Démographie : quand France Info désinforme de façon éhontée
Lorsque j’ai entrepris, très modestement, l’écriture du livre Les Malheurs de la Vérité, en octobre 2024, j’ai été rapidement gêné par une circonstance imprévue : les mécanismes mis au jour étaient tellement actifs que l’actualité offrait tous les jours une confirmation qu’il aurait été dommage de ne pas citer dans le livre. De confirmations en illustrations fournies par l’actualité, le livre s’est mis à grossir et à s’enrichir. En avril 2025, il a bien fallu arrêter pour publier. Mais l’actualité, elle, n’a pas cessé de fournir sa provende, et a donné en permanence de nouvelles occasions de vérifier la pertinence de l’analyse.
Rappelons en deux mots la réflexion qui a été menée. Comment expliquer que certaines vérités critiques ne parviennent pas, pour de longues durées pouvant se compter en décennies, à entrer dans la « conversation démocratique », empêchant de prendre une pleine conscience des difficultés et de construire des solutions ? Evidemment, faute d’être traités, les problèmes s’aggravent et se transforment en crises graves qui s’accumulent et se fertilisent les unes les autres. Ce qui était frappant, en écrivant le livre, était le rapport direct entre ces vérités asphyxiées et les drames qui se sont aggravés tous les jours en France, notamment depuis la réélection du guignol toxique qui préside le pays.
La tentation était de traiter de tabous ces vérités inefficaces. Mais le tabou porte une connotation de religion ou de pudeur qui ne convient pas. Nous avons préféré les définir comme des Grand Mensonges Systémiques et insister sur leur dynamique historique. Ils évoluent toujours selon la même séquence, étudiée par notre regretté ami, co créateur de notre groupe, Léon Chaix. La vérité concernée est d’abord occultée. Le système d’information n’en parle pas et écarte systématiquement le sujet. Quand finalement elle perce un peu dans le brouhaha, elle va être niée. Quand on ne pourra plus la nier, elle sera minimisée. Ultime stade : la vérité est pleinement actée, mais le système s’exonère de l’obligation d’en tenir compte.
Cette séquence « occultation, négation, minimisation, exonération », que nous appelons loi de Chaix, est fondamentale.
Elle se traduit à chaque étape par la même réaction du système d’information ajoritaire : « circulez, il n’y a rien à voir ». Les malheureux qui croient devoir porter la vérité sont nécessairement des vilains, qu’on disqualifiera de différentes manières : « Ne les écoutez pas, ils mentent » ; « ne les écoutez pas ils exagèrent », « ne les écoutez pas, puisqu’il n’y a rien à faire et qu’il ne faut rien changer ».
Pour chacune de ces vérités stérilisées, il est intéressant de savoir à quel stade de la loi de Chaix elle en est, et de vérifier les conséquences concrètes de leur non prise en compte.
Le système d’information est évidemment coupable et ne veut pas assumer ses responsabilités. Toutes les maisons d’édition ont refusé notre livre « les malheurs de la vérité ». Sans exception. Et aucune chaîne de télévision n’a voulu en parler. Cela les forcerait à réfléchir à leur rôle dans ce mécanisme très fâcheux d’éviction médiatique de certaines vérités critiques et leur responsabilité dans les conséquences.
Le pire, c’est que le système d’information non seulement refuse de prendre conscience de la perversité des grands Mensonges Systémiques mais en remettent pour les faire vivre malgré l’évidence. Ce qui donne des situations totalement hallucinantes et parfois honteuses.
Un bel exemple est donné par France Info, qui, il y a quelques jours, a diffusé une « enquête de vérité sur la dénatalité » ! Cela promettait. On n’a pas été déçu.
On sait que pendant des décennies la dénatalité a été un sujet occulté en France. Depuis la pilule, la légalisation de l’avortement, le climat de dénonciation de la virilité toxique, puis les délires féministes sur le refus d’être des poules pondeuses, et les délires écologistes sur le nécessité de pas faire d’enfants pollueurs, il s’est toujours trouvé des esprits observateurs pour s’inquiéter des conséquences sur la natalité. Dès les années 1970 Michel Debré a été affublé d’un entonnoir symbole des fous quand il a crié « attention ». Alfred Sauvy a été marginalisé en douceur dans les années 1980. Un narratif a été imposé par les médias : « la France a le taux de fécondité le meilleur ; circulez, tout va bien il n’y a rien à voir ».
La phase occultation de ce grand mensonge systémique a été tenace puisqu’il a duré plusieurs décennies, en fait jusqu’en 2023, où tout a explosé. Les phases négation et minimisation se sont succédé très vite. La réalité a sauté aux yeux de façon tellement forte qu’elles n’ont pas pu se développer longtemps. L’exécrable Macron a tenté en 2023 d’expliquer que ce n’était pas grave : le sperme était un peu flageolant. On aller l’accélérer. Sous-entendu ; c’était la faute de l’homme hétérosexuel, ce pelé, ce galeux. En 2024, la fin du remplacement générationnel étant devenu inévitable à très court terme, il a annoncé qu’il créait une haute autorité à l’enfance confiée… à une lesbienne ayant eu un enfant par PMA. Le but : rassurer le monde LGBT. En même temps il imposait le débat sur la constitutionnalisation de l’avortement sans limite et gratuit. Il fallait absolument exonérer toute la mouvance féministe et gay friendly : le désastre de la natalité ne devait avoir aucune conséquence sur leur domination législative. Circulez toujours, il n’y a toujours rien à voir !
En ce début décembre 2025, alors que les conséquences de la dénatalité devenaient criantes, la télévision publique, accusée par ailleurs de partialité généralisée et soumission totale aux manigances de Macron, à la Gauche et au politiquement correct de gauche, a entrepris d’informer les masses sur ce qu’il fallait (bien) penser de la dénatalité.
Dirigé par un animateur généralement chargé de ces missions de construction de la vérité officielle, on trouvait autour de la table le « démographe » Le Bras et deux grenouilles de bénitiers féministes chargées de faire la claque.
Il se trouve que Hervé le Bras est un très bon copain de mon frère depuis les années 50 et le lycée Henri IV. C’est toujours difficile de critiquer lourdement quelqu’un que l’on connaît depuis 70 ans et qui est sympathique. L’ennui, c’est qu’il s’est mis au service du mensonge dès la fin des années 70. On le retrouve chez Polac où il distille, au nom de la science naturellement, le message selon lequel l’avortement et les dérives féministes n’ont aucune influence sur la natalité. Ceux qui disent le contraire sont des ignares dont on doit rire. Ah ! Ah ! Ah ! Pour Polac : des fous, des Versaillais, des chrétiens rétrogrades qui croient encore au petit Jésus et à la sainte Mère. Des joyeux de la crèche ! Cela n’a plus jamais cessé. Hervé le Bras va constamment renforcer le beau narratif politiquement correct : tout va bien, circulez il n’y a rien à voir et vive l’avortement et le planning familial.
Les quatre intervenants sur le plateau de l’émission sont de la même opinion. Il ne s’agit pas de découvrir la vérité mais de prêcher la même bonne parole. Il faut voir les sourires entendus, les petits ricanements quand on évoque les ridicules qui croient encore qu’il y a un problème démographique. Tout va bien ! Tout d’un coup l’avortement est évoqué. Les yeux se tournent synchro vers le ciel. Les bouches se tordent en un ricanement entendu. La « science va parler ». Le bon Hervé le dit en rigolant : l’avortement n’a aucune conséquence sur les naissances ! les chiffres sont certes éloquents : une centaine de milliers d’avortements annuels avant 2000, 230.000 après, soit 45% du déficit de 500.000 enfants à naître constaté chaque année ! On vous le dit : « cela ne joue absolument pas ! » Il faut être un esprit partisan et borné pour croire le contraire. Des populistes. Sans doute d’extrême-droite et qui veulent de la chair à canon fournie par des poules pondeuses. En attendant le manque à gagner d’enfants à naître aura été de 12.500.000 environ depuis 2000. Une paille !
Le pire arrive comme souvent à la fin. Cette baisse de la natalité qui ne permet plus le remplacement générationnel, est-ce grave ? Hervé le Bras sourit et lâche : « bien sûr que non ». Les gens ont moins de charges et peuvent dépenser plus, faire des voyages. Dans 20 ans ce sera plus grave si les choses ne s’arrangent pas naturellement d’ici là. En attendant, circulez, il n’y a rien à voir !
Rappelons tout de même les chiffres :
- La population des moins de 20 ans, à 15 millions d’unités, est la moitié de celle de 1971. Depuis 10 ans elle baisse chaque année surtout depuis que Hollande, dont la normalité s’accompagne d’une inconscience proverbiale pour les besoins réels de la nation, a ratiboisé les allocations familiales et le quotient familial. Vive l’impôt ! On s’en fout des naissances !
- La population de 20 à 60 ans a baissé dans les dix dernières années, entraînant la baisse structurelle de la croissance qui se traîne entre 0.5 et 1.5%. Surtout il a fallu prélever sur cette population en baisse de quoi indemniser près de 3 millions de personnes de plus de 65 ans. Cela a fait exploser la pression fiscale, la dette et le système social français. Ici et maintenant, pas dans 20 ans. Le gouvernement Lecornu ne sait même plus comment faire pour conserver le déficit budgétaire à moins de 5% du PIB.
- Plus personne n’arrive à recruter et les entreprises investissent à l’étranger faute de trouver des bras en local. L’effondrement démographique est aussi une cause de l’effondrement industriel et du recul du PIB par tête.
La tragédie démographique, c’est tout de suite. En fait la population des Français dont le nom était présent en 1890 est en baisse depuis 2003 environ. Maintenant la population totale va baisser malgré l’immigration massive dès que les vieillards vont disparaître en masse.
La bande des quatre sur France-Info a simplement rendu la copie mensongère attendue et ils ont terminé l’émission avec la bonne conscience d’un journaliste de la Pravda de la grande époque. Si la vérité est contre la doxa, mentez et savourez ! De toute façon devant des ignares la vérité et le mensonge sont à égalité. Pourquoi se gêner ?
La catastrophe démographique est là, depuis près de 30 ans. Il ne fallait pas la voir. On a donc occulté, nié et minimisé la question. Maintenant la réalité saute aux yeux de tous. Mais ce n’est toujours pas grave et il ne faut rien changer. Il faut exonérer de toute critique les attitudes et les mesures qui en sont la cause. La loi de Chaix à l’état pur !
Je sais bien, cher Hervé, que si tu n’avais pas collaboré au mensonge, tu n’aurais pas pu faire carrière et tu ne passerais pas aujourd’hui à la télé. Ce serait mauvais pour le tirage de tes livres. Mais tout de même ! Plus de 50 ans à cautionner le grand mensonge démographique par intérêt ou peut-être par esprit militant, il fut une époque où cela t’aurait paru mochouille.
N’ayons pas l’esprit chagrin. Nous sommes dans une nouvelle ère et ceux qui disaient que c’était mieux avant ne sont que des rétrogrades, des déclinistes et des esprits ringards. Content que tu ais réussi à échapper à d’aussi mauvais procès. Et bravo à France-Info pour avoir construit une émission de propagande sans aucun contradicteur, comme d’habitude. Mme Ernotte l’a bien dit : il faut promouvoir les forces du progrès qui annoncent le monde tel qu’on aimerait qu’il soit. On n’a que faire des réalités ! Et des enfants !
Alors ! Qui serions-nous, pour se tapoter le menton ?
Peut-être des admirateurs de Fanny Ardant qui a osé blasphémer récemment sur une radio d’Etat en s’adressant à ses journalistes de service : « Vous confondez liberté de penser et obligation de penser comme vous ! Vous êtes les nouveaux curés en costard : même ton moralisateur, même index pointé, même excommunication pour ceux qui osent douter de votre catéchisme bobo-parisien ! » « Mais on défend juste les valeurs républicaines… » réplique l’animateur. « Vos valeurs ? C’est l’uniforme de la pensée ! Annuler, censurer, lyncher dès qu’un mot dépasse la ligne rouge que vous tracez chaque matin dans vos rédactions. Vous avez transformé le journalisme en police politique de salon ! » « Vous avez inventé la liberté surveillée, la liberté sous algorithme, la liberté qui pue la peur ». « Vous n’êtes plus des journalistes. Vous êtes des petits kapos de la bien-pensance. »
Bravo Fanny ! Mais il y a encore plus grave : des institutions comme l’INED et l’INSEE qui se mettent au service de la « modulation de la vérité » au profit d’une « parole performative » (tout cela est parfaitement théorisé), et des scientifiques politisés qui admettent de protéger des narratifs de bonimenteurs. Et des politiques qui, en majorité, n’ont pas le courage de Fanny Ardant. Dans tous les partis !
Didier Dufau
Président du Cercle des économistes e-toile






































































































































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