E-toile.

Martin Wolf, John Kay et le concept de « banques étroites »

Nous, au cercle des économistes e-toile, on aime bien Martin Wolf depuis sa conversion. Il permet désormais de faire entendre au monde anglo-saxon des idées qui pendant longtemps ont été estampillées « continentales »  et régressives dans les milieux financiers alignés sur Wall Street.


« Qui peut croire que le système financier qui émerge de la crise soit plus sûr que celui qui s'y est précipité ? Peu de gens, assurément. Dès lors, comment peut-on remédier à cette situation désastreuse ? Ce qui a entraîné le monde dans la crise, c'est, nous le savons maintenant, un secteur financier mal géré, irresponsable, fortement concentré et sous-capitalisé, miné par les conflits d'intérêts et bénéficiant de garanties publiques implicites. Ce qui en émerge est un secteur financier un peu mieux capitalisé, mais encore plus concentré et bénéficiant de garanties publiques explicites. Ce n'est pas un progrès : cela signifie que nous connaîtrons dans les années à venir de nouvelles crises, plus nombreuses et plus graves. »

Rien à dire sur ce développement impeccable. Nous l’avons traité dans au moins dix articles.


Il va alors chercher un rapport de John Kay, économiste et professeur à la London School of Economics,  qui propose dans un texte publié le 15 septembre par le Centre for the Study of Financial Innovation (CSFI), un centre de recherche privé basé à Londres, la création de  banques plus petites, les « narrow banks » (qui n’auraient donc plus d’importance systémique et ne seraient plus too big to fail)) disjointes des banques de dépôts  rendues, elles,  absolument sûres non pas par la garantie publique mais par la solidité de leurs actifs.

« M. Kay pense qu'il faut scinder le système bancaire en deux parties : un "service public" et un "casino". La grande idée est que les dépôts garantis devraient être adossés à des "actifs liquides absolument sûrs" - ce qu'on appelle le coefficient de réserve à 100 %, d'ailleurs envisagé par les économistes de l'école autrichienne. »


Il faut savoir que les économistes de l’école autrichienne avaient été traumatisés par l’hyperinflation du début des années 20 et avaient réfléchi à la faillite du kredit Anstalt, le Lehman-brothers de leur époque.  Depuis la création monétaire débridée n’avait plus la cote avec eux.  Le keynésianisme a ensuite emporté tout et enfoui leur contribution.

Nous avons développé dans notre article  sur « la notion de banque de paiement » une vue proche mais un peu plus radicale que celle de Kay. Dans la pratique le résultat est (presque) le même.  Les dépôts restent des prêts aux banques dans le système Kay mais ils ne peuvent être employés qu’à des ressources 100% sûres. Il n’y a plus de risque sur les dépôts et donc de possibilité de paniques.  Nous préférons notre solution car la notion d’actif 100% sûr est une vue de l’esprit.  

Comme pour notre solution celle de Kay se heurte à une difficulté de mise en œuvre : on s’écarte tellement des schémas existants que la radicalité de la solution fait peur. « La première objection que l'on pourrait lui opposer est que sa suggestion provoquerait un profond bouleversement du monde de la finance » écrit martin Wolf, tout en ajoutant avec courage que cet argument ne doit pas arrêter les autorités.


Et comme pour notre solution la principale difficulté est de déterminer si on ne repousse pas le problème un peu plus loin. Un ensemble de petits casinos est-il moins risqué qu’un petit nombre de très grands casinos ? La réponse étant évidemment non, on aboutit à la même règle inévitable : les ressources des banques doivent être de même longueurs que leurs prêts.  On retrouve toutes les propositions de Maurice Allais qui malheureusement n’est pas cité (une vieille habitude des économistes de sa Gracieuse Majesté). 

Comme nous Kay aboutit à la conclusion que : « des entités de trading existeraient, mais elles devraient se financer en ressources propres ». L’anomalie monstrueuse actuelle qui permet à des banques « universelles » de spéculer à court terme avec l’argent des déposants serait supprimée.  Ces spéculations doivent se faire sur fond propre, qui peut le nier ?  L’affaire Kerviel et les spéculations ratées des caisses d’Epargne ont tout de même été assez démonstratives !

Et comme nous Kay aboutit au constat qu’il faut interdire certaines pratiques ou l’encadrer fortement. Le « shadow banking » a développé des méthodes dont il faut évidemment faire l’évaluation et pour certaines d’entre elles l’interdiction est à envisager. 

« Laurence Kotlikoff, de l'université de Boston, et Edward Leamer, de l'université de Californie à Los Angeles, comptent parmi ceux qui ont proposé de telles idées radicales ».  On est bien content. Cela prouve que même aux Etats unis ces idées cheminent.

Nous ne pouvons qu’être d’accord avec la conclusion de Martin Wolf :
« Le point primordial est que le stade où nous en sommes aujourd'hui est intolérable. Les concentrations actuelles de richesse et de pouvoir garantis par l'Etat doivent absolument disparaître. A présent, la thèse officielle est qu'une régulation plus stricte, notamment le relèvement des exigences en matière de capitaux propres, peut contenir ces dangers. Il est pourtant probable que cela échouera… On ne peut pas rejeter toute idée de réforme radicale. Celle-ci demeure latente. »

Evidemment cet article laisse dans l’ombre nombre de questions clé.  La plus importante est de savoir pourquoi le système permet l’existence d’activités bancaires de casino. Ceux de nos lecteurs fidèles savent la réponse que nous apportons : les changes flottants ont à la fois permis et rendu attractifs la spéculation à court terme de masse.  Cette activité commence dès 1975 et prend de l’ampleur avec les mesures de désectorisation du monde bancaire. Les dépôts sont alors mis à la disposition de la spéculation sur les monnaies et les taux d’intérêt. Les mouvements financiers prennent le pas sur les mouvements commerciaux.

On voit que les risques actuels d’effondrement du dollar remettent au premier plan la question monétaire qui est « latente » comme dirait M. Wolf depuis le début de la crise.

Nos thèses que certains auraient pu croire aventurées, bizarres, hors sujet, prennent leur vrai sens au fur et à mesure que la crise s’approfondit et qu’on s’aperçoit qu’en fait, à ce jour, on n’a pris aucune mesure sérieuse pour éviter que cela ne recommence sans trop savoir comment on va sortir des conséquences des mesures d’urgence pleines de facilité que l’on a prise. 

Le G.20 a constamment évacué la question monétaire et les politiques ont constamment évacué la question de la restructuration en profondeur  du secteur bancaire et financier.  Tout ce qui a été entrepris sur les normes comptables, les bonus, les agences de notations est cosmétique et sans grande importance.
Admettre que l’on s’est fourvoyé en groupe pendant près de quarante ans, c'est-à-dire depuis l’instauration des changes flottants et  du décloisonnement des banques, est une potion dure à avaler. 

Elle était belle l’idée de Milton Friedman d’un monde de liberté où des banques livrées à elles mêmes orientaient de façon optimale les ressources vers les endroits où on en avait le plus besoin, où les taux d’intérêt et les changes convergeaient harmonieusement, où la liberté du commerce s’accompagnait de la liberté totale des mouvements de capitaux.  Comme le socialisme, une autre belle idée,  « cela ne marche pas ».  En tout cas pas comme prévu.

Félicitons la presse anglaise qui n'hésite pas à publier des textes économiques en apparence hétérodoxes et la liberté de certains "columnists" qui n'hésitent pas à bruler ce qu'ils avaient adorés et stigmatisons la presse française qui les publie sans jamais faire eux même le même travail avec leurs ressources nationales. L'effacement économique français dans la sphère médiatique est grotesque et même infamant quand on pense à la qualité de la tradition française.

Didier Dufau pour le cercle des économistes E-toile.

Témoignage : une vision allemande de la crise.

Nous continuons ici de présenter des témoignages européens sur la crise. Ce sont les positions personnelles des auteurs.

 

Voici la vision de Karl Peiper.

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Une vision allemande de la crise.

 

Il n’y a pas de doctrine proprement allemande sur cette récession  mais les vues suivantes sont souvent entendues  dans les milieux économiques et financiers.

L’idée  majeure est qu’il aurait suffi de sauver Lehman-Brothers pour éviter de mettre en branle le sauve-qui-peut généralisé.  Au moment où Angela Merkel est réélue en Allemagne, on se souvient de son hostilité initiale à des plans de relance exc essifs et à un laxisme monétaire trop grand de la part de la Banque centrale Européenne.  

Pour ses conseillers on était dans une crise classique du type 1993 qui ne méritait pas une frénésie de dépenses et de création monétaire.  Les banques allemandes se sont trouvées en porte à faux uniquement à partir de la chute de Lehman qui a aussitôt provoqué une restriction quasi-totale  des refinancements et a bloqué la transformation des dépôts en crédits à plus ou moins long terme.  La  gravité de la crise serait alors due uniquement aux faiblesses d’analyse de M. Paulson et les Etats auraient surjoué  la réaction.  

Pour ces commentateurs  la crise est une crise de liquidité classique qui aurait pu être traitée avec moins de contradictions et  d’emphase et surtout en évitant un endettement aussi massif dont plus personne ne sait comment se débarrasser.  Le premier pas aurait été de dévaluer massivement le dollar et révaluer fortement le Yuan.

Le corollaire de cette position est que la Chine et les créanciers en dollar auraient perdu une grosse part de leurs avoirs, mais ces avoirs étant fictifs, ils devront  de toute façon disparaître.

Les Etats Unis auraient certes trouvé un avantage mais la principale économie du monde serait redevenue un moteur de croissance  sur une base assainie : l’exportation et non la consommation à crédit.   

La Chine   aurait souffert plus que ce que l’on a constaté. Mais elle aussi aurait du se transformer en pole de croissance interne au lieu de compter uniquement sur un Yuan dévalué. L’Allemagne s’y serait retrouvée en fournissant aussi bien les Etats unis que la Chine en outils et en produits avancés.  

Au total la crise aurait été plus violente mais la sortie de crise plus précoce, plus assurée et plus dynamique.  

L’Allemagne est de toute façon habituée  à perdre une partie des avoirs de change et aurait rétabli sa situation assez vite par les exportations de son Mittelstand.

Le choc aurait été rude. Mais on aurait été  débarrassé des dettes excessives.  L’activité aurait reprise  sur une base assainie.  

Beaucoup de commentateurs allemands sont réservés vis-à-vis de la pratique  qui a finalement triomphé,  et qui était d’ouvrir les vannes du crédit public et de la création monétaire pratiquement sans limite  afin de transférer un maximum de la dette des banques vers des structures de défaisance ou vers l’Etat,  évitant au maximum d’acter des pertes sur créances,  tout en lançant des plans de relance monstrueux  alimentés par des déficits publics de même proportion.  Le résultat est que la masse de dettes qui était déjà si grande qu’elle ne permettait plus un fonctionnement normal de l’économie  a encore augmenté et que plus personne ne sait comment s’en débarrasser ni même comment servir les intérêts autrement que par la création monétaire, puisque l’économie réelle a bien régressé malgré les plans de relance.  

Le versement des remboursements et des intérêts d’une dette alourdie par une économie rétrécie est une impossibilité.  On va donc vers de nouveaux rebondissements de la crise   pour se sortir de cette contradiction.  La crise réelle de l’endettement  n’aurait été que ralentie et retardée.  Elle finira par ressurgir provoquant des crises  jusqu’à ce que le taux d’endettement global devienne supportable.  Comme la source des déséquilibres internationaux n’a pas été touchée,  les mêmes causes  de déficits et d’excédents croisés agissent encore et viendront aggraver la situation.   La seule inconnue est de savoir selon quel mécanisme et quel tempo les dettes excessives seront purgées.

Aucun des économistes qui ont  ouvert de leur autorité  la double vague de dettes publiques  et de déversement monétaire, associée à une absence totale de réforme  du système monétaire international,  n’a la moindre  idée de la manière de sortir de la situation d’endettement cumulatif ainsi créée.  Il faut dire qu’on se trouve dans une situation totalement inédite.  Jamais le monde n’avait connu une telle conjonction de dettes publiques et un tel flot de création monétaire.

Pour beaucoup d e spécialistes allemands la politique « de consensus » a débouché sur l’inconnu et   même  si on parle aujourd’hui de fin de la récession on est loin de la fin de l’histoire et certainement pas encore au stade où la science économique pourra juger de l’efficacité réelle des politiques suivies.

Karl Peiper  (témoignage personnel)

 

 

Témoignage : la France, un pays socialiste ?

Permettra-t-on à un étranger qui a connu le « socialisme réalisé » de se poser la question : la France est-elle devenue un pays socialiste ?

Avec le RSA pour les jeunes adultes avant 25 ans, la France vient de boucler son système d’assistance à vie.

L’enfant et l’adolescent sont déjà largement pris en charge par la collectivité.  Les Allocations familiales viennent  compléter un dispositif  qui comprend de nombreuses gratuités (santé, école) et de nombreuses aides ponctuelles (rentrée scolaire,  cantine, transport, garde, logement, vacances, activités sportives ou culturelles etc.).

Le RMI et maintenant le RSA permettent de vivre sans travailler pratiquement indéfiniment. De nombreuses aides annexes rendent cet état finalement acceptable sinon confortable lorsqu’on peut accumuler des ressources au noir.  Les nouveaux  « droits à » , notamment le logement, mais aussi les transports, les loisirs  et autres, les exonérations fiscales, les ristournes sur le chauffage et l’électricité, le non remboursement de dettes,  complétés par la possibilité de se nourrir et s’habiller pour rien grâce à de nombreuses associations, ont fait de la situation d’assisté permanent une réalité qui touche des millions de personnes : d’après nos recoupement  près de 2 millions de foyers vivent sans travailler officiellement en France. Ils représentent entre 6 et 10 millions d’individus.

Les minima sociaux prennent la relève à partir de l’âge légal de la retraite.  L’hébergement des vieux est de plus en plus financé sur ressources publiques.

Avec l’extension du RSA au seul segment d’âge qui restait entièrement à la charge des intéressés et de leur famille, les mesures Hirsh  permettent désormais de vivre aux crochets de la collectivité pendant toute sa vie.  Certes comme toujours quand on crée de nouveaux droits on prévoit mille conditions. En quelques années toutes ces restrictions volent en éclats. Les Français  auront donc bientôt une sorte de revenu à vie garanti par l’Etat.

Vue au départ comme un filet en cas d’accidents de la vie,  l’assistance devient de plus en plus une subvention permanente.  

Il ne faut pas trop gloser sur le faible niveau de vie rendu ainsi possible. Il est supérieur à ce que gagne en travaillant 90% de l’humanité.

L’intéressant est que ce bouclage de l’assistanat est le fruit d’un président de droite qui préconisait la rupture avec un J. Chirac qui prônait sur la fin ouvertement la défense des droits acquis et  la création de nouveaux droits sociaux .

Ce paradoxe pose au moins deux questions :

-    La droite française penserait-elle  qu’un socialisme démocratique est  souhaitable et possible ?
-    Le socialisme démocratique est-il tenable dans la durée ou s’effondrera-t-il  comme l’a fait l’Union Soviétique.


Dans la presse française du jour on lit que M. Delanoë, après avoir augmenté dans des proportions délirantes les taux d’imposition (48% pour la taxe foncière) , et après avoir déjà fait flamber les dépenses municipales à Paris de façon grotesque (passage de 40.000 à 49.000 du nombre de fonctionnaires de la municipalité par exemple, ce qui revient à  ajouter du délire à du délire) va subventionner en partie les loyers d’une partie de ses assujettis. On augmente de 9% la taxe d’habitation et on subventionne en partie le loyer ! On est en plein clientélisme.

On voit donc qu’à droite comme à gauche on est bien décidé à toujours fiscaliser plus et subventionner plus, à l’échelon de l’état ou à celui des collectivités locales.  Les politiques et la haute classe administrative  sont en train de radicaliser la société entre d’une part une cohorte de subventionnés et une masse de smicards et de l’autre un masse de Français  tondus ras par une fiscalité confiscatoire.  Alors que l’équilibre social passe naturellement par une très forte classe moyenne.

Le système soviétique que nous avons connu était un peu différent : la Nomenklatura régnait  sur des masses à qui on fournissait le strict minimum dans le cadre des  « droits à » habituels : droit au travail, droit à la santé, droit au logement etc.  Les masses en question en faisaient le minimum.  On disait  à la base : l’état fait semblant de payer des citoyens qui font semblant de travailler. La propagande des hautes sphères rappelaient inlassablement le bonheur d’un système socialiste réalisé où tout le monde pouvait vivre et travailler.  La misère et le chômage étaient totalement masqués, ainsi que les conditions de vie désastreuses dans des logements pourris et partagés par plusieurs familles.  Il n’y avait pas de classes moyennes  et encore moins de classes entrepreneuriales. Seulement des apparatchiks  formant  une classe de bureaucrates et associant une petite élite économique d’ingénieurs,  et un immense prolétariat mal nourri, mal logé,  mal soigné.

On peut se demander combien de temps la France gardera sa classe d’entrepreneurs et de cadres supérieurs.  Le socialisme concret français a été financé par un taux de fiscalisation des entrepreneurs et des cadres supérieurs  qui est quasiment le plus haut du monde  et comme cela ne suffisait pas   on eu recours massivement à l’emprunt pendant quarante ans.  Les déficits sont partout : commerce extérieur comme finances publiques.   La récession a encore aggravé les choses, les recettes fondant sans que les dépenses  anciennes puissent être réduites et alors qu’on distribue allègrement les nouvelles facilités.  La France détenait  le record du non travail des jeunes, des femmes, des immigrés, des vieux (les personnes fragiles du point de vue de l’emploi).  La crise ne va rien arranger.

Les emplois perdus ne reviendront pas en France.  La quasi impossibilité de licencier, les occupations d’usines, les séquestrations, l’hyper fiscalité, la lourdeur règlementaire,  l’importance déraisonnable des charges  bloqueront longtemps les investissements étrangers productifs.

Les ex pays sous la coupe soviétique de l’Europe de l’est voient donc l’expérience française avec  scepticisme.  Le socialisme fiscal, où l’impôt remplace la Kalachnikov,  est-il réellement durable ? Est-ce à cela que nous conduit l’Union Européenne ?  Beaucoup chez nous considèrent déjà la France comme un pays socialiste et pour nous cette désignation est marquée de dégoût.

Pour les amoureux de la France, comme moi et beaucoup de Polonais, cette évolution de la France vers un socialisme  impossible est une souffrance.  Nous savons combien coûte le renoncement au courage et à la responsabilité.  Nous n’admirons pas l’extension indéfinie de l’assistanat français. Elle nous pousse plus que jamais à regarder vers les Etats-unis, en dépit de tous ses excès et de ses difficultés actuelles.  

Zbig Brataniec (opinion et témoignage personnels)

Pourquoi la France ne résiste pas si mal

En matière d’activité la France résiste mieux à la récession que bien des pays, comme l’Allemagne, l’Irlande,  le Royaume Uni et même les Etats Unis.  La baisse du PIB constatée, même si les réévaluations proposées pour 2009  ne se concrétisent pas, est inférieure à celle de bien des pays industrialisés.


La raison en est triple :


-    La part du secteur marchand dans l’économie globale est plus faible que partout ailleurs.  Près de 30% de la population active travaille sur recettes ou financements publics, et leur rémunération et leur emploi ne dépendent pas directement et immédiatement de la conjoncture.


-    Il y a eu pendant quelques mois baisse des prix et donc accroissement du pouvoir d’achat.  Une telle assertion ferait rire toute ménagère : il est de tradition que les hausses de pouvoir d’achat par la baisse des prix ne sont  JAMAIS ressenties. Elles n’en sont pas moins là.


-    La baisse des prélèvements obligatoires. Le taux a baissé en 2008 de façon sensible. Certains diront : c’est le programme de baisse  d’impôts du gouvernement. Ce n’est pas la raison principale : la vérité est que lors que le PIB croit le taux de prélèvement s’accroit mécaniquement plus vite (l’impôt est globalement progressif) et qu’il décroit tout aussi mécaniquement lorsque le PIB régresse.  Le Ministre du budget a indiqué que le déficit de l’Etat s’expliquait pour 75% à cause de la crise et 25% du fait des déséquilibres hors crise de la structure des recettes et des dépenses.  Cette proportion vaut sans doute à peu près  dans l’effet « baisse du taux de prélèvements ».


L’inconvénient de ces avantages est la montée de l’endettement « structurel » et des déficits extérieurs.

Lorsqu’il faudra rétablir nos échanges et commencer à rembourser les emprunts l’effet sur la croissance sera lourd et nous condamnera à une sortie de crise retardée, une croissance très molle et une durée de stagnation plus longue.
D’autant que les trois avantages vont cesser progressivement de jouer :


-    Le secteur public étant peut susceptible de gain de productivité majeurs, il ne sera pas un moteur de sortie de crise.
-    L’inflation va reprendre.
-    La hausse des prélèvements obligatoires aussi.


Il y aura pression sur la demande globale à la baisse, en même temps qu’une baisse de la propension à produire plus.


On verra alors une France à la traîne par rapport aux autres. C’est ce qui s’est passé notamment entre 2005 et 2008 où nos taux de croissance ont été presque ridicules. 

Dans le cycle économique la France oscille moins mais son trend est plus plat que les autres.  L’avantage est certain lors de la phase de récession du cycle mais pas véritablement  enthousiasmante le reste du temps.

Taxons ! Taxons encore ! Taxons toujours !

Nous voici donc avec la perspective d’une taxe nouvelle : la taxe sur les transactions financières. 

A voir Nicolas Sarkozy hier soir, il était content.  Il était content parce que la taxe carbone  s’était imposée en France  et que peut être on pourrait l’imposer aux frontières. Il était content parce que la taxe  sur les transactions financières  était désormais acquise à l’échelon international.  Il était content parce que les deux taxes  permettront de réduire l’endettement des Etats (voici donc la fameuse voie de sortie de l’endettement).   Il était aussi content parce que les indemnités des accidents du travail allaient être  supprimées.  Une mesure de simple justice a-t-il affirmé.  M. Nicolas Sarkozy nage dans le bonheur quand il nage dans les taxes.


Devons-nous partager ce bonheur ?


L’Etat français dépense plus que la valeur ajoutée des entreprises qui sont sous sa coupe. Prendrait-il toute la valeur ajoutée qu’il ne financerait toujours pas ses dépenses ! La crise financière et les moyens beaucoup trop couteux qui ont été mi en place pour y faire face ont aggravé  la situation dans des proportions  qui désormais semblent échapper à tout contrôle.


On nage dans les paradoxes.


On signale qu’il faut réduire le « mille feuilles » administratif qu’est la France avec ses étages multiples et redondants.  Et on ne cesse de multiplier les étages à l’extérieur de la France. Déjà par la voix de Lamy, entre autres, on réclame une hausse rapide et massive des ressources propres de l’Union européenne.  Avec Chirac on avait eu la taxe sur les voyages en avion. Maintenant voici la taxe  sur les mouvements financiers vers l’étranger.


Remarquons que cette taxe n’aurait eu exactement aucun effet sur les subprimes et leur commerce.  Ces opérations de titrisation n’ont donné lieu à aucuns allers et retours spéculatifs.  Les titres ont simplement été diffusés et  ils l’auraient été même avec une taxe sur les transactions financières de 0.05%.  


La taxe Tobin est une technique radicale pour pallier aux inconvénients d’un système monétaire de change flottant. Et comme le dit Nicolas Sarkozy lui-même le G.20 de Pittsburg ne s’est pas occupé de monnaie !  En même temps qu’on s’agitait contre les « boni », on a détourné une technique monétaire pour régler des problèmes de « morale » financière.  Ou alors on a rien compris.


Bientôt on nous expliquera qu’il faut une taxe sur les opérations financières intérieures.  Si la spéculation est mauvaise entre pays elle l’est sûrement tout autant au sein d’un même bloc monétaire !


Faute de réfléchir à une organisation correcte du monde monétaire international, on développe en toute bonne conscience des politiques entièrement malthusiennes  et qui portent atteinte aux libertés.


L’impôt sur les transactions financières pose un principe fiscal nouveau : vous n’êtes pas taxé sur votre revenu, ni sur votre capital, mais sur le déplacement de votre capital.


Les migrants qui renvoient de l’argent chez eux : taxé. Motif : a déplacé une partie de son patrimoine.  Les résidents français qui travaillent en Suisse et reçoivent leur salaire en France : taxés.  Rien que cela est une source d’inégalité devant l’impôt car ils paieront plus d’impôts sans que cette augmentation ait une cause réelle et sérieuse.  Le retraité qui a choisi de s’installer loin de sa zone monétaire va être taxé pour récupérer sa rente. Retaxé quand il va faire son chèque aux impôts ou s’il paie une pension à son ex, s’il est divorcé.  Retaxé s’il replace cet argent hors de son pays d’adoption. Retaxé quand, mort, son avoir sera rapatrié dans le pays de résidence de ses ayant- droits.  A quel titre ?  Selon quelle justification morale ? Pourquoi une telle différence avec quelqu’un qui serait resté peinard dans son pays de naissance ?  L’arbitraire est total. L’iniquité évidente.


Le tourisme va être taxé. L’ensemble du commerce international va être taxé.  Vous avez acheté à l’étranger : taxe. Vous êtes remboursés à la suite d’une erreur de livraison : retaxe.


On dira : c’est une toute petite taxe.  Ce qu’on cherche à pénaliser c’est la spéculation.  Oui, mais faute d’un vrai ciblage on taxe tout le monde, y compris les échanges de biens  et de services réels.


Et comment cibler la spéculation ? Comme nous l’avons déjà écrit ici, un entrepreneur qui anticipe l’évolution d’un marché  spécule.  Il va peut-être rechercher de l’argent sur un marché X pour investir dans un marché Y.  Deux taxes sur les transactions financières. Et s’il rapatrie son profit, encore une taxe.  Et s’il rembourse ses emprunts encore une taxe.  Et s’il place l’épargne qu’il a réussi à conserver dans un pays étranger encore une taxe. Et le rendement de son placement sera encore taxé quand il le rapatriera. Et si finalement, il dépense son épargne en achetant des produits qui ont transité  internationalement, encore une taxe.  Toutes ces taxes sont cumulatives.


Que veut-on ? Qu’il se contente de faire des transactions réelles et financières dans sa zone monétaire ?  C’est aller complètement à l’envers de l’histoire et des nécessités.


L’arbitrage entre places financières est certainement une tâche dont l’intérêt peut se discuter.  Mais pourquoi devrait-on interdire  qu’une différence de cours entre marchés soit gommée par une opération financière ?  L’or en dollar à New York est moins cher que l’or en Euro à Paris compte tenu du change en cours.  Pourquoi vous interdire d’acheter  là où c’est peu cher pour vendre là où c’est cher ? L’opération est-elle malsaine ? Assurer l’homogénéité des marchés est-il un crime ? C’est une spéculation mais elle est relativement sans danger.   Sauf peut être si le cours des devises est très fluctuant.  Mais qui a voulu un système de changes flottants ?


Ne serait-il pas plus sage de d’abord s’assurer que les devises ne flottent pas ? Car alors l’arbitrage devient pratiquement routinier et sans danger.  Et s’il est sans danger, pourquoi le taxer spécifiquement plus que toute autre transaction commerciale ?


Une fois que la taxe sera instituée, elle sera pérennisée. Plus question de revenir en arrière. Surtout si elle finance des bureaucraties internationales  et si on a fait des réformes qui rendent sans objet la taxe elle sera toujours maintenue.  C’est une règle qui ne souffre d’aucune exception.


Une fois qu’elle sera instituée, elle sera aggravée, car on n’a jamais vu une taxe qui ne soit pas régulièrement augmentée pour faire face à la rapacité des prédateurs publics.


Résumons-nous : partout on nous affirme que les subprimes sont la cause de la crise. Et en permanence on prend des mesures qui n’ont strictement rien à voir avec les subprimes !   Les hedge funds ? Pas dans le coup. Le bonus des traders des salles de marché ? Pas dans le coup des subprimes.   L’arbitrage international ? Rien à voir avec les subprimes.  Le secret bancaire ? Rien à voir avec les subprimes.  


Une taxe sur les transactions financières aurait elle eu un impact sur les subprimes ? Pas le moins du monde.


Nous voici donc dans une rafale de décisions qui n’ont exactement aucun rapport avec  ce qu’on nous dit être la cause de la crise.  Comprendra qui voudra !


Mais toutes ces mesures mettent en cause les libertés.  Et le principe d’une taxe sur le simple déplacement de son épargne est en lui-même totalement absurde.  Et le principe d’une taxation financière sur le déplacement de l’image financière d’une transaction réelle, qui est déjà taxée, est totalement abusif.


De Juncker avait expliqué il y a un an qu’il ne fallait pas que la crise serve uniquement à régler par la bande des réclamations qui n’ont strictement aucun rapport avec elle.  C’est exactement ce que l’on a fait !


Erreur de diagnostic, si celui qui est affiché est bien celui auquel on croit, car sinon ce serait simplement mensonge.  Mesures sans rapport avec le diagnostic.  Freinage et malthusianisme.  Dépenses  étatiques gargantuesques là où des mesures ad hoc auraient pu être infiniment moins couteuses.  Création monétaire quasiment illimitée dont on ne sait plus comment se débarrasser et qui menace à nouveau tout l’édifice.


Irresponsabilité générale : car les vraies causes, celles qui expliquent les déficits astronomiques américains et les excédents correspondant en Chine ou au Japon,  ne sont pas traitées.


Avec la taxe carbone aux frontières, si elle est admise, on entrera dans une phase nouvelle de restriction aux échanges et de protectionnisme.   Sans avoir touché le moins du monde au dumping monétaire du principal pollueur industriel, la Chine.


Tout le cela est simplement grotesque.  Surtout quand on sait que la réforme en temps voulu du tragique système monétaire international basé sur des changes flottants aurait suffi à prévenir la crise qui nous ruine et à éviter pratiquement toutes les mesures coercitives et anti économiques qui sont en train de se mettre en place.


L’étude de la crise de 1929 montre une espèce de folie générale où les erreurs se cumulent aux erreurs : pas de diagnostic, alors on tape au hasard  et on finit par aggraver tout.  Nous sommes exactement dans la même géhenne intellectuelle et politique.


On taxe ; on empêche ; on déstabilise ; on freine ; on appuie en même temps sur le frein et l’accélérateur ;  les décisions prises n’ont pas de cohérence ; le non dit l’emporte sur le discours public ; l’agitation l’emporte sur l’action ;  la communication l’emporte sur l’information.  On taxe.


Il n’y a pas besoin d’être intelligent pour taxer.  Il suffit d’un prétexte.

Et on reste à la merci d’un accident monétaire qui mettrait à bas tout l’édifice cette fois ci sans aucun moyen de relance !

 

 

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes E-toile

Taxe Tobin : la double méprise.

On se souvient qu’une association constituée d’anciens communistes, venant soit du PC, soit de la CGT, soit du tiers-mondisme marxiste,  ATTAC,  l’exemple même du « faux nez »  dont la mouvance communiste aime à s’affubler pour essayer d’attirer des âmes simples pour lesquelles le mot « communiste » a un effet répulsif majeur,  avait fait de la taxe Tobin son cheval de bataille.  


Surmédiatisée, cette association  qui avait fini par mordre sur le parti socialiste et ses militants,  a finalement explosé en vol quand l’opacité de ses méthodes  (une malhonnêteté très bolchevique) a fait tomber une partie du masque  et surtout quand les socialistes ont soudain découvert qu’ATTAC avait largement provoqué le « non de gauche à l’Europe libérale » et que même le Traité de Rome n’aurait pas trouver grâce  si on avait accepté tout ce corpus idéologique : la régression terrorisa .  Fabius qui avait cru relancer sa carrière en  épousant l’esprit du temps créé par Attac fut  marginalisé ainsi qu’ATTAC, dont le côté mascarade (l’éducation populaire !) et la nocivité globale ne pouvaient plus être cachés.

Pendant toute la montée médiatique d’ATTAC, on avait vu des artistes et des politiciens s’adonner au petit jeu du : « une si petite taxe qui permettrait de dégager des centaines de milliards pour lutter contre la pauvreté ». Il fallait être un cœur bien dur  pour s’opposer à une mesure si simple et  si efficace.  L’acteur Pierre Arditi, un économiste de l’école spontanéiste, toujours très soucieux de son positionnement à gauche, s’était ainsi ridiculisé à la télévision,  en joignant le geste à la parole : il fit claquer ses doigts   et « comme çà ! » les flots impurs de la finance mondiale auraient en quelques instants irrigué les nécessiteux du monde entier, résolvant enfin un problème qui tarabuste la société depuis plusieurs millénaires.

Il fallut que Tobin, prix « Nobel » d’économie, si tant est que cette expression soit juste, déclare qu’il avait horreur des idéologues d’Attac et ne se reconnaissait en rien dans les travestissements de sa pensée pratiquée par ce groupuscule politique communiste.  Se cacher derrière des sommités reconnues est en effet une des astuces habituelles de la propagande communiste.  Toute la presse soviétique pendant des décennies a utilisé ce stratagème simple qui consiste à affirmer que  « cela doit être vrai puisque nos ennemis eux-mêmes le disent ».   Sous entendu : nous on sait bien que vous savez qu’on ment tout le temps !

Et voilà qu’un régulateur britannique s’intéresse ouvertement à  la nécessité  de la taxe Tobin. La City semble tout à coup donner la main aux nostalgiques du marxisme léninisme.  Aussitôt  on retrouve toute la folie médiatiques des années Attac : M. Kouchner redécouvre les vertus de cette taxe magique et avec lui toute une partie de la gauche socialiste.  C’est à peine si la droite n’a pas un peu honte de n’avoir pas adhéré pleinement  et plus tôt à cette idée fantastique.

Du coup le cœur tobinien  de la presse enchantée du socialisme se remet à battre  avec vigueur. Le délire recommence à s’installer sur ce thème à France Inter qui ce matin, vendredi 25 septembre,  reprend ses vaticinations à l’occasion de l’interview du directeur de la bourse de Londres, un Français.  Et voilà M. Bernard Guetta chevrotant à nouveau la belle chanson de la taxe magique que seuls des âmes déplorables peuvent  tourner en dérision,  pendant que tous les petits bras qui l’entourent essaient de cerner la bête avant l’hallali : la démocratie doit imposer la taxe Tobin, c’est évident.  On a failli retrouver le langage des « séminaires » Attac : celui qui est contre la taxe Tobin est « un fasciste », un « salaud au sens sartrien ».  

En revanche on n’a pas évité les ambiguïtés habituelles sur le taux de la taxe : 0.5, 0.05, 0.005, 0.0005 pour cent ! C’est selon ! De toute façon c’est si petit que cela n’a pas d’importance…

En dehors de ces palinodies idéologiques, il reste une vraie question, technique et économique celle là, qui est de savoir si la taxe de Tobin aurait été de nature à éviter la crise financière actuelle ou non, et si on tient là une piste sérieuse de rénovation de notre système économique mondial.

Première remarque : la proposition de Tobin nait au début des années 70 avec l’introduction du système des changes flottants après l’annonce de l’inconvertibilité du dollar en or.  Au passage notons l’importance de ce fait : on sent bien que la source des maux  vient de là, même si on ne l’avoue pas directement !   Que disait Tobin : que le danger des mouvements de capitaux à court terme était réel et qu’il fallait tenter de brider ces mouvements.  Traduisons : les monnaies flottantes créent tellement d’occasion de spéculer que bientôt tout  le système sera un casino incontrôlable !  Des capitaux peuvent se déverser en masse sur des marchés financiers à partir de l’extérieur puis s’en retirer en provoquant des catastrophes.  Tobin a bien mérité son prix Nobel !  Car le pronostic était  exact.

Deuxième remarque : le taux de la taxe pour être efficace doit être fort, sans cela il n’y aura aucun effet de frein.  En fait il s’agit de faire très mal aux opérateurs pour qu’ils s’abstiennent.  Le taux qu’il a  proposé était de 0.05 %. Le chiffre parait faible : il est gigantesque !  Le montrer n’est pas difficile. Prenons un « day trader » qui spécule sur les variations de devises cotées en continu.  Il va faire des dizaines d’allers et retours quotidiens, en se couvrant qui plus est par des opérations annexes.  Imaginons qu’il en fasse 10 : la taxe va être de 0.5% par jour, soit grossièrement 365 x 0.5% = 180% par an !  Alors que l’argent qui sert à spéculer est emprunté à  2 ou 3% par an !   La Taxe Tobin au taux qu’il a lui-même proposé est donc un gigantesque coup de massue visant de fait à interdire les allers et retours financiers.  La conséquence est qu’on en reviendrait à des placements longs qui certes devraient payer l’impôt  mais s’il n’y a pas plus d’un mouvement par an, la pénalisation n’est pas importante.  Tobin ajoutait : faites de cette taxe mondiale la première recette mondialisée et utilisez là aux fins générales de l’humanité et pas seulement des états nationaux.

Imaginons que vous souhaitiez qu’une porte reste fermée et que vous préleviez 1 euros à chaque ouverture.  Un euro c’est rien. Mais si vous aviez l’habitude de faire une dizaine d’allers et retours par jour par la porte, voyez ce que cela coûte à la fin de l’année :  3.650 Euros par personne ! Largement plus que le coût de la porte.  Et quel embarras si on ne dispose pas des moyens de faire payer tout le monde !


James Tobin était un économiste très fin, comme souvent le sont les vrais spécialistes des systèmes monétaires internationaux (ils sont rarissimes !).
Il a été contré par Milton  Friedmann  et ses troupes qui ont expliqué que la monnaie étant un produit comme les autres, son prix devait s’établir sur un marché,  et non par décision administrative, et que les transactions à court terme permettraient de stabiliser et le taux d’intérêt et les changes eux-mêmes, car si les taux sont harmonisés alors il n’y a guère de raison que les changes varient, sauf si un pays utilise sa souveraineté pour faire n’importe quoi.  Si la banque centrale est indépendante et a pour but de maintenir la valeur locale de la monnaie, le système sera stable.


Milton l’a emporté sur James  et le système ainsi mis en place n’a pas arrêté d’hoqueter de crise financière en crise financière jusqu’à la crise dramatique actuelle.  La vérité : Milton avait tort ! On le constate tous les jours mais la dictature de l’existant est telle qu’il serait terrible de la reconnaître. 

On ne le fait généralement que lorsqu’on n’a plus le pouvoir et qu’on soigne sa posture pour l’éternité :  Edouard Balladur le fait dans son dernier livre, quasiment à la dernière page, où il déclare être resté en politique pour faire valoir des idées fondamentales comme par exemples la nécessaire réforme du système monétaire international, source de tous les maux.  « Je ne fus pas entendu. J’assistais, désolé,  au spectacle d’un monde déchiré par le désordre et l’anarchie, enivré par un richesse factice due au dérèglement du système monétaire international ».  L’ennui est que jamais il n’a prononcé la phrase clé : le système des changes flottants, à l’instar du socialisme, cela ne marche pas !


On retrouve cette même critique ouatée qui ne descend jamais dans les détails qui font mal  dans bien des interventions actuelles.


La véritable question est de savoir s’il faut conserver les changes flottants avec un correctif de type Tobin, aussi violent soit-il, ou s’il ne faut pas résoudre le problème à la base, c'est-à-dire en finir avec les changes flottants.


Nous sommes de ce dernier avis.  Les changes flottants on introduit trop d’occasions de spéculer sur tout et sont à la source de tous les maux que l’on a constaté depuis   1971, sans aucune exception.  Corriger par des taxes un système faussé structurellement ne peut être la bonne solution.  Tobin le savait fort bien. Il pensait simplement que la volonté hégémonique des Etats-Unis et leur souci de tirer un avantage absolu de leur domination économique et monétaire, interdisaient tout autre système que les changes flottants.

Le pire pour lui est que son remède de cheval a été pris pour une médication homéopathique  et détourné sans scrupule par des mouvements idéologiques qu’il exécrait.  
Une double méprise.  

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

La crise financière de 33 avant JC

Nous ne résistons pas à l'envie de donner le texte de tacite racontant la crise financière de 33 avant JC.

Toute ressemblance avec la situation actuelle ne saurait être que fortuite. Mais tout de même.

 

"Cependant, un grand nombre d'accusateurs se déchaînèrent sur les gens qui accroissaient leur fortune par le prêt à intérêt, contrairement à une loi du dictateur César fixant les limites des créances et des propriétés en Italie, une loi qui, depuis longtemps, n'était plus respectée parce que l'on fait passer l'intérêt privé avant le bien public. L'usure fut de tout temps le fléau de cette ville, et une cause sans cesse renaissante de discordes et de séditions. Aussi, même dans des siècles où les mœurs étaient moins corrompues, on s'occupa de la combattre. D'abord, en effet, les Douze Tables avaient interdit d'exiger un intérêt supérieur à un douzième*, qui, auparavant, n'avait de bornes que la cupidité des riches ; puis, sur une proposition de loi déposée par les tribuns, on le réduisit à un demi-douzième ; finalement, les emprunts à intérêt furent interdits. De nombreux plébiscites tentèrent d'empêcher les infractions qui, tant de fois réprimées, se reproduisaient avec une merveilleuse adresse. Le préteur Gracchus, devant qui se faisaient les poursuites dont nous parlons ici, fut effrayé du grand nombre des accusés et consulta le sénat. Les sénateurs alarmés (car pas un ne se sentait irréprochable) demandèrent grâce au prince. Leur prière fut entendue, et dix-huit mois furent donnés à chacun pour régler ses affaires domestiques comme la loi l'exigeait.

"D'où pénurie de numéraire, du fait que toutes les créances furent mobilisées à la fois et parce que, en raison du grand nombre de condamnés et de la vente de leurs biens, l'argent monnayé était accumulé par le fisc ou le trésor public**. En outre, le sénat avait prescrit que chacun investît les deux tiers de l'argent, jusque-là placé à intérêt, en terres situées en Italie. Mais les créanciers réclamaient la totalité de ce qui leur était dû et il n'eût pas été honorable, de la part des débiteurs, de ne pas tenir leurs engagements. En vain ils courent, ils sollicitent ; le tribunal du préteur retentit bientôt de demandes. Les ventes et les achats, où l'on avait cru trouver un remède, augmentèrent le mal parce que les créanciers avaient employé tout leur argent à acheter des terres. L'abondance des biens à vendre ayant entraîné une baisse des prix, plus on était endetté plus on avait de mal à trouver acheteur et bien des gens voyaient leur fortune s'effondrer ; la ruine du patrimoine entraînait l'écroulement de la situation sociale et de la réputation, jusqu'au jour où Tibère mit à la disposition des banques une somme de cent millions de sesterces, avec la faculté de prêter sans intérêt pendant trois ans, si le débiteur fournissait à l'État en bien-fonds une caution du double. Ainsi le crédit se trouva rétabli et peu à peu il y eut même des particuliers pour prêter."
 
* Un douzième par mois, soit 100 % par an !
** Le produit de la vente des biens confisqués aux condamnés pour crime de lèse-majesté, principalement, était versé, après déduction de la récompense légale pour l'accusateur, soit au trésor particulier de l'empereur (fiscus), soit au trésor géré par le sénat (aerarium).
Tacite, Annales. Chapitre VI. XVI - XVII. Coll. Folio

Un an après la chute de Lehman Brothers un économiste lit : le Monde

 

 

Nous reprenons ici la petite chronique de Sylvain Dieudonné sur la manière dont la presse rend compte de la récession, un an après la chute de Lehman-Brothers.

Mais puisque nous allons évoquer le journal le Monde, c’est l’occasion de décerner un « e-toile » d’honneur à Pierre Antoine-Delhommais pour son papier dans l’édition du journal datée du dimanche 20-lundi 21 septembre.  Il exprime deux thèses que nous défendons depuis des lustres : la crise de 1929 n’a en réalité  pas fait l’objet d’un consensus sur ses causes ; la crise actuelle n’est pas nécessairement la crise des « subprimes ».  Nous ne savons pas s’il nous lit mais si oui, nous en sommes très heureux et si non, nous sommes contents de ne pas être  totalement seul à exprimer des vues qui sont pourtant élémentaires.  Encore un effort PAD : il reste à mettre en cause les changes flottants !

PA Delhommais  et  J.P. Robin, son alter ego au Figaro, sont pratiquement les seuls journalistes économiques dont on puisse lire les billets sans être effondré de rire ou de tristesse.

 

En parcourant le journal le Monde du 23 septembre 2009

Par Sylvain Dieudonné

Ce numéro est particulièrement intéressant puisqu’il comprend le supplément  économique et qu’il traite de l’anniversaire de la crise.

1. Le journal pose une bonne question à quelques personnalités : «  s’il n’y avait qu’une  et une seule leçon à tirer de la crise, laquelle retiendrez-vous » ?  Notre réponse au Cercle des Economistes E-toile aurait sans doute été unanime : il faut en finir avec les changes flottants source de touts les maux.


- La crise alimentaire est toujours là  répond un responsable de la FAO. Oublions la finance et occupons nous du milliard de personnes qui ont faim.  Il est vrai que la monnaie est le « sang des peuples ». Une mauvaise monnaie signifie  des situations tragiques. Bien d’accord.  Mais on attend la « seule mesure ».


- Réduire le marché à sa réalité d’outil dit un président de groupe de conseils. Le genre même de propos qui en eux-mêmes ne veulent rien dire.  Surtout quand on ajoute qu’il faut « remettre en route l’histoire ». Blablabla !


- Patrick Pelata, de Renault,  signale que le goût de l’argent frais n’était pas dans la culture de son entreprise.  Vive le cash et le dynamisme. Tout cela ne nous éclaire pas vraiment. Mais ne fait de mal à personne.


- Thomas Philippon, lauréat du prix du meilleur jeune économiste 2009, indique qu’il faut démocratiser la finance. Après avoir affirmé, fort justement, que les mastodontes bancaires bénéficient  d’une impunité de fait qui n’a fait que se renforcer, il indique qu’il faut mettre fin à cela mais pas un mot sur la méthode et aucune indication de moyens.


- Daniel Cohn Bendit veut sortir du cycle croissance, crédit, endettement. Il reprend en si bémol majeur la thèse altermondialiste  comme quoi le crédit à besoin de la croissance et que l’endettement nous mène  à la catastrophe.  Il n’ose pas dire qu’il faut entrer dans la décroissance (il perdrait tout crédit politique avant les municipales) et se contente de phrases type de la langue de bois gauchiste : mutation profonde de nos modes de vie.  Déjà en 68 il était contre la société de consommation et effectivement les dix ans suivants avaient été très difficile pour le pouvoir d’achat.  Ce qui est bizarre c’est qu’il demande de sortir d’un « système irrationnel » alors même qu’il va dans le sens demandé !


- Jean Claude Trichet dit une chose importante : le monde ne peut échapper à des réformes profondes.  L’ennui c’est qu’il ne dit pas lesquelles. Un point intéressant : qui vise-t-il  en affirmant qu’il ne faudra tenir compte « d’aucun privilège » ? Le Dollar ?


- Vincent Peillon va chercher Jaurès, Marx et Debord. On est sauvé.


- Jean Arthuis appelle à l’usage d’une prime d’assurance pour les banques. Que sont les CDS sinon des primes d’assurances souscrites par les banques ? On a vu que la prime d’assurance n’a de sens que si l’endettement n’est pas tel que même AIG ne peut pas fournir la garantie.


- Oxfam rappelle comme la FAO qu’il faut agir sur les causes des injustices mondiales. C’est bien. L’ennui c’est que tout le monde croyait que la croissance élevée des pays pauvres   des années 2005-2007 était  excellentes à cette fin. Et krach !   Les bons sentiments ne suffisent pas.


- Une femme (enfin !), la présidente du fonds d’investissement AXA, pense qu’on a transformé des risques visibles en risques invisibles.  Qui « on » ?  AXA fut une des sociétés d’assurances les plus engagées  dans le prêt de titres aux spéculateurs,  l’assurance des crédits  et l’intégration des subprimes dans les portefeuilles des épargnants.  Un mot de regret ? Non : le coupable c’est la titrisation.  Comme c’est facile !

Pour l’essentiel on voit que les réponses ne sont qu’un tissu de banalités colorées par le camp politique  pour les politiciens ou par la prudence consensuelle pour les autres.  Aucun intérêt !


2.  Le journal s’honore aussi d’un article du à un économiste italien  pêché on ne sait où (un certain Tito Boeri) qui va débiter toutes les sottises habituelles avec une bonne inconscience béate qui fait mal à lire.


- « La crise était imprévisible ». Bienvenu  au Club aux milles membres de la corporation des économistes qui n’ayant rien prévu considèrent que c’est absolument normal et ne doit pas leur être compté à charge ni les empêcher de pérorer.  


- « Les économistes n’ont pas réalisé que  les risques se concentraient  au sein de quelques géants financiers ».  Ici, on cumule deux erreurs : c’est l’endettement global, très facile à voir qui était le problème ; il a été permis  notamment parce qu’on a diffusé le risque  un peu partout entre banques et hors des banques !  


- « Les économistes  n’ont pas pris la peine d’étudier les produits financiers innovants et les financiers n’ont pas considéré les risques macro-économiques de leurs  produits ». Cela fait des lustres que le secteur bancaire et financier est  une sorte de trou noir de la science économique, c’est vrai.  Mais il n’y avait pas besoin de connaître intimement le domaine des subprimes pour prévoir la crise : il suffisait de regarder l’évolution de l’endettement global et des déséquilibres de balances de paiement.  Et certains économistes de banque ont fait la théorie  des produits dérivés (en France celui de Natixis, n’insistons pas !)  aux Etats unis ceux de la FED : ils n’y voyaient que des avantages ; Seule la BRI a sonné l’alerte. Il suffisait d’écouter. Même en Italie c’était possible.


- « Les économistes doivent retourner au livre et garder le silence ». Comme cela ils cesseront de se disperser sur le net ou dans des articles de commentaires de journaux.  On veut bien pour Krugman ou Stiglitz qui se contentent de prendre des postures   et soignent leur image.  Sinon quel monde de taiseux que les économistes !  Nous le répétons souvent : ils n’aident pas beaucoup les journalistes et se contentent de gérer prudemment leur carrière en ne disant rien ou si peu. Et en ne prenant aucun risque.  Il vaudrait mieux que certains économistes en poste lisent un peu plus les analyses du WEB. Les nôtres bien sûr mais tant d’autres  qui donnent une information bien mieux documentée et analysée que la presse quotidienne.

 

Récemment un journaliste disait fort justement que le rôle de la presse n’était plus l’expertise car l’expertise était sur le WEB pas dans les journaux.  Le rôle de la presse est (après la survie et la captation par un moyen ou un autre de l’intérêt de lecteurs prêts à payer)  de mettre en valeur les expertises  éventuellement en les mettant en concurrence.  C’était très bien vu. Mais ce n’est pas ce qui est fait : la presse aussi  cherche la tranquillité. Aucun article envoyé entre décembre  2006 et juillet 2008 annonçant la crise n’a jamais été retenu.

 

Au total ce « point de vue » cumule toutes les erreurs et les sottises possibles.  Un vrai aimant à erreurs et raisonnements vaseux.  L’Italie aurait surement mieux à nous proposer que ce tissu d’inepties.

 

Lire la presse reste une épreuve  dans le domaine de l’économie.   En dépit de l’indigence souvent marquée de beaucoup d’économistes détenant des postes officiels  dans l’enseignement et le conseil aux dirigeants publics ou privés,  les responsables de la presse ont les moyens de faire mieux notamment en allant chercher des analyses   qui, tout en restant fortement articulées et raisonnées,  n’entrent pas dans le train-train des sénateurs de l’information économique plan plan.  

 

Sylvain Dieudonné

Le gouffre s'agrandit

L'écart entre BDI et SP 500 n'a jamais été plus grand.

Bien sûr le Blatic index ne doit pas être considéré comme un indice précuseur de la bourse (ce serait trop facile), mais on voit que les prix du fret sont en baisse depuis trois mois, indiquant une stagnation et même un peu plus du commerce international  alors que la bourse soutenue par la spéculation alimentée par la création monétaire ne cesse de porter à la hausse les valeurs boursières.

La montée du cours de l'OR mesure celle de la méfiance. Nous avons donc plusieurs contradictions.  La hausse de la bourse devrait plutôt être accompagnée de la baisse de l'or. De même que la hausse de la bourse  devrait être alimnetée par la confiance née du retour du moteur de croissance qu'est le commerce international.

Ces contradictions démontrent plutôt une fuite devant la monnaie et la défense de l'épargne. Tant qu'on craignait une faillite généralisée des banques l'épargne est restée le plus liquide possible. Maintenant que s'impose l'idée que les énormes déficits et la surchauffe des planches à billets sotn le risque principal on se replace sur des biens susceptibles de conserver leur valeur.

Les mouvements que l'on constate sont purement et simplement un tour de valse de la psychologie des foules et de la création monétaire. Ils ne traduisent en rien l'évolution de l'économie réelle qui stagne à un niveau très bas.

 

 



Un an après la chute de Lehman brothers, un économiste lit le Figaro

L’information telle qu’elle est donnée par la presse quotidienne nationale est un sujet de réflexion.  Il était amusant de prendre un journal, à la date anniversaire de la chute de Lehman brothers et de parcourir les colonnes de l’un d’entre eux. Par exemple le Figaro du 15 septembre 2009.

1. « La Chine porte plainte contre les Etats-Unis ».  En dépit de toutes les affirmations contraires du G.20 des manœuvres protectionnistes ont lieu.  De son côté la Chine avait décrété peu avant qu’elle se réservait les matières premières de son sol. Et la Russie avait mis un blocage douanier sur les automobiles.  Etc.   A noter une jolie infographie sur le creusement du déficit des Etats Unis vis-à-vis de la Chine : on passe de 124 milliards de dollars de déficit en 2003 à 268 en 2008.  Plus qu’un doublement en 5 ans. Un système très sain  qui évidemment n’a aucun rapport avec la crise (ce sont les subprimes, idiots)!

2. « Cinq milliards pour les trains de fret ». Cela fait maintenant 40 ans que le fret SNCF est en pleine capilotade. Tout le monde connait la cause : le statut de cheminot ne permet pas de gérer une activité de façon profitable ; le poids syndical interdit toute réforme.  On parle de ferroutage mais aucun possesseur de camions ne voudra l’immobiliser sur un train avec la crainte qu’il soit pillé faute de gardiennage et surtout pris en otage par une grève.  La 40ième réforme en quarante ans n’aboutira pas plus que les précédentes. On voit que les sommes à verser représentent toujours quelques multiples des bénéfices fugaces de la SNCF. Il faut purement et simplement liquider cette activité et faire un appel d’offre pour la relancer. Les milliards versés manqueront à des tâches plus utiles.  Mais « chut » il ne faut pas le dire.

3. « Sarkozy veut sortir de la religion du chiffre ».  En route vers le Bonheur national brut qualitatif et non chiffré !  Nous sommes les premiers à expliquer les difficultés de l’interprétation du PIB. Mais difficulté n’est pas carence. Le PIB reste la base de tout.  Au passage que quelqu’un explique à France Info et France Inter que l’on prononce  « sti-glitz » et non pas « stil-gliste » !

4. « RSA : un démarrage en ligne avec les prévisions ». Voilà bien une présentation totalement biaisée. On nous a présenté le RSA comme un moyen de remettre au travail, même peu, les RMIStes pris dans la trappe à pauvreté. On nous explique maintenant que l’important est l’adhésion des travailleurs « pauvres » au système pour rechercher un complément de revenu.  Adieu les retours à l’emploi.  Vive l’aide sociale aux travailleurs pauvres.  L’inversion du discours est totale. Il ne s’agit plus de se réjouir de la baisse du nombre des RMIstes mais de la hausse des signataires de contrat RSA !  Vielle tradition énarchienne, le succès d’un fonctionnaire se mesure soit à celui d’un impôt qu’il a créé soit à l’adoption par des millions de gens des subventions qu’il a mises en place. Rocard était le champion de ces « succès » là. Comme nous le pensions  dès le départ au Cercle des Economistes E-toile nous sommes en présence d’une quasi escroquerie politique et administrative.

Il est intéressant de citer  l’interview de Jean Yves Praud, vice président du conseil général d’Ille et Vilaine dans le canard maison du département « nous vous ille », numéro daté de l’été 2009. Il avait suivi l’expérimentation du RSA dans son département. «  Nous souhaitions aider ceux qui reviennent à l’emploi ».  « Nous allons devoir appliquer  un RSA généralisé moins favorable que le dispositif  expérimenté en Ille et Vilaine sans que  sa réelle performance ait été démontrée ». « Notre département s’est toujours engagé pour une insertion sociale  et économique des personnes en difficulté. Mais il ne se retrouve pas dans ce dispositif complexe ». « L’Ille et Vilaine pourrait passer de 10.000 bénéficiaires du RMI à 37.000 bénéficiaires du RSA ». Martin Hirsh va être content !

5. « Le grand emprunt des pays de la Loire » : 80 millions d’euros espérés avec un rendement brut de 4%. Rappelons que la crise Argentine de 99-2000 a été aggravée par les exploits des régions en matière de financement…

6. « 1.3% de hausse de l’indice du coût du travail en glissement annuel  au second trimestre 2009 ».  C’est écrit tout petit.  Avec une baisse des prix en face. La rentabilité des entreprises françaises est prise dans un ciseau.  Mais il ne faut pas le crier sur les toits.  Et la Taxe carbone arrive !

7. « L’ex Pechiney éparpillé aux quatre vents » : « Ce fut un fleuron de l’industrie française » ajoute l’article, « il n’en restera bientôt plus rien ».  Le prix à payer pour l’enrichissement illégal de quelques amis de F. Mitterrand.  Péchiney a disparu dans un triangle qui n’était pas celui des Bermudes. La corruption au sommet de l’Etat a un prix.

8. » Obama accuse  Wall Street » et  «l’appelle à se réformer ». Parmi les mesures attendues  les hedge funds seraient tous tenus à lever le voile sur leurs activités et les banques seront incitées à coter leurs produits dérivés actuellement négociés de gré à gré.  Nous sommes sauvés. Un peu plus loin on signale que la directive européenne sur les HF doit être revue.  Cela bloque de partout, même sur des mesures microbiques et sans réelle importance.

9. « la France en flagrant délire fiscal ».  L’opinion de d’Yves de Kerdrel  s’appuie sur des faits hélas parfaitement établis ; En fait c’est pire que ce qu’il croit. Il parle de 20 taxes nouvelles depuis l’arrivée de N. Sarkozy : on en est à quarante depuis celle de Chirac.  « La France est un vrai pays socialiste sur la fiscalité ».  Et oui ! Comme dit le Monde de ce jour « la droite est agacée  par le discours de gauche de N. Sarkozy ». Elle l’avait été par le socialisme fiscal de VGE puis par le socialisme pur et dur de J. Chirac, chantre indéfectible des avantages acquis et de la non réforme.  L’agacement  semble pouvoir être supporté à droite  pendant des décennies !

10. « Tout n’est pas la faute de Lehman Brothers ». On s’en doutait un peu mais après tout Bertille Bayart,  a bien raison de le rappeler.  La rédactrice en chef adjoint du Figaro économie en revanche met tout sur le dos des subprimes, répétant une erreur que nous ne cessons de dénoncer. Du coup elle n’arrive pas à comprendre comment la crise a pu se porter si vite sur le commerce international : «  Il a fallu moins de six semaines pour mettre à l’arrêt les usines chinoises bien avant que la crise financière ait eu le moindre effet macro économique ».  Si elle lisait ce blog elle comprendrait pourquoi et n’aurait pas l’idée de conclure sur cet appel : « Il est urgent de s’attaquer aux mécanismes de diffusion de la crise ».  C’est le grave problème de tous ceux qui expliquent la crise par les subprimes. Ils sont obligés d’invoquer un « effet papillon » introuvable  ou d’invoquer le Seigneur pour  découvrir le mécanisme caché. Il n’y a pas de mécanisme caché. Mais une erreur de diagnostic !

11.  Grippe H1N1 : elle fait peur. Elle aura des effets économiques.  Mais heureusement il y a l’économiste Nicolas Bouzou, encore un qui n’a pas venir la crise économique actuelle mais qui se revanche par une remarquable précocité sur celle à venir. « Une telle pandémie serait susceptible de faire dérailler la mondialisation et de mettre nos Etats en situation de surendettement ». Heureusement, ce n’est pas le cas actuellement !  La mondialisation n’a pas déraillé et les Etats ne sont pas en situation de sur endettement !

 

Conclusion de cette petite séance de lecture vespérale : un moment somme toute assez amusant ou affreusement  consternant. C’est comme on voudra !

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des Economistes E-toile

La pertinence du concept de cycle économique

Pratiquement tout le monde a refoulé l’idée du cycle économique aux oubliettes de l’histoire. Chaque récession est une « surprise » dont il convient de maîtriser les leçons spécifiques. On ne veut pas voir d’enchaînement dans la durée. La dictature du court terme ne concerne pas que les banquiers.

Nous avons attiré plusieurs fois l’attention sur la pertinence de l’analyse économique en terme de cycle.  Une phrase du commentaire de M. Sarton du Jonchay (« Permettez-moi de discuter le pouvoir explicatif des cycles économiques » http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/9/12/Les-vraies-causes-de-la-rcession#comments ) nous conduit à redonner un petit coup de plumeau sur cette clé fondamentale de l’analyse de la crise actuelle. La question posée est exactement celle-ci : « Serions-nous alors encore soumis à des cycles en fin desquels l'accumulation excessive de dettes par rapport au potentiel de croissance de l'économie est brutalement soldée ? » si le système de crédit était sain.

Le cycle est une réalité depuis que les banques existent et au moins depuis 200 ans. Pour s’en tenir aux cent ans passés : 1921, 1929, 1938, 1952, 1963, 1974, 1982, 1992-3, 2001-2002, et 2008-2009.

Les économistes se sont longuement affrontés sur l’analyse des causes jusqu’à l’immédiat après guerre de 40. Après l’étude des cycles a quitté les radars : il ne pouvait plus avoir de récessions après Keynes ! Appelons cela l’illusion macro-économique : je contrôle la demande globale ; adieu les récessions ! Et les cycles ont continué …

Relevons aussi que le cycle s’est produit sous une multitude de systèmes de changes (bimétallisme, étalon-or, étalon de change or, changes flottants.  C’est une réalité qui transcende les systèmes, les écoles de pensée et les formes d’organisation.

Si on laisse de côté certaines théories mécanistes comme celle des « time lags » et des effets de stocks (elles se sont ridiculisées une fois de plus en justifiant la fin des crises économiques en 1998-99 par l’arrivée de l’économie internet et la fin des stocks) on trouve trois explications :


-    Schumpeter voit l’expression d’un cycle de l’investissement. Après un certain temps l’euphorie des dirigeants conduit à surinvestir et une correction s’avère nécessaire. Keynes, avec sa théorie de la baisse marginale du taux de profit au fur et à mesure que la fortune se concentre chez les riches en phase de haute croissance appuie ce genre de raisonnement). Au bout d’un moment on investit trop avec une chance de rentabilité qui en fait a baissé : la récession survient.
-    Juglar lui avait clairement détecté un cycle de crédits : la vigilance des banques baisse en même temps que l’euphorie gagne en période de haute conjoncture. Arrive alors « the day of reckoning » et « l’impending doom ».
-    Maurice Allais a établi une équation qui n’a pas été reprise par la littérature économique car trop mathématique et s’appliquant à un facteur apparemment saugrenu : la mémoire. Le cycle de l’oubli est à la base du cycle financier lui-même générateur du cycle des affaires.

Ma propre doctrine est de penser qu’ils ont tous les trois raisons :

-    Les cycles s’enchaînent par l’effet de la mémoire des crises précédentes ;
-    Le capitalisme commence toujours par un « cadeau à l’avenir » : on dépense avant d’engranger. On fait l’avance financière des profits à venir qui deviennent dans la phase de croissance forte de plus en plus certains : les capitalistes à succès croient toujours le devoir à leur génie pas à la chance ni à la conjoncture. Ils sont toujours surpris du retour de flamme ! Citons  Sir Lindsay Owen Jones, de l’Oréal : « il y a un an je vous disais que nous abordions 2008 avec confiance. Avec le recul je dois dire que c’était méconnaître la force et la dimension d’une crise qui n’a épargné aucun secteur de la vie économique ». Autrement dit : je n’ai pas vu venir la crise car je croyais qu’on était des génies capables de produire des croissances à deux chiffres en toutes circonstances ! Des exemples comme cela on en trouve des milliers depuis 1715 !
-    La finance est obligatoirement sollicitée dans ces mécanismes : c’est elles qui va créer la monnaie et apporter les fonds. Le crédit participe à l’euphorie générale. Il n’est pas sûr qu’il la crée.

En 1929 la finance prête pour spéculer en bourse ; une bulle se crée qui finira par exploser. Elle est donc partie à la catastrophe : elle en est un relais nécessaire ; mais est-elle une cause suffisante ?

En 1998 la mode est aux placements en Orient jusqu’ici laissé de côté par les financiers. Le tremblement de terre de Kobé remet en cause bien des positions aventurées. Un repli massif se produit qui entraîne une remontée du dollar et la perte des économies faibles liées au dollar comme celle de l’Argentine. Un choc extérieur détruit en quelques instants la pyramide financière internationale. La responsabilité est-elle purement liée aux banques ? L’accident sera limité et, indépendant du cycle, n’aura pas de conséquences importantes pour le gros de l’économie mondiale (un simple coup de frein).

En un mot les crises financières hors cycles n’entrainent pas de récession. Mais le surendettement en fin de cycle peut se révéler extrêmement nocif.

Ceci nous conduit à la réponse suivante : même en cas de système financier vertueux et de grande qualité, il est exclu qu’il interdise le cycle économique. Le cycle a en quelque sorte une force autonome fortement inscrite dans le  tissu même du capitalisme et de la nature humaine. Quand le temps est venu de faire le ménage dans les projets, le retournement se fait.  Volens, nolens. La conduite macro économique des économies n’a rien changé. Même la beauté solaire d’un système de crédits parfait sera impuissante à l’empêcher.

Même si la récession revient sous des formes toujours différentes, dans des contextes toujours différents et prend des chemins toujours différents, sa survenue régulière est une réalité vitale du monde économique tel qu’il est.  Il peut paraître abusif de faire apparaitre un concept de « retournement de cycle » indépendant de ces composantes toujours changeantes. Nous voudrions bien que comme les marées, on découvre une explication mécaniste, simplissime et mesurable du cycle. C’est impossible. La réalité économique est trop complexe. Et la crise, nécessairement frappera à l’endroit où on l’attend pas : là où on l’attend, on est préparé ! Guderian passe par les Ardennes et oublie la ligne Maginot !  Idem pour l’économie.

Cela veut-il dire qu’on ne peut rien faire vis-à-vis du cycle ? Bien sûr que non. Nous pouvons agir sur le contexte. Car selon le contexte, la récession sera plus ou moins importante.  Lorsque par différentes défectuosités touchant principalement le système monétaire international et les dissymétries d’organisation du secteur financier, se créé un monstrueux nuage d’endettement concernant aussi bien les entreprises que les particuliers et les Etats, on sait que l’on est en train d’armer une bombe d’une violence extrême. Et qu’il se trouvera, quelque part, là où l’on ne l’attend pas nécessairement, un détonateur qui fera tout péter.

Nous-mêmes avons considéré que les bulle immobilière, en France, ne serait pas ce détonateur. En France. La bulle immobilière des particuliers nous paraissait avoir des effets à terme très embêtants : une capture excessive de la richesse produite provoquant un risque de stagnation. Alors qu’un 92-93, la multiplication par 7 des encours bancaires à l’immobilier d’entreprises nous avait fait prédire que la crise commencerait par là, comme ce fut le cas. En revanche nous observions comme le lait sur le feu l’immobilier des particuliers aux Etats unis parce que dès 2006, le marché s’est retourné alors qu’on parlait d’un secteur ouvert à la croissance indéfini sans jamais de baisse des prix. Le système hypothécaire américain rendait l’édifice particulièrement  fragile.

C’est à ce moment là que nous avons compris qu’on entrait dans la phase de retournement de la conjoncture. On était trop tôt depuis la récession précédente pour annoncer la récession en 2007. On l’a voyait plutôt sur 2010 à mi juin 2006. Mais la nervosité des marchés financiers et le retournement du cycle du bâtiment aux Etats unis conduisaient à accélérer le scénario ;  dès le début de 2007 nous annonçons que le retournement du cycle se fera pleinement sentir en 2009 avec un déclenchement probable après l’été 2008.

L’ampleur des déficits et des situations absurdes (comme les déficits et excédents de balances de paiements croisés entre la Chine et les Etats Unis) permettaient d’annoncer une récession forte.  

Le retournement du cycle a frappé un système financier mondial gonflé comme un ballon. Ce n’est pas la finance qui est responsable du retournement de la conjoncture : mais elle a été le moyen obligé du gonflement dément de la sphère financière.

Quand la sphère s’est effondrée, elle l’a fait partout et la première victime a été le commerce international. Ceux qui cherchent à réconcilier ce fait et une explication par les subprimes seules sont obligés de se livrer à des contorsions ridicules. L’énorme masse de capitaux générés par la bulle financière ne trouvaient plus d’investissements rentables dans le crédit classiques aux entreprises. On lui a fourni des substituts de plus en plus faisandés et de plus en plus spéculatifs, faute d’alternatives. D’autant que via les déficits américains on continuait à créer de la monnaie et du crédit en masses toujours plus importantes.

Ce que peut faire la science économique c’est donner une explication réelle de ce qui s’est passé et suggérer des réformes de structure susceptibles d’éviter que se créer des masses financières non liées fermement aux besoins de l’économie réelle. Mais elle ne peut pas annoncer la fin du cycle.

Le cycle quasi décennal reste une clé d’interprétation fondamentale de notre système économique ; son observation, son analyse, sa compréhension, est de nature à fertiliser la prévision, la gestion budgétaire, la maîtrise des investissements.

Actuellement la notion de cycle est niée. On voit le résultat. Le retour du cycle dans la pensée économique est une nécessité criante. Ce devrait être la leçon principale de cette récession.

Pour montrer à quel point la notion des cycles est étrangère à l’esprit de la quasi-totalité des décideurs, racontons cette petite anecdote. Chargé par une organisation internationale de valider le projet de financement d’un complexe hôtelier de très grande envergure dans un pays sous développé de la couronne méditerranéenne, j’observe que le business plan fait apparaître une croissance linéaire sur 30 ans (le prêt était sur 20 ans). Je fais donc les réserves que le cycle m’inspire au milieu de l’ahurissement général (entrepreneurs et financiers). J’indique qu’il faut prévoir tous les 8 ans, à titre de précaution, deux années de vaches maigres avec des reculs de 10 à 20%. Cela implique une révision complète du capital initial nécessaire comme du plan de financement. Nous étions en 1995. Tout le monde a ri. Exit l’économiste conseil incongru.  Le projet s’est effondré en 2004, après l’explosion de « l’imprévisible bulle internet » ! Il a fallu tout reprendre à zéro avec des pertes colossales.

La micro économie comme la macro économie doivent comprendre le rôle et la réalité du cycle !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile

PS : si vous trouvez quelque part l’esquisse du début d’une analyse proche de celle-ci, merci de nous le signaler. Prêcher dans le désert absolu peut plaire aux anachorètes. Mais il n’y a pas d’anachorètes économistes.

La notion de « banque de paiements »

Parmi les réformes demandées depuis longtemps par des économistes de renom qui ont fait le lien entre récession et système bancaire, on trouve la création de véritables banques de paiements, sociétés de services et non de crédits,  gérant des dépôts comme des dépôts inaliénables et non comme des prêts plus ou moins occultes à la banque.

La première raison est morale : forcer les citoyens captifs à utiliser une banque  pour effectuer des paiements, recevoir des salaires, des recettes, des honoraires, sans leur dire expressément qu’en fait les dépôts sont des prêts à la banque qui en fera ce que bon lui semble, alors qu’ils peuvent ne pas avoir envie de prêter et qu’on ne leur demande pas leur avis, est un piège  indigne contraire à l’esprit des contrats et à la règle démocratique. Si un particulier ou une entreprise veut prêter de l’argent, ils doivent pouvoir le faire explicitement et non implicitement en déposant de l’argent en banque.

La seconde est économique : le dépôt étant en vérité un prêt ; lorsqu’une banque est en difficulté les dépôts sont menacés. Il en résulte, depuis l’origine de la banque, des paniques incontrôlables qui provoquent des crises de liquidité dans tout le système bancaire et des faillites en chaine.  Pour éviter cette menace il suffit de rendre sa véritable nature au dépôt : l’argent n’est pas celui de la banque.  Elle n’a pas à l’utiliser pour son compte. En cas de crise, aucune ruée sur les comptes bancaires n’est plus à craindre.

L’actualité récente a montré la nocivité de ces paniques qui ont mis par terre par exemple Northern Rock  au Royaume uni et une vingtaine de banques aux Etats-Unis en attendant mieux. Pour parer le risque de panique les autorités sont obligées soit, comme aux Etats unis, avec le FDIC, de garantir les dépôts de façon fort coûteuse, soit comme en Europe de renflouer toutes les banques menacées pour éviter la spoliation du déposant. Comme la masse des dépôts est considérable, les sommes à engager sont effroyables. Les banques centrales, inventées pour pallier ce genre de difficultés, n’y sont jamais parvenu. A chaque fois ce sont les états qui ont du prendre le relais.

Si les dépôts étaient gérés par des banques de paiements rien de tel ne surviendrait. Les salariés recevraient leurs rémunérations sans crainte, les commerçants leurs recettes, les retraités leurs pensions. En situation de crise on ferait ainsi diminuer l’angoisse générale de plusieurs magnitudes. Les banques ne pourraient pas couvrir leurs erreurs avec les dépôts ni les utiliser par exemple pour spéculer pour compte propre. Les deux affaires de la Société générale et des Caisses d’épargne ont démontré le caractère pour le moins choquant de banques dévoyant l’épargne liquide de tout petits épargnants pour se livrer à des opérations ultra risquées sur les marchés spéculatifs. Procédé choquant mais actuellement absolument légal !

Comment marcherait le système de crédit dans une telle configuration ? Les banques seraient obligées de travailler soit avec leur capital soit avec des ressources empruntées. Selon leur préférence pour la liquidité  ou leur goût du risque, les épargnants qui désireraient faire travailler leur épargne souscriraiennt les formules de prêts aux banques ou aux entreprises qui les intéressent. La séparation des banques d’affaires et des banques de crédit permettrait de clarifier le risque pris selon les formules.

Les banques ne pourront plus compter sur le retour sous forme de dépôt dans leurs comptes des prêts qu’elles octroient pour alimenter leur trésorerie. Elles passeront par des marchés financiers à court, moyen et long terme qui peuvent être régulés et surveillés.  On veillera à ce qu’aucune banque ne devienne un moloch « too big to fail ».

Bien sûr une partie de la masse monétaire stagnera dans les comptes de dépôts. Il y a débat pour savoir si elle sera réellement supérieure à celle qui  est actuellement thésaurisée. D’ores et déjà la majorité des agents économiques ne laisse pas ses liquidités oisives. Le fait d’avoir à souscrire explicitement une formule de placement n’est pas un vrai frein surtout avec l’extension d’internet qui rend le coût de telles opérations extrêmement bas.

Bien sûr les banques de paiements feront explicitement payer leurs services. Mais il vaut mieux un service payé clairement qu’une fausse gratuité  qui est en fait un cadeau incontrôlable aux banques. Et tout le monde voit bien que les grosses banques de dépôts taxent pratiquement toutes les opérations bancaires : toutes sauf le chèque qui est de moins en moins utilisé !  

Bien sûr il faudra mieux rémunérer la ressource des banques qui ne sera plus captive et devra donc être attirée.

Mais les avantages sont clairs :
C’est la fin de la « banque universelle » qui voit des banques de dépôts énormes et oligopolistiques truster une part excessive de la gestion de l’argent et faire remonter vers leurs dirigeants une part démesurée du revenu national.  Chaque banque de crédits est sur un pied d’égalité avec les autres. La taille du réseau d’agences ne joue plus. Il devient facile d’éviter la constitution de molochs incontrôlables qui font peser un risque systémique sur la collectivité.

C’est le retour à la faillite bancaire. Si une banque prend trop de risques par rapport à son capital, elle fera faillite et avec elle ses actionnaires et ses prêteurs. Elle n’aura pas à être systématiquement sauvée.

Car les crises bancaires continueront à se produire. Tout prêt est une aventure et le cycle des investissements et des crédits n’a aucune raison de cesser. Mais les emballements seront tout de même plus contraints que dans un système où les prêts ouvrent de nouveaux dépôts  et sans médiation externe alimentent de nouveaux prêts.

Le marché interbancaire sera profondément modifié. Le rôle de la banque centrale sera d’assurer la liquidité des marchés en cas de crise financière comme maintenant. Mais il sera beaucoup plus facile de contrôler le bilan des banques pour prévenir les emballements et l’action sera bien plus efficace : les banques face à une défiance de l’épargnant n’auront que la banque centrale comme solution !

La création de banques de paiements et la restructuration du système bancaire en strates spécialisées et clairement identifiées (banques de crédits, banques d’affaire, gestion de fortune, courtiers) serait la manière de sortir de la crise actuelle la tête haute avec un système financier rénové et remis à sa vraie place.

On ne doit pas céder à la tentation de ne rien toucher et de se mettre la tête dans le sable. La dictature de l’existant doit être vaincue en s’aidant du levier de la crise. Evidemment, il faut réfléchir un peu plutôt que de s’agiter bêtement autour des bonus et des normes comptables.

Mais bon !

DSK : un propos consensuel mais vide

DSK s'exprime sur une demi page du Monde du 12 septembre. C'est l'effet "commémoration". Que dit-il ? Comme d'habituse rien que du prudemment consensuel !

Il avertit que la crise n'est pas finie et qu'il faut rester prudent. C'est vrai et d'une originalité tout de même modeste.

La reprise en sortie de crise ne sera pas forte. la Chine ne tirera pas la croissance mondiale et on ne sait pas trop comment remplacer le consommateur américain qui tirait la croissance à l'aide des déficits américains.Nous ne cessons de le dire depuis plusiers mois. Donc : d'accord M. DSK !

le point intéressant est l'assertion que "la crise peut contribuer à résorber significativement les grands déséquilibres, déficits américains et excédents chinois".

On laisse ainsi entendre qu'ils n'étaient pas souhaitables. Mais pas un mot sur les causes de cette double enflure. Alors que c'est là le noeud du problème. Pas de diagnostic, pas de remède. les réformes évoquées ne concernent que les droits de votes au FMI qui sont un vrai sujet mais second vis à vis d'une réforme plus vaste : des changes fixes dans un cadre de type Bretton Woods mais non asymétrique (cad où les Etats unis rentrent dans le rang) et où la monnaie de réserve n'est pas le dollar. 

Une fois encore DSK reste à la surface des choses et se comporte en politique pas en économiste.

 

Sylvain Dieudonnée pour le cercle des Economistes E-toile.

Les vraies causes de la récession

 

L’économie doit être une science nourrie par l’observation. Elle doit dégager des mécanismes répétitifs et en expliquer les ressorts. Elle ne peut se contenter de commentaires à la va-comme-je-te-pousse nourris par des postures idéologiques ou la défense de positions médiatiques acquises. La réalité est en permanente transformation. Les institutions changent. La première tentation est de se contenter de regarder une période de temps trop courte : c’est la dictature du proche présent. La seconde est de considérer que ce qui existe est « naturel » et non modifiable. La myopie et la sacralisation de l’existant sont les deux mamelles de l’erreur économique.

Sur ces bases, un an après la chute de Lehman Brothers est-on en mesure de tirer des leçons économiques solides sur lesquelles baser les politiques structurelles et conjoncturelles à venir ?

Nous pensons que oui.

Le premier effort est de garder à l’esprit quelques lois fondamentales.

1. Première loi : le cycle des affaires de 8-10 ans existe. Il est observable depuis plus de 200 ans avec une régularité fascinante. Pour s’en tenir au demi siècle passé les récessions s’enchaînent en  73-74, 1981-1983, 1992-93, 2001-2002, 2008-2009.  Elles commencent toutes aux Etats-Unis et se diffusent dans le monde entier. Une crise sévère suit une crise molle et réciproquement.

2. Seconde loi : toutes les crises quasi décennales ont une source monétaire. Le cycle est toujours un cycle du crédit. Le système monétaire se dérègle progressivement et des accidents monétaires et financiers surviennent.  Les aspects internationaux sont toujours présents. Aucune crise de ce type n’est à proprement parler nationale.  Surendettement et dérèglement des circuits financiers internationaux sont toujours présents dans les récessions.

3. Troisième loi : aucune récession n’est strictement identique à la précédente. Elle surgit presque toujours là où on ne l’attend pas, car la mémoire de la crise précédente perdure. Le craquement initial est très souvent différent, même si les mécanismes sous-jacents sont identiques.

4. Quatrième loi : les mentalités et les institutions jouent un rôle central dans chaque crise. Elles viennent ou aggraver ou limiter l’impact de la crise. Détecter les mentalités dangereuses et  les déviations institutionnelles est un des devoir de l’économiste. L’idée que désormais, depuis Keynes on sait éviter les récessions et maîtriser les crises est un exemple de mentalité dangereuse. Elle abaisse la vigilance et conduit à des erreurs de politique. Le système de facto de changes flottants, jamais validé par la théorie économique, et jamais remis en cause, est le prototype d’institution malsaine à fort impact d’aggravation des crises.

5. Cinquième loi : la récession est toujours le produit du choc d’une erreur institutionnelle majeure (qui gonfle comme un ballon une situation malsaine) et du retournement naturel du cycle. Comme un dard ce dernier se télescope avec la bulle douteuse et la fait crever. La gravité de l’explosion est toujours la conséquence de la taille de la bulle malsaine.

6. Sixième loi : l’erreur institutionnelle est soit le fruit d’une innovation encore mal maitrisée, soit de mesures clairement anti économiques.

7. Septième loi : l’opinion impute toujours la crise à des grands événements politiques, ou à des aspects économiques faciles à comprendre. On parlera du choc pétrolier de 1974 consécutif à la guerre israélo arabe, on associera la crise de 92-93 à la guerre en Irak,  celle du début des années 80  en France à l’arrivée de la coalition socialo communiste, celle de 2000 à une « bulle internet » et celle de 2008 à la crise des « subprimes ».  Il ne faut pas confondre ces titres arbitraires et le fond des choses.

8. Huitième loi : la crise économique stimule la critique politique et la recherche de boucs émissaires faciles.  On parle d’excès qui doivent être condamnés. Chaque crise révèle d’ailleurs des faillites plus ou moins frauduleuses. La dénonciation de la fraude et les aspects moraux remplacent la réflexion économique. La récession stimule en vain les crispations idéologiques. Le brouillard ainsi créé interdit d’y voir clair.

Avec en tête ce vade-mecum de l’économiste observateur, il est relativement facile de comprendre ce qui s’est passé et il était également facile de l’anticiper.

1. Première observation : depuis l’instauration des changes flottants deux changements radicaux se sont installés.

Le premier est l’aggravation du mécanisme de la « double pyramide de crédit » institutionnel dans le gold exchange standard mis en place à Bretton Woods et amplifié avec les changes flottants. D’un côté on assiste au gonflement indéfini de la dette cumulée des Etats-unis dont la balance des paiements est constamment déficitaire. De l’autre et symétriquement on voit se gonfler des balances excédentaires considérables qui ne sont pas remises en jeu dans le pays créancier mais replacées aux Etats unis provoquant des effets cumulatifs.  Mesurer en or, le dollar va perdre à ce jeu depuis l’instauration du système 97% de sa valeur.  Les pays qui accumulent des dollars comme les pays pétroliers et les pays exportateurs (Japon, Allemagne, puis à partir de 90, Chine)  sont frappés régulièrement par la purge des dollars excédentaires.

Le second est l’ampleur prise par la spéculation. A partir du moment où toutes les monnaies flottent, tout flotte. Tous les échanges internationaux sont conditionnés par un aléa sur les monnaies. Toutes les valeurs d’actifs sont conditionnées par la valeur fluctuante des monnaies. La libéralisation des mouvements de capitaux en environnement incertain impose des protections (hedging) et offre des possibilités de gains sur des variations de valeur même minimes pourvu qu’on applique un gros effet de levier. L’arbitrage devient la base de l’économie financière.
Le cumul de  déséquilibres massifs des balances de paiement et de la spéculation généralisée crée des situations explosives. Dans certains cas, comme en 1988-89 (accidents boursiers aux Etats unis) ou en 1998 (crise dite à tort « des pays émergents »), la faiblesse structurelle de ce système financier provoque des accidents spontanés qui peuvent avoir des effets locaux dévastateurs. Mais le grand risque tient à la rencontre du retournement naturel du cycle avec une situation financière totalement hors de contrôle.

2. Les trois dernières grandes récessions (92-93, 2001-2002, 2008-2009) sont toutes les trois l’effet du choc du retournement conjoncturel et d’une bulle financière démesurée. C’est ce qui les a rendues si facile à prévoir. Il suffisait de mesurer le poids des déséquilibres et leur caractère de plus en plus artificiel, et de contrôler l’évolution du cycle.  Pour notre part nous avons prévu et annoncée de façon presque parfaite la crise de 93 en France, celle de 2001 et celle de 2008. En fonction de l’intensité des déséquilibres et du continuum des mesures prises depuis la crise précédente, il était relativement aisé de prévoir l’intensité de la crise. Dès 2006, il était clair que la récession à venir serait extrêmement sévère.  Début 2007 nous annonçons le déclenchement de la crise aigue pour septembre 2008 et indiquons à qui veut l’entendre qu’elle sera particulièrement sévère. Il est donc anormal et déplorable que des économistes professionnels puissent à longueur de colonnes des journaux écrits, parlés et télévisés expliquer que la crise était « imprévisible ». Elle l’était parfaitement et l’a été facilement.

Mais pour cela il fallait avoir à l’esprit deux analyses : le cycle existe ; le système des changes flottants crée des bulles financières à répétition. Sans réflexion sur le cycle ni sur le système monétaire international, pas de prévision possible.

Or il se trouve que le système monétaire international des changes flottants est un tabou ; un vrai tabou ; un sujet qui terrorise ; un sujet qu’évitent en cœur tous les économistes un peu conscients de leur carrière. Le silence sur le sujet est assourdissant. Nous ne cessons de citer Maurice Allais parce que, seul, il  a osé ex cathedra et en remettant en cause son statut de prix Nobel, s’attaquer au grand tabou. Du coup on l’a traité de tous les noms et pris pour une sorte de fou. Il faut voir avec quel mépris son livre de 1999 a été accueilli, notamment dans le Monde : « nous sommes prévenu » ironise le valet de presse chargé de la critique du livre !  Et oui, vous étiez prévenu. Vous criez à tout vent que vous ne pouviez pas prévoir, mais vous étiez prévenu !

Quant au cycle, son étude a progressivement disparu au fur et à mesure  que les économistes se sont découverts keynésiens : nous savons prévenir et guérir les crises. Inutiles de s’acharner à en décrypter les mécanismes. Toutes les crises sont exogènes et nous avons la boîte à outils qui convient.  Cette sottise, car il s’agit bien de sottise, arrangeait tout le monde. On fit des modèles économétriques keynésiens à base de demande globale. Et on cessa de réfléchir et d’observer.

Dix années de forum économique m’ont montré que non seulement le cycle est sorti des esprits mais prie encore qu’il est nié et que quiconque en défends l’idée est vilipendé. En général par ceux même qui déclarent que les économistes sont des fumistes. Depuis Staline et l’assassinat de Kondratieff la gauche socialiste réfute l’idée même qu’il puisse y avoir un cycle des affaires (la crise du capitalisme est structurelle et il doit nécessairement scientifiquement s’effondrer). Voilà l’opinion dominante calée dans la prévention idéologique absolue : ôter ce cycle que je ne saurais voir. Les économistes pro capitalistes eux n’aiment pas l’idée que le système puissent tomber régulièrement malade ; toute crise est due aux erreurs des politiques qui trahissent les règles naturelles et bienfaisante du laisser faire et de la sagesse des marchés.

En un mot : pour dénoncer le système des changes flottants et observer le cycle, il faut du courage. Ou de l’inconscience.  Alors chut !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

3. La crise actuelle est le fruit du gonflement à des niveaux intenables de l’endettement global. C’est évident aux Etats Unis qui a cessé d’épargner pour emprunter à tout va. Mais c’est tout aussi net en France et dans l’ensemble des économies capitalistes mondiales. La source de cet endettement est la double pyramide de crédits auto entretenue permise par le rôle central du dollar dans un système dissymétrique de changes flottants. Pour la France nous avons affiché dans un de nos articles précédents l’évolution calculée par la Banque de France et publiée dans le dernier « l’économie française » par l’Insee de l’endettement des ménages, des entreprises et des collectivités publiques. Ce tableau devrait être affiché en première page dans tous les journaux et commenté par les beaux esprits de l’économie médiatique. Que nenni ! PAS UN MOT !

De la même façon il suffisait de lire les bulletins de la BRI (BIS en anglais) pour comprendre qu’il se passait un phénomène énorme et hors de tout contrôle sur les CDS depuis 2003. On sortait de la crise de 2001-2002 en créant les conditions d’une bulle gigantesque dans les relations financières internationales.

Nous écrivons en 2005 : « la bulle des CDS laisse penser que la prochaine crise sera absolument globale et touchera via l’effondrement des relations financières internationales tout le commerce mondial qui tire la croissance générale. La crise risque donc d’être générale et extrêmement sévère».  Autant pour ceux qui affirment que la crise était totalement imprévisible et que sa force « surprend » !

4. Ce n’est pas l’endroit où cela casse en premier qui est important.

A la fin des années 80, ce sont les pays émergents bourrés de crédits basés sur le recyclage des excédents de dollars en possession des pays producteurs de pétrole qui ont lâché en premier. En 92-93 c’est l’immobilier d’entreprise qui sera la première victime. En 2001-2002, c’est la bulle spéculative sur les titres du Nasdaq qui craque en premier. En 2008 c’est le recyclage des subprimes qui met le feu aux poudres.

La foudre ne tombe jamais deux fois successivement  à la même place.  C’est l’élément fragile qui cède mais il cède parce qu’on ne le voit pas fragile. En 1992 les crédits à l’immobilier d’entreprise en France est 7 fois plus important que la moyenne des 10 années précédentes. La bulle est énorme. Personne n’écoute quand on dit qu’elle va exploser. La réponse : « il y d’énormes liquidités en mal de placement, les prix n’ont jamais réellement baissé. Il n’y a pas de risque ».  En 2000 l’espoir porté par les NTIC est démesuré. Les gonflements boursiers sont ahurissants. Des « économistes » expliquent qu’avec l’arrivée de l’économie internet et la sagesse de la FED avec son génie, Greenspan, il n’y a plus à craindre de récession. L’économie a trouvé le chemin de la croissance continue. Et boom ! Jusqu’à 2007, les prêts « subprimes » ne sont pas considérés comme un danger. Au contraire : les pauvres peuvent acheter leur maison c’est formidable.  Fanny Mae  et Freddy Mac cautionnent avec de l’argent public ; Les CDS et les CDO permettent de diffuser le risque. Greenspan, patron révéré de la FED,  dit que cette innovation est formidable. Il n’y a donc aucun risque.

L’accident initial se produit toujours là, où on croit qu’il ne se produira pas. Comme il y a une mémoire de la crise précédente, ce n’est jamais à l’endroit précédent que le craquement se fait initialement jour. Les subprimes ne sont pas la cause de la récession, même si l’explosion de tout ce marché boursouflé joue un rôle crucial dans le déroulement des évènements.

Il est beaucoup plus important de regarder la « big picture » : le commerce mondial s’est arrêté. Tout le système financier international a explosé d’un seul coup. Tous les contrats ont été affectés. Tous les engagements financiers se sont trouvés pris à revers. S’il l’a fait, ce n’est pas parce qu’un effet « papillon » partant des subprimes a tout d’un coup par un effet de bord magique casser tout le système. Mais parce que le système commercial et financier international était totalement artificiel  et structurellement intenable.  Les Etats unis importent à tout va des produits que les américains achètent à crédit, crédits financés par le replacement des excédents des pays exportateurs. La spirale doit s’arrêter à un moment où un autre. L’immensité de l’inondation de crédits transforme tous les marchés en zone de spéculation intensive. Il est plus intéressant pour une banque de spéculer en salle de marchés que de prêter à l’économie.

Surtout dans les pays dont l’industrie est ratiboisée par la Chine, dont la monnaie est artificiellement  basse (ce qui lui permet de récolter des excédents record). Le système des changes flottants dissymétrique permet de laisser ce système foireux perdurer un temps. D’énormes spéculations ont lieu en Chine aussi bien sur le marché immobilier que sur les différentes places boursières. Tout le commerce international devient un manège fou où les spéculations et les déséquilibres font la loi.

Cela ne pouvait qu’exploser, subprimes ou pas subprimes, et cela a explosé. La première victime de la crise sera, conformément à cette analyse, le commerce international qui s’arrête brutalement et qui n’a toujours pas repris, un an après la chute de Lehman Brothers.

5. Tous nos articles publiés sur ce site dès juin 2008 racontent l’histoire que nous venons de passer en revue. Nous n’avons jamais dévié. Nous insistons immédiatement  sur l’évolution du Baltic dry index qui mesure d’une certaine façon l’appétence au commerce international. Nous reprenons les tableaux du BRI qui montrent bien l’origine de la crise.  Et surtout, nous mettons l’accent sur les causes profondes de la récession et sur les mesures à prendre d’urgence. La première est évidemment de mettre fin immédiatement au système des changes flottants. Ensuite il faut dégonfler le système bancaire qui est une outre gonflée de vent et en faillite. Pour cela il faut faire des restructurations drastiques allant jusqu’à la nationalisation temporaire, afin de réserver immédiatement les crédits aux besoins des entreprises. Ces mesures auraient permises, prises immédiatement de limiter le coût de la crise pour les Etats et de permettre une reprise plus sûre et plus rapide.

6. Les politiques suivies jusqu’ici ne sont fondées sur aucune analyse de la crise et de ses causes. Elles sont purement symptomatiques. On a transféré la dette aux instituts d’émission et aux Etats. Sans aucune réelle restructuration. Les banques principales ont été non seulement sauvées mais sortent agrandies de la crise. Rien dans le décor économique n’ayant changé, elles reprennent leurs activités de salles de marché sans entraves. Ce n’est pas dans le crédit aux entreprises malmenées par la récession qu’elles vont gagner de l’argent. Les risques monétaires sont toujours là et pèsent sur les comportements et notamment la reprise du commerce international.  Les plans de relance, dans un système de changes flottants, ne peuvent avoir que des effets imprévisibles. Personne ne sait ce qu’on va faire des dettes monstrueuses accumulées un peu partout.

7. L’absence de diagnostic, puis l’absence de réformes, puis une politique de simple ouverture des vannes monétaires et budgétaires expliquent la situation où l’on est. L’économie a talonné mais se meut à un niveau très bas. Le commerce international reste à l’arrêt. Il y a des menaces partout, notamment sur le front monétaire et bancaire. Le chômage et les faillites vont encore grossir pendant deux ou trois ans. Personne ne sait comment on va se sortir du piège du surendettement des banques centrales et des Etats.

8. La prévision pour les quelques années qui viennent est impossible.
Comme nous le disons souvent : la dépression type 1929 est imprévisible. La prévision de sortie de crise est beaucoup plus difficile que celle de l’entrée de crise. Les tenants de la « demande globale » parient que la reprise se fera mécaniquement par l’effet des plans de relance après la purge initiale. Aucune réforme n’est nécessaire. Plus tard tout redémarrera et  les dettes publiques seront apurées. Ce sera la position du G.20 qui ne suggérera que des réformes cosmétiques et à vocation politique. 
Il est probable qu’on s’inquiétera de plus en plus du coût de la solution trouvée qui est exorbitant et qui aurait pu par des gestes simples être radicalement réduit. Le cadre global (changes flottants, système monétaire international asymétrique et dévoyé, trop grosse importance de la spéculation, rapt de la richesse du monde par un secteur financier hypertrophié)  n’ayant pas été changé, le moteur à explosion reste en place. Bonjour le renouvellement des bulles et la possibilité de nouvelles crises financières  « pochettes surprise ».

Il avait fallu attendre 1997 pour sortir de la crise démarrée en 91 aux Etats Unis, déployée au RU et dans les pays exportateurs en 92 et arrivée en France en 1993. Quatre ans de galère ! On est ressorti de la crise du début des années 2000 en France en 2006  pour trois ans de croissance retrouvée mais très faible. Quatre ans de galère. Il est peu probable que l’on ne retrouve pas ce scénario : quatre à cinq ans extrêmement difficiles et une reprise à partir de 2012-2013 si le commerce international se rétablit.   Avec à tout moment la possibilité que le système monétaire absurde qui nous contraint ait provoqué une nouvelle tragédie bancaire monétaire ou financière.  Avec à tout moment le risque que l’impatience des peuples ne provoque quelques troubles exogènes.

Et au bout, lorsque le cycle après être redevenu haussier se retournera, des Etats incapables de trouver les ressources pour mener à nouveau la politique laxiste que nous venons de connaître. Comme nous l’avons écrit dans une de nos notes de  2006, la vraie toute grande crise mondiale pourrait bien être celle de 2015-2016 !
Il vaudrait mieux mettre en œuvre les réformes indispensables dès maintenant.

Didier Dufau  pour le Cercle des économistes E-toile.

Le carnaval des économistes qui n'ont rien vu venir : G. Sorman, P. Arthus…



L’anniversaire de la faillite de Lehman Brothers stimule les articles d’économistes bien en cour. On prend les mêmes et on recommence.  C'est-à-dire qu’on fait à nouveau intervenir tous ceux qui n’avaient rien venir et qui n’avaient donné aucun avertissement sur la crise imminente.

Le fait d’être en cour suffit pour être interrogé, publié, écouté, même si on a montré une myopie totale et même parfois si on a soutenu des idées qui sont à l’origine immédiate de la crise.

Evidemment les postures politiques sont privilégiées.  Paul Krugman est l’économiste de gauche soft. Joseph Stiglitz l’économiste « altermondialiste ». Ils sont écoutés « à gauche » dans la presse du même nom. On équilibre avec P. Arthus et Guy Sorman. Puis on prend quelques « institutionnels » comme JP Cotis, directeur général de l’INSEE et Daniel Cohen, fondateur de l’Ecole d’économie de Paris.  Droite, gauche, neutre : le panorama postural est complet.

Qu’ont en commun toutes ces personnalités ? Ils n’ont rien vu venir ! Mais ce n’est pas grave. S’il fallait que les économistes prévoient quoi que ce soit ! On peut avoir dit et écrit n’importe quoi on reste en France toujours un « expert » parce qu’on a un titre officiel ou on représente une posture  reconnue avec une étiquette bien nette et parfaitement collée.

Cette comédie n’est peut être pas divine mais elle est drôle. Il est toujours comique de voir des personnalités prises totalement à contrepied par les évènements essayer de retourner leur veste et retrouver leur à-plomb.  Dans Astérix on voit comme cela des officiers romains qui viennent de prendre une raclée et qui sifflotent et se rajustent en appelant tout le monde à oublier ce qui vient d’arriver et à resserrer les rangs dans la joie et la discipline autour de leur chef bien aimé.
« Vous y allez fort », penseront certains : ces personnalités « incontournables » sont des experts reconnus dont la parole vaut mieux que celle d’économistes inconnus qui publient marginalement sur la toile.

Le principe d’autorité est toujours mauvais conseiller. L’important c’est de savoir quelle est la réalité et d’avoir une vision exacte de ce qui va se passer, de ce qui s’est passé et de la manière dont on doit en tenir leçon.

Lisons ces articles et voyons s’il y a quelque chose d’utile à en retenir. Commençons par Patrick Arthus. On sait qu’alors que toute la finance se congelait il défendait encore les subprimes et la politique de Natixis, complètement folle, dans ce domaine. Il ne s’est pas seulement trompé, il a fait pire : justifier l’aveuglement jusqu’à l’ultime minute !  Dans la livraison du 10 septembre 2009 du journal le Monde fait-il amende honorable ? Tire-t-il la leçon de son échec ? A-t-il pris conscience de nouvelles réalités qui lui avaient échappées. Pas du tout : on assiste à un lavage de mains de première qualité.
-    Première parade : ceux qui avaient vu que cela allait mal tourner n’ont pas réellement compris ce qui se passait.  Sous entendu : ils ne valent pas mieux que les autres.
-    Seconde parade, l’attaque : on nous accuse, nous économistes,  d’être vendus aux banques mais c’est un argument peut être valable pour les américains mais pas pour nous les européens. On va donc parler de « l’honneur » des économistes travaillant pour les banques.
-    Troisième parade : on ne pouvait pas prévoir, même nous les économistes de banques, parce qu’on ne savait pas tout et qu’on ne pouvait pas tout savoir.
-    Quatrième parade : de nouvelles chaînes causales sont mal connues. Et l’imprévisibilité des gouvernements est telle qu’on ne saurait rien dire.
-    Cinquième parade : nos modèles macro-économiques « n’apprennent rien sur la vraie vie ».

Tout cela donne une idée assez effroyable des économistes : ils ne savent rien et leurs modèles sont faux. En plus les gouvernements et les salles de marché  leur font des niches à l’insu de leur plein gré. Au passage P. Arthus fait une erreur de fait surprenante en datant le blocage du marché interbancaire à la faillite de Lehman Brothers alors qu’il a commencé en juillet 2007 justement avec le blocage des subprimes qu’il défendait encore quelques jours auparavant !

Aucune leçon réelle n’est tirée son échec personnel dans l’aventure.

Oui, nous le disons depuis toujours, les modèles économétriques, notamment de l’INSEE sont incapables de maîtriser les ruptures.  Mais il faut dire pourquoi et ce qu’il faut faire pour que cela change.

Oui, c’est vrai, la mécanique des CDO et des CDS était largement inconnue du grand public. Mais des institutions n’arrêtaient pas de tirer la sonnette d’alarme comme le BIS. Mais la question de la validité des produits dérivés a été portée devant Greenspan parce qu’il y avait des inquiétudes. Les banques centrales ont dit : OK ! Les économistes écoutaient ailleurs ou avaient leur opinion favorable comme P. Arthus sur les subprimes « incapables de provoquer une récession majeure ».

Oui les gouvernements peuvent faire des erreurs mais en temps de crise seulement : en vitesse de croisière, ils ne font rien ou tentent de maintenir l’état des choses sans rupture. La crise a été amplifiée par la chute de Lehman Brothers mais cette faillite ne l’a pas créée.

Oui, il est un peu injuste de prétendre que les économistes de banques sont des « vendus ». Mais s’ils ne le sont pas, on retombe dans le « responsable mais pas coupable », ou pire l’« irresponsable mais pas coupable ».

Oui, les oiseaux de mauvaises augures qui de façon répétée annoncent la catastrophe pour demain matin, ne sont pas nécessairement des parangons de la bonne économie à mettre en œuvre. Mais il faut tout de même analyser d’un peu plus près les arguments. M. Larouche n’est certainement pas l’exemple parfait de l’économiste sérieux, nous en sommes d’accord. Les aspects sectaires l’emportent chez lui sur toute autre considération. Des imprécateurs de ce genre, il y en a des dizaines. 

Mais quelques voix se sont exprimées et depuis longtemps pour faire l’analyse détaillée de ce qui ne pouvait qu’amener un krach  sérieux. Je pense qu’on peut considérer la nôtre comme représentative. Nos arguments ont toujours été articulés, précis, et donnés à chaud (par 30 ans avant ni un an après !). Les medias ne voulaient rien entendre, malgré les courriers et  la participation à leur forum, pour faire confiance à des économistes qui ont finalement failli mais qui entendent bien conserver leur place médiatique, sans mea culpa, ce qui ne nous gêne pas, mais surtout sans chercher ce qui, dans leur manière de considérer l’économie, les a conduit à passer à travers.

Le cas de Guy Sorman est très différent. Il se veut écrivain et essayiste, pas économiste. Il est un porte drapeau. L’idéologie libérale est son domaine, sa spécialité, son business. Il a écrit des livres excellents comme son étude sur l’Amérique du sud et les politiques qui l’ont conduit à la ruine, qui n’en font certes pas le Tocqueville des notre siècle, mais qui marque un certain courage, dans le terrorisme intellectuel qui salit la France et un don d’observation et d’exposition qui est bien remarquable.

Néanmoins, il reprend une antienne (déjà développée sur son blog) qui n’est pas totalement acceptable. « L’économie ne ment pas mais ne prédit pas l’avenir », indique le titre de l’article. N’ayant rien prévu, G. Sorman n’est pas gêné le moins du monde. Pourquoi prévoir l’imprévisible ?

On se le demande. Surtout à la cour de la reine d’Angleterre, si on a bien suivi l’actualité. Les vrais spécialistes du capitalisme eux s’en moquent allégrement de la prévision des récessions.    Evidemment, il faut éviter que cette assertion fasse conclure que la science économique ne sert à rien et qu’elle n’est pas une science. Alors on va chercher les belles citations : « les économistes savent tout faire sauf prévoir », une phrase de Debreu qui a déjà beaucoup servi. On explique que les crises sont consubstantielles à un système créatif et dynamique. Quant à les expliquer ! Pour l’instant seules les idéologues parlent et c’est selon qu’on est interventionniste ou non qu’on avance des théories qui ne pourront pas être tranchées avant une dizaine d’année au mieux. 

L’important c’est d’admettre qu’avec le temps on a compris quelques petites choses : que le capitalisme c’est mieux que le socialisme et que cela a produit bien des progrès ; que le protectionnisme, c’est très mal ; que la coopération des Etats est nécessaire (bien que les états « fassent la guerre »), et qu’on a mieux géré la crise actuelle que celle de 1929.  La conclusion parfaitement bénigne apparait alors comme l’évidence même : « le capitalisme ne meurt pas mais rebondit » et « d’une crise à l’autre les économistes apprennent ».
Ou plutôt… apprendront. On verra bien dans dix ans ce qui ressort de tout cela.

G. Sorman, tout a son rêve, en arrive à se mettre en contradiction majeure avec les faits, bien qu’il ait expliqué que la science économique doit partir des faits. Il parle des « stratégies recommandées par la science économique » comme « la stabilité des monnaies ». Où a-t-il vu une quelconque stabilité des monnaies. L’once d’or vient d’atteindre à nouveau les 1000 dollars à l’heure où cet article est écrit. Il valait 35 dollars l’once en 1971 : est-ce une monnaie « stable » qui peut perdre 97% de sa valeur en 35 ans ?  Et le flottement général des monnaies est une preuve de stabilité ? On reste consterné par ce genre d’erreurs. Car c’était évidemment sur cette instabilité organisée qu’il fallait s’interroger, ses conséquences, sa part dans la récession actuelle. Le regard de Sorman n’est pas seulement celui d’un myope : il transforme ce qu’il regarde !

Sur les causes de la crise : rien ; sur les changements qu’il faudrait imaginer pour en tirer leçon : rien. Pas de diagnostic ; pas de pronostic ; pas de thérapeutique. Juste un acte de confiance dans le capitalisme et de méfiance vis-à-vis de ceux qui pensent que tout de même il y aurait peut être quelques mesures à prendre.

MM.  Arthus et Sorman ont fait leur devoir vis-à-vis du vain peuple (et des vaines reines) qui a la sottise de croire que les économistes auraient quelque chose à dire pour éviter les drames humains que sont les récessions majeures.  Les deux restent inentamés dans la conviction qu’on doit continuer à les écouter comme s’il ne s’était rien passé et alors qu’ils n’ont rien à dire sur ce qui touche le quotidien de milliards d’être humains.

Heureuses natures !

Dans cet océan de bêtise, ne voit-on pas quelques signes encourageants ?

Le CNUCED, la conférence des nations unis pour le commerce et le développement, a publié son rapport annuel.  Il y est considéré comme impératif la réforme du système monétaire international !

Il faut trouver un système plus souple que les changes fixes et non révisables et moins dangereux que les changes flottants. Il faut éviter les flux de capitaux à court terme qui déséquilibrent les échangent et bouleversent les marchés. Il faut une monnaie de réserve autre que le dollar.

Enfin ! Une institution importante reprend l’essentiel de notre position ; la récession actuelle est le fruit empoisonné du système des changes flottants et des déséquilibres gigantesques du système monétaire international. C’est mal articulé, techniquement embryonnaire. Mais c’est désormais écrit et porté à l’attention des autorités mondiales.  Que le G.20 lise le rapport de la CNUCED avant de se réunir. Il commencera alors à parler utile.

Joseph Stiglitz ne convainc qu'à moitié !

Comme toujours Joseph Stiglitz ne convainc qu’à moitié

Intéressante cette initiative d’un économiste reconnu de diffuser via la presse un CD ROM donnant en détail l’explication de la crise vue  par  un « Nobel » de l’économie particulièrement  médiatique, notamment à gauche après ses positions très critiques vis-à-vis du FMI.

Il est TRES rare que les économistes prennent le risque de l’explication publique à chaud. Une telle  initiative est bonne à prendre et à commenter.

L’avantage d’une personnalité qui a une assez haute idée d’elle-même c’est qu’elle croit avoir raison, et pouvoir le prouver.  Joseph Stiglitz raisonne et avance moult arguments. Il a beaucoup réfléchi et son raisonnement est articulé.  Ce ne sont pas quelques intuitions jetées à la va vite sur le tapis médiatique.

Il y a quelque chose de mécanique dans l’enchaînement des faits et leur interprétation par Joseph Stiglitz.  Si on n’y prend garde, il vous emporte dans son flot dialectique et vous prive de toute possibilité de doute ou de critique.

Et pourtant. Il y a de nombreuses failles dans son analyse des causes de la crise.

Que dit-il ? En fait rien de bien original.

La dérégulation bancaire a été « achetée » par le lobby bancaire aux Etats Unis alors que rien ne prouve son efficacité économique bien au contraire ;  « J’ai moi-même prouvé que cela ne marchait pas », dit-il ; « on a eu l’impression que cela marchait parce qu’en fait les Etats ont sauvé constamment les banques ». « L’idéologie du « marché qui a toujours raison » n’a fonctionné que parce qu’il y a eu le correctif : « l’Etat nous sauvera toujours » ».

Comme les banques gagnaient beaucoup et ne perdaient jamais, le système a cru et embelli …jusqu’à l’explosion finale.

On retrouve ici l’explication « comportementale » de la crise. La cupidité bancaire a conduit les grandes banques a faire évoluer le système dans le sens qui les arrangeait tout en faisant payer les pots cassés par l’Etat complice du fait de vilains politiciens sensibles aux groupes de pression et de la consanguinité entre Goldman Sachs et le gouvernement.   

L’aspect international est aussi évoqué, bien que l’intervention soit très centrée sur les Etats-Unis, en fait comme souvent avec les américains, beaucoup trop centrée sur les Etats unis.

Une nouvelle explication « comportementale » est avancée pour expliquer que les pays en développement au lieu de dépenser leurs réserves les ont accumulés. Là le raisonnement est franchement faible.  J. Stiglitz évoque « les leçons apprises en 1979 » où la perte de liquidités internationales  aurait eu des conséquences fâcheuses pour ces pays et aurait traumatisé les esprits.   Toujours est-il que cette erreur intellectuelle des dirigeants  des pays sous développés expliquerait que les Etats-unis se soient mis à consommer pour toute la planète pendant que les pays pauvres épargnaient et replacaient leur argent aux Etats unis.  Ce passage est tout sauf convaincant et disons le totalement indigne d’un prix « Nobel » de l’économie !

Mais il faut bien tenter d’expliquer ce fait majeur que la Chine et le Japon (pas particulièrement un pays en voie de développement) aient accumulés des réserves en dollars gigantesques. Et que de l’autre côté les Etats unis aient accumulés des déficits colossaux et permanents qui ont permis aux résidents américains d’emprunter à tout va et aux banques de les servir à plein régime.

De même il note bien que les banques désormais se mettent à spéculer et à ne plus servir les besoins fondamentaux de l’économie mais on ne trouvera pas d’explication, sinon qu’elles sont décidemment très vilaines.

A ce stade J.  Stiglitz a raté les explications fondamentales : le système monétaire international des changes flottants est à la source des déséquilibres permanents et massifs des balances extérieures ; c’est le flottement des monnaies qui a transformé à partir de 1975 l’économie mondiale en casino  géant ;  ce sont les gains astronomiques facilement gagnés dans ce casino qui ont détourné les banques de prêter sainement à l’économie.  Il n’a pas vu la continuité de l’histoire économique après la fin des accords de Bretton Woods. Sans flottement des monnaies toute la suite était impossible.  Cela, J. Stiglitz ne le voit pas. Il  critique Milton Friedman, père des changes flottants  mais seulement pour son intervention auprès de Pinochet, image de gauche oblige.

C’est ce qui rend toute son explication si peu convaincante. Il lie les faits de façon tonitruante mais en vérité  totalement arbittraire   dans une sauce obscure et filandreuse  qui ne peut pas emporter l’adhésion d’un économiste sérieux, même si  la personnalité très affirmée du gâte sauce peut en imposer à un non spécialiste.

On voit bien la différence d’approche avec le Cercle des Economistes E-toile : pour nous la crise est systémique et trouve sa racine dans les défauts du système monétaire international matrice des débordements ultérieurs; pour J.  Stiglitz comme pour la majorité des économistes qui n’ont pas vu venir la crise, elle est simplement comportementale.

Les développements suivants sur la nature du sauvetage « inconditionnel » des banques est classique et n’appelle aucune contradiction.  Nous avions, à chaud,  proposé de constater la faillite des banques  et d’imposer une restructuration forte allant jusqu’à la nationalisation temporaire.   J. Stiglitz montre bien que non seulement on a considéré que les banques étaient « too big to fail » mais aussi « too big to be restructurated ».  Alors on est entré dans un « ersatz de capitalisme » où la faillite n’existait plus pour les banques, y compris, grande nouveauté, les banques d’affaires.  Ce n’est pas l’intérêt général qui a guidé les politiques mais l’exclusif intérêt des dirigeants des banques.

A propos de Lehman brothers  J. Stiglitz fait une remarque très intéressante : on aurait du mettre en faillite toute l’activité risquée de cette banque  mais sauvegarder la partie de la banque qui concerne le système des paiements.  C’est là un des points que nous développons  nous-mêmes avec force : il faut isoler le système des paiements  du reste de l’activité bancaire et financière.  Dans le traitement de la crise aux Etats unis, on a paradoxalement sauvé presque tout le système bancaire et financier et laissé choir une partie du système des paiements ce qui a aggravé la crise.

J. Stiglitz a donc parfaitement raison d’affirmer qu’aussi bien l’administration Bush que celle d’Obama n’ont rien fait pour réorganiser et apurer le système financier.  Et que tous les problèmes de fond demeurent. Il exige le démantèlement des banques universelles « trop grosses pour être abandonnées à la faillite » et exige un re-régulation pour limiter les prises de risques excessives.  C’est exactement la position de notre cercle. Nous regretterons simplement que sur les modalités de cette restructuration et de  ce démantèlement il ne donne aucune indication.  Nous avons un plan très détaillé. On ne connait rien du sien.

Au total, on aurait bien aimé que Jospeh Stiglitz fasse cette émission avant la crise.  Un an après le pic de la crise, c’est tout de même un peu tard.  Sur les causes de la crise il n’est pas totalement convaincant.  En revanche en rappelant que la crise n’est pas finie, qu’il aurait fallu restructurer beaucoup plus profondément le secteur bancaire  et que le monde doit réinventer un modèle de croissance différent de celui qui a prévalu,  il fait œuvre utile, même s’il ne dit pas comment.


Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

Une crise largement incomprise

Les signes de sorties de récession et la perspectives du nouveau G.20 stimulent les déclarations sur les causes de la crise financière et économique qui s’est déclenchée en 2007 avec un pic psychologique en septembre 2008 avec la faillite de Lehmann-Brothers et la menace d’un effondrement général  du système bancaire mondial.

Ben Bernanke, nommé à nouveau à la tête de la FED, a parlé de « panique irrationnelle » évoquant une crise à caractère psychologique plus que technique.  L’Insee dans sa dernière livraison de « l’économie française »  datée de 2009 (16.50 Euros au lieu de 15, soit une hausse de 10% en passant, pourquoi se gêner ?) livre également son diagnostic. Mme Lagarde, l’avocate qui est actuellement Ministre des Finances s’exprime pour sa part  dans le Figaro du 4 septembre 2009.

En gros, ils sont tous à peu près d’accord : la crise est de la faute des banquiers qui par cupidité et absence de régulation ont provoqué une catastrophe  qui, commencée avec le blocage des subprimes, s’est propagée à l’ensemble de l’économie.  La solution est donc de brider les banquiers « pirates », mettre fin au « scandale » des bonus des traders, mettre au pas les « paradis fiscaux ».  Cette « réforme du capitalisme » mettra fin à la crise actuelle et évitera qu’une autre se reproduise.

Nous sommes, au Cercle des Economistes E-toile,  entièrement opposés à cette analyse. Ce n’est pas une position facile compte tenu de l’importance technique ou institutionnelle de ceux qui la défendent.  On ne peut pas procéder par simple affirmation et il faut, pour tenir une  pareille  position de contestation, avoir  des arguments solides.

Nous croyons les avoir.

Observation liminaire, aucune des personnes ou des organismes cités n’a prévu la crise. Certains l’ont niée longtemps puis minimisée.  Cela veut dire au moins une chose : ils n’avaient pas de cadre méthodologique leur permettant d’observer les faits significatifs et de les interpréter.  Ils ont prétendus que « personne n’avait prévu cette crise et son intensité ». Notre cercle a non seulement prévu la crise dès 2006 mais n’a pas cessé d’avertir du début 2007 jusqu’à septembre 2008 qu’elle serait particulièrement sévère, tout en expliquant pourquoi. Les aveugles d’hier prétendent avoir désormais tout compris. Il est sage de se méfier.

L’INSEE, dont toutes les prévisions se sont révélées fausses, donnent une explication de la crise d’une grande banalité : la crise a été provoquée par le retournement du marché des subprimes  sous jacent au marché immobilier américain.  Elle s’est ensuite propagée par la titrisation.  Le soupçon sur ces produits rendus complexes a bloqué le système bancaire. Le financement de l’économie a cessé. La crise a frappé le monde entier.
Il n’y a en fait aucune analyse mais une simple description de faits successifs considérés comme s’imbriquant et se succédant de façon logique.

Mme Lagarde reprend mot à mot  ce « diagnostic » en élève nulle en économie mais respectueuse des institutions nationales et appliquées à bien faire.  « Les raisons de cette crise ne sont aujourd’hui que trop connues. Si celle-ci s’est déclenchée dans le secteur immobilier américain, elle s’est propagée au monde  par le biais de la titrisation pratiquée à grande échelle. Cette crise est le résultat de la sophistication excessive des instruments  financiers, de l’absence d’évaluation des risques, de la régulation insuffisante de certains acteurs et de certains produits et de la cupidité insatiable d’autres acteurs encore pour qui toujours plus n’était jamais assez ».

Des vilains ont fait de vilaines choses. Mme Lagarde multiplie les adjectifs  vengeurs : il faut « bannir » ; mettre fin à « l’irresponsabilité dévastatrice »  aux « comportements nuisibles », aux « agissements », aux « comportements dangereux et même indécents », aux « provocations ».  
L’avocate sait comment on traite les trublions : on leur impose des règles contraignantes. Et on doit les empêcher de gagner de l’argent indument : « il faut mettre fin à la culture des bonus ».

La crise serait donc comportementale. En rendant ces comportements punissables  on  règle la question pour l’avenir.  Le G.20 va fixer ces règles. Le contrôle des paradis fiscaux évitera qu’elles puissent être facilement violées. Et tout sera dit.
Sottises !

Ce serait si facile, si en économie, on pouvait trouver quelques boucs émissaires et expliquer tout par des comportements déviants !  A cette aune là, Mme Eva Joly serait prix Nobel d’économie…  

Le bas blesse naturellement à la base du raisonnement, en laissant dans le flou de nombreuses questions : pourquoi le marché des subprimes a-t-il pu se développer ainsi ?  Est-il  le seul sous-marché dans l’ensemble du marché des crédits qui s’est effondré ?  La titrisation est-elle à bannir ? A-t-elle vraiment pu à elle seule mettre tout le système par terre ?  Pourquoi une si petite mèche a-t-elle pu déclencher un si fort cataclysme ?

La théorie de crise par les subprimes  peine à rendre compte des faits. Le commerce international  s’est effondré brutalement.  Quel rapport avec le marché de l’immobilier social aux Etats unis ? Idem pour le crédit à la consommation durablement en récession partout dans le monde.  Quel rapport avec la hausse spéculative des cours des matières premières  internationale du début 2008 et son effondrement   ?

Même si  la crise aigüe du marché interbancaire a bien été créée en juillet 2007 par le mistigri de l’exposition des banques aux subprimes mélangées dans les produits de trésorerie « dynamiques »,  toutes les personnes exposées  à ces portefeuilles- surprises savent que les pertes ont été pour elles extrêmement minimes.  Oddo en France a remboursé ceux de ces clients dont ils avaient parfumé l’épargne de ces produits contre nature.  Les pertes dans les banques françaises ont été finalement insignifiantes.  En tout cas incapables de provoquer le tsunami  économique et financier auquel on a assisté.  Même si on tient compte de la « panique » détectée par  Ben Bernanke.

La vérité de la crise est bien évidemment ailleurs.

Elle est contenue tout entière dans l’énorme bulle de prêts  que le monde gonfle depuis le milieu des années 1970.  Cette bulle a atteint en 2006 des sommets intenables. L’INSEE en donne naïvement pour la France l’illustration explicite dans son tableau des ratios de dettes des agents non financiers p. 175 de l’opuscule cité (le graphique est reproduit au bas de cet article).

En 1978, date de référence choisie un peu arbitrairement par ce graphique :
La dette des ménages par rapport au revenu disponible brut est de 27%
Celle des administrations publiques par rapport au PIB de 25 %
Celle  des sociétés non financières  par rapport à la valeur ajoutée de 48%.
Les trois chiffres sont à 122% environ en 2008 !

L’enveloppe d’endettement des différents acteurs économiques, en France,  à été multipliée par PLUS DE QUATRE !  Le taux de croissance de l’endettement brut des agents non financiers est de 8% en 2007 et de 8.7% en 2008 ! A ce rythme là on doublera en moins de dix ans !  L’en cours brut est de 3.586 Milliards d’Euros.  A comparer à la valeur ajoutée des entreprises : 1.218 Milliards d’Euros : un ratio de dettes de pratiquement 300%  en passe de monter à 600% en quelques années. 

Raisonnable ? Durable ? Et aucun rapport avec la crise actuelle ?

On est loin des subprimes américaines.  La dette a augmenté en France dans tous les compartiments du jeu économique et a atteint des niveaux insoutenables.  Au total les dettes cumulées ont fini par dépasser  les 300% le la production marchande !  Question d’arithmétique de  cours élémentaires de première année : quelle proportion du revenu doit-on consacrer au remboursement et au paiement des intérêts  lorsqu’on atteint de tel sommet  sachant qu’en moyenne le coût d’un emprunt est environ de 5% par an et que sa durée est en moyenne de dix ans ? Au bout des dix ans les intérêts représenteront 150 % de la production. Et il faut utiliser  30% de cette production  pour rembourser le principal.  Au total c’est 45% de la production  qui est préempté par la dette.  Est-ce supportable indéfiniment ?

Pensons qu’aux Etats Unis, on en était arrivé à un ratio de même nature  de près de 400% !

Bonjour la croissance durable !

Cette énorme bulle financière ne pouvait qu’éclater un jour ou l’autre.  Les prêts « subprimes » américains étaient le point faible du dispositif. Il a cassé en premier. Mais c’est l’ensemble du système mondial  de dettes qui s’est effondré, frappant aussi là où la fragilité était la plus grande (Islande, pays de l’est etc.).

L’INSEE et  M. Lagarde,  et après eux des dizaines de commentateurs, confondent la première victime de la crise et la cause de la crise.  Imaginons qu’un énorme orage se soit accumulé au dessus de Paris et  qu’un fantastique éclair ait anéanti la Tour Eiffel,  dont la chute aurait effondré pas mal d’immeubles autour, avant que les dégâts ne touchent finalement les plus lointaines banlieues. Dirait-on que la Tour Eiffel  est la cause du désastre général ?

Non. Au moins pour éviter de passer pour un imbécile.  En économie, où les choses sont moins connues et moins simples, on n’hésite pas à se lâcher.  Et on a l’article de Mme Lagarde.

Dès qu’on cesse de regarder la tout Eiffel pour  considérer l’orage, tout devient beaucoup plus intéressant. A partir de quand cette énorme bulle financière s’est elle créée ? Pourquoi s’est elle créée partout  et surtout aux Etats unis ?  Peut-on  encore contrôler les risques bancaires quand le niveau de prêt est si important ?  Les principales monnaies se sont dévaluées depuis le début de cette bulle de plus de 95% par rapport à l’or. Ce système de monnaie fondante n’a-t-il pas un rôle ? La création monétaire internationale n’a-t-elle pas été laxiste ? Par quel mécanisme a-t-on atteint de telles émissions ?

Le moteur de réflexion  est en marche. Les vraies questions s’enchaînent.  On est passé du superficiel facile au fond des choses.  Les subprimes sont loin. Le système monétaire et les changes flottants prennent  toute leur place.  Les déficits abyssaux des Etats unis, les excédents monstrueux de la Chine et du Japon se centrent au milieu du débat.  On voit les crises se succéder que l’on a parées  par des émissions de monnaie chaque fois plus importante qui ont aggravé à chaque fois le problème.  On observe un système qui dérape totalement à partir de 2003. Tout observateur comprend que l’on est entré dans une phase intenable et qu’au bout on aura une crise majeure.  

Le cycle de 8-10 ans a été toujours le moment des grosses remises en cause monétaires et financières. Pour nous, la crise décennale  surviendra avant 2010.  C’est sûr.  Et nous anticipons la crise sérieuse.

En 2006, l’évidence s’impose : elle viendra plus tôt et sera plus sévère que les précédentes.  Début 2007, c’est le début de la fin sur les surprimes immobilières américaines car les prix de l’immobilier pour la première fois de l’histoire récente ont baissé au dernier trimestre 2006.  Nous annonçons  le gros de la crise pour 2009, avec un craquement en septembre 2008. 

Nous le confirmons après le constat du blocage du marché interbancaire en juillet 2007. L’orage gronde et commence à frapper.  Nous alertons que le commerce international est en première ligne. Si tout le système bancaire cale, les relations économiques internationales s’effondreront en premier.   Parce  qu’elles sont totalement spéculatives  et fondées sur des déficits monstrueux financés par des crédits dont le volume est également monstrueux.

Début 2008 l’argent ne sait plus où aller. La spéculation « défensive » sur les matières premières internationales  est vue temporairement comme un havre sûr. Elle se dénoue fin juin 2008. C’est fini : il n’y a plus d’échappatoire. Les liquidités basées sur rien devront disparaître. Le « credit crunch » est obligatoire. Il va avoir lieu incessamment. 

Tout l’été c’est la panique à la trésorerie des banques : on n’arrive plus à se refinancer et cela  dans le monde entier. Les quelques faillites déjà survenues  n’ont pas été comprises. On commence à comprendre qu’on va vers un krach général du système bancaire. Il se produit en septembre.

Notre cadre de réflexion affiné pendant des années est bien opérationnel. Il permet de prévoir. Il permet de comprendre.  Il permettrait d’agir si les responsables le partageaient.


Mais les économistes de cour et les institutions n’ont rien vu venir. Ils sont pris par surprise.  Dans la panique on sauve les banques sans aucune réforme et on laisse filer les déficits à des niveaux jamais vus, ce qui fait que même un économiste laxiste comme le dernier prix Nobel, Patrick Klugman, admet qu’on s’est aventuré  dans des territoires inconnus avec des conséquences imprévisibles.

Aucune des causes réelles de la crise n’est attaquée.  Les réformes sont superficielles et portent  sur des détails (bonus, règles comptables, paradis fiscaux).

Mme Lagarde, si l’affaire était celle des subprimes,  vous devriez être vent debout contre toutes les tentatives pour accroître le crédit populaire à la consommation et pour l’immobilier ? Le faites- vous ?  Vous vous en gardez bien.  A-t-on supprimé le marché des prêts aidés au logement ? Pas du tout.  Au contraire on s’indigne que les banques aient baissé leurs encours de crédits à l’immobilier et à la consommation !  Contradiction insurmontable, on n’a pas l’action que commanderait le diagnostic !

Les bonus sont largement liés aux spéculations sur les marchés. Ils n’ont rien à voir avec les subprimes.  Qu’elle est la part des actifs subprimes qui ont fait l’objet de spéculation en salle de marchés dans les banques françaises ?  Euh, euh, ne répondez pas tous en même temps ! Pratiquement aucune, en fait.


Reste la titrisation. Cette technique a-t-elle été rendue illégale ? Point du tout.  L’un des rôles principal de la finance est d’échanger un capital immédiatement disponible contre un flux de remboursement à venir.  La titrisation d’un portefeuille de dettes fait-elle autre chose ?  Elle s’est développé essentiellement parce que le gonflement des en cours de dettes stimulés par les déséquilibres monstrueux du système monétaire international  était bridé par les règles prudentielles concernant les prêts classiques. Les banques ont sorti de leur bilan des prêts pour pouvoir à nouveau prêter.  Les entreprises ont vendu leurs portefeuilles de créances pour pouvoir également dégager des moyens d’investir. Les banques ont titrisé en masse  pour dégager des ressources pour spéculer en salle des marchés. On y gagnait tellement : la spéculation stimulait la hausse qui stimulait la spéculation...

Faute d’un diagnostic exact, les autorités non seulement n’ont pas pu prévoir la crise mais ne savent pas quoi faire pour éviter que les faits se reproduisent.   Alors on fait de la chaleur autour du comportement de « moutons noirs » chargés de tous les péchés : la Suisse « paradisiaque » ; les traders « fous » ; les bonus « indécents ».  Mais aucune lumière.

L’énorme nuage de dettes est toujours là. Il a été transféré aux Etats et aux Banques centrales.  Les banques elles  dégonflent leurs engagements, ainsi que tous les autres acteurs privés.  Cette décompression a entraîné  l’arrêt du commerce international qui n’arrive pas à repartir.  L’économie marchande stagne sur une base très amaigrie (de 10 à  40% selon les secteurs, de 25% en moyenne).  Personne ne sait comment se débarrasser des dettes accumulées par les Etats, aggravées par les manques à gagner fiscaux de la récession.  Tous les mécanismes spéculatifs sont encore en place.  Des bulles recommencent à exploser ici ou là.

Le G.20, pour la troisième fois, faute de diagnostic et du courage de regarder les mesures difficiles en face,  se contentera de mesurettes bien intentionnées  mais sans importance.

Tout cela est lamentable et dangereux pour l’avenir.

Nous ne cherchons pas avoir raison contre tout le monde.  Nous serions ravi de suivre ébaubi les politiques pertinentes  mises en œuvre par des autorités bien guidées par les analyses également pertinentes de leurs conseillers.
Mais non, décidemment, ce n’est pas le cas.

Personne ne peut prévoir ce qui va désormais se passer.  L’incertitude est totale. Tout peut arriver. L’hypothèse la plus probable est qu’on aura une sortie de crise façon 1993, en plus long et en plus chaotique, car le choc aura été nettement plus rude.  Mais alors il faut se rappeler que l’absence de réforme de l’époque avait conduit à la crise de 98, puis à celle de 2000 puis à notre crise actuelle.  La porte est ouverte à une crise financière encore plus importante un peu plus tard, à la mesure des dégorgements monétaires actuels.  Et là nous ne pourrons recommencer à ouvrir les vannes  comme nous venons de le faire.

Mais cette hypothèse n’est pas la seule.  En 1929, dont nous avons déjà dit que la situation était très différente, même si la cause de la crise est rigoureusement la même (un gonflement de dettes insoutenable alimenté par les défauts du système monétaire international),  on a souvent considéré que les rebondissements successifs ont été le fait « d’erreurs » dont on a pris désormais la mesure.  C’est largement vrai. Mais il ne faut pas sous estimer les causes de ces « erreurs ».  La lenteur de la sortie de crise  a mis à l’épreuve la patience des peuples.  Beaucoup « d’erreurs » furent  le fruit politique de l’impatience générale.  C’est entre 1932 et 1936, plus de trois ans après le krach initial, qu’on est entré dans le cycle infernal des décisions politiques désastreuses qui ont fait perdurer la crise jusqu’à la guerre.

Les vraies réformes, celles qui dureront, furent différées indéfiniment au lieu d’être engagées tout de suite.  Au fond ce n’est qu’après guerre qu’elles seront faites à l’échelle convenable.  Nous sommes sur le même chemin. 

Les Etats considèrent que des réformes cosmétiques à fort effet d’annonce suffisent. La tyrannie de l’existant est telle que les opinions suivent.  On assiste donc à une politique de facilité (laisser filer les déficits et ouvrir les vannes de la création monétaire par les banques centrales ne sont pas des mesures politiquement difficiles à prendre : il suffit de lâcher tout !),  saupoudrée de mesures démagogiques destinées à faire croire à l’opinion que la reprise en main est sévère.

La poudre de perlimpinpin autour des bonus et des paradis fiscaux ne doit pas faire illusion. Faute d’un diagnostic correct  les réformes nécessaires ne sont pas faites.

Cette abstention aura un prix.

Tôt ou tard.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.



Bonus : vrais problèmes, fausses solutions.

Ce n’est pas la première fois en économie qu’on s’attaque aux conséquences sans comprendre les causes. Mais, dans cette affaire des bonus, on atteint des sommets dans l’art de condamner l’écume sans comprendre la vague.

La première question à se poser est évidemment de savoir pourquoi de tels gains spéculatifs sont possibles. Si ces gains n’existaient pas, les traders n’auraient aucun bonus.  La seconde est de déterminer si ces gains sont utiles à la collectivité ou le produit d’une funeste conjonction qu’il convient de démanteler.

La clé de l’énigme est dans l’évolution de la part des gains financiers dans l’économie globale. 

Cette part qui avait constamment baissé jusqu’en 1974, talonne pendant une dizaine d’année puis se met à monter de façon constante pour atteindre des sommets en 2008. Ces chiffres sont à rapprocher de nombreuses autres séries qui montrent par exemple la part croissante des étudiants qui partent faire carrière dans la finance à la sortie des grandes écoles,  ou la part des bénéfices bancaires dans le PIB qui enflent aux Etats unis jusqu’à représenter quasiment à eux seuls la hausse du PIB entre 2003 et 2008. La part des métiers de la finance dans la hiérarchie des rémunérations suit exactement la même évolution. La banque a été depuis 1980 l’endroit où il fallait être pour faire facilement fortune. La hausse indéfinie de l’endettement par rapport au PIB qui finira par atteindre presque les 400% aux Etats Unis et plus de 300% en Europe est évidemment le moteur qui produit ces évolutions massives et en rupture avec le modèle classique de croissance de l’après guerre.

Manipuler cette immense masse de dettes exige de nombreux experts et leur offre un champ de gains extrêmement important.  Il est plus rentable d’augmenter de 10% l’endettement global ou de spéculer sur une variation de 10% de l’encours des actifs financiers que de créer 10% de chiffre d’affaire industriel sous jacent.

L’ennui est qu’un tel niveau de dettes n’est pas tenable : comme on l’a répété souvent ici, les intérêts capturent non seulement tous les bénéfices produits, mais provoquent également un transfert de capital investi et des ressources stockées vers les détenteurs des créances. La banque classique qui vise à prêter aux entrepreneurs n’a plus d’intérêt. Mieux vaut s’intéresser aux variations de valeurs des actifs et des dettes.

Une fois cette constatation faite, il importe de comprendre comment cette masse de dettes s’est créée et est devenue à ce point gigantesque.  Il n’y a aucun mystère et nous avons mille fois  décrit sur ce site le mécanisme de la double pyramide de dettes permise par le système des changes flottants et l’accumulation de déficits cumulés disproportionnés par les Etats Unis et d’excédents correspondants par le Japon et surtout par la Chine.

Si vous supprimez les changes flottants et  la cotation continue sur les différents marchés de valeurs vous supprimez  en un instant 80% de l’activité des salles de marché des banques. Et 90% des bonus.

La flottaison des monnaies n’a aucune rationalité économique. Ceux qui comme Friedmann et Schwartz ont cru en formuler la théorie ont décrit des situations bénéfiques  qui ont constamment été démenties par les faits. Ni les taux d’intérêt, ni les changes ne se sont stabilisés. Au contraire on a vu des effets de yoyo impressionnants et répétitifs avec des variations de parité considérables, (doublement ou division par deux). La cotation en continu a permis des manipulations de cours et des gains bancaires qui n’étaient que des transferts de valeur des épargnants ou des entreprises vers les banques. 

La possibilité donnée aux banques au milieu des années 80 de cumuler les avantages du prêt forcé qu’est le dépôt bancaire, avec toutes les autres activités, gestion de fortune, banque de détail, banque d’affaire, intermédiariat boursier, etc. a  donné à la salle des marchés le rôle principal dans la formation du produit net bancaire.

Un énorme détournement de richesses s’est produit en faveur des nouveaux mastodontes.  Les traders ont été les grands gagnants parce qu’ils tenaient la salle des marchés, c’est à dire la spéculation sur tous les actifs en même temps que des méthodes imaginatives permettaient de manipuler toutes  les dettes. Les dettes ayant été reprises par les banques centrales et les banques ayant été  cautionnées par les états, la salle de marché devenait à nouveau le moteur du revenu net bancaire. Comment s’étonner qu’avec des taux d’intérêt quasi nuls, et la protection des Etats, la spéculation bancaire ait reprise comme avant ?

Il n’y a eu aucune réforme de fond. Le diagnostic de la crise n’est toujours pas fait. On persiste à prendre la fumée pour le feu. On persiste à présenter la crise comme l’effet des libéralités cautionnées par l’Etat américain dans le domaine de l’immobilier social. La vérité est inverse : la pyramide de crédits devait s’effondrer et comme toujours c’est l’élément faible qui a lâché. Les « subprimes » auront été cet élément faible. C’est l’orage qui produit les éclairs pas l’arbre foudroyé !

Qui peut être surpris que sans diagnostic et sans réformes associées à ce diagnostic, la crise rebondisse avec la répétition des mécanismes qui l’ont précédée ?

Les rémunérations démentielles des traders ne sont que l’indicateur des faiblesses intellectuelles et politiques qui ont conduit à la passivité quasi-totale des membres du G.20. Ouvrir les vannes des banques centrales et des budgets étatiques est un traitement symptomatique, certes nécessaire, mais qui n’attaque aucune des causes de la crise.

Les quelques indications qui laissent penser que la récession a momentanément talonné sont plutôt heureuses pour l’économie immédiate mais désastreuses pour la suite car elles vont justifier d’attendre sans rien réformer de fondamental. Déjà certains se félicitent de leur passivité : « On n’a rien compris ;  on n’a rien fait ; mais  on n’a rien cassé ; et cela repart ! Ouf ! »

On le verra sûrement au prochain sommet du G.20 : autosatisfaction, postures optimistes et paresse généralisée dans l’imagination de la suite. Il sera urgent d’attendre, « puisque les mesures prises commencent à donner des résultats positifs ».

L’Etat français, comme d’habitude, gérera les apparences et les choses faciles où il est possible de faire vite de la morale à trois sous tout en aggravant la fiscalité. L’agitation politicienne remplacera le débat de fond et les mesures décisives. On déplorera beaucoup. On morigènera encore plus. Pendant ce temps là les dépôts des particuliers serviront à financer les opérations de spéculation à compte propre des oligopoles bancaires, sûrs de la sollicitude de l’Etat « pour protéger l’épargne des Français » en cas d’ennui,  en même temps que les prêts à l’économie resteront anémiques, que les faillites s’accumuleront, que le chômage dépassera la barre des 10%.

Les primes des traders seront versées en plusieurs fois et en partie en actions ? La belle affaire !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

Projet Obama : une révolte violente mais instructive

La réaction violente aux projets d’Obama  interpelle aussi la France et l’Europe.

Les médias et  les politiques français sont totalement surpris par la vigueur de l’opposition qui s’exprime aux Etats unis contre les projets d’Obama en matière de Sécurité Sociale Universelle.
Cela porte témoignage moins sur ce que sont les Etats- Unis que sur ce qu’est devenue la France.  

En France la droite et la gauche partagent désormais des conceptions quasiment identiques.  Un « filet » social doit être tendu sous la société française de telle façon qu’à tout âge et en toutes circonstances, l’argent public vienne se substituer aux ressources manquantes  ou les compléter.

Le gouvernement  Français actuellement  cherche à colmater le dernier « trou » existant dans le système français, la subvention aux inactifs de 18 à 25 ans.

Une fois ce maillon faible supprimé, il sera possible de vivre ad vitam aeternam aux frais du reste de la société.  

Le dispositif est complété par de très nombreuses gratuités qui permettent d’assurer à des familles qui ne travaillent pas tous les services considérés comme essentiels, et leur liste s’allonge sans cesse.

La santé est gratuite pour tous, quelque soit l’âge et la situation du malade. L’enseignement primaire secondaire et supérieur est pratiquement gratuit.  Une large partie de l’offre culturelle et sportive est également rendue gratuite ou très largement subventionnée.  Le « droit opposable  au logement » qui vient d’être déclaré,  complète un système où il suffit d’être là pour devenir créancier du reste de la société.  

Subventions et gratuités sont assurées sans grandes contraintes de statut ou de durée.  On a vu que les enfants d’immigrés clandestins ont droit à l’école gratuite, à la santé gratuite etc.
Toutes les failles du dispositif sont activement dénoncées pour  que le principe socialiste, à chacun selon ses besoins en toutes circonstances, soit complètement appliqué.  Et les gouvernements successifs, qu’ils soient de droite ou de gauche cèdent aux pressions après  un faux semblant de résistance.

Le grand virage a été pris à l’initiative de Rocard avec le RMI. Pour la première fois on faisait sauter le verrou  symbolique essentiel : on subventionnerait en argent liquide et pas seulement en prestations en nature même ceux qui sont capables de travailler et qui ont pris le parti de ne jamais le faire.
Pour peu que l’on accepte une vie frugale, il est possible, de la naissance à la mort, de se faire porter intégralement par la société  sans jamais travailler. Le niveau de vie assuré, toutes prestations inclues,  est supérieur à celui des trois quarts de l’humanité qui travaillent dans le monde.

Lors d’un voyage officiel d’un Président Français en Algérie, acclamé par le cri passionné des foules : « des visas » « des visas », un journaliste de télévision questionne une adolescente sur le bord de la route. Que penses-tu de la France ? « C’est un pays extraordinaire où on gagne dix fois plus à ne rien faire que nous ici en travaillant ».  Ce cri du cœur dit tout de l’exceptionnelle situation française.  La guerre d’Algérie et tout le tintoin : rien à en faire !  Mais vivre à l’œil indéfiniment, voilà qui mérite attention.

Dès qu’une gratuité et une indemnité a été accordée, elle est vue comme un avantage acquis pour l’éternité qu’il faut perpétuer et étendre.  L’homme politique et le journaliste qui élèveraient  une objection ou qui contesterait l’extension illimitée du système serait immédiatement exclu.  Le « oui mais » reste possible, mais il ne faut pas non plus en abuser.  Allocations et gratuités pratiquement sans conditions  sont devenues les mamelles de la démocratie française.


Personne ne veut qu’on lui indique le coût extravagant de cette folie.


En 1999, avant les manipulations qui ont été faites pour maquiller le système, le plus humble des travailleurs était l’occasion de prélèvements représentant 60% de son salaire brut,  en incluant les charges patronales ; les mêmes chiffres étaient de 65% pour un employé moyen, de 70% pour un petit cadre, de 75% pour les cadres moyens et de 80 à 85 pour les entrepreneurs individuels et les cadres supérieurs. Avec l’ISF, on dépassait allégrement les 100% de prélèvement. 

Ces chiffrages mille fois justifiés et mille fois publiés, ont fini par inquiéter les politiques qui ont pris deux mesures phares chargées de « casser le thermomètre ».  On a « supprimé » une grosse partie des charges sociales pour les Smicards ; on a institué un  « bouclier fiscal». Du coup il n’était plus possible d’écrire que le Smicard était l’occasion d’un prélèvement de 60%, injustifiable, ni qu’on pouvait être taxé à plus de 100%, un taux confiscatoire tout aussi injustifiable.  


Ces mesures, prises par la droite, l’ont été pour sauver le système qui autrement aurait fini par exploser. Ce sont des artifices.  Les charges sociales des smicards ont été simplement transférées sur l’impôt et, faute de ressources suffisantes, sur la dette.  Le sauvetage de l’ISF n’et qu’un replâtrage intenable qui sautera un jour ou l’autre.  Ces exemples récents montrent que la droite est surtout désireuse de maintenir et d’amplifier un système social d’inspiration pleinement socialiste.  Une des raisons des difficultés du Parti Socialiste tient au fait que le langage  et l’action des partis de droite de pouvoir en France sont purement et simplement les siens.

A l’inconvénient d’une fiscalité extravagante s’ajoute naturellement un endettement qui n’a cessé de croître depuis qu’à l’initiative de MM. Giscard et Chirac, la France est entrée dans l’ère de « l’énarchie compassionnelle ». A l’endettement structurel s’est ajouté celui né des différentes récessions, et particulièrement la dernière, au point que plus personne ne sait comment éviter que la spirale de l’endettement ne s’amplifie. Pire encore, comment rembourser : la dépense publique est supérieur à la valeur ajoutée des entreprises du secteur marchand !

 
Le taux d’emploi en France est ridiculement bas. La proportion des personnes en âge de travailler mais qui ne le font pas est en France est une record du monde.  Nous avons les taux les plus bas d’emploi des jeunes, des femmes, des personnes de plus de 50 ans et des immigrés.  Le chiffre le plus tragique de l’histoire économique nationale est le nombre de salariés du secteur marchand qui n’est même pas au quart de la population totale.  Par rapport à la moyenne des pays de niveau économique comparable, il manque entre 5 et 10 millions d’emplois ! Une paille !

Ce manque à gagner grimpe constamment et ce n’est évidemment pas la crise actuelle qui va le réduire.
Personne ne sait comment assurer l’avenir d’un tel système qui craque déjà de partout et ne pourra que se révéler intenable lorsque qu’il nous sera plus possible d’emprunter. On risque alors de  constater qu’il est impossible de le réformer dans la douceur et à la marge.  Le papy boom, la capture économique de l’industrie par la Chine,  de l’agriculture par des pays émergents comme le Brésil, s’ajoutant au poids de la dette accumulée et au nombre des personnes dont l’emploi ou le non emploi sont subventionnés et qui exigent que l’on continue,  risquent de créer une situation incontrôlable.


Personne ne sait où l’on va et comment la France terminera cette expérience  généreuse mais  aux conséquences à terme probablement des plus funestes.  Sans compter l’injustice faite ici et maintenant à tous ceux qui voient leur vie de travail ruinée par le fisc et l’effondrement progressif de l’économie française.
Les projets d’Obama laissent penser à de nombreux américains que l’avenir qu’on leur propose est celui que la France a choisi et qu’ils appellent sans fausse pudeur le socialisme.  Et ils ne veulent pas entendre parler du socialisme.

Quel est le fond idéologique sur lequel  ils s’appuient ?  Il est très simple.  Ces américains considèrent qu’une personne en âge de travailler et qui le peut doit le faire.  S’il le fait il pourra, en fonction de son travail et de ses mérites, se soigner et assurer les dépenses  de sa famille.  L’Etat, et la charité, très importante dans ce pays porté à la religion, ne doit s’intéresser qu’aux enfants et aux personnes âgées (Medicare et médicaid)  ainsi qu’aux handicapés. L’enseignement de base est gratuit. Mais pas l’enseignement supérieur qui est investissement qui relève des choix et des capacités individuelles.  Le chômage  la maladie  et la retraite des adultes relèvent de l’assurance et non de la subvention.  Des programmes ciblés peuvent être mis en place, dans les communautés, les Etats régionaux voir à l’échelon  fédéral, pour aider à sortir de conditions difficiles. Mais ils ne peuvent être que temporaires.


Il appartient donc aux individus, aux communautés de base comme la famille  ou  la communauté religieuse, ainsi qu’à la communauté de travail qu’est l’entreprise, de faire leur affaire de la couverture des risques sociaux des personnes capables de travailler.

L’agressivité extrême qui se manifeste contre les projets d’Obama ne s’explique pas autrement : on touche à un des piliers moraux de la société américaine et de la société tout court.  Toute personne en âge de contribuer à la société doit le faire. Et c’est à elle de prendre les décisions qu’elle juge bonne, en association avec les communautés de base, pour faire face aux aléas de la vie.  Big Brother est un ennemi contre lequel il faut lutter sans concession : vade retro satanas !

La question  qui se pose aux Français et plus largement aux Européens, c’est de savoir si le système inverse qu’ils ont mis en place et dont personne ne sait comment le maintenir, ne finira pas par exploser pour laisser la place, au mieux, au système américain actuel. 

Il n’est pas sûr que les nécessités ne nous fassent pas  revenir  à une conception de l’aide sociale plus ciblée et plus temporaire.  Pourrons-nous réellement conserver la couverture intégrale du « petit risque » ?  C’est très peu probable.   Pourrons réellement conserver un système de gratuité totale et universel pour l’enseignement  supérieur ? Le chemin contraire est en route.  Les universités poubelles qui fabriquent du chômeur en masse n’ont plus la cote. On voit que notre merveilleux système nous a interdit en fait de faire le nécessaire pour les handicapés et les grands maladies de la vieillesse.  On a changé le RMI dans l’espoir avec le RSA de favoriser tout de même le retour à l’emploi. Il est plus que probable que ce sera un échec total et pas seulement à cause de la récession actuelle qui masquera le fait longtemps mas pas éternellement.

La récession a avancé pour nous Français la croisée des chemins.  Plutôt que de nous effarer sur la réaction d’une grande partie du peuple américain, réaction qui risque de mettre par terre les espoirs d’Obama,  nous devrions plutôt nous interroger  sur nos propres options d’avenir.  Elles sont d’autant plus complexes que nous n’avons aucune des qualités communautaires  pratiquées aux Etats Unis. 

Le jour où l’Etat cassera et ne pourra ni pousser la fiscalité, ni emprunter, n’est pas si loin. Nous avons non seulement à nous interroger sur la sortie de crise mais aussi sur la sortie d’un système impossible  dont il serait aventuré de penser qu’il puisse durer lui non plus  éternellement.


Plutôt que de se gausser de l’électorat républicain  américain, les intellectuels, les économistes et les dirigeants politiques français devraient plutôt s’interroger sur l’évolution nécessaire de leurs méthodes actuelles, avant que la réalité ne s’impose dans le désarroi total de ces  mêmes élites.  De la même façon que beaucoup de démocrates aux Etats-Unis se montrent inquiets des projets d’Obama.  Tout le monde sent bien que les enjeux sont d’une extrême gravité.

La question posée n’est pas qu’américaine. Elle transcende les nations comme les camps et les partis. Français et européens seraient bien avisés de  ne pas se contenter de caricaturer les débats américains pour  fuir toute réflexion d’avenir  sur des solutions réellement durables.  De même que les Américains n’ont rien à gagner à un débat  outrancier sur des bases purement politico idéologiques.

Didier Dufau et Lewis Holden pour le Cercle des Economistes E-toile

Maurice Allais avait (encore) raison

Grand écart

Le graphique ci dessous raconte une drôle d'histoire. On voit que la Baltic Dry index qui donne le prix du transport international chute depuis plus d'un mois après avoir repris des couleurs et qu'il se situe dans des zones extrêmement basses. Alors que les bourses explosent dans une hausse totalement décalée.

En général c'est la bourse qui suit le BDI, pas l'inverse. Ce qui annonce une forte correction boursière quelque part cet été.

Aucune réforme n'ayant été faite de rien, il est normal qu'un système financier pervers reprenne les affaires là où il les avait laissés et que la spéculation effrénée reprenne en amplifiant les quelques bonnes nouvelles du début de l'été.

Le chômage talonne aux Etats-unis ; les exportations allemandes repartent assez vigoureusement. La consommation ne fléchit pas dans la majeure partie du monde.

Cela ressemble vraiment à ce qui s'est passé lors de la crise de 2001-2003. Au lieu de voir repartir une croissance mondiale équilibrée la conjoncture n'a été que l'agglomération des bulles diverses qui ont fini par exploser.

On est reparti sur cette route cahotique. Le mieux qu'on puisse imaginer c'est une courbe en W. Une reprise brève à laquelle succédera presqu'aussitôt une rechute assez grave avant peut être de repartir pour de bon.

LH pour le Cercle des economistes E-toile.

 

 



Reprise par l’ Asie ?


Dans la torpeur d’un été orageux la nouvelle fait sensation : la fin de la récession est là et la reprise se fait en Asie.
La suite confirmera la réalité de ce redémarrage. En attendant on peut faire quelques remarques :
-    Les statistiques chinoises de PIB ont ceci de particulier qu’elles sont en général des plus douteuses. La Chine est un état totalitaire qui dirige son information. La captation de l’industrie occidentale fait l’objet d’un plan organisé qui a été largement orchestré par la propagande :  « Elle est inévitable » ; « venez vite avant que vous soyez balayé » ; "les chinois sont des commerçants dans l’âme et ils vont tout maîtriser : travaillez avec eux ou périssez" », …
-    L’Allemagne est le principal fournisseur de machines à la Chine. Ses exportations n’ont pas reprises dans la proportion de la croissance indiquée par la Chine.
-    Le Baltic index stagne à un niveau bas ce qui n’indique aucune réelle reprise significative du commerce international.
Les chiffres indiqués laissent entendre qu’une croissance endogène serait en cours qui fertiliserait uniquement le bassin proche, ce qui supposerait que la Chine importe plus qu’elle n’exporte. Or elle accumule à nouveau des réserves importantes. Sachant que la demande extérieure est faible,  on entre dans des contradictions insolubles sauf à imaginer un afflux de capitaux internationaux en Chine pour nourrir une bulle boursière ou immobilière. Ou dans l’attente d’une revalorisation du Yuan.
Tout cela est profondément étrange.  Et probablement malsain.
Wait and see !

La violence du nouveau « politiquement correct »

Nous n’aimons pas beaucoup le terme de « politiquement correct ». Le néologisme couvre un concept flou et se prête à toute sorte d’utilisation. On voit sur les forums les communistes se dirent victimes du politiquement correct libéral, les catholiques du politiquement correct laïc, les entrepreneurs du politiquement correct énarchique, les sympathisants du Front national du politiquement correct immigrationniste, les mouvements sionistes du politiquement correct en faveur des palestiniens  etc.

Toutes les pensées un peu marginalisées se disent victimes du politiquement correct, ce qui ne donne aucune indication sur la validité de leurs thèses, sinon qu’elles sont généralement non admises dans les médias, vilipendées un peu partout et suspectes à l’opinion publique.

Nous préférerons l’expression anglaise « self righteous » qu’il n’est pas si facile à traduire en français et qui exprime cette idée que pour certains quelques règles morales sont au dessus de toute discussion et doivent s’imposer violemment  avec tout le mépris nécessaire pour le contrevenant qui ose braver les convenances généralement admises par la communauté.

Naturellement cette manière odieuse de bloquer le discours politique est associée au bien et au mal. On est d’autant plus impitoyable qu’on représente le Bien. Cette posture vous libère fort opportunément d’avoir à exprimer le moindre argument. Le Bien ne se discute pas. Il n’a pas à se justifier. Il doit s’imposer.  Lorsque l’Etat était associé à une religion majoritaire, le Bien absolu et indiscutable était l’affaire des prêtres et le corps de doctrine était confié à un aréopage  voire à un pape infaillible. 

Aujourd’hui tout un chacun se fait curé et prêche inlassablement, avec à certains moments et sur certains sujets, des conjonctions qui font du prêche un « must » de la vie politique et médiatique. Evidemment cela donne des réprobations changeantes. Les dogmes politico médiatiques sont plus fugaces que les bulles du pape.

On constate que malgré leur fugacité, les oukases de l’opinion tendent à devenir de plus en plus violents.

L’idée que les personnes ont des droits fondamentaux qui doivent être respectées commencent à sombrer doucement au moment où les élus de droite reprennent à qui mieux-mieux des slogans qui étaient jusqu’ici l’apanage de l’extrême gauche ou de divers Savonarole.

Ne voit-on pas des députés de droite envisager le « salaire maximum » une idée que George Marchais avait beaucoup développée lors de sa polémique avec le PS sur la réactualisation du « programme commun ». A partir d’une certaine somme, c’était simple, l’Etat reprenait tout par l’impôt.  De tête il avait placé la barre autour de 3.000.000 de Francs, soit 450.000 Euros d’aujourd’hui. 

On voit des suggestions dans la majorité de droite « ici et maintenant » d’effectuer ce blocage vers 1 millions d’euros, le même montant si on tient compte de l’inflation.  On agrémente la chose de diverses interdictions sur les parachutes dorés, les retraites chapeaux, l’intéressement etc.  

Les plus vicieux proposent des doubles impositions : une rémunération jugée inconvenante serait taxée à l’IS (en la rendant non déductible) puis comme une rémunération classique (IR, CSG, ISG etc.).  Il faut bien voir que le cumul des impôts réduit de près de 90% les sommes disponibles, qui dépensées, en prendront encore un petit coup avec la TVA.

Rappelons le : il s’agit de propositions confiscatoires émanant d’une partie de la droite pure et dure convertit par la crise et le besoin de trouver des boucs émissaires à la crise par une violence fiscale et règlementaire inédite.  

Pas si inédite que cela diront les fins connaisseurs, puisque J. Chirac avait pérennisé un système fiscal qui pouvait priver quelques dizaines de milliers de contribuables de 100% de leur revenu.

S’impose donc un politiquement correct trans-partis qui voudrait que la propriété privée et la liberté contractuelle ne soient plus des absolus constitutionnels mais des réalités réductibles aux foucades de l’opinion publique relayées par les medias et les nécessités électorales.

A l’occasion du lancement politique de l’idée d’un grand emprunt national, on a vu également des parlementaires de droite suggérer de rendre OBLIGATOIRE la souscription  en même temps qu’un concert de voix moralisatrices s’employaient à expliquer que c’était les pauvres qui remboursaient l’emprunt et qui donc payaient les riches ( ce qui est une présentation biaisée, les riches payant l’essentiel de l’impôt).

L’emprunt se devait donc d’être peu rémunérateur et dépourvu des séductions capitalistes de ses prédécesseurs, qui avaient tant coûté à la République.  

Couplé avec la problématique du retour des capitaux ayant fuit à l’étranger, cela donnait à peu près ceci : les capitaux qui rentreront ne seront taxés qu’à 60% et échapperaient aux pénalités à conditions de s’investir dans l’emprunt national  pour l’ensemble de sa durée. Evidemment pendant toute la durée de l’emprunt ils seraient taxables à l’ISF sur le capital et à l’IE, la CSG etc. pour les intérêts.

On laissera au lecteur le soin de calculer, pour la tranche à 1.8%,  ce que cela donnerait en cas d’emprunt de 50 ans ! Sans prendre en compte le risque à moyen terme d’inflation voire d’hyper inflation que font naître les délires de création monétaire actuelle sur fond de régression de la production.   

L’environnement est aussi un thème de mesures radicales et coercitives. M. Rocard annonce benoîtement que la nouvelle taxe carbone devra comme la CSG qu’il a imposée en son temps gonfler indéfiniment au fur et à mesure du temps pour jouer pleinement son rôle. Mais qu’on en dispensera les économiquement faibles.  L’essentiel de la dépense carbone des particuliers est liée au transport en voiture vers les lieux de travail et au chauffage.

Les Français qui ont arbitré en faveur d’un logement pas cher mais loin  doivent néanmoins être protégés dit Rocard. L’emploi de la voiture devra donc être exclu de la taxe  pour ceux là !  Comme il faut que « les pauvres » se chauffent à des coûts raisonnables, on fera aussi des exceptions pour eux. Evidemment cela ôte toute efficacité à la taxe carbone  qui n’a de sens que si elle a un effet sur les masses.

On entre alors dans des contradictions insolubles entre bouts de politiquement correct. Les tours sont un péché, on le sait. « Les Français n’en veulent pas ! ». Le Figaro pour surfer sur la vague a même organisé un sondage sur « la tour que vous détestez le plus » avec triomphe de la tour Montparnasse.  Seulement voilà : pour réduire les transports il faut concentrer la ville et lutter contre la tendance de la classe moyenne de rechercher des logements pas chers et de bonnes conditions de vie à grande distance des pôles d’emploi.

Cette concentration doit être aussi socialement correcte : il faut 25 à 30% de logements aidés pour « les pauvres » et les immigrés.  On voit l’image : des tours d’habitation que les gens ne veulent pas habiter en se mélangeant avec des populations que beaucoup préfèrent fuir et une circulation en transports en commun saturés vers des entreprises disséminés « du Havre jusqu’à Notre Dame », pour reprendre un des projets de grand Paris présenté.   Sous la contrainte !

Il faut ajouter les suggestions d'imposer des quotas de femmes dans les directions et comités  d'entreprise sous peine d'amendes drastiques.

Bonjour Kafka.

Le Français est né malin, mais la France, elle,  est mal désormais bien mal partie si elle abandonne propriété privée et libertés civiles à un politiquement correct transparti de plus en plus contradictoire et violent.

Un emprunt mal né

Faut-il aujourd’hui lancer un grand emprunt national ? La réponse à cette question est indissolublement liée au diagnostic que l’on fait de la crise et à son pronostic.  Malheureusement aucun des promoteurs de l’emprunt ne croit devoir proposer un diagnostic et encore moins un pronostic. Du coup la discussion médiatique autour de ce projet d’emprunt prend un tour un peu psychédélique où se révèlent des attitudes  plus que ne se développent des arguments. Une fois de plus la chaleur l’emporte sur la lumière.

Ce que nous vivons est une crise monétaire due au développement d’une bulle de crédit gigantesque et intenable. L’ivresse des déficits américains et des excédents chinois replacés aux Etats-Unis a permis un développement pyramidal de crédits de plus en plus artificiels et de plus en plus artificieux. Lorsque l’endettement représente près de 400% du PIB des grands pays, il n’y a AUCUN  moyen d’en espérer un remboursement.  La sortie de crise passe par la ruine partielle du créancier. Toutes les activités directement liées au crédit s’effondrent. Les flux  de consommation, de production et d’échanges fondés sur les dérèglements financiers se contractent violemment.

Nous prétendons depuis le départ que la crise actuelle n’est pas une crise des subprimes, qui ne sont qu’un détail du dérèglement financier global, mais un effet dérivé du système monétaire international fondé sur la domination du dollar dans un système global de changes flottants. La réforme clef est donc celle du système monétaire international.  Ce diagnostic n’ayant pas été fait, l’action des uns et des autres flotte dans l’approximation  et n’a pas d’autre boussole  que l’urgence dans la panique.

Dans l’urgence et dans la panique, on a sauvé les banques menacées de faillite généralisée. Dans l’urgence et la panique on a laissé les déficits publics gonfler démesurément. Dans l’urgence et la panique on a tenté de sauver la confiance par des réunions surmédiatisées du G.20 qui n’ont débouché sur rien.

La récession atteint en France son quinzième mois. Les six derniers mois n’ont vu aucun redressement. Au contraire tous les records de gravité sont battus avec une grande constance, en même temps que les médias et les politiques ne cessent de mettre en exergue des signes de reprise qui s’évanouissent au fur et à mesure. Aucune des mesures prises n’a pu inverser le cours des évènements. Seul le discours politique a changé, passant du libéralisme débridé au dirigisme socialisant,  le thème de la rupture restant la seule constante.  Il faut dire qu’il était uniquement verbal et que son ambigüité permet de le maintenir sans douleur.

Sur cette toile de fond d’impuissance, on est passé du plan de relance, qui n’a rien relancé, au plan de préparation de la sortie de récession, qui n’est pas en vue.

Alors que nous voyons qu’à fin 2009 le déficit public  sera supérieur à 150 milliards d’Euros (avec 200 milliards en vue pour 2010), alors que tous les systèmes sociaux n’auront pas encore été à cette date sollicités à plein régime (le chômage va exploser en 2010 et monter au dessus de 10% de la population active et 25% du salariat du secteur marchand) et que rien ne montre un redressement quelconque de l’activité ni l’apparition d’un nouveau système stable d’échanges internationaux, l’Etat français se voit privé de ressources.

Dans la panique et l’urgence, la seule idée qui s’impose est celle d’un emprunt. La voie fiscale étant fermée, la ressource ne peut venir que du bas de laine ou de la Banque Centrale. La Banque Centrale en est aux mesures « non conventionnelles », c'est-à-dire à faire fumer la vieille planche à billets, et ne peut guère être sollicitée au-delà.  Reste l’emprunt.

Nous avons écrit, en septembre 2008, que la solution du grand emprunt était à considérer. Lorsque le crédit s’effondre et avec lui les bourses, des sommes gigantesques sont à la recherche de sécurité et  le trou d’activité ne peut être compensé que par des mesures de dépenses publiques. Un grand emprunt national lancé en octobre 2008 aurait eu un impact certain, associé à une réforme immédiate du système monétaire international.

En stabilisant les relations économiques internationales, et en compensant au moins partiellement les effets du « credit-crunch », on pouvait atténuer de façon peu coûteuse la crise naissante. Nous avons ajouté qu’il fallait en profiter pour mettre fin à l’ISF basé sur la valeur des biens, pour un ISF basé sur les grands revenus, et faire revenir les capitaux cachés à l’étranger. On aurait pu associer grand emprunt et retour des capitaux en imposant une option entre taxation et souscription : par exemple taxation à 25% pour les sommes rapatriées sans placement et 10% pour celles qui iraient au grand emprunt national. L’Etat français aurait récupéré à bon compte des milliards d’euros et le taux de l’emprunt aurait pu être très bas : 1.5% défiscalisé sur l’IR (mais pas la CSG) et indexé sur l’inflation aurait suffit.   Il est probable qu’on aurait pu collecter près de 25 milliards d’euros qui auraient garanti une action forte de l’Etat dès 2009 sur les dossiers d’investissement stratégiques.

L’emprunt envisagé est prévu pour le début 2010, date où la ruine des finances publiques sera manifeste, et après 15 mois de politique du chien crevé au fil de l’eau. Aucune réforme du système monétaire international n’est prévue. Les déficits se sont accumulés. Le nombre des faillites et des licenciements va exploser à partir de l’automne 2009.  La peur s’est accumulée. Elle a changé de nature. Les épargnants craignent désormais une inflation incontrôlée. Un taux très bas sans sucette fiscale et de garantie vis-à-vis de l’inflation ne séduira pas. Les épargnants préféreront les obligations un peu risquée à 5 ou 7%  sur une période relativement courte (4 à 7 ans) plutôt que de la rente faiblement rémunérée et menacée par l’inflation. Les détenteurs de patrimoines lourdement touchés par la crise et l’ISF ne souscriront pas facilement. Ceux qui gardent une partie de leur argent à l’étranger n’y participeront pas.  Tout cela ne signale pas un climat particulièrement favorable à un grand emprunt national, sauf accompagnement ad hoc, tendance radicale.

On parle toujours de confiance lorsqu’il s’agit d’emprunt. Mais l’humeur générale est plutôt hostile à ce qui rend l’épargnant confiant.

Au milieu des années 1970, George Marchais, le secrétaire général du Parti Communiste Français, alors que l’on parlait de l’actualisation du Programme Commun de Gouvernement, s’était exclamé : « il faut un impôt radical qui au dessus d’une certaine somme, prenne tout ».  En un mot il fallait un revenu maximal. Personne n’aurait pu gagner plus.  La droite s’était aussitôt insurgée devant des mesures aussi bolcheviques et les socialistes avaient du monter au créneau pour expliquer que jamais, au grand jamais, une telle provocation n’était dans leurs intentions.  Que constatons-nous aujourd’hui ? Que ce sont des députés de droite qui le suggèrent et qui reprennent l’idée d’un salaire maximal.  En même temps, M. Woerth avertit que le secret bancaire étant en voie de disparition, il importe que les « délinquants » rapatrient spontanément leurs avoirs et vite, tout en sachant qu’au mieux, sans pénalité, l’heureux retour se fera avec un prélèvement de près de 60%. Et qu’après il y aura à nouveau toute les joies de l’ISF et des prélèvements fiscaux et sociaux. En un mot, un fois de retour, les capitaux perdront régulièrement de leur valeur et devront être vendus pour payer l’impôt. Rappelons qu’avec un taux marginal de 1.8 alors que les placements actuels sûr rapportent 1.5%, sur lesquels on prélève environ 60%, soit un rendement net de moins de 0.6%, l’ISF est une machine à faire vendre le capital (et là, gare à la plus value !). Surtout si on fait intervenir l’inflation.

Mieux encore, voilà que les mêmes voix de droite suggèrent de rendre OBLIGATOIRE la souscription au nouvel emprunt. Il est vrai que si on enlève tout argument de nature à séduire l’épargnant, l’espoir d’une collecte suffisante ne peut reposer que sur l’emploi de la force. Mais l’emprunt forcé rappelle fâcheusement les violences d’état du moyen âge. Pourquoi ne pas rétablir les corvées pendant qu’on y est ?  

Le climat général est à la violence contre « l’argent ». Alors qu’il se terre après avoir pris une bonne raclée.

Pour l’observateur des médias, qui sont en France aussi moutonniers qu’un banquier, ce qui n’est pas peu dire, et où on constate que quatre ou cinq personnes fixent le bien penser et son tempo, il est intéressant de constater que simultanément et unanimement les commentaires des radios, des télévisions et des journaux à l’annonce de l’emprunt se sont fixés sur la norme : attention danger !

 C’est à qui rappellera avec le plus de force que les emprunts précédents ont été des catastrophes nationales. L’emprunt Pinay indexé sur l’or en période de haute inflation s’est révélé il est vrai fort coûteux. Le cas Pinay est l’exemple même d’un mythe politico-économique  entièrement fabriqué. Le plus bel exemple de « com’ » de la Quatrième République. L’homme au chapeau rond, au physique ingrat d’une province qui ne s’attache pas aux frous-frous de l’esthétique, à la moustache aussi ringarde que délicieusement vieille France, se devait, muni d’une auréole d’or, de devenir l’archétype de la confiance incarnée. A tel point que la visite au sage (ou ermite)  de Saint Chamond deviendra un rite (assez grotesque il faut bien le dire)  lorsqu’il s’agira de lancer un nouvel emprunt. Ce que Giscard, qui imaginera le pire emprunt de toute l’histoire de France, au moins du point de vue des finances publiques, ne manquera pas de faire avec toute la pompe et l’hypocrisie requises.  A ce point qu’à Science-pô, le sujet « Pinay » donne droit au corrigé type : « Pinay emprunteur – Pinay emprunté » !

Cet emprunt Pinay est intéressant pour une de ses caractéristiques. Afin d’éviter les critiques socialistes comme quoi il faisait payer aux pauvres l’intérêt aux riches souscripteurs, un argument que l’on retrouve aussi partout actuellement, dans des bouches de droite comme de gauche, les promoteurs de l’emprunt avait assorti les avantages consentis au « capital » d’un avantage social très important : le 1% du Chiffre d’affaire accordé au CE d’EDF en toute défiscalisation ! Un énorme cadeau fait à la CGT qui régnait en maître sur l’institution. Cet avantage devait cesser avec l’ultime remboursement de l’emprunt Pinay. Devinez ce qu’il en est advenu !

Plus intéressant, on voit que les grands emprunts nationaux suivent en gros le rythme des récessions décennales. Les trois derniers (Giscard, Mitterrand et Balladur) correspondent aux trois crises de 74, 82, 93.  En 2002, la mondialisation de la finance  avait rendu inutile cette opération : il suffisait de se fournir sur le marché international des capitaux sans agrémenter l’emprunt de douceurs particulières. Et la crise n’avait pas été trop sévère.

Les conditions d’emprunt aujourd’hui restent bonne sur le marché international qui considère désormais qu’un plancher a été atteint pour les baisses de capital  et qu’un rendement et un capital garantis par un Etat crédible est toujours bon à prendre, en attendant mieux. Caisses de retraites et assureurs ont une grande faim de ce genre de papier. En France et dans le monde.

Alors pourquoi un grand emprunt qui vient trop tard pour enrayer la crise, qui s’ajoute aux emprunts permanents effectués par le Trésor sur les marchés, et dont on voit qu’un climat a été créé pour qu’il ne soit pas attractif ?  Le tout dans une ambiance de violence contre la richesse…

La réponse est simple : pour pouvoir continuer à dépenser sans contrainte. L’emprunt est un expédient qui permettra de boucher les trous immenses que la crise va continuer à creuser au moins jusqu’à fin 2010 dans tous les comptes publics.  Son lancement occupera les esprits au moment où les chiffres de 2009, sinistres, commenceront à sortir. Le tapage fait autour des projets de dépenses permettra de conserver le leadership de l’opinion jusqu’aux élections régionales.

Et après ? Après on prie pour que les « prévisions » qui indiquent une légère croissance en 2010 soient au rendez-vous et qu’aucun accident majeur qui relancerait la crise ne se produise dans le monde sur le front économique.

Une fois de plus le calendrier est plus politique qu’économique.

Rappelons que sans réforme du système monétaire international, sans réforme forte du système bancaire (et plus largement financier)   et sans rupture réelle en France avec le « tout Etat » à base d’impôts délirants et de dettes  indéfinies, nous ne ferons qu’aggraver les choses à moyen terme.

Et peut-être bien  à court terme.

Ce blog a un an !

Retraites et pénibilité

La politique ne va pas sans faux fuyants. D’accord ! Mais tout de même !  Avec l’annonce que l’on tiendra compte de la pénibilité dans la réforme des retraites de 2010, nous en tenons un vrai de vrai, un faux fuyant d’anthologie pourrait on dire.

Monsieur Hollande avait déclaré le 7 juin 2007 dans l’émission de M. Hondelatte :  « Il faut sans doute réformer les régimes spéciaux de retraites mais en tenant compte de la pénibilité ».  Le 2 juin 2009 M. Sarkozy,  à  Versailles, vient d’annoncer qu’il fallait désormais passer à la résolution finale de la question des retraites. Il a aussitôt précisé comme une évidence : « bien sûr en tenant compte de la pénibilité ».  En deux ans les thèses socialistes sont devenus des évidences de droite !

Il va de soi que les retraites ne doivent en aucun cas tenir compte de la pénibilité. Essayons un instant de le prouver en échappant  aux polémiques politiciennes et en observant  le fond des choses.

Il y a eu un énorme scandale, jamais dénoncé tant qu’il était « chaud » et qui ressort parfois au détour d’un débat.  Pendant les « Trente Glorieuses » on a fait cotiser à la retraite des travailleurs de force qui pour la très grande majorité n’atteignaient pas les 65 années fatidiques de l’époque.  Les cols blancs ont détourné l’argent des cols bleus. Bravo ! 

La question se pose-t-elle dans les mêmes termes aujourd’hui ? Bien sûr que non ! 

Plus personne ne veut de métiers qui  mènent  à une mortalité précoce. Il serait moralement scandaleux  de proposer de tels postes de travail. Même en ajoutant : c’est vrai, votre métier va vous conduire à mourir plus tôt alors vous partirez à la retraite plus tôt !

Il faut d’abord éviter qu’un métier fasse mourir plus tôt. C’est une question de  simple morale publique.  Et c’est ce à quoi on s’emploie depuis des décennies, sous l’œil vigilant de l’inspection du travail.

Nous avons eu, heureusement,  les moyens d’obtenir ce résultat :

-          La mécanisation a supprimé pratiquement toutes les tâches  physiquement usantes depuis longtemps déjà.

-          Dans l’industrie un effort constant est fait pour supprimer la pénibilité excessive des tâches, faute de quoi on ne trouve pas de personnel.

-          Dans les rares cas où il reste une forte pénibilité la solution passe par des pauses et un raccourcissement de la durée quotidienne voire annuelle du travail.

Aujourd’hui  dans toutes les grandes entreprises il n’y a plus de pénibilité réduisant gravement la durée de vie des salariés, à l’exception près des maladies professionnelles et des accidents du travail qui ressortissent de politiques particulières.  Cela ne date pas d’aujourd’hui : dès  les années 70 dans l’automobile les cadences avaient été à ce point aménagées qu’une femme pouvait faire le travail réservé jusque là  aux hommes. Chez Peugeot à Sochaux,  grâce à des cadences négociées,  le travail hebdomadaire était généralement fini vers midi le vendredi et la lecture d’illustrés confortablement assis dans un pneu devenait l’activité préparatoire à une  fin de semaine heureuse.

Le vieillissement de la population active et sa féminisation  impliquait de toute façon que le travail soit de moins en moins pénalisant pour la santé. Et cette évolution a été constatée partout.

La pénibilité n’est pas  un thème légitime de la réforme des retraites. Il n’est évoqué que parce qu’il permet de négocier le maintien de privilèges, le caractère subjectif de la pénibilité rendant tout son poids au « rapport de force » dans une négociation globale.   

Les politiques, en annonçant qu’ils vont accepter de prendre en compte une pénibilité plus qu’évanescente, déclarent formellement aux syndicats : on va avancer mais ne vous inquiétez pas, on cèdera ce qu’il faut pour ne pas vous faire perdre la face en cuisinant en douce avec vous, loin de l’opinion publique, des accords qui éviteront que les réformes ne soient trop lourdes pour les catégories actuellement très privilégiées qui forment le gros de vos bataillons.

Il est absurde et totalement injuste qu’un cheminot parte à la retraite à 50 ans. Quand la majorité des Français doit déjà cotiser si longtemps qu’ils ne peuvent plus prendre leur retraite à taux plein avant 64 ou 65 ans.  Quinze d’écart c’est fabuleux. Et intenable.  En Europe de nombreux conducteurs de locomotives ont plus de 60 ans, sans inconvénients constatés.  Pourquoi certains salariés couverts par des régimes spéciaux partiraient-ils plus tôt que les autres.  Qu’on ne nous parle pas de sécurité. On voit que les pilotes d’avion partent le plus souvent dans le monde après 60 ans.

L’âge de la retraite doit être uniformisé. S’agissant d’une solidarité nationale la réforme doit être parfaitement équitable.  A charge pour les entreprises proposant des postes particulièrement pénibles d’organiser des fins de carrière  adaptées et de trouver des compensations  en salaire et en horaires  permettant de rendre cette pénibilité acceptable.

La concession verbale de Nicolas Sarkozy annonce donc une négociation en trompe l’œil où, comme cela s’est vu dans les deux premières années de son quinquennat, on a réformé en faisant un pas en avant pour l’affichage et on ne sait trop combien de pas en arrière en catimini.  Au point qu’on ne sait plus si le bilan réel des réformes est encore positif.

Naturellement aucun politique n’osera  dire la vérité, ni à droite, ni à gauche. Alors on va beaucoup pleurer sur la pénibilité  des larmes de super crocodile.  Comme pour le RSA, l’unanimité cachera en fait un  véritable tour de passe-passe, sauf que là, on ne parle pas des exclus du travail, mais de véritables privilégiés à qui on vient de garantir qu’ils le resteront.  

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des Economistes E-toile

 

Les fous ont-ils pris le contrôle de l'asile ?

Pour un site de commentaire de l’actualité économique, qui est notre vocation,  la richesse actuelle nous sollicite de partout : faut-il lancer un grand emprunt national ? Faut-il donner des coups de pouces au SMIC ? Faut-il réformer drastiquement la fiscalité en faveur de l’écologie ? Peut-on échapper à la retraite à 65 voire à 67 ans ?

Nous avons retenu aujourd’hui une réaction qui entre dans la catégorie « attitude » et qui, derrière ses côtés paradoxaux, ouvre des fenêtres sur des aspects historiques et prospectifs assez profonds.

Yves de Kerdrel du Figaro et du Journal des Finances publie en Opinions dans le numéro du 23 juin 2009 un brulot contre une réforme récente lancée par le Président Obama : Les banquiers centraux voient leurs pouvoirs élargis à la supervision des risques systémiques aux Etats-Unis comme en Europe. Pour notre auteur « les fous ont pris le contrôle de l’asile ». « Les apprentis sorciers de la banque et de la finance ont réussi à se faire désigner comme les gardiens de la vertu financière ».

Une telle éruption contre l’establishment financier à qui il ne manque que les hauts de forme pour être le parangon de la plus haute distinction et de la plus exemplaire moralité,  dans un journal généralement moins révolutionnaire, est intéressante.

La question de la banque centrale est posée depuis les tout débuts de la banque moderne. Les Etats ont de tout temps eu besoin de financements importants. La création monétaire et la mobilisation de l’épargne concentrée pas trop loin de son pouvoir l’intéressent.  Dès le 17ième siècle l’idée s’impose d’une banque particulière qui aurait des privilèges spéciaux  et des relations particulières avec l’Etat. Le développement du billet de banque donne à cette idée une impulsion irrésistible. En France cela se passe mal avec le système de Law qui capote assez vite et finit dans le discrédit. L’Angleterre s’en sort mieux  avec une banque centrale qui se veut le parangon absolu de la vertu et porte l’idée de la respectabilité là où elle n’était pas spontanément. Il faudra Napoléon désireux  de financer son empire et de doter le pays d’une monnaie stable et digne pour qu’une banque centrale renaisse, confiée comme il se doit aux pires profiteurs des biens nationaux que la révolution française ait connu. Les Etats Unis refusent absolument toute banque centrale. Il faudra attendre la veille de la guerre de 1914 pour qu’une banque de ce type naisse et encore, on lui donnera un nom bizarre pour calmer les inquiétudes de ceux qui n’en veulent surtout pas : un système fédéral de réserve, ce ne peut pas être une banque centrale !

 La crise de 1929 viendra mettre un terme à tous les systèmes autonomes de création monétaire décentralisée fondée sur des critères prudentiels et non pas sur la régulation d’une banque centrale d’émission (le Canada cédant en dernier en 35-36).  A partir de 1971 l’idéologie des changes flottants s’impose : les métaux précieux n’ont plus de rôle monétaire. Les monnaies sont purement administratives (Fiat money pour les anglo saxons). Elles n’ont aucune valeur réelle mais seulement une valeur relative vis-à-vis d’elle-même : le contrôle de l’inflation devient la mission essentielle des banques centrales. Pour éviter les tentations, la majorité des banques centrales deviennent plus ou moins indépendantes des Etats qui, en situation normale, ne peuvent plus avoir recours à la planche à billets.  Si la monnaie ne perd pas trop vite sa valeur tout va bien.

Chaque poussée de centralisation a été justifiée par des scandales ou des difficultés financières. La « main invisible » qui permet à des instincts individuels même douteux de servir les besoins collectifs n’a jamais marché dans le domaine de la finance. Le cycle décennal est clairement lié au cycle du crédit, une purge régulière étant nécessaire pour éliminer les excès des périodes d’euphorie. A chaque crise un peu forte, accompagnée pour les épargnants par la perte de leur dépôt, la régulation a été centralisée et renforcée.  Faut-il y voir une montée progressive vers une meilleure maîtrise de la finance    ? Il est facile de montrer que non.

La FED est crée en 1913 après la crise bancaire  de 1909. Dès la guerre de 14 finie, on connaît la crise de 1921, puis celle de 1929. La FED se révèle incapable de contrarier l’épidémie de faillites bancaires. Il fallut créer une autre institution le FDIC, qui a donné une garantie d’Etat aux dépôts des banques pour que les faillites cessent en 1934-35.   Exemple historique qu’une banque centrale est d’abord incapable d’éviter une crise et ensuite de l’arrêter.  En France ce fut exactement pareil à tel point que c’est la contradiction entre la politique de déflation menée par le gouvernement Laval et celle, soudain laxiste de la banque centrale, qui fera que la France sera le pays qui souffrira le plus de la crise de 1929 !  Les banques centrales firent profil bas pendant les vingt ans qui suivirent. Il est donc relativement facile de prouver par l’histoire passée que les banques centrales furent toujours de mauvais pompiers et parfois d’excellents pyromanes.

Depuis l’instauration des changes flottants, les choses sont devenues à la fois plus complexes et plus voyantes. Le rôle des banques centrales est clairement de réguler l’émission de monnaie de crédit (par les banques, principales sources de création de monnaie) afin de limiter la hausse des prix.

Pas de chance, le cycle des crises décennales demeure.

L’ennui c’est qu’elles sont généralement aggravées par les banques centrales.

Après le chaos initial qui a suivi l’introduction du système et la stagflation qui en fut la conséquence, le FED provoque avec Volcker un « refroidissement » très sévère qui ramène l’inflation à un niveau plus raisonnable.  Vient alors Greenspan qui se moque des déficits extérieurs et lâche la bride à la création monétaire à chaque fois qu’une récession montre le bout de son nez. Le résultat : des bulles financières à répétition et des crises violentes dont on ne sort qu’en préparant la prochaine. Les politiques et les banquiers centraux se prêtent la main aux Etats Unis pour créer les conditions d’une crise aggravée.  On supprime les garde-fous mis en place dans les années trente ; on laisse se créer des mastodontes « too big to fail » en espérant qu’ils conquerront le monde ; on développe le crédit dans son volume et dans ses formes sans aucune limite ; on encourage les formes d’assurances crédits et de véhicules de placement les plus dangereux.  Après l’explosion du système Greenspan le gourou devient le pestiféré en même temps que son principal bras droit continue sa politique  exactement de la même façon : en noyant sous la création de monnaie tout problème de conjoncture.

Il est donc facile de prouver aussi par l’histoire récente  que les banques centrales furent toujours de mauvais pompiers et parfois d’excellents pyromanes.

Dans notre article de septembre 2007  ces vérités incontournables nous avaient conduit à écrire : « Quatrième erreur : croire que les banques centrales peuvent enrayer seules le retournement de la conjoncture ». Ce que la suite a amplement prouvé et prouve tous les jours. Si les dépôts en banque des particuliers ont été jusqu’ici sauvés, ce n’est pas par l’action des banques centrales mais grâce à la garantie renouvelée des Etats.  Quant à la récession elle se déploie en s’aggravant  depuis 2007 sans que l’action des banques centrales ne l’ait en rien ralentie.

Alors oui nous pouvons soutenir Yves de Kerdrel dans son observation : les pouvoirs nouveaux de régulation sont bien accordés sinon à des malfaiteurs du moins à des impuissants. On espère sans preuve que ces nouveaux eunuques issus du sérail financier seront castrateurs pour le plus haut bien public tout en laissant des organes lourdement lestées en testostérone galoper dans le Harem.

On   On aurait pu imaginer une approche autrement efficace : Mettre fin aux émissions monétaires dévoyées liées au système des changes flottants,      Réduire la puissance des institutions financières en spécialisant les champs d’activités et en évitant les trop grosses concentrations. Interdire certaines pratiques dangereuses  comme le transfert vers l’assurance des risques bancaires, le short sur monnaie, les opérations à trop fort levier etc.

En réduisant la pression dans la cocotte minute financière, on réduisait d’autant le besoin de gendarme. Là, on a vraiment l’impression d’une fuite en avant dans l’erreur. On ne fait rigoureusement rien sur les sources fondamentales de la crise (les changes flottants notamment) et on fait grandir la taille du képi sur la tête de régulateurs qui ont montré que la régulation n‘était pas possible après avoir pensé qu’elle n’était pas souhaitable.

Un réel problème.  

Discours Sarkozy au Congrès : impression immédiate.

Il faut se méfier des premières remarques faites à chaud.  Comme les premières impressions ce sont souvent les bonnes...

- La distinction entre les déficits mauvais, de crise et d'investissement est une habileté. Auparavant on parlait de déficit primaire et secondaire. Ces dinstingos ne sont pas opérationnels. Et il n'est pas sûr qu'ils soient retenus par l'Europe.

- Le grand emprunt est une solution qu'il aurait fallu aborder bien plus tôt. Avant que les finances plongent.Aujourd'hui on va ajouter de la dette à la dette.

- La compétitivité fiscale extérieure est une olution que nous défendons depuis toujours. Dans cette affaire le diable est dans les détails et nous ne les connaissons pas. On est passé de la TVA sociale à la TVA sociale plus la taxe carbone. Nous verrons bien et vite avec l'annonce des solutions de compensation pour la suppression de la taxe professionnelle.

- Il n'y a pas un mot sur les causes de la crise, comme d'habitude, et de façon plus surprenante rien sur les conditions internationales de la reprise.On évoque à plusieurs reprise l'après crise comme si elle était proche.

- Le partage équitable des résultats de l'entreprise est une habileté politique. Si le bénéfice doit se voir ponctionné au delà des règles actuelles, il apparaîtra partout sauf en France dans les grands groupes. Les PME en revanche sont sous capitalisée et sans rentabilité forte.  On ne voit donc pas d'ouverture vers des solutions économiques intéressantes.

- L'Europe apparemment n'existe pas. Le monde non plus. Bizarre ! 

Le Président Sarkozy montre une fois de plus qu'il tient son calendrier politique : le voici presqu'à mi mandat avec devant lui une page  à remplir redevenue vierge.  L'ensemble des débats de la phase d'avant sont sous la carpette. Il peut partir en vacances tranquille : le débat politique ne s'échapperra pas dans des zones d'ombres ou des polémiques surprises qu'il ne pourrait pas maîtriser.  Gagner du temps est de bonne stratégie politique  quand les déficits s'accumulent, que l'emploi s'effondre et que la crise s'approfondit.

Mais il ne tient aucun calendrier économique. Le temps économique lui échappe totalement. Ses conseillers sont impuissants. Ses ministres, Woerth et Lagarde ne sont d'aucun conseil utile : ils n'ont jamais évoqué ne serait-ce qu'une fois les causes de la crise et encore moins dessiné le schéma d'une sortie intelligente. Ils n'ont même jamais abordé les questions du système monétaire international.

La question : et si la reprise comme Godot se faisait attendre ?  Une fois les joies de la dépense satisfaites avec l'argent de l'emprunt, on fera quoi ?

Certes on tiendra sur la réduction des effectifs de la fonction publique nationale.  On essaiera de réduire le nombre des élus locaux. Mais quid de l'augmentation phénoménale des effectifs des collectivités locales et de leurs dépenses ?

On voit par ailleurs la campagne pour les régionales se préparer. Peut-être garde-t-on ses arguments pour ce combat là. Ce qu'on voit ce sont plutôt des grandes manoeuvres sur le thème de la sécurité. Le Président a mis sur orbite M. Estrosi  avec son projet de loi sur la pénalisation de l'appartenance à une bande. Il semble que l'idée soit qu'il remplace MAM et soit le fer de lance de cette nouvelle avancée sécuritaire à visée électoraliste.  Nous le saurons vite.

L'été et l'automne seront politiques en France.

Sauf si la situation économique se dégrade brutalement. Les mauvais chiffres du second trimestre se noieront dans la moiteur des vacances d'été. On voit bien qu'il n'y aura pas de vrais débats sur le budget 2010 préparé sur des hypothèses de croissance positive certes cautionnées par le FMI et l'INSEE mais sans réel fondement.  La discussion sur l'emprunt et la destination des dépenses nouvelles masquera tout le reste.

Le prochain rendez vous avec l'opinion viendra avec les résultats de 2009  pour les entreprises et pour la nation.  Mais il sera complètemenet brouillé par les élections régionales. La politique politicienne devrait permettre de fuir les débats économiques de fond.

Alors le vrai rendez-vous est pour la préparation du budget 2011.

S'il n'y a eu aucune reprise importante au second trimestre 2010, alorsqu'il est certain que les chiffres des faillites et du chômage seront au plus haut, la magie politique risque de ne pas suffire.

Rappelons que l'impatience des peuples se manifeste en général trois à quatre ans après le début d'une récession. Et qu'elle est très mauvaise conseillère.

Ce n'est pas en septembre 2010 qu'il faudra se réveiller.

Un accident conjoncturel peut-il jouer un rôle perturbateur qui casserait la belle mécanique politique définie à Versailles ? Le pire n'est jamais sûr. Un effondrement du dollar et avec lui de la monnaie chinoise est toujours possible, comme une relance des faillites dans le monde bancaire, ou un début de guerre commerciale et un accès de protectionnisme. Ce n'est pas l'hypothèse la plus probable. En 1929 la relance de la crise est toujours venue d'inititatives politiques qui ont à chaque fois aggravé le situation. Les gouvernements  ayant l'air de bien tenir leur coopération les initiatiives dommageables ne peuvent venir que d'évènements politiques (guerres etc.) ou d'un accès massif de spéculation.

La spéculation est loin d'être morte.  Mais elle a besoin des banques et des sociétés d'assurance. Pas sûr que le terrain financier se prête à des manoeuvres globales, qui plus est dommageables pour le monde.

Le scénario le plus probable risque donc d'être un glissement continu dans la récession pontuée d'annonces constantes que la reprise est "round the corner" et que les signes de reprise sont de plus en plus nets.  La vérité apparaîtra dès octobre novembre 2009 et gare  si la reprise n'a pas véritablement démarré aux Etats Unis.

Au fond ce discours de Nicolas Sarkozy ouvre une longue période d'assoupissement de la réflexion et de l'observation  économiques.

C'est sans doute ce qu'il a de plus regrettable.

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile.

Un livre à éviter

"Le loup de Wall Street", de Jordan Belfort.

600 pages d'une vulgarité extrême et répétitive qui n'apportent rien au lecteur sinon d'innombrables commentaires sur la pharmacopée du drogué de base à la cocaïne et la délinquance primaire de certaines officines de courtage.

Littérature de poubelle.

A éviter.

 

Sottises sur la croissance

Bien sûr nous sommes en récession.

Mais ce n’est pas une raison pour accumuler les sottises sur la croissance. La prolifération de textes condamnant la croissance et proposant des alternatives plus ou moins fantaisistes étaient jusqu’à maintenant le fait de philosophes qui y allaient de leur petit couplet sur l’homme néfaste qui devaient se régénérer par l’abstinence (tout en payant le philosophe, naturellement). Aujourd’hui ce sont des écologistes ou des économistes alternatifs (traduisez : ex communiste et désormais anti capitalistes) qui abreuvent l’humanité de leur discours anti-croissance.

Qu’est-ce que la croissance ? L’augmentation de la satisfaction des besoins d’une collectivité. En Europe, où il n’y a plus eu de disette depuis deux siècles au moins, ces besoins se diversifient constamment. Ils ont une part psychologique de plus en plus importante. Ils sont individuels. Seul un individu sait décider s’il préfère consommer de la conversation téléphonique, ou manger des produits chers, dépenser plus ou épargner plus, acheter un appareil de photo numérique 24x36 ou se contenter de l’objectif de son portable.  Au dix-neuvième siècle l’habit faisait le bourgeois. Etre présentable en société était une obsession. Chopin dans une de ses lettres dit qu’il a du se résoudre à donner des leçons pour payer ses tenues et financer un équipage. Aujourd’hui la majorité des gens riches  se promènent en jean’s, souvent troués.  A chacun ses options.

La croissance est donc cette activité de fourmi qui fait que des millions de désirs différents et étagés de façon différente  soient de mieux en mieux satisfaits. Jamais autant d’ingénieurs et de concepteurs dotés de moyens aussi importants n’ont été mobilisés pour trouver les voies et moyens de cet accroissement. Pas un jour sans qu’un produit nouveau ne vienne tenter ses amateurs.

La croissance est alimentée par des innovations qui séduisent. Elle l’est aussi par la réduction des coûts ou des inconvénients qui bloquaient la diffusion des produits existants.  A peine un achat fait on sait que le produit est dépassé. Il existe aussitôt un substitut moins cher ou plus pratique ou correspondant mieux aux désirs du marché.

A chaque étape la structure du PIB change. On ne consomme pas la même chose aujourd’hui qu’en 1950, comme on ne consommait pas la même chose en 1950 qu’en 1900. L’illusion du PIB est la constance du contenu de la richesse. La richesse s’accroit mais se transforme radicalement. Un riche de 1750 revenant aujourd’hui serait surpris de ne plus avoir sa nombreuse domesticité et envierait sur de nombreux points la consommation du smicard.

Innovation et productivité : tels sont les deux moteurs de la croissance.

La productivité seule ne suffit pas : une invention peut déplacer plus de consommation qu’une réduction de coût. Avec Nespresso, un des grands succès du moment,  on a même une innovation qui coûte beaucoup plus cher que les produits qui satisfaisaient le même besoin précédemment.  Mais sans productivité il est impossible de déplacer la population active vers les productions qui trouvent leur marché. La hausse de la productivité agricole a permis l’essor du tertiaire et de la société de consommation. Chaque gain de productivité est la condition du progrès d’après. Certains produits ne peuvent trouver leur marché qu’à un niveau de vie donné. Une fois celui-ci atteint, il s’impose et impossible d’y renoncer facilement.

Le capitalisme est nécessairement un hédonisme assisté par la technologie. On peut critiquer l’hédonisme, prôner l’abstinence, culpabiliser la gourmandise. Dans une société libre, les curés des milles chapelles de l’anti consommation ne peuvent rien imposer. Et c’est la liberté qui fait la valeur des choses.

Lorsqu’on garde ces idées en tête on s’aperçoit qu’il y a bien de l’ambiguïté dans le discours des récessionnistes, ceux qui considèrent que le PIB doit régresser ou se stabiliser. On ne stabilise pas une échelle de désirs. Sauf à se livrer à une censure des besoins et des produits. Vous ne détestez pas des cerises en hiver venant de Dieu sait où. C’est mal ? Vous aimez ce portable qui n’existait pas il y a 15 ans ? Il faudrait renoncer à la téléphonie mobile ? Régresser c’est bien mais vers quelle structure de produits maintenant qu’on a tant inventé ?  Et pourquoi se priver des inventions futures ?

La contestation de la croissance peut être légitime. A quoi sert de satisfaire mille besoins si la planète ne rend plus la vie possible ?  A quoi rime l’enrichissement d’une part seulement du monde si l’autre doit végéter à des niveaux de pauvreté inacceptables ?

Mais il faut faire attention aux arguments.  La tendance qui consiste à affirmer qu’il faut renoncer à la productivité parce que l’improductivité ménage la nature et permet d’employer plus de monde est une véritable sottise. Toutes les sociétés peu productives sont hyper polluantes ; L’union soviétique en a donné tous les exemples nécessaires. La Chine aujourd’hui est un des pires pollueurs industriels. Quand on regarde ce qu’était Paris en 1900, et ce que la ville est devenue, on voit qu’il n’y a pas de recul mais un formidable progrès écologique. Une usine aujourd’hui n’a exactement plus rien à voir avec ce qui se faisait il y a un siècle.

« Il va falloir privilégier des solutions économisant non plus seulement le travail mais aussi les ressources naturelles et les rejets » pontifie dans le Monde un certain Jean Gadrey, membre du conseil scientifique d’Attac. Mais que fait l’économie depuis des siècles sinon pour chaque produit réduire  non seulement le temps de travail nécessaire pour fabriquer une unité de produit mais aussi tous les coûts quels qu’ils soient. Les voitures qui consommaient 15 à 20 litres au cent kilomètres ne dépassent plus 5 à 7 litres.  Elles commençaient à tomber en ruine à 50.000 Km. Elles peuvent désormais rouler 200 ou 300.000 KM. Elles consommaient beaucoup d’huile, usaient rapidement des pneus qui perçaient facilement.  Les pannes étaient fréquentes. Le plus humble modèle est plus solide, mieux fini et moins polluant que les meilleures voitures d’il y a seulement trente ans.

C’est vrai à peu près dans tous les secteurs. La baisse des niveaux de bruit, de chaleur, de poussières dans les usines est spectaculaire. Les accidents du travail baissent.  L‘économie réduit ses dépendances sur tous les fronts sans aucune exception. Et depuis longtemps.  Elle continuera. L’incitation prix et l’incitation règlementaire sont suffisantes pour faire évoluer les choses dans le bon sens. Introduire des coûts actuellement externes au processus économique est normal, si c’est nécessaire pour éviter des inconvénients manifestes. L’opération pour être intéressante doit être compensée par des gains de productivité. Encore des gains de productivité. Toujours des gains de productivité. Les ingénieurs sont là pour cela : réduire les inconvénients et les coûts pour permettre à l’ensemble de l’économie d’avancer. Ils le font. Les premiers écrans d’ordinateurs étaient laids, déplorables pour les yeux, lents et inefficaces. Le « temps réel » en 1980 coûtait par poste deux fois le SMIC. Aujourd’hui le coût complet d’un poste de travail informatisé, ramené au mois ne dépasse pas 200 Euros. Les écrans sont meilleurs pour la santé, les rayonnements limités, l’encombrement drastiquement réduit, la puissance augmentée de plusieurs magnitudes. Le recyclage des machines usagées n’est pas encore correctement fait : la règlementation chaque année est plus précise.

Ouvrir des portes ouvertes n’est pas grave. Mais conseiller des solutions sans productivité l’est. L’idée qu’une agriculture bio exigeant plus de 50% d’effectifs et de coûts en plus serait à généraliser parce que cela ferait beaucoup plus d’emplois n’est pas sérieuse. L’improductivité ne crée pas d’emplois bien au contraire. En 1970 Monoprix connaissait une mauvaise passe. Des erreurs de gestion et la concurrence des hypermarchés avaient  grignoté les marges. De nombreux magasins commençaient à se désaffilier. Une informatisation forcenée des services centraux a permis de supprimer plusieurs centaines de postes de travail. L’efficacité globale du système s’est améliorée. En quelques années le nombre des affiliés était non seulement rétabli mais fortement augmenté. Des milliers de postes de travail furent créés en province.   L’important était de faire baisser le coût global d’un magasin rendre sa survie possible.  Si on avait dit : il faut doubler les effectifs des centrales d’achat la société aurait fait faillite.  Ce n’est pas l’agriculture « productiviste » qu’il faut condamner. Ce qu’il faut c’est que la production limite sa pollution, sa consommation d’eau, son emploi de produits chimiques dangereux.  Ce sont des facteurs de production qu’il faut réduire à l’unité produite. Ce qui demande recherche, innovation, etc. Mais pas abandon du système. Paralyser la recherche et croire qu’en gonflant les coûts on reviendra à une meilleure situation est  une double erreur.

Une autre est de croire qu’il puisse y avoir plein emploi sans croissance. Chaque marché est en équilibre instable. Pour survivre il faut en moyenne que l’organisation gagne 2 à 4% de productivité par an.

Si elle ne le fait pas, les produits qui eux bénéficient de ces innovations et gains de productivité, gagneront la bataille du linéaire. Le marché régressera par rapport à d’autres. Les entreprises les moins productives seront sur ce marché déclinant constamment contraintes jusqu’à disparaître. Le chômage s’accélèrera.

Si elle le fait elle trouvera les moyens d’innover et de dénicher les créneaux nouveaux donc participera à la croissance. 

Croire à une stagnation heureuse pour l’emploi est une grave illusion.

Aussi grave que l’ineptie fondée sur un simplisme arithmétique qui voudrait que la montée du nombre des retraités et le papy boom serait une bonne nouvelle pour le chômage.  Les retraites pèsent sur les coûts de production en France où les charges sont assises majoritairement sur le travail, une grande erreur fruit du slogan mille fois répété « les entreprises peuvent payer ». Le résultat : les produits made in France sont en compétition avec des produits qui n’ont pas les mêmes contraintes et l’emploi national est menacé ! Les charges doivent peser également sur les produits importés et les produits nationaux. Ce n’est possible que par l’intermédiaire de prélèvements uniforme  sur la dépense.

Si un produit devient rare parce qu’il est pénalisé par la disparition progressive de ressources naturelles qui le composent, par des règlements et taxes écologiques, ou des contraintes sociales, la solution d’une société dynamique sera double :

-          Les travaux de productivité compenseront en tout ou en partie ces contraintes

-          La consommation se déplacera vers des consommations moins touchées.

On a vu début 2008 que la hausse massive du pétrole a entraîné aussitôt une correction importante des habitudes de consommation. Les consommateurs ont optimisé autrement la satisfaction de leurs désirs. Les chocs de ce genre se digèrent et ne remettent pas en cause durablement  la croissance.

Le saumon était un plat rare et cher qu’on ne consommait que lors de fêtes comme le nouvel an. C’est devenu un plat courant plutôt bon marché. L’aquaculture, une innovation, a changé totalement le marché. Simultanément la surpêche a réduit la consommation des crevettes et des langoustines devenues hors de prix. Globalement la consommation de poissons a cru.  La pêche artisanale sans productivité et prédatrice  s’efface au profit d’une industrie nouvelle. Et alors ?

Les impératifs écologiques ou de santé publique existent. Ils seront d’autant mieux assurés qu’il y aura plus de productivité et plus d’innovations, donc plus de croissance. C’est la croissance qui a permis de rendre moins long et moins pénible le travail ; c’est la croissance qui a permis de se débarrasser des taudis ; c’est la croissance qui a permis d’accroître la durée et la variété des études ; c’est la croissance qui a ouvert la porte des loisirs ; c’est la croissance qui a rendu la retraite autre chose que l’antichambre de la mort ; c’est la croissance qui a permis de dégager des ressources importantes pour la sécurité sociale.

La croissance n’est pas la panacée universelle. Mais c’est un bienfait universel qui mérite d’être encouragé par tous les  moyens.

L’écologie fut longtemps de droite. La « terre qui ne ment pas », la campagne féconde, la ville qui pervertit, le malthusianisme, étaient des valeurs de droite. Par un singulier retour de bâton historique, elles sont désormais de gauche et les mêmes jérémiades interminables du pétainisme se retrouvent dans les bouches socialistes.  Souvenons-nous : il fallait casser Paris parce que la capitale créait un désert français. Le livre sinistre d’un médiocre géographe tînt lieu de slogan pendant quelques décennies. Il alimentait le rêve d’une province qui pourrait se nourrir de la décentralisation sans faire d’efforts particuliers. Personne n’avait compris que la révolution du tertiaire entrainait la poussée des villes et qu’elle avait commencé à Paris. La sottise ambiante fit dire, quand le même phénomène se généralisa : il ne faut pas recommencer Paris en province… Et on oublia ces fadaises. Heureusement !

La bienpensance anti productivité et anti croissance connaîtra le même sort. Parce que la vie économique libre l’emporte toujours et se joue des obstacles qu’on cherche à lui imposer.

Nous devons garder une vision dynamique et optimiste de l’économie. La crise actuelle n’est pas fondamentale : elle est due à une erreur d’organisation du système monétaire international qui peut être corrigée. Elle ne doit pas nous encourager à nous morfondre dans les miasmes d’un stagnationnisme pénitent et  perpétuel.  

Cercle des Economistes E-toile

L'impossible retour aux accords de Bretton Woods (suite)

Suite de l'article précédent

En vérité le système était vicié à la base. Aucun mécanisme n’était prévu pour garantir que la politique monétaire américaine maintiendrait la valeur de la monnaie en or. Au contraire, le système instituait une « dissymétrie »  (en clair : une inégalité structurelle en faveur des Etats-Unis) et le potentiel pour le renouvellement des doubles pyramides de crédits néfastes constatées en 1939.

L’arrivée de Kennedy et le lancement d’une politique dispendieuse aussi bien de course aux étoiles que d’interventions militaires tous azimuts, signifiaient une politique monétaire hyper inflationniste d’autant plus facile à financer qu’elle l’était dans la monnaie mondiale. 

Jacques Rueff reprit sa plume pour signifier que le système était le même que celui de 29 et risquait de déboucher sur une crise du même type. Le professeur Triffin expliqua doctement toute la contradiction qu’il y avait  à faire dépendre la croissance mondiale d’une monnaie nationale dont les comptes extérieurs devaient être obligatoirement déficitaires pour alimenter le commerce international en monnaie.

Les faits furent au rendez-vous. Le Gold exchange standard se mit à hoqueter dès le milieu des années 60. De Gaulle exigea au milieu des ricanements la fin du système et le retour aux disciplines de l’étalon-or.  La guerre du Vietnam fit le reste.  Lassée d’engranger des dollars qui alimentaient chez elle une inflation de moins en moins maîtrisable, la RFA mit fin au système de Bretton Woods et Nixon décréta l’inconvertibilité du dollar en or.

La crise majeure de 1974 suivit qui chamboula complètement l’économie monde. La France ne s’en est jamais remise.  Un système par défaut, les changes flottants se mit en place, qui provoqua des crises de plus en plus importantes jusqu’à l’éclatement actuel.

On dira : d’accord, le système de Bretton Woods était inégalitaire et contenait ses contradictions internes, mais il a été tout de même responsable des trente glorieuses. Après tout nous acceptons ses inconvénients si on revit à nouveau trente années de croissance glorieuse.

Les circonstances ont joué  dans les trente glorieuses : un changement de mentalité vis-à-vis de la dépense publique, une énergie renouvelée, le dynamisme de la reconstruction, le plan Marshall marquent l’immédiat après guerre. Ce fut une période d’inflation mais de plein emploi, de famine de dollars chaque pays en recherchant pour reprendre pied sur les marchés extérieurs.  Pendant dix ans-quinze ans les défauts intrinsèques du système furent des avantages.

Ce n’est qu’à partir de 1963 que les tensions se manifestèrenent et s’aggravent constamment, au point qu’on finit par inventer les droits de tirages spéciaux,  jusqu’à l’explosion finale et la crise de 74.

Le retour au Gold exchange standard en Dollar nous remettrait immédiatement dans la situation de la fin des années soixante.

En revanche la stabilité des changes et la responsabilisation des Etats vis-à-vis du taux de change de leur monnaie, malgré mille accrocs, avaient montré son avantage. Le plein emploi avait été assuré sachant que tous les pays tentaient d’aller au maximum de leurs capacités en se tenant à la limite du déraisonnable.  Tous sauf les Etats Unis.

En l’absence de possibilité de revenir à un étalon-or ou au GES dollar, que peut-on faire ?

Créer un système de changes fixes sans monnaie prédominante. Chaque Etat redevient responsable du taux de change de sa monnaie vis-à-vis des autres, sauf à être écarté du commerce international. Les déficits et les excédents excessifs sont prohibés. Une unité monétaire internationale est créée basée   sur un panier de valeurs à définir pouvant inclure l’or, le pétrole et ce qu’on voudra. Il est interdit d’inclure dans les réserves des banques centrales quelques devises que ce soit.

Le stock outil des devises pour chaque pays est géré par une instance différente de la banque d’émission. L’accumulation des devises étrangères n’a pour but que de faciliter les transactions  et ne peut pas servir à créer de la monnaie locale. La compensation des soldes des balances de paiement se fait en monnaie internationale, le FMI retrouvant son rôle de  régulateur. Les Etats unis sont à égalité de traitement que les autres et perdent leur droit de veto.

Le système global retrouve des responsables : les Etats et un gendarme le FMI. L’encadrement de la finance reprend son sens. Les opérations de « short » sur les monnaies sont interdites. Les mouvements de capitaux à court terme sont contrôlés autant que de besoin. Les entreprises retrouvent une boussole et une sécurité. Des plans d’action peuvent être définis qui ne sont pas à la merci de changements irresponsables de la valeur respective des monnaies ou de brusques coups de folies sur les marchés.

Dans cette affaire l’important est l’égalité des devoirs, la responsabilité des Etats, avec une régulation supranationale et la stabilité de changes fixes,  ajustables uniquement avec l’accord général.  L’idée centrale est celle d’un développement coordonné et général, sans déséquilibres majeurs, avec une pression vers le plein emploi.

Les changes flottants avec une monnaie nationale de fait devenue la monnaie internationale et une finance débridée ne peuvent pas permettre d’atteindre ces résultats. Cette triplette tragique doit être éliminée d’un coup.

Il faut utiliser la pédagogie de la récession avant qu’elle ne tourne à la dépression pour obtenir le changement nécessaire. On en est loin.  La majorité des responsables n’osent pas aborder la question des changes flottants, seuls quelques pays attaquent le rôle du dollar et pas nécessairement les plus recommandables, et la régulation de la finance se résume à la lutte contre les paradis fiscaux et à des mesures locales presque sans intérêt.

Jusqu’ici les autruches ont toujours cru que le débondement de la production de dollars suffirait à faire sortir de la crise (1974, 1982, 1987-1992, 1998-2003, 2008-2009), avec un abandon des disciplines budgétaires. Il se peut que cela suffise encore une fois, même si on peut douter d’une sortie de récession spontanée et de la qualité de la situation mondiale avec un système bancal et des acteurs totalement étouffés par des déséquilibres monstrueux et des dettes publiques ingérables.

Mais ce qui est sûr c’est que cette reprise ne pourra JAMAIS devenir la base d’une croissance équilibrée et durable et que le pire surviendra peu après avec une violence cette fois-ci si dévastatrice qu’il vaut mieux ne pas y songer.

Il faut réformer le système monétaire international et mettre fin aux changes flottants.

En urgence. 

Didier Dufau pour le cercle des Economistes E-toile

  

 

L’impossible retour aux accords de Bretton Woods

La réforme du système monétaire international est la grande absente de toutes les réflexions menées depuis le krach de septembre 2008. Le système des changes flottants  est un sujet quasiment tabou bien qu’il n’y ait aucun corpus économique important et convaincant justifiant son hégémonie. La contestation vient par un biais : la critique du rôle du dollar notamment par les pays dits du « bric », Brésil, Russie, Inde et Chine. Plusieurs d’entre eux ont accumulés des réserves en dollars immenses dont ils craignent que la valeur ne s’évapore.   Contrairement au Japon qui a accepté de se voir ruiné à plusieurs reprises par des baisses importantes du cours du dollar, ces pays ne sont pas alignés sur les Etats unis et peuvent exprimer leur inquiétude.

La création monétaire débridée de dollars par la FED leur fait craindre un effondrement de cette monnaie à plus ou moins court terme. Dans un système de change flottant si une opération de spéculation en ce sens était déclenchée, elle serait impossible à arrêter.  Si les Etats ne considèrent pas comme de leur responsabilité d’assurer une valeur externe de leur monnaie, et se concentrent sur sa stabilité  interne, mesurée par les prix à la consommation, rien n’empêche en effet un effondrement. Le yoyo du dollar est une réalité qui a fait passer sa valeur en euros par exemple du simple au double. Rien n’interdit de penser que le dollar ne puisse encore baisser fortement, bien qu’il soit déjà au plus bas. Les accords occultes entre la FED et la BCE réduisent actuellement les fluctuations entre Dollar et Euro. Rien n’indique qu’en cas de tourmente monétaire ce gentleman’s agreement pourra être maintenu.

L’effondrement du Dollar aurait des conséquences immédiatement cataclysmiques et entraînerait dans la foulée la fin du libre échange tel que nous le connaissons. En fait on se retrouverait ipso facto dans la situation qui avait prévalu au début des années trente lorsque le Dollar, après la Livre, avait été fortement dévalué. Le marché international des devises-papiers (fiat money pour les anglicisants) est incapable de trouver un équilibre rationnel quelconque en temps normal. Il l’est encore moins en cas de crise générale, et ne le serait plus du tout en cas de panique générale alors que les planches à billets fonctionnent à plein régime.

Chacun sent que le régime des changes flottants est une croute monétaire hyper fragile sur laquelle on ne peut avancer qu’en marchant sur les œufs et que si elle craque ce sera panique à bord et sauve qui peut.

C’est une des raisons pour laquelle nous affirmons depuis septembre 2008 que la première mesure qu’il fallait prendre était de stabiliser le système de changes avec responsabilisation des Etats vis-à-vis de la valeur extérieure de leur monnaie.

L’ennui c’est que le débat sur une réforme du système des changes n’est pas ouvert et que les solutions sont peu explorées et encore moins débattues. On parle d’un retour à l’étalon or sans véritablement en comprendre les contraintes qui sont sévères. Ou d’une restauration du système mis en place à Bretton Woods qui est peu souhaitable.  Il faut donc se projeter dans un autre univers que ceux que nous avons connus ce qui n’est jamais simples. On n’entre pas dans l’inconnu sans précaution. Comme aucun débat suffisamment général n’a eu lieu, les autorités ont l’impression que ce serait de l’aventurisme pur.  En cas de crise le premier réflexe est le repliement sur les certitudes et le confort des habitudes. Politiquement c’est ce qui explique le virage à droite initial de l’opinion dans les élections politiques. Economiquement, on fait bloc sur ses certitudes. En fait on se raccroche à ce qui est à portée de la main, même quand il s’agit de brindilles.

L’étalon-or n’a pas connu une période de généralisation très longue et cette période n’a pas été particulièrement heureuse. Jusqu’en 1873, c’est le bimétallisme or et argent qui régnait, non sans crises majeures. Il a été rendu impossible par la découverte de nouveaux filons et surtout de nouvelles techniques d’extraction d’or qui a provoqué des désordres monétaires continuels jusqu’à ce que l’argent soit démonétisé. Il s’en est suivi une première « grande dépression » à la fin du dix neuvième siècle particulièrement regrettable.

Peu de gens savent encore que le mode d’ajustement des balances extérieures en système d’étalon or est la déflation. Plus personne n’accepte la déflation. Les salaires sont quasiment fixés. L’Etat considère que ses recettes doivent être protégées à la baisse. Les grands groupes tiennent leurs prix. En un mot : le mode d’ajustement de l’étalon or est inopérant et ne serait plus toléré.  Imaginons que nous soyons en régime d’étalon or : la Chine aurait accumulé un tas d’or mais en provoquant une déflation proportionnelle aux Etats Unis.   Un rééquilibrage dur des échanges se serait alors produit avec baisse des salaires et des prix aux Etats-Unis.   Dans notre société basée sur les grands groupes, les syndicats, l’Etat omnipotent, il n’y aurait aucune chance pour que la potion soit avalée.  Les autres raisons souvent avancées pour refuser l’étalon or ne sont pas convaincantes.

Certes l’or est actuellement fort mal réparti et le seigneuriage donnerait des boni importants à certains. Mais une fois le système en place les stocks bougent et se retrouvent là où ils doivent être. La crainte d’un manque de liquidité du fait d’une insuffisance d’or est également infondée. La production d’or augmente à un rythme de 2 à 4% par an ce qui est le rythme hors inflation de la croissance. Quant aux hymnes à l’irrationalité d’un système qui consiste à faire des « trous dans la montagne », ils sont exclusivement polémiques et n’ont pas d’intérêt en soi. S’il fallait faire des trous dans la montagne pour avoir une croissance heureuse et durable, pourquoi pas ?

La vraie raison de l’impossibilité de l’étalon or est que ses mécanismes d’ajustement ne sont pas politiquement acceptables et ne correspondent pas aux nouvelles structures économiques. Elles ne fonctionneraient pas.

Le retour au système mis en place à Bretton Woods, le Gold-dollar exchange standard, ne convient pas plus. Rappelons que ce système consiste à ne définir qu’une seule monnaie convertible en or, le dollar, toutes les autres étant définies par un taux de change vis-à-vis du dollar.  Ce système de Gold exchange standard (GES), étalon de change-or en bon français, avait déjà été essayé après la guerre de 14-18 devant l’impossibilité pratique de revenir à l’étalon or : pratiquement tout l’or était centralisé aux Etats-Unis. Toute la période est marquée par des tourments monétaires continus. Jacques Rueff, un observateur particulièrement affuté, remarqua très vite que le GES avait été finalement le responsable principal de la crise de 1929.  C’est lui le père de la dénonciation de la « double pyramide de crédits »  que permet le système. Le pays qui a dispose d’une monnaie pivot finance ses déficits extérieurs par la création monétaire (facile : c’est sa propre monnaie qui sert de monnaie mondiale) en même temps que les excédents accumulés à l’extérieur finance également une même inflation de crédit. Le système est auto entretenu et au bout d’un moment on aboutit à des situations d’endettement global ingérable.  D’une part les crédits ne servent plus principalement à financer l’expansion mais la spéculation (la création monétaire va plus vite que le potentiel de croissance) ou l’inflation, d’autre part leur niveau par rapport au PIB devient tel qu’il est impossible de rembourser. On aura atteint en 1929  aux Etats-Unis un taux d’endettement de près de 400% du PIB en 1929. Il est facile de calculer le niveau démentiel de croissance qu’il aurait fallu pour payer les intérêts et rembourser le capital d’une pareille dette sans vendre le capital national. Ce sont les créanciers  qui ont payé.  Et l’activité.

A Bretton-Woods cette leçon n’a pas été tirée.  Les Etats Unis était devenue une hyper puissance. Elle détenait toujours l’essentiel de l’or du monde. Elle était la créancière de toutes les démocraties occidentales. L’économie européenne était par terre. La Livre britannique avait été totalement supplantée par le Dollar. Le retour à l’étalon or n’était pas plus concevable qu’en 1918. Les beaux esprits expliquèrent que si le premier étalon de change n’avait pas fonctionné c’était parce qu’il y avait trop de monnaies de référence. En fait toute monnaie convertible en or pouvait servir de réserves de changes susceptibles de justifier la création de monnaie dans les pays créditeurs dans ces monnaies.  Une banque centrale pouvait créer de la monnaie nationale à due concurrence de ses entrées de devises convertibles. La concurrence entre les émetteurs de monnaies « bonnes comme de l’or » déstabilisait le système. Ces défauts n’existeraient plus avec une seule monnaie triomphante et base de tout le commerce mondial, le dollar. Le monde ne risquerait plus la pénurie de monnaie internationale, comme c’était le risque supposé avec l’or. La puissance de l’économie américaine et son rôle directeur dans l’économie mondiale garantissait en fait tout autant que la référence à l’or la valeur de la monnaie de référence, et indirectement la valeur des monnaies des pays qui « ne feraient pas plus de bêtises que les autres ».  Les pays autres que les Etats-Unis  étaient tenus de faire  les efforts nécessaires pour maintenir la valeur de leur monnaie en dollar. Les Etats unis étaient tenus de garantir la valeur du Dollar en or.  En avant pour les « trente glorieuses ».

En vérité le système était vicié à la base.

 

A suivre ...

Fausse reprise et fausses réformes

Une fois de plus on a vu une « reprise psychologique », totalement virtuelle,  emporter la presse internationale et les institutions politiques alors qu’absolument rien ne le justifiait.

Comme nous l’avons prévu et écrit depuis 2006, la crise est plus dure que celle de 1993 qui fut pourtant la plus sévère depuis la guerre. Beaucoup plus dure. Tous les records sont battus sur tous les fronts. Pas un jour sans qu’on nous annonce un désastre « jamais vu depuis les années 30 ». L’exercice qui consiste en permanence à rectifier les statistiques du passé à la baisse et les perspectives du futur à la hausse est certes bien intentionné mais peu représentatif de ce qui se passe sur le terrain.

Le rebond de la bourse doit être analysé avec un minimum de prudence. Comme d’habitude la réaction à la baisse a été plus loin que nécessaire. Et il y a eu une réaction normale. Mais qu’elle est minime ! Si on ramène les cours du CAC en unité monétaire réelle (en déflatant l’inflation), on s’aperçoit qu’on est proche des plus bas historiques depuis la guerre de 40. Les hausses nominales en unité monétaire courante masquent la réalité. On sait que l’Euro est désormais à parité de valeur avec le Franc du milieu des années 60. C'est-à-dire que la monnaie a été à peu près divisée par 6 ou 7 depuis cette période. Un indice de 3200 actuel  correspond donc  à moins de 500 en valeur constante. Laissons aux statisticiens le soin de faire les calculs précis. Mais cette approximation suffit pour constater que les cours actuels sont infimes. Il était normal que l’on rebondisse de 2500 à plus de 3000. La hausse est due principalement à la revalorisation des titres qui avaient été massacrés. En revanche les cours des blue ships ont eu tendance à s’effriter malgré le rebond. En un mot : les spéculateurs ont joué les valeurs spéculatives ; les épargnants ont quitté la bourse et n’y sont pas revenus, boudant même les belles valeurs qui après voir mieux résister s’enfoncent à leur tour.  Tout ceci ne correspond à aucune anticipation de fin de récession.

De même les rebonds plus ou moins saugrenus que l’on constate sur les marchés de matières premières n’ont pas à être pris comme des signes absolus que tout repart. La spéculation est toujours là alors que les courbes de consommation sont au plus bas. La Chine qui craint comme la peste un effondrement du Dollar a converti une partie de ses réserves de devises en stocks réels. Ce faisant elle a induit une restriction du crédit aux Etats unis (où ses dépôts étaient placés) et alimenté une hausse des cours totalement disjointe des consommations. L’effet ne peut être que temporaire. Sur aucun marché on ne constate de reprise marquée. Au contraire tous les marchés sont maintenant confrontés à des baisses sensibles qui forcent les intervenants à des restructurations massives.  La Chine qui prétend avoir une croissance « meilleure que prévue » a vu ses exportations chuter de près de 27% en mai…

Au total, la récession globale dans le monde sera de 3% (en PIB) en 2009 selon la BIRD, alors qu’on prévoyait il y a encore quelques semaines une baisse historique (ce n’était jamais arrivé depuis la guerre de 40) mais de moins de 2%.

En France, compte tenu de l’énormité  du secteur non concurrentiel et du nombre très important d’inactifs (la plupart des jeunes jusqu’à 25 ans, la plupart des vieux après 55 ans), et de personnes vivant de subventions publiques, l’impression domine que finalement la crise n’existe pas et qu’elle touche uniquement quelques secteurs.  La réalité est très différente. Tous les secteurs sont touchés. La seule question c’est de savoir si la récession vécue est de 10%, de 30% ou de 50%, voire plus. Sur notre indicateur relatif à l’industrie mécanique (2500 entreprises) nous constatons que les commandes sont en baisse de plus de 30% pour plus de …60%  du panel. C’est une bérézina jamais constatée depuis le lancement de notre indicateur. Le tourisme souffre de la même façon, comme le transport des personnes et des marchandises, comme le commerce des boutiques, comme les prestations de conseil aux entreprises et de service à la personne. Même dans les activités subventionnées par l’Etat, les régressions sont importantes. Des spécialistes médicaux qui voyaient leur agenda pleins des semaines à l’avance ont des trous dans leur planning de la semaine en cours. Les dentistes s’occupent des soins et de moins en moins des appareillages et des reconstructions.  Les coiffeurs vivent leur dixième mois d’activité ralentie. Les bistrots marchent au pas (entre 10 et 30% de baisse de chiffre daffaire). Les agences immobilières disparaissent par dizaines tous les mois.  On voit bien avec Marionnaud que les grandes chaînes de boutiques qui fonctionnaient très bien n’y arrivent plus.  Lorsque les statistiques seront connues dans quelques mois, on verra que le second trimestre 2009 aura été très mauvais.  On ne voit pas pourquoi cela devrait changer au troisième.

Toutes les recettes fiscales et parafiscales qui sont liées à l’activité sont en berne. Et à chaque fois qu’on en cite une elle l’est dans des proportions bien pires que prévues. La TVA, l’ISF, les impositions sur les BIC, rien ne rentre. Les recettes sociales régressent ouvrant des abîmes dans les comptes sociaux. Entre l’Etat et les collectivités territoriale d’un côté, et les organismes sociaux de l’autre ont et en train de creuse un déficit annuel supérieur à  100 milliards d’Euros en 2009.

Pendant que la récession de déploie dans toute sa tragique splendeur, les réformes sont quasiment inexistantes.

Aux Etats Unis des textes commencent à sortir pour interdire ou rendre moins préoccupants les CDO. Il aura fallu deux années pour arriver à ce seul résultat. Alors qu’aucune banque, échaudée par l’expérience, ne pratique plus l’exercice et ne veut acheter de tels « véhicules ». La législation ne fait que confirmer ce qui existe déjà. Effet sur la reprise ? Zéro.  Désormais on voit de nombreuses places financières mises en cause par le G.20 de Londres se précipiter pour sortir des listes noires ou grises de paradis fiscaux. Un peu de moralité dans les relations internationales ne font pas de mal. Mais le rapport avec la récession est nul et l’impact sur la reprise inexistant.  Des débats concernent la régulation en Europe des hedge funds. Soit. Mais les hedge funds n’étaient pas à l’origine de la crise  et leur encadrement n’aura aucun effet sur la reprise.

En revanche rien n’a été fait pour restructurer la banque. Au contraire : on a sauvé des molochs « too big to fail » qui savent que désormais ils seront toujours sauvés et que dégagés de la tutelle de l’Etat ils pourront à nouveau sévir sans entraves. Actuellement ils sont arcboutés sur la tâche inouïe de restaurer leurs marges à tout prix (pour le consommateur) pour sortir du collimateur. Ces banques jouent donc contre l’intérêt général en toute impunité.  Un prix Nobel, certes souvent contestable et contesté, Stiglitz,  vient de rappeler que les trop grosses concentrations dans la banque assurance ne garantissent qu’une seule chose : le retour des mauvaises pratiques. Il est amusant que les fonds obligataires que les grosses banques promeuvent actuellement comportent une grosse part de CDS : une fois de plus le risque est réparti entre assureur et banque. Il ne porte plus sur les crédits subprimes mais sur les obligations d’entreprises dont l’avenir est incertain. Où est le changement de pratiques et de mentalité ?

Une des démarches préférées des politiques est de toucher exclusivement au thermomètre et pas aux sources de difficultés.  La discussion sur le changement d’indicateur de croissance est de cette nature. Il n’a strictement aucun sens dans la période actuelle. La révision des normes comptables est un exercice du même genre. La crise des subprimes en juillet 2007 ayant rendu impossible la cotation des CDO ceux-ci ne relevaient plus d’une estimation par les marchés. La norme en cours permettait donc de passer outre sans entrer dans la « pro cyclicité ». Ce qui explique que les réformes patinent joyeusement : aucun système comptable ne permet de masquer durablement une crise !  

L’important c’est d’abord d’éviter la crise.  

On progresse vers la prévention de l’éclatement des bulles. L’étude de L. Alessi et C Dektent, publiée  dans le bulletin n° 8 de la BCE, prouve cette chose absolument neuve et incroyable : la hausse de la liquidité globale annonce qu’une bulle va éclater dans les 6 trimestres suivants.  Mais elle ne dit rien sur les causes de la hausse de la dite liquidité. Lorsqu’en 1992, le lecteur impavide pouvait constater que les en cours à l’immobilier d’entreprise avait été multipliés par 7 par rapport aux encours moyens des années précédentes, il ne fallait pas être grand clerc pour savoir que cela allait craquer et sévèrement dans les deux ans. On s'amuse avec des évidences en faisant croire qu'on a enfin compris.

Lorsqu’une bulle apparait il est déjà trop tard pour agir efficacement. C’est en amont qu’il faut être attentif en éliminant les facteurs de gonflement irrationnel. Nous connaissons aujourd’hui à travers le monde une bulle obligataire : qui bronche ? Personne. Quand un indicateur montre le haut, tout le monde se réjouit.  En France nous connaissons une bulle aberrante des investissements dans les PME du fait de la nouvelle loi sur l’ISF. Qui se plaint ?  Il est plus que probable qu’il y aura à terme une correction sauvage sur les obligations (comme il y en a eu une après 74 sur les junk bonds) et sur les PME (d’ici deux ans, combien restera-t-il des PME surcapitalisées actuellement ?).

En France tout ne finit pas avec des chansons, mais avec des …impôts.  D’ores et déjà l’escroquerie du RSA apparaît dans toute sa splendeur.  Bien sûr il ne permettra à aucun Rmiste de retrouver durablement un travail mais déjà les sommes prévues pour faire fonctionner le système sont insuffisantes. L’impôt de 1.1% sur le revenu de l’épargne ne suffira jamais pour financer cet immense bazar qui met à genoux toutes les institutions chargées de la pauvreté et du chômage. On parle déjà de l’augmenter massivement. On suit le même schéma que pour la CSG et le RMI il y a 20 ans.   Les élections européennes ont été l’occasion de renouveler les paroles d’une chanson insistante : il faut des ressources propres pour l’Europe et vive l’impôt européen.  La mode écologique conduit comme en septembre 2008 à une reprise des hostilités sur la taxe dite carbone.  Avec la plus belle hypocrisie on annonce qu’elle serait créée à identité de pression fiscale !   De même avec l’anniversaire de la taxe Chirac sur les billets d’avion, on reparle d’une extension massive du système. Il est vrai que la récession dans le domaine des transports aériens prive de ressources quelques prébendiers évidemment bien intentionnés.  Tous semblent oublier qu’en France, les prélèvements correspondent pratiquement au niveau de la valeur ajoutée des entreprises. La richesse produite est donc déjà quasiment préemptées par les besoins publics.  En pleine récession, où ira-t-on chercher les ressources nouvelles ? A l’étranger ? La hausse des impôts ne pourra être financée que par la vente du capital privé ou national.  Comme solution durable, on pourrait imaginer mieux !

Partout, faute d’avoir trouver la reprise au second trimestre 2009, on la projette sur 2010. Le monde retrouverait la croissance en 2010 ! Faible, cette croissance, mais réelle. La méthode pour obtenir ce résultat mirifique est d’estimer la demande globale compte tenu des dépenses publiques envisagées et d’en tirer une valeur prévisionnelle du PIB.  En l’absence de toute preuve que l’économie a touché le fond et qu’elle remonte après avoir talonné, ces estimations n’ont strictement aucune valeur.  Il est vrai qu’il est pratiquement impossible de faire de prévisions solides immédiatement après un collapsus aussi important que celui que nous connaissons. Il faudrait pour cela non pas connaître les estimations de dépenses mais les chemins nouveaux de la croissance. Or personne ne voit à l’heure actuelle les ruisseaux qui feront les grandes rivières de la reprise.

Pour la France, on sait que la reprise suit en général celle des Etats-Unis avec un à deux ans de retard.  En imaginant que celle-ci ait lieu à l’automne là bas, l’activité française ne reprendrait qu’en 2011 au mieux. 2010 va donc être plutôt dure et même tragique pour de nombreuses entreprises. Tous les grands groupes français l’ont anticipé en récupérant au plus vite du cash soit par l’émission d’obligations soit en faisant des augmentations de capital à prix cassés. Toutes celles qui auront à se refinancer en urgence en 2010 seront au plus mal. Le budget en cours de préparation l’est sur une base de croissance faible mais croissance tout de même pour 2010. C’est de la fumisterie. Ou de la poésie politique, comme on voudra.

Quand on ne sait rien il est politiquement correct de prévoir une reprise et de la décider presque nulle. Si cela va mieux personne ne viendra crier au Charron et si cela va plus mal, on sera bien triste mais cela n’ira pas plus loin.   En attendant on va bâtir un budget psychédélique sur une hypothèse de croissance qui limitera en apparence le déficit prévisionnel.

Reste la grande question de la déflation : sommes-nous ou non en déflation ? Il est vrai que pour la première fois depuis la guerre les prix ont baissé.

Inflation et déflation sont des termes connotés qui n’ont pas de sens fixé, ce qui rend leur emploi potentiellement dangereux pour une bonne compréhension des faits. La déflation est une réduction, en général voulue, de la masse monétaire, plus rapide que la baisse de la production, entraînant généralement une baisse générale des prix des actifs et des produits de consommation. L’inflation est son contraire : une hausse rapide des moyens monétaires, plus rapides que la hausse de la production,  aboutissant généralement à une hausse générale du prix des actifs et des biens de consommation.

Dans le système de l’étalon or, les sorties d’or provoquaient à due concurrence une réduction du crédit et de la monnaie qui à son tour pesait sur les prix et permettait  un rééquilibre des balances extérieures.  La déflation était donc incorporée dans le système.  Dans les années trente, après la dévaluation anglaise, les Français qui avaient eu longtemps  un bénéfice de change, se retrouvèrent avec des prix trop élevés par rapport aux prix mondiaux. Ils tentèrent une déflation administrative, le système monétaire international n’étant déjà plus un système d’étalon or. Elle fonctionna partiellement mais se heurta à des contraintes politiques et électorales qui aboutirent  au n’importe quoi généralisé.  

Une politique de déflation est donc une politique menée afin de retrouver un niveau compétitif sur le front des changes, après que la compétitivité ait été  détruite pour une raison ou une autre.  En régime de changes flottants l’effondrement du change d’une devise peut avoir pour conséquence une hausse très forte des taux d’intérêt pour freiner le mouvement. Cela n’a rien à voir avec une politique déflationniste même si la hausse des taux d’intérêt est déflationniste par nature. Elle ne vise pas à rétablir la balance commerciale mais à contrer des mouvements de panique sur les mouvements de capitaux à court terme.

La déflation ne peut avoir dans le système actuel que deux sources

- la destruction de monnaie de crédit par les banques. Il est vrai que depuis l’été 2007 ont se trouve dans ce schéma. Mais elle a été pratiquement intégralement compensée par l’émission de monnaie banque centrale.

- le redressement rapide et autoritaire des déficits de balance de paiement ou la ruine des pays créanciers (qui aboutit à détruire de la créance et de la dette mobilisable). Ce mouvement a eu lieu mais pas à une échelle astronomique qui expliquerait un cycle déflationniste.

Nous vivons des pressions déflationnistes mais nulle part des politiques de déflation sont menées.

A l’inverse la crainte d’une hyperinflation à court terme est vaine. La création monétaire des banques centrales peinent à compenser les destructions de monnaie par les banques.

La pression sur les prix est donc le fait de la récession plus que de manipulations monétaires et dépend sur certains marchés sensibles comme celui du pétrole et des produits d’exportation purement et simplement  de la spéculation en environnement de changes flottants.

Nous avons vécu une période de prix à la consommation contenus du fait de l’ouverture de la Chine et de sa politique d’accumulation d’excédents permis par un système conjoint de déficits abyssaux aux Etats unis et d’excédents fabuleux en Chine n, en même temps qu’une création monétaire débridée se concentrait sur les marchés de biens. Nous vivons des poussées spéculatives sur certains prix, dans une ambiance globale dépressive du fait que le désendettement global est en cours. Avec des situations nationales contrastées en fonction des cahots du système des changes. Donc il n'y a pas de véritable déflation, seulement une déprime des anticipations.

Rien n’est venu remplacer le circuit crédit de consommation à l’ouest, investissement au centre, production à l’est. Le système d’échange mondial reste désorienté et ne sait pas dans quelle direction reprendre. L’épargne mondiale est abondante mais gelée. La fragilité et l’instabilité est de règle partout. Aucune réforme réelle de quoi que ce soit n’a eu lieu.

Tout le monde attend le Godot de la croissance, en laissant les banques centrales créer de la liquidité à tour de bras et en laissant filer les déficits publics.  

Si rien ne se passe, comme c’est le cas en ce moment, alors il y aura deux possibilités :

          - Le temps des grandes bêtises comme on l’a vu trois ans après 1929. L’impatience des peuples se manifeste en général après deux-trois ans de crise ouverte.  2011 sera une année dangereuse.

        -  Le temps des grandes réformes et notamment la remise en place d’un système coordonné de croissance mondiale autour d’un système équitable de changes fixes.

Quelques indices montrent que cela frémit un peu  dans ce dernier sens.

Cela méritera une étude spéciale.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

 

Une bulle des émissions obligataires ?

On ne compte plus les émissions obligataires. En France :

Michelin,

Lafarge,

Accor,

Pernod Ricard,

EDF,

GDF-SUEZ,

France Telecom,

Vivendi,

DEXIA,

Crédit Agricole,

Pour ne parler que des plus récents et des plus gros avec à chaque fois entre 600 et 1000 millions d’Euros à la clé.  

Tous les organismes de placement au contact du public bruissent de notes et de plaquettes : tous aux obligations !

On avait connu par exemple aux Etats unis dans les années 70 une pareille épidémie qui avait fait naître quelques années plus tard la crise des junks bonds, les obligations « pourries».

Avec l’emprunt EDF toute la presse s’est mise en marche comme un seul homme pour le vendre au plus grand nombre.  

L’interprétation macro économique de ce phénomène obligataire n’est pas évidente. D’un côté il vide les bas de laine et remet dans le circuit des sommes thésaurisées, ce qui en soit n’est pas mauvais. D’un autre il accroit l’endettement alors que nous sommes dans une crise de l’endettement ! Et on ne sait pas trop l’emploi qui va être fait de ces sommes : restructuration d’emprunts antérieurs, précaution pour éviter toute crise de trésorerie pendant la durée de la récession, rachat d’actions,  investissements, acquisitions.

Bref on ne saura que dans quatre cinq ans si ce ne sont que des opérations de « haut de bilan » ou si cela va toucher le compte d’exploitation.

En attendant nous avons un de ces beaux mouvements moutonniers dont la finance a le secret et qui sont censé être supervisés par les autorités financières. Vous les avez entendus se manifester sur le sujet ? Non, bien sûr. Rien de plus difficile à freiner qu’une bulle !

Le Baltic index bouge enfin

Le Baltic index a dépssé les 3000. Il décolle du fond du précipice où il trainait depuis un an. Un signal précurseur d'une réelle reprise du commerce international serait qu'il dépasse 5000. Cela parait loin, mais c'est un index hyper sensible qui a tendance à sauter par bond. Si cela devait se confirmer ce serait la première vraie bonne nouvelle depuis le début de la récession.



L’INSEE avoue (enfin) « une erreur de prévision »

On sait l’intérêt que nous portons sur ce site aux questions de statistiques économiques et de prévisions. Nous y avons déjà consacré de nombreux articles :

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/4/23/FMI--un-an-de-retard

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2009/4/12/Lettre-ouverte--lINSEE

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/12/8/Les-certitudes-dans-la-crise-mondiale--1--Labsence-de-prvisions-srieuses

http://cee.e-toile.fr/index.cfm/2008/8/22/Le-PIB-le-Pauvre-Indicateur--Biais--de-la-conjoncture

C’est évidemment une question centrale pour ceux qui comme nous essayons de raisonner sur les chiffres pour essayer de découvrir des tendances  et annoncer à temps certaines ruptures et qui nous retrouvons souvent en contradiction majeure avec les prévisions officielles et en crise de crédibilité avec nos interlocuteurs qui refusent par exemple de passer nos avertissements en excipant que les instances officielles ne pensent pas comme nous et que leur rôle n’est pas  de favoriser les élucubrations.

Nous nous sommes heurtés au moins quatre fois à ce genre de réactions :

          En 1997 lorsque nous affirmions que l’emploi était en pleine expansion alors que tout le monde annonçait « la fin du travail »  et que le gouvernement Jospin se lançait dans l’erreur majeure des trente cinq heures

          En 1999 lorsque nous annoncions le début de la crise décennale pour la mi 2000 aux Etats unis et 18 mois plus tard en France et accessoirement lorsque nous critiquions l’idée de la croissance perpétuelle sans crise grâce à internet et l’économie de l’information sans stock

          En 2003 lorsque nous écrivions que Greenspan se trompait et qu’on sortait pour la seconde fois d’une crise en créant les conditions d’une crise subséquente plus grave

          Depuis début 2006 date à laquelle nous n’avons cessé d’avertir qu’une crise sévère était en préparation  et dont nous avons constamment précisé la date du retournement et sa gravité.

On voit qu’il ne s’agit pas d’un plaisir de Cassandre : l’annonce d’une reprise forte de l’emploi était plutôt sympathique !

L’Insee reconnait une erreur de prévision  dans son dernier Bulletin de Conjoncture (http://www.insee.fr/fr/indicateurs/analys_conj/archives/mars2009_ve.pdf ) :

« Au quatrième trimestre 2008, le PIB s’est contracté de 1,2 % (cf. graphique 1), ce qui représente un écart de -0,4 point par rapport à notre dernière prévision (-0,8 % dans la Note de conjoncture de décembre).Cette erreur de prévision est imputable principalement à la très forte contraction de la production manufacturière au quatrième trimestre qui a été sous-estimée (-7,6 % contre -4,0 % anticipé) ».

 

Cette reconnaissance est bienvenue. D’autant que le même bulletin avertit que les modèles de prévisions utilisés sont peu adaptés aux circonstances exceptionnelles que nous traversons. Ce qui annonce d’autres prévisions très incertaines.

Cette prudence ne doit pas nous empêcher de remarquer que l’erreur n’a pas seulement concerné le dernier trimestre.  Avec les dernières révisions, l’Insee admet que la France est en récession depuis pratiquement un an, comme nous n’avons cessé de la dire.  Et pendant un an on a vu le gouvernement nier ou minimiser la crise en s’appuyant sur ces prévisions fausses.  On se souvient du débat ridicule de septembre 2008 où Mme Lagarde expliquait qu’il n’y avait pas de récession en France qui faisait mieux que tout le monde (comme le nuage de Tchernobyl, la crise épousait nos frontières sans les pénétrer)  et le débat budgétaire psychédélique mené par M. Woerth sur des bases sottes au point d’être irresponsables.

La question de base est que le modèle utilisé pour la prévision est entièrement basé sur des estimations elles mêmes fruit d’une estimation économétrique de tendance. En gros on estime que ce qui est  va perdurer sauf évidence d’un élément contraire chiffrable.  Résultat : les chiffres de l’Insee, comme ceux d’Eurostat ou du FMI ont constamment couru derrière la réalité parfois avec un retard effrayant.  

Il n’y a pas de véritable RAISONNEMENT sur la conjoncture. Donc on ne prévoit pas les ruptures. Les conjoncturistes de l’INSEE (et c’est encore pire pour ceux de la Banque de France) n’ont pas d’outils intellectuels pour anticiper les ruptures. Dans tous les textes que nous avons envoyés aux uns et aux autres  nous avons toujours annoncé la crise en essayant de rester le moins technique possible sachant que cette technique aurait été aussitôt ou incomprise ou rejetée comme non pertinente compte tenu des manières de penser en cour (cad de l’absence de toute pensée remplacée par des modèles).   Notre alerte était toujours basée sur deux thèmes faciles et n’entraînant pas trop de réserves a priori : attention le cycle existe  et on va nécessairement vers un retournement ; attention les déséquilibres financiers sont tels qu’ils ne peuvent conduire qu’à la catastrophe.  Avec cela en tête il était facile de collecter les signes précurseurs du retournement (par exemple fin 2006 le retournement du marché de la construction immobilière aux Etats unis) ou de la crise financière (par exemple le blocage de l’été 2007 sur les subprimes et les différentes faillites bancaires successives).  Il était relativement aisé de prévoir que la crise serait très forte, au moins aussi forte que celle de 93 ou 74.  Pendant toute le premier semestre 2008 les journaux n’ont cessé de bruisser des avertissements d’une crise sévère. De nombreux journaux ont posé la question : va-t-on vers une récession rapide voire une crise de 1929 ?  Nous avons répondu à certains de ces questionnements. Toujours en annonçant une crise sévère.

Le FMI comme l’INSEE ont été totalement imperméables à ces avertissements et ont perduré dans l’application bestiale d’estimations irréalistes nourrissant des théories aussi absurdes que celles du découplage.  Faute de théorie et avec juste en main des outils statistiques de répétition du passé, les conjoncturistes officiels ont été totalement incapables de donner des indications sur ce qui se passait et encore moins sur ce qui allait se passer.

La statistique économique sans pensée économique n’est que ruine de l’âme.

Du coup il n’y a pas eu de politique économique. Pendant la campagne présidentielle nous n’avons cessé d’alerter le camp Sarkozy sur le fait qu’il devait anticiper un récession pendant le futur mandat présidentiel et le camp Ségolène de l’irréalisme et même la bêtise qu’il y avait à faire financer des dépenses somptuaires par une croissance qui ne serait pas là !  Compte tenu des prévisions officielles  qui ne disaient rien de tel, nos affirmations sont passées (au mieux) pour des calculs politiques  de mauvais aloi.

Ce n’est qu’aujourd’hui, soit avec un an de retard, que les autorités sont en face d’un bilan réaliste de ce qu’a été l’économie depuis le début 2007. Et il est clair que le gouvernement a été totalement dépassé par les évènements et que sa politique a été totalement déphasée, tout comme celle de la BCE qui rappelons le imaginait un scénario de reprise de l’inflation pour le second semestre 2008 et avait augmenté ses taux d’intervention en pleine crise de liquidité des banques (qui durait depuis un an).

 Les erreurs de statistiques sont l’amère  progéniture de l’absence de théories économiques. Il n’est pas difficile de prévoir qu’un endettement qui va atteindre 400% du PIB va s’effondrer. Il faut simplement regarder cette réalité en face,  la considérer comme pertinente et fouiller la réalité bancaire pour voir où les fissures se font jour. Quand la crise de liquidité sur le marché interbancaire s’est produite, il est à peu près certain qu’aucun des statisticiens ou « économistes » de l’INSEE n’avait la moindre idée du marché des subprimes et de son développement, pas plus que celui des CDO et des CDS. Il y a eu depuis un rattrapage à marche forcée qui fait qu’une analyse du phénomène est proposée dans le même bulletin de conjoncture près de deux ans après les faits !  Bonjour la capacité d’anticipation…

Il est vrai que l’économie bancaire est le secteur le plus mal traité de l’économie et celui des finances internationales le plus mal traité de l’économie bancaire.  Comme l’information diffusée par les banques est en général totalement fabriquée, le cumul d’un traitement hésitant de statistiques fausses par des statisticiens privé

Une brève histoire du temps…perdu (en matière monétaire).

« Depuis quand vous intéressez-vous aux changes flottants »  me demande un lecteur de ce blog. Nous évitons généralement les sujets trop personnels mais nous ferons une petite exception pour cette question qui est en fait très éclairante des aspérités du domaine.  

A partir de 1969 je rédigeais sous la haute autorité et la barbichette de Bertrand de Jouvenel une thèse de doctorat d’Etat d’économie sur « la prévision économique  à long terme », un sujet à la mode à cette époque.  Nous vivions dans un système de changes fixes mais déjà on sentait que les Etats-Unis, embarqués dans des guerres lointaines, ne voulaient pas en jouer le jeu.  Et il y avait déjà eu de multiples crises de changes avec dévaluation à la clé. Un chapitre s’imposait sur « les changes et l’horizon économique ».  

Première découverte : les relations économiques internationales et particulièrement les systèmes monétaires internationaux  étaient une terre quasiment vierge dans ma faculté d’économie (Paris I aujourd’hui).  Le cours existait mais était  tenu par un crétin absolu qui pour masquer ses lacunes avait choisi d’utiliser un langage d’une complexité et d’un hermétisme  infranchissables dont on ne pouvait absolument rien tirer.  A l’âge où j’étais  on a toutes les audaces : j’ai demandé un rendez vous. Il refusa catégoriquement !   Pour donner une idée quantitative de l’intérêt pour les changes flottants la chose occupait 8 lignes dans le Dalloz sur la monnaie de l’époque (près de 1000 pages).  La littérature correcte sur les systèmes de changes était entièrement descriptive,  avec des commentaires normatifs du genre « grâce aux accords de Bretton Woods nous sommes entrés dans un monde de croissance perpétuelle sans risque de dépression ».  La banque c’était l’affaire des banquiers pas des économistes. La banque internationale : quelle banque internationale ?

Seconde découverte : la littérature américaine était nettement plus développée mais traitait de la monnaie comme quelque chose d’étrange  qu’il fallait constamment démystifier dans une ambiance de combat.  Il faut dire que la bataille entre les orthodoxes de l’étalon or, les monétaristes autrichiens et les keynésiens battait son plein.   Le contentieux était lourd et les invectives toujours proches.  En gros les tenants de l’étalon or étaient pour leurs contradicteurs  des fétichistes et, disons le, des crétins, qui proposaient de creuser des trous dans la montagne pour sauver le monde.  Leurs adversaires étaient des « aventuriers » aux idées farfelues qui mettraient vite le monde à genoux.   Participer au débat était difficile parce que les idées et les réflexions étaient peu claires et les coups à prendre certains.

Troisième découverte : il existait bien des tenants des changes flottants. A la vérité UN tenant …et un seul.  Pour Milton Friedman, les devises étaient de la marchandise comme les autres  et son prix devait être libre. Les forces du marché fixeraient les prix.  Il était aussi vain de chercher à les fixer qu’il était vain de fixer le prix du pain.   Si des Etats mal embouchés voulaient faire de la mauvaise monnaie, elle serait aussitôt boudée. La liberté de mouvements des capitaux  aurait tôt fait de faire comprendre aux dirigeants les nécessités d’une monnaie saine et bientôt dans la joie et l’allégresse les  taux de change se stabiliseraient et les taux d’intérêt convergeraient.

 Pour ma thèse  de doctorat, la question de la prévisibilité des taux de changes  et donc de l’horizon économique des exportateurs et des importateurs était à l’évidence cruciale.  Cette idée de flottement des monnaies n’allait pas vraiment dans le sens d’une plus grande prévisibilité.  Je m’acharnais à trouver tous les articles  et ouvrages, en dehors de ceux de M. Friedman, proposant  le flottement des monnaies.   

Quatrième découverte : il n’y en avait pas !  Les ceusses qui osaient aborder cette question étaient toujours de l’avis que les changes flottants, cela ne pouvait pas marcher.  Ils s’appuyaient sur l’expérience de l’immédiat après guerre de 1914 où les désordres monétaires avaient été importants.  Les changes flottants étaient déstabilisants : ils aggravaient la volatilité  les cours de changes et amplifiaient les mouvements.    C’était dit en passant, en quelques lignes. On n’a pas déforesté le monde pour traiter des changes flottants !

Pour résumer : à la veille de l’abandon des accords de Bretton Woods,  la question des systèmes de change était l’enfant malingre de la science économique et un seul auteur, pour des raisons plutôt idéologiques, Milton Friedman, en était l’avocat militant et belliqueux : mettre les vilains Etats sous la pression des marchés lui paraissait une excellente discipline. Tous les autres intervenants dans le débat n’étaient pas des économistes mais des banquiers. En France, des Inspecteurs de Finances comme J. Rueff.  C’est la particularité française : le seul fait d’avoir fait l’Inspection des Finances vous donne l’onction de la connaissance et de la respectabilité nécessaire pour aspirer aux plus hautes fonctions de la banque et notamment de la banque centrale.   Pour eux,  les « économistes » ce sont des statisticiens !

Cet abus a été parfaitement vu par Michel Audiard qui dans les « tontons flingueurs », cette œuvre majeure d’observation,  fait du tonton à monocle, administrateur au FMI,  un élégant  repreneur des entreprises plus que légèrement louches du papa de la nièce orpheline.

Là-dessus les Allemands, de l’ouest, légèrement agacés d’avoir à créer des DM en masse du fait de son excédent de balance des paiements avec les Etats-Unis et un peu traumatisés par le souvenir de l’hyper inflation du pays en 1923,  bloque le système de Bretton Woods (mais oui ce sont les Allemands qui ont cassé le vase de Soissons monétaire !).  Les Américains répliquent en « suspendant » la convertibilité   en or du dollar. 

Notons au passage que les accords de Bretton Woods n’empêchaient pas les Etats-Unis d’inonder le monde de leur monnaie à partir de leurs déficits abyssaux.  La réforme du système monétaire international,  si un jour on imagine qu’elle doive se faire, ne pourra pas être un retour pur et simple aux anciens accords de Bretton-Woods. Note : inutile de chercher, personne n’aborde jamais cette question.

On est alors entré dans 10 ans de désordres absolus sur les marchés des changes aboutissant à la fameuse stagflation qui était l’énigme de l’époque.  La relance keynésienne à la papa ne marchait plus. Giscard et Chirac en feront les premiers l’expérience en 1974.  Et bien non : la relance en système de changes flottants ne marchent pas !  Une leçon qui comme on le voit à été très bien retenue…

Ce qu’on a appelé à l’époque la crise du pétrole n’était qu’une crise du dollar. Le dollar est à 3.75 Francs quand les pétroliers prenant le prétexte de la guerre israélo-arabe  décident  leurs hausses massives…

La situation globale devenant explosive les Etats-Unis finissent, par le moyen de Volker, par réduire leurs déficits, au prix d’une forte récession.  C’est à ce moment là qu’il aurait fallu mettre fin aux changes flottants. Mais il n’y eût AUCUN DEBAT.    La mort du « serpent monétaire »  mis en place par les européens  les réduit au silence : ils feront l’Ecu puis l’Euro  dans leur coin sans plus jamais reparler de réforme du système monétaire international.  Le Royaume Uni durement touché doit faire appel au FMI ! La puissance de la spéculation qui parvient à faire sauter toute tentative de fixité des changes achève de bloquer les cerveaux.  Le seul Soros avec une spéculation gagnante contre la Livre britannique aura suffi à mettre un bœuf sur toutes les langues.

Les changes flottants ? On n’y peut rien alors on se tait. Quand on cherche à en sortir, on est matraqué, alors laissons flotter en silence.

Le résultat on le connaît : des déficits américains perpétuels et perpétuellement aggravés après la remise en ordre de Volcker ; le gonflement de l’endettement américain dans des proportions démesurées ; des crises de plus en plus graves corrigées en inondant le monde de dollars ;   l’éclatement final.

Relire le texte de Milton Friedman aujourd’hui fait sourire tant il est marqué par une fraîcheur d’illusion ahurissante sur les bontés théoriques du système des changes flottants.

Cynisme, insolence et mépris des grandes banques « universelles »: un exemple.

 On voit se développer dans la presse un courant d’exaltation devant les performances d’une banque comme BNPPARIBAS.   N’a-t-elle pas réussi à saisir à bon compte les dépôts de Fortis et à produire des résultats  positifs lors de son dernier trimestre publié ?   

Un article  récent du Figaro s’extasie sur ses résultats.  D’autres en profitent  pour renouveler l’idée reçue que les banques françaises sont « moins touchées que les autres ».

Nous ne sommes pas d’accord.

Nous prétendons que la constitution de mastodontes « trop gros pour être abandonnés à la faillite » , vivant dans la consanguinité perpétuelle avec l’Etat où ils imposent leur loi,  accumulant des parts excessives de la richesse nationale et en réservant une part excessive à une poignée de satrapes sans mérite,  dominant la presse par leurs financements et leurs encarts publicitaires (excluant tout article autre que de flagornerie) , multipliant les métiers incompatibles et risquant de ce fait de ponctionner abusivement les épargnants,   nuit à  l’intérêt général.

La gloriole  de voir se constituer un champion national français dans la mondialisation bancaire ne doit pas nous aveugler.

BNPPARIBAS  est allé mendier de quoi survivre auprès de l’Etat et de la BCE. Comme les autres.  Trois de ses fonds ont été pris dans la tourmente des subprimes et la solution choisie a été terrible pour les souscripteurs : l’impossibilité de sortir.  Même l’affaire Madoff  a touché la banque.   Heureusement qu’AIG a été renfloué car sinon bien des prêts assurés auraient du être passés en pertes et profits.   Si l’opération Fortis n’avait pas abouti il aurait fallu recapitaliser en toute urgence et pas par des petites sommes.  Il n’y a rien là qui mérite l’admiration.

Pour les clients la catastrophe a été certaine. 

La stratégie de BNPPARIBAS dans la partie banque de détail a été parfaitement claire : 

-          Repousser sur le client l’essentiel du travail de ses agents

-          Taxer ce travail.

Toutes les opérations sont taxées  sauf le dépôt lui-même et le chèque.  Et au prix fort. 

Les guichets ont été réorganisés et il n’y a plus qu’une seule employée au guichet dans nombre d’agences.   Vous voulez du cash ? Do it yourself au Gab !  Vous voulez remettre des chèques ? Remplissez vous-même le bordereau  SVP et revenez au guichet quand vous l’aurez  fait.  Vous voulez faire un retrait  important ? Commandez bien à l’avance.  Une opération internationale ? Allez au siège ou attendez des jours.  Vous voulez fermer un compte ? Mais c’est odieux cela !  Et gare  si vous avez un découvert !

L’activité de dépôt est doublement juteuse puisque à l’exploitation immédiate de la trésorerie par la banque s’ajoute le scandale ancien et jamais réglé des  décalages  abusifs de dates de valeur (le traitement informatique a complètement annulé la justification initiale du dispositif).

Naturellement le « client » n’a strictement aucun pouvoir  contre un tel mastodonte. 

Renforcer le mastodonte est-il dans l’intérêt de l’usager ? Evidemment non.  Il est clair que la rentabilisation de l’achat de Fortis  (à propos financé comment ?) va passer pour les usagers de la banque de détail  par la généralisation des  méthodes qui ont si bien marché pour la maison mère.

On dira : et la concurrence entre banques de détail ?  Il n’y a pratiquement aucune concurrence entre les banques de dépôts.  L’économie bancaire veut que seuls les très grands réseaux  puissent amortir les coûts marketings, informatiques et règlementaires.  Tous les petits réseaux disparaissent les uns après les autres.  Il se crée une situation oligopolistique renforcée par la puissance des syndicats professionnels (qui datent de Pétain)  et la consanguinité avec les pouvoirs administratifs et politiques  (voir l’origine des dirigeants et l’affaire Pérol).   Les banques étrangères ont pratiquement renoncé à créer des réseaux significatifs.  On reste entre soi. Dix personnes gèrent 80% des dépôts des Français.   La règle désormais c’est comme dans les mafias bien connues : touche pas au grisbi et à ma part de marché : « tous ensemble, tous ensemble … ».

Nous disons : d’accord la concentration est inévitable. Mais nous concluons : séparons au moins l’activité de dépôts des autres métiers.  L’oligopole au détriment du client à la base ne doit pas s’accompagner de sa spoliation organisée dans les sphères du placement.  La gestion des dépôts doit rester une activité de services et rendue plus concurrentielle qu’elle ne l’est actuellement.  Au prétexte de « sécurisation des dépôts » (qui ne sont en danger que du fait qu’ils sont utilisés par la banque pour son compte personnel)  on a accepté des encadrements et des pratiques anticoncurrentielles  qui ne sont pas compensés par les quelques mesures récentes visant à obliger les banques à faire apparaître  les frais  qu’elles ont récupérés sur le malheureux usager.  Il suffit de voir comment ces récapitulations sont faites pour qu’on imagine la grande rigolade de ceux qui les ont pondus.

Dès qu’on entre dans la sphère des placements, on constate combien le client est maltraité.  Les agences étant dégagées des tâches de service traditionnelles, les équipes restantes sont là pour faire du profit à l’aide de l’information captive qu’ils ont des dépôts. Un solde gonfle un peu ? A l’attaque.  Il faut placer, placer, placer.  Car l’activité de placier est très rentable et pratiquement sans aucun danger quand on travaille sur les sommes en jeu. 

Prenons un exemple : Wanadoo.  BNPPARIBAS touche d’énormes courtages pour placer le titre lors de son introduction en bourse.  Tous les  excédents de dépôts sont screenés et les commerciaux lancés sur la piste.  Il faut placer le plus de titres possible.  L’argumentaire a été rodé par les services centraux et inculqués aux commerciaux.  Des centaines de milliers de clients sont sollicités avec les arguments les plus alléchants.  Des dizaines de milliers souscrivent.  Le titre s’effondre. Il est racheté à 50% de sa valeur par l’émetteur, France Telecom,  qui a donc récupéré  des sommes colossales (au final la valeur de sa filiale, tout de même ! Madoff est un gentil garçon…et si bête)  sans aucune  justification.  Mais BNPPARIBAS a gagné à l’aller et au retour lors de l’opération de reprise des titres !  L’épargnant  a été le pigeon de cette sinistre affaire qui ne sera jamais dénoncée dans la presse : France-Telecom et BNPPARIBAS sont des annonceurs trop importants et leurs équipes trop liées à l’Etat (qui finance la presse) pour qu’on se mobilise.   Les crétins n’avaient qu’à ne pas acheter (qui les forçait) et s’ils font de mauvaises affaires c’est pour leurs pieds. Les mensonges n’engagent que ceux qui y croient.    Mettre les commissions gagnées en garantie  pour indemniser ne serait-ce que partiellement  les souscripteurs ?  Vous voulez rire ! En revanche lorsque la banque fera de mauvaise affaire ce sera pour les pieds des contribuables…

Encore s’agit-il dans l’affaire Wanadoo  du placement de titres  extérieurs (oublions les consanguinités possibles de conseils d’administration et le fait que France Telecom soit sans doute un client du placeur).  Mais la banque fabrique ses propres fonds.  Qu’elle place dans les mêmes conditions.  Et là pas question que les clients sachent combien la banque gagne et comment.  L’argumentaire ? Toujours le même : « nous sommes  gros donc votre argent n’est pas en danger.  Vous n’allez pas traiter avec des officines ! ». Encore et toujours l’argument de la taille. L’activité est hyper juteuse et sans aucun danger : tous les risques sont pris par le client.  La banque  touche à tous les bouts de la chandelle, mais les frais sont cachés au client.  L’important c’est de rester dans la moyenne des résultats  du marché, ce qui, compte tenu de la taille des fonds engagés,  est presqu’automatique.  Les fabricants internes  des fonds en question ne sont qu’une poignée  rémunérés par des bonus exorbitants. Les hauts dirigeants ne s’oublient pas au passage.  L’extension de la taille  de la banque permet de grossir les bénéfices de ce genre d’activités sans augmenter les coûts. Les rendements sont croissants avec la taille et une poignée d’hommes sans talents particuliers va toucher les rémunérations  extravagantes qui laissent sans voix le reste de la population.    

L’affaire devient encore plus croustillante avec les mandats de gestion.  Même plus besoin de rémunérer la cohorte des commerciaux en agence pour convaincre la clientèle captive.  On prime le commercial  une fois lorsque le pigeon a été rabattu de l’agence locale à la gestion de fortune.  Là on fait ce qu’on veut comme on veut quand on veut.

Dans n’importe quel autre métier que la banque, le mandataire ne peut toucher d’autres rémunérations  que les honoraires de son mandat.  Lorsque par exemple les syndics d’immeubles s’affranchissent de cette règle, ils sont poursuivis au pénal.  Si on prétendait imposer cette règle de base du Code à la banque, on entendrait sans doute jusqu’au fond de l’univers les rires inextinguibles de ces messieurs.   Regardez ma main droite mais pas ma main gauche.  Tous les départements ou filiales de la banque se servent sur la bête.  Courtages, commissions, frais,  toute la panoplie des rémunérations se met en marche sans que le client n’en voit  rien.  Les analystes de la banque conseillent les bons produits de la banque qui fonctionnent avec les services de la banque.  Une fois encore il s’agit de faire aussi mal que les autres en sachant que même si on fait pire l’argument  du poids de la banque et de la « sécurité » que la taille procure sera mis en avant.

Alors les gestionnaires font littéralement n’importe quoi pourvu que cela rapporte à la banque.  Les subprimes ne seront pas intégrées dans les comptes des clients français  en 2002 ou 2003. Mais généralement au premier semestre 2007 lorsque les courtages offerts par les courtiers américains pour se débarrasser de ces produits qui commencent à brûler les mains sont au plus haut.  Jamais l’état français n’a exigé de connaître les rémunérations  obtenues par les banques dans le cadre de ces opérations douteuses ni qu’elles soient restituées aux investisseurs lésés. Si vous avez lu dans la presse un article exigeant une telle étude ou la constitution d’une commission d’enquêtes parlementaire …

Un de nos correspondants nous a envoyé copie des placements faits par BNPPARIBAS sur un (petit) compte profil « équilibré » avec mandat de gestion.  On y voit à l’été 2008 des achats surprenants de titres de banques françaises.  Les titres sont BNPPARIBAS bien sûr (on n’est jamais mieux servi que par soi même)  et le 9 septembre 2008, la veille même de l’effondrement  général des banques, 31 actions de la Société générale, solidarité de place oblige.  Tous les banquiers savent à cette date que le marché interbancaire est bloqué, que les plus grosses difficultés bancaires se préparent.  Dès cette date on sait qu’il se passe quelque chose d’inhabituellement grave aux Etats-Unis.  Et les cours des banques sont déjà en chute libre.  La Société Générale est dans la ligne de mire depuis l’affaire Kerviel. Qu’importe : on achète dans le cadre d’un tout petit compte de profil équilibré un titre qui va perdre 70% de sa valeur et qui ne pouvait en aucun cas en gagner! 

Comment justifier l’injustifiable ?  Avec l’impudence la plus totale.   « La part dévolue à chaque classe d’actifs, l’allocation géographique et sectorielle  ainsi que le choix des valeurs relèvent de la stratégie  de la banque qui est adaptée à chaque profil de gestion selon un processus rigoureux », répond la banque à son client  essoré par de tels choix. « La gestion sous mandat ne peut être absente d’un secteur qui représentait environ 32% de l’indice Eurostoxx 50 en janvier 2008 et 20% de l’activité économique de la zone euro ».

Et passez votre chemin mon bon Monsieur.  Le fait que le secteur représentait   32 % de la bourse est la traduction d’une phénoménale anomalie et même le signe que le système était devenu fou.  Comment une activité qui normalement se rémunère de quelques pourcent sur le financement d’une part des investissements d’un pays, investissements qui ne représentent qu’une fraction du PIB peut elle atteindre le tiers de la valorisation des actifs boursiers ?  On sert comme argument  de bonne gestion le symbole même de l’énorme crise économique en cours !  Plus cynique, on ne peut pas.  Ici encore on voit le sourire sardonique de l’apparatchik qui a pondu cette prose.  A moins qu’il ne soit totalement inconscient.  Ce qui est fort possible.

Et la suite du texte montre comment on exploite la taille comme argument : « les quatre valeurs dans votre portefeuilles …sont des établissements bancaires européens qui occupent une position de leader sur leur marché ».  Evidemment BNPPARIBAS fait parti de la bande des quatre.

Quant aux produits pochettes surprises que BNPPARIBAS a concocté pour son bien aimé client il faut citer PARVEST AGRICULTURE, un fond très moral destiné à spéculer sur la faim dans le monde et qui a pratiquement perdu toute sa valeur (une variante de spéculation  dont le film de J. Rouffio, le Sucre donne un bel exemple).  BNPPARIBAS a fait souscrire à ce fonds une part considérable de sa gestion sous mandat, y compris  dans le cadre de l’assurance vie ( ?!) en unités de compte.   Evidemment ce fonds a été une tirelire permettant de toucher sur les toutes les opérations, la main droite cédant avec commission à la main gauche, etc. La routine.  Risque pour le BNPPARIBAS : aucun. Résultat pour les épargnants : la perte d’une part très importante de leurs avoirs mis sous mandat de gestion. 

Justification ?  «Pour diminuer le risque de votre portefeuille  nous avons acheté ce fonds dé corrélé des marchés actions et obligataires » !  Vous n’êtes pas plié de rire ? Spéculer sur les matières premières agricoles pour éviter de prendre des risques !   Il faut dire que dans le cas de notre petit épargnant  le profil équilibré avait été exploité jusqu’à la limite haute permise pour les actions. Alors que tout le monde savait que la bourse se cassait la figure (le plus drôle est que la lettre du « directeur de groupe » le confirme puisqu’il a voulu « décorréler » à des fins de protection contre l’évolution mauvaise de la bourse),  le portefeuille en question contenait tout de même près des deux tiers en actions alors qu’une gestion sage aurait consisté à revenir à la borne basse de 35% dès 2007.

Cette histoire du cynisme ordinaire, de l’insolence sans crainte,  de l’arrogance sans limite, et du mépris d’acier des banques pour leurs petits clients lésés  n’aurait qu’une importance anecdotique (sauf pour la victime)  si elle ne nous révélait  les méfaits de la course à la taille et la nécessité d’y mettre un terme.

Nous sommes les plus gros, nous sommes les plus forts, nous sommes les plus sûrs.  Bien sûr on vous a partiellement ruiné, et on vous ponctionne par tous les moyens possibles, mais lisez la presse : nous sommes les meilleurs.  On racheté Fortis (au détriment d’actionnaires ruinés) et nous faisons des bénéfices (enfin, c’est ce qu’on dit, on ne va pas vous parler de notre politique de provisions tout de même). N’est-ce pas là l’essentiel ?  Cherchez mieux si vous le pouvez, bouffon !  Non, là on exagère, voici la phrase exacte: « Je peux vous assurer que la  banque n’a d’autre motivation que celle de préserver vos intérêts. Votre centre de gestion privée est à votre écoute ».  Cause toujours dans ma belle oreille …

La course à la taille des mastodontes  ne peut qu’amplifier  ces phénomènes.  La course à la polyvalence aussi.  L’assurance doit être séparée de la banque ; la gestion privée doit être séparée de la production  de fonds de placement  ; les crédits doivent être séparés des dépôts ;  la gestion sur compte propre doit être faite dans des entreprises indépendantes.  Il ne faut plus qu’une banque puisse donner  comme justification à l’auto investissement des fonds sous mandat dans son propre titre le fait que la dite banque répond au merveilleux modèle de la banque universelle, un autre morceau de bravoure de la lettre citée.   

Il va de soi que nous n’avons rien contre BNPPARIBAS en particulier. Nous ne citons cet exemple que parce qu’il nous est parvenu par le hasard des relations des documents incontestables. Mais nous savons bien que c’est partout pareil. Ce n’est pas UNE banque qui nous préoccupe mais un SYSTEME.  Nous avons aussi retenu cette banque  parce qu’elle symbolise ici et maintenant  une certaine forme de triomphe médiatique bancaire.  L’exemple serait moins probant avec une banque qui connaîtrait des pertes  et qui aurait été rachetée…  Que l’on prenne la reine des banques universelles américaines, Citigroup, ou même Goldman Sachs si l’on préfère (preuve parfaite de la totale consanguinité entre Wall Street et la présidence américaine) ! Les faits seraient pires mais  la chanson resterait  la même.

Des banques polyvalentes et hypertrophiées dans  un secteur bancaire lui-même globalement hypertrophié sont, même et surtout  bénéficiaires,  même et surtout  triomphantes dans leur stratégie personnelle, contraires  à l’intérêt général de l’économie et à celui des particuliers.  

La presse, muselée par ses intérêts bien compris, restera muette. L’Etat français, dont les hauts fonctionnaires vivent en symbiose avec les grandes banques nationales, ne bougera pas.

 Reste l’opinion publique. 

Que la crise sévère où nous sommes permette au moins les prises de conscience nécessaires.

 

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des Economistes E-toile.

 

Que penser de l’emprunt obligataire de Microsoft ?

La décision de Microsoft de lancer un énorme emprunt obligataire de près de 6 milliards de dollars (selon les bruits de couloir), après avoir levé 2 milliards de dollars en billets de trésorerie, alors que le bénéfice 2008 dépasse les 22 milliards de dollars et la trésorerie est au dessus de 25 milliards,  et que la sortie de la prochaine version de Windows va une nouvelle fois déverser des flots de cash dans les caisses du géant de Redmond pose tout de même quelques questions.

On peut y voir les difficultés nouvelles d’un géant dont les marchés arrivent à maturité et qui doit, devant le repli de la demande mondial, se résoudre aux expédients que ses sur-bénéfices lui avaient fait dédaigner depuis toujours.  Les plans de licenciements se succèdent qui d’ici 2012 devraient atteindre près de 10.000 personnes.  Sur Internet Microsoft n’a pas réussi son pari du milieu des années 90 de devenir le leader incontesté. La création de marchés nouveaux s’est faite loin de lui et ses tentatives de rachat n’ont pas abouti à des résultats manifestes et même ont du être abandonnés pour un temps, comme dans l’affaire Yahoo !  

On peut certes se réjouir que Microsoft n’ait pas réussi dans sa stratégie de constitution de monopoles nouveaux sur des marchés neufs à partir des rentes des monopoles précédemment créés : l’OS, puis la bureautique, puis les serveurs, puis les outils de développement, etc. La téléphonie, la vidéo à la demande, les portails, les outils de recherche, ont résisté à l’emprise de Microsoft qui du coup devient sensible à la conjoncture.

Mais l’opération prévue donne quelques indications sur l’état de lieux sept mois après l’explosion du système bancaire.

D’abord, la récession est à l’évidence sérieuse si une tirelire comme Microsoft en vient à souffrir. Les courants d’affaires internationaux sont arrêtés non seulement pour les produits lourds mais aussi pour le logiciel.  On est loin des « subprimes » !

Ensuite, l’opération montre à quel point nous sommes encore dans une économie où la finance prend le pas sur tout le reste.

On a stigmatisé à l’envie depuis 6 mois le goût de lucre des dirigeants, les opérations bancaires hyper lucratives mais sans mérites particuliers, concentrant la fortune en quelques mains,  les effets de leviers excessifs utilisés pour maximiser les taux de profits.

Une des motivations possible et en partie annoncée par Microsoft est le rachat d’actions Microsoft par la société : on emprunte pour détruire des actions. L’idée est naturellement d’augmenter massivement le rendement par action et éventuellement les cours, ce qui est bon pour les dirigeants et leur stocks-options.  Le rendement interne d’1 dollar investi par Microsoft est, à l’évidence, supérieur aux coûts très bas de l’emprunt. Ce qui veut dire que le bénéfice par action est là encore fortement accru.  Nous sommes donc typiquement dans les opérations financières de haut de bilan  qui ont été dénoncées depuis l’instauration des changes flottants et qui s’était traduit par la crise obligataires des années 70 et 80,  et les déviations subséquentes avec enchaînement des crises financières. On reste donc dans la logique du passé.

Si des épargnants veulent souscrire, ils vont à nouveau se trouver confrontés à un problème de change : bonjour les montages subtils pour pallier au risque.  Il parait qu’il fallait mettre fin à ces dérives !

L’épargne n’est pas canalisée vers l’emploi et la création de postes mais sert à conforter des stratégies financières concernant uniquement les possesseurs de capital ! 

Naturellement les énormes ressources accumulées peuvent servir à des rachats de part de marché sur Internet.  Ce qu’on n’a pas pu faire par la concurrence on peut essayer de le faire par la puissance financière. Même dans ce cas nous restons dans le haut de bilan et l’effet de levier. Une spéculation aura été faite sur la différence de rentabilité des sociétés rachetées et non plus des investissements internes par rapport au coût du crédit.  Dans toute crise, même gravissime, il reste des entreprises qui connaissent de fortes croissances.  Microsoft a traversé la crise de 92-93 et  celle de 2000-2001 sans pratiquement laisser de plumes. Il lui faut  désormais acheter les locomotives actuelles du marché Internet et éventuellement se placer sur les « blockbusters » de demain. 

Une fois encore il s’agit d’une stratégie purement capitaliste sans bénéfices évidents pour le consommateur et le marché de l’emploi. Quelques grosses banques vont bénéficier de commissions sans rapport avec les coûts engagés. De jolis bonus à prévoir pour une poignée de cadres bien placés dans le système. La banque a cessé de prêter mais garde son rôle de placier.

Nous vivons la crise avec les  idées d’avant la crise dont on nous dit qu’elles étaient à l’origine de la crise et dont on nous assure qu’elles sont désormais derrière nous.  Nous sortirons de la crise comme nous sommes sortis de celle de 2001-2002. Les taux d’intérêt presque nul ont les mêmes effets, que Bernanke soit chef ou sous chef de la FED (c’est lui qui a piloté la baisse des taux d’intérêt en 2001-2002 jusqu’à la rendre négatifs,  sous Greenspan).

Plus cela change, plus c’est la même chose. Ou plus exactement quand on ne change rien,  rien ne change.

Le Mea Culpa de Martin Wolf

Pendant plusieurs années, pendant notre période Forum, nous avons assez systématiquement critiqué les positions prises par Martin Wolf, le journaliste financier vedette du Financial Times.

Nous avons donné sur ce site un exemple des critiques que nous lui faisions sur le site même FT.Com.  Voir "Panic will be the rule and depression the only result".

Notre contentieux : Martin Wolf croyait dur comme fer à la finance, sa liberté, sa capacité d’être guidée par la main invisible et par l’absence totale de régulation des banquiers centraux.

C’est un homme qui croyait dur comme fer que les marchés seuls savaient et qu’ils devaient faire la leçon aux gouvernements par la spéculation.  

Il était partisan de  l’idée sotte et totalement idéologique  qui s’est développée depuis l’émergence des changes flottants, à savoir qu' il faut et il suffit que les banques centrales soient indépendantes et ne s’occupent que de régler l’inflation pour que tout soit le mieux possible dans le meilleur des mondes.

Les marchés feront le reste.  Tout obstacle aux marchés ne serait donc qu’une rupture d’optimisation  dans l’allocation des ressources.  Les prix étant restés bas pendant une longue période,  les bulles n’avaient pas d’importance : elles reflétaient la bonne santé générale et il ne fallait surtout pas s’en occuper.

La carrière de Martin Wolf a suivi l’envolée de la finance « libre, arrogante  et dominatrice » jusqu’à lui valoir un édito au journal le Monde !

 Dès 1999 nous avons insisté sur le fait que la bulle financière était catastrophique et ne se traduisait pas sur les prix de détail du seul fait de l’ouverture totale à la Chine et à l’Inde.  Cette compétition inédite avec un pays aux ressources humaines sans limite, pesait nécessairement sur les prix.  

Nous indiquions que l’inflation des moyens de paiements se reportait ailleurs : essentiellement sur la masse des crédits et sur le prix des biens durables (bourses, immobilier, matières premières, etc.).  Nous avons toujours considérée que la définition de l’inflation comme montée des seuls prix de détail était trompeuse.  Nous considérions également que cette situation était désastreuse  en ce sens qu’elle freinait les investissements utiles dans les industries européennes produisant des biens de consommation  et reportait l’épargne  sur la seule spéculation. Le mouvement était auto-entretenu.

A la décharge de Martin Wolf, il faut bien admettre qu’à partir du moment où on a libéré tous les mouvements de capitaux et laissé  les changes flotter, c'est-à-dire qu’on a institutionnalisé le fait que l’Etat et les autorités économiques et financières  n’ont plus à se préoccuper du niveau de leur devise sur le marché des changes,  et qu’on ne régule plus les échanges de marchandises, il ne reste plus qu’à se consacrer aux pris de détail. Si les prix sont stables, c’est que la monnaie conserve sa valeur. Si les autres monnaies varient, c’est de leur faute et on n’y peut rien !

Analysant le rapport  du MIT 2007 sur la stratégie monétaire et le rapport de la Hoover Institution en 2009 : comment on a déraillé (getting off track) , Martin Wolf fait amende honorable. « Most of us, I was one, thought we had found the Holy Grail. Now we know it was a mirage”.  “la plupart d’entre nous et j’en suis avaient cru trouver le Saint Graal. Nous savons maintenant que c’était un mirage ».

C’était surtout une erreur de jugement à caractère pleinement idéologique  et un sentiment intéressé (la finance anglaise croyait tenir le marché surtout depuis la loi SOX qui avait vu les américains commencer à durcir les conditions des jeux spéculatifs).  Lorsque  l’intérêt et l’idéologie s’en mêle  et qu’on tient la colonne dans le vent dans le journal symbolique de la nouvelle tendance, il faut une crise mondiale plus sévère que toutes celles que nous avons connues  pour ouvrir les yeux.   Il ajoute, horresco referens, que si le monde des grands argentiers n’arrive pas à piloter un système entièrement fondé sur la « fiat money », sur le papier monnaie émis par des institutions d’émissions qui ne comptent que sur leurs propres analyses, il faudrait en revenir… à l’étalon or. 

Tout cela fait sourire. Mais donne tout de même une clef : Martin Wolf admet que les changes flottants sont associées à la finance libre, que la crise est d’essence principalement monétaire et  que s’il n’est pas possible d’éviter de nouvelles crises aussi dures,   il faudra bien que le monde : « embrace what I still consider  to be the absurdity of gold ».  

Mais oui Martin ! C’est exactement cela et tu as parfaitement raison de te sentir pécheur.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

 

Des idées qui font leur chemin ?

Voici cinq  idées qui ont fait leur chemin depuis 7 mois.

       1. La nationalisation temporaire des banques

On ne compte plus les organismes ou spécialistes qui pensent désormais que ce serait la meilleure solution et parmi elle le FMI et une partie de l’Administration américaine ce qui ne manque pas de sel.   Lorsque nous avons fait cette suggestion, immédiatement  après le krach, elle avait paru bizarre, sous la plume d’économistes pas particulièrement tentés par les idées socialistes.

       2.  La contestation de la banque  mammouth et universelle

De très nombreuses voix aussi bien du côté des économistes que des banquiers centraux que des politiques remettent en cause ces géants « too big to fail », trop grands pour être bien gérés, trop polyvalents pour ne pas accumuler les conflits d’intérêts, trop coûteux pour les ressources des nations censées venir à leur secours et trop puissants pour garantir l’indépendance des Etats.

      3.  L’incapacité de la finance à trouver son chemin toute seule

Les théories basées sur l’idée qu’une finance libre, informée et sans contraintes  affecterait magiquement  les ressources disponibles au mieux des nécessités  est morte et enterrée.  C’est évidemment la question de l’information  qui est au centre du fléchissement de la doctrine.  On est plus dans la psychologie comportementale de foldingues gloutons et  moutonniers  que dans l’analyse rationnelle de faits bien analysés par des agents bien informés.  Lorsque l’horizon utile  de la finance descend en dessous de 8 minutes,  on peut douter que la croissance durable et équilibrée à long terme soit au menu.  Et que reste-t-il de la prétention de certains à noter la qualité du papier financier échangé ?

       4. Le caractère trop spéculatif et « courtermiste »  des comportements

Hedge funds mobilisant des sommes colossales suffisantes pour peser sur les marchés  et manipuler les cours, et utilisant des techniques  comme la vente à découvert pour provoquer des mouvements  auto réalisateurs ;  importance excessive des salles des marchés ;  pression excessive des fonds de pension  pour une rentabilité immédiate, la durée moyenne d’un placement n’excédant pas un an ;  recherche d’un gain fiscalement avantageux sur des plus values de stocks options  par des dirigeants de grandes entreprises qui ne regardent plus au-delà du prochain jackpot ; abus de chirurgie financière  dépeçant des entreprises ou les portant à court terme à des fins de plus values  immédiates après restructuration brutale.   Recherche de la plus value de préférence au chiffre d’affaire et orientation « haut de bilan », voire hors bilan  et non plus « compte d’exploitation ».

      5.  La nécessité d’une plus grande « stabilité financière »

Il ne manque pas une voix pour chanter les vertus de la stabilité financière « indispensable ».  Du G.20 aux discours des banquiers centraux en passant par tout ce que les classes politiques  comptent d’importants, partout le maître mot est « stabilité ».

 

Il va sans dire tous ces constats  vont ensemble.  Si la finance n’était pas devenue quasi exclusivement spéculative,  si elle était rationnelle et bien informée,   si la course à la taille  n’avait pas conduit aux pires dérives,  si l’instabilité n’avait nourri des stratégies ultra dangereuses mais aussi ultra lucratives, il ne serait pas nécessaire de  nationaliser les banques pour restructurer le secteur.   

L’ennui c’est que ce constat devenu banal ne débouche sur aucune réelle décision. Les bonnes idées font leur chemin, mais elles cheminent dans une impasse.  Aucune décision n’est  prise parce qu’en fait tout le monde est paralysé par la dictature de l’existant, l’inertie des habitudes, les réseaux d’intérêt et l’incapacité de se projeter dans l’avenir avec un minimum d’idée sensée.  L’obligation de décisions identiques à l’échelon international ne conduit pas  à fluidifier les choses.

Si le bon diagnostic est celui d’une montagne de dettes grossie indéfiniment  par les déficits fabuleux des balances de paiement internationaux  et provoquant une création monétaire déraisonnable qui vient juste de s’écrouler,  il soulève deux questions cruciales :

-          Comment minimiser les conséquences et permettre une sortie de crise rapide et pas trop coûteuse ?

 -         Comment éviter que cela ne recommence ?

On l’a répété mille fois (et peut être plus) sur ce blog. Si la cause des déséquilibres est dans le système de change, il ne peut y avoir de solution sans remettre en cause le système de change.  Faute de l’avoir fait et même de l’avoir simplement imaginé,  on a laissé le moteur de la crise  tourner à plein régime.  Il fallait dans l’instant abandonner le système des changes flottants et rendre les Etats responsables de leur solde de balances de paiements devant la communauté internationale.   Si on chemine dans une impasse, c’est d’abord parce qu’on s’est mis un sac sur la tête et qu’on a refusé ne serait-ce que de regarder au-delà du bout de son nez .  Ce n’est plus de l’aveuglement. C’est de la cécité volontaire et entretenue.

D’autre part si on assiste à l’effondrement mondial d’une montagne de dettes, on devrait concevoir que ce n’est pas l’endroit où se trouve la dette en défaut qui compte d’un point de vue macroéconomique,   mais qui doit payer les pertes.   En toute logique ce sont les émetteurs de ces dettes  et ceux qui les ont fabriquées et diffusées qui doivent trinquer en premier,  alors que l’idée qui prévaut est de ruiner le créancier  et de répartir le reste de la charge sur les contribuables d’aujourd’hui et de demain. La meilleure recette pour avoir une crise dure  et interminable.

On prétend sauver les dépôts en sauvant les banques coupables. Mais pourquoi diable les dépôts doivent-ils  être en danger quand les banques de crédit font des sottises ?  La réforme mille fois envisagée dans l’histoire  du système des dépôts  qui voudrait que les dépôts en soient vraiment et qu’ils ne puissent être utilisés dans la trésorerie des banques pour leurs besoins de crédit  provoquerait certes un changement radical des habitudes. Les banques de crédit seraient obligées de trouver leurs ressources sur le marché monétaire, l’épargne des particuliers et des entreprises étant sollicités EXPLICITEMENT en ce sens et non pas IMPLICITEMENT ET AUTOMATIQUEMENT comme actuellement. 

La gestion des dépôts et des systèmes de paiements est une activité de service à peu près sans risque.  Elle ne demande pas des qualités de banquiers mais de prestataires de services : bonne organisation,  excellente informatique, politique marketing adaptée.  Si les dépôts en sont vraiement et non des prêts masqués, Il ne peut plus y avoir de ruée sur les dépôts et  les  agents économiques sont à peut près sûr que leur épargne liquide n’est pas menacée. Cela éviterait de nombreux comportements paniquards désastreux et  serait de nature à ne pas miner la confiance générale.  La question structurelle deviendrait simplement  d’éviter les concentrations de réseaux excessives   et les atteintes à la concurrence. Le développement  international de ces sociétés de service pourrait être envisagé sans difficultés. Après tout,  qu’un bon gestionnaire parvienne à obtenir des parts de marché partout où il est excellent n’a pas d’inconvénient.   Cela permettrait de faire sauter les obstacles structurels à la concurrence  comme la complicité en France des hauts fonctionnaires et des banquiers  (ils baignent dans le même vivier) et les syndicats professionnels  abusifs qui au nom de la « sécurité » des dépôts multiplient les entraves à la concurrence et les opérations conjointes à tarifs excessifs.  

Quand le débat existe sur ce projet, c'est-à-dire pratiquement jamais, et dans des lieux non publics, l’argument employé par les tenants du statu quo est « le risque d’assèchement des liquidités » et  sa variante : « la montée de la thésaurisation ».  En gros l’argument c’est qu’en trompant les déposants qui en général ne savent pas qu’en réalité ils ont fait un prêt gratuit à leur banque quand ils y déposent des sommes,  on assure le financement de l’économie.   C’est une hypothèse intéressée et très aventurée. D’ores et déjà les agents économiques gèrent le mieux possible leur trésorerie. Les moins négligents parviennent à maintenir un solde non placé le plus faible possible.   Ce qui serait théoriquement perdu serait ce simple solde « de négligence ».  Mais en fait, les agents seraient encouragés à prendre des décisions de placement liquide  pour leur propre compte et en faisant jouer la concurrence. Les banques de crédit seraient obligées de faire quelques efforts pour leur proposer des produits attractifs.  Au total un client autonome et prenant des décisions en fonction d’une offre plus attrayante serait certainement plus motivé et globalement économiquement plus utile qu’un client enchaîné et privé de choix.  Les banques de crédit s’alimenteraient sur les marchés monétaires et  financiers : c’est à la banque centrale de régler la liquidité générale.  Et s’il manquait de monnaie il ne serait pas très difficile de faire face.

La nationalisation temporaire des banques aurait un sens  dans cette perspective. Les activités de banque succursaliste de gestion des dépots et des paiements pourraient être immédiatement détachées : elles sont saines par nature. Et ont une valeur propre importante.  Mettre aux enchères les réseaux  permettrait immédiatement de lever les fonds nécessaire à l’amortissement des pertes  sur dettes.  Personne n’a cherché à valoriser ce que représentent en valeur patrimoniale les réseaux de succursales des grandes banques anciennement de dépôts.  C’est une lacune gigantesque. A notre sens elle montrerait que cette valeur est supérieure à la valeur boursière actuelle des banques considérées !   On imagine le levier pour renflouer ce qui peut l’être !

Cet acte fondateur étant fait, la question  devient beaucoup plus simple : on interdit les liens dangereux  entre banques et assurances (une banque de crédit  ne peut faire assurer les risques, sa rémunération ayant pour seule justification  les dits risques !).  On sépare les activités de crédit des opérations de spéculation pour compte propre.  Le scandale d’une Société Générale qui met les dépôts à risque en faisant fonctionner à plein ses salles de marché (c’est un exemple : c’est presque partout le cas) serait définitivement réglé. La séparation radicale entre les émetteurs de produits financiers et les gestionnaires de fortune, associée à la transparence des rémunérations de ceux qui exécutent des mandats,  l’interdiction de certaines pratiques dangereuses comme les ventes à découverts en certaines circonstances et sur certains marchés financiers,  l’obligation pour les banques d’affaires de fonctionner dans le cadre d’une commandite,  l’impossibilité d’intervenir sur les marchés à partir de centres non régulés, formerait alors un cadre complémentaire logique de nature à éviter les principales défectuosités du système financier mondial sans remettre en cause la création de sociétés transversales et concurrentielles  à travers le monde.  Il n’est pas nécessaire dans un tel cadre de localiser les banques sur un territoire fermé. 

On voit que ces restructurations ne sont pas  si difficiles que cela. Et qu’on peut aboutir vite à une organisation nouvelle parfaitement opérationnelle.  En vendant les parties utiles  des banques  nationalisées temporairement, on diminuerait  de façon drastique l’encours de fonds à faire garantir par les Etats  ou  à faire payer au contribuable.

Il va de soi que les changes n’étant plus flottants et les Etats responsables de leur balance des paiements, les occasions de  spéculation diminueront de plusieurs magnitudes comme on dit dans les congrès pédants.  Touts les crédits pochettes surprise pourraient  être restructurés  pour limiter les causes de nouvelles pertes.  Le calcul économique des entreprises redeviendrait possible sachant que désormais les flux de marchandises reprendront le pas sur les flux monétaires.

On s’extasie à penser que ces mesures auraient pu être  prises dès le printemps 2007, quand il est devenu évident que le système allait sauter.   Ou  même encore comme nous l’avons immédiatement conseillé,  dès septembre 2008 ou au moins lors du G.20 de Washington.  Au lieu de cela on n’a pensé qu’à déverser des milliers de milliards d’Euros ou de dollars pour éviter une crise systémique du système des dépôts qui pouvait être sauver à bien moindre frais !  En ne faisant aucune réforme de structure.  

Et en se réjouissant lorsqu’un mammouth national comme la BNP  a réussi à piquer les dépôts d’un diplodocus  plus en difficulté comme Fortis, sans se rendre compte qu’on a ainsi créé les conditions de nouveaux pouvoirs excessifs, de nouvelles rémunérations aberrantes, et de nouveaux risques majeurs, car les dépôts récurrents du réseau Fortis n’ont qu’une seule  destination : éviter la crise de liquidité à la BNP pour sauver la peau des dirigeants  de cette banque et leurs divers plans de constitution de fortune personnelle.   C’est la même chose aux Etats-Unis ou au RU où on a pensé trouver des solutions en concentrant les réseaux de banques : l’inverse exact de ce qu’il fallait faire.  Les rêves de puissance ont continué à l’emporter sur l’intérêt général bien compris.  

Nous sommes dans l’impasse.  On y pense parfois juste. Mais on n’agit pas. La dichotomie entre la pensée et l’action est absolument totale.  Le cerveau n’est plus connecté aux membres. On est dans le songe.  Tout le monde rêve que cela s’arrangera avec un peu de patience sans rien faire d’autre qu’aligner l’argent des contribuables d’aujourd’hui et de demain. L’histoire sera dure avec l’aveuglement des  dirigeants de cette tragique époque.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

 



Sortir de la crise de 1973-2010 ?

La crise de 1974 est en quelque sorte la « mère de toutes les crises », la matrice et le modèle de toutes celles qui suivront.  Elle marque une rupture entre deux mondes : celui de l’après guerre nourri par la réaction contre les épreuves de la crise de 1929 et le notre, marqué par le triomphe de la finance et le retour aux idées malthusiennes.

Comme toujours on a donné un mauvais nom à la crise.  On l’a appelé « crise du pétrole », parce qu’à cette occasion les pays du cartel ont multiplié les prix du brut.  En fait c’était la première crise des changes flottants.  Le dollar n’était plus convertible en or depuis l’été 1971 mais en 73 les Etats s’étaient accordés pour abandonner toutes perspectives de changes fixes et avaient opté pour les changes flottants.  Le résultat avait été un effondrement du dollar, une poussée inouïe de l’or et un désordre général.  Plus une jolie crise comme on n’en avait plus vue depuis 1929.

Les crises monétaires et financières allaient ensuite s’enchaîner sans interruption : crise de 81-82 Etats-Unis, crise de 91-93, crise de 2001-2002 et crise actuelle, avec quelques hoquets monétaires ou boursiers intermédiaires comme la crise de 1987, ou  celle de 1998.  La crise actuelle boucle en quelque sorte un cycle.  Avec elle se termine une génération de l’histoire économique.  Après elle s’ouvrira une autre page.  De la même façon  que la crise de 1974 avait marqué la fin de la génération des deux guerres.  L’histoire économique et politique de 1928  à 1970 est un épisode de l’histoire cohérent.  Avec pour la France une première phase en forme de désastre et une seconde en forme de miracle.  Les deux volets forment un tout.  La jeunesse meurtrie par les idées fausses qui avaient prévalues avant guerre sera bien décidée à se reprendre.  

On a oublié combien l’avant guerre avait été un désastre pour la France.  La France aura été la principale victime de la crise de 1929.  Qui le sait encore ? De 1929 à 1939 la production industrielle augmente de 20% en Angleterre, de 16% en Allemagne, de 10% dans l’ensemble du monde et diminue de 1% en Italie, de 11% aux États-Unis et de 24% en France.  La France première nation du monde en 1928 est déclassée en 45, non seulement par sa défaite militaire mais surtout par son effroyable gestion de la crise de 1929 qui lui aura coûté aussi cher que la guerre de 1914 !

Ces faits sont occultés aujourd’hui du fait de la glorification abusive du Front populaire. Le terrorisme intellectuel ne veut pas qu’une période qui a connu un tel  paradis puisse être globalement un désastre.  Mais à la Libération il n’y avait pas de doute. Il fallait balayer toutes les idées sottes qui nous avaient fait tant de mal.  La période fut productiviste, nataliste, immigrationniste, joyeuse et dynamique. Les cinq ingrédients du miracle.

Cette réaction s’effondre à partir de 1974.  On voit revenir toutes les sottises qui avaient fichu en l’air la prospérité Française : contestation de la société de consommation mais aussi de la société de production et du productivisme, retour d’un écologisme dont les anciens  n’ont aucun mal à repérer le profond pétainisme  ; contestation du natalisme  au nom des droits de la femme  et démantèlement du mariage ;  mise au pilori de la « bourgeoisie » et des patrons (affaire de Bruay en Artois et Lip) ; apparition d’un génération de chevaliers d’industrie, dépeceurs sans vision autre qu’à court terme et purement financière (Frères Willot, Bernard Tapie) ; capture de la société par les hauts fonctionnaires  et fiscalité prédatrice ; réduction du temps de travail calamiteuse. La France qui depuis la Libération rattrapait le revenu par tête des Etats-Unis cesse ce mouvement de rattrapage avec « le programme commun de gouvernement » et les 39 heures.

Elle, qui avait damné le pion au Royaume Uni se fait rattraper pendant le gouvernement Jospin, par la grâce des 35 heures.    De la même façon que les 40 heures avaient entraîné la perte de la France avant guerre.  Pour la France la boucle est bouclée.  La génération des soixante-huitards nous a remis dans le trou où nous étions tombés avant guerre.

A l’échelle mondiale c’est la même chose. La réaction à la crise de 1929  avait conduit à mettre en place un système de changes fixes parce que tout le monde avait bien vu que les désordres monétaires perpétuels initiés  par la grande inflation de dettes de la guerre de 1914  avaient été entretenus et amplifiés  par les systèmes monétaires plus ou moins foireux qui avaient suivi et les guerres monétaires à répétition.  La leçon avait été claire :   changes fixes et organisés.  Résultats : les trente glorieuses.  Là encore on allait assister au début des années 1970 à la perte de la mémoire durement acquise avant guerre et l’entrée dans le flottement généralisé.

Ce qui est drôle c’est de voir combien la crise actuelle ressemble à celle de 1974.  Nous avons Bernard Madoff, sa pyramide de Ponzi, ses 50 milliards de dollars envolés.  Il y avait à l’époque Bernard Cornfeld, ses villas réparties à travers le monde, son yacht, ses soirées  somptueuses en Suisse et à Beverly Hill,  son fond de placement IOS dont l’explosion mettra en difficultés des centaines de banques : vous pensez 1 milliards de dollars de pertes.   

 L’empire de Bernard Cornfeld a des ramifications dans tous les paradis fiscaux et réglementaires de la planète. Il a su, résume Newsweek en juin 1967 « implanter un fonds au Canada où il n’y a pas d’impôts sur les plus-values, le gérer aux Bahamas où l’impôt sur les bénéfices est nominal, déposer l’argent en Suisse où il n’existe pas de taxe sur les intérêts et conserver les titres eux-mêmes à Londres où la garde se fait en franchise. »

On parle aujourd’hui de dérégulation financière et de mondialisation incontrôlée de la finance.  Elle était déjà là en 1974, également dénoncée, de même que le secret bancaire. 

Admettons que Bernard 1 était plus flamboyant que Bernard  2: il a traversé toute la période entouré de voitures de luxes et de « bunnies » voire de prostituées  autrement plus affriolantes que les casquettes de Madoff.   Juifs  tous les deux ils montrent bien la différence des générations. Lorsqu’on est né  pauvre en Turquie juste après la guerre de 14  on savait vivre riche  et ouvert dans un monde sans frontière ! Les adolescents des années 50 eurent le succès nettement  moins pop et pour tout dire plus fermé et tristounet.      

Un livre comme celui d’Alvin Toffler, Eco Spasme,  écrit juste dans la foulée de la crise de 1974, montre bien les similitudes avec les réactions à la crise que nous connaissons aujourd’hui. La  première page de l’édition française chez Denoël porte dans un bandeau bien rouge  l’accroche : « Quand le monde devient fou comment revenir à la raison ? ».  

Le premier chapitre est nommé : « un monde casino ».  On y trouve cette amusante  observation : « Beaucoup plus fondamental fut l’échec des mesures de contrôle et des stabilisateurs destinés pourtant à encadre des entreprises ultra légales. Ce n’était plus les courtiers marron et les démarcheurs sans scrupules mais des banquiers réputés incorruptibles qui prenaient de nouvelles libertés. Aujourd’hui il existe tellement  de nouvelles banques appartenant à de si nombreux groupes transnationaux et éparpillés dans tant de pays que personne ne peut en assumer la responsabilité. Qu’est-ce qui peux empêcher un banquier de faire à l’étranger ce qui est immoral ou illégal chez lui ». « Les faillites bancaires en Allemagne, en Grande Bretagne, aux Etats-Unis  ont mis en évidence la situation périlleuse des grandes banques  qui trop vastes se sont lancées dans des opérations trop diversifiées   et se révèlent incapables de maîtriser leur gigantisme ».  « Les cambistes ont impunément spéculé sur les fluctuations des cours des devises  en faisant perdre des millions à leur banque ». « Les vertus et les vices attribués à la flottaison des cours font l’objet de discussion complexes quasi théologiques. Le fait est que personne jusqu’à ce jour n’imagine toutes les conséquences de cette évolution ni ne sait a fortiori comment la maîtriser ».

 On voit que certaines critiques que nous nous ne lassons pas de faire aujourd’hui sur ce blog, les méfaits des changes flottants, la taille incontrôlable des banques,  les spéculations monétaires excessives,  étaient déjà présentes dès 1975.  1974 était la première crise des changes flottants et de la finance massive, internationale et  incontrôlée.  2009 en est le plus récent épisode.  « Il s’est créé à l’échelle du globe un nouveau casino avec de nouveaux joueurs, de nouvelles règles et de nouveaux enjeux, beaucoup plus élevés ». «  Le flottement généralisé des monnaies n’a fait que jeter le système dans l’éphémère ». Ces phrases sont toujours extraites du livre cité.    On trouve un appel assez prémonitoire : « La structure bancaire qui s’édifie  actuellement peut s’effondrer  et plus l’appareil régulateur la laissera se développer  impunément plus catastrophique sera la chute ».

La période Greenspan,  le régulateur qui ne voulait pas réguler, correspondra à ce laisser-faire laisser-passer financier qui vient de s’effondrer avec fracas en septembre 2008.     On dira qu’il aura fallu 35 ans !  Ce qui marque malgré tout une assez belle résistance.  Mais l’observateur sait qu’après la crise de 91-93 le système bancaire mondial était déjà quasiment en faillite généralisé et qu’il ne s’en est jamais totalement remis. La crise de 1998 puis celle de 2001 n’ont fait qu’amplifier les choses.  Une fuite en avant s’est produite qui vient d’atteindre son  point d’aboutissement inévitable.

Un dernier point de similitude est  la grande chanson de l’écologie l  De même que l’avant guerre français avait été marqué  par  le triomphe des idées naturalistes, de la « terre qui ne ment pas », de la peur des « métèques » (avec cette jolie photo de François Mitterrand  manifestant en ce sens avant d’aller à la recherche de la Francisque) , de la peur des enfants (dont nous ne serions que faire de l’excès), de la peur du péril  jaune,   de la haine des grandes villes qui « mangent la substance de nos belles provinces»,  nous voyons refleurir depuis 1974 les mêmes chansons.   

Le monde actuel se fait l’écho de l’affirmation  de Toffler en 1974 : « l’économie politique ne peut à elle seule résoudre la crise ». On se lasserait à essayer de citer toutes les phrases qui vont actuellement dans ce sens.  La « crise de civilisation » stimule toujours les belles plumes sinon les beaux esprits.   A l’époque les « jeunes sont inquiets ou instables ; les adultes cherchent dans l’agitation et la frénésie l’oubli de leur désarroi.  Partout la contestation, partout la revendication, partout l’orgueil, l’intolérance, la violence ».  Là c’est Fourastié qui écrit dans un article au Figaro de 1975.  On laissera le lecteur retrouver les échos actuels  de ces tentatives de battre sa coulpe  sur le dos de la civilisation  démolie. 

A l’époque on retrouve aussi un des travers du moment qui consiste à d’une part faire appel aux valeurs perdues, comme on vient de le voir, mais aussi  à promouvoir un monde totalement différent.  Ecoutons à nouveau Toffler : « Toute politique ayant pour but de remettre les choses à leur place antérieure, de restaurer l’emploi  de lancer plus de voitures sur les routes, de développer les banlieues urbaines, d’encourager la standardisation sociale,  de remodeler la famille dans sa forme traditionnelle,  est réactionnaire  et qu’elle soit le fait de la gauche de la droite et du centre tous aussi dépassés ».    Evidemment la grammaire n’est pas terrible mais qui ne voit les ressemblances avec les épitres actuelles sur la mort de la bagnole (mais on multiplie les aides),  sur les villes mortifères (mais on veut réformer le grand Paris…en le densifiant), etc.

La technomanie et la croissance économique ne sont plus des options, affirme Toffler.  Il n’y a pas de « truc » économique pour nous en sortir. 

Les économistes au rencart.  De toute façon ils se trompent tout le temps et n’ont aucun avis cohérent.  Et de citer Churchill : «  Tous les économistes  ont un diagnostic différent et en plus il y a Monsieur Keynes ! ».  Et dès qu’on arrive aux solutions, il n’y a évidemment plus personne sinon des sermons généralistes que nous retrouvons aujourd’hui quasiment en l’état. Il faut

           « penser non seulement au niveau de vie minimal mais aussi au niveau de vie maximal »

          « acquérir une certaine conception de la satisfaction des besoins qui libère notre énergie »

          « de réévaluer les notions d’individualisme  et de collectivisme  en ne les considérant pas comme des contraires aristotéliciens qui s’excluent l’un l’autre »

          «  en un mot d’entreprendre la tâche effrayante mais enthousiasmante à la quelle peu de générations dans le cours de l’histoire humaine se sont attelées : la conception d’une nouvelle civilisation ».

Nous ne sommes pas d’accord.  Nous devons nous remettre dans la mentalité des années  quarante cinq -cinquante : vouloir la rupture avec le n’importe quoi, le misérabilisme, les passions politiques exacerbées, le laisser faire abusif.  Et constater que le système nouveau qui s’est mis en place en 1973, les changes flottants, ne marche pas.    Des réformes financières finalement simples peuvent permettre une croissance durable. Elle est absolument nécessaire. Pour la France, il faut   la rupture avec le pétainisme mental, qui veut nous plonger dans la  repentance perpétuelle vis-à-vis de notre propre dynamisme. Cela  suffirait à nous remettre dans le bon sens.  Il n’y a aucune fatalité que la France soit le pays saisi de langueur dans une Europe déclinante et un monde  qui ne croît plus.

Il faut que l’économie mondiale soit financièrement stabilisée  et le premier acte est la suppression des changes flottants et le second la suppression du dollar comme monnaie mondiale.  

Il faut que l’Europe soit ouverte, monétairement dynamique et nataliste.  Le refuge dans la réglementation de détail, la fiscalité massive, la constriction monétaire et la décroissance des populations  est illusoire et dangereux.

Il faut que la France sorte du malthusianisme  et de l’hyperfiscalité.

De même qu’il y a eu une bascule des mentalités, des comportements  et des institutions après la guerre, il doit y avoir un même mouvement collectif à l’échelle des réalités d’aujourd’hui.  Il faut sortir de cette période 1974-2010, et de ses idées et pratiques débilitantes.

Collectivement.

Par la volonté et la clairvoyance.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

 

Des ressorts de croissance existent dans les pays développés

Une des erreurs économiques les plus fréquentes, encouragée par la grave récession que nous vivons, est de croire qu’il n’existe pas de ressorts de croissance dans les pays développés dont l’industrie serait vouée à disparaître, aspirée  par le trou noir économique que serait la Chine.

On ne peut prouver une idée fausse que par l’observation. Alors regardons !  Au pire de la récession deux sociétés font un tabac et connaissent des résultats fabuleux.

La première est Nestlé avec son produit Nespresso.  Le succès est inimaginable.  A Lausanne comme à Vevey, malgré la construction de nouveaux immeubles dédiés, on ne sait pas où mettre les nouveaux recrutés. 

Cas modèle pour les écoles de management, ce succès porte aussi quelques leçons économiques générales.

La première est que ce marché nouveau n’est ouvert que pour les pays développés. Il fallait un certain niveau de vie global pour qu’il se révèle.  Les économies développées offrent donc des champs nouveaux à l’expansion dans leur propre dynamique.

Le rapport du produit avec les pays émergents est simplement lié à la matière première, le café qui ne pousse pas dans les pays de consommation les plus importants.  Ce rapport est positif. La croissance des pays producteurs en est facilitée.  Autant pour ceux qui pensent que les économies occidentales sont nécessairement prédatrices !  La valeur créée dans ces pays permet un développement des consommations qui à son tour permet des exportations des pays développés.

Les postes de travail qui sont créés sont principalement des postes non qualifiés : logistique, vendeur en magasin.  Autant pour ceux qui postulent qu’il n’y a plus d’emplois que pour les techniciens qualifiés !    

La solution repose sur des brevets techniques et surtout sur une maîtrise parfaite du « marketing mix ».  Alors que le marché existe depuis longtemps, voire par exemple l’expérience d’Illy de ventes de café en dosette,  Nestlé a réussi par sa compétence marketing globale à devenir le leader du marché et l’a porté à un niveau inespéré.

La consommation de café Expresso à domicile a certainement eu un impact sur des marchés de distribution voisin : les cafés-tabacs  en ont subi une partie du choc ainsi que les autres canaux de distribution.   Globalement le consommateur en a profité. Et les Etats via les impôts et taxes et les populations via l’emploi dans les boutiques et les canaux de distributions.

Il a fallu des spécialistes de haute volée pour créer la technique, pour concevoir les emballages et les boutiques, pour mettre en place des stratégies de communication et de  conception de produits attrayantes et efficaces.  Des vedettes de cinéma, des agences de publicité, des designers se sont enrichis.

Si vous avez vu la Chine dans le tableau, vous êtes drôlement forts !   Elle est totalement absente de l’affaire et sera un pays consommateur massif en dû temps. 

 

Prenons maintenant le succès significatif de l’I-pod produit par Apple.  Le téléphone portable est un produit nouveau (il a commencé sa percée verticale il y a à peine dix ans) et  la nouveauté n’est plus dans la téléphonie mobile mais dans une suite invraisemblable de services et de produits nouveaux permis par l’innovation technique incorporée dans cette forme nouvelle de  « combiné » mobile.    Le dossier de programmation de l’appareil a déjà été chargé plus d’un million de fois. Des programmeurs astucieux voient leur rémunération exploser grâce aux recettes  obtenues par la diffusion de leur solution sur l’appareil. Les séminaires de programmation refusent du monde. Un véritable eldorado avec des mouvements de foules immenses comme au premier temps de la micro informatique.  

Le succès n’est possible là aussi qu’à partir de l’existence d’une infrastructure suffisante et un niveau de vie qui permet d’exploiter   les avantages  largement psychologiques   du nouveau produit.  Il faut un large développement d’Internet, des réseaux de téléphonie mobile, des systèmes de production d’information.

Les ingénieurs de conception sont tous en occident, et largement aux Etats-Unis qui a concentré la capacité d’innovation technologique  et technique. La fabrication ? Tout le monde s’en fiche. Elle ne concerne pas les pays consommateurs autrement que par le prix. Si le prix est suffisamment bas  pour que le produit trouve son marché, tout va bien.  Fabriquer en local au risque de ne pas trouver de marché pour un produit trop cher ? Quel intérêt ?  Alors le succès du produit permettra le développement hors de la sphère développée en fournissant des ressources  nouvelles. Ces ressources permettront un accroissement de l’emploi, de la distribution de salaire, de la consommation et donc de la demande aux pays triches de produits plus sophistiqués.

Une fois de plus les pays développés sont la source de nouveaux produits adaptés à leur niveau de développement et qui permettront de l’accroitre. 

Les postes de travail créés sont ici aussi le plus souvent non qualifiés et se retrouvent dans la logistique et la vente.  Mais il a fallu des designers, des publicistes, et des ingénieurs pour les concevoir et les packager de façon attrayante et efficace.  Les medias, presse et télévision, ont profité de la manne publicitaire.  Les fournisseurs de produits associés connaissent un fort développement.

Il n’y a donc aucune fatalité d’une pénurie définitive de croissance dans les pays riches et de conflits d’intérêt durable entre toutes les économies de la planète.

A une condition cependant : que les transferts de ressources puissent déboucher et ne soient pas stérilisées.  Ce qui implique pour simplifier que les balances de paiements s’équilibrent et permettent que les « produits s’échangent contre des produits ».  Les crises ne sont jamais des crises liées aux produits mais essentiellement des crispations monétaires dues à des dérèglements structurels (par exemple les changes flottants) ou comportementaux (la montée de surendettements  intenables).

Faute d’avoir une idée précise de l’empreinte carbone des deux produits et de leur processus de production, il est difficile de déterminer si les deux produits cités permettent un développement respectueux de la planète.  Il est probable qu’il aurait fallu être un peu plus exigeant avec les deux producteurs pour le recyclage de leur produit respectif.  Mais on ne voit pas en quoi ces consommations se substitueraient à des produits plus écolos et contribuaient    plus que les produits existants aux effets de serre.

 

L’important pour la France, l’Europe, l’Occident, le monde, est de maintenir un flot d’innovations  gagnantes.  Jamais autant d’ingénieurs et d’entrepreneurs  n’ont été mobilisés pour se faire.  Aidons- les. Allons de l’avant.  Ce n’est pas le facteur communiste Besancenot ou le protectionnisme  contre les délocalisations, les impôts délirants des Madoff municipaux ni le malthusianisme généralisé  qui nous sauveront. 

Mais le dynamisme et la création.   Pour un français la vraie leçon des deux exemples c’est qu’aucune des deux ne vient de son pays.  La France ne doit pas cesser d’être dans le coup.  Pourquoi ne le sommes-nous plus ?

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

FMI : un an de retard

Le FMI vient enfin de donner un état des lieux et des prévisions en ligne avec les réalités.

Il aura fallu près d'un an pour que cette institution malade fasse enfin son travail.

A l'heure où l'Australie et l'Afrique du Sud se déclarent officiellement en récession, il était difficile de faire croire plus longtemps que les pays du sud tireraient la croissance !

Le plus comique est qu'il fait ses découvertes au plein de l'opération "les signes de reprise se multiplient" et qu'il plombe l'ambiance disons à contretemps.

Ce qu'on demande aujourd'hui des instances comme le FMI, ce n'est pas de faire des statistiques mais d'offrir un réel diagnostic et de conduire la réflexion sur la sortie de crise sans être soupçonné de défendre la cause de tel ou tel groupe de pays ou d'intérêts.

Or il n'y a aucun diagnostic.  Donc aucunes réelles perspectives capables de mobiliser le monde vers une sortie de crise et des réorganisations capables d'éviter qu'un désastre pareil ne se reproduise.

Le semestre qui vient de s'achever aura été le pire désastre de toute l'histoire économique contemporaine : la récession y a été plus violente qu'en 1929 ! Cela pose à tout le moins la question de la validité des politiques qui sont menées.

Il n'y a même pas de réflexion sur les chemins du retour à la croissance.  Quelles sont les forces qui agiront et sous quelles formes ?  Pas un mot !

Comptabiliser les pertes virtuelles est un exercice vain.  Quand la bourse perd en capitalisation parceque les épargnants ont préféré revenir à la liquidité, les pertes ne sont que virtuelles. Lorsque la liquidité se replacera en bourse il y aura automatiquement un gain.  Le niveau de la bourse n'est pas une fonction mathématique de la valeur du capital. Mais le reflet de l'idée que se font de l'avenir les épargnants.   Cela s'est vu dans les quatre grandes crises boursières  précédentes (74,  87, 93, 2000).

Ce n'est pas cela qui compte.  Mais les forces qui vont s'exercer pour reprendre ou abandonner de l'activité.

De cela, malheureusement pas un mot.

Le FMI est au dessous de tout !

Psychologie de la crise

Pour celui qui a  vécu toutes les grandes crises de l’après guerre, une évidence s’impose : on oublie radicalement l’état d’esprit dans lequel on était juste avant qu’elles ne se déclenchent  tout autant que son évolution au cours de leur déroulement. Progressivement on reconstruit les évènements et on perd  le souvenir de la manière dont soi-même et plus généralement l’opinion ont vécu la période. Aucune analyse économique rétrospective n’est vraiment à même de reconstituer l’évolution de ces sentiments fugaces.

Peut-être est-il bon six mois après le déclenchement de  la catastrophe économique en cours de  fixer quelques grands mouvements de l’âme collective avant qu’ils ne s’effacent ?

On l’a généralement oublié mais en juin-juillet  2008 le sentiment de l’imminence d’une crise économique  est généralement absent. Ceux qui comme nous alertons sur la gravité et la proximité d’un chaos monétaire grave sont considérés comme des Cassandre.  Il est vrai que le premier semestre a vu une bouffée de hausses spéculatives absolument gigantesques que la majorité des commentateurs mettent sur le compte d’une croissance échevelée et ne voient pas comme le dérèglement ultime de la finance mondiale.  On voit une Chine triomphante collectant partout les réserves mondiales de matières premières et au premier chef de pétrole, comme les terrains agricoles.  On s’inquiète de l’arrogance des fonds souverains.

On voit le pétrole si haut que les pays agricoles se convertissent à la production d’éthanol, affamant le monde sous développé. On parle écologie, déséquilibres définitifs, etc.  La BCE hausse ses taux pour « éviter les risques de l’inflation ».  Les craquements bancaires sont vus comme des incidents techniques sans grande importance.  L’accident sur le marché des subprimes et le blocage du marché interbancaire est déjà loin : un an ; une éternité.

Certains se complaisent à voir une bonne évolution dans les  cours du marché de la monnaie au jour le jour. Les banques se lâchent totalement sur le front de la gestion de fortune : les pires décisions de placement seront prises pendant le premier semestre 2008. La BNP fait acheter des actions de banques dont la sienne en juillet 2008 ! On n’est jamais mieux servi que par les clients qui ont confié un mandat ! Une sotte de la même société crie à tout va dans les médias son enthousiasme pour le Brésil et le Real : l’agriculture du pays est devenu de l’or et avec elle la monnaie ! Des fonds agricoles hyper spéculatifs sont inclus dans les contrats d’assurances-vie : les « commodities" sont en plein boom, il s’agit d’en profiter !  Rouffio pourra refaire dix films comme son « Sucre ».

FT.com  lance la question sur son site internet : va-t-on réellement vers une récession imminente ?  C’est que les Cassandre commencent à crier fort.  Nous répondons aussitôt OUI et que la récession sera très forte.  Mais personne n’y croit vraiment. « Il y tellement de liquidités que les marchés ne peuvent pas baisser » dit un crétin sur une chaîne de la TNT française lors de l’un de ces inénarrables faux débats économiques où s’affrontent des clowns à étiquette « libérale » ou « socialiste ».  Partout la presse minimise le potentiel de crise. Il faut être responsable !

En France début juillet les débats portent sur le pétrole inéluctablement à 200 dollars (le député Cochet)  dans les semaines à venir et sur les famines dans le tiers monde qui exigeraient une intervention immédiate. Nous contestons cette erreur d’optique et là-dessus le cours du pétrole s’effondre encore plus vite que ce nous imaginions et cela dès le lendemain de notre billet sur ce blog !

Cela n’empêche pas que la rentrée de septembre soit entièrement consacrée au « Grenelle de l’environnement », à la multiplication des taxes, au RSA et son 1.5 milliards d’impôt sur l’épargne, et à un projet de budget totalement grotesque.  La France a de l’argent ; elle peut entrer dans un cycle écologique malthusien,  un cycle social dépensier et un cycle fiscal coercitif.  Delanoë annonce sa hausse de 100% de la taxe foncière à Paris sur deux ans. « Et je ne m’excuse pas !» pérore-t-il, ajoutant l’ignominie à l’aveuglement.

Quand au début septembre nous évoquons la crise prochaine avec nos amis entrepreneurs la réponse est unanime : « Tout va très bien ; tu as annoncé la crise pour la rentrée et on ne la voit pas du tout » !  Nous serions-nous trompés ?

Et la catastrophe arrive. En deux jours le monde se réveille avec la plus grosse crise bancaire depuis 1929 !  Toutes les banques et assurances américaines sont en faillite virtuelle après l’annonce de celle, réelle, de Lehman Brothers. Les craquements qu’auront été le rachat en urgence et à bas prix de Bear-Stearns  et la ruée sur Northern Rock n’ont pas été compris comme les signes avant coureur d’une explosion globale de la finance américaine. Dès le lendemain de l’annonce de la faillite de Lehman-Brothers c’est AIG et Fanny Mae et  Freddy Mac  qui viennent au guichet fédéral avec des demandes astronomiques.

Les Français écoutent les nouvelles en cette fin de mois de septembre sans trop y croire.  Pour eux il fait toujours beau. Cela ne les concerne pas. Ils sont au balcon et regarde au loin les flots déchaînés. Bien sûr les bourses se sont effondrées. Mais elles l’ont déjà fait en 1992 et en 2000. On sait qu’après cela remonte. Alors on ne bouge pas.  C’est un peu comme si il y avait eu un tremblement de terre au fin fond de l’Iran. Triste, mais enfin … C’est l’époque où l’on parle encore de l’Europe préservée sauf évidemment les fous qui ont tout misé sur l’immobilier comme l’Espagne et le RU, ou sur la finance mondiale comme l’Islande.

La panique ne commence vraiment que début octobre. Et si nos dépôts étaient en danger ? Car l’évidence s’impose : toutes les banques partout sont en quasi faillite.  Et l’Irlande vient de garantir sans limite ses dépôts provoquant une ruée vers la sécurité en provenance de toute l’Europe.  Un épisode cocasse : dans une poste du XIVème arrondissement de Paris un client énervé exige immédiatement le versement en liquide du contenu de ses comptes. Il s’agit de plusieurs centaines de milliers d’Euros. Le guichetier annonce qu’il faut un transport de la Brinks pour des raisons de sécurité. L’autre ne veut rien entendre. Le ton monte !

La presse commence (tout doucement) à prendre la dimension de l’évènement pui se lance dans un rattrapage échevelé. Pendant trois mois ce ne sera qu’une course à qui dira plus noir que l’autre, les habituels commentateurs économiques qui n’avaient rien dit jusque là se découvrant des qualités de rétro prévisionnistes fort opportunes.  « On l’avait bien dit ; cela ne pouvait pas durer comme cela » ; Tu parles !

 Les habituels polygraphes opportunistes y vont de leur livre « prémonitoire ». Après avoir nié qu’il pourrait y avoir crise, voilà que la crise était évidente.  Dès novembre on constate les effets de la crise sur les restaurants, les coiffeurs, les sociétés d’intérim, l’automobile, les marchands de biens durables, les vendeurs de téléphone portable, le tourisme. Les banques ont dramatiquement resserré  leurs conditions de crédit et arrêté les découverts.  Crédit et mort en même temps que la confiance.  Ce n’est pas la crise américaine qui provoque les premiers blocages mais la peur !  L’orchestration du nouveau Bretton Woods bidon de Washington n’a fait qu’amplifier les anticipations négatives.

La presse comme un seul homme se trompe de crise. Elle passe en revue, avec le retard habituel, les erreurs de la finance américaine et ne parle que d’une « crise des subprimes».  C’est sans doute le nom qui restera dans l’histoire pour caractériser la période. Mais comme d’habitude il sera inapproprié.  Car personne ne voit que c’est l’ensemble du commerce mondial qui s’est arrêté et que les désordres monétaires aggravent encore la situation. Tous les gagnants de la mondialisation heureuse sont à l’arrêt. Il faudra trois mois de plus pour que les médias s’en rendent compte et encore plus pour l’opinion.  

Une anecdote : lors d’un tournoi de golf près de Valence, le jour du printemps,  les participants s’étonnent des files de bateaux qui sont à l’ancre en mer. Pratiquement tous croient qu’ils attendent pour décharger. Alors qu’ils sont à l’arrêt faute de chargement comme en Grèce près du Pirée où des dizaines d’énormes transporteurs  sont bloqués depuis l’été. Les quais de chargement des porte-conteneurs en Chine sont également quasiment à l’arrêt.  

Il faudra les premières informations sur le dernier trimestre 2008 pour que l’on commence à prendre la mesure d’une catastrophe économique qui n’est ni simplement financière ni simplement américaine.

Curieusement dès février un courant d’opinion se fait jour qui finit par avoir son débouché dans les médias : vous aggravez la crise avec vos annonces pessimistes.  Les messages commencent à s’accumuler contre les oiseaux de malheur et  ceux qui aggravent la crise par leurs analyses débilitantes. Quelques indications peuvent en être vues hors des journaux : jamais il n’y a tant de vacanciers à la neige. Il faut dire qu’elle est enfin abondante. Les commerçants commencent à réagir  aux propos des marchands de pessimismes. "Il n’y a pas de crise seulement des gens apeurés. Alors cessez de faire peur !"

Cette évolution de l’opinion trouvera son aboutissement avec la nouvelle réunion du G.20 à Londres  qui d’un point de vue technique sera une opération nullissime  et mais qui donnera l’occasion d’un festival d’optimisme convenu dans la presse, festival qui dure encore avec toute la campagne sur « les signes de reprise qui s’amoncellent ». Chacun y va de son couplet. J. Marseille souligne dans le Point combien la période précédente avait été florissante (en omettant qu’elle ne l’a pas été en France où la croissance pendant la période de vaches grasses s’est traînée entre 2 et 3%).   La bourse remonte (pour le CAC, on a repassé le niveau « psychologique » des 3000 points qui net de l’inflation doit nous ramener autour de 1970). Les résultats des banques sont meilleurs.  Certains voient même le Baltic index reprendre alors qu’il baisse après un tout petit rebond.  

En vérité le premier trimestre quand les chiffres seront connus montrera une des baisses les plus fortes de toute l’histoire économique de l’après guerre. Mais l’opinion n’en veut plus de la crise. Elle souhaite que l’on frappe quelques boucs émissaires. Et qu’on en finisse avec cette crise qui devrait rester  virtuelle et ne devrait pas les toucher. La presse surenchérit dans le mouvement. Rappelons-nous de l’affaire Vuillemin : d’abord la mère courage durement frappée par un drame insupportable ;  puis la mère inculpée dont « tous les signes de culpabilité étaient là et on ne voulait pas les voir ». Puis la mère innocente enfin rendue à l’amour de ses proches.  Le cycle de l’émotion est à la base des bonnes ventes.

Il n’y avait pas de crise. Puis il y avait une crise horrible. Puis il n’y a plus de crise.

Il n’y a pas que l’économie qui soit cyclique !

Evidemment tout cela n’a qu’un rapport lointain avec les réalités.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Lettre ouverte à l’INSEE

Monsieur le Directeur,

Nous aimerions vous faire part de nos souhaits en tant qu’utilisateur de statistiques dont vous avez le monopole de production.

En ces temps de graves récessions où l’information économique prend plus de valeur que d’habitude il importe que vos statistiques aient du sens et provoquent la réflexion et la connaissance.

Les meilleures statistiques pour atteindre ce but sont les séries longues. 

Une évolution d’une année sur l’autre est le plus souvent illisible tant les mouvements sont faibles  et les chiffres gâchés par l’importance des estimations provisoires. En revanche une tendance affirmée sur trente ans est parfaitement claire. Depuis dix ans nous ne cessons de suggérer à la presse quotidienne nationale de proposer des infographies parlantes des grands mouvements de l’économie.  C’est un mouvement qui désormais s’affirme. Mais quelles difficultés à surmonter : applications des dessaisonalisations,  correctifs successifs,  réfaction de l’inflation, changements d’unités monétaires sont autant de pièges dans lesquels trop souvent ils tombent.

Les séries à prévoir sont peu nombreuses : une petite centaine.  Les présenter n’est pour vous qu’un travail dérisoire par rapport au coût de leur production qui pourrait d’ailleurs être totalement automatisé.  Les diffuser avec Internet est une affaire presque gratuite.   Alors pourquoi ne pas consacrer quelques heures de travail à un tel projet ?

Bien sûr la publication d’une brochure payante est une grande tentation. Le petit opuscule que vous produisez depuis des lustres  sur les grands éléments de la comptabilité nationale qui coûtait sous une forme certes austère mais pratique dans les 7.50 francs en 1998 est désormais imprimé sous papier glacé à un coût supérieur à  10 euros. Il est quasiment impossible de se le procurer tant il est mal diffusé.  Et il présente de graves lacunes.  

Courage au bienheureux chercheur qui aura voulu savoir comment a évolué les dépenses publiques  ou l’impôt sur le revenu. On sent que les consignes sont pressantes de ne pas trop effrayer le contribuable citoyen qui doit être protégé le plus possible des mauvaises nouvelles.  

De même présenter le  passé récent en variation et jamais en valeur absolue oblige l’analyste à des calculs troublant puisqu’en général les corrections faites ne permettent pas de faire le recollement avec les chiffres fournis l’année précédente.  Les données financières y sont également bien maigres.

En revanche vous décorez l’ouvrage d’analyses absconses qui peuvent certainement intéresser des amateurs mais qui se trouveraient mieux à leur place dans des ouvrages spécialisés.

Votre site internet est remarquablement mal fait, du point de vue du citoyen qui cherche à trouver rapidement les informations essentielles. On sent que l’institution ne veut pas perdre le bénéfice des productions payantes qui mettent un peu de beurre dans les épinards. Il est difficile de ne pas penser que cette position est légèrement abusive. C’est brûler la chandelle républicaine par les deux bouts du monopole.

Les cent séries essentielles  devraient être accessibles en un clic et facilement téléchargeables, permettant aux analyses de préciser leurs réflexions et aux infographes de soigner leurs présentations.

Il va de soi que cet effort pourrait servir ultérieurement de base à Eurostat pour produire des séries homogènes dans leur calcul, leur présentation et leur diffusion.

La crise actuelle n’aurait pas été trop grave si au moins elle permettait de faire aboutir ce petit projet.  Petit mais tellement essentiel.

Nous vous prions de croire, Monsieur, le Directeur, à l’expression de nos sentiments les meilleurs.

 

Pour le Cercle des Economistes E-toile.

Avril 2009

Didier Dufau

Le Baltic Index devient célèbre !

Cet indice totalement ignoré des media depuis toujours devient célèbre. Tant mieux.  Cela prouve que désormais tout le monde a compris que le front essentiel était celui du commerce international et qu'il était à l'arrêt. Que l'on cesse d'être obnubilé par les subprimes est une bonne chose.

Encore faut-il l'interpréter à bon escient. Avant et après le G.20 les médias se sont pris d'une envie brusque d'aller à la recherche de tous les signes avant coureur d'une reprise espérée. Fabriquer de la confiance, après tout pourquoi pas ?  Mais point trop s'en faut.

Voici donc que ce matin sur RTL le préposé aux bonnes nouvelles vient triompher : "ça y est  ! Cela repart ! La preuve le Baltic index !

Il suffit de regarder la courbe pour constater que non seulement il ne repart pas mais  que le minuscule progrès constaté en février s'est dissipé.

Le Baltic index est hypersensible. Il évolue par bonds.  Le jour où la reprise sera là il passera à 5-6000 en quelques semaines.

Actuellement il se traîne dans les ténèbres. Et depuis la guerre de quarante il n'est jamais resté si longtemps aussi bas. On entre en effet dans le 8ième mois de stagnation au plus bas et il est entré dans la spirale descendante depuis plus longtemps encore.

Cela prouve simplement que le commerce international  ne sait plus où il est.  La cascade des mutations de change désoriente tous les marchés. Crédit reste mort. L'effondrement des courants de capitaux qui correspondaient à près de 100 fois les courants commerciaux  a eu raison de tout le système. Partout les bâteaux s'accumulent aux entrées des ports et ce n'est pas en attente de déchargement mais d'un chargement. 

Lorsque tous les chiffres sortiront on verra que le premir trimestre a été terrible avec des baisses de PIB jamais enregistrées si intenses depuis des lustres. En attendant les correctifs. Car toutes les statistiques rapides contiennent des estimations dont on peut être sûr qu'elles seront corrigées à la baisse. Il n'y a malheureusement aucune chance que le second trimestre 2009 soit beaucoup meilleur.

La crise américaine a commencé en 2007. Deux ans déjà. C'est plus long qu'en 1929, en 74, en 81, en 92, en 2001 ! Il serait "normal" qu'on en voit le bout bientôt.  Et la joie mauvaise d'avoir prédit le pire et de continuer à le faire n'est pas une motivation de ce site.

Mais l'important est de voir la réalité en face et de ne pas dire n'importe quoi. Cette crise est spécialement grave et peut avoir des rebondissements terribles.

Il vaut mieux la comprendre et agir en conséquence et ne pas recommencer les erreurs des années 30.

Rappelons qu'en France les erreurs de droite et de gauche dans la gestion de la crise de  1929 ont coûté au pays aussi cher que la guerre de 1914 !  Et que c'est la France qui s'en est le moins bien sortie.

On ne peut être saisi que d'une honte rétrospective.

Alors observons juste et comprenons bien pour réagir le  mieux possible.



Encore une bourde de DSK !

Nous n’aimons pas les querelles de personnes et préférons  les débats d’idées. Mais enfin les idées sont portées par des hommes et lorsque des dirigeants expriment des idées fausses et conduisent dans l’erreur l’opinion publique,  ou lorsqu’ils entraînent leur pays dans des mesures désastreuses,  il est difficile de ne pas les critiquer. D’autant que les politiciens les plus nuls ou les plus catastrophiques en économie sont souvent les plus adulés, au moins temporairement. 

On se souvient d’Antoine Pinay, homme politique tout à fait secondaire et aimant les affaires étrangères projeté sur le devant  de la scène médiatique et de l’économie  par l’émission d’un emprunt gagé sur l’or qui sera ruineux pour le pays qui fera de « l’ermite de Saint Chamond » et de « l’homme au petit chapeau » le symbole de la « confiance » et de la compétence financière  dont l’avis se devait d’être pieusement recueilli avant chaque lancement d’un emprunt d’Etat.  

On encense aujourd’hui Dominique Strauss-Kahn qui a pourtant accumulé toutes les erreurs possibles aussi loin que porte la mémoire.  Dans les années 70 c’est un de ceux qui cautionnent « par sa technicité »  le programme commun de la gauche qui sera ensuite totalement démantelé après avoir sorti la France de la tête des nations en matière de croissance économique.  Vingt ans après c’est lui qui lance le PS sur la piste des 35 heures et fait entrer cette grave idiotie dans la plateforme électorale du PS.  Ministre des Finances il accumule les bourdes. Il  aggrave sans raison la fiscalité déjà portée trop haut par Alain Juppé ce qui finira par l’affaire de la cagnotte. A cette occasion il émet une des plus belles sottises économiques.   Il affirme qu’avec la croissance le taux de prélèvement BAISSERA.  En fait compte tenu du caractère globalement progressif  de la fiscalité, la croissance entraîne mécaniquement une hausse de la pression fiscale.  Christian Sautter et Florence Parly verront leur carrière politique compromise  lorsque l’affaire de la cagnotte leur explosera à la figure.

Passons sur des frasques personnelles que les Français pardonnent aisément à leurs politiques, comme le fait d’être pris les mains dans le pot de confitures à la Mutuelle des Etudiants et dans le slip d’une employée du FMI, bien qu’elles ne donnent pas du personnage une image totalement avantageuse. Ne relevons pas non plus les rémunérations extravagantes qu’il touche comme Directeur du FMI et qui, lorsqu’on constate qu’elles sont exonérées d’impôts,  sont aux extrêmes que l’on dénonce partout en ce moment.  Notons seulement que le discours  plein de compassion de DSK pour les victimes du capitalisme ne l’a jamais conduit à proposer de réduire son train de vie de satrape ni de  payer spontanément des impôts.

Et voilà que « DSK » nous sert à nouveau une formidable perle économique.   

DSK  5 avril  interview au Figaro.

« Le FMI va-t-il être en mesure d'assurer mieux son rôle de surveillance des monnaies et de mettre en garde sur les déséquilibre commerciaux qui sont à l'origine de la crise actuelle ?

Je nuancerai les choses. Ces déséquilibres sont certes un problème en soi et il faut y remédier. Mais on peut sans peine imaginer une situation dans laquelle il n'y aurait pas de déséquilibres internationaux, et où les pratiques bancaires nationales auraient quand même déclenché des problèmes de surendettement, de subprime et de titrisation, du fait de la défaillance des contrôles bancaires ! »  

Nous vivons une période où des déséquilibres massifs, extravagants même, qui ont vu une création monétaire qui crève tous les plafonds et où pratiquement partout l’endettement dépasse les 300% du PIB, et qui ont fini par devenir tellement grands qu’ils se sont effondrés sur les populations du monde avec un fracas tonitruant,  provoquant la pire crise depuis 1929, et la seule chose que le président du FMI pense devoir nous dire  est qu’il faut regarder ailleurs, dans la micro économie bancaire nationale !

Il est vrai que DSK n’a rien vu venir. Qu’il n’a rien su prévenir.  La poutre financière globale qui était dans l’œil des économies,  il ne l’a même pas soupçonnée, encore moins dénoncée.  Alors que la Banque des Règlements Internationaux s’égosillait à dénoncer la montée des périls.

Après l’impéritie la sottise. Enormes toutes les deux.   

Que personne ne s’inquiète : DSK semble être la personnalité à qui les Français font le plus confiance  en économie.  Et il est impossible d’avoir une cour de louange aussi vaste sur l’échiquier politique et médiatique,  du Monde au Figaro magazine.  DSK est LA compétence économique française.

Que l’on nous permette un léger désaccord.  L’image est le fruit de la posture.  La réalité révèle l’imposture.  DSK est une utilité politique et une inutilité économique.

 

Deux histoires très révélatrices

Nous autres, « anglo-saxons », comme on dit en Europe continentale, il faudrait sans doute utiliser les supplices de haut degré du moyen âge pour nous faire avouer que les changes flottants posent quelques problèmes que ce soit et qu’ils ont permis des dérives financières désastreuses . 

La variabilité des cours de change est vue à l’image des fluctuations de la météorologie.  On peut penser que certaines forces sous jacentes agissent et qu’elles soient sous la responsabilité de quelques dérèglements de la conduite humaine.   Mais nous sommes bien convaincus que nous n’y pouvons rien  sauf à invoquer la bienveillance des Dieux  comme nos ancêtres le faisaient lorsqu’un nuage de sauterelles se révélait particulièrement désastreux.

Mais nos journalistes aiment les cas concrets et livrent des exemples qui peuvent faire réfléchir même un « anglo-saxon ».


Le New York Times nous livrait il y a quelques jours  la navrante histoire de ce milliardaire chinois  créé de toute pièce par la finance « internationale », en fait un groupe de hedge funds et de banques  d’investissements,  selon le scénario suivant.   Le but ultime : engranger une formidable plus value sur la bourse de Shanghai représentant sans doute 100 ou 200% du capital investi.  Ce que nous appelons du « big business ».  On trouve un jeune chinois capable d’incarner les triomphes du capitalisme. On lui prête des sommes astronomiques. On lui fait acheter des milliers d’hectares de terrains et on soutient son entreprise de promotion dans la construction de villes entières.  On multiplie les reportages sur le jeune « tycoon » si représentatif d’une Chine triomphante.  On attend que les premières barres d’immeubles soient commercialisées pour mettre en bourse  l’immense société entièrement montée à crédit et on fait une gentille culbute. On rembourse les prêts et on a gagné quelques milliards de dollars bien venus.

Cette histoire nous change des idées habituelles sur l’industrieux chinois dont la sagacité commerciale et les bas salaires permettent de damner le pion aux industries occidentales.   Depuis 2003 la bourse de Shanghai a connu une telle envolée  qu’elle ne pouvait que durer éternellement.  La finance mondiale se devait d’être là et de ratisser vite et bien les plus values qui s’offraient.  Les milliards de dollars se retrouvaient dans la poche du gouvernement chinois qui ne savait guère qu’en faire.   Alors il le plaçait en bons du trésor américain. Où ils étaient immédiatement remis dans le circuit et servaient à d’autres opérations miraculeuses en Chine du même tabac que celle qui vient d’être racontée.

Naturellement la bulle explosa en septembre 2008.  Les énormes constructions  construites sont vides et les autres sont arrêtées là où elles en étaient. Les ouvriers sont rentrés par millions  dans leurs campagnes.  Les énormes containers qui apportaient de quoi fabriquer  ces villes nouvelles  restent vides. Les bateaux qui les transportaient s’accumulent à l’entrée des ports. 

Les plans de relance chinois sont totalement incapables de faire face à ce genre de situation.  Les hedge-funds lèchent leurs plaies et tentent de rembourser avec ce qu’ils peuvent encore rassembler   les investisseurs traumatisés qui leur avaient fait confiance. Les banques américaines tentent d’expliquer à la FED que leurs actifs  chinois sont de merveilleux actifs qui pourraient faire l’objet de refinancement « non conventionnels ».  Les banques européennes qui se sont syndiquées avec ces belles opérations font de même auprès de la BCE. Bonne chance !  Le contribuable américain commence à devenir nerveux, comme le contribuable européen. Le gouvernement chinois aussi avec ces milliards de dollars créés sur du vide dont il craint qu’ils ne lui glissent entre les doigts. Le G.20 met l’Uruguay sur liste noire avant de tenter le gris, soulevant l’enthousiasme absolu de tous les media.

Bref nous sommes sauvés.

Pourquoi raconter cette historiette ? Peut-être pour faire comprendre que la crise n’est pas seulement et peut être même pas principalement celle des crédits hypothécaires bonifiés et « subprimes ».   Absolument tous les circuits économiques étaient pervertis.  Le dérèglement du système monétaire international avait   généré des bulles prêtes à exploser absolument partout et dans tous les compartiments de la finance.

Quand les premiers craquements  se produisirent, ce sont des explosions en série qui se succédèrent  ruinant et paralysant tous les circuits internationaux de financement et tout le commerce international. Par milliers les opérations du même type en Chine et ailleurs s’effondrèrent faisant disparaître le capital des banques mêlées à ces « juteuses » spéculations.  

Elles le firent en une seconde, car en une seconde les promesses de la bourse de Shanghai s’envolèrent à jamais. Elles s’envolèrent partout. Tous les salariés qui un peu partout dans le monde fournissaient la matière réelle de ces constructions psychédéliques sont au chômage, sans aucun espoir de revoir leur poste de travail avant quelques décennies.   On comprend mieux pourquoi en moins de trois mois toute l’économie monde s’est recroquevillée.

Pendant ce temps dans le même exemplaire du NYT le journaliste économique récemment nobélisé, Krugman, se moque du gouvernement chinois qui n’a pas su quoi faire de ces dollars prêtés à pertes par la banque occidentale à des entrepreneurs faillis.    Cela ne sort pas de la crise mais cela détend.

L’autre histoire est racontée avec malice par The Economist  qui se moque gentiment des difficultés du gouvernement japonais.  Il suffit de traduire :

« Les exportations du Japon ont connu un boom  lorsque le Yen était  sous évalué (« super cheap »), et la dépense américaine en plein délire (« consumer binge »). Le Japon n’a connu ni bulle immobilière, ni bulle de crédit. Mais le Yen faible  a permis aux exportateurs japonais  d’étendre leurs capacités de production  dans l’espoir que ces conditions perdureraient.  Il en a résulté un défaut majeur d’allocation des ressources.  Quand le Yen s’est envolé l’année dernière et la demande étrangère s’est arrêtée, la bulle de fabrication japonaise a explosé. En 2008 les exportations ont été divisées par deux. »

N’importe qui en conclurait que les changes flottants sont décidemment une catastrophe qui entraînent  des erreurs de vision et qu’il faut rapidement faire quelque chose sur cette question.

Mais non.  C’est le fruit particulier de l’idéologie que les faits peuvent être éclairés avec la lumière la plus intense sans déclencher la moindre réflexion.   Ces deux historiettes  montrent bien que les déséquilibres financiers colossaux et les fluctuations aberrantes de changes  sont à la source des difficultés gravissimes actuelles.    Mais il est inutile de chercher la moindre ligne en ce sens.  Les flots tumultueux de la finance libre dans un monde sans digue donnent  à écrire mais pas à penser encore moins à panser.

Les esprits audacieux pourront essayer de jauger l’efficacité des mesures prises par le G.20  en les appliquant à nos deux histoires.

Lewis Holden pour le Cercle des Economistes E-toile

G.20 : un pari très dangereux.

N’ironisons pas sur le « Kolossal Succès » de la réunion du G.20 à Londres et sur la parfaite orchestration de l’opération politico-médiatique qui l’a précédée avec ses opérations teasing (« les signes de reprises se multiplient ») et son faux suspense (« va-t-on vers un désaccord ?») et celles qui lui succèdent : « c’est merveilleux ils sont tous d’accord, tous gagnants et vont beaucoup plus loin que prévu ». 

Nous savons depuis Munich que ces manifestations unanimes des politiques et de la presse sont à prendre avec précaution et après tout nous avons échappé au retour triomphal   des participants sur un tapis de pétales de roses au milieu des foules enthousiastes.  

Si tout ce barnum redonne un peu de confiance au monde, tant mieux.

Cela ne devrait pas nous détourner d’observer la réalité et de peser les perspectives.

La réalité c’est d’abord ce semestre qui d’octobre 2008 à mars 2009 aura été le pire de l’histoire récente de l’économie, dépassant en gravité  les débuts de la crise de 1929. La conférence de Londres a bien fait de ne pas tirer la leçon du précédent « succès » du G.20 à Washington.  Les chutes de PIB ont été générales et verticales. Certains secteurs économiques sont à l’arrêt presque total. Le commerce international n’a pas tenu et pour la première fois depuis la guerre de 1940 connaît la récession. On se fatiguerait à dénombrer les « premières » que cette crise nous force à vivre.

Tous ceux qui pensaient vivre une « crise des subprimes » ont été pris à revers.  Ce sont tous les circuits internationaux de capitaux et de commerce qui ont  sombré  à la vitesse de l’éclair.  Ce ne sont plus les banques occidentales  qui sont en péril mais les Etats.

L’impuissance de la Fed et de la BCE est évidente.  Ces deux institutions en sont aux manœuvres « non conventionnelles ». Le FED vient d’acheter directement des bons du trésor américain : la planche à billets est sollicitée sans artifice.  La BCE a annoncé qu’elle s’y résoudrait s’il le faut.  Et aucune des deux ne peut prendra à sa charge les malheurs du monde.  Alors comme en 1970 on réactive les DTS : on crée de la monnaie administrative internationale basée sur rien d’autre que des déficits pour permettre aux pays dont le système bancaire a explosé ou va exploser  de continuer à participer au concert du commerce international.

En même temps et c’est la seule surprise réelle de ce G.20 « on débloque 250 milliards de dollars en deux ans pour soutenir le commerce mondial ».  Qui, comment ? Mystère pour le moment. Mais cela prouve bien que la réalité de la crise a été désormais intégrée : sans commerce mondial en croissance il est impossible de sortir de la crise.

Comme le souligne notre ami Sylvain, on prend bien soin de mettre en scène la démonétisation de l’or du FMI pour essayer de casser le thermomètre qu’est le prix de l’or.   Et tous les investisseurs institutionnels et sous contrôle indirect des Etats ont investi en bourse pour donner le coup de chapeau nécessaire.

L’absence totale de réforme du système monétaire international, alors que l’évidence que l’instabilité des changes est devenue incontournable, a conduit à une répétition de la « solution » apportée à la suite des la crise financière de 1998. On sait qu’un forum de la stabilité financière (FSF pour les intimes) avait été institué en 1999  pour éviter les affaires type LTCM et les gonflements intenables de bulles « locales » comme celles qui étaient vu comme la source des difficultés asiatiques.   On a vu que ce discret « machin » s’était révélé totalement inepte et avait laissé se développer toutes les bulles mille fois plus grosses mais américaines cette fois là. Nous eûmes Enron et quelques autres, l’éclatement  de la bulle internet, le gonflement de la bulle des subprimes, puis celles des CDO et des CDS.  Le silence du FSF et son incapacité à produire quelques résultats que ce soit ont été tonitruants.

Alors on crée un Conseil de stabilité financière (CSF), FSB (Financial Stability Board) pour les anglo-saxons, de composition élargi qui s’occupera des places off-shores et des intervenants ayant une importance systémique sur l’économie monde.  

Il est toujours curieux de voir coexister un système de changes flottants qui crée et amplifie les instabilités monétaires et financières et des organismes administratifs chargés de stabiliser la finance.  

La vérité est facile à discerner : on ne veut  pas renoncer à la financiarisation de l’économie monde qui est en effet rendue indispensable, sous des formes rentables pour les banques mais dangereuses pour le reste des intervenants, par les changes flottants.   Les mouvements de capitaux restent libres et comme maintenant représenteront toujours une centaine de fois les mouvements proprement commerciaux.  Mais on ne veut plus que des intervenants importants puissent  entraîner le monde dans des risques systémiques ingérables. 

L’échec de 1999 n’a pas servi de leçon.  On essaie encore une fois avec une solution administrative. On ne sait pas comment cela marchera et si cela aura la moindre importance pratique.  Mais on se sera donné un lieu de réflexion loin des politiques et de l’opinion publique.
Entre financiers on devrait pouvoir s’arranger.

C’est exactement la même illusion qui avait conduit à croire que les banques centrales, et le club des banquiers gravitant autour des régulateurs,  permettraient d’éviter les crises bancaires.  La FED a été créée après la crise bancaire de 1907 : nous eûmes la crise bancaire de 1921 et la crise bancaire de 1929 ! On connaît la suite.

En attendant personne ne sait comment va pouvoir se redessiner la carte des échanges mondiaux.  C’est la clé de l’énigme. Personne ne demande aux Etats-Unis de mettre fin à ses déficits abyssaux ni à la Chine de mettre fin à ses excédents symétriques.  Il n’ya aura aucun effort coordonné des Etats pour  rétablir des circuits économiques sains, seulement des relances nationales par la dépense publique.  

On espère que le mouvement brownien des capitaux, alimenté par une création monétaire forcenée aussi bien des banques centrales que par le FMI, finira par trouver sa cible. Et on attend.

Jamais on aura fait autant confiance à la bienfaisance de la « main invisible financière ».  Alors que jamais les preuves de son inexistence n’auront été plus grandes.

La science ne peut rien contre la foi.

Mais ce genre de pari pascalien fait peur quand il s’applique non pas à l’au-delà mais à notre monde concret en train de tourner à la vallée de larmes.  

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

G.20 à Londres : une décision historique !

Le G.20 a pris une décision historique dont il convient de jauger la portée.

Il a décidé de décider à nouveau ce que la dernière assemblée générale du FMI avait déjà décidé : autoriser la vente d'une partie du tas d'or de l'institution. 

On peut prendre ce bégaiement sur le ton de la plaisanterie. Ce serait une erreur.

Le G.20 signifie qu'il n'y aura jamais de retour à l'étalon-or et à une monnaie dont la création ne soit pas strictement entre les mains des Etats. 

L'augmentation des DTS, Droits de Tirages Spéciaux,  un si joli nom pour une monnaie, le plus beau jamais trouvé sans doute, n'est pas l'amorce d'une monnaie internationale, malgré le "triplement" sur lequel on affecte de s'extasier.

Il évitera à la FED et à la BCE de se ruiner en soutien des banques centrales des petits pays, y compris en Europe de l'Est.

On notera que la conférence n'a pas cru devoir faire le bilan des mesures annoncées à Washington  en novembre lors du précédent G.20.  Et qu'à l'automne le G.20 se réunira à nouveau  et qu'il y a fort à parier qu'il ne fera pas plus le point des mesures prises aujourd'hui.

La décision a donc été prise de ne  rien bouger sur le front monétaire et  de lancer un message fort  vers le monde de la finance : "business as usual". Les marchés ont salué.

C'est bien une décision historique.

Washington, Londres, New-York : tout un symbole.

 

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des Economistes E-toile

Une notion controuvée : le prêt « toxique" !

Une grande partie des discussions qui ont lieu depuis le début de la crise ouverte, à  la mi-septembre 2008, porte sur l’élimination des actifs «toxiques » des banques qui les empêcheraient de faire normalement leur travail.

Cantonner ces actifs dans des structures ad hoc serait la clef de toute solution rapide.  Le plan Paulson avait cette ambition.  On a vu qu’il n’a pas marché, l’argent étant redéployé vers le renforcement du capital des banques.  On voit renaître cette préoccupation avec le plan Geithner, le successeur de Paulson , qui est extrêmement complexe et connaît  les mêmes difficultés. Pourquoi ?

La crise est due à un surendettement global massif. Les dettes ont fini par atteindre aux Etats-Unis près de 400% du PIB et on est très au dessus de 300% en Europe. Ne parlons pas de l’Islande !

C’est cette montagne de dettes qui s’est effondrée dans un grand coup de tonnerre. 

Il faut bien comprendre ce que cela représente, 400% d’encours d’endettement ! Imaginons que la durée moyenne globale des prêts soit de 4 ans : cela veut dire qu’il faut rembourser un principal de 100% du PIB chaque année, auquel il faut ajouter les intérêts. C’est clairement impossible !  Un pays ou le monde entier ne peut pas consacrer tout son revenu à rembourser des emprunts.    Si la durée moyenne est de 16 ans,  on voit qu’il faut tout de même consacrer le quart du PIB  aux remboursements et  le cumul des intérêts devient terrifiant.
On notera que la nature de la dette est sans importance dans l’affaire : qu’elle soit publique ou privée, qu’elle porte sur telle ou telle catégorie d’actifs n’a strictement aucune importance.

En un mot, à ces niveaux d’endettement tous les prêts sont toxiques pour la simple raison qu’ils ne peuvent plus espérer être tous  remboursés !

Nous étions  arrivés à cette situation où pour chaque transaction commerciale intérieure on constatait dix transactions  financières et pour chaque mouvement de marchandises international  cent mouvements de capitaux.  Croire que tout cela était durable était évidemment une fantasmagorie.

Il fallait que quelque chose craque. L’amorce de la crise est passée par le blocage des crédits hypothécaires. C’est assez normal : ce sont les prêts les plus longs et ils ont fini par être financés par des soldes de trésorerie de SICAV monétaire !    Mais en fait tous les prêts, qui sont des espoirs de remboursements sur des produits futurs,  étaient en danger et l’ensemble des circuits économique menacés de congestion immédiate et intense, une fois que l’évidence de l’impossibilité du surendettement aurait gagné l’opinion publique.

C’est une des raisons de l’affaissement immédiat et radical de tous les circuits économiques et pas seulement de la filière des subprimes (qui est arrêtée  de jure  depuis juillet 2007 mais l’était de facto dès la fin 2006).

Démondialisation, déleveraging, dégonflement des bilans des banques, tout cela va ensemble.

L’épargne s’est repliée en urgence vers la liquidité, ruinant  les  bourses  et ajoutant une crise d’illiquidité à une crise de solvabilité des banques.

La réponse des Etats a été de sauver les banques pour ne pas en plus ruiner les déposants.  Les banques centrales et les Etats ont repris une partie de la dette à cet effet. Mais globalement on ne voit pas que cela change l’image générale de la crise. 

La spéculation dont le jeu faisait ou défaisait les cours des matières premières s’est largement arrêtée, la crainte de pertes immenses faisant fondre les ressources des hedge-funds à grande vitesse.  L’achat à crédit s’est effondré touchant les produits les plus chers, avec un quasi arrêt de la vente de voitures, d’immeubles, d’équipements divers.  La peur de manquer a fermé les portefeuilles pour les dépenses non indispensables. 

La bougie économique s’est consumée  par les deux bouts.

Tous les encours de prêts « sains » correspondant à une activité économique régulière sont désormais  devenus « toxiques ».

On voit que la notion de cantonnement d’actifs toxiques à ces échelles  n’a pas grand sens, que la reprise des encours de prêts de banques par la banque centrale ou l’Etat a des limites et que la dynamique de la «crise » est encore là pour un moment.

Il n’y a pas de solution simple. 

Il faudra bien en passer par des pertes massives sur les prêts aventurés.  Elles ont d’ailleurs largement eu lieu. La restructuration de la dette en supprimant les prêts à clauses « pochette surprise », en allongeant les termes et en réduisant les intérêts à presque rien aurait apporté son bénéfice.  Elle est rendue extrêmement difficile par l’existence d’un système de changes flottants et le caractère international des engagements financiers.  Faute d’intelligence de la situation et de levier politique, la question est traitée par prétérition.

Mais surtout il faut redonner un horizon économique aux producteurs et aux consommateurs.  Ils sont aujourd’hui congelés. Tous les circuits financiers et économiques internationaux sont à l’arrêt. Les déformations de trafics commerciaux  imposées par le gonflement des mouvements de capitaux à des sommets intenables et aggravées par des changes en folie,  sont caduques.

Plus personne ne sait qui est qui et où l’on va. Les plans de relance nationaux ne fonctionnent pas  parce que personne ne sait à quelle nouvelle structuration des échanges internationaux ils vont conduire ni s’ils ne vont pas créer à nouveau des déséquilibres intolérables de balances des paiements.

On est bien loin des subprimes, des normes comptables, des agences de notation, des bonus et des stocks options.  On est bien loin du G.20 et des mesures qu’il s’apprête à prendre.

Le plut tôt les gouvernants auront abandonné l’idée que nous vivons une crise des subprimes aggravée par la dérive des contrats mathématiques complexes mal jugés par les agences de notations, alimentés par la cupidité  et trahis par la comptabilité, le plus tôt on sortira de l’aveuglement.  Et le plus vite on pourra mettre de côté des fausses mesures qui sont autant de coups d’épée dans l’eau.

Si le monde avait pu être sauvé en mettant en réserve les 7% de prêts du marché immobilier international qui était aventurés, ce qui est la mesure de toxicité offerte par les experts du secteur,  il le serait déjà !   Il n’y a plus de subprimes ; les agences de notation  font désormais plus qu’attention ; les 200.000 salariés des banques qui travaillaient dans le secteur des prêts adossés sont sur le carreau et les gouvernements ont tous autorisé des changements de méthodes comptables pour certains prêts.  Les hedge funds ont pris une raclée mémorable qui va les calmer un certain temps.

Pourquoi diable  dans ces conditions le G.20 se réunit-il ?

Tout cela est un théâtre d’ombres.  Il est plus que temps de revenir aux réalités.  

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile

Le devoir des économistes

Le devoir des économistes

Le rôle de l’économiste est d’apporter une réflexion rapide sur les grands enjeux qui font l’actualité. Se contenter, comme le font la plupart des économistes sollicités par les media, de commenter les évènements après coups quand tout  mystère a disparu, n’apporte rien.  Pratiquer l’art de la posture  en prenant des positions idéologiques « gauche-droite »  convenues ne fait dire que des sottises. 

Il faut partir des faits et donner des clés d’interprétation.  La réflexion économique le permet.  L’erreur est en général assez facile à détecter.  Alors il ne faut pas craindre d’analyser les faits à chaud.  On peut se tromper. Ce n’est pas grave.  Une erreur impose de remettre en cause une manière de voir tel ou tel mécanisme ? Et alors ? C’est l’occasion d’un progrès dans la connaissance et la réflexion.

La pratique habituelle de la réflexion sur les faits économiques courants impose d’avoir eu une longue fréquentation avec les faits économiques du passé.  Tout change et les conceptions qui pouvaient dominer un moment finissent par devenir caduques.  Mais le déroulement des faits montre de nombreuses constantes.  Et de même qu’un médecin améliore son diagnostic au fur et à mesure des cas qu’il observe et qu’il traite,  l’économiste enrichit  ses  capacités en élargissant le champ de ses observations, historiquement et géographiquement.

Malheureusement les économistes universitaires refusent de traiter l’actualité : bien trop dangereux.  Ceux qui pratiquent au sein des grandes institutions se cachent derrière l’économétrie.  S’ils se trompent c’est la faute du modèle.  Les économistes d’entreprise supportent le double biais du manque de moyens et des intérêts de la firme qu’ils servent. 

Le résultat : les économistes ne sont bavards qu’en collectifs et pour soutenir des causes politiques le plus souvent désastreuses.  Les étudiants en économie sont dévastés par l’inutilité de ce qu’on leur apprend qui est déconnecté de toute réalité et de l’actualité.  Les citoyens sont gavés de polémiques stériles et ne peuvent rien comprendre d’un monde économique qui parfois les traite durement.

C’est pour casser cette logique qu’a été créé le cercle des Economiste E-toile.  Depuis 1997 nous essayons de donner des coups de projecteurs « à chaud » sur les mesures prises par les uns et les autres en les mettant en perspective.  Le plus souvent pour dénoncer des erreurs. 

Mais qu’est-ce qu’une erreur ? Pour nous c’est une mesure  qui n’atteindra pas les buts qu’elle s’est fixés et qui finira par causer des dommages.  Ou encore une évolution négligée qui finira, faute d’avoir été observée et comprise à temps, finira par avoir des conséquences graves.  Ou enfin des réformes importantes qui auraient du être faites et qui faute de l’avoir été à temps provoquent des drames.

Quelles sont donc les erreurs ainsi définies que nous avons constamment dénoncées publiquement à chaud et à temps ?

-    La forte reprise de l’emploi en 1997 qui n’a été détecté qu’avec retard.  Les esprits étant encore restés bloqués sur l’idée que « le plein emploi, c’est fini »,  comme l’indiquent les propos de Seguin qui à l’époque stigmatise ceux qui attendent le « Godot de l’emploi »  ou la préface de Rocard au livre de l’abruti Rifkin sur « la fin de l’emploi ».  Cette erreur d’observation des faits conduira à l’erreur gravissime des 35 heures que nous dénonçons au moment même où  « un appel des 125 économistes pour les 35 heures » vient polluer les pages d’un grand quotidien du soir.
-    Nous dénonçons les coups de pouces démagogiques au Smic comme une source de chômage structurel en France.
-    La très forte reprise mondiale de l’activité à partir de 1997 qui n’est pas vue et qui provoque une seconde erreur : un accroissement massif de la fiscalité par DSK  qui, venant après le coup de massue fiscal de Juppé, provoque un afflux de recettes démesuré.  A cette occasion nous dénonçons une erreur magistrale de DSK qui précise que le taux de prélèvement baissera avec la croissance, alors que nous affirmons que l’impôt étant globalement progressif la croissance aura l’effet inverse sur les recettes fiscales.  Et nous aurons l’affaire de la « cagnotte ».
-    Nous dénonçons en 98 l’analyse faite par les américains qui veulent voir dans le chaos monétaire qui se produit peu après le tremblement de terre de Kobé la conséquence de régimes de « cronies » et une crise des pays émergents, alors qu’il s’agit d’une crise du dollar et des changes flottants.  
-    Nous contestons la création d’emplois aidés précaires dans la fonction publique qui ne peut déboucher sur rien et qui ne tient pas compte de la reprise générale de l’emploi.
-    Nous démontrons qu’un smicard est l’occasion d’un prélèvement fiscal ahurissant de près de 60%, que les salaires moyens sont l’occasion d’un prélèvement de 60 à 70%, que les hauts salaires sont l’occasion d’un prélèvement de 70à 80%.
-    Nous dénonçons le fait que l’ISF touche des catégories sociales de faible revenu et que tous impôts confondus environ trente mille français paient plus de 100% d’impôt. Nous considérons cela non seulement comme une erreur économique mais surtout une faute politique qui trahit le pacte républicain.
-    Nous sommes les seuls à donner le lendemain de l’instauration du Corralito une explication complète de la crise argentine  comme la contradiction entre un système de fixité très artificiel (le régime de change dit du currency board)  et le flottement du dollar.  Aucun économiste ne commente cette crise dans la presse française qui se contente d’articles outrés sur l’explosion de la pauvreté.  Le seul économiste qui finit 15 jours plus tard par faire un article sur la crise est Christian de Boissieu. Il se contente de donner la traduction en bon français de Currency Board (caisse d’émission)… 
-    Nous annonçons en 1999 que la crise décennale arrivera aux Etats-Unis  en 2000 et frappera la France à plein deux ans après en 2002.  En vain.  Pris dans le tourbillon de la frénésie de spéculation conjointe sur le dollar et les actions des NTIC  l’euphorie est invincible.
-    Nous défendons Maurice Allais qui est mis en pièce par les media parce qu’il annonce une grande crise  financière et monétaire dans son livre de 1999.  Nous précisons néanmoins qu’il se trompe sur la crise de 1998, comme il s’était trompé en 1986.   En revanche nous cautionnons en totalité son analyse des défauts gravissimes des changes flottants et de la dérégulation financière. 
-    Nous dénonçons l’illusion à droite des retraites par capitalisation.
-    Nous dénonçons les théories qui fleurissent à l’époque sur la fin du cycle et des crises économiques.  Venant des Etats-Unis, ces théories expliquent qu’avec l’informatique, Internet  et l’arrivé d’une économie de l’information, il n’y a plus de stock donc plus de cycle.  Evidemment la crise qui frappe à partir de 2000 rend ces élucubrations caduques. Mais elles auront encombrés près de deux ans les colonnes des journaux.
-    A l’occasion de la sortie d’un livre sur le cycle de Krondratieff qui annonce le début d’un âge d’or nous, précisons que les cycles de 10 ans sont une réalité constante et facile à constater dont il faudrait tenir compte. En revanche le cycle de Kondratieff est une fantasmagorie statistique sur laquelle on ne peut rien fonder.  L’auteur ne doit pas être à la fête s’il se relit !
-    Nous nous opposons à Milton Friedman qui prétend que l’Euro n’est pas possible et éclatera en moins de trois ans.  
-     Nous nous opposons en 2000 aux idées d’Allègre que nous soutenons  par ailleurs dans ses tentatives de réformer la recherche et l’université,  sur les stock-options.  Nous considérons que les stocks options ne doivent être autorisées que pour les « start-up ».
-     Nous dressons un bilan consterné de la gestion Jospin : ayant bénéficié d’une phase d’expansion du cycle très forte  il a conduit une politique à rebours des nécessités, fait perdre son temps à la France et il laissera la France en mauvaise situation pour faire face au retournement conjoncturel.  Il aura été aussi néfaste que Rocard qui s’était trouvé dans une situation comparable et avait été encore plus nocif !
-    Nous dénonçons l’expansionnisme monétaire formidable des Etats-Unis et indiquons, les premiers (cette analyse n’apparaîtra dans la presse que plusieurs années plus tard)  que l’inflation des moyens de paiement n’apparaît pas dans les prix des biens de consommation uniquement du fait de l’ouverture internationale et de l’entrée de la Chine dans la compétition mondiale.  Nous indiquons que l’inflation se traduit par la hausse des prix des biens durables (immobilier,  or, commodities etc.).
-     Nous analysons la crise de 2000-2002 comme le produit du cycle périodique (qui est contesté par tous les économistes alors qu’il est une des constantes les plus lourdes de l’économie mondiale)  et des travers des changes flottants.  Nous contestons les méthodes de Greenspan qui à l’époque est considéré comme un génie.
-    Tout en  trouvant normal que les impôts soient effectivement baissés par Fabius qui craint « le mur fiscal » pour les prochaines élections,  nous considérons que ce sont ceux qui pèsent sur les coûts de production et l’incitation à investir qui  doivent l’être.   Et qu’il aurait surtout fallu baisser les dépenses publiques au lieu des augmenter sans fin, notamment dans les collectivités locales.   Au lieu de cela Jospin fait l’erreur de baisser l’impôt sur le revenu et la TVA, alors qu’il aurait du changer l’assiette de l’ISF (la gauche était mieux placée que la droite pour le faire)  par transfert sur les hauts revenus, et commencer à démanteler la taxe  professionnelle.
-    Nous regrettons la politique d’immobilisme absolu de J. Chirac après que son camp   qui refuse de toucher aux 35 heures, qui pérennise l’ISF et qui aggrave la pression fiscale en prétendant  la réduire.  La « pause de la baisse des impôts » reste une des farces politiques les plus saumâtres de ces dernières années.
-    Nous dénonçons le CPE (avant même la révolte étudiante) et ridiculisons les politiques arbitraires venues d’en haut.
-    Nous dénonçons  « l’énarchie compassionnelle »  qui est la base de la politique française depuis Giscard et qui trouve son apogée délétère à  la fin du quinquennat Chirac qui prend une tournure de fin de règne extrêmement glauque. 
-    Nous nous interrogeons sur l’opportunité de la baisse de la TVA sur la restauration.
-    Nous dénonçons la création de l’Euro à contre cycle.   Depuis 1989 l’Europe décroche du reste du monde avec un taux de croissance très faible du fait des contraintes exceptionnelles que lui imposent d’abord la politique de réunification allemande (avec l’erreur de la parité monétaire immédiate avec l’Est) puis les restrictions monétaires précédents l’introduction de l’Euro.  Le coup de bambou fiscal de Juppé est largement du aux nécessités des critères de Maastricht, même si l’absurdité de la politique suivie par Rocard en est la cause principale.  L’Euroland aura eu un coût économique extrêmement fort.
-    Au cours de la campagne électorale présidentielle nous défendons deux thèses :
o    La gauche n’a aucun programme crédible et comme en 1997 compte sur des « coups » démagogiques pour gagner.
o    La droite de Sarkozy commet une grossière erreur en oubliant que le cycle va se retourner pendant son quinquennat et qu’il est donc absurde et dangereux de prétendre faire gagner des points de croissance  et faire croître plus vite le pouvoir d’achat.
o    Nous affirmons : « Sarkozy et Fillon sont sans doute des surdoués de la politique ; mais pas de l’économie ».
-    Nous défendons la directive Bolkenstein sur la libéralisation des services au sein de la communauté européenne.
-    En revanche nous regrettons la disparition de tout tarif extérieur commun.
-    Nous dénonçons le système absurde qui s’est mis en place après la crise de 2000-2002 qui voit les Etats-Unis s’endetter pour acheter à bon compte des produits chinois artificiellement bon marché.  Nous ridiculisons l’attitude qui consiste à se plaindre de 10% de droits de douane et à ne rien dire quand un partenaire voit sa monnaie dévaluée de 50% !
-    Nous considérons que la baisse du dollar et surtout celle du Yuan qui lui est artificiellement lié créent une situation totalement dommageable. La Chine ne pouvait pas sans danger cumuler  des coûts salariaux très bas et les fruits d’une dévaluation massive !  Le résultat nous paraissait extrêmement lourd de conséquences non seulement pour l’Europe mais aussi pour les Etats-Unis et pour la Chine elle-même. Des croissances de plus de 10% ne sont pas tenables.  Et la vulnérabilité financière des Etats-Unis devenait critique. En même temps l’épargne européenne ne trouvait plus à s’employer utilement et finira dans la spéculation. 
-    Nous annonçons  fin 2005 le retournement de conjoncture pour 2008 aux Etats-Unis et 2010 pour la France.  Ce diagnostic sera précisé en 2006, du fait des craquements  qui se font jour sur le marché immobilier américain et la grande volatilité des bourses.  Nous avançons d’un an  le départ de la crise aux Etats-Unis que nous voyons dès 2007 avec le gros de la récession en France en 2009. Nous prévoyons que la crise sera exceptionnellement forte (au moins du niveau de celles de  1974 et 1993).
-    Nous exprimons les  réserves les plus expresses sur le plan Tepa. Les mesures sont électoralistes et sans impact économique fort.  La défiscalisation  d’une tranche élargie de l’impôt sur les successions,  celle des heures supplémentaires et  la déductibilité des intérêts d’emprunt  touchent un grand nombre de personnes ce qui expliquent sans doute qu’on ait choisi ces mesures. Mais elles n’ont aucun impact économique sérieux tout en étant riches d’effets pervers.
-    Nous dénonçons la vanité et les dangers du bouclier fiscal qui laisse penser que les riches sont « protégés »,  sans laisser espérer le moins du monde la fin des départs de riches entrepreneurs et en ayant des effets pervers massifs.
-    Nous annonçons début 2007 l’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis et la fin du rêve immobilier français.  Nous conseillons de boucler toutes les opérations de ventes immobilières avant la fin de l’année.
-    Dès juillet 2007 nous indiquons que le blocage des marchés interbancaires provoqués par l’effondrement des subprimes est le signe avant coureur d’un effondrement  du système financier mondial. Nous écrivons : « l’immense pyramide des crédits permise par les déficits américains est en train de s’effondrer ».  Nous annonçons l’arrivée de la récession sur différents média anglo saxons.
-    Nous envoyons différents textes aux grands media français sur l’imminence d’une crise et sur la nécessité de s’y préparer.  Nous évoquons les conséquences des changes flottants et soulignons que cette crise là sera forte. Aucune réponse.
-    Nous créons ce blog en juin 2008 pour tenter d’obtenir une audience un peu plus large que celles des forums où les textes ne sont lus que par une poignée d’internautes et  ne restent pas.
-    Les thèmes que nous défendons peuvent être constatés sur ce blog :

o    Illusion de la RGPP
o    Illusion de la baisse fiscale et des « cadeaux aux riches »
o    Illusion du RSA
o    Nature financière de la crise
o    Illusion de la  prévision de hausse à 200 euros du baril de pétrole
o    Erreur de croire qu’il s’agit d’une crise des subprimes
o    Dénonciation de l’étrange doctrine du  « découplage » (la crise ne toucherait que l’immobilier américain mais pas le reste de l’économie, la crise ne toucherait que les Etats-Unis mais pas le reste du monde, la crise toucherait les Etats-Unis le RU, l’Irlande et l’Espagne mais pas le reste du monde, la crise toucherait les Etats-Unis et l’Europe mais pas le Bric (Brésil, Inde, Chine), la crise toucherait tout le monde sauf l’Afrique qui continuerait à tirer la croissance (sic). 
o    Explication monétaire de la crise  et démonstration que le G.20 est à côté de la plaque ; annonce que le sommet de Washington ne débouchera sur rien).
o    Avertissement que le commerce mondial est à l’arrêt et de l’inanité des prévisions mondiales du FMI.
o    Retour sur la nécessité de changer d’assiette  l’ISF
o    Retour sur la nécessité de revenir sur l’emploi généralisé des Stock options
o    Dénonciation de la banque universelle et de la banque assurance
o    Explication détaillée  des mécanismes de la crise.
o    Illusion du sauvetage du monde par la Chine.

Dans un article au Figaro, finalement accepté par Yves de Chaisemartin,  nous dénoncions les trois évolutions fatales qui pesaient sur le monde :
-    Le système monétaire international des changes flottants du fait de son instabilité structurelle pesait sur la croissance tendancielle (ce qui expliquait la fin des « trente glorieuses ») et faisait courir au monde le risque d’une crise désastreuse.
-    L’Europe était en stagnation  et devait inventer une autre manière de s’imposer dans l’économie monde.
-    La France était en train de se tuer à force de malthusianisme,  d’immobilisme, de fiscalité outrancière et de démagogie.

Nous vivons à l’heure actuelle la manifestation aigüe de ces trois tares économiques majeures.

Le devoir des économistes était d’être clairvoyant

Notre expérience prouve que cela était possible sur la plupart des grandes questions, même avec les moyens dérisoires qui sont les nôtres.

Le côté optimiste de la chose est que la plupart des erreurs économiques dénoncées auraient pu  être facilement  évitées.  Combien de souffrances l’auraient été du même coup !  Le côté pessimiste est qu’elles auraient du l’être  et facilement, et par tous.  Car dans toutes les discussions privées que nous avons eu depuis plus de 10 ans, jamais personnes n’a contredit nos analyses.  

Mais les économistes officiels se sont tus ou ont cautionné toutes les âneries par veulerie, esprit partisan ou esprit de cour.   La presse n’a pas joué son rôle. Mais on ne lui a pas facilité la tâche.  Quant aux politiques, on reste sans voix devant leur impéritie.    Le système féodal qu’est la politique réduit l’expression d’idée à la communication par quelques uns.  La comm’ n’est pas l’information. Elle cache un autisme généralisé.

Il n’ya plus de débats même s’il y a désormais pas mal d’échauffourées médiatiques mais totalement convenues et avec toujours les mêmes qui font bien attention à ne prendre aucun autre risque que celui de l’appartenance à un camp ou à un clan.

L’Université et la recherche économique en France, elles, sont inexistantes et se complaisent dans l’insignifiance.    Le fait que cela est  exactement la même chose dans le reste de l’Europe n’est pas une excuse.

Alors oui : il faut appeler la France à renouer avec l’excellence économique, avec le commentaire permanent des questions chaudes et avec un poids intellectuel et pratique supérieur dans le monde.  Les Etats-Unis ont sans doute la plus belle brochette d’économistes nobélisés. C’est aussi là que les pires erreurs ont été faites car ils ne pensent qu’à défendre les intérêts américains avec la plus totale mauvaise foi.  Il n’y a strictement rien à en attendre.  

Dans ces conditions l’indigence et la médiocrité économiques perpétuelles en Europe et en France  ne sont pas une solution  mais un crime contre l’humo economicus  en  souffrance. 

Didier Dufau  pour le Cercle des Economistes E-toile.

ISF : le prix amer de la lâcheté

Le Cercle des Economiste e-toile tient une position ferme et sans changement sur la réforme de l'ISF, depuis toujours.

Cet impôt est une infâmie qui doit être supprimée car il n'est pas réformable. Pour faire un cadeau aux riches ? Que nenni ! Nous pensons que c'est sur les hauts revenus que doit s'établir l'assiette d'un impôt visant spécifiquement la richesse. Au moins on est sûr que a victime peut payer sans se dépouiller ! Il est plus facile d'établir un tel impôt et de le faire évoluer en fonction des nécessités nationales qu'un impôt sur l'épargne mobilière et immobilière.

Il est encore temps de faire les réformes qui ont été ratées d'abord par Jacques Chirac et ensuite par Nicolas Sarkozy, qui, avec le bouclier fiscal, ont laissé croire que plus jamais les riches ne paieraient d'augmentation d'impôts. Cette présentation est de pure opportunité politique et ne correspond à aucune réalité.

Nous avions démontré 20 fois que  ceux qui finissaient par payer plus que leur revenu, une dispositon contraire au pacte républicain, étaient les personnes mises en difficulté par un veuvage, un revers de fortune, une évolution de la valeur immobilière indépendante de leur volonté.

Après des années de silence gêné, pendant lesquels nous avons attiré en vain l'attention des républicains sur l'abjection qu'il y avait à prendre la totalité des revenus de plusieurs milliers de ditoyens chaque année, en général en forçant des personnes mises en difficulté par la vie à vendre leur logement , on commence à prendre la mesure de l'horreur fiscale qu'aura été l'ISF

En 2008 66% de ceux qui ont bénéficié du blouclier  avait un revenur fiscal inférieurs à 12.991 Euros. Ah les jolis riches que voilà ! Cela veut dire qu'avant le bouclier on leur aurait laissé 650 euros par mois pour payer les autres impôts non inclus dans le bouclier et leur immense train de vie : un gentil 300 Euros net !  Et pas question de s'indigner ! Les "riches n'ont qu'à payer sans se plaindre".En 2007 dit Bercy, 77% de ceux qui avait bénéficié de la première mouture du bouclier présentait un revenu fiscal de 12.964 Euros. Les faits sont donc bien établis.

Lors que nous avions déclaré au début des années 2000  que par l'effet de l'ISF au moins 10.000 personnes payaient 100% d'impôts et que ce n'était pas les riches que l'on croyait, les passions s'étaient déchaînées sur le site du Monde.fr : mensonge, complice du grand capital ; journaliste au Figaro Magazine etc.  Aujourd'hui on nous dit que les deux tiers des demandeurs du bouclier, sont des smicards net : cela fait bien nos 10.000. En fait si on prend la totalité des impositions et prélèvements, il faut pratiquement tripler ce chiffre. Car les impositions prises dans le bouclier ne représentent qu'à peine plus d'un tiers de la masse des prélèvements !

Cet impôt haineux et injuste, contraire à toutes les définitions d'un bon impôt doit disparaître.  

C'est le bon moment pour le faire :

- en supprimant l'ISF on peut faire l'opération de rapatriement des fonds cachés dans les paradis fiscaux moyennant une pénalité raisonnable, ce qui tombe bien avec l'action anti paradis fiscaux du G.20. 

- on peut créer la tranche d'IR supplémentaire réclamée par une partie de la droite

- le gouvernement peut faire valoir que le changement d'assiette est de toute façon nécessaire compte tenu des hausses massives envisagées par les collectivités locales sur la taxe foncière.

- C'est également l'occasion de réformer la taxe professionnelle assise sur le travail.

Imaginons ce qu'aurait été  être la situation  de personnes ayant perdu leur emploi voire leur entreprise, disposant d'un patrimoine fortement amputé par la crise  et à qui on demanderait de payer l'ISF sans bouclier, une augmentation de l'IR, des taxes foncières et d'habitation fortement augmentées (100% à Paris en deux ans sur la taxe professionnelle, mais c'est entre 30 et 60% partout ailleurs), et à on expliquerait qu'il faut en plus qu'ils compensent la perte de recettes fiscales liées à la taxe professionnelle ! Sans parler naturellement des taxes carbone si nécessaires et la hausse de la CSG pour faire facec aux dérapages des comptes sociaux. Sachant qu'une imposition de 1.5% nouvelle va être appliquée sur les revenus mobiliers pour le RSA (c'est à dire une tranche haute de l'ISF  sur cette partie là du patrimoine des français) va venir s'ajouter au 1er juillet !

Ajouter le financement des plans de relance qu'il faudra bien payer d'une façon ou d'une autre et nous aurions eu un tableau psychiatrique de la fiscalité en France.

C'est à l'occasion du collectif budgétaire de juin qu'il faut faire cette réforme indispensable.

MM. Sarkozy et Fillon vous avez été lâches une fois. Cela se retourne contre vous. Ne le soyez pas  deux fois. Faites donc cette réforme au lieu de toujours être à la remorque des réactions de l'opinion travaillée par des démagogues. 

Allons,  allons, un peu de courage et de lucidité ! C'est le moment.

 

Didier dufau pour le cercle des économiste e-toile.

 

Une question bien mystérieuse

La banque Lehman Brothers a fait faillite en septembre 2008. Elle était actionnaire de la Federal Bank of New York, la principale des douze banques régionales américaines.

Qui a récupéré ses actions ?

 

Lewis Holden pour le Cercle des économistes E-toile.

Non la Chine ne nous sauvera pas !

On lit un peu partout que la Chine grâce à ses immenses réserves de changes pourrait venir au secours de l’Amérique en difficulté : il suffirait qu’elle dépense les immenses réserves qu’elle a accumulées  pour qu’aussitôt des flots de capitaux frais remettent en marche l’économie mondiale.

C’est sans doute l’idée la plus sotte qui ait été émise  dans cette époque où le n’importe quoi mental commence à devenir si pénible.

Lorsqu’un pays dispose d’une balance des paiements excédentaire, la banque centrale met en réserve les devises « fortes » accumulées et crée en contrepartie de la monnaie nationale qui, par le mécanisme du multiplicateur, entraîne un gonflement des prêts du secteur bancaire et une hausse de l’activité locale.  Les énormes excédents chinois ont donc généré une circulation monétaire en Chine encore plus énorme.
Dans notre système monétaire international magique, un pays excédentaire a la possibilité de replacer ses dollars   aux Etats-Unis et de toucher des intérêts. 

L’excédent chinois a donc provoqué une double pyramide de crédit : en Chine et aux Etats-Unis.  Car le retour des dollars aux Etats-Unis a permis naturellement par le même effet multiplicateur, mais dans le système bancaire des Etats-Unis, de multiplier les crédits.  Ces crédits ont permis aux américains d’acheter plus de produits en Chine  qui a bénéficié d’un excédent supérieur qui etc.

On trouve là naturellement un des mécanismes forts de la création de la bulle financière mondiale et particulièrement de  la bulle de crédits des Etats-Unis…et de la Chine.

Les Allemands, soumis aux contraintes d’une même situation dans le cadre des accords de Bretton Woods, avaient eu la possibilité de dire : stop !  Il leur avait suffit de demander la conversion en or de leurs dollars.  Si les Etats-Unis avaient joué le jeu en 1971  il y aurait eu contraction de la masse monétaire aux Etats-Unis et réduction des déficits extérieurs.  Une certaine régulation automatique se serait exercée.  En système d’étalon or la situation aurait été identique.  Tenus de redresser leurs comptes extérieurs les Etats-Unis auraient été amenés à déformer leur production afin qu’elle soit plus exportatrice,  tout en réduisant leurs ambitions budgétaires.

Avec les changes flottants, cette possibilité de réaction des pays soumis à un emballement de leurs excédents  de balance des paiements n’est plus possible. Ils n’ont qu’une solution : vendre leurs dollars sur le marché des changes au risque d’effondrer la monnaie qu’ils viennent d’acquérir ou les replacer aux Etats-Unis.   
Le Japon a été le premier confronté à ce dilemme. Inféodé aux Etats-Unis,  il a joué le jeu qu’on lui suggérait : il a replacé ses dollars sur le marché monétaire des Etats-Unis en souscrivant en masse aux émissions du trésor.  Les taux d’intérêt étaient évidemment très bas.  Un « carry trade » s’est mis en place. On empruntait à Tokyo à un taux d’intérêt proche de zéro, on convertissait en dollar et on plaçait en dollar à taux meilleur un peu partout dans le monde notamment dans les pays en voie de développement. Par exemple en Thaïlande où  les dollars étaient convertis en monnaie locale, provoquant une hausse de la création monétaire des banques qui faute d’emplois suffisants dans la production  finançaient la spéculation notamment boursière. Les dollars étaient naturellement replacés en bons du trésor américain qui servaient à alimenter la liquidité des banques américaines qui augmentaient d’autant leurs crédits etc.

Les très bas taux au Japon permettaient de développer les marchés immobiliers et la demande de logements et de bureaux devint telle qu’une bulle phénoménale se mit en place.
Ces doubles pyramides de crédits sont évidemment extrêmement dangereuses.    On se souvient qu’en 98  la partie orientale a explosé  provoquant la panique partout.  Il fallait rembourser les dollars empruntés et replacés dans des paris aventurés. Le dollar se mit à monter aggravant d’autant le problème des emprunteurs. 

On a appelé cela aux Etats Unis : la crise des pays émergents  et des dirigeants pourris par le système des « cronies ».  On a ajouté l’injure à l’ignominie.  C’est le moment où les Hedge funds entrés  dans la danse  et animateur des jeux financiers les plus outrés tremblent une première fois sur leur base. LTCM est en faillite. Il faut d’urgence en organiser le sauvetage, déjà pour éviter un drame « systémique ». Tout le commerce international fut touché.  Autant pour la crise « des marchés émergents ».

C’était  une crise du système monétaire international des changes flottants. Une de plus.

En même temps une double spéculation commença sur le dollar et la bourse américaine.  Placer sur le marché des NTIC  en pleine folie boursière devient  extrêmement rémunérateur en plus value et en plus le dollar montait ! Le monde entier se mit à acheter des dollars et des actions américaines.  Une bulle phénoménale s’est reconstruite sur les décombres   de la bulle précédente. 

La bulle explose en 2000 . Greenspan essaie d’y faire face en baissant à zéro les taux d’intérêt qui compte tenu de l’inflation deviennent un temps négatifs. Le dollar s’effondre.  Tous les créanciers en dollars sont ruinés. Sauf la Chine dont la monnaie est alignée artificiellement sur le dollar.  L’Europe entre en stagnation, comme le Japon.  Il n’y a plus d’investissement industriel : la concurrence de la Chine est impossible à combattre.  Alors les capitaux ne vont plus à l’industrie.

Aux Etats-Unis c’est pareil.  L’industrie part en Inde et en Chine.
Les seuls placements productifs possibles sont l’investissement en Chine et en Inde. Mais ces pays n’ont pas la capacité de les absorber.  Alors va pour la spéculation.   

Aux Etats-Unis et partout dans le monde les taux d’intérêts très bas conduisent à une spéculation immobilière effrénée.  Les crédits coulent à flots.  Le Chine replace ses excédents aux Etats-Unis provoquant une accélération de la bulle.  En Europe comme aux Etats-Unis on cesse d’investir dans la production.  Les particuliers s’endettent et on leur vend une production fabriquée pas chère ailleurs.

Et tout se bloque en 2007 et explose en 2008.

Le dollar est si bas qu’il n’est plus possible comme en 92, comme en 2000 , de l’effondrer pour transférer aux autres le mistigri. Ruiner le créancier qui est le moyen suprême de se dégager pour un débiteur n’est plus une option.  Le système bancaire anglo-saxon explose. Tous les circuits économiques s’arrêtent.  Les exportations se bloquent.  Crédit est mort.  Une récession extrêmement brutale et rapide se met en place.

On peut désormais revenir à nos excédents chinois.  Ils ont déjà servi à financer une pyramide de crédit EN CHINE  et une autre aux Etats-Unis.  On voudrait qu’ils soient encore disponibles pour un troisième round !  Les prêter aux Etats-Unis ? Mais c’est déjà fait !

Le crédit crunch qui a lieu en Chine  est en train de dégonfler la bulle provoquée par les excès de monnaie chinoise.  Si la Chine vend ses  obligations du trésor américain, outre les effets directs de cette vente sur les monnaies et les changes, à quoi peuvent être   employés  les dollars obtenus ?  A acheter des biens de consommation en  Europe et aux Etats-Unis ?  C’est la Chine qui les produit !  Si l’excédent est là, il a bien une cause.  Et la banque centrale Chinoise voyant ses réserves fondre devrait contracter la masse monétaire en Chine alors que le pays expérimente un joli « crédit crunch » ?

Cette fantasmagorie financière s’exécuterait alors que  le blocage du commerce international prive la Chine de nouvelles réserves et  que les anciennes  fondent  à grande vitesse  ?

Tout cela n’a aucun sens.

La simple évocation de ce qui s’est passé depuis 15 ans suffit à comprendre que la crise n’est pas la conséquence fortuite d’un pépin survenu sur les « subprimes » du fait de la conjonction malheureuse de la cupidité des banquiers, de la créativité des polytechniciens de la finance, de la bêtise des comptables et de l’aveuglement des agences de notation. 

C’est l’ensemble du système de production, d’échange et de financement qui s’est mis en place dans les années 90, suite à a première récession d’après guerre (déjà provoquée par les mêmes mécanismes, le Japon jouant le rôle de la Chine)  qui a explosé.  La finance a explosé en premier suivi du commerce international et immédiatement après de la production, en trois mois.

La spéculation qui s’et développée depuis 1995 n’est pas le fruit soudain d’une nouvelle cupidité des banquiers. Mais la situation était telle que l’investissement en Europe et aux Etats-Unis n’étant plus rentable ou sans objet et les déversements de capitaux dans les pays nouvellement producteurs ne pouvant aller plus vite que la musique,  la spéculation est devenue la seule issue.

On comprend peut être mieux maintenant  pourquoi c’est l’architecture globale monétaire, financière et commerciale qui doit être réparée.

Le cœur de la réforme porte naturellement sur un système monétaire international  dont les dysfonctionnements  sont la cause principale de l’explosion qui vient de se produire. 

L’occident ne peut espérer continuer  à acheter en finançant à crédit  des importations sans autres espoirs pour les épargnants que les promesses fallacieuses de la spéculation.  Les pays émergents ne peuvent  espérer devenir  l’usine du monde et le détenteur des devises mondiales.

Il faut évidemment des évolutions équilibrées qui passent par une maîtrise des déséquilibres des balances extérieures, dans un sens comme dans un autre.  C’est impossible à faire dans un système de changes flottants qui au contraire provoque un gonflement incontrôlable des difficultés.

Déficits monstrueux et excédents monstrueux ne se compensent pas !  Ils se cumulent pour désorganiser le monde. L’inénarrable Wolf, de FT, devenu le gourou économique du journal le Monde au moment où la fausseté de ses analyses est devenue la plus voyante,   aura beau s’égosiller à défendre la thèse américaine : « tout cela vient du fait que la Chine ne nous achète pas assez », thèse qu’on avait déjà entendu à la fin des années 80, puis 90, en citant le Japon,  la réalité est incontournable.

Il faut supprimer le privilège monétaire des Etats-Unis et le système des changes flottants. Cela passe par la mise en place d’un système monétaire international de type Bretton Woods mais sans les faiblesses de cet accord  qui étaient entièrement liées à la situation privilégiée des Etats-Unis. 

Il faut que l’Europe et les Etats-Unis se remettent à produire.  Il y a aura nécessairement  un rattrapage  des pays en voie de développement.  Nul n’est besoin de le rendre artificiellement destructif pour le monde entier.

Une croissance raisonnable universelle et coordonnée passe nécessairement par un système monétaire international équilibré et coordonné.  Le plus vite on le comprendra, le plus vite on réformera le système monétaire international,   le plus vite on sortira de la crise actuelle.

Pas de solution autre que la dépression si on n’abandonne pas immédiatement les changes flottants !  

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Electrocution du commerce international

Le New York Times publie une remarquable infographie de Haver analystics montrant comment le commerce international a été littéralement foudroyé, se bloquant comme on ne l'avait jamais vu depuis 1929.

C'est tout le système financier mis en place à partir des changes flottants et de la liberté totale  de mouvements de capitaux alimentés par les déficits extérieurs abyssaux des Etats Unis  qui s'est effondré, pas seulement les banques ayant trop goûté aux subprimes.

Ce graphique complète celui du Baltic index qui marque le coût du frêt maritime. Quand Taïwan ou le Chili voient leurs exportations baisser net de 50% en un instant, alors que les subprimes, ils ne connaissent pas ni leurs banques, on comprend que c'est tout le système monétaire international qui est en cause pas seulement le système  bancaire américain.

L'article précise que les coûts du crédit international se sont envolés.

Il note que les exportations de la Chine vers l'Inde qui croissaient sur une rythme de 50% sont désormais en recul de 18%.

Les exportations d'Argentine, du Brésil et du Chili sont notées comme ayant baissées entre 27 et 42%.

Rappelons nos moqueries contre toutes les théories qui voyaiuent la crise d'abord aux seuls Etats Unis, puis aux seuls  pays européens ayant un peu construits de logements, puis à la seule Europe de L'ouest. Le BRIC est à genoux tout autant que les pays exportateurs d'Afrique et d'Amérique du sud.

Le NYT en conclut que le Global Trade System  est à l'arrêt.  Il aurait pu ajouter que rien n'est fait pour qu'il reprenne.

Tout un système basé sur les déficits américains, le crédit à la consommation massif,  les taux de changes de dumping de la Chine, la spéculation généralisée sur tout, la fourniture de machine par l'Allemagne et le Japon, sous traitant un peu partout en Asie,  une circulation de capitaux débridée sans aucune forme d'appréciation réaliste des risques, s'est ércoulé.

Et chaque pays fait son petit plan de relance dans son coin sans regarder la "big picture" sans aucune prise en compte de l'architecture économique et financière mondiale !  L'immeuble commence à s'effondrer et chacun repeint sa chambre !

Quand il n'y a pas de diagnostic, il n'y a pas de thérapeutique.

 

 

 

 



La crise s’approfondit : pourquoi ?

La crise s’approfondit : pourquoi ?

Six mois après le début de la crise non seulement il n’y a aucun vrai signe de reprise mais tout le monde voit qu’elle s’approfondit et s’amplifie.  Pourquoi ?

Trois événements récents dont la presse a donné ces derniers jours une large couverture donnent quelques clés d’interprétation.

1.    Le Japon disposait d’un aimable excédent commercial de 900 milliards de Yen chaque mois. La voici en janvier avec un déficit de même ampleur. Un basculement radical.  S’agit- il d’un effet  retard des diaboliques « subprimes » ?  Pas du tout.  Simplement le Yen a vu sa valeur multipliée sur le marché des changes. Plus aucune entreprise nippone ne peut exporter sur un marché international par ailleurs bloqué.  

Voici un exemple presque caricatural du mécanisme qui fait des changes flottants un facteur d’aggravation de la crise.

2.    AIG, le principal assureur mondial, vient à nouveau à la gamelle auprès de l’Etat américain. C’est la troisième fois. La société ne parvient même pas à rémunérer les apports en capital de l’Etat. Les sommes en cause sont prodigieuses : plusieurs centaines de milliards de dollars.  Est-ce encore un coup  de pied de l’âne des « subprimes ».  Pas du tout : la banque assurance est la cause principale. Les prêts des banques ont été garantis par AIG. La faillite de Lehman Brothers  a entraîné illico celle d’AIG qui dès le LENDEMAIN s’est présentée aux autorités avec sa sébile. 

La cause immédiate de la nouvelle faillite est l’évolution malsaine des CDS, les Crédit default Swap. AIG en a souscrit pour des milliers de milliards. La plupart concernait des opérations de prêts avec clauses sur taux d’intérêt ou sur cours de change, avec des points d’intervention dépendants d’écarts considérés comme peu probables  sur des indices ou des devises. La crise ayant provoqué le chaos sur les marchés des changes et les marchés de taux, les contrats se sont déclenchés les uns après les autres. AIG  ne peut plus faire face.

Rappel : le marché des CDS est passé de 6,396 milliards de dollars américains à fin 2004 à 57,894 milliards à fin 2007. Si vous avez entendu le FMi s'inquiéter pendant cette période vous avez gagné !

Voici un exemple presque caricatural du mécanisme qui fait des changes flottants un facteur d’aggravation de la crise.

3.    Le chaos sur les marchés des changes des Pays de l’Est récemment tournés vers l’Europe occidentale provoque des graves difficultés pour les banques qui ont soutenu de leurs prêts ces pays en plein rattrapage. On découvre ainsi que les banques  d’Autriche ont  des en cours équivalents au PIB du pays (l’Islande doit se sentir moins seule) ! La hausse des taux d’intérêt dans ces pays bloque l’activité. La dévaluation rend les remboursements en monnaie étrangère et notamment en Euros impossibles.  Les deux mécanismes se cumulant, les banques voient exploser leurs crédits « non performants ».  L’ampleur des pertes est telle que même l’Euro en est déstabilisé et que les rumeurs enflent sur la possibilité de l’éclatement de la zone Euro !

Voici un exemple presque caricatural du mécanisme qui fait des changes flottants un facteur d’aggravation de la crise.

Nous disons depuis la mi-septembre 2008 que la  première mesure à prendre d’urgence est l’abandon des changes flottants, la seconde étant la restructuration globale et immédiate de tous les contrats de prêts  et d’assurance  à clauses de déclenchement   sur élément variable.

On se demande bien pourquoi !

En tout cas nous sommes les seuls.  Les changes flottants c’est la forme la plus achevée du tabou, celle qui met un bœuf sur la langue et congèle au zéro absolu les petites cellules grises.

L’Europe va au G20 en réclamant des moyens supplémentaires pour le FMI où les Etats-Unis ont tout le pouvoir, étant les seuls à disposer du droit de véto, et ils n’ont aucune envie de débloquer des centaines de milliards de dollars pour l’étranger alors qu’ils sont engagés pour des centaines de milliards de dollars sur le front intérieur.  Alors on parlera paradis fiscaux  et régulation. Cela ne mange pas de pain.  Mais n’aura aucun effet sur la crise.

Quant à l’Union Européenne presque constitutionnalisée, c’est l’Europe des petits oiseaux  et de la législation sur le camembert.  Pour l’essentiel,  c’est chacun pour soi.

Au fond cela vaut mieux : l’union des têtes de linotte n’est pas meilleure que l’absence d’union des autruches.



Encore un livre de banquier sur la crise !

Dans la collection Tribune Libre chez Plon, M. Matthieu Pigasse, vice président de la Banque Lazard,  et donc caution bourgeoise du livre, assisté d’un certain Fichelstein, porte plume, se livre à l’exercice littéraire à la mode : commenter la crise.  Après tout,  que les banquiers, après avoir nourri la crise, veuillent gagner un peu d’argent en la commentant, pourquoi pas ?  La cupidité ne saurait disparaître en un instant !

Comme la floppée de livres du même type  qui emplissent les rayons aujourd’hui, l’essentiel du livre est la compilation des événements qui ont marqué ces derniers mois  avec l’inévitable plongée  dans la dérive des crédits immobiliers, la saga des banques d’affaire américaines, la distribution des risques par la titrisation,  puis l’enflure des formes de crédits incompréhensibles, la défaillance des agences de notation, les effets pervers de certaines normes comptables, etc. 

Le lecteur fidèle à ce site ne trouvera exactement rien de plus de ce que nous avons déjà décrit en temps réel depuis de longs mois.

La véritable interrogation lorsqu’on lit ce genre de livre est de savoir s’il mettra à jour des faits sus du sérail et qui ne seraient pas encore connus et si les analyses sur les causes  justifient des solutions intéressantes.

Première déception : il n’y a aucun fait nouveau. Tout ce qui est dit s’étale dans les journaux  depuis des semaines et est connu de ceux qui ont suivi l’actualité avec attention.  Bien la peine de faire appel à un banquier international dirigeant d’une grande banque normalement au cœur des affaires !  C’est une simple compilation de choses connues.

Seconde déception : il n’y a aucun effort de diagnostic particulier.  Au départ il ya le vilain Greenspan (qu’on a adoré sans limite et sans une seule critique pendant 20 ans) qui dévergonde le crédit, qui permet la bulle immobilière, que les banques amplifient avec des moyens techniques sophistiqués, que les agences de notation ne comprennent pas, que les régulateurs ne regardent pas,  et quand tout casse, les règles comptables viennent aggraver les choses.  Air connu.

Troisième   déception : faute de diagnostic il n’y a aucun début de commencement de préconisation  utile.  On reste dans les généralités et le « wishful thinking » parfois très loin des problèmes concrets qui se posent.

Au début on y croit encore un peu : au moins les auteurs font remonter la crise à 1988-89  et ne se contentent pas de partir de 2003 ! On se dit : la dynamique des évènements depuis trente ans va être éclairée. Et bien non.

Le schéma des auteurs : La crise boursière de cette époque est traitée par Greenspan par une inondation de crédits. On stigmatise Greenspan pour cette faute. Et on passe directement à la bulle internet vue comme précurseur de la bulle immobilière qui est déclarée comme commençant en 2003 (elle commence en 97).  

Pourquoi y a –t-il eu crise en 88-89 ? Les années 70 et 80 n’ont-elles pas été marquées par des crises financières à répétition ?  N’y a-t-il pas eu un changement radical de paradigme des politiques économiques et financières à cette époque ?  La politique Volcker qui avait provoqué la récession assez dure du début des années 80 n’est-elle pas en partie l’explication de l’attitude de Greenspan ? 

N’espérez rien sur ces sujets. Ils ne sont même pas abordés.  Alan Greenspan est un démon né par magie et qui va envoyer le monde dans le mur. Alors on le montre dans ses premières décisions. Point stop.  On citera la crise du Japon pour simplement avertir qu’on pourrait entrer dans un mécanisme de ce genre. Les causes et la nature de cette crise, qui va s’étaler dans les années 80, ne sont  même pas abordées.

Les deux crises majeures que sont la récession de 91-93 qui frappe le monde entier et la crise de 1998 qui désarticule  l’économie des nombreux pays sous développés sont totalement ignorées.  Pourtant il s’agit pour l’une de la première récession depuis la guerre, un sacré avertissement ! Et la seconde montre bien l’ampleur des désordres financiers et monétaires  qui affectent la croissance mondiale. 

On n’en dit pas un mot pour une raison simple : elles n’apportent aucune eau au moulin de la thèse des auteurs qui est la chanson générale : trop de crédits à cause de Greenspan, bulles, gestion dérégulée des finances, explosion.

Du coup on ne comprend rien. D’accord l’Islande s’est endettée au-delà des possibilités de son PIB. Mais pourquoi et comment est-ce que cela a été possible ? Greenspan ? Evidemment non.  D’accord les Etats-Unis ont débridé les crédits. Mais pourquoi est-ce que cela fut possible ?  Les déficits de balances de paiements perpétuels n’ont joué aucun rôle ?   Si oui comment ont-ils été possibles ? Des crédits complexes ont été mis en œuvre mais pourquoi fallait-il une telle complexité  et pourquoi  ont-ils connus cette diffusion mondiale ?  Vous ne trouverez aucune réponse dans le livre.

Pour cela il aurait fallu remonter un peu plus tôt avec la disparition des règles de Bretton Woods et l’introduction de facto d’un système de changes flottants et de liberté totale des mouvements de capitaux.   Les américains ont fait sauter le système de Bretton Woods parce qu’ils ne voulaient en aucun cas mettre fin à leurs déficits insensés de balances des paiements.

Ce sont ces déficits qui sont à l’origine de l’immense création monétaire qui a permis aux banques américaines   de se goberger pendant des années.  Les changes flottants devaient avoir deux effets : réduire le spreads des taux d’intérêt à travers le monde grâce à la libre circulation des capitaux et aboutir à une certaine stabilité automatique des taux de change.  Dans la pratique on a vu exactement le contraire. C’est la liberté des mouvements de capitaux et le déséquilibres des taux d’intérêt qui a permis à l’Islande la politique bancaire qu’elle a connue.  Greenspan n’y est pour rien.

Si Greenspan a pu élargir les déficits et les rendre incontrôlables, c’est que le système des changes flottants le permettait.

Périodiquement on ruinait les créanciers.  Si le Japon est entré en récession longue c’est d’abord à cause de la masse de dollars dévalués qu’elle a du absorber en tant que gentil allié des américains.   Si la Suède voit ses banques ruinées en 1992 (en vérité l’ensemble du système bancaire mondial est passé à deux doigts de l’explosion) ce n’est pas à cause d’une politique nationale particulière.  Mais de la bulle née aux Etats-Unis permise par les changes flottants  qui a fini par exploser là où l’économie était passagèrement la plus faible.

Non le FMI n’a rien vu venir. Rogoff son économiste en chef en dépit de la réalité explique que les crises sont de moins en moins graves et donc que les changes flottants jouent leur rôle : ils harmonisent les conjonctures, les taux d’intérêt etc.  Du vent !  Si les économies des pays en voie de développement ont lâché en 1998 c’est parce que le dollar après avoir été effondré par Greenspan est reparti à la hausse de façon verticale mettant en danger tous les circuits d’emprunt en dollar et déréglant les changes.

A force d’écarter les faits qui ne rentrent pas dans la démonstration et d’oublier les évènements les plus significatifs, le livre perd tout intérêt explicatif.  Les solutions apportées, appuyées sur un diagnostic partiel voire inexistant, sont évidemment totalement à côté de la plaque.   Faire entrer la Livre dans l’Euro est un vœu pieu.  Fusionner la France et l’Allemagne est très chic et très « grande géo politique ». Mais tout cela est un peu distancié par rapport aux urgences.   Tout le reste est classique : contrôler les hedge funds, refonder les agences de notations,  changer les règles comptables etc.  La broutille habituelle.

En fin de livre on aborde la question du FMI et d’un nouveau Bretton Woods (une page) . Oui mais sans remettre en cause les changes flottants. On évoque la mise en œuvre des DTS (droits de tirage spéciaux) mais  on omet de  dire qu’ils existent depuis le début des années 70 et que les changes flottants leur ont fait perdre la totalité de leur rôle !  On ne peut évoquer Keynes et son Bancor en conservant les changes flottants.  Or pour un banquier remettre en cause les changes flottants ce serait comme remettre en cause le prêt à intérêt ! IM-POS-SIBLE !  Il y a trop de bon business derrière pour les banques.  Et la libre circulation des capitaux ferait du mal à Lazard !

N’y-a-t-il rien à garder de ce livre ? Si bien sûr : la condamnation radicale et définitive de la « banque universelle ». Comme c’est un de nos dadas nous somme heureux de voir qu’une voix autorisée de la haute banque s’accorde à le penser.   C’est de l’intérieur que Matthieu Pigasse peut dénoncer les innombrables conflits d’intérêt qu’offre la banque universelle. Et son danger systémique.

On trouve aussi une jolie formule sur les banques américaines en crise de solvabilité et les banques européennes en crise de liquidité.  C’est évidemment faux mais arbitrer ainsi de façon distributive  la querelle entre ceux qui pensent que la crise bancaire est partout une crise de solvabilité ou qu’elle est partout une crise de liquidité, est une astucieuse façon de dédouaner la banque européenne  de toute faute.  UBS, Fortis, Royal Bank of Scotland, Natixis et une flopée de banques allemandes  apprécieront. Quand on est banquier européen il faut aussi être diplomate !  En vérité les banques sont partout à la fois en crise de solvabilité et en crise de liquidité…

On s’amusera également de la dernière phrase ciselée pour la pose : « l’urgence est de retrouver le temps long ». Les entreprises et les particuliers   frappés par la crise risquent en effet de trouver le temps long si on en reste à ces analyses croupions et à moitié aveugles.  Elles peuvent même finir au tombeau et ce n’est pas Lazard qui les ressuscitera !
Il faut supprimer les changes flottants : il y a urgence !  C’est le B.A.  BA de cette crise. Le reste est du blablabla.

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.



Vers une sortie de la crise ?

Le propre des grandes crises est d’avoir une fin. 

Pour le Cercle des Economiste E-toile, la question de la sortie de crise est compliquée par le refus collectif des Etats de reconnaître la responsabilité fondamentale  du système monétaire international dans l’explosion  qui vient d’avoir lieu.  Il est désormais à peu près sûr qu’on ne changera rien de fondamental à court terme  au système désastreux des changes flottants.

La question est donc de savoir si une crise dont les causes sont niées et non traitées peut néanmoins se terminer et permettre une nouvelle séquence de croissance mondiale.  En terme plus simple : est-ce qu’un malade mal traité peut tout de même s’en sortir ?

Comme nous n’avons pas cessé de le répéter les « subprimes » ne sont qu’une manifestation de la crise mais pas la crise elle-même.

Mais nous sommes quasiment seuls à l’affirmer.

L’idée générale aujourd’hui est qu’il suffit de cantonner ce type de dettes dans des « bad banks »  pour sortir de la crise et que des ajustements sur les règles comptables, le mode de fonctionnement des agences de notations,  la politique de bonus des banques et la régulation  mondiale des contrats dérivés de ces crédits suffira pour éviter le retour aux dangereuses dérives constatées.  Les banques délestées de ce poids mort se feront désormais pleine confiance et le marché interbancaire reprendra vie. Le crédit pourra à nouveau jouer son rôle.  Le sang circulant à nouveau dans les veines de l’économie, la reprise sera là et youpee !

Bien sûr pour compenser les effets de la crise de crédits il a fallu  conforter le système bancaire à court terme  par différents moyens, et comme l’économie a dévissé, il était important de « relancer » par des programmes de dépenses publiques ou des cadeaux fiscaux.  Mais ce n’est qu’un tout petit moment difficile à passer : dès que les dettes subprimes auront été ainsi passées sinon par pertes et profits, du moins aux générations futures,  tout reviendra à la normale. Comme en plus les taux d’intérêt sont négatifs, on pourrait même avoir une reprise si bouillonnante  que de nouvelles bulles pourraient apparaître très vite.

On reconnaîtra là le schéma qui a prévalu lors des crises de 91-93 et de 2001-2003.  Déjà on avait donné une explication très restrictive : crise accidentelle liée à la guerre du Golfe pour la première,  dégonflement de la bulle Internet, pour la seconde.  Et on n’avait pris aucune mesure de réforme  structurelle.  Dans les deux cas les Etats-Unis avaient laissé filer le dollar  tout en noyant le monde de liquidités.  Et basta.

La reprise dans les deux cas avait fini par venir.  Très forte à partir de 1997 (mais sans que les gouvernements s’en rendent compte, notamment en France), très molle à partir de 2005 (mais sans que personne ne cherche à comprendre cette mollesse).
Cette manière de voir se heurte lourdement à la réalité. 

Le cantonnement des « dettes pourries » est un exercice quasiment impossible avec des banques non nationalisées, comme nous l’avons déjà expliqué sur ce site.  Il faut d’abord définir le périmètre des dettes en cause et ensuite leur donner une valeur. Or justement tout le problème est que le risque a été diffusé par des moyens complexes, le plus souvent par des techniques hors bilan, et que les actifs en question n’ont aucun marché permettant d’établir leur valeur ! 

La crise bancaire a donc toutes les chances de perdurer et tant que « crédit est mort », il n’y aura pas de reprise.  

Dans le même temps les causes ne la crise n’ayant pas été jugulées,   la confiance ne revient pas.  Aux Etats-Unis la peur d’un effondrement possible du dollar prévaut dans les esprits.  Le Japon lutte contre les conséquences d’une appréciation  excessive du Yen.  Partout ailleurs des manipulations monétaires ont lieu, notamment en Chine et en Russie.

Certes le Baltic index après un an de chute verticale et quatre mois de stagnation complète au niveau le plus bas est reparti timidement à la hausse, prouvant une certaine reprise des affaires. 

Certes les restrictions de production ont enrayé les chutes de prix qui s’étaient produites ici ou là.

Certes les bourses ont montré une résistance à des niveaux qui semblent être des plus bas, relançant les spéculations positives. 

Certes l’esprit humain  est ainsi fait que son humeur ne peut rester indéfiniment au pessimisme. 

Certes la liquidité est maintenant si peu rémunérée que des tentations se font jour de revenir se placer sur des valeurs « réelles » : le remontée de l’or au dessus de 900$ l’once le démontre.

Mais en vérité c’est la peur qui continue à dominer en même temps que la confiance résiduelle s’effiloche au fur et à mesure que les chiffres de la catastrophe se découvrent.  Les éléments de reprise se perdent dans les sables mouvants  d’un système monétaire et financier international  devenu complètement instable au point de ne plus tenir qu’à un fil qui peut casser à tout moment.

On sait déjà qu’il n’y aura aucune reprise en 2009 et que les récessions vont être très sévères partout, s’étageant entre moins 10 et moins 2 %.   Et à tout moment des drames ponctuels peuvent se produire.  Ce peut être une nouvelle crise de confiance des déposants avec une ruée irrépressible sur les comptes de dépôts ; cela peut être l’effondrement du dollar ; ce peut être ces crises sociales insupportables. 

Ce peut être autre chose : cela lâche toujours là où on s’y attend le moins.

Au premier trimestre 2010 tous les bilans d’entreprise traduiront la réalité de 2009. C'est-à-dire quatre trimestres  de crise.  Et on aura vu que les plans de reprise n’auront pas eu les  grands effets annoncés.   On entrera alors dans le vif de la crise.  Le moment de vérité ne sera pas comme on le lit partout la situation au printemps 2009, mais celle au printemps 2010.  En attendant la situation est totalement imprévisible.

Nous ne croyons pas trop à un réajustement spontané des flux de commerce international.  Il est clair que les stocks qui viennent  de se vider à grande vitesse devront bien être reconstitués un jour ou l’autre et que des besoins retardés finiront bien par se manifester sur le marché.  De même l’inflation des moyens monétaires finira bien par rétablir une hausse des prix favorable à la reprise de l’investissement.   Mais les facteurs délétères sont tout aussi importants.

2009 verra surtout la fin des illusions et le début d’une perception que les subprimes étaient une petite affaire et qu’il faut aller beaucoup plus loin dans les réformes.  Il n’y aura de reprise en 2010 que si les réformes de fond sont entreprises. Sinon,  l’hypothèse la plus probable, en dehors de tout accident massif qui peut se produire à tout moment, nous entrerons dans une logique dépressionniste ou stagnationiste d’au moins quatre ou  cinq ans.

On va donc vers une année 2009 chaotique où la question principale sera de savoir si  à force de  démentis  douloureux sur le terrain, les prises de conscience nécessaires sur la vraie nature de la crise et des réformes nécessaires finiront par atteindre les organes de perception des équipes dirigeantes des principaux pays. 

Un intéressant suspense !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile

Les erreurs de Nicolas Sarkozy


Nous voici au point où les erreurs accumulées par Nicolas Sarkozy finissent par avoir leur effet délétère non seulement sur sa côte dans les sondages mais sur la situation morale et politique de la France.

Quelles sont donc les erreurs commises par Nicolas Sarkozy qui lui sont directement imputables et qui auraient pu être facilement évitées ?

La première c’est évidemment de ne pas avoir voulu voir la crise venir.   Entouré d’économistes de cour bien décidés à ne rien dire qui puisse fâcher, il se lance dans une campagne électorale complètement à côté de la plaque, du point de vue économique s’entend.

Fin 2006, tout est connu de la crise qui se précise.  La bulle immobilière a déjà commencé à se dégonfler aux Etats-Unis. Les statistiques de la construction montrent déjà le repli des chantiers et les prix vacillent.  L’endettement des Etats-Unis culmine à des sommets intenables.  Les déséquilibres internationaux sont partout devenus des gouffres. 

Nous-mêmes, après un à coup boursier particulièrement dur, révisons alors nos prévisions.  Nous pensions à une crise commençant en 2008 aux Etats-Unis et touchant la France un an et demi après, comme d’habitude.  Nous réalisons soudain que la volatilité est telle  que la crise va être avancée de six mois à un an et nous aggravons notre diagnostic sur sa violence.

En juin 2006 nous conseillons de liquider toutes les opérations immobilières projetées avant la fin de l’année et d’éviter tout investissement lourd. Nous suggérons de vendre les entreprises qui doivent l’être,  extrêmement rapidement.

On peut se moquer des « experts » qui se trompent tout le temps.  Nous ne prétendons pas au statut de pythie méconnue. Nous disons simplement que la crise était prévisible. Nous en avertissons publiquement Nicolas Sarkozy et ses équipes.

La seconde erreur découle de la première. Si une crise économique sévère se profile, il ne faut rien promettre sur la croissance, l’augmentation de l’emploi ni sur  le pouvoir d’achat.  Nicolas Sarkozy fait tout le contraire et centre sa campagne sur le pouvoir d’achat, les heures supplémentaires, le travailler plus pour gagner plus.   Les trente cinq heures deviennent une cible privilégiée alors qu’en temps de crise  dure et d’extension du chômage ce n’est pas une priorité absolue.

Les promesses aventurées sur le pouvoir d’achat sont d’autant plus dangereuses que les déficits extérieurs montrent que la consommation en France est excessive  et se finance par l’endettement.

Aurait-il pu gagner la campagne électorale sur un thème  alarmiste : la crise va venir ; préparons nous ; je ne vous promets que du sang et des larmes ?  Qui sait ? Toujours est-il que les erreurs sont faites et que toute erreur se paie au comptant en économie.

Voici Nicolas Sarkozy  président : il commet une troisième erreur : la loi Tepa.  Non pas pour les raisons avancées par les socialistes de « cadeaux aux riches ».  Mais parce qu’aucune des mesures prises n’a la moindre de chance d’avoir un effet opportun face à la crise qui s’annonce.

En pleine inconscience Nicolas Sarkosy plaide pour des « subprimes » à la française alors qu’elles seront le déclencheur de la crise aux Etats-Unis.  Le marché hypothécaire étant étique en France il se rabat sur la déduction des intérêts des emprunts pour le bâtiment. On dit aujourd’hui : cela a contrebalancé partiellement la crise de l’immobilier.  L’erreur qui devait aggraver la bulle immobilière finalement par hasard se serait  trouvée utile. C’est évidemment tout à fait faux : les banques s’étant brutalement effondrées, crédit est mort et les prêts immobiliers à déduire aussi.  Mais bon, ce n’est pas le pire.

En matière fiscale, il propose le bouclier fiscal à 50%.  Nous avons violement contesté cette mesure qui chaque jour se révèle plus désastreuse.  Ce qu’il fallait faire c’est changer l’assiette de l’ISF et la transférer sur les très hauts revenus, les rémunérations  liées aux plus values des stocks options des grands groupes et aux « golden »  parachutes et « Hello ».  On ne perdait aucune recette fiscale. On frappait des gens qui s’en mettaient littéralement plein les poches sans trop se fouler, et on évitait  le caractère abject de l’ISF qui voit des contribuables payer plus que leur revenu !  Dans la foulée il devenait possible de rapatrier les fonds partis à l’étranger moyennant une taxation  raisonnable : par exemple 10%. L'endettement s'en trouvait diminué d'autant.

Ce paquet là aurait enrichi l’Etat et la France sans ruiner personne et mis fin à des anomalies qui pèsent lourdement sur  le moral des entrepreneurs et qui ruinent  des braves gens au moment même où ils affrontent des difficultés (perte d’emploi, veuvage, maladie etc.).  Au lieu de cela le gouvernement à chaque mesure fiscale est pris au piège de l’effet bouclier qui laisse la rue penser : les riches ne paieront  jamais  d’impôt supplémentaires  alors que nous on trinque.Une mesure plus catastrophique, on ne peut pas faire.

La modification du régime des heures supplémentaires dans une perspective de crise à venir n’avait aucun sens.  On assiste à des dérives inévitables : l’industrie automobile est touchée par la crise du crédit et l’arrêt du commerce international ; elle profite d’une prime à la casse pour vider les stocks et mettre les ouvriers en vacances et au chômage technique.  Les  nombreux contrats précaires sont supprimés (CDD, intérim, sous-traitance). On relancera la production avec  des aides et en heures supplémentaires !  En prime on bénéficiera d’un prêt massif de l’Etat à des conditions avantageuses et diverses subventions de recherche pour la voiture propre du futur.

Cette combine se retrouve un peu partout.  Elle permet de donner des revenus un tout petit peu amélioré  à  des salariés moins nombreux. Aux frais de l’Etat. Alors qu’ lemploi est la seule priorité !

Il va de soi que les mesures à prendre étaient tout autres. Sachant que le travail allait manquer et qu’il fallait empêcher coûte que coûte la démolition d’équipes qui avaient été longues à constituer, il fallait travailler avec les syndicats sur l’accompagnement  des ajustements d’effectifs et les mesures de nature à éviter que le choc soit trop destructeur.  Dès 2007.

Le RSA est une autre erreur grandiose. Sachant qu’il n’y aurait AUCUNE  création d’emploi pour les personnes marginalisées,  et qu’au contraire il y aurait foule au guichet des nouveaux demandeurs,  il fallait surtout penser à ceux qui licenciés ou ne trouvant pas à s’insérer dans le milieu du travail ne devaient surtout pas  tomber dans les pièges du RMI.   Effet pervers absolu on ne créera aucun emploi supplémentaire avec le RSA mais on va entraîner par calcul à court terme des ménages à jouer le nouveau système plutôt que la recherche d’emploi.

L’incroyable cinéma autour de l’écologie  et du sauvetage de la planète a été une autre erreur. L’opinion aurait du être tendue  vers la crise, les solutions temporaires pour l’affronter, les mesures temporaires pour en adoucir les inconvénients, les mesures définitives pour en sortir vite et bien.  On réforme extrêmement mal en temps de crise.  Au lieu de se lancer dans un festival de réformettes toutes ajustées par une taxation nouvelle  au nom de l’écologie, on aurait du se concentrer sur l’essentiel.

Il en va de même de bien des actions désordonnées lancées en tout sens qui n’ont fait aucune économie réelle tout en créant un climat de panique et de ressentiment  qui a grossi les rangs des mécontents.

En même temps par démagogie on a multiplié les cadeaux aussi vite oubliés qu’encaissés. Les marins pêcheurs étaient étranglés par la hausse spéculative du pétrole qui a eu lieu début 2008 : on leur a donné des compensations massives. Bien. Le pétrole est revenu à ses cours les plus bas. A-t-on touché aux cadeaux faits aux marins ? Evidemment non.

Le résultat : fin 2008 le chômage est au plus haut ;  il n’y a plus de perspective sur le pouvoir d’achat sauf à lâcher tout et n’importe quoi comme en 1968, mais comme il y a l’Euro c’est impossible sauf à sortir de l’Europe !  Les banques sont en faillites virtuelles et ne pensent qu’à reconstituer leurs fonds propres.  Crédit est mort. Les marchés d’exportation sont à l’arrêt.  Les impôts sont au plus hauts en même temps que la dépense publique dépasse toutes ses limites et que les déficits se creusent dans des proportions ahurissantes, comme celui du budget ou celui du commerce extérieur.

Sur le plan extérieur la crise n’ayant pas été  anticipée, ses causes ne le sont pas plus.  La crise une fois venue on s’agite en tout sens mais on est strictement incapable de poser un diagnostic et de mener une campagne internationale et diplomatique sur des concepts et des mesures.  

Il fallait dès 2006 mettre en cause les changes flottants et dès l’arrivée aux affaires mener campagne sur ce thème en mobilisant les économistes  et en prenant date sur la crise inévitable.

Oui, il fallait imposer un Français à la tête du FMI mais un vrai économiste qui aurait défendu ces thèses de l’intérieur du système et exigeant de faire appliquer les accords existants.  Car pour aussi bizarre que cela paraisse le FMI devait dans les accords de la Jamaïque faire respecter les grands équilibres et mettre en cause les pays accumulant déficits ou excédents extravagants.  Au lieu de cela on a fait nommer pour des raisons politiciennes nullissimes un incapable qui depuis à révélé tous les jours non seulement son incapacité mais aussi son goût pour  des pratiques  douteuses qui n'ont rien fait pour la réputation de la France.

En conclusion, nous voici au bout d’une histoire bien mal emmanchée.

A l’intérieur le « mouvement social » comme les chiens de meute à l’hallali  guette le moment de déchiqueter la bête, c'est-à-dire l’Etat, c’est dire la population, c'est-à-dire nous. Ils veulent une hausse des salaires qui dans les conditions actuelles aurait des effets pires que les délires de 1968.  Mais à force de parler de Grenelle et de pouvoir d’achat comment éviter qu’on exige un grenelle du pouvoir d’achat !  En même temps toute mesure de réforme est aussitôt bloquée par des grèves massives.

A l’extérieur la réunion du G.20 à Londres sur la  « refondation du capitalisme » se contentera d’agiter des clochettes sans rien toucher d’essentiel.   On fera de la comptabilité, de la notation,  beaucoup de morale à trois sous. Mais on ne mettra pas fin au système des changes flottants.  Et on priera pour que les plans de relance fassent leur effet.  La France sera marginalisée.

Quelle sera la suite ? La chiraquisation définitive de Nicolas Sarkozy, surtout après des élections européennes donnant des résultats décevants ( à 22% l’UMP perd toute crédibilité) ? Des tentatives d’activisme désordonné débouchant sur des grèves de plus en plus importantes au fur et à mesure que la crise s’étend ?


Le temps perdu ne se rattrape jamais.

Le presse française étouffée par les subventions

Nous avons besoin d’une presse nationale quotidienne.   On a donc monté des Etats généraux de la Presse. Qu’en sort-il ? 

 

Un appel éhonté à la subvention tous azimuts. Appel immédiatement entendu.  Une longue tradition.

La PQN est récompensée de son travail permanent en faveur de l’impôt. Crier « Vive l’impôt » semble être en effet son exercice  principal.  Après tout,  on lèche la main qui vous nourrit.
Et à qui ont demande absolument tout.

Pendant des lustres la presse parisienne a montré la lâcheté la plus grande vis-à-vis des « ouvriers du livre », un « closed shop » totalement abusif et mafieux.  Quand un patron de presse  a décidé de l’affronter les autres l’ont laissé tombé.    Ce syndicat infect a réussi à imposé des conditions de travail exorbitantes qui rendent impossible la rentabilité d’un journal.  

L’anecdote suivante nous a été racontée au hasard d’une rencontre. Elle date un peu et nous n’avons pu la vérifier.  Nous faisons confiance à celui qui nous l’a racontée mais naturellement la livrons avec toutes les réserves d’usage. Elle peut être fausse. Même si on ne voit pas trop pourquoi il aurait inventé de tels détails.

« Un brave garçon est engagé par piston familial  par le syndicat. Il doit « gérer » les gros sacs de journaux qui tombent régulièrement à destination des différents coins de France.  Il faut prendre le sac et faire pivoter un portique pour le porter vers les postes de camionnettes ou de motos chargés de la diffusion.  Un sac tombe à peu près toutes les trente secondes. Il faut dix secondes pour le diriger  à poste et l’y faire tomber.  Le syndicat a exigé 5 postes de travail pour cet exercice qui dure environ deux heures chaque jour. 

Il a obtenu un salaire, pour ces deux heures effectives, comptées 5 heures contractuelles,  de 800 Euros net par semaine.  La plupart des privilégiés qui bénéficient de cette planque travaillent  ailleurs pendant la journée, souvent comme permanents syndical.  Ils gagnent en général entre 4 et 6000 euros par mois.    Les 5 personnes affectées directement sur choix du syndicat sont rarement là toutes en même temps et pour toute la durée prévue. 

En général on ne voit que trois ou quatre personnes qui naturellement se tournent les pouces.  Elles travaillent environ 20 secondes toutes les 5 minutes, ce qui n’est pas tuant.  En fait on assure une rotation, ce qui fait qu’on peut passer 20 à 30 minutes à ne rien faire sinon lire le journal. 

Installer un carrousel automatique qui permettrait à une personne de desservir tous les points de chargement coûterait environ 30.000 Euros. Le syndicat s’y oppose ainsi qu’à tout changement dans les effectifs sous peine de blocage instantané de la diffusion.  Le simple triage  des sacs revient donc à près de 3 millions d’euros annuels, charges comprises.

Notre jeune « travailleur » s’ennuie. Il a besoin de s’activer un peu.  Un jour où son énergie était forte il assume seul le traitement des sacs pendant toute la session au milieu des quolibets. Le lendemain il est viré ».  

Evidemment, si l’anecdote est vraie,  on comprend que  les frais d’impression des journaux parisiens soient largement au dessus de tout ce qui se pratique ailleurs (entre 65 et 100% de plus !).  Si elle n’est pas vraie, il n’en reste pas moins que ces coûts sont bien supérieurs  à tous ceux qui se pratiquent dans le monde.
Que faire ? Tout aussi évidemment  demander à l’Etat c'est-à-dire aux contribuables de compenser ce surcoût abusif.  L’abjection est le compagnon général de la lâcheté.  
 
 Le catalogue des mesures fiscales énumérées par le Livre vert est proprement ahurissant et l’acceptation immédiate par N. Sarkozy est  dans la tradition des excès interventionniste de l’Etat dès qu’il faut faire des cadeaux à des catégories qui pourraient être hostiles.

600 millions d’Euros seront donc débloqués pour la presse, un ensemble économique qui fait travailler directement 60.000 personnes, soit 10.000 Euros par tête.  Si on appliquait le même traitement aux 16.000.000 de salariés du secteur marchand on arriverait à une jolie enveloppe :  cent soixante milliards d’euros.  Le plan de relance à 26 milliards fait mesquin à côté !

On joue sur tous les registres fiscaux,  en plus des avantages fiscaux déjà existants.

Inutile de dire que la niche fiscale du statut de journaliste n’est pas touchée ! Mais on reporte les accords avec la Poste qui subventionne la presse et qui voudrait que cela cesse.  L’Etat veillera à compenser la perte !

Nicolas Sarkozy, selon le principe qu’un Président de la République ne parle à une profession qu’en distribuant des douceurs,  qu’un homme politique qui ne subventionne pas n’a en fait rien à dire et qu’un représentant de l’Etat n’est légitime que comme guichetier dispensateur, a fait lui-même la liste des gâteries données à la profession.  Une heure entière de distribution  fiscale.

On aligne la presse internet sur les règles fiscales de la presse écrite.  On subventionne les investissements sur internet y compris via des subventions « recherche ».   Le 39 bis, une règle fiscale permettant de disposer d’un  « tax shield » fiscal très important sur les dépenses d’investissement est étendu  à tout et à tous. Il devient un « 39 bis citoyen » !   Se moquer ainsi du contribuable est merveilleusement poétique et fait vibrer tout journaliste qui se respecte tant le cynisme reste à la base de la culture locale.

Et on ouvre tous les robinets : l’Etat doublera ses insertions publicitaires dans la presse ; il renforcera son aide à la modernisation de l’outil industriel. Il exonérera des charges patronales les porteurs.  Il prendra en charge la modernisation des points de ventes.   Il passera de 8 à 70 millions d’euros l’aide au portage,  il assurera le coût de reconversion des « sureffectifs que tout le monde connaît »  dans les imprimeries, paiera la formation. Il accordera une déduction fiscale de 66% à ceux qui feront un don aux journaux.   Il paiera le transport des journaux dont l’abonnement sera accordé gratuitement aux jeunes de 18 ans.

En un mot une presse qui est à l’heure actuelle pour l’essentiel détenue par des marchands de canons ou de riches banquiers   qui ont investi dans des danseuses sous capitalisées et sans rentabilité  où ils n’ont d’ailleurs aucun pouvoir,  qui n’a su prendre aucun des tournants de la modernité et encore engluée dans des tourments idéologiques et syndicaux graves,    va se voir tenu hors de l’eau par la subvention publique généralisée.  Sans faire la moindre réforme. Sans engager le moindre changement significatif.

Prenons le journal Le  Monde. Il est pratiquement coulé par la crise de 93.  Une chance s’offre à lui : abandonner le « magistère de la connerie de gauche » après la chute du mur. Il peut enfin s’engager dans la seule cause qui vaille à gauche : l’ouverture, l’observation juste, l’honnêteté, le soucis de la vérité, … 

Il choisit une option différente : Edwy Plenel l’engage dans l’ignominie ; Colombani dans le capitalisme pur et dur.  L’option Internet est le seul bon choix.  Au bout du compte le grand écart est trop... grand.  Le triumvirat Minc, Colombani, Plenel est viré.

La partie internet devient payante et elle se surcharge de publicité envahissante qui ne permet même plus de voir les contenus.  Le Figaro qui reste libre devient la plateforme internet numéro 1. L’effondrement par vente par appartement de l’empire constitué par Colombani,  par l'emprunt,  s’accélère. Le journal après le juste livre de Péan a perdu tout crédit et s’oriente vers une triple évolution complètement contraire aux nécessités telles que vues par les clients :

-    Les libres opinions redeviennent purement idéologiques : les rédacteurs du monde ne renoncent pas à leur rôle de juge du « bien penser à gauche ».
-    On fait de chaque numéro un magazine avec des articles de un ou deux pages entières.
-    La partie brèves est châtrée et devient du recyclage d’info prises ailleurs.  L’aspect journalier du journal meurt !
Le résultat peut être constaté tous les jours : un pas quotidien vers la faillite.

Là où il fallait être ouvert, libre, rapide, solide on reste fermé, prisonnier de l’idéologie, lent,  vulnérable sur les questions d’honnêteté et de bon journalisme.

Le Figaro suit une évolution parallèle dans la partie rédaction : tout est redevenu prévisible et conventionnel. Le souffle donné par FOG est retombé.  On s’endort en lisant le journal. En revanche, le Figaro qui avait un forum sur internet totalement nul, devient une plateforme plus libre et plus ouverte sur le commentaire direct de l’actualité. 

Mais Serge Dassault se demande encore pourquoi il a acheté si cher une danseuse qui ne fait que perdre de l’argent et qui lui interdit toute action rédactionnelle !     Il pourrait bien se lasser…ou mourir ! Que deviendrait alors le Figaro ?
Il appartient aux groupes de presse de se réinventer et de trouver comme on dit « un nouveau modèle économique » sans le soutien de l’Etat.

Que ce soit sur la partie internet ou  pour la presse papier, la tendance est d’ajouter des liens vers des activités totalement commerciales.  Ces activités deviennent subventionnées indirectement par les subventions à la presse. Est-ce normal ?  

Un site internet  de journal qui devient un point d’entrée vers des sites de rencontres ou d’achats, donc un portail,  doit-il être subventionné ?  Un journal qui intègre dans ses pages un encart publicitaire pour par exemple ING DIRECT et ses taux mirifiques à 6% doit-il voir la diffusion de ce message commercial subventionné ?

De plus en plus les journaux seront des portails dont le rendement sera lié aux activités annexes qu’ils entraineront.  Faudra-t-il réellement ajouter la subvention aux rémunérations commerciales  et à la pub, sachant que le paiement du journal devient une recette dérisoire, portée d’ailleurs si haut en France que plus personne ne souhaite acheter un objet si cher et si pusillanime ?  

La crise met en difficulté des groupes qui comme Schibsted  ont parcouru un long chemin sans subvention vers la constitution des modes de fonctionnement de demain : 9000 salariés ; une couverture internationale couvrant 21 pays ;  une présence sur le WEB et le téléphone mobile.

Mais c’est clairement par là qu’il faut aller.  L’audience internationale  avec des éditions en anglais est indispensable.  Une bien plus grande vitalité et réactivité avec une indépendance totale vis-à-vis des idéologies et des conventions, la pertinence dans l’impertinence,  est absolument requise.

Cette forme de symbiose entre syndicats prédateurs et violents, journalistes poseurs et subventionnés,  journaux  sans capitaux et capitalistes sans pouvoir,   commerçants qui se veulent non commerçants, le tout arrosé à des niveaux inconvenants par l’argent des contribuables, sur fond d’effondrement international et de fuite du lectorat national  est scandaleuse.

A Nicolas Sarkozy qui vient de rejouer  la pièce mille fois jouée du : « je te tiens par la barbichette »,  il faut poser une fois de plus la question : où est la rupture ?

La vraie solution était : supprimer immédiatement et sans faiblesse la totalité des subventions.  On aurait vu s’activer aussitôt les neurones et la peur étant bonne conseillère, les réformes nécessaires auraient été prises aussitôt.

L’arrosage de subventions n’est pas seulement scandaleux du point de vue du contribuable ; il l’est aussi  pour le journalisme et l’ensemble de la presse.   On a encouragé une fois de plus  la presse-paresse à se rouler dans  la mélasse dans laquelle elle s’est enfermée en France par sa propre faute.  On lui accorde de continuer à s’y vautrer avec l’aide attentionnée de l’Etat.

On a le droit de ne pas être d’accord.

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des Economistes E-toile.

Des dirigeants et des conseillers dépassés : Henri Guaino

Nous continuons notre série d’analyses des vues exprimées dans la presse par les ténors de la politique ou de l’économie.

Aujourd’hui nous commentons l’interview donnée au Figaro du 24-25 janvier 2009 par Henri Guaino.

« C’est la première crise de la mondialisation »

Cette antienne se retrouve un peu partout dans la bouche des commentateurs médiatiques et des politiques.  

Il y a au moins deux erreurs dans la phrase.

Cette crise n’est pas la première d’un genre nouveau : c’est le troisième épisode de la crise commencée en 92-93, continuée en 2001-2002 et qui s’épanouit aujourd’hui.  Croire qu’il s’agit d’une « première » d’un nouveau genre garantit de ne rien comprendre.

Le concept de mondialisation est vide de sens : la mondialisation a commencé vers le 6 ième siècle avant JC avec des épisodes nombreux d’ouverture et de rétractation.   Même si on se limite à un cadre récent la seule nouveauté a été l’ouverture des pays communistes depuis 1990.  Le commerce international a plus cru pendant les trente glorieuses que dans les trente dernières années !

On retrouve dans ce genre de phrase le plaisir de faire des mots et de prendre la pose, mais cela n’ouvre sur rien d’intelligent.

 «  L’histoire n’est pas écrite d’avance et la mondialisation prépare peut-être une sortie de crise inédite. »

Ayant cru que la crise était inédite, la sortie de crise doit donc l’être. Tout cela est cohérent mais dans la jactance seulement.

« Emprunter pour placer dans les banques à 8%  cela rapporte de l’argent à l’Etat ».

Le résultat c’est surtout que les banques outre le désir de ne pas tomber plus bas doivent absolument trouver une rentabilité de 8% : le résultat est le renchérissement du crédit et une très forte sélectivité. 

On va à l’inverse du but poursuivi.

Mieux aurait valu nationaliser en prenant acte de la perte quasi-totale de valeurs des banques, cantonner les mauvais risques et repartir sur une base de prêts à des taux réalistes.  Le but de l’action conjoncturelle ne peut pas être «  de rapporter de l’argent à l’état » en aggravant la crise.


« Augmenter les impôts en période de récession serait absurde »

L’ennui c’est que depuis 2002 la droite n’a pas réellement fait baisser la pression fiscale (voir notre billet sur ce sujet)  et qu’il ne se passe pas un jour sans qu’on multiplie les taxes et les créations d’impôts nouveaux, sans parler des folies fiscales locales comme à Paris les délires Delanoë le montrent. 

Symétriquement il n’y a pas un jour sans un cadeau au peuple ou une gratuité.  Voir dans le même journal le déversement de subventions  colossales à la presse quotidienne.

« Le capitalisme financier est le contraire du vrai capitalisme »

Cette analyse est purement politique et ne recouvre rien de sérieux.

« Qu’attendez-vous du prochain G20 à Londres : ce sera une étape importante de la refondation du capitalisme»

On est dans le verbiage. On sait qu’à Londres seront annoncées des mesurettes concernant les agences de notations, les règles comptables,  la rémunération des banquiers et  certaines limitations pour les hedge funds et les paradis fiscaux.   Il y a un décalage effarant entre le vocabulaire hyperbolique des autorités françaises et l’ambition presque ridicule du G20 !

« Ce que nous voulons c’est un Etat qui entreprend, qui investit, qui innove, qui instruit, qui protège. Ca n’a rien à voir avec  le vieil Etat social démocrate  redistributeur et bureaucratique ».

Là encore, ce sont des mots.  Jamais l’Etat n’a été plus redistributeur qu’aujourd’hui et la multiplication des « droits à » et des gratuités diverses montre que le guichet des friandises n’a jamais été plus ouvert.

« Politique de civilisation : où en est-on ? -  On y est : Refonder le capitalisme c’est une politique de civilisation »

Blablabla !


« Quel modèle économique s’imposera après la crise ? – la croissance sera plus durable, il y aura moins de déséquilibres, moins d’excédents pour les uns et de déficits pour les autres »
Très bien. Mais comment ?  Là pas un mot.


Conclusion :


Le discours de H. Guaino est le miroir de celui de N. Sarkozy. Il s’agit d’une posture. On est heureux d’avoir un « discours ». Ce discours est collé arbitrairement sur une situation qu’on ne comprend pas  et qu’on ne sait pas comment aborder techniquement. 

Alors on parle de situation nouvelle qu’il faut juguler par un retour aux sources, tout en arrosant  tout et tout le monde et en creusant les déficits. 

Il aurait été meilleur d’avoir un diagnostic, un pronostic et une thérapeutique cohérente.

Alors que nous au Cercle des économistes e-toile nous avions publiquement attiré l’attention du candidat Sarkozy sur le danger d’annoncer un accroissement du taux de croissance alors qu’une crise sévère allait se produire pendant son quinquennat, son équipe n’a rien voulu voir venir et ne s’est préparée à rien. 

Alors que la crise démarre aux Etats-Unis fin 2006 et s’amplifie pendant toute l’année 2007 avec l’accident de fin juillet début Août qui marque l’ouverture de la crise bancaire chaude,  rien n’est observé ni compris. Aucune action n’est entreprise pour faire face à ce qui menace.

On développe un agenda purement politique. 

Aujourd’hui la fine équipe  joue la surprise et n’a aucune idée de la continuité des évènements qui nous ont conduits là où nous sommes.  Elle ne fait qu’inonder de crédits tous les secteurs qui viennent à la gamelle : presse, construction aérienne, construction automobile, banques,  en creusant les déficits.

Et tout s’aggrave sans aucune rémission.

Gouverner c’est prévoir, pas enfiler les formules verbales creuses.

La vérité de la crise commence à s'étaler

Partout les prévisions économiques ont été remises en ordre.

Le Japon, annonce une récession grave pour 2009.

La Corée voit apparaître un taux de chomage jamais vu.

La Chine reconnait que le commerce international et les exportations marquent le pas et que les étudiants ne trouvent plus d'embauche en sortie d'école, que les ouvriers retournent par millions dans leur campagne, que les stocks s'accumulent, que les quais sont désespérement vides, que les exportations de décembre ont été en récession de plus de 30% etc.

L'Asie est à l'arrêt.

L'Europe l'est aussi.

La Commission annonce une récession de près de 2% pour 2009 pour l'ensemble de l'Europe.

Nous maintenons que ce sera le cas pour la France comme nous le disons déjà depuis longtemps.

Les banques entrent dans la fin de la phase 1 : les pertes du dernier trimestre apparaissent et elles sont gigantesques  en dépit de l'arrêt de toutes opérations à risques depuis trois mois.

Et glisse vers le début de la phase 2 : les pertes sur les crédits classiques du fait du retournement de la récession.

On est encore loin de la sortie de crise et on peut se mordre les doigts de n'avoir pas purement et simplement nationalisé les banques. Elles seraient maitnenant beaucoup plus faciles à restructurer et à remettre au service de l'économie.

Donner à une banque privée du capital (payable à 9%) tout en cantonnant les crédits non performants est totalement contradictoire. La Suède rappelle dans le NYT du jour  la méthode qui lui a permis de sortir d'un épisaode de faillite bancaire généralisée à la suite du boom immobilier de 93. Ils ont employés lexactement celle que nous préconisons.

Nous avions dit qu'il fallait immédiatement agir sur les changes en septembre 2008. Au lieu de cela nous avons vu une politique de  chacun pour soi en matière de change. La Livre a été dévaluée de près de 30%. Le Yen monte de façon excessive. Beaucoup de pays n'ont plus q'un moignon de monnaie maintenu par des taux d'intérêt intenables.

Et les menaces commencent : les Etats unis, Obama à peine installé, s'empare de la question du dumping monétaire chinois avec pour la première fois une déclaration publique qui entraîne obligatoirement une enquête sénatoriale donc des conséquecnes diplomatiques. 

Avoir considéré que le terrain des changes n'était pas important est une faute impardonnable qui sera citée dans le futur comme une des grandes causes d'une part du déclenchement de la crise et d'autre part de sa durée.

Les circuits commerciaux sont effondrés et pervertis par les dévaluations subies ou volontaires.Ils ne peuvent pas repartir sainement.

Rien ne dit que la patience des peuples sera grande. En 1929 il avait fallu trois ans pour que les mesures les plus extrêmes soient prises par des peuples lassés de ne voir aucune amélioration poindre. 

La SEULE solution raisonnable c'est de stabiliser les changes et de réinflater les économies de concert dans ce cadre ferme, en s'appuyant sur des banques elles mêmes hors risques du fait de leur nationalisation effective. Alors des horizons réapparaitront qui permettront la relance des activités et notamment du commerce international. 

Le risque de la situation actuelle est que le système des banques saute (c'est en 1932, trois ans après la crise que les Etats Unis ont perdu près de 4000 banques) et que des guerres économiques monétaires éclatent de façon ouverte. 

Si cela arrive, la crise durera dix ans !

 

Interview au Monde de M. Giscard : quelques commentaires

M. Giscard a donné une grande interview au Monde à l’occasion des 10 ans de l’Euro. Il est toujours intéressant de commenter les textes si rares des grands décideurs.

1. « Pourquoi l'euro a-t-il fini par s'installer ?

Pour deux raisons. D'abord, c'était la monnaie d'une grande zone assez stable. Ensuite, cette zone était gérée par une culture où l'influence allemande était forte, une culture économique raisonnable. Or le socle de la monnaie, c'est la confiance. L'euro a su inspirer confiance. Wim Duisenberg, le premier président de la banque centrale européenne (BCE), était plutôt passif, et l'économie était alors assez favorable. Cela a positionné l'euro comme une monnaie stable qui méritait la confiance. »

L’Euro, une monnaie stable ? Par rapport à quoi ? Les seules références possibles sont soit les autres grandes monnaies, comme le dollar ou le Yen, ou un métal précieux extérieur ou les biens « réels ».

Qu’avons-nous constaté vis-à-vis des biens réels : ils ont formidablement augmenté en valeur exprimée en Euro.  Ce qui veut dire que l’Euro globalement s’est déprécié de façon importante.  Les rapports avec le dollar ont évolué du simple au double passant de 0.8 à 1.56 avant de varier à nouveau dans l’autre sens.  Vis-à-vis de l’or, depuis 71 le panier de monnaies représentatif de l’euro à baissé de 96% !  L’Euro n’est pas une monnaie stable, même si l’inflation (en terme de prix de consommation) a été contenue jusqu’à maintenant depuis sa création, principalement à cause de l’ouverture à la Chine qui pèse sur les salaires et les prix. 


2.« Dans cette crise, l'euro a-t-il joué un rôle protecteur pour les économies européennes ?

C'est évident. Que se serait-il passé s'il n'y avait pas eu l'euro ? Nous aurions assisté à une crise monétaire générale en Europe. La lire, la peseta auraient été dévaluées, le franc aussi, très probablement, en raison du montant élevé de nos déficits. Le mark, lui, serait resté à son niveau, ou même un peu monté. Les écarts monétaires auraient mis à mal les politiques communes et rendu impossible la gestion des politiques classiques, en particulier de la politique agricole commune. Et, au deuxième trimestre 2008, nous serions entrés dans la tourmente monétaire. »

Il est vraisemblable que les différentes monnaies nationales auraient évolué comme indiqué. Mais aurait-ce été si mal ?  L’Euro est surévalué pour la France et l’Italie ainsi probablement que pour l’Espagne.  La PAC a continué à fonctionner pour les pays européens n’appartenant pas à l’Euroland.  Et de toute façon nous sommes bien entrés dans la tourmente monétaire. Elle a été gérée par la BCE mais c’était bien une tourmente et elle dure encore. 


3. «Toute crise financière de cette ampleur débouche sur un monde nouveau. Pensez-vous qu'un jour l'euro puisse détrôner le dollar ?

En tout cas, je ne le souhaite pas. Etre la monnaie mondiale est une contrainte très forte pour les économies qui l'utilisent. Car on est obligé de tenir compte non seulement des flux de sa propre économie, mais aussi des flux mondiaux. La monnaie change de caractère. Elle devient très largement marquée par son rôle international, comme l'est le dollar à l'heure actuelle.Ce qui est souhaitable, c'est que le rapport des quelques grandes monnaies qui subsistent, c'est-à-dire le dollar, l'euro et le yen, soit activement géré, ce qui est le cas. En effet, les fluctuations de l'euro et du dollar ne sont pas très fortes et elles sont assez rationnelles. Le yen a aussi tendance à retrouver une évaluation plus exacte. Donc, le système est relativement stabilisé. Où l'euro se situera-t-il en 2009? La fourchette semble se situer à 1,35-1,45dollar pour un euro ».

C’est une manière de dire que les taux de changes doivent être stabilisés. Mais il est faux de dire qu’ils le sont.  Le Yen vient de s’apprécier de façon très importante. Le Dollar lui fluctue à la hausse et la baisse sans qu’on sache très bien où l’on va et rien ne dit qu’il ne puisse s’effondrer à la suite des émissions phénoménales qui sont en cours aux Etats-Unis.  On est dans le « wishful thinking ». 

M. Giscard n’ose pas condamner la fluctuation généralisée des monnaies  alors il fait comme si elles étaient stables. Ce n’est pas sérieux. Mieux vaudrait attaquer bille en tête le système monétaire actuel basé sur les changes flottants. M. Giscard n’a pas ce courage là car il se sait impuissant et incapable de mener une guerre doctrinale et politique sur ce point.

4.« L’euro a protégé de la dévaluation et la politique monétaire a protégé des bulles spéculatives. Mais la récession ne sera-t-elle pas le vrai test ?
C’est un grand sujet. La récession n’a pas été causée par la monnaie, mais par le dérèglement des grands équilibres économiques. »


Mais qu’est-ce qui a déréglé les grands équilibres économiques ? Le système des changes flottants a permis une création monétaire exagérée aux Etats-Unis et l’inondation monétaire a gagné partout. L’inondation de crédits est une inondation de dettes. L’empilage des dettes s’est effondré.   Si la cause n’est pas monétaire alors les poules ont des dents.


5. « On l'a observé l'an dernier de façon spectaculaire avec la flambée des cours des matières premières, du pétrole, des produits alimentaires. Ces évolutions n'ont rien à voir avec la monnaie. »

La spéculation internationale sur les biens réels a été alimentée par une crainte sur les monnaies et peut s’apparenter à une fuite devant la monnaie alors que des inquiétudes pesaient sur les bourses.  L’effondrement de Lehman Brothers a pris à revers toutes ces spéculations qui se sont dénouées dans l’urgence et la terreur. C’est donc bien une crise monétaire et bancaire (la banque étant le principal créateur de monnaie) ave comme effet un « credit crunch » et une destruction massive de monnaie que les banques centrales sont obligées de compenser par une création aussi phénoménale qu’artificielle.   

6. « Tout juste peut-elle les contrarier. L'euro nous a protégés de la crise monétaire. Il fait partie des instruments qui permettront à l'Europe d'éviter non seulement la récession mais la dépression ».

On voit bien que la crise n’est pas freinée par la politique de la BCE. Les banques ont été sauvées par la garantie des Etats et la recapitalisation par les mêmes.  La BCE est incapable d’empêcher une récession et encore moins le passage à une dépression ou alors que M. Giscard nous dise comment.

7. « Car c'est cela le grand danger. Une récession d'un ou deux points est supportable. Si nous avons une croissance zéro, cela veut dire que nous vivrons avec les mêmes revenus qu'en 2008. Rien de tragique. »

Une croissance zéro n’est pas une récession d’un ou deux points. La seule récession que nous ayons eu depuis la guerre est celle de 93 avec un recul du PIB de 0.6% entièrement supporté par le secteur privé (qui avait reculé de près de 1%). Un recul du PIB de 2% serait une vraie catastrophe avec un recul de plus de 3% par le secteur privé (le secteur public continue sa route de façon imperturbable).    M. Giscard s’embrouille.

8. « La situation devient réellement préoccupante lorsque l'on passe de la récession à la dépression, c'est-à-dire que la machine économique s'arrête, avec de lourdes conséquences sur l'emploi ».

C’est exactement le processus en cours  depuis le début 2008 avec une brusque  accélération depuis septembre 2008.  La machine est arrêtée.

9. « A quel moment franchit-on ce stade ? Aux Etats-Unis, c'est probablement lorsque le taux de chômage dépasse les 10%, ce qu'on ne peut exclure. En Europe, le chômage a commencé à augmenter dans les grandes économies, en Allemagne, en France. On est encore dans la zone des 7 % à 8 %. Au-delà, on tomberait dans le cadre de la dépression, avec des rendez-vous sociaux difficiles. La période de danger, l'échéance politique et psychologique, ce sera le printemps 2009. Soit la récession se poursuit, mais reste contenue dans des limites qui ne changent pas trop la vie quotidienne, soit nous glissons sur un toboggan et il faudra savoir quels freins utiliser ».


Nous sommes passés déjà trois fois au dessus des 10% de taux de chômage lors des trois derniers retournements de conjoncture. Il est vrai qu’en phase haute la France ne parvient pas à passer en dessous de 8% du fait des mesures de construction d’un chômage structurel qui ont été prises sous Giscard et sous Mitterrand et constamment renforcées depuis (RMI devenu RSA, subventions généralisées au non travail etc.).

Il est vrai que la diminution de la population active par effet de vieillissement entraîne un gain d’environ 1% sur la statistique du chômage.   La dépression ce serait en France à partir de 11%. Et on y va tout droit.


La période critique ce ne sera pas le printemps 2009 mais 2010 car il faut au moins deux ans pour que les effets sur le chômage atteignent leur maximum et les entreprises réaliseront qu’elles n’ont plus de choix sur les résultats de 2009 donc au printemps 2010. 

Nous sommes déjà sur un toboggan et on aimerait bien savoir les freins auxquels songent M. Giscard qui ne soit pas ce qu’on connaît déjà : la relance keynésienne de 26 Milliards d’Euros en France et la recapitalisation des banques.


 10. L'euro fête ses dix ans. Quel bilan tirez-vous depuis sa création ?
« L'euro, en réalité, a 30 ans d'âge. Sa naissance a eu lieu à Brême, en 1978, avec l'accord monétaire européen et la création de l'ECU. On a alors lancé le mouvement qui allait aboutir, il y a dix ans, à l'entrée en service de l'euro. C'était une réponse réfléchie à la situation économique et monétaire de l'Europe : économique, parce que nous étions en train de bâtir un marché unique et que la multiplicité des monnaies désorganisait ce marché; monétaire, parce que nous sortions de la longue période des taux de change fixes et que nous devions avoir, en Europe, un système monétaire solide ».


Il est clair qu’un marché unique avec notamment des prix d’intervention communs en matière agricoles ne supportent pas facilement des mouvements erratiques de monnaies.  Mais ils le peuvent.  Techniquement ce n’est tout de même pas un argument dirimant : la Grande Bretagne est dans le marché commun et suit la PAC. Elle n’est pas dans l’Euro.  La dernière phrase a un contenu explicatif nul mais donne une indication psychologique : la stabilité des monnaies est associée à la solidité d’un système monétaire. Question dans ces conditions : pourquoi M. Giscard ne condamne-t-il pas le système global des changes flottants ? 


11. « Mais revenons à l'euro. Il faut bien se rendre compte qu'il y a dix ans, le monde monétaire était sceptique. En 1999, envoyé par la Commission européenne, j'ai rencontré Alan Greenspan , qui a souri et m'a dit : "Vous ne le ferez pas ! Et, de toute façon, si vous le faites, vous échouerez." Puis, je suis allé à Chicago voir les Prix Nobel d'économie : aucun ne croyait à la possibilité de l'euro. Les Américains pensaient que l'idée qui nous animait, c'était d'attaquer le dollar. Alors que, dans l'esprit de ceux qui ont créé l'euro, cela n'a jamais été une opération d'agression contre le dollar! Cela ne nous intéressait pas ».


Intéressant parce que factuel. Milton Friedman a en effet déclarer que l’Euro ne se ferait pas et si, par malheur, il se faisait, il éclaterait aussitôt.  Cela dit la question n’est pas encore totalement tranchée.  Les conditions prévalant dans chaque pays européens sont très différentes. Entre l’Espagne dont la note de crédit est en passe d’être dégradée, l’Italie dont l’industrie est en chute libre à cause de l’Euro fort, la France ou la Belgique qui sont en état permanent de déficit budgétaire et en endettement croissant,  et l’Allemagne qui est habituée à une monnaie forte mais qui subit de plein fouet la crise du commerce international, les économies sont différentes. Il n’est pas sûr que l’Italie se résolve complètement à la disparition de son industrie ou que l’Allemagne accepte de cohabiter avec des pays à déficits permanents.  L’Euro peut encore éclater.


   12. « Récemment, l'expertise de l'actuel président de la BCE, Jean-Claude Trichet, l'a conforté. La première crise qui s'est déclenchée, en août 2007, était celle des subprimes, c'était une crise du crédit. C'est la BCE qui, alors, a le mieux réagi. Mieux que la banque d'Angleterre et que la FED. »


La crise économique commence aux Etats-Unis en …2006.  Elle n’est pas comprise par la BCE qui ne voit rien. La montée des subprimes commencent en 2002. Elle tourne à l’inondation en 2005, 2006. La BCE le constate et ne conteste rien. Elle se contente par la voie de M. Noyer de dire que des nouveaux produits rendent plus complexe l’interprétation de M3, qui est abandonnée par la FED.  La BCE ne dit rien sur l’aggravation du danger systémique de certaines pratiques bancaires alors qu’elle a conjointement avec les banques centrales nationales un rôle de supervision des opérations monétaires et des banques.

En guise de conclusion

Nous n’avons pas relevé la pique de M. Giscard contre M. Sarkozy qui « n’est pas un économiste ». Il ne l’est pas plus et commet des erreurs d’interprétation plus que sérieuses.   La partie intéressante de cette interview tient entièrement dans le témoignage qu’il donne de la phobie des changes flottants qui anime les dirigeants européens et leur absolue incapacité de se déclarer ouvertement  contre.  M. Giscard comme pratiquement toute la classe politique européenne n’ose pas affronter cette question de face.  La question : s’ils ne le font pas, qui le fera ?

La seconde partie intéressante est naturellement celle restée « ab imo pectore », celle qui regroupe les omissions très significatives du discours giscardien sur l’Euro. Il oublie que la construction de l’Euro s’est faite en aggravant les effets du cycle et au prix d’un massacre fiscal (celui dont s’est rendu coupable Juppé pour appliquer les accords de Maastricht) dont nous ne nous sommes toujours pas remis. Le résultat aura été une croissance plus faible en Europe que partout ailleurs et pour la France l’apparition d’un pays surfiscalisé et surendetté qui ne peut pas faire face correctement à la crise mondiale en cours.

Un graphique très parlant

Merci au Monde (supplément économique du lundi 12 janvier) d'avoir publié ce tableau qui raconte toute l'histoire économique de ces dernières années. 

On y voit lévolution de l'endettement aux Etats-Unis.

1929 apparait comme une crise très violente de l'endettement.   Les Etats Unis sont la seule puissance monétaire à la fin de la guerre de 14 : l'euphorie, un système monétaire international bancal et l'endettement se met à monter de façon prodigieuse.  L'ennui c'est qu'arrive le moment où s'endetter pour faire des gains en capital en bourse ou dans l'immobilier cela finit par s'effondrer. Il faudra 20 ans pour que les américains commencent à se réendetter en masse. 

Regardons maintenant les temps plus récents. Quand la courbe commence-t-elle à s'incurver : au début  des années 70. La mise en place du système des changes flottants permet à l'endettement des Etats Unis de s'accélérer presque sans limite.

Le remplacement de Volcker par Greenspan à la présidence de la FED donne un coup de fouet au mouvement.  Greenspan c'est l'idée que "the sky the limit" en matière de création monétaire. Les déficits de balance de paiement deveiennent gigantesques et croissent constamment.

A nouveau la spéculation sur les actifs reprend alimentée par le crédit.  La consommation ne fonctionne plus qu'à crédit.  L'épargne américaine devient négative (-2%).

Le ciel vient à nouveau de s'effondrer sur la tête des emprunteurs.

L'ennui c'est que cette fois ci l'endettement a été transmis à l'ensemble du monde. 

J'avais commenté sur le site du forum Monde cette même courbe publiée également par Le Monde en 1997 ou 98, en indiquant que l'explosion était certaine et qu'il était de l'intérêt des Etats unis de s'en rendre compte le plus vite possible.  Le système semblait fonctionner au profit des Etats unis mais déboucherait nécessairement sur un krach gigantesque.

Il est vrai que Maurice Allais publiait à peu près dans le même temps, dans la foulée de la crise dite faussement "des pays émergents"  un livre annonçant le krach pour des raisons très proches (surendettement excessif). Moi même annonçait plutôt une récession en 2000 dont il vaudrait mieux tirer les leçons.

La solution a été de faire sombrer le dollar et de créer plus de liquidité. C'était une fois de trop. Dès 2006 on voyait que le système n'en pouvait plus et craquait de toutes parts.

C'est  alors que nous avons annoncé une crise très sévère en 2009.

Cette courbe raconte la longue leçon d'une dérive  auto accélérée qui ne pouvait que mal finir.  les voix n'ont pas manqué pour attirer l'attention sur cette énorme montagne de dettes et sur les dégâts lors du dégonflement obligatoire (le service de la dette aurait mangé sinon toute l'économie).

L'observateur attentif en conclura que les subprimes ne sont que l'étincelle qui a fait sauter le baril de poudre. La crise que nous vivons n'est pas celle des subprimes. C'est celle du surendettement américain permis par le système des changes flottants. 

Sans doute comprendra-t-on mieux pourquoi nous disons que la PREMIERE mesure à prendre est de mettre fin aux changes flottants AUSSI BIEN POUR STOPPER LA CHUTE  que pour éviter LE RETOUR DES DESEQUILIBRES.

Nous avons écrit pendant 10 ans que l'effondrement de la pyramide de dettes mettrait un temps infini à dissiper ses effets. Il a fallu 20 ans en 1930. Admettons que les circonstances n'ont pas aidé. 

Mais la sortie de crise sera longue. On peut craindre qu'elle ne dure plusieurs années avec des dégats sociaux considérables et des secousses dans le commerce international très importantes dès que l'impatience des peuples se manisfestera viollement.

En fait c'est jacques Rueff qui avait raison. En 1972 il fallait surtout pas pâsser aux changes flottants. Il fallait réévaluer l'or vis à vis du dollar dans un rapport de 1 à 10 (cela paraissait monstrueux à l'époque !) et revenir à une forme d'étalon or interdisant l'amplification des phénomènes de déficits et la création monétaire associée. 

 

M. Giscard D'estaing dans une interviex en l'honneur de 10 ans de l'Euro explique que la crise est financière et non monétaire. C'est une plaisanterie.  L'Euro (reconstitué par ses composantes) comme le dollar ont plongé de 95% et plus par rapport à l'or depuis 1971 . L'effondrement monétaire global est la principale explication de la course à l'emprunt pour l'achat d'actifs "réels", bourse et immobilier.  

Ce qui s'effondre aujourd'hui c'est la pyramide de dettes batie sur les déficits américains permis par le système de change flottant et la place privilégiée qu'y tient le dollar,  et encouragée par une fuite en avant devant la monnaie.  Dette= crédit=monnaie.  La banque au centre de la mécanique est ruinée. Crédit est mort.  La monnaie  s'enfuit et il faut en créer des masses avec la planche à billets en espérant que cela compensera.

La crise est bancaire, monétaire et financière. Elle touche l'économie au coeur. Ce qui explique sa violence.

Et la nécessité d'agir sur les causes et pas seulement sur les symptômes.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes e-toile.

 

 

 

 

 

 

 



"Nouveau monde, nouveau capitalisme" : un colloque pour rien ?


Le colloque nouveau monde nouveau capitalisme est le genre d’exercice que les gouvernants croient opportuns de faire pour faire l’important.  La tribune est plus importante que le discours.
Néanmoins, au fil des discours, on trouve matière à commentaires :


Commençons par le moins attendu, celui de M. François Fillon, Premier Ministre français.


1.    « Mesdames et messieurs, le G20 ne doit pas rester une lettre morte ».

Comment dire de la façon la plus nette qu’il menace de rester lettre morte ?  La conférence de Washington n’a servi à rien, n’a rien proposé et simplement ouvert sur de nouvelles réunions dont la préparation patine.  Cette conférence avait-elle un autre but que de dire aux Etats-Unis : cessez de bouder dans votre coin de façon méprisante ?

2.    « Ces efforts doivent déboucher, lors du sommet de Londres, sur des mesures concrètes : c’est-à-dire sur la soumission des activités de crédit aux réglementations définies à Bâle, c’est-à-dire sur la régulation des hedge funds systémiques, c’est-à-dire sur l’harmonisation des fonds propres des banques, sur l’encadrement de la titrisation, sur la lutte contre la procyclicité des normes comptables, sur la régulation des agences de notation et des pratiques de rémunération ».

On retrouve là le flot de banalités habituelles. La règlementation de Bâle n’a rien à faire avec la crise : tous les produits toxiques étaient hors bilan et hors bourse donc  hors régulation. Ce ne sont pas les Hedge Funds qui ont principalement créé les subprimes  et les ont diffusés au monde.  Les normes comptables peuvent tout sauf créer ou amplifier le cycle. Elles n’ont strictement rien à voir avec le marché hypothécaire américain, Freddy Mac et Fanny mae. 

En rester là et ne rien faire c’est pareil.

3.     « Enfin, il faut que cette réunion soit l’occasion d’engager un combat sans merci contre les paradis fiscaux qui accentuent l’enfer de tous les autres ».

Le pépin ici est de ne pas faire la distinction entre les pays à régime fiscal avantageux (c’est leur droit souverain) et les pays acceptant d’apporter de l’obscurité pour des manœuvres financières  dangereuses et hors règles.  L’important ici c’est de réguler financièrement ces centres pour éviter des pratiques dangereuses plutôt que de leur imposer une hausse des impôts.

4.    « Le prix du baril de pétrole ne peut plus seulement être indexé sur le simple jeu de l’offre et de la demande ! Il est de l’intérêt de tous de disposer d’une plus grande visibilité sur les prix pour échapper aux fluctuations erratiques que nous avons connues. »

Une de fois  de plus un gouvernant aspire à la STABILITE : stabilité des approvisionnements en quantité ; stabilité des prix, mais se refuse à regarder la source principale de variation : les changes flottants !   Si le dollar baisse de moitié  le coût du pétrole baisse,  s’il double il augmente. La spéculation se charge d’amplifier le tout.  Pas de stabilité les cours des matières internationales sans stabilité des changes !  Mais là, le bœuf pèse sur la langue d’une façon   invincible : ne pas passer pour un ringard !  


Passons à Tony Blair. Il n’avait rien de concret à dire. Il l’a fait très bien. 

Car c’est évidemment ne rien dire que d’affirmer que le capitalisme doit être au service de l’intérêt général  et qu’il faut corriger ses « excès » sans dire lesquels ni comment.  On insiste et c’est déjà bien sur l’importance du multilatéralisme, le refus du protectionnisme et la nécessité de changer.  Il faudrait s’inquiéter si ce n’était pas le cas. Mais cela ne donne ni une explication e la crise, ni une politique d’urgence, ni une voie de sortie, ni une architecture de fonctionnement ultérieure. 

Plusieurs fois le mot « EQUILIBRE » revient ainsi que la condamnation de la spéculation « stérile ». Répétons : qu’est-ce qui dans notre système actuel entraîne structurellement des déséquilibres et imposent une spéculation quotidienne ?   Vous avez pensé : les changes flottants ? Vous avez gagné.

L’intervention de Phelps n’a commencé à être intéressante que dans la conclusion, juste au moment où on lui a dit qu’il fallait faire vite. Dommage.  Qu’a dit le prix Nobel d’économie ?  Qu’il fallait séparer les différentes activités bancaires et durcir le système en empêchant certaines des dérives actuelles : les banques de dépôt ne peuvent pas faire la banque d’investissement ; le crédit long aux entreprises doit être  d’abord le fait de l’actionnaire ; les dépôts ne doivent pas être à la merci d’opérations spéculatives sur les changes ou les taux d’intérêt etc.

On en revient à la position de Maurice Allais  notre Nobel national considéré ici  comme  un  gourou sectaire et non comme un économiste.   A chaque longueur de crédit sa longueur de ressources et ses institutions propres. A chaque ampleur de risques ses ressources propres et ses institutions.  « Le capital risque devrait être multiplié par 5 ou 10 ».  Et pas assumé par des procédés bancaires classiques ou des maquillages dans des constructions financières incompréhensibles. 

A l’idée de Greenspan qui faisait des CDS un moyen de diffuser le risque donc de le réduire pour la globalité du système, Phelps oppose celle d’un système où chaque risque et connu et assumé comme tel.

Au passage il cautionne totalement ce que nous avons écrit à la fois sur la réforme du système bancaire et  l’obligation que nous voyons  de casser l’escroquerie dangereuse qu’est la « banque universelle ». 

Mme Johnson Sirleaf pour l’Afrique a été beaucoup plus intéressante que bien d’autres en rappelant que la régulation en Afrique cela veut dire accaparation par les mafias politiques et constitutions de monopoles publics  et que régulation dans le monde cela ne doit pas devenir «blocage des capitaux, car l’Afrique a un énorme besoin de capitaux.  

Elle ne veut de marchés fermés ni en matière agricole ni en matière financière.   Naturellement comme elle le reconnaît franchement : « Je ne sais pas ce qu’il faut faire ». Mais au moins elle sait ce qu’il ne faut pas faire et cela tranche avec certains discours franco-franchouillards.

Au total, on reste évidemment sur sa faim. Tout le monde a le sentiment de la fin d’une époque, d’une cassure du système, d’un désastre en cours, d’un risque pour l’avenir énorme. Chacun espère que les recettes définies après la crise de 29 marcheront  un jour : flots de monnaie gratuite  issue des banques centrales, plans de relances massifs.   

Une reprise spontanée avec quelques ravaudages de législation sur les agences de notation, la rémunération des banquiers, les Hedge funds et les paradis fiscaux  serait pour tous  le schéma idéal.

Il n’y a exactement aucune chance. La crise va s’approfondir et dériver vers des zones inconnues et probablement extrêmement malsaines.  Sans diagnostic réaliste  et sans thérapeutique adaptée, on continuera la glissade actuelle.

Rappelons notre proposition :

-    Mettre fin immédiatement au régime des changes flottants avec stabilisation immédiate sous la responsabilité des Etats et des mécanismes collectifs des balances des paiements. Cet élément de stabilisation permettra le retour au CALCUL ECONOMIQUE. Une économie qui a un horizon peut se diriger.  En avion lorsqu’on est en vrille et en train de tourbillonner en feuille morte la seule chose qui compte c’est de  retrouver de la stabilité et de la manœuvrabilité.  

-    Stabiliser les marchés de matières premières dans des contrats multilatéraux avec des agences internationales ad hoc.  Second élément de stabilité et d’évitement des politiques de pure spéculation.

-    Bloquer momentanément toutes les spéculations des HF en interdisant le short sur les monnaies les marché de bien : vient à l’appui des deux mesures précédentes

-    Restructurer les banques sur le modèle  par  longueur de crédit, par nature de risques et par objet.  Les gestionnaires de comptes de dépôts ne doivent être les banquiers de crédit qui  ne doivent pas être les placiers qui ne doivent pas être les financiers ou les capital risqueurs. Il faut INTERDIRE  la banque universelle.

Dans l’instant chacun recommencera à jouer son rôle et les politiques monétaires et keynésiennes retrouveront de l’allant.

Didier Dufau pour le Cercle des Economiste E-toile.
   

 
 
 





Baltic Index : quatre mois de calme plat

Le Baltic index est effondré de près de 90% et ne bouge absolument plus, une configuration jamais vue depuis la guerre de 40.

L'encéphalogramme du commerce mondial est plat.

C'est très inquiétant.

Il n'y a AUCUN signe de reprise alors qu'on ne peut pas techniquement aller plus bas en terme d'indice (les valeurs correspondent au fond du panier). 

Cercle des economistes E-toile.



Vous avez dit «morale » ?

Pour un polonais habitué aux allers-et-retours entre la Pologne et la France, la lecture de la presse est d’un côté comme de l’autre un sujet permanent d’étonnement.

Evidemment nous sommes plus connus pour nos plombiers que pour notre direction de l’Union Européenne et notre vision des questions économiques, mais  nous avons aussi un peu de mémoire.

Sous la bienheureuse dictature socialiste tous les plans gouvernementaux s’effondraient lamentablement avec la plus grande des régularités. Cela ne pouvait pas être à cause du socialisme, si gentil, si grand, si essentiel.

Alors c’était toujours la « faute à Jules » et aux vilains qui n’avaient pas conservé l’attitude socialiste essentielle qu’il s’agissait de restaurer aussitôt, en général en envoyant aux gémonies socialistes quelques dévoyés notables enrichis certes un peu vite mais bloquant surtout  la  promotion méritée d’une crapule encore pire mais bien vue de la Nomenklatura.

En lisant le Figaro on est saisi par l’identité des mécanismes. « Il ne s’agit pas faire de l’anticapitalisme mais de le moraliser ». Ah la morale ! Il n’y a que cela de vrai.  A peu de lignes de là on pouvait voir qu’un pauvre garçon plaqué par sa femme exigeait qu’elle lui retourne le rein dont il s’était privé pour qu’elle vive : « il ne s’agit pas de réformer le divorce mais de le moraliser ».  Ce n’est pas dit mais c’est subliminal.

N’a-t-on  rien fait depuis quatre mois sur le terrain de la morale ?  C’est doute pour cela qu’un éditorialiste   du joli nom  de Gaétan de Capèle   rappelle à temps  : « en dépit des apparences quatre mois après Lehman Brothers la crise de confiance persiste ». 

A quoi sert que le Président Sarkozy s’agite autant, on se le demande.  Heureusement la conférence de Londres s’avance en majesté et dit Gaétan, a capella : « une rémission ne sera assurée  que …lorsque la définition des normes comptables  aura été soigneusement réexaminée,  recodifiée et qu’elles seront les mêmes pour tous ».  

C’est sûr que cela aurait impressionné Madoff, Lehman Brothers, UBS, Natixis, l’Islande entière et peut être même un polonais totalement saoul.

Sans doute pour les mêmes raisons de normes  de très haut niveau on ne fera pas droit aux exigences de l’industrie pornographique (c’est évoqué dans le même numéro)  qui constatant des ventes flaccides  exigent les mêmes soutiens (une institution répandue  à titre individuel et même collectif dans ce secteur) que la banque ou l’automobile : la libido a un « bilan carbone » pourtant bien meilleur. Mais la morale ! La morale on vous dit !

Personne ne semble devoir admettre que les crises sont d’une part un rituel du capitalisme qui connaît une récession pratiquement tous les dix ans depuis au moins trois siècle (et sans doute plus) et d’autre part, dans le cas des dernières,  le fruit de défauts structurels  graves et pas seulement règlementaires.

Lorsque notre économiste en chef avait demandé publiquement  à Yves de Kerdrel, encore un bien joli nom, si les changes flottants n’avaient une petite responsabilité tout de même, la réponse avait été embrouillée pour se conclure par un « c’est nécessaire » plein d’autorité mais sans aucun argument.  
Sans doute le flottement incohérent et destructeur des monnaies est-il une catégorie de la morale.   

A quand le remplacement des économistes par des prêtres et des saints laïques ?

Nous,  on peut prêter notre « vierge noire », très dans le vent Obama.  Mais pas trop longtemps tout de même

Elle sera au moins aussi efficace que nos plombiers.  
 
Zbig Brataniec (qui n’ose pas dire qu’il parle au nom du Cercle des économistes E-toile).



La farce de la conférence de Paris des 8 et 9 janvier 2008

Monsieur  N. Sarkozy vient de réunir jeudi 8 et vendredi 9 janvier  à paris un aréopage d’experts plus sérieux les uns que les autres dont le motif est naturellement très restreint : trouver une tribune non franco-française à l’omni-président auto-déclaré maintenant que la présidence de l’Europe lui échappe. 

Il a réuni quelques gouvernants européens notables anciens et nouveaux et un économiste spécialiste de l’énumération  des nouvelles « régulations », le directeur de la London School of Economics ».

Le public n’a pratiquement pas été reçu en dépit d’une farce de procédure internet.  
Dommage on aurait aimé pouvoir poser quelques questions.
Comme celles-ci :

-    Nous vivons sous un système de changes flottants. Où sont les  théories convaincantes qui ont conduit à construire ce système ? Où s’agit-il d’un non système qui s’est imposé à force de résignation ?  Acceptez-vous encore cette résignation ?

-    Depuis l’introduction des changes flottants les crises financières n’ont pas cessé :

o    Crise du pétrole (liée à la baisse excessive du dollar)
o    Stagflation
o    Crise des prêts souverains aux pays du tiers monde
o    Crise des obligations pourris
o    Crise des savings and loans
o     Crise extrêmement brutale de 92-93
o    Crise dite des pays émergents
o    Crise extrêmement brutale dite des NTIC
o    Crise actuelle dite des subprimes.
S’agit-il à votre avis d’un hasard ou y-a-t-il quelques rapports avec le système des changes ?

-    Les changes de certains pays ont littéralement explosés pendant que certaines devises étaient dévaluées intentionnellement pour avoir un avantage dans la crise. Considérez vous réellement que les changes soient une affaire sans importance dont personne ne doit s’occuper ?

-    Les produits à risque sont en grande majorité des produits cherchant à cadrer le risque de variations de change tout en arbitrant les intérêts  prévalant sur les différentes places financières.  Comment éviter les « produits pourris » ou trop dangereux  ou avec une mathématique trompeuse si les changes restent à ce point variable avec des mouvements de capitaux libres ?

-    La plupart des opérations d’arbitrage des banques et des Hedge funds dépendent de changes variables qui en aggravent de façon systémique le risque. Comment réduire le risue en maintenant un risque de change sous jacents très grave.

-    Les variations de change immenses (du simple au double) portant sur les monnaies principales  ne sont jamais évoquées dans vos travaux. Pourquoi ? Doit-on considérer qu’à votre avis elles l’ont aucune importance ?

-    Trouvez vous normal et sain que les Etats-Unis aient été en déficit massif pendant  ces trente dernières années inondant le monde de dollars  sans fondement économique autre que la volonté des Etats-Unis d’avoir des ressources faciles ?

-    Croyez vous réellement que vous pourrez juguler une crise bancaire, monétaire et de change d’ampleur jamais vue et de diffusion mondiale, uniquement  avec une boîte à outils de « régulations » ?   A noter : en français régulation veut dire « corriger un compas par visée du soleil ».  Ne craignez vous pas de vous éblouir plus que de changer réellement les choses ?

-    Vous n’avez pas touché aux systèmes de change depuis le début de la crise (ni en 2006 pour le retournement américain, ni  en juillet 2007 pour le blocage du système des « subprimes», ni en septembre 2008  pour l’explosion des systèmes financiers) et la récession s’avance en majesté en dépit de tous vos efforts. Ne croyez-vous pas qu’il y ait comme un lien ?

Inutile de parier qu’ils auraient aussitôt répondu avec précision et moult arguments documentés en  déclenchant   aussitôt une adhésion intellectuelle totale   et un  enthousiasme dégoulinant de bonheur devant tant de connaissances et de sagesse !


Didier Dufau pour le cercle des économistes E-toile.



Le faux précédent de 1929 ou comment gagner la guerre d’avant et perdre la guerre en cours.

L’économie a cela de commun avec la chose militaire qu’on gagne toujours la guerre d’avant. Il faut se colleter avec les réalités nouvelles pour comprendre tout à coup que les rationalisations a posteriori qui vous font gagner à tout coup les anciennes  batailles ne sont que d’un intérêt modeste  dans les affrontements du jour.

Nous sommes en train de gagner  la bataille contre la dépression de 1929 ! On est bien content. Mais la situation actuelle a-t-elle un quelconque rapport avec celle de l’époque ?

Sans entrer dans un cours d’histoire trop approfondie, il apparaît vite que notre situation de moment n’a que très peu de rapport avec la situation de l’époque.

En 1929 on sortait à peine d’une guerre mondiale « industrielle » comme on n’en avait jamais vu et qui avait provoqué des pertes immenses en Europe tout en déstabilisant le monde entier.   Nous sortons d’une phase de croissance presqu’ininterrompue de 65 ans sans aucune guerre mondiale !

En 1929 le système monétaire était en reconstruction après l’abandon obligé de l’étalon or du fait de la guerre. C’était un Gold Exchange standard à deux têtes : seuls la Livre britannique et le dollar étaient convertibles en or, malgré les tentatives de revenir au statu quo ante bellum avec notamment la grande erreur de Churchill tentant de ramener la Livre à une valeur de change impossible et provoquant une récession dans le RU. La France en 28 avait remis en place le Franc Poincaré, lui aussi légèrement surévalué.  C'est-à-dire que le système monétaire était bancal et en reconstruction.   Nous vivons aujourd’hui sous un système de changes flottants établi il y a plus de 35 ans qui fonctionne selon des règles totalement différentes.

En 1929 le niveau de vie et l’organisation sociale n’avaient rien à voir avec ce qu’on connaît aujourd’hui.  L’Europe était ruinée et se relevait tout doucement. Les filets de sauvegarde sociale n’existaient pas ou peu.  On mourait avant l’âge légal de la retraite quand un système de retraite était en place. La sécurité sociale était balbutiante.  Aujourd’hui le niveau de vie est sans comparaison et l’organisation sociale plus que développée partout même si les systèmes sont très différents d’un pays à l’autre.

En 1929 l’essentiel de l’activité était agricole.  En France près de 60% de la population active était occupée aux champs.  C’était moins aux Etats-Unis et beaucoup moins au RU mais le cœur de l’économie était là et pas ailleurs même si l’industrie était en plein développement.  Aujourd’hui l’agriculture ne représente qu’une part mineure de l’activité et nous sommes dans un âge d’économie de services et d’information qui n’a plus aucun rapport.

En 1929 le commerce international était fort limité.  Les empires coloniaux étaient fermés sur eux-mêmes et les barrières douanières, monétaires, règlementaires très élevées et considérées comme indispensables à une bonne gestion nationale.  Aujourd’hui tout est ouvert avec des zones  comme l’Euroland  où toutes les frontières économiques ont pratiquement été arasées.

En 1929 la richesse mondiale était concentrée en occident.  L’orient et l’extrême orient, comme l’Afrique étaient presque totalement sous développés. Certains pays d’Amérique du sud étaient riches de leurs exportations de matières premières  mais sinon vivaient mal.  Aujourd’hui le Japon et les dragons extrême-orientaux sont au même niveau de développement que les pays occidentaux. L’Inde et la Chine   sont en plein rattrapage économique.  Le développement est partout même si les guerres et révolutions ont créé des disparités importantes.

En 1929 l’argent ne quittait pas les espaces nationaux.  Les mouvements de capitaux étaient extrêmement limités. Les changes étaient presque partout étroitement contrôlés. Aujourd’hui les mouvements de capitaux sont quasiment libres à travers le monde.

En 1929 les Etats n’avaient qu’une influence faible sur la plupart des économies capitalistes.  Les prélèvements ne dépassaient pas  15 à 20% du PIB chez les plus administrés.  Aujourd’hui la dépense publique en France dépasse la valeur ajoutée du secteur marchand !  Même si cette situation est extrême, les prélèvements sont partout supérieurs à 35% et le plus souvent entre 40 et 45% du PIB.

En 1929, les salaires étaient versés en liquide et n’allaient pas majoritairement dans les banques. L’énorme extension des banques de dépôts et de l’emploi du chèque se fera dans les années soixante ; celle de la carte de crédit dans les années quatre vingt.  Les banques étaient petites et n’avaient pas de très grosses parts de marché.    Le crédit à la consommation était faible. Celui à la construction encore plus faible.  Le développement massif des succursales et  la concentration bancaire se feront à la fin du XXième siècle.

Restons en là : il est parfaitement clair que le contexte des années 20 et 30 n’a strictement RIEN à voir  avec la situation actuelle.

Si l’environnement est différent peut être les mécanismes et les attitudes  présentent-ils des parentés  qui pourraient être exploitées utilement.

En matière boursière  la période d’emballement qui précède le krach de 1929 est très significative. Les banques prêtaient en masse aux agioteurs et les banques spéculaient à tout va. Les Etats-Unis ont connu une période d’euphorie après avoir été les principaux bénéficiaires de la guerre en Europe  et connu une des phases d’innovation industrielle les plus actives qu’on ait jamais vu. 

Rien de tel en 2007-2008.  Depuis 1974 le monde n’est plus dans la phase « glorieuse » de la croissance. Il ya des cycles bien sûr avec des hausses et des baisses boursières, mais depuis l’éclatement de la bulle boursière et monétaire de 1999-2000,  il n’y avait plus d’euphorie. L’épargne au contraire cherchait à rester liquide et le coup de torchon de 2001-2002 avait rendu l’épargnant plus que frileux.  En 2007 la bourse n’avait même pas retrouvée ses niveaux de 2000. L’euphorie était en orient. Mais la crise de 1998 avait porté en partie sa leçon. Le boom touchait la Chine de régime communiste et encore très pauvre, pas la première économie de monde.  L’économie chinoise ne représente en 2008 qu’une part infime de l’économie monde.


En matière de pensée et de politique économiques, l’écart est tout aussi important. Bien que comme l’a écrit Didier Dufau la crise de 1929 n’a en fait jamais été totalement expliquée,  elle a provoqué des changements d’attitudes très importants. Le livre de Keynes a été publié trop tard pour être utile à la résolution de la crise de 1929  mais l’état d’esprit général n’est plus à l’abstention  face à une crise et plus personne ne pense qu’elle se résoudra toute seule et qu’il suffit de l’attendre comme on attendait Godot.  Pousser la demande globale par tout moyen est l’état d’esprit qui prévaut depuis la guerre de 40. 

De même si un Milton Friedman a parfaitement décrit comment la FED, toute jeune en 1929 (elle date de 1913),   avait aggravé la crise par des initiatives scabreuses,  elle a compris depuis longtemps la leçon et les trois  relances monétaires d’Alan Greenspan sont là pour en témoigner. Cela fait 40 ans que l’on cherche à appliquer les leçons de la crise de 29 avec des succès divers.

Nous nous retrouvons à nouveau avec des différences telles que tout rapport entre la situation de 1929 et la nôtre  est introuvable.
Cet examen nous montre que la crise actuelle est sui generis et que les recettes anti dépression imaginées après 1929, appliquées déjà à plusieurs reprises avec pour seuls effets de provoquer une crise encore plus importante lors de la récession suivante, sont pour le moins émoussées.

Le seul point  de convergence est l’immense création monétaire qui a précédé la crise de 1929 et celle de 2008 et la transformation des banques en usines à spéculer phénoménales.   La crise de 1929 était bancaire et centrée sur les Etats-Unis où 10.000 banques disparaitront entre 1929 et 1935 !  La crise actuelle est bancaire et si son épicentre est bien aux Etats-Unis, l’habileté de Wall Street a été de la répandre à travers le monde.

L’ennui des crises bancaires c’est qu’elles arrêtent pile l’économie.  L’arrêt actuel est du au  blocage bancaire et à l’énormité des pertes subies par ce secteur du fait de l’explosion du système spéculatif qui s’était mis en place.   Les chutes verticales des ventes dans l’immobilier, la vente de voiture, l’équipement de maison,  les exportations, les investissements ne s’expliquent que par l’arrêt cardiaque des banques et les AVC qui se sont produits dans les marchés de changes.

Il est donc parfaitement inutile de s’écarter de ce sujet là : les relations monétaires nationales et internationales sont bloquées, à des niveaux historiquement jamais vu et après des débordements techniques eux-mêmes parfaitement nouveaux.  C’est là et seulement là qu’il faut agir en s’attachant aux réalités du moment.  Les recettes de 1929 sont inopérantes et on voit bien que depuis 2006, date réelle du renversement, elles le sont et elles le restent.

Menons la guerre d’aujourd’hui avec les armes de demain. Au lieu d’essayer de gagner la guerre économique de 1929 avec les armes dont on pense (sans preuve et avec de graves complaisances)  qu’elles auraient été efficaces d’hier.  
Premier champ de bataille : les changes flottants.  Première constatation : Grouchy est ailleurs !

Lewis Holden pour le cercle des économistes e-toile



Une France muette et paralysée

Depuis que le monde est monde et l’humanité ce qu’elle est, les contritions publiques sont la plaie des périodes de crise.  Toute difficulté est la sanction d’on ne sait quel pêché. Un malheur  est toujours une expiation méritée.  Il y a peu on aurait égorgé quelques vierges pour calmer l’ire des Dieux au  milieu de longs rites de repentance.   Aujourd’hui  quelques articles  pleurnichards dans la  presse suffisent.

Gérard Slama dans la dernière livraison du Figaro magazine fait ainsi  remarquer, après la présidente du Medef,   que: « Depuis 2000 la consommation s’est accrue en France de 21%, les importations de 41% et le production de …1% ».  On se moque des Etats-Unis qui ont cessé de produire pour acheter à crédit et à bas prix en Chine. Nous avons fait exactement la même chose !  En plus nous avons décrété les trente cinq heures, gonflé toutes les dettes publiques et poussé la dépense publique au plus haut, supprimé le tarif extérieur commun et créé l’Euro avec une politique d’accompagnement déflationniste. 

La crise est bien mondiale  mais on a tout fait pour qu’elle nous frappe en état de vulnérabilité et de faiblesse.  Un peu de lucidité après catastrophe, pourquoi pas après tout, sauf qu’il aurait été un peu plus utile de dénoncer les dérives quand elles avaient lieu. « Nous nous sommes payés de mots » ajoute l’éditorialiste. Abus de prévention, culte de la transparence, soucis excessif de l’exclusion : autant de bonnes intentions un peu trop faciles dont les effets pervers se seraient retournés contre une  société considérée comme « irresponsable » par des dirigeants soucieux surtout de la « protéger contre elle-même ».


En gros, nous avons voulu des dirigeants au grand cœur. Ils ont voulu à leur tour être trop gentils dans un monde de brutes.  Pleurons mes frères sur les funestes  résultats de trop bonnes intentions. 

L’ennui de ce genre de litanies c’est qu’elles ne mènent rigoureusement à rien.  Quelle politique mener à partir de là ? Les dégâts sociaux des deux prochaines années vont être tels, qu’il est absolument exclu que l’on puisse les calmer par des prêches. 

Il est clair que le Front populaire et sa démagogie étaient  suicidaires face à la montée de l’hitlérisme, que l’esprit munichois ne nous menait pas aux nécessaires mobilisations , que le souci militaire d’une défensive exclusive derrière la ligne Maginot ne nous conduisait pas à la victoire devant les blindés de Guderian,  mais gémir  sur nos fautes après la dérouillée et l’occupation n’a servi qu’à masquer les vilains calculs politiques de  crapules et de renégats.  Acceptons en la leçon !

Ce ne sont ni les pleurs ni la colère qui nous sortirons de l’ornière où l’on est. Ce qu’il faut c’est un diagnostic précis et une action percutante portant sur les leviers disponibles.

Le point clé est monétaire.

Nous vivons sous un système de changes flottants depuis 35 ans : les crises monétaires et financières s’enchaînent depuis de façon ininterrompue avec une gravité croissante et désormais  le système est exsangue. 

Il faut arrêter ce désastre.Tant qu'on ne touche pas au système monétaire international, on ne fait rien. On a moqué la passivité des gouvernements des années trente face à la dépression. On est EXACTEMENT dans la même situation.

Les pays pétroliers ne peuvent pas aspirer toute la richesse du monde ;  la Chine ne peut pas aspirer toute l’économie du monde.  La monnaie des Etats-Unis ne peut pas être celle du monde avec un émetteur qui se déclare indifférent aux conséquences  non nationales de sa politique. 

Il est rigoureusement certain que personne ne pourra accepter que le dollar s’effondre et avec lui le Yuan, ni que les pays pétroliers n’étranglent le monde  avec une politique monopolistique malthusienne.

En 1929, il a fallu près de trois ans pour que  l’impatience des nations finisse  par l’emporter sur l’esprit de concertation qui était celui de l’époque (on l’a totalement oublié).  Lorsque l’année 2009 aura fini de dévoiler ses dégâts,  les réactions nationalistes et protectionnistes l’emporteront naturellement et avec une grande vigueur.  Gare à 2010 et 2011 !

On a pu les constater dès 2008 : tentative de l’Irlande pour attirer les capitaux mondiaux par une garantie bancaire ; dévaluations rapides et successives du Rouble et de la Livre ; protectionnisme Russe dans le domaine des voitures ; arrêt du cycle de Doha etc.  Portons nous deux ans plus tard avec de grandes cohortes de chômeurs et une floraison de faillites !  Ce sera bien pire.

Il faut naturellement fixer sur une base réaliste les taux de change et décréter une politique mondiale de retour aux équilibres. Forcer les Etats à être responsables de leurs balances de paiement est indispensable.  Chaque pays doit être proche de l’équilibre et empêché de dévier trop loin soit dans le sens de l’excédent soit dans celui du déficit.

La vocation de la Chine est de se développer progressivement et sans secousses.  Aspirer le capital mondial et l’ensemble des usines ne mène à rien de durable. La vocation des pays pétroliers  est également d’équilibrer leurs comptes. S’il leur est interdit d’accumuler des réserves monétaires en les replaçant sur les places américaines et européennes, il faudra bien qu’ils investissent. 

Cela veut-il  dire qu’il n’y aura plus de mouvements de capitaux libres et d’investissements internationaux ?  Au contraire. Ce qui disparaîtra ce sont les mouvements de trésorerie et de spéculation à court terme.   La spéculation sur les monnaies sera interdite de même qu’on a interdit de « vendre à découvert »  les actions bancaires.  Les changes seront centralisés par les Etats. Il sera interdit d’emprunter directement en devises étrangères.  Le marché des changes disparaîtra.

En un instant l’ensemble du secteur bancaire (hedge funds compris)  spéculant sur les taux d’intérêt et  les devises sera paralysé et conduit à s’intéresser à autre chose.   En un instant l’économie aura vu le risque diminuer de plusieurs magnitudes.  Les mouvements de spéculation sur les marchés boursiers  seront partiellement contenus : on ne verra pas le cumul d’une double spéculation sur la bourse et sur le dollar comme en 1999.

Le réalignement des devises n’ira pas sans mal : il faut certainement dévaluer le dollar de 15 à 20% et réévaluer le Yuan de 30 à 40%.

Comment équilibrer les soldes de balance de paiements alors qu’il n’y a plus de monnaie internationale (or ou dollar) ?  En en créant une ou en permettant un jeu de découverts provisoires. Si un état n’ajuste pas sa politique économique pour revenir à l’équilibre et même retrouver les excédents qui lui permettent de rembourser,  un jeu de taxes automatiques prendra le relais interdisant tout dumping monétaire de longue durée.

Les libéraux crieront au massacre : seul le marché sait. En matière de changes la réalité constatée depuis 30 ans est qu’il ne sait rien.  Le flottement n’a aucun caractère correcteur et globalement les mouvements spéculatifs à court terme déséquilibrent les marchés de biens. 

Ils diront : mais pourquoi empêcher une nation qui est structurellement emprunteuse de capitaux  et exportatrice de biens de  vivre avec des déséquilibres de longue durée mais symétriques entre balance des paiements et balance commerciale ?   On n’empêchera rien : mais les déséquilibres ne pourront pas enfler démesurément ni perdurer indéfiniment. 

On affiche la responsabilité des gouvernements et leur volonté commune de commercer mais dans la raison et l’équilibre. 
En matière monétaire mondiale il n’y a pas et n’y aura pas avant longtemps d’organismes de régulation.  Il n’y a donc pas les conditions d’un marché totalement libre.  Inutile de faire comme si !

Cette politique peut porter ses fruits extrêmement rapidement :

-    Les agents économiques retrouvent aussitôt un horizon économique et une possibilité de calcul économique.  Aujourd’hui plus aucun calcul ne peut être fait ce qui contribue à l’arrêt des investissements et à l’extrême prudence des relations commerciales.

-    Les banques ne peuvent plus jouer de rôle que dans un cadre national et perdent tout le trafic généré par le flottement des monnaies. Les risques sont considérablement diminués.  Elles doivent se recentrer sur les métiers de prêts non spéculatifs.

-    Les salariés retrouvent un horizon : ils ne sont plus directement en concurrence avec le niveau le plus bas des salaires mondiaux  grâce à des changes équilibrés.  Ils sont tenus à l’effort, à la créativité  et à la productivité mais sans maelström.


-    Les épargnants retrouveront rapidement le souci d’une amélioration de rentabilité de leur épargne  dans la mesure où les prêts sans risque seront pratiquement sans rendement.


-    L’apparition de responsables étatiques en charge de résultats rétablira la confiance. Ces responsables ne peuvent être que nationaux.  Cela pose pour l’Euroland une question épineuse. Il faudra IMPERATIVEMENT un gouvernement économique de l’Euroland.  La BCE cesse d’avoir le rôle dirigeant exclusif de l’Euroland,  les manipulations monétaires sur les taux d’intérêt ne pouvant en aucun cas régler  seules la question des balances de paiements. 

On dira : quelle est la faisabilité pratique de cette politique ?
Un dirigeant qui se résoudrait à la proposer ne serait-il pas immédiatement marginalisé et ridiculisé ?

La réponse est : essayer pour voir ! 

Il y aura à fin 2009 un tel désespoir général  (et qui n’aura aucun exutoire puisqu’il n’y a aucune politique réelle annoncée, sinon des plans de relance incapables de sortir le monde de la crise ( dans un système de change flottant, les relances reviennent à verser de l’eau dans un tonneau percé) qu’il n’y aura guère de choix : où un cap est montré avec une grande force de démonstration où ce sera le sauve qui peut général.

Il faut à la France une voix capable de dire la vérité au monde,  à l’Europe et aux Français et de leur montrer un cap. Elle n’est pas là. 

Au monde il faut dire : fin des changes flottants ; retour à une politique concertée basée sur les équilibres de balances extérieures, sans la perturbation des mouvements de capitaux à court terme.

A l’Europe il faut dire : gouvernement économique  commun et fin de la primauté et exclusivité de la BCE. 

A la France il faut dire comment on va procéder à la  réduction drastique de la dépense publique, de l’endettement et de la  fonction publique et le faire.  Les cadeaux à répétition au peuple et les « droits à » se démultipliant à l’infini, c’est fini.  

Nicolas Sarkozy aurait pu être l’homme de cette politique.  Malheureusement il n’a aucune vision économique ; c’est un politicien démagogue qui n’hésite jamais à multiplier les cadeaux électoraux ciblés et à ouvrir de nouveaux « droits à » ; sa critique de la BCE n’est fondée sur rien de tangible ;  Il n’a rien à dire au monde sinon « réunissez vous », mais sans dire pourquoi faire. 

Nous sommes donc dans l’agitation plus que dans l’action. Les partis de gauche qui ont commis tant d’erreurs gravissimes et qui sont responsables de trois sources permanentes du déclin français, le programme commun de gouvernement, les dérives rocardiennes (RMI et CSG), et les trente cinq heures, n’ont aucune idée à présenter.

Autant dire que la France est muette et paralysée. 

Exactement comme elle l’était en 39 où tout allait à rebours des nécessités nationales sans qu’une voix puisse réellement se faire entendre.

Espérons qu’il faudra des évènements moins déplorables qu’à l’époque pour que se lève le vent nouveau. 

 

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile (en guise de bons voeux pour 2009)

Crise mondiale : laisser la presse faire son travail !

La campagne en cours pour que la presse cesse de parler de la crise mondiale est une des curiosités du moment.  La presse serait la cause du pessimisme et provoquerait une aggravation de la crise.  La presse est un thermomètre de ce qui préoccupe les gens. Croire qu’en cassant le thermomètre (bien imparfait) en rétablirait la confiance parait pour le moins aventuré.

Il est vrai que le public est abasourdi par des évènements que personne ne leur avait laissé prévoir et qu’il a contemplé un temps desa fenêtre sans pouvoir croire que cela pouvait vraiment le concerner.   Frappé d’incrédulité devant des évènements  dont il n’avait aucune expérience, il a hésité entre stupeur et tremblements.

Le système bancaire s’est quasi effondré en même temps que les bourses. Les épargnants ont été durement frappés dans leur épargne courte et longue, alors qu’ils étaient plutôt sur des bases prudentes.  Le spectacle de banquiers littéralement saisis par l’inconscience (jusqu’à se faire avoir dans un pyramide de Ponzi  de dimension méga-pharaonique] et ruinant aussi allègrement leur banque  que leurs clients n’a pas arrangé les choses.

Et l’immense barnum du G20 et des plans de sauvetage et de relance a inquiété le plus assoupi.  

En même temps le secteur immobilier et de la construction a flanché, comme celui de l’automobile,  des exportations, du tourisme etc.

Aujourd’hui c’est le coiffeur du coin qui est debout devant sa devanture à espérer quelque client aventurier.  Et son voisin le restaurateur  vient de se voir refuser son autorisation de découvert, comme cela, par un texto, alors qu’il  l’aide à passer les creux depuis dix ans !  Le bistro ne va pas si bien non plus : 30% de baisse de la clientèle depuis octobre ! 

Quand au boucher qui venait de reprendre un commerce déjà à un prix bradé mais tout de même à crédit, il revoit d’urgence ses prévisions pour 2009 et cherche un refinancement. Curieusement le téléphone du médiateur ne décroche pas. 

Comme il a de l’humour il raconte (au bistro, à ses copains coiffeur et restaurateur) : « ce qui est bien c’est que maintenant à Rungis on trouve à se garer sans problème ! ».

Comme on ne peut pas compter que sur les brèves de comptoir pour son information économique, il faut bien lire la presse. En temps de crise elle se lit comme les communiqués militaires en cas de guerre.  Et avec un peu de sagacité on peut y découvrir à peu près tout.

Prenez la presse du jour, qu’est-ce qu’elle nous révèle si on se donne un peu de mal ?

-    Les prix Nobel ont perdu 20% de leur prix entre le moment où il leur a été attribué  et le jour où ils l’ont touché.  La presse se repait  de l’anecdote.  L’observateur dit : tiens la Suède et la Norvège ont dévalué de 20% !  Deux dévaluations de plus !

-    Le Japon peste contre la taxe sur les automobiles imposée par la Russie. On creuse un peu : la Russie ne cesse de dévaluer sa monnaie. La Russie est bien en guerre

Tout en essayant d’augmenter les prix de son gaz avec l’Ukraine qui elle a vu sa monnaie dévaluée de 50%. Plus que la Russie : alors les discussions se tendent et on avertit l’Europe qu’il va y avoir des victimes collatérales du conflit. 

Poutine n'est pas dans l'esprit du G.20. Il pratique des droits de douanes déguisés en taxes intérieures  pour empêcher les importations et déévalue à répétition. Inquiétant, non ?

-    Le FMI fait une séance de rattrapage : la crise va être horrible dit son économiste en chef.  Plus question de passer pour des ignorants en retard sur la crise. Sauvons nous quitte à créer la panique !  Ce brave garçon révèle un fait nouveau : les banques désinvestissent en masse de l’Afrique qui est à la veille d’un choc épouvantable ! On croyait que l’Afrique serait le moteur  de la croissance en 2009.  Finalement non.

-    C’est la samba dans toutes les monnaies sud américaines et plus personne ne sait où on va.

-    Le RU pousse encore sa monnaie à la baisse qui dégringole  désormais de 20% par rapport à l’Euro.

-    L’Insee annonce la récession en France pour le premier semestre

-    La Japon indique qu’il est en récession et sévère.

-    L’industrie du jouet se déclare sinistrée.Aussi !


Cela veut dire quoi ?

- D’abord que la crise est là et bien là même si des pans entiers de l'économie ne sont pas encore touchés. Cela vient ! 

- La crise des banques n’est pas finie.  Les premiers bilans globaux 2008 vont commencer à sortir  et ils seront très mauvais.  L’industrie bancaire aura licencié près de 250.000 personnes en 2008 et on s’attend à peu près à la même chose en 2009.

- La crise des changes n’est pas terminée : c’est le désordre le plus total et chaque variation lourde crée un nouveau trou dans le commerce mondial   empêchant toute prévision stable et toute stratégie.

- Pendant la crise la spéculation continue.

- La guerre économique contrairement aux promesses du  G20 a bien lieu. Elle a pour terrain de jeu les changes.  Des personnes qui auraient hurlé à la mort si on avait pris 20% de leur avoir par l’impôt se résignent et se taisent. Mais la perte est bien là !  Des négociateurs à l’OMC qui auraient quitté la salle si on leur avait parlé d’une baisse unilatérale de 5% des droits de douane voient sans frémir des économies  prendre sur d’autre un avantage de 50% en matière de prix !

Nous n’avons pas cessé de répéter que la cause de la crise était monétaire et qu’on ne pourrait en sortir sans stabiliser les changes.  On voit que les changes sont le principal vecteur de propagation et d’approfondissement de la crise à tous les secteurs de l’économie dans toutes les parties du Monde.

Il n’y a AUCUNE coopération.

Et le désastre s’étend, en même temps que l’on constate l’inanité des conférences et des plans.Car où est l'effet des plans de l'automne ?

Quand le communiqué de guerre annonce qu'une brillante contre offensive a permis de repousser les Allemands à Sedan on sait au moins que nous avons été enfoncé à Sedan.

La presse malgré outs ses défauts jouent le même rôle. Chaque bribe mise bout à bout raconte la chanson fonalement assez bien.

Que ceux qui veulent la faire taire  au prétexte qu’elle en dit trop et pèse sur le moral des agents économiques   commencent par dire la vérité,  à faire les bonnes analyses et à prendre les bonnes décisions ! Et que les responsables de presse ne se laissent pas influencer.

Nemo auditur suam propram turpidudinem allegans.

Il n'ya pas de trop plein sur la crise même s'il faut combattre la tendance à laisser la parole à des histrions qui font de la chaleur pour vendre leurs livres et n'apportent aucun vrai diagnostic et aucune solution.

 
Didier Dufau pour le cercle des économistes e-toile.



Suicide d'une nation

Avec l’élection comme Président de M. Giscard, nous étions entrés dans un nouveau système politique que j’avais appelé à l’époque : l’énarchie compassionnelle. 

L’énarchie compassionnelle est une véritable idéologie, fondée sur un postulat : seuls les hauts fonctionnaires issus de l’ENA ont la distance nécessaire pour arbitrer les conflits multiples de la société.  Un haut fonctionnaire a nécessairement une vision aigüe du bien public et en fait il est le seul à l’avoir, les autres étant rendus myopes ou agressifs  par leurs  intérêts particuliers.

L’énarque compassionnel (dont MM. Giscard et Chirac offrirent à droite la figure la plus caricaturale, mais dont à gauche les figures singulières de Mmes Royal et Aubry sont tout aussi significatives, après Fabius, Jospin  et Rocard), intervient partout  et donne son arbitrage :  


-    Entre les femmes et les hommes
-    Entre les piétons et les automobilistes
-    Entre les fumeurs et les non fumeurs
-    Entre les enfants et les parents
-    Entre les salariés et les patrons
-    Entre les villes et les campagnes
-    Entre Paris et la province
-    Entre les médecins et les malades
-    Entre les artistes et leurs œuvres
-    Entre les propriétaires et les locataires
-    Entre les transporteurs et les transportés
-    Entre les laïcs et les religieux
-    Entre les biens portants et les malades
-    Entre les lecteurs et les écrivains
-    Entre les producteurs et les consommateurs
-    Entre les enseignants et les élèves
-    Etc.

Arbitrer cela veut dire céder. On met son grain de sel en inondant d’argent le problème et les acteurs.  Les fonctionnaires doivent être multipliés à due concurrence.  Les impôts doivent être accrus et si cela ne suffit pas l’endettement y pourvoira.

Trente cinq ans de ce système ont produit une France étouffée dans les règlements, où l’on fume sur le trottoir, où on conduit en cherchant désespérément le numéro marqué sur le dernier panneau, où l’on ne trouve plus de spécialistes médicaux sans attendre de trois à six mois,  où on risque d’être dénoncé pour sexisme par sa femme et pour violence par ses enfants, où on est poursuivi pour ne pas avoir accepter de louer un logement à des gens dont la tête ne vous revient pas, où son ministère peut être envoyé du jour au lendemain n’importe où en province,  où l’on ne peut plus changer une ampoule sans être deux et avoir suivi une formation ad hoc, où mille examens doivent être faits avant de vendre un bien immobilier,  où il faut investir dans sa piscine et ses ascenseurs des sommes disproportionnées parce qu’un gamin a pu y perdre la vie,  où  toute séparation file au tribunal que ce soit un mariage, un contrat de travail ou quoi que ce soit, où on est expulsé de Paris pour loger des immigrés pauvres soigneusement sélectionnés qui rendent aussitôt fou le quartier où on les a imposé,  où l’on verse des primes de Noel aux indigents en agitant des clochettes, etc., etc.

Le système a provoqué la fiscalisation totale de la société et un endettement monumental, le tout au milieu d’un désastre total sur le front des missions régaliennes de l’Etat :

-    Armée fonctionnant avec des bouts de ficelles
-    Justice effondrée
-    Education nationale fabriquant des inadaptés sociaux par centaines de milliers
-    Diplomatie et action extérieure en totale déliquescence
-    Langue française en déshérence
-    Police incapable de faire front à l’explosion de la délinquance
-    Système de santé public se dégradant inexorablement.

Socialement il ne fallut pas dix ans pour que l’on vît revenir les pauvres, les soupes populaires (mais organisées de façon privée), les exclus, les chômeurs de longues durée.  
Près de 20 millions de personnes vivent plus ou moins directement   de l’argent de l’état, qu’il s’agisse de subventionnés, de fonctionnaires et ou d’aidés. 

La gamelle oriente le bulletin de vote : pas question de manquer à une part si importante de l’électorat.

La France bien entendu quitta  pendant la période le peloton de tête des nations dynamiques et prospères pour devenir une nation presqu’insignifiante dans à peu près tous les domaines.  Elle avait été « arbitrée » donc châtrée.

Certains ont cru à la « rupture ». En laissant la place à des avocats et en écartant les énarques, on allait enfin aller dans un sens moins déprimant.  Voici donc l’avocat Sarkozy, aidé de l’avocate Lagarde et de l’avocat    Borloo aux commandes avec une volonté de rupture annoncée.

Bien sûr ils n’avaient  pas vu venir la crise malgré les avertissements (dont les nôtres dès juin 2006).  Bien sûr ils ne connaissaient rien à l’économie.  Bien sûr c’était des politiciens aguerris parfaitement au courant de la sociologie électorale.  Mais bon : on pouvait espérer une forme de rupture.

On trouvait certes dès la campagne présidentielle que la démagogie était un peu trop visible. L’utilisation de l’argument sécuritaire était outrancière.  On se disait : au moins cela débarrasse de Le Pen.   On annonçait plein de nouveaux « droits à ». On se disait : il faut bien être élu.

On attendait pour voir ce qu’on allait voir.

On a vu.  On est passé de l’énarchie compassionnelle à la démagogie incandescente tous azimuts.

Il fallait attirer un maximum d’électeurs par des promesses électorales : on a touché les masses avec l’exonération partielle d’impôt sur les successions ; on a donné un bénéfice fiscal aux emprunteurs.

Il fallait nourrir quelques slogans forts comme « gagner plus en travaillant plus ». On a complètement détruit le système des heures supplémentaires sans aucun résultat tangible mais en ruinant les finances de l’Etat.

Il fallut alors gouverner. On multiplia les chantiers mais à chaque fois en multipliant les taxes.  Plus personne ne cherche à compter les taxes et impôts nouveaux ou augmentés (depuis 2002, plus de 40 !).  Plus personne ne tient non plus la liste des "cadeaux aux peuples".

Les « droits à » sont devenus opposables. Maintenant il faut bien payer.


Et l’arrosage des masses est nécessaire pour faire taire quelques impatiences.  Voici le RSA et son milliard et demi d’impôt nouveau.  Voici la télé publique sans Pub financée par des prélèvements.  Voici de nouvelles cartes de réduction SNCF. Voici 30% du financement des mosquées assuré par l’impôt. Voici nos logements à 15 euros par mois.  A chaque fois l'affaire est bien intentionnée. L'enfer est pavé des meilleures intentions.

Voici partout la hausse des tarifs des services publics et le gonflement ahurissant des déficits : on parle de 100 milliards d’euros pour 2008 et de 200 milliards pour 2009 !  

Comment sera 2010 : 12-14 % de la population active au chômage ;  l’industrie par terre ; plus de commerce extérieur ; les Français écrasés d’impôts après avoir perdu leur épargne ; un début d’hyperinflation ?

La crise mondiale frappe un pays gravement affaibli par l’énarchie compassionnelle, le socialisme, la démagogie. Mais croit-on réellement qu’on s’en sortira par plus de déficits, plus d’impôts, plus de « droits à » ?

La gestion par la démagogie politique et les grands moulinets de vent ne mène qu’à la catastrophe.

Il est déjà temps de se poser la question : comment sortira-t-on du piège où l’on tombe désormais verticalement ?  Bien sûr on ruinera les retraités.  Mais après ?  Que fera-t-on  avec une dette à 100% du PIB, un emploi marchand à 13-14 millions de salariés sur 66 millions de français,à peine le quart,   et un chômage à 14% de la population active,  des impôts à 85% des revenus des entrepreneurs, quinze à vingt millions de personnes dans l’extrême difficulté ?

Et mille « droits à » opposables ou non à servir !

La France est mal partie.

Ce que peu de gens voient c’est que sa situation après 40 années d’incuries diverses, est probablement irrémédiable.

Suicide d’une nation, aurait écrit Arthur Koestler



Bulletin semestriel de conjoncture – Premier semestre 2009.

 
Comme nous l’avons annoncé dès 2006, l’année 2009 sera une année de récession  globale, notamment en France.  Pour la première fois l’Insee rejoint nos prévisions mais avec encore un effet de frein : les chiffres pour 2008 seront probablement révisés.  

De combien le PIB se contractera en 2009 ? Probablement la baisse sera autour de 2%,  chiffre jamais vu depuis les années 30.  Compte tenu de la part gigantesque du secteur public en France, cela veut dire une restriction très forte dans le secteur marchand provoquant une rapide montée du chômage et des faillites, bien que ce soit surtout en 2010, 2011 que ces chiffres augmenteront vraiment.  

Le fort désendettement en cours continuera malgré le très bas coût de l’argent. Il mettra en difficulté toutes les entreprises endettées et les institutions financières.  Les épargnants perdront encore beaucoup d’argent.

Tous les secteurs seront concernés sans aucune exception.  Le fait apparaitra avec les premiers bilans du premier trimestre 2009 qui aggraveront la sinistrose et l’abstention des investisseurs.

Des dangers exceptionnels planent par ailleurs sur la planète. La multiplication des dévaluations compétitives  est le principal. 

Les Etats-Unis continuent une politique purement individualiste de sortie de crise en se moquant totalement de la valeur extérieure du dollar. Les nouveaux créanciers en dollars risquent d’y perdre beaucoup. Ils seront moins disposés que les Allemands et les Japonais, alliés fidèles des américains, à en supporter seuls le coût. 

Le Royaume Uni a commencé une politique de dévaluation massive qui va continuer.  La Russie est également sur le même chemin. La Chine a déjà dévalué deux fois.  De plus en plus de petites monnaies  seront dans une situation désastreuse. 

Le commerce international s’en trouvera totalement chamboulé.  L’Europe n’acceptera pas d’entrer dans une phase de déflation des prix et des salaires pour sauvegarder ses parts de marché.  De très gros dangers proviennent du front des monnaies dans un système de changes flottants qui permet à la fois toutes les manipulations  et aucun ajustement automatique d’équilibrage.

Un tel désordre monétaire dans des sphères économiques désormais très fortement imbriquées est lourd de menaces systémiques et politiques. L’impatience des opinions et des Etats commencera à se manifester et provoquera nécessairement une réaction des politiques.

Les difficultés des très grandes entreprises cotées empêcheront toute reprise de la bourse, les investisseurs craignant de mauvaises surprises en série avec des possibilités de grandes faillites. Il faudrait pour qu’une reprise ait lieu que les mesures de relance gouvernementale  marquent une reprise des ventes et de la rentabilité.  Compte tenu des baisses de la demande de plus de 20% dans de nombreux secteurs, l’action des gouvernements parait totalement insuffisante pour atteindre ces résultats.  

L’imbrication des économies rend de toute façon un plan purement national sans efficacité. 

Il est probable que la multiplication de l’émission de dollars (à un taux d’intérêt négatif !) et l’accumulation des déficits publics partout provoquent des craintes sur la valeur à venir des monnaies et un certain déplacement de l’épargne liquide vers l’or.  

Un commerce international au point mort,  des investissements très ralentis,  une épargne fortement  atteinte par la baisse des marchés, une formation de capital brut arrêtée, un système financier fragilisé et au bord de la rupture, des Etats au bord de la faillite, rien dans la situation que l’on observe à la veille de 2009 ne conduit à l’optimisme.

Si le cartel du pétrole parvient à répéter une opération de type 1974 de hausse massive du prix du pétrole moyennant des restrictions sévères de production, la situation globale en sera durablement aggravée. 

Reste la possibilité d’une gestion internationale de la crise mieux concertée avec la mise en œuvre de réformes de structure comme la suppression des changes flottants,  l’apurement concerté d’un certain nombre de dettes irrécupérables, et la mise en place d’un système monétaire mondial  obligeant tous les Etats au respect de certaines disciplines et provoquant une reprise concertée des affaires.   

On a bien le droit de rêver !

20 Décembre 2008
Cercle des économistes e-toile.

La nouvelle ESB : Encéphalite Spongiforme Bancaire !

Nous avions adoré l’encéphalite spongiforme bovine. Nous goutons à sa juste valeur l’encéphalite spongiforme bancaire.
On avait nourris les vaches avec de la viande, les rendant carnivores et rendant les mangeurs de viande fous.

On a nourri les SICAV de trésorerie, qui gèrent normalement des flux, et à court terme, donc sans grands risques,  de granulés solides : CDO, titres bidons de M. Fou Dehors (Mad off) et encore plus fou dedans, etc.

Résultats : les prudents qui avaient fui la bourse pour des placements sûrs voient leur avoir doublement atteints par des pertes en capital directe et par l’inflation.

L’épargne mondiale avait fui le long terme après la crise de 2001-2002.  Tout le monde avait recherché la sécurité. Donc le court terme et les emprunts d’état.  Jamais depuis le début du siècle passé elle n’avait voulu reprendre des risques.  Le placement sûr était le nouveau crédo.

Les banques ont cru malin de transformer cette épargne « liquide » en prêts à long terme par des moyens pour le moins aventurés. 

Après tout un prêt à long terme c’est une succession de prêts à court terme. Le savant Cosinus vous aurait expliqué cela très bien.  On gagnait sur tous les tableaux : le risque était transféré au client final, le souscripteur de papier de trésorerie ; on empochait les gras courtages sur les instruments en question et en plus on prélevait des honoraires de gestion  auprès de la victime, tout en lui faisant croire qu’il était un type tellement bien qu’on lui faisait bénéficier des dernières techniques à la mode.

Et puis on avait une bonne conscience en béton : si l’épargne fuyait le risque, au détriment de la croissance et de la bonne santé du monde,  il était heureux que de bons docteurs rétablissent la situation.

Evidemment il fallait capter le maximum d’épargne cherchant le placement court en trésorerie. On a inventé le concept de trésorerie « dynamique ».  Les institutions les moins importantes commencèrent : elles risquaient de voir pomper toute l’épargne liquide  par les grosses banques, placées près des dépôts. Les plus grosses banques s’y lancèrent peu après pour conserver leurs parts de marché.

Le client croyait toujours être dans le placement absolument sûr. La petite cerise sur le gâteau il la prenait au passage mais parce qu’on lui disait : il n’y a aucun risque, nos experts sont là et c’est parce qu’ils sont meilleurs que les autres qu’on peut vous servir ce petit supplément.  

L’ennui c’est qu’ils n’ont pas perdu la cerise mais une part sensible du gâteau.  

Lorsqu’on parle aux responsables de ces Berezina, ils vous disent :

-    Les subprimes : mais elles avaient d’excellents notes et puis tout le monde le faisait.

-    Les fonds Madoff ?  C’était un must de la banque juive. Sa réputation était excellente. Les Hedge nous avaient habitués à des performances ébouriffantes.  Un peu de gestion alternative à 10% c’était pain béni pour doper nos résultats et attirer de nouveaux gogos, pardon clients. 

Tout était bidon ? Et alors ? Puisque tout le monde était d’accord pour y aller. En plus nos directions étaient très heureuses des courtages fantastiques  qu’offrait ce délicieux philanthrope.    

« Les bonus « subprimes » et « madoff »   sont dans nos poches.  Vous pouvez toujours essayer d’aller nous les reprendre », affirment en cœur ces grandes âmes bancaires.
Au client mécontent on répond : « c’est la crise mon bon Monsieur.  C’est pour tout le monde pareil ».  
« Mais vos conseils ? » dit le benêt. « Ils n’engagent que les imbéciles qui y croient » réponds l’écho.

Nos barons belges après avoir  laissé faire Fortis et touché les plus gras jetons de présence, ont tout liquidé à la va vite et essayé de conservé le petit croupion qui restait.  Barons ou larrons ?  Ils viennent de se voir botter le derrière d’importance par la justice et les porteurs floués.

Mais qui s’occupera du postérieur d’un Prot à la BNP qui a la bonne idée de cumuler tous les bénéfices à la fois en tondant sa clientèle par la tarification de tous les actes  bancaires classiques (que le client est en plus obligé de faire lui-même : « do it yourself  and pay me »), tout en multipliant les conflits d’intérêt  entre la gestion privée et ses différentes branches d’investissement ?

On a envie de dire « off » à tous les « mads » qui ont orchestré ce désastre.  Après avoir tué l’épargne longue, le système bancaire a tué l’épargne courte.  C’est bien ce qui s’était passé en 1929. Il fallait bien que la fausse monnaie émise par l’intermédiaire des déficits perpétuels de la balance des paiements américaine  disparaisse. 

Les banques, honnêtes courtiers de la liquidation, sont maintenant hors jeu. L’inflation va devoir prendre le relais un jour ou l’autre.

Ce n’est pas 1929 qu’il faut regarder : mais la situation de l’Autriche en 1921 !

Van Mises est de mise !

Sylvain Dieudonné (vert de rage)

Aux fous !

Après le trader fou de la Société générale, le banquier fou du Crazy Lyonnais voilà le placier fou de la BNP.

On parle de banque universelle.  Universellement folle.

Quand on sait qu'on a été jusqu'à donner l'autorisation aux banques de mouvementer sans l'autorisation expresse des clients  leurs comptes chèques !

Mélanger les genres n'a jamais été bon. Permettre à un banquier de toucher sur tous les bouts de la chandelle tout en étant renfloué par le contribuable et en faisant digérer les pertes par les clients est au dela de l'absurde.

Les courtages sur les subprimes étaient gigantesques : on en a fourré partout où on a pu.  Le courtage sur les fonds Madoff étaient extrêmement gras.  Allons-y gaiment. Tout en touchant des honoraires de gestion sur les victimes de ces placements abjects.

Mais en même temps on taxe toutes les opérations du compte chèque.  Mais en même temps on joue sur compte propre quitte à mettre en péril les dépôts.

Que l'on sépare au moins la banque de dépôt et la tenue des comptes chèques du reste de l'act(ivité bancaire.

Le concept de banque universelle qu'on essaie évidemment de nous "vendre" à tour de bras comme plus "résistant" à la crise est pourri jusqu'à la racine. 

Les banques universelles ont trop de pouvoirs et trop d'opportunités de conflits d'intérêts avec une concentration excessive des possibilités d'enrichissement facile, les risques étant laissés aux contribuables et aux clients, victimes passives et impuissantes.

On aurait du nationaliser BNP PARIBAS, liquider l'ensemble de ses équipes de direction, fragmenter le molosse entre entités raisonnables et fonctionnellement sans possibilités de truander à ce point le vulgum pecus.

Il faut réformer de fond en comble le système financier et mettre fin à des anomalies qui désormais prennent une ampleur délirante.

Et il ne faut plus qu'on sauve ce qu'il faut bien appeler des truands au nom du salut supérieur de l'épargne.

La gestion privée doit être séparée des banques généralistes et soumises à une législation extrêmement stricte interdisant tout risque de conflits d'intérêt.  La rémunération des gérants de fortune doit être exclusivement basée sur la notion d'honoraires et non pas sur les courtages, les ristournes, les participations aux bénéfices, et milles autres moyens de se servir sur la bête.

Le mandat de gestion ne peut exonérer de toute responsabilité le gérant. Il faut en particulier que les risques pris sur des opérations dangereuses  soient officialisés actes par acte et non pas dans un cadre global qui ne veut rien dire. 

Quant aux honoraires, sachant qu'en moyenne de longue période le rendement moyen d'un portefeuille de 3 à 4% il ne doit pas dépasser .75%, avec une prime éventuelle en cas de bon résultat. 

Voir des équipes de 4 à 5 personnes gérer près de 10 à 50 milliards d'euros de fonds générant 2% de frais de gestion et autant de courtages et commissions diverses,  a quelque chose de délirant.  Surtout lorsqu'on sait qu'ils sont totalement épargnés en cas de désastre.

Les fortes rémunérations doivent aller aux risques personnels pris. Que les gestionnaires de fortune se mettent tous  en commandite et soient responsables sur leur fortune propre.

Finissons en avec le Bouton, le Prot et tous les énarques pantouflards qui tiennent l'Etat et savent y faire pour détourner les moyens de la loi à leur avantage exclusif.

Ces dirigeants de banque universelle qui s'en mettent plein les poches sans prendre aucun risque et en gagnant sur tous les tableaux, décidément ce n'est plus possible.

Et félicitons encore les patrons de Fortis et Natixis, pour l'ensemble de leurs décisions. A chaque fois qu'il fallait aller dans un piège ils ont foncé tête baissée.  Dans les deux cas ce sont des banques de dépôts qui ont voulu se faire banque universelle avec des capacités tous azimuts (banque d'investissement, gestion de fortune, etc.).  Les grenouilles ont voulu se faire plus grosse que les boeufs. 

Mais les boeufs sont tout aussi coupables.

L'année 2009 va être une longue litanie de désastres bancaires successifs. Avec à chaque fois une grosse surprise ? on croyait que c'était fini et qu'ils avaient tout dit. 

En 1929 les banques ont commencé à s'effondrer en 32-33-34. Dix mille banques cesseront leurs paiements. Nous en sommes aujourd'hui à l'équivalent de la situation de 1930 ! Bonjour le futur radieux. 

Il faut restructurer et réorganiser maintenant. Avec la plus extrême dureté et des idées claires : spécialisation et responsabilité.  Au lieu de cette recette pour la folie générale : universalité et irresponsabilité.

 

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes E-toile



Les certitudes dans la crise mondiale (4) : il faut en finir avec les changes flottants.

Anatomie d'un désastre

Il n’est pas sûr qu’une doctrine scientifiquement étayée, nourrie par les réflexions nombreuses des meilleurs savants donne naissance aux meilleures institutions.

Mais que penser d’un système qui n’a fait l’objet d’aucune confirmation théorique, dont personne en vérité n’ose même parler et qui s’est imposé in abstentia faute de pouvoir résoudre une difficulté politique ?  

Il n’y a pas de doctrine des changes flottants.  Un seul auteur, et c’était en 1969, a écrit que c’était éventuellement une bonne chose : Milton Friedman. Personne depuis n’a réellement traité de la question sinon pour faire remarquer tel ou tel défaut majeur. 

L’étalon or a eu ses défenseurs. Il en d’ailleurs eu trop et cela a donné une orthodoxie particulièrement pesante.  Le système de Bretton Woods a fait l’objet de réflexions nombreuses.  C’est après une longue réflexion de deux années complètes que les alliés ont bâti le système : aucune improvisation dans l’affaire.

Le système des changes flottants, lui, s’est imposé faute d’accord international.  Les Allemands ne voulaient plus importer l’inflation excessive générée par les Etats-Unis. Les Etats-Unis ne voulaient pas perdre leur stock d’or.  Alors on a laissé flotter les rubans, et les monnaies.

C’était en 1971. Après presque quarante ans de ce merveilleux non système quels ont été les résultats ?  

Dès 73-74 s’ouvre la crise la plus sévère de l’après guerre puis une phase nouvelle qui montre l’incapacité des dirigeants à penser la nouvelle situation : 6 années de « stagflation » !  Les trente glorieuses étaient finies.  

La suite ? Une série de crises financières à répétition :

-    Crise des dettes souveraines : on avait recyclé les pétro dollars sous forme de prêts à des gouvernements qui ne pouvaient plus rembourser, culminant avec la crise « téquila » au Mexique en 85.

-    Récession aux Etats-Unis en 80-81 à la suite d’un coup de frein brutal et prolongé de M. Volcker, Président de la FED (celui qu’Obama vient de nommer à 81 ans président de son groupe de conseillers économique !).

-    Crise gravissime des « Savings and loans » aux Etats-Unis : le système bancaire est à deux doigts de flancher. Il n’est sauvé que par une injection de plus de 500 milliards de dollars de fonds publics !

-    Récession majeure de 91-93, après une frénésie spéculative sur le marché immobilier d’entreprise. La banque européenne est pratiquement exsangue et on passe de près à côté d’une catastrophe bancaire.  Pour la première fois depuis la guerre le monde entier subit une récession sévère.

-    Crise dite des pays émergents en 98 : en fait le dollar s’est mis à grimper brutalement, doublant en quelques mois. Tous les pays emprunteurs en dollar ne peuvent plus rembourser. Le chaos sur le marché des changes  fait sauter l’économie de quelques pays comme la Thaïlande ou l’Argentine. 

A cette occasion on s’aperçoit que de nouvelles institutions, les Hedge Funds, sont capables par les spéculations à effet de levier qu’ils pratiquent de faire sauter l’ensemble de la finance mondiale. L’affaire LTCM est étouffée à grands frais (il y avait plus de 1.000 milliards de dollars d’en cours !).

-    Récession de 2001-2002 après une chute boursière digne des années 29. Le scandale Enron démontre que l’on a changé de système. Les entreprises sont désormais des soufflés gonflés par la spéculation folle.

-    2006 : explosion d’une nouvelle bulle aux Etats-Unis, celle des prêts immobiliers. En juillet 2007 le marché interbancaire se bloque. En septembre 2008 le système bancaire mondial  explose en commençant par Wall Street.

Il n’y a pas besoin d’être grand économiste pour remarquer que le système des changes flottants n’a amené qu’une suite quasi ininterrompue de crises monétaires, financières et économiques.  Par rapport à la période précédente le taux de croissance a été à peu près divisé par deux !

Si on relit les textes (très courts) de Milton Friedman sur la bonté des changes flottants, on trouve des assertions qui, pour le moins, n’ont pas été confirmées par la réalité.  Les changes flottants devaient amener la STABILITE  des changes  et l’unification des taux d’intérêt.  Les flux de trésorerie mondiaux iraient toujours vers les places où les intérêts seraient momentanément hauts, provoquant leur baisse.  Ils quitteraient inversement les zones à bas taux d’intérêt, qui du coup monteraient à ces endroits là.  Ce serait comme avec l’étalon or mais en mieux.  Les capitaux iraient toujours vers l’optimum du moment.  On aurait peu d’inflation et le plein emploi.  Si un Etat s’avisait de créer trop de monnaie les taux d’intérêt baisseraient et tout filerait ailleurs réduisant à néant cet effort inopportun.  Le paradis !

La réalité a montré exactement l’inverse.  Les grandes monnaies n’ont cessé de faire le yoyo dans des proportions gigantesques.  Le dollar descend d’abord à 3.75 Francs pour remonter à 10 un peu plus tard et redescendre à 4.00.  L’Euro est un moment à 80 cents puis passe à 1.50 dollar.  En fait de stabilité nous avons des coups d’accordéon gigantesques qui traumatisent le commerce international et l’économie de nombreux pays qui résistent plus ou moins bien à de telles variations.

En vérité les changes flottants transforment toute l’économie en immense casino avec des aléas à variables multiples.  Le marché des changes devient comme celui des bourses : un marché non pas de flux, comme il le devrait, mais un marché de stock où ce sont les anticipations sur les variations de cours qui dominent.  Il se met à ressembler à la bourse avec des variations immenses ne correspondant à rien d’autres qu’aux espoirs et paniques des spéculateurs.

On arrive à cette situation absurde où de ridicules conférences internationales méditent des baissent de droits que quelques %  alors qu’une économie peut bénéficier du jour au lendemain d’une  dévaluation de 50% !

Si encore le marché des changes était libre !  Pas du tout ! 

Le désordre monétaire pousse les agents à monnaie faible à utiliser le dollar pour tous leurs contrats et échanges. Le dollar trop capricieux cesse d’être une monnaie de réserve quand il devient encore plus qu’avant une monnaie de paiement international.  L’émetteur de cette monnaie se considère-t-il une responsabilité sur cette émission ? Non. Il décrète que sa politique sera le « benign neglect ». 

La Chine déjà très favorisée par les très bas coûts de sa main d’œuvre suit une stricte politique de dumping monétaire.  Après 2002 elle bénéficie à la fois de ses coûts et d’une dévaluation de 50% par rapport à la monnaie européenne. A votre avis, est-ce que l’économie européenne a été en grande forme après cela ?  Pour aggraver les choses les autorités de l’union Européenne supprime leur tarif extérieur commun.  On croit rêver !

Le tourbillon finit par s’emballer et tout s’est effondré.

Penser ne serait-ce qu’une seconde que le système de facto de changes flottants n’est pour rien dans l’affaire   serait un exemple nouveau de ce genre de folie qui saisit parfois l’humanité.  Encore faudrait-il penser. Mais là c’est le silence.

PAS UN MOT JAMAIS SUR LES CHANGES FLOTTANTS.  On ne comprend rien ; on ne peut rien.  Alors on se tait.

Que faire quand la terrible réalité d’un système né de la  rencontre fortuite de lâchetés diverses  gâche la vie de l’humanité et que ceux qui doivent réfléchir et agir regardent ostensiblement  ailleurs ?  Ce n’est même pas un exemple de plus de la « tyrannie du statu quo ».

C’est une gravissime défaillance de l’intelligence et du courage.

Les certitudes dans la crise mondiale (3) : la réforme nécessaire du système bancaire

Banque universel = drame universel

Cette crise est à nouveau une crise bancaire.

La confusion des genres a été portée aux plus hauts sommets.  Les banques ont une fois de plus tout aggravé sans bénéfices pour personnes sauf quelques lascars qui se sont enrichis sans vergogne.  Le blocage des banques a arrêté pile l’économie mondiale.

Il a fallu une fois de plus l’intervention des Etats pour éviter le pire,  la disparition complète du système bancaire.  Si une panique à l’échelle du monde s’était produite, c’est en effet la banque mondiale dans son ensemble qui aurait disparu. Nous disons bien DISPARU !

Nous assistons aujourd’hui au renflouement bancaire  le plus massif de toute l’histoire de l’humanité avec des banques qui n’ont plus qu’une seule obsession : reconstituer leur capital en renchérissant de façon ahurissante le coût de l’argent et de toutes leurs opérations.  

Les banques n’ont pas seulement été la cause de la crise mais pire encore elles l’entretiennent.  En plus avec l’argent de leurs victimes !
La leçon immédiate qu’il faut tirer de cette crise, c’est l’obligation et l’urgence de réorganiser totalement le système bancaire.


La première règle est qu’il faut désormais séparer totalement la gestion des dépôts et des crédits.  Les dépôts sont des droits. Ils ne peuvent être mis en danger par ceux  à qui on en confie la garde et dont le seul rôle est de faciliter l’emploi des dépôts  pour les paiements.   

Les banques dans cette affaire ne doivent pas avoir un rôle autre que celui de notaire et de prestataires de service.  Bien sûr ce service et ceux qui lui sont associés comme l’utilisation des chèques et des virements serait facturé.  Les dépôts sont contre assurés à la banque centrale et la position de chaque banque tenue au jour le jour.  La concurrence entre les réseaux bancaires maintiendra les tarifs dans les limites raisonnables. 

Dans un tel système il ne peut y avoir de ruée sur les dépôts : au pire les particuliers se retrouveraient avec des masses de billets de banques fournis par la Banque centrale. On aurait juste un changement de structure de M0 ce qui pour un économiste n’a réellement aucune importance.

La seconde règle est que l’organisme bancaire qui croit pouvoir mieux que quiconque déterminer les placements rentables pourra le faire dans la limite de certaines règles prudentielles relative à son capital.  Les dépôts créés par ces crédits iront se loger hors de chez elles dans le système précédent. Les remboursements intérêt et principal venus à terme on vérifie s’il y a gain ou perte : les pertes s’affecteront au capital des banques.   La perte sur un portefeuille de crédits est l’affaire de la banque pas de la collectivité. 

La troisième règle est que les organismes financiers de gestion de fortune ne doivent pas être les banques.  Ces organismes ne font que gérer des propriétés qui ne sont pas les leurs. Ils reçoivent à cette occasion des honoraires  et ils ne peuvent en aucun cas être rémunérés autrement que par ces honoraires.  Comme les syndics ils n’ont pas droit de toucher des rémunérations  de leurs fournisseurs : courtages, primes etc. doivent être strictement interdits.  Leur rôle est de déterminer les possibilités d’investissements qui se présentent et en fonction des risques que veulent prendre leurs clients diversifier le portefeuille de façon convenable.  Le capital de ces sociétés doit permettre de couvrir une part notable de la valeur des portefeuilles gérés.

Il faut interdire ABSOLUMENT aux banques de toucher sur tous les tableaux tout en faisant prendre l’exclusivité des risques aux épargnants.   

Prenons un exemple : un gestionnaire de fonds reçoit la proposition d’acheter un bloc de subprimes moyennant une énorme commission ; actuellement il peut le faire et fourrer tout cela dans les comptes de son client en empochant à titre personnel le courtage.  Si c’est une banque qui en plus a été chargée de faire la commercialisation de masse, elle s’enrichit non pas du mandat de gestion et de sa sagesse de placement mais de la facilité qu’elle a de bourrer les comptes de ses clients en touchant  et la commission du grossiste et celle du détaillant. 

Il s’agit du meilleur cas. Le pire, c’est lorsqu’une banque a spéculé sans limite sur compte propre et qu’elle se débarrasse dans les comptes de sa clientèle privée de ses positions les plus risquées (du genre : larguer les subprimes juste au moment où ils commencent à sentir mauvais, comme cela a été fait à une très large échelle un peu partout).

La quatrième règle est la plus simple :   à chaque horizon de placement doit se trouver une ressource de même horizon.   Les ressources à long terme doivent financer les prêts à long terme.  « Transformer » des ressources à court terme pour financer du long terme est le genre de passe passe qui se retourne TOUJOURS contre la collectivité.

Il est facile de vérifier que la plupart des ennuis que nous connaissons depuis juillet 2007 auraient été IMPOSSIBLES dans un système de ce genre. Qui en aurait été gêné ? Personne. Les banques n’ont pas besoin des dépôts pour avoir une politique de prêt : il leur suffit soit de disposer des capitaux nécessaires soit d’emprunter les capitaux sur le marché monétaire et gagner sur la différence des taux.

Ajoutons que la typologie des prêts et leur marché de destination doivent être fournis aux autorités de surveillance de crédit et que ces dernières doivent avoir le pouvoir de faire cesser une expansion déraisonnable des en cours.  La crise de l’immobilier de bureaux qui avait quasi mis en faillite le système bancaire en 93-94  suivait une hausse de 700% des encours ! Celle des CDO a suivi une hausse du même ordre des encours (ils grimpaient de 100% par an à partir de 2002 !).  Ce n’est tout de même pas difficile de faire clignoter un feu rouge.

Une telle réforme doit d’abord être prise en Europe puis étendu au monde par une politique simple : toute opération avec des banques qui ne respectent pas ces règles seront interdites !

On aurait du profiter de la crise comme nous l’avons écrit pour nationaliser toutes les banques et faire les restructurations en conséquence.  En temps utile toutes les banques auraient été remises sur le marché.

Le coût global de cette sinistre affaire aurait été beaucoup plus faible pour la collectivité et au moins on serait reparti sur des bases saines alors que nous allons patauger dans la glue encore pendant longtemps. 


Didier Dufau    pour le Cercle des économistes  E-toile



Les certitudes dans la crise mondiale (2) : l’impuissance des banques centrales

Lorsqu’on étudie l’histoire des banques centrales ont est frappé par l’écart entre la haute réputation que ces institutions ont réussi à imposer au public et leur remarquable inefficacité. 

La France monarchiste a essayé avec Law un système qui s’est assez rapidement effondré, avec la Révolution un nouveau système qui s’est tout aussi vie  effondré et avec Bonaparte puis Napoléon un   système centralisé et pompeux  qui a tenu, mais essentiellement parce qu’il avait un monopole et que les billets étaient totalement convertibles en or et argent, et que la Banque n’avait aucun rôle vis-à-vis d’un système bancaire qui ne sortira de la léthargie qu’avec napoléon III. 

A partir de 1844 et le Banking act, la Grande Bretagne a eu sa banque centrale et son monopole absolu d’émission des billets.  Le résultat sera une formidable dépression dans les colonies et un système de « stop and go » absolument désolant qui a marqué tout le reste du 19ième siècle.  Entre 1873 et 1878 par imitation de la Banque centrale anglaise le bon chic bon genre et le prêt-à-porter  intellectuel de l’époque imposent un étalon or unique dont le premier effet est de provoquer une dépression pendant près de 15 ans !

Aux Etats-Unis, il faudra attendre la crise bancaire de 1907 pour qu’on crée une banque centrale sans lui en donner le nom  et en la divisant en un grand nombre d’établissements régionaux.  La grande crise de 1929  démontre que des erreurs ont été commises par ces banques qui n’ont rien vu venir de la débandade spéculative  et qui ont aggravé les choses.  10.000 banques disparaissent aux Etats-Unis alors qu’on avait créé une banque centrale  pour stabiliser le système bancaire ! C’est l’Etat par l’intermédiaire d’une obscure officine  la Société Fédérale d’Assurances des Dépôts  qui stoppe la crise de défiance des déposants.

  Aujourd’hui plus aucun observateur ne doute que la politique de la FED sous Alan Greenspan a été gravement perturbatrice, renonçant à toute régulation protectrice pour l’épargne et le système bancaire, oubliant totalement le change du dollar,  et faisant faire le yoyo aux taux d’intérêt dans des proportions déstabilisante. Passer d’abord en 2002 à un intérêt NEGATIF, le maintenir plus d’un an  et le  remonter ensuite à 5.5%, était-ce bien raisonnable ?

Le projet d’Euro d’abord par son ombre porté puis par sa réalité vécue en tant qu’institution  a toujours eu un rôle dépressif.  La BCE n’a rien vu venir et n’a rien su ou pu prévenir des pratiques bancaires dangereuses.  

Lors la FED cesse de publier M3, C. Noyer, vice président de la BCE,  ne trouve qu’une chose à dire, de tête à peu près cela : « avec les nouveaux produits de placements de toute façon cela devient compliqué à interpréter ». C’est ainsi que les CDO ont fait leur apparition dans le discours des banquiers centraux :   on ne comprend pas trop mais on ne fait rien. Ce brave garçon sera aussitôt nommé à la tête de la Banque de France, toujours aussi prestigieuse mais sans aucune fonction autre que micro résiduelle !

Lors que la crise éclate en juillet 2007 les banques centrales sont totalement surprises et il ne se passe …rien. Il faudra que l’explosion générale  ait lieu à partir de la mi-septembre 2008 et  que tout d’un coup la panique gagne tout le monde et que les banques soient à la merci d’une ruée des déposants. Qui l’empêche ? Les Etats comme en 1929.  Seules les garanties d’Etat permettent d’éviter l’effondrement.  Mais le Secrétaire d’Etat au Trésor, M. Paulson, a eu tout de même le temps de faire une énorme gaffe en liquidant Lehman Brothers. La FED est hors du coup.

Alors bien sûr maintenant  la FED et le BCE manipulent à tour de bras la planche à billets : il n’y a plus de marché interbancaire !  Les taux d’intérêt sont descendus à un niveau très bas, bientôt plus bas que ceux atteints par Greenspan ce qui laisse bien augurer de la suite. 

L’inondation monétaire est digne d’une crue du fleuve Pactole. On parle d’une émission de près de 10.000 milliards de dollars entre la Fed et la BCE ! Au passage, c’est le montant du PIB français, une paille.

Et pourtant les banques ne boivent pas à ses sources miraculeuses. C’est l’histoire de la ficelle. Avec elle on peut tirer mais on ne peut pas pousser. Toutes les banques sont en restructuration accélérée mettant le feu à ce qu’elles avaient adoré un temps : la conquête du monde, les placements dangereux à effets de levier, l’investment banking,  le LBO et le private equity, etc. 

On peut estimer que d’ici à fin 2009  entre 300 et 400.000 employés de banque auront été licenciés à travers le monde !  On reconstitue les marges en prêtant peu et cher au pékin de base. Et on élimine sans pitié l’économiquement faible et le canard boiteux. 


Les banques centrales n’y peuvent exactement rien. 

Alors on prend la pose. M. Obama va rechercher Volker, le prédécesseur de Greenspan pour bien montrer que la récréation est finie.  Il a quatre vingt un ans aux prunes. Il nomme un Secrétaire au Trésor qui est le président du System Federal Reserve Board de New York,  un machin qui n’a plus AUCUN pouvoir depuis… 1936.  C’est comme ci on allait chercher comme général d’armée le chef du bureau des médailles et pensions.

Ajoutons la géhenne du FMI et de son directeur dragueur compulsif, et finalement  l’absence de tout système monétaire international organisé : le tableau est complet.

La lumière crue de la crise est redoutable pour les institutions de régulation monétaire,  nationales et internationales.



Les certitudes dans la crise mondiale (1) : L’absence de prévisions sérieuses

Un des aspects qui frappe le plus durant cette crise qui tourne au drame, c’est l’absence à peu près totale de prévisions économiques correctes.

Pour l’anecdote, il y a l’affaire relevée par le Canard Enchaîné d’un économiste de banque  (un certain Patrick Artus, souvent sollicité par la presse) qui dans une note  de mars 2007 fait l’inventaire sous forme de bêtisier des propos du genre : « Le profitabilité va se retourner », « la crise du crédit immobilier  « subprime » va déclencher une crise économique », « il peut y avoir une récession aux Etats-Unis», tout en précisant  «les marchés financiers croient n’importe quoi ». 

Elle est significative des plusieurs caractéristiques de notre système :

-    Les vraies informations circulent mais  sous forme de bruits qu’il s’agit de dénoncer
-    Les économistes qui écrivent dans les journaux sont souvent juges et partis
-    Ce sont en général de faux notables de l’économie : professeurs nuls, figurant ès qualité dans des comités Théodule  et se contentant par prudence de commenter les évènements après coup, et se gardant bien de prendre le moindre risque dont celui de gêner le pouvoir qui les  honore.
-    Les polygraphes en mal de coups publicitaires et faisant monter la chaleur pour vendre des livres comme B. Attali, surgissent dans le décor comme la cerise sur le gâteau (on avait eu J. Forrester ; on a encore souvent Alain Minc). .
-    Trop d’économistes sont choisis pour leur posture idéologique à gauche,  comme J. Généreux, B. Maris (et bien d’autres). Ils  se contentent de réciter leur bréviaire en tenant le haut du pavé médiatique
-    Les journaux  n’acceptent de publier que l’insignifiance au lieu de multiplier les points de vue.
-    Les média télévisés ne cherchent que l’audience. Ils voudraient bien parler d’économie à condition de trouver des personnalités qui fassent du spectacle.


Comment s’étonner qu’un sondage laisse apparaître que les Français « aimeraient bien comprendre quelque chose à l’économie » ?
L’économie universitaire en France est à peu près totalement effondrée, traversée qu’elle est par l’idéologie (la prégnance marxiste y est délirante comme l’a révélé l’incident où tout ce petit monde s’est mobilisé en masse pour empêcher qu’un « libéral » puisse participer à un jury) et par l’apparence rassurante de la mathématique. 

Seuls des économistes à orientations communistes, socialistes ou marxisantes ont le droit de passer le tamis des postes universitaires. Les autres refusent d’entrer dans le système et partent. Les plus médiocres (plus on monte dans le système moins il y a de qualité) se cachent derrière de pseudo mathématiques  et enchaînent  la routine des répétitions confortables.


Qu’on me cite un seul membre du Conseil d’analyse économique (un machin rattaché au Premier Ministre) qui ait en 2006  alerté sur la crise à venir ! Ou qui ait fait une seule prévision utile depuis que cette chose existe.  Qu’on se souvienne de la procédure budgétaire de cette été où toutes les prévisions étaient outrancièrement fausses jusqu’au délirant (elles le sont toutes  depuis au moins quarante ans !) !

L’INSEE ne fait aucunes réelles prévisions. Pourquoi ? D’abord parce que l’Etat est son commanditaire et n’a pas nécessairement intérêt  à trop de lucidité.  Ensuite parce que les modèles macroéconomiques sont INCAPABLES de prévoir les ruptures qui exigent une PENSEE.  

Or l’observation des faits et une longue pratique de l’analyse conjoncturelle permettent de définir les scénarios dans leurs grandes lignes.  Nous avons prévu de façon extrêmement précise la reprise de l’emploi en 1996 pour les quatre ans suivants, la  crise de 2000-2001 aux Etats-Unis s’étendant ensuite, et dès 2006 nous alertions que la crise commencerait à l’automne 2008  et serait très forte en  2009.
Divinations ?

Certainement pas. Il suffit de regarder avec l’esprit vierge de tout préjugé et avec la force de l’expérience.  La bulle immobilière était totalement évidente. Le gonflement hystérique des CDO et des CDS se voyaient dans toutes les statistiques de la BRI (BIS). La croissance ridicule de la phase haute de la conjoncture montrait que les ressorts de l’économie étaient totalement grippés. 

Les excédents de la Chine avec une monnaie artificielle étaient démentiels.  Les déficits américains et la disparition de leur taux d’épargne crevaient les yeux.  Les banques ne faisaient plus que du refinancement et de l’agiotage pour compte propre.

Nous sommes en 2005 – 2006. Tout cela est patent et ne demande aucun effort de connaissance. Qui osera dire que tous les signes d’un effondrement ne sont pas  rassemblés ?  Le monde ne s’est pas remis de la crise de 2000-2002. Les injections massives de liquidité n’ont servi qu’à alimenter bulles et spéculations en même temps qu’un transfert massif de ressources se faisaient des pays développés vers le Moyen orient et la Chine, qui NE POUVAIENT PAS L’ABSORBER.

Dès 2006 tout était devenu totalement artificiel. Et le feu d’artifice pouvait commencer. 

On nous demande souvent : d’accord, on pouvait prévoir mais pourquoi avez-vous affirmé que la crise serait très dure ?  Tous les scénarii ne sont pas prévisibles. Nous le disons souvent : la dépression n’est pas prévisible.  Mais on peut savoir qu’une récession sera plus ou moins forte.  L’expérience nous apprend déjà qu’une crise sévère suit une crise relativement douce. 1974 sera sévère, 81-83 plutôt mollasson. 1992-93 sera très dur, la première vraie récession depuis la guerre, 2000-2003 plutôt doux.   

Ensuite, il suffit de regarder les faits : les bulles boursières ne sont pas mortelles mais celles qui affectent des marchés lourds et importants le sont. En 1992 la frénésie immobilière sur les bureaux a littéralement ruiné le marché (et les banques) pour de nombreuses années. La bulle sur le marché immobilier  des particuliers qui vient d’exploser  laissera des traces pour 20 ans.

Quand vous soyez ensuite que le dollar est au plus bas, et que les déficits américains sont astronomiques et continuent à exploser, détrompant les règles économiques de base qui veulent qu’après une dévaluation les comptes extérieurs se redressent,  on ne peut conclure qu’une chose : tout est faussé et le système va capoter.

Ce qu’on ne sait JAMAIS dire c’est où cela va craquer ni quand au mois près. Cela craque toujours là où cela n’a pas été prévu car si cela avait été prévu cela n’aurait pas craqué là ! 

Subprimes, CDO, CDS  ont surgi dans le désert de l’information comme de gros champignons vénéneux  sur une pelouse la veille immaculée.  Du coup tout le monde s’est précipité avec loupes, microscopes  et parfois lunettes astronomiques sans voir la situation d’ensemble.  On a confondu l’allumette avec la bombe.

Aujourd’hui, si l’on en croit certains, les Etats Unis ont créé 8.000 milliards de liquidité depuis trois mois. Le marché des subprimes c’est entre 750 et 1.500 milliards de dollars selon les sources. On en est donc à une création monétaire huit fois grosse comme les subprimes ! Le mal était ailleurs et bien plus important.


Depuis le début de la crise on reste effaré par le délire des prévisions officielles. Le FMI qui rassemble pourtant des milliers d’économistes (en fait des statisticiens observant les statistiques des autres) n’a pas cessé de se tromper. Il n’a pas vu la crise et ensuite ce ne fut qu’une longue palinodie de prévisions fantaisistes :

-    La crise était hyper  localisée aux « subprimes » et ne toucherait qu’une partie (petite) de l’activité américaine
-    D’accord l’ensemble de l’économie américaine serait touchée mais pas l’Europe ni le reste du monde (c’était la théorie du découplage que nous avons si systématiquement moquée).
-    Bon l’Europe est touchée mais le Bric (Brésil, Russie, Inde Chine) résisterait magnifiquement et deviendrait « le moteur » de la croissance mondiale.
-    Ah zut, le Bric est par terre, mais il reste le Moyen Orient et l’Afrique !
-    Surtout l’Afrique parce que le Moyen Orient est désormais cul par-dessus tête.

Encore un effort et le monde sera sauvé par le Zimbabwe ou Saint-Pierre et Miquelon !

Faut-il vraiment en rire ?

Rebâtir un système d’informations et d’analyses  économiques  mondial est une des leçons qu’il faudra bien tirer de cette mésaventure épouvantable.  Les directions sont claires :

-    Indépendance absolue
-    Polycentrisme et concurrence
-    Subventions importantes
-    Réfections des cursus universitaires et suppression des ilots idéologiques castrateurs
-    Dégroupement des mastodontes comme l’INSEE et réduction de son rôle à la production de la matière statistique et suppression de son rôle d’analyse.
-    Production systématique de courbes tendancielles longues.
-    Prix économiques accordés pour les meilleurs ouvrages écrits sur des thèmes particuliers d’importance stratégique.
-    Concentration des études universitaires (et surtout des doctorats) sur les sujets contemporains et pas seulement sur les habituelles ratiocinations des coupeurs de cheveux en quatre sur le passé.

Rendons au moins la crise utile !

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

Des nouvelles de Chine

L’index de la production est passé de 54.6 en septembre à 44.3 en octobre 2008.  Une baisse  et de quasiment 20%  et en UN mois !  Un effondrement  comme on n’en voit quasiment jamais sur un indice de production  et qui signifierait sur une base annuelle une glissade qu’on n’ose même pas imaginer !  Les marchés de production ne sont pas comme les bourses où un affolement peut conduire à des baisses de 80% en quelques jours. 

Pour donner un élément de comparaison la récession de 93 (la seule jusqu’ici depuis la guerre de 40)  en France avait vu une première régression annuelle de sa production industrielle de 20% puis l’année suivante une autre de 20% soit 30% de baisse cumulées sur deux ans. 

Autant pour ceux qui pensaient,  il y a encore quelques semaines,  que la Chine et l’Inde, sans parler des pays d’Afrique, tireraient la croissance aux Etats-Unis et en Europe, ou qu’au pire il ne s’agissait que d’un ralentissement d’une croissance restant comparativement très forte.

L’index des commandes nouvelles lui est passé de 51.3 à 41.7, ici encore une baisse de 20%. L’index des exportations est passé de 48.8 à 41.4, une baisse de seulement 15%.

On constate une baisse de l’achat des produits manufacturés partout dans les pays développés, avec une prime à la baisse à ceux qui sont généralement vendus à crédit.  Comment pouvait-on rêver qu’elles ne seraient pas répercutées vers le principal fournisseur actuel de ces produits ?

Plus intéressant encore, la crise de la Chine n’est pas seulement tirée par la baisse des exportations : elle est également interne.  Le marché intérieur chinois se contracte encore plus vite que le marché mondial même si le différentiel entre commande et exportations peut ne marquer qu'une différence de phase les exportations actuelles correspondant aux commandes passées, ce qui n'augure rien de bon pour la suite. 

La violence de ces baisses ne traduit pas tant une baisse du désir de consommer qu’un blocage des crédits.   La confiance manque ainsi que les commandes, mais surtout « crédit est mort » !

Le jour où le commerce international s’est arrêté !

Personne ne regarde jamais un indicateur aussi exotique que le Baltic Dry Goods index, qui mesure les cours du shipping des « commodities ».  Il a baissé de 90% !   Cet indice économique est le plus intéressant pour connaître l’état économique du monde. Mais il est inconnu des universités et de la presse en France.  Une confirmation de plus de ce que nous cessons de répéter : en matière d’analyse économique la France  universitaire et médiatique est  proche du zéro absolu !

Pour comprendre ce pourcentage de baisse incroyable, il faut savoir comment marche le commerce international.  Compte tenu des sommes en jeu, les deux commerçants partis à l’échange international  veulent des garanties,  l’un avant de charger la cargaison, l’autre avant de la payer.    L’acheteur va demander à sa banque de délivrer un document par lequel elle déclare qu’elle a bien en sa possession l’argent  requis par la transaction  et qu’elle le transférera dès que la vérification aura été faite que la marchandise est livrée et conforme à la commande.  Le vendeur va demander à sa banque de vérifier que la banque choisie par son vendeur est sérieuse et digne de confiance et qu’elle acceptera  de virer la somme reçue à son compte.   La banque ne le fera que si elle est sûre que le virement qu’elle recevra sera compensable.

La situation actuelle est que pour la première fois à une échelle pareille les banques ne font plus confiance aux autres banques et pensent que la compensation risque de ne pas se faire. Les sommes sont telles  que le risque est trop grand pour être pris. Les transactions internationales s’arrêtent.  Dans un système bancaire fractionné à cheval sur plusieurs états et plusieurs monnaies,  la circulation monétaire est toujours fragile.  Elle vient de se bloquer soudainement.

Le résultat est que tous les marchés de « commodities » et des biens durables sont en panne et en baisse tournoyante.  Les voitures ne s’exportent plus pas plus que le blé, le cacao, l’or ou que quoi que ce soit d’autre.  Ce gel interdit toute efficacité aux mesures monétaires globales sur les taux d’intérêt ou autres leviers  économiques significatifs.  Tant que les banques ne se font plus confiance le commerce international est arrêté.  D’où l’effondrement de 90% de l’index Baltic Dry Goods.     

Comment sort-on d’une pareille difficulté ?  A l’échelon local (c'est-à-dire national) les banques peuvent être confortées  de plusieurs façons (nationalisation, renforcement de fond propres, garanties d’états, …).  Mais que faire à l’échelon international ?  Choisir la même banque aux deux bouts de l’opération en espérant  qu’elle se fera confiance à elle-même ?  Mais à un des deux bouts la filiale devra  accepter un versement dans la monnaie voulue d’une autre banque.  Ce qui suppose que le système bancaire local soit redevenu sain.   Les vendeurs de homards Canadiens ne fournissent plus car leurs banques étaient en Islande et ne financent plus les campagnes !  

 Travailler avec une monnaie indiscutable comme l’or monétaire ?  L’or a été démonétisé en 1973 !  L’échange de « monnaies de confiance » à l’échelon international ne va pas de soi.   Cette crise est la première glaciation du système mondial de monnaies  nationales de valeur décrétée basée sur rien sinon leurs valeurs relatives flottantes.

Quand la confiance n’est plus là les monnaies de confiance n’ont plus de rôle.   Compte tenu de la mondialisation des échanges et de la spécialisation des productions qui ont eu lieu ses dernières décennies,  la désarticulation monétaire du commerce international est la première cause du blocage de la conjoncture.  

L’effondrement surprenant des prix des commodities en est le signe primaire alors que tous pensaient que la fuite devant le dollar les pousserait à la hausse, ce qui s’est passé un temps.    C’est pour cela que le « campo » argentin ne vend plus rien que le Brésil est à l’arrêt, que Mittal ferme ses hauts fourneaux, que la Chine voit ses nouveaux terminaux  à containers à l’arrêt  et que même le pétrole ne coule plus à flot.

La conférence de Washington n’a évidemment pas évoqué cette question monétaire internationale. On en est encore au stade de la posture et après tout montrer qu’on est tous unis pour faire quelque chose est un premier pas.  Mais tôt ou tard il faudra bien arriver aux actes notamment sur le front des monnaies.  Le plus tôt sera le mieux.   Car parler de relance mondiale si personne ne veut payer les échanges, c’est  parler pour ne rien dire.

 

Didier Dufau pour le Cercle des Economistes E-toile.

 



Les leçons générales de la quasi faillite de l'UBS

Une intéressante monographie sur la défaillance de l’UBS vient d’être publiée par Myret Zaki une ancienne journaliste du Temps (au passage le meilleur journal au monde pour tout ce qui touche à la banque et à l’économie), « UBS, les dessous d’un scandale » chez Favre.  Elle détaille comment l’ambition d’un homme a pu mener une banque à la perte de 50 milliards de dollars, de son indépendance et de tous les gains faits pendant une décennie.

Pour l’économiste l’intérêt n’est pas dans les péripéties  de cette saga mais surtout dans les clés qu’elle nous donne pour comprendre  la nature de l’accident qui s’est produit, la cause de son ampleur et l’efficacité des mesures envisagées pour  en éviter le renouvellement.

Qu’a fait l’UBS ? Fasciné par les rémunérations  ahurissantes de l’investment banking aux Etats-Unis un bâlois  inculte monté à la force du poignet de la position de grouillot de bourse à la tête de la plus grande banque suisse, Marcel Ospel ,  veut devenir un des grands leaders mondiaux de la finance en mêlant l’énorme base arrière  de la gestion de fortune aux possibilités de l’investment banking à Wall Street.  

Première leçon : est-ce que la cupidité et les énormes rémunérations de Wall Street ont joué un rôle ? La réponse est oui !  L’équipe réunie par Ospel avait bien ce premier but en tête : s’en mettre plein les poches et ils allaient y réussir au-delà de tous leurs espoirs. En dix ans on estime que les 20 dirigeants les mieux payés de la banque ont réussi à se faire attribuer pas loin de 2 milliards de dollars de rémunérations diverses.

Seconde leçon : l’ont-ils fait par la patiente activité de crédit qui était la base traditionnelle de l’UBS, hors de sa fonction de  gestionnaire de fortunes, en cherchant à l’étendre, à y innover  ou à trouver des nouvelles formes utiles à la société ?  Pas du tout.  Ils ont été à Wall Street avec l’intention de tout casser en mettant des moyens humains et financiers gigantesques  au service de la gestion sur fonds propre.  Ils sont partis à Wall Street pour spéculer avec leurs propres fonds tout en faisant grossir au-delà de toute limite l’actif de leur bilan qui finira par dépasser 60 fois leur capital.  

Troisième leçon : quel moyen ont-ils trouvé pour faire monter leur mayonnaise financière ?  L’extraordinaire poussée du marché immobilier aux Etats-Unis  alimenté par des taux d’intérêt négatifs pendant de nombreux mois.  Le bras américain d’UBS se lance avec frénésie dans les CDO et les CDS et  profitant d’un énorme levier  il génère vite  des gains extravagants qui sont largement empochés par les dirigeants.  UBS s’est purement et simplement greffé sur la bulle de crédit  créée par Greenspan et  les politiques aux Etats-Unis et profitant des fonds gigantesques à sa disposition, il a poussé le jeu à fonds.  Pas de bulle, pas d’UBS en folie.  

Quatrième leçon : L’information donnée aux tiers et notamment aux actionnaires est rigoureusement inexistante.  Personne ne sait à l’extérieur de la direction de la banque ce qui se passe. A l’intérieur les mécanismes de contrôles sont bloqués car l’essentiel des gains sont faits aux Etats-Unis sur des techniques inconnues au siège.  Les autorités internes et externes de contrôle ne contrôlent plus rien et leurs avertissements restent lettre morte.   Même la haute direction de la banque et son conseil d’administration, d’origine suisse et peu au fait des réalités de l’investment banking ne savent pas trop ce qui se passe.  On subjugue l’opinion avec des gains phénoménaux qui suggèrent que les nouveaux maîtres sont des génies de la finance. En empochant des rémunérations astronomiques ils se convainquent qu’ils le sont en effet, géniaux.

Dès 2005 des signes de faiblesses apparaissent : la construction entre en récession aux Etats-Unis.  Greenspan a fait remonté  le taux d’escompte non pas modestement mais en le multipliant par cinq ! Mais personne ne s’inquiète  car le marché immobilier est devenu pour l’essentiel un marché de refinancement.  On refinance à tout va.  

Les dirigeants du Hedge fund créé par UBS (DCRM), des traders américains rompus à l’exercice sous la direction de John Costas, commencent  début 2007 à devenir méfiants  vis-à-vis de l’immobilier américain et à jouer contre le marché des subprimes.  La direction de l’UBS dont la banque d’investissement proprement dite joue les subprimes à fond ne l’entend pas de cette oreille : cela supposerait  de faire apparaître des pertes substantielles. Pas dramatiques  (un demi milliard de dollars) mais tout de même.  UBS liquide son Hedge fund  pour 350 millions de dollars de pertes (dont 200 millions d’indemnités pour les cadres ! )  et continue à jouer les CDO à mort.   

La motivation de cet entêtement suicidaire est  peu claire. On y trouve la volonté  de Marcel Ospel de conserver son siège pour quelques années encore malgré son âge et  l’inconscience du risque malgré les avertissements tonitruants de Costas, encouragée par les agences de notation qui ne laissent rien prévoir du risque sur les CDO triple A.  Prendre la tangente à ce moment là serait encore possible. Mais la vanité du président est telle qu’il ne veut pas qu’on fasse apparaître même momentanément la moindre tâche sur son bilan personnel. Génie il est, génie il restera.

En juillet 2007 les agences de notation dégradent  précipitamment leur notation. Les CDO deviennent « illiquides » c'est-à-dire invendables.  La direction ment outrageusement et cachent les pertes potentielles.   Puis  le marché tire en août 2007  un trait définitif sur les subprimes.   Il faut commencer le processus des révélations douloureuses : 43 et peut être 50 milliards de dollars de pertes. Une partie de la clientèle privée part à la concurrence.   La banque doit être recapitalisée avec des fonds de Singapour et d’Arabie Saoudite

Une première remarque concerne l’ampleur de cette perte : elle est gigantesque mais correspond à peu près à ce qui avait été gagné dans les dix ans précédents par UBS.  La perte en elle-même sur les subprimes n’a jamais eu l’ampleur suffisante pour entraîner la récession mondiale que l’on voit aujourd’hui.  

Les subprimes ne sont qu’un détail dans le tableau global des déséquilibres monétaires et financiers.  Au passage on voit qu’il ne s’agit pas d’une simple crise de liquidité bancaire : les pertes sont bien là et la solvabilité a été menacée !  Mais une fois  encore, même si on prend l’ensemble des banques concernées, l’affaire globale des subprimes n’auraient jamais pu à elle seule provoquer la récession sévère en cours.

La responsabilité première de la crise de l’UBS est naturellement  la bulle immobilière américaine permise par les déficits extérieurs américains  extravagants, le système des changes flottants et la volonté expresse des autorités politiques  américaines d’en profiter au maximum.   Si on veut tirer la leçon de la crise de l’UBS, il est clair que  c’est d’abord en supprimant ce contexte global détestable qu’on évitera  une nouvelle péripétie de ce genre.

La seconde leçon est que la mondialisation qui impose que se créent de grands leaders mondiaux dans tous les domaines a exacerbé les ambitions et que c’est un jeu hyper dangereux pour ceux qui ne sont pas premiers de la classe.  UBS s’est engagé dans des métiers que la banque ne maîtrisait pas et à été incapable de les contrôler.  Le gnome de Zurich ne pouvait pas muter en  géant de Wall Street sans une métamorphose douloureuse et incertaine.  C’est une leçon pour le management privé sans rapport avec les  mesures publiques prises dans une grande conférence internationale.

La troisième leçon est qu’une bulle  doit être reconnue  comme tel rapidement. Mais le monde ne fonctionne pas comme cela : une bulle est d’abord un merveilleux succès que les esprits faux transforment  par des théories fumeuses en recette perpétuelle du progrès.   Avertir en cas de bulle et réguler, c’est bien.  Mais dans le cas précis ceux qui devaient le faire se sont tus (le FMI)  ou ont expliqué que les formes nouvelles étaient modernes et bons pour la liquidité  (Greenspan et les produits dérivés) ou que l’emploi de la technicité la plus pointue était garante de la solidité des parois pourtant diaphanes de la bulle de savon (la mathématique financière quantitative).   

La quatrième leçon est que les agences de notation ont bien précipité la crise des subprimes par la brutalité de leur changement de notation.  Mais elles ne l’ont pas fait par vice ou parce qu’elles étaient payées par les banques clientes.  Elles se sont simplement trompées elles mêmes, intoxiquées par la bulle,  et se sont réveillées en sursaut quand elles ont réalisé où on en était.  

La cinquième leçon c’est que les règles comptables n’ont joué strictement aucun rôle.  Les pertes étaient là et les cacher sous le lit n’aurait rien changé  au fait qu’elles y soient.  
Pour les Etats la leçon est très difficile à tirer.  L’ambition délirante et la cupidité des dirigeants ne sont pas de leur ressort mais de celui des actionnaires qui eux-mêmes ne peuvent réagir qu’après coups et coûts. 

Les outils dits toxiques ne l’ont été que parce qu’ils ont été déployés dans l’environnement d’une bulle globale démesurée.  Les règlementer n’aura pas de grandes conséquences surtout maintenant que les marchés où ils s’échangeaient ont disparu.  La capacité de petits pays comme la Suisse (où l’Islande qui a connu une histoire rigoureusement identique)  de contrôler des mastodontes financiers de taille mondiale est exactement nulle.

On voit combien la réunion du G20 faussement appelée « nouveau Bretton Woods » est loin de la plaque.  Elle s’attaque à tout sauf à l’essentiel qui devrait être le cœur d’une réunion de ce type : les déséquilibres structurels  du système monétaire international basé sur les changes flottants, le « benign neglect » des autorités bancaires  américaines,  les bulles à répétition créés par la FED.   

On voit aussi que le FMI même doté de pouvoir de régulation renforcé n’aurait rien pu deviner de ce qui se passait à l’UBS.  Les aspects comptables et de  notation sont un épiphénomène.  

La rémunération des dirigeants  et sa réglementation est une piste glissante tellement facile à contourner  qu’on ne fera que gratter à la surface des choses.

La seule mesure à caractère prudentiel et juridique qui pourrait être prise à l’échelle mondiale, ce qui est hors de portée de la conférence mais pas des différents  pays, c’est la pénalisation du bourrage des comptes privés  gérés par une banque  de papiers sans valeurs qui servent simplement à l’enrichissement des dirigeants.   Goldman Sachs a refilé à ses clients tous les papiers CDO que la banque  avait accumulés en jouant pour compte propre préférant les ruiner que d’encaisser les pertes sur son capital.  Cela devrait valoir de longues années de prison à la dizaine de "banksters" qui ont joué ce jeu.  UBS n’a pas été totalement innocent dans ce jeu là.

Soit on sépare absolument  l’activité sur compte propre dans des structures ad hoc  loin des épargnants,  soit on sanctionne par des peines effroyables la tentation de mêler les comptes propres et les comptes d’épargne.  Mais là, il y a un disfonctionnement qui exige l’intervention des pouvoirs publics.

Au total ce que nous apprend l’UBS c’est que les nations ont un devoir  vis-à-vis de leur monnaie et que la première chose à faire est d’éviter de créer de la fausse monnaie et des bulles à répétition.   Et que les Etats doivent protéger l’épargne de leurs citoyens avec une plus grande rigueur.

Le reste n’est que plaisanterie. L’ennui c’est que seule  cette plaisanterie est au cœur des débats du G20.

 Karl Peiper pour le Cercle des économistes E-toile.





 






En route vers le Mondio !

Lorsqu’on s’élève un petit peu au dessus de l’actualité chaude, on constate que la crise actuelle est, comme toutes les grandes crises, structurelle.

La monnaie et la banque ont toujours évolué par crises et tragédies.  Après  chaque désastre on a fini par s’apercevoir qu’on n’avait pas totalement maîtrisé une innovation.  
L’histoire de la monnaie métallique n’est qu’une longue suite de confusions, d’illusions, de tromperies jusqu’à ce que l’affaire se stabilise.

L’histoire des billets a commencé dans le bonheur de la spéculation jusqu’à ce que le système de Law s’effondre, à la suite d’une petite intervention étatique qui en a changé l’équilibre et contre laquelle Law s’était insurgé ! S’en est suivi d’autres malheurs comme les assignats de sinistre mémoire, mais nous utilisons tous aujourd’hui des billets de banque sans valeur intrinsèque sinon la croyance (modéré) que pour un temps plus ou moins long ils auront un pouvoir d’achat.

L’histoire de la monnaie de compte n’est également qu’une suite  d’ennuis. Des milliers de banques ont été créées et des milliers de banques ont fait faillite.  Les dépôts représentent 80% de la monnaie qui circule !  Mais il a fallu clarifier les conditions  de création de cet instrument indispensable et mettre une organisation farouche, piloté par l’Etat, pour en arriver là.

Toutes les solutions ont été trouvées jusqu’ici dans un cadre national.  L’ennui c’est que nous ne vivons plus dans des économies nationales mais dans un système complexe et ouvert de relations économiques internationales.  Toutes les économies nationales  sont clientes et fournisseurs. La nationalité des grandes entreprises n’a plus grand sens.  Quand on vend  20000$ de produits de la Général Motors en quasi faillite aujourd’hui, on sait que ce qui est gardé aux Etats Unis ne dépasse pas 1000 $. Tout le reste va en Corée, au Japon, en Europe, où on voudra.  Lorsqu’on prête à GM, on prête à qui ? A une entreprise américaine dont la banque sera américaine et surveillée par les autorités américaines ?  Bien sûr que non.  GM va chercher des financements partout de même que ses sous traitants.  Gare à la faillite !

Comme il n’y a pas de banques commerciales mondiales régulées par une banque centrale mondiale,  il a fallu bricoler avec une mosaïque de systèmes  différents avec des monnaies différentes, des taux d’intérêt différents, des règles différentes, des institutions de contrôle différents.   Les gouvernements ayant renoncés en 1973 lors de la conférence de Kingston   à gérer leurs changes de façon coopérative,  on laisse à chacun le soin de se débrouiller dans cette jungle.

Le résultat : les banques créent globalement de la monnaie par des prêts dont chaque état ne voit qu’une petite partie.  Les banques assurent leur liquidité internationale par des moyens de plus en plus complexes parce que l’affaire est de plus en plus complexe.  La conséquence depuis 1973, ce sont des crises financières à répétition à la mesure du tâtonnement  général.  L’absence d’une monnaie internationale régulée et  un régime de facto  de monnaies nationales flottantes,  nous mettent dans les mêmes conditions qu’au temps où les billets de banques étaient émis par des banques privées sans aucun système public  et national de garde fou.

Tant que le système des changes fixes et ajustables, avec des restrictions aux mouvements de capitaux,  dit système de Bretton Woods, était en place, il appartenait aux Etats de faire attention à leur émission monétaire pour conserver autant que faire se peut leur taux de change.  La mondialisation était un peu entravée mais plutôt régulière. On eut les trente glorieuses.

On a voulu supprimer toutes les entraves au commerce  et aux mouvements monétaires et financiers en instituant les changes flottants mais sans aucune régulation internationale, le FMI perdant une  vocation  qui était liée aux changes fixes.

On s’aperçoit des défauts structurels de la solution. L’Euro, c'est-à-dire une monnaie transnationale, a représenté une première forme de solution locale  qui permet à un vaste ensemble de disposer d’une banque centrale et d’un banquier de dernier ressort.   La dollarisation de facto a été aussi une autre forme de solution mais particulièrement incertaine du fait de l’indifférence des Etats-Unis aux problèmes de sa zone monétaire secondaire.   En un mot, on bricole.  Et les marchés libres des changes  ne permettent aucun ajustement. Le dollar fait le yoyo du simple au double de sa valeur  de change depuis 1971.  L’Euro aussi. Quant aux autres monnaies …

Le désordre étant structurel, il faut une réponse structurelle.  La vraie réponse pourrait être comme nous l’avions décrit en 1997 « le Mondio ».  C'est-à-dire une monnaie mondiale contrôlée par une banque mondiale qui ne pourrait être émise que par des banques au statut mondial.  Les autres monnaies seraient raccordées au Mondio d’une façon ou d’une autre.    Ce serait une reprise des idées keynésiennes du Bancor adapté aux exigences du temps.   Les entreprises mondialisées auraient accès à un crédit mondialisé et régulé de façon mondiale.  L’épargne se mondialiserait progressivement en Mondio.  

La Banque Centrale Universelle, BCU,  serait naturellement indépendante des Etats, notamment des Etats-Unis, dont les déficits extérieurs n’auront plus à fournir le monde en monnaie par des déséquilibres infernaux.  Chaque état serait libre de rendre ou non sa monnaie convertible en Mondio.  Mais la convertibilité aurait un prix : une stricte supervision par une instance internationale.  La BCU reprendrait toutes les fonctions de la BRI et du FMI tout en devenant une vraie banque centrale  avec une monnaie propre.

Pour les banques internationales, la liquidité n’aurait plus à être assurée par des produits complexes et peu compréhensibles. Les compensations se feraient à la BCU.
Tout cela représente un saut structurel dans la supranationalité.  On sent bien dans les conférences actuelles que le besoin de ce saut s’exprime : appel à une architecture financière mondiale ; chambre de compensation pour les CDS etc.  Mais personne n’ose aller jusqu’au bout.  A Bretton Woods,  White, l’américain honorable correspondant  soviétique, l’avait emporté sur Keynes, le farouche spéculateur.  Il était le seul vainqueur de la guerre ….

Il faut maintenant passer au stade suivant.  Rien ne laisse penser que les esprits n’y soit prêts.  Pourtant les solutions existent.  Et l’approfondissement de la crise fera valoir ses exigences…ou reportera la solution  à plus tard après une tragique période de troubles. 

Après l’âge des monnaies  abstraites nationales, nous entrons dans celui de la monnaie abstraite mondiale avec des institutions mondialisées.   Correction : nous devons entrer …

Didier Dufau pour le Cercle des économistes E-toile



La toussaint économique du 15 novembre

Comme prévu la grande conférence du 15 novembre est un magnifique emballage de vent par des gouvernements en mal de montrer leur  dynamisme solidaire  mais elle n’aura exactement aucun intérêt  pour la solution de la crise actuelle qui s’approfondit ni même pour la prévention  d’une crise similaire dans le futur.

Les urgences retenues par la conférence  européenne de préparation sont stupéfiantes de vacuité : 
« Agence de notation » : elles devront se soumettre à enregistrement.  Cela change quoi ? Rien.
« Normes comptables » : elles devront être harmonisées. On ne savait pas que la crise s’était engouffrée  dans des différences de règles comptables. Effet : nul.
« Codes de conduite et des rémunérations » : pourquoi pas un prix de vertu ? Les codes de conduites seront élaborés  par qui ? Ceux qui donnaient des prix à Lehman Brothers  peu avant sa chute ?
« Aucune institution financière ne devra échapper à une régulation proportionnée et adéquates ».  Cela ne veut rien dire. On attendra le 15 novembre pour décoder les paroles du sphinx.
« Le FMI aura un rôle central dans la refonte de l’architecture financière ». La phrase n’a strictement aucun sens actuellement. Qu’est ce qu’une architecture financière ?

Les gouvernements n’ont présenté aucune analyse commune de la crise, aucun diagnostic commun.

Certains observateurs parlent de créer une « clearing house » pour les Credit Default Swap.  Pourquoi pas ?   Cela ne peut pas faire de mal. Mais quelle importance face aux enjeux ?
Les chefs d’état européens semblent raisonner  comme Alain Madelin  qui s’est fait à nouveau le chantre dans une intervention télévisée de la thèse qui veut  que la crise soit un dysfonctionnement localisé aux subprimes  qui a eu une contagion fâcheuse à cause des CDO mal contrôlés par les agences de notation  et dont le marché s’est bloqué,  les règles comptables précipitant  la décote. 

Mais  les propositions ne s’attaquent qu’au dernier bout de la chaîne et en fait pas le plus important. On n’avait pas besoin du FMI pour savoir l’ampleur qu’avait pris le marché hypothécaire américain.  Si le monde a acheté des CDO c’est qu’il croyait avoir de bonnes raisons.  Et ce n’est pas le FMI et les codes de conduite qui vont changer quoi que soit.  Rappelons-nous des produits structurés d’Enron unanimement condamnés et dont la technique n’a jamais cessée d’être employée après l’immense faillite de cette entreprise encensée partout pour son joyeux modernisme.

Si, les gouvernements avaient eu le discernement de comprendre qu’on vit une catastrophe financière et monétaire globale  qui est la suite d’autres incidents graves  survenus à répétition depuis trente ans (dont la solution momentanée  est la cause de la crise suivante),  on comprend qu’ils auraient du aller un peu plus loin que des réformes cosmétiques des agences de notations et des règles comptables.   Mais là : silence dans les rangs.

Pendant ce temps là le FMI rectifie à vue ses anticipations.  Au départ seuls les Etats-Unis allaient souffrir un tout petit peu. Mais pas l’Europe ni le reste du monde.  Puis on a vu une rectification pour quelques pays européen un peu trop engagés dans la bulle immobilière, l’Irlande et l’Espagne.  Mais les pays de l’est tireraient la croissance européenne.

Patatras, toute l’Europe est malade et les anciens pays de l’est sont KO debout.  Alors on indique que la Chine et l’Inde seront les ressorts  toujours tendus de la croissance. Et eux aussi commencent à s’essouffler et même à entrer dans la crise.  On rectifie encore  les perspectives. Mais il reste l’Afrique : formidable ilot de résistances qui est le môle sur lequel les autres économies vont s’arrimer ! Qui veut-on amuser avec ces sottises ?    On vous laisse deviner les  prochaines annonces.

Aujourd’hui même  General  Motors, la plus grande entreprise mondiale qu’on nous apprenait à admirer dans les années 60 est au bord de la faillite, et les autres constructeurs commencent partout à  s’effondrer  entraînant des secteurs entiers de l’industrie à sa suite.  Les aciéries se ferment. Les sous traitants sont égorgés.   Des centaines de milliers d’employés sont mis au chômage partout dans le monde. Allez leur expliquer que c’est à cause des agences de notation, des règles comptables et des systèmes de rémunération des banques.   

Et surtout que les beaux esprits aillent leur dire en quoi les mesures prises auront un effet quelconque sur leur sort immédiat ou futur.

Jean Marie Messier par exemple que le Figaro est allé chercher en pensant qu’un  symbole des années de débauche financière et spéculative basée sur rien   qui a explosé en vol aurait des recettes à faires partager. Que dit-il : rien !  Si, il parle de lui comme d’habitude : « quand on a connu le succès et l’échec  et qu’on s’en est sorti on a une expérience qu’il est utile de mettre au service des autres ». 

Où que l’on se tourne on ne voit aucune vraie analyse, aucune vraie compréhension de ce qui se passe, aucune anticipation sérieuse. La presse fait du people ; le FMI retarde d’une guerre ; les conférences politiques brassent du vent.  

Quant aux économistes, ils se contentent, comme en 1929, de leur tonitruant silence.  Ce que peu de gens savent c’est qu’il n’y a JAMAIS eu une analyse réelle et convaincante des causes de la crise de 1929. Pour avoir lu toute la littérature sur le sujet je persiste et signe.  Et il y a fort à parier que cela sera la même chose pour cette nouvelle crise.  Les subprimes pourvoiront à tout !

Et la récession commence réellement à prendre une allure de dépression, avec pour la première fois depuis la guerre une régression prévue  sur une année entière et peut être plus.  Si à la fin 2009, on en est encore aux fumisteries qui vont se débattre à Washington le 15 novembre 2008, nous serons arrivés exactement au point où les Etats étaient en 1932. Lassés de voir le désastre s’étendre et les fausses recettes n’avoir aucun effet,  pressés par leurs opinions publiques,  les gouvernements chercheront des solutions « à portée de la main » qui ne feront qu’aggraver les choses.

 

Sylvain Dieudonné pour le cercle des économistes e-toile



Michel Rocard a (presque) raison !

A raison qui pense comme vous !

Depuis des lustres non rappelons qu’une économie de changes flottants est obligatoirement instable et dangereuse,  et que faire passer les lourds camions de la croissance mondiale sur des passerelles en caoutchouc ne peut rien provoquer d’autre que la chute des camions pris dans les soubresauts incoercible de la passerelle.   Cela fait des lustres que nous décrivons  les dangers que cette instabilité crée pour non seulement la croissance mais surtout pour le fonctionnement régulier des économies qui sont confrontées à deux phénomènes désastreux : la montée de la complexité et l’aggravation perpétuelle des déséquilibres, les solutions d’une crise étant la source de la suivante.

Quand les « trente glorieuses » se sont elles brutalement arrêtées ?  Comme par hasard avec la crise de 73-74 qui était fondamentalement une crise due à la baisse excessive du dollar avec une inondation redoutable de création monétaire par le Trésor américain et la FED. On a fait semblant de prendre la conséquence (la hausse brutale des prix pétroliers) pour la cause ;  et, l’inexpérience de la nouvelle situation aidant, le monde a connu la stagflation, puis une première crise de change des pays émergents, puis le krach de 1991-93, puis l’explosion de la bulle de 2000 et ses conséquences puis le krach actuel qui marque la fin du cycle démarré en 71.

La puissance géopolitique des Etats-Unis, le rôle de monnaie mondiale du dollar,  l’influence presque dictatoriale d’économistes comme Milton Friedmann,  ont permis à un système intenable sur la longue durée de prospérer, les Etats-Unis ayant été capable de faire supporter aux autres les crises successives, au prix d’une fragilisation constamment aggravée.  Nous avions dénoncé comme superficiel l’article de Rogoff, économiste du FMI, lorsqu’il avait prétendu que les crises étaient constamment plus limitées. Ce n’était vrai qu’aux Etats-Unis et au prix de déséquilibres de plus en plus inquiétants.  Dès 2006 nous avons indiqué que la crise à venir serait très grave parce que justement les Etats-Unis n’avaient plus le moyen d’en réchapper.

Les produits financiers compliqués ne sont qu’une  conséquence des changes flottants, puisque toute opération internationale suppose une double spéculation : sur le bien lui-même et sur la monnaie. Un univers de ressources faciles s’est ouvert aux banques intermédiaires obligées qui ont profité de l’inondation monétaire générale et l’ont aggravé tout en croyant faire face aux défis de prévisions par la technique mathématique.  C’est ce système là qui vient de s’écrouler.  Mais rien ne sert de condamner les moyens de lutter contre la complexité si on n’agit pas sur la complexité elle-même.

Alors, oui, nous condamnons inlassablement les changes flottants, cause première de la fin des trente glorieuses et de l’effondrement systémique actuel.  Et nous pensons qu’un Bretton Woods 2 n’a de sens que si le système des changes est réformé.

Qu’écrit Michel Rocard dans le JDD du 2 novembre : « La montée des produits dérivés résulte de la désorganisation de l’économie réelle qui elle-même découle de la décision de décrocher le dollar de l’or. Le commerce qui jusque là travaillait à change fixe, a été menacé par les changes flottants. Tout est devenu volatile, imprévisible. Il a fallu se couvrir, inventer les combines  les plus tordues pour tenter de réguler la valeur des titres sur lesquels on travaille. A partir de là l’économie a été plus abstraite et plus fragile. La finance mondiale a fait supporter à l’ensemble de la société un taux de risque anormal ».

Tout cela est un peu approximatif : on confond les flux marchands et les flux de placement ; on ignore que les produits dérivés datent sous leur forme mathématique du début des années 90.  Bref, on connait l’air mais pas trop les paroles.

Mais au moins l’intuition est bonne. La crise de 2008-20 ?? est bien le dernier soubresaut d’une désorganisation commencée en 71 et qui a vu des inondations monétaires successives se résorber par des crises successives dont la dernière est systémique et marque la fin de cette étape particulière de l’histoire économique.

La suite des propos de Michel Rocard est sans intérêt car il ne sait pas ce qu’il faut faire et ne peut que se livrer au petit jeu de la distribution des bons et des mauvais points politiques. Mais au moins il a compris que le système de change actuel était intenable et que la reconstruction d’un effort collectif pour harmoniser les monnaies et les politiques économiques était nécessaire.  C’est bon à prendre.

L’absence d’un consensus sur les causes et donc sur les remèdes aggravera la crise actuelle. On ne se souvient pas qu’il y a eu des conférences au début des années 30 pour faire face aux désastres montants de la déflation.  Et qu’elles n’ont pas permis de trouver une solution commune.  Chaque pays a joué sa partition au détriment de l’ensemble, provoquant la dépression généralisée. On est loin d’avoir évité ce danger.

On le verra rapidement lors de la prochaine conférence. Si personne n’évoque la nécessaire stabilisation des changes avec coordination des politiques économiques, afin d’éviter la poursuite des déficits astronomiques des balances extérieures américaines et l’accumulation de ressources virtuelles et stériles dans des pays à trop forts excédents,  il n’y aura pas d’espoir de sortir de la crise autrement que par la dépression.

Depuis plus d’un mois maintenant des monnaies nationales sombrent provoquant des dévaluations phénoménales et des hausses délirantes des taux d’intérêt. Le Brésil dévalue massivement entraînant l’Argentine dans un nouvel « hiver économique ». L’Islande, la Hongrie, la Serbie n’ont plus de monnaie ni de crédit.   Le Japon ne sait plus à quel niveau de Yen se vouer. Les Chinois redoutent la perte de la valeur de leurs dollars accumulés dont ils n’ont pour le moment rien fait.   Croire qu’il ne s’agit que d’une affaire de crédits immobiliers américains douteux vicieusement transférés au monde entier  par Wall Street est réellement pitoyable.

La sortie de crise de ne sera pas un « new deal  2 » américain, ou une poussée majeure du socialisme rétablissement un meilleur équilibre entre  revenus du capital et du travail.  Ce ne sera pas non plus l’émergence d’une politique de « décroissance positive », un oxymoron qui n’a que la valeur des oxymorons. Une fois les pertes digérées, ce qui prendra plus que  quelques mois, ce sera la patiente reconstruction d’un monde global stable où les déficits ne pourront se poursuivre indéfiniment sans action correctrice rapide et concertée. 

Le monde qui émergera alors ne sera pas celui rêvé par Milton Friedman mort le 15 novembre 2005, juste avant la révélation de son erreur d'analyse en matière de change.  On notera le silence abyssal de l’école de Chicago, censé propager sa pensée,  depuis que la crise mondiale a commencé.


Didier Dufau pour le Cercle des Economistes  E-toile.

Silence ! On se détourne !

Fuyez vite, Ô lecteur ! Nous allons parler d’un sujet  que la presse, les politiques et même les économistes  ne veulent jamais aborder.   Nous allons observer l’inobservable et l’indicible.  Nous allons nous perdre dans l’effroyable fange d’une réalité si  obscène qu’y poser les yeux et y tremper la plume  relèvent de la violation absolue des règles élémentaires de la sagesse et de la décence. 

Nous allons parler des changes flottants et de leur rôle dans l’accélération de la crise mondiale.  Trop tard.  Vous avez lu ? Soyez damné !

Peut-être avez-vous vu que la plupart des pays de l’Europe de l’est qui étaient sortis de l’emprise soviétique sont en grande difficulté.  Les yeux baissés  vous  avez peut être entre-aperçu  que leur monnaie  étaient violemment  attaquée  sur les marchés des changes et que les taux d’intérêt y étaient désormais si hauts que les économies en était asphyxiées.   Le FMI, cette institution mort-vivante conduite par un viveur, en avait été tout ragaillardi : il avait à nouveau quelque chose à faire. Il fallait sauver du collapsus des économies qui avaient pourtant ces dernières années connu un rattrapage économique important et de belles croissances.

Peut-être avez-vous constaté que l’Euro s’est brusquement effondré pendant que le dollar montait rapidement, en même temps que le Yen s’élevait de façon stratosphérique, consternant toutes les entreprises japonaises et leur faisant craindre le pire.

Peut-être une information ou une autre vous a averti que partout en Afrique les monnaies piquaient du nez et  que désormais on s’inquiétait du sort d’un continent qui une semaine plus tôt était présenté comme la future locomotive du monde.  Même au Moyen-Orient, des secousses telluriques commencent à se faire sentir du fait de l’effondrement des cours du pétrole.

Les monnaies ont la danse de Saint Guy.  Personne ne le nie. Personne ne s’en félicite. Tout le monde en a peur. Mais personne ne s’interroge : est-ce qu’un système qui provoque un tel charivari a le moindre sens économique ? N’a-t-il pas une responsabilité dans la crise ? Ne provoque-t-il pas une aggravation de la crise ?

Chut !

Vous lisez alors les communiqués des grandes entreprises. Ils chantent tous la même histoire : nous avons fait cette année des affaires merveilleuses mais à cause des pertes de change nous sommes moins bien et parfois nous sommes mal.  Vous aviez lu pourtant cette rengaine à longueur de journaux : «  les techniques bancaires  modernes permettent de faire face aux variations monétaires ».  Elles sont bizarres ces entreprises qui malgré la « haute technicité bancaire » (sic) sont incapables d’éviter les ravages des changes flottants et déclarent TOUTES en souffrir.  Vous pensez alors : ces changes flottants qui font le yoyo de façon incompréhensible et imprévisible, c’est vraiment une catastrophe.  Vous enquêtez : pas un mot la dessus. Nulle part.  Vous marchez dans un no man’s land.  

Chut !

Vous entendez que les pays du monde entiers vont se réunir pour réformer un capitalisme devenu un tantinet explosif.  On évoque même le nom de Bretton Woods II. Qu’était le système de Bretton-Woods 1 ? Un régime de changes fixes sous contrôle des Etats et de la collectivité.  On va donc aborder la question de la stabilisation des changes et de l’abandon des changes flottants ?

Mais non, tais-toi donc idiot !

CHUT !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Comment nos impôts augmentent massivement : l'exemple de Paris

Nous avons déjà montré sur ce site  comment la croissance et le cycle  étaient mis à profit par les élus pour accroitre constamment les impôts.  Ce qui vient de se passer à Paris avec l’annonce d’une formidable augmentation d’impôts pour 2009  en est une nouvelle démonstration.

Depuis 1997 les transactions immobilières étaient  en forte croissance, sous le double aspect du nombre et des prix.  Tout le monde sait désormais qu’il s’agissait  d’une bulle exceptionnelle : elle vient d’exploser.

Il se trouve que la fiscalité locale dépend étroitement de l’immobilier. Que   les habitants soient largement taxés  à raison de l’ampleur et de la qualité de l’emprise qu’ils ont sur le sol de la commune, cela se défends. Que l’impôt doive être prélevé sur les transactions immobilières, c’est déjà plus contestable. C’est comme cela. Soit. 

La Ville de Paris s’est donc branchée confortablement sur la bulle immobilière au point que des ressources colossales lui sont tombées du ciel.   Parti d’environ 350 millions d’Euros au milieu des années 90 on est arrivé en 2007 à près de 940.  Pour la période Delanoë la recette a donc doublé.

Au lieu d’utiliser avec parcimonie une recette hautement spéculative (ou de la mettre en réserve pour les temps de vaches maigres) , on l’a dépensée entièrement, créant chaque année des centaines de postes nouveaux   et multipliant les investissements  les plus contestables.  

On ne savait pas que Paris manquait de bras. Quarante mille personnes, ce n’est pas rien pour une ville de  moins de 2.000.000 d’habitants serrés comme des harengs sur une toute petite surface et dont la population a constamment baissé jusqu’à ces tout derniers temps.  Les voici désormais  budgété à  43.000. On est bien content : un fonctionnaire local pour 46 habitants, c’est formidable non ?   

 Ramené à un immeuble les chiffres sont encore plus drôles.  Voici un grand immeuble de dix étages du 14ième arrondissement ; 150 appartements, près de 460 personnes.  Il se suffisait d’un gardien et d’un employé d’entretien.  Il bénéficie aussi de 10 employés locaux  pour ses besoins divers ;  un par étage. A la fin du mandat du maire actuel on en sera à 11. Alors que les copropriétaires discutent de façon acharnée de la réduction des effectifs de la copropriété  dont le coût grimpe inexorablement.

Et voilà que la bulle éclate. Que fait la mairie ? Elle enclenche le fameux cliquet à la baisse des impôts.  Un impôt dont le rendement monte ?  Il faut en profiter aussitôt et tout dépenser. Un impôt dont le rendement baisse ? Intolérable. Il faut augmenter les taux  impôts d’urgence et/ou en créer d’autres.  Dans le cas d’espèce on annonce  une hausse globale de 9% avec des hausses de taux pour la taxe foncière et la création d’un impôt nouveau très lourds (3%  sur la valeur des biens immobiliers : l’équivalent de trois ISF).

En vérité on joue comme toujours sur les mots. Quand le rendement de l’impôt monte sans que l’on touche aux taux, on dit « les impôts n’ont pas augmenté ». 

Grosse ficelle également la manière de faire passer la pilule, toujours la même :

-    D’autres villes paient plus. Il est vrai que Paris, totalement figé dans ses frontières depuis des lustres,  n’a pas les besoins d’équipement d’une ville nouvelle.  Peuplé d’habitants riches,  le rendement fiscal est important, ce qui n’est pas nécessairement le cas d’une ville dortoir pour immigrés fraîchement arrivés.   A l’échelon national on nous explique toujours qu’à partir du moment où un pays à un taux de prélèvement supérieur au nôtre on doit être content et tenter d’atteindre ce maximum.  Localement c’est pareil.

-    L’augmentation ne représente presque rien pour le locataire de base.  On souligne le cas de la petite famille  économiquement faible louant dans un quartier pauvre et qui ne paiera que quelques dizaines d’Euros et «  passez muscade ».  Quand on regarde de plus près on aboutit à 50 ou 100% pour de larges fractions de la population.  Mais chut ! Contester une hausse d’impôt est incivique et les journaux ont bien compris le message.
La vérité est que désormais le propriétaire d’un appartement, souvent à l’ISF,  est encore plus lourdement taxé au moment même où la valeur de son bien  a beaucoup augmenté alors que la crise le prive de revenu, que les prix à la consommation, déjà les plus hauts de France, flambent .  

On ne peut imaginer hausse d’impôts moins bien venue et plus à contre temps.   Ce même propriétaire est en plus dans l’étau de la modernisation obligée des ascenseurs (qui double à peu près sur deux ans les charges de copropriété)  et sous la menace de restriction d’emploi de son automobile.  

En termes de pouvoir d’achat tous ces événements concomitants représentent une formidable baisse dont AUCUN JOURNAL NE PARLERA, pas plus qu’elle n’avait signalé la hausse délirante du nombre d’assujettis à l’ISF à Paris pendant la bulle.  Et si la crise envoie au chômage un propriétaire nouveau qui avait pris un crédit !

C’est son problème dira M. Delanoë qui a ses propres priorités.

Le site de Mairie de Paris vante l’emploi mirifique de ses nouvelles ressources. N’a-t-il pas créé une nouvelle salle de spectacle  indispensable (Paris étant incroyablement sous équipé) : la Maison des Métallos, bien nommée puisqu’il n’y a plus un seul métallo à Paris. Entièrement subventionnée bien sûr.  Les copains du Maire  et de son adjoint à la culture ne sont pas sûrs que les parisiens paieront spontanément pour les considérables créations qu’ils envisagent et pour lesquels ils attendent de grasses rémunérations (100.000 euros annuels paraissent le minimum vital).

Un simple examen du programme de cette salle qui fait fureur (il faut lire le budget de la mairie pour savoir qu’elle existe)  est éloquent : une pièce pornographique (Corpus eroticus )  suivi d’un colloque de l’association ATTAC  contre les multinationales agricoles.  On sait que cette association rassemble des communistes  du PC, des communistes de la CGT, les communistes trotskistes et des communistes tiers-mondistes  contents de faire perdurer les réseaux  d’influence de la guerre froide après la chute du mur  sous un faux nez de « d’organisme d’éducation populaire ».

Voilà comment un budget de dépense initialement de 4.5 millions d’Euros lorsque M. Delanoë est arrivé  va passer à près de 9, un doublement en 10 ans.    Sur le thème : nous avons été très raisonnables en matière d’impôts !  Et le maire veut aussi restaurer sa base fiscale immobilière en créant des tours immenses, sources de recettes en proportion.

L’opposition ne dit rien. Il est vrai que la municipalité précédente avait augmenté massivement les impôts après la crise de 1993, pour ne pas renoncer aux dépenses mirifiques également faites grâce aux rendements inattendus de  la période de croissance précédente.

A la veille de la plus grande crise depuis  1929 les politiques font comme si de rien n’était en utilisant les grosses ficelles qui ont fait passer le taux de prélèvements en France de 35 à 45% en trente ans.  Au niveau local comme au niveau national.
Gare aux conséquences !  

Sylvain Dieudonné pour le Cercle des économistes E-toile.

Post scriptum :


1.    Présentation de la maison des métallos  (par eux mêmes)

« Située au bas de la colline de Belleville, la Maison des métallos s'impose comme une matrice de liens entre des artistes et un quartier cosmopolite, héritier des faubourgs industriels. Véritable espace de création, ce foyer de mixité sociale et d'engagement citoyen entrelace la danse contemporaine, le théâtre et les arts plastiques pour mieux mettre à l'honneur la pluralité culturelle ».

Note : si vous avez compris ce que cela veut dire vous aurez le droit de concourir au concours du « plus beau BOBO parisien 2009 » (gare à la concurrence)  et de vous « entrelacer dans la matrice » gratuitement pendant un an (préservatif fourni gracieusement par l’adjoint à la culture).   

2.    Présentation de « corpus eroticus »  (par eux mêmes)

« Un quartier chaud, constitué de trois alcôves rouges. Six espaces à découvrir : arène, peep-show, chambre mystérieuse... Et autant de confidences érotiques à recevoir. Dans une rare proximité, les douze spectateurs de chaque 'alcôve' sont appelés à prendre des places troublantes : confident, cobaye, voyeur... Intégrés au spectacle même, ils participent à une série d'expériences concrètes et intérieures en dépassant leurs appréhensions pour pousser le rideau, transgresser l'interdit et découvrir une variété de situations, d'imaginaires et de sensations ».

Note : si vous avez compris comment on amortit un spectacle  de 72 spectateurs maximum avec une entrée à 9 Euros, soit 675 euros de recette par spectacle,  vous avez gagné une place !  


3.    La journée des femmes : un exemple d’exposition

Corps et ombres par Valérie Grange
Maison des métallos - Salle claire - 6 mars à partir de 17h00 -  7,  8,  9 mars à partir de 10h00
Pendant une période de recherches sur le thème de l’ombre (d’objets, de végétaux, de corps) j’ai fait un voyage dans le Finistère et j’ai photographié l’ombre de mon corps sur les paysages « à plat » de la grève, le sable, les rochers, les algues.
Je travaille à compléter cette série : corps projetée sur de nouveaux support (intérieur, extérieur, urbain, naturel).   

Si vous avez compté plus de 72 visiteurs conquis par tant d’audace,  vous avez aussi gagné une place, mais il faudra prendre une photo de l’ombre de votre portefeuille projeté sur un mur de la Mairie centrale.

Témoignage : le premier "hedge-fund français"

La vie vous réserve des surprises qui ne prennent leur sens qu’avec le temps.  Rien ne laissait prévoir que l’auteur de ces lignes serait jamais confronté  aux opérations financières les plus tirées par les cheveux  et deviendrait le témoin  de la naissance du premier hedge fund à la française.

Une première mésaventure   prend aujourd’hui signe prémonitoire. Elève d’une grande « business school »  Européenne à Fontainebleau, rien des mécanismes les plus subtils du capitalisme ne devait nous échapper. Lorsque le bureau des élèves fut sollicité par une société de bourse  pour écouter un de ses grands spécialistes des marchés venir parler des opérations les plus « sophistiquées », il répondit oui avec enthousiasme.  Voici donc la promotion réunit dans le grand amphithéâtre   pour recevoir la bonne parole.

Quand l’énergumène entra dans la salle, il y eût un peu de gêne.  Le grand maître avait des allures de garçon de course et son teint fleuri démontrait un goût plus que prononcé pour la dive bouteille.  En un mot, il ressemblait plus à un rabatteur pour boîte de nuit sulfureuse susurrant  à Pigalle quelques affriolantes perspectives que d’un technicien de haut vol de la finance internationale.  On passa outre et on attendit la délivrance du message.

Il était simple : il existait un moyen de gagner à tout coup de grosses sommes en bourse. Le secret naturellement était bien gardé, mais la société Machin et Machin, bien connue sur la place depuis 150 ans, se devait d’en informer la future élite de la nation.  C’était en 1968, une année où on a beaucoup cru au père Noël chez les étudiants.

La martingale avait des airs techniques avancés.  Tout tournait autour d’une mécanique  réservée aux experts de la bourse, les options.  Grâce aux options il était possible de battre la bourse à tout coup et d’engranger des gains formidables pratiquement sans risque et sans capital initial.  Le tableau se couvrit soudain de mille équations, simulations et exemples qui montraient qu’en effet des gains phénoménaux avaient été faits dans le passé.

Il suffisait de se pencher et la fontaine de jouvence se mettrait à couler.  Si nous avions le moindre doute, nous n'avions qu'à nous faire conter l’histoire d’une certain Alfred Winslow  ou lire  l’article qu’il avait passé  dans un journal en 1966 expliquant aux Happy Few les raisons de son extraordinaire fortune.  

Il y eût des questions. Personne n’avait rien compris.  Une mathématique un peu complexe associée à un vocabulaire inconnu, cela séduit mais trouble un peu. Avec patience notre vendeur de vent s’expliqua sans expliquer, une activité qui demande du culot et du doigté.  Il conclut brillamment : je vous ai prouvé qu’il est impossible de perdre avec les options quand un spécialiste aguerri est aux commandes.  Une voix, une seule, s’éleva pour crier : « c’est impossible ».  Le raisonnement était peu scientifique mais empli de bon sens : « si une telle martingale existait, vous ne seriez pas là mais au caraïbes  en train de siroter des cocktails exotiques au milieu d’une nuée de jolies filles ».


Vue la tronche du conférencier, l’hypothèse était un peu aventurée.  Mais l’attaque était frontale et il fallait répondre. En vérité, ce brave garçon s’y attendait et avait la réponse toute prête : « Je ne vous reproche pas de ne pas y croire : toute cette affaire est complexe  et hautement technique. Mais je vous propose de créer un fonds et vous jugerez sur pièce ».  


Voilà comment fut créé le premier hedge fund  à la française : un fonds spécialement créé par des jeunes gens fortunés pour battre la bourse à tout coup grâce à des techniques sophistiquées.  Pendant quelques mois l’affaire fut belle : l’énorme  « levier » permit par les options  avait généré  des gains qui rapportés au capital investi étaient invraisemblables : le fonds avait vu sa valeur enfler de près de 125% en très peu de temps. 

Certains décidèrent alors qu’il était temps de doubler la mise.  Ce qui fut fait.   Dès l’été, « une malencontreuse conjonction de facteurs imprévisibles  jamais vus sur le marché »  fit s’écrouler le château de cartes.  Près de 50% de la valeur investie avait disparu en fumée.

Jurant mais un peu tard qu’on ne les y prendrait plus, les investisseurs en culottes courtes firent jouer leurs relations, qui étaient internationales et  puissantes. La vilaine société de bourse fut amenée à saisir son intérêt bien compris. Elle remboursa tout le monde rubis sur l’ongle.   Merci Papa, merci Maman ! 

Vingt ans plus tard, les aléas professionnels me firent redécouvrir les beautés du petit monde des options.  Un grand constructeur automobile cherchait un programme informatique adapté pour un de ses services les plus confidentiels. Il ne comptait qu’une personne !  Que faisait ce spécialiste confortablement installé à l’étage de direction ? Il offrait la contrepartie aux spéculateurs qui cherchaient des contrats d’option sur le titre du constructeur côté en bourse.  En gros, la société jouait avec ses propres titres pour assurer la liquidité du marché des options et animer son cours en bourse.  Il est vrai que c’était une des plus belles valeurs de la côte.

Nous voilà en train de dénouer tous les mystères des achats d’option d’achat, de vente d’option de vente et surtout, que le mot est beau et prometteur, des stellages.  Ce fut le premier logiciel informatique intégré de gestion des options.  Des tableaux instantanés permettaient de connaître toutes les « échelles » d’engagement. A tout moment  la position liquidative des sommes investies était calculée permettant de se couvrir au mieux. Pendant les années où nous assumâmes la maintenance du programme,  nous pûmes constater la parfaite régularité des bénéfices.

Et voilà que le spécialiste qui gérait  cette activité part à la retraite.  Son renom dans les sphères de la bourse était  haut. Il proposa à des particuliers de gérer un fond spécial où il continuerait à faire ce qu’il faisait depuis toujours  mais sur une échelle une peu plus grande et plus large.  Les candidats se précipitèrent.  Des sommes importantes furent levées.  Sollicité, je refusais malgré un léger titillement de la cupidité latente : j’avais déjà donné !   Et le ticket d’entrée n’était pas mince : 500.000 F de l’époque.

Arriva la crise boursière d’octobre 1987. Violente et soudaine elle mit en défaut toutes les prévisions et toutes les précautions.  Les investisseurs paniqués exigèrent le retour rapide de leurs fonds. Il fallut dénouer en catastrophe des positions un pêu aventurées avec des résultats en rapport.  Les pertes furent considérables : plus de 50% des sommes investies.  Le second hedge fund  à la française avait vécu.

 En 1993, après la crise très sévère qui  avait frappé le monde, des petits génies s’avisèrent à nouveau que les opérations traditionnelles en bourse, c’était pour les crétins.  Il fallait innover.  On réinventa les options en leur donnant toute la nouveauté d’un vocabulaire anglo saxon et la caution d’un prix Nobel d’économie.  C’était Wall Street et pas la coulisse de la bourse franchouillarde ; c’était des gens en costume cravate de grande classe façon Mac Namara : pas un grouillot alcoolique ; on parlait de techniques de « hedging » sophistiquées, pas d’options, encore moins de stellage.  Il ne s’agissait plus de poésie  mais de « big business ».  Les étudiants naïfs cédaient la place aux plus grosses banques mondiales.  On ne travaillerait plus  sous l’œil d’un fisc exigeant : à nous les paradis fiscaux les plus exotiques et les moins régulés.

Les hedge funds, jusqu’ici tapis comme des officines, prenaient le haut du pavé financier.  « Définition : un pool d’investisseurs fortunés cherche le profit maximum en prenant des risques maximum en utilisant l’effet de levier maximum ».  Naturellement  en utilisant des techniques qui sont présentées comme permettant de réduire les risques à presque rien !     Le même discours que nous avions entendu en 1968 ou dans la bouche de notre arbitragiste automobile.  

Rappelons qu’en anglais « hedging » veut dire « se protéger », « se couvrir ».  C’est quasiment un terme d’assurance.  Rien de plus rassurant.   Rappelons aussi que derrière tout le fatras des mots et des techniques, l’idée commune à tous les hedge funds est de prendre des positions  spéculatives  avec très peu de capital.

Les petits génies de la finance ne valaient guère mieux que notre douteux coulissier alcoolique  soixante-huitard.  Mais les sommes collectées furent proprement ahurissantes. Les gestionnaires de ces fonds ayant opportunément ajouté une commission sur les résultats à leurs honoraires de base, des fortunes hallucinantes  furent faites en quelques années.

Déjà, dans les années cinquante,  des précurseurs  avaient déjà  joué  aux Etats-Unis la même martingale. Ils avaient été balayés par les crises financières successives qui culminèrent en 73-74. Il aura  fallu attendre  la fin des années 90 pour voir renaître  les mêmes illusions.

On eut LTCM, un fond géré directement par un prix Nobel, le spécialiste des explosions douloureuses,  qui ne résista pas à un retournement imprévu : la crise dite des pays émergents  mit tout le monde dans le vent et les pertes furent telles qu’il fallut d’urgence appeler  « Dad & Mom »,  c'est-à-dire les autres banques et l’Etat pour renflouer tout le monde et éviter une crise systémique.   

La leçon ne fut évidemment pas tirée. Le succès du Tiger Fund, en  fut la raison principale : Jeffrey Vinik  avait commencé avec un fond de 800 millions de dollars en 1996. En octobre 2000 il se retire alors qu’il gère 4.2 Milliards de dollars et a produit un rendement de 645.8% !   Lui-même et ses  deux collaborateurs avaient gagné 1.7 milliards de dollars en « performance fees ».  Il pouvait aller cultiver son jardin des Hespérides !

Le désastre boursier de 2000-2002, après les hausses pharamineuses largement dues à l’action des hedge funds,  relayées par une double spéculation mondiale sur le dollar et les valeurs technologiques,  aurait du liquider tout cette organisation délirante.  

Mais non. Dès 2002 un livre sur les hedge funds révèle les nouvelles stratégies : « The major source of future growth for hedge funds  is the category of institutional investors,  pensions and benefit plans, endowments and foundations, insurance companies, bank and corporations”.

Il ne s’agit plus de gros investisseurs privés capables de spéculer avec une fraction de leurs richesses.  On vise Monsieur tout le monde via les banques et les assurances.   On vient de voir le résultat. Les CDS et autres CDO ne sont que des options déguisées avec des taux de leviers intenables.  C’est toute l’épargne du monde qui s’y est collée. Les grands de Wall Street en ont un moment tiré des bénéfices monstrueux distribués aux dirigeants sous forme de bonus qui auraient laissé Vinik sans voix.  

L’explosion  en mille morceaux  de toute l’affaire s’achève. L’ennui c’est qu’il n’y a plus de « Papa Maman ». Même les grands  Etats et leur mobilisation de milliards de milliards n’y peuvent mais.      Il faut « refondre » le capitalisme, annonce-t-on. Mais il l’est  déjà,  fondu.  

Hedge-fondu, devrait-on dire.

Didier Dufau
www.e-toile.fr

Réfutation du film : l'argent-dette qui fait fureur sur le net

Le film l’argent-dette marque le grand retour des sophistes et des sectaires

Les grandes crises sont toujours l’occasion pour des esprits faux de faire les malins avec des bouts de raisonnements séduisants et des éclats de miroirs offrant des visions biaisées de la réalité.  L’économie s’y prête particulièrement du fait du grand silence des économistes officiels, de l’ignorance économique profonde  (et parfois abyssale) du monde  médiatique,  et du désarroi que produit chez tous les malheurs d’une grande crise.

La méthode est toujours la même :

-    On fait semblant de parler de la réalité avec technicité : l’illusion scientifique.
-    On mélange de la morale à tout bout de champ.
-    On exploite le fantasme éternel de la tromperie du bon peuple   : « on vous gruge, on vous pille ; vous vous rendez compte Mme Michu ! ».
-    On  postule  qu’il y a des diables dont l’action souterraine est naturellement maléfique.
-    On accrédite l’idée que les pouvoirs politiques sont inféodés à ces démons généralement par corruption
-    On annonce la fin du monde : pensée apocalyptique.
-    Sauf si on suit gentiment le nouveau gourou.
-    Qui comme par hasard à quelques besoins d’argent
-    … et aucune solution.

L’aliénation sectaire de masse est pratiquée depuis longtemps par des mouvements de type ATTAC, qui se présentent comme « d’éducation populaire »  et qui sont en fait des officines de recyclage pour les réseaux d’influence communistes  qui ne veulent pas perdre les positions qui furent les leurs jusqu’à la chute du mur.

Mais  les mêmes vaticinations peuvent être aussi le fait d’allumés en tout genre et d’associations écologiques  prônant la décroissance et l’économie durable.
Le plus bel exemple en est donné par le succès de « buzz » d’une vidéo « explicative » de la crise mondiale, « l’argent-dette » que l’on trouve à l’adresse suivante :
http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=1274

On y voit l’histoire de la banque des origines à nos jours en des termes apparemment pleins de bon sens et qui sont autant de sophismes.

Le banquier y est présenté en salaud  éternel. A chaque étape du développement bancaire, le banquier fait une saloperie et est obligé de rendre gorge.  Mais, mystère à chaque fois le système survit ! Pourquoi ? Nul ne le sait. C’est évidemment là la grosse ficelle du système.

Alors oui les différents stades de l’organisation du crédit et de la monnaie sont passés en revue, avec pas mal de finesse.  Mais chaque fois le diable est rattrapé par ses créations  qui se perfectionnent  pour durer.  Jusqu’évidemment l’explosion finale qui engloutit le monde.

La thèse :

La monnaie est crée par les banques ex nihilo. La monnaie ce ne sont que des promesses de remboursements.   L’Etat et la planche à billets  n’est pas le principal émetteur de monnaie.

Jusque là tout va bien.  Il est clair que le travail du banquier est d’échanger un flux de trésorerie  à venir contre une création monétaire immédiate qui va servir à payer des biens réels ici et maintenant.

L’erreur :  

 On note que la monnaie créée  correspond au principal et qu’il faudra rembourser le capital et un intérêt qui lui ne correspond à rien et sera in fine payé par l’emprunt de nouvelles sommes.  Le système est obligé à une fuite en avant perpétuelle jusqu’à l’explosion finale.  On déverse à ce moment là tous les interdits religieux sur l’usure, cela fait de la chaleur à défaut de lumière.

La réfutation :

L’affaire du taux d’intérêt est extrêmement simple : l’argent investi doit permettre un retour sur investissement. En un mot il se financera par l’accroissement de la richesse que l’investissement permet.  Le flux de remboursement comprend le gain de productivité espéré.  Le système est parfaitement stable si le taux de productivité de longue durée est égal au taux d’intérêt.
                    
Si ce sont les banques qui prêtent c’est parce qu’on les voit mieux armées pour détecter les projets productifs que l’Etat qui lui s’intéresse surtout à colmater les brèches permanentes de son budget.  Le tâtonnement de milliers de banques vaut mieux que les gros sabots de l’Etat.

On dira : mais les prêts aux particuliers notamment pour l’immobilier ? Où est la contrepartie des intérêts ? Un immeuble n’a pas de productivité croissante.  Oui : mais l’emprunteur a des ressources qui elles dépendent de la croissance de la productivité.

L’intérêt sera prélevé sur la croissance. Corollaire : il ne faut prêter c'est-à-dire créer des flux de remboursement que si ceux-ci sont possibles principal et intérêts compris. Le prêt à ceux qui sont exclus des mécanismes de la croissance est à proscrire absolument !  Pour eux il faut des dons !  Nous revoilà revenus aux subprimes mis en place par Clinton et que Sarkozy voulait étendre à la France et que les banques américaines n’ont mis en place que parce qu’on leur a accordé une garantie d’Etat supplémentaire

La monnaie créée par l’Etat n’est pas d’une essence différente de la monnaie créée par les banques comme l’affirme le document cité.   L’état aussi crée du papier monnaie  en contrepartie d’une dette.  Il suffit de regarder le mode de comptabilisation de l’émission des banques centrales pour s’en rendre compte : la monnaie va à l’actif et sa contrepartie au passif sous forme de dette. 

Mais la monnaie ainsi créée n’est pas directement corrélée à des projets de productivité.  Elle peut servir à financer des déficits de balances de paiements quand la monnaie de l’Etat est la monnaie du monde (cas des Etats unis) ou des déficits budgétaires.  Et là on crée bien une bulle sans contrepartie réelle.

Le délire

Cet aspect ayant été totalement ignoré, toute la suite n’est que pure sottise qu’on laissera découvrir au lecteur.

Une approche plus réaliste. 

Il est parfaitement juste que le prêt à intérêt n’est possible  que s’il y a croissance. Il ne peut pas y avoir de croissance sans investissement.  Il ne peut pas y avoir d’investissement sans prêt.  Les banquiers ne sont pas des voleurs. Ils sont là pour détecter les investissements rentables et les financer. Ils se trompent largement. On a donc des pertes sur investissement qui doivent également être financées sur la croissance des autres.

On dira : d’accord mais alors il faut réserver les prêts aux entreprises et aux riches. Les premières sont les seules à garantir un espoir de gain de productivité ; et les riches sont les seuls à pouvoir encaisser les pertes.  C’est exact.  Le dicton « On ne prête qu’au riche » est une règle prudentielle bancaire.  

Mais  comme Marx l’a écrit ce sont les entrepreneurs et les riches qui s’accapareront les richesses futures ! C’est clair que les profits d’un investissement sont partagés par la banque et l’entrepreneur. Ils ne percoleront dans la société que par la consommation, les salaires et l’impôt.

Il est donc légitime (et obligatoire en démocratie) qu’il y ait une redistribution, une pression syndicalisée sur les salaires  et une certaine dose d’encouragement à la consommation.  L’investissement ne trouvera son marché que s’il y a des clients !  Ford avait compris cela mieux que quiconque.

Sous réserve de la faisabilité écologique d’une croissance perpétuelle n’épuisant pas les ressources non renouvelables, une vraie question à la quelle on donne aujourd’hui de mauvaises réponses et qui méritera un débat plus approfondie dans ce blog, une société fondée sur la productivité avec un taux d’intérêt à long terme ajusté au taux de croissance peut être stable (Au passage c’est ce qui nous sépare de Maurice Allais qui a une vision un  trop malthusienne du crédit).  

A condition qu’on ne crée pas artificiellement des obstacles à la stabilité : changes flottants, déficits perpétuels, monnaie d’un Etat dépensier devenant la monnaie du monde,  détournement des crédits vers la spéculation de masse, perte de signification des flux de recettes anticipées dans des véhicules incompréhensibles, surinvestissement dans le même domaine jusqu’à l’explosion, garantie d’Etat donné à des crédits de masse au remboursement trop clairement impossible  etc.

La  question du jour est de supprimer toutes ces causes de disfonctionnement.  Pas de se lancer dans des élucubrations et des expériences sectaires.

Dur d'être banquier !

"Ne dites pas à ma mère que je suis banquier elle me croit pianiste dans un b… ". Ce titre  célèbre pourrait resservir

D’abord il est important de ne pas perdre d’argent car sinon la direction est aussitôt virée et sans indemnités  et la banque nationalisée !

En gagnerait-on qu’il ne s’agit plus d’avoir des primes ni des intéressements.

Comment en gagner d’ailleurs vu le nombre d’activités qu’on suggère de supprimer.

-    Ne plus jouer sur compte propre (assimilé à un compte sale)
-    Ne plus faire d’opérations hors bilan
-    Abandonner l’ingénierie financière
-    Ne plus échanger quoi que ce soit avec les paradis fiscaux
-    Cesser toutes relations avec les Hedge Funds
-    Ne plus faire de prêts à risques
-    Ne plus toucher à l’argent des déposants
-    Ne plus  s’amuser avec les devises
-    Ne plus rien faire avec les assureurs (chacun son métier).

Remarquez, il y aura des économies : les banques n’auront plus à financer les agences de notations, une pratique « incestueuse ».

Toujours, dans les temps troublés on voit revenir au premier rang les contempteurs de toujours.

Revoilà la caricature de banquiers  sans scrupules présentés dans une vidéo qui fait beaucoup parler d’elle actuellement sur le net, comme des voleurs de toujours. 

voir : http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=1274

Ils pillent hypocritement dans le dos des braves gens ;  on essaie de les mettre au pas mais ils arrivent toujours à s’en sortir pour commettre à nouveau des détournements. Et ils pourrissent la vie politique en achetant les députés et les dirigeants.  Comme on est moderne on évite les caricatures à la Rastapopoulos  et on préfère le monsieur distingué façon  administrateur du FMI vu par les Tontons Flingueurs.  

Les vilains banquiers français  ont par exemple convaincu Giscard de leur laisser financer les déficits publics au lieu d’utiliser la planche à billets. Si la banque centrale finançait les déficits de l’Etat avec de la création monétaire on n’aurait plus d’intérêts à payer (car l’Etat n’a pas à se payer d’intérêt à lui même) ! Et on retrouverait aussitôt des ressources budgétaires immenses.  Imaginez ! Les intérêts représentent plus que le rendement de l’impôt sur le revenu.  En Gros Giscard a transféré le montant de l’impôt sur le revenu à ces salauds de banquiers en une petite ligne dans un règlement : « la banque centrale ne doit plus prêter au Trésor ». 

Sordide et cynique , non ?

Les prêts à intérêt de toute façon supposent qu’il y ait croissance  puisqu’il faut rembourser plus que le prêt initial : ils concourent à la destruction de la planète.  Les banquiers foutent en l’air l’écologie de notre bonne terre et Dieu sait qu’on n’en a qu’une seule !

Là arrive  opportunément un rappel de la condamnation générale de l’usure par toutes les religions du Livre. On ne savait pas les contempteurs du capitalisme bancaire si pieux, mais bon…

En revanche, le microcrédit c’est bien.  Il serait encore mieux s’il ne portait pas d’intérêt et qu’on ne le remboursait pas, mais tout de même !

Et si on supprimait la monnaie ? La monnaie c’est l’argent, c’est sale. 

Le troc dans des communautés de vie, ça ce serait chic. Voici le SEL, la sélitude  (la SEL attitude) et la Sélidarité : « Foin des spéculations, on vous demandera d’apporter ce que vous avez à offrir et vous recevrez  ce que chacun vous proposera. Vous verrez poindre une nouvelle forme de société où la seule exclusion sera celle de l’enrichissement monétaire pour tendre vers l’enrichissement de tous par les ressources de chacun ».

Celui qui ose dire que le  SEL a un grain n’a pas à fourrer son grain de sel dans le débat.  

Chantons ensemble : « Fra-Ter-Ni-Té » !  « Fra-Ter-Ni-Té » !  « Fra-Ter-Ni-Té » !

Le Français, né malin, donne toute sa mesure en période de crise générale.



Crise mondiale : ce que l’on sait ; ce qu’il faudrait faire.


En accidentologie, on sait qu’un drame est rarement le fruit d’une seule cause et que plusieurs facteurs se conjuguent pour faire céder les précautions qui entourent la plupart de nos comportements.  On trouve le plus souvent : un terrain favorable, une innovation qui trouble la routine de la normalité et une ou plusieurs imprudences simultanées  qui lient l’ensemble et provoquent la catastrophe.

La crise mondiale qui nous frappe relève du même type d’analyse.  La conjoncture est le fruit de conjonctions.  On peut dès maintenant en établir le tableau.

Le terrain était favorable à une crise économique. Pourquoi ? D’abord parce qu’on sait qu’une crise  à caractère de ralentissement ou de récession frappe l’économie mondiale tous les 8 à 10 ans.   On sait aussi que le dernier épisode de ce type a été particulièrement aigu au moins sur le plan boursier. En France le Cac a atteint près de 7000 points avant de redescendre à 2500, imitant la bourse américaine.  Les Etats-Unis ont été obligés après des lustres de déficits ahurissants d’aggraver encore la fuite en avant en inondant le monde de liquidités, en faisant descendre les taux d’intérêt extrêmement bas tout  en laissant plonger le dollar.  Des taux d’intérêt inférieurs à l’inflation, donc négatifs, ne peuvent guère être considérés comme normaux.  Un dollar dévalué de 97% par rapport à l’or en 30 ans, ne peut pas être vu comme une monnaie sans problème.

Une première question, macro économique est de savoir pourquoi  on a pu en arriver là.  Les théories genre « exubérance des marchés » sont évidemment un peu courtes.  C’est toute la question des changes flottants et des possibilités offertes aux Etats-Unis de laisser filer leurs déficits pendant des années.   L’observateur ne peut manquer de remarquer que cela fait trente ans que cela dure avec des crises financières de plus en plus graves. La question se pose de réformer cet environnement macro économique qui s’avère inégalitaire, instable et dangereux.

Y-a-t-il une innovation particulièrement importante dont la nouveauté aurait pu troubler les équilibres  et le jeu des précautions habituelles ? 

Oui : la banque assurance et les produits techniques sophistiqués. 

Une grande partie de la montée des hedge funds dans les années 1990 est liée à la mise en place de nouveaux liens entre organismes d’assurances et banquiers.   Ce sont les détenteurs des gros stocks d’actions qui peuvent les prêter et permettre de jouer sur les « futures », en un mot toutes les formes d’options et d’opérations à fort levier.  Les assureurs ont des actuaires, rompus aux mathématiques.  Dans le fourneau de la « banque assurance » des experts vont voir se dessiner des possibilités nouvelles d’abord expérimentées par les hedge funds puis repris dans la banque d’affaire.    Les experts de l’assurance sont passés maître dans l’art de modéliser à long terme les flux de trésorerie.   L’ingénierie financière prend son essor avec des produits largement incompréhensibles pour le commun des banquiers.  Mais ils sont tentants, car ils sont hors bilan, hors bourse et  hors de portée des régulateurs. Or justement les banquiers peuvent faire du chiffre car les taux d’intérêt sont bas ce qui stimulent opportunément les demandeurs.  Et les assureurs sont prêts à assurer les crédits  et les opérations un peu compliquées, qui leur font gagner beaucoup d’argent sans peser sur leur trésorerie.  Les agences de notation sont totalement dépassées par les technologies mises en œuvre et raisonnent à  la papa comme s’il s’agissait de crédits classiques.

Quelles auront été les imprudences ?  

Le marché immobilier des particuliers  stagnant depuis la crise de 1974, malgré un net rebond  à la fin des années 80, est reparti à la hausse selon son rythme propre. C’est vrai partout dans le monde.  Aux Etats-Unis l’administration Clinton commet une première imprudence : elle fait passer une législation « politiquement correcte » imposant les crédits aux minorités tout en donnant une garantie aux deux instances de régulation du marché des hypothèques, Fanny Mae et Freddy Mac.  La baisse des taux d’intérêt aidant  un énorme marché des prêts immobiliers à primes de risque se met en place.  Une seconde imprudence provient des acteurs de la « banque-assurance » qui plongent dans la fabrication de produits dérivés de ces crédits avec la garantie apparente de la technicité et de l’énormité des réserves des assurances, plus celle de l’Etat américain.

A partir de 2002 le marché s’emballe.  Les produits complexes font le tour de la terre, générant de gras courtages et finissant dans le bas de laine d’épargnants incapables de savoir ce  que les gérants de portefeuille peuvent bien mettre dans leur compte.   Au lieu de s’inquiéter sur la montée des encours en produits complexes,  la complaisance domine et on s'extasie. Lehman Brothers, en pointe sur la confection et la distribution de ces produits est primée pour son audace, sa technicité et ses résultats brillants.  Les ambitieux se lancent un peu partout dans la danse, y compris des européens comme le suisse UBS ou le français Crédit Agricole.  L’inconscience est générale, l’imprudence devient universelle. La valeur  de l’en cours global  des CDS et des CDO  croît à partir de 2002 de plus de 100% par an, grégarisme bancaire oblige !

Jusqu’à ce que le cycle reprenne ses droits et que le retournement global de la conjoncture s’annonce.  On commence à s’aviser que certaines positions sont très aventurées. Le marché immobilier américain tousse puis se retourne. Pour la première fois les prix baissent.  Les flux de trésorerie à la base de toutes  les titrisations s’inversent. Les marchés interbancaires de gré à gré sur ces produits se bloquent en juillet 2007. La comptabilisation devient impossible.  Des pertes apparaissent dans des bilans qu’on croyait vierge de tout problème. Les attaques de banques commencent, et les assureurs sont pris d’assaut. Ils ont donné leur garantie.  Le château de cartes s’effondre et avec lui les bourses mondiales.  La crise de confiance finit par bloquer partout le système bancaire  et  comprime l’économie dite « réelle ».


Nous en sommes là.

Il y a bien eu conjonction d’un terrain dangereux, d’innovations incontrôlées et d’imprudences caractérisées. 

La sagesse serait d’agir pour l’avenir sur ces trois aspects.

Il faut évidemment revoir un système qui permet aux Etats-Unis d’alimenter par ses déficits des crises financières de plus en plus graves. C’est la question des changes flottants et de la régulation des politiques des Etats par un système égalitaire sans superpuissance à privilèges et avec une organisation globale différente de celle qui existe.  C’est la question la moins débattue car à la fois la plus technique et la plus politique.  Les économistes sont taiseux et les Etats-Unis  ne lâcheront pas facilement leur statut d’hyper puissance. 

Il faut maîtriser l’innovation financière, c’est à dire contrôler mondialement la création et la diffusion des produits dérivés et structurés.  Vers ce monde compliqué il faut voguer avec  des idées simples : rentrer les « futures » partiellement dans le bilan et faire en sorte qu’un créateur de produits dangereux en conserve une bonne partie comme gage de sa validité.  Mais la magnitude de complexité doit être aussi réduite. On retrouve nos changes flottants qui imposent, pour que la diffusion mondiale de ces produits soit possible, des hedgings sophistiqués et eux même complexes, rendant le tout parfaitement  non maîtrisable.  Et la combinaison de produits complexes dans des produits complexes ad infinitum doit certainement faire l’objet d’un traitement prudentiel un peu plus sévère. A l’échelon mondial.

Quant à l’imprudence, on touche à la condition humaine.  On pourra toujours  règlementer la rémunération des « traders »,   on ne changera rien durablement. Les politiques feront toujours du « politiquement correct » et prendront des mesures démagogiques et potentiellement dangereuses,  les banquiers seront toujours des moutons,  les ambitieux enfourcheront toujours le dernier dada à la mode, les épargnants chercheront toujours à « battre la moyenne du marché ».  Il  faudrait surtout mettre en place des procédures d’alerte quand un marché dérape de façon trop « exubérante ». Mais il faut que cela soit une fois encore une organisation mondiale qui parle et qu'elle puisse le faire sans la pression d'un bailleur principal  !  

Le FMI, seule institution de surveillance existante a totalement failli à sa mission.  Impuissante vis-à-vis des Etats-Unis son  principal  bailleur qui dispose en outre, seul,  d’un droit de veto, elle n’a rien compris à ce qui se passait  dans la sphère des innovations de la banque assurance, contrairement à la Banque des Règlements internationaux qui, elle, a bien vu la bulle des produits dérivés et structurés. Elle est de plus présidée par un président sans crédit et sans réelles compétences : erreur d'un choix politique pour une institution déboussolée depuis longtemps, sans importance pratique et dont la présidence est vue comme une sinécure pour satrape en attente de poste encore plus honorifique. 

Les Etats-Unis sont évidemment au cœur de la tourmente.  Ils sont actuellement sans pilote et avant que le nouvel élu soit réellement en place  il se passera encore quelques mois. Rien dans les propos actuels des candidats ne laissent penser qu’ils veulent le moins du monde revenir sur leurs privilèges et leur rôle de leader de l’occident et de maîtres du monde.  L’ennui c’est que les changes flottants, c’est eux ; les déséquilibres pesant sur le monde entier, c’est encore eux ; les innovations financières dangereuses, c’est toujours  eux ;  le blocage de toute régulation financière et comptable universelle, c’est aussi eux ; les banquiers qui ont créé le marasme général, ce sont les leurs ; les plus lents à réagir, c’est encore, toujours, aussi,  eux.  Autant dire qu’ils ne céderont rien facilement et que les autres iront à la discussion en marchant sur des œufs.

On ne s’accordera que sur les points les plus faciles : les normes comptables, les agences de notations,  la régulation internationale  de la banque assurance, peut être le système de rémunérations des banquiers et un petit peu les « hedge-funds ».  Mais on peut craindre qu’on n’aille pas plus loin. 

Si on aime les analogies routières : on mettra des air-bags, quelques gendarmes  et on fera souffler les conducteurs dans le ballon. Mais on ne touchera pas à la route défoncée et dangereuse.

C'est trop peu et trop tard.

On est déjà passé du ralentissement à la récession. Tout est  en place pour qu’on passe à la récession sévère  puis à la dépression.

 Sauf miracle...
…politique !  

Didier Dufau, pour le Cercle des économistes e-toile.

Nationaliser ou étayer le capital des banques ?

Un de nos lecteurs nous pose cette question : pourquoi préférez-vous une nationalisation  totale plutôt qu’une entrée dans le capital des banques fragilisées par la crise ?  C’est une bonne question.
Rappelons que nous proposons une nationalisation totale bien que temporaire  des banques qui seraient en difficulté, sans indemnisation immédiate des actionnaires de la banque. La régularisation se ferait après liquidation des actifs pourris,  un ou deux ans plus tard. 
Première raison : la valeur résiduelle des banques en difficulté est impossible à calculer. Ajouter de l’argent d’Etat sur du sable mouvant n’est pas de bonne politique.
Seconde raison : les stocks options sur les actions de la banque tombent d’elles-mêmes.
Troisième raison : le client croit plus à la garantie d’une banque d’Etat que d’une banque avec des capitaux d’Etat. C’est l’affaire du peso argentin qui valait le dollar mais on s’est vite aperçu qu’il n’était pas le dollar. Le « canada dry » c’est bien pour la boisson mais pas pour la banque malade.
Quatrième raison : il n’est plus nécessaire de garantir les opérations interbancaires du groupe des banques nationalisées. Elles le sont d’office.
Cinquième raison : l’état actionnaire peut pooler les actifs à risque et en faire la compensation interne au sous ensemble des ses banques et présenter une seule tête dans les négociations avec les tiers et les pays étrangers.
Sixième raison : ce sont d’abord les actionnaires des banques qui trinquent ce qui des plus moral.
Septième raison : s’il faut cantonner des actifs pourris c’est plus facile à faire avec un groupe de banques nationalisées qu’avec des banques privées indépendantes.
Huitième raison : l’Etat aura une bien meilleure vision des comportements à risque passés et des remèdes ou changements de cap à apporter.  Les dirigeants actuels des banques ont la bouche scellée sur pratiquement tout.
Neuvième raison : le capital des banques concernées cesse d’être sous la pression de la spéculation.
Dixième raison : s’il doit y avoir un jeu de Monopoly pour restructurer le secteur bancaire, c’est beaucoup plus facile  quand on le possède en entier.
D’accord la solution est rude mais elle  doit être transitoire. Les demi-mesures sont rarement durablement bénéfiques.

Il n'y a pas de miracle !

Le plan européen a obtenu le meilleur accueil de tout le monde et c'est tant mieux. Mais ceux qui remarquent que ce plan est  magique en ce sens qu'il ne fait mal à personne en faisant du bien à tous, et qu'il n'était  pas trop difficile à assumer politiquement, ceux là ont raison.

La douleur viendra après  lorsqu'on s'apercevra qu'il faut bien ques les pertes soient subies par quelqu'un ou lorsqu'on verra que les causes inititiales de la crise sont toujours là et continuent à mordre sur la confiance. 

Nous persistons au Cercle des économistes e-toile à penser qu'il fallait refroidir la spéculation en verrouillant les cours des principales monnaies entre elles, évitant au passage que tous les produits dérivés et structurés ne dégringolent, et acter les pertes des banques en nationalisant les principales banques sans paiement immédiat, l'indemnité ultérieure de nationalisation étant déterminée plus tard lorsque le dénouement des différentes opérations complexes ou purement spéculatives auront craché leur venin (on en a jusqu'à l'été 2009 !).

On aurait à la fois stoppé les dérives immédiatement et fait assumer aussitôt par les banquiers les pertes dont ils sont responsables. 

Gordon Brown a choisi la voie de la nationalisation plutôt que du complément de capital. Il a eu raison car c'est la solution la plus solide et qui implique toutes les autres (garanties des opérations interbancaires, garantie des dépôts etc.). 

Personne n'a pensé à toucher au système de change, l'idée dominante est que des swaps entre banques centrales permettront d'assurer la liquidité en devise.  Ce n'est jamais très facile d'être seul sur son rochet à s'égosiller à dénoncer les méfaits permanents et systèmatiques des changes flottants et leur responsabilité écrasante dans les bulles successives qui ne sont soignées qu'en en provoquant un peu plus tard de plus grosses.

Bulle infernale de 1974, crise des prêts aux Etats faibles, crise des junks bonds, monumentale crise générale de 91-93, explosion de 1998, déséquilibres ahurissants de 2000, blocage bancaire de 2008, est-ce que la leçon de chose est si difficile à comprendre ? Depuis le passage aux changes flottants après les accords de la Jamaïque chaque crise est plus importante et les solutions apportées générent la crise d'après en pire.

Les inondations monétaires actuelles couplées aux changes flottants ne peuvent que provoquer à nouveau les pires ennuis.Cette fois-ci ce sont des Etats entiers qui sont en première ligne car leur monnaie menace de ne plus rien valoir du tout.Et le libre échange.

Notons au passage que la suppression des règles comptables  de valorisation  des actifs au cours du jour ne fera que cacher la misère sous le tapis en reportant à plus tard le constat des pertes. Cela favorisera la méfiance des banques malgré toutes les garanties données par les Etats et toutes les bonnes idées sur l'amélioration des méthodes des agences de notation. Quand à la moralisation des rémunérations ce type de mesures politiciennes n'aura évidemment aucune importance. 

Rappelons que tous les produits dérivés ou structurés ont à peu près le même profil : ils sont ancrés sur des hypothèses de variation de valeur d'indices finalement assez étroite. Dès qu'on sort des limites c'est le krach et les pertes systèmiques avec explosions en chaîne, surtout avec des produits structurés contenant d'autres produits structurés ou dérivés. 

L'unification, même à titre provisoire, des taux de change et des taux d'intérêt  principaux aspects surlesquels des "hedging" sont faits, éviterait que l'on sorte de l'épure théorique des contrats et permettrait une sortie progressive des engagements sans trop de drames annexes. Seules les erreurs sur les risques des sous jacents auront un impact sur le dénouement. Il y aura des pertes mais pas de pertes "dérivées".

Actuellement les hedge funds sont soumis à des demandes considérables de sortie des investisseurs. Ils sont protégés par le terme des dépots.  Tout va se dénouer dans les deux mois. Certains ont déjà des pertes magistrales. Mais si le chaos revient dans les deux mois la majorité d'entre eux feront faillite entraînant une nouvelle crise systèmique qui cette fois là ne sera pas jugulable par des garanties politiques.

On prend trop de risques en ne nationalisant pas les banques  et ne stabilisant pas les changes.

Espérons que nous nous trompons !

Didier Dufau pour le Cercle des économistes

Un curieux dialogue

La scène se passe à l'excellent émission "c'est dans l'air". 

On cherche à comprendre ce qui va changer maintenant que la spirale baissière de peur panique est enrayée à la bourse.  C'est qu'on a compris ce qui s'est passé et qu'on sait ce qu'il faut faire ! L'ennemi numéro 1 : les produits dérivés et les produits structurés.  Pendant près de 20 minutes les économistes présents tournent autour de la chose et de ce qu'il faut faire. 

Tous sont d'accord il faut les ré-gu-ler. Pas les supprimer puisqu'ils sont indispensables et d'une formidable modernité, mais les réguler et faire en sorte que les régulateurs rattrapent leur retard technique car jusqu'ici ils ne comprenaient rien.

Mais pouquoi diable sont-ils indispensables ? Parcequ'ils sont une assurance dans un monde de change qui varient beaucoup.  Air France ne pourrait pas survivre sans produits dérivés dit l'un des interlocuteurs. Ni Airbus ni aucune des grandes sociétés du CAC.Tous en conviennent.

Mais personne absolument personne ne remettra en cause le flottement des monnaies qui est justement  à la source de tous les besoins de produits complexes.

Il ya là une myopie extraordinaire.  Comme si un pompier disait : il ne faut pas éteindre le feu qui nous asphyxie mais coller un masque qui collera mieux au visage parceque le masque actuel  conçu par des techniciens géniaux est impossible à fixer facilement au visage et contribue à la mort du pompier.  

Tout le monde comprend bien que l'échange de produits financiers complexes à travers le monde est la cause du blocage des banques ; tout le monde comprend que les variations monétaires sont à la source des besoins de modèles mathématiques complexes. Mais personne ne songe à supprimer une magnitude de complexité en supprimant la variabilité constante des marchés de devises.

Les changes variables ont transformé le monde en espace de spéculation permanente soit dans un but de protection soit dans un but de gain rapide. Ce système a explosé. Et l'on dit : ne touchons riens aux changes flottants et "régulons" les produits construits pour vivre avec cette réalité.  Sur la nature de cette nouvelle "régulation", évidemment pas un mot.

On nous annonce "une refonte du capitalisme" à base de moralité retrouvée, de bonnes règles comptables, d'agences de notation enfin clairvoyante, de renoncement à 'esprit de lucre, etc.  Il semble que M. Sarkozy aille faire cette refondation avec les américains et de G7 élargi à tout le monde dans peu de temps.

Parions que personne n'osera aborder la question des changes flottants, des monnaies fondantes, des déficits abyssaux de certains pays majeurs, du "benign neglect" monétaire américain. 

D'une certaine façon c'est le danger du soulagement ressenti devant le redressement des marchés boursiers : il ne sera plus nécessaire d'aller au fond des choses.

Cela n'augure rien de bon.

Pas de solutions durables pour l'économie mondiale sans revenir sur les changes flottants !

 

 

Réserver les stock-options aux « start- up » !

A l’époque où le Cercle des Economistes E-toile poursuivait une politique de participation publique dans des forums, notamment celui du Monde.fr,  beaucoup de nos interlocuteurs  favorables avaient été profondément choqués de nous voir condamner fortement l’extension des stock-options et proposer une réglementation restrictive.   A l’époque, en 1999, il y avait une sorte d’unanimité gauche-droite en faveur de cette pratique.  MM. Jospin et Allègre avait fait passer une loi favorisant les stocks options. La droite n’avait pas critiqué. Nous avions protesté, soulignant que cette unanimité ne résisterait pas et que cette affaire prendrait tôt ou tard la tournure d’un scandale.  Bien que nos raisons soient plus évidentes aujourd’hui qu’à l’époque, il convient de rappeler ce que nous contestons fortement dans la mécanique des stock-options (SO).
Depuis l’instauration des changes flottants, on a assisté à une inondation permanente de monnaie qui a d’abord provoqué la stagflation puis, après  l’ouverture à  la Chine et à  l’Inde qui bloquait les salaires en Occident, à la montée continue et bourgeonnante des actifs, notamment boursiers.  Couplée avec l’ouverture de la bourse aux fonds de pensions, cette hausse continue des actions, aux crises périodiques près,  et ce freinage des salaires, a provoqué la ruée vers les SO.
D’abord les fonds de pension voulaient que les dirigeants aient une vision boursière plus dynamique. Ils avaient raison. Pendant des années l’indifférence des directions d’entreprise vis-à-vis de leur cours de bourse avait été proverbiale.  On se souvient qu’Unilever, une des plus grandes entreprises européennes du moment,  maintenait jusque dans les années 70 une rentabilité globale inférieure à 2% !  Les fonds de pension  firent valoir leurs exigences : un cours de bourse constamment en hausse avec une rentabilité de 20 à 30%. Il y eût une sorte de choc culturel.  Pour faire passer le message, ils adoucirent le « deal » en promettant des rémunérations adjacentes au salaire et directement liées au cours de bourse : les stock-options.  Pourquoi  ce système plutôt qu’une bonne prime en cas de réalisation d’objectifs boursiers ?  Pour des raisons purement fiscales et comptables.  Les options étant considérés comme des engagements hors bilan, n’entraient pas dans les comptabilités.  Leur exercice étant assimilé à une plus value sur titre,  la fiscalité était largement celle des plus values.  Beaucoup de pays ne taxant pas les plus values, on pouvait arriver à une taxation nulle. Surtout les charges sociales n’étaient pas assises sur les plus values.   Des sommes gigantesques pouvaient être accordées sans que cela touche le compte d’exploitation  pour le donateur  et souvent quasiment hors impôt pour le bénéficiaire.
La mondialisation et l’ouverture totale des marchés financiers imposaient des contraintes et offraient de nouvelles opportunités. Il fallait devenir un acteur « global », si possible leader sur ces marchés. Cela imposait de disposer d’énormes quantités de capital. Le titre pouvait être déprécié fortement en quelques minutes si   « le marché » perdait confiance dans les dirigeants et l’avenir d’une entreprise.
On ne parla bientôt plus de croissance, de dynamisme, de bonne gestion,  mais de « création de valeur pour l’actionnaire » qui devient le mantra de toute la presse et de tout le petit monde de l’entreprise.
 On connaît le résultat : toutes les grandes entreprises mirent en place un plan d’intéressement des cadres dirigeants (et parfois du seul groupe des très hauts dirigeants)  par SO.  La rémunération des PDG prit l’ascenseur pendant que celle des salariés prenait l’escalier.  Au point qu’en 20 ans, l’écart entre salaire moyen et rémunération moyenne des dirigeants passa  de 10 fois à plus de 300 fois.  Partout éclata le scandale de rémunérations délirantes des dirigeants alors que leurs entreprises finalement décrochaient en bourse. Jusqu’à ce que l’effondrement général des bourses laissant comprendre que ce système délirant avait trouvé ses limites.
Aujourd’hui les SO sont enfin sur la sellette.  Pour beaucoup, elles sont assimilées au vol pur et simple. Leur pratique est trop liée aux déviances qui ont marqué l’explosion du système financier pour qu’un changement profond de législation ne soit pas indispensable.
Le nœud de l’affaire c’est que la valeur de l’action en bourse est très rarement liée  aux performances  de la direction.  La bourse est cyclique et son niveau dépends de considérations financières plus macro économiques que micro économiques.  En cas d’inondations monétaires, les bourses montent automatiquement.   Les emballements boursiers sont en général indifférenciés : toutes les valeurs montent. Lors de la folie spéculative de 1999-2000 une double spéculation sur la hausse du dollar (permis par les changes flottants) et sur les bourses américaines les plus risquées (ce qu’on a appelé improprement la bulle Internet), les hausses sont prodigieuses sans que la performance  des dirigeants en soit la cause.  Les stocks options permettent de capter l’épargne publique à des niveaux inouïs.  On vit donc des patrons dont les salaires restaient souvent dans des limites acceptables se gaver  de gains en capital  gigantesques : 5 millions  puis 10 puis 40 millions d’euros en France ; dix fois plus aux Etats-Unis.   Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limite.
Mille affaires prouvèrent bientôt l’arbitraire du système.  Tel vendait sa société parce qu’il y avait un  gain personnel en capital énorme associé à l’opération  (vente de Elf à Total par Jaffré, alors que Total était beaucoup plus petit que Elf) ; tel autre exerçait ses options la veille de l’effondrement des cours suite à leur incapacité à gérer correctement leur production (Forgeard et toute la haute direction d’EADS)   ; tel autre le faisait alors même que ses erreurs avaient fait chuter lourdement le titre en bourse (Bouton, le PDG de la Société Générale après avoir présidé à l’achat à pertes de CDO gagés sur les subprimes et au développement spéculatif excessif qui a abouti à l’affaire dite Kerviel).
Au total les stocks-options ont accéléré la crise systémique que nous vivons tout en perdant de réputation un capitalisme  devenu inique.   Un beau résultat… que nous avions annoncé il y a quasiment dix ans !
Le mécanisme des stocks options est légitime dans un cas et un seul : les « start-up ».  Pour séduire des cadres compétents alors qu’il leur est impossible de verser de gros salaires, les entreprises naissantes doivent pouvoir les rémunérer sur les perspectives d’avenir.  Que l’introduction en bourse d’un petite entreprise permette à ceux qui ont été à l’origine de son succès des gains en capital importants, rien de choquant, même si les sommes sont astronomiques.   Cela correspond à plusieurs  avantages sociaux importants : la création d’entreprises et le dynamisme entrepreneurial, l’augmentation de la concurrence et l’attaque des rentes des sociétés installées, la rémunération du risque. 
La législation doit donc purement et simplement interdire les SO hors du cadre des start-up.  La rémunération des dirigeants doit se faire sur les flux de bénéfices et non sur l’augmentation de la valeur des titres. C’est une affaire de compte d’exploitation et non de haut de bilans. Si des cadeaux en titres doivent être faits, ils doivent l’être  à la valeur du jour et être taxés comme les primes.  
Le risque ? Des délocalisations de sièges sociaux, les dirigeants se déplaçant vers les lieux où les SO seraient possibles ! Il est facile à conjurer.  Pour l’Europe, la législation doit être évidemment commune avec interdiction de la possession  et le négoce de titres d’entreprises pratiquant de telles rémunérations où que ce soit dans le monde,  et blocage aux frontières de leurs produits. 

On verra alors que les SO entreront au musée de la folie des hommes et que personne n’exigera jamais qu’on les en sorte.

Cercle des économistes e-toile

Pendant la crise la spéculation sur les changes continue

Les changes flottants sont synomymes de spéculations et complexités.  Toute transaction internationale ayant une dimension monétaire, il faut à chaque fois :

- apprécier les risques et opportunités sur l'objet visé par la spéculation

- apprécier les risques et les opportunités de change. 

Vous empruntez dans une monnaie dont le taux vous parait sympa et  vous voulez vous placer sur un marché quelque part dans le monde dont l'évolution vous parait prometteuse. La liberté intégrale des changes vous le permet.  Mais cet arbitrage de taux a un petit risque sous-jacent : la variation des changes.  Une opération rare ? Demandez à ceux qui empruntaient à quasiment zéro % en yen au Japon en donnant des dollars en caution  pour investir  en bath à la bourse de Thailande en 1977 ! On appellait cela le "pump priming". C'était amusant ; on gagnait beaucoup ; cela ne rimait à rien économiquement et quand le dollar a commencé à monter les emprunteurs thaîlandais en dollar n'ont plus pu rembourser, la bourse a dévissé et tout le chateau de cartes s'est écroulé.

Le dollar, le yen, le bath, toutes ses monnaies et au delà toutes celles qui conditionnent la valeur dui dollar, étaient indispensables à la bonne exécution de la spéculation.  On voit la complexité. Alors on se couvre. Et l'ingénierie financière se met en place. Mais ses conditions de validité sont étroites. Tout choc, toute panique met l'affaire cul par dessus tête et l'ensemble des opérations financières se bloquent.

On ne peut donc jamais s'arrêter de spéculer sur les marchés des changes. La spéculation  a continué de plus belle après l'accident de juillet 2007 qui marquait pourtant l'arrêt du fonctionnement régulier des crédits interbancaires et le début de la crise systèmique.On se rappelle la formidable spéculation sur le Real brésilien qui l'avait propulsé à des hauteurs statosphériques. Tout cela se dégonfle actuellement avec des variations considérables.

On parlait des dévaluations compétitives désastreuses des années trente. Il y en a aujourd'hui tous les jours. Elles ne sont pas le fait des gouvenrements. Mais qu'est ce que cela change ?  Le risque que les variations de changes excessives entraînent des réactions de fermeture et de blocage est toujours présent. Beaucoup de pays vont voir leur monnaie fondre tellement bas que cela inacceptable pour elles.  On le verra lorsque les Hedge Funds seront obligés de fermer beaucoup de leur fonds et de dénouer en catastrophes leurs opérations autour du 31.12.2008. Trop d'investisseur dans ces fonds veulent récupérer leurs mises. Notamment toutes les banques qui sont à court de capital.

Le système des changes flottants n'a aucun mécanisme intégré de retour à l'équilibre. Comme une passerelle en caoutchouc qui se met à osciller et à se tordre, elle renverse ceux qui l'utilisent.

Le jeu de quilles peut continuer avec non plus des banques mais des Etats en ligne de mire.

Le libre échange est menacé

V. Zeldenitz

Réfutation de l’article de M. Charles Wyplosz

M. Charles Wyplosz  est professeur d’économie dans un collège de Genève. Le Monde daté du 12 octobre 2008 lui ouvre ses colonnes pour fustiger toute idée d’abandon des changes flottants. Pour lui les troubles monétaires que nous vivons sont l’effet de chauffards, comme pour la voiture qui reste pourtant "un instrument trop pratique pour s’en passer. Ce qu’il faut est un bon code de la route. Et il va falloir muscler la supervision".

Et c’est tout.


Sur la nature de la crise, sur la nature des comportements fautifs, sur la nature des supervisions à mettre en oeuvre, sur l’organisation de la police globale du système,  sur la manière de sortir de l’abime actuel, rien ! Pas un petit peu. Absolument rien sinon une invocation à la science : « La modernité, c’est plus d’instruments complexes ». 

Polytechnique va être rassurée.


Les changes flottants ainsi opportunément assimilés à la « modernité », l’auteur fustige l’idée d’un retour aux changes fixes. « Pour cela, il faudrait que tous les pays abandonnent leur souveraineté en matière de politique monétaire ». 

Les changes étant un point de jonction des économies nationales, toute régulation internationale est par nature un abandon de souveraineté stricte  sur presque  tous les aspects de la politique économique.  L’auteur le reconnaît lui-même puisqu’il demande plus de règles et un superviseur.  Ces règles et cet arbitre remettront en cause le libre arbitre national.  La contradiction est insurmontable.


Reste à invoquer la formule magique : «  le principe de la trinité impossible mille fois vérifié », selon laquelle « on ne peut pas avoir en même temps une politique monétaire autonome, un taux de change fixe et une liberté des mouvements de capitaux ».


C’est, à l’évidence, un faux problème : dès qu’il y a règles communes et une supervision, la politique monétaire ne peut plus être totalement  autonome et les mouvements de capitaux sont nécessairement contraints dans des canaux plus ou moins stricts. 


M. Wyplosz voit-il  actuellement des capitaux circulant librement ? Ils sont figés dans les glaces et perdent de la valeur tous les jours.


M. Wyplosz voit-il  actuellement des politiques monétaires autonomes ? C’est partout la panique autonome.


Les changes flottants ont littéralement implosé. La place de Genève et ses banquiers ont certainement beaucoup bénéficié  des contraintes de ce système pour le commerce,  qui impose l’intermédiation des banques pour se protéger autant que se peut des risques de changes, et des déséquilibres énormes qu’il permet , une partie des surplus rejoignant ses caisses.  Mais de là à critiquer toute solution future en arguant de la possibilité de troubles que le système actuel provoque à une échelle incontrôlable, c’est un peu trop.


Il y a le feu au lac, M. Wyplosz !  Et on ne combattra pas en se laissant embrumer par le vin de Villette !

Faut-il interdire les « parachutes dorés » ?

Comment recruter un nouveau dirigeant d’entreprise lorsque la promotion interne n’est pas souhaitable ? En demandant à un chasseur de têt e de trouver l’oiseau rare. Il est rarement au chômage. Il faut le séduire.  En quittant la place qu’il occupe et où il réussit (sinon on ne viendrait pas le solliciter) il perd parfois beaucoup (en  terme d’ancienneté s’il avait un contrat de travail, ou  un plan spécial de retraite, ou des prêts à taux avantageux, ou nombres d’autres avantages para salariaux). Et il prend le risque que cela ne marche pas.
Le niveau de salaire est une chose.  Mais le plus souvent on ne provoquera la venue du candidat souhaité que si on a indemnisé immédiatement les avantages qu’il perd et si on a garanti qu’en cas de départ  non volontaire, une indemnité solide sera  versée, car alors la reconversion risque d’être difficile.  L’habitude s’est prise d’appeler Golden Hello et Golden Parachute ces deux indemnités.
Ces pratiques sont aujourd’hui montrées du doigt au plus haut niveau et  certains pensent à les interdire.  Doit-on interdire la compensation  d’une perte d’avantages acquis pour recruter un cadre supérieur ?  Ce serait amusant dans un pays où les avantages acquis des salariés sont sacralisés !  Si on le fait pourquoi le candidat ferait-il, lui,  le saut vers une nouvelle aventure ? On bloque simplement le marché du recrutement des cadres dirigeants.  Doit-on légiférer pour imposer  qu’un cadre attiré dans une nouvelle entreprise et  jeté presqu’aussitôt  le soit sans indemnité ? C’est amusant là aussi dans un pays qui rêve de flexi-sécurité.  On bloque un peu plus le marché du recrutement de cadres dirigeants.  Le golden parachute compense un risque de carrière très important. Il n’est pas sans contrepartie et  son principe n’est pas arbitraire.  
Bien sûr, il y des abus. Le golden parachute ne doit pas se déployer au-delà de  deux années d’exercice des fonctions  en question.  Il ne doit pas se déclencher du fait d’une décision du bénéficiaire : démission ou vente de l’entreprise ou toute décision du même genre.  Il ne doit pas concerner les mouvements de postes à l’intérieur d’un groupe : le petit jeu qui consiste à faire le tourniquet dans les filiales et à chaque mutation de toucher une petite indemnité contractuelle est évidemment honteux.  Certains cas sont emblématiques des dérives possibles : un président fait venir un de ses amis auprès de lui, en lui garantissant  un golden parachute si lui-même vient à partir.  Il vend l’entreprise.  La nouvelle recrue démissionne et demande son golden parachute puisque le patron a changé.   C’est évidemment un enrichissement sans cause même si ce n’est pas une pure magouille.  
On voit que les indemnités de recrutement et de départ anticipé pour un cadre dirigeant révocable ad nutum ne sont pas en soi critiquables. Elles doivent être connues du conseil d’administration préalablement à leur prise d’effet et  pour l’indemnité d’éviction précoce, disparaître après deux ans de fonction. Toutes les clauses d’auto déclenchement par la personne concernée doivent  être  décrétées comme nulles.
On voit que la législation n’est pas difficile à mettre au point et à  contrôler juridiquement.  Dans la pratique on peut estimer que  d’ores et déjà les pratiques contractuelles appliquent ces règles pour la quasi-totalité des clauses en cours. Législation ou auto régulation par le Medef ne changeront pas grand-chose.  
Se focaliser sur les parachutes dorés relève plus de la démagogie politicienne que de la régulation intelligente de l’économie.  Il n’en va pas de même des stock-options qui posent un réel et grave problème économique, social et politique, autant que moral.

A suivre…

Sylvain Dieudonné,

pour le Cercle des Economistes E-toile.

Maurice Allais : prophète de malheur ou Nobel de l’économie à redécouvrir ?

Le français Maurice Allais est notre seul prix Nobel d’économie. 

Pendant des années il a bataillé contre le système de crédit  et de change qui prévaut encore aujourd’hui dans le Monde. 

A plusieurs reprises il a voulu démontrer qu’une crise de 1929 était imminente. Il l’a fait en 1987 puis en 1997. La fameuse crise ne s’est pas déclenchée à ce moment là mais elle vient de le faire en cette année 2008.  

L’intérêt revient vers les thèses de Maurice Allais qui est désormais très âgé et ne s’exprime plus en débat public, après avoir été traité par la presse comme, disons, un original frôlant le sectaire.

Lors de la parution de son dernier livre, le Monde publiera en particulier un article méprisant contre lequel  je me suis opposé sur le forum du Monde.fr.

Le problème avec les thèses de Maurice Allais c’est qu’elles remettent à ce point en cause les pratiques existantes qu’elles sont inassimilables par la société des commentateurs.  

Résumons-les en quelques mots.

La monnaie devrait être pilotée par les autorités et non par les banques. 

La licence donnée aux banques de créer monnaie en transformant les dépôts en crédits et les crédits en monnaie crée une instabilité chronique qui est à la source de toutes les crises économiques récentes et notamment celle de 1929. Les banques créent de la monnaie non pas pour fournir l’économie mais pour spéculer.  Elles fabriquent des bulles qui sont tellement éloignées de l’économie réelle qu’elles finissent toujours par éclater.  La mondialisation des marchés  expliquent que les bulles soient de plus en plus grosses.  L’allocation des richesses est faussée. La mauvaise monnaie se mélange à la vraie épargne. 

Les changes flottants ajoutent à la confusion, car ils permettent des déficits de balance de paiement colossaux qui sont source de création de monnaie et d’ouverture de crédits  dans une spirale infernale.

L’inflation en allégeant la charge de remboursement de crédits pousse à la roue. Les politiques des gouvernements en cas de crise qui consistent toujours à rendre moins coûteux pour les faux monnayeurs le refinancement de leurs erreurs aggravent tout. 

Au bout d’un moment, tout l’édifice ne peut que s’effondrer. Cela s’est passé en 1929 et cela menace de se produire aujourd’hui à tout moment.

Les solutions proposées sont radicales. 

Les dépôts ne doivent pas être transformés en crédits par les banques.  Et voilà toute l’activité des banques de dépôts par terre !

Les déposants qui veulent investir doivent le faire dans des instruments ad hoc comportant le risque que l’on voudra. L’important c’est que les banques ne créent pas de monnaie, privilège des autorités monétaires et  que les prêts des banques soient toujours d’un terme inférieur à leurs ressources.  Des ressources à court terme ne doivent pas financer des  engagements à long terme. 

Afin que l’inflation ne crée pas de distorsions dans l’allocation des ressources, les intérêts doivent être indexés sur les prix et il faut évidemment des changes fixes pour ne pas introduire de ruptures désastreuses dans les anticipations.

Ce système est parfaitement cohérent et rigoureux. Seule l’épargne finance l’économie. L’épargne liquide est protégée. Le  revenu du prêteur est protégé de l’inflation. C’est lui qui choisit ses risques  en acceptant tel ou tel placement. L’allocation des ressources est optimisée. Elle va nécessairement aux besoins réels et la spéculation devient quasiment impossible.

Ce discours sera totalement rejeté. La raison en est simple : toute la banque est une industrie de la « transformation » qui permet aux bas de laine d’aller dans l’économie.

Certes des prêts longs sont financés par des dépôts courts, mais sauf panique, ces dépôts sont en fait une ressource longue.  Les tenants du système, c'est-à-dire le monde entier, considère que cet aspect n’est même plus à discuter sauf à retourner à l’âge des cavernes.

Le même raisonnement est fait pour les changes flottants : les attaques concertées contre une monnaie sont des opérations toujours gagnantes et le marché sait mieux que les Etats les cours à pratiquer.  C’est la théorie de Milton Friedman. 

Tous les économistes modernes ont une peur bleue de s’attaquer à Milton Friedman et  de passer pour un vieux schnock qui n’a rien compris.

En un mot Maurice Allais s’attaque à plusieurs piliers incontestés de la société moderne et dont la disparition est jugée quasi unanimement  comme  une aventure et probablement une voie vers la stagnation.   

La réaction commune est : d’accord les piliers en questions sont un peu mouvants et potentiellement dangereux mais les politiques prudentielles mises en œuvre par les banques elles mêmes et par les Etats suffisent à conjurer les risques les plus grands. Certes il y aura des crises bancaires, ou monétaires mais elles n’auront pas de conséquences graves à long terme.  Utiliser la voiture au lieu du vélo pour un voyage est plus dangereux mais on arrive en général tout de même plus vite. 

Et nous savons désormais éviter les crises de type 1929 !

On voit bien aujourd’hui que cette pensée commune est en difficulté.  Jamais les déficits américains n’ont été jugulés ouvrant la porte à des créations monétaires folles.  Faute d’autorités au dessus des Etats-Unis, l’impuissance est totale.  

Milton Friedman n’a jamais voulu voir que les changes flottants sont en faits déstabilisants et provoquent la chute globale du système monétaire.  En 35 ans les principales monnaies ont perdu 95% de leur valeur.  

La régulation des flots de crédits et de la création monétaire  est impossible en cas de formation de bulles.  Personne ne peut refroidir le gonflement des risques.  Quand on s’y risque la bulle est si grosse  qu’elle explose.  

On ne sait pas distinguer un prêt industriel et un prêt pour une spéculation. Dans tous les cas le prêt est fondé sur une espérance de gain plus ou moins fantaisiste.  

Les politiques prudentielles ne concernent pas jusqu’ici le hors bilan qui s’est développé de façon exponentielle et les hedge funds qui travaillent hors règles et hors impôts dans des paradis fiscaux.

Le grand défaut de Maurice Allais c’est évidemment de n’avoir jamais chiffré les conséquences des mesures qu’il propose en termes de croissance et de prospérité. 

Tout le monde a vu ce qui était démoli (et que tout le monde utilise). Personne n’a vu réellement ce qui était concrètement proposé.

Cet excellent esprit a alors été relégué dans une sorte de ghetto par la pensée « politiquement correcte » et cela d’autant plus qu’il s’est lancé dans une guerre contre le libre échange qui est un autre pilier du politiquement correct actuel.  

D’où l’article odieux du Monde significatif de la réaction decette pensée unique contre Maurice Allais, et sa conclusion ironique : « Nous sommes désormais avertis !».

Aujourd’hui le politiquement correct s’affole et dénonce « l’argent facile », « les banquiers irresponsables », « les traders fous », « les outils techniques trop sophistiqués », « le détournement de l’épargne vers la spéculation au lieu de l’industrie », « les lacunes des  agences de notation » etc. 

Mais personne ne s’insurge contre la généralisation du crédit à toutes les couches de population, même les plus économiquement faibles (le droit au crédit) et la montée de l’endettement global, contre la mobilisation des dépôts bancaires pour construire des pyramides de crédits et créer de la monnaie presque sans limite,  contre les changes flottants et les déséquilibres majeurs de la principale économie du monde. 

On ne veut pas toucher au tronc de notre arbre économique en croyant que seules les branches ont bourgeonné de façon excessive.  

Alors que la faiblesse est dans le tronc lui-même, sinon les déposants n’auraient pas si peur pour leur avoir.  

Que conclure ? Le Cercle des Economistes E-toile adhère à une grande partie du raisonnement de Maurice Allais.  Il faut en effet garder sous contrôle l’inflation, revenir sur les changes flottants et l’exception américaine, conserver la main sur la création monétaire.

Faut-il aller jusqu’à interdire toute  « transformation »  bancaire ? Nous ne le pensons pas.  

Les changes flottants et la crise mondiale actuelle : une question fondamentale !

Beaucoup ne comprennent pas le lien entre la crise actuelle et les changes flottants.  Ce petit memo est pour eux.
Jusqu’en 1971 nous avons vécu sous les règles des accords de Bretton-Woods : les changes étaient fixes et ajustables après négociation.  Le FMI observait les politiques des Etats pour éviter qu’ils ne créent trop de déséquilibres extérieurs.  En cas de crise il intervenait pour éviter que des politiques trop restrictives dans les pays en faute ne fassent tâche d’huile.  Ce système correspond à ce qu’on a appelé « les trente glorieuses », de 44 à 74.  
Les Etats-Unis avaient un rôle disproportionné : le dollar devenait la monnaie de référence ; les Etats-Unis seuls disposaient d’un droit de veto au FMI.  D’autres solutions avaient été abordées lors de la conférence comme la proposition de John Maynard Keynes d’un Bancor, monnaie non nationale de référence et, compte tenu des rapports de force de l’époque, abandonnées.
Le Dollar était défini par rapport à l’or. C’était un « Gold Exchange Standard», une monnaie de substitution de l’or mais « qui valait de l’or ».  Il était dangereux de donner à un seul pays la responsabilité de la monnaie mondiale, même si son économie était la première du monde (surtout en 44 après les pertes de la guerre en Europe et en Asie).  Mais la référence par rapport à un élément extérieur apportait des garanties.
L’ennui c’est  qu’à partir de 1958 les Etats-Unis ne souhaitent plus s’occuper de la valeur de leur monnaie. Les déficits s’accumulent aggravés par la guerre du Vietnam et la course à l’espace.  Cette création monétaire permanente entraîne une hausse de l’inflation  chez les partenaires principaux des Etats-Unis, notamment l’Allemagne.   Les Etats-Unis deviennent une source d’inflation monétaire gigantesque.  Les Allemands traumatisés par l’hyper inflation des années 20 cassent le protocole de Bretton Woods : ils ne veulent plus créer des DM en contrepartie des dollars en excédent.  Les demandes de remboursements en or s’organisent et Fort Knox commence à se vider.
Les Etats-Unis ne peuvent pas l’admettre. Ils cessent d’assurer la convertibilité du Dollar en or.  Techniquement  le système de Bretton Woods est mort. Le FMI ne sert plus à rien. Les monnaies se mettent de facto « à flotter ».
L’ennui des changes flottants, c’est qu’ils flottent.  Ils ne sont pas équilibrants mais déséquilibrants, un peu comme une passerelle en caoutchouc.  Les amplitudes sont très fortes.  L’avantage pour les Etats-Unis est qu’ils commercent dans leur propre monnaie. L’instabilité des changes ne les touchent pas en apparence directement : un dollar est toujours un dollar.  Ils laissent donc filer tous les déficits sans trop se préoccuper du reste du monde. On appellera cette politique : le Benign neglect.
Les inondations monétaires entrainent les inondations de crédits et des décalages de plus en plus forts entre les mouvements financiers et l’économie réelle avec de brusques retours à la réalité.  La crise de 1974 est très dure ; la plus dure depuis la guerre.  Le dollar ne vaut plus que 3.75 F au lieu des 5-6 habituels. Les pétroliers voient leurs recettes chuter. Ils réagissent violemment. Ce sera  la hausse massive des prix du pétrole avec ses conséquences.
Pour sortir de la crise de 74 les gouvernements ouvrent partout les vannes du crédit et inondent un peu plus la planète.  Ce sera la « stagflation » ! Jusqu’à ce que les  gouvernements autres que les Etats-Unis s’aperçoivent qu’en changes flottants les relances keynésiennes ne marchent pas.  Elles provoquent aussitôt le désordre sur le marché des changes et l’attaque des monnaies « faibles ».  Toutes les tentatives de  stabilisation des monnaies échouent. On se rappelle des difficultés de M. Giscard d’Estaing avec son « serpent monétaire ».  Les gouvernements ont perdu la main sur leur conjoncture.
Les changes flottants vont provoquer une série continue de crises monétaires : crises des crédits aux pays d’Afrique dans les années 70 ; pendant les années 80 : crise des junks bonds ; crises monétaires au Mexique  et dans divers autres pays émergents ; crise des programmes informatiques boursiers de 87 et 89 ; Puis : crise générale de 91-93 ; crise dite des pays émergents en 98 avec les faillites de Baring et plus tard Enron ; crise des NTIC au début des années 2000  et crise actuelle des subprimes.
Pendant trente ans le Dollar fait le yoyo avec des variations du simple au double de sa valeur contre les principales monnaies et perd 97% de sa valeur en or !
Inutile de chercher ailleurs la source de l’instabilité financière générale qui a pesé  sur la croissance des trente dernières années.
Certains diront : tout cela est un peu trop global et on ne voit pas le lien entre le système des changes flottants et la crise des « subprimes ».  C’est pourtant tout simple. Les gouvernements n’ont plus trop à se préoccuper de la valeur de leur monnaie : elle est décidée par les « marchés financiers ».  En Europe l’Euro est abandonné à la seule BCE.  Comment faire face à l’instabilité foncière du système ?
Par les instruments financiers de couverture, c'est-à-dire par des produits financiers complexes. L’énorme développement des techniques d’arbitrage provient de l’ouverture d’opportunités innombrables d’arbitrage.  Si quelque part un flux financier en monnaie x se traite  à un taux y et ailleurs un autre en monnaie z à un taux t, je peux faire un arbitrage facile si le taux de change des monnaies  est d’une proportion différente.  Les flux financiers d’arbitrages prennent donc une ampleur gigantesque et n’ont plus grand-chose à voir avec les biens échangés entre les pays.
Les banques sont les principales gagnantes dans ce jeu et interdiront qu’on  ne revienne jamais à des changes fixes qui tueraient ces mouvements radicalement.  D’autant que les commerçants doivent couvrir en permanence leurs opérations, une source de produits faciles et perpétuels.   
L’inconvénient est la montée de complexité.  Tous les marchés sont interconnectés : marchés monétaires, marchés d’actions, marché d’obligations, marchés de « futures » , marchés de « commodities »…  les techniques de produits dérivés permettent de tout mélanger.
L’épargnant qui cherche un placement sûr en trésorerie se voit proposé en Franc Suisse des parts de sicav contenant des produits dérivés provenant de partout.  Et notamment des CDO en dollars.  Plus personne ne sait ce que contiennent  les produits financiers et comment les liens s’effectuent entre touts les pays, toutes les monnaies, tous les marchés.  Le calcul du risque devient impossible.  Un flux de trésorerie  correspondant à des remboursements escomptés sur le marché des crédits hypothécaires à risques aux Etats-Unis  est adossé à une différence de cours de monnaies qui elle-même est adossée à  une différence de taux en extrême orient, qui elle-même est adossée  à une variation climatique (Enron vendait des produits dérivés assis sur la météo !).
On accuse la complexité des modèles mathématiques sans voir  qu’ils correspondent à la complexité d’une économie mondialisée en changes flottants.   L’organisme qui a fait en Corée un prêt en dollar à une collectivité locale n’a pas les dollars. L’emprunteur se dépêche d’ailleurs de se débarrasser des dollars s’il les voit jamais.  Et pendant 10 ou 20 ans il va falloir faire son affaire des taux de changes qui peuvent varier du simple au double !  Qui peut croire que cela soit simple ?
Les produits dérivés complexes ont été créés pour faire face à la complexité et ont eu l’inconvénient avec le temps, de la cacher. Mais le vrai problème est la complexité sous jacente.
Le cumul de déficits américains gigantesques permis par les changes flottants  et de la complexité des outils financiers imposés par les changes flottants  fait un cocktail détonnant.  A chaque crise depuis 1974 les solutions ont été d’aggraver un peu plus les inondations financières comme le drogué augmente ses doses. Jusqu’à ce la fuite devant les monnaies s’enclenche et entraîne une perte de confiance généralisée et la paralysie bancaire,  plus aucune banque n’étant très sûr de ses actifs.
Maurice Allais qui a été un des rares contempteurs (avec le cercle des Economistes e-toile) de ce système pervers a écrit : « ce qui doit arriver arrive ». La crise de type 29 qu’il entrevoyait ne s’est pas produite en 86 comme il l’a cru (suite à l’affaire mexicaine), ni en  98 (suite à la crise dite des pays émergents). Elle est là !
Sans doute comprendra-t-on un peu mieux pourquoi la crise actuelle ne peut se résoudre comme nous le clamons inlassablement  sans la disparition du système des changes flottants. Oui il faut un « Bretton Woods » mais pour redéfinir le système monétaire international sur une base beaucoup plus stable et  solide en abandonnant le flottement des monnaies, pas pour faire la causette.

Didier Dufau pour le Cercle des économistes e-toile.

Une crise de l’intelligence ?

La construction d’une camisole de force pour  financier fou et cupide est le projet politique du jour. Le mot « régulation » envahit les pages des journaux et autres blogs.  Jusqu’à ces derniers temps le terme n’avait qu’une acception maritime. On effectuait la régulation d’un compas,  opération qui consistait à annuler la déviation par une observation  directe du soleil.

On voit donc une multitude d’esprits politiques bien intentionnés scrutant avidement le soleil et s’en trouvant légèrement éblouis.  

Les commentaires vengeurs  les plus subtils commencent à fleurir un peu partout dont la caractéristique principale est d’être si loin des faits qu’ils en deviennent drôles.

« La pire des erreurs est d’avoir introduit des polytechniciens dans les salles de marché » fait dire à « un banquier parisien » le Figaro magazine du 4 octobre. Voilà la finance classée X.  En 1988 après un choc boursier sévère un autre banquier affirmait : « La pire des erreurs est d’avoir introduit des informaticiens  dans les salles de marché ». Le diable a toujours un aspect technique marqué,  les jours de crise.   Le même journal  cite la recommandation de George Soros : « Il ne faut pas que les autorités de contrôle autorisent les produits qu’ils ne comprennent pas ».   Mais qui assurera la formation sinon des mathématiciens sélectionnés et que faire si personne ne comprend ?

Jerôme Kerviel , le « trader » de la société générale n’était pourtant pas de la corporation des matheux, pas plus que le fameux Nick  Leeson qui avait tué Baring il y a peu, ni Michael Milken le génie des « obligations pourris » (junks bonds)  qui ont tué la banque Dexel  Burhnam Lambert, ni Jeffrey Skilling, le PDG d’Enron, ni pratiquement aucun des centaines de traders de Wall Street qui faisaient le commerce  massif de CDS et de CDO et des milliers de conseillers financiers qui les intégraient dans des portefeuilles d’épargnants.  Bien sûr il y a Merton, le prix Nobel derrière la faillite de LTCM. Mais c’était un faux Nobel, celui de l’économie…

Mettre en cause les savants   pour conjurer une crise est une attitude récurrente depuis quelques millénaires. Bruler des sorcières aussi.  

L’innovation est nécessaire et personne n’aura le pouvoir de l’arrêter.  Dans le domaine financier comme dans  n’importe quel autre.

Une autre recommandation « consensuelle » est de limiter les prises de risques excessives.  Qui sera le juge de l’excès ?  Prenons par exemple les opérations sur « options mono titre ». C’est un exercice extrêmement dangereux.  Elles étaient interdites aux Etats-Unis. Résultat : ce sont les marchés d’Afriques du Sud et de l’Inde qui se sont développés massivement.  En 2000 la législation prohibitive est supprimée aux Etats-Unis : les « hedge funds » utilisaient le bon argent américain pour investir ailleurs ! On a décidé de rapatrier cette activité aux Etats-Unis. Elle n’a d’ailleurs pas été en cause dans la crise actuelle.  Alors ?  Aucune prohibition ne fonctionne à l’échelon mondial.  On verra qu’on n’aboutira à rien de sérieux.  

Lors de la crise de 29, on a séparé les banques d’affaires et les banques de dépôts parce que les opérations spéculatives des financiers d’affaire  avaient provoqué une panique des déposants  et tout le monde s’était trouvé ruiné.  Toutes les législations nationales ont suivi.  Aujourd’hui les bons esprits affirment que les banques d’affaires qui ne sont pas liées à des dépôts sont plus vulnérables car ils doivent utiliser de l’argent cher.  Qui croire ?

Les agences de notation sont sur la sellette. Mais que propose-t-on ?  Qu’elles ne soient plus payées par les banques et qu’elles ne soient plus américaines !  Ce se serait donc au contribuable français de financer l’appréciation par de bons Dupont-Lajoie  nationaux (non polytechniciens) la valeur de CDS signés de par le monde ?  Cela vous rassure vraiment ?

Et il y a ces sacrés comptables (« un con derrière une table » disait André Citroën) ! Ils ne sont pas polytechniciens mais ils ne comprennent rien à la « vraie vie ».  Bâle 2, dit-on,  est une sottise qui force les banques à recapitaliser dès qu’il y a une perte potentielle mais inconnue sur un placement.   L’ennui c’est que les Etats-Unis  ne suivaient pas Bâle 2 ! Alors ?  Les règles prudentielles  sont toujours tournées quand nécessité fait loi.  Aucune banque ne peut survivre avec des taux d’intérêt à 1%.  Les règles prudentielles ne concernaient pas le hors bilan. Va pour les opérations hors bilan !

Les « Hedge funds » sont également en ligne de mire : cachés dans des paradis fiscaux, « ils se livrent à des opérations maléfiques hors de tout contrôle ».  L’ennui c’est qu’ils sont très marginalement concernés par l’effondrement du marché immobilier qui est une crise de la banque- assurance pas des Hedge Funds.  Si on analyse l’innovation des Hedge Funds, on s’aperçoit qu’il s’agit d’abord d’un progrès d’organisation. Les banques se sont aperçues que leurs services internes étaient incontrôlables.  Mieux valait laisser les meilleurs se lancer à leur compte et choisir dans l’offre mondiale  les produits les plus avantageux du moment. On répartissait mieux les risques et on n’était plus l’otage de services se comportant comme des Etats dans l’Etat.   Cette innovation a été mal maîtrisée comme toutes les innovations. L’affaire LTCM a servi de leçon.  Les HF sont  mis en concurrence. Les risques sont divisés en répartissant  les sommes placées entre une multitude de HF. On se couvre avec de fonds de fonds qui évite l’exposition à un fonds unique.  Bref, les HF ne sont pour rien dans la crise actuelle.  Bon courage aux nouveaux législateurs !

Reste la cupidité ! A part la religion, on n’a jamais rien trouvé pour juguler le péché de gourmandise.   Mais on peut toujours essayer.  On aura les mêmes résultats  que dans toutes les luttes du même type (contre la prostitution, l’alcool, l’excès de bouffe, les jeux vidéo etc.).   Les fonds de retraite vont-ils cesser de réclamer des bons résultats aux sociétés cotées ? Les dirigeants vont-ils cesser d’aller aussi loin qu’ils le peuvent dans l’extension de leurs avantages ?  Les  banquiers vont-ils cesser de faire percoler leurs commissions aux étages  où se jouent les décisions ?   On s’amusera avec tout ça, mais cela ne changera rien à l’affaire : les sommes concernées sont très faibles par rapport aux mouvements en cause et n’ont aucun impact réel sur les problèmes gravissimes qui nous assaillent.

Reste l’effet magique de la conférence internationale de type Bretton Woods.  Bretton Woods avait pour but d’organiser le système international de change.  Ici on appelle à une conférence mais dont l’objet n’est pas d’organiser les changes ! Mettre fin aux changes flottants ? Pas un mot la dessus.  Alors pourquoi faire ce « néo Bretton Woods »  qui est plutôt un « grenelle mondial de la finance » : « refonder les règles de la finance mondiale », sachant que déjà à la Commission de Bruxelles on prépare une Directive communautaire sur les fonds propres.  On est sauvé !

Evidemment tous les désordres actuels ont une cause monétaire strictement associée au système des changes flottants.  Et c’est la seule question qui ne sera pas posée.

Le désordre n’est pas seulement sur les marchés financiers. Il l’est surtout dans les esprits.

La crise actuelle est d’abord une crise de l’intelligence. Il n’en faudrait pas moins mais beaucoup, beaucoup plus !

 

Bienvenue au Paradis des Anges.

Devant l’ampleur de la crise la question est posée de trouver des responsables et les condamnations morales se multiplient. Depuis le fond des temps on immole en cas de catastrophe pour se purifier des fautes supposées  et attendrir les Cieux.
Pour l’observateur attentif, il apparaît que les acteurs du drame ont toujours plutôt agi avec les meilleurs sentiments.

Prenons la question des « subprimes ».  Les politiques s’inquiètent aux Etats-Unis comme ailleurs des discriminations qui touchent des catégories exclues de la population.  Discrimination et exclusion ne sont pas des choses avec lesquelles on badine en démocratie.  Résultat : une loi bi-partisane  à l’initiative de Bill Clinton impose des règles plus strictes aux distributeurs de crédit.  La loi du 30 septembre 1996 impose de facto aux banques de prêter à des personnes  qui jusqu’ici n’étaient pas considérées comme éligibles.  Simultanément l’Etat apporte sa garantie à deux grandes institutions de régulation  du marché des prêts immobiliers.  Il est intéressant de lire le credo  de l’une d’entre elle, Fanny Mae :
“Fannie Mae provides stability, liquidity, and affordability to the nation's housing finance system under all economic conditions. We exist to expand affordable housing and bring global capital to local communities in order to serve the U.S. housing market. Fannie Mae has a federal charter and operates in America's secondary mortgage market to ensure that mortgage bankers and other lenders have enough funds to lend to home buyers at low rates. Our job is to help those who house America ».
Les mots clé sont évidemment « under all economic conditions », « low rates », « affordability ».  

Les banques ont donc le DEVOIR de servir la communauté, devoir contrôlé par la loi pénale, puissante aux Etats unis.

Voici en place le marché des prêts dits « subprimes ». Les analystes  bancaires ne sont pas trop inquiets. Les prix de l’immobilier ont monté régulièrement depuis la guerre sans JAMAIS redescendre.  Si un client est individuellement potentiellement dangereux, la collectivité des clients difficiles montre un taux à peu près fixe de défaillances. Il suffit d’augmenter les taux en conséquence.  C’est mathématique. Et on se fixera sur le prix du bien plus que sur les caractéristiques de la personne.  Le gage ne perd pas de valeur. Le système est sain.  Et s’il dérape on sait que la garantie de l’Etat est là.

Ce n’est pas la folie furieuse de banquiers irresponsables qui crée le marché des subprimes mais la volonté de bien faire impulsée par le politique et mise en musique avec sérieux par les organismes  de crédit.  On notera qu’il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que la volonté de "démocratiser" le crédit et les conditions de logement sont dominantes dans l’action des gouvernements.

En France Nicolas Sarkozy donne une prime fiscale à l’emprunt immobilier et facilite l’accès à la location en généralisant la garantie de l’Etat sur les cautions.  Il le fait en 2008, alors que la crise des subprimes est déjà en plein essor et qu’il fustige les vilains intermédiaires  qui ont fait des affaires douteuses avec les pauvres aux Etats-Unis ! Pendant sa campagne présidentielle un discours énergique montre que la vraie solution c'est le crédit hypothécaire et que lui président il substituera le prêt sur gage au prêt qui dépends des ressources de la personne. Les Français y ont le droit et on ne laissera pas des idées anciennes se mettre en travers de la modernité.  Pas étonnant que ce morceau de choix passe en boucle sur le WEB :

http://www.dailymotion.com/relevance/search/sarkozy%2Bsubprimes/video/x73o4s_crise-quand-nicolas-sarkozy-vantait_news

La courbe des ventes de maisons se met à monter dès 1997 et est à peine touchée par la crise générale du début des années 2000. Pourquoi ? Parce que la bulle qui vient d’exploser s’est formée en bourse  et principalement sur les valeurs technologiques. L’immobilier parait  bien plus sûr. Se placer sur ce marché là n’est pas la marque d’un quelconque accès de cupidité diabolique, mais un exemple de sagesse.

Les autorités monétaires au même moment font descendre les taux d’intérêt extrêmement bas.  Ils y sont encouragés par le monde entier qui place son épargne massivement aux Etats-Unis au lieu d’investir ailleurs dans l’industrie. En 2002, on en arrive à 1%, soit moins que l’inflation.  Pour les emprunteurs immobiliers la situation est idéale. Elle l’est beaucoup moins pour les prêteurs qui gagnent leur vie sur la différence entre le coût de l’argent qu’ils empruntent et le taux de leurs prêts.  La solution unique et rationnelle est  d’agir sur  le nombre des prêts : un peu moins de marges mais sur une masse plus grande de chiffre d’affaire, et on s’en sort !  Mais élargir la clientèle, c’est augmenter les risques en attaquant des franges de la clientèle potentiellement insolvables.  Pas dans l’immobilier où la garantie de l’Etat et l’organisation du marché limite le risque pour le banquier.   
Un obstacle tout de même : les ratios prudentiels !

Même si les Etats-Unis n’ont pas voulu admettre les disciplines de Bâle 2, les banques ne peuvent pas prêter de façon illimitée ? Il  existe une solution : titriser les crédits et les revendre aux sociétés d’assurances ou à des intermédiaires financiers qui en feront des actifs commercialisables aux épargnants ou aux trésoriers d’entreprise.  Tout cela se fait hors bilan et donc hors ratio prudentiel.

La titrisation n’est pas une discipline immonde conçue par le diable dans son fourneau maléfique. Les CDS et les CDO sont un peu plus complexes mais en aucun cas mal intentionnés.  Ceux qui les conçoivent ne se jugent pas comme d’immondes spéculateurs mais comme d’excellents techniciens et innovateurs. Ils sont d’ailleurs considérés comme tels.  Les petits génies des meilleurs grandes écoles scientifiques sont sollicités pour donner à l’ingénierie financière cette substance scientifique qui fait la réputation globale des produits mis sur le marché.  Les méthodes de valorisation ne sont pas le fruit d’un bricolage sur une table de bistrot : ce sont des prix Nobel qui s’y sont collés.  Lehman Brothers qui est en pointe sur ces techniques est considérée comme la banque la plus dynamique et la plus créative. Elle est primée pour cela.

C’est alors que le marché décolle vraiment : de 2003 à 2005 les croissances dépassent 100% par an. Des dizaines de millions de foyers pauvres entrent dans leur maison.   On cite en exemple un Etat qui sait vraiment s’attaquer à la pauvreté.  Tout le monde se congratule et pleure sur l’extrême sagesse et bonté d’un système qui allie générosité et efficacité.

Du côté des épargnants et des trésoriers d’entreprise une bonne nouvelle se fait jour : malgré les taux d’intérêt très bas il est possible de doper un peu les rendements et pratiquement sans risque grâce aux produits « dynamiques ».  La diffusion des dérivés adossés au marché des subprimes devient mondiale. Sans qu’aucun intermédiaire n’ait l’impression de commettre une mauvaise action : les agences de notation  ont mis de bonnes notes aux produits considérés !

La bulle devient  tellement énorme que les autorités montent les taux d’intérêt pour la freiner. En vain et  lorsque le retournement décennal de la conjoncture se produit, non seulement le marché immobilier américain  se grippe mais les prix se retournent pour la première fois depuis  soixante ans. Le bel édifice s’écroule entraînant tout sur son passage.

Qui est fautif ? Les politiciens qui par esprit compassionnel et démocratique ont décidé de forcer le crédit aux pauvres ? Les autorités monétaires américaines qui ont inondé le monde de monnaie ? Les autres pays qui ont choisi de replacer cet argent aux Etats-Unis ? Les techniciens qui ont créé les produits dérivés  complexes ? Les dirigeants des banques qui ont largement travaillé hors bilan ? Les agences de notation qui  ont donné des notes trompeuses ?  Les intermédiaires qui ont diffusés les crédits puis les produits dérivés de ces crédits ?  Les comptables qui ont édicté des normes de comptabilisation favorisant le court terme ?

Tous ont eu l’impression de faire le bien et d’agir au mieux.

Les libéraux pourront dire : ce sont les interventions démagogiques des politiciens t sur les prêts immobiliers  et sur les taux d’intérêt qui sont les moteurs de la crise.
Les socialistes  pourront affirmer que Wall Street, son argent facile  et ses dérégulations, c’était  décidemment pas possible et qu’il faut revenir à plus de régulation.  

La vérité, éternelle, c’est que l’enfer est pavé des meilleures intentions.

Didier Dufau, pour le Cercle des Economistes E-toile.



"Panic will be the rule and depression the only result"

Article passé par Didier Dufau   par le Financial Times le 11 janvier 2008 en réponse à un article de Wolf. 

Didier Dufau, e-toile (guest contributor) “Movements in exchange rates are, to put it mildly, unpredictable. But this one ought to happen. It should also be welcomed. This possibility was, indeed, why the UK had to keep out of the eurozone.”
This statement is highly ideological and doesn’t take into account important facts. Since the international monetary system set at Bretton Woods exploded in 1971, a de facto and so called “floating currency system” is the mainframe of the global economy.
Since then the exchange rates of the main currencies are bouncing in unpredictable ways creating havoc in the financial markets and the international commercial exchanges. It is ludicrous to pretend as we can read so often that changes in rates are kindly “anticipated” by economic agents thru clever technical ploys. When the Euro moves from 80 to 1.40 dollars, in little more than a year no firm can cope with that nicely. When dollar started to move up steeply in 1997-98 the economies who were borrowing in dollar could not repay. When dollar slumped to record low back in 1973, oil producers had to find some ways to keep their revenues. The various crises were named with funny names: oil crisis, emergent countries crisis etc. All of them were actually dollar crisis and a consequence of the IMS structural flaws.
If they are bouncing, currencies are also sinking. Gold ounce was 35 dollars back in 71 and today round 900! A 96% devaluation of the dollar evaluated in gold! Just try to find an economist ready to assert: what a boon, with our IMS within in the next 30 years dollar will see its value in gold again divided by 25 and gold ounce will cost 22,500.00 dollars…
It is not only true for the dollar but for every currency, pound included, even if some of them are temporarily up in the bouncing game.
The floating system is self destructive. The day of reckoning has come. What makes the current crisis so deep is that everyone understands that the “solutions” used in 1974, 1992 and 2001 are of no use. We are at the end of this particular story.
Flooding the world with other abyssal US deficits will only foster retaliation and further disruptions.
The only solution is to create a new IMS stable currency framework far from the ideology of free floating markets, creating some kind of intergovernmental disciplines. The US can’t be the anchor of the new system and only “primus inter pares”. Only quick international initiatives in this direction can spare a deep worldwide recession, by sending to the markets a clear sign that there won’t be any more “benign neglect” on the money markets.
Otherwise, floating system being deprived of any mechanism to stop disruptions, panic will be the rule and depression the only result.

Crises de confiance, morale et efficacité.

L’économiste peut prévoir le cycle ; il peut indiquer les risques d’une politique économique aventurée ; il ne peut pas déterminer quand et où une crise de confiance bancaire se mettra en place de façon irréversible.

Nous, au cercle des économiste e-toile,  nous avons toujours évité d’évoquer de façon lancinante le spectre d’une crise de type  1929, considérant que les conditions de l’époque n’ont strictement rien à voir avec celles qui prévalent aujourd’hui.   La seule courbe qui rappelle celle de 1929 est celle de l’envolée de la masse monétaire mondiale. Nous l’avions signalé dès 1998. L’immense  masse de liquidités posait visiblement  une menace sur le système global.  A telle point que votre prix Nobel d’économie, Maurice Allais  en avait tiré un livre sur l’imminente crise générale. Ce livre fit ricaner notamment au Monde et Didier Dufau dut écrire une réfutation  de cet article dans les colonnes du forum du monde.fr.    La crise de 98, qui n’était pas la récession du cycle de 10 ans,  fut en effet très courte et finalement assez localisée. Seule l’Argentine et son système monétaire exotique et aventurée connurent une grave dépression.   

Les mécanismes d’une crise plus importante furent  évidents lorsqu’on vit les moyens employés par lmes Etats-Unis pour sortir du ralentissement du début des années 2000 : 500 milliards de dollars dans le plan de relance, le dollar fondant, les intérêts au plus bas avec inondation monétaire.    Les arguments mis en avant par Maurice Allais prenaient plus d’actualité.  Fallait-il crier au loup ? Dès l’accident boursier du second semestre 2006, nous l’avons pensé. La récession viendrait plus tôt et serait plus forte qu’anticipée.

Mais aujourd’hui nous sommes passés d’une crise cyclique à un phénomène tout à fait différent : la crise de confiance majeure et généralisée.  Ce ne sont plus les pertes sur des investissements aventurées qui mènent la danse mais le comportement de panique des déposants et des épargnants.  Un système bancaire ne peut fonctionner que sur la confiance.  La défiance généralisée le tue sans que la faute des gestionnaires puissent être invoquée : ils n’y peuvent plus rien !  Seul l’Etat peut intervenir.  Le système de Law était excellent... si et seulement si l’Etat imposait le cours forcé du papier monnaie !

Nous sommes entrés dans ce processus. Il ne s’agit plus de savoir si les plans de secours sauvent de vilains cupides inconscients, mais d’éviter un arrêt du système entraînant immédiatement une paralysie de l’économie.  Prière de laisser les leçons de morale au vestiaire !  

Depuis l’été 2007 les banques refusaient de se prêter les unes aux autres. La crise de confiance était localisée aux intermédiaires  bancaires.  Elle s’étend désormais aux épargnants et aux déposants.  La chanson est autrement grave. Ces comportements de foule ne peuvent jamais être prévus complètement.  En 1991-93 le système bancaire européen avait été pratiquement ruiné par les folies de crédits dans l’immobilier de bureau.  Des banques avaient été très menacées notamment en Suède. Mais il n’y avait pas eu de panique générale.  Les autorités des pays où le système bancaire donnait de la bande  avaient rapidement cantonné les actifs douteux, changé le management des banques touchées,  et évité d’intervenir lourdement sur la gestion des établissements concernés. Tout était revenu à la normale assez vite.   Le scénario le plus probable en 2007 après la faillite de Bear Stearns n’était pas celui d’une crise de confiance  des épargnants.

C’est la faillite de Lehman  Brothers bien des mois plus tard  qui a déclenché la panique.   Les produits structurés  de Lehman Brothers ont été vendus par les plus grands établissements bancaires à de tout petits épargnants et ils peuplent les bilans de pratiquement toutes les banques à travers le monde.  Contrairement à ce que j'ai pensé un temps, il aurait sans doute été sage d’organiser un sauvetage de cette banque par le trésor  américain plutôt que de laisser filer tout en suggérant  que l’ensemble de Wall Street était en faillite.  Les banques centrales sont impuissantes à sauver des banques d’affaires qui font face à des pertes et pas à des retraits de déposants.  Seuls les gouvernements peuvent agir.

Le Secrétaire au Trésor américain  a joué avec le feu : laisser filer Lehman Brothers, sauver AIG et ces 80 milliards de dollars de dettes pourries, puis annoncer presqu’aussitôt 700 milliards de dépenses publiques pour sauver le système était incohérent.  On pouvait sauver Lehman Brothers  pour beaucoup moins que cela.  Du coup personne n’a rien  compris et tout le monde  a pensé qu’ il y avait des dizaines de Lehman Brothers dans le corridor de la mort.  La panique s’en est suivie.

Désormais tout le système bancaire mondial est figé dans les glaces. Aucune banque ne peut plus prêter à une autre  banque. Chacune sent  le volcan sous ses coffres, et voit fuir  l’argent déposé chez elle avec les plus grandes alarmes,  en même temps que sa valorisation boursière d’effondre.   

On se retrouve à l’échelon mondial dans la situation des Argentins cherchant à récupérer leur épargne et trouvant porte close. On a vu le résultat : un hiver économique de type légèrement nucléaire.

La solution est connue : pas seulement assurer la liquidité du système  mais  cantonner partout où il le faut les actifs  douteux à l’aide de recettes fiscales afin de mettre fin aux diverses paniques, éliminer les équipes dirigeantes fautives et laisser aux nouveaux responsables nommés toute la latitude nécessaire pour faire ce qu’il faut.  Plus la perte sera constatée vite, plus vite viendra la guérison.  En économie une jambe gangrénée et coupée à temps  sauve le malade et parfois même elle repousse. 

Acter les pertes est nécessaire partout et pas seulement aux Etats -Unis  où le  vote du parlement américain est  sans échappatoire possible. Sur les 1500 milliards d’actifs douteux courant le monde, on récupérera plus tard entre 30 et 40% de la valeur.  Que le monde perde mille  milliards de dollars ce n’est pas rien mais ce n’est pas gravissime. C’est totalement immoral puisque des contribuables innocents vont payer pour des spéculateurs impénitents.  Mais quelques années de croissance retrouvées adouciront la note.

A-t-on jamais vu l’efficacité faire bon ménage avec la morale dans  les grands moments de trouble ?   

Lewis  Holden

 

Qui aura le courage de la vérité ?

Pendant que le château de cartes bancaire s’effondre,  aucun diagnostic sérieux n’est donné par quiconque, la majorité des commentateurs du milieu politico administratif et journalistique se contentant d’évoquer la « cupidité » des banquiers et l’insuffisance des contrôles.


Rappelons que la source du problème est la succession d’inondations monétaires organisées par les Etats-Unis pour se sortir de crises récurrentes aggravées par les déficits gigantesques  qu’ont permis le système aberrant des changes flottants.
Les banques se sont retrouvées confrontées à des taux d’intérêt si bas (et même un temps négatifs) qu’il leur a bien fallu trouver des moyens de gagner de l’argent.  Quand l’argent ne vaut rien l’emprunter est un bienfait facile à obtenir.  Ce ne sont pas les demandeurs de crédit qui manquent.   On emprunte pour des besoins lourds. L’immobilier des particuliers est en première ligne, surtout quand il a longtemps stagné.
Les banquiers ont donc prêté en masse à une clientèle soudain abondante mais progressivement  moins sûre. Et ils ont utilisés les produits dérivés hors bilan pour pouvoir accroitre encore leurs en cours de prêts afin d'atteindre les niveaux de revenus indispensables.   C’est là que les risques ont été accumulés.  Cette soudaine pression sur le marché immobilier a fait déraper les prix qui se sont accrus puis envolés.  La bulle a entretenu la bulle.  Jusqu’à l’inévitable explosion lors du non moins évitable retournement cyclique de la conjoncture qui se produit tous les 6-10 ans.


La vraie réforme est celle d’un système monétaire international qui permet de laisser flotter les monnaies et concrètement a autorisé les Etats-Unis du fait du rôle mondial du dollar a accumulé les déficits sans drames apparents pendant des lustres.  Si le monde avait disposé d’un système monétaire normal et équilibré, où chaque pays  aurait eu les mêmes droits et devoirs,  les inondations monétaires associées aux déficits américains n’auraient pas pu se produire et leurs conséquences auraient été évitées.


A partir de là les autres mesures se déduisent sans difficulté :
-    Des taux d’intérêt trop bas, c'est-à-dire durablement sous le taux de croissance moyen, sont toxiques.
-    Le seul contrôle que l’on peut faire en cas de bulle est  quantitatif : si un marché double ou triple par rapport à son niveau moyen, il faut restreindre la quantité de crédit disponible pour ce marché.  C’est très difficile à faire en cas d’abondance illimitée du crédit et la politique doit être menée de front partout dans le monde. Mieux vaut monter rapidement les taux d'intérêt. Mais des avertissements peuvent servir.
-    Il ne peut y avoir de crédit basé sur la seule valeur du bien acheté par ce crédit : la solvabilité de l’emprunteur  doit être contrôlée.

Le reste est du détail.

On voit donc que la crise actuelle aurait pu être facilement évitée. Ce n’est pas « une crise du capitalisme », ou « du néolibéralisme financier ».  C’est une crise de la super puissance américaine qui ne veut pas accepter d’être « primus inter pares » dans l’organisation mondiale de l’économie.  C’est une crise du système monétaire international.  C’est une crise du contrôle global quantitatif des excès de crédit. C’est une crise du surendettement organisé des ménages.

Il faut pour l’expliquer et défendre les solutions qui s’imposent un courage politique formidable :

- S’opposer à  « l’exception américaine » indue, sans passer pour anti américain de principe.

- Exiger une réforme du système monétaire international dans le sens de changes fixes et ajustables avec un gendarme des déséquilibres excessifs, sans passer pour un nostalgique de l'étalon or.

- Proposer un pilotage global de l’activité de crédit, dans le cadre national et international,  pour refroidir en dû temps les dérapages massifs sans tomber dans la gestion administrée des banques.

- Pousser des législations permettant de limiter le surendettement des ménages sans empêcher l'indispensable accès au crédit.

- Restreindre les opérations hors bilan sans compromettre la nécessaire innoation technique.  l

Autant dire que le politicien qui se sentira suffisamment armé pour s’opposer à ces faux semblants  n’est pas né.

DSK : une intervention pathétique !

 

Depuis des mois les couloirs du FMI bruissaient de la même interrogation : « c’est la crise et il n’a rien dit ».  « Il doit parler ! ». «  A quoi pense-t-il ? ». « Tout craque et le FMI n’aurait rien à dire ? ». 

Etre à la tête de l’institution de régulation du système monétaire mondial et se taire quand il s’effondre, c’était tout de même un peu fort. 

On sait que M. Strauss Kahn n’est pas un grand économiste. Les énormes bourdes qu’il a commises lorsqu’il était Ministre des Finances en France,  l’ont assez prouvé.  On sait aussi que le FMI est une organisation devenue fantomatique depuis la mise en place des changes flottants, un système qui supprime son rôle technique tel que défini à Bretton Woods. 

On imaginait bien que la prise de parole serait difficile, mais de là à atteindre le niveau fantomatique  de l’intervention du jour dans le Monde (daté du 24 septembre ) !

15 mois après le premier krach boursier, près d’une semaine après que les autorités américaines ont lancé leur immense plan de sauvetage,  DSK ne pouvait plus se taire. Les évitements du genre : « les crises bancaires sont du ressort des banques centrales » n’étaient plus de mise.  Mais que dire ès qualité de directeur d’une institution morte et du haut d’une autorité technique microscopique ?

Rien !


DSK ne pouvait rien dire. Alors il n’a rien dit sinon des banalités à pleurer. Il faut, dit-il : « approvisionner le système bancaire en liquidités ; racheter les actifs dévalorisés ; recapitaliser les institutions financières ».  La mouche du coche  ! Que fait-on  donc depuis un an un peu partout dans le monde ?

-    Les banques centrales ne cessent de fournir de la liquidité, dans des conditions qui d’ailleurs ne sont pas de leur rôle.  Destinés à faire face à des paniques de déposants, les mécanismes prévus sont utilisés pour racheter des actifs pourris à des banques d’affaire ! 

-    Racheter les actifs dévalorisés : c’est ce que le trésor américain a du se résoudre à faire pour 700 milliards de dollars.

-    Recapitaliser les banques : qu’ont donc fait en Suisse UBS et le Crédit Suisse ? Que tentent de faire tant d’autres banques de renom  avec des apports de toute origine ?

Il faudra des capitaux publics  affirme DSK.  Certes oui ! Ils n’arrêtent pas de couler partout à travers le Monde, eu RU avec le rachat de Northern Rock, aux EU avec le sauvetage de AIG, …  « Il faut un effort budgétaire massif » dit la mouche du coche qui continue à enfiler les perles : « cette crise est celle de la régulation et il faut que les nouvelles règles soient mises en œuvres par tous ».  Il finit bravement : « Je souhaite que lors de la l’assemblée générale du FMI ce dialogue s’établisse ».

Sur les causes de la crise ? Rien !

Sur la raison qui a poussé les banques  à chercher des financements hors bourse et hors bilan ? Rien !

Sur le gonflement déraisonnable des  produits structurés échangés à travers le monde ? Rien !

Sur les déséquilibres américains et l’effondrement du dollar ? Rien !

Sur les changes flottants ? Rien !


Le FMI aurait du faire la leçon aux Etats-Unis dont le « bénign neglect » du dollar et les déficits abyssaux   sont aux sources des difficultés.  Mais c’est politiquement impossible à un président socialiste et non technicien.  Il aurait du alerter sur les bulles, les méthodes employées pour les gonfler et leurs risques. Il n’y a rien vu alors que la BRI multipliait les avertissements.

Il n’a fait que constater les dégâts après coup.

Au total cet aveu d’incompréhension et d’impuissance a quelque chose de pathétique. Qu’on le prenne au moins pour cela. Et qu’on se pose la question : à quoi sert le FMI si ce n’est à prévenir les crises mondiales ?  Si c’est un club pour commentateurs oiseux, supprimons-le tout de suite et renvoyons DSK dans les courants d’air du PS ! 

 

Le grand dilemme

La crise qui développe ses effets à grande échelle pose à l’observateur un défi intellectuel considérable qui se résume au grand dilemme suivant :
-    S’agit-il d’une crise immobilière américaine aggravée par de mauvaises pratiques bancaires pesant finalement sur le système financier  global
-    Ou s’agit-il d’un épisode de plus de la saga des crises financières générées par le système dévoyé des changes flottants ?
La crise immobilière américaine est évidente.  Mais il faudrait comprendre pourquoi il y a eu une telle expansion de ce marché à partir de 97 et surtout de 2002. Et tenir compte du fait que le phénomène a été international.  Les explications manquent cruellement.
Les mauvaises pratiques de prêts immobiliers aux Etats-Unis sont évidentes :  on n’a pas assez tenu compte de la solvabilité des clients en s’attachant exclusivement à la valeur du bien.  Dès le repli des prix, le château de cartes s’est écroulé.  Mais il faut expliquer pourquoi se système s’est imposé malgré ses risques  et ne pas oublier que des crises de liquidité bancaire se sont produites au RU et en Espagne, pas seulement aux Etats-Unis.
Les mauvaises pratiques financières américaines sont avérées. En ne tenant aucun compte des avertissements de l’affaire LTCM, les financiers américains ont développés des produits structurés qui ont permis de développer une énorme bulle de financement hors bourses et hors bilan, loin de tous les systèmes de contrôles existants.  La vente de tranches de crédits titrisés douteux à l’ensemble du monde a généralisé la crise.  Mais il faudrait expliquer pourquoi les banques ont TOUTES eu recours à ces subterfuges  ultra-dangereux.
La première théorie a donc pour elle l’évidence des faits mais pèchent par une absence totale d’explication des phénomènes, sinon par des considérations moralisatrices  qui apaisent l’âme mais ne font pas avancer la compréhension.  
Critiquer le banquier stupide qui a surendetté ses clients,   le mathématicien fou  qui a monté des produits d’ingénierie financière incompréhensible sur des bases fausses, le courtier cupide qui a vendu n’importe quoi, le spéculateur déchaîné  qui a pris des positions délirantes,  le législateur ignorant qui a vu toutes ses règles tournées, les instances de contrôle borgnes qui ont tout laissé faire sans piper, les comptables extrémistes qui ont mis en place des règles abusives de valorisation des actifs, tout cela fait beaucoup de chaleur mais pas beaucoup de lumière.  La recherche de boucs émissaires n’est pas celle de la vérité.
Le diagnostic ne peut être fait qu’en s’élevant un peu au dessus de l’histoire immédiate.  Les retournements arrivent régulièrement depuis des lustres tous les 8 à 10 ans. Mais leur gravité et leur forme dépendent  étroitement des conditions économiques du moment et des politiques menées. Depuis 1971 nous vivons dans un système de change flottant.   Il a été imposé par les Etats-Unis qui ne voulaient pas mettre de l’ordre dans leurs déficits  et ont considéré que le cours du dollar n’était pas leur affaire. On a appelé cela le « benign neglect ». Le résultat a été l’injection  récurrente de flots de monnaie et le développement de bulles financières à répétition.
A chaque retournement conjoncturel ces bulles ont explosé avec de graves conséquences.  En 1974 le dollar flottant s’effondre provoquant la ré action des pays producteurs de pétrole qui augmentent massivement leur prix.  Le résultat : une crise très grave dont on ne sort que par la « stagflation » et la création d’une nouvelle bulle financière. Elle se manifeste par des prêts délirants à tous les pays pauvres de la planète.
La bulle explose au début des années 80 avec des crises de change gigantesques et des pertes effroyables des banques.  C’est l’époque où il faut constamment veiller à ce que des pays entiers n’entrent en cirse structurelle de change. L’Afrique est ruinée et une bonne partie des pays de l’est dont l’Urss qui ne s’en relèvera pas !
On entre dans une nouvelle phase  avec l’aggravation sans fin des déficits américains à partir de 2005 qui débouche sur un premier avertissement : le krach boursier de 1988, attribué par des plaisantins à un problème de programmes informatiques mal réglés et qui en vérité alerte sur les bulles en train de se former notamment dans le domaine de l’immobilier d’entreprise. Elles explosent en 91-93 laissant les banques mondiales exsangues.
 Les Etats-Unis réussissent à faire porter le chapeau aux autres en dévaluant fortement le dollar et en ruinant ses créanciers.   Rapidement une nouvelle bulle se développe. A la suite du tremblement de terre de Kobé, les positions spéculatives sur les pays d’extrême orient  se trouvent à découvert. Les fonds refluent vers les Etats-Unis. Le dollar double de valeur en quelques mois : tout craque en 1998. Cette crise du dollar est maquillée sous le nom de « crise des pays émergents ».  La bulle se transfère alors sur les bourses américaines avec une double spéculation : sur le dollar et sur les actions (notamment des NTIC).
La bulle craque lors du renversement de conjoncture global.   Les Etats-Unis exportent  à nouveau la crise aux autres via la dévaluation massive du dollar et l’inondation du marché monétaire.  
A chaque crise depuis 74 les Etats-Unis sont obligés d’aller plus fort dans la licence monétaire pour contrer la crise. C’est le drogué qui augmente ses doses.
Les taux d’intérêt sont alors si bas que les banques ne peuvent plus gagner d’argent sauf à créer une activité hors bilan  et à faire des crédits immenses à des débiteurs de plus en plus nombreux, donc de moins en moins solvables.  C’est à cette occasion que la bulle immobilière enfle, amplifiée par le recours à des instruments hors bourses et hors bilan.
Le retournement conjoncturel habituel fait exploser tout ce système. Mais là les Etats-Unis ne peuvent plus exporter la crise et sont obligés d’en prendre à leur charge l’essentiel !
C’est sur la foi de cette analyse que le cercle des économistes E-toile  prétend que la crise n’est pas micro économique  mais un effet du système monétaire international mis en place de facto depuis 1971, et qu’il suggère que la solution ne peut pas être technique  et localisée, mais globale.
On n’empêchera pas les cycles mais il faut éviter que le cadre financier et monétaire global ne les rende de plus en plus grave.   La réforme globale est nécessaire MAINTENANT !

Didier Dufau

Un tableau statistique qui dit tout !

Voici la dernière statistique de la Banque des Reglements internationaux relatifs au marché des dérivés de crédits.

On notera l'immense valeur du marché et les conséquences qu'aurait un effondrement général.  Les dérivés sur monnaie ont pratiquement doublés en 2 ans  alors que le commerce international croissait de moins de 10% par an !



Effondrement du système financier : l'indispensable explication technique de détail.

Cette étude explique comment CDS et CDO, produits dérivés dérivants, ont fait sauter les banques d’affaires américaines et mis le monde en risque d’une récession gravissime.
1.    Bien comprendre ce que sont les produits dérivés
Le marché hors bourse des dérivés porte essentiellement sur les options, les contrats à terme de gré à gré (à distinguer des options et des contrats à terme standardisés qu’on trouve sur les marchés boursiers) et les accords de crédit croisé (ou swaps). Les options et contrats à terme sont taillés sur mesure pour satisfaire les besoins de la contrepartie, mais leurs structures sont les mêmes que celles de leurs équivalents négociés en bourse. Les swaps, chouchous des dérivés, accaparent la grande majorité des opérations. Ils consistent essentiellement en une entente entre deux parties qui acceptent de s’échanger des flux de trésorerie sur la base du montant notionnel d’un élément sous-jacent : dette, monnaie, produit de base, indice.
Le swap classique associe deux parties qui veulent changer la structure de taux d’intérêt de certains passifs. La Banque A, qui paie un taux fixe sur les comptes des déposants, disons 2,5 %, convient de payer un taux fixe équivalent à la Société B. En retour, la Société B, qui paie un taux variable sur sa dette, paie désormais un taux variable à A. Ce taux variable évolue normalement en relation avec le taux interbancaire offert à Londres (TIOL ou LIBOR; CDOR au Canada), auquel on ajoute un écart pour égaler le niveau du taux fixe. Si le CDOR augmente, B doit payer A de plus en plus tout en recevant un revenu à taux fixe de A. Si le CDOR baisse, la situation de B devient plus rentable tandis que A perd une occasion de profit. Dans ce type d’opération de swap, la banque peut faire de l’argent de plusieurs façons. Par exemple, au moment de «vendre» un taux fixe à 2,5 %, elle sait qu’elle peut par ailleurs signer un contrat par lequel elle recevrait un taux de 2,58 %, contrat qu’elle signe.
Pourquoi toutes ces voltiges? Le swap permet à chaque partie de mieux gérer ses risques de taux d’intérêt tout en évitant à la Société B le coût de vendre ses prêts pour en contracter de nouveaux. Des structures similaires, relativement simples, prévalent dans le cas de swaps de taux de change, de devises et d’actions, couramment utilisés par les banques. Les dérivés peuvent aussi revêtir des formes exotiques, surtout lorsqu’on les combine avec des options et des contrats à terme : swaps montagnes russes, swaps corridors, swaps avec participation à la hausse des taux, et une variété infinie de « swaptions ». Certaines structures de deuxième et de troisième génération dépendent de plusieurs événements. Leur complexité devient telle qu’il faut faire appel à des spécialistes en ingénierie financière pour structurer les modèles financiers et évaluer leur validité.
Les swaps sur défaillance (credit default swaps, CDS) sont une des plus récentes moutures de dérivés : une partie, généralement un investisseur institutionnel, assure une obligation ou un prêt, normalement détenu par une banque, en échange d’une «prime» mensuelle ou trimestrielle. En cas de défaut de l’emprunteur, l’investisseur doit payer à la banque la perte subie. En 2004, les CDS ont bondi de 134 % aux États-Unis, selon le Bureau du contrôleur de la monnaie. La British Bankers’ Association les évalue à 5 billions $ US et croit qu’ils dépasseront les 8 billions à la fin de 2006.
Les titres adossés à des créances avec flux groupés (collateralized debt obligations, CDO) constituent une nouvelle forme de titrisation. Des portefeuilles de titres de créances sont découpés en tranches reflétant le risque de crédit qui y est rattaché. Un prix est attribué à chacune des tranches, que l’on vend à des investisseurs institutionnels. Plus récemment, les CDO ont commencé à contenir des CDS et parfois d’autres CDO, ce qui tend à compliquer la complexité. Leur effet de levier financier s’en trouve fortement accru et s’apparente alors à celui des options. Inutile de dire que rapidement plus personne ne comprend rien au risque encouru alors que le leverage augmente.   La diffusion de ces produits dans des sicav de trésorerie ou des fonds d’épargne met le comble à l’ignorance et à la confusion.  Chaque décideur de bonne foi croit maîtriser son risque mais le voile technique est tel qu’il prend inconsciemment des risques effroyables.

 
2.   La responsabilité  des SWAPS et de leurs produits dérivés dans l'effondrement financier


Il est vrai que tous ces produits sont hautement mathématifiés. Ce sont les travaux de Scholes et Merton (prix nobel d’économie) qui forment la base de tout l’édifice. Le calcul de la prime dépends en effet de celui des spreads et de multiples autres considérations qui rendent l’analyse du risque à peu près impossible pour les responsables du contrôle de crédit qui en sont réduits à vérifier que « les autres y vont » et que cela parait « moderne », donc ne pas y aller serait une marque de crétinisme inavouable.  
Il est intéressant de noter que l’échec de LTCM en 98 n’a pas été une leçon suffisante.  
Quelques années plus tard on a repris la martingale mais elle n’était plus le fait des Hedge funds mais des institutions financières majeures du monde de la banque et de l’assurance des Etats-Unis. Lehman Brothers était le leader incontesté des CDS et des CDO.  AIG le grand assureur récemment nationalisé a augmenté de 108% son exposition à ces produits  chaque année depuis 2004 aboutissant de plus de 70 milliards de dollars de contrats qui aujourd’hui ne valent pratiquement rien.  
L’important c’est que ces opérations « hors bourse » et « hors bilan » échappaient totalement  aux lois prudentielles qui régissent l’activité des banques. Aux États-Unis, le Commodity Futures Modernization Act de 2000 les a spécifiquement exclus de la réglementation qui s’applique aux options et aux contrats à terme négociés en bourse. Afin de justifier cette surprenante décision, le législateur a jugé que le marché hors cote des dérivés fait intervenir des joueurs aguerris, capables de s’auto-réglementer.  La bulle a pu se développer comme une hernie gigantesque et invisible.  Des dettes douteuses ont vendues  à l’étranger et ont été  considérées comme des actifs par les banques acheteuses !
La chute simultanée de Lehman et de AIG démontre mieux que tout raisonnement la responsabilité majeure des CDS et des CDO, c'est-à-dire des swaps mathématifiés et mystifiants, dans la crise actuelle.  
L’emploi de ces techniques a été rendue séduisant du fait de taux d’intérêt si bas (voire négatif)  que les banques ne pouvaient plus gagner d’argent que sur des opérations de prêts énormes et risquées.  L’augmentation du levier permettait de spéculer avec moins de capitaux sur des volumes très importants.
La responsabilité de Greenspan, l’ancienne idole des bourses, est écrasante. Il a d’une part générer l’énorme inondation financière à l’origine de toutes les bulles depuis 20 ans mais aussi adoubé la technique des swaps dangereux. Dans un discours prononcé en mai 2005 devant la Banque de la réserve fédérale de Chicago, il indiquait : «Comme on le reconnaît généralement, le développement des dérivés de crédit a contribué à la stabilité du système bancaire en permettant aux banques, surtout les plus grandes et les plus significatives au plan systémique, de mesurer et de gérer plus efficacement leur risque de crédit.»
Résultats ce sont les banques les plus « systémiques » qui ont flanché ! Il est à noter que la première a être lâchée sera Bear Stearns : elle a ainsi payé son refus de participer au sauvetage de LTCM en 98 ! Les banquiers sont moutonniers mais n’aiment pas les moutons noirs.
Deux autres questions méritent d’être abordées. Les  CDS n’ont-ils concernés que les prêts immobiliers et si oui pourquoi ?  L’affaire est-elle purement nationale américaine ?  
Le marché immobilier a été stimulé par des taux d’intérêt extrêmement bas et la quantité de transactions en même temps que les prix ont explosé. Ils ne pouvaient le faire qu’alimentés par le crédit. Plus le niveau de risque était haut plus le besoin de hedging était fort et aussi celui de trouver le moyen de satisfaire la demande énorme hors ratios Cook et autres contraintes.  Il est donc le support majoritaire des CDO et des CDS. Mais il n’est pas le seul. Et de nombreux encours internationaux ont fait l’objet de contrats du même type. Par exemple le marché des LBO a boomé et les prêts associés ont fait l’objet massivement de CDS.  C’est également le cas des spéculations sur les matières premières, le pétrole et sur l’or.  En fait chaque bulle spéculative a entraîné une émission de CDS afin de permettre un levier plus important en dehorzs des règles de sécurité bancaire.  Le repli « inexplicable » des cours du pétrole et des autres marchés spéculatifs est du au dénouement en catastrophe des positions prises sur ces marchés du fait de la faillite de Bear Stearns  et des inquiétudes sur Lehman Brother qui étaient déjà très fortes en juin 2007.
Cela répond en partie à la seconde question : non l’affaire n’est pas purement américaine. A la fin de 2004, le PIB américain de 12 billions $ US était 7,3 fois inférieur à la valeur notionnelle de tous les dérivés détenus par les banques du pays, et 20 fois moindre que le total mondial. Depuis l’encours a été multiplié plusieurs fois entraînant dès 2006 des sueurs froides à la Banque des Règlements internationaux dont aucun des rapports n’a trouvé d’écho dans la presse française.  C’est pour cette simple raison que le contribuable américain ne pourra EN AUCUN CAS résoudre le problème mondial de la déconfiture des produits dérivés.
 Le Cercle des Economiste E-toile dénonce depuis des années le système des changes flottants. Il faut savoir que ce système a imposé le développement d’un marché gigantesque de swap monétaire. L’effondrement de ce marché peut entraîner une contraction considérable, de type 1929, du crédit et de l’offre de monnaie, sur les marchés de change,  pouvant aller jusqu’à la déflation tourbillonnante.  Depuis des lustres les plus avertis s’inquiètent de voir que les mouvements financiers n’ont plus aucune corrélation avec les mouvements physiques de marchandises ou de service. Les swaps en sont le vecteur principal. Il est anecdotique mais révélateur  de noter qu’une banque de länder allemande a continué ses opérations de swap alors que Lehman Brother était déjà sous  « chapitre 11 », perdant illico sa contrepartie.
Tous les modèles mathématiques qui servent à évaluer les actifs virtuels que sont les produits dérivés sont basés sur des hypothèses irréalistes sur ce qu’est ou n’est pas une loi « normale » en finance. Ils ne tiennent pas compte de la faillite d’un système  ni des changements brutaux dans les paramètres. Ils donnent un faux sentiment de sécurité.  Combien de fois avons-nous entendu cette antienne : les changes flottants ne sont pas un problème ; nos modèles savent en tenir compte parfaitement. En vérité ils ont généré un trafic financier hors de proportion avec des risques incontrôlables.
La crise actuelle comme celle de 1998 est bien à nouveau une crise des changes flottants  et des déséquilibres effroyables qu’ils permettent,  dont la solution de 1974 à 2000 a toujours consisté à inonder de crédits la planète. Cette humidité entretenue a dopé la croissance de champignons financiers particulièrement toxiques dont le monde, et les Etats-Unis, vont bien être obligés de se purger.
Ce n’est plus un Keynes qu’il nous faut mais le Dr House !


Documents rassemblés et mis en forme par Karl Peiper pour le Cercle des Economistes E-toile.  

Crise financière et crise mondiale : rien n’est joué !


On sait que les banques de dépôt peuvent être victimes d’une panique.  On a inventé les banques centrales pour y faire face. Si les déposants demandent en masse leur remboursement, il suffit de se tourner vers la banque centrale  qui assure la liquidité du marché.  Au bout d’un certain temps la confiance revient, les déposants remettent  en banque leurs liquidités, les banques remboursent les avances  que leur avait consenti la banque centrale.  Tout cela marche très bien.  D’un point de vue comptable l’opération s’analyse comme une substitution de dettes au passif du bilan.  Le compte d’exploitation n’est pas touché sinon par les frais encourus pour le secours de la banque centrale.


Quelle est maintenant la banque de dernier ressort pour les banques d’affaires ?  Les déposants ne sont pas un problème.  La question de la  liquidité se pose lorsque des investissements ne rendent pas exactement ce qu’ils devraient  et que les emprunts  souscrits pour financer  les placements ne peuvent plus être remboursés.    La banque concernée doit se refinancer.  Comment peut-elle le faire ? Elle peut augmenter son capital, s’il y a des volontaires ; elle peut se faire absorber par une autre banque, si elle en trouve une ; elle peut emprunter à d’autres banques si quelqu’un  veut  du papier proposé. Si  la réputation de la banque est atteinte et que la spéculation joue contre elle   toutes les voies de recours se bouchent. Il ne reste plus que la faillite.
A moins que la banque centrale accepte de prendre le papier commercial d’une valeur équivoque pour refinancer la banque atteinte.  Mais on est alors dans une situation très différente d’une banque de dépôt. La fin de la panique  ne fera rien revenir vers la banque aidée.  D’un point de vue comptable  on n’a pas substitué des lignes dans le passif mais on a pris en charge des pertes.  Ce n’est pas à la banque centrale de financer des pertes et lui faire jouer ce rôle ne pouvait être que très provisoire.


Après la faillite acceptée de Bear Stearns, c’est près de 100 banques qui ont suivi aux Etats-Unis malgré les injections massives de la banque centrale qui se gavait de papier de plus en plus douteux.
Cette situation ne pouvait plus durer.


C’est pour cela que  l’Etat donc le contribuable devait être mis à contribution.  Comme l’avait déjà montré l’affaire du Crédit Lyonnais avec la création du CDR pour « cantonner les actifs pourris » et sauvegarder la partie banque de dépôt.


Le Federal Reserve Board avait été créée après la crise de 1909 pour servir de banque de dernier ressort à l’échelle des Etats-Unis. Il était illusoire de croire que ses injections massives permettraient de sauver un système financier mondialisé se livrant massivement à des opérations spéculatives et négociant des produits hyper complexes dans le contexte mouvant des changes flottants, même si le cœur du système était à Wall Street.  


C’est le contribuable américain qui devra le faire mais il ne suffira pas : les pertes seront absorbées  plus généralement par l’économie-monde.


Tout cela porte leçon :
-    Il n’y a pas de banque de dernier ressort pour les banques d’affaires.
-    Une banque de dernier ressort mondiale n’aurait eu aucun rôle utile (Pas de Mondial Reserve Board !).
-    Le contrôle de l’activité des banques d’affaire et des sociétés d’assurances  ne peut être le fait des banques centrales mais directement de l’Etat
-    Mais il n’y a pas d’Etat mondial
-    Il y a donc un trou dans le système économique mondial.
-    C’est par ce trou que la crise s’est engouffrée
-    La solution « nationale » américaine  permettra d’éviter un effondrement du système financier mais ne suffira pas à fortifier  la situation économique globale.
-    En dépit des mesures prises actuellement le mistigri va continuer à courir le monde via « l’économie réelle ». Les pertes vont être diffusées partout par mille canaux (changes, inflations, faillites, …).
-    Le monde va donc voir s’aggraver le retournement du cycle.
-    Toute la question est de savoir s’il va y avoir des blocages nationaux avec retour à des pratiques protectionnistes.   
-    On constatera alors l’extrême nocivité du système incontrôlable des changes flottants. On risque de voir se propager des mesures d’isolement monétaire et d’inconvertibilité des monnaies.
-    Et là, sans nouveau Bretton-Woods et sans remise en cause des changes flottants,  on risque bien une crise de type 1929 !


Rien n’est joué. 

Didier Dufau

PS : Le dessin, excellent, est de Chappatte pour le Temps (Genève)

Lehman : un lac de dettes... et une source de jouvence ?

Chaque crise générale touche le secteur bancaire. C’est une loi absolue qui ne souffre aucune exception.  Les crises les plus dures sont celles où le système bancaire est touché le plus durement.  Nous avons insisté que cette crise serait dure et elle touche en effet durement les banques.
Prenons la crise de 1991(aux Etats-Unis) -1993(en France).  Elle a laissé le secteur bancaire notamment européen quasiment en faillite et il a fallu près de 4 ans avant qu’il ne se remette sur pied.  La spéculation avait concerné cette fois là le secteur immobilier d’entreprise.  Les banques prêtaient jusqu’à 120% du coût d’un investissement.  Une affaire immobilière achetée le matin à crédit pouvait être revendue le soir avec une plus value.  L’encours des crédits au secteur avait été multiplié par 7 sans qu’aucune banque ne prête la moindre attention aux avertissements : tout le monde était sur ce marché et on gagnait de l’argent.  Lors du krach, les sommes perdues furent infiniment supérieures à ces gains  entraînant une restructuration majeure du secteur bancaire en Europe.
Cette fois ci la spéculation a porté essentiellement sur l’immobilier domestique, du fait des taux très bas provoqués par les moyens utilisés par les Etats-Unis pour sortir de la crise de 2001-2003. S’y est ajouté un second élément : on a généralisé des techniques que personne ne comprenait très  bien mais qui semblaient apporter un petit avantage de rendement.  Ces techniques ont explosé dans les mains de leurs utilisateurs, un peu comme le système de Law explosa du fait d’une nouveauté non complètement domestiquée.  Les produits dérivés, les adossements, les titrisations, n’étaient en général pas compris des directoires des banques. Ils n’ont donné aucun ordre particulier pour encadrer ces techniques.   Ils ont été emportés par l’avalanche qu’ils ont déclenchée en toute ignorance.  
Des remises en cause importantes vont avoir lieu,  jusqu’à ce qu’on trouve un moyen d’utiliser ces nouvelles techniques sans danger.
De même les « hedge funds » trouvent leur limite. Il s’est produit ces dix dernières années une véritable révolution dans les structures mêmes de la gestion d’assets.  Les grandes institutions ont cessé d’avoir leur propre gestion. Elles se sont contentées de choisir parmi un panel d’institutions des placements souvent fondées sur une technique particulière ou une cible particulière.  On est arrivé à la fin de cette logique. S’il  n’ya que des hedge funds,  il n’ya plus de hedge funds !  Le rendement  de ces instruments devient le rendement moyen.  Avec des coûts de gestion extravagants.  Indépendamment de l’effet de la crise qui n’est jamais bien prise en compte par les hedge funds, contrairement à ce qu’on dit parfois (voir le dicton : « l’arbitrage gagne  sur une tendance établie et perd à la rupture »), on va assister à une nouvelle restructuration des méthodes de gestion d’actifs qui fera une part moins importante aux fonds spéciaux et dérégulés cachés dans des paradis fiscaux.  
La crise aura donc au moins deux conséquences :


- Provoquer à l’échelon micro économique une refonte du secteur financier avec un changement probablement très important  des dispositions légales aussi bien structurelles,  opérationnelles que prudentielles  et redéfinir l’emploi de certaines techniques pour qu’elles soient moins aléatoires et moins incomprises que maintenant.  Jusqu’à maintenant les Etats-Unis avaient toujours réussi à passer le mistigri de la crise aux autres. Cette fois ci c’est fini.  Les banques américaines n’en sortiront pas comme usuellement la tête haute et l’œil dominateur.  Elles vont être contraintes à la modestie et à la réforme.


- Rafraîchir la réflexion générale sur la nocivité des changes flottants, un système qui crée  des complexités dont on voit bien que les  « technologies bancaires  de pointe »  n’arrivent pas à s’affranchir et qui permettent des déséquilibres constamment amplifiés et dommageables pour tout le monde. Jusqu’ici les Etats Unis pensaient que cela les favorisait.  Cela aussi change.
Toute crise accouche d’un progrès…
Lewis Holden

Sinistrose

Vu de Belgique...

Pendant que la presse française essaie de compter les créations de taxes et d'impôts  depuis 2002 et  parvient à des chiffres compris entre 35 et 40, (en oubliant naturellement les grosses hausses que furent  pour l'impôt sur le revenu la diminution des tranches et la suppression de la déduction forfaitaire pour les "revenus du capital"), les bonnes nouvelles sur l'action de l'Etat  Français bien aimé qui vous ponctionne si bien  s'accumulent.

C'est ainsi qu'en 4 ans, nous dit la Cour des Comptes, vous avez  accumulé chaque année près de 10 milliards d'Euros de déficit de la Sécurité Sociale. Depuis 2002 la dette s'est accrue de près de 50 milliards d'Euros. On est évidemment un peu loin des 1.5 milliards du RSA !

Un autre rapport sur le patrimoine nous apprends que dans certains départements cela fait plusieurs années que les subventions prévues par la loi ne sont plus servies. Il y aurait près de 3000 monuments historiques en état de péril ! Comme par exemple la cathédrale de Rouen. Un détail.  Il faudrait "des milliards" pour redresser la situation.

Un justiciable vient d'être indemnisé parce que le jugement  qui l'avait ruiné était inepte et du à une surcharge de travail d'une juge  dans une administration noyée.On savait depuis longtemps et Outreau avait donné son éclairage, que la Justice était un Ministère non pas sinistré mais effondré.

Les soubresauts de l'affaire du Crédit Lyonnais qui vont vers leur épilogue nous rappellent le coût effarant de la saga financière du "crazy lyonnais" à la sauce Mitterrand. Le fait que le CDR (là où on a mis les dettes pourries) est encore vivant, nous signale que nous n'en avons pas encore fini avec les dettes.

On découvre qu'en Afghanistan la France  ne dispose pas de moyens suffisants pour effectuer les missions prévues, au prix de quelques morts en trop."Cette guerre exigerait pour être gagnée des milliards" dit un militaire. 

L'affaire des irradiés d'un hopital de l'est de la France nous indique que l'Etat a laissé faire littéralement n'importe quoi sans le moindre contrôle et surtout dans des conditions qui montrent que même le simple esprit de service public qui existait autrefois dans l'Administration a complètement disparu. Les "dysfonctionnements" (le doux euphémisme) de l'hôpital public sont devenus de règle.

Cela n'empêche pas les bonnes idées : M. Ferry exige l'instauration d'un service civil volontaire à 3.5 milliards d'Euros ! Pour l'obligatoire, il faudrait compter 15 milliards !

En gros on veut que l'Etat Français soit partout et finance tout et il n'est capable de rien de bon, toutes les machines mises en place dérapant à qui mieux mieux. 

Voici la France 32 ième au classement  pour l'attractivité économique du pays !

Et la récession arrive même si le mot est complètement tabou !

Pour le Français qui aura lu la presse ce mercredi 10 septembre, il n'y a guère de place pour l'optimisme. Tout le champ de la discussion politique est autour des impôts (côté aggravation) , tous les faits divers du côté du mauvais emploi des impôts.  Quant à la France ...

Pour le belge que je suis, et qui n'a rien à dire vu la situation de son pays, on ne peut que se rappeler le terme de "sinistrose" qui fut un temps à la mode chez vous.  Secouez vous que diable ! Surtout si vous voulez que les Wallons vous rejoignent.

Une fois !

Sylvain Dieudonné

En pleine folie (suite)

Alors que le traumatisme de l'annonce d'un nouvel impôt de masse, l'impôt sur les produits du capital, rejeté par la majorité des français de toutes conditions, n'est toujours pas dissipé il est curieux de voir s'étaler dans les medias un étrange concours à qui fera la suggestion de dépense la plus folle.

Voici M. Ferry et son service civil dont le coût oscille entre 3 et 10 milliards d'Euros selon que l'on prenne ou non la part de la production  abandonnée par les jeunes appelés au service.  Ce service civil est une folie qui n'a strictement aucun sens : s'ennuyer pendant des mois pour l'armée et la défense de la patrie, soit. Mais perdre son temps à faire l'assistante sociale, non décidemment non. D'autant qu'on ne trouvera jamais 750.000 emplois civils non marchands.  Tout cela est grotesque.

Nous le citons parcequ'il est "de droite" et donc normalement contre les impôts.

M. Serge July lui nous annonce qu'il faut "doubler-tripler voire quadrupler le budget de la CNIL". Il n'y aurait "que" 180 personnes alors qu'un joli 500 marquerait notre intérêt sur la question.Nous avions déjà remarqué qu'il n'y avait aucun moyen de décider le niveau "normal"  des effectifs  d'un machin (voir notre texte sur l'imposture de la RGPP).  Nous avions évoquer la Halde; ici c'est la CNIL ; pourquoi pas la HACN (la haute autorité des conseils nationaux)  et le CNHA (conseil national des hautes autorités) ! Alors qu'il s'insurge sur un projet de contrôle de la société française par les RG, il veut d'autres contrôles  et des contrôleurs plus nombreux !

Nous le citons parcequ'il est "de gauche".

Comme toujours la droite est un peu généreuse que la gauche avec l'argent des contribuables !

Les Français prendraient Bercy comme ils ont pris la Bastille, il resterait encore un zozo pour crier "plus d'impôt - vive l'impôt".

 

 

 

 

 

La folie fiscale française en quelques chiffres

Le côté curieux de la situation créée par le nouvel impôt sur les « produits du capital » c’est que tous les journaux essaient de décompter les nouveaux impôts et taxes créées ces dernières années et arrivent à des chiffres étonnants. En faisant la somme de toutes ces bonnes nouvelles ce n’est plus à 28 hausses et créations de  taxes qu’on arrive mais à près de 35 !  Et on nous en  annonce toujours de nouvelles comme la taxe sur les poids lourds, les péages urbains etc. 


Et tout le monde oublie de compter dans les prélèvements, les charges sociales et patronales.  Or l’Insee avait glissé dans son édition 2006 de l’Economie Française : « la France se situe parmi les pays où la part des prélèvements obligatoires dans richesse nationale est la plus élevée. Elle se caractérise notamment par un niveau de cotisations sociales  de 37.1% des prélèvements obligatoires ».


Eliminer du décor ces 37% est tout de même curieux. Car ces prélèvements sociaux sont ceux qui grimpent le plus vite et le plus sourdement. On annonce déjà +0.3 points sur la cotisation chômage en début d’année et cela ne risque pas de baisser avec la hausse prévisible du chômage.


Rappelons que les prélèvements obligatoires en 2004 étaient de 44% du PIB en France,  34.6% en Allemagne, 36.1%  au RU, 25.4% aux Etats-Unis et 25.3%  au Japon. Nous sommes donc en pleine folie et alors que cette folie devait s’arrêter avec l’arrivée de M. Sarkozy, on continue à plein tube.

La France compte 200 prélèvements et taxes qui représentent pour 2008 près de 1000 milliards d’Euros (prévisions) :
o    IRPP :                     65 ME
o    IS :                         55 ME
o    TVA :                     155 ME
o    TIPP :                     20 ME
o    ISF :                         6 ME
o    CSG RDS                  90 ME
o    Impôts locaux :       110 ME
o    Cotisations sociales  420 ME
o    Divers                       20 ME   
o    Total :                     941 ME

Rappelons qu’en 2002 on en était à 667 ME.

De réductions d’impôts en cadeaux aux riches, l’Etat prélève pratiquement 300 milliards d’Euros de plus chaque année qu’il y a 6 ans : une hausse de quasi  50% !
Celui qui a vu sa rémunération augmenter de 50% pendant la période a gagné !
Pour 2009 on parle de 1000 ME de prélèvements. En pleine récession.
Désespérant !

La France est malade de ses prélèvements. Très malade. Probablement incurable.

Quelques questions qu'on voudrait voir posées par MM. Les députés et Sénateurs

Si la majorité est autre chose qu’un parti de godillots courant derrière un ludion,  il faudra bien que la discussion budgétaire et celle sur le RSA permettent d’avoir des réponses à des questions  actuellement sans réponse.

Voici quelques une des questions qui mériteraient d’être posées :

-          Quelles enquêtes a-t-on faites qui permettent de penser que la « préférence pour l’inactivité »  puisse être vaincue par une soulte temporaire en argent  ?  Ont-elles concerné les prostitués Rmiste et les Gitans rmistes ?

-          Pourquoi n’a-t-on pas attendu les résultats des expérimentations pour décider le RSA ?

-          Pourquoi Martin Hirsh ne se donne-t-il qu’un objectif de 100.000 personnes placées alors qu’il y à 1.300.000 de Rmistes ?  

-          Quelle proportion de Rmistes y est depuis plus de 2 ans, 5 et 10 ans?

-          Quelle est l’explication du gouvernement sur l’échec du RMI, de la PPE et des mesures récentes prises par MM.  Raffarin et Villepin ?

-          A-t-on évalué le bénéfice des mesures sociales  hors RMI dont bénéficient les rmistes ?  Si oui, à combien se chiffre-t-il ? Sinon, pourquoi ce silence ?

-          A-t-on synchronisé la reprise d’emploi avec la suppression de ces avantages ? Si oui, pourquoi faut-il de l’argent rais en plus ? Sinon, pourquoi ?

-          Quelle est la proportion des emplois à temps plein que l’on envisage de créer ?

-          Les emplois en question seront-ils des emplois aidés, des emplois managés par des associations d’insertion, ou de simples emplois marchands ?

-          A-t-on mesuré l’effet d’aubaine de ces mesures pour des personnes qui auraient actuellement évité le Rmi et qui souhaiteraient désormais bénéficier du RSA ?  Font-ils partie des 100.000 emplois subventionnés prévus par M. Hirsch ?

-          Que va-t-on faire des 1.500.000 rmistes qui seront là à la fin de la récession (vers  2011 !) ?

-          Pourquoi une mesure qui réduira si  elle est efficace le nombre de rmistes  exigent-elles des moyens financiers nouveaux permanents ?

-          Pourquoi la taxe de 1.1% est-elle perçue plusieurs mois avant que le RSA ne se mette en place ?  

-          Que fera-t-on quand on aura constaté une fois de plus que le RSA cela ne marche pas ? Un RSB, C,D,E avec une hausse de 1.1% à chaque fois ?

Les 26 impôts de la droite

Il paraitrait que la droite soit contre les impôts et que le dernier Président élu se soit déclaré pour une baisse tendancielle très forte  des taux de prélèvements.

Depuis qu'il a créé un impôt nouveau qui touche des dizaines de millions de foyers fiscaux, la taxe sur les revenus de l'épargne et des locations, c'est le concours à qui repèrerait le plus grand nombre d'impôts et taxes créées.

le Figaro Magazine en dénombre pas moins de 23 depuis l'arrivée du gouvernement Raffarin.

Une paille !

Et le journal oublie la suppression de la déduction forfairaire sur les revenus des locations qui a eu un effet terrible et l'aggravation de la taxation des stocks options.

C'est donc 26 impôts ou taxes qui ont été créées ou aggravées. Sans compter les dépenses de masse qui ont été imposées par des règlementations excessives :

- rénovation des ascenseurs (coût moyen d'un ascenseur neuf : 50.000 Euros)

- équipement de sécurité des piscines : 10.000 Euros si c'est bien fait.

- amendes par millions pour de tout petits dépassement de vitesse : plusieurs dizaines d'euros par foyer fiscal

- changement d'indexation des loyers qui sont désormais décalés par rapport aux coûts de construction

- obligations de certificats  pour le plomb, les insectes nuisibles, l'amiante etc.

Sans compter les milles obligations compassionnelles imposées aux entreprises : congé de mariage et de naissance pour le mari, obligation d'être deux pour changer une ampoule sur un plafond, etc.

Tout cela a naturellement oblitéré le revenu disponible des ménages et entraîné une stagnation de longue durée.

Encore bravo ! 

Croire que tout cela sera sans conséquences et qu'il s'agit d'un excellent coup politique  est amusant.

 

 

 

 

Non débats et faux débats

Le débat qui s’engage sur le RSA a au moins un avantage : il permet de détailler comment fonctionne  notre République Française.
Prenons l’article dans le Figaro du jour du Député Paul Giaccobi. Il dit une chose très juste : le RMI est un échec coûteux, une trappe à pauvreté et un collier de misère. Il a développé des comportements débilitants de fraude et conduit certains à une perte de dignité.  Il s’indigne de voir que pendant trente ans personne n’a dénoncé ce système infâme.
Question intéressante : pourquoi une vérité incontestable est-elle  du domaine de l’indicible en France  et ce pendant trente ans ?
Prenons la Prime pour l’emploi, dix ans déjà, qui coûte en année pleine la bagatelle de 15.000.000.000 d’Euros.  Elle a 10 ans. A-t-elle corrigé les défauts du RMI, son objectif affiché ? Pas du tout. A-t-elle modifié quoi que ce soit sur le front de la pauvreté ? Rien !  Elle n’a aujourd’hui AUCUN défenseur alors qu’elle n’a eu AUCUN contempteur pendant 10 ans.  On voit bien que disperser des sommes pareilles sur des millions de foyers n’a aucun sens : 9 millions de bénéficiaires !
Question intéressante : pourquoi une vérité incontestable est-elle  du domaine de l’indicible de longue durée en France ?
On ne voit la vérité sortir du bois que lors de l’examen d’une réforme dont il faut absolument illustrer les objectifs.  Ce qui veut dire que malgré tous les propos en sens contraire il n’y a AUCUNE évaluation des politiques suivies et des décisions prises une fois un budget voté.
En France il existe en général plusieurs systèmes permettant de faire face au même problème surtout lorsqu’il s’agit d’aides publiques.  On se rappelle qu’il y a peu les aides aux étudiants étaient en ligne de mire : on comptait plus de 10 strates d’aides aux conditions toutes différentes et se superposant en tout ou en partie.  Et de rire ! La logique serait de compacter toutes ces aides en un seul système compréhensible et facile à évaluer.  
Et bien non : après quelques émotions médiatiques la routine continue.  Elle continuera d’autant plus que la question du financement du RSA a fait valoir une nouvelle « logique » : les pauvres ne doivent pas payer pour les pauvres et la réforme d’un système d’aide ne peut se faire par redéploiement des aides existantes mais par création d’impôts nouveaux !
On va donc ajouter ce qui est annoncé (faussement) comme un petit d’impôt nouveau  de 1.5 milliard d’Euros pour ne pas toucher au 15 milliards d’Euros de la Prime à l’emploi.   Pourtant la simple citation de ce chiffre montre que globalement le budget « réinsertion  par le travail » n’augmente que de 10%  ce qui est garant d’un effet quasi nul.  
Nous voilà donc revenu aux « mille-feuilles » législatifs et leurs gaspillages associés qui a été dénoncé par mille livres depuis 20 ans (dénonciation  qui avait ressurgi par exemple i il y a peu lors du faux débat sur les aides au logement : à chaque fois on avait créé un mécanisme nouveau sans changer les anciens !).
Gaspillage, obscurité, complexité, inefficacité et  fiscalité sont les mamelles distendues et enflammées  de la France.

La bonne idée de M. Hollande

Dans son dernier grand discours comme Premier Secrétaire du PS, M. Hollande a lancé cette excellente idée : « Il faut un nouveau Bretton-Woods ». Comme son appel s’est résumé à cette seule phrase, l’auditeur est laissé un peu seul pour savoir pourquoi c’est une bonne idée et quels avantages on en attend.

On aime bien l’histoire au PS mais, il faut bien le dire, il n’avait guère quitté le XIXième.  Là on aborde le milieu du XXième ce qui est un indiscutable progrès qui devrait clouer le bec à ceux qui pensent que le PS « n’a pas assez travaillé ».

Les accords de Bretton-Woods  ont été signés après la seconde guerre mondiale et avaient pour but d’éviter les manipulations monétaires désastreuses qui avaient suivi la première et qui avaient contribué aux drames de la « crise de 29 ».

Malheureusement les accords de Bretton-Woods ont été vidés de toute substance au début des années 1970, les Allemands refusant d’appliquer plus longtemps les disciplines de l’accord qui les forçaient à créer de la monnaie à proportion des déficits américains et les Etats-Unis décidant de supprimer la référence de leur monnaie à l’or.

Nous sommes alors entrés dans le système des changes flottants et des monnaies fondantes.  Ces dernières ont perdu environ 95% de leur valeur en or.

Il n’y a pas de doute et le Cercle des Economistes E-toile s’en fait l’écho depuis au moins dix ans, que le système des changes flottants est un désastre.   Mais que veut dire M. Hollande ?

-          Qu’il critique les changes flottants ? Que ne le dit-il pas explicitement en expliquant pourquoi et ce qu’il faut faire pour les empêcher de nuire ?

-          Qu’il ne sait pas ce qu’il faut faire mais qu’une concertation internationale serait utile ? D’accord, mais pour décider quoi ? Sans diagnostic pas de traitement possible.

Serait-ce alors une incantation pure et simple qui « fait sérieux » à un moment où le PS n’a strictement  dit sur rien depuis des lustres ? On se rappelle que dans les « tontons flingueurs » Lino Ventura se débarrasse des activités délictueuses du caïd qui à sa mort lui a confié le destin de sa fille,  entre les mains d’un digne « administrateur du FMI ».  On serait alors dans le même registre.

 

Dommage.  Il faut en effet réformer un système monétaire international qui provoque des explosions beaucoup plus importantes que nécessaires en multipliant les « bulles » et qui freine la croissance de presqu’un point depuis 35 ans. 

On attendra tout de même que les politiques veulent bien exposer leurs propositions de façon un peu moins sommaire tout en remarquant à quel point le niveau du débat économique est nul dans notre pays.

Le RSA : un échec inévitable ?

Le RSA a créé la polémique par son mode de financement mais l’unanimité règne sur  la qualité et l’efficacité de la solution.  L’unanimité doit rendre méfiant : les mesures unanimes se révèlent souvent catastrophiques à l’usage.  

Pour le non initié le RSA a pour vocation de briser la trappe à chômage  qui s’est créée du fait de la trop faible différence entre les revenus du travail et ceux de l’assistanat.  C’est comme cela que le système est présenté dans les médias.   

Traduit en langage clair, cela signifie que le RMI, revenu minimum d’insertion,  a non seulement échoué comme mécanisme de retour à l’emploi,  mais qu’en plus il a enfermé une certaine population dans l’assistanat.  Cette mesure symbolique  de la « troisième gauche rocardienne » soutenue après coup par MM. Chirac et Juppé (qui l’avaient fermement condamnée à l’époque)  a maintenant  fonctionné pendant trois cycles économiques et a donc trois phases d’expansion derrière elle.  Si cela avait du marcher cela aurait déjà marché.  L’échec est bien définitif.

Le nouveau dispositif est censé donner de meilleurs résultats en créant un véritable attrait financier  pour le RMIste qui pourra cumuler  pendant quelques temps son salaire de nouvel employé  et une assez belle  fraction de son RMI.

Il faut trois conditions  pour espérer le succès :

-          Des emplois si possible à temps plein

-          Un système au minimum plus avantageux que le précédent

-          Une sensibilité des intéressés aux bénéfices  du nouveau dispositif.

Pour les emplois,  on sait qu’on entre actuellement en récession : le marché de l’emploi va se dégrader pendant deux à trois ans, frappant les nouveaux entrants et les personnes sans emplois plus encore que ceux qui seront licenciés et qui pourront malgré tout faire valoir une expérience.  La probabilité va donc vers une augmentation nette des demandeurs de RMI.

La volonté des intéressés de sortir de la trappe à pauvreté est préjugée mais prouvée par aucune enquête précise et publiée.  Les rares informations partielles que l’on peut trouver sur le RMI montrent que  le nombre des bénéficiaires est assez stable, autour de 1.300.000 personnes, un tiers des allocataires sortant régulièrement du mécanisme et les deux autres tiers restant prisonniers de la fameuse trappe.  Certains sont tout à fait inaptes à l’emploi et touchent leur RMI sans faire aucun acte de recherche, environ la moitié du groupe. L’autre moitié ferait plutôt un calcul rationnel : il est plus rentable de rester au RMI et au chômage plutôt que de prendre un emploi.

Il faut dire que les bénéfices indirects du  statut de RMIste sont sérieux :

-          La  sécurité sociale gratuite via la CMU

-          A Paris  la gratuité de la carte Orange

-          La gratuité des musées et d’un certain nombre de loisirs dans bien des grandes villes

-          L’exonération de la taxe d’habitation

          L’accès au fonds  de solidarité pour le paiement de son loyer

-          Des aides aux logements améliorées

-          L’exonération de la redevance

-          La réduction de sa facture d’électricité et de gaz

-          La réduction de sa facture de téléphone

-          L’accès facilité et prioritaire au logement social

-          Le dégrèvement de la CSG et du RDS

-          Des gratuités transports de la part de la SNCF

-          L’accès aux Restos du Cœur

-          L’accès à l’habillement

-          L’aide voire la gratuité pour le passage du permis de conduire

-          La gratuité ou le très faible tarif des cantines pour ses enfants

-          La gratuité ou le très faible tarif pour les crèches

-          Différents dispositifs de garde d’enfants pendant qu’il suit des formations

-          L’accès facilité et gratuit à certaines initiatives municipales : vacances bord de mer ou montagne, journées vertes

-          La prime de Noël de 152 Euros

-          L’accès au micro crédit

-          L’accès facilité aux commissions de désendettement

-          La remise partielle et gracieuse de ses dettes fiscales

-         

Beaucoup de ces aides passent par le Conseil Général  et elles sont différentes d’un département à l’autre  voire d’une ville à l’autre.  Il est très difficile d’être exhaustifs.

Toute personne qui prend un emploi à plein temps au SMIC perd instantanément tous ces avantages.  Comme il a été très long et difficile de les obtenir, il est rationnel de ne les lâcher qu’en toute connaissance de cause.  Le RSA ne change exactement rien à cette situation. Personne n’a cherché à chiffrer ces avantages et à les mettre en rapport avec le bonus qui sera versé par le RSA. Même si l’avantage financier était  net et palpable, la décision de sortir du système serait très difficile, et cela d’autant plus que la population en question est souvent assez frustre. Un tient vaut mieux que deux tu l’auras. Et en plus on ne travaille pas et on s’est fait à la vie  comme ça.

Il n’y a rien de changé sur ce point dans le RSA.  Il n’y a donc aucune raison d’en espérer une efficacité plus grande que le système actuel.

Reste alors l’augmentation du  bonus à l’emploi, c'est-à-dire du revenu accordé en cas de reprise d’emploi.  Surprise, le RSA est moins favorable que la situation actuelle  pour la première année d’emploi !   Le Ministre le reconnaît d’ailleurs sans fard dans la livraison du JDD du 31 Août 2008 !

Pour finir le système est le même pour la  perte d’avantages annexes, le bonus d’emploi est moindre que précédemment pour un emploi court, et la conjoncture est plus mauvaise.  

On ne voit pas comment le RSA peut avoir la moindre chance d’améliorer quoi que ce soit au moins pendant les deux années qui viennent.  

Au contraire les nouvelles règles risquent de  développer des stratégies perverses de la part de personnes qui dans le système précédent aurait recherché directement un boulot et qui préféreront passer par le stade RMI pour bénéficier pendant deux ans des avantages du RSA.

Au total, le RSA ne semble apporter aucune solution réelle au problème de retour à l’emploi tel qu’il est posé.

 Il est obscur, complexe, ambigu et très coûteux.  Il est même bizarre car on ne comprend pas pourquoi il faudrait des ressources supplémentaires par rapport au RMI sauf si par un effet d’aubaine des personnes qui auraient normalement évité d’utiliser la formule  se décidaient à  en bénéficier  en masse. Ce ne serait plus qu’un transfert de revenu et non pas un système novateur d’incitation à l’emploi.

On dira : il y a eu des expérimentations ! L’ennui c’est qu’on ne sait absolument rien de ces expérimentations.  Elles sont déclarées positives sans aucun élément pour fonder cette assertion.  Au contraire les informations que l’on peut recueillir de ci de là et même au Ministère,  sont peu engageantes :

-          Malgré une situation conjoncturelle extrêmement bonne  (le chômage global  a baissé pendant près de trois ans et pendant toute l’expérimentation)

-          Malgré des subventions annexes fournies par les départements souvent importantes

-          Malgré une forte mobilisation des subventions d’accompagnement auprès des associations pour le coaching des bénéficiaires du RSA

-à il n’y a pas eu de résultats marquants.  Le fameux noyau dur de ceux qui ne cherchent pas d’emploi est resté quasiment intact et le segment qui trouve rationnel de rester au RMI n’a bougé qu’à la marge.

Pendant trente ans on a maintenu le RMI « qui ne fonctionne pas » et la loi de 98, préparée par la droite et mise en œuvre par le gauche, n’a en rien modifié l’état de la pauvreté en France après dix ans de pratique. 

Rien ne laisse penser que le RSA va changer la donne.  Il serait quand même utile que lors du débat parlementaire quelques députés travailleurs posent les bonnes questions et fassent réellement  le jour sur les chances de succès de ce nouveau système. 

Sinon le risque est qu’on s’aperçoive progressivement que la loi n’avait pas vraiment le but qu’on lui assignait mais visait simplement à donner plus de ressources aux associations caritatives au contact du quart monde.  Le RSA n’aurait été alors qu’un abus de confiance et un détournement de fonds  perpétrés par l’ancien patron d’Emmaüs  avec la complicité de politiques surtout soucieux de dire qu’ils ont fait quelque chose dans le domaine social même si ce n’est qu’un rideau de fumée.

Le bilan de l’opération  se réduira au  prélèvement de 1.1%  sur les revenus du Capital des classes moyennes et un gaspillage ruineux de ressources de plus !  

 

Didier Dufau

RSA : RMI Sans Amélioration ; Ravaudage Social Aléatoire ou Sans Attrait.  Rémunération Supplémentaire Artificieuse.

ISF : le débat sur l'abolition ne s'éteindra pas !

Tout le monde  sait que l’ISF est un impôt idéologique, c'est-à-dire une mesure politique qui vise à frapper des entités  symboliques privées de toute réalité. Tous les débats ont montré qu’il est strictement IMPOSSIBLE de faire prendre en compte la vérité des situations derrière une mascarade idéologique.

A ceux qui se plaignaient de l’ISF on a rétorqué dès le début  qu’il était « peu coûteux »  et que seuls les imbéciles pouvaient se révéler inaptes à rentabiliser leurs placements suffisamment pour le payer.  La victime de cet impôt était un « salaud » et  un crétin qui devait en sus  se dire que l’ISF le sauvait de  mesures plus radicales. 

Cette vision était volontairement trompeuse.  Tous les économistes s’accordent depuis toujours pour évaluer entre 2.5 et 3.5% le rendement du capital global immobilisé.  Avec une tranche haute d’impôt sur le revenu de 40% à l’époque et un taux de 1.8% sur la tranche maximale de l’ISF, il est facile de vérifier  que le rendement marginal net du capital devient négatif, sans même compter l’effet de l’inflation.  Beaucoup d’assujettis s’aperçoivent qu’il l leur faut vendre pour payer l’impôt. C’est tout sauf un impôt « léger ».

Compte tenu du poids immense en France est différents  fiscalités, l’ISF, s’ajoutant à la somme de tous les autres  prélèvements,  faisait passer  l’imposition annuelle à  plus de 80% du revenu et pour une dizaine de milliers d’entre eux de plus de 100%.  Il va de soi que lorsqu’on prend tout le revenu  d’un citoyen le pacte républicain n’existe plus.  Il ne s’agit plus d’une imposition mais d’une spoliation caractérisée.  Certains commençaient à vouloir le faire constater à des tribunaux !  

Près de 50.000 personnes représentant plusieurs  dizaines de milliards d’Euros de capital ont quitté la France depuis 1982. Le bouclier fiscal ne les fera pas revenir. Mais là n’est  pas le plus ignoble. L’ISF fait surtout mal aux personnes en difficulté : veuves  ou chômeurs qui se retrouvent avec un capital mais presque pas de revenu ;  enfants héritant d’un patrimoine mais  encore  à l’université ou au RMI ; femmes divorcées se retrouvant avec une indemnité importante mais pas de moyens d’existence salariaux ; paysans  au RMI mais dont la ferme, bien placée, est prise dans la tourmente immobilière.

Evoquer ces drames a longtemps  été interdit.  Tel était l’esprit du complexe bureaucratico-politico-médiatique, par delà tous les clivages gauche droite.  On a trouvé amusant et anecdotique l’histoire des Rmiste de l’île de Ré et sensationnel que le nombre des assujettis double en quelques années du fait de la bulle immobilière !  

Mais la campagne contre les effets pervers de l’ISF a aussi commencé à prendre de l’ampleur. Il a fallu lâcher un peu de lest. « On reprendra le « cadeau » plus tard d’une façon ou d’une autre ». Telle est la méthode classique du Ministère des Finances

C’est ainsi qu’on créa le bouclier fiscal à 40% puis à 50%. Tout sauf lâcher le symbole !   Nous avons écrit à l’époque que ces mesures n’auraient pas d’autres effets que de mettre en lumière les injustices flagrantes du système.  On vient d’avoir les résultats après un an de bouclier fiscal à 40%.  Il y a bien des milliers de français qui payaient plus de 60% d’impôt (en ne tenant compte que des impôts directs). Ce qui veut dire qu’avec tous les autres types d’impôts nous retombions bien sur les 80 à plus de 100% que nous avions calculés.   Et près d’un tiers des personnes concernées étaient des « pauvres », c'est-à-dire des personnes à faible revenu dont un certain nombre de Rmistes, de chômeurs, de veuves, de vieillards etc.

Pendant des années une énorme injustice leur a été imposée sans que personne n’ait jamais songé à s’excuser. On attend les remords de M. Rocard qui a rétabli l’impôt inique,  de Juppé qui l’a trouvé si bien, de Jospin qui l’a aggravé, de Chirac qui a refusé de le réformer vraiment et de Sarkozy qui peut constater que les résultats du bouclier à 50% sont quasi nuls.    

Avec le retour de l’inflation, jamais prise en compte sur les tranches de  l’ISF, on en reviendra vite à des taux de prélèvement aberrants pour de nombreuses personnes  dont la fortune est uniquement immobilière.  Comment s’étonner dans ces conditions que les grands riches continuent à fuir le pays et que les capitaux cachés à l’étranger ne rentrent pas.

Il est normal que des parlementaires sensibles au sort de leurs concitoyens s’attachent à faire supprimer cet impôt anti économique, socialement ignoble et politiquement abject. 

Mais la suppression n’est pas la solution au moment où la dette se creuse et où la récession aggravera les difficultés budgétaires.  Exonérer la résidence principale n’a que peu d’impact.

Ce qu’il faut faire c’est changer l’assiette de l’ISF et, euro pour euro, faire en sorte que des prélèvements sur les très hauts revenus et les stocks options  se substituent  aux bases actuelles. On dira : on libère les fortunes acquises au détriment des fortunes en train de se faire. C’est une plaisanterie.  Mieux vaut taxer un peu plus  un PDG du CAC qui gagne 4.000.000 d’Euros  et s’est servi grassement par le biais de Stock options, en lui disant : « maintenant tu es quitte ».  Plutôt que de l’attendre au coin du bois sa vie durant avec l’ISF actuel. Posez-lui la question : il sera d’accord, car il peut payer.  Alors que l’ISF écorne les patrimoines le plus souvent dans les périodes difficiles de la vie.  On aurait évité ces situations détestables où l’on a fait quitter son logement à une personne déjà touchée par un accident de la vie,  et on aurait sans doute obtenu  le retour de certains exilés fiscaux, tout en s’assurant des ressources supplémentaires  utiles en ces temps d’excès d’endettement.

Tout cela est parfaitement évident.  On ne l’a pas fait,  naturellement. Au contraire Nicolas Sarkozy  ajoute  sans aucune concertation préalable une taxation nouvelle sur les « produits du capital ».  La farce est complète.   

En URSS toutes les « expériences » montraient qu’on pouvait  tripler la production agricole et mettre fin à la disette et aux achats massifs de blé aux américains en renonçant à la collectivisation des terres.  On ne le fit jamais.  Tel est le poids de l’imbécillité idéologique.

Ce poids est très lourd en France.   

Mais le débat ne s’éteindra pas !

Les paradoxes du SMIC

Premier paradoxe, le SMIG, salaire minimum garanti, c'est-à-dire indexé sur les prix, est une création « de droite ». C’est George Bidault qui le met en place au début des années 50 au milieu des récriminations socialistes et surtout communistes, au Parlement ou via la CGT. Il s’agit de sortir d’une économie totalement administrée où prix et salaires sont fixés par le gouvernement. On concède un minimum garanti pour rassurer les couches populaires qui craignent, à tort, que les salaires baissent : aucun salaire n’a jamais baissé pendant les trente Glorieuses. Le contrôle des prix sera lui maintenu jusqu’à la fin des années 70 la crainte d’une flambée tout aussi fausse comme on le verra à ce moment là paralysant le jugement des politiques et confortant l’interventionnisme de l’administration.

Second paradoxe, le SMIC, salaire minimum de croissance, c'est-à-dire garanti et indexé sur les salaires, est aussi une affaire de droite. Il est créé par Chaban Delmas, premier ministre de Pompidou dans le cadre de la « nouvelle société » qu’il promet.  Comme les retraités sont en train de le découvrir, une indexation sur les prix et sur les salaires, ce n’est pas du tout la même chose. Au bout de 20 ans les écarts deviennent colossaux. La loi des accroissements composés est implacable. Quelques pour cent par ans finissent par faire une très grosse différence.  Le SMIG ne concernait plus en 72 qu’une toute petite fraction du salariat. Ce sont les salaires mimima des conventions collectives qui jouaient le rôle de promotion sociale.  Ajoutons que l’Etat avait fait disparaitre les différences entre les SMIG régionaux qui constataient simplement que le pouvoir d’achat d’un Franc n’était pas le même en province et dans les grandes villes.  Et rappelons qu’en 68 on avait éteint l’incendie social en augmentant massivement le SMIG ce qui compte tenu du peu de personnes concernée et des dévaluations ultérieures n’avaient pas eu d’effets trop graves sur l’emploi.

Le décor est en place pour une énorme sottise économique qui aura des conséquences fondamentales pour l’économie et le revenu des français notamment les plus fragiles.

Première conséquence, le paritarisme qui fixait dans les conventions collectives les salaires minima est éliminé de l’affaire qui devient politique.

Seconde conséquence, les politiques étant ce qu’ils sont et l’énarchie compassionnelle s’étant mise en place,  le « coup de pouce au SMIC », c'est-à-dire le « cadeau aux pauvres » devient un rituel.

Comme progressivement on aggrave constamment les charges pesant sur les salaires, on aboutit dès le début des années 80 au fameux « double fiscal » du salarié français.  Lorsque le smicard gagne 100 francs net, l’entreprise en  paie 200. En même temps se met en place ce que mes étudiants avaient fini par appeler à la même époque  la « marche de Dufau » tant je mettais l’accent sur ce phénomène pour démontrer les effets d’exclusion du  système : le gain pour l’Etat du retour d’un chômeur à l’emploi  représentaitr quasiment le montant du salaire du nouvel employé !  

 A la fin du vingtième siècle, la situation devient ubuesque. Le SMIC concerne plus de 25 % des salariés, ce qui est totalement démotivant. Les jeunes, les vieux, les femmes, les immigrés, les plus faibles donc,  ne peuvent plus trouver d’emploi et connaissent des taux de chômage  exagérés et sans comparaison dans les autres pays du monde.  Le smicard gagne 4000Francs/net par mois  et coûte 8000 à son entreprise.

On demande à un jeune sorti sans formation d’un système scolaire en déshérence depuis 1968 de rapporter à l’état 4000 Francs dès son premier mois d’embauche, alors qu’il ne sait rien faire :à la même époque un cosmonaute russe gagne 1000 F mensuellement ! L’immigré qui aurait gagné entre 700 et 1000 F par mois chez lui s’il avait trouvé du travail se voit assigner la tâche de fournir instantanément 8000 F par mois de valeur ajoutée.  Etc.

Evidemment  tout cela est déraisonnable et impossible.

Les entreprises se débrouillent  pour faire face à cette situation : développement du travail au noir ; recours à des étrangers en situation irrégulière ;  développement de l’intérim qui permet d’externaliser certains coût s; préretraites ; temps partiel ; développement de la précarité.

Mais il faut compter aussi sur les délocalisations et surtout sur les abandons de projets (les manque à gagner ne sont JAMAIS comptabilisés).  

L’Etat est obligé de financer un chômage structurel massif là où les partenaires sociaux étaient aptes à s’occuper du chômage conjoncturel.  Le cercle vicieux est total puisque ce poids fiscal supplémentaire pèse naturellement sur l’économie, aggravant sans fin le tourbillon.  

On est entré dans ce merveilleux système où le chômage recule à 8-9% pendant la bonne phase du cycle et monte à 12-13%  pendant la mauvaise.

La conjonction d’un salaire minima aligné sur le salaire moyen, des coups de pouces démagogiques et  du chargement  du salaire d’une infinité de prélèvements supplémentaires,  a profondément abîmé la société française.  La démoralisation est partout : jeunesse qui s’insère très difficilement, surtout dans les banlieues concentrant les immigrés,  classe moyenne smicardisée,  ascenseur social en panne,  baisse relative du revenu moyen, pression fiscale excessive (près de 80% en moyenne et parfois plus de 100% pour les couches élevées avec l’ISF jusqu’à récemment). 

La fausse bonté sociale a fini par créer des désastres sociaux,  effet pervers mais classique de l’ignorance.

Il serait faux de croire que ce mécanisme n’ait  pas été dénoncé inlassablement en son temps et que personne n’avait conscience de ses méfaits.  La presse quotidienne française a certes empêché toute édition de libres opinions sur la question.  Il est vrai que gauche et droite ont mené dans l’affaire exactement la même politique et que le propos aurait frappé la clientèle des journaux toutes tendances confondues. Alors silence !  Mais des livres sont sortis, des lettres ont été envoyées de ci de là, et surtout la réalité a fini par s’imposer aux yeux de tous.

On assiste donc  dès 1990 à des tentatives de réformes.  Le SMIC jeune est la première tentative : il échoue face à la pression de la rue.  Le gouvernement Jospin prend alors une mesure radicale : il réduit très fortement les charges sur le SMIC.  Le double fiscal du smicard disparait largement.  Mais il commet une erreur terrible : les 35 heures. C’est appuyer  en même temps sur le frein et l’accélérateur.  L’emploi gonfle indiscutablement et massivement mais on sait déjà qu’il sera étranglé lorsque les mesures malthusiennes prendront leur plein effet à partir de l’an 2000.  On n’a pas réduit les charges : on les a déplacées sur l’impôt et surtout sur la dette qui augmente alors même qu’on est en pleine grâce conjoncturelle en 99 et 2000 (1000 milliards de francs de dette en plus sur 5 ans tout de même).   Il est vrai que le choc est brutal : le transfert de charges concerne  25% de la population au travail !

Là dessus la récession du cycle quasi décennal frappe. On essaie d’y faire face en prenant des mesures non pas conjoncturelles mais structurelles. Ce sont les fameuses initiatives de Villepin avec des contrats dérogatoires pour les populations fragiles. La révolte contre le CPE puis la condamnation juridique des contrats dérogatoires mettent l’édifice à bas.

On continue malheureusement la politique des coups de pouce. Le vice est trop induré pour être facilement extirpé.  Et on augmente toujours à  la liste des chargements sur les salaires.

Où en est-on aujourd’hui ?

Lors d’un débat sur la TNT où on fait rituellement s’affronter deux pseudo économistes l’un affiché  socialiste l’autre disons de droite,  on parle du SMIC.  « Il n’a jamais été moins un problème » dit l’un. « Il reste une difficulté » dit l’autre. Que les auditeurs se raccrochent à la parole qu’ils aiment.

Le paradoxe est que les deux ont raison.

Jamais le coût d’un salarié au SMIC n’a été plus bas du fait de la quasi-disparition  du « double fiscal » du smicard.  Bien sûr on n’a pas gagné 100%. On a augmenté politiquement le SMIC qui a lui-même augmenté par son mécanisme même.  Mais on n’est pas revenu à la situation antérieure.  Le SMIC, comme coût, est bien au plus bas.  Mais rien ne serait pire que de le faire revenir à son coût antérieur.

Pendant longtemps les commentateurs socialistes ont nié la baisse du chômage qui s’est produite  entre 85 et 88, du fait principal de l’entrée dans la phase de haute conjoncture du cycle.  Pendant trois ans les chiffres ont été à la baisse et pour la première fois  on est descendu à un taux de chômage inférieur à 8%  (au meilleur de la conjoncture tout de même).  Naturellement on a attribué ce résultat à la mauvaise cause : il était politiquement plus neutre d’affirmer que c’était du au « papy boom », donc à quelque chose dont personne ne peut se prévaloir. C’est totalement faux.

Il est clair que la baisse massive  du coût global du SMIC a eu un effet important  sur l’emploi. Il suffit de regarder les chiffres : près d’un million d’emplois marchands gagnés !

Mais ce résultat a été obtenu de façon totalement artificiel et au prix d’un gonflement massif de l’endettement et il est contrarié par mille autres mesures, notamment l’aggravement de la pression fiscale globale.  Au moment où on entre dans la phase de récession  du cycle, tous ces résultats risquent d’être remis en cause et leur interprétation politicienne et médiatique brouillée.

Concluons :

-          Un Smig par branche et par région actualisé périodiquement par les partenaires sociaux  est favorable à la santé sociale d’un pays et sans conséquence économique grave. Le Smig n’a pas empêché les Trente Glorieuses ni le bon fonctionnement de  l’ascenseur social. 

-          Un Smic national politique qui prive les partenaires sociaux de tout grain à moudre et qui connait spontanément des dérives démagogiques est  une catastrophe. Cette dernière  a bien eu lieu et la pratique d’un  SMIC politique a largement détruit la société française, notamment la plus fragile, en association avec le gonflement permanent des prélèvements sur le fiche de paie et sur l’ensemble des patrimoines et revenus.

-          Les exonérations massives sur le SMIC  ont bien eu un effet important sur l’emploi. Mais cet effet a été largement gommé par les mesures malthusiennes qui les ont accompagnées.

-          En ne baissant pas les charges pesant sur l’ensemble des salaires et en ne jouant que sur le SMIC  on rate la cible.

-          Transférer les charges n’est pas baisser les charges.  Au total on finit par accroitre l’endettement et geler encore plus la situation.

-          Lorsque ces politiques sont menées dans un cadre de développement continue de la dépense publique,  leurs résultats sont noyés  dans les effets pervers et leur bilan  global, sans être nul, devient trop faible, même si les mesures prises ont  été massives.

-          La baisse des charges sur le SMIC étant liée aux trente cinq heures, on a ligoté le frein et l’accélérateur avec le même texte ce qui était de la pure démagogie politique et une sottise incompréhensible en terme économique.  

-          Les énormes gesticulations politiques auraient pu être évitées si on avait évité le grignotage démagogique  des quarante années « d’énarchie compassionnelle »  et de socialisme larvé qui ont suivi mai 68.

Longueur et patience de temps valent mieux que force et que rage. Mieux aurait valu juguler à la source les fuites apparues  dans la coque du voilier France plutôt que d’y ouvrir de multiples brèches puis de baisser la voilure et de couper un mat pour trouver la matière des rustines.

Le PIB, le Pauvre Indicateur Biaisé de la conjoncture

Par convention on déclare une économie en récession lorsque le PIB a décliné deux mois de suite. Depuis la guerre de 40 la France n'a connu qu'une seule récession ainsi définie, en 1993. L'ennui, c'est que cet indicateur est le pire lorsqu'il s'agit de connaître l'état de la conjoncture. Pourquoi ?

D'abord parce qu'il comporte toute la « production » du secteur public qui est calculée en fonction du coût des agents qui croit constamment. Si vous augmentez les fonctionnaires, le PIB s'accroit. Une charge devient un produit grâce au miracle de la statistique. Or la production du secteur public est particulièrement forte en France (autour de 25% contre environ 20% en moyenne dans l'union Européenne). En augmentant de 6% les coûts du secteur public en 1993, le gouvernement avait ainsi donné 1, 5% de croissance en plus au PIB alors que globalement il avait baissé. C'est dire combien la récession avait été forte dans le secteur marchand !

La seconde raison est purement technique : la valeur publiée du PIB est pendant au moins deux ans constituée de composants estimés et non pas constatés. On commence à avoir une vision relativement correcte du PIB pratiquement un an après la fin de l'année concernée. Et cela bouge encore pendant près d'un an. Compte tenu des erreurs ou incertitudes d'estimation on attache une valeur excessive aux chiffres de croissance ou de décroissance donnés trimestriellement. Elles sont fausses d'au moins 1%.

On comprendra que discuter d'un demi-point de PIB n'a dès lors pas grand sens. Quand on sait que la Banque de France annonce 0.1% de croissance du PIB au dernier trimestre, on voit que tout cela est de la poésie, pas de l'économie.

Il existe un excellent indice pour suivre la conjoncture en temps réel, un indice facile à calculer et qui ne trompe absolument jamais. C'est la proportion d'entreprises ayant reçu des commandes en croissance dans le secteur de la mécanique dans le mois précédent. Dans la phase haute de conjoncture l'indice monte jusqu'à 85% ; il baisse autour de 40% lors des récessions. Il suffit de tenir compte de 20.000 entreprises pour avoir une tendance fiable, soit les résultats d'une demi-douzaine de grossistes du secteur. L'informatique permettrait d'avoir les chiffres le 5 du mois suivant.

Nous l'utilisons depuis 20 ans avec 2000 entreprises, avec une fiabilité absolue. En 1997 nous avions annoncé la reprise alors que tout le monde politique parlait avec Rifkin de la « fin du travail » (Rocard) et de l'ineptie d'attendre « le Godot de l'emploi » (Seguin) et que le gouvernement Jospin justifiait les 35 heures par l'inertie structurelle du marché de l'emploi. Cet indice permet donc de savoir ce qui se passe là où l'erreur collective est de règle. On perçoit dans les médias la récession comme la reprise avec près d'un an de retard.

Notre indice a commencé à baisser fin 2006 et il est passé sous les 50% en juillet 2008. Nous sommes donc en récession et affirmer le contraire est une grossière contrevérité. Il est vrai que l'action psychologique fait partie de la panoplie anti-récession. Les propos de Mme Lagarde et de M. Fillon ne dérogent pas à la règle.

L'intensité de la crise apparaîtra à fin décembre : on verra alors si on descend sous les 40% chiffre qui serait le signe d'une crise de forte amplitude.

Récession économique : une ou plusieurs crises ?

Depuis 2006, la presse se fait l'écho des difficultés économiques successives sans jamais faire le lien entre elles.

Il y a d'abord eu un sérieux à coup boursier au printemps 2006. Puis la crise dite des « subprimes » a commencé à occuper l'opinion avec le blocage du marché des crédits interbancaires à partir de l'été 2007.

On a ensuite signalé l'apparition de récessions sur certains marchés immobiliers notamment aux Etats-Unis et au RU. On s'est aperçu ensuite que les prix des biens durables et des matières premières connaissaient une flambée formidable.

Le krach du dollar a alors mobilisé l'attention. Le retour de l'inflation sur les produits agricoles d'abord puis sur pratiquement tout le reste a inquiété le monde.

Les signes d'une récession généralisée sont maintenant en première page.

Les éditorialistes habituels de la presse quotidienne française, relayés par les perroquets des différents médias provinciaux et radiotélévisés, s'exclament : « ce qui inquiète c'est la conjonction de crises différentes ! ».

Il ne vient à personne l'idée que ces crises soient les épisodes divers d'une même séquence : le retournement du cycle de huit dix ans qui se manifeste avec la plus belle régularité depuis au moins deux siècles !

Bien sûr chaque épisode de ce type est légèrement différent du précédent : comme en matière militaire on gagne toujours la guerre d'avant ! La crise démarre toujours là où on ne l'attend pas vraiment et dépends souvent des conditions de la précédente sortie de crise.

Le ralentissement de 2001-2003 avait été traité par des mesures radicales des autorités des Etats-Unis : effondrement du dollar et de la monnaie chinoise qui est alignée de facto avec le dollar (en dépit de modestes réajustements récents), et inondation monétaire. Les taux d'intérêt réels sont devenus négatifs. Ce système a eu plusieurs conséquences :

- L'Europe a été squeezée et ne connaîtra qu'une croissance ralentie. La France étant particulièrement gênée par son immense embarras fiscal ne connaîtra qu'une croissance très faible avec une hausse d'à peine 5% du pouvoir d'achat des salariés sur l'ensemble du cycle. Un très mauvais résultat. - Les Etats Unis et la Chine sont entrés en résonance l'un achetant tout ce qu'on voulait et l'autre fournissant à concurrence, tout en accumulant de vertigineuses quantités de dollars. - Le système bancaire s'est retrouvé en difficulté, l'argent peu cher l'entraînant à chercher des profits en accumulant les risques.

La reprise de l'activité et son accélération en fin de période, une constante du cycle, allaient entraîner des conséquences fâcheuses :

- Les mauvais crédits s'accumulant, notamment dans le secteur immobilier, les bilans bancaires se sont fragilisés et ont fini par casser. - Le délire de création monétaire par les déficits américains a fini par provoquer une fuite devant la monnaie, les investisseurs cherchant dans une sorte de sauve-qui-peut leur salut dans l'achat de biens réels et de matières premières. - Le cumul de cette fuite avec les effets de la croissance a poussé vertigineusement les prix sur ces marchés. - La bulle immobilière est la fille naturelle des intérêts bas et de la fuite devant la monnaie. - Les énormes balances accumulées par les pays exportateurs de matières premières ont eu du mal à se replacer, maintenant les taux d'intérêt très bas et leur fuite devant le dollar a fait plonger un peu plus le billet vert. - L'inflation monétaire s'est alors traduite par une hausse de tous les cours de matières agricoles puis de l'indice général des prix.

On est alors entré dans la phase classique de retournement du cycle : - Retournement de la bourse - Éclatement d'une crise des crédits aventurés - Éclatement des différents bulles spéculatives - Récession sur les marchés fragiles (publicité, voyages, conseils, presse, ...) - Plongeon du commerce international - Crise de confiance des investisseurs et des consommateurs - Ralentissement général.

On voit bien que toutes les « crises » sont étroitement corrélées entre elles et ne sont que les épisodes divers d'un même phénomène.

C'est parce que le Cercle des Economistes E-toile s'est spécialisé depuis longtemps dans l'étude du cycle décennal qu'il a pu à chaque étape correctement analyser la situation et faire des scénarios qui se sont tous révélés exacts.

- Détection dès juin 2006 que la crise serait plus rapprochée que d'habitude et frapperait à plein en 2008-2009, au lieu de 2009-2010 comme annoncé en 2002, avec annonce d'une grave pression à la baisse sur le dollar. - Article sur le forum du Monde .FR en juin 2006 au départ de la campagne présidentielle française indiquant que M. Sarkozy prenait des risques idiots en annonçant qu'il augmenterait la croissance française alors qu'une récession occuperait la moitié de son quinquennat ! - Annonce fin 2006 d'une fuite manifeste devant la monnaie contrariant le mécanisme stabilisateur des prix associé à l'ouverture totale de l'industrie mondiale à la Chine (que nous avions décrit en 1999). - Déclaration dès juin 2007 du risque sur les marchés de crédit et annonce de l'explosion prochaine de toutes les bulles. - Contestation fin 2007 de l'idée idiote du « découplement conjoncturel de l'Europe » - Contestation en juin 2008 de l'idée d'une sortie de crise par les « moteurs » indiens et chinois. - Contestation début juillet 2008 de l'idée d'une hausse massive des cours du pétrole (quand les medias l'annonçaient inéluctablement à 200 $ le bari)l, sur la base qu'une récession entraîne nécessairement une baisse de la demande ! - Constatation depuis que tous les annonces faites sont confirmées par le développement des évènements économiques. Notre règle est de donner les scénarios auxquels nous croyons à l'avance.

Rien de plus agaçant que la rétro explication triomphante à laquelle se livrent les quatre ou cinq économistes en cours dans les médias. Rien de plus pénible que de constater qu'aucun organe de la PQN ne veut prendre le risque de la vérité.

Frappé de nullité économique chronique ces médias ne pensent qu'à éviter tout risque mais, privés du moindre cadre théorique et de toute aide réelle des économistes professionnels, ces grands taiseux, ils ne font que suivre au jour le jour les évènements en butant régulièrement sur une réalité qui contredit inlassablement leurs « analyses », comme la guêpe frappe la vitre.

Le moment de vérité

Le moment de vérité arrive en général au plus profond de l’été juste avant que les Ministres ne s’éparpillent. Les annonces se font en langage codé : il s’agit toujours de courage, de lucidité, de haute tenue morale.  La matière elle, est des plus prosaïques.  On annonce que non seulement on renonce à toutes ses promesses électorales en matière de baisse d’impôts mais qu’en plus les taxations vont aller bon train.

Faute de l’avoir prévu, le Président Sarkozy et son premier ministre prennent  de plein fouet le retournement décennal du cycle.  On annonce une politique de ni-ni : ni hausse d’impôts ni baisse. En fait on ajoute deux nouveaux impôts, l’un sur les Mutuelles de santé l’autre sur les bénéfices de la participation. On doit en être à douze taxes nouvelles depuis un an.  Comme on a laissé le taux de prélèvement se gonfler pendant un an, il est impossible de le baisser maintenant que la crise est là. Les recettes menacent de flancher : taxons donc ; taxons encore ; taxons toujours.

Cela ne suffira évidemment pas.  La récession plombe toutes les recettes : l’IS, l’IR et aussi la TVA malgré l’inflation.  La hausse des taux d’intérêt mange le budget. Le plafonnement de l’ISF n’apporte plus le surcroit de recettes habituel. Les recettes liées à l’activité immobilière et au tourisme sont atteintes.  On va donc vers un exercice 2009 déficitaire avec renforcement de la dette, montée du chômage, déficits sociaux,  etc.  Alors qu’on est au summum de ce qui est autorisé par les conventions européennes en matière d’endettement.  Faute qu’aucune des mesures prises jusqu’ici ait un véritable impact sur la dépense publique (au contraire on multiplie les gestes en faveur de catégories touchées par la hausse du pétrole ou non, comme les médecins)  il faudra bien à nouveau prévoir des hausses de prélèvements.

Adieu le 1% de croissance en plus sur la durée du quinquennat, adieu la disparition de l’anomalie fiscale française (100 milliards d’Euros de dépenses en trop par rapport à la moyenne) : vive l’impôt.  Et bientôt  la CSG ou la TVA  seront sollicitées pour fournir l’appoint.

Adieu aussi la « rupture ».  On en est revenu au schéma habituel : on réforme peu ou pas pendant la période de croissance tout en engrangeant les sur-recettes de la progressivité ; puis on augmente les impôts après le retournement pour éviter que la baisse des recettes  ne provoque trop de remises en cause. On en sort meurtri et avec une croissance du revenu par tête décalée en baisse par rapport aux autres.

M. Sarkozy, Mme Lagarde, M. Borloo sont des avocats. M. Fillon est un homme politique de profession, comme Mme Bachelot.   Leurs connaissances économiques sont nulles. Ils ne peuvent ni anticiper, ni comprendre, ni élaborer une stratégie.  Ils réagissent à la petite semaine sur une base purement politique.  M. Borloo pleure son « mauvais » budget c’est à dire « pas en hausse ».  Mme Lagarde répète comme un perroquet ce que lui soufflent les énarques de son cabinet.  M. Sarkozy cherche à dévier le mauvais effet des hausses d’impôt derrière des rideaux de fumée assez grossiers.  M. Fillon se lamente.

Où en seront-ils fin 2009 ? Et surtout lors de l’élaboration du budget 2010 ?  On risque de voir à nouveau une réponse politique du genre : élimination de Fillon, bouc émissaire désigné.  Mais où seront passées les chances de la France ?

Deux mots sur la paradoxale « haute productivité française »

Depuis des années maintenant on voit fleurir un « marronnier », une information que la presse reprend inlassablement à date fixe,  juste au moment où  commence la période d’examen du nouveau budget.  Les radios ce matin viennent TOUTES d’en faire bruisser le feuillage avec son entrain coutumier, en attendant les journaux et la télévision. 

La France aurait « une magnifique productivité, quasiment la meilleure du monde ».

La chanson sur la productivité exceptionnelle de l’économie française précède généralement les tours de vis fiscaux. « Rassurez-vous donc chers contribuables, vous pouvez payer ! », tel est le message peu subliminal qu’il convient de véhiculer aux Français détendus qui  commencent à s’affaler sur les plages. 

Procès d’intention alors que la réalité de cette forte productivité est avérée ?  Regardons les faits avec un peu d’attention.

La France est le pays développés qui a le taux d’emploi le plus faible globalement et dans toutes les catégories fragiles.  Il ne se passe pas un jour sans qu’un rapport, un commentaire, une étude, n’expliquent  aux Français qu’il a le taux d’emploi des jeunes le plus bas (rappelez vous le CPE),  le taux de chômage des femmes le plus sévère, une population immigrée loin de l’emploi à près de 20%,  et  des « seniors » sans activité économique en très grande proportion.

Hier encore ce taux d’inemploi des Seniors faisait l’actualité avec un rapport de la CNAV expliquant que le Plan Fillon d’emploi des seniors n’avait eu aucun impact.  Tout au long de l’année des incidents en banlieue ont rappelé que les jeunes immigrés sont  sans boulot. Une nouvelle loi a fait  l’actualité pour commenter le durcissement des conditions d’indemnités  avec l’obligation d’accepter  des propositions peu alléchantes, les chômeurs restant trop longtemps au chômage. Un autre rapport récent indiquait que la loi sur la « prime fiscale à l’emploi »  n’avait aucun effet.

Etc. Etc.

La vérité commence alors à se découvrir.  Les entreprises françaises, accablées de charges, ne peuvent employer que la fraction de la population la plus productive.  La proportion de salariés dans la population totale française tourne autour de 16%. Elle est entre 25 et 35% dans tous les pays dynamiques.  On voit l’énormité du déficit.  La France ne permet pas les « petits boulots » ou les activités à productivité réduite.  Seul le noyau dur des activités potentielles a été conservé au prix du sacrifice de millions d’emplois.

L’Etat bon Samaritain  a été obligé de prendre en charge (et si mal) les exclus. C’est une des raisons d’un budget de 25% supérieur dans ses dépenses à ses recettes depuis des lustres, et une des explications de la pression fiscale globale et de l’endettement.  La spirale se renforce de sa propre force.  Et nous n’arrivons plus à nous en sortir.

L’étranglement fiscal est la principale raison, avec la rigidité des réglementations,  de la réduction de l’emploi aux seuls postes productifs.   Le fait qu’on ne puisse plus employer une masse de gens ne signifie pas que nous sommes meilleurs que les autres. Le noyau dur des autres économies est tout aussi productif et parfois bien plus que le moignon qui nous reste.  

Cet abusif  cocorico sur une fausse comparaison est lamentable. Parions qu’il ne sera dénoncé NULLE PART DANS LA PRESSE.  Il faut crier « Vive l’Impôt », se taire sur les manipulations de l’information  et soutenir la campagne qui est lancée pour faire passer en douceur  dans la torpeur estivale les mauvaises  nouvelles fiscales qui s’annoncent.

Didier Dufau   

 

Le FMI : Formation Manifestement Inutile ?

Evoquer le Fond Monétaire International n’a rien de sexy. Quand la Presse en parle ce n’est que de façon anecdotique.   On relèvera le déséquilibre en défaveur des pays émergents.  On signalera que l’organisme ne distribuant pratiquement plus de crédit, il est en déficit chronique.  On s’amusera de voir nommer à sa tête un socialiste français particulièrement incapable et qui a d’autres ambitions.  Mais personne ne se risquera à préciser la raison profonde de la déréliction de cette institution.  Elle est pourtant fort simple.

Le FMI a été créé dans le cadre des accords de Bretton-Woods pour servir de banque d’ajustement dans un cadre de changes fixes mais ajustables.  Traumatisés par la crise de 29, les grands pays se sont aperçus qu’il valait mieux éviter que les problèmes de balances de paiement  entraînent une spirale de restriction globale du commerce et ses conséquences sociales inacceptables.  

En 1971, à cause de la politique américaine, mais sur une initiative prise formellement par les Allemands,  le système de Bretton-Woods a été abandonné. On est passé aux changes flottants. Sous l’influence théorique de Milton Friedman et surtout sur la pression de la nécessité : les Etats-Unis étaient incapables de rembourser leurs dettes en or !  Le système de change flottant est détestable et donne des résultats exécrables avec une perte globale de croissance sur les 40 dernières années d’un point moyen. Il a entraîné  la perte pendant la même période de 95 à 98 de la valeur des principales monnaies, dont le dollar. On voit bien qu’il s’agit d’un système instable qui est incapable de réguler quoi que ce soit.

La première victime est le FMI. En système de changes flottants il n’a plus aucun rôle à jouer.  On connaît la force de résistance à la disparition des administrations inutiles. Alors celle là a perduré en tentant de prendre à sa charge une partie des missions de la Banque Mondiale. Avec Delarosière, dit « sœur Theresa » dans le milieu, il s’est transformé en organisme de charité pour pays du tiers monde consentants. Il a été tellement odieux dans cet exercice que même les tyranneaux les plus cupides n’en ont bientôt plus voulu. Puis il en est venu à faire des prêts politiques. On l’a vu avec le prêt à Eltsine, complètement détourné de son objet.  L’argent avait tout simplement été replacé sur les marchés au nom de quelques princes du régime permettant un enrichissement phénoménal et sans risque.  Avec l’Argentine, il est entré dans des contradictions insurmontables : le système  de « currency board » retenu par ce pays (contre l’avis du FMI) était intenable. En système de changes flottants il ne pouvait qu’exploser.  Le FMI a voulu jouer les pompiers. Il s’est fait traiter de pyromane.  C’était injuste, mais l’aventure montrait qu’il n’avait plus aucun rôle utile.

Alors il est entré en léthargie.  Les présidents successifs furent désormais des politiques en planque honorifique en attendant des postes encore plus décoratifs dans leur pays.  Dès que le poste visé était disponible ils démissionnaient. Nous ne dirons pas qu’avec DSK  nous ne sommes plus dans cette pratique navrante.     

Entre une tête vide, des effectifs totalement déraisonnables et une absence prolongée de rôle précis, le FMI est une organisation mort vivante. 

Ou en revient au système des changes fixes mais ajustables ou on supprime le FMI.

 On ne parle évidemment d’aucune des ces deux solutions. On reste donc dans l’inertie et le chien crevé au fil de l’eau.  A quoi cela rime-t-il ?

Valentin Zeldenitz

Le mystère Sarkozy

Que M. Nicolas Sarkozy soit un surdoué de la politique, tout l’indique. Mais que penser de sa politique économique ?

Là, le mystère commence.

Sa campagne présidentielle laissait l’auditeur sur sa faim. Le programme annoncé était un « programme court » dans une « ambition longue ». L’ambition était de faire regagner, en fin de mandat, les points de croissance qui manquaient à la France par rapport aux autres pays.  Le programme court  prévoyait un ensemble de mesures  dont la principale était la détaxation des heures supplémentaires levier indispensable pour faire sauter le verrou des 35 heures et rétablir le pouvoir d’achat des masses laborieuses.

Alors qu’il était certain qu’une récession viendrait perturber son mandat,  il demandait à être jugé en 2012 sur la baisse du chômage et le rétablissement des grands équilibres pour une France en croissance aussi rapide que ses meilleurs concurrents.   Nous avions souligné à l’époque que la méconnaissance du cycle rendait ces propos très imprudents, entre présomption et incompétence.  

Il promettait des réformes, dont la baisse des effectifs des fonctionnaires, des mesures fiscales ciblées sur les emprunteurs immobiliers et sur les petits héritages,  et l’équivalent du plan mythique « Pinay-Rueff » pour briser les freins à la croissance.

La réalité a été conforme à ces annonces. Le programme court a bien été exécuté.  La loi TEPA a détaxé les heures supplémentaires ; Le bouclier fiscal à été remonté à 50% ; les régimes spéciaux ont été réformés ;  les effectifs de fonctionnaires ont commencé à être réduits.

Pourquoi parler de mystère dans ces conditions puisque nous voyons  un président faire ce que le candidat avait annoncé ?

Comme prévu la détaxation des heures supplémentaires n’a pas eu les effets décisifs annoncés. Avec la récession ce sera encore plus net.

Réduire la taxation des petits héritages a fait plaisir au plus grand nombre, c’est sûr, mais son impact économique est quasi nul.

Favoriser les emprunteurs immobiliers en pleine résorption de la bulle spéculative  n’est pas absurde mais s’analyse comme un coup de chance : l’idée était démagogique et politique, sans rapport avec l’éclatement de la bulle, non prévue par Sarkozy.

Les mesures autour du bouclier fiscal et de la déductibilité de certaines dépenses  ont l’énorme inconvénient  d’avoir empêché la réforme réelle de cet impôt dont il fallait absolument changer l’assiette en attendant de le supprimer. Sarkozy a tenté de rendre à peu près acceptable un impôt qui ne l’est pas.  Curieusement sa réforme lui a coûté autant d’avanies politiques sur ses « cadeaux  aux riches » que l’aurait fait une pure et simple suppression.  Un an après on voit que l’impôt s’est stabilisé en valeur mais que le nombre des assujettis a encore augmenté.  Les 100 familles s’étaient retrouvées 100.000 en 81, les voilà à 400.000 !  Et on s’est étonné que les expatriés ne rentraient pas !

Les 35 heures ont été triturées de façon incompréhensible, alors qu’il suffisait purement et simplement d’y renoncer et de revenir aux 40 heures avec dérogation possible négociée entreprise par entreprise.

La réforme des régimes spéciaux a bien été entreprise avec alignement sur la fonction publique.  Mais il y a tellement de codicilles et de négociations secrètes qu’on ne sait finalement pas ce qui a réellement changé, si ce n’est la fin de l’indexation sur les salaires des actifs des retraites.

Restent les réformes importantes lancées sur un peu tous les sujets.

On réforme la carte judiciaire, mais on ne réduit pas le nombre des magistrats qui au contraire augmente tout en indemnisant des tas de villes touchées par les fermetures de tribunaux.  C’est donc une réforme qui coûte et dont on ne sait guère ce qu’elle économisera à terme.

On diminue le nombre des fonctionnaires, faisant sauter un verrou sur une question tabou, mais à terme on aura 100.000 non renouvellements  sur 5 millions de personnels à statut plus ou moins protégés !   Un fonctionnaire qui part à la retraite sans être remplacé n’a pas un effet massif sur les finances publiques.  Les mesures prises n’auront qu’un impact inférieur à 5 pour 1000 sur la dépense publique !

On a reculé sur les taxis, les notaires, les pharmacies, etc.

On s’attaque maintenant aux armées.  Mais là aussi on voit bien que le but n’est pas tant de réduire le budget des armées que de permettre une meilleure efficacité à coût égal.

Dans le domaine de la sécurité sociale rien n’a été fait depuis la micro réformette Douste Blazy. Les comptes dérivent avec les dépenses et les quelques sous exigés  sur les boites de médicament ne correspondant pas aux enjeux phénoménaux de ce dossier.

On a lancé la RGPP qui ne donne exactement aucun résultat sauf quelques gouttes d’économie par ci et par là.

On a lancé de nouveaux impôts et notamment  les taxes liées à l’environnement.  De nombreuses dépenses supplémentaires ont été annoncées comme le RSA, le « quatrième risque » etc.

La hausse des taux d’intérêt creuse un magnifique trou dans notre budget, compte tenu de notre endettement.  

Au total on dira que la politique est bien orientée dans son objectif général mais que les mesures prises jusqu’ici sont soit purement électoralistes, soit dérisoires, soit ambigües et en tout cas totalement hors de proportion avec le nécessaire.

M. Sarkozy gratte le béton avec un araire en annonçant les belles  moissons  qui chantent.   Tout cela sera balayé par le ralentissement économique.  Nous dévoilera-t-on alors le « programme long » ou improvisera-t-on   selon des axes plus ou moins électoralistes ?

Tel est le mystère Sarkozy.

Didier Dufau

Economie Française : le palmarès des incapables

Voici donc la France à la veille de la récession.

Elle y va alors que tous les indicateurs sont déjà au rouge.  La dette d'état sans être effroyable est aux limites des critères de Maastricht.  La pression fiscale est au plus haut quasiment historique.  Les dépenses vont bon train, malgré divers effets d’annonce.  Le chômage est bas par rapport aux performances  habituelles mais reste très élevé. Le non emploi des jeunes, des vieux, des femmes, des immigrés et des personnes économiquement fragiles est au top  du monde développé.  Les comptes extérieurs sont fortement dégradés, avec une balance commerciale qui s’enfonce dans le déficit.  L’inflation est là à des taux inhabituels depuis 20 ans.

La récession n’arrangera rien.  L’Etat va se retrouver étranglé, la consommation et l’investissement aussi.  Le chômage va repasser au dessus des 10%  Rien que du bonheur.

Mais qui a donc mis la France dans cet état.  Etablissons le palmarès des incapables.

L’affaire commence avec la crise de 74 et le septennat Giscard.  Ce dernier croit que la France s’en sortira grâce au TOUT ETAT.  Son septennat sera fiscal et malthusien.

Le gouvernement Chirac se trompe de diagnostic, car il n’a rien compris à la nouvelle situation créée par la disparition du système monétaire international de Bretton-Woods. Il se lance dans une relance keynésienne qui tourne au fiasco général.  En même temps se met en place « l’énarchie compassionnelle ». On règlemente  le licenciement avec l’autorisation administrative préalable,  tout en accordant des indemnités de 2 ans tellement généreuses  que certains cadres demandent à être licenciés !

Le résultat : des déséquilibres massifs de tous les comptes et une hausse également massive des impôts.   L’arrivée de Raymond Barre ne change pas grand-chose.   Certes il prend deux mesures importantes : la suppression du contrôle des prix et la compression des salaires pour éviter que l’inflation extérieure ne soit relayée par l’inflation intérieure.  Mais pour le reste il continue à dépenser un maximum et à aggraver la pression fiscale sans revenir sur les mesures démagogiques prises par son prédécesseur.

La gestion de Giscard aura donc été un grave échec, Chirac prenant une belle option au palmarès des nullités économiques.

Mitterrand aggrave les choses.  Son septennat sera celui du détestable  « programme commun de la gauche »  avec ses nationalisations idiotes et ses milles mesures démagogiques conduisant à une frénésie incontrôlable de dépenses  et d’impôts.

Jamais un Président n’aura fait autant de mal à un pays  depuis 1980 sinon peut être Mugabe, un socialiste lui aussi.

N’accablons pas Mauroy, le premier ministre daltonien qui voyait tous les feux aux verts juste avant la débâcle finale qui aboutira à la « pause » dans le passage de « la  nuit à la lumière » et l’abandon de fait du programme socialo-communiste. Avec Delors il formera un couple de mères douloureuses  unique en son genre répétant en petit comité « qu’on fonçait dans le mur » et en public « que tout allait pour le mieux, Madame la Marquise ».     La France ne se remettra jamais vraiment de l’application du programme commun. 

Le gouvernement Fabius arrange un peu les choses mais on est déjà dans le ni-ni. C’est le premier gouvernement stagnationniste.  On verra qu’il n’est que le premier du genre.  En attendant la dette et la pression fiscale sont au plus hauts, accordées au saut  vertigineux de la dépense publique.

Le gouvernement Chirac-Balladur est plutôt bon.  Il prend d’excellentes mesures, comme la suppression de l’ADI et du Centre Mondial de l’Informatique,  de l’ISF, commence les dénationalisations.  Il prépare la France au rebond de l’économie mondiale. Hélas, les élections sont perdues.

S’annonce le pire des gouvernements de l’ère Mitterrand. Voici Rocard et la troisième gauche.  Ils vont mettre l’économie par terre et évidemment personne ne va s’en apercevoir. Pourquoi ? Parce que la conjoncture économique mondiale est  dans sa phase haute et la conjoncture française est excellente.  C’est le moment de faire de grandes réformes et de réduire drastiquement les dépenses et la pression fiscale.  Or nous savons (voir notre billet sur la croissance et l’impôt)  que la pression fiscale augmente mécaniquement pendant les phases de croissance.  Il faut donc AGIR. C’est le bon moment.  Que fait Rocard ?  Il AUGMENTE LES IMPÖTS MASSIVEMENT en rétablissant l’ISF, en créant la CSG tout en AUGMENTANT MASSIVEMENT LA DEPENSE notamment avec le RMI.  Il fait donc l’inverse exact de ce qu’il aurait du faire.  Comme la conjoncture est bonne  personne ne dit rien et il peut parader en se prenant pour le « meilleur premier ministre depuis la guerre ».   En vérité il crée les conditions d’une situation impossible lors du renversement suivant de la conjoncture.  C’est lui le criminel véritable.  A cause de lui la France va entrer dans l’impasse totale.  Surtout il ne réforme rien, et en particulièrement pas les retraites dont il sait que la nécessité est bien « ici et maintenant ».

Ne disons rien du Gouvernement Cresson, bref et insignifiant.   

Lorsque la conjoncture se dégrade et que la récession décennale s’annonce  Bérégovoy hérite d’une situation impossible. La dette se creuse. L’emploi se dégrade. Les déficits s’amplifient. L’investissement s’arrête.  Alors qu’il multiplie enfin les bonnes mesures, il est sanctionné  électoralement, devient le bouc émissaire, et ne s’en  remet pas. Il aurait du écrire « Rocard m’a tuer ».

Le gouvernement  Balladur choisit de laisser filer.  Il s’agissait d’être net pour la présidentielle à venir. La dette enfla  donc comme jamais. Une seule réforme se fit : les salariés du privé virent l’âge de la retraite retardée de quelques années, ce qui n’avait que peu d’influences sur les déficits publics.  

Juppé hérite alors d’une situation totalement dégradée avec des déficits monstrueux et en prime l’obligation de respecter les critères de Maastricht.  Il n’a plus de temps de réduire les dépenses si  tant est qu’il n’en ait jamais eu envie.  Le coup de matraque fiscal est effarant.  Il est si fort qu’il provoque par contrecoup la mini récession purement française de 1996 !

Lorsque Jospin arrive, les Français n’ayant pas pardonné la politique fiscale de Juppé,  la situation est assainie en France et la croissance s’accélère dans le monde.  L’ennui : il ne s’en aperçoit pas.  Il charge DSK, le pire ministre des finances des 35 dernières années, de donner un tour de vis fiscal supplémentaire  et bloque l’industrie avec les 35 heures ! Les recettes affluent à un niveau jamais vu et la question de la « cagnotte » devient centrale.  En cinq ans malgré les recettes en forte hausse, il réussit à augmenter de mille milliards de Francs l’endettement.   Ce n’est que poussé par Fabius (un article célèbre dans Le Monde sur : le mur fiscal) qu’à l’extrême fin de son quinquennat  il baisse assez fort la fiscalité (cad il rend une partie de la hausse aux  Français).  Il n’a fait aucune réforme utile lâchant lamentablement le seul ministre qui voulait « dégraisser le mammouth ».  La France a perdu son temps et surtout n’a pas exploité la haute conjoncture pour réduire les impôts et les dépenses.

Quand Raffarin prend ses fonctions, on est en plein dans la phase basse du cycle. Il est clair qu’il ne fera rien : Chirac est dans sa phase brejnévienne d’assoupissement total.   Il en vient à sanctuariser « les avantages acquis » et l’énarchie compassionnelle atteint ses sommets. On pleurniche sur tout avec tous.  C’est l’époque où la grande politique française se décline autour de deux objectifs : réduire les accidents (de la route, de piscine, d’ascenseur)  et essayer de guérir le cancer.  « Un objectif de sous secrétariat à la population» avais-je écrit à ce moment là sur le forum du Monde.   Une seule réforme sera entreprise : la retraite, et encore en repoussant à plus tard celle des régimes spéciaux.  J. Chirac déclare « la pause fiscale », c'est-à-dire le retour de la hausse de la pression fiscale. 

Le gouvernement Villepin s’enracine dans la brejnévisme.  On le cache par une gesticulation ridicule qui aboutit au projet absurde du CPE. J’écrivis à l’époque : « on a transféré sur les générations futures tous nos déficits et nos lâchetés.  Voilà qu’on veut aller encore plus vite et les faire supporter par la jeune génération  qui arrive ! ».  Rien d’utile n’est fait pendant cette période.  Cela ressemble au gouvernement Balladur.  Mais on n’a pas compris qu’on est déjà dans la bonne phase du cycle et on n’en profite pas.  On laisse simplement la pression fiscale augmenter mécaniquement par l’effet de la progressivité globale  du système.

On ne peut pas encore juger le gouvernement Fillon ni Sarkozy (voir : « le mystère Sarkozy », à venir sur le blog).

Mais déjà on peut dresser le palmarès des incapables.

Président le plus néfaste :

 N°1 : Mitterrand, avec le programme commun de la gauche

               N°2 : Giscard, sa politique du « Tout Etat, son septennat fiscal.

               N°3 : Chirac, son « Enarchie compassionnelle » et son, immobilisme rad-soc.   

Premier ministre le plus néfaste :

              N°1 : Rocard, recordman du monde de ce qu’il ne fallait surtout pas faire

N°2 : Jospin, qui gaspille une occasion unique d’améliorer la situation et qui l’aggrave avec des mesures malthusiennes.

N°3 : Mauroy, le programme commun, tout le programme commun. Hélas !

N°4 : Chirac  1er gouvernement : la relance imbécile et les vannes ouvertes de la dépense publique

N° 5 : Balladur : laisse filer tous les déficits sans réformer le secteur public.

N°6 : Juppé : donne un coup de massue fiscal historique, mais avait-il le choix ?

N°7 : Fabius : laisse filer en douceur.

N°8 : Villepin : laisse filer en splendeur.

N°9 : Raffarin : aura au moins fait une réforme pendant « la pause fiscale ».

N°10 : Barre : de bonnes mesures mais laisse filer la pression fiscale et l’endettement

N°11 : Bérégovoy : prend de plein fouet la récession mais  fait diverses réformes utiles et n’aggrave rien.

Mme Cresson n’a pas été notée. Elle n’était pas néfaste, seulement nulle.

On notera que ce classement ne recoupe absolument pas  l’idée que les media s’en font. L’opinion publique ne s’attache qu’au contexte : les phases Rocard et Jospin ayant été de conjoncture faste  ils en créditent le gouvernement qui non seulement n’y est pour rien mais a gâché lamentablement les opportunités que cette situation offrait.

Didier Dufau

PETROLE : UNE HAUSSE INELUCTABLE ?

Vous, les  Français, vous n’avez pas  de pétrole mais des idées.  Nous, les Polonais, on a des plombiers mais pas de pétrole non plus.

Si on en croit les augures on va droit vers les 200 $ le baril : « inéluctablement et à court terme », ils disent.

Je crois qu’ils se trompent.

 L’équilibre du marché se calcule en demi-million de barils jour.  La hausse des prix a entraîné une BAISSE dans les pays occidentaux du volume de cette unité de mesure.  La récession aux Etats-Unis qui se propage actuellement au reste du Monde va probablement doubler cette économie.  Au total on va donc vers une réduction de trois unités d’ici à fin 2009. La hausse de consommation dans les pays émergents sera sans doute de 2 unités sur 2008 mais on peut prévoir un retournement en 2009 , avec  la récession mondiale.

Ces prévisions montrent qu’il y aura un retournement  du marché du pétrole dès 2009, ce qui devrait normalement entraîner une baisse des cours.  Le discours  sur la hausse perpétuelle du cours du pétrole du fait de la hausse de la consommation  ne tient aucun compte du cycle et manque de solidité économique.

On constate cependant  depuis 8 mois une hausse très importante sans que les déséquilibres réels ne soient en proportion.  Cela prouve tout simplement que la hausse a d’autres causes, essentiellement monétaires.  Comme le répète les Cercle Des Economistes E-toile,  la crise est essentiellement monétaire. Nous sommes en pleine fuite devant la monnaie et à une époque où  l’épargne est mondialisée  et largement investie en hedge funds. Ces derniers jouent tous la baisse du dollar avec le succès que l’on sait.  Mais il y aura nécessairement un retournement de ces positions spéculatives un jour ou l’autre, soit que le dollar craque vraiment, provoquant une véritable crise mondiale façon 29,  soit que les autorités prennent des mesures de stabilisation qui rendent vaines ces spéculations.

Dans les deux cas on aurait une baisse du cours du pétrole.  L’ennui c’est qu’une concertation intelligente des autorités du G8 autour de la réforme du système monétaire international  est quasiment inconcevable tant les esprits sont loin des réalités  et qu’une grave récession n’est pas à souhaiter.

D’où une certaine difficulté à établir un scénario crédible.  Et aussi une certaine angoisse pour la suite.  Mais la hausse du cours du pétrole n’est pas « inéluctable ».

Zbig  Brataniec



La crise impossible à prévoir : trop drôle et trop facile M. Yves de Kerdrel !

Le Figaro du mercredi 16 juillet a deux particularités.  L’une est la page particulière qui fête la place de numéro 1 de l’information  sur Internet attribuée au Figaro.fr. L’autre est l’éditorial d’Yves de Kerdrel  intitulé « la quadrature du cercle » dans laquelle on trouve cette phrase comique :

« Qui pouvait dire il y a un an que le monde entier basculerait sinon dans la crise sinon dans le ralentissement ?  … Personne bien sûr».

C’est facile M. Kerdrel. La réponse est : le Cercle des Economistes E-toile qui a annoncé le retournement    dès 2006 et  a précisé le scénario dans des termes qui correspondent exactement à ce qui s’est passé  pendant toute l’année 2007 et le premier semestre 2008. Ces informations ont fait l’objet de dizaines de publications sur Internet. Des courriers en ce sens ont été envoyés à fin de publication au Figaro, comme à d’autres organes de la PQN,  qui les a tous ignorés.

Notre Economiste en Chef, Didier Dufau, a même  écrit un avertissement à M. Sarkozy pendant la campagne électoral  pour lui dire de faire attention  car il subirait nécessairement une récession pendant le quinquennat.  Il l’a reproduit dans un de ses billets sur le Forum du Monde.  La conclusion de M. Kerdrel « Il serait donc très injuste de formuler le moindre grief à l’égard de ce gouvernement »  prend de ce fait une allure franchement ridicule.

Comment faire pour ALERTER l’opinion publique lorsque les media principaux font un barrage total  à des démonstrations claires et nettes  qui annoncent les choses avec toute la précision nécessaire ? Pourquoi les journalistes des grands medias sont ils à ce point frileux qu’ils ne recherchent d’information qu’auprès « d’autorités » qui ont avec le perroquet en commun de répéter ce que tout le monde répète.  

Comment se fait-il qu’ils n’ont aucune confiance dans leur propre capacité d’analyse et qu’ils REFUSENT de lire et de comprendre des démonstrations qui n’ont rien d’arbitraires ou de complexes.

Une fois l’erreur faite, on se dédouane à bon compte en affirmant que « personne ne pouvait prévoir ».  

Tout cela est d’autant plus drôle que c’est la seconde fois. Le retournement de 2000-2003 a été annoncé exactement dans les mêmes conditions. Dès 1997, la mi-2000 était vue comme date de bascule. Dès 1998, il était précisé que la France serait touchée un peu plus tard sur 2002 principalement.  En 1999 nous avons donné la prévision exacte du retournement boursier, une prévision très alarmiste sur la chute inéluctable du dollar, tout en indiquant qu’il n’ya aurait pas d’inflation sur les biens de consommation mais une hausse des marchés de biens durables.  

De même que Jospin et ses ministres ne s’étaient pas rendu-compte que 1997 marquait l’entrée dans une phase de forte croissance avec reprise à terme de l’emploi, se laissant aller à l’illustre imbécillité des 35 heures, de même  de Villepin ne s’est pas rendu compte que son gouvernement bénéficiait déjà d’un haut de conjoncture  et qu’il était superfétatoire de se lancer dans l’idiotie du CPE, dénoncée dès le premier jour par nos soins.

Nous n’écrivons pas cela pour la gloriole malsaine du « je vous l’avais bien dit » mais pour  signaler  cette étrange anomalie qui  empêche la vérité de circuler librement dans la presse.  Toutes nos annonces de scénarios conjoncturels  ont été faites PUBLIQUEMENT et BIEN AVANT les faits.  C’est un risque que ne prennent jamais les économistes de cour, spécialistes du commentaire rétrospectif.

Nous ne faisons jamais de « prévisions » : nous expliquons des mécanismes et détaillons des scénarios.  Nous n’employons jamais d’arguments d’autorité. Nous soumettons à la réflexion de tous des observations que notre groupe d’économistes s’accordent à penser significatives.  Nous ne craignons pas l’erreur : toute évolution imprévue force à une réflexion meilleure et à une remise en cause utile.  

Prisonniers de la querelle « gauche contre droite »,  les journalistes se rangent dans des camps et n’expriment que ce qu’ils croient acceptables pour leur camp. C’est idiot.  Les trente-cinq heures sont aussi sottes qu’elles soient défendues par Pierre Jules ou Paul. De même l’analyse conjoncturelle n’a pas de dimension politique partisane.  

Comme toujours la presse fait « de la chaleur » là où on aimerait qu’elle fasse « de la lumière ».

Maintenant que vous connaissez Internet au Figaro, M. De Kerdrel, informez-vous de façon un peu plus large.  Rien que sur ce site vous trouverez une dizaine d’idées vraies JAMAIS EXPRIMEES par la presse quotidienne.  Et n’écrivez plus jamais : « personne n’a dit et ne  pouvait dire » sans un petit coup de périscope  sur les sites de réflexions indépendants des pouvoirs et de l’establishment.

Voici, pour donner un exemple  le » « post » passé sur le forum du Monde le 1er Mai 2007

http://forums.lemonde.fr/perl/showthreaded.pl?Cat=&Board=polfran&Number=2266286&page=&view=&sb=&vc=1#Post2266286

Face à la prochaine récession
[re: ]

DidierDufau

01/05/2007 00:36

 

On sait qu’il existe un cycle économique qui entraîne en moyenne tous les dix ans une récession. Pour en rester à l’après guerre, ces crises se sont produites en 1952, 1963, 1974, 1982, 1993 et finalement 2002. L’histoire nous dit qu’une crise légère succède à une crise grave et réciproquement qu’une grave succède à une légère. Les récessions de 74 et 93 ont été très prononcées. Celle de notre début de siècle a été plutôt modérée. Le scénario historique est donc orienté vers une crise sévère entre 2009 et 2012.

 

Deux agents-secrets du fisc. Seconde partie : le cycle économique

Nous avons vu que la croissance provoquait, du fait du caractère globalement progressif de notre système fiscal,  une tendance permanente à l’augmentation de la pression fiscale.   Le PIB double à peu près tous les 20 ans ; On voit que l’effet fiscal de la progressivité est rapidement très important.  Que celui qui a un doute prenne le barème de l’IR, double son salaire et constate le changement dans le montant de son imposition !

Ce phénomène est aggravé par l’existence du cycle de 8-10 ans (sur la question du cycle  voir nos billets spécialisés). Pendant la phase de croissance rapide l’effet de progressivité est accéléré fortement. Par exemple une croissance de 4% du PIB  entraîne une hausse de…  7 à 8% de l’IR. Il suffit de consulter les statistiques fiscales de 1999 et 2000 pour vérifier l’ampleur du mécanisme.

Mais lorsque la croissance s’arrête et pire encore quand une récession frappe, comme en 1993, les recettes baissent aussi plus vite que le PIB.  La progressivité joue dans l’autre sens.  Tout s’équilibre, direz-vous.  Et bien non.  L’Etat et les collectivités locales dépensant en moyenne 25% de plus que les recettes,  le retournement a des effets graves sur les déficits publics et l’endettement.  Que fait l’Etat : toutes les dépenses ont été « votées ». Il y a un « cliquet » à la baisse.  On augmente donc les impôts. On se souvient du coup de massue fiscale de Juppé en 95, deux ans après le déclenchement de la crise de 93. Il fut tellement fort qu’il provoqua une mini récession en 96.  DSK, après la chute du gouvernement augmenta à nouveau et sans nécessité les impôts. Le résultat : l’apparition d’une « cagnotte » fantastique dès que la conjoncture se rétablit.  

La peur du « mur fiscal »  à la veille des élections contribuera à accorder des « baisses d’impôts ».  En fait on remboursera une partie des excédents de recettes dus à la croissance et à la bonne conjoncture.  

Le scénario avait été exactement le même après la crise de 1974 et celle de 1984. Le septennat de Giscard aura été un « septennat fiscal »  avec entre autres l’apparition et la généralisation de la TVA qui gonflera monstrueusement les recettes de l’Etat et alimentera une hausse corrélative et vertigineuse  des dépenses.  Michel Rocard, après la récession de 84, augmentera à nouveau les impôts avec l’ISF et la CSG, au moment de la phase de croissance. L’Etat est à nouveau gorgé de recettes et dépense tout.

Vient alors la récession de 93. Balladur ne fait rien et laisse filer les déficits et on a vu qu’Alain Juppé allait laisser son nom au pire massacre fiscal de l’histoire de France qui en a pourtant connu pas mal.

Dans la période Chiraquienne,  on décrète très vite une « pause » dans la baisse des impôts.  L’expression est amusante.  Il n’ya pas eu de baisse d’impôts dans la période Raffarin et il n’y aura pas de pause fiscale : le taux de prélèvement qui avait baissé dans la période électorale, remonte aussitôt à ses plus hauts niveaux.  On a vu qu’il a continué à  grimper sous Sarkozy en dépit de tout ce qui se chante sur « les cadeaux fiscaux ».  

Nous entrons désormais en récession ou au moins en fort ralentissement. Les finances publiques vont à nouveau connaître les très lourds déficits.  Le gouvernement Fillon a déjà créé 8 nouveaux impôts. Gageons qu’il ne va pas s’arrêter en route.   A la reprise de la croissance  on touchera à nouveau les 45% de taux de prélèvement !

Comprendre que la croissance ne doit pas servir à augmenter mécaniquement la pression fiscale et tenir compte du cycle pour régulariser les dépenses publiques telle est  la condition sine qua non d’un retour de la France dans le concert des nations prospères et des Etats bien gérés.  Vous en avez entendu parler dans la presse ou dans les discours politiques. Non ? Jamais ?

Et bien oui. Ces questions fondamentales ne sont JAMAIS abordées dans l’arène médiatico-politique et encore moins dans les analyses des économistes officiels.

Chut !!!!!!!!!!!!!!!!!!



Deux agents-secrets du fisc : la croissance et le cycle. Première partie : la croissance

Nous entrons dans la phase de préparation  du budget 2009 qui sera marqué par l’installation  du pays dans la partie récessive du cycle économique de 8-10 ans.  A cette occasion  il est intéressant de détailler quelques mécanismes  fondamentaux de notre société qui  sont en général totalement inconnus des « citoyens » et superbement ignorés par les médias.

En France le système fiscal global est « progressif ».  C'est-à-dire qu’en période de croissance, le taux d’augmentation  des impôts est supérieur à celui du PIB.  On comprend très bien le mécanisme de la progressivité en observant l’impôt sur le revenu : on voit que l’impôt n’augmente pas de façon  proportionnelle avec le revenu mais bien plus vite.  Les premiers 100 F ne paient pas d’impôt  et sur la dernière tranche, on va atteindre quasiment un prélèvement de  50%.    La progressivité ne concerne pas seulement l’Impôt sur le revenu. L’ISF est très fortement progressif.  La TVA est aussi progressive : l’existence de taux différents selon la nature des produits  et le déplacement de la consommation vers les produits plus taxés du fait de la croissance implique une croissance des recettes  de TVA plus rapide que celle du PIB.   La création de taxes spécifiques sur les produits nouveaux les plus demandés aggravent  évidemment les choses.  On l’a vu avec l’automobile, vache à lait fiscale inouïe, et aujourd’hui avec le téléphone portable et l’informatique familiale, support d’un nombre de taxes constamment plus nombreuses.

La bonne question est la suivante : est-il normal qu’un mécanisme dit « de justice sociale »  se transforme à l’échelon de la nation toute entière en système de transfert vers l’Etat d’une part croissante du revenu national ? 

Rassurez- vous, vous ne la verrez jamais posée par la presse ou par les politiques. Chut !

Les esprits précis diront : d’accord, ce détournement existe, mais  il faut le quantifier et il n’est peut être  pas aussi important que vous le laissez penser.  Le problème est que « l’élasticité du prélèvement fiscal en fonction de la croissance » n’est pas une donnée  publiée par l’INSEE ! On est donc obligé de s’en tenir aux observations les plus globales. Tous les pays qui ont une part de progressivité dans leur fiscalité vont vu leur taux de prélèvement  croître. Au point qu’après la longue période de croissance de l’après guerre, pratiquement tous les pays se sont trouvés à partir de 1974 avec des taux de prélèvements étouffants, atteignant 40 à 46% du PIB !  Mécaniquement,  sans que personne ne l’ait formellement  décidé.  Le résultat a été des réactions comme le Reaganisme aux Etats Unis,  le Thatchérisme au RU, la réaction antifiscale au Canada, le retournement de la politique fiscale des pays nordiques  etc.   Au-delà des considérations politiques,  ces pays ont compris qu’il fallait restituer aux citoyens le trop perçu fiscal né de la progressivité de l’impôt, sinon ce mécanisme pervers et silencieux aurait tué leur économie.

Un pays ne l’a pas compris, la France, où le « vive l’impôt » a remplacé le « cocorico » habituel et dont les pouvoirs publics continuent  à exploiter le filon de la progressivité dans l’ignorance générale des citoyens et l’insouciance des médias.  On a vu (lire dans ce blog  le billet : «taux de prélèvement, une formidable performance »)  que contrairement au discours dominant  le taux de prélèvement a AUGEMENTE ces dernières années,  alors qu’on ne parle que de cadeaux fiscaux.

On constatera que la préparation du budget, en ce moment même, INTEGRE l’accaparement de la plus-value de la progressivité de façon systématique. Par quel moyen ?  Simplement  en considérant comme « normale »  la recette calculée en fonction du taux de croissance.  On discutera dans la presse le plus ou moins grand réalisme du taux choisi mais on ne contestera pas le choix de cet indicateur qui est doublement biaiseux : on prend en effet souvent  un taux trop élevé ; la prévision de recettes  tient compte de la plus value de la progressivité.

La procédure normale  devrait être la suivante : on prévoit un taux de croissance de l’économie ; on l’applique aux recettes  et aux dépenses. 

Si le taux de croissance est supérieur, et a donc fourni mécaniquement des recettes supplémentaires, plus que proportionnelles on restitue ces recettes aux contribuables.   Actuellement la presse et le monde politique « se félicitent de la bonne performance fiscale de l’économie  qui permettra de réduire notre dette excessive», adoptant de façon inconsciente la position des hauts fonctionnaires de la DGI. Il est vrai que depuis Marx on n’ignore plus que le dominant sait faire chanter sa chanson au dominé…

Notre inconscience collective (mais tout le monde n’est pas ignorant…) nous met dans la situation tellement intelligente du serpent qui se mange la queue.

Nous verrons dans un second billet, que ce mécanisme fondamental  est aggravé par les effets du cycle.

Pour le Cercles des économistes e-toile, Didier dufau

Pourquoi la crise actuelle fait-elle si peur ?

Les observateurs ne veulent pas reconnaître la réalité du cycle. Alors ils sont constamment à la recherche de mini explications qui jamais ne permettent de comprendre la situation.

La crise était celle  des  subprimes .  Bon ! Après quelques mesures techniques et une importante restructuration bancaire, on la croyait finie. La voilà qui repart. Ce ne sont plus les subprimes qui sont en cause mais l’ensemble des crédits.  

La crise était celle « de l’immobilier américain ».  Puis de l’immobilier des  « pays du boom immobilier », l’Espagne, l’Irlande et le RU . Maintenant c’est l’immobilier du monde entier.

La crise était celle des « prix pétroliers ». Une pénurie locale de pétrole liée à l’expansion de la Chine et de l’Inde déséquilibrait la planète.  Maintenant l’inflation est générale et porte sur tous les biens.

Alors on affirme : la gravité de la crise provient de la conjonction (probablement magique) des trois crises  car elles se renforcent l’une l’autre.

La vérité est bien plus simple : nous entrons dans la phase récessionniste du cycle. Comme d’habitude ce sont les crédits aventurés  qui sont les premiers touchés, avec le risque, si la récession s’approfondit, de voir l’ensemble de la pyramide des crédits s’effondrer. Comme d’habitude la croissance a mis sous tension tous les principaux marchés mondiaux de biens dont la production ne suit pas la croissance.  En période d’inflation monétaire, cela s’accompagne d’une inflation des prix à la consommation.

Devons nous nous rassurer en nous disant : après tout c’est le processus habituel ? 

Non !

Pourquoi ?

Parce que nous sommes en système de changes flottants avec un pays, les Etats-Unis , qui poursuit des politiques absolument folles depuis des décennies  dans le domaine de la monnaie et des changes.  Elle a provoqué  une dévaluation de fait de 97% des principales monnaies du monde en 30 ans  et une fuite généralisée devant les monnaies.  On a inondé les marchés de capitaux qui ont conduit à des politiques de prêts dangereuses, les taux d’intérêt étant souvent NEGATIFS.   Des surchauffes artificielles comme en Chine ont été créées de toute pièce.

Comment avait-on réglé exactement les mêmes problèmes lors des dernières récessions : en laissant filer le dollar et en ouvrant encore plus les vannes du crédit.  On arrive à l’ultime  contradiction de cette formule : inonder pour traiter une inondation ? Effondrer le dollar pour lutter contre la fuite devant les monnaies ? Il ne faut pas être grand clerc pour concevoir que c’est absurde.

On le fait tout de même. Mais on a peur.  Que devient un système bancaire quand la monnaie n’inspire plus confiance et quand on a prêté à n’importe qui n’importe quelle somme dans n’importe quelle condition ?  Que deviennent les marchés de biens durables quand la peur sur les monnaies  y conduit à des spéculations  insensées ? Que devient la bourse quand tous les secteurs entent en dérive ?  Que deviendra le commerce international si le dollar recommence à s’effondrer ?

La phase désagréable du cycle est  aggravée par les politiques absurdes qui sont poursuivies depuis trop longtemps dans un cadre monétaire international explosé.  Il est normal d’être inquiet.

 Nous disions en fin d’année 2007 : « regardez le cours du pétrole et du dollar plutôt que le bilan des subprimes !  Là est la clé de la conjoncture ».  Nous répétons aujourd’hui : la conjonction du retournement cyclique et du pourrissement des institutions financières et monétaires internationales  créent une situation explosive.

On ne peut en sortir qu’en RECONSTRUISANT  le système monétaire international. Et en s’accordant sur d’autres schémas de développement que la capture de l’industrie mondiale par la Chine et symétriquement  de la consommation par les Etats-Unis,    en faisant fondre le couple monétaire dollar-Yuan.  Espérons que la leçon sera comprise avant qu’une crise majeure force la réforme au prix de grandes souffrances dans le monde entier.  Il faut mettre fin au système des changes flottants, au dumping chinois et à la folie financière des Etats-Unis.

Un nouveau « Bretton-Woods » est nécessaire. Maintenant. Pas dans dix ans.

France, ton luxe fout le camp !

On connaît la place du luxe dans l’image de la France et le leadership mondial  qu’elle a su maintenir dans beaucoup de ce  commerce de haut de gamme.  On surprendra peut être en affirmant que dans le secteur de l’hôtellerie,  la France s’est fait surprendre.

Pendant trop longtemps les opérateurs des Palaces se sont complus à répéter un peu  trop les formules du grand siècle du tourisme argenté, le XIX ième.  Si bien que dès la seconde guerre mondiale Paris paraissait désespérément à court  d’hôtel  aux nouvelles normes internationales. Il fallut  attendre le début des années soixante et la construction du Hilton, dans le goût américain, pour  voir une première mise à niveau.

Quarante après ce premier pas,  la France est  encore en retard par rapport aux normes  du temps.  Les hôteliers français n’ont pas vu que désormais le grand tournant du luxe était celui de l’espace.  Aux Etats-Unis, pas une seule chambre ne fait dans un palace moins de 30 m2 et la plupart sont entre 40 et 60.  Et cela depuis au moins 25 ans.  Les grandes chambres ont depuis proliférées dans tous les nouveaux palaces du monde  au point qu’il n’y a plus de chambres qui se construisent aujourd’hui qui n’ont pas au moins la taille de ce qu’on appellerait une  « suite royale » en France.

 La bataille n’est pas celle du Spa, du Wifi, du business center, mais celle de l’espace.  Certains hôtels comme le Mandarin à Genève n’ont pas hésité il y a quelques années à diviser par deux  le nombre de leurs chambres pour atteindre la taille critique.  Ce ne sont pas une ou deux chambres qui sont grandes, mais toutes afin de garantir à la clientèle  qu’en toutes circonstances elle aura ses aises.  Il n’y a qu’à Las Vegas qu’on contraint la surface des chambres… pour pousser le client à aller au Casino !

Voilà  l’hôtellerie française confrontée à son destin : doubler la taille de ses chambres ou se ringardiser.

Karl Peiper

pour le cercle des économistes

 

Cercle des economistes e-toile (CCE): bulletin de conjoncture, second semestre 2008

Dès juillet 2006 nous avons alerté sur le scénario suivant :

-          Crise aux Etats-Unis à partir de 2007 avec amplification en 2008

-          Crise au Royaume Unis et dans les pays d’économie similaire en 2008 avec aggravation évidente au second semestre.

-          Crise en France à partir du troisième trimestre 2008 avec plein effet en 2009.

Nous avions conseillé :

-          De fuir le dollar

-          De fuir l’immobilier et boucler toutes les opérations de ventes immobilières avant le fin 2007

-          De protéger ses actifs boursiers.

-          De commencer à se dégager des salles des ventes dès la mi 2008 en France.

En juillet 2007, lorsque la crise dite « des surprimes » s’est déclenchée nous avons indiqué qu’elle était le premier acte du retournement du cycle, qu’elle indiquait une ampleur particulièrement forte, et qu’il fallait accélérer les mesures protectrices.  Nous soulignions que le mécanisme qui maintenait les prix bas malgré une inflation monétaire sans précédent (dont nous avions fait la  théorie les premiers en 1999) ne serait plus opérant, et que nous allions être confrontés à une « fuite internationale devant la monnaie ».  

En janvier 2008 nous avons alerté qu’il n’y aurait  pas de « découplage »  entre les Etas Unis, l’Europe  et les pays émergent, contrairement à de nombreuses interventions en ce sens dans la Presse. Nous disions que « comme toujours » la séquence serait : Etats-Unis et pays très intégrés dans le commerce intérieur,  Royaume Uni l’année d’après  avec une partie des pays d’Europe puis la France et  les pays dynamiques d’extrême orient. 

En ce mois de juillet nous ne pouvons que confirmer le bon déroulement de ce scénario classique.  L’Irlande,  le Danemark, l’Espagne entrent doucement en récession.  Le ralentissement est net en Allemagne malgré les beaux discours sur le « succès allemand ».  De nombreux pays hors d’Europe commencent à souffrir de façon évidente notamment le Japon.  L’Inde et la Chine commencent à être touchées de façon de plus en plus perceptible.

Sectoriellement nous renouvelons notre bulletin d’alerte sur les banques, les assurances, le transport aérien,  les sociétés de services informatiques qui viennent rejoindre les secteurs déjà signalés depuis deux ans (la publicité, les media, le tourisme, l’immobilier).

Le prochain trimestre va être marqué par les inévitables mauvaises surprises qui apparaissent toujours en été.  Mais ce qui compte, c’est la très mauvaise orientation générale de la conjoncture pour les 18 mois à venir qui va entraîner dans la tourmente le secteur de la mécanique  et celui du commerce de détail après celui du commerce de gros,.

Le scénario classique : baisse des recrutements puis de l’emploi, hausse corrélative du chômage, baisse des rendements fiscaux, baisse des investissements productifs,  ralentissement et baisses de chiffres d’affaires, montée des déficits publics,  montée des faillites s’enclenche désormais de façon visible en France  et sera la toile de fond permanente pendant au moins deux ans.  Contrairement à l’habitude ce refroidissement général  ne s’accompagnera pas d’une stabilisation des prix. L’inflation des prix à la consommation restera importante sans être dévastatrices.

Le ralentissement économique d’ensemble aura des conséquences sur les marchés.  Sauf accident monétaire ou financier  grave (toujours possible, jamais totalement prévisible), certains facteurs haussiers sur les cours des matières premières et des « biens réels » vont cesser de jouer à plein.  Il faudra guetter les signes avant coureurs de retournement, bien que l’économétrie suggère un retournement en 2009 plutôt qu’en 2008.

Eléments macroéconomiques pour la France : second semestre

-          Inflation : plus forte

-          PIB : ralentissement marqué (mais ne sera connu qu’en septembre 2009)

-          Importations : fortes mais ralentissement

-          Exportations : récession

-          Déficits extérieurs : accrus

-          Déficits budgétaires : accrus

-          Déficits sociaux : accrus

-          Chômage : hausse.

-          Consommation : maintien

-          Investissements productifs : baisse

-          Cours Euro/Dollar : imprévisible

-          Cours matières premières et biens « réels »: première tendance au retournement sauf accident monétaire ou politique.  

TVA sur la restauration : une baisse bienvenue ?

Au moment où on annonce pour dans quelques années une baisse possible de la TVA sur la restauration,  il faut se poser la question : est-ce une bonne idée ?  Curieusement, personne ne se la pose dans la presse. Il est acquis que cette baisse obtenue de haute lutte est « une victoire ».  Rien que cela est une curiosité.  On a vaincu l’Europe des gnomes de Bruxelles ! 

Pourquoi diable la modification du régime de TVA sur des produits  aussi nationaux que la restauration doit elle obtenir l’unanimité des pays européens ?  Il est clair que l’harmonisation des taxes est nécessaire dans une zone  de libre échange où on veut favoriser la circulation des biens et des services. Mais les restaurants ne sont pas des biens qui passent la frontière. Des touristes pourraient être théoriquement détournés d’aller dans d’autres pays de l’Europe pour bénéficier de l’effet d’aubaine des taxes basses en France.   Qui croit une seconde que  la distorsion de concurrence qui en résulterait aurait le moindre effet dans la pratique ?

On tombe sur une première anomalie : les traités européens ont mis en commun une législation fiscale  qui sur certains produits n’a pas d’effet européen sensible. Où est la « subsidiarité » ? La terrible lourdeur des processus de décision et les délais déraisonnables auxquels elle aboutit posent la question de l’opportunité et de l’efficacité de certains mécanismes collectivisés à l’échelle de l’Europe.

Dans la pratique les touristes qui viennent en France, notamment de l’Europe, paieront moins de TVA donc moins d’impôts.  Ils sont des dizaines de millions à venir car la France est la première destination  touristique du monde. On fait un cadeau fiscal à des dizaines de millions d’étrangers ! Sans être ultranationaliste, est-ce bien malin ? La restauration est un produit de luxe, sachant que la petite restauration (les sandwichs etc.) est déjà à un taux réduit.  La clientèle des trois étoiles va bénéficiée d’un petit coup de pouce fiscal ? Est-ce socialement juste  et n’est-ce pas une forme de « cadeau aux riches » ?  Nous entrons dans une phase de ralentissement qui va faire baisser la recette fiscale de l’Etat. Le Ministre des Finances  l’a annoncé urbi et orbi  ce jour même et a donné les estimations : quelques milliards d’euros vont manquer à l’appel et ce sera pire encore l’année prochaine. Les déficits vont se creuser alors que la dette est déjà très importante.  Est-il opportun d’aggraver encore la situation et de reporter sur nos enfants  les avantages consentis ici et maintenant à des touristes en goguette et à ceux qui ne mangent pas chez eux ?

La seule justification valable est l’emploi. Finalement tout le monde, gauche et droite réunie, accepte l’idée que l’impôt tue l’emploi, ce qui est vrai quand il atteint comme en France les sommets hystériques que l’on sait.  Les industries de main d’œuvre  selon cette théorie implicite devraient  bénéficier toutes de la TVA à taux réduit.  L’ennui, c’est que nous entrons dans une économie de services  où toute l’activité sera bientôt « tertiaire ».  Nous sommes implicitement en train d’affirmer que la TVA normale doit être à 5.5% !  Ce qui nécessiterait, à recette fiscale égale d’augmenter très fortement l’impôt sur le revenu, la CSG où on ne sait quel autre impôt de masse, avec des effets dévastateurs.  

Tout économiste un peu sérieux sait que c’est le contraire exact qu’il faut faire.  Jospin a fait une énorme erreur en diminuant d’un point la TVA comme nous l’avions déjà observé à l’époque.  Sans réduction des dépenses publiques cela revenait à faire un cadeau aux industries exportatrices étrangères,  et à transférer le fardeau sur les générations futures. Le bel échange !

La France souffre d’un excès d’impôts, d’un excès démentiel de dépense publique, d’un excès de dettes. A chaque récession, et nous entrons dans l’une de ces charmantes périodes, les déficits se creusent, la dette augmente et avec elle le besoin d’accroitre la pression fiscale.  Nous sommes  complètement coincés et dans une spirale sans fin. 

La seule solution est connue : il faut baisser très fortement la dépense publique et supprimer  sélectivement et progressivement les impôts les plus pénalisants.   Il aurait été intelligent de le faire pendant la phase du cycle économique favorable.  Les récessions sont rarement propices à cet exercice.   Comme les rendements fiscaux sont excellents  pendant les « vaches grasses », on ne fait aucune réforme en se disant que finalement cela s’arrange.  Pour aboutir à une situation inextricable lors de la récession.

Au lieu de cela nous nous livrons à des réductions électoralistes des impôts en fonction de l’idée que le gouvernement du moment  se fait du bénéfice politique qu’il en tirera.  On veut la jeunesse avec soi : vive la baisse de la TVA sur la musique, les films, les jeux vidéo !   Les restaurateurs commencent à devenir un problème ? On lâche de la TVA ! Les pêcheurs, les routiers, les taxis ? On lâche de la taxe sur le gaz-oil.  En contrepartie on supprimera  les « niches fiscales » qui permettaient de pallier en partie aux effets pervers d’une fiscalité excessive et trop concentrée sur les revenus moyens.  

Aucun plan d’ensemble de baisse des dépenses publiques et des prélèvements : seulement des mesurettes démagogiques  et politiciennes prises à la va-comme-je- te-pousse par des gouvernements qui finissent toujours par reprendre d’une main ce qu’ils ont fait semblant d’accorder de l’autre dans l’incohérence générale et la stagnation économique de longue durée. 

Après six ans de gouvernement « de droite » censé être favorable à la baisse des impôts  et des dépenses publiques, le taux de prélèvements est plus fort qu’un début de période !  Chaque baisse localisée a donc été reprise par ailleurs.  Où ira-t-on encore chercher l’argent que l’on ne prélève plus sur les touristes  et les joyeux convives ?  La récession va encore aggraver les choses, car il y aura moins de touristes pendant quelque temps.    

Encore Bravo !

Réduire la dépense publique : un exemple

En France il y a entre 400 et 500 meurtres  ou assassinats chaque année. 300 d’entre eux ne posent pratiquement pas de problème d’enquête : on sait qui est l’auteur et dans quelles conditions  le drame s’est déroulé. Rixes après boire,  querelles d’automobiliste, scènes de ménage qui tournent mal etc.  On en conclura qu’il reste environ 200 cas où des spécialistes doivent intervenir  pour rechercher le coupable, la majorité d’entre eux étant assez rapidement élucidés et seuls  une poignée demandent de lourdes et longues investigations.

Regardons maintenant de l’autre côté : tous les commissaires de Police et toutes les brigades de gendarmerie peuvent être enquêteur. Il suffit que le juge le leur demande par une commission rogatoire.  Des centaines de cellules sont donc potentiellement mobilisables pour traiter 200 cas.  Selon le ressort du crime, des centaines de juges d’instruction peuvent également être commis.

Dans la pratique cela veut dire qu’un gendarme, un commissaire de police et un juge d’instruction a très peu de chances de tomber sur un assassinat dans sa carrière.  Le jour où cela arrivera il sera en général complètement dépassé par les évènements.

Pour un pays comme la France, la solution est évidente. Créer une dizaine d’équipe  de juges d’instruction et  d’équipe d’enquêteurs spécialisés ayant vocation à traiter sur l’ensemble du territoire national les assassinats problématiques.  Chaque équipe aurait à traiter  une vingtaine de cas chaque année, soit un ou deux par mois, en se faisant aider  s’il y a lieu par les équipes locales de la police et de la gendarmerie. 

Il deviendrait possible de dégager les meilleurs limiers et de promouvoir les meilleurs enquêteurs ; l’émulation serait forte. L’expérience viendrait vite.  Le taux d’élucidation grimperait.  Les enquêtes lamentables faites par des amateurs inexpérimentés disparaîtraient.  Bref, le service public de justice et de police serait mieux rendu.  On ne se retrouverait pas comme à Toulouse avec des affaires qui trainent et des collusions bizarres entre justice, police et milieu.

Pour un coût en baisse. Car les moyens pourraient être facilement  alignés sur les besoins.  Et on ne verrait plus un juge d’instruction noyé dans les dossiers de voleurs de poule  faire semblant de s’occuper d’un  tueur en série.

La centralisation statistique du tableau de bord de suivi de cette criminalité serait extrêmement facile à obtenir : moins de délais ; moins de chaîne administrative ; moins de coûts.   Les affaires qui trainent seraient extrêmement faciles  à connaître par le Garde des Sceaux et le Ministre de l’intérieur.  Les Français seraient mieux informés.

La spécialisation est la clé de la bonne gestion des services publics.  Evidemment cela ne se fera pas car les résistances administratives sont invincibles.  Il faudra toujours 17 juges d’instruction pour suivre un criminel en série qui a frappé dans 17 circonscriptions judiciaires, sauf regroupement hypothétique et fort long,  et n’importe quelle affaire un peu grave survenue dans un secteur mal équipé justifiera une demande de moyens en forte hausse pour avoir des résultats, car tout échec sera présenté comme cela :  Nous sommes surmenés et nous n’avons pas les moyens.Voir Outreau.

Ce raisonnement vaut pour le grand banditisme, la grande délinquance sexuelle, etc.  Des efforts partiels qui ont déjà été faits, notamment dans la police et même à la Justice avec la centralisation du grand banditisme.  Ils doivent être  simplement systématisés.

On verrait alors qu’on peut avoir des services publics efficaces avec des moyens parfaitement contrôlables. 

Crise économique : les quatre erreurs à éviter

 

Crise économique : quatre erreurs à éviter

Didier Dufau*

 

Première erreur : ignorer que le cycle économique existe. Le cycle de 8-10 ans se déroule depuis deux cent ans avec une régularité stupéfiante. Voici les années de crise économique en France  : 1810, 1818, 1825, 1830, 1837, 1847, 1857, 1867, 1882, 1891, 1907, Guerre de 14, 1921, 1929-31, guerre de 40, 1952, 1963, 1974, 1983, 1974, 1993,2002. Comment être surpris par le retournement en cours qui prendra son plein effet en France en 2009 ?  Les politiques n’aiment pas trop l’idée qu’ils ne sont pas tout puissants et super efficaces depuis Keynes. La conséquence est une insouciance généralisée qui explique qu’en France comme en Europe les décisions sont prises à rebours des nécessités du cycle et en aggravent les conséquences. Depuis la dernière guerre mondiales les retournements commencent aux Etats Unis, suivent dans les pays exportateurs et se terminent en Europe continentale. Si la France et une partie de l’Europe n’est pas encore aussi touchée que les Etats-Unis ce n’est pas l’effet d’un découplage mais seulement d’un décalage de phase habituel. L’expérience montre également qu’une crise sévère suit un ralentissement moins sensible. La crise de 2009 sera plutôt du type de celles de 74 et de 93, c'est-à-dire assez sévère.

Deuxième erreur: croire qu’il s’agit d’une crise technique bancaire cantonnée à la distribution de titres adossés à des crédits hypothécaires. Bien sûr, cette difficulté existe, mais les  sommes mises en jeu ne sont pas telles qu’elles puissent expliquer la crise telle qu’on la voit aujourd’hui. Elle est un symptôme plus qu’une cause.  Ce ne sont pas les remous de ce marché particulier qui expliquent le désarroi des responsables. Ce ne sont pas les mesures techniques prises pour en éviter les conséquences immédiates qui mettront fin au retournement de conjoncture.

Troisième erreur : oublier que depuis 1971 et l’abandon du système de Bretton-Woods nous vivons une crise permanente du dollar. L’once d’or valait trente-cinq dollars en 71, elle en vaut mille aujourd’hui. La dévaluation du dollar a été de près de 97% !  Les fluctuations très amples qui ont affecté cette monnaie ne doit pas nous tromper. L’absence de système monétaire international organisé a produit non pas des « changes flottants » mais des « changes fondants ». L’illusion d’optique est de croire que les prix montent : en fait c’est le référentiel monétaire qui s’effondre provoquant une fuite caractérisée devant la monnaie. Si on retient ce fait majeur, jamais porté à l’attention du public, on voit que la méthode qui consiste à inonder le monde de monnaie pour soigner une inondation de crédits est pour le moins saugrenue.  La meilleure preuve : les marchés paniquent à chaque chute nouvelle du dollar et à chaque explosion du cours de l’or ou du pétrole. Ils savent bien que là se trouve le nœud du problème. La bulle immobilière n’était qu’une conséquence de la fuite devant les monnaies fondantes aggravées par les politiques monétaires des Etats-Unis. Pas une cause.

Quatrième erreur : croire que les banques centrales peuvent enrayer seules le retournement de la conjoncture. La stabilisation des marchés et le retour de la confiance passe par une réforme du système monétaire international, la stabilisation des changes et une action concertée de relance de l’économie mondiale. Aucun pays d’Europe n’acceptera de perdre son industrie simplement parce que  les  Etats-Unis et la Chine souhaitent laissent filer leur monnaie à des profondeurs abyssales.  L’enjeu est le maintien du libre échange. Cette digue doit absolument résister.

On voit qu’on est loin des « subprimes ». Une conférence internationale  de type Bretton Woods s’impose. Vite !  

Taux de prélèvements : une formidable performance !

L'INSEE vient de publier sa première estimation du taux de prélèvement en France en 2007.  Ce taux mesure le rapport entre les sommes prélevées par l'Etat et les collectivités locales sur la richesse créée par les Français.

En 2002, lors du retour de "la droite" augouvernement, ce taux était de 43,1%.  En 2007, il est de 43,3, c'est à dire qu'il a AUGMENTE après 5 ans de "baisse des impôts" et de "cadeaux aux riches".

Alors que les discours officiels se multiplient pour annoncer un tour de vis fiscal supplémentaire, (après tant de "cadeaux" c'est bien naturel !)  on constate qu'il n'y a eu exactement AUCUNE baisse de la pression fiscale et au contraire une vraie hausse.

Bravo au gouvernement qui laisse les média conduits par le PS faire croire que les impôts ont incroyablement baissé, alors qu'ils ont augmenté. Evidemment c'est dur pour un gouvernement de droite de dire : les socialistes avaient fait baisser la pression fiscale, je l'ai remonté.  Alors tout le monde braille "Vive l'impôt" alors que la France a connu une croissance  insignifiante pendant toute la période, alourdie qu'elle est par cette charge fiscale écrasante.

Pour les néophytes en matière d'économie il importe de bien comprendre ce que signifie une taux de 43%.

Prenons un esquimau seul sur sa banquise. Il pêche un poisson. Que dit l'INSEE :

PIB (produit intérieur brut) = 1

Arrive un type avec un fusil qui lui pique le poisson sous la menace. Que dit l'INSEE ?

PIB marchand = 1 (le poisson pêché)

Valeur ajoutée de sécurité des adminsitrations publiques  = 1 (le poisson donné en rémunération au fonctionnaire)

PIB TOTAL = 2

Taux de prélèvement : 1 sur 2 = 50%.

Quand l'Etat prend tout le taux de prélèvement est de 50%. Nous sommes à 43%.

Vous conclurez justement : l'Etat prend presque tout. 

De fait, lorsque vous prenez le montant des prélèvements et la valeur ajoutée des entreprises privées, vous arrivez à un ratio autour de 80%. Si maintenant vous prenez le montant de la dépense publique dont chacun sait qu'elle excède de 25% les recettes fiscales, vous arrivez à ce chiffre édifiant que vous ne trouverez JAMAIS dans la presse :

- L'Etat, les organismes sociaux  et les collectivités en France dépensent plus que ce que produisent les entreprises françaises !

Formidable, non ?

 

 

 

 

Une imposture bien française : La RGPP !

Les économies générées par la RGPP sont sinon dérisoires du moins hors de proportion avec les réductions nécessaires pour revenir dans la moyenne générale de l’Europe en matière de dépenses publiques. C’était prévisible. Pourquoi ?  Parce qu’il n’y a pas de coût rationnel ou rationalisable pour une dépense publique.  

Prenez une politique publique : la lutte contre les discriminations. Combien faut-il  créer de postes de fonctionnaires ou autres pour assumer cette noble fonction ?  Il n’y a pas de réponse à cette question.  Une conception est d’affirmer que la justice est là pour dire le droit en cas de plainte.  Il suffirait alors de préciser combien d’affaires de ce genre sont à prévoir et d’en déduire le nombre de postes de juges.  Une autre est de dire qu’il faut « une haute autorité ». Cette conception a triomphé avec la création de la Halde.  Posez la question : combien faut-il de personnel pour cette institution ?  Vous obtiendrez des réponses variant entre cinq et mille ! Et personne ne sera capable de vous dire l’effectif de ce machin ni de préciser comment il a évolué depuis sa création.  Il suffira que les hauts fonctionnaires qui le dirigent  finissent par faire admettre qu’il faut des services disséminés sur le territoire pour que les chiffres explosent. 

Sauf à redéfinir radicalement la politique en question,  le simple examen en commission de rationalisation  n’apportera que  des gains cosmétiques. On ne fera  que ralentir le grignotage parkinsonien  qui de budget en budget fait gonfler les postes et les dépenses au nom des bons sentiments.  C’est ainsi que les institutions se superposent, les mécanismes s’enchevêtrent, les services s’accroissent et se croisent  même quand l’objet initial a disparu du collimateur politique.

Il n’y a pas de limite au temps qu’on peut  accorder à une tâche ; Surtout quand cette tâche est floue.  Et quand l’argent est  là, on trouve toujours à le dépenser.   

La seule méthode efficace est de remettre en cause vigoureusement  les  politiques elles-mêmes et les institutions qui les sous tendent.  Faut-il ou non des départements ? Doit-on admettre que les régions gèrent des transports en train ? Le petit risque médical doit il être couvert par la Sécurité Sociale ?  Est-il réellement nécessaire que les rémunérations des fonctionnaires internationaux soient défiscalisées ?  Pourquoi faut-il que le Sénat dispose de plus de 150 membres et l’Assemblée nationale plus de 300 députés ?  Pourquoi conserver le Conseil économique et social ?  Que ce passerait-il vraiment si on supprimait purement et simplement les mille  et un Fonds d’Assurance Formation ?  Etc.

Et il faut veiller à ce que les administrations  ne produisent rien elles-mêmes.  La politique doit définir des objectifs et les faire obtenir par les moyens les plus concurrentiels possibles, en contrôlant les normes et les résultats.

Toute rationalisation de dépenses est-elle impossible ? Non bien sûr.  Mais c’est extrêmement difficile et  exige souvent des dispositions  législatives ou règlementaires nouvelles qui prennent un temps fou.

Vous voulez changer de Carte d’identité et vous êtes en possession de la précédente que vous allez rendre.  On vous demande un extrait de naissance.  Il suffirait au préposé de la Préfecture   chargé du dossier de consulter la base de données centrale. Non : on exige de vous que vous demandiez à un officier d’état civil  de votre mairie de bien vouloir faire cette consultation et d’imprimer le bout de papier.  C’est la loi !  Et le lobby de la fonction publique territoriale fera ce qu’il faut pour empêcher toute simplification.  Jamais depuis qu’il y a un département ministériel chargé de la simplification administrative, on n’a pu régler ce minuscule problème de procédure

Il ne faut pas seulement déterminer si on peut faire mieux ce que l’on fait mais si ce que l’on fait est réellement utile.  La politique la plus efficace est de ne pas se lancer dans des politiques prétextes à grand affichage compassionnel, nécessairement  inefficaces car purement politiques au mauvais sens du terme.   Et de supprimer sans pitié toutes celles qui existent. 

On ne rationalise pas les politiques publiques. On réduit les dépenses à la hache.

Didier Dufau - 02.06.2008

Qui sommes nous ?

Le Cercle des Economistes e-toile existe depuis le début des années 2000. Créé par une poignée d'économistes privés appartenant au monde des affaires, il s'attaque globalement à la question suivante :

- Pourquoi depuis la crise de 1974, la croissance mondiale ne retrouve-t-elle pas son niveau des "trente glorieuses" ?

- Pourquoi, dans ce cadre déjà moins performant, l'Europe apparait-elle comme stagnante ?

- Pourquoi la France dans une Europe en difficulté se trouve-t-elle dans la position du pays économiquement malade de l'Europe ?

Ces trois questions sont fondamentales. Et jamais traitées par les économistes de cour et les institutions officielles.

En fait, il existe des tabous qui ferment la bouche et parfois l'intelligence des commentateurs officiels.

On ne peut jamais parler du cycle économique. Toutes les récessions sont de pure surprises !

On ne peut jamais contester les changes flottants. Et pourtant le cours des monnaies ne fait pas que flotter : ils coulent !

On ne peut jamais en France évoquer la surfiscalité qui grève la croissance depuis près de quarante ans.

Les économistes du groupe e-toile ont pour vocation de casser ces tabous et de faire une pédagogie ancrée dans l'actualité la plus chaude.

Rappelons qu'ils ont correctement prévu la récession du début des années 2000 et encore celle qui nous frappe actuellement.

Jusqu'ici, les interventions du cercle se faisaient sur des forums publics, comme celui du Monde.fr. Mais l'ignorance économique est telle en France et l'idéologie si prégnante qu'aucun débat réel n'était possible. Alors le cercle a choisi la technique du blog pour s'exprimer et attend naturellement toutes observations et critiques sur ses analyses.

 

 

Sécurité sociale : la réforme impossible

 

La France est un pays incorrigible : il est impossible d’y débattre. De rien. Et surtout pas des réformes nécessaires.

Le dernier exemple nous est fourni par le « scandale »  de la proposition de réforme des remboursements de médicaments nécessités par les maladies au long cours.  Un dirigeant de la sécurité sociale vient expliquer la réflexion qui est la sienne : les maladies de longues durée  coûtent de plus en plus cher  et sont responsable de l’essentiel e la dérive des dépenses.  Impossible donc de revenir à un équilibre des comptes sans revoir les politiques actuelles. 

Il distingue deux types d’affections : les affections graves  qui utilisent des médications lourdes dont il faut absolument maintenir la couverture à 100%. Les affections moins graves pour lesquelles il existe des médicaments  plus légers et moins chers mais qui concernent des cohortes très nombreuses (près de 4 millions de personnes).

Il suggère alors qu’on arbitre en faveur des médications lourdes en réduisant à 35% le remboursement par la SS des autres sachant que  les mutuelles  pourraient couvrir les médicaments de moindre importance.  Il fait sa proposition dans le cadre d’un colloque et il semble utile que des débats puissent avoir lieu sur des sujets de ce genre.

D’autant plus que sa suggestion  est plus que raisonnable : elle s’inscrit dans un mouvement de pensée qui dit que les « consommations » ne peuvent pas faire l'objet d'une assurance, valable pour les "accidents de santé', catégorie où entrent sans discussion les maladies lourdes. La gratuité des consommations conduit à un niveau de dépenses insupportable.   Donnons un exemple : un diabétique léger va se voir prescrire deux comprimés par jour de Metformine faiblement dosée. Ce n’est pas une molécule chère.  En même temps il doit réduire ses aliments gras et sucrés.  Globalement entre médicaments et aliments, le budget global est pratiquement le même.  Pourquoi ne pas réduire le support de la nation à une part de 35% sur le médicament ?

Le débat est légitime. Va-t-il s’ouvrir ?  Non ! Tous les media se mettent à rugir le même message :  le gouvernement a l’intention de ne plus rembourser les médicaments des maladies longues comme le cancer et le sida !  On tend les micros aux Ministres qui répondent tous : "de quoi s’agit-il "? Puis « Il n’y a pas de projet en ce sens ».  Les députés fulminent. A gauche, le même prêchi-prêcha inlassable ressert à nouveau : la droite s’attaque aux pauvres et malades en plus. Ils sont rejoints  par des députés de la majorité : il est scandaleux  qu’une mesure pareille puisse être prise dans notre dos !  Le tohu-bohu augmente, excellent pour l’audience des émissions polémiques de la TNT.  Le gouvernement souligne que jamais une telle décision ne sera prise par ses soins.  Le silence retombe.

Il aura  été impossible de débattre d’une mesure  sans doute raisonnable  et même nécessaire.

On se rappelle l’épisode des taxis qui bloquèrent Paris  à la suite de la publication d’un simple rapport de M. Attali suggérant qu’on augmente le nombre de taxis à Paris, notoirement plus faible que dans les autres capitales.   

Quand et où peuvent se débattre les questions cruciales  qui conditionnent notre avenir  si une suggestion faite dans un congrès est critiquée comme un Oukase gouvernemental  et entraîne un collapsus politique immédiat ?



Le blog du cercle des économistes e-toile

Le cercle des économistes regroupés dans E-TOILE autour de Didier Dufau, Economiste en Chef,   aborde des questions largement tabous dans les media français et internationaux soit du fait de leur complexité apparente, soit  parce que l'esprit du temps interdit qu'on en discute a fond. Visions critiques sur les changes flottants,  explications  sur le retard français,   analyses de la langueur de l'Europe,  réalités de la mondialisation,  les économistes d'E-Toile, contrairement aux medias français, ne refusent aucun débat. Ils prennent le risque d'annoncer des évolutions tres a l'avance et éclairent l'actualité avec une force de perception remarquable.

Association loi 1901

  
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